key: cord-0006247-my65cift authors: Gaüzère, B. -A.; Bussienne, F.; Bouchet, B.; Jabot, J.; Roussiaux, A.; Drouet, D.; Djourhi, S.; Leauté, B.; Belcour, D.; Bossard, G.; Champion, S.; Jaffar-Bandjee, M. -C.; Belmonte, O.; Vilain, P.; Brottet, E.; Hoang, L.; Vandroux, D. title: Formes graves d’infection par le virus A(H1N1)v2009 à La Réunion en 2009 et en 2010 date: 2011-04-19 journal: Bull Soc Pathol Exot DOI: 10.1007/s13149-011-0147-3 sha: 0588ae2b8266032036345da38e304d7692d82b46 doc_id: 6247 cord_uid: my65cift In the Southern hemisphere, Réunion Island acts as a sentinel for infections preferentially occurring during the austral winter that are likely to reach the Northern hemisphere a few months later. We relate the main features concerning patients that were admitted during years 2009 and 2010 in our intensive care unit with an A(H1N1)v2009 infection, mainly for acute respiratory distress. Demographic, clinical, and biological data as well as given medications and outcome were prospectively collected among all PCR-confirmed influenza-infected patients. In 2009 and 2010, 25 patients met the criteria. Patients’ median age was 40.4 (±17.4) years. Most of them (22/25) had comorbidities such as: chronic diseases, overweight, obesity, pregnancy, and Down syndrome. Maximum bed-occupation rate was 10 days per million inhabitants. Main diagnosis for ICU admission was virus-related pneumonia. Twenty-two out of 25 patients needed mechanical ventilation, some required rescue therapies such as extracorporeal membranous oxygenation (ECMO) or hi-frequency oscillation ventilation (HFOV), both only available in few French hospitals. Within the study period, 12 patients died (48%) mainly of multi-organ failure. Through 2009 and 2010 autumn and winter periods, for several weeks, the A(H1N1)v2009 virus infection resulted in a significant increase of workload in Réunion Island ICUs. In 2010, the failure of the mass immunization campaign, particularly among the at-risk groups, led to severe cases of A(H1N1)v2009 infections, particularly among patients with comorbidities. Our data may contribute toward better management of influenza virus pandemics in the future. Mots clés Grippe A(H1N1)v2009 · Cas graves · SDRA · Réanimation · Vaccination · Océan Indien · Réunion Abstract In the Southern hemisphere, Réunion Island acts as a sentinel for infections preferentially occurring during the austral winter that are likely to reach the Northern hemisphere a few months later. We relate the main features concerning patients that were admitted during years 2009 and 2010 in our intensive care unit with an A(H1N1)v2009 infection, mainly for acute respiratory distress. Demographic, clinical, and biological data as well as given medications and outcome were prospectively collected among all PCR-confirmed influenza-infected patients. In 2009 and 2010, 25 patients met the criteria. Patients' median age was 40.4 (±17. 4) years. Most of them (22/25) had comorbidities such as: chronic diseases, overweight, obesity, pregnancy, and Down syndrome. Maximum bed-occupation rate was 10 days per million inhabitants. Main diagnosis for ICU admission was virus-related pneumonia. Twenty-two out of 25 patients needed mechanical ventilation, some required rescue therapies such as extracorporeal membranous oxygenation (ECMO) or hi-frequency oscillation ventilation (HFOV), both only available in few French hospitals. Within the study period, 12 patients died (48%) mainly of multi-organ failure. Through 2009 and 2010 autumn and winter periods, Introduction L'infection à A(H1N1)v2009 a émergé au Mexique [16] en 2009 avec une létalité suspectée élevée. La Réunion, dont l'hiver austral précède celui de l'hémisphère nord, a combiné en 2009 les effets de la nouvelle pandémie et de la grippe saisonnière hivernale. Un système national de surveillance a été mis en place [6] afin de suivre l'épidémie d'infections à A(H1N1)v2009 et d'anticiper sur son déroulement dans l'hémisphère nord. Le réseau de médecins sentinelles de La Réunion a permis de suivre les tendances de l'épidémie de 2009 et a permis de montrer que 66 000 personnes sur une population de 810 000 avaient consulté leur médecin pour syndrome grippal, soit un taux d'attaque de 8,14 %. Le vaccin spécifique n'ayant été disponible localement qu'après la fin de la vague épidémique d'une part, et la polémique nationale qui a entouré cette vaccination d'autre part, firent que le taux de la couverture vaccinale à La Réunion a été très faible (4,4 % d'une population de 810 000 habitants, dont 100 000 particulièrement à risque pour la grippe) et tout particulièrement celui du personnel hospitalier (3,3 % des 3 000 employés de notre hôpital). L'objectif de cet article est de décrire les caractéristiques cliniques, épidémiologiques, le traitement ainsi que le devenir des patients admis dans le plus grand centre de réanimation (24 lits) de La Réunion pendant les vagues épidémiques 2009 et 2010 de l'hémisphère sud. Ces données peuvent contribuer à une meilleure planification de la mise en place des moyens nécessaires pour faire face aux prochaines épidémies particulièrement, dans les services de réanimation de l'hémisphère nord. Les données des patients ont été recueillies prospectivement dans le plus grand service de réanimation adulte du nord de l'île qui couvre 500 000 personnes (62 % de la population totale). Toutes les procédures invasives ont été effectuées avec l'accord des patients ou de leur personne de confiance. Le diagnostic d'infection à A(H1N1)v2009, confirmé localement par RT-PCR en temps réel, a été réalisé en utilisant le Superscript™ III Platinum One step RT-PCR system (Invi-trogen™) par un thermocycleur Light-Cycler 480 (Roche Diagnostic ® ) selon la technique du Centre national de référence de Institut Pasteur, puis confirmé par celui-ci. Les tests de diagnostic rapide n'ont pas été utilisés en raison de leur faible sensibilité [8] . Les cas suspects définis comme ayant une sérologie positive et une RT-PCR négative ou non pratiquée n'ont pas été inclus, en raison du manque de spécificité de la sérologie. Des RT-PCR complémentaires ont été parfois réalisées dans les sécrétions respiratoires des patients intubés. Ont été inclus dans l'étude les patients hospitalisés en 2009 et en 2010 au cours des mois de juillet à décembre avec un tableau clinique de grippe grave, c'est-à-dire nécessitant le support d'au moins une fonction vitale et la confirmation de la présence du génome viral par RT-PCR dans les prélèvements nasopharyngés avant ou après l'admission dans le service. La définition de la pneumopathie communautaire est celle adoptée par l'ATS/IDSA [14] . Le diagnostic de pneumonie virale primitive a été basé chez ces patients en phase aiguë grippale sur : l'existence d'une détresse respiratoire aiguë, d'opacités alvéolaires radiologiques concernant au moins un quadrant pulmonaire radiologique, la négativité des prélèvements bactériologiques respiratoires et sanguins et la positivité de la PCR grippe. Les patients en insuffisance respiratoire aiguë requérant une oxygénothérapie d'au moins 8 l/min ont été admis directement en réanimation. Les patients requérant une oxygénothérapie à plus faible débit ont été admis en service de pneumologie ou de médecine. Le diagnostic de pneumonie secondaire bactérienne a été établi chez des patients à RT-PCR positive qui présentaient une fièvre récurrente associée à des expectorations purulentes et à des hémocultures ou à des prélèvements pulmonaires bactériologiques positifs. Les analyses bactériologiques ont été pratiquées à partir des produits d'aspiration trachéale ou des lavages bronchoalvéolaires (LBA). Les patients ont été considérés en surpoids lorsque leur indice de masse corporelle (IMC) était supérieur à 25 kg/m 2 et obèses lorsque l'IMC était supérieur à 30 kg/m 2 . Les décisions d'admission et de sortie de réanimation et les diverses indications thérapeutiques, dont l'intubation, la ventilation mécanique, le recours au monoxyde d'azote ou à d'autres modes de ventilation particuliers (airway pressure release ventilation ou APRV), ventilation en décubitus ventral, ventilation à oscillations de haute fréquence ou HFO [20] , oxygénation extracorporelle par membrane (ECMO) [2, 4, 18] ont été prises selon les protocoles en vigueur dans le service. Le recours à l'épuration extrarénale a été décidé selon les recommandations de la seconde conférence internationale de consensus sur l'insuffisance rénale aiguë [3] . Les données ont été recueillies de façon standardisée : données démographiques, facteurs de comorbidité, corpulence, évolution de la symptomatologie, radiographies, données de laboratoire, modes d'assistance ventilatoire, date de prélèvement de la RT-PCR et de début du traitement antiviral spécifique par rapport à la date de début des symptômes, types de support des fonctions vitales (substances vasoactives, recours à l'épuration extrarénale) et des différents traitements associés (corticothérapie, antibiothérapie). Les scores usuels de gravité APACHE II [11] , IGS 2 [13] et SOFA [21] ont été calculés. Au cours de la saison grippale 2009, 13 patients ont été inclus dans l'étude, soit 6,95 % (n = 187) de l'ensemble des patients hospitalisés dans le service de réanimation pendant la même période, soit 26 admissions en réanimation par million d'habitants. Pour ces 13 patients, la durée totale d'hospitalisation en réanimation a été 201 jours (402 par million d'habitants), le taux maximum d'occupation des lits réanimation a été dix lits par million d'habitants, et la durée moyenne de séjour 15,5 jours. L'intervalle moyen entre le début des signes et l'admission en réanimation a été 6,9 jours. Les facteurs de risque, l'âge, les scores de gravité, le devenir et les caractéristiques des patients sont rapportés dans les Tableaux 1,2. Le premier patient a été admis le 12 août et le dernier le 18 septembre 2009. L'âge médian était 39,5 ans (étendue : 17-69 ans). Dix patients étaient âgés de 17 à 54 ans et trois de plus de 54 ans. Huit patients étaient des femmes (62 %), trois patients présentaient un surpoids ou une obésité (IMC respectifs : 38, 32, 29). Une seule grossesse chez une patiente asthmatique de 17 ans a été rapportée. Deux patients ne présentaient aucun facteur de comorbidité, y compris un homme de 33 ans qui décéda. Le motif principal d'admission a été l'insuffisance respiratoire (n = 10). Un patient a été admis pour oedème aigu du poumon, puis défaillance multiviscérale sur terrain de coronaropathie sévère. Un patient porteur d'une insuffisance surrénalienne congénitale avec faible compliance au traitement a été admis pour une défaillance multiviscérale. Un patient a été admis pour état de mal épileptique. Quatre patients sont décédés : un patient âgé de 33 ans qui ne présentait aucun facteur de comorbidité, une patiente âgée de 18 ans en état d'aplasie dans les suites d'une allogreffe pour un lymphome de Hodgkin, décédée d'une hémorragie cérébrale sous ECMO, une femme atteinte d'infirmité motrice cérébrale âgée de 28 ans, avec insuffisance respira-toire restrictive majeure après impossibilité de sevrage de la ventilation mécanique dans un contexte de limitation thérapeutique et un patient âgé de 55 ans, insuffisant coronarien évolué avec refus opératoire trois années auparavant, admis dans un tableau de défaillance multiviscérale. L'âge médian des patients décédés était de 32,5 ans, avec un score APACHE II de 20, un score SOFA de 9,7 et un score IGS de 39,3. Dix patients (77 %) ont nécessité le recours à la ventilation artificielle pendant une durée moyenne de 11,5 jours. Quatre patients ont dû être ventilés en décubitus ventral ; un patient a nécessité la ventilation mécanique par HFO (un seul respirateur de ce type était disponible en 2009 dans l'île) ; trois patients ont été placés sous ECMO (deux appareils de ce type étaient disponibles à La Réunion en 2009). Les radiographies pulmonaires présentaient des anomalies chez tous les patients sauf un (chorée de Huntington). Les opacités alvéolaires occupaient un quadrant pulmonaire chez quatre patients, deux quadrants chez trois patients et tous les quadrants chez quatre patients. Une patiente obèse a survécu à une embolie pulmonaire bilatérale confirmée par TDM. Les données biologiques sont rapportées dans le Tableau Tous les patients ont reçu l'oseltamivir par voie orale (75 mg deux fois par jour) et le zanamivir a été administré par inhalation par le respirateur chez un patient. La forme intraveineuse du zanamivir n'a pu être mise à notre disposition à titre compassionnel par le laboratoire qui la produit, en dépit d'une requête via l'Afssaps. La durée moyenne du traitement antiviral a été 7,2 jours. Deux patients ont présenté une excrétion virale prolongée (14 jours) objectivée dans les LBA itératifs. Au début de janvier 2010, en période interépidémique pour La Réunion, un patient réunionnais âgé de 44 ans, de retour de voyage, a été admis dans le service pour une détresse respiratoire aiguë due à une infection à A(H1N1) v2009 contractée à Madagascar. Son évolution a été favorable après dix jours de ventilation. Au Les deux patientes enceintes ont dû être césarisées dès l'admission, dont une dans le service de réanimation : elles sont décédées sous ECMO, l'une d'une hémorragie cérébrale, l'autre après 120 jours d'assistance circulatoire. Un seul patient sur 12 ne présentait aucun facteur de comorbidité. Le motif principal d'admission a été l'insuffisance respiratoire chez tous les patients. Les 12 patients ont nécessité le recours à la ventilation mécanique pendant une durée moyenne de 23 jours ; quatre patients ont nécessité une ventilation par HFO ; cinq patients ont été placés sous ECMO (l'hôpital avait fait l'acquisition de nouvelles machines ECMO à la suite de l'épidémie 2009). Les radiographies pulmonaires montraient des anomalies chez tous les patients dans au moins trois quadrants pulmonaires sur quatre. Le délai moyen entre l'admission en service de réanimation et le diagnostic par RT-PCR a été 3,8 jours. Tous les patients, sauf un, ont reçu un traitement antiviral (oseltamivir) par voie orale (75 mg deux fois par jour, parfois 150 mg deux fois par jour en cas de mauvaise absorption gastrique) pendant une durée moyenne de cinq jours, alors que le début des signes remontait à plus de 48 heures. Le délai moyen entre le début des signes et le début du traitement antiviral a été 7,7 jours (étendue : [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] Du point de vue de la réanimation, les deux saisons grippales comportent plusieurs différences. Le pic épidémique de 2010 et les admissions en réanimation sont survenus avec un décalage de quelques semaines par rapport à 2009. La prise en charge des patients s'est améliorée en 2010, en raison de l'acquisition de nouveaux équipements plus performants (HFO, ECMO) à la suite de l'épidémie de 2009. Les facteurs de risque traditionnels de la grippe peu représentés en 2009 (obésité, grossesse) ont été plus fréquemment retrouvés en 2010, ainsi que la trisomie 21. Enfin, la gravité des patients, mesurée par les scores IGS 2, SOFA et APACHE ainsi que par un recours plus fréquent à la ventilation mécanique, apparaît plus forte en 2010. À l'origine de ces différences d'une année sur l'autre, une mutation du virus à l'origine d'une plus grande gravité clinique ou d'une résistance au traitement antiviral, semble exclue [9] . Deux souches virales isolées chez des patients en état grave et une souche isolée chez un patient atteint d'une forme moins grave ont été analysées par le Centre national de référence des virus de la grippe. Elles sont apparentées antigéniquement à la souche A/California/7/2009 qui avait circulé en 2009 et ne présentent pas de mutation de résistance dans le gène de la neuraminidase en position 275. La plupart des admissions en réanimation ont été motivées par la survenue d'une insuffisance respiratoire aiguë, et la plupart des patients ont nécessité des techniques lourdes et sophistiquées de ventilation artificielle, inaccessibles dans les pays tropicaux à faibles moyens, ainsi que dans la majorité des hôpitaux de France métropolitaine. L'ECMO, qui est une technique invasive lourde, a toujours été utilisée en seconde intention lorsque la ventilation conventionnelle ou l'HFO ne suffisaient plus. En 2010, un seul des cinq patients placés sous ECMO a survécu. Pour expliquer cette mortalité importante sous ECMO, très supérieure aux données australiennes et néo-zélandaises de 2009 [2] , il nous faut souligner l'effondrement précoce des compliances pulmonaires (inférieures à 5 ml/kg) de façon très prolongée comme le prouve la forte durée médiane d'ECMO très supérieure à celle des patients traités en 2009. Ces observations concordent avec celles d'autres pays qui ont noté la survenue de formes graves de pneumonie virale et de décès chez des patients plus jeunes que lors des épidémies de grippe saisonnière [1, 5, 12, 17] . Aux États-Unis d'Amérique, 80 % des décès en relation avec des infections par le A(H1N1)v2009 sont survenus chez des sujets porteurs de facteurs de comorbidité pour la grippe saisonnière. De plus, l'obésité était la seule comorbidité retrouvée chez sept patients décédés sur 193 décès. L'obésité est habituellement associée à un excès de morbidité, mais pas toujours de mortalité chez les patients de réanimation [19] . Les multiples aspects de l'association entre obésité et infection ne sont pas tous connus [7] , qu'il s'agisse d'infections communautaires ou postopératoires et plus généralement nosocomiales. Une étude récente [15] éclaircit ces relations morbides : il existerait une forte proximité structurelle entre les cellules immunitaires et les adipocytes, doués de propriétés similaires, telle la production de médiateurs de l'inflammation. Les macrophages du tissu graisseux auraient des phénotypes différents selon l'environnement, gras ou maigre. Par voie de conséquence, l'excès calorique modifierait l'équilibre immunoadipocytaire et perturberait l'immunosurveillance. À leur tour, les cellules immunitaires interviennent dans les métabolismes glucosés et lipidiques. Enfin, chez la souris obèse, l'infection par le virus grippal perturbe la régulation du système immunitaire et induit un taux de mortalité six fois supérieur à celui des souris maigres. Notre étude réalisée au cours de deux années consécutives confirme surtout en 2010 que l'obésité est un facteur de risque de grippe sévère, facteur de risque inconnu lors des épidémies antérieures. Trois adultes sans facteur de risque, ni grossesse, ni obésité ont été admis en réanimation, dont l'un décéda. Notre étude confirme également que des adultes jeunes sans comorbidité peuvent décéder d'infection par le A(H1N1)v2009, bien que dans des proportions nettement moindres qu'aux États-Unis d'Amérique [7] ou qu'au Mexique [16] où la forte mortalité initiale rapportée a semé la panique dans le monde entier en 2009. Aux États-Unis d'Amérique, un risque accru de formes graves a été rapporté au cours du troisième trimestre de la grossesse avec 13 % des 45 décès survenant pendant la grossesse, alors qu'elles ne représentaient que 0,62 % du nombre total de cas. Le taux d'hospitalisation des femmes enceintes a été quatre fois plus élevé que parmi la population générale [10] . Notre série qui comprend trois femmes enceintes confirme cette caractéristique. Une étude multicentrique menée dans l'hémisphère sud (Australie, Nouvelle-Zélande) a rapporté 722 cas confirmés d'infection par le virus A(H1N1) v 2009 admis en service de réanimation [5] , dont 93 % étaient âgés de moins de 65 ans, 29 % avaient un IMC supérieur à 35 kg/m 2 et 9,1 % étaient des femmes enceintes. L'excrétion virale prolongée (14 jours) objectivée chez deux patients nécessitant la poursuite du traitement antiviral jusqu'à la négativation de la RT-PCR dans les LBA a été notée par d'autres équipes chez des patients immunodéprimés [1] . En 2009, six décès ont été imputables à A(H1N1)v2009 à La Réunion, ce qui situait le taux minimum de mortalité à une valeur de 7,5 par million, avec un taux de mortalité de 1/10 000 cas. En 2009, le taux d'attaque des cas symptomatiques (85 000 par million) était assez comparable avec celui observé en Nouvelle-Zélande (80 000 par million). Les données de ce type pour l'année 2010 ne sont pas encore consolidées. La Réunion disposant de 49 lits de réanimation adulte par million d'habitants, le nombre de jours d'occupation des lits de réanimation estimé à 346 par million d'habitants est similaire à celui de Nouvelle-Zélande et d'Australie [1] . Le taux d'occupation maximum a été dix lits par million d'habitants. Le faible taux de la couverture vaccinale débutée après la vague épidémique de 2009 n'a pas permis de protéger les personnes à risque du retour du virus au cours de l'hiver austral 2010. Il pourrait en être de même dans les pays du Nord, en raison du faible taux de vaccination (8,5 % en France métropolitaine au cours de la saison grippale de 2009). À partir de l'étude des cas admis en 2009, les prédictions de décès pour la France métropolitaine pour la saison grip-pale avoisinaient 400 : de fait 349 décès ont été décomptés [22] . Les données 2010 laissent prévoir un nombre de décès importants en France métropolitaine au cours de la saison grippale 2010-2011. Enfin, l'admission d'un patient infecté à Madagascar confirme que le virus A(N1N1)v2009 a également circulé dans la Grande Île. Au cours des étés et automnes australs 2009 et 2010 et pendant une période de plusieurs semaines, l'infection à A (H1N1)v2009 a occasionné une surcharge d'activité importante dans les services de réanimation à La Réunion. La pneumonie virale a été la cause principale d'admission et a été associée à la survenue de plusieurs décès. Le faible taux de la couverture vaccinale débutée après la vague épidémique de 2009, notamment des personnes à risques, n'a pas permis d'éviter la survenue de nouveaux cas graves en 2010, soulignant l'échec de la campagne de vaccination. Conflit d'intérêt : les auteurs ne déclarent aucun conflit d'intérêt. Critical care services and 2009 H1N1 influenza in Australia and New Zealand Extracorporeal membrane oxygenation for 2009 influenza A(H1N1) acute respiratory distress syndrome Acute renal failure. 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