key: cord-0826233-me9t9ke9 authors: Dutau, G.; Lavaud, F.; Didier, A. title: Actualités et souvenirs. Du vaccin Covid-19 à la maladie des moules bronchiques idiopathiques… date: 2021-02-08 journal: Rev Fr Allergol (2009) DOI: 10.1016/j.reval.2021.01.001 sha: c7bfd86966ba6ed80342ccdc7c1018e418e89d1d doc_id: 826233 cord_uid: me9t9ke9 nan La tradition et les éléments du sommaire de chaque numéro de la Revue Franç aise d'Allergologie -ou « RFA » si l'on veut sacrifier à la mode des acronymes -font que nous essayons, à chaque numéro, de proposer un éditorial. C'est donc une tradition et cela peut-être un exercice plutôt compliqué quand ni les modes, ni les actualités, ne nous inspirent. . . Il y aurait bien la COVID-19, mais, en si peu de temps, tellement de textes ont été produits que le mot saturation est le plus adapté à la situation. Saturation, certes, mais aussi incertitudes qui persistent sur les éventuels « risques de réactions dites allergiques au vaccin Pfizer BioNTech ». En effet, nous avons tous appris le 18 décembre 2020 que deux soignantes britanniques avaient développé une réaction dite « anaphylactique », débutant 10 min après avoir reç u l'injection du vaccin contre le coronavirus du laboratoire Pfizer. Par la suite 21 cas de réactions anaphylactiques sur 1 893 360 doses ont été rapportés aux États-Unis entre le 14 et le 23 décembre, à la date où ce texte est écrit [1] . Le risque d'anaphylaxie est donc estimé à 11,1 pour un million de doses injectées, très similaire à celui de toute vaccination. Tous les patients ont récupéré sans séquelles et l'accident s'était produit en moyenne 13 minutes après l'injection et dans 72 % des cas avant la quinzième minute. Dix-sept patients avaient un antécédent d'allergie dont 7 un antécédent d'anaphylaxie. Enfin, si 90 % des personnes concernées étaient des femmes il faut pondérer cela par le fait que 64 % des vaccinés étaient aussi des femmes. Bien évidemment, ces effets adverses ont alerté la communauté médicale et il a été recommandé de préciser l'anamnèse allergique des candidats à la vaccination et de les garder en surveillance comme, par exemple, après une injection sous cutanée d'allergènes lors d'une immunothérapie allergénique (ITA). À la date du 31 décembre 2020, une dizaine d'articles avaient déjà été publiés sur ce thème, et nul doute qu'au moment où ce texte paraîtra, il y en aura davantage. Un article de Klimek et al. [2] , sous l'égide de ARIA (Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma) assure, nous semble-t-il à juste raison, que le rapport bénéfices-risques est clairement en faveur du vaccin, même chez les 30 % (et davantage) de la population générale qui présentent des symptômes allergiques. Toutefois, ces réactions ne sont pas encore totalement documentées, ce qui a conduit, selon le « principe de précaution », à garder en observation pendant 15 min au minimum les personnes qui venaient d'être vaccinées, délai à rallonger à 30 min selon les éventuels antécédents d'anaphylaxie. Sensiblement au même moment, précisant que les mécanismes de ces réactions n'avaient pas actuellement d'explication physiopathologique précise, la FFAL (Fédération franç aise d'allergologie) et la SFA (Société franç aise d'allergologie) rappelaient que « les réactions adverses aux médicaments comme aux vaccins n'étaient pas toutes de nature allergique ». Les lecteurs intéressés consulteront le site les allergies.fr et y trouveront 3 textes récents : • vaccinations contre la Covid et antécédents allergiques ; • communiqué vaccin COVID-19 ; • réactions allergiques contre le SARS-CoV-2 1 . Les précautions et contre-indications retenues à ce jour figurent dans le Tableau 1. Celles-ci sont bien sûr susceptibles de se modifier dans les semaines à venir selon le contexte. Ce tableau est accompagné du communiqué que nous reproduisons in extenso : lactique lors de l'injection de la première dose. L'un des composés du vaccin qui pourrait être mis en cause en tant qu'allergène est le polyéthylène glycol (PEG). La Fédération franç aise FFAL et la SFA sont en accord avec cette nouvelle recommandation. Elles conseillent aux patients allergiques au PEG ou à tout autre composé du vaccin de le signaler à leur médecin traitant » [3] . Au chapitre des actualités, nous rappellerons, s'il en était besoin, que la fréquence de la dermatite atopique (DA), premier élément de l'histoire naturelle de l'atopie, est très élevée et toujours en augmentation. Plus fréquente chez le nourrisson et l'enfant que chez l'adulte, elle affecte au moins 10 % des enfants d'âge inférieur à 10 ans. Plus précisément, aux États-Unis, Silverberg [4] estime que sa prévalence était de 12,98 % en 2007-2009 (chez l'enfant) et de 7,2 % à 10,2 % en 2010-2012 (chez l'adulte) [5] 2 . La dermatite atopique persiste souvent chez l'adulte et, par conséquent, la notion de sa disparition fréquente avec l'âge est un mythe qui a toujours la vie dure ! Dans le présent numéro de la RFA, deux articles originaux sont consacrés, l'un aux soins primaires de la DA dans le cadre d'une enquête auprès de 200 médecins généralistes (MG) et, l'autre, aux dermatites des mains chez les marins de l'aire toulonnaise. Dans le premier, on apprend que 63 % des MG éprouvent des difficultés dans la prise en charge de la DA ce qui n'est pas très étonnant puisque 50 % des MG ont des difficultés vis-à-vis du diagnostic de DA, avec, de plus, un certain ostracisme vis-à-vis des dermocorticoïdes, réservés aux lésions sévères dans 50 % des cas, de durée de prescription très variable, et dont l'efficacité est grevée par l'inobservance fréquente des patients (79 % des cas). Dans le second, on n'est pas surpris d'apprendre que les causes des dermites des mains des marins de l'aire toulonnaise sont les eczémas allergiques (32 % des cas) et que les causes de ces derniers sont le caoutchouc et ses agents de vulcanisation ainsi que les dyshidroses. À cet égard, on se souviendra que la conférence de consensus sur la « Prise en charge de la dermatite atopique de l'enfant » [6, 7] date de 2005 -presque 20 ans déjà -et qu'elle fut organisée par les dermatologues quasi exclusifs. En 16 ans, nous avons enregistré beaucoup d'acquisitions théoriques et pratiques, de sorte qu'un nouveau point d'étape ne serait pas inutile, chez l'adulte et surtout chez les enfants, cela de faç on pluridisciplinaire, ne serait-ce que pour insister sur le rôle joué par les pédiatres allergologues, avec l'exemple majeur de l'étude LEAP (Learning About Peanut Allergy) [8, 9] . Dans le domaine de la prévention primaire de la DA du nourrisson, deux grandes études récentes portant l'une sur 1394 enfants [10] et l'autre sur 2397 nouveau-nés [11] , suivis respectivement pendant 2 ans et 1 an, montrent que l'application prolongée des émollients actuellement disponibles ne permet pas de prévenir l'apparition d'une dermatite/eczéma atopique. Même si elles ont été effectuées dans deux populations différentes (nourrissons à haut risque allergique et nourrissons issus de la population générale), ces études vont dans le même sens : les émollients actuels ne sont pas capables de prévenir la DA, aussi bien chez les nourrissons à haut risque allergique que chez les nourrissons tout venants, ni de diminuer la fréquence des allergies alimentaires qui, dans l'histoire naturelle de l'atopie, font très souvent suite à la dermatite atopique [10] . Toutefois, des études sont encore nécessaires pour mieux analyser les mécanismes de la fonction barrière de la peau ce qui, logiquement, devrait permettre de perfectionner la classe thérapeutique des émollients et, peut-être, d'obtenir des préparations plus efficaces. Il va de soi que ces résultats ne remettent pas en cause les émollients dans le traitement de la dermatite atopique installée dont ils représentent une option thérapeutique efficace permettant de contrôler la maladie, de lutter contre la xérose et d'assurer une épargne des corticoïdes topiques. Reste le souvenir ! Il y a longtemps, l'un d'entre nous a eu l'occasion d'observer une « maladie des moules bronchiques idiopathiques », maintenant dénommée bronchite plastique chez un enfant âgé de 6 ou 7 ans, sans pathologie apparemment associée, ni respiratoire, ni cardiaque ! Le mécanisme de cette affection reste hypothétique comme en témoigne la revue de Donato et Masilla [12] qui on répertorié une cinquantaine de ces observations curieuses. Dans leur expérience, l'affection s'était révélée par une atélectasie du poumon gauche chez un nourrisson de 17 mois [11] , Pour notre part, nous nous souvenons de l'aspect endoscopique de notre patient qui, au premier abord, ressemblait à « l'inhalation d'un morceau de chewing-gum » dans la bronche principale gauche. Mais, devant la survenue de deux autres épisodes, avec expectoration spontanée de quelques moules bronchiques, cette éventualité n'était plus envisageable, si tant est qu'elle l'ait été. . . Dans un autre cas, chez un enfant plus âgé, l'affection de base était un asthme ( Fig. 1 et 2) . Il ne nous reste plus qu'à souhaiter à nos lecteurs et à nos futurs auteurs une très bonne année 2021 même si, dans les circonstances que nous avons vécu depuis un an et probablement allons vivre encore, il est assez « osé » de formuler ce souhait que veut la tradi-tion. Cela va sans dire, le désormais « prenez soin de vous » -take care of yourself -est adressé à tous, sans oublier la formule aussi indispensable, sinon plus « prenez soin des autres » ! Et comme il faut penser aux dérivatifs, et ils sont nombreux, n'oubliez pas d'écrire pour votre « RFA » : des article originaux, des revues générales, des faits cliniques (vous en avez tous !) et aussi, car c'est une bonne formule, des « Lettres à la rédaction » : elles permettent de publier un cas rapide, d'entamer une discussion sur des textes parus antérieurement (ce n'est pas interdit !), et de prendre date pour la publication d'un article plus important. C'est ainsi que vous nous aiderez à faire vivre notre revue. Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts. G. Dutau a, * a 9, rue Maurice-Alet, 31400 Toulouse, France Adresse e-mail : guy.dutau@wanadoo.fr (G. Dutau) Allergic reactions including anaphylaxis after receipt pf the first dose ofPfizer-BioNtech Covid-19 vaccine-United States ARIA-EAACI statement on severe allergic reactions to COVID-19 vaccines -an EAACI-ARIA position paper Public health burden and epidemiology of atopic dermatitis Halting the march: primary prevention of atopic dermatitis and food allergies Prise en charge de la dermatite atopique de l'enfant Prise en charge de la dermatite atopique de l'enfant Epidemiologic risks for food allergy Randomized trial of peanut consumption in infants at risk for peanut allergy Daily emollient during infancy for prevention of eczema: the BEEP randomised controlled trial Skin emollient and early complementary feeding to prevent infant atopic dermatitis (PreventADALL): a factorial, multicentre, cluster-randomised trial Maladie des moules bonchiques chez lm'enfant