UC-NRLF V -. . _ f. . rf 1? ,-6 . ^/^ ?i UNIVERSITY OF CALIFORNIA ,-s \ ^ i .rH /..v:*fc > . - - - ' * INTRODUCTION A LA MINERALOGIE. STRASBOURG, de 1'impr. de F. G. iEVJUuu-, impr. du Roi. INTRODUCTION LA MINERALOGIE, OU "/'''' EXPOSE ':' <'*&*:* DES PRINCIPES DE CETTE SCIENCE ET DE CERTAINES PROPRIETES DES MINERAUX, CONSID^REES PRINCIPALEMENT DANS LA VALEUR Qll'ON FEUT LEUR ATTRIBUER COMME CARACTERES; PAR ALEXANDRE BRONGNIART, MEMBRE DE L'ACADEHIE DES SCIENCES, (Article insere dans le tome XXXI du Dictionnairt des Sciences naturdles , au mot MINERALOGIE. ) REIMPRESSION DE L'EDITION DE 1&2& , SANS CHANGEMENS. SAii FRANCISCO PARIS, F. G. LEVRAULT, libraire-editeur, rue de la Harpe, n. 81. 1825, ^^ .WJAi&XlUt ?.' t AJ INTRODUCTION .A LA MINERALOGIE. trsriv O N va exposer dans cet article les principes etles generalites qu'on peut regarder comme les fondemens de la mineralogie. On y reunira ces considerations generates que Linnaeus a de"- signees sous le nom de philosophic de la science ; mais on ne les developpera pas toutes, plusieurs de ces generalites et des proprietes qu'elles ont pour objet, telles que la cristallisa- tion , 1'electricite , etc. , demandant par leur ^tendue ou leur specialite , a etre traitees separement. On s'attachera surtout a discuter 1'importance de ces proprie'tes et la valeur qu'on doit leur attribuer pour la distinction des especes ou des variete*s. OBJET ET BUT DE LA MINERALOGIE. Cette science a pour objet 1'etude des mineraux et pour but d'arriver a la connoissance la plus complete des corps inorganises, mais seulement de ceux qui ont te forme's na- turellement et qui entrent dans la composition de la masse de la terre et de ses dependances immediates. Elle ne doit done embrasser dans ses considerations ni les corps inorgani- ques qui font partie des animaux et des veg^taux , ou qui en sont le produit direct, (els que les graisses , les resines, le camphre, le sucre., etc., ni ceux qui sont dus aux travaux des homines. Une histoire complete des corps inorganises pourroit seule renfermer celle de tons ces corps ; la minera- logie n'en est qu'une partie. Nous venons de fixer les limites qu'on doit mettre a cette partie et de specifier les corps qui sont 1'objet de son etude. La mineralogie , prise dans toute son extension , ne se con- tente pas de presenter 1'histoire naturelle des mineraux, c'est- a-dire celle de leurs proprietes et de leurs rapports entre eux et avec les autres corps de la nature , elle peut encore avoir pour objet la connoissance des rapports de ces corps avec nous, tant dans la liaison de leur histoire avec celle des connoissances humaines, que dans les applications qu'on peut en faire a ce que nous appelons nos besoins, a nos usages, et meme a nos plaisirs. Le premier ordre de considerations conslilue dans la mine- ralogie Fhistoire naturelle des mineraux. Le second ordre constitue plut6t 1'histoire des mineraux. On pourroit lui don- ner une extension presque indefinie, si on vouloit suivre les mineraux dans les dernieres ramifications de leur histoire et de leur emploi; mais ce seroit sortir_des liinitcsde la science, limites deja meme tres-e" ten dues par ce second ordre de con- siderations. La mineralogie technologique ne considere que les appli- cations ou 1'emploi imme'diat des mineraux , ceux dans les- quels ils se presentent sans alteration et pour jouer le r61e principal ; telles sont les pierres gemmes considerees comme objet d'ornement, les pierres en masse considerees comme objet de construction; tels sont les usages immediats de Feme- ril, du lazulite, de la houille, du succin, etc. Nous conside"rerons done les mineraux sous deux points de vue principaux. L'HISTOIRE NATURELLE des mineraux , qui se compose : i. De la mineralogie scientifique, ou de ce qui constitue la connoissance des mineraux dans leur essence , ou dans leur nature et leurs proprietes, d'ou resultent leur difference ou leur ressemblance entre eux. 2. De lamine'ralogie ge"ognostique , c'est-a-dire de la science qui considere les mineraux dans leur position dans le sein- de la terre, dans leurs connexions entre eux , .ainsi que dans les circonstarices et la succession de leur formation. L/HISTOIRE des mineraux, qui se compose -. i. De la mineralr.gie historique , ou de 1'histoire des mi- neraux dans leurs rapports avec les progres de nos connois- sances, etc. 2. De la mineralogie technologique, ou de la connoissance des mineraux dans leur application a nos usages, quels qu'ils soient. Avant d'^tudier les especes minerales sous ces quatre points de vue, nous devons examiner quelles regies doivent nous diriger dans cette etude , quels moyeiis nous devons em- ployer pour la rendre complete , et quelles connoissances generates nous devons acquerir sur les mineraux, pour les appliquer a la connoissance de chaque espece. PREMIERE CONSIDERATION. MISEKALOCIE SCIEIVTIFIQUE. ART, J. DEFINITION DES MINERAUX, CE qui LES DISTINGUE DES AUTRES CORPS DE LA NATURE. La premiere connoissance a acquerir, c'est de determiner nettement en quoiun corps inorganise differe d'un corps orga- nise, et par consequent ce qui distingue les mineraux ou corps bruts , des animaux et des vegetaux ou corps vivans; ensuite de developper les proprietes caracteristiques qui etablissent ces differences ; enfin d'examiner quelles sont les autres pro- priete's ou particulieres aux mineraux , ou communes a un grand nombre d'entre eux. Les differences qui distinguent les corps inorganises des corps organises ou vivans, se tirent de leur structure, et surtout de leur maniere de se former et de croitre. Dans les corps organises, les parties qui composent Vetre ou le tout sont dissemblables et diffeVentes les unes des autres par i. des tres qui ne peuvent tre divises sans etre detruits , ou en totalite, ou dans 1'une deleurs parties. Dans les corps bruts, et par consequent dans les mineraux, on ne voil plus d'indi- vidus, ces corps peuvent etre divises saris etre detruits; les parties separees sont semblables par toutes leurs proprietes essentielles , et entre elles et a la masse qu'elles fonnent. Cette masse peut etre divisee presque a 1'infini en peliles parties qui ne different point les unes des autres. Un cristal est une masse lirnitee , mais n'est point un individu , quoique , dans quelques cas, les fragmens aient une forme differente de celle que le cristal pre"sentoit avant d'avoir etc brise. Cependant, si dans les inine'raux il n'y a pas d'individus isoles et visibles comme dans les animaux et les vege"taux , on doit rechercher s'il n'y a pas dans les corps bruts une abstraction a laquelle on puifse appliquer ce noni , c'est-a-dire s'il n'est pas possible de se les figurer dans un etat tel qu'on ne puisse plus les diviser sans les detrtiire, ce qui est le caractere dc.Vetre ou de rindividu. La molecule inte"grante, telle que les physiciens et les chi- mistes la con^oiverit, ne pouvant etre divisee sans etre de- compose'e , c'est-a-dire detruite, peut etre regardee comme le veritable individu mineralogique. Elle paroit rcmplir toutes les conditions attachees a ce mot. En effet, il y a peu de doute que, si nous avions des organes assez delicats pour apercevoir les molecules iritegrantes d'un corps , nous les verrions toutes, npn-seuleinent semblables, mais egales entre elles, et par cela memc d'une resseinblance beaucoup plus parfaite que celle qui existe entre les individus parnti les animaux et parmi les ve'ge'taux. Les echaritilions ou les frag.-ucns visibles des mine'raux sorit done des aggregations formees de molecules iritegrantes ou d'mdividus, tant6t tous semblables comme dans les mineraux parfai lenient homogenes , tant6t diiferens les uns des autres, parce qu'ils apparticnnent a des especcs differentes, comme dans les mineraux melanges ou souilles de matieres etrangercs. Les pierres melangees sont pour nous ce que seroit un po- lypier compose", tant6t d'une seule espece de polype, tantot de plusieurs cspeces, vivant entrelacees. Si nous n'aviuiis pas des yeux propres a distinguer les individus qui composent ccs polypiers, nous n'y verrions que des masses sembiables par leur couleur, parleur aspect, parleur cassure;raais variables par leur forrne et par leur grosseur, et susceptibles d'etre divisees sans etre detruites, tant que cette division n'agira pas sur les polypes. On doit seulernent remarquer qiren mineralogie on n'a jamais vu les individus isoles , ils sont toujours aggreges. Celte aggregation des individus paroit meme tre une suite.de leur simplicity. 'Ainsi les individus mineraux, qui sont les plus simples de tous, sont constamment aggreges, comme on vient de le faire rcmarquer. Les vegetaux, qui paroissent etre les corps les plus simples apres les mineraux , sont des aggregations d'iiidividus composes chacun de toutes les parties essentielles a leur existence. Ces individus aggreges sont meme suscep- tibles d'etre separes jusqu'a un certain point, sans etre de- truits, comme 1'observation et I'experience des boutures le p rou vent. Parmi les animaux, les individus les plus simples, tels que les polypes et quelques vers, s'aggregent, soit en se liant sur une tige commune, soit en se rapprochant settlement, tandis que'lcs animaux d'un ordre plus eleve, les quadrupedes, les oiseaux , sont des individus reels parfaitement simple? et isc- les, qu'on ne peut diviser en aucune maniere sans operer leur destruction totale, ou au moins partielie. Le veritable individu mineralogique est done la molecule integrante. Nous sommes descendus par ces considerations a 1'abstrac- tion la plus simple , et nous avons acquis par la les moyens de remouter regulierement, et presque sans arbitraire, a des abstractions d'un ordre superieur, c'est-a-dire a cclles qu'on nomine espece , genre , ordre , classe , etc. Mais , pour etablir ces groupes avec la precision que nous devons y apporter, il faut epuiser, pour ainsi dire, 1'etude de tout ce qui appartient aux proprietes particulieres des mineraux, a ce qu'on appelle leurs caracteres, et evaluer 1'irnpoi lance de ces proprietes ou caractcres, c'est-a-dire chercher a re- connoitre celles qui sont essentielles a 1'iridividu , qui le font ce qu'il est, celles qui appartiennent aux masses qu : il forme, et enfin celles qui ne sont qu'accessoires , c'est-a-dire qui sont 8 dues a des circonstalices particulieres dans lesquelles s'est faite l'aggre"gation des individus, ou a des corps Grangers qui sont venus se meler avec eux. Ces considerations appartiennent aussi, et peut-etre meme plus essentieliement encore a la classification; mais celle-ci ne pouvant etre etablie philosophiquement qu'au moyen des proprietes que presentent les mineraux, et de la valeur de ces proprietes, il faut ne"cessairement connoitre ces proprietes generates, et les apprecier a leur veritable valeur, avant de les employer pour reunir les mineraux en groupes, sous les noms d'especes, de genres, etc. D'apres ce que nous venons d'etablir, on est amene a consi- derer les proprietes des mineraux en raison de leur impor- tance , et a les distinguer en trois classes. i. Celles qui tiennent a 1'essence de 1'individu mineralo- gique , qui le constituent ce qu'il est , sans lesquelles il n'exis- teroit pas, ou , ce qui revient an meme, cellcs qui tiennent a sa composition. Ce sont les caracteres chimiqnes, tant les es- sentiels que ceux qui derivent de la nature chimique , tels que 1'odeur, la saveur, la fusibilite, etc. 2. Les proprietes qui resultent essentieliement de la nature du mineral, c'est-a-dire de sa composition chimique^ mais quj se manifestent uniqueinent par son action sur certains corps, sans alteration de 1'individu mineralogique ui de ses aggregations. Ce sont Its proprietes qu'on appelle physiques. Ces proprietes peuvent appartenir a 1'individu inineralogique, sup^ pose isole, comme a ses masses, sans qu'on puisse encore le determiner avec certitude : telles sont la forme, la durete, la densite, 1'action sur la lumiere , Telectricite, etc. 3. Les proprietes du mthne ordre, ou proprietes physiques, qui appartiennent evidemment aux masses ou a 1'aggregation des individus; telles que la tenacite", la structure, etc. Nous allons examiner ces proprietes, leurs valeurs et celles de leur modification, la maniere dont elles se manifestent. les moyens qu'on a pour les faire ressorlir, les observer, les evaluer , entin tout ce qu'elles presentent de remarquable . d'interessant ou d'utile, et qu'on doit connoitre, avant d'entrri 1 dans 1'etude speciale des mineraux. ART. II. DE LA COMPOSITION DES MINERAUX ET DES CARACTERES CHIMIQUES. Comme nous classons les diverses considerations que pre- sentent les mineraux dans 1'ordre de Fimportance que nous y attachons, et non pas dans celui qui pourroit resulter de leur manifestation plus sensible ou plus apparente , nous de- vons placer en premiere ligne les proprietes chimiques, ou les considerations qui resultent de la composition des ininc- raux , c'est-a-dire de 1'essence de 1'individu mineralogique. La composition prise seule suffit pour etablir 1'essence d'un mineral. Tous les naturalistes conviendront que , quand on leur dira que telle masse homogene est constamment com- posee de soufre et de mercure, d'acide sulfurique et de chaux dans telle proportion, ils n'en demanderont pas davantage pour reconnoitre dans ces compositions des mineraux dis~ tincts, lors meme que leur forme ou toutes les autres pro- prietes resteroient long-temps inconnues. Si, au contraire, on presente un mineral dont on puisse exactement assigner la forme et les autres proprietes, on ne croira jamais le con- noitre taut qu'on ignorera sa composition. On pourra oublier de demander, dans le premier cas, quelle est la forme du nouveau corps; mais on demandera toujours, dans le second, de quoi est-il compose, ou , s'il est indecomposable, quelles sont ses proprietes chirniques ; car celles-ci sont les signes ir- recusables de la difference des corps; et si ceux qu'on tire de la forme ou des proprietes physiques peuverit quelquefois les suppleer, pour etablir cette distinction, c'est qu'ils les font presumer. Ces proprietes tenant done essentiellement a 1'essence des corps inorganiques, c'est par leur examen que nous devons coinmenccr Tetude des proprietes generates de ces corps, C'est par une analyse complete faite sur des echantillons par- faitement purs, c'est-a-dire exempts de tout melange avec des corps etrangers, et choisis dans leur degre de plus simple com- position, c'est-a-dire exempts de tous corps dissous dans leur masse (i).; c'est par une analyse faite avec toutes les precau- (i) I.c fjuarz colore. verdialre ct npnque, est altere par une terre verte 10 lions et toutle talent que 1'etat de la science rend obligatoires; c'est par une evaluation savante des diverses combinaisons que doivent former entre eux les elemens obtenus, qu'on arrive- a la connoissance la plus profonde de la composition des mineraux , a celle enfin que 1'etat actuel de la chimie permet d'atteindre. Jl nous suffit d'avoir indique ce que 1'on doit entendre par une bonne analyse , et les circonstances dans lesquelles on peut presumer connoitre avec queique certitude la composition des mineraux : nous ne pouvons entrer a cet egard dans de plus grands developpemens ; c'est dans les ouvrages des chi- mistes qu'on doit aller les chercher. Mais il ne faut pas confondre 1'analyse des mineraux avec la recherche de leurs caracteres chimiques , 1'objet de 1'ana- lyse, comine nous venons de le dire, est de faire connoitre le plus surement et le plus savainment possible, la veritable composition des mineraux; c'est-a-dire non-seulement les ele- iiens qui s'y trouvent , mais comment ces elemens reunis en composes binaires, fernaires, quaternaires , etc., forment, par leur differens modes dc reunion, les diflerentes especes ininerales. Cette connoissance importante , qui ne s'obtient que par des operations longues, savantes et dedicates, etant acquise , il s'agit de reconnoitre la nature d'un mineral au moyen d'ope- rations breves, sirnples et faciles, mais qui puissent cepcndant donner des notions precises et certaines de cette nature; c'est ce que Ton nomnie les caracteres clumiques. Ces carac- teres out, conune la chose qu'ils manifestent , une haute im- portance et une grande valeur: par leur moyen on peut sou- vent determiner, non-seulement la nature de rechanfillon qu'on examine, mais le placer dans 1'espece et dans le genre auquel il appartient; car ils sont susceptibles de se genera- liser, et par consequent de faire reconnoitre une espece , quel que soit 1'aspect sous lequei elle se prescnte. Les autres fjui y est WELAKGEE; du quarz, jaune ouvioltt, liiupidc, cst alli're par im oxide metallique qui y est uissocs; du quarz hyalin , incolore, par- faitement liinpidc, est dans son Jegvc tie pir.-ctu absolu on r'eduit a sa plus simple composition. 11 caracteres. ceux meme qui paroissent le plus intimement lies a la nature des mineraux, ne jouissent point de cette gene- ralite, et pour qu'ils se manifestent , il faut que ces corps se presentent dans un etat particulier de perfection, assez rare dans la nature : le caractere chimique, au contraire, va cher- cher 1'individu mineralogique et en devoiler la nature au milieu meme des melanges les plus heterogenes et dans 1'etat de la plus grande alteration de ses masses. Le fer dans 1'ocre, la chaux carbonatee dans la marne friable ont perdu , pour se faire reconnoitre , les secours de la densite, de la durete, du magnetisme, de la refraction, de la forme ; mais le caractere chimique ne les abandonne jainais. On peut done avoir lieu d'etre surpris qu'apres avoir trouve, admis et employe un moyen aussi efficace de connoitre reel- leinent Jes mineraiix , et ensuite de les reconnoitre , une ecole tout entiere , une ecole celebre, repandue dans tout le monde savant, 1'ait abandonne, rejete meme, et que ce ne soit pour ainsi dire qu'avec peine , que ce ne soit meme pas de toute part qu'on y revienne; c'est ce que nous allons faire voir en parcourant 1'histoire des caracteres chimiques , avail t d'en- treprendre de les faire connoitre. On peut regarder Cronstedt comme le mineralogiste qui ait le premier, vers 1768 , senti 1'importance des caracteres chi- iniques pour la distinction des mineraux, et qui ait employe des precedes aussi precis que varies pour les reconnoitre par ce moyen. Bergman et son eleve Gahn porterent encore plus loin ce genre de recherches : le premier proposa une classification fondec surles rapports tires de la composition; 1'un et Fautre, et surtout Gahn , tirerent de 1'emploi d'un seul des moyens que procure la chimie appliquee a la mineralogie, des carac- teres tellement precis et tranches, qu'au rapport de M. Ber- zelius , qui a ete le temoin de ses travaux , il distinguoit avec surete presque toutes les especes, et y decouvroit des prin- cipes qui y etoient en quantite infiniinent petite. C'est vers 1780 que ces moyens furent mis a la disposition de tons les mirieralogistes , qui purent alors en apprecier le merite et les ressources : aussi plusieurs s'en servirent-iis; et si tons nc les employerent pas avec le meme succes, on avec it la meme sagacite, cela tenoit et a Tetat encore imparfait de la chimie, et au genre cTesprit de ceux qui la cultivoient. Ainsi on vit de 1770 a 1799, Sage, Monnet, et surtout De- born et de Saussure , Mongez et Volta, Daubenton meme , et ensuite plustard Schmeisser, Haiiy, etc., prouver, par leur in e- thode precise de determination, la valeur et les autres avan- tages des caracteres chiiniques pour reconnoitre les mineraux et rapprocher les varietes en especes; et celles-ci en genres fondes sur des principes scientifiques , et non sur de vaines et passageres similitudes: comment se fit-il qu'une ecole eri- tiere , celebre par le nombre et le me'rite de ses adeptes , ait meconnu la solidite de ces caracteres ? comment se fait-il que , dans le moment meme ou ccs caracteres sont portes a leur plus haut degre de precision et d'etendue par les tra- vaux de M. Berzelius, de ses eleves et des chimistes ininera- logistes de tous les pays, le chef d'une nouvelle ecole propose encore des classifications dans lesquelles la composition est sans valeur , et les caracteres chimiques , ou presque entiere- ment oublies, ou appliques comme caracteres artificiels? Ce n'est pasle moment d'exarniner cetle question, qui tient aux principes ge'neraux des classifications. Les caracteres chimiques peuvent se considerer sous trois rapports differens : tantot ils emanent du mineral sans le se- cours d'aucun agent , et le font reconnoitre en agissant sur nos sens; tant6t ils se tirent de Talteration que la simple action de la chaleur fait subir au mineral; tant6t enfin ils se inani- festent par le changemerit que le mineral eprouve de la part de certains corps qu'on nomme reactifs , on de celle qu il leur fait eprouver. De la trois sortes de caracteres chimiques .- 1. L'action sur le sens. 2. I/alteration par le calorique. 5. L'alteration par les reactifs. . i. Action sur les sens. i. LA SAVEUR offre un caractere tellemeni propre a certains corps, que les chimistes qui ontacquisThabitude de 1'employer, ne se meprennent jamais sur la nature des corps qu'ils cher- chent a determiner par ce moyen; il est inherent a leur ua- ture, et 1'emporte de bcaucoup a cet egard sur la couleur* Mais il en est de ce caractere comme de tous ceux qui he peuvent etre niesures par des instrumens; nos sens nous don- nent les moyens de les percevoir, mais ces moyens sont indi- viduels, et nous ne pouvons de*finir, avec assez de precision pour les transmettre , les differences que nous remarquons. La saveura encore unautreavantage sur les autrescaracteres chimiques, c'est qu'elle se manifeste sans aucune alteration de la part des corps. II suflit que ces corps soient dissolubles, ou seulement susceptibles de se combiner avec les matieres salines de la salive pour devenir sensibles : de la la saveur variee da cuivre , du fer, du zinc, de 1'etaiii ; saveurs assez differentes pour faire reconnoitre ces metaux avec certitude par les per- sonnes qui ont acquis 1'habitude de les eprouver ainsi. Mais c'est dans les substances liquides , telles que les eaux minerales, dans les substances dissolubles dans 1'eau , telles que les sels, suivant 1'acception ancienne et vulgaire de ce mot , que ce caractere est et plus sensible et plus disdnctif. On a cherche a etablir quelques divisions dans les diffe" rentes saveurs, appliquees aux seuls corps qu'on trouve naturelle- ment. On peut les reduire aux suivantes : Meiallique. Les metaux et quelques oxides. Astringente. Le fer sulfate. Styptique. Le cuivre sulfate. Sale'e. La soude muriatee. Fraiche. Le nitre. Amere. La magnesie sulfatee. Acide. L'alun. Alcaline. Le natron. IT. L'ODEUR. Elle est tant6t propre au mineral et due a sa vo- latilisation entiere : dans ce cas elle pourroit, comme la sa- veur, le faire reconnoitre pour ce qu'il est, sans qu'on ait besoin d'avoir recours a d'autres proprietes; mais ce carac- tere, comme celui de la saveur, est indefinissable , et pour ainsi dire individual. D'ailleurs il est rare qu'il se manifeste de lui-meme dans les imneraux, et sans le secours de la chaleur, du choc, du frottement, ou de quelque autre moyen qui font eprouver au corps examine un commencement de decomposition, ou qui ne font connoitre qu'un des principes de ce corps, souvent nieine etranger a sa composition essen- tielle. Les caracteres pris de 1'odeur se manifestent done par trois moyens. i. Par 1'action de IzTchaleur qui fantot , en volatilisant le corps sans decomposition , lui fait de"velopper son odeur ca- racteristique : ce cas est assez cominun, et le caractere qui en resulfe est de premiere valeur. Le soufre, 1'arsenic, 1'an- timoine, le tellure , le phosphore, le chlore, 1'hydrogene, le bitume , repandent chacun une odeur particuliere qui ne permet pas de les meconnoitre. 2. Par frottement violent, choc ou fracture. L'odeur est moins manifeste, et leur caractere peut avoir, suivant les cas, une valeur tres-differente. 11 est encore de premiere valeur lorsqu'il sert a develop- per, dans les corps, 1'odeur qui leur est propre, ou qui est celle d'un de leurs composans; alors ce moyen et ses resultats rentrent tout-a-fait dans le cas de Todcur degage'e par la cha- leur : telle est Faction du choc stir 1'arsenic et sur les com- binaisons de ce metal avec d'autres, sur les sulfures, etc. Mais 1'odeur n'est plus quel'indice d'un corps etranger inter- pose, lorsqu'elle n'a aucune analogic avec celle qui pourroit etre propre aux corps cheques ou frotte's; telles sont les odeurs d'hydrogene sulfure, de bitume, repandues dans ces circons- tances par des quarz, des barytes sulfatees, des calcaires , etc. 3. La troisieme sorte ou classe d'odeur mariifestee par quelques mineraux, n'est qu'une propriete fugace . dont la cause, la nature et 1'importance sont encore indeterminees: c'est celle qu'on appelle odeur argileuse, et qui se degage par le contact de 1'humidite, soit de 1'haleine , soit de toute autre source, de cerlaines matieres scches, poreuses et d'ap- parence argileuse , inais qui se degage atissi des mineraux qui n'ont rien de ce qu on appelle argileux ; tels sont cer- tains mine"rais de fer oxide terreux , la pinite, etc. Elle n'est pas due a 1'argile , car 1'alumine pure, le kaolin, etc.j ne la manifestent pas, et plusieurs mineraux non argileux la degagent. 11 paroitroit que le fer oxid^ terreux a quelque in- fluence sur la production de cette odeur, puisque la plupart des mineraux qui la re"pandent renferment du fer a cet etat. Enfin cette odeur se manifesto d'une inaniere tres-frappantc lors des premieres gouttes de pluie qui tombent apres quelques jours de secheresse. On doit reconnoitre, d'apres ce que nous venons d'expo- ser, quelles sont dans les mineraux les odeurs qui peuvent etre considerees comine caracteres distinctifs, et quelles sont celles qui ne sont que de simples proprietes de circonstances, . 2. Action du calorique. L'action du calorique sur les mineraux offre trois conside- rations tres-differentes, et des caracteres d'une valeur aussi tres-differente, suivant que ce corps agit sur les masses ou aggregats d'individus , ou sur les individus mineralogiques eux-memes. Dans le premier cas , le calorique se borne a desunir les indi- vidus mineralogiques, ales ecarterplus ou moins sans les alte- rer. Le calorique n'agit done ici que sur les aggregations , sur les masses , et point sur les individus ou molecules integrantes. C'est le cas de ce qu'on appelle la fusion et volatilisation simples dans lesquelles le corps, apres avoir etc" fondu ou volatilise, reste toujours le ineme. Mais, comme cette desunion s'opere a des degres de temperature differens, suivant la nature des indi- vidus mineralogiques, elle pourroit deja servir a distinguer les especes, sans neanmoins les faire corinoitre , si on avoit des moyens exacts d'evaluer le moment precis de la fusion , et la temperature a laquelle elle a lieu: non-seulement on rie pcs- sede pas ces moyens, mais on voit qu'ils seroient peu effi- caces, difliciles a employer et beaucoup moins salisfaisans que ceux qui resultent de la seconde consideration, et surtout du troisieme genre d'action chimique. Cette fusion ou vola- tilisation simple des mineraux , quoique liee a 1'essence de ces corps, comine tous les caracteres chiuiiques , ne peut donner que des caracteres pour ainsi dire grossiers, et peu propres a la veritable distinction des especes. C'est cependant un des premiers caracteres chimiques qu'on ait mis en usage pour former des ordres et des classes en divisant les mineraux en fusibles et infusibles , en fixes et volatils. Ainsi . a 1'aide de ljui font eprouver au corps examine un commencement de decomposition, on qui ne font connoitre qu'un des principes de ce corps, souvent nieme etranger a sa composition essen- tielle. Les caracteres pris de 1'odeur se manifestent done par trois moyens. i. Par 1'action de la^chaleur qui tant6t , en volatilisant le corps sans decomposition , lui fait deVelopper son odeur ca- racteiLstique : ce cas est assez commun, et le caractere qui en resulfe est de premiere valeur. Le soufre, 1'arsenic, 1'an- timoine, le tellure , le phosphore, le chlore, 1'hydrogene, le bituine , repandent chacun une odeur particuliere qui ne permet pas de les meconnoitre. 2. Par frottemerit violent, choc ou fracture. L'odeur est moins manifeste, et leur caractexe peut avoir, suivant les cas, une valeur tres-differente. 11 est encore de premiere valeur lorsqu'il sert a develop- per, dans les corps, 1'odeur qui leur est propre, ou qui est celle d'un de leurs composans; alors ce moyen et ses resultats rentrent tout-a-fait dans le cas de 1 odeur degage"e par la clia- leur : telle est Faction du choc sur 1'arsenic et sur les com- binaisons de ce metal avec d'autres, sur les sulfures, etc. Mais 1'odeur n'est plus quel'indice d'un corps etranger inter- pose, lorsqu'elle n'a aucune analogic avec celle qui pourroit etre propre aux corps cheques ou frotte"s; telles sont les odeurs d'hydrogene sulfure, de bitume, repandues dans ces circons- tances par des quarz, des barytes sulfatees, des calcaires, etc. 3. La troisieme sorte ou classe d'odeur mariifestee par quelques mineraux, n'est qu'une propriete fugace , dont la cause, la nature et 1'importance sont encore indeterminees: c'est celle qu'on appelle odeur argileuse, et qui se degage par le contact de rhuiaidite, soit de 1'haleine , soit de toute autre source, de cerlaines inatieres seches, poreuses et d'ap- parence argileuse , mais qui se degage aussi des mineraux qui n'ont rien de ce qu on appelle argileux; tels sont cer- tains minerais de fer oxide terreux , la pinite, etc. Elle n'est pas due a 1'argile , car 1'alumine pure, le kaolin, etc.j ne la manifestent pas , et plusieurs mineraux non argileux la degagent. 11 paroitroit que le fer oxid^ terreux a quelque in- fluence sur la production de cette odeur, puisque la plupart des mineraux qui la re"pandent renferment du fer a cet etat. Enfin cette odeur se manifeste d'une maniere tres- frapp ante lors des premieres gouttes de pluie qui tombent apres quelques jours de secheresse. On doit reconnoitre, d'apres ce que nous venons d'expo- ser , quelles sont dans les mineraux les odeurs qui peuvent etre considerees comme caracteres distinctifs, et quelles sont celles qui ne sont que de simples proprietes de circonstances, . 2. Action du calorique. L'action du calorique sur les mineraux offre trois conside- rations tres-differentes, et des caracteres d'une valeur aussi tres-differente, suivant que ce corps agit sur les masses on aggregats d'individus , ou sur les individus mineralogiques eux-memes. Dans le premier cas , le calorique se borne a desunir les indi- vidus mineralogiques, ales ecarter plus ou moins sans les alte- rer. Le calorique n'agit done ici que sur les aggregations , sur les masses , et point sur les individus ou molecules integrantes. C'est le cas de ce qu'on appelle la fusion et volatilisation simples dans lesquelles le corps, apres avoir ete fondu ou volatilise, reste toujours le ineine. Mais, comme cette desunioii s'opere a des degres de temperature differens, suivant la nature des indi- vidus mineralogiques, elle pourroit deja servir a dislinguer les especes, sans neanmoinsles faire connoitre , si on avoit des moyens exacts d'evaluer le moment precis de la fusion , et la temperature a laquelle elle a lieu : non-seulement on ne pos- sede pas ces moyens, mais on voit qu'ils seroient peu effi- caces, difliciles a employer et beaucoup moins salisfaisans que ceux qui resultent de la seconde consideration, et surtout du troisieme genre d'action chimique. Cette fusion ou vola- tilisation simple des mineraux , quoique liee a 1'essence de ces corps, comme tous les caracteres chimiques , ne peut donner que des caracteres pour ainsi dire grossiers, et peu propres a la veritable distinction des especes. C'est cependant un des premiers caracteres chimiques qu'on ait mis en usage pour former des ordres et des classes en divisant les mineraux en fusibles et infusibles , en fixes et volatils. Ainsi . a 1'aide de des reservoirs, et pousses par differens moyens sur le corps a examiner, on a le chalumeau simple, tiu le chalumeau compose. C'est du premier seul que nous aliens nous occuper , parce que c'est le seul qu'on puisse considerer comme agent mine- ralogique. On distingue dans 1'appareil du chalumeau simple trois par- ties principales : A. Le tube, ou chalumeau proprement dit. B. Le corps en combustion, qui doit donner la chaleur. C. Le support, qui doit porter ou renfermer le fragment a examiner. A. Le tube ou chalumeau proprement dit. 11 faut qu'il remplisse les conditions suivantes : i. Qu'il soitassez long pour que 1'observateur ne soit point incommode par la chaleur de la flamme , ni par celle qu'elle communique au chalumeau ; mais qu'il ne soit pas trop long de maniere a rendre les moindres mouvemens trop sensibles, et a ecarter trop 1'objet de 1'oeil de 1'operateur; 19322 cen- timetres (7 a 8 p.) paroissent etre la dimension la plus con- venable. 2. Que 1'ajutage ait une direction commode, ou qu'au moins il puisse la prendre, et en cela les ajutages mobiles ont un grand avantage. II doit avoir environ 4 centimetres. 3. Que le trou soit tres-fin , perce dans 1'axe du c6ne qui forme la cavite de 1'ajutage, d'une matiere inalterable par le feu, et susceptible d'etre facilement nettoye". 4. Qu'il y ait un reservoir suffisant pour retenir 1'eau qui se degage des poumons dans 1'insuftlation, de maniere a ce qu'elle ne puisse pas penetrer dans la cavite de 1'ajutage, quelque direction qu'on donne a 1'instrument. 5. Qu'il ne puisse laisser passer 1'air par aucune fissure, ni par aucun point de reunion , et que ces points de reunion des di verses parties soient toujoursexactementclos, lorsmeme que ces parties ont ete usees par le frottement. 6. Enfin il faut qu'il soit simple , le'ger et d'un transport commode , qu'il ne communique rien de malsain ou de desa- greable dans la bouche de 1'operateur. Parmi tous les chalumeaux qui ont e"te proposes , trois nous Diet, des Sc . Nat. T. 3z. JVfrneralo^ie . PL. 1 . '9 semblent pouvoirse disputer la preference, et etre offerts aux observateurs qui choisiront celui qui convient le mieux a leur usage particulier. Le chalumeau de Gahn , represente planche I, fig. i. II n'a d'autre inconvenient que d'etre un peu volumineux, un peu lourd, et d'avoir un ajutage fixe. Le chalumeau de Voigt, fig. 2. L'ajutage est mobile et peut prendre sur la tige I'inclinaison appropriee a la position et aux mouvemens les plus commodes a 1'operateur; mais il est susceptible de laisser passer 1'air par le point de rotation de 1'ajutage sur le reservoir. En faisant cette partie conique, et 1'ajustant exactement a frottement, on pourroit eviter cet inconvenient. Le chalumeau de Wollaston , fig. 3. Instrument reduit a sa plus grande simplicite , comme le sont tous ceux dont se sert cet homme d'un ge*nie si remarquable par 1'application qu'il sait en faire aux plus hautes conceptions de la physique , comme aux plus minutieux precedes des arts mecaniques. Les trois pieces A s'ajustent a frottement, se se*parent aisement, se servent d'etuis B, tiennent par consequent le moins de place possible. Le seul inconvenient qu'il pre*sente, c'est de manquer d'un reservoir d'eau; mais le prolongement de 1'extremite etroite de la seconde partie peut etre porte jusqu'au degre" propre a remplir 1'office de reservoir. Ces instrumens peuvent etre faits en cuivre jaune ou en argent, en totalite" ou en partie; il faut avoir toujours un petit bout mobile en platine , qui a 1'avantage precieux de pouvoir etre nettoye , c'est-a-dire degage de la suie ou des ordures qui obstruent son ouverture , en le portant , au moyen du chalumeau lui-meme, a 1'etat incandescent. Le chalumeau simple n'a d'autre support que la bouche et la main gauche, et d'autres soufflets que les muscles des joues. Lorsqu'on a acquis 1'habitude de souffler dans cet instrument, on parvient et sans beaucoup de peine a y entretenir un jet d'air continu , en remplissant sa bouche d'air, et respirant pour en introduire de nouveau dans les poumons , tandis que les muscles buccinateurs chassent celui qui est comme em- magasine dans la bouche. 2. s-l j B. Le corps en comlustion. L'objet qu'on se propose est, comme nous 1'avons dit, de projeter sur le corps soumis a 1'epreuve du feu, un jet de flamme, ayant une tres-grande intensity de chaleur. Jl faut pour cela : i. Que la flamme soit suffisamment large, qu'elle soit la plus pure possible , c'est-a-dire exempte , autant qu'on le peut, de fumee exte"rieure. 2. Qu'elle soit toujours a la meme hauteur, et non sus- ceptible d'etre alte"re"e, diminuee d'intensile , etc., par 1'ac- tion de 1'air du chalumeau. Une lampe, alimentee de bonne huile, ayant une meche plate d'une dimension convenable , une lampe qui soit sus- ceptible de se placer a la hauteur et dans la position la plus convenable a 1'observateur, dont le diametre n'ecarte pas trop la tige du chalumeau de celle du support, est le foyer de combustion le plus convenable : chacun peut la faire faire comme il le prefere, quant a la forme, aux dimensions, etc. Nous donnons ici , pi. II, fig. i , celle qui nous a paru la plus commode. Au defaut d'une lampe, on peut se servir d'une chandelle, mais on en devine aise'ment tous les inconveniens, sans qu'il soit ne"cessaire de les de'tailler. Une bougie a grosse meche peut suppleer a 1'une et a 1'autre , mais elle a plusieurs des inconv^niens de la chandelle ; la flamme d'une bougie ordinaire est trop maigre , et par con- sequent trop foible. La flamme d'une meche de lampe , de chandelle ou de bou- gie presente plusieurs parties dintinguees par leur teinte. En nous bornantaux principales, on y remarque le centre (e) , un espace conique et obscur; c'est, comme 1'a fait voir M. Davy par sa maniere decoUperles flammes, un espace sans combus- tion, mais rempli du gaz qui se degage de la meche, et qui, etant abrite du contact de 1'air par ses couches exterieures en combustion, n'est pas encore allume. L'exterieur (/), ou la flamme proprement dite , qui est d'un blanc d'autant plus cclatant, qu'ils'approche davantage de lapointede la flamme; J)ict. div Sc.Nat. T. 3z. Mraeralojgte . PL. II. c'est aussi la partie ou la combustion est la plus complete , et le degre de chaleur le plus intense. En projetant sur la flamme le jet d'air qui sort du chalu- meau , on augmente conside*rablement son intensite , parce qu'on allume pour ainsi dire le gaz enveloppe par la flamme exterieure , et parce qu'on dirige sur 1'objet soumis a Faction de cette haute temperature et la partie brillante de 1'extre- mite de la flamme, et le nouveau feu produit par rinflamma- tion du gaz interieur, Suivant qu'on plonge cet objet dans la pointe la plus de'lie'e de la flamme , partie ou la combustion est la plus complete et la chaleur la plus forte , ou dans le milieu du fuseau que forme la flamme , et qui est la partie la plus brillante , on oxide dans le premier cas , et on desoxide dans le second le corps ainsi chauffe, si c'est une substance metallique susceptible de ces modifica- tions. La pratique dirigee par ceprincipe instruira, beaucoup mieux qu'une plus longue description, sur la position ou il faut mettre le metal qu'on veut oxider ou require ; on doit s'exereer sur 1'etain pour acquerir cette pratique, C* Le support. C'est le corps qui porte ou qui tient 1'objet a essayer. II a present^ des variations encore bien plus riombreuses que le chalumeau , et doit mme etre different auivant le but qu'on veut atteindre et 1'objet qu'on essaie. II faut des supports en forme de pince pour tenir les petits fragmens dont on veut simplement connoitre le degre et le genre de fusibilite, quand d'ailleurs Pobjet n'est pas susceptible d'eprouver une liquefaction trop complete, II faut des supports faisant 1'oflice de creusets , quand 1'ob- jet est susceptible d'eprouver une liquefaction aqueuse , e,t qu'on veut le soumettre a 1'action de diverses substances. Le support le plushabituel pour examiner la fusibilite des malieres terreuses, est, i. une petite pince (fig, 12), dont les extremites qui serrent 1'objet par leur propre tendance a se fermer, doivent ^tre tres-deliees et en platine. Lorsqu'on veut essayer 1'obiet a 1'aide de divers flux ou reactifs , on peut employer : 2. Un fil de platine tres-delie , recourbe a un de ses bouts, 22 on fait fondre un globule de flux a cette extremite , et dans ce flux la poussiere mine'rale que Ton veut examiner. 5. Une lame mince de platine que Ton courbe et creuse a volonte et sur laquelle on place, avec sesreactifs, le mineral a essay er. Ce moyen simple et commode , qui a fait abandonner les cuillers de platine , est du a M. Wollaston. 4. Un charbon. Le meilleur charbon est celui de bois blanc , et celui de saule principalement. II faut qu'il soit bieri Lrule, et exempt de fissures et de nceuds. Le charbon debois dur, c'est-a-dire de chene, de hetre , a de nombreux incon- veniens. II est commode de tailler en paralldlipipedes le charbon qui doit servir de support; on creuse dans une des faces une petite cavite hemispherique dans laquelle est place, comme dans un creuset, le corps a examiner. On y ajoute les fondans^t autres reactifs approprids. Ces quatre sortes de supports, que Ton doit tenir a la main, pour suivre les mouvemens de 1'autre main, et pour presen- ter convenablement le fragment en essai a la flamme du cha- lumeau ; ces quatre supports, dis-je, sont suffisans pour tous les genres d'operation , et remplacent tous ceux qu'on a pro- poses d'ailleurs, tels que les filets de disthene, les lames de mica , les tubes de verre , les eclats de silex , etc. Telles sont les trois parties principales qui forment 1'appa- xeil du chalumeau simple. Le chalumeau compose peut avoir deux buts differens : 1'un est de rendre plus fixes, peut-etre plus commodes dans quel- ques cas , et par consequent plus sures , les diverses parties que nous venons de decrire , en soufflant , au lieu de la bouche, avec un soufflet ou avec tout autre instrument fixe comme dans la lampe de Temailleur, en rendant par consequent 1'ajutage du chalumeau etle support egalement fixes. On fait gagner au procede, par ces moyens, une assurance et une continuite que la main et la bouche ne peuvent donner au chalumeau simple ; mais on fait perdre a I'instrument 1'avan- tage d'etre d'un transport facile et d'un usage general dans tons les lieux, dans tous les momens et pour tous les hommes. Nous ne decrirons pas le chalumeau compose, qu'il est facile de se figurer et de faire executer suivant sa convenance. 25 L'autre but est tout different de celui que nous avons eu en vue : c'estun veritable appareil de chimie et de physique, destine a faire des recherches sur la nature et les proprietes des corps inorganiques. Ici on n'emploie plus 1'air atmospherique , et encore moins celui des poumons. C'est tantot du gaz oxigene qu'on verse sur la flamme d'une lampe a esprit de vin tres-rectifie*, ou dans la cavite du charbon , de maniere a y faire naitre une chaleur d'un tres-haut degre : tel a ete le premier chalumeau compose employe par Lavoisier, et ensuite par Marquart; mais bient6t on a porte 1'action de la chaleur a un bien plus haut degre, d'abord en dirigeant sur 1'objet un jet de gaz hydrogene , allume par un jet de gaz oxigene , sortant d'un autre reservoir , c'est le chalumeau de M. Hare de Philadel- phie. On a encore ete plus loin, et c'est a MM. Clarke de Cambridge, Brook et Neuman qu'on doit ce moyen extreme: on a ose* renfermer dans un reservoir un melange de' tenant de gaz hydrogene et de gaz oxigene , c'est-a-dire un melange fait dans les proportions le* plus convenables a la combinai- son complete de ces deux gaz. Pour donner encore plus d'in- tensite a la chaleur qui doit se produire au moment de la combinaison, on a eu la teme'rite' de comp rimer ces gaz et d'en dirigerle jet allume sur le corps soumis a cette puissante action. On a par ce moyen tout fondu : on a reconnu dans les corps de nouvelles proprietes relatives a leur mode de fusion et de volatilisation , mais on est entierement sorti , comme on le voit , des limites dans lesquelles on doit se ren- fermer pour chercher les caracteres mine'ralogiques. Nous ne mentionnons done ces instrumens que parce qu'on leur a donne le nom de chalumeau. II y a quelques precautions a prendre pour faire eprouver au mineral la plus violente action du feu que le chalumeau simple puisse donner, et pour eviter qu'il n'echappe a cette action. 11 faut d'abord que le fragment soit le plus petit possible : si c'est un eclat de mineral pierreux , destine a etre porte par la pince, il faut qu'il soit tres-delie, qu'il presente une pointe ou une arete vive. 24 On peut augmenter encore la te*nuite des mineraux diffi- ciles a fondre, en broyant dans un peu d'eau un fragment de ces mine"raux , plagant une goutte de cette eau sur le charbon qui 1'absorbe aussitot , en laissant a sa surface un depot mince de la poussiere minerale. On donne a cette pellicule un peu de eonsistance en la chauflant au rouge sur le charbon avee le chalumeau. On 1'enleve ensuite avec beaucoup de precau- tion en la mettant entre les serres de la pince , et on presente cette pellicule tres-mince a 1'action du feu du chalumeau. Si le mineral a essayer decrepite par la chaleur, il faut le pulveriser avant de 1'y exposer; et, pour le pulveriser sans qu'il se disperse , on 1'enveloppe dans un peu de papier. Si la poussiere est tellement tenue ou legere que le vent du chalumeau puisse 1'enlever aisement, on lui donne une aggregation suffi sante , en 1'humectant avec de 1'eau legere* ment gomme'e. Dans tout ee que nous venons de dire, nous n'avons eu e*gard qu'a, 1'action de la chaleur du chalumeau sur les mi- neraux, et a la maniere la plus sure de 1'y appliquer. Nous allons maintenant examiner les resultats de cette action simple , c'est-a-dire de la chaleur agissant seule et sans le secours d'aucun autre agent. i. Elle altere ou change simplement Faspect de quelques- uns; 2. fond les autres; 3. volatilise en tout ou en partie cer- tains mineraux; et4. fait connoitre dans d'autres la presence de 1'eau. i. La simple alteration anterieure a la fusion, ou indepen- dante de celle-ci , que certains mineraux eprouvent de 1'ac- tion du feu sont : La decrepitation. Le mineral eclate et se disperse en un grand nombre de petites parties (les pyrites, le diaspore). La perte de la transparence et le changement de couleur , phe- noinenes tres-importans , et qu'il faut soigneusement appre- cier, surtout dans les substances m^talliques (le zircon hya- cinthe , la tourmaline, etc., etc.) IS exfoliation. Les feuillets ou lames dont il est compose se manifestent ou se separent (le gypse, Tapophyllite). L' efflorescence. Le fragment se boursoufle et s'epanouit a la inaniere d'un chou-fleur (la mesotype). 25 Le bouillonnement. Ce phenomena qui indique le degage- ment d'un gaz , et qui tient aussi a la decomposition , conduit a 1'efflorescence, a la fritte ou scorie ; enfin a la fusion plus ou moins complete, qui est le second degre" ou mode d'alte- ration. 2. La fusion donne des produits tres-diflerens, et qu'il faut soigneusement distinguer. Lorsqu'un mineral est peu fusible, Textremit^ aigue du fragment ou les aretes les plus coupantes sont seules emous- sees, et quelquefois cette alteration est si foible qu'il faut le secours de la loupe pour la voir. Lorsque le verre qui re"sulte est assez liquide pour couler le long de Feclat, et rendre le fragment plus large a sa base, il offre ce que de Saussure appelle fusion en verre retrograde. Les autres produits de 1'action fondante simple sont : Le vernis. Lorsque le fragment se couvre seulement a la surface d'un vernis vitreux (le pyroxene, la staurotide). La scorie. Lorsqu'il se boursoufle sans se re'duire en glo- bule ( quelques grenats ferrugineux). La fritte. Lorsque la fusion est imparfaite, et qu'une partie non fondue est disseminee dans la partie fondue. L'email. Lorsque le globule ayant Teclat du verre , est completement opaque. Le verre enfin. Lorsque le globule parfaitement fondu a 1'eclat et presque la transparence du verre : ce verre est tan- t6t compacts, tant6t bulleux. La forme du globule, qui est tant6t parfaitement spherique et lisse (le felspath), tant6t herisse d'asperites, tantot polye- drique et comme cristallise. 3. La volatilisation. Le fragment examine peut se volatiliser entierement , et disparoitre par consequent en totalite , lors- qu'il appartient a une substance qui jouit de cette propriete, et que cette substance est pure : tels sont le mercure sulfure, 1'arsenic. Ou bien il ri'y a qu'un de ses principes qui se vola- tilise, 1'autre etant fixe; alors le fragment diminue sensi- blement, soit qu'il se fonde ou qu'il reste solide; tel est le cas de Targent rouge, de la plupart des sulfures, etc. Lorsque ces fragmens sont essayes en plein air , la matiere volatilisee se repand dans l'atmosphere , et, a 1'exceptioo de 26 J'odeur qu'elle peut manifester, on perd tout moyen de la reconnoitre , et par consequent un des meilleurs caracteres du mineral examine. M. Berzelius , pour recueillir la matiere volatilisee, place le fragment dans un tube de verre mince ouvert a ses deux extremites, et qu'on tient plus ou moins obliquement. On chauffe le fragment a travers le tube , et on peut reconnoitre a sa couleur, ou essayer par d'autres moyens la partie volatilisee qui se condense sur une partie du tube. 4. Mais si cette substance e*toit de 1'eau , la petite quantite qui s'en degageroit en raison de la petitesse du fragment, et le courant d'air qui traverse le tube, ne lui permettroient pas de se condenser. On met alors plusieurs fragmens bien seches a la temperature de Teau bouillante, dans un petit matras a col long et a large ouverture (fig. 3), et on les chaufie jusqu'a Tincandescence , soit a la flamme de 1'esprit de vin, soit a celle du chalumeau. JL'eau, degagee quelque- fois avec une grande abondance, se condense en gouttelettes tres-distinctes dans le col du matras (la mesotype, le retinite, les silex resinites, le manganese hydrate, etc.) . 3. Action des reactifs. On entend par reactifs en chimie les corps qui servent a faire manifester a ceux que Ton veut reconnoitre , les pro- prietes caracteristiques qui leur sont propres. La maniere de les appliquer, soit au corps dans son etat naturel, soit au corps dissous, soit au corps fondu, a moins d'importance que leur mode d'actions. Ainsi, au lieu de les considerer sous le point de vue de 1'etat du corps sur lequei on reagit, nous les considererons d'apres la nature, leur maniere d'agir et la classe de caracteres qu'ils doivent faire ressortir. Un traite complet des reactifs seroit presque un traite de chimie, et deviendroit tout-a-fait etranger a la mineralogie. Un traite incomplet est inutile pour celui qui sait la chimie, et absolument inintelligible pour 1'amateur de mineralogie, qui ne la sait pas. Nous devons borner ce paragraphs a des preceptes generaux sur Temploi des reactifs dans les essais mineralogiques, et a Findication des principaux reactifs que le mineralogiste doit avoir constamment a sa disposition. Lorsque les reactifs doivent agir sur le corps a Fetat na- turel, mais avec 1'aide de 1'action de la chaleur, il faut, pour les mettre en usage , employer les instrumens que nous avons decrits en traitant de Faction du calorique. Lorsqu'ils doivent ope'rer sur le corps a Fetat naturel sans le secours du feu , il faut qu'ils soient a 1'etat liquide. Pour les mettre en contact avec le corps a essayer , on peut ope- rer, suivant la quantite ou le volume du corps qu'on soumet a leur action , ou dans le fond d'un verre tres-conique , ou dans un verre de montre , ou enfin sur une simple plaque de verre. On met le fragment a examiner sur cette plaque, et on y ajoute unegouttedu reactif liquide qui doit, enl'attaquant, en faire ressortir les proprietes. On a dans certains cas une dissolution de ce corps qui rentre dans le troisieme cas. On ne doit jamais, comme on le faisoit autrefois, mettre la goutte de reactif, quel qu'il soit, sur le corps a examiner, car non-seulement on altere Fechantillon , mais on n'a aucun moyen de juger de Faction du liquide avec lequel on Fa ainsi touche. Lorsqu'on a une dissolution du corps a essayer, et on voit que cette dissolution se reduit dans la derniere maniere d'o- perer a une simple goutte , on peut . comme le fait M. AVol- laston avec tant de sagacite et avec une precision si etonnante , la diviser en plusieurs parties, et etudier Feffet d'autres agens sur cette dissolution; c'est, nous le repetons, de la chimie reelle , meme de la chimie souvent profonde et savante , dont les resultats ne peuvent etre apprecies que par un minera- logiste chimiste , mais qui differe de la chimie de laboratoire, en ce qu'elle op ere par des moyens tres- simples sur des quantites tres-petites , en ce qu'elle n'arrive point a une analyse complete du mineral, mais seulement a faire ressortir les proprietes caracteristiques qui dependent de la composition. Nous allons presenter la serie des principaux reactifs, et indiquer leur maniere la plus ordinaire d'agir. Nous ferons connoitre leur action speciale sur les especes, en developpant les caracteres chimiques de chaque espece. A. Reactifs solides agissant sur les mineraux al'aide de la fusion. 28 Ce sont la soude, le borax, le sel de phosphore, le nitre, 1'acide borique et 1'etain. La soude, c'est-a-dire le carbonate de soude parfaitement pur; le borax et le sel de phosphore sont les seuls qui aient un emploi assez general, et qui exigent des precedes assez particuliers pour que nous devions les designer ici. On emploie la soude a deux principaux usages. i. Pour dissoudre lasilice, etpar consequent manifestersa presence, en rendant fusible un mineral qui en renferme une grande quantite, et qui etoit infusible avant cette addition. On doit faire cette operation, comme la suivante, surle char- bon , et employer la soude a petites doses. Lorsque le globule est brun , c'est une indication de la presence de 1'acide sul- furique dans le mineral. 2. Pour operer la reduction de plusieurs metaux; c'est un precede ingenieux et sur qui est du a Gahn; il&it reconnoitre la plus petite quantity de metal disseminee dans une masse minerale. On petrit la poudre du mineral a essayer avec la soude: on fond ce melange dans la cavite de charbon. Le tout est absorbe et disparoit; on continue neanmoins sur le charbon penetre du melange 1'action du feu vif du chalumeau , en ayant soin d'employer la flamme de reduction , et d'ajouter meme de la soude. On ^teint le charbon avec un peu d'eau, et on enleve la partie penetree par le melange de soude et de mineral. On broie cette partie sous 1'eau : on enleve par le lavage et la soude exce'dante , et le verre de soude et de terre plus le'ger que le metal , et surtout le charbon encore plus le'ger. On a alors au fond du petit mortier dans lequel on a fait ce lavage, une poudre grisatre ou noiratre, que Ton comprime fortement avec le pilon contre le fond du mortier. Si c'est un metal malleable , cette compression suffit pour faire paroitre 1'^clat metallique. Si c'est du fer, on peut borner la son essai, parce que le barreau aimante, en 1'enlevant, ne laisse point de doute sur sa nature ; mais il est plus sur de reunir assez de cette poudre metallique pour 1'examiner d'abord a une forte loupe , et ensuite particuliere- ment par les differens moyens que la chimie enseigne. Le borax estle fondant le plus employe : il ne reduit pas les me'taux, comme le fait la soude,. il n'est pas absorbe par le eharbon, inais il forme sur ce corps comme sur la lame de plathie, un globule ou goutte vitreuse, dans laquelle se dis- solvent un grand nombre de corps qui, en communiquant a ce verre des proprietes et des couleurs propres a chaque espece , donnent des moyens efficaces de les reconnoitre. Le set double de phosphore, c'est-a-dire compose de phosphate de soude etde phosphate d'ammoniaque , possede encore plus efficacement quele borax la propriete" de s'emparer des oxides metalliques , et de les faire reconnoitre au inoyen des cou- leurs qu'ils communiquent aux globules vitreux , qui resultent de leur combinaison avec ce sel. II s'empare aussi de la silice des silicates, et forme avec elle une masse d'apparence gela* tineuse. Les autres reactifs solides compris dans la premiere serie, ont des actions bornees et particulieres que nous decrirons en trailant des especes qu'elles servent a faire reconnoitre. B. Reactifs liquides agissant sur les corps a I'etat naturel, pour en operer la dissolution complete ou partielle. Ce sont principalement 1'eau , 1'acide nitrique, 1'acide muriatique, 1'acide acetique, etc. Jls agissent a froid ou a 1'aide d'une temperature qui n'a aucun rapport avec la temperature incandescente produite par le chalumeau. Lorsqu'on veut aider leur action de celle de la chaleur, on met la plaque de verre, ou le verre de montre au-dessus de la flamme de la lampe, d'une bougie ou de 1'esprit de vin , et on 1'y maintient a 1'aide d'un appareil fort simple (pi. II, fig. i , A). On doit, avant d'examiner la dissolution par les moyens connus, examiner la maniere d'agir de ces liquides et voir : S'il y a effervescence, c'est-a-dire degagement de gaz : quelle est 1'odeur de ce gaz , et s'il a la propriete de corroder le verre. Si la dissolution est complete, et quel est a peu pres le rap- port du residu avec le fragment mis en dissolution. Si, quand on emploie Tacide nitrique ou 1'acide muriatique, la dissolution se prend en gelee. C'est un caractere assez re- marquable ; mais pour qu'il se manifeste, il ne faut pas que la proportion d'acide soit trop considerable par rapport a Lt 52 sont egales , eianl en rapport avec la composition des mine- raux, offre uu caractere de la plus grande valeur pour dis- iinguer les especes. Ce caractere vierit immediatement apres celui qui est tire de la composition ; mais il ne lui est ni superieur, ni meme egal en valeur; nous en avons expose les raisons aux articles precedens. II paroit intimement lie* avec 1'individu : ainsi , lorsque celui-ci est detruit, c'est-a-dire que ses parties sont separees, la forme qui etoit propre a 1'espece dont cet individu faisoit partie, est aussi changed, et par consequent detruite, du moins toutes les analogies le font pre"sumer; et s'il n'en est pas toujours ainsi , c'est seulement lorsque les parties ou molecules constituantes sont de la meme forme , ce qui est rare, et peut-etre meme particulier aux alliages metalli- ques, le plus grand nombre des me'taux autopsides paroissant cristalliser tous sous une meme forme ; mais cette incertitude n'existe pas pour le caractere chimique; car, dans le cas de destruction de 1'individu, c'est-a-dire de decomposition chi- mique, les parties sont toujours diffe'rentes 1'une de 1'autre, et du tout. Cette premiere consideration, rare et peu impor- tante, n'est pas celle qui 6te au caractere tire de la forme sa plus grande valeur; il s'en presente trois autres, dont la pre- miere est admise sans aucune objection , les deux autres peu- vent paroitre a quelques cristallographes susceptibles d'etre prouvees par des experiences encore plus nombreuses, et par une controverse plus developpe'e et plus profonde que celle qui a pu avoir lieu jusqu'a present. i. Plusieurs especes minerales n'ayant entre elles aucune analogic de nature ou de composition, pr^sentent exactement la meme forme. Le cube est commun au sel marin, a la ga- lene, etc.; 1'octaedre regulier appartient a 1'alun, aufluor, au spinelle , etc. Mais, comme Haiiy 1'a fort justement fait re- marquer, ces formes ont un caractere de simplicite, un maxi- mum de symetrie qui leur assigne une place distincte et des propriete's tranchees. On ne retrouveroit pas, selon lui, la meme identite entre des formes moins simples. 2. Cependant cette consequence est maintenant mise en doute par les observations et les experiences de M. Mitscher- lich. II paroit resulter des recherches de ce savant que les 33 corps qui sont composes du meme nombre d atoraes ou de vo* lumes elementaires ou de molecules integrantes , ont souvent la meme forme cristalline, en sorte qu'on pent changer la composition de certains corps sans changer leur forme , pourvu que le principe qu'on a introduit dans une combinai- son renferme le meme nombre d'atoines ou de volumes ele*- mentaires que celui dont il a pris la place. Ainsi, dans plu- sieurs cas , 1'acide phosphorique peut se substituer a 1'acide arsenique, la stronliane a 1'oxide de plomb, etc. . 3. La troisieme consideration est beaucoup plus puissante que les precedentes^ parce qu'elle ne re"sulte ni d'une ab- straction etablie par 1'analogie, ni d'identite de formes qui ne sont pas encore irrevocablement admises, mais parce qu'elle attribueroit deux formes au meme corps. Cette consi- deration, qui paroit acquerir tous les jours plus de fondement et de poids par la multiplicity et 1'exactitude des experiences et des observations, conduiroit a attribuer des formes diffe- rentes , independantes 1'une de I'autre , nueme incoinpatibles dans un meme systeme de cristallisation , a la meme espece miiie'ralogique et chimique^ lorsque cette espece se trouve dans des circonstances differentes qui cependarit ne paroissent pouvoir apporter aucun changement a sa composition , c'est- a-dire a sa nature. L' analyse seule avoit indique ces resultats , et eile les avoit indiques clans un assez grand nombre de corps, tels que la chaux carbonatee , le titane> le fer sulfure* , pourfaire pr^sumer qu'elle ne se trompoit pas ; mais eiifin coinme 1'analyse scule le disoit, et qu'on n'est jamais parfaitement sur que 1'analyse dise tout, on pouvoit croire encore qu^elle avoit omis quel- que chose, mais la synthese beaucoup plus sure^ la syu these exercee sur un corps simple, si toutefois on peut s'exprirner ainsi , a concouru de son c&te a faire presumer que le meme corps pouvoit avoir deux formes diff&rentes et incompa- tibles* M. Mitscherlich a montre que, suivant qu'on faisoit cris- lalliser le soufre, soil par dissolution dans un carbure de soufre et par evaporation , soit par fusion ignee , il presentoit des formes differentes. II ne paroit pas douter que le soufre ob- tenu par ces deux voies ne fut bien precisement de meme na* 3 34 ture, ou, cc qui est plus exact, qu'il ne ftit dans 1'une et 1'autre circonstance exempt de toute combinaison avec d'au- tres corps. Mais cette difference appartient-elle a 1'individu minera- logique ou a ses aggregate, ou , ce qui revient au meme , la molecule integrante de chaux carbonatee, composee d'un atome de chaux et de deux atomes d'acide carbonique , prend- elle, suivant les circonstances transitoires qui accompagnent sa cristallisation , la forme de 1'octaedre rectangulaire de 1'ar- ragonite , ou la forme du rhombo'ide du calcaire spathique ; ou bien ce changement n'a-t-il lieu que dans le mode d'aggre- gation des molecules integrantes de la chaux carbonatee , con- servant d'ailleurs toujours la meme forme, et ayant alors tous les caracteres d'un meme individu ? Cette derniere hypothese ? qui a etc mise en avant par d'illustres physiciens, noussemble la plus vraisemblable , et Fexp^rience des deux formes du soufre , obtenues 1'une par evaporation , 1'autre par fusion , semble les confirmer; car, en supposant meme que le soufre soitun corps compose" , il n'est pas probable qu'il ait ete decom- pose, c'est-a-dire que ses molecules constiluantes aient ete se- parees par le seul acte de la fusion a une basse temperature* 4. II est encore une cause qui influe sur la forme, et pro- bablement aussi bien sur celle de la molecule integrante, ou de 1'individu mineralogique , que sur celle de ses aggrega- tions ; c'est la chaleur : c'est encore a M. Miischerlich que nous devons la connoissance de ce phenomene. 11 a observe^ que les cristaux, en se dilatant par 1'elevation de tempera- ture , n'augmentoient pas egalement dans toutes ieurs dimen- sions , mais que le rhomboide de calcaire , par exemple , s'alonge davantage dans le sens du petit axe, de inaniere a se rapprocher du cube, que dans celui du grand axe, et que ce phenomene s'observoit particulierement sur les mine>aux doues de la double refraction. Cette difference dans le rap- port de dimension des axes en apportoit une sensible dans la valeur des angles , et il a remarque" que , dans le calcaire rhomboidal, la difference d'ouverture des angles lateraux et des angles du soirimet allait jusqu'a huit minutes. Le caractere tire de la forme perdroit par ces faits de sa. timplicite , mais il ne perdroit pas de sa precision ; 1'espece 35 sera alors caracterisee par deux formes, peut-etre par trois^ mais ces formes seront constantes , pourront etre designees avec precision et servir de caractere a 1'espece , lorsqu'on ne connoitra pas encore sa composition , ou lorsqu'on voudra eViter d'avoir recours a 1'analyse ou aux proprietes chimiques pour la connoitre. Si meme on trouve que les differences physiques qui accompagnent les differences de formes sont assez importantes pour se"parer en deux especes les mine"raux qui les presentent, on pourra e"tablir des especes sur ce caractere , mais ce sera arbitrairement , et on aura beau declarer que 1'arragonite et le calcaire rhombo'idal sont deux especes, on ne pourra s'empecher d'aj outer que 1'une et 1'autre sont de la chaux carbonatee. Si, comme ily a tout lieu dele croire, les differences de formes observees par M. Mitscherlich , dans le soufre cristallise a froid et dans le soufre cristallise a chaud , dans le biphosphate de soude, etc., sont reelles; si elles ne tiennent qu'aux circonstances transitoires dans lesquelles les molecules du soufre se sont aggregees, etablira-t-oh sur cette difference cristallographique , d'une valeur bien aussi grande que celie qui separe le calcaire spathique de 1'arragonite; etablira-t-on , dis-je, deux especes de soufre, deux especes de biphosphate de soude , etc. ? Mais si les caracteres tire* de la forme paroissent perdre, d'une part, de leur simplicite, ils gagnent de 1'autre en ge- neralisation. Si on ne peut plus se fier sur les formes diffe- rentes pour etablir des especes diffe'rentes , il paroit qu'on peut dans bien des cas etablir des genres sur des analogies de formes, et trouver des rapports remarquables entre la res- semblance des formes et la ressemblance des compositions. Le developpement et I'application de cette nouvelle consi- deration appartiennent a la classification des mine'raux, et nous y reviendrons lorsque nous trailerons ce sujet* On remarquera qu'on rencontre dans la nature un grand iiombre de substances minerales qui sont homogenes, qui pa- roissent avoir des caracteres particuliers et qu'on n'a jamais vues cristallisees , et que, dans ce cast, le caractere tire de la forme ne pent leur etre applique. Parmi ces substances, les unes ne sont pas homogenes dans 3. 36 facceptJon chimique de ce mot, ce sontpresque toujours soil des melanges a parties indiscernables, sbit des composes cris- tallisables, primitivement homogenes, et qtii tiennent en dis- solution ou quelques corps etrangers, ou une surabondance non proportionnee d'un de leurs principes, qui se sont op- poses a la cristallisation ; ce ne sont done pas reellernent des individus inorganiques^ Ces substances doivent etre rapportees , cornme varied ou modification, a 1'espece qui peut etre conside"ree comme 1'in- dividu rel ou dominant. Les autres appartiennent a des especes de"terminees par toua les caracteres essentiels de la composition ou de la forme 5 mais les individus qui les eomposent n'ont pas ete aggreges dans des circonstances qui leur aient permis de se grouper r^gulierement , et de produire les polyedres qui doivent iresulter de leurs formes. Ce sont ou des masses homogenes compactes, ou des masses cristallise'es confusement, qui doi- vent etre rapportees a 1'espece chimique a laquelle elles ap- partiennent , et c'est encore ici une des prerogatives du ca- ractere chimique* Dans 1'un et 1'autre cas 1'opacit^ ou la translucidite de ces mineraux, leur defaut total de structure ou leur texture vitreuse indiquent les circonstances perturbatrices de leur purete ou de leur aggregation reguliere . dans lesquelles ils se sont formes. Malgre ces deviations du principe de simplicite ou d'unit^ dans les formes, malgre les causes qui empecheut, dans cer- taines circonstances, les individus mine'ralogiqiies de se reunir en cristaux, nous conclurons neanmoins que les formes po* ly^driques et rdgulieres des mineraux qu'on nomme des cristaux, et le phenomene que Ton nomme cristallisation, offrent un caractere de la plus haute importance, d'une tres- grande valeur, et susceptible d'une multitude de conside- rations que nous developperions ici , si elles ne 1'avoient deja ete avec toute 1'etendue, la profondeur et la clarte de*- sirables au mot CRISTALLISATION , auquel nous renvoyons le lecteur. .2. La durete. Cette propriete paroit tenir a 1'individu mineralogique , 5 7 ct non pas a ses masses : elle resulte bien de la force d'adhe- rence des individus entre eux; mais cette force paroit etre une consequence de leur nature et de leur forme, et non du mode de leur aggregation. On ne peut pas la faire varier comme la solidite ou la tenacite, en changeant le mode d'ag- gregation des molecules. Au reste il est difficile de se rendie compte de 1'essence de cette proprie'te , il suffitque 1'observa- tion et 1'expe'rience nous aient appris qu'elle ne paroit pas sus- ceptible de varier dans les molecules des corps purs appar- tenant a la meme espece. Les diamans, les topazes, les cc- rindons , le calcaire spathique , le quarz hyalin conservent toujours la meme durete dans leurs parties, c'est-a dire dans leur poussiere la plus tenue. La durete des parties, qu'il ne faut pas conforidre avec la force d'aggregation , ou la solidit^ des masses , peut done etre rangee parmi les proprietes essen- tielles et caracte'ristiques de Tespece se manifestant dans les masses, quand on peut les avoir pures et jouissant de leur aggregation complete, c'est-a-dire homogenes et cristallisees. On pourra objecter que des corps evidemment de meme- nature paroissent avoir des degres de durete' tres-differens , et citer pour exemple la craie et le calcaire spathique , le charbon et le diamant; 1'argile crue et 1'argile cuite , 1'alu- mine et le corindon, etc. Mais ces exceptions apparentes prouvent au contraire qu'il faut determiner, comme nous ve- nons de 1'etablir , la durete des corps d'apres celle de leurs molecules, et non d'apres celle de leurs aggregats. Ainsi, c'est la masse des petits rhombo'ides qui composent la craie, qui seule paroit plus tcndre que le calcaire spathique. Chacun de ces petits rhombo'ides pris isoldment auroit une durete egale a celle d'un gros rhombo'ide de calcaire. La poussiere de charbon a une tres-grande durete 1 ; 1'usage qu'on en fait dans les arts pour donner le dernier poll a cer- tains corps, le prouve suffisamment. L'argile et 1'alumine ne different en duret^ du corindon, que parce que la premiere est un melange impur, et la se- conde une combinaison d'eau et d'aluinine, que 1'une et 1'autre d'ailleurs sont loin d'avoir atteint leur aggregation complete. Mais quand par la cuisson on chasse 1'eau de ces melanges , et qu'on en rapproche les molecules de maniere a ce qu'on 38 puisse leur faire eprouver une grande force laterale, sans jarvenir a les ddsunir, alors les molecules peuvent montrer une durete capable de rayer le quarz. On les a rappochees, par ce moyen , de 1'aggregation complete , qui leur permet- troit de manifester toute leur durete, mais que la crlstallisa- tion peut seule donner. II est assez difficile d'evaluer la durete avec precision, outre 1'attention qu'il faut apporter dans le choix des echantillons d'une espece dont on veutapprecierla durete", afin de prendre ces echantillons doues des qualites que nousvenons d'indiquer, il faut se garder d'user de moyens vagiies, tels que le choc de 1'acier , et la scintillation qui en resulte ; caractere faux et non-seulement insignifiant, mais trompeur. II faut aussi eViter les evaluations qu'on ne peut rapporter a aucun veri- table terme fixe, et qui sont par consequent arbitraires. M, Mohs a propose le seul moyen qui nous paroisse propre a donner a ce caractere le degre de precision dont il peut tre susceptible ; c'est d'etablir une se"rie de comparaison dont les termes seront choisis dans des especes connues de- puis long-temps , faciles a se procurer avec les degres de per- fection et de purete requis, Cette s^rie peut se borner aux dix especes suivantes, en allant de la moins dure a la plus dure, 1. Le talc laminaire blanc, 2. Le gypse prismatique limpide. 3. Le calcaire rhombo'idal. 4. Le fluor octaedre. 5. Le phosphorite apatite. 6. Le felspath adulaire limpide. 7. Le quarz hyalin prisnie. 8. La topaze jaune prismatique du Bre'sil. 9. Le cormdon-telesie rhombo'idal. 10. Le diarnant limpide octaedre. C'est en essayant de rayer un mineral par un autre qu'on peut evaluer sa durete. II y a plusieurs precautions a prendre. II fautautant que possible agir avec un angle de go d sur une -surface unie , et comme la plupart des mineraux qui com- posent la serie prec^dente ont une structure laminaire, on doit 3 9 agir perpcndiculairement a la surface des lames. II faut avoir soin de ne pas conforidre avec une veritable rayure la pous- siere laissee sur cette surface par la trituration de Tangle on de 1'arret du mineral qu'on emploie pour rayer., et il estdonc convenable dc nettoyer cette surface apres Tessai , qu'on doit toil jours repeterplusieurs fois; car, suivant 1'adresse qu'on y met et la forme de 1'arret ou de Tangle avec lequel on agit, on peut rayer ou ne pas rayer le mineral de comparaison , qnand celui qu'on essaie jouit d'un degre de durete qui s'eloigne peu de celle de ce mineral. . 3.' La densite. Les differences de densite des corps inorganiques derivent- elles de celles de leurs molecules iritegrantes, ou de Taggre- gation de-ces molecules? Les atonies ou molecules inte'grantes ont, suivant les chimistes , des pesanteurs tres-differentes ; mais la difference de pesanteur qu'on trouve dans deux corps, vient-elle uniquement de celle de leur molecule, ou de cet element combine avec celui qui resulte de leur aggregation ? c'est ce qu'il est difficile de determiner d'une maniere ab- solue. Les deux causes pourroient y concourir: ainsi tous les mi- neraux dans lesquels la baryte entre comme principe , ont une pesanteur specifique jusqu'a un certain point proportionnelle a la quantite de ce corps'. Un fait fort rcmarquable , observe par MM. Le Royer et Dumas, c'est que le poids de 1'atome de la nepheline est presque egal a celui des deux atomes d'alumine et de silice, qui constituent cette espece de pierre. Mais la pesanteur spe- cifique ne suit plus ce rapport, ce qui ne laisse auc'un doute sur Tinfluence qu'ont les divers degres de rapprochement des molecules sur la densite des composes. D'ailleurs on sait fort bien qu'en ecartant, par la chaleur, les molecules integrantes d'un corps, on diminue sa pesanteur specifique au point de la rendre inferieure a celle de certains corps auxquels eile etoit superieure , et cela sans changer la nature du corps, par consequent sans detruire Tindividu. Mais que la densite reconnue dans un corps reside dans la molecule iulegrante, ou dans Taggregation de ces molecules, 0u Men qu'elle derive de 1'une et de 1'autre cause , il n'en est pas moins vrai que la densite* est une p reprieve essentielle a i'espece mineralogique, et qu'on retrouvera toujoursla meme dans les memes especes, lorsqu'on aura pris les precautions convenables pour que toutes les autres circonstances soient les memes d'ailleurs. Ge sera done un caractere de premiere valeur inherent a Tespece, et de"rivant de la nature de Tin- dividu mineralogique, s'il ne lui appartient pas en propre. Les conditions auxquelles il faut avoir egard pour pouvoir comparer avec exactitude la pesanteur specifique des especes mine'rales , et en tirer un caractere , sont les suivantes : 1. II faut que le mineral soit homogene et pur, c'est-a-dire exempt de tout melange et de toute combinaison etrangere a sa composition normale. 2. II faut qu'il soit comple'tement aggr^ge , qu'il le soit na- turellernent, c'est-a-dire par voie de cristallisation , et non par voie de compression. Cette difference dans 1'etat d'aggregation explique, comme a 1'egard de la durete' , les differences de densite que presente la meme espece minerale dans ses diffe'rens etats. Tels sont : 1'alumine cuite dont la pesanteur specifique est d'environ 2 , tandis que celle du corindon est d'environ 4 ; le calcaire con- cretionne qui n'a quelquefois que 2, 3, et le calcaire spathique qui a 2, 7 j le charbon anthracite qui a i, 8 , et le diamant qui a 3, 5, etc. 3. Si son aggregation a ete poussee par la compression au- dela de cette limite , il faut 1'y ramener en le dilatant forte- meiit par la chaleur, ou m^me en le fondant lorsqu'il en est susceptible. Les differences de pesanteur specifique que presente le meme corps lorsqu'il a e"t comprime, ou lorsqu'il s'est soli- difie tranquillement apres la fusion , sont quelquefois consi- derables. Ainsi les metaux natifs, qui sont souvent cristallises et toujours impurs, ont une pesanteur specifique tres-differente des rn^taux purs simplement fondus et des metaux purs et forge's. Natif. Fondu. Forge. L'or 19,2 19,3 La platine. 20 21 Le cuivre.. 8,5 7,8 .8,8 Dans d'autres cas il paroitroit difficile d'expliquer les dif- ferences de densit^ que presentent des echantillons des memes corps qui semblent e'tre d'ailleurs assez purs. Mais outre que ces differences sont gene"ralemcnt tres-foibles , c'est-a-dire de 3 ou 4 centiemes au plus , elles s'observent dans des corps na- turels dont le degre de purete et d'aggregation ne peut pas e'tre apprecie avec une exactitude scrupuleuse , ou bien elles derivent de la methode souvent imparfaite qu'on a employee pour les mesurer, et surtout de ce qu'on n'a paseu 1'attention de rendre toutesles circonstances egales pour etablir une juste comparaison. Ainsi 1'alumine cuite qu'on vient de citer, et qui parolt differer si sensiblement du corindon , ne pre"sente cette diffe- rence que quand on a pris sa pesanteur specifique sans em- ployer des precautions convenables pour s'assurer que 1'air en est chasse. En usant de ces precautions , MM. Le Royer et Dumas ont trouve a 1'alumine cuite une pesanteur de 4, par consequent egale a celle du corindon. Quant a la maniere de connoitre la densite relative des mi- neraux , ou, ce qui revient au meme, de prendre leur pesan- teur specifique, elle ne differe point de celle dont on se sert en physique pour prendre celle de tous les corps. Les precau- tions sont les memes quant a la temperature du liquide dans lequel on les plonge; les instrumens sont les memes. On choi- sit les plus simples et les plus portatifs pour les mineraux, et notamment, soit la methode de Klaproth, soit la methode de I'areometre ou balance hydrostatique de Nicholson; les pro- cedes particuliers qu'exigent les corps permeables, les corps dissolubles. les corps plus legers que 1'eau , sont aussi les memes. Us sont decrits et figures dans tous les ouvrages de physique , et doivent etre connus de toutes les personnes qui possep'ent les elemens de cette science : d'ailleurs ils seront exposes a 1'article PESANTEUR SPECIFIQUE par le redacteur de la partie physique de ce Dictionnaire. 4* Mais, pour gu'on puisse trouver reuni ici tout ce qui est relatif a Fobservation des caracteres mineralogiques , nous croyons devoir rappeler la proportion qu'il faut faire pour arriver an nombre qui doit exprimerle rapport de pcsanteur ou de densite d'un mineral avec Feau distillee prise pour unite de comparaison , et la formule qui en resulte. La proportion est : Le poids A de Feau deplacee par le mineral, ou la perte de poids qu'a eprouvee ce mineral pese dans 1'eau, est au poids P du meine morceau pese dans Fair, coinine i est a un quatrieme terme a:, qui donnera le rapport cherche de la densitd de ce mineral a celle de Feau distillee. Ainsi on aura A : P:: i : r, P et par consequent pour formule z= A. . 4- -Action des miner aux sur la lumiere. Les diverses manieres dont la lumiere est modified par les mineraux, offrent un grand nombre de phenomenes curieux et plusicurs caracteres importans qui ont ete etudies dans ces derniers temps par les physiciens, avec une profondeur , une precision et une perseverance remarquables. Les phenomenes observes et les lois qu'on y a reconnues ont tellement agrandi cette branche de la physique dans sa seule application a la mine'ralogie, que le mineralogiste ne pent plus suivre le phy- sicien dans Fobservation de tous les penomenes, et dans la recherche et le calcul des lois qui les Kent. II doit, ou au moinsilpeutseborner a en prendre le resultat , etaexaminer 1'usage qu'il convient d'en faire pour completer Fhistoire na- turelle des mineraux. C'est la marche que nous allons suivre dans Fexpose des divers modes d'action des mineraux sur la lumiere. Cette action fournit des caracteres de valeurs bien diffe- rentes : tant6t ils paroissent deriver immediatement de la mo- lecule integrante , ou de Findividu mineralogique, et appar- tenir par consequent a la nature intime du mineral, ou a Fessence de Fespece : tant6t, et quoique en apparence du meme ordre , ils n'indiquent que des varietes, ils n'indiquent meme qu'un leger changement d'etat dans le mode d'aggrega- tion des molecules. C'est done particulierement la valeur de 43 ces phenomenes, comme caracteres mindralogiques , qu'il convient d'examiner lorsqu'on etudie les proprietes optiques des mineraux sous le point de vue mine'ralogique. On doit classer sous deux titres differens 1'action des mine- raux sur la lumiere : i. sur la lumiere qui les traverse , ou la transmission; 2. sur la lumiere qu'ils reflechissent, ou la reflexion. Au premier litre se rattachent la transparence, 1'opacite", les diverses sortes de refraction, la polarisation, etc. Au deuxieme titre appartiennent les considerations sur les couleurs, le chatoiement, I'e'clat, etc. I. Transmission de la lumiere. Lorsqu'un mineral, place" entre 1'oeil et un corps visible, laisse passer assez comple'tement la lumiere qui tombe a sa sur- face, pour qu'on puisse distinguer nettement les formes et les couleurs du corps qui est derriere lui, on dit que ce mineral est transparent : tels sont le quarz hyalin , le gypse , le mica. Lorsqu'il laisse passer une partie de la lumiere, mais pas suffisamment pour qu'on puisse distinguer les contours de ce corps , on dit qu'il est translucide : tels sont la calcedoine , les agates, le jade, le zinc calamine, etc. Lorsqu'enfin il ne passe pas sensiblement de lumiere a tra- vers le mineral reduit a un millimetre d'epaisseur , on dit qu'il est opaque: tels sont les metaux, le jaspe, etc. Si ces expressions e"toient prises dans leur acception rigou- reuse , il n'y auroit de degres d'intensite que dans la translu- cidite; mais ce ne sont que des expressions relatives, et il y a des mineraux imparfaitement transparens, comme il y en a d'imparfaitement opaques. Beaucoup de pierres sont dans ce dernier cas; ellessont opaques a deux millimetres d'epaisseur, et translucides a un demi-millimetre ; les me"taux autopsides , la plupart des sulfures metalliques sont au contraire parfaite- ment opaques. La transparence est un caractere non Equivoque de purete" i ce qui veut dire pour nous que le mineral qui en jouit ne contient que des parties combinees , et point de parties me'- lange"es. Mais 1'inverse n'est pas e"galement vrai : la transluci&te 44 et Vopacite ne sont pas tou jours des caracteres de melanges ou de combinaisons imparfaites et indetermine'es, puisque le me'me corps, suivant le mode d'aggregation de ses molecules, peut etre transparent ou translucide ; ainsi le quarz hyalin transparent n'est pas plus pur que la calcedoine; Fhydro- phane est pour ainsi dire plus pure dans son etat d'opacite que dans celui de translncidite; car, dans ce dernier etat, elle contient de 1'eau qu'elle ne renferrnoit pas dans le premier. L'ecartement des molecules , leur arrangement confus , pour ainsi dire , suffiserit pour enlever la transparence d'un corps, et du marbre statuaire d'un beau blanc de lait, n'est pas plus impur que le calcaire spathique rhomboidal d'ls- lande. II n'y a de difference entre eux que 1'arrangement des molecules. L'opacite complete appartient aux metaux autopsides les plus purs. Nous nous bornerons a ces exemples : il n'est pas necessaire d'en apporter davantage pour etablir la valeur qu'on doit attri- l)uer aux caracteres tires de la transparence et de 1'opacile. Lorsque la lumiere penetre obliquement dans un corps quelconque , les mineraux comme les autres , la direction du rayon lumineux est toujours changee. Ce phenomene se nomme la refraction de la lumiere (i). Les mineraux ont, comme corps naturels, et plus que tous les autres corps , la propriety de faire eprouver a ce pheno- mene un grand nombre de modifications. Tantot le faisceau lumineux s'ecarte simplement de sa di- rection, et c'est ce qu'on appelle la refraction simple; tantot il se divise en traversant le mineral en deux faisceaux dis- tincts qui suivent chacun une direction particuliere, et c'est ce qu'on nomme , comme on le sait , la refraction double. La refraction simple est plus on moins forte , suivant que le raypri s'ecarte plus ou moins de sa premiere direction , en s'approchant de la normale on de la ligne perpendiculaire a (i) Voyez au mot LTJMIERE consideree physiquement, 1'article de la REFRACTION. Nous supposons ici le phenomene connu, defini exactcrneiit, cleveloppe et caleule, nous ne le considerons que dans ses rapports ave les especrs mineralogiques. 49 k surface du corps. Cette puissance refractive, tenant a la nature du corps qui 1'exerce , pent servir pour indiquer la nature on la composition ; et coirime une forte refraction est toujours accoinpagnee d'une forte reflexion a la surface, et par. consequent d'un eclat particulier, on peut, a 1'aide de cette propriete, presumer la nature du mineral qui en jouit, et diriger ses recherches ulterienres dans le sens qu'elle in- dique. Tous les corps eminemment combustibles, tels que 1'hydro- gene, le charbon et les corps qui en contiennent, ont une refraction tres-puissante : on sait que c'est ce pheriomene qui avoit fait soupc,onner a Newton que le diamant renfermoit quelque chose de combustible. Les mineraux qu'on nomme vulgairement pierres, refrac- tent au contraire foiblement la lumiere? et ceux qui jouissent d'une plus grande puissance refractive, tels que le zircon, ont en rnerne temps un eclat particulier qui a quelque rap- port avec celui du diamant. Ainsi cette proprie"te" ou caractere tient a la nature de 1'in- dividu mineralogique 5 elle est toujours la irieme et de la meine intensite dans la meme espece, totites les circciistances etant egalesd'ailleurs; car la densite en modifie la puissance, mais tres- foiblement dans les corps solides, par consequent dans ceux qui sont plus particulierement Fobjet de notre etude. Cette propriete est done essentielle a Tespece, et seroit aussi utile pour sa determination qu'elle est fondamentale, si elle etoit moins relative, qu'elle put etre observee plus facilernent, et exprimee d'une maniere plus absolue. Dans plusieurs corps naturels, le faisceau lumineux qui penetre obliquement dans un corps transparent non-seule- ment s'ecarte de sa premiere direction, mais il se divise en deux parties : la premiere suit la loi de refraction ordinaire, propre au corps que ce rayon traverse ; la seconde s'en ecarte plus ou moins, tant6t dans un sens, tanl6t dans un autre, eprouve ce qu'on appelle une refraction extraordinaire, et produit le phenomene de la double refraction, ou de la double image , parce que les corps qu'on regarde a travers les mine'- raux qui jouissent de cette propriete remarquable, parois- sent doubles d'une rnaniere plus ou inoins sensible. 46 Pour observer ce phenomene , on a en physique des ap- pareils d'optique disposes de maniere a le faire reconnoitre avec certitude et succes et a le mesurer quelque foible qu'il soit. Mais, pour 1'usage habituel des mineralogistes , on peut se coritenter du moyen indique et si souvent employe par Haiiy. II consiste a regarder une tete d'epingle a travers le mineral dont on veut reconnoitre la propriete refringente , en ayant soin de placer 1'epingle, ou tout autre corps delie, mais Ires-distinct, a une distance convenable du mineral, et de regarder a travers les plans terminaux naturels ou artificiels de celui-ci dans une direction propre a 1'observation du phe- nomene. Nous reviendrons bientot sur les conditions qu'il faut reinplir pour obtenir le resultat qu'on cherche. Ce phenomene se rattache d'autant plus particulierement a la mineralogie, qu'il ne s'observe facileinent ou pour ainsi dire naturellement, que dans les corps cristallise's. On peut, par differens moyens ou artifices , le faire naitre dans les matieres fondues ; mais il semble qu'il faut donner a leurs parties , par ces moyens , un arrangement cristallin qui n'est meme quelquefois que momentane. Ainsi la chaleur menagee qui le fait naitre dans le verre, le fait aussi se manifester dans quelques mineraux cristallises qui ne le possedent pas a la temperature ordinaire ou on a 1'habitude de les observer. Ces exceptions, que nous ne pouvons que rappeler ici, ne detruisent pas la premiere condition generate , que c'est aux corps cristallises qu'appartient presque uniquement cette propriete. La seconde condition, encore plus generale, se tire de la forme primitive de ces corps inorganiques cristallises. Les mineraux qui ont pour forme primitive le cube , 1'oc- taedre regulier et le dodecaedre a plans rhombes, ne jouis* sent pas de cette propriete dans leur e*tat ordinaire ; mais M. Brewster a reconrm qu'il falloit que ces formes fussent parfaitement exactes ; pour peu qu'elles devient de leur re*gularite , les mineraux qui les possedent acquierent alors la propriete de diviser le rayon refracte; la chaleur qu'on y propage fait egalement naitre ce phenomene de la meme maniere que dans le verre ine"galement echauffe. Ces pheno- menes, quand ils se presentent pour ainsi dire d'eux-memes, paroissent done etre.non-seulement propres a 1'espece 4? ralogique el lies a sa nature , mais tres-convenables pour faire reconnoitre la structure cristalline . et par consequent 1'ori- gine probablement naturelle des corps inorganiques, et pour les distinguer de ceux qui ont ete formes par fusion ignee , et par des moyens souvent artificiels. Elles indiquent en outre un etat d'aggregation uniforme et reguliere, et montrent que le mineral jouit a cet egard d'une de ses proprietes evssentielles ; elles prouvent en effet que la forme primitive n'est aucun des trois solides simples et emi- nemment symetriques que nous avons nommes. 11 faut, tant pour observer ce phenomene que dans le cours de 1'observation , avoir egard a quelques circonstances im- portantes que nous devons indiquer comme une suite des con- ditions liees avec la manifestation de la double refraction. C'est la troisieme condition qui est fondee sur la position de 1'axe de refraction , par rapport aux faces du cristaJ. On ad- met dans les corps doue"s de la double refraction une ligne ou axe d'ou paroissent e'maner les forces reTringerites (pi. II, fig. 4 et 5, IA.) Tant6t le rayon de refraction extraordinaire R E, fig. 4, est rapproche de 1'axe IA, et situe entre lui et le rayon de refraction ordinaire RO ; c'est ce que les physiciens nomment refraction attractive ou quarzeuze, parce que le quarz possede cette refraction que montrent aussi la baryte sulfate"e , la to- paze, le gypse, etc. Tant6t le rayon de refraction extraordinaire R E, fig. 5, s'ecarte plus de 1'axe de refraction IA, que le rayon ordi- naire RO ; celui-ci est situ alors entre 1'axe et le rayon de refraction extraordinaire. Ce dernier est comme repousse par 1'axe. C'est ce qu'on appelle refraction repulsive ou Hryllet; la double refraction du calcaire rhombo'idal du be"ril, de la tourmaline, etc., est de cette classe. Dans tous ces cas, on ne peut voir le phenomene si on re- garde le corps en observation, soit perpendiculairement, soit parallelement a 1'axe de refraction. II faut tou jours que le rayon visuel soit incline a 1'une et a 1'autre de ces directions. La qaatrieme condition est done, ou de choisir sur le cristal des faces dont 1'inclinaison permette ce mode de vision , on d'en faire naitre d'artiticielles, s'il n'en existe pas. 43 Le premier cas est rare, c'est-a-dire celui dans lequel deux faces nalurelles du cristal etant paralleles , sont en meme temps dans une position inclinee sur Faxe de refraction; le calcaire spathique et le soufre remplissent cette condition. Si cette circonstance , qui est la plus favorable a 1'obser- vation directe et immediate, n'existe pas, il faut ou choisir sur les formes secondaires du cristal deux faces inclines 1'une sur 1'autre, qui perxnettent une vision oblique a 1'axe de refraction (c'est le cas du quarz prisme: on regarde a tra- vers une des faces de la pyramide et le pan du prisme qui lui est oppose), on bien il faut faire naitre artificielleinent, c'est-a-dire par la taille et le poli, une facette inclinee sur Taxe , et regarder perpendiculairement a travers cette facette et la face du cristal qui lui est opposee : c'est le cas d'un grand nombre de cristaux dorit la forme primitive est un prisme a base rhombe ou parallelogrammique, tels que le gypse, la baryte sulfatee , etc. Les faces a travers lesquelles on observe la double refrac- tion s'appellent/aces refringentes , et 1'inclinaison de ces faces la plus conveuable a 1'observation se noinme Tangle refrin- gent. On arrive par ces inoyens a des caracteres precis, inherens a la nature de 1'espece, mais qui ont centre eux d'etre diffi- ciles a observer. II faut, pour qu'on puisse determiner la position de 1'axe de refraction , reunir un grand nombre de circonstances favorables, telles que la grosseur du cristal, sa nettete, une transparence complete, et ensuite Tart de voir des effets qu'on ne saisit bien et surement que quand on a acquis 1'habitude de les chercher et de les reconnoitre : il est rare de trouver des mineraux qui presentent toutes ces conditions. L'etude des phenomenes de la double refraction , poursuivie avec genie et perseverance par Malus, et ensuite par plusieurs celebresphysiciens, MM. Brewster, Biot, Arago, Fresnel, etc.. a conduit a la connoissance , tres-approfondie maintenant, d'une autre propriete de la lumiere et d'une influence des mi- neraux sur la lumiere, encore plus delicate, plus variee, plus feconde par consequent en resultats curieux, a cette propriete qu'on a nomine polarisation, parce que la lumiere qui a tra- 49 Verse certains mineraux sous des conditions particulieres se s'eloigne ous'approche de 1'observateur. Lors r qu'on a decouvert dans le quarz la propriete de la double re- fraction , on ne presuznoit pas que cette propriete , qui n'etoit alors que curieuse, seroit un jour susceptible d'une applica- tion de Fiinportance de celle que nous venons d'indiquerj qu'elle pourroit servir , par exemple, a faire connoitre sur-le- champ et par un artifice tres-simple, si un vaisseau qui en poursuit un autre gagne ou perd de vitesse sur celui qu'il chasse , et qu'elle seroit ainsi dans le cas d'avoir une influence considerable sur les plus grands interets de la societe. (i) Diet, des Sciences naturelles , torn. XXVII, p. 299, 322 et 3a6 : 4 5o . 11. Reflexion de la lumiere. La maniere dont les mineraux nous renvoient la lumiere de leur surface ou de leur interieur, fournit un grand nombre de considerations, mais toutes moins importantes que celles que fournit la refraction , parce qu'il est plus rare qu'elle de- pende, comme dans cette derniere, de la nature intime et essentielle du mineral, et cependant c'esta cette classe de phe- nomene, a laquelle appartiennent la couleur, le chatoiement, etc., que 1'ecole de \Verner a attache, sinon le plus d'impor- tance, ear elle ne cherchoit guere a apprecier la valeur des caracteres, au moins le plus de details, de definitions, de developpemens; c'est ce caractere exterieur en effet qu'elle mettoit en tete des autres comme le plus apparent , et par consequent le premier suivant ses principes de description. Mais si, au lieu de placer sur la inline ligne tous les pheno- menes dus a la reflexion de la lumiere , on a 1'attention de distinguer les circonstances dans lesquelles ils se manifestent , on trouvera dans ces phenomenes des valeurs tres-differentes, suivant les circonstances et les mineraux ou on les observe. ISfous distinguerons dans ce but les phenomenes de la re- flexion en coloration et eclat , etles couleurs que presenteiit les mineraux, en couleurs propres et couleurs accidentelles. LES COULEURS PROPRES tiennent , a ce qu'il paroit, a la na- ture meme des molecules; elles ne sont dues a aucun corps etranger, mele ou combine avec celui qui les presente. Lors- que ce corps est ramene au meme degre de densite, au meme e*tat d'aggregation, a la meme temperature, etc., il presentera toujours les memes couleurs : et plus il s'approchera de'l'etat de parfaite purete , plus aussi cette couleur sera uniforme et constante. Cette consideration etablit d'une maniere absolue le caractere des couleurs propres. Ainsi, les metaux autopsides et les combustibles metal- lo'ides ont des couleurs propres , et sont seals susceptibles d'en donner de telles aux combinaisons dans lesquelles ils entrent. Lessels dont ces corps forment les parties constituantes, tels que les sulfates de fer , de cuivre et de cobalt , et les phosphates de fer j de plomb, etc.: les oxides de ces indiaux , dans dijfiferens 5i tlegres d'oxidation, leurs sulfures, etc., ont tous des couJeurs propres , et par consequent susceptibles d'etre employees comme caracteres, lorsque d'ailleurs toutes les circonstances sont egales; et lors meine que ces circonstances changent, si on a pu tenir compte du mode de changement, les couleurs differentes que ces corps peuvent offrir, sont restreintes dans certaines limites , et sont encore tellement determinees qu'elles peuvent servir egalement de caracteres distinctifs. Ainsi le mode d'aggregation , ou le degre de densite peut faire varier le fer oxidule du noir au vert, le cuivre azure du bleu au vert, 1'arsenic sulfure du rouge au jaune orange, 1'or metallique du jaune pur au violet* Ces changemens sont dus a 1'arrangement des molecules, et nullement a la pre- sence d'un corps etranger; ce sont dont tou jours des cou- leurs propres. Si on voit dans des combinaisons de metaux autopsides, qui paroissent assez simples et assez bien determinees, des variations de couleur fort etendues, telles que celles que presentent le zinc sulfure, le plomb phosphate", le cuivre arseniate", 1'urane phosphate, etc., cela tient probablement a. la presence de quelques principes etrangers que la chimie n'a pas encore signales pour tous, mais qui commencent dja A etre assez bien connus dans les deux derniers pour rendre raison des grandes differences qu'ils presentent quelquefois dans leur couleur. Les couleurs propres bien reconnues peuvent done etre re- gardees comme des caracteres de premiere valeur , suscep- tibles par consequent d'etre employes pour la distinction des especes. &<\ 3 Les COULEURS ACCIDENTELLES sont celles qui sont dues , ou a la presence de corps etrangers a la composition de Tespece, ou a certaines alterations dans le mode d'arrangement des molecules des especes qui d'ailleurs n'ont pas de couleur prop re, Ainsi les metaux heteropsides et leurs combinaison n'ont point de couleur propre dans leur ttat de purete" , ils sont incolores, leurs combinaisons pures le sont egalement; les couleurs accidentelles qu'ils presentent paroissent etre tou- jours dues a la presence de quelques combustibles rn^talloides 4- ou de quelque metal autopside. Ces eoulcurs, qui semblent pouvoir varier conime la nature des corps Strangers dissous ou simplement male's dans ces mineraux essentiellement in- colores, ne peuvent done etre employees comine caracteres specifiques; mais comme ces variations ont quelquefois des limites, comme elles sont dues quelquefois a des me'taux au- topsides qui ne sont pas toujours melanges sans proportion et comrne au hasard , mais qui sont au contraire dissous en quantite notable dans certaines variete's, et meme en etat de combinaison a proportion definie , ces couleurs peuvent, dans quelques cas, etre regardees comme inherentes a 1'espece , et dans d'autres comine propres a reunir certaines vari^tes sous le titre de sous-especes. Ainsi, dans le premier cas, les grenats, le peridot, la chlorite, la lievrite, 1'hyperstene, quoique places parmi les pierres, c'est-a-dire parmi les mineraux auxquels on ne re- connoit pas de couleur propre, pourroient bien cependant devoir leur couleur a un me"tal autopside; et ici c'est le fer qui n'y est pas seulement principe accessoire, mais principe constituant et tellement necessaire , que ces pierres le con- tiendroient essentiellement, et seroient par consequent es- sentiellement colorees. Les couleurs deviendroient ici cod- leurs propres , et pourroient etre employees comme caractere specifique. Dans le second cas, le principe colorant est moins essentiel., il ne se trouve que dans quelques variete"s; mais il modifie sensiblement, et autrement que par la couleur qu'il leur im- prime, les caracteresde cesvariet^s; tels sontle chrome oxide dans le beryl e"meraude, et le fer dans le beryl aigue-ma- rine; 1'acide chromique dans le spinelle rubis, et le fer dans le spinelle pleonaste ; le fer dans difierens etats d'oxidation; dans les grenats, les amphiboles, les pyroxenes, 1'epidote, etc. Dans les autres cas, qui sont aussi les plus nombreux, les couleurs sont si etrangeres a 1'espece, si pen influentes, si variables, qu'elles ne peuvent plus etre prises que pour eta- blir des varietes du dernier ordre. Cependant, en examinant la distribution des couleurs de cet ordre dans le regne mi- neral , on peut encore y reconnoitre , noji pas certaines 53 lois, mais certaines habitudes, si 1'on peut toutefois s'expri- mer ainsi , et voir que toutes les especes ne sont pas suscep- tibles de presenter indistinctement toutes les couleurs, qu'ii semble au contraire y avoir dans beaucoup d'especes une certaine serie de couleurs admises, et une certaine serie de couleurs exclues. Nous allons en presenter quelques exemples. Les mineraux pierreux a base de chaux pre'sentent a peu pres toutes les couleurs-, mais, dans les carbonates de chaux, ces couleurs, repandues assez egalement dans les masses, sont plut6t sales que pures, plut6t ternes ou pales que vives; dans les fluates, au contraire, elles ont une purete, une transpa- rence , une vivacite* qui ne se de*mententpresque jamais. Dans les gypses c'est le jaune et le rouge sale qui dominent ; dans le karstenite , qui ne differe du gypse que par 1'absence de 1'eau, c'est le bleuatre. Dans les phosporites, c'est aussi le bleuatre et le verdalre. Les mineraux a base de baryte presentent peu de couleurs: le jaune sale y est dominant; le rouge, le vert, le bleu en sont presque exclus; dans ceux qui ont la strontiane pour base, c'est au contraire cette derniere couleur qui se presente le plus ordinairement. Le quarz off re toutes les couleurs; il n'y en a peut-etre pas une d'exclue ; mais , a 1'exception du beau violet qui lui est propre dans 1'amethyste , toutes les autres ont peu d'intensite et peu de purete, car le rouge de la cornaline n'est pas pur. Les corindons presentent aussi toutes les couleurs : mais quelle difference pour 1'intensite et la purete! je n'ajouterai pas pour 1'e'clat, parce qu'on pourroit 1'attribuer a la diffe- rence de densite. La couleur dominante des topazes est le jaunatre : on en connoit de bleuatres , de rosatres, mais peu de vertes. Celle des beryls est au contraire le vert, tirant quelquefois sur le bleuatre ; mais on n'y voit plus ni beau rouge , ni beau jaune, ni beau bleu. Les spinelles ont pour couleur dominante, oulebeau rouge, ou le bleu intense. On n'en connoit ni de jaune ni de par- faiternent vert; et cependant, d'apres une observation de M. Brewster, une tres- haute temperature peut Icur faire prendre momentanement cette couleur. 54 Les seules varietes que presentent les mesolypes , les stfl- bites, les analcimes, c'est le rouge et le jaune sale. Le Lieu et ses derives par alteration , le jaune sale et le vert sale, semblent les seules couleurs des disthenes. JLe vert et le jaunatre sont celles de la prehnite. Le violet et le verdatre sale colorent toujours 1'axinite. Le talc larninaire ne varie guere que du blanc au vert, (andis que le steatite et la serpentine , qu'on regarde comme des talcs compacles, presentent toutes les couleurs, a Tex- ception du beau bleu, et que la magnesite et la giobertite, qui sont encore des mineraux a base de magnesie silicatee, n'ont jamais ete vues qu'incolores. Enfin il y a des especes minerales qui se sont jusqu'a pre- sent toujours montrees sans couleurs, car le blanc n'en est pas une; tels sont, avec la magnesite , 1'harmotome , le meyo- nite, 1'apophyllite, I'amphigene, la nepheline, la laumonite^ la chabasie. Dans les mineraux que nous venons de nommer, les cou- leurs sont accidentelles, et dans la plupart d'entre eux elles ne peuvent etre dans un autre etat; cependant on vient de remarqucr qu'elles ne se presentoient pas indifferemment dans toutes les especes. On ne sait pas encore quelle liaison il y a entre les couleurs , qu'on attribue presque toujours a 1'oxide de fer dans differens etats , et les principes composans des mineraux : ainsi on voit des mineraux a base de silice et d'alumine presenter toutes les couleurs; d'autres, composes de ces deux memes principes (la nepheline), n'en offrir au-^ cune; d'autres (le disthene), n'en offrir qu'une ou deux: on voit la meme chose dans les mineraux a base de magnesie. II est cependant presumable qu'il existe quelques rapports entre la composition et Yhalitude des couleurs, mais je ne sache pas qu'on les ait encore reconnus. II y a bien d'autres mineraux pierreux qui ont aussi des couleurs doininantes; mais il seroit tres- possible que dans ceux-ci la couleur ne fut pas accidentelle. J'ai deja indique le grenat, le peridot, etc., comme e*tant dans cette catego- jie. II est presumable que 1'amphibole , ou au moins certaines especes de ce genre , le pyroxene et quelques especes de cet autre genre, qui ont le noir et le vert JTonce pour couleur 55 dominante, Tepidofe qui a le vert, la diallage qui a le brim, les tourmalines qui ont tant6t le noir etle vert, tantot le rouge violatre, 1'idocrase qui a le brun et le vert jaunatre ; ii est presumable, dis-je, quc ces mine'raux doivent leurs couleurs a un de leurs principes constiluans essentiels, et alors elles ne devroient pas etre regardees comme accidentelles. Aussi n'avons-nous pas nomine ces mineraux dans la revue que nous venons de faire des especes dont la coloration nous semblc etre independante de la composition. II y a des mineraux qui ont des couleurs dominantes telle- ment differentesl'une de 1'autre, qu'on est tente pour ceux-ci, plus que pour tous autres, de les placer parmi les especes a couleurs accidentelles; cependant, en y faisant une attention suffisante, on veit que ces modifications ne sont pas si e'tran- geres 1'une a 1'autre qu'elles le paroissent; tels sont les mine- raux qui presentent dans leurs modifications le vert intense, et quelquefois assez pur, le jaune roussatre etle rouge tres- fonce. Le peridot, le beryl aigue -marine , la chlorite, la wernerite paranthine, le fer arseniate, sont dans ce cas. La couleur pour ainsi dire primitive de ces mineraux, couleur propre a leurs varietes, si ce n'est meme a 1'espece, est le vert, du au fer; ce metal, en changeant de degre d'oxida- lion, passe au jaune, au jaune roussatre et au rouge : ce charigement chimique explique assez bien pourquoi la plu- part des especes colorees en vert par le fer varient en rouge , tandis que le rouge ne varie pas en vert, et que le vert qui n'est pas du au fer dans le beryl emeraude , dans la diallage , dans certaines serpentines, et peut-etre aussi dans le fluor, n'est pas susceptible de ce genre d'alteration. Le second ordre de couleurs accidentelles renferme celles qui ne sont produites par aucun corps etranger, inais qui sont dues a diverses alterations que certains mineraux ont eprouvees dansleur aggregation, dans leur structure, ou dans la seule disposition de leurs molecules; tels sont 1'iridation., le cha- toiement et le dichro'isme. L'iridation, ou la serie des couleurs de 1'iris, peut etre pro- cluite dans un mineral , soit par un corps etranger non colore par lui-ineme , qui vient s'appliquer en pellicule tres-mince a la surface de ce mineral, soit par 1'alteration dc cette sur- 56 face, lorsqu'une lame tres-mince de la substance meme du mi- neral s'en separe, soit enfin par des fissures tres-deliees qui existent dans Tinterieur d'un mineral, ou qui sont produites par la percussion, par la chaleur, ou par toute autre cause, Ces causes accidentelles, qui ne ehangent point la nature du mineral, qui n'y introduisent rien, qui ne lui enlevent rien , produisent le phenomene connu en optique sous le nom des anneaux colores; c'est une decomposition particu- Here de la lumiere, qui a et explique'e a cet article. Ce phe- nomene donne a certains mineraux des couleurs extremement belles par leur variete ; leur assortiment et leur vivacite les rendent souvent precieux et les font rechercher : le fer oli- giste , le fer et le cuivre pyriteux , la houille meme , presen- tent quelquefois ce beau phenomene a leur surface; le quarz hyalin et le silex resinite d'un blanc laiteux, en le presentant dans leur interieur, prennent, le premier le nom d'iris, et le second celui d'opale. Ce silex est alors recherche comme une pierre d'ornement tres-precieuse et payee aun tres-haut prixj ces couleurs ne tiennent cependant a rien; la percussion ou une liqueur lirnpide qui s'introduit dans les fissures , les font disparoitre. Ici done la proprie'te optique ne donne pas meme nn caractere de sous-variete, Lorsqu'une lumiere blanche ou une lumiere coloree est ren- voyee de 1'interieur d'un mineral transparent, ou au moins translucide et de la surface des lames qui appartiennent a sa structure , ce phenomene s'appelle chatoiement j il est un peu plus important que le precedent, parce qu'il peut servir a indiquer le sens du clivage , et par consequent 1'inclinaisoii des joints de clivage , ou des lames les unes sur les autres, Le chatoiement est simple dans le felspath ordinaire, dans quelques gypses et calcaires spathiques, dans la baryte sulfa- tee, etc. II est d'un blanc argentin ou lunaire dans le felspath adulaire, et surtout dans celui qui a eprouve un commence- ment d' alteration dans 1'apophyllite, etc. II est irise dans le felspath opalin ou de labrador , et il est de la coulcur du mineral dans 1'arsenic orpirnent laminaire ,- dans 1'urane phos- phate cuprifere, dans le mica, etc. C'est une particularite des varie"tes de ces especes ; mais ce n'est pas meme un caractere de sous -variete. 57 Le troisieme phe'nomene de la lumiere reflechie dans 1'in- terieur des mineraux, est le dichro'isme; c'est la propriety qu'ont certaines especes transparentes de faire emaner une couleur lorsqu'on les regarde dans un sens , et d'en produire une autre lorsqu'on les regarde dans un autre sens. Ce pheno- mene, des plus compliques de 1'optique, est li^ avec la struc- ture des mine'raux, et par consequent sembleroit devoir etre d'une assez grande importance ; mais quand on considere que dans une meme espece certains echantillons le presentent avec une grande facilite. tandis qu'on ne pent pas le voir dans d'autres, on est oblige de le regarder aussi comme un pheno- inene qui tient a une disposition particuliere des molecules colorantes dans ces echantillons , et qui n'est nullement carac- teristique de la structure essentielle a 1'espece. Ce phenomene se voit souverit tres-bien dans 1'espece mi- nerale a laquelle M. Cordier a donne le nom de dichro'ite, precisement a cause de cette proprie"te : elle paroit d'un bleu de saphir dans une direction et d'un violet rougeatre dans une autre; quelques tourmalines le presentent egalement; on le voit dans certaines sous-varietes de fluor, dont les cristaux paroissent d'un beau vert ou d'un bleu violet , suivant la ma- niere ( dont on les regarde : M. de Bournon et M.Biotl'ont aussi reconnu dans quelques varietes cristallisees de mica. Les cris- taux prismatiques rouges et bleus de ces micas, vus dans le sens de Taxe , presentent une couleur differente de celle qu'ils font voir quand on les regarde perpendiculairement a 1'axe. Enfin, il est si vrai que cette propriete n'est pas essentiellement liee a la disposition des lames ou a la structure, qu'on peut observer un veritable dichro'isme dans des mine'raux non cris- tallises. Le silex r^sinite , connu sous le nom de girasol, est d'un blanc laiteux lorsqu'on le regarde par reflexion, et d'un rouge laiteux lorsqu'on le place entre I'a'il et la lumiere. L'ECLAT. 11 y a des mineraux, et ce sont principalement ceux qui sont homogenes , tres-denses et opaques , qui ren~ voient de leur surface, lorsqu'elle est naturellement ou arti liciellement polie, une si grande quantite de lumiere dans une meme direction , qu'elle frappe les yeux avec une intensity et une vivacite qu'on designe sous le nom d'ecUit ou de lustre, L'eclat e'tant different , non pas en couleur , mais en qualite , suivant les corps qui le produisent, on a attache beaucoup d'importance a ce caractere; on en a subdivise conside*rable- ment les modifications, en leur donnant des noms diffe'rens qui rappellent la nature de ces corps. Nous ne parlerons ici que des principales sortes d'eclats. L'eclat analogue a celui du verre, qui est le plus foible de tons, se nomme eclat vitreux; celui qui a 1'aspect particulier et comme cnctueux de 1'huile , s'appelle eclat gras, et eclat adamantin, lorsqu'il se rapproche de 1'eclat particulier du diamant. Le quarz gras , 1'eleolithe , le circon , le plomb car- bonate, offrent ces modifications. Celui qui est le resultat d'une grande opacite , et qui ne paroit pas tout-a-faitindependant de la couleur du corps qui le renvoie , porte les noms d' 'eclat metallique ou metallo'ide , suivant son degre de purete ou d'analogie avec 1'eclat des metaux, tels que 1'argent, Tor, 1'antimoine, la diallage, Fhyperstene, etc. Lorsque 1'eclat semble etre un melange de 1'eclat argentin avec le vitreux, qu'il se pre'sente enfin comme dans la perle, on le nomme eclat perle, lorsqu'il est d'un blanc grisatre ; on 1'appelle eclat nacre, lorsqu'il est d'un blaiic mele de quelques nuances de couleur. On pent augmenter beaucoup le nombre des modifications de cette propriete; mais ce seroit inutilement, puisque les mots qui les expriment sont facilement entendus de tout le monde. Elle est, comme les couleurs, tant6t propre et tantot accidentelle ; mais elle indique en general, dans les corps qui la presentent constamment, des proprietes optiques qui tien- nent a leur nature intime, ou a 1'arrangement ordinaire de leurs molecules. L'eclat combine avec la structure et la texture donne aux mineraux un aspect qui dans ce cas-ci ne ticnt uniquement ni a la lumiere , ni a la nature du mineral, et sur lequel nous reviendrons en parlant de la structure ; tels sont V aspect soyeux , qui est la combinaison de Teclat vitreux avec la struc- ture fibreuse , a fibres tres-deliees; V aspect resineux, qui vient du mode de cassure, joint a 1'eclat vitreux. Ce qui prouve que cet aspect doit etre distingue des diffe'rentes sortes d'eclals dont nous venons de parler, c'est qu'il ne se soutient pas au poli; 5 9 n silex resinite perd par ce precede son aspect resmeux, et ne conserve plus que son eclat vitreux. . 5. Electricite. L'electricite que les mineraux manifestent ne differe en rien de celle que presentent tous les corps inorganiques sui- vant leur nature et les circonstances dans lesquelles on les place; mais cette propriete, etudiee dans les mineraux, est susceptible de deux considerations particulieres. i. Elle se developpe et se manifeste dans des cas et avec des particularites qu'on n'avoit pas eu occasion de remarquer dans des corps bruts artificiels ; on les a exposees a 1'article ELECTRICITE DES MINERAUX. (Voyez ce mot.) 2. Elle est devenue pour les mineralogistes , mais dans quelques especes seulement, un moyen de plus de reconnoitre les especes, par consequent un caractere mineralogique. Ce n'est que pen a peu qu'on a pu decouvrir dans cette propriete des lois assez remarquables et assez constantes pour leur attribuer ce degre d'importance. D abord elle a ete aperc,ue des anciens, et sans nous arreter au succin (dectrum) , danslequel elle se developpe si aisement et d'une maniere si visible, qu'on pense que ce corps a donne son nom au phenomene, il paroitque les anciens 1'avoient re- marquee dans d'autres corps, mais sans reconnoitre dans la propriete qu'avoient ces corps frottes , d'attirer les corps legers , d'autre ^analogic avec celle du succin, electrum, qu'une res- semblance de phenomene : ainsi, comme nous 1'avons dit a 1'article LYNCURIUS, il est tres-vraisemblable que la propriete electrique des topazes ne leur avoit pas entierement echappe. Jusqu'a Boyle, en i6y3, il ne paroit pas qu'on ait rien ajoute au peu que les anciens avoient apercu de ce pheno- mene. Mais Boyle 1'etenditbeaucoup, enle faisant remarquer dans plusieurs pierres gemmes. II dit ( i ) que de legeres alterations suffisent pour exciter un effluve de fluide des gemmes transparentes, qu'on peut rap- (0 SPECIMEN DI GEMMARUM ORIGIIVE ET VIRTCTIBUS, edit. Hamburi , 1678, pag. 120. 6o porter ces effluves aux attractions electriques , et qu'il possede une pierre gemme ayant presque la durete du diamant, qui, Increment frottee , acquiert une puissante propriety attractive , a 1'admiration du spectateur, * Cette connoissance tres-superficielle est restee stationnaire pendant pres de cent ans. En 1766 , ./Epinus a fait connoitre les proprietes electriques de la tourmaline; et, ne se conten~ tant pas d'exposer simplement ce phenomene , il 1'a developpe* et en a donne" la theorie. Jusque-la ces connaissances rentroient ou dans le domaine des proprietes isolees, et simplement curieuses, des mineraux, ou dans celui de la physique ; il y avoit encore un grand pas a faire pour les introduire dans le domaine de la mine'ralogie et pour en tirer des caracteres varies, precis et applicables a un assez grand nombre de mineraux. C'est a M, Haiiy qu'est due cette belle application de la physique a la mine'ralogie, C'est lui qui a fait varier et ressortir tous les phenomenes electriques des mineraux , qui a donne les moyens de les ob- server, de les distinguer, et par consequent de les employer comme caracteres mineralogiques. Ces caracteres nous semblent cependant d'une foible im- portance , et tout au plus propres a faire connoitre 1'etat par- ticulier des especes qui sont dans le casde les presenter, II suffit d'examiner les anomalies dont le phenomene est susceptible , anomalies qui ne tiennent pas seulement a 1'impurete de 1'echantillon , mais a son etat d'aggregation . peut-etre aux circonstances dans lesquelles cette aggregation a eu lieu , et enfin meme al'etat de sa surface : il suffit de remarquer qu'en s'y prenant avec certaine precaution ou en mettant les corps dans certaines circonstances, on peut pourainsi dire leur faire manifester a volonte des proprietes electiiques, pour nous porter a croire quc , quoique ces proprietes tiennent a Tin- dividu , elles peuvent aussi prendre naissance dans le mode d'aggregation des individus, ou, ce qui revient au meme, devoir influer sur ce mode. Ainsi il y a des topazes dans lesquelles il est presque impossible de faire naitre aucun phenomene electrique; il en est de rneme des tourmalines, et nousprenons. pour exemple des mineraux qui manifestent ordinairernent ces proprietes avec le plus de facilite et de puissance. Suivant Ci qu'un diamant est brut ou poli, la nature de 1'electricile qu'il acquiert par le frottement est changee. II paroit dont que 1'electricite dans Ics mineraux se mani- feste comme dans tous les autres corps, qu'elle n'est pas plus particuliere a une espece qu'a une autre, et que, si cela paroit ainsi dans quelques cas, ces preteudues differences viennent plut6t des cirsonstances dans lesquelles se trouvent certaines especes, que de la nature de ces especes. Or, une propriete qui requite d'un tel genre de modification, ne peut pas etre prise comme caractere specifique. . 6. Magnetisme* Quoique ce caractere soit tire d'une propriety physique qui ne differe pas essentiellement de relectricite , il est bien plus special; cette propriete etant restreinte a un petit nombre d'especes, elle paroit pouvoir caracteriser essentiellement ces especes: ainsi, quoique le magnetisme ne differe pasphysique- ment de 1'electricite que nous venons de considerer comme caractere de circonstances, il peut cependant etre employe comme caractere de premiere valeur, comme caractere te- nant a la nature mfime de 1'espece , et par consequent essentiel. On a presente au mot MAGNETISME DES MINERAUX tout ce qui est relatif a cette propriete physique considered dans les corps bruls naturels. Nous y renvoyons : nous n'avions a traiter ici que de 1'importance de cette propriete comme caractere physique des mineraux; et on vient de voir que nous la re- gardons comme intimement liee a la nature des especes qui la manifestent* Mais appartient-elle a Tindividu ou a 1'aggre- gat? il est presumable qu'elle appartient plus specialement encore a 1'individu qu'a ses aggregations, dont les proprietes sont ici une suite ou consequence necessaire de celle de 1'in- dividu , et que cette propriete meme a pu regir leur mode ^'aggregation. (Voyez MAGNETISME DES MINERAUX.) . 7. Phosphorescence. Un grand nombre de corps inorganiques ont la propriete d'etre lumineux par eux-memes, et sans qu'on puisse attri- buer cette lumiere a la combustion. 62 Beaucoup de mineraux possedent cette faculte, et plusieufs presententle phenomena de la phosphorescence d'une maniere tres-sensible , lorsqu'on les met dans 1'etat le plus propre a le faire paroitre. On range ordinairement ce phenomene parmi ceux qui tiennent a 1'influence des mineraux sur la lumiere ; mais la definition que nous venons d'en donner, et la maniere dont nous exprimons les rapports des mineraux avec la lumiere qui leur arrive , fait voir qu'il n'y a point de liaison reelle entre 1'action des mineraux sur la lumiere et la lumiere emanee des mineraux. Cette premiere consideration nous conduit a re- tirer la phosphorescence du paragraphe 4 , et a chercher a la placer ailleurs : or on va voir que , si elle doit etre rapportee a une des proprietes physiques dont nous venons de traiter, c'est a 1'electricite plut6t qu'a toute autre. Nous allons d'abord e'tudier ce phenomene dans les rap- ports qu'il a avec les mineraux. Nous examinerons ensuite de quelle propriete physique il peut etre regarde comme depen- dant. Nous serons alors a meme de juger son importance comme caractere. La propriete qu'ont certains mineraux d'etre lumineux par eux-memes, mais souvent trop foiblement pour qu'on puisse le reconnoitre autrement que dans une obscurite complete , a ete remarquee depuis long-temps. Onl'avoit vue, il est vrai, ainsi qu'on voyoit autrefois la plupart des phenomenes phy- siques , comme des faits curieux et isoles, sans chercher a les Her avec les faits connus par aucune comparaison, niales constater, a les de'velopper et a les generaliser par aucune experience. Ainsi, suivant M. Bre\vster qui nous a donne" une histoire abregee des connoissances successivement acquises-^ur la phos- phorescence, c'est dans 1'ouvrage de Benvenuto Cellini, in- titule : Due Trattati delf Orijiceria, public aii commencement du seizieme siecle , qu'on trouve les premieres notions de ce phenomene observe 1 dans les mineraux. II y est dit qu'on decou- vrit, par 1'effet de cette propriete , une escarboucle dans un vignoble des environs de Rome. Boyle, en i663, observa ce phenomene sur un diamant; mais, comme on repeta depuis 1'experience sans succes, on en conclut qu'il y avoit erreur dans 1'expose de Boyle. Nous verrons plus bas a quoi sorit dues ces apparentes contradic- tions. Beccaria, Kircher, Grothus, Dufay, Pallas en 1780 , le comte Morozzo , ont egalement remarque ce phenomene , et 1'ont decrit avec plus ou moins de developpement. Thomas Wedgwood fit vers 1792 des experiences sur la lumiere qui emane de certains corps par 1'action de la cha- leuret du frottement; les fluorites,le diamant sont au nombre de ces corps. Mais on peut dire que la connoissance de la phosphores- cence des mineraux , et des circonstances dans lesquelles elle se manifeste , ne date reellemeni que des travaux nombreux et precis de M. Dessaigne, travaux qui ont remporte le prix propose par 1'Institut pour ce sujet, et qui ont commence a etre publics dans le Journal de physique en 1809. Depuis ces grands travaux de M. Dessaigne, on s'est en- core occupe de la phosphorescence. M. Brewster vers 1819, et M. Heinrich a peu pres a la meme epoque, ont ajoute, iiotainment le dernier , un assez grand nombre de faits a ceux que M. Dessaigne avoit deja observes. On voit que ce phenomene a frapp e assez vivement 1'atten- tion des physiciens dans ces derniers temps : il en est resulte un nombre presque inlini d'observations, et presque tous les corps naturels et artificiels ont ete passes en revue sous ce rapport. Nous ne parlerons que des premiers, et nous ne citerons que les faits les plus saillans, ceux surtout qui nous paroissent le plus immediatement lies avec 1'objet de la mi- neralogie. On fait naitre par quatre moyens la phosphorescence dans les mineraux susceptibles de cette propriete : i. la collision; 2. la chaleur ; 3. I' insolation; l\. Felectricite. i. En frappant Fun centre Tautre les morceaux de certains mineraux qui ne sont point combustibles, on produit au point de contact une lumiere plus ou moins vive, qu'on ne voit que dans 1'obscurite et qui est d'une couleur ordinairement rou- geatre, quelquefois bleuatre; le^quarz, le silex pyromaque, offrent des exemplesde mineraux phosphorescens par collision. Quelquefois la percussion n'est pas necessaire ; le frotte- !** ,.. 64 inent, et meme un frottement leger, suffit pour faire naitre le phenomene. Ainsi, en passant une pointe de plume sur cer- tainesvarietes de blende, on voit une trace lumineuse suivre cette pointe : la ponce , le felspath , sont phosphorescens par frottement. 2. La phosp horescence par chaleur apparlient a une multitude de corps; elle se manifeste dans des circonstances et avec des phe'nomenes tellement varies , qu'il seroit tout-a-fait etranger a notre sujet de les detailler. Pour 1'observer, on place le mineral, reduit en petits fragmens ou en poussiere, sur un support qui doit etre toujours de meme nature, non phos- phorescent, et qu'on eleve a une temperature a peu pres de- termine'e. II nous suffira de faire remarquer, i. qu'il faut pour certains corps que le degre" de chaleur soit determine et qu'ils restent tenelreux, comme le dit M. Dessaigne, au-dessus et au-dessous de ce degre. 2. Que la couleur de la lumiere est tres-differente suivant les corps. M. Brewster a fait un grand nombre d'observations a ce sujet. II en resulte qu'il y a des lumieres phosphorescentes de toutes les couleurs. Nousciterons les principales en suivant Tordre des couleurs du prisme. fV/i/ ^ u'i ^;i-J'.tfVKV^l JQ-'-^'iJ .MOV fH") Lumiere blanche. Fluorite arenacee* Plomb arseniate. Witherite. Calcaire inagnesien. Titane spene. Bleue. Argent muriate. Telesie verte. Pe'talite (vive) Disthene. Verte. Fluorite hyalin, dit Chlorophane (tres- vive et a une temperature tres-peu elevee). Jaune* Calcaire spathique* Phosphorite (tres-vive). Grammatite de Glentilt. Topaze du Bre"sil (foible). 65 Lumiere orangee. Harmotome. Grammatite. Titane anatase. Arragonite. Rouge. Tourmaline rubellite (rouge ecarlate). Chaux schelatee (rouge de feu). M. Dessaigne regarde la lumiere bleue comme 1'indication que le mineral pierreux est pur , c'est-a-dire exempt d'oxides de metaux autopsides ; il attribue les couleurs jaunes et vertes de la phosphorescence a la presence de ces oxides. Pour que la phosphorescence se manifeste , on doit avoir egard a plusieurs circonstances. Ainsi il faut que le corps n'ait pas eprouve une temperature superieure a celle a la- quelle on 1'expose , qu'il ne change point d'etat sur le sup- port, soit en s'y ramollissant , soit en se volatilisant. 3. La phosphorescence par insolation est des plus remarquables et des plus variees. Pour 1' observer, on expose les mineraux qui peuvent 1'e- prouver, et ils sont tres-nombreux , aux rayons directs du so- leil pendant un certain temps, seulement dix secondes pour certains mineraux. On les porte ensuite dans 1'obscurite" : ils y font voir une lumiere plus ou moins vive , qui se maintient quelquefois pendant un temps assez long, qu'on peut pro- longer meme jusqu'a une heure , en enveloppant le corps, ainsi que 1'avoient deja vu Beccaria, Kircher, Dufay et Gro- thus , et que 1'a confirm^ M Heinrich. Cette influence de la lumiere solaire est quelquefois si puis- sante qu'elle agit meme a travers plusieurs enveloppes, pourvu que ces enveloppes conservent un peu de translucidite , telles que des feuilles de papier. La lumiere des nuages suffit quelquefois, lorsqu'elle est claire, pour rendre phosphorescens les corps qui le devien- nent facilement. M. Heinrich a remarque que les rayons bleus avoient seuls la faculte de donner aux corps une phosphorescence durable , et que les rayons rouges n'en communiquoient aucune. Une cassure fraiche est une condition assez importante pour la manifestation facile du phenomene. 5 66 Parmi les mineraux phosphorcscens par insolation, nous ailerons les suivans comme les phis remarquables. i. La baryte sulfatee radiee : c'est uiie des premieres subs- tances minerales sur lesquelles on 1'ait observee d'une maniere assez populaire , pour qu'elle ait acquis a cet e"gard une sorte de celebrit^ sous le nom de phosphors de Bologne. Nous avons de"crit la maniere de la preparer et cl'observer sa phospho- rescence , a 1'article BARYTE SULFATEE RADIEE, torn. IV, pag. 94. 2. Le diamant : c'est a ce corps qu'il faut principalement appliquer ce que nous venons de dire sur 1'espece de rayons solaires qui donnent la phosphof escence , sur la duree de ce phenomene, etc. La lumiere repandue par les diamans est d'un rouge de feu; elle ne dure dans quelques-uns que cinq secondes , et dans d'autres elle se inanifeste pendant une heure, si on a eu soin de les envelopper. 3. Les fluorites, notamment les varietes vertes, et parti- culierement celle de Siberie , qui est nommee Chlorophane , et qui est deja citee pour sa facile phosphorescence par une foible chaleur. 4. Les calcaires ou carbonates de chaux , tandis que les phosphates de chaux, si phosphorescens par chaleur, ne le sont que tres-foiblement par insolation. II leur faut la lumiere directe du soleil. 5. Les sels a base terreuse sont generalement beaucoup plus phosphorescens que les terres pures , dans 1'acception vulgaire de ce mot. 6. Le sel marin rupestre a une tres-belle phosphorescence. 7. Les sels metalliques et les oxides me'talliques naturels. 8. Le succin. 9. Le quarz; mais il faut qu'il re^oive la lumiere directe du soleil. La lumiere produite par 1'insolation est blanche dans tous les corps, a 1'exception du diamant. Aucun fossile inflammable , excepte le succin et le diamant, aucun metal natif n'est phosphorescent par insolation. La plupart de ces observations et de ces re'sultats sont dus a M. Heinrich. 4- La phosphorescence par electrisation. En exposant cer- tains corps naturels a 1'action des etincelles electriques pen- dant quelque temps, on leur communique lapropriete deluire dans 1'obscurite, et meme on la leur rend quelquefois lors- qu'ils 1'ont perdue pour avoir ete exposes a une trop forte calcination. La phosphorescence produite par 1'electricite se comporte a peu pres comme celle qui est due a 1'insolation; elle paroit seulement plus durable. Ces phenomenes sont trop Strangers a notre sujet pour que nous puissions nous y arreter. Nous devons maintenant ajouter aux phe"nomenes particu- liers de phosphorescence que nous venons de decrire , quel- ques observations et considerations generates qui en rattachent 1'histoire a celle des mineraux. La phosphorescence paroit etre dans beaucoup de cas en rapport avec la structure cristalline des mineraux; ainsi elle n'est pas toujours e'galement repandue dans un cristal. M. Brewster a remarque sur une lame de chaux fluate"e, portant des lignes paralleles , les unes bien colorees, les autres sans couleur, que la lumiere phosphorique, degage'e par Fac- tion de la chaleur, e"toit disposee en lignes paralleles a celles de la lame ; chaque ligne lumineuse emettoit une lumiere propre nettement tranchee sur ses bords , et qui indiquoit dans les lames une multitude de joints paralleles qu'on ne pouvoit y distinguer, meme a 1'aide du microscope. Pallas avoit deja remarque que dans quelques morceaux de chaux fluatee d'Ekaterinebourg en Siberie , marques de veinesvertes, ces veines seules e*toient phosphorescentes. Des experiences de M. Dessaigne rendent ces rapports avec la structure encore plus frappans, en meme temps qu'elles conduisent a la the'orie de ce phenomene. Si on prend un cristal de calcaire spathique appartenant au rhombo'ide primitif, et dont les faces sont sensiblement planes, c'est-a-dire sans cassure ni asperite, ou un diamant octaedre a faces a peu pres planes , et qu'on les place sur le support assez e'chauffe pour que la phosphorescence puisse avoir lieu , ils restent tenebreux. Si on fait naitre sur ces cris- taux des faces ou plans inclines aux joints naturels ou qui coupent les lames, et qu'on les place sur le support a la meme temperature , la phosphorescence paroit sur ces faces incline'es 5. 68 aux joints, et qu'on peut considerer comme herissees d'areles ou de petits angles en comparaison des faces paralleles au : joints % et qu'on peut regarder conime composers d'une suite de plans ou comme polies naturellement. Ce fait nous a semble fort curieux, parce qu'il se lie par- faitement, comme on le voit, avec la structure cristalline; parce qu'il explique pourquoi certains physiciens ont avance que le diamant n'etoit pas phosphorescent : parce qu'il se lie e"galement avec 1'observation faite aussi par M. Dessaigne et par M. Heinrich, que le poli parfait enlevoit souvent a beaucoup de mineraux la faculte qu'ils avoient d'etre phosphorescens dansl'etat oppose" ; parce que, enfin,il conduit pour ainsi dire directement a la theorie de la phosphorescence proposee par M. Dessaigne, theorie a laquelle conduisent pareillement une multitude d'observations qui sont trop e'trangeres a notre objet pour que nous puissions nous en occuper, et qui con- sistent a regarder la phosphorescence comme un phenomene entierement electrique, dans lequel 1'electricite' se degage des molecules des corps suivant 1'etat dans lequel on a mis ces molecules et les circonstances dans lesquelles on a place le corps pour en faciliter le de*gagement. II re"sulte aussi de tout ce que nous venons de rapporter, que la phosphorescence est une propriete des corps inorga- niques naturels, par consequent des mineraux; propriete curieuse qui tient a leur histoire naturelle, que Ton ne peut passer sous silence sans laisser cette histoire incomplete, qui cst meme dans certains cas liee avec leur structure , mais qui n'appartient , comme caractere , ni a 1'individu minera- logique, ni a ses aggregations. ART. IV. PROPRIETES PHYSIQUES QV1 tiE PEVfENT APPARTENIR QU'AVX MASSES. La denomination de ces proprie'tes suffit seule pour etablir iju'elles n'appartiennent qu'aux masses ou aggregations d'indi- vidus ; que les individus mineralogiques considdrds isolement ne peuvent les presenter, et par consequent qu'elles sont d'un tout autre ordre que celles que nous venons d'etudier. Elles sont en effet d'un ordre Men inferieur, et ne peuvent jamais avoir ni assez d'importance, niassez de valeur pour caracteriser 1'espece. Get article ne renferme done que des proprietes de variete, et nous aliens en avoir la demonstration en les par- courant successivement. . i. La Structure. On a reuni sous ce nom des proprietes d'un ordre bien diffe- rent, et suivant qu'on envisage la structure, elle offre ou un caractere specifique ou un caractere de variete : dans le pre- mier cas, elle rentre dans le caractere tire de la forme; elle en est une manifestation ; elle peut et doit etre designee avec la mme precision , et sort tout-a-fait de la serie de caracteres que nous exaininons 5 c'est dans le second cas seulement que la structure lui appartient. Nous entendons par structure la disposition des joints de separation des parties d'un mineral , d'ou resulte necessai- rement la forme de ces parties. a Ces joints existent dans le mineral, independamment de toute action mecanique. Celle-ci n'a d'autre effet que de les mettre a nu , et elle n'est pas moins toujours neeessaire pour que les joints ou la structure se manifestent* La lumiere suffit pour les faire connoitre dans les mineraux transparens ou translucides. La structure est reguliere ou irreguliere* Dans la structure reguliere , 1'incidence des joints les uns sur les autres peut etre determinee; elle est constante dans les memes especes: c'est cette structure qui donne le clivage des cristaux. Si on peut determiner les angles d'incidence des joints avec exactitude , et qu'on le fasse , elle donne la forme primitive. Elle rentre alors dans les considerations de la forme, et dans la premiere serie des caracteres physiques, dans ceux qu'on peut appeler avec Haiiy caracteres geome- triques. Mais si on se contente de remarquer que les joints sont assez etendus, assez regulierement disposes pour qu'on puisse mesurer leur inclinaison 1'un sur 1'autre , sans cependant pousser jusques-la Tobservation , on a une premiere modifi- cation de structure, a laquelle on donne le nom de Structure laminaire , c'est-a-dire a joints continus et a i dence determinable. 70 Dans la structure irreguliere, les joints naturels sont pen etendus; ils tombent les uns sur les autres sous des incidences si nombreuses, si peu nettes, qu'on ne peut les determiner. Ce ne sont plus alors que des caracteres de varie"tes, et meme de varie"tes de dernier ordre, dues entierement aux circons- tances dans lesquelles s'est trouvee la masse minerale au mo- ment de son aggregation. Cette structure presente les modifi- cations suivantes : Lamellaire. Petites lames ou joints a pen pres planes, tom- bant les unes sur les autres sous toutes sortes d'angles. Cette structure est cristallirie, et due a la dissolution prealable des masses (le calcaire lamellaire, dit marbre statuaire de Faros). ; Fissile. Des joints paralleles dans un seul sens (le schiste argileux ). Feuiiletee. La structure precedente dans laquelle les joints sont nombreux et tres-rapproches (le schiste ardoise , la dusodyle). Slratiforme. Des joints paralleles dans un seul sens, mais ndules (les calcaires concretionnes, dits stalagmites). Fibreuse. Des joints dans un seul sens, divisant la masse en une multitude de petits cylindres ou de cones tres-delies (1'asbeste). Radifr. Lorsque ces petites parties pyramidales ou co- niques tres-deliees partent d'un meme point, et s'ecartent en divergeant (la mesotype zeolithe, le fer hematite). Fragmentaire. Lorsque la masse est a texture compacte , qu'elle est divisee par une multitude de joints qui suivent toutes sortes de directions et qui lui permetteiit de se diviser facilement en fragmens anguleux a angles et aretes indeter- minables. (Cette structure appartient principalement aux roches, aux argiles. aux trappiles, aux porphyres, etc.) Lorsqu'un mineral ne presente aucune sorte de joints ou de structure , on dit qu'il est massif. . 2. La Texture. On la confond souvent avec la structure, et il faut convenir qu'il y ^. des cas ou il est assex difficile d'etablir une re'clle distinction entre ces deux manieres d'etre des masses mine- rales. La texture est pour nous la consideration et la forme non geometrique , de la grosseur et de 1'aspect des parties qui composent une masse minerale. Ces parties, plus on moins discernables, sont naturellement limitees et separables par des moyens mecaniques; mais on ne peut appeler joints, dans le sens que nous venons d'attacher a ce mot, leur mode de separation. Les lames, les feuillets, les fibres, les parties anguleuses que donne la structure, peuvent avoir une texture particuliere. La texture est homogene lorsque toutes les parties d'un mine- ral sont de meme nature et de meme aspect; elle est hele'ro- gene lorsque ces parties sont de nature et d'aspect diffe'rens. La texture de la marne , du gres, etc., est homogene; celle du phyllade, du psammite, etc., est heterogene. On peut distinguer un grand nombre de textures dans les mineraux; nous nous bornerons aux principales, auxquelles nous donnnerons les noms de texture : Grenue. Grains distincts , arrondis ou a angles ^mousses (le gres). Saccaroide. Grains distincts, anguleux , cristallins (la baryte sulfatee, le calcaire dolomie). Terreuse. Aspect terne , grains non discernables , faciles a separer, grossiers ou fins (le calcaire grossier, la craie, 1'argile). Compacte. Grains indiscernables , fortement aggreges; aspect terne, opaque , ou tout au plus legerement translucide (le calcaire compacte, le jaspe). Vitreuse. Parties indiscernables , brillantes , fortement aggregees, sans structure, a surfaces luisantes. Ce qui e"tablit d'une maniere fort claire les differences qu'il y a pour nous entre la structure et la texture , c'est que le meme mineral peut presenter des exemples de ces deux manieres d'etre. Ainsile calcaire concretionne, dit travertin, a une structure stratiforme et une texture compacte; le schiste argileux a une structure fissile et une texture terreuse fine; 1'argile plastique a une structure fragmentaire et une texture terreuse , Tob- sidienne perlee a une structure fragmentaire et une texture vitreuse. 72 Enfin la texture a des dependences dont on a fait quelquefois des proprietes particulieres des mineraux. Comme la texture est pour nousle resultat de la finesse, de la forme et du mode d'aggregation des parties , elle imprime aux mine'raux quel- ques autres qualites diffe'rentes de celles que nous venons de parcourir, et nous y rapportons : Laporosite } le happement a la langue, Yimpression sur le toucher. Laporosite', telle que nous 1'entendons ici, n'est point une consequence necessaire de la densite. Des mineraux peuvent etre d'une densite tres-diflerente sans que le plus ledger soit sensiblement plus poreux que 1'autre. Nous entendons par porosite la presence d'une multitude de petites eavites, tantot visibles, tant6t invisibles, mais rendues sensibles par divers moyens. Lorsque les cavites sont visibles, le mine'ral est ou caver- neux , ou celluleux , ou Itulleux , suivant la grandeur et la forme de ces cavites; lorsqu'elles sont invisibles, et alors elles sont tres-nornbreuses, elles. se manifestent par la propriete que le mineral a d'absorber 1'eau avec force au moyen de ses nombreuses cavites capillaires , d'absorber 1'humidite qui se trouve sur la langue, d'y adherer quelquefois tres-forte- ment , ce qui s'appelle happer a la langue. C'est une propriete de quelques argiles sableuses, surtout de celles qui ont ejprouve lin certain degre de chaleur, de quelques silex a texture lache, etc. Cette propriete , d'une tres-foible importance, ne peut pas meine caracteriser une serie de varietes* . Suivant que les parties qui composent, par leur aggregation 4 une masse minerale , sont fines ou grossieres, anguleuses, arrondies et depriinees, dures ou tendres, fortement ou foi^ Element aggregees, elles exercent sur le touclier des sensations tres-differentes et qui derivcnt principalement, comme on le voit', de la texture. On dit qu'un mineral a: Le toucher doux, lorsque ses parties sont tres-fines, tendres ei foiblement aggregees (1'argile plastique). Le toucher onctueux , lorstjue ses parties sont generalement d^primees et sous forme de petites paillettes foiblement ag- gregees ; et qu'elles produisent une sensation sous le doigt 73 analogue a celle du savon. Les mineraux qui jouissent de cette singuliere propriete sont assez nombreux et de classes tres-differehtes ; ce sont les talcs, les steatites, le molybdenc sulfure, le graphite, le fer oligiste ecailleux, etc. Le toucher rude appartient aux mineraux pierreux dont les parties sont naturellement dures, fortement aggregees, et dont la texture est grenue;.ce sont les gres, les jaspes, les calcaires, etc. Le toucher apre est encore plus rude; les mine'raux qui le presentent semblent etre composes de parties fines, dures et anguleuses. On a cru qu'il etoit une indication de la formation, de ces mineraux par Faction du feu ; et en effet , ceux qui agissent ainsi sur le tact sont les laves , les ponces, les argi- lolites, les tripolis, etc. , 5, La Cassure. Ce caractere, auquel Hicole allemande a attache" une si grande importance , dont elle a defini un si grand nombre de modifications, derive de la structure, de la texture et de la tenacite. Aussi en presentons-iious 1'histoire apres celle de ces proprietes. La fae de cassure n'existe pas dans le mineral; elle nait sur la surface de separation des parties d'une masse divisee par le choc , et resulte entierement de la maniere dont le mouve- ment imprime par ce choc s'est propage dans 1'interieur de la masse , de maniere a rompre 1'aggregation des parties dans le plan qu'a pu suivre la plus grande force de cemouvement, en raison , comme nous venons de le dire, de la structure, de la texture homogene ou heterogene, de la tenacite, etc., des parties. II n ? y a pour nous de cassure, ni laminaire, ni lamellaire, ni feuilletee ; car ces expressions indiquent une structure et des joints preexistans que la division de la masse a mis a nu , mais qu'elle n'a pas faits. La cassure fraiche d'une masse minerale est utile pour faire connoitre sa structure et sa texture , mais elle ne les produit pas, comme elle produit la cassure conchoide, raboteuse et ecailleuse. Parmi le grand nornbre de cassures qu'on a distinguees, nous nous bornerons a choisir les suivantes comme les plus distinctes. Conique. Le fragment obtcnu estun cone surbaisse, souvent assez regulier. Cette cassure est une des plus instructives, et prouve assez bien la theorie que nous avons ebauchee de ce phenomene. Pour que la cassure conique ait lieu , il faut que le mineral ait la texture compac.te et homogene , qu'il soit dur, qu'il se presente en plaques dont les deux surfaces soient a peu pres paralleles, et que le coup de marteau soit applique sans deviation ct perpendiculairement a cette surface. Alors la fissure qui nait de ce choc se propage regulierement et comme urie onde conique dans 1'interieur homogene de la masse. (Le gres luisant est eminemment susceptible de pre- senter cette cassure.) On pent aussi la faire naitre dans des agates, dans des masses de verre ou d' email tenace, etc. Conchoide. Des zones ondoyantes partent d'un point, et s'etendent en s'enveloppant sur la surface de cassure , de ma- niere a imiter assez bien I'empreinte de Texterieur d'une valve de coquille bivalve (le silex pyromaque). Raboteuse. La surface offre des ondes et des inegalites irregulieres (Targile, la magnesite). Ecailleuse. Lorsqu'il s'eleve de la surface de cassure de petits Eclats en' forme d'ecailles , qui adherent encore , mais qui ont plus d'opacite que le reste de la masse. Elle est presque uniquement propre aux mineraux translucides; la cire 1'oifre dans toute sa perfection, aussi l'a-t-on appelee queltjuefois cassure cireuse (le silex corne , la calce'doine , le petrosilex , quelques calcaires compactes fins). Esquilleuse. Lorsque les parties qui sont soulevees sans etre detachees, sont longues et pointues comme des esquilles de bois. Elle est ordinairement lie'e avec la structure fissile ou fibreuse (le talc, le fer hematite). Resineuse. Lorsqu'elle presente les convexites et conca- vites lisses brillantes , que montrent les corps resineux (le silex resinite, le retinite, etc.). Vitreuse. Les convexites et concavite's de la cassure con- cho'ide avec le luisant et les stries qu'offrent les masses vi- treuses (le quarz hyalin). La cassure est quelquefoisdifferente, suivantqu'on 1'exerce 75 dans une direction ou dans une autre , par rapport a un cristal ou a une masse cristalline; ainsi le beryl a une structure laminaire dans le sens longitudinal , une texture et une cas- sure vitreuse transversale. Les masses de mesotype zeolithe ont une cassure esquilleuse dansle sens longitudinal, et une rabo- teuse dans le sens transversal , etc. La cassure est facile ou difficile , suivant la tenacite ou la fragilite de la masse minerale. Cette modification tient done a ce que nous allons dire sur la solidite et la tenacite des mineraux. . /,. Solidite et Tenacite. Cette consideration est relative a la force d'aggregation des molecules ou des parties, et a la maniere dont elle s'exerce; force qui se manifeste par la resistance que les masses op- posent a la desaggregation , a la rupture , ou a la separation par dechirement. Cette propriete ne peut appartenir a Hndividu isole, puis- qu'elle est relative a la maniere dont les individus adherent entre eux ; mais elle doit deriver des qualites essentielles des molecules integrantes ; et si un grand nombre de causes etran- geres, telles que 1'aggregation confuse, ou 1'aggregation lente et reguliere , qui est la crystallisation , 1'interposition de va- cuoles, ou 1'ecartement par la chaleur, ne venoient pas mo- difier la force d'adnerence , elle devroit etre toujours la meme dans les masses des memes individus, Comme ces circonstances d'alteration sont frequentes, comme , en modifiant considerablement la solidite et la tenacite , elles n'influent en rien sur la nature de 1'individu , cette propriete ne peut etre placee que parmi celles qui eta- blissent des modifications encore plus que des varietes, et qui offrent des considerations plut6t curieuses que caracte- ristiques. La consideration relative a la solidite' presente quatre mo- difications principales : i. la tenacite; 2. la fragilite; 5. la fria- bilite; 4. la flexibilite. i . La tenacite est la resistance qu'un corps oppose a la force mecanique qui tend a, le rompre. Elle a une multitude de degres depuisla foible resistance qu'opposent certainespierres 76 a la cassure, jusqu'a la resistance tres-puissante quc pre'sen- tent certains metaux a la rupture par traction. C'est en effet a cette classe de corps, c'est-a-dire aux me* taux qu'on nomme ductiles, qu'appartient la tenacite propre- ment dite, mais tous n'en jouissent pas; et quelques mine- raux pierreux sernblent en donner plus de signes que certains metaux. Ainsi 1'argile plastique , meme seche , le talc , la sieatite, la corneenne montrent plus de tendance a la tena- cite que 1'arsenic, 1'antim.oine , etc. La tenacite metallique est caracterisee par la ductilite ou pro- priete' que prc A sentent plusieurs corps, et particulierement les metaux, de s'etendre sous la pression sans se briser ni se de- chirer. Quelques mineraux pierreux la presentent egalement, mais il faut qu'ils soient penetres d'eau; telles sont les argiles, les magnesites, etc. : cette ductilite" est tres-foible, meme dans 1'etat de melange aqueux que nousadmettons, neanmoins elle peut servir de caractere technique pour distinguerles argiles, les marnes , etc. , des schistes argileux. La tenacite pierreuse est la resistance qu'oppose a la cassure un corps solide , non ductile ; elle est particuliere a certaines pierres, et tout-a-fait independante de la durete\ On n'a aucun moyen de la mesurer : c'est un caractere vague , une propriete indeterminee , qui n'est remarquable que dans quelques pierres. Ainsi il y en a : De tenaces et tendres ; telles sont 1'argile, la magnesite , le graphite, le talc, 1'argent muriate, la corneenne. De tenaces et moyennement dures ; le trappite , le basalte , le ce'rite. De tenaces et dures; le jade , 1'emeril. 2. Lafragilite est opposee a la tenacite pierreuse; c'est la facilite avec laquelle on peut casser certaines pierres. Elle n'est pas, plus que la tenacite, de'pendante necessairement de la durete , quoiqu'elle ait avec elle d'assez frequens rapports. Ainsi le silex pyromaque estbien plus fragile que certains cal- caires compactes, quoique beaucoup plus dur qu'eux; cette propriete lui 6te beaucoup des qualites que sa durete lui don- neroit pour 1'entretien des chemins. 11 se brise avec la plus grande facilite sous le poids et le choc des voitures. \: *3 "V* 77 Nous citerons comme exemples de mineraux fragilcs les especes et varietes suivantes qui sont rangees a peu pres dans 1'ordre de fragilite , en commencant par la plus grande : Le nitre, qui se brise par la seule chaleur de la main. Le soufre, qui eprouve souvent la meme alteration, quoi- qu'on n'y voie aucune fissure. Le fer resinite. L'arsenic. L'euclase; mais sa facile fracture se fait dans le sens des joints de clivage, par consequent est due a cette circons- tance. Le fer oligiste speculaire. L'antimoine sulfure. L'argent rouge , notamment la variete qu'on nomme aigre a cause de la facilite avec laquelle elle se brise. Le siiex resinite. Le silex pyromaque. II faut deja ici 1'effort d'un choc assez puissant. Le beryl aigue-marine , mais plus facilement dans le sens perpendiculairement a 1'axe des prismes que dans 1'autre sens, quoique les joints de clivage les plus sensibles suivent une direction contraire. Le quarz. Le calcaire compacte. Le jaspe, etc. Les fissures irregulieres qu'on nomme quelquefois glacures, et auxquelles certaines especes sont plus sujettes que d'autres, et les fissures regulieres de clivage, sont des circonstances qui rendent ces especes plus fragiles , c'est-a-dire beaucoup plus aisees a casser. On a remarque que la fragilite augmentoit considerable- ment dans les mineraux sortis du sein de la terre , et qui ont e*te" exposes pendant quelque temps aux meteores at- mospheriques ; tels sont les silex pyromaques , quelques cal- caires compactes , etc. : c'est une observation faite par les artisans qui emploient ces pierres. Us disent qu'elles ont perdu' leur eau de carriere, et il n'est pas possible de leur rendre leur solidite, en les plongeant dans 1'eau ou dans la terre humide. On n'a done pas encore appre'cie la cause qui 7 8 produit ce changement dans la solidite" d'un grand nombre de pierres. 3. La frialilite est un etat d'aggregation tellement impar- fait dans certaines masses, qu'cn peut les diviser en une mul- titude de grains, les reduire presque en poudre sous la simple pression des doigts , tels sont quelques gre*s, les macignos inollasses , la craie , la plupart des marnes. Cette consideration , comme caractere des mine'raux , ne merite aucune attention; mais, comme propriety technique, elle n'est point a negliger , en ce qu'elle permet une facile trituration des mineraux qui doivent etre employes en poudre ; elle devient encore plus importante lorsque cette desaggrega- tion presque complete s'opere par la seule influence des me- teores atmospheriques. On ne peut employer pour amendement des terres que des masses minerales desaggregeables par cette influence. Non- seulement cette desaggregation est plus complete que celle qui resulte de la trituration, mais on sent que la depense d'une trituration mecanique ne pourroit pas etre supportee dans une grande culture. C'estparce que les marnes, et notamment les marnes d'eau doiice, jouissent de cette sorte de frialilite pour ainsi dire spontanee, qu'elles sont considerees et recher- chees comme un des meilleurs amendemens. 4. La Jlexibilite. Cette qualite semble incompatible avec 1'ide'e qu'on se fait des pierres et de leur rigidite. Cependant, cette rigidite n'est que relative, et en mettant de c6te la flexibilitesi remarquable dans certains metaux, non-seulement il y a des mineraux pierreux tres-flexibles , mais , comme 1'a fort bien fait remarquer M. Longmire, il n'y a pas de pierre qui ne le soit en grand. Cette propriete se reconnoit aisement sur les couches de gres, de psammite, de phyllade et d'argile schisteuse des terrains houilliers, lorsqu'on a enleve les lits de houille qui leur servoient de supports. Mais c'est de la flexibilite en petit, et de la flexibilite tres- sensible consideree comme modification de la solidite , et plutdt comme propriete curieuse que comme propriete ca- racteristique , qu'il va etre ici question. 79 Nous distinguerons dans ies mineraux trois sortes de flexi- bilite : a. la Jlexibilite elastique; b. la Jlexibilite molle; c. la Jlexibilite pierreuse. C'est cette derniere qui devra nous occu- per plus particulierement. a. La Jlexibilite elastique appartient aux mineraux qui, apres avoir etc flechis par une force quelconque, reprennent com- pletement leur premiere direction lorsque cette force n'agit plus. i I/:r. Parmi Ies pierres, le mica est celle qui manifeste cette pro- priete au plus haut degre; une lame de mica peut etre cour- bee a pres de 90** sans se briser, et ei> conservant la faculte de reprendre sa direction droite , des que la force flechissante cesse d'agir. C'est une propriete tellement propre a ce mi- neral, qui lui est tellement constante qu'elle peut etre con- sid^ree ici presque a 1'egal d'une propriete caracteristique de deuxieme ordres. Apres le mica vient 1'asbesle , et ensuite la mesotype ,ca- pillaire , et en general presque tous Ies mineraux pierreux qui peuvent se presenter sous la forme de filamens fins et alonges. Mais cependant beaucoup se laissent briser avant d'avoir eprouve une flexion sensible. Parmi Ies inetaux autopsides natifs , on peut regarder comme doues de la flexibilite elastique, mais incompletement, le fer natif, le cuivre natif. Et parmi Ies mineraux composes a la maniere des corps organises , on doit surtout remarquer le singulier bitume qui a etc" nomme elastique a cause de la maniere dont il possede cette propriety. b. La Jlexibilite molle. Le corps plie conserve entierement, ou presque completement, la flexion qu'on lui a fait eprouver. Le nornbre des corps naturels inorganiques, qui presentent cette propriete, est assez considerable. On remarquera parmi Ies mineraux pierreux : Le talc. Le gypse sele"nite, dont Ies cristaux en prismes alonges se laissent plier sans se briser entierement : mais on voit que c'est une illusion , Ies lames dont ils sont composes sont toutes brisees; comme leurs fractures ne se correspondent pas, elles restent assez bien emboit^es pour qu'on puisse redresser le 8o cristal sans que les traces de ces fractures soient tres-sen- sibles. On ne.connoit guere que le gypse et cette variete de forme qui soient susceptibles de cette flexion. La brucite ou magnesie hydratee. L'arsenic sulfure orpiment. La marne argileuse. L'argile ramollie par 1'eau. Parmi les metaux aiitopsides: L'argent sulfure*. L'argent muriate. Le molybdene sulfure. L'argent natif. L'or natif. Ces deux derniers sont un peu e"lastiques* c. La flexibilite pierreuse. Celle-ci est d'une nature tout-a fait differente des precedentes, et comme elle n'a lieu que sur des mineraux dont les parties sont pour ainsi dire gros- sieres, on peut assez bien en apprecier la cause, et on est meme parvenu a la demontrer par des experiences. Les mineraux pierreux qui se presentent reduits en plaque dont la longueur est seulement de 20 a 26 fois egale a 1'epais- seur, flechissent par leur propre poids ou par une force qui lui est egale, et comme ils flechissent ainsi dans tous les sens, c'esf bien une sorte de flexibilite elastique. Mais ces mineraux ont toujours une texture grenue , et si leur texture est cristalline, c'est une cristallisation confuse; ils sont done en cela bien differens des mineraux a flexibilite Elastique que nous avons cite* a cet article; enfin leur texture est quelquefois si lache qu'ils deviennent friables, c'est une disposition ge*nerale propre a toutes les pierres flexibles. Parmi celles qui possedent cette propriete, nous citerons un gres passant au quarzite ou a 1'hyalomicte de Villa Ricca , entre Minas-Geraes et Serro de Frio, au Bre'sil; il est jaune pale, compose* de parties brillantes qui paroissent etre du mica, mais qui ne sont souvent autre chose que des petits grains cristallins aplatis de quarz hyalin. Ce gres a une flexibi-lite tres-sensible ; une lame de 3o centimetres d.e longueur sur i5 millimetres d'epaisseur , peut se courber par son propre poids de 1 2 milli- metres, c'est-a-dire presenter un arc dont la fleche est de 12 millimetres. 8i Piusieurs calcaires saccaro'idesde divers lieux et notamment le marbre blanc de Carrare de la carriere connue sous le nom de Betullio. On voit a Rome , au palais Borghese , des plaques d'un tres- beau marbre blanc ayarit environ huit decimetres de hauteur sur deux d'epaisseur, qui ont une grande flexibility. Un calcaire dolomiea grain tres-fin et qui vientde la Chine en petites plaques, et tellement flexible qu'une plaque de 9 centimetres de longueur sur 3 a 4 millimetres d'epaisseur, se courbe de 8 millimetres par son propre poids. Une plaque de dolomie, du Saint-Gothard , de 24 centi- metres de longueur sur 8 a 10 millimetres d'epaisseur, pre"sente une flexibilite d'au moins 7 a 8 millimetres. Une marne calcaire et siliceuse , a structure feuilletee , mais tou jours a texture grenue et terreuse de Tinmouth - Castle , ayant 16 centimetres de longueur sur 2 a 3 millimetres d'e"- paisseur , se flechit de 8 millimetres par un leger effort. Collini, Dietrich, et M. de Fleuriau de Bellevue ont re- cherche les regies et les causes de la flexibilite des pierres; mais ce dernier seul les a etablies par des experiences t aux observations que nous avons rapporte"es en commenc,ant cet article, et qui sont relatives a la texture, il en a joint d'autres. II a remarque qu'il falloit que le grain de ces pierres ne soit ni trop gros ni trop fin , qu'elles ne continssent ni trop d'argile, ni trop d'oxide de fer. II a reconnu que les pierres grenues, et notamment les marbres saccaro'ides, qui e"toient situes vers des cretes de montagnes, et fr^quemment exposes au passage d'une temperature tres-froide pendant la nuit , a une temperature souvent tres-elevee pendant le jour, etoient presque tous flexibles, et que les statues qu'on avoit faites avec ces marbres , ou avec des marbres analogues , perdoient facilement et en peu de temps leurs parties sail- lantes , qui s'inclinoient d'abord et finissoient par se detacher tout-a-fait, soit par leur propre poids, soit par le moindre effort. Le meme naturaliste a fait remarquer que dans presque tous les chambranles de cheminees, faits de marbres sacca- ro'ides , les traverses devenoient flexibles par leur exposition frequente a la chaleur, et acqueroient une courbure tres-sen- 6 sible. Cette derniere observation 1'a mis sur la voie des ex- periences au moyen desquelles il a rendu flexibles un grand nombre de pierres ayant la texture requise. Ainsi il a pris des plaques d'une dimension convenable de marbre statuaire , d'albatre meme et de gres blanc ; il les a ex- posees a la chaleur d'un bain de sable pendant un certain temps, et il a remarque" qu'il ne falloit a certains marbres qu'une temperature d'environ 2oo d , soutenue pendant cinq a six heures pour devenir flexibles. En acquerant cette propriete, ces pierres augmentent sen- siblement de dimension, et souvent plus dans un sens que dans 1'autre. La flexibility y devient plus sensible et plus sure par des changemens frequens de temperature , et surtout par 1'exercice de flexion qu'on leur fait subir; on diroit qu'on elablit eritre les parties un ecartement homogene assez con-* siderable pour les laisser jouer I'.une sur 1'autre , mais pas assez grand pour les desunir. Enfin il est quelques pierres dans lesquclles la flexibilite est beaucoup augmented par la presence de 1'eau : telle est la marne de Tinmouth-Castle ; tels sont les macignos mollasses des environs de Geneve et de Lausanne. ART. V. CLASSIFICATION DES MINERAUX. Nous venons de passer en revue presque toutes les proprietes generates des mineraux, d'en examiner les modifications, et d'en apprecier 1'importance. Nous voici arrives au moment d'etudier les mineraux en particulier, et pour ainsi dire un a un; mais si nous les prenions ainsi successivement , et comme au hasard , pourrions-nous reellement nous flatter de les connoitre bien? La science peut-elle se borner a con- noitre isole"ment les proprietes de chaque corps ; n'offre-t-elle pas un point de vue plus eleve d'oii on puisse apercevoir les rapports qui reunissent, en groupes de divers ordres, les corps qui sont 1'objet de ses recherches, et, sans examiner quel peut etre le but ou 1'utilite de ces rapprochemens , ne suffit-il pas de voir qu'ils sont tellement inh^rens a 1'esprit in- vestigateur qui caracterise 1'intelligence humaine, qu'il n'y a pas de science, c'est-a-dire dYtude faite avec reflexion, qui n'y conduise? Qu'on pre"sente dix .corps ou dix attributs, 85 ou dix idees, a un homme qui veut exercer, en reflechissant , sa prerogative d'etre raisonnable , il cherchera bient6t quels sont ceux de ces corps ou de ces abstractions qui ont entre eux le plus de points de ressemblance ; il les groupera , il les classera. II ne faut done pas demander si les classifications sont utiles, s'il est necessaire d'en etablir dans des classes de corps peu nombreux en especes; il ne faut pas inutilement employer son temps a discuter cette question, et a prouver 1'affirmalive ; il suffit d'examiner ce que tous les homines ont fait, savans ou autres, quand ils ont etudie une question complexe ou une seriede corps, et on verra qu'ilsont toujours classe: c'est, nous le repetons, aussi inherent a la raison humaine que la ten- dance a 1'equilibre Test a 1'instinct des animaux. Mais si toujours on a cherche a classer, on n'a pas toujours reussi a le bien faire. La faute dans laquelle sont tombe's les hommes qui croient que les classifications sont inutiles et hors de la nature, c'est d'en avoir etabli comme malgre eux, et , par consequent, sans en avoir medite les principes, sans avoir examine les differens buts qu'on peut se proposer; ils ont alors admis les plus mauvaises, parce que, dans ce genre de consideration, comme dans bien d'autres, ce ne sont pas les meilleures qui se presentent les premieres. Nous allons en savoir bient6t les motifs, et en avoir la preuve. . I. Principes de classification. Determination de I'esplce. On se propose, danstoute classification, 1'un des deux objets suivans : ou bien de faciliter la recherche du nom d'une subs- tance ou d'un corps que Ton veut connoitre; ou bien d'assigner a un corps naturel la place qui semble lui appartenir dans le systeme des etres, d'apres les points de ressemblance les plus importans qu'il presente avec les corps au milieu desquels on le place. Souvent on veut atteindre en meme temps ces deux buts; mais c'est une condition peut-etre impossible a remplir , et dorit la recherche eloigne presque toujours de 1'unique but qu'on doive se proposer. La premiere classification, qui n'a pour ob jet que la recherche 6. 84 du nom d'une espece, s'appelle methode artificielle. En etfet, on 1'a cre entierement pour cet objet : elle est susceptible de varier a 1'infini; elle doit etre fondee sur des caracleres exte- rieurs, tranches, apparens, et faciles a decrire d'une maniere precise. Dans cette methode on ne craint pas de rompre les rapports qui paroissent les plus naturels. Cette classification, peu importante pour 1'avancement de la science, merite a peine le nom de methode , et ne doit etre considered que comme un moyen presque mecanique, d'arriver plus promp- tement a reconnoitre les especes deja connues. La seconde sorte de classification , celle qui a pour but d'assigner aux especes leur veritable place dans 1'ensemble des etres, se nomme methode naturelle; elle ne se compose pas au gre" du naturaliste, elle existe dans la nature, il doit 1'y chercher. Le but de cette classification , qui est la settle dont nous nous occuperons, etant de rapprocher d'autant plus les etres les uns des autres, qu'ils se ressemblent davantage, la premiere condition a remplir, c'est de determiner quelles sont les qua- lite's qui etablissent entre les mineVaux les ressemblances les plus importantes; car ces corps peuvent se ressembler par la couleur, et differer par la forme , ils peuvent se ressembler par la forme, et differer par la composition , et ainsi pour toutes leurs propri^tes. On ne peut developper dans cet article, ni les differences des methodes artificielles et naturelles trop souvent confon- dues, niles principes que Ton doit suivre pour etablir les pre- mieres et pour chercher les secondes. Ce n'est pas le lieu de prouver que les classifications naturelles existent dans la na- ture , et qu'il faut les y chercher ; on sait que les adversaires de toute methode pretendent au contraire que la nature ne reconnoit pas de classification; mais si la nature ne reconnoit ni les methodes artificielles , /ii les mauvaises methodes , elle avoue les reunions qui ne contredisent pas les veritables rap- ports qu'elle a etablis entre les etres; elle reconnoitra toujours le rapprochemens que les naturalistes font dans leurs methodes entre le chien , le renard et le loup ; entre la chevre , le mouton et le bceuf. Ces rapprochemens, et tant d'autres sem- blables que Ton trouve dans les regnes organiques, sont avou^s de tout le monde. parce que les ressemblances qui 85 les exigent sont eviderites. On a fait dernierement dans la zoologie des rapprochemens aussi naturels ; mais les ressem- blances qui les reclamoient, tenant a une organisation inte- rieure qui ne se decouvre pas aussi facilement, il a fallu un ge'nie particulier pour les apercevoir etles apprecier. Ilexiste de meme entre les mineraux des points de ressemblance plus importans les uns que les autres; mais ce n'est point a 1'exte- rieur qu'on les trouvera; il faut, pour les reconnoitre, suivrc certaines regies qui sont entierement diffe'rentes de celles qui conduisent le zoologiste ou le botaniste. Ainsi, les caracteres de premiere ligne n'etablissent entre les mineraux les plus voisins aucune analogic exterieure. On ne voit, par exemple, aucune ressemblance entre la craie et le spath calcaire , entre le corindon et 1'alumine, entre le diamant et le charbon, quoique ces mineraux, pris deux a deux, soient de la mmc espece , ou du moins d'especes tres-voisines. Pour peu qu'on reflechisse sur ce qui constitue pour nous 1'essence de certains etres, on verra que le caractere essentiel d'un corps inorganique, du sel marin par exemple , est tire de sa composition; ce n'est pour ce sel ni sa propricHe de se dissoudre clans 1'eau , ni celle de cristalliser en cubes qui le constituent ce qu'il est, puisque la plupart de ces proprietes peuvent exister et existent en effet dans des sels qui sont regar- descomme diffe'rens; la soude et 1'acide muriatique , unis dans certaines proportions, constituent essentiellement le sel ma- rin; tous les corps qui seront composes de ces memes prin- cipes dans les memes proportions, seront considered comine du sel marin, quelles que soient leurs proprietes exterieures. La ressemblance dans la composition doit done etre regar- dee comme la plus importante de toutes celles que montrent les mineraux; ces corps se ressembleront d'autant plus, qu'il y aura plus d'analogie dans leur composition, et ils seront les meines, quand ils seront exactement composes des memes substances; cette ressemblance entraine souvent avec elle un grand nornbre de proprietes communes. Les aulres sont au contraire comme isolees, et n'en etablissent aucune necessai- rement : c'est done un caractere de premiere valeur , et c'est sur ce principe que doit etre fondee une classification naturelle des mineraux, ainsi que leur division en especes, genres, 86 ordres et classes. La division en especes est la plus importante , et celle dont la determination doit admettre le moins d'ar- bitraire. Ce quel'on nomme espece en zoologie eten botanique, passe pour e'tre assez bien determinee; on appelle ainsi la reunion des individus qui se ressemblent par le plus grand nombre de rapports, et qui ne different entre eux que par quelques modifications accidentelles ; Fimportance de ces modifications est tres- difficile a apprecier, comme le savent les natura- listes. Nous pourrons etre plus precis en mine"ralogie , et dire que I'espece est la reunion des individus composes des memes principes combines dans les memes proportions definies. Ainsi 1'eau , le nitre, le sel marin, la chaux carbonate'e, le plomb phosphate, le mercure sulfure , le mercure argental , etc. , sont des especes differentes bien determinees. L'espece a e"te* definie autrefois par Dolomieu, a peu pres comme nous venons de le faire , sauf la precision que le temps ou il ecrivoit ne lui permettoit pas d'y apporter. Haiiy a adopte cette definition, mais comme condition accessoire; il plagoit la forme en premiere ligne. Malgre 1'apparence de precision , de clarte et de simplicite de cette definition, elle est susceptible de quelques difficultes qui tiennent au sens que 1'on doit attacher aux mots combinai- sons et combinaisons en porportions definies, et surtout a la ma- niere dont on peut concevoir la reunion de composes binaires , pour former des corps composes de trois, quatre, cinq, six principes, et quelquefois plus. Ces difficultes tiennent encore a 1'incertitude des analyses qui paroissentaujourd'hui les plus exacteset les plus completes, mais auxquelles on pourra apporter, dans la suite , des chan- gemens qui seront dusala decouverte de principes nouveaux. On ne peut rejeter cette crainte comme vaine, car la realite en a ete prouvee , dans ces derniers temps, par les de'couvertes memes qui ont fait faire a la science ses plus grands progres. Enfin, on n'arrive a une des conditions de cette definition, a celle qui est relative a la reunion des memes principes dans des proportions definies, que par des calculs; ces calculs ne sont pas arbitraires, mais ils partent d'analyses qui peuvent pre- .V 8 7 senter quelques differences, quelques inexactitudes ou quel- ques omissions legeres en apparence, mais qui sont cependant susceptibles d'apporter, dans les resultats de ces calculs, des differences tres-notables , et qui peuvent conduire a regarder comme especes distinctes des mineraux qui ne doivent pas eprouver ce haut degre de separation. Nous convenons de ces imperfections attache'es a la definition purement chimique de 1'espece, mais ce n'est pas pour nous un motif suffisant de 1'aban- donner, car quelle definition pourrions-nous lui preferer, qui., en partant d'un principe aussi important, aussi essentiel que la composition, ne presentat pas un bien plus grand nombre d'anomaliesP Nous les avons indiqueestoutes, etnous en avons meme soigneusement etabli la valeur en traitant des caracteres physiques. Ainsi le caractere qui paroit le plus important apres la composition, celui qui semble presenter plus de precision qu'elle , la forme crystalline , lors meme qu'on n'auroit aucuii egard aux faits qui apprennent qu'elle n'est ni speciale pour chaque espece, ni unique dans chaque espece; la forme, dis-je, pour etre employee avec la precision dont elle paroit douee plus particulierement, doit etre determinee par des observations qui sont pour ce principe de classification, ce qu'est 1'analyse pour celui de composition. Or, ces observa- tions sont-elles plus aisees a faire qu'une analyse; ne faut-il pas une reunion de circonstances au moins aussi rares a ren- contrer; n'ont-elles pas presente presque autant de resultats incertains et errones que les analyses, et 1'illustre minera- logiste qui apris la forme pour une des conditions essentielles de 1'espece , n'a-t-il pas lui-meme apporte de grands change- mens a ses premiers resultats ? Nous ne nous refusons pas cependant a admettre la forme comme caractere auxiliaire pour determiner 1'espece. Elle viendra avec les autres caracteres physiques, tires dela durete', de la deiisite, de Faction sur la lumiere , pour confirmer ou controler les consequences qu'on pourra tirer des analyses, relativement a la composition essentielle d'une espece. Elle devra y concourir long-temps comme caractere de seconde valeur, et jusqu'a 1'epoque ou la chimie aura determine, avec une certitude presque absolue , les regies de la composition des corps inorganiques. . . . II. Des differens systemes de classification des mineraux. Ces principes poses , examinons , avant d'aller plus loin , c'est-a-dire d'en faire 1'application , non pas toutes les classi- fications proposers, ce seroit un travail aussi long qu'inutile, mais les differens points de vue sous lesquels on a envisage" 1'ensemble des mineraux, et cherchons a classer les classifica- tions elles-memes d'apres les principes qui ont ou qui paroissent avoir dirige leurs auteurs, lors meme qu'ils n'auroient pas enonc^ ces principes explicitement; on sera alors plus en etat d'appre"cier les motifs qui nous ont engages a admettre celle que nous avons suivie. Lorsqu'on parcourt les classifications proposees depuis Bromel et Linne"e jusqu'anos jours, onest tonne de la variete des points de vue sous lesquels on peut envisager les corps inorganiques , et de la divergence des opinions a ce sujet, et on est porte a croire que tout est vague et arbitraire dans ces rapprochemens. Cependant , en examinant d'une maniere generate ces clas- sifications , en ecartant toutes celles qui ont e'te faites sans aucune regie , qui n'ont etc* admises par aucune e*cole , on voit les principes exacts succeder peu a peu aux considerations arbitraires et superficielles; on est bient6t conduit a re^duire a trois les principes sur lesquels ont etc fondeesles classifications qui ontle plus de celebrite parmi les mineralogistes , et a dis- tinguer, dans cette science, trois ecoles diffe' rentes, et qu'on peut meme designer par les noms particuliers : D'^cole empirique, D'Ecole geometrique , Et d'Ecole chimique. Ces dcoles ne sont pas suivies dans Tordre ou je viens de les presenter ; elles ont ^te tantot dominantes et tant6t presque abandonn^es. La premiere , la plus ancienne parce qu'elle semble la plus simple et la plus naturelle , est 1'ecole dans laquelle la con- noissance et la classification des mineraux sont fondees sur les seuls caracteres exterieurs, sur ceux qui tombent sous nos sens,, sans 1'aide d'aucun instrument. 8 9 Cette notion des mineraux , qui a etc d'usage detout temps, des le commencement de la science, et pour ainsi dire sans qu'on le voulut, n'a e"te erigee en ecole ou-en preceptes regu- liers, que dans ces derniers temps. Le celebre mineralogiste qui en a pose les principes, en definissant avec une precision inaccoutumee tous les caracteres exterieurs des mineraux, lui a donne" une grande preponderance , non-seulement par ce moyen , mais surtout par 1'usage remarquable qu'il a su en faire , et par Tart avec lequel il a communique ses connoissances a ses nombreux eleves. Nous 1'appelons empirlque, parce qu'elle n'est fondee sur aucun principejixe, susceptible d'etre detini exactement, et d'etre transmis par ce moyen. C'est dans le talent, ou plut6t dans le tact de celui qui en a fait usage, que consistent les divisions et les rapprochemens plus ou moins heureux qu'elle elablitparmi les mineraux. L'illustre Werner est le fondateur de cette ecole, non pas pour 1' avoir cre"ee , elle existoit , comme nous 1'avons dit, des 1'origine de la science, mais pour 1'avoir rendue aussi precise qu'elle est susceptible de 1'etre. La methode empirique pure est abandonnee maintenant, car les determinations d'especes ne sont plus soumises a 1'arbitraire des qu'on a egard aux principes constituans, aux proprietes physiques, et meme a la forme dominante des especes mi- nerales. Jl seroit trop long de rapporter tout ce que cette methode a perdu par la mort de son illustre propagateur , et combien peu elle a gagne en puisant, dans les proprietes physiques et chimiques, des caracteres plus profonds, il est vrai , mais peu utiles quand on n'a pas egard a leur valeur respective. La consideration d'un caractere encore exterieur, de celui qui est tir de la forme des mineraux, mais de leur forme reguliere et constante, par consequent de ce caractere pris sous les rapports les plus precis et les plus generaux qu'il puisse presenter , a eleve la methode ou V ecole que nous nommons geometrique. Linnaeus en a eu 1'idee , en a entrevu les prin- cipes, mais il les a faussement appliques; Bergman, ou plut6t son eleve Gahn , 1'ont egalement apercue , mais ils ne 1'ont pas suivie. Rome-de-Lisle, au contraire, en a prisun des resultats, mais il n'est point remonte au principe. II en est done de cette 90 decouverte comme de toutes celles qui ont fait prendre aux sciences un autre aspect et une nouvelle direction : on les a entrevues plusieurs fois avant de juger ou elles devoient con- duire; mais l'homme de genie qui, en s'attachant a ces aper- alogistes qui ont fait faire de veritables progres a la science , qui 1'ont envisagee d'une autre maniere que les collecteurs et que les artisans, ont tou* 99 un systme chimique fonde sur les bases, plus ou moins parfait. II suffit de jeter les yeux sur les methodes minera- logiques de Cronstedt, de Valerius, de Rome-de-Lisle , de Bergmann , de Deborn, deKarsten, de Werner lui-meme, pour s'en convaincre , et pour voir qu'ils ont voulu classer les mineraux chimiquement; qu'ils ont voulu prendre les bases pour principes de leur classification ; que , quand ces bases etaient faciles a determiner, evidentes pour ainsi dire, comme dans les metaux, ils s'en sdnt peu ^cartes, et que les grandes divergences ont eu lieu dans la classe des pierres, ou les bases sont difliciles a determiner, mme encore ac- tuellement. D'apres la definition que nous avons donne*e avec M. Ber- zeiius , de ce que Ton doit entendre par base dans un com- pose, definition que nous avouons tre quelquefois artificielle , c'est-a-dire plut6t fondee sur une sorte'de convention que sup la veritable identite* de nature des corps qui portent ce nom , il est des eiemens qui jouent tant6t le r61e de lose, tant6t celui d'tfc/de, suivant qu'ils sont combine's avec des elemens plus ou moins electro-positifs qu'eux : ainsi 1'alumine combin^e avec la silice est base ; combinee avec la magnesie ou avec la chaux , elle joue le r61e d'acide. Ces cas sont assez rares; ceux danslesquels deux et meme trois bases sont combineesavec un seul acide , paroissent plus communs, et obligent a une speci- fication tout -a- fait artificielle , c'est-a-dire a placer a c6te* les uns des autres des mineraux composes de trois ou quatre principes qui n'ont entre eux de commun que de renfermer une petite quantite d'un principe dont la puissance , comme base ou electro-positive , est supe"rieure a celle des autres com- posans : ainsi le felspaih et la mesotype ne sont separes du genre Alumineux, et places dans les genres Potasse et Soude , que parce que 1'un contient environ 1 5 pour i oo de potasse , et 1'autre environ 16 pour 100 de soude ; 1'apophyllite et le felspath n'ont de commun entre eux que la petite quantite de potasse (14 a i5 pour 100) que chacun d'eux renferme. Sans ce point de resseinblance , 1'un seroit place parrni les mineraux a base de chaux , et 1'autre parmi les mineraux a base d'alumine. C'est probablement dans cette partie du sys- teme qu'il y aura des perfectionnemens notables a apporter. 100 Jusqu'a present on place le corps qui est ainsi compose , dans le genre auquel il semble apparlenir par celle de ses bases qui est le plus electro-positive. Nous ne croyons pas necessaire de developper davantage , ni d'appuyer d'exemples plus nombreux ces premiers prin- cipes de la formation des genres dans la methode que nous avons adoptee. On trouvera ces developpemensdansl'ouvrage que M. Berzelius a public en franc.ois lors de son sejour a Paris en 1819, sous le titre de Nouveau Systtme de Mineralogie , et le tableau des especes et des genres que nous allons pre- senter;, fournira tous les exemples necessaires a Implication de ces principes. Les genres etant etablis sur ces bases , il faut , pour les grouper en ordres et en classes, classer ces bases, afin de rap- procher les genres dont les bases ont des proprietes communes. II nous a semble' qu'on ne pouvoit hesiter qu'entre deux me- thodes de classification des bases proposers, 1'une par M. Am- pere, et 1'autre par M. Berze*lius. La methode de classification de M. Ampere est fondee sur les analogies chimiques que ce physicien regarde comme les plus irnportantes (i). Elle e"tablit entre les corps qui en sont 1'objet , des rapports souvent tres-naturels , mais dont Fimpor- tance est sujette a discussion. Cette melhode n'est pas encore assez generalement admise , parce qu'il regne dans ce mode de classification beaucoup d'incertitude , par consequent un peu d'arbitraire , et par consequent aussi de nombreux motifs pour tre modifie par chacun des chimistes qui voudra en faire usage, et a plus forte raison par les mineralogistes qui voudront s'en servir. Les divisions sont generalement fondees sur la reunion de plusieurs propri^te's, ce qui est un des signes de la methode naturelle , et non pas sur un seul carac- tere, prerogative des methodes artificielles. Les ordres reunissent des genres ou bases qui montrent en eifet entre elles des proprietes nombreuses tres-remar- (l) Voyez le tableau presentant les caracteres des classes et des ordres ties corps simples, d'apres la methode de M. Ampere, au mot CORPS, torn. X, p. 332, et le developpcment des principes qui Font dirige, Ann. deChim. etde Physique, torn. I, p. 1 et 373 , ettom. II, p. 295 et 105. 101 quables , et souvent importantes ; inais les expressions qui caracterisent ces reunions, et surtout celle des ordres en classes, ne nous paroissent pas toujours presenter des pro- prietes reellement fondamentales , c'est-a-dire de ces pro- prietes qui semblent inseparables de 1'essence du corps au- quel elles s'appliquent , sans lesquelles on ne pourroit admettre son existence, ou plutot son individuality : tel est pour les gazolites le caractere tire* de la permanence des gaz qu'ils forment entre eux, pour les autres classes le degre plus ou iiroins grand de fusibilite, qui n'est reellement qu'une pro- priete relative j telle est dans la serie des ordres la separation des argyrides et des chrysides. etc., par des corps qui nous semblent avoir avec eux des analogies biensmoins importantes que celles qui devoient faire rapprocher ces deux ordres , et si la consideration de faire des gaz permanens avec le contact de Fair, a suffi pour faire reunir dans une meme classe les corps qui les possedent, comment celle de presenter un e"clat metallique, une solidite, une densite, et surtout une inalte- rabilite par Fair, par Feau , par beaucoup d'acides, etc., que possedent egalement les argyrides et les chrysides, n'a-t-elle pu avoir assez de poids pour faire rapprocher ces corps, et pour empechcr de les tenir eloignes par les ordres des tephra- lides, des calcides, etc., dont les inetaux, apprecies eomme alterables par tons les corps oxygenes, etc., oifrent des pro- prietes essentielles si differentes de celles des argyrides, aupres desquels ils sorit places ? Cela ne tient-il pas a la defi- nition artificielle , et par consequent peu fondamentale , des leucolytes et des chroicolytes ? C'est pour motiver et presque excuser la preference que nous donnons a une classification deduite de principes qui paroissent beaucoup plus artificiels, que nous nous somnies permis les observations precedentes. JNous Favons fait avec d'autant plus de confiance, que les principes surlesquels nous avons fonde ces observations, sont parfaitement d'accord avec ceux que M. Orsted a mis en avant pour etablir la classifi- cation chimique des corps simples et composes qu'il a pro- poses il y a une vingtaine d'annees. M. Berzelius a suivi dans la classification des bases le rneme principe que dans celle des especes. II les a rangees d'apres 102 leurs proprie'tes Electro - chimiques : il n'y a pas d'arbitrairc dans cette classification; mais elle est fondee sur un principe unique , et par cela mme elle peut forcer a rompre des rap- ports naturels. Cependant ce cas s'est present^ plus rarement qu'on n'auroit pu s'y attendre, ce qui prouve que ce principe unique est d'une grande importance : nous avons cru pouvoir en rendre 1'application encore plus naturelle en apportant, tant dans la definition des caracteres que dans le placement des genres, quelques modifications. Ainsi, c^dant pour ainsi dire a une habitude qui n'a pas e"te prise sur de vaines apparences , nous n'avons pas voulu couper en deux la se"rie des anciennes substances terreuses par 1'intro- duction de la classe des anciens metaux au milieu d'elles , et , empruntant aux illustres savans que nous venons de nommer , ce qui nous a paru dans leur me'thode de plus convenable a notre maniere de voir, nous avons pris pour caracteres des classes les analogies chimiques a la maniere de M. Ampere, et pour caracteres des ordres dans la troisieme classe, les pro- prie"ts electro-chimiques , comme 1'a fait M. Berzelius. Quant aux ordres des deux premieres classes, nous, n'y attachons aucune importance, et nous devons me'me dire que ceux de la seconde classe paroissent fonde"s sur des propriety rela~ tives qui pourroient bien tre artificielles. La definition que nous avons donnee des classes, telles que nous les proposons , fait assez bien ressortir 1'analogie des corps qui y sont renferines , les differences des classes qu'ils composent; elle indique suffisamment les motifs des change- mens que nous nous sommes permis, et des rapprochemens qui en sont ^suite's. Le tableau des principales especes qui suivra ce premier chapitre , presentera 1'application de ces principes en meme temps qu'il exposera les proprie'tes que nous considerons comme caract^risant essentiellement chaque espece et 1'ordre dans lequel nous avons cru devoir ranger ces especes. II fera con- noitre aussi le systeme de nomenclature linne'cnne , c'est-a- dire de noms univoques que nous avons cru devoir choisir pour designer d'une maniere fixe chaque espece , et les noms significatifs dont nous les faisons suivre plutot comme phrases caracteristiques que comine veritables noui.s. io3 Ce tableau pre"sente , dans 1'ordre scientifique qui nous a semble" le plus convenable , les especes disseminees par 1'ordre alphabetique, et donne les moyens de les rapprocher, d'en etudier, si on le desire, les proprietes et 1'histoire methodi- quement, et de rappeler celles qui ont ete omises, soit par oubli , soit parce qu'elles n'etoient encore ni connues ni e'ta- blies au moment ou 1'ordre alphabetique les appeloit. . 3. De la Nomenclature. Tai peu de chose a ajouter a ce que j'ai dit en 1808 sur les principes a suivre dans la nomenclature des corps qui coui- posent le regne. mineral. Les principes que j'ai poses alors , loin d'avoir ete infirmes par Inexperience ou 1'usage , ont au contraire ete renforces par le temps, et les inconv^niens d'une nomenclature significative, c'est-a-dire de noms qui aient la prevention d'exprimer la nature des corps , sont de- venus tellement sensibles depuis que cette nature est mieux connue , que beaucoup de mineralogistes se sont decides a y renoncer. Ces noms, comme je le pressentois des-lors, sont devenus des definitions ; ce ne sont plus des noms , mais des phrases caracteristiques a la maniere de celles dont se servoient les an- ciens naturalistes , et notamment les botanistes, pour designer les differentes especes des genres. Cette methode a ete rem- place'e avec un avantage et un succes non contestes par la no- menclature binome de Linnaeus : vouloir donner aux inineraux des noms significatifs , ce seroit vouloir abandonner cette simple et commode nomenclature , pour revenir aux phrases des anciens naturalistes. Les phrases en mine'ralogie ont cependant un avantage, c'est celui d'exprimer brievement et clairement ce que Ton regarde comme la composition essentielle de 1'espece ; mais , pour qu'elles aient reellement cet avantage , il faut , en abandon- nant la pretention de les employer comme des noms, pouvoir leur donner comme phrase caracteristique toute 1'etendue necessaire : or, en adoptant les principes que je vais exposer, on aura alors atteint ce que je regarde comme la perfection dans 1'art de designer les corps, c'est-a-dire de les faire con- 104 noitre sans equivoques et (Tune maniere commode pour la memoire et le discours. i , Les genres en mineralogie , et en general dans le classe- ment des corps dans lesquels la consideration de la composi- tion 1'emporte de beaucoup sur les autres, sont presque tou- jours artificiels et arbitraires; ils ont peu d'importance , et par consequent ce n'est point a ces abstractions de peu d'u- sage qu'il faut appliqtier le nom essentiel et univoque ; c'est 1'espece qui est en mineralogie 1'abstraction dominante et usuelle : c'est done a elle qu'il faut appliquer le nom uni- voque et d'usage; celui qui, associe a des epithetes, doit desi- gner les diverses modifications de cette abstraction. Mais c'est precisenient parce qu'il est susceptible d'etre joint avec les expressions de ces modifications extremement variees et de valeur tres - differente , qu'il doit etre le plus simple possible , c'est-a-dire univoque. Si on adopte cette premiere regie , et la pratique fait prompte- ment connoitre qu'il n'est guere possible de ne point Fadmettre , on verra bientdt egalement , en jetant les yeux sur une serie d'especes minerales , qu'il n'est pas possible de trouver des norns univoques qui expriment clairement , convenablement , exacte- ment et completement en quoi une espece differe d'une autre. Sera-ce uniquement par la forme ? mais quel nom designera avec les qualites precedentes toutes les sortes de rhoinboides, de prismes, d'oclaedres, etc., qui se presentent dans la serie des especes? Sera-ce uniquement par la composition P je dernanderai egalement quel nom pourra exprimer convenabiement , exacte- ment et completement les differences quantitatives ou de satu- ration qui distinguent tous ces minerals composes de chaux , d'alumine, de silice et de fer? En supposant qu'on trouve des noms univoques capables d'exprimer , avec les conditions requises , de semblables qua- lites, les mineralogistes, siiivant rimportance qu'ils attribuc- ront a ces qualites et a leurs variations, admettront ou re- jetteront ces noms; et si, pour les rendre agreables a tous les mineralogistes, on veut leur faire exprimer la reunion de ces qualites fondainentales , ii est impossible qu'on ne les trans- forme pas en phrases, et en phrases souvent tres-longues. Nous convenons qu'il est quelques corps dont la composition esseritielle est cependant assez simple pour etre exprimee par deux mots; mais ces corps sont rares, et vouloir adopter pour ceux-ci un principe de nomenclature different de celui qu'on suit pour les autres , c'est jeter dans cette partie de la science une bigarrure desagreable , et introduire un exemple dangereux. 2.Ilnousparoit done convenable de donner a toutes les es- peces des nomsunivoques, insignifians : or, comme ellesenont deja presque toutes, il suffit de les leur laisser; et comme elles en ont souvent plus d'un, on n'a rien autre chose a faire que de choisir celui qui a le plus de titres a cette preference. Or, le premier de tous les titres, celui qui 1'emportera toujours sur les autres , c'est d'etre le plus generalement adrnis. A son defaut on doit choisir le nom qui est le plus sonore, le moins susceptible d'etre critique, et par consequent d'etre change. Or, plus il sera insignifiant, plus il sera a 1'abri de cet acci- dent. On n'a qu'a jeter un coup d'ceil sur la liste de& especes , on verra que celles qui ont eprouve le moins de Variations dans leur nomenclature, sont aussi celles dont les noms n'ex- priment rien , tels que quarz, topaze, talc, prehnite , borax, tourmaline, nitre, mica, etc.; tandis que, disputant sur la signification des mots cyanite , sommite, iolithe , rubis, thai- lite, zeolithe , on les a successivement remplaces par ceux de sappare, nepheline , dicro'ite, spinelle, stralite ou arendalite, mesotype , qu'on a critiques a leur tour, et qu'on a voulu remplacer par les mots ou autrement significatifs ou insigni- fians de disthene , de cordierite , d'epidote , etc. Ainsi je donnerai aux especes des noms univoques, et je choisirai toujours les plus generalement admis. J'en ferai tres- peu : je n'en ferois meme aucun , si tous les mineraux portoient des noms qui pussent eritrer dans le systeme general de no- menclature que je viens de presenter , et que j'ai cru devoir adopter; car je crois nuisible a la science de changer les noms , a plus forte raison de les changer sans motifs puissans et sans aucune autorite pour le faire : c'est une reserve rare dans ce moment. On croit avoir fait quelque chose quand on a donrie un nom a une substance, et cette profusion de noms, appli- que'e a la meme substance, est un abus nuisible a la science, en ce qu'elle en rend 1'etude aussi peuible que fastidieuse. io6 Plusieurs causes ont introduit dans la mineralogie ce fleau de la memoire , et ont jete des entraves a 1'avancement de cetle science. Tant6t, et c'est un des cas les plus ordinaires, les noms sont donne's par ignorance. Un voyageur presse de decrire ce qu'il a trouve , un possesseur de collections qui veut se hater de faire connoitre ce qu'il ne connoit pas, trouvent des mine- raux d'un aspect nouveau pour eux ; ils en decrivent , avec des details minutieux, les couleurs, la texture, la durete, meme quelquefois la forme apparente, toutes choses pour les- quelles il ne faut avoir que des yeux et posseder la termi- nologie de la science , et sans savoir ni quelle est la composi- tion essentielle de ce mineral , ni quelle est la forme primitive qui lui appartient, ils en font une espece et lui imposent un uoin , et c'est ordinairement celui du lieu oil on 1'a trouve , ou bien , ce qui est bien pire , celui d'un mineralogiste celebre pour lequel il falloit reserver une veritable espece ; car souvent ces mineraux, si rapidement et si legerement decrits, ne sont que des varietes d'une espece connue. Le nombre des mots qui ont e'te' introduits dans la science de cette maniere, est prodigieux. Nous pouvons citer comme exemples des especes nominales que nous devons a cette cause , la rhetizite qui est un disthene , la moroxite qui est un phosphorite , les taran- dite , gurofian , carinthin , mussite, zoysite , crocalite , egeran , fassaite, botryolite, Iherzolite, koupholite , pargasite , etc., qui ne sont que des variete's meconnues de mineraux connus. II est des cas ou 1'ignorance est beaucoup plus excusable , c'est lorsque le mineral se pr^sente avec des caracteres tres- distincts; mais alors le nom n'est pas tout-a-fait surabondant , et il reste comme nom de variete principale. Tant6t la nomenclature est changee dans le but de rendre les noms plus exacts, plus parfaits. Si c'est aux naturalistes peu exerces ou a ceux qui attachent peu d'importance a la subordination des caracteres et a la deter- mination precise des especes que Ton doit 1'abondante emission des especes nominales que nous venons de signaler, c'est au con- traire souvent aux maitres de la science , a ceiix qui veulent la perfectionner dans toutes ses parties, que Ton doit les noms nouveaux introduits comme etant meilleurs que les anciens: 107 #'* tant6t ils tirent leur origine de ce qu'on n'a pas trouve" que les premiers noms eussent une signification exacte ; tels sont les changemens de sappare en disthene, de grenatite en stauro- tide, de smaragdite en diallage , de leucite en ainphigene, de thallite en epidote, etc. : tant6t ils resultent de I'uniformite qu'on a voulu introduire dans la nomenclature, soit sous le rapport de la langue a y employer, soit sous celui de la com- position gene'rale des noms ; telles sont les causes des change- mens de fettstein en eleolithe, de pechstein en retinite, etc. Nous nous rendrons coupables de quelques innovations de ce genre , si toutefois celles-ci doivent aussi etre regarde'es coinine une faute; car, pour diminuer autant qu'il est possible le nombre des noms significatifs , nous donnerons les noms uni- voques de brucite , de giobertite, deboracite, de karstenite, aux magne'sies hydrate'e , carbonatee et boratee , a la chaux sul- fatee sans eau, etc. , et encore ces deux derniers ne viennent- ils pas de nous , mais de savans d'une plus grande autorite*. Les motifs que nous venons d'exposer, sont les causes prin- eipales de la multiplication des noms : on pourroit en ajouter quelques autres, bien moinsexcusables; car, dans certains cas, ces changemens sont dus a la seule volonte* des maitres de la science , qui usent un peu trop arbitrairement de la pre- ponderance qu'ils doivent a leurs utiles travaux. Quelquefois aussi des mineralogistes qui n'ont encore acquis aucune auto- rite par des travaux remarquables , veulent agir comme les maitres et se permettent de changer les noms : ils etayent or- dinairement ce changement du nom de quelques savans, aux- quels ils dedient une espece qu'un autre a decouverte , qu'un autre a decrite geom^triquement, qu'un autre a analysee , etc. , enfin qu'il a reelleinent fait connoilre , et que lui seul avoit le droit de nommer. Comme notre intention est seulement de blamer le principe, nous nous abstenons ici de donner des exemples. En excluant les designations significatives comme noms, nous sommes loin de les cxclure tout-a-fait des tableaux et du systeme de mineralogie ; nous croyons au contraire les douer de plus d'exactitude et de plus d'utiiite en les employant comme phrase caracteristique , car nous pouvons alors leur donner tout le developpement que cette exactitude exige , les modifier io8 et les changer sans inconvenient, suivant les progres que la science fera, et les changemens que ces progres apporteront a la connoissance des especes. Le nom , au contraire , restera fixe; il designera toujours et sans equivoque, par soi^inamovi- bilile, le corps dont on a voulu parler, et , comme il n'ex- prime rien , il n'exprimera jamais d'erreur , ce- qui arrive a presque tous les noms significatifs au bout d'un certain temps. J'ai souvent prefere des noms substantifs atix noinsadjectifs pour nommer les varietes, et meine les varie"tes de couleur. J'y trouve Tavaritage de consacrer des noms triviaux generale- ment adoptes; de permettre d'employer ces noms dans ie cou- rant du discours, sans etre oblige de joindre perpetuellernerit deux mots; de ne point specifier d'une maniere tres-precise , comme le feroient des noms adjectifs , la composition , la durete , la texture ou les couleurs , qui peuvent varier ineme dans une variete , sans cependant que cette variete change de valeur ou de rang* Je dirai done quarz amethyste, au lieu de quarz violet: quarz sinople, au lieu de quarz rouge; car il y a du quarz rouge qui n'est pas du sinople. Je dirai cuivre malachite, au lieu de cuivre carbonate vert; cuivre azure , au lieu de cuivre carbonate bleu , etc. La plupart des noms d'especes dont je me servirai , sont empruntes d'Haiiy, auquel la rnineralogie est redevable de la determination precise des especes qu'on pent etablir dans cette science. Les noms des sous -especes, des varietes, des sous- varietes, sont ceux que Werner ou ses eleves ont donnes sou- vent comme noms d'espece. Je trouve dans cette inarche 1'a- vantage d'employer et de faire concorder les deux nomencla- tures le plus generalement adoptees, de multiplier les rioms simples., et de rendre par ce moyen les descriptions geolo- giques plus courtes, plus faciles et plus claires. On verra 1'applicadon de ces principes dans le tableau des especes minerales que nous allons donner (voyez le tableau dont le commencement est a la page ci- centre) a la suite de cet article , et qui complete tout ce qui est relatif a la pre- miere consideration , a celle qui constitue la mineralogie scieiitifjque. TABLEAU METHODIQUE ET CARACTERISTIQUE DES PRINCIPALES ESPECES MINERALES. f-., *:! i = ^>-^-., '^f s^- .li,". '.', Soufre. latif. Jaune. Odeur particuliere par combustion. Crist, derivant d'un octaedre rhomboi'dal a triangles scalenes; incid. de P sur P 106 3o'_ DePsurP' i43 26'. Pes.sp. 1,8 a 2. -Refr.D. icide sulfureux. =S 2 . Gazeux, o4orant, etc. ide sulfurique. =S 3 -h Aq. etc. Selenium. Eukalrite (i) =Sel. cupro-argentifere. 2 Cu Brillant metallique. Mou. Fusible avec odeur de raves. (l) Ce mineral seroit plus exactement place au cuivre. On ne Ta mis ici e par exception transitoire. natif. Arsenic. ri- Volatil avec odeur d'ail Pes. sp. 5,/. Couleur noire , eclat metallique. Realgar. = Ars. bisulfure rouge , As S 2 . Couleur rouge orangee. Volatil, etc. Crist, prism, derivant d'un prjsme rhombo'i- dal oblique. Incid. de M surM 72 18'. De P sur H 1 14 6' Pes. sp. 3,G. Orpiment. = Ars. trisulfure jaune. AsS 3. Jaune d'or. Volatil. Struct, laminaire dans un sens. Pes. sp. 3,4. = Ars. oxide , ou acide arsenieux. As 5 . Crist, derivant dePoctaedreregulier. Blanc. Volatil avec odeur d'ail. Pes. sp. 4- blanc. Tellure. natif. Eclat metallique. Blanc. Struct, laminaire. Crist, oclaedre regulier, = Tell, auro - argentifere. Ag T 2 -+- 3 AuTe6. Crist, derivant d'un prisme droit rectangu- laire? Blanc. Pes. sp. 5,8. = Tell, auro - plombifere. Ag T 2 graphique. feuillete. Gris de plomb. Structure laminaire. Flexible Pes. sp. 7 a 9. ORDRE m. MET. SOLIDES, INFUSIBLES, FIXES. Garb one. Diamant =C. natif. Le plus dur des corps. Crist, derivant d'un octaedre regulier. ( vage parfait egal. Eclat vif. Pes. sp. 3,5. '"># 11$ Acide carbonique.= C 2 . Gazeux, plus pesant que Fair, etc. Bore. Acide borique. = P 2 . Solide. Ecailles nacrees. Fusible , etc. Silicium. Quarz. = Acide silicique ou silice. Si 3. Cristaux prismatiques et pyramidaux derivant d'un rhomboide obtus de g4 d / Clivage egal , imparfait. Refraction D. * Les anhydres. Hyalin. Aspect, texture et cassure vitreux. Raye le verre. Pes. sp. 2,6. Gres. Texture grenue. Agate. Texture compacte. - Pate fine. Cassure cireuse, translucide. Couleurs vives. Silex. Texture compacte Pate gross e. Cassure conchoi'de, ecailleuse. Translucide. Couleurs ternes. Jaspe. Texture compacte. Pate fine, opaque. Couleurs vives. ** Les aquiferes. =S* et eau de 0,02 & 0,1 1. Texture vitro - resineuse. Dur. infer, au quarz. Pes. sp. 2 a 2,4- Hyalite. Transparent. Girasol. Translucide. Laiteux. Reflets rougeatres. Opale. Translucide. Laiteux. Reflets irises. Resinite. Presque opaque. Couleurs variees. Menilite. Presque opaque. Brun. CIASSE ii. LES METAUX HETEROPSWES* ORDRE i. A OXIDES 1NSOLUBLES. Genre Zirconium. Zircon. . v = Zircone silicatee. - Z r Si 2 . Crist, prismat. deriv. d'un prisme a base carree ou d'un octaedre a triangles isoceles. Dur. sup. au quarz. Pes. sp. 4?4 Refr. D. Limpide, brunatre, verdatre, etc. Rouge orange , etc. Jargon* Hyacinthe. Aluminium. Corindon. Telesie, adamantin. Emeril. Diaspora. Websterite. Wavellite. zz Aluminium oxide ou Almine. Al 5 ou A. Crist, rhomboidaux , prismatiques ou dode- caedres bipjramidaux, derivanl d'un rhom- boide aigu de 8o d '/. Clivage parfait, egal, quelquefois des joints perpendicu- laires a 1'axe. Dur. sup. a celle de toutes les pierres. Pes. sp. 4,5. Infusible. Couleurs variees vives. Hyalin. Couleurs vives. Clivage condui- sant au prisme. Chatoyant. Couleurs ternes. Clivage conduisant au rhomboide. Texture granulaire. = Alumine hydratee ? Eau 17. Au feu petille. = Al. sous-sulfatee-hydratee. Eau 4 o a 46. Poussiere cristalline. Couleur blanc mate. = AI. phosphatee-hydratee. 4 Aq. Dur. sup. au quarz. Pes. sp. 2,7. Structure fibreuse. Calaite. Topaze. Finite. Disthene. Nepheline. Triclasite. Staurotide. Grenat Almandin. n5 = Al. hydratee phosphatee. Eau 1 8. Dur. sup. an phosphorite Pes. sp. 3. Couleur bleuatre inalterable par les acides. = Al. fluo- silicatee. A 2 Fl. -f- 3 A S. Crist, prismat. derivant d'un octaedre rectan- gulaire ou d'un prisme droit rhomboidal de i24 d 21'. Clivage perpendiculaire a 1'axe , tres-net. Eieclrisable par fro Item en t et chaleur. Durete superieure au quarz. Pes. sp. 3,5. :z: Al. sous -silicatee. A 2 S. Crist, prismat. deriv. d'un prisme hexaedre regulier. Poussiere onctueuse. Pes. sp. 2,92. rrrrAl. silicatee. Crist, prism, deriv. d'un prisme oblique a base presque rhomboidale de io6 d environ. Double durete Pes. sp. 5,5. = Al. silicatee. AS. Crist, derivant d'un prisme hexaedre regulier tres-court. Dur. sup. a celle du verre. Un peu fusible. Pes. sp. 3,3. = Al. silicatee A S 2 -f- Aq. Crist, deriv. d'un prisme rhomboidal oblique de log* 1 y a envir. Dur. super, a celle du phosphorite. Pes. sp. 2,6. = Al. et fer silicates. 6 A 2 S H-f 2 S. Crist, deriv. d'un prisme a base rhomboidale de i29 d '/. Cristaux souvent croises. Dur. super, au quarz. Pes, sp. 3,3. = Al. , fer , etc. , silicates. Crist, derivant d'un dodecaedre rhomboi'dal. Dur. sup. a celle du quarz. Pes. sp. 3,5 a 4 - Essentiellemerit colore. Cou- leurs variees , le rouge brun dominant. =r Grenat alumineux A S -f - f S. Rouge violet. Fusible. PjTope. Grossulaire. Galitzinite. Tourmaline, Schorl. Bresilienne. Rubellite. Collyrite. 116 = Grenat magnesien. -2AS-f-MS 2 . H-3FS. Rouge de feu. Presque infusible. = Gr. calcaire. AS-h 3 CS-f-fS. Couleurs tres-variees. = Gr. mangaiiesie. 2AS-{~fS 2 -f- 2mgS. Couleur violatre. = A1. silicatee, etc. Crist, prism, deriv. d'un rhombo'ide obtus de i33 '. Clivage imparfait. Eclat yitreux. Pjro - electrique. Dur. sup. au quarz. Pes. sp. 3. ~ Al. , potasse et fer silicates -hKS-f-fS. Noir. Prismes canneles. = Al. , chaux et fer silicates -- 1 8 A S H-CS-f-2fS. Verdatre. = AL, soude et manganese silicates. 9 AS4-NS. Yiolatre et rougealre. Infusible. = Al. sous-silicatee, eau et melanges. iipunuii. jCjCiai e. Dur. sup. au licates. 5 A S Texture terreuse, homogene. translucide tendre. Yttryum. Gadolinite. = Yttrya silicatee YS ce 2 S -f- f 2 S. Texture yitreuse. Eclat resineux. Duret sup. au quarz. Pes. sp. 4- Rougissan au feu. Couleur noire. Glucium. Beril. = Glucyne et alumiiie sur-silicatees* GS4+2AS2. Aigue-marine. Emeraude. Euclase. 117 Crist, prism, derivant d'un prisme hexaedre regulier. Clivage incomplet, imparfait , parallele aux pans. Dur. sup. au quarz. Pes. sp. 2,76. Gassure transversale vi- trense. Verl d'eau, colore par le fer. Vert pur, colore par le chrome. = G. et alumine silicatees. G S -f- 2 A S. Crist, prism, deriv. d'un prisme droit a base rectangulaire. Clivage sincomplet , paral- lele a 1'axe , facile et parfait. Pes. sp. 3. ORDRE ii. A OXIDES UN PEU SOLUBLES. Magnesium. Epsomite. = Magnesie sulfatee. M S 3 -+- 5 Aq. Crist, prism, deriv. d'un prisme droit a base carree. Tres-soluble ,, tres-sapide. Sa- veur amere. Brucite. M. hydratee. M Aq. Translucide. Structure laminaire. -Eclat nacre. Pes. sp. 2,1 3. Boracite. =M. boraiee MgB4. Crist, deriv. du cube. Plus dur que 1'acier. Pvro-electrique. Pes. sp. 2,7. Giobertite. = M. carbonatee. Mg C 2 . Texture terreuse. Effervescente. Infusible. Se ramollit dans 1'eau. Pes. sp. 2,45- Magnesite. = M. silicatee et eau. MS 3 -+- 5 Aq. Aspect terreux Infusible Solide. Se ramollit dans 1'eau. Condrodite. =M. silicatee. MS. Sjst. crist. conduisant a un prisme rectangu- laire oblong. Structure laminaire. Rave leverre Tres-difficile a fondre. Talc. Laminaire. Steatite. Serpentine. Chlorite. Peridot. Chrysolitbe. Olivine, Diallage. Hyperstene. Cordierite. Spineller = M. trisilicatee et eau. 2 M S 3 -f- Aq. Svst. crist. conduisanta un prisme droit abase rbomboidale. Pes. sp. 2,8. Poussiere douce et savonneuse. Fusible. = IVL fer, alum, et potasse silicates. Texture ecailleuse ou terreuse. Tend re. Poussiere onctueuse. Fusible. - Couleur verdatre. = M. et fer silicates 4 M S -f- f S. Crist, prism, deriv. d'un prisme droit a base rectangulaire. Clivage imparfait. Gas- sure concboide. Eclat vitreux. Pes. sp. 3,4- Rae le verre Refr. D. = M. et fer bisilicates. 3 M S 2 -f-f S 2 . Lames rbomboidales brillanles sur les bases, terries sur les bords , conduisanta un prisme oblique rectangulaire. Pes.sp. 3. Fu- sible. Rajee par le verre. M. et fer bisilicales. - M S 2 -f- F S 2 . Struct, laminaire conduisantpar clivage par- fait , mais incomplet , a un pristne droit rbombo'idal de 98 d . Pes. sp. 3,4- dur que le verre. ~ M. alum. <2t fer silicates. Crist, derivant d'un prisme bexaedre regulier. Pes. sp. 2,5. Dur. Aspect vitreux. Dicbroi'sme ires- sensible Un peu fusible. M. aluminatee. M A 6 . Crist, derivant d'un octaedre regulier. Pes, sp. 3,7. Dur. sup. au qtiarz. Infusible. "9 Rubis. Rouge par 1'acide chromique. Pleonaste. Bleuatre, noiratre ou violatre par I'oxide de fer. Calcium. Karstenite. Gypse. Phosphorite. Apatite. Chrysolite. terreux. Fluore. Calcaire. rhombo'idal. spathique. saccaroi'dc. concretionne. = Chaux sulfatee Ga S 3 . Syst. crist. deriv. d'un prisme droit a base recta ngulaire. Pes. sp. 3. Raje le gypse. Ne blanchit pas par le feu. = B. sulfatee et eau. Ca S 3 -f- 2 Aq. Crist, prism, comprimes derivant d'nn prisme droit a base parallelogramme de n3 d . Clivage compJet, parfait dans un sens, im- parfait dans Tautre Pes. sp. 2,3. Tendre Blanchit par le feu. = C. phosphatee. Ca 3 p 5. Crist, deriv. d'un prisme hexaedre regulier. - Clivage incomplet parallele aux pans. Pes. sp. 5. Raje le calcaire. =rC.fluatee Ca. F. Crist, deriv. d'un octaedre regulier. Clivage complet parfait. Pes. sp. 3. Raje le calcaire. Carbonatee Ca C 2 . Crist, rhomboidaux, prismatiques, dode- caedres, bipjramidaux a triangles scalenes eta triangles isoceles, derivant d'un rhom- boidede io5 d X- Clivage complet, facile, parfait Pes. sp, 2,7. Refr.D. Effervescence avec 1'acide nitrique. 126 compactc. craie. grossier. brunissant. Etc. Arragonite. Dolomie. Datholite. Pharmacolite. Schelite, Sphene. = Manganesifere. = C. carbonatee. CaC 2 . Crist, prism, ou dodecaedres - pyramidaux , derivant d'un octaedre rectangulaire, Clivage incomplet , parallele aux pans d'un prisme rhomboidal. Cassure rabo- teuse. Raye le calcaire. Pes. sp. 2,9. Refr. D. Effervescence avec 1'acide nitrique. = C. et magnesie carbonatees. Ca C l -hMg(X Crist, rhomboi'daux derivant d'un rbomboide de io6 d i5'. Clivage completparfait. Pes. sp. 2,9 -Rave le calcaire. Effervescence lente avec 1'acide nitrique. = C. boro - silicatee. 2 Ca B 4 -f- 2 Ca 6 Aq. Crist, deriv. d'un prisme droit a base rhom- boi'dale de iO9 d %. Clivage nul. Raye le fluore. Pes. sp. 3. = C. arseniatee. Ca As 5 Odeur d'ail par le feu. = C. schelatee. Ca W 3 . Crist, octaedres derivant d'un octaedre aigu a triangles isoceles de i3o d 20' H. Pes. sp. 6. Jaunit dans 1'acide nitrique. = C. silico - titaniatee. Crist, tabulaires derivant d'un octaedre rhom- boidal de i3i d 16' H. ou d'un prisme rhom- boidal oblique de i33 d 3o' PHIL. Pes. sp. 3,5 Raye le calcaire. Wollastonite. Anorthite. Grammatite. vitreuse. Actinote. Asbeste. Amphibole. Pargasite. Schorlique. 121 = C. bisilicatee. CS 2 . Structure laminaire. Clivage conduisant a un octaedre triangulaire de 92** 18' et i3 9 d 4'. Dur. super, a celle du phosphorite. Pes. sp. 2,8. C. alumine et magnesie silicatees. 2CS-4- 8AS-f-MS. Crist, prism, inclines deriv. d'un parallelipi- pede obliquangle de 117, in et g4 env. Pes. sp. 2,7. Peu fusible. Entierem. decomp. par 1'acide muriatique concentre. = C. et magnesie sursilicatees. C S 3 -{-SMS*. Crist, prism . deriv. d'un prisme oblique rhom- boidal de 1 24 d 3o'. Clivage parallele aux pans. Dur. sup. au verre. Pes. sp. 3,5. Couleur blanche , grise ou vert pur. Roide. Eclats vitreux. Prismes alonges , rarement termines. ~ Eclat vitreux. Oxide de chrome. Filamens flexibles. = C. magn. , alumine et fer sursilicates. M f Crist, prism, deriv. d'un prisme rhomboidal de i24 d 3o'. Clivage parallele aux pans, parfait. Dur. super, au verre. Pes. sp. 5,5. Couleur noire ou verdatre. Prismes courts, a sommets composes, gris ou noir. Prismes movens,a sommets composes, noir et vert fonce. CS3-J-3 (l) Cette formule est celle qui a etc donnee par M. Bonsdorff. Les lettres M et f mises Tune au - dessous de Tautre, indiquent que le fer et la magne- sie peuvent se suppleer, et Fx mis en exposant d'A, que Talumine est ea proportion indetermince. Pyroxene. Diopside. Sahlite. Fassaite. Cocolite. Augite. Epidote. Thallite. Zoysite. Wernerite. Parantliine, = C. et magn. bisilicatees. C S 2 MS2. Crist, prism, a arte terminate inclinee su 1'axe, derivant d'uiv prisme oblique a bas rhomboVdale de Sj d '/^ environ. Clivag peu net. Pes. sp. 3,3. Dur. sup. a celle de Tamphibole. Refr. D Eclat vitreux. Crist, longs , blancs et ver datres. Struct, tres-laminaire. Blanc ou vert pale Texture et eclats presque vitreux __ Vert fonce Texture granulaire -- Verdatre. = C., Magnesie et fer bisilicates. C S Sjst. cristallin du pyroxene. Noir ou vert tres - fbnce. Texture presqu vitreuse. Crist, courts. Volcanique. = C. et alumine silicatees. C S H 2 AS. Crist, prism, deriv. d'un prisme droit a bas parallelogramme obliquangle de n4 d Pes. sp. 3,4' Raje le verre. Fusible. Crist, prism, subvitreux. Verdatres. Crist, engages, laminaires. Grisatres. = C. et alumine silicatees ferriferes. C S -+- 3 A S. Crist, deriv. d'un prisme droit a base carree Texture compacte. Pes. sp. 3,7 -- Couleur verdatre. = C. et alumine silicatees. Crist, prism, derivant d'un prisme droit a base carree. Struct, lamin. Couleur verdatre ou nulle Eclat nacre ou vitreux. -*- Pes. sp. 3. Prehnite. Chabasie. Stilbite, Laumonite. Cymophane. Idocrase. Essonite. 123 C. et alumine silicatees et eau. 3 C S -}-9AS-f-Aq. Cristaux flabelliformes deriyant d'un prisme droit rhomboi'dal de io2 d 4o'. Pes. sp. 2,7 -- Fusible avec bouillonnement. = C. et alumine sursilicatees et eau. Crist, deriv. d'un rhombo'ide voisin du cube de g3 d / 2 . Pes. sp. 2,7. Fusible. = C. et alumine trisilicatees et eau. Crist, tabulaires, flabelliformes, nacres, de- rivant d'un prisme droit rectangulaire. Pes. sp. 2,5. Fusible avec boursoufflement. = C. et alumine bisilicatees et eau. Crist, deriv. d'un octaedre rectangulaire de 98 , 1 2 et 1 1 7 d . Pes. sp. 2,2 . Friable. = C. et alumine soussilicatees. G4 S -+-18 A4S. Crist, prism, deriv. d'un prisme droit rectan- gulaire. Pes. sp. 5,8. Durete superieure a celle de la topaze. rr C. , alumine et fer silicates. 6 CS -h 5 AS-hFS, Crist, prism, derivant d'un prisme droit a base cajree. Texture compacte. Eclat vi- treux vif. Pes. sp. 3,4- Durete superieure au quarz. Couleur vert olivatre ou jaunatre. = C. , alumine et fer silicates. 8 C S -i-8 AS + FS. Crist, deriv. d'un prisme droit a base rhom-? boi'dale de JO2 d 4o'. Pes. sp. 3,6. Fusible. Durete superieure au quarz. - Couleur jaune orange. Axinite. Anthophyllite. Gehlenite. 124 = C. , fer et alumine bisilicatees. C S 2 + FSa-+- 5AS2. Crist, tabul.abiseauxunilateraux trancbans, derivant d'un prisme droit a base paralle- logramme obliquangle de ioi d / 3 . Pes. sp. 2,2. Fusible. Durete inferieure au quarz. Texture et eclats vitreux. == C. , alumine et fer silicates. 2 C S -4-4 AS-HFS. Crist, prism, alonges derivant d'un prisme droit rbomboidal de 73 d 44'- Clivage parallele aux pans , facile et parfait. - Pes. sp. 3. Durete superieure au verre. Infusible. = C. , alumine et fer silicates. Crist, deriv. d'un prisme droit rectangulaire. Pes. sp. 2,9. Durete superieure au fluore. Strontium. Celestiue. = Strontiane sulfatee. Sr S 5 . Crist, derivant d'un prisme droit abase rhom- boidale de io4 d ] / 2 . Pes. sp. 3,g. Fusible. Muriate colorant en pourpre la flamme de 1'alcool. Strontianite. = S. carbonatee. Sr C 2 . Crist, deriv. d'un rhombe de 9g d J^, Pes. sp. 3,7 effervescent. *. Muriate colorant en pourpre la flam me de 1'alcool. Barium. Baritite. = Barite sulfatee. Ba S 3 . Crist, deriv. d'un prisme droit a base rhom- boidale de ioi d %. Clivage complet par- fait. Pes. sp. 4?4- .. 12$ Wither! te. = B. carbonatee. Ba C 2 . Crist, deriv. d'un rhombe de 92**. Pes.sp. 4,3. Effervescent. Fusible. Harmotome. = B. et alumine sursilicatees et eau. BS4-J-4 AS 2 -i- 7 Aq. Crist, deriv. d'un octaedre a triangles isoceles de 86 d 36', souvent agreges en croix. Pes. sp. 2,3. Fusible. Durete supe- rieure au fluore. ORDRE HI. _ A OXIDES TRES-SOLUBLES. Lithium. Triphane. Litbine et alumine sursilicatees. L S $ + 3 AS 2 . Structure laminaire. Clivage conduisant a un octaedre a triangles isoceles , quatre aigus, quatre obtus. Pes. sp. 3. Rave le verre. Au feu se divise et se fond. Eclat nacre. Petalite. = L. et alumine sursilicatees. L S^ -+-3A3. Structure laminaire. Clivage conduisant a un prisme droit a base rbomboidale de 1 3; d Dur. Fusible. Pes. sp. 2,4. Sodium. Reussin. = Soude sulfatee et eau. N S 5 -f- 10 Aq. Crist, der. d'un octaedre symetrique de i oo d . Saveur particuliere. Tres - dissoluble a chaud. Effervescent. Glauberite. =S.etchauxsulfatees. Crist, tabul. a biseaux unilateraux, tran- cbans , derivant d'un prisme oblique a base rhomboidale de io4 d '/,. Pes. sp. 2^7. le gypse. Sel mar-in. Natron, Borax. Cryolithe. Sodalite. Lazulite. Mesolype. Analcime. 126 r=S. muriatee, ou chlorure de sodium, ou hydrochlorate de soude. Na M 2 . Crist, derivant du cube. Pes. sp. 2,5. Saveur salee. Decrepite au feu. rr S. carbonatee et eau. Na G 2 -{- 10 Aq. Saveur urineuse. Dissoluble. Crist, de- rivant d'un octaedre rhomboidal de i2O d . Effervescent. Efflorescent. = S. Loratee et eau. Na B 8 -+- 1 1 Aq. Crist, derivant d'un prisme rectangulaire ob- lique de io6 d . Fusible. = S. et alumirie flualees -- N Fl -f- A Fl. Structure laminaire conduisant a un paral- leMipipede rectangulaire. Tres - fusible. Insoluble. = S. et alumine silicatees. N S -J- 2 AS. Crist, derivant d'un dodecaedre rbomboidal. Pes. sp. 2,4. Raje le verre. Gelee dans les acides. = S. et alumine silicatees -- N S -f- 3 A S. Crist, deriv. d'un dodecaedre. Pes. sp. 2,8. Raje le verre. Fusible en email gris -- Couleur bleu pur. = S.et aluraine silicatees et eau. NS 3 -{- 3 A S -h 2 A q. Crist, en prisme a quatre pans derivant d'un prisme droit a base rhomboidale de 92 d . Pes. sp. 2. Fusible avec bouillonnement. Gelee dans les acides. S. et alumine sursilicatees. N S 3 -j- Crist, derivant du cube. Pes. sp. 2. Raje le verre. Albite. Labrador. Jade. Nephrite. Saussurite. Retinite. 127 ;/ = S. ei alumine trisilicatees. N S^ -{- 3 AS*. Structure laminaire -- Clivage conduisant a un parallel ipipede irregulier, oblique, a base rhomboidale de ny* 1 53' n5 d 5' et 86 d 24'. Pes. sp. 2,73 -- Plus dure que le felspath. = Soude, chaux et alumine silicatees.- NS3-h3CS 3 4-i-2AS.(i) Structure laminaire. Clivage indiquant un parallelipipede obliquangle. Incidence de P sur M. g3,3o. Durete inferieure au felspath. Pes. sp. 2,7. Peu fusible. Decompose par 1'acide muria- tique concentre. := Soude, potasse, etc., silicatees. Texture compacte. Eclat gras -- Pes. sp. 3. Fusible. Durete surpassant celle du quarz. Tenace. =Soude, potasse, chaux et silice. Translucide. Eclat- de la cire. = Soude, chaux, alumine, magnesie, fer et silice. JNfitre. ~ S. et alumine silicatees et eau. Texture et eclat resinejiah^^BI^JSBiy^. ^ par racier^ Potassium. ((UNIVERSITY;) ^v @ A. ^^ < bv.* ;. ..a4lilubU:it '. * Fer. natif. =F.natif. Fe. Magnetique. Malleable. MispickeL =F. arseniure et sulfure. FeAs 2 -f- FeS4. Crist, deriv. d'un prisme droit rhomboidal de ni d . Pes. sp. 6,5. Odeur d'ail. Couleur blanche. Pyrite. = F. sulfure. Fe S4. cubique. Crist, derivant du cube. Cassure vitreuse. Pes. sp. 4,7. Odeur sulfureuse par le feu. Couleur jaune. prismajique. Crist, derivant d'un prisme droit rhomboidal de i o6 d % . Cassure raboteuse. Couleur jaune pule. Pyrite macnetiq. = F. sulfure, magnetique. Fe S4 -t- 6FeS2. Structure laminaire. Clivage conduisant au prisme rhomboidal. Graphite. = F. carhure Fe C x . Couleur noire brillante. Pes. sp. 2,2. Tachant. Onctueux. oxidule. = F - oxidule. Fe 2 -f- 2 Fe \ Cristaux derivant de Toctaedre regulier. t Pes. sp. 4,9. Eclat metal lique. Magnetique. Pous- siere noire. oligiste- compacte. specula ire- Hematite. Sanguine. hydroxide'. fibreux. compacte. granuleux. limoneux. carbonate. spathique. compacle. azure. *^t/3w< Couperose. Resinite. chrome. = F. oxide. Crist, deriv. d'un rhomboi'de aigu de 8y d . Eclat metallique. Couieur noirou brun rouge. Poussiere rouge Pes.sp. 5,2. Metalloide. Texture grenue. Melalloide. Texture et cassure vitreuses. Texture grenue Structure fibreuse. Dur. Poussiere rouge. ' Texture grenue 9 terreuse. Couieur rouge. = F. oxide-hydrate. Fe 2 Aq. Brun. Poussiere jaune. Eau i5. Structure fibreuse. Texture compacte. Assemblage de grains pisolilhiques ou ooli- thiques. Impur. =. F. carbonate. Fe C 2 . Crist, deriv. d'un rhombe de io/J V a . Pes. sp. 3,67. Effervescent. Se colorant par Tair ou par le feu. Structure laminaire. Texture compacte. = F. phosphate et eau. Fe P 5 -f- 6Aq. Crist, derivant d'un prism e rectangulaire obli- que de ioo d . Couieur bleuatre. = F. sulfate vert Fe S 3 -+- 7 Aq. Crist, deriv. d'un rhomboi'de aigu de 8i d % Verdatre. Dissoluble. = F. sous-sulfate resiniforme. Fe 4 S -+-4 Aq. Brun roussatre. Cassure et eclat resineux. = F. chrome ou chromite de fer. Noiratre. Colorant le borax en vert. Pes. sp. 4- Hedenbergite. Lievrite. Skorodite. Huinboldtine. Cobalt. arsenical. gris. terreux. \iolet. sulfate. sulfure. Nickel. = F. silicate et eau. Fe S 3 -f- 2 Aq. '= F. et chaux silicates. 4 Fe S -+- C S. Crist, deriv. d'un piismc droit a base rhombe de i i2 d '/ 2 Couleur noir bleuutre. Eclat metalloide. PCS. sp. 3 ; 8. = F. arseniate et eau. Crist, derivant du cube. Couleur verdatre. Odeur d'ail par la cha- leur. Pes. sp. i,3. = F. oxidule , oxalate. Texture terreuse. Couleur jaune yerdutre. Decomposable par le feu. = C. arseniure. Co As 2 , As. Eclat metallique. Crist, deriv. du cube. Texture grenue. Pes. sp. 7,7 odeur d'ail. Colore le verre en bleu. = Cobalt arseniure et cobalt sulfure. Co As 2 ~f-CoS4. Eclat metallique. Structure laminaire. Crist, deriv. du cube. Pes. sp. 6,^. = C. oxide. Co 5. Texture et aspect terreux. Noir bleuatre. Colorant 16 verre en bleu. Pes. sp. 2 ? 4- = C. arseniate et eau. Co 3 As 5 4- 6 Aq. Couleur violette. Structure laminaire indi- quant un prisme bexaedre, ou texture ter- reuse. = C. sulfate. gij Dissoluble. Saveur stjptique, Couleur rosatre. En cristaux capillaires. arsenical. arseniate. Cuivre. natif. sul f ure. pyriteux, grs. rouge. nor. azure. i33 =: N. arseniure. Ni As. Eclat metal Jique. Jaime rougeatre. Scin- tilJant. Odeur d'ail. Pes. sp. 6,6. = N. arseniate. ^-Ni 2 As 3 -h 4 ACJ. Terreux. Pulverulent Vert pale. = C. natif. Cu. Ductile. Rougeatre. Crist, derivant de Toctaedre. Pes. sp. 8,5. = C. sulfure. = Cu S. Crist, deriv. du prisme hexaedre regulier. Texture grenue. Eclat metallique. Gris deplomb. Raclureeclatante Pes.sp. 5. = C. et fer sulfures. 2 Fe S 3 -f- CuS2(i). Crist, deriv. de Toctaedre. Eclat metallique. Couleur jaune. Texture grenue. Cassure raboteuse. Pes. sp. 4>3. = C. sulfure , avec fer , arsenic , anti- moine, etc. Crist, deriv. d'un tetraedre regulier. Eclat metallique. Couleur gris d'acier. Texture grenue. Pes. sp. 4^8. = C. oxidule. Cu. Crist, deriv. de 1'qctaedre. Couleur rouge purpurine. Eclat metalloi'de. = C. oxide. Cu 2 . Texture terreuse. Couleur noiratre Co- lorant Pammoniaque en bleu. = C. hydro-carbonate bleu. Cu ACT. -f- 2 Cu C ? . Crist, deriv. d'un prisme rbomboidal oblique. Pes. sp. 3,6. Couleur bleu d'azur. Effervescence dans 1'acide nitrique. (l) BOKSDORFF, Dissert. , 1823. * Malachite. Dioptase. Resinite. -;' sulfate. .* * - phosphate. Atacamite. arseniate. Urane. noir. phosphate. jaunatre. verdatre. 1*4 r= C. carbonate vert et cau. - 2 Cu G -r-Aq. Structure fibreuse. Couleur d'un beau vert. Crist, deriv. d'un prisme droit obliquangle? Pes. sp. 3,5. = C. silicate-hydrate. Crist, deriv. d'un rhomboi'de obtus de i2^ A . Couleur verte. Pes. sp. 3,3. Rayant le verre. == C. silicate-hydrate. Cu 2 Si 3 H- 6 Aq. Couleur vert bleuatre. Crist, derivant d'un prisme droit rhomboidal de io3 d . Cas- sure resineuse. Pes. sp. 2,7* = C. sulfate et eau. Cu 2 S 3 -f- 5 Aq. Crist, deriv. d'un parallelipipede obliquangle. Couleur bleue. Dissoluble. Saveur- styptique. = C. phosphate. Cu4P5. Crist, deriv. d'un octaedre rectangulaire. Pes. sp. 4- Vertfonce. Fusible en scorie brune. = C. muriate et eau. Cu a M -f- 2 Aq. Crist, deriv. d'un octaedre ? Structure lami- naire. Couleur d'un vert pur fonce. Colorant la flamme. = C. arseniate et eau, etc. Structure laminaire. Crist, deriv. d'un oc- taedre? obtus. Odeur d'ail. Vert bleua- tre, etc. Pes. sp.de 2, 5 a 4. = U. oxidtile. U. Couleur noire. Texture subgrenue. Eclat presque resineux. Pes. sp. 6,5. = U. phosphate et eau. Crist, deriv. d'un prisme droit symetrique. Structure laminaire. Pes. sp. 3. Gouleur jaune passant au vert. -i 55 Zinc. Blende. silicate. rouge. Calamine. C. bvdratc. Gahnite. = Z.sulfure. ZnS 2 . Crist, deriv. d'un dodecaedre rhomboi'dal sub- divisible en octaedre, tetraedre et rhom- boide obtus de i oo/ 1 '^ . Struct, laminaire. Pes. sp. 4ji6 Couleur jaunatre. = Z. silicate avec eau. Zn Si -4- Aq. Crist, deriv. d'un octaedre reclangulaire dc 120 d . Aspect lithoide. Pes. sp. 3,5. Gelee dans 1'acide nitrique. = Z. oxide manganesifere. Zn 2 Mg 2 . D'un rouge orange. Pes. sp. 6,2. = Z. carbonate. ZnC 2 . i-^l Crist, deriv. d'un rhomboi'de obtus. PCS. sp. 4,3. Aspect Kthoi'de. Dissoluble avec efferves- cence dans 1'acide sulfurique. = Z. hydro-carbonate. = Z. aluminate Zn 2 Al 5 . Crist, octaedre. Raye le quarz. Infusible, Pes. sp. 4,7. litain. pyriteux. oxide. = E. et cuivre sulfures. Eclat metallique. Couleur jaunede bronze Pes. sp. 4,3 Structure sublaminaire. = E. oxide. Sn 4. Crist, derivant d'un octaedre symelrique. Pes. sp. 6,9. Aspect litboide. Dur Difficile a fondre. Bismuth. natif. =B.natif. B. sulf ure. = B. sulfure. Bi S 2 . Structure laminaire conduisant ati prism e rhomboi'dal. Fusible Couleur gris de plomb. PCS. sp. 6,4- ' oxide. i36 = B. oxide. Bi 2 . Pulverulent. Couleur jaune vert. Pes. sp. 4,3. Facilement reductible. Plomb. Galene. I n ti J = P. sulfure. -^PbS 2 . Crist, deriv. du cube. Pes. sp. 7,6. Structure laminaire. Clivage parfait. Couleur grise. Eclat metallique. = P. oxide rouge Pb 3 . Rouge pulverulent. Reductible facilement en plomb. = P. oxide jaune. Pb 2 . Jaune pulverulent. Reductible facilement en plornb. Gomme. = P. aluminate et eau. Pb 2 Al 3 -f- Minium* T., . Massicot. blanc, vitreux* phosphate. arseniate. Jaunatre. Aspect gommeux. Texture compacte. Plus dur que le fluore. = P. carbonate -- Pb C 2 . Crist, deriv. d'un octaedre rectangulaire. Pes. sp. 6,5. Aspect litho'ide. Eclat diamantaire. Ef- fervescent. Noircissaht par le soufre. = P.sulfate. PbS3. Crist, deriv. d'un octaedre rectangulaire. Pes. sp. 6,3. Aspect litho'ide. Cassure et eclat vitreux. Non effervescent. = P- phosphate. Pb 2 P 5. Crist, prismat. deriv. d'un rbomboide obtus de 1,1 i d . Pes. sp. 6,9. Aspect lithoi'de. Eclat gras. Fusible sans reduction. Couleurs variees. = P- arseniate. Pb As 5. Crist, prism, deriv. d'un rbomboide obtus. Pes. sp. 5. Aspect litho'ide. Couleur jaune verdatre. Odeur arsenicale par le feu. rouge. = P. chromate. Pb 2 Cb. 6. Crist, deriv. d'un prisme rbomboi'dal oblique Texture vitreuse. Pes. sp. 6. Gouleur rouge orange. Colore en vert le verre de borax. jaune. = P. molybdate. PbMoA Crist, deriv. d'un octaedresymetrique. Pes. sp. 5,6. Couleur jaune. Donnant au verre une couleur bleuatre. Argent. natif. = A. natif. Ag. Blanc. Malleable. Crist, deriv. de Poc- taedre. Pes. sp. io,4- antimoniaL .= A. stibiure. Ag 2 Sb. Blanc. Eclat metallique. Structure lami- naire, conduisant au rbombo'idej fragile. Pes. sp. 9,4* sulfure. = A. sulfure -- Ag S 2 . Crist, deriv. du cube. Pes. sp. 6,9. Malleable. Fusible. Couleurgrisdeplomb. rouge. = A. et antimoine sulfures. 2 Sb S 5 H-3 AgS^. Crist, deriv. d'un rbomboide de ioy d V a . Pes. sp. 5,6. Eclat diamantaire ou metal- 1 o'ide Poussiere rouge Texture vi treuse . muriate. = A. muriate -- Ag. M 2 . Translucide. Cassure ecailleuse. Eclat diamantaire. Mou. Pes. sp. 4>7 Reductible par le feu. c! t-ffcfl '.8^ .je #& rii^R"^ 4*- 1 ?;' Mercure. natif. = M. natif. Hg. Blanc, metallique. Liquide. argental. ==-- M. argental. Ag Hg 2 . Crist, dodecaedres. Pes. sp. if. Blanc d'argenl. Fragile. f i38 Cinnabre. = M. sulfure. Hg S 2 . Crist, deriy. d'un rhombo'ide aigu de 71* %. Pes. sp. 1 0,2 . Gouleur rouge pur Volatil. muriate. = M. muriate. HgM9. Gris. Eclat diamantaire. Fragile. En- tierementvolatil. ' ORDRE it. METAUX ELECTRO-NEGATIFS, n, Palladium. natif. = P. natif. Blanc-metallique, argentiiu Or. natif. = O. natif. Au. Electrum. = O. argenlifere Ag Au 2 . , .. . .'?:.>; .i. ., , ,4, platlae - natif. = P. natif. Pt. Titane. Ruthile. = T. oxide. T4. Crist, deriv. d'un prisme droit abase carree, Pes. sp. 4- Infusible. Couleur rougeatre. Anatase. = T. oxidule ? Crist, octaedres a triangles isoceles. Struc- ture laminaire. Pes. sp. 3,8. Raje le . verre. Infusible. jm A-i^&iiJui *\*< Tantale. Tan tali te. = T. oxide - ferro - manganesifere Mn Ta -+- Fe Ta. Brun. Raye le verre. Pes. sp. 8. t % Antimoine. natif. =A.natif. Sb. Blanc. Structure laminaire. sulfure. = A. sulfure. Sb S 3 . Crist, en prismes alonges deriv. d'un octaedre rhomboidal Clivage*incomplet. Paral- lele aux pans des prismes. Pes. sp. 4,5. Tres - fusible. Couleur noire. Eclat me- tallique. Bournonite. = A. sulfure plombo-cuprifere. Pb S 2 -f-CuS-f-SbS 3 . Crist, deriv. d'un prisme droit a base carree. Pes. sp. 5,7. Couleur gris d'acier. Eclat metallique. Fusible. blanc. = A. oxide Sb 3 . Blanc. Structure laminaire. Pes. sp. 5,6. Fusible. Volatil. mordore. = A. oxisulfure. Sb 3 -f- 2 Sb S 3 . Crist, prism, aciculaires. Pes. sp. 4?6. Couleur rougeatre, mordore. Fusible. Volatil avec odeur de soufre. Scheelin. .'jfB*fiJ-VH f.-iihiil'ti- f' Wolfram. = S. ferrugine-manganesifere. Mn W 3 -f-3FeW 3 . Crist, deriv. d'un prisme droit a base rectan- gulaire. Pes. sp. y,3. Structure lami- naire. Couleur noire. Eclat metalliq. Infusible. Molybdene. sulfure. =M. sulfure. MoS 2 . Crist, laminaires deriv. d'un prisme bexaedre regulier Lames flexibles, onclueuses au toucher. Pes. sp. 4,7., Couleur noir bleuatre. Eclat metallique. t .sf- Oxide. = M. acide molybdique. Mo *. Pulverulent. Jaunatre. f- -s'iT * # v cTiJ"*^ Chrome. oxide. = Ch. oxide silicifere. Ch 5 . Pulverulent __ Pes. sp. 1,6. Couleur verte. DEUXlfiME DIVISION. Mineraux dont les molecules de premier ordre sont composees de plus de deux elemens a la maniere des corps organiques, et qui paraissent tirer leur origine de ces corps. LES SELS. Ammoniaque. muriatee. sulfatee* Alumine. Mellite. = Mellate d'alumine hydrate. Couleur jaune de miel. Translucidc. Crist, deriv. d'un octaedre de $3 A 22% a triangles isoceles. Pes. sp. 1^6. Refrac- tion double. LES BITUMES. SllCCin. Couleur jaunatre. Transparent. ; Acide succinique. Texture vitreuse. Electri- cite puissante par frottement. Pes. sp. Retiljasplialte. Couleur jaune brunatre. Opaque. Com- bustion facile avec odeur fragrante etfumee. Pes. sp. i ; i. et li( 141 Bitlime. Liquide, mou ou solide et liquefiable par le feu. Combustible avec fumee, sans re- si Ju. Pes. sp. 1,2. Hoilille. Noir. Solide. Combustible avec fumee. Odeur bitumineuse et residu. Noa liquefiable. Pes. sp. i,3. LES CHARBONS. Anthracite. Noir. Eclat metallo'ide -- Difflcilement combustible sans fumee ni odeur bitumi- neuse. Pes. sp. 1,8. Lignite. Noir ou brun. Combustible sans boursouf- 1 flement avec fumee ? odeur piquante et residu. Pes. sp. 1,1 a i,5. 'APPEND1CE. Qf Uii 1 .uk* Mineraux non classes, c'est-a-dire dont la com- position ou la forme ne sont pas encore assez exacternent connues pour etre employees comme caracteres specifiques. Teh sont: Jamesonite. = Andalousite et made. Potasse, alu- mine , magnesie et fer silicates. Crist, en prismes quadrangulaires droits , derivant d'un octaedre rectangulaire de 91, 5o et 120, avec ecorce et liiieamens noirs. Rajantle verre. Pes.sp. 2,9. Tels sont encore les mineraux nommes : Abrasite et Gismondin. Amblygonite. Breislakite Buchol- zite Childrenite. Cronstedtite. Ekebergite. Eudialite. 142 Erlan. Euchro'ite. Fibrolite. GablrQnlte. Gieseckite. Iridianite. Killinite. Omphacite. Otre- lite. Picotite. Sommerwillite. Sordawalite. Wagne- rite, etc.(i) ' v * *"' i * -t'-^ '.~ Vijjnii TROISlfiME DIVISION. ROCHES D'APPARENCE HOMOGENE ou mineraux en. masses qui ne peuvent se rapporter exactement a aucune espece minerale. ORDRE i. ROCHES TENDRES. Kaolin. = Alumine, silice et eau. Aspect terreux.- Friable. Blanc. Faisant une pate courte avec 1'eau. Infusible. Argile. = Alumine, silice et eau. Solide. Tendre. Faisant pate avecTeau, Non effervescente. Cimolithe. Rude au toucher. plastique. Douce au toucher. Pate tenace avec Feau. smectique. Douce au toucher. Tres-desagreable dans 1'eau. Pate courte. Lithomarge. Solide. Texture massive. Faisant tres- difTicilement pate avec 1'eau. schisteuse. Solide. Structure feuilletee. Pate courte avec 1'eau. (l) On a oiuis dans ce tableau un grand nonihre de mineraux dont le classement ne pouvoit etre determine sans une discussion dans laquelle il n'etoit pas possible d'entrer. On n^a pas pretendu donner ici un tableau complet des especes mineralcs, mais seulement un exemple de classification pris sur les especes tres-connues , ou sur celles dont la place dans la methgde peut etre etablie pres^ue sans hesitation ou discussion. Marne. >-x Ocre. Schiste. Ampelite. Wake. Corneenne. Argillolite. 143 = Argile et calcaire. Solide ou friable. Pate avec 1'eau. Effer- vescente. = Argile et oxide de fer. Couleurs diverses. Delajable dans 1'eau. Pate courte. Solide Structure feuilletee, nese delajant pas dans 1'eau. Solide. Noir tachant. Structure feuilletee. Texture terreuse, massive Tendre Facile a casser. Fusible en email noir. Texture terreuse, massive. Solide. Demi- dure. Difficile a casser. Fusible en email noir. Texture terreuse , lache Massive. Rude au toucher. Presque infusible. OHDRE u. ROCHES DURES, ray ant k verre. Trapp. Texture grenue. Structure fragmentaire. Fusible en email noir. Basal te. Noir. Texture grenue. Structure subla- mellaire, massive Difficile a casser. Fusible en email noir. PhtanitC. Noir Texture compacte. Gassure a sur- face terne. Structure souvent schistoide. Plus dur que Tacier. Infusible. Petrosilex. Texture compacte , fine. Translucide. Cassure ecailleuse. Plus dur que Tacier. Fusible en email blanc. Obsidienne. Texture vitreuse. Translucide. Cassure vitreuse. Plus dure que le verre Fu- sible en email gris. Ponce. Texture poreuse, Rude au toucher. Fusible en scories blanchatres ou grisatres. i44 Tliermantide. Texture compacle Cassure a surface lui- sante. Structure schistoi'de. Couleur grise, jaunatre ou rougeatre. Infusible. Tripoli. Texture terreuse, fine, poreuse. Poussiere dure. Structure schistoi'de. Infusible. Couleur du jaunatre an rougeatre. Silice, 90. DEUXlfiME StiRIE. "'.zAzl-' ROCHES HETEROGENES. Melanges naturels , frequens, constans et en masses etendues, d'es- peces minerales de la premiere serie. Considerees mineralogiquement, c'est-a-dire independamment de leur situation geologique ; tels (jne Granite. Gneiss. Porpbjre. Phjllade. Psammite, etc. On donnera au mot ROCHE le tableau de toutes les sortes et de leurs caracteres principaux. 145 DEUXIEME CONSIDERATION. MINERALOGIE GEOGNOST1QUE. Cette consideration, comme celles qui vont suivre, a pour objet les rapports de la inineralogie avec differens genres de connoissances. Elle agrandit le domaine de cette science , en le faisant penetrer dans celui qui appartient a ces connois- sances; mais elle ne les confond pas, et rend au contraire la culture de chacun d'eux plus fertile en resultats propres a inte"resser 1'esprit ou a augmenter notre aisance physique. La mineralogie gdognostique est egalement une parti e et de la geognosie et de 1'histoire naturelle des mineraux. Dans la geognosie, on considere la terre principalement dans son ensemble, dans sa structure, dans la position respective des grandes masses qui forment son ecorce , et dans les grands . ph^nomenes qu'elles presentent : la mineralogie geognostique considere les choses plus en detail, plus specialement; c'est la connoissance de la place habituelle des especes et varietes mineralogiques dans les differentes parties de 1'ecorce du globe, de leur maniere de se presenter en general et dans cjiacune de ces parties , et meme des associations les plus ha- bituelles des especes minerales. Dans la geognosie on prend , pour ainsi dire , chaque terrain et chaque couche pour en faire 1'histoire , on y indique les especes minerales qu'ils renferment. Dans la mineralogie geognostique on prend au contraire chaque espece minerale 1'une apres Tautre; on recherche a quelle ^poque elle a paru pour la premiere fois dans la succession des couches du globe; a combien d'epoques elle s'est formic; quand elle a cesse de paroitre, etc. Dans la geognosie il est principalement question de ter- rains, de couches, de roches, enfin de grands amas de subs- tances minerales; dans la mineralogie geognostique on doit au contraire s'arreter au moment ou les mirieraux se presen- sent en assez grandes masses pour constituer des terrains ou meme des roches. 10 146 Cette distinction entre la ge"ognosie et la mine'ralogie geo- gnostique etant bien etablie, nous allons donner le tableau des generalites que pr^sente cette partie de la mineralogie , et des differentes questions qu'elle doit faire naitre relati- vement a chaque espece minerale. . I. er Epoque de formation des especes miner ales. II y a des especes minerales qui paroissent ne s'etre mon- trees qu'a certaincs epoques de la formation de la croute du globe; d'autres qui semblent appartenir a toutes ces epoques, mais qui pre\sentent cependant dans chacune d'elles des va- rietes particulieres. Ce sont des circonstances tres-curieuses , tres-importantes meme a beaucoup d'e"gards, auxquelles il faut faire attention dans 1'histoire de chaque espece minerale. Je me bornerai a donner dans le tableau suivant quelques exemples de cette consideration geognostique. Ce n'est ici le lieu, ni de les developper, ni de chercher a les rendre complets. On verra dans ce tableau que 1'^tain , le beryl, ne se sont montres en place que dans les terrains les plus anciens; que la mesotype, Tanalcime , n'ont commence a paroitre , avec abondance au moins , qu'a 1'epoque de la formation trap- peenne, qui est un des terrains les plus nouveaux; que le phosphorite a paru dans tous les temps, mais a 1'etat d'apatite dans les anciens terrains, a celui de phosphorite terreux dans les terrains moyens, et a celui de chrysolite dans les terrains nouveaux. On verra au gypse , au fer , au manganese , etc. , la meme continuite de formation, mais des differences plus grandes encore dans les combinaisons ou les etats sous les- quels ils ont paru dans chaque formation. On remarquera encore dans ce tableau que telle espece qui ne se montre isolee que dans les terrains nouveaux, avoit deja paru, mais toujours combiriee dans les terrains anciens; tels sont 1'acide borique et le soufre. I. Especes minerales qui ne se III. Esplces minerales qui appar- sont montre'es que dans les ter- tiennent plus specialement aux rains primordiaux* terrains nouveaux, c'est-a-dire aux terrains de sedimens supe- Tellure (combine). rieurs , aux terrains trappeens Acide borique ( combine"). el aux terra i ns p j rO genes de la Corindon. , , meme epoque. Topaze. Grenrts ? ri -i PKosphorite chrysolite. Apatite. Soufre (is 1 ^' Epidote. Acide borique (isole). Silex come et pyromaque. Tourmaline. Felspath commun. Calcaire com P acte ' Ferarsenical,feroxidul^fercarbo- P ?** ne au ,. Stilbite. nate spathique. Cuivre sulfure. Analcime. Urane. Amph,gene. Etain (dans sa place originaire). -. D . , , .... Strontianite. Urr ( dans sa place originaire ;. Scheeiin (combine). Molybdene (combine). Chrome (combine). II. Esptces mine'rales qui sontpar- IV. Especes mine'rales qui se trotir ticulieres aux terrains de se'di- vent dans les terrains de toutes mens infe'rieurs et moyens. les epoques. Serpentine. Quarz hyalin. Soufre (isole). Gypse. Karstenite. Calcaire spathique^ Calcaire compacte. Fluore. Baritite , etc. Titane. Cuivre azure, phosphate, etc. Amphibole. Plomb (presque toutes les especes). Mica. Mercure (presque toutes les espdces). Manganese. Zinc calamine. Fer. Zinc. 10. 148 . II. Mode de formation. Cette consideration a pour objet la maniere dont 1'espece min^rale a e^e" formee , et les circonstances dans lesquelles elles s'est formee, c'est-a-dire de rechercher si c'est par voie, i. de dissolution et de cristallisation ; 2. de fusion igne"e ; 3. de sediment mecanique. i. Par cristallisation, au milieu d'unliquide aqueux, c'est-a- dire analogue a une dissolution ou 1'eau devoit etre le prin- cipe dominant, comme paroissent 1'indiquer les mine'raux qui renferment une certaine quantite d'eau engagee au milieu d'eux ou combined avec eux , tels sont le quarz hyalin , le gypse , la stilbite, la mesotype, le cuivre azure, le manganese et le fer oxide's, hydrates, etc. Toujours par cristallisation, mais sans que rien indique la presence d'un liquide aqueux , tels sont les grenats , le spinelle . 1'amphibole , et meme dans des circonstances qui indiquent que le mineral a etc* ou fondu par 1'action du feu , comme c'est le cas du pyroxene augite, des micas, des amphiboles, ou sublime soit par 1'action de cet agent seul , comme le fer oli- giste , le soufre , soit par la puissance reunie de la chaleur et de 1'eau , comme 1'acide borique. 2. Par voie de fusion vitreuse, sans cristallisation ou avec des parties cristallines : 1'obsidienne vitreuse et perlee. Les grenats , idocrases , pyroxenes , etc. , de la Norwe*ge et de la Finlande semblent iridiquer ce mode de formation , ou au moins inviter les mindralogistes a rechercher quelles causes ont pu donner a ces mine'raux Taspect de fusion qu'ils pre- sentent. 3. Par voie de sediment ou de dep6t homogene , mais en grande partie me'canique. Aucune espece minerale bien de- termin^e ne peut offrir ce mode de formation 5 car, ce qui constitue une espece , c'est la formation par dissolution com- plete par le calorique ou par un liquide, et la cristallisa- tion. Cependant on remarquera quelques mineraux qui pa- roissent homogenes, par consequent purs, et qui n'offrent ni forme ni structure cristalline; mais une texture compacte fine, et une translucidite qui indique plul6t un d^pdt 149 canique qu'une precipitation chimique re"elle. Tels sont la wcbsterite, la magnesite, la serpentine noble, le lazulite, le jade, le retinite, le cerite, le cobalt oxide", le nickel oxide", le cuivre hydrate", 1'urane noir, le succin, etc. . III. Maniere d'etre des especes minerales dans le sein de la terre. Ce point de vue de la mineralogie geognostique offre un tres-grand nombre de considerations assez remarquables , et qui semblent etablir parmi les especes minerales des dispo- sitions particulieres a certaines manieres d'etre qu'on pourroit comparer a ce qu'on appelle les habitudes dans les animaux. Nous y reconnoitrons les dispositions et modifications sui- vantes : Les especes minerales se presentent en masses ou en par- ties isolees. Certaines especes se pre"sentent toujours en parties isolees, dont le volume, quelque considerable qu'il soit, ne pent ja- mais etre consider^ comme masse ou roche. Ces especes sont les plus nombreuses; ce sont : le diamant, le quarz hyalin, le corindon, le be>yl, le peridot, le spinelle , 1'axinite , la tourmaline, le fer phosphate, 1'etain oxide, le plomb carbo- nate, 1'argent natif, Tor natif, etc., etc. D'autres se presentent indistinctement en masse , en roche et en parties isolees : telles sont le cuivre pyriteux, le fer oxidule", etc., le felspath lamellaire , 1'amphibole, les cal<- caires , les gypses , le grenat , le quarz non hyalin , etc. D'autres ne se presentent jamais qu'en masses. Cette cir- constance est la plus rare, et les especes qui 1'offrent sont les moins certaines. Nous y retrouvons les mineraux forme's par voie de sediment , la giobertite , la magnesite , la serpen- tine , la houille, etc. En examinant maintenant sous le rapport de leur maniere d'etre les mineraux qui se presentent en parties isolees, nous y reconnoitrons les modifications suivantes: Lnplante's , comme plantes sur les parois des diverses cavites qu'on rencontre dans les roches. II y a quelques mineraux qu'on n'a jamais trouves que de i5o cette maniere ; tels sont la stilbite , 1'axinite , la me'sotype zeolithe , 1'analcime , la chabasie , rharmotome , le fer oligiste spe*culaire, le fer phosphate cristallise, le cuivre arseiiiate, le plonib phosphate, le titane anatase , etc. Les mineraux sont tantdt implants plus particulierement dans lesjilons, tels sont le zinc blende , le fluore , 1'epidote , etc. ; tantdt plus particulierement dans les geodes ou les cavites splieroidales , tels sont la chabasie, 1'harmotome , la mesotype. Dissenting , c'est-a-dire engages en cristaux, engrains ou en rognons dans des roches, et repandus assez uniform ement dans ces masses pour paraitre en faire partie composante. Un grand nombre d'especes sont dans ce cas; nous ne cite- rons que celles qu'on n'a pas encore rencontrees autrement, telles sont : le tellure natif , le diamant , le silex agate , le zir- con , le corindon tele"sie , le disthene , la pinite , la condrodite , le peridot, la diallage, 1'hyperstene, le spinelle-rubis, le pe- talite , la glauberite , I'amphigene , la macle , 1'allanite , le fer chrome, le platine natif, etc. Engages, lorsque le mineral n'etant jamais implante , ou de- pose surles paroisd'une cavite, n'est cependant pas dissemine egalement dans la masse d'une roche , mais ne s'y presente que par veines ou nodules : le resinite opale , la wavellite , far- gile lithoinarge, 1'asbeste, le talc, la cryolithe, le lazulithe, le fer graphite., le cuivre natif, ruranenoir, 1'etain sulfure, le mercure sulfure, le succin, etc. En concretion. Forme par voie d'infiltration ou de dep6ts successifs sur les parois des cavites qu'on observe dans les grandes masses pierreuses. Certains mineraux affectent cette maniere d'etre, c'est mtjme pour quelques-uns presque la seule forme sous laqueHe on les ait vus ; tels sont : 1'hyalite ? Tagafe, la wavellite, le fer hiematite, le cuivre malachite, le plomb gomme, etc. D'autres affectent souvent cette maniere d'etre , quoiqu'ils se pre*sentent aussi sous d'autres aspects -. ce sont le phospho- rite terreux, le calcaire spalhique , la prehnite, rarialcime, le manganese brun, 1'urane noir, etc.; tandis que d'autres especes minerales qui presentent avec les precedentes des analogies remarquables dans leur mode de formation _, ne se uiontrent jamais ou presque jamais sous forme de concretion? tels sont le gypse, le fluore , la celestme , le felspath , la ste*a- tite, le fer carbonate, le cuivre azure, etc. Enfin , certains mineraux paroissent ne se presenter qu'en enduits peu epais ou en efflorescence sur des roches d'une nature souvent tres-diffe'rente de celle du mineral qui les recouvre. On peut citer comme exemple de cette maniere d'etre , le cobalt noir 'et oxide , le cobalt violet ou arseniate , le quarz hyalite , le nitre , I'epsomite , la pharmacolite , le nikel sulfure, le nikel oxide , le bismuth oxide, le plomb oxide" rouge, etc. . IV. Alteration des mineraux. L' alteration que les mine'raux sont susceptibles d'avoir eprouvee depuis leur premiere formation , les causes et les circonstances de cette alteration , sont aussi du domaine de la mineralogie geognostique. Ces alterations peuvent etre rangees sous trois considera- tions : A, I' alteration physique , et B, I' 'alteration mecanique ou desaggregation sans decomposition notable , et C. I'alteration chimique ou decomposition, avec ou sans desaggregation. A, L'alteration que certaines especes minerales ont e*prou- ve"e dans leurs formes, paroit due a deux causes tres-diffe'- rentes; tantot a une sorte de corrosion, comme si ces corps avoient etc* plonges dans une liqueur dissolvante ; tant6t a un commencement de fusion, qui les auroit ramollis, et en au- roit arrondi les angles et les aretes. Le premier cas, celui de la corrosion, se montre a la sur- face de corps indestructibles par les agens naturels connus ; tellessont les corrosions en forme de canaux, que presentent a leur surface certains calcaires compactes, certains cristaux de quarz , des cailloux route's meme qui conservent des par- ties saillantes qu'un arrodissement par froissement mecanique n'auroit pu laisser. Le second cas, celui de la fusion, n'appartient pas toujour$ aux especes les plus fusibles, mais plut6t aux mine'raux de certaines localites. Ainsi en Italic pres du Vesuve , au Green- land , en Norwege, en Finlande, les amphigenes, les phos- phorites bleus, les grenats, les epidotes, les amphiboles, les pyroxenes, presentent tres-frequemment ce mode d'alteratioi*. m B. La simple desaggregation, c'est-a-dire la separation des parties et leur reduction en grains ou en poussiere , est le second mode &' alteration , dans lequel ['aggregation seule est en partie de*truite , tandis que la composition reste sensible- ment la meme. Les mineraux susceptibles de ce genre d'alte- ration sont peu nombreux : le realgar, le gres, le silex re"si- nite , la wavellite , la calaite , la pinite , la marne , les schistes argileux, la karstenite, la dolomie, le retinite, l'amphigene, 1'antimoine sulfure, la houille, le lignite, font voir par leur e*tat opaque, poreux, et meme pulverulent, qu'ils ont eprouve* plus ou moins completement ce mode d'alte"ration. C. U alter ation chimique, c'est-a-dire celle d'ou resultent des changemens plus ou moins notables dans la composition des mine'raux, est plus variee, plus fre*quente et plus interes- sarite a beaucoup d'^gards. On peut y reconnoitre trois modifications principales : i. La perte de 1'eau de cristallisation , d'ou resultent opa- cite et desaggregation : pousse'e a ce dernier terme, elle se nomme efflorescence. Nous donnerons pour exemples de cette sorte d'alteration chimique, Tepsoniite, la brucite, la laumonite , le natron, le reussin (soude sulfate'e) , le borax, la sodalite, le fer phos- phate*, le cuivre sulfalte. 2. La perte ou le changement d'un des principes consti- tuans; c'est un des cas les plus frequens : Le peridot vert transparent en peridot rouge ou metal- lo'ide opaque. L'amphibole lamellaire en corneenne. Le pyroxene augite, noir, vitreux en pyroxene jau- natre, ocreux, terreux. La paranthine vitreuse, verdatre en paranthine ter- reuse, rougeatre. La glauberite jaunatre, vitreuse en glauberite pulveru- lente, blanche par la perte du sulfate de soude. La sodalite, le re*tinite, ramphigene, le felspath, devien- nent terreux par la perte plus ou moins complete de leur alcali. Le manganese metallo'ide passe au brun, le fer oxidule au rougeatre, le fer carbonate au brun opaque, le fer arseniate" i55 au jaune, le cuivre rouge au vert, le cuivre azure" a la ma- lachite , le cuivre arseniate* au gris terreux concre'tionne' par changement dans le degre d'oxidation des me'taux. Enfin, rampe"litese desaggrege par la formation dessulfates de fer et d'alumine ; le fer sulfure blanc , le cuivre pyriteux passent a 1'oxide brun rouge de fer ; les plombs carbonate et phosphate* , au plomb sulfure ; 1'argent et le mercure muriate's, a 1'etat metallique , par des decompositions presque completes qui se sont opere'es dans le lieu meme ou ces mine'raux se sont formes. 3. L'addition d'un principe nouveau. Ce cas est beaucoup plus rare et ne se presente guere que dans la karstenite pas- sant au gypse par 1'addition de 1'eau ; dans 1'argent natif, a celui d'argent sulfure* ou d'argent muriate; dans 1'antimoine sulfure, a l'e"tat d'antimoine oxisulfure , et dans les sulfures qui ont la propriete* de passer a I'e'tat de sulfate, par 1'addi- tion du soufre , de 1'acide muriatique ou de 1'oxigene. . V. Associations mineralogiques. On ne peut mettre quelque attention dans 1'examen des gros echantillons de mineraux, surtout de ceux qui pre'sentent la reunion de plusieurs especes, sans remarquer que certaines especes sont tres- communement re"unies sur le meme echan- tillon ou adhe'rentes sur les memes sortes de roches, quoiqu'il n'y ait entre ces especes et ces roches aucune analogic : c'est ce que Ton entend par association mineralogique ; c'est une des considerations les plus curieuses de la mineralogie geo- gnostique. Nous ne pouvons ni ne devons entrer dans 1'etude de cette consideration; elle formera une des parties de 1'histoire na- turelle de chaque espece minerale. C'est done d'une maniere gdnerale que nous devons 1'envisager ici. Nous ferons remarquer : i. que certaines especes semblent affecter pour gissement certaines sortes de roches, et qu'on 1'observe ainsi presque constamment dans les deux hemispheres- Le chlore ou acide muriatique est presque toujours dans des trachites, le soufre dans des marnes argileuses, les silex dans des calcaires, ouplut6t presqu'aucun calcaire n'est exempt de i5 4 quarz dans un de ses differens etats. Le quarz agate cst aussi commun dans les terrains pyrogenes anciens , composes de fcasanite, de corneenne , etc., qu'il est rare dans les terrains pyrogenes modernes, composes de tephrinite poreuse, etc.: la staurotide etla macle sont partout dans desschistes argileux ou dans des micaschisfes; 1'asbeste, la diallage, dans la serpen- tine; la stilbite, la m^sotype , 1'analcime, la chabasie, ne se trouvent guere que dans des corneennes ou des basanites; le sphene dans la diabase, et la syenite et le titane ruthile dans le gneiss et le granite. 2. Les exemples des associations entre mineraux sont encore plusnombreux et peut-tre plus remarquables. La theorie des bases equivalentes et des combinaisons isomorphes qui en re- sultent, pourra peut-etre expliquer un jour plusieurs de ces associations, qui ne sont jusqu'a present que des faits isoles, mais tres-importans a recueillir avec exatitude. Nous ne fe- rons remarquer ici que les associations suivantes , comme e"tant les plus frequentes et les plus constantes. Le soufre avec le gypse et la celestine. Le phosphorite avec le fluore et le chlore. L'arsenic et le cobalt. Le tellure et Tor. L'acide borique et la boracite avec le gypse et le soufre. La topaze avec le phosphorite, ce qui semble une conse- quence de 1'association des acides fluorique et phosphorique. Le beryl aigue-marine avec le quarz, et le beryl emeraude avec le phyllade ou le schiste, c'est-a-dire avec une roche argileuse. Le sel marin avec le gypse, la marne argileuse et le bitume. Le fluore avec la baritite , le calcaire spathique et le quarz. L'arragonite avec le fer, les roches argilo-ferrugineuses et le gypse. La galene et la blende avec la baritite et le fluore. Le manganese et le fer. Le zinc et le fer. Les mine'rais de cuivre avec le fer, mais presque tou jours sans manganese. L'etain et les minerals de scheelin. Les sulfures de plomb et de zinc. i55 La galene et 1'argent, le titane et le fer oxide. Le mercure seul ou avec le fer et 1'argent, mais rarement. TROISIEME CONSIDERATION. MINERALOG1E HISTORIQUE. On etudie dans ce genre de considerations les mine'raux uniquement sous le point de vue de leur histoire litteraire, et de tout ce qui est lie dans cette histoire avec les progres des connoissances humaines dans les sciences physiques. Par consequent on examine ce que savoient les anciens sur les differens mineraux, quelles proprietes ils leur attribuoient, quelles qualites ils y reconnoissoient; on recherche a quelles especes mine"rales actuellement connues on peut appliquer les noms et les caracteres sous lesquels ils designoient cer- tains mineraux. On cherche a fixer l'e"poque a laquelle une espece a ete decouverte ou clairement distinguee , et a etablir vsa synonymic, c'est-a-dire la concordance des differens noms qu'on lui a successivement donnes. Les considerations purement historiques, litt^raires et cri- tiques , qui n'ont plus que des relations indirectes avec 1'his- toire naturelle des mineraux , mais qui constituent ce qu'on pourroit appeler leur histoire civile , divisent naturellement la mine'ralogie historique en : i. histoire ancienne des mine- raux, 2. histoire moderne, et 3. histoire critique. C'est sous ces trois points de vue qu'on doit presenter la partie histo- rique de chaque espece minerale. i. Les progres des sciences physiques ont donne, pour la connoissance de 1'histoire ancienne des mineraux , des secours d'un nouveau genre, et la lumiere que ces progres ont jetee sur les ouvrages de 1'antiquit^, est surtout remarquable pour la mineralogie. On a trouve dans les ouvrages des anciens des choses qu'on n'y soup$onnoit pas : des passages de ces antiques livres, traites de fables, sont devenus par la des verites exposees avec une clarte qui a frappe* des qu'on a pu les regarder dans leur veritable jour. Les auteurs anciens n'ont presque jamais d^crit les corps dont ils faisoient 1'histoire; il faut deviner par mille artifices Hfe de quel objet ils ont vouluparler. Quelques figures empreinles sur les medailles ou sur les monumens , aident a reconnoitre quelques-uns des vege'taux et des animaux dont ils ont fait mention : mais les mineralogistes sont prives de tout secours de ce genre ; c'est dans la science elle-meme , c'est dans ses progres qu'ils doivent trouver les moyens de faire penetrer I'esprit dans cette obscure contre'e ; aucun manuscrit, aucune inscription, aucun monument nouveau , propresa e*claircirces questions , n'ont ete decouverts depuis long- temps j aussi les dissertations sont-elles moins nombreuses et beaucoup moins longues, mais elles sont plus savantes. On est arrive a la con- noissance des anciens par une route qui pent paroitre assez etrange ; ce n'est plus en les etudiant qu'on est parvenu a les mieux connoitre , 1'erudition en ce genre est a peu pres epui- see : c'est en etudiant la nature , c'est en acquerant la con- noissance d'un plus grand nombre de corps, c'est en appro- fondissant toutesleurs proprietes, en examinant toutes les par- ticularites de leur position geographique et geologique , qu'on est parvenu , sans nouvelles figures , a retrouver dans celles qui nous sont restees, la representation souvent fort exacte d'especes qu'on connoit maintenant, mais qu'on ne connoissoit pas encore, ou qu'on connoissoit mal, quand on a voulu pour la premiere fois expliquer ce que ces figures representoient. Un naturaliste savant et precis peut donner actuellement 1' enumeration d'un grand nombre d'animaux et de vegetaux decrits par les anciens , et la rendre plus sure et plus com- plete que ne le pouvoit faire 1'erudit le plus profond du der- nier siecle. Les mineralogistes, quoique prives d'un pareil secours, sont egalement arrives a ce but ; ils se sont aides de toutes les con- noissances acquises sur les proprietes physiques des mineraux, sur leur electricite , sur leur forme meme , et principalement sur la nature geologique des pays dont les anciens les tiroient. C'est par ces moyens qu'on a pu rapporter avec plus de vrai- semblance la pierre nominee Lyncurius par Pline a la topaze , d'apres ses proprietes electriques : c'est ainsi que la geologic est venue a 1'aide de la geographic ancienne, pour assurer 1'exactitude de la designation du pays dans lequel les anciens trouvoient les emeraudes , depuis que la nature primitive de ce pays a etc reconnue par la decouverte qu'en vient de faire un de nos plus savans et de nos plus intrepides voyageurs. Ce n'est pas en commentant de nouveau Herodote , en mo- difiant son texte, en torturant ses expressions de mille ma- meres, qu'on est arrive a reconnoitre que presque tous les fails rapportes par ce pere de Fhistoire , meme ceux qui pa- roissoient le plus invraisemblables , avoient un fonds de ve'rite qui se decouvre a mesure que nos connoissances s'approfon- dissent ; mais c'est en visitant les lieux qu'il a de"crits , en reconnoissant la nature du terrain ou ces lieux sont situes, qu'on est parvenu a decouvrir la verite de la plupart de ses recits; et pour appuyer ces assertions de quelques faits, je citerai un des plus incroyables, celui de$ fameuses mines d'or des montagnes septentrionales de 1'Inde, exploiters par de pretendues fourmis grosses comme des renards. Ce recit commence a ne plus etre regarde comme une fable absurde depuis que des voyageurs modernes ont reconnu dans le petit Thibet des terrains auriferes mis a decouvert par les terriers que creusent de petits quadrupedes auxquels on aura pu, soit par comparaison , soit par quelque ressemblance ou quel- qu'alteration de nom, appliquer le nom de fourmi. Cette fontaine dans laquelle se lavoient les Ethiopiens pour acquerir une longue vie, et qui rendoit leurs corps luisans comme s'ils avoient e'te' frottes d'huile , qui repandoit une odeur de violette , et dont 1'eau etoit si subtile que les bois les plus lagers s'y enfonc.oient, passoit pour une fable invrai- semblable : nous ne pr^tendons pas en avoir trouve 1'explica- tion, mais au moins on peut, a 1'aide des connoissances nou- velles de min^ralogie et de geologic , en admettre la possibi- lite et reconnoitre dans cette eau le bitume le"ger et odorife- rant qu'on appelle naphte , bitume qui se trouve souvent dansle voisinage des terrains propresau sel gemme, qui donne meme aux salines une odeur de violette reconnoissable dans la plupart des usines ou Ton eVapore des eaux salees. La pre- sence du sel gemme dans le meme canton ajoute a cette pre-* somption un degre de vraisemblance qu'elle doit aux regies de la geologic si nouvellernent reconnues. Nous pourrions multiplier beaucoup de citations de ce genre, et faire voir comment un traite de 1'histoirc naturell^ i58 des anciens prouveroit meme pour les mineraux , non-seule- ment les progres des sciences physiques chez les modernes, mais encore que , si pour bien connoitre la nature , il faut en observer soigneusement tons les phenomenes, de meme pour entendre plus surement les livres qui en traitent , ce ne sont pas uniquement ces livres , mais c'est encore la nature qu'il faut etudier. 2. L'histoire moderne est relative a 1'epoque de la decou- verte du mineral, de sa specification; elle doit faire connoitre dans leur ordre chronologique les personnes et les livres qui en ont traite. 3. L'histoire critique et litte'raire renferme tout ce qui est relatifaux diff'e'rentes opinions qui ont ete dmisessurla nature d'un mineral etsesproprietes, sa formation, sa determination specifique , et son placement dans la methode ; elle doit pre- senter enfin tout ce qui est relatif aux efforts que les savans ont fails pour etablir sur differentes bases 1'histoire naturelle d'un mineral. QtATRIEME CONSIDERATION. M1NERALOGIE TECHNOLOGIQUE. Cette consideration est relative a 1'application qu'on fait ou qu'on peut faire des mine'raux, aux besoins, aux usages et aux agremens de la vie, par consequent a ce qu'on appelle ge"- neralement les arts utiles et les arts d'agr^mens. Si on n'as- signoit pas de limites a cette consideration, elle embrasseroit tout, et c'est ce qui est arrive dans les temps anciens a presque tous les auteurs, etdans les temps modernes encore aquelques- uns; mais en la restreignant dans de justes limites, c'est-a-dire a 1'examen de 1'emploi immediat et sans alteration complete du mineral , en la r^duisant a exprimer d'une maniere suffi- samment claire ce genre d'emploi , sans entrer dans le detail des moyens et des procedes, on laisse a cette consideration tout ce qu'elle a d'interessant et surtout de satisfaisant pour un grand nombre d'esprits , et on en eioigne tout ce qui la rend tout-a-fait etrangere a 1'histoire naturelle de mineraux, ob- jet essentiel de la mine'ralogie. i5g II ne faut pas cependant se borner a indiquer par une Enu- meration seche , vague et presque vaine , les differens usages et les differens arts dans lesquels les mineraux sont employes; mais il faut donner a chaque partie de cette enumeration assez de deVeloppement pour inspirer de la confiance dans 1'exactitude des faits que Ton avance , faire voir qu'ils ne resultent pas d'anciennes traditions fondees sur des mal-en- tendus , sur des recits errones, superficiels ou quelquefois meme faux ; mais qu'ils sont le resultat ou la consequence d'une serie d'observations, de connoissances ou de precedes dont on a du passer les details sous silence. C'est ainsi que nous avons cherche a traiter 1'histoire technologique de chaque espece mine'rale ,' c'est du moins dans ces limites que nous chercherons desormais a la require , comme les seules qui ne sont ni tellement resserrees qu'on ne puisse y ren- fermer que des mots , ni tellement laches qu'elles permettent de transformer la inineralogie en un traite" des arts chimiques, inetallurgiques, etc. F 1 N. r P> $ >TlT S ^^M ; >: 4i V: ; - : A^-^' ' - UNIVERSITY OF CALIFORNIA LIBRARY -. o