key: cord-0891537-za7qm2on authors: Desenclos, J.-C. title: La transmission aérienne des agents infectieux date: 2008-08-15 journal: Med Mal Infect DOI: 10.1016/j.medmal.2008.06.015 sha: df454e262216a062a12eb890d694d02559eedcd5 doc_id: 891537 cord_uid: za7qm2on Airborne transmission is one of the different ways infectious diseases spread. Airborne transmission often has an environmental source, as for legionellosis. It can also have an infectious human source. For a given infectious agent, the mode of transmission can be multiple. This is the case for influenza that can be spread by airborne transmission but also directly through respiratory secretion and indirectly through the contaminated environment. If airborne transmission may occur from person to person, it is most often a transmission from or through the environment. La transmission aérienne est l'une des différentes modalités de transmission des agents infectieux [1] . Elle peut avoir lieu à partir d'une source environnementale ou, dans des conditions particulières, à partir d'une source humaine. Avant de discuter la transmission aérienne, nous ferons, dans un premier temps, un rappel rapide des différents modes de transmission des agents infectieux. La transmission des agents infectieux résulte de l'interaction entre l'agent lui-même, l'environnement et l'hôte. Les modifications d'un des composants de cette triade ou de leur interaction Adresse e-mail : jc.desenclos@invs.sante.fr. pourront entraîner une augmentation de la transmission et de l'incidence de la maladie et une épidémie. On distingue la transmission directe, indirecte et la transmission par l'air (aérienne) [1] . La transmission directe a lieu par transfert d'un agent infectieux, sans élément intermédiaire, d'un hôte infectieux (humain ou animal) à une porte d'entrée d'un hôte humain susceptible (toucher, mordre, rapports sexuels, projection directe de gouttelettes pharyngées lors d'éternuements, la toux, crachat. . .). La transmission indirecte nécessite l'intervention d'un élément intermédiaire, au niveau duquel l'agent se multiplie ou pas, qui peut être un véhicule contaminé (eau, aliment, objet, produit biologique, sang, organe, ustensile médical, main contaminée d'un soignant. . .) ou un vecteur vivant qui peut assurer la transmission par transport mécanique ou biologique de l'agent avec, dans ce dernier cas, un cycle plus ou moins complexe de maturation avant que le vecteur devienne infectieux. La transmission aérienne permet l'acquisition, le plus souvent par voie respiratoire, d'un agent infectieux présent dans l'air. L'agent infectieux transmis par voie aérienne peut avoir pour origine une source humaine ou environnementale. Pour un agent donné, la transmission peut, selon les conditions, emprunter plusieurs modes de transmission. C'est par exemple le cas de la transmission de la grippe dont la transmission peut être à la fois aérienne, directe à partir des sécrétions respiratoire (postillons) et indirecte via l'environnement contaminé [1] . L'agent peut être mis en suspension dans la partie sèche, après évaporation, des gouttelettes de Pflügge émise lors de la toux par un hôte infectieux à partir d'une source ouverte au niveau pulmonaire. C'est le cas de la tuberculose pulmonaire quand les lésions tuberculeuses sont ouvertes et communiquent avec l'arbre respiratoire. La partie sèche des gouttelettes de Pflügge émises lors de la toux peut ainsi rester en suspension de manière prolongée dans l'air, selon les conditions de circulation de l'air, en particulier au sein de l'habitat ou de l'environnement hospitalier. La transmission aérienne est souvent d'origine environnementale, soit par l'intermédiaire d'aérosol ou de poussière émise du sol ou d'une autre source contenant l'agent infectieux. La transmission par aérosol aqueux (gouttelettes inférieures à cinq microns) émis par une source environnementale est le mode de transmission de la légionellose. Toutes les sources d'eau sanitaire susceptibles d'émettre un aérosol peuvent être impliquées (Fig. 1) , les plus fréquentes étant les tours aéroréfrigérantes (TAR). Les conditions d'environnements, la qualité de l'entretien de l'installation, une dose infectieuse suffisante, l'existence d'amibes qui concentrent les légionelles et sont rejetées dans l'air, la susceptibilité de l'hôte exposé. . . interviennent dans l'efficacité de la transmission et la capacité de diffusion à distance. Dans des conditions favorables, la diffusion par ce type d'aérosol peut dépasser six kilomètres, voire atteindre 12 km [2] . Des conditions d'environnement favorables générant des aérosols peuvent interagir avec une source d'agent infectieux habituellement transmis par un autre mode qu'aérien et provo-quer des épidémies. Lors de l'épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) où le mode de transmission principal est direct à partir des sécrétions pharyngées on a constaté une transmission aérienne par création d'un aérosol de microgouttelettes [3] . Cela est survenu en milieu hospitalier lors du traitement par aérosol des patients hospitalisés au début de l'épidémie, d'où la recommandation de proscrire tout traitement fluidifiant des sécrétions respiratoires par aérosol. Une épidémie de SRAS explosive et dramatique est survenue dans le complexe résidentiel d'Amoy-Garden à Hong-Kong par transmission aérienne suite à un processus complexe de création d'aérosol. Un dysfonctionnement du système d'évacuation des eaux usées de ce complexe urbain générait des aérosols extérieurs qui pouvaient ensuite pénétrer dans les appartements des autres bâtiments du complexe. Le coronavirus du SRAS excrété dans le système d'évacuation sanitaire par un malade infectieux diarrhéique a contaminé le système d'évacuation et a ensuite été aérosolisé avec plusieurs centaines de cas [3] . La création d'aérosol peut aussi avoir lieu dans des situations inattendues, comme cela a été montré lors d'une épidémie d'hépatite B nosocomiale associée à des biopsies endomyocardiques. Des aérosols de microgouttelettes de sang étaient générés lors des sessions de biopsies avec contamination probable par l'aérosol des instruments utilisés pour le malade qui suivait [4] . L'utilisation à des fins malveillantes d'agents infectieux est, depuis les attentats terroristes de 2001, une éventualité qu'il faut maintenant considérer et à laquelle il a fallut se préparer. La voie de transmission aérienne est, dans ce contexte, la plus redoutée puisqu'elle permet de toucher, par la génération d'un aérosol, un nombre important de personnes, voire des populations entières. L'utilisation d'aérosols de toxine botulique, de spore du bacille du charbon, de Yersinia pestis. . . font partie des scénarios possibles. La transmission aérienne à partir de poussière émise du sol concerne des situations variées, telles que les spores de champignon, des aérosols de Coxiella Burnetti, agent de la fièvre Q, à partir de contamination de l'environnement par des ovins lors de la mise bas ou d'avortements, le virus Puumala excrétés par le campagnol roussâtre dans le milieu extérieur et aérosolisé dans les poussières, voire le virus de la fièvre de la vallée du Rift par un mécanisme similaire à celui de la fièvre Q à partir de la mise bas ou des avortements du bétail [1] . De manière simple et opérationnelle, on peut distinguer deux modalités de transmission : la transmission de personne à personne (grippe, rougeole, SRAS. . .) et à partir d'une source commune par un véhicule commun contaminé tel les aliments (salmonellose, listériose. . .), l'eau (Cryptosporidium parvum, norovirus. . .) ou l'air (TAR). Ces deux modalités peuvent être associées ou se succéder comme pour l'hépatite A ou la shigellose, le SRAS comme indiqué ci-dessus. La distinction de ces deux modalités (personne à personne et source commune) est importante, car l'analyse et les mesures de maîtrise de la transmission en seront influencées. Dans le premier cas de figure, on centrera les recherches et les mesures sur les facteurs qui favorisent le passage de la maladie d'une personne à une autre (isolement des malades à la phase infectieuse, port de masques, hygiène des mains, prophylaxie des contacts par des anti-infectieux ou la vaccination. . .). Dans la deuxième situa-tion, l'identification de la source commune et du véhicule de transmission seront les éléments clés de la maîtrise et de la prévention (entretien des installations sanitaire produisant des aérosols [TAR], proscriptions des traitements par aérosol des patients contagieux atteint de SRAS ou de tuberculose. . .). Si les infections transmises par voie aérienne peuvent être, pour certaines, transmises de personne à personne (tuberculose), elles le sont le plus souvent à partir d'une source commune faisant intervenir l'environnement (environnement extérieur ; technologies modernes ; élevage ; hôpital. . .). Control of communicable diseases manuel A community-wide outbreak of legionnaires disease linked to industrial cooling towers-how far can contaminated aerosols spread ? SARS: how a global epidemic was stopped. Geneva: World Health Organization's Regional Office for the Western Pacific Une épidémie nosocomiale d'hépatite B chez des transplantés du coeur