key: cord-0899392-r1tlpcdl authors: Blanchard, E.; Ozier, A.; Janssen, C.; Wyplosz, B.; Andrejak, C. title: Vaccination COVID en pneumologie.: Mise à jour du 25 juin 2021 date: 2021-08-03 journal: Rev Mal Respir DOI: 10.1016/j.rmr.2021.07.003 sha: 66999f5d53bc86ecc433a9fd2f62b5d0bc7babd2 doc_id: 899392 cord_uid: r1tlpcdl nan Le principe général des vaccins contre la COVID-19 est de permettre au système immunitaire de déclencher une réponse immune spécifique lymphocytaire et humorale contre le SARS-CoV-2. La majorité des vaccins en développement cible la protéine Spike (S) du virus, située à la surface de l'enveloppe du SARS-CoV-2 et qui lui permet de se fixer au récepteur cellulaire ACE2 pour pénétrer dans les cellules. Différentes techniques vaccinales, ou plateformes vaccinales, ont été utilisées pour le développement des vaccins contre le SARS-CoV-2. Les principaux candidats vaccins dirigés contre le SARS-CoV-2 sont de 4 types ( Fig. 1 ) : • les vaccins à acides nucléiques : ADN ou ARN ; • les vaccins viraux entiers : vivants atténués ou inactivés ; • les vaccins à vecteurs viraux : réplicatifs ou non ; • les vaccins protéiques : sous-unités protéiques ou pseudoparticules virales Seront développés ci-dessous les vaccins commercialisés ou en cours d'obtention d'une AMM : vaccins à ARNm, vecteurs viraux et vaccins protéiques [23] . • Principes : Ils sont composés d'ARNm codant pour la protéine Spike du virus SARS-CoV-2. L'ARNm est administré à l'aide d'un vecteur lipidique pour faciliter son entrée dans la cellule. L'ARNm est traduit en protéine S dans le cytoplasme et exporté en dehors de la cellule. • Avantages : Ils sont assez simples à produire et stables. Ils peuvent être fabriqués à faible coût. Il n'y a aucun risque infectieux. Il n'y a pas de risque de survenue de mutagenèse insertionnelle. Le haut poids moléculaire des molécules d'ARN empêche leur diffusion libre au travers des pores nucléaires. Ils ne nécessitent pas d'adjuvant. Les antigènes disponibles pour le système immunitaire sont produits par les cellules humaines lors de la traduction des ARNm, ce qui amplifie considérablement la réponse immune et permet de protéger les individus rapidement (à partir de 8 jours). L'efficacité vaccinale obtenue est de l'ordre de 90-95 % en population générale. En outre, ils peuvent être administrés sans danger à des personnes souffrant de déficit immunitaire même si la réponse dans ces populations n'est pas encore clairement évaluée (titre d'anticorps, nombre de doses, durée de protection). [25] . Il s'agit de thromboses veineuses concernant des localisations inhabituelles telles que des thromboses des sinus veineux cérébraux, des thromboses veineuses splanchniques ainsi que des thromboses artérielles, concomitantes à une thrombocytopénie. La majorité de ces cas est survenue dans les quatorze premiers jours suivant la vaccination, principalement chez des femmes âgées de moins de 60 ans. Certains cas ont eu une issue fatale. Jusqu'à présent, les cas signalés sont survenus après l'administration de la première dose de Vaxzevria ® . Les connaissances sur l'exposition à la deuxième dose sont encore limitées. Ainsi, le rapport de l'EMA en date du 23 avril concernant le vaccin Vaxzevria ® mentionne 142 cas de thrombose avec thrombopénie identifiés dans la base européenne de pharmacovigilance, EudraVigilance, et 3 cas survenus après la seconde dose du vaccin. Le mécanisme à l'origine de ces complications thrombohémorragiques serait d'ordre immunologique, lié à la production d'auto-anticorps dirigé contre le facteur 4 plaquettaire (PF4), de type thrombocytopénie induite par l'héparine atypique. Des titres élevés d'anticorps anti-PF4 ont été observés chez tous les patients pour lesquels un échantillon sanguin a été analysé, ce qui renforce cette hypothèse [25, 26] . Si une telle thrombose survient, le traitement à mettre en place est similaire à celui actuellement utilisé dans les autres cas de thromboses « immunologiques ». Le 20 avril, la Société internationale de thrombose et d'hémostase (ISTH) a émis des recommandations en matière de diagnostic et de prise en charge des rares patients présentant une thrombose avec thrombopénie après vaccination anti-COVID-19 [27] . D'après le communiqué de la Société française de médecine vasculaire et du Groupe français d'études sur l'hémostase et la thrombose, en date du 2 avril 2021 [24], un antécédent de thrombose ou le fait d'être porteur d'une mutation du facteur V Leiden, ne représentent pas des contre-indications à ce type de vaccination ni un surrisque de développer une complication thrombohémorragique. Aucun traitement préventif n'est à envisager avant ou après la vaccination. Il n'y a pas non plus d'indication à une surveillance biologique particulière après la vaccination (plaquettes ou D-Dimères). Lors de l'essai clinique de phase III évaluant l'efficacité et la tolérance du vaccin à ARNm de Pfizer/BioNTech, les personnes ayant des antécédents d'anaphylaxie aux composants du vaccin (polysorbitol ou polyéthylèneglycol administrés par voie parentérale) ou de réaction allergique grave à un vaccin ont été exclues [28] . De même, dans l'essai clinique de phase III évaluant l'efficacité et la tolérance du vaccin à ARNm de Moderna, les personnes ayant des antécédents d'anaphylaxie, d'urticaire ou d'autres réactions allergiques grave à un vaccin ou à ses composants étaient exclues [29] . Après le début de la vaccination par le vaccin Pfizer-BioNTech au Royaume-Uni en décembre 2020, puis au Canada et aux États-Unis, des réactions anaphylactiques ont été signalées, toutes résolutives après traitement adapté. La réaction anaphylactique se définit comme « une réaction d'hypersensibilité systémique », sévère et potentiellement fatale, survenant brutalement suite à l'exposition à un allergène [30] . Ces réactions surviennent en quelques minutes à quelques heures et sont classées en 4 grades de sévérité selon la classification de Ring et Messmer. On parle de réactions sévères pour les grades ≥ II comportant une atteinte multiviscérale modérée (grade II) ou sévère (grade III) jusqu'à l'arrêt circulatoire et/ou respiratoire (grade IV) (Tableau 2). L'incidence des réactions anaphylactiques provoquées par ces deux vaccins à ARNm anti-SARS-CoV-2 est donc exceptionnelle et, de l'ordre de 1,31 par million de doses [33] . Concernant le vaccin Vaxzevria ® (AstraZeneca) : • aucune réaction anaphylactique n'est survenue suite à l'administration du vaccin à vecteur viral développé par AstraZeneca dans les études de phase III ; • le suivi de la pharmacovigilance concernant ce vaccin a par la suite fait état de quelques cas de survenue de réactions d'anaphylaxie postvaccination [34] ; • l'Agence européenne des médicaments (EMA) a donc effectué une mise à jour des informations sur le produit pour inclure l'anaphylaxie et l'hypersensibilité (réactions allergiques) comme effets secondaires. Cette mise à jour est basée sur un examen de 41 rapports d'anaphylaxie possible observés parmi environ 5 millions de vaccinations au Royaume-Uni. Après plus de 15 millions de patients vaccinés dans le monde au 6 janvier 2021, aucun décès suite à une réaction anaphylactique, même grave, n'a été rapporté après vaccination anti-SARS-CoV-2 [35] . Par conséquent, le risque d'anaphylaxie est très faible, maîtrisable et sans commune mesure avec le risque important lié à l'infection par le SARS-CoV-2 et à ses conséquences possibles (hospitalisation, décès, forme longue de . Les données accumulées sont donc rassurantes et le rapport bénéfice/risque est très nettement en faveur de la vaccination. Les composés des vaccins qui pourraient être mis en cause comme allergènes sont le polyéthylène glycol (PEG) administré par voie injectable pour les vaccins à ARNm et le polysorbate pour les vaccins à vecteur viral non réplicatif. Il existe également un risque d'allergie croisée avec le PEG en cas d'antécédent d'allergie au polysorbate [36] (Tableau 3). Les vaccins à ARNm sont encapsulés dans des nanoparticules lipidiques composées, entre autres, de cholestérol et de PEG, pour éviter d'une part, la dégradation rapide de l'ARNm, et, d'autre part, pour faciliter sa pénétration cellulaire. Les PEG constituent une classe de composés dont le poids moléculaire varie entre 200 et plus de 10 000 Da. Dans les vaccins à ARNm, le PEG 2000 est utilisé. Les molécules de PEG sont fréquemment utilisées dans l'industrie médicale du fait de leurs propriétés à la fois hydrosolubles et liposolubles [37] . Dans la majorité des cas, les allergies au PEG de haut poids moléculaires (comme le PEG utilisé pour lutter contre la constipation) ne posent pas de problème de réaction croisée avec les vaccins à ARNm [38, 39] . En revanche, on tiendra compte d'une allergie croisée avec une administration par voie injectable en combinaison avec certains principes actifs pour augmenter leur durée de vie (par exemple, interféron dit « PEGylé » dans le cadre du traitement des hépatites, facteur de croissance hématopoïétique, anticancéreux. . .). Il est probable que les réactions anaphylactiques observées avec les vaccins à ARNm soient liées à des anticorps anti-PEG préexistants [40, 41] . Les polysorbates font partie des excipients des vaccins à vecteurs viraux non réplicatifs. Ce sont des esters d'acides gras et de polyxyéthylène sorbitate. Ce sont des molécules amphiphiles utilisées comme agents tensioactifs pour leurs propriétés émulsifiantes, fréquemment utilisées dans l'industrie agro-alimentaire ou comme excipients de médicaments [37] . Des réactions allergiques au polysorbate sont décrites, mais restent exceptionnelles [37] . Les vaccins à ARN sont contre-indiqués en cas : • d'antécédents d'allergie à l'un des composants des vaccins, en particulier le PEG et le polysorbate en raison d'hypersensibilité croisée avec le PEG ; • de réaction anaphylactique suite à la 1 re dose du vaccin. En pratique, compte tenu du risque de survenue de réactions anaphylactiques, même si la probabilité reste très faible, l'administration des vaccins doit avoir lieu dans un milieu où les professionnels seront capables de traiter une réaction d'hypersensibilité immédiate grave (matériel dont doivent disposer les centres de vaccination). Une surveillance postvaccination de 15 ou 30 minutes, en fonction des antécédents identifiés, doit être effectuée. Plusieurs situations peuvent se rencontrer [36, 42] Des recommandations doivent être faites aux personnes qui quittent le centre de vaccination afin qu'elles s'adressent sans délai à un médecin si elles présentent des signes d'allergie retardée. Cette question a fait l'objet d'un communiqué de presse de la Fédération Française d'Allergologie (27 janvier 2021) [43] . Les patients présentant une allergie respiratoire, cutanée ou alimentaire, y compris grave, peuvent se faire vacciner sans effectuer de bilan allergologique au préalable. Les indications du bilan allergologique avant une vaccination anti-SARS-Cov2 sont représentés par des antécédents de réaction allergique sévère (répondant aux critères d'anaphylaxie de Sampson) à : • un médicament injectable ; • un autre vaccin ; • un médicament non identifié ; • au PEG et/ou au polysorbate. Si tel est le cas, un bilan allergologique est requis pour confirmer ou infirmer une éventuelle allergie au PEG et/ou polysorbate, deux excipients potentiellement allergisants présents dans certains vaccins. D'un point de vue pratique, les questions à se poser pour évaluer le risque allergique avant une vaccination anti-SARS-Cov-2 sont résumées sur la Fig. 2 [43] . Parmi les patients inquiets quant aux réactions allergiques au PEG/au polysorbate, seuls ceux ayant déjà fait une réaction grave à un médicament injectable, un autre vaccin, ou bien un médicament non identifié, doivent se faire tester par un allergologue. En effet, en l'absence d'antécédent d'allergie, il n'existe pas de test prédictif capable de déterminer si une personne est allergique au PEG. En cas de survenue d'une réaction allergique après la 1 re injection du vaccin, sa nature et son intensité devront être colligées pour déterminer l'indication d'un bilan allergologique et l'absence de contre-indication à réaliser la 2 e injection du vaccin. D'un point de vue pratique, une conduite à tenir basée sur l'évaluation du risque a été proposée par la Fédération française d'allergologie, résumée sur la Fig. 3 [43] . Toutes les personnes malades ou en bonne santé devront, à terme, être immunisées par la vaccination pour diminuer le risque individuel de s'infecter par le SARS-CoV-2, la circulation du virus pour les personnes ne répondant pas bien ou pas du tout aux vaccins, l'émergence de variants, et pour interrompre l'épidémie. En phase de pénurie vaccinale, il est préférable d'immuniser en priorité les personnes les plus à risque de forme grave ou de décès. En général, les vaccins contre la COVID-19 n'ont peu ou pas de contre-indications et des effets indésirables graves extrêmement rares (1/100 000 pour les allergies croisées pour les vaccins à ARN et de thrombose auto-immune pour les vaccins viraux). Le bénéfice l'emporte donc pour tous les groupes d'âge et pour toutes les catégories de personnes sur les effets indésirables (y compris avec les vaccins à virus vectoriels). Pour des raisons de stratégie nationale, la France a décidé de sursoir à l'utilisation des vaccins vectoriels (AstraZeneca et Johnson & Johnson) chez les personnes âgées de moins de 55 ans, une stratégie différente selon les pays. Seules quelques précautions d'emploi justifient dans de rares cas de reporter la vaccination. Un épisode infectieux sans signe de gravité n'est pas une contre-indication à une vaccination (vaccination grippe, pneumocoque). C'est aussi le cas des vaccins COVID-19 qu'on diffèrera uniquement en cas de forte fièvre ou d'atteinte grave d'organe. Les exacerbations des maladies respiratoires chroniques (asthme, BPCO, etc.) ne sont pas non plus des contre-indications et les occasions manquées de vaccination ne sont pas toujours rattrapées, voire mettent en danger le sujet chez qui l'immunisation est différée. Dans tous les cas, et par manque d'étude de coadministration, il est recommandé de différer de 14 jours l'administration d'un vaccin COVID-19 après ou avant une autre vaccination. En cas d'urgence, il est probablement préférable de risquer une co-administration que manquer une occasion vaccinale (par exemple : une vaccination pneumococcique chez un candidat à une transplantation ou à un immunosuppresseur) [37, [44] [45] [46] [47] . En cas d'antécédent de COVID-19, le risque de réinfection est évalué à 0,3 %, dont la moitié sont des formes asymptomatiques et l'autre moitié des formes pauci-symptomatiques [48] . La vaccination a pour objectif de réduire ce risque à zéro et permettrait par ailleurs d'augmenter l'immunité naturelle acquise par l'infection afin de prévenir une éventuelle réinfection par un variant échappant aux anticorps naturels. La protection conférée par une infection naturelle persistant au moins 13 mois [48] et probablement plus, il n'y a pas d'urgence, en période de pénurie vaccinale, à réaliser une vaccination dans les 6 mois suivant un COVID-19 (Fig. 4) . L'efficacité clinique d'une vaccination, c'est-à-dire sa capacité à prévenir l'infection, est à différencier de la réponse vaccinale sérologique, c'est-à-dire la détection d'anticorps sériques. Mieux vaut se référer à des schémas vaccinaux basés sur des données d'efficacité clinique vaccinale que sur une réponse sérologique souvent difficile à interpréter. En effet, les sérologies habituellement disponibles sont pratiquées en ELISA et ne détectent pas spécifiquement les anticorps neutralisants, ce qui rend leur interprétation difficile. De plus, il n'existe pas de test évaluant de manière précise l'immunité cellulaire. En conséquence, on peut être séronégatif et protégé (sérologie pas bien calibrée, immunité cellulaire non évaluée) ou séropositif et non protégé (faible taux, anticorps non neutralisants). Enfin, il n'existe pas de corrélat de protection bien établi pour le SARS-CoV-2 permettant de dire quel niveau d'anticorps neutralisant est protecteur ou non. Au total, l'évaluation de la réponse vaccinale est intéressante pour beaucoup de patients immunodéprimés mais l'interprétation d'une sérologie nécessite un avis d'expert. Une 3 e dose a été proposée pour certaines populations de patients immunodéprimés détaillées sur le Tableau 4. Enfin, la stratégie vaccinale évolue et peut être consultée sur le site du ministère de la santé [51] . Il est recommandé de vacciner tous les malades atteints d'asthme. La seule adaptation du schéma vaccinal concerne les patients qui reçoivent une corticothérapie systémique au long cours (cf. chapitre immunodépression). La personne vivant avec un asthme non contrôlé étant à risque d'exacerbation en cas d'infection virale, la vaccination est fortement recommandée. Il est possible de vacciner lors d'une exacerbation, même de nature infectieuse, en l'absence de critères de gravité de l'exacerbation [52, 53] . Une corticothérapie orale courte ne constitue pas une contre-indication à la vaccination anti-SARS-CoV-2, que ce soient avec les vaccins à ARNm (Pfizer/BioNTech, Moderna) ou avec les vaccins à vecteurs viraux non réplicatifs (Astra-Zeneca, Janssen). Conduite à tenir vis-à-vis de 3 e dose de vaccin COVID. Extrait DGS 2021 :52 (https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/dgs urgent 52 precisions sur la vaccination imd.pdf) [50] . 3 e dose au moins 4 semaines après la 2 e dose Patient transplanté d'organes solides/récents de moelle osseuse Patient dialysé Patient recevant une chimiothérapie lymphopéniante Patient sous traitement immunosuppresseur fort de type anti-métabolite (cellcept, myfortic, mycophénolate mofétil, imurel, azathioprine) ou anti-CD20 (rituximab : Mabthera, Rixathon, Truxima) Patient sous immunosuppresseurs (autres que ceux-ci-dessus) ou porteur d'un déficit immunitaire primitif au cas par cas Y a-t-il plus de risque de réaction allergique au vaccin en cas d'asthme allergique ? Les personnes atteintes d'asthme allergique ne sont pas plus à risque d'allergie aux composés des vaccins anti-COVID que la population générale et doivent être vaccinées (cf. chapitre allergie). Il n'y a pas d'arguments pour une moins bonne efficacité/tolérance de la vaccination en cas de prise d'immunothérapie, que ce soient pour les vaccins à ARNm (Pfizer/BioNTech, Moderna) ou les vaccins à vecteur viral non réplicatif (AstraZeneca, Janssen). Les asthmatiques sévères sont en effet à risque d'exacerbation en cas d'infection virale. La vaccination est recommandée dans cette population. Il est recommandé de vacciner tous les malades atteints de BPCO. Il n'y a pas d'argument pour une moins bonne efficacité de la vaccination en cas de corticothérapie orale courte, que ce soient les vaccins à ARNm (Pfizer/BioNTech, Moderna) ou les vaccins à vecteur viral non réplicatif (AstraZeneca, Janssen). Les malades atteints de cancer bronchique, quel qu'en soit le stade, sont ultra-prioritaires pour la vaccination anti-COVID. Le risque principal est une réponse vaccinale diminuée par les médicaments anticancéreux. Dans son avis du 6 avril 2021, le conseil d'orientation de la stratégie vaccinale a préconisé l'injection d'une 3 e dose chez les personnes immunodéprimées sans la conditionner au résultat d'une sérologie préalable. Les patients atteints de cancer bronchique sous chimiothérapie sont concernés. L'avis et ses actualisations éventuelles postérieures à ce document peuvent être consultés sur https://solidaritessante.gouv.fr/IMG/pdf/dgs urgent 52 précisions sur la vaccination imd.pdf. Le meilleur moment pour administrer un vaccin n'est pas déterminé. On préfèrera vacciner avant le début des traitements anticancéreux ou quand l'occasion se présentera dans le parcours de soin en attendant les résultats des études qui vont déterminer le meilleur moment pour administrer un vaccin. À ce jour, il n'existe que des données d'efficacité parcellaires des vaccins COVID-19 dans la population des patients atteints de cancer, sous traitement ou non. En revanche, la tolérance n'est pas différente de la population générale. L'utilisation de chimiothérapie cytotoxique peut altérer la réponse vaccinale. L'immunogénicité est altérée bien que variable selon le type de chimiothérapie, comme observé pour d'autres vaccinations [54, 55] . Cependant, à l'exception des phases de chimiothérapie intensive, une réponse vaccinale est tout de même attendue chez les patients sous chimiothérapie ou sous thérapie ciblée comme les inhibiteurs de tyrosine kinase [56, 57] . Sous inhibiteur de check-point immunitaire seul, la réponse vaccinale pourrait être comparable à celle de la population générale par analogie à la réponse vaccinale à vaccin inactivé [58, 59] . Ces patients doivent être inclus prioritairement dans les essais cliniques et cohortes en cours de constitution évaluant la réponse immunitaire au vaccin. • Utilisation préférentielle de vaccins basés sur l'utilisation de la séquence génétique du SARS-CoV-2, notamment pour les vaccins à ARNm qui induisent une réponse immunitaire complète (humorale et cellulaire). • Contre-indication des vaccins viraux réplicatifs. • Dans la mesure du possible, vaccination à réaliser au moins 10 jours avant la première administration de chimiothérapie mais absence de contre-indication à vacciner le jour de la première chimiothérapie. • Pour les patients ayant déjà débuté la chimiothérapie, la vaccination est à effectuer entre 2 cures, quelques jours avant la prochaine administration en évitant la période du nadir. Les modalités de vaccination chez les patients sous immunothérapie, éventuellement associée à la chimiothérapie, sont identiques sauf dans le cas d'un effet indésirable auto-immun sévère en cours qui ferait différer la vaccination dans l'attente de résolution ou de prise en charge de celui-ci. • Par conséquent, le rapport bénéfices/risques est en faveur de la vaccination COVID chez les patients atteints de cancer bronchique sous immunothérapie [57] . Les malades atteints de PID, a fortiori sous immunosuppresseurs, ou transplantés pulmonaires sont à haut risque de décéder en cas d'infection à SARS-CoV-2. Ils sont ultra prioritaires pour la vaccination mais la durée et la qualité de la réponse vaccinale n'ont pas été évaluées dans ces populations. Il est fortement recommandé de conserver les mesures barrières ainsi que de vacciner l'entourage. L'évaluation de la réponse vaccinale revêt un intérêt particulier mais son interprétation doit motiver un avis d'expert (cf. Généralités). Par conséquent, dans son avis du 6 avril 2021, le conseil d'orientation de la stratégie vaccinale a préconisé l'injection d'une 3 e dose chez les personnes immunodéprimées sans la conditionner au résultat d'une sérologie préalable. Les immunodéprimés devant recevoir une 3 e dose sont ceux sous anti-CD20, antimétabolites hors méthotrexate et transplantés d'organes solides, dont pulmonaires (cf. Généralités). L'avis et ses actualisations éventuelles postérieures à ce document peuvent être consultés sur https://solidaritessante.gouv.fr/IMG/pdf/dgs urgent 52 precisions sur la vaccination imd.pdf. L'immunodépression ne majore pas la réactogénicité ou la survenue d'effets indésirables. En revanche, il y a un risque de diminution d'efficacité des vaccins comme suggéré dans une étude portant sur 241 transplantés rénaux ayant reçu un vaccin à ARNm Moderna avec une séroconversion seulement autour de 10 % [66] . Pour rappel, seuls les vaccins vivants atténués sont contre-indiqués chez les patients sous immunosuppresseurs y compris la corticothérapie prolongée > 10 mg/j [53] . Les vaccins commercialisés à ce jour (vaccins Comirnaty ® , Moderna ® , Vaxzevria ® , Janssen) sont donc utilisables en cas d'immunodépression. En revanche, les vaccins à vecteur viral réplicatif en développement seront contre-indiqués dans cette population. Les vaccins à ARNm sont à privilégier dans cette population compte tenu d'une efficacité semblant légèrement supérieure et d'un schéma vaccinal permettant une immunisation plus rapide. La Société francophone de transplantation recommande pour les transplantations récentes de procéder à la vaccination dans un délai d'au moins un mois et 3 à 6 mois pour les patients ayant reçu des agents déplétants les lymphocytes T ou B. La vaccination est différée dans cette situation car la réponse vaccinale peut être insuffisante [67, 68] Y a-t-il un délai à respecter selon les traitements immunosuppresseurs utilisés ? Il n'existe pas encore de données disponibles pour répondre à cette question avec les vaccins SARS-CoV-2. La Société française de rhumatologie et la FAI2R se sont prononcés sur la question du Rituximab (RTX). En effet, cet anticorps monoclonal anti-CD20 est associé à un risque de COVID-19 grave et à une réponse vaccinale altérée aux vaccins déjà étudiés [69-71]. Plusieurs situations sont à considérer [72] : • si une alternative thérapeutique au RTX est envisageable, une modification temporaire du traitement ciblé pourrait être discutée, après avis du spécialiste qui a proposé le rituximab ; • si le RTX n'a pas encore été administré et que l'activité de la maladie le permet, il est recommandé d'administrer le vaccin avant le RTX en vue d'obtenir une meilleure réponse cinale ; • si le RTX a déjà été administré et que le vaccin est disponible, il est préférable de vacciner sans attendre car le patient est à considérer comme à risque de forme grave de COVID-19 dans le contexte d'une circulation virale élevée. Les délais proposés entre vaccination COVID et immunosuppresseurs sont résumés sur la Fig. 5 La vaccination des soignants et de l'entourage du patient revêt un intérêt particulier dans cette population où l'efficacité vaccinale est incertaine. En effet, la réponse vaccinale est souvent moindre en cas d'immunodépression et la protection des différents vaccins est mal connue dans cette situation ; ainsi il est indispensable de sensibiliser l'entourage proche des patients ainsi que le personnel de soin sur l'importance d'être vaccinés (cocooning). Certaines situations n'ont pas été abordées dans ce document en particulier : • les patients atteints de mucoviscidose à vacciner en priorité compte tenu du risque de décompensation ; • les patients présentant un SAOS pour lesquels le risque de COVID-19 grave est uniquement majoré en cas de comorbidités associées notamment IMC. Caisse nationale d'assurance maladie, Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Maladies chroniques, états de santé et risque d'hospitalisation et de décès hospitalier pour COVID-19 lors de la première vague de l'épidémie en France : étude de cohorte de 66 millions de personnes Prognostic factors for severity and mortality in patients infected with COVID-19: a systematic review The potential association between common comorbidities and severity and mortality of coronavirus disease 2019: a pooled analysis Baseline characteristics and outcomes of 1591 patients infected with SARS-CoV-2 admitted to ICUs of the Lombardy Region Factors associated with COVID-19-related death using OpenSAFELY Impact of comorbid asthma on severity of coronavirus disease (COVID-19) Risk of COVID-19-related death among patients with chronic obstructive pulmonary disease or asthma prescribed inhaled corticosteroids: an observational cohort study using the OpenSAFELY platform The impact of COVID-19 on patients with asthma Symptomatic COVID-19 in advanced-cancer patients treated with immune-checkpoint inhibitors: prospective analysis from a multicentre observational trial by FICOG COVID-19 in cancer patients: clinical characteristics and outcome-an analysis of the LEOSS registry Analyses of risk, racial disparity, and outcomes among US patients with cancer and COVID-19 infection Impact of PD-1 blockade on severity of COVID-19 in patients with lung cancers Increased odds of death for patients with interstitial lung disease and COVID-19: a casecontrol study on behalf of the OrphaLung Network, risk factors for mortality after COVID-19 in patients with preexisting interstitial lung disease Severity of COVID-19 and survival in patients with rheumatic and inflammatory diseases: data from the French RMD COVID-19 cohort of 694 patients COVID-19 and kidney transplantation COVID-19 in solid organ transplant recipients: initial report from the US Epicenter COVID-19 in lung transplant recipients Obesity doubles mortality in patients hospitalized for severe acute respiratory syndrome coronavirus 2 in Paris hospitals, France: a cohort study on 5,795 patients SARS-CoV-2 vaccines in development Aspects immunologiques et virologiques de l'infection par le SARS-CoV-2 An update on the pathogenesis of COVID-19 and the reportedly rare thrombotic events following vaccination Thrombotic thrombocytopenia after ChA-dOx1 nCov-19 vaccination ISTH Interim Guidance for the Diagnosis and Treatment on Vaccine-Induced Immune Thrombotic Thrombocytopenia Safety and efficacy of the BNT162b2 mRNA COVID-19 vaccine Efficacy and safety of the mRNA-1273 SARS-CoV-2 vaccine Second symposium on the definition and management of anaphylaxis: summary report-second National Institute of Allergy and Infectious Disease/Food Allergy and Anaphylaxis Network symposium Reports of anaphylaxis after receipt of mRNA COVID-19 vaccines in the US Allergic reactions including anaphylaxis after receipt of the first dose of Moderna COVID-19 Vaccine -United States Risk of anaphylaxis after vaccination in children and adults Enquête de pharmacovigilance du vaccin COVID-19 vaccine AstraZeneca Maintaining safety with SARS-CoV-2 vaccines Vaccins contre la COVID-19 : questions et réponses. SPILF Immediate-type hypersensitivity to polyethylene glycols: a review Clinical manifestations and impact on daily life of allergy to polyethylene glycol (PEG) in ten patients mRNA vaccines to prevent COVID-19 disease and reported allergic reactions: current evidence and suggested approach Pre-existing anti-PEG antibodies are associated with severe immediate allergic reactions to pegnivacogin, a PEGylated aptamer Vaccination contre la COVID-19 et antécédents allergiques. Recommandations françaises (SFA/FFAL/CNP allergologie) sur la conduite à tenir quand est-il nécessaire de consulter un allergologue ? Communiqué de presse du Agence nationale de sécurité du médicament ANSM Assessment of SARS-CoV-2 Reinfection 1 Year After Primary Infection in a Population in Lombardy, Italy Population cible à vacciner contre le COVID, recommandations mises à jour au 18/05/2021. Réalisation: Infectiologues du CHANGE & Amélie VALRAN Ministère de la Santé et des Solidarités Ministère de la Santé et des Solidarités General Best Practice Guidelines for Immunization Guide pratique de vaccination en Pneumologie, GREPI-SPLF Seroconversion after influenza vaccination in patients with lung cancer Low immunogenicity of seasonal trivalent influenza vaccine among patients receiving docetaxel for a solidtumour: results of a prospective pilot study COVID-19 vaccines for patients with cancer: benefits likely outweigh risks ESMO Statements for vaccination against covid-19 in patients with cancer Immunogenicity and safety of influenza vaccination in cancer patients receiving checkpoint inhibitors targeting PD-1 or PD-L1 Short-term safety of the BNT162b2 mRNA COVID-19 vaccine in patients with cancer treated with immune checkpoint inhibitors Recommandation du GOLF pour la vaccination contre le SARSCoV2 des patients atteints de cancers pulmonaires, tumeurs solides de la plèvre et médiastin Immunogenicity of influenza vaccination in patients with cancer receiving immune checkpoint inhibitors Influenza vaccination of cancer patients during PD-1 blockade induces serological protection but may raise the risk for immune-related adverse events Improved survival without increased toxicity with influenza vaccination in cancer patients treated with checkpoint inhibitors Influenza vaccination in patients with lung cancer receiving anti-programmed death receptor 1 immunotherapy does not induce immune-related adverse events Safety of influenza vaccine in patients with cancer receiving pembrolizumab Weak anti-SARS-CoV-2 antibody response after the first injection of an mRNA COVID-19 vaccine in kidney transplant recipients IDSA clinical practice guideline for vaccination of the immunocompromised host Vaccination anti-COVID-19 chez les transplantés d'organes ACR COVID-19 Vaccine Guidance recommends vaccination, addresses immunosuppressant drugs & patient concerns Les auteurs remercient le Dr V. An Huynh pour sa relecture attentive. Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.