A a A o 1 6 52 3 5 3 8 2 33 J> 33 O ■< y^^a^^zr P'j^^f^l iy^^^i ^^^^- JEANNE D'ARC. ISAAU ruui LIBRARY Eonion; C. J. CLAY AND SON, CAMBRIDGE UNIVERSITY PRESS WAREHOUSE, AVE MARIA LANE. Camfaitsr. DEIGHTON, BELL AND CO. Efipjifl: F. A. BROCKHAUS. ipitt Hr^ss Smcs, JEANNE D'ARC A. DE LAMARTINE, V WITH A MAP AND NOTES HISTORICAL AND PHILOLOGICAL AND A VOCABULARY REV. A. C. CLAP IN, MA. ST John's college, Cambridge, and bachelier-es-lettres of the UNIVERSITY OF FRANCE. EDITED FOR THE SYNDICS OF THE UNIVERSITY PRESS. CAMBRIDGE: AT THE UNIVERSITY PRESS. 1885 \All Rights reservedJ] I'RINTED BV C. J. CLAY, M.A. AND SON, AT THE UNIVERSITY PRESS. INTRODUCTION. At the beginning of the historical period (1428 — 1431) de- scribed in these pages the state of France was truly fearful. From king to peasant all were alike miserable. " The open land from the Loire to the Somme was a desert overgrown with wood and thickets ; towns were distracted by parties, villages destroyed ; the highways erased ; churches were polluted and sacked ; castles burnt; commerce at a stand". France, after nearly a century of struggles against England, had been so completely torn and exhausted, during the long insanity of Charles VI, by the quarrels of the Armagnacs and Burgundians, that she suc- cumbed under the foreign invasion which civil war had called forth. The Duke of Burgundy, punishing one crime by another crime to avenge his own father assassinated with the connivance of the Dauphin, had recognised the rights of the king of England to the crown of France, and, in concert with Queen Isabel, the vile mother of the Dauphin, had imposed on the States-General the ratification of a treaty which gave up France to the foreigner. Charles VII was in possession of a fragment only of his father's dominions. The whole of the North of the kingdom was in the vi INTR OD UCTION. hands of the conqueror. Orleans, the last bulwark of the centre and of the South, had been besieged for several months by the English forces. An army of rehef had been defeated at the unfortunate battle of Rouvrai (the Day of the Herrings), and the heroic resistance of Orleans seemed to be drawing to its end. But suddenly there appeared upon the scene a deliverer, Joan of Arc, a simple peasant girl, but one of the noblest figures in history. "The enthusiastic maiden had no private ambitions or aims, she knew nothing of courts, she desired only to save her country. Her fearless spirit calculated no chances, felt no doubts, knew what it desired, and, firmly believing in a divine mission, moved on serenely towards its aim". {Kitchin.) The details of her heroic life, as given in this biography, show her to have been lifted far above her countrymen and her age ; in all she is perfect, in her simplicity, piety, self-devotion ; she made her martyr-end piously, simply and right bravely to the very last. Her persecutors also were brutal to the end. Her ashes were scattered in the Seine, lest her body should work miracles in behalf of France and rouse the dejected energies of the people. Nothing is so striking as the utter silence with which all men looked on at the long dreary trial, at the cruel examinations, the shameful imprisonment, the bitter death. From all this darkness the noble figure of the heroine of France stands out in amazing beauty against the background of treachery, meanness, cruelty, and smoke of devouring fire. In these pages we can trace the true character of Joan : "a thorough and earnest persuasion that hers was the rightful cause — that in all she had said she spoke the truth — that in all she did she was doing her duty — a courage that did not shrink before embattled armies or beleaguered walls, or judges thirsting for her blood — a most resolute will on all points that were INTRODUCTION. vii connected with her mission — perfect meekness and humility on all that were not — a clear, plain sense, that could confound the casuistry of sophists— ;an ardent loyalty to her king — a dutiful devotion, on all points, to her country and to God. Nowhere do modern annals display a character more pure — more humble amidst fancied visions and undoubted victories — more free from all taint of selfishness — more akin to the champions and martyrs of old times ". {Lord Mahon.) CHRONOLOGICAL TABLE. 14.22. Henry V of England and Charles VI of France- both die. [Henry VI of England, 1422 — 1461; Charles VII of France, 1422— 1453.] The Duke of Bedford, brother of Henry V, regent in France for his young nephew Henry VI. 1424. The English beat the French at Verneuil. 1428. Siege of Orleans by Bedford and Burgundy. 1429. "Day of the Herrings". Orleans is besieged by the Earl of Salisbury. Jeanne d'Arc drives the English from before Orleans;, takes Jargeau; beats the English at Patay, and conducts Charles VII to Rheims to be crowned. 1430. Jeanne falls into the hands of the Burgundians. 143 1. Jeanne is burnt at Rouen. Henry VI is crowned at Paris. FRANCE IN 1420. CsmlH-idge tWyei-sily Press ^-fni.Tfird':' (-^-oa. .EjtihtJ.nndon JEANNE D'ARC. I. Il y avait en t/|^R h P omr^my , village de la haute Lor- raine champenoise, sur le penchant boisd des Vosges, non loin de la petite ville de Vaucouleurs, une famille dont le nom e'tait d'Arc. Le pere de famille e'tait un simple laboureur, mais un laboureur qui cultivait son propre he'ri- 5 tage et dont le toit, bati et possede' par ses peres, devait appartenir a ses fils. Si Ton en juge par les moeurs et par les habitudes domestiques de la famille, il y avait dans cette maison de paysans le loisir et la piete que donne I'aisance, et cette noblesse de coeur et de front qu'on retrouve en 10 ceux qui cultivent la terre paternelle plus qu'en ceux qui travaillent dans I'atelier d'autrui, parce que la possession d'un coin de terre, quelque petit qu'il soit, conserve au paysan I'independance de I'ame en lui faisant sentir qu'il tient son pain de Dieu. Le pere s'appelait Jac ques d'Arc ; la mere, 15 Isabelle "Rnrri^PjtViirnnm qii^nn Hnnnnif firing rpg cOUtre'cS aux pelerines qui etaient allies k Rome visiter les pieux tombeaux des martyrs. lis avaient trois enfants : deux fils, Tun nomme Jacques comme son pere, I'autre Pierre, et une fille venue au monde aprbs ses freres et qui portait le nom 20 de Jeanne, bien que sa marraine lui eiit donnd aussi le nom de Sibylle. ,■ •• Un soc de charruQ, armoirie du laboureur, ^tait gros- i sibrement sculpte sur le linteau'^de pierre au-dessus de la ^^ porte de la chaumiere. Le p^re et les deux fils cultivaient 25, ^ y^^ 2 JEANNE HARC. [i. ^^ les champs; ils soignaient les^ttelag_es de leurs charrues, dans cette contree oli on laboure avec des chevaux aussi propres k la guerre qu'au sillon . La mere restait ^ la maison pour garder le seuil et surveiller le foyer. EUe etait assez riche pour s'occuper seulement des soins domestiques et intdrieurs, sans tenir elle-meme la faucille et se charger ^xc/ du fardeau des gerbes. EUe dlevait salTlle dans la meme . P condition de loisir qu'elle avait elle-meme chez son mari. ***^ Bien que Jeanne, dans sa premiere enfance, jouat et s'^garat lo au bord des bois avec les petites filles du village, sa mfere ne I'employa jamais comme bergbre k garder les troupeaux. Elle ne savait ni lire ni ^crire, et ne pouvait lui enseigner ce qu'elle ignorait; mais elle rentre tenait de choses honnetes et pieuses qu'une mfere de famille verse par tradition dans la 15 memoire de son enfant. Elle lui apprenait k coudre avec cette perfection qui est I'art domestique des jeunes filles de- puis I'antiquite. Jeanne etait devenue si habile dans ces tra- vaux sedentaires de I'aiguiTIe, qu'aucune matrone de Rouen, dit-elle elle-meme, n'aurait pu rien lui remontrer de plus 20 de ce mdtier ou jRouen excellait alors. Elle filait aussi les toisons ou lecnanvre k cote de sa mere. Elle recevait (feRe seule les instructions de I'^glise. *' Aucune fiUe de son age et de sa condition, dit une de ses compagnes interrogee sur cette enfance, n'^tait tenue 25 plus amoureusement dans la maison de ses parents. Que de fois j'allai chez son pbre ! Jeanne dtait une fiUe simple et douce. Elle aimait k aller £ I'^glise et aux saints pele- rinages. Elle s'occupait du me'nage comme les autres filles. Elle se confessait souvent. Elle rougissait de honte honnete 30 quand on la raillait sur sa piet^ et sur ce qu'elle aimait trop k prier dans les sanctuaires. Elle dtait aumonibre et chari- table. Elle soignait les enfants malades dans les chaumieres voisines de la maison de sa mbre." Un pauvre laboureur du pays disait k ses juges qu'il se 35 souvenait d' avoir €X.€ veille ainsi par elle quand il e'tait enfant. il] JEANNE UARC. 3 TL \/^^*^ U " Gracieuse de visage, elle croissait leste et forte de ses ^ membres, Dans ces temps ou les femmes ne faisaient route "5 qu'k cheval, elle allait, enfant, avec ses frbres, conduire les ^ poulains de son pere dans le pre'au du chateau des Isles ou ■^ on les enfermait de peur des "gens de guerre. II est vrai- tv ^semblable que c'est ainsi qu'elle se familiarisa avec les ' ^ de strie rs, que nulle main d'homme ne mania plus hardiment ^ J;; depuis. Elle raconte aussi qu'elle allait quelquefois avec i ^ les jeunes filles du village k la lisiere des bois qui bordaient n1^ les rharppsj c;ni]<; i]n grand chene, qu'on appelait dans le 10 ^ Jt ■p2iy9 ^arbi'e des Fks ^ que sous ce chene il y avait une fon- taine; qOfe son eau avait la renommee de gu^rir les fibvres -iyz^ret^ et les maladies; qu'elle en avait guise comme les autres k fjoJit cette intention; que les malades, apr^s leur gudrison, avaient r habitude d'aller s'asseoir et se d^lass er sous son ombre; 15 que les fleurs de mai croissaient autour^e la source, et qu'en temps d'etd elle les cueillait avec ses compagnes, pour en tresser des chapeaux k la statue de la Notre-Dame de Dom- r^my. La fille de sa marraine lui disait que les fe'es ou les dames apparaissaient par aventure en ce lieu et qu'elle-meme 20 les avait vues. Quant k Jeanne, elle ne les avait jamais vues, Mais il est bien vrai que les jeunes filles suspendaient des chapelets de fleurs aux basses branches de I'arbre; qu'elle avait fait comme les autres ; que quelquefois ses compagnes emportaient les bouquets en s'en allant, que d'autres fois 25 elles les laissaient sur I'arbre; que, depuis le moment oU elle avait congu de ddivrer la France, elle n'allait presque plus jamais s'eba ttre ainsi sous le chene des Fdes; qu'elle pent y avoir dan^d^avant son age de raison avec les enfants, et surtout chante, mais qu'elle ne croit pas y avoir dans^ 30 une seule fois depuis ; qu'il y avait aussi, en face de la porte de son pbre, un autre bois voisin de la maison, mais qu'il n'y avait pas Ik d' apparitions ; qu'k I'epoque ou sa mission lui fut revdle'e, son pbre lui avait bien dit, en la grondant, que le bruit courait qu'elle avait pris ses inspirations sous 35 I'arbre des Fdes ; qu'elle lui avait rdpondu que cela n'^tait pas ; qu'un prophete du pays disait bien que du bois Chenu /: 4 JEANNE D'ARC. [ii. sortirait une jeune fille qui ferait des merveilles, mais qu'ii cela meme elle n'avait pas donne foi !..." Elle se complaisait a rappeler dans sa prison ses sou- venirs d'enfance. Elle s'y re'confortait comme d'une frai- 5 cheur de son matin, et elle ecrivait ainsi, sans le savoir, ces annees obscures de sa vie dans lesquelles on aime k plonger du regard, pour voir de quelle obscurite est sortie la gloire et de quelle fe'licite le martyre. Un de ces prophet es populaires qui sement les rumeurs lo de I'avenir k tout veiit, Dien siir que la credulite naturelle aux ages d'ignorance les recueillera, I'enchanteur Merlin, fameux dans les poemes de I'Arioste, avait e'crit que les c alamites du royaume viendraient d'une femme deQ aturee,^ et ^ue le salut vlendrait d'une ieune et cliagte fill e. Ce 15 bruit remuait I'lmagination du peuple dans ces provinces et, pouvait susciter dans I'esprit de chaque jeune vierge la pensee involontaire de realiser en elle la prophetie. La beaute meditative et recueillie de Jeanne, en attirant les yeux des jeunes hommes, intimidait la familiarite. Plusieurs 20 cependant, charmes de sa grace et de sa modestie, la de- manderent k ses parents. Elle s'obstinait a rester seule et libre, on ne sait par quel pressentiment qui lui disait sans doute qu'elle aurait a enfanter un jour, non une famille, mais un royaume. I/ un de ses pretendants, plus passionne, Qg a 25 reclamer son cceur comme un droit, jurant en justice qu'elle lui avait_promi s sa foi de mariage . La pauvre fille hon- teuse, mais indignee, comparut a Toul devant les juges et dementit par serment ce calomniateur par amour. Les juges reconnurent le subterfuge et la renvoyferent libre \ la 30 maison. in. Pendant que sa beaute charmait les yeux, le recueille- men't de sa physionomie, la me'ditation de ses traits, la soli- tude et le silence de sa vie etonnaient son pere, sa m^re et ses freres. Rien des langueurs de I'adolescence ne trahissaifX 35 en elle son sexe : elle n'en avait que les formes et les attraits. / Ni la nature ni le cceur ne parlaient en elle. Sbir"am5, retiree dans ses yeux, semblait plutot mediter que sentir : III.] JEANNE jyARC. 5 pitoyable et tendre cependant, mais pitoyable et tendre d'une pitie et d'une tendresse qui embrassaient quelque chose de plus grand et de plus lointain que son horizon. El le priait sans cesse ^ parlait peu. fuvait les compa.iynies d g ~gon JJ!^ Elle se retirait ordinairement ^ I'dcar t, pour tra- 5^»^" son inspiration eut les vertiges de son age, de" son sexe, de son ^poque, de sa creduTTte. Elle crut k des voix, k des visions, k des prodiges ; mai s I'inspiration fHp-mAmp ^\^^ la merveille, et le patriotisme triomphant atteste d ji mnirK; pn 3o"eneTa^vinitddu sentiment et la veritfe du coeun IV. Elle entendit longtemps ces voix avant d'en parler meme k sa mbre. Un ^louissement de ses yeux les lui \ faisait presager par une expFosion^de douce lumi^re qu'elle \^ se figurait ddcouler du ciel. Tantot ces voix lui recom-' • 35 mandaient la sagesse, la pidt^, la virginite; tantot elles Ten- ^ tretenaient des plaies de la France et des gdmissenients du IV.] JEANNE UARC. pauvre peuple. Un jour, k midi, dans le jardin ou elle etait seule, sous Tombre du niur de I'eglise, Hie fntpnHif Htc;- tinctement une voix ^a^ qui Tappela pa r son nom et qui iui ditj ' ~ ~ feanne, Ibve-toi ; va au secours du Dauphin, rends-lui Sonrgy aume de France !" L'dblouissement fut si celeste, la voix si distji icte et la sommation si im p^atjv e, qu' elle_tomba sur ses genq u^t^et repon^iten s'excusant : " Comment le ferais-je, puisque je ne suis qu'une pauvre fille, et que je ne saurais ni chevaucher ni con^uire des hommes d'armes ?" ' .ta_voix nese contente pas de ses excuses : " Tu irasTmt-elle k Jeanne, trouver le seigneur de Baud- icourt, capitaine pour le roi k Vaucouleurs, et il te fera :onduire au Dauphin. Ne crains rien ; sainte Catherine et sainte Marguerj0 viendront t'assister." ^^^ A cette premiere vision, qui la fit trembler et pleurer d'angoisse, mais qu'elle garda encore comme un secret entre elle etles anges, d'autres succe'dferent. Elle vit saint Michel arme de la lance, vetu de raj^s, vainqueur des monstres, tel qu'il ^tait peint sur le tableau de I'autel de son hameau. L'archange Iui depeignit les d<^chirements et les asservisse- ments du royaume. II Iui demanSa compassion pour son pays! Sainte Marguerite et sainte Catherine, figures divines et populaires dans ces contrees, se montrerent dans les nues comme il avait ^t^ annoncd. EUes Iui parl^rent avec ces voix de femme adoucies et attendries par Te'ternelle beati- tude. Des couronnes ^taient sur leurs tetes; des anges, pareils k des dieux, leur faisaient cortege. C'etait tout le poeme du paradis entr'ouvert devant ses yeux. §on.^|jne^ d ans ce divin commerce, oubliait la rigueur d e sa mission et s'abimait _d ans les^ ddjres de Qes contemplationsT Quand ces voix se taisaient, quand ces figures se retiraient, quand ceciel.se refermait, Jeanne se trouvait baigne'e de pleurs. / *^Ah ! que j'aurais voulu, dit-elle elle-meme, que ces an- [gesja^eussent emport^e avec eux!..." Mais sa mission terrible ne le voulait pas. Elle ne de- vait etre emporte'e ou elle aspirait que sur les ailes de flamme de son bucher. 15 I 25" 30 35 40 8 " JEANNE D'ARC. [v. Ces entretlens, ces sommations, ces deliies, ces angoisses, ces delais durerent plusieurs anndes. Elle avait fini par les confesser k sa mbre. Le pere et les freres en etaient in- struits. La rumeur en courait dans la contrde : sujet de 5 merveille pour les simples, de doute pour les sages, de sar- casme pour les mechants ! En ce meme temps, la meme idee et les memes visions travaillaient, en d'autres pays d'autres filles et d'autres fem- mes. Quand le peuple n'esp^re plus rien des hommes pour lo son soulagement, il se tourne vers les miracles; II y avait con- tagion de merveilles et de revelations. Une femme du Berry, nommee Catherine, voyait des dames blanches, ^ robes d'or, qui lui ordonnaient "d'aller par les villes demander des sub- sides et des hommes d'armes pour le Dauphin. II fallait 15 que le Dauphin lui donnat des e'cuyers et des trompettes pour proclamer partout qu'on lui devait apporter les tresors enfouis et qu'elle saurait bien les decouvrir." Ainsi, quand un miasme est dans Fair, tout le monde le respire. La.pitie de.la.Er.ance, la tendresse pour le Dauphin, 20 la haine contre les Bourguignons, iUio rreur ^£ Tara omin|rtron etrnng^r/^^fRjiatisai^nt les femrnie Sr--Toutes~entendaient le crl (IST^a terre, quelques-unes les voix d'en haut, De plus, les poetes, les romanciers et les conteurs ambulants du nioyen age avaient habitu<^ les imaginations aux roles bel- 25 liqueux joues par des femmes, ainsi qu'on le retrouve dans le Tasse et dans Arioste. Elles suivaient leurs amants aux croisades, leur servaient de pages ou d'ecuyers, revetaient r.armure, maniaient le coursier, versaient leur sang pour leur Dieu, pour leur patrie, ou pour leur amour. Ces^ deguise- 30 ments de la femiiie spusJax]iira^se_donnai^^ meme civiles, un caracjtere- xie._chevalerie et d ' aven tjjxe.s-. jtouchantgs, de merveilleux romanesquFquiTaisait songer les enfants et devait produire de frequentes imitations. ULge- rencontre_touxours un etre d' exception pmir realiser ce_x]iUi ■ =r>35 est imaging par tous. ~t:*idee^d^ilne jeune fiTIe conduisant S ^ Tes^arffi^gs au cornM!, couronnant son jeune roi et de'livrant ^ son pays, e'tait ne'e de la Bible et du fabliau a lafois. C'etait VII.] JEANNE HARC. 9 la poesie de village. Jeanne d'Arc en fit la religion de la patrie. VI. >ScaiP^, homme d'age et austbre, ente ndit avec peine s bnuts"ne"\ ^^Pcj^rji^j^gpjHguvpc; pt Af- Tr(^ veilles SOUS son toit de paysan. ^ "iTne croyait point sa famille digne de ces faveurs^an- 5 ^ gereuses du ciel, de ces visites d'anges et de saintes qui faisaient causer ses voisins. Toute relation avec les esprits lui dtait suspecte, k une dpoque surtout ou la credulitd superstitieuse attribuait tant de choses aux mauvais esprits, et oU I'exorcisme et le bdcher punissaient tout commerce 10 avec le monde invisible. II attribuait ces mdlancolies et ces illusions de sa fille k des desordres de sante. Iljde sirait _la marier, afin que I'amour d'un epoux et des enfants apaisat son ame, et que les distractions de la mbre de famille fissent ^vaporer ces imaginations. 15 II poussa quelquefois I'incr^dulite jusqu'k la rudesse ; il dit k Jeanne que, "s'il apprenait qu'elle donnat creance k ses pre'tendus entretiens avec les esprits tentateurs et qu'elle se melat aux horames de guerre, il la voudrait voir noy^e par ses frbres, ou qu'il la noierait lui-meme de ses propres 20 mains." VII. J.e ddplaisir de sa mbre et les menaces memes de snn . p^re n'dtoufFaient ni les visions ni les voix. Obdissante en toute autre chose, Jeanne ddsirait obeir meme en ceci ; mais I'inspiration dtait plus obstin^e que la volonte. Le 25 ciel devait etre obdi avant les hommes, et le prodige ^tait pour elle plus imperieux que la nature. Elle gdmissait de desobdir, et elle suppliait Dieu de lui ^pargner ces efforts qui dechiraient son coeur. Elle espdrait bien obtenir plus tard le congd et le pardon de ses parents, comme, en effet, 30 ils lui pardonn^rent quand sa gloire eut justifid \ leurs yeux^ sa desob^issance. L'inspiration est comme le g^nie: on ne le couronne qu'aprbs I'avoir combattu. ^^ J. d'arc. lo JEANNE UARC. [viii. VIII. Mais il V a vait k cote de Teanne u n homme de son sang, plus simple que son pbre, ou pins tendre ou plus_eni -tiiQusiaste, dans le sein de qui la pauvre inspiree trouvait cr^ance ou du moins pitie : c'e'tait son o ncle, dont I'histoire 5 aurait du conserver la figure et le riom, car il fut le premier croyant k sa niece et le premier complice de son g^nie. Ces seconds peres, dans les families, sont souvent plus pa- ternels que les peres veritables, et ils ont plus de faiblesse pour les enfants de la maison, parce qu'ils se defient moins ID de leur amour et qu'ils aiment par choix et non par devoir. Tel parait avoir etd I'oncle de Jeanne, le pfere de pre'di- lection, le cons olat^ ur, l e confident , puis enfin I'intermediaire seduit par son cceur entre sa niece et le ciel. Pour sous- traire Jeanne aux obsessions et aux reproches de son pere 15 et de ses freres, I'oncle la prit quelque temps chez lui, sous •Of - pretexte de soigner sa femme alitee. Jeanne profita de ce ^'^ court sejour loin des yeux de ses parents pour obe'ir k ce qui lui commandait dans I'ame. Ell e pria son oncle . d'aller- ^ Vaucouleurs , ville de guerre, voisine de Domremy, et de 20 r^clarner 1' interventi on du sire de Baudricoi^rt. commandant de labile, pour qu'elle put accomplir sa mission. L'oncle, seduit par sa niece et sans doute pousse par sa femme, se rendit avec simplicite k leurs desirs. II alia k Vaucouleurs et rendit au sire de Baudricourt le message 25 dont il s'dtait complaisamment chargd. L'homme de guerre ecouta avgc une indulgente derision le paysan : il semblait qu'il n'y eut qu'a sourire, en effet, de la demence d'une paysanne de dix-sepl^ns s'oifrant a accomplir pour le Dau- phin et pour le royaume ce que des milliers de chevaliers, 30 de politiques et d'hommes d'armes ne pouvaient faire par la force du genie et des bras. " Vous n'avez autre chose h, faire, dit Baudricourt au messager des miracles en le conge- diant, que de renvoyer votre niece, bien souffletde, chez son pere." 35 L'oncle revint, convaincu sans doute par I'incredulite de Baudricourt et resolu d'enlever pour jamais cette illusion de I'esprit des femmes. Mais Jeanne avait tant d' empire IX.] JEANNE HARC. ii sur lui, et la conviction la rendait si ^loquente, qu'elle rc- conmiit promgtementja foi perdue de^OTrTnTcle--et~qrr*et Te^ Qui persiiada de la menerlui-mSme 4 Vaucouleurs, i I'lnsu persiiada ^ ses parents. EUe sentait bien que c'dtait le pas d^cisif et qu'une fois hors du village elle n'y rentrerait jamais. 5 EUe fit confidence de son depart \ une jeune fiUe qu'elle aimait tendrement, nomm^e Mangbte, et elle pria avec elle en la recommandant k Dieu. Elle cacha son dessein \ celle qu'elle aimait encore davantage et qui s'appelait Haumette, "craignant, dit-elle 10 apres, de ne pouvoir vaincre sa douleur de la quitter si elle lui disait adieu"; elle pleura beaucoup en secret et vainquit ses larmes. IX. Vetue d'une robe de drap rouge, selon le costume des paysannes de la contree, Jeanne partit k pied avec son oncle. 1 5 Arrivde k Vaucouleurs, elle regut I'hospitalit^ chez la femme d'un charron, cousin de sa mfer6. Baudricourt, vaincu par I'insistance de I'oncle et par I'obstination de la nibce, con- sentit k la recevoir, non par crddulitd mais par lassitude. II fut emu de la beaute de cette jeune paysanne, que son 20 chevalier Daulon d^peint en ces termes vers cette ^poque : "Elle etait jeune fiUe, belle et bien formde, et elle avait la voix douce et pdndtrante." Baudricourt I'ayant interrogee, Jeanne lui dit avec un accent de fermete modeste qui prenait son autorit^ non en 25 elle-meme, mais dans ce qui lui avait €x.€ inspire d'en haut : " Je viens \ vous au nom de Dieu, mon Seigneur, afin que vous mandiez au Dauphin de se bien tenir 011 il est, de ne point offrir de bataille aux ennemis en ce moment, parce que Dieu lui donnera secours dans la mi-careme. Le 30 royaume, ajouta-t-elle, ne lui appartient pas, mais \ Dieu, son Seigneur. Toutefois il lui destine le royaume ; malgr^ les ennemis, il sera roi, et c'est moi qui le mineral sacrer \ Reims ! " • Baudricourt la cong^dia pour rdfle'chir, craignant sans 35 -doute de trop mepriser ou de trop croire dans un temps ou I'incrddulitd autant que la croyance pouvait lui 6tre iraput^e 12 JEANNE D'ARC. [ix. k faute par la voix publique. II en refdra prudemment au clerg^, juge en matiere surnaturelle. II consulta Je cure de- _ yaucouleurs._ lis allbrent ensemble avec solennitd visiter la jeune paysanne chez sa cousine, la femme du charron. Le 5 cure, pour etre pret k toute occurrence, avait revetu ses habits sacerdotaux, armure contre I'esprit tentateur. Il_ exorcisa Jean ne, au cas ou elle serait obse'dde d'un demon^ eFTa somma de se relirer si elle t^LaiL en cummefce~avec Satan. Mais les demons de Jeanne n'etaient que sa piete ID et son genie. Elle subit I'epreuve sans donner aucun scan- dale au pretre et k rhomme de guerre. lis se retirerent indecis et touches. X. Le bruit de cette visite du gouverneur et du pretre chez la femme du charron dtonna et edifia la petite ville. Le i^ peuple de toute condition et les femmes surtout s'y por- terent. La mission de Jeanne devint la foi de quelques-uns • jj-'; et I'entretien de tons. Le bruit avait trop delate pour qu'il fut loisible k Baudricourt de FetoufFer. L'opinion I'accusait dejk^indifiference et de mollesse. : 20 "Negliger un tel. secoui^du ciel, n'etait-ce pas trahir le Dauphin et la France ? " Un gentilhomme des environs, etant venu voir Jeanne c'omme les autres, lui dit, en manibre d'accusation contre Baudricourt : •25 "Eh bien, ma mie, il faudra done que le roi soit chasse et que nous devenions Anglais ? " Jeanne mela ses plaintes k celles du gentilhomme et du peuple, mais elle parut moins se lamenter sur elle-meme que sur la France ; et, se rassurant sur la promesse qu'elle 30 avait entendue d'en haut : "Cependant, dit-elle, il faudra bien qu'avant la mi- careme on me conduise au Dauphin, dusse-je, pour y aller user mes jambes jusqu'aux genoux. Car personne au monde, ni rois, ni dues, ni fille du roi d'Ecosse, ne peuvent re- 35 prendre le royaume de France; et il n'y a pour lui d'autres secours que moi-meme, quoique j'aimasse mieux," ajouta-t- elle avec tristesse, "rester k filer prbs de ma pauvre mfere!... XI.] JEANNE LfARC. 13 Car je sais bien que batailler n'est pas mon ouvrage ; mais il faut que j'aille et que je fasse ce qui m'est commande, car mon Seigneur le veut..." On lui demanda : •' Et qui est votre Seigneur ? " EUe re'pondit : "C'estDieu!" Deux chevaliers presents s'dmurent, Fun jeune, I'autre vieux. lis lui promirent, sur leur foi, la main dans sa main, qu'avec I'aide de Dieu ils lui feraient parler au roi. XI. Pendant ces delais qui semblaient commandos par le respect meme pour le rtanpTiin 'RanrlriVr.nrf /-nnHnki'f Jp^nHP au due de Lorraine, de qui il relevait k Vaucouleurs, afin de decharger sa responsabilitd et de prendre ses ordres. Le duc ^t Teanne et r int errogea sur u ne maladie dont il ^tait 15 en ce- moment affllgZ! Elle ne "lui~parra que de gu^rir son ame en se rdconciliant avec la duchesse dont il ^tait separe. Eaudricourt la ramena \ Vaucouleurs. Pendant le voyage et le sejour de Jeanne chez le due de Lorraine, le Dauphin lui-meme avait etd avise par lettres de la 20 merveille de Domremy. Quelques-uns pensent que Eaudri- court avait voulu prendre, avant toute resolution, les ordres du Dauphin et de sa belle-mere, la reine Yolande d'Anjou : le Dauphin, la reine Yolande et le due de Lorraine devaient se concerter avec Eaudricourt pour faire profiler k leur 25 cause I'apparition d'une jeune, belle et pieuse fiUe, digne de protection divine pour les peuples, d'enthousiasme pour I'armde, de ddlivrance pour le royaume. Cette opinion n'a rien que de vraisemblable, et la politique d'une pareille foi n'en exclut pas la sincdrit^ dans un siecle oh les cours et 30 les camps partageaient toutes les croyances du peuple. Les prdparatifs pour le voyage et pour la reception de Jeanne k la cour, et les respects du Dauphin et de la reine Yolande pour elle k son arrivde, montrbrent assez qu'on attendait le prodige et qu'on de'sirait le faire dclater. 35 14 JEANNE HARC. [xii. XIL Les habitants de Vaucouleurs achetbrent \ Jeanne un cheval du prix de seize francs et des habits d'homme de guerre pour proteger sa personne autant que pour mani- fester sa mission guerribre. Baudricourt lui donna une 5 dpe'e. Le bruit de son depart pour I'armee s'etant repandu jusqu'^ Domr^my, son pere, sa mere, ses fr^res accoururent pour la retenir et la reprendre. Elle pleura avec eux, mais ses larmes, amollissant son cceur,- ne purent amollir sa re- solution. lo F.I 1 p. part it. en compagnie des deux genfilshQ rnr"''° ^'^■ de quelq ues cavaliers de leur suite pour Chinon ou ^tait le JDauphiriZ Son escorte lui fit traverser rapidement les pro- vinces ou dominaient les Anglais et les Bourguignons, dans la crainte que leur d^pot ne leur fiit enleve. Indecis d'a- 15 bord sur^kj pature des inspirations de la jeune liTle, tantot Tlsla veneraient comme une samte, tantot ils s'en ^loignaient comme d'une sorcibre possedee d'un mauvais genie. Quel- ques-uns meme ddibererent secretement s'ils ne s'en de- feraient pas en route en la precipitant dans quelque torrent 20 des montagnes et en attribuant sa disparition k un enleve- ment du demon. Souvent, pres d'executer leur complot, ils furent retenus comme par une main divine. La jeunesse, la beaute, I'innocence et la sainte candeur de la jeune fille furent sans doute le charme qui flechit leurs coeurs et leurs 25 bras. Partis incrddules, ils arrivbrent convaincus. XIII. La cour errante etait au chateau de Chinon, pr^s de Tours. On y attendait I'inspiree de Vaucouleurs avec des sentiments divers. Les conseillers reputes les plus sages d^conseillaient le Dauphin d'accueillir et d'ecouter une 30 enfant qui, si elle n'e'tait pas un instrument de I'ange des t^nbbres, etait au moins la messagbre de sa propre illusion. D'autres, plus credules ou plus le'gers, poussaient le Dauphin XIV.] JEANNE HARC. 15 k consulter du moins cet oracle. La reine Yolande et les favorites etaient fibres que le salut vint d'une femme. Fa- ciles k croire, elles sentaient que les moyens humains de relever la cause du roi dtaient dpuisds et qu'un ressort surnaturel, vrai ou suppose, pouvait seul rendre I'enthousias- 5 me avec I'esp^rance aux soldats et aux peuples. " C'etait peut-etre Dieu qui suscitait ce secours." Politique ou credulite, tout ^tait bon pour une cause vaincue et de'sesperee. . / Le Dauphin flottant de 1' amour k la gloire et des 10 conseils graves a ux conseils fdminins, ^tait k une de ces •cris es d'affarssemen t_inQral ovfron est enclin k tout croire . parce qu'on n a plus rien \ attendre. hn,^k^M,,^f^^ XIV. ' Jeanne arriva \ Chinon dans ces circonstances. On la logea dans le voisinage, au chateau du sire de Gaucourt. 15 Visit^e par les dames et par les seigneurs de la suite du roi, sa simplicity ramena les uns, ^difia les autres. Les chevaliers qui tenaient pour le roi dans Orleans avaient trop besoin >d'un miracle pour he'siter \ croire \ sa mission. lis envoybrent quelques-uns des leurs implorer et encourager 20 leur future libdratrice. Le Dauphin, \ leur instigation, con- sentit enfin k la recevoir ; mais, dbs le premier jour, il voulut r^prouver. L'humble paysanne de Domrdmy fut introduite, dans son costume de bergbre, devant cette cour d'hommes 25 d'armes, de conseillers, de courtisans et de reines. Le Dauphin, vetu avec une simplicity affectde et confondu dans les groupes de ses chevaliers richement arm^s, laissa a dessein la jeune fiUe dans le doute sur celui d'entre tous qui dtait son souverain. 30 " Si Dieu I'inspire vdritablement, se dit-il, il la mbnera k celui qui a seul dans ses veines le sang royal ; si c'est le ddmon, il la mfenera au plus apparent d'entre mes hommes d'armes." Jeanne s'avan^a en effet, confuse, eblouie, et comme 35 ind^cise entre cette foule, mais cherchant d'un regard i6 JEANNE HARC. [xiv. timide, parmi tous, le seul vers lequel elle etait envoyee. EUeuI e reconnut sans infprrogpr personne ; et se dirigeant modestement, mais sans hesitation, vers lui, elle tomba k genoux devant le jeune roi. 5 "■ Ce n'es t pas nioi qui suis le roi," lu i dit le prince, en cherchant k la jeter dans le doute! Mais Jeanne, que son coeur illuminait, insistant avec plus de force : "Par mon Dieu, gentil prince, c'est vous, dit-elle, et lonon un autre !" Puis, d'une voix plus haute et plus solennelle : "Tres-noble Seigneur Dauphin! poursuivit Jeanne, le roi des cieux vous mande par moi que vous serez sacrd et couronnd dans la ville de Reims, et son lieutenant au 1 5 royaume de France ! " A ce signe, la cour s'^merveilla et le Dauphin s'^mut d'admiration pour la belle fille. Toutefois il voulut un autre signe plus difficile et plus secret; et, I'entrainant k I'e'cart de sa cour dans une embrasure de fenetre, il s'entre- 20 tint k voix basse avec elle sur un myst^re de son ame qui travaillait sa conscience et qui lui inspirait secretement des doutes sur son droit au trone. Ce mystere n'avait jamais ete revele par lui k personne. 11^ etait incertain s'iL <^tai> ypptablement le fils de Charles "V X Ea'reponse 25 inspiree de Jeanne, bien qu'elle ne fut pas entendue des assistants, r^pandit visiblement la securite et la joie sur le visage du Dauphin. Souvent, et recemment encore, il s' etait renferme dans son oratoire, priant Dieu avec larmes que, s'il etait en effet le legitime heritier du royaume, la 30 Providence voulut le lui confirmer et defendre son heritage pour lui, ou du moins lui dviter la mort et lui assurer asile parmi les Espagnols ou les ^cossais, ses seuls amis. " Je te dis de la part de Dieu, lui repete Jeanne k voix plus haute et en le saluant, que tu es vrai fils de roi et 35 heritier de la France ! " XV.] JEANNE HARC. 17 XV. Get entretien avec le roi, la faveur des princesses, les instances des envoyes de I'armee d'Orleans, la rumeur populaire, plus prete k se passionner pour le merveilleux que pour le possible, I'aven ture d'un homme d'armes in- crdd ule qui, ayant blasphem^ J eanne sur un p onj; ^ut noye 5 aprH dans la Loire ; la politique enfin, qui prolongeait ou qui" simulait une loi utile k ses desseins, tout concourait \ creer autour de I'^trangfere un fanatisme de respect et d'espdrance qui faisait du moindre doute une impietd. Le batard d'Orldans, le fameux Dunois, I'appelait par 10 des messages reiteres k OrMans, pour retremper I'ame de ses soldats. Le due d'Alen^on, prince cTievaleresque et courtois, accourait au bruit du prodige et embrassait, avec la chaleur de la jeunesse et de I'enthousiasme, la cause de I'inspiree. Les courtisans se pressaient nutonr d'elle, an i g cha teau du C oudray^ Lfea una tnr'prgsej it aient des chey aux ^ debata iUe ; les aHfres I'exerQaient h. se tenir en selle . >. naamer-4e-xQ ursier. k rompre des lances, t(.tus ravis de la hardiesse, de la grace et de la force qu'elle montrait dans ces exercices de guerre, comme si Tame d'un hdros se fiit 20 tromp^e d'enveloppe en animant cette vierge de dix-sept ans de la passion des armes et de I'intrdpidite des combats. Le Dauphin pourtant hesitait encore \ condescendre aux inspirations de la jeune fille, retenu par son chancelier qui craignait la derision des Anglais, si la France confiait 25 son epe'e k une main qui n'avait tenu que la quenouille. Le chancelier redoutait aussi le clergd, qui pouvait attrTbuer au sortilege I'inspiration et s'offenser d'une foi qu'il n'aurait pas autorisde dans le peuple. L£_j;fli..-j**gea._sagei»ent-~qu^ ^fall^jt-«ftva^er_grealablement Jeanne k JPoi tiers^ pour la 30 soumettr£_kJl^«xamen~g^l ^i \ c.r5Tn! ~et-4 irparl£ m£nt: Ces deux oracles du temps, chassis de Paris, sidgeaient alors dans cette province. "Je vois bien, s'e'cria Jeanne, que j'aurai de rudes dpreuves k Poitiers ou Ton me mbne; mais Dieu m'assis- 35 tera. AUons-y done avec confiance." i8 JEANNE HARC. [xvi. XVI. Interrogee avec bont^, mais avec scrupule, par les docteurs, elle les confondit tous par sa foi en elle-meme autant que par sa patience et par sa douceur. L'un d'eux lui dit : 5 " Mais si Dieu a resolu de sauver la France, il n'a pas besoin de gens d'armes. — Eh ! repondit-elle, les gens d'armes batailleront, et Dieu donnera la victoire." Un autre lui dit : 10 "Si vous ne donnez point d'autres preuves de vos paroles, le roi ne vous pretera point de soldats pour les mettre en pdril. — Par mon Dieu ! repliqua Jeanne, ce n'est pas a Poitiers que j'ai dte envoyee pour donner des signes; mais 15 conduisez-moi a Orleans, avec si peu d'hommes que vous voudrez, et je vous en donnerai. Le signe que je dois donner, c'est de faire lever le sibge d'Orleans!" Et comme les docteurs lui citaient des textes et des livres qui defendaient de croire legbrement aux re'vela- 20 tions : " Cela est vrai, repondit-elle ; mais il y a plus de choses ^elites au livre de Dieu qu'aux livres des hommes." F.T vfin 1f ;g evg ques declarerent que rien n'etait impossible \ Dieu et que la iJible etait pleine de mysteres et d'ex- 25 emples qui pouvaient autoriser une humble femme k com- battre sous des habits d'homme pour la delivrance de son peuple. La reine Yolande de Sicile, belle-mere du Dauphin, et les dames les plus venere'es de la cour, attestbrent la purete de vie et la chastete de la proph^tesse. On n'he'sita 30 plus k lui confier I'armee qui devait, sous le due d'Alengon, son plus zele croyant, aller secourir Orleans. XVII.] JEANNE UARC. 19 XVII. jr On lui forgea une armure legbre et blan^lie. de couleur, "r en signe de la. caod mjr TTe Vh^roine. " "lEliereclama une ^, .» , longu^_eji^£4:ouiUee, marquee de cinq croix, qu'eUe ddclaja ^ etre enfouie daagJa_cha4i£lle_d^We_^^isej£oisin^^ Y/)^ et qiToh y trouva. On lui remit en main un etendar^Hblanc 5 aussi, seme de fleurs de lis, fleurs heraldiques de la France. EUe chevaucha ainsi, suivie du vieux et brave chevalier Daulon, son protecteur ; de deux jeunes enfants, ses pages ; de deux hdrauts d'armes, d'un chapelain, d'une suite nom- breuse de serviteurs, et d'une foule de peuple qui be'nissait lo d'avance en elle le miracle et le salut. EUe fut regue triom- phalement k Blois par les chefs de I'arm^e, rassembles pour la voir et pour obe'ir k ses inspirations divines : le marechal de Boussac, Dunoi s,. Lahire, Xaintrailles, tous^_avfirtis_pai le chancel ier de respecter dans ^^t tf ^l^*^ ^"^ migt^ian Hf T^ iau t ^ ^tj a volontd du roi. Mais le fanatisme passionn^ du peuple pour la vierge guerri^re de Domremy imposait k I'armde plus encore que I'ordre du Dauphin. Servante de Dieu autant que du trone, Jeanne commenga par reformer les d^sordres des moeurs et les scandales de I'armee. On jeta 20 aux flammes les cartes, les dds, les instruments de sorcellerie et de jeux de toutes sortes dans le camp et dans la ville. Des pr^dicateurs populaires s'attach^rent aux pas de Jeanne, \ et prech^rent les femmes et les soldats. L'un d'eux s'exalta fM'un tel fanatisme et remua tellement le peuple en tribun 25 r plutot qu'en pretre, que le pape le fit saisir par I'inquisition y et briiler vif comme fauteur d'he'rdsie. Un autre, le fr^re y* Richard, moine de Tofdre des cordeliers, entrainait de telles multitudes par sa parole que des milliers d'hommes et d'enfants couchaient sur la terre nue, autour de la tribune, 30 en plein air, la veille de ses predications. Le vent de I'esprit soufflait comme une tempete sur les ames. La religion, le patriotisme et la guerre agitaient les foules. L'humble Jeanne suivait k pied, dans les rues de Blois, les pr^dicateurs. Mais son humilitd meme la designait k 35 •yk la passion de la multitude. T-<^ rnrHplipr <;;r>u vait de jalouy y ■ Qmbra ges contre elle, tout en afifectant '^3e partner l e 20 JEANNE jyARC. [xvii. fanatisme de T armee. Tout etait prepaid dans les choses et dans les esp!TT5~pour les miracles, I'envie meme, et le supplice apres le triomphe. L'arme'e, purifiee par les reformes et par la discipline 5 que Jeanne avait introduites, se recrutait de nombreuses compagnies d'hommes d'armes, accourant de toutes les provinces au bruit du prodige. L'dtendard de la vierge de Domrdmy dtait ve'ritablement roriflamme de la France. XVIII. \ ^ Les chefs, presses de profiter de cet enthousiasme, dbran- ylr lo Ibrent leurs troupes. Jeanne, consultde par eux, voulait que, sans consideration du nombre et de I'assiette des Anglais, on marchat droit h Orleans par la route la plus courte, celle de la Beauce. Les g£ii£]: aux fej goirfnt rl'^ consentijv-iBaisLils Ja trompferent pour le saluL des troupes 15 et_iu i_ firent Jia3;^£rsef-l 3. Loire p our s'avancer h. I'abri du fleuve par les bois et les marais de la Sologne. Le chapelain de Jeanne marchait en tete de I'armee, portant sa banni^re et chantant des hymnes. La marche ressemblait h une pro- cession oil le pretre guide les soldats. Jeanne arriva le troi- 20 sieme jour en face d'Orleans. F.n^ vnya n t 1 e j fleiive entre elle et I'armde, ell e s'indigng ,..jd^a¥eiiu. ^te trompdeZ parTTes geh drauxT iille voulait qu on attaquat sur I'heure les fortifi- "cations des Anglais interposees entre son armee et la ville. On endormit son impatience. 25 Dunois, qui avait le commandement general de I'armde de secours et de l'arme'e d'Orleans, s'dlan^a dans une frele barque en apercevant la pucelle du haut des remparts. Quand il eut pris terre au pied de son cheval : " Est-ce vous, lui dit-elle, qui etes le batard d'Orleans ? 30 — Oui, dit Dunois, et bien rejoui de votre venue ! " Mais elle, d'une voix de doux reproche : " C'est done vous qui avez conseille de prendre la route eloignee de I'ennemi par la Sologne ? —C'est le conseil des plus vieux et sages capitaines, dit 35 Dunois. \>^' XVIII.] JEANNE UARC. 21 — Le conseil de Dieu, monseigneur, rdpliqua Jeanne, est meilleur que les votres. Vous avez cm me trornper, et vous vous etes trompes vous-memes. Ne craignez rien; Dieu me fait ma route, et c'est pour cela que je suis nee. Je vous amene le meilleur secours qu'ait jamais regu cheva- 5 lier ou cite, le secours de Dieu !..." En ce moment, Ie_yent qui soulevait les flots de la Loire en sens contraire de son cours et qui empechait les barques charg^es de vivres et d'armes d'aborder au port d'Orle'ans, rVi?^n gea to ul.k coup comme par mjrac le, et la ville fut ravi- 10 taill^e malgriles Anglais. " ^ Le lendemain, ayant congedid I'arm^e du roi qui n'avait v«*'^ pour mission que d'escofterie convoi jusqu'aux portes et qui devait retourner defendre la plaine, Jeanne entra dans Orleans \ la tete de deux cents lances seulement; elle e'tait 15 suivie du brave chevalier Lahire et de Dunois. Montee sur une haquenee blanche, elevant son etendard dans la 9^ main droFte, revetue de sa Idgere armure qui etincelait aux yeux d'un doux dclat, elle etait _k la fois, pour les habitant s de la^^vtH^-et._pQm_l es soldats, Fange de la guerre et.de la 20 paix. Les pretres, le peuple, les femmes, les enfants, se pr^cipitaient sous les pieds de son cheval pour toucher seule- ment ses eperons, croyant qu'une vertu divine e'manait de cette envoyee de Dieu. Elle se fit conduire k I't^glise, oil Ton chanta un Te Deum de reconnaissance pour la ville 25 secourue. Mais le secours qui reconfortait le plus le peuple ^tait le secours sumaturel qu'il croyait voir et posse'der dans la prophetesse. Jeanne fut conduite de la cath<^drale dans la maison de la femme la mieux famde de la ville pour que sa vertu fdt h. 30 I'abri des mauvais discours et que sa bonne renommde restat J I intacte au milieu des camps. On lui avait prepare un iQ.%\X^. iM/Jr Mais elle n'accepta qu'un peu de pain et de vin, en hiimilitd/ et en memoire de la table frugale de son pere. 22 JEANNE D'ARC. [xix. XIX. Elle dicta de la une lettre aux Anglais, qu'elle avait m^ditee dans la route. Cette lettre dtait toute semblable, par ses apostrophes et par son accent, aux sommations que les he'ros d'Homere s'adressaient, avant de combattre, du 5 haut des murs, ou sur le champ de bataille. "Roi d'Angleterre, disait-elle, et vous, due de Bedford, qui vous dites regent de France ; et vous, Guillaume, comte de Suffolk; Jean Talbot, et vous Thomas Scales, qui vous pr^tendez lieutenant du due de Bedford, obeissez au Roi du lociel, rendez les clefs du royaume ^ la pucelle envoye'e de Dieu ! Et vous, archers et hommes d'armes qui etes devant Orleans, allez-vous-en, de par Dieu, en votre pays!... Roi d'Angleterre, si ainsi ne faites, je suis chef de guerre, et, en quelque lieu que je vous atteigne, je vous en ferai aller!.,. 15 Et croyez fermement que le Roi du ciel enverra plus de force k moi que vous ne sauriez en mener dans tous vos assauts." Elle les conviait ensuite k la paix et leur promettait suretd et bon accueil s'ils voulaient venir traiter avec elle 20 dans Orleans. ^^^ye^irCj la derision et les railleries cyniques des as- siegeants furent la seuje ^r^pon se k cette lettre de Jeanne. lis I'appelbrent ribaude et gardeuse de vaches. lis retmrent d^loyalement prisonnier son heraut d'armes. . Elle en en- 25 voya un second k Talbot, pour lui offrir le combat en champ clos sous les remparts de la ville. "Si je suis vaincue, disait-elle k Talbot, vous me ferez bruler sur un bucher; si je suis victorieuse, vous Ibverez le sifege." 30 Talbot ne rdpondit que par le silence du de'dain. II se serait cru deshonor^ d'accepter le defi d'une enfant et d'une fille. XX. Jeanne, appelee par respect pour la volontd du roi et pour la superstition du peuple au conseil des generaux qui 35 commandaient les troupes, montra la meme impatience de combattre et la meme confiance dans I'assistance qu'elle > k XX.] JEANNE UARC. 23 portait en elle. Dunois affectait de lui ceder en toute chose, meme centre son propre sentiment, sachant qu'en lui cedant il satisfaisait le peuple et enflammait le soldat. Chef aussi politique que guerrier, le batard, s'il ne croyait qu'k_ demi aux re'velations, croyait a I'enthousiasme. La grace 5 et la foi de Jeanne le se'duisaient lui-meme. II s'entendait merveilleusement avec elle, I'c^clairant de ses avis dans les conseils, s'allumant de son heroisme dans Faction. Le sire de Gamaches, vieux soldat, t^moin des conde- scendances de Dunois et de Lahire pour les t^merites de la 10 jeune fille, s'indigna, dbs le premier jour, de ce qu'on prefd- rait les revelations d'une paysanne %. I'experience d'un chef consomm^ tel que lui. " Puisqu'on ecoute ici, s'ecria-t-il, I'avis d'une aventuriere de basse condition, de preference \ celui d'un chevalier tel 15 que moi, je ne contesterai point davantage. Ce sera mon epde qui parlera en temps et lieu, et peut-etre y p^rirai-je; mais mon honneur me defend, ainsi que I'inte'ret du roi, d'obeir k de telles folies. Je defais ma banniere, et je ne suis plus ddsormais qu'un simple" ^cuyer. J'aime mieux 20 avoir pour chef un noble homme qu'une fille qui a peut-etre €\.€ je ne sais quoi ! " j Puis, pliant sa bannibre, il la remit \ Dunois. Jeanne ne respirait que la guerre, et tout retard dans la deiivrance du pays par les armes lui semblait un doute de 25 la parole divine et une offense \ la foi. Elle monta k cheval le jour meme pour escorter un detachement qui allait chercher k Blois des renforts, et au retour, lan^ant son cheval sur le rempart d'une des forteresses dont les Anglais avaient entoure la ville, puis, elevant la voix pour se faire 30 entendre d'eux, elle les somma d'dvacuer les b astill gs. Deux chevaliers anglais, Granville et Gladesdale, c dl^bres p a r leur _braYQuce-5t_par le mal qu'ils avaient fait aux gens d'OrTeans] lui repondirenTTrar des injures ei par des mepris, la ren- voyant \ ses quenouilleTet a ses tToupeaux. ' ■ 35 "Vous mentez, leur r^pliqua Jeanne. Avant peu, vous sortirez d'ici ; beaucoup des votres y seront tuds, mais vous- mernes vous ne le verrez pas ! " vJLeur prophetisant ainsi leur de'faite et leur mort. 24 JEANNE D'ARC. [xxi. XXI. Le second renfort, ramene de Blois par Dunois lui- meme, entra, sans avoir ete attaque, dans la ville. Dunois vint remercier Jeanne du bon avis qui I'avait inspird. II lui annonga I'arrivee prochaine d'une armee anglaise qui venait 5 completer le blocus. " Batard ! batard ! lui dit Jeanne, je te commande, aussitot que cette arme'e paraitra en campagne, de me le dire ; car si elle se montre sans que je lui livre bataille, je te ferai trancher la tete," ajouta-t-elle pour forme d'enjouement; Dunois lui promit de I'avertir. V Le meme jour (4 mai, 1429), comme elle dtait sur son lit au milieu du jour, se reposant des fatigues qu'elle avait prises le matin k chevaucher k la rencontre du renfort qui lui venait de Blois, iin <;nviri gnmotuxalTppip^o ha de dormir. 1 5 Tout k coup, se levant sur son seant, elle appela son ecuyer, le vieux sire de Daulon. "Armez-moi, lui dit-elle. Le coeur me dit d'aller com- battre les Anglais, mais il ne me dit pas si c'est centre leurs forts ou centre leur armee." 20 Pendant que le chevalier lui revetait son armure, une grande rumeur s'eleva dans les rues. Le peuple croyait que Ton egorgeait les Frangais aux portes. " Mon Dieu ! dit Jeanne, le sang des Frangais coule sur la terre ! Pourquoi ne m'a-t-on pas eveillee plus tot ? Mes 25 armes ! mes armes ! Mon cheval ! mon cheval ! " Et, sans attendre le sire de Daulon encore desarme lui- meme, elle se precipite, demi-vetue en guerre, hors de la maison. Son petit page jouait comme un enfant sur le seuil. "Ah! m^chant page, qui n'etes pas venu m'avertir que 30 le sang de la France etait repandu ! lui dit-elle. AUons vite, mon cheval ! " Elle s'dlanga sur son cheval; et, s'approchant d'une fenetre haute d'ou on lui tendit son e'tendard, elle partit au galop et courut au bruit, vers les portes de la ville. En y 35 arrivant, elle rencontra un des siens qu'on rapportait blesse et sanglant dans les murs. " Helas ! dit-elle, je n'ai jamais vu le sang d'un Frangais sans que mes cheveux se dressassent sur ma tete ! " XXII.] JEANNE HARC. 25 C'etait la bastille de Saint-Loup que les chevaliers fran5ais avaient tente de surprendre et que Talbot vainqueur venait de secourir en les chassant jusqu'aux remparts d'Orle'ans. Jeanne s'^langa hors des portes, rallia les vaincus, appela les renforts, refoula Talbot, assaillit la forteresse, fit 5 la garnison prisonniere, et, passant k I'instant de la colere k la pitie, pleura sur les morts et sauva du carnage les vaincus. Inspire'e et champion tout k la fois de sa cause, le miracle de son insomnie, de son intelligence, de son bras et de sa piti^ e'leva au-dessus de tous les doutes la foi de son nom 10 dans les camps de la France et la terreur de son apparition dans les camps de I'Angleterre. EUe voulait epargner le sang meme des ennemis. Resolue k une attaque decisive de leurs forteresses, elle monta au sommet d'une tour, et attachant k une flfeche la lettre ou elle les sommait de se 15 rendre et leur promettait merci, elle banda I'arc et langa le / / trak dans leur camp. lis rest^rent sourds k cette seconde ^ "^^ sommation et lui renvoyerent par d'autres fleches les plus gj\jur*^ infames repliques. Elle en rougit en les entendant lire, et ne put meme s'empecher de pleurer devant ses gens. Mais 20 elle se consola vite, en pensant que Dieu lui rendait plus de justice que les hommes. " Bah ! dit-elle en essuyant ses yeux, men Seigneur sait que ce ne sont que des mensonges." •XXII. Elle c ommanda, de I'avis de Dunois, line sortie mt^geni ralsur Te s quatre forteresses anglaises de la_ gau^hfi- de fa Loi re^ L'attaque fiat repoussee et les Frangais mis en fuitel Jeanne contemplart-k bataillc du haut d'une p a tko ilc at > milieu du fleuve, et, voyant la deroute, elle se jeta dans une fi-ele barque, puis, trainant son cheval \ la 30 nage par la bride, elle aborda au milieu de la meMe. Sa pre'sence, sa voix, son etendard, la divinity que les soldats croyaient voir luire sur son beau visage, les rallie, les re- toume, les emporte k sa suite aux palissades ; elle_siLl4llgue les forteresses et yjnaL je feu de sa c iopie-maiftr- La 35 cendre^des-ijaiifiller anglaises, trempt^e du sang de leurs J. d'arc. 3 [i^' 26 JEANNE jyARC. [xxii. defenseurs, fiit le trophee de cette victoire. Jeanne revint triomphante, blessee au pied par une fleche. EUe perdait son sang sans vouloir prendre ni boisson ni nourriture, parce qu'elle avait jure de jeuner ce jour-la pour le salut de son 5 peuple. Dunois et ses lieutenants croyaient avoir assez fait de delivrer un des bords du fleuve : "Non, non, dit Jeanne; vous avez ete k vos conseils, et moi au mien. * Croyez que le conseil de mon Roi et 10 Seigneur prtfvaudra sur le votre. Soyez debout demain avec I'armee; j'aurai a faire ce jour-1^ plus que je n'ai eu jusqu'k ce jour. II sortira du sang de mon corps, je serai blessee ! " En vain les capitaines ferment-ils les portes pour s'op- poser le lendemain \ son ardeur. Le peuple et les soldats, 15 fanatises d'amour et de foi pour elle, se levbrent seditieuse- ment contre eux et menacerent les generaux. Les portes furent enfoncees par la multitude, qui s'elanga comme un torrent sur les pas de sa proph^tesse. Les chefs furent entraine's par les soldats. Dunois, Gaucourt, Gonthaut, de 20 Raiz, Lahire, Xaintrailies, s'elancerent a I'assaut de la prin- cipale forteresse qui restait aux Anglais. L'armee anglaise, entouree de remparts et de fosses, foudroyait ces masses. Les echelles, brise'es a coups de hache, se renversaient sur les assaillants. Le pied des fortifications etait jonche de 25 morts. Le decouragement saisissait la multitude",™ Jeanne seule s'obstinait k sa foi. Elle saisit une echelle, et, I'appli- quant contre le mur du rempart, elle y monte la premiere, I'epee dans la main. Une fleche lui traverse le cou vers I'epaule; elle roule inanimee dans le fosse. Les Anglais, 30 pour qui Jeanne serait une victoire, sortent des retranche- ments pour I'enlever. Gamaches la couvre de sa hache et de son corps. Les Frangais revdennent a sa voix et la delivrent. Elle reprend ses sens et voit Gamaches blesse et vainqueur pour elle. 35 "Ah! dit-elle en se repentant de I'avoir une fois con- triste, prenez mon cheval, et sans rangon ! j'avais tort de mal penser de vous, car jamais je ne vis un plus ge'nereux chevalier." On emporta Jeanne a I'abri, pour la desarmer et pour 40 visiter sa blessure. La fleche sortait de deux largeurs de xxiii.] JEANNE DARC. 27 main derribre I'^paule. Le sang I'inondait. Elle etait femme et faible pourtant, car elle pleura en voyant son sang couler. Puis elle se reconsola, en priant ses celestes protectrices dans le ciel. Fi le arracha ensuite la fleche de - sa propre maj n, et reponSit aux hommes d'armes qui lui 5 recommandaient des remedes superstitieux d'enchanteurs et de paroles magiques en usage alors dans les camps : " J'aimerais mieux mourir que de pecher ainsi contre la volontd de Dieu." On pansa sa blessure avec de I'huile, et elle remonta h. 10 cheval pour suivre a regret I'armee et le peuple d^couragds, qui se retiiaient. I XXIII. Elle entra, pour prier, dans una grange. Le coeur lui disait encore de combattre, mais elle n'osait tenter Dieu et re'sister £l I'avis des capitaines. 1 5 Cep endant sa banniere etait restee dan^ 1p fosse, nu pied de rechelle d'ou Jeanne venait d'etre renversee. Daulon, son chevalier, s'en etant apergu, courut avec quel-" ques hommes d'armes pour reprendre cette depouille, qui aurait trop enorgueilli les Anglais. Jeanne y courut k 20 cheval apres eux. Au moment oU Daulon remettait dans les mains de sa maitresse I'etendard, ses pHs, agites par le mouvement du cheval et par le vent, se deroulerent au soleil et parurent aux Frangais un signal que Jeanne leur faisait pour les rappeler k son secours. Les Frangais, de'jh, 25 en retraite, accoururent de nouveau pour sauver leur he'roine, Les Anglais qui la croyaient morte, la revoyant \ cheval h. la tete des assaillants, la crurent ressuscite'e ou invulne'rable : la panique s'empara d'eux. Les illusions du feu des canons au milieu des fumdes colorees de la poudre 30 leur firent voir des esprits celestes, divinite's tutelaires d'Orleans, b. cheval dans les nu<^es, et combattant de I'e'pde de Dieu pour Jeanne et sa cause. Une poutre, jetee sur le fosse, servit de pont-levis i un intrepide chevalier qui fraya le chemin des remparts k nos bataillons. Le commandant 35 anglais, Gladesdale, se repliant devant cette irruption, cher- 28 JEANNE DARC. [xxiii. chait a traverser un second fosse pour s'enfermer dans le reduit. " Rends-toi, Gladesdale ! lui cria Jeanne. Tu m'as vilainement injuriee, mais j'ai pitie de ton ame et de celle 5 des tiens." A ces mots, le pont-levis sur lequel combattait vaillam- ment la derniere poigne'e d'Anglais, brise par les coups d'une poutre, s'abime sous les combattants : la Loire re- couvre leurs cadavres. jQ Jeanne, I'armure teinte de sang, entra au bruit des cloches dans Orleans, fiere — mais humble — d'une victoire que I'armee devait toute k elle, mais qu'elle reconnaissait devoir toute k Dieu. L'ivresse du peuple la divinisait. Elle etait son salut, sa gloire et sa religion h, la fois. Jamais popu- I e larite ne confondit mieux le ciel et la terra dans une figure de vierge, de sainte et de heros. L'humilite de sa con- dition la rendait plus chere a cette multitude, parce qu'elle lui etait plus semblable. Le salut sortait du chaume, comme a Bethleem. XXIV. 20 Les generaux anglais reconnurent le bras de Dieu dans I'irresistible ascendant de cette heroine. lis brulerent eux- memes le pen de forteresses qui leur restaient dans le pays, et defilerent en retraite sous les remparts d'Orleans. Les chevaliers frangais et le peuple voulaient profiter de leur 25 d^couragement pour les insulter et les aneantir. " Non, dit Jeanne avec une douce autorite, ne les tuez pas ; il suffit qu'ils partent." Et, faisant dresser un autel sur les remparts d'Orleans, elle y fit celebrer le sacrifice du pardon et chanter les hymnes 30 de victoire pendant le defile de ses ennemis. Orleans delivre, c'etait la delivrance du royaume. Cette ville fit de sa liberatrice sa divinite tutelaire. Elle lui prepara des statues, n'osant encore lui vouer des autels. XXV.] JEANNE D'ARC. 29 XXV. Mais Jeanne ne perdit pas de temps h savourer de vains triomphes. Elle raniena rarmee victorieuse au Dauphin, pour I'aider h. reconquerir ville k ville son empire. Le Dauphin et les reines la regurent comme une envoyee de Dieu, qui leur apportait les clefs perdues et retrouvees de 5 leur royaume. " Je n'ai qu'un an h. durer, dit-elle avec une prescience triste qui semblait lui reveler son dchafaud dans sa victoire; il me faut done vite employer." Elle conjura leDauphin--d-'aJlet--se_i3ire cour ojiner i m- diatement ^r^^eimsTbien q mddiatement^^^eims, bien que cette ville eFTes provinces Irnterm^diinres fussent encore au pouvoir des Bourguignons, des Flamands et des Anglais. L'irnpr udence dg ^ce-^enseil frappait les co nseillers et les ge neraux de la conf. Le sacre "du roi k Rciiiis tlUif, aux yeux de tous, une impossibility 15 ou une tdme'rite qui, pour une vaine ombre de puissance, leur ferait abandonner les fruits de la victoire actuellement dans leurs mains. On voulait reconquerir auparavant la Normandie et la capitale. Lesr conseils succedaient aux conseils. Jeanne se consumait d'ennui et d'inaction a la 20 cour ; ses inspirations I'obsedaient, et k son tour elle obse- dait humblement le Dauphin. — Un jour qu'il e'tait enferme avec un e'veque et des con- fidents pour ddlibe'rer sur le parti k suivre, Jeanne vint doucement frapper k la porte du conseil. Le roi lui ouvrit, 25 reconnaissant sa voix. " Noble Dauphin, lui dit-elle en s'agenouillant devant lui, ne tenez pas k de si longs conseils ; venez recevoir votre couronne k Reims. On me presse 1^-haut de vous y mener. 30 — Jeanne, dit I'e'v^que k la jeune fille, comment votre conseil se fait-il entendre k vous ? — Oui, Jeanne, ajouta le roi, dites-nous comment? — Eh bien, dit-elle, je me suis mise en oraison, et comme je me complaignais en moi-meme de votre in- 35 cr^dulite k mon avis, j'ai entendu ma voix qui m'a dit : ^•Va, va, ma fille, je serai k ton aide; va!" Et quand ^ JEANNE BARC. [xxv. j'entends cette voix interieure, je me sens merveilleusenient rejouie, et je voudrais qu'elle parlat toujours." T- Q "n/iiiphin lui ceda, et donna le commandement^ e _rarme£.. au due J"Alencon. On marcha centre les Anglais,, 5 conduits par Suffolk. La masse des ennemis k traverser e'branlait la confiance de la cour et de la poigne'e d'hommes d'armes qui suivaient Jeanne. "Ne craignez pas d'attaquer, dit-elle, car c'est Dieu qui conduit notre oeuvre. Si ce n'etait de cela, n'aimerais- loje pas mieux garder mes brebis que de courir de tels pe'rils ? " On la suivit, on traversa Orleans, tout plein encore de sa gloire; on marcha contre Suffolk, qui s'enferma dans Jergeau. L'assaut qu'on y donna fut sanglant. Jeanne y 15 montant, son e'tendard a la main, fut renversee dans le fosse par une grosse pierre qui brisa son casque sur sa tete. Son acier et ses cheveux de femme la sauverent. Elle se releva des eaux et emporta la ville. Suffolk se rendit a un de ses chevaliers. Elle poussait 20 toujours I'arme'e en avant. ** Vous avez peur, gentil sire, disait-elle en souriant au due d'Alengon, qui unissait la prudence au courage; mais ne craignez rien, j'ai promis de vous ramener sain et sauf a votre femme." 25 On cherchait une autre armee anglaise, commande'e par Talbot dans la Beauce. Separe de cette armee par une foret, Lahire, qui menait I'avant-garde, ne savait quel sentier prendre. Un cerf, parti sous les pieds de son cheval, se precipite dans le camp des Anglais et les fait decouvrir aux 30 cris que ne peut retenir ce peuple chasseur k la vue du cerf L'armee frangaise, ainsi miraculeusement guidee, marche h, eux. lis succombent. Leurs chefs les plus re- doutes, Talbot, Scales, se rendent et sont traines captifs avec Suffolk aux pieds du Dauphin. Jeanne,, apres la 35 victoire, s'emeut de tendresse pour les vaincus desarmes; elle descend de son cheval, donne la bride a son page, releve les blesses de I'herbe trempee de sang, et les panse de ses propres mains. Le regent, due de Bedford, trern blait ^ aPa^Paris. 40 " Tons nos malheursP"ecnVatPil au cardinal de Win- XXVI.] JEANNE D'ARC. 31 Chester, sont dus \ une jeune magicienne qui a rendu, par ses sortileges, Fame aux Frangais." Le due de Bourgogne, rappeld de Flandre par Bedford, revint encourager et defendre Paris avec les Anglais. XXVI. Cependant Jeanne, apres cette victoire, ^tait retournee 5 vers le roi : elle I'avait enfin decide a se rendre k Reims. On tourna Paris par Auxerre, et on marcha sur Troyes, capitale de la Champagne. La ville se rendit h. la voix de la libe'ratrice d'Orle'ans. Jeanne, en se rapprochant de son pays, excitait h, la fois plus d'enthousiasme et plus 10 d'envie. Sa famille la reconnaissait enfin pour inspire'e, aprbs I'avoir pleuree pour folle. Ses fr^res, appel^s par elle dans les camps, recevaient des honneurs et des armoiries de la cour. lis combattaient et triomphaient sous les yeux de leur sceur. 15 ]\Iais le moij f^ ^'^bil3;d| ce predicateur jaloux dont nous avons parle, lui djsputait dej^ sa>_go puIarite par des sup po; sitions de sorce llerie, perfidies jet^s mechamment dans TFTJeupIe. !S~~son elitree k Troyes, il osa s'avancer vers Jeanne et faire des exorcismes et des signes de croix sur 20 son cheval, comme s'il marchait contre un fantome de Satan. "AUons, approchez, dit Jeanne; je ne m'envolerai pas." Chalons et Reims ouvrirent leurs portes. Le roi fut 25 sacre, et la mission de Jeanne fut accomplie. " O gentil roi, disait-elle en embrassant ses genoux dans la cathedrale, apr^s qu'elle le vit couronne, maintenant est fait le plaisir de Dieu, qui m'avait ordonne de vous amener en cette citd ^ Reims pour recevoir votre sacre, maintenant 30 qu'enfin vous etes roi, et que le royaume de France vous appartient ! " Elle ^tait le palladium visible du peuple, dont le roi n'etait que le souverain. Les femmes lui faisaient toucher leurs petits enfants comme si elle dtait une sainte relique. 35 Les soldats baisaient \ genoux son etendard, et sanctifiaient 32 ^^ JEANNE UARC. [xxvi. leurs armes en les approchant de son epde nue. Ellese refusait modestement et religieusement k ces superstitions et k ces adorations, ne s'attribuant d'autre vertu que I'obe'is- sance aux ordres re^us de Dieu et accomplis par son in- 5 spiration. " Oh ! disait-elle, en contemplant I'ivresse de ce roi rendu k son peuple et de ce peuple rendu k son roi, que ne puis-je mourir ici ! — Et oil croyez-vous done mourir ? lui demanda I'arche- 10 veque de Reims. — Je n'en sais rien, rdpondit la sainte fiUe : ce sera ou il plaira a Dieu. J'ai fait ce que mon Seigneur m'avait cliargd de faire. Je voudrais bien maintenant qu'il lui plut de m'envoyer garder mes moutons, avec ma soeur et ma 15 m^re !" •Flip <-omp^pn.^fjj1- >i t^fnti']- pp Ac\\\\(^ ^IpVnvpni'r qui^ uarioiTs" r heroisme, lej geni g, la vertu meme, quand iTs ont acnevd la premiere moitid de toute grande oeuvre humaine, la montee et la victoire, et qu'il ne leur reste plus que la seconde moitie, X J,' 20 la descente et le martyre. Elle commengait k entendre ces 1^ '^ voix, non plus du ciel, mais du foyer, qui rappellent en vain / I'homme, ddcourage de ses ambitions et de ses gloires, au '^\^toit de ses premieres tendresses, aux humbles occupations ^ Tie son enfance^ et k I'obscurite de ses premiers jours. 25 Pauvre Jeanne, pourquoi n'e'couta-t-elle pas ces voix?... Mais Dieu lui destinait un sort achevd II n'y en a point sans I'iniquit^ des hommes et sans le martyre pour son pays. XXVII. Le genie dans Taction est une inspiration du coeur ; mais 30 cette inspiration elle-meme a besoin d'etre servie par les V circonstances. Quand ces circonstances extremes, qui pro- "duisent en nous cette tension de toutes nos facultes qu'on appelle genie, s'dvanouissent ou se d^tendent, le genie lui- meme parait s'affaisser. II n'est plus soutenu par ce qui 35 r^Ievait au-dessus de I'homme, et c'est alors qu'on dit des XXVII.] JEANNE D'ARC. 33 heros, des inspires ou des prophetes : Dieu a cesse de parler en eux. Telle dtait I'ame de Jeanne d'Arc apres le sacre de Charles VII. h. Reims. Aussi un grand abattement et une fatale hesitation paraissent I'avoir saisie des ce moment. 5 Le roi, le peuple et I'armee, qu'elle avait fait vaincre, vou- laient qu'elle restat toujours leur prophetesse, leur guide et leur miracle. Mais die n'^tait plus q u^une fgihip fpp imp^ egar^e dans les cours. et daria~TF5— Cainps, elle sentait sa faiblesse sous son armure. Son coeur seul lui restait. tou- 10 jours intrepide, mais non plus inspird. Elle voulait faire parler un oracle qui n'avait plus ni divinitd, ni langue, ni voix. On voit cet aveu naif de I'etat de son ame dans ses reponses k ses juges, au moment de son proces. La France n'avait plus besoin d'elle. Le reveil en 15 sursaut du Dauphin par sa voix, ce prince jeune et vaillant arrache par une bergere aux bras de ses maitresses, la dd- livrance miraculeuse d'Orleans, la defaite de Bedford dans les plaines de la Beauce, la captivity ou la mort des che- valiers anglais les plus renomm^s, le fanatisme religieux et 20 patriotique du peuple allumd par I'apparition, par la voix et par le bras d'une jeune fille, et prenant partout des ex- ploits pour des miracles ; toutes ces circonstances avaient souffle I'esperance et le patriotisme sur la surface du pays, la terreur et I'hesitation dans le coeur des Bourguignons et 25 des Anglais. Le sol repudiait ou d^vorait les ennemis ; ils se sentaient enfin usurpateurs sur le trone, Strangers dans la patrie. Le sacre de Reims, ce couronnement repute divin, qui faisait intervenir la main de Dieu et le beaume celeste pour juger la legitimit^ des princes, avait rendu au 30 Dauphin non plus seulement I'amour, mais la religion du peuple. En defendant son roi, ce peuple croyait ddfendre de'sormais I'elu du ciel. Jeanne d'Arc avait ^te' bien inspir^e en le menant droit aux autels de Reims. Partout ailleurs il n'aurait remporte qu'une victoire ou une ville ; \ Reims 35 il avait remporte un royaume et une divine autoritd La rdvolte contre lui devenait blaspheme et impie'te. Un po- litique consomm^ n'aurait pas mieux conseille que cette ignorante. De plus, comme il arrive toujours dans les revers, la division, la discorde, les rivalitds, les re'criminations 40 34 JEANNE D'ARC. [xxvii. mutuelles s'etaient introduites dans les consells des Anglais et des Bourguignons. Le due de Bourgogne, amolli par les ill I prosp^rite's et par la debauche, se contentait de venir de Ij^- temps en temps de Flandre k Paris, pour Staler, comme n 5 Antoine apres le meurtre de Cesar, le sang'de son pere assassine sous les yeux des Parisiens, et pour recueillir les vaines popularites d'une multitude plus tumultueuse que devouee. Le due de Bedford, regent de France pour le roi d'Angleterre Henri VI, et le cardinal de Winchester, lo souverain de I'Angleterre sous ce roi enfant, se haissaient \_y et se desservaient mutuellement, en ayant I'apparence de ^A^ s'entendre et de se soutenir. Le cardinal, alarme cependant ^^ 'des revers trop honteux de Bedford, amenait h. Paris une 'A . nouvelle arm^e. Le due tremblait dans cette ville. Toutes 15 les' villes et toutes les provinces environnantes tombaient devant les forces croissantes du roi de France, et I'etendard de Jeanne, de'ploye sous les murs des places assiegees, suffisait pour les ouvrir k Charles. La superstition du peuple croyait voir voltiger autour de cet etendard des etin- 20 celles de iiamme, rayonnement des puissances celestes qui 1, entouraient I'envoyee de Dieu. ^ ,j Son humility ne s'exaltait point au_sein de ses triomphes, ' '' ' ni sa chastete ne se ternissait dansles camps. Chaque soir, disent les chroniques, elle allait prendre 25 son logis dans la maison de la femme la plus honnetement fame'e du lieu, et souvent meme couchait dans son lit. Elle passait la nuit ses armes sous la main, et k demi vetue de ses habillements d'homme de guerre. Elle ne s'enorgueillissait aucuneiiient des hor^neurs qu'on 30 lui rendait. " )ri> ' «■ 1 lU^ ^•' •■ v. v''*' " Ce que je fais, disait-elle sans cesse au peuple super- stitieux, n'est pas un miracle de moi, mais un ministere qui m'est commande : e'est pourquoi je suis soutenue. Ne baisez point mes habits ou mes armes comme prodiges, mais 35 comme instruments des graces de Dieu." XXVIII.] JEANNE JD'ARC. 35 XXVIII. Aprbs quelques manoeuvres des Frangais et des Anglais autour de Paris pout en tenter la route ou pour la fermer, le roi s'avanga jusqu'i Saint-Denis, et le due de Bedford se hata de s'enfermer dans la ville pour la defendre h. la fois 5 centre I'assaut du roi et contre la mobilite du peuple. Le due de Bourgogne, commengant h. pressentir oil allait la victoire, et redoutant moins pour sa politique un roi, son parent, dans Paris, que la puissance anglaise assise sur les deux rives de la Manche, h. c6t6 de ses Flandres, com- 10 mengait h, ne'gocier secretement avec Charles VII. Jeanne d'Arc, consult^e sur ces negociations, les encourageait de tons ses efforts. Les lettres qu'elle dictait pour le due de Bourgogne ne respiraient que la paix, le pardon reciproque et I'union de tons les membres de la famiUe frangaise contre 15 I'etranger. Son cceur, qui savait rendre de si bons secours .\' r aux hommes d'armes, rendait Jeanne de meilleur conseil en- y.\ -core aux politiques. La sagesse transpire dans chacun de ^/\> ses mots. On ne pent rdvoquer e n doute I'influence con- ^ ciliatrice de ses lettres 'sur le duc"^3e^ourgogne. Elle 20 ^ n'excluait meme pas les Anglais de sa tole'rance et de son ^ d^sir de paix, Elle n'injurie pas les ennemis du roi, elle les conjure. Sa charite dans les paroles egale son intrd- pidite dans le combat. Elle pressait le roi d'attaquer Paris, prenant son ddsir 25 pour une lumi^re et son impatience pour une inspiration. \ Les generaux r(!sistaient encore. Elle les entraina, malgre (^ \ eux, jusqu'au faubourg de la Chapelle Saint-Tjenis. Elle s'y *j ^ logea avec I'avant-garde commandee par le due d'Alengon, |^K\\ ypar le mare'chal Gilles de Retz, par le mar^chal de Boussac, 30 jij>^ par le comte de Vendome et le sire d'Albes. Elle fit camper I'armde dans les villages en face des portes du nord ^de la capitale. L Ji/* Mais le peuple, contenu par I'arm^e de Bedford, par le j\*'^ parlement et par lalaoiITgebisie trop compromise avec les 35 Anglais et les Bourguignons pour ne pas craindre la ven- geance du roi, ne s'emut que pour defendre les Strangers aV 36 JEANNE D'ARC. [xxviii. V J ' . . W qui asservissaient la capitale et le trone. L'esprit de sedi- y^ tion, entretenu par Isabeau, les Armagnacs et les factions \, pendarif tafft d'anndes, avait eteint la nationality dans Fame y: de cette ville inconstante. On ferma les portes, on inonda y"5 les fosses, on entassa les pave's sur les creneaux, on viola \^ les depots publics pour solder les troupes^ on re'pandit le bruit que le roi et sa magicienne avaient jure' de faire passer la charrue sur les mines de la capitale. Jeanne, informee de ces rumeurs, s'efforgait de les de- 10 mentir par la discipline qu'elle maintenait dans les troupes du roi. Indignde un jour des scandales donnes par quelques soldats qui insultaient une jeune fiUe des champs, elle frappa un des coupables sur la cuirasse, du plat de son ^pee, et avec une si sainte colere, que I'epe'e se brisa en 15 deux trongons. C'ar, as in this sentence. Cp. p. 6, 1. 32. 1. 34; nonvellisteSf 'newsmongers'. Page 6. 1. 4. II y a si fris de Pdme aux sens, ' so closely connected are the mind and the senses ' ; lit. ' there is so little distance from the soul ta the senses'. 1. 13. s'icoutent en dedans, 'listen to voices within themselves'. 1.16. se rend ^ lui-nieme, ' utters to himself, i. e. is his own prophet j se is here dative emphasised by d, lui-mime. 1.19. Egirie. ' Egeria ' metamorphosed by Diana into a fountain was worshipped by the Romans as a divinity. Numa pretended to have secret conversations with her in order to give more authority to his laws. 1. 20. le ghiie familier, thefaihiliar spirit from whom Socrates pro- fessed to draw his inspiration. 1. 32. les lui faisait prhager, 'made her foresee them', i.e. their coming. After an inf. depending on faire the person object is put in the dative if there is another object denoting a thing. Notice that the connexion oi faire with the inf. that follows is so close that pronouns conjunctive to that inf. stand before faire; indeed faire with the inf. forms a verbal expression, the force of which is transitive; e.g. faire prhager=^ io announce', 'to reveal'; hence the accusative of the thing and the dat. of the person. 1. 35. la virginitJ= * celibacy \ Page 7. 1. I. midi, 'mid-day'. Also 'south', because the sun is due south at mid-day for any place north of the equator. 1. 1 1, (^ueje ne saurais, ' since I cannot'. Que is here used to avoid the repetition of /«w^«^. Obs. savair is often used ior pouvoir, especially in the condit.; e.g. saurais =peux. The absolute sense of "/^ ne puis" is however modified or diminished in "/^ ne saurais," as will be per- ceived from the following sentence : " Ce qu'on ne saurait faire est difficile; ce qu'on nc peut faire est impossible." 1. 31. entr ouvcrt=. ' a glimpse of which appeared'. The prep, entrc ^8 JEANNE DARC. prefixed to voir, ouvrir gives to these verbs the meaning of incom- pleteness; thus enirevoir =^ to have a glimpse of, entr' ouvrir =' to half- open'. 1. 40. b{lcher, ' stake ' ; der. from b{iche, ' log of wood ', Old Fr. lusche, from Lat. bosca, fem. form of bosaim, which has given the French ■bois. Page 8. 1. 1. plusieurs annees. Five years elapsed between her first vision and her departure from her father's house. 1. 10, il se tourne vers les miracles. The prosaic fifteenth century was profoundly moved by strange and deep imaginings ; it was willing to believe in all miracles : it seemed to yearn after a deliverer. I. 12. h robes d^or, 'with golden robes'. Obs. the dative used to ■express peculiarity. 1.22. De plus ='moreoyQr\ 1. 32. qui faisait songer les en/ants, (a character...) 'which made children think'. Notice that the tendency to put the verb /aire (when used as a modal verb) side by side with the inf. disarranges the gi^am- matical order of the words. Cp. Engl.: "Thou canst make yield this iron-mooded duke." 1. 33. // se rencontre toujours..., ' an exceptional being is always met with'. The French language uses the passive voice very sparingly. It substitutes for it either the indef. pron. on with the verb in the active voice, or the verb used reflexively, or again the verb, as here, in an impersonal reflexive form (il se renconl re = there finds itself). 1. 37. ^taii ne'e de la Bible. Joan knew that more than one woman had saved the people of God ; that from the beginning it had been said that a woman would bruise the serpent's head. She had seen, in the Churches, Saint Margaret and Saint Michael trampling the Dragon under their feet. If, as was commonly reported, the ruin of the kingdom w^as the work of a woman, its salvation might well be entrusted to a maiden. This is exactly what IMerlin was supposed to have foretold. Page 9. 1. 7. qui faisaient causer ses voisins, 'which made his neighbours talk '. Cp. p. 8, 1. 32. Causer, ' to talk ', is derived from the Lat. causari, *to defend a cause', then 'to discuss', lastly 'to chat'. Causer, 'to •cause', is derived from catise, Lat. causa. 1. 17. creance, 'credence', from Lat. credentia. Cre'ance =' credit\ ,.croyance ='ieligio\xs belief, cr/^(f«« = ' credence- table ', 'side-board'. NOTES. 69 1. 19. il la votidrait voir, 'he would wish to see her'. Obs, the place of the pron. conj. to voir before the modal verb voudrait. Cp. p. 8, 1. 32. 1. 20. oti qu'il la noierait hci-mhne. Honest Jacques d'Arc feared that his daughter's ardent imagination might be practised upon by some men-at-arms, and she would be induced to go forth from home and follow them to the wars. 1. 29. Elk espirait bien, 'she hoped indeed'. 1. 30. le congi=^ih& leave to go', from Lat. commeatus, a deriva- tive of meare, 1. 31. quand sa gloire cut justifii. The second pluperfect (past anterior) is required after quand, dh que, etc. when the action is^ not habitual, i.e. when "I had..." does not mean " I used to have..." Page 10. 1. 5. aurait dH conserver la figure ct le nom, ' ought to have preserved both the portrait and the name'. This uncle was Durand Laxart; he lived in the village of Petit Burey, between Domremy and Vau- couleurs. 1. 9. parce quHls se difient /w^mj...' because they distrust less their affection'. 1. 20. du sire de Baudricourt, Robert de Baudricourt, governor of Vaucouleurs, was a zealous adherent of Charles. Sire = Seigneur; but the former was derived from the nominative Lat. Senior (with the tonic accent on the e), while the latter came from the ace. Seniorem (with the tonic accent on the 0). 1. 27. qtCil n'y efit qt^h sourire, * that one could but smile'. 1. 33. bicn souffletSe, 'soundly slapped'. "Box your niece's ears well," said the rough soldier, " and send her home to her father." Page ii, 1. 3. lui persuada. Note the dative with verbs of " persuading^ M commanding, obeying, pardoning," in all of which "giving" is implied. I ct. Pinsu de, 'without the knowledge of; in su, the thing being unknown to. 1. 20. /wM de la beauti, 'moved by the beauty'. Philip de Bergamo, in his book De claris mulieribus, describes her as " of moderate stature, of a rustic countenance." The phrase " facies rusticana " disposes at once of the French descriptions of her beauty. 70 JEANNE UARC. 1. 26. d''en haui, ' from on high '. ]. 30. dans la mi-carhne,^2A mid-lent'. When »;z is compounded with a subst. other than carcme or the name of a month, it can only be used with the prep, h and without the article. The Wallon vii, 'a half, was feminine, hence the gender of mi-carhne. 1. 33. qui le mcncrai sacrer, ' who will lead him to be consecrated'. Obs. the inf. active after causative verbs, e.g. "Je I'enverrai chercher'" "il se fera iuer." A .similar use of a transitive infinitive after "to let" (i.e. to cause) survives in English poetry : "King Arthur lei proclaim a Joust." Page 12. 1. 2. le aire, 'the parish-priest'; «<;V=in charge of the "cure" of souls ; z'icaire =' curate ' . 1. 4. chez sa cousine, * at her cousin's'. See p. 11, 1. 17. 1. 7. au cas ou, 'in case that'. 1. 15. s'y porth-ent, 'went thither', lit. betook themselves there. 1. 22. Un gentilhomme des environs, ' a nobleman of the neighbour- hood'. Jean de Novelompont, surnamed "de Metz." "Child," said he, "must we then submit to seeing the King expelled his kingdom and to ourselves becoming English?" Gcntilhojnme ira^Wes gentle birth; monsieur = ' gentleman '. 1. 25. vtie was used for afnie. Thus St Simon speaks of aiicune mie and vieille mie. 1. 32. dussS-je... 'had I (= though I should have) to wear out my legs to the knees in order to reach him '. Obs. the e mute of dusse changed into /, wheny> follows the verb (to facilitate the pronunciation). This inversion of verb and pron. subject (viz. were I=if I were) is due to Teutonic influence on early French at the time of the settlement of the Franks and Burgundians in Gaul; cp. Germ, ware ich. See p. 26, 1.13. 1. 34. ni fille du roi d'Ecosse, There was pending at this time a negotiation for a marriage between the youthful Louis, son of Charles VII, and the daughter of the King of Scots, who promised to send fresh succours. Page 13. 1. 8. Vmijezine, r autre vieux: viz. Jean de Novelompont, surnamed •"de Metz," and Bertrand de Poulengy. NOTES. 71 1. ro. Us ltd feraient parler au rot, ' would obtain permission for her to speak to the king ' ; la fcraient parler would signify ' would compel her to speak'. 1. 13. de qui il relcvait, ' whose dependent he was'. The Duke of Lorraine dwelt at Nancy. 1. 23. Yolande d'Atijou. Yolande of Aragon, mother-in-law of Charles VII, dowager of Anjou and of Naples, is sometimes called by Lamartine " Yolande of Anjou," at other times " Queen of Sicily." 1. 29. n^a rien que de vraisemblable. For the genitive of the adj. after riai see p. 2, 1. 19. la politiqtie d'une pareille fci, ' the policy of such a faith'. Yolande, politic and sagacious, seems at once to have divined the importance of this strange appearance — of this enthusiast of the people, behind whom lay all the forces of devotion and superstition, and who was already arousing the popular hopes. She thought it well to miss no chance of awakening this feeling, and of using it, if possible, as a help in this time of need. Mary of Anjou, the young Queen, a princess of great merit and prudence, also favoured this view. (C. Yonge.) Page 14. 1. II. quelques cavaliers. Her escort consisted of six persons: the Sires de INIetz (Novelompont) and Poulengy, with one attendant of "each, Colet de Vienne, who is styled a King's messenger, and Richard, a King's archer. Chinoii. See Map. Charles VII, then 27 years of age, was de- voted to pleasure, and, shunning the tumult of even his own cities, preferred lonely castles such as I\Iehun-sur-Yerre or Chinon. 1. 14. ne leur fAt enlez'c', ' should be taken from them'. Obs. the dative (leur) with a verb of "depriving." The particle ne which is required after verbs of "fearing," when used affirmatively, does not express negation but doubt. 1. 18. s^ils ne s'en diferaient pas en route, ' whether they should not rid themselves of her along the march'. Si, when it means "whether," is generally followed by the future or conditional. 1. 25. Partis, • having started '. 1. 31. sa propre, * her own '. 1.32. Uaittres, 'others'. This is used partitively {=d^autres Jionimes), 72 JEANNE jyARC. Page 15. 1. 12. tout croire, 'believe everything'. Obs. tout, rien, and the adv. biat, mal, generally precede the verb when in the infinitive. 1. 15. att ch&teau du sire dc Gaucourt. This was the chateau du Coudray. Sire is a doublet oi Seigneur. Cp. p. 10, 1. 20. 1. 20. des leurs, ' of their own party'. I. 26. et de reines. There were two queens present : Mary of Anjou and her mother Yolande of Aragon; cp. p. 13, 1. 23 and 1. 29. 1. 33. auj>hcs apparent^ *to the most conspicuous'. Page 16. 1.5. Ce ii'est pas vioi qui suis=^ 1 2im.no\.\ A personal pronoun standing as a complement to the verb etre must be disjunctive. In this and similar sentences the grammatical subject is ce. 1. 12. Seigneicr Dauphin. Until his head had been encircled with the ancient crown and anointed with the holy oil at Rheims, Charles was not truly king to priestly or to popular eyes, but only Dauphin, not the real possessor, only the rightful heir ; Joan, accordingly, does not yet address him as "King." 1. 14. et son lieutenant, ' and that you shall be his lieutenant'. 1. 16. A ce signe. This explanation of the secret between Joan and the king (viz. that she repeated to him a mental pi^ayer he had addressed to God), was given half a century later by Pierre Sala as coming to him through Guillaume Gouffier, Charles VII's Lord' Chamberlain. 1. 25. entendue des assistants, ' heard by those present'. After passive verbs of 'sense' and 'feeling' the genitive is often used to express the agent. This is the same construction that used to be common in English, and may be observed constantly in the Authorised Version of the Bible. Page 17. 1. I. la faveur des princesses, i.e. of the Queens Yolande and Mary, mother and daughter. 1. 4. raventure, ' the incident'. As she was passing over the bridge a soldier had addressed toher some ribald jest, for which she had gently reproved him, saying that such words ill became any man who might be so near his end. It happened that on the same afternoon this soldier was drowned in attempting to ford the river, and the reproof of Joan NOTES. 73 was immediately invested by popular apprehension with the force of prophecy. I. 8. reira>:gh-e=]oa.n; she was a stranger in Touraine, since she came from Lorraine. 1. i6. au ch&teaii du Coudray. This was the chateau of the Sire de Gaucourt, near Chinon; cp. p. 15, 1. 15. 1. 18. a rompre des lances— 'to break a lance', 'to fight'. 1. 20. sefuttrompced''cnvdoppc, 'had got into the wrong body'. Si before an auxiliary usually takes the imperfect subjunctive ; in other cases it generally takes a present or imperfect indicative, but when it stands for "whether" the future or conditional is used. Cp. p. 14, 1. 18. I. 21. dix-sept ans. She declared at her trial, in Feb. 1431, that she was then about nineteen years old. II. 23, 29. Le Dauphin, Le roi. The same person, Charles VII. 1. 24. son chancelier. The Archbishop of Rheims. Page 18. 1. 14. dcs signes, 'tokens* (of my divine mission). Signe is here used in its Scriptural meaning. Cp. Matt. xvi. i. 1. 15. si...queiQX atissi...que. Page 19. 1. 2. une longue ipce rouillee, 'a long rusty sword'. She sent messengers to the Church of Fierbois for a sword which lay hid behind the altar, on whose blade were five crosses. The messengers found it, and brought it with them. 1. 5. iin etendard blanc. Her banner was white, bestrewn with the fleur-de-lis of France and bearing the figure of the Saviour in glory, with the inscription Ihesus Maria. 1. 8. Daitlon or d^ Anion. A brave and tried knight, Jean Sire d'Aulon, was appointed her squire ; Father Pasquerel, a good old friar, was her confessor. 1. 1 1. Ellefut rente triomphakment h Blois. Her march was like a triumph, wherever she came she was saluted as a deliverer. In the van was a company of priests, who chanted the Vcni Creator, The soldiers marched behind re-echoing the strain. On their wild natures the religious fervour acted vehemently. It was an army of enthusiasts with that strange irresistible power such movements have at the outset. Cromwell's men were never more God-fearing. (Kitchin.) J. d'arc 6 74 JEANNE D'ARC. 1. 14. tous avertis, 'all of ■whom had been cautioned'. 1. 24. prechirent. Pricher takes the accusative of the person addressed as well as of the thing preached. Vun cTeux. Thomas Couette. See Henri Martin. 1. 36. Le cordelier, i.e. Friar Richard. Page 20. 1. 8. r oj-ifiamme, 'the war-standard', der. from Low Lat. auri- flamma; a small standard of orange-red silk which the early kings of France used to receive from the hands of the Abbot of St Denis when they set out for war. 1. 9, ibranllrent, ' set in motion'. 1. II. Vassiette, 'the position', der. from asseoir. Th.Q o^\er assiette, ' a plate ', is derived from Lat. assecare (ad secare), ' to cut on ', and means properly the platter on which meat is cut up. 1. 12. par la rotite la plus courte. In affairs of war all Joan's pro- posals resolved themselves into two, either to rush headlong upon the enemy, often in the very point where he was strongest, or to offer fre- quent and public prayers to the Almighty. Accordingly scarce one of the chiefs who heard her in council appears to have retained, beyond the first few days, the slightest faith in her mission. At the best they regarded her as a useful tool in their hands, from the influence which they saw her wield upon the army and the people. \. 13. celle de la Beauce. North of the Loire. 1. 15. luifirent traverser la Loire. Ohs. JireiU and the inf. traverser having each a direct object that of the modal verb becomes indirect. Cp. p. 8, 1. 32. I. 19. le iroisihne jour. On the 29th April, the third day from her departure. 1. 20. eiiire elk et Parmee, 'between her and the army' (which gar- risoned the town). 1. 28. Quand il etit pris terrc... ' when he had landed close by her horse's feet'. Page 21. 1. 5. le meilleur secours qtC ait jamais re^u... Notice the inverted construction of verb and subject to balance better the sentence. Cp. p. I, 1. 9. Notice also the subjunctive after the superlative le meil- leur followed by a relative pronoun. NOTES. ■ 75 1. 7. le vent qui sotilevait les flats. The boats prepared in Orleans to receive the succour had been taken to Checi, six miles to the east of the town, this being the only place, owing to the very low water, where they could draw near the bank. According to Henri Martin the fleet could not ascend from Orleans to Checi because the wind was blowing from the east. 1. 12. Le lendemain. More probably the same evening, 29 April, according to Henri Martin. 1. 24. sefit condidre. Obs. the inf. actvie (never passive) in com- bination viSski faire and the other modal verbs. 1. 29. dans la viaisoit NOTES. 8 1 1. 1 8. ceuvre. The two genders of this word correspond to the Latin words from which it is formed, operam and opere {opt4s). 1.19. ei qu'il nc leur reste plus. Que is here used to avoid the repetition of quaiid, 1. 20. Elle coiiimetifait ^ entendre. .. This feeling in the mind of Joan was no doubt strengthened by the unexpected sight of Laxart and Jacques d'Arc — her uncle and her father — who had come to take part in her triumph and had mingled in the throng of spectators. 1. 16. II ny en a point, 'there is none '. The genitive pronoun en ('thereof') is always used to complement words of quantity when there is no substantive following them ; pas and point may be regarded as words of quantity since the idea of negation of quantity lies in every negative; in their original sense they were words of quantity. 1. 37. pour son pays, *for one's country'. , 1.33. j^ ien, 'any goodshehad done' ; obs. the genitive de bten After the expression of quantity toiit. Page 52. 1. 3. II avait ite h la peine, 'it had participated in the toil'. I. 7. ilrestait, ' there remained'. 1. 16. ye m'en rcinets h mon juge, 'I commit myself to my judge', i.e. God. Note the force of the pron. en = on this subject; without xtje me remeis ='I hand myself over'. According to Henri Martin her answer was "Je m'en remets a mon juge; c'est le roi du ciel et de la terra." 1. 39. de ca'ur='{i-CQly\ lit. with your heart. Page 53. 1. 6. de pay Z)ieu=' tor God's sake'. Cp. p. 22, I. ic. 1.15. j^«^(?r=' to prompt'. 1. 16. faire Jeter ; cp. p. 5, 1. 32. 1. 19. ne Fenlevdt, ' should snatch her away'; «f after the verb of fearing {tremblaii) is not really a negative particle; cp. p. 14, 1. 14. 1. 21. le roi, of England. 1. 22. ne voudrait, 'would wish'; ne is the real negation which is qualified by such words as pas, rien, etc.; hence pas is not required when the negation is defined by some othef expression such as atccun, aitcunement, pour rien au monde, etc. 1. 24. an phis vite=-'' zs quickly as possible'. 1. 28. vii la maladie que fai, 'considering the malady I am NOTES. 89 sufTering from'; vu is here elliptical; it may be considered as a preposition derived from the past participle ; similarly except^, attendu, which are invariable when placed before the substantive. To these may be added hortnis ('except'), in Old Fr. hors-mis, i.e. tnis-hors ('placed outside ') ; in this locution the participle mis was originally variable ; e.g. " hors mise la fille." Page 54. 1, 1. versaicnt leiir sang, 'were shedding their blood' (at Com- piegne). 1. 17. // mcttait an prix de ce changement aux=' reports^. 1. 34. altiree, 'athirst'; altcrer from scholastic Lat. alterare, der. from alter, originally signified 'to change'; thence 'to change for the worse', 'to disturb', 'to excite', 'to make thirsty'. 1. 36. de »/i'///^=' likewise'; i.e. de menie manih'e. Page 55. I. 1, an lieu de la mart. According to the niles of the Inquisition, in Joan's time, it was not heresy in the first instance, but only relapse into heresy, that could be punished with death. 1. 3. ^ la victime, ' from the victim '. 1. 6. toute malade, Obs. tout though adv. agrees like a simple adj. when the fern. adj. which follows it begins with a consonant or an aspirated h. In Old Fr. tout always agreed with its subst. whether it meant 'wholly' or 'all'. Cp. p. 22, 1. 2. 1. 31, des deux compilitcurs, 'of the two claimants to the throne'. Page 56. 1. I. ne put contenir. Obs. ne alone without pas is used with the verbs pouvoir, savoir, botiger, cesser, oser; this is a survival of the old custom. Cp. p. 53, 1. 22. 1. II. Je veux bien = 'l have no objection'; vouloir bien is less emphatic than vouloir; with most verbs bien has the meaning of 'in- deed', 'forsooth'; with an adj. it means 'very'; with a partitive subst. it is used in the sense of 'much'. J. d'.^rc. 7 90 JEANNE JJARC. 1. ?3. Vadmettre ct. la penitence, 'condemn her to do penance'. What this 'penance' was is explained 1. 35, viz.: imprisonment for life, with the bread of tears and the water of affliction for her food- 1. 24. octroyer, 'to concede', 'grant'; from the same Lat. word as autoriser. Hence the octroi, or duty levied on articles carried into a town, originally in virtue of a grmit from the king. Page 57. 1. 4. faineants, 'idle (do-nothing)'; from /aire and ncant. This latter word ncant. Old Fr. nicnt, is from Lat. nc or nee and entcm, ens, ' a being '. Its other derivatives are aiteantir, nianmoins. 1.8. nous la rctrouverons Men. Here <^?V«=' certainly'. Cp. p. 56, L II. 1, 21. A peine eut-elle, 'scarcely had she'. For this inversion of the verb and pronoun subject in a principal sentence that begins with h. peine, pcni-^tre, en vain, etc., cp. p. 16, 1. 13. 1. 27. que de vivre. When the comparison is between two infini- tives qne de is generally used instead of qtte. I. 37. Un confesseur. At day-break on the 30th May, 1431, Martin TAdvenu was directed to prepare her for her coming doom. Page 58. I. 5. fell appelle, 'I appeal (from or touching this = «/)', 1. II, Vevique assistait, 'the bishop (Cauchon) was present'. 1. 16. un predicateur. According to Michelet this preacher was Pierre Morice. 1. 26. Isatnbart. Henri Martin gives the full name of this Au- gustin monk 'Isambart de la Pierre'. • • Page 59. 1. 5. le predicateur. Nicole Midi, one of the lights of the Univer- sity of Paris. 1. 6. r^glise ne pent plus te defendre. The trial and sentence were the part of the Church ; the carrying out of the sentence belonged to the secular power. NOTES. 9X 1. II. demander gr&ce de, 'to beg for'. Obs, the dative of the remoter object (atix jitges) of the verb demander. 1. i6. tant6t...tantdt, 'at one time. ..at another*. 1. 34. Ellevit de quel prix..., 'she saw what was to be paid for heroism and glory'. Page 60. 1.2. J0« a^r<^/a//ta7noured. patemel, ad], paterttal. path^tique, adj. pathetic. patience, f. patience. patrie, f. country. patriotisme, m. patriotism. pauvre, z.d^). poor. pav^, m. pavement, paving-stone. pays, m. country, paysan (-anne), peasant. p6cli6, m. sin. p^cher, V. n. to sin. peindre, v. a. to paint, depict. peine, i. pain, trouble; ^ — , hard- ly, scarcely. p^lerin, ra. pilgrim. pfelerinage, m. pilgrimage. penchant, m. slope. pendant, prep, during; — que, ■whilst. pendre, v. a. to hang. p4n6trer, v. n. to penetrate. p6nlble, adj. painful. penitence, f. penance. pens^e, f. thought. penser, v. n. to think. perdre, v. a. to lose. pere, m. father. perfldie, Lpetfidy. peril, m. danger, peril. p^rir, v. 11. to perish. personne, {.person; — (ne), m. no one. personnel, ViA]. personal. persuader, v. n. to persuade. perte, f. loss. pervers, ad]. perverse. pervertir, v, a. to pervert. p^tillement, m. crackling. petit, adj. small, little. peu, adv. little, fcrv; un — , a small quantity. peuple, m. people. peur, f. fear; de — de, through fear of. peut-6tre, adv. perhaps, ph^nom^ne, m. marvel. physionomie, f. countenance. pied, m.foot; k — , on foot. pi^ge, m. snare. Pierre, f. stone. pi6t6, f. piety. pieux, adj. pious. pilier, m. pillar. piti^, {.pity. pitoyable, adj. compassionate. pitoyablement, adv. piteously. place, f. place, open space; k la — , instead. plaie, f. wound; woes. plaindre (plaignant, plaint, plains, plaignis), v. a. to pity. plaine, {.plain. plainte, f. complaint, lamenta- tion. plaire, v. n. to please; se — , to de- light. plaisance, f. pleasantness. plaisir, m. pleasure. plat, 2iA].flat. pl&tre, m. plaster. plein, ad], full ; — air, open air. pleurer, x.n. to weep. pleurs, m. pi. tears. pli, m.fold. plonger, v. a. to plunge, dive; — du regard, to cast a retrospect. plume, f. peti. plus, adv. more; ne — , no 7nore, no longer; de — , moreover. plusieurs, adj. several. plutdt, adv. rather. poeme, m. poem. po^sie, {.poetry. poids, m. weight. poign^e, f. handficl. point, m. point; ne — , adv. not at all. poitrine, f. breast. politique, m. politician; {.policy. VOCABULARY III pont, ni. bridge. pont-levls, m. draxvhrid^e. populaire, adj. popular. popularity, f. poptdarity. port, m. harbour. porte, f. door, gate. porter, v. a. to bear; impel; se — , to be ; to betake oneself, go. poss^der, v. a. to possess. possession, f. possession. possible, ad], possible. poteau, ra. post, stake. poulain, m. colt, f ' pour, prep.y^r, in order to. pourquoi, adv. why, poursuivre, v. a. to pursue. pourtant,y2'r all that, yet, however. pousser, v. a. to push, urge on. poutre, f. beam. pouvoir, m. power. pouToir (pouvant, pu, petix, pus, pourral), v. n. can, tnay, be able. .pi^alablement, adv. premeftsly. pr^au, m. meado7U. ,^y^ prScher, v. n. to preach. pr^cieux, adj. precious. pr6cipiter, v. a. to throw down; se — , V. r. to rush. pr^dicateur, m. preacher. predication, f. sermon, preaching. predilection, f. partiality; de — , favourite. pr6dire, v. a. to predict. pr6f6rer, v. a. to prefer. pr^Uininaires, m. '^^preliminaries. prelude , m . forerunner, prelude. premier, adj. first. prendre, v. a. to take. pr^occuper (de), v. a. prepossess (with). pr^paratif, m. preparation. pr^s(de),prep. near,on the point of. presage, m. omen. pr^sager, v. a. to forebode. prescience, f. foreknorvledge. present, 7i.^y present. presenter, v. a. to present. pr^somption, f. presumption. presque, adv. almost; ne — plus, hardly any longer. press6, p. p. eager. pressentiment, xa. foreboding. pressentir, v. a. to foresee. pressor (se), v. r. to throng. pression, f. pressure. prestige, m. spell, prestige. pr6t, adj. ready. pr^tendant, m. suitor, claimant. pr^tendre, v. n. to pretend. pr6ter, v. a. to lend. pr^texte, m. pretext. prfitre, m. priest. prfitresse, f. priestess. preuve, f. proof. pr^raudral, fut. of prevalolr, v. n. to prevail. pr^venir, v. a. to prevent. prier, v. a. to pray. prlfere, f. prayer. prince, m. prince. princesse, {.princess. principal, d^d]. principal, chief. principe, m. principle. pris, p. p. of prendre, prisonnier, m. prisoner. priver, v. a. to deprive. prlz, m. price, value, proc6der, v. n. to proceed. proems, m. trial; procfes-verbal, proceedings. prochain, adj. next, near at hand. proclamer, v. a. to proclaim. prodige, m. miracle, prodigy, produire, v. a. to produce. profanateur, m. profaner. prof6rer, v. a. to utter. profiter, v. n. to profit, bring ad- vantage. prolonger, v. a. to prolong, extatd, protract. promesse, f. promise. promettre, v. a. to promise. prononcer, v. a. to pass sentence, propbete, m. prophet. proph6tesse, f. prophetess. propb^tie, f. prophecy. propb6tiser, v. a. to prophesy, propos, in. words, language, proposer, v. a. to propose. JEANNE DARC. propre, adj. own, fit, suitable. protecteur (-trice), s.^]. pj-otectitig. prot^ger, v. a. to protect. province, f. province. prudemment, adv\ prudently. pu (p. p. of pouvoir), been able. pucelle, f. maid. pudique, adj. modest, chaste. puis, adv. then, after^vards. puiser, v. a. to draw (water). puisque, conj. since. puissance, f. power. puissant, adj. potverftd. puisse, subj. pres. of pouvoir. punlr, V. a. to punish. purger, v. a. to purify. quality, f. quality. quand, conj. when. quant (i), with regard (to), as for. que, that; que ! hoiv! ; que de, how many; que de fois, how ofte7i; ne...que, ^«/j', but; que ne puis-je, why can I not — would that I could. quelque, some; — chose, so7ne- thing; quelque (with adj.), how- ever. quelquefois, adv. sometimes. quelques-uns, some. •-^uenouille, f. distaff. quereller, v. a. to quarrel with, scold. qu6te, f. collection. quitter, v. a. leave, quit. quoi, -what ; de — , xcihcreioith. quoique, conj. although. race, f. race, family. racheter, v. a. to redeem, ransom. raconter, v. a. to tell, narrate. railler, v. a. to twit, rally. raillerie, f. mockery. ralson, i. judgment, reason; avoir — , to be right. rallier, v. a. to rally. ramasser, v. a. to pick up. ramener, v. a. to bring back. rancon, f. ransom, pay. rapidement, adv. rapidly. rappeler, v. a. to recall; se — , to remember. rapporter, v. a. to bring back. rassasier, v. a. to satiate. rassembler, v. a. to gather together. rassurer (se), v. r. to comfort oiu- self. rattacher (se), v. r. to ding. ravi, p. p. enraptured. ravitailler, v. a. to provide again with food, rc7nctual. rayon, m. (slut's) ray. rayonnement, m. radiancy. r^aliser, v. a. to realise. rebelle, adj. rebellions, rebel. r^cemment, adv. recently. reception, f. reception. recevoir, v. a. to receive. rechute, f. relapse. r^cidive, f. second offence, relapse. r6ciproque, adj. reciprocal, mutual. r^cit, m. tale. reciter, v. a. to repeat. ^rdclamer, v. a. to claim, demand. recommander, v. a. to recommend. r^concilier, v. a. to reconcile. reconforter (se) de, v. r. to enjoy. reconnaissance, f. gratitude. reconnaitre, v. a. to recognise, per- ceive. reconqu^rir, v. a. to recover, win hack. reconsoler (se), v. r. to comfort oneself. recouvrer, v. a. to recover. r(Jcriniination, f. reci-imination. recruter, v. a, to recruit. recueillement, m. composure. recueilli, adj. sober. recueillir, v. a. to gather up, re- ceive. redoublement, m. increase, redu- plication. redoubler, v. a. to redouble, redouter, v. a. to dread. r^duit, m. inner-fort. r6f6rer, v. a. to refer. refenner (se), v. r. to close again. r^fl^cMr, v.n. to reflect. VOCABULARY. 113 reformer, v. a. lo rcfcrm. refouler, v. a. to thrust back. refuser, v. a. to refuse; se — ^, to object to. regard, m. look, glance. regent, m. regettt. regret (^), {j.uith) regret. relne, f. queen. r6it6rer, v. a. to repeat, renezv. r6joul, p. p. pleased, delighted, gladdened. relation, f. intercourse. relever, v. a. to raise up again; to derive authority. religieux, adj. reli^ous. religion, f. religion, worship. relique, f. relic. remaxquer, v. a. to observe. remade, m. remedy. remercier, v. a. to thank. remettre, v. a. to place, give zip. remontrer, v. a. to teach. rempart, m. rampart. remplir, v. a. to fill up. remporter, v. a. to gain, carry back. remuer, v. a. to stir, move, agitate. rencontrer, v. a. to meet. rendre, v. a. to render, give forth ; deliver, give back ; se — , to yield, go- renfermer, v. a. to shut tn. renforcer, v. a. to reinforce. renfort, m. reinforcement. renier, v. a. to abjure, disotvn. renonun^e, f. renown. renoncer, v. n. to renounce. rente, (.pension. rentrer, v. n. to enter again. renverser, v. a. to overturn ; so — , to fall back. renvoyer, v. a. to send back. repaltre (se), v. r. to feed, feast. r^pandre, v. a. to spill, shed; se — , to spread. repentir (se), v. r. to repent. r6p6ter, v. a. to repeat. repUer (se), v. r. to fall back. r^plique, f. reply. r6pondre, v. a. to reply, ans^ver. r^ponse, f. answer. reposer (se), v. r. to rest. repousser, v. a. to repel, repulse. reprendre, v. a. to take buck. r^prlmander, v. a. to scold. reprise, f. resumption. reproche, m. reproach. r^pudier, v. a. to reject, thrust back. repugner, v. n. to loath. r6put6, p. p. deemed. requ6rir, \. a., to require, request. requ6te, f. request. reserver, v. a. to reserve, keep, except. r^solu (p.p. of r^soudre), resolved. respect, m. respect. respirer, v. n. to breathe. responsabillt^, f. responsibility. ressemblance, f. likeness. ressemljler, v. n. to resemble. ressentiment, m. resentment. ressort, m. spring, impulse. ressusciter, v. a. to call back to life. reste, m. remainder, rester, v. n. to stay, remain. restrelndrc, v. a. to restrict, limit. r^tablir, v. a. to restore. retard, m. delay. retenir, v. a. to detain, hold back. retirer (se), v. r. to retire, fall back, 'withdraw. retour, m. return. retraite, f. retreat. retranchement, m. intrenchment. retremper, v. a. to give renewed vigour. — — ■ retrouver, v. a. to find again. r^unir, v. a. to unite. r^veil, m. awaking. r6v6ler, v. a. to reveal. revendiquer, v. a. to claim. revenir, v. n. to come back. rfiver, v. n. to dream. rfiverle, f. meditation, dream. revers, m. reverse, sloping bank. revfitlr, v. a. to put on, gird oh. revoir, v. a. to see again. r^volto, f. revolt, rebellion. 114 r^voquer (en doute), v. a. to call {in question). rlbaude, f. ribald woman, harlot. riclie, adj. rich. ricliesse, f. wealth. rien, anything, nothing; ne — , no- thing. ri^eur, f. rigour, severity. rlre, m. laughter; v. n. to laugh; se rire de, to mock, jitakefun of. risque, m. risk. rivalite, f. rivalry. rive, f. bank. river, v. a. to fasten, rivet. robe, f. robe, dress. roi, m. kittg. r61e, Vii. part, character. romain, adj. Roman. romancier, m. novel-writer. romanesque, adj. romantic. rompre, v. a. to break. rond, m. circle; adj. round. rouge, adj. red. rougrir, v. n. to blush. rouill^, p. p. rtisty. rouler, v. a. to roll. route, f. road; faire — , to travel. royal, adj. royal. royaume, m. kingdom. rude, adj. severe, rough. rudesse, f. rudeness. rue, f. street. rulne, f. ruin. riuneur, f. rumour. ruse, f. cunning, trickery. sacerdoce, m. priesthood. sacerdotal, adj. priestly. sacre, m. consecration, coronation. sacr^, adj. sacred. sacrer, v. a. to consecrate. sacrifier, v. a. to sacrifice. sacrilege, m. sacrilege. sage, adj. wise. sagesse, f. wisdom. saignant, adj. bleeding. sain et iz.yxl— safe and sound. saint, adj. holy. saisir, v. a. to seize. salle, f. hall. JEANNE HARC. saluer, v. a. to salute. salut, m. salvation. sanctifler, v. a. to bless. sanctuaires, m. pi. holy places. sang, m. blood. sang-froid, m. coolness. sanglant, adj. bloody. sans, prep, luithout. sant6, f. health. sarcasme, m. sarcasm. satisfaire, v. a. to satisfy. saurais, condit. of savoir. sauvegarde, f. safeguard, sauver, v. a. to save, rescue ; se — , to escape, run away. savotr (sacbant, su, sals, sus, saurai), v . z.. to knoi.u ; to be able. scandale, m. scandal, offence. scandaliser, v. a. to offend. sceau, m. seal. sc^l^rat, m. scoundrel. sc^ne, f. scene. scMsmatique, adj. schismatic. scrupule, m. scruple; avec — , scru- pulously, circtcmspectly , sculpter, V. a. to carve. stance, f. sitting. s^ant, m. seat, couch. sec (f. sfeche), adj. dry. secourir, v. a. to succour, help. secours, m. help, assistance. secret, adj. secret. secrdtement, adv. secretly. seculier, adj. secular. security, f. security. s6dentaire, adj. sedentary. seditieusement, adv. seditiously. s^duire, v. a. to sedtice, win over. seigneur, m. lord. sein, m. bosom, breast; au — , in the midst. s6jour, m. sojourn, stay. selle, f. saddle. selon, prep, according to. semaine, f. week. semtolable, adj. similar. semblant, m. semblance. sembler, v.n.to seem. semer, v. a. to sow, scatter, sirewy proclaim. VOCABULARY. "5 sens, m. sense, perception. sentler, ni. path. sentiment, m. opinion, sentiment. sentir, v. a. to feel. s^parer, v. a. to sever, separate, divide. serment, m. oath. serre, p. p. ti^ht fitting. servile, adj. servile. servlr, v. a. to serve, help; — de, to act the part of. serviteur, m. servant, attendant. seuil, m. threshold. seul, adj . alone; un — ,a single one. seulement, adv. only. s6vir, V. n. to treat rigorously, to rage. sexe, m. sex. si, conj. if, so. sidcle, m. age, century. si^ge, m. siege. singer, V. n. to sit. signe, m. sign, mark. sillon, xa. furrow. simple, adj. simple, mere. simplicity, f. simplicity. simuler, v. a. to feign, make a semblance of, sincere, adj. sincere. 8inc6rit6, f. sincerity, sire, m. Lord, Sire. y/^ soc, m. ploughshare. " Boigner, v. a. to tend, attend to. soin, m. care. BOir, m. evening. sol, m. soil. soldat, m. soldier. soleil, m. sun, sunshine, solennlt^, f. solemnity. solliciter, v. a. to ask. sommation, f. summons. somme, f. sian. Bommell, m. sleep. Bommer, v. a. to summon, order. sommet, m. summit, top. son, m. sound. songe, m. dream. songer, v. n. to dream, think. Bonner, v. a. to ring. Bonneur, m. bell-ringer. Borcellerie, f. witchcraft. sorci6re, f. sorceress. sort, m.fate, lot. sorte, f. kind, species. sortie, f. sally. sortilege, m. sorcery, witchcraft. sortir, v. n. to go out. souci, m. anxiety. souffle, m. inspiration. souffler, V. a. to blow, prompt. souffleter, v. a. to slap. souffrir, v. a. to suffer. souiller, v. a. to sully. soulagement, m. relief. soulager, v. a. to relieve. soulever, v. a. to raise. soumettre, v. a. to subject, submit. soupcon, m. suspicion. soupir, m, sigh. source, f. spring, source. sourd, adj. deaf. sourire, v. n. to smile. sous, prep, under. soustraire, v. a. to remove, screen. soutenir, v. a. to support, help. souvenir (se) de, v. r. to remember. souvent, adv. oftot. souverain, m. sovereign. statue, f. statue. sublr, V. a. to undergo. subjugruer, v. a. to subdue. subside, ni. subsidy. subterfuge, m. subterfuge, evasion. succ6der, v. n. to succeed, follmv. Buccomber, v. n. to fall, perish, yield. sufflre, v. n. to suffice. suicide, m. suicide. suite, f. retinue, train. suivre, v. a. to follow. sujet, m. subject. superstitleuz, adj. superstitious. supplice, m. death, punishment. supplier, v. a. to supplicate, im' plore. Bur, prep, on, upon. Bta, adj. safe, sure. Btlret6, f. safety, security. sumaturel, adj. supernatural, ^umom, m. surname. ii6 JEANNE lyARC. surprendre, v. a. to surprise, catch. surprises, f. pi. unguarded disclo- sicrcs. sursaut, m. start ; en — , with a start. siirtout, adv. especially, above all. surveiller, v. a. to watch oz'cr, guard. suxvlvre, v. n. to survive. susciter, v. a. to call forth. suspect, adj. suspicious. suspendre, v. a. to hang. Sibylla, f. sibyl. tabelllon, m. scribe. tableau, m. picture, painting. tache, f. stain. tacite, adj. tacit, silent. taire, v. a. to keep silent; se — , v. r. to remain silent, tant (de), adv. so much, so many. tantdt, adv. presently; tantdt... tantdt, at one time... at another. tard, adv. late. teindre, v. a. to dye. teint, m. complexion. tel, adj. such. tellement, adv. so much. t^m^rlte, f. rashness. t^moignage, m. testimony. t^moigner, v. a. to testify. t^moin, m"; witness. tempSte, f. tempest. temps, m. time. tendre, v. a. to stretch. tendre, adj. tender, foiui. tendrement, adv. tenderly. tendresse, f. tenderness. t^n^bres, f. pi. darkness. ten^breux, adj. obscure, dark. tenir, v. a. to hold; se — , to remain. tension, f. stretch. tentateur, adj. tempting, beguiling. tentative, f. attempt. tenter, v. a. to attempt, tiy ; tempt. terme, m. term ; word. temir, v. a. to tarnish. terre, f. earth, land, ground; prendre — , to alight. t6te, f. head; en — , at the head. timide, adj. timid. tirer, v. a. to drarv. tolerance, f. tolerance. tombeau, m. tomb. tomber, v. n. to fall. torrent, m. torrejit. tort, m. wrong; avoir — , to be wrong. torture, f. torture. torturer, v. a. to torture, t07-ment. toucliant, ^id]. touching, impressive. toucber, v. a. to touch. toujours, adv. akvays. tour, f. tower. tourbUlonner, v. n. to circle round. toumer, v. a. to turn. tout, adj. all, every; everything; tout en (with paitic. pres.), while. toutefois, adv. nevertheless. tracer, v. a. to trace. tradition, f. tradition. traflc, m. trade. trahir, v. a. to betray, reveal. trabison, f. treason. trainer, v. a. to drag, draw. trait, m.. feature; shaft, arrow. '^ traitor, v. a. to treat, make a treaty. trancber, v. a. to cut off, cut short. tranquille, adj. quiet. transpirer, v. n. to transpire, shine forth. transporter, v. a. to remove. transversalement, adv. crosswise. travail, m. work, labour. travailler, v. n. to work, exercise, trouble. travers {k), prep, across. traverser, v. a. to cross. trembler, v. n. to tremble. tremper, v. a. to moisten. tr6sor, m. treasure. tresser, v. a. to weave, plait. tr^ve, f. tj-uce. tribun, m. political agitator. tribune, i. platform. triompbalement, adv. trium- phantly. triompbe, m. triumph. VOCABULARY. 117 triomplier, v. n. to tritimph. triste, adj. sad. trlBtesse, f. sadness. tromper, v. a. to deceive. trompette, in. trumpeter ;i, trum- pet. tron9on, xa. fragment. trOne, m. throne. trop, adv. too vinch, tropli^o, m. trophy. troubler, v. a. to disturb^ trouble. tTOupe, f. troop. troupeau, xa.. flock. trouver, v. a. to find. tuer, V. a. to kill. tumultueux, adj. tumnltuotis. tut^laire, adj. guardian, tutelary, protecting. nnanlme, adj. unanimous. union, f. union. unlr, V. a. to unite, Join. university, f. university. iins (les), some. UBa,ge, m. use. user, V. a. to wear out. usurpateur, m. usurper. atUe, adj. useful. vache, f. cow. vaillanunent, adj. courageously. ▼ain, adj. vain. vaincre, v. a. to conquer, overcome. vainqueur, m. conqueror. valoir (valant, valu, vaux, valus, vaudrai), v. n. to be worth. vassal, m. vassal, dependent. veille, f. eve, evening before, vigil. veiller, v. a. to watch over, nurse. veine, f. vein. v6n6rer, v. a. to worship, revere. vengeance, f. vengeance, revenge. venger, v. a. to avenge. venir (venant, venu, vlens, vlns, vlendrai), v. n. to come; — de, to have just. vent, ni. wind; h, tout — , broad- cast. venue, f. arrival, coming. verger, m. orchard. veritable, adj. true. v6rit6, f. truth, truthfulness, sin- cerity. vers, prep, towards, about. versatility, {.fickleness. vertlge, m. hallucination. vertu, f. virtue. vertueux, adj. virtuous. v6tement, m. clothing, garment. v6tir (vfitant, v6tu, vists, v6tis), \. a., to clothe. vlcaire, m. delegate, vicar. vlctime, f. victim. victoire, f. victory. vlctorieux, adj. victorious. vide, adj . void, empty. vlerge, f. maiden, virgin. vleuz (f. vieille), adj. old. vlf, adj. alive. vil, adj. vile. vilainement, adv. vilely. village, m. village. viUe, f. town. vloler, V. a. to break into, violate. vlrgfinlt^, f. maidenhood. visage, m. countenance. vlsiblement, adv. manifestly, con- spicuously. vlsite, f. visit. visiter, v. a. to visit, inspect. vite, adj. quick; au plus — , as quickly as possible. vivre (vlvant, v6cu, vis, v6cus), V. n. to live, dwell. vivres, m. pi. provisions. vocif6ration, f. cry, shout. voeu, m. 7vish, prayer. void, prep, here is (are). vole, f. way, mode. voil^, prep, there is (are). , voir (voyant, vu, vols, vis, ver- rai), V. a., to see. voisin, in. neighbour ; adj. near to. voisinage, m. neighbourhood. voiz, f. voice, sound. volont^, f. will. voltiger, V. n. to hover, flutter. vouloir (voulant, voulu, veuz, voulus, voudrai), v. n. to be williw'. ii8 JEANNE D'ARC. voyage, va. journey. vue, f. sight, vrai, adj. U-tie. vraimeiit, adv, truly. vraisemblable, adj. probable. '^' ^^^/ ^'^^''^ > ^° ^'^• vraisemblance, f. likelihood,proba- ^^^ (P^- "^ °^^)' ^'^^• bility. vu, p. p. of voir ; prep, considering. z6l6, adj. zealous. CAMBRIDGE: PRINTED BY C. J. CLAY, HI. A. & SON, AT THE UNIVERSITY PRESS. The Pitt Press Series. NEW VOLUMES AND NEW EDITIONS. Sophocles. — Oedipus Tyrannus. School Edition, with Introduction and Commentary by R. C. Jebb, Lilt.D., LL.D., Professor of Greek in the University of Glasgow. 4J. 6d, Plutarch's Lives of the Gracchi. With Introduction, Notes and Lexicon by Rev. II. A. HOLDEN, M.A., LL.D., late Fellow of Trinity College, Cambridge. 6s. The Anabasis of Xenophon. Book II. With Intro- duction, Map and English Notes, by A. Pretor, M.A., Fellow of St Catharine's College, Cambridge, is. 6d. P. Vergili Maronis Georgicon Libri I. II. Edited with Notes by A. SiDGWiCK, M.A., Tutor of Corpus Christi College, Oxford, is. Gai luli Caesaris de Bello Gallico Comment. VI. With Map and Notes by A. G. Peskett, M.A., Fellow of Magdalene College, Cambridge, is. 6d. M. T. Ciceronis de Amicitia. Edited by J. S. Reid, Litt.D., Fellow and Tutor of Gonville and Caius College. Revised, y. Gd. M. T. Ciceronis de Senectute. By the same Editor. 3^. 6d. Lettres sur I'histoire de France (XIII— XXIV). Par AuGUSTiN Thierry. By Gustave Masson, B.A. and G. W. Pkotiiero, M.A. 2s. 6d. Goethe's Hermann and Dorothea. By W. Wagner, Ph.D. Revised edition by J. W. Cartmell. 3^. 6d. Theory and Practice of Teaching. By the Rev. E. Turing, M.A., Head Master of Uppingham School. New edition. :^s. Gd. Other Vo/utnes in preparation. XonUon: C. J. CLAY and SON, CAMBRIDGE UNIVERSITY PRESS WAREHOUSE, AVE MARIA LANE. SOME PUBLICATIONS OF THE CAMBRIDGE UNIVERSITY PRESS. THE PITT PRESS SERIES. ADAPTED TO THE USE OF STUDENTS PREPARING FOR THE UNIVERSITY LOCAL EXAMINATIONS, AND THE HIGHER CLASSES OF SCHOOLS. L GREEK. Sophocles— Oedipus Tyrannus. School Edition, with Intro- duction and Commentary by R. C. Jebb, Litt.D., LL.D. Pro- fessor of Greek in the University of Glasgow. 4J. dd. The Anabasis of Xenophon. With Introduction, Map and English Notes, by A. Pretor, M.A. Two vols. Price "js. 6d. Books I. III. IV. and V. By the same Editor. Frue IS. each. Books II. VI. and VII. Price is. 6d. each. Lnciani Somnium Charon Piscator et De Luctu. By W. E. Heitland, M.A., Fellow of St John's College, Cambridge. Price 3J. 6d. Agesilaus of Xenophon. By H, Hailstone, M.A., late Scholar of Peterhouse, Cambridge. Price is. 6d. Aristophanes— Ranae. By W, C. Green, M. A., late Assistant Master at Rugby School. Price y. 6d. Aristophanes— Aves. By the same. New Editioa 3J. 6d. Aristophanes— Plutus. By the same Editor. Price ^s. 6d. Euripides. Hercules Furens. With Introduction, Notes and Analysis. By J, T. Hutchinson, M.A., Christ's College, and A. Gray, M. A., Fellow of Jesus College, Cambridge. Price is, Euripides. HeracleidsB. With Introduction and Critical Notes by E. A. Beck, M.A., Fellow of Trinity Hall. Price y. (,d. Plutarch's Lives of the Gracchi. With Introduction, Notes and Lexicon by Rev. H. A. Holden, M.A., LL.D., late Fellow of Trinity College, Cambridge. Price 6s. London : Cambridge Warehouse, Ave Maria Lane, 50.00° 7/12/8S PUBLICATIONS OF II. LATIN. P. Vergili Maronis Aeneidos Libri I.— XII. Edited with Notes by A, SiDGWiCK, M.A., Tutor of Corpus Christi College, Oxford. Price \s. 6d. each. P. Vergili Maronis Georgicon Libri I. II. By the same Editor. Price is. Gai luli Caesaris de Bello Gallico Comment. I. II. III. With Maps and Notes by A. G. Peskett, M.A. Fellow of Magdalene College, Cambridge, Price y. Comment. IV. V., and Comment. VII. Price is. each. Comment. VI. and Comment. VIII. By the same Editor. Price IS. 6d. each. Quintus Curtius. A Portion of the History (Alexander in India). By W. E. Heitland, M.A. and T. E. Raven, B.A. With Two Maps. Price y. 6d. M. T. Ciceronis de Amicitia. Edited by J. S. Reid, Litt. D., Fellow of Gonville and Caius College. Revised edition, y. 6d. M. T. Ciceronis de Senectute. By the same Editor. 3^. 6d. M. T. Ciceronis Oratio pro Archia Poeta. By the same Editor. Revised edition. Price is. M. T. Ciceronis pro L. Cornelio Balbo Oratio. By the same Editor. Price is. 6d. M. T. Ciceronis pro P. Cornelio Sulla Oratio. By the same Editor. Price ^s. 6d. M. T. Ciceronis In Q. Caecilium Divinatio et in C. Verrem Actio. With Notes by W. E. Heitland, M.A. , and H. CowiK, M.A., Fellows of St John's College, Cambridge. Price ^s. M. T. Ciceronis in Gaium Verrem Actio Prima. With Notes by H. CowiE, M.A., Fellow of St John's Coll. Price is. 6d. M. T. Ciceronis Oratio pro L. Murena, with English Intro- duction and Notes. By W. E. Heitland, M.A. Price 3J. M. T. Ciceronis Oratio pro Tito Annio Milone, with English Notes, &c., by John Smyth Purton, B.D. Price 2s. 6d. M. T. Ciceronis pro Cn. Plancio Oratio, by H. A. Holden, LL.D., late Fellow of Trinity College, Cambridge. Price 4s. 6d. M. T. Ciceronis Somnium Scipionis. With Introduction and Notes. Edited by W. D. Pearman, M.A. Price 2s. London: Cambridge Warehouse, Ave Maria Lane. THE CAMBRIDGE UNIVERSITY PRESS. 3 M. Annaei Lucani Pharsaliae Liber Primus, with English Introduction and Notes by W. E. Heitland, M.A., and C. E. Haskins, M.A., Fellows of St John's ColL, Cambridge, ix. (>d. P. Ovidii Nasonis Fastorum Liber VI. With Notes by A. SiDGWiCK, M. A., Tutor of Corpus Christi Coll., Oxford, is. 6d. Beda's Ecclesiastical History, Books III., IV. Edited, with a life, Notes, Glossary, Onomasticon and Index, by J. E. B. Mayor, M.A., and J. R. Lumbv, D.D. Revised Edition, is. 6d. IIL FRENCH. Jeanne D'Arc. By A. de Lamartine. Edited with a Map and Notes Historical and Philological, and a Vocabulary, by Rev. A. C. Clapin, M.A., St John's College, Cambridge, is. Le Bourgeois Gentilhomme, Com^die-Ballet en Cinq Actes. Par J.-B. Poquelin de Moliere (1670). By the same Editor, is. 6d. La Picciola. By X. B. Saintine. The Text, with Intro- duction, Notes and Map. By the same Editor. Price is. La Guerre. By MM. Erckmann-Chatrian. With Map, Introduction and Commentary by the same Editor. Price jr. Le Directoire. (Considerations sur la Revolution Frangaise. Troisieme et quatrieme parties.) Revised and enlarged. With Notes by G. Masson, B. A. and G. W. Prothero, M.A. Price «. Lazare Hoche — Par I^mile de Bonnechose. With Three Maps, Introduction and Commentary, by C. Colbeck, M.A. is. Lettres sur rhistoire de France (XIII— XXIV). Par Au- GUSTiN Thierry. By Gustave Masson, B.A. and G. W. Prothero, M.A. Price is. 6e/. Dix Annees d'Exil. Livre II. Chapitres 1—8. Par Madame LA Baronne de Stael-Holstein. By G. Masson, B.A. and G. W. Prothero, M.A. New Edition, enlarged. Priee is. Histoire du Sificle de Louis XIV. par Voltaire. Chaps. I.— XIII. Edited with Notes by Gustavb Masson, B.A. and G. W. Prothero, M.A. Price is. 6d. Part II. Chaps. XIV.— XXIV. By the same. With Three Maps. Price is. 6d. Part III. Chaps. XXV. to end. By the same. 2s. 6d. Le Verre D'Eau. A Comedy, by Scribe. Edited by C Colbeck, M.A. Price is. London: Cambridge Warehouse, Ave Maria Lane. PUBLICATIONS OF M. Dam, par M. C. A. Sainte-Beuve (Causeries du Lundi, Vol. IX.). By G. Masson, B.A. Univ. Gallic. Price is. La Suite du Menteur. A Comedy by P. Corneille, With Notes Philological and Historical, by the same. Price is. La Jeune Siberienne. Le Lepreux de la Cite D'Aoste. Tales by Count Xavier de Maistre. By the same. Price is. Fredegonde et Brunehaut. A Tragedy in Five Acts, by N. Lemercier. By Gustave Masson, B.A. Price is. Le Vieux Celibataire. A Comedy, by Collin D'Harleville. With Notes, by the same. Price is. La Metromanie, A Comedy, by Piron, with Notes, by the same. Price 2s, Lascaris on Les Grecs du XV"^ Siecle, Nouvelle Historique, par A. F. Villemain. By the same. Price is. IV. GERMAN. Hauff, Das Wirthshaus im Spessart. By A. Schlottmann, Ph.D., late Assistant Master at Uppingham School. Price ^s. 6d. Die Karavane, von Wilhelm Hauff. Edited with Notes by A. Schlottmann, Ph. D. Price ^s. 6d. Culturgeschichtliche Novellen, von W. H. Riehl. Edited by H. J. WOLSTENHOLME, B.A. (Lond.), Price ^s. 6d. Der erste Kreuzzug {1095— 1099) nach Friedrich von Raumer. The First Crusade. By W. Wagner, Ph. D. Price is. Zopf und Schwert. Lustspiel in fiinf Aufziigen von Karl Gutzkow. By H. J. Wolstenholme, B.A. (Lond.). Price is. 6d. Uhland. Ernst, Herzog von Schwaben. With Introduction and Notes. By the same Editor. Price 35. dd. Goethe's Knabenjahre. (1749 — 1759-) Goethe's Boyhood. Arranged and Annotated by W. Wagner, Ph. D. Price is. Goethe's Hermann and Dorothea. By W. Wagner, Ph. D. Revised edition by J. W. Cartmell. Price is. 6d. Der Oberhof. A Tale of Westphalian Life, by Karl Im- MERMANN. By WiLHELM Wagner, Ph.D. Price is. A Book of German Dactylic Poetry. Arranged and Anno- tated by Wilhelm Wagner, Ph.D. Price is. London : Cambridge Warehouse, Ave Maria Lane. THE CAMBRIDGE UNIVERSITY PRESS. 5 A Book of Ballads on German History. Arranged and Annotated by Wilhelm Wagner, Ph. D. Price is. Der Staat Friedrichs des Grossen. By G. Freytag. With Notes. By Wilhelm Wagner, Ph. D. Price is. Das Jahr 18 13 (The Year 181 3), by F. Kohlrausch. With English Notes by the same Editor. Price is. V. ENGLISH. Theory and Practice of Teaching. By the Rev. E. Thring, M.A., Head Master of Uppingham School. New edition. 4J. 6d. John Amos Coraenius, Bishop of the Moravians. His Life and Educational Works, by S. S. Laurie, A.M., F.R.S.E. Second Edition, Revised. 3J. 6d. OutUnes of the Philosophy of Aristotle. Compiled by Edwin Wallace, M. A., LL.D. Third Edition, Enlarged. 4s. 6d. The Two Noble Kinsmen, edited with Introduction and Notes by the Rev. Professor Skeat, M.A. Price y. 6cf. Bacon's History of the Reign of King Henry VII. With Notes by the Rev. Professor Lumby, D.D. Price jr. Sir Thomas More's Utopia. With Notes by the Rev. Professor Lumby, D.D. Price y. 6d. More's History of King Richard III. Edited with Notes, Glossary, Index of Names. By J. Rawson Lumby, D.D. y. 6d. Locke on Education. With Introduction and Notes by the Rev. R. H. Quick, M.A. Price y. 6d. A Sketch of Ancient Philosophy from Thales to Cicero, by Joseph B. Mayor, M.A. Price y. 6d. Three Lectures on the Practice of Education. Delivered under the direction of the Teachers' Training Syndicate. Price is. General aims of the Teachar, and Form Management. Two Lectures delivered in the University of Cambridge in the Lent Term, 1883, by F. W. Farrar, D.D. and R. B. Poole, B.D. Price is. 6d. Milton's Tractate on Education. A facsimile reprint from the Edition of 1673. Edited, with Introduction and Notes, by Oscar Browning, M.A. Price is. Other Volumes are in preparation. London: Cambridge Ware/iouse, Ave Maria Lane. PUBLICATIONS OF %\)t Cambritrae 3SibIe for General Editor: J. J. S. PEROWNE, D.D., Dean of Peterborough. "It is difficult to commend too highly this excellent series, the volumes of which are now becoming numerous." — Guardian. "The modesty of the general title of this series has, we believe, led many to misunderstand its character and underrate its value. The books are well suited for study in the upper forms of our best schools, but not the less are they adapted to the wants of all Bible students who are not specialists. We doubt, indeed, whether any of the numerous popular commentaries recently issued in this country will be found more serviceable for general use." — Academy. "Of great value. The whole series of comments for schools is highly esteemed by students capable of forming a judgment. The books are scholarly without being pretentious : information is so given as to be easily understood. " — Sword and Trozoel, Now Keady. Cloth, Extra Fcap. 8vo. Book of Joshua, By Rev. G. F. Maclear, D.D. With Maps. IS. 6d, Book of Judges. By Rev. J. J. Lias, M. A. 3^. 6d. First Book of Samuel. By Rev. Prof. Kirkpatrick, M.A., With Map. 3 J. 6d. Second Book of Samuel. By Rev. Prof. Kirkpatrick, M.A., With 1 Maps. 3^. 6d. Book of Job. By Rev. A. B. Davidson, D.D. 5^. Book of Ecclesiastes. By Very Rev. E. H. Plumptre, D.D., Dean of Wells. 5J. Book of Jeremiah. By Rev. A. W. Streane, M.A. With Map. 4 J. 6d. Book of Hosea. By Rev. T. K. Cheyne, M.A., D.D. t,s. Books of Obadiah and Jonah. By Arch. Perowne. 2s. 6d. Book of Micah. Rev. T. K. Cheyne, M.A., D.D. is. 6d. Gospel according to St Matthew. By Rev. A. Carr, M.A. With 1 Maps. is. 6d. London: Cambridge Warehouse, Ave Maria Lane. THE CAMBRIDGE UNIVERSITY PRESS. 7 Gospel according to St Mark. By Rev. G. F. Maclear, D.D. With 4 Maps. is. 6d. Gospel according to St Luke. By Archdeacon Farrar. With 4 Maps. 4^. 6el. Gospel according to St John, By Rev. A. Plummer, M.A., D.D. With 4 Maps. 4J. 6d. Acts of the Apostles. By Rev. Professor Lumcy, D.D. With 4 Ma^s. 4J. 6^. Epistle to the Eomans. Rev. H. C. G. Moule, M.A. $s. 6d. First Epistle to the Corinthians. By Rev. J. J. Lias, M.A. With a Plan and Map. as. Second Epistle to the Corinthians. By Rev. J. J. Lias, M.A. With a Plan and Map. 2s. Epistle to the Hebrews. By Arch. Farrar, D.D. 3^. 6d. General Epistle of St James. By Very Rev. E. H. Plumptre, D.D. IS. 6d. Epistles of St Peter and St Jude. By Very Rev. E. H. Plumptre, D.D. as. td. Epistles of St John. By Rev. A. Plummer, M.A., D.D. Preparing. Book of Genesis. By Very Rev. R. Payne Smith, D.D. Books of Exodas, Numbers and Deuteronomy. By Rev. C. D. GiNSBURG, LL.D, First and Second Books of Kings. By Prof. Lumby, D.D. Book of Psalms. By Rev. Prof. Kirkpatrick, M.A. Book of Isaiah. By Prof. W. Robertson Smith, M.A. Book of Ezekiel. By Rev. A. B. Davidson, D.D. Books of Haggai and Zechariah. By Archdeacon Perowne. Epistles to the Ephesians, Philippians, Colossians and Philemon. By Rev. II. C. G. Moulk, M.A. Book of Revelation. By Rev. W. H. Simcox, M.A. Londoti: Cambridge Warehouse, Ave Maria Lane. S PUBLIC A TIONS OF THE UNIVERSITY PRESS. Wc^t Cambntrge (^re^k Cestament for ^rt)ociIsi antr Colleges with a Revised Text, based on the most recent critical authorities, and English Notes, prepared under the direction of the General Editor, J. J. S. PEROWNE, D.D., Dean of Peterborough. Gospel according to St Matthew. By Rev. A. Carr, M. A. With 4 Maps. 4J. td. Gospel according to St Mark. By Rev. G. F. Maclear, D. D. With 3 Maps. 4^. 6^. Gospel according to St Luke. By Archdeacon Farrar. With 4 Maps. 6s. Gospel according to St John^ By Rev. A. Plummer, M.A. With 4 Maps. 6j. Acts of the Apostles. By Rev. Professor Lumby, D.D. With 4 Maps. 6s. First Epistle to the Corinthians. By Rev. J. J. Lias, M.A. \_In the Press. Epistle to the Hebrews. By Arch. Farrar, D.D. [Preparmg. Epistle of St James. By Very Rev. E. H. Plumptre, D.D. \^Pi-cparing. Epistles of St John. By Rev. A. Plummer, M.A., D.D. \_Nearly ready. HontJon : c. j. clay and son, CAMBRIDGE WAREHOUSE, AVE MARIA LANE, ffilassoiu: 263, argyle street. ©BiniHtige: DEIGHTON, BELL AND CO. U«ip?ifl; F. A. BROCKHAUS. cambridgb: printed by c. j. clay, m.a. and son, at the university press. ins THE LIBRARY UNIVERSITY OF CALIFORNIA Santa Barbara THIS BOOK lfT5W&-pN THE LAST DATE STAMPED BELOW. JJiL i Wvj?' .OV 211983 19 3 1205 00428 091 '* UC SOUTHERN REGIONAL LIBRARY FACILITY A A 000163 538 2