key: cord-1027957-2y4rop3v authors: Caquard, M.; Parlier, G.; Siret, D. title: Forme familiale de la maladie de Kawasaki : à propos de 2 cas dans une fratrie date: 2006-04-21 journal: Arch Pediatr DOI: 10.1016/j.arcped.2006.02.012 sha: 5558b9b15a0a761b7e4ea495f5432d53cfdc13cd doc_id: 1027957 cord_uid: 2y4rop3v This article presents the clinical observation of 2 cases of children suffering from Kawasaki disease in the same family at a 7-year interval. This observation suggests a genetic predisposition to the disease. Epidemiological surveys conducted in Japan for some years point to a genetic factor but without proof. Childhood systemic febrile vasculitis is hard to recognise, so its diagnosis is often made lately, while there is an effective therapy, which prevents from serious cardiovascular complications. Identification of its precise cause, a necessary step before any diagnostic laboratory test, will be a major breakthrough. Le syndrome de Kawasaki est une vascularite infantile fébrile touchant surtout l'enfant de moins de 5 ans. Décrit pour la 1 re fois en 1967 au Japon sous le nom de « syndrome adénocutanéomuqueux » [1] , son étiologie précise reste inconnue. L'hypothèse d'une prédisposition génétique a déjà été suggérée [2] [3] [4] [5] [6] . Nous rapportons 2 cas de syndrome de Kawasaki chez un frère et une soeur. Une petite fille, âgée de 3,5 mois, sans antécédent, a consulté aux urgences pédiatriques pour une fièvre élevée depuis 3 jours malgré la prise d'antibiotiques pour une otite. L'examen clinique initial retrouvait une enfant fatiguée avec une éruption morbilliforme, une chéilite, des tympans normaux. Le bilan biologique montrait un syndrome inflammatoire biologique (19 900 leucocytes/mm 3 , fibrinogène 7,3 g/l, CRP 160 mg/l, thrombocytose à 580 000 plaquettes/mm 3 ). L'ionogramme sanguin, le bilan hépatique, l'ECBU, la radio-http://france.elsevier.com/direct/ARCPED/ Archives de pédiatrie 13 (2006) 453-455 graphie du thorax, la ponction lombaire étaient normaux. En attendant les résultats du bilan infectieux un traitement antibiotique intraveineux (ceftriaxone 50 mg/kg par jour) a été mis en place, mais la fièvre a persisté alors que les hémocultures étaient stériles. La possibilité d'une maladie de Kawasaki a alors été évoquée devant l'association d'une fièvre persistante depuis plus de 5 jours, d'une chéilite, d'un érythème, et d'un syndrome inflammatoire majeur avec thrombocytose. L'échographie cardiaque ne montrait pas d'anévrisme coronarien. Un traitement par immunoglobulines intraveineuses (2 doses de 1 g/kg à 24 heures d'intervalle) et aspirine (100 mg/kg par jour) a été débuté et les antibiotiques arrêtés. L'apyrexie a été obtenue dès le lendemain avec régression rapide du syndrome inflammatoire biologique. L'enfant sera suivi pendant 1 an sur le plan clinique, biologique, échographique, avec une évolution favorable sans séquelle. Sept ans plus tard, son jeune frère, âgé de 20 mois, sans antécédent, a été adressé par son médecin traitant pour altération de l'état général et adénite cervicale gauche fébrile. Le bilan biologique montrait : 22 700 leucocytes/mm 3 , CRP à 121,7 mg/l, 444 000 plaquettes/mm 3 . Une antibiothérapie intraveineuse par amoxicilline et acide clavulanique a été débutée, dans l'hypothèse d'une adénite cervicale bactérienne en voie de collection. Deux jours après le début du traitement une éruption morbiliforme est apparue et a été considérée comme une réaction allergique à la pénicilline, alors que l'enfant était toujours fébrile. L'association amoxicilline + acide clavulanique a alors été remplacée par de la ceftriaxone. Mais à 5 jours du traitement antibiotique, l'hyperthermie persistait accompagnée d'une augmentation de l'éruption, d'un oedème des extrémités et du siège, et d'une discrète conjonctivite ; l'adénite en revanche était en voie de régression. Le bilan biologique montrait une majoration du syndrome inflammatoire (18 600 leucocytes/mm 3 , CRP à 170 mg/l) et une thrombocytose à 633 000 plaquettes/mm 3 . Le diagnostic de syndrome de Kawasaki a alors été porté et la mère de ce jeune garçon a relaté les antécédents similaires de sa fille aînée. Un traitement par immunoglobulines intraveineuses (1 dose de 2 g/kg) et aspirine (100 mg/kg par jour) a été débuté, entraînant une amélioration spectaculaire en 24 heures avec disparition de la fièvre et de l'éruption. Un traitement par aspirine à dose antiinflammatoire a été prescrit à la sortie d'hospitalisation et un suivi clinique, biologique et cardiaque préconisé. Actuellement l'état de santé de cet enfant est très satisfaisant. Plusieurs échographies cardiaques à j7, j30 et j60 du moment du diagnostic ont été réalisées ne montrant pas de complications coronariennes. Un contrôle échographique à 1 an est prévu pour s'assurer de l'absence d'anomalie cardiaque d'apparition retardée. Nos 2 cas cliniques reflètent les présentations très variées de cette maladie. Les complications cardiaques se rencontrent dans environ 25 % des cas de maladie de Kawasaki et peuvent être responsables de décès tardifs [7] . La fréquence de ces complications cardiaques est réduite à 5 % des cas lorsqu'un traitement précoce est instauré [8] . Au Japon, la mortalité est d'environ 0,8 % [8] . Les décès, secondaires le plus souvent à des complications cardiaques, surviennent en majorité entre le 15 e et le 45 e jour de fièvre, mais il ne faut pas méconnaître les décès d'origine cardiaque chez les adultes dont la maladie de Kawasaki n'avait pas été diagnostiquée dans l'enfance. Quelques facteurs de risque de complications cardiaques sont connus [7, 9] : âge inférieur à 6 mois ou supérieur à 8 ans, présence d'un important syndrome inflammatoire, traitement tardif par immunoglobulines, persistance de la fièvre après un traitement par immunoglobulines. Décrite à travers le monde, l'incidence de la maladie est variable selon les pays. Au Japon, où les premiers patients ont été décrits, l'incidence est de 100 cas pour 100 000 enfants de moins de 5 ans. En Europe, elle est de 10 cas pour 100 000 enfants [7] . Les cas familiaux sont rares en Europe, alors qu'ils sont bien documentés au Japon. Cette répartition géographique des malades est un élément ayant fait évoquer un facteur génétique dans la survenue de cette affection. Depuis 1970, au Japon, il existe des études épidémiologiques réalisées tous les 2 ans sur son incidence dans la population générale et intrafamiliale [2, 6] . En 1984 et en 2000, 2 études ont été menées sur des familles japonaises dont l'un des enfants était atteint de maladie de Kawasaki [2, 6] . Celles-ci ont montré qu'il existe un risque significatif de développer la maladie si l'un des parents a été atteint pendant son enfance. L'étude de 1989 s'intéressait davantage à la récurrence de ce syndrome chez les frères et soeurs d'un enfant malade. L'incidence dans la fratrie est 10 fois supérieure à l'incidence dans la population générale. Dans 54 % des cas, le 2 e cas survient dans les 10 ans après le premier évènement. Dans notre observation, il s'est écoulé 7 années entre les 2 cas. Au moins 4 cas d'atteinte des parents et de leurs enfants sont rapportés dans la littérature [3] [4] [5] . Il est observé un taux de récurrence élevé (13 %) chez les jumeaux [2, 8] . Dans les cas familiaux, des études HLA ont été réalisées, mais aucune conclusion n'a pu être établie. En 37 ans de recherche, ni la cause de la maladie de Kawasaki ni un marqueur diagnostique spécifique n'ont pu être identifiés, mais de grands progrès ont été réalisés dans le domaine thérapeutique avec les immunoglobulines. L'intérêt de connaître l'étiologie serait de permettre un traitement adapté et peutêtre une prévention. L'hypothèse d'un agent infectieux immunisant a été évoquée, mais sans certitude quant à l'agent infectieux et à la relation de cause à effet avec la maladie [10] . Plusieurs éléments orientent vers une hypothèse infectieuse : les signes cliniques (fièvre, rash, adénopathies) et les signes biologiques de l'inflammation semblables à ceux de nombreuses infections bactériennes, la recrudescence saisonnière des cas de Kawasaki (printemps et hiver), les cas familiaux qui sont soumis au même environnement infectieux [8] . Mais cela n'explique pas les cas retardés de plusieurs années survenant dans une même fratrie, ou les cas entre parents et enfants. On peut donc penser qu'il existe une prédisposition génétique au vu de ces observations de cas familiaux. Une hypothèse associant les 2 précédentes serait satisfaisante : la maladie de Kawasaki serait due à des agents infectieux banals qui ne seraient pathogènes que chez des sujets génétiquement prédisposés [8] . Une publication récente retrouve d'ailleurs une association si-gnificative de la maladie avec un nouveau type de coronavirus [11] . Dans l'attente d'un marqueur diagnostique spécifique, le risque est que de nombreux enfants ne soient pas diagnostiqués et développent des anomalies cardiaques mortelles à l'âge adulte. C'est pourquoi, chez un enfant ayant une fièvre persistante, la connaissance par l'interrogatoire d'antécédents familiaux de cette maladie doit être un élément d'alerte supplémentaire. Acute febrile mucocutaneous syndrome with lymphoid involvement with specific desquamation of the fingers and toes in children Kawasaki disease in families Kawasaki disease in a father and a son Kawasaki disease in a father and daugther Two-generation Kawasaki disease: mother and daugther Kawasaki disease in parents and children Kawasaki syndrome Diagnosis, treatment, and long-term management of Kawasaki disease: A statement for health professionals from the Committee on Rheumatic Fever, Endocarditis, and Kawasaki Disease, Council on Cardiovascular Disease in the Young Kawasaki disease in newsborns and infants: refractory forms to immunoglobulin therapy Syndrome de Kawasaki et infection à Mycoplasma pneumoniae Association between a novel human coronavirus and Kawasaki disease