key: cord-0747822-tamaznh1 authors: Veber, Benoît; Perrigault, Pierre-François; Michel, Fabrice title: L’épidémie du Covid-19, un immense défi organisationnel, médical et humain pour les équipes d’anesthésie-réanimation date: 2020-04-24 journal: nan DOI: 10.1016/j.anrea.2020.04.009 sha: 3e91a6f763e044abc78d55774d80db1604896f94 doc_id: 747822 cord_uid: tamaznh1 nan Benoît Veber 1* , Pierre-François Perrigault 2 Benoit.Veber@chu-rouen.fr L'épidémie de coronavirus, qui vient de mettre sous très forte tension le système de santé français et plus particulièrement les secteurs de réanimation et d'anesthésie, survient à une période de l'histoire de la médecine où les soins de réanimation ont acquis leur maturité. Par le passé, les épidémies « grippales » de 1957 (grippe asiatique) et de 1968 (grippe de Hongkong), qui avaient provoqué chacune plus de 30 000 décès en France, n'ont laissé que peu de souvenirs collectifs, à une époque où la réanimation était balbutiante (1). Cette épidémie est la première, du fait du nombre très important de patients en SDRA justifiant des soins de réanimation, à faire vaciller notre système de santé et la médecine du 21 ème siècle. En effet, l'accès à la réanimation pour tout un chacun est devenue une exigence sociétale, corollaire de l'allongement de l'espérance de vie en France. Les médecins anesthésistes-réanimateurs ont intégré, après les attentats de ces dernières années, le risque que les services de réanimation puissent être soumis à un afflux brutal et saturant de victimes, mais cela n'a jamais été pensé pour une durée aussi prolongée, ni à l'échelle d'un pays tout entier et encore moins à celle de l'Europe. C'est aussi la première fois qu'une pathologie infectieuse d'une telle ampleur, potentiellement mortelle et transmissible aux soignants, survient dans les pays occidentaux. C'est à toutes ces questions qu'il nous a fallu tenter de répondre en peu de temps. Se rappeler que l'âge n'est pas un critère suffisant à lui tout seul pour récuser l'admission en réanimation, que les décisions éthiques difficiles ne sont plus possibles sans collégialité, avec au minimum deux médecins et un membre de l'équipe, qu'il faut toujours prendre en compte l'avis du patient quand cela est possible, que les proches doivent être informés, que la traçabilité de la décision doit être assurée et que les soins palliatifs doivent être intégrés dans l'arsenal du soin, est une nécessité qui va de pair avec l'exercice de la réanimation (4). Cette démarche relève d'une réflexion éthique inhérente à notre spécialité. La reconnaissance des français, exprimée notamment par les applaudissements tous les soirs à 20h, est appréciée par les soignants même s'ils ne sont pas des héros. Cette présentation relayée par les médias ne correspond pas à la façon dont ils se perçoivent eux-mêmes. Si cette crise sanitaire met en lumière leur profession, et même pour certains lui redonne du sens, elle leur rappelle aussi chaque jour les limites de leur exercice. Ils font juste leur métier du mieux possible conjuguant savoir-faire et savoir-être. Force est de constater que l'anesthésie-réanimation est aux avant-postes dans cette crise sanitaire. Si l'hyper-technicité est nécessaire à sa pratique, celle-ci ne saurait éclipser la dimension humaine de notre engagement. Après les décisions prises dans l'urgence, viendra le temps de l'analyse, de la remise en question et du débat autour des nombreuses questions qui auront émergé au décours de cette pandémie. Comité éthique: à propos des décisions médicales d'admission des patients en unité de soins critiques en contexte pandémique : quelques repères éthiques Priorisation des traitements de réanimation pour les patients en état critique, en situation d'épidémie de COVID-19, avec capacités d'accueil de réanimation limitées / Limitation et arrêt des thérapeutiques : impact de la loi Claeys Leonetti et des modifications du code de déontologie médicale sur la pratique du médecin anesthésiste réanimateur. M