key: cord-0807885-kxgtbng1 authors: Pinar, Ugo; Anract, Julien; Duquesne, Igor; Dariane, Charles; Chartier-Kastler, Emmanuel; Cussenot, Olivier; Desgrandchamps, François; Hermieu, Jean-François; Irani, Jacques; de La Taille, Alexandre; Méjean, Arnaud; Mongiat-Artus, Pierre; Peyromaure, Michaël; Barrou, Benoit; Zerbib, Marc; Rouprêt, Morgan title: Impact de la pandémie de COVID-19 sur l’activité chirurgicale au sein des services d’urologie de l’Assistance Publique -Hôpitaux de Paris date: 2020-05-11 journal: Prog Urol DOI: 10.1016/j.purol.2020.05.001 sha: 305894b2518e07b31d2b4402fafe1b3e6c973b39 doc_id: 807885 cord_uid: kxgtbng1 ABSTRACT Introduction: As a result of the COVID-19 pandemic in France, all non-emergency surgical activity has been cancelled since March 12, 2020. In order to anticipate the reinstatement of delayed interventions, surgical activity reduction analysis is essential. The objective of this study was to evaluate the reduction of urological surgery in adult during the COVID-19 pandemic compared to 2019. Material: The data regarding urological procedures realized in the 8 academic urological departments of Parisians centres (AP-HP) were compared over two similar periods (14-29 March 2019 and 12-27 March 2020) using the centralized surgical planning software shared by these centres. Procedure title, type of surgery and outpatient ratio were collected. The interventions were sorted into 16 major families of urological interventions. Results: Overall, a 55% decrease was observed concerning urological procedures over the same period between 2019 and 2020 (995 and 444 procedures respectively). Oncology activity and emergencies decreased by 31% and 44%. The number of kidney transplantations decreased from 39 to 3 (-92%). Functional, andrological and genital surgical procedures were the most impacted among the non-oncological procedures (-85%, -81% and -71% respectively). Approximatively 1033 hours of surgery have been delayed during this 16-day period. Conclusion: Lockdown and postponement of non-urgent scheduled urological procedures decisions has led to a drastic decrease in surgical activity in AP-HP. Isolated Kidney transplantation has been stopped (national statement). Urologists must anticipate for lockdown exit in order to catch-up delayed surgeries. En conséquence de la pandémie de Coronavirus (COVID-19) liée au virus SARS-Cov 2 actif en France depuis le 24 janvier 2020 et suite au passage de la maladie au stade 3, afin de faire face à la gravité de la situation sanitaire un confinement strict a été décidé par les autorités publiques nationales à partir du mardi 17 Mars 2020 à midi [1] . Cinq jours auparavant, le gouvernement a activé le plan blanc et a demandé aux professionnels de santé de déprogrammer immédiatement toute activité chirurgicale non urgente. L'Association Française d'Urologie (AFU) a promu des recommandations d'urgence pour la pratique chirurgicale urologique le 16 Mars 2020, [2] et pour la hiérarchisation des actes de cancérologie [3] . Au sein des 8 services d'Urologie des CHU de l'Assistance-Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP), les interventions urologiques programmées ont été progressivement reportées jusqu'à l'arrêt total de l'activité ambulatoire, conformément aux dites recommandations. Les différents services d'urologie se sont réorganisés pour participer à la prise en charge des patients atteints du COVID-19. En effet les forces médicales et paramédicales ont été mobilisées pour prendre en charge des patients en soins critiques ou au sein de service tout COVID, tout en maintenant une activité chirurgicale réservée aux cas les plus urgents [4] . Les mesures imposées par cette crise sanitaire sont inédites, en raison de la rapidité de propagation du virus et de l'absence de données scientifiques préexistantes [5, 6] . Il apparaissait intéressant d'évaluer l'impact de la crise sanitaire pendant son pic épidémique sur la baisse d'activité chirurgicale en urologie. Une évaluation du nombre de patients en attente de chirurgie, de leurs caractéristiques et du degré d'urgence d'intervention pourra permettre d'une part d'obtenir des données disponibles pour des analyses comparatives futures, et d'autre part de préparer la reprogrammation massive à venir. Le but de cette étude était d'évaluer objectivement l'impact de la crise sanitaire sur la baisse d'activité chirurgicale urologique globale dans les huit services de l'APHP. (185 versus 103). Concernant les urgences urologiques les plus fréquentes, il était noté une diminution des explorations scrotales pour suspicion de torsion du cordon spermatique de 73% ainsi qu'une diminution de montée de sonde double J pour pyélonéphrite aiguë obstructive de 29% (Figure 1 ). L'activité de chirurgie ambulatoire a été réduite de 81% sur la période de mars 2020 par rapport à mars 2019. L'activité de chirurgie en hospitalisation conventionnelle a été réduite de 45%. Sur la période de mars 2019, l'activité ambulatoire représentait 27% de l'activité totale, contre 10% sur la période de mars 2020 (p<0,001). Les baisses d'activité les plus importantes pour la chirurgie non oncologique concernaient la chirurgie andrologique, fonctionnelle et des organes génitaux externes (respectivement -85%, -84% et -71%). Le nombre de changements de sondes JJ ou de néphrostomies a été réduit de 40% entre les périodes de L'activité oncologique a été la moins impactée par ces mesures d'urgence. Néanmoins, nous avons observé une baisse de 31% de l'activité chirurgicale onco-urologique sur cette période de mars 2020. La transformation brutale des CHU parisiens en « hôpitaux tout COVID » risque de donner suite à un second « choc » sanitaire, notamment cancérologique, collatéral à la pandémie virale [7] . A cela s'ajoute la crainte de certains patients de se présenter à l'hôpital par peur d'être contaminé par le virus et d'être confronté à une forme sévère (notamment lorsque l'on a plus de 70 ans) [8] . Par ailleurs, les atteintes respiratoires et les complications liées aux infections à CoVID19 sont plus sévères chez les patients âgés et présentant des comorbidités [9] . Les patients traités pour cancer ont une morbimortalité liée au CoVID19 supérieure à la population générale, d'une part du fait du cancer lui-même, et d'autre part de ses éventuels traitements systémiques [10] . Le comité de cancérologie de l'AFU a publié des recommandations pour la prise en charge des patients en onco-urologie pendant cette période de pandémie pour tenter de hiérarchiser la prise en charge de ces cancers [3] . Chaque urologue doit veiller à ne pas interrompre le protocole de suivi de ces patients afin d'éviter tout risque d'évolution défavorable ou d'aggravation durant cette période et de ne pas altérer la qualité sur service médical rendu. La régularisation des interventions retardées sera J o u r n a l P r e -p r o o f un véritable défi pour les urologues mais aussi pour notre système de santé, qui risque de se confronter à la mise en place de liste d'attente, que les anglais ont connus au NHS il y a quelques années [11] . Des outils peu utilisés en Urologie ont permis de pallier au suivi physique de ces patients par le biais, par exemple de la téléconsultation fortement encouragé par l'APHP et les tutelles pendant cette période [12, 13] . [14] . La plupart des pays européens ont adopté la même attitude. Même si quelques rares cas de maintien de l'immunosuppression ont été décrits [15, 16] , la majorité des séries publiées à ce jour rapportent une nécessité d'une réduction majeure et d'une adaptation des thérapeutiques immunosuppressives [17, 18] . L'accès à des alternatives à la transplantation (hémodialyse et dialyse péritonéale) [19] ont permis de différer l'activité de transplantation sans risque vital immédiat pour les patients, avec cependant une perte de chance à terme, qui va être difficile à apprécier. Cependant, il paraît difficile de pouvoir rattraper ce retard d'activité après la crise sanitaire; en effet, la principale source de greffons reste les donneurs décédés, et leur nombre reste stable au cours des années [20] . Par ailleurs, la saturation des services de réanimation pourrait avoir pour conséquence une baisse des possibilités de prise en charge des patients en mort encéphalique. On peut souligner que les transplantations hépatiques, cardiaques et pulmonaires ont été maintenues pendant cette période bien que réduites (environ -30%). Les seules transplantations rénales réalisées pendant cette période ont été des greffes pédiatriques et quelques greffes combinées coeur-rein ou foie-rein. Cela met en perspective la question éthique de ces greffons « perdus ». Nous avons démontré que les urgences urologiques chirurgicales ont été diminuées de manière majeure pendant l'épidémie de COVID-19 (-44%). Les explorations scrotales pour suspicion de torsion du cordon spermatique ont subi la baisse la plus significative. Ceci peut s'expliquer par le fait que les urologues privilégient d'explorer les fortes suspicions de torsion en sachant que le taux d'explorations négatives varie entre 50 et 86% dans la littérature [21, 22] . Néanmoins, l'explication la plus probable à notre sens est la diminution du nombre de consultation pour douleur testiculaire aigue, probablement liée à la baisse globale des consultations dans les services d'urgence [23] . La notion de perte de chance liée au report des interventions programmées, souvent de longue date notamment en urologie et pour le handicap urinaire n'a pas été évaluée. Cela fera partie des évaluations à mener dans l'année à venir tant, notamment pour les situations douloureuses et les incontinences sévères ou complexes, masculine, féminine ou neurologique, le report sine die a été parfois un traumatisme physique et psychologique. Les sociétés savantes internationales (International Continence Society) sont en cours de publication de recommandations pour la phase aiguë. Le retour d'expérience actuelle devra savoir intégrer aux chirurgies à conserver la notion de handicap à menace rénale patiente ou cutanée/douloureuse. Enfin, les équipes de neuro-urologie ont conservé les activités d'injection de toxine botulique intra-détrusorienne (activité externe en ambulatoire) pour la protection rénale des patients. Afin de rattraper 16 jours, le nombre de vacations opératoires journalières nécessaire est déjà considérable et aura un impact à la fois direct et indirect sur la reprise des activités chirurgicales. Cela risque de se majorer en l'étendant à l'intégralité de la période de confinement. Les équipes, déjà très sollicitées par la pandémie actuelle, devront trouver des anesthésistes réanimateurs ainsi que des personnels paramédicaux pour se rendre disponible pour le bloc opératoire afin de revenir à un volume opératoire raisonnable en accord avec les besoins de la population locale. Il faudra ménager la qualité de vie au travail des équipes hospitalières, déjà considérée comme à risque d'épuisement et de « burnout » [24, 25] . Sans compter qu'il faudra composer avec une activité COVID persistante dans chaque centre et on ne pourra pas se soustraire au risque d'un nouveau pic épidémique [26, 27] . De facto, plusieurs mois seront nécessaires avant un retour à la normale en termes d'activité chirurgicale, ce qui posera un réel problème de prise en charge des patients. La décision de report d'une intervention devrait être évaluée au cas par cas, en mettant en balance le risque lié à la pathologie, tumorale ou non, et le risque lié à la potentielle contamination lors de J o u r n a l P r e -p r o o f l'hospitalisation [28] . Ce d'autant plus, que le risque de contamination COVID « nosocomiale » en péri-opératoire est une réalité et une menace vitale pour les patients [29] . Cette réflexion s'applique également pour les traitements systémiques, et l'AFU recommande par exemple de surseoir temporairement à la chimiothérapie néo adjuvante pour les tumeurs vésicales infiltrantes, compte tenu du risque de neutropénie [3] . de s'adapter et offrir la meilleure prise en charge pour nos patients dans des filières sécurisées COVID Association Française d'urologie. Informations Coronavirus (COVID-19) Maximizing the Calm Before the Storm: Tiered Surgical Response Plan for Novel Coronavirus (COVID-19) 2019-nCoV, fake news, and racism COVID-19: what is next for public health? The impact of Covid-19 outbreak on uro-oncological practice across Europe: which burden of activity are we facing ahead? Press EAU Eur Urol Covid Resour Cent n Assessing the Burden of Nondeferrable Major Uro-oncologic Surgery to Guide Prioritisation Strategies During the COVID-19 Pandemic: Insights from Three Italian High-volume Referral Centres Epidemiological and clinical characteristics of 99 cases of 2019 novel coronavirus pneumonia in Wuhan, China: a descriptive study Cancer patients in SARS-CoV-2 infection: a nationwide analysis in China Cutting queues or cutting corners: waiting lists and the 1990 NHS reforms Incorporating telemedicine as part of COVID-19 outbreak response systems Telemedicine in the Time of Coronavirus COvid-19 : Suspension provisoire de l'activité de transplantation rénale et rein/ pancréas en France 2020 Immunosuppressive therapy maintenance in a kidney transplant recipient SARS-CoV-2 pneumonia: a case report Successful Treatment of Severe COVID-19 Pneumonia in a Liver Transplant Recipient Identification of Kidney Transplant Recipients with Coronavirus Disease COVID-19 in kidney transplant recipients Transitional dialysis care units: A new approach to increase home dialysis modality uptake and patient outcomes Annual Data Report: Kidney Clinical predictors of testicular torsion in children Color-flow and power Doppler imaging of the testes European Society For Emergency Medicine position paper on emergency medical systems response to COVID Prevalence of and Predictive Factors for Burnout Among French Urologists in Training What we do when a COVID-19 patient needs an operation: operating room preparation and guidance Perioperative COVID-19 Defense: An Evidence-Based Approach for Optimization of Infection Control and Operating Room Management COVID-19: global consequences for oncology Tableau 4 : Estimation sur la période étudiée de la quantité horaire des interventions à reprogrammer