key: cord-0980478-22mr6d9x authors: Brugère-Picoux, J; Leroy, E; Angot, J-L; Rosolen, SG title: Santé humaine et santé animale* date: 2021-11-16 journal: Bull Acad Natl Med DOI: 10.1016/j.banm.2021.11.008 sha: 3ec0516eb9c63352ffdfb137a6c75376a2f3ec13 doc_id: 980478 cord_uid: 22mr6d9x The concept of "one health" applies perfectly to human health and animal health because many diseases are zoonoses. There are many historical examples of effective collaboration between veterinary medicine and human medicine in the development of the first vaccines used in the world (smallpox, rabies, tetanus, diphtheria, tuberculosis, etc.). But when a new disease appears in animals, the risk of possible transmission to humans is difficult to estimate. In the latter case, the loss of consumer confidence in the face of scientific uncertainties can cause a health crisis (examples of bovine spongiform encephalopathy and H5N1 avian plague). But the most serious crisis that we have known since early 2020 is Covid-19 pandemic, which confirms that the modification of the ecosystems of certain wild species such as the horseshoe bats can have significant consequences for the public health. Animals infected with Covid-19 have been contaminated by humans but we cannot currently exclude an animal reservoir risk for SARS-CoV-2 which has circulated around the world. Le concept « une seule santé » lie étroitement la santé humaine et la santé animale et il importe ici de souligner le rôle joué par la profession vétérinaire dans le domaine de la santé publique. La raison en est simple. Les vétérinaires, formés à la pathologie comparée et à la connaissance des maladies de nombreuses espèces animales, apportent un complément indispensable à la médecine humaine car près de 75 % des 335 maladies émergentes recensées 1940 et 2004 [1] sont des zoonoses. Antoine Athanase Royer-Collard écrivait dans le premier tome de la Nouvelle Bibliothèque Médicale paru en 1823 : « La médecine vétérinaire est soeur de la médecine humaine ; elles sont fondées toutes les deux sur les mêmes bases ; elles se touchent par mille côtés ; elles s'enchaînent l'une à l'autre par un nombre infini de liens ». Au XIXème siècle le médecin prussien Rudolph Karl Virchow fut le premier à utiliser le mot « zoonose », forgé à partir des deux racines grecques zôon (animal) et nosos (maladie). Il écrivait en 1867, à l'époque où il fut élu membre correspondant de l'Académie nationale de médecine à titre d'associé étranger " Pas une seule année ne se termine …sans que nous puissions dire au monde : voici une nouvelle maladie ! … entre la médecine vétérinaire et humaine, il n'y a pas, et il ne devrait pas y avoir de division. L'objet est différent, mais l'expérience obtenue constitue la base de toute médecine ». Effectivement la santé animale a toujours été étroitement associée à la santé humaine qu'il s'agisse de la vaccinologie ou de la défiance du consommateur face à une maladie émergente d'origine animale, la crise actuelle de la Covid-19 n'épargnant pas non plus le monde animal. La première vaccination fut préparée à partir du virus de la variole de la vache, le cow-pox virus. Cette zoonose bénigne est transmise principalement à l'Homme par les lésions du trayon de vache (vacca ou vaccine d'où l'étymologie du mot vaccin). En 1795 Edward Jenner avait observé que les trayeuses anglaises qui avaient été contaminées par cette poxvirose animale n'étaient pas atteintes par la variole humaine et put ainsi démontrer ainsi l'intérêt de cette vaccination avec le virus bovin. L'Académie nationale de médecine participera à la mise en place de cette vaccination grâce à l'installation d'une étable dans ses locaux. Un siècle plus tard environ, naquit l'épopée pasteurienne des vaccins en France. On attribue de manière systématique à Louis Pasteur la paternité de l'ensemble de plusieurs découvertes dans le domaine de la vaccinologie mais, bien souvent, des vétérinaires l'ont précédé ou accompagné [2] . Pasteur était particulièrement passionné par la médecine vétérinaire. Il fut très proche d'Henri Bouley (Alfort 1836), professeur à l'école vétérinaire d'Alfort, Inspecteur Général des Écoles Vétérinaires, membre fondateur de l'Académie vétérinaire de France et qui fut Président de l'Académie nationale de médecine en 1877. Dans une lettre qu'il lui adressait le 7 septembre 1877, il confiait cet attrait pour la science vétérinaire : « …je cherche à m'instruire dans la médecine vétérinaire. Si j'étais plus jeune et même à mon âge, si j'étais plus valide, j'irais me constituer élève de l'école d'Alfort. Les lectures des ouvrages vétérinaires me mettent la tête en feu… ». À cette époque les vétérinaires ont participé activement aux découvertes de Pasteur dans la mesure où les maladies animales représentaient un problème économique. Il fallait aussi étudier les maladies animales (maladies des vers à soie, charbon bactéridien, etc.) pour une expérimentation préalable à une application en médecine humaine. Enfin Pasteur bénéficiait de l'apport du matériel infectieux fourni par les vétérinaires du terrain ou les microbiologistes vétérinaires des écoles nationales vétérinaires d'Alfort, de Lyon ou de Toulouse. Delafond (Alfort 1827) professeur à l'école d'Alfort : depuis 1850, jour où il a observé les « corps particuliers du sang charbonneux » il pratique un grand nombre d'expériences sur de nombreuses espèces animales, décrivant des indications techniques judicieuses pour faire de bons examens de sur sang frais, sang coagulé ou les organes. Il décrit les corpuscules avec précision, fait leur étude chimique montrant qu'il s'agit assurément d'une matière organique mais cette matière appartient-elle au règne animal ou au règne végétal ? Il constate que lors le sang se putréfie, il observe des éléments mobiles qui sont des infusoires ou des vibrions mais lorsqu'il ne se putréfie pas, on trouve des baguettes sans mouvement. Enfin, en plaçant le sang charbonneux non putréfié au contact de l'air à des températures variées pendant plusieurs jours, il constate qu'entre +10° et +15°, les baguettes s'accroissent du double ou du triple de leur longueur après 4 jours. Il vient, pour la première fois, de pratiquer des cultures d'un organisme pathogène. Nommé directeur de l'école d'Alfort, les charges administratives et ses fonctions d'enseignant ne lui laisseront pas le temps de poursuivre ses recherches d'autant qu'il décèdera prématurément en novembre 1861. La publication du mémoire de Pasteur sur la fermentation butyrique en 1859 a été un trait de lumière pour Davaine : il applique au charbon la théorie des germes et, il émet l'idée que les bâtonnets qu'il avait observés en 1850 sont les agents essentiels de la maladie. En 1863 il présente trois communications dont deux à l'Académie des sciences sur le rôle des infusoires dans le sang de rate et à la nature de cette maladie. Il appelle ces bâtonnets « bactéridies » et démontre que ce sont des corpuscules vivants qui se reproduisent et se multiplient et qu'ils sont l'agent spécifique de la maladie charbonneuse. Peut-être que s'il avait vécu, Delafond aurait précédé Davaine sur cette observation… Toussaint a étudié à partir de 1876 le bacille du charbon, parallèlement aux recherches de Pasteur à Paris ou de Robert Koch en Allemagne, ce dernier ayant été le premier à réaliser la culture de ce bacille à cette époque. Dès juillet 1878 Toussaint envoya à Pasteur plusieurs prélèvements infectieux provenant d'animaux inoculés avec la bactéridie charbonneuse. Puis il déposa, le 12 juillet 1880, un « pli cacheté » à l'Académie des sciences où il démontre la possibilité de faire acquérir une immunité contre le charbon avec un vaccin utilisant le permanganate de potassium contre la bactéridie charbonneuse alors que Pasteur n'a pas encore rendu public son procédé d'obtention du vaccin du choléra des poules. C'est alors que Pasteur rechercha à obtenir rapidement un vaccin plus efficace que celui de Toussaint par atténuation des bactéridies par l'oxygène. Ce fut donc une année plus tard en mai 1881 la démonstration très médiatisée du vaccin de Pasteur à Pouilly-le-Fort près de Melun, sur 50 moutons inoculés par le charbon dont la moitié étaient vaccinés. En fait, on saura plus tard que ce vaccin qui fut utilisé par Pasteur avec 100 % d'efficacité avait été préparé par ses collaborateurs Charles Chamberland et Emile Roux selon la méthode de Toussaint…Le mérite de la vaccination contre le charbon bactéridien revient donc à Toussaint. Toussaint envisagea de modifier son vaccin en utilisant le phénol lui permettant d'être plus stable et efficace mais il ne put breveter cette découverte car il mourut prématurément à l'âge de 43 ans en 1890, atteint d'une maladie dégénérative depuis 9 années. Pasteur s'intéressera au rouget du porc, alerté dès 1877 par Achille Maucuer, vétérinaire à Bollène et inquiet des ravages causés dans les élevages porcins du Vaucluse par cette maladie mortelle [3] . Le germe (Erysipelothrix rhusiopathiae) sera isolé par Louis Thuillier en 1882. C'est ainsi que Pasteur a pu commencer des essais de vaccination sur le terrain contre le rouget du porc et constater l'efficacité de celle-ci en 1883. A cette époque Pasteur s'était inquiété auprès de Maucuer de savoir si le rouget pouvait aussi contaminer l'Homme. Edmond Nocard (Alfort 1873), fut le plus proche collaborateur vétérinaire de Louis Pasteur. Il a intégré son laboratoire grâce à Roux en 1880. C'est ainsi qu'il collabora en mai 1881, à l'expérience de vaccination contre le charbon à Pouilly-le-Fort. Avec Roux et Thuillier il fit partie de la « mission Pasteur » de 1883 destinée à étudier une épidémie de choléra qui sévissait en Egypte. Lors de cette mission Thuillier mourra du choléra à Alexandrie. À son retour Nocard sera directeur de l'école vétérinaire d'Alfort. Il y créa un laboratoire de de recherche, en contact étroit avec celui de Pasteur, maintenant une productive collaboration entre les médecines humaine et vétérinaire. Nocard fut tout d'abord un véritable précurseur dans le domaine de la bactériologie car il sut trouver de nouveaux milieux de culture pour le bacille tuberculeux Mycobacterium tuberculosis identifié par Koch en Allemagne. Il mit aussi en évidence le premier mycoplasme, agent de la péripneumonie bovine, l'agent du farcin du boeuf (Nocardia) ou des mammites bovines (Streptococcus agalactiae). Il eut aussi un rôle important en santé publique. Avec Chauveau, il démontra l'identité de la tuberculose humaine et de la tuberculose des animaux domestiques. Il recommanda comme moyen de lutte contre cette maladie, l'ébullition du lait ou sa pasteurisation [2] . Il fera afficher qu'il est « interdit de cracher » dans les bus et les tramways pour lutter contre la tuberculose. Il préconisera d'utiliser la tuberculine comme moyen de diagnostic alors que Koch pensait l'employer pour le traitement de la tuberculose… Nocard contribua à une avancée médicale majeure qui eut lieu après sa mort, en fournissant une souche de Mycobacterium bovis qu'il avait isolée à Albert Calmette en lui recommandant avec Roux son élève, le vétérinaire Camille Guérin (Alfort 1896) qui rejoindra ainsi l'Institut Pasteur de Lille. La première grande découverte de Camille Guérin fut de modifier de nombreuses subcultures de M. bovis en présence de bile de boeuf, agent tensioactif, modifiant la surface bactérienne de ces bactéries et permettant ainsi d'obtenir en 1909 des cultures immunogènes et non virulentes. En raison de la première guerre mondiale, ce n'est que quelques années plus tard que Calmette et Guérin vérifient l'efficacité de leur vaccin « bilié Calmette Guérin » ou BCG sur des bovins, avant de réaliser la première vaccination avec le BCG sur l'Homme il y a exactement un siècle en 1921. Ce vaccin, mis à la disposition du corps médical en 1924, aura plus tard d'autres applications notamment en immunothérapie pour lutter contre le cancer de la vessie. Mais revenons aux travaux sur la rage à l'origine de la gloire de Pasteur. Il importe de rappeler tout d'abord que c'est le vétérinaire Pierre Victor Galtier (Lyon 1873) qui fut, comme Toussaint, un précurseur de Pasteur dans ce domaine. Dans une note présentée à l'Académie des sciences du 1 er août 1881, Toussaint présenta la mise au point d'un vaccin contre la rage et démontra que celui-ci pouvait être utilisé à titre curatif chez le mouton dans une note à l'Académie des sciences du 1 er août 1881. En 1887, lorsqu'il a reçu le Prix Barbier de l'Académie nationale de Médecine pour ces travaux sur la rage, Nocard a souligné que « La découverte de M. Galtier a donc une haute importance, non seulement au point de vue scientifique, mais encore au point de vue pratique; il est permis d'espérer qu'elle conduira prochainement à l'institution d'un traitement simple, pratique et efficace…). Ce n'est que plus tard, en 1884 que Pasteur annonce un protocole pour lutter contre la rage en pratiquant des essais sur le chien. Mais c'est surtout le 6 juillet 1885 qu'il eut le courage de prendre le risque important de tester une première vaccination thérapeutique chez le jeune Joseph Meister, âgé de 9 ans mordu par un chien suspect d'être enragé (le diagnostic de la rage chez ce chien ne fut pas confirmé) [4] . Louis Pasteur n'étant pas médecin, il confie au Dr Grancher le soin d'inoculer à l'enfant le traitement. Pasteur effectua treize inoculations sur le garçon, dont les trois dernières ne furent pas des « inoculations vaccinales », c'està-dire ayant pour objet l'immunisation du patient, mais des « inoculations de contrôle », nécessaires pour vérifier si la « vaccination était effective », ce qui était un pari hasardeux à un moment où ses résultats expérimentaux étaient encore controversés [4] ! Galtier décéda en 1908, peu de temps après avoir appris que le prix Nobel de physiologie et de médecine allait lui être attribué pour ses travaux sur la rage (mais ce prix n'est pas décerné à titre posthume). Enfin, un dernier exemple est celui du vétérinaire Gaston Ramon (Alfort 1910) qui fut engagé en 1911 par Emile Roux à l'Institut Pasteur pour gérer la production des sérums équins à l'annexe de cet institut à Marne la Coquette. Des millions de doses de sérums antigangréneux, antidiphtériques et antitétaniques seront ainsi utilisés, protégeant en particulier les soldats pendant la première guerre mondiale. Après avoir montré que l'on pouvait conserver les sérums avec l'adjonction de formol, il a découvert en 1923 les anatoxines, par transformation des toxines par le formol et la chaleur, permettant ainsi de vacciner contre la diphtérie (première cause de mortalité infantile au XIXe siècle) et le tétanos (maladie touchant l'Homme et les animaux). Il a été aussi le premier à utiliser des vaccins associés et des adjuvants de l'immunité. Lors d'une nouvelle maladie émergente d'origine animale il est parfois difficile d'évaluer le risque pour la santé publique. Nous en avons eu l'exemple avec deux crises sanitaires majeures : l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) et la peste aviaire lors de l'épizootie due au virus influenza aviaire hautement pathogène H5N1 d'origine asiatique. Face aux incertitudes des scientifiques, le consommateur s'est alors défié de la viande bovine lors de la crise de l'ESB puis de celle du poulet pendant la peste aviaire alors que ces enzooties constatées en santé animale n'ont pas donné lieu à une vaste épidémie humaine 3.1. Apparition des premiers cas d'ESB au Royaume-Uni en 1985 L'ESB était une maladie nouvelle lors de son apparition au Royaume-Uni en 1985 et la communauté scientifique ne fut alertée qu'en 1988. Très rapidement cette maladie due à un prion fut identifiée comme étant identique à la tremblante du mouton [5] . Rappelons que ce sont les professeurs Jean Cuillé et Pierre-Louis Chelle, de l'école vétérinaire de Toulouse, qui ont démontré entre 1936 et 1938 la transmissibilité de la tremblante du mouton au mouton [6, 7] puis du mouton à la chèvre [8] . Ce résultat ne fut pas accepté immédiatement par la communauté scientifique, car la durée d'incubation de la maladie était longue (deux ans). La crise de l'ESB a donné à ces travaux initialement contestés, la valeur d'une « grande première » historique. Et c'est un autre vétérinaire, l'américain William Hadlow qui démontre en 1980 le franchissement de la barrière d'espèce du prion en transmettant la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) à une chèvre [9] . Lorsque, en mars 1996, on sut que l'ESB pouvait être transmise à l'Homme, là encore le consommateur a été inquiet face aux prévisions alarmistes des épidémiologistes qui essayaient d'évaluer le risque potentiel pour la santé publique, mais, qui se fondaient sur des données limitées (d'où certains intervalles de confiance présentant une zone d'incertitude de quelques cas à des millions de personnes contaminées par l'agent bovin). Ce n'est que 5 ans plus tard qu'il leur fut possible d'être plus précis, notamment grâce aux travaux de d'Alain-Jacques Valleron en 2001 annonçant 205 cas humains de variants de la MCJ (vMCJ) avec 16,5 ans d'incubation [10] . C'est pourquoi dès 2001, on pouvait s'inquiéter du risque pris avec l'augmentation brutale de l'importation des abats bovins anglais en France (soit 6000 tonnes par an selon les sources des douanes britanniques) pendant les deux années de la période la plus dangereuse où tout le cheptel britannique était contaminé. Et c'était avec raison puisque 16,5 ans plus tard, entre 2004 et 2007, nous avons eu le plus grand nombre des cas français de vMCJ, en devenant aussi le 2 e pays le plus touché après le Royaume-Uni avec 27 cas sur les 231 cas mondiaux dénombrés au 18 octobre 2021. L'ESB était une maladie rare qui est devenue à nouveau exceptionnelle du fait de la mise en place des mesures de biosécurité pendant la crise. Dans le cas de la deuxième crise liée à un virus influenza aviaire il est nécessaire de rappeler que, dans la hiérarchie des grippes, on ne parle pas de grippe aviaire mais de peste aviaire avec le virus influenza aviaire hautement pathogène car il s'agit d'une septicémie, associée à une encéphalite, rapidement mortelle affectant tout le troupeau, par comparaison avec les grippes humaines, qu'elles soient pandémiques ou saisonnières, ou la grippe porcine qui est une zoonose. Mais il y a eu une importante épizootie de peste aviaire en Asie, débutant à Hong Kong en 1997 avec 6 morts et 18 malades. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a alors annoncé un risque important de pandémie due à ce virus. Par méconnaissance des maladies des volailles, l'alerte fut à son maximum à partir de l'été 2005 où l'on a suspecté les oiseaux migrateurs de contaminer l'Europe. En revanche, si l'origine de la contamination humaine reste hypothétique, le SARS-CoV-2 a pu être transmis par l'Homme à l'animal avec même la possibilité en retour d'une transmission Animal vers l'Homme comme cela a été observé dans les élevages de visons hollandais et danois, ces visons ayant aussi pu aussi contaminer des chats errants (Figure 4 ). Par ailleurs l'Homme a pu aussi contaminer dans les conditions naturelles ses animaux de compagnie comme les chats et les chiens ou des animaux de zoos dont il s'occupe (grands singes, félidés). Il faut noter que les chats peuvent se contaminer entre eux et que plusieurs enquêtes montrent une proportion importante de chats séropositifs (plus de 15 %). Expérimentalement d'autres espèces se sont révélées sensibles, en particulier le chien viverrin qui est soupçonné d'être un hôte intermédiaire, ou résistantes comme nos animaux domestiques (porcs, ruminants et volailles). Du fait de l'importance de la circulation du SARS-CoV-2 on ne peut donc pas exclure le risque d'apparition de nouveaux réservoirs animaux pour ce virus, tels que le vison d'Amérique et le chien viverrin (faunes sauvages nuisibles en France du fait de leur grande prolificité) mais aussi les chats errants. Face à ce futur incertain concernant les SARSr-CoVs et le SARS-CoV-2, il est bien difficile de prédire quelle sera la prochaine maladie émergente : Où ? Quand ? Comment ? Une surveillance des réservoirs potentiels, notamment des chauvessouris, est nécessaire. En conclusion, nous reprendrons les termes du discours de Camille Guérin lors de son élection comme Président de l'Académie nationale de Médecine en 1951 : « Constatons encore qu'il n'y a pas deux médecines: humaine et animale, mais une seule pathologie comparée, de la connaissance de laquelle l'une et l'autre disciplines recueilleront le profit ». Enfin, signalons, au moment de ce bicentenaire de la création de l'Académie nationale de médecine en 1820 que cette académie est toujours restée proche de la médecine vétérinaire. Outre la présence de membres titulaires d'origine vétérinaire, Antoine Athanase Royer-Collard, créateur en 1822 de la première revue de l'Académie dénommée « La Nouvelle Bibliothèque Médicale », invita les enseignants de l'école d'Alfort, les professeurs Alexis Casimir Dupuy et François Narcisse Girard (dit Girard fils), à y adjoindre un recueil de médecine vétérinaire. C'est ainsi que le « Recueil de Médecine Vétérinaire publié avec le concours du corps enseignant de l'école d'Alfort » est devenu le le premier périodique vétérinaire au monde en 1824. Global trends in emerging infectious diseases De la création des Écoles vétérinaires à l'évolution de la notion de contagion aux 19e et 20e siècles La maladie dite tremblante du mouton est-elle inoculable? Transmission expérimentale de la tremblante à la chèvre Brain tissue from persons dying of creutzfeldt-jakob disease causes scrapie-like encephalopathy in goats Estimation of Epidemic Size and Incubation Time Based on Age Characteristics of vCJD in the United Kingdom Covid-19 et monde animal, d'une origine encore mystérieuse vers un futur toujours incertain Coronaviruses with a SARS-CoV-2-like receptor-binding domain allowing ACE2-mediated entry into human cells isolated from bats of Indochinese peninsula