key: cord-0779380-mg4c5zca authors: Delet, Jessica; Ablancous, Lauriane; Miel, Anaïk; Voluménie, Jean-Luc; Monthieux, Alice title: Covid-19 et soins périnataux : l’expérience de la Martinique date: 2020-07-29 journal: nan DOI: 10.1016/j.sagf.2020.07.010 sha: dffd027af4bd7017f3c914c1f9fabb802a29c8c9 doc_id: 779380 cord_uid: mg4c5zca La Martinique, alors en phase 2 de l’épidémie à COVID-19, a appliqué, en mars 2020, les mesures de confinement décidées au niveau national, ce qui a rendu nécessaire une réorganisation de l’offre de soins en périnatalité. De nouvelles méthodes de travail ont émergé, fruit de la disponibilité, de l’adaptabilité et de la créativité des professionnels. Cette expérience devrait nous conduire à renforcer les stratégies d’accompagnement des femmes, à mieux appréhender l’avenir et à développer la formation des soignants aux enjeux psychologiques de la gestion de crise sanitaire. COVID-19 and perinatal care: the Martinique experience Martinique, while in phase 2 of the COVID-19 epidemic, applied, in March 2020, the containment measures decided at the national level, which made it necessary to reorganize the perinatal care supply. New working methods have emerged as a result of the availability, adaptability and creativity of professionals. This experience should lead us to strengthen accompanying strategies for women, to better apprehend the future and to develop the training of caregivers in the psychological challenges of health crisis management. La Martinique, alors en phase 2 de l'épidémie à COVID-19, a appliqué, en mars 2020, les mesures de confinement décidées au niveau national, ce qui a rendu nécessaire une réorganisation de l'offre de soins en périnatalité. De nouvelles méthodes de travail ont émergé, fruit de la disponibilité, de l'adaptabilité et de la créativité des professionnels. Cette expérience devrait nous conduire à renforcer les stratégies d'accompagnement des femmes, à mieux appréhender l'avenir et à développer la formation des soignants aux enjeux psychologiques de la gestion de crise sanitaire. Covid-19 et soins périnataux : l'expérience de la Martinique L a France se trouve en phase 3 de l'épidémie de COVID-19 lorsque le président de la République annonce, le 16 mars 2020, un confinement national à compter du lendemain [1] . En Martinique, les premiers cas ont été confirmés dès le 15 mars et un décès est survenu dans la même semaine, rendant la menace réelle et palpable [2] . Bien que l'île soit toujours en phase 2, le confinement est instauré, dans un souci d'alignement sur les directives nationales, mais peu suivi par la population. Le 1 er avril, un couvre-feu local est décidé [3] . Au 30 avril, la circulation du virus semble maîtrisée avec l'annonce, par l'agence régionale de santé, de 1 à 6 nouveaux cas par jour. Les publications concernant des femmes enceintes infectées par le SARS-CoV-2 évoluent de manière permanente [9] . Le CNPGO recommande d'adapter la prise en charge de la grossesse au contexte épidémique, car il considère, depuis le 11 mars, les femmes enceintes comme « à risque de développer une forme grave d'infection à SARS-CoV-2 » [10, 11] . Au quotidien, soigner et protéger en conservant un lien social, indispensable, deviennent des objectifs à atteindre en termes de qualité des soins. Néanmoins, face à une crise sanitaire mondiale sans précédent, les soignants travaillent dans un contexte d'incertitude particulièrement anxiogène, les exposant à des risques psychologiques non anticipés 1 . Les spécificités locales expliquent les particularités sanitaires du territoire. La Martinique est une île de l'archipel des Petites Antilles d'une superficie de 1 128 km 2 . Au 1 er janvier 2017, elle regroupait 372 594 habitants, soit 330/ km 2 contre 118 au niveau national [12] . Le caractère insulaire et la densité du département mettent en exergue un risque accru de transmission virale. Sur l'île de la Martinique, la prévalence des pathologies métaboliques (diabète, obésité) et des maladies cardiovasculaires (hypertension artérielle) est importante [13] . Or, de nombreuses publications mettent en évidence un lien entre ces pathologies et des formes compliquées d'infection à COVID-19. Ces facteurs de comorbidité rendent la population vulnérable [14, 15] . De plus, la Martinique se classe parmi les régions les plus âgées de France, alors que l'âge, surtout supérieur à 65 ans, est un facteur de risque de gravité [16] . Comme la population, l'offre de soins est principalement concentrée dans la partie centrale de l'île. En effet, le centre hospitalier universitaire (CHU) de Martinique, situé à Fort-de-France, constitue un pôle à forte attractivité pour l'ensemble du département. Les patients présentant des signes cliniques évocateurs de COVID-19 ont été orientés vers les urgences générales, où un circuit dédié aux suspicions de primo-infection avait été mis en place. Un questionnaire simple permettait de trier les patientes à l'entrée des urgences obstétricales. En l'absence d'urgence gynécologique ou obstétricale, les cas suspects étaient réorientés vers les urgences COVID générales. Si l'état d'une femme nécessitait un maintien à la maternité, toutes les précautions barrières devaient être mises en place. Avant toute hospitalisation, un test était réalisé. Dans l'attente des résultats, le protocole de prévention gouttelettes était appliqué [17] . Chaque service disposait d'une chambre dédiée aux patientes infectées. La toux et la fièvre ont été les signes les plus évocateurs observés en maternité. À l'été 2020, aucun cas ne s'était révélé positif dans l'établissement. Prise en charge de la grossesse Sur l'ensemble du territoire, le suivi des femmes enceintes a été maintenu. Les femmes enceintes ne présentant pas de symptômes de la maladie étaient invitées à appliquer rigoureusement les gestes barrières et à respecter le confinement. Le suivi de grossesse a préférentiellement été réalisé en visioconférence ou en téléconsultation. En cas de pathologie nécessitant une consultation présentielle, celle-ci était assurée en l'absence du conjoint, en respectant les gestes barrières. L'accompagnement psychosocial des femmes enceintes a été maintenu. En revanche, les séances de préparation à la naissance et à la parentalité (PNP) et les consultations gynécologiques non urgentes ont été suspendues jusqu'au déconfinement. Les mesures d'hygiène recommandées par le Collège français d'échographie foetale (CFEF) ont été respectées et les trois consultations échographiques obligatoires maintenues [8] . Elles se déroulaient toutefois en l'absence du père et le nombre de patientes en salle d'attente était limité. Recommandations du 19/03/2020 pour la pratique des échographies obstétricales et foetales pendant la période de l'épidémie Covid-19. Paris: Collège français d'échographie foetale Conséquences de l'infection à Sars-Cov-2 chez les femmes enceintes et les nouveau-nés Infection par le SARS-CoV-2 chez les femmes enceintes : état des connaissances et proposition de prise en charge par CNGOF How should we treat pregnant women infected with SARS-CoV-2? Recensement de la population en Martinique : 372 594 habitants au 1 er janvier 2017 Agence régionale de santé (ARS) Martinique. Cadre d'orientation stratégique pour le Projet régional de santé de Martinique. Document soumis à la consultation réglementaire Prevalence of comorbidities and its effects in patients infected with SARS-CoV-2: A systematic review and meta-analysis COVID-19 and the cardiovascular system Seniors en Martinique : un enjeu économique Prévenir le risque infectieux en milieu de soins grâce aux mesures barrières Les professionnels de santé face à la pandémie de la maladie à coronavirus (COVID-19) : quels risques pour leur santé mentale ?