key: cord-1027081-hdle1z3g authors: Davin, B.; Jardin, M.; Guerrera, H.; Mabille, J; Tréhard, H.; Lapalus, D.; Ménager, C.; Nauleau, S.; Cassaro, V.; Verger, P.; Guagliardo, V. title: L’impact de l’épidémie de COVID-19 sur les soins de premier recours en région Provence-Alpes-Côte d’Azur: retour d’expérience sur la mise en place d’un dispositif de surveillance en temps réel à partir des données régionales de l’Assurance maladie date: 2021-04-27 journal: Rev Epidemiol Sante Publique DOI: 10.1016/j.respe.2021.04.135 sha: a1a83cd04d49e25c1e0aa9d24f27fcbb9b458248 doc_id: 1027081 cord_uid: hdle1z3g Background: Starting in spring 2020, the Covid-19 pandemic markedly impacted the French healthcare system. Lockdown and risks of exposure to the coronavirus induced patients to modify their ways of use. The objective of this article was to share feedback on the implementation of a real-time monitoring system concerning (a) the activity of private practitioners in southeastern France, and (b) the evolution of reimbursements for drugs prescribed to publicly insured persons with diabetes, for treatment of mental health disorders, and for performance of some vaccines. Methods: Data regarding 2019 and 2020 were extracted from regional health insurance databases. They were used to elaborate several indicators relative to the general health insurance scheme, which were calculated and updated each week, starting with Week 2. Results: We observed a drop in private physician activity during the lockdown (-23% for general practitioners; -46% for specialist doctors), followed by a return to a semblance of normalcy. Concomitantly, a boom in teleconsultations occurred: at the height of the crisis they represented 30% of medical acts. The initial stage of the lockdown was characterized by peak provisioning for drugs, whereas vaccination strongly declined (-39 % regarding measles, mumps and rubella vaccine among children aged less than 5 years; -54 % regarding human papillomavirus vaccine among girls aged 10 to 14 years). Conclusion: The Covid-19 pandemic could lead to health effects other than those directly attributable to the coronavirus itself. Renouncing care may result in healthcare delays highly deleterious for people and society. Public authorities are preoccupied with these questions; they have set up action plans aimed at encouraging patients to seek treatment without delay. That said, the Covid-19 pandemic crisis has also created opportunities, such as the expansion of teleconsultation and tele-appraisal. Although partial, these indicators can provide useful information enabling public decision makers to be reactive and to implement specific actions to meet the health needs of the population. L'épidémie de COVID-19 du printemps 2020 a fortement affecté le système de soins, avec des effets contrastés entre la ville et l'hôpital. Certains services hospitaliers ont dû faire face à un afflux de patients très majoritairement pris en charge pour traiter le coronavirus, tandis qu'en ville, les médecins généralistes, les spécialistes et les autres professionnels de santé, ont connu une désertion de leurs cabinets et par conséquent une baisse et/ou une modification de leur activité [1] [2] . En effet, le confinement et les risques d'exposition au coronavirus ont incité les patients à limiter leur recours aux soins. Entre le 16 mars et le 12 avril 2020, il a ainsi été observé une division par plus de quinze du nombre de consultations chez les médecins généralistes [3] . C'est pourquoi le Ministère des Solidarités et de la Santé a diffusé au début du mois d'avril une fiche d'orientations générales [4] et incité les personnes qui nécessitaient des soins essentiels en dehors du coronavirus à contacter leur médecin pour ne pas retarder indûment une prise en charge dont le report pourrait être néfaste [5] . Une étude suggère en effet que, lors du confinement, le nombre d'arrêts cardiaques en région parisienne a été multiplié par deux par rapport à la même période les années précédentes. D'après les auteurs, plusieurs hypothèses sont à considérer, comme la saturation du système de soins dans son ensemble ou le suivi médical des patients parfois interrompu pendant le confinement [6] . Le déploiement de la téléconsultation (accès aux consultations médicales à distance en vidéo) a permis d'améliorer la continuité des soins, notamment pour les patients atteints de maladies chroniques. Afin d'accompagner ce déploiement, les conditions de réalisation et de prise en charge de la téléconsultation ont été simplifiées et élargies durant la période d'état d'urgence sanitaire (du 23 mars au 10 juillet 2020). Les consultations par téléphone ont ainsi été autorisées par exception pour les patients atteints ou suspectés de COVID-19, ceux en Affection de longue durée (ALD), âgés de plus de 70 ans, habitant dans une zone blanche (absence de couverture Internet) ou les femmes enceintes [7] . L'Assurance maladie, a ainsi Pour pouvoir disposer d'indicateurs de suivi des recours en ville pendant la crise, l'Agence régionale de santé (ARS) a demandé à l'Observatoire régional de la santé (ORS) Provence-Alpes-Côte d'Azur et à l'Assurance maladie (Direction de la coordination de la gestion du risque -DCGDR) de mettre en place un dispositif de surveillance en temps réel, à partir du confinement et jusqu'à ce jour, afin de répondre notamment aux inquiétudes d'un risque de saturation de la médecine de ville, mais aussi d'éventuels renoncements ou retards aux soins. Plus spécifiquement, il s'est donc agi de suivre 1) l'activité (consultations physiques et à distance) des médecins généralistes et spécialistes libéraux de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, et 2) l'évolution des remboursements de médicaments prescrits aux assurés du régime général de la région pour le diabète, pour des troubles de la santé mentale et pour certains vaccins. Cet article vise à tirer et partager un retour d'expérience de cette démarche. Il s'agit de présenter le dispositif, d'en montrer les résultats, d'en tirer les enseignements en termes de santé publique (quantification du renoncement aux soins, risques sur la santé publique, recours à de nouvelles modalités de consultation), d'en cerner les apports et les limites et de discuter des perspectives pour l'avenir à la fois en période et hors période de crise. Les données ont été extraites par la DCGDR de l'Assurance maladie à partir du Système informationnel de l'assurance maladie (SIAM) Erasme (Extraction, recherches et analyses pour un suivi médico-économique) régional pour les années 2019 et 2020. Seules les données du régime général stricto sensu ont été prises en compte dans cette étude pour permettre la comparaison dans le temps des indicateurs. Ces données excluent notamment les sections locales mutualistes (Mutuelle générale de l'éducation nationale, Mutuelle de la fonction publique…) et les ex-bénéficiaires du régime social des indépendants, rattachés au régime général depuis le 1 er janvier 2020 (cf. Annexe 1). Le régime général stricto sensu couvre plus de 85 % de la population régionale [9] . Afin d'étudier les comportements des bénéficiaires au cours du temps, les données ont été extraites en date de soins (date de l'acte pour l'activité des professionnels de santé et date de délivrance pour les remboursements de médicaments). La population d'étude était composée des médecins libéraux (cf. Annexe 2) exerçant dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, et ayant dispensé des soins auprès des bénéficiaires effectifs (dont la situation administrative est régularisée) du régime général stricto sensu de l'Assurance maladie, rattachés à une caisse primaire d'Assurance maladie de la région au J o u r n a l P r e -p r o o f 6 moment de l'étude (3 ème trimestre 2020). En 2020, la région Paca comptait 5230 médecins généralistes libéraux et 6120 médecins spécialistes libéraux [10] . La population d'étude était composée des bénéficiaires effectifs du régime général stricto sensu de l'Assurance maladie et rattachés à une des six caisses primaires d'Assurance maladie de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur au moment de l'étude (3 ème trimestre 2020). Les données extraites comprenaient, pour chaque classe thérapeutique étudiée, tous les remboursements de médicaments délivrés en officine de ville, quel que soit le médecin prescripteur (libéral, hospitalier ou salarié) (cf. Annexe 3). Les médicaments délivrés en établissements (établissements hospitaliers ou établissements d'hébergement pour personnes âgées disposant d'une pharmacie interne) n'étaient pas pris en compte dans cette étude, car ces informations ne sont pas disponibles dans les bases de données utilisées. Le choix de ces médicaments/vaccins s'est appuyé sur les enjeux de santé publique majeurs dans le contexte de la crise sanitaire et du confinement/déconfinement : enjeu de prise en charge des pathologies chroniques (les remboursements d'antidiabétiques ont été retenus comme indicateur traceur) ; enjeu de santé mentale (suivi des remboursements de psychotropes) et enjeu de la prévention (remboursements de vaccins). La sélection des classes thérapeutiques s'est ensuite appuyée sur les précédents travaux de l'ORS sur ces thématiques [11] [12] , ainsi que sur les algorithmes utilisés dans la cartographie des pathologies développés par la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) [13] et sur des travaux récents de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et de la Cnam (étude Epi-Phare) [14] . Les indicateurs retenus par le groupe de travail (Assurance maladie, ARS, ORS) dans le cadre de l'élaboration de cette étude ont été calculés de façon hebdomadaire, à partir de la semaine 2, pour les années 2020 et pour les mêmes semaines en 2019, afin de pouvoir effectuer des comparaisons. Les indicateurs étaient basés sur le dénombrement des actes réalisés : Outre ces mesures hebdomadaires permettant d'avoir des éléments d'ordre plutôt « conjoncturel » en mesurant l'évolution du recours d'une semaine sur l'autre (semaine N de 2020 par rapport à la semaine N-1 de 2020), des mesures en « période cumulée » (dénombrement de l'activité ou du recours depuis le début de l'année 2020) apportent une information d'ordre plus structurel en considérant l'évolution lissée du recours sur toute la période. Les indicateurs retenus pour cette thématique étaient : D'autres spécialités ont enregistré une hausse de leur activité depuis le début de l'année par rapport à l'année précédente : +2,5 % pour la neurologie, +5,4 % pour l'endocrinologie, +13,3 % pour la néphrologie. Depuis la fin du confinement, la pratique de la téléconsultation a fortement diminué, même si elle reste plus élevée qu'en 2019 à la même période. À partir de la semaine 28 (qui a commencé le 6 juillet 2020), moins d'un généraliste sur cinq ( Fig. 4 ) et un spécialiste sur quinze pratiquent la téléconsultation ; les téléconsultations ne constituent plus qu'environ 4 % des actes des MG et des spécialistes. Après une forte diminution des téléconsultations réalisées par les médecins libéraux jusqu'en semaine 33 (qui a commencé le 10 août), leur nombre est en légère hausse sur les semaines suivantes (Fig. 4) , et leur part dans l'activité des médecins augmente légèrement au cours des dernières semaines. Une forte augmentation des remboursements de médicaments est observée la semaine qui a Par ailleurs, les analyses montrent une très forte diminution, durant le confinement, de la délivrance des vaccins étudiés : la baisse est de 5 % (soit environ 900 enfants non vaccinés entre les semaines 12 et 19 par rapport à la même période de 2019) pour les remboursements de vaccins pentavalents ou hexavalents chez les enfants âgés de moins de 1 an, de 39 % concernant le vaccin ROR chez les enfants âgés de moins de 5 ans (soit environ 4100 enfants) et de 54 % pour le vaccin contre les papillomavirus humains chez les filles âgées de 10-14 ans (soit environ 1500 jeunes filles) (Fig. 7) entre les semaines 12 et 19 en 2020 par rapport à la même période en 2019. À partir de la semaine 14, ces chiffres ont progressivement augmenté et sont depuis mi-juin (semaine 24), relativement similaires aux chiffres observés en 2019, sans toutefois observer de phénomène de « rattrapage » de la baisse constatée en S12 et S13. Cet article visait à partager un retour d'expérience d'un dispositif de suivi en temps réel du recours aux soins, mis en place dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Le but de cet outil était de chercher à caractériser de façon objective l'impact qu'a eu et a encore l'épidémie de COVID-19 sur le recours aux soins, afin de permettre aux autorités sanitaires d'agir rapidement et au plus près d'une situation conjoncturelle pouvant varier fortement d'une semaine à l'autre. En effet, outre la crainte des conséquences sanitaires que cela pourrait avoir généré pour les personnes atteintes de maladies chroniques (comme l'hypertension, le diabète, certains cancers ou les pathologies cardiaques) qui n'ont pas bénéficié du suivi régulier nécessaire [15] , et ce, malgré le déploiement de la télémédecine, on aurait pu s'attendre à un probable report de ce type de consultations à l'issue du confinement, entraînant un pic d'activité pour la médecine générale, et plus généralement, les soins de ville. Du côté des patients, différentes enquêtes ont également permis de caractériser les comportements de recours aux soins. Selon les enquêtes, 28 % à 38 % des adultes interrogés en avril 2020 avaient réduit leurs consultations médicales [18] [19] . Les résultats variaient en fonction du type de pathologie. Les craintes liées à la COVID-19 représentaient notamment un frein à la consultation en médecine de ville pour un malade chronique sur dix. Des résultats similaires étaient retrouvés en Belgique [20] , où une personne sur cinq avait renoncé à consulter un médecin généraliste durant le confinement ; 90 % n'avaient pas pu réaliser un examen médical prévu avant la crise. Parmi les personnes souffrant d'une maladie chronique, près de 23 % avaient déclaré que le renoncement aux soins durant le confinement avait « assez fortement » ou « très fortement » détérioré leur état de santé. Ces constats se retrouvent à l'international : une étude portant sur six pays (Australie, Nouvelle-Zélande, Canada, Pays-Bas, Royaume-Uni, États-Unis) [21] a ainsi établi que dans tous ces territoires, les médecins avaient été en première ligne lors de la pandémie, et que les soins de premiers recours non liés à la COVID-19 avaient diminué. Le confinement a drastiquement réduit l'accès aux soins, et n'a été que partiellement compensé par la télémédecine. La priorité donnée à la COVID-19 a évincé la prise en charge des autres pathologies. D'après une étude plus détaillée portant uniquement sur les États-Unis, les soins de premier recours ont diminué de 21,4% au cours du deuxième trimestre 2020 par rapport aux deux années précédentes. La chute était de 50 % en cabinet, mais a été en partie compensée par l'accroissement des téléconsultations, avec, néanmoins, de fortes disparités géographiques [22] . Malgré un léger rebond de l'activité suite au confinement du printemps 2020, le report de consultations lié à l'épidémie a généré une « accumulation de déficits » à la fois dans la prise en charge des patients et pour le revenu des médecins [23] . Ceci a été favorisé par la diminution du recours aux soins primaires déjà observée depuis plusieurs années aux États-Unis [24] . Trois hypothèses possibles ont été avancées pour l'expliquer : une baisse de la capacité, du besoin ou du souhait du patient de recourir aux soins ; des changements de pratique dans les soins de premier recours (travail en équipe plus fréquent, soins à distance) ; remplacement/transfert des consultations physiques de premier recours par/vers des alternatives telles que des consultations de spécialistes, soins en clinique spécialisée, télémédecine. Pour lutter contre la rupture du parcours de soin, des mesures ont rapidement été mises en place, comme le renouvellement automatique d'ordonnances et la téléconsultation. L'essor considérable de la téléconsultation, observé dans nos résultats, est également confirmé par d'autres sources de données. Dans le panel de MG déjà évoqué, 75 % des médecins ont utilisé la téléconsultation, que ce soit pour le diagnostic ou pour la surveillance des patients concernés par la COVID-19 [25] . À titre de comparaison, entre octobre 2018 et avril 2019, 86 % des médecins généralistes déclaraient ne jamais avoir eu recours à la téléconsultation ou à la télé-expertise depuis leur mise en place en juin 2018. Au niveau national, les chiffres publiés par l'Assurance maladie [26] font état d'un recours massif à la téléconsultation : au plus fort de l'épidémie en avril, plus de 4,5 millions de téléconsultations ont été remboursées, puis 1,9 million en juin, et 650 000 au mois d'août. Plus de 60 000 médecins y ont eu recours, notamment les généralistes. Etant donné l'intégration des consultations téléphoniques dans les téléconsultations au cours de la période d'état d'urgence sanitaire, il est difficile de comptabiliser les médecins ayant réellement utilisé la téléconsultation via une plateforme, telle qu'elle pourrait être poursuivie à l'avenir. En revanche, cet indicateur montre la réactivité et la capacité d'adaptation des médecins de ville pour maintenir un suivi de leurs patients, ainsi que la faisabilité d'un suivi à distance, dans certaines limites cependant (voir ci-après). Dans un contexte épidémique, ce type de soins a ainsi permis de faciliter l'accès aux soins sur l'ensemble du territoire, particulièrement pour le suivi des patients atteints de pathologies chroniques et des personnes âgées ou fragiles [27] . Il a par ailleurs recueilli l'adhésion de la population. Dans une enquête en population générale, 5 % des Français déclaraient avoir eu recours à la téléconsultation pendant le confinement : 9 sur 10 en avaient été satisfaits et la majorité pensait continuer à y recourir après la fin du confinement [19] . L'utilisation de la téléconsultation entraîne cependant certaines difficultés pour les médecins généralistes : plus de la moitié de ceux qui l'ont utilisé estiment que l'examen clinique en présentiel reste souvent ou systématiquement indispensable. Un peu moins de la moitié a souvent ou systématiquement rencontré des problèmes techniques [25] . De fait, depuis la fin du confinement, la téléconsultation a progressivement diminué pour arriver à un niveau faible, mais plus important que celui qui existait avant le confinement dans notre région. L'arrêt du remboursement des consultations téléphoniques le 10 juillet a probablement contribué en partie à ce phénomène 3 . Ces constats font écho, là encore, à la littérature internationale. Aux États-Unis, la télémédecine a connu une expansion très rapide peu de temps après le début de l'épidémie, que ce soit pour des consultations en lien ou non avec la COVID-19 [28] . Ces technologies ont permis d'assurer des soins tout en limitant les risques de contamination liées à la propagation du virus [29] . Cependant, la télémédecine connaît aussi des limites. Une étude qualitative conduite en Californie [30] a montré que les médecins ont apprécié le fait que la télémédecine offre de nouvelles opportunités pour améliorer la qualité des soins dispensés. Plusieurs de ces changements ont été positifs, mais il reste à savoir si d'autres (tels que l'absence d'examen physique ou de contacts) pourraient avoir un impact négatif sur la communication patient-praticien ou sur la propension des patients à révéler leurs préoccupations, ce qui pourrait affecter leur prise en charge et par conséquent leur santé. Concernant la consommation de médicaments, les résultats observés sont comparables aux résultats de l'ANSM [31] , avec un pic d'approvisionnement en début de confinement, puis un retour à la normale pour les traitements de pathologies chroniques tels que les médicaments antidiabétiques ou les psychotropes. Le pic d'approvisionnement initial pourrait s'apparenter au phénomène de stockage observé en début de confinement de produits de première nécessité, par crainte de manquer de ressources vitales (nourriture, produits d'hygiène et médicaments) et à l'incertitude, en début de confinement, sur les possibilités d'accès et d'approvisionnement. En dépit de l'impact psychologique marqué de l'épidémie de COVID-19 et du confinement, décrit dans plusieurs études [32] [33] [34] [35] [36] [37] [38] [39] , il n'a pas été observé d'augmentation de délivrance des traitements psychotropes, en dehors du pic d'approvisionnement du début de confinement. Nos résultats retrouvent ainsi une dynamique de pic d'approvisionnement puis de retour à la normale similaire à celle des médicaments antidiabétiques. Néanmoins, plusieurs paramètres incitent à considérer ces résultats avec une certaine prudence. En effet, du fait de la structure des bases de l'Assurance maladie utilisées dans notre étude, seules les activités libérales et la délivrance de médicaments en ville (pouvant néanmoins être prescrits par des médecins 3 Le remboursement des consultations téléphoniques a été rétabli de façon dérogatoire le 17 octobre 2020 à l'occasion de la réactivation de l'état d'urgence sanitaire. hospitaliers) ont pu être suivies. Les résultats n'intègrent donc pas la consommation de médicaments par des patients hospitalisés [40] . En outre, les données concernent la délivrance des traitements par les pharmaciens, et non pas la consommation réelle des traitements par les patients. Une absence de délivrance ne signifie donc pas forcément une absence de consommation, comme cela peut être le cas par exemple avec les hypnotiques et notait ainsi des demandes de soins liées à la santé mentale plus fréquentes. Un récent rapport du Ministère des Solidarités et de la Santé fait état de retours d'expériences de la crise sanitaire dans le secteur de la santé mentale et de la psychiatrie qui témoignent de l'importante mobilisation, de la réactivité et de l'inventivité des soignants pour s'adapter à cette situation [41] . Concernant la délivrance des vaccins, les résultats observés sont comparables aux résultats de l'ANSM [31] . La diminution du recours aux médecins généralistes a donc eu aussi un impact sur l'activité de prévention, notamment celle de vaccination. En région Pays de la Loire, une forte baisse de consultation en médecine générale a ainsi été observée pour les enfants âgés de moins de 15 ans pendant toute la période de confinement [16] . contact-tracing depuis la fin de l'été 2020 [45] , de maintenir les capacités de surveillance des autres risques épidémiques. Outre les points déjà mentionnés supra sur la mesure de la consommation de médicaments, d'autres limites sont à prendre en considération à la lecture de nos résultats. Rappelons que nous n'avons étudié que la population d'assurés du régime général stricto sensu (qui constitue plus de 85 % de l'ensemble de la population), afin de pouvoir faire des comparaisons de nos L'épidémie de COVID-19, qui s'est propagée à partir du premier trimestre 2020, et dont une deuxième vague est en cours au quatrième trimestre [46] [47] , risque d'entraîner d'autres conséquences sanitaires, que celles directement imputables à la COVID-19 elle-même. Nombre de médecins hospitaliers et même libéraux n'ont pas vu revenir en consultation leurs patients habituels, faisant redouter une perte de chance pour tous ceux qui craignent de venir à l'hôpital ou dans les salles d'attentes des cabinets médicaux [48] . Quel impact sur la prise en charge, par exemple, des cancers [36, 49, 50] ou des soins psychiatriques [51] [52] ? Le renoncement aux soins risque-t-il de perdurer dans le futur, et d'entraîner des retards de soins fortement préjudiciables aux individus et à la collectivité [20] ? Les effets à long-terme de la crise sont particulièrement préoccupants [53] : les patients, notamment ceux concernés par des pathologies chroniques, vont-ils par la suite devoir supporter des conséquences adverses et coûteuses du fait du retard de prise en charge ? Quel sera l'impact financier sur les offreurs de soins ? Ces questions inquiètent les autorités publiques, qui mettent en place des actions visant à inciter les patients à se soigner sans tarder. Citons par exemple les recommandations émises par la Haute Autorité de santé (HAS) pour le suivi post-confinement des malades chroniques [54] , la mise en place d'une consultation « bilan et vigilance » [55] , relayée par les délégués de l'Assurance maladie, pour les personnes à risques, ou les campagnes d'informations et d'incitations à revoir rapidement son médecin [56] . Mais la crise liée à la COVID-19 a aussi créé des opportunités. Comme l'indique l'Assurance maladie, la télésanté a démontré son utilité lors de cette crise sanitaire et s'est rendue indispensable en s'intégrant dans la pratique professionnelle des médecins. Cette dynamique devrait perdurer ces prochains mois notamment grâce aux futures négociations qui s'ouvrent avec les médecins en septembre 2020 dans le cadre de la convention médicale. Celles-ci auront vocation à accélérer, dans un contexte où leur nécessité est manifeste, le déploiement de la téléconsultation et de la téléexpertise, dans des conditions permettant d'en assurer la qualité [26] . Au Royaume-Uni, de nouvelles méthodes de travail ont émergé, s'appuyant notamment sur une approche collective et interprofessionnelle [57] , en quelque sorte semblable aux communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qui sont en cours de déploiement en France [58] . En cherchant à regrouper les expériences et initiatives de soins primaires menées à l'international, des auteurs ont conclu : 1) que les soins primaires ont joué un rôle primordial dans la gestion de la pandémie en s'adaptant à une situation inédite ; 2) qu'il était nécessaire de renforcer ces soins primaires, en leur allouant des équipements, des formations et des financements à la hauteur [59] . Bien que partiels, les indicateurs considérés dans notre étude ont permis et permettent encore aux décideurs publics locaux d'être réactifs et de mettre en place certaines actions afin de répondre aux besoins de santé des populations. Ainsi, grâce à la mise en place rapide de ces tableaux de suivi, il a été possible pour l'ARS, dès le début, de suivre de façon très rapprochée l'impact de l'épidémie sur la médecine de ville. Cela a permis très tôt d'objectiver l'importance de la baisse d'activité signalée par les remontées des acteurs du terrain, mais aussi la montée en puissance rapide de la téléconsultation. Si ce suivi a permis de rassurer les décideurs sur x 78 x 1172 x 1103 x 480 x 157 Nombre consultations -spécialistes +2,9 % -52,8 % -43,3 % -18,9 % +15,0 % Nombre téléconsultations spécialistes x 78 x 2640 x 1160 x 279 x 157 Nombre bénéficiaires avec remboursement d'antidiabétiques oraux +7,0 % +47,9 % -0,6 % -12, Lecture : Le nombre de consultations chez les médecins généralistes lors de la semaine 10 (S10avant le confinement) a augmenté de 7,3 % entre 2019 et 2020. Le nombre de téléconsultations a été multiplié par 78 lors de la semaine 10 de 2020, par rapport à la même semaine un an plus tôt. Pour chaque remboursement, les informations suivantes étaient disponibles : le numéro d'identification au répertoire (NIR) crypté, le code Club interpharmaceutique (CIP) et la classe thérapeutique du médicament (classification anatomique, thérapeutique et chimique -ATC) ainsi que la date de délivrance. Les classes thérapeutiques retenues dans le cadre de cette étude étaient les suivantes : -Pour les médicaments utilisés pour le traitement du diabète : o Insuline : ensemble des classes ATC A10A. o Antidiabétiques oraux : ensemble des classes ATC A10B et A10X. -Pour les médicaments utilisés pour le traitement de pathologies mentales : Comment les médecins généralistes ont-ils exercé leur activité pendant le confinement lié au Covid-19 ? Communiqué des dépenses. Les remboursements de soins du Régime Général à fin Covid-19 : Une défaite française Ministère des solidarités et de la santé Covid-19 et continuité des soins. Continuer de se soigner, un impératif de santé publique Out-of-hospital cardiac arrest during the Covid-19 pandemic Covid-19 : Le ministre des solidarités et de la santé autorise la téléconsultation par téléphone, pour les patients dépourvus de moyens de connexion en vidéo Améliorer la qualité du système de santé et maîtriser les dépenses. Propositions de l'Assurance Maladie pour 2021 Direction de la Sécurité sociale. Les chiffres clés de la Sécurité Système d'information régional en santé Psychotropic drug dispensing in people with and without cancer in France Trends in seasonal influenza vaccine coverage of target groups in France, 2006/07 to 2015/16: Impact of recommendations and 2009 influenza A (H1N1) pandemic Méthodologie médicale de la cartographie des pathologies et des dépenses, version G7 (années Covid-19 : usage des médicaments de ville en France Treat all Covid-19 positive patients, but do not forget those negative with chronic diseases Recours au médecin généraliste pendant le confinement en Pays de la Loire Enquête sur l'accès aux soins et aux traitements des malades chroniques en période de confinement Covid-19 et confinement. Comportements, attitudes et impact sur la vie des Français Coronavirus : 1 personne sur 2 renonce durablement aux soins de santé COVID-19 and primary care in six countries Use and Content of Primary Care Office-Based vs Telemedicine Care Visits During the COVID-19 Pandemic in the US The impact of the COVID-19 pandemic on outpatient visits: practices are adapting to the new normal Evidence and implications behind a national decline in primary care visits Trois médecins généralistes sur quatre ont mis en place la téléconsultation depuis le début de l'épidémie de Covid-19 Assurance Maladie. Téléconsultation, une pratique qui s'installe dans la durée Télé-neuropsychologie, patients âgés et Covid-19 COVID-19 transforms health care through telemedicine: evidence from the field Virtually perfect? Telemedicine for COVID-19 A qualitative study of primary care physicians' experiences with telemedicine during COVID-19 Usage des médicaments de ville en France durant l'épidémie de Covid-19 -point de situation après 5 semaines de confinement (jusqu'au 19 avril 2020). Étude pharmacoépidémiologique à partir des données de remboursement du SNDS Évaluation de la santé mentale et des diverses stratégies d'adaptation dans la population générale vivant sous l'emprise de la Covid à travers le monde : une étude transversale Le confinement peut-il favoriser l'émergence de symptômes traumatiques ou psychotiques ? Quelles conséquences du Covid-19 sur notre vie psychique ? Métamorphose et transformations liées au coronavirus Covid-19 health crisis and lockdown associated with high level of sleep complaints and hypnotic uptake at the population level Impact psychologique de l'épidémie de Covid-19 et du confinement chez des patients pris en charge pour un cancer Les conséquences psychiatriques du Covid-19 sont devant nous… Anxiety, depression and sleep problems: a second wave of Covid-19 Prescription et consommation des médicaments hypnotiques et anxiolytiques dans les services de médecine des hôpitaux sud du CHU de Marseille Rapport d'analyse des retours d'expériences de la crise Covid-19 dans le secteur de la santé mentale et de la psychiatrie Bulletin supplémentaire mars 2020. Consultation dans les cabinets médicaux recevant des enfants en période de pandémie Covid-19 Bulletin supplémentaire mars 2020. Coronavirus : message à destination des familles Propositions de l'ensemble des sociétés savantes et organisations professionnelles représentatives de la pédiatrie sur les consultations à maintenir durant la pandémie Covid-19 Point de situation sur le contact tracing alors que l'épidémie à Covid Second wave Covid-19 pandemics in Europe: a temporal playbook Planning for a second wave pandemic of Covid-19 and planning for winter Prévention de la Covid-19 après le confinement : pour un retour rapide « à la vie d'avant » Impact de l'épidémie de Covid-19 sur les demandes de prise en charge initiale pour cancer du sein Caring for patients with cancer in the COVID-19 era Réactivité et pérennité des soins psychiatriques en France à l'épreuve du Covid-19 Assurer les soins aux patients souffrant de troubles psychiques en France pendant l'épidémie à SARS-CoV-2. L'encéphale 2020 Effects of the COVID-19 Pandemic on Outpatient Providers in the US (No. w27173) Réponses rapides dans le cadre du Covid-19. Accompagner les patients ayant une maladie chronique et/ou à risque de forme grave de Covid-19 dans la levée du confinement Lancement de la consultation médicale « bilan et vigilance » pour les personnes à risque de forme grave de Covid-19 ou souffrant d'une affection de longue durée #revoirsonmédecin : la campagne nationale lancée pour inciter les patients chroniques à consulter, site Pourquoi Docteur A reflection on the impact of COVID-19 on primary care in the United Kingdom Les CPTS : de l'ambition politique à la réalité territoriale. Les Tribunes de la santé 2020 Lessons on the COVID-19 pandemic, for and by primary care professionals worldwide Les bénéficiaires des sections locales mutualistes ont été exclus soit en fonction de leurs petits régimes d'appartenance, soit en fonction de leur numéro de ligne dans le décompte de remboursement Les ex-bénéficiaires du RSI ont été exclus en fonction de leurs petits régimes du régime général et des régimes partenaires d'appartenance, à savoir les codes 103 (conjoint collaborateur de travailleur indépendant/profession libérale) ; 104 (salariés gérés par une section locale mutualiste) ; 105 (travailleur indépendant -artisan commerçant) ; 106 (travailleur indépendant -profession libérale) 360 (retraité artisan commerçant ex-invalide) ; 390 (affiliation travailleur indépendant pour les petites entreprises) ; 530 (bénéficiaires d'une pension vieillesse substituée à une pension d'invalidité) 3" libéral + temps partiel hospitalier ; "4" libéral + temps plein hospitalier. -Codes spécialités des médecins généralistes : "01" médecine générale ; "22" spécialiste en médecine générale avec diplôme Codes spécialités des médecins spécialistes : toutes les spécialités sauf "01 Codes de huit spécialités ciblées : cardiologie 77" obstétrique ; "79" gynécologie obstétrique et gynécologie médicale) Les actes dénombrés pour construire les indicateurs étaient les suivants : -Consultations en cabinet : codes actes L'identification des actes en lien avec une affection longue durée (ALD) était basée sur les codes suivants ces actes concernaient à la fois les téléconsultations et les consultations téléphoniques exceptionnellement autorisées