li^i^^^^ilS^;''^ .p^^J -'nl;^^>-j ~, v' V ST AC*; 4NMEX 5 115 403 I h" 1 ^OF CAIIFO/?^^ ^\\[ UfJIVERS/A o %130NVS01^ o ^OfCALIFO/?^ ^.OfCAl s i C^ r=> ^ ^^ )AINfl-3WV' -sAlllBRARYQr^ ^^^t■UBRARYG<'^ ^itfOJIlVDJO'^ '^OJIIVDJO'^ ,\V\EUNIVERSy/i o c? SANCElfJ> ]\m]v^ ^.OECALIFO% ^OFCAIIFO/?^ ^ yox^vwmii'^ ^oxhnmv^ \WE UNIVERS/A , ^ o "^aiAii lis^UBRARYQr AWEUNIVEHV, ^•lOSANCElfj> O -< ^^^•IIBRARYC'/: ^^tllBR, ^^ ^^mm CAIIFO/?^ LlOSANCElfj> lAINrtlHV \V\E UNIVERSyA ^lOSANCElfx^ o '^^/sammi)^ ^^xMllBRARYf3^ ^lLIBRARY6k^ '^' '^.!/0^nV3JO> ^.0FCAIIF0% OFfAl ^>&AHVt!8n-^\^ ^^Ok^vn . ^V^E UNIVERJ/A "^aaAii jjSkU)SANCFI/J> L>-0 ^.OFCAllF0/?/f^ ^;OFCAEIFOP^ i.yvaaii-^^ ^c-AHvaaiii^ ^WE UNivERsy^ o %il3Alf ;BRARYQr >> ^ \WE Uf^lVERS/A vvlOSANCElfj> ^J^HIBRARYQr ^ILIBR- L'INSCRIPTION PHfiNICIENNE DE MARSEILLE. EXTRAIT N'^ 19 DE LAN NEE 1847 DD JOURNAL ASUTIQDE. L'INSCRIPTION PHENICIENNE DE MARSEILLE, TRADUITE ET COMMENTEE PAR M. S. MUNK, MEMDRE DF. I, A SOCJETK ASIATIQUE. PARIS. IMPRIMERIE ROYALE. M DCCC XLVIIi. Sta«K AOMK L'lNSCRlPTION PHfiNICIENNE DE MARSEILLE. Les savants travaux dont les monuments ph^ni- ciens ont ete I'objet dans ces dernieres annees ont mis en Evidence un lait avance dej^ par saint Au- gustin et saint Jerome , et admis par Bochart et d'autres erudits, savoir, que ia langue phenicienne avait les plus intimes rapports avec la langue he- braique. Ces deux langues, sans doute, n'en for- merent d'abord qu'une seule ; ce fut la langue de Canaan, adoptee par les patriarches hebreux, Ara- meens d'origine , a leur arrivee au milieu des Cana- neens , et transmise a leurs descendants, qui lui imprimerent, peu a peu, une physionomie particu- liere. Jl pourraitdonc paraitre assez facile d'expliquer les monuments pheniciens a I'aide de I'hebreu. Ge- pendant, si Ton considere les resultats peu satisfai- sants obtenus jusqu'ici dans 1' interpretation de ces monuments, la grande divergence qui existe souvent entre les differentes interpretations tentees sur les memes textes , le peu de vraisemblance qu'offrent la plupart d'enlre elles, leurs constructions souvent barbares , qui bravent toutes les regies des langues s^- mitiques, et que celui qui , par une loiigue babitude, possede le sentiment de ( ey langues doit, au premier 20: — 6 — coup d'oeii, declarer fausses et impossibles, on sera oblige d'avouer que nous manquons encore de plu- sieurs 61ements necessaires pour expliquer, avec cer- titude , les inscriptions pheniciennes , et que souvent I'appareil philologique de I'hebreu et de toutes les langues semitiques ensemble ne sufTit pas pour re- soudre les difFicultes que presentent ces inscriptions. II est temps de faire humblement cet aveu, de s'ecar- ter de la fausse route dans iaquelle sorit entres plu- sieurs interpr^tes , et que Gesenius lui-meme n'a pas toujours su eviter. En avouant franchement notre ignorance la ou les elements d'interpretation nous manquent , et en nous contentant de faire connaitre les resultats certains, quelque peu nombreux qu'ils puissent etre , nous rendrions certainement plus de service a la science qu'en abusant du dictionnaire he- breu pourmettre au jour les interpretations les plus bizarres et pourtravestirles inscriptions pheniciennes en un jargon hebreu egalement reprouve par la grammaire et le bon sens. Avec la methode sfiivie par certains interpretes, on pourrait se charger, au besoin, de transformer une inscription chinoise en un texte hebreu. La science n'a rien a gagner a cette methode, qui ne pent que nous exposer a la risee de la posterite, lorsqu'un jour des monuments plus importants et plus instructifs que ceux que nous possedons seront sortis de leurs tombeaux. L'inscription si miraculeusement conservee dans les fondations d'une maison de I'antique ville de Mar- seille est. sans contredit, malgrc letat fragmentaire dans leqiicl elle se trouve, le monument le plus con sidiirable que nous possedions a present de la iangue phenicienne, et , interpretee avec prudence, elle peut fournir des elements pour I'explication d'autres inscriptions que I'avenir peut-etre fera paraitre au jour. Elle a un immense avantage sur beaucoup d'autres monuments de cette nature, en ce quelle est gravee avec un soin extreme et qu'il ne peut exis- ter do doute sur presque aucun de ses caracteres. Nous avons done sous les yeux un texte bien etabli , quoique tronque, ct un interprete consciencieux peut indiquer, avec certitude, les parties qui sont claires dans cette inscription, celles qui y sont dou- teuses et celles dont I'interpretation , dans I'etat ac- tuel de nos connaissances, est impossible. L'etenduc de cette inscription nous permet d'y decouvrir des pbrases entieres d'une clarte parfaite et de faire la construction d'autres phrases , conformement a I'es- prit des langues semitiques, de maniere k fixer exac- tement a quelle pai'tie du discours doit appartenir chaque mot , et a ne pas transformer l^s substantifs en verbes et vice versa. Une pareille analyse ne peut se laire simplement k coups de dictionnaire, mais il faut y apporter le sentiment et I'habitude de la Iangue hebraique et des autres langues de la meme familie, ot si cette analyse scAcre laisse certaines par- ties inexpliquees, il faudra avouer qu'elles sont inex- plicables poiu^nous, ce qui vaut mieux que de se faire illusion par des interpretations recherchees, invrai- seml>lablcs et contraires a I'csprit do la Iangue. — 8 — Le premier qui ait aborde I'interpretation de I'ins- cription de Marseille est M. Limbery, a Alger, qui en a public un texte tres-fautif et une pretendue traduction en hebreu et en franoais ^ Cette publi- cation est une mystification , que je m'abstiens de qualifier ; il est impossible que M. Limbery se soit fait illusion a lui-meme sur la valeur de son interpre- tation ; il est impossible qu on se trompe aussi sys- tematiquement sur un texte de cette etendue. D'ail- leurs , il sufTit de savoir autant d'hebreu qu'un eleve de sixieme sait de latin, pour reconnaitre, au pre- mier coup d'oeil , de quoi il s'agit dans notre ins- cription , bien que I'explication des details pre- sente souvent de grandes difficultes. La traduction de M. Limbery , qui nous presente un traite entre Marseille et Carthage, n'a pas un seul mot de com- mun avec ie texte, et sa transcription hebraique, qu'il appelle traduction, montre, avec la plus grande evi- dence, qu'il n'est pas meme en etat de lire les carac- teres pheniciens et d'en determiner la valeur. En voyant le texte hebraique ponctue que presente la troisieme planche de M. Limbery, on reste etonne du courage de celui qui ose publier, comme etant de I'hebreu, cet assemblage de mots barbares qui ne ressemblent ^ aucune langue. ' Lc Traite de Marseille, inscription pLenico-punique, trouvee a Marseille en i845, contenant un (raile d'ailiance et de commerce entre Marseille et Carthage. Traduction en h<'breu et en franoais, suivie de trois planches, par Nicely Limbery, de Sparte, secretaire- interpreledu parquet de la cour royale d'Alger; in-4", Alger, 1846. — 9 — Une tentative bien plus heureuse a ^te faite par M. Judas, qiii, dans ses Etudes sur la langue phe- nicienne, montre beaucoup de savoir et de sagacite, et un esprit souvent ingenieux. M. Judas n'a pu man- quer de reconnaitre le veritable sujet de I'inscrip- tion ; niais, a notre avis, il laisse beaucoup a dcsi- rer dans I'interpretation des details '.En general, il nous semble que M. Judas se laisse souvent entrainer trop loin parson imagination et par les dictionnaires. l\ cree des fonnes grammaticales qui ne se trouvent dans aucun idiome semitique , et il les introduit sans necessite dans les textes les plus clairs qui deja avaient ete interpretes de la maniere la plus satisfaisante. Pour faire apprecier la methode de M. Judas, on nous permettra de citer ici quelques exemples tires de son Etude demojistrative. Ces mots si clairs de la premiere inscription maltaise : □zns"' nVp i'DU^D, K Puisse-t-il les benir en exau^ant leur voix (priere) ! » signifient, selon M. Judas : Ex pnvcepto maledlxeruid aat benedixeriint (i. e. consecrarunt); et, pour arriver a ce singulier resultat, il faut supposer que les mol^ nb\> et DD13 sont des formes verbales qui correspon- dent aux formes hebra'iques ib'pp et iDin , c'est-a-dire ' Vovez Elude demonstrative de la laiujue phenicieiine et de la lan- tjuc libjqac, In-^" ; Paris , i8'i7, P- 163-174. — Notre travail etail enti^rement redige lorsque deux autrcs memoircs sur i'iirscription de Marseille ont ete publics : Tun a pour auteur M. de Saulcy, raulrc M. I'abbe Barges. Quels que soient les mdritcs de ces deux memoires, il nous a semble qu'ils laissaient eneore largemenl de la place a d'autres essais. Nous aurons roccasion d\ revenir quclquefois dans Ics notes qui accompagnent noire travail. — 10 — qu'en phenicien la 3* personne du pliiriel , au pre- terit, se formait par D, au lieu de prendre la ter- minaison 1 , comme dans tous les autres dialectes semitiques, sans exception. II faudrait, en outre, admettre avec M. Judas que le "• , dans DD13"' , est un n, et que ce prefixe signifie oa, ou hien, sens qu'il n'a ni en hebreu, ni dans les autres dialectes. Les mots TI3 ITN , dans la meme inscription maltaise et dans plusieurs autres inscriptions votives, ne signi- fient plus qui ou que consacra, voua (en hebreu, ~)1J "itl^N), comme I'a montre, le premier, M. Qua- tremere , mais bien basis sepulturee; car, dit M. Judas , ii: , pris dans le sens de se» affines in , ")!3a , i^i , veut dire scparer, (jarder, prote(jer, et de la ensevelir ^ — Dans I'inscription tumulaire decouverte a Athenes en 1 8/i 1 -, le nom de nh'SlT^^it *{2 VaJD'' est suivi dun groupe de lettres dont la transcription fidele est celie-ci : '?3")jDbNDjnD3") . La premiere et la onzieme lettre de ce groupe sont evidemment des resch , car elles different totalement du daleth, qu'on trouve dans le mot DJTi (sidonienne) de la meme inscrip- tion. Les six premieres lettres donnent les mots m DjiID, chef de pretres ou cjrand pretre [dp)(^i£p£V5]^-^ les sept lettres qui restent oflrent plus de dilTicul- ' \'oyez Etude demonstrative , etc. p. 7 i • * Voyez Tarlicle de M. Quatrem^rc dans le Journal des Savants, cahier dc seplembre i842 , p. 5i8; celui de M. de Saulcy dans les Annates dc rjnsliUit archeologiqiie, t. XV, i" caliicr, ct rEtiidc de- monstrative de M. Judas, p. 79. „ " En syriaquc, on dit dans Ic meme sens JUotid i^> = — 11 — tes ; nous croyons y reconnaitre le mot pVx , veuf, siiivi d'un adjectif, bai, siir le sens duquel nous ne saurions rien dire de positif, mais qui peut-etre (en admettant ici la permutation des lettres 3 et y , et en prenant b^l pour '^un ou h^'Ji) signifie consterne, commeTadjectif syriaque |JL^9 ^ M. Judas, prenant les deux resch pour des daletli, lit : hii p"bN n:n -pi ; selon lui, ~pi serait la racine du mot chaldeen "]3i:, series lapidum, paries, et signifierait constraire; c'est, dit-il, le verbe dont bD:n"' est le sujet, et il ti^aduit les mots ']ii nbTjnt'it p '73:71"' 'b N:t3"' CN : « latanbal , Ills d'Aschmoun-Tsillah, m'a construit ce fondement (c*N') de protection durable. » DjH, qu'il met en rap- port avec DJn •'J, njn "':2 ^3, nan p "'3, vallee de Hin nom, ou da fils, des fils de Hinnom (oil evidemment D3n est le nom propre de la tribu ou de la famille a laquelle avait appartenu cette vallee , mais 011 M. Judas n'a vu que I'enfer, quon designait plus tard par le nom de la fameuse vallee), signifierait, comme nn:, gcmissetnent , lamentation; ]D"Vn serait un compose de deux prepositions et signifierait adco ex, et enfin, par Van, on doit entendre ici I'envelop- pement sepulcral, la sepultare, du verbe '73-, couvrir. M. Judas nhesite done pas a traduire Vai ]l2ihii Djn • M. Movers [Phcenizischc Texte , I, p. 82) lit les sept dernitres Icltres '^Y^1 D'JN , et il traduit : princcps sacerdolam quorum dcus Nrrcjal. Ce sens nous parait fort probfematique ; non-seulenient Ncr- gal n'clait pas une divinite phcniciennc, mais il parait grammatica- lemcnt diflicilc de rapportcr Ic suflixc dans D/N* au mot DiilD , qui est indetcrniinc ct qui forme en ([uelque sorte avec 31 un mot compose. — 12 — par : (( H est profondement atti'iste depiiis cette se- pulture. » Que peut-on opposer a de pareilles interpreta- tions? li est impossible de les refuter serieusement; elles echappent a la critique par ce qu'elles ont de vraiment excentrique , et je doute qu'elles trouvent grace aux yeux des hebraisants. Cependant, on ren- contre dans lelivre de M. Judas beaucoup d'interpre- tations de cette nature. Pour ne pas nous ecarter de notre sujet, citons quelques exemples dans I'inscrip- tion de Marseille. La i G^ ligne commence par les mots n"iTD b2 ; le mot niTD, pris dans le sens d'orient, ne s'adapte pas a ce passage , et ii est impossible de dire positivement quel en est ici le veritable sens. Cependant, M. Judas a cru pouvoir I'expliquer au moyen du dictionnaire. Gesenius dit, a la racine mr : transfertar ad lepram in cute exorientem, c'est- a-dire que le verbe m?, apparaitre, se lever (en par- lant du soleil, de la lumiere, etc.) est aussi employe metaphoriquement, dans un passage duIFlivre des Chroniques (ch. xxvi, v. 19 ), oil Ton parle de la lepre qui apparut siu* le front du roi Ouzia. De la M. Judas conclut que niTD signilie lepreiix ^ On pourrait appliquer le meme raisonnement au grec et au latin ; la versioit grecque porte dans le passage cite : Ka; >) XeVpa d.vdTsi'Kev iv toj {itTj^ivw avTOv, et la Vulgate : Orta est lepra in fronte ejus ; par conse- quent, le mot grec dvaToXrf et le mot latin oriens ' Nous sonimes siirpris do voir M. Barges adopter le meme sens et le dcolarcr U srul- adnussiblc. — 13 — signifient Upre. Nous demaiulerons encore aux he- hraisants ce qii'ils pensent (rune j)liraso hebvaiqiie eoMslruite comnio celle-ci : D^'J DN* nvi yDN bb2 ^Vxs . . . bb^ (t Pour un taureau entier, fort, et a la con- dition qu'il soit dansle moment en pleinesante, etc. » ou comme cette autre : CN ^)iV ax bh2 chv yii dn nrn « S'il brille d'une parfiiite sante , s il a de la vi- vacite et une belle apparence ' •, n ou enfin comme cette troisieme : niDi nnx hdt '^y nxcD nc*n aDixn 3nD3 nu u Les liomnies du don d'une oblation pour un sacrifice unique et le tribut etabli dans I'ecrit. » Ici la traduction francaise n'est pas plus intelligible que le texte ^. La 9^ ligne nous presente , selon M. Judas, les mots b''ii 3"iS, qu'il traduit par un be- lier prescjiie adulte; car il a vu, dans le Dictionnaire rabbinico-philosopbique de Buxtorf , que , dans le langage tbalmudique, p3"iD NSiVi (litteral. ro6«r(Zor- toram) designe un disci[)le d'un esprit penetrant, ruhbinatui proximus , sed juvenis adimc; maisM. Judas aurait pu voir, dans le grand Lexicon chald. thalnuul. et rabbiniciini de Buxtorf, que I'expression p3~iD xailJi s'applique aussi a de vieux docteurs. Nous aurons i'occasion , plus loin , de relever quelques autres in- terpretations de M. Judas; les hebraisants jugeront ' M. Barges a interpr^te ccs tlcux passages a pen pr^s de la meme mani^re que M. Judas; cependant, cclle interpretation, non-seule- ment est conlrairc au genie de la lanjjne, niais elie ne presente meme pas un sens bien plausible. " II y a en outre dans ce passage deux fautcsde transcription; la septi^nie lettre est un D , et non pas un V, et au lieu de mDI, ii faut lire mDD. — 14 — si cette methode est propre a repandre beaucoup de lumiere sur ies monuments pheniciens , et s il ne vaut pas mieux, au lieu de recourir a de tels moyens , nous arreter aux limites qui nous sont tracees par I'insuffisance des ressources dont nous pouvons dis- poser. La premiere condition que doit s'imposer celui qui veut interpreter des inscriptions pheniciennes , c'est de former des phrases construites a la maniere de riiebreu et des autres langues semitiques, de presenter au simple hebraisant un t-exte dans lequel celui-ci puisse reconnaitre partout la structure et le genie hebra'iques , lors meme que tous Ies mots ne lui seraient pas connus; car Ies monuments pheni- ciens nous presentent , sans aucun doute , des racines et des mots derives que nous ne retrouvons plus dans I'hebreu ou qui n'y ont jamais exists. II faut ensuite que I'interprete respecte Ies formes gram- maticales des langues semitiques, et qu'il n'en in- vente pas tout expres pour traduire des phrases qii'il ne trouve pas intelligibles^ Des que, pour in- terpreter un groupe de lettres , il faut former des mots et des phrases qu'un Hebreu aurait trouves ' Outre la forme □'^IDp ( pour I'jtOp) , que M. Judas nous montre dans Ies mots D7p et □3'^3, il a invent^ unc forme n7tOp^ (pour '?t2pn), comme 3° personne feminine du futur, afin d'expliquer le mot D/a'' , qu'on rencontre souvent dans Tinscription de Marseille et qu'il a pris pour un verbe. M. Judas n'h^site pas k faire figurer <"es formes dans son paradigme de la conjugaison phenicienne. ( Vo)^. Etude demonstrative , p. aSo.) — MM. de Saulcy ct Barges, consid^- rant Hi'S,'' comme un verbe, ontegalement admis la forme anomalc ri/tOp^; nous monti'erons que le mot D?!}'* est'un substantif. — 15 — barbares, et traverser iin labyrinthe d'hypotli^ses gramniaticales ct etymologiquos, on pent elre sur que nous manquoiis des donnees necessaires ; et, dans ce cas, c'est un devoir de s'abstenir, afin de ne pas faire passer ]es hypotheses les plus invraisem- blablespourdes resultats positifs acquis a la science'. En presentant ici un essai d'interpretation de I'ins- cl'iplion de Marseille, nous ne pretendons nulle- ment avoir reussi a tout expliquer, nnais au moins nous avons tache de ne pas blesser le sentiment de riiebraisant qui ne s est pas borne a I'etude de la grarnmaire et du dictionnaire , et qui sait distinguer ce qui est correct de ce qui est barbare. Les prin- cipaux elements de I'interpretation sont dans I'he- breu et dans le dialecte arameen ; mais il ne faut nullement dedaigner les autres dialectes semitiques ; car il existe dans le phenicien des mots qu'on ne rencontre pas dans Thebreu et qui se retrouvent dans I'arabe ou dans I'ethiopien. Ce dernier dialecte, nialgre ses rapports intimes avec I'arabe , nous pre- senle un grand nombre de mots qui se retrouvent encore dans I'hebreu et qu'on ne rencontre pas dans la langue arabe ; il paraitrait qu'il en est de meme dans le dialecte himyariqiie, auquel se rattache I'ethiopien. S'il est vrai, comme le dit Herodote, que les Pheniciens etaient d'abord etablis pres de la mer ' M. Movers (I. c. p. 2) croil pouvoir affirmer que, sur environ cent soixante mots recueiJlis par Gesenius dan^ les inscriptions plie- niciennes (ScrijAurar lingiiwcfuc Pli(rnici(c monumenta , p. 346 cl suiv.) , il y en a ;"k peine cinquan^e qui puissent ^ire consider^s commc reels. — 16 — Rouge , on rompreud que leur langue , ainsi que rhebreu, ait pu renfermer des mots et des formes appartenant au dialecte qu'on parlait dans TArabie meridionale , et qui ne se retrouvent pas dans la langue arabe. Les mots himyariques ont pu devenir rares ou disparaitre entierement chez les Hebreux, qui , en adoptant la langue cananeenne , auront con- serve des mots de la langue primitive de'leurs an- cetres arameens. Une connaissance plus parfaite de la langue himyarique repandra peut-etre plus tard une lumiere nouvelle sur les debris de la langue phenicienne ; ce qui est certain , des a present , c'est qu'on rencontre dans le pbenicien des mots arabes , himyariques et ethiopiens, qui n existent pas dans I'hebreu ou qui n'y ont pas conserve le meme sens. On reconnaitra, par exemple , avec la plus grande evidence, comme je I'ai deja fait observer ailleurs\ ' Voyez Palestine, descj;"iption geographique , historique et ar- cheologique, p. 87. J'y ai montre que le verbc pD sc trouve deux fois dans le passage punique du Pmniilus de Plaule (acte V, sc. i, V. 5 et 6). Les mots Aiitidamos chmi correspondent nux mnls latins Antidamas fait; le vers latin : Eum fecisse aiunt , sihi quod faciunduni t'uit correspond au vers punique : Yssidobrimthyfel ytlj cliyl ys clion them lipliul, que je crois pouvoir Iranscrire ainsi - - hv^h on \2 u'N h^ ns* bys^ ncN ~)3i n; u^-'n «Cet honnete hommc faisait tout ce qu'il y avait a faire. « ")3~ C^N DDN*, litteral. un homme disani la virite, esl une locution licbraiquc qui signifie un brave et honnete Iwmme (comparez Ps. xv, v. 2); ^H a le sens de T^N'.et DD (hebr. D^) est expletif, comme Test sou- vent la particulc arabe J^ avec Ic verbc ^k^. La seconde moitit au moins do ma transcription me parait hors de doute. — 17 — cjue le verbe etrc, en phenicien, s'exprimait par pr (y\^), tandis que les Hebreux conservtjrent le mot arameen mn ou n'^n . On troiivera soiivent dans I'ins- cription de Marseille un mot n2?l2i dans le sens de sacrifice; en ethiopien, wHld (^1°) veut dire sacri- fier, et O^/^Tb't' (nviDD) sacrifice. On y rencontrera encore le mot Qi*D dans le sens de pied oujambe, mot cfui ne s'est conserve en hebreu que dans ie kngage poetique, mais qui se retrouve dans le hi- myarique^ On y verra la particule T (en arameen, n ou 1 ) employee comme signe du genitif , de meme que dans I'ethiopi^n et dans le himyarique -. Dans la i3* ligne, DDy est pris probablement dans le sens du verbe etbiopien O^d (V^^)' iniqua^ fait, inique ecfit, et peut-etre aussi nJD dans le sens de retliio pien ^^'P , cliemin. Nous passons maintenant k la transcription et k la traduction de I'inscription de Marseille, dont la plus grande partie, ce nous semble, pent etre ex- pliquee avec certitude^. Nous accompagnerons de points d'interrogation les mots et les phrases dont ^ Voyez Journal asiatique, i838, juin, p. 5i3; juillet, p. 8s. ' Voyez ibid, decembre, p. 54o. ' Nous nous dispensons de reproduire ici les details dj^ja connus sur la decouverte de la pierre et sur sa nature. S'il est vrai, comme on I'assure, que la pierre est d'une sorte de calcaire qu'on trouve pr{;s de Marseille et qu'on appelle pierre de cassis, le r^glenient de sacriiices que prdsente Tinscription a du etre fait pour un temple qu'une population phenicienne ou cartliaginoise poss^dait k Mar- seille. M. Barges s'est livr^ i de savantes recherches pour fixer la date approximative du monument, qii'il fait remonter a sept ou huit si^cles avant Vine chrclienne. J. A. Extr. u" i(). (1847.) 2 — 18 — ie sens ne nous parait pas certain , et que nous ne pouvons traduire que par conjecture; car nous te- nons a ne pas donner pour des resultats positifs ce qui reste encore douteux, et ce que de nouvelles decouvertes pourront con firmer ou faire envisager sous un" autre jour. Les deux fragments de la pierre qui ont ete retrouves , et qui s' adaptent parfaite- ment ensemble, forment a peu pres les trois cin- quiemes du monument. La pierre ayant ete rompue obliquement, de gauche a droite , les lignes ont toutes perdu leur extremite de gauche; et , a mesure qu'on avance , elles deviennent de plus en plus im- parfaites; cependant, Tinscription etant divisee en plusieurs alineas , il y a quelques lignes qui sont ter- minees. Ca et Ik les lignes commencent evidemment par la derniere lettre du dernier mot de la ligne precedente, ce qui a lieu dans les lignes 6 , i 9 et 2 i . M. Judas a accompagne son travail dune planche divisee en deux parties , dont chacune reproduit I'un des deux fragments qui nous restent de la pierre (pi. 27 et 2-7 his). Cette planche est tres-exacte, sauf quelques fragments de lettres qui manquent au commencement des lignes 1 3 , 1 4 et 1 5 ^ La trans- cription hebraique de M. Judas [Etude demonstra- 1 Un henu facsimile accompagne le Memoire de M. de Saulcy destine au tome XVII des Memoires de I'Academic des inscriptions et belles-lettres, el dont nous avons sous les yeux ie tirage a part. Grace a la bienveillancc du savant acadeniicien et de M. Ie secre- taire perpetuel de rAcademie,il nous a ^le permis de joindre Ie meme facsimile a notre travail ; nous nous sommes permis de faire, d'aprps Ic platrc dc la Bihliotheque royalc, quelques legferes recti- — 19 — five, p. 1 64 , 172 ot > yS) presente piusieurs I'autes. A la fill de la 2* ligne , le n , qu'on reconnait encore apr^s le 1, a ete omis. Daris la 5" ligne , on litnanDn, au lieu de iDnD3. An commencement de la 1 3° ligne, M. Judas, pour obtenir un substantif nvisa, qu'il a cru reconnaitre dajis d'autres passages , a substitue im 3 au V qu'il a reproduit lui-meme tres-distincte- ment sur sa planch e. Piusieurs fois aussi il a substi- tue le " au T : c'est ainsi qua la fin de la 3® iigrle il a ecrit. . . V pom*. . . 'J t; dans la 6^ mu'' pour "iNC T , et dans la 1 0% m'ip"' pour mjJp T . Dans la 1 7^ ligne, il a ecrit riw'n au lieu de riDn, nxiyDn au lieu de DiXw'D (en ajoutant un n qui n'est pas sur la planche) , et mCT au lieu de niDD. Dans la 19* ligne, le mot Djnnm est ecrit une Ibis Diism, par daleth au lieu de r^sch (p. 16 A), une seconde fois d:i231 (p. 172), et une troisieme fois d:i3"i (p. 1 73), sans doute une faute d'impression, Enfin, la 2 1^ ligne finit, dans la transcription , par DU au lieu de n"i ( 1 5* et 1 6^ lettres) , et les lettres suivantes sont negligees. Voici maintenant la transcription exacte en ca- racteres hebraiques ^ : tDl^K r\r\-)----2i--'bv2 D2 1 -3 p nims p r3D2;n h::2 ny nn--- m bva^iVn p piyNns p i3Dun 2 lications ^ la i6" lettre de la ligne 5, au commencement des lignes i3 et i5, et aux deux extr^mit^s de la ligne i4. ' Nons devons avertir que nous avons divis^ les mots d'apr^s le sens que nous avons cru troiiver dans Tinscription; car sur la pierre — 20 — :y T nxiyDn |d n'jvDV p^ VVdMt •n3?n Vva*? ")N^n pK "jVd S"»K3 QN NIODI t3N3 ")DnD3 qV^ pp UTN '73^3 5 n^Dn s]D3 D:nDb Vbs obiy dx nyis m2:p nyi2:3V---DiyDm nxD bpt^D -iNiy t riNirDn p n « ycm D3b5ym myn pi nVa"""! I'jptrr »]D3 djhd'? bb:> nb^ nn nvij: dx Vbs !V3 dn '73^3 i D"* nyijjsi inN3 lint •n3Tn Vvsb nxtyn i^nxi DDysm D3b:ym myn pi n"?!:^! s bl'plD nh^ DK nyi2J dk V^d '?^k3 -iss dn ni33 dn ")DN3 9 IT niyVu^ ^31 >iD3 DJns"? cjDyDm Q3'?e?ni mvn pi nVn niiip t nxiyDn p. 10 • •'•b^^b ^Nu;n nnNi »]D3 DinD*? nin on ^!:i:' dn VVd Db^ ys dn p3N "id-- h • lyn pi nnN3 11 it niybiy y3T QinD"? p::? n3? dn m n3T dn niyip riDip dn izsb- 12 '» inN3 S----N t^DD nyis-o nVs""! msp d^hdV p"» dVn n:D dd:?^ i^n nyis"?-- 13 les caract^res se suivent sans une separation bien marquee , ik I'ex- ception de quelques endroils ou le graveur a mis un petit trait semblable a notre virgule , pour indiquer ia fin des mots. Dans notre traduction , nous avons ajout^ ijk et 1^, entre des ( ), quelques mots explicatifs; ies mots entre des [ ] sont des restitutions du texte. — 21 — jDD nDT*? mx VK nai Vd "jvi a'^jn "jvi 3'7n Vyi 'y'ja.- 14 ■ nar und din ^di d'pn nno '721 nsc; Vdi miD 'jd ic ■ ••3nD3 DD mDD nnN n3T Vy nxc^D nDno mxn i"? .i:;n n3n3n ^dV |n:i t dd3 r\v "73 >n k?j< nxtyDbi is •Da-)3m |DiyKi3 p '7y32'7m n i' • :y:i t dd3 dv nat^ yn3 nxiyD np^ vk p3 'js 26 •nNi^Dn n--.o dn ;n^ "73 '•n lyx n3T '7y3'7 n 21 TRADUCTION. 1 . Temple de Baal . . .-Baal le suffete, fils de Bed-Tanath, fils de Bed- 2. le suffete, fds de Bed Aschmoun , fils de Hali^-Baal, et [leur college]. 3. Pour le boeuf holocauste , sacrifice obligatoire ou holo- causte volontaire, les pretres auront dix (sides) d'-argent par tete (d'animal), et rholocauste sera pour I'autel; la re- devance en fait de chair (pour les sacrifices noa holocaustes). 4. et si c'esl un sacrifice obligatoire (on y ajoutera aussi) des ke^oarolh el yegouloth^, de. meme que les peaux, les ' Cc sont certaines parties grasses destineet i I'autel. (Voir le commcDtaire. ) 2*^ boyaux ( ?) et les pieds ; et le reste de la chair sera au mailre du sacritice. 5. Pour le veau qui a la corne encore tendre, qui manque encore de sabots (?) (ou : qui ne pousse pas encore des pieds?), et au-dessous, ou pour le cerf, holocauste, sacrifice obligatoire ou holocauste volontaire , les prelres auront cinq (sides) d'argent ; ■ 6. la redevance en fait de chair (pour les sacrifices non liolocaustes) seradupoidsde centcinquante (sides) , etsic'est un sacrifice obligatoire (on y ajoutera aussi) des kegourotli etyegouloth, ainsi que les peaux, les boyaux (?) et les pieds. 7. Pour le belier ou la chevre holocauste, sacrifice obli- gatoire ou holocauste volontaire, les pretres auront un side d'argent (et) 2 zdr[7) partete (d'animal), etpour le sacrifice obligatoire il y aura 8. et yegouloth, de meme que les peaux, les boyaux (?) et les pieds, et le reste de la chair sera au maitre du sacrifice. 9. Pour I'agneau, ou le chevreau, ou le jeune cerf holo- causte , sacrifice obligatoire ou holocauste volontaire , les pretres auront trois quarts (de side) d'argent (et) 2 zdr (?). 10. la redevance (pour les sacrifices non holocaustes, se composera) de kegouroth etyegouloth, ainsi que des peaux, des boyaux (?) et des pieds, et le reste de la chair sera au maitre du sacrifice. 11. [Pour le] fruit des jardins, soit des fleurs (presentees comme) ofiFrande volontaire, ou le scheccf [espcce de fruit?) oule Jiazith (plante bulbeuse ?) , les pretres auront trois quarts (de side) d'argent (et) 2 zdr['?) pour chaque (offrande), ainsi que les 12. Pour I'oiseau, ou les pr^mices sacrees, ou le sacri- fice d'aliments, ou le sacrifice d'huile, les pretres auront d'argent pour chaque (offrande) 13. Dans tout sacrifice d'uu homme qui aura peche en- — 23 — vers les dieux, les pretres auront des kegouroth el yefouloth; et [ tout ?] sacrifice ]k. Sur une (offrande) petrie (a I'huile), sur le lait, sur la graisse et sur lout sacrifice oii il y a du sang avec le sacri- fice [comme offrande .( ?) ] 15. Dans lout sacrifice qui sera sacrifi^ , le maigre du belail el le maigre des oiseaux ne sera pas pour les pretres. IG. Toule libalion melangee (?) et loute libation (de viu?), et lout repas solennel (en fhonneur) des dieux, et tout sang de ce qui sera sacrifie 1 7. le sang (provenant) du mort ; la redevance pour chaque sacrifice (sera) selon la inesure fixee dans I'^crit (le re- glement ) 18-. Et pour la redevance d'un homme d'outre-mer (dun Stranger), qui nest pas 6tabli dans celte conlree, il sera donne selon I'ecrit (le decret) qui [a ei6 fait par] 19. ih et Hali^-Baal, fils de Bed-Aschmoun el leur college. 20. Tout pretre qui percevra une redevance excessive d'un homme 6tabli dans cette contr6e , sera puni (d'une amende) 21 Au maitre du sacrifice (lorsqu'il est) un homme d'outre-mer (un Stranger), on ne donnera pas [tout ce qui reste ?] (apres le prelevement) de la redevance COMMENTAIRE. LIGNES 1 ET 2. Ces deux lignes, renfermant I'epigraphe du reglement, en indiquaient sommairemenl le sujet et faisaient connaiti'e les noms et I'ascendance de deux personnages dont ^manait ce — 24 — r^glement et qui ^talent sans doute les chefs de la popula- tion carthaginoise de Marseille. On ne reconnait plus que les deux premiers mots b^a n3 (pour ^^"2 IT'a), maison ou temple de Baal, et quelques noms qui sont ceux des ascen- dants des chefs ou sujfetes. Du premier nom propre , qui est celui du premier des deux suffetes, il n'en reste que la derniere rtloitie 72^3". Dans les noms suivanls, 12 est I'a- breviation de 122?, comme on le trouve souvent dans les inscriptions carthaginoises. Le dernier nom '7y2Jj'7n doit etre prononce probablement VvS'yiVn ou V^a'^Vn , signi- fiant arm^ ou gaerrier de Baal. Les lettres ni , qu'on recon- nait a la fm de la 2' ligne , forment sans doute le commen- cement du mot DJ")3m, et leur compagnie, ou collSgef c'est- a-dire les membres du conseil d'administration. Ce mot se trouve aussi a la tin de la ligne 1 9 ; il paraitrait qu'en phe- nicien on disait p3n (pan), dans le sens du mot h^breu ")3n , sodalitium. LIGNE O. F17N3, pour le hcenf on les bceufs; le mot ff^a est ici col- lectif , de meme que les autres noms d'animaux qu'on trouve dans les lignes suivantes. Chez les Pheniciens, fpH etait le mot le plus usite pour dt^signer le boeuf ' ; mais il etait aussi en usage chez les Hebreux [Deuter. ch. vii, v. i3; ch. XXVIII, V. 4, 1 8 et 5i) , et notamment dans le langage poetique. — 7?D se prononce h'^h^ et signifie ojfrande entiere (c'est-a-dire entierement consacree aux dieux), et par suite holocauste. — DX signifie ou, sens que cette particule a aussi en hebreu lorsqu'elle est r^pet^e, par exemple : HDn^'DK U?''N"DN, « soit une bete ou un homme « [Exode, xix, i3). — ny"12I, comme je I'ai deja dit, vient de la racine ethio- ' Voy. Plutarque/LSjm/JOi. 1. IX, probl. 2, § 3, ou on lit que Cadmus avait mis Valpha en tete de toutes les lettres, parce que les Pheniciens appelaient ainsi Ic bosiif, qui est de premiere necessite. — 25 — pienne iMD , sacrifier, ct parait designer un sacrifice obligatoire, present par la loi, tandis que D7u' est un sacrifice volontairc ou d' actions de graces '. Ce dernier mot, en hebreu, s'emploie presque toujours au pluriel; on le trouve une seule fois au singulier : t3"'3N i(h D3''N''"iD D^C*! , « et je ne regarderai pas le sacrifice volontaire (pris) de vos betes grasses (^m05,ch.v, V. 22), 'j'^bs ■vh'^ signiile done um sacrifice volontaire offert en holocauste ; chez les Ilebreux aussi , I'holocauste ^lait ou prescrit ou ofifert volontairement (voyez Nombres, chap, xv, V. 3 et8). lUHl mil?2? «]DD D^nDb, "(il y aura) aux pretres dix (si- des) d'argent pour un (boeuf) , m c'est-a-dire : les pretres auront dix sides pour chaque bceuf * offert en holocauste. La construction est entierement h^braique; I'omission du mot 7pw' ou D"''7pE7 est egalement d'usage en hebreu, par exemple : r|D3 fpH, mille [sides) d'argent [Genese, xx, 16); 3nT n~!C^y, dix [sides] d'or [ibid, xxiv, 22), Le mot m^y est suivi d'un signe qui est sans doute un chiffre designant le nombre 10; on rencontre le meme signe dans la 12° ligne. n'?yD'7 p^ b'jsm, «et I'holocauste sera pour I'autel, » c'est- a-dire, les pretres n'en auront rien, car le tout sera brule sur I'autel. p^ est evidemment le futur du verbe pD, etre. n'?yD, litteral. lieu deve, a le sens d'aiitel; I'etymologie est la m^me que celle du mot hebreu nD3 et du mot syriaque ) J^^i^ 1 ainsi que des mots ^w^bs et altare, car primiti- vement on construisait les autels sur des hauteurs, oii Ton se croyait plus pres des dieux. A cote de rhVVi , on employait • M. (le Sauky a bien rendu le sens des mots rii?1jJ et Dbll? ? mais je ne pense pas qu'on puisse mettre en rapport le mot rii'lS avcc la racine niiJ ■, ordonner, prescrire. MM. Judas et Barges, ayant aulrcment divisc les mots, se sont entitlement ^cart^s du vrai sens de ce passage. * C'est h tort que MM. Judas ct de Sauicy ont rendu 111X2, /)our chacun, comme si ce mot se rapportait aux pretres. — 26 — probablement en ph^nicien , comme en h^breu , le mot n3lD , de meme qu'on se sert en syriaque des mots | J^^^iCSw et jL>*3«i^ • Le n dans r)'?i?D est la terminaison du feminin, correspondant a la terminaison h^bra'ique n" qui, a ce qii'il parait, ne s'employait que tres-rarement en pbenicien '. nX^Dn JD, litter, le mode de I'offrande ou de la redevance. jD (qu'on pent prononcer au singulier ou au pluriel "'jD) si- gnifie ici mode, maniere; le mot D''JD est souvent employe dans ce sens par les rabbins , comme le mot arabe t-swl ; on peut aussi comparer avec notre ]D le mot arabe ^j3 et le mot etbiopien q^n , qui signifient egalement modus, ratio. Le sens est : la maniere de s'acquitter envers les pretres ou envers I'autel, en donnant une portion de la victime (lorsqu'elle n'est ])as bolocauste). Le subslantif DNUD (de Ni^J tulil, oh- tiilit) sert a designer tout ce qu'on presente, soit volontaire- ment ou par devoir; il a done a la fois le sens de present, offrande, et celui de iribiit, impSt, redevance ( 2 Chron. , XXIV, 6, 9). La lettre T qui suit le mot nN*C?Dn ne peut etre ici que I'analogue du ri ethiopien et de la particule aram^enne ^l ou 1 , pour laquelle le bas-relief de Carpentras et les papyrus du musee de Blacas presentent la forme "'T *. ' Voy. Gesenins , Scripiuree litigueecjue PhoBmcim monumenta,^. ASg. ^ De meme que le T , le pr^fixe U est employe quelquefois comme marque du genitif en place de Tetat construil; c'est ainsi que, dans I'inscription deTiiougga, on lit a la deuxi^meligne : DJSD DJDNt!? dans le sens de Q^JDNH ''23, slractores lapidum, et a la septifeme ligne ^T"13^ DDDiH pour '~?n3n ''DDj , fusores ferri. M. rabb(5 Bargtis considfere notre * comme une abrevialion de nST? ce qui est une hypoth^se peu vraisemblable. M. de Saulcy y voit un pronom demonstratif se rapportant au mot riNl^Dri ; i^ est vrai que nous trouverons plus loin * pour le pronom ilT (lignes 18 et 20), mais ici il faudrait un pronom dune forme feminine, car DNtyD Pst du feminin; il faudrait aussi, d'ap^^s les regies del'h^breu. que le pronom fut accompagne de rarticle, comme Test le mof TNlI^Dt auquel il sc rapporterait. A la suite du T on reconnait un C^ ; il est Evident, par la comparaison de la 6°ligne, qu'on iisaitici ie niol ")N>? , chair, qui etait suivi sans doule des mots riND '^^^ ^\>VT2 , de sorte que celle ligne so lerminait ainsi : « la redevance en fait de chair (sera) du poids de trois cents (sides). » LIGNE /l. Cette ligne se rattache a la precedenle et continue les pres- criptions ayant rapport au sacrifice du bceuf. Le sens des trois mots n'?J»"'T mJJp n2?12J31 me parait ctre celui-ci .: « et pour les sacrifices non holocaustes de la categoric du gouat, on ajoutera a la chair, dont le poids vient d'etre fixe, les par- ties appelees msp et nbjiV » La phrase tres-concise de I'origi- nal est peut-etre empruntee a quelque rituel phenicien , el pou- vait etre facilement comprise. Le mot rii'12J3, que M. Judas a rendu par wnmorceaiz, est compose duprefixe 3 etdumotnyii', sacrifice ohligatoire , que nous avons deja rencontre dans la ligne precedente. Les mots D'?Ji"'1 m^Ip ne sont nullement des verbes, comme I'a cru M. Judas \ D'abord riVs'' , comme nousl'avons deja dit, serait une forme barbare, sans analogie dans aucune des langues semitiques; ensuite, en admettant une pareille forme du futur, on ne comprendraitpas pourquoi I'undes deux verbes serait au preterit etl'autreau futur ;enfin, il est evident , par la construction de la 1 3° ligne , que les mots myp et n'?2i^ ne peuvent etre que des substantifs. Quant au sens de ces deux substantifs, nous ne saurions le determiner avec certitude; on reconnait cependant, par I'ensemble des phrases oii ces deux mots se Irouvent, qu'ils designent cer- taines parties de la victimc. Je les considere comme des plu- riels f^minins du participe passif, et je prononce : ni"112p ' MM. de Saulcy et Barges les ont egalement considere comme des verbes; quant au mot riVI^D, M. de Saulcy le rend : et suivant ies pr^ccptes ; M. Bargts imagine im mot rii^12I » voulantdire morceau. ct il traduit rniip nyiJjaii ct ellc sera coitpee en morceaux, mais jc doute que cc soit ]k nne construction hebraique bien correcte. — 28 — n^*?1JJ''1 ou bien nl'?"'!Si"'T n1"i"'2Jp ; je pense que ces mots d6si- gnent certaines parties grasses qui etaient particulierement destinees a I'autel, de meme que, chez les Hebreux, les par- ties specifiees souvent dans le Levitique el designees par les rabbins sous le nom coinmun de Q">T1!2K '. Dans le langage des sacrificateurs romains, les parties grasses des intestins offertes aux dieux, crues ou cuites, etaient appel^es prosecta ou prosiciee; on y ajoutait divers fragments de la cuisse, de la queue, etc. auxquels on donnait les noms de augumenta, augumina ou magmenta^. Le mot niTISp de la racine ")2Jp = "1T2, couper, correspond exactement aux mots latins prosecta et prosiciee (de prosecare) , et pourrait bien designer la meme chose'. n'lVlJJ^ pourrait venir d'une racine '?i*\ transposee de ""Vs (nbs) , et avoir le sens de nribs assata (parties roties). Les mots n^S"*! m^Jp se traduiraient alors par prosecta et as- sata (des parlies decoupees et roties); ou bien (s'il est permis de supposer une cerlaine analogie dans les usages et les termes des sacrifices chez les Carthaginois et les Romains ) le verbe 73J^ pourrait avoir le sens de la racine arabe JL-sj (joindre, ajouter), de sorte que ni'^ljJ"' repondrait aux mots augumenta, magmenta^. Ce sont la de simples conjectures ; mais, * Maimonide, dans son commentaire sur la Mischnd (preface du Seder Kodaschini) , apres avoir enum^re les differentes parties qui, dans les sacrifices non holocaustes, se brulaient sur fautel, ajoutece qui suit : J^l_>^^^f^ v.5*-*r> □''"nD''N (jBu^iij L^J^to^^ I / "q" . <• i,\ ^Jvit ct iou-ies ces parlies s'appellent immovrim , ce qui veut dire : les chases qu'il a eie ordonne [ j,\ ")DNi) debruler. (Voy. 1/ ' Pococke, Porta Mosis, p. 2 55.) * Voy. Varron , De lingua lal. hv. V, § i lo et i i 2. Sur les diverses parties dont se composaient les pro5ec(a et aucjmenta, on peut voir Saubert, De sacrijiciis vcterum, cap. xx. ^ En grec les mots iv70(ia et TOfttoL (de Tefzvw), sont aussi em- ployes dans le langage des sacrifices, mais dans un autre sens. * On pourrait aussi etre tentc dc mcttre en rapport D/li'* avec — 29 — je le repete , ce qui me parait certain , c'est que les deux mots qui nous occupent designent certaines parties de la victime. II faut attendre d'autres decouvertes pour dire quelque chose de plus positif sur le sens de ces deux mots. — pi lis. pi ^ et de meme^; mm lis. nnivn, lespeauxy pluriel de TlV; ce mot est mis au pluriel, parce que le sacrifice pouvait se composer de plusieurs bcrufs *. naViyn de sVu?, racine he- braiquequi ale sens d' entrelacer ; c'est par conjecture que nous donnons a ce mot le sens de hoyaux, car on ne le rencontre, avec cette acception, dans aucun des dialectes semitiques; en hebreu , le pluriel D'^sbu? se trouve employe comme terme le mot li(?breu D"''7"'j:N ou m'?''2{Nt en syriaque JJL»««*. qui d^- signe les jointures des bras et des epaules, et qui pourrait etre pris dans le sens A" epaules ; cependant, dans ce cas, le mot n?!?"* devrait avoir I'article comme i'ont les mots suivants. ' M. de Saulcy considure pi comme le preterit du verba p^ , et il traduit : dEt la d^pouilie, et les entrailles, et les pieds et les testes de la cbair seront au niailre du sacrifice. » II me semble que si c'etait li reellement le sens, le verbe etre n'aurait pas ete ex- prim^, et on aurait dit n")i?m au lieu de ri"li'n pV MM. Judas et Barges ont pris comme moi le mot pi dans le sens de et de meme; mais chez eux ce sens ne cadre pas bien avec ce qui precede, car on ne comprend pas qu'il ait etd ordonnd de faire rolir la peau de I'animal. Selon ma traduction , tout concorde parfaitement; dans les sacrifices obligatoires qui sont d'un ordre plus eleve , les pretres auront \esprosecta, de meme que la peail, etc. Chez les Hebreux, les pretres recevaient egalement ia peau des sacrifices autres que les schelamlm. comme on ie lit dans la Mischnd (5° partie , trait^ Ze- hachini, ch. xii, S 3) : winzb D''dp ""cnp nnivi D^b:f2b D"»'7p D-iiyip nmy « Les peaux des sacrifices legers (c'est-i-dire de ceux de Tordre du nchelem) appartiennent aux proprietaires (Q^^y^'? comme dans notre inscription nSTD '?i'37)i ^t les peaux des sacrijices trh-saints appartiennent aux pretres. t (Voy. aussi Levit., ch. VII, V. 8.) ' MM. Judas, de Saulcy et Bargfes, ont supposd sans necessity i'existencc d'un substantif rilS? qui aurait le meme sens que l^y. — 30 — d'architeclure dans le sens de jointuj'es ou Schelons (I. Rois, ch. VII, V. 28 et 29). DD^D (lis. D-iDi'D ou D-'DyD) est le pluriel ou le duel de Di^D, pied. T\2in bl'27 TXiyn "''inxi, et le reste de la chair [sera) au maitre du sacrifice. ^"iriN* est I'etat construit dun pluriel D^iriN, qui, en hebreu, signifie les autres , et qui, enpheni- cien , avail probablement le sens de resies. L'expression ^2^3 n2Tn., maitre ou proprietaire da sacrifice, pour dire celui qui off're le sacrifice, est un hebraisme pur. LJGiNE 5. X'kODl *iDN3 IDHDa □'?"' pp iTN ^3^3. Ce passage est le plus difficile de toute I'inscription. M. de Saulcy, en a donne la traduction suivante : « Pour un veau auquel les cornes ne sent pas encore poussees , mais auquel elles pousseraient. » Nous ne voyons pas commment cette traduction pent se jus- tifier '. M. Judas traduit : « Pour un veau, lorsque la corne frappe doucement au sortir de I'enceinte osseuse qui la re- celait et au-dessous. » Selon iui, nb"" est pour Q7n\ de la ' M. de Saulcy, qui avait tlej^ donn^ cette traduction dans la Revue des deux mondes (cahier du i5 decembre 18/16), la main- tenue dans le memoire qu'il vient de publier; mais il ne la propose qu'avec une extreme reserve. Aprfes avoir cherchc a se reudre compte des divers elements de la phrase ph^nicienne , il ajoute : «Est-il possible, avec ces elements, de construire une phrase qui ne soit pas tout a fait d^nuee de vraisemblance? C'est ce que je n'o- serais pas affirmer. » Et plus loin il dit : (tPeut-etrc suis-je h cent lieues du veritable sens de cette phrase. » M. Barges ccrit ^JTp UH □ ?, considerant ^J"lp comme un pluriel raccourci termine en "'" ^ et □'7 comme un pronom ayant le pr^fixe 7 et qui equivaudrait a □nV ; mais dut-on admettre ces hypotheses , je doute qu'on puisse approuver une phrase comme celle-ci : QH? Q"'JTp IVH ^^^2 TDnD2, signifiant : pour un veau qui manque encore de comes, ou «^ qui les cornes n'ont pas encore pousse. Je doute ^galement qu'on admette cette traduction des mots N12D1 I3N2 : qui marche lentement et sliniule par le baton. — :h — racine dSi, jrapper, heiirter; mais le verbe chr\ ne s'emploie en hebreu que lorsqu'on parle de coups forts et violents, principalement des coups de marleau , et poeliquement il s'applique aux pieds du cheval qui frappent la lerre {Juges, ch. V, V. 22). Jamais un Hebreu n'aurait dit t3N3 D/H pour frapper doticement; d'ailleurs, on trouve bien t3X? avec le pre- (ixe b . mais jamais 13N3. Ensuile pp elant du genre f6minin , il aurait fallu dire 0*771, ou bien riD'?\ en admettant la forme verbale que M. Judas Irouve dans n'p^iv Le mot 1i*nD3, selon M. Judas, serail compose deljin, enclos (qui signifierait ici la bo:te osseuse du front qui renferme les rornes a Icur origine) , el des deux particules prefixes 3 et D , signifiant, dil-il, aii soriir de. Je doule fort que celte in- terpretation soil goutee par les hebraisants; ensuile, tout I'e- rliafaudage de M. Judas tombe par une meiileurc lecture du lexte, qui porte ~)CnD3 et non pas "ll'riDS. Enfm, cette interpretation est beaucoup trop subtile , trop recherchee et trop scientifique. Ce qui est vrai, c'est que nous avons ici quelques mots qui renferment la definition du veau et indiquent certaines qualites qu'il doit avoir pour etre encore considere comme un veau. Je traduis D'?"' ^pj) CN par qui a la come tendre, ronsiderant Db"* comme raoriste de la racine WCib , d'oii vient le verbe ethiopien hH^h^ (D^D^) eire tendre , frais , verdoyant \ Le verbe mascidin D*?"* se rapporte grammatica- lement a bs^; il faudrait traduire litteralement : pour leveau qui rend la come tendre, ou qui est tendre en fait de corne, ce qui signifie dont la corne est tendre. Ce genre de construction est fort usite en bebreu; c'est ainsi, par exemple, qu'on dit n^'Si") nanD, inultipUant les pieds (Levit. ch. xi, v. A2) , pour qui a beaucoup de pieds; Qibjl HilpD, coupant les pieds (Pro- verbes, ch. xxvi, v. 6), pour a qui les pieds soni coupes; 1^2 njJiJ 3")"i " ")2X "ipa WZZ'S b'MHi , un aigle grand d'ailes , long de penne , multiple de plumage (Ezech. ch. xvii, v. 3 et 7), ' Voy. liudolf, Lexicon (rihiop. 2' edition, p. i5. — 32 — pour un aigle dont les ailes sont grandes, dont la penne eU longue et qui a heaucoup de plumage. Je Iraduis 13X2 IDHDa, pour [celui) qui manque de pousser [des pieds), qui ne pousse pas encore, ou qui manque encore de sabots; le mot "IDDD , participe poual , a souvent, dans ]a Mischna et dans les autres livres rabbiniques, le sens que nous lui donnons ici, p. e. ")13N ICnD, qui est depourvu, ou qui manque d'un memhre; jDT TDnD, qui n'a pas encore atteint le temps voulu; ")DnD D^")1D2, qui manque d'expiation, c'est-a-dire qui n'a pas encore offert le sacrijice expiatoire present; n"i"'2J "IDDD (le gibier ou le poisson), qui nest pas encore pris. Dans tON3, le X est a la place d'un i? , de sorte qu il faudrait lire tOV3 : cette substi- tution n'est pas sans exemple dans la Bible. Dans le livre d'Amos (cli. VI, V. 8), on trouve 3XnD pour 3i*nD; dans le livre d'lsaie (cb. xix, v. lo), les mots I^Dj ""D^X sont ex- pliques, par la plupart des commentateurs , dans le sens de U/DJ "'DJi?, attristes [dans) Vame, du verbe 032? [Joh , xxx, 25); de i'riD, din d'ceil, moment, on forme I'adverbe DJCnS subitement. Nous savons d'ailleurs, par le Tbalmud, que, dans le nord de la Palestine, ou en Galilee, on prononcait le y comme X ' ; or, les Galileens etaient voisins des Phe- niciens, cliez lesquels regnait probablement cette mauvaise prononciation du y, qui quelquefois produisait et consacrait une orlbographe vicieuse ". Le verbe 12i?!3 signifieyb«/er aux ^ Voy. Thalmud de Babylone, traite Eroubin, fol. 53 b. En par- lant de la confusion que les Galileens faisaient des gutturales, on y rapporte, entre autres, i'anecdote suivante : « Un Galilden s'en allait criant ]iil2h ")DX ]XDb ^DX, qui a "IDX? qui a ~1DX? Sot de Ga- liieen, liii repliqua-t-on , veux-tu parler d'un ~)Dn (ane) servant de monture, ou de "IDPI (vin) h. boire? de "iDi^ (laine) servant ik faire des vetements,ou d'un 1DX (agneau) aegorgerPu — On trouve aussi de nombreuses traces de cette confusion des gutturales dans le Pentateuque hebreu-samaritain. (Voy. Gesenius, De Pentat. samarit. P-52.) * De \h. resultait quelquefois I'dision du V; ainsi, dans I'inscrip- — 33 — pieds, poasser des pieds; clans Ic Thalmud, la vache rdcalci- tranle qui a I'habitudo de pousscr des pieds est appelee mc n^ji33?3. Onpourrait done consid6rcr ici :dn*3 ou 13^3 comrae un nom d'action, et traduire 10N3 "IDHD , qui ne pomse pas encore {qui nondum calcitrat), ou bien supposer que 13X2 est un subslantif designant ce qui pousse ou frappe, c'est-a- dire I'ongte, le sabot, et traduire: qui manque encore de Sabots. Cc dernier sens me parait meme plus probable. Le veau est done, selon la definition qu'en donnerait notre passage, le jeune de Vespece bovine , tant que sa corne et son sabot ne sont pas encore bien formes. Au contraire , le jeune taureau adulte est designe par les epitbetes D"'"1DD ]")pD , ayant corne et sabot (Ps. lxix, v. Sa)', ce qui cadre a merveille avec notre interpretation. — NtODI pour ni3D1 , et au-dessous, c'est- a-dire, tout ce qui est plus jeune encore que le veau qui vient d'etre d^fini. Vxn DN*. JeKs V'NS, pour le cerj, et non pas '?''N3, pour le helier, car le b^lier est mentlonne plus loin (Hgne 7), sous le nom de Sav Les mots qui suivent ont deja et6 ex- pliques. Le nom de nombre nwDD, cinq, qui maintenant lermine cette ligne, etait accompagn^ probablement d'un chiffre, et suivi des mots {D)b:>'Dh p"' bV^m, dont la dcr- niere lettre (n) se trouve au commencement de la ligpe suivante; et ceci peut donner la mesure de la longueur des lignes et des dimensions primitives de la pierre. LIGNE 6. Pour Texplication de cette ligne , nous renvoyons a celle des lignes 3 et h. Les quatre signes qui suivent les mots tion d'Athtnes cit^e plus haut, on trouve le nom de '?3in'' pour 7y33n^, et , datas noire inscription , les noms de D JJilSy et jD lyNHSV sont Merits njn"I3, |DC/'N"53. ' La glose d'lbn-Ezra porlc : inD1Dn:"ip nXTJiy •••• "IDH TKD ]t2'p Ij'^ii'V Di'tDn, «le jeune taureau dont la corne etle sabot sont visibles; le sens est : qui nest pas tropjeiine.t J. A. Extr. n'jg. (i8/i7.) 3 — 34 — DU?Dni DXD, cent cinquante, sont sans doule des cliiffres d^signant le noriibre i5o'. — La ligne est inlerrompue au mot (DDlyDDI dontlcs deux dernicres lettres manquent; la formide analogue des lignes 4 et 8 nous autorise a completer cette ligne, en ajoutant : LIGNE y. '72''3, pour !e belier. Lc mot '731"' se presenle avec ie sens de holier dans plusieurs passages de la Bible ^; c'est du moins dans ce sens qu'il est interprete dans la version chaldaique et dans les commentaires rabbiniques. Cette interpretation est fondle sur un passage du Tbalmud de Babylone ^ ou on lit: nS2p aiDih piip VH H-'ii:}'^ TisVniys xa-ip:? ""aT ii2ii K Rabbi Akiba dit : dans mon voyage en Arable (j'enlendis qu' ) on appelait le belier yohel. » R. Akiba veut parler, sans doute, de I'arabe himyarique. Notre inscription monlre avec evidence qu'en pbenicien '72'' etait le nom d'un animal , et le passage du Thalmud que nous venons de citer, ne pent laisser aucun doute sur le veritable sens de ce mot. Gesenius , ne trouvant pas le mot 73'' dans nos dictionnaires arabes, s'est trop bate d'appeler I'interpretalion rabbinique inane cofnmentuni. Le reste de cetle ligne n'a plus besoin d'explication. La barre verticale qui suit le mol ^'pu est probablement , comme le dit M. Judas , la marque de IHinite; mais je ne pense pas, * «Lcs cliiffres que nous retrouvons cette fois (dit M. de Saulcy), nous fournissent exactement le nombre i5o. En effet, le dernier est le chiffre lo, deja reconnu plus haul; les deux cliiffres qui le precedent sont deux zaiii, ayant, ainsi que le constate Gesenius, la valeur 20. II en resulte que le premier chiffre, donl la forme est celle du 'chiffre 10, niais trace symetriquement, represente une centaine; nous avons done 100 -j- 20 -t- 20 -+- 10 = i5o. » "^ Exode, ch. XIX, v. i3 ; Josiie, ch. vi, v. 5, 6, 8 et iS. ' Traits Rosch ha-schand, fol. 26 a. — 35 — avec M. Judas , que ")T signifie monnaie dtrangere ou de Mar- seille; car, en prenant les deux barres qui suivent ce mot pour la marque du nombre 2 , il en resulterait que le sicle pbenicien faisait deux pieces de la monnaie d'argent qui avait cours a Marseille, ce qui ne s'adapterail pas a la ii* ligne, ou on lit ou peut-etre meme est-ce une autre forme du singulier, pour p. Quoi qu'il en soil, je crois qu'il est question ici des produils des jardins. Les offrandes du regne vegetal 6taient aussi frequentes chez les anciens peuples pa'iens que ceux du regne animal; on offrait des berbes, des fleurs , des fruits, du ble, etc'. V'73 uhu yiV DN, «soit des fleurs (pr^sent^es comme) of- frande volontaire. » yji est le mot h^breu '[^'^'H, Jleiir^; bVs ou ^''72 a ici son sens primitif d'o^ranrfe entiere, entierement con- sacrde aux dieux , sans Tidee d'holocauste; h''b'2 dhv signifie done ojfrande entiere , d'action de graces ou volontaire. II n'y avait probablement pas de sacrifice obligatoire (nvis) compost de fleurs ou de fruits. — Les mots f]!JU? et flTD de- ' Voy. Saubert, De sacrificds vetcrum, c. xxiv, p. 610 et suiv. ^ « Ex arboribus dabantur diis in aram rami simplices frondesque «prout cuique deorUm adsignatae erant, etc... Flores diis ofTe- orebant vel tantum simplices. » Saubert, ibid. p. 616,617 et suiv., oh Yon trouve aussi de nombreuses citations qu'il serait inutile de reprodiiire ici. — 37 — signent probablemenl cerlains fruits; raais je ne saurais les iiidiquer avec precision. v^H^V pourrait bien clre analogue a ^W (pi. D''DTiy), qu'on trouve dans la Mischna, et qui d^signe un fruit semblable a celui du lotus'. riTn pourrait Otre la nieme chose que iT^DD (pi. nron) employe dans la Mischna pour designer plusieurs plantes bulheuses, comuie Tail, Toi- gnon, etc. ". — Le resle n'a pas besoiii d' explication ; la ligne est inlerrompue au milieu d'un mot dont il ne reste plus que deux lellres : la premiere est I'arlicle D; la seconde, miliale dun substanlif, est un 17 ou un D. On pourrait x'eprocher k noire traduction d'interrompre I'ordre syslematique du reglement, en pla^-ant les fruits entre les quadrupedes et les oiseaux; mais nous ne voyons dans noire inscription qu'un simple tarif des sacrifices et olTrandes de loule espece, el il nous semble que les objets sont enu- meres selon I'ordre d^croissant dela laxe ,a laqueileils 6taient soumis. Pour les fleurs et pour certains fruits dont les prelres ne pouvaienl relirer aucun avantage, la laxe pouvail etre plus elev^e que pour les oiseaux el les aulres objels enum^res dans la ligne suivanle, oule chiffre de hx laxe n'est pas lisible. LlGNE 12. ")D3j'7 ■■ lis. ~)D2jbT Ou ")D2 b^\ « (et) pour un oiseau. » — nDIp (nlDlp ?) est un pluriel feminin signifianl probablemenl pr^mices, de Dip, preceder^ comme I'a deja vu M. Judas. En syriaque aussi on designe quelquefois les premices par le mot J J^sJjo^mO et en ethiopien on dit ^M^^T. nVlp est un adjeclif pi. feminin (riVJ'np) se rapportant au substantif nonp. — Peul-etre s'agit-il ici, non pas des premices propre- ment dites, ou des fruits qui murissent les premiers chaque ' Voy. Mischna, i" partic, traild Kilaim, ch. i,S 4; on y lit que le ^W rcssemble au D"'"), (^ui, selon Maimonide , est le fruit appelc en arabe ,o«oJL ■ Voy. ihui traitc Tlicroumoth , cli. ix , § 7 ; cli. x,§ 10. — 38 — ann^e et que les Hebreux appelaknt QniSa, mais des pre- miers fruits que porlait le jeune arbre, et qui , d^fendus chez les Hebreux pendant les trois premieres annees , etaient design^s melaphoriquement par le nom de n'?')!^, prepuce '. 12 n3T DX, « ou un sacrifice d'aliments. » "ilJ est pour 1*S, noarritare, aliment, provision; on a deja vu (lig. i ) que les Pheniciens ecrivaient de meme DS pour T)''^ , maison. — Lesmots]D^ n2T QN',« ou un sacrifice d'huile, wnepresentent aucune difficulte. Pour comprendre ce passage, il faut se rappeler que, sur les aliments de toute espece, on prelevait une portion qu'on presentait aux dieux comme ofl'rande *. Apres le X qui suit les mots r]DD QjiId'? , il y a unelacune de deux ou trois lettres, suivie du signe qu^i represente le nombre i o , et d'un b qui est probablement une abreviation ; car il est impossible d'admettre, avec M. Judas, que le •? se lie au mot suivant; jamais un H^breu ou un Phenicien n'a pu dire inxab , « pour a chacun. » Quant a I'ensemble de la construction de cetle ligne, nous y remarquons une legere irregularite ; car la preposition *? ou bif, qui precede le mot "1D2J, devrait etre repetee chaque fois apres la conjonction ax. Nous croyons , en eifet, que cette ^ Voy. Levitique, eh. xix, v. 23. Maimonide, dans son More ou Guide des egares (t. Ill, oh. xxxvii), nous apprend, d'apr^s les livres des. Sabeens, que, chez les paiens, ces fruits, dont I'usage dtait interdit aux Hebreux, s'offraient aux dieux en partie, et en partie se consommaient dans les temples memes : mi miay o^:^ ci '*~-'2-«^ J^j a...ls.j (_5_>ib «De meme ils ont prescrit que les premiers fruits que produirait tout arbre dont le fruit se mange,. . . . seraient en partie presen- tes (comme offrande), et en partie consommes dans le temple de f idblatrie. » • ^ Voici comment s'exprime a cet ^gard Spencer [Tie legih. Hebr. rilualib. 1. TIF, dissert, i . cap. ix, ed. Cantabrig, in-fol. p. 612.) t — 39 — pr<5|")Osllion esl'sons-cntenduc; aulrement, il faudrait adnieltre que les Irois ofTrandes designees par les mots riDlp, 12i et ]D'\u ne sonl que des modificalions particulieres du sacrifice des oiseaux , ce qui rendrait ce passage phis obscur. LIGiNE I 3. □Vx nJD CDi"" u\S* nvVi Voa), «dans tout sacrifice d'un lionime qui aura pcche envers les dieux. » 'CH est Ic iiiol hebreu V'^H Jiomme; le verbe DD^ me parait avoir ici le sens du verbe hebreu DDn , el du verbe ethiopien (7^0 ( V^^ ) etre inique, pecker; Ic pronom relalif, apres le subslanlif m- dcterminc, U'^ii, est omis, conime c'est la regie en arabe, et comme on le Irouve aussi quelquefois eii hebreu, notammenl dans la poesie. DJD, infmitif du verbe nJD, se lourner, a pro- bablement ici le sens de la preposition vers, envers, a peu pres comme dans fexpression hebraique 3Ty DiJE? , vers Ic soir; cha {w'lii) est le pluriel de^JN, Dieu. II serait pos- sible aussi que le mot n^D tut un substantif ayant le sens du mot ethiopien ^^"l* , chemin; les mots qVn DJD seraient alors employes (comme en arabe jwf JUa^, cJiemin de Dieu) dans le sens de religion ', ct il faudrait traduire : « dans tout sacrifice d'un homme^ui aura agi injustement dans le chemin des dieux,)) c'est-a-dire « qui aura commis un p6che reli- gieux. » Des expressions analogues se irouvent ^ouvent dans le Koran. Que Ion adopte I'un ou fautre des deux sens que nous venons de proposer pour les mots u'lH DjD, le sacri- (iNotumenim omnibus, etlinicos primitiashordei, trilici,pulmenti, ngraminis, gregis , arboris , olei , vini, capitis ^.convivii , imo cibi Mcuiusvis, (liis suis consecrarc solitos. Neque victimarum tantum , «sc(l cl dapuiii , partem alicjuam deccrpcnles, in ignem conjicie- «bant, cpulum diis suis lioc ritu consccranlcs. Ritui consimili circa «polum utcbantur : vini, laclis, aqua;, parte aliqua in terram vcl « ignem otTusa, mcnsani auspicantes, quod cliam diis libare dicc- obatur. » (Voy. aussi Porphyr. De absdncnlia , 1. 1, S 5 ct 6.) * Kn syriaqno nn dll dans Ir mi'mc sons jojbS^^ JLa*9o|- - 40 - fice dont on parle ici est analogue au nxion (sacrifice de peche) des Hebreux. M. Judas, qui a subslitue nviJil a n^/'ljlb' , traduit ainsi : « Le morceau qui chargera I'entree du portique. » II est difTi- cile d'entrevoir un sens dang celte traduction. Le reste de c'ette ligne a deja ete explique dans ce qui precede; il est evident que p"* est encore ici le futur du verbe pD, etre, et il est absolument impossible de prendre ici les mots n'7!J''"l msp pour autre chose que pour des substantifs. Le verbe ID"" qui est au singulier masculin, tout en se rap- portant aux substantifs D b^i"*! m!Jp , doit etre considere comme impersonnel ; on trouve la meme construction en hebreu, p. e. n*>^D M^ [Genese, i, i^.) LIGNE 1 6. Tous les mots qui restent de cette ligne sont connus , mais , la phrase 6tant interrompue par la cassurede la pierre , il n'est pas possible d'en preciser le sens. Au commencement de la ligne il manque deux lettres , et on pent supposer que le mot Ws etait precede, comme les substantifs suivants , de la pre- position by. bb'2 doit se prononcer Vibs (particip. passif de ^h^) et signifie probablement la meme ohose que n7l?3 nniD P^3 {Levit. ch. vii, v. lo) « oflrande trempee ( ou petrie) d'huile; » 3711 que novjs trouvons ici deux fois, doit etre pro- nonce une fois 37n (graisse) et une fois 37n (lait). Les mots n3?V mK ^N* ont ete rendus par M. Judas par qu'iin liomme pour sacrifier, supposant que la parlie qui a disparu de cette ligne renfefmait un verbe dont DTK, un liomme , etait le sujet; mais les regies etc la construction hebraique auraicnt exige que ce verbe fut place immediatement apres le pronom re- latif ^N. II faut done chercher a expliquer les mots DTN C^N nST*? de maniere a les rendre grammaticalemerit ind^pen- dants de ce qui suivait, ce qui me parait impossible en pre- nant DIN dans ie sens dliomme. Pour faire une construction qui soit correcte et qui nous permetlc au moins d'entrevoir — 41 — \m sens , il me semble necessaire de prendre le mot niK dans le sens de Dl, sang. Nous savons par saint Augustin {Comment, ad Ps. cxxxvi) qu'en punique le sang s'appelait edom, c'csl-a-dire qu'on ajoutait au mot Dl un N prosthetique (din), comme on le trouve aussi quelquefois dans les ver- sions clialdaiques de la Bible, dans le dialecle samaritain el dans leThalmud. A la suite du mot naTb, on reconnait encore les trois lettres 3DD suivics d'un trait qui ne pouvait appar- tenir qua un n ou a un D; peul-elre etait-ce le mot r~!nJD2 Les mots (?nn:D3) nST"? DIN ^N pourraient se traduire : « que (ou) il Y a du sang avee le sacrifice (comme offrande?) » II s'agissait peut-etre, dans cet article, dune redevance (riNDD) qui devait elre payee aux pretres sur les diverses offrandcs composees de farine trempee d'huile, de graisse oude lait, et sur toutes les offrandes (n3T Vs h^) ' oii il entrait du sang, ou dont le sang formait un element es- sentiel. Le sang figurera encore dans la 1 6° ligne ; chez divers peuples ,de I'anliquite il servait d' offrande, notamment en riionneur des demons et des manes; tantot il etait offert scul', tantot on le raelaif aux libations*. II est fait allusion a cet usage dans un passage des Psaumes [Ps. x\\, v. A) ; en parlant de ceux qui s'empressent de suivre les usages etran- gers, le poete sacre dit : DID Dn"'3DJ '!i"'DN"V3, ce qu'Ibn- Ezra explique ainsi : D-ia-liyb Dnjy DH-'DD: yDi< kV "i^X pi □ riTlST DID, « Mais moi je ne fais pas de leurs libations, qui sont melees du sang de leurs sacrifices. » Maimonide, dans son Guide des 6gar^s (t. Ill, ch. xlvi) , en cherchant a ex- pliquer pourquoi I'usage du sang est si severement d^fendu ' On a vu a la ligne 12 que HDT s'emploie aussi pour les sacri- lices non sanglants. Quant a la proposition 7^^, qui precede les noms des divers objets dont parle cet article, elie peut etre mise en rapport avee le mot DNu'D, qui se trouvait probablement dans la suite de la pjirase-, on rencontrera lamemeconstructionik la ligne 17, oil on lit inx n3T b^ nNDD * Voy. Spencer, l. c. I. II, cap. xi, ed. Cantabrig. p. 326 et suiv. iJaubcrt, Dc sacrificiis veterum, c. xxv, p. 65.8 et suiv. -- 42 — par la loi mosaique , nous donne, d'apres les livres des Sab6ens, quelques details curieux sur la maniere dont on clierchait a se mettre en rapport avec les demons, en leur faisant des • offrandes de sang. Nous citons ici ce passas;e d'apres I'bri- ginal arabe : H—bL-StJ ^ f.i^ ^oJf J^f ^o^;^^ (^-ii*:? fj^ ^ O^ 1^ jL-sii^ |Bi>.ll cilli Jy^ ^oJt Gilii ,^*J. O^^j ejA2>- (j J J^ rj-As't jnf oj^ »^yf J-^ |-^^ OjJ'^l-ri ^J J^ C^_J^^I ^^^JJ ^«».^jy Ui 0-2^ Ij «^- J_j »0^[^ is'tMLo >-»j^i '^^' ci ^j-y^ .((Sache que les Sabiens consideraient le sang comme una chose tres-impure, cl, ma]gr6 cela, ils le mangeaienl, parce qu'ils croyaient que c'etait la nourriture des diables, etque, si quelqu'un en mangeait , il fraternisait [par la) avec les demons , qui venaicnt aupres de lui et lui faisaient connailre les choses futures, comme se limaginc le vulgaire a I'^gard des demons. II y aVait cependant des gens a qui il paraissait dur de manger du sang, car c'est unc chose qui repugne a la nature humainc. Ceux-la done, ayantegorge un animal, en recueillaiont le sang dans un vase ou dans une fosse, et mangeaient la chair de cet animal aupres du sang; ils s'ima- ginaient, en faisant cela, que les demons mangeaint ce sang, qui elail Icur nourriture, pendant qu'eux-memes ils man- — 45 — e;eaint la chair, et que, par la, la fraternisatiom pouvail etre oblenue, puisqu'ils inangeaient tous a la mcme table el dfins la meme reunion. Selon letir opinion , les demons devaient alors leur apparaitre dans un songe, leur faire connaitre les choses cachees ct leur rendre des services. C'etaient la des opinions suivies^ dans ces temps , enracin^es et generalement repandues , ot dont la verity elait hors de doute aux yeux du vulgaire. » Le sang, comme on le voit, servait a des libations el a difl'^rents rites superstitieux , et on ne s'etonnera pas de le voir mentionn^ trois fois dans noire inscription. Malheureu- sement, les passages ou figure le mot DIN etant tous tron- ques, il n'est pas possible de preciser I'usage qu'on faisait du sang dans le temple phenicien de Marseille. LIGNE 1 5. (]ette ligne est la plus claire de toute I'inscription ; les mots qui en restent offrent un sens tres-net et tres-complet. II est done d'autant plus ^tonnant que M. Judas (qui d'ailleurs a neglige le 3 au commencement de la ligne) en ait donnc une traduction a peu pres inintelligible. Quel sens peut-on trouvcr dans cette phrase : « Tout sacrifice qui immolera du menu betail ou des- oiseaux de petite espece, rien ne sera pos6 pour les pretres ? » On serait tente de croire qu'il y a ici des fautes d'impression , si on ne lisait pas deux fois cette traduclion dans I'ouvrage de M. Judas (p. 171 et I'jh)- M. de Saulcy a ainsi rendu ce passage : « Pour tout sacrifice qu'of- frira un pauvre , soil d'une bete de troupeau , soit d'un bouc (ou d'un oiseau), il n'y aura rien pour les pretres. » Cette traduction serait admissible si le mot 7l n'elait pas repete', ' M. Ba^g^s, pour justifier cette repetition , traduit ainsi : ((Pour tout .sacrifice qu'olTrira un pauvre en bci'tail, ou un pauvre en oi- seaux , rien ne ^era assignd aux pretres. » Cette traduction ne pr^sente pas un sens bicn clair; on pent ctre pauvre en betail ct ca oiseaux ct avoir les moyens d'en acheter. Que si fordonnancc avail voulu — 44 — el en supposant que le mot DiDDV 6tait suivi d'un substantif comme "13T ou DNtyD; car 73 seul ne signifie pas rien. II est evident que le verbe DDT'' est au passif [niphal), et qu'en ponctuant scion i'h^breu, il fautlire U^V ^H nDT"b33, ce qui, sauf le relatif ^a pour "i^H , est de Fbebreu pur; rien n'est plus usite en ht^breu que de dire « sacrifier un sa- crifice » pour « offrir un sacrifice. » 71 signifie ici maigre, sens que ce mot a aussi en liebreu, p. e. ni71 ni")D, « des vaches maigresB [Genese, cb. xli, v. 19). Le sens est tres- clair : I'ordonnance veut qu'on ne donne pas aux pretres les parties maigres de la chair des bestiaux et des oiseaux , ou , en general , qu'on ne choisisse pas des animaux maigres pour les sacrifices. KJpD a le sens du mot hebreu rti'pD , troupeau, hdtail. — DiilDb p"* hi, « ne sera pas pour les pretres ;» le D dans DjilD*?, signe du pluricl, a disparu par la rupture de la pierre. La ligne so terminait peut-etre par ce mot , car le sens du paragraphc est complet. LIGNE 16. Cette ligne, non-seulement ne pr^sentc pas une phrase complete, mais eUe renferme meme quelques mots dont le sens ne peut etre indique que par conjecture, tels que les mots rniD et WDV ^ Je presume que ces deux mots d^signent certaines libations; il est nalurel que dans un reglement des parler de quelqu'un qui est Irop pauvre pour acheter I'un ou I'autre et qui ne peut offrir que des fruits ou d'autres aliments , elle se serait exprim^e plus clairement. * JS'ous avons deji dit comment M. Judas est arrivd a rendre mTD par lepreux: sa traduction de FID^ par serviteur (qui a ^t^ admise aussi par M. de Saulcy) n'est pas micux fondee; en hdbreu, comme dans les autres dialectes s(5mitiques, I'esclave male s'appelle 13i? , et on est d'autant moins autorisd a supposer chez les Pheni- ciens rexistence d'un masculin du mot riDDiy > que nous trouvons "ISy dans la composition dc divers noms proprcs pheniciens. — /i5 — sacrifices il soil question dcs libations , ct il est certain que dans aucun autre passage de cette inscription il n'en cxistc la plus l^gere trace. Le mot riDC parait se rattacher aux ra- cines arabcs ^^ et csUl*-, verser, et a la racine li6braiquc "JDD, qui a Icyneme sens; on peut aussi mettre en rapport avec ces racines le verbe arameen VDS? et le verbe b^breu HDD {Habacuc, cli. ii, v. i5); tous ces verbes ont le sens de verser^faire coaler. En h6breu, le verbe "jDl^ s'emploie aussi en parlanl des libations [hale, ch. lvii, v. 6); je crois done pouvoir prendre ici le subslanlif nD?y dans le sens de Ubatiou. Les libations 6taient de diverses especes : il y avait des libations de vin, d'eau, d'huile ct de SJing '. Des libations melees de miel et de lait.ou de miel et d'eau , etaient offertes aux dieux des enfers et aux manes ; les Grecs les ap- pelaient fzeX/jcparov'. En arabe le mot ■r-jO^ designe un me- lange de lait ou de miel avec de I'eau ^ ; on pourrail done prendre ici, dans le meme sens, le mot n~)TD (prononc6 m'TD , comme parlic. poiial) , qui signifierait libation melang^e. din nT")D "PDI, lis. D"''?N HTID-'jDI, « et tout repas solennel (en I'honneur) des dieux. » Le mot riTID (riTID, etat constr. nT"iD) se trouve dans deux passages de la Bible [Jdr^mie ch. XVI, V. 5, ci Amos, ch. vi, v. 7); les versions et les com- mentaires I'expliquent de differentes maniere^. La version grecque du livre de Jeremie le rend par ^iaaos, mot qui designe une assemblee celebrant des sacrifices accompagnes de festins et de chants en I'honneur des divinit6s. Au livre d'Amos la. version grecque exprime une le§on differente de notre texte h^breu ; les mots D^miD DIID "1D1 sont rendus par ceux-ci : Kai i^apdrj^ZToti yj^ey-stia^bs tinroov e? fi^pa/f/ ; ' Voy. Saubert , De saerijicus velerum. cap. xxv. * Voy. Ilomiire, Odjss. x, Sig; xi , 27. * Dans le Kdmous , art. j^j3 on lit : t_jJi 7^jt>-« J i ivr n ..yJ* A LI l_^^_nT"iD (festins); ils les inviterent et ils mangerent. » Raschi dit a peu pres la meme chose dans son commentaire sur Jeremie, ou il rapporte en meme temps I'opinion de quelques autres docteurs qui donnent a HTID le sens de deiiil. La version clialdaique du Pentateuque, attribuee a Jonathan ben-Ouziel, emploic (^galement HTID dans le sens du mot grec Q-iacros; on y lit [Nomhres , xxv, 2) : « Elles (les femmes moabites) inviterent le peuple aux sacrifices de leurs idoles, piT'nnDS KD^ pV^NI, et le peuple mangea de leurs festins. » C'est done dans ce sens que nous prenons le mot nT")D de notre inscription; ce sens s'adapte si bien a f ensemble, et nous parait tellement evident, que notre inscription, a son tour, peut fournir une preuve a ceux qui, dans les deux passages bibliques, prennent ^T^D dans le sens de ^iaaos, de sorte que I'inscription phenicienne et la Bible s'expliquent ici muluellement. n2T"' *^XD mx ^31, « el tout sang de ce qui sera sacrifi6,i> — 47 ~ en h(ibreu n3P "IDND D"i"'?D1. On a di-ja vu que aiN est le mot m avec un ulepli proslh^tiquc. M. Judas lit QDIK b2^ TyiV Va, el il Iraduit : « el tout homme qui sacrifiera; » mais le pluriel DDIX, que M. Judas croit Irouver ici ct au com- meiicomenldela ligne suivante, est inadmissible el repugnera au sentiment de tout hcbraisant. DIN* etanl primitivement rhe;. les Hebreu\ le nom proprc du premier bomme, le pluriel dc I'appellatif DIN ou DIN p, s-exprime toujours par DIN '^2'2, fdii AfhiDii. II est mome fort douteux que le mot DIN, homme , appartenant primitivement a la cosmogonie be- braique , ait cxistc cliez les Pbc^niciens ; dans les autres dialectes semitiques.il n'a etc introduitque par les ecrivains cbretiens ou musulmans, dommc terme emprunte a la Bible. Quoi qu'il en soil, M. Judas aurait du suppleer un T a la fm de la ligne interrompue et lire inDT"" , afin de mettre d'accord le verba avec le pluriel QIDIN LIGNE 17. Cette ligne se rattachait probablemcnt a la ligne pr6ce- dente, avec laqiiclle elle ne formait qu'un seul paragraphe. Les inots DDHD DINH (bebr. nt^HD DIH ), «le sang (prove- nant) du mort, » etaient le complement des derniers mots de la ligne precedente. Dans ce paragrapbe, dont il ne nous reste que deux fragments, il elait sans doute question de ce (jui devait revenir aux pretres sur les libations de differentes especes et sur les repas solcnnels. L'enumeration des objets dont on parle dans cet article commence par les mots ^D mTD et finit par les mots DDDD DlNn , et on ajoute, en ren- voyant a un reglement anterieur, ou a quelque rituel pb6- nicien : 3032 DU mD3 IHN nSTiVi? nNt!;D, « La rede- vance pour cliacune des oflrandes (qui viennent d'etre enu- merees) sera selon la mesure fixee dans recrit (que, etc.). Quant au mot jHt^, je le prononce n"'^, et je le considere commc un participc passif; ce participe ne s'accorde pas grammaticalement avec niD (bebr. TIID, mesure), qui est — 48 — du genre feniinin , el il est employ^ ici comme substantif neutre; il faut traduire litleralement : «selon la mesure de ce qui est etabli,» c'est-a-dire, conformement a ce qui est etabli. Le mot suivant, qui s'arrete a la cassure de la pierre, pourrait avoir perdu un n , et il faut peut-etre lire n3nD3, de meme qu'onlit riSHDn dans la ligne suivanle. Cependant, on peut adniettre I'existence des deux mots sriD et nsriD; le premier est tres-usite en hebreu, le second (D3ri3) ne se trouve qu'une fois dans la Bible [Levit. xix, 28); il parait s'appliquer particulierement a I'ecriture par incision, et s'a- dapte bien a des inscriptions gravies sur la pierre. LIGNES 18 ET 1 9. Ces deux lignes forment, comme les deux precedentes, un seul article du reglement, et on y renvoie egaleraent a un reglement ant^rieur dans lequel on avait fixe la gratification due aux pretres de la part des etrangers qui sacrifiaient dans le temple de Marseille. "•N ua nXtyDVl, «et pour ce qui est de la redevance de I'etranger. » "iN lyx signifie litteralement « un liomme d'outre- mer. » On sait que le mot ''K en hebreu signifie tie, pays maritime, mais qu'il est souvent employe dans le sens plus general de pays loinlain, pays elranger^. U^^H "'31^1"' sont les habitants des pays etrangers; I'expression "iN ty'N, pour dire homme d'outre-mer ou Stranger, est done parfaitement con- forme au g^nie de la langue hebraique. Le reglement veut parler sans doute des Pbeniciens, des Carthaginois et des habitants des colonies ph^niciennes et puniques qui olFraient des sacrifices dans le temple de Marseille. Cette interpretation nous permet de s^parer le groupe Szi'^X, qui n'offre aucun sens raisonnable ; non - seulement le mot 73^i< , considere ' Voyez surtout Isaie, ch. XLi, v. 1 et 5, et eh. xux, v. 1 , ou le mot D''''N est en parall^lisme avec D'^DK? , nations, et avec D^iJj? yiNn, «les extn'mitos de la terre. » — 49 — comme verbe deriv6 de la racine ^2^ , pr6senterait une fonnt' verbale t^trangere a I'hebreu ; mais on ne parviendra toujours, avec ce verbe, qu'a obtenir, pour loute la pbrasc, un sens extrenienient force, sans liaison pjranimaticale ni logique. T DD2 DV ^2, « non elalili dans celte contree. » Le mot riw* a H& expliqu6 ci-dessus; on pent aussi lire r\^ , au prc- t arabe *. CN nnriwn '^d'?, «selon I'ecrit (le reglement) qui (a et<5 fait par )-, » ces mots etaient suivis par les nonis de ceux qui avaient fait le reglement auquel on renvoie; le n qui commence la ligne ig doit etre la derniere lettre d'un nom ' En grec xkyypos s'empioie ^^galement dans Ic sens de term, ret yn3 Taction de conddcr Ja mesure ; ces — 51 — Nous prenons ici lians le meme sens le mot yi2, que nous considerons comme iin nom d'aclion, et nous traduisons yiD nxCD par redevancc sumbomlanie (litteralenient : desuru- bondance) ou excessive. Les lellres Ji^jT qui lerminent main- tenant la ligne, ne peuvent appartenir qu'a un verbe niphal, dont les deux premieres radicales sont i? et 3 et dont la troi- sieme a disparu par ia rupture de la pierre. En parcourant le petit nombre de verbes hebreux qui commencent par ji', on n'en trouve aucun qui s'adapte bien a I'ensemble de cette phrase, si ce n'esl le verbe 'vi'ji.', miilctavit, au niphal, mulc- lalus est. Nous lispns done le dernier mot de la phrase u*JVj1 (preterit niphal avec waw conversif); nous obtenons ainsi, pour la parlie qui reste de cette ligne, un sens tres-net et unc conslruction hebraique irreprochable, etnous traduisons: .1 Tout pretre qui percevra une redevance excessive d'un homme elabli dans cette contrec , sera puni d'une amende ^ » LIGNE 2 1. Les debris qui restent de cette ligne nous presentent quelques mots qui, pris isolement, n'offrent aucune diffi- culle, mais qui nc forment pas par eux-memes une phrase complete el qui se rattachaient u ce qui precedait ou a ce qui suivait. Le D qui commence cette ligne appartient neces- surcroits qui depassent (lamesurc) lorsqu'on lacomble, s'appellent pjin2 (ou D"'!in3)'.» ' Nous opposons avec confiance cette explication a celles tent^es par MM. Judas, de Saulcy et Barges, qui ne sont pas parvenus a rtablir une liaison grammaticale bien satisfaisante et h obtenir un sens clair. La meilieure des trois est celle de M. Barges qui a ^ga- iement trouv^ le mot U3i?2T i la fin de la ligne ; mais nous nc pensoBs pas qu'on puisse reconnaitrc facilement dans les mots T ZZ2 Hw DN' 7jI "13 le sens Suivant : «quelque chose de plus que CO qui sera roti ou bien place sur'un morceau de la viclime,» diit-on accorder a M. Barges (|u'il faut lire DN au lieu dc CK et que lp T psi une ahrcviatinn do mot n3T. — 52 — • sairement au dernier mot de la Hgne pr^cedente. On pourrait 6tre tentd de le prendre pour une conjonclion, comme le <_> arabe; mais, si c6tte conjonction avail existe dans la langue phenicienne, elle eut <^te employee infailliblement a la place du 1 dans les mots jnJT et l^jyjl des lignes 18 et 30. Les mots "'N U/'N n3T V^isb se traduisent sans dilFiculte : « au maitre du sacrifice, homme d'outre-mer ; » nous avons traduit |n'' 73, U ne sera pas donne, considerant jri'' comme le futur hophal ( ^n^ ) qu'on trouve aussi dans la Bible {Levit. XI, 38 et passim.) La particule riN (qui suit le verbe irc) indique ordinairement le regime direct; mais elle est aussi employee apres le verbe passif (surtout lorsque le verbe est impersonnel), par exemple: T]">n3y'7 DNtn yiXnTIN* ]!)'> B que ce pays soil donnc a tes serviteurs » [Nombres, xxxii ,. 5), passage qui nous presente, avec le meme verbe, une construction tout a fait pareille a celle que nous croyons trouver dans notre phrase tronquee. I'Vpres le motDN, il y a une petite lacune, aux. deux extr^mites de laquelle on re- connait encore tres-bien les traces d'un D et d'un ri ; entre ces deux lettres , trois ou quatre autres lettres ont pu trouver place ; on y lisait peut-etre le mot ^D suivi d'un autre mot termine en n , et qui etait a I'etat construit avec riKS^DD , que je considere comme un genitif. Apres ce dernier mot, on re- connait encore un N, probablement un reste du relatif 2?N Peut-etre faut-il lire ■ -^H nNX*Dn mN^^ Vd DN , «tout ce qui reste (apres le prelevement) de la redevance qui » Apres avoir termine I'analyse de notre inscription , il ne nous reste plus cfu'a resumer les conclusions qu'on pent en tirer pour fixer ie veritable caractere de la langue phenicienne.' Les fragments ^?) libation mdangee (?)1. i6. , DaVk^, hoyaux (?), 1. 4, 6, 8, 10. D^3Jp, /Jrosecta (?), 1. 4, 6, 10, 1 3. nD?y, libation (?), 1. 16. P|2Jkl^, espece de fruit, 1. 11. li resulte de cette enumeration que, sur quatre- vingt-neuf mots ph^niciens, il y en a au moins soixante-sept (en ne comptant que les mots de la premiere et de la seconde categoric) qui se retrou- vent dans Thebreu, cest-a-dire les trois quarts. Parmi ces mots, ii y. en a un grand nombre qui n'appartiennent qua I'hebreu seul , et qui n'existent pas dans les autres diaicctes semitiques , comme par — 57 — ex. ""N. •?{<. fi'?x. c;k. '?'7D. np*?, etc. Ajoutons a cela que les lorrnes grammaticales qu'on pent recon- naitre cians cette inscription et clans queiqiies aulres sont toutes conformes k I'hebreu. Sans parler des formes verbaies comme pv DDV, qui sont com- munes h tous les dialectes semitiques, nous rappei- lerons les formes du niplial : niv, |n:, c?ji?j, le fu- tur np\ de npb, le participe passif bibs, formes dans lesquelies on reconnait Je dialecte hebreu; nous ferons remarquer encore i'article n, les piu- riels en D~ et r\~ , et, parmi les noms de nombre, nous signalerons le mot riC''?c*, pour iequel I'hebreu difr(^re de I'arabe et de I'arameen, ou les deux u sont remplaces par des n [<^). La terminaison n- clle-meme, qui remplace la terminaison feminine n- des Hebreux* reparait en hebreu a I'etat construit , etmeme, souvent, a I'etat absolu, dans quelques mots poetiques en n", comme mTi? secours [Ps. lx, i3; cviii, 1 3), dans plusieursnomsde villes, comme npi'a , myD [Jos. XV, 89, 59) et autres, et enfm dans tous les mots termines en ri". La difference la plus frappante qiie nous ayons pu remarquer jusqu'ici entre le plie- nicien ct fhebreu est dans le verbe le plus essen- tiel de la langue, c'est-a-dire dans le verbe ^tre, que les Pheniciens exprimaient par ]'i2, comme les Arabes, tandis que les Hebreux se servaient du verbe n\~i. Mais le verbe pD aussi etait employe par les Hebreux dans plusieurs formes derivees : au niphal et au hithpael il signifie etre dchout, ferme, prct; au piel et au hiphil, mcttre debout, elablir, preparer. On a — 58 — vu d'aiitres mots qui, en plienicien, ^taient d'un usage commun , et qui se sont conserves chez Jes Hebreux dans le langage poetique; on peut citer, entre autres, le verba h^'Si ,faiTe, que les Pheniciens, comme les Arabes, employaient dans le langage or- dinaire, et qui, chez les Hebreux, ne se rencontre que dans le style oratoire et dans la poesie. Nous rappellerons, a ce sujet, le passage du Poenulus de Plaute, que nous avons deja cite; ces mots, DN VvD"' '7^3'? DD p VH Vd , peuvent etre compris par celui qui sait I'hebreu, mais'un Hebreu aurait dit : niyy H resulte , de tout ce que nous venons de dire , que I'hebreu et le plienicien ne difleraient que fort peu I'un de I'autre; les deux langues etaient tellement semblables, que nous pouvons les considerer au fond comme une seule et meme langue. S'il y a des mots pheniciens que nous ne pouvons expliquer au moyen de la Bible, et qui ne se retrouvent pas non plus dans les differents dialectes semitiques , rien ne prouve que ces mots n'aient pas existe chez les He- breux ; car on sait que les livres hebreux que nous possedons encore sont loin de renfermer tous les mots de la langue hebraique. II faut done rejeter bien loin cctte methode d'in- terpretation cpii , k force d'artifices etymologiques et d'hypotheses insoutenables , aboutit a doter les Pheniciens d'un jargon inintelligible; surtout quand il s'agit d'idees qui sexprimeraient avec facilite et clarte dans le langage hebreu bib'liquc, II faut re- — 59 — Jeter siirtoiit ces phrases et ces constructions si con- traires au genie de la iangue hebraique et que I'he- braisant trouve si intolerablement barbares. Quant aux observations historiques et archeolo- giques qu'on pourrait vouloir rattacher a noti'e ins- cription ," elles ne peuvent avoir, ce nous semble , qu'une importance tres-secondaire. L'inscription de Marseille ne nous foiu-nit gu^re d'eiement&nouveaux pour les etudes historiques, et elle a bien plus be- soin elle-meme d'eclaircissements, qu'elle n'est en etat d'en fournir. Ce monument n'etait pas neces- saire pour savoir que les Pheniciens et les Cartlia- ginois oflraient des sacrifices et' observaient des rites analogues i ceux que nous trouvons chez d'autres peuples de I'antiquite ; et si on pent re- marquer dans les rites que nous revele le reglement de Marseille quelques analogies avec les rites des ll^breux, il faut avouer que I'antiquite grecque et romaine nous en fournit bien davantaee '. Un seul point merite d'etre remarque : c est qu'on ne trouve pas de traces, dans notre reglement, de ces rites barbares que la Bible et les auteurs profanes de I'antiquite attribuent au culte phcnicien. M. de Saulcy termine son memoire par une observation qui tendrait a efiacer d'un trait de plume tout ce- que I'antiquite nous a transmis a cet egard. Ce savant croit que la connaissance de notre rituel « modifiera quelque peu les opinions exagerees que Ton a $i ' Voy. nacs Reflexions sur le culte des anciens H^breux (dans le tome IV flc h Bible dc M. Calien) , p. 3o ct suiv. — 60 — souvent emises sur le compte d'une religion dont on n'a jusqu'ici parle que sur la foi d'assertions formu- lees par des ecrivains etrangers a la race plieni- ciejine. » Gependant , on comprend facilement que le culte phenicien ait subi des modifications sur le sol Stranger et se soit plie aux exigences locales'^ Les sa- crifices d'enfants en I'honneur de Moloch et les autres rites abominables qu'on reproclie aux Phenrciens n'auraient pas ete toleres par les Phoceens de Mar- seille, pas plus que dans aucune autre ville grecque. On rapporte que des etrangers intervinrent quelque- fois pour faire abolir le culte inhumain de Moloch jusque dans Carthage meme. Deja Darius, fils d'Hys- taspe, enjoignit, dit-on, aux Carthaginois d'abolir les sacrifices humains^, et, quelque temps apres, Gelon, tyran de Syracuse, fit de cette abolition la condition d'un traite de paix avec Carthage ^. II ne faut done pas s'etonner qu'un reglement fait pour une popu- lation d'origine phenicienne , qui s'etait etablie a Mar- seille et avait obtenu la permission d'y celebrer son culte , ne renferme pas de traces de ces rites mons- ' L'existence adinise par M. I'abbe Barges d'une colonic pbe- nlciennc independanle, etablie h Marseille avant les Phoceens, est au moins fort problematique , etil estbien plus probable que la po- pulation pour laquelle ctait fait notre reglement se composait de Carthaginois et de Phenicniens qui avaienl, a Marseille, des &tn- blissements de commerce sous la domination phoc^enne. * Voy. Justin, lib. XIX, cap. i. •' Voy, Plutarque, De iis qui sero a numine puniuntur. c. vi; Mon- tesquieu, Esprit des his, 1. X, cbap. V. Selon Quinte-Curce (1. IV, c. in), les sacrifices humains continu^rcnl jusqu'a la ruinc de Cirthasre. — ()1 — Irueux, dont i'existence, sur le territoire phenicien et carthaginois , n'est que trop certaine. En soniiiie, il nous semblc que I'importance du monument de Marseille est tout entiere dans les renseignements qu'il nous fournit sur la nature de la langue plienicienne, et, sous ce rapport, il est a lui seulplus instruclifque tons lesautres monuments phenifiens ensemble qui jusqu'i present sent parve- nus a notre connaissance. POST-SCKIPTUM. M. Movers vient de publier la deuxieme partie de ses Textes {)h6niciens, (jui, consacree tout entiere a I'inscription de Marseille, porle le tilre suivant : Das Opfcrwesen der Karthacjcr. Commentar zur Opfertajel von Marseille ( Des sacrifices chsK les Carthaginois ; commentaire sur le tableau de sacrifices de Marseille). Breslau, 1847, i"-8°- Ce savant memoire nous est parvenu trop tard pour que nous eussions pu en faire usage dans le cours de notre travail , dont I'impression 6tait presque achev^e. Nous nous empres- sons de rendre hommage a rerudition , d'ailleurs bien connue, du c^lcbre auteur des « Pheniciens ; » son memoire renlerme une foule de recherches curieuses et de details instructifs. Mais, pour ce qui concerne I'explication du texte de notre inscription, nous regrettons de ne pouvoir partager sa ma- niere de voir. Nous ne nous sommes guere rencontre avec lui que dans les points sur lesquels tout le monde est a peu pres d'accord, et, apres avoir lu son travail avec attention, nous ne croyons pas devoir retracter notre interpretation. II se peut que I'explication que M. Movers a donnee des lignes 11 et 12 soit plus pies de la veriie que la notre ; mais elle n'en est pas moins fort problematique , et peut-etre meme la traduction de p3iS* ID par fnii I des jardins, sera-t-elle jug6e — 62 — moins hardie que celle de M. Movers , qui imagine un mol pJN (pour ]D3K}, venant de D2N*, et qui croit pouvoir tra- duire p3X 1D{2J) par oiseau des marais. — Pour tout le reste de I'inscription , nous osons croire que nous avons ete mieux inspire que M. Movers, et nous attendons le jugement des hommes speciaux, qui reconnaitront peut-etre que nous avons reussi quelquefois a former des phrases plus coulantes , plus claires et plus conformes au genie de la langue hebrai- que. Dans quelques passages, M. Movers a et6 induit en erreur par la planclie ou par la transcription de M. Judas ; ainsi, par exemple, dans la cinquieme ligne, il a lu ")l{nD2, au lieu de IDnbs, et au commencement de la ligne i5, "jr au lieu de ^22. Plusietirs fois aussi il a, a I'exemple de M. Judas, substitue le ■» au T en ecrivant ~)N^"' au lieu de INsy T (lig. 3 et 6), et ni':£'P'' au lieu de mjjp t (lig. lo). La derniere ligne renferme plusieurs fautes de transcription. M. Movers a ecrit nnin '?i'i'7T au lieu de n3T Vi?^'? «T* el "DvyN au lieu de -2 DX. En rectifiant ces differentes fautes, I'auteur serait oblige de changer son interpretation dans plusieurs points essentiels. Nous ne pouvons plus ici suivre M. Movers dans les details de son memoire ; nous nous borneronis a dire que , a noire avis, le savant auteur s'est exagere Fimportance de I'inscrip- tion, en y voyant un deci'et emane de I'autorile supreme de la republique carthaginoise, base en partie sur les livres re- ligieux, et r^glant les prix et certains rites des sacrifices ; un de ces decrets que, selon M. Movers, les suffetesde Carthage envovaient de temps a autre da.ns loules les localites ou il v avait des temples et des prelres carthagjnois. M. Movers pense (p. 34) que le titre de OD^ (suffete), donneaux deux personnages qui figurent en tete du decret, ne pent appar- tenir qu'aux chefs de la republique , ou aux premieres auto- rit^s d'une ville, ct qu'on ne peut pas admettre que les Gar- thaginois qui se trouvaient a Marseille sous la domination des Grccs, aient eu leurs suffetes, ce qui supposerait, en quelque sorte, rexislence d'un Etat dans I'Etat. Mais il sem — ^'^ — ble tout nature! que les Grecs aient laisse aux commerqants carthaginois de leur ville \e soin de regler leurs affaires in- terieures, et nolamment leur culle , et que les Carthagirfois aient choisi au milieu deux quelques chefs charges de I'ad- ininislrationetappeles n"'t3Dt^ ou suffeles, litre qu'on donnait chez. les Hebreux aux jucjes de loutes les localites. (Voy. Deu- k'ron. XVI, 18; 2 chron. xix, 5.) En somme, nous ne pouvons voir dans I'inscription qu'un simple tarif et rien de plus ; elle ne s'occupe que de la Uxa- tion des emoluments que les pretres devaient relirer des divers sacrifices olTerts dans le temple de Marseille. La gra- tification due aux pretres elait payee en argent ou en nature. Pour les holocaustes, dont les pretres ne pouvaient retirer aucun avantagc, on payait, comme gratification, une somme d'argent (dans laquelle M. Movers a vu le prix de I'animal) ; dans les autres sacrifices sanglants, obligatoires ou volon- laires, les pretres recevaient une certaine quantite de viande, qui, pour le veau et le cerf, elait du poids de i5o sides, ou environ cinq livres, et, pour le bojuf, probablement du double '. Pour les offrandes d'oiseaux, de fruits, d'huile, elc. qui n'offraient aux pretres que tres-peud'avantage, on payait, comme pour les holocaustes, une gratification proportionnee en argent. — Les voyageurs pbeniciens ou carthaginois qui n'appartenaient pas a la communaute de Marseille , payaient plus que les membres de la communaute. ' Selon M. Movers , qui lit a la ligne 5 : TT QU-'Dm nXD, cent cinquante zoaz, la mas'eth ou portion dhonncur [comme i\ s'exprime) , n'aurait et^ que d'environ une livre i/lt, menie pour un taureau, ct oette portion aurait etc couple en pelits niorceaux el ensuife rolie. n y a dans tout cela peu de vraisemblance. H est impossible aussi d'admetlre- avcc M. Movers un substantif Hyi2J3 , morccau. Les Pbe- niciens, qui supprimaient presque toujours les lettres (juicscentes, aiors nieme qu'elles sont radicales, et 6crivaient, p. c. 7)2 pour IT'S, p^ pour p2^ , n'ont pu ecrireDVIlJS (de i'SS), ou le 1 ne seraitqH'une mater lectionis. Cette observation a dej^ ete opposee par M. Barges a M. Jmlas, qui a egalement admis le mot nViy^. ~ 64 — Telle est Tid^e que nous nous sommes form^e de I'en- semble de rinscriplion , et a laquelle repondent toutes les parties de notre traduction. Si celle-ci est exacte, I'inscription perd beaucoup de limportance que M. Movers a cru devoir lui attribuer, et qui nous a valu de sa part une foule de ren- seignements tres-precieux pour tous ceux qui s'occupent deludes pheniciennes. FIN ..„# ^Ajr-LAiiru/i'/j^ "^Ayvaaii-iVs^ ^ S :^ jo'^ ^OFCAllFOff^ ^OFCAIIFO/?^ ■^'^^]33Nv-so\-^^^^ %ij]AiNitii\v* ^-^(/Aavaaiv^^^ '^6'Aavjjan-i^' ? ? ( c--^ vniNiVERJ/^ ^lOSANCElfj^ - ^WEUNIVERS'//) I'xT 'Jr ,# %{l3MNn-3WV* .5s; rs; \\\Ei '^ <^tLIBRARYQ/:, 'ilJJNY^L' ,i iCi-^i WIT ''iiiiAINiiJUV^ 5? c^ ' 'i£i.\lN;| J\Vv -< ^.OFCAIIFO/?^^ ^lliBRARYQ^ ^OFCAllFOff^ ^^Aavaaivi^ ivu.tiMi\/CDr/. .inc.Aiirnrr A « \ y } .apfi r'.i