key: cord-0829083-ravrbr6t authors: Fond, Guillaume; Llorca, Pierre-Michel; Lançon, Christophe; Auquier, Pascal; Boyer, Laurent title: Mortalité dans la schizophrénie : vers un nouveau scandale sanitaire ? COVID-19 et schizophrénie date: 2021-02-17 journal: Ann Med Psychol (Paris) DOI: 10.1016/j.amp.2021.02.016 sha: 9a826bd217c62caf912fe47cc0ddbd7270ab04b2 doc_id: 829083 cord_uid: ravrbr6t Patients with schizophrenia represent a vulnerable population who have been understudied in COVID-19 research. We aimed to establish whether health outcomes and care differed between patients with schizophrenia and patients without a diagnosis of severe mental illness. We conducted a population-based cohort study of all patients with identified COVID-19 and respiratory symptoms who were hospitalized in France between February and June 2020. Cases were patients who had a diagnosis of schizophrenia. Controls were patients who did not have a diagnosis of severe mental illness. The outcomes were in-hospital mortality and intensive care unit (ICU) admission. A total of 50,750 patients were included, of whom 823 were schizophrenia patients (1.6%). The schizophrenia patients had an increased in-hospital mortality (25.6% vs. 21.7%; adjusted odds ratio (aOR) 1.30 [95% CI 1.08–1.56], p = 0.0093) and a decreased ICU admission rate (23.7% vs. 28.4%; aOR 0.75 [95% CI 0.62–0.91], p = 0.0062) compared to controls. Significant interactions between schizophrenia and age for mortality and ICU admission were observed (p = 0.0006 and p < 0.0001). Schizophrenia patients between 65 and 80 years had a significantly higher risk of death than controls of the same age (+7.89%). schizophrenia patients younger than 55 years had more ICU admissions (+13.93%) and schizophrenia patients between 65 and 80 years and older than 80 years had less ICU admissions than controls of the same age (−15.44% and −5.93%, respectively). Our findings report the existence of disparities in health and health care between schizophrenia patients and patients without a diagnosis of severe mental illness. These disparities differed according to the age and clinical profile of schizophrenia patients, suggesting the importance of personalized COVID-19 clinical management and health care strategies before, during and after hospitalization for reducing health disparities in this vulnerable population. Les patients atteints de schizophré nie repré sentent une population vulné rable qui a é té sous-é tudié e dans le cadre de la recherche COVID-19. Nous avons cherché à é tablir si les ré sultats et les soins de santé diffé raient entre les patients atteints de schizophré nie et les patients sans diagnostic de maladie mentale. Nous avons mené une é tude basé e sur la population de tous les patients pré sentant des symptômes respiratoires et une infection à COVID-19 identifié s qui ont é té hospitalisé s en France entre fé vrier et juin 2020. Au total, 50 750 patients ont é té inclus, dont 823 é taient des patients avec schizophré nie (1,6 %). Ces derniers ont connu une augmentation de la mortalité hospitaliè re (25,6 % contre 21,7 % pour les autres patients) et une diminution du taux d'admission en unité de soins intensifsré animation (23,7 % contre 28,4 %) par rapport aux té moins. Les patients schizophrè nes âgé s de 65 à 80 ans pré sentaient un risque de mortalité significativement plus é levé que les té moins du même âge (+7,89 %) alors qu'ils ont é té moins admis en USI que les té moins du même âge (À15,44 %). Cette é tude montre l'existence de disparité s en matiè re de santé et d'accè s aux soins entre les patients schizophrè nes et les patients sans diagnostic de maladie mentale. Ces disparité s diffè rent en fonction de l'âge et du profil clinique des patients, ce qui suggè re l'importance d'une gestion clinique personnalisé e du COVID-19 et de straté gies de soins de santé avant, pendant et aprè s l'hospitalisation pour ré duire les disparité s de santé dans cette population vulné rable. Les patients schizophrè nes âgé s de 65 à 80 ans é taient plus souvent envoyé s par les hô pitaux ou les institutions que les patients sans diagnostic de maladie mentale grave, ce qui peut expliquer les mauvais ré sultats de santé des patients schizophrè nes. Une é tude française a rapporté que la plupart des patients psychiatriques hospitalisé s avec un diagnostic COVID-19 é taient gardé s dans des services psychiatriques spé cialisé s et non dans des hô pitaux gé né raux. La division entre mé decine physique et psychiatrique entraîne une confusion quant au secteur du service de santé (c'est-à -dire les niveaux de soins primaires, de santé mentale ou de soins aigus) qui devrait assumer la responsabilité de la gestion des patients ayant des besoins de santé complexes. Nous manquons de donné es nationales sur le taux de patients âgé s schizophrè nes qui sont institutionnalisé s, mais nous pouvons raisonnablement supposer que l'institutionnalisation est un facteur de risque d'infection grave par COVID-19 chez les patients âgé s avec schizophré nie. Nos ré sultats soutiennent une straté gie de dé tection systé matique chez les patients avec schizophré nie institutionnalisé s et d'intervention pré coce dans cette population. Cela a dé jà é té fait dans un refuge pour sans-abri à Boston où 36 % des ré sidents ont é té testé s positifs. Le taux d'admission en ré animation é tait plus faible chez les patients schizophrè nes que chez les patients sans diagnostic de maladie mentale grave, ce qui illustre parfaitement le dé bat entre les arguments fondé s sur l'utilité et ceux fondé s sur l'é quité . Les patients schizophrè nes pré sentaient l'un des plus mauvais indicateurs de pronostic justifiant le triage en En juillet 2020, environ 30 000 Français sont morts de l'infection par le SRAS-CoV-2/coronavirus 2019 (COVID- 19) , ce qui plaçait la France au 5 e rang mondial absolu derriè re les É tats-Unis (130 000), le Bré sil (60 000), le Royaume-Uni (43 000) et l'Italie (34 000). La rapidité de l'expansion de la pandé mie et le risque de saturation des unité s de soins intensifs (USI) ont conduit le gouvernement français à prononcer un confinement de deux mois entre la mimars et la mi-mai 2020. Durant cette pé riode, plusieurs ré gions ont é té particuliè rement touché es par la saturation des USI, comme la ré gion parisienne d'Ile-de-France et le Nord-Est. Cette saturation a pu conduire certains services à « trier » les patients, en choisissant ceux qui é taient admis dans les USI, tout en é tant conscients que les patients admis pour insuffisance respiratoire ne pourraient être libé ré s de leur respirateur avant plusieurs semaines [13] . Il est essentiel de tirer les leçons de cette premiè re vague pour anticiper une autre crise sanitaire potentielle. Les patients atteints de schizophré nie (schizophré nie) sont une population particuliè rement exposé e au mauvais pronostic de l'infection par COVID-19 [8, 9, 33] . Une é tude coré enne ré cente a ré vé lé que la schizophré nie est associé e à un risque accru d'infection grave par COVID-19 [18] . Les individus schizophré nie pré sentent de multiples comorbidité s qui ont é té identifié es comme des facteurs de risque de COVID-19 [18] : le diabè te, l'hypertension, les maladies respiratoires obstructives chroniques et les maladies ré nales en phase terminale. Des é tudes anté rieures ont é galement montré que l'accè s aux soins intensifs é tait ré duit pour les patients schizophré nie [11, 26] . De plus amples informations sont donc né cessaires pour dé terminer si les patients COVID-19 atteints de schizophré nie ont les mêmes ré sultats de santé et les mêmes soins que les patients sans diagnostic de maladie mentale grave [19] . Nous avons cherché à é tablir si les ré sultats de santé et les soins diffè rent entre les patients atteints de schizophré nie et les patients sans diagnostic de maladie mentale grave. L'objectif principal é tait de comparer la mortalité hospitaliè re entre les patients atteints de schizophré nie et les patients sans diagnostic de maladie mentale grave aprè s ajustement des principaux facteurs de confusion (c'est-à -dire les donné es sociodé mographiques, les donné es cliniques de base, les donné es sur le sé jour, les donné es de gestion, les donné es hospitaliè res et les zones gé ographiques d'hospitalisation). L'objectif secondaire é tait de comparer les admissions en USI entre les patients avec schizophré nie et les patients sans diagnostic de maladie mentale grave. Dans cette é tude de cohorte populationnelle, nous avons utilisé les donné es du Programme de Mé dicalisation des Systè mes d'Information (base de donné es PMSI), la base de donné es hospitaliè re nationale française dans laquelle les donné es administratives et mé dicales sont systé matiquement collecté es pour les soins aigus et psychiatriques. La base de donné es du PMSI est basé e sur les groupes lié s au diagnostic, tous les diagnostics é tant codé s selon la 10 e ré vision de la classification internationale des maladies (CIM-10) et les codes de procé dure de la classification commune des actes mé dicaux (CCAM). Dans notre é tude, nous avons inclus tous les patients hospitalisé s entre le 1 er fé vrier 2020 et le 9 juin 2020, âgé s de 15 ans ou plus et pré sentant des diagnostics de COVID-19 identifié s (codes CIM-10 : U07.10 OU U07.12 OU U07.14) et des symptô mes respiratoires (CIM-10 = U07.10 ou U07. 11) et une duré e d'hospitalisation > 24 heures (afin de ne pas prendre en compte les cas COVID-19 pauci-ou asymptomatiques qui n'ont pas ré ellement né cessité d'hospitalisation) sauf si les patients sont dé cé dé s dans les 24 h. Nous avons exclu les patients ayant un diagnostic de maladie mentale grave autre que la schizophré nie : trouble bipolaire ou dé pression majeure ré currente (codes CIM-10 = F30* ou F31* ou F33*). ré animation. Cependant, ce triage basé uniquement sur le pronostic exacerbe les iné galité s existantes en matiè re de santé , laissant les patients dé favorisé s dans une situation plus difficile. C 2021 Publié par Elsevier Masson SAS. Patients with schizophrenia represent a vulnerable population who have been understudied in COVID-19 research. We aimed to establish whether health outcomes and care differed between patients with schizophrenia and patients without a diagnosis of severe mental illness. We conducted a populationbased cohort study of all patients with identified COVID-19 and respiratory symptoms who were hospitalized in France between February and June 2020. Cases were patients who had a diagnosis of schizophrenia. Controls were patients who did not have a diagnosis of severe mental illness. The outcomes were in-hospital mortality and intensive care unit (ICU) admission. A total of 50,750 patients were included, of whom 823 were schizophrenia patients (1.6%). The schizophrenia patients had an increased in-hospital mortality ( La base de donné es PMSI est utilisé e pour dé terminer les ressources financiè res et fait l'objet de vé rifications fré quentes et approfondies tant par son producteur que par le payeur, avec d'é ventuelles consé quences financiè res et juridiques [5] . Les donné es de la base PMSI sont anonymisé es et peuvent être ré utilisé s à des fins de recherche [10, 29] . Grâce à une pré cision approprié e et à une collecte de donné es exhaustive, aucun patient n'a é té perdu pour le suivi pendant la pé riode de l'é tude. Nous avons dé fini deux populations. Les cas sont des patients qui ont reçu un diagnostic de schizophré nie selon des codes spé cifiques de la CIM-10 (c'est-à -dire F20*, F22* ou F25*) dans la base de donné es des soins aigus ou du PMSI psychiatrique. Les té moins é taient des patients qui n'avaient pas de diagnostic de maladie mentale grave selon les codes spé cifiques de la CIM-10 dans la base de donné es PMSI des soins aigus et qui n'é taient pas ré pertorié s dans la base de donné es PMSI de psychiatrie. Le critè re de jugement principal é tait la mortalité hospitaliè re. Le ré sultat secondaire é tait l'admission en soins intensifs. Nous avons recueilli les donné es sociodé mographiques des patients (classes d'âge : < 55 ans, 55-65 ans, 65-80 ans, et >80 ans ; sexe ; privation sociale : favorisé /dé favorisé ), les donné es cliniques de base (statut tabagique : oui/non ; surpoids et obé sité : oui/non ; score de l'indice de comorbidité de Charlson et principales comorbidité s : oui/non), donné es de sé jour (origine des patients : à domicile ou en institution ; duré e des soins intensifs et du sé jour à l'hôpital), donné es de gestion (Score de physiologie aiguë simplifié e II (SAPS II) pour le sé jour en soins intensifs ; recours à la ventilation mé canique : oui/non ; recours à la thé rapie de substitution ré nale : oui/non), les donné es hospitaliè res (caté gorie d'hô pital : public, universitaire ou privé ; nombre de sé jours hospitaliers pour COVID-19), et les zones gé ographiques d'hospitalisation (4 zones regroupé es selon l'exposition à la pandé mie, de la plus é levé e à la plus faible : Ile-de-France, nord-est, sud-est et ouest, donné es de Santé Publique France : Fig. supplé mentaire S1). Les variables continues sont exprimé es sous forme de mé dianes et d'intervalles interquartiles. Les variables caté gorielles sont ré sumé es sous forme de nombres et de pourcentages. Aucune imputation n'a é té faite pour les donné es manquantes. Les deux ré sultats ont é té é valué s avec des modè les non ajusté s (modè le 1) et multivariables (modè les 2 et 3). Des modè les liné aires gé né ralisé s univarié s et multivarié s avec des effets alé atoires et des matrices de corré lation (pour tenir compte de l'effet de regroupement des hô pitaux) ont é té utilisé s pour estimer l'association entre la schizophré nie et les deux ré sultats. Le modè le 2 a inté gré des donné es sociodé mographiques (c'està -dire l'âge, le sexe, la privation sociale), des donné es cliniques au dé part (c'est-à -dire le statut tabagique, le surpoids et l'obé sité , l'indice de comorbidité de Charlson), des donné es sur les sé jours (c'est-à -dire l'origine du patient), des donné es sur les hôpitaux (c'est-à -dire la caté gorie d'hô pital, le nombre de sé jours à l'hôpital pour COVID-19) et les zones gé ographiques d'hospitalisation (c'est-à -dire l'Ile-de-France, le nord-est, le sud-est et l'ouest). Le modè le 3 a inté gré le modè le 2 plus 2 termes d'interaction, schizophré nie * âge et schizophré nie * zones gé ographiques d'hospitalisation, pour vé rifier si l'association entre la schizophré nie et les deux ré sultats é tait homogè ne à travers les âges et les zones gé ographiques d'hospitalisation selon l'exposition à la pandé mie. Les deux interactions ont é té dé terminé es sur la base d'un travail anté rieur faisant é tat de l'influence de l'âge et de la surpopulation sur le pronostic de la COVID-19. En plus de l'analyse globale, nous avons effectué des analyses stratifié es lorsqu'une interaction é tait statistiquement significative. Un seuil de signification de p < 0,05 a é té utilisé . Toutes les analyses ont é té effectué es avec SAS (version 9.4). Au cours de la pé riode d'é tude, 50 750 patients ont é té inclus dans l'analyse (âge mé dian, 71 ans [é cart interquartile [IQR], 57-83] ; 43,2 % de femmes), avec 823 patients souffrant de schizophré nie (Fig. 1) . Les patients schizophrè nes é taient plus souvent des femmes (51,2 % contre 43,1 %, p = 0,0005), des jeunes, des fumeurs (10,1 % vs 4,2 %, p < 0,0001), institutionnalisé s (19,1 % vs 9,7 % p < 0,0001), avec dé mence (25,2 % vs 9,6 %, p < 0,0001), hospitalisé s dans des hôpitaux universitaires (40. 8 % vs. 33,1 %, p < 0,0001) et avec une duré e d'hospitalisation plus longue (mé diane [IQR], 11 [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] [16] [17] [18] [19] [20] vs. 9 [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] [16] , p < 0,0001) que les té moins. Les patients atteints de schizophré nie é taient moins susceptibles de recevoir des soins invasifs (c'est-à -dire ventilation mé canique invasive : 10,7 % vs. 13,4 %, p = 0,0443 et dialyse ré nale : 2,1 % vs. 3,6 %, p = 0,0387) que les té moins. La mortalité hospitaliè re globale é tait de 21,8 %. L'analyse univarié e est pré senté e dans le tableau supplé mentaire S1. Les patients atteints de schizophré nie ont eu une mortalité accrue par rapport aux té moins (25,6 % contre 21,7 % ; p = 0,0188) (Tableau 1), confirmé e par l'analyse multivarié e (rapport de cotes ajusté (aOR), 1,30 [IC 95 %, 1,08-1,56] ; p = 0,0093) (Tableau 2). Il y a eu une interaction significative entre la schizophré nie et l'âge (p = 0-0006), avec une augmentation significative de la mortalité uniquement pour les patients schizophrè nes entre 65 et 80 ans (aOR, 1,62 [95 % CI, 1,27-2,06] ; p = 0,0002). Les caracté ristiques des patients atteints de schizophré nie et des té moins selon les classes d'âge sont pré senté es dans le Tableau 3. La diffé rence de mortalité hospitaliè re entre les patients atteints de schizophré nie et les té moins varie avec l'âge comme suit : < 55 ans : +3,65 % ; 55-65 ans : +4,64 % ; 65-80 ans : +7,89 % ; et >80 ans : -3,17 % (Fig. 2) . Il n'y avait pas d'hé té rogé né ité dans l'interaction entre la schizophré nie et les zones gé ographiques d'hospitalisation (p =0,0797). Au total, 14 351 patients (28,3 %) ont é té admis à l'unité de soins intensifs. L'analyse univarié e est pré senté e dans le tableau complé mentaire S2. Les patients atteints de schizophré nie ont é té moins souvent admis aux soins intensifs que les té moins À notre connaissance, nous rapportons la plus grande sé rie de patients schizophrè nes atteints de COVID-19 à ce jour, dont 823 patients schizophrè nes hospitalisé s pour une infection par COVID-19 avec une ré partition gé ographique nationale. Dans cette vaste é tude de cohorte basé e sur la population, nous avons signalé l'existence de disparité s en matiè re de santé et de soins de santé entre les patients schizophrè nes COVID-19 hospitalisé s et les patients sans diagnostic de maladie mentale grave. Ces disparité s diffé raient selon l'âge et le profil clinique des patients schizophrè nes. Les patients schizophrè nes de moins de 55 ans ont é té admis en USI dans une proportion de 14 % de plus que les patients sans diagnostic de maladie mentale grave, ce qui suggè re une infection COVID-19 plus grave chez ces patients. Les patients de moins de 55 ans atteints de schizophré nie é taient pour la plupart des hommes, plus fré quemment fumeurs, plus en surpoids et obè ses et pré sentaient plus de comorbidité s somatiques multiples (y compris une maladie pulmonaire obstructive chronique) que les patients sans diagnostic de maladie mentale grave. Bien que les ré sultats soient contradictoires, le tabagisme semble plus susceptible d'être associé à l'é volution né gative et aux effets indé sirables du COVID-19 [36] . L'obé sité chez les patients de moins de 60 ans a é té signalé e comme un facteur de risque d'admission à l'hô pital pour COVID-19 et de ré sultats plus graves [12] . Il a é galement é té signalé que les maladies pulmonaires obstructives chroniques aggravent la progression et le pronostic de COVID-19 [39] . Un retard dans l'accè s aux soins hospitaliers peut être é voqué pour expliquer la gravité des patients schizophrè nes, bien que nous ne disposions pas de donné es pré hospitaliè res. L'existence de barriè res dans l'accè s aux soins somatiques pour les patients schizophré niques a é té dé crite dans des é tudes anté rieures. Dans l'ensemble, ces ré sultats suggè rent que les jeunes patients atteints de schizophré nie pré sentant les facteurs de risque é numé ré s ci-dessus devraient être ciblé s comme une population à haut risque pour une intervention pré coce [16, 32] . Ces é carts de gravité sont apparemment compensé s par l'augmentation importante des admissions en USI qui ont permis d'é viter une augmentation de la mortalité chez les patients schizophrè nes les plus jeunes. Cependant, la dé pression, l'anxié té , le stress post-traumatique et le dysfonctionnement cognitif sont de plus en plus reconnus chez les patients qui survivent à une admission en soins intensifs et ces consé quences ont un impact important sur la qualité de vie à long terme [28] . La ré adaptation aprè s une maladie grave a montré son efficacité pour amé liorer le ré tablissement physique et non physique [21] , et les patients souffrant de schizophré nie devraient bé né ficier de ces programmes. Les patients schizophrè nes âgé s de 65 à 80 ans pré sentaient un risque de dé cè s plus é levé (+7,89 %) et ceux âgé s de 65 à 80 ans et de plus de 80 ans é taient moins souvent admis en USI que les patients sans diagnostic de maladie mentale grave (À15,44 % et À5,93 %, respectivement). Les patients atteints de schizophré nie entre 65 et 80 ans é taient majoritairement des femmes, souffrant davantage de dé mence et de maladies cé ré brovasculaires que les patients sans diagnostic de maladie mentale grave. Des é tudes anté rieures ont confirmé la relation entre la schizophré nie et le risque de dé mence, en particulier chez les femmes [6, 14] . Le diagnostic de dé mence a é té signalé comme un important facteur de risque de mortalité chez les patients atteints de COVID-19 [3, 15] . La dé mence a é galement é té associé e à un comportement agressif accru chez les patients institutionnalisé s, ce qui peut avoir un impact sur les soins de ces patients à l'hôpital [7] . En outre, un nouvel environnement peut entraîner une augmentation du stress et des problè mes de comportement [20] . Le dé lire provoqué par l'hypoxie pourrait compliquer la pré sentation de la dé mence [23] . La dé mence en tant qu'affection pré existante peut expliquer en partie le nombre infé rieur d'admissions en soins intensifs chez les patients schizophrè nes. Tous ces é lé ments dé montrent l'importance de Les patients schizophrè nes âgé s de 65 à 80 ans ont é té plus souvent envoyé s par les hô pitaux ou les institutions que les patients sans diagnostic de maladie mentale grave, ce qui peut expliquer les mauvais ré sultats de santé des patients schizophré niques. Une é tude française a rapporté que la plupart des patients psychiatriques hospitalisé s avec un diagnostic COVID-19 é taient gardé s dans des services psychiatriques spé cialisé s et non dans des hô pitaux gé né raux [4] . La division entre mé decine physique et psychiatrique entraîne une confusion quant au secteur des services de santé (c'est-à -dire les niveaux de soins primaires, de santé mentale ou de soins aigus) qui devrait assumer la responsabilité de la gestion des patients ayant des besoins de santé complexes [32] . Nous manquons de donné es nationales sur le taux de patients âgé s schizophrè nes qui sont institutionnalisé s, mais nous pouvons raisonnablement supposer que l'institutionnalisation est un facteur de risque d'infection grave par COVID-19 chez les patients âgé s schizophrè nes. Nos ré sultats soutiennent une straté gie de dé tection systé matique chez les patients schizophrè nes institutionnalisé s et d'intervention pré coce dans cette population. Cela a dé jà é té fait dans un refuge pour sans-abri à Boston où 36 % des ré sidents ont é té testé s positifs [1] . Le taux d'admission en USI plus faible chez les patients schizophrè nes que chez les patients sans diagnostic de maladie mentale grave illustre parfaitement le dé bat entre les arguments fondé s sur l'utilité et ceux fondé s sur l'é quité [2] . Les patients atteints de schizophré nie pré sentaient l'un des plus mauvais indicateurs de pronostic justifiant un triage en USI. Cependant, ce triage basé uniquement sur le pronostic exacerbe les iné galité s existantes en matiè re de santé , laissant les patients dé favorisé s dans une situation plus difficile. Les facteurs systé matiquement associé s dans la litté rature à la dé cision d'admettre ou de refuser un patient aux soins intensifs sont l'âge, la gravité de la maladie et l'é tat fonctionnel au dé part, le service ou l'é quipe d'origine du patient, la disponibilité des lits et le statut de l'ordonnance de nonré animation/la pré fé rence du patient [17] . Si certains facteurs ne sont pas modifiables (par exemple, l'âge, l'é tat fonctionnel), d'autres peuvent être amé lioré s afin de ne pas pé naliser l'admission des patients schizophrè nes en soins intensifs. Le premier est de garantir le respect des souhaits et des valeurs du patient schizophrè ne, exprimé s directement par le patient via des directives pré alables ou signalé s par les proches. Cependant, la surrepré sentation des patients schizophrè nes institutionnalisé s et des patients atteints de dé mence laisse supposer une perte d'autonomie et probablement un isolement social accru de ces patients. L'absence de parents peut avoir eu un impact sur les dé cisions mé dicales d'ordonnances de non-ré animation, et une é tude pré cé dente a suggé ré que les patients souffrant de maladies mentales graves peuvent être plus enclins à demander des ordonnances de non-ré animation que ceux qui ne souffrent pas de troubles psychiatriques [31] . Des travaux anté rieurs ont montré que la mise en oeuvre des directives anticipé es est difficile pour les patients souffrant de troubles psychiatriques [38] . Des efforts devraient être entrepris pour inté grer l'utilisation des directives anticipé es dans les soins de santé mentale de routine [34] . Deuxiè mement, le lien entre l'hôpital et/ou l'é quipe des soins intensifs et le service ou l'é quipe d'où le patient a é té envoyé doit être renforcé . Troisiè mement, comme indiqué pré cé demment, le temps d'accè s à l'hôpital est un problè me majeur et doit être ré duit au minimum afin d'é viter que des patients ne soient admis avec des affections trè s graves. Enfin, la stigmatisation des maladies mentales peut é galement jouer un rôle spé cifique dans le faible taux d'admission en USI des patients schizophrè nes provenant de maisons de retraite et de services psychiatriques [27] . Les services de soins intensifs peuvent être moins enclins à admettre un patient envoyé par un service psychiatrique en raison des troubles comportementaux/agressifs potentiels des patients schizophrè nes et de l'incapacité à les surveiller correctement. Certains membres du personnel des unité s de soins intensifs dé clarent ne pas être pré paré s à s'occuper de patients souffrant de maladies mentales graves [37] . Le personnel des unité s de soins intensifs doit être spé cifiquement formé pour les soins aux patients souffrant de maladies mentales graves. Les zones gé ographiques d'hospitalisation n'ont pas influencé la relation entre la schizophré nie et la mortalité ou l'admission aux soins intensifs. On aurait pu s'attendre à ce que l'accè s aux soins et les ré sultats de santé soient influencé s chez les patients schizophrè nes en fonction de la surpopulation hospitaliè re. Cependant, nos donné es n'é taient peut-être pas suffisamment pré cises et les é tudes futures devront travailler avec des indicateurs plus pré cis tels que les taux d'occupation des lits au niveau des hô pitaux ou des unité s de soins intensifs. Les donné es mondiales sur la mortalité absolue suggè rent que l'infection par COVID-19 peut avoir des impacts diffé rents selon les pays en raison de multiples facteurs (climat, organisation des installations, straté gies de gestion publique de . Par consé quent, nos ré sultats ne peuvent pas être extrapolé s à d'autres Tableau 2 Associations entre la schizophré nie, la mortalité hospitaliè re et l'admission en soins intensifs (n = 50 750 On sait que certaines donné es sont insuffisamment codé es dans les bases de donné es mé dicoadministratives (par exemple, le tabagisme, la surcharge pondé rale et l'obé sité ). Nous ne disposons d'aucune information sur le taux de contamination des patients atteints de schizophré nie [25] et le dé lai entre le dé but de l'infection et l'hospitalisation. Les variables de traitement, y compris les psychotropes et les traitements anti-COVID-19 reconvertis ou expé rimentaux, n'é taient pas disponibles dans la base de donné es PMSI. Certains traitements expé rimentaux anti-COVID-19 peuvent avoir é té contre-indiqué s chez les patients schizophrè nes en raison d'interactions potentielles avec des psychotropes [12, 22, 24, 30] . Aucune donné e biologique n'est disponible dans la base de donné es PMSI et il a é té dé montré que la schizophré nie pré sente diffé rents profils immuno-inflammatoires [35] qui peut aussi expliquer en partie les diffé rences observé es. D'autres é tudes devraient être mené es pour explorer l'influence de ces donné es sur le pronostic du COVID-19 chez les patients schizophré niques. Enfin, nous ne savons pas si nos ré sultats sont spé cifiques du COVID-19 ou s'ils seraient similaires dans d'autres pathologies urgentes. De futures é tudes devraient explorer cette question. Cette é tude rapporte l'existence de disparité s en matiè re de santé et de soins de santé entre les patients hospitalisé s pour schizophré nie COVID-19 et les patients sans diagnostic de maladie mentale grave. Ces disparité s diffè rent en fonction de l'âge et du profil clinique des patients schizophrè nes, ce qui suggè re l'importance d'une gestion clinique personnalisé e de COVID-19 et de straté gies de soins de santé avant, pendant et aprè s l'hospitalisation pour ré duire les disparité s de santé dans cette population vulné rable. Veronica Orleans et Vanessa Pauly ont eu un accè s complet à toutes les donné es de l'é tude et assument la responsabilité de l'inté grité des donné es et de l'exactitude de l'analyse des donné es. Concept et conception : Laurent Boyer, Guillaume Fond. Acquisition, analyse ou interpré tation des donné es : Pascal Auquier, Karine Baumstarck, Laurent Boyer, Christophe Lancon, Les auteurs dé clarent ne pas avoir de liens d'inté rêts. Ce travail a é té financé par l'Assistance Publique -Hôpitaux Marseille (APHM) -Université d'Aix-Marseille (AMU) et le PHRC National, Direction gé né rale de l'offre de soins (DGOS), France. Les comorbidité s sont basé es sur la 10e ré vision de la classification statistique internationale des maladies du Programme de mé dicalisation des systè mes d'information (PMSI) -base de donné es mé dico-administrative française basé e sur les groupes lié s au diagnostic (DRG). p-value en gras : signification statistique. a Si l'indice de masse corporelle (IMC) est compris entre 18,5 et < 25 : poids normal ; si l'IMC est compris entre 25,0 et < 30 : surcharge pondé rale ; et si l'IMC est de 30,0 ou plus : obé sité . b Exposition gé ographique : 4 zones ont é té identifié es avec une exposition à la pandé mie diffé rente Ré fé rences Prevalence of SARS-CoV-2 infection in residents of a large homeless shelter in Boston Revisiting the equity debate in COVID-19: ICU is no panacea Clinical presentation of COVID19 in dementia patients Lapré vote V. Responsiveness and sustainability of psychiatric care in France during COVID-19 epidemic Data Resource Profile: the French National Uniform Hospital Discharge Data Set Database (PMSI) Schizophrenia and risk of dementia: a meta-analysis study Aggressive behaviors among nursing home residents: association with dementia and behavioral health disorders Ensuring mental health care during the SARS-CoV-2 epidemic in France: a narrative review Suicidal behavior in light of COVID-19 outbreak: clinical challenges and treatment perspectives Selfreported pain in patients with schizophrenia. Results from the national firststep FACE-SZ cohort End-of-life care among patients with schizophrenia and cancer: a population-based cohort study from the French national hospital database Clozapine treatment and risk of COVID-19 infection: retrospective cohort study Early intervention likely improves mortality in COVID-19 infection Cognitive decline in late-life schizophrenia: a longitudinal study of geriatric chronically hospitalized patients Neurological diseases as mortality predictive factors for patients with COVID-19: a retrospective cohort study Cancer care for individuals with schizophrenia Decision-making in intensive care medicine -A review Effect of Underlying Comorbidities on the Infection and Severity of COVID-19 in Korea: a Nationwide Case-Control Study Covid-19 pandemic and suicide in France: An opportunity to improve information systems Management of behavioral and psychological symptoms in people with Alzheimer's disease: an international Delphi consensus Tailored multicomponent program for discomfort reduction in critically ill patients may decrease post-traumatic stress disorder in general ICU survivors at 1 year Ritonavir/Lopinavir and its potential interactions with psychiatric medications: a COVID-19 perspective Delirium in hospitalized older adults Antipsychoticinduced immune dysfunction: a consideration for COVID-19 risk Associations between psychiatric disorders, COVID-19 testing probability and COVID-19 testing results: findings from a population-based study Physical health among people with serious mental illness in the face of COVID-19: concerns and mitigation strategies Improving attitudes to mental health patients in ICU Improving long-term outcomes after discharge from intensive care unit: report from a stakeholders' conference High-intensity end-of-life care among children, adolescents, and young adults with cancer who die in the hospital: a population-based study from the French national hospital database COVID-SAFER: deprescribing guidance for hydroxychloroquine drug interactions in older adults Depression and explicit requests for euthanasia in end-of-life cancer patients in primary care in the Netherlands: a longitudinal, prospective study Palliative care for people with serious mental illnesses Lower mortality of COVID-19 by early recognition and intervention: experience from Jiangsu Province Psychiatric advance directives for people living with schizophrenia, bipolar I disorders, or schizoaffective disorders: Study protocol for a randomized controlled trial-DAiP study Cytokines, oxidative stress and cellular markers of inflammation in schizophrenia COVID-19 and smoking: a systematic review of the evidence ICU nurses feel unprepared to care for patients with mental illness: a survey of nurses' attitudes, knowledge, and skills Advance directives in mental health care: evidence, challenges and promise The impact of COPD and smoking history on the severity of COVID-19: a systemic review and metaanalysis