key: cord-1037366-im9ct10o authors: Sordes, Florence; Guillemot, Cassandra; Croiset, Aurélie; Cipriani, Enzo title: Psychological distress and feelings of loneliness: What are the impacts of Covid-19 losckdown on the French population? date: 2021-05-31 journal: European Journal of Trauma & Dissociation DOI: 10.1016/j.ejtd.2020.100189 sha: 6702f7ce7a39b5a0cb34447cda7787da1be67257 doc_id: 1037366 cord_uid: im9ct10o The COVID-19 pandemic created a worldwide health crisis. This crisis resulted in an almost two-month lockdown in France — lockdown that has serious impacts on physical and mental health. This unprecedented situation resulted in an important reflection about the mental health of the persons experiencing this crisis. The aim of our study was to apprehend the emotional state of the persons experiencing this lockdown, taking into account day-to-day life and feelings of loneliness. In order to develop a good comprehension of the impact of this situation on mental health, we recruited 4689 persons through an online survey between March 17th and May 11th of 2020 in France. We used several psychometric tools that gave us access to various data, such as socio-biographical information, situational variables — place of living, work context, etc. — and psychological state — depressive symptoms, anxiety, loneliness, etc. This paper focuses mostly on the UCLA loneliness scale, and the French Canadian version of the Psychiatric Symptoms Index (PSI), which measures psychological distress, as well as depressive symptoms, anxiety and cognitive impairment. Results show a moderate psychological distress for 27.5% of our sample, with depressive symptomatology, irritability or cognitive impairment. There is also a high loneliness feeling in 21.8% of the sample. Psychological distress is explained by sociodemographic variables — such as gender and age — but also by situational information — type of housing and persistence of income — and the loneliness feeling. If this pandemic and this lockdown show a clear impact on the emotional life of the French population, these results need to be taken into account with a broader range of situational and psychological variables. These additional data would help us have a more thorough understanding of the underlying factors explaining this difficult experience of the crisis. This comprehension also needs to go further in time and think about the repercussions beyond the end of the lockdown, in order to observe the evolution of these emotions and the potential persistence of psychological distress. The COVID-19 pandemic created a worldwide health crisis. This crisis resulted in an almost two-month lockdown in France -lockdown that has serious impacts on physical and mental health. This unprecedented situation resulted in an important reflection about the mental health of the persons experiencing this crisis. The aim of our study was to apprehend the emotional state of the persons experiencing this lockdown, taking into account day-to-day life and feelings of loneliness. In order to develop a good comprehension of the impact of this situation on mental health, we recruited 4689 persons through an online survey between March 17th and May 11th of 2020 in France. We used several psychometric tools that gave us access to various data, such as socio-biographical information, situational variables -place of living, work context, etc. -and psychological state -depressive symptoms, anxiety, loneliness, etc. This paper focuses mostly on the UCLA loneliness scale, and the French Canadian version of the Psychiatric Symptoms Index (PSI), which measures psychological distress, as well as depressive symptoms, anxiety and cognitive impairment. Results show a moderate psychological distress for 27.5% of our sample, with depressive symptomatology, irritability or cognitive impairment. There is also a high loneliness feeling in 21.8% of the sample. Psychological distress is explained by sociodemographic variables -such as gender and age -but also by situational information -type of housing and persistence of income -and the loneliness feeling. If this pandemic and this lockdown show a clear impact on the emotional life of the French population, these results need to be taken into account with a broader range of situational and psychological variables. These additional data La pandé mie de Covid-19 a produit un fait iné dit : menacé par ce virus, la vie nous est soudain devenue le bien le plus pré cieux que chacun essaye de proté ger et de conserver. Afin que ce virus ne se propage pas et affecte le moins possible de personnes, la France, comme tant d'autres pays, a mis en place une mesure sanitaire : le confinement. La pandé mie, é vé nement au demeurant mondial, peut être un é vé nement traumatisant, pour lequel les personnes peuvent ne pas avoir les moyens, les ressources pour affronter cette situation. Cela les confronte à la mort possible pour soi et/ou pour ses proches, faisant peser sur la personne une menace rendant l'atmosphè re lourde d'é motions (Ho, Chee, & Ho, 2020; Bao, Sun, Meng, Shi, & Lu, 2020) . Et effectivement, la COVID-19 a é té reconnue comme une cause directe et indirecte de consé quences psychologiques et sociales qui pourrait avoir un impact sur la santé mentale non seulement pendant l'é pidé mie mais aussi dans le futur (Holmes et al., 2020) . Le confinement, quant à lui, est une sorte d'agression psychique et neurologique (Cyrulnik, 2020) . Nous ne sommes pas faits pour vivre seul de façon contrainte. Les quarantaines vé cues lors du SARS (2003), de l'é bola (2014) nous indiquent que l'impact peut être massif, important et à long terme (Brooks et al., 2020) . Le confinement joue alors sur les comportements, sur nos é motions ; il demande à la personne de faire appel à ses ressources pour s'adapter à une socié té qui voit la majeure partie de ses repè res remanié s (Cleland, 2020) . Ainsi, cette pandé mie place l'individu au coeur d'un paradoxe : « Je veux proté ger ma vie ; mais le confinement me prive de ma liberté ». En effet, si le confinement et la distanciation sociale sont synonymes de protection pour soi et pour les autres, ils sont aussi vecteurs d'isolement et de sentiment d'impuissance, voire de mé fiance et d'exclusion (Kaniasty, 2020) . Le sentiment de solitude peut alors apparaître, même si habituellement cet é tat indique le fait d'être seul et/ou d'être en isolement d'une communauté ou d'une socié té (Banerjee et Rai, 2020) . Il est donc compré hensible que cette double contrainte amè ne la personne à ressentir des é motions particuliè res, plus ou moins vives, plus ou moins positives, plus ou moins né gatives. Des é tudes ré alisé es en Chine reportent 37 % de dé pression (Ahmed et al., 2020) , 35 % d'anxié té . Wang et al. (2020) montrent un impact psychologique modé ré à sé vè re pour 53,8 % des personnes. En Italie (Gualano, Lo Moro, Voglino, Bert, & Siliquini, 2020) , les donné es sont quasiment les mêmes : 32,4 % de dé pression modé ré e à sé vè re ; 21,2 % d'anxié té modé ré e à sé vè re. Cependant, lorsque le confinement perdure, un stress peut s'installer (Fiorillo et Gorwood, 2020) ; l'angoisse vis-vis des finances, la perte é ventuelle d'un être proche, la culpabilité , l'ennui, l'isolement social, le fait de ne pas travailler comme auparavant sont autant de facteurs pouvant s'ajouter à ce stress (Fergusson, Boden, Horwood, & Mulder, 2015 ; Sommers et Vodanovich, 2000) . Lorsque l'é quilibre d'un quotidien contenant est mis à mal, c'est tout le systè me organisationnel qui en pâtit. La duré e du confinement, la crainte des infections, l'ennui, les approvisionnements inadé quats, les informations inadé quates (Brooks et al., 2020) , ou encore l'impré visibilité , l'incertitude, la mé sinformation (Zandifar et Badrfam, 2020) sont autant de stresseurs qui peuvent venir s'ajouter à la charge mentale et é motionnelle ressentie durant ce confinement. Nous pourrons alors, aisé ment nous attendre à des ré percussions psycho-sociales. Le stress, l'anxié té , l'irritabilité , une concentration dé faillante, un isolement social, des difficulté s à prendre des dé cisions, une dé té rioration é ventuelle de la performance au travail, un stress posttraumatique, des symptô mes dé pressifs, des insomnies (Brooks et al., 2020) . La limitation de l'accè s aux soins, le report des opé rations non urgentes, la douleur et autres conditions somatiques peuvent surenché rir ce malaise (Fiorillo et Gorwood, 2020) . Au regard des donné es pré existantes, l'objectif de cette é tude sera d'envisager le vé cu é motionnel des personnes durant la pandé mie et le confinement, à l'instar de ce quotidien bouleversé et incertain. Notre é chantillon a é té recruté durant le confinement mis en place en France, soit entre le 17 mars et le 11 mai 2020. Cette enquête a é té ré alisé e en ligne, par l'intermé diaire d'un questionnaire hé bergé sur LimeSurvey. Le recrutement s'est fait en conformité avec le RGPD (avis No 202004011502) et avec l'approbation du Comité d'é thique de la recherche de l'université fé dé rale de Toulouse (2020-270). Cette é tude concerne les effets de la pandé mie et du confinement sur la population nationale française ; elle fait partie d'une recherche plus large comprenant un volet é pidé miologique et sociologique (EPIDEMICS). Les participants ont donc ré pondu à une batterie de questionnaires psychomé triques, assortie de questions plus spé cifiques à la vie quotidienne et à leur vie depuis la pandé mie et le confinement. Les caracté ristiques sociodé mographiques reprennent l'âge, le sexe, le lieu de ré sidence pendant le confinement, le type de logement, sa surface, le statut marital, la caté gorie socioprofessionnelle, le maintien ou non de la ré muné ration ; le vé cu é motionnel sur le plan professionnel pendant le confinement ; le fait d'avoir un emploi à risque d'exposition ; l'é volution des conditions de travail (être au chômage partiel, avoir perdu son travail, être en arrêt de travail, en té lé travail ou être moins souvent sur le lieu de travail), les ressources et difficulté s financiè res. Des questions concernant le vé cu direct avec la pandé mie sont posé es : le degré de contact avec le COVID-19, l'inquié tude perçue de contracter le SARS-CoV-2, les comportements et ressentis face à la pandé mie, les comportements de santé à risque (tabac, alcool, grignotage etc.), la perception de la qualité de vie lié e à la santé et des facteurs de risques associé s (pathologie chronique, trouble psychologique. . .) ainsi que la perception de la qualité des relations sociales. would help us have a more thorough understanding of the underlying factors explaining this difficult experience of the crisis. This comprehension also needs to go further in time and think about the repercussions beyond the end of the lockdown, in order to observe the evolution of these emotions and the potential persistence of psychological distress. C 2020 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Des questions ouvertes sont proposé es sur le ressenti actuel du confinement, de la pandé mie. 2.2.2. La batterie de questionnaires 2.2.2.1. Repre´sentations de la pande´mie. Les repré sentations de la pandé mie ont é té é valué es grâce à l'IPQ-R (Revised Illness Perception Questionnaire, Moss-Morris et al., 2002) . Cet outil psychomé trique a é té adapté à l'é valuation des repré sentations de la pandé mie. 2.2.2.2. Trait anxieux. Le trait anxieux a é té mesuré à l'aide du STAI-Y (State-Trait Anxiety Inventory, Spielberger, 1993) . 2.2.2.3. Re´gulation e´motionnelle. La ré gulation é motionnelle a é té é valué e à l'aide du DERS-F (Difficulties in Emotion Regulation Scale, version française, Gratz et Roemer, 2004) . 2.2.2.4. Symptômes de stress aigu. Les symptô mes de stress aigu ont é té mesuré s à l'aide du SARSQ (Score Acute Stress Reaction Questionnaire de Cardena, Koopman, Classen, Waelde, & Spiegel, 2000) . 2.2.2.5. Sentiment de solitude. Le sentiment de solitude a é té mesuré à l'aide de l'UCLA Loneliness Scale (Russell, Peplau, & Ferguson, 1978; Russell, 1996) . Cet outil psychomé trique est composé de 20 items, sur une é chelle de Likert en 4 points (de 1 « Jamais » à 4 « Souvent »). Cet outil permet d'é valuer les sentiments subjectifs de solitude et d'isolement social. Un score é levé indique un fort sentiment de solitude. L'analyse de fiabilité a montré une excellente cohé rence interne pour l'é chelle globale (a = 0,85). 2.2.2.6. De´tresse psychologique. La dé tresse psychologique a é té mesuré e grâce à l'IDPESQ-14 (Index de Dé tresse Psychologique Enquête Santé Qué bec, Pré ville, Boyer, Potvin, Perreault, & Lé garé , 1992). L'outil possè de 4 sous-é chelle : anxié té , dé pression, irritabilité et troubles cognitifs. Les 14 items sont côté s sur une é chelle de Likert en 4 points de 1 « Jamais » à 4 « Trè s souvent ». Plus les scores sont é levé s, plus les personnes pré sentent une forte dé tresse psychologique en termes de troubles anxieux, dé pressifs, d'irritabilité et de troubles cognitifs. Les analyses de fiabilité indiquent une trè s bonne cohé rence interne pour chacune des sous-é chelles : anxié té (a = 0,80), dé pression (a = 0,80), irritabilité (a = 0,84) et troubles cognitifs (a = 0,84). Cet article s'attachera à mettre en é vidence les ré percussions de la pandé mie et du confinement, en termes d'é tat é motionnel, dans la population française, au regard des caracté ristiques psychosociales et contextuelles et du sentiment de solitude. Nous nous centrerons particuliè rement sur les instruments é valuant la dé tresse psychologique (IDPESQ-14) et le sentiment de solitude (UCLA). Les analyses ont é té ré alisé es à l'aide de IBM SPSS Statistics 25. Des fré quences, des corré lations entre variables continues, des t-test, des analyses de variances (Anovas) et des ré gressions liné aires multiples ont é té ré alisé es. L'é chantillon total (Tableau 1) est constitué de 4689 personnes âgé es de 18 à 93 ans (M = 42, 8 ; ET = 14) . 77,4 % de nos ré pondants sont des femmes, 22,2 % des hommes ; 0,4 % considè rent leur genre comme non-binaire. Au total, 35,5 % d'entre eux appartiennent à la caté gorie « cadres et profession intellectuelle », 23,4 % aux « professions intermédiaires », 12,1 % ré pondent à la caté gorie « employé s ». Au total, 73 % d'entre eux ont un diplô me supé rieur au bac. La population interrogé e se trouve principalement en Occitanie (53,19 %), puis se distribue en Île-de-France (11,52 %), en Nouvelle-Aquitaine (7,08 %), en Auvergne Rhône-Alpes (6,49 %), et dans une multiplicité d'autres ré gions de France. Au total, 28,6 % de notre é chantillon sont en couple, 30,6 % sont marié s et 21,5 % sont cé libataires. Durant le confinement, 78,2 % vivent avec leur conjoint(e) et 49,7 % avec leurs enfants. D'ailleurs, ils sont 57,3 % à avoir des enfants (M = 2 ; ET = 0,89), et 1,5 % à être enceinte au moment de leur ré ponse au questionnaire. Au total, 92,6 % vivent dans leur logement principal et pour 63,4 %, ils se trouvent en ville. La surface habitable moyenne du logement est de 103,3 mè tres carré s (ET = 56,7), avec en moyenne 4,6 piè ces dans le logement. Au total, 57,5 % de notre é chantillon vivent dans une maison et 41,4 % dans un appartement. 61 % dé clarent possé der un jardin et 24,2 % un balcon. Pour 38,1 % des participants, l'emploi exercé est à risque d'exposition au COVID-19. Pour l'ensemble de notre é chantillon, 11,4 % dé clarent que leur ré muné ration a é té suspendue suite à la pandé mie et au confinement et 8,5 % sont encore dans l'incertitude. 55,6 % expriment n'avoir jamais eu de difficulté s financiè res, 30,4 % des difficulté s financiè res dans le passé . Ils sont 0,9 % à avoir é té diagnostiqué positif au SARS-CoV-2, 9,4 % ont pré senté les symptômes sans avoir é té testé s. Concernant l'anxié té perçue, 39,7 % de l'é chantillon pré sentent une anxié té modé ré e, 22,8 % une anxié té sé vè re, scores assez semblables au niveau de la dé pression : 34 % souffrent de dé pression modé ré e, 26,1 % de dé pression sé vè re. Au total, 20,5 % de la population interrogé e expriment une irritabilité modé ré e et 30 % une irritabilité sé vè re. 47,4 % ont des troubles cognitifs modé ré s à sé vè res. Au total, 27,5 % ont une dé tresse psychologique modé ré e, 22,3 % une dé tresse psychologique sé vè re. Les ré sultats provenant des corré lations, ANOVAs et T-tests, permettent de mettre en é vidence les associations entre la dé tresse psychologique et le sentiment de solitude avec les variables sociodé mographiques, mais aussi avec des variables plus spé cifiques au confinement. 3.3.1. Le genre, l'âge et la solitude associe´s à la de´tresse psychologique Les personnes les plus jeunes souffrent davantage de dé tresse psychologique (r = À.20, p < .001), mais aussi de symptô mes anxieux (r = À.18, p < .001) et dé pressifs (r = À.23, p < .001) ; ils expriment aussi ressentir plus d'irritabilité (r = À.17, p < 001). Les personnes plus âgé es, quant à elles, expriment plus de troubles cognitifs (r = 067, p < .001). Les femmes expriment ressentir davantage d'anxié té (m = 6,86) que les hommes (m = 6,10) (F (2,4686) = 45,88 ; p < .001), davantage de symptô mes dé pressifs (F (2,4686) = 36,69 ; p < .001) ainsi que plus d'irritabilité (F (2,4686) = 12,32 ; p < .001). Globalement, les femmes ressentent plus de dé tresse psychologique (m = 27,57) que les hommes (m = 25,3), (F (2,4686) = 33,1 ; p < .001). Les hommes expriment, cependant, ressentir plus de solitude (m = 41,43) que les femmes (m = 40,76), (F (2,4686) = 3,74 ; p < .001). 21,8 % de personnes disent se sentir seuls de façon importante ; 26 % de façon modé ré e. Par ailleurs, le sentiment de solitude est associé à l'expression d'anxié té (r = .29, p < .001), de dé pression (r = .43, p < .001), d'irritabilité (r = .34, p < .001), et de troubles cognitifs (r = .18, p < .001). La dé tresse psychologique globale est ainsi associé e aussi à ce sentiment de solitude (r = .42, p < .001). 3.3.2. Les caracte´ristiques sociales associe´es à la de´tresse psychologique et à la solitude 3.3.2.1. Les variables autour du logement. Le fait d'avoir un accè s à un espace exté rieur a un impact sur le niveau d'anxié té (F (3,4685) = 3,74 ; p < .011). Les personnes qui ont un jardin s'é valuent moins anxieuses (m = 6,68) que celles qui ont un espace exté rieur non privé (m = 7,02), (p = .031), mais aussi ressentent moins de symptômes dé pressifs (m = 9,37) que celles qui ont un balcon (m = 10,08) ou qui n'ont pas du tout accè s à un exté rieur (m = 10,65) (F (3,4685) = 28,4 ; p < .001). Ainsi, les personnes qui ont accè s à un espace exté rieur (m = 26,66) ressentent moins de dé tresse psychologique que celles qui ont seulement un balcon (m = 27,35) ou pas d'espace exté rieur (m = 28,33) (F (3,4685) = 8,21 ; p < .001). Le fait d'avoir un accè s à un espace exté rieur a un impact sur le niveau de solitude (F (3,4685) = 5,26 ; p < .001). Les personnes qui ont un jardin se sentent moins seules (m = 40,68) que celles qui n'ont pas d'espace exté rieur (m = 42,21), ou qui ont seulement un balcon (m = 42,21). Le type de logement a un impact sur le niveau de dé pression (F (3,4685) = 25,92 ; p < .001) et sur la dé tresse psychologique (F (3,4685) = 5,672 ; p < 001). Les personnes logeant dans un appartement é valuent avoir davantage de symptô mes dé pressifs (m = 10,24) et de dé tresse psychologique (m = 27,64) que celles habitant dans une maison (m = 9,34), (m = 26,66). Les personnes vivant en appartement ressentent plus de solitude (m = 41,5) que celles habitant en maison (m = 40,64), (F (3,4685) = 3,91 ; p = .008). Il n'y a pas de diffé rence significative entre ceux qui habitent en ville et ceux qui habitent à la campagne en termes de dé tresse psychologique et de solitude. Le fait d'habiter seul ou non impacte le niveau d'anxié té : les personnes vivant seules dans leur logement sont moins anxieuses que celles habitant à plusieurs (t (4683) = À2,07 ; p = .038). Ces ré sultats restent vrais pour l'irritabilité (t (4685) = À6,21 ; p < .001) et les troubles cognitifs (t (4687) = À2,41 ; p = .016). Concernant le niveau de dé pression, les personnes vivant seules dans leur logement expriment davantage de symptô mes dé pressifs que celles habitant à plusieurs (t (1307,03) = 7,38 ; p < .001). Les personnes vivant seules ont un sentiment de solitude plus important que celles vivant à plusieurs (t (1331,63) = 6,25 ; p < .001). La ré muné ration actuelle a un impact sur la dé tresse psychologique (F (2,4686) = 21,68 ; p < .001). Les personnes dont la ré muné ration a é té maintenue ressentent moins de dé tresse psychologique (m = 26,70) que celles qui sont dans l'incertitude du maintien de leur salaire (m = 29,09) ou qui l'ont perdu (m = 28,12). Ces mêmes ré sultats sont reporté s pour l'anxié té (F (2,4686) = 15,27 ; p < .001), la dé pression (F (2,4686) = 24,13 ; p < .001), l'irritabilité (F (2,4686) = 10,56 ; p < .001) et le sentiment de solitude (F (2,4686) = 16,94 ; p < .001). Exercer un emploi à risque d'exposition impacte seulement le niveau d'anxié té : les personnes dont l'emploi est é valué comme « à risque d'exposition au COVID-19 » sont plus anxieuses que celles dont l'emploi n'est pas é valué comme « à risque » (t (4687) = 4,21 ; p < .001). Les personnes dont l'emploi est é valué comme « à risque d'exposition au COVID-19 » se sentent moins seules que celles dont l'emploi n'est pas é valué comme « à risque » (t (4687) = À3,27 ; p < .001). Au vu de ces ré sultats, nous avons procé dé à des ré gressions multiples incluant les diffé rents facteurs, à savoir l'âge, le genre, le score de solitude perçue, le fait de vivre dans son logement principal, l'accè s possible à un espace exté rieur, les potentielles difficulté s financiè res, le fait d'exercer un emploi à risque ainsi que la ré muné ration pendant le confinement. Nous avons utilisé le score de dé tresse psychologique comme variable dé pendante, ainsi que les sous-é chelles d'anxié té , de dé pression, d'irritabilité et de problè mes cognitifs. La dé tresse psychologique est expliqué e par un jeune âge (b = À.10), le fait d'être une femme (b = À2,09), avoir eu des difficulté s financiè res dans le passé (b = .84), l'incertitude à propos du maintien de la ré muné ration (b = .72), le fait de ne pas être confiné dans son logement principal (b = .84) ainsi que se sentir seul.e (b = .43), (p < .001, F = 184,26, R = 0,49 et R 2 = 0,24). L'anxié té est expliqué e par un jeune âge (b = -.03), le fait d'être une femme (b = À.69), avoir eu des difficulté s financiè res dans le passé (b = .21), l'incertitude à propos du maintien de la ré muné r- L'objectif de cet article é tait de comprendre ce que la population avait vé cu pendant le confinement en termes d'é motions, en lien avec des variables contextuelles et le sentiment de solitude. De nombreuses é tudes sont apparues à travers le monde (Chine, Malaisie, Espagne, Italie. . .) pour envisager les effets du confinement. Qu'en est-il de notre population ? 4689 personnes ont ré pondu en ligne, confinement oblige. Cette recherche se veut nationale. Ainsi, si ce protocole a é té distribué à travers la France entiè re, nous devons constater que la ré gion dans laquelle nous ré sidons, la ré gion d'Occitanie, a é té la plus dynamique en termes de ré ponses (53,19 % de ré pondants), ce qui paraît lé gitime au regard de nos ré seaux. Par ailleurs, et comme dans beaucoup d'é tudes en ligne, nous avons une disproportion entre les hommes et les femmes. En effet, seulement 22,2 % de nos participants sont des hommes. Nous devons donc prendre en compte ces caracté ristiques, à la fois de ré gion mais aussi de genre, dans nos ré sultats. La population nationale qui é tait l'enjeu initial n'est plus tout à fait repré sentative de la France et de son hé té rogé né ité . Ainsi, notre population montre une dé tresse psychologique modé ré e pour 22,5 % d'entre eux, voire plus forte pour 22,3 %. Cette dé tresse est caracté risé e par de l'anxié té , de la dé pression, de l'irritabilité ou encore des troubles cognitifs. Ces ré sultats sont en accord avec bon nombre d'é tudes ré alisé es en Chine, en Malaisie, en Italie ou encore en Espagne. Comment pouvons-nous expliquer ces taux de dé tresse psychologique ? Une question ouverte posé e aux personnes amè ne quelques hypothè ses. Nous demandions « qu'est-ce que le confinement a changé dans votre vie ? » Les é lé ments de ré ponses laissent entrevoir trois groupes avec des perspectives diffé rentes : certains ont envisagé des changements de façon né gative, d'autres de maniè re positive et certains encore n'ont remarqué aucun changement. Pour le premier groupe composé d'une grande partie de notre population, les changements é voqué s sont accompagné s d'impact né gatif : « le manque de liberté , ne plus aller avec les autres », « trop peu d'informations ce qui suscite é normé ment d'inquié tude dans l'entourage tant personnel que professionnel », « Absence de vie sociale, arrêt des pratiques sportives, impossibilité de m'occuper de mes chevaux correctement », « J'ai dû fermer mon commerce, donc pas de rentré e de tré sorerie », « Je ne vois plus ma famille, mes pensé es concernent majoritairement l'é pidé mie et me rendent anxieuse », « Ne plus voir ses proches, inquié tude par rapport au travail, conflit de couple », . . . Le second groupe, moins nombreux, é voque des changements de façon positive : « le point positif, c'est qu'il y a moins de stress car je ne peux pas travailler », « Revenir aux choses essentielles, prendre soin de son entourage et de soi », « Passer davantage de temps avec ma famille », « Je prends le temps de faire ce que je ne peux pas faire habituellement (lecture, jardinage, cuisine, trier, etc.) », « j'ai plus de temps pour é tudier ». Enfin, quelques-uns disent que cette situation n'a rien changé . Si ces donné es qualitatives demandent à être encore plus exploité es, elles montrent, né anmoins, un vé cu du confinement totalement diffé rent. Pour certains, il a é té vecteur d'une prise de conscience d'un besoin de « self-care », sû rement carencé par un quotidien é prouvant. Pour d'autres, il a ré vé lé ou exacerbé des difficulté s, des facteurs de risque, induisant des troubles anxieux, une irritabilité , une dé tresse psychologique dans le quotidien. Les personnes montrant finalement un gain de temps pour soi et/ou pour la famille dans le confinement é prouvent, sans doute, peu de dé tresse. À ces é lé ments qualitatifs, nous pouvons signifier d'autres explications, issues des analyses de variance et des ré gressions. Le sentiment de solitude é voqué par 21,8 % de personnes de façon importante et 26 % de façon modé ré e explique la dé tresse psychologique. Notons que ce sont les hommes qui reportent davantage ce sentiment de solitude. Ils sont, en effet, nombreux à dire que le changement du au confinement les contraint à moins d'activité s, moins d'interactions avec le travail, etc. Il est, par ailleurs, à noter que ce sentiment de solitude se dé cline en fonction du contexte : il est exacerbé lorsque la personne vit seule, en appartement, sans pouvoir avoir accè s à un jardin, lorsqu'il y a des difficulté s financiè res. Ainsi, la situation de confinement semble stopper la course effré né e dans laquelle les personnes sont quotidiennement. Les restrictions de dé placements, les interdictions de visite à la famille et/ou amis, la raré faction des contacts sociaux font é merger un sentiment de solitude, pourvoyeur d'anxié té (Jung et Jun, 2020) , de tension, de mal-être (Stickley et Koyanagi, 2016) . Les femmes reportent plus de dé tresse psychologique (anxié té , dé pression, irritabilité , troubles cognitifs) que les hommes dans cette situation de confinement. Ce ré sultat peut s'expliquer par la propension des femmes à dire les é motions, la situation de la pandé mie et du confinement ayant pu exacerber ce qu'elles ressentaient. Ce ré sultat est en accord avec certaines é tudes dans lesquelles cette association est mise en é vidence (Mazza et al., 2020 ; Gonzá lez-Sanguino et al., 2020) ; d'autres é tudes ne reportent absolument pas ces ré sultats (Ahmed et al., 2020 ; , et vont même à l'inverse, comme dans l'é tude de Wang et al. (2020) dans laquelle les hommes souffrent plus que les femmes de symptômes anxieux et dé pressifs. La dé tresse psychologique (anxié té , dé pression et irritabilité ) est expliqué e par le fait d'être jeune. Ce ré sultat est en accord avec les é tudes de Ahmed et al. (2020) , de Huang et al. (2020) , de Mazza et al. (2020) ou encore de Gonzá lez-Sanguino et al. (2020), mettant en é vidence une plus grande fragilité chez les plus jeunes. Cela peut être mis en relation avec un stress additionnel en raison des né cessité s à s'adapter à un cursus universitaire perturbé , à un travail dé butant, etc. Ils sont, cependant, en dé saccord avec une é tude mené e par Cao et al. (2020) dans laquelle les personnes les plus âgé es sont plus vulné rables. Cependant, nous devons aussi noter l'intervention des variables contextuelles en jeu ici. Le logement principal, le type de logement (maison), la possibilité d'avoir un accè s exté rieur (type balcon, jardin), le fait d'habiter seul sont autant de variables ayant un effet positif sur la dé tresse psychologique et sur ses dimensions. Afin de vivre sereinement ce confinement, ces é lé ments semblent importants. Cependant, l'incertitude quant au maintien de la ré muné ration ou le fait d'avoir des difficulté s financiè res depuis quelques anné es viennent vulné rabiliser la personne. Ces ré sultats nous demandent à explorer le niveau socio-é conomique de la personne. En effet, au regard des caté gories socio-professionnelles et du dernier diplôme obtenu, nous pouvons affirmer que notre population n'est pas dans une situation pré caire. Ce constat peut expliquer l'é mergence de ces variables contextuelles. Cette é tude est riche de donné es ; elle examine certains é lé ments de contexte pendant le confinement, mais aussi les processus psychologiques à l'oeuvre. Si nous avons choisi de n'envisager qu'une infime partie des donné es dans cette pré sentation, c'est qu'il nous faut encore prendre de la distance par rapport à celles-ci. Cependant, au regard des premiers ré sultats, nous pouvons affirmer que notre population peut être en difficulté : les personnes le disent et l'expriment. Mais, elles expriment aussi un temps personnel gagné dans ce confinement, é lé ment que nous aurons sans nul doute à creuser. « Tout a changé ! Rien de ce que je faisais habituellement n'est semblable : travailler, s'occuper, voir la famille, se divertir, etc. » (propos d'une personne ré pondant au changement). Ce changement doit être interrogé . Si, il l'a é té pendant le confinement, il le sera à nouveau au dé confinement et trois ou quatre mois aprè s. L'objectif alors est d'é valuer l'é volution de la personne. Les auteurs dé clarent ne pas avoir de liens d'inté rêt. Epidemic of COVID-19 in China and associated Psychological Problems Social isolation in Covid-19: the impact of loneliness 2019-nCoV epidemic: address mental health care to empower society The psychological impact of quarantine and how to reduce it: rapid review of the evidence The psychological impact of the COVID-19 epidemic on college students in China Psychometric properties of the Stanford Acute Stress Reaction Questionnaire (SASRQ): a valid and reliable measure of acute stress Resilience or resistance: a personal response to COVID-19 Le confinement est une provocation à l'angoisse, Article de presse, propos recueillis par Jefferson Desport, à la une, l'Essentiel Perceptions of distress and positive consequences following exposure to a major disaster amongst a well-studied cohort The consequences of the COVID-19 pandemic on mental health and implications for clinical practice Mental health consequences during the initial stage of the 2020 Coronavirus pandemic (COVID-19) in Spain Multidimensional assessment of emotion regulation and dysregulation: Development, factor structure, and initial validation of the difficulties in emotion regulation scale Effects of Covid-19 lockdown on mental health and sleep disturbances in Italy Mental health strategies to combat the psychological impact of COVID-19 beyond paranoia and panic Multidisciplinary research priorities for the COVID-19 pandemic: a call for action for mental health science Generalized anxiety disorder, depressive symptoms and sleep quality during COVID-19 outbreak in China: a web-based cross-sectional survey Clinical features of patients infected with 2019 novel coronavirus in Wuhan, China. The Lancet Mental health and psychological intervention amid COVID-19 outbreak: perspectives from South Korea Social support, interpersonal, and community dynamics following disasters caused by natural hazards. Current opinion in psychology A nationwide survey of psychological distress among italian people during the COVID-19 pandemic: Immediate psychological responses and associated factors. mental Research and Public Health The revised illness perception questionnaire (IPQ-R) La de´tresse psychologique: de´termination de la fiabilite´et de la validite´de la mesure utilise´e dans l'enquête Sante´Que´bec UCLA Loneliness Scale (Version 3): Reliability, validity, and factor structure Developing a measure of loneliness Boredom proneness: Its relationship to psychological-and physical-health symptoms STAI-Y : Inventaire d'anxie´te´e´tat-trait forme Y Loneliness, common men-tal disorders and suicidal behavior: Findings from a general population survey A longitudinal study on the mental health of general population during the COVID-19 epidemic in China Iranian mental health during the COVID-19 epidemic Les recherches menant à ces ré sultats ont reçu un cofinancement de l'Agence Nationale de la Recherche en France