key: cord-1041887-3khoco9y authors: Kaltenbach, G. title: La COVID-19, une crise sanitaire et sociétale qui a révélé la fragilité de la place laissée aux personnes âgées vulnérables au sein de notre société date: 2021-07-07 journal: NPG Neurologie - Psychiatrie - Gériatrie DOI: 10.1016/j.npg.2021.06.006 sha: b31a328c2dbcd39b75f3f28b82aed6e28963fec7 doc_id: 1041887 cord_uid: 3khoco9y nan ScienceDirect www.sciencedirect.com ÉDITORIAL La COVID-19, une crise sanitaire et sociétale qui a révélé la fragilité de la place laissée aux personnes âgées vulnérables au sein de notre société La barre des 100 000 morts liés à la COVID-19 a été franchie mi-avril 2021 en France [1] . Ces décès ont eu lieu presque exclusivement dans les hôpitaux et les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Les principales victimes ont été les personnes âgées, puisque 93 % de la mortalité concernaient les plus de 65 ans, et même très âgées, car la médiane des personnes décédées était de 85 ans. Cette crise sanitaire, sans précédent depuis des décennies, a révélé les failles de notre système de santé qui a, malgré tout, su résister, mais également celles de notre société. La première vague, en mars et avril 2020, a été particulièrement brutale dans les régions les plus touchées. Les services des urgences étaient saturés, de même que les services de réanimation, nécessitant des transferts sanitaires de malades par voies aérienne et ferroviaire dans d'autres régions hexagonales et pays limitrophes. La plupart des investigations diagnostiques et des interventions chirurgicales jugées non urgentes ont été repoussées. Durant cette crise, l'hôpital est redevenu un lieu où le soin était à nouveau prioritaire et avait retrouvé tout son sens, les objectifs médicoéconomiques étant temporairement oubliés. Les soignants ont été considérés comme des héros et applaudis tous les soirs par des concitoyens reconnaissants. Certains EHPAD ont vécu l'« enfer » avec la quasi-totalité des résidents contaminés, des refus de transferts dans des hôpitaux submergés et des sédations parfois imparfaites de malades dyspnéiques en fin de vie en l'absence de midazolam réservé aux services hospitaliers. Un tiers des décès a concerné des résidents d'EHPAD alors qu'ils ne représentent que 1 % de la population française. Les malades ont été mis à l'isolément dans les EHPAD et dans les hôpitaux, les visites interdites pour des familles qui n'ont plus pu revoir leur parent, ni même le corps du défunt. La deuxième vague, qui a débuté en octobre 2020, était moins violente, mais s'est poursuivie pendant près de 6 mois sans relâche, avec des soignants fatigués, qui souhaitent quitter l'hôpital public. Elle s'est poursuivie par une troisième vague en mars 2021, favorisée par l'émergence de nouveaux variants, anglais en Île-de-France, sud-africain en Moselle [2] . Les cellules de crise hospitalières se répètent sans cesse pour gérer la prise en soins prioritaire des malades infectés par le SARS-CoV-2, les déprogrammations des interventions chirurgicales et le manque chronique de lits d'hospitalisation pour l'aval des urgences. La décision gouvernementale de prioriser, dès janvier 2021, la vaccination dans les EHPAD a permis de protéger cette population particulièrement vulnérable. Elle y a montré une indéniable efficacité, car plus de 90 % des résidents sont à présent protégés des formes graves de la COVID. Elle a également permis de retrouver progressivement un semblant de vie sociale qui avait été confisquée pendant d'interminables mois. L'avancée médicale la plus spectaculaire a donc été le développement en 6 mois de différents types de vaccins efficaces, qui pourront être adaptés en quelques semaines, si nécessaire, à l'apparition de nouveaux variants échappant aux vaccins existants. L'enjeu sanitaire actuel est donc d'étendre le plus rapidement possible la vaccination à l'ensemble de la population afin d'obtenir une immunité collective contrant la circulation virale [3] . Cette crise sanitaire a entraîné une crise économique touchant durement les plus jeunes générations, et sociétale portant sur la place faite à nos aînés. Plusieurs sujets nécessitent une réflexion éthique, tels que l'accès aux services des urgences et de réanimation selon l'âge du malade ou son lieu de vie, de la privation de la liberté de se déplacer et de recevoir des visites notamment en EHPAD, avec une absence prolongée de liens sociaux et familiaux. La santé n'est pas uniquement liée à l'état physique, mais également au bienêtre psychologique et social. Une des leçons de cette crise sanitaire serait d'être plus à l'écoute de nos aînés pour leur permettre d'occuper la place qu'ils souhaitent au sein de notre société. Il est à présent essentiel de tirer les enseignements de cette pandémie en garantissant à tous un accès à des soins de qualité. L'égalité devant les soins ne devrait, en effet, souffrir d'aucune discrimination et la garantie de la dignité devrait être assurée à tout citoyen, quels que soient son âge et ses conditions de vie. Une société exemplaire et solidaire se reconnaît à l'écoute, à l'attention et à la protection qu'elle accorde aux plus âgés et aux plus vulnérables. La crise sanitaire liée à la pandémie de la COVID-19 a mis en évidence les limites de notre système de santé, mais également les failles de notre société. Certaines personnes âgées dépendantes ont souffert de refus d'admission à l'hôpital devant des urgences saturées et un manque chronique de lits d'hospitalisation. La vaccination a montré une efficacité indéniable dans les EHPAD, où les résidents commencent à retrouver une vie sociale après des mois de confinement. L'auteur déclare ne pas avoir de liens d'intérêts. Qui sont les 100 000 morts du COVID-19 en France ? Le Monde 2021 SARS-CoV-2 variants B.1.351 and P.1 escape from neutralizing antibodies What defines an efficacious COVID-19 vaccine? A review of the challenges assessing the clinical efficacy of vaccines against SARS-CoV-2