key: cord-0782830-x4meluha authors: Fernandez, C title: Interventions aux urgences d'une équipe mobile de gériatrie et articulation avec un suivi psychologique en gériatrie aiguë lors de la première vague de Covid 19 date: 2021-07-24 journal: NPG Neurologie - Psychiatrie - Gériatrie DOI: 10.1016/j.npg.2021.07.002 sha: 53a5fa906e58fc5b65f4dd235225622f4832254d doc_id: 782830 cord_uid: x4meluha During spring 2020 the mobile geriatric team assisted emergency services at Strasbourg University Hospital to cope with the major increase in admissions of elderly patients infected by SARS-CoV-2. Here we describe the elderly population admitted, the therapeutic options favoured by patients and by persons close to them, and the strategies implemented. We set out to analyze the challenges and the possible impact of geriatric evaluations in a hospital emergency department in the context of an epidemic. Finally, we describe coordination with psychologists in the short-stay geriatric department. Interventions of a mobile geriatric team within a hospital emergency department and the relationship with psychologists in short-term geriatric department during the initial Covid-19 infection peak Interventions of a mobile geriatric team within a hospital emergency department and the relationship with psychologists in short-term geriatric department during the initial Covid-19 infection peak Au printemps 2020, l'Equipe Mobile de Gériatrie des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg a fait face à un afflux majeur de patients âgés infectés par le SARS-CoV-2 en soutien aux urgentistes. Nous allons décrire la population rencontrée, les projets de soins exprimés par les patients et leurs proches ainsi que les orientations réalisées. Nous nous attacherons à décrire les enjeux et l'impact possible de l'évaluation gériatrique en contexte d'épidémie aux urgences. Enfin nous décrirons l'articulation avec les psychologues du service de court séjour gériatrique. Mots-clés : équipe mobile de gériatrie ; urgences ; Covid 19 ; SARS-CoV-2 ; évaluation gériatrique standardisée During spring 2020 the mobile geriatric team assisted emergency services at Strasbourg University Hospital to cope with the major increase in admissions of elderly patients infected by SARS-CoV-2. Here we describe the elderly population admitted, the therapeutic options favoured by patients and by persons close to them, and the strategies implemented. We set out to analyze the challenges and the possible impact of geriatric evaluations in a hospital emergency department in the context of an epidemic. Finally, we describe coordination with psychologists in the short-stay geriatric department. Keywords: mobile geriatric team; emergency service; Covid-19; SARS-CoV-2; standardized geriatric assessment En mars 2020, l'épidémie de Covid 19 a été particulièrement manifeste en Alsace. A l'issue d'un important rassemblement à Mulhouse, le SARS-CoV-2 a diffusé rapidement remontant la vallée rhénane. L'impact aux urgences du Nouvel Hôpital Civil des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg a été sensible dès le 5 mars avec les premières admissions, tout d'abord isolées avec d'infinies précautions. L'épidémie a déferlé dès la première semaine de mars nécessitant une réorganisation rapide des services d'aval. Le pôle de gériatrie a converti intégralement son premier service de médecine gériatrique aiguë le 13 mars. L'équipe mobile de gériatrie a modifié rapidement son mode de fonctionnement. Au pic de ce premier épisode, 150 patients étaient hospitalisés dans des lits de réanimation (pour 100 lits habituellement autorisés) et 450 patients dans les services conventionnels. L'émergence de la pathologie et l'apprentissage simultané des signes cliniques aspécifiques chez la personne âgée, le constat rapide d'une mortalité majeure dans cette population polypathologique et vulnérable a été une donnée particulière de la prise en charge de cette première vague épidémique (1, 2). Nous décrirons les modifications de pratiques liées à la prise en charge des patients infectés par le SARS-CoV-2 par l'équipe mobile de gériatrie, la population évaluée aux urgences pendant le premier confinement, les projets de soins exprimés par les patients et leurs proches ainsi que les enjeux de l'évaluation gériatrique standardisée aux urgences dans un contexte épidémique. Enfin nous rendrons compte d'une articulation originale entre l'équipe mobile de gériatrie et les psychologues de l'hôpital de jour gériatrique fermé pendant cette période et qui ont assuré un suivi psychologique téléphonique des familles des patients. Composées habituellement de médecins gériatres, d'infirmières, de travailleurs sociaux, d'ergothérapeute et de secrétaires, les équipes mobiles de gériatrie interviennent sur le lieu de soins ou de vie du patient à la demande d'un professionnel de santé. S'appuyant sur une évaluation gériatrique standardisée, leur mission est d'accompagner les équipes médicales et soignantes dans le diagnostic, la prise en soins, l'orientation du patient tout au long de son parcours hospitalier des urgences jusqu'à sa sortie. Régulièrement les équipes mobiles sont interpellées pour une réflexion pluridisciplinaire autour des niveaux de soins (choix des traitements ou des techniques à proposer, orientation vers des soins actifs, proportionnés ou palliatifs). Le service des urgences est particulièrement demandeur en évaluations gériatriques tant pour l'aide à l'orientation (alternatives possibles à l'hospitalisation) que l'aide à l'organisation des retours à domicile depuis les urgences (inscription dans la filière gériatrique ambulatoire, programmation d'une évaluation gériatrique plus soutenue à domicile). On compte en moyenne entre 4 et 5 patients évalués par semaine dans les services des urgences des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. La collaboration entre nos deux services est ancienne et reconnue de part et d'autre. Dès le 16 mars 2020, premier jour du confinement national, l'équipe mobile de gériatrie avait revu son implication aux urgences. Dans un courriel rédigé par la responsable de l'unité à l'adresse de la cellule éthique dédiée au Covid en date du 17 mars le projet était résumé. Il s'agissait de proposer « une intervention quotidienne aux urgences pour voir les malades qui ne seront pas à réanimer, pour discuter les limitations thérapeutiques avec les urgentistes et surtout appeler les familles pour les informer du diagnostic, du pronostic quand on en a une idée, de l'interdiction des visites et de la non présentation du corps en cas de décès dans le service. Nous activons les psychologues de l'hôpital de jour -à l'arrêt-en cas de nécessité de prise en charge psychologique et d'accompagnement. Ils rappellent les familles ». Lors de cette première vague, seuls les médecins ont continué leur activité d'équipe mobile, les soignantes ont été redéployées vers les services de soins Covid en renfort des équipes en place. L 'approche médicale des patients était similaire à celle réalisée habituellement. Elle comportait un examen clinique, l'analyse des antécédents médicochirurgicaux, du degré d'indépendance fonctionnelle, du fonctionnement cognitif habituel, des conditions de vie, de l'existence de directives anticipées. Se rajoutaient dans le contexte épidémique le recueil systématique de l'avis du patient quant à un éventuel transfert en réanimation en cas de détresse respiratoire aiguë, l'avis des proches en tant que témoins du souhait du patient et l'avis du médecin traitant. Durant la période du 17 mars au 9 mai 2020, l'équipe mobile de gériatrie a rencontré 128 patients (contre 40 patients habituellement pour une période similaire), dont 48% présentaient un diagnostic de Covid avéré au moment de la prise en charge. . Quand les patients ont pu donner un avis, ils étaient majoritairement contre un transfert en réanimation. La tendance est la même si on observe l'avis des familles (conjoint, enfants, proches). On observe une majorité dans les deux cas de l'absence de réponse soit par impossibilité concrète à produire une réponse soit par incapacité à se projeter dans cette problématique « Je n'en n'ai pas la moindre idée », « On n'en n'a jamais parlé » ... Si on compare les avis donnés par les médecins de l'Unité Mobile de Gériatrie (UMG), on voit une majorité nette d'avis défavorables au transfert en réanimation. Néanmoins on compte 12 avis favorables à une surveillance plus rapprochée (soins continus ou réanimation). La figure 3 indique les orientations réalisées après l'admission aux urgences des patients positifs au SARS-CoV-2. On observe que les souhaits de non transfert en réanimation ont été suivis dans la totalité des cas. Si le patient était favorable à un transfert en réanimation, son avis a été suivi dans 75% des cas. La très grande majorité des patients a été admise en service de gériatrie aiguë. A la fin de cette première vague, on comptait 21 décès de patients positifs au SARS-CoV-2 survenus entre 24h et 22 jours après avoir quitté les urgences. A l'issue de l'entretien avec le patient, un appel téléphonique était réalisé avec la famille. Il s'agissait le plus souvent du premier contact entre l'hôpital et l'extérieur durant lequel le diagnostic et le pronostic défavorable étaient annoncés. Le recueil du témoignage du souhait de prise en charge du patient était régulièrement difficile en raison des émotions partagées lors de cet échange. L'interdiction des visites était plutôt bien comprise par les proches. Il n'était pas toujours possible d'indiquer qu'en cas de décès le corps ne serait pas visible par les proches. Entre un et deux appels par patient étaient nécessaires pour affiner une vision ajustée de la situation antérieure du patient. La proposition d'un lien avec les psychologues a été faite chaque fois que possible. Ainsi en sus des appels quotidiens d'informations par l'équipe médicale du service de gériatrie aiguë, 48 familles ont bénéficié d'un suivi psychologique téléphonique. Les psychologues ont appelé les familles en moyenne un peu moins de 4 fois par patient (entre 1 et 21 appels) créant un véritable espace d'écoute et de soutien. La communication était rendue difficile tant par l'état clinique des patients que le port des équipements de protection personnelle. Nous avons été surprises des réactions des familles, très inhabituelles, exprimant de la reconnaissance et de la considération pour le temps consacré au téléphone. Une collaboration solide et régulière de l'équipe mobile de gériatrie au sein du service des urgences a favorisé l'adaptation des pratiques le temps de la première vague de l'épidémie de Covid avec une implantation quotidienne soutenue. La poursuite de l'évaluation gériatrique standardisée a été essentielle pour assurer une prise en soins individualisée s'écartant de l'arbitraire et du fantasme du tri. Elle s'est avérée soutenante en période de crise. L'appui précieux des psychologues qui ont créé un espace de soutien et d'écoute téléphonique a permis un suivi des familles privées des liens essentiels avec leur proche hospitalisé. Liens d'intérêts : aucun. Enjeux et défis du Covid 19 en gériatrie aiguë : leçons tirées de l'expérience genevoise Informations sur des formes cliniques atypiques de Covid 19 Quels enjeux de nature éthique l'épidémie de Covid 19 a-t-elle soulevés ?