key: cord-0888340-6at05ins authors: Regas, Inès; Pichonnat, Marine; Pluvy, Isabelle; Obert, Laurent; Bellemère, Philippe; Chaves, Camilo; Loisel, François title: L’impact du COVID-19 en chirurgie de la main: étude comparative rétrospective française dans des centres SOS main COVID-19 et non COVID-19 date: 2021-10-15 journal: Revue de chirurgie orthopedique et traumatologique DOI: 10.1016/j.rcot.2021.10.015 sha: e49b8ad5ed4a9d8dfe2f11c9a87314005a1720ca doc_id: 888340 cord_uid: 6at05ins Introduction: En 2020, la pandémie a divisé la France en zone COVID-19 et non COVID-19. L’objectif principal de notre étude était de comparer la variabilité de l’activité chirurgicale et de consultation de 2 centres SOS main entre la période de pandémie et hors pandémie. Les objectifs secondaires étaient d’identifier les patients à risque afin de développer des moyens de prévention en traumatologie de la main. Méthodes: Il s’agit d’une étude rétrospective bi-centrique à visée épidémiologique sur les admissions aux urgences traumatologiques pendant le premier confinement français. Les données ont été comparées à la même période en 2019 (groupe contrôle). 2055 patients ont consulté pour un traumatisme de la main ou du poignet. Résultats: En 2020, l’activité des centres SOS main a diminué de 35% en zone COVID-19 contre 24% en zone non COVID-19 par rapport à la même période en 2019 (p<0,0001 IC95 6,5-15,6). En comparant 2019 et 2020, l’incidence des plaies a augmenté en zone COVID-19 (58% vs 78% p<0,0001) et diminué en zone non COVID-19 (55% vs 50% p<0,0001). Les plaies complexes (16% vs 35% p<0,0001 et 15% vs 17% p<0,0001) et les fractures ouvertes (8% vs 14% p 0,019 et 4,5% vs 5,3% p<0,0001) ont augmenté dans les 2 zones pendant la pandémie. Le taux d’hommes travailleurs non manuels blessés lors d’accidents de la vie courante (76% vs 36% p<0.0001) est majoré toute zone confondue. Conclusion: Les traumatismes de la main et du poignet sont moins fréquents mais plus graves pendant la pandémie comparativement à la même période en 2019. En encourageant la population à être consciente des risques et des moyens pour les éviter, comme une meilleure information et le respect de consignes de sécurité, nous pourrions minimiser ces risques. Ces données peuvent être utiles à la planification de stratégies de prévention pour de futurs confinements. Niveau de preuve: III; étude cas contrôle Introduction En 2020, la pandémie a divisé la France en zone COVID-19 et non COVID-19. L'objectif principal de notre étude était de comparer la variabilité de l'activité chirurgicale et de consultation de 2 centres SOS main entre la période de pandémie et hors pandémie. Les objectifs secondaires étaient d'identifier les patients à risque afin de développer des moyens de prévention en traumatologie de la main. Méthodes Il s'agit d'une étude rétrospective bi-centrique à visée épidémiologique sur les admissions aux urgences traumatologiques pendant le premier confinement français. Les données ont été comparées à la même période en 2019 (groupe contrôle). 2055 patients ont consulté pour un traumatisme de la main ou du poignet. Résultats En 2020, l'activité des centres SOS main a diminué de 35% en zone COVID-19 contre 24% en zone non COVID-19 par rapport à la même période en 2019 (p<0,0001 IC95 6, [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] 6) . En comparant 2019 et 2020, l'incidence des plaies a augmenté en zone COVID-19 (58% vs 78% p<0,0001) et diminué en zone non COVID-19 (55% vs 50% p<0,0001). Les plaies complexes (16% vs 35% p<0,0001 et 15% vs 17% p<0,0001) et les fractures ouvertes (8% vs 14% p 0,019 et 4,5% vs 5,3% p<0,0001) ont augmenté dans les 2 zones pendant la pandémie. Le taux d'hommes travailleurs non manuels blessés lors d'accidents de la vie courante (76% vs 36% p<0.0001) est majoré toute zone confondue. Conclusion Les traumatismes de la main et du poignet sont moins fréquents mais plus graves pendant la pandémie comparativement à la même période en 2019. En encourageant la population à être consciente des risques et des moyens pour les éviter, comme une meilleure information et le respect de consignes de sécurité, nous pourrions minimiser ces risques. Ces données peuvent être utiles à la planification de stratégies de prévention pour de futurs confinements. Niveau de preuve : III; étude cas contrôle Mots-clefs : Chirurgie de la main, COVID-19, Epidémiologie, Plaies, SOS-main, Urgences, La pandémie de COVID-19 a affecté la France dès le début de l'année 2020, en particulier le Nord-Est du pays. Les patients avec des facteurs de risques tels que l'obésité, l'immunodépression et l'âge avancé ont présenté plus de formes graves d'infection nécessitant une hospitalisation en réanimation [1] . L'Etat Français a pris des mesures restrictives en imposant un confinement du 17 mars 2020 au 11 mai 2020. Les régions ont été divisées en deux zones : « rouge », COVID-19 ou « verte», non COVID-19 selon le taux d'incidence du virus et les capacités d'accueil des services de réanimation [2] . Les hôpitaux ont déprogrammé les opérations chirurgicales qualifiées de non urgentes dans le but de libérer des lits et du personnel pour ces nouveaux malades [3, 4] . La pratique de la chirurgie de la main a été impacté avec des modifications des pratiques professionnelles [5] . L'activité de certains centres SOS main français a diminué de 64.9% [6] et de 20% à l'étranger [7] . L'objectif principal était de comparer l'incidence des pathologies d'urgences de 2 centres SOS main, en zone COVID-19 et zone non COVID-19 entre la période du premier confinement français de la pandémie COVID-19 et hors pandémie (sur la même période en 2019 = groupe témoin) Les objectifs secondaires étaient d'identifier les patients à risque afin de développer des moyens de prévention en traumatologie de la main. Il s'agissait d'une étude rétrospective bi-centrique comparative à visée épidémiologique sur les admissions aux urgences traumatologiques de deux centres agréés SOS main par la FESUM pendant le premier confinement français du 17 mars 2020 au 11 mai 2020. Les données ont été comparées à l'épidémiologie de la même période en 2019. Cette période a été sélectionnée afin de minimiser la variabilité saisonnière des incidences des traumatismes de la main. Données recueillies (Fig. 1) Les données ont été recueillies de manière anonyme dans un fichier Excel protégé, selon les recommandations STROBE et STROCCS. Les patients ont donné leur consentement pour l'utilisation des données en accord avec la convention d'Helsinki. J o u r n a l P r e -p r o o f Nous avons classé la sévérité de la lésion en deux catégories : -Traumatisme simple uni-lésionnel, -Traumatisme complexe ou pluri-lésionnel, lorsqu'il existait une atteinte d'au moins deux tissus ou une atteinte de plusieurs doigts Tous les patients inclus étaient âgés de plus de 15 ans , se sont présentés dans un de nos centres SOS main, avec une ou plusieurs lésions post-traumatiques, ou infection de la main et du poignet Les patients exclus étaient les mineurs de moins de 15 ans (pris en charge dans une autre unité), ou les polytraumatisés présentant des lésions associées aux traumatismes de la main ou du poignet, ou les patients ne présentant pas de traumatisme de la main ou du poignet, ou ne souhaitant pas rentrer dans notre protocole de prise en charge. 67% p<0,0001) . Incidence des pathologies L'objectif principal de cette étude était de comparer la variabilité de l'incidence des pathologies d'urgences de 2 centres SOS main entre la période du premier confinement de la pandémie COVID-19 et hors pandémie. Le taux de consultations a diminué de 35% en zone COVID-19 vs de 24% en zone non COVID-19 entre 2019 et 2020. Cette diminution a été observée en France [6] et à l'étranger [8, 9] . [7] . Les infections des parties molles sont moins fréquentes mais plus graves avec une diminution du taux de panaris et d'une augmentation du taux d'abcès en zone COVID-19 vs non COVID-19 sans augmentation du délai de consultation. Comparativement à 2019, les infections des parties molles sont moins fréquentes en zone COVID-19 et plus fréquentes en zone non COVID-19. A l'inverse, certains auteurs démontrent une majoration de l'incidence des infections en zone COVID-19 (8,7% vs 5,1%, p = 0,0299) [6] . La variabilité des incidences des infections peut être expliquée par une meilleure hygiène des mains, une diminution de l'onychophagie par peur de contamination par COVID-19. Elle peut être aussi secondaire au confinement avec une nette augmentation des accidents domestiques manuelles ou de bien-être de bricolage, jardinage, ou pêche [6] . En un an, l'incidence des consultations a significativement diminué dans le cadre d'accidents du travail et significativement augmenté dans le cadre d'accidents de la vie courante dans les 2 zones. Cette variabilité est propre au confinement avec une baisse drastique du taux d'accidents de la route, du travail, des loisirs et du sport, ainsi qu'une nette augmentation des accidents domestiques [6] . Dans notre étude, la proportion d'indications chirurgicales a été significativement plus importante en 2020 qu'en 2019 (+8% p=0,021) en zone COVID-19 sans différence significative en zone non COVID-19. Cette augmentation des indications de prise en charge chirurgicale en zone COVID-19 a pu être constatée en France [6] et à l'étranger [10] . Il semblerait que les patients aient consulté pour des motifs plus graves qu'en période hors pandémie. Notre étude n'a pas mis en évidence de modification significative du délai de consultation. Le retard de consultation peut être dû à une crainte de la transmission de la COVID-19 en milieu hospitalier [10] . Notre étude présente des biais de sélection avec un taux de travailleurs manuels plus important dans la zone COVID-19 étudiée. Très ancrée dans la zone COVID-19 étudiée, l'agriculture représente 4% de la valeur ajoutée régionale contre 1,7 % en France métropolitaine [11] . La zone COVID-19 étudiée compte plus de travailleurs manuels (34,2% vs 33,8%) avec plus d'agriculteurs (2,6% vs 2,4% ) et d'artisans (6,7% vs 6,2%) mais moins d'ouvriers (24,9% vs 25,2%) que zone non COVID-19 étudiée [11] . Une autre limite peut être le fait que le centre non COVID-19 soit un centre SOS main privé comparativement au centre hospitalier COVID-19 étudié qui est pluridisciplinaire. Ceci peut expliquer le taux de consultation de nos deux centres. Cette étude épidémiologique met l'accent sur une modification du profil des blessés avec une augmentation significative d'hommes travailleurs non manuels blessés lors d'accidents de la vie courante entre 2019 et 2020 toute zone confondue (61% vs 70% p 0.002). Ce taux plus important de traumatisme de la main chez des travailleurs non manuels lors d'activités de bricolage à domicile est retrouvé en France avec des pourcentages élevés d'hommes, de plaies traitées chirurgicalement, lors d'accidents domestiques [6, 12] . En France et à l'étranger, la population générale s'est occupée avec des projets de cuisine [10] , de jardinage, de bricolage [6] ou autres travaux manuels à domicile. Le confinement pendant la pandémie diminue le nombre de traumatismes de la main et du poignet. Certains pays n'ont pas encore fait l'expérience d'un confinement, cette option permettrait de désengorger les services de traumatologie. Nous pouvons tirer de cette étude l'importance de l'utilisation des moyens de protection individuelle ainsi que des sécurités d'outils électriques et thermiques lors de la réalisation de travaux manuels professionnels ou domestiques. Une focalisation sur la prévention des traumatismes de la main et du poignet pourrait être bénéfique en termes de santé publique. Les données de NHS Digital démontrent 25000 admissions hospitalières pour des accidents de bricolage et de jardinage entre 2014 et 2017 [13] . En 2020, il y aurait plus de plus de 4800 admissions supplémentaires secondaires à des blessures par outils électriques comparativement à 2019 [13] . Ces consultations sont responsables de coûts importants, en raison d'arrêts de travail, de frais médicaux et de perte de productivité [14] . En encourageant la population à être consciente des risques et des moyens pour les éviter, l'information sur les mesures de protection et de prévention comme le port de gants ou le respect de consignes de sécurité lors de l'utilisation d'outils électriques, l'utilisation de loquets de sécurité, ou de loquets de porte, nous pouvons minimiser ces risques [15] . L'information sur la nécessité d'entretenir son matériel, de se protéger avec une tenue protectrice adaptée et d'apprendre les gestes considérés comme dangereux nécessitent d'être améliorés pour les activités manuelles [16] . Des campagnes nationales de prévention pourraient renforcer l'information et la prévention des traumatismes de la main comme celle organisée par le FESUM [17, 18] . Même si le délai de consultation avant les infections ne semble pas modifié dans notre étude, nous insistons également l'importance de se rendre aux urgences même en période de pandémie afin de prendre en charge au plus vite les traumatismes de la main pouvant se compliquer d'infection voire même d'amputation de rayon si le recours à un médecin spécialiste se faisait trop attendre. Les mesures de confinement mises en place pourraient avoir un retentissement psychologique et social négatif, soulignant la nécessité des mesures de prévention psychologique, de surveillance et d'accès aux soins [19] [20] [21] . L'orientation des patients vers un centre de traumatologie de la main permet une meilleure organisation, une amélioration du taux et de la rapidité de la reprise des activités professionnelles [22] . Lors de pandémie et notamment celle de la COVID-19, tous les moyens sont mis en oeuvre afin d'accueillir les patients dans les conditions sanitaires les plus sûres. Clinical features of patients infected with 2019 novel coronavirus in Wuhan Décret n° 2020-293 du 23 mars 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de covid-19 dans le cadre de l A Review of State Guidelines for Elective Orthopaedic Procedures During the COVID-19 Outbreak Guidelines for Ambulatory Surgery Centers for the Care of Surgically Necessary/Time-Sensitive Orthopaedic Cases During the COVID-19 Pandemic COVID-19: Initial experience of an international group of hand surgeons Impact of the COronaVIrus Disease Trauma center activity and surge response during the early phase of the COVID-19 pandemic-the Philadelphia story The Impact of Coronavirus Disease 2019 (COVID-19) on the Practice of Hand Surgery in Singapore COVID-19: Initial experience of hand surgeons in Northern Italy Variation in volumes and characteristics of hand trauma patients seen during the early COVID-19 lockdown in a central London Plastic Surgery Unit Comparateur de territoire -Insee Hand injuries treated at a hand emergency center during the COVID-19 lockdown NHS urges public to take care over the weekend Economic impact of hand and wrist injuries: health-care costs and productivity costs in a population-based study Focusing on hand injury prevention would ensure vital benefits for the public and the NHS Woodworking injuries: a comparative study of work-related and hobby-related accidents Experience of a national campaign for hand trauma prevention in France A national campaign for the prevention of hand accidents Recommendations of protective measures for orthopedic surgeons during COVID-19 pandemic Suicide risk and prevention during the COVID-19 pandemic Factors Associated With Mental Health Disorders Among University Students in France Confined During the COVID-19 Pandemic Epidemiology and socio-economic aspects of hand injuries