s o u r c e : h t t p s : / / d o i . o r g / 1 0 . 7 8 9 2 / b o r i s . 1 4 6 2 0 7 | d o w n l o a d e d : 6 . 4 . 2 0 2 1 XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles William Howard Adams, The Paris Years of Thomas Jefferson Michèle Crogiez Labarthe Citer ce document / Cite this document : Crogiez Labarthe Michèle. William Howard Adams, The Paris Years of Thomas Jefferson. In: XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. N°51, 2000. pp. 379-380; https://www.persee.fr/doc/xvii_0291-3798_2000_num_51_1_1550 Fichier pdf généré le 21/12/2018 https://www.persee.fr https://www.persee.fr/collection/xvii https://www.persee.fr/collection/xvii https://www.persee.fr/collection/xvii https://www.persee.fr/doc/xvii_0291-3798_2000_num_51_1_1550 https://www.persee.fr/doc/xvii_0291-3798_2000_num_51_1_1550 https://www.persee.fr/authority/193894 https://www.persee.fr/doc/xvii_0291-3798_2000_num_51_1_1550 NOTES DE LECTURE 379 fets d'éclairage par le haut (zénithal ou latéral). On retrouve aussi le recours, dans la décoration des salles, à la couleur vive, aux surfaces vernies et aux miroirs. Soane manifeste aussi sa virtuosité dans l'organisation du confort de l'habitat, avec la généralisation des parcours séparés pour les domestiques et pour les maîtres, l'aménagement de cabinets de toilette et même de bains souterrains. Deane rappelle aussi l'intérêt architectural des bâtiments de service, plus modestes mais toujours élégants et parfois originaux, comme la laiterie "primitiviste" de Betchworth (Surrey), directement inspirée des théories de Laugier sur l'origine de l'architecture. Le plaisir du lecteur est en outre redoublé grâce à l'inclusion d'une admirable iconographie comprenant des photographies originales dues à Martin Charles et de très nombreux dessins aquarelles de l'auteur rendant bien la luminosité si particulière des intérieurs de Soane. Jacques CARRÉ Université de Paris - Sorbonne - Paris IV ADAMS, WILLIAM HOWARD. The Paris Years of Thomas Jefferson. New Haven: Yale UP, 1997. X + 254 pp. £1 1.95. La rencontre de Jefferson avec Paris est bien autre chose qu'un épisode biographique. Pour un francophile convaincu, arrivant dans un pays et à une époque où l'expérience américaine rend imaginable un renouvellement, voire des innovations (qu'on n'appelle pas encore révolutionnaires), ces cinq années d'activité diplomatique importantes dans les relations franco-américaines (73) rendent compte également d'une expérience individuelle fondamentale. Car la francophilie, le goût de la culture classique et des beaux-arts, non pas seulement pour leur valeur élégante ou mondaine, mais pour leur signification politique, préexistaient chez lui à son séjour en Europe. Cette francophilie justifie la démarche du livre, essentiellement thématique et rétrospective: elle s'ouvre sur les derniers jours du séjour parisien, en septembre 1789, et va présenter les relations (Franklin, Lavoisier, La Fayette, le duc de la Rochefoucauld, les Cosway, Hubert Robert, David et Ledoux), les sujets d'observations (notamment architecturales) et les thèmes de la pensée politique auxquels l'envoyé de la jeune république est confronté et qui rejoignent souvent des préoccupations anciennes évoquées en parallèle; les conséquences de ces découvertes parisiennes sur la suite de son action privée à Monticello ou publique au gouver- 380 NOTES DE LECTURE nement sont également évoquées thème par thème. La construction de l'ouvrage rend la lecture très agréable; l'index détaillé des noms et surtout des notions facilitera la consultation érudite. Après deux chapitres de biographie intellectuelle, la présentation détaillée du Paris des années 1780 (ch. 3) montre à quel point la modernisation de la ville était en cours. Féru d'architecture et par ailleurs à la recherche de modèles pour le pays qu'il aurait à bâtir, Jefferson se passionna naturellement pour le nouveau Palais Royal, les constructions de Le- doux et les nouveaux hôtels (ch. 4). L'auteur traite avec nuance du décalage entre ses goûts personnels raffinés, dont témoignent ses dessins et ses achats parisiens (conservés aujourd'hui encore à Monticello pour certains), et sa vision de la vertu américaine qui ne peut se conserver qu'hors du luxe et des grandes villes (ch. 5). Les chapitres 6 et 8, les plus denses, présentent le diplomate et l'époque troublée de sa mission. La question délicate de l'esclavagisme est traitée ici sans complaisance, qui montre Jefferson coincé entre ses exigences morales et les nécessités économiques et politiques de la Virginie. L'étude restitue l'exigence intellectuelle d'un homme qui a su affronter les conflits de son temps, une sorte néanmoins d1" intégriste" de la liberté (297) qui en viendra à regarder comme prix à payer pour elle les morts en martyrs de ses amis aristocrates: image concrète d'un Jefferson dont l'historiographie n'a jamais pu réduire ni expliquer la double nature idéaliste et empirique. L'étude constate l'importance politique que Jefferson a toujours accordée à l'éducation, celle aussi des relations personnelles, y compris dans les cercles féminins alors si importants (ch. 7), aussi bien pour le mécénat artistique, pour l'évolution de la théorie politique (liens avec les journalistes, traducteurs, imprimeurs) que pour les choix politiques des années suivantes: tout cela trouve sa racine dans sa culture philosophique et architecturale classique, mais actualisée dans la France bouillonnante de l'Ancien Régime finissant, au contact des élites du temps et devant le spectacle des misères dont il rendait cet ordre ancien responsable. Ce "Jefferson à Paris," qui fourmille de références précises pour pousser plus loin l'enquête, porte, en fait, sur "Jefferson et Paris" et montre que cette interaction fut constitutive de sa vie et de sa pensée. Les nombreuses illustrations, judicieusement placées et légendées, sont bienvenues pour concrétiser l'exposé. Michèle CROGIEZ Université de Berne 1 Pagination 379 380