key: cord-0009276-ikz3vwgc authors: Bricaire, François title: Nouveau coronavirus (NcOV) date: 2013-06-13 journal: Presse Med DOI: 10.1016/j.lpm.2013.05.001 sha: a0f9d4e518f8955ccf988cdbcdf452d2ec5587a4 doc_id: 9276 cord_uid: ikz3vwgc nan François Bricaire Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Charles-Foix, service des maladies infectieuses et tropicales, 47, boulevard de l'Hôpital, 75013 Paris, France francois.bricaire@psl.aphp.fr Chaque nouvel agent infectieux repéré dans le monde est l'occasion, au prétexte d'une information parfaitement légitime, d'un orage médiatique dont les conséquences sont aussi d'alimenter les peurs traditionnelles et les angoisses qu'ont toujours suscitées les risques infectieux. Deux cas de malades contaminés par le nouveau coronavirus (NcoV) fin avril 2013 survenus en France et hospitalisés à Lille viennent illustrer cette réactivité de notre société. Il y a environ un an, en avril 2012, a été isolé ce coronavirus jusqu'à présent inconnu dans cette famille de virus, à partir d'un malade hospitalisé en Arabie Saoudite [1] . Ce NcoV fait partie de la famille des Coronaviridae, virus à ARN, appartenant au genre bêta. Il s'est révélé surtout proche du coronavirus découvert en 2003 lors d'une épidémie de SRAS en Chine. Il s'avère différent des autres coronavirus connus de longue date chez l'homme et responsable de maladies respiratoires bénignes, de symptômes digestifs chez l'enfant. Depuis, plusieurs cas sont apparus dans le foyer initial qu'est la péninsule arabique, au Qatar, en Jordanie, puis secondairement en Grande Bretagne où quatre cas ont été observés [2] . Un de ces cas, importé, a été à l'origine de deux cas supplémentaires par transmission autochtone. De même en Allemagne, deux cas importés ont été notifiés. Un voyageur français ayant séjourné en Arabie Saoudite est donc revenu fin avril infecté contaminant lors de son hospitalisation en France son voisin de chambre. À la date du 8 juin 2013, l'OMS rapportait des cas notifiés par le ministère de la Santé d'Arabie Saoudite, notamment dans la province Est du pays. À cette date, 55 cas d'infection à NcoV étaient recensés, dont la majorité en Arabie Saoudite, avec 31 patients décédés [3] . Des cas ont été signalés en Italie, au Maroc et en Tunisie. De possibles cas supplémentaires pourraient exister, toujours en Arabie. L'on ne sait pas tout encore sur ce virus et des recherches actives sont conduites actuellement pour en déterminer notamment l'origine et ses modes de transmission. Il apparaît qu'en tout cas ce coronavirus aurait une incubation de dix jours, une transmissibilité interhumaine que l'on pouvait suspecter et qui s'est confirmée à travers la constatation des cas secondaires en Grande Bretagne et aujourd'hui en France. Sa capacité de transmission serait néanmoins faible, nécessitant un contact proche entre individu sain et personne malade ou éventuellement un contact prolongé. Quant à la durée de contagiosité, elle est encore imprécise. La virulence en revanche paraît élevée puisque parmi les cas notifiés, la mortalité à ce jour s'est révélée forte. Il est cependant nécessaire d'être prudent en ce domaine sachant que la mortalité d'un phénomène épidémique est toujours très difficile à apprécier à son début. Existe-t-il des formes bénignes à côté des cas sévères constatés ? La virulence du virus reste-t-elle identique avec le temps ou diminue-t-elle au contraire comme on peut le voir avec d'autres virus ? La symptomatologie est avant tout respiratoire, s'exprimant par de la fièvre, une toux, une gêne respiratoire témoignant d'une pneumopathie grave entraînant une éventuelle décompensation pouvant évoluer vers le décès, parfois de la diarrhée. Beaucoup de malades concernés étaient signalés comme ayant par ailleurs des comorbidités. Dans plusieurs cas, une insuffisance rénale aiguë était associée. L'origine animale reste à ce jour encore une interrogation. Par analogie avec le coronavirus du SRAS, les chauves-souris ont été incriminées. Des vétérinaires locaux auraient aussi signalé l'existence de camélidés malades. . . Tout cela reste à préciser. À ce jour, il n'existe ni traitement antiviral, ni vaccin bien sûr. Seul un traitement symptomatique avec une admission en réanimation respiratoire permet une prise en charge appropriée de ces malades. Ce sont surtout les mesures d'isolement et de protection respiratoire avec lavage des mains qui se révèlent essentielles pour stopper tout risque de transmission [4] . Aucune restriction sur les déplacements et voyages n'est nécessaire. Une des questions fondamentales est bien évidemment de savoir ce qui risque de se passer sur le plan épidémiologique. L'épidémie peut-elle se répandre à partir du foyer initial, comme cela avait été le cas pour le SRAS, voire provoquer un phénomène pandémique ? Aujourd'hui il faut dire que le virus repéré depuis un an ne s'est exprimé que modestement. Il donne néanmoins à l'évidence à ce jour des signes de réactivation en Arabie. Il faut donc être vigilant. Dans un pays comme la France, un foyer secondaire peut-il apparaître à partir des cas index ? Les mesures prises d'isolement et de protection doivent permettre de contrôler la situation. Sous réserve de vigilance encore une fois, il pourrait se passer, ce qui est arrivé dans les deux autres pays européens : un arrêt. D'ailleurs à ce jour il ne semble pas que des cas secondaires nouveaux soient observés. Une surveillance rigoureuse des cas contacts de ces malades a été mise en place par l'InVS [5] . Plus de 120 sujets sont ainsi surveillés. Au-delà de la durée d'incubation, les craintes devraient par conséquent s'apaiser. Mais comme toujours en matière d'épidémie il faut être prudent. Les prévisions sont difficiles. Un nouveau malade peut arriver, un nouveau foyer peut éclore et créer des cas secondaires. Il est de toute façon essentiel de connaître le foyer initial et le réservoir de cette zoonose très vraisemblable. De son contrôle viendra aussi celui du phénomène épidémique. Quoi qu'il en soit, ce nouvel épisode infectieux justifie quelques remarques. Nous vivons dans un monde infectieux, cela a toujours été le cas et le sera toujours. Il n'est pas surprenant de voir régulièrement de nouveaux agents infectieux connus ou non émerger ou réémerger. C'est grâce aux progrès majeurs de la microbiologie et notamment de la virologie que de plus en plus rapidement, il est possible de connaître le responsable d'un phénomène épidémique. À l'heure où les voyages et les échanges sont importants, l'extension à partir d'un foyer initial d'une épidémie est toujours un risque. Notre société souhaite être informée, c'est légitime. Encore faut-il rester en ce domaine calme devant chacune des menaces potentielles. Il est essentiel que les autorités prêtent la plus grande attention à chaque alerte. C'est ce qui est fait tant au niveau international, qu'aujourd'hui en France. Surveiller, repérer au plus vite, analyser les phénomènes dans les meilleurs délais, sont les mots clés. Répéter à chaque fois les mesures à prendre est un impératif : mesures de détection et de prise en charge des premiers cas, modalités de prélèvements, mesures pour se protéger. Il faut être vigilant ; il faut être prudent dans nos prévisions. Telles les annonces météorologiques, la surveillance infectieuse doit évoluer, se développer dans nos sociétés. L'objectif est d'être à la fois conscients des problèmes, réactifs pour être efficaces ; il faut poursuivre nos recherches en infectiologie et s'adapter au mieux, avec sérénité, à chaque nouvelle situation de crise épidémique infectieuse. Déclaration d'intérêts : l'auteur n'a pas transmis de déclaration de conflits d'intérêts. Isolation of a novel coronavirus from a man with pneumonia in Saidi Arabia A novel coronavirus capable of lethal human infections: an emerging picture Update severe respiratory illness associated with a novel coronavirus -Worldwide Procédure standardisée de prise en charge par les urgences et les SMUR des patients suspects d'infections à risque épidémique et biologique (REB) en Île-de-France