A A o CO o c JO ^ 313 8 6 7 55 2 c 3) 1 J> JO -< 3 -n O 5 1 — 5 6 ivv,a«l ^.:.*«' r>i#^ ..•^. / ( ^ ^ i^ "< J \ \ THE LIBRARY OF THE UNIVERSITY OF CALIFORNIA LOS ANGELES xA N ^ X /- t y ^ /^ ^ »-^ V, ^ ' 1 ^ ^ 7 jam / ~> y. 1. x-^ -^' V X CS- f / ^s r .r^ •- >^^ A /' ^ / \ ^ J. n ^ LA PERSECUTION DE DIOCLETIEN ET LE TRIOMPHE DE L'EGLISE Tome II DU MtME AUTEUR Rome souterraine, resum6 des decouvertes de M. de Rossi dans les catacombes romaines; traduit de I'an- glais, avec des additions et des notes. Deuxieme edition. Un volume grand in-S", illustre. Prix 30 fr. Les Esclaves Chretiens depuis les premiers temps de 1 EJglise jusqu'^ la fin de la domination romaine en Occident. Oiivrage couronne par I'Academie franeaise. Deuxieme edition. Un volume in- 12. Prix. 3 fr. 50. L'Art pai'en sous les empereurs Chretiens. Un volume in-12. Prix 3 fr. Esclaves, Serfs et Mainmortables. Un volume in-12. Prix 3 Ir. Histoire des pers6cutions pendant les deux premiers si6cles. Un volume in-S". Prix 6 fr. Histoire des persecutions pendant la premiere moiti6 du troisieme si6cle. Ouvrage couronne par I'Academie franeaise. Un volume in-8°. Prix 6 fr. Les Dernieres Persecutions du troisieme siecle. Un vo- lume \\\-%'\ Prix 6 fr. TYPOGRAPHIE FIUMiX-DIDOT. ^ MESXIL (EURE). LA PERSECUTION DE DIOCLETIEN ET LE TRIOMPHE DE L'EGLISE 1* A K PAUL ALJLARD TOME SECOND PARIS LIBRAIRIE VICTOR LECOFFRE 90, RUE BONAPARTE, 90 1890 Y.Jl ' LA PERSECUTION DE DIOCLETIEN LE TRIOMPHE DE L'EGLISE. CHAPITRE SEPTIEME. LES CHRETIENS DEPUIS LABDICATION DE DIOCLETIEX ET DE MAXIMIEX JL'SQu'a l'lSURPATION DE 3IAXENCE (305-306). SOMMAIKE. — I. Abdication df, Duuxetien kt df, Maximiex. Fix de la persecu- tion EN Occident (30.j). — Dioclcticn malado a Niconitdic. — La persc'Cii- tion se poursuit dans scs litats. — Proccdcs dilTereiits des gouverneurs. — Incendie d'une villc cliictieniie de Phrygic. — Martyre de liuit clirc- tiens a Cesaree. — Galere arrive a Nicomedie. — II ohlient I'aljdication eiiileiitiaux de Pierre V. 1 iir>f)9i9 I LES CHRETIENS DEPUIS LABDICATION. tl'Alexandric. — Proni]itc lin do I'amnistie. — Nouvcaux (■■re d'Agapius, a Cesaree. — Dehauclios de Maxiniiii. — Clirctiennes sau\anl leur \eitu par une niorl volontaire. — Sainte Pclagie, a Antio- clie. — Autres martxrcs de cetto ville. — Domnina, Bernice et Prosdosces se noient pour echapper aux jiersecuteurs. — Maximin conlisquc les hiens d'une cliretienne d'Alexandrie, qui a resiste a sa passion. — Cliretien- nes punies i)ar le mart\rc dolour resistance aux ])ropositions infames des gouvcrueurs. — Rellexions de saint Auguslin sur colics qui ont etc oulragces par violence. — Ambition de Maxcncc. — Mccouienlement du l)eui)le dc Rome el des prctoricns. — Maxence proclauK- iiar eux cnipe- rcur. — Extiricliiiii do la seconde telrarcliie. — Six enipereurs en pre- sence. I. Abdication de Diocletien et de Maximien. — Fin de la persecution en Occident (305). .\[)ivs avoir dedie, en scpteiiibi'e, le cirque de Nico- niedie, Diocletien tomba dans nne telle langiieiir, que sa vi<' pari! I iiieuiio'e. Pciiciant deux mois, des prieres ABDICATION DE DIOCLETIKN ET DE MAXIMIEN. :{ s'eleverent pour lui dans tous les temples fl). Le 13 decembre, on le criit mort. Le palais etait en lar- mes; les triljunanx avaient suspendu leurs aucjien- ces (2). Le lendemain, on apprit que Fempereur vi- vait encore (3). Beaucoup, cependant, persistaient a en douter, et disaient que la crainte dune revolu- tion militaire faisait tenir sa mort secrete jusqu'a la prochaine arrivee de Galere (4). Enfin, le 1" mars 305, Diocletien parut de nouveau en public, niais tel- lement change par la maladie, qu'il semblait mecon- naissable (5). La crise subie en decembre avait porte le dernier coup a une sante deja ruinee : le vieil Au- guste n'avait plus que des intervalles lucides, hors desquels sa raison s'egarait (6). (1) « Deinde ita languorc opincssus ut jier omnes deos pro vila ejus rogareUir... » Lactance, Dc mort. pers., 17. (2) « Idibus Decembribus Iiictus repenle in palatio, moestilia et la- crymee, judicum trepidalio, et silenlium. » Ibid. (3) « Tola civitas jam non niodo mortuum sod eliam sepultum dice- bant, cum repente mane postiidle pervaj;ari fama quod viveret. » Ibid. (4) ((Nondefueruntquisuspicarentur celuri mortem ejus donee Cfesar veniret, ne quid a mililibus novaretur. » I bid. (5)'« Qu£e suspicio tantum valuit, ut nemo crederet eum vivere nisi kalendis Marliis prodisset vix aguoscendus. » Ibid. (6) «El ilie idibus Decembribus morte sopitus aniinain rcecperat, nee. tamen totam. Demens enim factus est, ita ut cerlis boris insaniret, eertis resipisceret.w Jbid. Ces paroles de Lactance sonli)ien dun homnie qui vivait alors a INicomedie et assistait avec tout le |)euple an lamen- table declin de I'empereur. C'est la vivacile d'expression dun temoin. relevee parfois par un coui) de|>inceau digne de Tacite. Cependant des bistorieus modernes ont contesle la veracile du tableau. « Laclance, (lit M. Duruy, tient a inontrer le persecuteur des Chretiens prive de sa dignile d'bomme par la justice divine: » Hisloire des liomains, t. VI, p. 617. Mais Laclance nest pas scul a peindre de telles coulenrs letat 4 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. Pendant que I'Age, la fatigue, peut-etre un secret rcraords, faisaient ainsi leur oeuvre a Nicomedie, la persecution se poursuivait dans les Etats encore sou- mis A lautorite nominate de Diocletien. Les nombreux interrogatoires qui out deja passe sous les yeux du lecteur lui out permis de juger des differents precedes employes par les gouverneurs appeles a statuer sur le sort des cbretiens. Le moment me parait venu de les resumer en un tableau general, ou plutut de repro- duire celui qu'a trace, d'une plume emue, un contem- porain, temoin attentif des souft'rances de ses freres. Les varietes de caractere et de methode , qui distin- guent si profondement les proces de cette epoque, ou les magistrals n'etaient pas coules dans un moule uni- forme , se montrerent prolKiblement avec d'autant plus de relief dans les pays gouvernes par Diocletien, (jue cet empereur etait devenu plus incapable d'im- poser uue direction personnellc aux poursuites exer- cees en son noni. « II est impossible — ecrit Lactance — de repr^- senter en particulier ce qui s'est passe dans toutes les parlies du nionde roniain. Gbaque gouverneur s'est servi, selon son bumeur, de la puissance qu'il avail recue. Les limidcs, (jui craignaient qu'on ne leur re- de UiochHicn. Eusiihe {Uisl. Eccl., VIII, 13, 11), ConstaiiUn (0;*«. 315) s'accordenl a reconnaitre IVxln'-nir gravitc do la inaladie. ABDICATION DE DIOCLETIEN ET DE MAXIMIEN. 5 prochc\t de n'avoir pas fait tout ce qu'oii leur avait ordonne, ont ete les plus hardis a alter nieme au dela. D'autres les ont iniites, ou parce cprils etaicnt natu- rellement cruels, ou par leur baine particuliere pour les justes, ou pour plaire aux souverains et s'elever en flattant leur passion k des dignites plus eminentes. « II y en avait qui se hAtaient de nous oter la vie^ comme celui qui fit un peuple entier de martyrs dans la Phrygie. Mais pour ceux-la, plus leur inhumanite etait grande, plus elle nous etait favorable. Les plus redoutables etaient ceux qui se flattaient d'une fausse apparence de bonte. Le bourreau le plus dangereux et le plus terrible etait celui qui ne voulait tuer per- sonne, qui voulait se pouvoir glorifier de n'avoir ote la vie a aucun innocent. Car j'en ai entendu moi- meme de cette sorte, qui faisaient vanite de n'avoir point repandu de sang dans la province quits gouver- naient. Leur vaine gloire etait encore jointe a une ve- ritable envie. lis ne pouvaient souffrir que les martyrs eussent Thonneur de les avoir vaincus, et d'avoir rem- porte sur eux la couronne d'une Constance invincible. « Ou ne saurait dire combien ces magistrals ont in- vente de tourments pour venir a bout de leurs des- seins par les voies les plus cruelles. Car ils s'y appli- quaient comme a une cliose ou il fallait qu'ils fussent victorieux ou vaincus , sachant fort bien que c'etait un vrai combat qu'ils avaient a soutenir contre les Chretiens. J'ai vu, dans laBithynie, un de ces gou- verneurs dans une elfusion de joie , et aussi glorieux que sil avait subjugue une nation de Barbares ': et « LES CHRETIENS DEPL'IS L'ABDICATION. cela parce qu'un chretien qui avait resiste durant (Icux aus avec iin tr^s grand courage, avait enfin paru sabattrc. « lis font done t^ute sorte d'efforts' conime en une chose ou il y va de leur lionneur, et tonrmentent les corps par les douleurs les plus violentes , en evitant n^annioins surtout de les laisser mourir dans ces dou- leurs. Est-ce done qu'ils s'imaginent que la mort seule nous rende heureux? Les tourments ne suffisent-ils pas pour nous acquerir la gloire d'une Constance ge- nereuse , et une gloire d'autant plus illustrc que les tourments ont ete plus grands ? Cependant, dans I'a- veuglement ou les met leur opiniatrete, ils recom- mandent qu'on prenne grand soin de ceux a qui ils ont fait donner la question ; mais c'est pour la leur pouvoir donner encore une fois. lis veulent qu'on re- pare lours membres et qu'on retal^lisse leurs forces; mais c'est afin qu'ils puissent soufFrir de nouveaux tourments. Peut-on voir rien de plus doux, rien de plus cbarita])le, rien de plus humain? lis n'en fe- raient pas tant pour lours amis ! Voila la bonte qu'ins- pire le culte des idoles, « Cei'tes, je nc trouve rien de si miserable ([ue ces magistrals, obliges de devenir les ministres do la fu- reur d'un autre, les executeurs des commandements impics de leurs princes, et que cette mallieureuse ne- cessit6 a trouv^s ou rendus cruels. L'autorite qu'on leur a donnt^e n'a point 6t6 une dignite ni un lion- nour qui los ait releves; c'est un triste arrcM par le- (iml Ic prince les a condamnes > Les paroles do Lactance font comprendre comment un prand nombre de confesseurs pnrent survivre a la persecution; mais elles montrent en meme temps quelle multitude de victimes pouvait faire, en certains lieux, la passion d'un seul gouvernenr. II est ques- tion, an commencement da passage que nous venons de citer, d' (( un penple de martyrs » immole dans la Phrygie, Cette etfroyable execution, qui substitua, dit Eusebe , a la justice reguliere toutes les horreurs de la guerre (2), se place, croyons-nous, au mois de fe- vrier 305. Une ville de Phrygie ou tons les habitants etaient cliretiens fut investie par les soldats. Vainement on promit la vie sauve k ceux qui sortiraient : personne ne voulut profiler d'une olfre dont I'acceptation pa- raissait entrainer lapostasie. Depuis le curateur, les magistrals, les membres du senat, jusqu'aux derniers du peuple (3), tous resterent resolus a mourir ensem- ble pour leur foi. Quand les soldats et le gouverneur de la province eurent penetre dans la cite, cette mul- titude de tout sexe, de tout age et de toute condition refusa unanimement de sacrifier : elle fut alors enfer- mee dans la principale egiise, cjui, dans cette cite toute chretienne, n'avait pu etre abattue : les bour- (1) Lactance, Div. Inst., V, 11. — Pour rciidrc cc long passage je me suis servi de lexcellento traduction de Tillemont, Mdmoires, t. V, art. XX, sur la jjersecution de Dioclelien. (2) Twv oOxii'. [JLEV xoivoj voaw, tlciA£ij.ou ok -por.M 7:£7:i/'.opxy;;j.3vojv. Eu- sebe, HisL bed., VIII, in, 12. (3) Voir t. I, p. 58. 8 LES CimETIE>'S DliPUlS L'ABDICATION. reaux y mirent Ic feu, et cette foule inofFonsive, liom- mes, femmes, enfants, perit dans les flainmes en in- voquant le Christ (1). Parmi les martyrs etait un haut fonctionnaire d'origine italienne, Adauctus (2), in- vesti d'une des charges de finance que Diocletien avait creees dans presque toutcs les villes (3). Cette tragedie n'avait pas ebranle le courage des Chretiens, car, nn mois apres, la capitale de la Pales- tine vit leur heroisnie eclater d'une maniere origi- nale et inattcndue. Les prisons de Cesaree etaient pleines de fideles. Une grande fete fat annoncee, peut- etre en rejouissance du retahlisseraent precaire de I'empereur. Le bruit se repandit alors dans le peuple que tous les chretiens deja condamnes allaient pa- raitre dans I'arene et combattre contre les betes. Au moment oii la foule curieuse se rendait au spectacle, le gouverneur Urbain, en route aussi pour I'amphi- theAtre, vit marcher vers lui un etrange cortege. Six jeunes gens s'avancaient, les mains liees. L'un, Ti- molaiis, etait du Pont; le second, Denys, de Tripolis en Phenicie; puis venaient un sous-diacrc de Dios- polis, nomme Romulus, deux Egyptiens, Pausis et Alexandre, un autre Alexandre natif de Gaza. Dans un excessif mais genereux enthousiasme, ils cri.iient (1) Laclancc, Div. Inst., V, 11 ; Eiiscbc, Hi.sl. lucl., Viil, 11 ; lUiliii, iO\,d. — .](' i)onse avec Tillcinoiil <|U(' l(Miiarlyr(! d'Adaiicliis, raconU' |)ar Eusebe dans lo nu'mo cliapilrc 7. (3) Cf. Laclancc, Ott iiiorl. pcrs., 7. ABDICATION DE DIOCLETIEN ET DE MAXIMIEN. 9 qu'ils adoraient le vrai Dieii, qu'ils etaient chretieiis, pr6ts a tout souffrir, et n'avaient pas peur cles betes : en tenioignage de leur resolution ils montraient leurs mains attachees d'avance. Le gouverneur et son en- tourage resterent un instant frappes d'admiration ; puis Urbain commanda d'emmener en prison ces martyrs volontaires. Deux nouveaux prisonniers leur i'urent bientot joints : Agapius, qui, plusieurs fois deja mis a la torture, toujours avait confesse le Christ; Denys , qui s'etait denonce lui-meme par son zele a subvenir aux besoins des chretiens captifs. Ces huit champions de la foi perirent le meme jour, non, comme ils I'avaient demande, par les betes, mais par le glaive : leur supplice eut lieu le 2'p du mois de Dys- tros, selon le ealendrier syro-macedonien , le 9 des calendes d'avril f^i mars), selon les Romains (1). A ce moment Galere arrivait en toute hate a Nico- medie, sous pretexte de feliciter son beau-pere de la sante recouvree, mais en realite pour contraindre le malade al'abdication (2). On pretend que celle-ci etait depuis longtemps resolue. et que, de§ I'epoque ou il s'associa Maximien Hercule, le fondateur de la tetrar- chie avait fixe a raccomplissement de sa vingtieme annee d'empire I'epoque oii les deux Augustes se re- tireraient (3). La construction dun immense palais sur la cote dalmate montre au moins que Diocletien (1) Eusehe, f)c mart. Pal., 3, 2-i. (2) >c Nee inullis post diebiis Caesar ad vcnit, nonut |)atii giatiilarclur. sed ut eum co^cret iniperio ct'derc. » Laclance. De iiioil. pers., 18. (3) Duniy, Histoire des Honutius, I. VI, p. 617. 10 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. avait previi sa retraite, et tout prepare clans la pen- see de survivre nolilement et delicieiisement a son r^gne. Mais pen cVhommes sont assez philosophes pour descenclre volontiers du trune. Comme iin ma- lade s'attache d'autant plus a la vie qu'il se sent plus pres de la quitter, le vieux souverain s'attachait da- vantage au pouvoir, an moment oii son etat physi- que et moral le rendait moins capable de I'exercer. 11 fallut toute la brutalite de Galere pour le decider a I'abdication. On connait I'ascendant de ce Cesar sur Tesprit ti- niide et cauteleux de son chef hierarchique. Mais, jusqu'a ce jour, rien n'avait revele son influence sur Tautre Auguste. Aussi n'apprenons-nous pas sans suprise qu'avant d'arriver a Nicomedic, Galere s'etait a sure du desistement de Maximien Hercule. U Tavait menace de la guerre civile (1), s'etait probablement prevalu aupr^s de lui d'une fausse mission de Dio- cletien (2), et lui avait enfin arrache la promesse de se retirer. Fort de cet engagement, il essaya d'abord. (1) « Jam conflixeral iiiiper Maxiinianoseno, eunuyuc Icrrucraliiijecto ainionim civiliiim mchi. » Laclancc, De tnort. pers., 18. (2) Eulrope {lircv., IX, 27) (lit que iMaximicn, en conseiitaut a Tah- dication. ceda avec peine aiix ordres de Dioclelien, cni ;crjre collegu oliloiiperavit. Aurellus Victor {Ds Casnrihus, 3'J, 18] dit de inciine : Cumin .srntcntidin Hercidhim ngcrrinie Iraduxissel {Diodetiiinus) . Eulrope (;l Aurclius Victor, coutemporains de I'einpiireur Juiien, sont proljabicinent inoins bien reuseif^n^i que Lactance, qui nous niontre Maxiinicii Hercule decide a la retraite par Galere avant int\ine que ce- lui-ci en ait parli'^ a Diocletien. Si leur temoignaj^e a quclque vaieur, il veut dire proI)abletncnt que Galere s'etait servi du noni et de I'au- lorite de Dioclelien pour pescr sur la volonte d'llercule. ABDICATION DE DIOCLETIEN ET DE MAXIMIE . H vis-a-vis de Diocletien, de la persuasion et de la douceur. II lui representa sa vieillesse, le decliii de ses forces, la difficulte de gouverner, malade, uii si vaste empire, la convenance de jouir enfiii d'un re- pos achete par tant et de si glorieuses fatigues (1). II lui rappela I'exemple de Nerva qui avait, vivant, ti'aiismis la pourpre a Trajan (2). La defense du vicillard fut pitoyable. Tautut Diocletien parlait de rhumiliation qu'il eprouverait en quittant le faitc de Tempire pour redevenir simple citoyen ; tantut, des haines qu'il avait excitees pendant un si long regne, et qui n'attendaient que sa retraite pour eclater (3). Nerva, dont on alleguait I'exemple, etait monte vieux sur le trone, n'avait regne qu'un an, et n'avait pas en le temps de perdue I'liabitude de la vie privee avant d'y rentrer (i). Lui, Diocletien, avait depuis trop longtemps oublie qu'il etait le fils dun greffier dalmate, et pris le langage et les sen- timents d'un prince ne dans la pouprel Si Galere (!)•< Aggressus est ergo Diocletianuin. primiim niolliter et amice, jam senem esse dicens, jam minus validiiiu et administrandcc reipublicfe iiihaliiiem, debere ilium requlescere post labores. » Lactance, De mort. pers., 18. (2) « Simul et exemplum Nervie proferebat, qui imperium Tiajano tradidisset. » Ibid. (3) « Ille vero aiebat ei indecens esse si post tantam suhlimis fasligii daritalem in liumilis vila' tenebras decidisset, et minus lulum, quod in tam longo iinperio muitorum sibi odia qu.esisset. » lOUl. {^i)a Nerva vcro unoanno iinperantc. cum pondus et curani tanlarum rerum vel jctale vol insolentia fcire non quirct. aijjecisse gubeinacu- lum rcipublicfe, alque ad privatam vitam ledisse, in quaconsenucial. >• Ibid. 12 Li:S CHRETIENS DEPUlS L'AIJDICATION. anibilionnc sculement le litre d'enipereur, qii'il le recoive : il n'y aura plus de Cesars, les quatre souverains du monde romain deviendront des Au- gustes (1). Mais, a ce prix, qu'on laisse Diocletien mourir sur le trone ! De toutes les scenes de comedie qui se jouerent jamais dans le palais des rois, je- n'en connais pas qui eiit ete plus digne d'inspirer un Corneille on un Shakspeare. 11 faut avouer que (ialere y soutint spirituellement son role. Avec une exquise ironie, il prit contre Diocletien la defense de Tetablissenient politique fonde par eelui-ci. La liie- rarchie si sagement etablie devra, dit-il, ^tre eter- nellement maintenue, afin qu'il y ait toujours deux Augustes au sonimet de la Republique, et sous eux deux Cesars, leurs modestes auxiliaires. Entre les deux chefs supremes, la concorde a pu aisement durer : si tons les quatre devenaient egaux, elle cesserait vite (2). Puis, elevant le ton, et devenant tragique : (( Si tu ne veux pas ceder, s'ecria-t-il, jc ne pren- drai conseil que de moi-m(^me, car je suis resolu a ne pas rester plus longtcmps le moindre et le dernier de tons. Voihl quinze ans que je passe dans rillyrie ou sur les bords du Danube, combattant obscurenient les Barljares, tandis que les autres vi- (1)" Vcruin si noini'n iiniu'raloiis cii|)('reladi|iis(i, iinpiKliineiilo nihil esse quoiiiiniis omnos Augiisli inincuparenliir. » De, mart, pcrs., 18. (2}« Respond il debeie ipsiiis disposilioneni in perpeluuniconservari, III duo sinl in repiil)lica rnajores, qui suiiimani rerum Icneanl, item duo iiiinorcs, qui sinl adjiiineulo. liilcr duos I'aciie posse concoidiani ser- vaii, iiilcr <|naluor pares nullo inodo. » Ibid. AnOICATION DE DIOCLETIEN ET DE MAXIMIE.N. 13 vent au milieu des delices, dans de vastes et paisiblos provinces (1)1 » L'ancien Galere reparaissait, et la menace remplacait Tironie. Diocletien. qui avait recu line lettre d'Hcrcule et savait que le Cesar avait aug- mente son armee, comprit qu'nne plus longue resis- tance serait inutile : « Que ta volonte soit faitel » dit-il en pleurant ('2). Telle est lliistoire de I'abdication, ecrite par un homme a qui sa position pres de Constantin permit de savoir de premiere source ce qui s'etait passe (3). Moins bien renseigne pour le detail (car il se figure que la sante de Diocletien ne fut jamais meilleure qu'a cette heurc critique), Aurelius Victor reconnait aussi que la peur fut la cause determinante de sa retraite (i). Mais le malheureux; empereur netait (ij « Si ipsocedere noluisset, se sibi consulluruin, ne ainplius miiior et evtreimis esset. Jam fluxisse aniios quindeciin in Illyrico vol ad ripam Danuvii rciegatus cum gentibiis barbaris luctaret, cum alii intra laxiores et f[uietiores terras delicate iinperarent. » De mort. pers.. 18. i'l) « Ilis audilis, senev languidus, qui jam Maxiiniani senis litleras acccp^rat scribenlis qua'(un(|ue locutus fuisset, et didicerat augeri ab eo exercilum, lacrymabundus : Eiat, inquit, si hoc placet. » Ibid. (3) On a conleste encore ici le temoignage de Lactance. M. Duruy {Uistoire des Romains, t. VI, p. 617) voit dans son recit « une page de rhptorique que de complaisants ecrivains ont prise pour une page dhistoire. » 11 demande ironiquement si ie rheleur chretien a vu au fond du palais les lannes de Diocletien on enlendu les menaces de Galero. C'est oublier que Lactance etait alors a Nicomedie, devint le precepteur du lils de Constantin, et a vraisemblablement appris les details de la scene soit de (juelquun de la cour. soit de Constantin lui-ineme qui vivait on 305 pres de Diocletien. dans le palais. (4) '< (Diocletianusi iinniinontiuni scrutator, ubi falointeslinas clades et quasi fragoreni quemdam iinpendere comperit status romani, cele- brato regni vicesimo anno valcntior curam Reipublicie abjecit. ■> .\ure- lius Victor, Dc Ca'saritnin. li LES CHRETIENS DEPL'IS L'ABDICATION. pas ail bout de ses humiliations. II restait a retablir la liierai'cliio, demembree par rabdication dcs deux Augustes. Galere et Constance succedant sans diffi- culte a CO titre, deux nouveaux Cesars devaient etre clioisis. Les convenances ou une regie deja posee anraient voulu que I'election fut faite par tout le col- lege imperial (1). « A cjuoi bon? dit Galere. 11 faudra bien que les autres approuvent ce que nous aurons fait. — Cela est vrai, repondit Diocletien : d'ailleurs, il est necessaire que nous nommions leurs fils (2). » Malgre un orgueil insupportable, Maxence, fils de Maximien Hercule et gendre de Galere, etait en effet, par sa naissancc au moins, designe pour la pourpre (3) ; et mieux encore le fds de Constance, le jeune Constantin, aime des soldats pour ses cjua- lites militaires, de tous pour Fhonnetete de ses moRurs et la douceur de son commerce, de Diocletien lui-m6me, qui le gardait pres de lui, et I'avait eleve au grade de tribuu du premier ordre (V). « Lesquels '1) « Supeierat ut comrmini omnium consillo Cscsares legercnlur. » Laclance, De mort. pert,., 18. ("2) " Qu'kI (tpus est consilio, cum sit necesse iilis duobus placere quidquid uos fccniuius? — Ita plane. ]Nam illoruni (ilios nuncupari necesse est. » llnd. (3) " Krat autem Maxiiniano lilius AFaxonlius, imjus ipsiiis Maxiiniani (fialeriii gcnor, iiomo perniciosa; ac malic mentis, adeo suporbus et conlumax ut nequc patrem neque soceium soliius sit adorare. » Ibid. (4) « Constanti()(iu()(|U(! lilius erat Constanlius, sanclissimus adoles- eens, et iiio faslifiiii di;^nissimus, quiinsiRnict decoro iiabitu corporis, et industiia inililari, et probis inoiibus, cl comitate sin^ulari, a militibus amarelur, a piivalis et ojjtarelur. Erat(|ac tunc pnosens, jampridcm a IJiocleliano faelus Iribunus ordinis primi. » Ibid. ABDICATION DE DIOCLETIEN ET DE MAXIMIE.N. 15 elirons-nous done? — Severe. — Qiioi! Severe, ce dehaiiche, cet ivrog-ne, ce sauteur, qui fait de la niiit le jour ct du jour la nuit! — Oui, Severe. II est digne de regner, car il a bien commande mes soldats, D'ailleurs, je Tai deja envoye a Maxiniien pour Hve revetu de la pourpre (1). — Soit. Et pour le second, qui m'imposeras-tu? — Celui-ci, » dil Galere, montrant le jeune Daia, lils de sa soeur, un demi-barbare auquel il avait recemment, en signe d' adoption, donne son nom de Maxiniien ou Maxi- min (2). « Qui done m'offres-tu? » s'ecria Diocletien surpris. « Mon parent. — Mais, continua en gemis- sant le vieil empereur, ces deux liommes ne sont pas de ceux k qui pent 6tre confie le soin de la Republique. — Je reponds d'eux. — C'est ton afTaire, puisque aussi bien c'est toi qui prendras le gouver- nenient de I'empire. J'ai assez travaille, a fin que. moi regnant, la chose publique n'eprouvat aucun (1) «Quos ergo faciemus? — Scverum, inquit. — lllunine saltatorein. teiiiulentuin, ebriosuin, cui iiox jho die et dies pro node? — Digiius. inquit, quia militibus fideliter pnefult, et emn inisi ad Maximiaiimii. ut ab eo indiiatiir. » De iiinrt. pers., 18. (2) « Esto. Alterum quern dabls? — Ilunc, inquit, ostenderis Daiam adolescenteni quenidani seniil)ari)aruiii. ([ueni reccns jusseiat Maxiini- num vocaii de suo nomine. Jam et ipsi Diocletianus nouien ex parte mutaverat oiiiinis causa, quia Maxiinianiis lideni suinina religions prjeslabat. » Ibid. On voit par celle dernlere phrase (|ue Diocletien avait jadis oblige le Cesar Galere a prendre le nom de Maxiniien qui parais- sait de bon augure parce qui! ra|)pelait rinviolal)le (idelite du second Auguste, Maxiniien Hercule. Les incriptions I'appellent Galerius Vale- rius Maximianns, et donnent a Daia les nonis de Galerius Valerius Maximinus. l(i LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. dommage : si cjuelqiie mal liii survient maintenant, ce lie sera pas de ma fan to (1). » Le second acte de la comedie etait joue. 11 restait a faire accepter le denoiimeut an peiiple et aux; sol- dats. Le 1" raai, le cortege imperial se transporta sur line colline, a trois milles de Nicomedie. Ce lieu etait deja celeb re dans I'histoire du noiivel empire : line colonne snrmontee d'une statue de Jupiter y marquait la place ou, vingt ans plus tot, Maximien Hercule avail recii la pourpre des mains de Diocle- tien (2). Les chefs militaires et des deputations des legions etaient rassembles, Tous s'attendaient a Televa- tion du jeune et brillant officier qui avait deja rendu populaire le nom de Constantin (3). Le vieil Auguste prit la parole et dit en pleurant que sa sante le contrai- gnait ;ui repos, qii'il fallait laisser I'empire a de plus forts, et iiommer de iiouveaiix Cesars ('1.). II prononce (1) " yiiis csl liic (jiiciii inilii oilers? — Mi'us, iii(|iiil, adiiiis. — At illo )^cniel)iindiis : ISon. iiiqiiit, eos Iioiiiines iiiilii das qiiibiis tulela Uri|iiilili(;n coiiimiUi jtossit. — Piol)avi eos, inquit. — Tu vidoris, rovidiquem- adiiiodiiin inc iin|ioranto res puhlica stanU incoluinis. Si quid acces- serit advj'isi, iiica culpa non crit. » De tnorl. pcrs., 18. (2) " Cum Ju'L'C cssi'ul consLiluta, proci'ditur kalendis Mails... Eral locus alius oxlra clvilaleiu ad mlllla fere Iria, iu cujus suinmo Maxi- iiilanus ipso i)urpuiaiii sumpseral; »'t ibi coiuiuna lucial erccta cum Jovls signo. Eo pergilur. Concio inilitum convocalur. » Ibid., 19. ^.3) n Conslanlinum oiimcs intucbaiiUir. Nulla oral dubitalio. Militos qui aderani, et priorcs ruilitum elecli et acciti ex legioiiibus, iu buuc unum inteiile gaudebani, oplabaul, el vola faciebaut. » Ibid. (4) « luquil seiicxcuui lacrymis, alkxiiiilur iiiililes se iuvalidiiiu esse, ntquiein |)ost lubores pet(!re, iu)[)eriuin vaiidioiibus tradcie, alios Cu;- .sarcs subrogare. Suinma oiuuiuiii exjieclalio quid aH'eiiel. » Ibid. ABDICATION DE DIOCLETIEN ET DE MAXIMIEN. 17 alors lesnoms de Severe et de Maximin. Tous les ycu.v se tournent vers Gonstantin, debout sur Tcstrade inipe- riale. On se demande si son nom n'a pas ete change en celui de Maximin par nn caprice des Augustes. Mais soudain I'liesitation cesse. Galere s'avance briis- quemcnt, ecarte de la main Ic fils de Constance, ct pousse en avant Daia. Les soldats regardent cet in- connu, qui, bien qu'ayant passe en pen de temps par tous les grades de la garde iraperiale, rcstait ignore de I'armee (1). La surprise etouffe les protestations. Saisissant le moment favorable, Diocletien jette son propre manteau de pourpre sur les epaules du neveu de Galere : puis, « redevenu Diodes, » Fempereur ve- teran monte en voiture, traverse la ville, et se fait con- duire au port, ou un vaisseaul'emporte vers Salone (2). Le m6me jour, dans un temple de Milan, Maximicn Hercule accomplissait une semblablc ceremonie et donnait I'investiture a Severe, devenu Cesar au detri- ment de son fils Maxence (3). Puis le vieil Hercule se retirait, non, comme Diocletien, pour cultivor philo- ' (1) « Daia vero sublalus miper a iiocoi il)us el silvis, statim scutarius, continuo protector, rnoxtrilniiuis, post rid icCfesar... »Ibid. Les scutarti et les protcclores elaient les i^ardes des einpereiirs; chaque cohorte de /}/'o/ec^o?T5 <^tait coriimandec par iiii tril)iin, Irib. coli. primx prxf. protect. (\Vilinanns, Excmpla inscr., lG:J'.t). Daia etait proltahleinent tributi dune des coliortes de proleciores qiiand il I'ut proimi Cesar. (2) "Nemotaineii reclainare ausiisest, cunclis insperalie novitate rei turbatis. Huic i>urpiiran» Diocletianiis injecil siiarn, qua se e\uit, el Diodes iterum factus est. Tuiu deseenditur, et rheda per civilatein veteranus rex foras exportalur, in patriaiiique dimiUilur. » Lactance, /. c. (3) Inccrt. Pancfj.. V, 12. V. 2 18 LES CIIRETJENS DEPUIS L'ABDICATION. sophiqiiemcnt de l^eaux jardins 4 Salone, mais pour joiiir de grossiers plaisirs dans ses villas de Lucanie. Les cliangements de pcrsonnes dans le college im- perial amenaient, necessairement, iin remaniement dans les Etats. Pendant que Galere etendait sa suze- rainete sur toute la partie orientale de I'empire, tant eu Europe qu'en Asie, Constance prenait la supre- matie sur I'Occident. Mais les Cesars, tout en demeu- rant, selon le plan de Diocletian, subordonnes aux Augustes. reccvaient des provinces dans ces deux moities du monde romain. Constance, dont Eutrope loue la moderation (l),parait avoir joint la seule Es- pagne aux Etats precedemment administres par lui. Cette peninsule exceptee, Severe eut les contrees sur lesquelles avait regne Maximien Hercule, Fltalie, la Hlietie et I'Afrique. On ne pouvait attendre de I'am- l)itieux Galere la moderation de Constance. Au lieu de partager I'Orient, comme naguere Diocletien, il s'attribua sans hesiterla part du lion, nc laissant (juela Cilicie, Tlsaurie, la Syrie et FEgyptc a Daia, en (|ui il voyait moins un Cesar que son prefet ou son lieutenant. La revolution qui venait de s'accomplir montrait A la fois la faiblesse et la force du syst^me de gou- vornenient inaugure par Diocletien : la faiblesse. car il suffisait de I'ardente ambition et de la tenace Noloiit)'; (run seul des membres du college imperial pour inq)oser aux autres une abdication pr^maturee ou des clioix inspires par son inter6t personnel au (I) i;iilio|)c. filer., X, ').. ABDICATION DE DIOCLETIEN ET DE MAXIMIEN. 19 detriment de I'inter^t public; la force en m^me temps, puisque des chang-ements si considerables s'etaient faits sans troubles dans les cites, sans sou- levemcnts militaires, dans une profonde paix. 3Iais une autre consequence, dejd indiquee, du systeme allait apparaitre sinoii dans les rapports de TEglise et de I'Etat, car ces rapports violemment rompus ne se retabliront qu'apres plusieurs annees, au moins dans la situation faite aux chretiens des provmces placees sous I'autorite directe ou linfluence hierar- chique des deux nouveaux Augustes. La Gaule n'avait ete que pen ou point touchee par la persecution sanglante : ni dans cettc contree, ni dans la Bretagne, ou la paix religieuse avait aussi dure presque sans interruption, I'accroissement de pouvoir que Constance tira de son nouvoau titre n'a- mena sans doute aucun chang-ement. Mais TEspag-ne, passant des mains d'Hercule dans celles d'un souve- rain tolerant, vit s'ameliorer tout de suite la situation des Chretiens. Les rigueurs exercees par Datianus et d'autres magistrats cesserent cntierement. On eiit pu croire que Severe, impose a Hercule et a Constance par le choix de Galere qui esperait le dominer toujours, et en faire I'appui de sa politique a Fouest comnie Daia le serait a Test, hesiterait a mettre un terme a la persecution qui avait dure jusqu'au printemps de 30.') en Italic et en Afrique. Mais, dans ce point au moins, les calculs de Galere furent en defaut. Severe orienta sa conduite sur celle de sou superieur immediat, et laissa rcspirer les chretiens. 20 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. Sans doutc, les consequences materielles des edits ne disparurent pas encore dans ses Etats. Lcs eglises et les cimetieres ne fnrent pas rendus. Les communau- tes chretiennes dissoutes ne reprirent pas ['existence legale qui leur avail appartenu pendant une partie du (|iiatrieme siecle (1). La confiance dans les bonnes dis- positions du gouvernement I'ut meme lente a se reta- tablir. Aussi, tant que dura le regne de Severe, I'Eglise de Rome, eprouvee par tant d assauts, ne fit point ces- ser Tefat provisoire cause par la mort de Marcelliu : les pr^tres continuerent a conduire le troupeau : le clerge et le pouple ne se croyaient pas encore assez siirs du lendemain pour introniscr un nouvel eveque dans la cliaire apostoliquc. Mais au moins les arresta- tions, les emprisonnements avaient cesse : le sang des martyrs ne coulait plus dans la ville eternelle. 11 en fut de meme en Afrique, ou la temp6te s'a- paisa, laissant le sol et les ;\mes converts de mines. Soit en 305, soit dans Tune des annees suivantes, douze (I) C'cst ])eut-6lre dans ce sens qu'oii lit au catalogue philocalien des papcs cl, d'aprcs lui, au lAber J'onti/icalis, dans la notice du ])ape Marcellin : Quo tempore full persecutio et cessavit episcopaius aim. VII, m. VI, d. XXV (Ducliesne, le Liber Pontiflcalis,l. I, p. G et IG). Entrc Marcellin, mort en SO'i, et Marcel, ehi sousMaxence, en 308, quatrc ans s'ecoulent; tandis que le cliiirre de sept ans donne par le catalof^ue papal incne jusqu'en 311, epo([uc ou Maxence rendit au |)ape Milliade lcs biens de I'h^lglise rornainc. Les sept ans ])araissent done so tmnincr a cclle dale, qui niar<|ue une nouvelle reconnaissance de la • ouiinunaute chretienne par lanlorile civile : rcpiscojial recommence alors aux yeux de celle-ci, pour qui le pajx- redevicnt le chef r<^gulior du corpus christianorinn. Aussi le cliillie de sept ans parail-il avoir t'le emiirunle ]tar le rcdacti'ur du catalogue aux archives de la prefcc- Inrc urhaine; voir de llossi, Komasottcrranca, t. IF, p. 7. ABDICATION DE DIOCLETIEN ET DE MAXIMIEN. 21 eveques numides pureiit tenir un synode a Cirta (1). Les scandaleiix reproches echanges par ces prelats, ([ui tons avaient plus ou moins faibli pendant la per- secution, montrent que celle-ci ne durait plus. Mais (1) L'existence du concilede Cirlane peiitt'tri- ralsonnablciTient con- lestee, inalgie les diflicultes do forme que presenle peul-elielc proces verbal lei qu'il nous est parvenu (voir Hefele, Histoirc des conciles, trad. Delarc, t. T, p. 127 ; Duchesne, dans le Bulletin critique, 188G, p. 129). Mais si les laits reveles par c_' concile (voir t. I, p. r.'2i doivent 6lre retenus, sa dale me parait moins bien elablie. Di'S le temps de saint Augustiu elle etaitrapportee dedeuv manieres differenles. Dans son traite Contra Crcsconium, III, 3:), elle est doniiee ainsi en tele des Acles conciliaires : Diocleliano octie.s ct Maximiano septies, quarto nonas Martii, c'est-a-dirc le 4 mars 303 ; dans son Dreviculus collatio- nis cum donatistis, 111, 32, elle estavancee dedeu.x annees: pout con- sulatum Diocletiani novies et Maximiuni octies, terlio nonas mar- tias, c'cst-a-dire le 5 mars 305. La premiere de ces deux dates est mani- Icstement fausse : le 4 mars 303 on etait tout au commencement de la \iersicu\\oncodicumlradendorum. Celle du .5 mars 305 laisseaussi des doutes. La persecution generale n'avait probablement pas cesse encore en Afrique, puisque I'abdication de Maximien Hercule nest que du l^'mai: or, le concile de Cirla suppose la tin de celte persecution. La manii're aussi dont la date estexprimee parait insolite : la formule^>OA7 consKlalum suivie des noms des consuls de I'annee precedente ne di'- vintofTicielle a Rornequ'en 308 (voir de Ilossi, Inscriptiones christia- nx %irbis Romx,i. I, p. 24).Bienqu'on i)uisse adinettre qu'en province elle ait ete quelquefois employee auparavant, et que saint Augustiu ail parl^ ici comme on i'aisail de son temps, sans saslreindre a citer un texte exact, cette formule ne laisse pas que d'inspirer quelque defiance. L'expression vague d Oplat, disantlat et placer le concile die Illiduum muia- rum, le 13 mai. cest-a-dire apres que 1 abdication de Maximien llenule eut rendu la paix religieuse a I'Occident. 22 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. le lieu choisi pour la reunion prouve que, en Afi-ique comme a Rome, il n'y eut d'abord qu'une tolerance de fait, sans restauration legale de I'ancien etat de choses. Les evequcs siegerent, dit le proces-verbal, <( daus la maisoii d'lTbaniis Donatus (1); » saint Optat en donne la raison : « c'est que les basiliques n'avaient pas encore ete rcstituees (2). » Si precaire, cependant, que fut cette paix, elle con- trastait singulierement avec I'etat violent qui se per- petuait dans les provinces soumises aGalere et aMaxi- min Daia. Euselje a fait nettement ressortir ce contraste, en une page de son livre sur les martyrs de la Pales- tine. « Les contrees situees au dela de I'lllyrie, c'est- d-dire I'ltalie enti^re, la Sicile, la Gaule et tous les pays d'Occident, TEspague, la Mauritanie et I'Afrique, apres avoir souifert la fureur de la guerre pendant les deux premieres auneesde la persecution, obtinrent promptement de la grAce divine le bienfait de la paix. La Providence eut egard a la simplicite et a la foi des cliretiens qui y demeuraient. Alors, cbose jus(ju'f\ ce jour inoule, on vit le moiide romain divise en 'deux parties. Tous les freres vivant dans Tunc jouissaient du rcpos. Tous ceux ({ui liabitaient I'autre etaicnt en- core obliges cY des combats sans nombre (3). » L'liistorien, intcipretant les secrets conseils de la Providence, send)le dire qu'une foi plus simple, une (I) " III (l(Mii()Uil);iiii Doiiali. » Conlrtt Cresconiiim, HI, 30. 12) '< Qui;i l)asilic,;e iiccdum fiKM'aiii restilutae » l)c sriiistii. donat., I. (3) Eiisebc, Be mart. Pal., 13, Vl-Vi. ABDICATION DE DIOCLETIEN ET DE MAXIMIEN. 23 piete plus austere, avaient lueiite aux cliretientes oc- cidentales la grAce d'une prompte delivrance, tandis que les dissensions intestines, la corruption d'esprit et de moeurs qui regnerent a la fin du troisieme siecle dans les Eglises d'Orient, appelaient encore sur elles unelongue et cruelle expiation. 24 LES CHRETIENS DEPUIS LABDICATION. 11. Nouveaux edits de persecution en Orient (306). Le ciirieux episode que nous allons raconter vient confii'mer les paroles d'Eusebe, en montrant que des fideles etaient encore immoles, a la fin de 305, dans les Etats de Gaiere, et que d'antres y demeiiraient as- ireints an travail penal des mines. Apres que les aflaires de raJjdication eurent ete re- ii'lees, Gaiere dut quitter Nicomedie pour les provinces danubiennes, inquietees par les Sarmates (1). Il passa la fin de Fannie dans ces rudes contrees, ou s'6tait dej^ ecoulee la plus grande partie de sa vie d'empe- reur. L'adrainistration des carrieres de marbre que le fisc y possedait attira naturellenient ses regards. On sait quelle etait Tiniportance de cette nature de pro- prietes publiques, dans un empire ou les constructions somptuouses, temples, palais, tliermes, portiques, tli^Mres, s'elevaient de toutes parts, decoraient les moindres villes perdues sur les sommets des monta- gnes comnie dans les sables des deserts, et ourhumble forum de la plus petite bourgade renfermait parfois plus de statues qu'uue capitale moderne. Des immen- ses carrieres ouvertes sur toute la surface du monde romain s'expediaient sans cesse, pai'fois tout tailles et (1) Tilleinont, IJistoire des Emperciirs, t. IV, p. 89. NOUVEAUX EDITS DE PERSECLTION EN OREENT. 25 prets a Hvc mis eii place, colonnes, chapiteaux, cor- niches, vasques de fontaines. Des oiivi'iers do diverses categories etaient attaches k ces exploitations, sous la direction desurvcillants oudecontre-maitres auxquels la langue populaire donnait le nom de pliilosophes (1). La derniere classe de ces travailleurs. vouee aux obs- curs et peniljles labeurs qui s'accomplissaient dans rinterieur de la mine, avait une condition analogue a celle de nos forcats ou, si Ton veut une comparaison plus topique, ressemblait aux condamnes de la Sibe- rie : c'etaient les damnati ad metalla, esclaves de la peine, selonl'usagejuridique : parmieuxse trouvaient de nombreux chretiens, punis des travaux forces pour avoir confesse leur foi. L'autre categoric d'ouvriers se composait de travailleurs libres, ou du moins de- gages de tout lien penal. Ccux-ci avaient leurs habita- tions etleurs ateliers autour de la mine : cette popu- lation laborieuse formait par son agglomeration un grosbourg, presque une petite ville, ou ne manquaient aucun des agrements de la civilisation romaine (2; . Les travailleurs libres dune des carrieres panno- niennes que visita I'empereur etaient au nombre de six cent vingt (3) : si Ion y joint les femmes, les en- fants, les soldats, les commcrcants de loute.sorte, on pent imaginor autour do la mine une population de (1) Cf. (1« Rossi, Bull, (li arch, crist., 1879, p. 57-59. (2) Voir les Der nicies Persecutions du iroisiciuc siecle, p. 62. {'i)PassioS.S. Quatnor Coronaiorum. V{. Hull, di arch, crist., 1879, p. 53. 26 LES CHRETIEXS DEPUIS L ABDICATION. plusieiirs niilliers de personnes. Les plus hal)iles de ces artisans (auxquels on eut donne de nos jours le noni d'artistes ) etaient capablcs de sculptor des bas-reliefs et memo des statues. On comptait parmi oux cinq Chre- tiens, Claude, Castorius, Symphorien, Nicostrate et Simplicius; les quatre premiers avaient ete convertis par les secretes exhortations de Teveque d'Antioche, (jyrillo, qui travaillait enchaine dans la mine depuis le commencement de 303 (1); le cinquieme s'etait trouve gag-ne a la foi par Texemplc de ses compagnons. WiQii que fermes dans lours croyances, au point de n'attaquor le marbre qu'apres avoir trace sur leurs poitrines le signe de la croix, les cinq sculpteurs ne re- fusaient de faire aucun des travaux qui n'etaient pas absolument defendus par TEglise. Non seulement ils taillorent des lions, des aigles, des corfs pour des fon- taines, mais encore ils n'eprouverent aucun scrupule ;\ sculpter pour des monuments semblables, sur I'ordre de Tonqiereur, des Amour^ et des Victoires [Victorias el Cupidities). C'etaient la de simples ornenicnts, des figures d^coratives, auxquels n'etait attach^e aucunc idee dc culte (2). Los cinq artistes pannoniens con- seiitirent memo a sculpter uue image du Soleil monte sur son char et emporte par ses coursiers [simtdacrum SoUs cum quadriga) (3) : representation appartouaut (1) Voir I. i, ]>. 17'>. (2) Tcrliillieii, Adversiis Mnicioncm, II, 2. Cf. de U(tssi, Roma sot- lerrancu, t. II, \k 352; I. Ill, p. 558. (3) Ell L-liidianl les Acles dc cos saints (<|iii fonncnl la lUTmitMC par- lie du rt'cil coiDinunenieiil appele I'assio SS. Qualnor ('oron(Uonini), NOUVEALX EDITS DE PERSECUTION *EN ORIENT. 27 au cycle cosmique, quin'avait pasun sens absoliiment idolatrique. et que les premiers chretiens toleraient Illume sur leurssarcophages (1). Mais on leur demanda ensuite un Esculape destine a 6tre place dans un tem- ple; ils refusercnt de le faire parce que c'etait une idole [Asclepii simulacrum non fecerunt). Traduits de- vant un juiie, ils confesserent leur foi, et ne purent etre contraints a sacrifier au « dieu de Cesar, » c'est- a-dire k I'imag-e du Soleil taillee de leurs propres mains. Le 8 novembre, par I'ordre de I'empereur, on les enferma vivants dans des cercueils de plomb, et onlesjeta a la riviere. Pen de jours apres, Teveque Cyrille mourut de douleur en apprenant la mort des cinq genereux artistes qu'il avait naguere enfantes h Tilleinont n') a vu qu'iin lissu de contradictions etd'inipossibilites. « lis font faire a ces saints, dit-il, des statues du Soleii et des Cupidons et leur font refuser de faire un Esculape jusqu'a aimer niieux niourir. » Le grand critique etait trop jans^niste pour coniprendre la conduite de I'Eglise primitive dans ses rapports avec I'art antique. « Ce qui lui semble incoherence inacceptable et preuve manifeste de faussete estau contraire, dit M. de Rossi, un indice eloquent de ce que les parties subs- tantielles de ce recit ont d'antique et de sinci-re. La distinction si pre- cise entre les ceuvres d'art qm etaient considerees comme de simples ornemenis et celles qui etaient proprement idoUtriques a ete faile par le severe Tertullien et par les canons attributes a saint Hippolyte: elle est confirmee par I'examen des monuments iconographiques crees. adop- tes ou toleres par les premiers Meles. Cette distinction precise, ainsi mise en sc^ne et en action, exemple pratique, pour ainsi dire, de cas de conscience resolu par cinq ouvriers Chretiens du temps de Diocle- tien, donne un grand prix ii ces Actes, et est une des prcuves intrinsfe- ques de la verite de leur recit, au moins quant k la substance et aux circonstances principales. « Jiull. di archeol. crist., 1879, p. 49. (1) Roma sotterranea, i. Ifl, p. -iiS. Cf. men livre sur I'.irt paien sous les empereurs Chretiens, p. 250. 28 LES CHRETIENS DEPUIS LABDICATION. la foi (1). Leur liistoire fiit ecrite par un agent du fisc, iiomme Porphyre (-2), employe au recensemeiit que Galere faisait operer dans la Pannonie, et liii- m6me chretien (3). (1 ) « Afdixit se, et Iransivit ad Dominum. » — M. de Rossi voit une preu ve danliquito dans la mani(;re simple et laconique dont il est paile de Cyrille et des autres condamnes ad metalla : rauteiir n'a pas besoiti d'insistcr sur le detail, et se contente dune simple allusion comme pour un fait contemporain. Jiull. di arch, crisl., 1879, |>. 54. (2) « Censualis a gjeba actuarius nomine Por|)hyreus gestam scripsit. » Manuscrit de la Bibliothrque nationale, 10861 ; cite' dans Bull, di arch, crist., 1879, p. C9. M. de Rossi commente ainsi ce texte : « Dio- cletien elablit un nouveau cans, dont Lactance a d^crit la rigoureuse et Inique ext'-cution : agri glehatim iiielicbanl nr {De mart, pers., 23). En Pannoiiie les fonds ruraux payaient le tribut en raison de leur fer- tilite supposee, ad moduin ubertalis : revaluation avait pour base la mcnsuralio (Hygin, Be limit. consHt., dans Lacbmann, Agrimens., p. 205). Le nouveau recensenient glehatim ordonne par Diocletieu fut execute par Galore dans cette province. Done le censualis a glcba actuarius convient au temps oii Galere gouvernait la Panno- nie; alY actuarius (notairc) Porpbyre, specialement altacbe au recense- ment glebulis, ne pcut avoir ete inventt^ par un ecrivain legendaire du moyenige; a cette epofjue, au contraire, Vactuarius fut transforme, dans les copies de la Passion, an i)hilosoj)hus. » (8) Les Actes donton vient de lire le resume ont etc publics d'abordpar Mombrilius, en 1480 {Vitx SS., t. I, i>. IfiOet suiv.); Baronius, les ju- geant pen si'irs, y (it seulcmcnt allusion dans ses Aiinalrs, adann. 303, jJ 1 1 J ; Tillemont lesdedaigna comme nn roman d'epo(|ue barbare (Mem.. t. IV, note VI sur saint Sebastien). lis ont ete de nos jours remis an lu- iniere et serieusement etudies par Waltenbacli, Utio, Renndorf. Max Rlidinger 'l870)etEdm. Meyer (1878), qui en ont discute les diflicultes clironologiques et ont fait ressortir la vraisemblance archeologique du recit. M. de Rossi a rd'sume et complete ces etudes, en a|>portant la so- lution des principales dif(icult(5s dans son llullellino de 1879; il a montre que les fails se sont passi's au mois de novembre 305, puisque rev(^(|ue Cyrille, envoyeaux mines de i'annonie des le conunencemeni de 303, est dit y avoir vecu environ trois ans, et eut, avantla lin de cetl(! mcmc annec 305, un successeur sur le siege d'Anliocbe; de cette date bien etablie ressorl la necessite de corriger Diocletieu, qui est NOUVEAUX EDITS DE PERSECUTION EN ORIENT. 29 Cependant le caractere exceptionnel de ce martyre pent se concilier avec iin ralenlissement de la perse- cution ; remoiion qu'il parait avoir causee semble montrer qu'oii effet les rigQeiirs etaient devenues, meme en Orient, moins frequentes et moins generales a la fin de 305. Comme on va le voir, les Eglises de ces pro- vinces, destinees a soufPrir si lonctemps encore, purent, dans les premiers mois qui suivirent retablissenient du nouveau regime, se tromper surle sort quiles attendait. Les Chretiens etaient dejA si nombreux dans cette partie de I'empire, particulierement dans le diocese d'Orient, devenu Tapanage de Maximin Daia, qu'un souverain improvise. , sans racines , sans prestige , comme etait le neveu de Galere, se croyait d'abord oblige de compter avec eux. M^me s'il etait resolu a persecuter et oblige par ses engagements a se faire linstruraent des liaines de son patron, le nouveau Cesar devait altendre d'etre plus affermi avant de de- clarer la guerre a une partie considerable de ses su- jets. Aussi voulut-il, par son premier acte public, apai- ser les ressentiments et endormir les defiances de ceux en qui son prejuge paien redoutait des ennemis, en se faisant accompagner d'une sorte d'amnistie religieuse. II est difficile, en effet, d'interpreter antrement un acte qu'il resumera lui-meme, quelques annees plus tard, en ces tcrmes : nomme dans Iss Actcs, on Gal.-if, seiil niaitre do la Paiinonic a cetti- epoqiio posterieurc a I'abdication de Dioclelien; de senihlables confu- sions de personnes, qui font noniiiier un ciui.crcur au limi dun autre, sonl frequentes dans les recits liaj^iographiques. 30 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATIOX. « Quaiid, pour Li premiere I'ois, jc vius en Orient, .sous d'heureux auspices (1), j'appris qu'un tres grand nombre d'hommes (2), qui auraicnt pu etre utiles a la Republique, avaient ete relegues en divers lieux par les juges. J'ordonuai a cliacun de ceux-ci de ne plus sevir cruellement contre les provinciaux , niais de les exhorter plutut par de bienveillantes paroles a revcnir au culte des dieux. Tant que mes ordres fu- rent suivis par les magistrats, personne dans les con- trees d'Orient no fut plus relegue ou maltraite ; mais plutot ces provinciaux, gagnes par la douceur, re- vinrent au culte des dieux. » Un tres prochain avenir montrera la faussete de cetto derniere phrase, commc aussi le pen de since- rite de Facte dont se vante Maximin, Ses paroles lais- sent voir, cependant, un fond d'illusion que peut seule cxpliquer I'lnexperience d'un jeunc Cesar. Ardent palen, il semble avoir cru pendant cpielque temps que sa religion avait encore en elle-m6me des forces de seduction qui lui permettaicnt de lutter contre la doctrine chretienne sans le secours de la vio- lence, (^ette foi naive dans le pouvoir des dieux est attestee par les contemporains. « Les sorciers et les magiciens, dit Eusebe, recevaicnt de lui les plus grands bonneurs : il etait Ires superstitieux, enti6rement li- vre a la vaiue adoration des statues et des demons. II nisl. IlccL, IX, '.), 13. (2) ID.EiffTou; Twv dvOpioTioJv. l/jiil. NOUVEAUX EDITS DE PERSECUTION EN ORIENT. ru n'osait rien commencer, rien toucher du Jjout dii doigt, pour ainsi dire, sans avoir recours a la di\ination et aux oracles (1). » « Tous les jours, ajoute Lactance. uii sacrifice etait offert dans son palais. La viande presen- tee sur sa table ne provenait pas d'animaux tues par ses cuisiniers, mais immoles par les pr6tres : on n'y servait rien qui n'eul ete d'abord offert devant les au- tels ou arrose du vin des libations (2). » Les historiens rapportent a un autre moment de son regne le soin qu il eut do reorganiser dans toutes les provinces et meme dans toutes les villes les sacerdoces paiens. Mais le dessein de ces reformes etait peut-etre des lors ar- rete dans son esprit : et probablement, dans son desir de relevcr la splendeur du cnlte, s'occupa-t-il tout de suite a restaurer les temples qu'un abandon chaque jour plus marque laissait deja partout tomber en ruiues, et a en construire de nouveaux dans chaque cite (3). Les Chretiens avaient un tel besoin de reprendre ha- leine et de se reorganiser eux-memes. qu'ils mirent tout de suite a profit la treve accordee par Maximin , sans se demander si elle serait de quelque duree. Dans la premiere moitie de 306, Pierre, eveque d'Alexan- drie, publia une serie de canons disciplinaires, par lesquels il reglait la situation des fideles de son Eglise qui avaient plus ou moins completement faiili dans (1) Eusebe, HLst. Led., Mil, 14, 8. (2) Lactance, De inorl. pers., 37. (3) Eusebo. Uisl. b'ccL, VIII, 14. 'J. 32 LES CHRETIENS DEPUIS LARDICATIOX. les deux annees precedentes (1). Ce document est un des plus curieux et, a certains egards, un des plus touchants qui soient restes de cette epoque troublee. II offre un singulier melange de ferraete et de mise- ricorde, de s^verite et de tendresse, et remct une fois de plus sous nos yeux ces principes de moderation vraiment maternelle qui guiderent toujours FEglise dans ses rapports avec ses enfants tombes, si differents des exces de rigueur ou des a])us d'indulgence aux- quels se porterent les heretiques. Les Chretiens qui n'ont pas commis la faute de se presenter eux-m6mes aux juges, mais, arr^tes, ont ced^ a la violence des tourments, sont ol^liges a trois ans de penitence et quarante jours de jeune (2). Ceux (|ui ont succombe, non a la torture, mais seulement aux souffrances ou anx ennuis de la prison, ou ce- pendant ils etaient secourus par les aumones des freres, devront faire penitence pendant un an de plus (3). Quatre autres annees seront infligees aux coeurs plus faibles encore qui ont apostasie sans avoir m6me passe par la prison, et que Teveque compare au figuier ste- rile maudit par le Seigneur (V). D'autres, pour eviter le sacrifice, avaient feint d'etre epileptiques, ou pro- mis par 6crit qu'ils obeiraient, ou envoye des patens Jeter en leiir nom I'enccns sur Fautel : ceux-la feront en pins six mois de penitence, (piand meme des con- (1) Roulli, Keliquuv xacnc, I. IV, \>. 23 el suiv. (2) Canon 1. (3) C;inon 2. ('i) Canon 3. NOUVEAIX EDITS DE PERSECUTION EN Oliir.NT. 33 fesseurs Irop empresses, comme cinqiiante ans phis tot a Carthage (1), knir auraicnt accorde ties leth'es de communion (2). Des niaitres chretieiis avaient eii- voye des esckives a leur place devant le juge, et ces esclaves avaient renonce a la I'oi : ccux-ci devront se repentir pendant un an (3), et les maitres qui ont la- chement abuse de leur pouvoir et nieprise les recom- mandations apostoliques ( V), pendant trois (5). Mais il est des fideles qui, apivs une premiere apostasie , se sont releves d'eux-memes, sont retournes an combat, ont souffert Temprisonnement et les tortures : « ils sei'ont recus avec joie a la communion , tant des prieres que de la reception du corps et du sang-, et a la predication (6). » D'autres chretiens ont ou|^ie que le Seigneur commanda de ne pas s'exposer a la ten- tation, ordonna a ses disciples de tuir leurs ennemis de ville en ville, plusieurs fois evita lui-meme ceux qui le poursuivaient, et qu'a son exemple Etienne et Jacques attendirent d'etre arretes, comme aussi Pierre, <( qui fut crucifie a Rome, » et Paul, qui fut decapite dans la m^me ville : tenierairement, contre la disci- pline et tant de grands exemples. ces iideles ont ete d'eux-memes s'off'rir aux juges : m;iis ils I'ont fait par zele, peut-etrc par ignorance : aussi devronl-ils etre (1) Voir Hisloire des persecutions pentldn' la premiere moHie du troisieine siecle, p. 3i0. (2) Canon 5. (3) Canon 6. (4) Cf. saint Paul. Kplies., VI, It; Coloss., l\\ I. (5) Canon 7. (G) Canon 8. V. 3 34 LES CHRliTIENS DEPl IS LABDICATIOX. recus aLiconiminiion (1). Quant aux clercs qui sesont rend us coupables de la meme imprudence au lieu de s'appliquer au salut des Ames et a leur ministere, ils recoivcnt anssi leur pardon; cependant, si leur teme- rite a ete suivie de I'apostasie , ils ne pourront plus exercer les fonctions clericales , encore qu'ils se soient releves par un nouveau combat (2). iMais, en blamant ainsi le zele temeraire, Teveque d'Alexandrie n'etend pas ce bl4me a ceux qui , temoins des proces et des souffrances des saints martyrs, se sont declares Chre- tiens dans un mouvement de uenereuse emulation, ou, au contrairc, ont fait cette declaration pour protester contre I'apostasie de quelques-uns de leurs freres et enduro« a leur place les ongles de fer, les fouets, les feux, ou I'eau (3). Quant aux infortunes qui ont suc- combe A la peur ou a la souffrance, leveque approuve que Ton prie pour eux (4-). U exclut de toute censure les Chretiens qui ont paye pour n'^tre pas poursuivis, et ainsi montr6 au moins leur mepris pour I'argent. Aucun reproche ne doit atteindre ceux qui so sont de- robes a la persecution par la luite, quand meme d'au- tres auraient 6te arr^tes h. leur place : Paul n'a-t-il pas ete contra int de laisser Gains et Aristarquc aux mains de la populace d'Ephese? I'evasion de Pierre n'a-t-ellc [)as ete cause de la mort de ses gardes? les saints Innocents n'ont-ils pas peri au lieu de I'Enfant fl) Canon '.). (2) Canon 10. (3) Canon II. {i) Canon r.>. NOLVEAUX EDITS DE PERSECUTION EN ORIENT. :ii Jesus (1)? Enfin, des confessoiu's eiiiprisonnes en IJbyo oil ailleurs avaient soumis le cas de chretieiis a qui Ton Jivait iait avalei' de force le viii du sacrifice, ou dont on avait tenu la main pour leur faire offrir de Ten- cens : ceux-ci n'ont point I'ailli, meritent d'etre hono- res comme confesseurs, et peuvent memo etre prouius an ministere ecclesiastique (•2). Au moment on, quelques semaines avant Pdques (3), Pierre d'Alexandrie pujjliait ces canons, qui suppo- sent une Eglise en train de refaire ses cadres detruits, de reconstituer son clerge, de soumettre a la disci- pline les diverses categories de ses penitents, le calme necessaire a I'application de regies si sages allait su- bitement cesser. Maximin n'avait pas tarde a s'aperce- voir que le paganisme, meme avec des temples ne'ufs et des pr6tres combles des faveurs imperiales, ne pou- vait lutter par ses seules forces contre une religion qui s'emparait de toute Fame et survivait a la destruc- tion de ses sanctuaires, a la dispersion ou a I'immola- tion de son clerge, aux chutes memes de ses enfants, aux maux de toute sorte infliges a ses sectateurs. Aussi la tr^ve dictee par une politique oii se mi^lerent peut- 6tre k doses egales Thypocrisie, la peur, quelque Iiu- manite et de naives illusions, ne fut-elle pas do lon- fl) Canon 13. ■,2) Canon U. (3) « Puisqne nousappioclions ilc la ([ualrienie Pdque depuis le, c.)ni- inoncenitnt dc la persecution, » dit le preaniljule des canons. Ccllc-ci ayanl (oininencti [leu avant Pdques 3 i3, la ciuatrieme Pdqiie est telle de 30G. 36 LES CHRETIENS DEPUIS LABDICATION. giie duree. Galere, qui avait permis au jeune Cesar de tenter celte experience vouee a linsucces, et avait pro - bablcinent laisse la persecution sonimeiller aussidans ses propresEtats afin d'aider le nouveau regime cis'e- tablir sans secousse, n'aurait point souffert nne du- rable interruption de la lutteengagee contre le chris- lianisnie. D'ailleurs, la colere avait deja envalii Fame de Maximin, qui, deconccrte par la vanile de ses ef- forts, va dovenir, dit EuseJje, nnpersecuteur plus cruel et plus passionne qu'aucun de ses predecesseurs (1). Anssi, des les premiers mois de 300, la guerre re- ligieuse reprit-elle en Orient avec nne nouvelle ar- deur. Eusebe , qui etait alors a Gesaree, raconte ce qu'il vit durant « cette troisieme ann6e de la perse- cution generale (2) ». « Dans toutes les provinces de Maximin, dit-il, furent envoyes des edits de ce tyran, commandant aux gouverneurs de contraindre les liabitanis do Icurs villes a sacrifier publiquement aux dieux. Des herauts parcoururent les rues d^ C^saree et convoquerent les chefs de famille dans les tem- ples par ordrc clu gouverneur. En outre, les tribuns des soldats iirent, d'apres des registres, Tappel no- minal. Tout ('lait boulcverse par nn orage incxpri- niable (."Jj. Cette deuxi6mc declaration de guerre eut MaxiMiin pour auteur (Ip). » Eusebe parlc seulement (1) Ensi'be, Hist. Ikcl., VIH, 14, '.i. (2) TptTw ToO y.aO' r,[j.i; Ixe\ oiwyaou. Eiisclic, /)c iiidii. I'd I., 't. 8. (3) Ibid. (4) AeuTEfa; yap TCt /a'j' ■r^\i.Gi') Y£vO[j.£v/); J7:ava<7T7.ijS(iK Otto Ma^i[J.{voy. Ihld. NOL'VEAIX EDITS DE PERSECUTION EN ORIENT. 37 ici des faits clout il iiit lemoin, car, a la meme epo- que, 1(! noiivel edit etait publie aiissi dans Ics Ktats de (ialere : on no pent douter que les denx souve- rains ne se fussent mis d'accord poor recommencor de concert les liostilites, on plutot que Galere n'ait ete le veritable auteur de 15. reprise de la persecution. Les Actes du centurion saint iVcace, en garnison dans Ja Thrace , aux environs d'Heraclee ou de Pe- rinthe, et martyrise le 8 mai, a Byzance, disent que le gendre de Diocletien, c'est-a-dire Galere, « excita una troisieme fois la persecution contre les serviteurs de Dieu (1) ». Celte expression n'est pas contradic- toire de « la deuxieme declaration de guerre » dont vient de parler Eusebe a propos de Maximin : Tbis- torien n'a en vue que les deux phases successives de la persecution generate , son commencement en 30i et son renouvellemeiit en 30G; tandis que le re- dacteur des Actes rappelle la part decisive que trois fois Galere prit aux maux des chretiens, d'abord en decidant Diocletien aux edits de 303, puis en lui imposant la persecution de 30V, enfin en reprenant celle-ci apres Tabdication des deux premiers Augus- tes. L'edit publie en Thrace « ordonnait, dit Fhag-io- g'raphe, que danstoutes les villesceux qui refuseraient d'honorer les dieux fussent livres au dernier sup- plice. Les chefs de larm^e devaient aussi traduire devant leur tribunal et condamner a mort tout soldat ;i) Acta S. Acacii, 1, dcins AclaSS.. mai, \. I, p. 7i32. 38 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. qui ne rendrait pas son culte aux divinites de Tem- pire (1) ». D'autres Actes emploient coiiime Eusebe I'expres- sion « secoiide declaration de guerre » pour indiquer la persecution renouvelee en Orient par Galere et Maximin. Bien que plusieurs details paraissent sus- pects dans le recit du martyre de saint Hadrien et de ses compagnons (2), le preambule semble inspire des documents historiques et peint de couleurs vives et naturelles Teffet produit par les nouveaux edits dans la capitale de la Bitliynie, devenue la residence habi- tuelle de Galere apres I'abdication de Diocletien : « Le tyran Maximien (Galere) avait resolu pour la seconde fois de persecuter les disciples du Christ. U entra bientut a Nicomedie dans le dessein de faire perir tons les fideles, et, s'etant rendu dabord dans un temple des dieux, il leur offrit des sacrifices et ordonna que tons les citoyens de la ville fissent aussi Icurs ofTrandes. Aussitot le peuple s'empressa de toutes parts pour obeir a ce commandement impie. Gette ville etait tres adonnee au culte des idoles (3), et tons los lial)itants sacrifiaient .V Tenvi dans les rues, sur les places publiques, dans I'interieur des maisons, au point que I'odeur et la fumee de ces nom])reux sacrifices remplissaient lous les lieux en- (1) Arid S. Acdcii, 1. — Sur les tli'laiils do cos Ados, voir Tillouioiit, Mcinoircs, I. V, nolo i, siir saint Acaoo. (2) Voir Tilloinonl. Mcinoircs, t. V, art. i,\ ot nolo i.\i sur la [lorsc- ciilion do Diocjj'liou. (3) Di-lail oxaci; voir I. I. j). 13. KOUVEAUX EDITS DE PERSECUTION EN ORIENT. 3'» vii'onnauts. Des crieurs publics parcouraient aussi tous les qiiarlicrs de la ville (1), proclamaut a haute voiv que tous les citoyens devaient, par Tordre des cmpereurs, offrii' des sacrifices e\ des libations aux idoles , et que les cliretiens qui seraient decouverts allaient etie livres aux flammes. Plusieuis person- nages de distinction I'urent ensuite designes pour vi- siter toutes les maisons, avec ordre, s'ils decouvraient quelques disciples du Christ, liommes ou femines, de les amener devant le tribunal du juse, afin qu'oii put les soumetlre aux plus allVeux supplices. Dautres envoyes de Tempereur repaudaient I'arg-ent a pleines mains pour engager les habitants de Nicomedie a de- noncer les chretienset ales livrer aux bourreaux. Alors on vit les voisins, les amis, les parents se denoncer mutucllement (2), entraines les uhs par lapptYt des recompenses, les autres par la crainte du supplice, des chatiments tei^ribles ayaut ete annonces contre ccnx qui cacheraient les chretiens (3). » De ces Actes se detache un episode admirable. Hadrien etait le chef des gardes de Galere : il etait marie depuis treize mois. Un jour, a Nicomedie, il assistait, aux cotes de I'empereur, a linterrogatoire de plusieurs chretiens qui avaient ete decouverts ca- ches dans une caverne pres de la ville. L'intrepidite de leurs reponses, le courage qu'ils montraient dans (1) Cf. Eusi'be, J)c mart. Pal., 4, 8; voir plus liaiit. p. :J(). (2) Cf. saint Joan Clirysostonie, Ilomilia LI. (3) Adas. Adiiani, 1, dans Sniius, VUx S.S., t. 1\, p. 88. iO LES CHRETIEINS DEPUIS LAr.DIOATION. les tortures, reloquence enflammee avec laqiielle ils parlaient du ciel, remiierent le cceiir du jeune offi- cier : il eiit coraiiie la revelation subite d'une vie morale qui lui avait ete inconnue j usque-la : ils'elanca au milieu des martyrs, en criant au\ greffiers : « Met- tez mon nom avec ceux de ces liommes respectables, car moi aussi je suis chretien, » L'empereur, irrite, le tit conduire en prison avec les confesseurs de la foi. Vn des esclaves d'Hadrien, qui avait assiste a celte scene, court en toute hAte avertir sa femme Natalie. Celle-ci, qui etait nee de parents chretiens, et qui professait le christianisme en secret, so sent trans- portee de joie : sou amour se transformc en quelque sorte, et la sevc surnaturelle. qui Talimontait a son insu, fait tout a coup de la jeune femme timide une creature nouveile, plus tendre que jamais, mais d'une lierolque tcndresse. Elle court k la prison, se jette aux pieds d'Hadrien, baise ses chaines, I'exhorte. Ha- drien la renvoie chez elle en lui disant : « Ma soeur, je tcprometsde tefaireprevenir, afin quetu sois presente a ma dernierc beure. » Natalie, apres avoir ])aise respectueusement les chaines des vingt-deux confes- seurs de la foi qui etaient enformes avec son mari, et leur avoir recommande Tame dc celui qu'ellc aime, revient verslladrieu, I'exhorte encore une fois, le salue, et retourno chez elle. « joyeuse, » disent lesActes. Au l)out (le([uel(jues joinvs, Iladricn apprend que son jugement approclie : il obtient du geulier la permission de se rendre secrtMement dans sa maison, pour avertir sa femme. Le voyant venir, celle-ci croit NOUVEAIX EDITS Dli PERSECUTION EN ORIENT. il que par line apostasieilarecouvre sa liberie : ellepleurc, et refuse de le rece\ oir. Hadrien la rassure : « Ouvre-moi , lui dit-il, ouvre-moi, ma Natalie; je viens te cher- cher pour que tu assistes avec moi a mon combat : ouvre-moi bien vite, car mes instants sont comptes, je ne te verrai plus, et toi-m^me tu regretteras de ne m'avoir point vu avant que je meure. » Persuadee par ces tendres plaintes, Natalie ouvre enfm ; et quand Hadrien t'ut entre dans la maison, « le mari et la femme s'agenouillerent Tun devant I'autre, par un sentiment de respect mutuel )>. lis se relevent bientot, et se rendent ensemble dans la prison. Natalie y passe sept jours, essuyant de ses propres mains les bles- sures des coiifesseurs enfermes avec son mari, et qui avaient dejn subi la torture. Hadrien est enfin appele devant le tribunal de I'empereur : sa femme I'y suit. On commence a le torturer. Natalie court I'apprendre aux confesseurs, (|ui se prosternent et prient pour lui; et, pendant toute la durec de la torture, elle ne cesse d'aller du tril)unal a la prison, des confesseurs El son mari, apportant aux saints, dans sa fierte, les reponses courageuscs d'Hadrien, et courant ensuite le retrouver, pour ne rien perdre de sa presence et de ses tourments. La torture tinie, elle rentre avec son mari dans la prison, quelle empiit de sa joie. Comme beaucoup de chretiennes y venaient pour soigner les martyrs , Tempcreur ordonna d'en renvoyer toutes les femmes. Natalie, pour demeurer avec Hadrien, coupe ses cheveux et prend un liabit d'bomme. Seule, alors, elle jMuse les plaies de tons, et, ce service fini. 42 LES CHRETIENS DEPUIS ^ABDICATION. revient s'asseoir aux picds cle son mari. « Je t'en prie, 6 mon seigneur et mon epoux, dit-elle, n'oublie pas ta femme, qui t'a assiste clans ton martyre, qui a prepare ton Ame pour le combat... Pour prix cle ma vie chaste et pure, permets-moi do mourir avec toi... Tu connais la perversite des habitants de cette ville, I'impiete cle Tempereur : apres ta mort, jc crains (jn'on nc veuille me livrer a un paien, et que notre couche nuptiale ne soit un jour souillee. » .leunc, belle, riche, de haute naissance, ce fj[u'elle avait prevu ariiva; apres Ic martyre d'Hadrien, Jirule vif en m6me temps que ses compagnons de captivite, Natalie fut demandee en mariage, avec lautorisation cle I'empereur, par un habitant de Nicomedie, officier superieur cle I'armee. II envoya vers elle, pour solli- citer sa main, plusieurs des femmcs les plus conside- raf)les de la ville. Natalie leur fait unc reponse eva- sive, et demande trois mois do delai; puis, entrant clans sa chambre, se prosternant pres de son lit , elle s'^crie : « Seigneur, abaissez vos regards sur votrc scr- vante, otnc permettez pas que la couche cle votre martyr Hadrieu suit profa ueo. » Elle parvient enfiu a s'onfuir, avec un grand nombre de chretiens; arriv6e par mer {\ ArgyropoHs, pres de Hyzance, elle s'agonouillesur le rivage, bris6e cle fatigue, et meurt apres avoir vu dans son SDiiiincil son epoux martyr (pii venait la chercher. .le ne pretends pas cjue tout soit histori(pie dans ce recit, mais jc ne ])uis ci-oire cjue tout y soit invente, car le compilatcur auonyme a (]ui nous le devons serail un Irop grand et trop delieat poetr. NOLVEAUX EDITS DE PERSECUTION EN ORIENT. 43 Hadricn, scion ses Actos, ctait nnsoklat; cepcndaiit cc n'est pas comiiio tel qiril a ete mis a mort. D'a li- tres recits nous montront que, conformemcnt aux: in- dications donnecs dans la Passion do saint Acacc (1), Ics militaircs clireticns furcnt poursuivis avcc rii;ucui' dans les Etats soumis dircctement k Galore.. On sc dc- mande comment, depuis la persecution speciale cxer- cee quelqncs annecs auparavant centre les Chre- tiens de Farmee, il en pouvait rester encore; niais il faut se rappeler que le mouvement des conversions n'etait pas arrete; d'aillcurs, le recrutement faisait entrer dans les legions des soldats nouveaux, dont plusieurs appartenaient a des families cliretiennes. Saint Theodore « le conscrit (2) » etait de ce uombre. (iregoire de Nysse a laisse de son martyre un recit suffisamment precis dans sa forme oratoire (3). Ne en Orient, cc jeune homme venait d'etre enrole, et se trouvait en garnison a Amasee, Tune des metro- poles du Pont. Sa religion , (c qu'il seinLlait porter gravee sur son front, » etait connue de tons; aussi, des la promulgation de Fedit « dans I'empire de Maxi- mien (Galere) et de son coUegue », Theodore fut-il (1) Voir i)lus liaut, ]>. :j7. (2) S. TJicoilonis tiro. lUiinart, [>. 5:51. (3) Saint Gre^oire de Nysse, De magno niarlijrc Tlieodoro. — II existc aussi des Actes de saint Theodore (Suriiis, Vitx SS., t. XI, p. 228), qui » sont dun style fort simple et tort Iton. » dil Tillemont (McOho/- res, I. V, art. sur siint Ths'odore d'Amasee), niais oflVent cependant quelques difficuUes (i/nV/., note ii; etLe BianI, les Acfcs des martiirs, p. 58i. Je ne ni'en suis pas scrvi, et jai suivi de tout point le ret it de re\ei|uc de Nysse. 44 LES CHRETIENS DEPUIS L'ARDICATION. traduit clevaiit lo prefet et i'lm des tribuns de sa le- gion. « D'ou te vient, lui domandercnt-ils, cette au- dace de t'opposer a la loi dc rempereur et de ne pas te soumettre en tremblant aux ordres des maitres? pourquoin'adores-tu pas conime veulent cenx qui nons iiouvernent? — .Visnore vos dieux, repondit intrepi- dement Theodore, on plutot je crois qu'ils nVxistent pas. Voiis vons trompez en honorant de ce nom de^ demons faux et menteurs : mon Dieu a luoi est le Christ, Fils unicjue de Dieii. Pour punir le culte que je lui rends, la confession que je fais de lui, frappez, dechirez , brulez; si mes paroles vous offensent, coupez ma langue. Car le corps doit par chacun de ses membres montrer sa soumission au Createur. » Les juges hesitaicnt a la vue dune foi si sincere et si genereuse ; un officier qui assistait k I'interrogatoire voulut faire preuve d'esprit : « Ton Dieu a-t-il done un fils, Theodore? est-il sujet, comme un homme, aux affections charnelles? — Non. repondit le martyr, Dieu n'engendre pas a la maniere des horames ; son fils est veritable, niais a en la naissance cjiii convicnt a un Dieu. Mais toi, maUnnireux, comment ton ])on sens ne se revoUe-t-il })as et comment ne l)aisses-tn pas la t6te en rougissant, quand ta proclames la di- \init6 d'une femme et que tu adores la mere de (louze (Mifaiits, duesse (juiconcoit et ({ui accouche avec la facility de la femello du li^vre ou du pore? » Le prefet se h.Ua d'interrompre : c Qu'on accorde a cet inscusr un pen de tcuqis pour reflrchir. Peut-titre, en examinaiit Ta (Faire ;'i loisir, dcvicndra-t-il mcilleur. » NOIVEAUX EDITS DE PERSECITIO.N E.N ORIENT. 45 Theodore, laisse cii liberie, employa cc temps de repit tout autremeiit que n'esperait le magistrat : il s'approcha d un temple de la Mere des dieux situe au milieu de la ville , au bord de la riviere Iris , et v mit le feu. Quaiid riiieendie fut apercu, le jeune soi- dat, loin de se cacher, se vanta tout haut de son acte. II ignorait probablement les regies de I'Eg-lise, defen- dant de tels attentats (1), et n'avait ecoute que la haine dun cuHir chaste pour un des cultes les plus impnrs du paganisme. Arrete et conduit sur-le-champ devant le tribunal, il repondit avec son intrepidite accoutumee; on I'entendit meme railler le juge qui, essayant par ious les moyens de le seduire, avail ete jusqua offrir au bruleur de temples un pontifical paicn. Comme ses railleries atteignaient meme les empereurs, dont il s'amusail a tourner en ridicule le litre et les fonctions de souveraius ponlifes, les magis- trals perdirent patience : on ratlacha a>u chevalct comme impie envers les dieux et irrespectueux envers les princes; les bourreaux se mirent a le dechirer avec des ongles de fer, pendant qu'il chantait ce versel du psaumc : « Je benirai le Seigneur en tons licux. ses louanges seront toujours dans ma bouche. » Con- duit ensuile en prison, ou de celestes visions vinrent (1) Rappclaiit a ce propos le canon CO du concilc dJUibcris, Tilk'- inoiit fail robservalioa suivantc : « Piiisr[ue Theodore, ayanl deja coii- fesse Jesus-Christ, lust toujours iiiorl sans cela, il ne totnbe pas sous la censure de I'Eglise, qui par cc canon paroisl avoir particulic'rement desapprouve ceux([Hi par des actions non necessaires attiroienl sur eux unc niort qu'ils cussenl pu eviter |>ar uhl- sage et humble modera- tion. » i6 LKS CHIIETJENS DEPUIS L ABDICATION. Fencourager aii dernier combat, il en fut tire bientot pour entendre la sentence qui le condamnait a etre brule vif (1). ' Le martyre de Theodore eut lieu probablement le 18 fevrier, jour ou il est iionora par les Grecs; apres lui, d'autres soldats de la memc garnison souffrirent aussi pour la foi : Eutrope et Cleonique, crucifies le 3 mars; Basilisque, decapite quelques mois plus tard (2). Pendant que ces scenes se passaient dans les Etats de Galere, ceux de Maximin Daia voyaient d'horribles exces. On pent rapporter a ce temps I'histoire d'nne noble femme, Julitta , qui, avec son enfant age de trois mois, passa de la Lycaonie, oii la persecution commencait a sevir, dans I'lsaurie, ou elle debutait avec non moins de rigueur, puis se refugia a Tarse, en Cilicie, ou un juge alroce,. apres avoir brise sur les marches de son tribunal la tele du petit enfant, fit decapiter la mere (3). Mais deja, dans une autre province, avait retenti la protestation d'heroiques jeunes gens, incapables de voir avec patience outrager (1) Dans la basilique des Euchaites, jnes d'Ainasee, oil son iiiartyic t'tait peint, on I'avait repivsente bruU' dans line fournaise ardenlc. Saint Gregoire de Nysse, De ma(jno martyre Theodoro, 1. (2) Acta .S,S.,mars, «. I, p. 335. (3) Theodori episcopi Iconil epistola ilc inarli/rio S. marlijiis Cijrici ct malris ejus Jitlitix; dans Ruiiiarl, p. U'il. — Cc nairaleiir, conleinpoiain de Juslinieii, attril)iie aiix cdils de Diocleticn la perse- culioii (|iii coiniiienruit. Mais en ^O'i le gouvcriieur de Cilicie s'appelail Maxiine, (aiidis que le juge de Cyr el de .lulilla porLi! le noin d'AIexan- dre. — Sur i(!S inarlyrcsd'eiifanls, voir /r\ Dcniirrcs Persecutions (lit troisieme Steele, p. 143. NOUVEAUX EDITS DE PERSECLTION EN OIUENT. 47 ];i foi et la vertu chretiennes. Eusebe est ici lui pre- , cieux temoin. Pres de lui , dans sa maison de Cesarec , un jeune homme de vingt ans lisait les saintes Ecrituies, an moment oii la voix du heraut appela tons les fideles au sacrifice. C'etait nn ancien etudiant en droit, nomme Aphien. Ne a Paga, en Lycie , de parents paiens, il avail suivi les cours de jurisprudence dans la savante et delicieuse Beyrouth (I), gardant parmi des seductions de toute sorte une exemplaire purete de moeurs. De retour dans sa ville natale, il s'effraya promptement des perils que ses croyances allaient courir dans la maison paternelle. Cesaree, dont I'ecole et la bibliotheque ecclesiastiques etaient celebres dc- puis Origene, kii pa rut le meilleur refuge pour sa foi studieuse(2). Mais ni les pratiques d'un rigoureuxasce- tisme, ni les etudes profondes auxquelles il se livrait, n'avaient eteint chez Aphien I'ardeur intrepide de la jeunesse. Des qu'il entendit retenlir dans la rue I'ap- pel sacrilege, il se leva, sortit secretement de la mai- son, penetra sans etre vn des sentinelles dans le palais du gouverneur Urbain, et arriva vers celui-ci au mo- ment ou, la patere a la main, le magistral se prepa- rait afaireune libation. Aphien luisaisitbrusquement le bras, et interrompit le sacrifice, puis se mit a lui (1) « Berylus civitas valde deliciosa et aiiditoria leguni babens, per quam omnia Roinanonim judicia slar-i videnlur. y> Tolius oibis de.s- criptio, dans Mullcr, Geogr. ntin., t. II, p. 617. Voir aussi saint Gre- goire le Tbaumalurge, Oralio panrg. (id Orig. (2) Eusebe, Demart. Palcsl., i, 2-7. 48 LES CHRETIENS DEPllS L ABDICATION, rcprocher ses erreurs, Fexliortaiit a quitt^^er le culte des demons pour celui dii vrai Dieu. Les soldats accouru- rciit, se jetereiit sur Faudacieux chretien, Faccablerent de coups et le conduisirent en prison. U y demeura une nuit et un jour, les pieds aux ceps, puis fut mene devant le gouverneur, qui lui conimanda de sacrifier, et, sur son refus, le fit mettre a la torture. Plusieurs fois on lui dechira les flancs, de maniere a laisser a nu les OS et les entrailles; sa bouche et son crchie recu- rent tant de coups de balles de plomb, que les chairs gonflees et meurtries etaient devenues meconnaissa- bles. Conime aucune douleur ne pouvait le vaincre, Urbain ordonna aux bourreaux de lui envelopper les pieds de linges imbibes d'liuile, et d'y mettre le feu. La peau fut consumee, les os apparurent, la chair fon- dait comme de la cire et coulait en gouttes briilantes. On put encore le ramener vivant dans la prison, puis, apr^s trois jours, le porter de nouveau devant le gou- verneur. Le martyr, interroge une derniere fois, re- pondit avec la meme fermete ; son corps demi-mort i'ut jete dans la mer (1). La suite du recit iic pcut so resumer; il faut tra- duire. « Ce qui advint alors, continue Eusebe, parai- jra incroyablc iceux qui ne Font pas vu de lours yeux. Et copendant je n'en puis derober la connaissance a laposterite, carpresquo tous b's habitants de Cesaree out etc toinoius du miracle. Certes, aucun sii^cle ne vit un ])areil prodige. Apres que les bourreaux eurent (1) Eusebe, De mart. Palest, 4, 10-13. NOUVEAUX EDITS DE PERSECUTION EX ORIENT. 49 jete cn pleiiie mor. dansrabimc, comme ils croyaieiit, ce saint et J>ienheurcu\ jeune homme, tout a coup un tel mouvement, un tel fracas ebranla non seulement la mer, mais encore le ciel, que la terre aussi et toute la ville de Cesaree en sentirent I'agitation. Au mo- ment meme decc soudain et merveilleux tremblement de terre, le corps du martyr, que les flots de la mer ne pouvaient garder, fut jete par eux dcvant la porte de la cite. Telle fut la fin de cet admirable Aphien, le second jour du niois Xanticos, quatre des nones d'avril (2 avril) (t). » Presque au meme moment, a Tyr, un jeune chretien, nomme Ulpien, apres avoir ete torture et cruellement battu, etait precipite dans la mer, cousu dans une peau de boeuf oii Ton avail enferme un cliien et un aspic (2). Quelques jours plus tard, dans une autre partie des Etats de Maximin, le frere d'Aphien. Edesius, mourut aussi pour le Christ. Plus age que le martyr de Cesa- ree, Edesius avail plusieurs fois deja rendu temoignage a la religion chretienne. Depuis le commencement de la persecution, il avail comparu devant divers gouver- (1) Eusebe, De mart. Palest., 4, li. Eusebe ajoute que la inort d'A- phien eut lieu un vendiedi. Mais le 2 avril 30G toinbe un niardi. II pent y avoir ici quolque confusion dans les dates. Divers inartyrologes latins ,inettent saint Aphien ie 5 avril, qui correspond en effet au vendredi. Les Grccs I'honorent le 2 avril. Les uns et les aulres peuvent sappuyer de lautoriti- d'Eusebe. Voir sur ces diflicultes Petau, /-(e doctrine iemporuin, 1. II, c. 32; Tillemont, Memoires, t. V, note i sur saini Aphien. (2) Eusebe, De mart. Palest.. .".. 1. V. 4 50 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. neurs et long-temps vecu en prison. II avait meme ete envoye par I'un d'eux aux mines de Palestine. La courte amnistie promulguee par 3Iaximin lui permit d'en sortir. A la reprise de la persecution, il habitait Alexandrie, et, revetu dii manteau des philosoplies, etudiait dans cette ville devenue le centre litteraire et philosophique du monde grec. Peut-etre fut-il, malgre les nouveaux edits, reste inapercu dans la foule des lettres, si son kme, ardente comme ccUe de son frere et aussi incapable de maitriser une genereuse indigna- tion, ne I'avait forc6 de se trahir. Le miserable Hie- rocles, qui du gouvernement de Palmyre avait passe a celui de Bithynie, ou il s'etait signale par sa cruaute envers les chretiens, etait alors prefet d'Egypte. II se montrait sans pitie pour les fideles, Non seulement il les poursLiivait avec acharnement, mais sa baine de sopbiste et de libertin prenait plaisir a les outrager de toutes les manieres. Les hommes les plus venerables etaient exposes cl ses insultes ; d'bonn^tes femmes, des meres defamille, des vierges consacrees aDicu, etaient livrecspar lui aux entrepreneurs de deliaucbe. Edesius ne put supporter ces infamies. Allant droit an prefet, par ses paroles et m6me par ses gestes il lui manifesta son degoiit. La vengeance ne se fit pas atteudre : Ede- sius fut mis a la torture, puis jete dans la mer, comme son frere et tant d'autres victimes de cette persecu- tion (1). Pendant ({ue cct b^rolque cbretien perissait k (1) Eusrbc, Be mart. Palest., 5, 2-3, NOUVEAUX EDITS DE PERSECLTIO.N EN ORIENT. 51 Alexandrie, rev^que Pierre inettait en pratique les humbles et sages conseils doiines a ses ouailles dans les canons que nous avons resumes, et vivait dans unc retraite inconnue des persecuteurs (1). Mais, alors comnie dans toutes les persecutions, la modcstie d'une telle conduite scandalisa des esprits emportes. L'ambi- tieux Melece, eveque de Lycopolis, affecta de conside- rer comme vacant un siege dont le titulaire se tenait cache. On assure que ce Melece avait naguere renie la foi : peut-etre n'y a-t-il la qu'une rumeur popu- laire, recueillie apres coup; cependant I'exemple de prelats traditeurs qui, par un singulier renversement de faits et d'idees, deviendront ailleurs les chefs du mouvement donatiste et les censeurs des doctrines moderees, nc permet point de repousser sans preuves une assertion reproduite par saint Athanase (2) et I'historien Socrate (3). Quoi qu'il en soit, Melece n'hesita pas a faire des ordinations ("i.) et a exercer le pouvoir episcopal tant dans le diocese d'Alexandrie que dans eeuxdequatre ev^ques, Hesychius (5), Pachumius, Theo- dore et Phileas. alors detenus dans les prisons de la (1) Socrate, Hist. lucl., I, 2G. — Pierre suivail eii ceci lexeniplf (I'un de ses plus illustre-; predecesseurs, saint Uenys; voir Ilistoire des persecutions pendant la premiere inoilie du troisieme siecle, p. 302. (2) Saint Atiianase, Apol. contra Arianos, 59. (3) Socrate, Jlist. EccL, I, 6. (4) Socrate, /. c, I, 26. (5) L'evt>qiie Ilcsychiiis est peul-titre le celebre correcteurde la Hible des Septante et du tcxtc des Evaiijiiles, dont I'edition fut universel- lenient acceptee en Egypte; voir saint Jerome, Ep. 109; Apol. II adv. Iiuf.;Prxf. inEv. ad Damasum. 52 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. metropole egyptienne. Les qiiatre prelats captifs lui adresserent vine lettre de remontrance, dans laquelle ils liii donneiit Ic noni de (c tres clier compagnoa de ministerc dansle Seigneur, » dileclus commmister in Do- mino. « Ils avaient, discnt-ils, entendu depiiis quelque temps de vag'ues rumeurs 4 son siijet; on raccusait de troubler I'ordre divin et les regies ecclesiastiques. Tout recemment ces bruits avaient ete meme confir- mes par iin grand nombre de temoins ; aussi se voyaient- ils dans la necessite d'ecrire cette lettre. Comment depeindre la tristesse el Feniotion caiisees par les or- dinations que Melece avail faites dans des dioceses etrangers? U connaissait cependant cette loi, si an- cienne et si conforme avec le droit divin et le droit humain, qui defend a nn eveque de faire nne ordina- tion dans un diocese qui n'est pas le sien. Mais lui, sans egard pour cette loi, sans respect pour le grand eveque et pere, Pierre, et pour ceux qui etaient dans leschaines, il avait tout bouleverse. Peut-6tre dira-t-il, pour sc disculper, que la necessite I'a contraint d'agir ainsi parce que les villages etaient sans pasteurs. Mais cette allegation etait I'ausse, car on avait inslitue plu- sieurs visiteurs, et, dans le cas ou ceux-ci eussent ete negligents, il aurait du porter raffaire devant les ev6- ques incarceres. Dans le cas ou on lui aurait dit que ces ev(^ques avaient deja ete executes, il aurait pu faci- lement verifier Ic fait; et m6mc, en supposant que la nouvclN' (le l<'ur inort eut ete averee, son devoir ^tait encore de demander au premier des l*eres (c'est-a-dire a Pierre, evr([U(' d'Alexandrie, qui avait juridiction jVOUVEAUX edits DE persecution en orient. 53 siir les Eglises de I'Egypte, de la Theliaiide et de la Libye) la permission de faire les ordinations. » Melece ne lit aucune reponse ^ cette lettre si ferme et si calme a la fois; malgre la libcrte dont il jouissait, car il avait pu parconrir sans obstacle les dioceses de ses collegues, « il n'alla voir ni les eveques incarceres ni le bienheureux Pieric (1) ». La lettre collective avait probablement ete redigee par le plus celebre des prelats captifs, Phileas, eveque de Thmuis dans la basse Egypte. II avait ete erapri- yonne en m6me temps qu'iin haut fonctionnaire d'A- lexandrie ( \c jnridicus ou rap/iSixadr/-?), Philorome, qui etait Chretien (2). Phileas hii-meme, un des plus riches personnages de sa province, avait jadis ete magistral, et gere au moins de hautes charges municipales (3) ; probablement il se convertit assez tard, amene peut- etre k la foi par Fetude de la philosophic, qu'il avait poussee fort loin (i). Nous voyons, en eifet, que tons ses proches et ses amis, sa femme m6me et ses enfants, (1) Ce recit des debuts du schisme iiielecien est emprunte aux docu- ments originaux decouverts par Maffei a Verone, irnprimes dans ses Ossercazioni Ictlcrarie, t. Ill, 1738, p. 11-18, puis par Routli, Be- liqiiix sacrx, t. Ill, p. 38 et suiv., et enfin jiar Heleie, Jiistoiie des conciles, iTdii. Delarc, t. I, p. 333etsuiv. Voir dansce dernier ouvrage, p. 335-3i3, les raisons de preferer les documents du manuscrit de Ve- rone, conlirmes et completes par saint Athanase et Socrate, a la version tres differente, et favorable a Melece, que donne saint lipiphane, Hx- res., LXVIll, 1 i. (2) Eusebe, Hist. EccL, VllI, 9, 7. Voir t. I, p. 5(J. (3) Eusebe, I. c. (4) JOid. 54 LES CHRETIENS DEPUlS LARDICATION. etaient encore paiens (1), Ses vertus, son merite, sa haute situation le firent choisir pour pasteur par les fideles de sa villc. Pliileas parait avoir passe en prison, avec Philorome ct les trois ev^ques ses coUegues, toute la fin de 306, car son proces ne sera instruit que par le successeur d'Hierocles, au mois de fevrier de I'annee suivante. Temoin, pendant de longs mois, des souf- frances des chretiens, il en a trace le tableau dans une eloquente epitre a ceux de Tlimnis, heureusement conservee par Eusebe. « Les bienheureux martyrs qui ont vecu avec nous... ont souffert pour le Christ toutes les douleurs, tons les tourments que Ton put inventer; et quelques-uns non pas une fois, mais plusieurs. Quand les soldals s'effor- caient de leurinspirer de la crainte, moins encore par leurs paroles que par leurs actes, ils ne se sont point laisse llechir, car la parfaite charite faisait evanouir la crainte. Quelles paroles exprimeraient leur courage au milieu des tourments? Tout le monde avail lapermission de les insulter ; on les frappait avec des verges, avec des fouets, avec des courroies, avec des cordes. Le specta- cle de leurs souCfrances changeait sans cesse, mais la malice de leurs ennemis restait invariable. Quelqucs- uns, les mains lieesderriere le dos, etaient etendus sur le chevalet, pendant qu'au moycn d'une machine on leur tirait tons les membres. Ensuite, par Fordre du juge, les bourreaux leur dechiraient, avec des ongles (I) Eiiseltc, Hist. Keel., VIII, 9, 8; Ada SS. Philex ct Philoromi, 1, 2, dans lUiinart, p. 5'i9-550. NOUVEAUX EDITS DE PERSECUTION E.N ORIENT. 53 de fer, non sculcmcnt les flancs, comme on fait aiiv ho- micides, mais Ic ventre, les jambes, et jusqu'au visage. II y en avait de suspendiis a iin portique par ime seale main, de sorte que la tension des articulations etait le plus ci'uel des supplices. Plusieurs etaient attaches a des colonnes, les uns vis-a-vis des autres, sans que leurs pieds portassent a terre, afin que la pesanteur de leurs corps serrAt de plus en plus leurs liens. lis supportaient cette torture non seulement pendant que le juge leur parlait ou les interrogeait , mais presque pendant une journee entiere. Quand il pas- sait a d'autres, il laissait des g"ens de Vofficiiim pour observer les premiers, et voir si I'exces de la soutfrance ebranlait leur resolution; il ordonnait de les serrer sans pitie dans leurs liens, et faisait trainer honteusement ceux qui expiraient. Car il disait que nous ne meritions aucLin egard. et que tons devaient nous considerer et nous trailer comme si nous n'etions plus des hommes. G'est Ici le second genre de torture que nos ennemis avaient invente pour le faire succeder aux coups. II y en avait, cependant, qui, apres avoir snbi la question, etaient mis dans les entraves, les pieds etendus jusqu'au quatrieme trou : ils etaient obliges de rester couches sur le dos, car les plaics dont leur corps etait tout convert ne leur permettaient pas de se dresser. D'autres, jetes par terre, y demeuraient etendus. brises par I'exces des tourments, et les traces de leurs blessures etaient encore plus horri])les a voir que le supplice lui-meme. Quelques-uns mouraient pendant latorture, et par leur Constance faisaient lioute 5t5 LES CHRETIENS DEPl'IS LAHDICATION. A, leur ennemis. Plnsieurs, rapportes demi-nior(s clans la prison, apres pen de jours y rendaient le dernier soupir. D'autres, ranimes par les remedes, ont vu leur courage croitre par la duree meme de la captivite. Aussi, quand on leur donnait ensuite le choix entre un honteux acquittement s'ils voulaient se souillerpar un sacrifice, ct une sentence capitale s'ils persistaient dans leur refus, tons, sans hesiter, allerent volontiers a la mort. Car ils savaient ce qui nous est commande dans les saintes Lettres : « Celui qui sacrifie aux dieux etrangers perira, » dit I'Ecriture; et encore : « Vous n'aurez pas d'autres dieux que moi (1). » Parmi les martyrs d'Alexandrie, il en est dont la vue dut causer, parmi le peiiple, un vif mouvement de curiosite et de surprise. Un solitaire de la The- balde, ApoUonius, n'avait cesse pendant la persecu- tion de visiter les chretiens de cette province pour les encourager au martyre. Mis lui-m^me en prison, plusieurs paiens vinrent I'y voir et insulter a ses souf- I'rances : Tun d'eux etait le joueur de flute Philemon, qui Faccabla d'injures. « Que Dieu ait pitie de toi, mon fils, lui repoudit doucement lanacliorete , et qu'il ne t"im])ute point tes paroles k peche. » Ce sim- ple et ali'cctucux langagc perca le coeur du musicien : converli, il courut au tribunal, et, s'adressant au gou- verneur de la Th^balde en presence de tout le peuple : « Tu agis iujustement, 6 juge d'iniquite, en punissant ces liommes religieux et amis de Dieu. Les (1 Euscbc, y//A7. hcil., VIII, 10. NOUVEAUX EDITS DE PERSECUTION EN ORIENT. 57 Chretiens ne font et n'enseignent aucun mal. » Lc gouverneur etait Arrien, dont nous avons deja ra- conte les cruautes (1), et qui recemment encore, au commencement dc 305, avait fait noyer le martyr Asclas (2). Sa premiere pensee fut que Philemon, qui, artiste favori du peuple, avait coutume de se croire toutpermis, faisait uneplaisanterie; mais,quand iU'entendit poursuivre serieusement surle memeton : « Tu viens d'etre pris de folic, Philemon ! » s'ecria-t-il. « Ce n'est pas moi qui suis fou, repondit le musicien, mais toi qui es insense, juge injuste, coupable de la mort de tant d'innocents. Je suis chretien, c'est- a-dire ce qu'il y a de meilleur. » Yainement Arrien essaya-t-il de le regagner par la douceur : Philemon restait inebranlable. On le mit a la torture. Arrien apprit que Tauteur de sa conversion etait Apollonius. Celui-ci fut amene, et torture plus cruellemcnt en- core. « Plut a Dieu, dit-il au gouverneur, que toi et tous ceux qui m'entendent , vous partageassiez ce que vous appelez mon erreur! » Arrien, furieux, con- damna Apollonius et Philemon au feu. « Seig^neur, ne livre pas aux betes les Ames de ceux qui ont confiance en toi, mais fais voir ta puissance et sauve- nous, )) s'ecria I'anachorete en montant sur le bii- cher. Tout d'un coup, un nuage creva au-dessus, (1) Rufiii, doiil nous suivons la narration, ne noninie ]ias le gouver- neur; mais ii est noinnie par Meta|»hraste, et son nom sest retrouve clans beaucoup d'aulres recits de martyres : voir t. I, p. 3ol. (2) Acta S.S.Janvier, t. II, p. 457. 58 LES CHRETIENS DEPUIS LABDICATION. eteignant les flammes. Le juge ct tout le peuple, sai- sis d'admiration, s'ecrierent : « II est grand , il est uni- que, le Dieu des chretiens; lui seul est imniortel! » La nouvelle d'un changcment aussi extraordinaire fut portee au prefet d'Egypte. Il envoya prendre, pour le conduire a Alexandrie, son ancien collegue Arrien, de persecuteur devenu Fadmirateur et Fami des chretiens, et avec lui Apollonius et Phi- lemon. En route, Apollonius convertit les gardes. Hierocles, exaspere, fit, des leur arrivee, jeter a la mer (1), avec Apollonius, toutle groupe des nouveaux fideles. « Les flots, dit le narrateur, leur furent non une mort, mais un bapteme (2). » (1) Le 7 mars, d'a])res les marlyroloses. [2] Rufin, Be vilis J'dirum, 19. Riiliii ajoute que les corps des mar- tyrs fluent rejeles par les (lots, et parlo des miracles qui se faisaient de son temps a leur tombeau. AVENE.MENT DE CONSTAMI.N ET DE MAXENCE (306). 59 III Avenement de Constantin et de Maxence (306.) Les premiers mois de 300 avaient ete en Orient remplis par la persecution ; d'autres soucis agitaient cependant son instigateur. La vengeance de Dieu se faisait deja sentir, non sur la personne, mais siir roeuvre politique des ennomis de I'Eglise (1). Diocle- tien et Maximien Hercule obliges de se demettre , Galere avait espere regner sur tout le monde romain, et, dans ce dessein, avait retabli la tetrarchie a sa guise; mais deja cette nouvelle construction mena- cait ruine, et la pierre meme qu'il avait tente d'en exclure allait s'y faire violemment une place, au risque d'ebranler tout I'edifice dans ses fondements. Constantin, traile naguere en ami par Diocletien (2), vivait maintenant pres de Galere avec les honneurs dus a son grade, mais considere comme un otage. ou meme comme un rival dont on cherche a se de- barrasser (3). Sa vaillance naturelle le faisait tomber aisement dans les pieges qui hii etaient tendus : tou- jours place dans les expeditions militaires au poste (1)« Jam propinquavil illi judicium Dei. secutunique lempus esl quo res ejus dilabi et fluere toeperunt. » Laclaace, De iiiorl. pers., 2i. (2) Eusebc, De vita Conslandni, I, 19. (3) "In insidiissfcpejuvenemadpelivcrat. » Lactance, De morl. pers., 24. « Hunc Galerius objccit ante pluribuspeiiculis. » Anonyine de Va- lois, 3. Cf. Eusebe. De rila Constanliui,}, 20. 60 LES CHRETIENS DEPUIS L'ARDICATION. le plus daiigereux, on le voyait tantut combattre corps a corps iin Sarmate d'nnc taille gigantesque, tant6t entrer le premier dans un niarais profond, entrainant I'armee apres lui (1); dans les f6tes de la cour, il ne refusait pas Tinvilation de Galere, qnand celui-ci I'engageait a descendre sur I'arene pour hitter contre nn lion (2). La main de Dieu le protegea dans ces ren- contres et dejoua les ruses de ses ennemis (3). Lui- mt'-me, cependant, sentait que Fheure etait venue d'echapper a une tutelle que sa fierte jugeait humi- liante et dont son courage m^me ne pouvait lui ca- cher les perils. Bien que vivant en simple particulier, tout entier a ses devoirs militaires, Constantin etait loin d'avoir renonce an rang ou Tappelait sa nais- sance [k). La sante declinante de Constance faisait prevoir I'ouverture d'une nouvelle succession impe- riale. Sur le point de prendre la mer pour une ex- pedition en Bretagne dont il craignait de ne pas re- venir, celui-ci reclamait son fils (5). Galere, qui avait plus d'une fois dejfl laisse sans reponsc les messages de son collegue, ne put resister plus longtemps. II (l)Anonymc de Valois, 3; Zonare, Ann., XII, 33; Proxagoras, dans Photius, Jiihiioth., 62. (2) n Sub oblenluexercitii ac liidi feris ilium objwerat. » Lactance, ])e mort. pers., ?A. Cf. Proxagoras, I. c, qui parlcd'un combat conlrc un lion. (3) « Dei manus iiomincni i)iote;i.''bat, i|ui ilium de manibus ejus li- beravil. » Lactance, /. c; cA'. Kusebe. De vita Constaiilini, I, 20. (4) "Cujusjania puero ingens poLcnsquc animus imjieritandi ardore agitabalur. » Auieiius Victor, l)c Cxsarilnts. (5) Lactance, J)c mort. pcrs., 2'» : Zosime, Ji, 8; Anonymn de Valois, 4; Auieiius Victor, I'.pilome. AVENEMENT DE CON'STANTIN ET DE MAXENCE (30G). Gl accorda enfin a Constantia rautorisation de partii' et lui remit le brevet qui liii permettait de disposer des relais publics. Cette autorisation etait a peine accordee, quclesoupconneux Aug-ustes'en repentit; mais, quand il voulut empechcr le depart de Constantin, celui-ci avait fui Nicomedie depuis la veille, et rendu la pour- suite impossible en emmenant ou en mutilant tous les chevaux de poste sur la route qu'il suivait (1). u Le fils de Constance venait de quitter la capitate de Galere an moment ou tout retentissait des gemis- seraents des Chretiens traines au supplice. Toutle long de sa route, en Thrace, en Norique, sur le haut Da- nube, les croix etaient dressees, les buchers en flam- mes, toutlappareil des supplices deploye. Dans beau- coup d'endroits, les bourg-s etaient depeuples , les Chretiens se cachaient dans les montagnes et dans les vallees (2;. » L'extreme hate avec laquelle voyageait Constantin (3) ne I'empecha sans doute pas de re- marquer le contraste entre ces provinces desolees et celles de Severe, ou la population chretienne, sans oser reconstruire encore les eglises en mines, avait quitte ses retraites et reparu au grand jour, et sur- tout les Etats de Constance, entierement epargnes par la tempete. Ce spectacle confirmait ses sentiments he- reditaires de tolerance, en lui mettant sous les yeux, par des nuances successives, le resultat visible et ma- (1) Laclance, De inoit. pers. (2) A. deBroglie, I'EfjHscet I'Empire roinain au quotrieme si'ccle, t. I, p. 193. (3} « Incrcdibili celcritate iisus. » Laclance, De moi t. pers.,?.i. (J2 LES CHRETIENS DEPL'IS L ABDICATION. teriel cles deux politiqucs. C'etait, conime on dit aii- jourd'hui, une « lecon de choses » , dont iin esprit penetrant et reflechi ne pouvait meconnaitrc la va- leur. Gonstantin, travcrsant rapidement la Gaule, arriva a Gessoriacum (Boulogne-sur-Mer) an moment on son pere allait s'embarquer. II Ic suivit en Bretagne, prit part a qiielqnes combats heureux contre Ics Pictes, et vit bient6t Gonstance tomber malade a Elaoracnm (York) (1). De sa seconde femme, ])elle-fille de Maxi- mien Hercule, Tempcrenr avait six enfants, mais tons en bas age, et incapables de lui succeder. Aussi ses esperances politiques s'etaient-elles reportees sur ce premier-ne, en qui semblaient revivre tous les souve- nirs de sa jeunesse. II eut le temps de le recomman- der aux soldats H de le designer comme I'heritier de son titre et de son pouvoir (2); puis, ces disposi- tions supremes etant prises, il expira le 25 juillet 306 (3). L'armec se rallia avec entliousiasme autonr du jeune et brillant officier dont elle av;dt apprecie d6jcl les qualit6s militaires, et le proclama Auguste (4). Gonstantin se liAta d'adresser aux autres princes, selon I'usage, son portrait entoure de lauriers. Galere (1) Eumfjne, Paneg., 7; Anonyrne de Yalois, 5. (2) Laclance, De mart, pern., 2i; Div. Insl., II, 4; Eusebe, Be vita ConsUnitini, I, 21; EimK-nc, Pancg.; Jiilieii, Orntio I ad Const.; Oro- .SO, V, 2G. (3) Sur cclte dale, voir 'i'illeinoiil., Hisloirr dcs l.'inpereiirs, I. IV. ]). (iI8, nolo IX surConstiuilin. (4) Eiiscbc, De viluConstontini, I, 22; Zosiinc, II, 9, dit seulemont qu'il iccut ia dij^nite d<; Cesar. AVEiNEMEM DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (306). 63 le recut avec une veritable fureur. II fiit au luonieiit de bruler Timage et le messager; mais ses amis lui representerent qu'un tel outrage amenerait la guerre, et que les armecs, mecontentes de tant de choix im- periauxfaits sans leur agrement, se rallieraient toutes autour du prince elu par Tune d'elles (1). Galere dut se resigner a reconnaitre Constantin. Mais c'etait Te- croulement de toutes ses esperances. Si Ton en croit ce qui se racontait des lors a Nicomedie ou plus tard dans Fentourage de Constantin, Galere avait ainsi regie I'avenir : son ami d'enfance et son plus intinie conseiller, Licinius, devait succeder a Constance avec le titre d'Auguste; Galere lui-meme, a Tcxpiration de ses vicennales, se retirerait comme Diocletien, fai- sant Severe Auguste en sa place, et donnant son ba- tard Candidien, que I'imperatrice Valeria avait adopte, pour collegue au Cesar Maximin ; il s'assurerait ainsi une tranquille vieillesse, que protegerait, « comme un mur inexpugnable », 1' accord de ces quatre person- nages qui lui auraient du toute leur grandeur (2). (1) « Panels ])ost dicbus laiireaUi iiiiai^o ejus adlalaest ad rnalain lu's- tiam. Deliberavit diu an suseipeiet. In eo pene res fuilnl illarn etijisuni <[ui altnleratexureret, nisi euin arnici ab illo tiiiorejfb'xissent, adnionen- tcs eiini iKM'iculi, quod universi inilites, quibus invitis ii^noti CcX'sarcs erant facti, suscepluri Constantinumfuissenl, alque ad euni concursuri aiacritale sumnia, si venisset aiinalus. » Laclance, Dc mart, pers., 25. (2) « Ilabebat ipse Liciniuin veteris conlubernii arnieuiu et a prima inililia faniiliarem, cujus consiliis ad omnia regenda ulebalnr... I'ostea in Conslantii locum nnncuparet AugnsUiin alque tratrcm, tune vero ipse pvincipalum leneret, ac pro arbitrio suo del)aecliaUis in orbem* ferrcC vicennalia celebraret, ac subslituto Cicsare lilio suo,quilunc crat no- vennis, el ipse dejioneret, ila cum imjierii snmmam leiierent Licinius 64 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. L'election de Constantin dissipait ce beau reve. Gn- lere, prudemment conseille, consentit enfm a la ra- tifier, et envoya la pourpre a son nouveaii colleg'ue (1); mais il temoigna sa maiivaise humour en lui refa- sant le titre d'Auguste, qu'il donna a Severe comme plus age, et en oblig'eant le fils de Constance a ne prendre place dans le college imperial qu'en qualite de Cesar, au quatrieme rang-, apres Maximin (2), Constantin, qui preferait aux apparences la realite du pouvoir et se sentait maitre de Favenir, accepta sans protester ce semblant de decheance. Un si grand ecliec exaspera les instincts cruels de Calere. A partir de ce moment, il devint vraiment « la mauvaise bete, » comme I'appelle Lactance. Le portrait qu'on a trace de lui est horrible. Il se croyait toutpermis: « Le vainqueur des Perses, disait-il, doit 6tre aussi absolu que les rois des Perses, qui ne con- naissent pas de bornes k leur pouvoir (3). » II se mit k trailer tout le monde comme il avail traite les Chre- tiens [\). Degrader les hommes eleves en dignite (5); acSt'verus, el socuiidum Caesaruiii noineu ]\r;ixiiniiuis el Candidianus, incxpiignabili iiuiro circumscptus secuiam el Iranquillain degcret se- neclutem. » Laclance, Pe viort. pers., 9.0. (1) « Suscepit ilaque imagiiiern admodmn iinUus, at(iue iiJsi purpurani misit, ut ultio ascivisse ilium in sociolatein vidcrctur. » Ibid., 25. (2) « Sed illud excogilavit, ul Sevcruin, qui eial selale niaturior, Au« guslum nuncuparet, Conslanlinum vero non imperatoreni , sicut cral factus, sed Ca;sarem cum Maximino appcUari jubercl, ut eum dc se- cundo ioeo icjiceret in quarlum. » Ihid. (3) Ibid., 21. (4) « Quie igilur in eliristianis e.xcruciandis diditeral, consuetudine ipsa in omncs excicebal. » Ibid., 22. (.">) « In primis iionores ademil. » Ibid., 21. AVENEMENT DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (30G). G5 torturer malgre Ics lois non seuloinent les decurions, mais Ics premiers magistrats des cites et jusqu'aiiv egregii et aux perfeclissimes (1); piinir de la croix, du feu ou des betes les moiudres offenses (2); fairedevorer sous ses yeux, pendant ses repas, les condamnes par des ours dresses a les dec-hirer lentement, membre a membre (3); n'accorder qu'a de rares privilegies, et comme un bienfait, la simple mort par le glaive. <( la bonne mort ( ii; » abuser des femmes libres ou nobles comme de viles esclaves (5); enfin, apres avoir epuise les provinces par des tributs leves avec la der- niere brutalite (6;, se debarrasser de ceux qui ne payaient pas, les mendiants, en les faisant conduire sur des barques en pleine mer et noyer (7) : n'e- (Ij « Torquebantiir ab eo noii tnodo decuiiones, sed primores etiaia civitatum, egregii ac pcifectissimi viri. » De mort.pcrs., 21. (2) « Etqiiidem incaiisis levibus alquecivilibiis, si moitedigni videren- tur. duces stabant. » Ibid. — « Nulla poena penes eurn levis, non insulie, non carceres, non inelalla.sed ignis, crux, feite, in illo erant quotidiana el facilia. » Ibid., 22. (3) « Habebat ursosferocise acmagnitudinis siue siinilliinos, quos toto imperii sui tempore elcgorat. Quotiens delectaii iibueral, horum ali- quem adterri noininalim juboiial. His boiniiies non i)Iane coineJenJi. .sed absorbendi objectabantur : <|uoium artus cum dissiparentur, ride- bat suavissime; nee unquam sine humano ciuore coenabat. » Ibid.. 21. (i) « In causa capitis animadversio gladii admoduin jiaucis quasi be- ncficii (loco) deferebatur, qui ob Vetera inerita impelraverant bouam mortem. » Ibid., 22. (.")) « Matres familias ingenufe ac nobiles in gynecccum rapiebantur. » Ibid., 21. (6) Ibid., 23. (7) « Mendici supererant soli, a quibus nihil exigi posset, quosab omni generc injuritC tutosmiseria et infelicilas feccrat. Atquin homo im|)ius miserlus est illis ut non egerent. Congregari omnes jussif, et exporlalos naviculis in mare mergi. » Ibid. V. r. 66 LtS CIIRKTIENS DEPUIS L'ABDICATIOX. fait-ce pas etcudrc, dans son avengle fiireur, a ses su- jets paiens les traitenients reserves jusquc-ltl aux seals Chretiens, et prendre plaisir a venger ceux-ci en fai- sant partager aux autres Icurs souffrances? On pour- rait multiplier ces rapprocliements, ou sem])le se mar- quer la justice de Dieu. Traeant le tableau de la persecution, saint Jean Chrysostome montre tout le monde contraint paries edits a d^noncer les chretiens qui se cachaient, sans excepter ni maris, ni peres, ni cnfants, ni freres, ni amis (1); au m6me moment, les agents du fisc, raconte Lactance, poursuivaient par- tout les contribuables, suspendant les fils au chevalet pour leur faire denoncer leurs peres, torturantles ser- viteurs les plus fideles pour les contraindre a trahir leurs maitres, les epouses pour les obliger a livrer leurs 6poux (2), Cependant, meme en frappant indis- tinctement sur tons, le tyran noubliait pas sa liaine particuliere pour les chretiens. II avail perfectionne a leur usage le supplice du feu, II voulait qu'ils ne fus- sent plus briiles que lentement. Quand un lidele avail <^te attache au poteau, unc llamme legere etait d'a- bord allum^e sous ses pieds jusqu'a ce que la peau du talon, carbonisee, se detachAt dcs os. On prome- nait ensuile sur tout son corps dcs torches eteintes ct reduites k F^tat de tisons ardents. De temps en temps (1) Sainl Joan Clirysosloinc, llojiiilia IJ: < I'. Add .S. Adiiunl, 1; voir jilus liaut, p. :{'J. (2) « Filii advcrsus parenles suspendcbanUir, fidelissimi quique servi conlia doininos vcxabanliir, iixorcs advcrsus inarilos. » Lactance, Da viort. pers., 'I'i. AVOE.MENT DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (306). C7 on lui faisait avaler tie Teau on on lui en jetait sur le visage, de peur qu'il ne mouriit trop vite. Qiiand il etait demeure pendant la plus grande partie du jour dans cet etat, la peau toute rotie, on laissnit cnfin le feu penetrer jusqu'aux: entrailles. Le oadavre dess^che etait mis ensuite sur un ])uchei% et consume enti^rement; puis les os echappes aux flammes etaient reduits en poudre et jetes dans le fleuve ou dans la mer (1). Pendant que Constantin, a peine entre en possession des Etats dc son pere, publiait en faveur de lEglise une ordonnance dont nous n'avons malheureuscment ni le texte ni le resume (2), la persecution redoublait de fureur en Orient. U n'y a pas de distinction a eta- blir entre les provinces de I'Auguste et celles du Ce- sar : la poursuite des cliretiens etait aussi acharnee dans les unes et dans les autres. La Cilicie faisait par- tie du domaine de Maximin. A Eeee furent arretes (J) « Idcxitii primo adversus christianos pcnniserat, datis legibus iil post tonnenta dainnati lenCis i^iiibus urerentiir. Qui ciiin deligati fiiis- sent, subdebatiir primo pedibus lenis llainma tamdin doiicc calliiin so- lorum contractuin igiii ab ossibus rcvoilcretur. Doindc incensfe fates et extinclte adinovebantiir singulis nieinbris, ita lit locus iiullus in corporo leiinquerctur intactus. Et inter hfec suilundobatur facies aqua frii^ida, et os iiuniore abluebatur, ne arescentibus siccitate fauci- bus cilo spiritus redderetur. Quod poslrenio accidebat, cum per niul- tum diem decocta oinni cute, vis ignis ad iina viscera penetrasset. Ilinc rogo facto cremabantur. Corpora jam creniala, leclaossa et in pulve- rem comminula jactabantur in llumine ac mare. » De morle pers.,2\. (2) « Suscepto imperio Constantinus Aujiuslus niliil egitprius quam christianos cultui ar. Deo suo reddere. Haec fuit prima ejus sanclio re- ligionisresliluta', » Ibid., 2i. 68 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. trois jeunes chretiens, Claude, Astere et Neon (1), li- vres, dit-on, par leur belle-mere (2) : nous avons vu que les nouveaux edits mettaient la division dans les families, en invitant Icurs membres a se denoncer inu- tuellement. Au cours d'une tournee administrative, le president Lysias (3) , — le m6me qui condamna les celebres medecins, Come et Damien (4), et Zenobe, eveque d'Egee (5), — s'arreta dans cette derniere ville. (( Qu'on amene, dit-il, les chretiens qui ont ete livres aux curiales de cette cite. » Le greffier Eustathius re- pondit : « Selon tes ordres, seigneur, les curiales te presentent ceux qu'ils ont pu saisir : trois jeunes gens, et deux fenmies avec un enfant. L'un deux est debout devant ta clarte. Qu'ordonne de lui ta noblesse? — Comment t'appelles-tu? » dit Lysias a Taccuse. «. Claude. — Ne va pas perdre follcment ta jeunesse. Approcbe et sacrifie aux dieux, selon le precepte de I'Auguste notre seigneur, afin d'echapper aux tour- ments qui te sont prepares. — Mon Dieu, repondit le (1) AclaSS. marlijrum Clandii, Aslerli et aliorum, dans Ruiiiart, |). 279. — Les Actes nonimenl Egee, ville de Lycic; inais il I'aut lire de Cilicie, la Lycic n'ayaiit pas eu de ville de ce noin. (2) Une des versions des Actes conlient un i>reanibule, donnn eii note l)ar Riiinart, oil on lit : « Dolati sunt ad judiceni a noverca Claudius, Asterius ct Neon, quod cssenl cliristiani, deos injuria afficientes. » (3) Cc qui suit provient ap[)arcninu'nt « des Actes proconsulaires, c'est-adire tirez du f^rell'c, ou Ion rai)pnrte les propres jjaroles du ju^e ct des accusez lelles qu'eilcs cloicnl prononctVs. Ainsi il n\ a rirn de i>lus aulhcntiqne rt de plus certain que ce.-> sortes d'Acles ». lillcMiont, Mcmoircs, (. IV^ art. sur les saints Claude, Astere et Noon. (^i) Acta SS., septfuibic, t. VII, p. 428. (5) lOid., octobre, t. XllI, i". 2r>;{. AVENEMENT DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (306). r,«) Chretien, n'a pas l)esoiii de tels sacrifices, mais il veut les aumones et la purete de la vie. Vos dieux sont d'immondes demons : c'est pourquoi ils se plaisent ;i ces sacrifices, et perdcnt les Ames de leiirs adorateurs ; mais tu ne mepersiiaderas pas de les honorer. — Nos seigneurs les empereurs ont ordonne que tous les Chre- tiens sacrifient aux dieux : ceux qui refuseront seront punis; ceux qui obeiront, recompenses par des hon- neurs et des presents. — Vos recompenses sont passa- geres; la confession du Christ est le salut eternel. >> Lysias commanda alors de suspendre le martyr au chevalet, d'approcher du feu de ses pieds, et d'arra- cher la chair de ses talons : c'etait la methode inven- tee par Galere pour bruler les chretiens. « Ceux qui craignent Dieu, repondit Claude, ni le feu ni les tour- ments ne leur peuvent nuire ; mais au contraire ils leur procureront le salut eternel, puisqu'ils auront etc souf- ferts pourle Christ. » Lysias le fit alors dechirer avec les ongles de fer. « Je veux, dit Claude, te montre-r que tu es partisan des demons. Car tes tourments ne me pourront nuire, tandis que tu prepares pour ton Ame un feu qui ne s'eteindra jamais. — Lacerez ses flancs avec des poteries tres aigues et approchez de ses plaies des torches ardentes, » commanda le gouver- neur. Mais Claude reprit : « Le feu. les tortures que tu m'appUquessauveront mon ;\me; souffrirpour Dicu m'est un grand profit, mourir pour le Christ me vau- dra d'immenses richesses. » Lysias, irrite , mais im- puissant, le fit alors detacher du chevalet et condiiire en prison. 70 LES CHRETIENS DEPLIS LA15DI CATION. Le second accuse, Astcrc, fut presente par le gref- fior Eustalhiiis. « Tu as vu, lui dit le president, les toiirmeuts prepares a ecux qui desobeissent ; crois done, et sacrifie aux dieux. — II ny a qu'un Dieu, re- pondit Astere, et seul il doit veiiir; il liabite au ciel, d'ou il protege les plus hundjles. Mes parents m'ont appris a I'honorer et a le cherir. Quant a ceux que tu adores en les appelant dieux, je ne les connais pas. Ta religion nest pas la verite, mais une vaine inven- tion, perte de tous les hommes qui Facceptent. » Ly- sias le fit suspendre au chevalet; on lui lacera les flancs, en Tinvitant a sacrifier. Astere repondit : « Je suis le frere de celui que tu interrogeais tout a Theure. Nous avons une meme 4me, une meme croyance. Fais ce que tu peux. Tu es niaitre de raon corps, mais non de mon ame. » On lui lia les pieds et on le dechira plus cruellement. » Insense, dit le martyr, pourquoi me tourmentes-tu? ne songes-tu pas au compte que tu en rendras a Dieu? » Le juge lui fit alors poser des charbons ardents sur les pieds et frapper de verges et de nerfs do l)cjcuf le dos et le ventre. Quand on eut fini : « Tu es aveugle, dit Astere. Je te demande une grclce , c'est de ne laisser sans blessure aucune partie de mon corps. — Qu'on le garde avec les autres, » re- pondit seulemeut Lysias. Le troisiiime fr^re, Neon, lui aiucue. « Approche, mon enfant, et sacrifie aux dieux })()ur eviler les tour- ments, » lui dit le gouverneur. (( Si tes dieux out quel- que force, repondit le jeune liomme, qu'ils nous pu- nissent sans ton aide. Mais je suis meilleur que tes AVENEMEiNT DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (306). 71 dieiix et que toi, car jc ne vous oljeis pas, et ne re- connais qu'un Dieii, qui a fait Ic ciel et la terre. » Ly- sias ordonna aux liourreaux de le frapper au visage, en lui defendant de Idasphenier. « Est-ce que je Ijlas- plienie quand je dis la verite? » demanda Neon. (iOmme on avait fait a Astere, on lui mit des charbons sur les pieds et on le flagella. « Co que tu fais, dit le Chretien, est utile et avantag'eux a mon ame. Jc ne puis changer de resolution. » Lysias rendit alors la sentence : « Que les trois freres soient conduits hors de l;i ville , sous la surveillance du greffier Eusta thins et du hourreau Archelaiis, et que la on les crucifie, afin que leurs corps deviennent la proie des oiseaux. » Apres Texecution, les femmes furent amenees au tribunal. « Selon I'ordre de ta clarte, Domnina est presente, » dit le g"reffier. « Tu vois, femme, lui dit Lysias. les tortures et le feu qui te sont prepares. Si tu veux y echapper, approche et sacrifie aux dieux. — Pour eviter le feu eternel et les tortures qui ne ces- sentpas, repondit-elle, j'adore Dieu et son Christ, qui a fait le ciel, la terre et tout ce qu'ils contiennent, Vos dieux sont de pierrc et de bois, oeuvre de la main des liommes. — Otez-lui ses v^tements, commanda le g"ou- verneur, etendez-la nue, et frappez de verges tons ses membres. — Par ta sublimite , Domnina est deja morte, » dit le bourreau. Ce crjeur delicat s'etait brise a la seule menace de Toutrage. « Qu'on jette le ca- davre dans le fleuve , » ordonna Lysias. « Tlieonilla est presente , » reprit le greffier. « Femme, dit le juge, tu vois le feu, les tourments 72 LES CHRETIENS DEPUIS L ABDICATION. prepares pour ceux (pii osent desobeir. Approclie done, rends honneur aiix dieux, sacrilie, afin d'eviter la souf- france. — Je crains le feu eternel, qui peut perdre r^me et le corps, de ceux-la surtout qui ont aban- donne Dieu pour les idoles et les demons. — Donnez- lui des soufflets, secria Lysias exaspere, jelez-la par terre, attachez-lui les pieds, et torturez-la fortement. — N'as-tu pas honte, dit Theonilla, de traiter ainsi uue femme de naissance libre, une etrang-ere (1)? Dieu voit ce que tu fais. — Suspendez-la par les cheveux et souffletez-la, — Ne te suffit-il pas de m'avoir exposee nue? Ce n'est pas moi seule, c'est ta mere, c'est ton epouse que tu as couverte de confusion en ma per- sonne. Car nous avons recu toutes la meme nature , que tu deshonores (2). — As-tu un mari, ou es-tu veuve? — II y a aujourd'liui vingt-troisansque je suis veuve, et a cause de mon Dieu je suis demeuree telle, perseverant dans le jeune et dans la priere, depuis que j'ai abandonne les idoles ct connu Dieu. — Rasez sa tete, afin qu'elle apprenne enfin a rougir, dit Ly- sias; ensuite, entourez-la d'epines; attachez-lui les pieds et les mains a quatre poteaux, et frappez avec des courroies non seulement son dos, mais tout son corps. » Ce mode de flagellation avait encore ete in- (1) Voir, sur ce passage, les observations d'Edinoiul Le lUanl, les Acics des martyrs, p. 263. (2) Une iiiarlyrc cliinoise, LiicioY, depouillee de ses v^temcnls par I'ordre brutal dii mandarin, s'<''('rie de ni6me: « Voiisne rospeclezintinie pas le scxe (|iii voiis a donne le jourl Esl-ce que vous nave/, pas de rnt;re? » — Edinond Le Bianl, les Martyrs de I'c.xtrenie Orient el les Persecutions antiques, dans le Correspondant, 25 mars 187*1, p. 103i. AVENEMENT DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (306). 73 troduit par Galere (1). « Posez de plus, continiia Ic gouverneiir, des charbons siir son ventre, afiii qu'oUc meure ainsi. » Le ge6lier et le bonrreau dirent en- seml)le : « Seigneur, elle vient dc rendre FAme. » Ly- sias fit aiors mettre dans un sac et jeter a Feau le corps de la martyre (2). C'est encore par le lAche supplice de la rioyade que perit, sur Fordre de Maximin lui-meme, un martyr dont Fexecution avait ete longtemps differee. Con- damne aux b^tes, a Gaza, des 30i, Agapius n'avait pas ete execute (3). Depuis deux ans on le gardait en pri- son. Trois fois il en fut tire pour etre conduit au stade avec des malfaitcurs destines au dernier chatiment : puis, soit espoir de lasser sa patience, soit pitie sou- daine, on le fit rentrer sans le livrer au supplice. Le 10 novembre, Maximin vint a Cesaree, ou Fanniver- (1) « Siquis esset verbeiandus, defixi in stabulo pali qualiior stabant, >iJ quos nullus unquam servus distcndi solebat. « Laclance, De mart, prrs., 21. (2) Les Aclcs se tcrminont par I'alinea siiivant, qui ne fait |)as corps avec leiir partie officielle d a ete ajoute . « Jlabita est passio haic in clvitate Aegea, sub Lysia prteside, X kalendas Septembris, Auguslo et Aristobulo consulibus; de qiiibus sanclorum jiassionlbus est Deo lienor etgloria. » Diocletienet Aristobule furcntconsuis ensemble en 285. Com- ment celle date a-t-elle pu etre indiquee? Jc I'ignore, mais sa i'aussete me parait evidenle. Les cbreliens, au rajiport d'Euseb(!, jouissaient alors en Orient dune profonde pai.v : 11 suflit de lire les Actes des saints Claude, ,\slere et Neon, pour voir que leur martyre se passe, au contraire, a une epoque de persecution generale. Comme on a pu le remarquer, certains details de ces Actes nous reporlent vraisem- blablemenl au temps ou Galore regnait en Orient. (3) Voir t. I, p. 347. — 11 ne faut pas confondre cet Agapius avec un autre martyr du ni6me nom, dont il est question dans ce clia|iilrc, p. 9. 74 LES CHRETIENS DEPL'IS LABDICATION. saire de sa naissance devait etre celebi'e en gTande pompe. Des jeiix etaient offerts par le Cesar lui-meme au peuple de la metropole palestinienne. La fete fut magnifique ; des betes de Flude. de FEthiopie, des con- trees les plus lointaines parurent dans ramphithecitre; les plus liabiles des jongleurs et les plus souples des funambules furent exbibes ; puis on voulnt terminer les rejouissances publicpies par un spectacle toujours agTeable a la cruauie romaine, le supplice de con- damnes. Deux prisonniers furent produits successive- ment sur I'arene. L'un etait un esclave, assassin de son maitre; I'autre, le chretien Agapius. II parait que le meurtrier combattit vaillamment contre les b6tes; car Maximin cbarme lui accorda sa grace avec la li- berte, aux acclamations des spectateurs (1). Apres le pardon octroye a I'emule deBarabbas, il ne restait plus qu'a faire mourir le fidele imitateur de Jesus. C'est ce qui eutlieu. L'empereur somma Agapius d'ab- jurer. « .le n'ai commis aucun crime, repondit le mar- tyr; aussi tous les supplices que vous m'infligerez, je los supporterai pour I'amour du Dieu createur, non seulement volontiers et d'nno Ame ferme, mais encore avec joie. » Ayant ainsi parlc, il eourut au-devant d'une ourse lancee contre lui; quand elle I'eut de- (1) '[i\).T,- T£ xac E^EuOcpia; yjliMtxIvoy. La grdce, ici, cnlrainait de droit la libeiii', car, par Teffet do sa condaninalion, U' mciirlrior dc son rnai Ire avail cesse d'f'lro I'csclave des heriticrs de celui-ci poiirdevenir l'esclav(Mlo la peine, .servus pirnx ; Wbh-i- niaiiileiiant dc la condanina- lion, il (Hail on niCinc temps lilierc de la servitude qui en avail etc la consequence. AVENE51ENT DE CONSTAMIN ET DE MAXEXCE {ZOCy. 75 chire, on ]e reporta en prison, saignant encore. Le lendemain, des pierres furent liees a ses jambes, et on le jeta dans la mer (1). Si quolqiic caractere particulicr distingue la perse- cution dans les provinces de Maximin, c'est I'outrage prodigue aux femmes. Aucun des tyrans qui se parta- gerent le monde romain au commencement dii qua- trieme siecle n'eut des mo^urs aussi depravees que le neveu de Galere et n'encouragea par daussi ignobles exemples la licence des gouverneurs ou des magis- trals. Les eunuques de sa cour pourvoyaient ouverte- ment au recrutement de son serail. Les femmes qui avaient eu le malheurde hii plaire etaient arrachees a leurs maris, les lilies a leurs peres (2). Le refus de se prater a ses passions passait pour un crime de lese- majeste, et la malheureuse qui avail resiste etait pu- nie de la noyade, supplice favori de ce triste temps (3) . Ses compagnons, ses gardes, presque tons clioisis parmi les Barbares, imitaient la conduite du prince et portaient dans les families le deslionneur et le de- sespoir ('*). Tout I'Orient, dit Lactance, leur servait de jouet. On vit des maris se donner la mort pour ne point survivre k I'outrage dont leur femme avail ete victime (5). On vit d'autres suicides plus emouvants encore, ceux de chretiennes qui, placees entre la mort (1) Eusi'be, De mart. Pales/., 6. (2) Lactance, De mort. pers., 38; Euscbe, Hist. Led., YlIF, 14, \2. (3) Lactance, I. c. (4) Lactance, Eiisfebe. ibid. (.5) Lactance, I. c. 7C LES CHRETIENS DEPLIS LABDICATION. et la lionte, clioisireiit la niort (1). L'Eglise, en les honorant comme martyres, a convert de son autorite et de son admiration ce qu'nn tel acte avait d'irregu- lier (2), et attribue a la grace de Dieu le mouvement de foi sublime par Icqiicl ces colombes en proie an vautonr ont rompii clles-memes les liens qui les attacbaient k la vie, pour voler libres et pures vers le ciel : Laqueus contrilus est, et nos literati su- mus. C'est surtout a Antiocbc, capitale de Maximin et sa residence frequente, que de tels faits se produisirent. Saint Jean Cbrysostome et saint Ambroise ont celebre le courage , la decision rapidc , montres par sainte Pelagie. Cette jcunc chretiennc fut surprise dans sa maison par les soldats an moment ou elle etait seule, « n'ayant pres d'elle ni pere, ni mere, ni soeurs, ni nourrice, ni servante, ni amie ». Elle avait quinze ans, et savait, par lexemple de beaucoup d'autres infortii- nees, le sort qui Tattendnit si elle se laissait conduire au tribunal. D'uiiton cahne, d'un visag'e presque gai, elle demande aux soldats la permission de se rctircr dans sa chambre pour changer de vetements. Elle monte alors sur le toit, ce toit en terrasse des maisons d'O- rient, et de IjjI se precipite dans le vide. « Son corps en tombant, dit elcxpiemment saint Jean Cbrysostome, frappa les yeux du d^mon plus vivement qu'un eclair, (1) A'. 0£ £7:1 cpOopiv eX/.o^svat OaTxov t/;v 'Lu/r,v OavxTw r; to (7W[j.a ir, ;pOopa 7:apy/j£0(i')xaTt. Eiisi-lx', Hist. Eccl., VIII, li, 14. (2) Saint Au};ii.sliii, Dc civiluie Dei, I, 20. AVEXEMENT DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (30G). 77 et Tabattit comme par iin cou}) tie foudi'e (1). » Eusel)e cite clans la menie ville, parmi les feiiimes ehretiennes poursuivies par les persecuteurs, « deii\ jeunes filles, deux sccurs, que tout mettait en relief, la splendeur de la naissance, la ricliesse, la jeunesse, la beaute, mais que distinguaient plus encore la mo- destie, la piete, I'application a I'etude et au travail ». Celles-ci ne furent pas obligees de recourir a un expe- dient heroique pour sauver leur purete : « les adora- teurs des demons les firent jeter a la mer (2) ». D'au- tres furent plus menacees. « II y avail a Antioche une sainte femme, Ame vraiment forte; elle etait riche, noble, renommee entre toutes par sa vertu; ses deux lilies, elevees par elle dans la religion chretienne, etaient belles et dans la fleur de lag-e (3). » La mere s'appelait Domnina, les fdles Bernice et Prosdosces. Quand les nouveaux edits euront ete publics, toutes trois, craignant les denonciations domestiques, seha- terent de quitter Antiocbe. EUes se refugierent dans une contree ou depuis longtenips la foi etait florissante, enOsrlioene, et demanderent un refuge a la ville d'E- desse (4). Mais le marl de Domnina, cedant a la crainte, consentit a guider les soldats vers les fugitives. II vint avec eux a Edesse, et, trabies, les trois cbretiennes durent suivre leurs gardes sur le chemin de la Sy- (1) Saiiil Jean Chrysostoiae, Hohiilia XL; saint Anibroise, De virgi- niOiis, 111, 7; Ep. 37; Eusi'lic, llisf. Eccl., VIll, 12, 2. (2) Eiiscbe, Hist. /I'cc/., VIII, 12, 5. (3) Ibid., 12, 3. (4) Saint Jean Chi ysoslonic, llomilin LI. 78 LES CHRETIENS DEPLIS L'ABDICATION. rie (1). La voie reliant Edesse a Antioche descendait d'abord a Carrha, puis sc dirigeait par Batna vers TEuphrate , le traversait, ot atteignait Hieropolis. Au dela de celte ville, la petite troupe arriva pres d'une riviere. On dit que le mari de Domnina, repentant de son infamie, consentit, sur la priere de la chretienne, h detourner I'attention des soldats : peut-^tre les cn- g-agea-t-il a manger et a boire (2). Demeuree seule avec ses lilies au bord de I'eau, cette mere intrepide leur parla des perils qui les attendaient. « De tons les maux, leur dit-elle, le plus affreux, c'est le deslion- neur, dont nous ne pouvons meme entendre parler sans rougir. Toute mort est preferable, avec le secours du Christ. » Les filles etaient dignes de la mere : elles consentirent au sacrifice , et les trois chretiennes, ayant attach^ modcstement leurs v6tements, se jete- rent ensemble dans la riviere (3). Dans tous les lieux ou passait 3Iaximin, il laissait a pres lui la desolation et la honte. En Egypte, a Alexandrie, ses debauches furent horribles : les fem- nies les plus nobles furent deshonorees par lui (i). Lne des plus illustres et des plus savantes dames de la m^tropole egyptienne lui resjsta cependant. C'^taitune chretienne. Souvcnt amenee au tyran, sollicitee par son infclme passion, menacee diitre decapitee si elle ne cedait. olle lui repondait toujours par les monies (1) Saint Jean Chrysosloino, Ilomilia LI. (2) Ibid. (3) Eusebo, 7//.S7. EvcL. VIM, l:^, :!, 'i. (i) Ibid., VIII, I'j, 15. AVENEMENT DE CO.NSTANTIN ET 1)E MAXE.NCE (300). 70 refus, et se declarait pr6te a mourir. Mais, comme die possedait d'immenses richesses, la colere da tyran ceda devaut la cupidite, et il se contenta d'exiler la chretienne en confisquant tous ses biens (1). De quels attentats durent se rcndre coiipables les gouverneurs, les magistrals, les agents du pouvoir a tous les degres, dans un Etat regi par un tel monstre! Surs de limpunite, ils imitaient les vices du prince, et, a son exemple, se faisaient dansleurs provinces unjouet de la vertu des femmes et de la saintete des foyers domestiques (2). On a deja vu les exces dHierocles, qui arracherent au martyr Edesius une protestation indignee (3) . « D'innombrables chre- tiennes, dit Eusebe , menacees du deshonneur par les gouverneurs des provinces, ne parent entendre meme leurs infames propositions : elles aimerent mieux souffrir toutes les douleurs, toutes les tortures, toutes les especes de supplices (i). » Cependant il est probable que toutes ne furent pas (1) Eust'bt', Hist. EccL, Vlll, 12,3.4. — Eusi-be ne nonime pascelle chrelienne. Rufin, Hist, fee/., VllI, 17, I'appelle Dorothee. Baroiiius a essaye de lidentilieravcc sainte Catherine d'AIexandrie (.Inn., ad. ann. 309, §31), idenlilication repoussee avec laison par JJoUandus {ActaSS., fevrier l. I, p. 777) etTillernont (Memoires, t. V, art v sur saint Pierre, d'AIexandrie'. — Sur les Aclcs de sainte Callierine tels queles arediges Metaplirasle \Patrol.(jricc., t. CXVi, p. 275-302), voir les i)ellesreflexions de Baroniiis [l. c.}, qui peuvent se resunier en cette plirase encrgique du grand et bonnSle annaliste : Melius sileniium quam uiendacium vet'is admlxtinn. (2) Lactance, De mort. pcrs., 38. (3) Voir plus baut, p. 50. (4) Eusebe, //e discrela, via Labicana. v Aurelius Victor. Epitome. — « Quid baud procul urbe in villa publica inoraba- tur. u Eulrope. Brev., X, 2. V. 6 82 LES CHRETIENS DEPUIS LAI5DICAT10N. soumettre a la capitation (1). En meme temps, ce qui restait de coliortes pretoriennes dans I'ancienne ca- pitate du monde, milicebien dechue depuis Diocletien en nombre et en importance (2), mais cpii serablait encore g-arder, en vue de I'avenir, le Palatin desert, recut Fordre de quitter son camp (3), La revolution etait mure : le fits de Maximien Hercule n'eut qu'a la cueillir. Le 28 octobrc 30G, le peuple uni aux preto- riens massacrait le prefet de la ville ot proclamait Maxence cmpereur (i). C'etait porter le dernier coup a I'oeuvre de Gale re. Celle de Diocletien avail dure vingt ans; une annee suffisait a faire voir la fragilite des esperances con- cues par son ambitieux successeur. Une autre humi- liation etait rescrvee a celui-ci. Un revenant, qu'il croyait bien mort a la politique, surgissait tout a coup de la tombe somptueuse ou Galere s'etait flatte de I'en- sevelir. A la nouvelle de la revolution, le vieil Her- cule avail quitte la Lucanie, appele par son fils a partagcr le pouvoir. U reprit avec joie la pourpre de- posee a regret, et, redevenu Auguste, se tint pret a {Ij n Ad liaiic usque iirosiluit (Galcrius) insaniaiii, ut... no populuui (|uidein ronianum (icii vollet immunom. Ordinabanlur jam censilores, (|ui Roniarn missi describoront plebfini. » Lactance, ])e mort. pers., 20. — Voir C. Jullian, les Transforinalions polUiques de I'lUiUe sous les cmperciirs romains, p. 1*.)3. (2; Aurclius Victor, De Cxsaribus, 39. (:j) '< Eodem fere tempore castia (luoque praetoria suslulerat. » Lactance, I x. (4) Lactance, Dc mort. pers., V, et 44 ; Zosime, II : Conslanlin, Ora- lio ud sdiiclorum cwlum, 22. — Sur la dale exacle de I'avenemeut de Maxciici', voir rilii'innnt, Jlisloire dcs Empcrc/urs, 1. 1\ , p. i)5 et (333. AVENEMENT DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (306;. 83 repousser par les amies I'attaqiie de Severe et de (ialere. La tetrarchie n'existait plus : il y avait maintcnant six empereurs, sans compter Diocletien qui. de Salone. assistait tristeracnt aiix preparatifs de la guerre civile. CHAPITRE HUITIEME LES CHRETIEXS DEPUIS l'uSURPATION DE MAXENCE JUSQU'a la iMORT DE MAXIMIEN HERCULE (300-310) SOMMAIR£.— I. La peissecution- ex 307. — Confusion politique. — Mort de Severe. — Eciiec de Galcre enllalie. —Rupture eutreHenule et Maxence. — Hercule se refugie en Gaule. — Congres de souverains en Pannonie. — Licinius proclame Auguste. — Maxence, a Rome, favorable aux Chre- tiens. — La persecution continue en Orient. — Martyre du jardinier Se- renus, a Sirmiuni. — Martyre d'Euphemie, a Chalcedoine. — Mart\re de Tlieodosie, a Cesaree. — Mutilation des confesseurs envoyes aux mines. — Trois chri-tiens condamncs a etre gladiateurs. — Le docteur Pam- pliile. — Ses travaux exegetiques. — U les continue en prison. — Disgrace et mort d'L'rhain. gou\erncur de Palestine. — Phileas et Philoronio com- paraissent a Alexandrie devant Culcien. — Intervention des avocatscn fa- \eur de Phileas. — Son interrogatoire. — Condamnation de Phileas et de Philorome. —Phileas refuse defaireappel. — Leur supplice. — IL L\ PEiist- CLTios EX 308. — Xouvelles intrigues politiques. — Maxiniin oblige Galere alefaire Auguste.— SoulTrancesdes Chretiens condamnesaux mines. — Des freresles secourent auperil de leurs vies. — Martyre de deux chretiennes a Gaza. — Martyre de Paul ct de ses compaguons. — Nouvcl edit de Maxi- min for^ant les Chretiens a sacrifier. — Martyre, a Cesaree, d'.Antonin, Zebinas et Germain.— Mart\re de la vierge Eunathas. — Cadavres de Chretiens laisscs sans sepulture. — Lacrymse rerum. — Tranquillite de I'Egliseromaine. — Electiondu pape Marcel. — Reorganisation paroissiale. —Dissensions au sujet ties tombes.— Marcel meurt en exit. — in. La peusecc- tioxex300et310. — Election du pape Eusebe. — Heracliussuscite de nou- veaux troubles au sujetdes tombes. — Masenceexile Heraclius etEusebe.— Eusebe meurt en Sicile. — Suite de la persecution en Orient. — Martjre (le Pierre Abselamus. — Cinfj pelerins d'Egv pte arretes a Cesaree. — Leurs rcponses au gouverneur Firmilien. — Us sont mis a mort. —Martyre du docteur Pamphile, de Valens et de Paul. — Protestation du jeune Por- pliyre.— Son martjre. — Martyre du veteran Seleucus. — Martyre de I'esclave Theodule. — Martyre du voyageur .lulien. — Les animaux re- lusentde toucher aux cadavres des saints. — Martyre d'Hadrien et d'Eu- bulus. — Le gouverneur Firmilien n)curt disgracie. — Desordres subsis. tant, malgre la persecution, dans les Eglises orientales. — Martyre d'Her- myle et de Stratonique en Mcsic. — Martyre de Quirinus. eveque deSiscia. en Pannonie. — Adoucissement du sort des cliretie ns condamnes aux mi- nes. — Leurs reunions pieuses. — Nouvelles sevcrites a leur egard. — Martyre de Nil, Pelee et Patermuthius. — Martyre de trente-neuf formats cliretiens. — Mori de Mavimieu Hercule. — Douleur de DiocU-tlcn. 8(i LES CHRETIENS DEPUIS LUSURPATION DE MAXENCE. La persecution en 307. L'annee 30G s'etait aehevee duns le plus grand de- sarroi. La confusion politique s'accrut encore l'an- nee suivante. Pour la premiere fois les consuls, dont les noras servent de points de repere a la chrono- logic, deviennent incertains : Severe et Maximin ont ete designes par Galere; Hercule s'est substitue k Se- vere dans les Etats enleves d celui-ci ; bient6t la dis- corde se mettra entre Hercule et Maxence, et, par For- dre de ce dernier, le nom de son pere disparaitra des formules ofiicielles : alors commence a Rome I'usage de designer l'annee, non par les consuls qui lui sont propres, mais par ceux dc Fannee precedente, post consulalum (1). Ce fait, insignifiant en apparonce, est le signe du trouble profond qui r«^gne dans le monde romain, et d{; I'incertitude qui couvre ses destinees. Pendant toute Tannic 307, les revolutions sc precipitent, comme si non seulement I'oeuvre particuliere de Diocletien (1) Conslanliii ct Gaicin a\aii'iil di- I'liii vl I'aulrp consuls |)our la sixicine Ibis en 30() ; aussi (l('sii!;nat-on 1 annt-c 307 i)ar la I'ormule abr(''gcc poslscxlum consuludim ; voir de Rossi, Insrript. chiist. ur- bis lioniic, I. I, {». 25, et]). 30, n"2'.); IloiiKt .sollcrranca, I. Ill, p. 225. — Lne inscrii»tioii giecque de Rome, aiiparleiiaril a la lin de la m(}me anne(>. Sur la bona mors, voir Lactance, thid., '1?.; cf. plus haut, p. 65. ('2j Constantin avail eu dabord i)i)ur t'emme ou pour concubine Mi- nervina (Zosime, II, 20: Z(uuire, XIII, >!. <|ui lui donna un Ills. Crispus, mais probablement etait morle (juand il epousa Fausta. (3) Lactance, De mort. ijcrs., 27. 88 LES CHRETIENS DEPUIS LUSURPATION DE MAXENCE. tour (1). Ilcherclia d'abord un asile en Gaule, pres de son gendre Constantin ; mais cclui-ci, qui voyait d'un oeil tranquille ces ambitieux de bas etage se de- truire les ims les autres, refusa de prendre parti contre Maxence, comme tout a I'heure il avait refuse de se declarer contre Galere (2). Hercule , ressaisi par le demon du pouvoir et voulant k tout prix garder la pourpre, quitta alors brusqueraent la (iaule pour serendre en Pannonie, ou etait Galere (3). 11 arriva, sans 6tre attendu ni invite, au milieu d'un congres. A Carnuntum se trouvaient non seulc- ment Galere, mais encore le fondateur de la tetrar- cliie, Termite de Salone, Diocletien lui-m6me, appele pres de son gendre par uu de cos iraperieux messages auxquels il n'est pas prudent de resister. Un autre personnage considerable, sinon deja empereur, au moins candidal a la pourpre, accompagnait les deux princes : c' etait Licinius, I'ami le plus intime de Ga- lere, dont le choix depuis longtemps decide avait ete naguere prevenu par T^lection militaire de Cons- tantin. La mort de Severe, en laissant une place vide dans le college imperial, permettait enfm k Galere d'acconq)lir son dessein ; mais, resolu a Clever sur-lc- cliamp Licinius au degre supr«!ime sans le fairc pas- ser par le rang intermediaire de C<^sar, il avait cru necessaire de tirer Diocletien de sa retraite pour cou- (Ij Laclanco, De morl. pen., :!8; AiircrmsVictor, De Ciesaribus, \0; Zos'mio, II, 1(1. (2; Laclance, /. c, 29. (3) Ibid. LA PERSECUTION EN 307. 89 vrir de rautorite du veteran imperial une derogation aiissi fornielle aux regies de la tetrarchie (1). Tout fait supposer qu'Hercule fat acciioilli avoc joie par Galere, malgre les evenements d'ltalie : ladhesion du vieil ambitieux qui, sans tresors et sans armee, pro- jnenait de province en province sa pourpre errante , donnait une sanction nouvelle a I'elevation de Lici- nius (2). Mais Hercule netait pas lioinme a se con- tenter dune reconnaissance platoniqiie de son titre d'Auguste. U essaya de renouer ses intrigues, et s'efforca de persuader a Diocletien de reprendre avec lui non seulenient le titre, mais la realite du pouvoir. (^est probablement alors que Diocletien dit le mot ceiebre, rapporte par Aurelius Victor : « Vous ne me parleriez pas ainsi, si vous aviez vu les legumes que je fais pousser a Salone (3). » Ces evenements avaient rempli I'annee : la mort de Severe est du mois de fevrier et I'intronisation de Liciniuseut lieu en novembre. En realite, malgre tant (1) « Adeiat ibi Diodes a geiicio luiper accilus, ut quod anle non fe- cerat, prssenlo illo imperiiim Licinio daret, subslituto in Severi loco. » Lactance, De mort.pcrs., 19. (2) Eus^be {Hist. EccL, VIII, 3, 4), dit que Licinius u;:6 xoivrji; ^rr ;pou Twv xpaToOvTwv auToxpaxwp xai (TESauxo; avaTtiqjYivi. Voir sur ce passage Tilleniont, Hist, des Empereiiis, t. IV, p. 103. (3) n Qui dum ab Ilerculio alque Galerio ad recipiendum imperiuin rogaretur, laiKjuani pcstein aliquaiu deteslans, inhunc nioduin respon- dit:(Jlinam Saloiue posselis vidcre liolcra noslris inauibus instituta; profecio nun(|uain istud teinptaiidunijudicaretis. » Aurelius Victor, Epi- loinc, 3'J. L'historien cominetcertaincnient une confusion de personnes endonnant aGaitJre, lauteurdc labdicalion de Dioclelien, un role qui n'a pu ajjparlenir qu a Ilcrcuic. 90 LES CHRETIENS DEPUIS LUSURPATION DE MAXENCE. desang repanclu, d'expecUtions manqiiees, de voyages inutiles, rien n'etait change depuis 4111 an, puisque Fanarcliie etait la meme, et que six empereurs, plus ou moins ennemis ou pr6ts a le devenir, portaient si- multanement la pourpre (1). Quelle influence eurent sur le sort des cliretiens ces evenements, ou plututcette agitation sterile? Aucune, sans doute, en Occident. Maxence ne pouvait songer 4 reprendre la persecution : sa politique naturelle etait de s'appuyer sur Constantin, champion heredi- taire dela tolerance, et sa haine contre le persecuteur Galere ou I'ancien persecuteur Hercule mettait faci- lement ses interets d'accord avec ses sentiments. Bien qu'd Rome et en Italic Ics cliretiens fussent propor- tionnellement moins nomhreux qu'en Orient, ils n'en faisaient pas moins une partie considerahle de la po- pulation : un souverain mieux affermi que Maxence eut juge prudent de les menager, a plus forte raisoii un prince dont le trone chancelant avait besoin du soutien de tons. Aussi le nouveau maitre de Rome voulut-il imiter son l^eau-frure en donnant des gag'es aux fideles, et m^nic a tout le peuple qui dans les derniers temps avait paru fatigue de la persecution. Eusebe dit que <( pour flatter le peuple romain il feignit de partager la foi chreticnne (:i); » sans doute Fexpression depasse ici la verite, et denote un histo- (1) << Sic iiiKi li'iiiporc sex rut'iiml. » Laclaiicc, l)c iitort. pers., '?M. (^) 'A(>/.6|Atvo; [AJv Ty-jV -xaO' ri]Aa; TriaTtv iu' apc5x;ia zai xoXotxita tqO oo[iou 'I*w[Aaitov 7.a'Jyji$xp;vaT0. Eusehc, Jlist. Ju'cl., VllI, I'l, 1. LA PERSECUTION EN 307. 91 I'ien iiial iiifoi'me des choses de rOccident; cependant on peut le croire quand il ajoute que Maxence « or- donna a ceux qui dependaient de lui de s'abstenir de toute persecution, et, se donnant Fexterieur de la piete, parut plus doux et plus luimain que les princes qui I'avaient precede (1) ». La piete dont parle Eu- s6be est ccUe que professait, au meme moment, Gons- tantin, et qu'avait d'abord professee Constance, c'est- a-dire le pur deisnie, plus ou moins degage des superstitions paiennes. Si la situation de TEglise resta la m6me dans les contrees occidentales, rien ne parut davantage change en Orient. L'empire continua d'etre divise en deux zones, Tune oii regiiait la j»aix religieuse, lautre ou sevissait la persecution. Galere et Maximin, chacun dans ses provinces, continuerent a ponrsuivre les Chretiens. Pendant que Galere preparait son expedition mal- heureuse contre Rome (2), un singulier incident avait mis en relief la vertu cliretienne et arrache a un ma- gistral paien un involontaire et significatif aveu. Un fidele, nomme Serenus, deja avance en age, exercait a Sirraium la profession de jardinier. Il s'etait tenu (1) TauTT) "tc loXz uTtrixoot; tov xaioc Xpi<7Tiavwv avetvai TtpodTdxTei o'.co- YJiov, twi&zixy inifAipcpdi^wv, xai w; dv oe^to; xat 7:ol\) Tipao? uapd toO; rpoTSpou; 9av£iyi. Eusebc, Hist. Eccl., Vlll, li, 1. (2) La seconde parlic de la Passio SS. Qudtuor Coronatorum di( queDiocletien(c'('sl-a-dire()alfre; voiriilusliaul, p. 28)(iniUa Sinniiiin ol sc mit cii route pour Rome un i)eu plus d'une annee apres le mar- tyre des sculpteurs chreliens immoles en I'annonie le 8 novernhre .'505. Ilullettino di (irc/wologia cristiana, 1879, p. i9, "2. 92 LLS CHRETIENS DEPUIS L'USURPATfON DE MAXENCE. cache durant la persecution; mais, apres iin assez long temps passe dans la retraite, il avait cru pouvoir rentrer sans peril dans sa maison et reprendre son metier. La femme d'un des officiers qui accompa- gnaient I'empereur vint, en Fabsence de son niari, se promencr avec deux servantes dans le jardin du saint homme, au moment oii tout le monde faisait la sieste. Serenus crut voir, dans le choix de cette heure indue, une intention coupable. « Que chercliez-vous? » de- manda-t-il. « J'aime k me promener dans ce jardin, » repondit la femme. Choque de cette reponse ambigue, le pieux jardinier lui parla durement : « Quelle femme etes-vous, pour vous promener en ce moment? car la sixieme heure (midi) est arrivee deja. Je comprends que vous n'etes pas venue pour la promenade, mais pour chercher quelque plaisir defendu. Sortez done, fit sachez desormais vous conduire en honnete femme. » La matrone, sesentant devinee, fremit de colere. Elle ecrivit c\ son mari, pour se plaindre d'avoir ete inju- riee par Serenus. Celui-ci porta la plainteaFempereur. « Pendant que nous veillons a ton c6te (1), lui dit-il, nos femmes, qui sont restees loin de nous, souffrent des outrages. » (ialore autorisa Fofficier a quitter Farmee drj.-Y en marche et a retourucr en Pannonie, (1) « Nos cum lalcii luoadhcroamiis. » Pnsslo S. Serrni, 2, dans lUii- iiart, p. 5'iG. Kt plus loin : " Qiiis cniui ausus est injuiiain inrogare ina- Iron.'c, viri Ial(>ri rc^io adlia^'cnlis? » — ■ L(^ mari de la rciumc (|ui avait calomnic Scrciuis ('tail piohabiement un jiarde du corps, inolccloi- di- vini laUris; voir Ics Dernicres Pers(!cutio)is du (roisiciiic sil'cle, p. 23G. LA PERSECUTION EN 307. 'J3 afm cFy poursuivre sa vengeance. Arrive iSirmiiini, eelui-ci alia trouver le gouverneur et lui remit la lettre imperiale. « Qui aurait ose injurier la femnie d'un officier de I'empereur? » demanda le gouverneur surpris. « C'est iin honime du peuple, iin jardinier, fippele Serenus, » L'acciise, mis en presence, se de- I'endit centre les calomnies dont il etait I'objet : « Je sais sculement, dit-il, qu'une femme est entree dans mon jardin, a uneheure pen convenable. Je lui ai fait des reproches, et lui ai dit qu'une honnete femme ne devait pas, k iine telle lieure, sortir de la maison de son mari. » L'accent calme et sincere de Serenus, la simplicite de sa repouse, firent impression sur les au- diteurs; le mari, eclaire soudain, rougit et se tut. Mais le gouverneur demeura frappe de surprise. Cette delicatesse de vertu, cette crainte des occasions de scandale ou de chute, lui donnaient a reflechir. « II n'y a qu'un chretien, dit-il, pour etre blesse de voir une femme se promener dans son jardin k I'heure ou Ton est seul. » Et, s'adressant k Serenus : « Qui es-tu? — Je suis chretien. — En quel lieu t'cs-tu done cache, ou quel subterfuge as-tu employe, afin d'eviter de sacrifier aux dieux? — Il a plu a Dieu de me reserver jusqu'a ce jour. J'etais comme ime pierre rejetee de I'edifice; maintenant Dieu m'y fait une place. Puis- qu'il a voulu que je fusse decouvert, je suis pret a souffrir pour son noju, afin d'avoir part dans son royaume avec le reste de ses saints. » Furieux de ces paroles, le gouverneur s'ecria : « Puisque tu nous as ^chapp6 jusqu'A ce jour, que tu as montre en te cachant 94 LES CHRETIENS DEPUIS LUSURPATION DE MAXENCE. ton inepris dcs edits iinperiaux, ct que tu as refuse de sacrifier aux dieux, j'ordonne que tu aies la t6te tran- chee, » Serenus f ut execute sur-le-champ , ] e 23 fe vrier( 1 ) . Quelques inois phis tard, le 16 septembre, une vierge chretienne mourait par le feu, dans une autre partie des Etats de Galere (2). On n'a mallieureusement sur sainte Eupliemie qu'un document de quelque au- torite : c'est la description de la peinture qui ornait son tombeaUj dans Tegiise elevee en son honneur a Chalcedoine. Voici comment la decrit Asterius, eveque d'Amasee vers la fin du quatrieme sieclc : « Le juge (3) est assis sur un trone, et d'un visage menacant regarde la vierge. L'art, quand il le veut, fait fremir de colere la nature insensiljle. Tout autour paraissent des magistrals, des satellites, cle nombreux soldats : les greffiers tiennent des tablettes et des styles : Tun, sa main un peu elevee au-dessus de la cire, re- garde la vierge debout devant le tribunal, et penclie la t6te vers elle, comme pour lui dire de parler plus liaut, de peur qu'il ne note imparfaitement ses r^- ponses. La vierge, cependant, porte une robe sombre, et, par-dessus, le manteau des philosophcs; son visage gracieux semble refleter les vcrtus dont son Anie est (1) » II est visible, (lit Tilleinont, que ce saint n'a pas souffert dans le comincncenienl de la persecution; il ne faut pas non plus le niettre |)lus tard que I'an 307, sur la lin du(iuel Licinius fut fait enq)ereur de la Pannonie. » Memoires, t. V, art. sur saint Serene. {?.) Les Actcs dc sainte Eupheniie, cites d'ajtres les nianuscrils i)ar Tilleinont, Mdinolres, t. V, disont quelle niourul dans la cinciuifinc annee dc la persecution, cc qui, en conqitanl dei)uis :{(»:!, conduit a 307. (3) Ennodius, Carmen XVII, donnc a ce juf^e le noni de Priscus. LA PERSECUTION EN 307. 95 orn^e. Deuxsoldats ramenentau president , I'un la tire, I'autre la pousse.Dans Tattitude d'Euphemie est un me- lange de mhdestie et de ferniete. Elle baisse les yeux, commesiles regards deshommes la faisaientrongir;mais elle ne donne auciin signe d'inquietude ou de terreur. . . (( Le tableau suivant montre les bourreaux, converts de l^g"eres tuniques et deja a roeuvre : un deux lui saisit la tete et lincline en arriere ; a I'autre elle pre- sente son visage pour le supplice; un troisieme lui brise les dents. On apercoit les instruments de torture, le marteau et les tenailles. Les larmes coulent de mes yeux et I'emotion suspend mon discours, Le pinceau a si bien marque les gouttes de sang, qu'on les volt de- couler des levres de la martyre et qu'on s'eloig^ne avec des gemissements. « Dans un troisieme tableau, nous voyons de nouveau la vierge : elle est dans la prison, seule, en robe noire, les mains etendues , et appelle Dieu a son secours. Pendant sa priere apparait au-dcssus de sa tete le signe que les Chretiens out coutume d'adorer et de repre- senter, et qui semble lui annoncer sa future passion. « Unpen plus loin, le peintre montre le feu allume, dont les flammes rutilantes s'elevent de toutes parts ; an milieu d'elles so tient la vierge. les mains levees au ciel ; son visage iiexprime aucune tristesse, mais plut6t la joie d'une Ame qui monte vers la vie incor- porelle et bienlieureuse (1). » (li Saint Asleiiiis, Knarralio in mariijrUnn piuivlarissiiiuv viar- tijris Eupliemioc, dans Riiiiiart, p. 543. 9G LES CHRETIENS DEPL'IS LUSURPATION DE MAXENCE. La barbarie avec laquelle ime fern me etait ainsi torturee k Chalcedoine fait deviner les cruautes exercees contre les chretiens, en 307, dans les Etats de (ialere. Mais les documents siir cette annee sont presque tons perdus pour les provinces gouvernees par ce tyran, comme pour celles qu'il avait donnees a son ami Licinius. Nous sommes mieux renseignes, grkce k Eusebe, sur les faits qui se passerent a la meme epoque dans I'empire dc Maximin. En Syrie, en Palestine, en Egypte, les chretiens continuerent d'etre poursuivis et condamnes. Le jour de P^ues, qui tombait en 307 le 2 avril, Cesaree, deja ensanglantee par lant de martyrs, vit une jeune fille mourir pour le Christ. Theodosie etait de Tyr ; elle avait dix-huit ans, et depuis I'enfance s'etait montree pleine de cette foi serieuse qui se reflete sur le visage comme dans toutes les habitudes de la vie. Se trouvant dans la metropole palestinienne, elle assista au proces de plusieurs chretiens, et les entendit proclamer librement devant les juges le regne du Seigneur. Un soudain mouvement, qu'elle ne sut pas reprimer, la porta vers les courageux confesseurs; s'avancant jusqu'a eux, elle les salua, et les pria de se souvenir d'elle quand ils seraient pres de Dieu. Les soldats la saisirent comme si elle avait commis nn crime, et la menerent au gouverncur Urbain. Celui-ci la fit crucUement torturer : on de- chira ses flancs et son sein avec les ongles de fer, <|ui p^netraient jusqu'aux os. Comme elle respirait encore, calme et m6me riante au milieu dos tortures, LA PERSECUTION EN 307. 97 Tatroce mngistrat la fit jctor dans la iiier (1). I*uis, comme si sa fiireur cut ete apaisee par le supplice de cettc jeiine fille, Urbain sc contenta d'envoycr aux mines de cuivrc de Phaenos les confesseurs dont elle avail interrompu le proces (2). Nous avons plusieurs fois decrit les souffranccs des fideles astreints aux travaux forces des mines. En .307, lenr situation s'aggrave encore. U n'est pas do cruantes on d'outrages qui leur soient epargnes. Les uns, comme Silvain, pretre de Caza, et ses com- pagnons, condamnes a Cesaree le ,') noveml^re, ne partent pour les mines qu'apres avoir eu les nerfs d'un des j arrets brules avec un fer rouge (3) ; d'autres subissent une mutilation plus penible et plus humiliante {^). 11 n'est pas permis a ces mal- heureux d'elever la voix pour se plaindre. Le jour oil la sentence fut prononcee contre Silvain, un autre Chretien, Domninus, qui avait plusieurs fois confesse la foi, et dont la libre parole irritait les paiens, fut jete dans les flammes (,j). Eiisebe cite encore un vieillard, Auxcntius, expose aux betes a Cesaree (G). Urbain, qui ne cessait d'invenler les moyens de molester les chretiens et de les blesser dans leurs sentiments intimes (7), imagina un nouveau sup- (1) Eusebe, De mart . Palest., 1 , 1,2. (2) Ibid. (3) Ibid., 7, .3. (i) Ibid., 1, \. (5) Ibid. (6) Ibid. (7) Ibid. V. 98 LES CIlRliTIENS DEPUIS LLSCRPATION DE MAXEXCE. plice, qu'Easebc qiialifie d'inoui (1), line fois deja, cepciidant, nous avons vu, dans une des persecutions precedcntes, des fideles en etre menaces. On sail que les condamnes a la peine capitalc etaient quel- quefois agreges aux troupes de gladiateurs (2). Sous Dece, un entrepreneur de jeux, voyant le prisonnier cliretien Asclepiade, s'ecria : (( Quand celui-ci aura ete condamne, je le reclamerai pour les combats de gladiateurs (3). » La suite des Actes de saint Pionius, d'ou cotte parole est tiree, ne dit pas quel fut le sort final d'Asclepiade. Peut-6tre s'en tint-on a la menace. Sous Maximin, le gouverneur de Palestine voulut passer outre. Infornie des censures dont FE- glise frappait Timmorale et criminelle profession des gladiateurs, il enrola de force trois jeunes gens Chretiens parnii les pugilistes (4.). On les remit aux mains d'un entrepreneur de jeux publics, charge de leur donner I'education speciale et I'entrahiement que demandait leur nouvelle profession; mais ils rcfuserent toujours de recevoir la ration assignee (1) Ta; \i.rfi'' dv.oyaOei'ja; 7:(i)7r&Tc xata xtov CeooeCwv STTSvoct Ti[j.wpia;. iJc movl. Pdle.sl., 7, 4. (2) Voir les textes cites dans Vllislo'ivc des persi'viilions pendau' la proniere moi/ic du IroLsiemc sieclc, p. 385, iinte "2. (3) Passio S. Pionii; ibid., p. 385. (4) TpEi? [J.£V £'.; TO [Jiovoiiaystv ejtt 7tuy[ji-/j xaraoixasSi. Eiisehe, l)f^ marl. PuL, 7, 4. — Les piij^ilislcs {put/ilcs, 7i\JY|j.dyot) elaicnt coniples parini los gladiatcMirs : >< Miiiicra ^iladiatoiia cdidil, (iiiibiis inscM'iiil ca- lervas Afroniiii Cainpanoriiin(|uc piif^iliiin. » Sik'Ioik;, ChIkjiiUi, 18. l$ieii f|iie le piif^ilal fiU on apparence moins perilleux que d'aulres coinbals darni)hilli(''iktn', il amenail rre([uemineiil, la moil d'mi des adversaires. (Schaliasle ad Pind. Olijnip., 34 ; Pausanias, VI. '.», 3; VIII, 40, 3.) LA PERSECLTION EN 307. 99 aux glacliateiirs sur le tresor imperial et de prendre part aux exercices d'ecole par lesquels on les pre- parait tl paraitre dans Farone (1). Le plus illustre des confesseurs poursuivis en 307 par le gouverneur Urbain est le pretre et docteui- Pampliile. Pieux et charitable autant que savant, Pain- philc avait fonde a Gesaree une riche bibliotheque en- dommasee, mais non detruite par la persecution (-2); il avait egalement ouvert dans cette ville une ecole, al'imitation de celle d'Alexandrie (3). Parmi ses eleves furent Eusebe et le jeune Aphien, dont nous avons raconte le martyre (i). Mais, par liumilite, Pamphile composa pen d'ouvrages; il consacrait tous ses soins a un plus obscur et plus modeste lal^eur. Precurseur des moines du moyen age, il multipliait par la copie les exemplaires de I'Ecriture sainte. Les provinces situees entre TEgypte et la Syrie etaient pleines de manuscrits dus a sa plume infatigable (5). Ces copies etaient ce qu'on appellerait aujourd'hui des editions savantes : Pamphile s'efTorcait de ne re- pandre que des textes puises aux sources les plus pures. Son illustre devancier Origene, le vrai fonda- teur de la critique biblique, lui servait de guide : c'est avec la version des Septante et les autres ver- sions reproduites par le grand Alexandrin dans ses (1) Eusi-bc, De mart. Palest., 8, '2. (2)Eus^l)o, Hist. Eccl., VI, 32; saint Jt-ioiiio. rp. 3i. (3) Eusebe, JJist. Eccl., VII, 3'>, 35. (4) Voir plus haul, p. 48. (5) Saint Jerome, Apol. contra Ihijimim. II, 27. 100 LES CHRETIENS DEPUIS LTSURPATION DE MAXENCE. He.raples que Pamphile collationnait ses copies. Eii- sebe I'assista freqiiemment clans ce travail (1). ku pied dc plusiciirs manuscrits se lisaient des aDiio- tations comnie coUes-ci : « Moi, Eusebe, j'ai corrige, Pamphile coniparant le texte; — Pamphile et Eusebe out corrige avec soin ; — de leur proprc main Pam- phile et Eusebe ont corrige (2). » Au milieu de ces occupations Pamphile fut arrele par Tordre du g'ouverneur de Palestine. Apres avoir confesse cou rageusement sa foi et subi d'affreuses tortures (3), il fut mis en prison. Le saint docteur y demeura pres de deux annees, interi'ompant le moins possible ses travaux habituels. Grace a la complicite de geoliers gagnes a prix d'or, Pamphile put garder dans la prison les Bibles proscrites par Diocletien, recevoir les visiles de ceux de ses amis qui n'etaient pas incarceres, et se fairc aider par eux dans ses etudes. (Vest ainsi qu'avec le secours d'Eusebe il composa une ApoJogie d'Origene, dediee aux confesseurs de- tenus dans les mines, et malheureusement perdue (4). 11 est probable que quelques-unes des copies de livrcs bibliques au bas desquelles se lisent les noms reunis de l*ami)hile et d'Eusebe furent executees aussi dans la prison. Un autre auxiliaire I'assista dans les travaux de Sii captivite; a la fin d'un recueil commencant aux li- (1) Saint Jerome, l. c. (2) Ihtlletlino di archcolofjia crisli(in(t, KSC;$, p. G7. (3) Eusi'be, De mart. Pali'sl.. 7, :>. (4) I'holiiis, mOlio/h., IKS;Roiilli, lidiqitix s(.ci :c, 1. IV, p. 339, 392. LA PERSECUTION EN 307. 101 vres cles l{ois et se terminaiit a celui d'Estlier, on lisait la note suivante : « Le manuscrit a ete con- fi'onte ot corrige a\ ec les Hexaples revus par Origene lui-ni6nic. Antonin, confossear, relisait le iexte; moi, Pamphile, j'ai corrige le livre dans la prison, par la grace et la bonte de Dieii; et, s'il est per- mis do le dire, il ne sera pas facile dc trouver un exemplaire qui piiisse etre compare a celui-ci (1). » Pendant que le pieiix docteur continuait paisi-, blement ses etudes en prison, la vengeance divine commencait a s'appesantir, non plus seulement sur les auteurs principaux de la persecution, mais encore sur les agents secondaires qui avaient mis une lc\clie cruaute au service de la volonte criminelle des princes. Le gouverneur ou piutot le tyran de la Palestine, Urbain, jouissait au plus haut degre de la faveur de Maximin; il frequentait le palais pendant les sejours de celui-ci 4 Cesar«3e, mangeait k sa table, portait le titre envie d'ami de Tempe- reur, Soudain, un caprice de despote ou une intri- gue de cour renversa le puissant favori. Un seul jour ou piutot, dit Eusebe, une seule nuit causa sa perte. Lui qui, la veille, reiidait la justice du liaut de son tribunal entoure de soldats, perd tout a coup ses honneurs, ses dignites, ses biens, est traine devant lempcreur, et, malgre d'abjectes supplications, nc (1) Celte apostille a ele reproduite par le copisle du ties aiicien Co- dex Sinaitirus, d'apres le manuscrit original d;' Pamphile. Voir Tis- oliondorf. Coder Frcderico-Aiiyiisfaniis, Leipzig. i8iG, f" l'.>. (,'f. IlKllcttino di arclu'oloyia ciisttana, 18ij3. p. 05. 102 LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. parvicnt point a einouvoir ce juge inexorable. Une sentence capitale atteint celui qui avait envoye d la mort tant d'innocents. Gesaree , qui avait vu leur supplice, voit perir Urbain, a la suite d'une dis- grace rapide et imprevue comme un coup de fou- dre (I). Est-ce aussi une disgrace, est-ce une dignite plus haute, ou la mort, qui enleva Hierocles de la prefec- ture d'Egypte? Onl'ignore; niais toute (race de cet ennemi des chretiens disparait en .'507; sa place est occupee a Alexandrie par un autre fonctionnaire, Culcianus, destine a connaitre, comme beaucoup des plus acharnes persecuteurs, toutes les extremi- tes des clioses humaines (2). Culcianus avait ete gouverneur de la Thebaide (3), oi\ probablement il avait succede au converti Arrien (Y); il fiit de ce poste promu <\ la prefecture de I'Egypte apres Hierocl^s. En Thebaide, il avait abondamment verse le sang des fideles (5); a Alexandrie, il poursuivit I'tt'iivre de son predecesseur, et continua les proces commences contre plusieurs chretiens ilhistres. De- vant lui comparurent Phileas, evcque de Thmuis, et le financier Philorome, dont nous avons raconte dej;Y la captivite (0). (1) Eu.S('l)o, De mart. Polcsl., 7, 7-8. (2) Euscbo, Ili.sL lu-cL, IX, 11, 1. (3) Saiiil Epiphanc, ILvres., I.XVIII, 1. (4) Voir plus haul,, p. 57. (5j Euseix', Nisi. IJrI., IX, 11, 'i. (6) Voir plus liaut, p. 53. LA PERSECUTION EN 3i)7. 103 Culcianus interrogea d'abord Phileas (1) : « INnix-tu r\re sobrc? — Jc le siiis et I'ai toiijours ete. — Sa- ci'ifie aux dieux. — ,le lie sacrifie [)as. — Pourquoi? — I'arce que les saintcs et divines Ecritiires disent : « U perira, celui qui sacrifie a plusieurs dieux, et noii a Dieu seul. » — Sacrifie done au dieu Soleil (2). — Je lie sacrifie pas. Dieu ne veut pas de tels liommag-es. Car on lit dans les saintes et divines Ecritiires : « Que me fait la multitude de vos sacrifices? dit le Seigneur. J'en suis rassasie, je ne veux ni de I'liolocauste des l)eliers, ni de la graisse des agneaux, ni du sang des boucs. Ne m'ofFrez pas de farine. » Un avocat present a raudience interrompit alors Phileas : « U est l)ien question de farine I c'est ta vie qui est en jeu. » Cette intervention merite d'etre remarquee. Jamais les Actes des martyrs ne les montrent defendus par un avocat : il parait meme resulter d'un passage de Tertuliien que le ministere des avocats etait refuse aux accuses de cliristiauisme (3); et Ton voit sous Marc Aurele un jeune Lyonnais « mis au noml^re des martyrs » pour avoir essaye de presenter leur de- (1) Les .\ct<'S de PliilL'as el tie Pliilomine (ilaris lUiiiiart, p. oiSi sotil line piece exccllente. Void le juj»eineiil (lu'eii porle Tilleinoiit : « Je ne vois jtas lieu tie tloiilcr (iiiils ne soient ties aiillienli(|iies. La brievele lies reponses, la siniplicitti de la nanalion, el la confonnile avec ce (lu'Eusi'be dit des deux saints, paraissenl des clioses liop considtMablcs pour nous |)erhiettre den douler. >> Ces Actes onl Ires pniljahlemenl ele connus de saiulJerome {De tHiHs illustrlbus, 78). {'2) Les .\clcs conlienuenl icl un jeu de mi)ts inlraduisible : '( Pliileas respondil : Quia saertc el divin;c Seripturae dieunt : Qui iiniimlat diis eradicabitur, nisi soli Deo. Culeianus dixit : Iininola ergo deo Soli. » (3) TerluUien, Apolog., •). 104 LES CHRETIENS DEPUIS L'LSLKPATION DE MAXENCE. fense (1). Cepcindant la suite du proces va nous mon- trer les memhres du liarrcau d'Alexandrie prenant un vif interet a la cause de Phileas, et, sans plaider pour lui, essayant de moderer ses reponses, deman- dant un delai en son nom , rivalisant d'efforts avec ses amis et ses proclies pour le sauver. La haute situation de Taccus^, ses grands Liens, son rang dans la province, ses alliances de famille, expliqueraient suffisamment ce secours inusite d'une corporation ordinairement hostile ou au moins indifTerente aux Chretiens; mais il en est une autre raison : un des freres de Phileas appartenait au barreau de la metro- pole egyptienne, et nous le verrons tenter en sa faveur un supreme effort. Culcianus continua I'interrogatoire, discutant chaque parole de Phileas, opposant arguments £l arguments, philosophic a theologie : on voit qu'A ses yeux aussi un tel adversaire est de ceux qu'il est plus glorieiix de vaincre que de tuer. « Quel sacrifice pent satisfaire ton Diou? — Celui d'uii coeur pur, d'une pensee sincere, d'unc parole vraie. — Immole done. — Je n'immole pas, je n'ai jamais aj)pris. — Est-ce que Paul u'a jauiais immole? — Non. — Et Molse, n'a-t-il pas oH'ort des sacrifices? — Aux seuls Juifs il avait ete commande de sacrilior a Dicu dans Jerusalem. 3iais maintonant les Juifs (jui celebrent ces fetes eu d'aulres lieux commotleut iiii peche. — (1) Eiisi'bo, Ilisl. I'Jccl., V, 1, 10; cf. flistoire des persecutions jun- ilant les deux premiers siccles, \i. 3\)6. L.V PKRSKCLTION EN 307. lO:. Cesse CCS vains discours; il est encore temps pour toi dc sacrifier. — Je ne souillerai pas mon iVme. — C'est done de I'Ame que nous avons soin? — De I'Ame ct du corps. — De ce corps m6me? — De ce corps. — Est-ce que cette chair ressuscitera? — Oui. » Passant brusquement d'un sujet a un autre, et montrant par ses questions la vague et imparfaite connaissance que les magistrals de ce temps avaient des Ecritures . Culcianus poursuivit en ces termes : « Paul n'etait-il pas persecuteur? — Non, certes. — Paul n'etait-il pas un ignorant? n'etait-il pas Syrian? ne discutait-il pas en syriaque? — Non, il etait juif, disentail en grec, ei surpassait tons les hommes en sagesse, — Diras-tn, peut-6tre, qu'il surpassait meme Platon? — Non seulement Platon, mais tous les philosophes. Les sages out ete persuades par lui : si ta le veux, je te redirai ses paroles. — Sacrifie. — Je ne sacrifie pas. — Est-ce par principe dc conscience? — Oui. — Com- ment ne te montres-tu pas aussi fidele aux obligations contractees envers ta femme et tes enfants? — Parce que le devoir envers Dieu est le premier de tous. La sainte et divine Ecriture dit : « Tu airaeras le Seigneur ton Dieu, qui t'a cree. » — Quel Dieu? » Phileas leva les mains au ciel, en s'ecriant : « Le Dieu qui a fait le ciel et la terre, la nier et tout ce qui est en eux; le createur ct I'artisan de toutes les clioses visibles et invisibles; celui que la parole ne peut decrire, qui est seul et subsiste aux siecles des siecles. Amen. » Los avocats essayerent dimposer silence a Taccuse. '< Pourquoi resistes-tu au president? » lui dircnt-ils. ino LES CHRETIENS DEPUIS L'USniPATlON DE MAXENCE. « Je reponds a ses questions, » reponclit Phileas. (( Tais-toi, dit Culcianus, et sacrific. — ■ Je ne sacrifie pas. Je ne veux pas pcrdre mou ame. Ce ne sont pas les seuls chretiens, mais les paiens eux-memes, qui ont souci de TAme. Souviens-toi de Socrate. Quand on le menait a la niort, il ne se retourna pas, malgre la presence de sa femme et de ses enfants, mais marcha volontiers au supplice. » Culcianus essayait toujours de deconcertcr son adversaire par dcs ques- tions brusques : « Le Christ etait-il Dieu? denianda-t-il. <( Oui, » repondit Phileas. <( Et comment as-tu la preuve qu'il etait Dieu? — Il a fait les aveugles voir, les sourds entendre; il a purifie les lepreux, ressuscite les morts; il a rendu la parole aux muets, gueri de nombreuses infirmites; la femme affligee d'un flux de sang- n'a eu qu'a toucher le bord de son vetement pour recouvrer la sante (1); d'innombrables miracles ont ete operes par lui. — (^lommcnt un Dieu a-t-il pu etre crucifie? — Pour notre salut. Il savait qu'il devait etre crucifie et soulfrir toute sorte d'outrag-es, et il a tout accepte pour nous. Car cela avait ete predit de lui par les saintes Ecritures, que les Juifs se fig'u- rent comprendre, mais qu'ils ignorent. Que cclui qui a bonne volonte vienne, et voie s'il n'en est pas ainsi. (1) Cc miracle a t't,' represeiile dans iinc iiciiiUiic dii second swrAo d« la catacoinhc de Protextal et siir iiii sarcopliai^e dii (inaliieiiK! siede : voir INorUieoh; el IJrownlow, Christi(ni Art, [>. 140, '.'.21. Au temps d'Eusehe Jlist. Keel., VII, 18) deux statues d'airaiii, a Cesaree, dont I'uik! repre- sentait uiic feuiMK; k gcnoux, i'aulrc un liomin(^ lui lendant la main, passaieiil pour avoir cle elcveos jiar I'h 'morroissc^ elle-meme en sou- venir de sa nuerison. LA PEIiSECLTION EN 307. 107 — Souviens-toi cles egards que je t'ai moiitres. Jaii- rais pu t'luimilicf dans ta ville meme. Par respect pour toi, je ne I'ai pas voulu. — Je t'eu rends grAces, et te prie de rccevoir mes remerciements. — Que veux-tu done? — Use de ton pouvoir (1), fais ce qui t'estcommande. — Tii veuxdonc moiirirsans motif? — Non pas sans motif, mais pour Dieu et pour la verite. » Fidele a sa tactique, Gulcianus denianda tout a coup : « Paul etait-il dieu? — Non. — Qui etait-il done? — Un liomme semblable a nous, mais inspire du Saint-Esprit, et en cat Esprit operant des prodiges. — .I'accorde ta gvkce a, ton frere. — Accorde-moi une grace complete en usant de ton pouvoir et en faisant ce qui t'est commande. » Culcianus prononca une singuliere parole, ou eclate tout le mepris de la phi- losophie palenne pour les petits et les indigents : « Si je savais que tu fusses pauvre et pousse par la misere k cette folic, je ne t'eparg^nerais point. Mais, parce que tu as de grands biens, parce que tu pourrais nourrir non seulement toi, mais toute une province, je veux t'epargner, et je te conseille d'offrir un sacri- fice. — Je ne sacrifie pas, dit Pliileas, et c'est ainsi que je m'epargne moi-meme. » Les avocats essayerent dun subterfuge, et pretendirent qu'a une epoque anterieure Phileas avait satisfait a Tedit : u II a dejA sacrifie enparticulier », dirent-ils(2). « Je n'ai jamais (1) '< Tcini'ritatft tuautcro. i. — Siir \c. sens de celle expression, voir Tiliciiionl, MvmQircs, (. V, note iiisur saint Phileas. ('>) 11 .lam iniinolavit in plironstiterio. » — tppovrxi-rvipiov, lien oil Ion s'enlenne pourmedilcr, par extension cabinet delude, quelquefois ecole. 108 LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. sacrifie, » s'ecria Phileas. « Ta mallieurcusc epouse te regarde, » dit alors le magistrat. (( Le Seigneur Jesus-Christ, que je sers dans les chaines, est le sau- veur de toutes nos amcs. Lui, qui m'a appele a riieritage de son royaume, est assez puissant pour I'appoler, elle aussi. » Lcs avocats feignirent de mal entendre ces paroles : « Phileas, s'ecrierent-ils, soUi- cite un delai. — Je t'accorde un delai pour reflechir, » dit le juge. « J'ai souvent reflechi, repondit Phileas, et j'ai choisi de souffrir avec le Christ. )> On vit alors un emouvant spectacle : les avocats, les employes du gouverneur, le curateur de la cite d'oiile martyr etait originaire, enfin tons ses parents, sepressaient autour de lui, baisaient ses pieds, le conjuraient d'avoir egard a son epouse, pitie pour ses enfants : insensible aux prieres, aux paroles et aux caresses, Phileas demcurait immobile « conimo un rocher vainement battu des flots », etsemblait avoir dejaquitte la terrepourleciel. Philorome etait present : probablement n'avait-il pas encore ete interroge ; niais un incident inattendu permit d'a])reger, a son egard, les formalites de la procedure (1). On Tcntendit soudain intervenir par piti6 pour Phileas, dont il avait suivi la resistance eloqnente aux arguties du juge, et dont il admirait niaintenant la lulte silencieuse contre les larmes de tant d'etres cheris. « Pourquoi, s'ecria I'ancicn ma- (1) Colic ii\|iollirso 1110 parail sc; coiicilicr avoc, le Icxto des Acles )nioiix (jiio cello do Tilleiiioiil, (|iii sii|>|K)si' |ioidn lo ]>i(iet's-vci'ljal de l'iiilciio"aloiro dc IMiiloidiiii'. LA PERSECUTION EN 307. lO'J gistrat, tentcz-vous inutilement le courage de cet hommc? I*ourqiioi voulez-vous le rendre infidele 4 Dieu? Poiirquoi ossayez-vous de lui faire renier Dieii pour oheir aux homracs? Ne voyez-vous pas que ses yeux n'apercoivent pas vos pleurs, que ses oreilles n'entcndeiit pas vos paroles, et qu'il est tout absorbe par la contemplation de la gloire divine? » La colere des assistants sc tourne alors vers Philoromc : on presse le juge de rendre la sentence contrc Ini en meme temps que contre Phileas. Culcianus, dont la patience etait a bout, ne se fit pas prier, et condamna immediatement les deux cbretiens a 6tre decapites. On se niit en route pour Texecution. Tout a coup un avocat, le frere de Pliileas, s'ecria : « Phileas demande la reformation de la sentence, » Le juge fit ramencr le condamne : « Pourquoi as-tu interjete appel (1)? — Je n'ai fait aucun appel, loin de la! N'ecoute pas ce malbeureux. Pour moi, je rends graces aux empereurs et au president, par qui j'ai ete fait le coheritier de Jesus-Christ. » Phileas sortit, et alia rejoindre son conipagnon. Quand on fut au lieu du sup- plice, le saint eveque etendit ses mains vers I'Orient, adressa aux cbretiens une touchante exhortation, fit une derniere priere; puis les deux martyrs t«ndirent le cou, et leurs t6tes roulerent sous le glaive du bourreau . (1) « Phileas abolitioncin iiclil. — Qiiiil aiipcllasti? » Hh-n i\ue\'al)o- litio el I'oppellatio fiissent denx inocediires dilTerenles, elles inciiaieiil au inline resullat, et |ir<)bablciiieiil avaient (ini jiar se confoiidre dans le laiigaf^e el dans la |iiall(iiie, imisiiue I'line el I'aulrc avaleiil \h>iw objet daneanlir le premier jmoc 'S. no LES CHRETIENS DEPL IS LLSLRPATION DE MAXEXCE. II. La persecution en 308. La confusion politique s'accrut encore en 308. Le nonibre des empereurs imposes au monde romain ne cesse de grandir. 11 semble qu'on va revoir I'ere des frente tyrans. A Rome, Maxence fait Cesar son jeune fils Romulus. En Afriquc, Alexandre, vicaire du prefet du pretoire, refuse de reconnaitre Maxence et prend la pourpre. Hercule, n'ayant pu obtcnir que Galere lui refit une place dans le college imperial et lui ren- dit des Etats, retourne vivre en Gaule pres de son gendre Constantin, puis, pendant que celui-ci luttait contrc les Francs, reprend a Aries les insignes de la souverainete. Constantin n'eut point de peine a domp- tcr eel te rebellion, et fit grace a rincorrigibleambitieux. Mais une autre ambition, plus redoutable puisqu'elle etait jointe a la force, s'agitait a Textremite orien- tate de I'empire. L'elevalion de Liciniusau rangdWu- guste, en novembre 307, avait ])lesse Maximin Daia. N'occuper que la troisieme place parmi les empereurs et ne porter que le litre de Cesar lui parut une cruellc' injure. Le neveu do Galere ne possedait ni I'^levation d'cYme ni la hauteur de g6n\c de Constantin, a qui le rang et le titre demeuraicnt indiilerents pourvu qu'il gouvernAt ses sujels et combattit les Barbarcs en verital>Ie em[)ercur. Envieux comme tons les esprits LA PERSECUTION EN 308. 1 1 1 etroits, Daia iTcut pas dc repos jiisqira ce qu'il eiit coutraiiit son oncle a satisfaire ses desirs. Voici com- ment Lactance raconte la nonvelle hnmiliation infli- gee a la politiqne egoiste de Galerc. On eprouve un sentiment de justice satisfaite en voyant tons ces per- secuteiirs sc tourmenter les uns les autres. « Galere envoya plus dune fois des messagers a Maximin. le priant de lui obeir, de respecter I'ordre qu'il avait etabli, d'avoir egard a Fage, et de rendre lionneur aux cheveux blancs de Licinius. Mais le Cesar dresse les cornes, allegue son anciennete, declare que celui-la doit etre le premier qui le premier a recu la pourprc, et meprise les ordres comme les prieres do son oncle. La mauvaise bete exhale alors sa douleur et ses mugissements; un si ignoble Cesar n'avait ete choisi qu'a condition d'obeir, et maintenant, oublieux des bienfaits dont il a ete comble, il repousse, en im- pie, les desirs et la volonte de son bienfaiteurl Vaincu cependant par Tobstination de Maximin, Galere sup- prime le litre de Cesars, et, gardant avec Licinius celui d'Augustes, donne Tappcllation de lils des Augustes a Maximin et a Constantin. Maximin repond par Ian- nonce officielle quau dernier champ de 3Iars il vient d'etre proclame Auguste par son armee. Galere dut ceder tristement, et ordonna que lesquatreempcreurs auraient le titre d'Augustes (1). » Les quatre enipereurs 6taient, avec Galore, Licinius, Maximin et Constantin: mais, autour de ces astres fixes du ciel imperial, gravi- (i) Lactancc, Dc morl. pcrs., 83. 112 LES CHUETIKNS DEPUIS LUSURPATION DE MAXENCE. taien t sans ordre et sans accord Maximien Herculc en Gau- le, Maxence et son jeune lils a Rome, Alexandre en Afri- que,tandisquederhorizondalmateretoilep4liedeDio- cletien eclairait d'un rayon desolecette image dn chaos. Maximin avait eu faciloment raison de Galere, qui, arrogant avec les faibles et les timides, cedait quand il rencontrait nn plus violent que lui. Mais, si le succes qui flattait son orgueillui donna Fillusion de triompher de la conscience des chretiens comme il avait triomph^ de Tobstination de son oncle, le nouvel Auguste ne tarda pas a etre detrompe. L'eclat nouveau dont l)ril- lait sa pourpre ne fit aucnne impression sur leurs re- gards : en 308 aussi bienqu'en 309, ils opposerent ^ ses menaces une douce et calme resislance. L'arbitraire et le caprice avaient de tout temps pre- side aux mesures prises par les magistrats contre les tideles. Pourquoi celui-ci etait-il condamne a mort, celui-la retenu en prison, cet autre envoye aux mines? Prcsque toiijours la raison de ces traitements divers nous ecbappe. On ne se rend pas coinptc davantage des motifs pourlesquels des forcats chretiens ^taient parfois transferes d'une minca une autre. En 308, unor- dre de ce genre fut pliisicurs loisdonne. Quatre-vingt- dix-sept homines avec leurs femmes et leurs enfants (car des families entieres etaient plongees d\m seul coup dans les t6n6bres des mines) furent un jour con- duits des carrieres de porphyre de la Thebaide jus- qu'en l^alestinc (1). Cette translation n'avait pu 6tre ( Ij Eusi.ljc, De iHdii. I'alrsl.,^, 1. LA PERSECUTION EN 308. 113 commandee par le g-ouverneur de rune on de lautrc province, dont Tautorite ne s'^tendait point hors de leurs limites, mais Fordre emanait soit du vicaire du diocese d'Orient, soit de Maximin liii-meme. On se fi- gure la pitoyable caravane se mouvant avec peine sous le poids des fers, et marquant sa route sur les bords de la mer Rouge ou dans les sables du desert par les ossements de femmes et d'enfantsqui n'avaient pa suivre. Arrives a Cesaree, les forcats comparurent devant Firniilien, successeur de I'odieux Urbain dont nous avons raconte la disgrace. lis confesserent una- nimement le Christ. Le gouverneur les envoya aux mines de cuivre de la Palestine, ou le travail, dit un l*ere du quatrienie siecle, etait si dur, qu'on y mou- rait en peu de jours (1). Mais, avant de partir pour cette nouvelle destination, les confesseurs furent sou- mis a un traitement horrible. Nonseulement Firmilien voulut qu'on leur briildt les jointures du pied gauche, comme Urbain Favait fait a d'autres condamnes; mais obeissant, dit-il, a un ordre special de Fempereur, il ordonna de leur crever k tons Foeil droit avec un poignard, et de cauteriser au fer rouge les orbites sauglants (2). Le m6mc traitement fut ensuite inflige, devant Maximin en personne, aux trois chretiens qui, depuis Fannee precedente, refusaient d'apprendre le metier de gladiateurs (3); d'autres fideles de Cesaree (1) Saint Alhanase, I'pist. ad solU. (2) Eusebe, De marl. Palest., 8, 1. (3) Ibid.. 8, 2. V. 114 LES CHRETIENS DEPUIS LUSL'RPATION DE MAXENCE. subirent une semblable mutilation avant d'etre diriges aiissi vers les mines de la province (1). En Egypte, aux mines m^me, des condamnes furent tortures de la m6me maniere ; pour comble d'horreur, cent trente Chretiens, tires en cet etat des carrieres egyptiennes, durent se mettre en marclie, trainant la jambe et a demi aveugles, les uns vers celles de la Palestine, les autres vers celles de la Cilicie (2) . La charite chr^tienne, pour laquelle, m6me a cettc epoque, les distances n'existaient pas, venait souvent chercher sous terre les victimes de labarbarie paienne. De frequents messages, de touchantes visites leur ap- prenaient que les amis, les freres, ne les avaient pas abandonnes. Des contrees occidentales, oii regnait dejala paix religieuse, des envoyes portaient aux fide- les qui soufTraient en Orient, particulierementaux de- tenus des mines, les secours materiels ou les consola- tions spirituelles. Telle avait ete dans tous les temps la coutumc de TEglise de Rome (3), animee, en vertu de sa primaute meme, de <( sollicitude pourtoutes les Eglises ». Eusebc atteste que, pendant la derni^re persecution, jouissant du rcpos longtemps avant ses soeurs d'Asie, elle n'oublia pas de leur faire parvenir de genereux dons (V). Ce fnt peut-etre (al)straction (1) Eusebc, De marl. ValcsL, 8, 3. (2) Ibid., 8, 1.3. (3) Eusobc, IIisl. JiccL, IV, 23, 10; VII, 5, 2; sainl Basile, /Ty). 220. Cf. les Dcrnibres I'crseciillons du (roisieiiie siecle, p. -lo, 159. (4) To (J.EXP' to^ xaO' r|(ia; Sioiyjj.oy (^■Aa.yjibj l'fo(j.aiwv sOo;. Eiisebe, Hist. Act/., IV, 23,9. L\ rEHSI^CLTIO-N EN 308. 115 faite de tout detail legendaire) la mission dc Boniface, depute dc Rome en Cilicie, ct gagnant en route la couronne du martyrc (1). Des pays memes oil durait la persecution, des fideles se mettaient en marche pour alter rejoindre les condamnes aux mines et s'en- ruler pres d'eux coinme ouvriers afin de les servir. Le devouement admirable de ces chr6tiens ne parvint pas toujours a dejouer la surveillance de leurs ennemis. Apres le depart de la double chaine de forcats egyp- tiens pour la Palestine et la Cilicie, une petite troupe d'amis sortit volontairement d'Egypte et suivit leurs traces. Long-eant la mer, clle arriva, le li decembre, a Ascalon. Mais son approche avait probablement ete signalee; a leur entree dans la ville, les voyageurs fu- rent saisis par les sentinelles qui gardaient la porte : suivant la barbare coutume desormais adoptee, on les priva d'un oeil et d'un pied, et, ainsi mutiles, on les envoya retrouver aux travaux forces de Cilicie les voyageurs qu'ils avaient voulu secourir. Trois de ces (1 Passio S. Bonifdcii marltjris. dans lluinart (ed. Ralisbonne) p. 325. Sur les critiques auxqiiclles donne lieu cette Passion, voir Til-, Icniont, Memoires, t. V, art. i.vii et note lwxii sur la persecution de Diocletien; Duchesne, I i Liber Pontificalis. t. II, p. 39, note 42. La version latine contient iin preambuie (non reproduit dans la version grecque) qui donne la date evideniment inexacte de 290; Tilleniont propose 306; on peut adniettre aussi bien I'uiie des annees suivantes. Sans me porter garant de la partie romanesque du recit, j'en ai fait remarquer ailleurs la delicatesse et le pathelique; voir les F.sclaves (■/irctiens,p. 258-202. Bossuet, que sa corres|>ondance montre souvent occupe des documents rclatifs a Thistoire des premiers siecles. trouve aux Actes de saint Boniface « beaucou|> de marques dune grande an- tiquite »; il indicjue cependant des reserves : voir letlre 59, a M. Di- rois (ed. Bar-le-Duc. t. XI, p. 3('.). IIG LES CHRETIENS DEPUIS L'L'SL'RPATION DE MAXENCE. fideles, cependant, repondirent si fierement aux per- secuteurs, queceiix-ci les condamnerent sur-le-champ a mort : Ares peril dans le feu, Elias et Promus par le glaive (1). Bien que Maximin paraisse, dans les premiers mois de 308, avoir snrtout condamne les chretiens aux mi- nes, soit fantaisie de despote, soit besoin reel d'ou- vriers, cependant denombreux martyrs verserent aussi en ce temps leur sang pour le Christ. A Gaza, des chre- tiens avaient ete arretes pendant qu'ils ecoutaient la lecture des Livres saints. Les uns furcnt mutiles et en- voyes aux mines, les autres livres au supplice (2). Parmi les captifs etait uue femme intrepide, qui, s'en- tendant condamner a la prostitution, inter rompit le g'ouverneur et deplora le crime du tyran, coupable d'avoir confie Tadministration de ses provinces k d'aussi cruels magistrals. Le juge la fit fouetter, puis suspendre au chevalet et dechirer avec les ongies de fer. Les bourreaux epuisaient sur elle leurs efforts; tout a coup une autre femme, une vierge consacree a Dieu, chetive et contrefaite, mais douee d'une grande Ame, sortit de la foule, et, allant droit au gouverneur : (( Jusques d quand tourmenteras-tu si cruellement ma soeur? » s'ecria-t-elle. On I'arr^ta sur-le-champ. In- terrogde, elle confessa le Christ. Le magistral, avec une feinte douceur, la pressa de sacrifier. Elle rcfusa. On la condnisit de force devant I'autel; d'un coup (1) Eust'bc, De mart. Palest., 10, 1. (2) Ibid., 8, 4. LA PERSECUTION EN 3ii8. 117 de pied elle renversa rauteletdispersa le bois. Le gou- verneur eAit, dit Eusebe, un veritable aeces de rage : ce n'etait plus un homme, raais unc liete feroce. U fit tellement dechirer avec les ongles de fer le corps de- bile de la chretieune, que jamais personne navait ete vivant ecorche de la sorte : on eiit dit qu'il voulait man- ger de sa chair. Quaiid sa cruaute fut enfin rassasiee, il fit Jeter dans le feu les deux martyres. La premiere etait de Gaza, mais Eusebe ignore son nom (1); la seconde, Valentine, appartenait a une bonne famille de Cesaree (2). Un des chretiens arretes a Gaza se nommait Paul. Condamne a la decapitation , il demanda au bourreau quelques instants pour se recueillir et prier. On Ten- tendit alors elever la voix et adresser k Dieu une suite d'oraisons, qui font penser aux invocations solen- nelles que I'Eglise recite encore le Yendredi-Saint (3). II pria dabord pour tout le peuple chretien, afin que Dieu en ait pitie et lui accorde le plus t6t pos- sible la paix et la securite; puis pour les Juifs, afin qu'ils croient au Christ; ensuite pour les Samaritains. Avec non moins de fcrvcur il implora pour les paiens la grAce de quitter lours crreurs et de reconnaitre la vraie religion. Il noublia pas de faire memoire de la foule qui se pressait, emue et curieusC; autour (1) Les decs, dans les Menecs, i'appelleiit Thea. (2) De mart. Palest., 8, 5-8. (3) Sur ces antiques oraisoiis, en usage aujouid'hui daii^ un soul jour de I'annee liturgique, uiais auxquelles correspondent, le diuianche, los prieresdu prone, voir Duchesne, Ori(jinesdu culle chretien, {>. 59,(51, 16i 118 LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. de lui. Enfin le doux et misericordieux martyr se soii- vint du juge qui I'avait condamne a mort, des em- pereurs au nom de qui se faisait la persecution, du Ijourreau qui allait lui trancher la tete, et pria Dieu de ne point les punir de leur peclie. Tous les assis- tants versaient des larmes. Lui, ccpendant, sa priere finie, vint se placer docilement devant le bourreau, et tendit la tete. Le martyre de cet heroique Chre- tien et de ses compagnons eut lieu le 25 juillet (1). II semble que tant de courage, m6le a une si tou- chante charite, ait pour quelque temps desarme les persecuteurs : Eusebe marque, a la fin de juillet, une courte ireve laissee aux chretiens. Les condamnes aux mines de la Tliebaide fi>rent traites avec quelque douceur. Tous les fideles respireren^t plus librement, comme si une brise pure chassait deja les vapeurs sanglantes dont le sol etait convert (2). Puis, on ne sait pourquoi , le ciel s'obscurcit de nouveau , et la persecution se dechaina en un plus terrible orage. Un nouvel edit fut envoye par iMaximin dans toutes les provinces : c'etait, si Ton comptc bien, le sixieme depuis 303. Des lettres du prefet du pretoire, trans- mises par des gouveriieurs aux curateurs des ciies, aux magistrals municipaux, et aussi aux grefficrs qui gardaient dans leurs archives les listes dresseos na- gu^re en vue de I'appel nominal (3), firent connaltrc (1) Euscbc, J)e mart. I'alcst., 8, ".)-r.5. (2) Ibid., 'J, 1. (3) Voir jilus haul, i». 30. LA PERSECUTION EN 308. 119 Ics ordoiinaiices suivantes : obligation poui' toutcs les villes de reparer avcc le plus grand soin les tem- ples d'idolcs que Tabaiidon ou la vetuste avaient laisse toniber en ruiiies ; de contraindre tous les ha- Ijitaiits, liommes, feuimes, eufauts, sei'viteurs, a of- frir des sacrifices et des libations et a manger des viandes immolees; de fairc asperger dean lustrale toutes les denrees mises en vente sur les marches publics ; de placer des agents a la porte de tous les thermes, afin d'obliger les baig-neurs a rendre d'a- bord hommage aux dieux. La publication de ces ordonnances fit I'efTet d'un coup de foudre. Tons fu- rent consternes, paiens aussi bieii que Chretiens. Les uns se montraient lasses dune politique qui agitait inutilement les provinces, decimait les families, depeu- plait les cites, entravait toute vie sociale, donnait aux provinces romaiiies de fOrient I'aspect d'un pays ravage par la guerre ; les autres, qui avaient cru tou- cher enfin au repos desire, tremblaiint en se voyant rejetes loin du port par la plus soudaine et la moins pre V lie des tempetes (1). Dieu soiitint leur courage, et, bien que surpris, les sujets Chretiens de Maximin supporterent sans defail- lance cettc cruelle epreuve. Quelques-uns ne purent maitriser leur indignation. Pendant que, le 13 no- vembre, a Cesaree, le prefet Firmilien inaugurait par un sacrifice public la nouvelle persecution, trois lideles s'elancerent vers lui, en criaut : « Abandonne (I) Eust'be, Ucmart. I'ulcsl., 'J, 2-3. 120 LCS CHRETIENS DEPUIS L L'SUUPATION DE MAXENCE. tes erreurs! » On les saisit, on les interroge : « Nous sommes chretiens! » clisent-ils. Firmilien fut si emu de leur action que, sans prendre le temps de les mettre a la torture, il ordonna de leur tranclier la tete. L'un des martyrs etait le pr^tre Antonin, dans lequel on re- connaitra avec vraisemblance le chretien dej(l confes- seur qui avail travaille dans la prison avec Pamphile ( 1 ) ; les deux autres se nommaient Zebinas et Germain (2). Si le nouvel edit avail peniblement emu les gens senses parmi les paiens, quelques grossiers fanatiques, assures de la tolerance des magistrats, en profitaient pour assouvir leur brutalite et leurs haines. On cite, a Cesaree, un mediant homme, meprise de tons et redoute pour sa violence comme pour sa force cor- porelle ; 11 s'appelait Maxys et occupait un grade eleve dans Tarniee. Il arreta, sans la permission des auto- rites, la vierge Eunathas, quidemeurait dans son voisi- nage, et, depouillee jusqu'a la ceinturc, la promena dans la ville, lui donnant des coups de fouet. Conduite par ce miserable devant le tribunal du gouvcrneur, Eunathas se declara chretienne et fut briilee vive (3). Urbain avail eu dans Firmilien undigne successeur, et Maximin un digne ministre. Les cruautes de cc gouverneur surpass(^rcnt ce qu'on avait encore vu. C^sar6e, oii il residait, olTrit bientot I'aspect d'une veritable bouclierie. A tons les chretiens qu'il faisait (1) Voir plus haul, \>. I'JI. (•>) Eii.s(!li(;, Dcmort. J'alcst./.), \. (:i) Ibid., y, (;-8. LA PEUSKCITION EN 308. 121 mourir, Firinilien refusait la sepulture. Leurs corps restaieiit exposes autour de la ville, attendant les b6tes qui les devoreraient ; et, afiii que personne, emu de pitie, n'essayat de les ensevelir, des gardes, en grand nomjjre, vcillaient partout pres de ces mon- ceaux dc cadavres. Les chiens, les betes fauves, ac- coururent de toutes parts; Fair fut rempli d'oiseaux carnivores, s'abattant lourdement sur leur proie. Disperses par les aniinaux, les debris humains se ren- contraient partout, sur les routes, aux portes de la ville, et jusque dans I'enceinte de la cite (1). Le massacre avait eu lieu depuis plusieurs jours, quand un etrange phenomencse produisit. « Un jour, Tair etait pur, le ciel d'une serenite merveilleuse ; tout a, coup, le long" des colonnes qui soutenaient, dans la cite, les portiques ouverts au peuple, on vit couler comme des larmes, le forum et les places publiques se remplirent d'eau, bien que I'atmospliere ne flit point liumide : tons les habitants dirent que la terre, d'une maniere miraculeuse et inexplicable, avait pleure, ne pouvant soutenir les impietes qui se commettaient, et que, pour attendrir la barbaric des honimes, des pierres insensibles avaient niontre leur douleur. » Eusebe, racontant le fait, en appelle au temoignagede tons ses concitoyens, qui ont vu comme lui ces lacrymx rerum (2). Pendant que la persecution atteignait cette violence (1) Eusebo, Dc marl. Patesl., 'J, S-Vi. (2) Ibid., 'J, 12-1 :J. 122 LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. en Orieut, rOccident jouissait de la paix religieuse, Dans ritalic, oii regnait Maxence, cette paix semblait desormais assez afFermie pour que le clerge et lepouple de Rome songeassent a faire cesser le veuvage de I'E- glise apostolique. V'ers le mois de mai 308, le pretre Marcel fut elu pour remplir le siege laisse vide depuis quatre ans par la mort de Marcellin (1). On lui at- tribue d'utiles mesures en vue de retablir Tadminis- tration ecclesiastique de Rome. II ouvrit pres de la catacombe de Priscille un nouveau cimetiere, celui de Novella (2), pour suppleer k ceux qui etaient en- core sous la main du fisc (3); puis reorganisa les if«- luli on paroisses, dont la situation avait probable- nient ete profondement troublee par la persecution, ct oil le grand nombre des paiens qui, a la faveur de la paix, se preparaient au bapteme, rendait neces- (t) Liber Pondjicalis, Martellus; Ducliesiio, t. I, p. 1G4. — Le tiita- logue liberieii designe la dale de I'ordinalioii du pape par la note con- siilaire o cons. Xct Maa.iiiiUi.no, abrogee pour Maximi(ino{IIcrcuUo'\ X et Maxiniiano [Galerio) VII; voir de Rossi, Inscrip. christ., 1. 1, p. 30; Duchesne, I. c, p. 105, note 3. C est I'indicalion des consuls legitimes; inais ils ne furent pas recoiinus par Maxence, qui, le 20 avrll 308, prit. j)our les Etats de son obevliencc, le consulat avcc son fils Romulus. 2) « Ilic fecit cymilerium Novellffi. via Salaria. » Liber Ponli/icalis. Le cimetiere de Novella, mentionne dans les Gesta Liberii (Duchesne I. c, p. cxxii) a ele retrouve par Rosio; Aringhi en a puhlie le plan {lioma subierranea, I. II, p. 422); M. de Rossi en a verilie lemplace- inent, prt'S du cimetiere de rriscille, a droite de la vole Salaria et A gauche de la vole Nomenlane (Roma sollcrranea, t. I, p. 18'.)). « Ce cimetiere ne contient aucune sei>ulture que Ton juiisse atlribuer a un temi)S plus ancien (|ue le pape Marcel; » liuUclliiio di arclicologia cristiana, 1877, p. 08. (3; Jiullelliiio diarcli. crisi., ibid. LA PERSECUTION EN 308. 123 saire de rcplacer des pretres investis de pouvoirs regu- liers(l) : radministration des pretres titulairesfut eteii- due de nouveau aux cimetieres, a ceux du moins doiit I'acces etait possible aux fidMes (2). L'Eglise de Rome n'etait pas encore rentree en possession de scs biens; mais elle avait retrouve sa hierarchie avec sa lil)erte. Malheureusement cette liberie ne dura pas long- temps : sans que la persecution recommenccYt, I'Egiiso vit, sous Marcel, le pouvoir civil intervenir dans ses affaires interieurcs, et sentit pour la premiere fois, en pleinepaix, la lourdcur du bras seculier. La multitude des penitents avait ete, nous apprendle Livre Pontifical, une des raisons qui pressaieut Marcel de reorganiser les tituli. Mais, comme il arrivait souvent apres les persecutions, les conditions du retour des tombes a la communion ecclesiastique devinrent la cause de divisions profondes et meme de luttes ardentes. Au lendemain de la cruelle guerre declaree par Dece a lEglise, un schisme avait eclate dans le clerge romain, et les partisans d'un rigorisme outre avaient conteste la discipline ferme et misericordieuse tout enseml)le que maintenait le pape Gorneille (3). En 308, les dis- sidents se reunirent sur un tout autre terrain : un [)arti se forma dans Rome qui refusait a saint Marcel (1) « EtXXV tilulos in urbe Roinaconstiluit, quasi dicecesis, propter liaplisinum et ptealleiiliam niultorum qui convertebantur e\ paganis. » Liber J'oiitificalis. (2) « ... Elproptcr scpulturas marlyrum. » Ibid. Voir de Rossi, Roma soiterranea, t. HI, p. 520 et^suiv.; cf. les Derniercs Persecutions du troisil'ine siccle, p. 170. (3) Voir les Dernieres Persecutions du troisieme sliicle, p. 5. 12i LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. le droit de retaldir des regies peiit-etre tombees en desuetude pendant la longue vacanee du siege pon- tifical, et pretendait le contraindre a recevoir sans re- pentir et sans larmes tous ceux qui avaicnt failli dans la persecution. Ce parti cut pour chef un clir^tien moins excusable encore que ceux qui se mirent a sa suite, car ce n'est pas durant les mauvais jours, c'est en pleine paix qu'il avail renie le Christ. Bientot les passions s'emurent : profitant de la licence qui re- gnait a Rome sous le gouverncment a la fois tyran- nique et faible de Maxence , les dissidents essayerent d'imposer leur volonte par la violence ; il y eut lutte ouverte entre eux et les orthodoxes, et, a la suite d'une emeute, le sang coula. L'autorite publique intervint pour retabhr la paix ; mais les rebelles parvinrent k I'aire peser sur le defenseur de hi discipline et des droits de I'Eglise la responsabiiite des desordres, et Marcel fut condamne par Maxence a rexil(l). (1) VKRIDICVS ltE(rrOU LAPSOS QV£\ ClUMINA. I LEUl!: I'R.VKDIXIT MISEUIS FVIT OMMIiVS HOSTIS AMVRVS iiiNc FVKOK imr. onivM si:nviTVft discordia lites SIDiriO CAEDES SOI,VV!STVK I'OICUERA I'ACIS (:iiiMi:\ on ai.teuivs ciiristvm ovi in pace neuavit I INlltVS EXPVI.SVS PATRIAE EST EERITATE TVRANM llAEC RREVITER DAMASVS VOLVIT COMPEUTA REFERRE MARCEF.M VT POPVLVS MERITVM C0(;n6.S(;ERE POSSET De Rossi, fnscript. c/irint. urhis ltom;v,l. II, |). C))., 10;j, l:i8; voir le comineiitaire de cette iiiscriptioii (lamasieiirie dans liomie executee probableinent au sixi^me sii'Cie, apres la devastation du cinietiere |»ar les Goths, et trouvee par luidans la inline crypte. Voir Home souter- rauie, p. 247-253. Avant la decouverte de M. de Rossi, I'inscriplion dainasienne etait connue scuieinent par les inanuscrits. Voir son com- inentaire hisloriqne, lioina sollerranea, t. II, j>. 205-208. (3j llETpo; kiAr^ZTi', It xal 'A']/i),aji,o;. — Sur le double cognomen, voir Ilistoirc des persecutions pendant les dcu.r premiers siiicles, p. 183, note 2. LA rEKSECUTION EN 309 ET 3t0. 127 goiiverneur Firniilieii. Son Age inspirait la pitie; Ic cruel magistral lui-m6me paraissait emu. Tons les assistants le supplierent d'apostasier, afm de conserver la vie. iMais le jeune homme opposa la meme foi aux prieres comme aux menaces, et mourut siir le bucliei- pour son Dieu. Pres de lui fut bnile un ev6que de la secte des marcionites, Asclepius (1). Un mois plus tard, le 16 fevrier, le docteur Para- phile consommait son martyre. On Taurait peut-etre oublie encore en prison, sans un incident qui reveilla la colere du gouverneur, Une nouvelle troupe d'Egyp- tiens fut arretee par les sentinelles aux portes de Ce- saree, alors quelle se preparait a traverser la ville pour alter aux mines de Cilicie visiter les confesseurs. Ces charitables fideles etaient au nombre de cinq, durs a la fatigue et a la douleur comme tons leurs compa- triotes, et accoutumes a parler librement, Traduits sur- le-champ devant Firmilien, ils lui firent de fieres reponses et fiirent envoyes en prison. Le lendemain, on les en tira pour les ramener an gouverneur; niais avec eux les autres prisonniers chretiens (y compris Pampbile) lui furent presentes. Firmilien mit d'abord les Egyptiens a la torture. Les plus cruelles inventions des Ijourreaux n'eurent (1) Eusebe, De mart. Palest., 10, 2-3. — Je pense comme BoUandiis [Acta SS., Janvier, t. I, p. 128) et conlrairemenl a Tillemont [Memoi- res, I. V) que saint Pierre Abselamus, dont paric Eus^iie, et saint Pierre IJalsainus, dont lUiinart jmblie les Actes (p. r)r>7), sont une menu- |)ersonne. Les difTerences assez notables enlre le recit d'Eusiibe el celui des Acles peuvent seulement faire croire que cette derniere piece n'est pas enlitironient authentique. 128 LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. aucuii effet sur ces hommes de bronze. Lc gouver- neur commenca alors rinterrogatoire. II demanda leurs noms selon I'usage : tons donnerent des noms bibliqiies, car, par iiii scrupule rare a cette epoque , ils avaient echange contre des vocables empruntes k FEcriture sainte leurs noms d'origine , d(^rives du pantheon egyptien (1). lis s'appelaient done Elie, Jeremie, Isaie, Samuel et Daniel. Entrant tout a fait dans leurs personnages bibliques, ils se plurent 4 deconcerter par le symbolisme de leurs re- ponses rig"norance et Fesprit positif de leur juge. Quand cclui-ci demanda aa chef de la petite caravane quelle etait sa patrie : « Jerusalem, » repondit-il. Depuis longtemps il n'y avait plus de Jerusalem pour les Komains : lavillc de ce nom n'etait, depiiis Hadricn, que la colonic d'Aelia Capitolina. Aussi Firmilien es- saya-t-il de faire avouer a I'Egyptien la situation pre- (l;EusL'be, De mart. Pal., II, 8. — Ortliiiaircment, les premiers (idt'les n'eiirouvaienl point de repugnance a conserver leurs noms d'ori- gine pa'i'cnne, menie quand ces noms elaient derives de celui d"une divi- nile; un grand noinbre de noms ra|)portes par I'hisloire ecciesiaslique on graves sur les maritres Chretiens sont formes dune api)cllation my- lhologi<|ue; voir Martigny, DicUonnaire des anllquites chretiennes, art. Koms, ]>. 508; Smith, Dictionary of christian antifpdties, art. Names, p. l369;Kraus, Rcal-Encyhl. der christiichen Altcrthilmcr, art. Namen, t. II, p. 475. — I'armi les noms de saints des premiers sie- cles derives des noms dc diviniles egypticnnes, on pent citer Ammon, Ammonius, Ammonaria, Anub, Anub-Hissoi, Isidore, Isidora, Serapion. — M. Ueviilout a |iuhlie un papyrus copte contenani lesanatiiemes dune mere paienne coulre son (ils, (|ui, s'etant fait baptiser, avait change son nom de I'elosor (don d'Jsis) en Pelrus [fours de lantjue dcniotiqiie et de droit cf/yplien, 1883, |). 3!i-34 ; cite dans linllcttino di archeolo- gia cristiaua, 1884-1885, p. 82). LA PEUSI-XLTION EN 309 ET 310. 129 cisc dc cctte cite inconnue. On le mit a la torture; mais on eut beau, par des machines d'invention nou- vclle, liii tirer les bras derri^re le dos et lui meurtrir les pieds, I'Egyptien ne voulut pas faire de reponse, sinon qu'il avait dit la verite. Cependant, quand Fir- milien, k plusieurs reprises, lui eut pose la question : « Quelle est cette ville, et en quel lieu de la terre est- elle situee? » le chretien repartit : « Elle est la patrie des vrais adorateurs de Dieu; eu\ seuls ont droit sur cette cite; elle est placee k TOricnt, vers le point ou le soleil se leve. » II parlait de la Jerusalem mystique, de la patrie celeste oii tendcnt tons les chreticns et quo saint Jean a decrite dans Y Apocalypse; aussi insen- sible auxtourments que s'il n'avait point eu de corps, il continua d'une voix calme le developpement de son allegorie. Le juge, cependant, etait de plus en plus perplexe : ses soupcons croissaient; il s'imaginait avoir decouvert Fexistence dune ville que les Chre- tiens construisaient secretement, sur quelque point ignore de I'empire, pour en faire un jour la rivale de Rome. Cette peur ridicule montre quelle idee les hommes d'Etat romains se faisaient du nombreetdc l;i force des fideles. Aussi le magistrat poursuivit-il long- temps avec TEgyptien le dialogue, entrecoupe de tortures; mais I'intr^pide pelerin, qui ne voulait pas livrer le nom de la ville d'ou il venait, persista dans ses reponses ailegoriques. La comique inquietude du juge se tourna enfin en fureur, et il ordonna de lui trancher la t6te. Puis les quatre autres Egyptiens furentsuccessivementinterrogesettortures;ilsfirentles V. 9 130 LES CHRETIENS DEPUIS L'LSURPATION DE MAXENCE. memes reponses, dont proljahlement ils etaient conve- nus d'avance, ct furent condamnes an ni^me supplice. Apres les Egyptiens comparurent Pamphile et deux de ses compagnons, Valens et Paul. Valens etait uu diacre d'Aelia Capitolina, vieillard venerable, et tres verse dans la science des Ecritures ; par un prodige de niemoire, qui se retrouve cliez plusieurs chretiens de ce temps, il pouvait en reciter n'importe quelle page aussi facilement que d'autres en faisaient la lec- ture. Paul , ne a Jamnia , ville episcopale suffragante de Cesaree, etait plutot un hommc d'action, connu par son energie : deja confesseur, il portait sur ses memljres les marques du fer rouge que les bourreaux y avaient applique. Sachant I'intrepidite de ces trois liommes, qui tons, pendant une longue captivite, avaient plusieurs fois souflert la torture, Firmilien se content a de leur demander s'ils etaient enfin decides a obeir aux edits imperiaux, et, sur leur reponse ne- gative, les condamna a la decapitation. La sentence venait a peine d'etre prononcee, quanil une voix jeune et vibrante s'eleva du milieu des audi- teurs : « Que la sepulture soit au moins accord^e a ces condamnes I » Lc juge freniit a cette parole bardie; et bient6t les soldats tirercnt de la foule un adoles- cent, vetu du pallium exoniide que portaient les phi- losophes (1). C'etait Porpliyre, jeune esclave de Pam- (1) eut-etre en souvenir de ce passage qu'une legendc dit que Ic pape saint Marcel fut a la meme epoque condaiiine ad servitiuni animalium calubuU publici. Passio S. Marcelli, dans Acta SS., Janvier, t. II, p. 9. (2) Acta SS., Janvier, t. I, p. 7(J9. (3) Tillemonl, Mc'molres, I. V, art. wxva sur la persecution de Diocletien. 138 LES CHRETIENS DEPIIS L I SURPATIOX DE MAXENCE. Chronique de saint Jerome a la premiere annee de la (XLXIP olympiade. c'est-a-dire a 309. Arrete dans cette ville par un magistral municipal, probablement le curateur, nomme Maxinie, Quirinus fat, apres in- formation prealable, envoye au president de la l*re- miere Pannonie, Amantius. Celui-ci, qui revenait de Scarbantia, commanda de conduire le prisonnier a Sabarie, — peut-etre la ville meme ou, un ou deux ans plus tard, allait naitre le futur aputre des Gaulos, saint Martin (1). LA, le gou\ erneur interrogea publi- quement Quirinus au theatre, et, ne pouvant obtenir I'abjuration du saint ev6que, le condamna a etre jete dans la riviere (2) avec une meule suspendue au cou (3). Le corps du martyr put etre recueilli par les Chretiens ; il reposa, apres la paix de lEgiise, dans nne basilique de Sabarie, pres de la porte de Scar- bantia (V), jusqu'au jour ou, chasses par une invasion (1) Je dis (( pinil-clre », car dciix. Sabaries, I'uiie et laulre en Pan- nonie, se dispulcnl riionncnr d'avoir donne naissance au grand thau- maturge ; voir Lpcoy de la Marclie, Saint Martin, \^. 55-60. (2) Peut-etre la riviere Pannosa, si lonidentilie la Sabarie oil soudrit Quirinus avec Sicca Sabaria. Des inonnaies roinaines jwrtant les letlres SAB ont 6t(5 Irouvees on grand noml)re sur la rivedroite de la Pannosa, qu'une Clironique iiienllonne sous le noni de fans Sabarix ; Lecoy de la Marclie, ibid. (3) Passio S. Quiriiii, dans lUiinart, p. 551; IMudciice, Perl Ste- l)linn('m, VII ; saint Jerome, Cliron. (V) II y a ici conlrarifli' cnlre la Passion et Prudence: ce dernier dit que Siscia, au moment oil il ecrit, possiide le corpsdesoneveiiue martyr : llrl)is iiHi'iiia Siscia' • Cnnccssinn sihi niarlyrcni <;oinpl('xii i)alrio ro\(Mil. 11 t!St jieu vraisemhiable quele corps de Quirinus ait ete transporte de Saliari*' a Siscia; Prudence a |irol)alt!om('nl etc Iroinjie par le litre LA PERSECUTION EN 30'J ET 310. 13!) (le Barbares, des habitants transporterent sou corps jY Rome; clans le luminaire de la crypte qui a contenii le tombeau de sainte Cecile, an cimetiere de Calliste, une peinture que le caractere romain des tetes, la forme antique des vetements, la beaute et la simpli- cite des draperies, ne perraettent pas de faire des- cendre plus bas que le cinquieme siecle, montre. A cute de deux autres saints etrangers aussi cl la ville eternelle, un personnage pres duquel est ecrit le noni CVRLWS et qui est vraisemblablement Teveque mar- tyr de Siscia f 1 ) . Les derniers mois de 309 et le commencement de :J10 furent temoins do quelque adoucissement dans la condition des chretiens. On se lassait de les poursui- vre et de les condamner. La meme ou lis avaient ete deportes en grand nombre, les gardiens se relAchaient de la surveillance et leur laissaient une demi-liberte. Les confesseurs qui travaillaient dans la Palestine aux mines de cuivre de Phtenos no virent probablement pas interrompre leur labeur penal; mais on leur per- mit de reprendre, dans les moments de loisir, toutes episcopal de Quiriiius cl a cm que ce saint avail ete martyrise dans la ville int^ine oil elait soa sii'se. Mais I'asserlioii de I'auteur des Actes est Irop precise pour 6tre rejetee : il desigiie coinme conlenant le loniiteau une basilique de Sabarie, pres de la i)orte de Scarbautia, c'est-a-dire pri's de la portc ouvrant sur la vole qui de Scarbautia rejoiul Sabarie, Le detail topojirapliicjue ne pent 6tre invcnte. Autant le teinoignage de Prudence nieritc foi quand il parte de ce qu'il a vu, autant ses asser- tions sont generalenient vagues (juand il raconte des fails qui se soul passes dans des pa\s qu'il n'a point visiles. (I) De Rossi, lioiiia sotlerrunea, t. II, pi. V et VII. liO LES CHRETIENS DEPUIS L'USURrATION DE MAXENCE. les pratiques deleur vie religieuse, d'avoirdes reunions periodiques, de construiro meme des oratoires (1). Cc devait 6trc un etrangc spectacle que ces egiises im- provisees, ou ne se rencontraient que des borgnes et des boiteux, et ou des voix brisees par la fatig"ue, enrouees par la longue humidite des souterrains, chantaient avee une ferveur surhumaine les louanges de Dieu! Pour conduire ce troupeau de saints les eve- ques ne manquaient pas : I'un etait Silvain, pr^tre de Gaza, envoye aux mines des 307 (2), et qui avait probablement recu dans I'exil la consecration episco- pale (3): on cite encore deux prelats egyptiens, Pelee et Nilus (i). Les pretres etaient nombreux. Probable- ment aucun des clercs qui pronaient part avec eux aux asseinblees religieusesdans les oratoires coustruits sur le bord de la mine n'excitait I'attention autant qu'un lecteur egyptien, appele Jean. Aveugle avant sa condamnation, on avait, par une inutile cruaute, enfonce le fer rouge dansses yeuxsans lumiere. Mais ce que les persecuteurs n'avaient pu abolir, c'etait la memoire prodigieuse que devcloppe qnelquefois la privation du sens de la vuo. Plus encore qu'un des compagnons de l*ampliile, dont nous avons dejA parte, Jean savait parcai'nrles saintes Ecritures. Les ecrits de Molse ou des ])roplietes , les autres parties bistoriques de la Bible, tout le Nouveau Testament, (1) Eusi'ltc, De mart. Palest., 13, 1. (2) Voir plus Jiaiil, p. '.H. (:j) Eiisi-be, tJc mart, rcilcst., 13, i. ('ij Ibid., 13, 3. LA PERSECUTION EN 309 ET :Mn. til etaicnt pour lui comme uii livre constamment feuil- lete, dans leqiiel il lisait les yeiix fermes. Quand il remplissait dans Feglise I'office de sa charge, il avait rattitiide. le sou de voix de Fhomme qui lit reelle- ment : son infirmite n'etait reconnaissable que si, en s'approchant, on comparait son regard eteint a ceux des anditeurs. Eusebe, quile vit, en demeurastupefait (1). II semljle que les reunions de ces pauvres gens, qui mettaient leurs infirmites en commun au pied des autels pour honorer Dieu et mediter sa loi, n'a- vaient rien qui put inquieter I'autorite publique. Elles furent cependant denoncees au nouveau gouverneur de la province. Ce magistrat, que la terrible lecon infligee a ses predecesseurs I'rbain et Firmilien n'a- vait point detourne de marcher sur leurs traces, en fit sur-le-champ rapport a Maximin, a qui il envoya une relation des faits alteree et caloninieuse. In haut Ibnctionnaire du service des mines fut tout de suite envoye a Pha'nos, porteur dun ordre imperial : il dispersa la petite Eglise de I'exil, et, divisant les con- fesseurs par troupes, envoya les uns en Chypre, ou le fisc possedait d'importantes mines de cuivre (2), d'au- tres au Liban, le reste en divers lieux de la Palestine pour ^tre employes a des corvees (3). Quatre des con- damnes furent mis a part, a cause de I'influence qu'ils exercaient sur leurs compagnons : c'etaient les deux (1) Eusebe, 7.>e mart. Pairs/., II, 20-23. (2) Josephe, Ant. Jud., XVI, 4, .> ; cf. Marqiiardt, ROini.sche Stauts- verwallung, t. II, p. 253. (3) Emvhe, De mart. Palest., 13, 1, 2. 142 LES CHRETJENS DEPUIS LUSUUPATION DE MAXENCE. eveques egyptiens Nil et Pelee, un pr^tre dont on ne dit pas le nom (1), un laique appele Patermnthius, tres populaire a cause de sa douceur et de sa charite. L'inspecteur des mines les renvoya au general qui conimandait les legions campees en Palestine : celui- ci. avec une hrutalite toute soldatesque, les somma d'abjurer leur foi, et, sur leur refus, les fit briiler vifs (2). Cependant tons Jes forcats chretiens n'avaient pu etre envoyes loin de Phsenos. II y en avait de trop vieux, de trop infirmes ou de trop mutiles pour qu'il flit possible dc les transporter. Ceux-ci furent gardes dans un quartier a part, sans communication avec leurs anciens compagnons. Parmi eux etaient le lec- teur aveugle Jean, plusieurs Egyptiens, Fev^que Sil- vain, qu'un sejour de plusieurs annees dans la mine et la torture plusieurs fois subie avaient rendu inca- pable de tout travail (3). Heureux de rester ensemble, ces confesseurs redoublerent deprieres, de jeimes, de pieux exercices. Mais leur felicite nc devait pas 6tre de longue duree, ou plutot clle allait 6tre prompte- ment echangee contre la I'elicite du ciel. Maximin ne put soulFrir que trente-neuf invalides goiitassent les doucosjoies de la priere en couHHun, et los fit tons decapitor Ic m6me jour (1-), Presque au moment ou tombaient, en l*alcstine, les (1) Valois le nomine llelie, d'aprcs les Mi'nolorjes grccs. {V, Eiisebo, Dcmart. P(dcsl.,13, I, ."{. (3) Ibid., 13, 'i. (4) Ibid., 13,9, 10. LA PEUSKCl'TION EN 300 KT 310. 14.! derniers martyrs tie 310, un des plus criiels persecu- tcurs seidait, k rautre oxtr^mite de Fempire, la main de*l)ieu s'abattre sur lui. Maximien Hercule allait ter- miner sa vieerrante dans cette meme Gaule ou, vingt- qiiatre ans plus tot, avant tout edit de persecution, il inaugura son regne en versant des flots de sang" Chre- tien. Maintenant il y vivait exile, fugitif, mais sans interrompre ses intrigues. Gracie une premiere fois par Constantin, dont il avail tente d'embauclier les leg-ions, Tingrat vieillard ne craignit pas d'abuser de la clemente hospitalite de son gendre pour attenter a sa vie ; mais, cette fois, Constantin fut inexorable : autorise, dit-ou, a choisir son genre de mort, Maxi- mieh Hercule se pendit (1). Cette fin tragique d'une si longue carriere impe- rials, cette mort ignominieuse d'un si vieil ami qui. ayant tralii tout le monde, a lui seul n'avait jamais manque de fidelite, causa une emotion profonde au solitaire Diocletien. La condamnation porteepar Cons- tantin contra la memoire de Maximien Hercule acheva de le desoler. En brisant les statues, les images, les inscriptions de Maximien, en arrachant des murailles les tableaux qui le representaient, on n'epargnait pas les nombreux monuments ou figuraient ensemble les deux anciens Augustes (2). Cette destruction, qui rcm- plissait de debris les forums, les theatres, les basili- (1) Laclaiice, De viorl.pers.,30; Eusebe, Hist. EccL, VIII, 13, 18; Zosime, II, lo; Aurelius Victor, JJc (Uvsaribu.s, 10; Epitome. 40; Eii- Iroiic, Brcv., X, 1. \'2) Laclaiico, t)e mort. pcrs., 42. 114 LES CHRETIENS DEIH IS L L'SCRPATION DE MAXENCE. ques de toutes les cites, frappa vivemcnt rimagination des peuples et m6me des historiens. « Maximien, re- pete en deux passages Eusebe, est le premier soii^e- rain dont les monuments aient ete ainsi renverses sur toute la surface de Tempire (1). » Lactance ajoute : « Diocletien est le premier empereur qui ait assiste vivant a la chute de ses statues (2). » L'infortune fon- daleur de la tetrarchie ressentit vivcment cet outrage. On le vit, dans sa somptueuse retraite de Salone, er- rer en versant des larmes, en poussant des soupirsou des gemissements : il se roulait par terre, refusait la nourriture (3). L'agonie du vieil Auguste etait com- mencee; elle durera trois annees encore. Mais bient6t elle va changer de nature. Les coups qui ebranlaient ses statues ont atteint I'empereur dans son orgueil : des coups plus sensibles se preparent, qui frappcront au coeur I'epoux, le pere, et le feront mourir de dou- leur. (1) Eusebe, Hist. EccL, Vlll, 13; De vita Constantini, I, 47. — En disant que Maximien fut « Ic premier empereur » donl les images aient (Ho detruiles, EuscIjc veut dire que eel outrage n'avail encore etc fait a aucun autre inembrc de la l«'trarcliie; car, dans les siecles preci'denls, on dt'truisil plus d'uni! fois les statues d'empereurs dont la niemoire avaitele condaiunee ; \ oirMoiiiuiscn, liiiiiiische Stnatsrccht, 1. 11,2'" ed., p. 1079. (2) Laclance, De morl. pers., 42. — Tacitc, dans un des plus elo- quenls passages des7//.s7o/jp.s(III, 85), avait montn- les dcrniers regards (le Vilcllius mouranl atlaciies sur ses statues que I'on renversait de toutes parts : « Yitellium, inl'estis inucronibus coactum... cadens sta- luas suas... contueri. » (3) Lactance, De moii. jiers., 42. CHAPITRE NEUYIEME. les chretiens depuis ledit de tolerance de galere jusqu'a la guerre i)e maxl>iin contre l'armenie (311-312). SOMMAldE. — I. I/kdit de toli-.uance et i.a moi\t de Galore. — Galcre lomhe malade. — I.a inalaclie dcs pcrsccuteurs. — Parole d'un de ses niedc- cins, — Taidif repcnlir de Galore. — Singulier editde toltjrance. — Ca- ractere de cet edit. — On Ic publie dans les Etats de Galcre, de Licinius ct de Constantin. — Maxiiniii ne le proniulgue pas, niais ordonne ver- balement de cesser la persecution. — Circulaire du prrfet dii pretoire Sabinus. — Yraie jiortco do cette circulaire. — .loie des Chretiens. — Re- tour (k's confcsseurs. — Reprise de la vie religieuse. — Mort de Galere. — II. Attaqles ixsiDiEisEs deMaximin coxtre i.e ciiristiamsme. — I'artai^e des Etats de Galere cnlrc Jlaxiniin et Licinius. — Ecroulenientde IVcuvre politique deDioch'-licn. — Sa lillc Valerie, veuve de Galcre, persecutee pai' Maxiniin. — Maximin |)roliibe de nouveau les assemblees chrcticnnes. — Voyage de Maximin dans les provinces. — Theotecne, curateur d'Antioclie, organise un petitionnemcnt des villes contre les <'liretien.s. — Coniplicite de Maximin dansceniouvenient. — Sa reponse aux habitants deNicomc- die. — Son message aux habitants de Tyr. — Veritable sermon paien. — Texte du message. — Theotecne inslitue Ic culle et I'oracle de Jupiter I'Ami. — L'orade demande I'expulsion dcs Chretiens. — Elle est ordonnee par de nombreux arrctesmunici[)aux. —Persecution liypocriteet non san- glantc. — Maximin precurseur de Julien.— Il cherche a crcer un clerge paien. — Organisation de ce clerge. — On lui donne des pouvoirsde po- lice contre les Chretiens. — HI. DEHxrEiiEs cai.omxies et pehsecution ou- VEUTE. — .Maximin essaie de noircir les Chretiens. — Publication de faux Actes de Pilate. — lis sont parlout al'liches ou lus publiquemcnt. — On les rend obligatoires dans les ecoles. — Des femmes de mauvaise vie sont contraintes par la menace a calomnier les mceurs chrctiennes. — Maximin recommence ouvertement la persecution. — II atta(|ue surtout les eveques et les de ninrl. pers., 34; Eiisebe, Hist. EccL. 17. — Le texlo lie Lactanc;> reproduil loriginal latin; Eiisfebe le Iraduit, avec quelqucs varianles. 152 LES CHRETIENS DEPUIS LEDFT DE TOLERANCE. tition grossiere, il ne se flattc pas de cliiper le Christ iui-m^me et de se justifier devant lui par la plus mi- serable des excuses? Galere, a Ten croire, ne voulut pas etre le persecuteur du christianisme, mais son re- formateur. La cruelle politique imposee par lui ^ Diocletien et suivie depuis 303 eut moins pour-objet de ramener violemment tons les hommes au culte des dieux et de detruire la religion chretienne, que de retablir celle-cidans sa purete primitive. On n'attaqua pasl'Eglise, mais les sectes quiladechiraient (1). C'est dans I'interet de I'orthodoxie, menacee par les divi- sions intestines des fideles, que les mines ont ete remplies de confesseurs estropies, que les sanctuaires Chretiens ont ete abattus, les Ecritures briilees, que les amphitheatres ont bu le sang- des martyrs, et que les biichcrs fument encore! VoiUl ce qu'insinue Ga- lere (2) dans un langage ambigu, embarrasse, ou la phrase, en ses longs roplis, a des allures fuyantes et (1) Cottelactique est aiicieniie; voir ('else, dans Orig'iie, Contra Col- sum, HI, 10. (2) Ce sens de I'edit, qui parait mi'coniui i)ar M. dt; Champagnj' (/c.v Cdsars du troisiciiie siccle, t. HI, p. 4'23), a ele ainsi eoinpris par les ineilleiirs corninenlaleursanciens de Laclance : Haluze, Cni)er, Colomb, Rauldi'i. — G'Jrrcs rexpliqiie coniine nous le faisons, dans son arlicle To- leranzedicte (Kraus, lieal-Encylil. der christl. Allerth., t. II, p. 897). Mason le coinrnenle de mCine [The persecution of Diocletian, p. 299). — Iln'est pas |)Ossibiedadineltie I'opinion de Keiin {Die riim Toteronz- edicle, dans les Theol. Ja/irljiichcr, 18'i2), reprodnite par Slapffer (liuryclopedie des sciences religienses, I. HI, p. 389), qui prend au serieux le desir inanifesle par Galere de faire cesser les divisions des li- di;les, voit dans le vieux perseeuleur un precurseur de Couslanlin, el resume ainsi ses intentions: « Ceque Valerius veul voir s'etablir, c'esl. riinile ecclesiastiquedans rEgiise ciirelienne. » LEDIT DE TOLERANCE ET LA MORT DE GALERE. 153 tortueuses, ou les mots eux-memes offrent souvent deux sens. Le style imperial ne se retrouve que dans le dispositif, dontla nettete fait un frappant contrasfe aveccct etrange expose des motifs, et en eclaire d'une lueur impitoyable la faussete. Les chretiens recoivent la permission « d'etre » et de rebMir leurs eglises (1). Puis I'hypocrite sc montre de nouveau dans I'invita- tion finale, ou Galere les engage aprier non seulement pour son salut, mais poui* I'Etat et pour eux-memes, Le persecuteur malade sollicite I'intercession de ses victimes k la maniere d'un pauvre honteux, qui n'ose demander franchement I'aumone, et enveloppe sa re- quete dans une formule equivoque, oii il faut la devi- ner. Qui done a vu dans Tedit de Galere (( une impe- riale etliere retractation (2)? » Ce n'est m^me pas Tacte d'un pecheur repentant (3), car le repentir parle un autre langage; c'est une reparation tardive arrachee par la crainte a la souffrance, et ou ne sc retrouve nuUe part I'accent d'une de ces confessions sinceres qui honorent le coupable et desarment la justice de Dieu. Ce singalier document, en t6te duquel furent mis, avec les noms de Galere, ceux de Constantin et de Licinius, avait ete probablement redige des 310 (4); (l)n Utdcnuosint cliiistiani, etconventicula sua coinponant. » — Sur lexpressioii sint christiani, voir Histoire des pcrscadions pendant les deux premiers siecles, p. 101-182. (2) « Einkaiserlifher, ein stolzer Wideiruf. » Keiin, Cons(aiiliii,\>. 14. (3) « Die That des reuigen Sunders. » Giirres, Toleranzedicte, dans Kraus. Rcal-F.ncijkl. der christl. Alterffi., t. II, p. 897. (4) Hingenfelds, dans Zeitschr. f. ivixs. Theol., 1885, p. 509; cite par Gorres, /. c. 154 LES CHRETIENS DEPUIS L'EDIT DE TOLERANCE. mais il fut seulement promulgue rannee siiivante. Le 30 avril, Lactance le lut sur les murs cle Nicomedie, On se hata de le publier dans la Bitliynie, le Pont, la Galatie, I'Asie, la Cappadoce, dans toutes les provinces asiatiques de la jnridiction de Galere, dans celles qu'il possedait en Occident, dans les Etats de Liciniiis, m6me dans cenx de Constantin, oii cependant la persecution n'avait pas besoin d'etre arretee. Maxence, dont I'aii- torite n'etait pas reconnue par Galere et dont le nom, par consequent, ne figurait pas en t6te de I'edit, ne lui donna pas force de loi dans I'ltalie, ni dans I'Afri- que rentree en 311 sous son obeissance; mais la paix (une paix precaire et souvent troublee) existait pour I'E^lise dans tons les pays on il dominait. Restaient ceux de Maximin Daia, c'est-a-dire la Cilicie, la Syrie et I'Eg-ypte. Le nom de cet empereur n'est pas cite dans la suscription de Tedit, telle que la rapporte Eu- sebe. Peut-etre n'osa-t-on demander Tadhesion de ce ieroce persecuteur, le plus cruel qu'aient eu encore les Chretiens (1) , ou ineme la rel'usa-t-il pour conserver sa liberie d'action. Cependant, il lui etait difficile de paraitre ignorer compl^tement un acte (|ui , d'apres la fiction constitutionnelle introduite lors de Tetablis- sement de la t^trarchie, emanait du college imperial (1) Tw xaO' r||j,wv irfoopoTepov y; o-. TTSOfiOev y.al TTuxvoxepov etietiOeto oiWYixw. Eiisi'bc , Hist. Heel., VIII, li, *.), — Ir,? sl^xov xtov o/oov 0iov c'jijcSiia; 7:C(),c(J.t(i)TaTo; ysYOVw;. Ibid., IX, 1. • — JMa?i|j.Tvo; 6 [X£t' £X£:vou; ( A'.ox>£Tiavov y.al Ma|'.[x.iav6v) y.al uukpey-sivou; SioV/tTr,;. Saiiil, (Iroj^oire dc Nazianzo, Orat. III. — « Lrf^ainiisliisloriasccclcsiaslicas, (juid Valeiianus, i|iiid Dcciiis, (inid Diodclianus, (|iii(l Maxiinianiis, ([iiid sxvlsshnvs om- nium Mnjrimiv iis...\y,\<,<,\ ?,\\n\. » Sa'ml .leroinc, In eap. \\ Zacharin . LliDlT DE TOLERANCE ET LA MUUT DE GALERE. 155 tout entieret faisait loi pour Funiversalitede Tempire. II parait s'6tre arrete a un moyea terme. Sans pro- mulg-uer textuellement I'eclit des trois empereurs dans les provinces de sa juridiction, il intima verhalement a ses ministres (c'est-a-dire au prefet du pretoire et au vicaire du diocese d'Orient) I'ordre de cesser la persecution, et les chargea de communiquer cet ordre aux g-ouvcrneurs des diverses provinces (1). Par ce moyen, Maximin se donnait vis-a-vis de ses collegues et meme de ses sujets le merite d'acquiescer a Fedit; mais en m^me temps il se gardait d'engager publique- meut sa parole, et so contentait de transmettre par la voio hierarchique des instructions destinees aux seuls fonctionnaircs, depourvues de solennite et toujour revocables. Voici la circulaire que SaJjinus, prefet du pretoire, adressa a tons les gouverneurs ; Euselje I'a traduite en grec, d'apres I'original latin : « Depuis longtemps la Majeste de nos seigneurs les tres sacres empereurs avail resolu , dans sa conti- nuelle sollicitude, de ramener tons les liommes a une vie pieuse et reguliere, de telle sorte que ceux qui paraissaient embrasser des rites etrangers et contraires aux institutions romaines rendissent desormais aux dicux immortels le culte qui leur est du. Mais Fent^- temont ot Fobstination de quelques-uns se sont mon- (1) 'EtieI "yap auTw [A/j jJrjv a)./.w; TV] T(j)v xpEtTTovwv avTi/.iYi'.v -/.oinv.. I'o'i itpoEicTeOsvTa voaov iv Tiapao-jutw GsU, xal ouw; ev toi; utt' aOxov (j.Epsrrt \i:f\ ei; TtooOr.Tov ayOc'Y] ^povtiTa;, aypisw itpoirTiyiAaT'. toT; uTt' aO- Tov i^yjCfJit. Tov xa^' ■r^\l.Gi'l Stwyixov avsTva'. TtpOTTaTTS'.. 01 5J Ta T^; irapa- ■/.Xsvceo); a/)T,).oi;6ia Ypa:pr;;-j:io7r,ij.a;vo'j'7'.v. Ensebc, Hist. Feci., IX. 1. 156 LES CHRETIEMS DEPIIS L'EDIT DE TOLERA>fCE. tres si grands, que ni la justice du commandement imperial, ni la crainte de supplices imminents, ne les out pu detourner de leur resolution. Et comme il ar- rivaitque, pour ce motif, un grand nombre se jetaient dans d'extremes perils, la Majeste de nos seigneurs les invincibles princes, remplie de pitie et de cle- mence, a commande a notre devotion d'envoyer cette lettre a votre sagesse : afin que si quelqu'un des Chre- tiens etait surpris observant la religion de sa secte, vous le delivriez de toute inquietude et de toute vexa- tion et ne lui infligiez aucune peine , car une tres longue experience nous a prouve qu'il n'existe aucun moyen de les detourner de leur entetement. Votre zele doit done ecrire aux curateurs, aux strateges et aux preposes des bourgs, dans chaque cite, afin qu'ils sachent que, a Tavenir, il n'est plus permis de s'oc- cuper de cette affaire (1). » Entre I'edit de 311 et la lettre emanee du pretoire de Maximin, les differences sont considerables, Ni la forme ni lefond ne se ressemblent, Maximin n'eproiive pas le besoin de defendre sa conduite anterieure, et ne cherche pas a la deguiser sous des coulenrs men- song^res. Ce n'est pas lui qui se poserait en ami me- connu des chretiens. Il dit sans andjages que le but de la politique imperiale a ete, jusqu'a cejour, de ra- mener de force au pied des autels des dieux les dissi- dents (jui s'en etaient ecartes. Il [)arle des supplices (lont la, tci'renr n'a |)n contraindrc ceux-ci a Tob^is- (1) Euscbc, Hist. Ecc.L, IX, I, 3-G. L'EDIT DE TOLERANCE ET LA MORT DE GALERE. 157 sance. Avec une franchise dont il convient de lui sa- voirquelque gre, Maximin avoiie que robsfination des Chretiens a ete plus forte que la volonte des empe- reurs. Rien de doucereux et d'attendri dans son Ian- gage; rien qui marque le regret on le remords. 11 n'a nulle envie de solliciter de ses victimes des prieres pour son salut et pour la prosperite de son empire. On comprend, en lisant le document redige par son ordre, que s'il se resigne a mettre un terme dans ses Etats a la persecution, c'est parce quil ne peut, seul. resisler a la majorite de ses coUegues; mais, si le lion est musele, le tranchant de sa griffe se sent an style court, sec, imperieux et maussade. Rarement gr^ce fut accordee avec une mauvaise humeur moins de- guisee. Le fond meme, si Ton y regardait bien, n'e- tait pas plus rassurant que la forme. Les mots essen- tiels de I'edit des trois empereurs manquent dans la lettre du pretoire de Maximin. Galere avait rendu aux Chretiens le droit « d'etre », c'est-a-dire reconnu leur existence legale; Maximin prescrit seulement de ne pas les inquieter, substituant ainsi au droit une simple et precaire tolerance. Il n'est pas question, sous sa plume, de I'autorisation donnee par Galere de rebtUir les eglises. Dans Fedit, Fexpose des motifs paraissait vague, confus, contradictoire, le dispositif seul etait net et clair. Dans la lettre , au contraire , lexpose n'ofire aucune ambigulte, mais le dispositif est plein de reticences, (jui cachent des pieges. Le desir de la paix etait si universel, que personnc ne voulut les aperccvoir. Dans les Etats de Maximin 158 LES CHRETIENS DEPUIS L'EDIT DE TOLERANCE. comme dans ceiix de Galere la joie fut sans melange. Les prisons s'ouvrirent, les mines se viderent. Les ma- gistrals avaient autant de liMe d'en tirer les confes- seurs que ceux-ci d'en sortir (1). Quelques-nns, comme Donat, a Nicomedie, etaient depuis six ans dans les fers (2). Bientot les routes furent pleines d'exi- les qui se liataient vers la patrie. On oubliait les plaies encore vives, les mutilations, les infirmites; le bon- heur rendait des forces et semblait donner des ailes. Les confesseurs marchaient en troupes, trompant par des chants dallegresse la fatigue du chemin : quand ils arrivaient dans les villes, ils se formaient en lon- gues processions et parcouraient les rues , les places , avec des hymnes d'actions de gTA,ces (3j . Quelquefois s'approchaie'nt timidement des chretiens moins fer- mes, qui avaient eu le malheur de faillir pendant la persecution ; ils saisissaient la' main de ces freres re- trouves, de ces heros de la foi, et les priaient de de- mander grace a Dieu pour eux (i). Puis les groupes se rompaient, et Ton voyait les confesseurs se luUer, rayonnant de joie, vers leurs maisons qu'ils avaient cru ne jamais revoir (5). Pen a peu, on plutot, dit Eu- (1) OO; eV/ov £v Seaawtripioi; xaxeipYjAEvsy; 6ta triv si; to Ostov 6[i,o),o- •yiav, el; cfavepov TtpoayovTei; yjXe-jGspouv, dviEVTs; toutwv o-?\ aOtwv tou; ev |i,eTa/.),oi; stcI xttAwpia oeoonivoy;. Euscbe, ULsl. I'.ccL, L\, 1, 7. (2) aient une cile ou une province lemonte loin dans lliisloire. Le discours de Claude sur I'adniissibilite des habitants de la Gaule chevclue a la dignilr spnatoiiale avait ete grave sur des tables do bronze, qu'on exposa a Lyon pros do I'autel de Rome et d'Auguste (voir le texte des Tabukc Claudiance, d'apres I'estampage, dans Des- jardins, Ceorj rap lite historiquc de la Gaule romatne, t. Ill, pi. XIV)- Le discours que prononca Ni-ron aux joux istlnni(iues quand 11 exenipla les Grecs de tribut, a oto r^cenimont decouvcrt par M. Holleaux en Beotie; a la suite du discours est grave, sur la ni6me sti'le de nuubre. le di-cret par lequel la villc d'Acrajphiai decide, en reconnaissance, d'olcver un autcl a Noron (Acad, des Inscriptions et Belles-Lettres, seances des 5 oclobre el K', n(>voiiil)re 1888). 170 LES CHRETIENS DEPUIS LEDIT Di: TOLERANCE. naires chretiens battait tous les jours en breche. Ce fut I'oeiivre des neoplatoniciens, si meles depiiis le troisieme siecle aux affaires religieuses et politiques, si puissanis a la cour des empereurs et en particu- lier a cclle de Maximin. II est difficile de ne pas reconnaitre le style ou au moins I'inspiration de quelqu'iin de ces conseillers favoris dans la lettre pastorale adressee par Maximin au peuple de Tyr. C'est le Te Deiim du paganisme, cliante a la veille de sa derniere defaite. « Les faibles esprits out recouvre des forces, — ecrit rimperial theologien, — les teiiebres de I'er- reur, qui enveloppaient d'uii mortel brouillard des hommes plus malheureux que coupables, se sont dissipees, la providence des dieux imrnortels a ete enfin reconnue de tous. Je ne pourrais exprimer par des paroles la joie que j'ai ressentie quaiid je vous ai vu donner un si illustre excmple de piete envers les dieux. Personne n'ignorait votre devotion. Elle vous avait ete inspiree, non par des discours frivoles, mais par de continuels et d'admirablcs protligcs. Aussi votre cite avait-elle merite d'etre appelec la patrie et le domicile des imrnortels. Leur presence s'y etait souvent inanifestee. Maintenant, n^- gligeant ses interets particulicrs, ajournant les de- mandes qu'elle nous avait souvent presentees au sMJet dc ses propres afl'aires, votre ville n'a pas plu- tot vu les hommes de nouveau seduils par des vanites detestablcs, et le feu assoupi pret a redevenir un grand incendie, (ju^dle s'est rel'ugiee vers nous ATTAQUES INSlDIRUSliS I)E MAXI.MIN. 171 commc vers le siege de toute religion et nous a de- mande protection et secours. Je ne doute pas que les dieux memes vous aient suggere ce conseil salutaire, en recompense de votre piete. Jupiter tres haul et tres puissant, qui preside d votre illustre cite, qui preserve vos epouses, vos enfants, vos niaisons, vos penates de tout fleau, a dispose ainsi vos esprits, vous montrant ce qu'il y a d'excellent k rendre a lui et aux autres dieux le culte qui leur est dii. Qui serait assez fou, assez denue de sens conimun, pour ne pas comprendre que la seule hienveillance des dieux fait que la glebe ne repousse pas la semence que TagTiculteur lui a confiee; que le sol ne s'arme pas contre nous; que les corps ne perissent pas par la seclieresse; que la mer ne s'enfle pas sous le souftle furieux des vents; que des tempetes imprevues ne repandent pas partout la desolation et la ruino ; que la terre, mere et nourricedc toutes clioses, ne tremble pas, secouee dans ses fondements ; que les montagnes ne disparaissent pas, englouties dans des gouffres soudainement ouverts? Personne n'ignore que de semblables catamites, et d'autres plus borribles en- core, causees par la vaine et pestilentielle erreur de ces hommes scelerats, se sont produites naguere, au temps oil cette erreur s'est repandue dans les esprits, et a prcsque convert de son opprobre le monde en- tier. » Quelques ligncs plus loin, Maximin ajoute : u Regardez dans les plaines les moissons lleuries, les epis ondulants, les pres emailles de fleurs, gnVce a des pluies propices; regardez le ciel, devenu calme 172 LES CHRETIENS DEPUIS L'EDIT DE TOLERANC|:. et tempere. Rejouissez-vous de ce que par votre devotion, par vos sacrifices, le puissant Mars a ete apaise; vivez lieureux, au sein dune douce paix. Que ceux-la surtoiit se rejouissent, qui, delivres de leur aveuglement, sont revenus a la saine raison; ils ressemblent a des gens echappes de la tempete, on gueris d'une grande maladie, a qui la vie offre de nouveau ses Ijienfaits. S'il en est encore qui per- sistent dans leur detestable erreur, ils seront, comme vous I'avez demande, relegues loin de votre ville et de votre territoire; afin que cette cite, completement purifiee selon votre louable desir, puisse se donner tout entiere an culte des dieux. Mais pour que vous sachiez combien votre demande nous a ete agreable et combien, meme sans petition de votre part, nous sommes dispose a vous combler de faveurs, nous vous accordons d'avancc cello que vous desirerez, si grande qu'elle puisse etre, en echange de votre piete. Mettez-vous done en mesure de demander et d'obtenir. Et faites cela sans retard. Le bienfait qu'aura recu votre cite sera un temoignage perpetuel de votre devotion envers les dieux; il apprendra a vos enfants et a vos petits-enfants la recompense que de telles moeurs auront meritee de notre bonte (1). » Cette singuli^re epitre lut communiquee a toutes les provinces, a la I'acon d'une encyclique (2). Mais (1) Eusebe, Hist. lucL, IX, 7, '2-15. (2) Ibid., 15. ATTAQCES INSIDIELSES DE MAXl.MIN. 17:] reloqucnce pastorale cle Maximin, m6ine accompagnee tie presents aux villes sous la forme cle remises d'im- pots (1), n'aiirait peut-etrc passaffi a soulever centre les Chretiens les esprits fatigues cFune longue perse- cution, si I'empereur et ses complices n'avaient fait appel k la credulite du peuple. Les neoplatoniciens excellaient dans les arts magiques. La theurgie n'a- vait pas de secrets pour eux. A cote de quelques illumines de bonne foi, qui demandaient aux sciences occultes dc completer la philosophic, et a la magie de les conduire al'extase, un grand nombre d'imposteurs avaient fait de la fraude religieuse un moyen de for- tune. La cour de Maximin etait leur rendez-vous na- turel. Tout habile prestidigitateur, pourvu qu'il fut rev^tu du manteau des philosophes, etait sur d'y de- venir un personnage, bientot un magistrat ou un gou- verncur de province (2). Telle futTambition du cura- teur Theotecne. 11 avait etudie la magie (3), savait se servir habilement de « ce ramas inoui de bateleurs, de charlatans, de mimes, de magiciens, de thauma- turges, de sorciers, de pr6tres imposteurs Ci-), » qui formaient une partie considerable de la population d'AntioMie, et n'ignorait aucun des moyens de re- muer « uneville de courses, de jeux, de danses, de processions, de fetes, de bacchanales, » ou se rencon- traient « toutes les folies dc I'Orient, les superstitions (1) Cf. Lactancc, De mort. peis., sfi. (2) Eusebe, /list. Keel, VIII, li, 8, 9. (3) rir,;. Il.id.. IX, 2. (i) Rcnan, les Apotres, p. 219. 174 LLS CHUETIENS DEPUIS L EDIT DE TOLERANCE. les plus malsaines, le fanatisine cle Torgie (1). » Dans cette <( capitale du mensonge, « com me Tappelle uii historien moderne (2), I'eclosion dim nouveau dieii n'etait pas un prodig-e au-dessus des forces humaines. Ce qu'Alexandre d'Abonotiqiie fit jadis en Cappa- doce (3), Theotecne etait bien capable de le faire en Syrie. U erigea en grande pompe la statue de Zeus Philios, « Jupiter I'Ami, Jupiter favorable; » puis il institua les rites d'un culte nouveau, initiations, mys- teres, expiations (i), dans lesquels etaient probable - ment parodiees les ceremonies du bapteme et de la penitence. Uu oracle fut installe. Des pretres et des devins (5) eurent la charge de le desservir, Theotecne, non moins adroit mecanicien que hardi philosophe, les exerca au maniement des trues ingenieux, par lesquels parlait son dieu (G) . Le premier mot que Ju- piter FAmi laissa tomber de sa bouche divine, en pre- sence memc de Maximin, fut pour ordonner I'expul- sion des chretiens (7). (1) Ilenaii, les AixJtics, \>. '21'.». (2) Ibid. (3) Voir llisloire des persecutions pendant les deur premiers sic- cles, p. :j.'!8. (4) Te/exd; ts dviyvo-j;... xal [auiit$i; a/aUup^Qiou; slaYtc/Toy; xz xa9ap- tJLou?. Kusulx'. Hist, liccl., IX, 3. (5; Hpo^oTa; xal hpii;. Ibid., IX, 11, (i. (6) To Tiav [VJ'j-Ti'AO-i dTcy.T/,v T'jv/dvstv Ti/v/) Trr, OzoTixvou jj.i|x-/i-/avy;- {AEvr,v. Ibid. (7) Miy.pi '''""' p3'-it)iw; Tr)v Tspateiav 5i cov eSoxst -/prifffAwv exteXeiv eize- Seixvuto • xal S/i xal oijio; xo),ax£ia Tr, xaO' r|OCivy,v toO xpaTOuvTo; ETrsYsi- pet xata XptTiiavwv tov Satjiova, xal tov Qeov ?ri xeXeOcral ^rjcriv, uTtspo- ptoy; T?); Tco/ew; xal twv a[x^t Tf.v tioa-.v dypwv o'xrav s/Opou; auxw XptffTiavou? dTtc/icia'.. /^«/., IX. 3. ATTAQLES INSIDIEUSES DE MAXIMIX. I", Les echos le repeterent a tout TOrient. Les peuples avises comprirciit tout de suite qu'il etait agreable a Tempcreur, puisque linvontcurde Jupiter I'Ami recut un avancement considera])le, et de la curatelle d'An- tioche, simple charge inunicipale. fut promu au gou- vernement d'uiie province (1). Aussi toutes les villes qui ne s'etaient pas encore prononcees se Mterent-elles de le faire. Des arr^tes municipaux proscrivirent en tout lieu les chretiens, et cbacun de ces arretes fut aussitot revetu de I'approbation imperiale (2) . Par cette voie detournee Maximin se flattait d'arri- ver surement a son but, la destruction du cbristianisme, sansrompre ouvertement avec ses coUegucs. L'edit de Galere, n'ayant pas ete promulgue dans ses Etats, ny pouvait etre viole. Maximin avail seulement de- clare que les chretiens ne seraient plus, comme tels, Tobjet de poursuites, et il tenait sa promesse. II ne s'etait pas engage a fermer Toreille au cri de I'opinion publique et aux plaintes des municipalites. II n'avait pas promis de refuser son approbation aux mesures de police que celles-ci se croiraient ol^ligees de pren- dre. Les consequences ne le regardent pas. Leseglises, promptement restaurees, oii depuis quelques mois retentissaient les hymnes d'actions de graces, se fer- meront de nouveau, pour toml)er ])ient6t en mines. Les confesseurs, liier rentres en triomphe dans leurs (I) 'K;ti [J.iv Yap TiI) xat' 'AvT;6y_i'.av tofjOivxt Tipo? a'jTO-j ^oivw o6?a; eur,|ii(/sTv, rfii) y.ai r.yiij.ov'a; r.iiwTO r>xp.a >Ia?'.ixivoy. IlihL. IX. 11, 5. (•2) Ibid., IX, i, !-•>. 17f. LES CHRETIENS DEPUIS LEDIT UE TOLERANCE. maisons, reprendront le cliemin de Texil, laissant derriere eux ccs foyers clieris qu'ils avaient a peine eu le temps de rcvoir. Les chretiens erreront dans les campagnes, en repetant ccs paroles du divin Maitre : « Les oiseaux du cicl ont lenrs nids, et les renards leurs tanieres; mais le Fils de rhomme n'a pas unc pierre oCi reposer sa tete. » L'Orient leur devien- di'a inhabitable, et ils seront contraints d'emigrer. Mais on ne leur aura inflige aucun chatinicnt corpo- rel. Pas une g'outte de sang n'aura coule. Pas un lidele n'aura recommence a tailler les blocs de porphyrc en Thebaidc ou a extraire le mineral de cuivre en Ghypre. Les disciples de I'Evaiigile sont seulement devenus des vagabonds, des oullaws. Selon le mot de saint Paul, on en a neltoye les cites, on les a traites en « ordures », et Ton a jete dehors ces « balayures du monde (2) ». Ce genre de persecution, d'autantplus efficacepeut- 6tre (ju'il etait moins sanglant, n'avait pas encore ete essaye. 11 fait honneur a rinlelligence de Maximin et de ses conscillers. Kermer aux chretiens toutcs les portes; les trailer, non comme des adversaires dignes du fer et du feu, mais comme une especc d'hommes inferieure et dangercuse qui n'a point de place dans une soci^te bien r6glee ; leur accordcr le droit dc vi- vre et leur refuser tons les autres droits, c'etait inau- gurer contre eux une nouvelle tacti(pie, destiiiee X (1) '<»; 7C£ptxaOaf|i,aTaTo-j7.0T|/.oO £Y^vr)OY)iJ.£v, Traviwv Ti£pi'!;Y)|Jia Ew; dpii. Saiiil Paul, / Cor., iv, 1.1 ATTAQUES INSIDIEUSES DE MAXIMIN. 177 ti'oiivor des imitateurs. Maxiiiiin aura fraye la voie a Julien, et montre a ce dedaigneux adversaire du chris- tianisine le secret des coups froidement calcules qui lie laisseat pas de blessure apparente. GrAce a son entourage neoplatonicien, Tenipcrcur deoii-barljare. domptant son temperament sanguinaire et devenant expert en I'art d'outrager savamment ses victimes, sera le digne precurscur du cliampion futur de I'hel- lenisme. Sur un autre point, ces deux hommes, separes par quarante annees et par la plus radicate des revolu- tions, se retrouvont animes d'un meme esprit. L'un et Tautrecroient a la vitalite du cultepaien et se flattent de lui rendre , par mesure legislative, toutes les forces (|u"il a perdues. Mais pour y parvonir il ne suffisait pas de reveiller chez les peuples le gout des pompes idoltUriques ; meme I'apparition d'un nouveau genre d'eloquence, destine a celebrer le pouvoir moralisa- teur dc la mythologie et Tamour des dieux pour le genre humain, produisait pen d'efTet sur la foule, Ce n'etait point la predication elle-meme qu'il s'agissait d'instituer. niais les predicatcurs, Le sermon de iMaxi- min aux habitants de Tyr pouvait sembler fort beau; oil cependant trouver des orateurs sacres pour en re- pandre les doctrines? Les pretres des dieux officiels se recrutaient parmi les personnages politiques ou les magistrals municipaux, pour qui un sacerdoce n'etait <(u'uue occasion d'honneurs et de profits et constituait une charge plus civile que rcligieuse. II n'y avait point, en realite, de clerge palen, si ce n'ost dans ces V. 12 178 LES CHUETIENS DEPUIS LEDIT DE TULEUAN'CE. cultes etmngers, plus ou moins eiitaches de charlata- nisnie etdimmoralitt'^ dont le gouvernement imperial pouvait se servir dans sa lutte coiitre les chretiens, mais sur lesquels il n'aurait ose s'appuyer officiellc- ment. Pour reiidre la vie a raiiciemie religion, Maxi- min, comnie plus tard Julicn, sougera 4 la transfor- mer. De tons ces pretres independants les uns des autrcs il voudra faire un clerge. De tons ces cultes qui se sont pen a peu juxtaposes sans jamais se fondre, il tentera de faire un seul culte. Du paganisme sans hierarchic, sans doctrines, et bicntot sans fideles, il pretendra faire nne Eglise. Au particularisme qui en est I'essence il essaicra de substituer T unite. Il s'effor- cerade glissor riiellenisme dans le moule juif ou Chre- tien, et de persuader a ses adherents qu'ils sont les enfants d'une meme foi, les membres d'une meme societe, les observateuts d'un meme rite, et qu'une m6me communion spirituelle les range sous la liou- lettc des memos pasteurs. Qu\m demi-siecle plus tard .lulien ne craigne pas dc proposer a ses prelres la charite catholique comma type et comma modela (1), cela s'explitpie par I'^du- cation chretionne do I'apostat; en 311, Maximin ne fait pas les monies avoux : cepondant, c'ost les yeux fix^s sur Fepiscopat qu'il trace lo plan de sa reforme. Le grand pretre de chaque province, asiarque, bithy- nini-que, galatarque, cilicarquo ou ponlarcjuo, quiji'a- (l)JiiIien, F-i). i9; saint r.iegoirc dc Naziaii/o, Oiat. IV, 111; Sozo- m6ne, Hint. Jiccl., V, 10. ATTAQUliS INSIDIEUSES DE MAXIMIX. 17'J vait guerc eu ju.squa ce jour d'autre emploi que de donner dcs jeux (1), de\dent une sorte de metropo- litain(2). Sous lui, en qualite de sulFrag-ant, existe dans cha(|uo ville un grand pretre (3) charge de la direc- tion du clcrge inferieur et oblige de veiller a ce que, tons les jours, les rites soient accomplis (4). Le palais de Maximin, ou les ceremonies liturgiques etaient quo- tidiennes (5), sera le modele sur lequel se regleront tons les temples, depuis les splendides sanctuaires d'An- tioche ou de Tyr jusquaux humbles chapelles des campagnes. Mais le metropolitain de chaque province ou le flamine de chaque cite n'a pas que des attri- butions spirituelles. Un redoutable pouvoir est mis dans leurs mains. Pour lutter contre le clerge Chre- tien, arme seulement de la priere et de la parole, il faut au nouveau clerge palen des armes materielles. Ses chefs recoivent de Maximin un double embleme (I) Je consitli'ie coiniiie prol)ablc ro|tinioii de Marquardt \Ep]u'inc~ ris epigraph icu, t. I, p. 200) et de Monceaux. {De c.ommuni Asix pro- tincix, 188()i, (|ui ideiililie I'asiarqiu' avec le f^ratid pnHie d Asie. Elle mcparait |)lu.i vraisemblable <|iie telle que j'avais i)recedeininent adop- tee (Hisloire des persvcutions pendant les deux premiers siecles. p. 2y"), dajnes laquelle lasianjue et le ;;raiid pr^lre d'Asie seialent deux peisoniiages differents. (■>; « Paiiiiiuiiie hoc luit, nisi eliain provinciis ex altiore dignilali> i;radusingiilos(iiiasiPoiitificessuperpoiieret. » Lactance. De mort.pers., 3G. {'X) 'Ispia? Te elSoiXwv xaTx Ttivxa totiov xai Tto/.'.v, v.al i-;ii xo'JTcav l7.y.n- xri; ETtap/ta; dpyieoia. Eusebe, Hist. EccL, VIII, I'l, 2. (4) « Novo more sacerdotes inaxiinos |)er singular civitatese\ primori- biis fecit, quiet sacrificia per oniiu'sdoos sues col idiefaceront. « Lactance, De mort. pers., 3G. (.5) Ibid., ;J7. 180 LES CHRETIENS DEPUIS L'EDIT DE TOLERANCE. ot comnio unc dou])le investiture : on les reconnaitra a leiir nianteaii blanc (1), insigne dii sacerdoce, et a leur garde de soldats (2), attribut et instrument de Finquisition religieuse dont ils sont charges. A eux do veiller sur les chretiens avec Taide des pretres infe- rieurs iransformes en agents de police, de faire execu- ter contre ces proscrits les decrels des cites, de les empechfer de construire des eglises, d'arreter meme et de traduire devant les magistrals ceux qui tien- draient dans leurs maisons des assemblees religieu- ses (3). L'influence de ces dignitaires devait etre d'au- tant plus grande, que Maximin los avail choisis parmi les premiers des cites, parmi les anciens magistrats qui avaicnt parcouru dans toute son etendue la car- riere des honneurs niunicipanx (4). Sur nn point, au moins, il n'etait pas au pouvoir de la reforme paienne d'imitcr TEglise : celle-la demandait au rang d'enno- blir les fonctions religieuses, celle-ci les donnait an savoir et k la vertu. (!)<( Eosulrosfiue caiuliJis thlamidibus ornatos jiissil incidcrc. » De morle pcrs., 35. (2) MsTa (TTpxxuot'.y.o'j irTi^'ju; -/.at ooj>u:pop;ar. I'hisel*;', Hist, Eccl., Vlll, 14, 9. (3) « Veteniin sacerdoUim minisUM'io sul)nixi daioiilo|i('rain ut Chris- tiaiii iieque fal)ricarciil, n('i|ue piiblici^ aul [trivatiin cnlorciit, scd coni- |>n'li0)is()-i suojurc adsacrificla cogorcnt vel juilicihiis offtMTCiil... » Lac- fance, J)e mort. pern., 36. (-i " E\ priinoribus. » Ibid. — Twv bi uo/.-.Tslai; sva yi nva tov [laAtcxa i[jL;fav'o; O'.a uxTr,; eaTrpf'J/avTa XstToypyia;. EiiSi'bft, Hist. Eccl., VIII. 1 'i, '.). — (Ji (j-iXiTTa xai; 7i&),'.T-;7.'.; o'.a7r>:''{/avTs; xai o.a TMnriyi evoo^O'. yivo- [i.v/0'.. Ibid., l.\, 4. 2. DEIIMERES CALO.MNIES ET PEUSECUTION OL'VERTE. 181 III. Dernieres calomnies et persecution ouverte. Cependant Maximin n'etait pas homme a se con- tenter longtemps cVune persecution non sang-lante. Tant qu'il avait ete libre de ses mouyemenis ct as- sure de la connivence de ses collesues, il avait doniie cours a ses violences; apres I'edit de Galere, il dut ruser, menager la transition, demander a Tadresse ce ({ue, momentanement, ne ponvait plus la force, et inangurer une seconde maniere de persecuter. Mais toutes ses preferences demeuraient a la premiere. II y revint peu k peu, et remonta par degres la pente (jue des circonstances imprevues I'avaient contraint de descendre. Pour justitier ce retour aux ancicns errements, il lui fallait perdre de nouveau les chretiens dans I'o- pinion publique. Le mouveinent des petitions avait ete tellenient factice, que Timpression produite etait deineuree superficielle. L'essai de reforine du culte palen ne pourrait produire que lentement ses effets, s'll n'aboutissait pas plut6t a faire ressortir, par la comparaison , la distance infinie qui separera toujours lesacerdoce evanaelique de sescontrefaconshninaines. On peut d'ailleurs supposer que beaucoup de senats municipaux, apres avoir delibere, pour faire lenr cour a Tempereur, un arrete d'expulsion contre les chre- tiens, I'avaient laisse dormir dans leurs archives, et 182 LES CHRETIENS DEPUIS LEDIT DE TOLERANCE. que, dans plus d'une province, les cadres de I'epis- copat paien avaient ete remplis pour la forme, sans que les titulaires des nouveaux sacerdoces prissent leurs fonctions au serieux. Efficaces dans tel canton, ou le fanatisme s'etait plus facilement reveille, les nouvellcs niesures etaicnt probablenieut demeurees lettre morte dans d'autres, ou il semblait decidenient assoupi. Des coups plus hardis parurent necessaires pour rammer partout les passions, et forcer les peu- ples a voir comme autrefois dans les chretiens des ennemis publics. Maximin, qui venait de recompenser rimposture de Tlieofecne, n'etait pas liomme a re- culer devant la fraude pour noircir ceux qu'il vou- lait perdre. Avec Faide de ses conseillers habituels , parmi lesquels etait probablemcnt ce meme Theo- tecne, il recourut a la metliode que, quatorze siecles plus tard, un autre ennemi du nom chretien definira en ces ternies : « Mentez , mcntez hardiment, il en restera toujours quelque chose, » et demanda a la calomnie les moyens d' « ecraser I'iufame ». Depuis longtemps des livres avai(Mit ete composes contre le christianisme. Les uns emanaient des juifs; (1 autres avaient pour auteurs des lettres ou des phi- losophes. Les neoplatoniciens s'ctaieut distingues par- ticulieremeut dans cette ujuvre de haine, qui n'avait point nui a la renommee do Porpliyre et avait aide la fortune politique d'ili^rocles (1). Leurs ecrits .•iliuif'iilri'ont lon,iitemj)S In |)ol(;mi(|U«> des deux reli- (1) V..ir 1. T, i». 7:{, 217. DKItMKIlES CALO.MMES ET PEUSECUTION OIVEUTE. 183 gioiis; luais, iiiflueiits sur les osprits cultives, ces ou- V rages de contro verse lie pouvaient aisement descendre dans la funic. lis s'adressaient a iiue categorie res- trcintc de lectcurs, et ne parlaient point au penple. I'n ecrivain pins liardi fournit les moyens de Tat- teindro. Aux discnssions de ses devanciers sur TAn- cien et le Nonveaii Testament, snr les miracles du (Mirist ou le caractere des aputres, il substitna un reeit dn proces de Jesus, qu'il douna comme contem- porain et officiel. L'idee n'etait pas originale : des le second siecle saint Justin et Tertullien croyaient que Pilate, louche de ce qu'il avail vu, envoya un rap- port a Tibere sur les miracles et la Passion du Sau- veur (1). Le pamphletaire j)aien n'ent qu'a retourner les termes, et a remplacer la relation favorable par unc parodie blasphematoire. Il le fit avec une in- t'ernale liabilete. Dans cette piece, misc aussi sous le nom de Pilate, le Sauveur fut presente avec les traits dim malfaiteur vulgaire, ses actions et ses paroles denaturees, son divin caractere odieusementnoirci (2). L'ecrivain ent Thabilete d'encadrer ses calomnies de (l)Saint Juslin, .l/;oiof/.. I, 35, 48; Tertullien, Apolo(j.,5, 21; Eusi-bi! Hist. Led., II, 2. —Les (Icsfa Pilnti, qui forment la piciiiii're partie de lEvangile apocryplic tie Nicoileme, nesont probableinent pas la |)iecc vuc par saint Justin et TiTliillien, inais paraissent ai)i»aitoair plutot a la seconde moilit' du ([uatricnie sicclc; on y pounait rcconnailre uno rt'ponse aux Ada I'ilnll paiens. (2! IlAaiajievoi 5r;Ta ll'.XiTO'j y.al toO Iwr/ipo; TiSJLuv -jTiofjLvr.uaTa. T.i.- ir^:, eiXTTAEa xaxi ToO Xv.ffToO pXaisvi'-'-'^';- Eusebe, Jlht. KccL, IX, 5, 1. — " Non ut isia, quffi nunc falso conscribuntur, continent Acta Pilati, sed innoc.'iis, immaculatuset purus. » Saint Lucien, Apolog., dans lloutb, Hi'liqtiia' saciuc, I. IV, p. (">. 18i LES CHRETIENS DEPUIS LEDIT DE TOLERANCE. details siiffisammcnt historiques pour donncr aux; esprits superficiels rilliision de la vraisemblance : on en a la preuve dans Ic soin avee lequel Eiisebe re- leve ses erreurs do chronologic (1), Ce pamj>blet fut probablemcnt compose plusieurs annees avant 311, des le commencement de la persecution : il parait, en elTet, cite en 30i par le juge de saint Andronicus (2), peut-6tre meme par celui de saint Theodote (3), Mais il n'etait pas encore sorti d'un petit cercle de ma- gistrals lettres; il faisait partie de la bibliotbeque anticbretienne oii ceux-ci puisaieut les arguments par lesquels ils essayaient de soutenir, dans les audiences publiques, la controverse avec les fideles. Ce petit livre parut a Maximin et ti ses conseillers digne de recevoir une publicite plus etendue. lis se persuade- rent que, une fois repandu dans le peuple, il donne- rait du Christ une idee telle, que lapropagande chre- tienne serait desormais frappee de discredit. On en fit done faire d'innombrables copies, qui furent expe- diees par ballots dans toutes les provinces [k). Des leltres emanees de la cbancellerie imperiale ordon- n^rent aux gouvcrneursde le faire partout connaitre. Des lectures publiques devaient en Hre faites dans les villes et dans les villages; des placards devaient <^trc (1) Eusebe, Hist. Led., I, 9, 2-3. (2) Ada SS. Taravhi, Viobid Andronici, y; dans Riiinart, p. 485. Voir t. I, p. 309. (.S) I'assio S. T/ieodoli Anciifdni, TA; dans Riiinait, p. 3f>5. (''() rv(.')(/r) Tou {jLEi^ovo? in'i Tta^av oiaTriiJ.TiovTai r/;v utt' a-jTov apyr.v. Enscbe, Hht.Lcd., IX, 5, 1. DERNIERES C.\LOMNIES ET PERSECUTION OLVERTE. 185 apposes, SLir lesquels son texte serait reproduit (1). Mais soulever actuellemcnt les passions contre les ado- rateurs du Christ ne suffisait pas : Maximin avait des haincs plus profondcs. 11 voiilait Iravailler aussi pour Tavenir. Ce n etait pas assez d'aigrir les ames des peres, si le fiel ne se repandait en m6me temps dans celles des fils et n'empoisonnait d'avance les gene- rations futures. Les Aclcs de Pilate devinrent le ma- nuel obligatoire dans les ecoles. Les instituteurs eurent Tordre de le faire apprendre par coeur, d'y puiser le sujet des devoirs ecritsou le texte des declamations ora- les(2). Au lieu des invectives de Junon contre Enee ou d'autres themes semblables(3), c'etaient les invectives de Pilate contre le malfaiteur Jesus qui exerceraient la verve des futurs orateurs. Son supplice formerait la matiere de ces narratmncuLv que Quintilien im- pose aux commencants (( moins encore pour leur ap- prendre a ecrire que pour fixer dans leur memoire les recits celebres (i) ». Une fois celui-ci « fixe dans la memoire » des enfants, il n'en sortirait plus. Les jeunes coeurs deviendraient incapables de s'attendrir devant la pdle figure du divin Cruciiie, le pathetique de la croix et de la couronne d'epines serait pour eux (1) Aii y^ai[L[xi-zoi'i 'KOifxvS/.i-j'J-j.f/o'.. xaTa TrivTa totiov, dypou; xi xal -6).e:;, tv jx^avet xaOta toi; TiTiv e/.6civai. Eusebe, //(i7. Eccle.s., IX, 5. 1 . {2} Toi; TE iratTi tou; Ypa(jLjAaTo5toa'jxa),ovi; avxl (jia6r,ijiaT(ov xau-a (/.£- )ciav xal 6ia [jivy;[ir,; xaxr/eiv Trapaoioovat. Ibid. (3) Saint Augustin, Confess., I, 17. (i) Quintilien, Inst. orat.,l, 9, G. Cf. Emile Jullien, les Professeurs (le littdralurc dans I'nnclennc Home, \>. 289. 186 LES CHUETIENS DEPUIS LEDIT T)E TOLERANCE a jamais detruit. Des legions de blasphemateiirs sor- tiraient tous les joui's des ecoles, endurcis, haineux, fermes a ranioiu" et a la pitie, prets k poursnivre de leurs outrages tous les chretiens qu'ils rencontreraient sur leur route. L'enfance serait ainsi volee au Christ, le recrutcment dn peuple chretien tari dans sa source. Les conseillers de Maximin ne s'en tinrent pas la. Apres avoir outrage le Christ, ils tenterent de renou- veler les calomnies repandues, dans les deux premiers siecles, contre ses adorateurs, et depuis longtemps oubliees.Il yavait centans au moins qu'on n'imputait plus aux chretiens de souiller leurs reunions relig-ieu- ses par de monstrueuses debauches. Depuis Celse (1), aucun pamphletaire n'avait calomnie leur moralite. Le dernier tableau que Fimagination paienne, echauf- fee peut-etre par ses propres souvenirs, ait trace des scenes scandaleuses qui auraicnt suivi les agapes, parait du a la plume de Fronton, le precepteur de Marc Anrele (2). Maintenant les chretiens etaient trop nombreux, trop meles a la vie de tous, trop connus pour que, surtout dans cet Orient ou ils formaient en certains lieux la majorite de la population, un ecrivain de quelque rcnom osAt rep^ter de tcUes fa- bles. Mais ce qu'on n'aurait ose dire soi-mc^me, on pouvait encore le faire declarer par de pretendus te- nioins. Dps (ju'on ne reculait plus devant aucune fraude, tout deveiiait possililc IMus d'une fois, dans (1) Orisi'iie, Conlrii Cehum, V, 25, 11; VIII, Oi). ('}.) Miiuicius Felix, ()(l.iivius,\Q:cL 31. DERNIERES CaLO.MMES ET I'ERSECLTION OL VERTE. 187 los siedes j)iisses, la torture avait arraclie h des es- claves des denonciations mensongeres (1). Ce moyen n 'avait point perdu son efficacite. Le commandant do la g-arnison de Damas y recourut. II fit arr^ter pen- dant la nuit, sur la place publique, plusieurs fenimes de mauvaise vie , et , sous la menace de tourments , les contraignit, non a renier le christianisme, mais au contraire a declarer qu'elles etaient cliretiennes, qii'elles avaient assiste aux ceremonies du culte et pris part, dans Teglise, k d'horribles impuretes (2) ; le proces-verbal de la deposition dictee a ces mallieu- reuses fut envoye a I'empereur, qui le fit afficher dans toutes les vilies et jusque dans les moindres bourgs (3). La justice divine ne tarda pas a punir Tacte odieiixdu commandant de Damas : pen de temps apr^s ce criminel abus de pouvoir, il fut pris de folic et SB tua (i). Preparee avec cette habilete, la persecution eclata entin, Maximin epargna d'abord la vie des chretiens, et se contenta, comme en 310, de crever les yeax, de (1) Saint .luslin, Apolog.. II, 12; Eiisi'l):', /list. JucL, V, 1, 14. ("2) "Etcpo; aTpa-roTTcoap/r,;, ov SoOxa 'P(«)[j.aiot upo(7aYopiuo'ji7tv, ava Tr-iV Aau.7(jx6v t/;; <^0'.v^/.r,; iirtppyixi T'.va yyvaixapta s; ayopa: dvaoTracrTa w; OY) Etrjirdv TtoTi Xpi7Ttavat, ayviioiisv xz aOroT; aO£ij.'.xoypY;a:, sv aO- ToT; TS T0t5 xupiaxot; TtpatTciv auTO'li; Ta axoXadta, y.al 6(7a d),).a }.irt:-i a-jxa; ini 6ia^o),yi toO ooyjAaTo; •r|8£),£v. Eusi'be, Hist. EccL, IX, 5, 2. (3) 'Qv veal oyio; iv •jTTO|jLvr,[xa'ji id? cwvd; ivTcOci^a; PaTi),cT xotvouTa'. . Kal o/j 7;p'i, 1. (3) 'IIjAoiv o' au fUY^i TtiXiv avexivoOvro xal S'.toyiJ.ol •/a)>i7rot. V)id. (i) 'Q;7.xi T'.vx; aXovTx; Toi/ -KfA xov Oiiov ).rj^/yi JTt'.-favwv aTtapatTrjov Tr;v £711 OavxTO) 'J//)^ov -/aTaoi^aoOxi. Ibid. DERMERES CALOM.MES KT PERSECUTION OUVERTE. 189 plus illustres vicliraes. Pierre, ev^que d'Alexandric, sorti do sa retraite apres ledit de pacification , est ;iri'«>te au moment ou Ton s'y attendait le moins, et flecapitepar lordre direct de Maximin, le 25novem])re 311 (1). Avec lui perissent ses pretres Faustus (2), Dius et Ammonius (3); vers le meme temps sont mis a mort les trois prelats esyptiens qui avaient partag-e la captivite de Phileas et signe sa lettre centre le schisme melecien (i), Hesycliius, Pachumius et Theo- dore (5). Methode, eveque de Tyr ou de Patare (G), qui refuta Porphyre (7), et composa en I'honneur de la virginite un dialogue imite du Banquet dePlaton (8), est martyrise en 311 ou 312 (9). In des membres (1) Eusebe, Hist. lucL, IX. G. 2: cf. Vilf. 13. 7. (2) Faustus etait iliacre au nioment do la iieiseculion do Dice, com- parut devant le piefet Emilien avec saint Denys d'Aloxandrie, et pen- dant I'exil de celui-ci resta dans la nietiopolc egyptiennc avec les diaries Eusebe et Cheremon; voir Eusebe. Hist. EccL. \ll, 11, 3, 6, 22, ■2i. Quand, devenu pretre. il fut martyrise sous Maximin, il avait at- teint une extrt^me vieillesse : pi/pt to-j xx6 r,!i.a; otwyiJi.o'j ^-j/.a/fisi;, -vrr paio; xoijLiovj y.al TrX/.pr,; y,(jL£p6)v xa^' '^tii; a-jto-j; jj.apTyp:ti) ty-jV 7.£;a).r,v a7roT(xr.fj£i;T£)c'.o'jTai. //*(>/., 26 ; cf. VIII, 13, 7. (3) Ibid., WW, 13. 7. (4) Voir plus haul, p. 51. (5i Eusebe, Hist. Keel, VIII, 13, 7; IX, 6, 2. (G) Sur lelicu de son episcopat, voir Tillemont, Md moires, t. Y, note I sur saint Metliode. (7) Saint Jerdine. Deviris ill.. 83; Ep. 70; Comm. in Dun., 12;Piii- lostorge, VIII, li. (8i Les ouvragcs de saint Methode soiit : le Si/mposion, ou Banquet desdix vierges. Ic livro contre Porphyre, les trailes de la Itcsunectiuti. de la Pythonisse, des Chases creecs (Ticpi twv y£"'''^Jw/), du Litire Ar- hitre. lis ne sont plus connus que par des extraits, conserves surtout par IMiotius el saint Epiphane. (y) Saint Jerome, De ciris ill.. 83: In Daniel., 12; Th^odorct, Dia- 190 LES CHRETIENS DEPU-IS L'EDIT DE TOLEUANCE. les plus celebres de Fecolc exegetiqiie crAntioche, le pretre Lucien, qui, compromis dans laffaire de Paul de Samosate et demeure dans la disgrace des trois successeurs orthodoxes de cct lieresiarque, avaitfini par rentrer dans FEglise (1), et depuis de longues annees consacrait ses talents a reviser la version des Septante (2), est conduit aNicomedie, et juge parMaxi- min en personne, Apres avoir prononce devant Icm- pereur une apologie de la religion cliretienne, dont log. I. Eusebe ne parlepasdu inartyre de saint Melliode et nele nomine meme pas dans son Histoire, ('rc?(''A(rt>. 107, l'.>3, 135. — II y avail ainsi, au commencement du((uatrieme siecle, trois editions egalement renommccs des Ecri lures, celle d'llesycbius, celle de Lucien et celle de Pamphile, repandues cbacune dans une parlie 7. DERNIEUES CALOMNIES ET PERSECUTION OUVEUTE. lUI il reste uii fragment (1), le vieillard eiit la ielo iraii- ch^e dans sa prison (2), le 7 Janvier 31*2 (3). A Nico- medie encore est martyrise, le meme jour, Basilisque, eveque de Comane (V). Le 29 Janvier, Silvain, eveqiic d'Emese, en Phenicie, est livre aux betes avec trois compagnons (5). Le 31 Janvier, un medecin d'Alexan- drie, nomme Cyr, et un soldat d'Edesse, appele Jean, sent tues ensemble a Canope; on dit que (1) Conserve par Riilin; voir Roulh, Reliquix sacrx, t. IV, p. G. Wesl. cot [History of canon, ]>. ;i()0) croit a raulhonlicite de ce fragment, doni nous avons cile queWiiies lignes, p. 183, note 2 (2) Ttov 8' ZTZ 'AvTW/eta; [j.ac.7'jpwv tov Trdvxa piov aoiTTo; 7rp£»j6uT£po; T?,? auToOi 7:apotxiot; Aovixiavo;, sv tr] ]N'iv.0[/.r,6£i'a xat auto;, pam/iwc Itii- 7t«p6vTO;, TTiV oOpaviov tcO XpiaTou [iaTt/siav Xoyw TrpoTSpov ot' auoXoyia:, Etta OS y.olipyoi; dvaxripOHa;. Eus^be, Hist. i'cr/. ,V11I, 13, 2. — L'liis- torien reproduit ce rtcit a pen pros dans les meines ternies au livre IX, 0, 3; seulcMient, apris avoir dil que Lucien fut conduit a Niconiedie, oil residait I'empereur, il Jul fait prononcer son Apologie £ii:i -roO dpyov- To?, que Ion a Iraduil [lar « devant le gouvcrneur m; je crois plus exact de prendre ce mot dans le sens gf-nera! de chef, de maitre, elde I'appliquer a I'empereur. Eusilte ajoute qu il fut mis a mort dans la piison, oeajitoTTiprj TiapaooOsi; xtivv^xat. — Le martyre de Lucien a ^te celebre par saint Jean Cliiysostome, llomil. XLA'I; mais sa narration, tout oratoire, me parait dans certains details inconciliahle avec le le- inoignage conlemporain d'Eusi be ; d'afires saint Jean Chrysostome, a toules les questions du gouverneur Lucien aurait repondu par celte soule phrase : « Je suis Chretien, » ce <|ui s'accorde difficilement avec le fait de I'apologie prcinoncee soit devant remi)ereur, soit devant le magistral. \'i) Acta SS., Janvier, t. I, p. ^(H: cf. saint Jean Chrvsoslomc, /. c. (4) Palladius, Uialocj. dc rila S. Joannis Clinjsoslomi; cf. Tillemoul. Mcmoircs, t. V, art. et note iv sur saint Basilisque. (a) TpcT; £V 'EfjLi'or; tt, tioXeC tj;; oiv;y.r,; . Xp'.(7Xiavou; c;pa(; oiAO/.oyr; - c7avT£;, Qripiwv popi Tiapa&ioovTai ■ iui^y.oTio; r,v £V tovtoi; -'.),6av6(;. ir.v r,/ tx'.av OTtcpyrjCw;, iv o/.O'.; lizrn xeaoocpdzovTa ty;v ys'.Toypyiav otrjvjxd)?. Eu.sebe, Hist. Heel., l\, 6, l;cf. VIII, 13,3, i. 102 LES CHRETIENS DEPL IS L EDIT DE TOLERANCE. • plusieiu's fcmiiies furent martyrisees avec euv (1). Mais, a enjuger par les nonis que recueillit Eu- sebe, il semble que, dans cette rapide persecution, on n'ait pas eu le temps de juger beaucoup de vic- times obscures : on se conteiitait de les mutiler, ou de les faire disparaitrc sans proces, conime raconte Lactance (2) ; an contraire, on interrogeait avec le plus grand soin, quelquefois en presence de Maximin lui- meme, ceux en qui les pbilosophes de son entourage avaient reconnu des rivaux. Ainsi s'explique comment Termite Antoine, accouru de son chateau mine des bords du Nil pour secourir les fideles d'Alexandrie , avec la secrete esperance de gagner jiour lui-meme la couronne du martyre, fut dedaigne des pers^cu- teurs, incapables de discerner dans cet homme vetu de la bure grossiere des mendiants le fondateur de la vie cenobitique, le pere spirituel d'une lign^e qui ne finira pas tant qu'il y aura sur la terre des Ames eprises de la perfection (3). Les grands cvenements qui sont a la vcillo de s'ac- complir en Italic feront bientot sentir leur contre- coup en Orient, et amoneront la fin de la persecution. Avant m6me que celle-ci fut entieremcnt termin6e, d'autrcs causes, plus rapprocliees, en avaient amorti dejA les effcts. On a lu les triompbantes paroles ])ar lesquelles (1; Ada if.S"., jaiivior, I. II, p. lOSl. (2) Laclaiice, Dcmorl. pers., 3G, 37. (3) Saint Alliaiiase, Vil.OY£iv. Eiisi-bc. llisl. J:'ccl., JX, 8, 14. (■>) Voirl. 1, |). 2'J'i. (3j Voir Itislnirc des prr.sr'ciilioiis pcnilaul la premiere moilie du Iroisienw siielc, \K 145, 101. DERMERES CALO.MNIES ET PERSECUTION OLVERTE. 197 intervention de ce puissant voisin, prefera-t-il prendre les devants? ou enfin la folie de ses conseillers, de ses niagiciens, de ses oracles, lui persuada-t-elle d'aller imposer par la force le paganisme romain aiix con- vertis de I'llluminateur, et lui promit-elle que les au- tels renverses d'Analiid se releveraient en I'honneur des dieux du neoplatonisme? On ne salt de qui vint la premiere attaque; mais Eusebe nous apprend qu'au moment ou la famine et la peste desolaient TOrient romain, Tempereur etait engage avec ses lesions dans les montagnes de TArmenie. Le fanatisme religieux de Maximin , oublieux des traditions politiques de Rome, avait reussi a transformer en adversaires d'an- ciens allies de I'empire qui lui avaient plus d'une fois prete un utile secours contre ses vrais ennemis, les Perses. L'expedition fut malheureiise : Maximin dut rentrer dans ses Etats apres une serie de defaites (1). La cause de la croix triomphait sur les pentes vertes de I'Ararat, a la meme heure peut-«Hre ou son eten- dard ouvertement deploye flottait pour la premiere fois sur les cimes glacees des Alpes et dans les grasses plaines de la Lombardie. (1) Eusebe est le seiil qui paile de celle j^ueirt'; mais cet liislorien, qui vivait a ce moment meme en Orient, ne peut lavoir invenlee. L'at>- sence de tout autre temoignage rend necessaire la reproduction de son teste : ToOtoi; TipoirsTravio-taTat tw x'jpivvw 6 Tipo; 'Apficvioyi; •reo/sjJ.o:, sivopa; i? ipyjaio'j ^iXo-j; Xixxt (ju;j.txi-/o'j; 'PwiAaitov, o-J; xal a-jTOu; Xpii- Tiavoli? ovra; tfiV e!; to Osiov cOffioctav Sia ctto-jo^; 7roioup.£vou; 6 f)eo\Linr,i v.otiiloi- OuEiv v.al SaijiOT'.v iTtavayxdnat 7i£n£ipa[j.ivo; eyOpo'j; avti cpOwv xal tioXejaiov; avTi T-jfifiayMv xa-ccr-nr.rraTO... AOto; (1$v odv Tispi tov irpo; 'Ap(i£vio'j; 7t6).£[iov otjia toi; auToO cTpaTOTtidoi; xatSTioveiTO. Eusebe, His(. Enl., IX, 8, 2, i. CHAPITRE DIXIEME. LA BATAILLE DU PONT MILVIUS ET LKDIT l»K MILAN (312-313). Sommaire. — I. La dataille du pont Mit.vius. — Rnpiinrls df Maxence avec Ics clirclieiis d'Afrique. — l,es prnprietes de I'Eglise roniaine soiit resti- tuees au i)apo Milliade. — Le corps du pai>e Euselje est rapporte dc rcxil. — Sa crypte au cimeticrc de Callisle. — Autre martyr transportc dans ce cimeticre. — Cependanl des cliriitiens soulTrent des grossieres passions de Maxence. — .Mort licroique de Sophronie. — Maxence jaloux de son beau-frcre Constantin. — II lui declare la guerre, sous pretexte de venger Hercule. — Constantin s'allic a Licinius. — Superstitieuses terreurs dc ses soldats au moment de marcher contre Home. — Idees roligicuses de Constantin. — Kcllexions jjIus profondes. — Priere au vrai Dieu. — Sincciitcdu r('rit d'Eusebe. — Vision de Constantin. — Ver- .sion i)aicnne dc cet eveneincnt, ((ui en conlirme la realite. — Le laba- runi. — Cet etendard pent tMre accepti' de tons. — Canipagnc dc Cons- tantin en Italic. — Mauvaiso mana-uvre de Maxence. — Bataillc du pont MiKius. — Di'falte et mort (le .^laxence. — Entree triom|)liale de Constan- tin dans Home. — Moderation d(! sa conduite. — Favcur montree aux Chretiens. — Rejouissanccs oKiciellcs. — L'arc de triomplie et son ins- criplion. — Entliousiasme des particulicrs et des jirovinces. — Joie des Africains. — Constantin se fait rcprcscntcr tlaximin, refugic en Cilicie, se decide a faire un edit en faveur des Chretiens. — Texte de l'edit. — Marclu- de Lici- nius vers Tarse. — Maximin s'cmpoisonne. — Cruelles reprcsailles de Licinius. — Execution de la femmc. des enlants. des jjrincipaux olficicrs dc Maximin. — Suiiplice ininieritc de Vali-rie et de Prisca. 100 LA BATAILLE DU POJJT MILVIUS, ETC. I. La Taataille dupont Milvius (312). Entre Constantin et Licinius, qui observaient scrii- puleusement I'edit de Galere, et Matimin, qui Tavait sournoisement, puis ouvertement enl'reint, Maxeiice, maitre de I'ltalie et de I'Afrique, tenait ime situation intermediaire. II avait rendu la paix a TEglise, mais exile deux papes. Ayant reconquis I'Afrique sur letyran Alexandre, il semble avoir confondu les Chretiens de ce pays avec les rebelles. On le voit reclamer a Men- surius, eveque de Carthage (le m6me dont nous avons dit la sage conduite an commencement de la persecu- tion), nn diacre accuse d'avoir ecritunlibelle diffama- toire, puis, sur le courageux refus du prelat, mander celui-ci k sacour. Mensurius, qui connaissait Fhumeur sanguinaire de Maxence. et avait assiste aux horribles represailles cxorcees par lui contrc les Africains, pcnsa nc revoir jamais son siege : il lit, avant de le quitter, SOS dernieros dispositions, et confia a dcs mains sures ce qui restaitdes biens de I'Eglise ; puis il partit pour ritalie. Contrc son atteiite, ii parvint a se justifier, et recut la permission de rentrer ;\, Carthage; mais il raowrut en chemin. C'est seuleu)ont apres sa morf, dit saint Optat, que la teuip6te cessa tout a fait, et que Maxcnce laissa en rcpos les Chretiens d'Afrique (1). (1) Saint Opial, Vc schism, donat., I. LA BATAILLE DU TONT MILVILS 312^. 201 .V Rome , la tolerance tie fait tlont I'Eglise jouissait depuis quelques annees recutenfin, en 311, une sorte de consecration, par un acte de Maxence dont les mo- tifs nous echappent, et qui ne parait pas avoir ete etendu hors des limites de la villc eternelle. Le pape uouvellement elu, Miltiade, fiit autorise a reprendre possession des proprietes ecclesiastiques, demeurees depuis 303 sous la main du fisc. Celle-ci s'etait peut- etre deja relAchee, car on a rencontre dans le cime- tiere de Calliste, au pied de Fescalier de Farenaire d'Hippolyte, une epitaphe portant la date de 307 (1); mais si I'autorite romaine fermait plus ou moins completement les yeux sur la frequentation des cata- combes par les iideles, la possession ne leur en avait cependant pas ete regulierement rcndue. Maxence accorda au pape un rescrit, Tautorisant a reclamer au prefet urbain la remise des loca ecclesiasfica. Une lettre adressee au meme magistrat par le prefet du pretoire accreditait pres de lui le chef de I'Eglise. Munis de ces pieces, les diacres envoyes par Miltiade recurent du prefet urbain « tous les lieux qui avaient ete confisques aux Chretiens pendant la persecu- tion (2). » Get acte de Maxence equivalait a une re- (1) C'cst-i-dire la formule (expliquee plus haul) post sexlum tonsu- lalum : voir de Rossi, lioma solterranea, t. Ill, p. 225 et pi. XXX, n" 209. (2) Ce fait r.suHe diiii docmnont produil un sicclc plus lard par les donalislcs dans la conlY'rcnce dc 411, ct resume ainsi par saint Auj^us- lin : « Gesla alia recilarunl, in quibus legebaliir Melchiades inisisse dia- ronos cum litleris Maxenlii iinpcraloris et lilleris praefedi prielorio ad ])rsefeclum urbis, ul ea recipereiil qua' leuqiore iierscculionis ablata 20'> LA BATAILLE DIJ PONT MILVIUS, ETC. oonnaissance regaliere de Miltiade comme chef de la communaiite chretienne de Rome, et a une rejDrise des relations qui avaient existe pendant une partie du troisieme siecle enti-e Tautorite ecclesiastique et Tautorite civile : aiissi le nom de Miltiade semble-t-il avoir ete inscrit a ce moment sur les rooistres de la prefecture urbaine, oii depuis 30V n'avaient point figure ses predecesseurs ( 1 ) . Rentre en possession du cimetiere officiel de I'Eglise romaine, le premier soin de Miltiade fut d'y deposer les restes du pape Eusel)e, mort en Sicile. L'autre pontife exile, Marcel, avait pu recevoir facilement les honneurs de la sepulture, car, a Texemple de Mar- cellin, il avait choisi son tombeau sur la voie Salaria, oil les cimefieres, demeures de droit prive, ne furent point confisques (2). Mais Eusebe n'ayant point fait un tel choix, et la restitution des biens ecclesiasti- ques ayant suivi d'assez pres sa mort, il etait conve- nable de lui preparer une sepulture dans la necropole de la voie Appienne on reposaient les papes du troi- sieme siecle. L'enterrer dans leur caveau m6aie pa- raissait encore dangereux ; la paix etait trop recente, trop dependante des caprices d'un tyran, pour (ju'on incmoratus imperator chrislianis jiisscrat roJili. •> Saiiil Aiij^ustiii, lire- ririifus collafinais cum donulislis, 111, 3\. — « Slratoiieni (liacoiiuin. (jiiiMii rum aliis Melcliiaih'S ad recipienda loca ccdesiaslica iniscral.» Ihitl. Ill Dc Hossi, lt(>)iiusullcrraii('(i,l. II, p. vii. (2) Marcel avait cito Ic ciinoliiTO dc Novolia, |)r<'s dc coluL de Pris- cillo. II liil <'iili7). (3) Mallieni'eiiscnienl le |»n'(ieu\ t'raj;nM'nl fnl, ^()le avant (|uc M. de Rossi ail j)u i'cludier el lenler de h; ia|ipro(lier d'aulres inorceaux. LA BATAILLE Dl' PONT MILVIUS (312). 20:, riens, et leui' livrait tout enproie. Ceux-ci, pour von- iicr un des leurs tue dans uoe emeute, avaient mas- sacre des milliers de citoyens (1). Pendant queles sol- dats donnaient ainsi licence a leurs caprices, Maxence ne souflVait aux siens aucun frein. Tous les jours, sur de fausses accusaiions, des senateurs, des consulaires, etaient jetes en prison ou mis a mort, afin d'avoir un pretexte de confisquer leurs biens (2). Mais sur- tout les femmes, des qu'elles etaient belles et de liaut rang-, devaient tout craindre du brutal souverain. Maxence n'etait pas moins debauche que Maxiniin (3 . Souvent, pour arracher une epouse a son mari, il la contraignait au divorce; puis la renvoyait deshonoree dans sa maison (i). Mais, s'attaquant a des cliretien- ncs, il rencoutra de courageuses resistances. On en vit preferer la mort a ses caresses (5). Une anecdote rapportee par Eusebe montre lintrepidite d'une do ces genereuses filles de TEvangile, en meme temps que la peur et la servilite auxquelles cedaient, en ce temps, les plus hauls magistrals. La chretienne So- plironie (G) etait I'epouse du prefet de Rome , d<' (1) Eusebe, Hist. Heel., VIII, 14, 3; De vita Consiantini, I, 35; Au- relius Victor, De Casarlbus ; Zosiine, II. (2) Eusi'be, His/. Keel., VIII, 14, 4; Be vita Const., I, 35; Pancrj. vet. ,6, 7; Eulrope, JSrcv. ; Prudence, Contra Syinm., I, 470-471. (3) Tupavvo; Md!£VTio; Ta oaoia MahiAivw opuiv. Eusebe, Hist. Eccl., VIII, 14, 16. (4) Ibid.,\\\{l. 14, 2; De vita Const.. I. 33; Prudence, Contra Symm., I, 471-480. (5) De vita Const., I, 33. (6) Eusebe necile pas sou nom, qui est donne par Ilulin. 20G LA BATAILLE DU TONT MILYIUS, ETC. celui-la m^me, peut-etre, qui cii 311 remit Ics biens de FEglise aux diacres de Miltiade. Unjour, les pour- voyeurs des hontcux plaisirs du prince entrerent dans la maison du prefet. Tout de suite le mari et la feinnie comprirent ce que sisinifiait cette visile. Le prefet, tremblant, n'osa protester, et permit d'emmeuer sa femme. Mais elle, imitant la ruse qui, a Antioclie, avail sauve la vertu de Pelag-ie (1), demanda iin de- lai pour passer dans sa chambre et se parer. Laissee seule, elle saisit une epee, et, Lucrece chretienne, se Fenfonca dansla poitrine. Quandon vint la chercher, on ne trouva qu'un cadavre (2). Malgre ses cruautes, ses vices, une nonchalance ex- treme (3), Maxence etait ambitieux. II ne pouvait soutfrir h\ superiorite de son beau-frere Constantin, dont le gouvernement sage et modere lui etait un perpetuel reproche. Faire la guerre au souverain des Gaules, Fabattre, et s'emparer de tout FOccident, devint son idee fixe. Les sorciers qu'il consultait sans cesse lui anuoncaient la victoire ; les demons evoques devant lui repondaient favorablement a ses vceux; il lisait dans los entrailles de lions egorges ses triom- [)lies futurs; des sacrifices plus cruels encore, le sang de femmes et d'enfants, lui promeltaient un avenir heureux (4.). II n'avait point neglige, pour se Fassu- •(1) Saint Jean Chrysoslonie, llomilia XL. Voir plus haul, |>. 7(1. {2) 'EvLiiihc, Hist. Eccl., VIII, Ki, \1 \ De vita Constantini, I, 3i. (.3) Amelius Victor, JJc Cccsarilnts ; Panecj. vet., 6, 7; Laclance, ])c mart, pers., 18. (4) Eiisobc, Ilisl.lAxles., VIII, li, 5; l)c vKti Const., I, :$«. LA BATAILLE Dl PONT MILVIUS (312). 207 rer, les combinaisoiis tie la politique. Un rapproche- ment fut ncgocie entre liii et Maximin. Ces cleux vilains homines, si l)ien fails pour s'entendre, s'unirent par un iraite secret (1). Uiie tres nombreuse armee fut rassemblee en Itajie : aux legions qui y campaicnt a, (lemeure, Maxence joignit de nouvelles troupes, re- crutees de gre ou de force dans la peninsule, ou levees en Mauritanie (2). Cecifait, ii trouva aisement unpre- texte a declarer la guerre : ce mauvais fits, qui n"a- vait pu regner a Rome avec Hercule, envoya deman- der raison a Constantin de la mort violente du vieil Auguste, et, pour bien marquer la rupture, abattit dans tons ses Etats les statues de son beau-frere (3). Constantin n'avait pas attendu cet outrage pour se preparer a une rencontre inevitable. Une alliance avait ete conlractee entre lui et Licinius, et comme, dans ces families imperiales renouvelees par les di- vorces et les seconds manages, il y avait toujours de jeunes princesses prates d devenir le prix ou Tenjeu des combinaisons politiques, la soeur consanguine du mailre de I'Occident, Constantia, fut fiancee au souve- rain de I'Europc orientate ( Ip). L'equilibre des forces se trouvait de la sorte assure. Licinius, place entre Maxence et Maximin, pouvait contenir ce dernier, s'il essayait de se meler a la lutte, ou, s'il demeurait inac- tif, se porter lui-m6me en Italic. Constantin, dans tons (1) Laclance, Demort. pers., i3. (2) Laclance, De mort. pers., ii; Zosime, II, 15. i'.i) Laclance, De mort. pers., i3. (i) Laclance, De mort. pers., i3. 208 LA. BATAILLE DV PONT MILVIUS, ETC. les cas, n'aiirait affaire qii'au seul Maxence. Ainsi pa- raissait reparee, en une certaine mesure, la faiblesse de son armee; car, oblige de laisser garnis les postes du Rhin, il ne pouvait opposer aux legions de son adversaire que des troupes nuineriquement tres infe- rieures (1). Cette inferiorite, bieu que compensee par I'liabile politique de Constantin, et surtout par sa superiorite personnelle, ne laissait pas que de rendre hasardeuse Tissue de la lutie. Le souverain des Gaules n'etait pas homme a se tenir sur la defensive. II avail I'habitude de marcher en avant et de frapper de grands coups. Dirigee par lui, la guerre ne seraitpas une serie d'es- carniouches entre les postes etablis de chaque cote des Alpes, mais les Alpes franchies, I'ltalie choisie corame champ de Ijataille, et un choc decisif sous les murs de Rome. Rome, cependant, lormait la princi- pale force de Maxence. La possession de la ville eter- nelle doul)lait, en quelque sorte, les troupes de ce tyran, tant paraissait grand encore le prestige des sept collines, si decouronnees qu'elles fussent depuis retal)lissement de la tetrarchie. II seml)lait que le genie de Tempire vcillAt toujours sur le Capitole, pour foudroycr les audacieux qui tenteraient d'en appro- cher. Deux fois I'exp^rienec venait d'etre faite : la (1) Paticfj. vcl., f>; Zosiinc, 11, IT). — Zosiino evaluo I'armee de Maxoiice a ci'iil soixanle-dix inillo fanlassins ot dix-liuil niille cavaliers ; (■(•He de Coiislaiiliii naltt-i^iiait |)as cciil niillc liornines, dont vingl- ciriq a Irenle iiiille seulcinenl de lioii|)es rt^'gulieres. Voir Tillemonl, Histoire des Knipercnis, I. IV, p. I'-'i. LA IS.VTAILLE DU PONT MILYIUS (312). 209 mort de Severe, la fuite precipitee de Galere, preiiaient aux yeiix des soldats et des chefs je ne sais quoi de surnaturel. Niil, autour de Constantin, ne soneeait a se defendre de cette impression. L'alleg-resse que res- sentirent tant de fois les armees du Nord an moment de descendre vers les pays du soleil etait remplacee dans celle-ci par une crainte vague, qui glacait tous les courages. Les generaux eux-m6mes, accoutumes ii lutter contre des Bretons on des Francs, nmrnnu^aient k lapensee de combattre les pretoriens de Maxence (1). Constantin n'cut pas ete de son temps, s'il etait de- meure insensil)le aux communes preoccupations. Trop brave pour y suljordonner ses desseins militaires on politiques, il avait donne sans hesitation I'ordre de passer les Alpes; mais il partageait dans une certaine mesure les inquietudes do ses soldats, pensait que la guerre dans laquelle on s'engageait n'etait pas une guerre ordinaire, que Thabilete du commandement on la valeur des bataillons n'y deciderait pas seule de la victoire. Pour comprendre les reflexions qui se presenterent ci son esprit, le tour que prirent ses meditations, la crise morale par laquelle il passa, la solution qui fmit par s'imposer avec la clarte de Tevidence, il faut se rendre compte des idees religieuses professees par Constantin a cette epoque de sa vie. Elles etaient moins le resultat d'une etude personnelle que des sympathies et des antipathies entre lesquelles s'etait ;i) Paney. vcL, (i. V. 14 ■210 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS, KTC. partagee sa jeimesse. A son pere Constance Clilore, dont I'influence semble avoir ete d'autant plus grande sur la direction de son esprit qii'il avait plus soufTert dans sa tendressc ct dans son org'ueil d'en etre s^pare, Constantin devait la croyance en nn Dieu supreme, reglant par sa providence les destinees des empires(l); mais, pas plus cju'a Constance, les travaux de la sou- verainete on les soucis de I'and^ition ne lui avaient laisse lo loisir de reflecliir sur la nature de ce Dieu, le culte qu'il exige et les vertus qu'il commande. Le monotheisnie de Constantin etait surtout fait d'aver- sion pour les ridicules ou degradantes ceremonies du polytbeisme, auxquelles il avait du prendre part pen- dant la demi-captivite ou Diocletien, puis Galere Fa- vaient retenu, et qui se confondaient avec les sou- venirs les plus amers de sa vie. Jamais, cependant, il n'avait songe a repudier les formes exterieures de la religion officiclle, que le syncretisme commode de ce temps perniettait de concilier, par une sorte de reserve mentale, avec des croyances plus simples et plus epurees : ou I'avait vu, comme tons les empereurs, dedier des temples et offrir des sacrifices (2), Entre lui et les Chretiens aucune intimite n'existait encore. La tolerance qu'il leur marqua d^s la premiere heure de son regne etait heritee de son per<', et fortifiee par Findignation que les exces jadis commis sous ses yeux avaient fait naitre dans un esprit naturellement hu- (1) Eusebo, J)e Vila Constanlini, I, 13, 17. (2) Pcnu'i/. re I., 1). L\ BATAlLLi: DL' PONT MILYILS (31? . 211 main, <{ue la suite dos evenements montrera capalilc (le soudaines coleros, mais incapable dc cruautes re- flechies ct proloni^ees. Si les disciples de FEvangile liii inspiraicnt deja quelque sympathio, celle-ci pro- venait moins d'un penchant pour leurs doctrines que d'uneaffinitenaturelle avec leurs mcpuis , de cette chas- tete louee paries contemporains (1) et formant unsi frappant contraste avcc les debauches furieiises des Augustesqui regnaient en ce moment meme a Nicome- die et a Rome. Mais rien, dans le passe de Constantin oudanssesdispositionspresentes,nefaisaitprevoirqu'il diit suivre, en religion, una voie plusnettement tracee que celle de Constance, et sortie d'un vague deisme pour devenir le champion d'une Eglise aux dogmes arr^tes, aux commandements imperieux, aux cadres invariables. II etait religieux, vertueuxet tolerant a la facoii de son pere ; aucun signe d'une recherche plus ar- dente on d'une inquietude plus profonde n'avait trahi dans son aine le travail interieur de la conversion. La conversion par laquelle les destinees du monde vont etre changees ne ressemble, en effet, a aucuno de celles qui Font precedee ou qui la suivront. Ni Paul, frappe par raiguilloa divin et tombant terrasse sur le cliemin de Damas; ni Justin, ayant traverse toutes les philosophies pour rencontrer enfin la doc- trine qu'il cherchait sans la connaitre ; ni Augustin , ballotte par tous les orages de la pensee, du co^ur ct des sons avant de se reposer a jamais en Dieu ; (1) Pancrj. vet., 5, (i, TjEusube, ^p rila ConaL, I, l'.». 212 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS, ETC. iii aiicun des innombrables convertis que des voies diverses ont conduits on ramenes vers la foi chre- ticnne, n'a suivi des motifs semblables h ceux qui persuaderent Constantin. C'est a clieval, k la tete de ses troupes, sur quelquc route g-auloise ou quel- que col escarpe des Alpes, qu'il fit les reflexions dont Eusebe a recu la confidence. Le petit nombre de ses soldats frappait ses regards; il etait temoin du decouragement des chefs; en meme temps il se rap- pelait, avec une terreur superstitieuse, les operations magiques auxquelles recourait Maxence. La necessite de s'appuyer sur un secours plus haut lui apparut avec une force irresistible : il comprit qu'il lie pour- rait rien, s'il n'avait Dieu pour lui. La plupart de ceux qui g"ouvernerent I'empire romain s'etaient fies •k la multitude des dieux, avaient cru aux mensonges des oracles, et k la fin avaient peri miserablement, sans que nulle des divinites adorees par eux ne leur pretat d'assistance. Lcurs eni'ants avaient aussi dis- paru, et de leur race ou de leur memoire nul sou- venir ne dcmeurait. Ceux monies qui recemment tenterent I'entreprise qu'il poursuivait aujourd'hui et s'attn([u5rent a Maxence avaient tragiquement ou honteusement eclioue. Un seul, dans ces derniers temps, suivit sans obstacle une glorieuse carriere et mourut avec la consolation do se survivrc a lui- meme : c'etait celui qui avait refust^ sa foi a I'idolAtrie et n'a- vait reconnu qii'un Klre supreme, conservateur de son empire et auteur de tout bien; c'etait le monotheiste Constance. (!les reflexions acheverent de convaincre LA BATAILLE DL POM MILVIUS (312). 213 (^onstaiitin do la folie qii'il y avait a honorer des dieiix qui n'existent pas et de la necessite de rendre un ciilte ail seul Dieu que reconnaissait son pere (1). Cependant cet exameii nc liii apportait rien de nou- veau. II venait de faire, en quelque sorte, le tour de ses idees, I'inventaire de ses esperances, et se con- iirmait dans ses propres sentiments. Le pas decisif n'e- tait pas accompli. 11 le fit presque a son insu, par le mouvement logique de sa pensee. Le Dieu de son pere, le Dieu unique, qui etait-ce? comment le re- connaitre? comment s'assurer sa protection? Pour la premiere Ibis des questions aussi precises se posaient devant I'esprit de Constantin, rendu plus attentif par le peril extreme ou il se voyait. « L'empereur se mit alors, dit Eusebe, k implorer le secours de ce Dieu, le priant, le suppliant de se faire connaitre a lui, et , dans la crise presente, de lui tendre une main favorable (2). » Ce souci de savoir qui est le vrai Dieu, ce desir de connaitre la verite, cet appel k la gr^ce, voila ce qui distingue des lors Constantin des simples deistes, de Constance lui-meme, adora- teurs silencieux dune divinite presque impersonnelle, avec laquelle I'liomme n'entre point en relation. Si interessee, au contraire, que soit la priere de Cons- tantin, c'est une vraie priere, c'est-a-dire un humble aveu de misere et de faiblesse. Si mele d'ambition que soit son desir de la verite, ce desir existe. Si eiioiste (1) Eusebe, Dc Vila Constanliui, I, '?'. (2) lOid., 28. 214 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS. ETC. qu'en paraisse le mobile, sa conversion est sincere. C'est vers le Dien vivant et personnel qu'il se tourne , c'est ^ ce Dieu qu'il clemande de sortir du nnage, de se montrer, de combattre pour lui. Ce recit d'Eusel:>e sera difficilement taxe d 'inexac- titude, car il ne flatte pas I'empereur, lui prete des motifs assez terre a terre, et le montro conduit sur- tout par I'interet et la crainte an culle qu'il pratiquera desormais. Gonstantin a fait le calcul des chances, la balance des forces, et s'est tourne vers la religion qui pent donner la victoire. Cette religion meme nest pas encore designee clairement : si le Christ paralt sous-entendu, il n'est pas nomme : le royal neophyte semble attendre qu'il se manifeste, et mettre sou adhesion an prix du secours implore. On sent que le Jravail interieur si naivement decrit ne se passe point dans les plus hautes regions de Tame, qu'une con- version due a de tels motifs ne renouvellera pas tout I'homme, qu'apres comme avant Gonstantin de- meurera avec ses passions et ses faihlesses; mais la grossierete m6me des pensees que lui prete le narra- teur, leur accord avec ce que I'histoire nous appren- dra du premier empereur chretien, garantit la verite du recit : il conticndrait plus d"ideal,s'il etaitinvente. L'incontestable bonne foi d'Eusebe dans cette par- tie de sa narration devrait, ce semble, en faire ac- cepter la suite. Gonstantin nel.iit pas de ces Ames A, (jni suffit la tonche d^'licat(^ et a denii voilee de la giAce, (]ui « croient sans voir, » et qui entendent sans parole la reponse de Dien. Pour faire dun con- LA IJATAILLt: Dl PONT MILVIUS (312). 215 vcrti tel({uo hii riusti'Limeiitprovideiitield'nne uraiide revolution, il fallait qu'uii sigiie materiel vint lui ap- porter la certitude. « Pendant que Tempereur, con- tinue Eusebe, priait avec supplication, un signo mer- veiileux lui fut envoye de Dieu. Si quelque autre le rapportait, ses auditeurs le croiraient difficilement, Mais comine longtemps apres le victorieux Auguste me le raconta a moi-meme, quand je fus parvenu a son intimite. et me le confirma par serment, qui pourrait le niettre en doute? 11 declare avoir vu dc ses yeux, apres midi, quand deja le soleil s'incliiiait a ['horizon, une croix (1) lumineuse paraitre dans les cieux au-dessus du soleil, avec cette inscription : Sois vainqueur par ceci (2). Cette apparition le frappa de stupeur, ainsi que les soldats qui le suivaiont et qui en furent tenioins. Il se demanda, m'a-t-il dit, cc que signifiait ce plienomene. Il y pensa longteinps; puis la nuit vint, et pendant son sommeil le Christ lui apparut, avec le signe cpii avait ete vu dans le ciel , et lui commanda de faire une enseig-ne militaire sur le modele de I'apparition, pour sen sei'vir coinme d'une salutaire protection dans les com- bats (3). » (1) Ita-jpoO TfOTxaiov. (•>) To-jTto vixa. Eus<'l)t' rapportf naliirellement celte phrase en grec; inais en quelle lanjiue (oii.slaiilia la vil-il ecrite? En latin, disent Thi- lostorge, Nict'|iiioro et Zonarc. Le* iiiols[>euvent avoir ete Hoc cincc on I'inccs, forimile (jiii se developpa et devint, sur les monnaies de Vctra- nion, Magncnce et Constance Jeune : Hoc signo victor eris. Conslantin el ses soldats parlaient latin. (3) Eusebe, Oc vitn (.'onslanllui, 1, 'J8. 51G LA BATAILLE DU POINT MILYIUS. ETC. Ce songe etait connu du seul Constantin (1) : mais rapparilion liimineiise, Ic « signe celeste (2) » avait eii de nombreux temoins. La premiere « stupeur » fit l)ientut place a des sentiments divers. Pendant que les Chretiens s'entretenaient avec admiration de ce qu'ils avaient vu, les paiiens le commentaient avec effroi. Les aruspices qui accompagnaient I'armee, et pour qui la croix etait un objet de funeste augure, parlerent de presage mauvais {adversum omen) (3) et dissuaderent de continuer Fexpedition. Mais la ferme reponse de Tempereur leur imposa silence (4). Pen a pen, chez les tenants memes de Fancien culte, Fimpression favorable prit ledessus. Unrecit eut cours, dans lequel on reconnaltra soit une version alterec des faits, soit au moins un indice de la croyance de tous dans une intervention surnaturelle en faveur de Constantin. Toute la Gaule, dira quelques annees plus tard un rheteur paieu, s'entretint d'une troupe celeste qui avait ete vue planant au-dessus des le- gions en marche : malg re la grossierete des regards humains, on avait pu, pendant un rapide instant, (1) II y esl peut-Ctro fait allusion des 313 dans ce passago d'un pane- gyriqiic : « Ilabes profeclo ali(|ii()d cuin ilia nienle diviiia, Conslanlinc, sccrelum. quae, dclegata nostri diis niinoribus cuia, uni se tibi dignetur ostcndere. » J'fiiictj. v('l.,(\. (2) « Co'lcslc sigiium. » Expression do Laclance, J>c )iior/. prrs., 41 ; dc Porlirius Optalianus, I'diicijyricus (annco :i'>l). (3) Pancfj. vcL, {>. (1) « Conira aruspicuin nionila. » Ibid. — Cf. Haronius, Ann., adann. 31!!, !> 11; TiilcinonI, Hist. (JCs Empcreurs, 1. IV, |). G3:?; Newman, Ensuy on ecclcsiaslicdl niiraclcs. LA MTAILLE DU PUNT MILVILS (312). 217 aporcevoir ses aiMiies luminoiises, ses boucliers qui jetaieiit dc terribles eclairs ; dcs voix avaient ete entendaes dans les airs, criant : « Nous clierclions Coiistantiii, nous a lions au secoiirs de Gonstantin (1). » Gette promesse do victoire n'est-elle pas une allusion detournee aux paroles lues par Tempereur autour du signe du Christ? et ce signe lui-nieme, la croix su- perposes au soleil, dont les paiiens auraient roug'i de coufesser rapparitiou triomphale, n'a-t-il pas ete de- guise par eux sous rallegorie classique des guerriers celestes, a I'epee rayonnante et au bouclier defeu (2)? L'empereur, du reste, coupa court a tout commen- taire en faisant fabriquer Tetendard dont I'iniage lui avait ete montree (3). Eusebe le decrit en cos tcrmes : (1) « In ore deniqueest omnium Galliaruin exurcitus visos qui se di- vinitiis niissos pne so I'crebant. Et quamvis c i-lestia sub oculis lio- minum venire non soleaat, quod ciassani et caligalaui aciem simplex et inconcrela substantia naturaj tenuis ehulat, illi tamen auxiliatores tui aspici audiiique palienles, uin meritum tuum teslificati sunt mor- lalis visus contagium refugerunl. Quienam ilia fuisse dicitur species!... Flagrabant veiendum nescio ([uid umi)i)ne corusci et cffileslium armo- rum lux terribilis ardebat... Hfec. ipsoruiu sermocinatio, hoc inter au- dientes ferebant : Constantinum petinuis, Constantino imus auxilio. Illi coelo lapsi, illi divinilus niissi gloriabanlur ([uod tibi militabant. " Nazaire, dans Pane ij. eel., 7. (2) Outre les auteurs conlemporains que j'ai cites dans le texte ou en note, la vision de Gonstantin est rapportee par des ecrivains posle- rieurs : saint Gregoire de Nazianze, Oralio IV contra Julianum : Sozomene, Hisl. EccL, I, 3: Philoslorge, I, G; Socrate, I, 2; Mce- phore, VIII, .}; Cedrenus; Zonare, .XllI, 1; Suidas, v°Maxence; laChro- niijue d'Alexandrie; les Acta S. Artemii, dans Surius, Vitx SS., t. X, p. 310. (3) Commc le ilit y\. le due de Broglie, si Ion Irouve quel([ues diifi- cultes dans le rccit du pr()dii;<'. « on en trouve bien i)lus encore a ex- 218 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS, ETC. <( G'etait uue haste allongee revalue cVor et miinie cVime antciine transversale en forme de croix, Le sommet portait line couronne cVor et de pierrcrics. All centre de la couronne paraissait le signe du noni salutaire ( de Jesus-Christ ) , c'est-a-dire un mono- gramme designant ce nom sacre par ses deux pre- mieres Icttres (grecques) groupees, le P an milieu du X. A Tantenne oblique traversee par la haste pendait un voile de pourpre, enrichi de pierres precieuses ar- tistement comhinees entre elles, qui eblouissaient les yeux par leur eclat, et de broderies d'or dune beaute indescriplible. Ce voile fixe ii rantenne etait aussi large que long, et avait a sa partie superieure les bustes de I'empereur cheri de Dien et de ses enfants* brodes en or (1). Constantin se servit toujours dans la suite de cet etendard salutaire, et en fit faire un sem- blable pour chacune de ses armees (2). » Telle est Fenseigne connue plus tard sous le nom de laba- rum (3) et dout la copie se retrouvc , avec (piel- |)liqiK'r I'apparilion du laineux labaruin sur la plupart ties nioniiaies, (les inscriptions et dcs insignes iinpeiianx a |)artir do celte epoque. i- Deux Fori raits de Conskinlin, dans le CurresponUauf , 55 oclobrt^ 1888, p. 594, et dans Histoire et Diplomatie. 18S9, p. 217. (1) Les busies ne I'urent brodes que plus tard, car en :ill Constantin n'a\ait encore d'aulrc Ills que Crispus, ne de son premier inariage. (2; Eusebe, Devito Coiislantiui, I, :U. Cf. Prudcmo, Conl in Syin- nuicimm, I, 404-466, 487-48'J. (3) L'origine de ci* uiol est incoiinue. M. Duruy le I'ait vcnirdu cbal- deen lulxir, qui dans la lanj^ue assyricnne avail le sens de durre, d'eler- nile {Histoire dcs ItoiiKiins, I. Nil, l». 42i. Celle vl\ logic nest ])as plus evidcnle qu un grand nondirc d'aulrtis, tirees du latin, du grec, du cellc, etc., donl on Irouvera I'indicalion dans le Diclioiuirij of chris- tian antiquities, art. Labaruin, p. 'JOy. Prudence, a la lindu (luatrieuie LA BATAILLE DU PONT MILVIUS (31'2). 219 ques Vciriantes, sur de nombreux monuments (1). Le nouvel etendard put 6tre porte en t6te de I'armee sans exciter les protestations des soldats palens. Par sa forme il ditlerait pen de Fenseigne ordinaire de la cavalerie, pique coupee d'une barre transversale , k laquelle pendait un voile de couleur eclatante. La seulc difference etait que les busies imperiaux rem- placaiont, sur Tetoffe , le numero de I'escadron ou de la cohorte, et qu'au sommet de la pique rayonnait, dans un cercle d'or. le monogramme forme du clii et du rlw entrelaces. La croix proprement dite etait en- core dissimulee, ou plutot elle resultait seulement du croisement de la haste avec I'antenne, qui, des le temps deTertuUien, en avait offert aux soldats Chre- tiens la secrete image (2). Mais, surmontee desormais des lettrcs sacrees, cette image prenait k leurs yeux si^cle,et Sozoiiiene,au cinquieine, donnent les premiers a letendarJ que nous avons dfcrit le nom de lahantm, qui ne se trouve dans aucun auteur contemporain de Constantln. (1) L'elendard constanlinien est lepresenle (mais sans le voile sur un sarcophagc du quatrieuie siecle, au inusce de Latran; deux soldats sont assisprt's de lui et seniblent le garder(/fo»(r souferrdinc, p. 4'i3, li^. 45). On le rencontre solt dans la main de rem|)ereur, soit garde par deux soldats, sur un grand nombre de medailles de Constantin et de ses suc- cesseurs; mais sou vent la forme est simplitiee, et le monogramme, au lieu d'occuper le sommet de la haste, est dessine sur le voile qui y est suspendu. — Un cercle de bronze enlermanl le monogramme, conserve au musee chretien de la bibliotliique Valicane, paiait avoir lorme la cime d'un labarum. De Rossi, Boina soften anea, t. Ill, p. 341, n° 2: Jlulleltino (li (ircli<'olo(jia crislianu, 1877, p. 56, <)8. (2) « In trop;eis cruces inteslina sunt tropa^orum... Omnes illi imagi- numsiiggestus insignes, monilia crucum sunt : sipliara ilia vexillorum et canlabrorumstoUe crucum sunt. » Tertullien, .l^;o/.,l(J; ct'. Minucius Felix, Oc/ariiis. VJ. 220 LA HATAILLE DU PONT MILVIUS, ETC. toute sa signification : elle devenait le signe de la victoire promise, ou plntot le symbole de la victoire deja gagnee, le gage de la conversion de Ferapereur et de I'empire. Les Alpes franchies, Constantin se rcndit maiti'e, en quelques mois, du nord de I'ltalie. Suse, Turin, Milan, Brescia, Verone, Aquilee, Modene, tomberent successivenient dans scs mains (1). Un echec eprouve en approcliant de Rome ne ralentit pas son ardeur (2). Resolu a vaincre ou a perir, Constantin rallia ses troupes, et, traversant rapidement TEtrnrie, se porta vers la ville eternelle a marches forcees. Maxence, ce- pendant, ne remuait pas. Pendant que ses generaux combattaient , il continuait sa vie de plaisirs , et pre- parait tranquillement les fetes qui allaient, dans quel- ques jours, celebrer Faccomplissement de sa sixi^me annee de regne. Sa foi dans les oracles et les devins lui avait inspire une telle securite , qu'au lieu de se couvrir du Tibre pour en disputcr le passage A son adversaiie, il envoya ses soldats au-devant de Cons- tantin par la voie Flaminienne, avec ordre do passer lo fleuve et d'nppuyer leur arri^rc garde cl la rive droite, sans autre ligne de retraite que le pont 3Iil- vius, ilanque a la li<\te d'un pont de bateaux (;J). Eusebe attribue- cette absurde mana'uvre a une sorte d'aveu- glement providentiel : Dieu, dit-il , voulait perdre (1) Pancy. ret., (J, 7. {'I) Laclancc, />6' mort. pcr.s., V'l. (3) Puneg. vel., G, 7; Zosiiuc, II, 15; Laclancc, l)c moii. iiers., M. LA BATAILLE DLi POM MILYIL'S (312). 221 Maxencc hors do Rome, afin d'epargner aux habitants les souffranccs d'uii siege (1). Rencontrant I'avant- garde eimemie ;Y deux heiires de marcbe environ on dectl dii Tibre, vers les Rocbes Rouges, pros de I'an- eienne villa de Livie (2), Constantin so rejouit d'une faute qui mettait toutc Tarmee de Maxence a la merci d'une premiere attaque (3). Cependant il n'oublia pas d'elever encore une fois son Cime vers lo Dieu qui lui avait promis la victoire. Si Ton en croit Lactance, un songe lui montra de nouveau le Cbrist, donnant I'ordre de graver sur les boucliers des soldats le mono- gramme qui brillait deja sur leurs drapeaux (4-). Le lendomain, 28 octobre, jour anniversaire de Tavenement de Maxence, Constantin marcba vers le (1) Eusebc, Hist. lucl., IX. 9, 4; De. vita Const., I, 38. (2) Build tl no di arch, irht., 1863, p. 40. (3) Aurelius Victor, Dc Cxsarilms, 40. (4) « Coniinonitus est in f|ui('tp Constantiiuis lit raleste sigmtm Dei notareliii sculis, atque ila pr.plium committeiet. Fecit ut jiissusest, et, transversa Xlittera suniin()cai)itecircurnnexo, Chrlsluin inscutisnotat. >> Lactance, De mort. pers., 44. S'il n'y a pas confusion dans ce r<^cil, le, songe que raconte Lactance est different de celui quisuivit lapparition de la croix dans le ciel. L'ordre donne i)ar le Christ nest pas le nienie, jiuisqu'il n'a plus trail a I'etendard, inais a I'inscriplion du niono- tirainine sur les boucliers. Y est-il fait allusion dans unemedailled'Ku- doxie, qui represente la Victoire, assise, gravant sur un bouclier le inonotirannnc conslanlinicn? Une allusion plus ancienne et plus precise est dans les vers de Prudence, qui nionlre, lors de lenliee de Cons- tantin a Rome, le chifTre du Christ brillant au sornniet et sur le voile du labaruni, et en mOnie teuq)s inscrit surle bouclier des soldats : Clirislus purpureuni gcmmanti lexlus in auro Signal)at labarum. clyix'orum iiisiifnia Cliristus S( ripscrat, ardchat suiiiiuis cjiix addila ci'islis. Conlia Sijnnnaclium, I, i8(j-i88. •ITl LA RATAILLE DU TOM MILVIL'S, ETC. ileuve. Pendant que « snr les sommets des sept col- lines chargees de temples, de palais, de souvenirs et d'annees, tons les dieux du monde antique semblaient se dresser pour decouvrir dans le lointain des airs I'etendard de la croix (1), » Maxence, sur du succes, et comme indifferent au peril que couraient ses sol- dats , contemplait de la loge imperiale les jeux ce- lebres dans le cirque en son honneur. Les huees du peuple indigne, qui acclamait d'avance la victoire de Constantin, finirentpar Ten chasser ("2), Passant bientot de la securite a la terreur, il envoya en toute bate consulter les livres sibyllins; mais leur reponse le rassura : les quindecemvirs avaient lu que Tennemi de Rome perirait surement (3), et I'ennemi de Rome ne pouvait 6tre que celui de Maxence! II se decida enfin a joindre I'armee , et , par le pont de bateaux, qui, pen solide, se ronipit apres son passage (4), il arriva dans la plaine au plus fort de I'action. A sa vue^ la m6lee devint furieuse (5) ; mais les pretoricns eux-memes, pousses par I'elan irresistible des soldats de Constantin, se trouverent accules au fleuve : la retraite, ou plutot la fuite, commenca dans le plus (1) A. di- l5ro;^lii', rfjjlisc el I'/^mpire roinain, t. I, \). 22'J. (2j Laclaiicc, /)i; mort. pers., 4i. (3) « lllotlie lioslpiii Uoinaiioruin ossc iicrilnriiin. » Ihid. — Sur les coiisiiUalidiis dos livres .sii)ylliiis, voir les Dernivrcs Perscciilions dii Iroisiriiic sii'clc', J). '.>1. ")-'>. 17. I'tj « Quo r(;.s|>o!isi) in spetn victoii.einduclus procedil, in aciein veiiit. Pons aterf^o ejus seiuditur. » Laetance, /. c. Enselie el Zosiiuc disent <|ue le pont avail, ete a dcsscin forme de haleauv inal aUaclies, alin de s'ouvrir sous larmee de Conslanlin; cela est pen vraisendjlable, (5) « Eo viso pu^na crudescil. » Laetance, /. c. LA BATAILLI>: I)U PONT MILVIUS ('512). 22:5 grand desordre : des milliers d'hoiiimos s'ecraserent sur I'etroite chaussee du pont Milvius, ou dispariirent par les fentes du pont de bateaux. Une partie de I'armee de Maxence fnt ainsi culliutee dans le Tiljre. Maxence, avec les gardes du corps qui essayaient de le proteger, ceda a refFroyaijle poussee : on le vit tomber dans le fleuve, ou sa lourde cuirasse le fit en- foncerconime une masse de ploml) (1). « Cliantons au Seigneur, s'ecrie Eusebe apres Moise : il vient de glori- fier sa puissance! 11 a jete a I'eau le cheval et le cava- lier. II s'est montrenotre protecteur etnotre sauveur... Qui est semblable a vous parmi les dieux, Seigneur, qui est semblable a vous, grand en saiutete, terrible, di- gne de loute louange, et operant des merveilles (2) ? » L'entree de Constantin a Rome fut un vrai triompbo : la foule se pressait autour de lui, non avec cette cn- riosite banale qui la portc vers tons les vainqueurs, mais avec le seutiment d'une vraie delivrance. Les senateurs, les uns tires de prison , les autres affran- chis de la terreur qui avail pese sur leur ordre. ap- plaudissaient Tetendard liberateur, et oubliaient leurs vieux prejugespaiens pour s'incliner devant les bou- cliers manjues du signe du Gbrist (3). Non seulement (1) Laclance, I)e mort. pers., 44; Eusebe, JJc vila Constaul/ni, I, 38 ; Zosime, II, 15; Aiireliiis Victor, Epitome ; Panetj. vet., G. (2) Eusebe, Hist. Levi., IX, lilili;r ullricis tituliiin (;iiristi(|iio M-rfiiiluni Nonien adoravit, quiHl cnnluccbat in armis. 22i LA BATAILLE DU PONT MILYIUS, LTC. les grands, mais les liiimJjles, femines , enfants , esclaves , saluaient d'line immense acclamation le protese du ciel (1). Le peuple le suivit jusqiraii Pa- latin ; longtemps ses flots bruyants Ijattirent les mu- railles de la colline imperiale; pen s'en fallut qu'ils ne fissent irruption j usque dans le palais, et qu'ime emeute d'amour et de reconnaissance n'en franchit c( le senil sacre (2) ». Dans ce premier sejour a Rome, Constantin se montra digne de la relig"ion au nom de laquelle il venait de vaincre. 11 n'exerca point de represailles, reprima les delateurs (3), et sut resister aux desirs du peuple al- tere de vengeance (4). Le fils de Maxence et les plus intimes ag-ents de sa tyrannic furent seuls conduits au supplice (5), En meme temps, la milice pretorienne fut cassee, son camp demantele, les autres milices ur- baines diminuees en nombre (6). Rome, delivree de Foppression militaire, redevint une ville libre, la ca- pitate dun grand empire. Les bienfaits du regime nouveau s'etendirent sans delai au reste de Tltalie, a I'Afrique, ot a tout I'ancien domaine de Maxence ; les prisons s'ouvrirent partout pour ses victimes, les biens injustement saisis furent restitu^.s, les exiles revirent (1) Eusehc, Ifist. EccL, IX, 9, 9; Devila Const., I. c. (2) « Queri lam ciloacccssisscPalaliiiin... iKrncetiani sacruni liint'ii iniimpcre... eiiin a quo obsidioiu! libcrali t'ueraiil, obsidere. » Panc/j. vol., 6. (3) Code Tlirodosini, \\,\, 1: rf. '.>, ;j. (i) Panef/. ret, (J. (5) Paneg. vet., 7; Zosiinc, II, 17. (G) PdiK'fj. rcl.,C>; Zosiinc, II, 17; Aiirclius Vidor, l)c ('{VSfiri(>iis,^iO. L.V BATAILLE DU POM MILVILS (312). 22 5 Icur patrie (1) : crintellig'entes distributions d'argent. de vivres, de vetements, des secours discretement donnes aiix veuves et aux orphelines, vinrent attenuer la misere puijlique (2). Les chretiens ne furent pas oublies dans ces largesses : le Palatin etonne vit des honimes pauvrement vetus, d'humbles ministres de TEvangile s'asseoir k la table du prince et se meler a ses conseils (3); le tresor public recut pour la pre- miere fois Tordre de contribuer a la construction des eglises (i); le vieux palais des Laterani, qui venait de prendre le nom de I'imperatrice Fausta, fut donne au pape Miltiade pour devenir sa demeure, le siege de ladministration ecclesiastique et la premiere catlie- drale de la chretiente (5). Cette faveur sitot montree au clcrge catbolique ne suscita de la part des paiens aucun mouvement de jaloiasie : le sentiment de la delivrance etait trop vif encore pour ne pas dominer toute autre impression. Les sectateurs des deux cultes paraissent, dans ees premiers temps, n'avoir rivalise que d'hommages en- (1) Eusebe, Dc vita Const., I, 41. (2) Il)i. (3) Lactancfi, Be morf. pers., ii. (4) Ce pelit lomple servit cnsiiile do vcslibule a I'oglise des saints Ct'iino ('ll)arnien, conslriiite clle-int^iin^ |)ar I'adaptatidii au culte chiT- lifu d'unt! (tula consacn'C aux arcliivcs cadastralcs dc Uouie ; voir do llossi, Jlullct/Aiio ill arcli. eri.sl., 18C.7, p. Gl-71; Laiiciaiii, Bull, delta comni. arcfi. comnnule di Koina, 188i, p. 29-54. (5) Dedii' on 31.5. LA BATAILLE DU PO.NT MILVIUS (312). 227 toire remportee sui' rennemi de Rome : « A. I'em- [lorour Cesar Flavius Constantin, tres grand, pieux, lioiiroux, auguste, le senat et le peuple roiuain out dedie cet arc de triomphe, parce que, grace a I'inspiralion divine et a la graudeur de son genie, il a, avec son armee, venge dans une guerre juste la Republique du tyran et de toute sa faction (1), » l^examen des lettres et des blocs sur lesquels elles sont gravees a montre que les mots instinctv divi- MTATis ne forment pas, comme on Tavait suppose, une addition posterieure et appartiennent au texte primitif (2) : la valeur singuliere qui s'y attache re- sulte, non de Texpression employee par le senat, qui etait au quatrieme siecle entree dans la langue cou- rante (3), mais de Tallusion qu'il est difficile d'y meconnaltre : cet aveu, si voile qu'il soil, pent etre mis a cote dun passage deja cite d'un panegyrique, comnie indice de letat de lopinion paienne au sujet (1) IMP. CAES. IL. CONSTANTINO MAXIMA P. r. WGVSTO s. P. o. n. OVOD INSTINCTV DIVINITATIS MliNTIS MAGNrrVDlNK CVM EXERCITV SVO TAM DE TVRANNO QVAM DE OMNI EIVS FACTIONE VNO TEMPORE IVSTIS REMPVKUr.AM VLTt'S EST ARMIS ARCVM TRIVMIMIIS INSIGNEM DICAVIT. Sous I'arche ct'iitialc, d'uii cole : liheratori vnnis; de lautn' : FVNDATORI QVIETIS. Corp. inscr. hit., t. VI, 103'.t. i5) liulleltino di archcolofjia cristiana, 1863, p. 49, 57-60.80. ;3) De Chainpagny, /t'5.l«/o/i/«s, t. I, p. 380, .395,416; deUossi, Bull. cU arch, crist., 1863, \>. 5'.»; Diiruy, Ili.stoire des Romains, I. VII, p. .">7. 228 LA lUTAlLLE DL' POM MILYIUS, ETC. ties circonstaiices qui preparerent ou accompagnerent le succes de Constantin. A Texemple da seiiat, les particuliers, les villes, Jes provinces , voulurent lionorer par des monuments et des f6tes « le liberateur de Rome, le fondateur du repos public ». Pendant que Ton travaillait encore a Tare de triomphe, commencait a s'elever presque en regard, ausommet de I'Esquilin, une basilique (1) construite aux frais d'un consul (2), qui rappellera par ses decorations de *narbres decoupes, incrustees de nacre, la defaite de 3Iaxence, la tete du tyran portee par les soldats, les courses et les spectacles par lesqucls fut celebree la victoire (3). Mais nulle part I'enthousiasme ne parut aussi grand qu'en Afri- f[ue, oil la cruaute de Maxence s'etait fait plus du- renient senlir. La tete du vaincu, montree d'abord ail peuple de Rome, avail ete envoyee a la nialheu- reuse province comme signe sensible desadelivrance. La joic eclata de toutes parts. Cirta, presque entiere- ment ruinee lorsdela guerre contre Alexandre, sc hAta de prendre le nom de Constantine (V). Les manifesta- tions populaires etles iiommages officiels se produisi- rcnt a I'envi. On promenait processionnellement dans les villes des tableaux represenlant la ])ataille dupont (Ij Devcnue Tegliso do Saiiil-Aiidiv. anjoiiid liiii dftiuiU-; voir Du- chesne, Ic Liber Potil., t. I, p. '250, nolo 2; Aniielliiii, le Cliicsc di noma. i». 115-n«. (2) Junius Bassus, consul nrdinaire en ;n7. (:{) JOill. di nirli. ciis/., 1871, pi. I-IV el p. 53. ('i) Aureiiiis Virlor, de CiVsarilnis, 40. LA BATAILLE DU POM MILVIUS (312). 22'J Milviiis (1); les autorites provinciales iiistituaient un college de pretrespour celebrer, au nom tie FAfrique, le culte civil de la famille Flavia, c'cst-a-diro pre- sider a dos jeux periodiqiies en son honneur (2). En acceptant la dedicace de ces temples sans ido- les, en autorisant Finstitulion de ces sacerdoces sans sacrifices^ Constantin, qui parait s'6tre abstenu per- sonnellement a Rome de toute ceremonie paienne (3), ne se montrait point infidele au culte nouveau qu'il avail embrasse (i). U recevait de bonne erAce les (1) Table (Ic niarhrn Iroiivee en Algerie, haute deO",*?, larse de 0™,3(;, inalheiireuseincnt iucornplele. A la pailie jrauche, seiile subsislante, sont peints trois lioinines en loge, la t6le lauree, se dirigeant vers la droite; I'un d'ciix tient un ramcau d'olivler. Dcrrit'ie eux niaichent qualre hommes en tunique, porlant sur leurs epaules un tableau, ou se reconnait un pont de pieire cliarge de chevaux et de chars, au has duqucl est anuuree une barque (allusion vraiseniblab'.e au pont de ba- teaux). Le sujet du tableau est indique par linscriptlon : PONS MVLVl E.XPEDITIO IMPEI\.\T01US en N stantiiii. Heron de Villefosse, Ardiiccs (Icsmis.sioiisscicnlifir/uc.set lillrroircs, 1875, p. 380; Corpus hiscr. Int., \. VIK, '.)3o6. — Aujourdhui au nui- .see d'Alger. (2) « Per Afric;im sacerdotiuni decreturn est Flaviee gcnti. » Aurelius Victor, Dc Cxsarilnis, 40. (3) Les paneij;yristes qui decriveiil son entree Irioinphale a Rome par- lent des spectacles auxquels il assista, inais ne font mention ni de sa- crifice, ni nu^me de visile au Capitole. Cf. Raronius, Ann., ad ann. 312, j|58; Tillemont, ///.s7o(/c tics Kinpercurs, t. IV, p. liO; A. de Rroglie, I'k'f/lise el I'Lmpirc roinnin, t. I, p. 23.5. (i) Une inscription, de quelqucs annees posterieure, niontrc claire- inent la pensee dc Con»lanlin a ce sujet. Les habitants de Spello, dans rOmbrie, lui demaiidi-rcnt, vers 327, la permission d'elever un temple a la gens Flavia , la famille imp'riaie. Constanlin accorda I'autorisation •>30 LA BATAILLE DU POM MILVIUS, ETC. hommages de scs sujels idolAtros, ot se contentait, sur les monuments qu'ils lui elcvaient, de formules ambigues et d'aveux involontaires ; mais, sur ceux qu'il elevait lui-ni6me, il ne craignait pas de laisser voir ses vrais sentiments. Quand sa statue fut erigee au milieu d'un des forums, Constantin voulut qu'on lui mit dans la main une lance en forme de croix : le piedestal recut, par son ordre, Tinscription sui- vante, qu'il est interessant de comparer a celle que les peres conscrils graverent au fronton de Tare de triomplie : « Par ce signe salutaire, embleme dii vrai courage, j'ai delivre votre ville du joug du tyran. Au senat et au peuple roipain, rendus a la liberte, j'ai restitue leur premiere gloire et la splen- deur due a leur noblesse (1). » Cette phrase n'avait par un long roscrit dont I'original, grave sur une table de marbre, est conserve au palais municipal de Spello. Muratori, puis Orelli, out doute de son authenticity; celle-ci, defendue par Moininscn , Henzen, Wil- inanns, est universelleinent admise aujourd'hui. Lc temple que I'em- pereur permet d'eriger est, si ion |)eut ainsi parler, un temple civil, (|uelque chose comme le Pantheon de Paris de|);iis qu'il a ete profane, on le lem|)le de la Gloire qu'avait rdve Napoleon et qui deviiit I'e- glise de la MadiMeine. Le prCLre (jui devait le desservir avail I'unique tonclion de I'aire celebrer des jeux. Aucun actc religieux ne devait elre accompli dans son enceinte. Le rescrit le dit expressertient : ai:di:m I I.WIAE HOC. ICSTNOSTllVK GKNTIS VT DKSIUICIUVTIS MAlJINHICO OI'EliK PKIU'ICI \oi,vMvs i;v onsKiivATioNK i-KKscuierv Ni: akuisaostuo nomim-: i>i:i)ICvta (.VIVSOVAM CONTACIOSK SVI'KIlSTmOMS IK VVKIIIVS I'OLLVATMl (llenZCn. Suppl. Orcll.y o.^SO). Dans ces mots : « Que le teuqile dedie a noire nom ne s.oit souille par les IVaudes d'aucune contagieuse superslilion, » on reconnaitra avec llenzen, AVilmaniis, de Rossi, Aub6, I'intcrdiction lormelle d y ofTrir des sacrifices, d'y faire acte de paganisme. L'inter- pretalion contraire de M. Duruy [licvuc (irchcoloijiqiic, mars 1882; Bi.s- loirr. ties lioiiKiins, t. VII, |t. CA) eslinsoutenable. (1) liusube, llisl. heel., IX,[), 10, 11; DcviUi Cousin n I iiii, \, /|(i. — LA BATAILLE DU PONT MILVILS (312;. 231 I'ien cle Ijlessant pour les paiens, mais elle rappelait des circonstanccs qu'ils eussent aime k laisser dans Tombre, ct empechait I'equivoque de se produire oil de se perpetuer (1). Cos nuances diverses n'echappaient pas aux Chre- tiens de Rome. Rien, dans les relations ecriles ou dans les monuments figures, ne fait croire qu'ils se soient livres aux eclats d'une joie hruyante. peu compatible avec les menagements voulus dont I'em- pereuf accompagnait encore la declaration de ses crorances. Accoutumes a traduire leurs pensees par des syraboles a la fois expressifs et discrets, c'est de cette m6me maniere, exempte de toute ostentation, qu'ils voudront, an Icndemain de la victoire, cele- brer le royal converti. A parlir de ce moment se repand I'usage dinscrire dans tous leurs monu- ments, et jusfjue sur les moindres ustensiles, le mo- nogramme triomphal que Constantin a mis sur ses etendards. Au fronton des eg-lises ou sur Thumble loculus des catacombes, ce signe dii Christ, et de rempercur victorieuxparle Christ, apparait comme le symbole d'une ere nouvelle, enm^metempsque comme II serait inlercssant d avoir le tcxto latin de cetle inscription; mais on a en possede que la traduction grec((ue d'Ensebe : ToJ-w xw cwTr.p'.o')- r,v. ffri(X£i(i), Tw d/.r/Jivw s/iy/w xr,; dvopita;, Tr,v 7c6),iv 0[iwv ano ^'jvoO toO T-jpivvo'j 0'.a(jw6£t<7av •/■.XsyOspwra • £7i (Jir,v y.al Ty;v (7vYx).r,T0/ xai tov or,aov 'Pwaaiwv t?, otpyatst ETtt^aviia xal Tif, ).au.T:p6Tr,Tt e/.syOcpo'xja; d-o- y.z~i. 34. 232 L\ I5ATAILLE DU POM MILVIL'S, ETC. line perpetuelle allusion k I'evenement extraordinaire qui en a marque le debut. Quelquefois cette allusion est rendue plus claire par la reprodufction de la pro- messe maintenant accomplie : « Sois victorieux, » « tu vaincras par ce signe, » « par ce signe tu seras tou- jours vainqueur (1). » D'autres fois, sur des bas-reliefs de sarcophages (2) ou des fresques des catacombes (3), le monogramme est represente au milieu des airs , conduisant les Mages au berceau du Christ; ailleurs, il resplendit, comme un astre nouveau, sur iin fond clair seme d'etoiles (4). Jusque dans les obscures profondeurs des cimetieres souterrains, I'art chretien du quatrieme siecle semblc illumine par la croix de feu que vit Constantin. (l)N(iKA)— INHOC VINCES — IN HOC SIGNVM SEMPER VJNCES — IN HOC SIGNO ]7/;(7's. Bosio, Homo sotlerraiwo, p. 215; de Rossi, Oc litulis CarUiaginiensibus, dans Spicil., Solrsiit., t. IV, p. 51G, 518; Bull. (H arch, crist., 1872, p. 32; 1875, p. 80; Armollini, II cimilero (li S. Agnese, p. 215 et pi. X. (2) Edmond Le Blant, Annalcs de philosnphie chi'ciienne, fevrier 1863, p. 88; Iiiscrtplloiis chrvlicnncs de la Cnnlc, t. 11, p. 26; les Sar- cop/iages c/iretiens de la Caiile, p. 120; Roller, les Catacombes de Home, t. II, p. 150 el pi. LXIX, lig. 2. (3) Jiiill. di arch, crist., 1863, p. 76, 7V). (4) Niche alisidale dii inansolee coiistanlinien de sainte Conslance, sur la voie Noinenlaiie; Miiiilz, Hcviie arch(''(d(>(/i(/i(e. jiiiii 1878, p. 'SM, 361; Ihilleft. di arch, crist., 1880, i». 62, 65; Annellini, le Chiese di ItMiia, ji. 674. — Arcosoliiiiii dans Ic cimeliere de Calliste : giaiidc t'toile a huil rayons en lorme d(! croix eiiiiilalerale coinhinee avec )e X, dans un cercle, an inilien dime voiitc scmec d'eloiles plus pelites; noma sotlerranea , I. Ill, pi. XXXV, 2. L'EDIT DE MILAN (313). 233 II. L'edit de Milan (313). Panni les adulations et les f6tcs, Constantin n'ou- bliait pas la cause dont il etait devenu le champion. Pendant qu'il luttait centre Maxence, les cliretiens n'avaient pas cesse de souffrir en Orient : seule la diversion causee par la peste et par la malheureuse guerre d'Armenie avait apporte quelque ralentisse- ment a la persecution : celle-ci durait cependant. D'accord avec son allie Licinius, Constantin resolut d'y mettre un terme. De ce ton do maitre qu'il pre- nait volontiers maintenant, il ecrivit a Maximin une lettre menacante (1). Maximin n'osa resister : apres avoir donne une dcrniere satisfaction a ses haincs en faisant noyor secretement quelques cliretiens (2) , I'incorrig-ible paien adressa au prefet du pretoire Sa- hiniis un rescrit aussi maussade , mais plus hypocrite que la circulaire dictee, I'annee precedente , a ce ma- gistrat. Dans cette piece (3), Maximin commence par r^p- peler que Diocletien et Maximien Hercule avaient voulu ramener par les supplices au culte des dieux (1) « CDiistanlini liUcris delenctur. » Lactancc, 7.»r moil, pcrs., 37. ("2) « Et tainen si quis inciderat, inari occullo incrgebalur. » Ibid. (3) Eusebe, hist. EccL, JX, 9, 13. — Eusebe seinble placer le res- crit de Maximin apres l'edit de Milan, ce qui s'accorde nial avec la chronologic et avec la suile logiquc des eveneinents. 234 LA RATAILLE DU PONT MILVIUS, ETC. « la presque totalite des homines, qui s'en etait eloi- gnee pour se donner a la secte des chretiens. » Puis, racontant riiistoire a sa maniere, il parle de la tole- rance que lui-meme monira an commencement de son regne, et gvkce a laquelle il cut le bonheur de rendre a la religion officielle beaucoup de ceux qui I'avaient quittee (1). Enfm il s'etend avec complai- sance sur le voyage fait il y a un an dans toute I'Asie roniaine , les pompes paiennes deployees lors de son entree a Nicomedie, les petitions que toutes les villes lui adresserent pour demander Tcxil des chretiens (2). Apr^s ceS longs preambules, il arrive a I'objet de sa lettre : « Bien que souvent, dit-il h Sabinus, je t'aie, par ecrit ou de vive voix , donne pour instructions d'em- p6cher les gouverneurs de poursuivre rigoureusement les provinciaux qui perseverent dans la religion chre- tienne, et de leur conseiller I'indulgence, cependant, de peur que les beneficiaires (soldats de police) ou tous autres n'usent a leur egard d'injustice ou de con- cussion, j'ai voulu te rappeler que nos provinciaux devaient plut6t 6tre ramenes aux dieux par la dou- ceur etla persuasion. Si quelqu'un deux leur revient spontaueuicnt , on doit Taccueillir d bras ouverts. Que si d'autres pref^rent garder leur religion, il faut les laisser a leur libre arbitie. Telle esl la regie que doit suivre ta devotion : n'accorder ;\ personne la pcrmis- (1) Voir [ilns haut, p. 30. (2) Voir [>liis haul, p. 1G7. LEDIT DE MILAN (313). 235 sion d'oppriiuer les habitants cles provinces ; regagnei- par la douceur ceux-ci A, notre culte. Pour que nos ordres soient connus do tous nos provinciaux, tu au- ras soin de les resumer dans un edit (1). » Par cette piece, qui ne promettait rien, ne retrac- tait rien, et, jusque dans sa moderation affectee, res- pirait I'ardeur du proselytisnie, qui Maximin esperait- il tromper? ses siijets chretiens, ou Constantin? Ni celui-ci, ni ceux-la ne crurent h d'aussi vagues as- surances. Les premiers savaient leur maitre capable de toutes les palinodies : ils I'avaient deja vu passer, sans scrupule, de la tolerance promise a la persecu- tion declaree, et n'ignoraient pas que, tout en se pliant auxcirconstances, Maximin n'avait jamais aban- donne I'intention de retablir, par force ou par ruse, la complete domination du culte palen. .Aussi[ne crurent-ils pas la persecution tcrminee; ceux qui s'etaient caches demeurercnt dans leurs retraites; on ne se liAta pas de reprendre possession des edifices consacres an culte et de recommenccr les assemblees religieuses (2). Les chretiens resterent sur le qui- vive, €t refuserent de considerer comme une paix, ou meme une tr^ve durable, ce qui etait seulement, (1) A'.sccayiAaT'. imb lou TrpOTsOevTi to •/.cvz).t'jc\i.i'io-' 6;p£{/,£i; or,).ai5a'.. — Lc preiet du inctoire dovail faire coiinailre aii |iublic le rescrit dc reinpereur, soit par une reproduction integrale, soit par un resume, aucpui oil doiiuait le noni dedil, parce quil elail adressi' a tous. « Post edicluin ineuin quo secundum niandata lua lixlcrias esse vetuc- ram, » ecrit Pline h Trajan, X, 97. (2) Eusebc, Hist. EvcL, IX, 9, 10, 11. 236 L\ DATAILLE DC PONT MILVIUS, ETC. ii leurs yeux, une coiirte suspension cVarmes. Cons- tantin ue prit qn'en apparence une autre attitude. II venait de trouver ci Rome des preuves ecrites du traite conclu entre Maximin et Maxence : aussi savait- il a quoi s'en tenii' sur les secrets desseins du tyran de FAsie (1); mais il entrait dans sa politique de retarder un conflit que la divergence de leurs sen- timents ferait eclater tot ou tard, II feignit de se contenter de la reponse indirccte donnee a sa lettre, puis, au commencement de I'annee 313, apres avoir recu dans la ville eternelle les insignes de son troi- sieme consulat (2), il partit pour Milan, ouFattendait Licinius. Le premier objet de leur reunion etait la celebra- tion des noces de Licinius avec la socur de Constantin. Mais d'iniportantes deliberations devaient se poursui- vre au milieu des f6tes du mariag-e imperial ; aussi les deux Augustes jug-erent-ils convenabled'y convoquer le vieux Diocletien, moins sans doute pour faire figu- rer dans le cortege nuptial ce doyen de la pourpre, que pour s'eclairer de ses conseils et donner par son autorite plus de force aux reformes qu'ils meditaient. C'estainsi que, six ans pins tot, Galere avait consider^ la presence de Diocletien comnie «ine sanction neces- (1) « Uoinatn... siis(u^|)Uis iin|UMati»rC()ii«;laiiliiuis Maxiiniiii |)or(idiaiii (^ognoscit, lilteras (Icproheiitlil, slaluas el iiiia^;iiies iiivcniL » Laotancc, De morl. pcrs., 44. ('.'.) Constantin, entre a Home 1p V.i oclohic .'{l:>, ct y ayant pris li- consulat l(* 1" Janvier 313, y demeura iin pen jdiis de deux inois. " Quidquid iiiali scxennio toto doininatio fcralis iiitlixcrat, biincslris fere cura sanavit, » dit le panegyriste Nazairc. LEDIT DE MILAN (313). 237 saire de I'election de Licinius (1). Mais Diocletien n'e- tait plus le veteran resigne a son sort , Termite hciireux et console par la con(eniplation de ses beaux jardins. Le desespoir qu'il avail ressenti naguere en appre- nant que ses statues avaicnt ete abattues en Gaule avec eelles d'Hercule (2), venait de se raviver a la nouvelle du meme affront subi k Rome par I'ordre de Constantiu. Mari sans epouse, pere prive de sa fiUe, empereur aceable d'humiliations, malade affaibli par la souffrance, que viendrait-il faire anjourd'hui dans les fetes des princes ou dans les congres des souve- rains? II s'excusa sur sa vieillesse et ses infirmites. Cons- tantiu. dont Tesprit s'ouvrait facilement au soupcon, lui repondit avec durete, I'accusant d'avoir favorise Maxence et meme (ce qui est invraiserablable) d'etre actuellement d'accord avec Maximin. Le malheureux empereur ne put supporter ces rcprocbes , dans les- quels il crut voir le presage d'une condaranation fu- ture. Voulut-il, comme Taffirment quelques liisto- riens, prevenir cette condamnation par le suicide (3)? Succomba-t-il, comme d'autres le pensent, a TAge, a (1) Voir plus liaut, p. 88. (2) Voir |)Iiis liaut, p. Ii4. (3) « Vixit anno-s sexaginta octo, ex qiiibus communi Jiabilu prope no- veni egit. Morte coiisiimplus est, ul salis patet , forrnitline voluntaria. Quip|»e cimi a Coiislanlino at(|ue Licinio vocatus ad festa nuptiaruni per scneclaiii, quo minus inlernsse valiTct. excusavissel, rescriplis iiii- nacibus acceplis, quibus iiicre|>abatur Maxenlio favissc, et Maxiniino favere, suspectans necein dedccorosani, vencnutn dicilur liausisse. » Aurclius Victor. I'.pHomi', 39,8. — « laino alque angorc confetlus est, » Laclance, De mort. pers., 42. 238 LA HATAILLE DU PONT MILVIUS, ETC. la maladie et an chagrin (1)? On salt seulement qn'il raourut vers le milicn de 313 (2), et sa mort, qnel qne soil lo recit auqucl on s'attache, laisse Timpression d'un de ces coups que la justice divine frappa suc- cessivement sur tons les persecuteurs du quatrieme siecle (3). Peut-etre son vrai clic\timent fut-il de n'avoir \ni meter son nom a Toeuvre qui se poursuivit sans lui a Milan. Elle aurait plus A^alu pour honorer ou rehabiliter sa memoire que les liommages posthu- nies qui lui furent prodigues, le titre de divns que lui decerna le senat (4), et le superbe mausolee, convert d'un voile de pourpre (5), dans lequel on enferma ses c end res. II ne s'agissait de rien moins que d'eftacer les dernieres traces de la persecution qui, par la fai- blessedeDiocletien, depuis dix ans devastaitl'empire. Galere ravait tente; mais I'edit redige en 310 et promulgue an commencement de 311, n'^tait en vi- gueur que dans une partie du monde romain. Les (1) Maxpd -/.xl inuvnoiiiTi ty) toO aojjxaTo; arjOevsta O'.Z'jjarj'js.li. Eii- sebo, Jlist. Jucl , Vlll, ii|)|ion(licc, 3. — h'A Cliroiiuiitc (r.HcrdiKliic paile d'hydropisie. (2) II lesulle de Lactancc, De niorl. pcrs., 43, que Dioclelien moii- lut avaiil Maxiiniji. Or, la morl de ce dernier est du mois d'aoiit 313 (voir la note de Baluze sur Lactancc, De mort. pcrs., 49, et Tillc- rnont, Jlist. dcs limp., t. IV, p. 15G). Cellc de Diocleticn cut done lieu entre cette dale et les premiers mois de 313, epoque du mariaj^e dc^ Constantia, ou il avail etc invilt^. Cf. Tiiloniont, J/isl. dcs Kmp., t. IV, i>. 6l(t, note XX sur Diocletien. (3) Saint Jerome, In \IV Xdcli. (.i) Eulropc, ///T/\, L\, ''.8. (5) Anitnicii Marceiiin, XVI, 28. L'EDIT DE MILAN (31!). 23'J provinces qii'avait possedees Maxencc ne le connais- saient point : bien que ce prince y eiit retabli de- puis assez longtemps la paix religieuse, elle man- qiiait pour ses anciens sujets d'un titre legal. L'edit n'avait encore force de loi ni en Italic ni en Afrique. A plus forte raison denieurait~il lettre morte en Orient. Promulgue du vivant de Galere dans tout le nord de I'Asie roniaine, il y avait ete abroge do fait quand cette portion de ses Etats etait tombee aux mains de Maximin. On se rappelle que dans les Etats propres de cclui-ci , c'est-a-dire en Syrie et en Egypte, il n'avait jamais 6te public officicllement. La recente lettre a Sabinus, qui contenait seulement de vagucs conseils de tolerance, ne faisait m6me aucune allusion a l'edit. La Gaule, I'Espagne et la Belgique, domaine de Constantin, les pays situes entre I'Adria- tique et le Bosphore, apanage de Licinius, conside- raient seuls comme une loi de lempii^ Facte autrefois arrache par la maladie a Timpuissant repentir du vieux Galere. Le reste du monde romain on ne Favait pas recu, ou ne le recevait plus. Une question se posait aux deux empereurs, devenus par leur etroite alliance et par la victoire de Constantin les maitres incontestes : allaient-ils promulguer Fedit dans les provinces conquises sur Maxencc, et contraindre par la menace ou par la force Maximin a faire la m6me promulgation en Asic et en Egypte? Cette conduitc paraissait la plus simple ; mais elle ne repondait plus aux sentiments de Constantin. En ouvrant les ycux a la foi nouvelle, il s'etait apercu que certaines disposi- 240 LA BATAILLE DU PONT MILVILS. ETC. tions, qui dabord ne Favaient point clioque, mar- quaient de la part du legislateur une defiance inju- rieuse a Tegard des cliretiens : telle etait la condition (( de ne ricn faire contre la discipline, » dont la for- mule elastique pouvait se plier aux interpretations les plus diverses; telles etaient surtout les instructions particulieresljointes au texte (1), sortes « d'articles or- ganiques » dont la teneurnenous est point parvenue , mais qui apparemment restreignaient dans la prati- que la lilierte octroyee en flieorie. Une autre partie de I'edit lui paraissait prater a la critique : en auto- risant les cliretiens a « retablir leurs assemblees », Galere n'avait pas regie la maniere dont ils repren- draient possession des biens confisques, en particulier les droits que leurs communautes pourraient faire va- loir surceux deslDiens ecclesiastiques dont le fisc avait deja dispose. Enfin, le langage employe par Galere, ce style outrageant, cette maniere liaineiise de doiiner la paix, contrastaient trop avec les pensecs actuelles de Constantin pour qu'il en acceptAt desormais la rcsponsal)ilite. Ni pour le fond, ni pour la forme, ni en raison des circonstances m«^mos qui Favaient amene, Facte de 311 ne lui paraissait la cliarte defi- nitive de la lilierte rcligieusc. Une nouvelle loi de- vait done 6tre redigee, qui etfacerait les conditions d^favorablos aux cliretiens, reglorait toutes les ques- tions restees en litige, etajjlirait la paix des cons- ciences sur uu fondement in^branlable, et la pro- (1) Voir plus haul, |».' 1;")!. LEDIT DE MILAN (313). 2il clamerait eii des termes dignes d'uiie telle cause. Liciniiis n'avait rien a reluser au vainqueiir de iMaxeiice. Son scepticisine politique lui pcrmettait de fcindrc des sentiments relig-ieux conformcs a ceu\ que professait sincerement son imperial beau-frere. II entra done sans peine dans la pensee de Constantin et se mit d'accord avec lui pour adresser a tous les magistrals la constitution suivante, dont le texte officiel nous a ete conserve par Lactance (1), a I'exception du preambule que nous connaissons seulement par la traduction grecque d'Eusebe (2) : « Depuis longtem[)S deja nous avions reconnu que la liberie de religion ne doit pas etre contrainte, mais qu'il faut permettre a chacun d'obeir, pour les choses divines, au mouvement de sa conscience, Aussi avions- nous permis a tous, y compris les chretiens. de suivre la Ibi de lenr religion et de leur culte. Maisparce que, dans le rescrit ou leur fut concedee cette faculte, de nombreuses et diverses conditions avaient ete enume- rees (3), peut-6tre si cause de cela quelques-nns y re- (1) Laclance, De mort. pers., 48. (2) Eu^ebe, llisl. Keel., X, 5. (3) IIo)).at xal oticpopoi aXoinz'.z. EusMi(", Hist. Keel., X, 5, 2. — CeUe plirase a donne lieu aune siiigiilit-re inepiise. On a traduit alpiffci; par sectx. ci Ton a suppose qu'im pivinior edit, oii il ctait question d'he- resies, avail ele rendu jiar Constantin et Licinius. Valois, cite par Tllleniont [Mvmoires, I. V, art.xLvi sur la persecution de Diocletien;, croit que dans ce preM)ier edit « Ion avoit ete choque de ce que la re- ligion chrelienne y avoit ete telleuienl reievee, qu'il senibloilque tou- tes les autrcs y eussent ete defendues : et encore de ce que les diverses sectes sorties des chretiens y etoient qualilii-es du noni odieux d'liere- sios. » M. de Broglie [I'lujHsc et I'Empirc romain an quotriemc V. Ifi 2i2 LA BATAILLE DU POM MILVIUS, ETC. noncerent apres iiii certain temps (1). C'est pourquoi, quancl nioi, Constantin Auguste, et moi, Licinius Au- guste, nous nous sommes rencontres heureusement k Milan (2), pour y traiter de tons les interets qui impor- sicclc, t. I, p. 239) suppose au contraire que ce premier edit etait « concu dans des termes d'une generalite telle, qu'il semblait s'etcndrc a des secies eiineinics de toute morale et favoriser par la uuc licence perilleuse ». Get edit posterieur a la delaite de Maxence, anlerieur a I'edlt de Milan, ct susceptible d'interpretalions si diverses, n'est rap- porle nulle part. II a ete cependant cite de confiance par un grand nombre d'historiens : aux noms que je viens d'indiquer on peut ajouter Beugnot {Hisloire de la destruction du paganisme en Occident, 1. 1, p. 57], Aube [De Constantino imperatore pontifice maximo, p. 20), Boissier [I'Edit de Milan, dans la Revue des Deux Mondes, 1"" aoiit 1887, p. 520). M. de Cbampagny (Les Cesars du troisienie siecle, t. Ill, p. 454-455) ne I'admet qu'avec hesitation. Son existence parail ne re- jioser que sur une mauvaise traduction de la phrase grecque d'Eusebe. no>,).alxai5iacpopoi alpEffci; ne vent pas dire « de nombreuses et diverses heresies, » niais « de nombreuses et diverses conditions ». C'est ainsi (jue, plus loin, ainotis omnino conditionil)us, dans la partie du texte latin ([ue nous a conserve reactance, est Iraduit |)ar Eus^be : acpaipe&sKrwv TtavTaXw; Twv alpsCTstov. flxresis, dansle sens de con(/(7ud Jlcdiolanensesconvenissomus... » — Comnie je Tai ctabli plus haut, la rencontre des deux enqx-rcurs eut lieu au commenci-ment de 313; Constantin n'avail sejourn^ (jue deux mois a Rome apres le 28 octobre 312, dale de la balaiile du Pont Mihius, et setail rendu ensuile ci Milan. Le congres de Milan n(^ dura lui- mfime que deux ou trois mois, puisque Licinius l)altra Maximin pres d'lleraclee le 30 avril 313. On peut [dacer vraisemblablement en mars de la in6me annec I'envoi de I'edil aux magistrals. M. Bois- L'EDIT DE MILAN (313). 243 tent ;"i la tranqiiillitc piibliquo, nous avons cini que I'airaire la plus considerable, et qui devait etre reg-lee la premiere, etait colic du respect dii a la Divinite, et (pi'il fallait donner aux chretiens et a tousles liommes la liberte de suivre chacun la religion de leur choix : puisse cette pensee plaire a la Divinite qui reside dans le ciel, et la rendre propice a nous et a tous ceux qui nous sont soumis (1)! Nous avons done juge salutaire et raisonnable de ne refuser a personne la permission de donner sa preference au culte des chretiens, afin que la Divinite supreme, dont nous suivons par un choiv libre la religion, nous accorde en toutes choscs sicr se Iroinpe dune t'li disant [I'ljlit tie Milan, dans la Revue des Deux-Mondes, 1*^'' aoiU 1887, p. 527) que « depiiis la batailie du Pont Milvius il s'elait ecoule plus dun an. » L'edit de Milan ne lui est poslerieur que d'environ cinq inois. (I) « Quod quiderii divinilas in sedeca'lesli nobis alque omnibus qui sub poteslale nostra sunt consliluti placaluni ac propitium possit e.\is- tere. » — On lemarquera, clans ce passage el dans plusieurs autrcsen- drolts de ledif, celte vague expression Divinilas, dont nous avoiis dejaparle, et (|ui elail coinnuinc a toutes les religions. On n'en saurait conclure que Conslanlin u'ctait |)asalors sincereinent converti au ciiris- tianisme. Les chretiens eux-imhnes s(! servirent quelquefois d'expres- sions jdns vagues encore jiour designer Dieu : Quod Sunuiiitas dedif, lisons-nous snr un marbre Juneraire du cimeliere de Callisle {Hull. diaiclt. cri.sL, 18i)5, p. 11). Dans wne constitution qui ne coinportail aucune profession di^ foi spi'ciale et devait 6tre lue par ses sujets de tous les cuilcs, on couqtrend que Conslantin ait employe un motuni- versellement ncceple et compris. On doit se souvenir aussi que l'edit de Milan est j'ublie en son nom et au nom de Licinius, et que ce der- nier, bien qu'adheranta la i)olilique religieuse de son collegue, ne lit jamais un acte explicile de christiani.smc : il fallait trouver une expres- >ion qui ne d 'pas.sit point sa pensee. Ces considerations me paraissent rendre inutile Ibypolbese ingenieuse qui attribue le cboix du mot Divinilas a quelquun des redacleuri iiaiens attach 's a lachancellerie inqR-riale. 2i4 LA CATAILLE DU PONT MILVIUS, ETC. sa faveiir accoiitumee et sa ])ieiiveillance. Sache clone Votrc Excellence (1) qn'il nons a plu de siipprimer tontes les conditions qni, dans les rescrits que vous avez precedemment recus, etaient imposees au sujet des Chretiens (2); nons vonlons simplement aujour- d'hui que cliacun de ceux qui ont la volonte de suivre la religion chretienne lepuissefaire sans crainte d'etre aucuncment moleste. Voila ce que nous avons cru devoir signifier a votre sollicitude, afin que vous com- preniez que nous avons donne k ces chretiens I'absolue liJjcrte d'observer leur religion. Ce que nous leur accordons, Votre Excellence doit comprendre que nous Faccordons aussi aux autres, qui auront la liberte de clioisir et de suivre le culte qu'ils preferent, comme il convient d la tranquillite de notre temps, afm que nul ne soit lese dans son honneur ou dans sa reli- gion, » Telle est la premiere partie de la coustitution des deux empereurs. Sans entrer encore dans aucun detail d'application, elle pose, en un langag-e grave et serein qui contraste singulierement avec celui de Galere, le principe general de la liberte religieuse. Gelaseul suffit ;Y consacrer la victoire du christianismc. De religion persecutee ou sculetnenl toleree, il passe tout d'un coup au rang de « religion licite », selon I'expression du droit romain, c'cst-a-dirc devicnt aux yeux de lEtat (1^ Dicalio tiia. (2) Allusion aledil dcGalcrc clauxiiisliiictiousen forme decoinnien- laiies dont il etait accoinpagne; voir i)lus haul, p. 151 et 2il, nole ;{. LEDIT DK MILAN '313). 2ij legcilc des ciiltes paiens. Le pouvoir civil, cpii depuis trois siecless^etaitarmepourFaneantir, reiionce meme ■X le siirveiller, puisque les mesures de police prevues dans I'edit de 311 sont formellement ahrogees par celui de313. Tel est le terrain gagne on plutot conquis depuis nioiiis de deux ans, Le nouvel edit proclaiiie. sans reserves, la lijjcrte des consciences, mais pour assurer d'abord celle des consciences chretieunes, la seule qui, dans la societe romaine, ait jamais ete menacee (1). « De plus, au sujet des chretiens. — continuent les deux cmpereurs, — nous avons decide que si les lieux ou ils avaient auparavant coutume de se reunir, et dont il a ete deja question dans les instructions envoyeesa votre office (2), ont ete auparavant alienes soit par lefisc, soit par quelque particulier, ils soient restitues aux chretiens sans indemnite, sans aucune repetition de prix, sans delai et sans proces. Ceux qui les ont recus en don ou m^me qui les ont achetes seront obliges de les rendre aussi promptement que (l)Jesiiis ici tl'accordavcc M. Boissier. ^ Ilfaudrail i^trcavcii^Ie, ecrit le savant critique, pour ne i)as voir que I'edit de Milan, prisdans son ensemble, est fait par un Chretien et dans linteret des cliri^liens. Si celui qui I'a proinulgue apparlenait a ces eclectiques qui ne faisaient pas de distinction entre les culles, il s'y preoccuperait de lous egale- inent, et ils seraient tous mis sur la iTi^nie ligne, ce qui n est pas. On voit bien (|u'en realite il ne songe qu aux clireliens; ils sont les sen Is qui soient expressenient nomuics, el ni(^me il est dit, en |)roprcs tennes, que la tolerance qu oblirnuenl les autres religions nest qu'une conse- quence de celle qu'on vent accorder au christianisuie. « L'ijiit de Milan, dans la lirviie des Deux-Mondcs, 1" aoilt 1887, p. 528. (,2) Voir les notes, p. 2il et 2ii. 24G LA BATAILLE DU POM MILVIUS, ETC. possiJjle ; s'ils pensent avoir droit, en retour, a quel- (jue marque de notre liberalite, qu'ils s'adressent an vicaire (dii prefotde la province). Mais toutes ces Glio- ses devrout el re immediatcment remises an corps des Chretiens. Et comme ces memes chretiens ne posse- daient pas seulement des lieux d'assemblees, mais aussi d'antres proprietes appartenant a leur corpora- tion, c'est-a-dire auxeglises, nonadesparticuliers, vous ordonnerez, en vertu de lameme loi, que sans aucune excuse ou discussion ces proprietes soient rendues a leur corporation et a leurs communautes, en obser- vant la re.elc ci-dessus posee, c'est-a-dire en faisant esperer une indemnite de notre bienveillance a ceux qui auront restitue sans repetition de prix. En toutes ces clioses vous devrez preter votre assistance a ce meme corps des chretiens, afin que notre ordre soit rapidement accompli, car il est favorable a la tran- quillite publique. Veuille, comme il a ete dit plus h;iut, l.'i faveur divine, que nous avons deja eprouvee en de si grandes choses, nous procurer toujours le succes, et en mcnie temps assurer la felicite de tous ! Atin (pie cet acte do notre bienveillance ne demeurc ignore de personne, ayez soiu de hii donnci* en tout lieu la pul)licih' officielle (i). » Cette seconde partie de Tedil ne proclame plus des principes applicables a lous les culles : elle est faite, comme af.taii(<', l)c Diort. pcrs., 4r). {■}.) Ibid. (3) Pancrj. vet., 'i.; Znsiinc, II. LA FIN UE MAXIMIN. 251 (1«; Licinius : ils coniptaieiit siir le secours du Dicu (jui etait si visiblement intervenu on sa faveur. On racontait dans Icurcainp que Maximin venait dc pro- inottrc a Jupiter la complete extinction du nom Chre- tien si le succes restait a ses amies (1). La guerre, aiusi entendue, devenait une guerre religieuse. Soit conviction passagere, soit calcul habile, Licinius entra dans les dispositions on il voyait ses soldats. Par ses ordres une forniule de prieres qui, sans coutenir une profession de foi nettement chretienne, separait cepen- dant la cause pour laquelle on allait combattre de celle du polytheisme (2), fut lue devaiit les troupes le matin de la bataille. Officiers et soldats, 6taiit leurs casques, posant a terre leurs boucliers, repeterent trois fois : " Dieu souveraiii, nous te prions. Dieu saint, nous te prions. Nous te recominandons notre juste cause, nous te recommandons notre salut, nous te recom- mandons notre empire. Par toi nous vivons, par toi nous somines heureux et vainqueurs. Dieu saint et souverain, nous te prions. Nous tendons vers toi nos bras. Exauce-nous, saint et souverain Dieu (3). » Puis, remettant leurs casques, raniassant leurs boucliers, (1) « Tunc Maxiiiiiiuis ojiisniodi voliim Jovi vovit, ul si vicloriain ce- pisset. cliiislianoriiiu iioincn exsliii^iicrelpeuiliisfiue delorct. » Laclaiice. De moil. I era., 40. (2) Laclance, loc. cit., (lit qiiuii ansc monlra ccltc fonmilc a Lici- nius jieiiilant son somnioil. On jient Iroiivcr suspect ce recil, qui ne rppost! pas, conunc cciui de la vision de Conslanlin, sur des leinoi- Rna^cs precis. (3) nSuinme Deus, le rogamus. Sancte Deus, le roganuis. Oninein jus- tiliani tibi coininendanuis, ^alutcnl noslram libi commendanuis, iin- 252 LA BATAILLE DU PONT MILVHJS, ETC. ils attendirent le signal du comljat. L'arraee de Maximin , raneee a Fautre extremite d'line vaste plaine, entendit les voix, vit Ic moiivement : niic vague terreur la saisit. Peut-etre ce sentiment ne fut- il pas etrang'cr a la condescendance avcc laquelle son chef se preta a line ontrevue; mais, dans le colloqiie rapide echange avec Licinius, au milieu de la plaine, sous les regards des deux armees, il ne voulut en- tendre a aucune proposition de paix (1). Bient6t le clairon sonna, les etendards s'agiterent : en un ins- tant la melee devint terrible. La foi au Dieu qu'ils venaient d'invoquer douhlait les forces des soldats de Licinius. La victoire se declara promptement pour cux. Des meilleures troupes de Maximin une partie peril, une autre partie I'aljandonna. Les gardes du corps eux-memes fircnt defection (2). Quand le mal- heureux souverain vit la bataille perdue, il quitta son manteau depourpro, jeta sur ses epaules une miserable casaque d'esclave, et, fuyant k traversla plaine jonchee decadavres, gagna le rivage, oi"! il s'embarqua (3). Sa desertion fit deposer les amies a ceux qui lut- ])eiiuin nosU'iiiii tibi cornmciulainus. Per Ic vivimus, per le victores et felices existiiniis. Smnme sancte Dens, prcces noslras exaudi. Bra- chia nostra ad le lendirnus. Exaudi, siiiiime Doiis. » Lactance, loc. cit. On rciiiarquera le ryllirnc de ceUe priire, faile i»our 6tre repelee en choeur, phrase par phrase, coinme iinc sorle dc litanie. Elle ressembh; heaucoup a cclle que Conslanlin fit composer pour etrc recilee en comtnun, le dhnanche, par ceux de ses soldats (|ui n'etaient pas en- core Chretiens; Eusfibe, JJe vita Cnnsiantini, IV, 19-20. (1) Laclance, De morl. pers., 't(>. (2) Eus.'be, Ui.sl. KccL, IX, 10, 'i. (3) Eusebe, loc. cj7. ; Laclance, Dc inovl. pcrs., M. LA FIN DE MAXIMLN. 253 taient encore. Cc qui restait de larmee de Maximin sp soiimit, et passa sous les drapeaux de Licinius. L'onipereur fueitif arriva a Niconiedie le l'^'' mai , huitiome anniversaire du jour ou ectte memo pour- pre, qu'il venait d'alKuidonner honteuseiuent, lui avait ete remise par Diocletien (1). De la, sans s'ar- reter; il passa en Cappadoce, rassembla quelques troupes, et reprit le costume et les allures d'un em- pereur. Pendant ce temps Licinius traversait le Bos- phore, et entrait a son tour dans la capitale de la Bithynie. Un de ses premiers soins fut la promul- gation de Fedit de Milan (2). Le 13 juin, on put le lire sur les principales places de la ville, au lieu meme ou, dix ans ot quatre mois plus t6t, avait ete affiche le premier edit do Diocletien, ordonnant la fermeture dcs eslises. Licinius eneageait maintenant les Chretiens a les rouvrir, a rebatir celles qui avaient ete abattues, a rentrer en possession de leurs biens confisques. Non content de publicr les articles de loi qui on reglaient miuutieusement la restitution, il oxliortait de vive voix les iideles a reprendre leur vie de commuuaute, que la peur de Maximin avait sus- pendne : et deja les ouvriers se meltaient a Foeuvre pourrelevcr de ses ruines la catliedrale de Niconiedie, rasee par les pretoriens en 303 (3). Maximin setait retire en Cilicie, a Fabri du Taurus, (1) Lactance reinarque (luc Maxcnco avait do memo ole vaintu lo jour annivorsaiic de son iiilronisatioti. (2) Laclaiice, Dc mort. pets., 48. (3) « His liltoris propositis, etiam vcibo hoilaUis est ul conveiilicuia 254 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS, ETC. doiit il avait fortifie Ics passages (1). Derriere cette ligne do montagnes, la resistance paraissait encore possible; niais, pour se defendre avec sncces, il fal- lait n'avoir pas d'ennemis interieurs, et pouvoir compter sur le devouement de tonte la population. Maximin s'apercut entin de la lourde faute commise cdi persecntant les Chretiens. II les voyait defianls, in- dignes, tandis qu'au nord leurs Eglises se reformaient joyeusement et benissaient Licinius commc nn sau- veur. Sans doiite, Texperience lui avait montre que les Chretiens ne se revoltent pas contre les pouvoirs etablis; comme tons les persecuteurs, il avait eu sous les yeux des exem2:)les d'heroique patience : cepen- dant il craignait que les fideles de ses dcniieres pro- vinces ne jctassent des regards d'envie au dela du Taurus, et ne fissent au moins des voeux secrets pour le succes de son adversaire. A ce sentiment tardif se joignait chez Maximin nne sourde colere contre les conseillers auxquels il attribuait ses echecs. Qui lui avait inspire tant d'ambition et d'audace, sinon les pretres, les mages, les devins dont il reniplissait na- guere sa maison, etqui, en inspectant les victimes ou en faisant parler les oracles, I'avaient excite a prendre les arnies? Maximin fit massacrer un grand nombre de ces malheurcux (2), dupes dc Icui' i'anatisme ou ill statum prisliiuiin rcdJercntur. Sic ab cversa Ecclosia iis(]iie ad ros- liUilaiii fiicriiiil aiiiii dociMii, menses jtliis minus quatiior. » Laclancc, JJe moil. })crs., 48. (1) Laclancc, Ibid., /|9. (2) Euscbe, Hist. Eccl., IX, 10, (",. LA FIN I)E MAXIMIX. 255 flattcurs dii sien; puis, s'imaginant peut-etre avoir par ce sang" apaise les chretiens, il redigea en faveur de ces derniers un edit dont les dispositions etaient cal(juees sur I'edit de Milan, mais dont le lang-age trahit a chaque ligne le mensonge et la peur (1). « L'empereur Cesar Cains Valerius Maximin, Germa- nique, Sarmatique, pieux, heureux, invincible, au- guste. Toujours et de toutcs les manieres nous nous ef- forcons de procurer lavantagc des habitants de nos provinces, et de favoriser par nos bienfaits tout a la fois la prosperite de la Republiqne et le hien-6tre des particuliers : personne ne Fignore, et nous avons la confiance que cliacun, interrogeant sa menioire, en est persuade. Aussi, ayant appris precedemment qu'cn vertu de la loi rendue par nos divins parents Diocle- tien et Maximien, pour ordonner la destruction des lieux oil s'assemblaient les chretiens, beaucoup d'ex- ces et de violences avaient ete commis par les officiers publics, et que le mal s'etait chaque jour fait senlir davantage a nos sujets, dont les biens sont, sous ce pretexte, lourdement atfeints, nous avons, I'annee derniere (2), par deslettresadressees aux gonverneurs des provinces, declare que si quelqu'un voulait s"at- tacher a cette secte et observer cette religion, il lui serait perrais de suivre sans empechement son des- seiu, et personne n'oserait le lui interdire ; mais que (1) Euseb., nist. I-ccl., IX, 10, 7-11. (2) Tw iiapsAOov-t £v'.a-jTw. Ce mot Tail bicii voir que le lescrit a Sa- binus, citi' plus haul, est de 312, par coust-queut auterieur a I'edit de Milan. 250 LA I'.ATAILLE DU PONT MILVIUS, ETC. tons les Chretiens joiiiraient d'une liberte complete, a Faliri de toute crainte et de tout soupcon. Cepen- dant nous n'avons pu entierement iguorer que cer- tains de nos magistrats avaient mal compris nos ordres, et qn'a cause de cela nos sujets se defiaient de nos paroles et ne reprenaient qu'avec hesitation le culte de leur choix (1). C'est pourqnoi , atin qu'd I'avenir toute inquietude et toute equivoque soient dissipees, nous avons voulu publier cet edit, par le- quel tons comprendrout que ceux qui veulent suivre cette secte en ont pleine liberte, et que, par Findul- gence de notre majeste, chacun pent observer la religion qu'il prefere ou a laquelle il est accoutume. On lenr permet aussi de retablir les maisons du Sei- gneur (2). Du reste, pour faire comprendre I'etendue de notre indulgence, nous avons voulu ordonner en- core que si quelque maison ou quelque lieu appar- tenant auparavant au\ chretiens avaient ete devolus an fisc par Ford re de nos divins parents, occupes par quelque ville (.3), vendus ou donnes, ils revien- (l) On ne pcnl. conlVssor |)lns clairenicnl Ic caracliirc ilhisoire du rescril a Sal)inns, aii(|ucl los niajiislrals eux-iii»''incs nc s'elaiciil pas cru oltligi's d'obeir. ('2) Ta x'jptaxa otx£ia. En lal'm, donunica. — vcomto a domimcv ci.i;- MENTis, « acoljlo do I't'f^li.si! dc sainl CIi'miiciiI ; » Hull, di arclteolo- (jia cristiana, 18G3, p. 25. (3) "II uTTo tf/o; xaTsX-zi'^Oy) ■koI'.io;. — 11 ii'cst pas «|iioslion dans I't'dil de Milan d'iinincublcs tlin'ticiis usurpos par les villos. INlais on a vii, par rt'xcinple d(! Tyr, ([iic Maxiinin donnait aiix niunicipaliles de ses Etals loclioixdesrecoinimnses (|u'ollcsaUcndaienL(le lui cnecliange do leur inloli-rance a I'ef^ard des clirc'liens (voir plus Jiaul, p. 172); coiniiii' il nc pul sans doule s'aciiuiUcr Clivers loules par des remises LA FIN I)E MAXIMIN. 257 dront fi lour ancienne condition juridiquc et a la pro- pri^te des Chretiens (1), afin que tons piiissent recon- naitre notre piete ct notre sollicitude (2). » « Telles sont, dit Eusebo, les paroles du tyran. YoilA. comment il sexprime maintenant, lui qui, Tanuee derniere, faisait graver sur Tairain ses edits contre les chretiens. Recemment il nous traitait de profanes, d'impies, de gens nes pour la ruine du genre liumain; il declarait que nous devious etre exclus non seulcment des cites, mais des campagnes et des deserts : et aujourd'hui il public des constitutions et des lois en notre faveur! Ceux qui, en presence du tyran lui-meme, perissaient par lefeu, Ic fer, les dents des b^es ou le bee des oiseaux, et souCTraient tons les tourments et toutes les morts sous I'imputation d'impiete et d'atheisme, sont invites maintenant a pratiquer leur religion, engages arebatir lamaison du Seigneur :le tyran avoue et reconnaitleurs droits (3). » (riinpuls, il aulorisa probableineiit quclques-uiics a s'emparer clii i)a- trirnoine confisque des Egliscs cliretieniics. (1) EU to dtpy'-iiov oixaiov twv Xpi'jTiavaiv. (2) M. Aiibe [De CorisUiiUino iiitperaforc i)onliftce maximo. p. 24) a einis des doutes sur raiillionlitilt' do I'edit dc Maxiinin. Sa princi- palc objeclioii est la .similitude des dispositions dc cet edit avec celles dc I'edil de Milan. L'enchainement des fails rend suflisaniment raison dc cettc similitude; on trouve d'aiileurs dans I'edit de ]\Ia\imiii des details topiques, comme I'allusion aux biens ecclesiasliques po.ssedes par les villes, que nous avons e\pli<|uee dans une note i)recedente. Sur lauthenticite des documents ofliciels du quatrieme sii'cle cites par Eusebc, on peul consuller une excellente i)ai Lactance, J)c moil. pcrs. , 49. LA FIN DE MAXIMIX. 259 clie ses membrcs, le malheureux rendit Tame (1). Licinius n'imita pas la douceur que Constantiii avait montree a Rome apfes la defaite de Maxence. I/ancien ami dc Galere se fit I'instrument d'une reac- tion impitoyable. Maximin fat declare ennemi pu])lic; ses statues renversees demeurerent g-isantes a terre, objet des continuelles insultes des passants : dans toutes les peintures oii il fiaurait son visaee fut noirci, afin de le rendre ridicule ou meconnaissable (2). Mais la colere du vainqueur ne se borna pas k ces objets inanimes. Licinius se rendit a Antioche, em- menant Fepouse de iMaximin, son fils et sa fille. La coupaljle imperatrice fut noyee dans TOronte <( ou souvent par ses ordres avaient ete jetees de chastes femmes, » c"est-a-dire probablement des cbre- tiennes (3). Les deux enfants furent massacres (4). Avec eux perirent tons ceux qui par le sang-, jiar Ta- mitie. par une complicite quelconque, tenaient a Maximin. On cite i)armi les condamnes Peucetius. qu'il avait trois fois eleve au consulat et dont il avait (1) Lactance, De mort. pcrs., 4'.); EusKbe, Hist. Eccf. , IX, 10. 6, 14- 16. Les historiens pai'ens ineiitionneiit siniplement hi defaite et la mort de Maximin. Aurelius Victor ( Epitome, io) dit que : « Apud Tarsiim morle simplici occuljiiit. » — La simplex mois a ici ie sens de la mort par la maladie opi)ose a la mort par les supplices. Suetone (Julius Cx- sar. 7i) et Prudence Peri Stephoaon, X, 877i emploient ce mot dans le sens, un pen ditferent, d'exeeution capitale sans torture. Cest alors I'eqnivalenl de bona mors dans Lactance, De mort. pcrs., 22. (2) Eus^be, Hist. EccL, IX, 11, 2. (3) « In Orontem pra>cipitata est. Ibi stepe ilia castas feminas mergi jusserat. » Lactance, De mor. pers., 50. (4) Lactance, I. C; Eusebe, Hist. EccL. IX, 11, 7. 260 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS, ETC. fait son ministre des finances (1); Culcianus, le san- guinaire gouvernenr de TEg-ypte (2). Un autre en- nemi des chretiens recut triors le chAtiment de ses crimes. Licinius venait de mettrc a ]a torture les pretres et les serviteurs du Dieu nouveau, Jupiter I'Ami, dont les reponses complaisantes avaient ete Fun des moyens de reg-ne de Maximin : ceux-ci rev6- lerent tons les artifices par lesquels on faisait parler Toracle : I'inventeur de la fraude, Theotecne, la i)aya de sa tete (3). D'autres victimes plus touchantes, dont Lactance lui-m6me semble avoir pitie, furent enveloppees dans ces terribles represailles. La fdle et la veuve de Dio- cletien, Valerie etPrisca, ne trouverent point grace aupres de Licinius. Celui-ci ayant fait mourir Can- didien, hatard de Galere, que Valerie avait adopte, les deux infortunees princesses durent reprondre leur vie errante, en cachant leur nom et leur rang. On les arreta a Thessalonique. Une barbare sentence les envoya au supplice. Devant une foule emue dune si grande infortune, ces deux vertueuses femmes furent decapitees, puis jetees a la nier (V). Contraintes na- guere a I'apostasie par Diocletien, persecutees par Maximin, poursuivies de nouveau par JJcinius, apres avoir connu toutes les grandeurs elles avaient bu k tousles calicesd'amertume ; mais Dieu, en les faisant (1) Eiisobc, Hist. Eccl., IX, 11, i. (2) lOid. — Voir plus haul, p. 10'.?. (3) Eusebe, JHsl. Eccl., IX, 11, :., 6. (•i) Lactance, Dc inorl. pcrs., 50-51. LA 1L\ DE MAXIMIX. 201 passer par d'aiissi loniiues souffrances, leur reservait peut-etre le temps et les moyens de se repentir : on aijiie a croire cpie, dans le douloureux mystere dc leur destinee, brilla le rayon consolateur du pardon divin (1). (1) Voir les notes de Ciipeit sur Lactance. be morl. pers.. 50; Le Beau, Histohe du Bus Empire, 1. ii, g 53; J. de Wille. du Chris- tianisme de quclques impcrutricesromaines, dans Cahier et Marl in, Melanges d'archeologie, t. Ill, p. 19 i. CHAPITRE ONZIEME, COXSTANTIN ET LICIXIUS (313-323). SOMMAIUE. — I. I.A POLITIQUE RELiciEisE DE CoNSTAXTiN. — Reiiaissaiice clire- ticiim;. — Basili(|ues iiouvclles. ~ Necessite de poser des regies pour la lentrcc des • toiiilies » dans TEglise. — Canons du concile d'Ancyre. — Etat des csprits en Afrique. — Cecilien succede iiMensurius sur le siege de Carlliagc. — Fdiv, son consecralcur , accuse d'avoir ete traditcur. — Scliisme des donatistes. — Faveurs accordees i)ar Constantin an clerge catlioli([uc. — Ses lettres reconnaissent la legitimile de Cccilien. — Cetlc Icgiliniite proclamee par le concile de Ilonic. — L'innocence de l-cli\ prouvee par une enquete judiciaire. — Nouvelles jiroteslalions des donalisles. — Impatience de Constantin. — II eonvoque le concile d'Arles. — Jugomcnl d'Arles conforme a celui de Rome. — Canons transniis an jiape Silvestre i)i>ur etre promulgues. — Quoslions d'ordre civil et social resolues |)ar los canons. — Suite de I'liisloire des donatistes. — Les eve- ques catlioli(iues ne deniandent pas le cliatiment de leurs adversaires. — Meme douceur des cveques pour les i>a'iens. — Progres de la legisla- tion roniaine sous rinlluence des conseillers ecclesiasti<|ues de Cons- tantin. — Plaintes des i)aiens. — Uicn n'est cliange cependant a Iti situation legale du paganisnie. — Constantin garde le litre de Pontifex Maximus. — Ses motifs. — Ce titre lui permet de lairc la ])olice du culte paien. — Lois en interdisant I'excrcice secret, en autorisant I'exer- cice public. — Destruction d'un i)etit nomltre de temples, oil la morale etait outragee. — Suppression des sacrifices olferts olliciellemcnt i)ar les magistrals el les geiu'raux. — La politique de Constantin a I'egard du culte paien pent se resumer par ces mots : tolerance et puhlicite. — Les paiens et les Chretiens : martyre de sainte Salsa. — 11. L.v pep.- sECLTio.N DE Licixiis. — Courto rupturc et reconciliation des deu\ em- pereins. — Leur accord juscju'en 321. — Cliangemenl dans la politi- que religiense deLicinius. — Conduite tortueuse a I'egard des Chretiens. — Interdicliun aux eveipies de sortirde leurs dioceses et de se reunir. — Interdiction auv liommcset anx lemmes de se trouver en meme temps dans les eglises. — Interdicliun aux eve(|ues el aux pretres de donner renseignemenl religieux aux fcmmes. — Defense aux Chretiens de ccle- hrer leur culte autremenl qu'en plein air. — Expulsion des Chretiens du palais. — Epuralion de la magistrature. — Tons les employes des trihu- naux et des prefectures obliges de sacrificr sous peine de revocation. — Nouvelle conliscalion du patrimoine ecclesiasti<|ue. — Chretiens con- damnes a I'exil, — a la relegation, — aux mines, — a la servitude pcnale, — au soin des menageries imperiales. — Confiscation de leurs liiens. — Chretiens inscrils parmi les cnriales. — Les eveciues soupcounes d'etre 26'i CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). lavorables a Constanliii. — Horril)le su|)i)Iice inlligr a plusieurs prelats. — Martyrc dc Basile, eve(|ue d'Amasee. — Lcs ('onlesscurs Paul, eve(|uc de Ncocesaroc, et 'flicodote, eveque do Ceraiinia. — Mart\re des diacres Amnion cl Al)il)e. — L'idolalrie imposce auvsoldats. — Ilcpnnsc d'Hadrien. — Marlyre dc Tlieogene. — Martyre de Soveiien, Eudoxe, Agape. — Les ipiaranlc martyrs do Sebastc. — Uurete cnvers les prisonnicrs. — Apos- tasies. — Jlartyre de saint Gordius. — Guerre entre Constantin ct Licinius. — Gontrastedes deuvarmees. — Discours i)aicn de Licinius. — II estdefait a Andrinople. - Tentative dc reconciliation, puis reprise d'hostilitos. — Nouvelle defaite a Ciirysopolis. — Mort de Licinius — III. Les dehniehs EDITS DE PAix iiEi.iGiELSE. — Edit dc M^i, cITacant les traces de la i)ersccu- tion de Licinius. — Lettre de Constantin accordant des subsides aux eve(pies. — Inquietudes des paions. — Proclamation de Gonslantin a ses sujels. — Recit aulobiograpiiique. — Priere. — Tolerance promise aux paiens. — Second passage re])etant cette promesse. — Conclusion. I. La politique religieuse de Constantin. Apres la chute de Maximin, la paix religieuse parut fondee pour toujours. La joie des chretiens n'eut plus de homes, surtout dans ces contrees de rOrient oii ils avaicut ete plus longtemps persecu- tes. Le souvenir des maux soufferts s'effacait comme un soiigo : on commeutait avec admiration les pro- plielies hihlitjiies, qui scinhlaient eerites pour les ev^nements de la veille. « .J'ai vu riinpie tileve comme les ctklresdu Lihan; puis j'ai passti et il n'ehiit plus; j'ai chcrelic sa place, et no Tai pas trouvee, » rt^petaient les iideles encore emus de la tin ti'agique de taut de tyrans (1). Les lois favorahles uu de la prison la promesse d'line ere nouvelle, I'au- rore dun jour qui iie connaitrait plus de nuag'es(l). Au souffle, si nouveau pour eux, de la faveur impe- riale il leur seniblait voir tout renaitre, et le sol, nettoye des mines qu'y avaient amassees les per- secutions, produire une soudaine vegetation de sanc- tuaires et d'^glises (2). C'estriieure ou, a Rome, une superbe basilique s'e- leve au Latran pres de la residence des papcs (3); ou d'autres commencent arecouvrir, comme d'immenses et precieuses chc\sses, les tombeaux de saint Pierre au Vatican (4), de saint Paul sur la voie d'Ostie (5), de saint Laurent sur la voie Tiburtine (G) , de sainte Agues sur la voie Nonicntane (7), des saints Pierre et Marcellin sur la voie Labicane (8); ou sur divers points de I'ltalie, a Ostie (9), Albe (10), Capoue (11) , Naples (12), comme a Cirta en Numidie (13), les ar- (1) Eusebe, Hist. Eccl., X, 2. (2) Ibid. (3) Libps Ponlificalis, Silvester, 9 (Duchesne, t. I, p. 172). (4) lOid., 16 (p. 176). Sur I'aiiciennc basilique de saint Pierre, voir de Rossi, Inscriptiones clirisiiame vrliis tioDuv, 1. II, p. 221t el suiv., et Duchesne, /. c, t. 1, p. 193. (.5) Liber Ponl., Silvester, 21 (p. 178). (6) Ibid., 2i (p. 181). (7) Ibid., 23 (p. 180,1. (8) Ibid., 26 (p. 182J. (9) Ibid., 28 (p. 183). (10) Ibid., 30 (p. 18i). (11) Ibid., 31 (p. 185). (12) Ibid., 32 (p. 18(;). (13) Leltre de Constantin aux evequcs (atlioliques de Numidie (a la suite des a:uvres de saint Auguslin, i-d. Gaunie, I. I.\, p. 1103). 266 CONSTANTIN ET LICIMUS (313-323). cliitectes de Constantin miiltiplicnt les edifices en rhonneur dii Christ ct des saints; tandis que TOrient cliretien retentit des fetes celebrees pour la dedicace de la cathedralc de Tyr (1). U faut lire I'enthou- siaste description donnee par Forateur de cette so- lennite (2), ou les inventaires de hijoux liturgiques et les catalogues de biens fends reproduits au Livre Pontifical (3), pour se faire une idee de la richesse des nouvelles eglises, parees et dotees comme des fiancees par la munificence imperiale (4). Le peuple qui, k travers les vastes vestibules, les cours bordees de portiques, rafraichies par des fontaines jaillis- santes, penetrait dans I'enceinte du temple, sous les plafonds de cedre ou les voutes de mosaiques, parmi les colonnes de marbre poli, les couronnes de lumieres, les autels etincelants d'or et de pierreries, ne pou- vait contenir son admiration, Le bonheur, dit un temoin, etait peint sur tons les visages (5); partout retentissaient les hymnes dactions de graces; cliaque cite voyait se developper librement la pompe des (1) Eusebe, Hist. EccL, X, h. (2) Ibid., X, 4, 37-46. (3) Liber Ponfi/icolis, Silvester, passim. — Parmi les nombreii\ Inens foiuls liomies a la basilique dc Saint-Paul, a Rome, est une lene tie la banlieue d(! Tarse. « Cost evideininent par une attention speeiale (|u'on la clioisit pour Otie oflerte a I'apotre Paul, originaire do eette ilc. G'cst sons nne inspiration analogue que saint Gregoire le Grand all'ectera a I'entreticn du tonibean de I'apotre la terre Ad (k/uus Salrias, lieu traditionnel dc son inartyre. » Duchesne, t. I, p. 1',I6. (i) Le paien' Zosime (II, 32) y fail allusion en parlanl des oExoSvjjAiai TtAetarai dvorfiXeT; dont la construction par Conslantin aurait, d'apres Ini, ('j)uise le Iresor public. (.■>) Eusebe, Hisl. l.ccL. \, 2, LA POLITIQUE RELIGIEUSE DE CONSTANTIN. 267 ceremonies religieuses; les rites divins, celebres avec line solennite inaccoutumee, laissaient paraitre, sur un theAtre agrancli, leurs beautes liturgiques, a demi cacliees naguere dans I'omljre d'etroites chapel- les (1); la foiile cliarmee se portait vers les baptis- teres, sollicitant, recevant avec allegresse « le signe de la Passion du Saiiveur (2) ». Telle est, cependant. la vie de I'Eglise sur la terre, qu'elle ne pent loiigtemps et sans reserve s'aban- donner aux joies du triomphe. Parmi les chretiens heureusement delivres il n'y avait pas que des vain- (jueurs cl feliciter; nombrcux etaient les vaincus apres dix ans de lultes, et plus dim deniandait mainte- nant k 6tre reintegre dans les rangs qu'il avait quittes. Bien des fois deja, c'est-a-dire an lendemain de chaque persecution, I'Eglise avait eu a se prononcer sur de semblables demandes; mais la longue duree de la crise qui venait de finir, la diversite des cas soumis au jugement des pasteurs, la multitude des penitents, la perspective de paix assuree qui s'ou- vrait maintenant a tons les regards, donnaient une importance plus grande aux decisions qui seraient prises: ellesn'auraientvraisemblablementpas, cornme cl d'autres epoques, un caractere provisoire, et ne courraient pas risque d'etre rapportees on modifiees k I'annonce de quelque persecution nouvellc. Cetait un veritable corps de regies disciplinaires qu'il s'a- (1) Eusfebe, Hisl. EccL, X, 3. [1] -wrr.p'O'j T£r,v ::iOou? d-6sf.r,Ta (j'j[i.6o).a. Ihid. 268 CONSTAMIX ET LlCiNIUS (313-323). gissait de former. En Orient, ce travail fut entrepris des 314 (1) par un concile rassemble a Ancyre, me- tropole de la Galatie, ou se rcncontrerent des eveques des principales provinces de TAsie romaine. Les canons de ce concile, oeuvre de delicate et liante casuistique, sont d'antant plus interessantspour nous, qu'ils laissent deviner des episodes de la persecution dont les documents anciens n'ont pas garde trace. Les types les plus varies de rcnegats passent, en quelque sorte, sous nos yeux. Pour prendre d'abord les deux €xtr6mes, nous voyons, en premier lieu, ceux qui out eu le malheur de sacrifier n'etant que catechu- menes : TEglise ne leur impose aucune penitence, puisqu'ils ne lui appartenaient pas encore quand ils ont failli, et leur permet, apres le bapteme, d'aspirer aux ordres sacres ("2); au contraire, elle montre une grande severite pour des Chretiens qui,rendus furieux par leur apostasie meme, s'etaient tourncs avec rage contre la religion qu'ils venaient de quitter, ^taient devenus les auxiliaires des persecuteurs, les delateurs de leurs freres : a ces grands coupables, qui aujour- d'liui frappeut liumblcment a sa porte, elle impose une epreuve de dix ans, et ne les recevra a la commu- nion qu'apres les avoir fait passer par tous les degres de la penitence canonique (3). L'Eglise est beaucoup phis iiidulgente pour les pecheui's qu'on a vus, apres (1) Sur cello dale, voir Ilefelt', Histoirc des conciles, trad. Dclarc, t. I, p. VJ'i. (2j Canon r.>. (3) Canon 'J. LA .POLITIQUE RELTGIELSE DE CONSTANTIN. 2G<) line chute, se relever aiissit6t et « reprendre le com- bat ». S'ils sont pr6tres ou diacres, elle leur permet de conserver les lionneurs de leurs charges, sans en reniplir les fonctions (1). Mais cette faveur nest ac- cordee qu'a ceux dont le repentir fiit sincere et le combat veritable. Plusieurs, apres avoir sacrifie, avaient essaye de tromper les fideles, et, a piix dar- gent, obtenu des juges ou des bourreaux d'etre ap- pliques a line feinte torture, sans peril et sans souf- france (2). Nous n'avons point, au cours denos recits, rencontre d'exemple de cesfrauduleuses transactions, qui font voir, en ineme temps que la faiblesse de cer- tains Chretiens, le prix quils attachaient a Topinion de leurs freres et les accommodements auxquels se pr6tait quelquefois la venalite des fonctionnaires paiens. On comprend que les redacteurs de Passions, occupes h raconter rhero'isme des martyrs, n'aient point fait allusion a de tels marches, et Ton ne s"e- tonnera pas que les ecrivains contemporains, comme Eusebe, les aient converts d'un voile. Les historiens d'une guerre rappellent les courageuses luttes des soldats, non les defaillances de quelques deserteurs. Seuls, les gardiens de la discipline ont le devoir den tenir compte, et de citer a leur barre ceux qui en- tretinrent des inteUigences avec I'ennemi. A ces varietes, deja nombreuses, de chretiens tom- (1) Canons 1, !?. ixEv paaivji; 07io6!x>).Ec'jai. Canon 1. 270 CONSTANTIN ET LICINICS (3 1 3-323 1. , Ijes s'en ajoutent d'autres, que la liii de la persecu- tion revela aux chefs de lEglise. Tous ceux qui, apres avoir pris part aux sacrifices, ou aux festins dont ils etaient suivis, sollicitent maintenant une place parmi les fideles, sont loin d'etre egalement coupables. II en est meme de tout a fait innocents : ceux-la n'avaient point consenti, mais on leur avail mis de force I'encens dans la main ou la viande dans la bouclie : comme nag-uere Pierre d'Alexandrie (1), les Peres d'Ancyre les declarent exempts de toute faute (2). Ils condamnent, au contraire, ceux qui se sont rendus volontairement au banquet. Entre ceux-ci meme il y a des nuances. Les uns y allerent gaie- ment, le visage serein, en habits de fete, comme si le repas celebre en I'honneur des idoles ne ditFerait point (Uun repas ordinaire (3). D'autres, desoles de la faute cpi'on leur faisait commettre, vinrent en habits de deuil, et, pendant toute la f6te, ne cesserent de pleurer(4). D'autres enfin, obeissanten apparence, oonsentirent k s'asseoir a la table sacrilege, mais n'y mangerent que des viandes apportees par eux, sans toucher h. celles qui provenaient du sacrifice (5). A ces diverses categories de delincjuants les Peres im- posent une penitence differcnte et proportionnee a leur faute. En frappant dune peine canonique ceux- (1) Voir plus iiaiil, p. 35. (?,) Canon 3. (3) Canon -i. Ci) Canon 5. (5j Canon 7. LA POLITIQUE RELIGIEUSE DE CONSTANTIN. 271 la ni6mes qui etaient parvenus k substitucr, pendant le banquet idolatrique, aux viandes immolees la nourriture preparee dans Icurs maisons, le concile met en luniierc le caractere spiritualiste des prohibi- tions de I'Eglise : comme saint Paul (1), les eveques jugent que la faute nest pas dans le fait materiel d'avoir mance la chair des animaux offerts aux idoles, mais dans le fait moral d'avoir, en feignant d'y par- ti ciper, scandalise les chretiens^ com mis un acte d'hypocrisie, et semble renier le Christ. Malgre les longues dissensions dont avaient souf- fei't les Eglises de I'Orient, la restauration de la disci- pline ebranlee semblo avoir ete relativeraent facile dans cette partie de rempirc (2). La, selon I'expres- sion d'un ecrivain asiatique, le peuple chretien, liier disperse comme les ossements arides dont parle le prophete , se rejoignit sans trouble et sans secousse, pour redevenir un corps florissant (3). Au contraire, I'Afrique romaine demeura longtemps agitee. La paix religieuse y etait k peine retablie, qu'ellc fut troublee par les chretiens eux-memes. Dans ce pays , ou les esprits avaient tant de peine a se tenir en equilibre, et oil les opinions extremes attiraient de nombreux (1) Saint Paul. I Cor., viri. (2) Oil voit ccpeiidant par le canon 8 du concile de Nicee, qu'en 325 il existalt encore en Asie des rat/Krrcs qiii refusaienl de coininuni- quer avec les penitents qui avaient failli pendant la persecution. Ces calhares etaient des novatiens (Socrale, Hisf. EccL, V, 22), tri'S re- pandus ;\, celte ei)oque en Pin ygie (Hefele. Hist, des conciles, trad. Delarc, t. I, p. 399). (3) Eusebc, IHsl. l-ccL, X, 3. — Ct". Ezechiel, XXXVlf, 7. 272 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). partisans, les plus delicats proLlemes se posaient ha- bituellement an lendemain d'une persecution. Ton- jours ces crises terribles y snrexciterent jnsqn'a, Tor- gueil riieroisme de qnelques-nns; suivant le sens on cenx-ci inclinaient ensuite, les « fombes » repen- tants se voyaicnt soit repousses par eux avec nne excessive durete , soit accneillis avec nne abusive in- dulgence. Pour avoir suivi la voie moyenne, confor- memcnt a I'exemple du siege de Rome et anx traditions deja anciennes de celui de Carthage, les sages repre- sentants de Tautorite religieuse etaient sonvent en hntte a d'injnrieux soupcons. La calomnic, qui n'e- pargna pas naguere saint Cyprien (1) et s'etait re- cemment acharnee contre Mensurius (2), sejetaavec fnreur sur son aneien diacre Cecilien, quand cet lie- ritier de ses idees et cet intime confident de sa conduite eut ete ein pour lui succeder. On contesta Telection du nouvel eveque de Carthage. A Finstiga- tion de Donat des Cases Noires (3), nn synode, compose de ces violents prelats numides ou Mensurius avait deja rencontre des adversaires, et qui cependantn'en- ront pas tous nne attitude couragense pendant la [)rcmiere phase de la persecution , d^clara invalide Telection do Cecilien , sous le pretexte (pi'un eveque (1) Voir llisloirc des pcrscciilion.s pciKUml hi premirre vioidc du trolsieine aicclc, p. 338. (2) Voir t. I, p. 204. (3j On DC sail si In noin do donalistcs, (loimc'! a la socle qui pril alors naissaiiccfildura jiisqii'aii soplirmesiccio, vioiil de ce Donat on dun iio- iiHiiiunc, Donalle Grand, second ('V(k[uc intrusdc Cartiiaj^e. LA POLITIQUE RELIGIEUSE DE CONSTAMTN. 273 ([ui avait failli n'eii poiivait ordoiiner iiii autre, et que le consecrateur de Cecilien, Felix, ev6que d'Aptonge, avait etetraditeur(l). Le pretexte etait mauvais, puis- que le principe invoque etait faux et le fait inexact ; mais Torgueil, la passion, les ambitions decues, et m6me des interets nioins avoualjles, se trouvaient en jeu : le schisme se fit. Un intrus (2) fut oppose par les Numides a Cecilien : bientot la division s'etendit a toute TAfrique romaine : comme apres la persecution de Dece (3), on vit, dans un grand nombre de cites, se dresser chaire contre chaire , et non seulement deux partis, mais deux eveques (i). Tne etude detaillee du schisme donatiste n'est pas de notre sujet ; mais nous de\'ons indiquer les fails qui revelent I'etat dans lequel la persecution avait laisse les Ames, ou font comprendre la politique religieuse de Constantin. Celui-ci, dont la conscience etait alors dirigee par lillustre confesseur Osius de Cordoue (5), discerna sans peine le pasteur legitime. C'est alui que sent adressees les faveurs imperiales, soit que le sou- verain, voulant egaler la condition civile du clerge Chretien a celle des pr^tres des idoles, declare exempts des charges publiques « les clercs de TEglise catholi- (1) Saint Oplat, De siltisin. donat., I. (2) Majorinus, auquci succeda, en 315, Donat le Giaiul. dont il est question a lavant-dernioie nolo. (3) Voir les Dcrnivren Petsi'ciifions du froisicme sii'cle. p. 6. (4) Saint Augustin, Kp. 13; tlrcc. coll. cum tlonot.. Ill , 24 ; saint Optat, JJe schism, dnnnt., I. (5) Eusebe, llisl. Keel, X, (i, 2. Cf. Zosinie. II, 29. V. 18 27 i CONSTANTIN ET LICINIUS (3I2-:V23). que qui a Cecilien pour primut (1) » ; soit qu'il leur assure une subvention pecuniaire (2). Dans la lettre destinee a cc dernier objet, Gonstantin promet a I'e- veque de Carthage sa protection « contre les honimes d'humeur turbulente qui corrompent par d'injustes et adulteres faussetes le peuple de la tres sainte Eglise catholique (3) ». Cepcndant les requites des donatistes devinrent pressantes (i). Oublieux de la liberie rendue a la conscience chretienne, les schismatiques faisaient appel, en leur faveur, a ce pouvoir civil contre lequel lEgiise venait de soutenir nn si rude combat. Gons- tantin , malgre sa repugnance a intcirvenir dans les afifaires ecclesiastiques , ne crut pas pouvoir refuser plus longtemps de leur donner des juges. 11 consentit a ce que los accusations qa'ilsportaient contre Cecilien fussent examinees a Rome dans un concilo ou trois eveques des Gaules, pays epargne par la persecution, siegeraient avec les prelats italiens, et que presiderait le pape Miltiade (5). Le concile se tint en 313, au pa- lais de l^dran : I'innocence de Cecilien y fut procla- mee (6). Les donatistes ne se crnrcnt pas battus. lis continuerent a troubler rAfrique,et ne cesserent d'at- taquer Cecilien et son consecrateur. (Gonstantin estima (1) Eusdbo, Jlisl. lucl., \, 7. (2) JbUL, (i. (3) Ibid. (4) Saint Au^uslin, Ep. 53, '('>, 88; saiiil Optal, Dc schism. donaC, I. (5) Eiis^lic, ficsf. lAcL, X, 5. [(\) Saint Auf^uslin, Kp. IG2; JJrcr. cull, nun tlonal., II[, '», 1; saint Oplat, iJc schism, donat., 1. LA POMTIQIK RKLICIELSE I)E CONSTANTIX. 275 (jii'uno iufoi'iuation, non sur les doctrines, mais sur iin fait, uc clepasserait pas ]a competence de Tautorite civile : en consequence, le proconsul d'Afrique recut la mission d'examiner.la conduite de Felix d'Aptonge, accuse par les schismatiques d'avoir rcmis aux perse- cuteurs les livres sacres. La situation etait piquante : le magistral devait entendre des temoins pour savoir si, dix ans plus t6t , un provincial avait obei aux lois des empercurs, le declarer coupal^le au cas oii son obeissance scrait prouvee, innocent si I'enquete de- montrait qu'il avait desobei. Rien, mieux que ce ren- versement des roles, ne inontre la radicale revolution qui, par la conversion de Constautiu , venait de se faire dans I'Etat. Les depositions des temoins furent en faveur de Felix : apres avoir recu la declaration des fonctionnaires niunicipaux qui, en 303, envahirent I'eglise d'Aptonge par lordre de son predecesseur palien, le proconsul declara « le religieux eveque Felix decliarge de laccusation davoir brule les livres di- vins, personnc n'ayant pu prouver qu'il cut detruit ou livre les saintes Ecriturcs (1). » La cause, semble-t-il. etait entendue , puisque , en suivant menie le principe invo(|ue par les donatistcs, la consecration dc Cecilien se trouvait valable par I'innocence reconnue du consecrateur. Les schisma- tiques, cependant , ne cessaient de protester. Us met- (1) Gcsta procnnsularid fjuihiis ohsolulns est Felix (a la suite dii I. I.Xdcs U'luvres desaiiil Augiislin, ed. Gaum?, p. 1088). — Voir t. 1. p. 20C. 276 CONSTA>'TIN LT LICINIUS (313-323). taient maintenant en question raiitorite dii concile (|ui lesavait juges a Rome,comme troppcu nonibreii.v et s'etant trop rapidenicnt prononce. Tant dobstina- tion troubla Constantin. <( Ces honimes , disait-il , ne veulent considerer ni Tinteret de leur propre salut ni le respect du au Dieu tout puissant. Non seulement ils se couvrent eux-niemes d'infaniie, mais encore ils donnent occasion aux niedisances de ceux qui se sont eloignes de notre tres saint culte. » Par deux fois Constantin exprime cette crainte , dans ses lettres au vicaire d'Afrique (1) eta Feveque de Syracuse (2). On voit qu'avec sa foi sincere, mais un pcu impaticnte, il tremble pour la bonne renommee de la religion rol)ableMient : '>|)enilant la jiaiv de I'Eglise; » le loncile a voulii niontrer (iiic si. dansterlainos circons- lances, il etaillicitca un soldat clirelien de qiiiUer laiinee, sa desertion serait sans excuse, inainlenant (jue, \mr I'etaldisseiiient de la paiv religieuse, aucun actc d'idoUtrie ne pent plus lui etre impose. L'inter. pretalion de Miinclien et dllelV-le, qui rapportenl ce canon aux coni- luits de gladiateurs, me paiait inacceplabie. (3) Lellre de Constantin aux ev^qucs assembles a .\rles (a la suite du t. IX des (Euvres de saint Au;;ustin. id. C.aume, p. 1090). 280 CONSTANTIN ET LICINIL'S (313-323). de jugerlui-meme entre Cecilien et ses accusaleurs (1), sa decision favorable au premier (2), le court exil des principaux donatistes (3), -bientot la tolerance accordee, de guerre lasse, aux sectaires (4), ceux-ci attirant pen a pen Ics pires illumines et donnant nais- sance aux circumcellions (5) , ces Camisards de I'anti- quite, qui pendant deux siecles couvriront de sang- et de mines le sol de I'Afrique. Des premieres annees de la secte destinee a devancer, dans ce mallieureux pays, roeuvre des Vandales et des musulmans, nous voulons retenir seulement ceci : c'est a regret, et en quelque sorte contraint par elle, que Gonstantin con- sentit a se m6ler dans un debat d'ordre purement religieux; les rigueurs qu'il exercacontre lesschisma- tiques, devenus les ennemis de I'etat social et de la paix publique, ne furent point reclamees par les re- presentants de I'Eglise. Lui-meme a rendu justice a I'esprit qui animait les pasteurs orthodoxes. « J'ai connu, leur dit-il, que vous etiez des pr^tres et des ser- viteursdu Dieu vivant, en ne vous entendant reclamev aucun cht\timent contre des impies, des scelerats, des sacrileges, des profanes, dos liommes irreligieux, (1) Saint Aiigustin, Kj). l'.»2. (2) Saiiil Augiislin, Contra Crcscoiiiiini, III. 71: lircv. coll. citni clon(il.,Ul, 37. (3) Sainl Anguslin, Adr. Ptiniicn., IC; Coiilra lid. Pelil., 118; JS"/). 48; saint Oplal, Dc schism, ilonal.. II. - (4) Saint Augiislin, Bret', coll. cum dona/., Ill, iO; Ad donul. post. coll.,:>f,\ i:p. 1G2. (5) Saint Auj^u.slin, lira', coll. cum doiKil., Ill, 21,'!?; sainl Oi)tal, J)e schism, don a I., III. LA POLITIQUE RELIGIEUSE DE CONSTANTL\. 281 ingrats envers leiir Dieu et ennemis de FEglise, mais pliitut en voiis voyant iniplorer pour eii\ la miseri- corde. C'est ])ien la veritablemont connaitre Dieu et obeir a son commandement; c'est avoir la veritable science, car celui qui epargne les ennemis de I'Egiise dans le temps aniasse pour I'eternite des cliAtiments sur leur tete (1). » On ne pouvait attend re que des prelats aussi libres de ressentiment a Tegard des mauvais cliretiens qui mettaient en peril Tunite de TEglise se fissent I'ins- trument de la reaction contre les adversaires, aujour- d'hui humilies et vaincus, qui avaient longtemps menace son existence. L'influence exercee par les eveques a la cour de Gonstantin se reconnait cepen- dant a beaucoup des lois qu'il pronuilgua pendant les dix annees qui suivirent I'edit de Milan. S'ils ne purent empeclier le souverain, plus soucieux de lin- teret fiscal que du recrutement du clerge, d'interdire a la haute bourg-eoisie, responsable des impots, I'entree dans les ordres sacres (2), ils obtiurent de sa piete Tobservation legale du dimanche (3). le droit pour I'Egiise de recevoir par testament ('(•), I'abrogation des anciennes ordonnances contraircs an celibat (5), source chez les paiens de tant de vices, cliez les clire- (1) LeUro do ('(inslanlia aii\ ev6(|ui's catlioliiiues de Niimidie (a lu suile du I. L\ des (I'.uvresdt! saint Aiigusliii, ed. Gauine, p. 1103'*. (2) Code Theodosieii, XVI, ii, 3. (3) Code Jusliiiicii, III. XII, 3; Code T/icodosicn. II. \iu, 1. (4) Code Tlieodosicii, \VI,ir, 4. (5) Code Jitstiiiicii, Vil.wi. 1; Eusi-hv^De cila Conslanliiii, IV, 20. 282 CONSTANTIN ET LICINILS i;}!3 32:j). liens cle si haiites vertiis. Aux conseillei'S ecclesiasti- qiies tie Constautin doivent etre vraisemblaljlement attri])uees aiissi les lois qui reconnaissent indirecte- ment des droits de famille aux esclaves, en defendant de separer le mari. la femnie et les enfanis dans le partagc d'un patrinioine (1), eellesqui permettent aux Chretiens d'affranchir dans les egiises, et aux clercs d'elever leurs esclaves au rang de citoyens sans em- ployer les formes solennellcsdu droit romain (2), ccllcs qui assurent des secours aux enfants al)andonnes (3), repriment rimmoralite (V), restreignent les motifs de divorce (5), et facilitent la legitimation par ma- riage (G). Dans le travail legislatif qu'ils paraissent avoir inspire, une seule categoric de lois montre que le souvenir des persecutions n'etait pas efface; ce sont celles qui prononcent I'abolition du supplice de la croix, consacrepar la niort du Sauveur et d'innom- bral)les martyrs (7), suppriment la marque, « cet outrage a la face Immaine, image de la beaute di- vine (8) )), si souvent inflige aux chreticns, adoucis- (1) Code T/ieodosicn, II, xxv. (2) Cotle Jiisliiiicii, 1, XIII, 1, 2. (3) Code TJic'odosicn, XI, xxvii, 1, 2. (i) Code Jiisliiiini, V, xxvi, 1; Code T/iedosien, IX, x, 1; i\, 1; XXIII, 1. (5) Code T/ieodosieii, III, v, :$. (C)) Code Jii.siinien, V, xxvii, 1, 5. (7) AuK'lius Victor, De Casarihus, 'il; saint AugiisUn, Serino Lxxxviii, y. (8) Code Tlieodosien, IX, xl, 2. A parlir cle ce moment semblc avoir (lispani pen a peu I'lisagc de inarqiicr au I'cr rouge les esclaves i'ugilifs ; la iiianiue ful remplacde pai" un collier iiidiquant lour ([ualite de fugi- LA POLITIQUE RELIGIEUSE DE CONSTAMIN. 283 sent le regime des prisons (1), dont ccu\-ci avaient connu toiite Fliorreur, et protegent la ])udeur des femmes accusees ('2), taut dc fois blessee en la per- sonne d'innocentcs victimes de la Inbricite paienne. Les paiens n'ipiioraicnt pas que ce progres de la legislation romaine vers la douceur et Tequite avait pour cause linfluence chretienne (3); aussi Julien, en (|ui se resumeront, dans leur forme la plus aigue, toutes les rancunes des partisans de Tancien culte, traitera-t-il Constantin de « novateur, perturbateur des anciennes lois et des vieilles coutmnes (i) ». Cepen- dant les innovations dont ils se plaignaient ne se firent pas d'abord sentir dans la constitution religieuse de TEtat. A part la liberte promise a tons les cultes, I'egalite assuree en droit et la faveur montree en fait au culte Chretien, rien ne fut change dans la situa- tion exterieure de la croyance autrefois dominante. Celle-ci conserva son caractere officiel. Ses rapports avec Fempereur resterent ce qu'ils etaient autrefois. Constantin ne repudia m6me pas le pontificat supreme, qu'avaient gere ses predecesseurs (5). 11 consentit a demeurer le chef du paganisme legal, investi du lie et la deiiiciiie de leur inailre : TENE .ME QVIA FVGI LT REVOCA ME AD..; Hull, di arch, crist., 187i, p. 01; les Ksclaves cluclicns, \K 480. (IJ Code Thcodosicii, l.\, iii, 1; XI, vii, 3. (2) Code ./iislinicn, I, WW, 1, 2; Code Tlicodosien, I, x, I. (3) Cf. Schultze, Gescltivlite des Untergangs des gr. ruin. Beiden- Uiums, t. I, p. 35. (i) Anunicn Marcellin, \XI, 10. ^5) Le litre de Ponlifex Moximiis,i\u'\ selit surles medaillesetles ins- criiitionsde Coiislantiii, tut iiorle jiar tons les einpereiirsjusfiu'a Cralieii, 284 CON'STANTIN ET LICIMUS (331-323). droit de le surveiller et, dans une certaine mesure, dii devoir de le proteg-er. C'etait, dii rcste, une ne- cessite politique a laquelle il lui cut ete difficile de se soustraire, surtout en Occident, ou la majorite des habitants demeurait acqiiisc a Tancienne religion. Chretien de coenr et de conduite (bien qu'il ne fiit pas encore catechumene), le vaiiiqueur de Maxence pouvait, sans tromper persoune, prendre le litre de Pontife.r Maximus, alors inseparable de celui d'ein- perenr. II u'y eiit la ni hypocrisie, ni apostasie, ni faiblesse, et les historiens qui alleguent le pontifical de Constantin ou les syraboles paiens conserves sur ses monnaies pour contester la sincerite de sa conver- sion interpretent mal un acte de sage gouvernement. Comrae la dit Bossuet, repondant a uu prince place dans une situation qui n'etait pas sans analogic avec celle du premier empereur chretien, « il faut faire une grande difference entre la protection qu'on don- nerait a une fausse religion par adherence aux mau- vais sentiments qu'elle professe, et celle qu'on lui donne pour conserver il I'ext^rieur la tranquillite. La premiere protection est mauvaise, parce qu'elle a j)Our principe I'adlierence a la I'aussete, mais la se- conde est tres bonne, parce qu'elle a pour principe I'amour de la paix, et pour objet une chose bonne et necessaire, clleiaieal, il jioui rail, (|uoi([ue ealholiquc, LA I^OLITIQUE RELIGIEUSE DE CONSTAMIN. 28:; La voloiite trassiircr le repos piiJjlic fut sans doutc le principal mol>ile de la politique suivie par Cons- tantin k Teevird de la religion paienne ; mais, si Ton examine ses actes, on reconnailra que la pensee de se servir de Fautorite conferee an souverain par le pontifical supreme contribua dans line large mesurc a liii en faire accepter le titre et les fonctions. Invest! du droit de surveiller le culte des dieux, Constantin pouvait plus facilement le resserrcr dans d'etroites limites, le renfermer dans les temples, lui interdire toute expansion dangereuse au dehors, et le separer de plus en plus de la vie sociale, destinee k se deve- lopper desormais sous une influence dilFerente. Pon- tife assurement fort tiede, comme le niontre son refus de celebrer en 313 les jeux seculaires (1), « la plus grande f^te de Rome, maisaussi la plus paienne (-2) », Constantin fut en meme temps un pontife tres rigou- reux. En 319, usant de son droit de police avec une extreme severite, il defend les sacrifices domestiques, interdit aux aruspices et, en general, a tons les mi- nistres des dieux I'entree des maisons particulieres, meme sous pretexte de visiles d'amitie : la contraven- tion k cettc defense sera punie, pour Faruspice, par le feu, pour celui qui Faura appele, par la confisca- tion etl'exil (3). L'aruspicine nest pas cependant sup- accepter le Ulredc « protecleur de I'Eglise aiiglicane » et prater scnneiil oil cello qualile. (1) Zosiine, I, 1, 7. (2) Duruy, JHsloire des Homahis, t. Vll, p. 58. (3) Code Tfivodosicn, IX, xvt, 1, 'i. — Celte iiilerdiclioii n'est que ',)8G CONSTANTIN ET LICI\[US (313-323). primee; rempereur, soit par uii reste de supersti- tion porsoiinelle. soit par une concession a des preju- ges encore troppuissants, perniet de consnlter officiel- lement les devins, selon Tancien usage, quand la foudrc aura frappe quelque monument (1); mais « quiconque voudra recourir a leur ministere devra le I'aire en public (*2) ». Ce principe entraine la con- damnation, sous des peines rigoureuses, de tout em- ploi des arts magiques, « par lesquels on tend des embiiches a la vie liumaine on a la pudeur (3) » ; une autre concession permet d'user de recettes inno- centes, considerees comme favorables a la sante des hommes ou a la preservation des recoltes (4). En re- sume, tout ce qui, dans le paganisme, echapperait au regard des magistrals, nourrirait dans Tombre des regrets ou des esperances contraires au nouveau re- gime, entretiendrait dans les esprits une secrete agi- tation, toute la partie occulte et d'autant plus puis- sante de I'ancienne religion, devra cesser d'etre ou se montrcr sans voiles. « Vous qui croyez cela bon, allez aux autels publics et aux temples et celebrez les solen- nites de voire religion ; car nous n'interdisons pas do remplir a la clarte du jour les devoirs de I'ancienne renouvolf'o par Conslanlin, car ello avail deja etc portee par la ioi des douze Tables (§ X), par Tibere (Siieloiie, Tib., 03) »'t par .Diocleliea [Code Jiislinien, IX, viii, 2). (1) Code Tlu'odosien, XVI, \, 1 (aiiiiec 321). (2) « Supcrslilioiii cniin sua; s('rvir(M;ii|)i(>ii(es. polcriinl puMicc riluin propriuiii t'xorcorc. » Code Tlic'odosicn, IX, xvi, 1. (3) Code Tlieodoslcn. IX, \vi, .'( \aiiii('t' 321.) {^) Ibid. LA I'OLITIQLK RELIGIEISK DE CONSTANTIN. 2S7 observaiico fl) ». Est-ce remporeur on le pontife qui parle?L'un et laiitre, sansdoute, carTempereur seiil, sans le pontife, n'eiit pu vraisemblablement acconi- plir une reforme qui enlevait au paganisme ses plus puissanles amies en dissipaut le mystere oii Ics causes vaincues aiment a. se cacher pour preparer la re- vanche. L'ne autre reforme, qui importait a la morale pu- blique^ peut ctre attribuec au pontife supreme non moins qu'au soiiverain : e'est la suppression , en Egypte, d'un sacerdoco infAme (2); c'est ailleurs Fas- sainissement des temples paiens par la destruction d'un petit nombre d'entre eux. comma celui d'Escu- lape a Egee, officine dc cliarlatanisme (3), ou ceux de Venus a Heliopolis et Aphaque, veritables lieux de prostitution (i). Cos mesures etaient la consequence des precedentes (5). Exclue de la vie privee. et con- damnee a paraitre au grand jour dans I'enceinte de ses temples, il convenait que I'anciennc rebg-ion y trouvAt un asilc relativement decent, d'oii les plus grosses impuretes seraient balayees, et qui ne devien- (1) n Qui vero id voiiiscxislimalis conduceie, adite aras inililicasalfiue delubra, et conseludinis vestree celeljrale soleiniiia; nee enini prohibc- inus prceteritJB iisuipalionis officia liljeia luce Iractari. » Code Tlieodo- xicn, IX, XVI, 2. (2) Eusebe, Vc vita Conslantini, IV, 77>. (3) Eusebe, Hist. Keel., Ill, 57. (4) Ibid., Ill, 55; cf. Prxp. evangel., IV, 1«. (5) Des mesures analogues avaient ele prises sous la republi([ue el au comniencenient de lempire (Tito Live. Hist.. XXXIX, 8-1'.) ; Joseplie. Ant.Jiid., XVIII, :{). 288 CONSTANTIN ET LICIMUS (313-323). drait pas pourropinion piiblique un ol)jct de scandale. La ruine de quelqiies sanctuaires, gage dc la con- servation des autres, n'appartient proljablement pas a la periode dont nous venons de tracer le tableau, c'est-^-dire aux dix annees qui suivirent la defaite de Maxence, et se place plutot al'epoque ou, par la defaite et la mort de Licinius. Constantin sera devenu maitre de rOrient. Nous avons voulu la rappeler cependant, afin de caracteriser d'une maniere plus precise la po- litique de Constantin a Fegard du paganisme. Cette politique pent se resumcr en un mot : le condamncr a la lumiere en lui laissant la lil)erte. Li se bornerent les represailles des chretiens victorieux contre leurs oppresseurs de la veille. Quand Eusebe, 4 plusieurs reprises, parte del'interdiction de I'idolAtrie par Cons- tantin (1), il fait seulement allusion aiix lois que nous avons rapportees toucliant les immolations domesti- ques, la divination priv^e, la magie, ou aux instruc- tions par lesquelles Fempereur parait avoir inlerdit aux magistrals et aux genei'aux les sacrifices qu'ils offraient autrefois au nom du prince, et qui, pendant longtemps, avaient ecarte les chretiens des fonctions administratives (2). Des lors les emplois publics per- dirent Icur pompe religieuse, et les hauls fonction- naircs, secularises en quelque sorte, purent prendre possession de leurs charges ou en remplir les devoirs sans le cortege autrefois oblige des viclimarii , des (1) Eiist'be, Da vita Conslanlini, II, 45; IV, 23, 2."). (2) Ibid., II, ii. LA POLITIQUE UELIGIEUSE DE CONSTANTIN. 289 puUarii, des aruspices (1). Mais si Gonstantin prohiba rexercice secret ct, dans une certaine mesure, Texcr- cice officiel du culte palen, il en autorisa I'exercice pul)lic. La publicite fiit la condition ou, si Ton aimo mieux, lantidote de la tolerance qu'il accordait. Cette tolerance n'empecha pas la decadence rapide d'line religion aussi peu faite pour laliberte que pour la luniiere, et incapable de se soutenir longtemps la ou elle ne dominait plus. Un curieux episode, re- cemment tire de Toubli, me parait, bien que non date, appartenir an tenqis qui nous occupe (2); on y reconnaitra, groupes avec une grande vraisemblance, les traits principaux de la situation materielle et morale que durent avoir les paiens, apres les reformes de Gonstantin, dans les villes ou leur culte conservait encore de la force. La meme ou la population paienne restait nom- breuse et zelee, les temples n'etaient plus entretenus avec la m6me largesse qu'autrefois : les dons des mu- nicipalites et les ofFrandes des particuliers se faisaient rares : tons ceux que Tinteret, I'habitude ou la peur (1) Schullze, Gesch. des Untergangs des griech.-iomUk. Hcidcn- thuins, t. 1, p. 49. (2) Passio S.Salsxiiiarfgris Tipasilaiur, piibliee par les Bollandiste^; dans le Calalogus codicuin hagio(jr(ii)hicorum (i)iiiquioni)ii sxciilo XVI, qui asservaitlitr in UiOliolhcca nalionali Parisien.si, 1. 1, Paris et Bruxelles, 1889, p. 3i4. — La Passion de sainle Salsa, coinposee peu apres 372, elait denieuree ineditejusqn'a la publication de ce catalogue, dans lequel elle est donuee en appendice. Le noui de la sainte n'etait jusque-la connu que par une double mention du marhrologe hiero- nyniien, au 20 niai el au 10 octobre, avec la seule indication topogra- phique : In Africa. V. 19 290 COiNSTA>JT]N ET LICINIUS (313-323). avaient sciils attaches j usque-la au culte tics dieux s'en retiraient pcu a peu : aussi voyait-on des sanc- tuaires se feriner et toraber en mines, sans aucune intervention de Fautorite civile, niais seulement fautc d'adorateurs et dc subsides. 11 arrivait que la devotion des partisans de Tidolatrie se concentrait alors sur quelque religion plus vivace, quelque superstition locale, ou le paganisme trouvait sa derniere citadelle. En beaucoup de villes, le culte de lAIithra herita de tons lesautres; mais, dans la petite villeniauritanienne de Tipasa(l), theatre des faits que nous allons racontcr, lesanctuairedemeure seuldebout, entretous ceuxdont lesmurailles sans toits couvraient maintenant la« col- line des temples (2) » de leurs debris sans cesse asper- g'es d ecume et fouettes par le vent de mer, etaitla cha- pelle de Python, ou se pratiquait le culte du serpent, cher de tout temps aux populations de I'Afrique (3). La fete se celebrait au printemps, avec la publicite a la fois exigee et permise par les lois du quatrieme si^cle. I^'antique narrateur a laisse le tableau des re- jouissances dont elle etaitl'objet : il peint, en homme qui peut-6tre les a encore vus, les murs delabres des temples rajeimis par des guirlandes de laurier, de peuplieret de niyrte, le sanctuaire dc I'iuipure idole pare de tapisseries, les cassolettes d'encens fumant sur les autels, les pr^tres vetus d'habits magnifiques, (1) Suv la cole, enlrc Icoiiiiiiii (Alger) el Cosarec (Clierclicll). (2) Templensis (coUis). (3) Passio S. Suisse, 3, \). 347. LA rOLlTIQLl-: IIKLIGIELSE DE CONSTAMIN. 29) Jes chceiu's tie chant etdedanse, bientot renthousiasme des devots s'exaltant jusqu'a la frenesie. C'est aii milieu de cette orgie (|a'une pure et gracieuse enfant de quatorze ans, Salsa, qui professait le christianismc depuis longtemps florissant a Tipasa (1), fut conduite de force par ses parents, paiens fanatiques. EUe dut assister, fremissante, au sacrifice et au repas sacrileg-e qui le suivait. Mais, pendant que ceux: qui Favaient amenee faisaient la sieste, avec tons les autres, A la suite de ce repas, Salsa voulut venger sur le dieu sou humiliation et ses angoisses : se levant sans bruit, elle parvint a se glisser dans la chapelle, arracha la tete doree du serpent, et la lanca dans les flots qui battaient le pied de la coUine. Enhardie par ce premier succes. Salsa rentra dans le sanctuairc, saisit dans ses faibles bras le corps du drag-on, et le precipita du haut de la falaise : mais le bruit que fit le monstre d'airain en rebondissant contre les rochers denonca le fait aux paiens. La foule se rassembla, poussant des cris de I'ureur : des forcenes saisirent I'intrepide enfant, et, sans 6tre emus de sa jeunesse, ni touches de sa grace, la jeterent assommee dans la mer ou elle avait voulu noyerleurdieu, Trois jours apres, un navireprovencal, entrant dans le port de Tipasa, recueillit en rade le corps de la martyre. (1) Epilaplies chreitennes decouviutcs a Tipasa, dont I'une porle lo lies ancien symbole de lancre, I'aiilro la date de I'aniiee 238, la plus reculee que Ion ait encore lue sur les inarbres ciiretiens d'Afrique. Duchesne, Saiiilr Salsa, vicvfje el in a r lyre, lecture laite le 2 avril IS'JO a la seance trinieslrielle des cinq academies. 292 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). Les Chretiens, aides cles niatclots, renteiTerent sur le rivage, pres du port : sur la tomlje s'eleva liientot une spacieuse basilique, dont les restes ont ete re- trouves de nos jours. Le culte du Python ne devait pas se releverdu coup porte par la main d'une vierge. Les paiens, honteux peut-etre de leur cmportement, cesserent de venir a son temple, Celui-ci fut iisurpe par les juifs, qui de I'edifice abandonne firent une synagogue. Mais les chretiens le reprirent a leur tour, et sur son emplacement construisirent une eglise des- tinee a consacrer le souvenir d'une action dont I'he- « roisme avait couvert sans doute I'apparente irregu- larite (1). Sicette histoire s'estpassee, comme nous le croyons, sous le regne de Constantin (2), elle fait voir le fa- natisme qui animait encore certaines populations paiennes au lendemain de la pacification religieuse; ce fanatisme vase reveiller toutacoup en Orient, par les efforts interesses de Licinius, et amcner une uou- velle crise de persecution. (1) « Ubienimdudiiin lompliil'ucrant institula ^(Mililium, posliuodum ibidem diaboius synagogain cotislituit Judfcoruni ; sed luiiic, moiioii -vice iiiigravil ad Clirisliim, ut in loco in quo gcnuina regiial)anl ante .sacriicf^ia, nunc in iionorc marl jris Iriumphal occlesia. « Passio, 3. (2) or. Duchesne, /. c. LA PERSLCLTION DE LICIMUS, 293 II. La persecution de Licinius. La Concorde entre Constantin et Licinius ne fut pas de longue duree. On ne voit pas clairement de qui vint la rupture; mais, des le mois d'octobre 314, les deux collegues se livrerent bataille a Cibales, en Pan- nonie. La victoire demeura fidele k Constantin. Une seconde fois Licinius fut vaincu a Mardie , dans la Thrace. La paix se tit assez aisement : un nouveau ])artage de I'empire, donnant a Constantin la plupart des provinces que Licinius avait possedees en Europe, fut le gage de la reconciliation (1). Pendant plusieurs annees les bonnes relations reta- l)lies c\ ce prix entre les souverains de I'Occident et de rOrient ne subirent pas d'atteinte. Meme sur le point que Constantin avait le plus a cceur, la politique reli- gieuse, on ne voit paraitre aucun desaccord. Dans le sermon prononce par Eusebe de Cesaree lors de la dedicace de la cathedrale de Tyr, et certainement posterieur a 31V, le comnum devouement des deux empereurs au christianisme, I'aversion de I'un et de Tautre pour TidolAtrie, sont celebres dans un langage cmpreint sans doutc de quelque exageration, mais (l)Zosiine, 11,20; Eutrope, Jlrec, X, 5; Aurelius Victor, Epilomc, 41. 29 i CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). que cepeiidant Torateur n'eut pu tenir si Licinius avait des lors raanifeste des sentiments opposes h ceux de sou collegue (1). Eu 317, I'elevatiou simultauee de leurs fds au raug de Cesars, en 318 le consulat pris a la fois par Licinius et par Crispus, Ills aine de Cons- tantin, montrent que I'uuiou etait encore etroite entre les souverains. Cependant , trois ans plus tard, des symptomes contraires commencenta paraitre. Le rhe- teur Nazaire celebre , le 1*^'' mars 321, les quinquen- nales des jeunes Cesars; mais, dans son panegyrique, ni Licinius, ni le fils de celui-ci, fait cependant Cesar en meme temps que les enfants de Constantin, ne sont nommes : on croirait que Constantin et sa famille president seuls aux destinees de I'empire (2). Quelle cause avait de nouvcau refroidi les sentiments des deux empereurs, et mis dans leurs relations la gene, peut-etre deja Fhostilite? II faut certainement la chercher dans la divergence, a cette date, de leurs sentiments religieux. D'ami des Chretiens Licinius etait deveiiu leur adversaire. Jaloux de se sentir efface par les victoires , Tascen- dant, Tautorite morale de Constantin, I'ancien sigiia- taire de I'edit do Milan n'aspirait plus qu'a detruire I'opuvre commune et a relever le parti palcn pour I'opposer A son glorieux rival. Constantin ne put voir sans un vil" deplaisir Licinius engage, sinon encore (1) Eusi-lx;, Hi.sl. lucL. X, ^i, r.(i. (2) l'inu'(j. vel.,7. CI', 'rillcnioiil, His/oirc des Empereurs, 1. IV. p. 18U. LA I'ERSKOLTIOX DK LICINIUS. 295 par la grande route, tin inoins par les chemins tie- traverse, dans la direction ou s'etait pertlii Maximin. La resurrection , en Orient, du regime tie I'intolerance, I'abantlon, dans cette moitit^ tie I'empire , de la grande pensee k latpielle il avail voue sa vie et attache I'hon- neur tie son regne, causaient au prince chretien une peine tl'autant plus insupportable, que Ihabilete avec laf|uelle procedait Licinius , les faux-fuyants qu'il in- ventait et les retraites qu'il se menageait, ne laisse- rent pas tout tie suite ouvcrture a une intervention armee. Eusebe compare ce tortueux adversaire tie I'Eglise a un serpent (]ui, n'osant attaquer de front, s'enroule autour des membres de sa victime , afin tie Fenve- lopper de ses replis et de I'etoutrer pen a peu (1). Li- cinius eiitproteste contre le reproche de porter atteinte H la liberie ties cultes ; mais il traitait les chretiens en suspects, et affectait de voir dans leurs asseniblees un tlauger pour la securite publitjue. Par une disposition jalouse, tlont on retrouverait aisement la trace j usque dans la legislation motlerne, il defendit aux eveques orientaux de sortir de leurs dioceses, de se visiter entre eux, do tenir des conciles et ties synotles pour deliberer sur les interets communs (2). Cette tlefense contrastait singulierement avec les actes recents de Constantin, ([ui avail i\ plusieurs reprises convotpie les ev(^ques tie TOccident pour regler les ad'aires des tlo- (1) Eusebe, Be vita Conalnnliai, II. 1. (2) Ibid., 1,51. 2% CONSTANTIN ET LICIMUS (313-323). natistes. Peut-etre le desir de prendre en toutes choses le contrepied de son collegue fiit-il un des mobiles de Licinius. Eusebe semble le dire en comparant la con- duite opposee des deux empereurs (1). Mais Fhistorien prete, non sans vraisemblance, iin autre et plus insi- dieux motif au souverain de FOrient. « Ce que cher- chait celui-ci, dit-il, c'etait I'occasion de nous tour- menter. II savait que les n6tres ne pourraient violer sa loi sans encourir le chAtiment, ni Tobserver sans violer la loi de I'Eglise : comment, en effet, les grandes con- troverses seraient-elles apaisees, sinon par les syno- des (2)? » Licinius tendait ainsi un piegeaux eveques, se reservant Toccasion do les poursuivre a son heure, non pour cause religieuse, mais pour contravention k ime mesure de police. II nest point sur que la menace ainsi suspendue sur la t^te des prelats ait etc rigoureusement executee ; car la grande reunion tenue, en 321, par les eveques d'Egypte et de Lil)ye contre I'arianisme naissant (3) est peut-etre posterieurc d I'ordonnance sur les sy- nodes ; mais, appliquee ou non, cette orclonnance de- signait les eveques aux defiances de I'opinion pu- blique ot tendait a les faire passer pour des factieux. D'autres defenses, empreintes d'un esprit plus hypo- crite encore, incriminerent la moralite des fideles, la (1) Fusebe, iJc cila Conslanlini, II, 1. (2) Ibid. (H) Socralc, ffisL EccL, I, 6. — N'oir Ilcfcli', Uisloire (Jcs concile.s\ liatl. Dclarc, I. 1, p. 241. LA PERSECUTION DE LICINIUS. 297 purete de leur culte , et troiiverent moycn tie les in- jiirici' tout en les vexant. Licinius, tlont la debauche etait notoire, et qui, ])ien que toucliant a la vieillesse, avait plus d'une fois ravi des femmes a leurs maris ou des lilies a leurs meres (1), s'avisa que le melange des sexes, dans les eglises, offrait des perils. InofFensif au temple, au cirque, au theAtre, ou les yeux et les ames se repaissaient do fables impures, d'images volup- tueuses, de spectacles sanglants, ce melange ne pou- vait etre tolere plus longtemps dans les sanctuaires du Dieu crucifie ! Aussi fiit-il interdit aux femmes d'y entrer a la me me heure que les hommes (2). La ver- tueuse sollicitude du souverain decouvrit un autre danger dans les instructions faites a celles-ci par les ev^quos ou les pr6tres. Une loi ordonna que Tensei- gnement religieux ne pourrait plus 6tre donne aux chretiennes que par des personnes de leur sexe (3). Li- cinius ne s'en tint pas la : apres avoir invoque contre les fideles I'inter^t de la morale, cliente jusque-kl fort negligee du gouvernement palen, il prit pour les g6ner le pretexte de I'hygiene, dont les pouvoirs pu- blics ne s'etaient guerCj avant ce jour, inquietes da- vantage. Les reunions du culte dans I'enceintc des oratoires ou des basiliques parurent pernicieuses a la sante des citoyens : defense fut faite aux chretiens de celebrer les offices de leur relieion dans des lieux clos, (1) Eusebe, Hisl. Eccl.,X, 8, V-i; Devita Const., 1, (2) Eusebe, Be vita Const., I, 53. (3) Ibid. 298 CONSTANTIN ET LICIMUS ^313-323). ct de s'assembler autrement qii'en plein air, liors des portes des villes (1). Ainsi Licinius, par des coups obliques, detruisait I'edit de Milan. Apres avoir supprime en fait la li- berie promise par Tedit an culte chretien, il porta, sur un autre point, une atteinte presque aussi grave a cette charte de la tolerance religieuse. l^es droits eg-aux accordes aux deux religions avaient releve les Chretiens de toute incapacite politique. Des lors avail disparu Tincompatibilite trop longtemps maintenue entre la pratique de leur foi et Texercice des fonc- tions officielles. Licinius la retablit. II commenca par les services du palais et les charges de cour. Tons les chretiens de sa maison furent chasses (2). II epura ensuite, de la memo facon, Fordre administra- tif et judiciaire. Mais, dans les nombreux emplois ac- ccssoires de cliaque tribunal ou de chaque prefecture, parmi les scribes, appariteurs, soldats de police, employes des bureaux, se trouvaient aussi, en grand nombre , des disciples de lEvangile. L'onipereur no pouvait les connaitre tons et les frapper d'une re- vocation directe. Il recourut.au moyen souvent em- ploye pour mettro a I'eprcuve les consciences. Tons ces agents subalternes furent mis en demeure de sa- crifier aux dieux, et ceux qui, par un refus, se de- clar^rcnt chretiens percUrciit la place dont ils etaient pourvus. " Ainsi, dit Eusrbc, dans chaque province (1) EiiS(;l)0, Dc vita Constoiilini, I, 53. (:^j Eusebc, Hist. Led., X, 8, 10; De Vila Const., i, 52 LA PERSECUTION DE LICLMUS. 299 lofficium dcs iiiagistrats fut prive des hoiiimes piciix, des serviteiirs de Dieu : iiiais de combien de prie- rcs se priva lui-meme I'empereur en portant cette loi (1) ! » Licinins continua do saper Fedit de Milan, en abo- lissant une de ses plus equitables dispositions. Les biens qui, six on sept ans plus tut, avaient ete rendus aux Eglises, soit par le fisc, soit par les particuliers, furent une seconde fois confisques. L'empereur s'em- para en meme temps de ceux dont la liberalite de son collegue ou la sienne propre les avaient comblees au Icndemain de la paix relig'ieuse (2). En un mot, le droit de propriete recemment restitue aux Eglises chretionnes leur fat enleve de nouvcau, par une spoliation d'autant plus sensible que le patrimoine ecclesiastique s'etait, dans ces dcrnieres annees, plus considerablement accru. De tels actes en presageaient de plus violents encore. II faudrait mal connaitre le caractere de Licinins pour croire que, une fois entre dans la voie des confisca- tions, il s'arreterait aisement. Pen de souverains mon- trerent autant de cupidite. Meme lors de la g-uerre contre Maximin. il etait deja impopulaire aupres des (1) Eusebe, Hist. Keel., X, 8;l)evita Const., I. o». (2) Cela resulte des clauses reparatiices de I'edit de 323 (Eusebe, De Vila Constantini, II, 40-41), si, comine le pense Giirres, avec rai- son selou nous, ccl edit eut pour olijet de remedier aux inaux causes par la persecution de Licinins, et non au\ domniaj^es des persecutions anterieuros. lesijuels avaient eu le lenips de disparailre entre 313 et le cominenccnienl des [nouvclics vexalioiis. Voir I'art. ToJerunzedictc dans Kraus, Heol-Lncijld. dcr clirisll. Micrlliiiiiter. I. 11. 300 CO.NSTANTIN ET LICINR-S (313-323). soldats, a cause cle son avarice (1). Ce n'est pas seii- lement Eiisebe, cc sont encore des paiens, comma les deux Victor, qui le lui reprochent (2). Au milieu de richesses immenses, arrachees a la misere publi- que, il ne cessait de se plain dre de sa pauvrete (3). Un historien compare cette avidite maladive a la faim et a la soif insatiables de Tantale (i). On ne s'etonnera pas si , apres avoir depouille les eglises, l^icinius chercha des pretextes a depouiller les Chre- tiens. Beaucoup furent inquietes, probablementparmi les anciens fonctionnaires ou les anciens employes qui avaient refuse de sacrifier. Les uns furent punis de Fexil (5); d'autres relegues dans les iles (6) ; il y en eut de condamnes aux mines (7) ; il y en eut d'adjuges au fisc pour etre esclaves publics et tra- vailler en cette qualite dans les manufactures de I'Etat (8); des fideles furent meme (comme le confes- seur Arsace) attaches au soin des animaux dans les menageries imperiales (9). Tons avaient ete preala- blement deposes de leur rang et spolies de lours (Ij « In liir^icndo leiiax. » Laclancc, l)c inort. pers., \~. (2) « Huic i)ar(iiiionia, et ca (|uid('iii aj^reslis. » Aiircliiis Victor, De Cxsaribus. — « Avaritue ciipidiiicoiiiiiiuinpessimuin. » KpHoiitc. — Cf. ranonyine dc Valois : « I.icinius scelere, avarilia, ci iidelilate, libidiuc Sceviebal. » (3) EusMjc, De clla Consluittini, I, :A. (i) Ibid. (5) Ibid., 11, 30. (G) Ibid., 31. (7) Ibid., 32. (8j Ibid., '6k. (y) Sozorncne, Hist. Ixcl., IV, 10. LA PERSECLTION DE LICIMUS. 301 biens (1) ; ^i lexception cependant d'une classe a peine moins malheureuse de condamnes, que Ion adjoiguit nialgre eux aux curiales des diverses cites (2), afin dc rendre leur patrimoine responsable des enornies contributions levees par Licinius en vertu dun nouvel et frauduleux cadastre (3). Telle etait la situation des cliretiens avant m6me que la persecution fut officiellement declaree. Com- ment Constantin ne prevint-il pas celle-ci en inter- venant des lors avec energic? Un passage d'Eusebe semble indiquer que des negociations eurent lieu a plusieurs reprises entre les deux souverains. et que chaque fois Licinius, par des promesses, meme par des serments, parvint a tromper les defiances de son puissant collegue (i). Le moment approchait, cepen- dant, ou le persecuteur jetterait le masque. Mais il attendait, avant de se declarer Tennemi de lEglise, qu'il fut en mesure de se declarer en meme temps I'ennemi de Constantin. Depuis long temps il prepa- rait en secret sa revanche des defaites de 314. Quand ses troupes furent levees, son tresor de guerre rempli. il ne garda plus de menagements (5). « II en vint alors, dit Eusebe, a ce point de fureur d'attaquer les ev^ques eux-m6mes, en qui il devinait des adversai- res; car il tenait pour ses ennemis tons ceux qui se (1) Eusebf, De vita Const., II, 30. (2) Ibid., 34. (3) Ibid., I, 55. (i) Ibid., I, 50. (5) Eusebe, Dc vita Constanliiti, II, i: 302 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). monlraient amis du grand empereurLeiii de Dieii (1). » Bien que contenues par la prudence, les sympathies des ev6ques auraieut ete malaisement dissimulees. A Vexception de quelfjue prelat de foi douteusc, comme Eusebe de Nicomedie, qui avait ouvertemeiit embrasse la cause de Licinius (2), les chefs de TEglise ne pouvaient pas ne pas faire des voeux pour Constan- tin. Gette preference inevitable etait, cependant, dif- iicile a tourner a crime. Des sentiments ne sont punissa- bles que s'il s'y joint quelque marque exterieure do re])ellion. Les eveques furent accuses d'avoir ote des supplications liturgiques le nom de Licinius, pour ne phis prononcei" devant les autels que celui de son rival (3). Les gouverncments qui croient le moins en Dieu sont souvent les plus jaloux d'etre nommes dans les prieres des chretiens. On ne nous dit pas si le pretexte avait quelque fondement : les princes n'ont pas besoin de prouver leurs reproches. lis se plai- gnent tout haut : assez d'ambiticux les ontendent. On leur epargne jusqu'd la peine on la responsabilite de donnei' un ordre. Leur pensee est comprise H demi mot, Plusieurs gouverneurs — surtout dans les pro- vinces les plus proches de la residence imperiale — firentleur coui* en ])0ursuivant les ev(^ques pour lese- majeste ou lialiisou. « Des hoiumes qui n'avaient commis aucun crime fureul, arr^tes sans cause et pu- ll) Eusebe, DeviUi Consldnlini. II, 15. (2) Theotloret, Ilist. JiccL, 1. l'.». (3) Eiis^lx', JHsl. EccL, X, H, Id; De rila Cons/., II, 2. LA PERSECUTION DE LICINIUS. 303 nis comme des assassins. Quelquos-uns soufFrirent iiii noiiveau genre de mort : on coupait leur corps en pctits morccaux, et, apres cette atroce tragedie, on j eta it dans la mer ces lambeaux sanglants ponr etre la pc\tiire des poissons (1). » Telle etait la fertilite de rimagination romaine, tju'apres trois siecles d'eni- pire, et presque irois siecles de persecutions, on pouvait encore inventer de nouveaux supplices ! Mal- heureusernent Thistorien qui decrit cet liorriJ>le trai- tement no nomme pas les eveques auxquels il fut applique. Il nous apprend seulement que plusieurs perirent dans le Pont. Le gouverneur de cette pro- vince ne s'etait pas contente de raser jusqu'au sol les eglises, qu'en d'autres lieux ses collegues avaicnt seu- lement fermees (2) : il avait deploye dans ses rigueurs contre les Chretiens « une cruaute depassant toute mesurc (3). » La Clironique de saint Jerome cite, parmi les martyrs de la persecution de Licinius, Basile, eve- que d'Amasee dans le Pont (4), qui, apres avoir as- (1) Eusebe, Jlist. Keel., X, 8, 17: De vita Const., II, 2. (2) Eusebe, De vita Const., IF, 2. (3) Ibid., 1. (i) Clironi(jtte dit s-Atnt Jerome, an KJ de Constantin.il n'y a rieii a fonder sur le teinoignage des Actes de saintBasile, piece sans valeiir liis- torique, el ineine reinplie d'erreurs ; mais cehiide IdChronique est trop serieux et trop precis pourqu'on I'ecarle aiseinent. Les assertions con- Iraires deNicepiiore Caliisle (Vlll, 1 i) et de Philostorge (1, 8), qui noin- nient Basile parini les Peresdu coiuile de Nicee, ne sauraient prevaloir. Nicephore peul avoir confondu les conciles auxquels Basile a pris part. Quant a Philostorge, il est certainenient inal reiiseigne, puisqu'il prfite des sentiments ariens a Basile, donl saint Athanase [Ordtio I contra .lr«aH.)loue I'ortliodoxie ; Basile, d'ailleurs, etait mort avantle concile de Nicee, oii siegea .son successeur sur le siege d'.\masee, Eutythius. 30i CONSTAMIN ET LICINIUS (313-323). siste,eii 31i, an concile d'Ancyre, plus tarcl a celui de Neocesaree, s'etait vigoui'eusement oppose aux com- mencements de riieresie d'Arius. D'autres eveques meriterent le litre de confesseurs : tels Paul, eveque de Neocesaree, snr TEuphrate, dont on venerera quelques annees plus lard, au concile de Nicee, les deux mains privees par le fer rouge de 1' usage des nerfs (1); on Theodotc, eveque de Ceraunia, en Chypre, mis apres de cruelles tortures dans une pri- son, d'ou il ne sortira qu'en 323 (2). Les membres du clerge ne furent probablement pas plus epargnes que les pasteurs dont ils partageaient les travaux; mais, pour eux aussi, pen de noms ecliappent cY Fou- bli. Parmi les plus illustres sont ceux du diacrc Am- mon, martyrise en Thrace avec un grand nombre de vierges qu'il instruisait malgre les defenses de Lici- nius (3); du diacre Abibe, brule vif dans la Mesopo- tamie, apres I'avoir parcourue en tons sens pour y relever le courage des chretiens (4.). En dehors des fonctionnaires, des eveques et des clercs, c'est surtout parmi les soldats que se firent sen- tir les vexations d'abord, les cruautes ensuite, de Lici- nius et de ses agents. Dans les derniers temps qui {)recederent la rupture avec Constantin, Liciniuslaissa voir le caractere de la guerre projetee. De meme que, (1) Theodoret, Hist. KccL, J, 7. (2) Acta SS., inai, t. 1, p. 105. (3) Baronius, yln«.,ad aim. 31G, g V.>\ Tilleinoiit, Memoircs, {.\, art. sur la persecution dc Liciniiis. (4) Suriiis, VUxSS.,L XI, \k 348; Tilleinoiit, I.e. LA PERSECUTION DE LICINIUS. 305 dans les villes, I'oljligation des sacrifices avait etc de nouveau imposee aux serviteurs de I'Etat, dans les garnisons ou dans les camps, les pratiques de Tidola- tric reprirent la place des prieres monotheistes, et les aigles, detronant lelabarura, recurent de I'armee I'en- cens et les libations. Snlpice Severe, qui n'cst point porte cependant a exagerer la persecution de Lici- nius (1), assure que ce tyran, imitant Diocletien ou plutut son vieil ami Galere, voulut contraindre tons les Chretiens qui servaient sous les drapeaux a sacrifier et chassa des rangs ceux qui refusaient (2). On raconte nieme qu'un d'entrc eux, Hadrien, lui reproclia de miner parce moyen les armeesromaines et payade sa t^tecette libre parole (3). Un canon du conciledc Nicee semble confirmer I'assertion de Sulpice Severe, car il soumet k la penitence ceux qui, « ayant d'abord, pour obeir k la grace, abandonne le ceinturon, allerent en- suite, semblables a des chiens qui retournent a leur voniisseinent,jusqu'a donnerdeTargentou des presents pour 6tre reintegres dans le service militaire (i) ; » il s'agit vraisemblablcment ici d'officiers qui, apres avoir refuse le sacrifice et perdu leur grade, regret- terent et desavou^rent ensuite cet acte courageux (5). Cependant I'epuration de Farniee ne fut pas appa- (1) Sulpice Severe, Hist, sucr., 1, i7. (2) Ibid. (3) Voir lc>i Meiiecs, au 6 aoiil ; et, sur ios difficultes de celle hisloire, Tillcmont, Meiiioires, t. V, note i sur la persecution de Liciuius. i) Canon 12. (.■j) Voir lecoinmentaired'IIefekS Histoire des conciles, U'Ad. Delarc, I. 1, p. iO5-i06. V. 20 306 CONSTANTJN ET LICINIUS (:}13-3'23). remment poursuivie jusqii'aii Ijoiit. On retrouve tou- joursdes fonctionnaires pour remplacer ceux quiont ete destitues; on ne retrouve pas aussi aisement des soldats pour reuiplir les rangs eclaircis. A mesure que la guerre approchait, le propos attribue a, saint. Hadrieu se preseuta sans doute de lui-niemc a la pensee de lerapereur. 11 avait pu casser les officiers que leur ferveur religieuse designait f\ ses yeux pour des par- tisans de Constantin ou du moins pour des instruments peu propres a la revanche paienne qu'il revait; raais il ne se refusait probahlenient pas k engiober les Chretiens dans les levees par lesquelles il grossissait son armee a la veille de la lutte supreme. Ceux-ci, qui n'en pouvaient ignorer le caractero, ne durent pas se laisscr enroler sans repugnance. Combattre sous les drapeaux de Licinius, n'etait-ce pas combattre contre I'etendard du Christ? Saint Theogene ne le pensa pas seulement : il crut que sa foi lui commandait la resis- tance, etrcfusade se laisserinscrire dans la legion Tra- jana^ cantonnee a Cyzique. « Je suis chretien, dit-il , soldat du lioi des rois, et ne puis m'cngager a aucun autre. » On Ini demanda insidieusement s'il avait quel- que repugnance aservir Licinius; sans tomber dans le piege, il renouvelasa declaration. VaimMnent lui rap- pelait-on qu'il y avait dans Farniee beaucoup de Chre- tiens, ilpersista dans son refus, subitla peine militaire de la fustigation, puis, sur I'ordre de I'empereur, fut jete a la mer (1). (1) .lr/^?.S.S.,jiinvi('r, I. I, !>. 13'i. LA I'EKSKCLTION DK LICLMUS. 307 D'aufres soklats martyrs sout rapportes a la perse- cution de Liciuius : Severien, a Sebaste (1); Eiidoxe , Agape et huit autres militaires. dans la meme ville (2) ; enfin, dans cette metropole de la Petite Armenie, les qiiarante heros chreticns dont les Peres les plus illus- tres ont celebre le courage et les souffrances (3). lis appartenaient a la legion A7/ Fulminala, depuis plu- sieurs siecles cautonnee dans la province (i). Un de ses officiers, Polyeucte, fut martyrise sous Dece (5). A une epocpie plus reculee, I'histoire de la legion se con- iond avec d'anti(]ues souvenirs cliretiens; d'apres nn apologiste du second siecle, un de ses detachements, compose tout entier de soldats baptises , suivit 3Iarc Aurele dans Tevpedition contre les Quades , et par ses prieres ojjtint une pluie miraculeuse qui sauva Far- mee (6). Si ctttc tradition est fondee , elle dut se transmettre d'age en age et entretenir dans la legion la croyance et le devouoment an christianisme. Inde- pendamment meme de tels souvenirs, d'autres causes (I) Siiriiis, Vit.vSS.. t IX, |). 101. ('2) Menccs, aii 2 iiovembre. (3] Saint Basile, Iloiiiilin XX; sninl Givgoiro do >'a/.iaiizp , Hoiiiil. dc XL )tia>t.: saint Jean Clirysostonie, dans Piiotins, Jiihl., 27 i ; saint Ephrein, Orat. XXVi. XXVll: saint Gaudence, .Scrwo XXVIl; saint Nil, Ep., 11,286; Sozonieno, flist. lucL, V, 2; saint Gregoirc de Tours, De gloria martijrum, I. 96. Les Ados [Acta SS., mars, t. I, p. 19) ont peu de valeur, on ne valent que par les endroils empruntes aux homelies dcs Peres. ('i) Dion Cassius, LXL (5) Voir Ilisloirc dcs persccKfioiis pendant la premiere mnilic dn Iroisieme siecle, p. 411. (6) Voir Hisloire des persecutions pendant Ic.s deux premiers sie- cles, p. 377. 308 CONSTAMIN ET LICINIUS (313-323). piirent y favoriser la propagande chreticnne. En cer- taines epoqiies, celle-ci avait beaucoiip a gagner an systeme des camps permanents , oii uiie legion s'im- mobilisait pendant unc duree presque indefinie, me- lee a la population civile par les manages, par le commerce, par les relations quotidiennes : il en fnt vraisemblablement ainsi ponr le corps d'armee de la Petite Armenie, voisine et sa?ur de cette Armenie independante on recemment la croix avait conqnis tout un peuple et, par la victoire dun roi Chre- tien sur le persecuteur 3Iaximiu, prelude a celle de Constantin sur Maxence (1). 3Iais les motifs qui, dans la legion, enflammaient le zele des soldats Chretiens, accrurent la severite et les defiances des officiers de Licinius. Aussi, lorsque furent lues dans le camp les lettres imperiales prescrivant a toute I'armee de prendre part aux sacrifices , le refus de quarante soldats (2), exprime sans doute avec unc vigueur par- ticuliere, parut-il au prefet de la legion meriter, non (1) Voir plus haul, \k 1".»7. (2) D'apres les Acles el le niarlyrologe d'Adon, ils porlaient les iioms de Qulrion, Candide, Doinnus, Melilon, Doniiticn, Eunoiquc, Sislnnius, Heraclius, Alexandre, Jean, Claude, Atlianase, Vaiens, Ellen, Edilius, Acace, Vihien, Elie, Tl)eodule,Cyrille, Flavius, Severien, Valere, Cudion, Sacerdon,Priscus,Eulycliius, Euhclii's, Smaraj^dus, I'hlloclimon, Aetius, Nicolas, Lysiinaiiue, Tlieopliile, Xantheas, Aiigias. Leonce, Hesychius, Caius, Gorgonius. Tillcmonl fail, a ce sujet, les rellcxions suivanles : :( Nous ne voyons pas de raison de douler de la verite de ces noins, (|uoiqu(' saint liasile el les autres I'eres n'aieni pas juge necessairede ics iriarquer, el (|ue les pit'cesdans les(iuelles on Icslrouve nesoienljias tori aullienliques. Les Iradilions populaires altereril liien les noins pro- pres, rnais n'oiil pas acconluine de les invenler, surlout en un si grand noinbre. » L.V PERSECUTION DE LICIML'S. 309 la degradation on le conge, niais la mort. Lc supplice choisi I'ut horrible : pendant uuc nuit d'hiver, on pai- qua les martyrs, deponilles de tout vetement. sur iin etang glace (1), que balayait le vent du nord, et qu'e- clairait seulement la lueur tcntatrice d'un batiment voisin, ouchaufTaitreau tiede des baignoires. Un seul d'entre eux, vaincu par la soutTrance, abandonna ses compagnons, et se traina jusqu'au bain; mais a peine ses membres geles en eurent-ils senti la chaleur, qu'il expira. Quelques instants de perseverance lui auraient merite la couronne du martyre (2) I Alors se produisit un incident, qui n'est pas sans analogue dans I'his- toire des persecutions. L'appariteur charge de garder les thermes avait observe de loin le courage des au- tres condamnes. et vu de pres ia clefaillance du mal- heureux apostat : il apercevait, dans la neige, ces trente-neuf corps geles, a demi morts deja, sur les- quels planaient les recompenses eternelles , et, dans le bain, ce seul cadavre deslionore. Une soudaine emu- lation le saisit : jetant ses vetements et criant : <( Je suis Chretien! » ilcouriit prendre la place laissee vide par le renegat. Le jour levant le trouva pres des mar- tyrs. On Femporta avec eux au biicher oii leurs corps devaient 6tre consumes. Un seul des condamnes (3) (1) Saint Ephrein attiriiif ((iin les martyrs furent exposes sur la glace de I'etang. Le textede saint Hasile estdouteux en cat endroit.Tillemon [Memoires, t. V, noti; ii sur les quarante martyrs) pense qu'ils furent exposes sur une place de la ville. (2) Saint m, Ep., II, 'm;. (3) Les Actes lui donnent le nom de ML-lilon. SiO CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). avait ete oiiblie par les licteurs, qui, lui voyaiit iin reste de vie, esperaient encore son abjuration; mais sa mere, presente a cette scene, le prit dans ses l)ras et le deposa dans la charrette pres de ses com- pagnons : cette i'enime beroique craignait que la palme lui ecliappat , on qu'il soufTrit un martyre soli- taire, loin des braves dont il avait partage le combat. A la vue de tant de mcurtres , tons les cliretiens pri- rentpeur. lis comprenaientqu'une persecution generale etait imminente, si Dieu en laissait le temps a Lici- nius (1). On vit recomuiencer ces fuites, si frequentes aux jours terribles de Diocletien on de Maximin. Les campagnes reculees, les deserts qui bordent Fempire vers rOrient, de nouvcau se romplirent de fideles (2). Mais, sous divers pretextes, les prisons commencerent X les recevoir. C'est probablement alors que le regime des prisons, que Constautin venait d'adoucir par deux lois de 320 (3), se vit aggrave dans les Etats de Lici- nius. « Une ordonnance imperiale defendit que per- sonue apportiU des aliments aux detenus et temoignjU de la charite aux liomines qui soufl'raient de la faini dans les chalnes. C'etait le moyen de supprimer tons les ])ons, y compris ceux (ju'uii sentiment de miseri- corde portait i\ secourir leur procliain. Car la loi de Licinius ordonnait (]ue quiconque aurait donne I'au- mone il un captif serait considere comme son complice (1) Euscbe, Hiit. J:ccl., X, 8; Dtt rifn Cniislanfini, 11, ''.; el", saiiil liasilc, Jloinil. XX. (2) Eus6be, I. c. (3) Voir plus liaiil, |). 283. LA PERSECUTION DE LICINILS. 311 ot puni tic la m6iiie peine que lui (1). » Cette mcsure, ({ui, bienque generale,parait surtout dirigeecontrelcs Chretiens, amena probablcment des apostasies. Pins d'un qui , soutenu parses freres, eutpeut-ctrc affronte le bourreau, ne resistait pas a la torture morale de risolenient ou aux tortures physiques dc la faini, et. sc croyant abandonne des homines, finissait par al)an- doDner Dieu. Nous savons, par deux canons du con- cilede Nicee,qu'il y eut sous Liciniusdes renesats(-2). Quelques-uns tomberent devant la menace de perdre Icur vie ou leur fortune (3) ; mais la terreur devint si g-rande, que d'antres abjurerent la foi sans avoir ete personnellement inquietes (4),et que de faibles Chre- tiens, voyant le fisc mettre en vente lepatrimoine con- tisque des confesseurs ou des martyrs, se rendirent acquercurs de ces k biens nationaux, » par crainte, afin de detourner d'eux-memes les soupcons (5). ba vue de ces defaillances indignait les coeurs ge- nereux, et les poussait a des resolutions qui, en d'autres temps, eussent paru excessives. Un des offi- ciers qui s'etaient retires de I'armee pour ne pas se souiller par des sacrifices, le centurion Gordius, me- nait la vie d'ermite dans les montagnes de la Gappa- doce. Les betes fauves, qu'il rencoiitrait dans leurs de- files, lui etaicntune societe moins repugnante que des (I) Eust'be, Hisl.l.fcL, X, 8, 11; De vita Conslnntini, 1, .)i. r>) Cf. saint Hasile, Jlomit. XL, 2. (3j Concilc de Mcfc, canon lu. (i) Ibid., canon 11. Cf. saint Hasilf, I. c. (a) EuscIjo, JJerttd Constitndni, 11, 38. 312 CONSTANTIN ET LICIMUS (313-323). persecuteursou des apostats. Cependant I'inaction finit parpeser a cette vaillante nature. II lui sembla qu'il avait le droit de reparaitre parmi les liommes, pour accuser publiquement leurs iniquites. Un jour, a Ce- saree de Cappadocc, des courses de chars avaient lieu au cirque. Toute la population de la ville s'y etait rassemblee, depuisles premiers descitoyens jusqu'aux derniers des csclaves : a cute des paiensse pressaient, sur les degres de marljre, non seulcment des juifs, mais de nombreux chretiens, attires soitpar cet amour des spectacles publics si difficilement deracine du coeur des anciens, soit par le desir de ne pas marquer, en s'abstenant, une reliiiion dont I'aveu etait devenu perilleux. Tout a coup, par le sommet de la monta- gne voisine, a lacjuelle etaient adosses les ])\us hauls gradins du cirque, Thomme du desert penetra parmi les spectateurs, et, parcourant dedaigneusement leurs rang'S, descendit au milieu de I'arenc. La vue de cet anachorete aux clieveux herisses, a la barbe iu- culte, vetu d'une sale en lambeaux, portant la ])e- sace et le baton, frappa d'etonnement les spectateurs; bient6t Gordius fut reconnu, par les chretiens qui Faimaicnt, avec une secrete joie, par les paiens avec des oris de fureur. Tons les regards se fixerent sur lui. Vainemcnt les chevaux couraient, vaineraent re- tentissaient les instruments de musique : la Ibule n'a- vait plus d'ycux et (Toreilles que pour Gordius, et le murmurc du peuple emu couvrait tousles bruits du theAtre. S(ude la, voix jx'i'caiite de Termite. se faisait entendre, criant avec saint Paul : « Me voici, moi LA PERSKCUTION DE LICLMUS. 313 qu'on ne clicrcliait pas; jc parais devant ceux qui ne soiigeaient j)as a m'iateiToger (1). » All temps oil saint Basile racouta cette histoire dans la chaire chretiennc dc Gesaree, il y avait en- core, parmi ses auditeurs, des vieillards qui avaient assiste a cette etrange scene, et dont il invoqua le temoig-nage (2). G'est d'eux, probablement, qu'il te- nait aussi les details suivants. La continuation des jeux du cirque etant devenue impossiljle, a cause de I'emotion du peuplc, Gordius fut entraine jusqu'au tribunal du gouverneur, — qui etait alors, dit Basile, au menie lieu ou nous le voyons aujourd'hui. Inter- rog-e, il dit son nom. sa famille, sa patrie, raconta sa vie militaire, les causes de sa retraite, et poursui- vit en ces termes : « Je suis revenii pour montrer \o peu de cas que je fais de vos edits, et confesser ma foi en Jesus-Christ; et j'ai choisi ce temps, 6 goiiver- neur, parce que je connais ta cruaute, qui surpasse ccUedesautres hommes. » Soumis a toutes les tortures, fouette, frappe de balles de plomb, mis a la roue, au chevalet, le martyr repondait avec la meme ardeur, chantant des versets de psaumes, et disant au magis- trat : « Plus vous me tourmentercz, plus ma recom- pense sera gTaiide. II y a un marche eiitre Dieu et nous. Chaquc souffrance, chaque outrage nous sera (1) Saint Paul. Uoiii., X, 20. (2) Les -Meni'es givc([iics diseiit que le inartyic de saint Gordius cut lieu dans la persecution deLicinius et ce detail condnne leur assi-rlion. Voir Tillernonl. Mcninircs, t. V, nolo lxxii sur la persecution de Dioclelien. 314 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). paye par un plus haut degre cle gloire et de bonlieur. » Le peiiple, que la presence de Gordius avail tant emu ail cirque, Faccompagnait tout entier au tribu- nal : les maisons restaient vides, les boutiques desertes; tout ce qui ne parait point liabituellement dans les lieux publics, vieillards, malades, jeunes fiUes, sepres- sait autour du martyr. Dans cette multitude il comp- tait des amis, des procbes, qui se jetaient a son con, le suppliant d'abandonner son dessein, d'eparg"ner sa propre vie. « Ne pleurez passur moi, leur repondait- il, mais pleurez sur les ennemis de Dieu, qui foulent aux pieds les cbretiens. Pour moi, je suis pret a souf- frir, non une seule mort, mais mille morts, si ccla se pouvait, pour le nom du Seigneur. » A d'autres, qui lui insinuaient tout bas que, pourvu qu'il reniat le Christ des levres, il pourrait lui demeurer fidele dans le secret de son coeur, il disait : « Ma langue serait in- capable de rcnier le Christ. Par le cteur nous le croyons, mais par la bouche nous le confessons. Penscz-vous done qu'un militairc ii'ait pas droit au saint? et qu'un centurion ne puisse etre pieux? N"est-ce pas un cen- turion qui le premier a reconnu la divinite de Jesus- Christ? » Faisant, aces mots, un signedc croix, Gordius se livra aux executeurs, qui lui donnerent prompte- ment le coup mortel, pendant que le peuple pous- sait de telles clameurs, que les mugissements de la tempete ou les eclnts du tonnerre n'auraient pu en eg-aler le bruit (1). (1) Saint Basilc, Jlomil. XIX, dans Ruinart, p. 5G7. LA PERSECUTION DE LICINILS. 3t5 Par Tacte audacieux du ciiretieu, par remotion si facilemeut excitee dans le pcnple, par ces cris d'une foule devenue incapable de se conteuir, on pent juger de Fextreme agitation des esprits. La guerre depuis longlemps preparee par Licinius et prevue par Cons- tantin vint enfin mettre un terme a cette situation cruelle. La rupture eut pour motif une pretendue violation de territoire, que Constantin aurait commise en poursuivant les Goths j usque sur les terres de son coUegue. Mais, en fait, cette rupture etait de celles dont le pretexte importe peu, car elles ont des causes plus profondes. Quand une guerre est devenue inevi- table, il suffit de la moindre occasion, du plus leger choc, pour la faire eclater. Eusebe est dans le vrai en disant que Constantin, ne pouvant supporter da- vantage les soufFrances des Chretiens, finit par prendre en main leur cause et marcher contre les persecu- teurs (1). La luttc entre les deux souverains, comme jadis celle de Licinius lui-m6me avec Maximin, re- v^tit tout de suite le caractere d'une guerre religieuse. Tout grief secondaire disparut devant le grand inte- ret qui passa aussitot en premiere ligne. L'aspect seul des deux armees, a peu pres egales en nombre, re- velait, par un frappant contraste, le but different que poursuivaient les deux chefs. En t6te des legions de Constantin marchait le labarum (2), entoure de cin- quante hommes d' elite, choisis parmi les plus vail- (1) Eus^bc, De Vila Constanlini, II, 3. (2) Ibid., :j, 4. 316 LICINIUS ET CONSTANTIN (313-323). lants de la ^sarde imperiale (1). Pres de Tempereur lui-meme se tenaient « les excellents gardes de son ame », e'est-a-dire les ministres de Dieu, qui priaient pour lui et avec lui (2). Licinius s'avancait, au con- traire, parmi les victimaires, les hierophantes, les mages, les faux prophetes, c'est-a-dire cette trompeuse et fanatique engeance contre la quelle il avait si cruel- lement sevi apres la defaite de Maximin, mais dont les survivants avaient regagn^ sur son esprit I'empire exerce jadis sur celui de son predecesseur. Dans I'un des camps s'elevait, a des heures reglees, la priere chretienne ; I'autre envoyait au ciel la fumee des sa- crifices, retentissait des cris des animaux dont les aruspiccs fouillaient les entrailles, ou s'animait tl la voix des devins qui recitaient d'obscurs oracles, tra- duits en vers elegants (3). C'etait bien le sort des deux religions qui, dans la pensee de Licinius, allait se jouer de nouveau. Pen- dant une ceremonie a la fois solennelle et secrete, que ])lusieurs des assistants raconterent a Eusehe aussitot apres la defaite du persecuteur (1-), celui-ci fit voeu d'a- neantir les chr^tiens. On avait choisi, pour se reunir, un bois sacre, dont Fepaisse vegetation etait entre- tenuc par d'innombrabies sources, et ou se dressaient, dans I'ombrc du leuillage, des idoles de pierrc (5). (1) Euscbe, De vita ConsLunllni, II, 8. (2) Ibid., 4. (3) Ibid. f'l) Ibid., 5. (a) Ibid. LA PERSECUTION DE LICIML'S. 317 Licinius y vint, suivi de ses gardes et de ses plus intimes conseillers. De sa propre main il alliiraa des flambeaux devant les statues; puis, apres avoir immole des victimcs, il prit la parole : « Amis et compagnons, dit-il, voici les dieux de la patrie, que nous adorons com me les ont adores nos anc^tres. Notre adversaire , lui , a delaisse les coutumes des aieux, pour adopter la croyance des athees et em- brasser le culte d'un dieu etranger. II deshonore son armee en la faisant preceder du lionteux symbole de cedieu; il marche, non contre nous, mais contre la divinite dont il a abjure la foi. Ce jour va montrer le- quel de nous deux est le jouet de Terreur, et juger entre nos dieux et le sien, Ou notre succes prouvera que ceux que nous adorons sont de vrais sauveurs, de surs appuis; ou le dieu de provenance inconnue qu'adore Constantin Femportera sur la multitude des notres, et nul nhesitcra plus a lui offrir ses hom- mages, a confesser sa force, a lui deferer la victoire. Si done cet etranger, ojjjet de nos railleries, demeure victorieux, nous serous obliges, nous aussi, a le re- connaitre et a I'lionorer ; il nous faudra renoncer aux dieux devant lesquels, tout a Fheure, nous venons de faire briiler des cierges! Mais un tel doute est impos- sible ; ce sont eux qui I'emporteront; et, apres leur triomphe, nous declarerons aux impies qui les me- prisent une guerre sans merci. » Ayant ainsi parte, Licinius ordonna de livrer bataille (1). (1) Eusebe, De vita Constantini, 11, 5. 318 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-333). La rencontre cut lieu en Thrace, pres d'Andrino- ple, le 3 juillet 3*23 (1). Une Providence vengcresse s&mble avoir cboisi, pour relever laudacieux defi de Licinius, les jmrages m6mes ou celui-ci, champion alors d'une tout autre cause, avait battu Maximin. La victoire se declara presque aussitot en faveur de Tarmee chretienne, a laquelle Constantin avait donne pour mot d'ordre : « Dieu notre Sauveur (2). » L'en- nemi fuyait devantle labarum (3). Le soldat qui por- tait I'etendard sacre sembbiit invubierable (i). Lici- nius, avec une partie de ses troupes, se replia sur Byzance, tandis que le reste se rendait a Constantin. Celui-ci commenca le siege de la ville ou, six ans plus tard, il etablira la seconde capitale de I'em- pire. A ce moment, sa flotte, victorieuse de celle de Licinius , arrivait sous la conduite du Cesar Cris- pus, et se preparait a bloquer le port (5). Licinius n'eut que le temps de passer le detroit et de se re- fugier a Cbalcedoine (G). Constantin Fy suivit sans se bAter, voulant laisser an vaincu le temps d'ou- vrir les negociations (7). Licinius s'y pr6ta d'abord. Pendant quelques jours, la ])aix sembla conclue. Mais, des que le champion du paganisme cut pu re- (1) Zosiine. II, 'n. (2) Eusebo, l)(i Vila Conslantini, II, 6. (3) Ibid., 7. ('i) Ibid., 9. (5) Zosiine, II, 24. (()) Ibid. (7) Eusi-Ih'. he vita Const., II, 11. LX I'liRSECUTION DE LICINIUS. 319 fa ire uiie nouvelle armee, il repi'it les hostilites (1). L'aveuglcmeiit du iiuilheureiix n'etait pas dissipe : il etait de plus cii plus sous la domination de scs devins, qui lui promettaient unc eclatante revan- che (2). Les troupes qu'il avail reunies etaient nom- breuses, fraiches, pleines d'ardeur : tons les moyens furent employes pour exciter leur fanatisme ; on porta devant elles les statues des dieux , qui brillaient an soleil sur le front des legions (3). Licinius esperait sans doute, par cette exhibition, balancer Tinfluence du labarum, dont la seulc vue Ic glacait d'effroi, et sur lequel il avait rocommande a ses soldats de ne pas fixer leurs regards ('i-). Pendant que ces preparatifs se faisaient dans le camp ennemi, Constantin. compre- nant que cette nouvelle bataille serait decisive, s'y prepara par la priere. II passa de longues heures dans la tente qui lui servait de chapelle pendant ses expe- ditions militaires : on Fen vit sortir, rayonnant de confiance et d'enthousiasme, pour donner le signal du combat (5). La bataille de Clirysopolis fut plus desastreuse en- core pour Licinius que n'avait ete celle d'Andrino- ple (6), Completement battu, il s'enfuit. le 18 sep- tembre, a Nicomedie. Constantin fit grace de la vie a (1) Eusi'be, Devita Const., IF, 15. (•2) Ihul., 11, 15. (3) JhUl., 16. (4) Ibid. (5) Eus6be, De rila Const., II, 12. (6) Ibid.,U, 17. 320 CONSTANTIN ET LTCIMUS (313-3.23). son beaii-frere, et lui assigna Thcssalonique pour residence (1). Mais, pen de temps apres, il le fit etrang'ler : par un coupable manque de foi, selon les uns (2); a la demande des soldats, selon d'autres (3); en execution d'une sentence du senat, selon une ver- sion peu vraisemblable (4); pour prevenir une nou- velle prise d'armes, si Ton en croit Fhistorien So- crate (5). Les conseillers qui avaient assiste Liciuius dans cette funeste guerre, ou s'etaient fails les minis- tres de ses cruautes, recurent le chatiment merite de leurs crimes (6); a leur place I'empereur nomma, dans la plupart de ses nouvcUes provinces, des ma- gistrals chreliens, ou des paiens mod^res, auxquels furent interdits les sacrifices officiels retablis par Li- cinius (7), (1) Zosiine, 11, 2G; Aureliiis Victor, Epilomc, 41. (2) Zosiine, 11, 28; Aurelius Victor, Epltonw, H; Eulrope, Brev., X, 6; saint Jeii'tnic, dltron. (3) Anonymo de Valois. (4) Zonare, XlII, 1. (5) Socrale, Hist. Kccl.,\, i. (6) Eiisobe, l)c vita Const., 11, 18. [1] Ibid., 44. LES DERNIERS EDITS DE PAIX RELIGIEUSE. 321 III. Les derniers edits de paix religieuse. Unpressant devoir s'imposait a Constantiii, devenu, par la chute de son rival, scul maitre de I'empire : reparei' les manx causes en Orient par la derniere ex- plosion du fanatisme paien, et retalilir lunite morale dumonde romain en etendant a toutes ses parties le bienfait de la paix religieuse. Dans ce but furent pro- mulgues, des la fin de 3-23, deux edits, destines Tun a efl'acer les traces de la persecution, lautre a faire connaitre aux habitants des provinces orientates les sentiments personnels et les principes de Tempereur en matiere de religion. Eusebe a reproduit le premier edit dapres Texem- plaire adresse aux habitants de la Palestine; mais il n'est pas douteux qu'un texte semjjlable ait ete en- voye dans toutes les circonscriptions administratives de rOrient. Get acte legislatif a pour but de remettre en vigueur, dans cette partie de I'empire, I'edit de Milan, que Licinius. sans Tabroger dans I'ensemble, avail detruit en detail. Le preambule rappelle les recentes vicloires de Gonstantin, et montre que Oieu, en favorisant ses ar- mes, a juge definitivement cntre les deux religions ennemies. II met ensuite en ])arallele la cruaute des V. 21 322 CONSTAMIN ET LICIMUS (313-323). persecLiteurs et raclmira])le patience des persecutes; piiisil rappeile coniment les premiers ont, tut ou tard, ete punis, et comment Dieu, prenant Constantin par la main pour le conduire des extremites de la Bre- tagne aux Irontieres de TOrient, a fait de lui I'instru- ment de sa justice sur les uns, de sa misericorde a regard des autres. Yient enfin la partie pratique de Tedit, c'est-a-dirc Fenumeration des diverses catego- ries de confesseurs qui, sous Licinius, ont soufTert dans leur liberte ou dans leurs biens : tons sont re- tablis dans leur premier etat, ou, pour employer I'expression juridique romaine, obtiennentla reslilulio in integrum. Les exiles, les relegues, les condamnes aux mines, aux travaux publics, aux manufactures de I'Etat ou k la servitude, recoivent la liberte et sont rappeles dans leur patrie (1). Ceux qui ont ete abusivement inscrits parmi les decurions sont rayes de I'album municipal ("2). Les chretiens qui ont perdu, comme tels, le grade ou le rang qu'ils occupaient dans I'armee ont le choix, ou d'y etre reintegres, ou d'e- cbanger leur conge ignominieux [ignominiosa missio) contre un conge regulior et honorable, donnant droit aux privileges des veterans [lionesia missio) (3). Les biens enlev^s aux cbr(^tiens sont rcstitues, quels que soient les droits acquis siir eux par des tiers; ceux-ci (l)Eusi'be, De vita Conslanlini, H, 30,31, 32, Vi. (2) Ibid., 30. (3) Ibid., 33. IXS DERNiEUS EDITS DE PAiX RELIGIEUSE. 32:! n'en poiirroiit retenir que les fruits deja percus, a rinstar des possesseurs de bonne foi (1). Au cas de predeces de condamnes soil a la peine capitale, soit A. toute autre peine ayant entraine la confiscation, les heritiers ont le droit de revendiquer leur patri- moine (2). Que s'ils n'ont pas laisse de parents au degre successible, FEglise du lieu ou ils ont soufFert le martyrc, ou dont ils ont ete chasses par I'exil, est appelee a leur succession (3). Quant au patrimoine corporatif que possedait TEglise au moment ou coni- menca la persecution, fonds de terre, maisons, jar- dins, oratoires, cimetieres, il devra lui 6tre rendu, soit par le fisc, soit par ceux qui Font acquis du fisc ou Font recu en don de I'empereur (i). Get edit de reparation ne demeura pas lettre niorte : Eusebe raconte qu'il fut tout de suite et energique- ment applique (5). Constantin completa son oeuvre en accordant h. tous les ev<^ques de I'Orient des subsides pour reparer, agrandir ou rebAtir les edifices consacres au culte chretien, dont les uns avaient ete mines par la persecution, dont les autres avaient vu arr^ter par elle leur reconstruction com- mencee (6). Eusebe reproduit la lettre qu'il recut ii cet effet comme ev^que de Cesaree, et dit qu'une (t) Eusebe, De vita CnnstunHni, II, 37. (2) Ibid., 35. 13) Ibid., 30. (i) Ibid., 39, iO, 41. [h] Ibid., 43. (6) Ibid., 45. ;?2i CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). lettre semljlablc fiit adressee a cliacim cle ses colle- giies (1). Pendant que ces actes dc justice s'accomplissaient en faveur de FEgiise, de ses ministres et de ses fideles, les paiens attendaient avec inquietude les resolutions que le vainqueur prendrait a leur egard. Si jamais Constantin dut etre tente de se jeter dans la voie des reactions violentes, c'est au lendemain de la defaite de Licinius, Le paganisme avait releve la tete, a la fois comme religion et comme parti d'opposition politique. II avait fait couler presque en ni6me temps le sang des chretiens sur les echafauds et celui des soldats de Constantin sur les champs de bataille. La persecution n'avail ete que la preface de la guerre : celle-ci comme celle-lA s'etait faite au nom des dieux. La situation paraissait tout autre qu'apres la defaite de Maxence, oppresseur de ses sujets plutotque fautcur ardent de I'idolAtrie, tyran et non persecuteur. Alors (jonstantin avait triomphe d'un paien; aujourd'hui c'est, en quelquc sorte, du paganisme m6nie qu'il triomphe. Savictoire, cettefois, n'a pas eu pour thea- tre rOccident, dontla population etait encore en ma- jorite idolatre, mais I'Orient, ou la religion du Christ comptait un plus grand nombre de fideles, et en cer- tains lieiix ralliait mrme la majorite du peuple. Nulla contree, nul moment, n'auraient ete plus favorables k un essai d'intolerance chretienne. Mais Constantin ne s'y laissa pas entralner. 11 eut la sagesse de s'en (1) Eusolje, 1)1- rild Coustdiiliiii, II, 'id. LES DERNH'RS EDITS DE PAIX IIELIGIEL'SE. .".25 teiiir a la politicjuc annoncee dans Tedit de Milan. Ancune consideration ne le fit devier de la ligne de conduite qu'il s'etait une fois tracec. Les seuls actes restrictifs qu'il posa vis-a-vis de Tancien culte, apres avoir vaincu Licinius, s'expliqiient par le caractere de la lutte armee qui veuait de fiuir : on n'y saurait voir aucune tentative d'opprimer la conscience des paiens. Tons les has fonds du paganisme avaient ete remues par Maximin d'abord, par Licinius ensuite. De cette fange en fermentation des oracles inconnus, des cultes nouveaux, m6me de nouveaux dieux, avaient tout dun coup surgi. Les idoles s'etaient transformees en enseignes de batailles, et la divi- nation etait dcvenue un moyen dc gouvernement. l*our terminer une agitation aussi malsainc, qui me- nacait de survivre aux evenements qui Tavaicnt fait naitre, Coustantin promulgua pour TOrient une loi de circonstanco, interdisant d'eriger aux dieux de nouvelles statues (1). En meme temps il remit en vigueur les ordonnances deja faites contre la di- vination (2). Mais il ne toucha point a la lil)erte dc ridolcVtrie, et prit meme soin de rassurer les paiens effrayes. Les paroles qu'il leur adresse dans ce but se trou- vent fL la lin d'un edit, on plutot d'une proclamation {I tous les sujets romains de I'Orient. Ce curieux spe- cimen de litterature imperiale pourrait 6tre considere (1) Eusebe, De vita Coasldiitini, 11. 'lo. (2) Ibid. 326 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). comme la contrepartie clii sermon paien naguere af- fiche au nom de Maximin dans la ville de Tyr (1); mais la rhetoriqiic y parait moins, iin sentiment per- sonnel plus sincere et plus spontane s'y degage d'ef- fusions pieiises m6lees a des souvenirs intimes, a des recits autohiographiques. L'cmpereur fait part a ses peuples des incidents de sa jeunesse , des reflexions de son age miir, et des croyances qui sont devenues la regie de sa vie. Dans un langage dont la franchise et la prolixite contrastent singulierement avec la reserve officielle des souverains modernes , il met sous les yeux de tous comme un fragment de ses Memoires. On sent, en le lisant, que c'estlui-memequi tient la plume, et qu'il se complait dans Fexpression de sa pensee. C'cst bien, comme lo dit Euselje, I'empereur en per- sonne que Ton entend (2). Apres un parallele entre le vice et la vertu (3), Constantin compare la cruaute de Diocletien et de Maximien a la douceur de son pere Constance , « qui invoquait avec line admirable religion Dieu le Pere dans tous ses actes (i). » Puis, prenant Dieu a temoin de la verite de ses paroles, il raconte ce qu'il vit au commencement de la persecution , alors que , jeune hommc. il r^sidait k la conr dii premier des Aug"ustes : (1) Voir |)liis liaiit, |i. 170. (2) L'oiif^inal t'lait en lalin ; Eust'l)0 cii a fait la Iraduction grecque, (|ui Sf'uie nous est |iaiveniic. J)(: vila Const., II, 47. Ci)lOi(L.. 48. (i) Ibid., 49. LES DI:RiMERS edits DE PAIX RELIGIEUSE. 327 les plaintes d'Apolloa couti'e les jiistes qui I'empe- chaient de rendre ses oracles, la question de Diocle- tien demandant qui etaient ces justes , la reponse des pr^tres denoncant les Chretiens, I'empereur promul- g'uant alors contre eux ces edits « que Ton croirait graves avecun poignard trempe dans le sang (1). » « C'est alors, continuc-t-il , que Ton put admirer le courage des adorateursdeDieu, souffrantchaque jour les cruautes et les outrages. Quels feux, quels suppli- ces, quels tourments ne furent pas infliges , sans dis- tinction d'age ni de sexel A cette epoque,la terre elle- m6me versa des pleurs, le ciel gemit, comme si tant de sang Tavait souille, et la lumiere meme du jour sembla s'obscurcir en signe de deuil (2). » Gons- tantin rappelle ensuite. a la lionte des Romains. Ihu- manite avec laquelle des Barbares accueillirent les Chretiens fugitifs (3). Puis il montre le ch&timent des persecuteurs, qui se sont detruits les uns les au- tres an milieu des guerres civiles et ont disparu avec leur posterite. « Tout cela ne serait pas arrive, sans le faux et malfaisant effet de Toracle impie d'ApolIon Pythien (i). » Le paragraphe qui suit est un bel exemple de ces prieres queTenthousiasmereconnaissant du vainqueur a placees en plusieurs parties de I'edit. « Maintcnant, Dieu tr6s bon et tres grand , je te supplie d'etre pro- (1) Eusebe, Ue vUu Constanliiii, II, oi. (2) Ibid., 52. (3) Ibid., 53. (4) Ibid., 50-51 328 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). pice a tes Orientaiix, et a tons les provinciaux accables de loiirdes calamites. Daigne leur accorder le salut par moi, ton serviteur. C'est sous ta conduite, sous tes auspices que j'ai entrepris de les sauver. Portantton signe en tout lieu, j'ai dirige mon armee victorieuse. Toutes les fois que I'ont demande les necessites publi- ques, j'ai marche contre les ennemis, el la suite de ton etendard. Aussi t'ai-je consacre mon coeur dans I'a- niour et la crainte ; car j'aime sincerement ton nom et je revere religieusement ta puissance, que tu as ma- nifestee par de nomhreuses preuves, et par laquelle tu as contirnie ma foi. Je me hate done de prendre le fardeau sur mes epaules et de travailler a la restau- ration de ta sainte demeure , que les scelerats et les impies avaient tente de detruire (1). » L'accent de ces paroles revele une fois de plus, chez Gonstantin, la conviction ou il fut toujours de I'aide miraculeuse que Dieu lui accorda, par I'apparition du signe place ensuite sur ses drapeaux, Mais celles qui suivent montrent aussi, une fois de plus, la po- litique sage et tolerante que le juste sentiment des circonstances , Famour egal pour tons ses sujets, et le respect de la parole donnee, ne cess6rent de lui dieter, « Je veux que ton peuple vive en paix et en Con- corde, pour le commun avantage du genre humain. Que ceux qui sont encore impliques dans I'erreur de (I) Eiiselje, Devila ConsUntlliii, IF, r»5. LES DERNIERS EDITS DE PAIX RELIGIEUSE. 329 la gentilite jouissent joyousement do la meme pai\ et (111 meme repos que Ics fideles. Cette reprise des bons rapports mutuels pourra beaiicoup pour ramcner les hommes dans la voie droite. Que personne, done, ne fasse de mal a personne. Que cliacun suive Topi- nion qu'il prefere (1). II faut que ceux qui pensent bien soient persuades que ceux-la seuls vivront dans la justice et la purete, que tu as toi-meme appeles a Fobservation de tes saintes lois. Quant k ceux qui s'y soustraient, qu'ils conservent, tant qu'ils voudront, les temples du mensonge (2). Nous, nous gardons la splen- dide demeure de la verite, que tu nous asdonneelors de notre naissance (spirituelle) . Et nous souhaitons aux autres de vivre heureux, par I'effet de I'union et de la Concorde de tons (3). » Ces idees paraissent a Constantin si importantes, il en fait tellement la base de sa politique affermie par une derniere et definitive victoire, qu'a la fin de I'edit il les reproduitpresque dans les memes termes : « Que personne ne clierche querelle a un autre A cause de ses opinions. Mais que chacun sc serve de ce qu'il salt pour aider son procbain, et, si cela n'est pas possible, lelaisse enpaix. Car autre chose est d'ac- cepter volontairement le combat pour une croyance immortelle, autre chose de Timposcr par la violence ( 1) Mrioe;; tov extpov r.'xpvioy'uXzo ■ r/.aaxo; oTtsp r, '\i'jyri 3ov),£Tat, touto •/.at TtpaxxsTO). (2) Ta xfj; ^'cyooXoyia; xeixswi. (3) Eusebe, De vita Constanlinl, II, 5G. 330 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). et les supplices. Jai parle plus longuement que le dcssein de ma clemence ne Fexigeait, parce que je lie voulais rieii dissimuler de ma foi, et aiissi parce que plusieurs, me dit-oii, assurent que les rites et les ceremonies de I'erreur, et toiite la puissance des te- iiebres, vont 6tre entierement abolis. C'est cc que i'aurais cerlaincment coiiseille k tous les hommes; uiais, pour leur malheur, Tobstination de I'erreur est encore trop eiiracinee dans I'tYme de quelques- uns (1). )) Ces declarations rassurantes, confirmees par la mo- deration personnelle do I'empereur, par la faveur meme qu'il montrait a plusieurs des plus distingues parmi les paiens, eurent un heureux effet : elles rapproclierent les partisans des deux cultes, et reta- blirent la concorde civile au milieu m6me d'inevi- tables dissidences religieuses. Ecliappes k la reaction qu'ils avaient redoutee, les paiens ne songerent pro- bablement pas a se plaindre des fortes expressions par Icsquelles Femperour temoignait de son aversion persounelle pour leurs rites etleurs croyances : et Coiis- tantin n'eut pas compris qu'on lui demand^t de taire ses preferences iiitimes pour parler le langag-e de rindiHereuce, et trailer avec les memes egards ce (|u'il estimait la v^rite et I'erreur. iMais s'il eprouvait pour celle-ci « ces hainesvigoureuses » que les carac- (1) "OTTsp auvsCou/EUTa dv Tcdiiv avO(jo)7ioi?, el \iri ttj; [j.oyJ)r\odi.i; TtXavviv •yr/yXi £(i7i£Tn^Yct. Eiisi'be, J}e rita CoiislanlJni, II, (iO. LES DERNIEIIS EDITS 1)E 1>AI\ KKLIGIEL'SE. 331 teres indecis et les volontes debiles ne coniiaisscnt plus, il n'avait point de fanatisme contre les per- sonnes : en cela il se montrait superieur a ses prede- cesseurs paiens, superieur a ses propres passions, et vrainient digne de servir d'instrunicnt a la victoire du cliristianisme. FIN. APPENDICE. APPENDICE. LE MARTVRE DE LA LEGION THEBEENNE. I.e marlyro de la legion Thebeenne, au commencement du regne de Diocletien, est un des faits les plus conlro- verses de I'liistoire des persecutions. Tous ceux qui se sont occupes de celte hisloire Tont rencontre sur leur chemin. Quelques-uns ont esquive ses difficultes en le passant tout a fait sous silence. D'autres I'ont nie resolument, et ont rejele parmi les legendes les documents qui le rapportent. Des historiens non moins ab- solus en sens contraire ont accepte ces documents sans examen et accorde a toutes leurs assertions une egale au- torite. II en est enfin (jui, comprenant mieux, selon nous, les devoirs do la critique, ont etudie avec soin la valeur relative des sources, et, apres s'en etre rendu compte, ont tente de replacer dans le cadre historique le plus pro- bable les faits qui leur ont paru devoir etre retenus. Nous avons, dans le premier chapitre de ce livre, essaye de reconstituer ce cadre, et d'y adapter I'episode des Thebeens : lafacilite avec laquellc a pu se faire 1' « adap- tation » nous a ])aru un prejuge ires favorable a la realite de I'episode. Mais nous n'aurions pu , sans inlerrompro 336 APPEXDICE. nos recits par de trop longiies digressions, examiner a ce moment les sources de riiistoire dss Thebeens , discuter les hypotheses presentees a Tencontre de eelle qui nous a paru la plus probable, ou repondre aux objections d'une critique inexacte k force d'etre exigeante. Ge travail de detail a ele forcement rejete du texte et reporte au pre- sent appendice. Sa premiere partie sera consacree al'etude des sources; une seconde partie discutera une hypothese qui place I'histoire des Thebeens a une date selon nous inaccepta- ble ; enfin un dernier paragraphe essaiera de montrer la vanite de certaines objections. Examen critique des sources. Le plus ancien et le plus important des documents est une lettre de saint Eucher, eveque de Lyon dans la pre- miere moitie du cinquieme siecle (435-450) (1). Cette lettre sera diflicilement rangee parmi les compo- (1) Epistola I'Aicherli cplscufji ad Suloium episcopuin, dans lUii- nart. p. 289-'29i. Sur lidcnlitt^ di^ I'aiilcMir do la lellrt' avoc Eucher, (!v6([iio de Lyon, voir Ruinarl, i>. '285, § 1 ; TiWonwnt, lUcJnoires, t. IV, nolo I sur saint Maurice; Moniinscn, Mcinoircs sur les provinces romaincs, traduclion PicdI, p. 3; J.-G. Cazouove, dans Smith, Dic- tionary of clirisfinn biofjraplrif, t. II, p. 257; t. Ill, jt. (ii2. Sur les raisons qui porlenl a dislin^uer rev(^(|iie Salvius, auquel est dediee la hdtre, du ciironoj^raplie Poieinius Siivius, aulenr d'ua laterculus dedie preciseuienl a saini Enciier, voir IMomnisen, I. c. APPENDICE. 337 silions legendaires. L'auteur vivait nioins de cent cinquante ans apres les fails, et les avail appris d'une tradilion orale donl il indique avec soin les divers chainons. Le martyre de sainl Maurice et de ses compagnons lui a ete raconle par des Chretiens qui en avaient eux-memes entendu le recil d'Isaac, eveque de Geneve (1), lequel le lenail de Theodore, eveque d'Oclodure. Ge Theodore est connu : il assista au concile d'Aquiiee, en 381. « II pouvoit, remar- que Tillemont, avoir appris le martyre de sainl Maurice de ceux memes qui en avoienl ete temoins (2). » Theodore occupait le siege d'Oclodure depuis I'an 319 (3) : si Ton suppose qu'il avail quaranle ans au moment de son ele- vation a I'episcopal (4), il serail ne moins de vingt-cinq ans apres la date communement adoptee pour le martyre de la legion Thebeenne, et alors que la persecution de Dioclelien n'elait pas encore finie. G'est bien « un homme du temps passe », vir temporis antcrioris, comme parte saint Eucher (5) : on voit que si, personnellement, ce der- nier est separe par un siecle et demi de I'evenement qu'il raconle, cependanl son lemoignage se relie, d'anneau en anneau, a cehii des contemporains. La tradition qu'il rap- (1) Enlre 389 et jn'obablement 415. (2) Tillemont, Mcmoires, t. IV, art. sur saint Maurice et les autres martyrs de la legion Tliebeenne. (3) Voir Ulysse Chevalier. Repertoire des sources historiques du inoyen I'lge, bio-bibliogra[>hie, p. 2173. (4) Les CoHstilutions aposloJiques (II, i) fixenl a cinquante ans le minimum ddge pour I'election episcojiale. Dans la ])ratique. on se (■ontentaitgen(^ralement de trenteans(conciles de Neocesaree, d'Arles, d'Agde, d'Orleans, etc.); cependant, les pa|)es Sirice (38i-398) et Zo- sinie (417-418) exigent (luarante-cinq ans. \Mr ?>m\{\\, DUlionanj of christian antiquities, I. I, p. 219; Kraus, Itetil-Lncijldopddic der christlichen Mterthiuner, t. I, p. 1()5. (5) Epistola Euchcrii, procemiuin ; dans Ruinart, p. 286. V. 22 338 APPENDICE. porle n'a point siibi d'interriiption. Per succedentimn rela- tionem ret geatx memoriam nondum intercepit oblivio, dit-il justement (1). Tel est le caractere de la letlre de saint Euclier sur la legion Thebeennc, Elle reproduit une tradition conservee dans la memoire des homnies, et Iransmise de bouche en bouche pendant un siecle et demi. L'eveque de Lyon ne parait point avoir eu sous les yeux une Passion ecrite. G'est par le recit oral et la visite des lieux qu'il a ete ren- seigne. Aussi reconnait-on aisement la nature et la valeur de son ouvrage, et se rend-on meme compte de la ma- niere dont il I'a compose. La lettre de saint luicher ne peut etre comparee aux relations originales ecrites soit par des temoins oculaires, soit d'apres des pieces au- thentiques. Mais elle ne doit pas non plus etre confondue avec ces compositions legendaires, dans lesquelles la ve- rile historique peut etre a grand'peine degagee des in- ventions et des fables, et quelquefois meme disparait completement. De nombreux documents hagiographiques tiennent honorablement une place intermediaire entre ces deux extremes. Composees un ou deux siecles apres la paix de I'Eglise, alors que les traditions restaient vivantes et que les monuments eleves sur les tombes des martyrs etaient encore dcbout, les pieces dont nous parlous gar- dent un fond de sincerite qu'il serait injuste de meconnai- tre; clles laissent voir cependant le travail personnel de I'auleur, s'eflbrrant de coml>ler par ses conjectures et d'a- pres les idees de son epoque les vides que le temps a ddja fails dans les documents ou les traditions que sa plume essaie de rcstitucr. (Ij l^plslold lAiclicrii, inoii'iiiiuin ; dans Ruiiiaii, p. 28'.t. APPENDICE. ;{:J9 Ces caraclorcs se retrouvent dans la leltrc de saint Eucher. Quand le venerable ecrivain se senlit presse de celebrer la memoire des martyrs, la basilique elevee siir le lieu de leur supplice et de leur sepulture par Teveque Theo- dore (l)etait encore adossee aux rochers d'Agaune (2) ; les pelerins accouraient de tous les pays pour la visiter (3 1 ; on admirait les ofTrandes d'or ou d'argent que leur piete y avait laissees (4); on racontait avec emotion les miracles qui s'y operaient tous les jours par Tintercession des saints (5). Peut-etre quelque peinture, qiielque inscrip- tion celebrait-elle la memoire des heroiques soldats im- moles pour le Christ : Eucher ne le dit pas, mais de nom- breux exemples permettent de le supposer. II me parait probable aussi que la, comme ailleurs, soit les pretres du lieu, soit ['xdiluua, racontaient aux visiteurs I'histoire des martyrs (6). Apparemment saint Eucher fait allusion a ces pieux « ciceroni » quand il dit : « J'ai demande la verile sur ccs faits a des honimes capables de me Taf)- prendre, » ab idoncis auctoribus rci ipshis veritatem qux- sivi (7). On pent admettre aussi que des homelies avaient ete prononcees en I'honneur des saints dans la basilique, as- sez receniment par saint Isaac, eveque de Geneve, plus anciennement par le fondateur du sanctuaire, I'instaura- teur du culle des martyrs d'Agaune, saint Theodore : (1) La basilique fut dediee on 332. (2) F.p. Eiicherii, 7; Riiinait, p. 293. (3) Ibid., prod'iaiuni; Riiinart, p. 289. ('i) Ibid. (5) Ibid., 7, 8; p. 293-294. (6) Cf. Prudence, Peri Slepliniidii, l.\, 17. (7) Kpistolal'.uchcrii, piooeiniuin ; lUiinart. |). 28',*. — Cf. : ^Idiluus consuilus ait, dans Prudence, Z. r. 340 APPENDICE. de la etait descendue la tradition dont les desservants dii cinquieme siecle faisaient entendre le dernier echo aux ,pelerins. Saint Eucher est un de ces pelerins, le plus pieiix, le plus intelligent, le plus sincere, aisement le mieux informe : on est force de reconnaitre un fond historique dans le recit recueilli, controle et redige par lui. Cependant, quand on sait combien sommaires etaient les peintures historiques tracees par les artistes du quatrieme ou du cinquieme siecle dans les sanctuaires des martyrs (1) ; quand on se rappelle le langage a la fois concis et vague grave a cette epoque sur les tombes, et dont saint Damase, a Romq, a laisse tant d'exemples (2) ; quand on a lu les homelies, si riches d'eloquence, mais si pauvres de fails, par lesquelles les plus grands orateurs d'Orient ou d'Oc- cident, les Baslle, les Chrysoslome, les Augustin, les Maxime de Turin, ont celebre la memoire des martyrs (3), on comprend que saint Eucher, meine s'il lui fut donne de puiser a des sources analogues, put n'etre renseigne que d'une maniere fort incomplete. Rappelons-nous Pru- dence visitant a Rome la crypte de saint Hippolyte, voyant peinte sur la muraille la representation du supplice, li- sant au-dessus du sepulcre un poeme epigraphique de saint Damase, recueillant avidement les traditions orales, (1) Sur cos |icinUiros, voir les Dcrnieres Pcrsernlions du troisicmc sU'clc, a])pcn(]i-333. A cclles qui y sonl cilecs onl doil ajou- tcr une frosquc do la fin du qnatiionie siecle, decouvcitc au inois dc novembre 18«7, lors des belles fouilles execulecs par le P. Gcrmano sous I'eglisc des SS. Jean ct Paul, au Celius. (2) Voir Slornajolo, Osservazioiii Iclterdric c filoJodiche sxigli epi' (jraminl DmiiasUiiii, dans les Stiidi c Donnnenli di Storia e Dirilto, i'"- I'asciculc ISHG. (3) Consullcr, par excinple, Uuinart, p. 507, 532, 5'i3, 565, 5"5, 599, 027. APPENDICE. 3il ct songeons aiix. obscurites, peut-elre aux confusions dont, nialgre lant de moyens d'information, il a rempli riiymne XI du Peri Stephandn (Ij. Quand on lit altenlivement Ja longue letlre de saint Eucher, on se rend assez facilement compte des points sur lesquels dut porter le recit qui lui fiit fait, et des ad- ditions qu'il se crut le droit d'y joindre en composant son ouvrage. Ce qui constitue la frame, la substance de sa narration : la presence d'une legion chretienne a Agaune, son refiis d'obeir a iin comniandement de Maximien con- traire a la foi et a la conscience, I'urdre donne par le tyran de la decimer deux fois, puis de la massacrer tout entiere, Fheroisme des soldats Chretiens se laissant im- moler sans resistance, lui fut evidemment raconte, et peut-etre lui fit-on lire sur quelque marbre les noms des ofTiciers Maurice, Exupere et Gandide, seuls con- serves, avec celui du veteran Victor, entre tant d'autres noms effaces de la memoire des hommes, mais ins- crits au livre de vie. Ge qu'Eucher dut ajouter de lui-meme pour donner un corps au recit et en faire ce qu'il est vrai- ment, uneoeuvre litteraire, se reconnaitsans peine. Relater brievement, en style de proces-verbal, a la fa^on des pieces anciennes et authentiques, le trepas des martyrs, ne saurait suffire a I'ecrivain du cinquieme siecle : il lui faut placer sa narration dans un cadre historique, I'en- tourer de circonstances qui I'expliquent et la rendent vraisemblable, lui communiquer le mouvement et la vie. De la, au paragraphe 2, le rapide tableau de la persecu- tion de Diocletien, et le portrait de Maximien Hercule (1) Voir les JJernieres Persecutions dti froisienie sicclc, AppeadUc F, p. 353 et suivantes. 342 APPENDICE. represenle comme un monstre altere de sang chretien, au point de faire venir des troupes en Gaule non pour combattre les Barbares ou les revoltes, mais pour mar- cher conlre les Chretiens (1). De la encore, au paragra- phe 4 (2), la tres heureuse imitation du procede habituel aux historiens antiques, qui ne craignent pas de preter des discours ou des messages a leurs heros, en se preoc- cupant moins de I'exactitude litterale des paroles que de leur verite morale. Qui voudrait retrancher de tels mor- ceaux de I'oeuvre dun Tite-Live, d'un Salluste ou d'un Ta- cite? Personne, assurement, ne se resignerait davantage a efi'acer de la lettre de saint Euclier le message qu'il prete a la legion Thebeenne repoussant les dernieres som- mations de Maximien. Ce morceau a eteevidemment com- pose dans le silence du cabinet, par un ecrivain familier avec toutes lesressources de la rhetorique ; mais il exprime admirablement les sentiments de soldats Chretiens qui veulent etre fideles, tout ensemble, a leur Dieu et a leur empereur, et se laissent egorger les armes a la main plu- tAt que de desobeir au premier et de resister au second. C'est de Thistoire, siriiistoireconsiste, comme le croyaient les anciens, k exprimer, sous une forme dramatique et vivante, les sentiments dont les heros furent animes. On voit, par ccs deux exemples, la nattu^e des additions i'aites par saint luicher au recit primifif. Peu d'auteurs de Passions se sont montres aussi discrets. Gombien d'e- crivains, dans le meme temps que liii, out suppose des circonstances merveilleuses, prete aux martyrs et aux persecuteurs de longues et invraisemblables rontroverses, (1) lUiinait, p. 2. 1.j4. (5) Eusi'be, De laud. Consf., 17. (6) La r.'^iou de la Suisse ou se trouvent Octodure (Martignv) et ARaunc (Saint-Maurice) appartenait, au troisicme siecle, a la i)rovince ^lauloise des Alpes Graiee ou Ceutronicie, plus tard Atraclian.'c et P(e- nina}; apres la reorganisation administralive de Diocletien, en 297, cette region fut comprise dans la province des Alpes Grai.e et Poe- ninae, une des huit provinces composant la Diiecesis Galliarum. Voir Mommsen, Mcmoires sur les prnvinces roiiKiiaes, p. 45; Desjardins, Ge'ogrfipliie liisloriqiie de la flaiile rontcdne, t. HI, p. 32'i-331, 435, 402-463, pi. .\VI, Xl.\. 346 APPENDICE. qui lui etait subordonne; on I'y voit venir en :29i, pen- dant que Constance fait la guerre aux Francs, et en 29G, ]ors de I'expedition de Constance en Angleterre. Mais a cette epoque il n'y avait pas de persecution generale, et il ne pouvait elre question de chatier une legion pour avoir refuse de marcher contre les Chretiens. Cela n'eiit pu se produire qu'apres 303 ; or, apres 303, Maximien Hercule ne parait pas elre vcnu en Gaule, au moins avec I'autorite necessaire pour persecuter. En 303, il est a Rome ; il passe I'annee 304 en Italic ; au commencement de 305, il abdique a Milan. A la fin de 300 seulement, il reprend a Rome le titre d'empereur. En 307, Maximien va, il est vrai , deux fois en Gaule , mais c'est d'abord pour les fetes pacifiques des noces de sa fille avec le Cesar Constantin, ensuite pour demander secours a son gendre contre son fils qui I'a chasse de Rome. En 308, il retourne en Gaule pour abdiquer de nouveau , puis, regrettant cette resolution , cherche a soulever des troupes contre Constantin, qui s'empare delui et I'oblige a quitter definitivement la pour- pre. On voit qu'a aucun moment posterieur a 303 et a I'ouverture de la persecution generale, iNIaximien Hercule n'eut en Gaule le pouvoir ou I'occasion de meltre a mort des Chretiens, et de troubler la paix religieuse que la douceur et la fermcle de Constance Chlore avaient su maintonir dans ce i>ays p(Midant (jue tousles autres etaient on proie a la persecution. C'est done en dehors de la grand(! pcrs(';cution, avaiit 303, et meme antcricurement a 202, date de I'etablissc- ment de la letrarchie, qu'il faut placer le marlyre de la legion Thebecnnc. Prccisement, de nombreux documents hagiographiques fonl allusion a une pers(5cntion partielle, suscitee dans la Gaide par Maximien Hercule, apres qu'il APPENDICE. Ml fut devenu le collegue de Diocletien , vers I'annee iiSO et les annees suivantes. Celte epoque pourrait convenir a I'episode que nous eludions. Cependant on s'expliquera mal, en dehors d'une persecution generale ordonnee par edit et dechainee dans tout I'empire, un fait aussi consi- derable et aussi exceptionnel que le massacre d'une legion entiere. On est conduit a soupconner quelque circonstance tout a fait particuliere , sans laquelle un lei acte serait inadmissible. Celle-ci est indiquee dans une Passion pos- terieure d'environ deux siecles a la lottre de saint Kucher, niais qui, ecrite par un religieux du monastere de Saint- Maurice (1), peut s'appuyer soit sur une tradition locale inconnue de I'eveque de Lyon, soit sur un document qui aurait echappe a ses recherches. Cette Passion , publiee par Surius au 22 septembre, dit que Diocletien, ayant pris Maximien pour collegue, I'envoya en Gaule combattre la rebellion des Bagaudes; qu'il fit venir d'Orient la legion Thebeenne pour prendre part a I'expedition ; et que Maxi- mien fit massacrer celle-ci en entrant avec elle dans les Gaules (2). Quelle fut la cause du massacre? Sur quel ]ioint avait porte le refus d'obeissance qui alluma la co- lere du tyran ? Ici, I'auteur de la Passion parait s'egarer a son tour. II a deja commis une erreur manifeste en rap- portant que la legion, Iraversant Rome pour rejoindre I'armee de Maximien, y fut accueillie par le pape Marcel- lin (3), dont le pontifical commence seulement dix ans plus tard (i\ II se trompe probablement encore en disant (1) Voir Tillemont, Memoires, l. IV, note i sur saint Maurice. {1) Passio, 1. 2, dans Surius, Vilic .S.S., t. 1\, p. 221. Cetle Passion a ete reproduile jtar .\r. Hernard de ^lonlimUan, Saint Moui ice et l(( legion Thebeenne, appendice .\, t. II, p. .376-.388. Paris, 1888. (3) Pctssio, 1. (4) 30juin 21)6. Voir Duchesne, Ic LH>er Pontificalis, 1. 1, p. ccxi.vut. 348 APPENDICE. que Maximien , s'etant arrete a Octodure, assembla ses troupes non seulement pour leur faire celebrer des sacri- fices profanes, mais encore pour leur faire jurer de com- battre contre les Bagaudes et de poursuivre les clireliens comme ennemis des dieux (1). On ne comprend pas que I'empereur ait pa demander ce dernier serment, en un temps oil la persecution n'etait pas encore ouverte. Quant au premier, j'ai indique ailleurs (2) ce qu'on en pent pen- ser, et dans quelle mesure pent etre retenue I'assertion du passionnaire. Je me bornerai done ici a noter I'indi- cation chronologique tres precise el tres vraisemblable qu'il donne. Elle resout vraiment les difficultes que laissait subsister le recit de saint Eucher, et, comme I'a montre le premier chapitre de ce livre, s'encadre exactement dans Thistoire generale. Si Ton veut que le moine du septieme siecle I'ait tiree de son propre fonds, il faut lui attribuer un sens critique bien rare dans ce temps, et qui fait defaut en d'autres parlies de son onvrage. Aussi me parait-il beaucoup plus vraisemblable d'admellre que cet ecrivain de basse epoque a emprunle un aussi precieux detail a des memoires plus anciens, dans lesquels la tradition vraie avait ele conservee. II. Discussion d'une hypothese. Gependant une autre liypothese a ele proposee pour expliquer le marlyre de la legion Thebeenne. Plusieurs fl) Passio, 'I. (2) Voir loiiie I"', \k ')>.\. APPENDICE. 3i9 erudits ont rejele I'allusion a la guerre des Bagandes, faite par le nioine de Saint-Maurice, et place quelques an- nees plus tard le sanglant episode. Voici le resume de leur systeme, d'apres recrivain qui I'a expose le dernier, avec autant de clarte ([ue de science (1). Constance Ghlore, qui gouvernait les Gaules en qualite de Cesar, sous la suzerainete de Maximien Hercule, s'ctant embarqu^, en 302, pour la Bretagne, oil il allait chiitier I'usurpateur Alectus, Hercule vint pendant son absence garder contre les Barbares la ligne du llhin. Six legions Thebeennes, c'est-a-dire levees dans la Thebaide, exis- taient alors : trois d'entre elles etaient en Occident, Tune, la Prima Diocletiana Thebivorum, en Italic, ou elle venait de defendre Aquilee contre les Quades, deux autres, la Secunda et la Tertia Maximiana Thebxorum , en Germanic avec Hercule. Le retour de Constance victorieux permit a Hercule de quitter la Germanie pour alter en Afrique combaltre les Maures revoltes. Une loi signee par lui a Cologne le 5 aout 302 (2), une autre loi promulguee a Brindes le 1" novembre de la meme annee (3), marquent les deux termes extremes de la route qui le conduisit, ac- compagne de la Secunda Maximiana Thebseorum., des bords du Rhin a la Mediterranee , en passant par les Alpes Pen- nines. C'est au milieu de ce voyage, le 22 septembre, qu'eut lieu le massacre des Thebeens, c'est-a-dire des sol- dats de la legion Secunda Maximiana Thebxorum. Ce massacre cut pour cause le refus de ces soldats cbrctiens (1) Voir Saint Maurice et la Icf/ion T/tcbcenue, \>a.v M. le clia- noine Ducis, archiviste de la llautc-Savoie. Annecy, 1887. (2) Code Justinien, \, xii, 21. (3) Code Justinien, Y, xvi, 23. 350 APPEXDICE. de prendre pari k un sacrifice, et n'est, en realite, (ju'un episode de la persecution speciale contre les Chretiens de I'armee, ordonnee par Dioclelien en 302, im an avant la persecution generale. Les deux autres legions Thebeennes qui se trouvaient en Occident ne furent pas epargnees : Rictius Varus fit tuer beaucoup de soldats chretiens de celle cfui etait restee en Germanic , pendant que, traver- sant ritalie, Maximien llercule mettait a mort des soldats de celle qui etait canlonnee dans la peninsule. Ainsi s'explique comment, sur six legions Thebeenncs qui fu- rent vraisemblablement levees par Diocletien et Maximien dans la Thebaide vers 292 on 29B, la ISotUia Dignitatum du cinquieme siecle nomme seulement la Tertia Diode- liana Tkeboporum, campee en Thrace (1), une autre Dio- cletiana Thebaidos, campee en Egypte ou en Thebaide (2), et la Prima Maximiana Tht'bxorum, aussi canlonnee en Thrace (3) : la Secunda Maxiniiana avail entierement peri dans le massacre d'Agaune; les deux autres, la Tertia Maximiana, perseculee en Germanic , et la Prima Diocle- fiana, Ires eprouvee en Ilalie, netaient plus representees (pie par deux corps de Thebxi ser\an[, d'a-iirbslsi Notitia, en Italic et sur le Rliin (-4). Ge systeme est ingenieux et , a premiere vue, se tient bien; mais, a qui regardera de pres, la solidite du faisceau semblera plus apparente que reelle. De ce que la Notitia du cinquieme siecle nomme une Tertia Diocletiana The- bxorum, une autre Diocletiana Thebaidos , el une Prima Maximiana Thebivorum, on deduitrexislence de six legions (1) NolMia Digiiitdlinii, (Jr., Vll, -i. (2) //«>/., XXV, r,; cl". XXVllI, 8. (3) Ibid., VII, 3. (■i) Notilia JJignilaluni, Ocdd., VII, 27; V, 10. APPENDICK. 351 levees par Ics deux Augustes en Thebaide, et Ton tire de la disparition de trois d'entre elles Ics consequences que nous avons indiquces. Mais Texistence de ces trois der- nieres legions, qui ne sent nommees nulle part, ne resulte aucunement de la Notilia. 11 peut y avoir eu une Prima Maximiana 7'hebxorum, commc elle I'indique, sans qu'il y eiiteunecessairement une5me 700 bommes; voir Zosime, V, 45; Ainmien Marcellin, XVII, 9, 3; XIX, 2, 14; XXVII, 12, 1«; cf. Tillemont. Ilis- toire (les Empereurs, t. V^ p. 582; Duruy, Ilisloire des Koinains, APPENDICE. 357 les Thebeens formaient, non une legion enliere, mais une simple vexillalio, on plus probablement une cohorte auxiliaire de quelques centaines d'hommes (1), I'acte du tyran s'explique plus aisement encore. LesRomains, d'ail- leurs, ne menagerent jamais le sang de leurs soldats (2), et moins encore a une epoque oii les legions elles-memes se recrutaient en grande partie par mi les Barbares (3). J'arrive a une objection plus specieuse. Elle est tiree « du silence d'Eusebe et de Laclance, deux contempo- rains, de saint Ambroise, de Sulpice Severe, d'Orose, etc. (4) ». G'est I'argument negatif, argumentum e silentio. Sur sa valeur theorique et les conditions qui permet- tent soit de le recevoir, soit de le rejeter, selon les cas, je renverrai a d'excellents chapitres du P. de Smedt t. VI J, p. 198, note 1; Marquaidl, Mm. Staatsverwaltung , t. II, p. 588. (1) Sur le noinbre d'hommes que coinpienaienl les cohortes auxi- liaires, voir Marquardt, p. 455. (2) Sous I'Empire, I'armee romaiiie, en y comprenanl les troupes auxiliaires, complait environ un soldat sur Irois conis habitants. Voir Fustel de Coulanges, Ilistoire des institutions politiqucs de r««- cienne France, t. I, p. 183. (3) Aux exemples de tueries en masse cites dans ce paragraphe, nous pourrions en ajouter d'aiitros a|)partenant aux temps modernes; ainsi, en juin 1826, quatre mille janissaires furent massacres a Constanti- nople par ordre du sultan. Que scrail-ce si nous ouvrions nos pro- pres annales, pour consuiter I'histoire dela Revolution francaise! plus de dix mille homines fusiiles en Maine-et-Loire apres la defaite des Vendeens, plusieurs milliers de personnes de tout dge et de tout sexe noyees par Carrier a Nantes, les mitraillades el les fusillades qui sui- virent la prise de Toulon et de Lyon, les massacres de Quiberon (voir "Wallon, les Representants da peuplc en mission et la Justice re'volu- iionnaire dans les departements, t. I, p. 220, 271, 311, 312, 315, 33i- 335, 416, 419-420; t. Ill, p. 68, 137-141, 168: Forneron, Histoire des emigres, t. II, p. 1I8). Sans doute tous ces condamnes nelaient pas mis a mort en un seul jour; mais plusieurs centaines perirent souvent a la fois. (4) Duruy, Ilistoire des Roviains, t. VI, p. 538, note 6. 358 APPENDICE. dans son Inti^oductio ad historiam ecclesiaslicam critice tractandam (1) et dans ses Principes de la critique histo- rique (:2). Les regies posees par le docte et prudent Bol- landiste se resument a celle-ci, que le bon sens suffirait a indiquer : Quand un fait est rapporte seulement par des ecrivains posterieurs, et que nul des historiens contem- porains n'en parte, le silence de ces derniers formera contre lui une presomption , pourvu que ceux-ci , on n'aient pu ignorer le fait, ou n'aient pu, s'ils I'avaient connu , se dispenser de le citer dans leurs ouvrages. Le principe elant ainsi pose , voyons quelle application en devra etre faite a Tepisode des Thebeens. On pourrait, d'un mot, ecarler toute discussion, et re- jeter a priori tout emploi, dans Fespece, de I'argument negatif. Car si le premier qui rapporte le martyre des Thebeens est unecrivaindelapremiere moitie du cinquieme siecle, c'est-a-dire poslerieur de plus de cent ans au fait (pi'il raconle, son temoignage suppose, cependant, que le fait lui-meme elait depuis longtemps connu. C'est en vi- sitant une basilique conslruite sur le lieu du marlyre, frequenteepar une multitude de pelerins, enrichie de leurs dons, celebre par de nombreux miracles (3), qu'Eucher a rccueilli le recit qu'il nous transmet. La tradition etail done deja florissanle, altestee par des monuments, el pour ainsi dire enracinee dans le sol. Par consequent, elle est bien anterieure a Kucher, et la distance qui separe (1) Inlroductio generalis ad historiam ecclesiaslicam critice trac- tandam, p. 29-32. (2) Principes de la critique hislorique, p. 21;]-237. (3) Saint Euclicr, Jipislola, 7, 8, raconle en detail deux dc ces mira- cles, dont le dernier, qui seuible scire |iasse de son temps, monlre (|u'uiie liolellerie, (iiversorium, avail ete conslruite [)res de la basili- (jue pour reccvoir les pelerins. Voir lUiinarl, p. 29i. APPENDICE. 359 son temoignage tlu fait auquel il s'applique doit etre no- tablement diminuee. Ce n'est pas le raisonnement seul qui conduit a cette conclusion : saint Eucher cite trois temoins successiCs, par lesquels la tradition (]u"il resume est venue jusqu'a lui : il produit ainsi, comme nous Ta- vons montre, une chaine de temoignages remontant, ou peu s'en faut, jusqu'au fait lui-meme. Que faut-il, cependant, penser du silence des ecrivains contemporains? Gommencons par eliminer la plupart de ceux que cite M. Duruy, et qui ne sauraient pretendre a ce titre. Saint Ambroise mourut en 397 ; il est anterieur d'un demi-siecle seulement a saint Eucher. Sulpice Severe composa son Histoire sacree vers 400, Orose, son Histoire nniverselle en 417 : ils sont presque contemporains d'Eu- cher, qui mourut en 450. Separes de lui par si peu d'an- nees, leur silence ne saurait, en bonne critique, prevaloir contre son affirmation. On cherche, d'ailleurs, pourquoi saint Ambroise, qui n'a point ecrit sur les persecuteurs et les persecutions, qui n'a jamais parle des martyrs qu'in- cidemment et par occasion (1), aurait fait une allusion quelconque aux Tbebeens, etrangers a son Eglise de Milan, alaquellenelesrattachait aucun souvenir (2). (Juant a Sul- pice Severe et Orose , ce sont bien , eux , des historiens ; mais le recit d'un fait accidentel, arrive hors des temps (1) C'est ainsi que saint Aniliroisc parle des saints Gervais et Protais, a projios dc I'invcntion de leurs reliqiics, dans VEpltre 22 a sa soeur Marceliine; dc saint Sixtc et dc saint Laurent dans son tiaile des Dc. roirs, I, 61 ; de sainle Sotcre dans VExhorlalioii a la 'Virginitc, 12 , et dans le livre des Vierges, III, 0; de sainte Agnes dans ce dernier ouviage, I, 2. (2)Sauf celnidesaint Alexandre etdc ses quatre coinpagnons, empri- sonnes a Milan avant d'etre dccapiles a Come et a Bcrganie; niais la . 456). (3) Tacitt', Ann., XV, 22. (i) Id., Hist., 1, 2;cf. Ann., IV, G7. On nc volt niiyino pas clairement si cette i)iiiase fait allusion a la cataslio|iho de 79 ou au Ucinbleinenl de Icne qui renversa cu G4 une parlie de Pompei (cf. Seneque, ISat. Quxst., VI, ij. (5) Slace, l\ Silv., iv, 78-81. (6) Plulai(iue, De sera ^'uiii. rinil., i2. (7) Dion Cassius, Jlist. rom., LXVl, 23. 364 ' APPENDICE. pres desquelles les erreurs oii tomba sainl Eucher sont vraiment insignifiantes (1). « Je n'hesite pas k le dire , ecrit un celebre geologue, si les villes ensevelies n'avaient pas ele decouvertes, les relations de leur fin tragique au- raient certainement ete mises en doute par les modernes, a cause du caractere vague et general des unes, dela date tardive des autres (2). » Un tel exemple devrait nous rendre fort reserves dans I'emploi de rargument negatif. (1) Ainsi, Dion (Xiphilin) parlo de ligiircs gigaiitesques qui apparuient au sommet du Vesuve, et raconle que la poi)ulatioii des deux villes fut ensevelie pendant quelle etait au Ihedtre, fait absolument dementi par les foulljes. (2) Lyell, Principles of geology, book II, pari. IF, chap, ii; Lon- dres, 1835. Cf. Bunibury, art. Pompeii, dans Smith, Dictionary of greek and roman geography . KIN DE L APPENDICE. INDEX ALPHABETIQUE DES PRLNCIPAUX NOMS DE PERSONNES ET DE LIEUX APPARTENAIS'T AUX CINQ PREMIERS SIECLES CONTENIJS DANS LHISTOIRE DES PERSECUTIONS OBSERVATIONS GENERALES. 1" Vllistoire des persecutions pendant les deux premiers siecles est indi- (|Uoe romiiic le tome I ; I'Hisloire des persecutions pendant la premiere moiliedu troisictne siecle, coiumc le tome II; les Dernieres Persecutions ilu Iroisiemc sicclc, comme le tome III ; les deux volumes sur la Perse- cution de Diocletien, comme les tomes IV et V. 2" Les noms de martyrs et de confesseurs sont iinprimes en Icttres ca- l)ilales. :$" Les pages les plus importantcs sont marquees en cliifTrcs gras. AAnoN, martyr a Caerleon sousMaxi- mien Hercule, t. IV, p. 41. Abbir Germaniana, ville de I'Afrique proconsulaire, t. HI, p. 77. Addon, martyr a Rome sous Doce, t. II, p. 295-297. Ahercius, evcque d'Hierapolis, t. 1. p. 418. Abgar VIII, roi de I'Osrlioene, t. I, p. 448; t. II, p. 144, 1 45, 101. Abgar IX, t. II, p. lei. Abgar, contemiioraindeGordien 111, t. II, p. ICl. Abide, diacre, martjr en Mesopota- mie sous Licinius, t. V, p. 301. Abilene, villc! de I'Afrique procoii sulaire, I. IV, p. 192, 2(jO, 261, 202, 263, 266. Abonotiquc, ville du Pont, t. I, p. 339. Adixd.vntils, diacre, martyr a Riibr;u sous Ma\imien Hercule, t. IV, j). 372-375. AiiiNDius, ]u(Hre, id., t. IV, p. 372- 375. AcvcE, coiifesscur a Antioclic de I'i- sidie sous Dece, t. II, p. iv, ix, 412-4:19, 497. AcACE, centurion, martyr a Byzance sous Diocletien, I. V, p. 37. 366 INDEX ALPHABETIQUE. AcACE, soldat, niart> r a Scbaste sous I.icinius, t. V, ji. 30S. Achaie, t. I, p. 3:;; t. II, p. 300; t. Ill, p. 143, 174. Achoe, juge du martyr Maiimis, t. III, p. 180. AcHiLLKE, martyr a Terracinc sous Trajan, t. I, p. 3't, 164-169; t. II, p. 293; t.. Ill, p. 333; t. IV, p. ix, XV, xviu. AciHi.LEE, martyr a Valence dans les Gaules, sous Caracalla, t. II, ji. 168. AciMus Gladiuo, consul, marlyr a Home sous Domitien, t. I, p. 110- 112; t. IV, p. X, XXV. AciscLUs, martyr a Cordoue sous Maximien Herculc, t. IV, p. 442. AcLCius, martyr a Pouzzoles sous Maximien Hercule, t. IV, p. 406. Adauctus, intendant des finances, martyr en Plirygie sous Diocle- tian, t. IV, p. 57 ;t. V, p. 8. Adiabene, t.lll, p. -ivi. Adonis, t. I, p. 263. Adriatique, t. V, p. 230. Adrien (voir Hadricn). Adventok, soldat, martyr a Turin, t. IV, p. 132. Aetil's, soldat, inart\r a Sebaste sous Licinius, t. V, j). 308. AlTius Cajcilianus, duumvir d'Ap- tonge, t. IV, p. 200. Afka, martyrc a Brescia sous lla- (Irien, t. I, p. 203. Akiia, martyre a Augsbourg sous Maximien Hercule, t. IV, \). 420- 425. Alricanus, jurisconsultc, t. II, p. 180. Afrique proconsulaire, t. I, p. 307. 430-430, 4'ti; t. II, ]). 37, ril-f;3, 83- 13i, 10HG8, 310-3V7; t. Ill, p. C, !)-10, 14-18, 23-2."i, 28, 47, 55-00, 70- 77, 107 120; I. IV, p. 03, 90-107, 200-21(1, 200-271, 432-437. Agape, martyr a Rome sous Ha- dricn, t. I, p. 2-21, 223-224. Ac.APE, martyrc a Thcssaloniquc sous Galerc, t. IV, p. 278-281. Agape, soldat, martyr a Scbaste sous Mcinius, t. V, p. 307. AOAPiTus, diacrc, martyr a Romc^ sous Valericn. t. I, p. 211, 212, 302; t. Ill, p. 87,319. Agapit, martyr a Prcneste sous Aurclicn, t. Ill, p. 244, 245-246. AcAPius, cveque, martyr en Numidic sous Valericn, t. Ill, p. 131, 133. Agapius, martyr a Cesaree sous Maximin Daia, t. IV, p. 341 ; t. V, p. 73-75. Agapks, martyr a Cesaree sous Dio- cletien, t. V, p. 9. Agatue, martyre a Catane sous Dcce, i. II, p. 301. A(;ATnoN, martyr ou confesseur a Thcssaloniquc sous Galerc, t. IV, p. 278, 279. 281, 285. Agatuomce, martyrc a Pcrgamesous Dcce, t. II. |). IV, 398-402; I. IV, p. XXXV. Agathope, marlyr a Gr a Holognc sous Maximien Hercule, I. IV, (t. 412. INDEX ALPHABETIQUE. 36: AsrigciUc, \illc do Sicile, t. IV, [). 210. Agiii)i)a, I. I, p. i. Asrii)|)iiie, fomnie dc Ccrnianicus, t. I, p. 107. Agrippinc, mere de Nctdii, t. I, p. 2!», :J9, 145, 23-2. Aix, t. Ill, p. 132, 391. Alains, t. II, p. 103. Ai.DAN. martyr a Vcrulam sous Ma\i- micn Hercule, t. IV, p. 40-41. Albe (ou Albano), t. I, p. 77. no. 220; t. II, J). 263; t. Ill, p. 338; t. IV, p. 132; t. V, 1). 203. Albinus, compctitcur do Seplimc Severe, t. I, p. xxi, 130; t. 11, p. l!t, 22, 23, 2 i, 23, 20, 31, il, 43, 153. Alee, t. I, p. 302. Aleelns.'lyraa de la Bretaiiiie, I, IV. p. 41, 91. Alemans, I. HI, p. 118, I9:i, 23'i, 2(i0. 378; t. IV, p. 41, !i|, Alexamenc, t. II, |). 21. Alexandka, martyre a Aiie\re sons Diocletian, t. IV, p. 325-329. Alexandiie, martyr ;i Home smis Ha- drieii, t.I. p. 347,358, 359. 360; t. Ill, p.31(i; t. IV, p, i\, Alexaxdp.e, med(M'iii, iiiarl\ r a Lvoii sous Marc Aurele, t. I, p. 407. 408. Alexandue. martyr a I.xnii sous .Marc Aurele, t. I, |). 413-414. Ar.EXAXDRE, cliarbounier, eveque et marlyr a Coniaue, t. II, p. 410. Ai.EXANDUE, eveque de Jerusalem, martyr ii Cesaree sous Dece. t. II. p. 72, 142. 428, 429, 131; t, IV, p. XXIV. Ai.EXANDUE, martvr a Apamee sous Septimc Severe, t. II. p. 140. Ai.EXANDUE, martyr a Cesaree sous Valerien,,t. Ill, p. 135. Ai.EXANDUE, eveque, martyr a liac- cano sous Caracalla, t. II, p. 160. Alexandue, soldat, martyr a. Marseille sous Maximicn Hercule, t. IV, p. 47-48. Alexandre, soldat. martyra Bergame sous Masimien Hercule. t. IV, p. 132; t. V, p. .359. Alexandre, mart>r enleire dans le cimetiere Ostrien, t. IV, p. 3!)7. Alexandre, Egyplien, martyr a Ce- saree sous Diocletien, t. V, jt, 8- 9. Alexandre, de Gaza, id., t. V. p. 8-9. Alexandre, soldat, martyr a Sebaste sous I.icinius, t. V, p. 308. Alexandre d'Abouoti(|ue, t.I, p,338- 339, 3Gi; t. II, p. til : t. IV, p. 13; t. V, p. 17 4. Alexandre, Ills d'Herodc, t. I, j). 11, Alexandre Severe, empereur, t, I, p. XXX. XXXIV. 101, 307, 423; t, II, p. 1. 172, 175-178, 180,183-187. 188, 189, 190, 193, 193, 201, 202. 203, 203, 207, 211, 218, 219, 228, 237; t. Ill, p. 49, 82, 228 ; t. IV, p. xxii, 80, Alexandre, tyran de rAfri((ue, t. V, p. 110, 112, 203, 228. Alexandrie,t. I, p. x, 7(i, 8i, 237, 319. 4i8 : t. II, p. 3i, 07-78, I iO, 201, 203, 2.'i0-2.32, 2.'a. 270. 351-353, 334. 3,39, 301-303, 303-.307, .308, 371, 389, 392, 428, 429, 432; t. Ill, p. 8, 11. 03-07,08, 131, 178-179, 182. 181-187, 191 ; t. IV, p. XXX. 199, 3i0-3.30 ; t. V, p. 31-33, 30-38, 102-109, 191, 192. Alexius, confesseur a Home sous Dece, t. II. p. 285, Almachius (on Amaciiius), magistrat persecuteur, t. I, p. 421, 420. Almon. riviere pres de Rome, t. IV, J). 197, 208, 209, 212, 220, 327. Alpes, t. Ill, p. 174, 17.3, 233. 282, .389, 393,396; t, IV, p. 23, 34, 49; 1. V, p. 353. 368 INDEX ALPHABETIQUE. Alpes niarilimes, t. ill, p. 07; t. IV, p. 23. Alpes Pcnnines, I. IV, p. !2">; t. V, ]). 3i5. Alpes Rlielienncs, I. Ill, ]>. 177. Alpiiee, martyr a Cd-sarce sous Dio- tliitlen, t. IV, p. 232-233, 2ii. Alveiuus, soldal, martyr a Fossano sons Maxiinicn llcrculc, I. IV, p. .\maiidus, ehefdcs Bagaudcs, t. IV, p. li). Amantius, martyr a Tibur sous Ha- drien, t. I, p. 2Gi». Aniasee, vilie du Pont, t. II, p. iH't; t. HI, p. 333; t. V, p. 43-40, 303. AMnuoisE, confesscur a Cesaroc sous Maximin 1", t. II, p. 204-208; t. IV, p. 213. Ambroise, ovcque de Milan, t. 11. p. 22:i; t. HI, p. 00, 91, 200; t. IV, p. XLIV, 89, 303, 387, 303, 412, 417; t. V, p. 70, 357, 3.j9. Ambroise (pseudo), t. IV, p. 92, 93. Amelia, vilie de rombric, t. IV, j). 404. Amiens, t. lY, p. .38. AmmicnMarceilin, t. Ill, p, 159,283; t. IV, 1>. XLI. Ammon, martyr a Alexandrie sous Dece, t. II, p. 358. Ammon, diacrc, martyr en Tlirace sous Licinius, t. V, j). 304. Ammonap.mim, niartyrc a Alexandrie sous Dece, t. II, ]). 357. Ammonakilm, autre martyre a Alexan- drie sous Dece, t. II, p. 357. Ammonus, pretro, martyr a Alexan- drie sous Maximin Daia, I. V, \>. 189. AmmoniusSaccas, pliilosoplie clne- tien, t. Ill, J). 103-104, 191 ; t. IV, |). i9;t. Ampelils, martyr a Cartliage sous Maximien Horeulc, t. IV, p. 201, 270. Ainpliatus, nonnne par saint Paul dans la letlrc aux Romains, t. I, 1). 23. Anaslase Fortniiat,prufc't legionnai- re, t. IV, p. 134. Anatole, eveque de Laodicee, t. Ill, p. 185-187. AxATOLJE, marlyrc dans la Sabine sous Dece, 1. ll, p. 300. Anatolie, fille du consul Emilianus, t. II, p. 244, 289. Anazarbe, vilie de Cilicie, t. IV, p. 302, 310. Ancone, vilie de TEmilic, t. IV, p. 412. Ancyre, vilie deGalatie, t. IV, p. 170, 323-333 ; t. V, p. 208, 304. Andegl, martyr pres de Viviers sous Septime Severe, t. II, p. 157. Andcrituni Gaballorum (Javoulx), t. Ill, p. 130. AxDocuE, martyr a Saulieu sous Marc Aurcle, t. I, p. 415, 410. AxDiiE, martyr a Lampsaijue sous Dece, t. II, p. 396-398. AxDKE, soldat, martyren Cilicie sous Calere, t. IV, p. 112. Andre, pretre remain, t. Ill, p. 331, 332. Aiulriuoi»le, vilie dc Tlirace, t. IV, p, ;tl4, .320; (. V, p. 31«, 319. Audronic, innnnie par saint Paul dans la letlrc auv Uomains, 1. 1, p. 23. ANDitOMCus, martyr a Anazarbe sous Diocletien, t. l,p. xxiv; I. IV, p, 294- 312; t. Y, J). 184. Ancias, soldat, martyr a Sebasle S(nis l.icinius, t. V, p. .308. AMgotih-Mie, t. Ill, p. 151. INDEX ALPHABETIQUE. 3G9 Anicel, papc, t. I, p. 300. Anicii (famillo ties), t. IV, p. *2, i>3, 398. Anio, tlcuve, t. I, p. HGi). Aniiii (famine des), t. I, p. 2"; t. ii. p. 179, 180; t. Ill, p. 307. Annius Scrv (iamis), fabricant dc lampes, t. II. p. 232. Anteros, papc, inart>r a Rome sons Maximin I<■^ I. II, \) . tOii, 198- 200, 201, 213. Antuime, martyr jires dc Home sous Maximieii ilercule, t. IV, p. 398. AxTHiME, eveque dc Nicomedie. martyr sous Diotletien, I. IV, p 168, 172: t. V, p. d90. Aiitliime, eveque d'Antioclie, t. IV, p. 3i2. Anlinoiis, t. I, p. 260, 288; t. II, |). 435. Antioclie de I'Hippos, t. IV, p. 342. Aiilioclie de Pisidie, t. II, p. 4'*7; t. HI, p. 279,230,282, 283,2!9. Aiitioclius, magistral perseculeur, I. IV, p. IKi. Antipas, eveque et martyr a Per- gamesous Domllien, t. 1, p. 115; t. II, p. 397. Anti-Taurus, t. IV, p. 112. Antium, t. I, p. 37. Aiitoiiie, ermite, t. V, p. 192. V. Amoi.iants, martyr en Auvergne pendant I'lnvasion de Clirocus, t. Ill, p. 150. Antonia, martyre en Numidie .sous Valerien, t. Ill, p. 133. Antom.n, martyr a EpIicse sousDecc, t. II, p. 393. Antoxix. soldat, martyr a Plaisancc sous Maximien Hercule, t. IV, p. 132. Axtoxix, prctre, martyr a Cesiiree sous Maximin Daia, t. V. p. 101, 120. Antonins (les), t. I, p. xxxm, 213, 31(i, .330, 333, 370: t. II, p. 2, 17, 21. 57; t.lll, p. 307, 309; t. IV, p. x, 45. Aiitoiiiii le PieuK, empereur, t. I, p. 1,111, XIV, 247, 280, 281,282, 284, 289, 2!(0, 291, 292,293, 29i, 295, 314, 316, 327, 329; t. II, p. viii, 2, 25, 27, 38, GO, 149, 421; t. IV, p. 109. Anuiinus, consul, t. IV, p. 101, 418. Anuliuus, prelct de Rome, t. IV. \). 418. Anuiinus, procousul d'AIVique eii 30i, t. IV, p. 40, 209-210, 2:;2-273. 418, 426,432-436. Anuiinus, proconsul d'Afri()uc en 313, t. IV, p. 418. Apamce de Bitliynie, t. II. p. 405. Apamce de Plirygie, t. II, p. 140, 145; t. IV, p. 4o;. Apennlii, t. IV, p. 211. Aper, pretre de Tibiuca, t. IV, p. 208, 209. Aphaque, t. V. p. 287. Apiiiex, martyr a Cesaree sous Ma- ximin Daia. t. IV, p. XXX ; t. V, p. 47-49, 99. Apodf.mus, martyr a Saragossc, t. IV, p. 238. Apol!in:\ire. ai>oIogiste, t. I, p. 377, 379. 24 370 INDEX ALPHABETIQUE. Apollun, t. I, p. XXXIV, 3i0; 1. Ill, p. ■21G, 223, 22(i. 28, 301 : t. lY, i>. 43, 70, 71, 152-153, 322, 323, 331, 3.9; t. V, p. 148. Apollomus, soiiateur, martyr a Rome sous Commode, t. 1, |i. 440-C42. Apollonius d'Hicrapolis.t. II, p. 13!). Apollonius, piiilosoplie, I. I, p. 08. Apollonius de Tyane, t. II, p. G8. m ; t. Ill, p.223;t. IV, ]). 219, 220, 221. Appienne (voie), t. I. p. 10, 27, 54, 210, 2H, 339, 3G0, 361, 422, 421, 427 ; t. II, p. 7, 8, 14, 21, 189, 1(12, 243, 277, 409; I. Ill, p. 43, 44, Mi, 63, 71,97, £06, 305,313, 353, 308; t. IV, p. 362, 367, 375. Apronianus, greffier. marlyr a Homo sous Max i mien Hercule, t. IV, p. 379, 380. 383. Aplonge, ville de I'Afrique procon- sulaire, t. IV, p. xi.v, 197, 200-207. 212; I. V, 1). 273, 275. Apulec, I. II, |>. 40, 189. Apulie, t. IV, |t. 211. Aqua-Tliibiiilana', viHe de I'Afrique proconsulaire, I. IV. p. 201. Aquila, Juif converti, t. 1, ]>. 20-22. Aquila, prefct d'Egypte, t. II, p. 73, .\quila, prelrc d'Alcxatulric, t. II, |). 36Ji. Aquilce, ville de Venetic, I. 11, j). 209; t. Ill, p. 299; I. IV, p. 21. 22. 413, 448, 459; I. V, p. 220. Aqlium's, martyr a Scillium sous Commode, 1. 1. p. 349. Aquilaine, I. Ill, \>. :iK0. 391: I. IV, 1). 39, 40, 324. Arabic, t. I, p. 198: 1. 11. p..50, 195,'ii:i, 217 ; t. Ill, p. 40, 188 ; t. IV, p. 343, 350. Aral)i(|ue (mont). I. II, p. 303. Araral (iiionl), I. V, p. 191. Arcadia, clirelienne enterree au ci- metiere de Calliste, t. IV, p. 24. Arclielai's, veuve cliretieniie, t. Ill, p. 108. Arclieiaiis, evequede Cairlics, t. Ill, p. 206, 268, 271, 272, 273, 275. Arclieiaiis, bourrcau, t. V, p. 71. Archipe), t. I, p. 113. Ardeatine (voie), t. I, p. 87, 91, 94, 105, 279; t. II, p. 243, 409; t. Ill, ]). 63 ; t. IV, p. 363. AitisTAitotE, eveque de Tliessaloni- que, martyr a Home sous Neron, 1. V, p. 34. Aristide, apologisle, t. I, p. 253. Argyropolis, \ille de Tlirace, t. V, p. 42. Allies, martyr a Ascalon sous Ma- ximin Daia, t. V. p. 116. Aristobule, t. I, p. 23, 24. AnisTON, marlyr i\ Carthage sous Dece, t. II, 11. 324. Arius, lieresiarque, t. V, p. 304. Aries, t. II, p. 302; t. Ill, p. 6; t. IV, |). 200. 258: t. V, p. 277, 279. Arnieiiie, Armenicns, I. I, p. 24, 198, 235; t. 11, p. 263, 411; t. Ill, p. 156, 189, 208, 278 ; t. IV, p. 112,114,i22, 223. 224, 225, 226, 356; t. V, p. 196-197,232, 308. Arnobe. rheieur eliretien, I. IV, p. 213-214, 210. AiiiuLN, magislrat persecuteur en Tliebaide , puis marlyr a Alexaii- drie sous Maximiu Daia , t. IV, p. 351, 3:,2; I. V, ]). 56-58, 102. Airitis Aiiloiiiiiiis, proconsul d'Asie, I. 1, p. 439-440;!. 11, p. 108. Arrius Aiier, prel'el du pre toirc, t. Ill, p. 301. AiisACK, confcsseur sous l.iciiiius, t. V, p. 300. INDEX ALPHABETIQUE. 371 Artaxcrxes. roi de Persc, t. II, p. 218 ; t. Ill, p. VM. Artaxil's, martyr en Afrifpif sous Septinie Severe, t. 11, p. 95. Aktemrs. martyr a Rome sous Ma- ximien HercuJe, t. IV. p. 364. Arvales. t. I, p. 13-2, 133; t. II, p. 235-236, 24-J; I. IV, p. 3(i!t. .nO. Ascalon, ville de Syrie, t. V, p. li:i. A9CLAS, martyr on Tliebaidc sous Diocletien, I. \ , p. 57. AscLEPiADE,eveque d'Aiiiioclie,con- fesseursous Scptime Severe, t. II. p. 142. AscLEPiADE, prcire, martyr a Rome sous Alexandre Severe, t. II, p. 189. AscLEPiADE, confesseur a Suiyrne sous Dece, t. II, p. 375, 381, 385, 388; t. II I, p. 231 ; t. V. [). 9S. Asclepius, evequc marcionite, Ijrule a Cesarce sous Maxiniin Daia, t. V, p. 127. Asfoli, \ille du Picenum, t. IV, p. 41-2. Asella, Nierge cliretieiiiie, t. Ill, \). 249. Asie protonsutaire, I. I, p. Ill, 2i0, 248, 231. 233, 292. 293, 294, 29G, 303, 384, 439, 441 ; t. II, p. 36, 141, 383, 38U, 421. 493; t. Ill, p. 142; t. IV, p. 30; I. V, p. 134. Aspasius, i>retrc de Carthage, t. 11. p. 117. Aspasius Paternus. proeonsul d'A- frique, t. Ill, p. 3(i-38 ; t. IV. \>. 392-393. Asper. proconsul d'Alrupie, I. 11, 1). 129-130. Assise, \ille de I'Onibrie, t. IV, p. 403. Assur, ville d'Afrique. t. II. p. 317. Assvric, I. I, p. 198. Astarte, t. I, p. 173. AsTEiiE, martyr a ligee sous Nume- rien, t. Ill, p. 300. AsTEKE, martyr a ligce sous Maxi- niin Daia, I. V, p. 68-71. AsTEniLs, martyr a Rome sousClaude le Gothique, t. III. |). 204. Asterius, senaleur. t. Ill, p. 96. 181, 204. Asterius, magistral jiersecuteur, t. IV, p. 47. Asterius, eveque d'Amasee. t. iv, p. xLiv; t. V, p. 94. Astorga , ville de la Tarraconaise, t. II, p. 303. Asyncritos, iiommc dans la leltie de saint Paul aux Remains, t. I, p. 23. Ateh , niarl\r ;'i Alexandrie sous Dece. t. II. ]>. 357. Athanase, soldat, martyr a Sebaste sous Licinius, I. V. p. 308. Atlianase, palriarclie d'Alexandric, t. Ill, p. 3.37; I. IV. p. 349: t. V. p. 31,33. .303. .Atliiinagore, apologisle, t. I. p. xvm, 104, 379, 380 381 :t. II, i>. i7, 131. Athcncs, Atlieniens, t. I, p. 200, 232, 2.3. 399. 403, 404. 407, 408: I. II. p. 10; t. III. p. 92. Attale (ou Anaslase). martyr a Sa- loue sous Aurelien, t. Ill, p. 247. Attici (famine des), t. I, p. 27; t. II. p. 307. Attieus Heliodore, magistral d'An- tioche de Pisidie. I. HI, p. 280. 372 INDEX ALPHABETIQUE. Alys (ou Allis), t. Ill, p. ;»j, 2-21: t. IV, p. 7-2, 327. Audomatunum (I.angres), l. III. ji. 382. AuGURE, diacre, mailxr a Tarragonc sous Valerien, t. I, )). ix ; t. Ill, p. i)8, 100-101, 104, 152. Augusta (i(;gioii III), I. II, p. 32, 202; t. Ill, p. 27, 28. Augusta Eupliratensis (pro\inte), t. IV, p. 115. Augusta Vermanduorum(Saint-Qucn- tin), t. IV, p. 38. Augusta Vindclicorum (Augsbourg), t. IV, p. 420-125. Augustalis, lecteur a Tarragone, t. Ill, p. 103. Auguste, empSreur, t. I, p. 3, 4, 12, 107, 27(5, 311, 3;)3; t. II, p. i), 1C2, 2'tV; t. III. p. M8, 215, 286, 3S2 ; t.IV, p. 13, 118. AuGL'STiN, martyr a Cai)Oue sous Dece, t. Ill, p. 369-376. Augustin, evoque d'Hippone, 1. 1, \k 312; t. II, p. 101,110,115; t. Ill, p. 90,98, 107,277, 357; t.IV, p. xxxvii, XLV, 18i, 20-2. 3-20. 433, 435; t. V, p. 21, 80, 211. .\ulus Plautius, (ii)oux de I'om|)nnia Griccina, t. I, p. 2i. Ai'iiEA, uiartyrea Ostie sousClaudc Ic Gotliique, t. Ill, p. 202, 20i, .357. Aurca(ou Aurelia) Solcria, prosrIylL- juive, t. I, p. 7. Aurelia Petronilla, t. 1. p. Oi, 107, 279; t. Ill, )). 339. Aurelia (voic), t. I, p. 257; I. II, p. ISO, 277. 278, 4!39; t. Ill, p. 90. 97, 2'»4. 307. Aureliou, cnipcrcur. t. I, ]>. n, iv ; I. III. p. XV, XVI, 97, 152, 175, 193, 213-234, -235, -230, 237, 239, 240- 242,213, 2i7,2'i8,2i9, 251, 255, 2a6, 257, 258, 26i, 271, 281, 29i, 290. .377, 393-396, 398; 1. IV, p. 4, 20, 28, 32. 50. 8(i, 87. 38i. Aurclien. juge, t. I. p. -205. 200, 214. Aurclii (faniillo dcs), t. II. p. 21: t. IV, p. CV, 305. Alkelils, confosseura Carthage sous Dece, t. II, ]). 326, 331. Aurelius Agricolanus, vicairc des prefets du protoire, t. IV, p. 135- 138. Aurelius Cyrenius. procuratcur du lisc,t. Ill, p. 184. Aurelius Gordiauus. consul suffect, t. Ill, p. 242. Aurelius Victor, t. I, p. 138; t. II, p. 257; t. Ill, I). 24-2, 391, 395; t. IV. p. XL, XLi, 85, 89 ; t. V, p. 10, 13, 89. Aureolus. I'un des trente lyrans, t. Ill, ]). 177, 193, 198, 388. AusoNE, evcque d'Angouleme, niartyi- pendant Pinvasion de Chrocus, t. Ill, p. 151. Austremoine, fondatcur de I'Eglise de Clermont, t. Ill, |>. 150, 151. Aulun,t. I, )). 410,417; 1. II, p. 302 ; t. HI, p. 387. AixENTiL's, martyr a Ccsaree sous Maximiu Daia, t. V, |t. 97. Auxerre, t. 111. p. 324, 320, 387. Avenlin (monl). I. I. |). 18, 30; t. II. p. -277; I. 111. p. 95. .i'M. INDEX ALPHABETIQUE. 373 Baal ou Ik'l, I. IH. p. -iij;. -220. -2-29; I. IV, I). -(I. Raiiylas. e\rque d'Anlioclie, marUr a Cesarce sous Dece, t. II, p. 224- 226, 426-427, 431, 477. I!al)ylone,Ba)>\lonie, t. I, p. CI ; t.II. p. 55, 267; t. Ill, p. 105. Baccano, ville d'Elriirie, t. II, p.lGO- Bacchis, oliicier de la schola genli- h'Mwi, martyr a Barbalcso sous Ga- lore, t. IV, p. 113. Badia, ville de Numidie, I. III. p. 61. Bagaudcs, t. III. p. .mi; f. IV. p. 19- 21,29.35: t. V. [i. ;{i7. Balbeck, I. II. p. I'lO. Balbin, euii)er(!ur, t. II. p. 198; t. IV, p. 359. Baldina, martyre a Rome sous Ha- drien, t. I, ]). 205. Bale, t. II, p. ii5, i5G; I. IV. p. 39. Ballisle, prefet du prcloirc, t. Ill, p. 177. Barbaleso, ville de la dle-Syrie. t. IV, p. 113. Itarbarus, gouverueur dc Corse el de Sardaigne, t. IV, p. 419. Barbarus, consul, t. IV. \\. 419. Bar-Cocliab (ou Co/iba), t. 1, i>. 2()0. Barcelone, t. Ill, j). 39-2; t. IV, p. 441. Bahlaam, marl\r;'i Aiilioclie. t. III. !>. 333. Baknaiif., conipagnon de saint I'aul, t. II, i>. 41-2. Baiillas, martyr a Antioclie sous Diotletien, t. IV, p. 17i. Basile, evrciue d'Aniasoc, marlvr sous Litinius, t. V. p. 303-304. Basile, eveque de Cesaree, t. Ill, |>. 142, 333,- t. IV, p. xi.iv, 330, 338. 356 ; t. V, p. 80, 308, 309. Basileus (.cimcticre de), t. IV, p. 362. Basilide. ajiiiariteur, martyr a Aiexandrie sous Seplime Severe, t. II, p. 76-77. Basilide, martyr a Gort>ne sous Dece, t. II, p. 369. Basilide, exeque libeilatique d'.\s- torga, t. II, p. 305-306. Basilides, martyr a Rome sous Au- relien, t. Ill, p. 244. Basllidiens, secte heretitiuo, t. II, p. 9;^. Basilisoie. soidat, martyr a Amasee sous Dio(,'letien, t. V, p. 46. Basilisql'e, eveque de Comane, mar- tyr sous .Ma\imien Daia, t. V. p. 191. Basilla, marUre a Rome sous Ma- \imien Hcrcule, t. IV, p. 375- 376. Bassi (ramille des), t. I, |i. -27: I. II. p. 179, 180; t. Ill, p. 307: t. IV, p. -22, 177, 178. Bassianus, eonfesseur a Rome sous Dece, t. H, p. 285. Bassls, martyr a Cartilage sous Dece, t. II. p. 408. Bassis, evequeet martvr a Nicome- die sous Dece, t. II, p. 408. Bassus, consul en 259, 1. iii, p. 98. Bassus, consul en 289, t. IV, p. 22. 177. Bassus, consul en 317, t. V, \k 228. 37 i INDEX ALPHABETIQUE. Bassus, goiiverneiir do Tliracc. t. IV, p. 177, 251-2-i7, 312. Batna, villc de Syrio, t. V, \t. 78. Bavarcs, pcuplade africaine, t. Ill, p. 147. Beata, soeiii' de la niartyrc Colonilje, t. Ill , p. 233. Beatisix (voir VrATuix). Deaiivais, I. IV, p. 3S. Bebius Massa, delateur, t. I, p. 101. Bedouins, I. Ill, j). 267. Bel^ique, I. Ill, |). 380; t. IV, p. 23, 38, 39; t. V, ]). 23!). Bcllonc. I. Ill, p. 218. Benedime, niarlyr a Allicncs sous Docc, t. II. p. 369. Bc'iiuveiit. ville de Canipanie, 1. IV, p. iOii. Bexigne, martyr a Dijon sous Marc Anrele. l. I, p. 41."i, HO. Beropyntlie (voir Cyhcle). Berenice, soeiu' d'Herode Agripjia, t. I. p. 83. Bersamc, t. IV, ji. 132. 400. r.EitxrcE, martyrc a Antioclio sous Maximin Daia, I. V, p. 77-78. Beryllc, eveque dc Bostra, f. II, p. 217. Besa, soldat, martyr a Alcxandrie sous Dece, t. II, p. 356. Bcsan(.-on, I. II, p. I(i8. Betique. t. II. p. 30i; I. IV, )). 4i2. Beyroiilli. ville dc Syrie, 1. V, p. 47. BuiLiADE, niarlyre ;'i I, yon sous Marc Aureh!, 1. 1, p. 401, 402. Billiynio, I. I, p. 02, 117, 118, 142, in, 145-l.V;, 191; t. II, ]). 131, 141, 103, W)3, 408; I. Ill, p. ISri; 1. IV. p. 13, .'iO, 217, 226, SVi; t. V, p. :,,:n),\ii, 160, 2.-io, 2.";3. IW.ANDiNE, niartyrc a Lyon sons Mare Anrele, I. I, p. .iO, 399-400, 403, 408-409. BIcmyes. t. Ill, p. 03, 308. Bona, a Carlliage, exilce pour la foi sous Dece, t. II, p. 332. Boniface, martyr a Tarse sons Maxi- min Daia, t. II, p. 460 ; t. V, p. 115. BoNOSA, martyrc a Poito sons Aurr- lien, 1. Ill, p. 251-253. Bonosus, tyran des Gaules, t. HI, 1). 278. Borans, peuple du Bospliore Cim- merien, t. 111. \^. 153. I.")i. Bordeaux, f. Ill, p. 383. .384; t. IV, p. 23. Bos. esclave public, t. IV, p. 20). Bospliore. t. II, p. 219; I. V, |).239,25;<. Bospliore Cimmerien, I. I, p. 170. Bostra, ville d'Aral)ie,t. ii, p. 217-218. Bourguignons, t. Ill, p. 200. 205; t. IV, p. 41. Brescia, t. l,ii. 203, 204; t. V, p. 220. Bretagne (Aiigleterrc), t. I, p. 335; 448; t. II, ]). 20, 149, 150, I'iS, 244; t. Ill, p. 377, 380, 381, 395; t. IV, p. xxviu, 49, 80, 80, 180, 181, 183, 456, 459; t. V, p. 19, 60, 62. Brigelio. \illede Pannonie,I. Ill, p. 21!). Briiides. I. V, p. 349. Bruciiium , (|narlier d'AIexnndrie , I. 111,1). 186, 199. Brnlii (I'amillc des), t. I, p. 108. Brntius Pra-sens, historien, ami dc Pline le .Icune, t. I, p. 107. Bulla Felix, brigand, t. II, p. 147. Burrlius, prcceplenr de Neron, 1. I, |). 2!), 33. Buruiiilanns (sallns), t. I, ]). 3.53. Byzaccne, 1. Ill, p. .372. Byzanci;, I. I, p. 375; I. II, p. 26, 501 ; t. Ill, p. 241, 242, 333, 388; t. IV, p. 251, 2.57 ; I. V, p. 35, 42,250, 318, INDEX ALPHABETIQUE. 375 Cadi\, t. IX. p. WT. Caelestis (dea), t. I, i>. 340. Caerleon-on-Usk , ville de la Grandc- Bretagne, t. Ill, p. 380; t. IV, p. 41. Casliari, ville de Sardaigne, t. IV, p. il8. Cains, pelil-fils d'Augiisle, t. I, p. i. Caius, prfitre romaiii, I. I. |). "."> ; t. II, p. 80. Caics, pape, confesseur sous Dkiclu- tien, t. IV, p. 6-7. 03. Caius, martyr a Apamre sons Soplimo Severe, t. H, )>. 140. Caius, confesseur a Saragossc sous Maximien Herculc, t. IV, p. 439- 440. Caius, soldat, martyr a Scbaste sous Liiinius, t. V, p. 308. Calaliorra, ville deTarracouaisc.f. II, p. "263; I. IV, p. 139, 141. Calame, ville de Numidie, t. IV, p. 201. Calcdonic, Calcdoniciis, t. I, p. 1(»!>; t. II, p. 138 Cai.kpode, martyr a Rome (el elnie- tiere de). t. II, p. 188. 181): t. IV. ji. 304. Caligula, cmpereur, t. I, p. 1.;: t. II. p. 172; t. IV, |). 3;8. Cai.limql'f,, martyr en Uilliyiiie sons Dcce, t. II, ]i. 408. Calliope, martyr a Pompeiopolis sous Diocli'licn, I. I, p. 2;)8; 1. IV, p. 292. Callist;), lllle dn consul Emilianns, I. II, p. 212. Calliste, pape, martyr a Uome sous Alexandre Severe (et ciinetierede), t. 1, p. 221,278,42:;, 4-20. 443. 444. t. II, p. 12-15, 21, 81 84. 178. 179, 180, 181-183. 188-190. 191, 192. 230. 23!t, 279, 291, 29-2, 'lOl. 40.j; t. Ill, p. 20, 32, 70, 71, 8.j, 87, 98, 243, 30-i, 300, 307,316, 320, 329, 35^. .359, 360; t. IV, p. 6, M, 24, G4, 178. 187, 188. 189, 19!l, 339, 367, 375, 403; t. V, p. 13 », 201, -203, 204, -2.32. Callistrate . jurisconsulte, t. II. p. 186. Caloceri's, martyr a Rome sons Dece, t. II, p. 241, 243, 289, 291- 295. 297 ; t. IV, p. xv, 375, 376. Calphukmus, confesseur a Rome sous Dece, t. II, p. 285. Calpurnius, poete, t. Ill, j). 301. Calvislanus, correcteur de Sicilo, t. IV, p. 407-410. Camerinus, martyr a Cagliari sous Maximien Hercule, t. IV, p. 418. Campanie, 1. 1, p. 39: t. III. p. 163, 244, 297, 37i, 372, 373 ; t. IV, p. 6, 406, 472. Campanienne (voie), t. IV, j). 370. Cunaneotes (ville des), t. II, p. 511. Candide, ofQcier tliebeen martyrise a Agaune sous Maximien Herculc. t. IV, p. 31; t. V, p. 341. Candide, marlyre a Rome sous Maxi- mien Hercule. t. IV. p. 364-365. Candide, soldat, martyr a Sidtaste sous Licinius, t. v, p. 308. Candidien, filsde rempcrenrCalere, t. V, p. 63, 159, 260. Cannes, t. Ill, p. 218: t. IV, i). 29. Canope, ville d'Egypte, t. I, p. 268, 340; t. V, p. 101. 376 INDEX ALPHABETIQUE. Cantii (famillc cles), t. IV, p. -23. Cantius , Cantia^ls , Cantianilla, martyrs a Aquilec sous Maximieii Henulc, I. I, 1). 2ti9 ; t. IV, p. 22, 23, 23. Capone (portc), t. I, p. !', 10, 21, 3l>. 40. Capitolin, liisloricn, I. II, i*. 193. Capitolinus (ciivus), I. II, p. 282. Capoue, I. Ill, p. 338,309-3-6; t. \,p. 265. Cappadote, f. I, p. 62, 69, I'k>, ilo, W.) ; t. II, p. 72, 135, lil, 142, 168, 201-204, 205, 206, 410, 411 , 428; t. Ill, p. 153, 155, 156, 210, 259 ; t. IV, ]). 221-226, 336; t. V, p. 132,147, 154, 174,235,311,312. Caprais, marlyr a Agen sous Maxi mien Hercule, t. IV, p. 39. Capris, lieu de la sepulture du mar- tyr Getulius, t. I, p. 219. Cai)sa, villc de la Byzaceiie, t. Ill, I). 371, 372. Caracalla, empereur, t. II, p. 0, 21, 27,31, 71,145, 146, 158-163, 164, 171, 204,239, 242, 264; I. Ill, p. 49. Carausius, tyran de liretagne, t. IV, p. 41, 49, 80. Caric, t. Ill, p. 140. Cariuus, emi)crcur, I. Ill, i". xm, 294. 295-296, 297, 298, 299, 301, 302; (. IV, ).. 3,5,14, 22, 23,24, 131. Cariovise, clicl' hiirhjirc au service deremi)ire, l. I, p. 223, 224. Caiitfas, martyre a lUimc, ciilcrree dans ]c. ciiiielicre de (^allislc, t. I, It. 221, 223 224. tarnunluni, ville (lePai lic, t. Ill, p. 219. Caro.sus, s. Carosus, fossoyeur, t. IV, |i. 196, 198. Carpcs, pcupic harhiuc, 1. II, ji. 227. Car]iociatiens, secte iiereti(iuo, l. I, p. 236. CAKPOPHOiiE. martyr a C6me sous Maximieu Hercule, t. IV, p. 416. Carpopliore, affranchi de Commode, t. I, p. 443; t. II, p. 5, 12. Caupos, cvcque, martyr a Pcrgamc sous Dece, t. II, p. iv, 398-401, 41-2, 501 ; t. IV, p. XXXV. Carrlia on Carrlies, ville de Mesopo- tamie, t. II, jt. 219; t. Ill, j). 156, 267-271,273 ; t. V, p. 78. Carthage, t. I, p. 340, 437, 449; t. II, p. 39, 40, 47, 53, 54, 87, 88, 89, 101- 128, 131, 167, l(i8, 247, 280, 288, 289, 301, 310-346, 3;iO, 366, 389, 471 ; I. Ill, p. 5, 7, 8-11, 13, 18-20, 23, 28-29, 40, 56, 60, &i, 76, 109, 111-115, 373; t. IV, p. xiu, xx, xxi, XXVI, xxvn,xi,v, 61, 102, 107, 190-191, 201-203, 2:). 5, 6. 362. Casti's , martyr cii Afrique sous Septimc Severe, t. II, ji. 96. Catane, ville de Sicilc l. II. |). .'iOI ; I. Ill, |). -202; 1. IV, ]). 210. 400- ilO. Cataphryges, secte hcreli(iue, t. II, p. V13. Cathfkinf., martyre a Alexandrie sous Dicck'ticn ou .Maximin Daia, I. V, p. 7!). Catia Clementina, t. IV, p. '2:i. Calianilla, t. IV, ]>. -23. Catii (famine dcs), t. IV, |>. 23. Cattes, peu])lc gcrmaiiique , I. I, p. 33.S. Oatuliiius, sous-diacre, I. IV, p. \'Xi,. an, 1!I8, -201. <;ecile, martyre a Rome sous Marc Aurele. I. I, ]). 3S8, 419-424, 426- 432:1. II, p. li.l'J-2; t. Ill, p. 30.^; I. IV, p. IX, 188; t. V, p. 13!). Cecilia, martyre a Cartiiagc sous Maximien Henule, l. IV, p. 262. Ceciliani (I'amille dcs), t. I, p. -27. Ceciliams, martyr a Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 261. Cecilien, martvr a Saragossc, t. IV, p. -238. ('.('cilien, diacre, puis cvequc do Cartilage, t. I, p. ix; t. IV, p. xlv, -204, 273 : t .V, p. 27-2, 273, 274, -IVi. 280. Cecilii (famine des), t. I, p. 27; t. II, p. 14, 82, 170, 468, .MiO; t. HI, p. 30:i, ■107. Cecilius, porsonnagc dc; VOclavius (l)eut-etrc Fronton), 1. I, p. 321, 370, 388. Cecilius, agent cliargc de conduirc le martyr Marcel, t. IV, p. 13.j. Ceionius Varus, prcfet dc Rome, I. Ill, ]). -297. Celeiuna, martyre a Cartiiagc sous Scptime Severe, t. II, p. 95, -288. Celeiunus, confcsseur a Rome sous Dece, t. II, p. 285-287. CEr.ESTiNus (ou Laetantil's), martyr a SciHiiim sous Commode . I. I. p. 439. CelivSyrie, I. Ill, p. I3G; t. IV, p. 113. Celius (mont), t. I, p 36, ?io, 118 : t. II, 1). 277; t. Ill, 1). 3!t-;; t. IV, p. l-2!t. Celse, polemistc paien, I. I, p. xxxr. 30.-;. 321. 370, 388, 4'*9; t. II, p. 38, 77: t. Ill, p. IX ; t. IV, p. xi, 7"; ; t. V. p. 180. Celsinus. dccuiion, t. IV, p. -20;t. Ceraunia, ville de Cliypre. t. V, p. 30 'K Cibales, ville de Panncmie. t. V, ji. 203. Cemeneluni (Cimiez), t. ill, p. 07. Cenoplirurium, ville deTlirace, t. Ill, p. 212. CentumceUes (Civila-Vecciiia). t. II. p. -200; t. Ill, p. -22, 20, 367. 3(i8. CEiiEALis, martyr dans la Sahine sous Hadrien, t. I, p. 218. Cekealis, martyr a Rome. t. Ill, p. 23. Ceres, t. II, p. 123; t. IV. p. 3.j!). Cesar (Jules), 1. 1, p. 3i:i; t. Ill, p. 218, 232; t. IV, p. 10. Cesarce de Capi)adoce, I. II, p. -201, 203, -20.-;, 410; t. Ill, p. 142, 159, 238, 239; f. IV, p. 336, MS; t. V, p. 313. Cesaree de Mauritanie (Chercliell) t. ll,p.87:t. Ill, |). 147 ;t. IV. p. 100. 378 IXDKX ALPHA BETIQUE. Cesnrec dc Palestine, t. I, |>. 0, li, 33, 20o; t. II, p. 3G8, 4-27, 428; t. Ill, p. 133, 179, 182; t. IV, p. xxiv, xxxv, 173, 229-233; t. V, p. 47-49, 73-74, 97- 102,108, 113, 119-121, 127-135. C.-sar.s (les), t. I, p. xx, 330; t. II. p. viii, 2, 10, 17, m, 94 ; t. IV, p. x. 178, 209, 2151,. Cesidils, martyr ou conCesseiir en Italic sous .Ma\imiii 1"', t. II, p. 208. Olialcedoino, viUe de nitliynie, t. Ill, p. 333; t. V, p. 91-90, 318. Chalcudoine (delroit de), t. V, p. 100. Chaldro, t. IV, 1). 313. Clialon. t. I. p. tl.'i. Chalons, t. Ill, p. 39:>. Ciiamp de Mars, I. I, p. G, 9, 30, 40, 45,- t. II, p. 229. Cii\uiT2, niartyre a Uoin? sous >Iarc Aur61c. t. I, i>. 367. CiiAitiTox, martyr a Home sous Marc Aurele, t. I, p. 367, 369. C.iiAKiTox, eonfesseui' ;'i Iconium suns Aurelien, t. HI, p. 260. Checliebe, villase d'Araljio, t. II, p. 223. Chedworlli. villc d'Ansleterrc, t. II. p. 150. CiiELiDOMUs, soldat, martyr a Calalior- ra sous Maximien Hercule, t. II, p. 203; t. IV, p. 139-142. Clieremon, evecpic do MIopolis. I'u- f,'itll' pour la foi sous Dccc, t. II, p. 363. Clieremon. diai re d'Alrvandric. I. II, p. .((iii. Cliersoii, Nillc dc la Clicrsonesc. t. 1, p. 171, 173. Ciiersonese(Crimec), t. I, p. I(i9. 171, 172, 173, 17'*, 175, 194. Chinois, t. II, ji. 215. Cliio(ile dc), I. II, p. 370. CiuoMA. martyrc a Tliessaloni(|ue sous Galcre, t. IV, p. 278-281. Christine, martyre a Bolsene, l. IV, p. 23. CuKisToi'iiE, martyr en Lycic sous Dece, t. Ill, p. 426. Chrocus. roi des Alcmans, t. Ill, p. 1«. 119, 152, 17li, 391. Chromatins, maKistratconverti, 1. 11', ]). 297-298: I. IV, p. 0. CniiYSAMiiK, martyr a Rome sousVa- Icrien, I. Ill, p. 46, 72-74, 315-317. Cnr.YsEiii,, martyr en Beliiicpic sous Maximien Hercule, t. IV, p. 39. Chkysogoxe, martyr a Aquilce sons Diocletien . I. IV, j). 372. Chrysopolis, villc de Bithynie, t. V, p. 319. Chypre, I. I, p. 197: t. V, j). 141, 170, 30 i. Cibalis, \ille de Pannonie, t. IV, p. 289. Cilicie, t. I, p. 145; t. Ill, p. 140, 20i, 300; t. IV, p. 117, 108, 293-312; t. V, I>. 40. 07-73, Hi, 115, 127, 15i, 23i, 2:;8. CinciusScverus,])roconsul d'Afriipie, I. I, p. 444; I. II, p. 37. Cirta(Constanlinc), ville dc Numidie. t. II, p. 87,471 ; t. Ill, p. 01,91, 130, 133, 13i; t. IV, \). xi.v, 190, 193-201, 427, 428 : t. V, p. 21, 228, 2>5. Cisalpine (Gaulc), I. I, p. 91. CisEM.iis, martyr a Cagliari sous Ma- ximien Hercule, t. IV, p. 418. CiTTiNTs, martyra Scillium sous Com- mode, t. I, !>. 439. Civicns Ccrcalis, proconsul d'Asic; I. I. |.. III. 112. (;i\ilis, rchcllc f^aniois. t. IV, p. 379. Claude, cmpcrcur, t. I. p. 12, 15, 19, 21,25, 29, 70, 94. .352; I. II, p. 10; I. IV, p. W)5: I. V, p. 109. INDEX ALPHABETIQUE. 37'.t Claude le (iolliiquc. omporciir, I. II. p. XIII, XIV. XV. 193. 197-200. '21)1- 208. 211, 212, 213. 218, 2:i.'.. 302.393. 397-399; t. lY, p. 35!). '.02. Ci.AiDE, martyr a nome, l. HI, p. i~. Claude, sous-diacrc, marlxr ;i Koine sous Vali-rien. t. HI. ]i. 92. Ci.AiDE, sculptcur, martyr en Paniio- iile sous Calcrc. I. IV, p. 2">: t. V, p. 26-28. Ci.ALDE. marlvra Egresous .Maximin Daia. t. V, 1). 65-71. Ci.ALDE, soldat, martyr a Sebaste sous Licinius, t. V, p. 308. Claudia, martyrea Antyre sous Dio- cletien, t. IV, p. 325 329. Claudia (voie). t. II. p. I.'io. Claudia (aqueduc), t. iv. p. 302. Claudiopolls, ville d'Isauric, t. IV. p. 2i)G. Claudius, trihun. t. I, p. 33. Claudius Herminianus. legal de Cap- padoce, t. II, p. 141, 168; I. V. p. li", 149. Claudius Sevcrus, philosoplic, 1. 1, p. 3itJ. Clemexs (Titus Flavius), tonsul, mar- tyr a Rome sous Domitien, t. I. p. 91-93. 101106. 107. 110, 111. I2i, k2l), 127. I2S. 104. Ilili: I. 111. p. 2."*>: f. IV, J). XXV. Clement, papo, martyr en Crimee sous Domitien. t. I. p. 41. ."^1,09, 74. 118-121,169-176: I. IV. p. vii, 36. Clement d'.\lexandrie, t. I. p. 130; t. II, p. III. VII. :i3. 67. 69-70. 71-72. •to. 93. 139, 142. '.28; t. IV, p. xi. xil, 19!t. ClementiaiHis. renegat. t. II, p. 325- 326. Ci.EOMicxE. martyr a liortyne sous Dece, t. II. p. 369. Cleoxique. soldat. martyr a Amasee sous Calere, t. V. p. 46. Clermont. I. III. p. 149. Clopas ou Cleojtlias. parent dejesus- Christ, t. I, p. 177. Clusium (Cliiusi), ville d'Ktrurie. t. Ill, p. 244, 248, 2.-;i. Codiion. lecteur. t. IV. ]>. I9.'t. Colisee, t. I, p. xxxv, 8.";; t. Ill, p. .301 ;t. V, p. 220. Collegia, emprisonnee pour la foi a Home sous Dece. I. II. i>. 285. Collutliion, ville de Lil>>e. i. III. p. 68, 69. Cologne, t. III. p. 379. .383, 390, .391 ; I. V. p. 349. Xi-I. CoLOMDE. martyre a Sens sous .\ure- lien, t. III. p. 234. 236-238. CoLOXiCA, emprisonnee pour la foi a Rome sous Dece, t. II, p. 285. Colonicus, fondateur d'une hasiliiiue en rhonneur des martyrs Justus et Decurius, t. IV, ji. 4.30. Colophon, ville de Lydie. 1. 1. 1>. 340. Columelle. t. Ill, ]>. 84. Coinane. ville dc Cappadoce, t. II. !>. 139. 141. Coniane, ville dii Pont. t. II. ji. 141. 410. C6ME,medecin, martyr en Cilicie sous Diocletien, t. V. p. 08. Come, ville de Transpadane, t. IV. p. 416, 469. CoMiMus.martyr a Catane sous Claude leCothique. I. HI. p. 202. Commode, empereur, t. I, p. 108^ 209,3.^. i.33, 434-435. 439. 440. 442-445; t. II, p. 3, Hi. 19, 23. 22, 28,29, 40, 53,12-;, l.V). 172. 181. 264; t. Ill, p. 49, 82, 111; I. IV, p. Vi:i Commagene. t. IV, ji. 70. Commodicn,ecrivain clin-tien. t. III. p. 3. Commodilla (cimetiere de), 1. 1, p. 80. Complulus (Alcala). ville de Tarraco- naisc. t. iv. p. 441. 380 INDEX ALPIIABETIQUE. CoiHlo\iiiruni(Naiilcs), t. lY, p. 3G. tondianus, consul, t. I, p. 437. CoxoN, martyr a Iconium sous Auro- lien, t. Ill, ]). 254^257. r.oiistance Clilore. eniperour, t. III. |>. -2«l;f. IV.]). xi..85-91.!)(), 99, 14-2. 180,183, '23:;; t. V, ]». li, 18, 19, 2. Cdiislanlia. sanir dc Constantin, fonime tie Liciniiis, t. V, p. 207, 233. Constantin, emj)ereur, t. I, p. 11,70, lO'i, 174, 229, 264 ; t. 11, ]>. xv, 234, 298, 365, 432, 302 ; t. Ill, p. 03, 183, 218, 249, 333; t. IV, p. i, ill, XXVH, XXXVII, XXXVIII, XLI, XLII, XLIV, XLV, 3. 89, 1.32.102, 344, 333, 372 ; t. V. p. 4, 13. 14 16-17. 59-64, 07, 81, 87, 88, 91. 110; 111, 143, 134,200-249. 239, 273-289. 293, 29i, 293, 301, 302, 304, 303, 310, 315-330, 346. Constantinople (voir Byzance). Coptos, ville (Icla Tliehaidc, t. II, p. .301. cordoiie, ville de la Brtiquc, t. IV. p. 442. Corintho, t. I, p. 21, 22, 74, 119, 373; I. II, p. 309. (^iiiiNEii.i.E, pape, confcsseur ou mar- t>raCenlunicellos,t. II. p. 114, 279, 280, 307-308, 309, 347, 429, 409 ; t. Ill, |i. 3, 6. 21-23, 26-27,31, 40, 70, 89, 97, 306-313, 300; t. IV, p. XV ; t. V, 11. 123, 203. Cornoille, fcntuiimi, I.I, p. C, 14; t. II, p. 492. Cornelia (voie), t. Ill, i'. 90, 204; t. IV, ]>. 303. CoriK'lii (faniillc dos), t. II, p. 179, iU8, 4. XLIV; t. V, p. 87,293,318. Citoxiox, marhr ;i Alexandrie sous Dccc, t. II, p. 355. Clesiphon, capilale d{> la I'crse, t. II, J). 31, 3.3, 222; I. III. p. 100, 178. Clcieas, martyr a Harc(d(iiie sous Maximien Hercule, t. IV, p. 441. CcDiox, soldat. martyr ;i Schaslc sous Licinius, t. V, p. 3(m. L\DEX ALPHABETIQUE. 381 Culcianiis, pivfct iriii^yptc, I. V. p. 10^-100, 263. Curiihc, ville de rAfriquo proconsu- lairc, t. Ill, p. ."i", ;>.), (iO. Cybi'le, t. II, |). 173, 3. 4G1; t. Ill, p. I'JC; t. IV, p. --2, 327, 3W. Cyi'rien, cvcque el martyr a Cartliase sousValerien, t. I, p, vi, viii; t. II, p. Ill, 80, 03, 96, 101. lOi, 114, -201. !20G, 247, -iW. -274, 279, -281, 28(>, "288, -280, .306, 308. 31 1. 312, 318, 319. 320. 3-21. .3-22. 323. 329, 331. 333, 334. 335-347, .'iOS : t. Ill, p. ii, .'i, 6, 9-11, 13 19. 20 26. 28 31. 37, 38 , 30. 40. 41, 4.i. 47-48. 55-61, 62, 6.*;, 76-79, 86. 08, 100, 108-116, 110, 121, 1.33, 313, 318, 3-20, ,3-22, 3.w, 360, 360, 371, 373, 376; t. IV, p. xi, xif, xiii, XX, XXI, XXVI, 63, 67, 107, -20-2, 303; t. V, p. -27-2. Cypkiex , martyr a Coriiitlie sous Dece, I. II, p. 360. Cyprien. eveque, martyr ii Xicomedic sous Diocletien, t. Ill, p. 353 : t. IV, p. 341-345. Cyk, enfant, martvr en Cilicie sous » ■ Maxiniin Data. t. V, j). 46. Cvn, mcdecin, martyr a Canope sous -Maximin Daia, I. V, p. 191. Cyrenaique, t. I, p. 197. Cyriadi'S, tyraii il'.\ntioilii', t. Ill, p. 158 159. Cyuiaql'e , diacre, martyr a Rome sous Maximien Hercule (et cimc- tiere de),t. II, p. 471 ; I. IV. p. xviu, 187, 379-385, 308. CvKiAQiE, esclave, martyr en Pam- pliylie SOUS Hadrien, t. I, p. 228. Cyuille, enfant, martyr en Cappadoce sous Valerien, t. Ill, p. 142-143. Cykille, martyre ii Rome sous Claude le Gothique, t. Ill, p. 203, 204. Cyrille, pre Ire, martyr a Sora sous Aurelien. t. Ill, p. 244. Cyrille, eveque d'Antioclie, confes- seur en Pannonie sous Galcre. t. IV, p. 173; t. V, p. 26-27, -28. Cyrille, soldat, martyr ;\ Sebaste sous Licinius, t. V, p. 308. Cyrille, patriarclie d'Alexandric. I. Ill, p. 244; t. IV. p. 76. Cyzique, ville de I'Asie proconsu- laire, t. V. p. 306. D Dachms, martyr a Carthage sous Maximien Hercule. t. IV, p. 261. Dacie. Daces, t. I, p. xxxi; t. II, p. 243 ; t. III. p. 240. 2H. -2.34: t. IV, ■p. -2.33. Dalmates, t. II, p. 413; t. ill, p. -224. Damas, ville de Syrie. t. II, p. 213; t. Ill, p. 180; t. IV. i>. 344; t. V. p. 187. Damase, pape, t. I, p. 360, 363 ; t. II, p. 301; t. Ill, p. 73, 31-2, 314, 313, 316, 317, 321. ,32-2, 323, 320, 340. 348- 331, 361. 364; t. IV, p. XV-XVIU. 187, 188, 363, 364, 36!t. 378, 380, 381, 382, 386, 3i)0, 303, 404 ; t. V. p. 340. Damien, medecin, martyr en Cilicie sous Diocletien, t. V, p. 68. Daxaides, nom donne a des martyres de la |)ersecution de Neron, t. I, p. 48-49 ;t. Ill, p. 93. Dasiel, martyr a Cesaree sous Maxi- min Daia, t.'IV, p. 128-130. 382 INDEX ALrHABETlQUE. Uantus, martyr a Cartliagc sous Maxi- inicn Hercule, t. IV, p. 261. l)aiiul)e, 1. 1, p. 204, 387,- t. II, j). 2-2-, ii'i, "2G-2, 433; t. Ill, p. 3, 15.5, 239, 240, 2i»4; t. IV, p. 13, 28, 142; t. V, p. II, 137. Uapliiie, village ile Syrle, I. 11, p. 427. Dardanelles.!. IV, p. 81. Daiua, martyre a Home sous Yalc- rien, t. Ill, p. 46, 72-74, 313-317. Uaria, femme duniarlyr Nicandre, t. IV. p. 123 124. 127, 129. Uasumii (famille dcs). t. IV, p. 408. Dalianus, magislrat i)erseculcur, I. IV. p. 40, 235-236. 248, 240, 437, 441, 442; t. V, p. lit. Dativa, emprisoiinee puur la foi a Rome sous Dece, t. II, p. 285. Dativus, martyr a Carthage sous Maximien Hercule. t. IV, p. 2{il. 263-267, 273, 432. Dvrivus, evcque, confesseur aii\ mines de Sigus sous Valcrien, t. III, p. 60, 61. ixicapole, I. IV, p. 342. Dece, empcreur, t. 1. p. n, iv,xnviii, \xxiv : 1. 11, p. 1, X, bo. 241, 254- 255. 258-275, 278, 281, 284, 2!)0, 2!»5, 300, 302, 30.";, 307, 311, 312, 330, 331, 340, 3.53, 3(i0, .303, 39!>, 407, 41i, 412,418-419, 42'i. 433- 436, o05, iiOO; I. 111. p. i. III. IV, V, VII, XM, 2, 4, 7. 20, 22, 24, i'J. 3!», 51, 54, 09, 108, 131, 110, 141, 142, 140, IGO. 100, 205, 207, 270, 300, 300, 370, 373, 374, 375; I. IV, p. xii, xx, 27, 52, GO, 194; t. V, p. 180. 273. Dece Ic Jeune, empcreur, I. Ill, p. 203, 204. Decehale, roi des Daces, I. 1, p. 102. Dcciaims, lexal de .Nuniidie, I. HI, p. 120, 132, 148. DEcrr.iis, iiKirlyr a Setif sous Maxi- niicn Hercule, I. IV, p. 430. Deli)lics, t. IV. p. 43. Demetrianus, magislrat persecu- teur, t. III. p. 21, 23. Demetrius, eve(|iie d'.\lexandrie, t. I, p. 70. Demetrius, e\e(iue egyptien, t. Ill, p. 184. Demetrius, centurion, t. IV, j). 302. Demse, martyre a l.ampsaepic sous Dece, t. II, (). 396-398. Denys I'Areopagilc. martyr a Atheiies sous Domltien, t. I, p. 233. Denys, eveque d'Alexandrie. conTes- seur sous Valerien. 1. 1. p. ni; I. II, p. 333, 353, 354, 357, 338, 300, 361-363, 303. 366 367, 420; t. HI, p. M, 11, 21. 23, .33. 65-70, 100, 1.37. 100. 182-183,184, 1S3; t. IV, p. XM, 182. 303; t. V, p. 180. De.nys, martyr a Corinllie sous Dece, t. II, p. 369. Denys, oveque et martyr a Paris sous Maximien Hercule, t. IV, p. 36. Denys, martyr pres d'Eplicse sous D«;ce, t. II, I). 393. Dexys, martyr a A(iiiilee sous Cari- nus, t. Ill, p. 299. Dexys de Trl|iolls, martyr a Cesaree sous Diocielien, t. V, j). 8-9. Dexys de Cesaree, id., il>id., p. 9. Denys, pape, t. II, p. 278; t. 111. |). lut», 170, 207, 208. Denys, ev6que de (^oriutlie, t. I, |i. .373. Denys, preire cl nuklecin, I. IV, p. .330. Deusatelid. pretre, t. IV, p. 104. Devota, martyre en Corse sous Maximien Hercule, t. IV, p. 419. Diane, I. II, 1). 392393, 305, 307, INDEX ALPHABETIQUE. 383 402-404, 453, VH, '..■;.';, 'M ; t. Id. p. it,i; I. IV, |). W, 321 322, -i-li, 327-328. DiDiF.it, martyr a I'ou/.zolcs sous Maxiniicn Hereule, t. IV, p. 406. Uidius Julianus, prncdnsul, t. I, p. 3-. DiDYME, martyr a .\le\aiulrie .sous Diocletien, t. IV, p. 348-349. DicN.v, scrvante, martyie a Augs- hourg sous Maximieu Herrulc, t. IV, I). 424-425. DiGNA, marlyre a Ruskadc sous Maximien Herculc, t. IV, p. 430- 432. Dijon, t. I, p. 415: t. Ill, p. 233. Dinocrate, frere desainlc Per|)6luc, t. II, p. 112-113, 115. Diocleticn, cmporeur. I. I, p. ii. xxviii, XXX. XXXIII, 80; I. II. p. -291, •2ft», 35ti, 3W;, 508; t. Ill, p. xill, XVI, XVII, !•-. \-i-2, 235, 280. -283, 298, 299,301, 302, 3.18; I. IV, |). i, ii, XXI, xxni, XXV, XXVI, xxix, xxxiii, XXXIV, XXXIX, XL, XLI, XLV. 3-16, 24, 25, 32, .37, 42. 53, 5i. 55, 56, 73. 77. 80-85. 90. 91. 92 96,98, 99. 105. IKi, 131, 142-145. 148-158, 160, 162-167, 171, 174, 178, 187, 193, 216, 218, 221. 223.224-227, 231. 233, 242-246, 248, 250, 251, 276. 319, 344-345, 349, 303, 307, 393. 411. 42;i; t. V, p. 2-3. 4, 9-18, 59, 82, 83, 80, 88-89. 161-163. 2.33, 253, 305, 335,337, 341, 343,345, 3.53. DioGENE, martyr a Rome, I. Ill, p. 317. Dioi,'ncte, t. I, p. 254, 256. Dion Cassias, liisloricn, t. I, p. 10, 23; t. IV, p. VIII, IX ; t. V^p. 356,363. Dion Cassius. iiroconsul d'.ilricjuc, t. IV, J). 102-109. DioxYsiA, inartyrc a .\loxandrie sous Dece, t. II, p. 357. Dioiivsius, ciirctien cntcrro au ci- metiore de Calliste, t. IV. p. 2i. Dionysius (Erinnins), magislrat persi'cuteur, t. Ill, p. 282. DioscouE, confesscur a Alcxandrio sous Di-ce, t. II, p. 357-358. Dioscore, pretre d'Alcxandric, t. II, p. 366. Dioscoridc, liigitir pour la loi sous Dece, t. II, p. 426. Dirges, nom donne a des marlyres de la persecution de Neron, t. I, p. 48-50;t. Ill, p. 95. Dius, pietre, martyr a Alexaudiio sous .Maximin Data, t. V, p. 189. Djudjura, iiionlagnc de la Kahylie, t. III. p. 147. Dniester, f. Ill, p. 1.55. Dolielie, \ille de Cnmmagcne, I. IV, p. 70. Doniitia, lemnie de Domiticn. t. I, p. 93, 96, 127, 130. Domitien, soldat, martyr a Sebaste sous Licinlus, t.v, ]). 308. Domitien, enii)erenr,t. I, p. iii,xxxii. XXXVII, 91, 93 94, 96-111, 113- 121, 122-129, 132, 13.3, 134, 138, 140. 383, 385, 386; I. II, |). i, '«6, 455; t. Ill, p. 278; t. IV, |>. IX. 118. Domitien, magistral iiersecuteur, t. Ill, |). 255,2.56. Domitien, general romaiii. t. Ill, p. 255. Domitien, sunateur. t. Ill, p. 255- 2ie. D()Mnn.i..v (Klavia). lemme de Fla- vins Clemens, releguee |iour la loi a Pandataria (et cinielierc de), t. I, p. 88, 91, 9.3. 103. 127, 128, 403; t. II, p 469; t. Ill, p. 2.55; t. IV, p. 11, 197, 302. DoMiTiLLA (Flavia), niece de Flavins Clemens, releguee pour la foi a Pontia, 1. 1, p. 106 108. I.i5. 164, 166, 168, 109. 384 INDEX ALPHABETIQUE. DoMMNA, martyre a Egee sous Maxi- miii Daia, I. V, p. 71. DoMNiNA, martyre en Syrie sous Mavimin Daia, t. V, p. 77-78. DoMxiNL's, martyr pres de Parme sous Maximien Hercule , t. IV, p. 412. DuMXixLs, martyr i\ Cesaree sous Maxiniin Daia, t. V, j). 97. Domiiinus, apostat, t. II, p. 61, 374. DoMxus, soldat, martyr aSebastc sous Licinius, t. V, p. 308. Domnus, evcque d'Antioclie, t. Ill, p. -Jll. DONAT, confesscur.i Nicomedic sous Diocletien etGalere. t. IV, j). 228- 229; t. V, p. 158. DoxAT, martyr a Carthage sous Decc, t. II, p. 324. Donat, evcque de Maxula, traditeur, t. IV. p. 192. Donat, eveque de Porto, t. Ill, p. 253. Donat, eveque deCasaj Nigra% t. IV, p. 2-28; t. V, p. 272. Donat, eveque de Calame, t. IV, p. 201. Donat le Grand, eve(|ue scliisniati- que de Cartilage, I. IV, p. 228 ; t. V, p. 272. DoNATA, emprisonni'o pour la fni a Konie sous Dccc, t. II. p. 285. DoxATA, martyre a Scilliuni sous Commode, t. I. p. 439. DoxATiEX , martyr a Nantes sous Maximien Hercule, t. IV, p. 37. DoxATEF.N, marlyr a Carthage sous Valericn, t. Ill, p. 116, 120. DoxATiLLA, martyre a Tliuburbo sous Maximien Hercule, t. IV, i>. 432. 433, 435. Donatistes, t. IV, p. xliv, xlv, iS't, 191. 203, 20i, 377 : t. V, j). 51, 272- 281. Donatus, consul, t. HI, p. 373. Dorostore, ville de Mesie, t. IV, 1). 117. DoiiOTUKE, chambcUan, martyr a Nicomudie sous Diocletien, t. IV, p. 54, 167. DoiiOTiniE, a Alexandria, exilee sous Maximin Daia, t. V, p. 79. DoKYMEDox, decurion, martyr a Synnade sous Probus, t. Ill, p. 286-291, 2!t2. Dositlice, graminairicn, t. I, p. 2ii. Drusllle, soeur d'Herode Agrippa 11, t. I, p. 83. Drusus, t. I, i>. 25. Dulcetius, gouvernour de Mace- doine, I. IV, ]>. 278-285. Dulcidius, correctcur d'Istric et de Vcriotie, t. IV, p. 22. Eboracuni (York), t. V, p. G2. Kdesius, martyr a Alexandrie sous Maximin Daia, t. V, p. 49-50, 7!». Edesse, capitale de rosiliocnc, (. II. )). lit, 101 ; I. V, p. 77, I'.tl. Editils, soldat. martyr a Sebaste sous Licinius, t. V, )). 308. Edusius, grcfflcr, t. IV, p. 107. Egec (iner), t. II, j). 308, 370; I. IV, p. 114. l.XDIiX ALPIIABETIQUE 300; 'iSl Ks('C, villc (Ic Cilicie. t. Ill I. V, p. 07-73. Egoric (bnis d'), t. I, p. -20. EKM'te, Esypticns. t. I, ]>. -200: t. II, p. 67-78, 2.-i0-2o2. 2G3, 351-307. 357, '.12; t. Ill, p. 23, (M-70, 178-17!», 184-187, 210; t. IV, p. 20, 27. 345 3.'k>; t. V, p. 31-3.J, 50-.J8, 78. 90, 102- 103, H.'i, 127-130. 130, 140, 142. 154. El-iK'''ljaIc, tlicu solairc, t. III. p. 2I!». Elagahalo. ciiipereur. t. II. ]>. i, 172- 175,170, 177, 178. 207. t. III. p. 2i(l. 227, 228, 229, 295. Elecsippos, martyr a Lanj^rcs (ou cii Cappadnce) sous .Maic .4iirclc, I. I, p. 415. Elie, soldat, iiiarhr a Schasfc sous Eicinius. t. V, |(. 308. Eliex, id., ibid. Ei.i'is. niartyrea Rnme sous Hadrien. t. 1. p. 223 224. EiiK'se, ville dc I'lic'iiiL-ie. 1. V. p. 191. Eiiiillen, legal de I'annonic. i)uis cuipcreui', t. HI. |). 2lt. .30. Emilien. ]>rcfcl d'Egy|)te, usnrpa- Ifur a Alexandrie, t. (IE, \). 05-09. 184-187, 199; t. IV, |). 222. Emilien, pn'Tet do la TarrarDiiaise, t. ill, p. 100-102, 105. Eiiiilii (famillc dcsj, t. II. ]>. 178. Emu.ils, martyr eii .Mrifpu! sous- Se|>limc Severe, I. 11. p. 96. Emijius Parlcnius. eiitcrre dans le cimctierc de Callisle, t. 11. p. 243. Emygdius, evequc et martyr a .Ascoli sous Maximieu Hercule, t. IV, (>. 412. Enckatis, clMclieune ayant confosse la I'oi a Saragosse sous .Maximieu llerculc, t. IV, p. 439-441. V. Epa-iietc, iiommi' daus la lettrc do saint I'aul aux Uomains. I. I, p. 23. Epiiese. t. I, p. 251, 2.52, 374; t. II, p. 392-394, 402 ; t. IV, p. 298 ; I. V, |.. 34, EiMiYsiis, martyr a Cagiiari sous Maximieu Hereule, I. IV, p, 418, Epicti'te, t. I, p, 305. 308.387;!, II, p. 309. Epimaoue, martyr a Alexaudiie sous Decc, t. IE p. 357. Epil)hane, eveque dc Calamine, t. IE |>. 432; t. IV, p. 94. Epipode, martyr a Even sous Marc .\ureie, t. 1, p. 413-414. Ei'.AsME, martyr en Canipanic smis .Maximicn Hercule, t. IV, p, 406. Erinnius Dionysius, iirefel dc la Phrygio Saiulairc. t. III. p. 282. Esculape, t. I. ]). 340; t. II. p. 402; t. Ill, ]). 300; t, IV, p. 130; t, V. p. 27, 148, 287. Esiiagne, t. l, \>. 09, 433, 448; t. ii, p, 4, 203, 304-306 ; t. Ill, p. 98-100, 380, 381, 382,.3!>2: t, IV. p. xiii. .57- .58, 59, (il, 85, 80, 139-142, 183, 2;j5- 241, 247-2(9. 437-446; t. V, p. 18. 1!», 22, 239. p. .30, Esc|uilin, t. I. .393. t. Ill, p. Elecusa, clii'etlenuc dc Home, I, II, p. 282-283. Etiexne, diacre, premier marlyr. 1. 1, p. 130; t. Ill, p. .323; t. V, p. 33. Etienxe, pape, martyr ou coufes- seur, t. Ill, p. 36-37, 38, 40. 45, 70, 71, 240, 320, 333. Etienxe, diacre, martyr a Rome sous Valericn, t. III. p. 87. Etrurie, t. I, p. 200; t. Ill, p, 202. 338: I. IV, p. 3(«), 403: t. V, p. 220. ;38G INDEX ALPlIAliETlQUE. Eldllus, marly r ;i Crsarcc sous Maximiii Daia, I. V, p. 134-135. Eucher, ovoquc tie Lyon, t. IV, ji. -2(i, 37; t. V, ]). 330-318, 3"i3, 334, 3Gi. EudaMiion, cv(''f|ur cic Smyrnc, ai)OStat, t. II, !>. 373. El'doxe, soldat, martyr a Scbaste sous Licinius, t. V, p. 307. EuDOXiE, niartyre a Hi liopolis, t. f, ]). 208. Eiidoxic. ini|)('ra(ricc, I. IV, p. 3i'2: t. V, p. 2:21. Erc.KXE, martyr a Tihur sous Ila- dricn, t. I, p. 269. Eui;(''ne, frt'-re de la marly re S\ut- pliorosc, t. I, 1). -Mi'.). Eu.m'ne, lecteur, t. IV, p. V.)H. Eugene, iisurfiatcur a Aulioclie, I. IV. p. 222-223. EtGiixiE, martyrc a Home sous Vale- rien, t. II, p. 470; I. Ill, p. 05, 96. EcLALiE, martyre a Merida sous Maximien Hercule, t. Ill, p. 3.3(i; t. IV, p. 442-446. Eir.ocE, diacre, marly r a Tarrasone sous Valerien, t. Ill, p. 98-106, 1.>2. Euloge, palriarilic d'.Mexandrie, I. MI, p. 8!). Eumeiie, rlieleur i)aieu, t. V, p. 4. Eumeiiie, ville dc I'lirN^ie, I. I, P- 37ii. EiXATiiAs, maityi'e a Cesaree sous Maxiiiiiii Daia. t. V, p. 120. ErxicioN, marly r a (ioilyue sous Dece, 1. II, p. 367. ELXoiorr, soldat, marlyr a Sebasic sous I,i( iuus, I. V, p. 30S. ELXOMr\, ser\aiilc, marlyre a Augs- hourg sous Maximien Hercule, I. IV, J). 424-425. Eupator, irenai(iue, 1. II, p. '<--i3. Elphemie, martyre a Clialcedoine sous (;alere, t. Ill, ji. 333; t. V, p. 94-95. EL'pnr.AsiA, martyrc a Aneyre sous Dioelelien, t. IV, p. 325-329. Euplirate, t. II, \). 221; t. Ill, p. Ki:; ; t. IV, p. 112. 22G; t. V, p. 78, 30i. Eupliraxie, t. I, p. 200. El'pias, diacre, martyr a Catanc sous Mavimicn Hercule, t. IV, p. 406- 410. Eupor.F,. martyr a Gortyiic sous De- ce, I. II, p. 369. Europe, province de Tlirace, I. IV, !>. 177, 231. EisEiiE, pope, coufesseur. mort en Sicile, t. II, p. 201; t. Ill, p. 31(i: t. IV. p. XVI ; t. V, p. 125-126, 202-203, 204. Elseije, martyr a Rome sous Coui- mode, t. I, p. il2. Eusede, prelre, martyr a Rome sous Valerien, t. Ill, p. 43, 44-46. Eusehc, diacre d'Aiexandrie, eve- quc de Laodicee, t. II, p. 366; t. Ill, p. 185-187, 210; t. V, p. 180. Ecsiir.E, evecjue et martyr a Cibalis, t. IV, p. 289. Eusebe, eveque de Cesaree, t. I, p. X, 13, 107, 138, 180, 2015, 232, 203, 204, 206, 207, 311, 382, 442; t. II, ]). Hi, 70, 71, 73, 74, 76, 80, 156, 176, lOi, 103, 221, 225, 230, 230, 208, 373, 308, 42(1, 427, 431, 477; t. Ill, I). VII, 32, 1(13, 181, 203. 338; t. IV, p. XI, XXVII-XXXVII, 20, 3't, 3(i. 3!», . G8, 70, 71. Eutieius, lectcur, f. I\', |). !!):». Eulicius, pore du mait>r \iii(Ciit, t. IV. p. 2^7. EiUolmius, (onito d'Oriciit, t. IV, p. 3i't. EcTiiopE. uiartjr a Oslic sons An rc- lien, t. Iir, ]). 244. EiinoPK, .«ohlat, inarl>r a Aiiiasue sous Calcre, t. V, p. 46. Eulropc, liislorien, t. I, p. 1.38; t. in. p. 301; t. IV, ).. XXXVIII, XXXIX, 'JO. -20; t. V, p. 4, 10. Eltyches, soldat. martyr a Sobasle sous Licinius, t. V, p. 308. Eltyciiia, niartyre ou confossciir ;i Thessoloiiiquc sous Galcre, t. IV, p. 280, 285. Eiilycliicii, iiiontanisle cniprisonnc a Smyrne, t. II, p. 382. EiTYcuiLs, marlyr ;i Fercntuni sous Claude le Gotliique, t. Ill, p. 202; I. IV, p. i03 Eltyciiils, martyr ;i Rome, t. IV. p. 188, 404. EuTYcriirs, ronrossour a Corncto sous .Maximieii Iterculc, t. IV. p. 403- 404. Eltyciiils, marlyr a Pouzzoles sous Maximieu Herculc, t. IV, p. 406. EcTYCiiRs, soldat, martyr a Scbaste sous Licinius, t. V, p. 308. Ev.\, martyre a Carthage sous Ma\i- niieu Hercule, I. IV, p. 261. EvAKisTi;, martyr a Gortyne sous Ucce, t. II, ]). 369. EvF.i.i'isTis, martyr ;i Home sous .Maximieu Herculo, !. i\', |). 367. Evelpius, donateur d'une area I'u- nerairc, t. II, ]). 471. EvF.NTiis. martyr a Rome s|)us Ha- (Irion, t. I, p. 203, 200, 21.';, 210, 2KS. E\li(idus. |)(''re nourricicr dc Cara- calia. t. 11, p. 21. 22. EvoTLs. martyr a Saragossc, t. IV, p. 238. ExANTUiL's, mart>r a Come sous Maximieu Hercule, t. IV, p. 416. Exsupehantius, diacre, martyr a Assise sous Maximieu Hercule, t. IV. p. 405-406. ExuPEUE, oflkier tliel)ecu, martyr a Agaune sous Maximieu Hercule, V. IV, p. 31; t. V, p. 3H. Kai!If.n. pape, martyr ;i Home, t. II, p. 21.3, 238-239, 275 280, 281, 309, 403; I. Ill, p. 109; t. IV, p. xv. Fai)ius, eveque d'Anlioche, t. II. p. 412; t. Ill, p. G. Fabius Victor, perc du martyr Ma\i- milien, t. IV, p. 102. lOi, 107. Faleries, villc du Latiiini, t. IV, p. 413. FalloniusPiuianus, proconsul d'Asic, t. IV, p. 398. Faraxen, ciief kabylo, 1. Ill, p. 118. Faust, martyr a Cordoue sous Maxi- mieu Henule, t. IV, p. 442. 388 INDEX ALrilAl'.ETIQUE. Fausln, femiiie do Constantiii, t. 1, |). '.-21; t. V, p. 8!>, 2-2,"i. Faiisliiio, fcmme de Marc Aurele, I. I, p. 43i. F.MsiiMs, martyr a Uomo sous Ha- drieii, t. I, p. 203 204. Faustims, martyra Home sous Jlaxi- mien Hercule, t. I, p. 279; t. IV, p. 368-369. Fausliiuis, prrtrc (FAIcxandric, I. II, ]). 3(m. Falstcs , diacre , conl'csseur a Alexaudric sous Valcricn, mar- tyr sous Maximiu Daia, t. II, ji. ;f(i(i; t. Ill, p. 65; t. V, p. 189. Faistls, martyr a Carthage sous ilaximicn Hercule, t. IV, p. 261. Felicien, soldal, martyr a Marseille sous Maximien Hercule. t. IV, p. 47-48. F^ELicissiMA, marlyre a Fah'rics sous Claude le Colliique, I. Ill, ji. 202. Fei.icissimis, diacre, martyr a Kouic sous Valericu, t. I, ji. 211; t. Ill, J). 87, 31'J, 3-20, 3-28. Fei.icissimus, cojifcsseur a Carthage sous Dcce, t. II, p. 322, 3t(j. Felicissimus, scliismaticpie a Car- thage, t. II, j). 346, 3't7. Fei.icite, mart\rc a Konie sous .Marc Aurele, I. 1, p. -211, 341-364, 30.-;. Fei.icite, esclave. marlyre a Carthage sous Scjilinie S('\crc, t. I, p. ."iO; t. II, i>. 95-127. FEMiiiiE, marlyre ;i Capoue sous Dece, t. I, p. 369 376. Fi.MX, martyr a Home sous .■\lar<' Aurrle, I. I, J). 346, .(.•;'(, 3;iH, 3(ia. Fri.iN. iiiarl\r a Saiiliru sous ;Marc AmicIc, I. I, p. 415. Fei.ix, martyi' .'i Scilliuiii huus Com- mode, I. I, |i. 349. Fr.i.ix, mart>r a Valence (en Gaule) sous Caracalla, t. II, p. 168. Felix, prctre, confesseur a Carthage sous Dece, t. II, p. 333. Felix, eveque africain, confesseur aux mines de Sigus sous Vale- rien, t. Ill, p. 60-61. Felix, autre evefiue africain, confes- seur au menie lieu, t. Ill, p. 60. 61. Felix, confesseur a Nolo sous Va- lerien, t. I, j). 279; t. Ill, p. 167- 169. Felix, prelre. mart\r a Sutri sous Aurelien, t. Ill, p. 2l't, 247-248. Felix, martyr a Aquilee sous Carinus, t. 111. p. 299. Felix, martyr enterre dans lo cime- tiere Oslrien, t. IV, p. 3!i7. Felix, martyr a Saragosse, t. IV, J). 232. Felix, eveque de Til)iuca, martyr a Vcnouse sous Maximien Hercule, t. IV, p. 208-211. Felix, soldal, martyr a l.odi sous .^laximien Hen ulc, I. IV, p. 416. 417. Felix, liis dii prctre Saturn in, mar- tyr a Carthage sous ."^laximieii Hercule, t. IV, p. 261. Felix, martyr a Carthage sous >la\i- mieii Hercule, t. IV, p. 261-270. Felix, id., ibid. Felix, id., IMd. Felix, evecpjc el martyr a Spello sous Maximien Hercule, t. IV, p. 404. Felix, niarljr J C.irone sous .Maxi- mien Hercule, I. iV, p. 441. Felix, |>a|)e, I. Ill, p. 207, 243-244. .■i-27, Felix, e\e(|ue de Saragosse, t. IV, 1>. 2;t7. INDEX ALPHA nKTiQLi:. 38'.» Krlix, rV("'r|Li(' d'Aptongc, t. I, p. ix; I. IV. p. xi.ir. 206-207,-273. 275. I-'clix. iiiurliiier, Iccleur, I. IV, p. 198. I'ulix, piocurateur dc .luJoo, t. II, |). 287. Felix, l)caii-porc de Poheucte, t. I, J). 33:t; t. II, p. WG, 495, 491J, .407, 498, 499. 509 510. :i\-2. Fcrentuiu, ville d'tdiirio. I. Ill, [). 203 . Kerrata (legion IV), t. III. p. 179. FEiiaEOL, martyr a Cesamoii sous Caracalla, t. II. p. 168. Fekiieol, oflicier, martyr a Vicnnc, t. IV. |). l»-2. FEiiiiLTiox, niarl\r a Ucsangoii sous Caracalla, t. II, p. 168. Fkstis. martyr a Pouzzolcs sons .Maximien Hcrcule, t. IV, \). 406- Feslus, procuratour do Ju(lec,t. I, p. 149. FiDEi.E, martyr a C(>me sous Maxi- mien Hercule. t. IV, j). 416. FiDEXcE, martyr a Martane sons Maximien Hcreulo, t. IV, p. 406. Fides, niartyro a Rome, cntcrrec dans Ic clnKMierc d(! Callistc. 1. 1, p. 2-21. 223-224. Firmilien, icouvernour de Palestine, t. V, ]). 113, 119, 120, 1-28-13;. FiUMiNA, mart) re a .\melia sons Maximien Hercule. t. IV, p. 416- 418. Fii'.MLS. iiiaityra Cartliasc sous Dece, t. II. p. 324. Fui.Mis, martyr a Verone sous Maxi- mien Hercule, t. IV, j). 416-418. Fismes, bourg i)res de Reims, I. IV, p. 38, 4-21. Flacfinus, gouvcrneur de Rilhynic. t. IV, J). 217, -2-2H. Flaminienne (voie), t. V, p. -220. I'l.WIA Uo.MITII.I.V ( \Oir DoMITM.I.A). Flavia(famillc), t. IV. p. 2-29. Flavia (legion XIV), t. III. p. 179. Flavianus Hilarianus, proruratenr d'Afriiiue, t. II, !>. 85, m. 9"i, 107, 112, 1-23, 12 1. Fi.AviEX, martyr a Carthage, sous Valerien,l. II, p. 471; t. Ill, !>. 116- 129. Fla\ien, gouverneiir de Palestine, t. IV. p. 230. Fla\iens. t. I, p. 83. 8i, 87. 88. 89. 9i. 90. 98, 90, 107, 109, 110, 13y. 1 40. lit; t. II, p. vni, 2, 18 ; t. V. (.. 10. Flavio[)olis, ville de Cllicie, 1. Ill, p. IH). Fi.Avns,soldat, martyr a Si'djaslesous Lieinins, t. V, p. 208. Fi.AVRs CLEME^s (voir Clemens). Flavius Petro, t. I, i). 9i. Fla\ius Sabinus, frere de Vespasien, 1. I, p. 89, 90, !>2. Flavius Sabinus, frere de Flavius Clemens, t. I, p. 93. Florns, renegat a Carthage. I. 11. p. 325-326. Florns. gouverneiu'de .Niiniidie, 1. IV, p. 212, 426-428. Foi, martyre a Agen sous Maximien Hercule, t. IV. p. 39. FoiiTUNAT, martyr a Valeneeen Canle sous Caracalla, t. II. p. 168. Fortunat, corresiiondant dc sainl Cyjirien. t. Ill, p. 47. Fortunatianns, avocat. t. IV, i>. 2G:>- -2i;U, -272. Forlunatns, auteur (riiiscriptimis en riionneur des martyrs Nivalis. Matrona ct Salvus, t. IV, p. 4-29. Fortunatus, evcque d'Assur, renegat, 1. II, p. 317. Fortune, diiessc, t. II, p. 401; t. Ill, p. Ill; 1. IV. p. -2.i7. 390 l.NDEX ALPIIAlJETIQUli:. FoKTL'Niox, martyr a Carlliagc sous Dccc, t. II, p. 327. Fossano, I. IV, j). 13-2. Fraiifs, t. Ill, p. 152, 231, 2(,:i; t. IV, p. 41, 81,04; t. V, p. :20!>,2Mt. Frelensis (legion X), t. Ill, ]>. I7f). Fronton, martyr a Saragossc, I. IV, p. 238. Fronton, jiictre cliri'ticii, t. IV, p. 324-325, 334 335. Fronton, rlictcur ]ia'u'n, i. I, p. 3l(i. 321. 4i9; t. Ill, p. 300; t. V, p. 18(i. Fr.LCTUELx, cveque et martyr a Tarra- sone sous Valcrlen,t. I, p. ix;t.ll, p. d33; t. Ill, p. 98-106. Frucluosus, fossoycur, t. IV, ]>. ly-;. Fkl'ctls, mart\ r a Cartilage sous Decc;, t. 11, ]>. 324. Fulnihiata (Irgion XII), t. I, p. 377- 378; t. II, ]). 411, 507; t. V, p. 307. Fnndanus, cviMpio d'AI)it(''nc, tradi- leur, t. IV, p. 192. Furius Dion>sius Pliilocalus, t. I, p. 350; t. Ill, ]). 329. Furncs, villo de IWfrique proconsu- lairc, t. IV, p. 200. FiscA, mariy re a Ilavenne sous Dcce, I. II, p. 300. Fuscianus, [jrel'et dc Home, t. I, p. 4ii. FusciF.x, marlyr a .4miens sous Ma\i- mien Hereuic, t. IV, p. 38. Fuscus, ncveu d'Hadrien,t. I, p. 200. Gabies, ville du Latium, t. I, ]>. 21!). Gabies, vilic do la Saljinc, I. 1, ]>. 210, 227. Gabinius, pcrc de sainte Suzanne, t. IV, p. (i. Gaius, gonverncur de Klielic, I. IV, ]). 420-42 i. Gaiatie, t. I, p. 02, 00, iir,: t. II, p. 412 ; t. IV, p. ,50. 233-234, 20:i, 321-335,3.55, 300; t. V, p. 15V. Galalius, liahilant (FAplongc, I. IV, p. 200. Gaiba, crniiereur, t. I, p. 77; t. I\', p. 405. Galore (Maximien), cmpcrcin-. I. I, p. 101; I.. IV, p. XXX, XXXIX. XLI, 85-91, 0(;, 0!». K)-,, ni- ne, 110, l-i:i. I.i-2, l',,{, I'(.5, iw- 1.55, 1.50, 161-165, 107, 171, 172, 17.3, 178,-218, 2.50, 270, 277. 201, 350; I. \', p. .3, 9-17, 2'(-. 25. i!8, 3(i. 37, 38, 39, 43. 50, CO, 01, 03, 64-67, 00, 72, 81, 82, 83, 80, 87, 88, 80, 90, 01.02, 03,0(i, 110, 111,112,146-159, KiO, 101, 103, 200, 200,210, 235, 23S 230, 2i0, 24i, 250, 200, 352. Galicn, medcein, t. I, p. 387; t. H, p. 22. Calilce, t. I, p. .S3; I. Ill, ]i. -20, -207. Calileciis (cliretiens). t. IV, |). 3.3-2- .3; {3. 7. IO,S, 21)0, 29i, 377-379, 388- 389, 302, .t.li; I. IV, p. 2, 3, 1'*, .37, 81, 2-22. Gallioii, proconsul d'Achaic, (. I, p. ;!;(. INDEX ALPIIABtTIQUE. :W1 fialls,i)rr'trcsilcCybcIc, I. IH, p. 196. Callus, eiiipcrcur, t. Ill, p. 2 3,20- 21, i{, 29-30, ;$■;, lii;. Gaiigre, villc de Paplilasonic, t. Ill, p. 14-i. caudoiitius, I. I, p. 8:;. Caiilo. r.aulois, t. I, p. (>!), 20i, 3!)I, 392-393, 43.J, 'ti8: t. II, p. 4, 124: t. V,p. 22, (12, II0,2I(;, 2.3:1, 274, 34';, 340, 347, 353, 3"; 4. G.vvixus, sohlat, niarhr a Torre sous Maviiiiicii Herciile, t. IV, \i. 418. Gaza, ville dc Palestine, t. I, p. 340; I. IV, p. .•i2; t. IV, p. 8, 73, ;)7, 110, 140. GEL.4.SE, niarlxra Gorlync sous Dcce, t. II, p. 369. Gcmina (leyion VII), t. II, p. 2;i3. Gexkisos.x, martyrc a Scllliuin sous Commode, t. I, p. 439. Gcnerosa, (ondatrice d'une cala- (•oml)e, 1. 1, p. 279; t. IV. \). 370-371. (iF.Ni'.s, martyr a .-Vrles, t. V, p. 3t)U. (;em;s, martyr a Home sous Diocle- tien, t. IV. 1). 7-12. Geneve, t. V, p. i?37, 33:t. Gexl'inls, mart\r a Home sous Ma\i- micii Herculc, t. IV, )>. 363. Geohces, martyr en Cappadocc, t. I, p. 2J0. Gekm.mn, marlxra Cadix sous .Ma\i- niicu Herculc, t. IV, |). 437. GEnsiArx, martyr a Cesan'e sous Maxiuiiu Daia. t. \', p. 120. Geumvmcls, uiaitxr a Siinrue sous Antoiiin, I. I, p. 299. Germanic, Gcrmains, t, I, p. 3(3. 448; I. II, 1). Kil, 201; 1. Ill, p. 30, 17-;. 239, 378, 379, 380, 387, 390 ; I. I \ , p. 39, 49 ; t. V, p. 3 49, 3:i0, X: 2, 3."; i. Germanus, eveque egyplicii , 1. HI, p. 09. (iF.KVAis, martyr a .Milan, t. Ill, \>. 420; t. V, p. 3.'i9. Gcssoriacum (Boulogne-sur-Mci), t. V, p. 02. Geta, empereur, t. Il, p. 71, 128 KiS- I.VJ. Getui.ils, martyr a Gabies sous Hadrien,t. I. ]>. 218-221,209. 270, 270, 277. Gi'vaudan, t. Ill, ]>. lol. Girone, Nille de la Tarraconaise, t. IV, p. 424, 4.37, 441. GiNALiLs, martyr a Carthage sous -Maximien Hercule, t. IV, p. 261. <;LAi;riiox (voir.\r,u.ii:s Glabriox). Glycon (serpent), t. I, p. 33); t. IV, p. 13, 18. Golgollia, t. I, p. 204. Gordianus, senateur, t. I, ]>. 422. Gordien I'-'' empereur, 1. II, p. 209- 210. Gordien II, empereui', t. II. ji. 210. 211. Gordien III, empereur, t. II |>. 209- 211, 213, 218-221, 2.{.i, 241, 242, 2:i3; t. HI, p. 2, 249; t. IV, p. 3.-;9. GoiiDiLs, martyr a Cesarcc de Cappa- doeesousLiciuius,I.V. ji. 311-314. GoucoxiLS, cliambellau. martyr a Nieouiedie sous Dioclilien , t. \, p. :n, 167. GouGoxius, martyr a RomcsousMaxi- niien Hereule, t. IV, ]>. 363. GonGoxirs, soldat, martyr a Sobastc sous Licinius, t. V, p. 30S. Gorlyne, ville de Crete, I. II, p. 309. Gollis, t. I, p. 300; 1. 11, p. 193,201. 302 JNDEX ALPHABETlQUi:. 2ii3, 307, 433; I. Ill, p. 3-4, -29, 13:i, 1.-;3, lot, loo, 199, 20o, 211, 2(io, 31o, 31(i, 317,' 3-29; t. IV. j). 'tO, IGo, 31o ; t. V, p. 31o. Giado , ilc de l'Adriali(|ue , t. IV, |). ±2. Grande Gn'-ce, t. IV, p. -211. Gration, niagistrat on liDuncaii cdii- \crli. t. IV, 1). 381. (Iralieii, empcreur, t. II, p. 234.503; t. V, p. 283. GisATir.iAMs, niartvr a lah'-cios smis Glaudc le Gotlii(|iu-, I. Ill, p. 202, 203. Grains, rnnsul, t. II, p. 2:);). Grrco, Grccs, t. I, j). 7(3, 77, 20i, 2.">2, 286, 340, 38i, 393; t. II, p. 3, 3liK, 3(i9, 403, 433; t. Ill, |). 43, 170, 20t); t. IV, p. 8:;; t. V, p. 169. Gki:(;()Ii;i„ ])ri'ti'e, martyr a Si>olclc siHis Maxim it'll Hercule, t. IV, p. 404. Gregoiie de Na/ianzo, I. II, p. oOi; t. Ill, p. 2.'i9, 357; I. IV, p. 342. Gregoire de Nysse, t. II, p. 504; t. IV, p. 3jG; t. V, ]). 43. Circsoire rilliiminaUHir, apotre de I'Armenie, t. IV, p. 224; 1. V, p. 19(i. Grei,'oirc le Tlianmaliir^i'. evcfpie dp Ni'ocesareo, t. II, p. 246 247, 368, 409-410, 419; t. Ill, ji. 38; t. IV, p. 17G, 3o0. (;rcnadc (voir liliiieri?}. GuDDENE, niarlyrc eii Africpio sous Septime Severe, t. II, p. 128. Gyrus, lecteur, f. IV, p. 208. 11 llAriiuvs, martyr a Rome sous Vale- rieu, t. Ill, p. 42-45, 49. nAr)r.iEx,ofrieier, martyr a Nicomedic sous Galcrc, t. II. p. 48.";; 1. V, p. 39 43. IIadiuen, martyr a Gesarce sous Maximin Daia, I. V, ]>. 135. llADriiRN , soldat , martyr sous I.ici- iiius. 1. V, p. 305. 30ii. Iladricn, empereur, I. I, p. i, xiv, x\iM, 195-201. 20-2-201, 2fr,, 213, 221. 223, 22 f, 22H, -l-l'.K 230. 235- 258, 259 277, 280, 2HI, 2S2, 28'i. 29.";, 331, 3ri2, 378, 384, 3 17,423, 43 4, 44o,4i(i. 448;t. II, p. t, 2, 27, 97, 1 48, 492,493; I. Ill, p. 49, 2IH. .303, 3S(I; t. IV, ]). IIS. Ilaldesasl. clicf harhare au scisicc d(! ['empire. 1, IV, p. 37. Ilahs, lleuM- (le Galalie, I. IV, p. .323. Ilaoaran, t. II, p. 215-217. Hartmund, elief liarhare au service de remi)ire, t. IV, j). 37. Halra, \illc d'Ai'ahie, t. II, p. 31. 5:i, .■;(;, 1 40. Hebre. Ileu\e de Tliraee, t. IV, p. 320. Hi'i;(''sipp('. ecrixaiii ecclesiastiipie, I. 1. p. 124, 12:;, 129. Il(''Iene, mere de Gonstanliii, t. I\', |). 88-90, 131. Heleims, evtMjue de Tarse, I. Ill, p. 210. IlEi.u;, pretre. iiiarlyr a I'liaeuos sous Maximin Daia, 1. V, p. 142. Ileliopolis, ville de Syrie, I. I, p. 340. Ilelius, diacre, I. IV, p. lO.'i. Melius, conlidcnl de >eron. t. I, p. IXDEX ALPflABETIQLE. 393 Helv('lie, t. Ill, p. 'J3l; t. V. p. ',.•.:!. Heimis, t. in. p. -211. Horaclcc, villc ilc Tlinicc. t. IV, p. .VJ, 177, 251-259, 312; t. V. )). .H. Hkkaclide, martyr :"i.\loxnii(li ic suns So])limc Se\crc, t. II, p. 74. Hf.iiaclils, martyr a .Mliciics .sous Dece, t. II, J). 369. Heis.^clils, soldat, martyr ;i S(l)aste, sous Licinius, t. V, p. 30S. Hf.ii.vclils, scliisiiiati(iue a Uome. t. V, p. 125. HF.u.v'is, martyre a Aicvandric sous Scptime Severe, t. II, p. 74. Hcrculanum , ville dc Camixiiiito, f. V. p. 302, 3:; . Ili.Kc.i LANLs, marlyr a liacrano sous Caracallo, t. II, j). 160. Hercule, t. I, p. 275; t. II, p. I'.ii. 193. Hercule (voir Maximien Herculc). Hcrciilin, province d'Kjjyptc, t. IV, |.. 3|.-.. Hf.ukctina, martyre a Carthage sous Maximien Herculc, t. IV, i>. 262. HEKKXA.martyrc a Carthage sous Dece- f. II, p. 324. Herennianus. sous-diacrc, t. Ill, p. 121. Hf.i'.exxiis, marlyr a Carthage sous Dece. t. II, p. 324. Hernias, nonimc par s.iiiit I'aul dans la letlre aux lloniaiiis, t. I, p. 2:i. Ili-nnas. auteur du Pdslruy. t. I\. p. II. llrniK-s. nomine par saint I'aul dans la lettrc aux Uomaiiis, t. I. p. 2!. llEiiMEs, martyr a Home sous lladrien, I. I, p. 205-210, 213. 2IS;I. III. p. 3G3; t. IV, [). vui, 3"(i. Hi MMis. diacre, martyra.^ndrinople sousDiocleticn, t. IV, p. 252-259. Herminianus (voir Claudius Ilermi- nianus). Ilcrmogene, lieri''siar(|uc, I. IV, p. 71. Hermogene. jurisconsuile. t. II, p. I8(i. HF.iiMvr.E. martyr a Siiii;ir a Aqiiilrc sous Cariuus, t. HI, p. 299. ilM.AU'.r, (liacre, martyr a Suri'ona sous Maxiuiien Herculc, l. IV, p. 403. Hilaire,(hcque de Poitiers, t. II, p. '273. HrLAiuA, marlyre a Uome sous VaU';- rien, t. II, p. 470,473; t. Ill, p. 47. HiLAUiA, martyre a Augshourg sous Maxiuiien Hercule, t. IV, ]). 424- 425. Hilariauus (voir Fla\ius llllariauus). Hii.AuiEX , martyr a Cartilage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 2GI, 273. Hildemund, clicf ))arl)are au ser- vice de I'cmpire, t. IV, p. 37. nindouslan, t. Ill, p. 2G!). Itu'PAKQLE, magistral muuicipal, martyr a Samosate sous (latere, t. IV, p. 114. HippoLYTE, docteur, martyr on Italie (etcimetiere de), t. II, p. 195-196 ; I. Ill, p. u, 93-95, •!03--2a'f, 325- 362 ; t. IV, p. xxi; t. V, p. 310. IIippuLYTE, anacliorole, martyr a Home sous Valiirien, t. Ill, p. 44- 46, 3:ii. HippoLYTE, soldat, martyr a Honic. t. Ill, p. 33i, 3o7. HippoeyteXonnl's, prelre ou cvetiue, martyr a Porto sous Claude le (iothique, I. Ill, i). 202, -i):;, 3.>l. 3r;8, 30-2. HippoEYTE,diacre, martyra Autioclie, 1. Ill, ]). 3.';4, 3."i7, 358. Hollande, t. III. p. 188; t. IV, p. -23. HONOiiATA, martyre a Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, ]). 261. Horace, 1. I, p. 7, 228, 307, 308. Hxacintiie, iirrtre, ami dc Marcia, t. I, |i. 443,445. llvACiNriiE, esclave, marl\r a Rome sous Valcrien, t. Ill, p. 95-96, 363-368; t. IV, ji.xv, 188. Hymenee, eveque de Jerusalem, 1. Ill, p. 210. lalliiltassi (faiuillcdus), t. II, 1). I7!l; llliheris ((ireuade), I. II, p. .'i08 ; I. IV. p. 177. I. IV, |). 57, 61, Iti; 1. V, p. 43. lasus. \illc dc Caric. I. Ill, ji. I'.O. | iHyii,., |. m, p. 20.-;, 2!!:i, 389; 1. IV, Icoiiium, \illc de I.ycaoiiie. t. II. p. 202; f. Ill, p.2.il, 2:ia Ida ( It), t. II. p. 3.!i. li.XAcE, e\("'(pu' d'Antioclie, luarlxr a Itonie sous Trajan, I. I, ]i. 177. 179-194, 300; t. IV, |). vii. Ignatius, martyr a Carthage sons Scpliine Severe, 1. II, p. 95: 1. IV, p. XIX. p. S-;; I. V. p. 12. 22. Inioia, I. Ill, |>. 333: I. IV. p. V.VX liide, I. Ill, p. 180; t. V, p. 75. iNCEM I s, soldal. martyra Alexandrie sous Decc. I. II, p. 3:;8. I\n(]i:i;m. ni.irUr a Miievo sous Maximien Hercule, 1. IV, p. 428. Idllielis, I. I\, |). 13. INDEX ALPilABETIQUE. 395 Iono])olis (viiir AljoiKitiiiiie). IiiKNE, maityrea Tliessal(ini(|iirs(ius (ialcrc, t. IV, p. 158, 278-285. Ir.EXKE, evef|ue et martyr a Lyon sous SeiUime Severe, t. I, p. 170; t. II, p. 150-157, IG8. IiiEXEE. (liacrc, niarlyra Cliiusi sous Aurclicn,t. Ill, p. 247-251. Ir.EXEE, eveque et martyr a Sirmium sous Galere, t. IV, p. 286-289. Isaac, evcquc de Geneve, t. V, ]i. 337, 33!). IsaTe, martyr a Cesaree sous Ma\i- min Daia, t. V, p. 128-131. Isauric, I. Ill, p. -IVi. 255, ;2.V,;, 2(j.i; t. V, ]). 18, iC. I>ciiYi;io\. intendant, martyr en lig>pte sous Decc, t. It, p. 360. IsiDoisE, martyr a Alexandrie sous Dcce, t. ir. 11. 357. IsiDOiiE, martyr a Cliio sous Dece, t. II, p. 370. Isis, t. IV, p. 3!J, 71. 08. Islrie. t. IV. p. :>!, -22. 3;. Italie. t. I, p. Gri-73: t. II. p. i, 7!», III, 297-30-2, 307 ; t. Ill, p. 20.*, 277 ; t. IV, p. \i. XXVI, 21, 28, 43, 49, 8:i, 86. 211. 401-419; t. V, p. 18, 19,22. 87, 90, Vii, 192, 207, 208, 22i, ^i'i, 34,"i, 340, 349, 3.j0, 332, 333. ITUREE, t. II, p. 215. Jacoces (le Mineur), martyr a Jeru- salem, t. 1, p. 78; t. V. p. .33. .Iacqles, martyr a I.aml)ese sous Yalerieu, t. III. p. 131-134. jADErs, eveque africain, confesseur aux mines de Signs sous Valerien, t. Ill, p. 60. 61. jAMnLiyuE, mart\r ])r(''s d'l';pliese sous Dece, t. II, p. 393. .Iaml)Iiqu(;. philosoplie, t. HI. ]). I8(;. .lamnia, \ille de Palestine, t. V, p. 130. .Iaxiaiwa, marlvie a Scillium sous Commode, t. I, p. 439. Jaxiakia, emprisonnee pour la I'oi a Rome sous Dece, t. II, p. 285. Jaxlakia, marlyre a Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, ji. 261. Jaxuaria. id., il)id. Jaxlaiuus, martyr a Carthage sous Maximien Hercule, t. IV. p. 261. .lannarins, fossoycur de Cirta. t. IV p. i'Xi. Jaxviei!. martyr a Rome sous Marc Aurele. t. I, p. 211,212, 213, 346. 354, 358, 359, 362, 363. .Iaxvieis, diacre, martyr a Rome sous Valerien, t. Ill, p. 87, 319. .lAXViEii, eveque deBenevcnt, martyr a Pouzzolcs sous .Alaximien Her- cule, t. IV, p. 406. Janvier, diacre, martyr a Torre sous Mavimien Hercule, t. IV, p. 418. Jaxvieu. martyr a Cordouc sous .Maximien Hercule, t. IV, p. 442. Janvier, catecliumene, I. Ill, p. 121. Ja' Uoiiio sous Ma\imi(^ii Hcrcule, t. IV. p. 369. 382. 384. .)F.A>,lccteur. niarl\r,'i Phacnos sons Maxiiniii Daia. I. IV, p. x\ix;l. V, p. 140-142. .iF.AN. martyr a C.aiiopc sousMaximiii Daia, I. V, p. l!tl. Jean, soldat, martyr a St-bastc sous Licinius, t. V, p. 308. Jean, martyr a Rome sous Julicn, t. I, p. '208; t. IV, p. 1-21. Jean Clirysostonic, t. I, p. 19; t. II, p. '2-2't, m:,, 'i-iii, /(2;>; t. IV, p. xiii; t. V, p. CO, 70, 310. Jeuemie, martyr a Crsarco sous Maximiu Daia. t. V, p. 128-130. Jiirome, doctcur, I. II, p. -2o[); t. IV, p. d03. Jerusalem, t. I. p. -2. 'i. It, IT. 8-2. 100. 131, 260-265 ;t. II, p. 137, 428, 'i20; f. V, p. 128. Jordan! (cimolicrc des), I. I. i>. 3(i0. Jdseplie, liistoricn, t. I, i». 0, II. Jourdaiii. t. III. p. 181. 2G7. Jo\ia. pi-oNince tl'IC^xpte, t. IV, p. 31.-;. Jo\iuus. ('•\('ipi(' uliiiaiu, reuey;al, I. II, p. 317. JoviTA, martyr a r.iiinc. sous Ila- drien, t. I, p. 203 204. Ji:ci"NDi"s, marl\r a (lartliase sous Soptimc Severe, t. II, p. 95. Judce. t. I, p. 17, Slid, 201, 202; 1. II. p. 2H7, Jilils, I. 1. p. 2-13. IV. l-t. 10, 21), 21, 22. 2'i, 2S, ,!i, 39-41, 0!l, 78, S2, 88-84, 99 101, Kt.i, 1!)7,260. 261. 262, 263, 299, 309. 311 ; I. II. p. 2, 12. IS, ',(), 58, :,'.K 61-62, 77, 170, 373, 374, 377, 397; t. Ill, p. 191; t. IV, p. 250; t. V, p. lOi, 100, 117, 182. JiLEs, senatcur, martyr a Home sous Commode, t. I, p. 442. Jli.es, martyr a Saragossc, t. IV, p. 238. Jii.es, soldat, martyr a Dorostore sousGalere, t.lV, p. 117,122-127. Jri.F.s, martyr a Piperno sous Ma\i- mieii Hcrcule, t. IV, p. 402-403. Jli.ia, maityro a Carthage sous Dece, t. II, p. 324. Julia, ville de Pliygie, t. Ill, p. 140. Julia Domna, femme de Septime Severe, t. II, p. 55, 68; t. Ill, p. 102; t. IV, p. 219. Julia Genctiva, colonic romainc, 1. 1, p. 231, 232,233. Julianus, Chretien cntcrre sur la voie Nomentane, t. II, p. 20i. Julianus, proconsul d'Afrique, t. IV, I). 92. Jli.ie, martyre a Troycs sous Aure- lien, t. Ill, p. 23i, 239. Julie, nommee i)ar saint Paul dans la lettre aux Uomains, t. I, p. 23. Julie, fille d'Auguste, t. I, p. 4. Julie, lille de Titus, t. I, p. 93. Jii.ii'.N, martyr a Til)ur sous Hadrien, I. 1, p. 269. Jii.iEN, martjr a Alexandric sous Dece, t. 11. ]). 355. Jri.ir.N. martyr a Carthage sous Vale- rien, t. Ill, p. 116, 119. 122- 124. Jri.ucN, martyr a Brioude (dans la derniere persecution?), f. IV, p. 182. Ji;i,u;n, martyr a Ciisarce sous Maxi- min Daia, I. V, p. 133-134. Julien, (hcquc d'Apamec, t. Ill, p. 139, 110. INDEX ALPIIAnp:TIQLE. yji jiilicii, niatiislral |)('rs(''(iit('ur. t. IV, p. 30. Julien, cinpcrcur, t. II, p. 43i: t. Ill, p. 273 ; t. IV, p. XXVII, xxxix. 3i», 78, 85, 332, 414; t. V, p. 4, 177, 178. JiLiENNE. martyre a Plolijniais sous Auiulien, t. Ill, p. 256. JuLiTTA, martyre a Ancyre sous Din- clctien, t. IV, p. 323-329. .Tri.iTTA, martyre a Cesarce deCappa- ili)((> SdUsDiucletien, t. IV, p. 336" 338. .IiMTTA, martyre a Tarse sous Maxi- miu Daia, I. V, p. 46. Julitta, clirctienne cntcrreo sur la voic Nomeulaiu*. l. II. p. Wi. .lulius Paulus, jurisionsulte, t. II, p. (iO. .lulius Proculus, proconsul d'Asie, t. II, p. 38G, 387. .lunic, nommec par saint Paul dans la leltrc aux Ilomains, t. I, p. 23. JiNii.i.A, martyre a l.angres (ou en Cajipadoce) sous Marc Aurelc,!. I, p. 415. .lunius, greffier, t. IV, ]). I!t7. .Junius Rusticus, prcfct de Pvomo, t. I, p. 310, 365-373; t. II, p. 2. .Uinon, t. II, p. 31.3, 41o. .lupiter, t. I, p. 08, 2G3, 3i0; t. II, p. 313, 386, 415, 453, 477; i. Ill, p. 118; I. IV. |i. Hi, 2:>, 48.70, 15V, ;i()()-30l, '(()5;l. V, p. K;, 171, 174, 251, 2(iO. .lusta, fondatricc du cimcticrc dc saint Uestitutns sur la voic No- nientane, t. II, p. 470. .luste, fondateiu" du riniPliere dc saintNicomede sur la \oie>"omcn- tane, 1. II, p. 470, 473. JfSTi\, martyr a Tihur sous Hadrirn, t. I. p. 269. Justin, ai)ologistc, niarhr a I'.diiic sousViarc.\uiclc.l. I. p. 17, 10, 101, 281-291. 2!lli, 314, 315. 318, 320. o2l, 326-327. 365-373; t. IV, |i. VII, 100; t. V, p. 1S3, 211. .IrsTiN, prCli'c, marlyr a Home sons Claude le (;ollii(|uc, t. Ill, p. 203. .luslin, gomerneur de Tliiacc, t. IV, p. 312-318. .lusTiNE, martyre a Nicomedie sous Dioeletien, t. IV, i«. 344-345. .lusTixE, martyre a Padoue sous .viaximien Hercule, t. IV, p. 416. .IrsTis, martyr a Alcala sous Maxi- inien Hercule, t. IV, p. 441. .lisTis. martyr a Selif sous Maxi- micn Hercule. t. IV, p. 430. .iLVKXAi,. martyr a Rome. 1. 1. p. 217. .luvcnal. iioele, t. I, p. 05, MO. K Kabylcs, Kaltylie. I. III. p. 12!t, r,7; • Keplno. ville de I.ihve. I. Ill, p. U7 f. IV, p. 81. 08. 00. Kalama, viilc dc Nuinidie, t. IV, p. 428. I 398 INDEX ALPHABETIQUE. Lal)iranc (voie et porte), t. II, p. :277, 413; t. Ill, p. 31G; t. IV, p. 131, 303; t. V, p. 20.';. I.actancc. apologisto. t. II. p. 130, 18(>; t. IV, p. XXXVII-XLII, 8.;, 88, 07. 101, l.jO. V,2, U;:), IG-2, lUi, 1C9, 13-2, 216, 217, 228, 229, 212, 2ii; t. V, J). 3, 4. 7. 13, 28, 31, C'f, lii, 15i, 102, 221, 200, 237, 300- 30?. I.a'liaiiiis (voir Lollianus). Laitus, prcfet d'Egyptc, t. II, p. 70, 71, 73. Lambcse, villc dr Nniiiidic, t. II, p. 3i, 30 ; t. IK. p. 27, 12i). 130, 132, 133, 148. Lampride,liistoricn, t.l. \). lOl ; t. II. p. 173, 190, 203. Lainpsaque, ville do I'Asic jirocon- sulaire, t. II, p. 392, 391, 3ilO, 402. Langrcs. 1. 1, p. 41j. I,amivimn, ville dii Laliiiiii. 1. II. ji. ll,4.3ii. Laodicc'O, villc dc I'liiyj^io, t. III. p. 290. I.aiidircr, ville de Syrie, I. I. p. ,384; I. Ill, p. 18.-;. Laiigus, martyr a Hdiiie sous Ma\i- niien Ilcrcule,; I. IV, p. 379, 380. Laline (voie), t. II, ji. 4'.:;, 170; t. Ill, p. 70.71, 90, 331. I.alium, I. IV, p. 373, 401, 402. Lalran. l. Ill, p. 341, 349; t. IV, \). XXI, 197; I. V, I). 219, 22.'i, 2W), 2(m, 27 't. LAriiF.NT, diacrc, iiiarlyi' a Udiiie, t. II, ]). 279; I. Ill, p. I, 86. 89-92, 1(;9, .333, 339, 353; I. IV, p. 409; I. V, p. 203. Lait.entius, martyr a Carthage sous Septimc Severe, t. II, p. 95, 96, 288; t. IV, |). XIX. Legio (Leon), ville dc la Tarraco- naisc, t. II, p. 303; t. Ill, p. 37; t. IV, p. 141, 237. Lkmxos, i>retre, confesseur a Smyrne sous Dcce, t. II, p. 382. LiiocADiE, marly re a Toledo sous Maximien Hercule, t. IV, p. 437, 409. Li;ox, marlyr a Patare sous Valerien, t. Ill, p. 140-142. 230. Lkoxce, soldat , martyr a Sehaste sous Licinius, t. V, p. 308. LKoxrnE, martyr a Alexandrie sous Scptiine Severe, t. II, p. 73. Leoxide, martyr a Corinllic sous Deee, I. II, p. 369. I.EONH.LA, martyre a Langres (ou en Cappadoce)sous MarcAurele, t. 1, p. 415. Leontius, eveque d'.Vnliociie, f. II, p. 220. Leontius, eveipie deCesaree dc Cap- pad oce, t. IV, p. 224. Lcucon, asscsseur du prcfet dc Me- sic, I. IV, J). 123. Lczoux, ville d'Auvcrgne, t. Ill, p. Ii9. Liban, 1. V. p. lil. Lihanius, rlideur paicii, I. IV, p. 222 223. l.nii'.iiAi.is, consul, niarlyi', t. IV, p. XXIV, 373. I.riujtiANrs, marlyr a Uoine sous MarcAurele, I. I, p. 367,372. 373. l.\Ui;\ ALPHABETJQUE. 399 I.ihyo. I.ihyoiis, I. III. p. 07. i»\ I. IV. J). 8.";, 8G; I. V. 1). a:;. Licinius. mayi.'slrat porsccud'ur. t. I, p. '2I<). I.ii'iiiiiis, cnipereiir. 1. IV, p. i. in. XXXIX, XLi; t. V, ]). (i.i. 88-89. DO, 111, 137, 153,151, lo'.). I(i(», 101.207, -234.-230, •237,239, 2'tl. -242.213,251- 254. 258-260, 288, 293-320, 321, 325. JjMiNJis. martyr en Ameiiiiie pen- dant rin\asion ilc Ciirdciis, t. III. |i. 150. l.in, pajjo, 1. 1, p. 85. LiTTELs, cvequeafricain, (■(iiircsscur aux mines de Sigussous Valorion, t. Jn,|i. 60, 61. I.odi. villedc la Transpadane. t. IV. p. 410. Loire, t. Ill, p. 234. 1-oliia Paulina, 1. 11. p. 230. 1-nllianus, jirocon-suldc Lycic, t. Ill, p. 141, 389. Lollianus (ou Ladianns), oiiiperour des (jailles, t. III. p. lil, 17.';, 378. 389-390. l.iiii^iii, rlicleiir. t. III. p. 191. I.ONGLS, martyr a .\(iiiilee sous Ca- rinus, t. Ill, p. 299. Liicaiiic. t. IV. p. 211. 400; t. V, p. 18, 82. Lucie, marlyrc a Syracuse sous Maximien Hcrculc, t. IV, p. 411. I.LCiKX, martyr a Niconiedie, sous Dece, I. II, p. 406-408. LiciES, confesscur a Cartiiago sous Dece, t. II, p. 286, 287, 341,343. LirciKX, martyr a Beausais sous .Maximien Hercule, t. IV. p. 38,39. LiciEX, pretre. martyr a Nicomedie sous Maximin Daia, t. V, p. 190- 191. Lucien, pretre a Cartilage, t. Ill, |). 121, 1-29. I.iuicn, personnnge (apotryi)lic) de la cour dc Diocleticn, t. IV, \>. ;>:>. Luiien, satirique. t. I. ji. 183, 338, 340; t. II. p. 131; I. IV, p. vil. Ltu'illa, instigatricfi du scliismc do- natiste, I. II, p. 280; t. IV, p. 203. Lucille, parcnte du martyr Tibiir- tius. t. IV, p. 303-304. Lucille, cliretienne, projuietaire de (lomaines fui'eraircs, t. II, p. 468- 470 ; t. Ill, p. 20, 305. 300. 307. Lucille, descendante dc celle-ci. t. II. p. 408; t. IV, p. 371, 385, 397- 400. LiciTA, martyr a ^Madaure sous Marc Aurcle, t. I, )). 436. Liciis, martyr a Rome sous Antoiiin, t. I, p. 314, 325-326. Lucirs, conTesseur a Carthage sous Dece, t. II, p. 332. LuciLS, martyr en Bithynie sous Dece, t. II, p. 408. Lucius, pape, confesscur sous Cal- lus, t. Ill, p. 27, 30 32. Licus, (iveque alricain, confesscur aux mines de Signs sous Valerien, t. III. |). 60, 61, 119. Lrcius, martyr a Cartilage sous Va- lerien, t. HI, p. 116.122, 124. Lucius Verus, emiiercur. t. I. [i. .351. Lucretius Asinianus, pere de plu- sicurs marlx is a Piperno, t. IV, p. 401-402. Lucretius Ve.^pillo, c(uisul, t. II. [>. 443. Lci'EiiCus, marlvr a Saragossc, t. IV, p. 238. Lusitanic, Lusilaniens, t. I. p. 335; t. II, p. 305; 1. IV, ]). 235. 442. Lulcce, 1. IV, p. 34, 30. 400 LNDKX ALPIIABETIQUE. Lycaonie, t. Ill, p. •ioi, 255; I. V, p. 40. Lycie, t.II, p. 4-2.>; t. Ill, p. 139-140, 236, 28!». Lycoiiolis, villc d'Egyptc, t. V, p. 31. Lydic, 1. 1, p. lie, Uli. Lygcs, i)cuplc l)arl)are, t. Ill, p,"2G:i. Lyon, I, I, p. 47, 392-395, .■^i!Mi-il-2, 4i;J, ili; t. II, p. 20, 151, lo3. l.'J't, 15-;, 103. 202; t. III, p.23i, 382, 3. 231, Magnilianus, curaleur de Tibiuca, U IV, p, 208, 209, Magm's, martyr a Home sous Dece, t. Ill, p. 300. Magxi'S, tliacre, martyr ;i Rome sous Valerien, t. Ill, p. 87, 319. Magnus, martyr en Cappadoce sous Aurelien, t. Ill, p, 257-258, Jlagydos, ville de I'aniphylio, t, II, ]!, 419, 420, 422, 423. Majok, martyrc a Carlliaye sous Alaxiinien Ileicule, t. IV, p. 261. Majorinus, eve(|ue s(liisniali(iue de Carthage, I. V, ii. 273. .Malakbelus, dieu solaire, I. HI, p. 223. .Malciils, martyr a Cesarce sous Vale- rien, t. Ill, p. 135. .Malus, \illage de(;alatie,t. IV, p, 324. Mamcrtiu, rheleur, t. IV p. 41. Mammas, licrger, martyr en Cappa- doce sous Valerien, t. Ill, p. 142, 258-259. INDEX ALPHABETIQUIi. 401 .Manimec, nuTe d'Alcvatidrc Severe, t. H. p, 175-176. liia, i'Xo : t. Ill, p. 1G2. Mandai.is, inailyr ;'i Rome sous Au- rolien, t. III. p. 244. Manes, fondateur du nianiclieisine. t. III. It. 2li(i, -Hi',), 270-277; t. IV, !>. 93. Manganee. provinec d'Egxpte. t. IV, p. 1.34. .Maniclieens. t. Hi, p. 275 277; I. IV, p. 92-95. Mappala (route dci , a Carlhase, t. Ill, p. ll.i. Mappalique, martyr a Cartliasc sous Doce, 1. 11, p. 327. Marc, eveipic dc .lerusaleni , t. I, p. 2. 2!»i, .UG, 329-341. ;Ji2, .•$43. .3:«), .3.j2. ;i.'ii, ,{G1. 3G3. .3Gi. 365-371. 373, 374 378, 37'J, .380, 382. 38.'i, 386-388, {!I2. 3:t!l, 406, 412. il3, 4l."i, ilG, 41!t. 120, 42.-;, 431- 435, 441. 4i», il3, 4ij, 4'»G; t. II, p. I, vri, 2, lit, 21, 2G. 27, .3!). 141, i;>\, loli, 158, IGI, 1G3, 180, 181. '»5!t, 4GG, 493, 4!)i; t. Ill, p. 123. i-Ol, 309 ; t. IV, p. 43; t. V, |). I8G. Marcel, martyr a Ciialon sous .Mare Aurcle, t. I, p. 414. -Marcel, diacre. martyr .". Home sous Yalerien, I. Ill, p. 43-45. Marcel, eonfcsseur a Aiexandriesous Valerien, t. ill, ]>. 65. Marcel, diacre. marl\r a Assise sous Maximien Hercule, t. IV, |i. 405. Marcel, centurion, martyr a Tanger sous MaxiniieM llercuie , t. IV, p. 133-138. III. V. Marcel, pape , confesseur sous .Maxence,t. IV, p. 181. 378; t. V, p. 20, 122-124, 12,;, 1.37. Marcel, ctirelien de Carrlics, t. Ill, ]i. 26G, 268-269, 270. 271. Marcella. fenime du confesseur Am- broise, t. II, p. 304. Marcella, femme du iiliilosoplic Porpliyre, t. IV. p. 74. Maiscelliex, martyr a Cenfuincelles sous Dece, t. II, p. 297-299. Marcelliex, martyr a Rome sous Diocletien ou Maximien Hercule, t. Ill, p. 297 ; t. IV, p. 362. MAr.cELLix , martyr a Rome sous -Maximien Hercule, t. II. p. W)l ; t. Ill, p. 317; t. IV. p. 279, 363- 364; t. V. 1). 2G5. .Makcei.mn, pape, conlesseur ou martyr, t. IV. p. g3, 65, 184. 188, 376-379, 458: t. V, p. 20. 122. 294. .>larcia, concubine de Ciminioile. t. I. p. 443-445: t. II. p. 12,20, 22. 29. l.';9. .MAr.ciEX, soldat. martyr en Mesie sous Galerc, t. IV, p. 122-129. Marcicn, eveque d'Arles, t. Ill,p. (i. .Marcien, jurisconsulte, t. II, p. il. I8G, 239, 4Go; t. Ill, p. 9.'.. Marcion, prelre , adversaire de Paul de Samosate, t. Ill, p. 210. -Marcionitcs. secte liereti(|ue, (. II. p. 388; t. Ill, p. I3tj. -Marcomans, I. 111. p. 215: t. IV, p. 89. Marcuclius. sous-diacre. t. IV, p. 195. 19G, 197, H»8, 201. Mardle, ville de Tlirace. t. V, p. 293. -Mareole, region de la Libye, t. Ill, p. G8. -Margarita, martyre a Cartliagcsous .Maximien Hercule, t. IV, p. 261. 20 402 INDEX ALPHABETIQUE. Maria, emprisonnc'e ])Oiir la I'oi ;'» Rome sous Dcce, t. II, i). :28.i. Makie, esclave, niartyro sous Ha- dricn, t. I, p. 229-234. Makie, martjre a Hume sous Valc- ricn, t. Ill, p. 43. 44, 46. Maiiie, niarUrc a Cnrtliagft sous .Alaximicn Hercule, I. IV, p. 261. Marie, nommce par saint Paul dans la leltre aux Roniains, t. I, p. -23. Marie, mere du martyr Marion, t. III. p. 13V. Map.ien. mart>r a I.anilxse sous Va- lerien, t. Ill, p. 130-134. Marin, cvocjue d'A(|ua> ThibiliUiiKr, tradilcur, t. IV, p. -201. Maiuxcs, martyr a Cosaroc sous :\la- cricn, t. Ill, p. 179-181. Marinus , clief arabe. |>ore dc I'oni- pereur Philippe, t. II, p. '2\{i. Mahis, confosscur a Rome sous Docc. t. II, p. 285. .^Iaisis, martyr a Rome sous Claude leGothique, t. III. p. 204. Marius, empereur des Gaules, t. Ill, p. 152, iVi, 391. Marius Viclorinus, rlieteur ('ou\erti. I. Ill, p. 273. Marmara (mcr de). t. IV, p. 13. .Alarnc, t. IV, ji. 3i. Mars, diacre de Ciria, 1. IV. p. -lO.";. .Mars, autre diacre de Cirla, ibid. Mars, diou, t, I, p. 34';; t. II, p. 173; t. HI, p. 241,301, .322; t. V, p. 172. Marseille, t. II, p. 302; t. IV. p. xv. 42, 43-45, 4()-«t. Maktana, maityre a Itonic sous r.laude Ic C.othifpie, I. Ill, \t. 2(»3, 206, -.m. .Martane, ville dc rombrio, I. IV, p. Wt. .Maktiai,, marljr a Rome sous Marc Aiuelc, 1. I. p. 348, 354. 358, 350, 300; I. Ill, ]). 317. Mat.tial, martx r a Carthai,'e sous Dece, t. II, 1). 324. Mahi'ial, martxr a Saragosse, t. IV, p. 238. ."\lAisriAL, marl>r a Cordoue sous Maximien Hercule. t, IV, p. 4i2. Martial, evequc libellatique de Me- rida, t. II. p. 306; t. Ill, ]). 37 ; t. IV, |». 2.37. Martial, jioete, t. I, p. !»7 ; t. V, J). 303. ;Marlianus, magistral persecuteur. t. II, p. IX, 413-419. i\Iartin, apotre des Gaules, t. IV, p. 21 ; t. V, p. 138. Maiitimen, martyr a Rome sous Nc- ron, t. I, p. 357; t. 11, p. H>!>. jMautixiex, niart\r prcs d'Eplicse sous Dcce, t. II, p. 393. >lAiiTixi:s , martyr a Carthage sous Maximien Hercule, t. IJI, p. 261. Masse Blanche, groupc de martyi'sa Utique, t. Ill, |i. 107-109. >lastar, ville de Numidie, t. II, p. 512; t. IV, p. 427, 428. Matkona, martyre a Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 262. Matkona, id., ibid. Matkona , martvre a Ancxre sous Diodetien, t. IV, p. 326-329. Matkona, martyre on Numidie sous Maximien Hercule, t. IV, ]). 428, 429. MATCiirs, martyr a Lyon sous .Marc Aurcle, t. I, p. 399, 403. Macii, eufani, martyr a Rom(> sous Valerien, t. Ill, p. 47, 315. Macka, marlyre a Ravennc sous Dcce, t. II, p. 300. Maura, marlyre en Tliebaidc sous INDEX ALPHABETIQUE. 403 Dioclolicii. 1. II. 1). 301; I. IV. |). 351-355. Maurcs, t. I, |). -2.T;: t. IV. p. S!l; 1. V,p. 34!t. .M.MUiCE, chefdcs Theljccn.s, marl\r a Agaunc sous Mavimien Horcule, t. IV, p. 31; t. V, ]). 337, 3'tl, 3oo. Maikice, ,';i)l(lat, mnrt>r a Apami-c sous Dioclolioii. I. V, |). Xm. Mauritanio. t. Il, p. IGi, >iVi, 310; t. III. p. til : I. IV, p. 80, 133, 1!I4, WO; t. V, p. •22,207, 332. Malisls, inart>r a Knnie sous JIa\i- niien Herculc. I. IV, ]>. ;{7!i, 382, 397. .Mavii.is. inarlyr a Atlnimete sous Caracalla, I. II, |t. I(i.i. Maxence,cniperfur, t. IV, p. 130; t. V, p. 14, -20. 81-82.80. ,s7. 8S. !M». !U, 110, II-2, 1-22. 124. 125, 'l.-.l. Iiil, 200, 208. 20! t, 212, 220-222, 22 k 220. 22!>, 237, 247, 32".. Maxima, niartvre a Siriniuni sous Galore, t. IV. p. 285. Maxi.ma, inartyre a Thuburlio sous Maxiniien llerculc, t. IV, p. 432, 433, 435. Maxijif., tircflior, iMurhr a Home sous Marc Aurcic, 1. 1, p. 422, 426,429, 430. Maxi.me, |ir("'lre. niarUr a I'lomc .sous Maximin I"^ t. II, p. 199. Maxime , diacre , martyr dans l(^s Abruzzes sous Di-cc, t. II, p. 330. Maxime, prctro, conlcsseur a Home sous Dcce, t. II, p. 285-289, 330. Maxime, martyr a Epiiose ou a Laiiip- saquc sous Dl'CC, I. II, p. 394-395. Maxime, s'^eflior. martyr a Home sous Valericii, t. Ill, p. 46. Maxime, protrc, confesseur a Alcxaii- (liio sous Vaicricn, t. II, p. .{OG: I. Ill, p. 65. Maxime (cimctierc ilc snr la \oif Salaria Nova. t. I, i). .•(■>!». Maxime, (iveque alrieaiii. reriegat, t. II. p. 317. Maxime, scnateur, I. IV, p. 408. -Mavime, curaleur ilc Siscia,!. V, p. 138. Maxime, souverncur dc M(;sie, I. IV. p. 117-120, 122-127. Maxime. gouverneur de Oiiicie, I. IV, p. 294-311. Maximo, evoquc dc Turin, I. Ill, p. 90; t. IV, p. xi.i, 38(i, .m ; I. V, p. 3i0. Maximiam:s, martyr a Carlhasc sous Maximien Hercuie. t. IV, p. 261. 270. -Maximiex, martyr i)n'S d"Kpli(''se sous Dece, t. II, p. 393. Maximien Hereiile, enipeieur, I. II. p. 292; t. III. p. 23.-.; t. IV, p. XXXVIII , xxxix , 15 , 10 . 21 . 23-25, 28-3."i, 37, 40. 41, i3-4!>. 80. 84, 85, 89, 91, 133, 183, 191,193, 210. 235, 242, 24.-;, 2.'i0, 203, 349,358-360, 37.-;, 380, 384, 407, 411. 413, 416; t. V, p. 9, 10, 14, l.-i, 17, 18, 19, 21, 59, 81, 82, 80, 87 89, 90, 91, 143- 144, 160-192. 207,232, 320, 341, 342, 343, 344, 34.-;, 340, 347, 348, 349, 350, 352, 353, 354. Maximiliex, soldat, marly r en Afri- (jue sous Maximien Heicule, t. II, p. IX ; t. IV, p. 102-109. Maximiila, |)roplietcsse monlanislc, t. II, p. 139, 140. Maximin I' "■, empereiir, 1. I, ji. ii, ' IV ; t. II, p. I, 10!i, 179, 194, 197, 198, 200, 201, 204, 205, 208, 209, 219, 274, 275 : I. Ill, p. I, 359: t. IV, p. XXII. .^laximin Daia, empereiir. t. IV, p. XI.I, 114; I. V, p. 118-119, 12(1, 137. 141,112. 154-157. 160-197, 104 LNDEX ALPHaBETIQUE. 200, 205 , 232-235 , 23(., 237, 230, 250-259, 310, 3i:;, 32(;. Maxys, oflicicr paien, I. V, p. 120. Mayeiice, t. in, p. 380, 3:10. Meates, t. II, p. i:;8. M('(lcs, t. Ill, p. 275. M(''d iter ranee, t. I, p. 3!i3; I. Ill, p. 08, I8!», iSV: t. V, p. 3i:). Mein, t. II, p. 2l!2. Melanie, t. I, p. 20!). Melasippos, martyr a l.aiif^res (ou en Capjiadoce) sous Marc Aurcle, 1. 1, p. 415. Mulece, eveqiie de Lycopolis, scliis- niatifjiie, t. V, p. 51-53. Mclitcne, t. II, p. ill, i!i;i, ."ill ; I. IV, p. 112,221 225 227. Meliton, soldat, niartjr a Sebastc sous Liciuius. t. V, \\. 30S, 30!l. JlelitoM, cvefjue de Sardes, apolo- giste, t. I, p. xviu, 05, 1.57, 100, 2't8, 2!»2, 2!)'t, 295, 370, 382-386 ; t. II, I). 47, 13!>, 151. Memorius, pretre, t. IV, 11. I!i5. Meusurius, eve(|ue de Carlliage, t. IV, p. 201-205,273; t.V, p. 200. 227. Meraclus, sous-diai're d(^(;irta, I. IV, p. 195. Mercurc, t. Ill, p. liii, iso. MEUCL'RiA,marlyrea Ale\au. 471,20i; I. Ill, p. 225, 241,302,389, 394; I. IV, p. 2, IK;, 177, 2 i2, 253, 285: t. V, p. 1.37, I'Hi. Mesopotaniic, t. I, p. 191, 197, 19S; I. II, p. i, 31 ; I. Ill, p. |-'(, IS9, 225,208,209, 29i: 1. IV, p. 341; t. V. p. 30i. Messaliiic. I. I, p. -25. Messine, \ille de Sicilc, t. II, p. 300; I. IV, ]). 210. -Methode, (iveque de Tyr ou de I'a- tarc, martyr sous Maximiii Daia. t. V, ]». 189. Melius Carus, delatcur, 1. 1, p. loi. Metra, martyr a Alexandrie sous Pliili])pe, t. II, p. 250. Metrodore, i)retre marcionite, l)n"ilc conuiie cliretien a Smyrne, sous Dece, t. II, ]). 388. Metrodore, possesseur d'uii doniaiiio I'uneraire, t. II, ]>. 471, i73. Metrodore, soldat, t. IV, p. 331. Miccix, martyr a Madaure sous Commode, t. I, p. 436. Miggiu, tossoycur, t. IV, j). 195. Milan, t. II, p. i-l ; t. lll,|i. 171, 193. 320, 393 ; t. IV, ]>. 80, 413, 4I(i, il7 ; I. V , p. 17. 220, 2.36, 238 , 2i2, 3'Ki. 359. Milet, ville de I'Asic proconsulairc, t. IV, ]). 1.52. Mileve, ville de Numidic, I.IV, p. 'i2ii. 427, 428. Milidi, \ille de Byzaeene, I. III. p. (it. .Mii.ix, marlxr a Iiomc,t. II. p. 296. Miltiade, apologislf, I. 11, p. 1.39. Miltiade, pape, t. I, p. 357: 1. iv. p. 1.30, 184; I. V, p. 200-203, 22i, 2'(7, 274. .Miivius (pont), I. \', p. 220. 223,22s. Minerve, I. II, p. uriH, 313 ; (. |||, p. 177; t. IV, p. 327, 331, 3SV, 3SS, 3liiuiciusF(;li\,ni»()logisle,l. \. p. 101, .■{8S;t. II, p. -IXi; I. Ill, p. •>•;, 30!) ; t. IV, ]). -im. :Miiiucius Tiniinianus, ])rn(Oiisul d'A- Irkliic, t. II, p. 85, 102. Misrnc, t. I, p. 203. Millirn, t. II, p. 3G, i02 : I. Ill, p. 219- 223, 22 1, -227, 228; I. I\, p. 70, lOi, 301 ; t. V, p. 3!)0. MiTf.E, esclave, confesscur a Aix dill (111 troisi(''mc sit'dc ou com- mencement clu ((uatricme), t. V, p. 182. Modene, t. V, p. 221. .^loDESTE. marlxr on l.iicanie sous ^Maximien Hercule. I. IV. p. 406. ^lodeslin. juiisconsullc, t. II. p. I8!j. .MoisE. jirclre, mart\r a Uoiiie sous Dece. t. II, ]). 285. 288-289, 330. MoNTAN, martyr a Carthage sous Valerien. t. II. p. 471 ; t. Ml, p. 116. 119. 120 122, 124 125, 126, I2'i. MONT.iX, prclre, niarlyi' a Sirniium sous Galere, t. IV, p. 285. Mnntan, monlanistes. t. II. |i. 30. r a Madaure sous sous Maximien Hercule, t. IV. p. Commode, I. I. p. 436. ioj .Nantes, t. III. p. IH; t. IV. p. 3ii. ^arcisse. affranchi de Neron. t. I, j.. Naples, t. IV. p. V72; I. V, p. 2(i:;. '23, 2i. Naplousc, \ille de Syrie. t. IV. p. Nartyali.is, mart\r a Scillium sous '»2V. Commode, l. I, p. 439. i06 INDEX ALI'IIAIJETIQUE. Natalie, opousc du iiiarlyr Hadiion. t. Ill, l>. '<8.";; t. V, p. 40-42. Xatai.is, confesscur a Honie sous Septimc Severe, l. l, p. 80-81. Navisius, evcque de Uiisicade, t. IV. p. 430, 431. Nazaire, rlieleur, I. Y, p. -2:)'i. Acarqne. ami du mailyr Pdlyeucic, t. II. !>. 'iSli. 487. V88, 507. 508. 511. ^ Nemesiams, e\e(|ue alricain, confes- scur au\ luiiies de Signs .sons Ya- lerien,t. Ill, p. 60-61. Nemesiis, niarhr a Tiliur sous Ha- drien, t. I. p. 269. Ne.mesh;s. martyr a Home sous Ya- lericii, t. 111. p. "I. N'emesius, clirctien enterie dans le cinietiore de Calliste. l. lY. p. H't. Ncocesaree, \ille du I'oiil I'lilcmia- fpio, I. I. p. 310; t. II, p. 245- 246. Neo>', martyr a Lan<,'rcs (ou en Cap- padoee) sous Marc Aurele, t. l, p. 415. Ni.oN, marlxraUome sous Yalerien. t. Ill, p. 44, 45. NiioN. martyr a Egce sous JIaximin. Daia,t. Y, p. 68-71. Nepi. NJIIe (I'Khurie. t. Ill, ]). 203. Neplniic, I. 111. p. 177. Nehee, marlv r ;'i rcrracine sous Tra- jan, t. i, p. 3V, 164-169; t. 111. p. 3.33; 1. IV, vui. \vr, p. I 'id. Nerce. iiiuiiiik! dans la lelhc dc saint I'aiil aiiK Kdniains. I. 1. p. 23. Nerou, euipcrenr. t. 1, p. ui. iv. XXXIV, 13, 2t, 31, ;w, 3.-;. 36-55. .id, .■;7, .'iil, CO. (il, G.'i, ()(), . 33 i; I. II, p. 21.%; t. Y, ]). 102. Mlo])Olis, villc d'lCgyptc, I. II, p. 303. Mines, 1. I, J). 27.3. Mnus, rcncgiil, I. II, p. 325-326. INDEX ALPIIAMETIQVE. 407 Nisitie, villc tic Mosopotamic, t. IV, i Novella (riiiietierc de), I. ,V, p. l-2-i |). iUi. Nivalis, inartyr en Nuinldic sous Maximicn Hcrciilc, I. IV, p, 428, 429. NuniL'rien, cmpereur, I. Ill, p. Vii, i7, 73, 2!>i, 295. -2'»!l. ;j(l(), 301; I. IV. ]). 81. Ni MiDicrs. mart\ra CMrtlia;. Dcce, t. II, p. 328-329. Nole, t. Ill, p. 1G8, .'WH. Nonientane (voie), t. I, p. 13, -Jl'i, 21G, 217, ^18: t. II, i>. 470; t. Ill, j .Numidie, I. I, p. 110; t. 11, p. IGi, p. 3il,38-2; t. IV. p. 3!»«; t. V. p.-2G.i. I -2li-2, 310, 51-2; t. III. ]i. G, -27. 28. W. Norhaniis, conjure conlicDoniilien, gi ; t. IV, p. 80. 102, Piv, 212, 214. t. I, p. 127, 130. 42G-i32;t. V,p.2.>i. Novatien, scliisniali. 71. Onibrio, t. I, p. 227; t. II, p. 472; t. IV, p. 31K), vol, i04-i0.-i. Onesicrate. [irelre de Diane, I. II, p. 397. Optat, martyr ;'i Sa!ai,'0sse, I. IV, ]). 238. Oplat, (iveque de Carliiage. I. II, p. 117. Optat. o\eque dc Miievc;, I. If, p. iiOn; t. Ill, p. hi; t. IV, p. xxxvi, 203,20.';, 42G; t. V, p. 22. Optimus, proconsul d'Asic, t. II. p. 393, 398. Ofiigexe, docleur, confcsseur a Ce- saree sous Dece, t. I. p, xxix, IGl ; t. II. p. in. 73-74. 7G, 77. 204, 205, 206,207, 237. 244, 24:;. 27.3, 3liS . 431-432; t. Ill, ]>. 191 ; I. IV. p. XI. XII, H)!», 213: I. V, p. 47. Orleans, t. Ill, p. 233. OiiONCE, martyr a Girone sous .Maxi- mien Hercule, l. IV, p. 437. Oronte, lleuve dc Syrie. t. IV. p. 22C. Orose. t. I. p. G"; t. IV, p. 20, 4li7. 4G9. Osca (Huesca). ville de Tarraconaise, t. IV, p. 237. Osrlioenc, t. II, p. 4,161; I. Ill, p. 266, 2G8; I. V, p. 77. I9G. OsiLS, evequc de Cordoue, confcs- seur sous Maximicn Hercule, t. IV, |i. 236: t. V, i).273. 'j08 INDEX ALPlIAFiETlQllK. Oslie (ct voio d'), l. I, j). H", 75-7(!; t. 11, p. II, '.71 ; I. IV. p. 38o; t. V. p. 205. Oslricn (cimotirre), t. I, j). 10; t. Ill, p. 117; (. IV, 11. (J.-i, 1!)-. 38-2, 3<)0- :i!)7. Olacilia Sevcra, Iciiimc dc I'cmpe- rcur Pliilijiiic. I. II. p. 237, 2r)3. Paciilmus, evoquc, mai'lyr a .\lc\aii- (Irie sous .'\Ia\iniin Daia, t. V, p. 51-53, 18!). Paga, ville de Lycic, t. V, p. 'n. Palaliii(monl), t. I, ]). 30, Hi, ilo; t. II, p. 20, 21, liO, 103, 290; t. Ill, p. 102 ;t. IV, p. C, 63,161; t. V, p. 221. PalesUno, t. I, p. 12,84, l!>i, 263; I. 11, 1). 4, rn, .•;!), 205, 42!); t. Ill, ]). 135,138, 210, 267; t. IV, p. XXIX, xw, XXXII, 276,277, 203, 33!), 3U,3ii; I. V, 1). 8, i)0, 100, 101, 112, 113, l|-i, 133, 13i, 13o, 139, 112. Pallas (voir Minervc). Palmyre, t. Ill, p. 172, 178, 188-190, 19!), 22i-22."i, 220,232; t. IV, p. Ill, 112, 217. I'AMPiiii.F., doclcur, iiiai'lM' a Cusarco sous .Maxiniiii Daia, I. IV, p. xx\. XXXI ; t. V, p. 99-101, 120, 127, 130, lilO. I'amplnlio, t. I, p. 22'); I. II, p. '(2:;; t. IV, p. 293, 322, 320. I'ANCisACK, inarlyr ii Iloiiic snus V.i- U'iv'wn, I. I, ]). 223; t. Ill, p. 97; t. IV, p. 307. Pandataria (ilc), I. I, p. lo:i, 107. J'annonic, I. II, ji. 2.V!; I. Ill, p. 9, 172, 213, 27!); t. Ill, p. 2:t, 28.-i-2!)l ; I. V, p. 137. I'annosa (riviere), I. V, |>. 138. I'ajilriic, loiidatcur dc I'cciili- cliiu- licimc dWIcxandric, I. II, p. 07, i2,S; I. IV, p. I!)!). Pantoi.kox, martyr a Nicomrdic sous Dioclcticn, t. I, p. 208. Papas, cvofpie de Seloucic, I. Ill, ji. 270. Papiixlce, anaeliorete, martjr en Thebaide sous Dioclelien, I. iv, p. 351. Papias, martyr a Rome sous Maxi- mien Herculc, t. IV, )>. 37!t, 383, 397. Papias, t. I, p. 39t. Papicii, frere du martyr I'asicrale, I. IV, p. 121. Papiiiien, jurisrousultc, 1. I, p. 233. Papvi.os, diacrc. mart\r a Pertjame sous Deie, I. II, p. 398-401; t. IV. p. xxxiv. Pauegokius, martyr a Patare sous Valerien, t. Ill, p. 140. Parmc, t. IV, ]>. 412. Pa.I'.texils, martyr a Uomc sous Dece, I. II, p. 2tl, 213, 293-295; t. IV, p. XV, 37."i, 370. I'ailliica (legion II), I. II. p. 203; I. IV, p. 132. Pascliasius, I. W, p. 'd I. Pasiciiate, soldal, mait>r a Doros- torcsous Calcrc, I. IV, p. 117,121, 127. Pastoii, mart\r ;i Alcala sous Maxi- iiiicii ilcrculc, I. I\ , p. 441. I'atarc, ville de l,\cie, I. I, p. 310; 1. Ill, p. liO; I. V, p. 18!'. INDEX ALPHABETIQUE. •iiV.t I'ATEi'.Mniiii s, martx r u IMkuhos sous Masiiiiiii Daia, t. V. \k 142. Patrobe, nomme par saint Paul dans la Icttre aiix Komains, t. I, p. ^'.i. Patkoci.e, martyr a Troyes sous Va- ItTien, t. in, |). 97. P.\ui., apotrc, marlyr ;'i Komc sous NiTon, t. I, p. 22, 23, H, 28-36, 47, 73-76. 80, 1-20, I i-'i, l'.!l. l.->:i: I. II, p. lol, 103, -251, 30!), 41:2, I'.T ; t. Ill, p. Si: t. IV. |t. .J-.J; t. V, p. 33, -2ll.-2G:i, 2(;6. -271. Pall, martyr a Nailjonne, I. IV, p. 409. Pall, mait\r a Cartliase sous Ucce, t. II, p. 327. Pall, mait\r a Coiinlhc mius DiCf, t. II, p. 369. Pall, martyr a Troas sous U('ce, t. II, |). 396-398. Pall, martyr en .\rrit|uc sous Val. - rien, t. Ill, p. 116. Pall. ])rclre, martyr a .\ulun sous Aurolien, t. Ill, p. 234. Pall, martyr a PloK-mais sous Aurt-- lien, t. III. p. 256. Pall. mart>r a (ia/a sous Maxiinin Daia, t. V, p. 117-118. Pall, mart\r a Cisarcc sous Ma\i- min Daia, t. \ , p. 130. Pall, eveque de Neoccsano, con- fesseur sous Licinius, t. V. p. 304. Paul, ermile. t. II, p. 364-365. Paul, (iveque de Cirta, tradiiciir. i. IV, p. 194. Paul, juriscousultc, t. II. p. IMU. il7. iO"i. PauldeSamosalc.(;v("'(pie(rAiilloclie. 1. III. J). 192-193, 208 211, -230. •231; I. IV. p. .-.!); t. V. p. 1!I0. Paula, I. 1, p. 108. Pallis, marl) r a Atlicnes sous Dccc I. II. p. 369. I'ALr.TNK. marl>ro a llonu; sous \al(''- rien, t. Ill, p. 43-46. Pallixe, martyre a Home sousMaxi- mien Hereulc. t. IV, p. 365-366. Pauline, epouse de Pohcucfr, i. n. p. 487. 4'J0-493, 510-511. Palsis, martyr a Cesaree sous Dio- cletian, t. V, p. 8. Pectorius, clirctien cnterrc a Autuu, t. I, p. 417. PiXACiE, martyre a Aulioclie sous Maximin Daia. t. V, p. 76, 203. Pelee, eveque egyptien. martyr a Pliaenos sous Maximiii Daia. i. \, 1.. 140-142. i'cUa, \ille de Palestine, t. I. p. 7S. -201. Pelopouese, t. II. [i. 300. Pellsils. martyr a Carlliagc sous Maximien Hercule, t. IV, ]>. 261. Peon, martyr a Rome sous Marc j Aurole, t. I, p. 367, 371. i Peregrin, martyr a Uonie sous Com- mode, t. I. p. 442. ! PEitECniNLs. diacre. maityr a An- cone sous Maximieu Hercule, t. IV. p. 412. Pergame, ville de I'Asic ])rocoiisn- laire, t. I, p. 3U8: t. II, p. 399-t()-2. Perennis, luufel du iirchjire. I. 1>. 4i0. Pergc, \ille de Panipli\lie. t. I\, p. -293, 3-22. I'EiiPETLE, martyre ii Carlliasc sous Soptimc Severe, t. II. p. 95-127, 13-2. 311; t. III. p. 117. Perse, Perses, t. II, p. -218. -295; t. Ill, p. 150, 158, 159, 177, 265, -208, 2i!9, 270, 273. -275, 270, -295; t. I\ . p. Ill, 112, 113, 115, 350, 402; t. \, p. OV, 197. Perside. uonimie par saint Paul dans la leltrc aux UoTuains, l. I. p. -23. 410 INDEX ALPHABETIQUE. I'crlinax. einporcur. 1. ii, ^,. n. 20. 37. 43. Pescennius Nigor, coinpeliicir dc Seplime Sovorc. I. II, p. 10. *2, -j,-;. 45, 58, I'JO. Pessimintc. \ille (ic Galiilio I iv p 327. Pctronille (voir .4urolia Peln.iiilla). Petroniiis Secuiuliis, iirdci dn pn-- toire, t. I, p. 127. Pcucetiiis, mlnislrc (!<■ Maxiniiii Daia. I. V, p. 25.">. Pliilipl)e. asiaii|iic. 1. 1, p. .•ios. .10;). Philippe, proprieiairc d'uii doniainc liiriiTaire. t. II. p. ',71, 'n::. Pliiiijipe. ville de .Macodoine. 1. I p 193. I9i. Pliilippopolis, ville dc Thraec. l. iv j). 2.j3. Phimictimox. soldat, martyr a Se- l)aste sous Lieinius, t. V, p. 308. Pliilologus, nomnie par saint Paul dans la lellrc aux Komaiiis, t. I p. 23. Pliilon d'Alexandrie. I. I. p. .j. Philostratc. rlieleiir paieii. t. II, p. 68; t, IV. p. 219-220. Pnii.oiioMF.. maRistrat. martyr a Alexandrie sous Maximin Daia. I- IV. |i. 56; I. V. p. 53-54, 102. 108-109. IMur.oTiiKE, maHistrat municipal, niar- t>r a Samosale sous (latere, t. iv, p. 115. Plileson.nonimc par sainl Paul dans la Ictlre aux Komains. t. i. |,. oj. Piioebc, diaconesse. t. I, p. 153. PliryKic. I. I. p. 3!»1. .448; t. II,p. 135- 140. 2'(.';; t. Ill, p. liO. 279, 282. 28,;-290; I. IV, p, 50, 58. 3V3; I, V, 1>. 5, 7. PiAToN (on Pial). mart\r pies dc Tournai sous Maximien Hcrciile, t. tV, ]). 39. Picenum. t, IV, p. 412. Pietes, t. I, p. 335; t. 111, p. .{so. PinruiE, apotrc, martyr ;i Uonie sous Neron, t. I, p. 14-18, 21. 3(i, 61-64. 73-76, S(>, 9i, 120, 408, 470; I. I\ . p. 375; I. V, p. ,33,205. I'lEiiiu., mart\r a I,anipsa(pic sous Dece, t. II, J). 39i, 396. PiERiiE, pretre, martyr a lioinc sons Maxinu'eii Hcrcule, 1, It, p, 'lOl ; 1. Ill, p. 309; t. IV, p, 279. 363-364: t. V, p. 205, PiEiuii;, chaiidx'llan, martyr a Nico- mcdic .sous Dioclclicn, t, IV. p. 55. INDEX ALPHAIJETIQUE. 411 PiERKE, c\iJ(nio (rAlccaiicliif, mar- tyr sous Maximin Daia, t. V, p. 31-35, 51, r,'2. 5;$, 189, '270. PiEUitE AnsELAMis, marl\r a Cnsai'uc sous >Iaximin Daia, I. V, ]>. 126- 127. Pincio (iiioiit, ct poite Pincianai. t. I, p. 38; t. Ill, J). 3(i3: t. IV, p. 38'.. PioMis, martyr a Sniyrne sous Dcco, t. I, p. 310; t. H, |). 375-389, mi. 400; t. IV, p. XXXIV, liti. PisTis, mart\rc a I'.oiiu'sons Hadricn. ' t. 1,1). 321, 223-224. : Plaisance, t. IV, p. i:i."i. j Plautianus, consul, l. II. p. 1-2S. Plautien, prrfet du prrloiro. I. II, ji. 14">, 148. Plautien, prc-fct dc Uomc (?), l. IV, p. 11-1-2. Plautilla, sa-ur de Flavins Clenicns, t. I, p. !»i. Pline rAiicicn, I I, p 207; t. V, p. 363. Pline le .leuno. l.i. p. los. 116-118, 142-155, 157, ■2-28, 2.'!!i, 2il, 242. 24.3, 244, 2!«: I. II, p. i\. .M». 163, 245, 405: t. IV, p. vii; I. IV. p. :t(i.J. Plotin, philosoplie. I. III. p. HC!. PLiTAr.ouE, martyr a Alexandric sous Scplime Sev('rc, I. II, p. 73. Plutarque, ccrivain, t. I, p. 340; t. IV, J). 472. Polcniius Silvius, t. IV, p. 448. Poli-mon, rhctcur paicn. I. II. p. 371- 372. Poi.iAXis, (•vcquc afrifain, confcs- sour anx mines de Sif;us sous Va- lerien, t. Ill, p. 60, 61. PoLLiox. lecteur, martyr a Cibalis sous Galere. t. IV, \\. 289-291. PoLYCAUPE, cvrque et niartxr a Sniyrne sous Anionin, I. I. p. pci. 297-313, 3!t4. 418; t. II. |). 15l); |. IV, p. VU, XIX, XXXIV. I'olychronc, renegat, I. IV, p. .331. Polycrale, (AiMiuc d'Eplicse, t. I, p. 374. PoLYEL'CTE, soldat, marlvr a Melilcnc sous Dece, t. II, p. 411, 482- 513; t. Ill, p. 139; t. V, ]>. 307. I'diniici, ^illc de Camiianic, t. I. p. 69-73; t. IV, p. 2.33; I. V, p. .3li2, 3(i3. Poini>ciana. cliri'tienne, t. IV. p. 107. l'on)|)oianns. a\ocat du lisc, I. l\, p. 102. 103. I'ompeianus. avocat, t. IV, ji. 2i)ii. I'oinpeiopolis. ville de Cilicie. t. I\. p. 2!l4, 2!Mi. PdMPOXiA, niarhre a ()artliaq;o sonius. diaciede Carlliagc. I. II. p. lOi. I'once Pilate, t. I, p. 41, 140; i. |\ . p. .30!> ; t. V. p. 183. I'ciiil. t. I, ]). 02, 104, liti. 448; I. II, p. 4, 145, 245, 3(!8. 40!l: t. III. p. 153, 154, 210; t. IV. p. -20. I7i;, 213. 35.5-35(1 ; t. V, p. 8, 43, 151. I'lint-Euxin, 1. I, p. I(i!t^ 172; t. II. |i. 202, 370; t. IV. p. 13. I'ontia file), t. I. p. KM!, 107. los, 104, Kiii. I'oxTicLs. marlvr. '1 I.\on sous Marc .\urelc, t. I, ]). 408. PoNTiEX. martyr a Rome sous Com- mode, t. I, p. 442. PoxTiEX. jiape. mart\r en Sardaijjnc sous Vlaximin 1% t. II, |i. 17!l. 195, 198. 201. 238-239, 270.' 405; t. m, p. 20; t. V. p. 2.03. PoNTiLs. marlvr a Cimiez sons Vali'- rien, I. II. p. 47(i, 480; t. HI, p. 97. 412 INDEX ALPHAI5ETIQUE. Pontius, diacre, hid.maplie de saint Cyprien, t. Ill, \t. 'iv>. 58, o'J, 112. PopiK-e, femmc dc Nrron, t. T. ]>. 6-40. I'ORPiiM'.E, esclavo. niartyre a Cf.sarco sous Maximin Daia.t. IV, p. xxx; t. V, ]). 130-132. Porpliyre, ijliilosopljc. i. in, p. i(j;j; t. IV, p. 73-76, !!)!»; 1. V, p. 1<(0. Porplnrc, cmplo>(' du (ens. f. V. p. 28. Porto (etvoiede), t. II. p. 2%; t. Ill, p. 251, 253; t. IV. p. xv, 291, 370. I'ostliunie, enipereur des Gaules, t. II. 1). 171, 174-176, 177, I4. 402- 403; t. II, p. 150. Pouzzolcs, ville de t;ami)anie. I. I, p. 70; t. IV, ]). 4()(i. Praxcdc, t. I, ]>. 20s. Prencste, ville du Latium (et \oie de), t. I, p. 3iO; t. II. p. 209; t. III. |). 2'ti, 2i0. Prclextat (cinielicrc de). I. II. p.2ll- 213, 359, 422, 409; t. Ill, p. 87, 319, 320, 322, .308; t. IV, ]). 3i8 ; I. V, ].. 100. PiiiMA,niarlyre a Carliiage sons Maxi- niien Hercule, I. IV, p. 261. PiiiMiTivis, niarlyr dans la Sahinc sous Hadricn, i. I, p. 218. PitiMnivLs, niartM- a Tihur sous Ha- dricn, I. I, ]i. 269. PuiMirivrs, Miarhr aSaragosso. t. IV. ]>. 238. Piirjior.E, riiailvr a Carthage sous Valoricn, I. Ill, p. 116, 121. Prion (moni), i. ii, p. ,'t!i3. Prisca. lenune de Dioeleticii, I. IV. ]i. 53. 105. 166; t. V. p. 103. 260 261. Priscilie (et cimeliere de), I. I, )). 8(i. 359: t. II. p. V70:t. IV. p. ix, 05.378. 379, 38i; t. V. [>. 112, 125. Pniscis. niarl_\ra Anxcrre sons Vale- rien, 1. III. p. 234. 23(i. Pniscis.soldat, martyr a Sebastcsous Lieinius, t. V, ]>. 308. Pkisqie, niartvra Cesaiee sousValo- rien, t. HI, ]>. 135. Privernuni (Pipcrno),vilIcdu l.atinni. t. IV, ]). 'M\. '<02. Probi (famine dcs), I. IV. p. 22. Piionus, martvr a Anazarlie sous Dio- cletien. l. IV. ]>. 294-311. Probns, emperenr. t. III. p. xiii, xiv, 234, 264-265, 278-279, 292, 293. 29i; I. IV. p. 80. Pr(d)us, giunerneur de la Pannonie inlerieurc, 1. IV. p. 28."i-2IM. PitocEssis. martyr a Konie sous Ne- ron, t. I, ]). 357, 409. PiiocoPE, lecteur, martyr a Ccsane sous Dioclelien, t. IV, p. 230, 233. Proeojiius. chreticn enterroau cime- liere de Cailisle, t. IV. j). 2i. Pr.uciias, martxr a Pouzzoles sous .Maxim ien Hercule, t. IV, jt. 406. Piiocri.us. mailxi' a liologne sous Maxiniien Hercule, t. IV. p. 412. Pi'dculiis, philiisoplie. I. I, |). 3l(i. I'rocniiis. rclielle en Canic, I. III. p. 278. Procuius Toi)arcion, t. II, p. 21-22. PnoMi-s, marl\r a Ascalon sous .Ma- ximin Daia, I. V. |i. 116. Propcmlidc. t. I. p. 'ii8; t. IV, p. 251; I. V, p. 100. I'liosDoscr.s, niarhre on Syric sous .Ma\iiiiin Daia, I. V, p. 77 78. INDEX ALPHABETIQLE. 413 Pkotais, martyr ;'i >lilaii sinis Neruii, t. Ill, p. 3-2G; t. IV, p. Hi«. IMiOTCs, esclavc, martyr a Kome sous Valerien. t. HI. \>. 95-96, .((iS, 3(ii. 3(i.";. 3Gti: t IV. |). \v.37(i. I'uoTLs, protre, martyr a Turrc sous Mavimicn Heri'ule, t. IV. p. 418. I'roxenes, alTraiirlii tie Ciimimxlc, t. 1, p. 208. 443. I'ruilcnce. pmie, 1. 1, p. !»3; t. HI, p. !», !t3, 108, 10!». 311, 318. 31i>. 3-2-2. 3-21-3-29. 33>-338, 3i0-3il . 3t3-3:;-2, 3oi, 3.>'i.3.";U,3j7. 3";8. 3.i:», 3lil : t. IV. XIV. XV, XXIII, p. 13:t-lV2, Hi, 183, -23li, -23!l--2il, -2ili. ■2l!», 38(J, 3!)0. 3'J't, 3!>.j, 413, il5-il(>. 437, 410: t. V, p. 138. 13!t, 314, 310, 3(iO. I'tolemais, ville de Palestine, t. III. p. i>7, -258. Ptoi.kmke, mart\r a Uomc sons An- toiiiii. t. J, )). 'Mi. 321-326. I'Toi.F.MKF.. mart>r a Alcxaiulric sous Dece, t. H, p. 358. Ptolkmee, martyr a N('|)i smis Claude le Golliique, t. Ill, \i. 202. Pir.LiLs; martyr a Saraifosse, f. IV. p. -238. Pul)lius Salsius .lulianus, prelet de Rome, t. I, p. 3i-2, 3i3-3:i3. PiDENS, soldat, martyr a Carthage sous Septime Severe, t. II, |i. 124. 125. Pudens, proconsul d"Al'ri<|ue. t. U. p. 37. Pudens (famille dcs). 1. II. p. 470. Pudcntienne, t. I, p. ■20'<. Pupien, empereur.t. II, p. I ix. 200 201, 208, 20;», -210; t. IV. p. .i'.K. Puri)urius, liveque de I.lmata. tradi- tcur, t. IV. p. 192. Pyrenees, t. Ill, (). 380; t. IV. p. -i^H. yuadcs, t. IV. p. -2S. 4."ii». CjL'.vDivATi's, mait\r a Coriiillie sous Dece, t. H. p. 369. Quadiatus. apnl(.i;i,te. I. I. p. 251- 252. 378. QrAUTiLLOs.v,mart\rca Carthage sous Valerien, t. H, p. 117, 121. (jcENTiN. evef[ucct martyr a Augusta Vcromaiiduoruiii sous Ma\iniicii Hercule. t. iv. p. 38. Quietus, lils de Macrien, t. III. |). 178. QciNTA, martyre a Alexandrle sous Philipi)*, t. II. p. 251. Quintiana. mere de plusieurs mar- tyrs a Piperno, t. 1\', p. 401. QriNTiAMs, confesscur a Home sous Dece, t. II, p. 285. Quintilia Verecunda. chretienne en- lerree sur la vole -Nomeritaiie. t. II, p. 404. CjLixTiLiEX, martyr a Saragossc, t. IV, p. -238. Quintilien, t. Ill, p. 384; t. V. p. 18."i. Quintillus, frere de Claude le (ioihi- (juc, t. HI, p. -213. Qlintls. martyr a Carlhage sous Sep- time Severe, t. II, p. 95. (Ji iXTis. martyr a Cartlia:je sous .Maximien Hercule. t. I\ . p. 261. 270. Quintus, rciiegat, t. I. p. -2!i8. -2'i!t. Quirinal, t. I, p. 38. ill INDEX ALPHARETIQUE. QcirsiNus, iiiartxr ;i Koine solis Ha- drien, I. I, ji. -MVi. 210-213.218; t. IV, i>. 8. Qciiir>Ls, martyr a llonie sous Claude le Golliique, t. IH, p. 202. QudiiMs, evc(|ue de Siscia, martyr a Sal)aric sous l.iciiiiiis, t. iV, p. 'tC9; t. V. II. 137-139. Qliiiion. soldat, martyr a Siibastc sous Liciiiius. t. V, p. 308. I'.asapha, \illedc r.4ugusta Kuplira- tensis, t. l\. p. Hi. Kavennc, t. IV, j). 2i."), 210, 'tl3. Regiola, marlyre a Carthage sous Maxiniieii Herculc, t. IV, p. 262. lleguUis. dclateur. l. I. p. 101. Reims, I. IV, p. 38. Kf.xus, martyr a Cartilage sous Vale- rien, I. HI, p. 116-121. REPOSTLs,confesseur a Carthage sous Dece, t. II, p. 332. Repostus, evcque de Saluriiiim. re- iiegat. I. II, p. 313. Respicius, martyr a Nicoe sous Dece, I. II, ]). 405-406, 107. UESTnL-iA,inarl\re a Sora sous .\ure- lien, t. Ill, p. 244. 2'm. Ki.srmTA, marlyre a Carlliagc sous Maxiiiiicii llercule, t. IV, p. 261. 266. Rr.sTiTi TLs, martyr a Rnmc. i. II. ]i. 'wO. llcsliliiUis, fondalcur d'liii Icinilicaii clireticn sur la voie iNomeiilaiic, I. II, p. 404. Reveiuex, evequc et martyr a Au- tun sous Aurelien, I. HI, p. 234, 230. Ili.vocATis, esclave, marlvr ;i Cai- lliagc sous Scpllmc Severe, I. II, p. 102, 109. 123 127. Uhelic, t. I, p. 203. Rhin, t. II. p. 20.-;; 1. III. p. I 'i8. 378, 38i, 380, 387; I. IV. p. Wl. ii'.), iOO ; t. V, p. 208, 2.-i0. Rhone, t. I, p. 3il2. 393, 409, 'tI8; t. II, p. 22; I. IV, p. 26, 4.-i. Rictiovare, magistrat perseculeur, t. IV. p. 37-39; I. V, p. .3.-iO. Rleti, t. I. J). 91. Rignano, I. IV, p. 37.">. Roches Rouges, l. V. p. 221. RoGATiAxus, prclre, confesseur a Carthage sous Dece, t. II, p. 322. ROCATIAXCS, niarl\r a Carthage sous Ma\imlen Hercule, t. IV. p. 261. 270. ROGATIA.NL'S, id., t. IV. p. 261. ROCATIAXLS, id., ihid. Rogatiauus, discijile do I'loliii. t. Ill, J). 103. RoGATiEN, martyr a Nantes sous Maximien Hercule, I. IV, p. 36. RoGATcs, Miarhr a (;artliage sous .Maxiniieii Hercule, I. IV, ii. 261. RoGATls, id., iliid. ROMAix, portier, iiiait\r a Rome sous Valerieii, I. Ill, p. 92. RoMAiN, marlxr a Nepi sous Claude le Gollii(iuc, 1. Ill, J). 203. ROMAix, diacre, iiiail\r ;"i Aiilioclie sousDioclelieu, I. I\, p. 173-174, 244: t. V, p. 300. INDEX ALPHABETIQUE. 415 rtciino. I. I. |>. -2-:,-,, (0, (ii, g:j, 70, 7:v 7U, 77, !Kt, !t7, !»H, 118, lit, 1-2-i. V.i-l, 17*,17.». I!M-l!)->, I !IK--20I, -201-218; t. II, p. -2-2, 7!)-8'f, 8S, IW-liS, 188- l!h*, I98--20I, 22S--2.53, •2:ii--2:Hi, -r<8-2M), JW, 27.';--297, a0(i-308, 30!»-;n0, 4 43- iil; t. Ill, p. o, (J, !2I, 2-2, -26, 27, 30-32, 8,-;-87, 89-97, 109-170, -2!Ni--298, .300,301, ;{o:;;t. iv. p. 3-1-2, (i2-(*i. 8-2- Ki, nil, I8i-I89. 19. 8. Ilomulus, fils (Ic .Ma\eiico. t. \, p. 110,2-20. Uoiige (mer), t. V, p. 113. Ruljra". bourg dii J.aliiiiii, t. IV, p. 374. RiFix, confesscur ou niarlyr en IlaliesoiisMaKiminl". 1. 11, p. 208. Rlfix, diacre, conl'esseiir a Rome sous Dcce, t. IF. p. 285. Ri"Fix. martyr a Reims sous Maxi- mien Herculo, t. IV, p. 38. Rlllill, snpliistc a SliiMUc. I. II. |>. :i8i. Rufin, historien e(ilesiasli(|ii(;. i, I. |). 17.;: t. II, p. 259: t. Ill, p. 181; t. IV, ]). !.•«; t. V, p. 148. RiFiNE, martyre a Rome sous Vale- rien, t. Ill, p. 96, isi. Rlfcs, martvr a Rome sous Trajan, t. I. p. 192, 193. Ri FLs(ou RiKixiAMsi, vicairc. marix r a Rome sous Maximien Hercule. t. IV, J). 371-372. Rule, villc do Lucanic, I. IV. p. 211. Rusleade (I'hili])peville), \ille de Numidie, t. IV, p. 430-432. RtsTicrs, marlyr a Verone sous Maximieu Hercule. 1. IV, j). 416- 418. Rustirus. catecliumeno a Carthago, t. II, p. 1-20. Rlstiijie, preire, martyr a Paris sous Maximieu Hercule. t. IV, p. 36. Rltii.us. martyr en Alrique sous Septinie Severe, t. II, p. 92, 93. ."^abarie, ville (!<> I'aiiuonie, t. V, p. 138. SADDAzrus, mart\r a Antioclie do Pisidie sous Probus, t. Ill, j). xvi , 279-285, 291. Sabix, eveque d'Asslse, martyr a Spolete sous Maximieu Hercule, t. IV, p. 405-406. Sabinf,, martyre prcs do Torui sous Hadrien, t. I, p. 224-227. SAniNE, emprisonnee pour la foi a Rome sous Dece, 1. 11, p. 285. Saisixe, esclave, poursuivie pour la foi a Smyrne sous Dece. t. II. p. 212-213. 375. 379 380, 385. 388-;W9. SAniNE. martyre a Troycs sous .\ure- lien. t. HI, 1). 234. Sabine (|iroviiice). t. I. p. 89, 219, -27(;: t. II, |t. 300; t. IV, p. 180. Sabinus. prefet d'Egypte, I. II, p. .{.v;. Sabinus, iirelel du jirctoire. I. V, p. I.V;, 107, 233, -234, -239, i>:i.i. 416 liNDEX ALPHABETIQUE. Sabinus, rcbellc dans Ics Gaiilcs. t. Ill, p. 37!). Sacep.don, soldat, martyr a Scbastc sous Licinius, t. V, p. 308. Sacaris, evoque et martyr a Laodicee sous MaicAurclc, l. 1, p. 374-375. Salaminc, ville de Cliyprc, l. 1, )>. 197, Salaria Nova (voie). 1. 1, p. 3j0, .'WO; t. Ill, p. 20-2, 20C>, 310; t. IV, p. ()."i, 382; t"r V, p. 202. Salaria Vetus(voie), t. i, p. 20(i. 20!): t. Ill, p. 317,303; t. IV, p. ISS, 373, 37'*, 3-,-i, 370. Sallustia, martyre a Rome, I. til. p. 23. galouc, ville de Daliuatic, t. ill. p. 217; t. IV, p. 2W, 2Wi; t. V, |i. S3. 8i», lii, 140. Salonine, i'|»ouse de Gallicn, t. 111. II. 162-165. Salsa, marlyre aTipasa. t. V, p.289- 292. Salvidienus Orfilus, mis amort par Domitien, t. I, p. IH. Salvius Julianus, jjrefet de Rome, t. I, p. 312-3 «, 3ii, 340-349, 331, 3lj:i. Salvl'.s, martyr en Numidie sous Maximien Hercule. t. IV, p. 428- 429. Samarie, Samaritains. t. 11. p. .^S; t. V, I). 1 17. Samollirace, t. IV, |). 2.'>7. Samlel, martyr a (;('saree sous Maximin Daia, t. V. |i. 128-130. Sanae, martyr aMadaurc sous Com- mode, I. 1, p. 436. Sanctien, martyr a Sons sons Aure- lien, t. Ill, p. 234. Saxctl's, diacre, martyr a L>oii sous Marc Aurele, I. I. |i. 399^01,403. Saone, t. I, p. 3!)2, '(13; l. ill. p. 23'i. Saimkntia, martyre ;i Rome, ciiterree au cimeliere de Calliste, t. , ji. 221. 223-224. Sapor, roi de Perse, t. 111. p. 13">, 156-161. Sapricius, pietre. reiiegal. i. Ill, p. 136-138. Saragosse, t. ill, p. 3ril ; t. IV. II. 236, 237, 438-4'KI. Sardaigne, t. I, p. i.'i; t. ii. [>. I2. 100. 197. 'tiM; t. Ill, p. 3:;."i, 3.-;9. 3(;(l; t. IV, p. 418, 419. Sardique, ville de .M( sic. 1. IV. p. 471; t. V, II. I'tO. Sarmates, I. Ill, p. 291; I. v. ]i. 21. Sarrasins. t. IV, p. 80. Saturne, t. II, p. 123: I. Ill, p. III. Saiiuxix, martyr a Siillium sU', t. ill, \>. 278. Saliirnin, lossoyeur, t. IV, p. VSi. Satliimna, niaityre a Carthage sous Maxiniien Hcrcule, t. IV, p. 261. Salurnuni, ville de I'Afriquc procQii- sulaire, t. II, p. 316. Satlkus, niarlyr a Cartliaije sous Septinie Severe, t. II. p. 102. 108. 117. 123-127. Saturus, confesseur a Home sous Dcce, t. II, p. 285. Saulieu, t. I, p. 413. Save (riviere), I. IV, p. 285, -28!». Savinien, martyr a Troyes sous .\urolien, t. III. p. 234. S(a;vola, jurisconsulte. t. I, p. 232. Srapula Tertuiius, proronsul d'Afri- (|ue, t. II, p. 164-168. Scarbantia, ville de Pannouie, t. Ill, p. 219; t. V, p. 138. scillium, siilc de I'Afrique procon- sulaire, I. I, p. 437-439. Scythopolis, ville de Palestine, 1. IV, p. 230. Schaste, ville de la Pelite Armeiiie, t. V, p. 307-310. Si-.iiASTiEN, officicr, martyr a Rome sous MaKimien Hereulo, t. I, p. 208; I. HI, p. 200, 297; t. IV, p. 131, 3C2, 308. Skbastiex, soldat, martyr a Fossano sous Maximien Hercule, t IV, p. 132. Sehastiiixil. ville de la Cliersoneise. I. I. I). 173. Seconde, martyre prcs de Uonie sous Valerien, I. Ill, p. 96, 181. Secondien, martyr a Centumcelles sous Dece, I. II, p. 297-299. Secularis, consul, t. Ill, |). 373. V. Seclnda, martyre a Scillium sous Commode, t. I, p. 439. Seclnda, martyre a Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 261, 266. Seclnda, id., t. IV, p. 261. Secusda. martyre a Tliuhurho sous Maximien Hercule, t. IV. p. 432. 433, 436. Secundclus, marlvr a Carthage sous Septime Severe, t. II, p. 102. 120. Secuxdis, soldat, martyr a vintimille sous Maximien Hercule, t. IV, p. 132. Secixdis. martyr a Amelia sous Maximien Hercule, t. IV, p. 404. Secuudus. eveque de Tigisis, t. IV, |). 203-205. Seine, t. IV. p. •>;,. Sejan, t. I, p. 12. Seleucie, ville de Perse, t. I, p. 205 : t. II, p. 33; t. Ill, p. 294. Seleucie, ville de Syrie, I. IV. p. 222. Seleuccs, veteran, mart\r ;'i Cesaree sous Maximin Daia, t. V. p. 132- 133. Selinonte, ville de Cilicie, t. I. p. 197. Senecion, consul, I. I, p. 180. Sencque, t. I, p. 33, 51-52, 08, 313; t. HI, p. 81; t. IV, p. 391, 392. Sennen, martyr a Rome sous Dece, I. II. p. 295-297. Sens, I. III. [). 231, 238. Seiitime S<;vere, empereur, t. I. p. II, Ml, xxvii, XXXVII ; I. II, p. I. XII. 3. !i-IO. 16-28, 43, 46, 48, 49, 33. 55-56, 67-71. 72, 74, 78, 80, 81, 82,83, 102,113. 129, 134, 143-158, 161, 169, 172. 174, 204, 273, 27 i. 288, 302, 311. 312. 428, 460; t. III. p. I. .39, 81. 82. 379; t. IV, p. xii. xm, I9i. 2")7; I. V, p. 217. 41S INDEX ALPHABETIQUE. Sr.r.APiE, niarlyre pri'S deTcrni sous | Hadrien, t. I, p. 224-227. Sr.iiAPioN, martyr a Alexandric sous Pllilippe, t. H. 1>. 251-252. Skhapion , martyr pros d'lipliosc sous Dcce, t. II, p. 393. Scrapion, ovcque d'Antioclio, I. II, p. CI, i39. Serapis, t. II, p. 352; t. Ill, p. I'.o. Serena, nommce dans la Passion dc sainl Sabin, t. IV, p. 405. Screnianus, legal de Cappadocc, t. II, p. 203-204. Serexcs, martyr a Alexandric sous Seplime Severe, t. II, p. 73. Seuenus, id., t. II, p. 74. SERE>-us,.jar(linier, martyr aSirminai sous Galere, t. IV, p. 92-94. SEisdE, oflicler de la Scliola (.onli- liuin, martyr en Cele-Syrie sous (lalerc. t. IV, p. 113, 114. Seryius Paulus, proeoiisul d'Asie, t. I, p. 375. Servakd, martyr a Cadix sous Ma\i- micn Hercule, t. IV, p. 437. Servius Tullius (mur de), t. 1, ]». ',); t. Ill, p. 393. Setif, villo de Maurilanie, t. IV, p. 430. Seveue, pi'ctre, martyr a Rome sous Valerian, t. Ill, p. 92, !i;i. Severe, prcHre, martyr a Andrinople sous Diocletien. t. IV. p. 252. 253. 313-316, 320. Severe, empcreur, t. V. i>. 15, 17. 18, 19, 20, 03. 83, 87, ^f^l. Severe, consul, t. II, p. l!>o. SEVEiiiANLs, confcsscur a Cartliagc sous Deco, t. II, p. 332. Severianus, heau-pere de rcmpe- ]-eur I'liilipite, t. II, |). 25:{. Sevei'.iex, soklat, martyr a Sebasle sous Licinius, I. V, p. 307, 308. Severus. arcliidiacre, t. IV. j). 05. 188: t. V. p. 20i. Sexti. jires dc Carthage, t. Ill, j). III, 114. Sicca, ^ille de I'Afriquc proconsu- laire. t. IV, )>. 213, 214, 210. Sicile. t. II, p. 00, 300, 301; t. IV, p. 210, 400-411; t. V, p. 22, 120. Side, \illc de Pamplivlie. t. iv, p. 2!»T. Sidon, viUe de Plienicie, I. IV, p. 330. SiDoMi'S. confesseur a Rome sous Dece. t. II. p. 285. Sigcrius, conjure contre Dnmilien. t. I, p. 130. SiLANcs (ou Sn.VANus), martyr a Rome sous .Marc Aurele, t. 1, p. 347, 353, 354, 358. Silpius, t. Ill, p. 158. Sii.vAiN. eveque. martyr a Pluenos sous Maximin Daia, t. V, p. 97. 140, 142. SiLVAix, eveque et martyr a Emes(i sous Maximin Daia, t. V, p. 194: Sihain, sous-diacre, t. IV, p. xi.ni. 195, 190, 197. Silvestre. pape, t. IV, j). 18i; I. V. p. 277. 278. Si.viKox, e\eque cl martyr a .le- rusalem, t. I, ]>. 177-179. Simon Xenodoclius, t. 1, p. 209. Snn>i.icn;s, martyr ;i Rome sous Maximien Hercule, t. I, j). 279;t. IV. p. 368370. Si.Mi>i.ii:n:s, sculpteur, martyr en Pan- nonie sous Galere, t. V, p. 26- 28. Singiiluiiuni, \ille de Mesie, t. IV, p. 2N5; I. \. |i. i;f7. Sirice, paiie, t. Ill, p. 312; I. IV, p. 4V9. INDEX ALPHA BETIQUE. 419 Sirmiuiii. vilU; de Pauiioiiic, t. Ill, p. 21-2, -2I<», -2-23. 278, 2 t3 ; t. IV, p. 87, 2-2-2. 28.">, 28(^-28!>, 372. Siscia, villi; de Pannoiiic, l. V, p. 137. SrsiNMCs. niarlvra Rome sous Maxi- mieii Ileicule, t. II, j). 470 ; t. IV, p. 379 383. SisiNMLs, sojdal, niarlyr a Sebaste sous Licinius, l. V. \>. 308. Sisinnius Fescenninus, toriecteur de ristrie, t. IV. p. 35, 3r». Sixte l^', papc, t. I, p. 21 i. SiXTE II, pape, martyr a Rome sous Valerien. t. Ill, p. 77-78. 7i». 85- 87,88, 90, 169, 313, 318-323. 3li0, 381; t. IV, p. XXXIV, K'.). Slaves, t. I, p. 17i. Smauacdus, soldat, martyr a Scbaste sous Licinius, t. V, p. 3tl8. Smyrne, t. I, p. ix, 114, 183, 193, 29(>-313, 371, 392; t. II, p. 370-372, 374, 376, 377, 38 i, 386, 387, 396, 400; t. IV, p. 19i. Soleil, (lieu, t. II, p. 173: t. Ill, \>. 220, 223. 226-227, 2.33. 237, 301; t. IV, p. t.i. 69-70, 71; I. V, p. 26, 27, 103. Soleure, t. IV. p. 32. SOLUTon, soldat, martyr ii Turin sous Maximien Hercule, t. IV, p. 132. Sopheiie, province de I'Armeiiie. I. IV, p. 112. SopuiA, martyre a Home sous Ha- drien, t. I, p. 221. 223 224. Soplironic, niorte pour la cliastete sous .Maxcnce, t. V, p. 205-206. Soi'inioxus, confesseur a Carlliage sous Dece, t. II, p. 332. Sora, ^ille de Campanie, t. Ill, p. 2i'*. Some, martyr a Pouzzoles sous Maxi- mien Hercule, l. IV, p. 406. SoTEKE, mart) re a Home sous \ale- rien, t. Ill, |). 97; I. IV. p. 367. SoTEitK, martyre J» Rome sous Maxi- mien Hercule. I. HI, p. 97; t. IV, |). 365-367; t. V, p. 20i. SozoN, martyr a Pomiteitipnlis sous Dioclelien, t. IV, i). 302. Spartien, historicn, I. I. j). 2iV; t. II. p. 57, 59; t. IV, p. XIII. Spcllo, ville de I'Omlnie. t. IV. p. 404 ; t. V, p. 22:)-230. Si'Es, martyre a Rome, enterne dans le cimetierc de Calliste, t. I. p. 221. 223 224. Si'EsiNA, emprisonnee pour la foi a Rome sous Dece, t. II. p. 285. Si'ELsipi'os, martyr a Langres (ou en Cappadoce) sous Marc Aurele, t. I, p. 415. Spolete. ville de I'Ombrie. t. IV. p. 405, 406. Stace, pocte, f. I, p. 97; t. V, p. 363. Stacliys, nomine dans la lettre de saint Paul aux Remains, t. I. p. 23. Statics, confesseur a Cartilage sous Dece, t. II, p. 332. Steplianus, menrlrier de Doniitieii, t. I, p. 127, 129. Stkactecs, martyr a Tibnr sous Ha- drien, t. I. p. 269. Straton, diacre, t. V, p. I8i. STKATOXiyuE, martyr a Singidon sous Licinius, I. V, p. 137. Suburre, t. I, p. 9. SuccEssus, eveque d'Abbir Germa- niana, martyr sous Valerien, t. Ill, p. 77, 116. Suetone, historicn, t. I, p. 59, 68, 9(>, 99, 102, 103, 110, 111, 112, 124, 126, 12!t, 235, 423: t. IV, p. vii, ix. Suisse, t. IV, p. 2S. Sulpice Severe, liisloricu ccclesias- no INDEX ALPHABETIQUE. liquc, t. I, ]). :Hi, 07, 101, -280 •, I. V, p. 30:i, 357, 3j!», 3li0. suiunius Piminus (Grand Saint- Bernard), (. IV, |i. -25. Slperius (oil ExiPKitANTiA), niartvr a Rome, t. 11, !>. 71. Sura, consul, 1. 1, p. 180. Surrena, \ille d'Elrurie, t. IV, p. 403- Suse, t. V, p. 2iJ0. Slzaske, martyre a Rdinc sous Maximien Hercule. t. IV, |). (i. Sulri, ville d'Etrurie, t. I, p. :2ii. Symphouien, martyr a Autun sous Marc Aurcle, t. I, ]). 416-417. SYMPHOitiEX. sculi)leur, niarlxr en Paniioiiic snus Galcre, t. IV, ]>. 25; t. V, p. 26-28. Symphohuse, niar(\rca Tibur sous Hadiicn. t. 1, p. 218,219,-221, 266- 280. Sympiikomis. inarl\r a Rome, I. Ill, p. 71. Synnade, ville de Plirxgie. t. Ill, p. 282,285, 280, 289, 290, 291, 292. Syracuse, t. IV, p. 4M. S>rie, t. I, ]). 17, 19, 180, 19't, 260 ; I. II, p. 22; t. Ill, p. 40, 155, 158, 159; t. IV, p. 50,80, Hi, 221,220, 339, 3i3 ; t. V, p. 18,90, 15i, 23!). 250. Tacitc, t. I, p. XKXV, 11, il, 42, 43, 4i, 47, .53, 235; I. IV, p. vii ; t. V, p. 342, 350, 363. Tacite, empereur, t. 111. p. 200, 201, 207, 298 ; t. IV, p. 1. Tagarllia, t. 11, p. I '(5. ranger, ville do .viauriianie, I. IV, p. 133. Tauachus, martyr a Aiiazarl>e sous ftiocletien, t. 1, p. xxiv; t. iv, 1). 294-312 : t. V, ]>. 18i. Tahcisil's, acohtc, martyr a Rome sous Valorien, t. in, j). 71-72. Taronle, ville i\v l.iicanie, t. IV, p. 211. Tarquiuies, ville d'Elrurie, t. IV, p. 403. Tarraconaise, t. II, p. 305; t. III. p. 99; t. IV, p. 139,235, 4il. Tarragone, t. Ill, p. 98-100, 105. Tarse, ville de Cilicie, 1. IV, p. 290. 303; t. V, ]). 258. Tatien, martyr a A(|ui!ee sous Cari- nus, t. Ill, p. 299. Tatien Dllas, martyr al'retoriade, t. IV, p. 302. Talien, ajiologiste, t. I, p. 379-380. Tauromenium, ville de Sicilo, t. IV, p. 210. Taurus, t. V, p. 25 i, 258. Tebessa (ou Tlievestc). \ille de Nu- midie, t. IV, p. 433. Tecisa, martyre a Ancyre sors Dio- clelicu, I. IV, p. 325-329. Telespuoiie, pape, marlvr a Rome sous Antonin, t. I, p. 216; I. II, p. 190; t. IV, p. 378. Tellus, (lecssc (el (piartier de), I. IV, |>. 373-374,381. TiiiiKNCE, martyr a IMarlane sous Maximien Hercule, t. IV, p. 404. Tereulianus, cilicanjue, t. IV,p. 310. Tcrme (dieu), I. Ill, p. 2il. INDEX ALPHABETIQL'E. i1\ Terracinc. I. I. ]>. KJi. 100. Tertius. dia. lOl. TEitTui.LA, niartyr(' en Niimidii- sous Valerien, t. Ill, p. 133. Tertullien,t.l.p. XXI-XXIII. xxrx. 6't, 6.J, l-2i, I3.j-|.)(i, U>7, 160, Itil, 248, 3-26, 370-378. 38r;,380, 447, 448; t. II, ]). III. 30-31. .%3-.3G, 39, H-'i3, Si. 83. 8li. S7. 90-94. 00, 100, 130- 134. 1.3.>. I3'i. Hi. 14it. 15.7, l.-;ii, 163-108. -ZU. -202. 267-268, 3i0; t. III. |). IX. .•;. ii. 103; t. IV. |). X, XIX, XXXVIII, 99-101. 102. 103, 131,216; t. V, p. 103, 183. Tertlllisus, martyr a Rome. t. III. p. 71. TertuUus, decurion, t. I, p. 230-233. Tetricus. empereiir des Ganles, t. Ill, p. 17:;. i!i7. lori. 200, 20.'i, 22.>. 391-392. 394-396. Thadmor. t. III. p. 188. Thagora, villc de .Niimidi;^. I. IV. ji. 433. TiiALELiiE, martyr a tgOc sous .Nuinc- rien. t. Ill, p. 300. Thea, martyrc a Cusariie sous Maxi- min Daia, t. V. p. 116-117. Thebaide, t. I. p. I!i7; t. II, |i. 303, 366; t. III. 11.263; t. IV, p. 20, 27, 298, 345, 351-333; t. V, J). 53, 51i-:i8, 102-109, 112, 118, 319,350,351, 353, 35i. Tliebcens, martyrs a .\gauiie sous Maximien Herculc, t. IV. p. 26-34, 33, 42, 46 ; t. V, p. 336-364. TiiECLE, martyre a Seleucie sous Ne- ron, t. I, J). 230; 1. II, p. 447. Thecla, martyre a Gaza sous Uioclc- tien, t. IV, p. 341. Thecla (?), martyre a Mileve sous Maximien Hercule, t. IV, p. 428. TiiELiCA. niartvr a Cartilage sous Maxiinicu Herculc, I. IV. p. 261. 264-265. Tlieniison. montaniste, t. II. p. 139. TiiEMiSTOCLE, berger, martyr en I.y- Cie, t. 11, p. 425-426. Theoctiste, martyr a Nicomedie sous Diocletian, t. IV, p. 344. Theodora, martyre a Alexandria sous Diocletien, t. IV, p. 346-349. Tliiiodora, fondatrice d'unciniLni(!re aRignano, t. IV, p. 372, 373. Theodora, sneurdu martyr Tlu'odule. t. I, p. 230, 209. Theodore, soldat. martyr a .\masee sous Galere. t. II, p. 42i; t. IV. ji. 331; t. V. p. 43-46. Theodore, eveque. martyr a Alexan- drie sous Mavimin Daia. t. V. p. 51-53, 189. Theodore, eveque d'Octodure, t. V. p. 337, 339. Tiieodoret. historicn eeilesiasticjue. t. IV. p. !«). 377. Theodiise, empercur. t. II, p. 225; t. IV, p. 320. Theodosie, martyrc a Cesaroe sous Maximin Daia. t. V, p. 96-97. Theod.jte, cabarelier mart> r a An- cyre sous Diocletien, t. IV, p. 170. Theodote, evecfue de Ceraunia, con- fesseur sousLicinius. t. V. \>. 304. 322-335 . t. V, p. 184. Thi'odotieiis, lieretiques. t. It. p. 80. 81. Tueodule. jiretre, niait\r a Rome sous Hadrien. 1. I. p. 205-206. --14. 213, 218. Theodlle, esclave, martyr en Pani- lihylie sous Hadrien, t. I, )>. 228- 229. Theodi:i.e . marl\r a Gortyne sous Dece. t. II. p. 369. •'i22 INDEX ALPHABfiTlQUE. TiiEODULE, Iccteur. martyr a Tliessa- lonique sous Galore, t. IV, j). 179. TiiEODiLE, esclave, martyr a Cesarce sous Maximin Daia, t. V, p. 133. Theodule, soldat, martyr a Sebasle sous Licinius, t. V, p. 308. TiiEoDuns, martyr a Rome, t. HI, ]). -I. TiiEOGEKE, soldat, martyr a Cysique, sous Licinius, t. V, p. 306. Tlieon, proprittaire d'un domaiue funeraire sur la voie d'Ostie, t. 11. p. 470. Tlieonas, evrque d'Anlioclic. t. IV, p. 5j. TiiEONiLi.A, mart\re;'i Egee sousMaxi- min Daia, t. V, p. 71-73. TiiEOPHU.E, martyr a Alcxaiidrie sous Doce, t. II, p. 358. TiiEOPiiiLE, soldat, martyr a SiJbastc sous Licinius, t. V, i>. 308. Tlic'ophile, eveque d'AntiocIie, apo- logiste, t. I, p. XVIII, 375, 37G, 379. 381-382; t. II, p. d51. Tiieotecne, eveque de Cesarce, I. III. p. 180, 18-2. Tiieotecne, youverneur de Galatie, t. IV, p. 73, 176, 233, -23V, 321, 3-25-333; t. V, ]). 105, 10(i. Tiieotecne, curaleur (rAiilioclic, t. V, 1). 165, 173, 174, 182, -J(K) Tliessaloiiique, ville de Macedoine, t. I, p. 294, 381; t. IV, p. 178, 278- 285; t. V, J). -2j5, 320. Tliiliaris, \ille de rAfriipie ]>r(K'oii- sulaire, I. ill, p. 17;I.IV, j). -208. Thimida, vilU; del'Africiue proconsu- laire, t. IV, p. 208. Tlinuiis, ville d'Egviite, I. V, |). 53. ■>4. Tlirace, t. Ill, p. 182,241, -204,205; t. IV, J). 59, 85, -157, 250--2.59, 298. 312-3-20, 400; t. V, p.. 37, 01, 2.50, -298, 304. TiiisASEAs, eveque el martyr aEume- iiie sous Marc Aurole, 1. 1, p. 374- 375. Tlirason, possesseur d'un domaine funeraire a Rome, t. II, p. 470; I. IV, p. 382. Tliuljurbo, villederAliiquc procon- sulaire. I. II, p. 112, 100; l. IV, p. 208, 4.33. Tliuccalior. \ille de I'Africiue pro- consulaire. t. IV, |). 208. Tluigsa, \ille de rAfriqiic procoiisu- laire, t. IV. |). -208. Tliuriis. \ille de rAlricpie proconsu- laire. t. IV. p. -208. Tiiyalire. \illc de I'Asie jiroconsu- laire, t. II. p. 399. TiiYRSE, martyr a Saulieu sous Marc Aurele, t. I, p. 415, 416. TiivusE, martjr en Billiynie sous Uece, t. II, p. 408. Tliysdrus, ville de I'Afriquc procon- sulaire, t. I, p. 444. Tiliere, empereur, t. I, p. xxxiv. Tihere Alexandre, t. I, ]). 84. Tiberius Claudius Atlicus, legal de Palestine, I. I, ]). 178. Tibiuca, ville de rAl'rique procon- sulaire. t. IV, p. 208. Tibre, I. I, [i. 330, .343; t. II, p. 189, 332; t. Ill, p. -202, -2.53. 3-20, 340, 354, 3.50, 393; t. IV. p. 308, .{09; t. V, ]>. 2-20, 221, S!23. Tibur, ^illedela Sabine, t. 1,p. 200- -270, 273--279; t. Ill, p. 2-25. TimitcE, marlyr a Rome sous Marc Aurele, t. I, p. 421, 420, 429, 430. TiiiuncE, marlyr i\ Rome sous Maxi- mien Hercule, t. Ill, p. -297; I. IV, p. 363. Tiburlinc (voie et jiorte), I. I, p 277; I. II, p. 277, 470; t. Ill, p 203, 3-25, 333, 341, 342,352, 354, 350, 3.58, 3.59; t. IV, p. 4, 180: t.V, \k -275 INDEX ALPHABETIQUE. 423 TiKC'lliii, I. I. |). 38. iO Tiyisis, \ill(' t\c Niiniidic, t. IV. ji. 203. Tigre, t. I, p. 190; t. 11, p.-ilit; t. in. p. 189, 295. Tiinosilliep. i)rcfct cUi prctdirc. t. II. p. 211, 219. TrMoLAiis, martyr a Cosariio sous Maximin Daia. t. V, p. 8. TiMoTUEE, (lisriple dc saint Paul. martyr a Ei>liosc. t. I. |i. 131. TiMOTHEE, martyr a Rome sous Maximien Hercule, t. II, \k 470. TiMOTHEE, martyr a Gaza sous Dio- clrtien, t. IV, p. 341. TiMOTHEE, lecteur, marUr ru Tlie- baide sous Diocletieii. t. IV. ii. 351-355. Tipasa. ville de Mauritauic, I. V. p. 290-29-2. Tiridatc, roid'Armenie.t. IV. |). 22i ; t. V, p. 190. Tile Li\c, t. IV, p. XL ; t. V, p. 3i2. XHi. Tilus.empereur, 1. 1, p. xxxv. 81-83. 84, 83, Di, 93,98, 200. Tilus Stalius Quadratus, proconsul d'Asie, t. I, p. 297. 303, 300. 309. Tilutius Robustus ou Robuirus. t. Ill, ]). 297. Todi, villc de I'Onihiic. t. IV. ji. vol. Toledo, t. IV, p. 437. Torre, \ille dc Sar(laii;ne. t. IV. [)• 418. Toscane. t. Ill, p. 2ii. 2'.7 (voir Eljurie). Totorsc. ville du Bospliore. t. I. p- 173. Toulouse, t. II. p. 302-30i; t. IV. p. 418. Tournai. t. IV, \i. 39. Tournus, \ille de la Gaulc. t. I. p. 415. Traclionilidc. t. ii. p. 21.';. 2l(i. 2is. Trajan. cnii)ereur. t. I, p. xxxv, XXXVI, 05, CO, 07, 137-163, IGi, im. 109, 170,179, 180, 189-191, 192, 193, 194, 195-197, 198, 200, 202,203, 205, 20(5,241, 242.215, 246, 250, 29.'>, 329, 330, 375, 384. 4GG; I. II, p. Vli, viii, IX, 2, 18. 2.5, 27. 59, 63, 261, 206, 411; t. Ill, p. 240, 295: t. IV, p. VII. 104; t. V. ]). 11. Trajana (legion II). t. II. p. 263; I. IV, p. 133. Tralles, villo de r.\sie ]>roconsnlniro, t. I, p. 179, 298. TnAxoiiLLix, marlyr a Rome sous Maximien Hcrcule, t. IV, p. 24. Transpadane, t. I\', p. 4H;. Transtevere, t. I. p. 9, 10, .39. 40; t. II, p. 189, 277. Trebellius Pollion. liistoricn. t. III. p. 377, 383, 386. Treves, t. Ill, p. 377, 383, 384, 390, 392 ; t. IV, p. 41, 49; t. V, p. 1.36. Tripolis, vIHe dePlienicie, t. V, p. 8. Tiiipos, martyr aRomesousAurelien, t. Ill, p. 244. TnoPHiME. martyr a Synnade sous Probus, t. Ill, p. xvi. 279-290. Troyes, t. Ill, p. 97. 23i. 239. Tryptiene, nommcodans la letlre de saint Paulaux Romains. t. I. p. 23. TiiYPiiON. martyr a Niece sous Dece. p. 405-406. TiiYPiioME. martxre a Rome sous Claude le Gothiciue. I. Ill, p. 203- 204. Trypliosa. iiommec dans la lettre de saint Paul aux Romains, t. I, p. 2.3. Tubernus, ville de I'Africiue procon- sulaire, t. IV. p. 208. Tubon, t. III. p. 147. Tiiburnic. ville de rAI'iiipie proeou- sulaire. t. IV. p. 208. 424 INDEX ALPHABETIQUE. Tul)ursicum Biire. \ille de rAliiiiuc proconsulaire, t. IV, \). 208. Tupusuctu, ville de Mauritanie. t. Ill, p. I'i7. Tlubon, greffier, martyr a Langrcs (oil en Cappa(loce)sous Marc Aiiri'- Ic, t. I, p. 415. Turbon, disciple de Manes, t. Ill, p. 271. Turcii (famine des), t. II, p. 90, !)". Turcins, correctcur doToscane. I. Ill, ]). 2't7-2ol. Turrania Lucina(\oir Lncine). Turin, t. IV, p. 132; t. V, ]>. 221. Tusciis, consul, t. IV, p. 101. Tyane, t. HI, p. 223. Tyr, ville de Pheni<-ie. t. III. p. 18;t : t. IV,. p. 175.33!). 3t0: 1. V. p. !», 168-172, 477. 17!», 18!>. 1Iarc Aurele, I. I, p. 414. Valentin, martyra Rome sous CI;»U(le le Gothique. t. MI. p. 203-204.3!t7. Valentin, protre, martyr a Sureiia SOUS Maxiiuien Hercule, t. IV, p. 403. Valentine, martyre a Cc'isaree sous Maximin Daia, I. V, p. 116-117. Valeiitinien, empereur, t. II, p. 503. Valentiox, sold at, martyr a Doroslorc sous r.alrre, t. iv, p. 117, l-2!t. Valeke, martyra Soissons sous .Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 38. Valeue, soldat. martyr a Scbaste sous I.iehiius, t. V, p. 308. Valere Maxime, historlen,t. II, p. I". Valeiua, marlyre a Rome sous Claude le Gothique, t. Ill, p. 203-204, SiH. Valerianus, eve(|uo de Saragosse, t. III, p. 35; t. IV, p. -237. Valerie, lille de Diocietien, epoiisc de Gaiere. t. IV, p. 53, 1G.5, 166; t. V, |). 161-163. 260-261. Valekien, martyr a Rome sous .Marc Aurele, t. I, p. 421-422, 4-29, «[). Valerien, empereur, t. II. \\. M, 5;i5, .50G; t. Ill, p. II, m-IV, v, VI. Ml, VIII. XII. 30, 31, 34-54, 55, ;;(i, .57, (JO, GO, 73, 77-85, !I7, i)8, 113, 130, li-2, IW, li7, 150, 155-161, 184,205, •200, 207, -277, -280, 3(jO, 371, 373, 374 : t. IV, p. XII, XVI. 14, 80. 81. 1.57, 1.58, 393; 1. V, p. 345. Valerius, martyr ;'i l.anijres sous Va- lerien, t. III. p. 151. Valeiuus, (ivcque de Saragosse, con- fesseur sous Maximien Hercule, t. IV. p. 237 239. Valerius, evcque d'Hii)|ioiic, I. V. p. 30-2. Valerius (ou Valerianus), |irocoiisul d'.\sie, t. 11, p. 308. Valerius .Mcrcurius, clirelicn eiilerri- sur la voie Nomentane, t. II, p. 4(»4. Varane, roi de Perse, t. Ill, p. 20-5, 270 VaiToii, t. II. p. 2-28. Vatican, t. I. p. 45, 51, 03. 75, 217; I. II, i>. 170; t. Ill, p. 330: 1. V. p. 205. Vcliocasses, t. iV, p. 30. Velogius, Chretien de Thrace. 1. IV. p. 319. Venehand, martyr a Troycs sous Au- relien, t. Ill, p. 234. Venctie, t. II, p. 4.55; t. IV, |i. 21, -22. 34, 410. Venouse. \illc d'.\pulie, 1. 1\. p. 211. Venus, t. I, p. 45; t. II, p. 3;)3, .3!»0. Venustien, correcteur d'litrurie, puis martyr sous Maximien Hercule, I. IV, p. 300, 405. 406. Vencstl's, martyr a Carthage sous Dece, t. II, p. 325. Veuanils, martyra Centunicelles sous Dece, t. II. p. 298 299. Vcrone, t. II. p. 255, t. IV, \). 413; 1. V, ]). 220. Veruiam, \ille de Grandc-Bretagnc. t. IV, p. 41. Verus (Lucius), empereur, t. 1. p. 335, 390. Vespasia Polla, t. I, p. 8!t. Vespasien, empereur, t. I. p. \xxv. 83, 84, 85, 80, 88. 89, 90, 91, 93. 91. 96, 99, 101, -201, -205. Vcspronius Candidus , proconsul d'Afrique, i. II. p. 37 Vestia, martyre a Scilliiim sous Com- mode, t. I, p. 438-439. Vesta, t. II, I). 173. 426 INDEX ALPHABETIQUE. Vcsuvc. I. IV. p, Trl. Vettils Epagatiius, martyr a Lyon sous Marc Aurcle, 1. 1, ]>. 396; t. II, p. lo7. Veluria Paula, proschle juivc, t. I. |.. a. Vetcuil's, marlyr a Scillium sous Com- mode, I. I, p. 439. Veturius, mailrc de la milicc, 1. IV. |.. 116. ViATiux (ouBEATiiix),martyre a Rome sous >la\imien Hcrcule, t. IV, ji. 369-381, 3<»8, 3;). 262. 265, 266, 272. victoire, deesse, t. IV, p. -ioi). Victor, martyr a Carthage sous Dece, t. II, p. 355. VrcTon, martyr a Carthage sous Va- Icrien, t. Ill, p. 117-119. \ k;tou. eveque africain, confesseur au\ mines do Sigus sousValericn, t. Ill, p. 60, 61. VicToit, eveciue cl martyr, cnterrc dans le cimetiere Ostrien, t. IV, p. 307. VicTois, soldat thebecn, mart\r a Solcuro sous Maximicii U(U'culo. t. IV, p. 32. Victor, veteran, martyr a Agaune sous Maximien Hercule, l. IV, p. 33-34; I. V, p. 311. \i(;tor, ollicier, martyr a Marseille sous Maximien Hercule, t. IV, p. 42, il, 46-49. Victor, soldat, mart\r a Mihm sous Maximien Hercule, l. IV, p. 416, 417. Victor, marhr a cirone sons Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 437. Victor, confesseur douteux a Ancyie sous Diocleticn, t. IV, ]). 321. 322. Victor, pape, t. I, p. 374; t. II, p. 13,150. Victor, eveque de Kusicade, Iradi- teur, t. IV, p. 192. Victor (Fabius), veteran, t. IV, p. 10-2, 10 i. I0r>, 107. Victor, prctre, t. IV. p. lt)i. Victor, fossoyeur, t. IV, p. 1!)5. Victor, grefficr, I. IV, p. 193. Victor, grammairien, lecleur, t. IV, p. 198, 199. Victoria, a Carthage, exilee pour la I'oi sous Dece, t. II, p. 332. VicTORiANUs, martyr a Carthage sons Maximien Hercule, t. IV, p. 261. VicTORic, martyr a Carthage sous Valerien, t. Ill, [). 116. 122, 123, 124. ViCTORic, martyr a Amiens sous .Maximien Hercule, t. IV, p. 38. VicTORiN, martyr en .4uvergne jxm- dant I'invasion de Clirocus, t. Ill, p. 150. Vicloriiia, regenic des Gaules, t. Ill, p. 197, 390-391. VicTORiNcs. marhr a Carthage sous Dece, I. II, i>. 325. VicTORiNLs, martyr a Carthage sons Maximien Hercule, t. IV, p. 261. Viclorinus, empereur des Gaules. t. Ill, |). iV,, 389-391. Vieniie, vllle de la Gaule Narbon- naisc, t. 1, p. 39-2, 397, /tl'i, iI3 ; t. IV, p. xxxiv, 2">6. Vi.xcENT, martyr a Home sous Coin- mode, I. I, i>. 442. Vincent, diacro, marl>r a Home sous t'alerien, t. III. p. 87. INDEX ALPHABETIQUE. 427 Vincent, diacro, niarlvr a Valence (Espagnej sousMaxiniicn Hciculo, t. IV, p. 40, 237-241. -214. 246- 250. ViNCF.Mirs, martyr a Cartlia^'e sous Maximien Hercule, t. IV, p. 261. Vimlena, \illc d'Onihrio, t. 1, ]>. 2-2V, 227. vintimille, t. IV, p. 132. Vital, martyr a Rrien, t. II. p. 2:i(>. X Xaktiieas, soldat, martyr a Si baste sous Licinius. t. V. 308. Zacuee, niart\r a Cesan-e sous Dio- cletien, t. IV, p. 232-233, 2i4. Zama, ville dc rATriquc proconsu- hiire, I. IV, p. 200. Zebinas, martyr a Cosarce sous Ma- ximin Daia, t. V, p. 120. Zenode, evcque et martyr a Egee sous Maximin Daia, t. V, p. 68. Zenobie. reine de Palmyre. t. Ill, p. 190-193.198,200, 208, 211, 2-li- 225, 230. Zenobils, prclre et medeciu, mar- tyr a Antioclie sous Dlocletien, t. IV, p. 339. Zeno.n, martyr a Rome, I. I, \). 21 1. Zexon, soldat. martyr a Alexandrie sousDece. t. II. p. 358. Zepliyrin, pape. t. II. p. 13-24, 80. 81, 82, 19i. ZOE, esclave. marfyre en Paniphylie sous Hadrien, t. I, p. 228-229. ZoE, martyre aRome sous Maximien Hercule, t. Ill, p. 297: t. IV. p. 24. ZoELi.is, martyr a Cordoue sous Ma- ximien Hercule, t. IV, p. 442. ZosiMK, martyr a Rome sous Trajan, t. I. |). 192. 193. ZtjsiMR, martyre a Poito sous Aure- lien. t. III. p. 251-253; t. IV, p. XV, 12 1. Zosime, pape, I. I. p. 175; t. IV, p.4i9 Zosimc. historien, I. II. i). 2o3. 257 t. IV. p. XXXIX ; t. V. p. 89. Zosime. Iiourreau, t. IV, ]). 283. 428 INDEX ALPHABtTIQUE. ZoTiQUE, marlyr enterro siir la voie Labicane, t. I, p. 21(t. ZoTiQUE, martyr a Gort ync sous Dece, t. II, p. 309. Zotique. cliirtien dc Mesie , f. IV. p. I2«. Zolique. cvf-ipic dc Coinano. I. II, FIN DE t INDEX ALPHVBETIOUE . TABLE DES MATIERES DU SECOND VOLUME. CHAPITKE VII. I.F.S CUIIETIENS DEI'LIS l'a1!DICAT10X DE DIOCLETIEN ET DE MAXIMIEN JUSQI'a l'isi:ri>ati(jn de maxexce (305-30C). I. — Abdication Maximin Uaia proclanie en cette qualite a Nicotncdie, au mcpris de Constantin, fils de Constance li> Sc\ere i)roclanie en la nieme qualite a >Iilan, au mcpris de Maxence, Ills d'Hercule I" Nouveau partage territorial 18 l.a persecution cesse en Espagne, dcvcnue parlie de I'apanage de Constance I!) Severe la fait cesser en Ilalie et en Afrique I!» Cependant les biens ecclesiastiques ne sont pas rendus, ni les rap- ports olTicicls retahlis -20 Kellcxions d'Eusebc -li 430 TABLE DES MATIERES. II. — IVoiiveaiix ^clits de persecution en Orient (306). Pages. Martyre de cinq sculpteurs clirotiens en Pannonie 2t Maximin Daia accorde une amnistie aux Chretiens 29 Ses illusions sur la puissance du paganisme 30 Les Eglises orientales comniencent a sc rcorganiscr 31 Canons ixinitcntiaux de Pierre d'AIexandric 31 Prompte lin de I'ainnislie 3.") Nouveaux c'dits de persecution 315 Leur promulgation dans les litats de Mavimin et dans ceux de Ga- lere 30 Martyre d'Hadrien et de Natalie a Nicoinedie 3!) Martyre de Theodore, a Amasee 43 Autres soldats martyrises dans la meme viile 40 Martyre de sainte Julitta et de saint Cyr, a Tarse 4(> Martyre d'Apiiien , a Cesaree 47 Prodige atleste par Eusebe 48 Martyre d'Ulpien a Tyr 4!) Martyre d'Edesius, a Alexandrie 4!» Pierre, eveque de cette ville, se licnt cache ijl Oi'igine du schisme de Melece 51 Lettre ecrite contre Melece par quatre eve(|ues captifs 52 Phileas, eveque de Thiiiuis, et le haul magistral Philoronie, dans la prison d'Alexandrie 53 Souffrances des prisonniers Chretiens decrites par Phil.as 54 Marlyrs de la Thel)aide 55 Apollonius 55 I.e Joueur de flute Polemon 5.5 Conversion du gouverneur Arrien 56 Les ciinvei'lis de la Theha'ide amenes a Alexandrie et noyes par I'or- drc d'Hierocies 58 III. — Aveneinent de Constantin et deMaxencr (306). Constantin a la cour de (;alere .59 II est rappele. en Ganle i>ar Constance CO Iluse employee i)our de.jouer les i)oursuites 01 Son voyage 01 11 accomitagne (ionslance en Bretagne 02 !\lorl de Constance a York (!"2 Constantin proclame Aiiguste par les soldals 02 II cnvoie son portrait aux aulres empereurs a-l Galerc se decide avec pcMne a reconnailrc son election, mais le tail dcscendrc au rang dc Cesar 03 Exasperation dc Galere (ii I.es paiens Iraltes aussi cruelle nl (|ue les Chretiens (>l TABLE DES MATIERES. 431 Pages. Nouveau sunplkc tin feu, iiueiite pour ccs cleiiiicrs Oii Martyrc de Claude, Astorc, Noon, Domnina el Tliconilla, en Cilicie. (i" Marlyre d'Asa|>ius, a Cesari'C 73 Debauches de Maximin 7:; Chri'tiennes sauvant leur \(mIii par une mort volontairc 7"; Sainte Pclagie, a Aiitioche 71; Autres martyrcs de cctlo, vilU; 77 Domnina, Bcrnice et Prosdosccs se noient pour ccliapper aiix jierseru- teurs 77 Maximin confisque les liiens d'nne cliretienne d'Alexandrie. rpii a re- si ste a sa i)assinn 78 Cliretiennes jjunies i)ar le niartyre de leur resistance aux proposi- tions infamcs des gouvcrneurs 7f» Rellesions de saint Augustin sur celles qui ont cte outragees ])ar vio- lence m Ambition de Maxence 81 Mecontentemcnt dn ]>euple de Rome et des pretoriens Si Maxence proclanii- i)ar cux cinpereur 8i Extinction de la seconde tetrarcliie h'A Six enipereurs en presence 83 CHAPITRE YIII. LES CHRETIENS DEPCIS L'CSCIil'ATION DE MAXEXCE JCSQL'a LA MOKT DE MAXrMlX IIEUCILE (30G-310). I. — La iiersi^ciition en 307. Confusion politiqiio 8G Mort de Severe 87 Ecliec de Galore en Ilalie 87 Rupture entre Ilerculo el Maxence .- 87 Hercule se refugie en Gaulc 8S Congresde somerains en Pannonie 88 Licinius proclamo Auguste 8!> .Maxence, a Rome, favorable aux Chretiens 90 La persecution continue en Orient 01 Martyre du jardinier Serenus, a Sirmium !tl Mart> re d'Eupliemie, a Chalcedoine !)i Marlyre de Theodosie, a Cesaree !ii; .Mutilation des confesseurs envo>es aux mines !i7 Trois Chretiens condamnes a etie gladiateurs !ik Le docteur Pampliilc 432 TABLE DES MATIERES. Pages Disgrace et moil il'Lirhain, gouveriicur de Palestine 101 I'hileas ct Piiiloronii! comparaissenf. a Alexandrie devant Culcieii 102 lutervenlion des avocats en favcur de Pliileas 103 Son iiilen'og;itoire lOi Condamnation de Pliileas et dePhilorome 109 Pliileas refuse de faire appei dO!» Leur supplice 109 U. — La i>ers<^culion en 308. Nouvelles intrigues politiqucs 110 Maximin oblige Galere ale faire Auguste IH SoulTrancesdes ciirelienscondamiiesaux mines 112 Des freres les secourent au peril de leurs vies 114 Martyre de deux cliriitiennes a Gaza 116 Jlartyre de Paul ct de ses compagnons 117 Nouvel edit de Jlaximin forgant les Chretiens a sacriDer 118 Martyre, a Cesaree, d'Antonin, Zehinas el Germain 1l!t Martyre de la vierge Eunatlias 1-20 Cadavres de Chretiens laisscs sans sepulture 121 Lacrymee rerum 121 Tranquillile de rEgliseromaine 122 Election du pape Marcel 122 Reorganisation paroissiale 122 Dissensions au sujet des « tonibes » I2.'5 Marcel meurt en exil 124 III. — La pers^calion en 309 et 310. Election du pajic Eusebe 12'; Heracliussuscite de nouvcaux troubles au sujet des « lombes » I2.'» Maxence exile Hcracliuset Eusebe I2"j Kusebc meurt en Sicile \-2(i Suite de la persecution en Orient 120 Martvrc de Pierre Absclamus 120 Cin(| |)elcrins d'Egx pie arretes a Cesaree 127 l.eurs reponses au gouverneur Firmilien I2s lis sonl mis a mort lao Marl>re du docteur Pamphilc, dc; Valens et de Paul 130 Protestation du jeune Porplixre 130 Son martyre 131 Martyre d u veteran Seleucus 1 32 Marl) re de I'lssclave Theodule 133 Martyre du voyageur .lulien 133 I.es animaux refusentde loucher aux cadavres des saints 134 .^larl>red'IIadiien et d'Eubulus 134 I-e gouverneur Firiuilicn meurt disgracic 135 TABLE DES MATIERES. 433 Desordressuhsistaiit, nialgrc la persecution, dans lesEglisesoriciitalcs. 13"> Marlyre d'Herniylc ct do Straloniquc on Mcsie 137 .Mart} re de Quii inns, uveque de Siscia, en Pannonie 137 Adoucisscment du sort des clirelicns condamnes aii\ mines 13!) I, curs reunions i)ieuses 140 Nouvelles severiles a leur egard lil Mart\rede Nil, Pelee et Paternuitliius lil Martyrc de trente-neuf formats Chretiens na Mort dc Maximien Hcrcule 143 Don leur de Diocletien 113 CHAPITUh: IX. I.1.S CiniETIENS DF.IHIS I.'kDIT DE TOLKRA^iCE DE CALEUE JISul'a LA GUEUUE DE MAXiMrx cuNxr.E l'aumeme (Sll-Sl'i). 1. — L*6dit de tolerance et la iiiort de GalOre. Galerc loml)c malade It'j l.a nialadie des pcrsecuteuis l'»7 I'arole d'un de ses niedecins I'tS Taidif repenlir de Galerc 140 Singulier edit dc tolerance I"'') Caractcre de cet edit I'>l on le public dans les Etats dc Galerc, de Licinius et dc Constaulin. . I"i3 Maxiniin nc le proniulgue pas, mais ordonne verbalement de cesser la pcisecution 154 Girculaire du i)refet du pretoiie Sabinus 153 Vraic jiortec de cette circulaire U'>G .loie des clircticns 138 Retour des confesscurs 138 Ueprise dc la vie religicusc 159 Mort dc Galerc 159 II. — Attaques iusidleuses de Maxlmin conlre le christianisnie. I'arlage des Etats de Galerc cntre Maxiniin et Licinius 100 Ecroulcment dc I'a'uvre politique de Diocletien 101 Sa lille Valerie, veuve de Galcre, pcrsccutce i)ar Maxiniin 103 Maximin proliibe de nouvcau les asscmblecs chreticnnes 103 Voyage de Maxiniin dans les provinces 105 Tlicotecne, curaleur d'Anlioche, organise un pelitiounement des villes contre les clirelicns 105 Complicile de Maxiniin ilansce mouvcnicnt 107 Sa re|)onse aux habitants de Nicomcdie 107 Sou message aux habitants dc Tyr 108 V. '^8 434 TA15LE DES MATIERES. rages. Verilabic sermon paicii iH'J Texto (III message 170 Tlieoteeiic inslituc le lulle ct roraclc dc Jupiler I'Ami 173 L'oracic demandc I'expulsion dcs clircliens 17i Ellc est ordoniiec par de nombreux arreles mimicipauv 17.% Perscculion hypocrite et non sanglai)l(,' 1T."> Maximiii preciirseur de Julieii 177 II clierclie a crecr iiii clcrge paien 17" Organisation de ce clcrge 178 On liii donne des i)oiivoirs de ])olice cnnlre ies clirelieiis 180 III. — Dernii^res caloinnies et persecution oiiverte. .Alaximin essaie de noircir Ies Chretiens 181 Pnhlicalion de fau\ .\ctes de Pilate 18:5 lis sent partont aflichcs ou lus puliliquemciit 181 On Ics renLl obligatoircs dans Ies ecolcs IS.'i Des lemmcs de niauvaisc vie sent conlraintes par la menace a la- lomnier Ics nianirs cliretiennes 18(i Maximin recommence ouvertement la persecution 187 11 attaquc surtout Ies evcques et Ies docteurs 188 Martyre de Pierre d'Alexandrie, de Faustus el d'Animonius 18ii — des evcijues i'gyiiticns Hcsychius, Pacluimius et Theodore 180 — de -Melhode, cveqiie de Tyr on de Patarc 18!> — de I.ucien, i)r'jti-e d'Anliochc 100 — de IJasilisque, eviniiio de Comane 101 — de Silvain, e\eqiie d'liphese 101 — do Cyr, Jean et plusicurs I'emmes loi Saint Antoine encourage Ics fideles d'Alexandrie 102 l.'empire de ;\Ia\imin est ravage par la famine et devaste i)ar la pestc 1o;t Cliarile des Chretiens 10."i Oliangement de I'opinion en leur faveur lO.'i Guerre de Maximin coutre rArmenie chrelieiine liKj Defaile du iici'secuteiir 107 CHAPlTUh] \. T.A nATAii.i.F, ni: pom Mu.vrrs et i.'KDir de milan (;}l2-3l.'i). I. — La bataille dii pont iVIilviiis (312 . Rapports de Maxencc avcc Ics Chretiens d'Al'riqnc 200 Les proprietes de I'Kglise roniaiiie sent restilnees an papc; .Alilliade.. 201 Lc corps (In pa|)e liusebe est rapporK^ de I'c'xil 202 TABLE DES MATIERES. 435 Pages. Sa crypte an cimelioie ile Callisle :20.3 Autre martyr tiaiisportt- dans co cimcticre 20t Ccpendant dcs clirotieiis soiifrrciit des grossieres passions de ilaxcncc 20i Mort licroiquc de Soplironic -JOr; Maxcuce jaloiix de son beau-frere Constantin aou 11 liii declare la guorio, sous pretexte dc venger Hcrcule 207 Constantin s'allie a Lieiiiius -201 Superslitieuses lerrcurs dc scssoldats au moment dc marcher contre Home 208 Idecs religicuses de Constantin 209 Itellexions plus profoudes 211 I'rierc au \rai l)ieu 2I.'{ Sinceiite du rccit d'Euscbe 21 V Vision de Constantin 2I,'> Version paicnnc de cet evcnement, riiii en conlinnc la realltc 21(> Lc labarum 217 Cet etendard peut eire accept;'- de tous 210 Catnpagne de Constantin en Italic 220 Mauvaise iiiana'uvre de Maxeiico 220 Uataille du poiil ^lilvius 222 l)('faite ct niort de >Iaxence 223 Kntrce triom|ilia!e de Constantin dans Rome 223 ^loderation de sa conduile 22i I-aveur montrce aus Chretiens 22o Uejouissances officicllcs 220 I/arc de triomphe ct son inscription 220 Knthousiasme des iiarliculiers et des provinces 228 Joie des Africains 228 Constantin se fait representcr tenant la croix 230 Honnnages discrets des chntiens de Rome 231 Le monogrammo constanlinicn dans les cataconibes 231 II. — L'tdit de \Iilau 313). Constantin oblige :\laxiniiii a cesser la persecution 233 Maussade rescrit de Maximin 233 II nc trompe ni les Chretiens ni Constantin 23.> Rencontre de Constantin et de Licinius a Milan 230 Mariage de la swur de Constantin avec Mcinius 230 Uioclctien refuse d'y assister 237 Lettre nicnacante de Constantin 237 >Iort de Dioclctien 238 Constantin et Licinius s'occupent d'etablir la paix religieuse 238 liaisons de substitiicr un nouvel edit a cclui de Galere 230 I, a preniiei-c partie de I'edit de Milan 2'il 436 TABLE DliS MATIERES. Tiiges. Liberie dc consuieiire accordce a Ions, mais prolitable siirloiil aiix clirctiens -2't'i La secondc parlie de I'edit dc Milan '2i'> Restitution des ])iens ccclesiastiqucs, mcnie alicnes '■IW L'ligiise rccoiinuc ]iar I'litat comnic socicte indcpendanlc 2V'» HI. — La flu de Maximiii. Maximin menace Ics Etats dc Liciiiius 2.')0 II so fait le cliampion dii polytlicisme ^51 Pricre monollieiste dictre par Licinius a ses soklals 2.'il Delaite de Maximin prcs d'Heraclee 2.'>-2 Licinius afliche a Nicomedie I'cdil dc Milan 2.V2 Maximin, rcfnijiiJ en Cilicie, S(! decide a faire un edit en faveur des Chretiens i2"ii Textc de I'edit ^2'i:i Rcllexions d'Eust'be i'iT Marchc de Licinius vers Tarse 2.">s iMaximin s'empoisonne 2"»8 Cruelles reprcsaillcs de l-icinius 2">!), Execution de la femme, des enfants, des principaux olficiers de Maxi- min 2"i!l Supiilice immcrite de Valerie ct de Prisca 2 lUi CHAPITRK XI. CONSTAMIN F.T LicrMLS (313-32;i). I. — La politique rcligrieiise de Constaiitio. Renaissance clirolienne 2ii'i Basiliques nouvelles 2().s Necessite de poser des reifies pour la I'cntree des « tomhes » dans I'K- giise 2i;t Canons du concile d'Ancyre 2(iH Elat des es|)rils en Afrique 271 Cccllien succede a Mcnsurius sur Ic sieije de Cartliagc 272 Felix, son consecrateur, accuse d'avoir etc tradileur 273 Scliismc des donatistcs 273 Favours accordees ])ar Conslautin an cleri;6 callioliipie 27.3 Ses leltros reconnaissent la legitimitc dc Cecilien 273 Cetle legilimilc procjamee jiar lo concile dc Rome 27'( J/innoccnco de Felix prouvoe par une eiuiuete judiciaire 27.3 Nouvelles protestations des donatistcs 27.3 Irnpalicnce de Constant! n 27ii 1 ABLE DES MATIERES. 437 Pages. Il convojiiio If coiicilc iI'Arlcs 27" Jugcmciil d'Arlcs roiilornie a i-elui dc Rome 2"7 Canons transmjs an papc Silvcstre i)nur ctrc promulsucs 2"8 Questions (Tordre civil cl social resolucs par les oanf>ns 2"8 Suite dc riiisloire des donatistes 27!i Les ovcques catlioliques no dcmandent i:as Ic cliatimcnt dc leurs ail- versaires 280 Menie douceur des cveques ])our les jta'iens 280 Pi'ogres de la legislation ronialne sous I'inllucncc des conscillers ccclesiastiqucs dc (loiistanlin a80 Plaintes des paiens 283 Rien n'est change cepondanl a la situation legale du paganisnie. . 283 Constantin garde le litre de Ponlifex Maximus ; 283 Ses motifs , 28t Cc litre lui permet tie lairc la iiolicc du culte paicn 28."> l.ois en interdisant rexcrcice secret, en autorisant I'exercice public 28."> Destruction d'un petit nomhre de temples, oil la morale clait outragec. 287 Suppression des sacriliccs olTcrts uriiciellement par les magistrals el les gencraux 2hs l,a jiolilique de Constantin a I'egard du culte paicn i>eut se rcsumer par ces mots : tolerance et publicile 2S!» I-cs paiens et les Chretiens : martyre de sainle Salsa 280 II. — La persC'cntion dc Licinius. Courte rupliue et reconciliation des dcu\ eiiipereurs 2!)3 J.eur accord jusqu'en 321 293 Changement dans la jiolitiipie religieuse de Licinius 2f»4 Conduilc tortueuse a I'egard des Chretiens 2f».'> Interdiction au\ evc(iues de sortirde leurs dioceses cl de se reunir. . . 29."; Interdiction au\ homines el anx I'cmmes de sc trouver en memo temps dans les eglises 207 Interdiction au\ cveipies el au\ jirctrcs de donner renseignemcnt religicux aux femmes 207 Defense aux chrctiens dc ccdehrer leur culte autrement qu'en ]>lein air 207 Expulsion des Chretiens du jiahiis 298 E|>uralion de la magislrature 298 Tons les em|)loyes des trihunaux et des |)relectures obliges de sacri- licr sous i>eine dc resocation 208 Nouvelle conliscation du i>atriiiioine ecclesiasti<|uc 2!t9 Chretiens condamnes a I'exil, .100 — a la relegation 300 — aux mines 300 — a la servitude penale 300 — au soin des menageries impcrialcs 30O Confiscation dc leurs hiens 300 438 TABLE DES MATIERES. Pages, Chrctieus inscrits parnii les curiales 301 Les evcques soup(;'onii(Js d'etre I'avorables a Coiislanliii 301 Horrible sui)i)lice inllise a ])lusieurs prelats 303 Martyre dc Basile, evc(|iie d'Amasee 303 Los confessciirs Paul, cvcquc de Niiocesaree, el Tlieodote. o\ec]uc do Ceraunia ; 30i Martyre dcs diacrcs Amnion et Ahibe 30i L'idolatrie imposccauN.soldats ,... 30."; Ueponse d'Hadrien 300 Martyre dc Tlieogcne 30() Martyre de Severicn, Eudoxe, A^ajJC 3()T Les (piarante martyrs de Sebaste 307 Durete cnvers les iirisoiiniers 3|0 Apostasies 311 Martyre de saint Gordius 311 Guerre cntre Constantin ct Licinius 315 Contraste dcs dcu\ armees 31'; Discours jiaTcn de Licinius 31(> II est dcfait a Andrinople 318 Tentative de reconciliation, ])uis rejirise d'liostilites 3is Nouvelle dcfaite a Clirysopolis 31!i Mort de Licinius 3:10 III. — Les dcrniers *dits de paix religieuse. Edit de 323, cITacant les traces de la persecution dc Licinius 321 Leltrc de Constantin accordant des subsides aux cve(|ues 323 In(|nietudes des [laions 32i IM'oclamation dc Constantin a ses sujets 323 Recit aut()bi(>i!raplii(pie 32(i Pricrc 327 Tolerance promise aux paiens 328 Second i)assagc repctant cette promcssc .'12!> Conclusion 330 AI'l'KNDlCi:. Lc martjrc dc la L(>s:ioii Tliebf-eniie 333 INDEX ALPIIAHETIOLE DES N05IS DE PEr.SONXES ET DE LIELX, API'AUTEXAXT AL'X CIXQ PREMIERS SIK.CLES, CITES DANS i'llisloirc ClCS PcrSikuHonS 3G7 KIN DE I.A TAllT.E DES MATM.HES. UNIVERSITY OF CALIFORNIA LIBRARY Los Angeles This book is DUE on the last date stamped below. Form L9-50m-4,'61(B8994s4)444 '(T ^: .[iL^.^^JtlEfl^J. REGIONAL LIBRARY FACILITY / I AA QQg-ggy™™"'™"""'"'"' f ( J '% ^ m V.2 i r' «., y> ^ A J r\ ^ ^ / V '-«'*i-^ •f*^ is* *. >^^« vv^ .^.^ if ^»^ ^i 1 '