key: cord-0889993-b9fjmaec authors: Julien, Henri; Giudicelli, Claude-Pierre; Carpentier, Jean-Pierre title: Catastrophe évolutive, quelle pourrait-être l’influence des conditions météorologiques sur l’évolution de la pandémie CoViD-19? date: 2020-06-11 journal: nan DOI: 10.1016/j.pxur.2020.06.001 sha: 97fcde58af0d834c3a308de213deb6c20dd53a54 doc_id: 889993 cord_uid: b9fjmaec Résumé Une des préoccupations classiques de la gestion des catastrophes est d’en connaître l’évolutivité. Quelle est celle de la CoViD-19? Un questionnaire a été adressé à des confrères de 14 pays situés dans la zone chaude intertropicale pour établir une comparaison avec deux pays tempérés. Nous avons pu disposer des cas relevés et des conditions météorologiques de six îles françaises et de six pays africains francophones pour lesquels les mesures barrières gouvernementales ont été identiques à celles prises en Italie et en France. Le rôle positif de la température qui diminue la diffusion de la CoViD-19 et sa létalité a pu être mis en évidence. Dans les îles tropicales françaises, les cas importés (avions, bateaux) ont représenté en moyenne 33% de la totalité des cas sans influence sur la propagation virale, restée faible. La saisonnalité de la CoViD-19 doit faire craindre son retour à l’entrée de l’hiver et inciter à mieux préparer personnels et moyens. Summary One of the classic factors in disaster management is knowing its scalability. What is it in the case of CoViD-19? A questionnaire was sent to our colleagues from 14 countries located in the intertropical hot zone to establish a comparison with two temperate countries. We were able to collect the recorded cases and weather conditions from six French islands and six French-speaking African countries for which the government barrier measures were identical to those taken in Italy and France. We highlighted the positive role of temperature, which decreases the diffusion and the lethality of CoViD-19. In the French tropical islands, imported cases (by air, ships) represented a large percentage of cases (33% on average) which had no influence on the viral spread, which remained low. The seasonality of CoViD-19 should raise concern for its return at the start of winter and encourage better preparation of personnel and resources. Evolutionary disaster, what would be the influence of weather conditions on the evolution of the CoViD-19 pandemic? Henri Julien a , Claude-Pierre Giudicelli b , Jean-Pierre Carpentier c a Président de la Société française de médecine de catastrophe, membre de l'Académie de médecine. b Membre de l'Académie de médecine. c Membre de la Société française de médecine de catastrophe. Auteur correspondant : Henri Julien. Président de la Société française de médecine de catastrophe, 1, place Alphonse Laveran, 75230 Paris Cedex 05. Mail : henrifjulien@orange.fr Une des préoccupations classiques de la gestion des catastrophes est d'en connaître l'évolutivité. Quelle est celle de la CoViD-19 ? Un questionnaire a été adressé à des confrères de 14 pays situés dans la zone chaude intertropicale pour établir une comparaison avec deux pays tempérés. Nous avons pu disposer des cas relevés et des conditions météorologiques de six îles françaises et de six pays africains francophones pour lesquels les mesures barrières gouvernementales ont été identiques à celles prises en Italie et en France. Le rôle positif de la température qui diminue la diffusion de la CoViD-19 et sa létalité a pu être mis en évidence. Dans les îles tropicales françaises, les cas importés (avions, bateaux) ont représenté en moyenne 33% de la totalité des cas sans influence sur la propagation virale, restée faible. La saisonnalité de la CoViD-19 doit faire craindre son retour à l'entrée de l'hiver et inciter à mieux préparer personnels et moyens. Survenue au milieu de l'hiver, la propagation de l'épidémie de CoVid-19 sera-t-elle ralentie quand reviendront les beaux jours, à l'exemple de beaucoup de viroses de transmission aérienne ? Les conditions météorologiques sont-elles un des facteurs de la transmission du SARS-CoV 2 et du développement de la maladie ? Dès le mois d'avril, des contacts avec des membres de la Société française de médecine de catastrophe (SFMC) ont fait concevoir l'idée de moindre développement de l'épidémie dans la zone intertropicale, notamment dans les départements d'Outre-mer [1]. L'étude de l'évolution de l'épidémie dans la zone intertropicale comparée à celle des pays tempérés pourrait-elle apporter des arguments en faveur de la météo-sensibilité du SARS-CoV-2 ? Une enquête a été lancée, incluant des départements français et des pays africains dans lesquels étaient disponibles des membres ou des correspondants de la SFMC. Le but a été de relever les données épidémiologiques de la CoViD-19 et les facteurs météorologiques locaux. La comparaison avec deux pays tempérés, la France et l'Italie, a été retenue. L'Académie de médecine a soutenu cette initiative qui a donné lieu à une recommandation [2] . La situation sanitaire lors de l'épidémie de CoViD-19 a été exceptionnelle par l'augmentation brutale des besoins et le manque de moyens pour y faire face. Citons la carence de masques, de gel hydro-alcoolique, de matériel de réanimation, d'équipements de protection des soignants. A cette insuffisance logistique s'ajoute comme dans toute catastrophe, la nécessité d'adapter les techniques de soin, de réorganiser le soutien logistique y compris par le déploiement d'hôpitaux de campagne ou le transfert de malades (ambulances médicalisées, aéronefs, TGV, bateaux), d'assurer le management de la crise en respectant les bonnes règles de transparence, de concertation, de confiance et de valorisation des équipes. La CoViD-19 a bien été une catastrophe avec cet élément de surprise décrit par Patrick Lagadec [3] . Cette catastrophe est évolutive, ce qui en complique sa gestion. Le but principal de l'étude n'est pas du champ de la virologie de l'épidémiologie, mais de tenter de préciser le facteur évolutif, élément déterminant du management de cette crise. Le coronavirus est un virus à ARN plus fragile que les virus à ADN. Sa durée de survie à l'air libre est mal connue. Quelques travaux ont précisé la persistance du matériel génétique sur divers supports [4, 5] par rapport au SARS-CoV-1 [6] . Ils ont montré la persistance du virus dans les aérosols jusqu'à trois heures et, sur diverses surfaces, de quelques heures à plusieurs jours. Cependant la capacité de contamination des fragments génétiques viraux repérés n'est pas abordée. La transmission interhumaine est le fait d'émissions de gouttelettes (pfludge, droplets nuclei de Wells) dont la distance de chute au sol en fonction de l'évaporation a été calculée dès 1934 [7, 8] . Elles peuvent rester en suspension dans l'air confiné jusqu'à six heures, le degré d'hygrométrie et la température intervenant sur la rapidité de dessiccation des gouttelettes et de leur contagiosité [9] . Lors de l'épandage aérien de particules ou de gaz (fumée d'incendie, volcanisme, accident nucléaire ou chimique) les données météorologiques sont déterminantes pour orienter les secours. La pluie précipite les particules au sol, le vent disperse les effluents, une inversion thermique accentue la concentration dans l'air. Le rôle déterminant des gouttelettes porteuses de virus, émises lors des mouvements respiratoires accessoires (toux, éternuements, effort), a conduit à étudier l'influence des facteurs modifiant l'atmosphère : la température, le degré hygrométrique, l'ensoleillement, le rayonnement UV et la pluviométrie. Une sensibilité saisonnière du SARS-CoV-2, pourrait réduire le génie épidémique de la CoViD-19, éventuellement entraîner une réactivation hivernale à laquelle il faut se préparer [10, 11] . Afin de définir l'incidence de la CoViD-19 au sein d'une population donnée, le concours de correspondants, membres de la SFMC, qui exercent une activité professionnelle dans diverses zones géographiques a été sollicité. Ce travail n'a pas la prétention d'être un article épidémiologique, mais vise à informer les personnels de soins et de secours impliqués dans la réponse à la CoViD-19 et à les alerter sur un point important l'évolutivité probable de la maladie. Les données rapportées sont issues de rapports officiels durant la période correspondante pour chaque point géographique s'étendant du premier cas recensé à début mai. Les éléments les plus fiables retenus : ont été le nombre des cas confirmés et des décès. Les données météorologiques ont eu des origines très variées. Seule la température a pu faire l'objet d'une étude pour l'ensemble des pays. L'exclusion de la Guyane et du Gabon où règne un fort niveau d'hygrométrie pendant la saison des pluies, limite l'analyse du facteur hygrométrie à la zone tropicale et la période considérée. Le rôle de la pluviométrie n'a pas été finement analysé du fait de l'imprécision des données disponibles. Le nombre d'hospitalisations n'a pas été retenu, les modes d'hospitalisation n'étant pas homogènes ou renseignés, concernant des patients hospitalisés soit en service de médecine, soit en réanimation. Les résultats sont conformes à ceux de publications récentes concernant la CoViD-19. La forte relation entre les saisons et l'émergence des infections virales de l'arbre respiratoire a été rappelée dès les mois de février-mars [4, 13] . Début avril, la question de la thermo-sensibilité du SARS-CoV-2 a été évoquée [11, 14] . L'importance du facteur climatique pour le développement de la CoViD-19 a été rapportée par Abdullahi IN et al dans un article étudiant la morbidité relative relevée dans chacun des pays victimes de la pandémie. L'auteur y suggère l'existence d'une saisonnalité de la maladie [5] . Deux études quantifient l'effet de l'accroissement de la température sur la transmission de la maladie. Ainsi à l'augmentation d'un degré de température moyenne correspondrait une diminution de 1,44 du nombre de cas quotidiens au Brésil [15] , de 3,08% en Chine [16] associée dans ce dernier pays à une diminution de la mortalité de 1,19%, ce qui conforte les analyses de notre étude. L'influence de la pluviométrie qui a été évoqué par Prata DN et al, n'a pu être évaluée [17] . La CoViD-19 est une maladie à transmission aérienne prédominante. Cette étude n'avait pas pour but d'évaluer chacun des facteurs épidémiologiques complexes de la transmission du SARS-CoV-2, mais de déterminer quels sont les éléments prédictifs de l'évolution de la crise sanitaire. La température est apparue comme un facteur déterminant. Cette notion est également affirmée dans différentes publications, dont certaines ont même établi une proportionnalité inverse entre d'une part la température et d'autre part l'incidence. Les conditions météorologiques ne doivent pas être négligées dans le management de la pandémie CoViD-19. Les relevés météorologiques standardisés doivent être effectués en même temps que le suivi de l'évolution du nombre des malades afin de disposer de facteurs prédictifs solides. L'évolution favorable constatée en cette fin de printemps, si elle est confirmée au cours de l'été 2020 ne doit pas conduire à un désarmement des services. Elle doit au contraire inciter à un suivi des conditions météorologiques et à la préparation d'un retour de la maladie dès que la température moyenne va baisser, si le virus SARS-CoV-2 se conduit comme la plupart des autres coronavirus ou celui de la grippe. Que déduire des études évaluant l'effet du climat sur la CoViD-19 ? Communiqué de l'Académie nationale de médecine La Gestion des crises Persistence of coronaviruses on inanimate surfaces and their inactivation with biocidal agents. The Journal of Hospital Infection Exploring the genetics, ecology of SARS-CoV-2 and climatic factors as possible control strategies against COViD-19 Aerosol and surface stability of HCoV-19 (SARS-CoV-2) compared to SARS-CoV-1. NEJM Airborne contagion and air hygiene On air-borne infection. Study II. Droplets and droplet nuclei Genève: Organisation mondiale de la santé Spread of Sars-CoV-2 Coronavirus likely to be constrained by climate Le CoVID-19 est-il sensible à la météo ? Emission France Culture Potential impact of seasonal forcing on a SARS-CoV-2 pandemic Correlation between weather and CoVID-19 pandemic in Jakarta Temperature significantly changes CoVID-19 transmission in sub-tropical cities in Brazil Effects of temperature and humidity on the daily new cases and new death of CoVID-19 in 166 countries Association between climate variables and global transmission of SARS-CoV-2