key: cord-0694653-y3hl0494 authors: Bessis, S. title: Pandémie de COVID-19 The COVID-19 pandemic date: 2020-09-30 journal: Médecine et Maladies Infectieuses DOI: 10.1016/s0399-077x(20)30779-4 sha: 22a9bf4a899e6177d500391cdb187b19e4a1160f doc_id: 694653 cord_uid: y3hl0494 nan Le Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2 (SARS-CoV-2) responsable du COVID-19, initialement originaire de la ville de Wuhan en Chine, s'est répandu sur l'ensemble de la planète. Désormais, ce sont près de 37 millions de personnes touchées et 1 million de morts. Cette pandémie a provoqué de nombreux désordres et bouleversements tant sur le plan sanitaire qu'économique mais aussi sociétal. Sur le plan scientifique, rarement une seule pathologie aura mobilisé autant d'efforts et de moyens. En résultante, on dénombre à ce jour près de 62 000 articles indexés dans PubMed, en 9 mois à peine. Naturellement cette thématique a été au centre du congrès tant lors des communications orales qu'au niveau des posters (> 100). Le parti pris de ce reporting fut de mettre en avant certains aspects originaux moins rapportés dans la littérature scientifique comme la désorganisation des structures de soins en France. Mais aussi comment des solutions innovantes reposant beaucoup sur les technologies numériques ont émergé avec succès. Enfin, nous évoquerons cette entité encore mal définie, mal comprise qu'est le « Post-Covid ». D'après le poster discuté en session (PADS2-01) de C. Kaeuffer L'irruption du COVID-19 dans nos vies quotidiennes tant personnelles que professionnelles a eu un impact majeur, concurrençant parfois les canaux traditionnels de transmission de l'information y compris entre professionnels de santé. Ce travail s'est donc intéressé à la possible émergence d'une « intelligence collective » médicale au cours de cette pandémie en analysant la diffusion des informations autour de quatre grandes thématiques : anosmie/ agueusie, l'atteinte dermatologique, le lien entre tabagisme et COVID-19 et le traitement par l'hydroxychloroquine. L'intelligence collective se définissant (selon P. Lévy) comme la capacité d'une communauté à faire converger intelligence et connaissances pour avancer vers un but commun. Elle résulte de la qualité des interactions entre ses membres (ou agents). Le recueil consistait en l'analyse de corpus de messages (SMS, WhatsApp, mails, publications de sociétés savantes et article de presse écrite) du 14 mars au 11 mai 2020. À ces analyses de corpus était associée la réalisation de questionnaires de type Google Forms relatifs aux quatre thématiques distribuées aux médecins. Enfin des entretiens téléphoniques ont été réalisés avec des médecins aux origines de certaines alertes. Les corpus de texte étant résumés dans le tableau ci-dessous (Tableau 1). Par ailleurs ces informations se sont très rapidement diffusées sur l'ensemble des médias évalués. Cependant malgré cette diffusion importante et rapide des informations autour de ces thématiques, les impacts sur le plan de la recherche furent modérés puisque sur les médecins interrogés, seulement 18 % ont finalement participé à des études relevant de ces thématiques. Par ailleurs ce mode d'échanges dans cette situation extraordinaire permettait certes des échanges libres d'informations mais diffusait précocement des informations non vérifiées, parfois reprises dans les médias pouvant paradoxalement être un frein à la démarche scientifique car ne s'inscrivant pas dans la temporalité de la recherche. Enfin ce type de démarche pouvait avoir comme effet de légitimation de toutes recherches par un chercheur ou une équipe sur une thématique. Ainsi ce travail permet de mettre en évidence que certes l'information s'est très vite et très largement diffusée en impliquant un très large éventail de soignants mais que avec le taux de mortalité au sein de cette structure de 25 % sur la période d'analyse (2 mars au 20 avril). Cette épidémie a donc atteint autant les soignants que les résidents, mais l'absentéisme et la désorganisation des soins qu'elle a engendrés ont très probablement favorisé la dissémination du virus dans la structure. D'après le poster de N. Saidani (COVID-97) La pandémie de COVID-19 a entraîné un élan scientifique encore jamais vu pour une seule pathologie à travers le monde. Cependant cet effort bien que majeur s'est fait sans réelle concertation ou réelle coopération. Dans ce travail les auteurs ont recensé toutes les études cliniques portant sur le COVID-19 à partir des bases de données mondiales entre le 15 mars et le 28 avril. À l'échelle mondiale ce sont près de 466 essais cliniques interventionnels qui ont été récencés, parmi ceux-ci on décompte 398 essais thérapeutiques, 56 prophylactiques et 5 mixtes. Au total, 76,5 % de ces essais étaient académiques et concernaient des patients hospitalisés pour des formes modérées à sévères. L'objectif cumulé des inclusions était de 248 928 patients, soit près de 11,23 % de la population mondiale atteinte de COVID-19 à ce moment-là. Rien que pour la France, 38 essais interventionnels étaient autorisés, 79 % dont le promoteur était académique ; essentiellement des essais thérapeutiques (31/38, 81,6 %), 3 études sur des techniques de ventilations, 2 essais de prophylaxie et 3 études mixtes. Concernant les essais thérapeutiques, 91 % incluaient des patients hospitalisés présentant des formes modérées à sévères. Au total 47 molécules ont été évaluées dans ces essais essentiellement de phase III (58 %). À l'endroit choisi pour cette étude soit la S15, sous réserve de l'inclusion de 50 % des patients hospitalisés, les objectifs de recrutement n'étaient pas atteignables en France au moment de la rédaction de ce travail. Même avec un taux d'acceptation de 100 %, il apparaissait que la faisabilité d'un certain nombre d'études était remise en question. Lors de la rédaction de ce travail, 23 études étaient encore en cours d'attente pour une autorisation. D'après la communication orale d'A. Dinh (COL7-1) Dans le but de limiter la saturation du système de soins, un dispositif inédit dans son ampleur fut mis en place dans l'urgence : COVIDOM. Il s'agit d'un dispositif de télésurveillance à l'échelle celle-ci s'est aussi faite par affirmation de leadership de certains sur des sujets. Il n'est donc pas possible de dire qu'une véritable intelligence collective ait pu prendre forme au cours de cette crise. D'après le poster de P. Tarteret (COVID-60) Dans ce travail les auteurs ont voulu évaluer l'impact du manque de prise en charge médicale sur la mortalité dans les EHPAD durant l'épidémie. Ils ont donc évalué les facteurs démographiques, cliniques et médicaux associés à la mortalité dans les EHPAD. Ce travail rétrospectif dans trois EHPAD sur une durée de 3 semaines comparait la prise en charge entre deux EHPAD qui disposaient de la présence d'un médecin permanent et qui bénéficiaient d'une coopération étroite et historique avec des services d'hygiène et d'infectiologie hospitalières et une autre EHPAD qui ne bénéficiait pas de ressource hospitalière. Étaient considérés comme un standard de soins l'examen clinique quotidien associé à trois mesures des constantes et une anticoagulation préventive en cas de suspicion de COVID-19. Au total, 38,9 % (146/375) des résidents ont été considérés comme COVID-19. L'EHPAD sans lien hospitalier a enregistré 54,4 % de cas de COVID-19 (80/147) vs 28,9 % (66/228) dans les deux autres (p = 0,001), et 11,4 % (26/228) de décès vs 2 % (3/146) dans les deux autres EHPAD (p = 0,001). Aucune caractéristique démographique ou de comorbidité n'était associée à la mortalité dans cette population. L'analyse multivariée a retrouvé que la mortalité diminuait lorsque les résidents bénéficiaient d'un examen clinique quotidien (aOR = 0,09 ; 0,02 ; 0,32 ; p = 0,001) et augmentait quand la saturation en O 2 était inférieure à 92 % (aOR = 3,58 ; 1,38-9,28 ; p = 0,009). À noter que parmi les résidents décédés, seuls 55,2 % (16/28) présentaient une saturation en O 2 < 92 %. Ces résultats bien qu'attendus éclairent néanmoins sur l'extrême dénuement d'un grand nombre de ces structures et de la nécessité d'un investissement massif en ressource humaine et matériel. Une fois le patient inclus, la télésuivie reposait sur des questionnaires renseignés par le patient 1 à 2 fois par jour. Au total, 7 items étaient renseignés (fréquence cardiaque [FC] , dyspnée, fréquence respiratoire [FR], température, malaise, frissons, difficultés liées au confinement). Ces réponses généraient des alertes classées par gravité selon un code couleur, vert, orange ou rouge. Ces alertes étaient suivies par un plateau d'opérateur supervisé par un médecin senior. Le suivi était poursuivi jusqu'à J30 depuis le premier jour des symptômes. En termes d'activités, environ 10 000 médecins ont inclus des malades, dont 3 600 médecins généralistes et 6 100 médecins hospitaliers. Plus de 140 000 patients ont été suivis pendant 30 jours du 9 mars au 2 septembre 2020. Les réponses aux questionnaires pouvaient générer jusqu'à 10 000 alertes/jour lors du pic. Sur le plan de la logistique, des moyens importants ont été mis en oeuvre avec jusqu'à 40 cellules de télésurveillance lors du pic, actives 7 jours sur 7 et de 8 heures à 20 heures. Plus de 1 100 intervenants furent formés allant des étudiants en médecine, dentaires, et l'ensemble des professionnels de santé. Près de 990 médecins référents furent formés et composés pour majorité de salariés de l'AP-HP et de libéraux à la retraite. Lorsqu'on étudie la population de patients inclus, il s'agit de patients de ville à 45 %, des sorties d'hospitalisation à 23 %, de consultation hospitalière 23 % et de service d'aide médicale urgente (SAMU) à 9 %. Les délais moyens avant une prise en charge d'une alerte rouge étaient de 4,24 minutes, 427 appels SAMU ont été déclenchés par la plateforme, 858 patients ont été hospitalisés et 73 patients sont décédés. Ce dispositif en plus de limiter la saturation des établissements de santé a permis une meilleure coopération entre la ville et l'hôpital et également de rassurer les patients et leur entourage. D'après le poster de J. Zeggagh Un des défis majeurs durant cette crise fut de pouvoir retracer le fil des contacts et donc de pouvoir endiguer la propagation de la maladie. Les outils digitaux ont été précieux dans cette tâche et ont été utilisés avec succès dans d'autres pays notamment en Asie (Corée du Sud, Singapour). Ainsi en France, la plateforme Le taux de réponses aux questionnaires était de 68 %, 13 % des patients étaient fumeurs, 44 % présentaient des symptômes à S6. Le symptôme prédominant était une sensation de perte de capacité respiratoire 40 %, ceux ayant des activités physiques avant le COVID-19 n'ont repris que dans la moitié des cas. Concernant le point particulier de l'agueusie (11/202) et de l'anosmie (114/206), la récupération semblait très inégale. Avant J21, 2 personnes sur 3 récupéraient tandis qu'après J21, seulement 1 personne sur 3 semblait récupérer, avec à S6 une persistance de 17 % d'anosmie et de 10 % d'agueusie. Sur les 23 patients ayant un TDM thoracique, 17 % présentaient encore des plages en verres dépolis (4/23). Cependant ces lésions étaient toutes en régression par rapport aux imageries antérieures. Aucun cas de fibrose pulmonaire n'a été mis en évidence. Les EFR réalisées chez ces 23 patients montraient que dans 39 % des cas, on retrouvait une diminution de la mesure des volumes pulmonaires et de la capacité de diffusion du monoxyde de carbone (DLCO), une hyperréactivité bronchique dans 30 % (7/23), une désaturation pendant le test de marche de 6 minutes dans 10 % (2/23) et un syndrome d'hyperventilation dans 13 % (3/23). Ainsi ce que montre cette cohorte, c'est que finalement dans une population ambulatoire, les symptômes persistants sont « BriserLaChaîne.org » a permis de remplir cette mission de contact tracing. Dans le cas où le COVID-19 était suspecté par l'utilisateur, un outil d'orientation diagnostique basé sur un algorithme calculait un score de probabilité de l'infection et invitait les patients à consulter un médecin. Par ailleurs des conseils étaient donnés sur cette plateforme. Enfin la notification des personnes contacts se faisait par l'utilisateur. Près de 120 000 connexions furent établies grâce à cet outil. Cette plateforme fut donc la première mise en place en France. Bien que celle-ci ne conserve aucune donnée personnelle ou de géolocalisation, les craintes en lien avec le respect de la vie privée de l'utilisateur furent un frein à une plus large utilisation. D'après le poster de F. Bénézit (COVID-20) Les auteurs présentent un questionnaire d'aide au triage disponible via un site internet pour évaluer la véracité de COVID-19 en situation épidémique. Le questionnaire se compose donc de 23 items évaluant le terrain et les symptômes. Une analyse des données fut réalisée du 18 mars au 12 juin inclus. Ce sont près de 5 043 430 formulaires qui furent remplis, avec 96 % d'entre eux dans un délai court (> 30 secondes). Ce sont finalement 4 819 366 formulaires qui furent analysés. Le maximum de questionnaires rendus fut atteint le 19 mars 2020 (971 393), alors que la médiane de questionnaire quotidien était de 9 138 (IQR : 4 263-19 986) avec un nadir de 809 le 9 juin 2020. Les symptômes déclarés étaient dominés par la toux (43 %), la fièvre (37 %), l'anosmie (12 %), les courbatures (59 %), la diarrhée (29 %), la fatigue (54 %) et les difficultés alimentaires (5 %). L'association toux + courbature + fièvre et toux + dyspnée présentait des pics de déclarations respectifs le 4 avril (11 %), et le 27 mars (14 %). Ainsi ces questionnaires par l'analyse des déclarations des symptômes et de leur association étaient correctement corrélés à la courbe épidémique. Cet outil semble donc être intéressant pour aider à la surveillance épidémiologique. Les auteurs de cette étude ont voulu évaluer la prévalence et les mécanismes des symptômes persistants à 6 semaines d'un COVID, via l'utilisation d'une appli de smartphone avec un recueil prospectif. Dans cette étude observationnelle descriptive transversale et monocentrique, 311 patients ont été suivis en ambulatoire pour un COVID-19 confirmé virologiquement ou avec une forte présomption radioclinique. Un questionnaire était envoyé à S6. Une tomodensitométrie (TDM) thoracique non injectée, une exploration fonctionnelle respiratoire (EFR) et une rééducation à l'effort ou une prise en charge orthophonique étaient systématiquement proposées aux patients. Les caractéristiques de la population sont résumées dans le Tableau 2. . À J30 l'oxygénothérapie initiale (p = 0,014), la dyspnée (p = 0,037), une auscultation anormale (p = 0,046), une hospitalisation initiale (p = 0,011) étaient des facteurs associés à la persistance des symptômes. S. Bessis : prise en charge en congrès : Pfizer. Cet article fait partie du numéro supplément Actualités des 21 es Journées Nationales d'Infectiologie (JNI) réalisé avec le soutien institutionnel de Sanofi Pasteur. fréquents bien que la date de point puisse être considérée comme trop précoce à certains égards. Pas d'explication disponible sur le plan physiopathologique dans les données fournies. Il est à noter que 51/83 (61 %) n'avaient pas de preuve virologique d'infection à SARS-CoV-2. Dans le groupe d'infection à COVID-19 documentée, 43/83 (51,80 %), les patients étaient significativement plus âgés (p = 0,005) avec un délai de consultation plus court (55 jours Dans le prolongement du poster précédent, les auteurs de cette étude décrivent l'évolution et les facteurs prédictifs de symptômes persistants à 30 et 60 jours chez des patients présentant des atteintes modérées de COVID-19. Lors de ce travail les auteurs ont suivi 150 patients avec un diagnostic