CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIKM/ICMH Collection de microfiches. Canadian Instituta fof Hittoricai Microraproductiunt institut canadien da microraproductions historiquat 1980 LE CAP AU DIABLE. 31 " Je m'empressai alors de leur raconter notre histoire en quelques mots, et demandai par quelle aventure la petite se trouvait au milieu d'eux? " Ce fut la jeune indienne qui m'apprit, qu'étant un jour campés sur le bord de la mer auprès d'un endroit qui s'appelait Kamou- raska, elle avait aperçu le lendemain d'une terrible tempête, le printemps précédent, la pauvre enfant attachée sur deux mor- ceaux de bois. Elle s'était alors jetée à la nage et l'avait ramenée au rivage. Rendue dans la cabane -elle vit que la petite respirait encore. " Elle l'avait alors enveloppée dans de bien chaudes couvertures, et avec le concours de la famille, à force de soins, ils étaient parve- nus à la ranimer. " En ouvrant les yeux elle avait demandé sa mère, et fut effrayée de voir ces figures étrangères, mais elle n'avait pas tardé à s'y habituer. " Hélas, sa pauvre mère ajouta la jeune fille, elle était périe dans le naufrage du vaisseau, car la plage était couverte de cadavres d'hommes, de femmes et d'enfants.'' " Cette jeune fille dont je te parle, il y a huit ans qu'elle est ma femme, et voilà pourquoi camarade, dit Jean Renousse en levant, nous aimons tant cette enfant qu'elle avait déjà adoptée comme la sienne propre. Mais ajouta-t-il, il en est temps, allons souper." Alors toutes les familles se réunirent en formant un rond. Cha- cune d'elle apporta la marmite ; tout le monde pouvait puiser avec la micoine, sans s'occuper si c'était dans la sienne f^n dans celle de son voisin, et faute de micoine, on se servait de la, fourchette natu- relle. Si quelqu'un eut osé demander si tous s'étaient lavé les mains, il aurait eu des éclats de rire pour toute réponse. Quoiqu'il en soit, Jean Renousse tint parole, car le lendemain il était beau de voir la petite flottille composée de légers canots d'é- corce, descendant le St. Maurice à la file les uns des autres. C'était un magnifique matin, le temps était calme et pur,, l'air était embaumé des fleurs des bois qui commençaient à s'épa- nouir. On voguait silencieusement, lorsque tout à coup la voix d'un sauvage s'éleva, elle dominait le chaut des oiseaux de l'une et l'autre rive. San chant n'était pas ces anciens cris de guerre que nos pères entendaient, lorsque des tribus sanguinaires venaient les attaquer. Ha voix sonore respirait un sentiment de douceur ineffa- ble. Il y avait dans sos paroles quelque chose qui ressentait labien»