key: cord-0894436-m2qhr40h authors: Martinie, Marion title: Visons et autres mustélidés : modèle d’étude et risque zoonotique face au coronavirus date: 2021-02-28 journal: La Presse Médicale Formation DOI: 10.1016/j.lpmfor.2020.12.010 sha: b96dc086533113f0b9ab7c51d35d85557262caff doc_id: 894436 cord_uid: m2qhr40h En dehors des populations humaines, le SARS-CoV-2 touche principalement les élevages de visons, dans lesquels le virus mute rapidement et semble pouvoir se re-transmettre à l’homme. Autre mustélidé, le furet apparaît comme modèle d’étude de la COVID-19. Les animaux domestiques, pour certains sensibles, semblent peu à risque, mais de nombreuses recherches sont encore nécessaires pour évaluer les capacités de transmission à l’homme et l’existence de potentielles espèces réservoirs chez les animaux sauvages. De la rage à la leptospirose, de la peste à la maladie des griffes du chat en passant par le virus de West-Nile et la salmonellose, les zoonoses ont accompagné l'histoire de l'humanité. Tantôt fléau commun à l'homme et à certaines espèces animales, tantôt pathologie transmise par un animal porteur et asymptomatique, de façon sporadique ou via des populations réservoirs, ces pathogènes voyageurs n'ont pas attendu le marché de Wuhan ni la création du concept « One Health » pour se promener entre les espèces. Dans le contexte actuel, l'étude de la sensibilité des animaux au SARS-CoV-2 est un élément fondamental pour progresser dans la gestion de la pandémie. Il est nécessaire d'évaluer la capacité de réservoir des populations sauvages, le risque de transmission à l'homme, notamment des espèces domestiques, ainsi que les possibilités de mutations problématiques chez l'animal. La recherche d'un éventuel modèle animal de la maladie chez l'homme pourrait également faciliter l'évaluation de vaccins ou de traitements adaptés. Des infections naturelles de chiens, de chats, de tigres et de lions ont été rapportées de façon sporadique, par l'intermédiaire d'humains malades dans l'environnement de ces animaux, avec des signes cliniques principalement respiratoires légers à modérés. Des élevages de visons, notamment au Danemark et aux Pays-Bas, ont été largement touchés, avec une augmentation de la mortalité comme nous le verrons un peu plus loin. Outre le pangolin devenu célèbre et qui figurera dans l'histoire de l'humanité, les chauves-souris sont suspectées d'être l'espèce d'origine du SARS-CoV-2. Le virus le plus proche génétiquement du SARS-CoV-2 est, en effet, un virus présent chez les chauvessouris, et dont certains auteurs estiment qu'il se serait séparé du virus responsable de la COVID-19 entre 1948 et 1982. D'autre part, d'autres cas de syndromes respiratoires inexpliqués ayant été décrits avant le fameux marché de Wuhan, il n'est pas certain que le pangolin ait été le premier animal transmetteur du SARS-CoV-2 chez l'homme [1, 2] . Un autre élément en faveur du potentiel de réservoir des chauves-souris est la sensibilité au virus de la roussette, une En dehors des populations humaines, le SARS-CoV-2 touche principalement les élevages de visons, dans lesquels le virus mute rapidement et semble pouvoir se re-transmettre à l'homme. Autre mustélidé, le furet apparaît comme modèle d'étude de la COVID-19. Les animaux domestiques, pour certains sensibles, semblent peu à risque, mais de nombreuses recherches sont encore nécessaires pour évaluer les capacités de transmission à l'homme et l'existence de potentielles espèces réservoirs chez les animaux sauvages. expérimentalement ni mise en évidence lors d'infections naturelles mais mériterait d'être évaluée, eu égard à la proximité que les propriétaires peuvent entretenir avec ces animaux, au risque zoonotique couru par les vétérinaires et leur personnel, ainsi qu'à l'existence de populations de chats errants, potentiels réservoirs [4] . Le cas particulier des visons est au coeur de l'actualité danoise, les autorités ayant décidé de procéder à l'abattage de tous les visons du pays par mesure de précaution [5] . Fin avril, des signes respiratoires et une mortalité inexpliquée ont été observés dans deux élevages des Pays-Bas. Rapidement, il a été établi que les animaux sont morts des suites d'une pneumonie interstitielle sévère associée à la présence d'ARN de SARS-CoV-2 dans les cavités nasales, les poumons, la gorge et, dans une moindre mesure, le rectum. Le virus est vraisemblablement entré dans les fermes via des travailleurs infectés, et son ARN est trouvé dans des échantillons de poussière en suspension. Une séroconversion a été observée chez un tiers des chats errants testés autour des exploitations, avec de l'ARN viral chez l'un d'eux. [3, 11] . Une étude américaine d'évaluation d'un antiviral oral pour limiter les signes cliniques et la transmission du SARS-CoV-2 est d'ailleurs en cours sur les furets [12] . Si vison et furet sont sensibles au SARS-CoV-2, l'interaction des mustélidés avec le virus est loin d'avoir été évaluée de façon exhaustive. Belette, loutre, blaireau, putois font partie de cette famille de prédateurs aux pattes courtes et au corps allongé, qui compte une soixantaine d'espèces majoritairement sauvages, répandues dans des habitats divers et pour certaines acclimatées au milieu urbain. Il est donc préconisé donc une surveillance accrue des populations non domestiques, qui pourraient faire office de réservoir comme cela est suspecté avec les chauves-souris qui comptent, elles, 1200 espèces différentes [3, 6, 13] . Déclaration de liens d'intérêts : L'auteure déclare ne pas avoir de liens d'intérêts. Transmission of SARS-CoV-2 on mink farms between humans and mink and back to humans Transmission of severe acute respiratory syndrome coronavirus 2 (SARS-Cov-2) to animals: an updated review SARS-CoV-2 in fruit bats, ferrets, pigs, and chickens: an experimental transmission study SARS-CoV-2 infection, disease and transmission in domestic cats Crise des visons au Danemark: le ministre de l'Agriculture démissionne SARS-CoV-2 infection in farmed minks, the Netherlands Clinical and Pathological Findings in SARS-CoV-2 Disease Outbreaks in Farmed Mink (Neovison vison) Un élevage de visons contaminé au Covid-19 en France Six pays ont rapporté des cas de Covid-19 chez des visons selon l'OMS COVID mink analysis shows mutations are not dangerous -yet. News Nature Infection and rapid transmission of SARS-CoV-2 in Ferrets Therapeutic MK-4482/EIDD-2801 Blocks SARS-Cov-2 Transmission in Ferrets Could Mustelids spur COVID-19 into a panzootic?