key: cord-0691915-ciu8ergg authors: Djillali, Slimane; Ouandelous, Nassima-Nassiba; Zouani, Naziha; Crettaz Von Roten, Fabienne; de Roten, Yves title: Incidence et prédicteurs des réactions péri-traumatiques dans une population algérienne face à la COVID-19 date: 2021-03-05 journal: Ann Med Psychol (Paris) DOI: 10.1016/j.amp.2021.03.006 sha: 6199b6d6d9757eda45c4a9ea38531fd9a06811a9 doc_id: 691915 cord_uid: ciu8ergg OBJECTIVES: This study explored two related questions: (1) the incidence of peri-traumatic distress and dissociation in a general Algerian population during the initial stages of the COVID-19 epidemic; (2) sociodemographic predictors of peri-traumatic reaction. The objective is to better understand the peri-traumatic experience in order to identify vulnerable people to whom psychological care could be offered. MATERIALS AND METHODS: An online descriptive survey containing three questionnaires, a demographic questionnaire, the questionnaire for peri-traumatic distress and the questionnaire for peri-traumatic dissociation experiences, was conducted using the snowball sampling technique to select 1374 Algerians. RESULTS: The results of this survey indicate that 32.7 % of the participants present a peri-traumatic distress and 61.8 % of the participants present a significant level of peri-traumatic dissociation during the initial phases of the COVID-19 pandemic. In addition to confinement, stress, female gender, the origin of a particularly affected department, the average economic situation and a history of psychological problems are predictors of peri-traumatic distress. CONCLUSION: This study provides the first empirical data on the incidence of peri-traumatic reactions (distress and dissociation), as well as their predictors in an Algerian population during the initial phases of the COVID-19 epidemic. The Algerian population has experienced levels of distress in the low range of what has been described in the literature, while the dissociation shows that the majority of the population is affected. This result demonstrates the importance of measuring the peri-traumatic reactions according to the two dimensions of distress and dissociation, and offering psychological care for the most vulnerable people, in order to prevent the risk of their possible chronicisation, and developing post-traumatic stress disorder in later periods. À l'instar des autres pays, l'Algé rie a é té touché e par la pandé mie COVID-19 à partir du 25 fé vrier 2020. Le 1 er mars, un foyer de contagion se forme dans la wilaya de Blida (ville situé e à 50 km de l'ouest d'Alger), où seize membres d'une même famille ont é té contaminé s. La wilaya de Blida devient l'é picentre de l'é pidé mie. Des cas sont ensuite dé tecté s dans d'autres wilayas : Alger, Tizi Ouzou, Mé dé a, Tipaza, Sé tif, Constantine, Oran. Selon le communiqué du ministè re de la Santé , l'Algé rie enregistre au 27 octobre 2020 un total de 56 706 personnes testé es positives et plus de 1 931 dé cè s depuis le dé but de l'é pidé mie [25] . Les é tudes sur les é pidé mies pré cé dentes, telles que SRAS, Ebola, grippe H1N1, syndrome respiratoire du Moyen-Orient, grippe é quine, ont montré que l'impact psychologique sur la population (symptôme de stress post-traumatique, confusion, colè re et diffé rents facteurs de stress) est important et durable. Ces effets né gatifs sont associé s en particulier à la duré e de la quarantaine, aux craintes de contamination, à la frustration, à l'ennui, aux fournitures inadé quates, aux informations inadé quates, aux pertes financiè res et à la stigmatisation [6] . Concernant la COVID-19, plusieurs travaux ré cents [24, 29, 35 ] ont recensé les effets pathologiques du confinement : ennui, isolement social, stress, manque de sommeil, anxié té , dé pression, é tat de stress post-traumatique, conduites suicidaires et addictives, violences domestiques. Dans la ré gion du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA), diffé rentes ré actions psychopathologiques, telles que stress aigu [3, 13] , dé pression, anxié té , insomnie [3, 20, 26] , et é tat de stress post-traumatique (ESPT) [13] [14] [15] 20, 26] , ont é té rapporté es. En Algé rie, la plupart des recherches sont encore en cours. Une enquête en ligne [22] , mené e sur un é chantillon de 678 personnes, a ré vé lé que 50,3 % des ré pondants pré sentaient des symptô mes d'anxié té durant les trois premiè res semaines du confinement, 48,3 % se sentaient stressé s, 46,6 % se sentaient de mauvaise humeur et 47,4 % avaient des pensé es ré currentes sur l'é pidé mie et les moyens de protection. Compte tenu du nombre é levé des personnes infecté es en Algé rie, du nombre croissant des dé cè s et des mesures barriè res prises par le gouvernement, é valuer les ré actions pé ri-traumatiques durant les phases « chaudes » de cette crise sanitaire nous semble un é lé ment essentiel si l'on veut identifier, suivre et aider efficacement les personnes les plus vulné rables, afin de pré venir les risques de dé veloppement d'un ESPT au cours des phases ulté rieures. La dé tresse et la dissociation sont deux dimensions gé né ralement associé es dans l'é tude de la ré action psychologique lors d'un é vé nement traumatique de masse comme une catastrophe naturelle ou un attentat. La dé tresse pé ri-traumatique dé crit l'ensemble des ré ponses physiologiques, é motionnelles et cognitives vé cues pendant ou immé diatement aprè s l'é vé nement traumatique [7] . Ces ré ponses sont des pré dicteurs importants de l'ESPT et d'autres troubles psychiatriques [34] . Une premiè re é tude mené e en Chine sur la COVID-19 [28] a ré vé lé que, sur un total de 52 730 personnes interrogé es, 35 % ont exprimé une dé tresse psychologique (29,9 % modé ré e et 5,1 % sé vè re). L'ensemble des donné es disponibles montre que la dé tresse varie passablement (de 35 % à 87,9 %) suivant le pays ou la population interrogé e [1, 2, 10, 11, 19, 28, 32] . Cette dé tresse est lé gè re pour 33 % à 47,5 % des personnes interrogé es [1, 2] et sé vè re pour 5,1 % à 23,8 % [1, 2, 28] . Les facteurs associé s à la dé tresse pé ri-traumatique sont nombreux : le genre, l'âge, l'activité professionnelle, l'é tat de santé [1, 2, 11, 28, 36] , le travail dans le secteur privé ou de la santé [2] , l'utilisation de mé dicaments psychotropes, de somnifè res, la crainte de la mort en cas de contagion COVID-19 [11] , et le niveau d'é ducation [28, 36] . La dissociation pé ri-traumatique, ressentie pendant ou immédiatement aprè s l'exposition à un é vé nement traumatique, est un é tat qui ne persiste gé né ralement pas plus de quelques semaines et sert des buts adaptatifs, tels que la ré duction de la douleur et de l'humiliation [16] . Lorsque cet é tat perdure et se chronicise, il constitue alors un facteur de vulné rabilité pour le dé veloppement d'un é tat de stress post-traumatique [9] . Plusieurs mé ta-analyses dé montrent que la dissociation pé ritraumatique est le meilleur et le plus robuste pré dicteur de l'ESPT chez l'adulte [21, 27] avec des corré lations allant de 0,35 à 0,40. La dissociation pé ri-traumatique interagit é galement avec d'autres variables, tels que les problè mes de santé mentale survenant au cours des premiers jours ou semaines suivant l'é vé nement, ou avec des é vé nements traumatiques anté rieurs importants [8, 9] . Les é tudes sur la dissociation et la COVID-19 sont peu nombreuses. Une é tude chez les personnes confiné es [33] a noté des symptômes de stress post-traumatiques, des troubles anxieux dé pressifs, un stress aigu, un sentiment de peur et de culpabilité , un é puisement é motionnel pouvant être associé à un dé tachement et à un é tat d'anesthé sie é motionnelle. Une autre é tude qui a mesuré plus directement la dissociation pé ri-traumatique ré vè le un taux de 32 % [4] . La pré sente é tude a é té conçue pour explorer deux questions : l'incidence de la dé tresse et de la dissociation pé ri-traumatique dans une population gé né rale algé rienne durant les phases initiales de l'é pidé mie COVID-19 ; initial phases of the COVID-19 pandemic. In addition to confinement, stress, female gender, the origin of a particularly affected department, the average economic situation and a history of psychological problems are predictors of peri-traumatic distress. Conclusion. -This study provides the first empirical data on the incidence of peri-traumatic reactions (distress and dissociation), as well as their predictors in an Algerian population during the initial phases of the COVID-19 epidemic. The Algerian population has experienced levels of distress in the low range of what has been described in the literature, while the dissociation shows that the majority of the population is affected. This result demonstrates the importance of measuring the peri-traumatic reactions according to the two dimensions of distress and dissociation, and offering psychological care for the most vulnerable people, in order to prevent the risk of their possible chronicisation, and developing post-traumatic stress disorder in later periods. C 2021 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. les pré dicteurs sociodé mographiques de la ré action pé ritraumatique. L'objectif est de mieux comprendre le vé cu pé ri-traumatique afin d'identifier les personnes vulné rables à qui une prise en charge psychologique pourrait être proposé e. Au vu de la situation de la pandé mie COVID-19, le recrutement des participants à notre é tude s'est fait en ligne, ce qui s'est ré vé lé rentable et efficace pour cibler les participants potentiels et a montré des avantages en termes de faisabilité et de disponibilité de respect des considé rations é thiques [17] . Un é chantillon alé atoire de 1 374 adultes provenant des diffé rentes wilayas algé riennes ont rempli le questionnaire. Les critè res d'inclusion sont : vivre en Algé rie pendant la crise du COVID-19 et être âgé de 16 ans ou plus. L'é chantillon comprend 52 % de femmes, avec une moyenne d'âge de 35 ans (é cart-type = 11,9), allant de 16 à 75 ans, 54,4 % sont cé libataires, et 43,1 % marié (e)s, 38,4 % vivent dans la famille é largie, 90,5 % ont un niveau d'é tude universitaire, 45,4 % sont travailleurs salarié s et 27,9 % sont é tudiants (27,9 %) , enfin 68,0 % ont une situation é conomique moyenne (voir Tableau 1). En plus d'un questionnaire sociodé mographique, deux é chelles auto-administré es (avec version en arabe et en français) ont é té inclus : l'inventaire de dé tresse pé ri-traumatique (PDI) et le questionnaire de dissociation pé ri-traumatique (PDEQ). Le PDI [7] est un questionnaire comprenant 13 items aux quels il est demandé de ré pondre sur une é chelle de type Likert à 4 points (0 = pas du tout, 4 = extrêmement vrai). Les ré sultats sont additionné s pour avoir un score total allant de 0 à 52. Un score 15 est utilisé pour identifier les personnes en dé tresse significative [18] . L'instrument comprend deux sous-é chelles : expe´riences de perception de menace de la vie (six items) et e´motions ne´gatives (sept items). La consistance interne du PDI (alpha de Cronbach) est de 0,86 dans notre é tude. Le PDEQ [23] est un questionnaire comprenant 10 items é valuant la pré sence de symptô mes dissociatifs pendant ou immé diatement aprè s un é vé nement traumatique. Les items sont é valué s sur une é chelle de type Likert (1 = pas du tout vrai, 5 = extrêmement vrai), et additionné pour cré er un score total variant entre 10 à 50. Un score 15 est utilisé pour identifier les individus pré sentant une dissociation pé ri-traumatique. La consistance interne du PDEQ (alpha de Cronbach) est de 0,85 dans notre é tude. Une brè ve explication informait les participants de l'objectif de l'é tude, du temps né cessaire (15 à 30 minutes), de la confidentialité et de l'anonymat du traitement des donné es, et de la participation volontaire à l'é tude. L'analyse statistique a é té effectué e à l'aide de SPSS 26 pour Windows. La distribution normale des donné es a é té vé rifié e à l'aide du test de Shapiro-Wilk. L'association entre PDI et PDEQ a é té mesuré e à l'aide du coefficient de corré lation. Une analyse utilisant le test du x 2 a é té mené e pour identifier l'association des niveaux de dissociation et de dé tresse pé ri-traumatique avec des facteurs dé mographiques. Des ré gressions logistiques multiples pas à pas descendantes, avec comme critè re, rapport de vraisemblance, ont permis de dé terminer quelles variables pré disent les scores du PDI et du PDEQ. Les donné es sociodé mographiques sont pré senté es dans le Tableau 1, ainsi que les tests pour chaque variable en fonction de la dé tresse pé ri-traumatique et de la dissociation pé ri-traumatique. Le Tableau 2 indique que le score moyen et l'é cart type du PDI é tait de 12,27 (8,54) infé rieur au score moyen du PDEQ qui é tait de 18,34 (7, 13) . Sur la base des valeurs seuils du PDI ( à 14) et du PDEQ ( à 15) respectivement, la population algé rienne a connu 32,7 % de dé tresse et 61,8 % de dissociation pé ri-traumatique (voir Tableau 1). PDI et PDEQ sont fortement corré lé s (r = 0,67, p < 0,000). La corré lation est plus forte pour les cas en dé tresse (r = 0,56) que pour les cas qui ne sont pas en dé tresse (r = 0,41). Les corré lations partielles, en contrôlant certaines variables sociodé mographiques en lien avec la dé tresse (genre, Wilaya, situation é conomique, type de confinement) ne sont pas diffé rentes et se situent entre 0,60 et 0,70 (Voir Tableau 2). Le Tableau 3 indique les variables qui pré disent la dé tresse pé ritraumatique. Les variables exclues du modè le sont : la situation conjugale, les anté cé dents de maladie chronique, le niveau d'instruction, le type de famille (nuclé aire vs é largie), l'activité physique, les loisirs particuliers. L'odds ratio pour l'ensemble de ces variables é tait supé rieur à 1. Le modè le explique 30 % de la variance. Concernant la dissociation, le modè le n'explique qu'un petit pourcentage de la variance des ré sultats (R 2 de Nagelkerke = 0,130). Les variables retenues sont, par ordre d'importance : le stress (OR = 1,27), le sexe (OR = 1,13), la situation é conomique é levé e vs faible (OR = 0,74) et moyenne vs faible (OR = 0,97). Tout au long de l'histoire des pandé mies é mergentes, il a é té dé montré une forte association entre l'é vé nement pandé mique et la dé tresse psychologique des populations [6] . À notre connaissance, notre é tude est une premiè re enquête à l'é chelle nationale, qui vise à explorer l'incidence de la dé tresse et de la dissociation pé ri-traumatique dans une population gé né rale algé rienne durant les phases initiales de l'é pidé mie COVID-19. Durant les phases initiales de la pandé mie COVID-19, 32,7 % des participants en confinement pré sentent une dé tresse pé ri-traumatique, ce qui est dans la fourchette basse de ce qui est gé né ralement dé crit dans la litté rature [1, 2, 10, 11] avec des pourcentages de dé tresse pé ri-traumatique variant entre 33,1 % et 45,5 %. C'est particuliè rement plus faible que les taux de dé tresse retrouvé s en Iran (59 %) [17] et au Bré sil (87 %) [1] . Une diffé rence qui peut être expliqué e par le taux de mortalité nettement é levé dans ces deux pays par rapport aux autres. Les participants pré sentent un taux é levé de dissociation pé ritraumatique (61,8 %), surtout en comparaison avec la litté rature (32 %) [4] . C'est un ré sultat troublant si l'on se tient à l'idé e que la dissociation est un mé canisme de dé fense qui sert à proté ger les individus de la dé tresse. Nos ré sultats montrent davantage de cas (457) qui pré sentent une dissociation sans dé tresse que de cas (390) où la dissociation est associé e à la dé tresse. Si l'on ne peut exclure que la dissociation soit une tentative raté e de se proté ger contre des niveaux é levé s de dé tresse au moment du traumatisme [16] , il nous semble plus probable, au vue de la situation algé rienne, que d'autres traumatismes, plus anciens, puissent influer sur la ré ponse aux nouveaux é vé nements [8] . La population algé rienne a en effet connu plusieurs é vé nements traumatiques majeurs par le passé (Guerre de libé ration, Inondations, é vé nements de Kabylie, tremblement de terre, ainsi que la dé cennie de terrorisme), ayant engendré de la souffrance et des traumatismes non ré paré s. Et ce taux é levé de dissociation pé ri-traumatique a peut-être permis à la population de se dé connecter de ses affects et d'é viter la ré activation de la mé moire traumatique, ainsi la mesure de confinement partielle adopté e par le gouvernement pour ré duire la circulation des personnes entre les villes a é té assimilé e Tous les p < 0,000 ; PDEQ = questionnaire des expé riences dissociatives pé ri-traumatiques ; PDI = inventaire de dé tresse pé ri-traumatique ; É mo.Né g. = sous-é chelles « é motions né gatives » ; Menace.Excit = sous-é chelle « menace d'excitation ». par la majorité des Algé riens consciemment ou inconsciemment au couvre-feu instauré par les militaires durant la dé cennie noire dans le cadre de la lutte anti-terroriste. Tandis que le sentiment d'insé curité é conomique et l'afflux vers le stockage des aliments vé cus durant cette crise sanitaire ont é té associé aux pé riodes de ré cessions pré -et post-coloniales qui ont marqué la population. Né anmoins, et en l'absence d'é lé ments diagnostiques concernant en particulier les troubles dissociatifs, de l'identité , l'amné sie dissociative ou le trouble de dé personnalisation/dé ré alisation, cette hypothè se est à considé rer avec prudence. Les femmes manifestent d'avantages de signes de dé tresse (41,5 %) et de dissociation (66,6 %) que les hommes (respectivement 20,1 % et 55,0 %), ce qui correspond aux donné es de la litté rature [1, 2, 11, 30, 36] . On sait que les femmes pré sentent gé né ralement des niveaux plus é levé s de facteurs de risque associé s, comme la dé pression, la sensibilité à l'anxié té physique et l'impuissance, la dissociation, la peur pé ri-traumatique, l'horreur et l'impuissance [12] . Le facteur socioculturel peut é galement expliquer en partie ces ré sultats, les hommes n'expriment pas ouvertement leurs craintes de la COVID-19, comparé s aux femmes. Plusieurs variables sociodé mographiques (confinement, genre, situation é conomique, stress, problè mes psychologiques) sont associé es avec les ré actions pé ri-traumatiques. Ainsi, le confinement ajoute un facteur de vulné rabilité par rapport à la dé tresse pé ri-traumatique, ce qui va dans le même sens des é crits ré cents sur les effets psychologiques du confinement [5, 24, 31] . La classe moyenne se montre la plus vulné rable, plus que les classes é conomiques infé rieures et supé rieures. Cette crise sanitaire a mis en exergue le caractè re multidimensionnel des iné galité s sociales et é conomiques comme les iné galité s de prise en charge et d'accè s au soin, et l'insé curité financiè re renforcé e par l'absence ou ré duction de moyen de subsistance lié e à l'interruption de l'activité durant le confinement, la perte de revenu, contrairement à la classe aisé e. On ne retrouve pas l'âge comme facteur de vulné rabilité , alors que plusieurs é tudes ont montré une vulné rabilité plus é levé e parmi les jeunes [1, 2, 11] les jeunes adultes [28, 36] et les sé niors (> 60 ans). Enfin, certains facteurs -en particulier la situation conjugale, l'absence d'anté cé dents de maladie chronique, le niveau d'instruction, l'activité physique, ou encore la pratique d'un loisirn'apparaissent pas comme des facteurs protecteurs. L'ensemble de ces donné es suggè re que les pré dicteurs de la dé tresse pé ritraumatique varient en fonction du pays et plus particuliè rement du contexte de stress lié à des é lé ments historiques, sociaux, culturels ou politiques. Contrairement à la dé tresse, la dissociation n'est que trè s peu lié e aux variables sociodé mographiques. On reconnaît que la dissociation est un facteur indé pendant de la dé tresse, sans doute davantage lié à des variables psychologiques de vulné rabilité et/ou de ré activité au stress [16] . La question de la relation entre ces deux dimensions est passablement discuté e. Par exemple, l'hypothè se selon laquelle la dissociation, comme mé canisme de dé fense, jouerait un rô le protecteur par rapport au traumatisme, n'est pas confirmé e empiriquement [16] . Ce n'est pas ce que nous observons non plus, la dissociation é tant largement plus ré pandue que la dé tresse. Il semble plutô t que la dissociation, en tant que consé quence d'un traumatisme, soit un marqueur diffé rent du retentissement du trauma, qu'il est donc important de mesurer en plus de la dé tresse si l'on veut avoir une é valuation globale de la ré action pé ri-traumatique. De plus, dissociation et dé tresse sont fortement corré lé es. Elles rendent donc bien compte d'une ré action globale à un é vé nement potentiellement traumatogè ne. Notre hypothè se, à confirmer, est que la dé tresse est relié e plutôt avec des vulné rabilité s externes (les variables sociodé mographiques) alors que la dissociation pourrait être en lien avec une vulné rabilité interne (de type « ré activité au stress »). Quoi qu'il en soit, on admet gé né ralement que les deux dimensions sont des pré dicteurs de l'ESPT [7, 8] et en ce sens, toutes les deux doivent faire l'objet de notre attention. La repré sentativité de l'é chantillon est limité e par l'utilisation d'un questionnaire en ligne, même si l'enquête en ligne reste le meilleur outil pour faire de la recherche tout en respectant les mesures de distanciation sociale imposé es par l'é pidé mie COVID-19. Les donné es ont é té recueillies dans plusieurs willayas parmi les plus touché es par l'é pidé mie, ce qui donne une image repré sentative de la crise sanitaire vé cue en Algé rie. L'incidence des ré actions pé ri-traumatiques est mesuré e à un seul moment dans le temps. Or, ces ré actions sont souvent transitoires. Plusieurs mesures dans le temps permettraient une mesure plus pré cise de la vulné rabilité à l'é pidé mie COVID-19. Enfin, nous n'avons pas de mesure d'ESPT, qui constitue le risque majeur lié à la dé tresse pé ri-traumatique, ce qui limite l'interpré tation que l'on peut faire de l'influence des é lé ments observé s dans notre é tude sur les risques encourus par la population algé rienne suite à la pandé mie. Il faudrait é galement pouvoir prendre en compte les autres situations potentiellement traumatiques subies par les Algé riens au cours des derniè res dé cennies. La pré sente é tude fournit les premiè res donné es empiriques de l'incidence des ré actions pé ri-traumatiques (dé tresse et dissociation), ainsi que leurs pré dicteurs dans une population algé rienne durant les phases initiales de l'é pidé mie COVID-19. La population algé rienne a connu des niveaux de dé tresse se situant dans la fourchette basse de ce qui a é té dé crit dans la litté rature, alors que la dissociation montre que la majorité de la population est touché e d'une maniè re ou d'une autre. Cela nous semble dé montrer l'importance d'é valuer la ré action pé ri-traumatique selon les deux dimensions de dé tresse et de dissociation. Si la dé tresse relè ve de variables sociodé mographiques identifiables et attendues, la dissociation rend compte d'une tentative psychologique de ré gulation en lien avec le stress lié au traumatisme. Il nous apparaît dè s lors d'autant plus important d'instaurer des dispositifs de prise en charge pour les personnes vulné rables, sachant les risques de chronicisation conduisant au dé veloppement d'un ESPT. Evaluation of fear and peri-traumatic distress during COVID-19 pandemic in Brazil Psychological distress amongst health workers and the general public during the COVID-19 pandemic in Saudi Arabia The psychological impact of COVID-19 pandemic on the general population of Saudi Arabia Symptoms of anxiety, depression and peri-traumatic dissociation in critical care clinicians managing COVID-19 patients: a cross-sectional study Le confinement gé né ralisé pendant l'é pidé mie de Coronavirus : consé quences medico-psychologiques en populations gé né rales, soignantes, et de sujets souffrant anté rieurement de troubles psychiques The psychological impact of quarantine and how to reduce it: rapid review of the evidence The peritraumatic distress inventory: a proposed measure of PTSD criterion A2 Does dissociation further our understanding of PTSD? Dissociation and disasters: a systematic review Psychological distress during the COVID-19 pandemic in France: a national assessment of at-risk populations Italian validation of COVID-19 peri-traumatic distress index and preliminary data in a sample of general population Accounting for sex differences in PTSD: a multivariable mediation model Impact of the COVID-19 pandemic on mental health and social support among adult Egyptians COVID-19 quarantine: post-traumatic stress symptomatology among Lebanese citizens Prevalence and predictors of PTSD during the COVID-19 pandemic: findings from a Tunisian community sample The relationship between peri-traumatic distress and peri-traumatic dissociation: an examination of two competing models Using social media as a research recruitment tool: ethical issues and recommendations Prediction of trauma-related disorders: a proposed cut-off score for the peri-traumatic distress inventory The distress of Iranian adults during the COVID-19 pandemic -more distressed than the Chinese and with different predictors The immediate psychological response of the general population in Saudi Arabia during COVID-19 pandemic: a cross-sectional study Relations among peri-traumatic dissociation and post-traumatic stress: a meta-analysis The psychological impact of confinement linked to the Coronavirus epidemic COVID-19 in Algeria Peritraumatic dissociation and post-traumatic stress in male Vietnam theatre veterans Consé quences psychopathologiques du confinement Rapport de situation sur l'é pidé mie COVID-19 arrêté le 7 octobre 2020. Algé rie: Ministè re algé rien de la santé , de la population et de la ré forme hospitaliè re Psychological distress experiences of Nigerians amid COVID-19 pandemic Predictors of post-traumatic stress disorder and symptoms in adults: a meta-analysis A nationwide survey of psychological distress among Chinese people in the COVID-19 epidemic: implications and policy recommendations COVID-19 and mental health: a review of the existing literature Psychological impact and associated factors during the initial stage of the coronavirus (COVID-19) pandemic among the general population in Spain The psychological effects of quarantining a city Impact of COVID-19 on public mental health and the buffering effect of sense of coherence Prevalence and risk factors of acute post-traumatic stress symptoms during the COVID-19 outbreak in Wuhan Peri-traumatic distress and the course of posttraumatic stress disorder symptoms: a meta-analysis COVID-19 pandemic and mental health consequences: systematic review of the current evidence Immediate psychological responses and associated factors during the initial stage of the 2019 coronavirus disease (COVID-19) epidemic among the general population in China