key: cord-0910305-oczto8my authors: Vignaud, Philippe; Prieto, Nathalie title: Impact psychique de la pandémie de Covid-19 sur les professionnels soignants date: 2020-08-21 journal: Actual Pharm DOI: 10.1016/j.actpha.2020.08.013 sha: b3245d5324afb7332c2a5df4599751eaac8a3ceb doc_id: 910305 cord_uid: oczto8my Like other epidemics, COVID-19 had a significant psychological impact on the general population. Nevertheless, this impact was even more acute among healthcare staff, in connection with repeated exposure to the risk of infection, the reorganization of healthcare and their specific positioning. Dispensary pharmacists, who ensured continuity of healthcare in a climate of widespread teleworking, were not spared. Psychotraumatic, anxiety and depressive symptoms were observed. Les enseignements d'une crise sanitaire inédite dossier À l'instar d'autres épidémies, la Covid-19 a eu un retentissement psychique important dans l'ensemble de la population. Néanmoins, cet impact s'est avéré encore plus aigu chez les personnels soignants, en lien avec l'exposition répétée au risque infectieux, la réorganisation des soins et leur positionnement spécifique. Les pharmaciens d'officine, qui ont assuré la continuité des soins dans un climat de télétravail généralisé, n'ont pas été épargnés. Des symptômes psychotraumatiques, anxieux et de dépression ont été observés. Psychological impact of the COVID-19 pandemic on health care professionals. Like other epidemics, COVID-19 had a significant psychological impact on the general population. Nevertheless, this impact was even more acute among healthcare staff, in connection with repeated exposure to the risk of infection, the reorganization of healthcare and their specific positioning. Dispensary pharmacists, who ensured continuity of healthcare in a climate of widespread teleworking, were not spared. Psychotraumatic, anxiety and depressive symptoms were observed. Ainsi, après avoir débuté en décembre 2019 dans la province de Wuhan, en Chine, sa rapide progression a conduit l'Organisation mondiale de la santé à déclarer l'état de pandémie dès le 11 mars 2020. Ces facteurs, combinés à l'absence de traitement spécifique disponible, ont poussé le gouvernement français à imposer un confinement strict et généralisé de la population pour freiner la propagation du coronavirus du mardi 17 mars au lundi 11 mai. Cette situation de crise a eu un retentissement psychique chez nombre de personnels soignants. F La prise en charge de la pandémie a conduit à une réorganisation importante des outils de soins ambulatoires et hospitaliers, tel que l'ont attesté notamment les efforts pour augmenter le nombre de lits de soins intensifs disponibles. Les soignants ont été soumis à la double contrainte d'un afflux massif de patients à traiter et de la réalisation en temps réel de cette adaptation de l'outil de soins. F L'exposition au Covid-19 et la peur d'être contaminés ont influencé l'état psychique des soignants de façon variable : • en fonction du type de service : l'anxiété était plus élevée en soins intensifs ou dans les secteurs n'accueillant que des patients Covid+, d'autant plus que les moyens de protection mis à disposition sont restés longtemps cruellement insuffisants ; • en fonction de la profession : dans les études, les infirmiers semblaient plus impactés que les médecins, ce qui paraît en lien avec le fait que ces derniers sont moins longtemps exposés à un contact proche avec les patients [5] . De plus, les soignants dits de première ligne ont été soumis à la répétition d'une exposition au risque, ce qui explique un vécu d'épuisement, d'autant plus critique que l'hôpital public vit une crise systémique du fait d'une baisse des moyens matériels et humains, générant la perception d'un manque de considération de cette problématique par les pouvoirs publics. Les enseignements d'une crise sanitaire inédite dossier F L'afflux massif de patients a malmené les hôpitaux dans des proportions variables, même s'ils l'avaient anticipé. Lorsque la demande de soins dépassait l'offre, les soignants ont été confrontés à plusieurs facteurs de détresse : le stress lié à la recherche de ressources disponibles lorsqu'elles devenaient rares, voire le questionnement éthique de devoir choisir les patients en fonction de l'ordre d'arrivée ou du pronostic. Cette exposition répétée à cette situation a engendré un vécu d'impuissance et la perte perçue de la capacité à être soignant [6] . [7] . Ce malêtre a été accru par la majoration du temps de travail et la modification répétée des plannings perturbant l'équilibre familial, alors même que le confinement constituait une période critique : moins de temps consacré aux enfants et à l'aide au travail scolaire alors que les écoles avaient fermé, même si certaines se sont adaptées pour accueillir les enfants de ces personnels. F Bien que peu reconnus dans les médias et relativement peu documentés dans la littérature scientifique, les pharmaciens d'officine ont fait partie des soignants de première ligne dans la lutte contre la pandémie [8] . F La réorganisation du temps de travail des officines a été variable selon le type de patientèle mais, en général, importante. Durant le confinement, la téléconsultation médicale a connu un développement fulgurant, qui a été favorisé par la possibilité assouplie de délivrance des traitements en pharmacie. Le travail de pharmacien d'officine est duel, entre le soin et le commerce de proximité, il est donc une activité présentielle. Cela a eu plusieurs conséquences : les officinaux ont été des acteurs indispensables de la continuité des soins dans la population générale, et ils se sont trouvés en première ligne dans la délivrance d'informations et la lutte contre les infox [9] . F Plusieurs facteurs de stress inédits ont caractérisé l'activité officinale pendant le pic de la pandémie : • confrontation au stress de la population générale, impactée par la pandémie et le confinement ; • exposition répétée à l'incapacité de délivrance du fait d'une augmentation exponentielle de la demande de certains produits (masques chirurgicaux, gel hydroalcoolique) ; • suppléance partielle du suivi médical liée au risque de perdre de vue les patients pendant le confinement, malgré l'émergence de la téléconsultation, alors même que les fonctions avancées de pharmacien d'officine ne sont pas encore organisées et généralisées en France [10] . F Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) fait partie des troubles redoutés chez les soignants en première ligne face au Covid-19. Ses symptômes pathognomoniques sont les symptômes de répétition, c'est-à-dire la reviviscence de scènes en lien avec un événement traumatique sous forme de flashs visuels diurnes, de cauchemars ou de ruminations envahissantes. Bien que l'exposition au Covid (soignant confronté à des patients ou à des proches contaminés, ou contaminé lui-même) ne réponde pas stricto sensu à la définition de l'événement à potentiel traumatique, la survenue de symptômes psychotraumatiques Les enseignements d'une crise sanitaire inédite dossier chez des soignants dans le cadre de la pandémie est renseignée dans une cohorte de grande ampleur [5] . F La survenue d'épisodes dépressifs caractérisés, de symptômes anxieux et une majoration de la consommation d'alcool, voire de son mésusage, font partie des autres risques de souffrance psychique à redouter chez les soignants [11] . La pandémie de Covid-19 présente des caractéristiques cliniques et de contagiosité qui ont conduit à instaurer des mesures sanitaires exceptionnelles. Elle a provoqué un nombre important de cas avérés, mettant les soignants et le système de soins sous tension. Différents facteurs consécutifs de cette situation ont induit un impact psychique conséquent chez ces personnels, dont les manifestations variées vont sans nul doute s'observer dans la durée, notamment l'anxiété, le trouble de stress psychotraumatique et la dépression. w Déclaration de liens d'intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts Psychological impact of deploying in support of the U.S. response to Ebola: a systematic review and metaanalysis of past outbreaks Factors associated with mental health outcomes among health care workers exposed to coronavirus disease 2019 Managing mental health challenges faced by healthcare workers during Covid-19 pandemic General hospital staff worries, perceived sufficiency of information and associated psychological distress during the A/H1N1 influenza pandemic Community pharmacists' exposure to COVID-19 When fear and misinformation go viral: pharmacists' role in deterring medication misinformation during the "infodemic" surrounding COVID-19 On the frontline against COVID 19: community pharmacists' contribution during a public health crisis Health professionals facing the coronavirus disease 2019 (COVID-19) pandemic: what are the mental health risks?