key: cord-0684860-3n48f8bf authors: Dupoirier, S.; DanyANY, L.; Tosello, B.; Sorin, G.; Tardieu, S.; Dahan-Cohen, S. title: Les soignants de périnatalité face à la COVID-19 : stress, qualité de vie et préoccupations Perinatal caregivers coping with covid-19: stress, quality of life and concerns date: 2022-05-05 journal: Rev Epidemiol Sante Publique DOI: 10.1016/j.respe.2022.04.002 sha: 154baf4e425d018e86d44c49205616e88bdd49b3 doc_id: 684860 cord_uid: 3n48f8bf Aims : The first wave of the COVID-19 pandemic generated "risks" and uncertainties as well as organizational changes among French perinatal caregivers. Our study aimed to investigate the psychosocial impact of the first wave on this population. Method : Our participants (N=565) were invited to answer an online questionnaire that included questions on various indices of health and quality of life at work (e.g., ProQoL, perceived stress) and other questions on the impact of the pandemic on work organization. An open-ended question was designed to identify the participants’ three most frequently perceived preoccupations with regard to the health situation. Results : In addition to highlighting the multifactorial nature of participants' preoccupations, our results illustrated the effect of professional status and type of motherhood on the different indices of health and quality of life at work. When it was found that the pandemic had an impact on work organization and on teams, lower health and quality of work life scores were recorded. On the other hand, when positive impacts on organization were reported, mainly in terms of reduced work intensity, they were associated with higher health and quality of work life scores. Conclusion : We explain this last result as either one actual effect of the pandemic on work organization, or as a phenomenon of cognitive rationalization. ProQoL, stress perçu) ainsi que des questions relatives à l'impact de la pandémie sur l'organisation du travail. Une question ouverte était aussi mobilisée pour recueillir les trois principales préoccupations perçues de nos participants en lien avec la situation sanitaire. En plus d'avoir souligné le caractère multifactoriel des préoccupations de nos participants, nos résultats montraient un effet du statut des professionnels et du type de Mots-clés COVID-19 ; Périnatalité ; Qualité de vie au travail Aims The first wave of the COVID-19 pandemic generated "risks" and uncertainties as well as organizational changes among French perinatal caregivers. Our study aimed to investigate the psychosocial impact of the first wave on this population. Our participants (N=565) were invited to answer an online questionnaire that included questions on various indices of health and quality of life at work (e.g., ProQoL, perceived stress) and other questions on the impact of the pandemic on work organization. An open-ended question was designed to identify the participants' three most frequently perceived preoccupations with regard to the health situation. In addition to highlighting the multifactorial nature of participants' preoccupations, our results illustrated the effect of professional status and type of motherhood on the different indices of health and quality of life at work. When it was found that the pandemic had an impact on work organization and on teams, lower health and quality of work life scores were recorded. On the other hand, when positive impacts on organization were reported, mainly in terms of reduced work intensity, they were associated with higher health and quality of work life scores. Les professionnels travaillant en établissement de santé sont une population particulièrement exposée à la COVID-19 (maladie causée par le SARS-CoV-2) [1-4] et risquent de le transmettre à leurs proches [5] . Parmi cette population, certaines données montrent que les infirmières sont plus à risques, probablement parce qu'elles sont en contact avec les patients sur une plus longue période que d'autres professionnels de santé, comme les médecins par exemple [4] . Les professionnels de santé ont pu être assimilés à des vétérans de guerre et ont été salués comme des héros car ils ont été amenés à minimiser leur propre souffrance pour s'occuper de celle des autres [5] . Ce « statut » n'est pas sans risque, des recherches antérieures à la pandémie de COVID19 ont montré que les catastrophes de ce type ont des conséquences majeures pour la santé mentale des professionnels de santé [6] [7] . Plus précisément, [14] . D'autres études ont montré que les professionnels de santé médicaux chinois avaient une prévalence significativement plus élevée d'insomnie, d'anxiété, de dépression, de somatisation et de syndrome obsessionnels compulsifs que les professionnels de santé non médicaux [15] , attestant là encore de l'impact psychologique de la pandémie de COVID-19 sur le personnel soignant. Si des données relatives aux effets de la COVID-19 pendant la grossesse étaient rares au début de la pandémie [16] , une méta-analyse axée sur les effets psychologiques de cette pandémie a montré que ce contexte augmentait significativement le risque d'anxiété et de dépression chez les femmes pendant la grossesse et la période périnatale [17] . De plus, une méta-analyse récente a montré que l'infection à la COVID-19 pendant la grossesse était associée au développement d'une forme particulière d'hypertension artérielle (la prééclampsie) chez la mère, à la naissance prématurée ainsi qu'à la mortinatalité. La présence de symptômes en cas d'infection à la COVID-19 était associée à un risque accru de césarienne et de naissance prématurée par rapport aux cas asymptomatiques. Enfin, des différences ont été trouvé entre une infection légère versus sévère à la COVID-19 : une infection sévère était fortement associée à la pré-éclampsie, au diabète gestationnel, à la naissance prématurée et au faible poids de naissance [18] . Si le taux de mortalité néonatale était estimé à 1,6 % en 2020 [19] , le fait de développer une forme sévère de la COVID-19 pendant la grossesse peut entraîner une morbidité maternelle et néonatale considérable [18] . Or, environ 1 femme enceinte sur 10 pourrait présenter une forme sévère de l'infection par COVID-19 [18] . En ce sens, le risque d'hospitalisation de la femme enceinte est multiplié par cinq et le risque de séjour en service de réanimation multiplié par deux [20] . Enfin, le risque d'une infection placentaire et d'une transmission verticale a été rapportée comme faible [21] . Toutefois, par principe de précaution, les nouveau-néset notamment ceux nés prématurés et maladesadmis à l'unité néonatale de soins intensifs sont considérés comme étant exposés à un risque important de développer une maladie grave s'ils sont infectés par le virus [22] . De plus, certains pays recommandent d'isoler la mère du nouveau-né ou une mise en quarantaine jusqu'à au moins 48 heures après la fin des symptômes, ce qui entraîne la séparation de la mère et de l'enfant [22] . Ainsi, aux problèmes auxquels sont confrontés le personnel soignant durant cette pandémie (cf. supra), s'ajoutent des contraintes et des dilemmes moraux supplémentaires. À titre d'exemple, dans le contexte danois, puisqu'environ 10 % des nouveau-nés doivent être transférés à l'unité néonatale de soins intensifsla plupart directement après l'accouchementle contexte de pandémie de COVID-19 confronte les familles et les professionnels de santé à plusieurs dilemmes difficiles à résoudre (p. ex. en cas de séparation mères-enfants, comment assurer ce lien, l'allaitement et la stimulation neurosensorielle dans la période postnatale immédiate, qui sont essentiels au développement de l'enfant ?) [22] . Dans ce contexte d'incertitudes et de « risques », de changements organisationnels, notre recherche visait à étudier l'impact psychosocial (stress perçu, qualité de vie au travail, préoccupations) de cette première vague de la pandémie de COVID-19 sur le personnel soignant français travaillant dans le secteur de la périnatalité. Il s'agissait d'une étude observationnelle descriptive locale réalisée auprès des professionnels de périnatalité de la région PACA-Corse-Monaco, membres du réseau MEDITERRANNEE 1 , via un questionnaire en ligne pendant la première vague de la pandémie. Le stress perçu a été évalué à l'aide d'une question en 11 points (allant de 0 : pas de stress du tout à 10 : maximum de stress) permettant d'évaluer le niveau de stress perçu dans le contexte COVID-19 2 . L'évaluation de la qualité de vie au travail (QVT) a été réalisée à l'aide du ProQoL [24] . Cette Une question visait le recueil des préoccupations perçues en lien avec la situation sanitaire. Ces préoccupations ont été recueillies à l'aide d'une question ouverte. Les répondants devaient produire les trois préoccupations quotidiennes perçues au moment de l'étude et les classer par ordre d'importance. Le corpus des verbatims produits pour les préoccupations perçues a fait l'objet d'une analyse de similitude à l'aide du logiciel Iramuteq [25] . Ce type d'analyse permet l'exploration du graphe d'une relation entre deux éléments d'un ensemble afin de mettre en évidence la structure sous-jacente à l'organisation interne de ces éléments. Les relations entre les éléments sont évaluées sur la base d'une valeur numérique, l'indice de cooccurrence. La lecture de l'arbre maximum, « pas à pas » (interprétation de chaque élément en fonction de son « voisinage ») met en évidence un cluster thématique. L'analyse a porté sur les mots (préoccupations) citées au moins quinze fois. Au total, 1950 professionnels ont été contacté par mail pour participer à l'étude, 565 ont répondus au questionnaire en ligne (taux de participation : 29 %). L'échantillon comprend une large majorité de femmes, l'âge moyen est de 41,9 ans (écart-type 10,50 ; étendue Notre étude visait à étudier le vécu de soignants de périnatalité face à la pandémie de COVID-19 en termes de stress, de qualité de vie au travail et de leurs principales préoccupations. Tout d'abord, nos analyses de similitudes ont notamment montré que si les préoccupations de nos sujets revêtaient un caractère multifactoriel, le patient y occupait une place « centrale ». De plus, l'enjeu de la contamination à la COVID-19 était l'un des éléments articulant la sphère professionnelle (patient) et privée (proche). Dans ce contexte, la contamination semble donc avoir agi comme un levier facilitant la « porosité » entre ces sphères. Ce résultat n'est pas surprenant dans la mesure où certaines études ont montré qu'étant confrontés à un risque accru de contracter la Covid-19 pour eux-mêmes et de la transmettre à leurs proches [5] , certains professionnels de santé ont quitté leur domicile pour vivre ailleurs (parfois même dans leur voiture) dans le but de protéger les membres de leur famille de toute contamination [26] . Ainsi, le soutien familial, qui était auparavant un renfort important pour les professionnels de santé pouvait devenir une source d'anxiété supplémentaire, par crainte de contaminer leurs proches [27] . L'enjeu de la contamination a Toutefois, cette souffrance au travail variait selon le statut des soignants et le type de maternité dans lequel ils travaillaient. En effet, nous avons vu que les médecins de notre échantillon déclaraient moins de stress perçu que les infirmières et les sages-femmes. Ce résultat s'explique en partie par le fait que si la pression relative à la crainte d'être infecté par la COVID-19 augmente l'épuisement professionnel chez le personnel de santé [29] , les enjeux sont plus saillants pour les infirmières qui sont plus à risques quant à l'exposition à la COVID-19, notamment car elles sont plus longuement en contact avec les patients que d'autres professionnels de santé, comme les médecins par exemple [4] . En ce sens, des études réalisées sur des professionnels de la santé lors d'épidémies antérieures ont montré que la prise en charge de patients infectés pouvait causer un stress mental considérable, une anxiété élevée et un trouble de stress post-traumatique, en particulier chez les infirmières [8] [9] . Concernant les variations selon le type de maternité, les soignants qui travaillent dans les Bien que cette étude permette une meilleure compréhension de l'impact de la pandémie de COVID-19 sur la santé au travail du personnel en périnatalité français, nos résultats sont à nuancer dans la mesure où ce secteur n'a pas été celui le plus touché par la pandémie de Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts. The Adverse Impact of Coronavirus Disease 2019 on Healthcare Providers: Time to Start Measuring Après la crise du Covid : vers la démarche participative d'équipe. Approche éthique d'un modèle organisationnel Les manifestations respiratoires de la covid-19: maladie professionnelle ? Revue Marocaine de Santé Publique COVID-19 infection among healthcare workers: A cross-sectional study in southwest Iran Grace Under Pressure: Resilience, wellbeing, and burnout in frontline workers in the UK and Ireland during the SARS-Cov-2 pandemic Mental health consequences of disasters Long-term psychological and occupational effects of providing hospital healthcare during SARS outbreak COVID-19 in Africa: care and protection for frontline healthcare workers COVID-19 pandemic and its impact on mental health of healthcare professionals Burnout and related factors among HIV/AIDS health care workers Severe acute respiratory syndrome (SARS) in Hong Kong in 2003: Stress and psychological impact among frontline healthcare workers Fear of Severe Acute Respiratory Syndrome (SARS) among health care workers Alcohol abuse/dependence symptoms among hospital employees exposed to a SARS outbreak Factors Associated With Mental Health Outcomes Among Health Care Workers Exposed to Coronavirus Disease Mental Health and Work Attitudes among People Resuming Work during the COVID-19 Pandemic: A Cross-Sectional Study in China Obstetrics in the Time of Coronavirus: A Tertiary Maternity Centre's Preparations and Experience During the COVID-19 Pandemic Depression and anxiety in pregnancy during COVID-19: A rapid review and meta-analysis A systematic review and meta-analysis of data on pregnant women with confirmed COVID-19: Clinical presentation, and pregnancy and perinatal outcomes based on COVID-19 severity Clinical manifestations, risk factors, and maternal and perinatal outcomes of coronavirus disease 2019 in pregnancy: living systematic review and meta-analysis Characteristics of women of reproductive age with laboratory-confirmed SARS-CoV-2 infection by pregnancy status --United States Does the human placenta express the canonical cell entry mediators for SARS-CoV-2? Elife Dilemmas and priorities in the neonatal intensive care unit during the COVID-19 pandemic Quelle validité pour une mesure de la satisfaction au travail en un seul item ? Pratiques Psychologiques The concise ProQOL manual. 2e éd. Pocatello (États-Unis) : ProQOL.org French and Swedish teachers' social representations of social workers Covid-19: nursing care for safety in the mobile pre-hospital service Care for frontline health care workers in times of COVID-19 Patient safety culture: evaluation by nursing professionals COVID-19 risk factors among health workers: A rapid review A theory of cognitive dissonance A radical dissonance theory. Londre : Taylor & Francis La théorie de la dissonance cognitive : une théorie âgée d'un demi-siècle. Revue électronique de Psychologie Sociale Stress au travail, la gestion du temps incriminée : « La gestion du temps dans l'entreprise contemporaine : un apport réflexif sur le contexte actuel, les façons de l'appréhender et de le réguler