key: cord-1015803-bzaj03b9 authors: Barberousse, C.; Dabezies, C.; Lamarche, O.; Lachaize, A. title: Retentissement psychologique de la crise sanitaire du COVID-19 sur les salariés date: 2022-01-24 journal: Archives des Maladies Professionnelles et de l'Environnement DOI: 10.1016/j.admp.2022.01.004 sha: e4b482eb3cc9f3f3fcec09c5a005207e57035e60 doc_id: 1015803 cord_uid: bzaj03b9 Purpose of the study: During the COVID-19 pandemic, the changes in working conditions, the fear of being contaminated at the work place and job insecurity can have a significant impact on the mental health of employees. The objective of this study was to measure the impact of the pandemic on the mental health of employees under follow-up in an occupational health service and to identify the factors associated with stress and fear at work. Method: An anonymous and confidential questionnaire was offered to employees coming to occupational health visit in early October and November 2020. Results: 1797 employees responded. Nearly 40% had manifestations of anxiety disorders and 20% had depressive signs. From the beginning of the crisis, almost a third of employees were more stressed than before and 21% happened to be afraid at work. Being more stressed at work was associated with gender, number of employees, seniority, working in the health sector, feeling affected by SARS-COV2, being at risk of severe covid-19, feeling exposed to SARS-COV2 at work, feeling insecure at work and having difficulties to apply barrier measures. The multivariate model analysis looking at factors associated to fear at work had similar findings. Conclusion: This study confirms and quantifies the importance of stress, feelings of insecurity and tensions at work. These results emphasized the role of an occupational health service in the face of a health crisis to best support employees and employers. Objectif : Dans le contexte de crise sanitaire, le bouleversement des habitudes de travail, la crainte d'être contaminés sur leur lieu d'exercice, ou la fermeture de certains établissements font présager un impact important sur la santé mentale des salariés. L'objectif de cette étude était de mesurer l'impact de la crise sanitaire sur la santé mentale des salariés suivis par un service de santé au Le virus SARS-COV2 responsable de la COVID-19, et les mesures prises pour enrayer sa propagation, ont profondément affecté tous les aspects de la vie quotidienne. L'importante médiatisation des statistiques de morbidité et de mortalité, les oppositions et incertitudes des scientifiques, les restrictions imposées pour réduire les contacts sociaux, l'accès aux soins de santé rendu difficile par la saturation du système hospitalier, le secteur d'activité à l'arrêt réduisant les moyens de subsistance, l'absence de divertissements collectifs culturels et sportifs et la peur de contracter la COVID-19 ont eu un impact dramatique sur le bien-être. Les répercussions sur la santé mentale de la population de l'épidémie de COVID-19 ont fait l'objet de nombreuses études partout dans le monde et les premiers indicateurs sont préoccupants. Les principales réactions psychologiques ont été bien décrites [1] . On observe des taux hétérogènes et parfois très élevés de symptômes d'anxiété (6,33% à 50,9%), de dépression (14,6% à 48,3%), de trouble de stress post-traumatique (7% à 53,8%), de détresse psychologique (34,43% à 38%) et de stress (8,1% à 81,9%) dans la population générale lors de la pandémie de COVID-19 en fonction des pays d'étude [2] . Le secteur de la santé fait l'objet de nombreuses études en cas d'épidémie [3] [4] . Dès avril 2020, dans les études publiées, plus d'un travailleur de la santé sur cinq souffrait d'anxiété et/ou de dépression ; près de deux sur cinq ont signalé l'insomnie [5] , les travailleurs de la santé signalant généralement plus d'anxiété, de dépression et de problèmes de sommeil par rapport à la population générale [6] . La problématique de l'impact de la santé mentale sur le travail et vice versa est étudiée depuis des années. La santé mentale a une influence importante sur le maintien dans l'emploi [7] [8] [9] . J o u r n a l P r e -p r o o f 5 L'instabilité liée à l'alternance de période de plein emploi, de chômage partiel, de fermeture d'établissement a un effet psychologique négatif [10] [11] , notamment du fait de la fragilisation des liens sociaux [12] . Les conditions de travail, son environnement et son organisation ainsi que les comportements liés au travail jouent un rôle important capable d'exacerber ou de modérer la santé mentale et le bien être psychologique des travailleurs. Les risques psychosociaux et la qualité de vie au travail sont intimement liés [13] . Les modifications parfois profondes des conditions de travail en raison de la crise sanitaire (chômage partiel, télétravail en mode dégradé, mesures J o u r n a l P r e -p r o o f 8 L'enquête a été validée par notre cellule d'épidémiologie et de recherche appliquée, la direction du service et les médecins coordinateurs du service en septembre 2020 à défaut de réunion de la commission technique médicale qui en situation de gestion de crise ne s'est pas réunie en 2020. Par ailleurs, le service dans le cadre du développement de ses obligations en matière de veille sanitaire a procédé à l'engagement de conformité à la méthodologie MR004 auprès de la CNIL (référence CNIL 2223010v0). La très grande majorité estime que leur employeur a mis en place les mesures nécessaires à leur sécurité (91,4%) ; la proportion est sensiblement plus basse si les salariés sont à risque de forme grave ou se déclarant affectés par l'épidémie ou lorsqu'ils travaillent dans des activités de services. Ces différences renforcent l'intérêt de réaliser des études localement et périodiquement pour adapter ces actions à la population cible. Il n'y a pas eu de méthode d'échantillonnage utilisée pour une question de faisabilité. Le taux de participation était variable d'un centre à l'autre et diffère entre les 2 périodes. Il oscillait selon le secteur géographique considéré avec un niveau plus bas dans la zone toulonnaise de 34% et 17% respectivement en octobre et novembre tandis qu'il s'élevait à 77% puis 54% dans le reste du département. Les différences s'expliquent principalement par un manque de personnels disponibles pour distribuer le questionnaire dans certains centres médicaux. Les contraintes de désinfection des supports de remplissage et la présence parfois prolongée des salariés en salle d'attente pour prendre le temps de compléter le questionnaire étaient également un frein à la passation du questionnaire. Aucun refus de salarié n'a été rapporté. Il est également possible que le recrutement des salariés sur la base de leur venue en visite médicale présente un biais de sélection : la demande de visite par l'employeur peut permettre de créer un « appel d'air » et faciliter le rendez-vous d'autres salariés de la même entreprise à la même période. Compte tenu de ces éléments, les 2 échantillons n'ont pas été conçus pour prétendre à une représentativité de l'ensemble des salariés suivis par le service. Il est toutefois remarquable que la distribution de l'âge, du sexe et de la taille de l'entreprise est similaire de celle de la population salariée suivie par le service. Cet échantillon présente la même souffrant de pathologie mentale, ne vont jamais se faire soigner auprès d'un professionnel de la santé [21] . A cela pourrait s'ajouter la nécessité d'adapter les conditions de travail des salariés infectés par le coronavirus qui présentent des symptômes au long cours. La persistance de symptômes plusieurs semaines ou mois après les premières manifestations, a été décrite chez plus de 20 % des patients après 5 semaines et plus et chez plus de 10 % des patients après 3 mois [22] . La moitié des patients hospitalisés pour COVID-19 développent des troubles psychiatriques : 28% stress posttraumatique, 31% dépression, 42% anxiété, 40% insomnie, 20% TOC [23] . Une vigilance particulière devra être menée sur le maintien en emploi pour les cas de COVID long. « The psychological impact of COVID-19 on the mental health in the general population « Impact of COVID-19 pandemic on mental health in the general population: A systematic review « Stress and psychological distress among SARS survivors 1 year after the outbreak » « The mental health impact of the covid-19 pandemic on healthcare workers, and interventions to help them: A rapid systematic review « Prevalence of depression, anxiety, and insomnia among healthcare workers during the COVID-19 pandemic: A systematic review and meta-analysis « COVID-19 pandemic and mental health consequences: Systematic review of the current evidence « L'influence de la santé mentale déclarée sur le maintien en emploi « Mental Health and Productivity at Work: Does What You Do Matter? De la théorie à la pratique | fr | OCDE Underemployment and psychological distress: Propensity score and fixed effects estimates from two large UK samples « Job insecurity, unemployment and health: results from the Health examination centers of the French General Health Insurance. », Revue d'Épidémiologie et de Santé Publique instabilité professionnelle développe un sentiment de mal-être et fragilise les liens sociaux », Crédoc Insécurité de la situation de travail. Dunod Bienvenue sur le site EVREST -Evolution et relation en santé travail « A validation study of the Hospital Anxiety and Depression Scale (HADS) in a large sample of French employees « Hospital Anxiety and Depression Scale (HADS) -Article de revue -INRS « The Mental Health Consequences of COVID-19 and Physical Distancing: The Need for Prevention and Early Intervention » une enquête pour suivre l'évolution des comportements et de la santé mentale pendant l'épidémie de COVID-19 « Healthy worker effect phenomenon » vulnérables" à la COVID-19. Essai de quantification » « Symptômes prolongés suite à une Covid-19 de l'adulte -Diagnostic et prise en charge », Haute Autorité de Santé « Anxiety and depression in COVID-19 survivors: Role of inflammatory and clinical predictors