key: cord-0973330-g6kfbm9a authors: Guerraoui, Abdallah; Idier, Laetitia; Hallonet, Patrick; Dolley-Hitze, Thibault; Gosselin, Morgane; Duneau, Gabrielle; Vendrely, Benoît; Hirigoyen, Marie-Dorothée; Azzouz, Lynda; Bouillier, Marc; Pelletier, Solenne; Fouque, Denis; Fessi, Hafedh; De-Precigout, Valérie; Vigneau, Cécile; Kolko, Anne; Pinçon, Émilie; Duquennoy, Simon; Delezire, Arnaud; Chantrel, François; Combe, Christian; Chauveau, Philippe; Caillette-Beaudoin, Agnès; Lasseur, Catherine; Prézelin-Reydit, Mathilde title: Répercussions psychologiques du confinement et de l’épidémie à COVID-19 chez les patients et soignants en hémodialyse en France() date: 2021-04-23 journal: Nephrol Ther DOI: 10.1016/j.nephro.2021.02.006 sha: ee007136be7e015200e22a0af9b73289e3204d66 doc_id: 973330 cord_uid: g6kfbm9a INTRODUCTION: The health crisis linked to the COVID-19 epidemic has required lockdown measures in France and changes in practices in dialysis centers. The objective was to assess the depressive and anxiety symptoms during lockdown in hemodialysis patients and their caregivers. METHODS: We sent, during lockdown period, between April and May 2020, self-questionnaires to voluntary subjects (patients and caregivers), treated by hemodialysis or who worked in hemodialysis in one of the 14 participating centers in France. We analyzed their perception of dialysis sessions (beneficial or worrying), their stress level (VAS rated from 0 to 10), their anxiety and depressive symptoms (Hospital anxiety and depression scale). Factors associated with stress, anxiety and depression were analyzed with multiple linear regression models. RESULTS: 669 patients and 325 caregivers agreed to participate. 70 % of participants found it beneficial to come to dialysis during confinement. The proportions of subjects with a stress level ≥ 6 linked to the epidemic, confinement, fear of contracting COVID-19 and fear of infecting a loved one were respectively 23.9%, 26.2%, 33.4% and 42%. 39.2% presented with certain (13.7%) or doubtful (19.2%) anxious symptoms. 21.2% presented a certain (7.9%) or doubtful (13.3%) depressive symptomatology. Age, gender, history of psychological disorders and perception of dialysis sessions were associated with levels of stress, anxiety and depression. CONCLUSION: During the lockdown period, in France, the majority of hemodialysis patients and caregivers found it beneficial to come to dialysis. One in three subjects had anxiety symptoms and one in five subjects had depressive symptoms. Introduction. -La crise sanitaire lié e à l'é pidé mie de COVID-19 a né cessité des mesures de confinement en France et des changements de pratiques dans les centres de dialyse. L'objectif é tait d'é valuer les symptômes d'anxié té , de dé pression et de stress pendant le confinement chez les patients hé modialysé s et leurs soignants. Me´thodes. -Nous avons adressé , pendant le confinement, entre avril et mai 2020, des autoquestionnaires à des sujets volontaires qui é taient traité s par hé modialyse (patients) ou qui travaillaient en hé modialyse (soignants) dans l'un des 14 centres de France participants. Nous avons analysé leur perception des sé ances de dialyse (bé né fique ou inquié tante), leur niveau de stress (é chelle visuelle analogique coté e de 0 à 10), et leur symptomatologie anxieuse et dé pressive (é chelle Hospital anxiety and depression scale). Les facteurs associé s au stress, à l'anxié té et à la dé pression ont é té analysé s avec des modè les de ré gression liné aire multiple. Re´sultats. -Parmi les 669 patients et 325 soignants ayant ré pondu, 70 % trouvaient bé né fique de venir en dialyse pendant le confinement. Les proportions de sujets pré sentant un niveau de stress ! 6 lié à l'é pidé mie, au confinement, à la peur de contracter la COVID-19 et à la peur de contaminer un proche Notre pays, comme d'autres, vit depuis dé but mars 2020 une crise sanitaire grave en lien avec l'é pidé mie de la COVID-19. Cette crise sanitaire a né cessité de nombreuses mesures dont le confinement pour la population française du 16 mars au 11 mai 2020. Diffé rentes é motions peuvent être observé es lorsqu'un individu est mis en quarantaine, telles que [1, 2] : de la confusion ; de la colè re ; des symptômes de stress post-traumatique ; une thymie fragilisé e ; de l'irritabilité ; des symptômes dé pressifs ; du stress ; de l'insomnie ; de la peur. La pré valence de ces é motions peut varier. En effet, en 2005, à Hong-Kong, 73 % des sujets confronté s à une é pidé mie de SRAS exprimaient une alté ration de l'humeur et 57 % de l'irritabilité [3] . Au Canada, parmi 1028 sujets mis en quarantaine suite à un potentiel contact avec une personne contaminé e par le SRAS, 18 % pré sentaient des symptômes de tristesse [4] . En Chine, lors de l'é pidé mie à COVID-19, des variations é taient é galement retrouvé es avec 28,8 % des sujets rapportant une anxié té d'intensité modé ré e à sé vè re dans une é tude [5] , contre 6,3 % des individus interrogé s dans une autre [6] . Dans cette derniè re é tude, 17,2 % des sujets manifestaient une dé pression modé ré e à sé vè re suite au confinement [6] . Les patients souffrant de maladie ré nale chronique et né cessitant un traitement de supplé ance par dialyse sont plus à risque de contracter le virus et de manifester des formes graves de la COVID-19 [7, 8] . Par ailleurs, ces patients sont habituellement plus vulné rables sur le plan psychologique avec un risque plus important de syndrome dé pressif par rapport à la population gé né rale [9] [10] [11] . Lors d'une quarantaine, une é tude sur un faible nombre de patients dialysé s trouvait que 15 % des patients manifestaient un é tat dé pressif douteux et 11 % un é tat anxieux douteux [12] . L'é pidé mie à COVID-19 et le confinement ont engendré des changements de pratiques dans certains centres d'hé modialyse (arrêt des visites d'antennes, consultations uniquement té lé phoniques) et des mesures barriè res renforcé es (port du masque et arrêt des collations durant les sé ances). Ces mesures peuvent revêtir un aspect rassurant ou anxiogè ne, ou être source de contrarié té , d'incompré hension. Il est donc né cessaire de s'inté resser aux patients hé modialysé s afin de mieux comprendre les effets psychologiques de l'é pidé mie du COVID-19 et du confinement. Par ailleurs, les infirmiers et aides-soignants sont en premiè re ligne pendant cette é pidé mie. En dialyse, les contacts é troits et ré pé té s ainsi que les mesures barriè res renforcé es peuvent entraîner des manifestations é motionnelles plus ou moins importantes. Brooks et al. retenaient que les soignants é taient une population à risque pendant une é pidé mie, d'autant plus s'ils é taient confronté s à un confinement [1, 13] . De même, les professionnels de santé confronté s à une é pidé mie manifestaient davantage de fatigue, un mauvais sommeil, des soucis de santé et é taient respectivement de 23,9, 26,2, 33,4 et 42 %. De plus, 39,2 % pré sentaient une symptomatologie anxieuse certaine (13,7 %) ou douteuse (19,2 %), et 21,2 % pré sentaient une symptomatologie dé pressive certaine (7,9 %) ou douteuse (13,3 %) . L'âge, le sexe, les anté cé dents de troubles psychologiques et la perception des sé ances de dialyse é taient les facteurs principaux associé s aux niveaux de stress, d'anxié té et de dé pression. Conclusion. -Pendant le confinement, en France, la majorité des patients et des soignants en hé modialyse ont trouvé bé né fique de venir en sé ance de dialyse. Un sujet sur trois pré sentait une symptomatologie anxieuse et un sujet sur cinq pré sentait une symptomatologie dé une peur des contacts sociaux, malgré leur confiance dans les mesures de contrôle des infections [14] . Enfin, Vyas et al. constataient un impact significatif d'une é pidé mie sur la santé mentale des professionnels de santé [15] . Dans le cadre spé cifique de l'é pidé mie de la COVID-19, une é tude indienne a montré que 54,6 % du personnel de dialyse percevaient un sentiment de stigmatisation associé à leur travail et 36,1 % d'entre eux un stress important [16] . Quel que soit le type de sujets (patients ou soignants), les niveaux de stress, d'anxié té et de dé pression pourraient donc être é levé s pendant cette pé riode d'é pidé mie. De même, le fait d'être dé pisté s positifs ou d'être en contact avec un proche contaminé , d'habiter une ré gion à forte incidence de la COVID-19, d'exprimer un effet inquié tant de venir en dialyse et/ou d'avoir des anté cé dents psychologiques sont des é lé ments qui pourraient engendrer des niveaux de stress, d'anxié té et de dé pression plus é levé s. Afin d'é tayer ces hypothè ses, l'objectif principal de notre é tude é tait de dé crire la symptomatologie anxieuse et dé pressive immé diate des patients en hé modialyse et de leurs soignants pendant la duré e du confinement. Nos objectifs secondaires é taient de dé crire leurs niveaux de stress et d'analyser les facteurs de risque de stress, de dé pression et d'anxié té . Cette é tude multicentrique non interventionnelle (MR004) a é té dé claré e à la Commission nationale de l'informatique et des liberté s (CNIL ; Ré fé rence : 2218753 v 0). Les centres ont é té sé lectionné s sur la base de leur volontariat : 14 ont donné leur accord pour participer. Un autoquestionnaire pseudonymisé a é té remis aux participants, lors d'une sé ance de dialyse, sous format papier ou é lectronique, pendant le confinement, entre le 28 avril et le 11 mai 2020. Les sujets pouvaient remplir le questionnaire pendant la sé ance ou chez eux. Les questionnaires papier ont ensuite é té envoyé s par courrier postal au centre investigateur principal qui a retranscrit les donné es de maniè re sé curisé e sous format informatique. Les donné es recueillies au format é lectronique ont é té stocké es dans un espace sé curisé . Aucune donné e n'a é té ré cupé ré e dans les dossiers mé dicaux ou personnels. Une information orale et é crite a é té remise aux participants et leur non-opposition à participer a é té recueillie. Nous avons inclus des patients hé modialysé s, des infirmiers et des aides-soignants exerçant en hé modialyse, dans l'un des 14 centres investigateurs (ARTIC 42, Fondation AUB Santé , AURAL Mulhouse, AURA Paris, AURAD Aquitaine, CALYDIAL, CHU de Bordeaux, CHU de Lyon, CHU de Rennes, GHR Mulhouse-Alsace, CH É mile Roux Le Puy-en-Velay, ELSAN CA3D, ELSAN Hô pital Privé St Martin, CHU Tenon). Ê tre âgé de moins de 18 ans, être dialysé à domicile, avoir des troubles cognitifs majeurs, avoir un niveau de lecture ou de compré hension du français insuffisant é taient les seuls critè res d'exclusion de l'é tude. Nous avons recueilli des donné es socio-dé mographiques (sexe, âge, situation maritale, nombre d'enfants, mode de vie familiale et lieu d'habitation pendant le confinement), des donné es concernant la dialyse (structure de dialyse, temps depuis le dé but de la dialyse), la pré sence perçue de troubles psychologiques actuels ou passé s ainsi que le fait d'avoir é té en contact avec une personne positive à la COVID-19 ou d'avoir é té positif à la COVID-19 (Annexe 1). Ces donné es é taient dé claratives, aucune donné e n'a é té ré cupé ré e dans les dossiers mé dicaux. Les patients pouvaient être aidé s par un proche ou un soignant pour remplir le questionnaire. La perception des sé ances de dialyse pendant le confinement a é té recueillie grâce à une question binaire (« venir en dialyse en cette pé riode d'é pidé mie est plutôt inquié tant/stressant, ou plutô t bé né fique »). Le stress a é té é valué à l'aide de 4 é chelles numé riques coté es de 0 à 10 (0 : Je ne me sens pas du tout stressé (e) ; 10 Je me sens extrêmement stressé (e)). Ces é chelles ont permis d'é valuer le stress lié à l'é pidé mie, le stress lié au confinement, la peur d'attraper le virus et la peur de contaminer un proche. Les patients é taient classé s « stressé s » dans l'une des é chelles si le score é tait supé rieur ou é gal à 6 et « non stressé s » dans les autres cas [17] . La symptomatologie anxieuse et dé pressive a é té é valué e par le Hospital Anxiety and Depression Scale (HADS), validé en population française, pré sentant 7 items pour la symptomatologie anxieuse et 7 items pour la symptomatologie dé pressive [11, 18] . Les patients é taient classé s sans symptomatologie anxieuse ou dé pressive si l'HADS é tait infé rieur à 7, avec une symptomatologie douteuse si l'HADS é tait entre 8 et 10, et certaine si le score é tait supé rieur ou é gal à 11. Nous avons dé crit les caracté ristiques de la population, chez les patients et chez les soignants, grâce à des mé dianes et interquartiles pour les variables quantitatives, et grâce à des proportions pour les variables qualitatives. Les moyennes et é cart type des diffé rentes é chelles psychologiques ont é té mesuré es. Nous avons estimé la proportion de participants pré sentant une symptomatologie anxieuse ou dé pressive certaine, douteuse et absente. Nous avons é galement estimé la proportion de patients « stressé s » et « non stressé s » à cause du confinement, de l'é pidé mie, de la peur de contracter la COVID-19 ou de contaminer un proche. Ces moyennes et proportions ont é té comparé es grâce à un test de Student et un test du Chi 2 entre les patients et les soignants. Nous avons é tudié par des modè les de ré gression logistique multiple si l'âge, le sexe, le statut du participant, la situation familiale, le fait d'avoir ou non des enfants, les anté cé dents perçus de troubles psychologiques, la structure de dialyse, le type de ré gion, la perception des sé ances, le type d'habitation et la positivité à la COVID-19 é taient associé s au stress, à la symptomatologie anxieuse (symptomatologie douteuse ou certaine vs pas de symptomatologie) et à la symptomatologie dé pressive (symptomatologie douteuse ou certaine vs pas de symptomatologie). Un modè le de ré gression a é té construit pour chaque é chelle psychologique. Les variables d'ajustement ont é té choisies avant toute analyse, à partir de la connaissance a priori sur le contexte et suite à une revue de la litté rature. Les variables non significatives et non confondantes ont é té retiré es une à une des modè les, en conservant les variables d'inté rêt suivantes : âge ; sexe ; dé pistage positif à la COVID-19 ; ré gion d'habitation ; perception des sé ances de dialyse ; anté cé dents perçus de troubles psychologiques. L'hypothè se de liné arité a é té vé rifié e graphiquement pour l'âge. Le nombre de sujets né cessaires a é té calculé pour dé crire les symptômes anxieux chez des patients hé modialysé s. Chez les patients dialysé s en France, le score moyen d'anxié té selon l'é chelle HADS est de 6,7 AE 4,1 [11] . Considé rant un risque de 1 re espè ce alpha de 0,05 et une pré cision de 0,5, le nombre de sujets né cessaires é tait de 258 patients. Le logiciel R 1 version 3.6.2 a é té utilisé pour les analyses. Sur une é chelle visuelle analogique (EVA) de 0 à 10, les patients avaient en moyenne un niveau de stress lié à l'é pidé mie moins é levé que les soignants (3,4 vs 4,0 respectivement ; p = 0,0001). Le niveau de stress lié au confinement é tait é galement moins é levé chez les patients que chez les soignants (3,4 vs 4,0 ; p = 0,0007). La peur de contracter la COVID-19 é tait significativement plus importante chez les patients que chez les soignants (4,5 vs 3,8 ; p = 0,0001), alors que la peur de contaminer un proche é tait moins importante chez les patients que chez les soignants (4,2 vs 6,0 ; p < 0,0001). Selon l'é chelle HADS, le score d'HADS anxié té é tait significativement moins é levé chez les patients que chez les soignants (6,1 vs 6,6 ; p = 0,03), mais les proportions de patients et soignants pré sentant une symptomatologie anxieuse douteuse et certaine é taient similaires. Le score HADS symptomatologie dé pressive é tait significativement plus é levé chez les patients que chez les soignants (5,1 vs 4,2 ; p < 0,0001) et la proportion de patients avec une symptomatologie dé pressive certaine et douteuse é tait é galement plus importante que chez les soignants. es symptômes anxieux é taient significativement plus é levé s chez les femmes, chez les participants ayant des anté cé dents perçus de troubles psychologiques, et chez ceux qui é taient inquiets de venir en dialyse et qui habitaient dans une ré gion à forte incidence (Tableau 3). Les affects anxieux diminuaient significativement à mesure que l'âge augmentait (Tableau 3). Les patients avaient tendance à manifester davantage de symptômes anxieux, mais ce n'é tait pas significatif. La situation familiale pendant le confinement, le fait d'avoir ou non des enfants, le type d'habitation, la structure de dialyse et le fait d'avoir ou non é té positif à la COVID-19 n'avaient pas d'effet significatif sur la symptomatologie anxieuse (Tableau 3). Les symptô mes dé pressifs é taient significativement plus é levé s chez les participants ayant des anté cé dents perçus de troubles psychologiques et chez ceux qui é taient inquiets de venir en dialyse (Tableau 4). Les soignants, les sujets vivant à la campagne, les sujets divorcé s semblaient avoir une symptomatologie dé pressive moins importante. L'âge, le sexe, le fait d'avoir ou non des enfants, la ré gion d'habitation, la structure de dialyse et le fait d'avoir ou non é té positif à la COVID-19 n'avaient pas d'effet significatif sur la symptomatologie dé pressive (Tableau 4). Quel que soit le stress é tudié , les patients stressé s avaient un âge plus jeune et é taient plus inquiets de venir en dialyse (Tableaux S1, S2, S3 et S4). Les femmes é taient significativement plus stressé es par rapport à l'é pidé mie, au confinement et à la peur d'attraper la COVID-19 que les hommes (Tableaux S1, S2 et S3). Les patients ayant un anté cé dent perçu de troubles psychologiques é taient plus stressé s par rapport à l'é pidé mie et au confinement que les participants n'ayant pas dé claré d'anté cé dent perçu de troubles psychologiques (Tableaux S1 et S2). Les anté cé dents perçus de troubles psychologiques n'é taient pas associé s significativement avec la peur de contracter le virus ou de contaminer un proche (Tableaux S3 et S4). Les sujets ayant des enfants avaient tendance à être plus stressé s de peur de contaminer un proche (Tableaux S4), mais cela n'avait pas d'impact sur les autres niveaux de stress (Tableaux S1, S2 et S3). Les sujets habitant à la campagne avaient tendance à être moins stressé s par rapport au confinement (Tableau S2), mais cela n'avait pas d'impact significatif sur les autres niveaux de stress (Tableaux S1, S3 et S4). Les patients habitant dans une ré gion à forte incidence de COVID-19 avaient davantage peur de contaminer un proche (Tableaux S4). Enfin, le fait d'avoir ou non é té positif à la COVID-19 n'avait pas d'impact significatif sur les niveaux de stress, quel que soit le niveau de stress é tudié (Tableaux S1, S2, S3 et S4). ans notre é tude multicentrique, française, nous avons retrouvé que 32,9 % des participants (patients hé modialysé s ou soignants travaillant en hé modialyse) pré sentaient une symptomatologie anxieuse certaine ou douteuse et 21,2 % pré sentaient une symptomatologie dé pressive certaine ou douteuse pendant la pé riode de confinement de mars à mai 2020. Les proportions de sujets stressé s par rapport à l'é pidé mie, au confinement, à la peur de contracter la COVID-19 ou de contaminer un projet é taient respectivement de 23,9 %, 26,2 %, 33,4 % et 42 %. Par ailleurs, nous avons montré que 67,8 % des patients et 75,1 % des soignants trouvaient bé né fique de venir en sé ance de dialyse. Les ré sultats concernant la symptomatologie anxio-dé pressive sont comparables aux é tudes ré alisé es en population gé né rale en Chine ou au Canada suite à des pé riodes de confinement [4, 6] . En revanche, notre é tude retrouve des proportions de patients pré sentant des symptômes dé pressifs ou anxieux plus é levé s que l'é tude coré enne qui s'é tait inté ressé e aux patients dialysé s, mais celle-ci é tait peu gé né ralisable en raison de conditions de confinement diffé rentes des nôtres et concernait peu de patients hé modialysé s [12] . Au contraire, la proportion de soignants en dialyse pré sentant une symptomatologie dé pressive (14,4 %) semble infé rieure à ce qui a é té dé crit dans la litté rature ( [19, 20] . Ceci peut s'expliquer par la particularité des soignants en dialyse qui sont rarement en premiè re ligne, ainsi que par les liens relationnels et sociaux é troits et privilé gié s cré é s depuis plusieurs mois, voire anné es, qui pourraient revêtir un caractè re protecteur sur le stress et l'humeur [21] . L'originalité de notre é tude est d'avoir é valué le stress des participants selon 4 dimensions avec une é chelle EVA coté e de 0 à 10. Les ré sultats mettent en é vidence entre 23,9 % et 42 % de patients « stressé s » selon l'item (é pidé mie, confinement, peur de contracter le virus ou de contaminer un proche). Ce niveau de stress est plus é levé que dans la population gé né rale chinoise où le niveau de stress des personnes confiné es suite à la COVID-19 é tait « modé ré à é levé » pour environ 8 % des ré pondants [5] . Le contexte de la maladie (avoir une pathologie somatique et un traitement chronique tel que l'hé modialyse) et le contexte professionnel en milieu de santé pourraient donc être un facteur de vulné rabilité au stress. Pendant cette pé riode de confinement, les soignants ont manifesté un niveau d'anxié té et de stress globalement plus é levé que les patients. Comme l'ont constaté certains auteurs, notamment dans le cadre de l'é pidé mie de la COVID-19, les soignants de dialyse, par leurs contacts rapproché s et ré guliers avec les patients à risque ou contaminé s, pouvaient se sentir plus à risque, stigmatisé s et davantage perçus comme des potentiels « contaminateurs » [16] . Les patients, quant à eux, avaient une symptomatologie dé pressive plus importante que les soignants. Né anmoins, aprè s ajustement sur diffé rents facteurs, le statut du participant influençait peu ces niveaux et seul le niveau de peur de contracter la COVID-19 est resté significativement plus é levé chez les patients par rapport aux soignants, ceci pouvant s'expliquer par la conscience de leur propre vulné rabilité face à leur é tat de santé . Les niveaux de stress, d'anxié té et de dé pression é taient significativement augmenté s chez les participants d'âge jeune, les femmes, les participants ayant dé claré un anté cé dent de troubles psychologiques et chez ceux qui é taient inquiets de venir en dialyse. La fragilité lié e à un âge jeune et au sexe fé minin a é té é galement mise en é vidence lors d'é pidé mies anté rieures [22] et lors du confinement, dans une é tude française qui s'est inté ressé e au bien-être moral de plus de 11 000 personnes en bonne santé [23] . De même, la fragilité é motionnelle anté rieure chez les soignants majorait le risque de dé tresse psychologique lors d'une crise sanitaire de ce type [22] . Enfin, nous avons mis en é vidence que la perception des sé ances de dialyse é tait primordiale, car les participants percevant de maniè re bé né fique le fait de venir en dialyse avaient des niveaux de stress, des symptô mes anxieux et dé pressifs significativement plus faibles par rapport aux participants inquiets de venir en dialyse. Le vé cu d'un confinement moins strict avec la possibilité de sorties pour aller en dialyse et le maintien du lien social a pu pré server les participants de symptômes de stress, d'anxié té et de dé pression, comme cela avait é té montré en population gé né rale en France [23] . À l'inverse, les participants vivant les sorties en dialyse comme stressantes, car elles obligeaient à être confronté s à d'autres sujets, é taient plus à risque d'avoir une symptomatologie anxio-dé pressive douteuse ou certaine. Ces ré sultats permettent de relayer un message important : la ré ponse à 2 questions courtes sur la pré sence perçue d'un trouble psychologique (passé ou actuel) et la Tableau 4 Facteurs associé s avec symptomatologie dé pressive (certaine ou douteuse, comparé e à absente) mesuré par le score HADS. Ré gression logistique multiple. Comme nous le supposions, le fait d'habiter dans une ré gion à forte incidence de COVID-19 lors de la premiè re vague é tait associé à davantage de symptomatologie anxieuse et plus de stress lié au confinement. En revanche, le lieu d'habitation, la situation familiale, le fait d'avoir contracté ou non la maladie à COVID-19 et la structure de dialyse n'é taient pas ou peu associé s avec les symptômes d'anxié té , de dé pression et de stress. Comme d'autres é tudes ayant retrouvé qu'un niveau d'optimisme é levé é tait associé à une meilleure satisfaction de vie et à une perception d'un meilleur é tat de santé [24, 25] , nos ré sultats ont tendance à montrer, lors d'une pé riode de confinement, que c'est l'individu en tant que tel, sa fragilité é motionnelle, son histoire et sa perception des é vé nements qui influencent les niveaux de stress, d'anxié té et de dé pression plutô t que son environnement. A contrario, les niveaux de stress, de symptomatologie anxio-dé pressive restant modé ré s pour la majorité des participants, nous pouvons supposer que des straté gies de coping fonctionnelles ont pu être mises en place pour faire face au stress et aux é motions ressenties lors de ce confinement iné dit en France. L'utilisation de straté gies de coping fonctionnelles est en effet protectrice sur la qualité de vie et l'humeur des patients en dialyse et des soignants [26, 27] . Les straté gies de coping ont é té recueillies auprè s des sujets de notre é tude et seront analysé es ulté rieurement. Notre é tude comporte des limites. En effet, celle-ci n'a commencé qu'à la fin du mois d'avril alors que le confinement avait dé buté depuis plus d'un mois. Les niveaux de stress et d'anxié té mesuré s ont donc pu être moindres que ce qu'ils é taient lors du dé but du confinement, et le niveau de dé pression a pu être augmenté par ce dé calage dans le temps. De plus, nous ne sommes pas en mesure de dé terminer plus pré cisé ment les types de troubles psychologiques pré senté s par les patients, alors que cela semble une question importante à leur poser. Par ailleurs, nous ne connaissons pas les niveaux de stress, d'anxié té et de dé pression de base des sujets. Nous ne sommes pas en mesure de dire si ces niveaux ont é volué avec l'é pidé mie ou le confinement, ou s'ils é taient dé jà à ce même niveau au pré alable. Enfin, notre é tude é tait basé e sur le volontariat et tous les centres de dialyse n'ont pas pu être contacté s face à l'urgence du moment, ce qui peut engendrer un biais de sé lection. De même, nous ne sommes pas en mesure de donner le taux de participation des sujets à l'é tude dans chaque centre. Notre é tude comporte é galement des forces car elle se base sur un é chantillon important de patients et de soignants, dans plusieurs centres en France. Ces centres comprenaient diffé rentes structures de dialyse (centre lourd, unité de dialyse mé dicalisé e [UDM] ou auto-dialyse), é taient ré partis sur tout le territoire, dans des ré gions avec des niveaux de contamination plus ou moins importants. Pendant la pé riode de confinement, en France, la majorité des patients et des soignants en hé modialyse ont trouvé bé né fique de venir en sé ance de dialyse, et les niveaux d'anxié té et de dé pression é taient diffé rents de ceux retrouvé s dans la population gé né rale. Les sujets jeunes, de sexe fé minin, inquiets de venir en dialyse et/ ou ayant des anté cé dents de troubles psychologiques perçus doivent cependant être repé ré s car ils sont plus à risque de pré senter des ré actions é motionnelles né gatives. Des initiations à la relaxation, à l'hypnose ou à la mé ditation pleine conscience, un soutien psychologique pourraient être proposé s à ces patients pour tenter de diminuer ce risque de troubles psychologiques en cas de reconfinement, de nouveau pic é pidé mique lié à ce virus ou à un autre. Enfin, il nous semble opportun de recueillir à distance l'é volution de cette symptomatologie anxio-dé pressive et d'é valuer les symptô mes de stress post-traumatique dans cette population. Les auteurs dé clarent ne pas avoir de liens d'inté rêts. The psychological impact of quarantine and how to reduce it: rapid review of the evidence Psychological aspects of COVID-19 The experience of SARSrelated stigma at Amoy Gardens Understanding, compliance and psychological impact of the SARS quarantine experience Immediate psychological responses and associated factors during the initial stage of the 2019 coronavirus disease (COVID-19) Epidemic among the general population in China Study on the public psychological states and its related factors during the outbreak of coronavirus disease 2019 (COVID-19) in some regions of China Recommendations for the prevention, mitigation and containment of the emerging SARS-CoV-2 (COVID-19) pandemic in haemodialysis centres How we mitigated and contained the COVID-19 outbreak in a hemodialysis center: Lessons and experience The prevalence of symptoms in end-stage renal disease: a systematic review Depressive symptoms and dietary nonadherence in patients with end-stage renal disease receiving hemodialysis: a review of quantitative evidence Anxiety and depression in hemodialysis: validation of the Hospital Anxiety and Depression Scale (HADS) Psychological impact of the 2015 MERS outbreak on hospital workers and quarantined hemodialysis patients A systematic, thematic review of social and occupational factors associated with psychological outcomes in healthcare employees during an infectious disease outbreak Immediate and sustained psychological impact of an emerging infectious disease outbreak on health care workers Psychological impact of deploying in support of the U.S. response to Ebola: A systematic review and meta-analysis of past outbreaks COVID-19-related stigma and perceived stress among dialysis staff Use of an analogue visual scale for occupational stress assessment. A review The hospital anxiety and depression scale Prevalence of psychiatric morbidity and psychological adaptation of the nurses in a structured SARS caring unit during outbreak: A prospective and periodic assessment study in Taiwan Prevalence of depression, anxiety, and insomnia among healthcare workers during the COVID-19 pandemic: a systematic review and meta-analysis Technological intimacy in haemodialysis nursing: Technological intimacy in haemodialysis nursing Health professionals facing the coronavirus disease 2019 (COVID-19) pandemic: What are the mental health risks? Who maintains good mental health in a locked-down country The relationship between optimism and life satisfaction for patients waiting or not waiting for renal transplantation Dispositional optimism in patients on chronic haemodialysis and its possible influence on their clinical course Association of coping strategies with mortality and health-related quality of life in hemodialysis patients: The Japan Dialysis Outcomes and Practice Patterns Study Work-related emotional stressors and coping strategies that affect the well-being of nurses working in hemodialysis units