DU 720 D37n DELABAUME NOUVELLE-CALEDONIE THE LIBRARY OF THE UNIVERSITY OF CALIFORNIA LOS ANGELES NOUVELLE - CALEDONIE DEVANT LA FRANCE PAR < P. DELABAUME COMSEILLER GENERAL DELEGUE LA. ItSTOTTVIE L LEI - OA. LEIDOITIE PARIS 1UPRIMERIE ET LIBHAIRIE CENTKALES D E3 CIIKMIX3 DE FEU IMPRIMERIE CHAIX SCltt6 AMOMfllK AU CAPITAO US SI Hue B'T.vr.'. 21 NOUVELLE-GALEDONIE DEVANTjLA FRANCE * * PAH / P. DELABAUME CONSEILLER GENERAL EELEGUE DE LA. asrOTJVELLE - O ^ L, 1 ID O IT I E PARIS 1MPBIMEBIE ET LIBUAIRIE CENTRALES DES CIIKMI* S 1) L 1 I'L., IMPRIMERIE CHAIX OCltl AXUXYJJE AU CAPITAL DK SIX MILLIONS Hue Bergere, 20 188U ID U 720 Paris, le o juillet 1886. ^ A MESSIEURS LES SENATEURS ET MESSIEURS LES DEPUTES. MESSIEURS, Le Gonseil general de la Nouvelle-Caledonie m'a envoye en France pour presenter ses revendications au Gouvernement, et faire connaitre au pays les aspirations de cette lointaine possession . J'ai rempli la premiere partie de mon mandat par mes demarches aupres des Ministres, et les rapports que je leur ai adresses. J'accomplis la seconde en exposant au Parlement les besoins et les ressources de cette colonie trop peu connue. Puisse-je. Messieurs, vous interesser assez a notre cause pour que vous me pretiez 1'appui de votre parole ! Veuillez agreer, Messieurs, 1'expression de mon profond respect. Le Conseillcr general dc la Xouuelle-Calcdonie, DEIABAUME. NOUVELLE -CALEDONIE DEVANT LA FRAF\ 7 CE Situation g6ographique. La Nouvelle-Caledonie est une ile cle 1'Oceanie mclano- sienne, longue de 400 kilometres et large de 50, situec dans la zone tropicale clu Capricorne. Elle s'etend du sucl- est au nord-ouest, entre les 161 mc et 165 mc meridiens, les 20 mc et 23 mc paralleles. Elle se trouve a Textremite oucst dc cetle ligne presquc ininterrompue d'iles innombrables, quc terminc a Test 1'archipel des Marquises, sur un developpeinent dc 4,500 milles, et qui apparait comme 1'arete mediane d'un vastc continent submerge, dont les principaux points culmi- nanls sont, de Test a 1'ouest, Taiti, les Fidji, les Nouvellcs- H^brides et la Nouvelle-Galcdonie. A 1'heure acluelle, les voyageurs europcens qui veulcnt ^viter de doubler soil le cap de Bonne-Esperance, a la pointc africaine, soil le cap Horn, a rextremito du con- tinent americain, ou de franchir en sept jours rAmoriquc, de New-York a San-Francisco, par le chemin dc fcr, tra- _ 6 verscnt successivement la Mediterranee, le canal tie Suez, la mer Rouge, entrent dans la mer des Incles, et sont obliges de contourner 1'Australie pour atteindre la Nou- velle-Caledonie. S'ils se dirigent sur la partie septen- trionale de 1'Australie, ils franchissent le de'troit de Torres, qui la se*pare de la Nouvelle-Guinee. S'ils prennent la voie plus suivie qui vise la partie me'ridionale. ils des- cendent jusqu'a 1'Oeean, et debouchent par le detroit de Bass, entre le continent australien et la Tasmanie. Sui- vant la route adoptee, la Nouvelle-Caledonie est a 12 ou 13,000 milles de Marseille. Apres le percement de I'isthme de Panama, elle se trouvera a 14,000 milles de Saint-Nazaire. Situation strategique. Si, par Panama, la distance doit etre augmentee, ce desavantage est largement compense par 1'etablissement d'une communication directe entre la France et sa loin- taine colon ie. La preuve en ressort immediatement de 1'examen des consequences qu'aurait pour cette derniere une guerre de la France avec 1'Anglelerre. Le chemin, aujourd'hui, se trouve barr6 par 1'Australie, que protegent, comme des forts detaches, la Nouvelle-Guinee, la Tas- manie, la Nouvelle-Zelande . II ne reste libre que par le cap Horn, et le voyage est d'une telle duree que les secours devraient arriver tardivement. Du cote oppose, les navires passent entre les Agores et les Canaries, pos- sessions portugaise et espagnole, franchissent un vaste desert d'eau pour entrer dans la mer des Antilles, oil ils n'ont que la Jamai'que a eviter, ce qui est facile, rencontrent, au sortir du canal de Panama, les iles Gal- lapagos, qui appartiennent a la Republique de 1'Equateur, traversent 3,000 milles de mer libre, trouvent les eaux irangaises aux Marquises, et au milieu d'ilots sans im- portance, la plupart inoccupe"s, passent a distance de la colonie anglaise, peu redoutable, des Fidji, arrivent a I'ar- chipel neulre des Nouvelles-Hebrides, et parvienncnt sans obstacle serieux en Nouvelle-Caledonie. Importance politique de la Nouvelle-Caledonie. Est-ce done qu'un interet capital s'attache a la conser- vation de cette ile, dans laquelle, en France, on ne voit generalement qu'un vaste bagne? Ce n'est pas encore le moment d'examiner sa valeur intrinsequc. Nous voulons, avant tout, etablir celle qu'elle doit a sa situation geographique. Son importance est telle que, lorsquc le Gouvernement 1'ranc.ais s'en est empare en 1853, il n'a du la prise de possession qu'a unc lutte de vitesse avec 1'Angleterre, et a un concours de circonstances presque romanesques. G'est qu'en effet, la Nouvelle-Caledonie, sentinellc avanc^e de 1'Australie, dont la separent a peine 800 milles, assurait a 1'Angleterre, par 1'anncxion des Nou- velles-Hebrides et d'une foule d'ilots sans maitres, unc suprematie dans 1'Oceanie, que nc pouvaient balancer les occupations insignifiantes des autres puissances. L'itineraire que nous avons trace par le canal dc Panama, se faisait a son profit cxclusit. Un fil immense de 15,000 mi lies rcliait sans solution de continuilc Ic continent australicn aux lies Britanniques. Le voyage, au lieu d'etre allonge", se trouvait, pour 1'Angleterre, raccourci de la traversed de la France, et, en cas de guerre, du detour qu'il lui fauclrait faire pour joindre le detroit de Gibraltar. Appuyee sur 1'Australie, elle pouvait, au bcsoin, se passer de la Mediterranee pour arriver aux Indcs, et maintenir avec celles-ci la facilitc, la rapiditc menie des communications. Elle enveloppait d'un cordon anglais les quatre cinquiemes du globe. En gardant par les lies Marquises et la Nouvelle- Caledonie les issues du passage Oceanien, la France a rendu ce programme grandiose, sinon absolument irreali- sable, du moins complique d'un de"tour, sansautre escale possible .que les Sandwich au nord de 1'fiquateur, ou la Nouvelle-Zelande au sucl. La traversee du grand Ocean se trouve doublee, la navigation devient plus perilleuse, la celerite du voyage est perdue. C'est le complement de 1'ceuvrc patriotique entreprise par M. de Lesseps, qui est de'ja compromise a Suez, et qui devra etre sauvegardee a Panama. Fortification de la Nouvelle-Cal6donie. Mais il serait inutile de posseder, a 1'extremite du monde, une forteresse, si on ne la rendait inexpugnable. Rien n'est plus facile. La nature s'est chargee de la defense, et il reste peu a faire a la main de 1'homme. Couverle au nord par des ilots rapproches, dont le prin- cipal est Paaba, a Test par le groupe des Loyalty, au 9 sud-est par Tile ties Pins, la Nouvelle-Caledonie est entouree, ati sud et a 1'ouest, d'une ceinture de recifs qui en rend 1'acces impossible aux navires d'un tonnage moyen, ou, tout au moins, !es force a. s'engager dans des passes dangereuses, qu'it est aise de surveiller. Cette etude ne comporte pas des indications tech- niques, qui ressortissent au genie militaire. II suffit de constater qu'on n'a rien fait jusqu'ici pour garantir d'un coup de main les approches de 1'lle, et 1'ile elle-memc, soit qu'une attaque paraisse invraisemblable, soil qu'on ait une confiance exageree dans les defenses naturelles. Annexion des Nouvelles-Hebrides. Unc autre necessitc non moins imperieuse, c'est que la Nouvelle-Caledonie ne demeure pas isolee a rextremite de cette longue ligne que protegent a Test les Marquises, les lies Gambier et Tai'ti, et que nous avons deja corn- mis rimprudence de laisser rompre : TAllemagne a pris possession des petites iles Samoa et Tonga; 1'Angleterre s'est ique, sur un parcours de d 0,000 milles, notre rivale devient la reine des mers. Objecter que la France pourrait devancer 1'Angleterre aux Nouvelles-Hebrides en cas de guerre, serait mecon- naitre la condition desavantageuse de son eloiguement, la proximite et les forces de 1'Australie, rimpuissancc dc la Caledonie reduite a ses scales ressources. 11 ne faut done pas attendre un commencement d'hos- tilites pour prendre possession, c'est pendant la paix qu'il importede 1'efiectuer, sans se preoccuper de recri- minations et de menaces, dont nous avons trop tenu compte jusqu'ici. L'Angleterre, apres la surprise loyale de la Nouvelle- Caledonie, s'est efforcee d'en eloigner les consequences. Elle a commence par occuper les Fidji. Elle a continue par nous retirer diplomatiquement les Nouvelles-Hebrides, dont elle nc pouvait nous interdire valablement la prise de possession. Elle nous a lies par une convention, que nous avons etourdiment consentie en 1878, et plus inala- 11 - tlroitement encore renouvelee en 1883, aux termes de laquelle les deux puissances s'engagent mutuellement a ne pas s'annexer cet archipel. Heureux serons-nous si le troisieme larron de la fable, ou un compere de 1'Angle- ierre, ne s'empare pas quelque jour des terres en litige. Cette convention rassurait 1'Angleterre pour la periode de paix; elle ne s'inquietait pas des eventuality's de guerre, sachant, comme nous 1'avons demontre, qu'elle pourrait toujours aisement nous devancer. Mais, pour que la convention eut quelque valeur, il fallait qu'elle fut egalement respectee par les deux nations contractantes. 11 n'en a rien ete, et c'est 1'An- gleterre qui a donne 1'exemple de la violation . Tandis que la France se bornait a autoriser, sur un territoire neutre, des operations de recrutement de tra- vailleurs pour la Nouvelle-Caledonie, dont ses gouver- ncurs surveillaient la regularite, 1'Angleterre envoyait des missionnaires aux Nouvelles -Hebrides pour preparcr les indigenes a la recevoir; son gouverneur aux Fidji, nomine" a cet effet grand commissaire, appelait les colons dans 1'archipel, re*glementait 1'achat des terrains, delivrait des permis de recrutement; un navire de guerre anglais stationnait aux Nouvelles-IIebrides, et son com- mandant re*glait les differends entre les colons et les indigenes, et donnait Tauthenticite aux transactions intorvenues. C'e'tait 1'application, deloyale en 1'espece, de la methode familiere au gouvernement anglais, qui lance ses natio- naux sur tous les points encore ;noccup<3S du Globe, les encourage, les soutient, ct, un jour, ri'a plus qu'a rendre officielle une prise de possession effective. li C'etait un protcctorat reel, et exerce avec une rigueur dont nos rccrutcurs ont plus d'une fois souflert. De plus, cette convention n'avait cle raison d'etre quo le maintien du slatu quo dans 1'Oceanie, et I'Angleterre a cesse de la respecter quand elle a plante son drapcau en Nouvelle-Guinee, et plus recemment encore a 1'ile Ker- madec. La verite est done que la convention est aujourd'hui denoncee de fait, et de par les agissements de 1'Angle- terre. Nous en inquieter davantage serait pousser la cheva- lerie jusqu'a la duperie. Quant a 1'agitation factice si habilement entretenue en Australie par 1'epouvantail des transported et des reci- divistes, elle est apaisee dans la Nouvelle-Galles du sud, et elle tombe constamment dans les autres provinces de- vant cet argument de droit que nous sommes maitres chez nous, cette consideration de fait que les evasions de la Nouvelle-Galedonie n'envoient pas dix malfaitcurs par an a sa pretendue voisine, et cette simple reflexion que nous ne sommes pas obliges d'interner aux Nouvelles- Hebrides des condamnes ou des recidivistes. Qu*avons-nous done a nous preoccuper davantage d'une convention tombeV, a 1'etat de lettre morte, et de protestations ridicules, emanees d'une colonie anglaise, que sa metropole appuie sans oser, d'ailleurs, discuter la valeur de ses revendications? II faut vraiment que la fierte nationale n'existe plus pour que nous ayons benevolement subi la prohibition du recrutement aux Nouvelles-Hebrides, le veto sur la prise de possession, les insolences du consul anglais, 13 1'arrogance de son gouvernement, les fanfaronnades de 1'Australie. On est peine de voir a un ministere re"publi- cain 1'attitude humilie'e, que n'aurait pas desavouee Louis XV, mais dont eut rougi Charles X. Qu'attenddoncleGouvernement frangais pour s'annexer un archipel qui, le premier ministre anglais 1'a re- eonnu recemment, est une dependance naturelle de la Nouvelle-Caledonie ? Est-ce une prise effective de pos- session, qui le mette en presence d'un fait accompli, et de- gage la responsabilite diplomatique en engageant la res- ponsabilite nationale ? Cette prise de possession a ete" faite, non par un coup de main qui eut pu etre desavoue, mais par une occu- pation pacifique. II y a trois ans qu'un habitant de la Nouvelle-Cale- donie, Tun de ses plus anciens colons, M. Higginson, Anglais de naissance, mais Frangais de cceur, aujourd'hui de fait par la naturalisation, a commercialement conquis les Nouvelles-Hebrides. Effraye de 1'extension qu'y pre- naient les Anglais, il les a combattus avec leurs propres armes. Apres avoir fonde" la Compagnie Franchise des Nouvelles-Hebrides , il a rachete aux trafiquants anglais, moins patriotes que speculateurs, foutes leurs posses- sions; il a, sous la surveillance des commandants des ba- teaux de guerre frangais, acquis des indigenes de vastes (Hendues de terrains, et substitue dans I'archipel notre influence a celle des autres nations. Aujourd'hui, la Compagnie est proprietaire de 650,000 hectares, a des comptoirs dans toutes les lies principales, a commence" une importante immigration, et a deshabitud la race au- tochtonc de tout autre prestige que celui de la France. 14 L'annexion cxiste en fait ; il appartient au Gouverne- ment de la consacrer en droit, et de terminer 1'oeuvre si bien commencee par un simple citoyen. Colonisation par les liberes. Inde'pendamment de la question politique, 1'annexion des Nouvelles-He'brides en resoudrait une sociale, dont se prtoccupent a juste titre les administrations de France et de Caledonie, celle des liberes de la transportation. Ces malheureux, a qui, pendant la duree de leur peine, etait faite une existence assuree et tres supportable, qui, en se conduisant bien, jouissaient de certains egards et d'une consideration relative, trouvent a la porte du bagne 1'incertitude du lendemain et le mepri ge'ne'ral. Le petit pecule qu'ils ont lentement amasse est vite absorbe par 1'achat de nouveaux vetements et les rejouissances excusables des premiers jours de liberte. Us ne tardent pas a errer dans 1'ile, cherchant du travail dans les mines, dont le chomage est presque absolu depuis un an, et chez les particuliers, qui les emploient avec repu- gnance, et leur preferent la main-d'oeuvre, plus e*cono- mique et moins independante, des condamnes. La misere les ramene fatalement au crime, et au bagne, leur unique refuge. Cette bande de 4,000 desespe'res est un danger permanent pour la colonie, et la condamnation vivante de notre systeme penitentiaire . Le sort des liberes est si miserable que, sans la soif ardente de liberte* dont souffrent tous les caplifs, les condamnes devraient voir avec terreur approcher le jour de leur liberation. 15 Eh bien, ouvrez-leur aux Nouvelles-Hebrides un ave- nir aussi riant qu'il est sombre en Nouvelle-Caledonie. II serait facile, tout en respectant les droits acquis des indigenes et de la Compagnie existante, en sauvegardant les interets de la colonisation libre, et en lui evitant les graves inconvenients d'une promiscuite forcee, de creer d'immenses reserves, daiu lesquelles des concessions seraient accordees aux liberes. Vous leur donnerez les outils et les semences necessaires ; vous leur assurerez jusqu'a la premiere recolte des vivres, d'une nature et d'une quantity strictement suffisantes, afin que les con- ditions de 1'existence soient maintenues, mais que le tra- vail demeure indispensable ; vous leur enleverez, en leur rendant la loi commune, la derniere entrave qui les rattache au bagne, et, delivres ainsi des obligations reglementaires qui reveillent sans cesse le souvenir de leur infamie, ils auront la possibility de conque"rir par la regularite de leur conduite 1'estime des honnetes gens. A 1'exception de quelques etres en dehors de 1'huma- nite, les criminels sont generalement doues de facultes qui, bien dirigees, auraient fait d'eux des hommes utiles, parfois remarquables. Us possedent a un haut degre 1'in- tclligence, 1'energie, la force physique, 1'endurcissement corporel, que developpe une lutte constante centre la socie"te". En utilisant pour le bien ces puissants moyens d'action, qu'ils ont tournes vers le mal, ils deviendront les pionniers dela civilisation aux Nouvelles-Hebrides. Ils tiTD nreulcr "ii aii- rovivitiaiit, dans les luivls dangers lui sont si- ivahissement du bagne stance geographique ct e'te' surabondamment dd- une clause exorbita ,/. dehors de toute for _ semen t des acompte Les 276,000 hecla d et le service local m p* immobiliers. C'est 1'arret insi perturbation dans le ?rr plus grand nombre, lo de 1'industrie, fin /i La France, a 1'exti gique tracee au debi iu la representation et 1 * Est-ce le sort inta ^ Caledonie ? Nous ne voulons pa Nous n'admettons p nement dans cette oeu une Administration us imprevoyants. Nous constatons, au 1'execution du plan, d< ments qui temoignen veillance qui nous sonl font un cfevoir d'eclain G'est ainsi que 1'i: accordee sans doute au fo A n-^4 1 nous donne le droit de maiiifester nos de"sirs, et d'ex- primer nos m^contentements ; 37 Que 1'adjudication d'une fourniture importante an plus grand proprietaire de la colonie fournit un debouche a 1'elevage, et provoque la creation d'industries importantes ; Que 1'execution du de*cret de 1883 a ete ajournee jus- qu'a la reprise du travail cles mines ; Que celui sur les terres en friche demeure sans appli- cation immediate ; Que les revenus du Domaine ont &6 laisse's au service local pour 1'exercice 1886 ; Que 1'agent envoye par la Metropole a rec,u des ordres pour menager les debiteurs en retard ; Que le droit de dech^ance, imagine dans le but de stimuler, par son exageratiou, la nonchalance Goloniale, semble demeurer aux mains de 1'Etat, comme precedem- ment a celles du service local, une menace paternelle- ment inexecutee ; Que Tadjonction aux reserves penitentiaires des ter- rains disponibles s'est jusqu'ici borne'e au chiffre, deja considerable, de 110,000 hectares, et que la proprietc definitive du surplus reste encore a determiner. Toutes ces dispositions bienveillantes, exclusives d'un parti pris d'expulsion, prouvent que le Gouvernement ne cherche pas, comme I'Administration Penitentiaire, 1'cx- tinction de la Colonisation librc. Si, mal renseigne, il a prete inconsciemment son con- cours a des competitions mesquines, il n'ira pas plus loin dans cette voie funeste, dont les dangers lui sont si- gnals. II ne sacrifiera pas a 1'envahissement du bagne une terre lointaine, dont I'irnportance geographique ct les ressources naturelles ont e*te* surabondamment de- mon tr^es. 38 Rel6vement de la Nouvelle-Caledonie. Qu'a-t-il done a faire? L'adjudication de la fourniture de conserves au minis- tere de la guerre amenera l'e"coulement du betail, le re"veil de 1'industrie et du commerce, un commencement de prosperite dans un avenir rapproche" . L'envoi probable de recidivistes assurera le pain de demain. Ce n'est pas assez, II faut 1'annexion des Nouvelles-Hebrides pour liquider la situation des libe're's ; Un re"seau, non de routes Nationales, mais de modestes chemins, pour doniier des voies de communication a 1'agriculture ; La creation de quais, docks et bassins pour les besoins du commerce et de la navigation ; La pose d'un cable telegraphique entre 1'Australie et la Nouvelle-Caledonie, pour tirer cette derniere de son isolement. II faut ramener 1' Administration Penitentiaire a son role secondaire, affirmer hautement la suprematie du ser- vice local, qui represente la Colonisation libre, c'est-a- dire la France, et, tout en laissant a la premiere la ma- nutention et la direction de la chiourme, la subordonner a la Direction de 1'Interieur, a laquelle elle doit apporter un moyen d'action, et non un obstacle, dont il est ddplo- rable qu'elle puisse etre la rivale, et meme la superieure. II faut surtout renoncer a une tutelle abusive, qui rap- 39 pelle 1'ancien servage, et que ne comporte pas 1'organi- sation des societes modernes. La Metropole n'est ni un maitre ni un regent de col- lege ; les Colonies ne sont ni des ilotes, ni des reunions de mineurs. Comme 1'a tres justement rappele M. le sous-secretaire d'etat de la Marine, en inaugurant 1'une des rares sessions du Gonseil Superieur : II n'y a pas un interet me'tropolitain et un interet colonial ; il n'y en a qu'un, 1'interet national, dans lequel viennent se fondre les deux autres. Si ces paroles sont exactes, c'est plus qu'ailleurs en Nouvelle-Caledonie, oil deux colo- nisations sont en presence, et oil le Gouvernement semble pres d'abdiquer la sauvegarde de 1'interet national entre les mains de 1'administration du bagne. C'est une humiliation injustifiee pour les gouvernants et les gouvernes d'outre-mer, c'est toujours une barriere devant le progres, c'est souvent, comme au cas actuel, un grand danger,de'pretendre diriger a 6,000 lieues de distance, de denier aux representants du Pouvoir 1'intelligence des initiatives, et a ceux des colonies la sagesse des re'so- lutions. Les inamovibles et autocratiques bureaux doivent enfm comprendre que la rectitude de jugement, la prudence, la connaissance des choses ne sont pas cantonnees a la rue Roy ale ; que les Emigrants en emportent leur quote- part avec eux ; que c'est folie de prcHendre a une faculte* d'appreciation supe*rieure a celle des interesses ; que c'est un abus d'autorite de s'imposer, non par la persuasion des conseils, maispar 1'expression non molive'e de la volonte". Mais, comme une semblable reTorme est incompatible 40 avec une morgue et im de'dain inve'te're's, la Nouvelle Caledonie en appelle a la France elle-meme pour conque- rirson inde'pendance.Si elleno 1'obtient pas, elle aura du moins e"puise toutes les voies de recours, et fait son devoir en langantun avertissementquin'aurapas ete ecoute. Son premier Conseil general a bravement rempli son mandat. Sans se laisser emouvoir par le reproche d'atti- tude insurrectionnelle qui lui etait adresse, ni par 1'evo- cation de de*crets mal inspires, il a fait un impitoyable abatis dans la foret d'irregularite's qu'il avait a traverser. Ge n'est pas le lieu de narrer ses querelles a propos des depenses obligatoires, source onereuse d'abus, qu'il avait le droit platonique de discuter, sans posseder. celui de les empecher. Nous ne relaterons que pour memoire se's vigoureuses protestations au sujet des decrets spoliateurs de 1883 et de 1884, de 1'impot sur les terres en friche, de 1'organisation policiere, qui ressort a 300 francs par homme libre, du college, qui livre des demi-savants a 3,000 Tun, des indemnity, qui augmentent les traitements sans raison plausible, des ecritures tenebreuses dans lesquelles s'efface la clarte du budget. Ges indications suffisent pour attester sa clairvoyance, son amour du bien public, son independance, qu'a tort on a cru ridiculiser ou decon- siderer en les taxant d'inexperience et de rebellion. II s'honore de cette resistance rdflechie, dans laquelle.il a eu pour pr^curseurs les grands revoltes de 1789. , Mais le detail de toutes ces discussions aboutit au Mi- nistere de la Marine, et nous n'implorons pas le secours. de nos concitoyens dans une lutte oil notre perse* ve"rance 41 et la demonstration de notre bon droit nous feront triom- pher tot ou tard. II en est de meme des voeux exprimes par le Conseil general, qui reclament : La prolongation du sejour des Gouverneurs, et 1'ex- tension de leurs pouvoirs ; La subordination de 1'Administration Penitentiaire a la Direction de I'lnterieur ; L'abrogation des decrets sur les Mines et sur le Do- maine ; La suppression de 1'impot sur ks terres en friche ; La reforme judiciaire ; L'execution de grands travaux d'interet general ; L'etablissement de douanes qui nous protegent contre la concurrence etrangere ; . ' Et d'autres reformes secondaires ; Tout cela est a debattre a la Direction des Colonies, en dehors de I'initiative Parlementaire. Mais ce pourquoi nous venons devant le pays, et le faisons juge de questions dont il doit connaitre souverai- neinent, c'est: L'annexion des Nouvelles-He'brides ; La fixation d'un terme a 1'envoi des transported et des re"cidivistes ; La creation d'une milice coloniale ; La substitution au regime des decrets de la loi com- mune, sauf les modifications que peuvent exiger les conditions particulieres de la Golonie ; La representation au Parlement. Nous n'avons pas a revenir sur la necessity de Tan- nexion des Nouvelles-He" brides. Elle a etc* demon tr^e dans les premieres pages de cette e*tude. Fixation du terxne assigne a 1'envoi des transport's et des r6cidivistes. Celle de prevoir 1'epoque a laquelle prendra fin la tran- sportation, doublee bientot de la relegation, est com- mandee par la securite de la colonisation libre. Seule, elle peut la garantir centre les empietements qui la tour- mententaujourd'hui, et lui donner laconfiance dansl'ave- nir, sans laquelle jamais elle ne s'elevera a la hauteur du role qu'elle doit jouer pour re"pondre aux sacrifices de la Mere Patrie. Mieux que toute reglementation admi- nistrative, elle affirmera sa mission preponderante, et imposera sa veritable destination a 1'Administration Peni- tentiaire. II est temps d'ailleurs que nous perdions 1'ha- bitude d'un subside ignominieux, que nous prenions celle de compter sur nous-memes, et que nous soyons prive*s des bienfaits d'un service qui nous les fait payer trop cher. II est temps aussi de comprendre que nous ne sommes pas a perpetuity le depotoir de la me'tropole, et qu'apres avoir acheve la tache imposee par la loi, 1'ele*- ment penal devra disparaitre, pour la recommencer ail- leurs. C'est le veritable esprit de la loi fondamentale centre lequel ne sauraient prevaloir les u topics de la loi d'application qui a etc edictee en 1854. 43 - Creation d'une milice coloniale. Les conditions du recrutement militaire entrainent 1'exemption des jeunes gens nes dans les colonies. Mais cette disposition favorable ne s'etend pas a ceux qui sont nes en France. II en resulte des anomalies qui ne sont pas universellement comprises, et font crier au favo- ritisme. Tandis que les premiers ne paieut pas I'impot du sang, les seconds sont obliges de quitter leur famille pour aller faire leur service en France. De la des recri- minations, injustifiees au fond, mais qui ont pour elles 1'apparence de la logique. II importe de retablir 1'egalite, et le Ministre qui n'a pas craint d'attaquer les privilegies de 1'Enseignement ne doit pas menager davantage ceux de la Colonisation. Si le service militaire est une charge, nul ne peut en etre affranchi ; s'il est un honneur, nul ne peut en ets de la Me*tropole ? Si, depuis trente ans, nous avions un depute, ses sollicitations et ses representations ne seraient pas demeurees infructueuses, comme les molles observations des Gouverneurs. La main-d'oeuvre pe"nitentiaire eut ete utilised ; le port de Noumea aurait regu les deblaiements qu'il attend; les quais, les magasins et les bassins seraient construits; les cotes et les approches de Hie eussent ete rendues inaccessibles ; un reseau de routes la sillonnerait ; la colonie serait florissante, et Ton n'au- rait jamais songe* a expulser I'element libre pour le reinplacer par 1'el^ment penal, instrument aussi impuis- sant qu'infame pour uiie oeuvre decolonisation. Ge n'est pas un reve, c'est une realite indeniable. Car, la oil les administrations s'endorment, oil les Gou- verneurs se desinte"ressent, le representant du pays, enfant du sol oil il a ses attaches, en communaute d'idees et de besoins avec ses electeurs, persevere, per- suade et obtient. Efforts de la colonisation libre. 11 aurait expose devant le Parlement des tableaux que ne saurait contenir le cadre e*troit des bureaux. II aurait donne* sur les besoins et les ressources de ce pays lointain des renseignements que ne sollicite pas, que repousse m6me, la presumption de 1'Administration cen- trale. 11 aurait mis en lumiero la vaillance de ces colons trop me'connus, auxquels est du le peu (jui existe. 48 C'est, en effet, une histoire instructive que celle des efforts tenths depuis trente ans par une succession d'hommes de bonne volonte. Elle montre tout a la fois ce qu'a fait 1'element libre laisse a lui-meme, et quel concours efficace lui a donne 1'element penal jusqu'au jour ou il a cesse d'etre un instrument de travail. Pendant une premiere periode de dix ans, Paddon exploite les essences precieuses du santal et du bois de rose, organise le commerce du coprah et de 1'holo- thurie, noue des relations importantes aux Nouvelles- Hebrides, et, de 1'ile Nou, centre principal de ses ope- rations, met en mouvement une flottille de douze navires, Noumea, Paiita, Ganala, Rone, Oueoga et d'autres vil- lages moindres se peuplent de commerc,ants et de culti- vateurs, les stations d'eleveurs se multiplient, des industries se creent : briqueteries, salines, savonnerie, fabnque de tabacs. A 1'epoque secondaire, qui commence en 1863, appa- rait 1'element penal, avec la force qu'il doit a la severe application de la loi, et qu'il perdra progressivement en s'acheminant vers les utopies des dernieres annees. Uue ere de prosperite s'ouvre pour la Nouvelle-Caledonie, et se continue pendant quinze ans, jusqu'a la date nefaste de 1878, qui inaugure celle des insurrections, des cy- clones et des catastrophes financieres. Avec 1'aide des condamnes, Noumea s'aplanit, et est definitivement con- quis sur la mer; ses monuments s'elevent; son rayon- nement de routes se commence. Le centre agricole de Moindou est cre"e. L'immense propriete de Gomen se forme, avec son comptoir commercial, et ses 26,000 hec- tares d'excellents paturages. La foret de Traz^gnies est 49 exploitee, et livre a la culture 300 hectares de terres magnifiques. Les etablissements de Saint-Louis, de la Conception, de Bonde", se fondent, et les Maristes y formerit les indigenes a la civilisation. Les fermes impor- tantes d'Yahoue, de Koutio-Koutia, de Nemba, sont organisees. L'elevage prend une extension considerable. Les mines de toute nature sont exploiters, et, par 1'ener- gique initiative de M. Higginson, arrivent a un prodi- gieux essor. De puissarites maisons de commerce de France etablissent des succursales a Noumea. Une grande banque fonctionne, et, par la circulation des capitaux, entretient I'activite generale. La situation de la Nouvelle- CalerJonie est alors si florissante qu'elle attire 1'emigration de nombreux habitants de la Reunion, eprouves par une suite de revers. Us amenent avec eux des travailleurs Indiens, introduisent 1'induslrie sucriere, et developpent la culture du cafe. C'est 1'epoque ou, par 1'elevage, les mines, le commerce, s'elevent de grandes fortunes. La culture seule ne donne, faute d'encouragements, que des resultats incomplets, mais elle est loin de pe"ricliter. L'ai- sance, d'ailleurs, est universelle, et la misere est inconnue. Comment de cette splendour la colonie est-elle tom- be*e a 1'abaissement qu'il nous a fallu ddpeindre? Nous I'avons deja dit : sa degdndrescence est due aux evene- ments facheux de 1878 et 1879, a la production exces- sive du be*tail et des mines, mais, par-dessus tout, a TindifFerence, a 1'abandon du Gouvernement, aux de*tes- tables errements de 1'Administration Peuifcntiaire, que I'honorable ddl^gue de la Nouvelle-Cale'donie, M. Mon- celon, vient d'exposer en termes saisissants dans un livre tres remarquable. 4 50 C'est le moment de trailer avec plus de de'veloppement les questions, deja effleurees, de la sollicitude gouverne- mentale et de la reforme penitentiaire. Intervention du Gouvernenient. Nous avons constate que le Gouvernement semblait vouloir renoncer au delaissement qu'il nous a trop long- temps inflige, et que I'adjudication de la fourniture des conserves de viande a laquelle, pour la premiere fois, le Ministere de la Guerre a convie les Colonies, et qu'a obtenue, jusqu'a concurrence de 30,000 quintaux, le proprietaire de Gomen, M. Digeon, est de nature a tirer 1'industrie du marasme, et a sortir la Caledonie de ses embarras les plus immediats. Nous en avons accueilli la nouvelle avec joie et reconnaissance ; nous y avons vu le gage du retoura une action bienveillante, et un enga- gement tacite de renoncer a des mesures desastreuses . Modifications du regime penitentiaire. Nous avons ajoute* que le remede serait insuffisant si le regime penitentiaire ne subissait pas de profondes modifications. Nous ne reviendrons pas sur la demonstration, de'ja faite, de son inutilite actuelle, de sa concurrence illo- gique, de son influence demoralisante, des conflits et de la stagnation qu'entrainent ses pr^tentions a une supre- matie inactive. ol Apres avoir sincerement reconnu 1'aide reelle qu'en d'autres temps elle a pretee a la colonisation libre, nous demandons simplement qu'elle soit ramenee a son pro- gramme primitif, qui comportait 1'execution des grands travaux publics, notamment la construction des routes, quais, magasins, etc. Pour cela, il faut necessairement abandonner un sys- teme vicieux, qui fausse la loi, en soustrayant le malfai- teur a la peine, en considerant comme obligatoires des adoucissements facuHatif's, en offrant une veritable prime au criminel ; qui fait de 1'Administration Penitentiaire une puissance au lieu d'une auxiliaire ; qui transforme en serviteurs exclusifs de cette Administration les servi- teurs designes de la Colonie. Ces considerations conduisent a des reformes radicales sur 1'emploi des condamnes, leur mise en concession, la situation reciproque du service local et de VAdminislra- tion Penitentiaire. Elles exigent la nomination d'un chef doue de tact, d'energie et d'abnegation, la composition d'un personnel d'elite, la reconstitution du corps des surveillants militaires, aujourd'hui sans cohesion ni situa- tion de'terminee, nial soutenu, depourvu de prestige, partant d'un recrutement tres difficile. L' Administration Penitentiaire, en un mot, doit cesser d'etre la maitresse de la Nouvelle-Caledonie pour en devenir un colon, astreint a des charges particulieres, Ceci nous amene a rectifier une appreciation Ires fausse de notre situation vis-a-vis de 1'Etat. 11 a et4 trop dit, et il a 616 repete par des person nes peu re'flechies, quc le bagne e*tait un bicnfait pour la Nouvelle-Calddonie, que lui seul la faisait vivre, qu'elle imposait a la France un sacrifice annuel cle plusieurs millions. Comme si, en quelque endroit que fiit la transporta- tion, 1'entretien d'une armee de criminels ne devait pas etre aussi couteux ; Comme si la Nouvelle-Caledonie avail ete occupee dans le but unique de l'internement des condamne's, et non dans celui, beaucoup plus eleve, de prendre pied en Oceanic ; Comme si cette malheureuse Colonie etait un parasite a la charge du budget ! Erreur commune a tous ceux qui s'obstinent a voir dans la Caledonie un vaste etablissement penitentiaire, faisant la fortune de quelques fournisseurs, et qui ou- blient ou ne savent pas qu'elle est avant tout une colo- nie libre, ayant donne une hospitalite forcee au bagne, qu'elle possede un Gouverneur, des Administrations, des institutions judiciaires et municipales, qu'elle renferme 6 ou 7,000 emigrants volontaires ; Erreur qui, en subordonnant 1'accessoire au principal, aurait fait naguere une singuliere situation a Brest, Ro- chefort et Toulon, et qu'une consequence logique devrait meme etendre aux villes de garnison. Le bagne serait un bienfait s'il accomplissait sa tache, s'il dotait la colonie de grands travaux d'utilite publique. En dehors de la, il fournit des consommateurs, il amene de 1'argent, et nous n'avons pas, surtout main tenant, le droit d'en faire fi, mais ses envahissements ste- riles, sa concurrence deloyale, son action absorbante, son influence paralysante et demoralisatrice, sont de 33 dures compensations, et tout le mal qu'il fait est le prix exagere du peu de bien qu'il produit. Quo sont d'ailleurs les pretendus sacrifices pecuniaires de la Metropole en presence de ceux des colons? Si, pour 1'entretien de ses forgats, la France, en effet, a deja depense trop de millions, les autres ont proportion- nellement contribue pour une plus forte part a I'oeuvre colouisatrice. Sans parler du courant de capitaux :jue les mines ont introduit en Galedonie, et pour ne citer que les noms principaux de tous ccux qui ont seme, sans avoir encore rien recolte, n'est-ce done rien que les 1,500,000 francs de M. deKereguen, le million de la Societe fonciere, et celui de M. Digeon ? La liste serait trop longue des travailleurs obstines de la colonisation en Nouvelle- Galedonie, et, apres 1'avoir lue, on se demanderait si tous ces devouements, affranchis de la gene penitentiaire, n'auraient pas abouti a des resultats plus fructueux. Du moins, cet element libre, si injustement deprecie. a-t-il su faire les fondations de 1'edifice qu'il s'agit en fin d'elever. Et c'est par la peinture reconfortante de ses travaux que nous voulons terminer notre etude. Conclusion. La situation, nous 1'avons dit, cst tendue, mais ellc cst loin d'etre de*sesperee. 120,000 boeufs errentdans les paturages. Un noyau suffisant de cultivateurs ne reclame que des routes et 1'exemple des experimentations. 54 Traze'gnies offre a la distillation sa re'colte annuelle d'un million d'oranges, ses ananas, ses 300 hectares de mai's. La canne a sucre pousse a souhait dans les champs de Bourail et de la Dumbea. On cultive avec succes le (abac a Moindou, le cafe a Trazegnies et a Canala. Des essais heureux ont ete faits, dans ce dernier centre, pour la distillation de 1'ananas, et a Pai'ta pour l'accli>- matement de la vigne. Une quantity considerable de minerais extraits n'attend que la decouverte, presque faite, d'un traitenient assez economique pour introduire le nickel dans les usages industriels et domestiques. II existe des hauts fourneaux a Noumea et a Thio, une usine sucriere a Bourail, une fabrique de tabac, des briqueteries, des salines, une savonnerie, une distil lerie, des ateliers de charronnerie, des chantiers de construc- tion de bateaux. Des fabriques de conserves et de noir animal, des scieries mecaniques, une tannerie, sont en voie de crea- tion a Gomen. On trouve des maisons de commerce, des stations de betail, des centres agricoles, sur tous les points de 1'lle. Tout cela est I'osuvre de la colonisation libre, tout cela sommeille, mais ne demande qu'a se reveiller. II ne manque qu'une assistance, moins pecuniaire que materielle : des routes et de grands travaux, pour les- quels 1'instrument est sur place, c'est la main-d'ceuvre penitentiaire. So Cette assistance, la France ne la refusera pas a sa colonie. Qu'elle fasse abstraction des sacrifices steriles et de 1'inertie des trente dernieres annees ; que le Gou- vernement se mette resolument a 1'ceuvre, coinme il eut dii le faire des 1854. II aura du moins ce be'nefice qu'a- lors tout etait a creer, et qu'aujourd'hui une grande parlie de la tache est achevee. I'lilMEUlK CHAIN, lU'K BKHOKI1B, 20, I'ABIs. 11720-0. UNIVERSITY OF CALIFORNIA LIBRARY Las Angeles This book is DUE on the last date stamped below. Form L9-Series 4939 UC SOUTHERN REGIONAL LIBRARY FACILITY A 001 238 963 1