key: cord-0831917-rvp509ie authors: Harboun, Marc; Verdun, Stéphane; Brénière, Valérie; Luquel, Laurence; Jourdan, M.; Malherbe, Adèle De title: Séroprévalence, facteurs de risque et présentation clinique après la première vague COVID-19 dans les EHPAD du groupe UNIVI: étude SEROCOVID date: 2021-10-21 journal: Rev Med Interne DOI: 10.1016/j.revmed.2021.10.330 sha: 908515fa6ebeae2b42ef47b1955213df8ba2aa38 doc_id: 831917 cord_uid: rvp509ie Introduction. La pandémie causée par l’infection à SARS-COV-2 a diffusé rapidement au cours de la « première vague » dans l’ensemble de la France entre Mars et Mai 2020. Elle a été responsable d’une mortalité élevée parmi les personnes avec des comorbidités et les personnes âgées qui vivaient en EHPAD. En Mai 2020, 75 % des décès chez les personnes de plus de 75 ans étaient survenus en EHPAD. Il est difficile d’estimer précisément la prévalence de l’infection COVID-19 pendant cette période car seuls 50 % des diagnostics réalisés en EHPAD ont pu être fait par RT-PCR. Pendant cette période, le diagnostic reposait essentiellement sur la symptomatologie clinique des résidents. Population et méthodes. Nous avons réalisé une étude prospective chez les résidents de 27 EHPAD (étude SEROCOVID) entre le 31 Août et le 16 Octobre 2020 par l’utilisation de séro-tests rapides ELISA réalisés par piqûre au bout du doigt. Nous avons recherché la séroprévalence par l’utilisation des séro-tests rapides ainsi que la prévalence globale en cumulant les résultats positifs de la RT-PCR si elle avait été faite et du séro-test rapide. Les objectifs secondaires étaient l’étude des facteurs de risque d’infection en analyse multivariée, ainsi que la description des symptômes qui avaient conduit au diagnostic. Résultats. Mille cent quarante cinq résidents ont été inclus, âgés en moyenne de 89 ± 7,5 ans (femmes 78,7 %). Le délai entre la maladie COVID-19 et le séro-test rapide réalisé à l’inclusion était en moyenne égal à cinq ± 1,7 mois. La prévalence estimée par les trois méthodes d’évaluation diagnostique (diagnostic médical, RT-PCR ou par séro-test rapide ELISA) était égale à 14 %. La prévalence globale, estimée en combinant les résultats des RT-PCR et des séro-test rapide ELISA, était estimée à 22,7 %. L’étude des facteurs de risque en analyse multivariée mettait en évidence que les résidents d’EHPAD les plus dépendants, vivant en unité protégée en raison de troubles du comportement ou dont on avait identifié un contact proche avec une personne atteinte de la COVID-19, avaient été significativement plus souvent contaminés. Enfin, les symptômes les plus fréquemment observés chez les résidents d’EHPAD différaient de ceux des plus jeunes avec des particularités gériatriques, telles que la fréquence des symptomatologies digestives et des syndromes gériatriques. La fièvre n’avait été observée que dans un tiers des cas chez les personnes âgées. Les troubles olfactifs et du goût étaient peu décrits chez les résidents. Conclusion. Notre étude rappote une estimation de la prévalence globale ainsi que la séroprévalence moyenne de la maladie COVID-19 chez des résidents d’EHPAD cinq mois après le diagnostic de la maladie COVID-19. La différence entre les deux estimations peut être expliquée par la fragilité et la baisse de l’immunité chez les résidents d’EHPAD. C’est pourquoi, elle nécessiterait d’être réactivée par la vaccination de l’ensemble de résidents, même ceux déjà infectés par le SARS-COV-2. Ces éléments corroborent la stratégie gouvernementale de vaccination déployée chez l’ensemble des résidents d’EHPAD indépendamment de leur contact antérieur avec le virus. Introduction. The pandemic caused by SARS-COV-2 infection spread rapidly during the “first wave” through France between March and May 2020. It was responsible for high mortality in subjects with comorbidities and the elderly who lived in nursing homes. In May 2020, 75% of the deaths occurred in people over 75 years old in nursing homes. It is difficult to estimate accurately the prevalence of COVID-19 infection during this period because only 50% of the diagnoses in nursing homes were made by RT-PCR. During this period, the diagnosis was mainly based on the clinical symptoms. Population and methods. We carried out a prospective study among residents of the 27 EHPADs in the UNIVI group (SEROCOVID study) between August 31 and October 16, 2020 using rapid ELISA serotests carried out by pricking the fingertip. We looked for the seroprevalence by the use of rapid serotests as well as the overall prevalence by cumulating the positive results of the RT-PCR when done and of the rapid serotest. The secondary objectives were the study of risk factors for infection by multivariate analysis as well as the description of the symptoms that led to the diagnosis. Results. 1145 residents were included aged on average 89 ± 7.5 years old (female 78.7%). The time between the COVID-19 disease and the rapid inclusion serotest was on average 5 ± 1.7 months. The prevalence estimated by the three diagnostic evaluation methods (medical diagnosis, RT-PCR or by rapid serotest ELISA) is about 14%, underestimated compared to the overall prevalence at 22.7%. The study of risk factors in multivariate analysis shows that the most dependent residents, living in a protected unit due to behavioral disorders or whose close contact with a person with COVID-19 had significantly higher rates of infection. Finally, the symptoms most frequently observed in residents differed from those in younger subjects with geriatric characteristics, such as the higher frequency of digestive symptoms and geriatric syndromes. Fever has only been observed in one third of cases in the elderly. Smell and taste disorders were seldom described. Conclusion. Our study provides an estimate of the overall prevalence as well as the mean seroprevalence of COVID-19 in EHPAD residents five months after the diagnosis of COVID-19 disease. The difference between the two estimates is probably explained by the frailty and decreased immunity of the nursing home residents. Therefore, it would need to be reactivated by vaccination of all residents, even those already infected with SARS-COV-2. These elements corroborate the governmental strategy of vaccination deployed in all residents of EHPAD regardless of their previous contact with the virus. Résultats. Mille cent quarante cinq résidents ont été inclus, âgés en moyenne de 89 ± 7,5 ans (femmes 78,7 %). Le délai entre la maladie COVID-19 et le séro-test rapide réalisé à l'inclusion était en moyenne égal à cinq ± 1,7 mois. La prévalence estimée par les trois méthodes d'évaluation diagnostique (diagnostic médical, RT-PCR ou par séro-test rapide ELISA) était égale à 14 %. La prévalence globale, estimée en combinant les résultats des RT-PCR et des sérotest rapide ELISA, était estimée à 22,7 %. L'étude des facteurs de risque en analyse multivariée mettait en évidence que les résidents d'EHPAD les plus dépendants, vivant en unité protégée en raison de troubles du comportement ou dont on avait identifié un contact proche avec une personne atteinte de la COVID-19, avaient été significativement plus souvent contaminés. Enfin, les symptômes les plus fréquemment observés chez les résidents d'EHPAD différaient de ceux des plus jeunes avec des particularités gériatriques, telles que la fréquence des symptomatologies digestives et des syndromes gériatriques. La fièvre n'avait été observée que dans un tiers des cas Le syndrome respiratoire aigu sévère en rapport avec le SARS-COV-2 a été signalé pour la première fois en décembre 2019 en Chine. En février 2020, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a nommé la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) [1, 2] , la maladie causée par le SARS-COV-2 et en mars 2020, a déclaré l'état de pandémie [3, 4] . La COVID-19 a été rapidement décrite en France et a été associée à un taux de mortalité élevé, en particulier chez les personnes âgées. En mai 2020, après le pic de la première épidémie, 4,5 % de la population française avait une sérologie SARS-COV-2 positive, mesurée à partir du dosage des anticorps IgG par méthode ELISA. Cette séroprévalence nationale française est proche de celle observée dans les pays européens. Ces résultats sont issus de la première partie d'une étude épidémiologique et des conditions de vie (EpiCov) liées à la COVID-19, réalisée en mai 2020 auprès de 370 000 personnes tirés au sort [5] . Après la première vague de COVID-19, la situation de l'épidémie dans les établissements médico-sociaux et gériatriques montre que les personnes âgées comorbides et dépendantes ont été fortement touchées selon les données publiées par Santé publique France. Du début de l'épidémie à mai 2020, 63 % des signalements provenaient de maisons de retraite médicalisées et 37 % d'autres établissements médico-sociaux dont près de 50 % des cas avaient été confirmés par PCR. Durant la même période, parmi l'ensemble des décès survenus chez les personnes âgées de plus de 75 ans, 75 % étaient décédés dans des établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et 25 % dans des hôpitaux. Le confinement a permis une diminution significative et continue du nombre de signalements dans les EHPAD, en particulier dans les régions les plus touchées [6] . Les tests sérologiques rapides ELISA permettent d'obtenir le statut immunologique (détection des anticorps IgG) en 15 minutes après un prélèvement sanguin par piqûre au doigt [7] . Ils ne peuvent pas être utilisés dans la phase aiguë de la maladie, mais peuvent confirmer le statut sérologique après une infection probable. La sensibilité du test est proche de 100 % [8] . Ce test est entré en pratique courante à partir de mai 2020 dans les établissements médico-sociaux après leur validation par la Haute Autorité de Santé (HAS) dans les études épidémiologiques [9] . L'objectif principal était d'étudier la prévalence estimée selon les différentes méthodes diagnostiques (médical, séroprévalence estimée par tests sérologiques rapides ou par PCR) à Les seuls critères d'inclusion étaient d'avoir bénéficié d'un séro-test rapide ELISA, et que la non-opposition du résident, de son représentant légal ou de sa personne de confiance ait pu être recueillie. Il s'agit d'une étude prospective transversale observationnelle, permettant d'avoir un état des lieux de la situation dans les EHPAD après la première vague de la COVID-19. Les données ont été recueillies à l'aide d'un questionnaire, complété par une infirmière, puis retranscrits dans un cahier d'observation électronique (e-CRF). Les critères retenus étaient les suivants, recueillis dans le dossier du résident à l'exception du séro-test : personnes âgées intervient dans l'efficacité de la réponse immunitaire à la vaccination qui sera atténuée et moins protectrice en cas de dénutrition [11] . Il faut mentionner le rôle de l'immunosénescence définie comme la détérioration progressive du système immunitaire avec le vieillissement avec la diminution des capacités d'adaptation de l'immunité médiée par les lymphocytes B et T en réponse aux agents pathogènes. Ce phénomène augmente la sensibilité et la gravité de la pathologie infectieuse dans la population âgée fragiles [12] . L'immunosénescence a des impacts majeurs sur la fonction phénotype et « mémoire » des récepteurs des lymphocytes T chez les personnes âgées, entravant notamment les réponses protectrices induites par la vaccination contre le virus de la grippe saisonnière [13] . Les lymphocytes T, à la base de la protection immunitaire adaptative et à la vaccination jouent un rôle essentiel en aidant à la production d'anticorps neutralisants [14] . Dans le cas du SARS-COV-2, il a été montré des réponses spécifiques par des lymphocytes T CD4. Cependant la durée de la persistance des lymphocytes T mémoire spécifiques au SARS-COV-2 reste à établir [14] . s'étaient pas auto-confinés avec leurs résidents [15] . D'autres facteurs de risque, tels que la densité populationnelle de la région, le nombre de résidents et le nombre de soignants au sein de l'EHPAD semblent associés à un risque plus élevé d'infection COVID-19 [15] [16] [17] [18] J o u r n a l P r e -p r o o f croiser les résultats de la RT-PCR à ceux du séro-test rapide afin d'augmenter la sensibilité du diagnostic COVID-19. Le diagnostic posé par le clinicien concordait à 50 % avec le diagnostic par RT-PCR malgré le peu d'information dont disposaient les cliniciens sur les éléments diagnostics pendant la première vague. Un grand nombre de présentations atypiques (diarrhées, confusion...) ou peu symptomatiques (asthénie...) ont augmenté le risque de ne pas diagnostiquer l'infection à SARS-COV-2, d'autant plus que l'accès à la RT PCR n'était pas toujours possible. C'est pourquoi, il est vraisemblable que la prévalence rapportée dans la littérature ait été sous-estimée. Notre étude épidémiologique réalisée chez des résidents de 27 EHPAD entre les deux vagues épidémiques de l'infection à SARS-COV-2 a permis d'estimer la prévalence par les différentes méthodes diagnostiques chez les résidents pendant la première vague épidémique ainsi que la séroprévalence cinq mois après l'épidémie. La séroprévalence était égale à 14% pour une prévalence globale égale à 23 % en rapport avec l'immunosénescence. Ces éléments vont dans le sens d'une stratégie de vaccination des résidents d'EHPAD indemne ou ayant eu un contact avec le virus depuis plus de trois mois. Notre étude souligne également la difficulté à faire respecter les gestes barrières à l'ensemble des résidents et le risque de méconnaître le diagnostic de COVID-19 chez les plus âgées en raison de particularités gériatriques. Remerciements : A l'ensemble des médecins et infirmières coordinatrices des EHPAD du groupe UNIVI qui participer au recueil des données A novel coronavirus from patients with pneumonia in China A new coronavirus associated with human respiratory disease in China World Health Organization declares global emergency: A review of the Novel coronavirus disease (COVID-19): a pandemic (epidemiology, pathogenesis and potential therapeutics) Connaître le statut immunitaire de la population pour guider la décision publique 2020 COVID-19 : Point épidémiologique du 7 Development and clinical application of a rapid IgM-IgG combined antibody test for SARS-CoV-2 infection diagnosis Analytical performances of five SARS-CoV-2 whole-blood finger-stick IgG-IgM combined antibody rapid tests Place des tests sérologiques rapides (TDR, TROD, autotests) dans la stratégie de prise en charge de la maladie COVID-19 Pattern of SARS-CoV-2 infection among dependant elderly residents living in long-term care facilities in Marseille Nutrition and immunity: lessons for COVID-19 Aging and influenza vaccine-induced immunity Aging in COVID-19: vulnerability, immunity and intervention Coronavirus Disease 2019 Outcomes in French Nursing Homes That Implemented Staff Confinement With Residents Nosocomial transmission and outbreaks of coronavirus disease 2019: the need to protect both patients and healthcare workers Mapping community-level determinants of COVID-19 transmission in nursing homes: a multi-scale approach Résultats des tests sérologiques rapides (TROD) en fonction de la PCR initiale. Séro-test Négatif Séro-test positif