W \T ^ IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) t^ / Z ^ i: « 1.0 1.1 bÂ|2B 12.5 2f 134 ■'^ us ■s ■luu 140 IL25 III U 1.6 Photographie Sdenœs Corporation 33 WIST MAIN STRilT WIBSTIR.N.Y. MStO (716) 872-4503 b A ^,^ .«* V ^ CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHIVI/ICIVIH Collection de microfiches. Canadian Institute for Historicai Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques Technical and Bibliographie Notas/Notas tachniquas at bibliograpiiiquaa Tha Instituta liaa attamptad to obtain tha bast originai copy avaiiabla for filming. Faaturaa of thia copy which may ba bibliographically uniqua, which may aitar any of tha imagaa in tha raproduction, or which may aignificantly changa tha usuai mathod of fiiming, ara chacicad baiow. D D m Coiourad covars/ Couvartura da couiaur [~~| Covars damagad/ Couvartura andommagéa Covars rastorad and/or iaminatad/ Couvartura rastauréa at/ou paiiicuiéa Covar titia missing/ La titra da couvartura manqua I I Coiourad maps/ Cartas géographiquas an couiaur □ Coiourad inic (i.a. othar than biua or biacic)/ Encra da couiaur (i.a. autra qua biaua ou noira) □ Coiourad platas and/or illustrations/ Planchas at/ou illustrations an couiaur □ Bound with othar matarial/ Ralié avac d'autras documants nTIght binding may causa shadows or distortion along intarior margin/ La re liura sarrée paut causar da l'ombra ou da la distortion la long da la marga intériaura Blank laavas addad during rastoration may appaar within tha taxt. Whanavar possibla, thasa hava baan omittad from fiiming/ Il sa paut qua cartainas pagas bianchas ajoutées lors d'una rastauration apparaissant dans la taxta, mais, lorsqua cala était possibla, cas pagas n'ont pas été filméas. Tha c( totha L'institut a microfilmé la maillaur axampiaira qu'il lui a été possibla da sa procurar. Las détails da cat axampiaira qui sont paut-étra uniquas du point da vua bibliographiqua, qui pauvant modifiar una imaga raproduita, ou qui pauvant axigar una modification dans la méthoda normala da filmaga sont indiqués ci-dassous. I I Coiourad pagas/ m n Pagas da couiaur Pagas damagad/ Pagas andommagéas I — I Pagas rastorad and/or Iaminatad/ Pagas rastauréas at/ou palliculéaa Pagas discoiourad, stainad or foxad/ Pagas décoloréas, tachatéas ou piquéas Thair possil of tha fiimin Origin bagini tha lai sion, othar first p sion, or illu □Pagas datached/ Pagas détachéas Showthrough/ Transparanca I I Quaiity of print varias/ Qualité inégaia da l'imprassion Inciudas supplamantary matarial/ Comprand du matérial supplémantaira Only adition avaiiabla/ Saula édition disponibla Tha la shall c TINUi which Maps, diffarf antiral baginr right a raquin matho Pagas whoiiy or partially obscurad by arrata slips, tissuas, atc, hava baan rafilmad to ansura tha bast possibla imaga/ Las pagas totalamant ou partiallament obscurcias par un fauiilat d'arrata, une pelure, etc., ont été filmées à nouveau de façon à obtenir la meilleure imaga possibla. Additional commenta:/ Commentaires supplémentaires.- in'egular pagiiMtion: [1 • 701 1 • 312, 313 - 313, 313 - 313, 313 - 313, 313 • 313, 313 - 313, 313 ■ 314. 315 - 506 p. This item is fiimed at tha réduction ratio chacked below/ Ce document est filmé au taux da réduction indiqué ci-dessous. 10X 14X 18X 22X 26X 30X y 3 12X 16X 20X 24X 28X 32X plaire M détails iques du m modifier xiger une de filmage The copy filmed hère hae been reproduced thanks to the generosity of : National Library of Canada The images appearinq h«r« «7- ***m beat quaiity possible cons;d«ring the condition anà tagibility of the original copy and in keeping with the filming contract spécifications. L'exemplaire filmé fut reproduit grâce à la générosité de: Bibliothèque nationale du Canada Les images suivantes ont été reproduites avec le plus grand soin, compte tenu de la condition et de la netteté de l'exemplaire filmé, et en conformité avec les conditions du contrat de filmage. id/ quées Original copies in printed paper covers are filmed beginning with the front cover and ending on the lest page with a printed or illuetrated impres- sion, or the back cover when appropriate. Ail other original copies are filmed beginning on the first page with a printed or illustrated impres- sion, and ending on the lest page with a printed or illustrated impression. Les exemplaires originaux dont la couverture en papier est imprimée sont filmés en commençant par le premier plat et en terminant soit par la dernière page qui comporte une empreinte d'impression ou d'illustration, soit par le second plat, selon le cas. Tous les autres exemplaires originaux sont filmés en commençant par la première page qui comporte une empreinte d'impression ou d'illustration et en terminant par la dernière page qui comporte une telle empreinte. The lest recorded frame on each microfiche shall contain the symbol -^ (meaning "CON- TINUED "), or the symbol y (meaning "END "), whichever applies. Un des symboles suivants apparaîtra sur la dernière image de chaque microfiche, selon le cas: le symbole -^ signifie "A SUIVRE", le symbole y signifie "FIN". taire IVIaps, plates, charts, etc., may be filmed et différent réduction ratios. Those too large to be entireiy included in one exposure are filmed beginning in the upper left hand corner, left to right and top to bottom, as many frames as required. The following diagrams illustrate the method: Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être filmés à des taux de réduction différents. Lorsque le document est trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé d partir de l'angle supérieur gauche, de gauche à droite, et de haut en bas, en prsnant le nombre d'images nécessaire. Les diagrammes suivants illustrent la méthode. by errata ned to lent une pelure, façon è 3 - 313, ^^' 1 2 3 32X 1 2 3 4 5 6 f < ^ BB0«B3É1^11^ .... ^' W ■-*»t. t'^'* *■%«»* fi",- •f î.fr.T 'r ■■• 'i :i^ih '"'' r^ r. w- '*'>! ,^'- il' iî" K*"^. 1% 5* ,. «r» i lèl'î % « ' •>«¥ .î'-ân^r .«^•\ ^^m. NOUVELLE DECOUVERTE D'UN TRES GRAND P A Y S Situé dans rAmerique, ENTRE Le Islouveau Q:^exfque , ET La Mer Glaciale, Avec les Cartes, & les Figures nccefîaires. Se de plut rHiftoire Naturelle & Morale , & les avantages, qu'on en peut tirer par rétabliiïement des Colonies. Lk tout DEDI£ a *Sa Majejie (Britannique. Guillaume IIL PARLE R. P. LOUIS HENNEPIN, Mijfiouaire Recolleél es? Notaire AfoftoUqtie, A U T R E C H T, Chez GUILLAUME BROEDELET, Marchand Libraire. MDCXCV.U. V l -'. ¥. \ i. ji A v„ i i *•> i / It # »*' • * •■ 1 ■» w '* •■ .»■•■ v 'S*-/ ^« r» C?, 2î»'Jl6fU":>; /s &i >^ • ir-W Ii{$.af3 «^.■|w»,... / 4 'j «1 ■ 'k j ,,^ . ^ .» -> *. t -=> -^ éT'p, iS;a Tî-O't): .,;■- *;>« I ■f tî* } ^t jt A ê ) 3 ;i î G A. U ... R O Y DE LA GRANDE il E T A G NE. i'J w . I R E^ Oici la Relation delà plus grande^ df de la piu^die> D^cdaverte;v c[di aitété Mj te ^ DEDlCAtOIRE te dans ce Siècle > de rplu- fîeurs vaftes Païsfituet en- tre la Mer glaciale & le nouveau Mexique > laquel- le je prend la liberté id'of- frir à Votre Majefté. On- ze Ans de fëjour > que j'ay fait dans T Amerique,m'ont fourni le moien d'y péné- trer beaucoup plus avant, qu'on n'avoit encore fait. J Y ai découvert de n^qvel- les Contrées, qu'on peut af^cUer avec yoSùzt, les4e^ lices ^ ce noaiycau l^l^x^ et y Se qpi (oiit }^us té^ dès ^uç lîmropc eotiei^.' ^ On ■X. V T' ««.'J Op Je^-v<^ dans l'eipace de plus de huit cens lieues ar- rofêeS;4':Vi^jgrahdFleuve,lùr rpj^iqrna^î'r un des plus puit i^ns JEi^t^pires de l'Univers.* '^e j^ rçjcu4ller.Qis un S^mkm4^}^ 4e ,.n3^s. pé- nible^ . voyages , Sire^ s'ils ppu^^ient >.contrlbuer^ hi- rgrÇo^ttfpttxpmi . j«or oes va- fî^ S lans Hèlîgîôhi qae parce ^ue perfbnnë né ; ' tra. eft qui E P I s T R B, I travaille à les ameiier à I»> lumière de la vérité. Ilsj cdébreroient donc faa»i doute avec une joye in-- concevable le falut^ qui» leur auroit été revclé , & > en même temps ils auroient le bonheur de voir leurs t mœurs addouçies par" le* commerce d'une Nafîon polie & genèreufc, iqui eft^^ conduite par Tun des plui, vaillans & desplus^ magna^^ niixies Rôîs du Monde. Irr) ^ Cette entrepriiê y Sire ^I cft dighe de votre M ^] çft éi qui p!en jTait jamais que dq 5 granr- ;V DED*CAT01RÊ gtandes y <^i ks coodtii t toujours avec une prudcnw! Ce admirable;» & qui les^ pouffe avec tant de force p qu'elle lae manque jamais de les fa'iif e ireuflfir. Att(Ji les* voit on toujours couron-^ nées d'un heureux & d'un glorieti?: foccés. / -niJijjiU Je îi'entreprendray pas > Sire:, de faire ïd h détail de tput ce que vptre rar^ prudehceV & vo»è invîn^ cible Valeur ont fait pGwr le bonheur àQS Provinces U- nies , Se pour cduy ^de^l'An- gkterrè, de'fBèofïej 8c -'^' . .^ ^^ " . de 1 ^.fMSTi^^, ;? de ces $rpjs ^yi^siffm , h doviceur ,4c J'p çi3^ ^i^f plus qijjc jç vim {^wpkàv^^ ; Et lu jtçjyaqiiH-! lijé, rdpi;it(jo(ii«fl(]eotlesPj:;o^ ie prefiiue, JtosMjc l'Eucope , a»|Sjhieja qïie M^igçisent ^'uri) ïedp»M>le, lEnaeœoi , jjafpes .dans leur ièin , & qui Açwlok y peoetrer ,en- çQfCj jo'jeo difeiw pasiSicàns |l;ilo.uS¥: k Terre. * 6 L'o- *.».«, .MM»'. DEdlCÀTÔIRE ly^lîgitioiî^' Sii-è i que ,, ces heureufe Provinces en ont à vôtre;, Majefté , leur cft «omasûnëâvd^ Hauts Allîezi- ^t en effet n'eft ce pas Vôtre^Majefté^ 's,, qui à la tête de iês Armées^ & des leurs i^éxpofe^t^^^^^^ les jours aux ^fatiguerf & aux périls ^de la Guerre pour la coôfcrva-i j don de leur Pâïf ,• & cfek liberté de leurs Peuples? N'eft ce pas Vôtre Maje^i^ fté, qui fait le Lien deleui^ Union , 1& qui confervep cette heureufe intelligence t ^: [ par par là fagèfle dé ^ coBr teils , par fa: dotubeur defa éôhdaitc Royale, par la Hioclerâoah' -de 'toutes -ks àftidÉi /^(Jônt^à gfoire eâ fahs borlàês > & piar l'extré-i me cohiMeration , que tant de g;ra!:id^ lfim:èè ont pèuit Wvertâ^ liliè^oïqu^ dèTo^ treMaieft& t}[. j^dIo^ dj s^ Non, Sire, jchécràîrii- aay |)ëihé^ ;dfe Imldirë îfcî , pat de qiï^ùâ ^ptînapè de Rëlîgîbri f auflS bien iqué dç rècohnoîfTàncë & de fineei rite M'éîigagé à reridrp ncè témèighi^e - à toute la ter-^ * 7 re% DEPICAJPIRE fïct^e foin 4ç conlèrver b^ ,,v4ç. 4]en:.^feiv^ (le ce du Soleil le f^^>jt<^ > <|9i ^ V;otte;>lîftjpftë ç'eft;#|^ tké l'ieftiine SçM m^^^-^. ture f ferver t ture E PI ST H E. î ture de Cœur :, ittiffi bien; que les grands exploits de^ Vôtte Ma] efté , qui ont en- gagië la plui^Andemie Re- publique èa Chriftiani jme; je-veux dire xdlle de Ve-^ nifè;, le grand Duc de Tofl can€ V & l'Etat libre die la Republique utes raflemblées en vousi Sire, ians être mê- lées d'aucune injufte pat fion :, qui en termlTe l'éelat : Ceft fuir tout cette parole, & cette foy Royale ;, lûr la^ quelle on peut s'aflurer , qui ont porté mon Roy> le plus Catholique Roy du Mon| de , à s'unir à Vôtre Ma- jefté par une étroite Allim-t ^ i II y a déjà long temps y Siré:, que Ce: grand Roy ^^ trop éloigné de nos Païs bas pour pouvoir défendre: les Etats, :qu/ity pofïede, a i trouvé s-- » » ( » •,-. O" trbûvé 'en Vôtre Majéfté ah vaillant & fidèle Defen- fènfènri qid étant fécondé pàt mviiitible; Ele<îîcaE DttcJ de Bavfcréi cociferve ces pauVries Pais'à mon Soû^ renia ,' fiehc&nS qù'iiflf^aâ:^ tf f Moria^qu^^ -^f léf. éé fp profchie ^jwii' le Sang ,- ' ^ qui pro&ifc îk 'rtiâiàë Kefi^ giôrt'<^uë^ %y''âc^iïiplôyé l'eïpiâépduilterJ r î i >^ vJiq Ge^ui^fè pafle tous k^ jôVks' âàKs^hôs Pats ^zi&iM une p^pcàvc écktàftté de ëë ^ue j'avance touchant ki ' i lèn- ) ..,-».; t V Mats, Skcy ceqwiS7eft,paÇ- p^E 4'auth<^té4?^^a^ou-, #^ Sa, : î^jMeft^[,-j4^î%^ 4^ t^e ^eftorale A; l^^ par écrit, 4^'i§«^ttieii;$ 4ç? jwn [vp^àiei, p((}|i;eî je iS^r^ ;e«^tieKepeajfe4éjFpiiii4 L-k-W >*. • -«1 << i J' ILE ^Tn in9! ^> : ou J{^1q4x de mon bpnhewi. -qui çeitlurero^i ce que je fais en cette ren- contre. Mais pQurinoy j'en fais itoiite n>ft gl<3«ner> fj'^^ de bosfi ^Amds-de Ift droi- ture de mes intentions* mes vœux. J'a4bï!$r»f t9i$H i jour$ mçm Dim^ î Je de- < nsieitfçr^ l ttwjOMS .4$t|iç|^ au;gFand;MQJwq>*? > ^W daignié Joe féeevQtf ioos ik pro- ■V L N s \ > ^,fy.^' If f.' " hi DEDlGATOlRE proteétîofli Et de plus je coniâcrerây mes (oins y ma plume & tous tnes travaux au geïierëuix Déftnfèur de liia Patrie^y & de Hos Aù^ tels 3 qui lïi'a fait la grâce de tiie donner un favorable ac-- ces à faGoùïiën un temps ^ ^qud félon toutes tes ap- parences d'autres Potentats jB'aurôiènt négligé^ ou petit étire mêtnë tn'aurcnent iûtcrdît la Ifcùr. Il eft bien jufte, Sire, ^e j^èmploie alBt fervice de Votre Majefté y Cequej'ay acquis d^'experience > & que :v -I- E P I s T R E. ^ je communique à vos lu-; jets la connoiffance f que j'ay de xx>s grandes Décou-; vertes. On pourra travail- ler par ce ; moien 4. J^ndrq tant de peuples aveuglez j fufceptibles des lumières du Chriftianifme. Et en m^« me tempsie public exi pour« ra tirer dej grands , ayi^pt^f^ ges par le puUfant cpmmer^ ce^ qu'ony établiraf. Les Anglois > qui font le ^ plus grands Navigateurs, dç TQ- cean &>rmeront de grandes Colonies dans ce Nouveau inonde. Qn y cultivera des m^i n : : . ter- â I \f^ ^.» DEDICATOIRE terres vierges 3 qui fourni- ront devix récofeés par Avii Et par là tés vaftesContrées auront droit dk prétendre à Phonrieur de vâtte- proteo. ciorr Royale / & ai b gloi: fcïf appartenir à Vôtre Mal. jefté.' - '■^'aiiinn^^rnriO • Jaimis coÉii|xldnG|é cttte gtâhdè- DÀroùH^ei'te / Sttô^ii âvéc' ùh hôiflrtil! i qui au-^ rôit pu contril^tier beau«^ coiip â l^âx^h€iemeitt dl^ ce g^hd • éotrtfg^.' ^^ Mm9 i^ me quictà^ par cè^qo^il me voyoit trop de ponchant pbûrmèû &)i^é*£jn.' Pen- V - dant \ ÉPTSTTR Éi5 dàtit même que j'ay vovag^ avecluy, il m'a ibttVjMïtcà- péi^saïAdiRgtr'ik' fiiètçdre la vie, cômitie cela eft arriva à l'un dé ^es-.: Qmiiki. gttojDSyi^fai f * éeétiiiâflact^ par tés te^i^. -Mfti^lay même a écë énfki- tàé - djg '^ prettwKtJiiiéfi/'l par |d1&i réniflfiikddiii ; idaiis iiniii^ eœbtiibudiîiË[C(^ifi luy avoient flf^fTë pour s'en ! défàlké y ' par Ce" <^'ilf ki a:: voit Êr0p Éâcpôfez. f "^ICfeft aihfî , qà'olt â va ée%la à^et.^gard. Ipi- 3j main DEDCATOIRE. ïtiain à la Cour de Vôtre Majefté pour y contempler les merveilles de Vôtre Règne. Jay veu de prés et j'y ay connu le mérite & la generofité de la Nation Angloife 3 à la vertu de laquelle rien ne peut ré« fifter :, & qui eft capable de tout entreprendre^ & de jouir heureufement de nos Découvertes à l'exclu-» fîon de fès Ennemis. Aiant donc obtenu la permiffion de mon Roy, & le congé de mes Su- périeurs je me fuis, ab^n- * * . don- ■\ ■_%,■ t I fi,' ■■à^ E P I s t R E donné , Sîre , aux înfpi- rûtipns fecretes du Souve- rain Directeur de l'Uni- vers y lefquelles me côn- duifoient au fèrvice de vôtre Majefté félon le panchaîit ée mon cœur. Et en cela je fois per- feadé y que k Divine bon- té de raotti &iuveur n'a nen fait que pour mon bîfen , & qu'il veut , que je me rende aux ordres de vôtre Majefté. C'eft dans cette perfoa- Son;, Sire, qu'après avoir fart des veux ardens pour la DEDICAtOIRE la confervation de Votre Perfbnne Sacrée & pour la profperité de Vôtre Axu gufte Regiie> j'ofe me diçe ici avec un très profond rè^ fpeét > Se avec une fbûmîfi^ fion entiore Sirs «t ^,> '14 ■ O' "fm^^i^^ Le très humble > très fidèle & très obeiilànc Serviteur g F. LOUIS HENNEPIN, Mejjîonàire RecoUelt ^ & Notaire Afofiolique. "km AVIS '-'( m i >»'. / ï A V ï S 100^^' ::^; Ji V jHâ^ ^" "■ "' LECTEUR. blî>a:ll' * t pajpons Nne doit pas s^étofh ner , ^/^ f^ que les hommes font divijèz entr^eux par leurs & par leur intereft. On les a veus ainjt dés le corn- mencement du Kjliondefepare& les uns des autres *vi*ure dans la mésintelligence y & s'emifar- rajfer dans de malheur eufes difi fenfions , qui n^ont firvi pour tardinaire qu*a empêcher les loUables dejjeins de ceux^ qui "vouloient contribuer au bien pu- blic f ou qu*à en retarder T effet p:ar leurs injujles oppofitions. . - rr - Ke c^ defe fe^ nir dans la modejïie & dam la tranquillité. Ce fut là Voccafion de la eo^, 1ère du Sieur Robert Cavetier de- lu SetUe contre moy^ dt^ntiln'eft point revenu. Il faijbit fem-^ ** 4 blant^ / / \ J ~\ A V I S A U- blant de vouloir protéger ces fil- les dans leurs divertiffemens. Il ne put donc s* empêcher de me dire un peu en colère , que fen "vfots en Pédan afin égards & à l'égard de tous les OfficerSf & des perfonnes de qualité y qui et oient dans le vaijjeau^ &qui fi divertijfoient à voir danfir ces filles i fuis que je les criti^ quois fur des bagatelles. Mais^ le Seigneur François de Laval créé premier Evéque de ^^- bec^ qui fat fiit alors le tr^jeSt avec nous , m' ayant donné la di^' reâlion de ce s filles , Je crus^étre> en droit de répondre au Sieur de^ la Salle ^ q^^ fi rfavois fitnais été Fcd^ny terme qui f comme tout k monde fiait » pgnifie un homme d'un caractère d'efirit fot & impertinent 9 & qui af^ ^ -' -' ^ fe£le L E C T E U V.: feSie de faire paroitre en ton^ tes occafions une fcience mal'- digérée. J'aioutay à cela y que ces filles étaient fous ma dtrec^\. tion , & qu* ainjt f avais droit de les reprendre^ & de les cenfu-^ rer , puis qù^ elles fe donnoierftx. Si-y^.- cS îrop de liberté. Cette reponfe ^ que jefis fanr avoir d'autre dejfeinque celui de faire connaître audit Sieur de At ^, Salle , Mejefaifois mon devoir,* le fit pâlir de tolère ^ & en effets ^ il s'emporta étrangement contre^ moy. Je me contentay de ti^^ dire % le voyant dans cette difpû^ fkion à mon égards qu*ilpretnfit^ mal les chofesy &quejen*avois^ eur ancune intention deloffltrtfer^ comme en effet ce n'était pas mon deffein. xjMonfieur de Barrais ^^ qui avait autrefois été Secte^^ lit A VIS A U taire de l'Ambaffadeur de France en Turquie^ & qui faifoit four lors la méni^e fonction auprès de Mon- fieur le Comte de Frontenac^ vo^ yant ce bruit me tira a l'écart % à* me dit % que fans y pepfèr favois mis le Sieur de la Salle en grojfe colère , lors que favois dit % que je n^avoir jamais été Fedan» par ce qu'il en avoit fait le ^ métier pendant dix ou onze Ans ^ qifil avoif été par- mi les JeJuiteSf fÈr quen effet il avoit etC Régent d'une Glajfe parmi ces Religieux. . Je repliqu^ au Sieur de Bar^^ roisf que favois dit cela fort innocemment : que je n'avois ja^^ mais fçeu » que le Sieur de la Sal' le euft vécu dans cet Ordre ce^ lebre : que fi fen eujfe eu eon* nùiffance^ jeme ferois fans dm^ -4^' ' .^'-'%.'^ '■■ te 11 L E C T E U R. te empêché de proférer ce m&t de Pedan en parlant à luy : que je ffovoisy que c*etoit un terme injurieux : qu'en effet on expri^ moit ordinairement par làunjça- vant maUpoli j félon l'expreffion Fraufoijè de MeJJîeurs de ¥ort Royal: qu'ainfi je n*anrois et$ garde de me firvir de ce terme y Jî feuffe été mieux inftruit , que je ne Vétok^ de IHifioiti dudit Sieur de la Salh. ^ ^oy qu*$lèn/biti la faut e^ que je fis fort innocemmemt eu cette occafiôny aétéfans-remede^ cont- me mon Hiftoire le fer avoir. Lt Sieur de la Sotte , dontDieuffait que je regrette la mort fitnefte & inopinée y a toujours encettit affaire fur le cœur contre moy^ Non feulement donc il n^afbu^k vent expofé a de grands dan^^ j. * * d gcrs j i / U' \,\' AVIS AU gers. Mais même étant de re-- tour en France ^ où ma Tief cription de la Louïfiane luy fut fort utile pour luy faire obtenir de grands privilèges delà tnour^ bien loin de reconnoitre mes travaux pour fon fervice y il me rendit de tres-méchans offices auprès du R. Tere Hyacinthe le Fevre mommijfaire Provin- cial des RecolleSls de V arts y qui fe donnoit la qualité de Corn' mijaire Royal de tous les Recol* le£fs des Vays bas conquis par la France. Le dit Sieur de la Salle luy fit connoitre , comme je Vay fçeu depuis , qtiil et oit fort mal-fatisfatt , de ce que je l'avois prévenu dans la ^écou- vête du Fleuve MeÇchappi de- puis fa fource jufques an Golphe de CMexique dans le voyage y ^ LECTEUR. quefy avois fait en tan i68a. deux ans avant cetuy du dit Sieur de la Salle % qui l'entreprit avec le Tere Zénobe- CHambré Re- eolleii , que f avois laijfê aux lU linoisi lors que je m'embarquay pour Mefihafipi. *v « Le Tere Hyacinthe dijptnu- la l^ entretien , qu'il avoft eu a* vec ledit Sieur de la Salle ^ dans lequel il avoitfait par oit re tou^ te fon anifnojité contre moy." Vendant que fetois Gardien des RecoUeils de Renti en Ar- tois , oufay fait bâtir prefque tout le Couvent de fond en com- ble durant mes trois ans , // me pria de retourner en Canada feu- lement pour un an y difànt^que LMonf 'ir le Comte de^ Fronte- nac y qut en ejl le Vice- Roy , le fiuhaitoit. ^ ""ï '\ , *fci 'i • ** "3 *^. ■• '* • ^ #^ V 1 ', t > / / AVIS AU Je Itty repondis , que f avais ejfuyé affezde fatigues , & de dangers pendant onze ans i que f avais demeuré dans tiyimeri- que. Mais parce qu^il me prej^ fiitfort inftamment de faire ce voyage^ je luy repliquay^ que les Laix particulières de nôtre Ordre ne nous obligeaient point d'aller aux CHijffians d Outre Mer contre notre Jèntiment ^& qu'ainjî je le priais de me Imffet dans ma liberté , puis que fa^ vois déjà pé^è tant d'années dans le nouveau Monde, depuis ce refus légère Hyth cinthe nia toujours été oppofi en toutes chofes. Il m-empe^ eh a d'accompagner le R. Tere Alexandre Voile Trominiftrede nos RecolUSisd^ Artois auChapi^ tre General tenu à Rome, Il «^ ^ t ^ me LECTEUR. me fit en fuite retourner à notre Couvent de Saint Orner , & du depuis il me fit donner une^ obeijjance par un ordre prétendu » & non écrit de Monfieur d^. Louvois premier Miniftre d^É- tat 9 qu'on a fait même parler après fa mort y par lequel tlm*é^ toit commandé de me rendre fur les terres du Roy dlEfpagne mon Souverain i i quoy fobeis^ ponBuellement. ^ t^^-^ %^sà ^Depuis que kdit Tere Hyê*' cinthe U Fevre m^eufi ainfifaif firtir de la "Province de nos Re^ colleHs de St. Antoine en Artoisy jeprefentay un^placet touchant' mes griefs au Roy Louis 14. qui campoit alors à la Chapelle de Harlemont. Sa Majefté le fit mettre entre les mains du Grand Trevofi delà Cour. Mais par • i m ce V i i t jA VIS A Ul ^ que ce Trince , qui n'a ja* mais refufé Jajuftice ni fa pro- Uction aux ferjonnes injujle* ment opprimées^ et oit alors ex- îpmement occupe a la conduite dé fin Armée, qui itoit fort nombreufi , à caufi que Guillau- me II L Roy d^Angletere jV- toit avant ageufiment pofté à^ Louvain > je nefçai y comment il arriva'^ que mon places fut ou- blié entre les mains de celuy^ à qui je l\avois remis far ordre du Roy . Ainjîje n*ay point eu de fatiff action fur les jujles plain^ tes^ quejefaifiis contre ceux$ qui m'avoient fait tort. ,%^^i^. \^^^u depuis fay été pour un< temps Confeffeur des Tenitentes Recolle&ines de Goffelies. Ten- dant le Jéjour que fay fait dans^ Imr tji^ony qui a été de prêt LECTEUR. de cinq ans ^ f of fait bâtît une très belle Eglifèy doublement voutée^un Tarloirfort commodey & plujîeurs autres édifices con- fiderables. Ceft ce que je puis prouver par FaEte de reconnoif- Jance^ que ces Religieufes m'en ont donné en bonne forme ^ fig^ né de leurs mains &, feellé de leur Cachet conventuel^ & par un autre i^Sie antérieur % que ces Religieufes en ont envoyée au Chapitre ^Provincial Mais, par je ne fày quelle fatalité le T ère Louis le Févre Vrovin^ cial des Recallelt^ de laTrovin* " ce de Taris i dont je fuisTro-' fés^ Frère dudit Tere Hyacinthe le Févre^ quife donnoit la qualité de Commtffaire Roy ah comme je Vay dit , n'étant pas content y de. cequefon Frère m* avoit renvoyé fur ! ! U' ,1 H a A V I S A U ? fur ks terres du Roy d'E/pag^ ne 9 entreprit de me faire (artir de terriflay^ que fexerfais auprès de ces ReUgieufes de GûfffelieSf difant , que Gofjelies qui eft du BrafNsntiétmt de hdépendmce de la f fente > ce qui ytétoit fas vetitaUe. #^ ^'^ La perjicution^ qvlon me fiUfait y s* accrut encore par Nn^ teiligeiue ficréte^ qui étoit en^ tre ledit R. ÎP. Louis le Févre & quelques Rétolle£ls de la province de Flandre > Je me trouvais pour lors en ce pays lien vertu d*une lettre de Cachet du « Rùy d'Efpagne mon Souverain. Voyant donc qu*on nfaccabltnt de ? toutes parts y je me fenfU obli* gé de déclarer devant toute U Communauté des RecolleÛs de nôtre Ville d'Athy que je pro- "^^ tef-^ LECTEUR. teftois contre le dejjèin^ qu*on avoit de ntincorforer dans la Province de Flandre , puis que je rty pouvais point trouver d^a^ zile i que Pon me facrifioit à la paffion dudit Vere Louis le Févre^ ^ui étoit l* Ennemi juré desJujetsik^Roy d^EJpagne^ & que je ne fçavois , ou demeurer en feureié » quelque fervice que feuffe rendu dans tous les lieux okfaVois demeuré jufques là. ^ieu% qui à toujours eu foin de protéger les mnocens oppri» mez y m'a fufcité Monfieur de Blathuà)^tipremi& Secrétaire des Guerres de Guillaume II L Roy d* Angleterre. Il nia obtenu du Roy fin Maître une Sauvegar* de par écrit en faveur dudit Couvent des Religieufes de Gof feliesy ou je demeurais alors: m Et \ .i A V I S A Ul Mf je puis dire , que fans cela^ & fans la protection du ge-^ nereux Comte d* %jithlonne y €e Couvent euft été pillé bien des foi s. par les gens de guerre^ Maïs le dit Sieur de Blatbua^t a^ bien voulu prendre foin, decon^, firmer ces pauvres Religieufes : & du depuis même il a joint fis. follicitations acelles dé l'illujlre ^uc d^Ormondy à* du brave- Comte â Athlmne en faveur^ du célèbre Monajlere, de Cam-^ bron. Si bien que la Maifon eh, a été confervée avec tous les. grains y qù luy appartenaient ^ quof que tout cela fi trouvât att^ .milieu de la puiffante & for^ midabU armée des Alliez. Tar deffus tout cela LMon-- dit Sieur de Blathuâyt a eu encore la bonté décrire au Nom . - dtc ■> LE C T EUR. du Roy Son ^Maître , & pdf fon Ordre e,xprés au R^^i Tere Rennére de Tayez Commiffaire General de nôtre Ordre à Lou" vain four le prier de me don- der une Obeiffance four les Mijpons de P Amérique^ & le temps I qui fer oit neceffaire four demeurer dans telle des Tro- vinces Unies , oil je trouverois à propos de me rendre four travailler aux mémoires de ma découverte. tMais ledit Te* re Commiffahre General ayant tardé à m*envoyer mes faten- tes^ je fris la benediSiian dans notre Ville d'Atb de OHon- feigneur V Internonce à BruxeU les en frefence de Monfeigneur Ptjlbbé de Scarlati , qui far- toit pour la T)iéte de Tolcg- ne y & je me rendis à Lou- vain y AVIS AU vain avec une Lettre du R^': 'Père BonaventureToëriusGe- neralijjime de notre Ordre y qui m^avoit fait l'honneur de m'é^ €rire de Rome en datte du ^i. Mars 1696. à" qui m'ajjuroit^ que fin Cotnmiffaife General m' accorder oit affurément tout ce que je It^ demanderois de fa LiCdit Commijfaire prit co^ /t pie de la Lettre de notre Gênera-^ lijfftmey & cependant il écrivit à Monjteur le Baron de Malque^ neckf favori defon Alteffe Elec^ torak dtr Bavière ^ & a Monjteur de Coxif » Chef Trefident pour Sa^Majefté Catholique^ le Roy ^Efpcgne mon Souverain j def quels favois obtenu la permiffion étant au dernier Camp de Grand- mont% de me rendre auprès du dit ^.m\? ' Sei" LECTEUR. Seigneur Roy d" Angkterre pour recevoir fes ordtes. Ledit Com^ miffairt fu^envoya donc à notre Couvent desRecolkUs^d Anvers^ four y faire faire des habits ficum lier s y de PargenUqui me fut fourni pour cela fat Akjnfieur Htik Bu^ voyè extraatdinéme de SaMafe'^ fié Britannique^paitordfidintùim dit Sieur de Blatfouayt. Là je reçiês tous les ordres^ qm mé^^ toient necejfaires fôm partir. Etant muni de toutes mes patentes y je me mis en chemin four me rendre à \,/îmfterdam avec un Cafitaine de Néevire Vénitien, tjliars par une fa- cheufe rencontre , fix Cavaliers nous arrêtèrent erOte Anewetsty Mordickf &fe /aifirani de touS^ ce que nous avions darmtt. Cgm fendant far le moyen de quelques amis AVIS A Ui umh je tne rendis à Loo ^ &à /a Haye^ ou je fus très bien re- çu far le dit Sieur de Blat- huàyt^ qmmefit donner ma Jiib- fiftence pour reparer une partie du n)ol^ qui m^avoit été fait ^ après quqy feus f honneur de faire la révérence au Roy ^vant [on dé' part pour V Angleterre, \ Je me rendis en fuite à Am^ fier dam ^ ou je croyois^ que je fourrois faire imprimer les deux Tomes de ma découverte. Mais fy trouvât des obflacles confide^ râbles. Cela nf obligea de nfa^ bandonner déformais à la Tro- vidence divine , voyant que toutes les mefures , que favois prifès pmr prévenir toutes fortes de diî^cultez » n'empechoient pas 9 que je n'en t rouvaffe par tout* .'î^.^T^ '^^r/^ï:^^';^rmt^ ^ ' '..^ ... Cet' i'( L E C T E U R. Cette menti Trovidence^ dont les rejforts font impénétrables » & qui nous conduit toujours au but , qu^elle notu a marqué , n^in^ ffira le deffetride quitter Amfter* dam pour me rendre a Utrecht fous laveu du généreux Comte d'Athlonne , Gêner ahde la Cava^ lerie des Etats, J^avots eul'hon-' neur de manger fiuvent à fa ta" ble dans les Tajs-bas. Il avoit même empêché a ma confidera^ tion » qu'on ne démolit la clô- ture des hautes murailles des Religieufès RecolleEtines de Gofselies. Ceftparfarecommatt" dation > que plufîeurs perfbnnes conjiderables par leur naiffànce^ &par leur dignité ont eu la bonté de m' accorder leur proteSl ion pour V exécution de mondeffèin. * Ilefi yray pourtant , que *** . Thon- \^ À.\\ AVIS AU f honneur , quUls m'ont fait » n'a pas empêché que plujteurs perfinnes différentes y que la tharité m'empêche de nommer^ ri é^ent répandu plufieur s calom-^ nies contre moy. Et cela fans cloute m* a caufé du trouble dans mon trm>ml Cependant fefpe» re , que 'I>ieu leur donnera d^aU' très pensées de moy , & que rentrans en eux mêmes , ils re- tonnoitront Vrnjuflice de leur ptocede a mon égard: qu'ainjî Us m'empêcheront d'en porter mes plaintes aux Tui (fanées^ qui m'ont employé a travatller four le public , en luy faijantparf de ce que fay découvert dans mes voyages. c/f« refie fen donne icy le premier Tome , qui fera bientàt fuivi du Second y oufauray heu de ^. w l \ L E C T E U R: de faire connoitre a toute la terre ks inJUltes , qui m'ont été faites par des gens , qui ne c her choient qu* a me perdre, yV- Jperey cher LeSleury que vous ferez content de mon travail % & Jur tout de toutes les cho" fes curieufes , que vous y trou^ verezi. Que files Tuiffknces travail-- lent a établir de bonnes Colonies dans les vafies Tavs , dont je donne ici la découverte » ^A les auront davantage d'avoir fondé un commerce avantageux pour leurs fujets , & en même temps elles auront la gloire Savoir travaillé au falut de ces pauvres Peuples , qui pe^ riront éternellement » s'ils ne font amenez a la connoifjance du vr0 ^ieu , mais que par le **# 2 '^ fe- ti \A A V I S A U fecours qu^on leur donnera a cet égara» pourront venir a la connoiffance de la vérité & du Saiut en nôtre Seigneur Jefus Chrtfi. ' Le Libraire a enrichi ce To^ fne de toutes les Cartes , & de toutes les Tailles douces necèjjai-* res pour donner une Idée nette de certaines chofes i qui Je com- prennent mieux ) quand on en a quelque fepref entât ion devant les yeux. Vous y verrez Jur tout une defiription du grand Saut de Niagara qui eft la plus belle & tout enfemble la plus effroyable Cafcade ^ qui Joit dans tout VUnivers. Je vous f rot eft e ici devant ^ieUy que ma Relation eft fidèle à" fincercj & que votts pouvez a- jouter foy^ a tout ce qui y eft LECTEUR. rapporté. Je i^ouarois avoir pu la rendre plus agréable ^ qu'elle n'ejl. J'ay fait pourtant tout ce qui m'a été pojjible pour ta rendre aifée^ intelligible^ & déchargée de tout embarras • ^- fin qUe chacun la pût lire a- yec quelque fatisfaSiion. A^ dieu. ^ Km % ". ^ V;^^i TA- . > :':^_ ■ ■ "-. , '".- ' '■"■'.■■'" ' i i 1 TA B L E DE S CHAPITRES t CHAPITRE I. % ■*l MOtiffj qui ont tngagi tAmliêii^ de cette découfverte i entreprendre le voyage^ dont il donne ici U Relation foi. 8 CHAPITRE n. Mojfensfor lefyuels- rAutheur de ce pénible fftfjfoge s éiccoiêu^oit djoufflrir les travaux de la^ Miffm. foL id C A A PI T RE III. Defiription des Canots , dont on Je fert pour vejager dans l'Amérique pen- ^ démt l'Eté. foL ip c H A- TABLE DES CHÀP; C H A P I T R E IV. Cidres motifs if fd excitèrent plus forte* ment rAïaheur de cette Découverte k r entreprendre, fil- ^3 CHAP IT R E V. Defèrivtion du Fort de Catarockouy, «oinmé depuis le Fort de Frontenac /.3 a CHAPITRE Vr. Description des Ldcs deau douce ^ les plus grands O* les plus heaux de tout iVniveirs* foL 40 CHAPITRE Vif. DefiriptionduSauty ouCheute d'eati de Niagara y qmfe voit entre le Lac On-^ tario O* le Lac hrié. foL 44 CHAPITRE VIII. N Difiription du Lac Erié. f(d, 4^ CHA- TABLE DES CHAP. CHAPITRE IX. Dcfiriptioft du Im Hwm. fol. 5 1 CHAPITRE X. Defir^ftion du Lac nommé par les SMvagts Illimuick O" Vttr nous Illinois f^^' 53 CHAPITRE XI. Camt Deferiftion du Luc Sufirieur. fil' 54 CHAPITRE Xn. Qj^l efl U Gcnie régnant du Cdftada. fil^3^ CHAPITRE XIIL Defcription du premier embarquement en Cmiot a Québec y Capitale du Camda four nous rendre au Sud Oueft de la Nou- ille France au Canada. foL 60 CHA- Dej qmfefï gantin tenac» An defaîr toùans, C Dej tonnea duDt TABLE DES CHAP. CHAPITRE XIV, ' Defcriftion de Second embarquement y, qui fe fit au Fort de Frontenac dans un Bri^ gantinfur le Lm Ontario^ ou de Fron-- tenac. fçL jz CHAPITRE XV^ Ambaffdde^ que nous fimes obligez, défaire pas terre aux Jroquois Tfonnon- totians, foL 78 C H A PI T R E XVf. Defiription dtun V^aijfeau de Soixante^ tonneaux y que 'nous fîmes conjlruire prés du Ditrok du Lac Erié pendant l'hyver & le printemps de Van 167^. f- 9^ » CHAPITRE XVU. .sA Retour de VAutheùr au Fort deFrojf^ tcnac. foL loj •#^^ î CHAP- TABLE DES CHAP. C H A P I T RE XViÎl Second embar(jucffum4H Fort de Fron- icnac. fol. iio CHAPITRE XIX. Dejcriftion dutroifiéme embarquement pour notre Découverte ir embouchure du JjOfi Erié ou Brigé, foL 1.1 j CHAPITRE XX. Defcriftion de ce qui fi fajfa fendant la traverfij que nous fîmes du Détroit y qui efi entre le Lac Eriéj . Pimakinal^ pour erorer datts lé Lac de g Illinois. faL 14a CHAPITRE teaii. Embarquemem en Canot four continuer nètre Découvette depuis les Pomouatamis jufquesaux Miamisy de la ba^e des Puons fur le Lac des Illinois^ CH APITPE Defcription du Calumet. CHAPITRE Continuation de notre Découverte en Camt d'écorce à peu présjufqtlau boutdH Lac des Illinois. fol. 154 CHAPITRE XXVr.. Accommodement fait entre. lesSau^^ gesOuttouagamis&nous, faL i6x ^ CHAPITRE XXXVIL.*' ConfiruBion d'un Fort , Cr* cCune^ Maifon pris de la Rivière des Miamis^ fil" 17^ C H A P I T R E XXVIIL I^mbarquement an Fort des Miamls^ ■^ ^ ^ 6- pour Table djeschap. four nous rendre 4 U Rivière des Illimh. 176 CHAPITRE XXIX. Defiription de notre embarquement k la fource de la Rivière des Illinois, /. x 8 r CHAPITRE XXX. Defiription de la Chaffe^ i}ue lespeu* pies de ces pof s Va font des Taureaux y Faim , que VAiitheut fii^e parmi lès Barbares, Ils admiraient fa Bouffble^CT^ une marmite de fer , quil avoit. Il compofi un petit DiElionairej O* les infiruit fur la Religion ^ fur la Polyga^ mie^ €^' fur le Célibat. ^-^ fol, 355 -.v« V CHA- m ■* i TABLE DES CHAP. m ,,• CHAPITRE 56. :' îx plus confiderahle Chef des IJfdti ^ O* des Nadouefans fait de grandes reproches à ceux , qui nous avaient pris, fjiutheur biftifi la fille de Aùimenifi. » ; fol, 3^5 -" C H A P IT RE 57. Amhn^ade Envoyée aux Iffati par des Sauvages qui habitent k rOiiefi de ces peuples y ce qui fait voir quil ny a point de Détroit d*jin{en y. CT , Les Iffki s'afemblent pour la Chaffh des* Taureaux Sauvages, Refus que^ les deux Camteurs fontdeprêndre i* lAùtheur dans leur Cmtotpour defcendre la Rivière de St. François. fol. 375 CHAPITRE 59. "Les Sauvages fbnt halte au diffus du Saut de St. Antoine de Pade. Ili fi trou- vent en necejftté des vivres. l'Autheur va avec A TABLE DES CHAP. éinfec le Picard k la Rivière d'Omfçonjin. Avantures de leur voyage, fol. 380 CHAPITRE 60. Chajfe des Tortues , Le Canot enlevé k tAuthurforun vent impétueux , ce qui le jette dans une grande necejj}té avec fin Con^agnm devojage. - ^ fol. j88 CHAPITRE 61 ^ . Ntm cherdHomlaBmcre d'OuiscûnJtH 'A^uipaguetinnoustrouucy & nous divan ce dans cette recherche. Nous ne/ubjtjtions que far un pur Miracle de ta Providence dcDieuJ^^^ ■4^ 3J>4 .,. CH.AP.IX.R.E' 6x^^. Grande necejfite ou TAutheur [étroit ve avec fin Compagnon de voyage^ qui les- oblige de redoubler leurs priè- res. Us retrouvent enfin les Sauvages au retoHT de la chaffe fol. 3^7 t\^*-~ vv^i n ,^ CHA- \ AP. ùijçonjin. fol. 380 enlevé à ce qui le avec fin fol. }88 TABLE DES CHAP, Cl m rus dèvm fubjtflions rovldencc fol. jj>4 6i. ^^^7) trfetrok* vojage^ tirs prie- Sauvages CHA- <**.- CHAPITRE 6}. Les Femmes Sauvages cachent adrot^ temem leur frovifion de viande. On defiend encore une féconde fois le Fleuve. Addreffe des Sauvages. Bra^ vmre d*unpartiadier Sauvage. /.402 CHA PITRE (J4. Arrivée du Sieur du Ijush dans ni* tre Camp. Il nous prie de retourner avec fes gens O* luj aux JJfati O- Nadoueffans. Je jette ma couverte fur un murtce ^uiplit aux Sauvages, f. 407 CHAPITRE 6y tAutheur prend congé des Sauvages pour retourner en Canada. Un Sauvage efi mafacré par le Chef), par ce qu il confetl- loit de nous tuer* Contefiation entre le Sieur du LuthC^ moy fur le Sacrifice d'un de ces Barbares. fol. 413 C H A P I T R E 55. Le Sieur du Luth efl épouvante d'une Armée de Samfages 1 qui nous furprit^ avant / TABLE DES CHAP. 4Kvant que nous fujfions dans la Rivière 4COu$fconfin. * faL 420 ,0. CHAPITRE 6-j. ■'t*,* Voyage de VAtaher avec fis C9mpag* mns depuis Ventbonchure de la Rivière À.Omfionfin jupjues aU grmde Ba^edes Puons. foL 42 j / CHAPITRE 6Z. ' '' fAutheur avec fis compagnons fijour- ne tjueltfue temps parmi la Nation des Puons. Origine de ce nom. On célèbre lo Meffe en ce lieuy O^ onpafe l hjver k MfjfUimakinac. fol. /[16 CHAPITRE 69. Départ de t Autheur de Mifilimaki" nak. il pajfi deux grands Lacs. Prifi d'un grand Oirs^ Particularité de la Chair de cet uninûd fol. 438 CHAPITRE 70. Rencontre y que rAutheur fait fur le Lac ErH d*m Coptamc Outtaoiiaêiy nom- BajfedfS I. s fejowr-- tion des 'elebre U Ihjvtr k Uimaki" Prife de la oL 438 0. it fur le êiy nom- me TABLE DES CHA^. wiTdon pétr timendam de ce mm ^ U-* quel nous raconta flujteurs aventures de Ja Famille O* de fa Nation. On examine encore le ff-and Saut de Niagara, fol.^x CHAPITRE 71. . VAutheur fart du Fort qui efl k /'«w- bouchure de la Rivière de Niagara^ & oblige les Iroquois en plein Confiil de rendre les Efclavesj qtiils avaient faits fur lesOmaoùoEls. fol. 47$ CHAPITRE 72. V Autheur quitte les IroquoisTfonnon' touansj & arrive au Fort de Frome'" nac. fol. 46'} CHAPITRE. 7J. V Autheur part du Fort de Frontenac^ Cr pajfe r affreux Rapide^ quon appelle le long Saut. Il efl agréablement receu k Mont-réal par Monfieur le Comte de Frontenac. fol. 467 CHAPITRE 74. Grande déroute des Illinois qui furent atta- ^ i% f!y / TABLE DES CHAP. MOféex ^ M \teue* Cûmntune^ de Trunci ^û ffi iûO IJifi l$Û IJ^ Jlifû Jf^ - i i 1 V f •m^i «■»■ tu uaMéJÊmmÊmtéhm KHi iM Terre '^/'V ^ H s r*U ¥ ZûtdTot u ^B Ir *'♦ / f / ^^ 4 * B#' / /î ébr^y / \ Iniar^ / A ^^■^ n 4- /» / ■ :J»i^ l N. r^Sur *>i*fm4£Ot ^TE^E ^4 RAD O ^ja^i ^ »R o il. t), ?i-0 IJ,V iBtl. tr ■?— Wn »l»w.i' — Û' l&dout^ 'an/ i :^ U- rf? X'2 lie B b\% T A C TC ..--' .»•- Jï. /*r. )tlC< X^VjtJ [»#tr'«# X.»*^' 'J B U Ti •ttàùf- c^Cl ZaeJe'. l ^&5L moJ .^ '«'<' J5i.. JtaiaSari-é 'Cf^ ^ ,.^ IC^KAi 5*« >** têpta. ek .4- C> ♦ ^rclc de Pôle Arctique m*^ »o s X ^•^ i»âj ;^l^. <^:> Carte, Pays entrée /< *^ lu GXJI-I.IAU31Ï. m* ^lO^" ^f xu: G^u%Y'Jf^Jte:r'iri4.cU¥'£ Z ozriSj>m If M ydrZJNJf %^yKj^0n: %7lecûl: etiYût: •Apo/t: trtruidej iHiijrAifiorA' ercle de 'tropique dit. Can eer itU ■*'v 'V. M CjLLtai lSl4 % Si Ji4L Jfomutù lyft CARIBE5. *Jtae^a V .f^' ^^tfr »••••••••••••*•••••••••* >••* * -4> [rtifli^iié~ hvqNce mew V. 7*arta. »>^ 'Taèado lATrlni ? i c*«» a c d. e Pa.ri jni ae dÀL Can eer ii^( CaRIB£5. T« OR T r. 'ïaiaqi FATrimcUul Ziciiff Cominiim.* Je jfruiife* Jg go fjl ttfO IJf tfit* IJfi ÂJO »ét^ luttes {"ittniitiiiu'j ,li{llcinttifne tg jo 4 g ôo fg ao M fi tio y liettcj il l'tiejTetire Je Chcnuft la yj oa Sa toaiJû t^tf lOtf -^ ivV- %v'«-'**^''';'i<'«*' ^«t* 1:? i \ ac jTe ^,1lA/^^« L .^^e \ ^ f' } ] L // ;^BA^ LÊmmrrr-m^Êr*—mÊÊm ^ tr^^MMlP*— ■■« — ^ J »^ 3 3^ j 3S IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 M IM 125 ut 122 ■ 2.2 ■u .». Mil ui lia us lu u li£ |20 m |||||l.25 II U. 11.6 VVVII^^^^^^^^^^ Il ^^^^m^m^m IIIII^^^SS^S ^ 6" ► % ^%. '/ M Photographie Sciences Corporation 23 WiST MAIN STMET WnSTER.N.Y. Mseo (716) «73-4303 ^^' ^ Ii' .■&i*.,%)*.^ n i * ». .1 %%. »♦♦■•■- H w I ■ r>:.i* * c->»». * 1'. ¥* .>.ï » i / , ;- V....J / , < ? •iAÉ NOUVELLE :: DÉCOUVERTE OUN PAV$ ^ Plus grand que L E U R O P Situé dans ;i L*A M E R I CLU E Entre le Nouveau Mexique ^ la Mer '. glaciale ,f .1 AVANT PROPOS. 'M^^ Es Hommes ne (elaflèi|t ^1^ jamais de contempkif.'Ies m obiets^^qu^éiittlëUt % les ycux^ pa^ cd ^ii'îKiy découvrent toujours ^- le beautés raviflàntcs , capables àc lès {àtisfaire & de les inftruire. Ik fôiït mime fottvent iùrpris & comtnef eh- A chan- B 1 NoUVELL. DE'COUV. chantez des merveilles , qu'ils y ren- contrent, &c'eftparlà, qu'ils font fortement engagez à les confldercr avec toute rexàétitude poflible dans le deflêin de contenter leur çuriofité na- turelle, & de nourrir leur efprir. Il en ell à peu jprcs de même des voiageurs. ^ Ils ne font jamais las de faire desDccouvcr^ç^^ Ils cherchent toujours des Pays inconnus , & des Na- tioris étrangères, dont les Hiftoires ne Î>arlent point, par ce qu'ils fe propo- ent d'enrichir le public de plufieurs beautez nouvelles , dont on n'avoit point eu d'idées jufques là. Il eH: vrai, 3UC leurs entfcprifcs les expofent à è grandes peines , & à des périls pref- gue infinis. Mais ils s'en confolcnt & topent tout avf^c plaifir fans s'en re- .({ù^er, p^f ce qu'ils efperent de con- t3J|)uetpaK'Jà au bien public, ^ me- niça.la gloire de Dieu en contentant Jcurs propres defirs. £t c'eft par là , qu'ils font invinciblement portez àfai- i;p {cc^ |Decouveçt(3s, & à chercher de .lîçuy^llcsjcrresf ,^ & 4e> Peuples in ?.u. -iUi h. con- n T^ Dans l^ÀmerîQj^ Sept. 3 connus, dont on p'avoit jamais ouï Ceux, qu^n ont pour b^t , jdans leurs volages 9 que d'étendre Içl^oïau- me de Jeius Chrift , ne fe propofênt en cela que de travailler pour la gloire de Dieu. Dans cette veiie ils ,expo.* fent cbùrage^feménti leur vîe ^ gu^ils coi^tcnt pour rien. Ik efSiyent les plus grandes fatigues , & s^engagent dans des chemins impraticables & dans mille précipices af&eux pour, l'exécu- tion de leurs defleins. 11^ franchiflênt néantmoins toutes ces ef&pial)Iés.difi- cultc2,afin de contribuer par ce moicn a la gloire de celui, qui les a créez, & ibus la conduite duquel ils entrepren- nent ces pénibles voïagt s. ^, . ^ *5 II eft aflèz ordinaire de voir desiîom- mcs intrépides, qui affrpiit^f hardi- ment la mort Iap)usqfE:oiabIe 4anslcs combats ^ & dans les yoiages les plus preuve de leur courte , qui les rend A 2 ca- 4 NouvELL. De'couv, capables d^entreprendrc tout. Audi les voit on (buverit révflir dans leurs de0èins, & venir à bout desentrepri- fds iciplus. dïfficÂcs. '^ Il ifaùt avbiier cepen'daiii: ', que s^'ils envifageoierit nieurcmcnt,& dé fang froid les périls, qu'ils ont i cfluyer, peut-être qu'ils aii- roient delà peine a s*y refondre , & ne fortàef oient pas leurs dcffeins avec tant ^dc bàtdïefle ; & dlii trcpîditc. ^is ils ne cônfrderent ordinairement les dangers qu'en gros, & d'une veiîe lé- gère. Et quand une fois ils ont mis u main à Tocuvre , Toccafiôn les en- i" jage infcnublcment, & les même plus oih , qu'ils n'avoient cru d'abord^ ^- Ce qui fait , que bien fouvcnt les grandes Découvertes, qui ie font dans les voïag^ , font pluÂoft l'ouvrage du hazâtd que d'^un oeiTein bièri formé. ,11 itteft arrivé quelque chôfe de fcimUable dans le voiage^ doiit je veux donner ici là Relation au Public J'ai aimé toute ma vie à voiager , 8c ma cv^tofitê* naturelle tt^à pbrté à vifiter fucctflSvemént plù(îeuff . paities de ■ '-' --^ v;-^:^'-'- ''-. ^.- l'Eu- :■% »T. Dans L'idiEniq! ^éi?' TEurope. Maii ri*ctdnt jp^s fa^iâFait à cet égard, f ai porté mc^ vciics plus loin , & j'ai {ouhaiic de voir îcs Pays les plus êlognez, Ik les Nations les plus inconnues. C'cft , ce qui m'a fait découvrir ce gtàtid 8c vafté PaysJ où alidi;! jEùropéen^n'avoit; été avant' J'avôue, que je ri'avoîs pas oreveo les embarras , que j^ai trouvez dans ce grand & pénjbîe vôîagc,, ni les dan- ger^; aufquéK /lÛ été dçpoféenlefai- wnt. Peut être' que f cil cîifle été ef- frayé enr les cônfidèisînt i & que cela m'euft rebutté d'un deflçin fi labori- . eux, &ç environné d'un fi grand nom- bre d'afltèùfcs c^^fficultiçt. Cependant f ai franco eniîn''tout;escérdh8Rctâiek,6lt je fuis^iîrtffVëhtt à botitrd'ttnè^ fentré-" prife capable d^pouvatiter tout autife* 3ue moi. En quoi j'ai fatisfait mes^ efirs tant à Tégard de l^envie , quc^ j'ai de voir des Pays nouveaux, &de!^^ Nationi^ inc6nhScs , qu'a Prgarâ do'i ddiein que j'ai de m'émployer au fe- M lut des Ames, & àléglou^deDieu. - t A3 Ccft \< \ à N9UVELL. pE'cOUV. ,' Ceft 9inii, qufrj'ai découvert un IPays admirable , dont pp n Voit point eu de çonnoiflànce julques à preiènt. J'en donne ici la defcription anezam- pie» & à mon avisLaflez bien circon- ftantiée. Je h |£ftingue par , petite di^^tre$ pou^ la conimodl^e du Le^ . OTiir! j efpcre , que le Public me faura (uel(|ue gré de mon trav^ , par ce qi;'^ en poivra tirçr.de Tavantagc. Soi) a^pprobation au irçfte me recpm- p^pférs^, abpndafen^ent ^ dq . . tomes Us pe;;îç ; içlfr^^ieraj pasi ce:qttç.4q^jgçns d^&vf c^e^f^rcmpç-peiiv^t 4i):e. ,m fi>ç|^ jamai^;^u àÛei^Çf^nif^g^ pour cotre- : '^- Daks i/Ameri(^ Sept. 7 prendre quelque aéiion éclattante, ca^ç pable de leur acquérir de la réputation dans le Monde. Ils fe font renfermez dans des bornes étroites , & n'ont rien fait , qui les diftinguc avantageufc- mcnt parmi les hommes. Ils fcroieiw: donc oien mieux d'admirer, ce qu'ils ne comprc^;ii|ent pas, de de deipeurer dans un fàgè iilence , que de blâmer, • ce qu'ils ne connoiflcnt point, i ^^h On acicuiè .ordinairement les voia- geurs de débiter ^anoité dç menfon* ges & d'impoftures. Mais les hom- mes d'un courage ferme & magnani- me fe mettent au dcfTus de ces fades railleries. Aptes tout en effet ilsau-'t rpnt toujours pour eux l'eftime 6c V¥i approbation des gen^ d'honneur, qui aiawt de grandes lumîercs & de la pé-v ncLi-atîonJont capables de jur'cr iainc-^ ment des travaux , C\ dr. nKiite de Cïiix. qui ont aiiiiî hazardr leur vie fiour-l?» gloire .^e Dieii ^ & pour lé bien f liblic. Cela i'ecompenlcra heuvi reniemcTit les' voiaj^enrs courageux y quiie (ontaind volontairement expô^' -■^nf .' A4. lez •V •t NouvELL. De'couv. r fez à toutes (brtes de fatigues & de dangers pour fe rendre vtiles au genre humain. ji^{[ ■»!*-'; *^ t«>s' viJf! f . I- CHAPITRE I. «t Motifs f qui mt engagé tAutheur - de cette Découverte à entre* prendre le v otage , dont il don* r ne ici la Relation. ^^^=^^^ ^^^' ^îj JE me fuis toujours (ènti un grand panchant à fiiïr le monde» 6c à vi- vre dans les règles d^une vertu pu-: re Se fevere. Ce fut dans cette veiie,. que j'entrai dansPOrdre de (àintFran*. çois, aBn de palTer mes jours dans une vie auftere. J'en^ris donc Thabitavec plufieurs de mes Compagnons d'étu- de ., à qui jfinfpirai le même deflèin. Je fentoiS'Une joïe extrême, quand je lifois l'hiftoire des travaux, êc des' voiages des Religieux démon ordre, r kfquels ont été les premiers » qui ont ^^ Dans l'Ameriq^ Sept, p ^ entrepris <^(:f^lHrlp|J§;. Jejncrcprç^^f, de plu^graû4:,/wi aepItf§.dQnpii|^,qi;iP f, d'inftruire d^ *pçu|jJe^;^barparf:$ Scj îgnorans , & de les amener à la ]ui!()ie« ,| re de r£vangile. Et comme [c re*^ marquois , que les Religieux de |non f| Ordre avoient travaille iyec beaufcoup)! de zèle , ^.de fHficés à ce gràçd ou* r^ vrage^ je fentois naître en mon coenr 5 le deiir de marcher fur leurs traces, 6c -^ de me coniàcrer ainfi a la gloire de. f Dieu, &aufidut,des.Ame$5 >., ! vf.r, J'obfcrvai en lifant l*hiftpir^ifen6t_is trç Pïdrç-, quc;^Jans qnCivipiç^^ç ge* neral , qui iuc a(&mblé en i'an^ i $?- 1» y? depuis que le Père Martin deV^cn-q ce Vun de nos premiers Réformatei|rtf:> fût pafle 4an?i'Ai»(E;riqMp „ Qp, <îonta, i qu'il y avQÎt cît>q[ <îens Ccmct^t^ dç^r^ R^collets étâbijfj^nsi cp nçiM^v e4^ Mon<^ q de, & diftribitt^z en vint iie^^l Pro-^^ vinces. .A..i?ieforç que j'aviinçois en>| a;^e, cett^ inçlinatipp pour tes v0iagesit d'pvitçe-^Mf^jftîhfpjrtifioitJi éii^rfi^ t cc^un tt cft ymij. quf uiiç # 1^0% Sf«i«I é^i^i'^i; A |, / . ma- » m ■% 1 6 N bu V E L t. D e'c o tJ V. ^ màriéciGand, htrùcnefime ^cc '^ udè extrême tendrbftè» meâiétoumoit ' déiÈid'dcfl(^K| autant qu'elle potivbit,'^ lorir (j[uè KëApi^ auprès d'dledâhs'cet« te grand!e ville , ou je m'eftois tran& porté ppiir y apprendte la langue Ela- ' mande. - Mais jVÀoit (bUicité d'ail* lelirs par plufieiirs de mci Amisd'Am- fterdàn^ (ràBer- aux liides Orientales , & mon panchantÀatnrelpourlesvoia^ ges, joint à leurs prières, m'ébranloit fortement y & me déterminoit pref- que à me mettre en Mer pour contenu tcr^ttiondcfih' • ^*'r4...;i^ ;iiy.wu;>^; ^^Aififi tbutes les remontrances dé Aia ^ Seur Hé purent me détourner demoh ' premiirr deflêin. Je me mis donc eu cheftiin pour voir l'Italie , & je vifi- tai'par l^érdre de mon General les plus glandes Egliïas \ 9t lès Ço>i#(fhts lesr phircofiffideraMies dé hèltt Ordre en'' cePàys-là, de en Atlems^he. En quoi ie commençât à £itisËiire ma curiofitë natur^le. Revenant enfin dtnsnos. Pà^^bas»lé R i*.®ùiltàùrticHerirtx'^ RecdHéC'i^' 4ùùn dc^uiii^peii Eveqtié " d'IpreSj ■*.j.i i f ^ «. w F* Dans l'Ameriq. ^eW. ' ti^ (Mprcs, s'oppofa ati deflcih , que jV;' VOIS de contirtucr mes voiagcs. Il"* m'arrefta donc dans ]e Conveiit de^ Halles en Hainaut, où je fis l'office' de Prédicateur pendant un an. Apres' quoi je me rendis du confèntementde mon Supérieur au Pays d'Artois , & ' de là je fus envoie à Calais pour y faire' la quefte, pendant qu'on y travailloit à failcr les narans. *^^ Eftant là ma plus forte paffion é- toit d'entendre les Relations , que les Capitaines dé, VaifTeàux faifoient de leurs longs voiages. Je retournai eti« fultte à nôtre Convent du Bide paf Dunkerken. Mais je me cachois fou- vent derrière les portes des Cabaretar, pendant que les Matelots parloient de leurs navigations. La fumée du Ta- hzd me caufoit de grands maux d'efto- ' mach en m'attachant ainfi à les écou- Cependant j'eftois fort attentif à ter. tout ce que cesgenç-là racontoientdes rencontres, qu'ils avbient cîîesfur Mer, des hazafds > qu'ils avoient courus ^lôc des divers acddens de leurs voiagès A 6 dans» tl^ .1 i%f Nouvell. De'couv. r cUps les Pays élognez. y mois paflë^ des jours & des nuits entières fans man- gçr dans cette occupation , qui n^ e- toit fi ^reable^ par ce que j'y appre- nojs toujours quelque choie de nou* vçau^tGfUchant les meurs & les maniè- res de vivre ^cs Nations étrangères» âçtpiiicbanc la beauté, la fertilité^ & les richeflêsdes Pays, pu ces gens a- voient été. ~ * • - ^- Je me fortiëois donc de plus en plus dans n>9n ancienne inclination. Dans le ldcSCfin4c la ^ contenter d'av^tage j'aijai en ^iflion dans )a plufpart des villes de Hollande , & je m'arreAai enfin a Mî^eûricht , où| je demeurai en- viron huit . mois. J'y adminilhai les. Sacremens à plus de trois mille blefiez. Exlfint là dans cette occi^pation je cou- rus plufieurs grands dangers parmi ces pauvres, malades. J 'y tus même atta- qué du Pourpre 6c de la Dyfenterie,. & je me vis a deux doigts delà mort. Mais Dieu me rendit enfin ma pre- mière fanté par lesjtbins & par lesfèr coursd'un très habile MedccinjBollan^ • dois. • L'an- •■'ii; \. Dans l^Ameriq^ Sept, i } L'^nçe d*apres jç m'engageai car > core par un e(tet de m6ii zèle à tra- vailler au (alut des Ames. Je me trou- ' vai donÇ|au Combat (ànglant de Se- . neff) oà tant de get)s périrent par le fer &|par le feu. J'y eus beaucoup ^^ d'occupation à fouË^er , 6c à coiifo^ . 1er les pauvres bleflèz. £t enfin après avoir eflîiie de grandes &tigues , & après avoir couru des dangers extrê- mes dans les Sièges de ville, à la Tranchée , & dans des Batailles, où je ; m'expofbis beaucoup pour le un lut du prochain , pendant que les gens , de guerre ne refpiroient que le carna-> ge, & le fang, je me vis en eftat de fatisfaire mes premières inclinations, r,^ . Je reçeusdonc ordre de mesSupe-, rieurs de me rendre à la Rochelleponi;' m'y embarquer en qualité de Million- » naire dsixis le Canaozi. Je fis lésion- âions de Curé pendant deux mois à deux lieues de cette ville , parce que; f en avois été prié par IcPafteur da^ lieu, quieRoitablent. MaxscnjSii je, ?^ab«î4o^ai,çntiç^q^ A 7 den- •( . A ècoiiv.^ /■^ 14 NÔUVÈLTÀ dehce, & j'entrepris ce ghuùl trajet de Merde? douze ou treize éensliieuesy* le plus srand peut être êc le plus long, qui fc taiTe dans l'Océan. ^ Je m'embarquai donc avec Meflîre rrahçois de Laval cxçé pour lors £vé- que de Petrée inpartibus infideliumy êc du depuis fait Évéque de Québec capitale du Canada. Alors mon dc- fir de voiager s'augmenta de plus en plus. Je reliai dans ce Pays pendant quatre ans, & je fus envoyé en MiP non, pendant que Monfieur l'Abbé de Fenelpn, à prefent Archevêque de Cambrai i y demeuroit. * ^' vi.^.^ ^.. Je ne rapporterai pas icilesdiverfcs avantures de nôtre navigation , ni les combats , que nous eûmes contre des . Vaiflcaux Turcs, de Tunis,& d'Alger, qui firent tout ce qu'ils purent pour nous prendre, & dont nous fortimes à nôtre avantage. Je crains de grof- fir par trop ma Relation. Je ne par- lerai point non plus de nôti-e apprO- die ^u Càp Breton , ou nous Vhncr avec ttn plai&r incrélable b ba!taille, '■-•■" . .>^ :i- qui Dans L*ÀMERTQi Sept. *ij qui s'y fait ordinairement - entre ce$ ' i>oiflbtls, ^u'on appelle Eipadoris, âé ' es Baleines , qui font leurs ennéniieé ' naturelles. Je ne dirai rien non plus de la gran- de quantité de Morhues , ,que nous primes a quarante brafies d'eau ^ur le grand banc de Terre -neuve. Noi^ vîmes en ces lieux un fortgrand nom- bre de Vaifleaux de Nations dif&ren- tes , qui s'y rendent tous les ans pour la pefche de ces poiflbns , qui y eft toujours fort abondante. Cette veiîe donna beaucoup de ptaifir à i)âtre é-| quippage, qiii eftôit d'ienviron cent hommes, aux trois quarts def^uels j'- adminlArois les Sacremens , par ce qu'ils eftoient Catholiques, fe fâifbis rOfflce divin tous les^ jjourS' de Cdlmty - & nous chantions en fuite l'Itinéraire * des Clercs en Muftque traduit en ven * François, après* que nous avions fait nos prières du fbir. C'eft ainfi ) que nouspafHons dou-^ ciment lîâtre temps da6>s le vaifli^iiV ' ematfiàidant que nous f uflSbm àkrivi^ î*^* ^^'H , en '/ 4/ fv I^ NoUVELL. Db'coUV. l en Çanacla a jQsiebqç , , jqui en eft ^ W ' • ,;î CHAPITRE II, f(we»5 j^^r Jefqms lAuih^ur de ce pcnièkvoi^e s* accoutuma ir les travaux de la E Seîgjieur Franco^ dejL^yiaf ( &- ' yê^e de Pçtrée^ânt pyspoflfef- > fion de l'Evêché de Québec par la création » qui en ayoit été faite par le Pape Çleme^X. $ç cela contre le fen^, timent. de quelles peribnpe$< !de> ^a-f ' l litéy quvfc yir<:n^/nifirez parjà dejT' leurs prétentions I ce Prélat cpnfide^f rant , que pendantle volage j'avois fait ' paroitre beaucoup de zèle dansmesPré"^ diçatioQSy jk dans nu>n aiSduité s^ fai- re k/qiriçe ^iyiii ^Œi^4'atljci^s ^aycril . «WpêÂ4* 'îpïÇfW^B^femi^^ , y '■'''" • -■ Dans t*ÀMEK\(^ Septp. i 7 les, que Pou faiibic paflèravec nous, ne priUênt trop de liberté avec de jeunes gens de notre équippage , dont feus (ouvent à efluyer la mauvaife humeur pour cela: Ces raifons & plufieursau* très m'attirèrent les éloges, & labien* veillance de cet illuftre £vêque. Il m'obligea donc de prêcher PAvent êc le Gureme au Cloitre desReligieu- fes de St. Auguftin de THopital dudit Qucbec. Cependant mon inclination natu- relle ne fe fatisfàiibit point de tout ce«- la. J'allois donc fouvent a xo & 20. lieues de nôtre habitation pour viuter le Pays. Je portois fur moi une pe- tite Chapelle , ôc je marchois avec de larges raquettes , (ans quoi je ièrois (buvent tombé dans des précipices af- freux , où je me ferois perdu. Quel- que fois afin de me (bulager je feifois tirer nffj^ petit équipage par un gros chien , ^e j'avois amené avec moi,& ceh peur me rendre pluftôt aux trois Rivières, à Sainte Anne,au Cap Tour- mente, au Bourg-royal , à la Pointe de A.V Levi, i8 NouVELL. De'couv;^ Leviy ôc dans Tifle de^ St. Laurent. Là j'aiTemblois dans une des plus gran* des cabanncs de ces Lieux tout autant de gens , que je pouvois. Enlinte je les admettois 4 laConfè(Tîon , Ôc à la Sainte Communion. Pendant la nuit je n'avois ordinairement qu^un Man- teau pour me couvrir. La gelée me perçoit ibuventjufques aut os. J'cdois obligé d'allumer du feu cihq ou fix fois pendant la nuit de peur de mourir de froid , 6c je n'îavois que très modi- quement , ce qu'il me falloit pour vi- vre , & pour m'empecher de pcrir de faim pendant le voiage. Durant l'été je (m obligé de cano- ^ter pour comimer maMiliîon C'eft à dire, que je fusreduitàvoiager fiur' Jcs Lacs , Se iur les Rivières dans ces petits batimens décorce, que je dé- crirai tout a Incjire. Ce imncr>e fe failoit aifcmca^ dans des endroits , ou *il n'y avok que deux on trois pfeds^ d^cau . Mais: ; quan i 7c rtie tiou voi^ ■d^iîs des lieux pliK. profonds < alor le Canot, qui elt rond par deflbus, étoit ri -^ en D. en danj fans do n'eufTc Aui ccr de a point Pays-lî Içrpar nies, per , & d'arbre &poui falloit !< pour C( dont je ■ TJ'; T)efc7] :? nu .> Cl Dans l'Ameriq. Seft, 19 en danger de tourner» & je me ferois, jfàns doute perdu dans les cfaux , fi je n'cufle pris garde à moi de fort prés. Aurefte j'eftoisalorsobligé de voia<- ccr de cette manière , parcequ'il n'y a point de chemins pratiquables dans ce; Pays-là. Il eftoif donc impoflfibje d'al- ler par terre dans ces nouvdlef Colort nies. Il faut bien du temps fo^ cou^ pcr, de pour brûler ce grana nombre d'arbres, qui croiflènt de tpuscpltçzj, & pour y faire de grands chemipsj.!jjij ^ fallpit 4qo^ y ?^^ P^'iJ F;*^» ^M« fe^îr pour cela de ces petits batteaux fpnds, . dont je viens de parler. . t,^ ^;.,^^ • / Mit ... > * Jk .)rv. '• ,. ^nï tion des Canot s\ dont on nt j)0ur voiager dans l'A" : meriqtic pendanùl^Eté. Jiy\oA uh\ (">:E^ Ciuio^ font rond^^ par deG-?^ a ious > ipomaïc ic yicakdekdire, .. . . • & ^ Nt^ 5V » 'Il _ < • - -^ 20 Nbu VEiL.' De'coxjv. "" & pointus bar les deux bouts. Ils font zffct femblables aux Gondoles de Ve- nife. On ne fauroît voiager dans T- Amérique fans Canots, On y trou- ve par tout de grandes & vaQes foreds. Les vents impétueux en arrachent fou^ vent lés arbres. Le' tàhps eh renver^ fe un grand nombre ^ qui tombansde vieilleft s'entaflènt les uns fur les au* très. Tout cela cmbarraffe les terres, & rend les chemins abiblument impra- ticablç^.'' - ■• ^^>^-^^'r>^^-'^ \ 'V' i ?f "i »* Les Sauvages cohlthiifent fort inge^ nieufeihent ces ^Canots. listes tout avec de Técorce de Bouleau. Ils en- lèvent adroitement cette ccorcededef- fiis cette efpece d'arbres , qtii font d'- une grpfleur plus confiderable , ^ue ceux que nous avons en Europe. Ces Barbares y travaillent ordinairement à la fin de Thyver dans de grandes fo- reftshumides du Nord. qui terres Pour foûtenir Fccorce de ces Ca- nots ilspofèht au dedans des varan- gues, ou pièces de bois blanc, oude s^ ^ ■.-- .w. .. Ce- r h "•i_ ^M-' H Dans l'Ameriq^ Sept, zi Cedre^jde la largeur de quatre doigts ou environ. Ils accommodent cela avec des Maitres ou binons applanis , qui fpht le circuit du Canot. Enfuite avec des baftons de travers gros d'un pouce » ou d'un pouce & demy , qui font fprt polis, ils les attachent enfem- ble des deux codez à Tëcorce par le ipoien de certaines racines d'arbres, qu'ils fendent çn deux , à peu près comme des Ozîers, dont on fait des paniers en Europe. * .-^» ^ • Ces Canots n'ont point de Gou- vernail comme les groflès Chaloupes. On les conduit à force de bras avec des avirons 'ou rames légères. On les tourne d'une fort grande vitcflè pour les faire aller , où on veut. Quand on y efl: habitué > on fait avancer ces Ca- nots d'une manière admirable, lors- qu'il fait calme. * Mais quand on a le Wnt &vorable , ces petits baftimens fbn<. unediligence fux^renanté.Les fàu- vages fe (èrvent en ce cas-là de petites voiles Élites de là' même écorce » mais plus mince que celle des Canots. Pour ** « -* s 21 NOUVELL. De'cOUV. les Européens» ftilez de longue main à CCS maneuvt'és, ils fe feirVent d'envi- ron quatre aunes de toile, qu'Us ék- . vent mr un petit Màft, 4ont on eti- ' fonce le pied dan^ le trou d'un bois ql^rr^ fort léger 9 arrefté entre les va- \ râAgues, &,récorcc de ces Canot^par le bas. ' ' ■' ' • ; ^ , y^' Avec ces petits baftimenl', ^ qiiand on y eft façonné , on peuè faire par fois en un jour trente ou trente cinq lieues en defcendant les Rivières, 3c quelque fois d'avantage fur les Lacs, quand le vent eft favorable. Il y a de ces Canots plus grands lés unique les autres. Ils portent ordinairement mil- le livres pelant , quelques uns douze t cens, ôclesplusgrandsjufqucs à quin- ze cent livres. Les plus petits portent ju((^ucs à trois ou quatre Cèns^ pefant avec deux hommes ou ferafiiei , Jqui les pouflènt. Les plus grandit Canots (ont conduits par trois ou quatre hom« mes, & quelque fois il y a fèpt ou huit Canoteurs pour faire plu^ de diligence, lorsque les volages ibntpreflezV ' '* CHA* rw4 s Dans l'Ameriq^, Sept. 2} j , CHAPITRE IV. ! Autres motifs, qui excitèrent ' plus fortement lAutheur de cette Découverte à hntrepreur dre. '^ 'Avois urt fort granJ defir (UivaUt en cdarexcmpic de plufieurs Re- ligieux de mon Ordrc,d'ctendre les bornes du Chriftianifme , & de con- vertir à la foi de l'Evangile les peuples barbares de V Amérique. Je confidc- rois donc Tcmploi de Miflîonnaire, comme un emploi glorieux pour moi. Ainfi des qiie je vis jour à m'engager dans la Million , je Tcntrepris , quoi que cela duft m'clogner de plus de clou- ze cens lieues du Canada. Je difpofài plufieurs perfbnnes à faire le voiage avec moi. i^-- Dans la fuite je n'ai rien négligé pour Texecutign de mon deffèin. Je fus envoie conime pour m'éprouver à une Miflion de plus de fix vingt lieiîes au ! \ * 24 NouvsLL. De'couv. »au delà ^e Québec. Je remontai le /leuve de SaintLaurens , 6c j'arrivai enfin fur le bord d'un Lac , que les Iroquois appellent Ontario , & que nous décrirons cy-apres. £ftant-là j'attirai à mpi plufieurs Sauvages Iro- 3uois pour cultiver des terres. & pour é fricner des bois afin de baftir nôtre -Demeure. J'y fis dreflèr une Croix d'une hauteur , & d'une gro0èur ex« traordinaire. Je fis coimruire une Chapelle près du Lac, & je m'établis là avec un Religieux de mon Ordre, . nommé le Père Luc Buiflèt» que j'a- vois attiré avec moy, & qui eu mort du depuis dans notre Convent de St. François fur Sambre. J'aurai encore à parler de lui dans la fuite , par ce que nous avons vécu longtemps en- femole en Canada, 3c que nous avons travaillé en commun à nôtre établifle- ment à Catarockouy. C'eft-là le lieu, où nousavonsfou- vent penfé a cette Nouvelle Décou* verte, de laquelle je fais ici la defi:ri- ption,^ J'euois excité à cela par la ùn ' . . , Le- 1 Dans l'Amirtq^ Sept, i f Lcâure de plufieun voïages. Je me fbrtifiois dans ce dcflèin par les lumie-' resj que nous titrions deplufîcurs Sau- vages. Je voiois en efiet , parce que tne diibicnt pluHeurs particuliers de di« verfes Nations» que Ton pouroit faire des établiflêmens confiderables ducofté du Sud-Oiîeft au delà des grands Lacs» & que même par le moîen d'une gran« de Rivière , nommée Hoio » qui paflè chez les Iroquois , on pourroit péné- trer jufques à la Mer vers le Cap Flo- •nde. 1 Je fis plufieurs voïages difkrens g tantoft avec les habitans du Canada^' que nous avions attirez pour demeurer à nôtre Fort de Catarockoîiy, tantoft avec des Sauvages , avec qui j^avois fait habitude. Comme je prévoiolsy' qu'on rendroit nos Découvertes (iiipe- oes aux Iroquois , je voulus voir les Sauvages de leur cinq Cantons. le me rendis donc parmi eux avec un ac nos Soldats JuditFortyfaiiànt environ {bixan-* tx & dix iiciies de cheminj& ayant toui deux de larges raquettes aux pieds» à m B caufe r-ii i %é NauVE-Li- Dk*calIV%.■ cm^edcs tm^t cjpiSmt aboadanici eAt iK ^a^4à fondant rKyv«;r. • j;Jaaio» k âpre» avoir marché pcndâiit dix ou douze lietks tous lc9 jou£^. Noi» ation» des fou^ licrs à la mode des fauvages , lefqtiék çâpisnÉtbieoioft^peneftfeai d^ ceccenei- gf ^ ipii kn feitdmt en tooebant nos pied»> çisheuâèzdii mouvement ^ que liott» fiiiGoii& esr marchant. Nous nous ibrvioiBS dTccoroQt de bois bhnc pour ];^0ud.ce^€^e4»'9 U nous aUlHatidns un ciancb&itv qi»e: Doust étiond obHgez 4'cnjByfienir wet un esiireme foin à ca#r« du;.grat9d frokt.. Mous pa£&Mis ai»fi ;tè>i*i«»ks'nttii!s enatuem^t le te* tQu»âiASote»l) pokir conttiwev ûcfit rehe^ inin. Âii r^lie n^m nVion». point 4X^lt);A vpurciuHfe ^ dv Ué d-tnde îà(::v;> *. d requit t I. _^ » ma»-* es, & , qu'on is enle- le neige res avoir ;e lieues (ks fou* lefcjii^U cette nei- lant nos put, que eus nous anc pour ft^s un i obHgez SIC {bin à i paâion$ kint le f et MEArrche^ io«r poific Je dnonsfe requit Dans l'Àmertq^ Sem. 17 réduit CD farine , (fie nousdétf empidnsf «ree de Keaw pour IValcf pftiy Wcifc- tocttt. .,, ;. ^ Nbus pâOâmes ^ft chet !(À It^ quoi^tfcnn^hiôtttSi, Sôchctks Hôtl« itoîïtâgea?, qûtnoûsncïçetttiertttrrtbfafif. Cctm nâtidA dft la* ^ùsr be(Kullie de bled d'Inde. Nous marchi- ons par des chemins inondez » ôc ablb- lument impraticables aux Européens. Nous edions fouvent obligez de paflèr fiir des arbres de larges marais , ôc de grands ruiflèaux. Enfin nous arrivâ- mes aux Ganniekez, ou Agniez. C'eft Tun des cinq Cantons des Iroquois,(i- tué à une bonne journée du voifinage de la Nouvelle Hollande , nommée à prefènt la Nouvelle Jork. Etant là nous filmes obligez d'affaifbnner nôtre blé d'Inde, que nous pilions ordinai- rement entre cfcux pierres, avec de pe- tites grenovilles , que les (àuvages ra- maflfent.dans les prez, lors que les nei- ges font fondues vers les Feues de Paf < qucs. Nous demeurâmes quelque temps |>armi cette dernière Nation , & nous ogeâmes chez un Perc Jefuite , Lion- Qois de naiflance, pour y tranfcrire un petit Didionnairc Iroquois* Le temps s'eftant Wtî Va a ^v« «««ttM««<> ropeens. le paflfer . Ôcàe ^uois,(i- roifiûage >inmée à Etant là ler nôtre ; ordinal- ce dcpe- ;c$ .. ra- !s nci- sde Paf^ ne temps &nous te,Lion- fcrire un Le temps s'cûant Dans l'Ameriq^ Sept. 19 s'eftant mis au beau , nous y vimes un jour trois Hoilandois achevai, quive- noicnt en AmbafTade vers les Iroquois pour la traite des Caftors. Ilss'eftoient rendus là par ordre du Major Andris. C'eft celui; qui a foûmis Bafton , dt là nouvelle Jorck au Roy d'Angleter« re, & quieft prefentement Gouver* heur de la Virginie. -^^ ,^. .-..j Ces Medieurs décendircnt âc leurs Chevaux pour nous y faire monter, & nous emmener avec eux à la nouvelle Orange a£n de m'y régaler. Lors T]u'ils m^entendirent parler Flamand, ils me tcmognérent beaucoup d'amitié* Ils me dirent, au'ils avoient leu plu- fieurs Hiftoires des Découvertes , que nos Religieux de St. François avoient faites dans l'Amérique Méridionale, mais qu'ils n'en avoient jamais veu a- vec l'habit de nôtre Ordre. Ils nie te- • mognerent enfuite, qu'ils auroient été fort aiiès de me voir demeurer parmi eux pour la confolation Spirituelle de plufieurs 'Catholiques de nos ^ays-ba^, qui eftoicùit dans leurs habitations. *Jç 51 B } , Tau* )0 NOUVELL.. De'couV. X^yitqi$ fak très volontiers , puis qu'ils iii^cn pri^HeiM;. Mm je craignais de 4ç^K^e eti hn- px Iroqoork , Beau Lac. Ce Fort iiit gaeonné d'abord , & cncouré'ctegros pieiix , de grandes paliflàdes, & deqiia- tre Basions ^r les oidres du Cotacc itans de cette. Province de France: Le Fort de Frontenac eft donc fitué au Nord de ce Lac,prcs de la décharge. Il e(l placé dons une prefqu'lile , dont on a fait folToier Tlfthme. Les autres, cotez, font entourez en partie du bord' dudit Lac Ontario ou Frontenac , 8c en partie d'un tres^beau port naturel ».. où toutes fortes de bâtimens peuvent, mouiller ai feureté. . ^ La fituation de ce Fort eft fi avanta* geuièy qu'il éfl: aile par (on moiende couper la fbrtie , & Iç retour des Iro-> quois, de de leur porter même laguer. re chez eux. en vingt quatre heures,, lors qu'ils font en courfe. Cela fe peut. &ireaifémentpar lemoien des barques. ! i r<, ^> 1 i ■ i yy en laiflày içcois toutes pontées à mon dernier dépare. On peut fe rendre avec ce; faaraiiçs en très peu de tepips à h cite mcridiontlc de ce Lac pour y ra- vier en cas debefoinlesTsonnontoiî- ans , qui font les plus nombreux de tous cçs Cantons Iroquois. Ils y cul- tivent beaucoup de terres pour y fcmeir dublé d'Inde , qu^ils y recuiilcnt or- dinairement pour deux ans. Enfuite ils Fcnfçrmcnt dans des caveaux , qu'ils crcufcnt çn terre , fie qu'ils couvrent de tdîe manière , qiiç la pluye n'y peut poîn^ffûre de îhal. ;La terre, qui borde ee Port, cftçt- tr^mcment fertile. , On en a &it culti- ver phis de cené Arpçns pendant deux: ans & demi, que j Y *y ^^ cnMiflîon. Le blé d'Inde , 1^ blé d^Europe , les légumes, les hctbes, potagères , lesct- trofŒHcs & les rafçlons d^tt / pnt tres« bien rcHflî. Il cft vrai, q^c dans l'a- bord cejsbkz y cftole^it fi>k ^er par fcs fautcrelfes. C*eft ce qui arrive' or- dinairement dansées nouveaux défiiçhe- «lenfi des terres du Canada, i caufè de Dans l'Ameriq^ Sept, jj ta grande humidité du Pays» Les ptc<« miers habicans, que nous y attirâmes ^ y ont fait nourrir des volailles. ^ On y a auili tranfporté des belles à cornes , qui y ont multiplié. Il y ea avoit déjà environ ibixante de mon temps. Les arbres y font très -beaux 5 propres à y bailir des maifons âc des barques. L'hyver y eft prés de trois mois plus court qu'en Canada. 11 y a lieu de croire , qu'il s'y formera une Colonie conlidcrablc. J 'y laiflày avant mon grand voiage quinze ou feize fa* milles avec le Perc Luc BuiiTet KecoK lc<5i:, avec lequel j'adminiftrois les Sa- cixrmcns dans une Chapelle de ce Fort. ^ Pendant que le bord de ce Lac eftoit fêlé, je me rendis iùr les glaces avec des grapins attachez âmes ibuliersàunvil- bge des Iroquois, nommé GanneouA fe vers Kcute à neuf lieîTes du Fort a^ Yec le Sieur de la Salie , dont j'ai parlé. * Les Sauvages du lieu nous preiènterent de k chair d'Elan , & de porc-Epic à manger. Apres les avoir haranguez iKHis «ttirames à nofire Fort un aflcz B 6 grand 7& NOUVELL. De'cOUT.** grand nombre d'Iroquois pour former un village de (juarentc Cabannes , que ces gens habitèrent entre nôtre Mai« fbn de MifHon ^ & ledit Fort. , Ces Barbares y défrichèrent des terres pour y fcmer du blé d'Inde , & des légu- mes , dont nous leur donnâmes des grai- nes pour leurs Jardins. Nous kurap- pnmes même contre leur coutume à manger, comme nous» de lafbupe avec des légumes '& des herbes f Le PcreLuc & moi reîTiarquâmcs, que les Iroquois, dans la pronontiatibn oc leur langue, n'ont point de labiales, comme B. P. M. F. Nous avions le Symbole des Apoftres , TOraifon Do- minicale, ^ noi -^.utrcs prières ordinai- res, traduites en langue Iroqudife. Nous les faidons apprendre de réciter aux en- fàns de ces Sauvages» A force de leur ûiculquer ces labiales y nous les façon- nions à prononcer toutes les lettres com^ me nous. Nous les rendions familiers avec les cnfans de nos habitons Euro- péens du Fort. Ces enfans , qui nous eflçient cher^, parce qu'ils cftoiient nez ''^^'^ ^ ' '/- Chrê- ^3 if Dans l'Ameriq^ Sept. 5-7 Chrétiens, conveHàns ainfi avec ces pe« tics Iroquois , ik s'entr'apprenoient leurs langues maternelles. Cela fer- yoit à entretenir une bonne correfpon- dance avec les Iroquoisv Ces Barba* res demcuroient amdûment avec nous hors le temps de leur chadè. Mais cequinousctoit fenfible, c'eft, Sue ces peuples aUant à cette chaflè pcn- ant cinq ou fix mois dans la profon* deur des vaflcs forces , & fouvent à plus de deux cens lieiîcs de leurdemeu* re ordinaire, ils y mènent toutes leurs Familles avec eux. Et là ils vivent en^- femble de la chair de tous les animaux fauvages , qu'ils y tuent avec les armes , qu'ils ont troquées avec les Européens contre des Pelleteries. Un Miflîon* naire ne peut pas fuivre ces peuples dans des lieux fi écartez. Ainfî les en- fans des Sauvages oiblioient pendant le temps de leur chadè, tout ce que nous avions tâché de leur apprendra dans le Fort de Frontenac. ^i;^- Les habitans du Canada fatiguez die fix mois d'hyver vers Québec,, les trois ^ B 7 Ri- / / / ^< jS NouvELL. De'couv. Rivières, &l'Iflc dcMonréal, voiaiit aue des Religieux de Saint Françoiss'c- loient habituez auditFortdeCataroc» koîîy ou de Frontenac , où rhyvcr eft de trois mois plus court que chez eux, plufieurs d'cntr -eux prirent la refolu- tion d'y tranfportcr leurs familles , êc de s'y habituer Us fe roprcfcntoicnt, quetious leur adminiArerionslesSacre^ mens , & que leurs enfans y rccevroicnt une bonne éducation , fans qu'il leur en coûtât rien , par ce qu'en eftèt nous ks inftruifions ordinairement fansen ti- rer aucun falaire. Il y a eu des gens, qui ont toujours ▼ôulu fc rendre les liiaiitres en Canada^ Bc les aibitres de tous lesétabliflemens, qu'ils attiroient à eux par tous les moiens Eoflîbles.Usen ont donc tache de s'attri- uer la gloire de tous les bons fuccés. Ils ont pouffé leurs créatures par tout, êc ont tache de détruire nos deflcins dans ce Fort. Ils ont même enfin fait fortir nos Récollets par le moien eu Marquis de Denonville, qui s'eft laif- fe furprendre aux artifices de ces gens* V- votant Çoi8s'<- lataroc- yvcr cft ez enx, refolu- Ics, êc ntoicnt^ sSacrc- evroicnt jii'il leur ftct nous ansen ti- : toujours [ Canada» iflemeos, ssmoicns dcs'attri- is fuccés. par tout, ddTeins ne enfin le moicn is'cftlaif- cesgcft»- Dans L^HMEntQ:. Sept. j5> là. Ce Seigneur edoit alors Gouver- neur du Canada. Ils Tavoient attiré dans leurs intcrefls. J'efpere, que Dieu y rétablira quel- que jour nos pauvres Religieux , pat'cc que leurs defleins ont toujours été ours éc innocens, & qu'on n'a pu les taire fortir deceFortiansinjufticc. Dieu ne laide rien impuni. Il vangera queU que jour le tort, qu'on leur a fait en' cela. J'ai appris depuis quelque temps^ que les Iroquois, qui fom toujours en guerre avec les François de Canada y fè font fai(is;de ce Fort de Catarockoiiy. Oa iKi'â même dit , que de ra^ ces Barba- res ont fumé dans leurs Pipes qaciquet doigts de ceux , qui ont nit fbrtii nos Eauvres Recollets de ce Fort, & que les tbitans modernes du Canada en ont Ait des reproches à ceux > qui en on^ été ks Atttheurs. ** -j]- ^^^ - -'i --t dix'} * ^' . :*> limi.ï £è li:^ C HA- ' • ! i|0 Nouvel L. De'^couv. CHAÎPÏTRE vr.,,:; -•■y Defcription des Lacs d'eau doucey ^^ les plus grands c^ les plus be- " ^/^a; ^/e tout l'Univers. u: ,:<.-««. J'Entreprens ici la Defcription des choies les plus remarquables dé cette! grande Découverte » afin, que le Le- fleur puiflè entrer plus aifémenr en connoinance de nôtre voïage par le moien de la Carte , que nous.en avons &it drcfler.- ^-^'t^^-^hr^-'-^ ' ^ ^r''^'':' -jnvl ■^ Le Lac Ontario a été nommé le Lac. de FrontenaCyà caufe de riUuftre Com- te de Frontenac « Gouverneur General du Canada. Tout le monde (ait, quel eft le mérite & la vertu de ce Seigneur. On fait auflly. qu'elle eft l'antiquité de fa Maifbn, & qu'il e(l forti d'une loa- gue fuite d'illuftres Ancêtres , qui ont cté employez^dans les plus grandes Char- ges de h Robbe & de TËpée. On a toujouri veu fa- Famille inviolablement attachée aux interefis du Souverain dans fes Dans l'Amertq^ Sept. 41 les temps mêmes les plus difficiles. Je puis dire ici (ans ofTenièr les autres Gou- verneurs du Canada , qui Tont pre{;e- dé 6c fuivi, que jamais ce Pays n a été Souvcrné avec tant deiàgeflè , démo- eration, & d'équité que parle Com- te de Frontenac. Jefai bien que des gens > qui veu- lent être les maiftrespar tout, ont taché de noircir fa réputation, a&i d'afToi- blir fa gloire 9 & de le rendre fufpeét Mais je dois dire à la louange de cet il- luAre Seigneur, que pendant dix. ans, qu'il a vécu dans ce Pays-là , il a été le Père des pauvres, le proteâcur de ceux , que Ton vouloit injuftement op- primer , de un parfait modèle de vertu & de pieté. Ceux de (a Nation, qui s'e- ftoient élevez contre-lui par un ef&tde leur légèreté naturelle , ont eu te- dé- plaifir de le voir rétabli dans ion Gou- vemcnient, dont leurs calomnies , & leurs malignes intrigues Tavoient fait depofTeder. Ils avoient engagé dans leur complot l'Intendant du Cnefneau, qu'ils avoient furpris par leurs artifices. Ce- 4^ NouvELL. Dïi'couvr Cependant oii rcgecte fort cot illufbc Comte, comme je l'ai appris ^lepai«. ,jC'c donc en l'homicur ic ce Com- te, qu'on a donné ie tiom de Fronccn^ic au Lac Ontario , afin de pci petuer {sl mémoire en ce Pay»>ià. Ce Lac a quatre vingt lieues de longueur, & vitîgt cinq ou trente liciies de Itrgeiu'. Il cft abondant en podflons , ptxxbnd , êc na- vigable par tout Les cinq Cantons 4ies Iroqoois habitent pour la plus^part au midi de ce Lac, favoir lesiGanm&- gçt ou Agniez , les plus voifins de b. nouvelle Hdlande ou Jorck : les On- nontagucz , ou gens de la montagne, les plus belliqueux de leur Nation , les Onndouts, & les Tsonnontouans les ^us nombreux vers la cofie méridional 4c ce même Lac. On y' trouve auffi les villages Ifoquois, fivoirTciaiagon, Keuté, &Ganneou(Ie, qui n'cft qu'a neuf lieues du Fort de Frontenac. Le grand fleuve de St. Laurent tire fon origine de ce Lac Ontario, que les Ifoquois appellent auffi dans leur lan- gue Skanadario , c'eft à direfbrtbeau Lac. Dans l'Ameriq^^ Sept. 43 Lac. Il fort aufli e» partie des Lacs fuperieurs , comme nous le vercons dans la fuite. Ce Lac Ontario eft de Figure Oval- le. Il sf'eftcnd de rOricnt à rOcci- dent. Il çft d^eau douce audi bien que les autres. Cette eau eft très bonne à boire, & il eft entouré de terres ferti- les. La navigation y eft aifée , même j» de grands vaiflètux. Mais elle eft {dus difficile en byyer, à cauiè des grands vents , qui y oegnent. De ce JLac Oocarioou Frontenac, on peut al- ler en barque, ou d^s de grands baU ttmcns juîqu'iu pied d^un^iDscodier, :qui eft à deux lieiies du gtamÀ Saut de Niagara, que nous attom décrire. ■■V'- 'i yp^fu :*iï;>.r>f^ b')k^ nà. .; ■ A^)^: ;riY &t -^ -1 44 NouvELL. De'couv. CHAPITRE VII. Vefcriptim du Saut , m cheute d'eau de Niagara , qui fe voit '^| entre le Lac Ontario , & 1^% I :L wVl Lac Eric. ENtre le Lac Ontario, & le Lac E^ ^ rie il y a un grand & prodigieux Saut, dont la cheute d'eau efttout a (ait furprenante. Il n'a pas /on pareil dans tout rUnivers. On en voit quelquâs uns en Italie. Il s'en trQn^e même en^ core dans le Roiaume de $uede; Mais on peut dire , que ce ne (ont que de fort foibles échantiUons de celui, don( nous parlons ici. Au pied de cet affreux faut on voit la Rivière ^e Niagara , qui n'a qu'un demi quart de lieiie de laigeur. Mais elle eft fort profonde en de certains en- droits. Elle eil même fi rapide au dcf- iil$ du grand Saut , qu'elle entrnne vio-"^ lemment toutes les bt fies (àuvages , qui la veulent traverfer pour aller pallurer dans :heutt 3 •î» vi e vint û & k ît « ï-^^u -i % LacE^ digicux ut a (ait cil dans uelqu65 me eni* Mais que de li, don( on voit 1 qu'un Mais iinsen- îaudcf- nevio- :es , qui »afturer dans V >r5^., --:iai5^ f. .'i ... -, .-i*. fiô^i'-î-'i. -pV>, -:;:j^: ■-''-■■ 'fnt^ ?!^^ m .è. 1^:7 ^ 'il l'! liV*- "..•"•■'. ?^^^ SS^^^^fcT" *^. ..«••"• -jU*;-^ ■-«*;*•-<;. I' tt^KmiÊk*—»-' A^'' »* ! dans le •* 4 qu'elle 1 ion COI ** de plus ' La< • eftcoa «. d'eau. ,« Ifleeci *( tombei i i ment^ ■ ♦ inonde 4 un bru nerre. 1 on em< ■ plus de ■ ) Dep \ d eau, < fur tout gros R< ■• 1 fait ext h autres 1 Frontei courant ..Dcp P S «Mf aller en 1f^- • mens ju t^ ■ ■■ _ /!• ■«■-.|IIHK.V.'v-.-S£jl*«Vk ' 1 '■a t- Dans l'Ameriq. Sept. 45 dans les terres, qui foat au delà , fans qn^elles puillcnt refifter à la force de ion cours. Alors elles font précipitées de plus de (ix cens pieds de haut, La cheute de cet incomp^able faut eft cooipoiée de deux grandes Nappes d'eau, & de deux Calcades avec une Ifle ea talus au milieu. Les eaux , qui tombent de cette grande hauteur, êcu-» ment & boiiillonnent de la manière du monde la plus épouvantable. Elles font un bruit terrible, plus fort que le ton- nerre. Quand le vent fbume au Sud , on entend cet c£S:oïable mugiffement à plus de quinze lieiies. ** - ^ Depuis ce grand Saut , ou cheute d'eau, la Rivière de Niag^ fe jette, fur tout pendant deux lieues jufques au gros Rocher avec une rapidité tout à fait extraordinaire. Mais pendant deux autres lieues jufqu'au Lac Ontario ou Frontenac, TimpetuoCté de ce grand courant fe ralentit. Depuis le Fort de Frontenac on peut aller en barque, ou fur de grands bâti* mens jufqu au pied de ce gros Rocher, dont ■n **■■• h i 4^ Novytt&tN Dt'cbuv. éotut nem isfforif pBLTfié, Ce Rocher rà at^ailfl, detaehë ié h tmc par b Kiykre àc Nk^ar» i dcfax lkU.es da grand Saut. C cft dxM cesf deux ]ieud% ^'oiieft oMîgédc feffte le portage, iT'eft à dire le tr^^ore d«s tnarchandî- fo. Mais k chemin' y ^ft ttes^beau» Ilyafbrtpettd'afbres» & cfefonftpfôA qi^ toutey prairfesr, dam léifuêks oif trouve d'efpace en efpate dei Che&ei & des Sap»». ^^ ^'^^'^"^ «--^ ^* 5*^^^^ * Dcpttts le grartd Saut jtrfquc^ âii Ro- cher , qui eft i KOBcft de teRivkwdtt Nïagan, k$ deux bôfdi de^etfte Ri- vière font d'une hauteui* fi prodigieux fc, qu^on frémit cit regardant fixement la rapidité , avec laqireHe les eau3^ de cet- te Rivière* coulent en-ba«. Sans ce grand Saittde Niagara , quiinterrompt fenavigacfOrt^ onpqurroit aller avec degwrtdcs^barqiierf , & mênie avec des Navires pte de quatre cens einquantc lieues en traverCint le Lac des Hurons ju£][u'au bout du Lac des Illinois. On peut dire de ces Lacs, que ce^font de petites Mers d'tau douce. . " -•^** -• ' A Daws l' Amerri Sept. 47 A VcrabanAaascis b Ruriere de >iiaffara:lr Sieur «kbSatiraofoiccleflcin àf comaKtKcr im Focti U en fcEoic vienis aiféntcut x bout , sTil avoic fea ù borner, 6c s^arrêier là pcmiantunfc an- née» Son deHcni efloic de tenir en bn^ de ies Croc^uois, 9i &r conc les Tibn^ i K MittnBOBy cpwfoiit les ptu» nombctax^â^ les plas-agfneidl^e tome c^e Notionu Ht est eflet ce fort lut auroit donné le imen d'empêcher &cile»ient te com- iMccy ^e ces peuple» &nt âvec les Angbis d^ les Hoilaiidaisi de kl Nou^ vdkjorck. Ih ont accoutumé d'jr poeter^des peaind'Ëhns, de Caftors, & phiâeuis fortes de pelleteries , qu'ils vont chercher a deuic ou trots cen& lieues de leurs habitations. Ces Barbares étant donc obligez ncceflàircmcnt depaifcrôc de rcpafler près de ce Forr de Niagara > on auroit pu les arrêter à Tamiable en temps de paix, ou par force en temps de guerre, & les obliger ainfî à faire leur commerce avec les Canadiens. • Mais par ce que nous remarquions, que les Iroquois étoicnt pouflèz à nous cm- •"m .'■' » 4S NOUVELL. De'coUV. empêcher Texécutiondecedeflèinj non pas tant par les Anglois ôc ks HoUan- dois, que par les nabitans même du Canada , dont plufieurs tachoient de traver(crnôtre Découverte, on fe con- tenta d'y ba&îr une maifon à l'Ëft^dans l'embouchure de la Rivière de Niaga- ra, oùTendroiteft naturellement de défenie? A cofté de c^te maifbn il y a un fort|beau Havre , dans lequel on peut retirer des vaiflèaux en aflîirance. On les peut aifément tirer à terre par le moien d'un Cabeftan. Au rcfteon pêche en cet endroit une quantité pro- digieufede poifTons blancs , d'£tur« geons, & de plufieurs autres efpeces, qui font d'une faveur, & d'une bonté admirable. On en pourroit fournir une des plus grandes villes de l'Europe dans les iaifbns propres à la pêche. '1. ■■t-'*-i ■ * --^ ... ■f a CHA- «•Ji ii=>i -■ ■'-■p' fuc Dans l'AmeriQ:. Sept. 49 , non [oUan- ne du ent de fccon- ft^dans Niaga- ent de fonUy iicl on lurance. rre par rcfteon citépro- d'Etur- bipeces, ^e bonté imirune >pedans CHA- :'■'*- .:\\î\ f CHAPITRE VIII. ' Defcriptim du Lac Erié. LEs' Troquois ont nommé ce Lac .£•« rié Te]oç)iarontiong. Il s'étend de l'Orient à TOccident , & peut avoir environ cent quarante lieues de lon- gueur. Aucun Européen n'en a fait le tour. Il n'y a que ceux , qui ont travaillé à cette Découverte & moi, qui en avons confideré une grande partie. Nous étions fur un Vaiileau de foixan- tc tonneaux, que nous avions faitfaire exprès à deux lieues au deflus du grand Saut de Niagara , comme nous le dirons plus au long dans la fuite. Ce Lac Erié , ou Tejocharontiong dans (à partie méridionale contient au- tant d'eipace , que le Roiaume de Frân'« ce. Par le moien d'une grande Ifle il forme deux Canaux, & par des Iflets il fe jette pendant le cours de quatorze lieiies dans le Lac Ontario ou Fronte** C • nac^ "\* J}0 NOUVELL. DeCOUV. nac, & c'cft ce que Ton appelle la Ki- viere«dcNiagara. - I q ^ î_j n Entre ce Lac'Erié*, &'letacHuron il y a un autreJ)étroit 4e. tren^ lieues dclongucur, quieft'prciquc.par tout d'une même largeur. Dans le milieu ce -Détroits^él^gitparuftLttcplus petit que l^cs'autres, &>qui'é*ft^^ttneiîgure cir- -•ceHàirc^dc^ix lieue» de diamètre, fdon •^rôbrcrvation de ilêtre Pilote nommé ^Lucosr 'Nous |donii»nes le nom de ^ feinte' Claire à ce* Lac. ' Les Iroquois, vqui y «pàiflfent- fonvent en allant è laguer- -te , 'l'ont nommé OtftKeta. * La terre 'felcpays , '«[ui font à Kcntourdecct ^«grc&le^& tharmant Dctrmt , font ^dc * tres^béUes campagnes , comfme nous 4c ^irerrons-dans-laf fuite* Auitftcces^di- verfes Rivières nonmicesàinfidivcriè- ? femcnt* font via- coiltiniration -^du grand ^FlcttYedéSt; Laurent. ^'CéLadde Sainte "Claireeft ondc'daniie milieu, & cft ^* formé par ceT^cuve. ...Kâi "'•'] ^•- \ ^^^CHA' é' V. Ile la Ri- icHuron iXc lieues par tout milieu ce ï petit que igure cir- Te, félon : nommé nom de Iroquois, itàlrçuer- t La' terre tour 'de cet t, font^de ne nous 4c ^eccs^di- ifidivcrlè- -'du grand idde Sainte u, & cft Pans i*'A»4E^ife Si^ET. ,5,1 CHAPITRE IX. îTi^ Defiripion du Lac Hwron. ^ — ri' CHA- L£ Lac Huron efl: aind. nommé jpac les peuples du Canada, parce,.qu^ les SauVage^Hurons, qui 1 nabitbiçnt, avoient leups cheveux 'bruflez de telle manière , quqleûr isête .reflèmbloi'tià unehuredeiangtier^CesBarbaresnom- ment ce Lac'Karegnondy. I^etHûrbns ont autrefois, demépré prés de ce Lac. Mais ils ont été prefque tout défaits par Ips Iroquois. Le circuit de ce Lac peut avoir/fept cens li^es fur deux cens de longueur. Mais (à largeur eft inégale. A i'Oiî- eft il contient plufieurs lilesaflcz gran- des du côté de fon embouchure.^; Il cft navigable par tout. Il y a entre ce Lac & celui des Illi- nois un fécond Détroit, qui fe déchar- ge dans celui-ci, & qui à une grande lieiîe de large, & trois de long. Il court à rOueft-Nord^Oiieft. M *ji Nouvel T.. De'couv. Il y a un troifiéme Détroit ou Canal entre le Lac Supérieur, qui iè décharge dans celui des Hurons , & ce Canal à cinq lieues d'ouverture ôc quinze lieues de longueur. Il eft entrecoupé de plu- iSeurs aies , & il fe rétrécit p0u a peu jufqu'au Saut de SaintcjMarie. C'cft un rapide plein de rochers, par lequel les eaux du Lac Supérieur, qui font très*- abondantes, fe déchaînent ô^ fe préci- pitent d'une manière fort violente. On ne laiflè pas d'y monter d'un côté en Canot, pourveu qu'on perche forte- ment. Mais il eft plus leur de porter le Canot, & les marchandifès, que les Canadiens y meinent pour les troauer avec les Sauvages , qui font au Nord de ce Lac Supérieur. On appelle ce.Saut de Sainte Marie Millilimakinak. Il eft à Tembouchure du Lac Supérieur , & fe décharge en partie dans l'embouchu- re du Lac des Illinois vers ia grande Baye des Puants, comme nous le di- rons dans le Relation , que nous ferons de nôtre retour des Iflàti. îï .'UK^'-invf^i'ii qum2 Lac « w/ CHA- -1 V. ou Canal décharge Canal à ize lieues : de plu- p^u a peu C'cft un lequel les font trés- fe prcci- lente. On i coté en :he forte- de porter ;s, que les [es troquer t au Nord )cllc ce,Saut nak. Ilcft n'icur , & embouchu- îa grande ous le di- nous ferons ' S) ** ** * '" ' '■' CHA- Daks l'Ameriq. Sept, jj CHAPITRE X. ^- Defcription du Lac nommé par les Saffvageslllimuackié^ j^ar nous Illinois. L E Lac des Illinois (ignîfîe dans k langue de ces Barbares, le Lac des Hommes. Ce mot Illinois fignifieun homme fait, qui eft dans la pcrfedion de fon âge & de ià vigueur. Il eft fi-* tué à l'Occident du Lac Huron au Nord icAVL Sud. Il a fix vingt ou cent trente lieues de lohgeur , & quarante dé laideur. Il contient environ qua-* tre cens lieues de circuit. Ce Lac des Illinois s'appelle dans la langue des Miamis NUfchigonong , c'eft à dire grand Lac. Il s'étend du Nord au Sud, & fe décharge dans le Lac Hu^ ron du côté du Midi. Il n'eft qu'à quinze ou fcize licîics , ou environ du Lac Supérieur. Sa fourcc tend vers; une Rivière, que les Iroquois appel- l^^J^phio, & où la Rivière des Mia- A 3 nus y ' 54 NOUTELL. De'coUV. mis fe décharge dans ce même Lac. Il eft navigable par tout, & duco- fté de rOîieft il y a une fort grande Éaye nommée la Baye des Puans , pat n en AT IT RE XI. ' >'> Courte Defcriptim dU Lac Suft-^ rieur. -- -^ ■ -.-v: •f E Lac Supérieur s*étéha de l'Éft uL/àmUeft. !1 (toit avkîir ptos décent ciri'quâfhtè liéu« de lôlngrtciir , foixante rfé lar^uf, 6c envîrcrti cinq cens de è&cùît. Nous ne Favons jamais traverlé €ti bafoue, côiïimênous av'ons fkities abtrcs dbnt,f aï parlé jufqucsà prèfcnt. Maïs Àoà^âi aVbftt Vifité lesf lusgran- bleà. n'y 1 iional dans avcq^i viereî dans-] Rcuy dan& . grand .voiag( damfj ion er J'a pellcr diMicé poiflb carpes dinair te bca nits'i &at. Lacs- \v Daî^. l'A'Merk^ Sept, y?;» dàs bâutetirst Ce- Lac parok fcmbla-' bk h rOeean^civ ce* qu'il n^'a ny foui n'y- rive. Je! ne (»j:le point ici dfun grancî^ nombre de Rivières, qui fe déchargent dans co Lac prodigieux». C'eft ce Lac avcc; cdiû des^llUnois , Se toucesles^Ri* vieres , qui, ik déchargient dans Tune ôi, dans- rautre » quifont la iburce du grande Heuve^ de St. Laurent , lequel fe rend dans rOcean à l'Ifle percée ya:s W grand Banc de Terre neuve. Nous airo;n& yoiagé fur ce grand Fleuve dernier pen- dant G:c cens lieiies ou environ, depuis fon embouchure jufqu'a fa fource, J'aydcja remarqué, qufonpeutap- peller tous ces grands Lacs des Mers doucesr Us abQndent:'e:otréniefnent ea poifibns blancs plus grands que des carpes, qui font d'une bonté extraor- dinaire. On: y pefchc 4 vingt ou treih te braffes d'eam des Truites Saumon* nées- de cinquante cuifoijiacitehvrespe^ (mt. Qn pottrroit bâtir à coté de ces J:^S' une infinité de belles villcfr i qui attfokutcoauaunicatioak; unç% av^c C 4. les / 1 •M ^6 NouvELL. De'couv. les autres par une navigation de pins de cinq cens lielies , & par un commerce inconcevable, qui s^ feroit. Les tert- res, qu'on y defriche>Qit,feroientfcn^ doute très- fertiles 9 fi elles itoient cul-<> tivt'cs par des Européens. Ceux qui concevront la grandeur 6c la beauté de ces Lacs , ou Mers douces , pourront comprendre par le moien de notre Car- te, qu'elle ell la route, que nous fui- vions pour faire nôtre grande Décou- verte, r— • -ivv^ï. r l.ii- V^'..- "J'y lis . :, i iiii^'-^^ ;>> ïiii ■ , « •■;■'■ ■ CHAPITRE XII. ^el eji le Génie régnant du Ca- nâda, ^H.-^ «■ LEs Efpagnols ont fait la première Découverte du Canada. Ayant mis pied à terre, ils n'y trouvèrent rien de confidcrable. Cette raifon les obli- gea d'abandonner ce pays , qu'ils ap- pdkrent, U Capo di Nada, c'eftàdi- t^ V rc V, : pins de nnmercc Les ter- rent fanî^ knt cul-^ :cux qui >eauté de pourront lOtrcCar- nous fui- e Dccou- qu'ils ap- Ic'eftàdi- Dans l'Ameriq^. Sept, jy re le Cap de rien , d'où eft venu par corruption le nom de Canada, qu'on lui donne dans toutes les Cartes. , Depuis que je fuis fôrti de ce Pays-* là, fay appris, que les chofes y font à peu prés au même état, que quand j'y demcurois. Ceux, qui gouvernent le Canada , y font portez d'un efbrit, qui fait geiiiir en fpcrct devant JJieu: ctux, qtii Hé peuvent pas entrer danj leurs Veucs. Les perfonnes de probi« té, qui ont du zèle , dc de l'attache*» ment à la Religion, n'y trouvent riea moins , que ce qu'ils y vont chercher. On y trouve au contraire des rebuts^ que b pureté dé leurs intentions n'y a- voit pas attendus On y va dans ledef* fein d'y facrifier fon repos & fa vie, aut fecours temporel & fpiritucl d'une E- glîfe naiflântc. Mais on n'y trouve- que le Sacrifice de fe réputation , & de Ion honneur. On y croitvivre en paix dans une parfaite concorde. On n'y trouve que des chagrina, des divifions, & des troubles. Qn n'y recueille que des Croix â: des perféçutions, pour peu ^J < f ■♦ « '*é. ^^ ^ NouteLl. Èrcour. qu'on ne donne pas dans le (ens de deux ou de trois perfbnnes , qi^i (ont les Gé- nies dominans du Pays. On y paroit fort éloigne de notre fihceritc plîWTîan- dej de cctfie candeur, & de cette droi- ture de ctcur, qui font le vraicaradc- re du Chrétien , & que l^onvçit régner par tout ailleurs. Mais &n^ décendre ici danslie détail > ^pnt je iaiile le jugement à Dieu , je diray , que nous, qui iommes Flamands de naiffance, ne nous fommcs rendus dans le Canada , que pat un pur efprit de Sacrifice , j^alit renoncé à i^ôtre Pa^ trie même, ^rcs avoir tpiit qiiî^é pour embraflfer la protcâion religieu&. Ce- pendant nous avons été bien furpris en arrivant dans ce Pays-là, de trouver, que cette franchife, & eerte droiture de cœur n'y font pas bien receiies. Il y a un petit nombre de gens , à qui tout fait ombrage y ôc qui ne reviennent ja- mais des premières impreHionë , qu'ils dnt rccciies. Qielque dbcitîté, & quelque eom« ce, que^'ofi ait, on païlc tou- jpurs t • de deux IcsGe- ^ paroit Flasman- ttedroi- cara6lc- it régner «-'' ;^ ', ■ . -A ^ ^ ■> . ■< ■ 1 < fedctsdlV )ieu, je Flamands es rendus >ur efprit nôtre pV .^epoiir ufe. Ce- furpris en Duvèr, que roiture de es, il y a à qui tout ciment ja- n^ , qu'ils elquecom- paffe tou- jours Dan» xjTAu^vaikL St^f* $9 jours dans leur efprit pour être d'une humeur turbulente » qu^d on n'eft pas tout à fait de leur avis, & qu'on tâche de leur faire entendre raifon par de &^ ges Si. douces remontrances. Cette con« duiteeft peu Chrétienne,, & n'a fans doute point d'autre vciie qu\m intcreft purement tempord. Cm ce qui m'a îbnvcnt obligé de dire i trois Religieux Flamands, que j'avois attirez avec moy en Canada , qu'il valoir mieux pour nous 9 qui avions quitte tous nos biens pour emoraflcr la pauvrçtc de lavieRe- ligieufc y que nous allaflions dans des MifCons étrangères pour y faire péni- tence , ôc pour y travailler parmi des Barbares à la propagation du Règne dé nôtre Seigneur Jefus-Chriû. La Providence féconda mes bonnes intentions. Le Révérend Pcre Ger- imifl AUart RecoUet qui eft mort de-:* puis Evcque de Vcncc en Provence, m'en vois des parûtes pour me rendre* dans la Découverte , que je m'en vais décrire cy-apres. - ,^ \ f * G S CHA- ^ ..,.■#• €0 NoUTBLL. De'COVT. CHAPITRE XIII. « Difcrifthn du premier embarque^ meta en Canot a §luebec , CafU taie du Canada pour nous rendre i au Sud'OûeJl de la Nouvelle '-: France ou Canada. JE demeuray environ deux ans&dc^ mi au Fort de Katarockoiiy ou Fron- tenac» & j'achevay d'y faire bâtir une Maifon de Miflîoa avec le Père Luc Buiflet. Cela nous engagea dans les travaux, qui (ont inféparaoies de noix-^ yeàux établiflèmens* Nous dccendîmes e» Canot le Fleu- ve de St. Laurent, & apresunc naviga- tion de C\x vingt Ëeiics, nous nous ren- dîmes à Québec dansnôtreConvent des Recolleds de nôtre Dame des Anges !>our y faire la retraite , Se mè diipofèr aintement à commencer nos Dccou** vertes. * .^T'^-r-"* *t-L::'i^'^' J'aYoîîerai francbcmcnt îcî, que quand je ce la C ies/è quc] ellcr femb! quani je Va bontc ouvra qu'il Superi les int g^rd, ment cntrep toute ftancc Je- l'cBUVl V^ Dans l'AmeriQ; Sept. Si je conflderois attentivement aupieddc la Croix cette importante Million par les feules veties dck raifon naturelle, 6c que je lamefurois aux forces humaines, die me paroi(K>it terrible , &touten- femblc téméraire & inconfidcrce. Mais quand je h regardois en Dieu , &que je Tenvifâg^is comme un effet de Gl bonté , qui me choidflbit pour ce grand ouvrage, & comme un commandement, qu'il m'addrefloit par la bouche de mes Supérieurs , qui font les Organes , 6e les interprètes de fa Vobnte à mon e-* gard, je me fentois d'abord intérieure* ment confolé , & encouragé même à entreprendre cette Découverte avec toute la fidélité , âc avec toute la cou*» fiance poffible. Je'm'afïurois^ que puis quec'cfloit Pceuvre de Dieu d' éclairer le cœur de ces Barbares, aufqvicls on m'cnvoioit annoncer fon Saint Nom , il lui feroit aifc, s'^il le vouloit, de le faire par un foible organe comme moy,de mcmc que paf les phis!grand5 pcrfonnagcs du Monde^ ^i^^w^*»»;^* ..♦?... .u C 7 M'eftant ^^^■fkttf M'eftant ainfi préparé au voiage de t^MïtRùn, &voianty que tous ceux, qui devoittit venir de TEurope pour cet- te Décourcrte, eftoient arrivez 9 que le Pilote, les Matelots^^ les Cliarpenticrs de Vaiflcauxeftoient preftf, que d'ail- leurs les armes , les marchandiies , ôc les Agretzpotirles barques» queTonvoû- loit faire c^onftruire , eiloiait préparez, je pris dans nôtre Convent une Chapel- le portative toute complettcpourmoy, & enfuite je rcceus la Bencdiâion de Monfieur TEvêque de Québec avec Ton agrément par écrit Je pris auffi le con- gé pat écrit tout de même du Sieur Comte de Ftbnicnac. Ce Seigneur àimoit iioÀ RecoUcts Flamands à cau^ fè de leur candeur y ôc de leur firanchi- (c. Il a même fduveat donné des lou- anges publiques à ta generoftté de no- ire entreprife) pendant que nous étions ifataUe. Noilsncius^mbàrquSmet enfin, fe- fon lar remarque, que j'en av fiiitedanc tna Deftripcion de la LoiSfiane , dans nôtre petit Canot d'écorce de BouUeau iu.mU-'^ \ O " ' ' avec tfi * l»»* ï r. ^ ige de s ceux, nircct- quele >entiers e d'ail- s>&les jnvoû- cparez, Cbapcl- irmoy, tioîi de ivec Ton Mecon- Li Sieur )cigncur I SL çta- franchi- des loii- de no-* is étions [îil, fe- akedânc le , dat>s Boulleau av«c lÎANS l'HmERIQ:. S^Pf . €f avec la Chapelle portative , dofit j'tjr^ parlé, une cotiirert^ , & Une natte de* joncs, qui deyoit nous fervir de Ut éc. de Matelat. Voih toiit ce qui cbm* ^ pofoit nôtre cquipp^^ge. Ort noni laifla ainfi partir les premiers a- fin d'obliger nôtre monde d'cxpedicr kUi'S affaires. Les habitant du Ca|iada, qui, font dès dcUx uà éôÀtit)UattleSti£r- tre route. Ntfus pkMttiH à Hâ^ilti- nie : fc Scigiieui- dU lieu , tqui eft dd plus anciennes f^âmllle^ du Ctxiiiày m'aùfoit d&hhé ùh de fèsiSbât^ee rttbi pourleVoiâgcî. 'MaiSte Gâtttft rflbit . trop» >/ (?4 Nouv«LL. De'couv» trop petit pour quatre hommes. Nous nous rendîmes eniuite aux trois Riviè- res, qpx efl: une ville fermée feulement 4e pauflàdes , a trente lieiies plus haut que Québec. Nous n'y trouvâmes, point le Perc Sixte, MiflTonnaire Récollet. Il étoit al- lé en Mifllon. Les habitans me priè- rent donc d'y faire la Prédication , & le Service le premier d'OÔobre. Le lendemain le Sieur Bonivet Lieutenant General de la Juftice de cette viUc me vint conduire jufques à une lieue de là en remontant le Fleuve de Saint Lau- rens. Au rette on rencontre fouvcnt des obftacles imprévcus dans les plus louables entrepnfes. En' arrivant à Monréal on me débaucha nos deux Canoteurs. Cela m'obhgca de me pré* yaloîr de Toffre , que deux autres me firent dç me prencfrc avec eux dans leur fbïhle bâtiment^ C'eft ainfi ,'que ceux» qui portoîent envie à nôtre en- trepri/e» conimençoient déjà à s'y op- poièr y & qu'ils tachoient de traverfer i^ plus beQci, i^^ la j^tus célèbre Décou- €|O'0 terte , Dans l'Ameriq^ Sept. €J verte, qui ait été faite dans ce Siècle ^ns le Nouveau Monde. ;iï«^ En remontant le Fleuve nous remar- quâmes qu'au deflùs de Tlfle de Mon-* réal 9 qui a vingt cinq lieiîcs de cir- cuit, en pédant le Lac de St. Louis, le Fleuve de St. Laurent fc partagé* commt en deux branches. L^une conduit à Tancien Pays des Hurons, aux Outa« oîiaâs , & aux autres Nations (ituécs vers le Nord : & l'autre meine au Pays des Iroquois. Nous remontâmes par celle- cy pendant près de ibixante lieues , & cela par des rapides Ôc par des courans aflreux au travers de plnfieurs Rochers. Et là le rejaiUifièment des eaux gron^ de jour Se nuit comme le tonnerre peu* dant trois ou quatre liciies. Cepen- dant les Canotairs ne laifTent pas de décendre entre des pierres d'une viteflc fl grande, que ceux, qui font ce che- min en defcendant , en U)nt tout éblouis. Ils portent ordinaircmentdans leurs Ca* nots des peaux d'Elans, & d'autres pel- leteries , qu'ils troquent avec les Sauva- ges de ces quartiers-là. n> 1 66 NouvELt*. D'^couv, i f Je ne rappôrteray pas iei^tôus les ac- cidens, qui nous arrivèrent y. de qui font inféparables des grands voiagps^ je dirai feulement , que nous' arrivâmes enfin au Fort de Catarockouy y ou < dâ Frontenac, vers onze heufesdc nuit le lendemain de la ToafËitns. Nos^ Pères Recollets Qâbriel de la Ribour>de, U Luc Buiifet MiflRonnaôres me recetircitt avec beattcottp de joye danS' notreMai- fon de MiiSon, que nous avions fait bâtir avec tainit de peine Kannéô préce^ dlsnterfùir le bordcki Lac Ontaldo prés dudit Fortt djs Fronteiiaa. Ce Fort c& fitué a« quaiànte ouatrir degrcz>quelques minutes de latitude Septentrionale. -' J'avois oublie de dire , que ce Lac Ontario efl: formé par le FkuyeSt.LaAir rent , & qu^il cft ailèz profond* potir porter de grands Vaifleaux. On n'y trouve point de fonds à plus de' foixan- te de dix brafles d'eau Les ondes fontagi- tées par les vents , qui y font aifcrfirc- quens, s'clcvcnt auffihautquexdlesdc la Mer & font plus dangereufe y par ce qu'elles font plus courtes, & qu'el- les lesf IcV aaul dere 3ue I éfcc Dans l*Ameriq;_ Sept. 67 les fe précipitent cPavantagc , qu'aînfi le Vaidèau obéit moins à la Lame. Il y a au(n quelques apparences de flux, Se de reflux aflez fenfibles. On y remar- 3ue en effet , que les eaux montent & éfcendent par d<î petites Marées , qui montent contVc le veftt , 6c même pendàilt , qti'il dure. - - - - -- * . £^^ La pêche de' de Lac 0ïrtâde>, coffiM me nous l*aVx>ns dit des autres Laos, y cft Ws abôfidatitc erl tôCrteiS foitês de bôris^pôfflbrisf. On y prôid^fur tèuedes TiOîtes; &àtmnécs bea que nous avions atti- rez prés dudit Fort de Frontenac , ve- noicnt fouvent nous rendre vilîtc , & nous faifoient des prefens de chair d'E- lans & de Chevreux. En recompen- ïe nous leur donnions de petits coute- aux, & quelques morceaux de tabac, qui nous avoient été mis en main pour ce la. Ces Barbares reâechiflàns fur nôtre voiage, mettoientauatre doigts fur la bouche, comme ils font ordinaire^ ment, quand ils veulent admirer quel- que choie, qu'ils ne comprennent pas. Ils nous difoient en s'écriant , Otchi- tagon, Gannoron, c'eft à dire. Pieds nuds, ce que tu vas entreprendre , eft d'une extrême importance. Ils ajou- toient qu'a peine leurs plus vaillans guer- riers peuvent fc tirer des mains de ces us certain, rnentnos ce quHls Qc qu'ils f. i ^^' Ht com- incienncs Font la di- rfbnnesde mangera chez eux, s. Ils de- ;ntier fans : qui que prefenter dit auFoîrt )ieuravoit aucoiip de dans cette ; jufques à Saut, dont nous Dans l'Ameriq^ Sept. 71 nous avons parlé, 8c de plu(ieurS'i;api* des, qu'il avoit trouvez dans ion Che- min. Il arriva donc enfin fort exte« nué. La même année il fit partir quin- ze de nos Canoteurs, qui nous devan- cèrent. Ils firent femblant d'aller en .Gmotrvcr^ Ics^Winois, & vers les Na- tions , .qui^d^aaeurent prés du fleuve, Qu'on. appelle en langage IllinoifesjMe- chafipi, c'eflà dire grande Rivière. On la voit fous ce nom dans laGartc. Tout cela fe faifbit pour nouer une bonne correfpondancc avec ces Sauva- ges , »& pour nous y préparer les vi- vres, /'ô: les .autres cnofes ncceflàires pour travailler à notre Découverte. Mais par ce qu'il y avoit de mal-hon- neftcs gens parmi eux, ils s'arrêtèrent au Lac Supérieur à N^^limakinak , & s'amuférent à fe divertir chez les Sau- vages, qui font au Nord de ce Lac. Ils diflîpércnt le meilleur des marchandifès, qu'ils avoient,au lieu de préparer les chofesdont nous avions befoin pour conltruire le Vaiifeau, qui nous etoit neceffaire pour aller de Lac en Lac #' • m ■»\' 7^ NoutELL. De'couv. jufques à cette Rivière de Mcfcha- fipi* - CHAPITRJE XIV. m Vefcription du fécond embarque^ mnt, qui Je fit au Fart de \ Ermtenac , dans un Brigantin , ' ; fur le Lac Ontam^ ou de Fron^ ï tenac. .^Uy-ir^^: LE dix huitième Novembre de Cette année là je pris congé de nos Reli- gieux dudit Fort, & après bien des em- brafTades avec de (grands témoignages déchariii chrétienne & fraternclle,nous entrâmes avec feize hommes dans uu Érigantin d^Çà^viron dix tonneaux. Les vents & le froid de l'automne étant pour lors afièz violens, nos hommes ap- prchendoient d'entrer dans un fi petit bâtiment^ Cela nous obligea avec le Sieur de la Motte , qui commandoit> de tenir nôtre route a la côte du Nord lf;[ "' de '0^ Icfcha- barque-- Fart de antin y eFroiu c de cette ; nosReli- endcsem- nclle,nous dans uu leaus:. Les >mne étant Dmmes ap- ûtt fi petit »eaavec le mmandoit> te du Nord de Dans l'Amcrtc^ Sept. 73 de ce Lac ,pour nous mettre à l'abri du Nord-Oueic , qui nous auroit jette àla côte méridionale. La navigation fut fort difficile,. & nous> elTuyames bien desrifques, & v foufmmes même des pertes en traverfant ce Lac dans mie &i^ ion fi avancée. Le vingt fixiéme nôtre petit bati** ment a(Tèz bien ponté d'ailleurs retrou- vant cïHoqué à deux grandes lieues de terre, nous fumes obligez de nous tenir à r Ancre pendant toute la nuit à plusr de (bixante braflès d'eau. Nous v fû4 mes en un aflH grand péril. Maisen-^ fin le vent s'étant tourné au Nord-Eft nous nous fendîmes heureufèment àif bout du Lac Ontario , ou Skannada-* rio, comme les Iroquois rappellent. Nous eftions ailèz prés d'un de leurs villages, nommé Taiaiagon fitué au Nord a plus de (bixante & dix lieiies du Fort de Frontenac , ou de Kataroc- koiîy. Nous troquâmes du blé d'Inde avec les Iroquois, qui ne pouvoient aifez nous admirer. Us nous vifitoient ïo\x* D yent j^i^'k X 74 NouvELL. Dk'couv. vent dans nôtre Brigantin , que nous avions placé dans une Rivière, afin dfy ctrc en alTurance. Mais avant que d'y entrer nous échouâmes par trois fois , 8c Ton fut obligé démettre quafiorxedt ttos hommes dans des Canots , & de jetter même du led de nôtre bâtiment pour nous tirer d'aflàire. Il fallut mê- me couper à coups de haches les glaces» qui nous auroient enfermez dbuis la Ri-- yicre» qui fe jette dans le Lac. à jr*,? Le vent propre à continuer nôtre voiage étant venu à nous manqu^^ aous ne puni^ pa)?tir oue lecinquiéoie de De-? 4|^nil^ i^7i{. £tparceque de la côte 4i| Nord ^ où nous eftiojtis «nous avions quinze ou feizc li^iks de travofcàfaire pour nou^ rendre aux terres Meridiona- U$t où la Kiviere de Niagara è(t fituée i nous ne pûmes en faim que dix lieiies. NouS'jettimes donc rAficreàquatreoit cinq lieues de terce , i& nous iumcs a^ gîtez de gros temps toute la nuit, vii; . Le (ixiéme jour de St. Nicolas , nous entrantes dans la belle Rivière de Nia- gara, daa» hqueUe jamai* Barque pa- rcillc «iWW / a nous in d'y ici'y )rxedé 6c de bûmenc lutmê- 5 la lU- er nôtre «Xi nous edcDc^ le la côte g i avions c à faire eridioîia- ftfltUCCi X lieues, quatre ou fûmes a- uit. )las , nous deNia- arque pa- reille Dans l'Americ^ Sept. 75 rtille à la nôtre n'eftoit entrée. Nous chantâmes le Te Deum > & les prières ordinaires en aâion de grâces. Leslrb^ quois Tibnnontoiians de tout Ib petit village, qui eft placé à l'entrée de h Rivière, prirent plus de trois censpoi£> fons blancs, plus grands que desCarpd^ qui eft le poiflbn du meilleur gbufl^'ât le moins mal làifant , qn'ily ait au moii^ de. Ces Barbares nous les donnèrent tous,attribuans leur bonne pêche à nô« tre arrivée. Ils appelloient nôtre Bii* gantin le'grand Canot de bois. r^" - Le Septième nous tnontàines ett Ca^ not à deux lieîiesTirs ie haut dé iaiU-* viere pour y chercher un lieu propre 2 bâtir. Mais ne pouvant pas remonter plus avant en Canot, à caufè des rapi- des trop forts , que nous rencotitrionSy nous fumes à la Découverte par tette à trois lieues plus haut , & ne trouvaiit point de terre propre à cultiver, ndus couchâmes prcsd'une Rivière, qui vient de rOiieft à unelieîie au deiHis du gtand Saut de Niagara, qui eft comme nous avons dit, le plus grand , qui foit au D % Mon- 76 NOUVELL. De'coUV. Monde. 11 y avoit pour lors un pied de aeige, que ncus cnkvâmes pour y fiôredufeu. , Le lendemain nous retournâmes fur nos pas, ôc nous appercumes en mar- chant un fort grand nombre de chevreua ôc des bandesde Coqsd'Inde Sauvages. L'onzième Décembre nous dîmes en ce lieu, h première Meflè » qui y ait jamais été dite. On mit en ouvre des Char^- pentiers, & d'autres gens. Le Sieur ae Ja Motte , qui les conduifoit , ne put jamais fupporter la rigeur d'une vie (i pénible, llfiitdoncobligéd'abandonner Um deflèin pour qudque temps & de re- tourner par un cnemin d'environ deux cens lieues aux habitations du Canada. Le 12.13.& 14. le ventnenousfut point allez favorable pour faire mon- ter nôtre Brigontin aux pieds des rapi- des, où on avoit projette de faire bâtir quelques maifens. * En jettant les yeux fur nôtre Carte, îl eft aifc de voir que cette entrcpri- fcf joinre à celle du Fort de Frontenac , (avoir de bâtir des maifons^ un fécond •%itin V* Fort Fc toi & doi avci vais caui Jcs J au C L Goi quel par t enfin parlé gieuf( C'cfl rîmes Le i^ pour/ ia terr fumes iante à trcrles nôtre b m pied 5 pour y Imes lux en mar- chcvrcua Sauvages, mes en ce aitiamais IcsChar^ Le Sieur Mt,ncput ne vie fi [>andonner s& dcre- riron deux Canada. le nous fut iire mon- des rajpi- faire bâtir >trc Carte, entrcpri- •rontcnac , un fécond Fort Dans l'Ameriq^ Sept. 77 Fort dans cet endroit de Niagara, pou- roit donner de la jaloufie aux Iroquois, & même aux Angtois 8c aux Hollan« dois, qui demeurent dans leurvoidna- gc, & qui ont un commerce ordinaire avec ces Barbares. Pour prévenir les mau- vais effets que cette entreprife pouvoit caufer, nous fûmes en Ambaifade chez les Iroquois, comme nous le verrons au Chapitre fuivant. Le 1 5*. on me pria de me mettre au Gouvernail de noue Brigantin, pendant que trois de nos hommes le tireroicnt par terre. Nous ramenâmes donc enfin près du Rocher »dont nous avons parlé, de qui eft d'une hauteur prodi-^ gieufe au bout des rapides de Niagara. C'eft dans cet endroit, que nous ama- rames nôtrejpetit V'atflèau contre terre. Le 1 7. on fit une Cabanne de piens pour fervir de Magazin. Le 1 8 & 15^. la terre eftant extrêmement gelée, nous fumes obligez d'y jettcr de l'eau bouil^ lante à pluueurs fois pour y faire en* trerles bois. Le lo^ 21. 22. & if» nôtre barque courant rifquepàr la déri« D j„ vc jfu «:; m 78 NouVELL. De'couv; ▼e des glaces oui Pauroient brifée , nos Charpentiers nrent unCabeAan.Legros Cable rompit par trois fbis.Mais le nom- mé Thomas Charpentier, natif du Pays d'Artois, ayant entouré le VaifTèauavec h Cable, nous le tirâmes à terre, ôc le numes ainfi hors du risque des glaces, qui descendoientavecviolencedugrand Saut de Niagara. " ":'. ' r i*- iH Ui CHAPITRE XV. ■>ii. Jlmbajfade y que mus fûmes oblU gez défaire par terre aux Iro* ^ quais ^i^bnmntoiians.^ 'HVj: POur ne point donner *d'ombrage l ces Sauvages,qui font les plus nom* hreux de toute la Nation, nous fumes obligez de prévenir en nôtre faveur ceux du petit village de Niagara. Nous kur fîmes donc connoitre , que nous n'avions ps deflèin de bâtir un Fort fur k bor<) de kur Rivière de Niagara. , ' Nous Noi dflef] Mag difès port( fime: enter pirésK d'cnti gcdc faires Iroqii : Ile aller p les en; voient nos dé â.lac< t^i c , nos Le gros ienom- lu Pays eau avec rc,8clc glaces, lu grand mts ohlu mx Iro* )mbrage à plusnom- lous fumes re faveur :ara. Nous que nous un Fort fur î Niagara. Nous Dans l*Ameriqj_ Sept. 79 Noius leur dîmes 9 qne nous y ferions dneflcr feulement un grand Hangar ou Magazm y pour y mettre les Marchan- difes , que nos gens leur avoient ap- portées pour leur commodité. Nous leur fîmes quelques prefens pour leur faire entendre^ que nous demeurerions au présî d'eux , pendant que fix ou Sept d'entre nous iroient à leur grand villa- ge des Tfbnnontouans pour parler d^af- f aires avec leurs principaux Capitaines Iroqiiois.' j o' 'A^ti%^\i'^^ 11 cftok effeâivcment neceflâire d'y aller pour diflîper les ombrages ', que les ennemis de nôtre Découverte a- voient donnex à ces Sauvages de toutes nos démardies* Comme je travaillois à.laconftruâion d'une petite Cabane d'écorèe ^ur y faire le krvice divin , le Sieur de la Motte , avant que de re- tourner en Canada, comme je Tay mar- que cy-Kkifus, me pria de l'accompa- gner dans i>n A mbaflàde. . . . . ^ Jo^le côhjdcai de me laiflèr avec le plus grand nonibre de nos hommes. Il me repondit ^e 4e fcike il en prenoit fcpt V I^ 4 ^vcc m Ui il So NouVELL.. DE'coav. avec luy , que j'entendois à peu prés leur langue , que ces Barbares m'avoient cn^ trctenu plufîeurs fois au Conieil, qu'ik avoient tenu au Fort de Frontenac: qu^il y alloit de la gloire de Dieu : qu'il ne pouvoit iè fier a ceux, quiraccom-^ pagnoienty &que (i nôtre entreprife venoît à échoiier , on s'en prendroit indubitablement à moy. Ces raifons, ôc d'autres plus fécretes me derermiué- rent à le fuivre dans fbn voiage. Nous marchâmes avec des Souliers à la Sauvage faits d'une peau paflee toute fimple, mais (ans femelle, parce que la terre eftoit encore couverte de Neige» Nous traverfâmes des forefls pendant trente deux lieiies de chemin. Nous portions nos couvertures avec nôtre pe- tit équipage, & nous paflions fbuveht les nuits à la belle étoile. Nous n'a- vions avec nous que quelques petits facs de blé d'Inde rôti. Mais nous trou- vâmes en faifant nôtre voiage des Iro« quois, qui efloient à la diaflb, & qui nous donnèrent duChevrciiil avec quin- ze ou feize Ecurueils noirs , qui font trcs-J)ons à manger. Apres . A rivai Jroqi mes mes ( neur aux I nercii où le nous parui icJon ] plus j( vereni enfuiti &de. Le ;our d après Chapx Pcrcs flofeni vé qui Confei font pJ Je, ei es leur cntcn** , qu'ils itenac: i : qu'il %ccom-^ trcorifc enaroic raifons, ermitté- » oulicrs à [ce toute ir ce que ic Neige. pendant Nous nôtre pe- rCbuveht bus n'a- petits facs ous trou- des Iro- ^ & qui avec quin- qui font Apres Dans l^Ameriq. Sept. 8t' r Après cinq jours de marche nousar-* rivâmes a Tegarondies grand village de» Iroquois Tfonnoiitouans. Nos Hon»« mes cft oient fort bien, équipez d'ar- mes & d'habits .plutôt pour fe taire hon- neur à eux mêmes, que pour en faire aux Barbares. Les Sauvages nous me- nèrent dans la Cabanne du grand Chef, où les femmes & les cnfans venoient; nous confiderer. Apres les cris faits par un Ancien pour avertir le viUagc iclon la coutume de ces Barbares , les plus jeunes d'entre les Sauvages nous la- vèrent les pieds , qu'ils nous frotéreiït enfuite avec de la graiflc de bêtes fauves, & de l'Huile d'Ours. Le lendemain , qui eftoit le premier jour de l'an 1679. je fis la prédication après VoSkc ordinaire dans une petite Chapelle faite d'tcorce d'arbre. Les Pcrcs Garnier, & Rafcix Jcfuitesy c- ftoient prcfens. Apres le krvicc ache- vé quarante deux Vieillards parurent au Confcil avec nous. Ces Sauvages, qui font prcfque tous d'une fort belle tail- le, elloicnt enveloppez dans des mau HIC' Si Nouvel L. De'gqut. , niercs 4e Robbes de Caftor^ondeLoup» ëc quelques uns en aroient cPEcurueils. noirs avec une pipe ou Calume^à la main. Les Scnatcurs de Venife n'ont pas une contenance plus grave , & ne parlent peut être pas avec plus de poids que les Anciens des Iroquois. < 'f -^ ^ Cette Nation eft la plus cruelle , Se hptos Barbare de toute TAmerique^ fiir tout à regard de leurs Efclaves,qu'ils vont chercher à deux ou trois cens lie- tîcs de leurs Cantons, comme nous le fer€Mis voir dans nôtre fécond Tome. ie dois pourtant dire , qu'ils ont de très onnes qmlitez , & qu^ils aiment les Européens , qui leur donnent des mar- chandîfcs à prix raifonnable. Ils liaïf- fent à mortceux, qui font attachez à feur intéreft, & qui veulent s^enrichir dfe' leurs dépouilles de pelleteries de Ca- ftor. Us vont les chcrclier à plus de cent cinquante lieircs de leurs villages pour avoir en échange des marchandifes des Angîois & des Hollandois. Ils aiment pUw c€$ deux dermetes Nations , que ks Canadiens, par ce' ou'ellcsfont plus traita leurs toînc roque Sieur blée^: Calun noUs,c nous j( haches un gra &bleù mes de trai- ,oup> rueils. au n'ont & ne poids fc, Se ;rtque^ :ns lie- nous le Tome, t de très icnt les les mar- lls liaïf- tachez à 'enrichir jsdeCa- pks de villages cbandifes Ils aimant )ns , que sfomplus trai- Dans l'Ameriq^ Sept. 8j traitables» & qu'elles leur donnent leurs denrées à meilleur marché. ;,;jti'un de nps hommes, nommé An-* toînc Braflàrt., qui favoit fort bien Tf- roquois> & qui fervoit d'Interprète au Sieur de la Motte, dit à cette Aflèm- blée , I . que nous venions les vifitcr ppuf, fumer avec eux dans leurs pipes ou Calumets. C'eft une Cérémonie, que nous, décrirons ey-apres. Apres quoi nous jettâmes au milieu du Confeil, des haches, des couteaux , des Capots, Ôc un grand Colier de porcelaine blanche & bleiie. Dans la fuite nous continua- mes de fîûrc des. prefeas à tous les points ,que itous propofions à ces Bar- bares, ôc ces prefens eftoicntàpeuprcs de la même vaieur, que les premiers. . 1 r Nqus les priâmes d'avertir toute lç,ur Nation des cinq Cantons Iroquois, que nous allipns faire un Navire, ou grand Canot de bois au dcffus du grand Saut de Niagara pour leur aller chercher des marchandifes dans TEurope par un cbc»îiin plus commode, que celui qu^on fait au travers des grands rapides du ï;-:? D 6 fleuve f 'i 84 NÔUVELL. De'coÛV. ^ Fleuve St. Laurent: que moiennantcc-^ la nous leur donnerions lé^ck6(es à ht' aucoup meilleur marché que \e< Anglois & les Hoilandois de liaison, & de k nouvelle jorck. Ce prétexte eftoit fpc* d'eux, &aiTezbien imagine pour dé- truire les Anglois Ôc les HoUandois de F Amérique parle moyen de ces Bïirb;tres. Car ils ne fouftrent le^ Européen^, que par h crainte, qu'ils en ont, oùfïirlc profit, qu'ils font avec eux en troquant leurs cnarchandifes à prix raifonnable. 3 . Nous leur dîmes , que nous leur fournirions ah Rivière de Niagara un- Forgeron, & un ArmuHcrpout-Taccom- ntoèzr leurs haches & leurs fufils , par ce qu'ils n'a voient perfonnc parmi eux, qui entendit ce mefticr là : que pour ra commodité de toute la Nation. Nous les placerions fur le bord du L^Ohta- tario à Tcmbonchure de la^ Rmcre de Niagara. Nous jettSmes encore au mi- lieu de ces Barbares fept ou huit Ca- pots^ & des morccairx d'une belle é- toffc , dont ils iè couvrent depuis k ceinture iufqu'aux gencnix, pourksat^ tiisr tirer d d'ccoi parler avertit dire à DitNs l'Amerk^ Sept. 8f • tirer dans nôtre parti , & les empêcher i d'écouter ceux , qai voiidrôiefit leur parler çontne nous , les priant deiious avertir de tout ce qu'on pourroit leur dire à nôtre des avantage avant que d'y a* jouter fot. •' Nous ^djoutdmes plu(!eurs autres- raifbrfs que nous crûmes' propres à les perruader,afin de les porter à favcv* rifernôtre entreprife. On kuf donna tant en étoffe qu'en fer plus de quatre cens Frans. Nous y joignîmes d'autres- marchandifes d'Europe > qui font rarcs^ en ce Pays-là. Les meilleures raiions du monde ne font pasécoufêées en ce Pays-là , fi elles ne font' accompagnées de prefens. - •-r ^^ -• *' * '^ •»• J'oubliois de dire , qu'avant iquc de commencer nôtre difcoiirs au Confeil ,. le Sieur de k Motte fk dire aux Iro** quois y^ qil'il ne leur{)arleroitpa5, qu'aïf préalable ils ir'eiiflêntiàitfortirdu C.'on^ fcil k Pei« Garnier Jefuite , qui hiy ctoit fufped. Les Vieillards koquois le prièrent de fc retirer. Mais par ce ^u^ j'avois beaucoup de confideratiom iiu.F I> 7 pou* •S^-i U 86 NouvEL»i:i. De'couv.' pour l|ii| je (brtis avec lui y . afin qu'il n-euft >pa$ Taffiont entier. Je lui tins donq compagnie, & je fus bien aifc de montrer par là au Sie^r de la Motte, qu'il n'avoit pas eu raifon de me mener au Confeil » puis qu'il avoit deflèin de faire un ai&ont de cette nature cp/ma prefence à un Millionnaire Jefuite^q^i ne fe trouyoit parmi ces Barbes, que pour les inftr^iire des Veritez de TÉ van « gile. Je me diipenfày par là de me trouver à la première journée de« a&i- its, dont Q^.voj^pi^tt'aiter avec }ç$ Iroqupis., 'lii*'^^'^'-^:' ^-^ T •■'•"■'• : ■» f - Je voioîs.y que te Sieur de 1^ Motte avoît été nourri parmi des gens< enne- mis de tout ce qui s'appelle Ke^ieux. Je ne doutois donc point , qu'il ' ne m'attribuâiQ.tQiKesJes beviies, qu'il fe- foit. Mais je jf^esu ^ qu'il vajUoit mieux, qu'il f$.t trompé plutôt que moy par les perfonnes , • qui Tavoient ei^Ioié. Voila pourquoi je^ fus ferme dans la fiiite, & je ne voulus jamais^ me mêler i*aucunc ajfl&ire temporelle;. Lesi Iro- qiiois,^ 8c toutes ]c$ autocar {Rations ^^ont toujours fourni ma fubfiftance, ôc m'ont foulage dins le bcfbin, parce qu'ils me vioiem desinterefle en tou« tes chofes. Et en effet quand ils me faifbicnt quelque prefent après en avoir receu de moy , je le donnois aufli tôt à leurs enfans. Le jour (uirant les Iroquots repondi- rent article par article à nôtre difcôurs 3c à nos prefens. Ils avoient mis de petits morceaux de bois à terre pour (ë fouvenir, de ee qui leur avoitétéditau Confci^' prccedient. A chaque répon- fc, qu'ils faifoient aux articks de nô- tre harangue , ccbii des Iroqùois, qui portoit la parole , tenoit un de ces pe- tits morceaux de bois à la main , ôc a- frés Ton difcours^il poroic «n milieu de ailemblée de la porcelaine noii^e ât blanche , qu'ils ont accoutumé d^cnfi^ fer dans de petits nerfe fort minces qu"- iis prenent {ur les animaux ;^ qu'ib ntcnt, Ôc qu'ils font fecher. Après avoir répondu «a chacun de nos articles l'un apP€s Vautre , dont ces pctitsnnkôr- eeav^ m\; _ ; - V J8 NouVELL. De COU V. ^ ccaux de bois les font fouvcnir , auflt bien cfic des prefens , que nous leur avions fait, toiis ces Vieillards Irocjuois ^ après que le phis Ancien d^entv'eux a crié par trois fois à pleine Gorge , Niaoiiay c'eft à dire, voila , qui cft bien , je te remercie , ils crient auili tous de même en cadence, & d'un ton haut» qu'ils tirent de rcftomach, Niaoiia. Mais il £tut remarquer ici , que tous les Sauvages^quoi que les uns (oient plus rufez que les autres, penfeattous à leur intereit. A infi toutes nos raifon» ne contentèrent les Iroquois qu'en appa- rence feulement. Ils voioient, que les Anglois& les HoUandois leur donnoient les marchandifes à beaucoup meilleur marché que les Canadiens François. Us avoieht donc plus d'inclination pou]> eux y ^ue pour ceux que j'accompa- Ges Barbares ont une extrême in- diflcsence pour toutes chofes. Cepen* danc on . paflêroic pour mal*honneAe homme jpasmi eux,, â on contredifoit sm&choka^ ^liièdifcntdanskurCon- 'u :j " " ' ieil, feil, e quand' aDfurdi donc t dire, i Cep qui ieuj quoi je g«, qi Textrem toutes c des vcrit C'eft là j'av trou eflfctàn tre abfol foient ic ximes de que cho ne les pc Ils dem< leur cpo ne travai vertir. Pcndî »■•• 5 aufTt s leur quois^ 'eux a iorgc, ^ bien , )us de n haut» loiia. juc tous lentplus xs à leur fonfi ne n appa- L que les ^nnoient meilleur îçpis. Ils on pou^ rcompa- emc in- Cepen* lonneftc tredifoit surCon- ieil> Dans l'Amertq^ Sept. 89 Teil, Se fi on ne convenoit de tout, quand même on diroit les plus grandes aDrurditez du monde. Ils répondent donc toujours à tous y Niao'ùay c'cfta dire, tuasraifon, mon Frère i voila, qui eft bien. - -^ .i.**,^., ^*«,,^ Cependant ils n'en croient , que ce qui leur-plaift en leur particulier. En quoi je puis dire ^ que tous \q^ Sauva* ges, que j''ay connus , font connoitre Textreme indifférence, qu'ils ont pour toutes chofès, & même pour les gran- des vcritez de la Religion Chrétienne. C^eft là aufli le plus grand obftâde, que j'av trouvé à leur converfion. £t en effet à moins, qu'on ne fe rende mai* tre abfolu de ces peuples , & qu'ils ne foient loumis des leur enfance auK ma- ximes de nôtre Sainte Religion , quel- que chofe, qu'on leur -puiflc dire , on ne les perfuadera jamais de la vérité. Ils demeureront même toujours dans leur épouvantable ignorai ice , fî Dieu ne travaille intérieurement à les con- vertir; * 1 -C"^ v 4;tf?r<^nY-i?'>i Pendant les derniers jours de nôtre "^nuil Am- il n lii IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 125 1.1 iij ^^* — ■^ IM 12.2 £[ Uâ 12.0 M 'II— 11''^ i'-^ < 6" ► <^ w Va /. 7W Photographie SoHices Corporation 33 WeST MAIN STRKT WiBSTIR.N.Y. 14SS0 (716)«72-4S03 fo Nouvel ju. De'cou v:i ^bâ&deksGuenriersIrpquois ^rniené-^ rcnt chez eux des Efcbvcs, q«'il? avoknt faits vers la Virginie; L'un d'erttr'cux étoit Houtouagaha, ce qui fignifie en la hngue Iroquoife» BredoiiiJknr^, ou grand parleur. L'autre étaitdê la Nar tion des GaunidSogîi»! aupjjcssd^rquels ilyavoit des Mifl^Onnaii^s RccoUets Anglois. Les IroquQÎs donnèrent la vie ^ ce dernier. Mais pour ce qui eft du premier , jp c^5> que les Nerons, les DotiûtiensVj :Bc ks mmtams ,u!ont jamais inventé rien idt fi; ^uelv pour exercer la; patience dtf& M^rs ^ iqne ce que les Iroquois lui fireitt fouf&ir. Us ont accoutumé d'en u(èr ainfi à regard de tous leurs ennemis , ^'ib prennent cn.guerre. Ils les traitent de ci^uoe manief e fort Souvent pendant i un moiis entier; Lor(qu'ilsles,oht ame- nez dans leurs Cantons » ils les atta« chent à des bois faits en forme de croix de.S;An4réi Ils y attan^ent les bni & les jambes de cesmal-heuteuix ^r, Se lesexpofèntaux maringoiiins ou petites mouches^ qui les pi^oént ju^ues i la Mort. " ^ ' " ^' Quand t)ANs l'Ameïiiq^ Sept. 51 * Quand cesEfclaves font arrivez chez ces peuples, les enfans leurcoupentdes morceaux de chair fur leurs cuifïes , ou fur quelque autre endroit du corps, de après les avoir fait cuire fur la braife, ils forcent ces pauvres Efclaves de les manger. Les Pores Ôc Mères de ces petits Barbares en mangent eux mêmes de rage. Ainfi ils les traitent avec unt extrême cruauté, telle, qu'on n'a ja- mais ouï parler de rien de fèmblable. Ils donnent à boire à ces petits Anthn) - ^esdufàng de ces malheureux daves dans de petits plats dé^orce^ a« fin de les animer d'avantageà extermi* ner leui's ennemis. Cette horrible cruauté nous obligea de nous retirer de la Cabanne du Chef de ces Barbares, afin de leur marquer rhorreur, que nous avions de leur in* humanité. Nous ne voulûmes plus manger avec eux, & nous retournâmes (ùr nos pas au travers des forêtsala Ri- vière de Ni^ara. Voila (jacUefut cetf te fimefte Ambaf&de» ii^ ..nimo. ^:J'*^ j^*>î/K^r w* -H z^mn CHA. «I NpUVELL. De'coUV, ' CHAPÏTRÈ XVI. « Vefcription A* un Vàijfeau de foi- 2 xante tonneaux , que nous fU 'l^ mes conjlruire prés du Détroit i^idu Lac Erié pendant ihyver, *îU & le printemps de l'an 1 679. LE quatorzième de Janvier nous ar- rivâmes à nôtre Cabanne de Niaga* isipoor nous délaHer des fatigues de nô- tre Ambaflàde. Nous n'avions que du blé d'Inde à mai^r. Mais heureuiè- ment pour nous la pêche des poidons blancs, dont nous avons parlé cy- de- vant, étoit alors en faifon. Cet agréa- ble poiflbn nous fervit d'aflàifonnemcnt à nôtre blé d^lnde. Nous nous fer- yions du bouillon » où ce poiflôn avok cuir, au lieu de boiidlon de viande. Lorsqu'il eft refroidi dans la marmite, il fc fige » & fc réduit en gelée à peu prés comme du bouillon de veau^ t ir» Le vingtième j'entendy du bord, ou "0 nous V. 71. -^ fTÎ de foi-- tous fU Détroit l'hyver , : nous ar- dcNiaga- aesdenô- ^nsquedu heurcufe- j poiflons fié cy-dc- ::ct âgrea- bnncmcnt nous fer- iflbn avok le viande. I marmite, elécà peu vcau^ '^ bord, ou nous Daks l'Ameriq. Sept, ^j nous étions , da voix du Sieur de la Salle ^ 2ui étoit venu du Fort de Frontenac ins; une grande Barque. Il nous ap- portoit des vivres , & tous les agrets ne- cedairespourleVaiflèau, que nous a- vions fait defleindeconfiruure au defTus du grand Saut de Niagara à l'entrée du Lac Erié. Mais par un malheur étran* 5e, cette Barque, qui nous amenoit es marcbandiles , périt par la faute de deux Pilotes, qui étoient de difterens avis iur la route , qu'ils dévoient fui« vrc. Cette Barque fe brifa donc fur la cote mmdîonale du Lac Ontario ^ à dix lieues de Niagara. Les Matelots ont nommé cet endroit le Cap enra« On (àuva pourtant les Ancres , &Ies Cables de cette Barque. Mais on y per- dit encore 4es Canots décoKCc avec des marchandifès. Ces travcrfcs auroient Souvent fait abandonner cette entrepris* fe de la Découverte , à tout autre, qu'a ceux , qui en avoient formé le gene<« rcux deiicin.^ n s uv 1 ^a 1*;^»- * * Le Sieur de la SaUc nous aprit, qu'il :yi avoit ) 94 NoUYELL. De'couv. avoit été chez les Iroquois Tibimon- toiians avant la perte de fa Barque, ôc qu'il avoit fi biens feu les gagner, qu'ik lui avoient parlé avec éloge de nôtre Ambaflàde, que je viens de rapporter, ôc qu'ils avoicnt même confènti à Texe- cution ile toute nôtre entreprife. > < Ce g^f^d concert dura quelque tethp^* i^f.^Cepend^nt par ce que certainesgen» traversaient nôtre deflein de tout leur poflible , on infinua encore des fenti- meiis de jaloufie aux Iroquois. Le Fort que l'on batifloit a Niagara, comment çoit à ^'avancer* Mais on fit tant en tejcret^ que ce Fort déviât iÛpeâ à ces Barbares. U &llut donc en arrêter la conftruâion pour un temps , & onfê contenta d'y faire une habitation en- tourée de paliiTades. ^>,Le vin^ deuxième nous nous rendî-* XOC6 à deux lieiics au defiiis du grand Saut de Ni^ara. On ydref&unChan* tier pour la conQruâion du Vaiflèau , dont nous avions beibin pour nôtre Voiagc. Nous ne pouvions bâtir dans uii lieu plus commode , qu'auprès d'une Ri- Rivie troit, grand yeniie portât >nnoii- e notre >porter, iàl'exc- fe.. Ce împs.'n i incsgcM :out leur des fenti- . Le Fort commcn- fit tant en dpeâàces i arrêter la ^ de onfe ation cn- lous rcndî- s du grand àunChan* a V^cau , pour notre is bâtir dans auprès d'une Ri- Dans l'Ameriqj, Sept. 9j Rivière ) qui defcendoit dans le Dé- troit» , qui eft entre le Lac Eric , & le gra^iSaut.. Dans toul^s ces allées $c yeniie9; '/avpis toujours ma Chapelk portative fur me$ ép4tiles. Le vingt ûmtne la Qgille duVaifleau, & d'autres pièces étant prêtes, le Sieur de la Salle m'envoya, te. nommé. Maître Môyféi Ghacpeatier pour fioc prier d'y mett!» la prentïicre dicyille,; - Mais la modeftie de ma> profdGoa ReUgièufè m'obKgea de refluer cet honneur. Il promit donc dix Louis d'or pour cette première dievillé aSn d'ammer le Maî- tre Chafft>entiec à avancerleBatiment..' Pendanft toiit rhy ver , qui n'eft pâ$ de la moitié (irudc en ce Pays-là qu'en Canada, nous fîmes bâtir des Cabannes décorce d'arbre par Fun des deux Sauva* ges de la Natioin du loup , quis'ét fi on n'y eût fait une garde fort exade. Ces fréquentes alarmes , la crainte de manquer de vivres après la perte de ■r-M: ; • . E •. ^ la > 1 ^ Kot/VELL. Dfe'COVV. Jaçrandcj^Borque xluiFortdc Frontenac, a& krcfu&yXjuclcs Hionncsntouansnoas ficéncxbnûus tlonner à\i tilé^d'lncleeii fnjBont, étonneremnos Charpentiers, ils étoient^ckbauchez d'aiUeurs par un snalheurenx, quiavoit tenté pîufieius £ois de defcrter par Ja Nouvelle Jorok 'ààns Tendroit , qui ^ft liabité rj^ les •HoUancbis^ lefquels ont Sfiiccedé aux Suédois. Cemalhoneéte )hiKnaie ^u- ibitinddritabtement débauché nosOu- ^rrîsrsy fi je ne les^euflè 'lofrurez par les «odiortations , que je leur:lâtrais aux ^uis de Fefie & de Dimanche après le ièrvice -Divin. Je leur reprcfentois, que •nôtre entreprit regardoit uniquement dafgloire de Dieu , & le bien de quel- ques Colonies Chrétiennes. Ainfi je ^nrs ^excitois à travailler avec plus de dili- -gencc^n de nous délivrer de toutes -ces iniquictudes. D^illeurs les deux 'Sauvages .de h iiibtion du Loup, que nousavionsen- gagez à nôtre fcrvicc,'alloient àibchaf- dc, Ji nous foumiflbicntdu^Chevrciiil i& «tf autres beftcs 'ikuvcs:pDmTnôtrcrub< 'd "' •"'\' J lîftcn- v^- 1. ontenac, [ansnoos i'indeett ppentiors. s par uti plufieuss sUc Jorck é rf^ ies tccdé aux rmmc «u- iénosOu- P^ par les fctfcris aux hc après fc fcntois^quc mtqucmcnt en de quel- Ainfi je plusdedili- de toutes ^!S .de la jiivionseu- itàia^chaf- a^Chcvrcuil irriiatrcfab- fiftcn- 3aw JL'AMCaIQ:, &£Pa\ 99 itftcnce. Gela ^àifoic jTcprfindcc coib» tsage i nMs jAANs l'Amkrk^ Sept, 103? jn ne Itf trouvay pas infumioiatable à la. voile , comine on me l'avoit fàuilc'» inenraHRiré. Je vis , qu'àk £aveuQ d'un vent de Nord , ou Nord-Ouefli pailablement bon,notce Vai&au pour^ roi^ entrer dans ce Lac Erié , 8c Yoisb* gerenfiïîte dans toute fbn étendue, pourveu qu'on fît force de voiles , âc que d'ailleurs on mit quelques hommes à terre pour hâler au col en roniontant» Vf *• ^'t ,; ■; -i.jy-'.î :^-:rJj MikîVi . .-^mu-'.-'i CHAPITRE XVïL' Retour de tjiutheur au. Fort àt Fi/ofitmm, **%- fcv0.«<:iyig|^, \ 'Vs- îm ,, -UWiii AVant que de continuer nôtre T>éh couverte je fus obligé de retourner au Fort de Frontenac pouf y prends deux de nos Religieux , aiSn qu'ils m'- aidaflênt à faire le fervice. Je bl&A nètre Vai&au fiir deux Ancres à préiB d'unne lieu & demie du Lac Erié dans le^Détroic, qui eft en^« le grand Saut, ' E 4 &CC il;, 104 NouvÈUL. Decouv. & ce Lac. Le Sieur de Charon Ca- nadien fouhaita de retourner avec moi pour éviter les mauvais traitemcns^que k Sieur de Tonti lui faifoit fins ceflè. Cet homme ne pouvoit fouffrir les Su- jets du Roi d'Efpagne* Il avoit eu part ^ la révolte de Naples auffi bien ^ue Ion Père. ;V^v.,,- —-r Nous nous embarquâmes ledit Cha« ron de mov avec un Sauvage dans un Canot. Nous déccndîmes le Détroit vers le grand Saut , ou nous fîmes le portage de nôtre Canot jufques au grand Rocher , dont nous avons parlé. Nous nous rembarquâmes au pied de ce Rocher ., &c nous decendimes jufques à Tembouchure du Lac Ontario. Nous y trouvâmes la Barque , ou Brigantin , .dont nous avons parlé , que le Sieur de la Fored nous avoit amené du Fore de Frontenac, t /> -"; Après quelques jours, que le ditSieur de la Foreil employa dans la traite avec les Sauvages, nous nous embarquâmes fur le Brigantin ayant avec nous quin- ate ou feize femmes Sauvages , qui fc i ^ fer- lervif defai terre, coutu lebraj '-î.^ ;o f i on Ca- vec moi icns,que ns ceflè. ir les Su- it eu part rien que îdit Cha- ; dans ua I Détroit s fîmes le Lifques au ons parlé, i pied de ce jjulques à io. Nous Brigantin , .le le Sieur aédu Fort ilcditSieur 1 traite avec ibarquâmes nous quin- 5, quifc Icr- Dans l'Ameriq. Sept. lof fervireût de cette occafion pour éviter de faire quarante lieues de chemin par terre. Comme elles n'étoienc pas ac- coutumées a voiager de cette manière, le branle du Vaiflêau leur caufa de grands mauxd'eftomach, qui nous apportèrent une étrange puanteur dans le Yaiflèau. Mais enfin nous arrivâmes il la Rivière de Aoliegiien, où le Sieur de laForeft troqua de l'eau de vie contre des peaux de Cailors. Ce commerce deboiflbns fortes ne m'eftoit pas fort agresble. Pour peu que les Sauvages en goûtent ,. ils font plus à craindre que des enra- gez. >..-^.::f.., ,^ ■.,:.:•..;.. Après Ta traite nous pafTâmes de la côte Méridionale de ce Lac à. la Septen- trionale , & par ce que le vent étoit favorable, nous paflames en fort peu de temps le village , qui cft à Tautre bord de Keuté , & de GanneouiTe» Mais lors que nous approchions du Fort de Frontenac , le vent nous manqua. Le calme donc m'obligea de me met- tre dans un Canot avec deux petits Sau- vages. Nous mîmes pied à terre dans E î nile J96 NoWBi^L. De'couv. rifle de Goilans. Ce font de cer- tatRB Oifeaiix de Mer, cpi font engrand nombre dans cette lHk, Noos y trou- vâmes quantité dVsetifi de ces Oifeaux for le iaUe , «à le folcil les fait édorre. yen emportay quatre paniers avec moy^ qaifuœnt trouvez très bons en Aume- kttes. Nos^iffionnair6slt.eeolIetsnie reccnrent avec joye. Ils étoient Bc <^m avoitdefertédu £brvice de ùm Prince naturel. Je diflft- mniayune^iticyde ccqui s'étoitpafTé» par ce que je ¥ouk>is attirer avec moy fes Peres'Gsibriel, J^^enobedans no*- tfle Découverte, D'ailloiir» je £ivoisV que le Sieurde la Salle, qui étoitdorâ sini *Fort dcl^rontenac, ^ dont jecon^ noiilbisila conduite par expérience, (c ■ ^ • i fer- y- s Dans l^Americ^ Sept/' la^ (effvoit yolontien de cette fameufe mar< xime, Dividi cr impers » & qu'il jGbuhaitoit de Tingniier entre &$ gens pour en difpiofer plus aifëment feton ie»^ deflèbs. J'étoîs perfuadé , qui fi je hii fai/oîs mes plaintes (ùr ces mauvais tiaitcnienS) il ne lesauroit pasfoufTerts. Mais j'avais jutant d'envie que lui àf^ faire la Découverte de ce Nouveau Pays^ & c'eft ce que ledit Sieur de la $allç reconnut en termes fortobligeans. Ledit Sieur de la Salle ^ qui étoit d'un génie fort étendu , brufloit du de- fir de fe rendre rccommandabie dans le monde par les Découvertes. B m'avoir dit plufieurs fois , qu'il ne connoidbit point de Religieux plus propres que nos RecoUeéts pourcpniribuer aux progrès des NouveUcs Colonies. Il avoir pafic neuf ou dijçans dans un autre Ordre,. dont il étoit forti depuis aveclapcrmii;- fion de fbn General, qui dans le con- gé, qu'il lui avoir donné par écrit pouv cela, lui rend temqignage, qu'il avoir vécu parmi les Religieux de ion Ordre £uis cbnncrJb «iQin4rc foup^otudepc" E ^ Axé # \ laS NouvELL. DECour, ché Vcniel, Ce font les termes dcPA- âe, que j'ay leu. lime dit donc, qu'étant parfiiadé, que nous pouvions l'aider très utile- ment dans ion deffeinjil avoit refolu de faire quelque chc^ en &veur de nôtre Ordre. Il nous aflèmbla donc ix>us quatre le 27. de Mai. 167^ & nous fît connoitre , qu'étant Gouverneur Ôc propriétaire du Fort de Frontenac il mcttroit ordre par (on Tcftament, qu'- aucun autre Ordre que le nôtre ne pût s'établir prés dudit Fort. Il marqua des bornes* prés de la maiion , que j'a- vois fait bâtir. Il planta des piquets pour le Cimetière. H créa même un Notaire public , nommé la Météric 2m a été le premief » qui a drefTé un *ontrad au dit Fort de Frontenac , & cet homme dreffa un ade , par lequel le dit Sieur de h Salle donnoit à notre Ordre la propriété de dix. huit Arpens de terre prés dudit Fort fur le bord du Lac Ontario , & quatre vingt ou cent Arpens à défricher dans h profondeur du bois prochain; Ce qnè nous accc- Dans l'Ameriq^ Sept, i o9> ptames pour notre Orcfie, &en (igna- mes l'aâe quatre, que nous étions. Cela étant fait, il pria nos Iveligieux , qui dévoient venir avec moy de letenk prcAs , & en attendant le temps favo- rable pour partir, par ce qu'il nous fai- loit un vent Nôrd-Oueft, nous eûmes le loiiir de conférer entre nous des me- fures , qu'il nous falloît prendre pour cette Miction étrangère , que nous é- tions fur le point de commencer. Nous rendîmes pludeurs vifites auxSauv^çes., que nous avions attirez prés du Fort. Leurs c-nfans, i qui nous avions donné quelque teinture des lettres pour appren- dre à lire & à écrire, noustemoignoi- ent le dv7plainr , que leurs parcns & euY: avoient de nous voir partir pour notre voiage, ôc nous afluroient , que û nous revenions bientôt , le refîe du Village de Ganneouflè viendroit s'étar blir auprès de nous. j •^ ." ' 5*. 'i^ia**-? E 7 '■■ij' ' vi)f. CHAr- a,vi * ( lie NouTBLL. De'covt« CHAPITRE XVIIL Sicofid inAafqMttmnt du Fort di PEu èc temps après, k vent étant fa- voraUe,nous entrâmes dans le BrU rtin le Pete Gabriel, le.PercZeno- & moy. Nous arrivâmes en peu temps à la Rivière des Tibnnontoiïans, qui fe déchaîne dans le Lac Ontario. Pendant que notre monde alloit entrai^ te avec les Sauvages , nous drcdâmcs une petite Cabanne d^écorcè à d^mic liciîe dans le Bois pour y feireklcrvicc diuin plus commodément. Par ce moien nous nous retirâmes du tracas des Sau- vages , qui venoient ians eei]^ , non pas tant pour vifiter notre Br igantiir , qu'ils admîrotent, que pour troquer des mat^- chandifes, comme des couteaijx, des fiifils , de la poudre, du plomb , & fur tout de Tcau de vie , dont ils font fort fi:iands. Pendant ce retardement • qui dura huiâ^ ' ( Dans l'Amcrk^ Seft. i i z haiâ jours , le Sieur de la Salle, qui é* toit venu en Canot par la c6ce Méri- dionale du Lac pour le rendre aux Vil* lages des Tfonnontouans , leur Ht quel» Juesprefenspour les attirer toujours 'avantage dans nos interefts , N pour kurôter les ombrages y que nos Enne- mis fecrcts leur avoient donnez de n6- tre entrcprife. Cela nous fit perdre du temps à cauièduconunerce deno6;gens avec les Sauvages. Et cela fut cauiè, que nous ne punies arriver à la Riviè- re de Niagara que le trentième Juil-^ let. Les 4. je me rendis par terre au grand Saut de Niagara avec le Sei^ent nommé laFieur, Ôl nous arrivâmes ànft- tre Chantier, quiéioit.à (ix lieues dit Lac Ontario. Nous n^y trouvâmes plus le Vaiflêau, qu'on y avoit con- ftruit. Deuxrpetits Sauv:^s nousdé*» loberent fubtifement quelque peu de bifcuityOïii nous relioît pour ii6tt«e fiib«» fiftanc^. ^4ais nous ttouvâfflesun Canot d'écorce à demi pourri & (ans aviron*^ que nous racommodames du mieux» lit.'.. quç m NouTELL. De'cout. que nous pûmes , & ajant fait un avi* ron à la Hâte, nousn(<|uâmcs le voîage dans ce foiblc bâtiment, & nous arri- vâmes enfin à bord de notre Vaiffeau, qui étoit a l'Ancre à une liciie du beau Lac Erié. On eut de la joyc de nous voir arri« vez. Nous trouvâmes , que le Vaif- feau étoit parfaitement bien équipé de voiles, de Mâts , & de toutes les au- tres choies ncccflaires à la Navigation. Nous y trouvâmes cinq petites pièces de Canon, dont deux ctoicnt de Fonte , & deux ou trois Arqucbufes à croc. Ily af voitunGrifC>n volant àréperon, &un Aigle aude(lus>On voioit de plus, tous les ornemens ordinaires , Ôc toutes les autres pièces, qui gamiàcnt les Navi- res de guerre. ^r Les Iroquois ^ qui rcvcnoient de la guerre avec des Efclaves, qu'ils avoient faits fur>leurs Ennemis , lurent extrê- mement furpris de voir un Vaiflcau de la grandeur du notre , femblable à un Fiort ambulant au delà de Içur» cinq Cantons»^ Us vinrent à nôtre bord. Us Dans l'Amerk^ Sept, x 1 3 Ils étoient furpris entr'autreschofès,de ce que To» avoit pu amener d'auffî grof^ fes Ancres au travers des rapides du Fleu- re de St. Laurent. Cela les obligeoit de dire fouvent dans leur langue le mot de Gannoron , qui (ignifie , voiJa qui eft admirable. Ces Barbares s'éton- noient fur tout , de ce aue n'ayant point Tcu d'apparence de Vaidèau en allant à la guerre, ils le voioient tout achevé à leur retour , en un lieu , où on n'en avoit jamais veua deux cens cinquante licîiesdcs habitations du Canada. J'avertis alors nôtre Pilote de ne plus tenter de remonter les grands courans, qui font à l'embouchure du Lac Erié^ jufqu'a nouvel Ordre. Nousredççen- dimes le 16. & le 17. fur le bord du Lac Ontario , ôc nous fîmes monter la Barque, que nous avions amené du Fort de Frontenac jufques à la grodè Roche de la Rivière de Niagara. Nouç y moiiillâmes l'Ancre au pied des trois montagnes, où il faut faire le portage à caufe du grand Saut de Niagara , qui interrompt Ta Navigation , comme nous avons dit. Le ' A 114 N^^VH^ILX» DE'cO'WV'k Le Pft« Gabrifl , cgà étoît âgé dk iônante ^vnxre A»» ibutinc hs^tnwux de ce vokige , & mont» & dccendic par uroî» fois cet trois montignes , qui ront aflèz haute» , et a(Tez eftaipees dons cee eadtott du portioge. N«tre Monde Bt phifieuf» voiages pour por- ter ks munîtiotts de guerre & deDoit^ ehe, & Ite autres amt» du NkvFire. Ce Toiage fut allez péniMe , parce qu'i) 7 a dieux grandes neîies de chemin à&ire i chaque foi». Il fallut quatre hom- mes pour porter la plus groflê de nos Ancres. Mais on leur donna de l'eau NOus avons remarque cy devant, que les Efpagnols ont été les pre- miers, qui ont découvert le Canada, & que nos Religieux ont été les pre- miers, qui s'y font rendus avec les Co- lonies Françoifes. Ces bons Pères é- toicnt grands amis des Sauvages Hu- rons, qui leur avoient appris, que les Ir«- **|K*.|> ilroquoisdlloientioiiyeiitten §uqxe au ^iàdek >Vafgiiiie^0iiMQiiVQUe:Sueik qttésJ'iiii Lac., qtt^duypelloieiit £»- ngéy ou^E^é, :qiii'figamelednic, ou ^Nationilu'Cbat Et parce i|iic:oesAav- JxireS'raoïenoieiit Ses Ëfdavcs de cette ^Nlation^-Chat en tevenant .a ioBVS Cantons tout du long de ce Lac^ ks Hurons Tavoient nommé en leur lan^ gue Erigé) ouEriké, leLac du^Cfaat', ce que les Canadiens en.addQUci£&ntle mot Dnrappdié le Lac Erié , -comme nous FavonsFemai;quétCy- devant. Nous avions tâché plufieurs feis de jremonter les courans du Détroit |K>ur entrer dans le Lac Ërté. 'Mais lèvent n'avoit pas encore été afièz £>rt pour cela. Il fallut donc attendre , qu'ils nous fût&vorabie. ^^ependant le Sieur de la Salle iit ttavaiUer{»ar nos gens à défricher quelques tecros 1 rOiieft du Détroit de Niagara. Nous y^fèmâmes plufieurs herbes Potagei^ poiir ceux, -qui pourroient venir s^habitiier en cet endroit, afin d'entretenir iacc^immuni' cation des Barques pour, la .corteipon^ -#iî' daa* X èmocidùh IhbndgBtkui de iLbc en Lac. gieiifele^yâifl£auipât monter plus ^fétnent iur le Lac. ^ùc* Cdant nous ^(lons tous les sjours Je ice Divin'.fiir le Vaiflèau, /8c nos ^ensdemeuroient àrterre , d'où ik poo^ voient mêmcentendre le Sermon aux joursdc Fedes^ôc del>imanches. Le ¥ent de Nord-Ëf): ^s'étant forti- fié^nous nous enibai^uâmes tni ivxtlbse de trente deux perfonnes avec ideu9&de nos Religieux , qui nous- étotent^^onu joindre. tLe ^Vamèau étoit*bîon p»nr- veu d^armes , .de -vivres & de'marc?haii' difcs. Il y -avoit fept petites pièces^' .Canon. >ijxs «aux^font extrefnemcnt raptdos - dans 120 Nouvel L. De cou v. • dans ce Détroit à Tcntréc du LacErié. Il n'y a ni homme » ni béte ni Bar- Gue ordinaire, qui foit capable d'y re- ufter. U n'efi; donc prefquepas pofTi- ble de remonter ce courant. Cepen- dant nous en vînmes à bout , & nous furmontâmes ces violens rapides de la Rivière de Niagara par une efpece de merveille contre l'opinion de nôtre Pilote même. Nous faitionshâlerlc Yaiilèau à la voile, quand levenrétoit aflèz fort, & dans les endroits les plus difficiles nos Matelots faifoient des touëes,pendant que dix ou douze hom- mes tiroient à force par terre. Nous entrâmes ainfî heureufemcht à ren- trée du Lac Erié. Nous fîmes voile le 7. du mois d'Aoiift de la même Année 1679. ^3^* fànt nôtre route à i'Eft quart SudrOiieft. Apres avoir chanté le Te Deum nous fîmes une décharge de tout le Canon, & des Arquebufes à croc en prefence de plufîeurs guerriers Iroquois, qui ra- menoient des Eklaves de Tintonha, c'eft à dire de la Nation des prairies. (>■■ ■ ^. T' Dans l'Ameriq^ Sept, iii Ce peuple eft éloigné de plus quatre cens Ueîies ae leurs Cantons. On entehdoit ces Barbares cvlçryGattnoroh pour mar- quer leur admiration. '^'^ CeuX) qui nous avoiént fendu viG« tecy-derant, ne manquèrent pas dç porter la nouvelle de Isi grandeur de nôtre Vaiflèau, dont ils avoi^nt pris la mcfure , aux Hôlfandols , qui demeii- *rent a laNouvelte Jôrtk. Les Iroqoois ont un fort grand commerce avec eut de pelleteries , & d'autres peaux , qu'ils leur portent pour en avoir des armes à feu, 3ç des Capots , dont il^ f e cou- vrent pen^nt le. fr9id. ; ^ ^ j^ Au rcfte quoi que les ^tiiicïiïisqc nôtre grande Découverte eûflent fjft courir le bruit à dcflcin de traverfèr nô- tre eotreprife,' que le Lac Erié étoit rempli de battures, & de banfcs deiàr ble, qui en rettdoi^t ta Navigation ithpouible, nt>ûs'nèla[il1amespb^t^tn: pas en fondant de temps en temps d (&mes entrç deux Kkttes , c^w. fovu une petfpéâive fort Charmante. Ce D^ troit eft idus beau, que celui de Ni«^ gara. Il a trente lieties de longueur, comme neu9 avons dit , 6c eft krge d'une Iteiîefrcfque par tout , excepté d!am Ton milieu, qu'il' s'élargk , & for- me ce petit Lac^ quenousavons nom- mé de Sainte CJaire. La Navigation efl: bonne des deux côtei: des terres , qui fonlbaflèsy Munies par tout. i L'endi^dit de ce Détroit eft un pa^s ttts^bicii fituéy&d'Un Sol Écfrt tempe- ré. il eft Nord & Sud. Ort le vok bordé de vaftes prairies , qui (ont ter*- minées par des coteaux pleins de vf- gnes, a arbres fruitiers, de bocages, & de bois de haute fûtaye. Tout cela eft diftribué d'efpace en efpace, &on di- roitf que ce ibnt autant de lieux de plaifance, placez dans de belles campa* gnes. On y trouve quantité de Cerfs, de biches, dcChevreux , & d'Ours peu farouches, 6c tres-bons à manger, F z plus ,^1'^. I \ 124 NouvELL. De'couv. plus délicieux que le porc frai^ 4erEu« rope. On j troure âufli. des RquIcs /d'Inde y &desCignesejtquan4^é. Les rhaut bans de nôtre Vaiflèaitt étoient gar • nis de plufieurs bêccs fauves, que nos .gens avoient tuées à la Chaflè. Lereftedece DétrQ^^ eft couvert 'de Forefis deNoyer», Chauigoiers, Pruniers , Poiritrs^ ^ de yigne$ Sau- vages, dont nous times un peu devin. Il y a toutes fortes de bois propres à bâ« :tlr. Ceux, qui auront le; bonheur de Ebflèder un jour les terres de cef agréa- le & fertile Détroit, aurppf de l'obli- gation à ceux y qiii leur en ontfrayéle chemin, & qui ont traverfé le;Lac E- rié pendant cçnt lieiies d'une Naviga^ tioa inconnue. ' '■•,'*;■ Hi ':*j T^f' .?i^. ne '"■'■îr ZV-'l / Dans l'Ameriq^ Sept. 12$ '.) D CHAPITRE XX. '• ■> • ■ I Vefcription de ce qui fe pajfa pen- dant la traverje, que nous fU \ m$ du Détroit , qui eft entre Zk Lac Ëriéy à* le Lac Hu». rm. ■ i\ I 'A vois (buvcnt propofé au Sieur de la Salle, qufil feroit à propos de fai- . ^ pe un établiflèment au Détroit qui eft entre le Lac Erîé , & le Lac Ontario» dans l'endroit où la pêche eft abondan- te en poiffons de diffinremes efpeces: Cela auroit fervi à entretenir la com- munication des Bar<)ues , qui feroieni venues du Fort de Frontenac : Et d'ail- leurs on y auroit mis les Foirerons, dont on avoit parlé aux Iroquois pour le fer- vice de leurs principaux Cantons. J*a- joutois à cela , que l^oii auroit attiré par ce m(Men la plus grande partie du commerce, en donnant les miurchandi- iès à prix raifonnable à ces Barbares: F 3 ^qu'il y M 12^ NOUVELL.. De'coUV. 3u'il trouvcroit en cela un moien facile e s'eorichir, lU Qilcî la Religion s'y établiroit par d s C)olonics , qui ne manqucroient pas de s'y établir. Mais le Sieur de la Salle , ni les Ca- nadiens, qui étôient avec |tu , ' ri'é- toleilt pas d*huttitar 3è fe borticf à ^un établifleftient de ^ent lîc&es eh cent lieiics. Ils me firent connoitre , qu'ils apprehendoient d'être devancez dans leiir Découverte par leurs envieux. Mais dans le fond leur but éfioit «f enlever toutes les pelleteries, .âcks peaux d'E* lans, de de betes fauves,: qui & trou- voient chez les Sauvages les plus : éloi- gnez. Et en cela ils pretendoient fe xaire riches en peu de temps. Tant il tft vray, que re^ri* humain eft d'une avidité extrême , ôc qu'il lie fçait ja- mais (è borner. ^ * ' Voyant , que je ne pouvois leur per- lùader ce premier établiflèment , je leur fis coniToitrc , que ce fécond Détroit devoit les tenter pourrions y établir la kcondc Annéie de nôtre Découverte. Ntoiisy trouvions en effettouslesavan- *• Dans l'Ameriq^ S(.9t. ii7 tagcs ppfEblçs, par ce qu'étant au mi- lieu d'un gmnd nombre de Sauvages^ ils viendroient tous à nous pour le com- merce. D'ailleurs je leur faifoiscon- noitre, que c'étoit là le moîen d'avan- cer le Règne de Diçu,qui,np manquç- roit pas de bénir leur entreprife. , Mais tout cela nç tic aucune imprcf- Aon fur refprit du Sieur de la Salle. Et à dire le vrai démon côté j'euflè eu de la peine à prendre ce parti, par ce qu'il cu^ fallu renoncer au grand deflèin dç nôtre Découverte. Par defïustqut cc«- la j'efpcrois fortement , que nous trou- verions çncore de plus grands avanta- ges dans des Pays pli|s éloignez , que dans kiieU) où nous npus trouviom alorSk if) }{îf -jî . •> • . iT>fjr •».- «* y,^ L'entrée de ce Détroit a un courant d'une grande mpidité. Cependant il s'en faJloit la moitié , qu'il fût auffi violent que celuy de Niagara,. Nous le furmontames en faiiant nôtre routç au Nord, & au Nc^rd-Eft jufques qu Lac HuroD. Il y avoit peu de profoiv- deur à rentrée& à la fortie fur tout du Lac de Sainte Claire. F 4 La I. - .1 ,-■*■:, , ■ i , ■ "■■ ■ - ....j»*- i(- -,.9 - i 128 NOUVELL. DE'coUy. La décharge du Lac Huron fc diviiè en cet endroit en plufieurs Canaux pre{- que tous barrez par des battures de fa- ble On fut obligé de lesfbndcr tous, & enfin on découvrit un fort beau &prO' fondydu moins de deux ou trois brades d'eau y 6t au Canal au milieu qui en avoit jufques à hait , large de prés d'une lîeïïe par tout. Nôtre Vaiîicau y fut arrêté guel- 3ues jours par le rent contraire. Cette ifficulté étant furmontée il s'en troti- va une plus grande i l'entrée du Lac Huron. Le vent de Nord avoit (ouf- flé quelque tetnps avec aflèz de yiolen- ce. La grande abondance d'eaux, qui vient du Lac Supérieur , du Lac des Illinois/ & de celui des Hurons avoit tellement augmenté le courant ordinai- re, qu'il étoitprefqueaulli rapide que celui du Détroit de Niagara, il tût impoflible de le remonter à la voile, quoy qu'on fut aidé d'un bon vent de Sudi On fut donc obligé de mettre douze de nos hommes à terre, qui ti- rèrent le Vaiflèau pendant uti demi ^uart d'heure , au bout duquel nous -M- »* vÀiBWS^ ^l* i > fcfc ïv en- « s ^i: n Dans l'A meriq^ Sept. 119 entrâmes avec notre Vaiflcau cbns le Laç HMTon. Ce fût le 13. du mois d'Aoîift. Nous chantâmes le Te Deum pour la {econde fois pour rendre grâces du bon (ucces de notre Navigation jufques là. Nous trouvâmes dans ce Lac une grande Baye , où les anciens Hurons hâbitoient^ Us avoient été convertis à b Religion Chrétienne par les premiers de nos RecoUcâs, qui vinrent en Ca^ i>ada. Mais dans la fuite ils ont été prefque tous détruits par les Iroquois. j^ •rt^' '} ':S -»^TT*-'»'>-î'^'^> ir-/''"^."^ CHAPITRE XXL Relation ^e notre Navigation ftir le Lac Huron jufques aMi/p- limaktnak. AYant aii>(i heureu&ment furmonté pluiîçurs rapides affireux pendant prés de trois cens lieues de chemin de- puis Québec jufqu. au Lac Huron^ m 130 NouvELL. DE'conrr. le même jour que nom y arrivSmcj% nôttte Vaiflèau fit voile tout dd fongdë la côte Orientale avec un bon vent rraif ayàftft le Gap au Nord quart Nord-Eft. 11 dura Jirf^u'ïtu foir, que le vent s'ctant tourne au Sud-Otiefr avec beaucoup de v^fencc on mit le Giip au Nord- Gîkft, &klendcteiihlionsiioustrou- vàtrtef» à la veîîé de ten'e "par une dpcce de miracle. Pendant la nuit nousavjons ttavèrfé une grande Baye , qu'on appel- lé Sakinàm , & qui a plus de trente lieues deptôfondeur. • . ^'^ Le 24. on continua de faire porter au Nord-Oueft jusqu'au foir , que le calme nous prit entre les Iflçs ,. où il n'y avoit que deuxTSraflès d'eau tout au plus. Nous allâmes avec les baflès voiles pendant urie partie de la nuit chercher un mouillage. Mais nous n'en trouvâmes point , dont le fonds fut bon, & le vent commençant à fouffler de rOilcft nous rïmes mettre le Cap au Nord pour ^gagner le b^e étiftrttëlidant le jour. On pa(& h tiuit en fondant devant le Vail&au^ :par ^ ^tîe noUi ^ fi avions avions quiét( jamais ctoitai contint dant le - Le a midi, te au > vent de Sud-Oi de port( de poini Lac. l que noi coup de louvoïcr tre enfu Le 2( geade£ de faire ; & de de les vagu la mcrtr relâcher vions po €> it frais d-Eft. s'ctant jup de Nord- istrou- rfpecc savions I appel- te lieues : porter que le ,. ou il »au tout es baffes la nuit ousn'en fut bon, uffler de Cap au rttendant fendafit Hife noUf avions Dans l'AmehiQj. Jept. iji» avions remarqué ^ que notre Pilote^ qui étoit fort habile , maiis quin'woic pmzis £iit de pareilles Navigations , ctoit aflèz négligent à cet égard. On continua de cette manière à veiller penr dant lerefie du voiage. Le 25. le calme continua jiif^ues à midi, & nous pourfuivimesnôtoerou-^ te au Nord Queft à la faveur d'un bon vent de Sud, qui (c changea bien tôt en Sud-Oiicft. AjninuitÔH fut obligé de portet au Nord à caùfe d'une gran^ de pointe , qui s'avançoit dans le Lac. Mais on Teut à peine doublée^ que nous fumes furpris d'un furieuic coup de vent, qui nous contraignit de louvoïcr avec deux pacfis , Ôc de met- tre enfuitc à la Cap jufqu'au jour. r Le 16, la violence du vent nous obli- gea de faire amener le mât de Hune, de faire amarer les vergues fur le Pont & de demeurer cote à travers. A midi les vagues demeurant trop.grandes , & la mer trop mde^nous fûmes obligez de relâcher le foir par ce que nous ne trou- vions point de mouillage ni d'abri. A F 6 ce ; I o 1J2 NOUVELL. De'cOUV. *^ ce Goiip le Sicttr de la Salle entra dans la Chambre toitti épouvanté , difaiit, qu'il xecommandok fon entrepriiè à Dicdt Nous avions accoutumé peiKlant tout le Voi^ge de nous mettre tous à genoux pour faire les prières du foir de du ma- tin , & pour chanter des Hymnes. Mais la tempête ctoit ii violente , que nous ne pouvions nous tenir fur k pont du Vaiflcau. Ainfi dans cette extrémité chacun fâiibit (es dévotions en particu- lier, comme il pouvoit. Il n^yeutque nôtre Pilote , qui ne put jamais y être porté. Ilièplatgnoit, qtiele Sicurde la Salle l'avoit amené là pour kii faire perdre la gloire, qu'il avoit acquife en tant de Navigations, dont ilefkoit foif* ti à fbn honneur. i;:3>«l(i* '^s '^ Dans ce fâcheux temps nouspriomcs le Sieur de la Salle , qui eftoit nôtre Chef de faire un veu particulier , ce qu'il fît. Cependant le vent s'eftane un peu diminué l'on fit mettre àla Cap toute la nuit^ & nous ne dérivâmes qu'- une liciie ou deux au plus. 4, Le xy, au mxki oa fit voile aiii Dans l'Amerk^ Sept, xj^ Nôrd-Oucft, qui k changea le f ir eà un petit vent alizé du Sud-Eft, àlafar?^ veur duquel nous arrivâmes le même jour à Miffilimakinak. On y mouilla à iix brades d'eau dans uneanlè» où il yavoit un bon fond* de terre glaife. Cette Anfe eft abrtée du SudrOiieft juiques au Nord avec une batture de (able , qui la couvre un peu du Nord* OiieÂ. Mais elle eft expofée au Sud ^ qui y eft très- violent. MifSlimakinak eft unepointe de ter- re à rentrée y & au Nord du j . Dé- troit, par ou le Lac des Illinois fe dé- charge dans celui des Hurons Ce Dé- troit a une liciic de large , Ôc trois de long. Il court à TOUeft. A quinze lieiics àTEft dcMiililimakinackonvoit une autre pointe» qui eft à Tentrée du Canal y par lequel le Lac Supérieur fe décharge dans celui des Hurons. Ce Ca- nal a cinq liciies d'ouverture, & envi- ron quinze de longueur. U eft entre- coupé de pluHcurs Iflcs, & fe rétrécit peu à peu jufques au Saut de Sainte Marie I qui eft un rapide plein de Ror F 7 chers^ l^j^ tioMYEhL. De'COUV. i dicrs, par kquel le Lac Si^eckur je(!« te feicaux en les précipitant il'uoDma^ niere yiolente dans ce Lac de&Hiiroiis. On fte laiflc pas d'y monter d'un cote en perchant en Canot Mais pour plus granude fiAreté il fitiit porter le Ganot, êc les marcbandifès, que l'on y mène pour traiter avec les Nations , qui iont au Nord du Lac Supérieur, 'm v^m^ Il y a des V iUages de Sauvages en ces deux endroits. Ceux , qui font éta- blis à la pointe de terre de MiffiHma^ kinak,fant Hurons, & les autres, qui font à cinq oufix Arpensauddà , font nommez les Outtaoiiatz. Le jour de nôtre arrivée avec le VaifTeau fut le 28. d'Aouft. 1 679. Ces Barbares furent tout interdits de voir un Vaiifeau dans leur Pays , & le bruitdii Canpn les é- pouvanta cxtraordinairemcnt. Nous iumcs dire la Meflê chez les Outtaoiiatz, & pendant le fervicc le fyicur de la Salie, qui étoit bien cou- vert & qui avoit un manteau d'écar- latc borde de galon dor , fit pofer les armes le long delà Chapelle ^ queron avoit Dans l'Amcriq^, Sept. 13 f avott couverte d'écorcé d'aibicsï ni£jtf> Sergent y lai(lâ un fâAk^nnaire poitr le» ' gar^r. Les Clief!l desOuttaoîi^z noiis * firent leurs ci^ilitez à leur mode en (or* tant du fervice Divin. Notre Vaiflèau le GrifiTon eftoit à TAncre dans cette Anfe. Noos i%irdions avec plàifir ce grand bâtliAent^ ^i^eftdit ttvM>ien é* quipé . Il eftoit ehtoiiré de cent ou fix vingt Canots d'écorccQui alloient, & qui revenoient de lapecne des poifibns blancs, &des Truites de f cou 60. li« vres. Ces Sâùvî^s les prenent avec des rets, qu'ils tendent parfois à quin- ze ou vingt braffès d'eau^ C'eftpar le moien de cette pcchc , qu'ik fubfi- ftent. • • ^ Les Hurons ont leurs Villages en- tourez de pallidàdes devingt cinq pieds de haut. Ils font fitucz fort avarttageu- fcment fur une hauteur , qui eft vers cette grande pointe de terre visa vis de Miflilimakinak. Ces Sauvages nous firent paroitre le lendemain , qu'ils fai- foient plus d'eftime de nôtre venue que ks Outtaoiiatz. Ce .n'eûoit pourtant qu'un f':m^ K. 136 NOVVELL. Db'COUT. :i du^Un (àuy &it»bUnt, . (Is firent une uAv€ de to^s les fuTils , qu'ils avoiient , &:la rccotXHXienccrenc troiis tois pour fai- re honnçui: à nôtre Vaiifeaudc a nous. , La penfée leur en avoit été fiiggerée par quelques Europé^ens y qui viennent en céjs lieu^là, f^i^ qui y^ font un com- merce confiderable avec ces Barbares» Lé but de ces gcns-là étoit de gagner le Sieur de la Salle par ces dehors , par ce qu'il leur portoit ombrage. Leur deflein étoit en cela de mieux joiier leur perfonnage dans la fuite en faiiànit connoitrc, que ce Vaifleau aîloit être la cauiè de la ruine des particuliers, puis qu'il étoit aifc de voir, que celui, qui i'avoit fait conftruire, vouloitfe rendre maître du commerce, & Tattircr tout à lui. Ce qui ne pouvoit (crvir qu'à le rendre odieux. ^,,^11 Les Hurons & les Outtaouatz font des alliances enfèmble pours'oppoferen commun à la fureur de Tlroquois, qui eft leur Ennemi furé. Ils cultivent du blé d'Inde, dont ils vivent toute Tan- née^ auili bien que du poifibn, qu'ils i. ,- prcn- t.â Dans l'Amerk^ Sept. 137 prennent. Ils en aifalfonnent leur (à- gamitée, qui eft une efpcce de bouil- lie qu'ils font avec de Teau & de la fari- ne de ce blé d'Inde. Ils pilent ordi^ nairement ce blé dans une eipece de mor« tier, qu'ils font du tronc d'un Arbre, lequel ils creufent par le moyen du feu. Les Sauvages de Sainte Marie du jgrand Saut font appeliez par nous les Sauteurs , par ce qu'ils ont leur denieu- re prés de ce grand Saut. Ils fubfiftent par le moiet^ de la Chaflè desCerfs , des Orignaux , ou ËlanS) ^ de quelques Ca- fiorS} &par là pêche , qu'ils font de ces poiflbns blancs , dont nous avons parle. Il s'en trouve en grande abondan- ce dans leurs Cantons. Mais la pêche en eft fort difficile à tous autres qu'a ces Sauvages, qui y font élevez des leur enfance. Ces Sauteurs ne fèment point de blé d'Inde , par ce que le ter^ roir, où ils habitent , n'y eft pas pro- pre. Les brouillards , qui font fort firequens fur le Lac Supérieur , étouf- fent, ôc fond ordinairement mourir tout le blé, qu'ils peuvcntfemer. jii - Miflî* n. 138 NOUVELL. De'coUV.Î Miflilimakinak, &leSautdeSt,Mâ- rie font les deux paflàges les plus confi- dçrables de tous les Sauvages dcrOueft & du Nord. Ceft parla, qu'ils por- tent leurs pelleteries aux Canadiens , & qij'Usvpntcn commerce tous les Ans à Mc^nt-rcal , avec plus de deux cent .Canots, afin d'abbregcr leur chemin de plus de cif>qu«^(p lieiiesjufques à Que- bec.^ • ' * ' Pendant que nous dcmeurânies à Mif- iilimâki|)al(>les Sj^i^y^es furpris de nô- tre wivée venoientvoirnôorcVaifTeau comme une chofe , qui n'avoit jamais été vciic fur ces Lacs. Cette cntrcpri- fe pouflee jufques là devoit être foute- nue par toutes les perfbnnesbknii)ten- tionees pour la gloire de Dieu^&lpour le bien de l^Etlat. Cependant nous trouvâmes des difpofîtions, & des efTcts bien contraires. On avoitdcja donné de mauvaifes imprefïîons aux Hurons, aux Quttaoiiatz de riflê, & aiix Na- tions vpifines , afin qfu'ils en iprifïcnt ombrage. Les qiimze hdunmes , que le Sieur de la Salle avoit envoie? devant ji^** *••♦"«. ÏM-. des Dans l'Amerioc, SEPr. 1 351 des le printemps paffé, eftoient préve- nus à Ibn désavantage , &/ débauchez de- fon fervice. Une partie des mar- chandifes» qu'on leur avoit mifes en main y efloient diflîpées. Bien loin d'avoir pouffé jufques aux Illinois pour y faire la traite fuivantf ordre, - qu'ils cnavoient: le Sieur de Tonti, qui e- toitàleur tête, nous dit, aa'ilav^t fait tout ce qu'il avoit du pour les retenir dans la fidélité, mais mutilement. am d Les^ands vents, qui font ordinairec en cette iaiiôn, ou pkitât i;1ntcreft du commerce^ ieutdérent iongtempsplu^ fieun de nos hommes, qui ne revins rcnt qu'au mois de Novembre à Miill- limakmak. Ceta nous obligea vb)ai|t l'approche de rhyver,de partir fans a^* tendre, que nôtre ; nombre fût corn* pleti 'fHIr :h ùmmp DùncH t*)ik ::OV£ lii: . ■ 'J'> ié'i" ' : f'-.. 140 NovVbll. DÉ'couv. — 'Tr",f'^-' ^CHAPITRE XXII. «;^ Çlmtriéme embarquement de Mif^ filimakinak four entrer dans le A LacdesHUnois. ,^^rt,,^, 1 s LE deuxième de Septembre nous le- vâmes r Ancre ^ &nous entrâmes dans le Lac des Illinois. Nous arrivâ- mes à une ifle fituçe à l'entrée de la Baye des Puans ; . ; 1 à quarante lieues deiMiiCUmakihakv £Ue eft habitée'par des Sauvées de la Nation nommée Poutouatamis. Ncfus y trouvâmea quel(]ues Canadiens, que le Sieiir delà Sdle avoit envoie?: en traita les Années précédentes. Ilç^lui croient ^aflé une aflèz bonne quantité de PelTeteries. .^ Le Chef de cette Nation, qui avoît été autrefois en Canada, avoit une ex- trême confideration pour Monfîeur le Comte de Frontenac , qui en efioit Gouverneur. Ce Sauvage, qui avoit de l^efprit , fit danfcr le Calumet par fes Dans l'Ameriq^ Sept. 141 (q$ Soldats. C'cft une Çcrcmonie, qiie ;nous iiccrirons cy-^pres^ Mais il mr« viQC une tempefte 9 qui .dura qnatrç jours. Nôtre Vaifleaueftoit mouilla à trente pas du bout de TAnfe. Ce Ca- pitaine, ûuicroioit, que nôtre bâti- ment sdlqit écjboujer, vint npus joindre çn ÇanotavèCAindangerextréme. lyi^is malg^ la force des va^es ,qui étoient extraordinairètnent élevées par cette tempête > nous le tirâmes avec (on Ca- not dans le Vaiijeau. Il.nous dit d'un ton relolu, qu'il rifquoit tout , parce 2u'H vouloit; périr avec IçsEnËÏns di'- ^nnon^do Gouverneur du Canada , qui eftoit fon ami particulier. Cependant la tempefte s'appaifà , & nous lunies délivrez du danger, qui nous mena* *.vr ; j rLî le Sieur de la Salle, quiine pHt jamais les avis, de perfonne , reTohit de renvoyer nôtre Vaiffcau à Niagara char- gé de toutes les pelleteries, qu'il avoit traitées afin de p^yeç Tes Créanciers. On y laifla:plivi{teurs, marchandifes» & ^es jOutil^^ qui étf>içnt trop difficiles à t k < 141 NoUTELL. De'CouV. tranfportcr. Nôtre Pilote avec cinq Matelots habiles avoit ordre de revenir avec le même b&timent pour rejoindife nos gens aux Illinois. Ils mirent à la Toile le 18. de Septembre avec un oe- tit vent d'Otîeft fort favorable failant leiu: Adieu d'un fèul coup de Canon. Oii n^a jamais pu favoir, qud3<^ route ils avoient tenue , &'quoiqu^on ne doute pas, que le Vaifleaii n'ait péri , on n'a pourtant jamais pu apprendre de circonfbmces de leur naufrage, que les liiivantcs;'''' ^^^j'^i »* tf|> <» 4 ji fior Le VaKIeau ayant moîiîlle au ^ûrd du Lac de^ Illinois, le Pilote Lué^, qui eftoit mécontent, comme nous l'avons remarqué , voulut fiiivre une certaine route a fa tête contre le fentiment de quelques Sauvages, qui ne manquent fm de bon ièns. Hfr I^àfluroient, qu'il âifbit fort dan^reûx au milieu diiLac à caufe des violentes tempeftes , qui s'y élèvent ordinairement. Il raeprifa ces avis, & continua (si Navigation. Une confidetoit pas , cjèé^l'àiwi , ou il ctoît, l'empêcihôit dé cbàÏKrffe da fbite du vent. - i ' ^_j Dans l'Americ^ Sept. 14^ vent. A peine fut il à un quart de lieue de la cote , que ces Sauvages vi- rent le VaifTeau agité d'une manière extraordinaire uns pouvoir rcfifter à la violence de la tempête. Us le perdi- rent donc de veîie enfortpeudetemps^ &!ils croient , qu'il fut poude contre quelque banc de lable^ ou il e(l demeu- ré enleveli. Nt>us apprîmes touteâ ces chofes Tannée fuivante. Il cfl: certain, ue la perte de ce Vaiileau coûte plus e cinquante ou foixante mille Ffans, unt en marchandifes, Outils, & ptHç- teries, qu'en hommes, Agrets , &>oi-- tares du Canada jufques au Fort de Fron- tenac en Canots d'ccorce. Celapa- roitra incroiable i ceux,qui connoiitent la foiblefTe de ces fortes de bâtimens, & la pefàntetir des Anqes 8c des Ca- bles, dont oihdevoit donner onze tyrans de voiture pour chaque cent pefànt. Cependant la chofc eft telle, que je le dis. J'ay été témoin de tout. î if Mini- V h f À, ■id .é'nt„î»>iriiii-i j;;j CHA- 144 NOUVELL. Dë'couv, - % CHAPITRE XXni. m M Embitrquement en Canot pour con- tinuernûtre Découverte depuis les Poutouatamis jufques aux . ^^ Miamis , delà Baye des Puans ^^ fur le Lac dés Illinois/ ^ NOus pai'dmes le 19. Septembre avec quatorze hommes en quatre Canots , dont je conduifois leplus pe- tit chargé de cinq cens Uyres ^^vec un Charpentier nouvellenient vehu d'Eu- rope, qui ne iavoit point {Kurçi; les va- lues. Ainfi j'avois toute la peine de gouverner ce petit bâtiment pendant le gros temps. . Lesquatre Canots d'é- • de Menuflers, & de Scieurs de long , avec des armes y & des marchandifes. Nous primes nôtre route au Sud vers la terre ferme, éloignée de quatre lieiies 4 de rifle des Poutoiiatamis. Âujnilieu / de Dans l'Ameriq^^ Sept. i4f lie la traverfe, & dans le plus beaucaU me du monde il s'éleva tout d'un coup un orage 9 qui nous mit en danger, dt qui nous fît craindre^our nôtre Navi- re, ôc beaucoup plus pour nousmemes y 3ui achevions cette grande traveriè pend- ant la nuit , qui ctoit obfcure. Nous ^ criions fans cefle les uns aux autres a&i de ne nous point écarter. L'eau en^ troit fouventdans nos Canots. Ce vent impétueux dura quatre jouis avec une furie pareille à celle des plus grandes tempêtes de Mer. Cependant nous ga<* gnâmes enfin la terre dans une petite Anfe de fable , & nous nous arrctâfties là cinq jours pour attendre , que le Lac fiït appaifé. Pendant ce fejour nôtre ChaAcur Sauvage , qui nous accompa- onoit , ne tua qu'un porc-épic , qui fervit d'afïàifonncment à nos Citrouil-»^ les, & au blé d'Inde, que nous avions. Le 1 5 , nous eontinuamesnôtre rou- te tout le jour, & une partie de la nuit à la faveur de la Lune , le long de la cô- te occidentale du Lac des Illinois. Maif"^ ie vent s'étant levé un peu trop fort, G nous -c u 14^ NOUVELL» De'COUV. nous fûmes obligez de mettre pied à terre fur un Rocher pelé , fur lequel nous efliiiâmes la pluie & la neige pen* dant deux jours à rabri de nos Couver- tes. Nous avions un petit feu , que nous entretenions avec le bois, que les vagues nous amenoient. Le zS, Après la célébration de la Meflè nous entrâmes aflèz avant dans la nuitjjufquesà ce qu'un tourbillon devent nous força de débarquer fur la pointe d'un Rocher couvert de brofTailles. Nous y demeurâmes trois jours , & nous y confiimâmes le reûe de nos vivres. Il confiftoit en blé d'kide, & en Citrouil- les, qu'on avoi tacheté desPoutoîiatamis. Nous n'avions pu en faire une plus grande provifion , par ce que nos Ca- nots étoient trop chargez , & que nous clperions d'en trouver fur nôtre rou- te. Nous partîmes de là le premier d'O- Sobre, 6c nous arrivâmes, après avoir fait douze lieîics à jûn , prés d'un au- tre Village des Poutoiîatamis. Ces Sau- vages accoururent tous fur le bord du Lac •W%i^* ■KA Dans l'Ameriq^, Sept. 147 Lac pour nous recevoir , & pour nous aider à (brtir de ces vagues , dont lafu«* reur s'augmentoit extraordinaiiement. Le Sieur de b Sallç craignant » quefes gens ne defertailènt, & que quelau'un d'entr'eux ne diffipat une pattie* des marchandifês mal à propos, trouva-bon de pafTer outre. Nous fûmes obligera de le fuivreàtrois lieues au delà du Yii^ lage de ces Barbares nonobQant lexlan^ ger, où nous étions de périr. Et eti eflet il ne trouva point de meilleur ma» yen de fe fauver que de fe jetter à Teau avec Tes trois Canoteurs. Ils enlevè- rent tous enfemble fon Canot avec fa charge, & le trainerent à terre m^^ hs vagues, qui les couvroient par fois jufques par deffusla tcfte. Il vint enfuite recevoir le Canot, que je gouvernois avec un homme ., qui n'avoit point d'expérience dans ce mc- ftier. Je me jettay dans Teau jufqu'à la ceinture , & nous enlevâmes ainli nô- tre petit bâtiment. Nous fûmes rece- voir de la même manière les deux au- tres Canots y âf par ce que les varies. G z for- \ ^ \ z' 14B NouvELii. De couy.î forment en (e bri(ànt à terre un certain crochet, qui tire au large ; ceux, qui croient être en aflùrance , font encore en quelque danger , par ce que la va* gue donnant à terre impetucufementre retire en même temps au large avec la même violence. Je fis donc eHbrt , de je mis fur mes épaules notre bon Vieil- lard RecoUety qui nous accompagnoit. Ce bon Religieux fe voiant hors de danger, ne laiilà point, tout mouillé, qu'à étoit , de faire paroitre une gayeté extraordinaire. Comme nous n'avioris aucune habi« tude avec les habitansdece Village, nô- tre Commandant fit mettre d'abord tou- tes les Armes en état. £n fuite il Se poftâfur une eminence, où il étoit dif- ficile de nous furprendre , ôc on pouvoit s'y défendre avec peu de gens contre un plus grand nombre. Il en- vola enfiiitc trois de fes hommes au Vil- lage pour y acheter des vivres à la fa- veur du Calumet de paix , que les Pou- touatamis de Tlfle nous avoient donné, 9c qu'ils avoient accompagné de leurs danfcs, /i. certain K, qui encore la va* mentfc avec b brt, Se Vieil- ^agnoit liors de nouUlé, egayetc ~ j.' ne habi- A no- •oratou- ite ilfc étoitdif- & on de gens lien- :sauViI- à bfa- i les Pou- it donné, de leurs danfcs, Dans l'AmeriQ:. Sept. 149 danfes, & de toutes les autres Cercmo- dont ils fe fervent dans leurs Fe- nies fUnSy & dans leurs folenuiiccz publi- ques. m CHAPITRE XXIV. Defcriptim du Calumet. - '* IL faut avouer , que le Calumet eft quelque chofe de fort myfterieux parmi les Sauvages du grand Continent de l'Amérique Septentrionale. Ces Barbares s'en fervent dans toutes leurs affaires les plus importantes. Cepen- dant ce nfelt dans le fond & à propre- ment parler qu'une grande Pipe à fu- mer. Nos Européens en font très peu d'état. Quand ils veulent parler d'un homme lâche, ^eflèminé, ils difent ordinairement, qu'il ne vaut pas une pipe à tabac. Il n'en e(l pas de même parmi les Nations Sauvages de l'Amérique. Ce ^ G j Ca^ \ \ r ,'H ■(' #"*î jjo NouVKLL. Dft'couv. Calumet cft une cfpccc de grande Pipe à fumer , qui cft faite de marbre rou- ge, noir, ou blanc , & il reflèmble affcz à un marteau d'armes. La tefte en cft bien polie , & le tuyau long de deux pieds 6c demi,eft une Canne aiîez fortcjornce de plûmes de toutes fortes de couleurs , avec, plufieurs Nattes de cheveux de femmes entre-laflecs de di- verfcs manières. Oia y attache deux Aifles, & cela eft afleziemblableau Ca- diAcée de Mercure , pu à la baguette » que les Ambaflàdeursde paix portoient Autrefois à la main ^ Cette Canne eft fburée dans des Cols de Hitar&y qui &at des tnfeaux tache- tez de blanc &,de noir, gros comme nos ^ves, ou. dans des Cols de Canars Liranchus, qui font leurs nids dans des crcux d'Arbres, quoi que l'eau foit leur élément ordinaire. Ces Canars font bigarrez de trois ou quatre couleuisdif- fercntes. Au reûe chaque Nation em- bellit le Calumet félon fon ufage , & fclon fon inclination particulière. * Un Calumet, tel que je viens. de le qucj paroil teD( N^ pour arriv( » k • Dans l'Ameriq^^ Sept. 151 reprefentcr , fert d'aflurancc à tous ceux y qui vont chez les Alliez de ceux, qui Tont donne. Jamais en ne fait d'Ambadàdc parmi les Sauvages qu'on ne porte cette marque extérieure. C'eft le Symbole de la paix. Tous ces Bar- bares font généralement perfuadez^qu'il leur arriveroit de grands malheurs, s^ilf avoient violé la foy du Calumet. Tou- tes leurs cntrcprifes de paix & de guer- re, & leurs Cérémonies les plusconfi- dcrables {bntfeellées , & comme cache- tées du Calumet. Ils y font ordinai- rement fumer du tabac exquis à ceux, avec qui ils ont conclu quelque affaire de confequcnce. J'aurois péri plufieurs fois dans ce voiage , fi je ne me fulfe fervi du Calumet. C'cft, ce qu'on pourra voir Jans la fuite de cette Hi- itoire , où j'auray à parler des monftres que j\'ii-cus à vaincre , & des précipices, par où j^ay été obligé de paflèr dans cet- te Découverte. ^lu Nos trois hommes ayant ce Calumet pour Paflcport , & leurs armes avec eux arrivèrent au petit Village desBarbares, M . G 4 _ qui ;l H iji No^uvELi.. De'couv* qui ctoit à trois liciies du débarque- ment. Ils n^y ttouvercnt peribnne, par cç que les Sauvages ayant remarqué au padàge de nos Canots , que nous ne les avions point abordez en paflàntprés d'eux, avoîcnt pris l'épouvante, & s'en étoicnt fuies de leur Vil'age. Ainjlî nos hommes ayant tenté en vain de parlera quelqu'un de ces Barbares fe chargè- rent du blé d'Inde, qu'ils trouvèrent dans leurs Cabanes, & ils laiflerent à la place des marchandifès pour payer , ce qu'ils avoient pris , après quoi ils revin- rent nous trouver. Cependant vingt de ces Sauvages ar- mez de haches, de fufils, d'Arcs, de flèches, &de cesMaflues,. qu'on ap- pelle des Cafle têtes , vinrent prés du lieu, où nous étions. Le Sieur de la î Salle s'avança pour leur parler avec qua- < tre de nos gens armez de fufils, de Pi- ' ftoicts, & de fabres. Il leur deman- da, ce qu'ils vouloient, &voiant qu'- ' ils paroiAbicnt interdits , il leur dit, qu'ils s'approchaflèrit , de peur que , quelques uns de nos gens, qu'il feignit iàH^ 1 ti-#;^ avoir Dans l'Ameriq^ Sept, ijj avoir envoyez à la Chaflè , ne les tuaC- fent, s^ils les trouvoient à l'écart, l. les fit aCToir au bas de Teminence , où nous ctions poftez, & d'où nous pou* viens découvrir tous leurs mouvemens. On les entretint dcdiverfcschoTespour les amufer , jufques à ce que nos trois hommes fuflènt revenus du Village. Nos gens paroidàns peu de temps après, les Sauvages fe levèrent, de firent ua grand cri de joye, des qu'ils virent le Calumet de paix, qu'un de nos hom- mes portoit. Ils fe mirent à danfèr à leur manière , & bien loin de fe fâcher^ de ce qu'on leur avoir pris du blé d'In- de y au contraire ils envoicrent au Vil- lage pour en apporter d'autre , & ils nous en donnèrent encore le lendemain autant , que nous en pûmes mettre com- modément dans nos Canots. Cependant on jugea , qu'il étoit à Çropos de faire abbattrc quelques Ar- bres des environs , & on obligea nos gens de paffer la nuit ious les Armes afin d'éviter la fiirprife. Le jour fui- rant fur les dix heures du matin les An- G J cieijs -(t.-, •„*'■ <. c 154 NouvRLi.. Pe'couv. ciens du Villagje arrivèrent avec leur Caluc^et de paix , & nous firent un très bon régal de quelque Chevrcux , qu'ils V avoient tuez. Nous les remerciâmes par quelques prefens de haches,deCoU' Hcaux, & de quelques madcs de rafla- . des (pour Tomement de leurs femmes, dont ils demeurèrent tres-f atisfaits. 'CHAPITRE XXy. tf 1 1 I f.^' f î -^'Ji k Continuation de notre Découvert te en Canot àécorce k peu prés jufqtfau bout du Lac des Illi- nois . - < 'ùf NOus partîmes le deuxième d'O- dobre , & nous navigâmes là pen- dant quatre jours le long du rivage du Lac. Il étoit bordé de grands Coteaux rfcarpez jufques dans ledit Lac , & on y trouvôit à peine place propre à de- barqucu". Onctoit même obligé tous Dans l'Ameriq^, Sept, i j y les ibirs (fegrimper fur le (bmmet, & d^y porter nos Canots » & leurs char« gcs, parce que nous ne voulions pas les laifler pendant la nuit expofez aux vagues qui battoient au pied. Nous fû- mes aufii obligez par les vents contrai- res, qui furent fort violens pendant CCS 3uatre jours , &c pludeurs autres fois epuis, de prendre terre avec de gran- des incommoditez. Il falloit pour s'eni' barquer, que deux hommes fc miflent dans Teau [ufqu'à la Ceinture, & qu'ik tinflènt le Canot debout à la vague, fé- lon qu'elle s'approchoit, ou qu'elle s'é- loignoit de terre , jufques à ce qu'il fût chargé. On attendoit enfuite, que les autres fuflènt chargez de la même ma- nière , & on avoit prcfque toujours la même peine aux autres débarque- mens. Le blé d'Inde , que nous mangions aflèz modiquement, & les autres vivre s nous manquant , nôtre bon Vieillard RecoUed tomba pluficurs fois en dé- faillance. Je l'en fis revenir par deux fois avec un peu de confedion d'Hia- G 6 cJnte. ''#■■ ■K\ 1^6 NovvELL. De'couv. cime, que ieconfervois pretieufemcnt Nous ne mangions en vinetquatreheu- res qu'une poignée de ble a Inde cuit fous la cendre y ou bouilli avec un peu d'eau. Pendant tout ce temps nousé- tions obligez de gagner le bon Pays, de de nager à force de bras des journées ; entières. Nos gens ramaflbient fou- tent de petites fcnelles , & des fruits > Sauvages , qu'ils mangoient avec une : extrême avidité. Plufieurs en tombè- rent malades, & crurent que ces fruits Jes avoient empoifonnez. Plus nous fouffrions, plus iHembloit, que Dieu me donnoit de forces. Je devançois fou vent à la nage nos autres Canots. Pendant cette difètte, celui quiaibin ; des moindres Oifeaux, nous iït appcr- ccvoir des Corbeaux >& des Aigles, qui ctoicnt fur le bord de ce Lac. Nous redoublâmes nos efibrts pour approcher de ces Oilèaux carnaciers , Ôc nous y * trouvâmes la moitié d'un Chevreiiil fort gras, que les Loups'avoient étran- glé , & à demi mangé Nous nous re- pûmes tous de cette viande , louant . V *# •'^^ Dans l'Amertq;. Sept. 1)7 Dieu 9 qui nousavoitenToiécefecciurs fi à propos. Nôtre petite Flotte avançoittoujourt de cette manière vers le Sud, où nous trouvions le pays plus beau , de plus tempéré. Le Seizième d'Oâobre nous corn» mençames à trouver une grande abon* dance de ch^iff" y Se nôtre Chaflèur Sau- vage, qui étoit fort habile tua des Cerfi, &c des Chevreux, Nos gens tuoient de leur côté des poules d'Inde fort gra& Tes , & enfin le dixhuitiéme du mois d'Oâobrc nous arrivâmes au fond du Lac des Illinois, où le gros vent nous obligea de mettre pied à terre. On alla à la Découverte, félon la coûtume,dans ' les bois , & dans les prairies. On y trou- va des raifins meurs, qui ctoient fort bons , dont les grains étoient de la grof- j (eur d'une prune de Damas. Pour avoir ce fruit il falloit abbatre les Arbres , fur lefquds les Vignes rampent. Nous en fîmes du vin , qui nous dura trois on • quatre mois. Nous le confervibnsdans des gQurdes, que nous mettions tous G 7 le» I IV 158 NoirVBi.L. De'couv. les iwn dans le Sable , afin d'cmpc- cher ce vin de s' aigrir. Afin de le £iire durer davantage , nous ne célébri- ons la McfTe que les Felles ôc les Di- manches > l'un après l'autre. Tous ces bois {but remplis de Vignes, qui y vien- nent d'elles mêmes. Nous mangions de ce fruit pour nous ôter le degouil de& viandes, que nous étions obligez de manger iàns pain. L on remarqua dans cet endroit des piftes d'hommes toutes fraiches. Cch nous obligea de nous tenir fur nos gar« des fans faire aucun bruit. Nos gens obéirent pour un temps. Mais l^in d'cntr'cux ayant apperçu un Ours , il ne put s'empêcher de lui tirer un coup de tufil, dont il tua cet animal. Il le lit tomber du haut d'un chefne,fur le- quel il ctoit grimpé, & le fît rouler cnfuitc de deJIiis la montagne jufqu'au pied de nos Cabannes* * Ce bruit nous Ht découvrira fix vingt Sauvages de la Nation des Outtoiiaga- mis, qui demeurent vers l'extrémité de la Baye des Puans. lis étoient caban- nez \ : DAm l'Ameriq^ Sept, i ^51 nez dans nôtre voilinage. Le Sicorde la Salle étoit fort inquiet de ces piilcs, qu'il aVoit vcîics. Il blâma rudement nos gens de leur peu de prudence. En- fuite pour cmpcclier les lurprifes il mit une Sentinelle auprès de nos Canots, fous lefqucls on mcttoit les marchandi- ks pour les garantir de la pluie. Cela n'empccha pas , que la nuit quelques Sauvages favorifez de lapluye , qui tomt>oit en abondance , ne le glif- iadent avec leur addreife ordinaire le long du coteau , où etoienc nos Ca- nots ) fans que la Sentinelle y ptit gar«> de. Se couchans donc (ur le ventre r un nprcs Tautre ils dcrobcrent le juftau- corps du laquais du Sieur de la Salle, & une partie, de ce qui ctoit deflous, ce qu'ils fc donnèrent de main en mains. Notre Sentinelle ayant ouï le bruit>nous evcilLi, & chacun courut àfesarmcs. Les Sauvages étant ainfi découverts leur Capitaine cria, qu'ils étoicnt amis. On lui repondit, que l'heure ctoit in- due, & qu'on ne venoit ainfi pendant la nuit , que pour voler, ou pour tuer ceux, 'il < ' H i6o N0UVE1.L. DE'couy." ceux, qui feroient endormis.; U répli- qua, quelecoupdefufil, qu'on avoit tire, avoic fait croire à ceux de (à Na- tion , que c'ctoit un parti d'Iroquois, qui {ont leurs Ennemis , par ce que leurs voifins ne fe fervent point de pa- reilles armesà feu< Qu'ainu ilss'étoient avancez à deffein de les tuer: mais qu'- ayant reconnu , que c'étoient des Eu- ropéens du Canada , qu'ils regardoient comme leurs frères, l'impatience, qu'ils avoicnt de les voir, les avoit empêchez d'attendre le jour pour nous vifiter , & pour fumer avec nous dans notre Ca* lumet.J C'eft le compliment ordinai- re des Sauvages, & la plus grande mar- Î|ue, qu'ils puiflènt donner de leur af- eétion. .j ^.^ Nous fîmes Semblant de nous payer de ces raifons , & on leur dit de s'ap- procher au nombre de quatre ou cinq ieulement, par ce que leur jeuneflc é- toit accoutumée à voler , 3c que les Européens n'étoient pas d'humeur à le fouftrir. Quatreou cinq Vieillards s'é- tant approchcz,nous les entrecinmes juf- . .j ^ . qu'au Dans l'Ameriq^. Sept. i6t qu'au jour, après quoi nous leurlaifla- mes la liberté defe retirer. Après leur départ nos Charpentiers de Navire s'appcrçurcnt, qu'ils avoicnt été Tolez. Et par ce que nous (avions, que c'étoit là le génie des Sauvages, & que nous (erions expofez toutes les nuits a de pareilles infultes , fi nous ufions de diuimulation en cette rencontre, on refolut d'en avoir raiion. Le Sieur de la Salle à la tête de nos gens monta fur une petite eininence en forme de prés- qu'lfle , & eilàïa lui même de trouver quelque Sauvage à Técart. A peine eut il fait trois cens pas y qu'il trouva la route fraiche d'un Chaiïeur. lUefuivit le Piftolct à la main, & l'ayant joint hlentôt après vis à vis d'un coteau, ou j'amaflois du raifin avec le Père Ga* bricl, ilm'appcUa, & me pri'' de le fuivre. Il fe laifit de ce Sauvage, ôc le donna en garde à fes gens. Après avoir (eu de lui toutes les circon(tances du vol,il fe mit encore en campagne avec deux de fes gens, & ayant pas un Sau« vage des plus confiderables,il!ui mon- tra ! i st* iy l6l NOUVELL. DE/COUV.1 tra de loin celui , qu'il tenoit déjà pri- fonnier,& enfuite le renvoia à fes gens pour leur dire , qu'il feroit tuer leur Camarade, s'ils ne rapportoicnt tout ce qui avoit été volé pendant la nuit. fr-. /- V .-» «.. ^ i ^ -4 -r-' : l prxTi^ ■> ^nri i «-a»**.— 1 ^J. Sh> M. CHAPITRE XXVI. Accommodement fait entre les San- ^3: vûges Outtoûagamis d^ nous. LA propofîtîon du Sieur de la Salle embarraflà ces Barbares, parce qu'ils avoient découpé le juftaucorps du La- quais, & quelques antres hardes avec les bôiftofts, qu'ïk avoient partagé en- tr'eux. Ainii ûe pouvant pas les ren- dre entières , & ne fâchant par quel moien i|s poiirroient de' ivrer leur Ca- marade , ils refolurcnt de nous l'arra- cher par force. Le lendemain donc, qui etoitle 30. d'Odobrc, ils s'avancèrent tous les ai- mes à la main pour commencer l'at- *?3 : . ' ta- D taque. tions lo| les Sauv ne de S fofil. : cette pi plufieut prés de Le Siei comma vertes à gauche des Sau pour le *>•■ Ces mes s'^ plus jei ié mir< qui ct( pécha meura voit q fufils mez • N( alors ~i I V Dans l'Amerïq. Sept. i€^ taque. La prefqu'Ifle, où nous e- tions logez , etoit feparée du bois ^ ou les Sauvages paroifibient, par une plai- ne de Sable d'environ deux portées de , fufil. On remarqua , qu'au bout de cette plaine du côté du bois il y avoic pluiieurs petits Tertres , dont le plus prés de nous comniandoit aux autres. Le Sieur de la Salle s'en empara , ôc commanda cinq hommes avecleurs cou- vertes à demi roulées autour du bras gauche pour(ê couvrir contre les flèches des Sauvages. Il ie mit à leur fuite pour les ioutenir. Ces Barbares Toiant, quenoshom^ mes s'approchoient pour les charger, les plus jeunes d'entr'eux s'écartèrent , de le mirent à couvert d'un grand Arbre, qui étoit fur le coteau. Cela n'em- pêcha pas, qpe leurs Capitaines ne de- meuraient prés de nous. Il n*y en a- voit que fept ou huit , qui enflent des fufils Les autres étoient feulement ar- mez d'Arcs & de flèches, ti- — ^--* "*'- Nous étions trois Religieux occupez alors à dire nôtre office. Comme j'en \ I rni avois / ï(?4 NOUVBLL. DE'COUV. avois plusveu que les autres çn matÎ6*> re de guerre , ayant fervi de Miffion- naire dans les Armées , auxfieges de Villes, ôc aux Batailles > comme jeTay remarqué cy-devant, je fortis de nôtre cabamie pour voir , quelle figure nos gens faiioient fous les Armes, j'en re- mai-quay deux, qui étoient blêmes, de qui iembloient être ef&ayez. Je les en- courageay du mieux, que je pus & je remarquay , que leur pâlejur ne les empécnoit pas de témoigner delà fierté & de le bravoure» aufli bien que leur Chef. Je m'approchay çnfiiite des^lus Anciens des Sauvages. Ces gens me voiant fiin^ Armes connurent^ p^en , quç je les abordcns èdeilèin d^piettre le no- la, &pourçtre Médiateur de leurs di& ierens. L'un de nos hommes ayant re- marqué une grande bande d'étoflè, qui fervoit de Frontal à l'un des Sauvages, s'en alla droit à lui, & la lui arracha de ia tête , luî faifànt connoitre par là, que \ c'étoit lui, qui avoit fait le voh ^^^^ Cette aâion hardie d'un de nos hom« mes qui n'étoit foutenu que par dixau- Dans i/Ameriq^, Sept. i6f très contre fix vingt Sauvages, intimi<- da utilement ces Barbares , que deux de leurs Anciens , auprès deiquels j'é- tois, me préfènterent le Calumet de pai^, Enfuite s'étant appi^ochez fur ralTurance, qu'on leur donna , qu'ails le pouvoient laire fans rien craindre , ils repreiènterent, qu'ils ne s'étoient por- tez à cette extrémité » qu'a caufe de l'impoilibilité, où ils étoient de nous rendre, ce qui nous avoit étéderobbé, dans rétat , où ils Tavoient pris : qu'ils étoient prefis de reftituer , ce qui étoit en fon entier , 8c de payer le refte. En même temps ils préfènterent quelques Robbesde CaftorauSieurde Salle pour difpoièr fon efprit à la paix. Ils s^excufc- rent du peu de valeurde leur prefent fur la faiibn trop avancée. On fe contenta de leurs excufês. Ils exécutèrent , ce qu'ils avoient promis. Aioii lap^ix fù| faite entr'eux & nous. "^ Le jour fuivant fe pafHi en danfes, enfeflinsy & en harangues. Le pre«* mier Capitaine de ces Sauvages fe re- tournant du côté desKecolleâs, voila, . _. - V • dit *N t,.-,^-> M -é l66 NOUTELL. 0É!cofj v/ dit il , des Robbes jgrifes , dont nous fai- (bns beaucoup d'état. Ils vont pieds nuds comme nous. Us méprifent les Robbes de Caflor, dont nous voulons leur faire prefent. Us n'ont point d'Ar- mes pour tuer. D'ailleurs ils flattent & careflènt nos enfans. Ils leur don* nent de la ra(Iàde, & de petits Coute- aux fans en tirer aucune recompenfe. Ceux de notre Nation , qui ont porte des pelleteries aux Villages des Cana- diens , nous ont dit, qu'Onontio , c'cft ainfi) qu'ils appellent le Gouverneur General > les aime , par ce qu'ils ont quitté tout ce que les Européens de Ca- nada ont de plus pretleux pour nous ve- nir, vifitcr , & pour demeurer avec nous, Toy q û es Capitaine de ces gens , fais en forte qu'une de ces Robbes gri- lès demeure avec nous* Nous lui don- nerons à manger de tout ce que nous aurons, & nous le mènerons à nôtre Village, après que nous aurons tué des Taureaux Sauvages. Tu es maître de ces guerriers. Demeure aufli avec nous. Ne vas point aux Illinois. Nous£ivons, -i^ qu'ils Dans l'Ameuto. Sfcpr. 1^7 " qu'ils veulent maflàcrer tous les hom- mes de ta fuite. Tu ne pourras pas re- fifter à cette erande Nation. Ce Chef des Sauvages âjouta^qn^un Iroquois, que les Illinois avoient bru-' lé, les avoit aflurez , que la guerre, que les Iroquois leur faiioient , leur avoit été confeillée par les- Canadiens , qui haiflbient les Illinois. Il dit enco- re pludeurs chofesfemblables, quiallar- merent tous nos gens , & qui donnè- rent de rinquietude au Sieur de la Salle, par ce que tous les Sauvages, que nous avions trouve (ur la route, nous avoient dit à peu prés les mêmes chofes- Ce- pendant par ce que nous (avions , que toutes CCS raifons pouvoient leur avoir été {uggerécs par ceux , quis'oppofoient fccretement à nôtre entreprife , & par la jaloufie même des Sauvages à qui la valeur des Illinois étoit redoutable,^ & qui apprehendoient , qu'ils ne de viuflent encore plus fiers , lors qu'ils auroient Tufàge des armes à feu par nô- tre moien , nous refolûmes de conti- nuer notre voiîjgc en prenant toutes les i» l6t NOCVBLL. Db'coUV. Icf precautioiii nccc(Tairci pour n&trc Icurcté. Nous dîmes donc aux OuttolLigamis, que nous Ici remcrciiotii des bons avis, qu'ils nous doiuioicnt : que nous au- tres i qui étions dcsEiontf , car c'cll ainli, qu'ils nous appellent. Ilsdiicnt, qu'ils ne font que ucs hommes, ôc que nous fommcs des Elprits: ne craignioni I)oint les (llinois, & que nousfaurions es ranger à la railon par amitié, ou par force, & que nous ne manquions pas de moicnspôur cela. Le lendemain , qui étojt le i . de No- vembre, nous nous embarquâmes iiu* le Lac des Illinois , ôc nous arrivan)cs au rendez vous , que nous avions don- né à vingt de nos hommes,qui dévoient nous rejoindre par Tautte bord du me- me Lac. C'ecoit à Tcmbouchuie de la Rivière des Miamis , qui venant du Sud fe jette dans ce Lac des Illinois. Nous fûmes fort furpris de n'y trou* ver pcribnne , parce que nos cens, que nous y attendions , avoicnt oeaucoup moins de chemin à faire que nous , & -mi- - . - (juc n&trc agamis, m avis, lUS au- :ar c'cll I dllciit, , ôc que lignions faiirions , ou par lions pas ,dcNo- Imcs lin- rrivâmcs onsJon- Icvoicnt 1 du mc- :huiC de cnant du linois. n'ytrou- Tcns, que beaucoup nous , & que Dans l'AmbriQ:. Sbpt. i6f ({UC leurs Canott étolent beaucoup moins chargez. Noua avions refolu de reprcienter au Sieur de la Salle » qu'il ne fidloit point nous cxpofer mil i pro- pos , qu'ainft il ne falloic pas atten« dre rhyvcr pour noui rendre chez les Illinois. La railon en etoiti que dam cette faiion ces peuples pour chaflèr plus commodément k feparent p;ur fin milles, ou par Tribua de deux outroia cens pcrfonnest que plus noua tarde* rions en ce lieu» plus nous aurions de peine à nous y rendre : que la Chafle venant à manquer I où nous étions tout Ton monde courroitrifquedc mourir de faim: que chez les Illinois nous trou-* yerions du blé d'Inde pour nôtre nour- riture » 6c que nous fubfiftcrions mieux n'étant que quatorze hommes , que il nous étions trente deux : que fi les Ri-* vicrcs vcnoient à fe elacer , nous ne pourrions point traniporter nos équipai gcs pendant l'cfpace décent liciics. n Le Sieur de la Salle nous repondit g qu'ctant joint aux vingt hommes, qu'il attendoit^ il pourroit fe faiicconnoitre H fans wr'-f'^itr:m 170 NouvELL. DE'couvr £in8 riiqiie à la première bandedei Illi- nois , qu'il trouveroii à la Chafiè : qu'il ks gagneroit par des careflès âr par 4es preKns: qu'on prendroit parce môien quelque teinture de la langue des Illi- nois, & qu'ainfi on feroit en état de £dre Alliance avec toutle reftedelaNa* tion» Nous reconnûmes par ce di£- eoursy qu'il n'avcHt que fàv^nté pour laifon. Il ajouta mime à] tout cda, que fi tous ics g^s 4e&itoient , il de- nîeureroit avec notre^Chaflèur Sauvée» & qu'il trouveroii bien le moiendeiai- re vivre de chaflè trois Mitfbnnaires Re« coUeâs. -t Dans cette penDée il (è ^itideToc- cafion de nos hommes, qu'il attendoit. U dit donc à ceux, qui étoientprefens, qu'il écoit refblu d'attendre les autres, ié afin de le$ amu(èr par quelque occu- pation utile, illeiirpropolà de faire un Fo^, de une «laifbn pourh ièureté de nôtre Vaiflèau , car nous ne favions pas encore, qu'il eût fait naufi'age: 3ue même on y mettroit les marchan* iieSf qui dévoient nous venir, & qu'en «. » tout tout cas bdbjfl. CH. Conflru MaéJ Miafi ;?' ;I1U- qu'il loien lUi- at de aNa^ I dif- spour cda, ilde- ttvagc, rdewi- •csRc- leroc- endoit. ^refens, autres, e occu- [âireun ireté de favions aufragc: larchan- & qu'en tout Dans l^Ambaîq^ Sept. lyi tout cas il nous feryiroit de retraite a«! befoin. irfMd**^ CHAPITRE XXVlLi ConJlruBiM d'un Fm , & d'une MMfm frcs de la Rivière def Miamis. V' IL y avoit à Tembouchure de cette. Rivière des Miamis une emincncea-* vec une efpece de platte-fbrme au de(« lus, le tout naturellement fortifié. Cet-*, te eminence étoit haute , & efcarpée,; de figure triangulaire, fermée des deux cotez parla Rivière, & de Pautre par une profonde Ravine. L'on fit abba- tre les Arbres, dont elle étoit couverte. On nettoia toutes les broflàilles à deux portées de fufil du côte du bois , & l'on commença enfuite une Redoute de Juarante pieds de long fur quatre ving(^ e lai^e. On la fortifia de Poutres & de Solives équairécs à Tépreuve du moui-* H ^ ^uçt m- m i I7& NouvELL. De'couy. quet pofées Tune fur Tautre eh travers* Nôtre ScScin étoit de faire fraifer les deux faces > qui rcgardoient la Rivière. Nous fîmes abbatre des pieus, que l'on youloit planter en tenailles de vingt cinq pieds de haut du côte de h terre. Le mois de Novembre fut emploie à ces travaux , & pendant ce temps-là nous ne mangions que de la chair d'- Ours^que nôtre Sauvage Chailèurtuoit. Il y avoit dans cet endroit plufieurs de ces animaux , qui y etoient attirez par la grande quantité de Raidns , qui s'y trouvent de tous cotez. Mais nos gens voiant le Sieur de la Salle embarranede la crainte 9 qu'il avoit, que (on Vaif* feau ne fût perdu , & tout chagrin d'ail- leurs du retardement de nos hommes, que le Sieur deTonti devoit nous ame- ner : De plus la rigeur de Thyver , gui commençoit à fe faire fentir, nousfai- fant de la p*ine , nos Ouvriers ne tra- vailloient qu'à regret, & fèplaignoient de la chair grade des Ours , donc nous vivions , & ne pouvoient digérer, qu'on les empêchât dédier àlaChafTe duClie- . , , , vreuil vers. t les /îcrc. eron ccinq iploié nps-là ir d'- ttuoit. urs de ez par ui s'y is gens •rafle de i Vai{- in d'ail- mitnes, usamc- vcr,qui lousfai- 8 ne tra- ignoient yai nous îr, qu'on du Che- vreuil Dans l'Americ^ Sept. 17 j vreiiil pour manger avec cette viande grade. Leur but pourtant en tout cela n'etoit que de déferrer. * Nous fîmes là une Cabanne d'écorce, pendant que nous y étions afin d'y faire le fervice Divin plus commodémentXc Père Gabriel de mby |>rêchions alterna- tivementj'les jours de feftes& de Diman* ches y & nous choififlions toujours les fujets les plus propres à porter nos gens à la patience , âc a la perfeverance. Des le commencement du mois nous avions examiné l'entrée de la Rivière. Nous y avions marqué une batture de Sable y & pour donner le moyen àno* tre Vaiffeau d'y entrer plus aifément, au cas qu'il vint , on fit marquer le Canal par deux grands Mafts plantez des deux cotez de l'entrée avec de pavillons de peaux d'Ours , &c des bames tout du long. De plus on envoia deux de nos hommes à MifTilimakinak bien in-* ftruits de tout pour fervir de guide au VaifleaU. :>u;: c: liiiJiîjà Le vingtième de Novembre le Sîcur de Tonti arriva avec deux Canots char^ ! : H 5 ;i/ gca M !! 1 -.m II ili J: 174 Nouvel t. De'couv. gez de plufieurs Cerfs. Cela remitUL peu Tefprit démonté de nos Ouvrien. Mais par ce qu'il ne nous amenoit que )a moitié de nos hommes , & qu'il a« voit laifTé les autres en liberté deFautre €ote du Lac des Illinois à trois journées 4e nôtre Chantier, cela donaade Tin* <}uietude.au Sieur de la Salle. 7': Nos nouveaux venus nous dirent, 4}ue le Vaiilêau n'avoit pas moiiil- le à Miflilimakinak , & qu'ils n'en a- voient appris aucune Nouvelle des Sau- vages, qu'ils avoient rencontrez fiir les cotes du Lac.Ils ajoutèrent, qu'ils n'avo» ient point veu non plus les deux hom- mes, qu'on avoit envolez a MifElima- kinak. Le fieur de la Salle cra^nit donc avec raifbn que fon Vaineau n'euft fait naufrage. Cependant il fit continuer le travail commencé au For^ qu'on nommoit desMiamis, & ne vo« iant paroitie perfonne après une fi lon- 5ue attente, il refolut de partir de peur 'être arrêté par les glaces. Elles com- mcnçoicnt déjà de fermer la Rivière. Mais elles fe fondirent a la première pe^te pluye que tomba. Il tUL icrs. que il a- autre mccf rin- ireiit, [\ouil- cn a* isSau- furies n'avo» hom- lilima- raignh aifleau t il fit uFort, ne vo- filon- le peur s com- ivierc. remicrc II Dans l'Ameriq^ Sept. 17J Il nous fallut pourtant attendre le refie de notre Monde que le Sieur de Tonty avoit laiflë derrière. Afin mê- me de reparer la faute, qu'il avoit fai- te, il retourna fur fcs pas p©ur les cher- cher, afin de les obliger de nous avenir rejoindre incefTamment. En chemin iï vouloit tenir ferme , & refifter au gros vent contre Topinion du Sieur D^Autrai, & de fon autre Canoteur. Mais parce qu'il n'*avoit qu'une main, ayant perdu l'autre par l'accident, que nous avons rapporté cy- devant, il ne pouvoit foulager les deux Hommes. De forte que les vagues les firent em- barder^ & les jetterent côte a travers furie bord du Lac^ ou ils perdirent kur$ fiifils, & leur pîtit equippage. Cela les obligea de venir nous rejoin- dre , & par bonheur le refte de nos Hommes arriva peu de temps après eux, a 11 ri'fervé de deux, dot^t on fe dcfioit le plus& qu'on crojoit avoir defcrté, o iùal t!|pi3 iînoÀi ir\)i> wom <ï/cH J ■•'\f X f' *j * t ■"••Aï..;*! ,.-*-, .:M H4 CHA- IK* IV 176 NOUVBLL. DECOUVé CHAPITRE XXVIII. Embarquement au Fort des Mia^ i mis four nous rendre a la Rù if ^iere des Illinois. A>iiiw^*^*iJ» NOus nous embarquâmes le troi- fiémede Décembre dans huit Ca- nots au nombre de trente Hommes & de trois Millionnaires Rccolleds. Nous quittâmes le Lac, des Illinois, & nous re- montâmes la Rivière des Miamis , que nous avions dcs-ja vifitée. Nous tîmcs nôtre route au Sud Eft pendant prés de vingt cinq lieiies,&: nous ne pûmes re- connoitre le Portage , que nous devions faire de nos Canots , & de tout Téqui- page pour aller nous embarquer a la Source de la Rivière des Illinois. Cette Rivière fe jette , & perd ion nom dans le Fleuve MefchaGpi , qui dans le lan- gage des Illinois fignifie la grande Ri- vière. Nous étions donc monté trop haut avec nos Canots dans cette Rivière des -.1 Mia- D Miamis devions Source < lUinois. arrêter j Sieur de couverte revenoit refolutioi prendre d gailiards,( ae déchâi du lieu < autres mo pour tachi Eourtant ligea de I-e Içtïi, de nos H faire plus remontani le trouvai, tre heure] mes deloil tout noirsf 2^oit attii i À l^ji I s •r' > Dans l'Amerk^ Sept. 17/ Miamisfans reconnoitre le lieu^ounôuf devions aller par terre pour prendre la Source de cette Rivière quife rend aus lUinois. Cela nous obligea de nous arrêter afin de prendre avec nous Je Sieur de la Salle ; qui étoit allé a la Dé« couverte par terre, & par ce qu'il ne revenoit point , nous ne (avions quelle refolution prendre. Cela m'obligea dé * prendre deux de nos Hommes les plus gaillardsjd'entrer avant dans le bois, 8c de décharger leurs fiifils pour l'avertir du lieu ou nous Tattendions. Deux autres montèrent au haiit de la Rivière pour tacher de le trouver. Tout cela pourtant inutilement. La nuit les o« bligea de revenir fur leurs pas. Le lendemain je me mis avec deux de nos Hommes en Caiiot allégé pour faire plus de diligence a le chercher, en remontant la Rivière. Mais nous ne le trouvâmes point. Enfin fur les qua- tre heures après midi nous l'appercû* , mes de loin aiant les mains & le vifage. tout noirs du charbon, & du bois qu'il svoit attifé pendant la nuit, qui avoit H 5 ' été ï \ ¥ If 8 Nquvell. De'couv. épi fyt ftoïic. Il »voit à & Ceinture d^ux «nÎQiaux de la groflèur des Rats I9u(qu^z s . ^ llnPMs dit, que les Marais, qu'il a- yoit trouvez dans ion Chemin, l'aroieut obligé de prendre un grand détour,. de fprtç qu'étant d'ailleurs fo|t incommo- dé de la neige ^ qui tomboit en abon- dance , il u'avoit pu arriver au bord de IfL Rivière, qu'à deux heures de nuit, il avoit tijré deux coups de ftifil pour ^Qi^si ayer tif. Mais porfenhe n'ayant fépondu, il avoit creUt que les Canots Tavoieiit devancé. I) continua donc ion diemin çn remontant Je loiog de la M.ivi«re. .j^"-"^*-^-"-:-^»— ■:";- Ayant marché de cette forte plus de trois hefires^ilvit dufeu&ruQtertrc/ur k -^.'^ * ; L. .^1: iture Rats faite- i une Kz à etites pen- a des irs en sétQo i*il a- foieut mmo- abon- lordde z nuit. I pour n'ayant Canots i donc g delà plus de rtrc/ur k Dans l'AmeriQ:. Sept. 179 kquel il ,ipqata .bnifquen^ent , 3c après avoir appelle deux o^ trois fois^ Mais an lieu de nou» trouver «ndormis, com<« me iliè Tétoitimaginé , il ne vie qu'un petit feu entre des broflailles, fit fbus un Chêne, il reinarquala place d'un tionune^ qui s'y étoit couché fur des herbes feches j ôc qu|; en étoit forti ap- paremment au bruit qu'il si^oit oiÀ*. C'étoit fans doute quelque Savage, Îui s'étoit mis là en embufcade pour irprendre, & pour tuer quelqu'un Jlç fes £nnemis le long delaKiviere. Il l'appella en deux au trois langue^ diffe- rentes, & enfin pour iâire connoitre qu'il ne le* craignoit point , il cria, qu'il ^loit fe coucher en fa place. Il renou* vella le feu , 8c après s'ê;. c bien chauffé il crcut , que pour l'empêcher d'être furpris, il deyoït abbattre autour de lui quantité de brodailles qui venant à tomber parmi celles qui reftoient de- bout, embarrafferoient le chemin de telle manière, qju'on nepourroit s'aprocher de luifansfaire Ipi^aucoup de bruit, ôc que cela réveillcroit. Il éteignit en H 6 fiû- isjti - l8o NOUTELL. De'cOUV. ^ fuite le feu, & s'endormit quoi qu*il neigeât abondamment toute la huit. ' 'MLePcrc Gabriel ê^ Moi priâmes le Sieur de la Salle de ne plus quitter fon monde, comme il avoit fait > & nous lui reprefentames le plus fortement, que nous pûmes aue tout le bon-h<^ur de nôtre entreprifé dependoit uniquéitîent defa prefirnce.. --'- -=•• - -?-'i'^'H : Notre Sauvage étoît rcftc derrière pour chaflèr. Ne nous trouvant point au Portage , que nous avions pane, il monta plus haut; & nous vint dire, qu'il failloit décendre la Rivière. On Tenvoia avec tous nos Canbteurs , & je reftay avec le Sieur delà Salle, qui étoît fort fatigué. Le feu (e prit pendant k nuit dans nôtre Cabanne, qui n'eftoit compofée que deNattes dé joncs. Nous y euilions tous cftc bruflcz, fi je n'a- vois renverfe fortpromptement la Natte qui fervoit de porte à nôtre petit logis, lequel étoît tout en Çeu. Le lendemain nous joignîmes nos gens au portage , ou le Père Gabriel avoit fait plufîeurs Croix ftu: les A rbres -il,: ^' r\ jour Dans l'Ambhk^ Sbft. i8r pôiif nous le faire connoitre*pIus aifé-^ ment, tiûos v troitviiines quantité de cornes ^ bœuls ou Taureaux Sauvages, Slufieurscarcaflèsde cesanimauxmon<^ ;rueux & quelques Canots , que les Sauvages avoient faits avec des peaux de bœufs pour pafTer la Rivière avec leurs cha):ges de viande. Cet endroit eft fitué au bord d'une grande Campagne , à l'extrémité de la* quelle du côte du Couchant il y a un Village de Miamis Mafcouteins, & Oïa- tînons ramaflèz enfemble. La Riviè- re des Illinois a fa (burce dans cet en* droit dans une Campagne au milieu de beaucoup de terres tremblantes, fur les- quelles on peut à peine marcher. La Source de cette Rivière n'eft élognée que d'une lieik 6c demie de celle des Miamis. Ainfi nous tranfeortâmes tout notre équipage avec nos Canots par un Chemin, que Ton ballifa pour la facili- té de ceux, qui viendroient après nous. Nous lailTâmes au portage de la Rivie-- r; des Miamis, de même qu'au Fort, que Ton avoit conftmit à Ion embou- H 7 chure^ . i: chuict, dfsJcâvcs, <)ai ^(Oicni: ; atta- chées sut ppflàgsiiivdes Arbffiif ^ur fer- vir d'inftntâion à ccu»i qiti^yoient nous venir joindre avec le yai0èau au nombre de vii^ cinq perlonnes* n' t ".* ■ ■ y , i .il ^ » i I I I > l!J? w CHAPITRE XXIX: î)efcription de notre embarque- . i»€»^:4 Ztf four ce de la Rivière des lllino^ -hn silUmn r.!«i: n> î ") rfrS LA Source de cette Rivière» comme nous venons de le dire, ed au mi- lieu de plufieurs terres tremblantes , fur lefqiiellesà peine peut on tnarcker. Cette Rivière etv navigable à cent pas de £i iburce pour des Canots d'ccorc^ Se s'alimente de telle ibrce en très peu de temps, qu'elle e(l prefque auÏÏî large & auffi profiuide, que la Sambre & la Meufe. Elle a fon (;ours au tr^ers de plufieurs vâftes Marais y & elle y fait timt de déu>urS| quoi qu'elle coule ai^ l ur r«r- ïYoicnt; feauau IX. ' ,• s- I marque- Rivière » comme Ift aumi- ites , iur marcber* cent pas :côrc<ôc es peu de ifli large ibre&la [iralvcrs de tle y tak ;oulc aC- Dans L'AMeiiiQs.SEPt. i8) fas rapidement , qu'après avoir vc^é «ne journée entière , on remarquoit par fois» que nous n'avions pasavaïicéfàus de deux lieiics en droite ligne. On ne voioit de toutes parts , tant que lavctie pouvoit s'étendre , que des Marais pleins de joncs ôc d'Aunes. Nous n'euflions pu trouver i nous cabanncr durantplus de quarante liciies de chemin fans quel- ques mottes de terres glacées,(ur les quel^ les nous faidons du feu. > Les vivres nous manquoient, 6c nous ne trouvions point deCnaflèaprésavoir traverfé tous ces Marais » comme nous l'avions efperé. Ce ne (ont que de grandes Camp^nes Découvertes, dans lefquelles il ne croit , que de grandes hcroes, qui font feches ordinairement dans la iàifon, que nous y arrivâmes. Les Miamis lesavoientbruflées encbafiànt aux bœufs ou Taureaux Sauvages.Quel- que diligence, que nos gens apportaifem pour tuer des betes &uves, nos Cha£* leurs n'attrapèrent rien pendant plus de foixante lietics. On ne tua qu'un Cerf maigre, un petit Chevreiul, quelques . Cigncs, • V< . •. . . > ^ \'^ ^ IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l 12.0 Mi Ul "* 140 Itt Ihi u U u Wteu 11.25 i 1.4 ■ 1.8 11^ PW ê% ^'' ^ V / •'^ 7 Photographie Sdenœs Corporation 23 WIST MAIN STRilT WfBSTIR.N.Y. 14SS0 (716)872-4503 ^^4^ '^ ip %> «* V ig4< NouvELL. De'covvJ Cignes, & deux Outardes pour la fub^ iiftencerde trente ou trente deux per- fonnes. Si nos Canoteurs l'eufTent pu, ils aurdent infailliblement deferté en abandonnant tout pour entrer dans les terres, afin de fe joindre aux Sauvages, que nouk voiions dans les Campagnes. Ils y ayoient mis le feu dans les herbes fànévV pour tuer plus facilement les Taureaux, & les Vaches Sauvages. . Ces animaux y font ordinairement en grand nombre. C'efl ce qu'il eft aifé de reconnoitre par la quantité de cornes, 6c de carcafles de ces bêtes, que nous voiions de tous coftez. Les Mia- mis les chaflent ordinairement à la fin de TAutomne. .. Nous continuâmes nôtre route fur cette Rivière des Illinois pendant tout le tcikcr du mois de Décembre. Enfin après avoir navigé en Canot d'écorce depuis la Source de cette Rivière pen- dant fix vingt , ou cent trente lieues à compter depuis le Lac, qu'on appelle aufll des Illinois, nous arrivâmes enfin fur la fin du moisdeDecembre 1 6j p. au Village des Illinois. Pcn^ Dans l'Ameaiq^ Si.pt; i8; Pendant le temps de notre dernier débarquement, for le bord de cette Ri- vière, lequel fût afTez long, nous ne tuâmes qu'un boeuf ou Taureau Sauva- ge, 6c quelques poules d'Inde. , Les Sauvages ayant mis le feu dans les , her- bes ieches de toutes les prairies de^ nô« tre route, les bêtes fauves avoient pris répouvante, & s'étoient retirées. Ain-* fi quelque foin que Ton prît de laQiaf- fe, nousnefubiiftamesqueparunepu- re providence Divine , <|ui donne des forces en un temps , qu'il ne donne pas dans un autre. Enfin n'ayant plus rienà manger, nous trouvâmes un bœuf ou Taureau Sauvage monfirueux em- bourbé fur le bord de la Riuiçre; Pour ze de nos hommes eurent bien de b peine à le tirer de là avec un CJois,, i . ■ r ; ' nii';l'^ii%.- ■ ■ *. . ;i;ii i î •l . i^ CHA- t. V»- .: îi?- c. GHAPITREXXX. ^Difcriùtionde la Chiffe y^ que les àz^ jpei^sdeces P^t)^ des '^;'ytige5 ydèldMjfe^dèmatH^ ^^ *'^ fnMx 3 (^m ai)âtttûges y que J! /' 5?:K ■MM»^ ;«».i •^\'.*\ . -T"^- r y . jjBaj ^^^^n^QBB ^^^^HBBBkSS H ^^^owlS^SS ,■ ., ■■' ^^^=^^sll g^^SSSaSS l: ^^{i^î: f .\ ■?**„< # ■ , ; V- ■■iji y / ^ ^fe^; :-îr«"ïâ[É^s::i x-.»> i&^ ■■^^ii. hwt i' M^^ ik.S \^^ ii^ ■%'JBt ! i ^ . t__^ '-■ , 'x^« ■J ff'-'S '■■ '.'S'' HK ..i -. 1* ^•^^%1 r: ■"■,■■"■', L?^l 11^ J ■"<> ï '**.-■ W' t \ 'k-&~:,fSS)^^BÊÊlÊIÊÊl^' ♦•.' .«« „.*'^6'Tv'''" fM ■)i^'i ' • % ■ ■. 'i •♦..*•■■♦.•. ? -■ i ;"-4, :?f»- '■ ♦- i',-S> < • Jl.,- 4. "T ;■.; ;,v. fkvii firibu foind triomj maux, guérir lieux', adcuK jettent tout le leschâi dats. vt: Ces delak femelk les. I noiresj peu m ou Ta Leurt fe. .1 latgeu] élevatll jami vertes \ ■■.•m - Dams l^Ameriq. Sept. 187 6% vingt en un jour; Ils en font la di* firibution félon le nombre , & le be* (oin des familles , de ces Sauvages tout triomphans du mailacre de tant d'ani- maux, vont avertir leurs femmes d'aller quérir ces viandes. Elles fe rendent fur les lieux', ôc chargent fiir leurs dos iuiq[ues a deux ou trois cens livres pefànt, Ôc jettent encore leurs Enfans par defïïis tout le fardeau , qui ne paroit pas plus les charger que les Armes de nos Sol- dats. Ces boeufs ou Taureaux Sauvases ont de la laine fort fine au lieu depoil» Lc$ femelles Tont plus longue que les mas^ les. Leurs Cornes font prefque toutes noires^ beaucoup plus gro(ïes,iiiaisi un peu moins longues que celles des^bceu& ou Taureaux , qu'on voit en Europe. Leur tàe eft d'une eroffeur monfirueu- fè. Ils ont le col fort court , mais fort Eos, V & quelque fois deiix pantsde -geur. Ik ont une bofle , ou petite élévation entre les deux épaules. Leurs jambes font groflès & courtes^ cou- vertes d'une laine fort long«e. Ils ont :' fiir lS8 NOUVELL. De'couv. {ùr la tâte & entre les cornes des crins noirs, qui leur tombent iur les yeux, & qui les rendent affreux. ,, La chair de ces animaux eftfbrtfuc- culente. Us font fort gras en Autom- ne, par ce qu'ils paiflènt pendant tout TEté dans des prairies, où l'herbe leur monte ju(qu'au cou. Ces vaftes payi font fi plems de prairies , qu'il lem- ble que ce loit rélement des Taureaux Sauvages & le pays des bêtes fauves. On trouve d'eipace en elpace & afTez prés les uns des autres des bois, où ces animaux fe retirent pour ruminer , & pour fe mettre à couvert de l'ardeur du Soleil. : \ ; Ces animaux changent de Contrées félon le ishangement des iailoris, >& fé- lon la diverfité des Climats^ Qy^d ib font dans les pays du Nord , & qu'ils commencent à fentir les approches de J^hyvcr. ; ;lte paffent aux terres di^Sud. 11$ fe ioivept ôcdinair^n^nt l'unl'autre, 6c on les' voit ^iofi par fi>i$ pendant une lieue dç chemin. Ils s'arrêtent tous au mètm endroit j ôc la place , où ils ont Dans l'Amertc^ Sept. i8^ ont couché , eft ibuvent remplie de pourpier Sauvage , dont nous avons mangé bien des fois. Ce qui donne lieu de croire, que le fumiercies boeufs 6c des Vaches en feroit venir dans ces pays. Les Chemins, par où ces betes ont paflë, font frayez comme nos grands Chemins d'Europe. Onn'y voitpoint d'herbe. Us tpauènt i la nage les F leu-' ves & les Rivierers , qu'ils trouvent dans leur Chemin , afin d'aller^ paître d'une terre à l'autre. Les Vaches Sau* vages vont dans les Ifles pour y faire leurs veaux , afin que les loups ne les mangent pas. Mais quand une fois feurs veaux font aflez grands pour courir a« prés leurs mères , les loups n'oient s'en approcher , par ce que les Vaches les tueroient. .' >^*n Les Sauvages ont cette prevolance dans leur Cha(Iè,c'eft quepour ne point déchadèr ces animaux de leurs Contrées^ ils ne pourfiiivent ordinairement que ceux, qu'ils ont bleflèz à coups de Flè- ches. Pour les autres ils s'échappent à la fuite , & on les laifle aller en liberté , de .rvlV 190 NottVELL. Db'gOUV/* de peur de les ef&oucher. Au refte auoi que les Sauvj^es de ces vaftes Con« tinens foient naturellement portez i de- trtiire Ksrisuiiinaux, cependant{ik n'ont jamais pu exterminer ces Taureaux Sau« yages. Ces bétes multiplient telle* ment, que quelque deftrudion qu'on en faflè a une fois , il en revientcnco* fe davantage rannéefuiyante dans lalài* fon ordinaire. • *^-^^ Les femmes Saurages filent au fli* &au la laine de ces bceufs, 6c en font des Saa pour porter la viande boucan« née, ou fechéc au foleil. Elles la con- fervent pendant trois ou quatre mois de P Année, & quoi qu'elles n'ayént point de Sel, elles la préparent pour- tant fi bien, qu'elle ne contraâe au- cune corruption. Quatre mois après qu'elles ont ainfi accommodé cette vi- ande, on diroit en la mangeant, qu'el« le vient d'être tuée tout firaichement. NouS" buvions le boiiillon, où cette viande avoit Cuit, & nous nous en fer- viohs commç les Sauv^es^ au Ueu d'eau. Çeft la bbifibn ordinaire de toutlepeu- -"•■':.. . .: .. .-...,.vv pic /" \ 1 Dani l'AmeriQl Sew;' 19 r pk de rAmeri^ue, qui n*» point 4e; commerce avec les fiuropëens. Les peaux de. ces bœufs Sattvagcvpf*. fcnt ordinairement cent ouiixringcli-^ vres. Les Barbares coupent le dos i^ Tendroit du col, qui eft le plus gros & le plus épai^, ôc ne prennent qnebi partie du ventre la plus minces îk ki* paflçnt avec de la cervelle de tootjie^for-- tes d'animaux ^ & paf^ce méien ii»'la rendent (ôuple comme nos peaùi^i i& Chamois paflëes en huile. Ils b pei«* gncnt de diverfes couleurs, & la g»-; niflènt de porc-Epic bbnc & rougç Itf en font des Rofabes'pour s^en fervir.dié- parade dans les Feftins. Bit hyvér iU' s'cncouvrcnt contre le frôid^i pàrticu-^ lierement pendant la nuit. Leurs Rob- bes, qui lont couvertes de laine firifeej' paroifient tout à fait^reables. Quand les Sauvagesont tùé-quelques' Vaches, les petits veanxfôiventleCniaf--' feur , 8c leur rbnt IJcherU ntain ou le^ doigt. Ces Barbares en amènent par fois a leurs £n£uis. Nfais après jqu'ils s'en font divertis, ilsleurcaflèntlatcte / -.u pour les manger. Ik confovent les ongles de tous ces petits animaux, ic le^ fon: iêcher , après quoi ûs les atcî« diçnt à de^imgettes , & 1^ fecouenc félon la 4iyerfité des poftqres ôc des mouremensdeceqx, qui chantent, &; qui danlènc Cette machine a quel* me chofe d>pprochan[t des Tambours f ; On poiirroit , facileçient _ apprivoifer ces petitt animaux» & s^en fervir pour ; labourer la terre. Ces bœufi ou Tau- reaux Sauvages fubfiftent dans toutes les faiibns de l'année. Quand ils font fiirpris de lliyver, & qu'ils ne peuvent eagner à temps les terres du Sud , qui lont dans un Climat plus chaud, & que la terre eft toute couverte de neige, ils ont Paddreilè de renverfèr la neigç , & de brouter rherbe, qui eft deflbus. On les entend fiieugler, mais non pas fi I communément qu'en Europe. Ces bœufs ou Taureaux Sauvagesont , le corps, & fur tout par devant, beau- \ coup plus grands que nos bœufs d'Eu- rope. Cette çiande maffe de chair ne Dans l'AmeriQ;, Sept. 15)15 les empêche pourtant pas d'aller fort ^tc. Il y a peu de Sauvages, c|uoy qu'ils (oient fort legen , & fort vîtes, qui les puiiiè Atteindre à lacpurfe. Sou* vent ces animaux tuent ceux , qui let ont bleflèz , & fur tout lors qu'ils [ont en chaleur , & qu'un homme feiû les pourfiiit. On en voit fouvent des ban- des de deux, trois, ou quatre cens. On trouve beaucoup d autres fortes d'animaux dans ces vaftes plaines, com- me je Tay remarqué dans la Defcriptîon de la Loiii(iane. On y avoit des Cerfs, desChevreux, des Caftors,ô( les Lou- tres y font communes. On y trouve aufli des Outardes, qui ont le Soûc de toutes fortes de viandes, de&Cignes, des Tortues, des poules d'Inde, des Per* roquets, &des Perdrix. Il y a une quantité pt;odigîeufe de Pélicans , qui ont des bec^ monflreux , & beaucoup d'autres Oifeaux de différentes efpeces^ qui y font en très-grand nombre. I^ pêche ydX tres-abondante dans les Rivières, &J!a terrey efl exrraor- dinairement fertile. Ce font des prai- %' rics 194 NouvELL. pE'cauv. rcs fans bornes, meflécs de fofcèts de kaute futaïe, pu il y a de toutes (ortcs de bois propres a batic On y trouve entr'autresd'excellçns Chênes» pleins comme ceux de rEurope » & oeaur coup plus folides , U plus condcnfez 3ue ce^ de Canada. Lj^ arbres y (ont 'une grofleur & d'ufie ji^uteur prodi- gieulè. On y, trouveroi^^ les plus belles pièces du monde ppur y confb:uiredes Vai(Ç»ux, qu'on ppiu;ix>i^ faire fur le$ ^eux, & amener enfuite des bois, qui fèryiroienç de lef^ fuiii navirçs, pour 1^ çpiiftruâion d*?. ^?aiflçaux de , rEuro- pe, Cçla IVoî^^'ufie tjrcsngrande c- pargne. Se dqimeroitauxArbresle temps de recroître dans les Forefts de TEuror pe, qu^ font fort épuifécs. ,. On voit dans ces Fçrets plufieuri forces d'Arbres feuiticrs f§c des Vignes $au7age$^ qui produifent dçs. grappes d'environ un pied & demi de longueur, lelquelies, mcuri^cnt p;u:faitement, & dont on peut Sure de fortbonyin. On L trouve auifli ics Ç^pagnes de ures- m Clianvre , qu^iy j^^ pi^turelle- , ^ v, V 1 ment Dans l'AmeriQ:, Sept. 19 y ment de fix ou Tept pieds dt hauteur. Enfin par les eflàis» que nous en avons fait chez le$ Illinois, & chez les HTati, on efl; petfuàdé, que laterre efl capar* Ue de produire toutes fortes de fruiby d'heibes, ôc de grains, en plus grande abondance même que lés meilleures ter«« res de l'Europe> puis qu'on ypéut iai^ re la Récolte deux fois par anJ t L'air y eft fort tempéré & fort fain. Le pays y cù, arroie d'une infinité de Lacs, de Rivières , & de ruiflèaux» dont la plus part font navigables. On n'y eft prefque point incommodé des Maringoiiins» ou petites mouches , qui régnent fort dans le Canada , ni ,d'au- très animaux nuifibles» En y cultivant h terre on pourra fubfifter la féconde Année indépendamment des vivres de TEurope. Ce vafte Continent pourroit fournir dans peu pain, vin, & viande à toutes les Ifles Méridionales de l'A* merique. Les boucanniers FlibuQiers, & d'autres pourroienttuer dans ces pays- là beaucoup plus de Taureaux Sauvages^ quedanstoutlereftedesifles, qu'ilsna- ' bîtcnt. , I 2 - .. IL 4 w . 1^6 NouvELL. De'couv. Il y « des mines de charbon , d'ar- doife y 6c de fer. Les morceaux de Cui- vr9 rouge fort pur, que Ton trouve en divers endroits, font juger, qu'il yen a des mines, 8c peut être en trouve- roit on d'autres Métaux & Minéraux. On pourra les découvrir quelque jour. On à déjà trouvé chez les Iroquoisune Fontaine de Sel d'alun. CHAPITRE XXXI. t: Defcription de notre arrivée chez ks Illinois , peuple fort mm- hreux par rapport aux autres ^ Sauvages de (Amérique. T 'iEtymolQ»e de ce mot Illinois J-i vient, feToii que nous Tavons dit, du terme ///imi| qui dans la langue de cette Nation, fignmc un honune fait ou achevé^ de même que k moitAllemân veut diie tout homme I comme fi on ^ * . ^ # vou- ^t\ Dans l'Ameriq:. Sepï. 197 vouloic fignifier par là , . qu'un Alle« maiidticntducaur&de la bravoum de tousles hommes de quelque Nation^ qii'ils foient. Le plus grand Village des Illinois cft compofe de quatre ou cinq cens Ca« bannes, chacune de cinq ou fix feux. Ces Villages font fîtuez oans une plan ne un peu marécageuTe à quarante de- grez de latitude fur la rive droite d'une Rivière aufli large que la Meuic Teft devant Namur. Leurs Cabannes (oac faites comme de longs berceaux. Elles iont couvertes de Nattes de joncs plat% fibien coufiies, qu'elles (ont impene* trahies au vent, à la neige, & à la plu- ye. Chaque Cabannea dnq ou fIx' feux, comme je viens de le dire , & chaque feu une ou deux familles. Tous ceux, qui y habitent, vivent enfem-? blc en bonne intelligence. C'eft la coutume de ce peuple , des qu'on a fait la Récolte du blé d'Inde , de renfermer dans des creux fous terre, afin de le conferver pour l'Eté , que la vian • de iè corrompt aifément. Âpres cela / ipt NouVELx; De'couv.^ ils s^cn vont au loin paflèr l'Jiyver à la - ChalTe des bœufs ou Taureaux Sauva* ges, ôc des Caftors, où ils ne portent que tres-peu de grain. Cette proc^i* -Mon de blé d'Indeleureft extrêmement ' pretieufe* On ne iàuroit leur faire un -^ius grand déplaiiir v qUe d^j toucher pendant leur abfehce. ' Nous trouvâmes le Village vuidc, comme nous Savions preveu , par ce que les Sauvages étoient allez à la Chat le en divers endroits félon leur coûtu- fnc. Leur abiènce nous mit dsùis un grand embarras. Les vivres nous man- quoient. Cependant nousn'oiion^pren- dre de leur blé d'Inde dans ces rodes, ' en ils l'enferment pour le confervcr a- fin de s^en (ervir à leur retour de la Cha{{è pour fcmer leurs terres, & pour fubliftcr jufques à une autre Récolte. E n- fîn pourtant ne pouvant pas penler à dé- cendre plus bas {ans vivres, par ce que le feu , qu'on avoir mis dans \çs Cam- pagnes, avoit fait ftûr toutes les bêtes iauves , le Sieur de là Salle refblut de prendre vingt minots du blédecesBar- m V-' - I ;. ;■ barcs "**-, Dans l'Ameriq^ Sept. 199 barcs dah^ Pçijïdrahcedelcsappaiferpar qiidquc prefent. ■^'^ Nous nous embarquâmes avec cette nouvelle provifion le même jour , Ô^ nous clécendimes durant quatre jours (ûr la même Rivière 9 qui coule au Sud quart Sud-Owëft. Le prei^ierjour dejaiivier I ^80. im- médiatement après la Meflè , fouhaîtant une hcureuiè Année au Sieur de la Sal- le, & à tout notre monde avec les pa- roles les ^lus touchantes > que je pus, je priay tous nos mécontens de s'armeif de patience, leur reprefcntant, que Dieu poutVoiibk à tous nos befoins, &quc vivaris en bonne union, il nous fufcitc- roit des moiens propres à nous faîrç fiibfiftcr.' Nous embraflamcs tous nos HoritrheS- Tun xiprés Tautrc , le Perc Ga- briel, ' le Pcre Zcnobe & moy de là manière la plus tendre &: la plus Cor- diale. Nous les encourageâmes àpour- fuivrè âfèc ardeur cette importante Dt'coùvcrte^ que nous avions fi bien «^omraèhtfe^™^^'^''^"'!'''^' " ' ^ ' -^^ Sur la fin dii quatrième jour de Tan I 4 nous aoo NouvjELL. De'couv, nous traverfamcs un petit Lac long d'en- viron fept lieues 9 & large d'une, nom- mé Pimitiouï , ce qui Hgnifie en leur hngue y qu'il y a en cet endroit beau- coup de bêtes graffes. Le Sieur de la Salle jugeaparTAdrolabct qu'il étoit à trente trois degrez Quarante fcinq mi- nutes. Ce Lac cft tort remarquable, en ce que la Rivière des Illinois étaot glacée jufques là, ce qui ne dure que quatre ou cinq Semaines , & n'arrive que rarement , elle ne Teft jamais dcr puis cet endroit juÇju'a fonemjboucbu- re dans Mefcliafipi. La Navigation y e(t interrompue en Certains endroits à caufc de Tamas des glaces, qui. y deri** vent d'en haut. L'on avoit afluré nos gens, que les Illinois avoient été prévenus contre nous. Nous nous trouvâmes tout d'un coup au milieu de leur camp, quibor- doit deux coftcz de la Rivière en un en« droite où le courantportoit nos Canots plus vite qu'on ne vouloit. Le Sieur de la Salle, tit proniptement pi:endreles Armes, 6c ranger (es Canots defiront, ...« '"','■ .■ . .' [ - de Dans l'Ameriq^ Sept, aoz de (brte qu'ils occupoient toute la lar-« gcur de la Rivière. Dans les deux Ca«« nots les plus proches des deux bords k trouvoicnt le Sieur de la Salle» & le Sieur de Tonty , qui n'ctoicnt élo-» gnez du bord que d'une demie portée de Piftolet. Les Illinois » qui n'avoient pas etv* core découvert la petite Flotte, furent furpris de la voir. Les uns coururent aux armes, & les autres prirent la fuite avec un extrême defordre. Le Sieur de la Salle avoit un Calumet de paix. Mais il ne voulut pas le montrera cesBarba-f f^s, de peur qu'ils ne Fintcrprétaflent à foiblefïèi Comme on fut bientôt (i yrés d'eux , qu'on pouvoit s'entendre , nous leur criâmes , que nous étions Canadiens. Nos hommes avoient leurs Armes à la main. Nous nous laiflames emporter par le courant tous de front, par ce qu'il n^y avoit point de débar- quement qu'au pied de leur camp. Les Guerriers des Illinois étant dif- perfez coururent aux Armes, mais avec tant dt confuûon 9 qu'avant qu'ils (è ^ > I jr tliiîènt •*\ 101 NOUVELL. De'coUV.^ fuflènt reconnus, nos Canots avoient pris terre. Le Sieur de la Salle y fauta le premier. L'on pouvoit défaire les Sauvages dans le desordre, où ils étoicnt. Mais comme ce n'étoit pas nôtre deifein , nous fîmes halte, afin de donner aux Sauvages Ictempsdefer'af- forer. a^- »>-* ii'. Ces Barbares intimidez de cette a- jdÀon Cl hardie prcicntérent auiH-tôt le Calumet de paix , quoy qu'ils fuflènt plufieurs milliers d'hommes. Nos gens leur prefentérent le leur en même temps, & leur terreur fe changeant en joyc nous leur times connoitre, que nous acceptions la paix. Alors ils renvoie^ rcnt quérir ceux , qui avoient pris la fuite. Je me rendis en diligence du co- té des Sauvages avec le Perc Zenobe , 6c prenant leurs Énfanspar lamajn pour ks r'aflurer de leur frayenr,nous leur té- moignâmes toute b tendreflè poflible , & nous entrâmes avec les Vieillards ôc les Maîtres dans leurs Cabannes. Nous avions compaflion de ces pauvresAmes, qui ne ie perdent que pai; ce qu-'ils ne > I eon- ■:\. .- 'ix A 1 voient y fauta défaire où ils oit pas , afin de tfcr'af- cette a- I-tôt le fuffent ^osgens ic temps, en joyc [juc nous renvoie- itpris la ce du co- Zenobe^ nain pour isieurté- poffiblc , eillards & i€S. Nous irrcsAmcs, qufils ne eoa- Dans l'Ameriq^ Sept, toj connoiflènt point Dieu , faute de Mif«' fidrinaires» cjui les inAruifènr. La joyé des nns de des autres fut.auflt grande, oue leur apprchenfion avoît cté forte. Celle de quelques uns de$ Sau- vages avoit été telle, qu'ils furent deux jours à revenir des lieux, où ils s'éto- ient fathrci. Nousleur dîmes , que nous n^'étions venus chez eux que pour leur fiirc connaître le vrai Dieu , pour les protéger contre leurs Ennemis, & pour leur apporter dos Armes à feu, dont ils n'avoient point de connoiflànce, & Içs autres commôditcz 4^ la viç. Nou$ en tendîmes uni Igrande fuite de Voix^ qui lïou^ parôiflbit fèt-tir du fond du cœur de ces Sauvages, qui font les plus humains de toute TAmeriquc Septexi- triopale ^ & qui criotçnt en répétant ce^ maté^TépAioiii'Npk^ c*eft à dire eh leur langue, Voïla quîi cft bien nfiOii Frère, mon Àmî» Tu as l'efpritbîen fait d'avoir eu cette pcnfée. En même temps ils nous frottèrent les jambes juf- quçsàla plante des pieds auprès du feu avec de fhiiilc d'Ours , & de la 16 ^ graiflè / r ao4 NouvELL. De'couv. graifle de Taureaux Sauvages pour nous délaflèr. Ils nous mirent les urois pre- miers morceaux de 1^ chair de ces ani- maux à la bouche, nous care0ànt ainfl avec des amiticz tout à fait extraordi- naires. * Auili-tôt après le Sieur de la Salle leur fit un prefent de tabac de b Mar- tinique , hc de quelques haches. Il leur dit: qu'il les avoit fait prier de s'afTemblcr pour traiter d'ime afiâire» Jii'il vouloit leur expliquer avant que e leur parler d'aucune autre. Il ajouta, qn'il favoit , combien le blé d'Inde leur çtoit neceflàire: que cependant la neceflité des vivres , ou iês gens & lui s'ctoient trouvez en arrivant a leur Vil- lage, & rimpoflibilité de trouver des bctes à la Campagne , l'avoit obligé de prendre quelque quantité de blé d'In- de, qu'il avoit dans (es Canots: qu'on n^y avoit point encore touché : que ^'ils vouloient le lui laiflèr , il leur doune- roit en échange des haches, & d'antres chofes, dont ils auroieut befoin. Quç yUs ne pouvoiàijt s'en paflcr^ il Icpr ' ' '" ' "^ ^"î ' '*■ ' étoit à- , l étoitlil s'ils ne neceilâ] celle de voifins, yant, a roit Je I pour ia( les autre Europcc Les Sauv Salle, ce finies alli Pouri te Alliani les lUino^ fieurs pre Chefs dei nié Moni rocme de mc^^ qii' que par voit avec jeunes geJ ^^udjertJ _ fil : . i nous prc- ani- aind lordi- SaUe Mar- ;. 11 er de ifaire» it que ajouta, d'Inde lant la s&hii :urVil- irer des obligé : qu'on ^ue s'ils lonnc- d'antrcs étoit Dans l'AmeiuQ:. Sept. 20; étoit libre de le rq>tendre 9 mais que s'ils ne pouvoient lui fournir les vivres neceflâires pour fa lùbdAence & pour celle de fes gens, il s'en iroit chez leurs Yoi(ins, qui lui en fourniroient en pa- yant, èc qu'en échange il leur lailllc^ roit le Forgeron , qu'il avoit amené pour I accommoder leurs haches, & tou^ les autres inftrumens, que nous autres Européens leur donnerions à Tavenir. Les Sauvages accordèrent au Sieur de la Salle , ce qu'il leur dcmandoit ,& nous fîmes alliance avec eux. , Pour rendre ferme Ôc inviolable cet- te Alliance que nous contrarions avec les Illinois , il nous fallut prendre plu*^ . fleurs précautions neceffaires. Un des Chefs des Sauvages Maskoutens nom- mé Monlb, nous vint traverfer le fbip mé^ie de çôtrç arrivée. Npus apptî<« - me^^ qu'il étoit .envoie par «^'autres que par ceux de ia Nation, &^qu'ila« voit avec lui quelques Miamis-, & de jeunes gens, qui, ayoient apporté de^ .,; cljuudjerts, des haches , des couteaux j^ .^ ^J ^ I 7 pous .3a pous '! •■ io6 NouvRtL. Die'couv. pour cette Ambaffade pluitôt qu'un autre, par ce tjuc les Hliftois avoient plth dccréi^ncé en lui c}u'aux autres Mia- rtib. Et en effet les liKnois ri'avoîcnt point été en cucrre avec les Maskou- tens. Il catbala donc toute la nuit, difant que Je Sieur de la Salle n'étoit qtf un brouîHon, qu'il étoit amideslro- qùois, St qu'il ne rcnoit chez eux, q'c pour devancer leurs Ennemis : qu'ils alloicnt venir de tous coftez avec les Europécrt^ qui étoient en Canada pour detruircf lei^r Nation. 11 leur fît des pfefèrià i ^ tout ce qu^il avoit apporte, «rieur i^it mêtne , qn^il yéhôît de la 5 art de quelques Canadiens , qu'illcur cfigna. Ce Corifeil fc tint la nuit , que les SàtiVaçes clioîfiffcnt prdinairemeiltpour firaitci^: ^ leliirs , âfl&ires fècretek Cet Ai!nbafladeur fei'etira la même nuit. Oiï trduva lé* Icndertilaîù- Ids Chefs des flKnois tout chajîgez. Ib étoient pleins de froideur &dcmnce, & paroiflbicnt viètiit nta^iner quelque chofc contré iioùs^ Cda tious tît beaucoup de pci=^ ne. Mi voit gag par des p ce chan moyen c foupcons Non! mes les n Mais dar core les 1 Nous tîn ces demi fta penda fiimes fu: CH Récit lUini conj PEnc mi kanapé . K \ Dans il'AmerkIj^ Sept. 207 ne. Mais le Sieur de la Salle , cpï a- vcit gagné Tun des Chefs de ce peuple par des prefens, apprit de lui le fujct de ce changement. Cela lui donna le moyen de diflîper adroitement leurs foupcons. ^ >fon feulement donc nous trouvâ- mes les moiens de r'afliirer cette Nation^ Mais dans la fuite nous des-abu(âmes en-" core les Maskouiens » & les Miamisi Nous fîmes même une Alliance entre ces derniers & les Illinois , qui/^fubii-^ fia pendant tout le temps, que nous fiimes fur le lieu. ' ' CHAPITRE XXXIL ■ •s- Récit de ce qui fi pajfa' entre lé Illinois S' nous jupfues à la cùnJiruBion d^un Fort. PEndant quénbtls demeurîom pât'^ mi cette Nation, le nômnié Ni- kanapé Frcre de Ghaflàgoiiaflè le plus. coa.? Il Ji p ■->^ 108 NouvELL. De'couv; coniiderahle des Capitaines Illinois, le- quel étoit abfcnt , nous inviu tous à un Fcftin. Lors que tout le monde fût aflis dans la Cabanne, Nikanapé prit la parole , ôc nous fit un difcours bien dincrcnt de celui de leurs Anciens à nôtre arrivée. I14J^tdonc, qu'il ne nous avoit pas tant conviez pour nous faire bonne chcrc , que pour nousguc« rir Teiprit de la faïuaific , que nous a- vions de dccendrc Mcfcharipi , c'cft à dire la grande Rivière, jufques àlaMcr. Il aHuroit , que pcrfonne ne Tavoit en- trepris (ans y périr: que fcs bords c- toient peuplez d'une infinité de Na- tions Barbares , qui nous accablcroicnt iàns doute par leur nombre , quelque Valeur, &c quelques Armes, que nous puflîons avoir: que ce Fleuve étoit plein de Monftres, de Tritons, de Croco- diles, de de Serpens : que fnppofé que la grandeur delà Barque, que nous al- lions faire pour cela , nous garentit de tous ces dangers, il y en avoit un autre abfohment inévitable. . C'eft, que le jbaS;dç;N|efçl^pi étpivgl^^^ Sauts, h I i V. nois, le- lousàun >nde fut lapé prit urs bien ncicns à qull ne jour nous nous gue- iie nous a- â , c'cft à icsàlaMcr. rTavoiten- s bords c- té de Na- Lcablcroicnt quelque es, que nous reétoit plein ae Croco- fuppofé que que nous al- ts garcntit de ly oit un autre /eft, qiïe le in de Sauw, Dans l'Ambrk^ S%rT» %e^ & de précipices , qui étant joints à la rapidité du courant nous feroient perîr fans reflburce: que tous ces rapidcs^â: CCS précipices abboutiflbient à un Gouf- fre, où cdte Rivière fe perdoit fous terre , fans qu'on Seûc ce qu'elle de* yenoit.^ ■•» ^ ■ i^.:-yimp{jr'\T!}o-i m Il joighit à tout cela tant de circon* fiances, & prononça fondifcours fi {e« rieufement, &avcc tant de marques d'aflfeâion, que nos gens, qui n'eto* ient pas accoutumez aux m^nieixs des Sauvages, ic dont deux etitendoi|entl^ ^ langue des^llinois,! çnturçotébranlez^j Nous remarquâmes leur apprehcnfion; fiu: leurs Viiàges , qui paroiâbient tout effrayez. Mais comme ce n'eft pas la coutume d'interrompre les Sauvages ». quand ils parlent, & que même en le, falfant nous enflions augmenté Tinquie^^ tude de nos gens , nous lui laidames paifiblement achever Ton dilcours , au- près quoi nous lui répondîmes fans fai- re paroitre aucune émotion. Nous lui dîmes, que nouslui étions bien obligez des ^^yiS| qu'il nousdon-. noit. iiiïV. t^i't 110 NouvELL. De couy.^* iibit/& iquè nous aè qu'une ; i. Dans l'Ameriq^, Sott. 21 1 qu'une amitié feinte & pleine de diifi- tnulation. Nikandpédemeura (ans repar- tie ,& nous prefèntant à manger il cmn^ gea de difcours. Apres le repas nôtre Truchement ayant été bien inftmit reprit la parole, éc dit à ceux, qui étoient prefens, que nous n'étions pas ftirpris, que leurs y oi^ fms devinflent jaloux des commoditez, qu'ils recevoient du commerce , qu'ils alloient avoir avec nous^ ni au'ils leur fifTent des rapports à nôtre aésiavanta^ ge. Mais qu'il /étonhoit, deceqtfih y doniibient àrèince fi âcilèment, & de ce qu'ils nous cachoiéht Ta yeritf , j>uis que nous leuravions commnn^ué francnement , & fincerementtous nos deflèins. I'^"'^ • Nous ne dormions ms Mbn Frerc , ajouta il en s'addrefl&nt a Nikanapé , lors que Monfo vous a parlé la^ nuit en ca- chette à notre desavantage, & quand il vous a dit, que nous étions les Efpions des Iroquois. Lespreièns, qu'il vous a faits pour vous pcrfuaderfesmenfonge^, foQt encore cachez dans cette Cabanne. Pour- iii ■Ik 212 NOUV^LL. De'cOUY. Ppurquoy ail prisla fuite aufli tôt après, tqu'ii vous a eu parlé? Pourquoi ne k montroit il pas de jour s'il n'avoitque des veritez à dire ? N'as-tu pas vcu > qu'à nôtre arrivée nous avons pu tuer tes Neveux, ôc que dans la confufion, où ils étoient ^ nous euflions pu faire ièuls, ce qu'on te veut perfuader^que nous exécuterions avec Taffilbnce des Iroquois après que nous nous- ferons établis chez toi, Ôc que nous aurons &it amitié avec ta Nation ? A l'heure queje paille , ces guerriers , qui font icy avec moi , ne pourroient ils pas vous égorger tous tant que vous êtes d'An- ciens, pendant que vos jeunes gens font a la Chafle? Ne fçais-tu pas , que les Iroquois, que tu crains, ont (bu- vent éprouvé notre valeur? qu'ainfi nous n'aurions pas bcfoin de leur fecours, û nous avions deilein de te faire la guer- re? ,v Maïs pour te guérir entièrement l'c- Iprit, cours après cet impofteur. Nous 1 attendrons ici pour le convaincre, & pour le confondre. Coftiment nous *^S/t>'t con- Dans l'Ameaiq^ Sbpt. 2 1 1 connoit il lui , qui ne nous a jamais veus? Comment peut il (avoir (escom- plots, que nous avons faits avec les Iro* JuoiSy qu'il connoit aufli peu que nous? Legarde notre équipage. Ce ne font que des Outils & des marchandifès^qui ne nous peuvent fervir qu'à faire du bien, & qui ne font propres ni pour les attaques, ni pour les retraites. j Ce £{cours les émut, 6c les obligea de faire courir après Monfbjpour le ra- mener. Mais la neige, qui tomba la^ nuit en^abondance , & qui couvrit les piftes, empêcha^ qu'on ne le putjain« dre. Cependant nos gens, quiavoient été épouvantez, ne furent pas tout à fait guéris de leurs craintes mal-fon- dées» Six d'cntr'eux, quiétoient de garde, & entr'autres deux Scieurs de long, fans lefquels nous ne pouvions faire de Barque pour aller à la Mer , Ôc qui avoient été corrompus d'ailleurs a Miililinukinak, s'enxuirent la nuit fttivante , Ôc enlevèrent, ce qu'ils cru- rent leur devoir ctre neceflàire. En quoi il eft vrai de dire f qu'ils s'expof erent à un ^X4 NouYBLL. De'couy. à un dai^r de périr, beaucoup plus ccctatn que celui ^ quf il$ vouloient t^ Viter.. il:.:)^; r,: ir>rOVi,.ii.;.:s . "i .' -f Le Sieur de la Salle voiatit , qpe ces fix Deferceurs n'avoient laiflë dans leur Cabanne, qu'un feid homme , qui leur éfioitfufpeâ, commanda au refte de nos gens, afin d'empêcher le âiaurais efTet, que cette defertionpourroitpro* duire dans TeTprit des Illinois, dédire, que leurs Camarades étoiept partis iàns i^n ordre., de qu'U auioit bien pu les faire pourfiiivre , ôc lés punir pour en faire un exemple: Mais qu'il ne vou- loit pas Élire connoitre aux Sauvages le peu de fidélité de nos hommes. Nous exhortâmes les autres à être plus fidèles ue ces fugitifs, 8c à n'en pas venir à e pareilles extremitez par la craintedcs dai^ers, que Nikansçé leur avoitfauf- (èment exaggerez: Nous leur dîmes que le Sieur de la Salle ne pretendoit mener avec lui que ceux, qui l'accompagne* roient volontairement: qu'il leur don- noit parole de laiifer aux autres au l^rintemps la liberté de retourner enCa* m • nada, î -j 1 1 I plus {fie ces [is leur [jttikur efte de tnaorais oitpro^ de dire, irûs fans :n pu les f pour en ne vou- ixvsfies le . Nous lus fidèles s venir i :ramtc Iqr^ qiifijsf fuient: enCapadarJ . \ . ^ , , , Le Sieur de la Salle tacha ainu de'r ^T- (urer Ces gens. Cependant il connoil-r bit leur inconftànce. Diflimulantdonc k ch^rin, qu'il avoit dç leur, peu de courage , U refblut de les éloigner des $al^rflge&ajSn de couper Iç ÇnepiviQ i de bJouvelles fùborhations. Mais afin dQ les y faire coniêntir (ans niunnure, il Ijcur dit, qu'ils n'étoient pas tout à fait en feureté parmi les iliinpis: qiied^ailf. leurs ui) pareil lejpur les expoloit aux attaques, des Iroquois,que peut être ces Barbares viendroient attaquer les Illi- nois avant i'hyver, & que ces derniers n'étoient pas capables de leur reiifter : que félon toutes les apparences ils s^en fuïroiem au premier Choc: que les Iro- quoîs ii<( NovvftLL. Db'couv. quois lie pouvant les attraper , par ce que les Illinois courent beaucoup plus ritequ*euit, ils déchargeroient leur fu- rie fur nous; que notre petit nombre (eroit incapable de faire tjte à ces Bar- bares: qu'il n'y avoit qu'un feulreme« de, qui étoit de fe fortifier dans quel- que Pofte Âcile i défendre: qu'il yen tvoit un dé cette forte prés du Village; oA fls feroient à couvert desinfultesdcs Illinois, & de Tattaque de ces autrei Barbares: que nous ne poun.'on$pas|y être forcez , de que cela même les ern- pèâieroit de nous attaquer. Cesrai(bnS| &phiiteurs autres (èm« blables, que je leur deduifis ^ les per- fuaderent » Ôc les engagèrent à entnr- pren^dre de bonne mce laconftruâion d'un Fort. On choiât une place pro- ire à cela diftante de ( quatre journées lu grand Village des Illinois en décen- dant Vers le Fleuve Mefchafipi. 5 i ;^cnl < .■' 'À'j . ; :>;.> . J vÀîtm- C H A- l'i. ' D>Ns l'Ambriq^ Sept. 217 CHAPITRE XXXIIL. Reflexm fur t humeur des Itti- mis i avec un petit détail du peu de fruits qu'an pouvoit é^ perer de leur cmverjlm. IL eft bon d'obrcrrer ici , qu'il y a des Miamis fituez au Sud-Oued du fond du Lac des Illinois. Ils habitent Air le bord d'une Rivière afTez belle, qui eft environ à quinze lieues dans les te|^- res à quarante & un degré de latitude Septentrionale. La Nation des Mas- koutens & celle des Outouagamis de- meurent environ à quarante trois de* grcz de latitude fur le borddelaKivie* re appellée Melleoki , qui fe déchaig^ aflèz prés de leur ViUage dans le Lac des Illinois. Du c6tc de l'Oueft on trouve les Kikapous» & les Ainoves, . qui ont deux Villages. A rOiîcft de ces derniers au haut de la Rivière de Cbccagoumenant il y a un autre Villa* K gc « » * .'^. 2i8 MouvtLL. Dbcout. ge d'Illinois Cafcâfchia fitué à l'Olicft du fond du mcme Lac , tirant on peu à Sud-Oiicft environ les 41. degrez de htitude. Les Authoutantas» dcMas- koutens Nadoueiliouz demeurent â cent trente lieues des Illinois dans troismnds VilJagçs bâtis proche d'une Riricre, qui fe décharge dans le FleuveMefcha- (Ipi. C'eft du côté de l'Oueft au dcf- fus de la Rivière des Illihois ns à vis de rembouchuredeOUisconfin, iijaunc autre Rivière ^ oui fc décharge dans le même Fleuve, folous parleronsencore dans la fuite de pluiieorsautrcr Nations. ' ^ La pluspart de oous cer Sauvs^es^ & fur tout les Illinois font leurs Cabian- nes de Nattes de joncs plats , & dou- blées ,lef(iucllcs font coufues enfeinble. Ib font de grande ftature» forts Se ro- htiRa^ adroit» à f Arc Se àk Fleclie. Ces derniers n'àtoient point encore d'Armes à feu. Nous en avons donné à quelques uns» Ils font errans^ paref- feuX) craintifs, UbendnS) de préfque fans reQ)câ; pour leurs Chc6^ lis font colères, ^grands lan:ons.;.nî;j(^ "^ ' ^ Leurs roucft un peu :grez de nticcnt tsmnds Rit Icrc , Mefcha- ï au déf- is à vis de il y a une e dans k [uencott Nations, rages, & } Caban- &dou- nifetnbic. t$ ôc ro- si Fleclie. it encore >ns donne insyparcf- préfquc Ils font Leurs Dans l'Ambriq. $£Pt. 219 Leurs Villages ne font fennes d'atH cunes paliilàdes, par ce qu'ils n'ont pat aflcz de cœur pour les défendre. Ih fuient i h première nouvelle , qu'ils apprennent de Tannée Ennemie. La bonté de la fertilité de leurs Campagnes^ leur fourniffent tout ce qui eft necçflàiN» re à la vie» Ils n'ont l'ulage des inftru* mens & des armes de fer , que depuis que nous y avons été. Outre TArc & la Flèche ils fe fervent encore en guei^ re d'une efpece de demie pique ^ Ôcéc MaflfuedeDois. Les Hermaphrodites font en grané nombre parmi eux. Ils ont ordinaire^ ment plufieurs femmes, de prennent (buvent toutes les Soeurs , diflans qu'el* les s'accordent mieux que des étrange- res. Cependant ils en (ont fi jaloux ^ Qu'ils leur coupent le nez fur le moindre loupçon. Ils (ont impudiques jufqu'a tomber dans le pcchc qui eu contre na- ture. Ils ont des garçons , à qui ils. donnent réquipage de filles, par ce qu^ils les emploient ^ cet abominable ufage. Ce garçons ne 'occupent qu'aux K z ou-" ( ,.., J' 210 NOUVELL. De'cOUV. ifl ouvrages des femmes, & ne fe méfient . . ni delà ChafTe ni de la guerre. Usiom fort fuperftitieuic , quoy que fans au- cun £ulte de Religion. Au relie ils ibnt grands joueurs , comme , font tous les Sauvages, que j'ay pucomioi- tre dans TAmerique. a^ i Comme il y a dans de cçrtains en-^ droitspierreux de leur pays une fort grande quotité de ferpent, quilesiii. ^.CQmmodent beaucoup, ces Barbares connoinient aufli pluneurs herbes pro- pres à les guérir de leurs morfures, dont Tufage eft beaucoup plus afTuré , que celui du Theriaque & de l'Orvietan. Quand ils fe (ont frottez de ces herbes ils fe jouent impunément avec ces in- icâes, quelques venimeux qu'ils foient. Ils les font même entrer fort fouvent bien avant dans leur gorge. ils vont tous nuds en été, excepte qu'ils fe couvrent les pieds d'une efpc- ce de fouliers qu'ils font avec des peaux de bceufs. En hyver le froid efl aflcz picquant dans leurs Campagnes , quoy qu'il ne dure pas long- temps. Mais ■'*ifV ils •% Dans l^Amertqj^ Sept, m ils s^en garantifTcnt par le moien des peaux de befies Sauvages, qu'ils paf- ient , & qu'ils peignent fort propre- ment, & dont ils je font des couver- tures, 6c une efpece de Robbes, Pour ce qui elt desconverfîons, qu'on peut faire de ces gens là touchant rEvan- gile, on ne fauroit faire aucun fond iur^ eux. Ces Sauvages, de même que tous ceux de rAmeriquefont fort peu difpo- fez^ux lumières de la foi, par ce qu'ils ibnt brutaux & ftupides, & queleursj meurs font extrêmement corrompues. & oppofées au ChriAianifme. I) &udra! donc bien du temps pour les rendre ca-^ pàbles de recevoir nos veritez. J'en ay trouvé quelques uns, qui étoient d'une humeur aflèz docile. Le Père Ztnobe* abaptizé quelques Enfàns moribons par- mi ces Barbares, & deux ou trois per-» Tonnes mourantes , qui lui tenv>igne- rent quelque difpofition pour cela. Ces peuples fc feroicnt laiffc baptifer, com* me on euft voulu , mais (ans aucime inftrudion preallable , & (ans aucune connoiflànce de la nature Ôc deTefEca- >^* xix Nouvel L. De'couy. ce du Sacrement , par ce qu'ils ibnt fort grofliers, & qu'ils n'ont point d'atten* tion aux veritez^ qu'on leurpréche« Le Pcre Zenobe avoit trouvé deux Sauvages, qui s'étoient attachez a lui, & qui lui avoient promis de le (uivre par tout. 11 crut, qu'ils hiitiendroieiit pacole, de que par ce moien ils'aflurc- ratde la Validité cfe leur baptême. Mais cela n'a fervi dans la fuite , qn'à lui faire naiflre des fcrupules fur ce fuiet, par ce- qu'il npprk y qu'un Sauvage nomnfié ChaiUgoiiache , qui avoit été baptisé I étoit mort entre les mains des Jongleurs, abandonné aux fiiperftitions de fon pays, Ôc que par confequent il étoit duflo films gthenrtd. Car ce mal« * heureux ayant profané fbn baptême par les crimes infâmes , aufquels il s'aban- donna dans la fuite, meritoit fans dou- te d'être châtié doublement dans l'autre vie,' -£3 . > i ;•*=;' '' CHA- . ■'■ i dk- \\ f . font fort d'atten- éche* vé deux et a lui» le fuivrc ndroient [ s'affurc- baptéme. , qn^àlui ce fujet, Sauvée avoit été mains des jcrftitions îcqucnt il ar ce tnal- ptéme par il s'aban- :fansdou- lans l'autre il ■ it CHA- Dans L^AMERiQt Sept, 22 j - ^ • « t t 1 ♦ ' ^ • 1 . ■ jiT 1 T • ■ - CHAPIXRE XXXIV. ? b CmJhruSiion d'un Fsrt ^ que mus fîmes bajlirfiir la Rivière des . îllinois^ nommé Chéca^ou par ^'^fcs Barbares , ^.pàfnous k fbrt de Crevecceur , enfembk k fabrique d'une muveïie Bar- que pour décendre à la Mer. .r^iio:^ ?iim ^nsfn^j tylî:>iv IL faut Remarquer ici > tjùe quelque ImicT', qu'ilraflcdamlcsContréctde ce cnarmant Pays des Illinois, il ne du- re que dieux mois tout au plus» Et en eftt le I f. de Janvier il furvint mi gmnd degçl j qui rendit la Rivière Ubre au deilbas du Village , où nous étions» Nûusnous trouvâmes donc tout d'un coup comme dans une efpece de prin-* temps. Le Sieur de la Salle me pria de Raccompagner. Nous nous rendî- mes donc en Canot an lieu > que nous allions choifir ponr travaitterà ce Fort. C'étoit un petit tertre élogncd'envi- K 4 roa iViJ- 1 1 •^' 2Î4 NOUVELL. De'COUV. ron deux cens pas du bord de la Riviè- re , la(]ucllc s'cteudqit lufan'au pied dans le temps des pKiyes. Deux ravi- nes larges ifc profondes fortifioicnt les deux autres coccx de cette petite eini- ncnce. On acheva de retrancher une partie du quatrième par un fofl2y oui joij/noit cnfembic les deux ravines. On fit border leur talus extérieur , qui lut fcrvoit de contre fcarpc par des Che- vaux de Frize , 6c cnluite on efcarpa cette eiuinence de tous coftcz. On en fit Ibutcnir la terre » auttnt qu'il étoit nccellairc, pnr de fortes pièces de. bois> £c par des Madriers. On ht faire le logement à deux des Anqies de ce Fort , afin que nos gens fuf^Mit toujours prcib en cas d'attaque. Les Itères Gabriel , Zenobc Se moy nous loge!imcs dans une Cabonne cou- verte do planches , que nous a)ui\Âincs avec nos Ouvriers. Nous nous y re- tirions après le tr ivail avec tout nôtre monde i)our la prière du foir» de mê- me que nous no is y trouvions le ma* tin pour le même fujet. Nous ne pou- ■ •m^ 4 /i vions Da viens pli Vin, que fins du n conrcntk jours de I nous faïf prières di long de 1; bois. • Li "milieu du ^ on Ht i du Charb( l'endaii vmge, ne jurande D la conftru difficile, «voient dire à noj wi eux q| volonté, [ des plane d'en vcnij plus de pi pisallcr, à ttr quelql « t ivie- pied ravî- l«s cmi- unc qui Càn ui lut Chc- jfcarpa l)n en ilétoit c boiS) ,».;t- ■ Hix des is getis ittaquc. c moy ne cou- ai\âmc$ us y rc- t nôtre de mc- Ic ma- nc pou- vions vions plus dire l.i Menè,par ce que le Vin, que nous avions fait des crosRai- fins du pays, avoit manqué.Nousnour oonccntions de chanter les Vcfpres les jours de (cites, 6c les Dimanches, &c nous faiiions la predicdtion après lei prières du matin. On mit la Forge le long de la Courtine , qui regardoit lé bois. Le Sieur de la Salle fe poda au milieu du Fort avec le Sieur de Tonty, Si on tit abbattrc du bois pour en faire du Charbon pour la force. Pendant qu'on travailloit à cet ou« ▼rage, nouspenfions fans ccfle a nôtre grande Découverte Nousvoyion5,quc la conftruétion de la Barque étoit fort difficile, pque ' nous rencontrerions fur nôtre route» Mais il y avoit cette différence entre le Sieur de la Salle & mot, que les qua^ treoàcinqnatioDiS, par kfquelles il de- w «^v :i D'ANS l'Amehiq^ Sept. 229e devoit padèr, connoKToient les Euro* péens,qui iont en Canada , par ce qu'ils avoient commerce avec eux , & que ceux, où i'aUois à plus defix^ou (ept cens lieues des^ Illinois , nf avoient ja- mais veu d'Européens. Cependant tou- tes ces difficultez ne nous étonnèrent ni l'un ni l'autre. Toute nôtre peine c- toit ieulement de trouver parmi nos gens des hommes aiTez hardis pour nous ac- compagner, & d'empêcher, que les autres, qui étoient déjà fort ébranlez,, ne deferuflent après nôtre dépare f::fe^^' i »48'?-ç,'si»i.»->i 4' i^Mii^ -4^11^' K 7 CHA- ^• •#>- ^ ^- \ %JO NoUYELt.. De'COUY.^ CHAPITRE XXXV. Ri^it Ji Ci qui fe pajfa avant k départ de tAutheur feffr fa . nonvette Découverte , avec le fv Retour du Sieur de laSalteau I Fart de Frontenac y é^ les in- *! pruiiims y qu'un Sauvage nous dmma tmcbat^ le F^uve Mef t chajipi* ? - j. i'» AVant nôtre départ nous trouvâmes heureu&ment le moien de deCabu- fer nos gens des faunèsimpreiTions^que les Illinois leur avoient données à la Sollicitation de Monfb Capitaine des Maskoutens. Quelques Sauvages des pays éloignez arrivèrent au Village des Illinois. L^un d'eux nous afTura de la beauté du Fleuve Mefchafipi. Nous en fûmes encore inftruits par pludeurs au- tres Sauvages. Mais un Illinois nous dit en particulier,, & fortenfccret,quc ce Fleuve étoit navigable. Cependant ^ Dans l'AmeriQj, Sept, z^t ce Récit ne fufHibit pas pour dcfâbufer nos gens. Afin donc de les r'aflurer entièrement, nous entrepitmcs de le iàire avouer aux Illinois » quoi que nous enflions appris, qu^ils avoient re(blu dans un Confeil qu'ils avoient tenu iè« cretement, de nous dire toujours la mê- me chofe. 11 s'en prefentapeude temps après une occafion tout à fait fayora'- ble. Un jeune guerrier Illinois, qui aroit fait des prifonniers du côte du Sud> avoit devancé Tes Camarades. Il paflà à no- tre Chantier , de on lui donna du blé d'Inde à manger. Comme il revenoit du bas de ce Fleuve , dont nous fimcs^ femblant d'avoir quelque connoiflânce, ce jeune homme nous en fit une Carte aflez exade avec du charbon. 11 nous^ aflura, qu'il avoit été par tout avec fa Pirogue , qui cft un Canot de bois creule avec du feu : qu'il n'y avoit juf- ques à la Mer, que les Sauvages appel*» lent le grand Lac, ni Saut, ni rigide r mais que par ce que ce Fleuve devient &>rt large en approchant de ion embou*- «hurcj» I > i}2 NoaVBLL. De'couv. chure,. il y avoiten quelques endroits des battures de Sable, de au milieu des Canaux fort profonds, Se des vafcs, qui en barroient une partie. Il nous dit auflî le nom de plufieurs Nations , qui habitent fur Ton rivage , & de divcrfcs Rivières, qu^il reçoit. Récrivis toutes ces chofes, & je pour- ray bien en faire le récit plus au long dans cet Ouvrage. Nous le remercia* mes par un petit prefcnt, que nous lui fîmes , de ce qu'il nous avoit décou- vert la vérité , que les principaux de fa Nation nous avoicnt deguifée. Il nous pria de ne leur rien témoigner , de ce qu'il avoit dit , & on lui donna une hache pour lui fermer la bouche à la manière des Sauvages, quand ils veu* lent recommander le feaet. Le lendemain au matin apcés les priè- res publiques tiou» allâmes au . Village, où nous trouvâmes les Illinois aflèm^' blez dans la Gabanne d'un des plus con^ £derables: de laNàtion, qui leur faifoit iêftin d'un Ours. C'cft un mets, dont âfi font beaucoup de cas. Us nous fiv •««Mi-v-)* rcnt Daks l^Ambriq^ Sept. %j^ rent place au milieu deux fur une belle Natte de joncs , qu'ils nous prefentc- rent. Nous leur fîmes dire par un de nos hommes , qui favoit la langue, que nous voulions leur apprendre y que Ce- lui, oui a tout fait, que nous appel- lions le grand Maître de la rie , prenoit un foin particulier de nous : qu il nous avoit fait la grâce de nous inftruire de rétat de Meicbafipi : que nous étions en peine d'en connoitre k vérité , de- puis qu'iU avoient vouhi nous pecTuar* dcr» que la Navigation en étoit ixxk* poflible : Après quoi nous ajoutâmes tout y ce que nous avions appris le i<>ur précèdent fans faire connoitre en aucu- ne manière le moien > par lequel nous en avions été infiruits. ...juu Ces Barbares crurent 9 que nous a- viens appris toutes cçs choies par quel- qucs voies, extraordinaires. A prés s'c - trc ferme la bouche avec la nuin ,ielon leur manière de témoigner leuradmira-^ tion, ils nous dirent, que la ieiile en- vie, qu'ils avoient, d'arrêter nôtre Ca- pitaine avec les Kobbes griles » ou les Pieds Âm^ 234 NouvELL. Decouv. t Pieds nuds, tomme les Sauvages ont accoutumé d'appellcr nos Religieux de S. François, oour reftcr avec eux , le; avoic obligez ae nous cacher la veritc. Ils nous avouèrent donc , tout ce que nou9 avions appris du jeune Guerrier, àc du depui» ik ont pcrfiftc dans les mêmes ientimem; i> u; -ji 4,,^ i*, ;: ^! Cette rencontre dlmintu de beau- coup la crainte de nos gens , & ils en ftrrcnt entieroment délivrez par Tarrivce de ptufîciirs Ofages^ Cifeaga y' 6ç^ A- k«ii£i , qui étoiem Tenue du Sud pour nous voir , 6c pour trooucr avec nous ' deshiches contre des Pelleteries, quMls aroient apportées. Ils nous dirent tous, ^ que le Flquve Mcfchafipi croit naviga- ble par tout jufqufs à k Mer , >!k que nôtre arrivée étant publiée toutes» les Nations dm bas Fleuve vieAdit>iént nous danfer le Calumet de paix pour entre- tenir une bonne correfpondance avec nous, Se pour faire commerce avec nô- '..» ciivHi iii tre monde. • Les Miamîs arrivèrent en mcmc temps, â^dm&rentfoCatumctdepaix alîi^î aux Dans l'Ameriq^ Sept. 23) aux Illinois. Ils firent donc alliance avec eux contre les Iroquois leurs plus implacables Ennemis. Le Sieur de la Salle leur fit quelques prefensafindeles unir plus fortement enlcmble. Nous nous trouvions alors trois Mif* fionnaites RecoUeâs avec le petit nom- bre d'Européens ^ qui étoient au Fort de Crevecceur) & nous n'avions plus de Vin pour célébrer la Meflè. Le Perc Gabriel, qui avoit be(bin de foulage^ ment à caufe de ion grand âge, témoi- gna, qu**!! re(leroit feul très- volontiers avec ceux de nos gens , qui demeure- roient dans le Fort. Le Peve Zenobe, qui avoit fouhaité la grande miflion des Illinois, lefquels étoient au nombre de fept à huit mille âmes, s'enhiivoit par- mi ce peuple. Il ne pouvoit fe façon* ner aux manières importunes des Sau- vages, avec lefquels il demeuroit* Nous en parlâmes au Sieur de la Sal- le, qui fit prcfent de trois haches à rhôte de ce Religieux nommé Oma- houha, c'cft à dire Loup. Cet homme étoit le Chef d'une famille ou Tribu, C'étoit ^3^ NOUVELL. DeCOUV. Ç'ctoit, afin qu^il eût foin de ce bon Père. Il le Ic^eoit chez lui » & paroif- fôit Taimer comme Tun de ies £nFans. Ce Religieux , qui n'étoit qu'a une demie lieue du Fort, rint nous té- moigner fon chagrin , Se nous rcpre- feata^ qu'il ne pouvoit k façonner aux msiniçriçs de ces Barbares » quoi qu'il çùt déjà appris leur langue en partie. J'c^is de prendre fa place de Mif- fion, pourvcu qu'il voulût prendre la mienne, qui étoit d'aller vers ces Na- tions avancées^ que nous ne connoif- fions, qiié par ce que les Sauvages nous en avoient dit , ce qui étoit fort lu- perficiél. Cela donna à penfer au Père Zenebe , lequd enfin aima mieux rc- iler avec les Ûlinois, dont ilavoitquel- 3iUe connoiiïance, que de s'expoler à es dangers prefque af&ret parmi des peuples inconnus. Le Sieur de la Salle laifla le Sieur de Tonty pour Commandant au Fort de Crcvecceur avec le refte de nos Sqldats, & les Charpentiers , qui travailloientà la coiiilrudion de cette Barque , que • > nous w Dans l'Ameriq^^ Sept. 237 nous deftînions àdccendre jufquesà la Mer. Nous prétendions commencer ce Voiage par la Rivière des Illinois, oui perd ion nom dans le Fleuve Me(- cna ipi. Au reftc nous ''/parions de nous garantir des Flèches des sauvages , qui pourroient nous attaquer » par ce que nous avions dcfTcin de revctir cette Bar- Sue d^me efpéce de parapet Le Sieur e la Salle laiflà audit Sieur dé Tonty de la poudre , du plomb ^ un Forgeron» des fuiUsy & d'autres Armes pour fe défendre, au cas que les Iroquois le vihilent attaquer, & avant que de re- tourner au Fort de Frontenac , où il vouloit aller quérir du renfort, des Ca- bles, & des Agrets pour cette barque. 11 la vit élever jufques au cordon. U ne iàvoit, comment me difpofer à aller découvrir par avance , la route, qu'il (èroit obligé de fuivre pour fe ren- dre à ce Fleuve Me(cha(îpi à fon retour de Canada. J'avois un Abcès à la bou- che , qui fuppuroit tous les jours de- puis un An & demi, quoi que fans pu- anteur. Je lui tcmoignay la répugnan- ce 1}8 NOUVELL. DE'cûuvi ce, que j'arois à faire k Voiage ,dont il s'agifibit) & je lui dh, que j'avois befoin d'aller en Canada pourme fairt traiter. Il me répondit , que il je re- fuibis d'aller , il ne manqueroit pas d'écrire à mes Supérieurs , que j'avois empêché le bon iucces de nosMiflions Nouyelles. Le bon Père Gabrîd de la Ribour* de, qui avoit été mon Père Maître de Noviciat dans nôtre Couvent de Be- thunc au pays d'Artois , me pria de pafler outre nonobftantmonincommo'- dité, diioilt, que (i je mourois dans cette entrtprifc y Dieu ièroit un jour glorifié de nos Travaux ApoAoIiques. Ileftvrâi, mon Fils ^ ajoutoit ce véné- rable Vieillard , qui avoit blanchi en vi- vant pendant quarante ans dans l'aù^tc- rite de la pénitence > que vous aurez des montres à vaincre, Ôc desprecipi^ ces af&eux à paflèr dans cette entrepri- le, qui demande la force & le courage des plus robuftcs. Vous ne favez pas un mot de la langue de ces peuples, que vous allez tacher de gagner àDieu. Mais i^ ^ cou- # '^ Dans l'Ameriq^ Sept. 239 couxigc tous rtmpoiterez aiitcnt de n*- âoir(» ,

u '. .' ... Coniiderint donc^qne 2e bon Vieil- lard ttvoit bktt voahi me venir iecoi>- der i 6>n âge dans hfeoonde Année de nètfe Décoâvene y efperantrd'étdbUr le Kcffit de Jefos-Chrift crucifié patm des peuples èarbares 6c inconnusy • ôc voiant d^aitlears» quMtant f uniqttehe* rider d'une Maifon nôbte de Boorgo* gne il avoit bien voulu Sacrifier tout cc-< la à l'hôiinettf de la Mi(Gon , f çmre«> pris ce dângeremè vc»ige arec une en- tière s^tirmcCf efperant, ^ue }cp(iin^ rm$ nv'établir parmi ces Barbafes pour y annoncer l'Evangile. Le Sieur de la Salie me voiantrefo* la à" Ê^tte entrcprifè , me dk > > q«id je lui fâifeli un exitrémc pbifi^. Ditufait^ s'il parloif alors felônfoff ccturiv Quoi u'il en (bit, il me donna un Calumet e paix , Ôc un Canot d'écorce avec deux hommes, dont Tun s'appelloit Antoi- ne A uguel,furnommé le picard duGay, & l'autre s'appclloitMichclAko, natif du 3 14© NoutELL. De'couv. du PoitoiL II chau:gea ce dernier de oiielques marchandiies dcftinée$ à faire desprefens, quipouvoient valoir .en- won mille Frans encepay«-là. Pour moi il me donna dix couteaux , douze aldnes, un petit rouleau de tabac de Martinique , environ deux livres de raflàde noire ôc bbnche , Ôc un petit nacquet d^aiguilles pour faire des pre- ièns aux Sinivagcs» ajoutant qu'il m'en auroit donné davanc )ge , s'il avoit pu. On peut juger de la force de mon équipage pour une entreprifecommeh œienne. Je reçus la benediâion du Père Gabriel. Je pris congé du Sieur de la Salle > & après avoir embraifé tous nos gens, qui me vinrent conduire ju(- quesauCanpty lePereZenobe refta Earmi Içs Illinois ,, de le bon Père Ga- riel finit (es Adieux par ces paroles de TEcriture, nrtUterdge^ & conforte- tur cor tuum , portez vous couraseu* fement^ & que votre cœur ibit forti- fie. Uih ■?.* '.ll\,['^)ii i ^ihh' CHA- ti» Dans l'Ameriq^ Sept. 241 CHAPITRE XXXVI. 1 1 Départ de l'Autheuren Càmdù tort de Crevecœnr avec ks deux Hommes ydont tla été fat'» Uy pour fe rendre aux Natims élognées. * IL £iat avouer , qu'en confîderant meurement les grands dangers, au& quels j'allois m'expofer parmi tant de Nations Barbares avec deux hommes feulement , tout autre que moi en au- rok été fort ébranlé. Et en eflèt je n'euflè pas été la duppe du Sieur de h Salle, qui m'cxpofoit témérairement « fi je n'euflè mis toute ma confiance ea Dieu, qui pouvoit donner un heureux fuccez à nôtre Découverte. ., ,>. ,| Nous partîmes duFort deCrevecopur le 29. de Février Tan i6%o, & (ûr le foir en defcendant la Uivierc des Illi- nois, nous rencontnLmesfur notre rou- te plufieurs bandes de ces Sauvages^ qui L re! \ ,' ^ \ t 241 NOUVELL. De*^OUV. l revenoient dans leurs Villages dansleuis pyrQgucs ou gondoles chargées de Tau- reaux iàuvages, qu'ils avoient tuez i la Chaflè/ Ils voulurent nous obliger de retoumer.avcc eux«â: nos deux Ca* sioteurs furent fort ébranlez. Us me difoient, que le Sieur 4fhSallelesex- polbit à la boucherie. Cependant ib n'oferent me quitter, ^'parce qu'en s'en retoumant,ilsauroient tt/é obligez de repaflèr par nôtre1?ort,0D on n'auroit pas manaué de les anêter. Nous pourmivimes uonc nôtre Navi- gation le lendemain, & mes deux hom- mes m'avouèrent lé deflèin, qu'ils a- voient eu de me laiflêr avec les Sauva- Î;eS| diiàns que pour eux, ils (èieroient auvez avec les marchandifes^ajoutans, que k Sieur de la Salle leur devoit beau- coup plus , que ces marchandifès ne va- loient. On peut Juger quel beau pre- fige je pouvois tirer de cedeflèin. ' La Rivière des Illinois , fur laquelle nous navigions eft aufli profonde , & aufli large, comme je l'ay déjà dit, que la Meuk à Nàmur. En deux autres en- -Ul' Dans l'Ameriq^, Sept. 24] endroits elle s'élargit jufques à un quart de lieue. Elle eft bordée de cofteaust dont la pante eft couverte de bois , & de grands Arbres. Ces cofteaux Ibnt éloignez d'une demie lieîie les uns des autres. Us laiflènt entr'eux un terraia marécageux , & fourent inondé, (iir tout en Automne, & au printemps. Ce^ pendant il ne laiflê pas d'y croître de fort grands Arbres. Quand on ejft fat ces coteaux, on découvre de belles prai* ries à perte de veiie, garnies d'e^acç en efpace de petits bois de haute nita-« ye, qui femblent avoir été plantez ex-« prés. Le courant de la Rivière n'eft ofible que dans le temps des grandes pluies. Elle eft capable de porter ea tout tempstpendant environ cent lieues de Chemin, de grandes Barques, depuis Ton embouchure jufques au Village des Illinois. Son coun va prclque toujours au Sud quart Sud-Oîieu:. Le 7. de Mars nous trouvâmes envi** ron à deux liciies de Ton embouchure une Nation appellée Tamaroa, ou Ma«* roa, compofee de deux cens familles. L z Ils l ! 144* NouvELL. De'couv. AV cette Ririere des Illinois. Mais mes 4eux Canoteurs cTperans de faire un plus grand gain» aimèrent mieux paflèr outre, {uivantle Confeil, que je leur doiinois. Et en eflfet ils auroient été !ndubit2d>Icment volez par ces Sauvages. Ib voioient, que nous portions du ter, & desArmes à leurs Ennemis,ceau'ils ne vouloient pas fouffirir. Mais us ne purent nous attraper dails leur pyrogues. Où Canots de bois creufê avec le feu, jparce que ces Vaifleaux font beaucoup i>lus lourds que ceux d^écorce, qui al- oient bien plus vite que les leurs. ' Ils dépêchèrent quelques jeunes gens deJav troupe pour nous percer à coups de Flèches dans quelque détroit de la Rivière* Mais tout cela fut inutile. Nous reconnûmes quc4que temps après le Ueu de leur embuCcade par le teu, 3u'ils y avoient allumé , êc cela nous bligea de traverferpromptementla Ri- vière. Nous gagnâmes Tautre bord, & 1 1 Dans l'AmeriQ:. Sept. 24$ touscampâmesdansuncpetite Ifle,lai(^ (ânt nôtre Canotchargéiurlc bord pair dantbnuit^fous la garde d'un petit Chien , afin qu'il nous eveillaft, & que nous puflions nous embaquer plus promptement au cas, que ces Barbares voulaflènt nous (lirprendre en paflantb Rivière à nage. Âpres avoir évité ces Sauvages, nous arrivâmes bientôt à Tembouchure de la Rivière des Illinois, éloignée decin quante lieiies du Fort de Crevecœur, & d'environ cent lieiies du grand Vil- 1^ de ces Barbares. Cette embouchure cfi fîtuée entre le 3 j .& le; 6. degré de la* titude, &par coniequent àfix vingt ou centtrentelieiiesduôplfe de Mexique^ félon nôtre con jeâure,en quoi je ne com (renspas lesdetours, que le grand Flçuvc lefchafipi peut faire jufquesàlaMer. A l'Angle, que cette Rivière des Illinois forme à ibn embouchure dti côté du Sud, on voit un Rocher plat» eicarpé d'environ quarante ficés de buteur , propre à y baftirunFort Pu côté dulNord, vis à vis du Rocher ti« ' L 3 im / i4^ NouVELL. De'couv. ^ nuit vars l'Oueft au delà du Fleuvè^ily a des Campagnes de terre noire » dont on ne voit pas le bout. Elles par^if. iènt toutes preftes à être cultivées , âe (èroient fans doute très avant j^euiès par les deux Récoltes de grains , qu'on y pourroit faire tous les Ans. Elles four- niroient aifémcnt la fubfiftance d'une Colonie. Les glaces, qui derivoient du c&té du Nord) nous retardèrent jufques au I X. du mois des Mars dans lelieu^ ou nous nous étions arrêtez. Mais cela ne dura pas longtemps, & nous continuâ- mes nôtre route en traverfant& en fon- dant de tous cotez le Fleuve Mefchafi- pi , pour voir , s'il étoit navigable. On trouve trois petites Ifles au milieu prés de l'embouchure de la Rivière des Illinois, & ces Iflettesarreftent les bois & les Arbres , qui dérivent du Nord. Celaeft caufe, qu'on trouve pluHeurs battures de fable fort larges. Cepen- dant les Canaux y font allez profonds, & on y trouve aftez d'eau pour porter dés grandes Barques. Les grands bat- ^^i teaux •rt ^ •^.. Daks l'Am^riq. Sept. 147 teaux plats y peuvent paflèr en tout temps. Ce grand Fleuve Mefchafipi va au Sud Sud-Oueft , & vient du Nord , de du Nord-C^eil. Il coule entre deux chaî- nes de montagnes adcz petites en ceten-^ droit, qui lerpcntent comme ce Fleu- ve. En Quelques lieux elles font affez ébighées aes bords, de forte qu'entre les montagnes & le Fleuve, if y a de grandes prairies , où on voit fouvent paître des troupes de baufs ou Taure- aux iàuvages. En d'autres endroits ces eminences laUTent des efpaccs en demi cercles» qui (ont couverts d'herbes ou de bois. Au flÇ|)à de cette mont^ne,on dc'* couvre>%{f^e de veîie de grandes Cam- pagnes, que nous pouvons véritable- ment appeller les délices de l'Améri- que. Ce grand Fleuve à prefque par tout une demie lieue, & en quelques endroits une liciie de large. Il eftdi* vifé par quantité d'Ifles couvertes d'Ar- bres, entrelaflezde tant de vignes, qfu'on a de la peine à y pafTcr. Dans cet en- L 4 , droit é i 0» 248 NouvEi-L, De'couv. droit du c6te de rOueft^il nercçoitau* cune Rivicrc considérable , que celle d'Otontenta» Ôc une autre, qui vient de l'OueftNord-Oueft à fcpt ou huit lîeûes du Saut de S. AntoincéKPadouej comme nous le verrons dans la fuite. 1 Ccft ici, que je veux bien, que tou« te la terre fâche le Myllcre de cette Découverte , que f ay cache jufqucs i prefent pour ne pas donner de chagrin au Sieur de la Salle, qui vouloit avoir (êul toute la gloire, & toute la con- noiflânce la plus fecrete de cette Dé- couverte. C*cft pour cela qu'il a fa- crifié plufîeurs penbnnes , lefquelles il a expofées pour empêcher, qu elles ne pubUaflTent ce qu'elles avoient^veu , & ^ue cela ne nuilift à fcs dc^iaifeacts. et §luélsi theu ^cher ^ cette vaut fimc aa U:' :K«»^j^ •-'} ^ .-, \ ; ;oitau« ic celle ii vient ou huit ?ado\ie| ruite. i petou« le cette iTqucs i chagrin )it avoir la con- cttc Dc- l'il afa- fcmelles il |ir cUes ne vcu, & teaets. CHA- Dans l'AmeriQ:. Sept. Z4j| CHAPITRE XXXVn. Çlueh ont été ks motifs^ quetAu^ theur a eus cy-devant de ca- cher les mémoires ^ qu'il avoit de cette D/couverte 3 & dene les pas inférer dans la DefcriPtion de fa iLouifiane, touchant te bas du grand Fleuve Mefihafïpii a-^ vant que de remonter vers fa fource^ comme il a fait. IL faut avouer» qu'il cft bien dous & bien aereabic de rcpaflèr àÉo% ion cfprit lesfàtigues&lestravauxquerona efliiiëz. Je ne penfe jamais qu'avec admi* ntion, à Textreme embarras , ou \t\ me trouvay arembouchure de laRiviere des Illinois dans le Fleuve Mefchaiipi , n'a- yant que deux hommes avec moy (ans pro vifion, hors d'état de nous défendre con- tre les infultcs, aufquellesnous étionsfans ccfreexporez»& cela dans le defleind'al* 1er dans unpiEiys inconnu, de parmi des I L j Na- 1 fnS%^ . M .SS: 1^0 NOUVELL. Db'coUV. Nations Barbares, que je ne fente une joie fecrete en mon cœur de me voir échappé de tant de dangers» &heureu- fement revenu d'un Voiage (i difficile , 9c û périlleux. f Cette Rivière des Illinois fe jette 7,tUn$ Mefchfifipi entxe le i6.Ôc^i, de- gré df latitude. Au moins cela me pa- ^ rut ainfi par mon obfervation dans le '' temps, que j'y pafTay , quoi qu'on la " mette ordinairement au } 8. Gtux,qui ^ en feront le Voiage cy-aprés , auront plus de temps, que je n'eii eus pour en bien prendre les mefures , par ce ^^ue*jémetrouvay cnvefoùpé parbcon- ^jéi^âure du temps dans de grandes & de I facheufes affaires tant du coté du Sieor «^ de la Salle , que de celui de ces deux » homtnes, que j'avois avec moy, &qui lie voient m'accompagner dans moa *• Voiage. ■'■''^^'^^ .3vo'^?.-î oîimjii^îoiici' < J'ctois aflRiré d'une manière à n'en - pouvoir douter, que (î jedcfccndoisau s? bas du Fleuve Mefchafipi, le Sieur de * la Salle ne mariqucroit pas de me dc- 8 crier dans Tefprit de naei Supcricuiis, 1 « ^ par . \ Pans i«*Ambriq^ Sept. 25 1 par ce aue je Quittoishroiitedii Nord, que je aévois iuivre iclon fa prière, Ôc (elonle projet, que nous en avions £ût enfemble. . Mais d'ailleurs je me voiois à la veille de mourir de faim, & de ne favair que devenir, par ce que ces deux hommes, qui m'acçompagnoient, me menaçoient tout ouvertement de me quitter pendant la nuit, ôc d'emmener le Canot avec tout ce qui étoit dedans, fi je les empêchois de defcendre vers les Nations,qui habitent au bas de ce Fleuve. Mevoiantdonc dans cet embarras, je crus, que je ne de vois point hefiter fiir le parti, que j'avois a prendre, &que je devoi§ préférer ma propre confervation à la paflion violente, qu'avoit le Sieur de la Salle de jouir feul de la gloire de cet- te Découverte. Nos deux hommes me voiant donc refolu delesfuivrc partout, me promirent une entière fidélité. Ain* fi après nous être donné la main pour notre afllirance mutucflle,nousnous mi- mes en Chemin pour commencer no^ treVoiagc. • Ce fut le 8. de Mars de Tan 1 680, Le C v^uç ■•. >»• ii: i ' Il -»?. *5,J1 NOUVELL. De'COUV. S nous nous embarquâmesdans nôtre ot,aprés avdr fait nos prieresordi- naires. Nous continuâmes ainfi nos dé- votions accoutumées du foir ôc du ma- tin félon Pufaee,pratiqué parmi nous. Les glaces ^qui defcendoientiur le Fleu- ve en cet endroit» nous incommodè- rent beaucoup , par ce quen&tre Canot d'écoice n'y pouvoit reufter. Cepen- dant nous gagnions toujours quelque diftance commode pour nous échapper entre les glaçons. Ainfi nous arrivâmes après environ fix liàues de Chemin à la Rivière d'une nation , que Ton appelle les Ofages, & qui demeurent vers les Miflorîtcs. CetteRivierevientdel'Oc- cident , & elte nous paroiflbit prefque aufli forte que le Fleuve Mefchafipi, où nous étions alors, & dans lequel ellefe i décharge. L'eau en eft extrêmement trouble par les terres bourbeu(ès, qu'el* le entraine avec elle, de forte qu'a pei« ne en peut on boire. Les Iffati, qui habitent au haut de ce Fleuve Mefchafipi, vontfouventcn guerre au delà même du lieu , où je me -. * trou* V ^ 1 , " \ •*t' Dans l'Ameriqs. Sept. 25 ^ trouvois alors. Ces peuples , dont je (àvois la langue, par ce auej'eusocca- fion de l'apprendre , pendant lefejour, que je fis eniuite parmi eux^m'ont appris» que cette Rivière desOfages,& deMeflb- ntes étoit formée de quantité d'autres, & qu'on en trouve la Source en remon- tant à dix ou douze journées de Che- min à une montagne , d'où on voit (br- tir tous ces ruiflèaux f qui compoiènt cnfuite cette Rivière. Ils ajoutoicnt» qu'au delà de cette montajpe on voit la Mer, & de grands Vai&aux , que ces Rivières font peuplées d'une gran- de quantité de Vilkges, où on trouve planeurs Nations di&rentes : qu'il y a des terres & des prairies, 6c ime gran- de Chaflc de Taureaux auvages ôcdc Caftors. Quoi que cette Rivière Ibit fort groflè, le Fleuve, où nous étions alors, n'en paroiflbit pas augmenté.EUe y en- traine tant de va(è, que depuisfonem- bouchure l'eau du grand Fleuve, dont le lit eft auffi fort plein de limon ref« femble plustôt à de la boue pure, qu'a L 7 âS I à] 254 NOUVBLL. Di^'couv^ del'eau deRlviere.Cela dureainfi jufques àlaMer pendant plus de deux cent lieues^ !m ce que Mcfcnafîpi ierpente eiî plu- ieurs endroits »& qu'U reçoit fept gran- des Rivières, dont Teau eft ailez belle, & qui font prefquc ^ufli grandes que Mcfehafipi. ^ ' Nous Cabannions tous lesjoursdans des Ides, au moins quand nous le pou- vions, & pendant la nuit nous étei- gnionslefeu,q\ie nous aviçns fait pour cuire nôtre blé d'Inde. On fent dans . ces Contrées le feu , que Ton y fait, f ielon le changement des vents , juf- : ques à deux , ou trois lieiies. C'eft parla, que les guerriers Sauvages re- connoiilènt les lieux, où ibnt leurs £n- -, n^mis pour s'approcher d'eux. Le 5^. lesglaces, quidécendoientdu Nord, commencèrent un peuàs'édâi- cit. Après environ fix lieues de Ck* min nous trouvâmes fur le bord Méri- dional du Fleuve un Village , que nous • crûmes habité par les Tamaroa , qui - . nous avpient pourfuivi eyoevant. Nous « ii'j trouvâmes perfonne y de étant en- Daks l'Amsriq:. Sept. 155 trez dans leurs Câbannes noosy piimes quelques minots de blé d'Inde ^ qui nous tit grand bien fiir nôtre route. Nous n'ofions nous écarter du Fleuve i>our la Chaflè de peur de tomber dans 'eifibuicade de quelques Barbares. Nous laiflames iix couteaux à manches ^ & aiielques brafles de rafiadc noire à la ^ ace du blé d'Inde, que nous empor- tions comme pour ennice le payement aux Sauvages. Le 10. nous décendimes à environ trente huk ou quarante lieues des Ta- maroa. Nous y trouvâmes une Sivie- re, que les guerriers des Illinois lious avoient dit cy-devant être (ituée prés d'une Nation, qu'ils appellent Ouade* bâche. Nous n'y vîmes que desvafes^ & des joncs, Se nous trouvâmes les Rivages du Fleuve fort marécageux, de forte qu'il falloir décendre à perte de veiie (ans trouver 4e lieu propre à. Ca- banner. ' « Nous' demeurâmes donc tout k jour ëiT • cet eo^oit pour y boucanner une Vache Sauvage , que nous avionstuée, (i*,v ii penj 1^6 MOUVELL. De'cOUV. pendant que cette bête monftrueufe paflbit à Ja nage d'une terre à Tautrc. Nous y iaUËmet les morceaux de cette Vache, que nous ne pûmes emporter, par ce que nôtre Canot étoit trop pe« tit, & nousnous contentâmes de quc!« quesuns, que nous ayionsenfumez;en manière de bandes de lard , par ce que nous ne pouvions pas confiirver cette viande autrement, faute de ièl. u»,^ Nousnous embarquâmes le 14 char* gez de blé d'Inde, & de bonne vian- de, qui nous ièrvoit de lefte, &dont nous vécûmes pendant prés de quaran- te lieiies. A peine pûmes nous débar- quer à caufe de la grande quantité de joncs, de de boiies, que nous trouvâ- mes aux deux bords du Fleuve. Si nous cuffions été en Chaloiippje, nouseuffi- ons couché dedans , par ce qu'il étoIt fort difficile de débarquer, à cauiè des Vafes, dePccume, & des terres trem- blantes. '■ Le I ;. nous trouvâmes trois Sauva- ges fur nôtre route. Ils revenoient de i^jguetrey ou de la Cbailc. Gomme >-%i)^ f nous Dans l^Ameriq;. Sbpt. 257 fXMis étions en état de leur tenir tefte» nous les abordâmes , ôc cela les titfiiir. L'un d'eux pourtant après ^oir fidt quelques pas revint à nous y & nous prdenta le Calumet de paix, que nous reçeûmes avec joye. Cela obligea les autres de revenir à nous. Nous n'en^ tendions point leur langue. Nous leur nommâmes deux ou trois Nations dif* ferentes. L'un d'cntr'cux nous repondit par trois fois Chik^cha » ou Sik^ché^ qui ctoit apparemment le nom de faNa* non. Ils nous prelènterent des Pélicans, qu'ils avoicnt tuez avec leurs Flèche^ & nous leur donnâmes de notre viande boucannée. Cesgensne pouvant pas entrer dans nôtre Canot , par ce qu*il étoit trop petit & embarrafle, ils conti-> nuerent leur Chemin parterre,nousfai» fant figne de les fuivre à leur Village. Mais enfin nous les perdîmes de vue. Après deux journées de navigation nous trouvâmes beaucoup de Sauvages fur la c6te Occidentale du Fleuve. Nous avions entendu auparavant un bruit fourd conune d'un tambour 9 &p1u- fleurs IjS MOUTELL. De'couV. fieursvoixd'hcMnines, qui crioient 5«- fétcouefi , qui fignifiç alerte , ou qui vive. Comme nous n'oHons nous ap- procher, ces Sauvages nous envoïerent unePyrogue, ou grand Canot de bois, qu'ils font d'uni tronc d'Arbre crculé avec le feu à la manière despetitsbade- aux ou Gondoles de Venife. . Nous leur prefentâmes le Calumet de paix , & le^troisSauvages, dont nous Kvons parlé cy-deffiis, nous firent con- noitre par leurs geftçs & par leurs pa- roles, qu'il nous falloir mettre pied à terre, & aller avec eux chez leurs amis les Ak^nfa. Us portèrent donc nôtre Canot , éc les marchandiiès de nos hom- mes fort fidèlement. Ces gens nous régalèrent à leur mode avec beaucoup de marques d'amitié. Ils nous donnè- rent une Cabanne particulière , des fi- yes, de la farine de blé d'Inde, &des viandes boucannécs. Nous leur fîmes de nôtre part des prefèns de nps mar- chandifes d'Europe , dont ils failoient grand cas. Ils mcttoient les' doits fur la bouche pour marquer , qu'ils les Dans l'AupAiq^ Sbit* iff admiioient) ftAivcoutooi Arn&cs à feu. .i-;cr :: d Ces Sauvages font fort difiereqs de ceux du Nord, qui ont ordinairement rhumeur trifte^ niome,^& fevere. Ceux- ci font beaucoup mieux fiiits, honeftes» libéraux, dcrortgais. Leur jeuaes gens (ont fî modcftes, qu'ib n'oferoient parler devant les Vieillards, à moins qu'on ne les interroge. Nous apper« çumes parmi ces peuples des poules do- meftiques, des poules d'Inde en grand nombre, de des Outardes apprivoifée^ comme les Oyesen Eurooc. Leurs Ar- bres commençoient déjà a montrer leurs fiuits, comme les pefchcS , de autres fruits de cette nature. np^ Nos deux hommes commençoient à goufter la manière d'agir de ces peu- ples. S'ils avoient pu retirer des Ca- ilors, & des Pelleteries en échange de leurs marchandifes , ils les auroient tou- tes troquées , & m'auroient laiffé par- mi ces Barbares. Mois je leur fis con- noître, que cette Découverte leur é- toit de plus grande importance, que le re- M i6o NouvttiT^ De'covv. retour de leurs marchandiTef , qu'ainfi il n'étoitpas encore temps de penferau négoce; Je leur cônfeillay donc de chercher un lieu propre à y cacher tous les efiêcs, qu'ils avoient amenez avec flous dans le Canot, jutques à leur re- tour. Ils entrèrent dans mon fcnti* ment, & nous ne pcnfames plus qu'aux moiens d^executer ce deflcin. Le iS. après pluficurs danfcs & fc<« ftins de nos hoftcs , nous nous embar* quâmesavcc tout nôtre équipage un peu après midi. Ces Sauvages ne nous voioient emporter nos marchandifes qu'a regret Cependant par ce qu'ils avoient reçeu notre Calumet de paix, êc qu'ils nous en avoient donné un nu^ tre , ils nous laiiTcreut aller en toute liberté. ' ,.4r- ■''•Vît 3ff:>i^il^-fiV- '^ /^ikîiùa'l '"^ CHi Contint them vations d petit bois une piocl à£ure uf tes les m nousrefe iàires, des prefei des piecej que nousl ïnaniere,| marquer^ terre, qi la jettâmc Nous] ptement i ; ( Dans l'Ameriq^ Sept. 1 6 1 •■ CHAPITRE XXXVni. - Continuât fm du Fôiagè de tAtk theurfttr le Fletwe Mefchajh 0. NOus tfcMtvâmcs en décendant le Fleuve un endroit entre deux élé- vations de terre , qui avoit i TEft un petit bois. Nous avions une belche& une pioche 9 dont nous ndus fervimei à faire une cave. Nous y ferrâmes tou* tes les marctiandifes de nos honunes nous refervant (èulementles plus necef* (aires , & ce qui étoit propre à faire des prefens. Après quoi nous mimes des pièces de bois fur cette petite cave, que nous couvrîmes de gazons , de telle manière, qu'on n'en pouvoit rien re- marquer. Nous ramaflames toute la terre, que nous en avions tirée, & nous la jettames dans la Rivière. Nous nous rembarquâmes fort prom« ptement après avoir achevé cet ouvra- l6x NouYBLL.. De'c|ouv. ge 9 & nous enlevâmes Técorce de trois Chines, & fur un gros Cbctonier on fit une figure de quatre Croix, afin de recomioitre l^endroit de n&tre ca«- che. Nous anivames enTuite à Gx lieues des Aks^fa que nous avions quitt);^& nous y trouvâmes un autre Village de la même Nation ,& puis un autre de même environ deux ou trois lieues plus bas,., •t II fembloit , que ces Barbares a« ▼oient eiivoié des Meflàgers à toutes ces Natbns pour les avertir de nôtre arrivée. Ces peuples nous firent le meilleur accueil du ndonde. Leursfem- mes, leurs £nfans, ^ le Village tCit entier nous &i(bient de grandes accla- mations , & nous donnoient tous les témoignages poffibles de joye. Nous leur donnâmes de nôtre part des mar- S [nés de nôtre reconnoifiance en leur aifant des prefens, qui montroient,quc nous étionr venus en paix & en amitié. Le 2 1 cette Nation nous mena en pyro^e chez un peuple plus avancé, dont ils nous firent connoitte le nom^à force de nous le repeter. C'étoient les t-'^ Tacn* Téunfa. en ce li< rent pré temps n( rer pluf lelquels j Ces g coup pluj yi. L'un dre fur le nie. Il ( couvertui d'Arbre , Deux de ] avec une cuivre, qJ l'or. Ill Dahi l'Ameriq^ Sept. i6j Téienfa, Us nous conduifirent donc encelieu'là. Ces Sauvages demeu- rent prés d'un petit Lac, que le Fleu- ve Meichaiîpi forme dans les terres. Le temps ne nous permit pas de confide- rer plufieurs de leurs Villages y par lefquels nous paiTames. Ces gens nous recurent avec beau- coup plus de cérémonie, tptXçsAk^n^ fa. L'un de leurs Che^ nous vint join- dre fur le bord du Fleuve en cérémo^ Il étoit couvert d'une Robbe ou me. couverture blanche £iite d'une écorce d'Arbre , qu'ils filent en ce Pays-li, Deuxdefes hommes le devançoient avec une eipece de Lame ou plaque de cuivre , qui brilloit au Soleil comme de l'or. Ils recurent nôtre Calumet de paix avec de grandes marques de joye. Leur Chef fe tenoit gravement dans fa poflure, 8l tout ce qu'il y avoit là d'hommes de femmes & d'Enfans lui rendoient de fort grand refpeds auf- fi bien^ qu'à moy. Us baifoient les manches de mon h^bit de St. Fran- çois, que j'ay toujoun porte par- -Is* mi ^.■ i<4 NouTBLL. Dfi'couy. ini toutes les Nations de l'Amérique. Cela me faifoit connoitre, quecespeu» pies avoient veu (ans doute de nos Re« Bgieux parmi les Efpagnols, qui habi- tent dans le Nouveau Mexique, par ce qu'ils ont accoutumé debailerrhaoitde nôtreOrdre^maîs tout celaparconjeâure. « Ces Taenft nous conduifirent avec tout nôtre équipage, pendant que deux de leurs hommes apportoient notre Ca- not d'écorce fur leur dos. Ils nous mi« rent dans une belle Cabanne couverte de Nattes de joncs plats, ou de Cannes polies. Le Chef nous régalade tout ce que cette Nation pouvoit nousdon* ner à manger, après quoy ils firent une eipéce de danfeyles hommes & les fem- mes tenans leurs bras entrcmeslez. Dés que les hommes avoient achevé la der- nière Syllabe de leurs chanfons , les femmes, qui font à demi couvertes en ce pays-là 3^ chantoient alternativement d'une voix aigre, & de(agreîJ>le qui nous perçoit les oreilles. Ce pays-U eft rempli de palmiers, de buriers fauvages , ^ de plufieurs UiJ au- Dans l'Ameriqj^ Sept. i6f autres Arbres qui font femblables au^ nôtres de TEurope, comme de pni;* niers, de meuriers , de pêchers, de poiriers, de pomiers de toutes e/peces. Il y a de cinq ou fis fortes dé noiër», dont les noix font d'une grofleur ex« traordinaire. Ils ont aufli plufîeurs fruits fecs, qui font fort gros, & que nous trouvâmes fort bons. Il y a en- core plufîeurs Arbres fruitiers, que nous n'avons point en Europe. Mais la fài« fon étoit alors trop peu avancée pour en reconnoître le fruit : Nous y vîmes des vignes, qui étoient preftes à fleu- rir. En un mot Tefprit & Tliumeur de ce peuple nous panirent fort agréables. Ils font dociles, traitables, & capables de raifon. ' • . i-^ . Nous couchâmes parmi cette Na- tion , ôc nous y reçûmes tout le bon traitement , que Ton peut fouhaiter. Je fis mettre à nos hommes leurs p]us elles hardes , & ils s^armcrent depuis la tête jufqu'aux pieds, je leur fis voir un Pifiolct , qui tiroit quatre coups confccutifs. L'iubit de St. François, r ' M '"" ^ue M 1 «^ i66 NouvELL. Decôut. aue j'avois alors avec la ceinture bian- le par deflus , étoit cncor prdtjoe tout ineuf, lorsque je partis du Fort de Cre- -Vecœur* Ces Sauvages admiroient nos Sandales, & la nudité de nos Pieè. Tout cela aufli bien que notre maniè- re d'agir attira également Tamour & te re&ea de ces gens là, & imprima de fi morables ientimens pour nous dans Iciu: cfprit , qu'ils tie favoîçnt quelle careflè nous faire. Ils auroient bien voulu nous retenir avec eux , afin même de nous don- ~ûer de plus fortes marques de leur efti- itie, ils envoierent pendant la nuit aver- tir les Koroa leurs Alliez de nôtre arri- "véc parmi eux. Cela fut cau(e, que les Chefs & les principaux d'cntr'eux vin- rent nous voir le lendemain pour noiu témoigner la jôye , qu'ils aVoient de nôtre venue chez leurs amis. Je fis ccàrrcr un Arbre de bois blanc par nos deux hommes, & enfuite nous en fîmes une Croix, que nous plantâmes à douze piedis de la mailbn , ou grande Cabanne, où nous étions logez. Le Dans l'Amerk^ Sept. 26 j Le £Zo nous quittâmes cette Nation^ & le Chef de Kcroa nous accoo^agna jufques dans fon Village. Il eft fitué à dix lieiics plus bas dans un païs fort agrcable. On y voit du blé d'Inde d'un coté, & de belles prairies de Tautre. Nous leur prefentames trois haehcs^ lue couteaux , cjuatre braffcs de tabac da Martinique, quelques alefnes, & 4e petits pacquets d'eguillies. Ils les re« curent avec de grandes acclamations de joye. Ce Chef nous prclenta un Ca- lumet de paix de marbre rouge, dont le tuiau étoit orné de plûmes de quatre ou cinq fortes d'Oifcaux difterens. Pendant le régal , que ce Chef nous fit , il nous apprit avec un bafton , dont il fît diverfes marques fur le Sable, qu'il y avoir encore fix ou fcpt jours de na- vigation jufques à la Mer , laquelle il nous reprefenta comme un grand Lac, où Ton voioit de grands Canots de bois. Le 23. ce Chef des Koroa nousvoiant difpofcz à partir pour aller vers la Mer, il tït entrer pludeurs de fes hommes d^ns deux pyrogues pour décendre le tj M 2 Fleuve •.11 i6S NouvEi.L. De'couv. Fleuve avec nous. 11 leur avoit fait prendre des vivres avec eux, de cda nous empéchoic d'avoir aucune dé- fiance. Mais quand j'apperçus les trois Chi» k^chay dont j'ay parlé, qui nous iiii- voient chez toutes les Nations, où nous allions , j'avertis nos deux hommes de prendre garde à eux, 6c de toir dans nos débarquemens , s'ils ne- fç met« troient point en embufcade pour nous furprendre» Nous étions alors au jour de Pafqucs. Mais nous ne pouvions point dire la Medè y faute de vin , qui nous avoit manqué des le Fort de Crc- vecœur. Nous nous retirâmes donc à l'écart de ces peuples, qui avoicnt tou- jours les yeux fur nous, afin de reciter nos prières, 8c de faire les fondions de vrais Chrétiens dans ce jour fblemnel. J'exhortay nos hommes à la confiance en Dieu, après quoy nous nous em- barquâmes à la veîie de tout le Villa- ge. H'I. t:''i'.^ Les trois Chik^cha entrèrent dans les Pyrogu^'s des Koroa , qui nous accom- - - pagne- Dans l'Ameriq^ Sept, itfj pagnerent jufques,à Hx lieues au deflbus de leur Village. (Làlc Fleuve Mefdu- /ipi fe divife en deux Canaux, qui for* ment une grande Iflc , laquelle nous parut extrêmement longue. Elle peut être d'environ foixante lieues d*ctenduc félon Içs obfèrvationsy que nous en ii- mes en fuivan^ le Canal » qui eft du co« té de rÔiiefl. Les Korva nous obli^ gèrent de le prendre par lefignal, qu'ils nous firent. Les Chikacha vouloicnt nous faire aller par l'autre Canal , qui eftâl'Eft. C'ctoit, peut être pour avoir Thonneur de nous conduire vers neuf ou dix Nations différentes, qui font de ce côté-là , & qui paroiflbicnt de fort bonnes gens , comir.e nous le re- marquâmes à nôtre retour. Nous perdîmes là les Sauvages, qui nous accompagnoicr.tj^par cequclcurs Pyrogues ne pouvoient pas aller fi vîtc que nôtre Canot d'écorcc , qui étoit plus léger, que ces Pyrogues. Le Cou- rant de ce Canal étant fort rapide,nous fîmes ce jour là félon nôtre jugement trente cinq ou quarante liciies & nous M 3 n'é .-r 170 Nouvel t. De'coûv. n'étions pas encore au bout de cette Ifle , dont nous venons de parier. Nous traver(ames le Canal , & nous cabannâ^ mes dans cette Iflc, nous en partîmes le lendemain. Le 24. après avoir encore navîgc pendant prés de trente cinq ou ouaran- te lieues^nous apperçûmes deuxpecheiits iiir la me du Fleuve , lefquels prirent h fuite; Quelque temps après nous entendîmes quelques cris de guerre , & félon toutes les apparences le bourdon- nement de quelque tambour. Nous apprîmes depuis, que c'étoit la Nation de Quinipiffa, & comme nous étions dans Tapprehenfion des Chik^cha ,nous tenions toujours le milieu du Canal, & nous pourfuivions ainfî nôtre route avec toute la diligence poflîble. Nous débarqua rn es fort tard dans un Village furie bord du Fleuve. On nous a dit depuis, que c'étoit la Nation des Tangibao. Il y a tous les fujets du monde de croire , que ces derniers a- voient été faccagcz par leurs Enne- mis. Nous trouvâmes dans leurs .Ca- * - . bannes Dans l'Amerjqj^ Sept, 171 bannes dix hommes tuez à coup de flè- ches. Cela nous obligea de (brurprom- ptcment de leur Village, & de traver- fer le Fleuve en avançant toujours nô« tre Chemin vers le grand Canal. Nous cabannâmes le plus tard , que nous pû- mes fur le bord du Fleuve , oùnousti- mes promptement du feu avec* le bois flotte , que nous trouvâmes furie Ri- vage. Nous fîmes cuire enfuite nôtre blé d'Inde en farine, & nousTaflàiionnames de viande boucannée après Tavoirpilée. Le 25. Les dix Sauvagestuezàcoups de flèches nous ajant donné de l'inquié- tude pendant toute la nuit, nous nous embarquâmes à la petite pointe du jour& après une navigation qui fut encore plus longue que celle du jour précèdent , nous an'ivâmes à une pointe , où le Fleuve fe diviiè en trois Canaux. Nous palTâ- mes en diligence par celui du miliea, qui étoit très- beau &: fort profond; L'eau yétoitSomacheyOÙï demi (alcc Ôc trois ou quatre lieiies plus bas nous la trou- vâmes entièrement falée. Pouflànt en- core un peu plus avant nous decouvrî- M 4 mes 271 KôtlVELL.. DeCOUV. * mes la Mer, ce qui.pous obligea d'à- bord de nous mettre à terre ù TEd du Fleuve Mcfchafipi. CHAPITRE XXXIX. RaifonSy mi nous obligèrent de re^ . monter te Fleuve Mefchajipt fans \ aller plus loin vers la Mer. NOs deux hommes craignoîentcx- trcmcmcnt d'être pris par les Ef- pagnols du Nouveau Mexique , lefquels font à rOueft de ce Fleuve. Ilsétoient dans une peine étrange , & ils me di- foicnt à tous mômens, que fi mailheu- reùfement ils venoient à tomber entré fes mains des Efpagnols de ce Conti- nent , ils ne rcverroient jamais TEuro- pc. Je ne leur diiois pas tout ce que je pcnfois^ Nos Religieux ont vingt cinq ou trente Provinces dansl' Ancien éc dans le Nouveau Mexique. Ainfi quand j'eiiflê été pris , jenepouvoisen avoirquedelaconfolation, &lajoyedc Dans l'Ameriq^ Sept, ij^ finir mes jours parmi mes Confrères dans un paysaufli charmant aue celui là. J'au- roisccc garcnti parla aune infinité de hazardsy & de tous les dangers, que j'ay eu a clîiiïer depuis. J 'aurois même infenfi- blement palTc mes jours en travaillant à mon Salut dans un pays , que Ton peut appeller avec raiion les dclices de 1 Amérique. Mais l'embarras extraor- dinaire de nos hommes me fit prendre une autre refoUition. Je ne fais pas profeflîon d'être Ma^ thematicien. Cependant j'avois appris à prendre les hauteurs par le moien de rÀftrolabe. Monfieur de la Salle nV voit eu garde de me confier cet infini- ment pendant que nous étions enfem- ble, parce qu'il vouloir fe refèrver rhonneur de toutes chofes. Nous avons pourtant connu du depuis, qucceFleu* vc Mefchafipi tombe dans le Golfe de Mexique entre le 27. & le 28. degré de latitude , & comme on le croit, dans rendroit , où toutes les Cartes marquent la Rio Efcondido, qui veut (lire Eiviej^c cachée. La Ki vicie M î ^'"^ et - -• JV \ -" ^ ^ \T ^ IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) to 41^^ % %* 1.0 l.l us 121 u •a u WWu IL25 m 1.4 2.5 2.2 12.0 1.6 6" -^ .1? V HKJtografdiic .Sciences Corporation 23 WiST MAIN STRifT WiBSTER,N.Y. 14580 (716) 872-4503 \ ^V 4 •Sî \ A -rv 4R> > < 4^r z ^ 1 / 274 NOUVELL. De'COUV^ de la Magddeine eft entre cette Riviè- re, & les mines'dc Sainte Barbe du Nouveau Mexique. ' '"*^' Cette embouchure dcMcfchafipieft élognéc d'environ trente lieues de Rif travoy defbixantc lieues de Palmas» de do. oii loo. lieues de Rio de Vann- ée fur ta c6te la plus prochaine des ha- bitations des Efpagnols. Suivant cela nous avons jugé parle moien de la bouf- £>le, qui nous a toujours été fort ne- ceflàire pendant toute nôtre Découver- te 9 que la Baye du St. Efprit étoit au Nord-Eft de cette embouchure. Pendant toute nôtre route depuis ^embouchure de la Rivière des Illinois» qui entre dans McfchaHpi , nous avons preique toujours navigé au Sud, & au Sud Otîeft jufques à là Mer. Ce Fleu- ve ferpentc en pjufiems endroits , & il eft prcfque par tout d'une liciîc de lar- geur. Il eu fort profond, & n*a point 3e bancs de fable. Rien n*en empê- che la navigation , & les Navires même les plus coîuîdérablcs peuvcitt y entrer fenspeine. Oncffitiie, que ceïfcuve l ^ V a plus •À ■'«•. ^- u / Dans l'Ameriq^ Sept* 17$ a plus de huit cent lieues d'étendue dans ks terres depuis fa Source juiques à la Mer ^ en y comprenant les détours» 3u'il fait en ferpentant. Son embou- liure efl à plus de trois cent quarante lieues de celle de la Rivière des Illinois» Au refte par c^que nous avons navigé d'un bout a l'autre de ce Fleuve en le re- montant , nous en décrirons la Source dans la fuite. Les deux hommes , qui m'accom- pasnoient, avoicnt bknde la joye , de même que moi , d'avoir edliié les fati- gues de nôtre Voiage. Cependant ils avoient du chagrin a ailleurs de n'avoir pas amaflé des Pelleteries pour les mar- chandifes , que nous avions cachées. D'ailleurs ils étoient fans ceflè dans U crainte d'être pris par les Efpagnols. Ils ne me donnèrent donc pas le temps ^ que j'aurois bien fbuhaité pour obier- rer exadement IVndroit , où nous^ é- tions alors. 1 Is ne voulurent jamais tran yailler avec moy àla confirudion d'une petite Cabanne , que nous euilions cou- verte avec des herbes feches des prai- M 6 ri Vï^ ries. m: c^%' ^ ,> 'j.'. «■, '-i %T6 Nouvell. De'couv. j- fies. Mon dcflèin ctoit d'y laiflèr une lettre écrite de ma main , & cachetée pour la faire tomber entre les mains des gens du pays. Cela m'obligea, de peur de les irriter, de leur dire , que nous ferions toute la diligence poflible pour remonter le Fleuve vers le Nord, où ils pourroient facilement troquer leurs marchandifes. Je leur faifois tou- jours efperer, que je contribucrois en toutes chofcs à leur bonheur. Tout ce que je pus obtenir d'eux a- vant que de remonter Mefchafipi , fut, qu'ils écarrérenl une Arbre de bois dur , dont nous fîmes une Croix d'environ èh ou douze pieds de haut, que nous enfonçâmes enfuite dans la terre, la- quelle par bonheur ctoit d'une argile fer- me en cet endroit. Nous y attachâ- mes mic lettre avec mon nom , & ce- lui des deux hommes j^ qui étoientavcc moy , avec un récit fuccint denosqua- lîtez, & dufujct denotre Vbiage. A- prés- quoi nous étant mis à genoux, nous chantâmes quelques Hyrrtnes pro- pres à nôtre ddîcin, eommalQl^exilU Hej^is de autres, & cnfuitc noiispaîtimes. ■*,- Dans l'Ameriq:. Sept. 277 Pendant le kjour , que nous fîmes 2 ^embouchure de Meichafipi ^ nous n^âpperçûmes ame vivante. Âinfi nous n^avons pu favoir, s'il y a des peuples, qui habitent furie bord de la Mer« Nous ne couchions pendant ce temps là qu'a la belte étoile 9 comme pendant tout le reftedu Voiage, lors qu'il ne pleuvoit point. Mais pendant la pluie nous nous couvrions de nôtre Canot , que nous pofions renverfé (ur quatre fourches» Ënfuite nous y attachions des écorces de bouleau , que nous déroulions , les pendant plus bas que nôtre Canot, poùc nous mettre à f abri de la pluie. ^ Nous partîmes enfin le i* d'Avril, par ce que nos vivres commençoient a diminuer. Il eft fort remarquable,: que pendant toute cette navigatiom Dieu nous preferva heureufemcntpour^' nous des Crocodiles, que Ton trouve"^ en abondance dans ce Fleuve Mefcha* fipi, fur tout en approchant de la Mer. f Us font fort à craindre, quand on n'eft^ pas foigneufcment fui fes gardes. Nous i ménagions nôtre blé d'Inde le plus , -^•« M 7 qu'il iii "■m zyi NouvELi^ Dr'couy. qa'il nous ctoit poffibk, par ce cm le bas Fleuve eft extrêmement bordé de cannes, 6c quelesdébarquemensyiont fort încominodes. Nous n'ofions donc chaflèr, par ce que cela nous auroit trop £iît perdn: de temps. -'^ - V Au refie nôtre Canot n'étant chatgé que de peu de vivres» & de quelques petits prefens, il ne pjrenoit oixllnaire* ment que deux ou trois pouces d'eau. Par ce moien en approchant de la terre le plus qu'il nous étoit poilîble » nous évitions les courans , & la rapidité du Fleuve. Nous fîmes tant de diligence pour éviter les {urprifcs, que nous nous rendîmes au V iUage des Taffjribaê, Mais par ce que nous avions toujours dans Tc^itces hommes tuez à coups de âecnes , que nous avions vetîs dans leurs Cabannes, eny paflant la première fois nous nous contentâmes de manger de nâtre £irine de blé d'Inde detrem* pée dftns de l'eau, Ôc nous avions par aeflus cela de la viande deTaureaufau- ¥:çe boucannée, que nous trenrpions dans de Thuik dl'Ours ^ que nous coa- f , "fa* ^k Dans l'Ameriq^ Sept, iji^ fervions pour cela dans des Veffies^afin d'avaler plus aifément cette chair deflè« cliée. Après avoir fait les prières du foir^nous navigâmes toute la nuit avec un gros morceau de Tondre, ou de mé« che allumée pour faire fuir les Croco- diles/ qtii pouvoient fe rencontrer fut nôtre route, parce qu'ils craignent ex- trêmement le feu. * T* '*-' - - « k^'Jé Le lendemain 2. Michel jiks nous lit remarquer dés la pointe du jour en avançant liir nôtre route ^ qu'il yaroit une fort grande filmée , qui n'étoit pas fort loin de nous. Nous crûmes^ que c^étbîent les Quinipiflà , & nous apperçumes quelque temps après quatre femmes chaînées de bois , qui dou- bloicntlepas pour arriver avant nous à leur Village. Mais nous les paflâp* mes à force de ramer. Je tcnôis à h main le Calumet de paix , que les Sau'* vagcs nous avoient donné. Nôtre Pi- card du Guay ne put s'empêcher de tW t|n coup de hifil fîir une bande 4'Outardcs , qui paroiflfoiènt dans ks rdftaux» Ces quatre fenimes Sauvages '^ ayant ^l I. /,-• i8o NoovfiLL.. De'couv.v ayant ouï le coup jcttcrent leur bois s tejte, &f s'éunt mifes à courir de tou- te leur force, elles furent plus tôt que nous au Village , où dlcs mirent tout en allarme. . Lies Sauvages cfltayez de tout cela, par ce qu'ils n'avoicnt jamais vcu d'ar- mes à feu y fe mirent à fuir. Uscroio- ient, que c'étoit le tonnerre, ne com- prenant pas , comment il fe peut faire , qu'un morceau de bois avec du fèr,qu'ils voient entre les mains des Européens, jette du feu , & aille tuer du nionde bien loin. Ces Barbares donc tout ar- mez, qu'ils ctoient à leur manière ne laiflerent pas de fe fauver en grande con< fiifion. Cela m'obligea de mettre pied à terre, &c de montrer le Calumet de Eaix, qui étoit le Symbole de notre al- ancc avec eux. Nous montâmes donc dans leur Village avec eux, & ils nous firent apprêter un repas à leur mode. ■^^^ Danslis même temps ils firent aver- . tir leurs voifins de nôtre arrivée. Com- ; me nous étions occupe^ i prendre no- , irc refeâion dans leplus grand de lems Dans l'Amerk^ Se^t/ i^i appartemens, nous vîmes entrer à la ff*" , le plufieurs Sauvages , qui nous fai* fuient tout le bon accueil, dont ils pou-* voient s'avifer. Peu s'en fallut , que . nos deux hommes ne demcuraflèntavec ^ cette Nation. Il n'y eut que les mar-* chandifes, que nous avions cachées, qui les obligèrent de quitter ces peu- ples. Etc'eft auiTi le motif (ecret, que j'arois eu de les £iirc cacher » afin que nos hommes ne penfaflènt qu'à faire notre route Ces derniers Sauvages nous ayant donné autant de vivres, que nouf voulûmes , nous les quittâmes après leur avoir fait quelques prefens. ^^ . Nous partîmes le 4. d' Avril, & nou& &ifions beaucoup de diligence dansnô^ % tre Voiage, par ce que nous avions ' pris des forces. Nous arrivâmes aux- ^ Koroa. Ces peuples ne furent pas fur- pris de n6tre arrivée comme la premiè- re fois. Ils nous reçurent d'une ma- nière tout extraordinaire. Ils porte- ^ rcnt nôtreCanot en triomphe fur leursif épaules. Il y avoit douze ou quinzei hommes, qui marchoient devant nous J^ ^.gst . . ... en,:; u t \ ^\. 282 No-UTELL. De'coUV.T eo cbiifiult a?ec des bouauets de plA- mçs à la mab. Toutes les femmes du Village (uivoient avec les Enfans y dont ks uns me tenoient par la ceinture de kine blanche , que je portois en cordon de St. François^ Les autres me preno« lent par le manteau , ou porThabit. Us en faifbient de même à nos deux hommes, &ils nous conduifirent ain- fi à l'appartement > qui nous étoit de- ftiné. Aii** j Ikomérentce lieu de Nattes de joncs peints de deux couleurs , & de couver* tures blanches filées fort proprement a* vec de Técorce d'arbre , comme nous Favom déjà remarqué. Après que nous nous fumes raflàfiez de tout ce que ces peuples nous aroientprefcntê pour nous legdler )' ils nous biflerent en libeetéde BOUS repofer tranquillement pour nous délailèr* Nous fumes iùrpris de voir en ce lieu, que le blé d'Inde^ qui n'é- toit qu'à deux pieds de terre, brsque nous paflames la première fois parmi ce peuple j étoit déjà en lait, & oonà manger. Nous apprîmes par les Nations m. YOl' ! il Dans l'Amehiqj^ Sept, lîj voifiiics de leur Climat, que ce blé mcu- ritcn 60, jours. Nous y remarquâmes au(fi d'autre blé qui étoit déjà hors de terre à la hauteur de trois ou quatre pouces. V. 4 -f ... \ .L . J à.l ■i,Of CHAPITRE XL. ,.j ■ ' t Départ de Koroa fur le Fkuvt M ecmtpt. -ii'jf ; « iTl*» ^«Mf^s-^lj»* rr.^ ,5* éloignées de l'Europe. 11 me fallut donc prendre patience , èc faire bonne mine. Quelques eflbrts, que je fiilc pour leur perfuader , qu'il falloit prc- jerer le. bien public aux avantages .des particuliers, ils l'emportèrent fur moi, ëc je fus obligé de me rendre, ne pou- vant pas faire autrement. Nous ne pû- mes arriver aux Taefifa que le 7. A- vril. V Ces Sauvages avoient déjà reçcu des . Couriers ^ qui les avoient avertis de no- tre retour. Cela fut cau(è , qu'ils £<• rent venir plufieurs de leurs voinn$,qui habitoient dao^ la prafondenr des terres de l'eft , èc de IfOiicft, afin d'avoir qi|ç)quesqnes 4c nos marcl^fi^dirq,s'il etoit poflible , par ce que cek Ëarbarcs ne fe peuvent Mer de les admirer. Ils en oiit envoie a pluficiu-s autres Na- tions pll^ ^vancçeSj, ^vec lefqucUes ils ont.AÙjfnce,. .1 /! f ;; .f ils lurent tous leurs efforts pour nous retenir chez eux. Us nous offrirent l'un Dans l'A MERiQ^ Sept. iSf de leurs meilleurs logemens pour nôtre ufage-, & des Calumets de marbre noir^ i^gc» ^ ifi^pé. Mais noi hommes avoicnt le coeur tourné vertie iicu, oà ils avoient caché ieius marchandifcsyde forte qu'ils n'eurent aucun égard à cous leurs offres. Ils me dirent donc, (]u'il folloit abfolument partir. Si j^a^ rois eu avec moi tout ce qui m'ccolt neceflàire, comme j'avois^ma Chapel- le portative, je ferôis relie parmi ces bons peuples , qui me temoignoient une amitié fi cordialci Mais on a dit il y a long tempSiqucnosicompagnons font fouvent nos maîtres. Je fus donc obligé de fuivre le fentiment de nos homtnes. • Nous nous embarquâmes le 8. d'A- vril, & quelques 74r;i/4 vinrent nous conduire dans leurs Pyrogues les plus légères, par ce qu'ils, ne pouvoichcpas ramer affez fort pour fuivre nôtre Ca- not d*écorce avec les autres. Quelques efforts même, qu'ils fiffent avec leurs perches , ik ne purent aller aifez vite. Ainfi ils furent obligez de nous qûi^- H'>i ' ter, I n «V N %96 NouvBLL. Db'couit. ter» & de nous laiflèr prendre le de- vant. Nous leur jdtiaiesdeujc .braifti de Tabac de Martinique poiir Içs obli- ger de fe ibuvcnk de nous t $c ces Sau- vages en nousqtiittantadmiroient^ com- ment nous pouvions tirer trois ou qua- tre Canars a un feul coup .de fiifil , ce qui leur faifoit faire des huées » & des cris d'étonnement. Apres que nos deux hommes les eurent iàliieac a grands coups de chapeau^ redoublèrent leurs efibrts à ramer, pour &ire connoitre à ces Barbares, qu'ils étoient capables de quelque choie déplus , ' que ce qu'ib leur avoienit veu faire. . Le p. nous arrivâmes aux ^k^fg enyiron à deux heures de Soleil. Il nous fembloit, qu'après avoir été reçeus a- vec tant d'humanité de toutes ces Na- tions, qui méritent mieux le nom de peuples humains, que de Barbares par leur douceur admkaUe^ nous n'avions aucun fujet de crainte ni de défiance, & que nous étions en auiC grande fed^ rete parmi eux , que û nous enflions iroiagé dans les Villes de Hollande, dans Icfquctt quand £ avions < hommes les Arbr desCroi nôtre cai "mespSKt fcureuft dirent po diligence Pour 2 Rcuvc pc quiprend Le Picarc Çn daigcr de ce qu^ en bon ' tranfports même, pendant j noient à nos homi niarchaftc paix, à V Dans l'AmertQj. Sept, xîf leTquellcs on n'a rien à craindre. Nous nefunies^tutant pas &is inquiétude-, quand nous fûmes i l'endroit, oùnotls avions caché les tnarcfaaiidifes de nos hommes. Les Sauvages avoient brûlé les Arbres, fur lefquels nous avions fait des Croix pour reconnoitrerendroitdc nôtre cache. D'abord nos deux hotn* mes pâKtent dans la crainte , quV>n if e leurtuft enlevé leur threfor.' lîsiiepeis direntpoint de temps, & coururenteti diligence vers le lieu de queftion. *^ Pour moy je reftay fur le bord dli Fleuve pour regommer nôtre Ganot, qui prenait e^ par plufieurs endroits. Le rîcïurd du <îuay me vint ittr^iver en diligence pour fe re|o(îir avec miçr, de ce qu'ils avoient retrouvé la xta&k en bon état. Il me dit avec de grands tranfports de joye, que tout y étoit de même , que nou^ l'avions hifié. "Ce- pendant afin que les ^i^»/2r, qui vc- noient à nous à lafile , ne viffent point nos hommes occupez à découvrir leurs marcfaaiidifes, je pris te Cdumet de paix, «: jcksarrellay à-fiimer. C'eft »- une ., ■* ^. "•> :4. .288 NOUVELL. De'coUV. iinejoy inviolable parmi eux de fumer ^^dans uue conjonfture pareille » par ce ^^ue fi on le refufoit, oncourroit rif- >que 4'être nuflàcré par les Sauvages,qui ont une extrême veneratiop pour le Ca- lumet Pendant que j'amufois les Sauvages , .nos deux hommes vkirent prendre le ^Çanot^que j'avois regommé, & ils y re- .mirent adroitement les marchandifes , qu'ils avoient tirées de leur cache , & enfuitc ils vinrent me prendre au lieu, çùjf'étoisavec les Sauvages. Jelesen- tretenois par fignes, en marquant mes 1>enfées fur le Sable , que je tachoisde eur faire comprendre par là. Je ne fa- Vfis pas un mot de leur langue, qui e(i toute différente de celle des peuples, a^ ^yec qui nous avons convcrié avant & i^depuisce Voiage. .^. 1 Nous remontâmes le Fleuve fort gâyemenc. Nous navlgions à force de rames avec tant de vifteue, que les ji' k^nja 9 qui marchoient par terre , c« ^^toient obligeas de doubler kf pas pour ||ious fuivrç. L'un d'cntr^eux plus alerte Dans l^Ameriq. Sept. 2S9 où que les autres courut au Village , nous fumes reçus avec plus de marques de joye encore, qu'ils n'avoient fait la première ibis. Tout cela le faifoit de leur part dans la veiie de profiter de nos marcnandiiès, quipaflèntpourdegran-* des richefles parmi ces peuples. Il feroit inutile de décrire toutes les circonftances de ce oui fe paflâ dans les dan&Sy de dans les fedins , que nous firent ces Sauvages. Nos deux hom« mes voiant qu'ils ne pouvoient point s'enrichir avec ces peuples par le com- merce de pelleteries, par ce qu'ils n'ont jamais tranqué avec les Européens, & qu'ils ne fe ibucient ni de Callor , ni de peaux de belles fauves , dont ils ne contioifTent point l'uiàge , me pref- ferent de me rendre en diligence vers les Nations du Nord, où ils cfperoient de trouver de ces marchandifes en abondan* ce. £ t en eÔet les Sauvages, qui habitent vers la fourcc du Fleuve Mefchafipi , commençoicnt d'aller en traité du coté du Lac iuperieur chez les peuples, qui ont commerce avec les Européeiîs.Nous ^ N lairfâ- piy^^ ijo NouviÈLL. t>.^c6vr. hiflames des marques ià n&tre amitié aux jiks^a par quelques prefens, que nous leur fimes. Nous parrirlies \t i Avril , ^ dans , l'efpace d'environ fôixante lieiies de .' naiagation nous ne troutâmes aucun Sauvage Chik^chs^ ni Mejfhrite. Ap- paremment ils étoient tons à la ChalTe avec VsMts fanriHes, ou peut être étoient ilsenfuiteparlaeraime) qu'ilsavoient et la Nation des prairies» quifbnt ap- peliez Timonha par les habitans de ces Contrées. Ce font leurs Ennemis ju- tez. Nous n'en fômeique plus heureux pendant notre route , pat ce que nous trouvions par tout du gibier cii abon- dance. Cependant avant que d'arri- ver à l'endroit, où la Rivière des Illinois fe jette dans ledlô Fleuve, nous trou- vâmes ûhc bande de Sàtivagés Meflbri- tes, qui Venoient du haut du Fleuve. Mais comme ils n'avoient poirttdepy- rognes pour venir à nous , nous tra- verfamcs à l'autre bord du côté de TEft, âfiLdepetir d'être furpris pendant la nuit, nous i i.-* , *■. -, S * Dans l'Amerk^ Sept. 191 nous ne nous arrêtâmes en aucun lien. Nous nous contentanfies doilc cfe maa^ 5er de la farine de blé dUnde rott , ôt e la riande boucànnée, par ce que nous n\>fions faire du feu de peiu: d 4* tre découverts par quelque embufcadc de Sauvages , qui nous auroient fans doute mâàcrez, nous prenant pour En<- nemisi avant que de nous recomièitin. Cette précaution nous ttt heureufement éviter le danger^que nous aurions coivu (ans cela. > J'avois oublié, pendant que je vo!a<« geoisfurle Fleuve Meichafîpide fap<* i)orter, ce que les Illinois nous avoient buvent dit, ôc que nousprenions pour des contes &its à plaiHr.C'eftqu'à peu prés vers rendroit,appellé dans la Carte le Cap de St. Antoine afièz présde la Na<* tien des Meflorites , on y voit desTritons & des Monftres marins dépeints , que les hommes les plus hardis n'ofent regar-» der , par ce qu'il y a de l'enchantement^ & quelque chofe de fumaturel. Ces prétendus monftres afireux ne iôntdans le fond qu^un Cheval adez mal-peint N z avec ipi NauvELL. De'couv. arec du Matachia de couleur rouge, fie quelques bêtes fauves griflbnnées par les Sauvages , 'qui ajoutent qu'on ne iâuroit y atteindre. Maisfi nous n'a- vions point étez preflez pour éviter quelque furprife des Barbares, il nous é- toit facile de les toucher,car le dit Cap de St. Antoine, n'eil point (i efcarpé, n'y fi élevé que la chaîne des Montai - gnes qui font du côté du Saut de Saint AntoinedePadoue qui efl vers la fource de Mefchafipi. Ces Barbares ajouto- jént de plus que le Rocher, ou ces mon* fbes étoient peints , étoit tellement cf- carpé, que les paflàns n'y pouvoicnt aller. Et en effet la tradition commu- ne parmi ces peuples cft, qu'il y eue au- trefois plu (leurs Miamis noiez dans cet endroit du Fleuve Mefchafipi , par ce qu'ils étoient vigoureuTement pourfui- yis par les Matfigamea. Depuis ce temps là les Sauvages , qui pa(Iènt par cet en- droit, ont accoutumé de fumer, ^de prefenter du tabac à ces Marmoufets, qui font peints fort grofllerement , & cela , difcnt ils , pour appaifèr le Mani- ' j n mi Dans l^Ameriq:, Sept, ipj t0U , qui félon le langage des Algon- quins, &derAca(Ue, fignifieun eP prit malin, ce que les Iroquois appel- lent Otkon^ qui eft une cfpece de for- celerie, & d'efprit méchant, dont ils ignorent la malignité. . ^i Pendantquej'étois àQuebec, on me dit, que le Sieur Jolliet avoit autrefois été fur ce Fleuve Meichafipi , & qu^il avoit été obligé de retourner en Cana- da, par cequ'iln'avoitpu paflèr au delà de ces monftres,en partie parcequ^ilen avoit été effraie, & en partie auffipar ce qu'il craignoit d'être pris par les E- ipagnols. Niais je dois dire ici, que j'ay voiagé en Canotfortfouvent avec kdit Sieur Jolliet fur le Fleuve S. Lau- rent , & même dans des temps fort dan- gereux à caufe des grands vents , dont pourtant nous étions heureufement é- chappez au grand ctonnement de tout le monde , par ce qu'il étoit très- bon Canoteur. J'ay donc eu occaflîon de lui demander bien des fois , fi en çStt il avoit été jufques aux Akanfa* Cet homme, qui avoit beaucoup N 3 de ^514 NouyELL. De'cout. de confùlcration pour k$ J[efiiiie3, qui étoient Normanas de Kation Cp^rce que fon Père étoit de Normandie) m'a âvoiié, qu'il avoit (buvent ouï parler de ces Monftres aux Outtaoiiats , mais qu'il n'avoit jamais été jufques là , & ou41 étpît reftc parmi ks Hurons&les Ouctaotiats pour la traite des Cafton êc des autres Pelleteries. Mais que ces peuples lui avoient (buvent dit» qu'on ne pouvoit décendre ce Fleuve a caufe desEfpagnoIs, qu'on lui avoit extrê- mement fait appréhender. J'ay ajouté beaucoup de foi à ce difcours du Sieur joUiet y par ce qu'en effet dans toute nôtre route fur le Fleuve Mefchafipi , nous n'avons trouvé aucune marque, qui nous pût faire connoitre , que les Êipagnols ayent accoutumé d'y voia* ger, comme nous le ferons voir dans nôtre fccond Tome. . ( .v'^- psopm^^:; CHA- .t^-^^i- ■f. »-* J>Am l'Ameriq^ Sept, ipj CHAPITRE XLL y Htfcriftim de la beauté du fleuve Mefchajipi : des terres , ifui le l^ordent départ & d'autre y à* qui font d'une beauté ravijfan^ t0: ér des mines de cuivre y de plomb y à* de charbon de terre ^ qu'ony trouve. QUand on cft arrivé a ao. ou 30. ^lieues au deflous des Maroa/iei bor^de ce Fleuve Mefchiifipi {ont pleins de cannes juTques à la Mer. On trouve cependant environ trente ou quarante endroits, où il y a de très beaux côte-^ aux avec des dcbarquements comniodec^ èc ipatieuK. L'inoncbtion du Fleuve ne s'étend pas bien loin , & derrière, ces bords noïez, on découvre les plus beaux pays du monde pendant la lon^ gueur de deux cens lieues. Nous ne pouvions nous lafler de 1rs. admirer. On nous a afluré , qu'en largeuir ce N 4 iont \" ^^y %^6 No«TBLL. De'coUV. font de vaftes Campagnes, oùontrou** ve des terres admirables bordées de fois â autre par des coteaux extrêmement agréables, par des bois de haute futaie, & par plufieurs bocages , où l'on peut aller commodément à cheval,par ce que les chemins font fore nets , & qu'on n'y trouve aucun embarras. Ces petites forets bordent tout de même les Rivières , qui coupent ces Campagnes en divers lieux, & qui font fort abondantes en Poiflbu, de même Îue le Fleuve Mefchafipi. Au rcfte les 'rocodiles y font fort à craindre , quand on fe néglige. Les Sauvages difent, qu'ils entraînent par fois ceux de l/?urs gens^ qu'ils peuvent furprendre. Ce- pendant cela arrive afièz rarement , car après tout il n'y a point d'animal , quel- que féroce qu'il foit, qui ne craigne rhomme. Les Campagnes de cesvaftes pays font pleines de toute forte de gibier & de Venaifon. On y trouve des Tau- reaux Sauvages, des Cerfs , des Che- Treiiils, des Ours, des poules d'Inde, . . >^n- •■ :.' • des Dans l'Ambriq^ Sept. 297 des perdrix, des Cailles,des perroquets,, desbécafièsy des Tourterelles , des pi- geons ramiers» des Caftors , des Lou- tres, des Martres, & des Chats (auva* ges, pendant plus de eent cinquante Ueiies. Nous n'avons pourtant point remarqué , qu'on voie des Caftors en approcnant de la Mer» Nous efperons déparier de tous ces animaux , que nous avons trouvez dans nôtre route, & d'en faire un plus grand détail; Cependant nous avons cru , que pour faire plaifir au Leâeur,il en falloit décrire quelques uns des moins connus» Il y a un petit animal , dont j'ay dé- jà fait mention en paflànt , quieft afièz femblable à un Rat pour la figure. Il eft auili gros qu'un chat, & a le poil argenté, meflé de noir. Sa quciie eft lans poil groflè comme un boadoit, etir* viron d'un pied de longueur,, de Lh quelle il fe (crt pour fe pendre aux bran^- ches d'Arbres. Il a fous le ventre une efpece de Sac, dans lequel il porte fo& petits, quand on le pourfuit. Il n'y a point de befle farouche dan» N $ tout» » } t î 199 NouvBLL. Decouv. tooc ce pays-li » qui foit dangereufe, pour ks hommes. Celles» qu'un ap« KUe Miehihichi , n'attaquent |amab omme, quoi qu'elles dévorent tou« tes les bétes , quelques fortes qu'elles Euiflènt être. La tctc en eft aflezfem- labk à celle d'un Loup cervier, mais elle eft beaucoup plus groflè. Jitlcs ont le corps long) auili grand que celui d'un Chevreiiily mais beaucoup plus menu. Leurs jambes font aufli plus courtes , & elles ont les pattes comme celles d'un Chat, mais beaucoup pkisgroflès. Les grifiês en font fortes & longues, &el- ks s'en ièrvent pour tuer ks bétes, qu'elles veulent oevorer. Elles en man- gent quelque peu après ks avoir attra- pées, & enfiiite elks les emportent fur leur dos, & les cachent (bus des fueil- )£%^ fans que ks autres bétes camaiiie- res y touchent ordinairement. Leur oean , 6c kur queîk reflemblent aflèz a celles du Lion , dont elles ne differenc qu'en grodèur à la reièrve de la tetc, qui eft cette d'un Loup cervkr. Dans ks terres, qui font à l'Oiiefl de .O-îiVj* *- A Dans l'AmeriOi. Sept. 299 de ce Fleuve MeTchafipi il y adcs Aiii« latui» qui poncnt les hommes. Les Ssuvages nous en ont montré des pieds deeharnez. Ce font affurément des pieds de cheval. Oo trouve dans tous ces pays-là des Arbres de toutes les efpeces, que nous connoiflbns, ôc qui font propres à tous les ufages , aufquels on les veut faire fervir. On y voit les plus beaux Ce* dres du monde, & une autre e^ce d'Arbre , qui jette une gomme (1 agréa- ble , qu'elle furpaflc les meilleures pas« tilles de rEuropey pour Codeur. Les Cotonniers y sont fort grands , & les Sauvées en font des Canots ou Pyro- gues de quarante ou cinquante pieds de long, lelquels ilscreufent avec le feu. Nous en avons veu plufieurs dans leurs Villages, qui avoient plus de cent pieds de long, & quelque iois même davantage. Il y a aes Arbres propres à conftruire de grands Vaiilèaux. Nous avons déjà dit, qu'on trouve du Chan« vrc dans les Campagnes , qui y vient fans femer. On y peut faire aufli du N 6 Gou- ' I 300 NouTELL. Dk'ccytyv. t ■* Goudron particulièrement versIaMer. J'ay fait connoitre dans h Defcri- ption dé ma Louifiane , que l'on trouve par tout des prairies, qui font par fois & d'efpace en efpace de quinze ou vint Keiiés de front , & de cinq ou fix de profondeur, qui font toutes difpofées à y mettre la charue^ La terre y eft noi- re & très- bonne, capaUede fournir la ftibfidance à de grandes Colonies, qui s'y ctabliroicnt. Les fèves y croiflent na- turellement fans lesfemer, &latigefub- iifte plufieurs Années portant du fruit. Elle devient grofle comme le bras, & monte comme le lierre jufquesau fom- met des plus hauts Arbres. Les Pef- chcrs y {ont femblables à ceuxdc TEu- rope , & y portent de très-bons fruits en fi grande abondance , que les Sau- ragesiont fouvent obligez de les fou* tenir avec des fourches. Pour ce qui eft des Arbres , qu'ils cultivent dans leurs deferts, on y voit des Forefts entières de Meuriers , do»t on cueille des fruits des le mois de May. Il y a auflî beaucoup de pruniers, dont W Dans l'Ameriq. Sept, jac les fruits (ont mufquez. On y trouve communément des vignes, des grena^ dierS) & des Maronniers» La Kecol« te du blé d'Inde fe fait trois ou quatre fois TAnnée. J'ay déjà dit» quenous y en trouvâmes, qui étoit meur , & que Tautre étoit déjà levé. On y re- connoitpeu d'hyver, fi ce n'eft par les pluies. Nous n^avons pas eu le temps de , chercher des mines» Nous avons feu^-. lement trouvé du charbon de terre en plufieurs endroits. Les Sauvages , qui ont du cuïvre & du pbmb', nous ont conduits dans des lieux, où on en peut , trouver en ad&z grande abondance pour en fournir tout un Roiaume. Il y a des carrières de fort belles pierres, com- me du marbre blanc , noir, ôc jafpé. Les Sauvages ne s'en fervent ordinairement, que pour faire les Calumets,dontnous avons fait mention- . • ^ Ces peuples quoi> que Barbares pa- roiflent communément d'un bon natu- . rel. Ik (ont aâàbles, obligeans,& do- ciles. Dans le fécond Tomede cette Dé- N 7 COUc* ^■■-^ ^. ^.'/ > J * *«' tV ■^ 30» NOUVIILL, D»couv. couverte notts ïçxom cQtiimMt iDUu aidantiles meurs de Wkt deNaiÎQn&dif-^ fectntes , que nous «vous vcUe$. ]) iènible, que celles » avec qui uous é^ tions dans le temps, que j'ay marqué au Chs^ûtre précèdent, n'ont aucun véritable fentiment de Religion , non plus tpc les autres. On ne voit aucua culte réglé établi parmi eux. L'on y remarque ièulement quelques Idé es fort confuks, de quelque efpece de Véné- ration pour le Soleil, lequel ils recon< noiff^t 9 mais Seulement en apparence, pour cehii qui a tout fait, & quicon* ierve tout. Oeft pour cela, que quand ks Na- doiief&ns, & les U&ti prennent du Ta^ kac, ils jettent leurs regards fur le So- leil, lequel ils appellent lam en leur langage. Afin même de marquer le re^â, qu'ils lui portemb» &de Im rendre une eipeced^adontfion»desqtt'ils ont attuiné leur Pipe ou Cahunet, ils le prefentem: a ce grand Aftreavec ces pa^ foles, TehindimtbéiLêiiis^ c'eftàdire, éumeSolciL . .^^ ^ t n ' Au 1 ' Dans l'AmeriQ:, Sbpt. )0} Au rede cette rencontre du mot dq Louis ^ qui eft fouvent dans la bouche de ces Biu{>ares , me donna quelque dpenuice de fuccés dans mon entrepris fe, par ce que c'e(t mon nom de Reli*p gion , & que je voiois, qu'ilsle pronon- çoient continuellement. Ils ne conti- nuent en effet defumer, qu'après avoir rendu hommage au Soleil fous ce nom de Louis, Lors qu'ils veulent eipri* mer le nom de la Lune, ils rappellent Louis Bafatfihcy comme qui diroit, le Soleil, qui paroit pendant la nuit Ain- fi parmi ces Barbares le nom du Soleil & de la Lune s'exprime par le même mot de Louis. Mais pour mettre delà di&rencede Tun à l'autre, ils ajoutent le mot de Bajktfche , pour fignifier la Lune. De tout cela pourtant on ne peut pas conclure, qu ils reconnoiflent véritablement le Solol pour celui , qui ^ tout fait, & qui conierve tout. Le Soleil eft T Aftre prédominant i)armi toutes ces Nations, qui habitent e bng de ce Fleuve. Ils lui prefentent ibuv^cm le meiUeur & le plus délicat de ^ **^,y-.., leur V\ m ;o4 NouvELL. De'couv. leur Chaflê dans la Cabanne de leur Chef, qui en profite plus que le Soleil. Ils marmottent ordinairement quelques paroles au lever de cet Afire , & lui envoient la première fumée de leurs Calumets, après quoi quand ils fument, ils pouilènt la fumée, qui (brt de leur bouche vers les quatre parties du mon« de, ^ imm CHAPITRE XLII. r,#^**-f***iv'.^ J)efcriptiùn des divers langages à ces peuples , de leur foumiffion d leurs Chefs: des manières dif- férentes de ces peuples de Mef- cha^pi d'avec les Sauvages du ^ Canada : é^du peu de fruit y qu'un peut ejperer pour la Reli- gim Chrétienne parmi eux. 3.Ï- IL ell /urprenant, que parmi ta Nations que Ton trouve dans!' tant de Amc- riquc> >. ' Vi, Dans L'ÀMEXtc^ Sept. ^05 rîque, ilfi'y en ait pas une, qui n'ait ion langage particulier tout diflèrent des autres. Quand même elles ne (broient qu'a dix lieues les unes des autres , il faut un truchement pour (è parler, par ce qu'il n'y a point de langue, que l'on puiliè appeller univerfelle, comme nous yoionspar exemple, que la langue fran- que eft générale par tout le Levant , ôc 2ue le Latin eft la langue commune des vans. Ceux , qui font les plus voi« fins de quelque Nation particulière, ne laifTent pas de s'entr'entendre,lorfqu'ils le trouvent enfemble. D'ailleurs cha- que peuple a fon Interprète , qui de- meure cnez ceux de fes voifins, qui lut ibnt alliez , & qui y &it la fonétion de. Rcfident. ^ Aïz Ces Sauvages ibnt tousdifièrens des peuples du Canada dans leurs maifons ou Cabannes, dans leurs Meurs, dans leurs inclinations, dans leurs coûtu* mes, & même dans la forme de la tête. Les peuples, qui habitent le long du Fleuve Mef chafipi l'ont fort plate. Ils nous ont ditrouvent, qu'ilyadeshom- n mes ■'^i • ,■ *-. \ ■ mes au iéft'dc lour p$)%, guicm^ b |eh hk^ plys Haute & plus pointue que la leur. Ces Nations du Fleuve ont des pla- ces publiques fort grandes , des jeux , & des afieinblées. Ih font yifts y & font foctagi&ns.Leurs ChefsomuneAutho- rite plus defpotique que les autres Sau- Viigesy dont les Chers ne peuvent rien obtenir qu'a force de prières, dak per- fuafions. L'on n'oferoit pa^èrcntrele Chef de ces Nations, qui habitent au bas du Fleuve, & le âan^eau, qu'on allume en (àprefence, & qu'ilfaitprr ter devant lui, lorfqu'il marche. Ot^ eft obligé d'en &ire le tour avec des dé- marches particulières accompagnées de cérémonies Ils ont des Sauvasses, qui leur fervent de valets, & desCmiciers, qui les fervent, & qui les iuivent par tout. Ils didribucnt leurs preièns & leurs gratifications à leur eré. En im mot on y trouve des nommes tort rai- fonn^d^ks , qui (àventfe'fervtr fort bi^ de leurs lumières naturelles. Nous n'ayons veu aucuiixk ces Sau- wm va* Dans l'AmbriQ;^ Sept. 307 Tages du Fleuve, qui eût aucune con^ noiflàncedes Artnesàfèu, non phi^ auc des Outils de fer, ou d'acier. Ils ieifervent de méchans couteaux, ou de haches de Pierre. En cela l'expérien- ce nous a £iit voir tout le contraire, de ce qu'on nous avoit dit touchant ces peuples. On nousdiibit, qu'Hs n'é- toient éloignez que 30. ou 40. lieues des Efpagnob du nouveau Mexique, & de ceux, qui font vers le Cap floride, & qu'ainfi ils avoîent des haches , des fufils » & tous les autres infirumens^ que Ton trouve dans nôtre Europe. Nous n'avons rien trouvé de tout cela ^ excepté quelque manière de porcelaines £dtes en forme de tuyaux enfilez les uns aux autres pour rornement de la tefte des femmes, de quelques bracelets de bonnes perles, qui font gaftées par le feu, dont ils k fervent pour les percer, afin de les attacher aux oreilles des fil- les, & des jeunes garçons. Les guer- riers Sauvages nous ont fait connoitre , qu'ils les apportent de fort loin de- vers la Mer du Sud^ ^qu'ils lesreçoi- vent r— t'A 308 NOUVELL. De'coUT. rent en échange de leurs Calumets de jafpe de la part de certaines Nations, 3ui félon toutes les apparences habitent u côté de la Floride. ^ Je ne diray rien ici de la converfion des Sauvages de l'Amérique, par ce que j'en feray un ample récit dans un troi* iiémeTome de cet Ouvrage, qui def- abufera bien des gens de plufieurs opi- nions fauflès , dont ils font prévenus. Autrefois les A pores n'avoient , qu'a ouvrir la bouche dans les pays , ou la JProvidencc'conduiibit leurs pas. DV Jbord ils y faifoient des conquêtes & des convergions prodigieufes. Je ne me conCdere que comme un infiniment ex- trêmement foible poiu: la propagation des Myftcres de TËvangile , fur tout en comparaifon de ces grands (crviteurs, Sue Dieu a emploiez à établir le Cliri- ianifme dans le Monde, &à y fonder fon Eglife. Mais il faut avoiier, que Dieu n'attache plus lagraccnirondion de fon £fprit à nos Minifiéres moder^ nés pour efperer ces converfîops mira- culeufes, comme dans les premiers Sie- ■ ■ - ' ' ■■ :. clcsj •îrt*. %■ ' . Dans l'Americ^ Sept, jof des. Mais il fc fert de la voye commune & ordinaire, pour convertir les hom-*^ mes , quand , èc comme il lui plaift. Je me fuis donc contenté d'annon- cer de mon mieux félon mes forces & mes lumière^ les principales yeritez du Chriftianifme aux peuples, avec qui fay eu habitude. J'aydit, que toutes CCS Nations ont des langages diôerens. J'avois des principes de la Langue Iro- 3[Uoife, & j'appris du depuis celle es KTati. bu NadoUedàns. Cependant tout cela m'a tres-peu fervi parmi les autres Sauvages. Je ne pou vois me faire entendre que par des geftes> & par quelques termes de leurs langues, qi^c j'apprenois infenfiblement , & avec be-» aucoup de peine & de temps. Je n'oferois afliircr , que mes petits eftbrts pour la propagation de l'Evan- gile ayent produit des fruits confidcra- bles parmi ces peuples. Il n'y a que Dieu , qui connoifle les effets fecrers de fa grâce & de fa parole, ni qui fâ- che jufqu'où ces Barbares en aurontpro- fitc. Tout ce que je puis dire , à cet égard r •V». )IO NOUTELL, De'COVV^ ^gard c'eft» que le gain le plus{ur,que fayeptt faire, confifte uniquement dans le baptême que j'ay fait de quel. quesEnfàns, dontj'étois moralement afltiré de la mort. {Au refte je n'av pu tn- TÙller qu'a reconnoître l'état ae laNa. tion , & qu'a ouvrir le Chemin aux Miflionnaires, qui pourront fc rendre dans ces vaftes pays. Comme j'av eu l'honneur de leur fervir de précurkur, je m'oflirc d'y retourner, quand on vou- dra. J'y finiray mes jours de bon cceur en travaillant à mon falut & à celui de ces pauvres peuples , qui ont été pri- vez julques a prefent des lumières delà foi Chrétienne. Mais afin de ne point ennuier le Leâeur, il eft temps de pour fuivre nôtre Voiage jufques à la fource du Fleuve Mefchaiipi. ;i^^-- 'jmméif, CHA- Dans L'AMfaàict. Sè^. jit CHAPITRE XLIII. Defcr^tion de la pêche , ^e mus faisons des EturgemÈ. Cratntt de nos gens i qui ne vonloient point paffèr en remontant près de t embouchure de la Rivière des niinois ^ & du changement des terres & du Climat en allant vers le Nord. ^»' NOusnoQS embarquâmes le 24. d'Avril, & le blé d'Inde ou gros millet venant à nous manquer de ntê-- tttc que la viande boucannée, nous nui- rions plus d'autre moien de fiibfifter qnejpar la Chailè oulapcche. Lés bê- tes fauves étoient afièz rares au3t Ikùt, ou nous étions alors , par ce que fe^ Illinois y viennent fouvent , & qu'ils y ruïnerit la Chaflè. Par bonheur nous trouvâmes quantité d'Eturgeons à Ibngs bées , dont nous paierons cy-apra; Nous kt tuions à coups dé haches , où d epees jll NOUVELL. De'couV. d'épées emmanchées , dont nousi ferrions en cette rencontre, afin d'éi gner nôtre poudre & nôtre plomb, toit alors le temps , que ces poii fraïbient, &on les voit ordmairen venir prés des bords du Fleuve pour] fraye. Nous les tuions donc aitfm i coups de hache ou avec des épéesl nous mettre à Teau, & parce quei en tuions tant que nous voulions,] n'en prenions que le ventre & les me ceaux les plus délicats, Ôc nous aba donnions le rede. Si nos hommes avoicnt quelque tisfa£tion de cette abondante pekhe, étoient d'ailleurs dans une grande aj i)rehenfion des gens , que nous avioi aiflèz au Fort des Illinois, ou de Cn .vecœur. Us craignoient, qu'encoil ^ue nous en fl^ilions élognezacplas( 4cent lieues, qui font peu çoniiderablei à caufe de la grande diligence, que roj fait avec les Canots d'ccorce, ilnevii des gens de ce Fort , de que voiantl qu'as n*avoient point troqué leurs marj diandifes avec les Nations du Nord, k.^ ni r!w^gyKA ' LÙHâtt Commttn^f de France,'» •"/ 5' 7S •"> »<5 «f* y 3' 45 *" TS S {Litu*j d'untJfturé tU CÂemin^-> \ \ Lac 4^.* -H'enipoili Oit, iûnt dt fort* ^ UA le B*toiif tî*ni déltiyitr^ l'Ou.toulibii ' JBrt'Jhur Sm^chti T Zêt^'ùttnipodt r 1 e Xi. r ûufttJufH • lliinotB ,>"'^ ^"' -ta^Sinn 1'/ ■fânutro'i \ **>tt. ~Chioiuicha. --^4/0- NOUVE,AXJ .XuUf dt -S^J ^ Cbents **^ Cari *9' '""■-iX 4ia ^1 [un tre* ^nind P A l â?J JCeurtUenunt ce'courtrt dan* AMERIQUE SKPTENTBIOfNAIXl cntrt te Vovvx,Aul>axiqvx, er/« xy'K.cr Oiacut/e ,a.vec le Cour« duGnud Fleuve D rJic'r a GUII.IAUME ni' 31.ÛJ- de La. Çrand^ritta^nt I4OUIS ,*BKNirMPnf atltrej^t. td DANi ne fc fàifit pofay de r de cabann le Fleuve i venons da Ce Fie fur tout de viere des ] Antoine d cy-aprés. eneâètapj nous nous cette embc Au rête les plus fi fert que ceux d pays, qui chaiipi. i,H C/fuelleti Dans l'Ameriq^ Sept. 5x3^ ne fc làifit de leurs effets. Je leurpro- pofay de naviger p jndant la nuit , 3c de cabanner de jour dans les Ifles dont le Fleuve eft rempli, & que nous trou?^ verions dans notre route. Ce Fleuve e& tout plein dcces Ifles^ fur tout depuis rcmbouchure de la Ri- vière des Illinois jufqu'au Saut de St. Antoine de Padoiîe , dont je narlèray cy-aprés. Cet expédient refflfit , & en effet après avoir navigé toutelanuit nous nous trouvâmes afkz éloignez de cette embouchure approclians du Nord. Au rête les terres ne nous paroiflbient plus fi fertiles , ni les bois fi beaux, que ceux que nous avions veu dans les pays, qui font au bas du Fleuve Mef^ chafipi. , , V •> T . .■nf •K*^ ^Ui^" o^ • # CHA- .- --.^ C# f uellets doivent s'ioferer entre N. Se 0« I ^ ï }I}^ NOUVELL. DeCoUT. CHAPITRE XLIV: Defcription fuccinte des Rivières , mi perdent leurs noms dans le jFleuve Mefchafifi : du Lac des ^\j>leurs: du Saut de St . Antoine 'de Padoiie : de la folk avoine , é^ de plujieurs cir confiances de \ la continuation de notre Voia^ CE Fleuve, comme je l*ay déjà dit, a une lieiie de large prefque par tout, & en quelques endroits il en a )dques à deux. Il eft partagé par quan- tité d'Iflcs remplies d'Arbres entrelaf- fez de tant de Vignes, qu'on a de la peine à y paflèr. Il ne reçoit aucune jkiviere confiderable du côtéderOueft depuis Tembouchure de la Rivière des Illinois jufques au Saut dé St. Antoine dcP^oiiCj excepté celle des Otenta^ 8c une autre qui vient de TOûeft Nord' ieft Dans l'Ameriq^ Sept. îij* Oiîcft à fept ou huit lieues de ce Saut. Du côté du Levant on trouve d^abord une Rivière peu confidcrable. Mais un peu plus loin on en trouve une autre • appclice par les Sauvages Omfconjin% ou Mifconfiriy qui vient de TEft, & de l'Eft Nord-Eft. Après foixante licïïcs en remontant on la quitte pour faire un portage de demie lieuc,afin d'al- ler gagner une Rivière , qui ferpente extraordinairement à fa fource , & par le moien de laquelle on pou voit fè rendre à la Baye des Puans. Elle eft prefque auflî grande que celle des Illi- nois , & fe jette dans le Fleuve Mef- ckfipi, où elle perd fon nom. Ellecft fituée à cent Kciies ou environ au dcffùî de celle des Illinois. A vingt cinq lieues plus haut remon- tant ce Fleuve du même côté del'Eft, on trouve la Rivière nommée par le* Nadouiflàns ou IlTati Chebadebs » ou ChabaoHodeba , c'cft à dire Rivière noire. Nous nel'avoTis confiderée qu'a fon cntbouchure. Elle nous parut aflèz peu OÉnfidcrable. O ^ z Trcn- JIJ^ NOUVELL. De'cOUV. Trente lieiîcs plus haut on trouve le Lac des pleurs. Nous le nommâmes ainfi , par ce que les Sauvages , qui nous ^prirent , comme nous le verrons dans la fuite , quelcjucs uns d'eux vouloicnt, qu'on nous caflàt la tête. Ces gens ve- noient donc pleurer fur nous f>endant toute la nuit pour obliger les autres de confentir à nôtre mort. Ce Lac, qui cft formé par le Fleuve Mefchafipi, a fept lieues de longueur , Se environ trois de largeur parle milieu. Iln'a peint de courant , qui nous ait paru confidera- ble. On en trouve feulement à fou entrée & à fon ifliie. A une grande lieiie du Lac des pleurs du côté de TEft il y a la Rivière des Taureaux Sauvages , laquelle eft pleine d'ime quantité prodigieufc de Tortues. On rappelle ainft a caufe du grand nombre de cçs Taureaux, qu'on y trouve ordinairement. Nous la fui vî- mes pendant dix ou douze lieues. Elle fe décharge avec rapidité dans le Fleu- re. Mais en la remontant on k trou- Hi'^l k — Sw rens du mort avoient fichées en terre en forme de Maufolée. L'un de nos Ca- noteurs y trouva un Calumet de guer- qui étoit a côté du fepulcre , & un rc pot de terre renverfé , dans lequel les Sauvages avoient laiflë de la vianae graf- fe de Vaches ou Taureaux Sauvages » pour faciliter, comme ilsdifent, à la perfonne morte le Voiage, qu'elle doit faire pour fè rendre au païs des Ames. Aux environs du Lac des lilâti il y a quantité d'autres Lacs voidns, d'où for- tentplufieurs Rivières, furies bords deiquelles habitent les Iflàti , les Na- doueflans, les Tintonha, qui veut dire gens de prairies, les Oiiadebathort ^ ou gens de Rivière , les Chongasketon Na- tion du Chien ou du Loup, carie mot 4e Chonga chez ces peuples fignifie \xn Loup JIJ* NOUVELL. De'cOUV. Loup ou un Chien , de plufieurs au- tres peuples, que nous comprenons tous ibus le nom de Nadoiieflàns , ou Na- doUe(lious. Ces Barbares peuvent fai- re huit ou neuf mille Guerriers , Vail- lants, grands coureurs & très-bons Ar- chers^ Ce fut une partie de ces Na- tions, qui m'arrêta prifonnicr, 6c que me mena au haut du Fleuve Mefchalipi avec nos deux Canoteurs de la manière, que je vais le raconter dans le Chapitra fuivant. •M^^ -t m: i " - ■• . ' i ■- • < • • ■-._'.'. .*- f 1 •■ ' ^iÂ2v -^^ ' €KA> '■f Dans l'AmbriO: Sept, ji| CHAPITRE. 4f. l'i^utheuf eft arrêté avec les deux €anoteurs parjtx vingt Sauvages j qui après plujïeurs attentats fut leur vie les mi'- nérent enfin au haut du Fleuve^ Urchaltpi. NOus avions accoutumé de &iré nos Prières trois fois le jour,' comme je l'ai marqué cy-devant, &: je demandois toujours à Dieu de pouvoic rencontrer les Sauvagesdc jour.Leur^cou^. tume eft de tuer comme ennemis tous ceux, qu'ils trouvent de nuit, & celi dans le deflèin de profiter de leurs dé-« poiiilles^ comme de haches, de cou^ teaux, À choièsfèmblables, qu'ils efti** ment plus, que nous ne faifonsTorâC' Targent. Ils ne font pas même difEcul^ té de tuer leurs Alliez, quand ils peu-' vent cacher leur mort, pour pouvoir (è vanter un jour d'avoir tue des nommes, & dcpoflèr a'nfipour foldats^ & pour gens U/caur. Q Nous 5j4 N.ouvell. DecOuv. Nous avions confideré avec beau- coup dç piaiik le Fleuve Mefchafîpi en le rcnpvo^^itiuitxVcrslcNord, & cela de- puis le prcnficr d'Avril. Rien ne nous a- voit empêchez de rcconnoître , s'il é- toit navijgable haut & bas. Nous a- vions tue dans nôtic chemin fcpt ou huit gros Goqs dinde, qui multiplient d'eux mêmes en cesConuées là, com- me tous les autres animaux fauvages. Nous ne manquions ni de Taureaux wu- vages, ni de chevrcuxs, nideCaftors, m de Poiifons , ni de chair d'Ours , que nous tuions, quan^ ces animaux pafibictit le Fleuve à la nage. Je faifbis de profondes reflexions fur les douceurs, que l'ongoufte dans l'ex- ercjice de la prière, & furies avantages, que l^on en tire, lors que les miennes iuresot e^augèes. Le même jour 12. d'Avr^, pendant que nos deux hom- mes faifoient cuire un Coq d'Inde, &quc je rego^imois nôftre Canot fur le bord du Fleuve, j'appcrçus tout d'un coup envi- ron à deux heures après midy cinquante Canp;^ d'ccorcç conduits par fix vii^-^ Dans l'Americ^ Sept.' 315 Sauvages tous nuds, qui décendoient d'une fort grande vitcflc fiir ce Fleuve pour aller faire la guerre aux Miamis^ aux Illinois, de aux Maroha. Nous jettames le bouillon d^un Coq d'Inde, que nous fàifions cuire^& nous é-« tant embarquez promptement , nous alla-» mes au devant d'eux en criant, Miftigêié^ che par troisfois ,& Diatchez^ ce qui veut dire dans la langue des Iroquois, &des Algonquins, Camarades, nous (bmmes des hommes de Canots de bols. Oeft ainii, qu'ils nous appellent, quand nous fommes dans de grands vaifleaux. Ccb cris nous furent inutiles , parce que ces Barbares ne nous entendoient pas. Ils nous inveftirent donc, & nous ti- rèrent quelques flèches de loin, & pac ce que les Viellards me virent le C;du« met de paix à la main en ^'approchant de nous, ils empêchèrent leur jeunefle de nous tuer. Ces hommes plus brutaux que ceux du bas Fleuve fautèrent les uns à terrc^ les autres dans l'eau, & nous abordèrent ainfi avec des cris , & des huées èpou^ f O z van- / V H^ NouviLL. Dec^uv. vantaMes. Nous ne (àifions aucune re- fiftance, parce que nous n'étions que trois contre un n grand nombre. L'un d'cntr'eux m'arracha le Calumet de paix, que j'avois à la main , pendant que notre Canot, & les leurs eftoient a- marrez au bord da Fleuve. Nous leur prefèntames d'abord quelques morceaux de tabac de la Martinique^ parce qu'il cftoit meilleur que le leur. Les plus vieux d'entr'eux proférèrent ces mots., Miamiha, Miamiha. Mais nous n'en-- tendions point, ce qu'ils diibient. Nous marquâmes donc fur le fable avec nô- tre Aviron, que les Miamis leurs enne- mis, qu'ils cherchoient, avoientpafle le Fleuve Meichafîpi , & qu'ils avoient pris la fiiite pour fe joindre aux Illi- nois. Quai\d ils fc virent découverts , hors d'cftat par conlèquent de fiiiprendre leurs ennemis , trois ou quatre Vieillards a^ant mis la main fur ma tête , fe pri- rent à pleurer d'un ton extrêmement lugubre» & avec im méchant mouchoir de toile d'Arménie , qui me reftoik, Dans l'Ameriq. Sei»t.' 3x7 j'cflùiois leurs Larmes. Tout cela pour- tant fut inutile. Ils nous firent con- noitre, qu'ils avoient deflèin de nous maflâcrer, parce qu'ils ne voulurent jamais fumer dans nôtre Calumet de paix. Ils nous firent donc traverfer le ^ fleuve avec de grands cris , qu'ils faifo- icnt retentir tous enfemble. Ils nous faifoient redoubler les coups d'Aviron devant eux , afin d'aller plus vite , & nous entendions des hurlemens horribles , ca- pables de donner de la terreur aux hom^ mes les plus intrépides. Ayant mis pied à terre à l'autre bor'd du Fleuve nous déchargeâmes nôtre Canot , & nô- tre équipage^ dont on nous avoit déjà dérobe une partie. Nous ne laiisames pas d'allumer da fcu pour achever de faire cuire nôtre Coq d'Inde. Nous en donnâmes deux j que nous avions tuez, à ces Sauvages. Ces Barbares ayant Êiit leur aflèmbléc pour délibérer, fiir ce qu'ils firroient de nous ) les deux premiers Chefs s'appro- chèrent & ous firent entendre parfig- no}, que leurs j,uerriersvouloient nous O 3 caf- Il l .1 318 Nouvel. Decouv! cafler la tête. Cela m'obligea , pendant qu'un de nos Canoteurs gardoit nôtre équipage, de m'en aller avec Tautrc trouver leurs Chefs. Je jettay au milieu d'eux fîx haches y quinze couteaux , & fix brades de Tabac noir , après quoy baiflànt la tête, je leurs fisconnoitre a- vec une hache emmanchée , qu'ils pou- voient nous tuer, s'ils vouloient. Ce prefent en addoucit plufieurs d'en- tr'eux, Ils nous preferitérent donc du Caftor à manger, félon leur coutume, en nous mettant les trois premiers mor- ceaux à la bouche après avoir fbufflé deflîis, parce que la viande efloit chau- de. En fuite ils poférent leur platd'e- corce devant nous pour nous lai(!cr manger à nôtre fantaifie. Tout cela ne nous empêcha pas de paflcr la nuit ar vec beaucoup d inquiétude , parce qu'ils nous avoient renau nôtre Calumet de paix, le foir avant que de fc coucher. Nos deux Canoteurs etoient neantmoins dans la rcfblution de bien vendre leur vie, de de (c défendre courageufèmcnt au cas > qu'on nous vinfl attaquer, Pçur me / moy j/t letfr dis, que j'af^i^ fcfola de me biflfèr tuer fansrdSflfeincerfa d'^imi^- tcr fc Sauteur, qui s^étoit remis vo- lotrtîiiîreirteirtt entre les mains de fes bouf- rcaux. NoflsveiHâmcsrun après Tau- tre, afin de n'eftrc pas fiitptis en dor- mant. CHAPITRE 4(î. ' Refolution , que les Barbares prirent d'emmener l^i^utheur^ avec fes deux hommes dans leur pays au haut du Fleuve ' Mefcbafipi. LE 1 3 . Avril de grand mat îfl un Ca- pitaine nomme Narrhetohn^ du nombre de ceux, qui vouloîent nous maflacrer, & qui avoit le corps peint, me demanda mon Calumet de Paix. Il le remplit de Tabac de leur pays , après quoy il y fit filmer premièrement tous C(?ux de fa bande, & en fuite tous les autres, O 4 qui 4 320 Nouvel. Découv. ^ui avoient refblu de nous tuer. Il nous fit (igne d'aller avec eux dans leur pays. Ils s'en retournèrent donc avec nous. Ainû leur ayant fait rompre kur èntreprife contre leurs ennemis, je ne fus pas fâché dans cette occafion de pouvoir continuer nos Découvertes avec ces peuples. La plus grande de mes inquiétudes cftoit, que favois de la peine adiré mon Office, & a faire mes prières de- vant CQS Barbares. Plufieurs d'entr'eux me voyant remiier les lèvres me dirent d'un ton fier, Ouâckayiché^ mais com- me je ne favois pas un mot de leur lan- gue, nous croyions, qu'ils fe mettaient en colère. Michiel Ako Canoteur me dit tout eflrayé, que fi je continuois à dire mon-Breviaire, ces gens nous tuc- roient lins mifèricorde. Le Picard du Gay me pria au moins de faire mes priè- res en cachette pour ne plus irriter ces Barbares. Je fuivis Tavis du dernier. Mais plus je me cadiois , plus favois de Sauvages à mafiiite. Lors que j'cntrois d^s les bois, ils croioient que j'y allois ca- Dan$ l'Ameriq^ Sept* |ix cacher quelques marchandifes {bus ter- re. Ainii je nefavois, de quel coté ime tourner pour faire mes dévotions, car ils ne me quittoient point de veuë. Cela m'obligea de dire enfin à nos deux hommes que je nepouvois me dit- penfèr de dire mon Office: que s'ils nous inaffacroient pour ce fujct, je ferois la caufè innocente de leur mort audî bien que de la mienne, qu'ainfi je courois le mcme danger qu'eux, mais qu'enfin ce péril ne devoir pas me difpenler de moir devoir. Au rdle ces Barbares voulo^ icnt me dire par ce mot de OuUckanche que le livresque je lifois, eftoit un mé- chant e{prit, comme je i'ay appris de- puis étant parmy eux. Je connus donc aleursgeues, qu'ils en avoicnt quel- que averfion. Ainfi^ afin de les y ac-^ coutumer j^e chantois pendant le che- min les Litanies à livre ouverte Ils cru- . rent , que mon Bréviaire eftoit un eiprit , qui m'iapprenoit à cBanter pour les di- vertir. Tous ces peuples aiment natucel- lêmeut à chanter. Of C EF A p. 3" Nouvel. Dbcout. CHAPITRE 47. !• i I In fuit es & avanies , ^iir^ /ej *y^«- n)ages nous firent avant que de nous conduire chez eux. Jls attentent fiuvent à no- ' tre vie. L'Es Infultes, que ces Barbares nous firent pendant nôtre route 9 font au deiliisde toute imagination. Nôtre Ca»- not eftoit plus grand & plus chargé Suc les leurs. Pour eux ils n'ont or- inùrement qu'un carquois rempli de flèches, un Arc, & une méchante peau paflee, qui leur fert ordinairement de couverture à deux pcrfonn^s. Les nuits (ont encore aflèz froides en cette iàifbn, par ce que. nous approchions toujours du Nord. Ainfi on a bcfbin de fc bien couvrir la nuit. Ces gens voyant , que nous né pou- vions pas aller auffi vite qu'eux, fi- rent entrer trois guerriers dans nôtre Ca- not- Dans l*Amsriq. Sipt. jij not. L'un fe mit à ma gauche, & les deux autres fe rangèrent auprès de nos hommes pour les aider à ramer, afin que nous les puflîons fuivrc. Ces Bar ' bares font quelquefois trente lieues par jour, lors qu'ils fontpreflèz d'aller à la guerre , ou qu'ils ont dcffein de furpren- drc leurs ennemis. Ceux, qui nous avoicnt pris, eftoient de divers villa- ges, de êtoient fort partagez dans leurs (èntimcns à nôtre égard. Nous nous cabannions tous les fbirs auprès de ce jeune Chef, qui avoit demandé nôtre Calumet de paix. Nous lui fai- fions connoîtrc pat* là, que nous nous mettions fous fà protedion. Mais l'envie fe mit parmi les Sau- vages. Le Chef, nommé Aquipagetiriy dont un des fils avoit efté tué par les Miamis , voyant , qu'il ne pouvoit (c vangcr for cette Nation , tourna toute fa vangcance contre nous. Il plcuroit pendant toutes les nuits ce fils, qu'il avoit perdu à la guerre. Il prctcn- doit par là porter ceux , qui croient de fa-bande, aie vnngcr, à nous tuer, & O 6 àfo / s jr4' Nouvel.. Decouv.- à fc (àifir de tout nôtre équipage z-r fin de pouvoir pourfiiivie en liiite fcs ennemis. Mais les autres Sauvages, 3U1 eftoient charmez de nos Marchan- ifcs de TEurope, étoient bien aifes de nous confcrver, afin d'attiier d'autres Européens chez eux. Jls fbuhatioicnc fîir tout d'avoir du fer, qui leur cftoit fbn pretieux,. & dont ils avoient re- connu Tufage, lors qu'un de nosCa- noteurs avoir tué trois aa quatre Ou- tardes ou Coqs d'Inde d'unrcoup de fu- Sl, Pour eux ils ne pouvoient tuer qu'un de ces^oifeaux à lafois avec leurs flèches. Nous avons reconnu depuis, que lés motsManzA Oudkanché fignifient du fer, qui a^un méchant efprit. Ceft ainfi, qu'ils nommoientun fuGl^qui Brifc les os d'un homnxe, au lieu que leurs flèches ne font que gUflcr au travers dès chairs & des mufcles, qu'elles percent fins brifcr les os, que fort rarement. Ceft . pour cela ^ que ces peuples gueriflèntpliis fkilèment les bleflures, qui fe font à coups de flèches 5^ qu'on ne fait celles <ïe nos fufils. Lors t 4 ÎXhM L*A5iERia« Sept. J25 Lors que nous fûmes pris par- ces Bar- bares nous n'avions navigé qu'environ cent cinquante lieiîcs en remontant le Fleuve depuis larivicrc des Illinois. Nous navigâmcs avee eux pendaftt dix neuf jours 9 tantôt aux Nord, & tantôt au Nord-Oiieft fclon les rhombs de vent, qu'il faifbit, & félon le jugement, que nous en avons fait par la Boufible. Ain«- n depuisque ces Barbares nous eiurent forcez de lesfuivre, nous fîmes plus de deux cens cinquante lieues fur le même Fleuve. Ces fiuvages vont d'une grande force en Canot. Ils ra- ment depuis le m^tin jufqu'au foir fans difcontinuer. A peine s'arrêtent ils pendant le jour pour prendre leur ré- fcâion. Pour nous obliger à lesfîiivre, ik nous donnoient ordinairement quatre ou cinq hommes afin de nous 6ire al- cr plus vite. Nôtre Canot eftoit plus grand, & plus chargé que les leurs ^ de forte que nous avions befoin d'eux pour aller auffi vite qu'eux. Nous ca* bannions ordinairement, quand il pleur O 7 voit I 326 NouvBL. Drcouv. Yoit. Mais quand il faitoit beau , nous couchions à terre fans abri. Nous avions par là le moien de contempler les Aftres& la Lune, quand elle ecla- roit. Malgré les fatigues du jour les plus jeunes guerriers de ces Sauvages alloient danicr le Calumet à quatre ou cinq de leurs Chefs jufijucs à minuit ; le Capitaine, chez lequel ils alloient, cnvoioit en cérémonie à ceux , qui chantoient, un guerrier de fa famille pour les faire fumer l'un après l'au- tre dans fon Calumet de guerre, qui fe diftingue de celui de paix par la di- verfité des plumes. La fin de cette e(pece de Sabbat fè fai/bit tous les jours par les deux plus jeunes de ceux, qui avoienteudes parens tuez à la guerre. Ils préno- ient plufieurs flèches, lefquelles ilspre- fentoicnt croifécs par la pointe à leurs Chefs en pleurant amèrement. Ils les leur donnoient à baifèr nonobftant la force de leurs cris. Au refte les fatigues du jour , & les veilles de la nuit n'empcclx>i coup fèur dans les embufcades. Ils font toujours afliircz du fccours de trois ou quatre de leurs camarades, au cas que leurs ennemis les attaquent. Ils en viennent donc toujours à bout à moins qu'ils ne fbyent accablez par une trop grande multitude, qui les empêche a entrer dans leurs Canots, ou dé k fàuver à la fuite. , Pendant un des dixneuf jours de nôtre navigation qui fut fort pénible, le Chef nommé Aquifaguetin , qui m'adopta depuis pour fon fils , comftie nous le verrons dans la fuite , s'avifi de faire halte fur ^e midy dans une grande prai- rie , fituée à rOueft de Meichafipi. Ce Chef avoit tué un gros Ours fort gras. Il en fit fcftin aux principaux Chefs de guerriers. Apres le repas ces Sauvages marquez tous ,au vifàge,. ayant le corps peint, chacun étant diftingué par la figure de quelque animal félon fon génie, & félon fbn inclination, ayant même leurs cheveux firottez d'hui- le d'Ours, & parfemez de plumes rou- ges & blanches , & les têtes chargées de 330 Nouvel. Dëcouv. de duvet d'oifeaux , danfoient tous ayant les poins fur les cotez, & frappoient de la plante du pied contre la terre d'u- ne fi grande force, que les marques y paroifioient. Pendant cela Tun des fils du Maiftre de la cérémonie donnoità fumer à tous ces gens là dans le Calu- met de guerre, ôc cependant il pleuroit fort amèrement. Le Père , qui gouvcr- noit toute la cerenronic lugubre, l'ac-^ compagiiant d'une voix lamentable & entrecoupée de (oupirs & de fànglots capables d'attendrir le coeur le plus dur, baignoit tout fbn corps de fes larmes. Apres quoy il s'addreflbit tantôt aux guerriers & tantôt à moy , me mettant les mains fur la tcte , & faifant la me- me chofc à nos deux Canotcurs. Par fois il levoit les yeux au ciel, & proferoit le mot de Louis qui dans fa langue fig- nifie le Soleil. Il le plaignoit a cet Af- tre de la mort de fon Fils, & tâchoit par là d'obliger tout fon monde à le vanger de fès ennemis. Pour nous autant que nous pouvions juger de cette cérémonie, nouscroions I A . ) ■ • Dans i.*Ameriq, Sept. 331 que tout cela tendoit à nous faire pé- rir. Et efict nous avons connu dans la fuite, que ce Barbare en avoit voulu fort fouventà nôtre vie. Mais voyant l'oppo* fition, qu'il y avoit du côté des autres Chefs, qui s'y oppofbient , il nous fît rembarquer, & fe fervlt d'autres rufes pour avoir peu à peu les Marchandifes de nos gens. Il n'ofbitles prendre hau- tement, comme il le pouvoit, par ce qu'il craignoit, que ceux de fà Nation ne le blamaflènt de lâcheté, vice, que les plus Barbares, ont en horreur. CHAPITRE 49' Rufes à* artifices d^Aquipague^ tin pour avoir adroitement les marchandifes de nos deux Ca- not eur s ^ avec flufieurs autres événemens de nôtre voyage. IL eft aifé de remarquer par tout ce que nous avons dit, ^Aquifaguc" '• tin il jji Nouvel, DicouYi tin eftoitfort rufé. Il avoit avec luv les os de quelqu'un de (es parens défunt, lefquels il confervoit avec- beaucoup de foin dans des peaux paiTées^ & orne es de plufieurs bandes, rouges & noires de porc-êpic. Il adèmbloit donc de temps en temps fon monde pour leur donner à fu- mer, *& en fuite il nous faifoit venir Tun après Tautre pour nous obliger dé couvrir de quelques marchandifcs de PEurope les os du défunt , & d'efluier les larmes qu'il avoit répandues pour luy^ & pour îbn fils, lequel avoit eftc tué par les Miamis. Pour appaifcrce vieillard rufé, nous jettâmes fur les os du mort plufieurs braflês de Tabac delà Martinique, des Haches, des couteaux, delaRalTade, & quelques bracelets de porcelaine noi- re & blanche. Voila comment ce Barba- re nousépuifbit par des motifs , fur lef- quek on n'avoit rien à dire. Il nous taifbit connoitre , que ce qu'il nous de- mandoit ainfî.', n'ctoit que pour le mort , & pour donner aux guerriers , qu'il avoit amener avec luv, & en efr- fct *v.*. ') / Dans l'Amitiiq. Sept, jjj fct il leur diftribuoit, tout ce aue nous luy donnions. Il nous faifoit concevoir par là, que comme Capitai- ne il ne prenoit pour luy, que ce que nous luy donnions de bon gre. Pendant les jours fus-dits de notre navigation nous choucfhamesàla pointe du Lac des pleurs. Nous le nomma-* mes ainiî à caufè des larmes, que ce Chefs y repandit toute la nuit. Lors qu'il eftoit las de pleurer, il faifoit venir un de (es fils, qui pleuroit à fa place. Son deflèin en cela étoit d'exciter la compafCon des guerriers , de de les ob- liger à nous tuer, afin de pourfui- vre enfuite leurs ennemis , & de vanger ainfî la mort du fils , qu'il avoit perdu. Ces Sauvages envoyoient par fois leurs meilleurs coureurs par terre, Ôc CCS gens cliafibientdcs troupes de Tau- reaux ftuvages, &les forcoient depaf- fer le fleuve à la nage, ils en tuoient parfois quarante ou cinquante, dont 3s ne prcnoient que la langue, & les en- ilroits les plus délicats. Ilslaifibient It \ j}4 Nouvel. D Hcouv* rcftc, dont ils ncvouloientpas fc char- ger, afin de £ûre une plus grande dili- gence, & de nous rendre plus promp- tement à leurs villages. Il faut avouer, que nous mangions de bons morceaux. Mais nous n'a- vions ni pain, ni vin, ni fel, ni c- pices, ni aucun autre aiflaifbnnement, & cela a duré pendant les quatre der- nières années de prés de douze, que f ay demeuré dans l'Amérique. Dans nôtre dernier voyage nous avons fub- fifté de même , ayant de Fabondan- ce en de ceruins temjps , & étant réduits dans d'autres a manquer de tout, n bien que nous ne mangions point pendant vingt & quatre heures, âc quelquefois même d'avantage. La rai- fon en eft, que dans ces petits Canots d'ecorce, on ne (àuroit fc charger de beaucoup de choies. Âinfi quelque précaution que Ton ait , on fè voit fou- vent dénué de toutes les chofcs ncccflài- res à la vie. Si nos Religieux de l'Eu- rope efluioient autant dp fatigues & de pravaux> Se s'ils faifpicnt dc$ «ibflinen- ccs Daus l'Ameriq. Sept, 335 ces pareilles à celles, que nons avons faites fi long temps dans TAmerique, on ne demanderoit point d'autres preu- ves de Canonifàtion, Mais il faut di- re aufli, que ce qui ôtoit le prix à nos jeûnes, c'eft, ^ue Ci no^s fbufirions dans de femblables conjonâures , nos fouflfrances n'étoient pas tout à fait volontaires. Nous fàifions, com- me on dit ordinairement, de ncceiïitc vertu. CHAPITRE fo. 7)es Vf ellards pleurent pournous pendant la nuit. Nouvelles infultes d^ Aquîpaguetin, Ma- nière , dont les Sauvages al- lument du feu par frixton. PEnJant plufieurs nuits il y avoit des Vielburds qui venoient pleurer fort amèrement fur npu^. Ils nous &ottoient Ê^uv^nt le$ b/^ ^ toi^t le ^ corps jji Nouvel. Déco u^, corps de leurs mains, lefquelles ils nous mettoient en fuite fur la .tête. Ces pleurs me fàifbient beaucoup de peine. Ils m'enpêchoient de dormir; &nous avions pourtant befbin de repos après la grande fatigue du jour. Par deflfus tout cela ils medonnoient de Tinquié- tudc. Je ne fàvois qu'en penfer. Il me fcmbloît , que ces Barbares pieu- roient, par ce que quelques uns de leurs guerriers avoient refblu de nous tuer. Et je m'imaginois aufli parfois, qu'ils pleuroientpar un effet de la corn- paflîon, qu'ils avoient du mauvais trai- tement , qu'on nous faifbit, Ainfi ces larmes me fàiibient bien de la peine. Dans une autre occafion Aquipaguc- tin rentra dans (es facheufès numcurs. Il avoit fi bien ménagé la plus grande partie des guerriers, qu'un jour ne pou- vant camper auprès du Chef Norhetobâ qui nous protegoit, nous fiimes obli- gez de nous ^er placer avec noftre Ca- not , & nôtre équipage ati bout du cam- pement. Alors ces Barbares nous fi- rent connoîtit , c[uc ce Gief avoic ab- m^ *t-'a Dans l'ÂMERia- Sept.' jjf fblumcnt refolu de nous caflèr la tête* Cela nous obligea de tirer encore d'une caiflfc vingt couteaux, & du tabac, que nous jettames tout en cokre au milieu des mccontens. Ce malheureux regardant Ces gens les uns après les autres fèmbloit hefiter leur demandant leur avis pour fà^ voir , s'il refliferoit, ou s'il accepte^ roit nôtre prefcnt. Comme nousbaif- ftons la tefte en luy mettant une hache à la main pour nous tuer , le jeune Chei^ qui feifoit fèmblant d'eftre nôtre Pro- teâcur, & qui Teftoit peutêtre en ef- fet, nous prit par le bras, &tout eit furie nous mena à ù, Cabanne. Un de les frères prennant des flèches les cafli toutes en nôtre prefence, pour nous affiirer parla, qu'il empêcheroit, qu'on ne nous tuaft. Le lendemain ils nous laiflerent (culs dans nôtre Canot fans [nous donner des Sauvages pour nous aider, comme ils avoicnt fait ju(ques là. Ils demeurè- rent tous derrière nous. Après quatre ou cinq lieues de navigation un autre P Chef (■■ jj8 Hottvti;, Dbcout.. Chef vint à nmaa de nous fit debar- qucf. Apmcek il mdàu de Therbe, & en fit ttoia petits monceaux , fur leicpids i noi» fit aflcoit. En fuite il prit un bout de bois de cèdre tout plein dli& petit» eveux vonds, dans Tun déf- ilas il OMA une baguette plus dure que le cèdre. U frotta rucfetrân cette ba- guette entre les paums de (es mains, & ékam dit (en db cettse manière. Il fe fbnrit de ee fini pour aUumer le ta- bac de Son gnand Calumet, & après quiii eû^pkuieé ^idque teoBfts , ôc qu'il nous eât misiko mains fiiir la. tête, il me doKMi^à focaer danaucD Calumet de paÎB, èc nous fit connaâtce, que dans fix jours, noua ftdonfi dans ion paiSL A *-Cu '« ,-.. ^ : » ». CHAP- Dans l'AmbMcx. Sei^t. 339 C H APITRE 51. Cérémonie des Barbares^ lors qttils part agitent Us prifon^ niers % et continuation du 'voyage par terre. # APrâs dotfic que tiôusi cames ainft voyage dix neuf jours en Canot, nous arrivâmes enfin à cinq ou fne lie- lies du Saat, que nous avons nommé de St. Antoine, comme nous avons eu lieu de le reconnoitre depuis. Ce& Barbares nous firent mettre pted à ter- ne dans une Anfè du Heuvç^ Me^a(ï- pi , après quoy ils s'aflfembl^nt pota: avifer , à ce qu'ils fcfôîenit de fîoUi. En- fin ik nous feparéfent, &c rîôùs rfoA- nércnt à trois Chefs de Famille à la pla- ce de trois de leurs enfatts , qui avoicnt cfté tuez à la guerre. ApYés cela ils k feifîrent db nôtre Canot, éprirent tmw rtôtare éqitipage. ïlk mîfcnt le Canot cttpicees, d peur que noite ne nous en P z fer- il* i j4o Nouvel. Bbcouv« fcrviflîons pour retourner chez leurs en- nemis. Ils cachèrent les leurs dans des Aunaycs pour s'en (crvir , lors qu'ils Toudroicnt aller à la chaflè, ôc quoy 3ue nous puflîons nous rendre commo- cmcntpareau dans leur pays, il nous obligèrent pourtant de faire Ibixantelie- îîcs par terre. Ils nous faifbient marcher ordinai- rement depuis la pointe dujour jufques à deux heures de nuit. Nous paflions le> Rivières à la nage. Ces Barbares, qui font pour la plus part d'une taille extraordinaire , portoicnt nos habits de notre équipage fur la tefte , Se nos deux Canoteurs, plus petits que moy, fur leurs épaules, par ce qu'ils ne favoient na- ger. En (brtant de l'eau, qui e'toit louvent toute pleine de glaces, par ce que nons tirions toujours vers le Nord à peine pouvois je me foutcnir. La gdèe même continuoit encore toutes les nuits dans cette faifon là. Nous a- vions donc les jambes toutes fânglantcs des glaces que nous rompions à mcfu- tp , que nous palEons à gay des Lacs ou j: *i Dans l'Ameriq^ Sfpt. 541 •u des Rivières: Nous ne mang'ions qu'une fois en vingt quatre heures* En- core n'ctoit ce que quelques morceaux de viande Boucannce , que ces Sauva- ges nous donnoicnt à regret. J'cftoit fi foiblc 5 que je me fuis fou- vent couche par terre, rcfolu de mou- rir plutôt que de fuivrc ces Sauvages, qui marchoient d'une vifteiTc extraoïdinai- rc, laquelle furpaflTe toutes les forces des Européens. Afin de nous faire hâ- ter, ces Barbares mettoicnt fouvent le feu dans les herbes fcchcs des prairies, par lesquelles nous partions. Ainfi nous c- tions obligez par force de marcher , ou de nous laiflcr brûler. J'avois un Cha- peau , que j'avois pris pour me garentir de Fardeur du Soleil pendant Tcfté. Je le laiflai tomber bien de fois dans le feu , par ce qu*il n'ctoit pas fermp dans ma tefte. Ces Barbares l^n re- tiroient, & medonnoient la main pour me fauver du feu, qu'ils avoient ainfi allum étant pour haller nôtre marche qu'afin d'avertir leurs gens de leur re- tour. Je dois dire ici, que fi le Picard P 3 du 54^ Nouvel, Decoùv. du Gay ne m'eut fouvent fortifié dans ce pénible & fâcheux voyage, j'au- rois indubitablement fuccombé à la faû- guc , par ce que les vivres & les for- ces me manquoient. j CHAPITRE ft. Conteftation des Sauvages fur le partage de nos marchanda fesy & de notre équipage a^ n)ec mes Ornemens Sacerdo* ' teaux^ & ma Caffette. A Prés avoir fait environ foixantc lieues de portage, & après avoir fouffert le 6im, la foif , & mille outra- ges de la part des Barbares, marché jour at nuit fans deiai, pafle des Lacs & des Rivières à gay, & fouvent mê- me à la nage, comme nous approchions du village de ces peuples, qui font fituez dans des lieux marécageux , & înaccesfibles à leurs cimemis, ils parta- gèrent gèrent «êtitt'ieak «omes kt ti^nthan^ liTes de nos d(!ux Canottiirs. Pea s'en fiUut, qu'ib ne «'entre «udflèntpourfc rouleau de tabac de Martinique, qui ttoit mcort d'eiivitt)n cinquante li- vres. C«s peùf4es en fent plus de cas ^ue les EiMfï^ns ne font de l'orA Ils en ont de très bon parmi eux. Mais tduy, que nous avions, etok fi bien filé , & fi bien tourné en andouïlfetcs, qu'ils en étoient cbarmef. Les plus ràifbnnaibles d'entr'eux nous firent connoître pàrfigneis, qu'ils doh- neroient phifieurs peaux de Caftors à nos deux Canotturs, pour ce qu'ils nous prenoient. Mais ks autres nous ayant pris comme Efclaves , par ce quHls difoient, que nous portions des armes à leurs ennemis, foutenoient, qu'ils n'ctoient pas oWigex de donner du retour pour les chofes, qu'ils nous prenoient. Tout cela fe paflbit aîtifi, par et que cette bande étott compofc'e t!fc deux ou trois peuples diffeens. Lei plus clognez craignant, que les au- P 4 très 544 Nouvel. Decouv. trcs ne rctinflcnt toutes les marchandi- ses dans les premiers villages 5 ou ils dévoient paflèr, voulurent par avance en prendre leur part. Ces Barbares n'eurent pas plus d'c- gard, pour ce qui me regardoit, que pour les marchandifês de nos deux Can- noteurs. Us prirent donc auilî ma Chafublede brocard, & tous les ornc- mcns de ma Chapelle portative, ex- cepté le Calice , qu'ils n'ofcrent tou- cher. Ils voyoient, que ce vafe d'ar- gent dore reluifoit. Ils fcrmoicnt donc les yeux, de nous firent comioître de- puis, que c'étoit un efprit, qui les feroit mourir. Ils voulurent brifer une Cafîctte, que j'avpis , 3c qui fcrmoit à clef. Ils me firent connoitrc, que fî je ne l'ouvrois^ou fi je n'cnrompois la ferrure, ils le fcroicnt eux mêmes avec des roches pointues, quils me montrèrent. Le fujctdc cette violence vcnoit, de ce qu'ils n^'avorcnt pu ou- vrir cette caflctte pendant h route, ce qu'ils avoient tente plufieurs fois pour viiiter . ce qu il y uoit enicrmé. Us ' ■ n a- ëw .* l: Dans l*Ameriq. Sipf. J45 n'avoient aucune connoiflànce desclcfs) ni des ferrures. D'ailleurs ils ne prc ^ tendoient pas fe charger de la Caflcttc > mais feulement des hardes qui y cto- ient. Je l'ouvris donc , & quand ils vi- rent, qu'il y avoit fi peu de chofes> & qu'il ne s'y trouvoit que des li- vres & des papiers , ils la laifTc* rent la. CHAPITRE f 3. . * La troupe approche du village^ Confetl des Sauvages pour favoir ^ s'ils nous tuer oient , êu s'ils nous fauveroient en nous adoptant pour leurs en-- fans. Réception n que nous firent ces peuples , à' de l'ufage 5 qu'ils firent de ma^ Chajuble. A Près cinq fort grandes joiirnces de marche par terre fans nous rtpofeu: V % que t V.I ■ -\ 4f i.' : » J46 Nouvel. Decouv. que très peu pendant la nuit à la belle ctoiUe, nous appcrçumcs enfin quan- tité de femmes & d'enfàns, qui ve- noient au devant de nôtre petite Ar- mée. Tous les Anciens de cette Na- tion s'aflèmblerent à nôtre fujet. Nous yojïons des Cabannes , aux piliers des quelles il y avoit des torches de paille, éc de grandes herbes feches , ou ces Barbares ont accoutumé d'attacher Ôc de bruflef" les Efclaves , qu'ils ont conduits chez eux. Us faifbient chanter le Pi- card du Gdy, qui tcnoit entre Tes mains, & qui fecouoit une Caleballc remplie de cailloux ronds. Te voiois de plus, que fe cheveux Ôc fon vifage étoient peints de couleurs diflfèrcntes, & qu'on avoit attaché une touffe déplu- mes blanches à {à tête. Nous crûmes alors avec beaucoup de raifon, qu'ils avoicnt deflein de nous faire mourir. Nous en avions des conjcâures aficz fortes de aflez plaufibles. ils pratiquè- rent en effet pluiîeurs cérémonies , qui leiu* font ordinaires^ quand i).s reulent l^ruler leurs ennemis iA Le FI Dans L'AMERtQ. SE^t. 34) Le malétoit en tout tela, qu'aucun de nous ne pouvoh iè faif e «itcndre à CCS Sauvages. Ccpeficfant après plu- (îeurs vœux , & pluficufS pticres, que les Chrétiens doivent faire à t)ieu ca de femblables occafions , ces Barbares nous donnèrent à manger de la Folle avoine, dont f ai fait mention. Il nous la prefentérent dans de grands plats d'é- corce de bouleau. Les femmes Sauva- ges Tavoient aflàifonnée avec des bluer. Ce font des graines noires, qu'elles fontfecher au Soleil pendant Tété, de ?ui font auflî bonnes que dès rai/îns de ïorinthe. Nos Plamans les appel- lent en leur langue Clakebeften. Pendant ce Feftin, qui étoit le meil- leur repas ^ que nous enflions fait, de- puis que ces Barbares nous avoient pris,il y eitt de fort grandes conteftations entre Aquip^guctin & les autres fur la diltribu- tioii^ qu'ils voiîloicnt faire de nos deux Canoteurs & de moy. Enfin Aquipague- tin comme CKcf du parti l'emporta, & fir tournant du côté de Tun des principaux Chefs , il me prefcnta i fïï- - P 6 mer 34? Nouvel. Decouv. mer dans fon Calumet de paix , & if reçut en même temps celui, que nous avions apporté , comme le Symbole de Funion , qui devoit être désormais en- tre ces Baibares & nous. Il m'adopta donc pour fon fils ?. la place de ccluy , qu'il avoit perdu à la guerre. Le Capitaine Narhetoba & un au- tre en firent de mcmc avec nos deux Canoteurs. Cette fcparation nous fiit fort feniîblc, quoy qu'elle fiît mcflcc de quelque plailir, de voir qu'on nous laifloit la vie. Le Picard du Gay me tira à quartier pour fe confeflèr, par ce qu'il ne pouvoit encore s'afliirer. Il craignoit donc de mourir de la main de ces barbares. Cela l'obligea de m'cm- braflcr cordialement, & de me deman- der pardon du pafle après Tavoir de- mande à Dieu, J'euflè étc ravi de voa Michiel Ako dans de (cmblables difpo- fitions. Je n c laiflai pourtant pas de leur donner à Tun & à Tautre des» marques d'une extrême tendreflc. •. Enfin les Sauvages nous conduiilrent chacun à leurs^ villages & rious feparc- jrent w n t' Dans l'Ameriq:. Sept. J49 rcnt ainfi. Nous marchâmes au tra- vers des Marais dans l^cau jufqu'a mi- jambe pendant une lieîic de chemin , au bout duquel cinq des femmes d'Aqui- paguetin , lequel m^avoit adopte , me reçurent dans l'un des trois Canots d'c- corce, qu'elles avoient amenez , &mc menèrent à une petite lieiic de ]à dans une petite Ifle, ou etoicnt leurs Ca- bannes.?!''' W CHAPITRE '5+. •n 'W -f^'m Réception faite à fi^intheur fcT les Tarens d'%^quipa^ guet in. Ils le font JUer fout le guérit de fés fatigues. C7- fage^ qu'ils font de fa Cha- . felle , & de fes Orne* mens. iii}> j 'Arrivai dans ce lieu au commence- ment du mois de Mai. i(S8o. Je n'en puis point marquer le joui* pre- V 7 €ifc- j5o Nouvel, Decouv. cifémcnt, par ce que les Sauvages, qui m'avoicnt fort harcelé pendant le che- min, m'empêchèrent défaire toutes les petites obfervations , que j'eulfe bien voulu. D'ailleurs il y a environ fcpt ou . huit heures de difference entre les jours & les nuits de TEuropc, &de TAme- riquc feptentrionale , à caufe de la rétro- gradation du Soleil. Nous avions tou- jours eu le Cap à Oucft depuis la Ro- chelle jufqucs à Qiîcbcc, & depuis Québec au Sud-Oucft jufques à ce que nous fumes arrivez à Mcfchafipi, ce qui faifoit une notable variation de TE- guille aimantée. - '''^ Cette variation confiftoit en un mou- vement inconftant de TEguillc , qui dans de certains parages déclinoit du Nord au Nord-Eft, & dans d'antres fç tDumoit car la Poly- gamie règne parmi ces peuples. Il Iciir dit, à ce cjiie j'appris cnluite, qu'elles dévoient me regarder comme un de leurs fils. En fuite 1 pofâ de- vant moy un plat d'écorce y dans lequel il y avoit des brèmes y ôc d'autres poifibns blancs pour me régaler. Il donna or* die à tous ceux, qui étoient là, de m'appeller du nom, que je devois avoir fcbn le rang, que je tenois dans cette nouvelle Parent e» n :> rj 91 irj Ce nouveau Père voïant , que je ne pouvois me lever de terre, que par le moien de deux perfonnes, fît faire une etuve, dans laquelle il me fit en- trer tout nud avec quatre Sauvages , qui avant que de commencer à fuer, fè liè- rent le prcpucc avec des liens fûts a c- corcc de bois blanc. Il fit couvrir cet- te etuve avec des peaux de Taureaux Sauvages , ^-y-fit poler des cailloux , & des iliorceaux de rochers tout rouées, après quoy il me fit fignc de retenir mon haleine de fois à autre , ce que je fis ^, ^^^. IMAGE EVALUAT iON TEST TARGET (MT-3) // // ^ A ^ 1.0 l.l Lâ|28 |25 m m m u ■ 4.0 2.2 12.0 L8 iiiiJ^Uâ -, ^ 6" ► Hiotografiiic Sciences Corporation ^^^' 23 WiST MAIN STMET WEBSTIR.N.Y. MSSO (7l6)t72-4S03 '^ 4^^ " .^ 554 N«QV£i.l« DficOav» fis comme ks Sauvagts, 4^ui ccoient avec moy; Du tcStt }e me «mten^ tai de me couvrir d'un mouchoir. D'abord que ceâ Baléares eurent fuiz\& leur haleine àvéc tffti, defbrce^ Aquipj^iuetm commença à ehamêrd'u* ne voiit forte êc ^cnfimmc. Les autres le jècondétcnt^ Jk me me^tâiis tous la main &x le corps, ibme feoctofeAt) Bc pSeuroieiit amèrement. Je commetiçols à tomber en défàâUance , ôc cela m'o- bligea Jk fertir de f étuve. A peine pu je prendre mon hJbk de St. Fnnçois pour me couvrir, tant fc- tûis fbible. îh contkiuérent de me frire fiier de la même manière trois fois la fèmaine. Cela me rendit de la vigueur , & je me fèntis auffi fàii^ ic auffi &3n qu'auparavant. im:^:ém^y^i!m:ym}j ^^■^^^^M-î-"% CHAP- ..t.^4, ■K' Dans l'Ameriq^ Sei»t. | j i CHAPITRE yy. ^^^ f4/«i, que Pi^ut heur fouffre parmi les Barbares. Ils ad- ...tniroient fa Bouffole , & < une marmite de fer ^ qu*il a^ ^ voit. It cûmpofe un petit " 1>i£iionaire^ & les infiruit fur laReligim 9 fur la Tolj* garnie i &le Célibat. j i j }■■■ • C ■; .V *.»».♦- M» »«•■; * il--» f^.i, £ paflbis ibuyent de mediantéi heures parmi ces Sauvages. Aqui'* p^uetin, qui m^avoit adopté, ne me Oonnoit qu'un peu de folle avoi* ne cinq ou m. fois la fenaînc avec des œuË de poiflbns boucannez pour me nourir. Les femmes Mbient cuire tout cela dans des pots de terre. De plus il me menoit dans une Ifle voifine avec iês en&ns, des. hommes» & des femmes pour y labourer la ter* re avec une pioche, & une petite bê- che \ 356 Nouvel. Decouv. chc, que j'avois retirée des mains de ceux, qui nous avoient volez. Nous y femâmcs du Tabac, & des légumes de l'Europe, que fy avois portées, & dont Aquipaguetin faifoit fort grand cas. Cct.homme pour fe rendre plus con- sidérable parmi fa Nation aflèmbtoit fou- vent les Anciens de fbn village , & en leur prefence il me demandoit ma bouf- foie, que i'avofs gardée avec moy. Lors que je faifois tourner' Têguillc aimantée avec une clef , il difbit avec raiibn , que nous autres Européens al- Kons par tout le moude guidez par cet- te machine. Ce Cher , qui étoit habile Orateur perfuadoit à tout foii inonde^ que nous étions des efprits» & que nous étions capables de faire des chofès, qui furpaffoiertt leurs for- ces. A la fin de fon dticours qui étoit fort pathétique , tous les Vieillards plcuro- knt fur ma tête , admirans en moy > ce qu'ils ue pouvoient compren- dre. - J'avois une Marmite à trois pieds de \ à f ins de Nous îgumcs Ktées, : grand Dans l*Amf.riq. Sept. 357 de la figure d'un Lion, dont nous nous (èrvions dans le voy^c pour cuire nôtre viande. Ce vaifïeau n'é- toitpasfi fujet àfè caflèr, que les chau- dières ordinaires, lefquelles font plus fragiles, de forte que nous voiant Tans Chaudronnier pour les raccom- moder au befoin, nous avions pris cette Marmite. Les Barbares ne To- fércnt jamais toucher de la main (ans l'a- voir auparavant envdiopée de quelque Robbe de Caftor. Ils en donnèrent une fi grande terreur à leurs fem- mes , qu^elles la £iifoient attacher k quelques branches d'arbre. Autrem.ent elles n'auroient ofé fe rendre ni dor- mir même dans la Cabanne, û elle y eut cte. Nous volumes en faire prefènt à quelques Chefs. Mais ils ne voulu- rent ni l'accepter ni s'en fervir, par ce qu'ils croioient, qu'il y avoit quel- que malin £iprit caché , qui ks au- roit fait mourir. Tous ces peuples font fojets à de pareilles fiiperftitions. Les Jongleurs leur font croire, tout ce m- I I j58 Nouvel, Deco'ut, ce qu'ils veulent. Je fus quelque temps parmi eux fans pouvoir me faire en- tendre. Mais la faim commençant à me preder» je me mis à &ire un Diâio- naire de leur langue par le moien de leurs en£ins. Je me familiarifois a- vec eux, autant qu'il niTétoit pofli- ble, afin; de m'inftruire. , ^ ^, D'abord que j'eus apris le mot de Ték^tchûéle» y qui (ignifie en leur langue, comment appelles tu cela? Je fus bientôt en état de vaiionner des chofes les plus fàmiliacres avec eux. Cela m'etoit allsz difficile au commsen* cernent , parce qu'il n'y auott point d'In- terprète y qui entende les deux langues. Âinfi pour demander le mot de cou- rir par exemple, je doublois mes pas, & je courois eflfedivement d'un bout à l'autre de la Cabane» afin qu'en (uite je ptiHlè mettre dans mon Di- âionaire le mot de leur langue y qui (ignific courir. Les Ckefs> de ces Barbaces ^ voiadn mon inclinadon à apprendi*^ leuii langitt me difbtent Ibuveot X Vâ$ddfm ig4gAà^ c'eft l t\- dire Dakts VAmmo^ Sbpt. 359 dire , £%rit , ta preos bien de la peine. Mets du noir fur le bhnc. Ptif. ce moieo ils me £ûfi>ient fixiYeot è^ crire. Ils me nommotent \m jour toutes les parties du corps bum^^ Mais je ne voulus point coucher fiir le papier certsûns termes hcoiiseux^dont ces peuples ne fbnt point cb icfupidc de fè ièrvir à toute heure» Ih me reitéroient fiauvent le mot i^igagdti: pour me diyc^ £%ity mets donc aui^ fi ce mot comme les anores, -^ - ?t Ik iè dbertiflbicnt ainfi avec mo^^ & (è diibient fouvent Tua à Fautvey quand nous interrc^eonsî le Pcre Lor- uïs, car ils m'avoient ainfi ouï noni^ mer par nos Canoteucs, ili i» nous répond pas. Mais dés qtt^il a cqpstrdé,, ce qui eft blaac> pas ce ({Urib n'ont point de tenue pour defignev le paN>; pier , il nou» tépond, & flious) âk en>^ tendre fès pénféc^. Il: faut 9 ^ucsv lent ils, que cette chofr blafushe fôit un Eipât, qui lu^ fiiit csouHUdre tout ce que nous luy difbns. .ife ttidiBnc une coniieqttecKe^ dff> làc Cfeft,. ïfxç, nos j^o NouviLL. Decouv, nos deux Canoteurs n'avoient pas tant d'Efprit que moy, puis qu'ils ne.pou- roient travailler comme moy, fur ce qui eft blanc. Ainfi cette écriture leur faifbit croire, que je pouvois " ■ Lors que ces Sauvages voioient , Ju'il tomboit de la pluie en û gran- e abondance , que cela les empé- choit d'alier àiachaflè, ils me difbient de la faire ceflèr. Je favois dcja af- fcz de leur langue pour leur repon- dre. Je leur difbis donc en leur monfkant du doigt les nuces ,. que cduy, qui ctoit le graud Capitaine du Ciel, étoit le Maître de la pluïe ôc du beau temps, & qu'il difpofoit de tous les cvenemens en gênerai des homme , & de tout l'univers: que ce qu'ils me difoient de faire, dependoit du premier Moteur, & non pas de moy : qu'il m'avoit en- voyé chez eux pour le leur faire con- noitre comme leur Créateur. & leur Hedcmpteur. !> vol ^lon ^ff^-^ «^^^ ' Ces Sauvages me voïant diftingué «ou * par 1 V Dans l'Ameriqa Sept. 361 par mes habits de nc^s deux Canoteurs^ & n'aiant point de copnoiflânce du Cé- libat ^ me demandoient fbuvcnt, quel âge je pouvois avoir , Ôc combien j'a» vois de femmes ôc d'enâns. Ils ont accoutumé de conter les années par les hyvers. Ces hommes, qui font fans lumières & fans inflrudion , étoient fur« prisdela réponic^que je leur faifbis. Je leur difois donc eh leur montrant nos deux Canoteurs , quç j'étois allé viflter à trois lieiies de nôtre village , qu^un hom- me ne pouvoit époufer qu'une femme parmi nous, laquelle même il ne'pouvoit quitter que par la mor|t: que pour moi jVois promis augrjaad Mîutre de la vie de vivre fins femme , & de venir de- meurer avec eux pour leur faire corinoî- tre les volontez du grand Maître du Ciel & de la Terre, & pour vivre pauvre-^^ ment avçc eux ,.[eloigné de mon pays , ou toutes fortes de biens abondent. ,,;\ ^; '| Il cft vrai, me dit un de ces Barba-' res, que nousn^avons point de chaf^ fe en ces lieux, & que tu fbufïres. Mais attens Tété, Nous irons tuer u. .0, des >• I / •;^:*:35f^ ■^ --f^ '3 ■^• LE nommé Ouaficoudévc'éft à dire le Pin percé, le plus fage, & le plus confiderable de tous les Chefs des Iflàti & Nadoueflàns , fit paroitre de l'in- dignation contre les Guerriers , qui nous avoient fi maltraitez. Il dit en plein Confeil^ que ceux, qui nous a- . Q, * voient m\ ;■ ' • V 3^4 Nouvel. Dicouv. voient volez, ce que nous avions, ctoicnt femblâbks à des Chiens affamez, 3ui derobbent un morceau de viande ans un plat, Ôc puis s'enfuïent: que ceux y qui en avoicnt ufé de la (brte à nôtre égard, meritoient, qu'on les re- gardât comme des Chiens y puis qu'ils a* voient fait un af&ontfànglant à des hom- mes y qui leur apportoient du fer & des marchandifcs, dont ils n'avoient point eu de connoiflonce juiques là, & qui leur étoient pourtant fi utiles: qu'il trouveroit un jour le moien de fe van- ger de cehiy, qui nous avoir caufë cet outrage. Cette reprimende étoit dig- ne d'un Chef de l'importance de Guaii- coudé Cette aâion genereufe fut fort u- tile du depuis à toute la Nation, . com- me nous le verrons dans la fuite. Comme j'allois fouvent vifiter les Ca- bannes , je trouvay un jour l'Enfant d'un nommé MamenÛî fort malade. L'a- yant un peu examiné , je vis , que cet En- fant n'echapperoit pas de la maladie. Je priay nos deux Canoteurs de m'en dire leur fentiment) & ie leur fis con- gntîiroy £^0 • * » nov *• Da'ns L*AMERiQi Sept, '3^5 noîtrc, que je croiois être obligé en confciencc de le baptifer. Michel A ko ne voulut pas venir avec nous Ains la Cabanne, ou cet Enfant ctoit malade. 11 me dit pour s'excuicr , que je favois , que pour n'avoir pas voulu disconti- nuer de dire mon Bréviaire , nous avions couru rifque d'être maflàcrez par les Sau- vages : qu'ainfi il ctoit à craindre , que le Baptême , que nous allions faire , ne nous exposât au même danger. Ce malheureux aimoit mieux con- fcntir à quelques fupcrftitions des Bar- bares, que de m'aidcr dans un fi loua- ble deflcîn. Il n'y ait que le Picard du Gay, qui me fuivit pour fervir de Par- rain , on plutôt de témoin à ce Bap- tême. Je nommay cet Enfant Antoinette à caufe de St. Antoine de Padoiîe.d'au- tant plus que ledit Picard du Gays'ap*- pelloit Antoine Auguelle, natif d'A- miens , & Neveu de Monfieur du Cau- roi Procureur General des Prémon^ trez , & du depuis Abbé de Beaulieu , à qui je le rendis à nôtre retour du Ca- nada. Je pris donc un petit plat d'e- * . Q.Î ;" corcc A . • c j66 NonyiL. Dscouy. corce fàvLte d'autres utenfiles, & j'y mis de Feau commune, & ordinaire. J'en vetiày fur la tête de cette fille Sauvage, & je profcray ces paroles, Créature de J)Uu^ je teBaptifeaunom du Pere^ du Filsj C^duSt, J^rt. Je pris la moitié d'une nappe d'Autel, quej'avois arra- chée des mains d'un Sauvage, lequel me Tavoit volée , & je la mis fur le corps de cet Enfant. ■^^ Au refte je n'accompagnayçe Baptê- me d'aucune autre Cérémonie, parce que je n'étois plus en eut de dire laMcife, âcqueje n'avois plus d'omemens Sa- cerdotaux. Je crus , que ce linge ne pouvoitfervirà un meilleur uiàge , qu'à celuy d'enfevelir le premier Enéuit de ces pays là, qui euft été honoré du St, Baptême. Jenefài, fi la douceur 4ie ce linge avoitcaufé quelque efpécede ibulagement à cette nouvelle baptifée. Mais enfin elle rioitle lendemain entre les bras de fà Mere^ qui croioit que î'avois guéri (on Enfant. Cependant elle mourut quelque temps après, ce qui me donna beaucoup de iàtisfaâion écdcjoyc, ^^ k Si Pans l'Aweriq:. Sspt. ^67 Si cet Enfant fuft revenu en fintc , il c'toit fort à craindre, qu'elle ne (ui- vîtles traces de fcs Parens, & qu'elle ne demeurât dans leurs infâmes fu- perftitions faute de Pf édicâteur pouc ISnftraîl^e. Et en effet fi ceux de fa N^iën deitlèur^t dàrts leà ténèbres de f igiiôcancé , & s'ils continuent à; |>ccherfàns laLoy, ils périront comme dit d'Apôq^e , fins la Loy. J'ctois donc fort auè , que Dieu euft tiré cette nouvelle " bàptîfée de ce moridc , de peur qu'elle ne tombât datts les ten- tations , fi elle venoit à fc guerrir, êc que ctla ne fervît à Fcngager dans Terreur, & dans le vice. J'ai fou- Vdit attribué ma codinration au rtî^ lieu des grands dangers , que fai cou-* rus au foin que j'avois ftk de bàp- tîfcr cet Enfant. • > i. i •*'^- ^ '^ 3^8 Nouvel. Dbcouv. CHAPITRE J7. Ambûffade envoyée aux l(fati . par des Sauvages , qui ha- bitent à rOuefi de ces Tm- fies. Ce qni fait voir y qu'il n'y apotnt deTUtroit d*A' ; vien , & que le Japon e/i ,j dans le même Continent que , la Louijîane. ^^ i, . i . #> SOus TEmpcrcur Charles Quint nos Pei es Rccolleds furent les premiers envoyez par fon Ordre dans le Nouveai^ Mexique en qualité de Miffionaires •, 6c de ce temps là ils furent au de là de la Mer vermeille. La plus remarqua- ble des Epoques du Détroit d^Anien cft au temps de notre Excellent Religi- eux Martin de Valence, qui fut le premier Eveque de la grande ville de Mexique. Nous avons dcja fait men- tion de luy. ^ , Y- Dans - / * \ Dans L'AMERia Sept. jdp Dans la fuite du temps on à recon- nu , que ce Détroit d'Anicn étoit ima- ginaire. Plufieurs pcrfonncs diftinguccs par leur grand (avoir font de ce fcntimcnt. Je puis joindre ici une preuve de cette vérité à toutes les leurs. Ccft^quepcn- daJÉ , que j'ctois parmi les lÂàti & les Nadoiiclîàns , il y vint quatre Sauvages en Ambadàde chez ces Peuples. Ils vc- noicnt de plus de 500 lieues du côté de rOticft. Ils nous firent entendre parles Interprètes desiflàtij qu'ils avo^ ient marché quatre Lunes. C'eft ain- fî, qu^ils appellent les mois. Ils ajoû- toient, que leur pays étoit à rOdeft, * & que nous étions au Levant à légard de leurs Contrées ; qu'ils avoient tou- jours marché pendant ce temps là iàns s'arrêter que pour dormir, & pour tuer • à la chaflë dequoi fubfifter. Ils 1101» aflîiroient , qu'il n'y avoit point de De - troit d'Anien, &qu'afruré ment ils n'a.» voient rencontré nipaflé dans leur rou- te aucun grand Lac, c'eft le terme, doac les Sauvages fe fervent pour rcprefen- * ter la ^er^ ni aucmi bras de Mer, 0.$ l^ .<• \ t 370 Nouvel. Deco'uv. Ils nous certifièrent de plus, que la Nation des Afiènipoualacs , dont le Lac eft marqué fiir la Carte, & qui font au Nord-Eft des Iffati, n'étoient qu'à (ix ou fept journées de nous: que toutes les Nations de leur connoiflànce, qui font à lOucft , & au Nord-Oncft, n'ont aucun grand Lac aux environs de de leurs vaftes Pays, mais feulement des Rivières, qui décendent du Nord au travers des Nations voifines de leurs Confins du côté du grand Lac , c'efl à dire de la Mer dans la langue des Sau- vages : que là il y a des Efprits, &des Pygmécs ou petits hommes, par ce qu'en effet ils font d'une très petite fla- ture, comme les peuples plus avancez les en avoicnt aflùrcz, & que toutes les Na- tions qui font fituées au delà de leurs pays, & qui font les plus proches d'eux , ha- bitent dans des prairies, 8c dans des campagnes immenfes, ou on trouve quantité de Taureaux Sauvages, deCa- ftors, qui font plus gris que. ceux du * Nord , dont le poil tire, plus fiir le noir, & pluiieurs autres beues fauves, ; ! ■ :.C qui ; l qui foumiffent de très belles pellctc^ ries. Z/r^J- Les quatre Sauvages fusdîts, qui é- toient venus en Ambaflàde, nous ont encore affurez , qu'il y a fort peu de forefts dans les pays , par lefqucls ils a- voient paflc pour fe rendre au lieu , cm nous cticMîs, & qu'ils étoient par fois obligez de faire du feu avec de la fien- te de Taureaux Sauvages pour cuire de la viande dans les pots de terre, dont ils fe fervent, n'en aiant, &n'cn con- noiflànt point d'autres. Toutes les circonflances, que nous venons de rapporter, font connoître, qu'il n'y appoint de Détroit d'Amen, comme on le reprcfcnte ordinairement' dans les? Cartes. Pour pettve delà créance que ftn ai , je m'offre ici de tout mon tcEur de rctovfmcr avec tels Vaiffcauy, queSaMajcftéBrittannique, ou les Hauts & Puifftns Seigneurs des Eftats- Generairx des PVovineey unies trouveront âpropos d'y envorer pour cîv foire l'entière I><^couverte.' Je n'ai ^ point d^autre but devant les yeux, que CL6 la X-. ^ • — ! .) J7^ Nouvel. Decouv. la gloire de Dieu, la propagation de rtuangile , Tinftruiîiion de tant de peu- ples aveuglés & ignorans, qu'on négli- ge depuis tantdeSiécleS) & Tutilité du Commerce , qui étant bien entendu, augmentera de plus en plus entre les fu- jets du Roy d'Efpagne mbn Souverain , ôc ceux de Sa Majcllé Britannique ^ des dits Hauts & Puiflàns Seigneurs : la correfpondance, & Tunion propre aies faire vivre, & à les faire travailler en conunun au bien public. Je décla- re, que je n'ai point d'autre viic. Se que d'ailleurs mes intentions font pures & droites, & que je fbuhaite de rendre Tervice à toute la terre , fauf le refpeâ & Tobeiffincc que je dois premièrement à mon Prince naturel, au Roy d'Angleterre, & à leurs'Hau- tes Puif&nces, aufquels je, dois beau- coup pour le bon accueil > qu'ils m'ont Fait. Peut-être que d'autres m'au- roient très mal recompenfc de mes pénibles voyages , dans lc{qucls je m'é- tois propofé de contribuer à la gloire de Dieu , au falut des Âmes ^ & au bien t> -, >. *. r..;- . /♦■•, Dans L*AMERia« Sept. 37 j bien de TEuropc. Je fai bien qu^cn pcnfcr. Depuis pullicurs Aniiccs quel- ques efforts , que les Anglois & les HoUandois, les peuples du mon- de , qui voyagent le plus fur l'Océan , aient pu faire pour aller à la Chine Ôc au Japon par la Mer glaciale , ils n^ont pu y rcuflîr jufques a prcfent. Mais par le moien de ma Découverte ;'es- pcre 5 Dieu aidant , que toute Wiuroçe verra, qu'on pourra trouver un parta- ge commode pour s'y rendre. On pour- ra en effet fe tranfporter par des Riviè- res capables de porter de gros VailTeaux dans la Mer pacifique, & de la il fera aifé d'aller à la Cninc & au Japon fans paflcr fous la ligne Equinoâiale. Ceux, qui auront leu ma Relation, Ôc qui examineront un peu les Cartes, qu'on y a jointes, reconnoîtront aifç* ment U vérité, de ce que je dis. r . .- •♦ ' ' - • k't-' '' -:jji5v:j A ■ i ■ p- \ M' . des Euro- péens à la Rivière de Ouïsconfin, qui fe décharge dans le Fleuve Mefchafipi , & que félon la promeflè, qui m'en a- voit été faite par le Sieur de la Salle, ils dévoient s'y rendre avec du fer^ & d'autres marchandifes , qui leur é- toient inconnues > & que s'il vouloit tourner de ce côté là, j'en aurois bien de la joye. Il y feroit venu volontiers. Mais ceux de fà bande l'en empêchè- rent. Nous déftcndîmes donc vers le com- mencement du mois de Juillet i6So vers le Sud avec le grand Chef Ouiifi- coudé, & environ 80 Cabanncs de de ijo fàmiHes, & 250 Guerriers. Les Sauvages , *qtii -n'avoient que de vieux Canots, ne purent me donner de place , de peur de m'incommoder. Ils allèrent à quatre journées plus bas pour y prendre du BoUlleau afin de faire un plus .^V' • ' f 37^ NouvBL. Decouy. grand nombre de Canots. Je fis un trou en terre pour y mettre mon Cali- ce de vermeil dore avec mes petits li- vres de papiers jufîju'a nôtre retour de la Chaflè. Je ne gardayque mon Bré- viaire avec moy, afin de n'être pointa charge, j /! . Je me mis fur le bord d*un Lac ^ qui forme la Rivie're de St. François, ou je tendois les bras aux Canoteurs, qui paflbient fort vite les uns après les au- tres, pour les prier de me prendre a- vec eux. Nos deux Européens avoient un Canot , que les Sauvages leur avo- ient donné. Ils ne voulurent pourtant jamais m'y recevoir. Michel Ako me répondit brutalement , qu'il m'avoit mené aflez long temps. Cette répon- fe brufque ôc mal-honéte me caufa beaucoup de chagrin voiant, que j'étois abandonné par des gens de ma Nation & de ma Religion, à qui'jen'avois jamais fait que du bien, comme eux mêmes Favoient fbuvent reconnu chez des per- (bnues de la première qualité , ou j'é- tois rcccu avec toutes fortes de marques N Dans l'Amïîriq^ Sept, j^^ de diûinâion y pendant qu^on les laiflbic à la porte. Dieu qui par (iigrace ne m'a jatnais a- bandonne dans mon voyage, inipira à deux Sauvages de me prendre avec eux dans leur Canot, quoy qu'il fuft plus petit que celuy de nos Européens. J'y fiis continuellement occupé à en jetter Teaii avec unptatdécorce,par ce qu'el- le y entroit par plufieurs petits trous, en quoy j'eus aflcz de peine, parce que je ne pouvois m'einpêcher d'être moîî- iJJe. Cependant il fallut prendre pa- tience. On .peut bien dire de ce petit bâtiment , que c'étoit un Cof&e à mort, à caufe de fà fragilité , & de fbn peu de valeur. Ces fortes de Canots ne pè- lent oj-dinairement qu'enuiron cinquan- te livres, & on les fait tourner à l'envers par le moindre mouvement du corps , à moins que d'être habitué de longue ma\n à cette forte de navigation. A nôtr(j deljarqucmenit du foir, le Picard me fit d'excufe , pour que leur Ca- not étoit à demi pourri, & qu'il fc fuft iudubitablcment brifé ,iî nous y euflîons ' ^ - été là ,1 , . i < T 578 N o u V s L* D B c o u T. été'trokf qu'il nous ciift&)kire(Wren chemin. Nonobflant cette excuie je leur dis , qu étant Chrétiens ils n'en dévoient pas uferde cette nKinitre, fur tout nous trourans parmi àcs peuples Barbares : qu'ils m^avoient abandonne mal ài «propos, me lîtifTant ieul à plus de 800 lieues des habitations éa Canada par les circuits , qu*il Moit faire pour y retourner: que 8*ils avoient receii qudquè bon traitenient des Soulage!;, • , les Dans l'âmeriqs. Sept. 379 les Cheveux avec des cailloux plats, qu'ils ont fait rougir dans le feu : que je n'avois pu rien gagner (ùr eux pour leur falut à caufê de leur (lupidite na- turelle: qu'il m*avoit fallu les prendre d'abord par la partie animale : mais qu'au reile f avois gagné leur amitié par les f .'rvices , que je leur avois rendus : qu'ils jous auroient fans doute tuez après nous avoir fait foufïrir beaucoup , s'ils n'euf- . fent reconnu 9 que j'avois des remèdes propres à rendre la Santé aux malades > chofes dont ils font grand cas. Il n*y eut , que k Picard du Cay» qui en ie retirant chez fbn hofte me pria de Texcufer. Mais le grand Chef Ouaficondé aiant appris Taâion inhu- maine de nos deux Canoteurs, les fit venir au ConfeU, & leur dit, quU me retireroit déformais, non pas des mains d*Aquipaguetin , qui m'avoit adopté après avoir' attenté plufieura feis fiir ma vie, mais de la compag- nie de ces deux mal heureux , qui m'avoient lâchement abandonné. Si je ne me fiiflè avifé de rompre trois flé^ t-lfllfl n *||'in ,A *'*' I 1 jSo NouvELt. Dficouvi flèches en prefcncc de ce brave Chef, nos deux Canoteurs prefens, il les auroit indubitablement fait tuei à Tin- ftant. Je n'oublierai jamais 1 huma- nité de ce grand Capitaine, cpii me traita toujours fi favorablement en toutes chofcs. Nos deux hommes en étant furpris, me promirent en fuite une entière fidélité en toutes cho a 't^-fî-v'",' /rJ^lïrilti'-r?.. /:vv^. , :^v/|, |, *H50 ,^ HFf.ùviil r ^CHAPITRE sr. Les Sauvages font halte au ^' deffusduSautde St. Antoine, . ■ de Tade. Ils Je trouvent en II- nccejjité de vtvres. pKjiur z:^ theur va avec le Ricard à :' la Rivière d'OuïsconJtnr A- ^' vantures d^é leur voyage. . Quatre jours après nôtre départ pour là Chaflc des Taurreaux Sauvages , les Barbares firent hdte à - - ' . huit Vi ■■ y Dans L*AMERia- Sept. 581 huit lieues au dcflîis du Saut de Saint An- toine de Pade fiir une eminence , qui é- toit vis a vis de : la Rivière de St. Fran- çois. Les femmes Sauvages firent leurs Chantiers en attendant ceux , qui dévoient apporter des ccorces pour en faire des Canots. Cependant la ;eu- udlè alloit à la chafTe des Cerfs, des Chevreuils & de Caftors. Mais ib tuoient fi peu de bêtes fauves pour autant de gens , qu*a peine chacun pouvoit il avoir un morceau de vian- de. Il falloit fè contenter d'avaller du bouillon une fois en vingt quatre heures, j-jj ■^:js^t-tpj:i^ ^. -4 Cela nous obligea le Picard du Gay & moy de chercher des fenelles, des grofèiles , & de petits fruits Sauva- ges, qui nous faifoient fouvent plus de mal que de bien. Je fuis per- fuadé que iàns TOrvietan en poudre, dont nous nous fcrvions pour corri- ger la mauvaife nourriture, nous euf- fions couru grand danger de la vie. Cette extrême neceffité nous fit pren- dre la rcfolution au refus, que Mi- chel i t.;. Jt i 1 381 NoilVE L. DfiCOUY. chel Ako fit de venir avec nous, de nous en aller dans un méchant Ca- not à la Rivière de Ouïsconfin, de laquelle nous étions éloignez d'envi- ron cens trente lieues 5 pourvoir fi le Sieur de la Salle nous auroit tenu pa- l'oie, Il nous avoit promis fijrt po fitivcmcnt de nous envoyer des hom- mes Ôc des marchandifes avec de la poudre de du plomb dans le lieu, que je viens de marquer. C'cft de quoy il nous avoit afiurez avant (on départ des Illinois. Les Sauvages ne nous auroient pas permis de faire ce voyage , fi l'un des trois ne fuft rcfté avec eiix. Ces Barbares félon le ièntiment du grand Chef Ouaficondé vouloient me retenir & donner la liberté à nos deux Cano- teurs. Mais Michel Ako , qui appre- hendoit de foufTrir dans ce voyage, n'y voulut jamais confentir. Voiant donc qu'il avoit pris goufl: à la vie de ces Sauvages , je priay leur Chef de me laiP fer aller avec ledit Picaïd% ce quilm*ac- Nous Mfoient pas ' fi J'un des eux. Ces du grand me retenir ?ux Cano- qui appre- yage, n'y >iant donc îe de CCS ieiïieJaiP iu*ilm*ac- Dans l'âmeriq. Sept j8j Nous n'avions pour tout équipage j que quinze ou vingt coups de poudre , un fufil 9 un méchant petit pot 4e ter^ re, que les Sauvages nous avpicntdon- né, un Couteau pour nous deux, âe une Robe de Caftor : Tout cela pour faire environ deux cens cinquante lie- iiesde chemin. Nous nous abandpnni^ mes ainfi à la Providence^ Comme nous Ëiifions le portage de nâpre petit Canot au Saut de St. Antoine de Pade nous apperçûmes cinq ou fix de nos Sau- vages, qui avoient pris le devant L'un d'entr'eux ctoit monté fur un Chêne vis a vis de la grande chute d'eau. Ce pauvre Aveugle (pirituel pleuroit amè- rement ^ Ôc avoit attaché aux branches de cet Arbre une Robe de CaAor paf- fée. Elle étoit blanche par dedans , Ôc garnie de porc-êpiç -.nn irj ^u ':j^m Ce Barbare l'ofïroit ^parcmmcnt en Sacrifice à ce Saut, quidefoy^méme eft affi-eux, &a quelque chok de fort ad- mirable. Cependant il n'approche pas de celuy de Niagara. J'ouïs que ce Sauvage difoitenpleurai^ià,d)au4^sl^-** mes. ~N . *;: u j i 384 Nouvel. D & c o u y. mes, éc tn s'adreftant à cette Cafcade, Toi, qui es un E(prit, fais en forte, que ceux de ma Nation paflênt ici tran- quillement iàns malheur ; que nous puif- fions trouver un grand nombre de Tau- reaux Sauvages , & que nous foions aflêz heureux pour vaincre nos Enne- mis» & pour faire un bon nombre d^Efcla ves » que nous amènerons ici pour les tuer, devant toi, après leur avoir be- aucoup fait (buf&ir. Les Meilèneks, c'eft ainfî, qu'ils appellent la Nation des Outtouagamis , ont tué denosPa- rens. Fais en forte que uous puif- fions nous vanger {lir eux de cet af- iront. ■ ■'*"'r%"''^ci*'fi'y^"^ siN'î-f C cft ce qui leur arriva inopinément. Car en revenant de la chaflè des Tau- reaux , ils allèrent attaquer lairs Enne- mis. Ils en tuèrent en bon nombre, & ramenèrent des Efclaves, qu'ils fi- rent mourir devant ce Saut, de la manière du monde la plus inhumai- ne, comme nous le verrons au Second Tome. Au refte quand ils manquero- ient cent fois jour coup après une ce- C^i rcmo- y j une ce- Dans L^Ameriçu Sept^ 385 remoiiic telle, que nous venons de la décrire, que le hazard les y faflcreut (îr une fois , cela fuflît pour les rendre obftinez dans leurs coutumes fîiperfti- tieufes. Cette Robbe de Caftor offerte ainfî dans cette efpece de Sacrifice fer- vit à Tun de nos Européens, qui s'en dccommoda* àfbn retour, & qui autoîc ctc ravi de faire fbuvent de pareilles rencontres, ^'•* "^' A une lieîié au deilbus du Saut de Saint Antoine , le Picard du Gay fut obligé de s'en retourner fur (es pas par terre pour reprendre fà boite à poudre^ qu'il avoit oubliée à ce Saut. A ibn retour je luy fis voir un Serpent gros comme la jambe d'un homme, qui é- toit Ipng de fept ou huit pieds. Il s'atttachoit à une montagne droite ÔC cfcarpée , & montoit de cette manière; II s'approcha infenfiblement de plufieurs nids d'hirondeles pour en manger les jeûnes. Nous voyions en effet au pied de cette montagne les plumes de cel- les, qu'il avoit apparemment dévorées. Nous fîmes tonÂer ce monftrcux rep- R tilc "^ iS 3:^ N,ai>vi,L^ D/BCquv^^ tjlp iqcM^s, de; phares dan$ la Rî- viéç^. ft av^it ^t^ langue en fonnc d(p4.a9ÇÇ5^4)W Ip^guçur extraordinai- re. S^^^ {^mçfxti s'enK^dpit de fort l(^,çc i^jy^ Kiiiibi^ hoçieiir. Le pau- vxç. Pi(CiUi4 çp fœm^t et^ fonge pendant lainW. Ilniçdi;, qU)K je luy avois fiîtBlâife dç l'éy€;iIJie^ Et en effet cet hêfflfî» d'^cij^^ afe intJ?cpi4e avoit le corps tout en eau de lafraieur de (on f^^^ Lfi:fo^y«fW|^4ç. ce; Serpent m'a ^TO feïJLVepii, fiit d« la^ pçinç eu dor- mm^;x ta^ C5|tQ reiu;optre aypit ùk i ÇoRime: ijpu^-djcccpdw^^ I^ Heuvc ^fcfâb^gi^^c^|)eJa|flç2 gri^de viteffe, paç<;^ en omirent fort libéra* kment, M?^f environ dçux heures après notre débarquemeiîT npijs crû- mes, qi|^ nous ferions tous écrafèz. Qiiin%ç QJ4. S^ize ^yages eotrçrent au I miKcD tctcs Caban vier. "•^^- / miltcu de b troupe, aknt leurs Cafle- tctcs à la maiir. Ils rcnrcrlërcnt h Cabannr deceiw , qui: nous avoicntcoa- vier. Ils prirent toute leur viande , êc Vhmk d'Cfais , qu'ils trouvèrent dans des vcflîcs, ou dans des boïaux, dont îk fè frottèrent depuis Itr tête juf^ qtr^àux pieds; ^ ..,..«. r-^. >,.- Nous crotnesd'abord, quec'étoient des^ Eimemir, ôt peu s'en Mut , que le Picard du Gajr ne perçât le premier de ces Sauvages de fort épce. Dans ce Sremier mouvement je mis la main fiin eux piftolets de poche, que le Picard m'a¥ if^ I j88 Nouvel, D icouv. viande, avoient mal fait, de devancer lainCi les autres à la Chaflc , & que félon les maximes & les coutumes de l:ur pays, ils avoient droit de les piller puis qu'ils ctoicnt caufes, que les Tau- reaux Sauvages prenoient la fuite , a- yant que la Nation fiiA aflèmblée. Ce qui caufbit im notable préjudice ;iu public. Car quand ils font afièm- 1>!cz , ils tuent une grande quantité de .CQs animaux , par ce qu'ils les environ- nent de tous cotez, & qu'ib ne peu- vent leur échapper. . .. . / CHAPITRE 60. :■(.* t '1-!^ Ul:' V 42haffe des Tortues. Le Canot ^^' enlevé à l'Autheur par un ^^ n^ent impétueux y ce qui le *. jV//^ dans une grande necejji- 4 té avec fin Compagnon de n myage. • ,,,0;.. „-m-.- J'J .::f:..: PEn( de f^lirL^i? Endant environ fbixante lieues Navigation nous ne tuâmes II! Dans l'Âmeriq. Sept. 389 qu'un Chevreuil , qui pafibit la Ri- vière à nage. Les cnaleurs ctoicnt fi grandes alors , que la viande fe gâtoit en vingt quatre heures. Cela nous ob- ligea de chaflcr aux Tortues. Nous eû- mes beaucoup de peine à en prendre, parce qu'ayant l'ouie fort fubtilc elles le jettent dans l'eau avec beaucoup de précipitation au moindre petit bruit. Nous en prîmes pourtant enfin une , qui ctoit beaucoup plus grande que les autres Se dont Tccaille croit mince , & la viande fort graiîc. Pendant que je tachois de luy couper la tête, elle pehfe me couper le doit avec fès dents qui font fort tranchantes. ; Pendant ce ma icge nous avions tiré le bout de îiôtrc Canot à terre. Mais un coup de vent fort impétueux là chafïà au milieu du grand Fleuve. Le Picard ctoit allé dans les prairies avec fon fufîl pour tacher de tuer un Tau- reau Sauvage. J'e'tois donc reftc feul auprès du Canot. Cela m'obligea de jetter promptement mon habit fur h Tortue que) Vois renverfée furie dos, R î afin 390 Nouvel. Decouv. afin (ju'dle ne puft fe fâuver. Je mis même plufieurs cailloux fur mon habit pour enfermer cet animal. Api es quoyje me mis^à la nage pour rattraper nôtre Ca< not, qui décendoit fort vite emporté par Je rapide aflèz grand en cet endroit a caufe d'une pointe de terre. Apres l'avoir atteint avec affez de peine, je n'ofày lui faire faire le plongeon, aaig- nant de mouiller la couverture de laine, quiyétoit, & dont je mefèrvois pour me coucher, & le rcfte de notre pe- tit équipage. Je le poaflbis donc de- vant moy, & quclqueîbis je le istirois. Ainfi je gagnay le bord peu à peu environ à un demi quart de lieîie de l'cndrcit , ou j'avois laifle la Tortue. gîj Le Picarc revenant de la Chaflè, ou il n'avoit rien tué, 6c ne trou- vant que mon habit fur la Tortue, & point de Canot, crut avec quelque xaifôn^ qu'un Sauvage m'ayant trouvé ièul m'avoit tué. Iil retourna donc dans la prairie poiu: regarder de tous cotez , s'il n'y avoit perîonne. Cepcn- liaot je remontay diligecnment le Flcu- '/ ji ve 1^ ëh Câhdt , & Je h'ctt^ pas pKitôt îfpfîs môH habit, ^Uc je Visphîs ifc fbixalite Taureaux , ou Vaches Sauf ï- gesâvéc kttfs VcâUK, qui travérfôicn't le 'Pleine pouf gagner les tcttes du rtîidy. te 'î& potirftiix^is en Cittot a- Vccunc cj^éc 'eWm^nchce , &: je rtie mfs à cfiér de toute itia force pour aver- ti le Pkâfd. Il Viht au bruit , qaTc 'fefls, & àyaïit eu le temps de rentrer tos le Cdnolt , peu Jàiit ' char- ii »,i^l4f ^ A - - Dans l'Ameriq* Sept. 59J charger de beaucoup de viande à caiifc de la petitcfTe de notre Canot. D*ail- leurs les chaleurs excefllves la corrom- poient d'abord. Aind nous nous en vîmes bientôt privez , par ce cju'elle fburmilloit de vers en moins de rien> Ôc quand nous nous embarquions le ma- tin, nous ne (avions » ce que nous mangerions pendant la journée. Nous n'avions jamais plus admire (a Pioviden- ce que dans ce voyage. Nous ne trou- vions pas toujours des betcs fauves, & nous ncn pouvions pas tuer, quand V 'Vf, ■\fJtJ nous voulions, i t-^w.» Les Aigles» oue Fon voit en abon- dance dans ces valtes pays, laiflbient par fois tomber des brèmes, ou de gran- des Carpes , & d'autres poiflbns , qu'el- les emportoient entre leurs grit&s dans leur nids pour la nourriture de leurs Aiglons. Nous trouvâmes un jouru- ne Loutre, qui mangeoit fur le bord du Fleuve un grand poiflbn, qni uroit fur la tctc une manière d'Aviron ou de bec de cinq doigts de large» & d'un pied & demi de long. Lors que fe R 5 Pi- • .» 3^4 No'uviLi*. Dec ou V. Picfirdlevid, il s'écria, qtfil voioitun Diable entre les pattas de la jLoutrc. Sa furprife n'empêcha pas , que nous ne fiflîons bonne chère de ce poifïbn. Il ctoit fort bon, & nous te nommâmes ITEturgeon à long bec. j . .j- . > r ■ < ■ <» n CHAPITRE <îf. -*-i ti"«'{Ai=rV,»., -t . \, ..' kih--M--''*~ ■ t»'«-*> *■**'«*:; -4.A*»i-' Mons cherchons la Rivière d'O- : uïsconjtn. %y^^^ipaguetin nous trouve » & nous de- -^ nuance dans cette recherche. Nous ne Jubfiftorts que par un pur Miracle de la ^rq* '4 an %yjr APrçs ^€>îr làittam de chemin bous m trciuv&rnes pourtant point cette Rivière. Cela nous fit croire , cp-el- Iç étoit eixcore bien éloignée. Aqui- p^giiedn, qvie nous croyions à plus de 4^m cejpkt lleîiça de nous, parut tout . ^r > ;- duo Pi d'un c( tnviroi mes, qwc 110 Htftde nous d( bbn & i'iiii trouvé ^ 1! d'un cott^acwrfrtpdghé de àïi KiWtïûkVi tmiton làiïii-Juïtot i&8o. NdiiscHl- mes, qufl votifoit nototiiét*, J)ar'c'c lae iloiis Taviùhs quitté , tjuby qtie c'é itft de l'dvtu de^ aiitrc^ Sàlivages. îl housdohnâ de k folle Arbitré, & tfrl bon tnotteàa éb Tatkeatl Smit^agé, & i'iîifdrnia de hdlls , fi hçdih à^iônè trofuvé kt Eutôpéens , qui ifei^oteht nous appoTtet àts rrtstrdiàridifts. ïî fié k cofttehta pats dé tt que nôift hïy il^ . mes. Il s*cn alla luy mcmc à Oiû*s» côhfin. Mats 11 n*y trôttVa ptrfonne. D tic yintdottc à rïotis qifaa botit ^ tfois jtyttrs, commte nous etioîis ùhéte- mirt, parce que riouà voufiohs abfôltï* ment nous acquitter de la protrieffe, que ilotis avions faite au SiéUr d^ h SaSe, de nous y rendre pour réîévôit ceujt, qtt'il nous envoycroit. ^' ^^ *' '* Lors qu*Aquîpaguetin pafut a foA retour, le Picard étoit allé à k Cliàfe dans les praîrici, & j'étôîfe rcfté fti'îî dans tthfe pctltC Cabanne , <;^uc nous a- Vions dreflïe pour îloni^ y riïctte àT^bti du Solciî-, qui ccoit aî'di^nteii" ectte ai- ^^ li ^ (cm I ■■ 39^ Nouvel. Dicouv. fon , fous nôtre Couverture , qu'un Sau- vage m'avoit rendue. Aquipaguetin me voiant feul s'approcha avec fon Caf- (ê-tête à la main. Je me fàifis promp- tement de mes deux piftolets de poche, & d'un Couteau , Iclquels le Picard a- voit retiré des mains des Barbares. Je n*avois pas deflèin de tuer cet homme, qui m'avoit adopté. Je voulois feule- ment luy faire peur , & Pempêcher de me maflâaer , au cas qu'il en eufl: en- vie. Aquipaguetin me tanfa rudement, de ce que je m'expofois de la forte aux infultes de leurs Ennemis: qu'au moins Je devois me mettre de l'autre côté du Fleuve pour ma feureté . Il voulut m'em- mener avec luy, medifànt, quil avoit trois cens Chanêurs avec luy qui tuoient plus de bêtes fauves, que ceux avec qui je m'ctois engagé, j'aurois peut-être mieux fait de fuivrc fon avis, que de m'engager plus avant dans mon voya- ge. Je continuay donc ma route vers la Rivière d'Ouïsconfin, ou jcnetrou- vay point les hommes de renfort, que le c *i l:IP Dans l'Ameriqj. Sept. ' 597 le Sieur de la Salle nous avoit promis. Le Picard & mc^ penfames périr de faim en cent occafions différentes , & nous fumes obligez de remonter le Fleu- ve avec des peines^ & des difEcultez incroyables. v -: l Ù^ Ir-' *f, 'j\ -. j^, ^*» ' t •^-•9»>..; CHAPITRE 6i. Hl Grande necefflté , ou V^utheur fe trouve avec fin Compag- non de voyage ^ qui les ob^ lige de redoubler leurs prie- tes. Ils retrouvent enfin les Sauvage^s au retour de la Cba£e. ....*.» LE Picard, qui avoît été fort mal- traité par les Sauvages, aima mieux bazarder fa vie, que de remonter le Fleuve avec Aquipaguetin. Nous n'a- vions plus que dix coups à tirer. Ce- la nous obligea a les ménager. Ainfinous R 7 les 55)8 Nouvel. Decouv. les partageâmes en vingt pour tie tirer pkis que des Tourterelks , on des R^ niers. Quand nôtre provifton ftit con- fumée à cet égard, nous cutttes recours à. trois Hameçons , cfOë nms amorti, mes avec de la Barbue pucame, cfu^unc Aigle avoir laifle tomber. Nous ne primes rien pendant deux jours, & nons nous vîmes ainfi denuez de tout moien de fubfîftcr. Nous redoublâ- mes nos prières de bon cœur^ comme chacun peut pcnfer Parmi tout notre ddàftre le Picard ne peut s'empt cher de dire une fois, qu'il pricroit Dieu de bien meilleur cœur^ s^il avoir de quoy {(£ bien raflâfier. , .v\ Je le confolay , & me confblay moi- même du mieux, qac je pus, ôc je le priay de ramer de toute (à force pour tacher de trouver quelque Tortue. Le Ibiademaitl matin après avoir mvigc u- ne granide partie de la nuit, nous trou- Tames ime Tortue, qui n'étoit'pas pk» gnHidc qu'une afiîéte ordinaire. Noufe U finies cuire à l'inftant (iir le feu qirc noua ayiiQas allume* Nous, mangions , a.'cc Dans l*Ameriq^ Sept. 599 avec tant d'aviditc, que je ne pris pas garde, que je mangcois le fiel de cet animal. Cela mit toute ma bouche dans une amertume extrême» Je la rinçay promptement avec de Teau, & je me remis à manger avec le même cmpref- fcment qu'auparavant. Nonobftant cette grande difctte nous ne laiffames pas d'arrivcT: dans la Riviè- re des Taureaux Sauvages^ Nous jct- tâmes nos hameçons amorcez d'un poif- fbns blanc, quun Aigle avoit laifTé tomber. Dieu, qui n'abandonne ja- mais ceux, quife confient en luy, nous fecourut vifiblenoenj dans cette occaficMi. Nous avions redoi,iblé nos prières avec beaucoup d'ardeur. A peine les^ avions nous achevées vers les dix heures du foir, que le Picard entendit du bruit. Il quitta les prierçs, de courut à nos hameçons, il y troqva deux Barbues fi grandes qije je fiisoWigé d*alkr à fbn (ècours pour les tirer de Feau. Nous ne fbngeames point à ôter le limon de ces monftrenjç poîflbns, qui pefoicnt plus de vingt cin<| Kvrcs . les deux. Nou$ 1 m 400 Nouvel. Decout. les coupâmes par pièces, & nous les fîmes rôtir fur les Charbons , par ce qiie nous ne pouvions les faire boîiillir. Par malheur nôtre pot de terre avoit étc cafle quelque temps auparavant. Lors que nous eûmes mangé quel- ques tranches de ces Barbues, Ôc que Klon nôtre devoir nous eûmes rendu ^ grâces à Dieu , dont la Providence ad- mirable nous avoit fècourus fi à propos, Nous entendîmes du bruit fur le bord de la Rivière des Taureaux , ou nous étions environ à deux heures après mi nuit. Après le qui vive nous ouïmes, qu'on répondoit, Tepatoui Nik^j & le mot deNikanagé, c'eft à dire mon Ami voila qui eft bien. J'averty le Picard, qu'au langage je croiois, que c'e'toient des Illinois , ou des Outouiiga- mis, qui font Ennemis des Iflâti, & des Nadouëflâns. Mais comme il fai- foit grand clair de Lune, & que mê- me le jour commençoit à paroitre, je reconnus, que c'étoit le Sauvage Mamc- nifi père de cette petite fille , que jV rois baptifceauxlfuti, à qui le Picatd f . avof?: Dans l'Americ^ Sept. 401 avpit fcrvi de parrein ou de témoin. Ce Sauvage nous reconnut , & par ce qu'il rcvenoit de la Chade, qui avoit étc bonne, il nous donna de la Viande % difcretion, & nous afïîira que tous les Sauvages de fa Nation décendoient la Rivière , qui fè décharge dans le Fleu^ ve , 8c qu^ils âvoicnt avec eux leurs Fem- mes & leurs Enfans. Tous les Sauvages donc, avec qui Michel Ako étoit demeuré, decendi- rcnt cette Rivière de Taureaux avec leur flotte de Canots chargez de Viande. Le Chef Aquipaguetin avoit raconté en paf&nt à toute la Nation > comment le Picard, Ôc moy nous étions expofcz à&ire le voyage d'Ouïsconfin , dans lequel nous avions couru de grands dan- gers. Les Chefs de ces Sauvages nous firent connoître, qu'ils étoientfatisfaits de nous, & blâmèrent tous la lâcheté de Michel Ako , qui n'avoit pas vou- lu venir avec nous de peur de mourir de faim. Le Picard n'auroit pas man- que de rinfulter en prefènce de tous les Sauvages, fi je ne la: cuflè em- . .'î péché. IHJ ( l i I Nouvel. Dbcouv. pechc, -tant il-éiok irrité contre lui de ibnipeu de courage, & d';i&dion.^ ^îlîiV, w ;. C« APITR£ 63. admtêmêM leurp&oifi^ da n)sande. On defcend encore me ^ .ifkmde fmk Fleuve. xÂd- oé ^rtfeiiesSa^Vî^es. Bravoure LEs fcwfrhcs 'feWagte Aéh?rfciit î^ir provîfion dt Viafatfc à t'embotichu- tie de «cette Rivière des Taureâu:^ dâitj des ^Ifles , ôHlirns ^es erettx ïbus tdrre. Ces peuples ont raddrefiè de confcfvcr iAnd leur viande uns fel, comme nous vefhi^ns cy-^âptcs. Nom decendimcs encore tine fois le FleitVt en chaflàfit avec cette multitude de Canots, dont f ai parle, & nou^ fîmes envirotl'quatte vingt lleiies de chemin. Les fàuvagcs d'eÇace en efpace cachoient leurs Ca- nots DaN! I nets fur Ij Icaux, 01 fcptouhi ] daiis des _ fo fois ji i rcaux ou toujours ques uns de dccou Penda un {mv^ ment foc cet bien mettois i fe mit t Deux ce généreux le pied h qui y ct< na, èc pour av< bat. N ciu'ent c la iàiite peine d cette al Dans L'AwERiQt Sept. ^j nots fur le bord du Fleuve dans des ro~ fcaux, oudaiisdeslflcs, & ils entraient Icpt ou huit lieues au delà des montagnes dans des prairies, ouilstuoient à divcr- fcs fois jufques à cent ou fix vingt Tau- reaux ou Vaches iàuvages. Us laifïbicnt toujours fur le liaut des montagnes quel- ques uns de leurs vieillards >pour tacher de découvrir leurs Ennemis. Pendant tout ce temps là je ^penfôis un fauvagc^ qui m*appelloit ordinaire- ment fon frefc. Il étoit entre undii- cot bien avant dans fon pied^ & ïy mettois uqe emplâtre, lors que ralarmt fe mit tout d'un coup dans le Cair^. Deux cens Archers accoururent , âc ce généreux fauvage, à qui j*avois. ouvert le pied bien avant pour en tirer k boiS) qui y étoit entré de force , m'abandon- na, & courut plus vite que les autres pour avoir fà part de la gloire du com^ bat. Mais au lieu d'Ennemis ils appcr- ciu^ent environ cent Cerfs , qui prirent la Élite. Nôtre blcffc eut bien de >la peine de revenir au Camp. iDvirstit cette alarme les femmes & les filles faa- va- 404 Nouvel, Dicoir. vages chantoient d'un ton fort lugubre. Le Picard me quitta pour (c joindre àfon hôte, & je reftayfcul avec le nom- me Otchimhi. Mais après la féconde Chaflc je fus réduit à mener en Canot vnc femme Sauvage âag^e de plus de 5iuatrc vingt Ans. Cette vieille ne lait oit pas de p ouflèr à la Rame , & de frap- per fouventdefbn Aviron trois Enfans, 3ui nons incommodoient dans le milieu e nôtre Canot. Les honnnes avoient beaucoup de bonté pour moi: Cependant j'étois obligé de faire fouvent ma Cour aux femmes , parce que les viandes ctôient à leur difpofition , 6c c etoient elles, qui diftribuoient les portions à chacun. Je rafbis donc de temps en temps la Couronne de leurs £n&ns, car ils la portent à peu près comme nos Religieux. Au refte ils la portent juf- ques â râage de quinze, feize oudixhuit ans , & leurs parens la leur font en brûlant le poil avec des pierres plattes rougies dans le feu. Ces femmes me {àvoient beaucoup degré, de ce que je ralbis ainfi leurs Enfens: ^&¥'^ ■"" ■ " Nous %- \ Dams l'Ameriq. Sept 405 Nous eûmes encore une autre alarme dans nôtre Camp. Les Vieillards , qui étoicnt en faâion au haut des monu- gncs nous avertirent, qu'ils voioicnc des guerriers de loin. Tous les Ar- chers coururent à Tenvi l'un de l'autre vers le lieu, où on voioit paroitrc du monde. C'ctoit à qui devanceroit (bn Camarade à la courfe. Mais pour tout exploit ils ne ramenèrent que deux fem- mes de leur Nation , qui venoient aver- tir, qu'une partie de leurs gens qui étoient allez a la chaflè vers le bout du Lac Supérieur , avoient trouve cinq Efprits , c'efl: aind qu'ils nomment les Européens. Elles ajoutoient, que ces Efprits leur avoient fait parler par quel- ques gens de la Nation, qui nous avoient veus , & qui avoient cte Efclavcs chez les Outoîiagamis , & chez les Jro- quois, dont ils entendoient la langue: que même ils les avoient fait prier de les conduire au lieu, ou nous étions, parce qu'ils fêroient bien aifes de nous venir voir pour reconnoîtrc, fi nous étions Anglois, Holiandois, Espagnols, ou ^o6 NouyBL. DficouT. ou Canadiens. Ils ne pouvoient pas comprendre , difoient ils a ces femmes , contment nous avions pn nous rendre par un n grand détour parmi ces peu- ples. --'" Il faut remarquer ladcffiis, qu'il y a de certaines gens , qui fe font rendus les maitres^ de toutes^ les af&irej dans le Canada, comme jcl'ay remarque cy-de- v«nt. Ces gens là wchez, de ce que nous les avions prévenus dans nos De- couvertes > avoient envoie du monde 3 prés nous pour participer à la gloire e notre voyage. Ils penl^rem donc à fc procurer la connoiflàncc des Na- tions, que nous avions^ vciies afin d'y sdfer en commerce, des qu'ils au- roient trouvé le moyen de nous rcn- Toi^cn Europe. r^u ■>:.*.! il T::•,..cm:.:^a ^^\ :ir^ a -./i i-«>".v Kkt. '■'^;'-l, -■'CHA- 1. . ) Dans l'Ameriq. Sept. 407 — .* • r* iwr r" fc -ï ' * ^ ^ * - * " Tout cela fiitcaufe, que les Sauvages me traitèrent mieux, que jamais, & qu'ib me fournirent ma fubfiftancc af- fcz Dans l'ameriq. Sept. 461511 fez largement. Aind je ne m'appli-« qiiay plus qu'a travailler au (àlut de ceg Barbares. Il faut avouer , qu'ils m'é-* coutoient ailèz. Mais il faudroit de- meurer parmi eux des années entières, pour y Faire quelque progrés , tant ils font groflierS) ftupides, 6c ignorants. I.e Sieur du Luth fut charmé de voir le Saut de St. Autoine de Padoiiep nom que nous luy avions donné, ôc qui félon toutes les apparences luy de- meurera. Je luy fis voir l'endroit, ou le Serpent monftreux , dont j*ay fait mention , montpit fur le Roc eicarpé pour y dévorer les jeunes hirondelles , qui étoient dans leurs nids. Je luy ra- contayla fraicur, qu'en avoit eu le Pi- card en ibnge. Il faut remarquer.^ que me voyant dans une fort grande liberté de dire mon Office depuis l'arrivée du Sr. dut Luth 5 je m'avifay afin d'y être plus exa(5l, de luy demander quel jour du mois nous avions pour lors. Il me repondit fran- chement, qu'il ne pouvoit pas me (âtis- faire en cela, par ce qu'il en avoit per- S du * . . . .î^. IP^ 410 Nouvel. Decouv. «lu l'iJec. . Je luy racontay les mauvais traitctnanÉs , .quelcs Sauvages nous ava- ient faksjj lors-qu'ik nous prirent, jul- <}ues là nuemitt, qu^ils avoient voulu nous tuer plufioirs fois; qu'ainfi il pou- vait bien s'imsçiner que les craintes & les frîrieiiiîs m'avoicnt fait perdre la mé- moire dit jour de kt fèmaine. . Nous, arrivâinies aux villagesdes lilati le 14. dfAbufli t6So. Ou jyretrouvay mon Calice de vermeil dore, quelques livres ôc mes papiers ^ que j^avois cachez fous terre en prefence des Sauvages mêmes. Ces jiauvres gens, n'avoicnt eu garcfc d'y toucher: Ils font fort crain- tifS) du fort fuperftitieux iùr le fait des E/prits. Ils croient, qu'ilya duforti- lege dans tout ce qu'ils ne compren- nent pas» Le Tabac, que j'avois plan- té avant nôtre diepart, ctoit à demi c- touffé par les herbes. Pour ce qui cft des Choux, & des autres légumes, que ;?avois femez , ils ctoient d\me grofleur Surprenante. Les côtes de pourpier ctoient groflès comme des Cannes. Les Sauvages n!ofoient en manger avec nous. ^v ^ Peu n i )UV. » mauvais nous avo- ircnt,jui- :at voulu infi ilpou- zraintcs & dre lame- ïscles Iflati ^ retrouvay j quelques ois cachez i Sauvages 'avoienteu fort crain- ? le feitdes a du forti- compren- 'avoisplau- à demi c- ce qui cft imes, que Inc grofleur pourpier nnes. Les avec nous. Peu Dans L'AMERiQi Sept. 411 Peu de temps après que nons fuipcs de retour, les Sauvages nous conviè- rent à un grand feftin a leur mode. Il s'y trouva plus de lîx vingt hommes nuds, Ouaficondé le premier Chef de la Nation, parent du mort, que j'avois honoré d'une couverture, lors qu'on Favoit ramené au village dans un; Canot, m'apporta à nianger delavian-* de BoucaniTce avec de la folle Avoine dans un plat d'écorce, lequel il poûlûc une peau pafleede Taureaux Sauvages, blanchie, & garnie de porc-cpic d'un côté avec de la lakie frilee de l'autre. Après avoir mangé, ce Chef me mît cette Robbe fur la tête , & m'en cou- vrit le vifage difant à haute voix de^- vant tous ceux, qui étoient là, celuy, dont tuas couvert le corps mort, cou- vre le tien vivant. Il a porté de tes nouvelles au pays des Ames, car ces peu- ples croyent la tranfmigration des amcs. Ce que tu as fait à l'égard du défunt eft de grand prix. Toute la Nation t'en loiic, & t'en remercie, u ,. S a II \ 4ïi Nouvel. Diconv. II fit quelque reproche au Sieur du Luth, de ce qu'il n'avoit pas couvert le mort comme moy. Aquoy ledit Sieur me pria de répondre qu'il ne couvroit que les corps des Capitaines comme luy. A cela ce Sauvage répliqua , IcPercLouïs, c'cft ain(î, qu'il m'avoit ouï appclicr par nos Européens, cftplus grand Ca- > pitaiiie que toy. Sa Robbe , parlant de ma Chaîlible de brocard , qu'on m'avoit dcrobbcc , que nous avons envoyée à nos Alliez 9 qui demeurent à trois Lunes de ce pays, étoit plus belle, que celle que tu portes. '^' Quand ces Sauvages parlent de mar- cber pendant trois Lunes, Ils veulent ^ dire pendant trois mois. Les Sauvages marchent bien , & font quinze lieues par jour. Ainfi le Ledeur peut juger parla, qu'elle peut être Tentendue du chemin, .^ qu'ils font pendant trois mois. 'mi 't i-j- i» t* 4-' :'t> 4i' i f t tî CHAF '' \ Dans l'Amer îQ; Sept. 415 rions pas les en empêcher , étant aiiflî peu de gens, que ncus étions^ A»*t:^ Je leur répondis, qnc tous ces peu- ples, qu'ils craignoient , étoient nos ADiez&nos Amis, & qu'en nôtre con- fideratiori ils ne fcroient aucun tort à ceux dVntr'eux , qui fcroient avec non* , Ces Barbares ne manquent point d'E'- prit. Ils ont même le fcns commun admirable. Ils nous dirent donc, que puis que nous paflîons parmi des peu- ples, qiiî étaient 'leurs Ennemis jurez, nous deridns les détruire pour les Tan- ger de divers outrages qu'ils en avoicnt reçus, & qu'alors ils nous donneroicm des hommes pour aller, 6c revenir a- vcç nous, afin qu'ils pitflcnt avoir du fer & d'autres marchandifcs , qui leur ëto- ient neceflàircs , & dont ils traitcroient très volontiers avec trous. Ce qui itiit voir , que i^es Bajrbares font pleins de vengeance & dereffcntiment contre leurs Ennemis, en quoy on peut remarquer cpi'H$ n*ont pas le cœur trop bien dif- pofé pour fes lumières de TEuan- gile. -";r'v-"^"-' -^ ' ■ : ' ■■ « ' *" S 4 En- .*1 1 i i^id Nouvel! Decouv. Enfin Ouaficoudé leur grand Chef ayant confênti en plein Confeil à nôtre retour, après nous avoir régalez du micux^, qu'il put à leur mode, nous donna quelques minots de folle Avoine pour nous nourrir pendant ce voyage. Nous avons déjà dit , que cette Avoine eft meilleure Ôc plus (aine que le riz. En fuite il nous marqua, avec un crayon fur unefueilledepapier, qui me reftoit, la route, que' nous devions fuivre pen- dant quatre cens lieues de chemin. Au refte ce Géographe naturel nous dé- peignit nôtre chemin fî exaâement , que cette Carte nous fervît auflî utile- ment, > que la Bouflble auroit pu faire. Et en effet en lafuivant ponduellemcnt nous arrivâmes au lieu , ou nous avions deflèin de nous rendre fans nou': éga- rer de nôtre route en aucune ma- • / n^re. Nous nous difpofâmes donc à partir huit Européens, que nous étions alors. Nous nous mimes en deux Canots, & nous quittâmes ces peuples après la dé- charge de tous les fudls de nos hommes,ce m *"■■,• Dani l'AmeriqJ Sept,' 417 qui donna une terrible fraïeur à ces Sauvages. Nous décendîmes la Riviè- re de St. François, & en fuite le Fleu- ve Mcfchafipi. Deux de nos hom- mes fans en rien dire prirent les deux Robbes de Caftor , qui etoient au Saut de St. Antoine de Padoue , & que ces Barbares y avoient attachées à un Arbre comme par une efpece de Sa- crifice. Cela caufâ quelque contefta- tion entre le Sieur ciu Luth & moy. Je loiiay cette aâion de nos deux nommes, qui failoient voir en cela, qu'ils improvoient la (upcrftition de ces peuples. Le Sieur du Luth di(bit au contraire, qn'ondevoithiflcr ces Rob- bes au lieu, où ces Barbares les a- voient mifès , parce que les Sauvages ne manqueroient pas de fc vancer du mépris, que nous rallions deux en cette rencontre, & qu'il étoità crain-.. drc, qu'ils ne nous vinflènt infultcren chemin. * J'avoue, qu'il y avoît quelque fon- dement, à ce qu'il difoit, & qu^cii^ cela il parloit félon les règles de la^ S 5 . . pru- I '418 Nouvir. De COUT. Erudence humaine. Mais nos deux ommcs répondirent franchement , Suc ces dieux Robbes les accommo- oient , & qtf ils ne fe foucioicnt point de ces Barbares y ni de leurs iùperftitions. Le Sieur du Luth fc mit ea fi grande colère à ces paro- les, que peu s'en fallut, qn'il ne don- nât un coup d'épce à celuy, qui les avoit dites. Mais je me mis entre deux & j'accommoday ce diffèrent. Le Pi- card & Michel Ako fe rangèrent du party de ceu3r, qui avoient pris les Robbes dèqueflion, & cela auroit pu caufèr quelque malheur. Mais je fis connoitre au Sieur du Luth , que les Sauvages n'oferoient nous attaquer, par ce que j^ctois perfuadé, que leur grand Chef Ouaficondé prendroit toû- jours^^ nos interefls à cœur, &' qu'on pouuoit faire fonds fur fà parole, & fiir le grand crédit, qu'il avoit parmi fa. Nation. L'affaire fe termina à l'a- mi^le^ & nous décendimes le Fleu- ve fort agréablement en chafïânt aux h£tes> fauves. ,-,. -^ ...^ ,i- ^ * ^ Nous t • \ uv. nos deux chement , ccommo- roucioicnt de leurs Luth le ces paro- il ne don- î^ qui les sntrc deux t. Le Pi- igércnt du it pris les i auroit pu liais je fis ith 5 que s attaquer, , que leur idroit toû- 8c qu'on parole, & voit parmi nina a la- cs le FIgu- laflâïit aux !^_ ♦.^ r -t. Dans l'Ameriq^ Sept. 419 Nous nous arrêtâmes près de la t Rivière Ou'ûconfin pojur boucanne { de la chair de Tî^ureaux ou Vaches t Sauvages, que nous avions tuez, en* chemin. Pendant le fcjour , que nous fumes obligez de Ciire pour cela, trois Sauvages des Natioiis , que ■ nous avions , quittées , noi|s aborde- f rent en Canot pour nous dire, que- leur grand Chef Ouaficoudé ayant appris, qu'un des Chefs de ces peu-' pies vouloitnous pourfuivre pournous^ tuer 5 il ctoit entré dans la Cabanne , ou il i^enMteit de cette affaire avec fes af^ fociez , & q^'il}^y.ijvoit çaflç hitêtc avec tant de fiirie, ^U'il eii aVdït fait Ta'u- tcr la Cervelle fur ceux , qui étoicnt prefens à ce Confeil, afin d'empêcher rexecutiôïî de vfon pernicieux dciOfein. Noust râlâmes ces trois Sauvaees a- bondancç., V' j *-•%• Le Sieur du Luth voyant nos troiî Spuvagcs parais,, rentra flans fcs jpre- m^ers tran^oitsy & fit paroitre,; qufil ûraîgfioit, que ces Barbares ne nous S S vin£- -*, f 420 Nouvel. Decouv.» viiiffent attaquer dans nôtre voyage. Il cuft pouffé la chofè plus loin. Mais voyant que nos hommes liiy tenoicnt tête, & qu'ils n'ctoient pas dliumeur à fbuf&ir des avanies, il fc modéra encore pour cette fois , & je les appaifay enfin en les afliirant que Dieu ne nous abandonneroit point au bcfbin , & que pourveu que nous miflîons toute nôtre confiance en luy, il fauroit nous délivrer de tous nos Ennemis, par ce qu'il eft le maître des hommes, & des Anges. ,. H CH A Fit RE 66. > ):' * ï»»j Le Sieur au Luth eft épou- vanté d'une Armée de San- vages , qui nous furprit , -savant que nous fuffions dans la Rivière d'OuïsconJtn.' L E Sieur du Luth avoit euraifon de clroire, que les trois Sauvages, dont ( ..jvi»* «■»«" *.^ »•»-«. 't^ ,t'^ r% Jkir ^ ? t • \ . Dans l'Ameriq^ Sept, 411 dont nous avons parle, ttoicnt vé- ritablement des Efpions envoyez pour nous rcconnoîtrc. Et en efrct ils (a- voient , qu'on avoit enlevé les Robbes de Caftor, dont il a été fait mention cy-devant. Il ne pouvoit point re- venir de fcs fi-ayeurs , & me di/bit, qu il auroit bien fait d'obliger de gré ou de force celuy^ qui les avoit pri- fes, de les remettre au lieu, ou el- les étoient. Je prcvoyois, que la dit fcnfion pourroit nous étrcfunefte. Je fus encore Médiateur de paix pour cette fois, & j*appaifay tout ce bruit en leur faifànt connoître, que Dieu^ 3ui par fa bonté nous avoit confêrvez ans les plus grands dangers, auroit encore un foin particulier de nous en cette occafion , puis que l'adion de cet homme étoit bonne en elle même, r* ,1 r * Deux jours après tonte la viande boucanné pour nôtre proyifion étant en état, nous nous préparâmes- à par- tir. Mais le Sieur du Luth fut bien furpris , lors que pous apperçumcs u* ' S 7 ^ ne 422 Nouvel. Drcouv. ne AiTTicc de cent quarante Canot»; remplis d'environ deux cent cinquante Sauvages, qui venoicnt droit à nous. Nos hommes en fiirent auflî fort épouvan- tez. Mais lors qu^ils me virent tirer de notre équipage un CiJumet de paix, que les Iflâti m'avoicnt donne pour aflfurance de leur parole à mon égard, ils prirent courage, Ôc me dirent , qu'ils feroicnt tout ce que je trouvcrois à propos. , ^ , J'ordonnay, que deux nortimcç s*cmbarquû(lcnt avec moy darts Je Ca- ilot pour aller au devant de ces Batb.v rc5. Le Sieur du Luth me pria de prendre un troifiémc homme pôtir ra- mer, afin que demeurant au miilicudu Canot, je ruflc mieux en état de mon- trer le Calumet de paix , que j'avois a- fin d'àddbucir les Sauvages , dont je fàvois aflcz bien la, langue. Je làiffay donc quatre de nos hommes avtc le Sieur ou Luth,& je luy di9, qu'il ne foUoit point,qu'ils icfamiliari|sdrcntavcc les jeimcs Gùerrferç , au ca; qu^ih voil- luflcnt mettre pied à tcnc poxir s^ppiW- » » : Canof; rinqiiaïuc 10US. Nos cpouvan- rcnt tirer ;t de paix, nnc pour on cgard, cnt, qu'ils mvcrois à hommes ahs \c Cw- jcs Barba- ic pria Je c polir ra- mlllicuJu t de mon- i'avois a- , dont je Je lilffay ci av^c le , qu'il ne eflcjitavcc U^il<; voiV îi'r sVi^piW- Dans i.'Amf.rto. Sf^t. 42J' cher: qu'il flilloit, que nov gens dc- iMciiraflcnt fermes dans Icurspottcs avec leurs Armes en état. En fuite je m*en allay droit à ces Barbares en remon- tant le Fleuve qu'ils dccendoient en Canot. '*' - Ne voyant point de Chef je criay a- prés Ouaficondé en répétant fon nom plufieurs fois à haute voix. Je Tappcr- (jUS enfin, qui venoit à moy à force de Rames. Pendant tout cela aucun de fes gens ne me fit infulte , ce qui me fut de bon Augure. Je couvris mon Calumet de paix, afin de leur mieux témoigner b confiance, qucj'avois en leur parole. Nous mîmes pied à tcr- tc, & nous entrâmes dans la Caban- nc, ou e'toit le Sieur du Luth, qui voulut cmbraficr leur Chef. Il faut remarquer ici , que les Sauvages n ont ' pas la coutume de s'embralTer à la ma- ' nicre des François. Je dis donc au Sieur du Luth , qu^il n^avoit fimple- ment qu'à prefenter le meilleur mor- ceau de viande cuite, qu'il pouvoit a- voir, Ôc que fi le Chef en mangcoit ^ nou< «i 424 Nouvel. Decouv. nous pouvions ctre fur, qu'il ne nous feroit fait aucun tort. Cela rendît , & tous les autres Chefs de cette petite Armée nous rendirent vifite. Il n'en coûta à nos gens que quelques pipes de Tabac de la Martini- que, dont le? Sauvages font paffionnez, quoy que le leur foit de beaucoup meil- leur goût , plus fort & plus agréable que celuy de nos gens. Ainfi ces Sauva- ges fans faire aucune mention des Rob- Des de Caflor , dont nous avons parle, nous traitèrent fort humainement. Le Chef Ouaficondc me dit' d'ofîrir une braflè de Tabac de Martinique au Chef Aquipaguetin^qui m'avoit adopté pour fon Els. Cela produifit un effet ad< mirablc parmi ces Barbares, qui nous. quittans prononcèrent par plufîcurs fois à haute voix le mot de Ii(7«// 5 qui com- me nous l'avons dit , fignifie le Soleil, Il me (cmble , que je puis dire fur ce fu- jct, que mon Nom fera long temps dans la bouche de ces Barbares par h rencontre fortuite des noms. t CHAP- .'i* Daks L*AMERiQi Sept. 425 tî*. r> CHAPITRE. 67 i> Voyage de Pt^utheur avec fes Compagnons depuis l*embou- chure de la Rivière d'Ouïs^ confin jufques à la grande Baye des Tuans. LEs Sauvages nous ayant quittez pour aller en guerre contre les Meflbri- tes, lesMaroha, & les Illinois, & con- tre d'autres Nations, oui habitent vers le bas du Fleuve Mcfchanpi , oui font les irréconciliables Ennemis oes peu* pies du Nord, le Sieur du Luth, qui m'avoit donné des marques de fon ami- tié en plufieurs rencontres, ne put ^'empêcher de dire à nos hommes que j'avois tous les fujcts du monde de croi- re, que le Vice-Roy du Canada mefe- roit un favorable accueil , fi nous pou- vions nous rendre auprès de luy avant rh)^ci , & qu^il fouhaitoit de tout fon cœur. il I N !* i t ^i6 NouvnL. D'ECouv/ coeur, qu'il pût avoir ctc chez autant de Nations que nioy.^| #; t^ '^^ Nous trouvâmes en remontant la lli- vicre d'Oiiïsconfin^ qu'elle ttoit aulîi large que celle des IHtnois, laquelle peut porter de «gros biittau^x dRns 'réfpace de f lus de cent liecies. Nous ne pouvions Jious ^(Tcr d'adniii^r h^midpiir de tant de vafleis pays, & les teires charmantes, par lefijuelles nous partions, & qui de- meurent incultes. Les guerres cfficia- bles, que ces Nations fe font les unes aiïx antres', font çaiifb, iju'îl n*y a pas iaflcr cfhabhans'pourics cultiver. D'ail- leurs les guerres mêmes, qui durent depuis long temps dans tomes les par- tics du. monde, cmpêdhent qu'on n'y aille annoncer lïuarigile, & y établir des Colonies de Chretîens. Et ici je ne puis m'empê'dicr de dire, que les pauvres gens àe nôtre Europe devro- ient aller s'établir dans ces beavx Pays. Pour peu de peine qu'ils priflènt à en défricher les terres, ils y vivroient hcu- reufement, & y fubfifteroient beaucoup mieux, qu'ils ne font. J'ay veu des ter- ■1 3UV. hcz autant tant la Ri- ctoit aulll quelle peut •réfpacc de c pouvions loitr de tant charmantes, & qui dc- rrcs cfiloia- )nt les unes 'îl n'y a pas :îver. D'ail- qui durent jtcs les par- qu'on n'y & y établir Et ici je Ire , que les :ope dcvro- bcavx Pays. >rifltnt à en Toient hcu- X beaucoup Kiy vcu des tcr- Dans l'Ameriq;, Sept, 427 terres, qui peuvent fournir aifcmcnt trois Récoltes par an. Uair y cft inconi- parablement plus doux, &c plus tempè- re qu'en Hollande , laquelle ne conti- nue ra-jamais mieux fes progrès y que par le grand commerce, qu'elle peut avoir dans les pays étrangers. Apres environ ifôixante & dix lieues de navigation dans la Rivière d'Ou'ùscon- lin , nous trouvâmes un portage d'une demie lieiîe, qu'Ouaficondé nous avoit marqué dans fa Carte. Nous y cou- châmes, ôc nous y laiflames des mar- ues par les Croix que nous fùnes fur es troncs d'arbres» Le lendemain a- près avoir fait le portage de nos Ca- nots , & du peu d'équippage, que nous avions, nous entrâmes dans une Rivière, qui fcrpcntoit prefquc autant que celle des Illinois le fait à fa fource. Apres fix heures de navigation à force de Rames , qui nous faifbient aller fort vite, nous trouvâmes malgré tous nos efforts, que nous étions encore vis à vis de l'endroit, ou nous nous étions embarquez. L'un de nos hommes voulut tirer î ' < I 428 Nouvel. Decouv. tirer un Ligne, qui voloit. Cela fit lourner le Canot. Mois par bonheur il trouva fond. Nous fumes obligez de rompre plu- sieurs Eclufes de Caïiors pour paflèr en Canot. Autrement nous n'euiTîons pu continuer nôtre route , ni faire le portage pour nous embarquer au dQ&m de ces Eclufès. Ces animaux les font avec une addreflè furprc- nante. Les hommes ne fàuroient les égaler. Nous en parlerons dans nô- tre féconde Volume. Nous trouvâ- mes plufieurs de ces Etangs, & des retenues deau faites avec dès pièces de bois en forme de Chauffée, que les Gaflors y avoient faîtes. Nous paflames en fuite quatre Lacs, qui font formez par cette Ri- vière. C'efl là ou habitoient autre- fois les Miamis. Nous y trouvâmes lesMa^outens, les Kikapous, & les Outouagamis, qui y fément du blé d'Inde pour leur fubfiftance. Tout ce pays là cft aufîî beau , Se auffi char- mant que celuy des Illinois- - ^% .,»*if( Dans l'Ameriq. Sept. 42^ Nous fîmes en fuite le pottage (Tun Saut y que l'on nomme le Ka- kâlin y par ce que les Sauvages y vont feuvent décharger leurs ventres & qu'ils ont accoutumé d'y repofcr !e vifàge au Soleil. Ainfî après plus de quatre cens lieues de chemin par eau depuis nôtre départ du pays des Iflâti & des Nadouèïlans , nous arrivâmes enfin à la grande Baye des Puans , laquel- le fait mie partie du Lac des Illinois. C H APIT RE 68. , r V^AutheuT avec fis Compag- nons fejourne quelque temps parmi la Nation des Tuans. Origine de ce nom. On ce* lebre la CMeJfe en ce lieUf & on paffe Vhyver a Mifi- limakinak. 1'-. / XJ:Ai iVVÎ^ NOus trouvâànes plùfieurs Cana- diens dans ccue Baye à^^ Puans ,.. . . On i|jo NouvRL. Dicour, On appelle ainfi la Nation , cjui y ha- bite, par ce qu'elle dcmcuroit autre- fois dans de certains lieux martcagcux, ôc pleins dVaux puantes , qui font du côté de îa Mer du Sud. Mais elle en à ctc chafTcc par fcs Ennemis , 8c cil venue demeurer dans cette Baye, la- ÎucUe cft à rOuëft des Illinois» Ces Canadiens vcnoient negotier avec les Sauvages de cette Baye contre les ordres. Us avoicnt encore quelque pai de vin , qu'ils avoient apporte avec eux, & Îu'ils gardoient dans un flacon d'étain. e m'en fervis pour dire la Mcflè. Je n'iivois pour lors qu'un Calice, & un marbre d'Autel allez léger, mais fort joliment travaille. Mais je rencontray par bonheur des ornemens Sacerdotaux. Quelques Illinois , qui (c fauvoicnt de- vant les Iroquois, parce que ces der- niers les avoient attaquez , & prcfque détruits pendant mon voyage , & le temps que j'avois été Efclavc parmi les Barbares, prirent les ornemeiîs de la Chapelle du Père Ztnobc Manibrc, que nous auions laiilêz parmi les Illinois. Qiicl- Dans L'AMERia SnpT. ^^ji Qiick]ucs uns d'cntr'ciix fc rendi- rent donc au lieu , ou /crois, & me rcmireiit tous ces otnctncns encre les mains à la rcfcrvc du Calice. Ils pro* mirent même de me le rendre, &c en effet ils me rapportèrent quelques jours après, moiennant quelque peu de tabac, que je devois leur Faire avoir. ' 11 y avoir plus» de neuf mois, que }Ç n'avois cclcbrcia Mcfïc faute de vin. Nous cuffions pu en foire dans nôtre voyage , (î nous eullions eu des vaifïc- aux propres à le confcrvcr. Mais nous ne pouvi^s pas nous en charger danr nos Canots, qui n*auroicnt: pu en fup'* porrer le poids. Il cft vray , que nous avions trouvé beaucoup de RaiJins dans les endroits, par Icfquels nous avions pallë. Nous en avions nWmc ftiitdu vin, que nous auionsmis dans des gom^ Jc"J. Mais il nous manqua dtcar les Illinois, comme nous l^avonrs. obfcrvc; Au refte j'avois encore du pain i chan- ter comme on rappelle. Il s'ctoit par fàitemcnr bien confcrvc dans une boi- |tc de fer blanc , qui fermoir fort )uftç. Nous 432' Nouvel. Decouv. Nous demeurâmes deux jours à la Baye des Puans. Nous y chantâmes le Te Deum. J'y dislaMcfIc, & j*y prc- chay. Nos hommes fe mirent en ctat de communier, & communièrent en efièt pour rendre grâces à Dieu de nous avoir confcrvez parmi tant de dé- tours & de. périls ) que nous avions cou- rus, parmi les monilres, que nous a- vions eus à vaincre, & parmi tant de précipices, par lefquels nous avions pafle. L'un de nos Canoteujs troqua un fufU avec un Sauvage contre un Canot plus grand que le notre, Ôcdans lequel après cent lieues de navigation nous nous rendîmes en côcoïant la grande Baye des Puans à Miflilimakînak dansle Lac Huron, & nous fumes obligez d'y hyvcrner, par ce que tirans tou- jours dans nôtre chemin vers les terres du Nord, les glaces & les frimats nous auroient indubitablement fait pé- rir. ."' ^ "^■^' Par la route, que nous étions ob- ligez de £dre, nous étions encore à plus de r i '^ f i Dans l'Amhriq^ Srpt. 435 de quo'rc c^ns liciies iki Canada. Je rencorKray parmi ces peuples Hurons avec beaifcoup de iàcisfaéèioii pour mpy^ ' le Perc Picrfon Jefuite fib du Receveur du Roy de notre Ville d*Ath en Hai- naut. Il étok veiîu là pour y ap(>rcn- drela langue de ces peuples, éc il la parfoit pour lors paifsibleinent bien. Ce Religieœc retenant toujours de la fran-* ' chife 6c de la droiture de nacre pays , (è diAiflgtic^t par (on humeur bien iaifan-' te , & me paroidbit Ennemi des intri- gues, ayant le génie tout à fait tour- né du coté de la candeur, & de la fin-.» cerk^. En un mot il me fembloit ^tre tel, cjiie tout vrai Chrétien dok être^î Le Leâeiir peut donc bions'knaginer»' que je pa^y mon hyver Ibrt agréable-* ment après tant de maux , &c de tatigui»» que favois (bufièrts dans nàtrc Décou- verte, ' * Pour emploïer le temps utilement je préchay toutes les Fêtes & les Diman- ches de TAdvent , & du Carême afin d'entretenir nos hommes, 3c plufie^rs autres Canadiens, qui étoient en traite T pour 434 Nouvel. Dbcoûv. pour amafler des pelleteries , qu*ils cher* choient parmi les Sauvages à quatre ou cinq cens lieiics du Canada. Voila com- ment certaines gens (ont autant avides des biens de la terre, qu'aucunesjperlbnnes du mondc.Les Outtaoiiads ôc les Hurons a{- fiftoient fbuventà nos Cérémonies dans une Eglifè couverte de Joncs & de quel- ques planches , que les Canadiens y avo- ient bâtie. Mais ces Sauvages venoient plutôt là par curiofitc, que par deflein formé de vivre dans les Règles de la Religion Chrétienne. Ces derniers Sauvages nous diibient en parlant de nos Découvertes , qu'ils n^étoient que des hommes: Mais que pour nous autres Européens, il fallolt que nous fuffîons des Eiprits : qu'en effet, s% avoient été aufli loin que nous, les Nations étrangères n'auroient pas man- 5iué de les tuer : que cependant nous paf- ions par tout fans crainte , & que nous {avions nous attirer Tamitié de tous ceux, que nous rencontrions daQ^nos voyages. -iv. .. PendAnt cet hyvcr nous faifions des '. ... \ " ' trous Dans l'Ameriq^ Sept. 455 trous dans les glaces du Lac Huron, & par le moiendc pluficurs groflcs pier- res , nous enfoncions des filets à vingt ôc vingt cinq braflcs d'eau , pour y pren- dre du poilîbn blanc, comme en effet nous en prenions en abondance. Nous y prîmes auflî des Truites Saumonées , qui pefoient fouvent jufques à quarante ou cinquante livres. Tout cela nous fcr- voit à manger plus agréablement nôtre blc d'Inde, qui nousTervoit de nour- riture ordinaire. Nous n'avions pour boiflbn que du bouillon de poiflbn blanc y que nous beuvions tout chaud. Jay déjà dit, que quand ce bouillon cft froid, il fe fige comme de bonne gcléç de veau. Pendant nôtre féjour en ce lieu là le Père Pierfon fc divertiflbit fouvent fur la glace avec moy. Nous courions fur le Lac avec des Patins à la manière de Hollande. J'avois autrefois apprif ce petit manège, lors que j'ctois à Gand d'où on fc rend à Brugc avec beaucoup de plafir en trois heures, lors que le Canal cft gelé. Ceft le divertiflc- T z ' ment Y* Hii .w . i 436 Nouvel. Decout. ment ordinaire de ces deux Villes, dont les habitans s'entretienent pen- dant l'hyver à la faveur des gla- ces. -, »-' ■■' ,, : , Jti.' -^ Il faut avouer (ans faite tort au au- tres Religieux , que ceux de ^ St. trançois font extrément propres à faire les établiiTemens des Colonies. Ils font un Veu fort étroit de pauvreté, & ne poflèdent rien en propre. Ils n*ont que le (Impie ufàge des choies neceilàircs à la vie. Ceux, q^i nous donnent quel- que meubles, en font toujours les maî- tres , &les peuvent retirer , quand il leur pisut. C'eflen effet, ce qui nous eft recommandé par les Ordres de plu- fieurs Papes, & fur tout par notre Re- jle, qui eft la fcuk, que Ton trouve inierée dans le Droit Canon. Ce qui iè paflà à Miffilim^inak pen- dant cet hyver, efl une pr-uve de U vérité, que je viens de remarquer. Qua- rante deux Canadiens, qui étoient ve- nus en ce lieu là poi:i le commerce , qu'on y fait ordinairement avec ki Sau- ]r^Si me pviàreiit de leur donner le ^ ■' Cor- l Dams l'AmericX: Sept 4;^ Cordon de St. François. Je leur ac- corday leur demande» de à chaque fois ue je diftribuoi^ un Cordon, jefai- ois une petite exhortation |celuy, qui le recevoit, & je Taflbciois aux prières de rOrdre. Ces gens vouloient me re-? tenir avec eux , & me faire un établif- fcmcnt , ou ils pouroient fc retirer de temps en temps auprès de moy. Ils me promettoient de plus , qu'ils obtien- droient des Sauvages , que puis que je ne voulois aucunes Pelleteries , ils me fourniroientmafubfiAance , félon qu'on la peut avoir dans ces Pays là. Mais la plus part de ceux y qui me faifoient cet- te propofition, negotioient en ce pays fans ordre. Je leurs fis donc connoïtre que le bien commun de nôtre Décou- verte devoir ctre préfère a leurs aran- tages particuliers, & je les priay de me ' Liiflcr retourner en Canada pour un plus grand bien. T 3 CHAP- 43$ Nouvel. Decouy. )i CHAPITRE &p. a départ de l'Autheut de MtJJi^ ' limakinak , Il paffe deux ^'^ grands Lacs. Trife dun grands Ours & particulai- rez delà chair de cet ani- ma/. NOiis partîmes de Miflîlimakimk la Semaine de Pâques idSi.Nous iiames obligez de trainer nos vivres & nos Canots fur les glaces pendant quel- que temps. Cela durabienl'cfpace de douze ou treize lieux fur le Lac Huron, dont les bords étoient encore gelez cinq ou lix liciies de largcr. Les gla- ces s^nant brifees, nous nous embarquâ- mes après h Solemnitc de Quafimodo. Nous la cck' brames, par ce que nous a- vioiis un peu de vin , qu'un Canadien a- voit par bonheur apportt^&r qui nousfcr- vit pendant tout le rcftc du voyage. A- prés cent lieiics de Navigation iiir les bordv DaNs l*Ameriq., Sept.' 439 bords de ce Lac Huron nous paflames le Détroit de trente licties , & le Lac de Sainte Claire qui eft au milieu. Noits arrivâmes ainfi au Lac Eric , ou du Chat 5 ou nous nous arrêtâmes quelque temps à tuer à coups de Haches ou d'c- pces emmanchées un grand nombre d'Eturgcons, qui venoient fraïcr fur le bord de ce Lac. Nous ne prenions, que k ventre de ce poiflbn, qui eft l'endroit le plus délicat, ôc nous jct^ tions le rcfte. - ^ . Le Gibier ni la venaifon ne nous inanquoient pas dans ce lieu. Nous apperçumes un Ours à perte de vuc.Nous étions dans le Lac fur une grande pointe de terre, qui s'avançoit loin fort dans Teau. Je ne (ày comment cet animal s'etoitrcndu là. Il n'yavoit point d^ap^ parence, qu'il eût nage d'un bord i Tautre au lieu, où nous étions. Il y avoir plus de trente ou quarante lie- lies de trajet. Il faifoit alors un fort beau calme. Deux de nos Cano- tcurs ni'ayant laifle fur une longue pointe de terre, allacnt aborder cet T 4 Ours, li NIP -.M M* ^40 Noa V E L. O I c o u v« Ours ^ qui ctoit à près d'un grand quart d'heure au large du Lac. s'ils n'ei^nt tiré deux coups de fufil Tun après Tautre, cet animal les auroit 'ùm doute fait coukr à fond. Ils .furent donc obligez de s'c'carter de cet- te bcte à force àc Rames pour charger leurs fufils. Us retournèrent en fuite à luy^ & furent obligez de tirer fcpt coups pour Tachever. - - ^ Comme ils voulurent le chargev dans leur Canot, ils manquèrent de tourner 5 et qui ks euft 6it indubi- tablement périr, l^out ce qu^ils purent faire, fut de l'attacher à la barre, qui cft au milieu du Canot, & ils rame- nèrent ainfi fur k bord du Lac au grand péril de leur vie. Nous eû- mes tout le temps, qu'il nous falloit pour accommoder cette bete, pendant quoy après en avoir nettoyé les en- trailles nous les fîmes cuire , & en fi- nies nôtre repas. Elles font auffi délica- tes , q ue celles des Cochons de l'Euro- pe. Nous nous fervîmes en fuite de la chair de cet Ours pendant le reftc / . : de Dans L'AiviERiOi Sept. 441 de notre voyage, Ôc nous la mangions ordinairement avec de la chair maigre de Chevreux parce qu'elle eft trop grolîc. Nous vécûmes pendant prés de cent lieues de chemin de la Chailc , que nous fîmes alors. CHAPITRE 70, ; Rencontre , que P^yintheur fait fur le Lac Erié d'un Capi- taine Outtaaua£îs nomme Ta" lon^par l'Intendant de ce nom , lequel nous raconta plujîeurs aventures de fa Famille ^ & de fa Nation. On exami^ ne encore le grand Saut de Niagara. IL y avoit un Capitaine des Outta- oiiads 5 qvû avoit rcccu le Nom de Talon de Tlntendant de ce nom, qui ctoit en ce temps là à Québec, Ce Chef Sauvage fe rcndoit fouyept avec T 5 ceux .H* It 442 N o 11 V B L. D n c o 11 V. ceux tic là Nation dans cette Villo, oti ils anportoicnt br.uicoiip de l'elleteiics. Cet nomme nous iutprit tort, quaiul nous le rencontrâmes |>ieii|ue mort ili* faim plus iêmbinble à un (quelete (pf.i un homme vivant. Il nou> dit, ijuc le nom de 'l\ilon s'alloit perdre en ce pays là, puis i]u'il ne pouvoit iurvivrc a lu perte, qifil avoit laite de llx pci- lonncs de (a Famille, (]ui ctoient mor- tes de faim. Il ajouta, (jue la pcchc & la Chaflè lui a voient manijué cette année , ^ que cela' avoit fait périr Ion monde de m il ne, JI nous dit de plus, que bien que les Iroquois ne fullènt pas en {guerre avec ù Nation, ils avoicnt nciiiunoins en- levé une l'amille entière de douze pcr- fonncs, i|u*Hs avoicnt emmenées jiri- lonnieres. Il me pria donc fort inlian\- ment de travailler a les retirer d'entre leurs mains» s*ils étoient encore envie. Pour cet effet il me jctta licux Colicis d*unc brallc de porcelaine noire ik. blan- che, afin que je ifoubliaflè point cette affaire, qui luy tcaoit li tort à ccrur. Dans L^Asmn t(i^ Sr.i»T. 4^^ J*ny conlMOCc en toy, pieds niiiU, nie (lie il) cVil ainlî, c|iriIsnousrtppcllenr. Les Iroquois ^ cjnc tir «cmiiois jî.irticii • licrcment, écouteront tes raifôn** prefo- rablemcnt à celles de tous les autres. Tu les as fouvcnt entretenus .m 0)n- feil, (]ui (ê tcnoit alors au lort de Ka tarockouY, ou tuas fait bâtir une gran- de Cabannc. Si j*avois eteimon Vil- lage , lors que tu y as palle en revenant de viliter toutes les Nations , que tu as découvertes, j'auroisfait toutnionpof- (iblc pour te retenir au lieu d'inie Kob- be noire, qui y étoit, CVfl; ainfi, Îiu'ils appellent les Jefuitcs. Je promis olcmnellement -\ ce pauvre Capitaine de travailler clic/ les lr(xjuois a dé- livrer (es coinpajj;iions. . " ' Nous navi^;anies le long du Lac E- ri(* ^ & aprc's plus de cent quarante lie- lies de chemin , par les détours des Ba- yes i^< des Anfes, que nous c'tions ob- ligez de cotoïer, nous repayâmes par le grand Saut de Hiagira ^ hdus nous occupâmes pend int la moitic' d'un jour à condderer cette piodigicufè Cafcadc. T 6 Je );i 'fy 'Si 444 Nouvel. Decouv. Je ne pouvois concevoir , comment il te pouvoit faire , que quatre grands Lacs, dont Ic^ moindre à quatre cens lieues de circuit ^ &c qui fe déchargent les uns dans les autres , qui viennent tous enfin aboutir à ce grand Saut n'inon- doient pas cette grande partie de TA- mcrique. Ce qu'il y a de plus furprc- nant en cela, c'cft que depuis l'em- bouchure du Lac £rié jufqu'a ce grand ^aut, les terres paroiflcnt prefque toutes plates , & unies. A peine peut on re- marquer, qu'dles foicnt plus hautes les unes que les autres , 6c cela pendant Tcipace de fix lieiics. 11 n'y a que le Niveau de l'eau , dont le courant cii fort rapide, qui le fa(Tc obfcrver. Ce qui furprend encore davantage, c'efl que depuis cette grande Cataradc juf- ques à deux lieues plus bas en tirant ▼ers le Lac Ontario ou Frontenac, les ter- res paroifTent auflî unies, que dans les lieux , qui font au defliis vers le Lac E- rié jufques à ce prodigieux Saut. Nôtre admiration redoubloit fur tour, Jic ce gu^on ne voit aucunes Montag- j ncs. Dans l'Ambriq:. Sept. 445 ncs, que deux grandes lieues au dcflbus de cette Cafcade. Et cependant la dc'- charge de tant d'eaux , qui fortent de ces Mers douces, aboutit à cet endroit, & faute aind de plus de fix cens pieds de haut en tombant comme dans un Abymc, que nous n'ofions regarder qu'en fremidànt. Les deux grandes nappes d*cau, qui knt aux deux cotez d'une Ifle enTaluS, quieft au milieu, tombent en bas fans bruit » Se fans vio- lence , ôc glidènt de cette manière fans fracas. Mais quand cette grande abon» dance d'eau parvient en bas , alors c*eft un bruit , & un tintamarre plus grand que le tonnerre. Au rcfte \c rcjailliflcment des eaux eft fi grand , qu'il forme imc efpecc de nuées au deflus de cet Abymc , ôc on ks y voit dans le temps mcmc de la plus grande clarté du Soleil en plein mydi. Quelque chaleur , qu'il faflc pendant le fort de TEté , on les voit toujours élevées au deffus des Sapin- & des plus grands Arbres , qui foient dans cet Ifle en Ta- lus, parlemoien de laquelle, fe for- T 7 ment hip '^m * . 1' I k grau- ou 7. )pcs d'eau , Fois en ce biles à d'é- Saut , afin Ice juftc & de fatisfairc 1 état d'ad- Jature, au- ici pourtant e de laNa- mner par c- ^oir la plus îibk au Lt- : que j'en ai çant mon Ch. le de ce Lac Erié conte fix k cela con- . Laurent, ont il a été bien, que t fort rapi- de de cette gran- Dans L'AMERiQi Sept. 447 grande quantité d'eau, qui fort de tous ces Lacs. Les terres, qui font des deux cotez à lEft, &àL'Oucft de ccCou-^ rant, paroiflcnt toujours égales depuis le dit Lac Erié jufques au grand Saut. Les bords n'en font point cfcarpez , ôc Teau y dk prefque toujours au Niveau de la terre. On voit bien , que les terres, qui font au dcflbus, font plus baffes, puis qu'en effet les eaux cou- lent avec une fort grande rapidité. Ce- pendant cela eft prefque imperceptible pendant les (Ix lieues, dont il a été fait mention. " " Après ces fix lieues de grand Cou- rant les eaux de ce Fleuve trouvent u- ne Ifle en Talus d'environ un demi quart d'heure de long , & de trois cens pieds de large à peu prés , autant qu'on en peut juger à Tceil , par ce qu'il n'tfl pas poffible d'aller dans cette Ifle avec les Canots d'ccorcc fans s'expofcr à u- ne mort afîiirée, à caufè de la violence des eaux. Cette Ifle cft pleine de Cè- dres & de Sapins. Cependant fcs ter- res ne font pas plus ckvécs que celles , qui ê' IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) ^ .c^ .^* ^ ^ ^ 1.0 1.25 la 12.8 tâS. |Z5 ■ 2.2 u 118 Kl 1.4 IIIIII.6 ^ VQ ^;; y /A Sdenœs Corporation wa; ^ iV <^ 23 WIST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) S72-4S03 6^ ;\ 448 Nouvel. Decouv. qui font aux deux bords du Fleuve. £!« les paroiflènt même unies jufques aux deux grandes Caicades qui compofentlc grand Saut. Les deux bords des Canaux , qui fe forment à la rencontre de cette Ifle, de qui coulent des deux cotez , mouillent prefque la fuperficie des terres de cette Ifle, comme celles, qui font aux deux bords du Fleuve à TEft & à l'Ouëft en décendant du Sud au Nord. Mais il faut remarquer, qu'à Textrémité des Ifles du côte des grandes Nappes pu chû- tes d'eau, il y a un Rocher en Talus, qui décend jufques au grand gouf&e, dans lequel ces eaux fè précipitent. Ce- pendant ce Rocher en Talus n'cfl nul- lement arrofé des 4^ux nappes d'eau, qui tombent aux deux cotez, par ce que les deux Canaux, qui fe font for- mez par la rencontre de Tlfle, fè jet- tent avec une extrême rapidité, l'un à TEfl, & Tautî» à rOuëfl: depuis le bout de cette Ifle , & c'cfllà ou fe forme le ^and Saut. ^ Ajptçs 4qjk ^e ces deux C41 w ont .' COU' ^ ouv. leuve. El- iifques aux mpofentle • L3X, qui fe te Ifle, & mouillent es de cette i: aux deux rOuëft en 1. Mais il rémité des pespuchû- en Talus, id gouffre , itent. Ce- n'cft nul- les d'eau, ?, par ce b (ont for- le , fe jet- LtCy luna uis le bout ê forme le :;4/AdU^ ont cou* Dans L'AMERia Sept. 449 coulé des deux cotez de riflc , ils viennent tout d'un coup à jetter leurs eaux par deux grandes Nappes , qui tombent ayecroideur, & qui font ain- fi foutenues par la rapidité de leur chu- te lànsmoiiiller ce Rocher en Talus. Et c*eft alors qu'elles fe précipitent dans un Abyme, quieftaudefiôus à plus de fix cens pieds de profondeur. Les eaux, qui coulent à TEfl:, ne fe jettent pas avec tant d'impetuodté, que celles , qui tombent à l'Oucft. Xa nappe coule plus doucement , par ce que le Rocher en Talus » qui eft au bout de Tlfle^ efi: plus ekvc dans cet endroit qu'à rOuëft. £t ceb ibu-* tient plus longtemps les eaux, qui ibnt dç ce cote-la. Mais ce Rocher panchaat davantage du coté de l'Ouëf^ cela eft cauiè, que les eaux n'étant pas fbutonnes û longtemps 9 elles tom- bent plutôt, & avec plus de précipita- tion. Ce^ui vient auili» de ce que les terres, qui font à TOuëft^ (ont plus baflès, que celles qui font à l'Eft. AuiH voit on , que les eaux de la nap- ,.' f tt 45Ô Nouvel^ Decouv^ nappe, dui eft à TOuëft, tombent en manière de trait quarrc, fkiûnt unetroi- fiéme nappe, moindre que les deux autres , laquelle tombe entre le Sud & le Nord. , î- J ^^ Et parce qu'il y a une tèi¥e éîriînen- te au Nord, qui eft au devant de ces deux grandes Cafcades , c'eft là ou le ' goufire prodigieux eft beaucoup plus large qu'a rEft. Il faut pourtant re- / 'marquer, que l'on peut décendre de*» puis les terres etninentes, qui ibnt vis à vis des deux dernières nappes d'eau, que Ton trouve à l'Oucft du grand Saut , jufques au fond de ce gouffie affreux. L'Autheur de cette Découverte y a été , & a vett de prés; hcheute de ces grandes Çafea- des. Ceft dé là , qu'on voit une diftance confiderablè au deflbus de la Nappe d'eau, qui tombe à TEft , tel- le que quatre Caroflès y pourroient paffer de front fans être moiîillez. Mais par ce que les tetfes, qui font à FEft du Rocher en Talus, ou la première nappe d'eau faute dans le couf- Dans l'Ameriq^ Sèvt. 451 gouf&e, font fort efcarpées, prefqucs en ligne perpendiculaire, il n'y a point d^homme, qui fo puiflè rendre de ce côté là dans* le lieu , ou les quatre Caroflès peuvent paflèr fans être mou- illez, ni qui puifle percer cette multi- tude d'eau, qui tombe vers le gouffre. Ainfi il eft rort vray fomblable , que c'cft dans cette partie féche, que fe re- tirent les Serpens Sonettes, où ils fe rendetit par des trous fouter- rains. C'eft donc au bout de cette Ifle en Talus que fe forment ces deux grandes nappes d'eau, avec la troific- me, dont j'ay fait mention : Et c'eft de là qu'elles fe jettent en làutant d'u- ne manière effroiable dans ce prodigi- eux gouffre de plus de fix cens pieds de protondeur, comme nous Tauons re- marqué. J'ay déjà dit, que les eaux, qui tombent à TEft, fautent 8c fe jettent avec moins de violence , & qu'au contraire celles de TOuëft fe précipi- tent tout d'un coup , & font deux Caf- cades, dont Tune eft médiocre, l'au- . trc ■i»' ' \ y 45^ Nouvel. Dëcouv. trc fort violente. Mais enfin ces deux dernières Cafcades font une* e{pece de crochet ou de trait quarrê, df fautent du Sud au Nord, & delï)ucft à TEft. Après quoy elles vont rejoindre les eaux de l'autre Nappe, que fe jette à l'Eft: & c*eft alors qu'elles tombent toutes deux, quoy qu'inégalement dans cet ef&oiable Abyme avec toute Tim- petuofité, qu'on peut s'imaginer dans une chute de iix cens pieds Sb haut , ce qui fait la plus belle, Ôc tout enfemble ia plus affreufè Cafcade» qui (bit au inonde Apres que ces eaux (è font aînfi preci- pite'es dans cet horrible gouffire , eUes recommencent leurs cours , & continuent le grand Fleuve de St. Lau- rent pendant deux lieues juiques aux trois montagnes, qui font à KÊftde ce Fleuve , & jufques au* gros Rocher , qui eft à rOuëft, 6c qui paroit fort elevc hors des eaux à trois braflès, de la terre, ou environ. L'Abyme, dans lequel fc jettent ces eaux > continue ainfi pendant deux lieues entre deux chaines de mon- ,.-.. \x Dans l'Ameriq; Sept. 45^ tagnes ^qui font une erande Ravine bor- dure Je Rochers, kfquels font aux deux cotez du Fleuve. Ceft donc dans ce gouffre, que toimbent toutes ces eaux avecTimpetuo- fitéy qu^on peuts*imaginer d'une chu- te fi haute, de û prodigieufe de cette horrible abondance d'eau. Ceft là, que (c fbmient ces tonnerres, ces mu- «flèmens, ces hondiffemem, de ces DOuSbns effroîables avec cette nuée per- peituelle, qui s'elevc au deflus des Cèdres & des alpins, que Ton voit dans Tlfle en Talus, dont il à été fait mention. Apres que le Canal, s'cfté fermé au bas de cette korribk chute par ks deux rangs de Rochers, dont nous avons parlé, & qui eft rempli par cette pro- digieufe qumtité d'eau, qui y tott«be continuellement, le Fleuve de St Lau- rens recommence d'y couler. Mais c*eft avec tant de violence, & (es eaux hcuitent ces Rochers départ & d'autre avec une fi terrible impetuofité, ^'il •èft irapoflibi&d'y naviger, non pas mê- me en^Canot d'écorce, 4vec krqueis pour- tv 454 NouYEK. Decouv. pourtant en navigeant terre & à terre on peut franchir les rapides les plus vio- îens. » Ces Rochers, & cette Ravine du- rent pendant deux lieiies depuis le grand Saut juiques aux trois Montagnes , 3c au gros Rocher, dont il à été fait men- tion. Cependant tout cela diminue in- fènnUement à mefiire , qu'on s^approche des trois montagnes, ôc du gros Ro- cher. Et alors les terres recommencent à êtreprefque de Niveau avec le Fleuue^, ôc cela dure juiques au Lac Ontario , ou de Frontenac. .» t ■-■■ Quand on efl: auprès du grand Saut, & qu'on jette les yeux for cet effroia- ble gouffre, on en eft épouvanté, & la tête tourne à tous ceux , qui s'atta- chent à regarder fixement cette horri- ble Chute. Mais enfin cette Ravine ve- nant à deminuer, de à tomber même a rien aux trois Montagnes, les eaux du Fleuve St Laurent commencent à couler plus doucement.Ce grand rapidefe rallen- tit & le Fleuve reprenant prefque le Ni- veau des terres , 11 eft pour lorsmaviga- blc n%.fr> •s •» 'l Dans l'Ambriq. ^cpt 455 ble juiques au Lac de Frontenac au tra- vers duquel on paflèpourfc rendre dans le nouveau Canal , qui fe forme de fà décharge. £t alors on rentre dans le Fleuve de St. Laurens , qui for- me peu après ce qu'on appelle le long Saut à cent lieues de Niasara. J ay (buvcnt ouï parler des Catarac- tes du Nil , qui rendent iburds ceux , qui en font voiiîns. Je ne fày , fi les IroquoiSy qui habitoient autrefois près de ce Saut, & qui vivoient des bêtes fauves > que les eaux de ce Saut entrainoient avec elles , Se qu'elles fài- foient tomber d'une fi prodigieufè hau- teur, fe font retirez du voifinage de cette grande chute d'eau, dans la crainte de devenir fourds, ou fi cela eft arrivé par la fraïeur , ou ils étoient fans cefic des Serpens fonnétes, qui fe trouvent en ce lieu là pendant les grandes cha- leurs, & qui fe retirent dans des creux, ou on ne peut les attaquer le long des Rochers jufques aux Montag- nes, qui font deux lieues plus bas» %^ V Qjjoy .1 *i \W 45^ Nouvel. D^ecouv. Quoy qu'il en foit on voit de ces dangereux aninuux jufqu'auprès du Lac de Frontenac vers la côte Méri- dionale, Mais comme ces Sçrpens ne Î>aroiflènt, oue pendant les grandes cha- eurs, de même lots (]u'eUes font extra- ordinaires, on ne les craint pgs tant, qu'ailleurs, Cependant on peut piiefu- mer aflez raifbnnabkment , que le bruit horrible de ce grand Saut, ôc la crainte de ces dangereux Serpent t>€;u-> vent avoir obligé ces Sauvages de cher- cher une habitation phis commodp. Nous nous rendîmes, au Lac Ontario ou de Frontenaie, en £itfam te portage de n&tre CaQot depuis Iç grand Saut de Niagara jufquçs au pied de ces troi^ Montagnes, qui font deux lieûies plus bas, vis l VIS du gros Elocher, donje fay fait mentiop. Pendit ces deux lieues de chemin nous n'apperçumes au- cun de ces Serpens Sonnetes. , quoiSj la Ri^ n'y féi de blé ce Vil coite, des Et CHA- m^ Dak^ l'Ameriq. Sept. 457 CHAPITRE 71, Vîyiut heur part du Fort qui efi à l'Embouchure de la Riviè- re de Niagara , à* oblige les Iroquois en plein Confeil de rendre les E fc laves ^ qu'ils ûvoient faits fur les Out" taoUails. NOus ne trouvâmes point de Sau- vages dans le petit Village des Iro- quois, quieft près de l'embouchure de la Rivière de Niagara. Ces peuples n'y fément ordinairement que très peu de blé d'Inde 9 & ils ne demeurent dans ce Village y que dans le temps de la Ré- colte 9 qu'ils en font, ou de b pêche des Eturgeons ou des poiflbns blancs 9 qui y eft très abondante. Nous croiïons auffî trouver des Canadiens au Fort de la Rivière de Niagara que nous avions c- hauchc dans le commencement de nôtre Découverte. Mais tous ces Forts y qu'on * V avoit > ^58 Nouvel. Dr cour. avoit faitfcmblant de bâtir , ne fcrvoicnt dans le fond qu'à couvrir le commer- ce fecret quon faifbit de Pelleteries, & pour foutcnir les belles efperances, que le Sieur de h Salle avoit données à la Cour. £t ici il eft vray de dire , que des particuliers ne peuvent pas entrepren- dre ces fortes de Découvertes. Elles font au defliis de leurs forces. Il eft donc neceflàire de les appuyer de Tau- thoritc des Souverains. Et en c&t les fucces en dépendent de leur appuy , & de leur proteéèion. Cela avoit obligé le Sieur de la Salle de fè faire authori- 1er parla Cour de France. Cependant il n'avoit point d'autre viiedans le fond que fon propre avantage. Et c'eil pour cela, qu*i] n'appuyoit pas fon en- treprife de tous les éubliflèments, qui 'cuficnt été propres à la bien foutenir. Il en farfoit quelque femUant au dc- ho Vf. Mais dans la veritt il ne fon • jpçôit «pi faire fon profit particu- •|ier. lis m trouvâmes donc peifomic dans .V- l? our. îc fcrvoicnt le commer- Pcllctcries, erperances, c données à e, que des entrepren- :rtes. Elles rces. Il eft lycr de Tau- t en efièt les r appuy, & avoit obligé lire authori- Cependant ians le fond > Et c'eft pas (on en- îments, qui en (butenir. lant au de- c il nefon- )fit particu- le peilibnnc dans Dani l'Ameriq^. SfiPT, 459 dans ce Fort de la Rivière de Niagara. Nous ne vîmes même qu'un grand han- gar vuidC) & couvert de planches au lieu d'un Fort. Nous nous rendîmes le long; de la côte Méridionale du Lac Ontario ou Frontenac au grand VUlagc des IroquoB Tfonnontouans après trente liciics de navigation. Nous y arrivâmes envi- ron les Fctes 4ç h Pcnt^cQCe de Tàii Ces Barbares nous voyans tout brû- lez du Soleil , 6c mon habit de St. Fran- çois rapçtacé de morceaux de peaux de Taureaux Sauvages , mais d'aiUeurs of- {et gay, ôc alerte ^ coururent tous aH devant de nous en répétant fbuvent à haute voix le mot d^Otchitagon ^ pour dire , le Pieds nuds eft de retour du grand voyage , qu'il avoit entrepris pour alkr vifiter les Nations, qui (ont au de là de la R^iére Hohio, & du Fleuve Mc^ idiaiipi.. Us me conduifîrent avec mes deux hommes dans la Cabane d'un de Jeurs principaux Chefs. Ik aflcmblérent leConfeil des Vicr- lards| qui s'y rendirent au nombre cte V X plus I ï 4^d Nouvel. Decouv. plus de trente, portons pompeufèment leurs Robbes de peaux de toutes fortes de betes fauves, entortillées au tour de leurs bras, ayant le Calumet à la main. Us donnèrent ordre, qu'on nous réga- lât à leurs mode, pencuint qu'ils (iimo- ient tous fans manger. Après le repas je leur fis dire en plein Con&il par un Canadien, qui parloit leur langue plus £icilement que moy^ quoy que je Teuflè appris quelques an- nées avant mon départ , que leurs Guer- riers avoient amenez chez eux comme Efclaves douze Outtouads, quiétoient leurs Alliez, de même que d^Onontio, c^eSt ainfl, que ces peuples appellent le Vice-Roy de Canada. Je fis ajouter à cela, qu'Onontio les regardoit com- me fès enfàns aufli bien que les Iroquois 6c que par cette violence ils rompoient la paix, & dédarbient la guerre a tout le Canada. Afin même de les obli- ger à nous rendre ces Outaoua(5b, qui par bonheur étoient encore tous vi- yans, nous jettames au milieu de raf* fcmblçe les deux CoUers 4e porcelaine , que Dai que le C nez. Od mi ces ] LeC( main, U d'autres ' rent, qi Efclaves, fans efprj Onontio le Comte tion le r 3u'ils vo e vrais c rendroier mal à pr^ L'un < qui porta dans ce de Pelleti &de Caj te écus. le rendis moit ter luy fàifbi troquer c uv. uièment es (brtes tour de la main. »us réga- ls fiimo- en plein i parloit le moy^ quesan- rs Guer- comme iétoient )nontio, ppellent s ajouter )it com- [roquois mpoient e à tout es obli- 5b, qui tous vi- de l'af- celaincy que Dans l'Amerxq« Sct>T. 4^1 que le Capitaine Talon nous avoit don- nez. C'eft la coutume , qui s'obfèrve par- mi ces peuples pour entrer en affaire. Le Conkil étant aflèmblé le lende^ main , les Iroquois me répondirent par d'autres Coliers de porcelaine, & me di- rent, que ceux, qui avoient fait ces Efclaves, étoient de jeunes guerriers fans efprit : que nous pouvions aflurer Onontio, qui étoitpour lorsMonfieuc le Comte de Frontenac, que leur Na-* tion le refpèâeroit en toutes chofes, 3u'ils vouloient vivre avec luy cqmnrAC e vrais enfans avec leur Père, & qu'ils rendroient ceux, qui avaient été pris mal à propos. L'un des Chefs nommé Teganeot ,' qui porta la parole pour toute la Nation dans ce Confeil , me fit un ptefènc de Pelleteries, de Loutres, de Martres, & de Caftors , qui valoir plus de tren- te écus. Je le pris d'une main , & je le rendis de Tautre à fbn Fils, qu il. ai- moit tendrement. Je luy dis, que je luy feifbis ce prefent, afin rui'il le pût troquer contre desmarchanUiiesderÉu- 1 it V î ro- \ '4^r Nouvel. DfiConY. rope , ajoutant à Tegancot , c'eft aînfi, que nous autres Pieds nuds en ufons, car c'eft ainfi, qu'ils nous appellent. Nous ne voulons ni Caftors, ni Lou- tres, ni aucun prefènt. Ce n'eft point par mépris. que nous les rcfufbns. Nous n ayons garde. Mais nous fem- mes ainfi desintereflèz en toutes cho- ies. Au refte je feray connoîtrc vôtre bonne amitié aii Gouver- neur. Ce Chef Iroquoîs fat fiirprîs de et refus, que je m de fan çreSent^ 3c voyant enfiiite, que je donnois encore à n>n Fils on petit mitoîr, qui me re^- ftoit, & dont je me fèrvois pour me ra- fer, il difbità ceux de fà Nation, que les autres Canadiens n^en ufeientpas de même Et c'eft ce qui obKgeoit cjces Barbares de nous envoyer de temps en temps des prefèns de viandes de leurs dhaf!ès, difànt, que puis que nous al- lions pieds nuds comme eux , & que nous apprenions leur enfans à reciter des prières en leur langue, il etoit bien jjufte, qu'ils en euflènt de la rccon- noif* Dans l*amerïq. Sept. i|^jf noiflàncc , & qii'ik nous la témognaC- fent dans Toccafion. Après que ces Sauvages nous eurent alîiirez, qu'ils vouloient vivre en bonne intelligence avec nous , nous primes congé d'eux , & nous nous mîmes en état de partit pour continuer nôtre voyage. C H A P I T R E 7». irt; V^AutheuT quitii les Iroquois Tfimntmtoiians » & arrivii aiL EoH dt Frontenac. IL fa^t avouer, qu'il eft bien doux ^ bdeti agréable de fi>vdir de fEfclava- gc, â: de b madn des Barbares, & qu^on réfléchit avec plaiiir fur les maux paflèz, dont on fe voit heureuiement garanti: &ir tout qiiand on retourne parmi î^ atnis, & qu'on eft en état die le refaire de iès fatigues, •& de fcs tra- vaux. Il eft impoîfible, qu'on aad-* mire les fecours furprenans de la provt^ V 4 den-^ ^ ! . ^^4 Nouvel. Decouv* dencC) & qu*on ne penfe avec une (à- tisfàâion incroyable aux avantages, qu^on en à tirez dans le befbin. Nous avions encore environ quatre vingt lieues de chemina faire fur le Lac ' Ontario pour nous rendre au Fprt de Catarockouï ou de Frontenac. Nous fîmes cette navigation fort payement. J^avois travaillé à faire avoir quelques Pelleteries au Picard du Gay, ôc à Mi- chel Ako nos deux Canoteurs pour ad- doucir la mémoire de toutes les peines, & de toutes les fatigues, qu'ils avoient ^flîiiées dans le voyage. Ils poufibient avec moy à force d'Avirons le Canot, qui étoit plus grand que celuy, dont nous nous fèrvions en quittant les * Iflàti ôc Nadouëflàns. Nous nous rendî- mes donc au Fort en quatre jours, & nous tuâmes en chemin quelques Outar- des, de quelques fèrceÛes. Nous ne manquions alors ni de poudre ni de plomD. Nous tirions à tout hazard (ur le petit gibier , que nous rencontrions , comme des Tourterelles, ôc des Ra- miers, quirevenoient alors des pays é- tran- Dans l'Ameriq^. Sept. 4^5 trangers end grande quantité, que ces Oiièâux dont la chair eft fort délicate 9 paroKToient comme des nuces dans cette laifon là. Nous remarquâmes une chofè digne fans doute d'admiration. C*cft, que les Oifèaux , qui voloicnt à la "tête des autres j fè mettent fbuvent derrière pour (bulager ceux d'cntr'eux , qui font fa- tiguez. Ceflainfi, que ces^ petits a- nimaux s'entr' aident les uns les autres, ce qui fait bien voir aux hommes, qu'ils doivent aufG fb fccourir mutuel- lement dans le befbin. Le Père Luc Buiflêt, &le Sergent nommé la Fleur, Qui commandoit dans le Fort en Tab- fence du Sieur de ]^ Salle, nous receu- rent dans nôtre Maifbn de la Miflion, que nons avions bâtie enfemble. Ils furent fort flirpris de nous voir*. On avoir fait courir le bruit, que les Sauvages m'avoient pendu avec le cor- don de St. François, il y avoit deux Ans, Tous les habitans du Canada, Ôc tous les Sauvages , que nous avions aturez pour demeurer auprès du Fort y 5 «fc 4^ Noar»t. Dicour. de Frontenac & pour en cultiver lc$ ter- res, me firent un accueil extraordinaire, de me témoignèrent beaucoup de joie de me revoir. Les Sauvages mettans la main flir la bouche repetoient fou vent le mot d'Otkon pour dire, le Pieds nuds eft un Efprit, puis qu'il a fait taht de Chemin , & qu'à eft échap- pe de tant de Nations, qui les auro- îent tuez, s'ils y avoient été. C'eft ce qu'ils ne iè pottvoient laflcr de me dire. On nous fit toutes les honetete;5 iniaginables dans ce Fort^ Mais nos deux Canoteurs avoient u- ne extrême démangcaifon de fe rendre dans le Canada. Je confentis à leurs defirs, d'autant plus qu'après avoir tant eflîiié de périls enlemWe, fctoîs |>ien aifè d'achever k voyage avec eux. Nous prîmes donc congé du Père Luc Buiilêt , de de tous nos gens , qui dç- xaQuroient dans ce Fort. GHAP* Dans l'Ameriqj Sept. 4^7 C H A P I T R E 7j. VKjiuîheur part du Fort de Frontenac^ & paffe F affreux rapide^ qu'on appelle le long Sauff ilefi agréablement te-^ ceu a CMont-réal par Mon-- Jteur le Comte de Frontenacs NOus nous mîmes en Canot plu- tôt, que je ne Tavois cru, par- ce que nos deux Canoteurs ne me laiflbient point de repos. Nous con- . fiderâmes Fembouchure du Lac On- » tario, ou Frontenac avec plus dex- aditude, que nous n avions fait au- trefois. Cet endroit s'appelle mille- Ifles, parce qu'il y en a iî grande quantité, qu'on ne les peut comp- ter. Le courant des eaux en eft. fort rapide , & cette i^idité s'aug- mente d'une manière aflreufe , lors que cette grande abondance d'eau , qui vient de tous ces Lacs , ou Mers doucc^ dont fay parié, s*augmcntc V ^ gat - 4^8 Nouvel. Decouv. par la grande quantité de Rivières > qui fe jettent dans ce Lac. Elles fe- roient feuler capables de former un grand Fleuve. Mais quand elles viennent afe reunir dans l'endroit, qu'on appelle le long Saut, alors elles paroiflèntauffi afFreufes, que le grand Saut de Niagara. Et en eflèt les rapides y font prodi- gicuicment violens par Tabondance des eaux, & par le grand panchant de leur lit. Par dcfliis tout cela on voit aux bords & au milieu du Fleuve de St. Laurent environ 8 ou i o lieues au def- fus dudit Lac en dccendant vers le Canada des Rochers de tous étages, tel- lement élevez au deflus du courant de ce dcluge d'eaux, que ces eaux rapi- des étant arrêtées par ces Rochers, elles font un grand bruit, & tonnent cop- tinuelîement d'une manière auilî violen- te qu au grand Saut de Niagara. Ce terrible Choq des eaux, qui ^viennent battre fi rudement ces Rochers, dure près de deux lieues , & ces ondes re- j^:illiflènt en lair à la hauteur de plus de cinqoufix toifes, Se j[ont paroitre Dans l'AmeriOl Sept. 469 des manières de gros pelotons de neige, de la grefle, de la pluye avec des ton* nerres épouvantables, qui fèmblent ac- compagnez des fifflemens^ des hurlc- mens des bêtes les plus furieufès. Ce qui fe fait uniquement par la violence, avec laquelle le? eaux vinnent frapper ces Rochers. Je crois fortement! queft on demeuroit long temps en cet endroit on deviendroit fourd , fans efpoir d'en pouvoir jamais guérir, tant le &acas en eft horrible , de le mugiflèment prodigieux. Dans cet endroit nos deux Canoteurs ne voulurent pas faire le portage par terre ni du Canot, ni des pelleteries , qu'ils avoient amaflees. J'avois dcja autrefois décendu ces rapides du long Saut en Canot. Je rifquay donc en- core gaillardement ce voy^e avec nos deux hommes. J'avois efluié un foit grand nombre de dangers par une be- nedidion particulière de Dieu. J'eipe- raydonc, qu^il me feroit encore la grâ- ce de franchir ce mauvais pas. Nôtre Ca- not paflbit fouvent entre deux Rochers au milieu defquels ^ il n'y avoit 1 ,a m 'M I •v V7 que 470 Nouybi.Dbcouv, 3UC la largeur du Canot pour paiïcr, mais 'une vitcflic fi grande, ou'à peine pou- vions nous conter les ArDrc9, qui font fur le bord du Fleuve. Nouf fîmes plus de deux grandes liciîcs dans ces ra- pides affieuxenfi peu de temps que ccli c(i: inconcevable. Il ne faut donc pas s'étonner , (î nous nous rendîmes en moins de deux jours de ce Fort de Frontenac au Mont-rcal, 3uoi qu'il y ait plus de foixante lieues c navigation de Tun à Tautrc. Avant que de mettre pied à terre à Mont- réal nos deux Canoieurs me prièrent de les laiflèr dans une Iflevoiiine avec leurs pelleteries pour éviter de payer certains droitv, ou plutôt pour empêcher, que les Créanciers du Sieur de la Salle ne s'en emparaflènt. Ces pauvres gens é- toient bien aifes dcfe con&rver ce petit profit , qui ctoit tout ce qu'ils rapporto- iient du grand voyage qu'ils avoient (ait a-- iiecmoypour notre grande Décourertc. Comme fctois ieul en Canot, le Comte de Frontenac , Vice-Roy de Ca- iiada'} qui étoit au Mont-ré d à une Dans l'Amiriol Sipt. 471 fenêtre, m*apperçut de loin, & crut> que c'étoit un de nos RecoHeâf nom^ mé le Pcrc Luc Fillâtre, Normand de Nation, qui luy ftrvoit de Cha- pelain, dans le temps de la traite, que les Sauvages faiibient tous les Ans au Mont-rcaL L'un de fes Gardes m'aiant reconnu il en avertit ce Seigneur , qui eut la bonté de me venir recevoir. Il le fit avec toutes les marquet de ten-* dreflè, qu'un Miflionaire peut atten- dre d'une pcrfbnne de (on rang, & defà qualité. Il avoit crû , que j'avois été maflàcré par tes Sauvées» il y avoit plus de deux Ans. Il tut interdit pen- dant quelque temps, croiant toujours , que c'étoit quelque autre Religieux, qui venoit peut être de la Virginie ou nous avons des Recolleâs An- glois. Mais enfin il me reconnut > oc me reçut fort cordialement. Ce Seigneur étoit étonné de me. voir maigre, havre-, décharné, tout brûlé du Soleil & de la fatigue, n'a- yant plus de manteau,, par ce que ks Ifuti me l'ayoîent: oerobbé, 6c *.-/ autant 471 NouviL, Dficouv. n'ctant couvert que d'un méchant ha- bit rapetacé de morceaux de peaux de Taureaux Sauvages» il me mena 9yefff\ujy & me retint pendant dou- ze jours dans fa maifon pour me ré- tablir, Il défendit à tous Tes gens de ne me rien donner à'mangcr fans for ordre exprès. Il me donnoit luy mê- me, ce qu*il vouloit , que je man- geaflc, par ce qu'il craignoit, que je ne tombadè mdade, (i on me laiflbit manger à difcretion y après de fl lon- gues dictes. En vivant ainfî avec modération à la table délicate de ce Seigneur, il prc- noit beaucoup de plaidr à m'ouïr ra- conter les divers accidcns de mon voyage, ôc les cvenemens, qui m'c- toient arrivez parmi ce grand nom- bre de Nations difltrentes , que jV vois vues. Je luy fis connoitre les grands avantages , que Ton pouvoit tirer de nôtre Découverte. Je rc- marquay, que quelques jours après mon retour il reiteroit les mêmes de- Jxiandes, qu'U m'ayoit faites d^abord. Dans l'Ambrio, Sept, 475 Je luy répondis donc . que ;c lyy a- vois dit des le premier jour rcflcn- tiel, de tout ce que je favois : que je ne doutois point, que le Sieur de la Salle, qui devoit repafTcr en France pour fe rendre à la Cour pour fcs affai- res, ne luy euft dit, ce qu'il avoit re- connu de plus particulie r dans le voya- ge, que nous avions fait cnfcmble juf* ques a ce qu'il fut obligé de nous quitter pour retourner en Canada. T*eus raifbn alors de me tenir ainfî re(crvé , j'avois quelque fccret preflcn- timent de ce qui m'cu arrivé depuis. Le Sieur de la Salle, étoit homme à ne me le pardonuer jamais , (1 ;*en euflè trop dit. J*eus donc afièz de force fur moy pour garder le fecret de la Dé- couverte entière , que nous avions fai- te du Fleuve Mefcnafipi. Nos deux Canoteurs avoient autant d'intcrcftque moy à cacher ce voyage, parce qu'on les auroit châtiez lans doute d'avoir lait cette entreprifc contre les Ordon- nances: Et on n'auroit pas manqué de fc fàifir de toutes leurs Pelleteries, qu'ils n i«l.l 1 474 Nouvel. D e c o u t, * u'ils avoient amaflees cvi revenant es If&i avec le Sieur du Luth, qui étoit reftc tout exprès chez les Out- taouads. Le dit Seigneur Comte me mon* tra un jour à T&art une lettre, que le dit Sieur du Luth luy avoit en- voyée par un Huron voifm des Out- taouaâs. Il lui mandoit en:trc au- tres chofès , qu'il n'avok pu jamaii rien ^prendre de nô^e voyage ni de moy, ni do nos deux CanotcittSk Je ne pus m'empécher alovs de dire à ce Seigneur 9 qu'il croioit, que le dit Sieuf du Ludi luy étok abfislur ment dévoue, qjue je pourots pour* tant Tî^rer, que fintcreft de cemi* nés gens ^ qui luy étoient ojppofez , avoit fermé la bouche au dit Sieut du Luthi: que j'etois perlùadé, que ces gens l'avoicnt envoyé avec un ordre fccret pour apprendre de mes nou- velles: que tout cela fe faifoit par rin- trigue de certaines gens, que mon Ca- taétcre & la charité m'obiigcoient d'épargner : que cependant plufieurs ïi^pp de ■^ Dans l'Ameriq^. Sipt 47c de ces gens là n^cn avoient pas ufé de même à mon cgard dans quel- ques occaiions particulières : Mais que je remettois tout à Dieu, qui ne man- queroit pas de rendre à chacun félon fes œuvres. .1 s Le Seigneur François de Laval pre- mier Evêque de Québec vint faire £1 vifitc le long du Fleuve St. Laurent, Eendant que je décendois vers Qué^ ec avec ledit Scigneiur Comte de Fronetnac. Nous le rencontrâmes dans le temps, nontio , qui les aimoit tous fort ten- drement i & qu'aind il les conjuroitde s'en retourner chez eux., & de laiflèr les Illinois en repos, puisi qu'ib /aro- ient foigneufement obfervé le traité de paix. X Ces % ', '48£ Noùvii. Dbc#uv. '-' Ces propofitions ne pleurent pas à quelques jeunes Iroquois, qui mouro- ient d'envie de combattre. Le Sieur de Toilti avec les gens , qu'il avoit avec luy, fc vit donc chargé tout d^uncoup de pludeurs coups demni. Et uniro* 3uois détermine , qui étoit du Canton 'OmontÂghéi donna un coup de cou- teau prés du cœur audit Sieur de Ton- ti. Cependant parl>onheur il ne fit du'effleurer, par ce que le coiip glifla uir une côte. Plufictti^s autres (è jetté- rentiiir luy , & voulurent l'enlever. Af ais un dVnt]^'eux reconnut à fon cha- peau, de même qu^ iês dréilte, qui •n'étbientpos plercées, qu'il n*étoit pas minois. Ceh'fisttaufe) <)u'un Viel- fard Iroquois 'idlria^ qu'il Môit Téparg- mr^: & en même lettips ce Barbatt lui jetVB un Odllier de porcelaine, conunc |>T. 48J nc$ gens croiant donc, qucleslroqitois Tavoient tué avec le Père Zéndbe & les autres Européens, qui IViccompa^no- ient, furpris;de cet attentat, penfcrent être défaits par leurs Eiyremis, par ce qu'lk fe crurent vendus. Cependant les iroqubis ayant fait fignc au Perc Ze- nobc de s'approcher pour clicrcher avçt eux les moiens d-empçcher les deux Années d'en venir aux mains, ils reçurent en fuite le Calumet de paix , & firent (cmblant de fc retirer. Mais à peine les Illinois furent ib arrivez i leurs VilkËCs, que l'Armée des Iroquois parut fur des coteaux, qui étoienjt vis a vis. Ce mouvement obligea le Père Ze- nobe de iè rendre près de ces Barbares pour fevoir, qucHc étoit la raifon 4'u- ne démarche 11 contraire à ce qui ve« noit de fe pâflcc, lors qu'ils avoient ac- cepté la Cdumet de paix. LesUlinois l'avoient prié de prendre cette comraif- fibn. Mais cette 'Krthzffsdc n'étoit paç agréable à ces Batbâtcs , qui avoient les Armes à la main:, ^& qui ne vouloieiït ,. X a pas Ma": -^ï ■y 484 Nouvel. Decoût. pas perdre leurs avantages. Ainfi le Père Zénobe courut rUque d'être msf- fkré par ces hommes impitoyables. Ce- pendant le même Dieu, qni avoit {àu« vé plufieurs de nos Religieux dans de pareilles occa(K>ns9 & qui m'avoit pre* lèrvé de tout malheur dans ma Décou- verte, garantit auffi ce bon Père Zé- nobe de la main de ces furieux. Il é^ toit de ibrt petite ftature. Mais il avoit beaucoup de coursge. Il (c transporta donc hardiment parmi les Iroquois, €pi le reçurent fort humainement. Us luy dirent, que la neceffité les a- voit obigez défaire dette nouvelle dé- marche, par ce qu'ils n^avoient plus de vivres j^ur leur Armée, & que leur grande troupe avoit déchafle ; les Tau- reagx Sauvages, qui (ont ordinairement en grand nombre dans ce pays là. Le Père Zénobe ayant rapporté leur ré- ponfe aux Illinois, ce pe|iple leur en-, voya du bled dinde, ^ toutce qui leur ixianquoit pour leur fùbfiftance. Ils leur propolérent même de traiter de leur peaux de Caftois^ & dç t9i(tes les u^ .1 au« W ^■ • ^••^•.,« a T. \.in(i le tre maf- les. Cc- roit Gai' dans de ^oit pre- Décou- ?ere Zc- i. né^ ! il avoit raniporta roquois » lent. ité les a- relie dé- c plus de que leur es Tau- lairement là. Le leur ré- leur en- ?quileur :e. Ils :aiter de outes les au- Dans l*Ameriq^ Sept. 48$ autres Pelleteries , qui ft trouvent en* abondance dans toutes ces C ontrécs là Les Iroquois acceptèrent ces propo- rtions. On donna des Otages de part & d'autre, & le Père Zénobe alla plu- fleurs fois dans le camp des Iroquois pour amener toutes les affaires à un bon aiccommo dément. Il y coucha même afin de ne point perdre de temps , & dé hâœr la concludon du Traité. Mais les Iroquois s'étant rendus en grand nom- bre dans les Cantons des lUinois, qui neïè défioient de rien » ces Barbares pafTérènt même jufques à leur Village. Etant là ils commencèrent à y faire des aâes d'hoflilité. Ils ruinèrent les Mau- felées, que ces peuples ont accutumé d'élever a leurs morts à la hauteur de fept ou huit pieds. Us gâtèrent les bleu d'Inde, qu'ils avoient (cmei^ & ces perfides les ayant trompez (bus les bel- les apparences de paix, ilsfe fortifièrent dans le Village de ces pauvresgens. ^ Dans cette côiifiifion il ne fut pas (brt difficile aux Iroquois unis aux Miamis, d'enlever huit cent femmes ou Enfens Xj auxs r \%6 Nouvel. D e c ou y. aux Illinois. Ces malheureux Antropo- phagcs mangèrent de rage quelques Vi- eillards de cette Nation. Ils en brû- Ic'rcnt quelques autres, qui n'avoient pas la force de lesfuivre, & ils s'en re- tournèrent ainfiavcclesEfdaves, qu'ils avoient faits, dans leur demeure ordi- naire, qui étoità quatre cent lieiiesdu pays des Illinois. Des les premiers avis, que ce^paih* vres peuples eurent de Tapproche des Iroquois, ils avoient par bonheur en.- voyc la plus grande partie de leurs fa- màles au de là d'un Coteau pour les met- tre à Tabri de leur rage, & leur &ire gag- ner !e Fleuve Mefclmpi afin d'être en (èureté. Les Guerriers lUinois fe reti* rérent par troupes, comme ils purent, fur les Coteaux , qui étoient près de leurs habiutions, & en fuite ils fè diffipe- rent peu à peu pour fè rendre du côté de ce Fluve afin de pourvoir à la fubfiflan- ce & à là confèrvatioh de' leurs famil- les , qu'ils y avoient envoyées pour évi- ter la fureur des Iroquois. '' .Ces Barbares après cette lâche expc- di-* >^ uv. ^ntropo- qucs Vi- en brû- l'avoient s s'en re- s, qu'ils ire ordi- lieiiesdu w -, . -f ' / > » * cc^paih- oche des heur enr leurs fa- r les mct- fàire gag- d'être en i fe tcà,-* apurent, s de leurs : diffipc- du coté Ubfiftan- rs £imil^ pour evi- he expc- di- Dans l'AmeRiq^ Sept. 48^ dition, voulurent donner quelque cou- leur à leur perfidie. Ils firent donc tous leurs efforts pour pcrfuadcr à nos deux Religieux de fe retirer d'avec les Illinois , puis qu'ils avoient pris la fuite & qu'il n'y avoit plus d^pparcnce , qu'ils pufïcnt 4cftcr avec eux à l'avenir pour leur ap- prendre les prières, comme les j^tfien- tatfi ou les Robbcs noires faifoicnt dans leurs Cantons. C'cfl ainfî , qu'ils ap- pellent les Pères Jefuites. Ces Barba- res dirent en raillant finement Ôc malig- nement aux dits Pères Gabriel & Zcno- be, qu'ils fèroient mieux de s'en retour- ner en Canada , & que pour eux ils n'a- voient garde d'attenter à la vie.desJEnfans du grand Onontio Gouverneur de Cana- da, qu'ils ks pcioient' de leur donner une lettre de leur main pour faire connoître la droiture de leurprocedé dons cette occa- fîon,-& qu'afïurcment ils ne dévoient plus époufer les interefts des Illinois leurs Ennemis. Nos deux Religieux- fe voyant ainfî aboi, ^nnez de leurs hôtes, ôc jugcans que par confequent ils feroient trop ex- X 4 po- > \ 488 N o u V E u D E r ouv. pofcz à la fureur d'un Ennemi barba- re, & vidoricux 5 nchcfitérent point à prendre le parti de s'en retourner , fuirant Tavis des Iroquois. Ils s'em- barqucrent dans un Canot d'ecorce, que ces peuples leur fournirent, & de cette manière ils s'en retournèrent en* Canada. ,^ : ■ J-jfi W}% ÎÎV» " CHAPITRE 7y. Les Sauvages Kikapoux ûjfaffi- , nerent le T ère Gabriel de la t Ribaurde^ CHifflonaire Re^ -t colleâf. : . D mis Jeu m'a fait la grâce d'être in/ên- fible aux outrages de mes Ennc- ôc d'avoir de la reconnoiflànce pour les bienfaits, que je reçois. Si jamais j'ay eu lieu de tcmogner ma re- connoiHànce à ceux qui ont eu la bon* té de m'inftruire, il fiut, que favoîie que c'a été à ce bon Père Gabriel, qui a été mon Maître de Novitiat dans le Dans l'Ameriq^ Sept 489 Couvent de nôtre Ordre qui cft à Be- thune dans la Province d'Artois. Il cft » donc bien juftc, que je parle ici d'un ^ aufïi honnête & bon Religieux que lui, à qui j'ay eu de fi grandes obligations, & que j'en faflc mention dans ma Dé^ ' couverte, à laquelle il a eu quelque part, fur tout ayant été m«lheureufe- ment aflàfliné par les Sauvages Kika- pous, comme je m'en vais le racon- ter. Il faut remarquer , que le Sieur de Tonti ne pouvant plus refter au Fort de Crevecœur après la déroute des Illi- nois, il pria les Pères Gabriel & Zéno- be d'entrer avec deux jeunes garçons , qui leur revoient, dans un Canot pour s'en retourner en Canada. Tous les autres a- voient deferté depuis ce malheureux ac- cident, & cela par la (iiggeftion de quel- ques Canadiens, quiétoientles génies Sredominans du pays , & qui les avoient attez de divcrfcs cfperances pour les ob- liger d'abandonner Fentrepriiè du Sieur de la Salle. . N(M Religieux étant donc hors d'é- :*i X î tat \ 4po Nouvel. DecouvJ tat de demeurer avec Jes Illinois après ce d(fbrisy s'emb^uérent ic i8. Sep- tembre fuiv^, denuez de toutes (brtes de vivçes. Par bonheur ils avoient en- CQi?c quelque peu de poudre & de plomb avec trois ou quatre fuTils pour chafTer pendant le chemin , afin dVoir dequoi le nourrir. Mais étant arrivez à huit liciies ou enviro.i des Illinois, leur Ca- not ayant touché quelque roche, fai- ibit eau. Ils furent donc obligez de mettre pied à terre fur le midi pour Iç regommer, & pour le radouber* Le Père Gabriel charme de la beau- té des prairies, des petits coteaux, & des agréables boccages, qu'on trouve en ce pays là d efpace en efpace , com- me s'ils ctoient plantez exprès , s'enga- gea dans ces beaux lieux en difant ion Bréviaire, pendant qu'on travailloit le reftc du jour à rétablir le Canot. Sur le fbir le Père Zénobe alla chercher ce bon Vieillard, par ce qu'il nerevenoit point. Tous les autres en firent de me'me , par ce qu'il ctoit généralement aimé de tous ceux, quilecqnnoii&ient. *. j A Mais uv. lis après i8. Sep- tcs (brtes >icnt cn- le plomb ir chaffcr irdeauoi 2 à huit leur Ca- ;hc, fii- digcz de idi pour adouber* la beau- eaux y & n trouve c, com- , s'cnga- [fant ion ailloit le ot. Sur zrchcr ce revcnoit firent de ralcment oii&ient. Mais Dani l'Amehiq, Sept. '491 Mais le Sieur de Tonti entrant dans des terreurs paniques, femitenfantafie,quc les IroquoiS luy alloient tomt)er fur les bras à tout moment. Il fit donc rap- pcUer le Père Zcnobe , & obligea tout fon moiide d'entrer en Canot, & de pafTcr de l'autre côte de la llivicrc des Illi- nois, qui eft^fort large en cet endroit. Il laîflâ donc ce bon Keligieux , expolc dans ces prairies aux infultes des Rarba- rcs. C'cft ainfi , qu'il le facrifiia fans, avoir aucun égard à fon âagc , ni à fon mérite perfonnd. Cet Italiep ne penfoitqu'afe garan- tir des furprifçs. Il croioit donc , qu'il les eviteroit plus aifémcnc en (c retirant de cette manière. Il obligea le Pcre Zenobe , qui ctoit de fore petite fta- ture , & allez délicat, de rpaiîcr la Ri- vière avec luy. Pour moy j'avoiie, que dans cette corijondure je me ferois for- tement oppofc à fon dcflêin. Je Tau- rois contraint d'açtendre ce bon Pcrc. Pour peu qu'il euft fait ,dc bruit en ti- rant quelques coups de fufil , jamais les Sauvages n'euflent eu la hardicffc d'attcn- * X 6 , - ter >5^-'- / r^ // 492 Nouvel, Dec our, , ter à la vie decebonpcrfonnage. J^au- l'ois même cafTé le Canot d'ecorce plutôt que de foufirir, qu'on paflat la Rivieie. Il cft vray, que fur le foir le Sieur de Tonti fit tirer un coup de fufil par un des jeunes hommes , qui ctorent dans le Canot avec le Père Zenobe , & qu'il fit allumer un grand feu. Mais tout cela fut inutile. Le lendemain ledit Sieur de Tonti voyant, qu'il en avoit ufé fort lâche- ment en cette rencontre , il retourna des la pointe du jour à Tendroit, ou on avoit laifle le Pcre Gabriel le jour précèdent. Il demeura jufques à midi en ce lieu là faifànt jfàire une e(pece de perquifition de ce pauvre Religieux. Quelques uns de fes gens entrèrent dans des boccages , ou 2s virent des piftes d'hommes afiez fi^iches , de même que dans ces vaftes prairies, qui font mr le bord de la Rivie're. Ils les fuivirent affez long temps. Mais ils ne virent perfonne. Le Sieur de Ton- ti a dit depuis pour s'excufer d'avoir -^ -; lachc- un .- ^ -% Dans L*AMERia- Sept. 49^ lâchement abandonné le Perc Gabriel, qu'il âvoit fujet de craindre, que les Iroquois ne lui euflènt drefîë quelque embufcade pour le furprendre. 11 a)ou- toit à cela, qu'ils luyavoient veu pren- dre la fuite, & qu'ainfi ces Barbares pouvoient s'imaginer, qu'il fedcdaroit pour les Illinois, & qu'il prenoit leur parti. n Cependant il faut fe fouvenir , que ces Iroquois s'ctoient chargez de quel- ques lettres du Sieur de Tonti pour les rendre en Canada. D^ailleurs s'ils euflènt eu deflèin de (è défaire de luy , comme ils le pouvoient facile- ment 5 ils ne luy euflènt pas donné un CoUier de porcelaine fclon la cou- tume de ces peuples , quand quelque coup de malheur eft arrivé par inad- vertance. Si donc CCS Barbares euf- fent eu deflèin de Tinfulter, ils n'cuf- fent pas fait tant de façons. Les Sau- vages n*ont pas tant de circonfpedion. Ainfi cette excufè étoit frivole, & in- ventée après coup. Le Père Zénobe a laifle par écrit, qu'ayant voulu ref- « X 7 ter ^Iw"- 494 Nouvel, Drcouv. ^ ter pour apprendre des nouvelles du Père Gabriel, le Sieur de Tonti Ta- voit force de s'embarquer à trois heu- res après midi 9 difant, qu'ailùrément il auroit été tué par les Ennemis, ou que peut être il étoit allé devant à pied en fuivant le bord de la Riviè- re, & qu'en allant toujours terre à terre on pourroit le trouver infailli- blement. 3i •^*^ Cependant ils n'en purent appren- dre aucune nouvelle. Plus ils avan- çoient, plus l'afflidion du Père Zé- nobe s'augmentoit. Parmi tout cela les vivres manquoientàtoute cette trou- pe, & ils ne vivoient que par le mo- ien de quelques pommes de terres, de Tail {àuvagc , & des petites racines, qu'ils dccouvroient en grattant la terre avec leurs doigts. Nous avons appris de- puis, que le Père Gabriel avoit été maflàcré quelque temps après avoir mis pied à terre. Les Kikapous , Na- . tion , que Ton trouve dans la Carte à rOuëft de la Baye des Puans , qui font leurs voifins, avoieîit envoie de M » *^ . leurs \ * Dans l'Ameriq. Sept. 495 leurs jeunes gens à la guerre contre les Iroquois. Mais ayant appris, que ces Barbares faiibient eux mêmes la guerre aux Illinois ) ils cherchèrent les moiens' d'en furprendrc quelques uns àTccart Trois d'entr'eux, qui faifoient l'avant, garde, trouvèrent le Père Gabriel. Ils s^approcherent de luy fe cachans autant qu'Us pouvoient dans les herbes , qui font fort grandes dans ces païs là. Quoy qu'ils leuflènt bien , que ce n*etoit pas un Iroquois , ils ne lainérent pas de le tuer, lors qu'ils fe furent approchez de luy. Us l'aflommérent donc avec leurs Caflè-têtcs, qui font feits d'un bois fort dur. Ils laiflerent fon corps fur la pla- ce , & fe contentèrent d'emporter fbn Bréviaire, & fon Diurnal, qui tomba quelque temps après entre les maina dun Père Jcfuite, donc je feray mention dans mon troifième Tome, qui parlera de la naifîànce de la Foy dans le Cana- da. Ces Barbares au refle enlevèrent la chevelure de ce bon Religieux , ôc la portèrent en triomphe 'dans leur Vil-i •"j.. • 49^ Nouvel, Decouv. lage, publiant, que c'étoit la Chevelu- re d'un Iroquois, quils avoient tue'. VoUa comment mourut ce bon Viel- lard par les mains folles de ces jeunes Barbares. Nous pouvons bien luy ap- pliquer ici, ce que Iç Texte Sacre dit de ceux , qu'Herode fit cgorger dans £i fureur. Non erat^ qui fepeliret. Il ne fè trouva perfonne pour Tenfèvelir. Ce vénérable perfonnage avoir accoutu- mé dans les leçons, qu'il nous &iloit pendant nôtre Novitiat,de nous prépa- rer a de parilles épreuves au dedans & au dehors. Il nous accoutumoit aux mortifications , & faifbit connoitre, qu il avoir quelque preflèntiment de ce quidevoit luy arriver. Ce bon Maî- tre de Novices meritoit un meilleur fort que celuy là, fi pourtant on en peut ibuhaiter un plus avantageux que de mou- rir ainfi dans les fon(5tions d'une Mif-- fion Apoflolique par les mains des Na- tions, aufquelles la providence envoyé fes fcrviteurs. Le Père Gabriel ctoit âgé d'environ fmantccinq &osr U n'avoic pasfeu'^ le-» m r. levclu- it tué. i Viel- jeunes luy ap- cré dit er dans rct. Il ifevclir, ccoutu- ; feiloit ► prcpa- de(£ins utumoit nnoitre, it de ce n Maî- eur fort en peut demou- eMif- des Na- envoye tenviron pas fcu-^ Dans l*ameriqi Sept. 497 lement mené une vie exemplaire , com- mune à tous les bons Religieux. Ils'c- toit encore parfaitement bien acquitc de tous les emplois, qu'il avoit eus dans rOrdre, ou il a voit été Gardien, Su- périeur, inférieur, & Maître des No- vices : & de ceux qu'il avoit exercez da|is le Canada depuis Tan 1^70. jufqujes à fa mort, Il m'a fouvent fait connoitre » qu'il avoit d'extrêmes obligations à nos peuples de Flandres, qui lavoient nour- ri tort long temps. Il nous en parloit' ainfi, a6n de nous inipirer par fon exem« pie des fentimens de reconnoif&nce pour nos bienfaiteurs. Je Tây veu fouvent dans les tranfports d'une extrême dou- leur, de ce que tant de peuples Barba^ tes vivoient dans une profonde ignoran- ce du fàlut. Il auroit fouhaité de mou- rir pour eux en travaillant à les tirer de ces horribles ténèbres. Les Iroquois parlant de luy, difoient,^ qu*il avoit enfanté, par ce qu'il avoit le vq^tK naturellemenr aflèz gros. Mais il c- toit devenu fort plat , par fès fréquentes diètes , ôc par l'aufterit é de fà pénitence. u L« ; -/ r 498 Nouvel. Decouv, Le Sieur de Tonti ne pourra jamais fe difculper de la lâcheté, qu'il a com- iniiè, d'avoir abandonné le Père Gabriel , comme il a fait, fous prétexte, qu'il craignoit les Iroquois. Cette Nation toute farouche, qu'elle efi jaimoitce bon Vieillard , qui avoit (buvent été parmi eux. Ce Religieux voyant après la dé- routée des Illinois, que le Canot du Sieur de Tonti étoit trop chargé de peaux de Caftors, & qu'il ne pouvoit Y avoir place, en jctta plufieurs , aux Iro- quois pour leur faire connoSttre, qu'il n'étoit pas venu en ces pays là pour y amaflèr des peHeteries. Et cela peut ê- tre caufà quelque chagrin au Sieur de Tonti. . P'ailljçurs Le Sieur de Tomi appcr- çût ces Sauvages Kikapous^ qui s'ap- prochoient du Père Gabriel. Un coup de fufil feul aUroit fufE pour les faire fiiïr tous. Le pauvre Père Zcnobe n*eut ni aflèz de voix ni aflèz de vigcur pour perfuader audit Sieur de Tonti d'atteji- dre quelque temps ce bon Père Gabriel. U le iàcrifia donc , de l'abandonna de t.. la n Dams l*Ameriq. Sept 499 la manière, que nous avons dit , forçant le Père Zcnobe d entier en Canot pour paflêr de l'autre cote de la Rivière Tout cela dans le dcfïcin de fauver quelques pelleteries , qu'il avoit, enex- pofànt ainii malhcureufement un bon Religieux. Je ne doute point, que la mort de ce vénérable Vieillard n'ait été pretieufc devant Dieu, & qu'cll?î ne produifè un jour ion effet, quand ii plaira à Dieu d'ufer de (on infinie mi- fèricorde enuers ces Nations Barbares. Je fûuhaite même avec ardeur, qu'il vueille bien fe fcrvir d'un inftrument fbiblc comme moy, pour achever ce que f ay déjà ébauché par fa grâce ay^c tant de travaux. ^, ■»*. ■ ) t CHAP- l 1* <\ ^' jjoo Nouvel. Decody. £^ i'. i^' î) C H A P 1 T R E 76. Retour de VAutheur de cet- te grande T^è couverte à ^e- j bec. Ce qui fe paffa à fon : arrivée au Couvent de Nâ* î tre T)ame des ^yinges frez '-' de cette ville. Si MOnficur le Comte de Frontenac Vice-Roy de Canada, me donna deux des Tes Gardes, qui étoient très bons Canôteurs pour me reconduire à Québec. Nous partîmes donc du Fort de Champleûi , dont ilbus avons par- lé, & étant enfin arrivez près de la Ville , ;e mis pied à terre pour me ren- dre à nôtre Couvent au travers des terres défrichées. Je fis porter le Ca- not , qui étoit magnifiquement peint , par les deux Gardes, hc ces hommes me difbient, que ledit Seigneur Com- te les avoit afliirez , que les peintu- res de cet Canots luy coutoient autant m« Mm /!'•:. IV. '6. f/ cet' à§lue- à [on ie Nih 'rontenac ic donna oient très ;>nduire à c du Fort irons par^ rcs de la ir me rcn- avers des er le Ca- it peint, hommes ;ur Com- s peintu- nt autant que ' Dans l'AmeIiiq. Sept. 501 que les Chevaux d'Efpaene , dont il s ^toit fèrvi en Candie dans la guerre contre les l'urcs. Je ne voulus point débarquer à Québec, par ce* que l'Evcquc avoit donné ordre à fbn grand Vicaire de m% recevoir dans fon Palais Epifcopal pour s*çntretenir à loiiir avec moy de nôtre grande Découverte. Mais ledit Seigneur Comte avoit commandé fort exprefTément à (on Major dans la vil* le de rémpecher, & de me faire con-* duire premièrement à nôtre Maiibn Re- ligieufc pour conférer avcclePerc Va- lentin le Roux , Commiflâire Provincial des Recolleâs dans tout le Canada, homme habile, & d'vme grande éteçi-* due d'eiprit. • Il n*y avoit alors dans nôtre Couvent de nôtre Dame des Anges que trois Mif* fionaires, qui s y trouvoient avec ledit Commiflâire. Tous les autres étoient di(^ perièz cà & là en diverfès Miflions à cent lieues de Québec On peut ai-: fèment s'imaginer, que nos Religieux me Jrccurent avec bien de la joie. L'un I < ■ 502 Nouvel. Decouv; d'entr'cux nommé le Père Hikrion Jeu- net me di(bit (buvent d'un air enjoué, Lazjare veni foras. Je luy demanday enfin la raifon, pour laquelle il me faifbit cette application du Lazare. Il me ré> pondit, qu il y avoh deux Ans, qu'on avoit chanté ime Meflè de Xf- ipiiem pour moy dans le Couvât, parce que des Sauvî^es étrange^ a- voient afTuré une Rwbe noire, Veft le nom par lequel ces Barbares dé- fignent les Jdtiites, que 4es peuples, ^e les Iroquois ^peflent HeMûuk- gdéa m'avoient étranglé à lin AÂnre avec le Cordon de St. François, & que les mêmes Sauvages avoient fait mourir d'uiie maniéifecfert cruelle les deux hommes, qui m'accompj^o- lent. ■---'■ 5^' ■■ -'■'■^^ "-\^^"^' ■ ^ jl fetït^avoKer lé!) <^uetous leshom- mes ont leurs Â^is & leiirs Ennemis. Il y a des gens , qui font âflez iêm- blables au rcu , qui noircit le bois, qu'il ne peut brûlèr.'Ortaints gens dànc, qiii lïViyôiént pu.m^âttirer dans leur ^arti, fe tovkirtt'^ ce bruit de ma "ii. mort Il V, ion ]t?ï^ cAjOue, day enfin le faifoit Il me ré- 8, qu'on de «*- Couvent, ange*» a- rbares dé- peuples, un AÀTC [n^i^j & oient &it «ruelle les ompagfto- is ksrhoâl- Ennemis. àffez fem- le bois 9 gensdémc, dans leur it de ma mort Dans l'AmeriQi Sept. 505 mott pour ternir ma imputation. Ainil on avoit fait plusieurs difcours à mon desavantage dans le Canada. Quoy qu'il en ibit , car je m'expliquerai da- vant^ fur ce fujet dans mon troifié- me Tome, s'il plàlft à Dieu, je dois reconiïoitre, que ÎDieu m'a con- fèrvé par une <^pece de miracle dans ce grand & dangereux voyage , que j'ay fait , & dont j*ay donné la Rela- tion dans ce volume. Et quand j'y réfléchis avec un peu d'attention, je fiiis perfuadé , que la Providence m'a confèrvé pour publier au monde les grandes Découvertes, que j'ay faites pendant im fèjour d'onze Ans, ou environ , que j'ay vécu dans l'Amé- rique. Il faut remarquer ici, que bien des gçlns veulent ibuvent fè méfier des choies , qui ne font point de leur reflbrt , & qu'ils prennent ombrage de eeux, qui né veulent point fè con- fottner à leurs inclinations. Le Conr^ taiffaire Provincial , dont j'ay parlé j me {^reflà fort infiamment de luy don- ner 504 Nouvel. Decout. ner copie du journal de la Décou- verte, que j*avois faite dans mon voi- âge de près de quatre Ans, me pro- mettant , quil me garderoit le fecret. J'avoue, que je me fîay à fâ parole, 1>ar ce que je le croiois y comme je e crois encore , homme d'honneur & de . probité. Je conQjderay même , que comme if avoit penié fèrieufè- ment à la connoiflànce, que les dits Seigneurs Evéque de Québec , & Comte de Frontenac vouloient avoir de cette Découverte, il cherchoit les moiens de les inftruire luy même pour leur communiquer ce qu'il fau- droitfàns m'expofer, afin que lun & Tautre (uft content. C*eft à cela, que je rapportois les ibins, qiie ce Cpmmiflàire Provincial prenoit de mby , & les carefTes extraordi- naires , qu'il me faifbit en me régalant de tout ce qù*ilpouvoit trouver pour lors& en m'appeltant fouvent le Reiufcité. Il me pria même de retourner dans TEurope Îour faire connoitre au public les grandes )€Couvertes, que j'avois faites , & il 1^0 -■ _ , OUT. i Décou- mon voi- i,mc pro- : le fecret. fa parole, comme je hioaneur & même , ferieufe- lue les dits lébec, & ioicïit avoir herchoit les luy même :e qu'il fau- que Tun & apportois les e Provincial îTesextraordi- ac régalant de rpouir lors& clufcité.Ilmc lans l'Europe >lic les grandes faites , & • il Dans l'Ameriqj, Sept, joj il ajouta, que j'éviterois par ce moîeit h jaloufie de ces deux Perfonnes , &: 3u'en effet il étoit difficile de plaire" à eux Maîtres 9 dont la condition 6c les interefts étoient fi differens. ^ Le Commiflâire eut donc tout le temps, qu'il lui falloit avant mon retour en Éurope,de copiei généralement tout mon Voiage furie Fleuve Mefchafipi,lc- 3uel j'avois entrepris contre le fentimenc e Monfieur de la Salle , qui a fait enfiiite le Voiage depuis les Illinois jufques au Golphe de N^xiqueen 1 6S2, deux Ans après moy. Il avoit eu quelque fbupçon, aue je pouvois bien ravoir fait. Cepen- ant il ne put pas s'en éclairciràmon re- tour du Fort de Frontenac , par ce qu'il ctoit alors en Voiage chez les Outaiiaga- mis. Uncfavoitdonc pas,filesSauvages nem'avoient pas mafwcré , comme le bruit en avoit couru , & qu'on Ten avoit aflùré avant que de partirde ceFort. Je fuivisle Conkil de nôtre Commîf- Jàire, & je pris la refolutiondem'cn re- tourner en Europe. Avant que de partir je lui fis coniioitre fort fericufcmcnt,. .#f^ ■>• ï ■ JO'2c les expediens, par lefquels onpeut établir de 'bonnes Colonies dans ces vaftes Contrées, que l'on peu^, jq;»peller avec rai* ion les Délices de l'Amérique^ & y fonder ^^a des plus graûds Empires de rynivecs. r 1* I Ci. F l'K. ouv. ire pour l*çta- nôtre Décou* s progrés pour d'entretenir en paix ,■!>* & les Soutenant leurs Ennemis ne font jamais qu'ils ont une it de taincre r'eux; que la avoit toujours ! moien, qu'ils millions d'A- 1- entroît fort Se il me difoit ïcroit de tou- pour cela. i Dieu» dans ns> ^tt'ilfaut la Foi parmi ingages û di- quels on peut ns CCS vaftes lier avec rai- & y fonder erUnivei». > -:i i \