UC-NRLF 
 
 B 3 757 D50 
 
/ BERKEltY 
 
 LIBRARY 
 
 UNIVERSITY OF 
 V CALIFORNIA 
 
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 GLEANINGS FROM BERANGER. 
 
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Two hundred copies only printed. 
 
GLEANINGS FROM BÉRANGER: 
 
 BY 
 
 ROBERT OFFLEY ASHBURTON, 
 LORD HOUGHTON. 
 
 9mM 
 
 PRIVATELY PRINTED, 
 1889. 
 
LOAN STACK 
 
 I 
 
TO 
 
 A. H. F. G. 
 
 AND 
 
 F. E. H. H— M. 
 
 
 ^.ç: 
 
 Cr'AKE these few verses^ all too idly done 
 
 ^ In English — pondering the weary while 
 
 Of English fields, and faces, and the smile 
 
 Of those we loved, whose golden saiîdshàve run, 
 
 Of hopes that flowered not, dtities scarce begun, — 
 
 Along the changeless banks of tawny Nile, 
 
 Or scanning Karnak's inunemorial pile 
 
 Lit with the glory of the dying sun. 
 
 My poet sang them in a different scene ; 
 
 Bright child of Paris, blent of joys and fears. 
 
 He loved, and sinned, and suffered; most serene 
 
 When winning most the poor man's mirth or tears. 
 
 Firmer perchance his footsteps would have been 
 
 With hands like yours to guide him down the years. 
 
 June, 1889. 
 
 096 
 
TABLE DES MATIERES. 
 
 PAGE 
 
 La Bonne Vieille 8 
 
 Rosette 14 
 
 Maudit Printemps 20 
 
 L'Anniversaire 26 
 
 La Jeune Muse 30 
 
 La Vieillesse 36 
 
 Les Romans 42 
 
 Ma Contemporaine 46 
 
 Le Héros des Deux Mondes 48 
 
 Le Cardinal et le Chansonnier 50 
 
 Le Feu du Prisonnier 58 
 
 L'Amitié 64 
 
 Le Voyage Imaginaire 70 
 
CONTENTS. 
 
 PAGE 
 
 Age and Love . . • t g 
 
 Rosette 15 
 
 Hateful Spring 21 
 
 Her First Birthday 27 
 
 A Young Sappho 31 
 
 Growing Old 37 
 
 Our Romances , 43 
 
 My Contemporary 47 
 
 A Hero of Two Worlds 49 
 
 The Cardinal and the Rhymester ..... 51 
 
 The Prisoner's Fire 59 
 
 Friendship 65 
 
 A Pilgrimage of Fancy 71 
 
8 
 
 LA BONNE VIEILLE. 
 
 T TOUS vieillirez, ô ma belle maîtresse ! 
 
 ^ Vous vieillirez, et je ne serai plus. 
 Pour moi le temps semble, dans sa vitesse, 
 
 Compter deux fois les jours que j'ai perdus. 
 Survivez-moi ; mais que l'âge pénible 
 
 Vous trouve encor fidèle à mes leçons ; 
 Et, bonne vieille, au coin d'un feu paisible, 
 
 De votre ami répétez les chansons. 
 
AGE AND LOVE. 
 
 I. 
 
 /^ LD age will claim you, sweet, some day, 
 ^^ Some day — but I shall not be here ; 
 Time sweeps my wasted hours away 
 
 At doubled pace, from year to year. 
 Live on ! — but O, through time and tide. 
 
 Remember all I bade you know : 
 Remember, at your quiet fireside, 
 
 Your lover's songs of long ago. 
 
10 La Bonne Vieille, 
 
 2. 
 
 Lorsque les yeux chercheront sous vos rides 
 
 Les traits charmants qui m'auront inspiré, 
 Des doux récits les jeunes gens avides 
 
 Diront : Quel fut cet ami tant pleuré ? 
 De mon amour peignez, s'il est possible, 
 
 L'ardeur, l'ivresse, et même les soupçons ; 
 Et, bonne vieille, au coin d'un feu paisible. 
 
 De votre ami répétez les chansons. 
 
 3- 
 On vous dira : Savait il être aimable ? 
 
 Et sans rougir vous direz : Je l'aimais. 
 D'un trait méchant se montra-t-il capable ? 
 
 Avec orgueil vous répondrez : Jamais. 
 Ah ! dites bien qu'amoureux et sensible. 
 
 D'un luth joyeux il attendrit les sons : 
 Et, bonne vieille, au coin d'un feu paisible. 
 
 De votre ami répétez les chansons. 
 
Age and Love, ii 
 
 II. 
 When others trace through age's mask 
 
 The charms that once inspired my song, 
 And eager youthful voices ask, 
 
 '* What was he, that she grieves so long ? " 
 Picture to them my love, nor hide 
 
 Its hopes, its doubts, its storms, its glow ; 
 And teach them, at your quiet fireside, 
 
 Your lover's songs of long ago. 
 
 III. 
 
 They question, ** Was he one to love? " — 
 
 Ne'er blush to tell, ** I loved him, I ; "— 
 " Could he be base, or faithless prove ? " — 
 
 " Never I " — will ring your proud reply ! 
 — " Tender and true, for me he tried 
 
 To hush his strains' too frolic flow — " 
 Recalling, at your quiet fireside, 
 
 Your lover's songs of long ago. 
 
12 La Bonne Vieille, 
 
 4. 
 Vous que j'appris à pleurer sur la France, 
 
 Dites surtout aux fils des nouveaux preux 
 Que j'ai chanté la gloire et l'espérance 
 
 Pour consoler mon pays malheureux. 
 Rappelez-leur que l'aquilon terrible 
 
 De nos lauriers a détruit vingt moissons ; 
 Et, bonne vieille, au coin d'un feu paisible, 
 
 De votre ami répétez les chansons. 
 
 Objet chéri, quand mon renom futile 
 
 De vos vieux ans charmera les douleurs ; 
 A mon portrait quand votre main débile, 
 
 Chaque printemps, suspendra quelques fleurs, 
 Levez les yeux vers ce monde invisible 
 
 Où pour toujours nous nous réunissons ; 
 Et, bonne vieille, au coin d'un feu paisible. 
 
 De votre ami répétez les chansons. 
 
Age and Love. 
 
 IV. 
 I taught your tears to flow for France î 
 
 Then tell her warrior sons to be 
 How I dared raise, through change and chance, 
 
 A chant of hope and liberty ! 
 How twenty years our bays had died 
 
 Before the north wind's blast of snow, — 
 And honour, at your quiet fireside. 
 
 Your lover's songsjof long ago. 
 
 V. 
 
 And, dearest, if my empty fame 
 
 Can soothe your drear declining hours, 
 My pictured semblance when you frame, 
 
 With trembling hands, in springtide flowers, 
 Look upward, where, past time and tide, 
 
 No parting we shall ever know, 
 And whisper, at your quiet fireside, 
 
 Your lover's songs of long ago. 
 
14 
 
 
 ROSETTE. 
 
 SANS respect pour votre printemps, 
 Quoi ! vous me parlez de tendresse, 
 Quand sous le poids de quarante ans 
 
 Je vois succomber ma jeunesse ! 
 Je n'eus besoin pour m'enflammer 
 Jadis que d'une humble grisette. 
 Ah î que ne puis-je vous aimer 
 Comme autrefois j'aimais Rosette! 
 
15 
 
 ROSETTE. 
 
 I. 
 
 WHAT ? chide my lack of tenderness ? 
 You're still in May, you must remember ; 
 My waning youth has stood the stress, 
 Now forty years, of chill December. 
 A little seamstress once, *tis true. 
 
 My every pulse aflame could set, 
 Ah ! if I only could love you. 
 As years ago I loved Rosette ! 
 
i6 Rosette, 
 
 2. 
 
 Votre équipage, tous les jours, 
 
 Vous montre en parure brillante. 
 Rosette, sous de frais atours, 
 
 Courait à pied, leste et riante. 
 Partout ses yeux, pour m'alarmer, 
 
 Provoquaient l'œillade indiscrète. 
 Ah ! que ne puis-je vous aimer 
 
 Comme autrefois j'aimais Rosette ! 
 
 3- 
 Dans le satin de ce boudoir, 
 
 Vous souriez à mille glaces. 
 Rosette n'avait qu'un miroir ; 
 
 Je le croyais celui des Grâces. 
 Point de rideaux pour s'enfermer; 
 
 L 'aurore égayait sa couchette. 
 Ah ! que ne puis-je vous aimer 
 Comme autrefois j'aimais Rosette ? 
 
Rosette, 17 
 
 II. 
 You're whirled along, divinely dressed, 
 
 A type of brilliant fascination : 
 Rose, radiant in her Sunday best, 
 
 Tripped by, all joy and animation ; 
 To tease poor me, her glances threw 
 
 A challenge round for all she met 1 
 Ah ! if I only could love you 
 
 As years ago I loved Rosette ! 
 
 III. 
 The mirrors on your silken wall 
 
 Smile back a hundred happy faces ; 
 Rose had one glass, and that was all, 
 
 — I thought she'd stolen it from the Graces! — 
 Never a blind her window knew. 
 
 The sunrise gilt her coverlet : 
 Ah ! if I only could love you, 
 
 As years ago I loved Rosette 
 
 B 
 
l8 Rosette. 
 
 4- 
 Votre esprit, qui brille éclairé, 
 
 Inspirerait plus d'une lyre. 
 Sans honte je vous l'avouerai 
 
 Rosette à peine savait lire. 
 Ne pouvait-elle s'exprimer, 
 
 L 'amour lui servait d'interprète. 
 Ah ! que ne puis-je vous aimer 
 
 Comme autrefois j'aimais Rosette ! 
 
 5. 
 
 Elle avait moins d'attraits que vous ; 
 
 — Même elle avait un cœur moins tendre. 
 Oui, ses yeux se tournaient moins doux 
 
 Vers l'amant, heureux de l'entendre. 
 Mais elle avait, pour m.e charmer, 
 
 Ma jeunesse que je regrette. 
 Ahl que ne puis-je vous aimer 
 
 Comme autrefois j'aimais Rosette ! 
 
Rosette. 19 
 
 IV. 
 The summer lightning of your wit 
 
 Would fire the soul of many a poet ; 
 Poor Rose could hardly read a bit ! 
 
 — I'm not ashamed that you should know it : 
 Though thoughts might stumble, words be few, 
 
 Love improvised an alphabet : 
 Ah ! if I only could love you, 
 
 As years ago I loved Rosette ! 
 
 V. 
 
 She had not half your winning charm ; 
 
 Indeed, I think her heart was colder : 
 Her eyes ne'er melted, sweet and calm, 
 
 Before the tale her loved one told her. 
 One grace was hers, one ever new, 
 
 — That youth of mine I now regret ! 
 Ah ! if I only could love you, 
 
 As years ago I loved Rosette ! 
 
20 
 
 MAUDIT PRINTEMPS ! 
 
 JE la voyais de ma fenêtre 
 A la sienne tout cet hiver : 
 Nous nous aimions sans nous connaître, 
 
 Nos baisers se croisaient dans l'air. 
 Entre ces tilleuls sans feuillage, 
 
 Nous regarder comblait nos jours. 
 Aux arbres tu rends leur ombrage ; 
 
 Maudit printemps ! reviendras-tu toujours ? 
 
21 
 
 HATEFUL SPRING. 
 
 I. 
 
 I SAW her first when the year was old, 
 Window to window, across the street ; 
 Lovers who never our love had told, 
 
 Our silent kisses had wings to meet : 
 The lime-tree branches were bare between, 
 
 — Never aweary of gazing we,— 
 But spring has woven her leafy screen ; 
 Must you still return with the years to be, 
 Hateful, hateful Spring ? 
 
22 M audit Printemps! 
 
 2. 
 
 Il se perd dans leur voûte obscure, 
 
 Cet ange éclatant qui là-bas 
 M'apparut, jetant la pâture 
 
 Aux oiseaux un jour de frimas : 
 Ils l'appelaient, et leur manège 
 
 Devint le signal des amours. 
 Non, rien d'aussi beau que la neige ! 
 
 Maudit printemps ! reviendras-tu toujours ? 
 
 3- 
 
 Sans toi je la verrais encore, 
 
 Lorsqu'elle s'arrache au repos. 
 Fraîche comme on nous peint l'Aurore 
 
 Du Jour entr'ouvrant les rideaux. 
 Le soir encor je pourrais dire : 
 
 Mon étoile achève son cours ; 
 Elle s'endort, sa lampe expire. 
 
 Maudit printemps ! reviendras tu toujours ? 
 
Hateful Spring, 23 
 
 II. 
 She is lost in the vault of darkling green, 
 
 My radiant angel over the way, 
 My vision of love, as she first was seen, 
 
 Feeding the sparrows one frosty day : 
 I heard them twitter, and soon their play 
 
 Was a summons of love for her and me, 
 Then here's to the snow, and a sky that's grey ! 
 
 Must you still return with the years to be, 
 Hateful, hateful Spring ? 
 
 III. 
 But for you she would still enchant my eyes, 
 
 Dainty and fresh, when just awake. 
 As painters fable the Dawn to rise, 
 
 Rending the curtain that Day may break ; 
 And at shadow of night, I still might sigh, 
 
 " My star is sinking below the sea, 
 She sleeps, her lamp will flicker and die :" — 
 
 Must you still return with the years to be. 
 Hateful, hateful Spring ? 
 
24 Maudit Printemps! 
 
 •4. 
 C'est l'hiver que mon cœur implore : 
 
 Ah ! je voudrais qu'on entendît 
 Tinter sur la vitre sonore 
 
 Le grésil léger qui bondit. 
 Que me fait tout ton vieil empire, 
 
 Tes fleurs, tes zéphirs, tes longs jours ? 
 Je ne la verrai plus sourire. 
 
 Maudit printemps ! reviendras-tu toujours ? 
 
Hateful Spring. 25 
 
 IV. 
 O could Winter be back again ! 
 
 How my heart would beat, how my heart 
 would beat, 
 Only to hear at my window pane 
 
 The rattle and rush of the driving sleet ! 
 Blossom and breeze, and twilight bliss, 
 
 Your worn-out glories are nought to me ; 
 You cannot show me the smile that I miss ! 
 Must you still return with the years to be, 
 Hateful, hateful Spring ? 
 
 m 
 
26 
 
 L'ANNIVERSAIRE. 
 
 I. 
 
 "T^EPUIS un an vous êtes née, 
 "■"^ Héloïse, le savez-vous ? 
 C'est là votre plus belle année, 
 
 Mais l'avenir vous sera doux. 
 Voici des fleurs que l'on vous donne 
 
 Parez-vous-en, et, s'il vous plaît, 
 Charmante avec cette couronne, 
 
 N'allez point en faire un hochet. 
 
27 
 
 HER FIRST BIRTHDAY. 
 
 I. 
 
 ^7017 came,-— do you know it, darling ? — 
 
 A twelvemonth ago to-day, 
 Your bonniest year is over, 
 
 But the rest will be glad and gay : 
 What a heap of flowers they have brought you I 
 
 'Tis a merry half-hour's employ 
 To crown you, sweet, with a garland. 
 
 But mind you !— it isn't a toy ! 
 
28 L^A nniversaire, 
 
 2. 
 
 Un enfant qui ne vieillit guère, 
 
 Sachant qui vous donna le jour, 
 Devine que vous saurez plaire ; 
 
 Vous le connaîtrez, c'est l'Amour. 
 Redoutez-le pour mille causes, 
 
 Bien qu'il vous soit frère de lait ; 
 Car de votre chapeau de roses 
 
 Il voudra se faire un hochet. 
 
 3- 
 L'Espérance aux ailes brillantes 
 
 Sur vous se plaît à voltiger : 
 De combien de formes riantes 
 Vous dote son prisme léger ! 
 ; A ses doux songes asservie, 
 
 Vous serez heureuse en effet, 
 Si pour chaque âge de la vie 
 Elle vous réserve un hochet. 
 
Her First Birthday, 29 
 
 II. 
 There's a child who never gets older, 
 
 He has studied your pedigree, 
 And he knows you are bound to be charming, 
 
 You will meet him one day, you'll see ! 
 But although he's your foster-brother, 
 
 Mistrust that mischievous boy ; 
 Master Cupid will rob your roses 
 
 To furnish himself with a toy ! 
 
 ifi. 
 
 Above you, with wings of silver, 
 
 Is hovering gentle Hope ; 
 In a thousand rainbow colours 
 
 She is painting your horoscope ; 
 A dweller with her in dreamland, 
 
 Your life will be all a joy. 
 If for each of your seven ages 
 
 She keeps an appropriate toy ! 
 
30 
 
 LA JEUNE MUSE. 
 
 Réponse à des couplets qui tn'ont été adressés par 
 Mademoiselle -, âgée de dotize ans. 
 
 TTJOUR les vers, quoi ! vous quittez 
 -■- Les plaisirs de votre âge ! 
 Ma muse, que vous flattez, 
 
 Aux Amours rend hommage. 
 Ce sont aussi des enfants 
 
 A la voix séduisante; 
 Mais, hélas ! vous n'avez que douze ans 
 
 Et moi j'en ai quarante ! 
 
.To Miss 
 
 31 
 
 A YOUNG SAPPHO. 
 
 in answer to lines written by her 
 
 ivhen twelve years old. 
 
 I. 
 
 A ND so you've taken to verse, I see, 
 -^^ , And think your childish games quite stupid 
 The Muse you praise so charmingly 
 
 Presents her best respects to Cupid : 
 Him and his brothers oft I've seen. 
 
 Like you, enchanting all around them, — 
 But you, alas ! are scarce thirteen, 
 
 And I've lived forty years — confound them ! 
 
32 La Jeune Muse. 
 
 2. 
 
 Pourquoi parler de lauriers ? 
 
 De pleurs on les arrose. 
 Ce n'est point aux chansonniers 
 
 Que la gloire en impose. 
 La fleur, orgueil du printemps, 
 
 Est le prix qui nous tente. 
 Mais, hélas ! vous n'avez que douze ans, 
 
 Et moi j'en ai quarante ! 
 
 3- 
 
 Jeune oiseau, prenez l'essor, 
 
 Égayez le bocage ; 
 Par des chants plus doux encor 
 
 Brillez dans un autre âge. 
 De les inspirer je sens 
 
 Combien l'espoir m'enchante, 
 Mais, hélas, vous n'avez que douze ans, 
 
 Et moi j'en ai quarante ! 
 
A Young Sappho, 33 
 
 II. 
 
 Don't talk to me of honour's bays ! 
 
 They only grow when wet with weeping : 
 Fame doesn't want a rhymester's lays 
 
 Entrusted to her sacred keeping. 
 The blossoms plucked mid April green, 
 
 As trophies on our brows we've bound them — 
 But you're a flower that's scarce thirteen, 
 
 And I've lived forty years— confound them I 
 
 III. 
 
 My little songstress ! Try your wings, 
 
 And join the happy woodland chorus ; 
 You'll pipe some day of worthier things, 
 
 To charm the years that loom before us. 
 If my name theri might peep between 
 
 The lines as you so deftly round them ! — 
 But you, alas ! are scarce thirteen, 
 
 And I've lived forty years— confound them ! 
 c 
 
34 La Jeune Musé, 
 
 4- 
 De me couronner de fleurs, 
 
 Oui, vous perdrez l'envie ; 
 Sous les dehors plus flatteurs 
 
 Vous verrez le génie. 
 Puissiez-vous pour mon encens 
 
 Être alors indulgente ! 
 — Mais à peine vous aurez vingt ans, 
 
 Que j'en aurai cinquante. 
 
 3? 
 
A Young Sappho. 35 
 
 IV. 
 
 Ah me ! I fear that ne'er a wreath 
 
 On these poor brows you'll then be pressing ! 
 Genius, you'll say, must dwell beneath 
 
 An outer man more prepossessing ! 
 I trust your altar may not shun 
 
 My humble incense curling round it, 
 When you are scarcely twenty one, 
 
 And I've lived fifty years — confound it ! 
 
 1^ 
 
36 
 
 LA VIEILLESSE. 
 
 A mes atnis. 
 
 TV T OUS verrons le temps qui nous presse 
 -*" ^ Semer les rides sur nos fronts ; 
 Quoi qu'il nous reste de jeunesse, 
 
 Oui, mes amis, nous vieillirons. 
 Mais à chaque pas voir renaître 
 
 Plus de fleurs qu'on n'en peut cueillir; 
 Faire un doux emploi de son être, 
 
 Mes amis, ce n'est pas vieillir. 
 
37 
 
 GROWING OLD. 
 
 To my Friends. 
 
 T \ JE see that time is hurrying on, 
 
 ' ^ Cutting his furrows on our brow, 
 Yes, though our youth be not quite gone, 
 
 Old age is gaining on us now ; 
 But while about our lingering feet 
 
 The iflowers in endless wealth unfold, 
 While we can feel that life is sweet. 
 
 My friends, we are not growing old. 
 
38 La Vieillesse, 
 
 2. 
 En vain nous égayons la vie 
 
 Par le champagne et les chansons ; 
 A table, o\x le cœur nous convie, 
 
 On nous dit que nous vieillissons. 
 Mais jusqu'à sa dernière aurore 
 
 En buvant frais s'épanouir; 
 Même en tremblant chanter encore. 
 
 Mes amis, ce n'est pas vieillir. 
 
 3- 
 
 Brûlons-nous pour une coquette 
 
 Un encens d'abord accueilli ; 
 Bientôt peut-être elle répète 
 
 Que nous n'avons que trop vieilli. 
 Mais vivre en tout d'économie, 
 
 Moins prodiguer et mieux jouir; 
 D'une amante faire une amie, 
 
 Mes amis, ce n'est pas vieillir. 
 
Growing Old. 39 
 
 II. 
 
 If e'er perforce we would be gay 
 
 With foaming wine, and song, and jest, 
 The joyous circle seem to say — 
 
 ** 'Twere fitter bid some younger guest : — '^ 
 But while one cheerful cup we drain, 
 
 Though night be closing, drear and cold, 
 While we can lift one quavering strain. 
 
 My friends, we are not growing old. 
 
 III. 
 
 When Beauty tempts, we burn once more 
 
 The incense of a vanished time: 
 Ah ! Beauty votes it soon a bore 
 
 To smile on one that's past his prime ! 
 But more to gain, and less to spend, 
 
 With happier use of time and gold. 
 To lose a mistress, find a friend, 
 
 Is not the same as growing old. 
 
40 La Vieillesse, 
 
 4- 
 Si longtemps que 1 on entretienne 
 
 Le cours heureux des passions, 
 Puisqu'il faut qu'enfin l'âge vienne, 
 
 Qu'ensemble au moins nous vieillissions! 
 Chasser du coin qui nous rassemble 
 
 Les maux prêts à nous assaillir ; 
 Arriver au but tous ensemble, 
 
 Mes amis, ce n'est pas vieillir. 
 
 i^ 
 
Growing Old, 41 
 
 IV. 
 And, cling intently as we may 
 
 To Pleasure, life's delightful guide, 
 Since Age outruns us all one day, 
 
 We'll greet his coming side by side ! 
 While from the corner where we've met 
 
 The threatening cloud of cares is rolled, 
 We'll face the end united yet, 
 
 My friends, and never shall grow old ! 
 
 ^ 
 
42 
 
 LES ROMANS. 
 
 A Sophie^ 
 
 Qui me priait de composer un roman 
 
 pour la distraire. 
 
 ^TpU veux que pour toi je compose 
 ■*- Un long roman qui fasse effet. 
 A tes vœux ma raison s'oppose ; 
 
 Un long roman n'est plus mon fait. 
 Quand l'homme est loin de son aurore, 
 
 Tous les romans deviennent courts ; 
 Et je ne puis longtemps encore 
 
 Prolonger celui des amours ! 
 
43 
 
 OUR ROMANCES. 
 
 To Sophy, 
 
 Who begged me to write a Romance for 
 
 her amusement. 
 
 \^0U ask me at your feet to lay 
 
 A long Romance — a grand sensation : 
 You ask— but Prudence murmurs " stay, 
 
 Nor chase a vanished inspiration ; " 
 When once we've rounded manhood's noon, 
 
 Romances all endure curtailing, 
 No need to tell me, soon — how soon ! — 
 
 Must Love's Romance itself be failing I 
 
44 . ^^s Romans, 
 
 2. 
 
 Heureux qui peut dans sa maîtresse 
 
 Trouver l'amitié d'une sœur ! 
 Des plaisirs je te dois l'ivresse, 
 
 Et des tendres soins la douceur. 
 Des héros, des prétendus sages 
 
 Les longs romans, qui font pitié, 
 Ne vaudront jamais quelques pages 
 
 Du doux roman de l'amitié. 
 
 3. 
 Triste roman que notre histoire I 
 
 Mais, Sophie, au sein des amours, 
 De ton destin, j'aime à le croire, 
 
 Les plaisirs charmeront le cours. 
 Ah ! puisses-tu, vive et jolie. 
 
 Longtemps te couronner de fleurs, 
 Et sur le roman de la vie 
 . Ne jamais répandre de pleurs ! 
 
Our Romances. 45 
 
 II. 
 
 Happy the man whose loved one owns 
 
 A sister's heart for self-denial ! 
 Your voice, that shook with passion's tones, 
 
 Can whisper peace in days of trial : 
 A dreary chronicle enshrines 
 
 The would-be wise, the slaves of glory; 
 Far better con those simpler lines, — 
 
 The dear Romance of Friendship's story. 
 
 III. 
 
 The saddest story — you and I ! 
 
 But, dear, since Love is there to guide you, 
 I like to think that by and by 
 
 A sunnier land will smile beside you : 
 Be fair and joyous, many a year, — 
 
 Fresh coronals be ever twining, 
 Nor pause to shed a single tear. 
 
 O'er Life's divine Romance repining ! 
 
46 
 
 
 MA CONTEMPORAINE. 
 
 Couplet écrit sur V Album de Madame M- 
 
 T TOUS vous vantez d'avoir mon âge : 
 
 ^ Sachez que l'Amour n'en croit rien. 
 Jadis les Parques ont, je gage, 
 
 Mêlé votre fil et le mien. 
 Au hasard alors ces matrones 
 
 Faisant deux lots de notre temps, 
 J'eus les hivers et les automnes, 
 
 Vous les étés et les printemps. 
 
 \ 
 
47 
 
 MY CONTEMPORARY. 
 Lines written in the Album of Madame M- 
 
 TT'OUR age is just the same as mine ? 
 
 '< No ! " Love cries — '' there's a gulf 
 betwixt 'em ! " 
 The Fates, I'll v/ager, spun the twine 
 
 Of our two lives, and somehow mixed 'em : 
 What might the puzzled Sisters do ? 
 
 They halved the skeins — they couldn't sort 'em; 
 Summer and Spring fell all to you, 
 Winter to me, and misty Autumn 1 
 
 m/s^ 
 
48 
 
 LE HÉROS DES DEUX MONDES. 
 (Le Général La Fayette,) 
 
 SA vie entière est comme un docte ouvrage. 
 Par la vertu transcrit, conçu, dicté. 
 La gloire y brille ; à chaque jour sa page. 
 : Point d'errata ; tout pour la liberté. 
 De bien longtemps qu'à nos pleurs Dieu ne livre, 
 
 Si plein qu'il soit, le chapitre dernier, 
 Et qu un seul mot constate en ce beau livre 
 Que le grand homme aima le chansonnier. 
 
49 
 
 A HERO OF TWO WORLDS. 
 
 {General La Fayette.) 
 
 T T IS life is all a Book, sublimely sage, 
 
 '^ By Duty's self designed, inspired, and writ : 
 Each day some deed of honour gilds the page, 
 
 No blur nor blot, — for Freedom every whit. 
 Distant the day, God grant it, when we weep. 
 Though told the glorious tale, to reach " The 
 End;" 
 But let a single line this record keep, 
 
 '* The humble Minstrel was the Hero's friend." 
 
50 
 
 LE CARDINAL ET LE CHANSONNIER. 
 
 La Force, 1829. 
 I. 
 
 QUEL beau mandement vous nous faites ! ^ 
 Prélat, il me comble d'honneur ! 
 Vous lisez done mes chansonettes ? 
 Ah ! je vous y prends, Monseigneur. 
 Entre deux vins, souvent ma muse 
 Perdit son manteau virginal. 
 
 Petit péché, si son ivresse amuse. 
 Qu'en dites-vous, monsieur le cardinal ? 
 
 1 En Mars, 182g, M. de Clermont-Tonnerre, archevêque de 
 Toulouse, publia un mandement pour le carême, où, dans une 
 attaque aux lumières du siècle, il faisait une longue sortie 
 contre moi et mes chansons, en félicitant toutefois les juges 
 du châtiment qu'ils m'avaient infligé. C'est à la Force que 
 j'ai eu le plaisir de lire ce morceau d'éloquence très-catholique, 
 mais peu chrétienne. En répondant à cette eminence, morte 
 
(/-pN"» 
 
 THE CARDINAL AND THE RHYMESTER. 
 
 Prison of La Force, 1829. 
 
 I. 
 
 WAS a beautiful charge your Eminence made ! 
 A greater honour than I can bear : 
 What a knowledge of my poor rhymes it displayed ! 
 
 Ah ! I think I have your Eminence there ! 
 For at times, if my Muse is allowed to quaff 
 
 A cup too many, her draperies fall ; 
 'Tis a venial sin, if she makes you laugh ! 
 What say you to that, my Lord Cardinal ? 
 
 depuis, je n'ai oublié ni son grand âge ni sa position sociale. 
 M. de Clermont-Tonnerre n'est pas le seul évoque qui m'ait 
 honoré de son charitable souvenir ; celui de Meaux, dans un 
 mandement de même date, a lancé aussi contre moi les 
 foudres de son éloquence, qui heureusement n'est pas celle de 
 Bossuet. 
 
52 Le Cardinal et le Chansonnier. 
 
 2. 
 
 Cà, que vous semble de Lisette, 
 Qui dicta mes chants les plus doux ? 
 Vous vous signez sous la barrette ! 
 Lise a vieilli ; rassurez-vous. 
 Des jésuites elle raffole ; ~ 
 Et priant Dieu tant bien que mal, 
 
 Pour leurs enfants Lise tient une école. 
 
 Qu 'en dites-vous, monsieur le cardinal ? 
 
 3- 
 A chaque vers patriotique, ■' 
 Je vous vois me faire un procès. 
 I Tout prélat se croit hérétique 
 
 Qui chez nous a le cœur français. 
 Sans y moissoner, moi, pauvre homme, 
 J'aime avant tout le sol natal. 
 
 J'y tiens autant que vous tenez à Rome. 
 Qu'en dites-vous, monsieur le cardinal ? 
 
 On sait combien M. de Clermont-Tonnerre tenait aux 
 jésuites, et l'on connaît ses protestations contre les ordon- 
 nances relatives à l'instruction publique. 
 
The Cardinal and the Rhymester, 53 
 II. 
 
 The song to Lisette, what say you to that ? 
 
 She used to inspire my fondest strain ; 
 You cross yourself under the big red hat ! 
 
 No need — she will never be young again : 
 Now she dotes on the Jesuits, broad of hem, 
 
 And for fear their children should go to the wall, 
 She has opened a good little school for them ! 
 
 What say you to that, my Lord Cardinal ? 
 
 III. 
 
 Each patriot line you have ferretted out, 
 
 A capital crime it seemed to you ; 
 A bishop's a heretic now, no doubt, 
 
 If he owns the heart of a Frenchman too : 
 There are no broad lands about my home. 
 
 But I cling to my country first of all ; 
 — Almost as close as you cling to Rome, — 
 
 What say you to that, my Lord Cardinal ? 
 
 3 Le titre de pacte national, qu'on veut bien me donner 
 quelquefois, choquait particulièrement le prince de l'Église 
 romaine. 
 
54 Le Cardinal et le Chansonnier, 
 
 4- 
 
 Puisque vous fredonnez mes rimes, 
 
 Vous, grand lévite ultramontain, 
 
 N'y trouvez-vous pas des maximes 
 
 Dignes du bon Samaritain?* 
 
 D'huile et de baume les mains pleines, 
 
 Il eût rougi d'aigrir le mal. 
 
 Ah ! d'un captif il n'eût vu que les chaînes. 
 
 Qu'en dites-vous, monsieur le cardinal ? 
 
 S- 
 
 Enfin, avouez qu'en mon livre 
 Dieu brille à travers ma gaieté. 
 Je crois qu'il nous regarde vivre, 
 Qu'il a béni ma pauvreté. 
 Sous les verrous sa voix m'inspire 
 Un appel à son tribunal. 
 
 Des grands du monde elle m'enseigne à rire. 
 
 Qu'en dites-vous. Monsieur le Cardinal ? 
 
 ^ Dans l'évangile du bon Samaritain, un prêtre et un lévite 
 passent d'abord auprès de l'homme expirant, sans lui porter 
 secours. Pourtant Jésus-Christ ne dit point quils insultent 
 à son malheur. Mais c'est un hérétique qui lave et panse 
 les blessures du moribond. 
 
The Cardinal and the Rhymester» 55 
 
 IV. 
 
 As it seems you hum my rhymes so much, 
 
 Great Ultramontane on the Lévite plan, 
 Can you nowhere find in the book a touch 
 
 Of a certain Good Samaritan ? 
 With oil and balm he assuaged the pain 
 
 Of the suffering stranger — not with gall : 
 He would ne'er have forgotten the prisoner's chain ; 
 
 What say you to that, my Lord Cardinal ? 
 
 V. 
 
 A light from Heaven, you must allow, 
 
 Gleams here and there in my flippant lays ; 
 I think He is looking down on us now, — 
 
 The God who has blessed my humble days ; 
 When He bids me appeal from your earthly bar 
 
 To the Court that is open to great and small, 
 On the world's grandees I can smile from far : 
 
 What say you to that, my Lord Cardinal ? 
 
56 Le Cardinal et le Chansonnier. 
 
 6. 
 
 Au fond vous avez l'âme bonne. 
 Pardonnez à l'homme de bien, 
 Monseigneur, pour qu'il vous pardonne 
 Votre mandement peu chrétien. 
 Mais au conclave on met la nappe, ^ 
 Partez pour Rome à ce signal. 
 
 Le Saint-Esprit fasse de vous un pape ! 
 
 Qu'en dites vous, monsieur le cardinal ? 
 
 5 Léon XII. venait de mourir, le conclave s'assemblait, et 
 l'archevêque de Toulouse se mettait en route pour Rome. 
 
The Cardinal and the Rhymester, 57 
 
 VI. 
 
 In truth, I believe you are not unkind ; 
 
 Then pardon a man whose heart is large, 
 If he bears with an unresenting mind 
 
 The lash of your somewhat unchristian charge. 
 But see the Conclave in haste prepare ! 
 
 Be off to Rome, and obey its call ! 
 And may Providence set you in Peter's chair! 
 
 What say you to that, my Lord Cardinal ? 
 
M 
 
 58 
 
 LE FEU DU PRISONNIER. 
 La ForcCi 1829. 
 
 COMBIEN le feu tient douce compagnie 
 Au prisonnier dans les long soirs d'hiver ! 
 Seul avec moi se chauffe un bon génie, 
 Qui parle haut, rime ou chante un vieux air. 
 Il me fait voir, sur la braise animée, 
 Des bois, des mers, un monde en peu d'instants, 
 Tout mon ennui s'envole à la fumeé, 
 O bon génie ! amusez-moi longtemps. 
 
59 
 
 THE PRISONER'S FIRE. 
 
 Prison of La Forces 1829. 
 
 I. 
 
 Tjr OW welcome in the dreary winter tide 
 •*--*- To captive eyes a cheerful evening blaze I 
 The kind Fire-Genius nestles at my side, 
 
 With tale, and rhyme, and songs of other days. 
 Amid the embers' glow he bids arise 
 
 A changing world of seas and forest bowers ; 
 Blent with the smoke, my trouble fades and flies. 
 
 Kind Genius, stay, and cheat the weary hours. 
 
do Le Feu du Prisonnier, 
 
 2. 
 
 Jeune, il me fit rêver, pleurer, sourire ; 
 Vieux, il me berce avec mes premiers jeux. 
 Du doigt, dans l'âtre, il signale un navire ; 
 Je vois trois mâts sur des flots orageux. 
 Le vaisseau vogue, et bientôt l'équipage 
 Sous un beau ciel saluera le printemps. 
 Moi seul je reste enchaîné sur la plage. 
 O bon génie ! amusez-moi longtemps. 
 
 3- 
 Ici, que vois-je est-ce un aigle qui vole 
 Et du soleil mesure la hauteur? 
 C'est un ballon : voici la banderole, 
 Et la nacelle et le navigateur. 
 L'audacieux, si la pitié l'inspire. 
 Doit de ces murs plaindre les habitants. 
 Libre là-haut, quel air pur il respire ! 
 O bon génie ! amusez-moi longtemps. 
 
The Prisoner's Fire. 6l 
 
 II. 
 
 With him I smiled or sorrowed when a boy, 
 
 He charms my age with childhood's games again ; 
 See, on the hearth he signals, '' Ship ahoy ! " — 
 
 Three masts are rocking on the billowy plain ! 
 Press on, brave bark, ere long thy crew once more 
 
 Shall greet an April sky with all its flowers ; 
 — But I stand fettered on the iron shore : 
 
 — Kind Genius, stay, and cheat the weary hours. 
 
 III. 
 Look, what is next ? an eagle, keen of eye, 
 
 Who knows the sun's high path, and soars afar ? 
 No — a balloon — how wide its streamers fly ! 
 
 I see the daring voyager in his car ! 
 Perchance some pity moves him, gazing there. 
 
 For those who languish in these gloomy towers ; 
 How free he floats aloft ! how pure his air ! 
 
 Kind Genius, stay, and cheat the weary hours. 
 
62 
 
 La Feu du Prisonnier, 
 
 D'un canton suisse, ah ! voilà bien l'image : 
 Glaciers, torrents, vallons, lacs et troupeaux. 
 J'aurais dû fuir quand j'ai prévu l'orage ; 
 La liberté, là, m'offrait le repos. 
 Je franchirais ces monts à crête immense, 
 Où je crois voir nos vieux drapeaux flottants. 
 Mon cœur n'a pu s'arracher à la France, 
 O bon génie ! amusez-moi longtemps. 
 
 Dans mon désert encor quelque mirage ! 
 Génie, allons sur ces coteaux boisés. 
 En vain tout bas on me dit : Deviens sage. 
 Plie un genou, tes fers seront brisés. 
 Vous qui, bravant le geôlier qui nous guette. 
 Me rendez jeune à près de cinquante ans, 
 Sur ce brasier, vite, un coup de baguette. 
 O bon génie î amusez moi longtemps. 
 
The Prisoner's Fire, 63 
 
 IV. 
 Ah, now a bright Swiss landscape seems to form, 
 
 With lakes, and vales, and flocks, and trackless 
 snows ; 
 I might have fled before the gathering storm, 
 
 Where Freedom promised safety and repose : 
 I might have scaled yon mighty mountain crest, 
 
 Where seems to wave the flag that once was ours; 
 — How could I quit the land I loved the best ? 
 
 Kind Genius, stay, and cheat the weary hours. 
 
 V. 
 
 See on the waste another mirage rise ! 
 
 Away, my Genius, to those wooded leas ! 
 In vain that craven whisper — " come, be wise. 
 
 No chains for him who begs on suppliant knees." 
 Thou who canst youth to fifty years restore. 
 
 Heedless of where our watchful gaoler glowers ; 
 Strike with thy magic wand the hearth once more — 
 
 Kind Genius, stay, and cheat the weary hours. 
 
Ft 
 
 64 
 
 L'AMITIË. 
 
 Couplets Chantés à mes amis le 8 Décembre ^ 1822, 
 
 Jour Anniversaire 
 
 De ma condamnation par la cotir d'assises. 
 
 Ç^ UR des roses l'Amour sommeille ; 
 ^^ Mais, quand s'obscurcit l'horizon, 
 Célébrons l'Amitié qui veille 
 A la porte d'une prison. 
 
 Tyran aussi, l'Amour nos coûte 
 Des pleurs qu'elle sait arrêter. 
 Au poids de nos fers il ajoute, 
 Elle nous aide à les porter. 
 Sur des roses, etc. 
 
65 
 
 FRIENDSHIP/ 
 
 Lines Sung to my Friends on December Sth^ 1822, 
 
 The Anniversary 
 
 Of my conviction by the Court of Assize. 
 
 I. 
 
 T OVE on a couch of roses slept, 
 -■ — ' Darkly lowered the clouds of fate, 
 Here's to the vigil Friendship kept, 
 Watching still at the prison gate. 
 
 II. 
 
 Tears that for tyrant Love we shed, 
 
 Friendship dried as fast as they flowed ; 
 
 Love makes fetters heavy as lead, 
 Friendship hurries to share the load. 
 Love on a couch, etc. 
 
 £ 
 
66 L ^amitié. 
 
 3- 
 
 Dans l'une de nos cent bastilles 
 Lorsque ma muse emménagea, 
 A peine on refermait les grilles 
 Que l'Amitié frappait déjà. 
 Sur des roses, etc. 
 
 4- 
 Heureux qui, libre de ses chaînes, 
 Bravant la haine et la pitié, 
 Joint au souvenir de ses peines 
 Celui des soins de l'Amitié ! 
 Sur des roses, etc. 
 
 5- 
 
 Que fait la gloire à qui succombe ? 
 Amis, renonçons à briller; 
 Donnons les marbres d'une tombe 
 Pour les plumes d'un oreiller. 
 Sur des loses, etc. 
 
Friendship. 67 
 
 III. . 
 When my hapless Muse in durance fell, 
 
 Though a hundred prisons we boast and more, 
 Scarce was closing the grated cell, 
 
 — Hark ! 'tis Friendship's knock at the door ! 
 Love on a couch, etc. 
 
 IV. 
 Well for the man who has cast his chain, 
 
 Reckless alike of pity and scorn. 
 If memory links with the hours of pain 
 The hours that Friendship made less forlorn. 
 Love on a couch, etc. 
 
 V. 
 
 Can glory recall the soul that is sped ? 
 
 Adieu, say we, to a vain renown ! 
 The marble pomp of the mighty dead 
 
 Is a poor exchange for a pillow of down. 
 Love on a couch, etc. 
 
68 U amitié. 
 
 6. 
 
 fi 
 
 ' ^; Sans bruit, ensemble, ô vous que j'aime ! 
 
 ' '■ 
 :- Trompons les hivers meurtriers. 
 
 On peut braver le Temps lui-même 
 
 Quand on a bravé les geôliers. 
 
 Sur des roses, etc. 
 
Friendship, 69 
 
 VI. 
 
 Peacefully, comrades, side by side, 
 We'll shun the frost of the merciless years ; 
 
 The gaoler crew we have once defied, 
 We can brave old Time with all his fears. 
 Love on a couch, etc. 
 
 ^ 
 ^ 
 
70 
 
 LE VOYAGE IMAGINAIRE. 
 
 1. 
 
 T 'AUTOMNE accourt, et sur son aile humide 
 -■— ' M'apporte encor de nouvelles douleurs. 
 Toujours souffrant, toujours pauvre et timide, 
 
 De ma gaieté je vois pâlir les fleurs. 
 Arrachez-moi des fanges de Lutèce ; 
 
 Sous un beau ciel mes yeux devaient s'ouvrir. 
 Tout jeune aussi, je rêvais à la Grèce ; 
 
 C'est là, c'est là que je voudrais mourir. 
 
71 
 
 A PILGRIMAGE OF FANCY. 
 
 AUTUMN glides on, for ever bearing near 
 A load of troubles on her dripping wing; 
 In want and sickness, racked with ceaseless fear, 
 
 My mirth is hushed, my gariands withering. 
 O drag me from this dull Lutetian mire, 
 
 Till brighter climes my waking eyes have blest ! 
 Greece was the haven of my young desire, 
 'Tis there, 'tis there I would be laid to rest. 
 
72 Le Voyage Imaginaire, 
 
 En vain faut-il qu'on me traduise Homère. 
 
 Oui, je fus Grec; Pythagore a raison, 
 Sous Périclès j'eus Athènes pour mère ; 
 
 Je visitai Socrate en sa prison. 
 De Phidias j'encensai les merveilles ; 
 
 De rilissus jai vu les bords fleurir, 
 J'ai sur l'Hymète éveillé les abeilles ; 
 
 C'est là, c'est là que je voudrais mourir. 
 
 3- 
 Dieux I qu'un seul jour, éblouissant ma vue, 
 
 Ce beau soleil me réchauffe le cœur ! 
 La Liberté, que de loin je salue, 
 
 Me crie : Accours ! Thrasybule est vainqueur. 
 Partons ! partons ! la barque est préparée, 
 
 Mer, en ton sein garde-moi de périr, 
 Laisse ma muse aborder au Pirée : 
 
 C'est là, c'est là que je voudrais mourir. 
 
A Pilgrimage of Fancy. 73 
 
 II. 
 
 No need to render me old Homer's verse ! 
 
 I too was Greek, — Pythagoras said well : 
 With Pericles, I called fair Athens nurse, 
 
 I stood with Plato in the Master's cell. 
 To Phidias' wonders oft I bent my knees, 
 
 I've seen Ilissus' banks in blossoms drest, 
 On soft Hymettus' slopes I've roused the bees, 
 
 'Tis there, 'tis there I would be laid to rest. 
 
 III. 
 Kind Gods ! one hour to feast my dazzled sight 
 
 And cheer my frost-bound heart with that 
 warm ray ! 
 Freedom, enthroned on yonder distant height. 
 
 Cries, '' Hasten, Thrasybulus wins the day ! " 
 Away ! Away ! my bark is on the tide, 
 
 O guard me, ocean, on thy heaving breast. 
 And aid the Muse to touch Piraeus' side, 
 
 Tis there, 'tis there I would be laid to rest. 
 
74 Le Voyage Imaginaire, 
 
 4. 
 
 Il est bien doux, le ciel de l'Italie ; ' 
 Mais l'esclavage en obscurcit l'azur. 
 Vogue plus loin, nocher, je t'en supplie ; 
 Vogue oià là-bas renaît un jour si pur. 
 Quels sont ces flots ? quel est ce roc sauvage ? 
 Quel sol brillant à mes yeux vient s'offrir ? 
 La tyrannie expire sur la plage ; 
 C'est là, c'est là que le voudrais mourir. 
 
 5- 
 
 Daignez au port accueillir un barbare, 
 Vierges d'Athène ; encouragez ma voix. 
 Pour vos climats je quitte un ciel avare 
 Où le génie est l'esclave des rois. 
 Sauvez ma lyre, elle est persécutée ; 
 Et, si mes chants pouvaient vous attendrir, 
 Mêlez ma cendre aux cendres de Tyrtée : 
 Sous ce beau ciel je suis venu mourir. 
 
A Pilgrimage of Fancy. 75 
 
 IV. 
 
 Italia's sapphire skies are wondrous bright, 
 
 But slavery has dimmed their primal blue : 
 Pray guide us, steersman, far athwart the night, 
 
 Where dawn is waking and the day is new. 
 What vision rises of a golden land ? 
 
 What waves are these, this grimly frowning 
 crest ? 
 See, Tyranny sinks gasping on the strand ! 
 
 'Tis there, 'tis there I would be laid to rest. 
 
 V. 
 A stranger craves a welcome at your hands. 
 
 Maids of Athena, — aid my faltering tones ; 
 To you I fly from niggard northern lands, 
 
 Where poets crouch before the steps of thrones. 
 My harp is mute, but bid its voice return. 
 
 And if my songs can win but one request, 
 O lay my ashes near Tyrtseus' urn 
 
 'Neath your calm sky to find at last a rest. 
 
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