key: cord-1017037-ng04adhu authors: Fogha, Jean Valentin Fokouo; Noubiap, Jean Jacques title: La lutte contre la COVID-19 au Cameroun nécessite un second souffle date: 2020-09-18 journal: Pan Afr Med J DOI: 10.11604/pamj.supp.2020.37.14.23535 sha: 346621c738ff3c0a959329b67d1df6c34628a58d doc_id: 1017037 cord_uid: ng04adhu The coronavirus 2019 (COVID-19) pandemic was declared by the World Health Organization on January 11, 2020. As of early May 2020, the disease has affected more than 3 million people worldwide, killing around 230,000 of them. In Cameroon, the response to the COVID-19 pandemic has been gradually organized, with a strategic emphasis on dedicated treatment centers in the referral hospitals of the main cities. As the fight against the pandemic rages on, signs of running out of steam are becoming manifest, yet the pandemic is likely to last for many more months. This article analyzes the situation and suggests some solutions to help stem the current health crisis and improve the public health emergency management system in Cameroon. La pandémie à coronavirus SARS-CoV-2 a été déclarée par l´Organisation Mondiale de la Santé le 11 janvier 2020. Actuellement, début mai 2020, elle a officiellement atteint plus de 3 millions de personnes à travers le monde, tuant environ 230 000 d´entre elles. Le Cameroun s´est progressivement organisé pour une riposte centrée sur des centres de prise en charge isolés des hôpitaux avec des fortunes diverses. Alors que la bataille contre ce virus fait rage, on peut percevoir quelques signes d´essoufflement, pourtant la pandémie risque de durer de nombreux mois encore. Cet article fait une analyse de situation et propose quelques solutions pour contribuer à endiguer l´actuelle pandémie et améliorer le système de gestion des urgences de santé publique au Cameroun. The coronavirus 2019 pandemic was declared by the World Health Organization on January 11, 2020. As of early May 2020, the disease has affected more than 3 million people worldwide, killing around 230,000 of them. In Cameroon, the response to the COVID-19 pandemic has been gradually organized, with a strategic emphasis on dedicated treatment centers in the referral hospitals of the main cities. As the fight against the pandemic rages on, signs of running out of steam are becoming manifest, yet the pandemic is likely to last for many more months. This article analyzes the situation and suggests some solutions to help stem the current health crisis and improve the public health emergency management system in Cameroon. Le premier cas d´infection au SARS-CoV-2 (COVID-19) a été enregistré au Cameroun le 6 mars 2020. Au 2 mai 2020, on dénombre officiellement 2069 cas et 61 décès. Cependant, selon de nombreuses sources, les chiffres seraient largement sousestimés [1, 2] . Au début concentrée à Yaoundé et Douala, la pandémie touche désormais la totalité des dix régions du pays. La riposte s´est organisée en quatre axes: la recherche active et précoce des cas par un dépistage généralisé, la prise en charge des cas avec extension des capacités, la régulation sociale pour éviter la propagation, et la gouvernance et la redevabilité [3] . Décentralisation de la gestion de la crise: il est impératif d´augmenter l´implication des collectivités territoriales décentralisées dans le système sanitaire. La COVID-19 pourrait être une opportunité d´accélérer la décentralisation comme le veulent les pouvoirs publics et le réclament les populations depuis de nombreuses années. Voulue par la Constitution de 1996, cette décentralisation tarde à être implémentée. C´est en décembre 2019 que la loi y relative a été votée [5] . Le transfert de pouvoir vers les mairies est lent et n´est pas suivi du transfert des ressources conséquentes. Pourtant, il leur revient désormais de recruter les personnels, les payer, encadrer les formations sanitaires de leur ressort territorial, inhumer les morts pendant les épidémies. Permettre aux collectivités territoriales décentralisées de jouer leur rôle en ce moment rendrait plus efficace et rapide la réponse à l´épidémie. Il faudrait rendre disponibles dans les centres de traitement tous les médicaments et dispositifs médicaux nécessaires au diagnostic et au traitement car la prise en charge des patients se veut gratuite. A cet effet, il serait souhaitable d´autonomiser financièrement les centres de prise en charge ou les hôpitaux de tutelle de ces centres. Regard vers l´avenir (renforcement du système de santé): enfin, cette crise sanitaire devrait être une opportunité pour poser les jalons d´un système de santé plus performant. En effet, le modèle de la santé hospitalo-centré et hypercentralisé montre actuellement ses limites. Tout doit être repensé. De la formation initiale des professionnels de santé, à celle des gestionnaires des communes aux questions de santé, en passant par les transports, l´alimentation, les finances, les adductions d´eau et d´électricité entre autres, qui sont autant de secteurs imbriqués à celui de la santé. Les secteurs industriel et pharmaceutique doivent être redynamisés en vue de réduire notre dépendance vis-à-vis de l´extérieur. Il faudrait pouvoir produire localement au moins les antibiotiques les plus essentiels, les médicaments contre paludisme, la tuberculose et le VIH. La plupart de ces médicaments sont déjà hors brevet. Or ces pathologies sont celles qui sévissent le plus dans le pays et grèvent le budget de la santé par la commande des moyens de lutte sur le marché international. Même l´architecture des hôpitaux doit être revue et harmonisée pour faciliter la circulation des patients et des soignants en temps ordinaire ou d´épidémie. Cette crise sanitaire est l´occasion de penser à reset, une chance de faire mieux à l´avenir. Nous devons la saisir. Valorisation de la pharmacopée traditionnelle: en ce début de mois de Mai 2020, il n´existe toujours pas de traitement curatif établi contre la COVID-19. L´antirétroviral lopinavir-ritonavir inclus dans certains protocoles de traitement au début de la pandémie n´a finalement pas montré d´efficacité dans les formes sévères de COVID-19 dans une étude randomisée contrôlée [6] . L´association hydroxychlorquine-azithromycine utilisée dans de nombreux pays a été recommandée notamment sur la base d´une étude clinique très contestée, du fait de ses limites méthodologiques majeures [7] . Depuis lors, plusieurs études ont remis en cause l´efficacité de l´hydroxychloroquine dans le traitement du COVID-19 [8] . Le bénéfice potentiel de l´antiviral remdesivir suggéré dans une étude multinationale de faible échantillon [9] n´a pas été retrouvé dans une étude clinique randomisée contrôlée en Chine [10] . Face à cette absence de thérapie suffisamment efficace, plusieurs pays Africains ont choisi de miser sur des solutions thérapeutiques puisées dans la pharmacopée traditionnelle. L´exemple le plus populaire en date vient de Madagascar, où le Président de la République a présenté un produit à base de plantes dont l´Artemisia, et clamé son efficacité [11] . Ce produit, la COVID-Organics, a été massivement distribué aux populations malgaches, y compris aux enfants, essentiellement à visée prophylactique. Plusieurs pays Africains ont marqué leur adhésion à ce potentiel médicament, malgré la désapprobation de plusieurs organisations scientifiques et sanitaires dont l´Organisation Mondiale de la Santé [12, 13] . En effet, le développement du Covid-Organics n´aurait pas été subordonné aux exigences scientifiques en la matière. Au Cameroun, un prélat de l´Eglise Catholique ayant plusieurs décennies d´expérience dans l´utilisation de plantes médicinales pour le traitement de diverses maladies, a annoncé la mise sur pied d´un produit phytothérapeutique contre la COVID-19 et débuté sa distribution [14] . Si ces démarches en marge des standards de recherche scientifique sont critiquables, notamment du fait des risques potentiels de ces produits qui n´ont pas été exclus par une recherche appropriée, les initiatives en elles-mêmes sont à saluer. En ce sens, il est important pour les Africains de rechercher des solutions locales à leurs problèmes de santé dont l´actuelle pandémie. Pour se faire, il est crucial que les tradipraticiens et les chercheurs universitaires travaillent ensemble pour apporter des médicaments de pharmacopée traditionnelle contre la COVID-19, après avoir prouvé, par des études cliniques bien menées, leur efficacité et leur innocuité. La pandémie à la COVID-19 pourrait encore durer de nombreux mois. La stratégie de lutte actuelle au Cameroun doit être réajustée. Ceci devrait inclure l´amélioration de la prise en charge du personnel, l´équipement adéquat des centres de traitement et l´allocation de plus grandes ressources, la décentralisation effective de la gestion de la riposte, et une sensibilisation accrue des populations. Aussi, cette crise sanitaire majeure devrait poser les jalons d´une restructuration profonde du système de santé et d´une amélioration à long terme de la gestion des urgences de santé publique au Cameroun. Enfin, la valorisation de la pharmacopée traditionnelle locale devrait constituer un axe de lutte important. Les auteurs ne déclarent aucun conflit d´intérêts. Les docteurs Jean Valentin Fokouo Fogha et Jean Jacques Noubiap ont contribué à la conception et l´écriture de cet article, et ont décidé mutuellement de sa publication. Tous les auteurs ont lu et approuvé la version finale du manuscrit. Coronavirus: le gouvernement pris en délit de mensonge Mensonge d'Etat sur le nombre de morts. 6/5/2020 Cameroun: contre le coronavirus, la stratégie en 4 axes du gouvernement Au Cameroun, l'Ordre des médecins veut sauver les soignants contaminés par le coronavirus A trial of Lopinavir-Ritonavir in adults hospitalized with severe Covid-19 Hydroxychloroquine and azithromycin as a treatment of COVID-19: results of an open-label non-randomized clinical trial Review: hydroxychloroquine and chloroquine for treatment of SARS-CoV-2 (COVID-19). Open Forum Infect Dis Compassionate use of remdesivir for patients with severe Covid-1 Remdesivir in adults with severe COVID-19: a randomised, double-blind, placebo-controlled, multicentre trial Coronavirus: Tanzanian president promises to import Madagascar's "cure Congo receives COVID-Organics donation from Madagascar Au Cameroun, l´archevêque de Douala propose d'utiliser des plantes pour soulager les malades du COVID-19