key: cord-0916413-or1fu7dx authors: Vabret, A.; Dina, J.; Cuvillon-Nimal, D.; Nguyen, E.; Gouarin, S.; Petitjean, J.; Brouard, J.; Freymuth, F. title: La grippe saisonnière date: 2010-03-19 journal: Pathol Biol (Paris) DOI: 10.1016/j.patbio.2010.01.009 sha: 7354e6d3e99c8edf1b638ac84ebfa5eae4502812 doc_id: 916413 cord_uid: or1fu7dx Seasonal flu is caused by influenza viruses A and B. These enveloped viruses have a genome made up of seven or eight RNA fragments. The different subtypes are determined by the nature of the two surface glycoproteins HA and NA. Seasonal flu is an epidemic wintertime illness occurring in temperate climate zones. Its epidemiology is linked to the great variability of the virus in time, necessitating an alert system that detects dominating circulating variants each year and that determines the vaccination composition. Clinical flu symptoms are not sufficiently specific to allow for diagnosis with virological tests. This is especially true during non-epidemic periods as well as in subjects older than 65 and younger than five. Children are especially vulnerable to influenza virus infections. Hospitalization occurs more frequently, the younger the child. In children younger than two years, the infection can be pauci-symptomatic and is sometimes detected from non-respiratory symptoms such as lethargy, convulsions, and dizziness. In all cases of respiratory syndrome compatible with influenza virus infection in hospitalized subjects, virological flu diagnosis is of utmost interest. Several tools are available to allow for direct viral detection in respiratory specimens: cell culture isolation, antigenic detection, RNA molecular detection. Choice of method is based on the characteristics of the test: sensibility, specificity, speed and ease of realization, and cost. Les virus influenza A et B sont les agents habituels de la grippe saisonniè re. Le virus influenza C est beaucoup plus rare [1] . La grippe est une infection respiratoire fré quente, trè s contagieuse, La grippe saisonniè re est due aux virus influenza A et B. Il s'agit de virus enveloppé s dont le gé nome est constitué de sept à huit fragments d'ARN. Les diffé rents sous-types sont dé terminé s par la nature des deux glycoproté ines de surface HA et NA. La grippe saisonniè re est une maladie é pidé mique et hivernale dans les zones à climat tempé ré . Son é pidé miologie est lié e à la grande variabilité du virus au cours du temps, né cessitant la mise en place d'un systè me d'alerte dé tectant chaque anné e les variants circulants dominant et dé terminant la composition vaccinale. Les symptô mes cliniques de la grippe ne sont pas suffisamment spé cifiques pour permettre le diagnostic sans examen virologique. Cela est particuliè rement vrai en pé riode non é pidé mique, chez les sujets de plus de 65 ans et chez les enfants de moins de cinq ans. L'enfant repré sente une cible privilé gié e des infections à virus influenza. Le recours à l'hospitalisation est d'autant plus é levé que l'enfant est jeune. Chez le nourrisson, l'infection peut être paucisymptomatique et s'accompagner de manifestations non respiratoires (lé thargie, convulsions, malaises). Le diagnostic virologique de la grippe est justifié chez tous les sujets hospitalisé s pour un syndrome respiratoire compatible avec une infection à virus influenza. Il existe plusieurs outils permettant une recherche directe du virus dans les sé cré tions respiratoires : isolement du virus en culture, dé tection d'antigè nes, dé tection molé culaire de l'ARN. Le choix de la mé thode se fait selon les caracté ristiques du test : sensibilité , spé cificité , rapidité et simplicité de ré alisation, coû t. ß 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits ré servé s. Seasonal flu is caused by influenza viruses A and B. These enveloped viruses have a genome made up of seven or eight RNA fragments. The different subtypes are determined by the nature of the two surface glycoproteins HA and NA. Seasonal flu is an epidemic wintertime illness occurring in temperate climate zones. Its epidemiology is linked to the great variability of the virus in time, necessitating an alert system that detects dominating circulating variants each year and that determines the vaccination composition. Clinical flu symptoms are not sufficiently specific to allow for diagnosis with virological tests. This is especially true during non-epidemic periods as well as in subjects older than 65 and younger than five. Children are especially vulnerable to influenza virus infections. Hospitalization occurs more frequently, the younger the child. In children younger than two years, the infection can be pauci-symptomatic and is sometimes detected from non-respiratory symptoms such as lethargy, convulsions, and dizziness. La grippe saisonniè re est une affection trè s contagieuse. La transmission de personne à personne des virus influenza se fait surtout par les aé rosols à grosses particules é mis lors des é ternuements ou de la toux [2] . La contamination né cessite que les individus soient à proximité (moins d'un mè tre) les uns des autres, car ces gouttelettes ne restent pas en suspension dans l'air. Elles sé dimentent sur les surfaces et les objets, cré ant ainsi une autre source possible de transmission. La transmission aé rienne des virus influenza, par des aé rosols de petites particules (< 0,5 mm) qui resteraient en suspension dans l'air pendant de longues pé riodes n'est pas vraiment documenté e [3, 4] . Les adultes é liminent du virus par voie aé rienne, de 24 heures avant le dé but des symptômes (la duré e moyenne d'incubation est de deux jours) jusqu'à cinq à dix jours aprè s le dé but de la maladie [5] . Cependant, dans des infections humaines expé rimentales, on observe que le titre infectieux des sé cré tions respiratoires chute notablement dè s les trois à cinq premiers jours de la maladie [6, 7] . La transmission du virus grippal de sujet à sujet est donc surtout marqué e au tout dé but de la maladie. Chez les jeunes enfants, la transmission du virus est plus importante car ils é liminent le virus plus tô t et plus longtemps que les adultes [8] . Les patients immunodé primé s peuvent é videmment excré ter du virus pendant de longues pé riodes. [9] . Même si l'ensemble des proté ines structurales et non structurales est indispensable à la ré ussite de la multiplication du virus dans la cellule, la proté ine de surface HA revêt une importance particuliè re, en jouant un rôle primordial dans les premiè res phases du cycle de multiplication (entré e du virus dans la cellule), et aussi en portant les principaux sites antigé niques de neutralisation. Les problè mes les plus complexes de l'é pidé miologie de la grippe sont lié s à la variabilité du virus influenza. Ces virus varient au cours du temps, de telle sorte que l'organisme n'est pas capable de les reconnaître et donc de se dé fendre. Ces variations sont de deux ordres. Il peut s'agir de variations mineures dans la sé quence de la proté ine HA, qualifié es de « glissements », et expliqué es par un degré important d'hé té rogé né ité existant en permanence dans la population virale se multipliant dans l'organisme infecté . Les virus grippaux chez l'homme é voluent rapidement, en subissant une pression de sé lection positive (immunosé lection) de type darwinien. Certains auteurs qualifient d'espè ces « fugitives » les virus de grippe A humains, car ils sont obligé s d'é voluer rapidement pour ré infecter la population humaine de façon é pidé mique la saison hivernale ulté rieure. Il peut s'agir d'un changement plus complet de la proté ine HA, appelé « cassure », correspondant à un remplacement d'un virus par un autre virus, tout diffé rent dans ses caractè res immunologiques. En gé né ral, ces nouveaux virus se manifestent sous forme d'une pandé mie [9] . Cette diversité et ce grand potentiel é volutif a impliqué le dé veloppement de ré seaux de surveillance permettant de dé celer l'apparition de ces nouveaux virus. Ces ré seaux d'alerte sont locaux, ré gionaux, nationaux, internationaux, et coordonné s au final par l'OMS. Cette organisation permet l'adaptation annuelle de la composition vaccinale. Depuis 2004, il existe é galement une surveillance de la sensibilité des virus grippaux aux antiviraux actuellement disponibles (oseltamivir et zanamivir). Ces deux molé cules constituent les stocks nationaux de traitements antigrippaux, indispensables en cas de pandé mie. Ce ré seau a mis en é vidence la circulation de virus grippal A ré sistant à l'oseltamivir lors de l'é pidé mie saisonniè re 2007-2008 en Europe. Lors de cette é pidé mie, le virus grippal A dominant é tait le virus influenza A H1N1, ce sous-type repré sentait par exemple en France 95 % des dé tections de virus grippal A de la semaine 40 Cette mutation affecte la liaison de l'oseltamivir, mais non celle du zanamivir. L'apparition de cette ré sistance a é té spontané e et n'est pas le ré sultat d'une pression de sé lection par l'utilisation d'oseltamivir chez les patients infecté s ; les souches mutantes ont une capacité de ré plication conservé e (probablement lié e à une meilleure balance fonctionnelle entre les proté ines HA et NA H275Y qu'entre les proté ines HA et NA non muté e), elles ont cocirculé avec les souches non muté es, sensibles à l'oseltamivir ; enfin, elles peuvent se transmettre facilement. L'analyse des donné es montre l'absence de corré lation avec des formes cliniques plus graves [10, 11] . Même s'il s'agit d'une curiosité é pidé miologique, l'é mergence spontané e de ce mutant ré sistant contrarie le dogme des souches virales dite « sauvages » naturellement sensibles à la molé cule antivirale jamais rencontré e. Elle renforce la né cessité d'une surveillance de la sensibilité des souches aux antiviraux disponibles et la né cessité de disposer de substances permettant une é ventuelle multithé rapie. La grippe saisonniè re est habituellement caracté risé e par l'apparition brutale de la fiè vre, de cé phalé es, de myalgies, d'une toux sè che, de maux de gorge et d'une rhinite [12] . La grippe non compliqué e se ré sout spontané ment en trois à sept jours, bien qu'une toux et une asthé nie puissent persister plus de deux semaines. En pé riode non é pidé mique, la symptomatologie de la grippe n'est pas suffisamment spé cifique pour que la clinique suffise au diagnostic. D'autres virus respiratoires, en particulier les rhinovirus, certains virus parainfluenza, adé novirus ou coronavirus, donnent des signes cliniques comparables à ceux d'une infection à virus influenza. Ainsi, chez des patients de 18 ans et plus, consultant à l'hôpital pour une infection respiratoire aiguë , une é tude hollandaise montre qu'un diagnostic clinique de grippe a é té posé chez seulement 44 % des sujets infecté s par un virus influenza [13] . En revanche, en pleine é pidé mie, une simple identification clinique de grippe basé e sur l'apparition brutale d'une toux et de la fiè vre a une valeur pré dictive positive de 79 % à 88 % chez les adolescents et les adultes [14, 15] . Le diagnostic clinique de la grippe est plus difficile chez les personnes âgé es. Dans une population de patients infecté s et non hospitalisé s de plus de 60 ans, la valeur pré dictive positive de la pré sence de fiè vre, de toux et d'un dé but brutal ne dé passe pas 30 % [16] . Chez des sujets de plus de 65 ans, porteurs de pathologies chroniques et hospitalisé s, cette valeur atteint 53 % sur les critè res de fiè vre, de toux et d'une maladie de moins de sept jours [17] . Les complications de la grippe sont classiques : infections bacté riennes secondaires (pneumonie, sinusite, bronchite, etc.), aggravation d'une pathologie pré existante (cardiopathies, bronchopneumopathie chronique obstructive ou BPCO, etc.), pneumonie à virus influenza. Une large enquête cas-té moins faite en Grande-Bretagne montre que les sujets atteints de grippe ont 3,4 fois plus de risque de faire une complication respiratoire que les té moins ; ce risque est majoré pour les pneumonies : RR = 19,3, et les bronchites : RR = 6,1 [18] . L'enfant repré sente une cible privilé gié e des infections à virus influenza. Il est trè s exposé car il a les premiers contacts avec les virus de cette famille, et le mode de vie en collectivité des crè ches et é coles facilite la contamination. Une é tude française montre que le taux d'attaque de grippe saisonniè re le plus é levé est observé chez les enfants d'âge scolaire [19] . En Finlande, il a é té montré que le taux d'attaque de la grippe saisonniè re pouvait atteindre 30 % des enfants entre cinq et 14 ans, et aux É tats-Unis, les plus forts taux d'hospitalisations pour grippe sont observé s chez les enfants de moins de quatre ans et les sujets de plus de 65 ans [20, 21] . Les é pidé mies de grippe dé butent toujours dans les collectivité s d'enfants. Dé jà en 1958, une é tude é cossaise montrait que les premiers patients hospitalisé s au cours des é pidé mies é taient des enfants et des adolescents [22] . La grippe est une cause majeure de recours à l'hospitalisation. Une é tude ré cente ré alisé e chez des enfants de moins de trois ans consultant aux urgences pé diatriques de Lyon en pleine é pidé mie de grippe montre que 45 % des 630 enfants inclus sont infecté s par un virus influenza : 33 % chez les 0-11 mois, 56 % chez les 12-23 mois, et 59 % chez les 24-35 mois [23] . Le nombre d'hospitalisations pour grippe est d'autant plus é levé que l'enfant est plus jeune. Il est de 104 et 50 pour 10 000 chez les nourrissons de moins de six mois et de six à 12 mois, et de 19, neuf et quatre pour 10 000 chez les enfants d'un à trois ans, trois à cinq ans et cinq à 15 ans, respectivement [24] . La grippe de l'enfant de plus de cinq ans est assez proche de celle de l'adulte. Elle dé bute brutalement avec une forte fiè vre, des frissons, un mal de gorge, une asthé nie, des courbatures et des cé phalé es ; les manifestations respiratoires sont rapidement marqué es : signes d'irritation laryngotraché ale, bronchique, conjonctivale ; la fiè vre et les douleurs durent trois à quatre jours [25] . Deux points sont à souligner. Le premier concerne la grippe du nourrisson. Elle peut être paucisymptomatique, s'accompagner de lé thargie, ou être traduite par des manifestations respiratoires ressemblant à celles dues à d'autres virus respiratoires qui circulent à la même pé riode (virus respiratoire syncytial, virus parainfluenza, rhinovirus) : rhinopharyngite, bronchiolite, laryngite, pneumonie, otite moyenne aiguë . Le second concerne les manifestations non respiratoires. Elles sont fré quentes chez le nourrisson. Dans l'é tude lyonnaise, 28 % des enfants infecté s ont consulté pour des symptô mes initiaux non respiratoires : fiè vre isolé e (22 %), syndrome digestif fé brile (15 %), malaise grave du nourrisson (1 %) [23] . En outre, 5 % des enfants ont pré senté des convulsions fé briles, ce qui avait é té dé jà bien souligné dans une é tude caennaise [26] . Les complications de la grippe sont multiples ; on peut observer une pneumonie à virus influenza, l'aggravation d'une pathologique pré existante (cardiopathies, asthme. . .), une infection bacté rienne secondaire (pneumonie, sinusite, otite), la facilitation d'une seconde infection virale (adé novirus, herpè s) ou bacté rienne [27] . Une é tude ré cente souligne la fré quence des infections invasives à pneumocoque quelques semaines aprè s le pic hivernal de grippes et de bronchiolites [28] . La mortalité due à la grippe est considé ré e comme faible chez l'enfant. Une estimation portant sur 11 é pidé mies de grippe en Grande-Bretagne fait é tat de 78 dé cè s d'enfants d'un mois à 14 ans lié s à la grippe [29] . Les formes dites malignes sont extrêmement rares ; elles peuvent se traduire par un dé cè s brutal dans un tableau d'alvé olite hé morragique majeure ou de myocardite [30, 31] . Parmi les outils disponibles pour identifier une infection à virus influenza chez un patient, la sé rologie a un inté rêt trè s secondaire. Les ré sultats de l'é tude de deux sé rums successifs seront, en effet, obtenus trop tardivement pour être utiles au diagnostic. Il existe de nombreux outils permettant une recherche directe du virus ou de ses constituants dans les secré tions respiratoires : isolement du virus en culture, dé tection d'antigè nes par IF ou EIA, recherche d'ARN par RT-PCR. L'isolement des virus influenza en culture sur oeuf de poule embryonné ou sur des cellules de mammifè res cultivé es in vitro reste encore aujourd'hui la mé thode de ré fé rence de l'identification des virus influenza. Le systè me cellulaire qui est le plus largement employé dans les laboratoires de diagnostic est repré senté par les cellules ré nales de chien MDCK (Madin-Darby canine kidney). C'est une ligné e continue de cellules é pithé liales polarisé es, possé dant des ré cepteurs spé cifiques des virus influenza (de type sialique), qui les rendent sensibles à l'infection par la majorité des virus influenza A, B et C [32] . Les deux é lé ments qui vont conditionner l'efficacité de ce systè me pour l'isolement des virus influenza sont l'utilisation de la trypsine, qui active par clivage enzymatique l'hé magglutinine virale et rend les particules infectieuses et, à l'inoculation, la centrifugation des é chantillons sur les cultures, qui accroît le rendement de la culture [33] . La culture est un systè me d'amplification virale puissant, capable, en thé orie, de donner un ré sultat positif à partir d'un seul virus pré sent dans l'é chantillon. Il a l'avantage de procurer des quantité s importantes de virus, ce qui peut permettre, par exemple, d'é tudier plus finement leur variabilité antigé nique et gé né tique, ou leur profil de sensibilité à un antiviral. Lorsque ces souches sont obtenues en culture sur oeuf, elles peuvent é ventuellement être retenues dans la composition du vaccin antigrippal. Les inconvé nients de la culture sont nombreux, et limitent son efficacité et son utilisation systé matique pour le diagnostic. Elle impose des structures de laboratoire, des logistiques et compé tences propres à la culture de cellules. La thermolabilité du virus, lié e à son enveloppe lipidique et à son gé nome ARN, gé nè re des conditions particuliè res de recueil (milieu de transport protecteur) et de transport (rapide) des secré tions respiratoires au laboratoire. Par ailleurs, celles-ci sont naturellement contaminé es par les bacté ries pré sentes dans la cavité nasale. Elles peuvent aussi contenir des inhibiteurs de la croissance virale (interfé rons, anticorps, mucines), qui rendront les cultures inutilisables (lorsque la contamination bacté rienne est irré ductible), ou faussement né gatives. Ainsi, il a é té montré que des interfé rons sont dé tectables dans les secré tions et le sang des patients atteints de grippes, même banales et non compliqué es ; leurs niveaux maxima sont atteints un jour aprè s le pic de l'excré tion virale, et ils diminuent parallè lement à la chute du titre viral [34] . Enfin, le dernier point qui gêne l'utilisation de la culture pour le diagnostic de la grippe est le dé lai de ré ponse. Les ré sultats de la culture ne sont en gé né ral pas disponibles avant quatre à six jours, et un dé lai supplé mentaire de quelques jours est souvent né cessaire pour identifier plus finement le sé rotype viral. Ainsi, l'isolement en culture des virus influenza n'est pas ré alisable dans un laboratoire de biologie polyvalente. Il n'est pas adapté au diagnostic rapide. Il repré sente un outil spé cialisé , ré servé aux laboratoires de virologie, mais né anmoins indispensable au suivi de la variabilité des virus influenza et à la straté gie vaccinale. Les laboratoires non spé cialisé s peuvent faire aisé ment le diagnostic virologique de la grippe grâce aux techniques immunologiques directes. La recherche d'antigè nes viraux intracellulaires par immunofluorescence (IF) sur l'é chantillon respiratoire ou d'antigè nes grippaux extraits des pré lè vements par mé thode immunoenzymatique (EIA) permet d'identifier en une à deux heures une infection à virus influenza A ou B. La mé thodologie est simple, rapide et en gé né ral globalement peu coû teuse. Pour l'IF, les cellules d'une aspiration (ou d'un lavage ou d'un é couvillonnage) nasale ou traché obronchique sont, aprè s lavage, dé posé es sur une lame microscopique et fixé es dans l'acé tone. Des anticorps monoclonaux (disponibles commercialement) permettent de marquer les proté ines virales. On choisit celles qui sont abondamment exprimé es dans les cellules infecté es, et qui ne risquent pas de subir de variations antigé niques : proté ines NP ou M1 par exemple. La lecture de la lame d'IF se fait soit directement lorsque les anticorps monoclonaux (de souris) antivirus influenza sont eux-mêmes marqué s à l'aide d'un fluorochrome, soit indirectement à l'aide d'anticorps fluorescents anti-immunoglobulines de souris. Bien que la sensibilité de l'IF indirecte soit en thé orie plus grande, celle-ci dé pend surtout du type et de la qualité des anticorps monoclonaux de dé tection ou de ré vé lation utilisé s. Des donné es dé jà anciennes de la litté rature ne montrent pas en fait de diffé rences significatives entre les deux approches, et l'IF directe est même parfois plus sensible que la technique indirecte : 65 % versus 45 % [35] . Comparé e à l'isolement en cultures de cellules, la sensibilité de l'IF varie selon les é tudes de 65 % à 100 % pour la dé tection des virus de la grippe hivernale [32] [33] [34] . La majorité de ces é tudes montre qu'une faible fraction des é chantillons sont culturepositifs et IF-né gatifs. Plusieurs raisons peuvent être é voqué es pour expliquer cette discordance. Les é pitopes reconnus par les anticorps monoclonaux antivirus influenza peuvent être masqué s ou peu exprimé s sur certaines souches virales. Plus vraisemblablement, l'absence de cellules infecté es visibles en IF tient soit à leur destruction rapide par l'infection elle-même, trè s cytolytique, ou en raison d'un mauvais conditionnement des é chantillons, soit à leur recueil tardif, à un stade où ne persistent que de rares cellules infecté es ou virus. Des tests EIA « maison » ont é té dé veloppé s par plusieurs laboratoires de virologie pour la recherche des virus influenza. Le plus souvent, la technique est la même, et les diffé rences portent sur la pré paration de l'antigè ne et le type d'anticorps. Les antigè nes viraux extraits des pré lè vements sont capté s par un anticorps monoclonal dans les puits d'une plaque de microtitration, et leur dé tection se fait par un test EIA classique [33, 36] . Leur sensibilité comparé e à l'isolement en culture varie de 50 à 90 % selon les auteurs [37] . Les tests EIA sur membrane repré sentent une variante technique inté ressante [38] . Plusieurs de ces tests sont actuellement commercialisé s en France pour la dé tection des virus influenza A et B de la grippe saisonniè re. Leur sensibilité est à peu prè s é quivalente à celle de l'IF. Le caractè re unitaire des tests EIA, leurs avantages de rapidité et de facilité d'exé cution compensent largement la sensibilité moyenne observé e dans certaines é tudes et le coû t relativement é levé des ré actifs. Ces tests sont peu performants sur les pré lè vements de gorge par rapport aux pré lè vements nasopharyngé s, et l'intensité de la positivité du test n'est pas directement lié e au titre infectieux de l'é chantillon, mais elle est dé pendante de la quantité de cellules infecté es de l'é chantillon : 20 cellules infecté es suffisent pour dé clencher la positivité [39] . Cette technologie repré sente incontestablement l'outil le mieux adapté au diagnostic de la grippe en mé decine ambulatoire. [40] [41] [42] [43] . Le typage des virus influenza A, grâce à l'identification molé culaire de leurs hé magglutines ou neuraminidases a é galement é té proposé à cette é poque [41, 44] . La sensibilité de la mé thode dé crite par Yamada et al. atteint 1,3 à 6 UFP (unité s formant plages) de virus influenza A, et l'é tude de 23 pré lè vements de gorge montre une concordance totale entre les ré sultats de la culture et de la PCR : 17 é chantillons sont positifs et six sont né gatifs par les deux mé thodes. Zhang et Evans é tudient la sensibilité et la spé cificité d'une sé rie d'amorces permettant soit la dé tection des virus influenza A ou B (gè ne de la proté ine de matrice M) ou C (gè ne de l'hé magglutine), soit l'identification des hé magglutines H1, H2, H3 et des neuraminidases N1 ou N2, mais aucun essai clinique n'est ré alisé . L'utilisation de cette PCR niché e dans le diagnostic virologique de la grippe est pré senté e dans une autre é tude [45] . Dans celle-ci, la sensibilité analytique de cette RT-PCR niché e en culture est de [47] [48] . L'enquête a porté sur 244 aspirations nasales d'enfants atteints d'infection respiratoire aiguë au cours de l'hiver 1998-1999. Les ARN sont extraits par le thiocyanate de guanidium ; la reverse transcription est faite à l'aide de l'amorce universelle en 3' ; les amorces sont et les sondes celles des é tudes pré cé dentes [42] [43] [44] . Les ré sultats que nous avons obtenus montrent la supé riorité des mé thodes de dé tection molé culaire par rapport aux outils conventionnels de diagnostic : 74 ( Ces diffé rentes RT-PCR dites « classiques » (avec dé tection des produits amplifié s sur gel d'agarose) ont é té progressivement remplacé es par des techniques de RT-PCR en temps ré el, qui pré sentent l'avantage d'une grande spé cificité grâce à l'utilisation d'une sonde et d'une manipulation en tube fermé . À côté des techniques « maison » publié es, peu de trousses commerciales sont disponibles, permettant la dé tection gé né rique des virus influenza A et B. Plus ré cemment, plusieurs industriels ont dé veloppé des techniques multiplex permettant la dé tection simultané e de plusieurs cibles virales (12 à 15 cibles virales diffé rentes) parfois associé es à quelques bacté ries difficilement cultivables. Ces techniques ont l'avantage d'inclure un contrôle interne permettant de valider le processus d'extraction (sé quence ARN encapsidé e ou non) et de contrôler l'absence d'inhibiteurs de la polymé rase . Ces tests utilisent des technologies varié es : PCR en temps ré el (socié té Diagé node), PCR classique avec dé tection des produits amplifié s par analyse de fragment ou é lectrophorè se capillaire (socié té Bionobis, socié té Pathofinder), par technologie Luminex (socié té Abbott, socié té Qiagen), ou par hybridation sur des puces basse densité (socié té Genomica). Certaines de ces trousses permettent la dé tection gé né rique des virus influenza A et B, d'autres permettent é galement le typage molé culaire de l'hé magglutinine. Un des avantages de la PCR en temps ré el est la possibilité d'envisager la quantification de la cible virale, en prenant en compte la richesse du pré lè vement respiratoire qui, par nature, est hé té rogè ne. Cependant, l'apport de la quantification des virus respiratoires est encore à dé montrer et n'a pas, à ce jour, de ré alité pratique. En revanche, un des inconvé nients de la PCR en temps ré el est le nombre limité de cibles dé tectables en un tube (trois au maximum, dont le contrô le interne), ce qui multiplie le nombre de tubes ré actionnels quand la recherche inclut plusieurs virus respiratoires. À l'inverse, avec les trousses utilisant une autre technologie (analyse de fragment, luminex), la ré action « multiplex » se fait en un seul tube, avec cependant l'inconvé nient que ce tube n'est pas fermé (ouverture de tube contenant des produits amplifié s avant la dé tection). La survenue de la pandé mie grippale H1N1v (nouveau variant 2009) en avril dernier a constitué un vé ritable « booster » pour le diagnostic molé culaire respiratoire, devenu indispensable pour la prise en charge optimale des patients « grippé s » hospitalisé s. La faible sensibilité clinique des syndromes grippaux et pseudogrippaux explique les limites d'un diagnostic virologique uniquement centré sur les virus influenza. Enfin, même si ces nouvelles techniques constituent un ré el progrè s dans le diagnostic molé culaire des viroses respiratoires, plusieurs questions attendent des ré ponses. Certaines sont d'ordre biologique : sensibilité clinique ré elle de ces tests pour les diffé rentes cibles virales, du fait de leur sophistication, interpré tation clinique des fré quentes codé tections virales mises en é vidence par ces techniques multiplex. D'autres questions concernent la prise en charge de ces examens (actes hors nomenclature, formation technique), et leur apport ré el dans la prise en charge du patient hospitalisé . Ainsi, il existe plusieurs outils permettant une recherche directe du virus ou de ses constituants dans les secré tions respiratoires : isolement du virus en culture, dé tection d'antigè nes par IF ou EIA, recherche d'ARN par RT-PCR. Le choix de la mé thode à utiliser n'est pas forcement simple. Des caracté ristiques telles que la rapidité du test, sa simplicité de ré alisation, le coû t ré duit, sont le propre des tests antigé niques ; en revanche, les qualité s de sensibilité et de spé cificité sont l'apanage des tests molé culaires et de la culture. De plus, d'autres é lé ments non lié s aux techniques interfè rent avec leurs performances : la pré cocité du recueil de l'é chantillon respiratoire au cours de la maladie, le type et la qualité du pré lè vement, son transport, etc. Avec l'arrivé e des nouvelles possibilité s de traitement spé cifique de la grippe, son diagnostic au laboratoire est appelé à se dé velopper. La plupart des techniques conventionnelles de dé tection directe de l'infection par un virus influenza resteront confiné es dans les laboratoires de virologie. C'est né cessairement le cas de l'isolement en culture de cellules, dont nous avons montré qu'il demeure la mé thode de ré fé rence pour dé tecter la grippe. Les mé thodes immunologiques permettant l'identification des antigè nes de virus influenza dans les pré lè vements respiratoires, IF et EIA, devraient connaître un dé veloppement important. Les anticorps existent, la technologie est bien maîtrisé e, et la dé cision de dé velopper des tests unitaires simples et peu coû teux dé pend seulement d'une volonté industrielle. Ils envahiront né cessairement le marché de la biologie polyvalente. La place de la virologie molé culaire dans le diagnostic de la grippe et des autres viroses respiratoires chez les patients hospitalisé s doit sans doute être é valué e plus pré cisé ment avant sa mise en place é largie. Elle constitue un vrai sujet d'actualité en cette anné e de pandé mie grippale. Aucun. Study of influenza C virus infection in France Transmission of influenza A in human beings The spread of influenza and other respiratory viruses: complexities and conjectures Review of aeosrol transmission of influenza A virus Duration of influenza A virus shedding in hospitalized patients and implications for infection control Time lines of infection and disease in human influenza: a review of volunteer challenge studies Local and systemic cytokine responses during experimental human influenza A infection Nosocomial influenza infection as a cause of intercurrent fevers in infants biodiversité et é volution des virus grippaux Oseltamivir-resistant influenza A (H1N1) viruses detected in Europe during season 2007-8 had epidemiologic and clinical characteristics similar to cocirculating susceptible A (H1N1) viruses Oseltamivir-resistant Influenza Virus A(H1N1) Europe, 2007-8 Season Clinical features of influenza Lack of discriminating signs and symptoms in clinical diagnosis of influenza of patients admitted to the hospital Predicting influenza infections during epidemics using a clinical case definition Clinical signs and symptoms predicting influenza infection The predictive value of influenza symptomatology in elderly poeple Clinical features of influenza a infection in older hospitalized persons Population-based study on incidence, risk factors, clinical complications and drug utilisation associated with influenza in the united Kingdom Surveillance of influenza-like illness in France The example of the 1995/1996 epidemic Influenza in children Survey of underlying conditions of persons hospitalized with acute respiratory disease during epidemics in Houston Some aspects if the recent epidemic of influenza in Dundee Influenza burden in febrile infants and young children in a pediatric emergency department The effect of influenza on hospitalizations, outpatients visits, and courses of antibiotics in children La grippe de l'enfant Infection à virus influenza A chez l'enfant Multistate surveillance for laboratory-confirmed, influenza-associated hospitalisations in children Seasonal invasive pneumococcal disease in children: role of preceding respiratory viral infections Mortality in children from influenza and respiratory syncytial virus Dé cè s brutal et infection à virus influenza A chez un enfant de deux ans : é tude d'un cas autopsique Myocardite fulminante de la grippe de type A : cas fatal d'une enfant de 8 ans Plaque assay and primary isolation of influenza A virus in an established line of canine kidney cells in the presence of trypsin Rapid diagnosis of influenza A Comparison with immunocapture and culture Production of interferon in volunteers infected with asian influenza Comparison of rapid diagnostic techniques for respiratory syncytial and influenza A virus respiratory infections in young children Rapid viral diagnosis of acute respiratory infections: comparison of enzyme-linked immunosorbent assay and the immunofluorescence technique for detection of viral antigens in nasopharyngeal secretions Comparison of rapid detection methods for influenza virus and their value in health-care management of institutionalized geriatric patients A nylon membrane enzyme immunoassay for rapid diagnosis of influenza A infection Application of Directigen Flu-A for the detection of influenza A virus in human and nonhuman primates Detection of influenza viruses in throat swab by using polymerase chain reaction Detection and identification of human influenza by the polymerase chain reaction Type-specific identification of influenza viruses A B and C by the polymerase chain reaction Detection of influenza A and B in respiratory secretions with the polymerase chain reaction Typing and subtyping of influenza viruses in clinical samples by PCR Multiplex reverse transcription-PCR for surveillance of influenza A and B viruses in England and Wales in 1995 and 1996 Comparison of reverse transcription-PCR with tissue culture and other rapid diagnosis assays for detection of type A influenza virus Use of PCR-enzyme immunoassay for identification of influenza A virus matrix RNA in clinical samples negative for cultivable virus Comparison of three non-nested RT-PCR for the detection of influenza A viruses