Elfe XX-XXI, 8 | 2019 Elfe XX-XXI Études de la littérature française des XXe et XXIe siècles   8 | 2019 Extension du domaine de la littérature L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française Sara Buekens Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/elfe/1299 DOI : 10.4000/elfe.1299 ISSN : 2262-3450 Éditeur Société d'étude de la littérature de langue française du XXe et du XXIe siècles Référence électronique Sara Buekens, « L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française », Elfe XX-XXI [En ligne], 8 | 2019, mis en ligne le 10 septembre 2019, consulté le 21 décembre 2020. URL : http:// journals.openedition.org/elfe/1299 ; DOI : https://doi.org/10.4000/elfe.1299 Ce document a été généré automatiquement le 21 décembre 2020. La revue Elfe XX-XXI est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution 4.0 International. http://journals.openedition.org http://journals.openedition.org http://journals.openedition.org/elfe/1299 http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/ http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/ http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/ http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/ L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française Sara Buekens 1 « Tityre, tu patulae recubans sub tegmine fagi » (« Toi, Tityre, couché sous le vaste feuillage de ce hêtre ») est l’incipit célèbre de la première églogue des Bucoliques de Virgile, dans lesquelles des bergers chantent la beauté de la forêt. Accompagnés par leurs chèvres et leurs moutons, ils y mènent une vie paisible en harmonie avec une nature pastorale souvent associée à l’amour. Lorsqu’aujourd’hui, 2000 ans après les boutades de Mélibée, on aborde la question du monde naturel, c’est surtout pour montrer comment des catastrophes écologiques dégradent notre planète et pour souligner que la défense de la nature fait partie de nos responsabilités envers les générations à venir. Maintenant que le discours environnemental est omniprésent dans les médias, nous observons aussi la place toujours grandissante que les problématiques liées à la nature occupent dans la littérature   des   dernières   décennies.   Un   grand   nombre   de   romans   contemporains mettent en scène des personnages qui sont à la recherche d’une expérience de la nature en solitaire, comme Into the wild de Jon Krakauer (1996) et  Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson (2011), dont les adaptations cinématographiques ont connu un grand succès.   Pensons   aussi   à   Continuer  de   Laurent   Mauvignier   et   Le   Grand   Jeu  de   Céline Minard, deux romans parus en 2016 dans lesquels les protagonistes tournent le dos au capitalisme   et   à   la   société   de   consommation   et   choisissent   de   vivre,   fût-ce temporairement,   dans   une   nature   vierge.   D’autres   auteurs   abordent   de   façon   plus explicite les atteintes que le progrès et l’industrialisation portent à l’environnement : c’est le cas pour Alice Ferney, qui, dans Le règne du vivant (2014), se sert d’un discours activiste pour glorifier Paul Watson, un militant écologiste canadien qui lutte contre la chasse aux baleines dans les eaux internationales : J’ai vu la violence de l’homme industriel se jeter sur la richesse des mers, ses mains de fer mettre à mort les plus gros, les plus rapides, les plus formidables prédateurs. J’ai vu les grands chaluts ramasser en aveugle une faune inconnue. J’ai su de quoi les humains sont capables. J’ai redouté ce qu’ils font quand ils se savent invisibles, en haute mer, sur la banquise, dans le face-à-face sans mot avec les bêtes à leur merci.   J’ai   combattu   l’horreur :   les   tueries,   les   mutilations,   les   dépeçages, l’entassement des cadavres. J’ai vu mourir noyées dans leur sang des baleines qui L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française Elfe XX-XXI, 8 | 2019 1 criaient comme des femmes. […] Nous leur devions une protection. […] Quel usage faisons-nous du monde ?1  2 Dans L’Homme des haies (2012), Jean-Loup Trassard met en scène un narrateur paysan qui, afin de ne pas perdre le contact physique et la complicité avec le monde naturel, continue à respecter les pratiques agricoles traditionnelles, tandis qu’autour de lui la mécanisation de l’agriculture perturbe profondément la relation entre l’homme et la nature. Le procédé du monologue permet au narrateur Vincent Loiseau de s’adresser directement aux lecteurs, auxquels il exprime souvent son indignation face au déclin du mode de vie paysan traditionnel et qu’il met en garde contre les menaces pour le monde naturel, comme la disparition d’un grand nombre d’espèces animales : Maintenant, de la graine, il n’en est plus fait, il n’y a guère de lièvre non plus ! C’est trop chassé. Les cultures ont changé, le maïs qui est semé de plus en plus n’est pas du tout bon pour le lièvre, il ne se coule point là-dedans !2 C’est là que je voyais des écrevisses, oui, des belles […]. Mais il n’y en a plus, à remonter le ruisseau si j’en trouve une ou deux petites c’est bien tout. […] d’après le journal, j’ai lu ça d’un coup, ce serait les produits qu’on sème, nous, les fermiers, qui s’en vont dans l’eau.3  Certains   modes   de   production   disparaissent   parce   qu’ils   ne   sont   pas   suffisamment rentables, le remembrement agraire des années soixante a fait disparaître les éléments typiques   du   paysage   rural.   Et,   comme   le   montre   le   narrateur,   avec   ces   pratiques agricoles traditionnelles a également disparu l’intimité que le paysan entretenait avec le monde naturel. 3 Dans Naissance d’un pont (2010), Maylis de Kerangal renverse les codes du genre épique pour montrer comment la construction du nouveau pont entraîne la destruction de la forêt   dans   laquelle   des   Indiens   mènent   encore   une   vie   respectueuse   de   la   nature. L’appât   du   gain   des   hommes   d’affaires   qui   dirigent   des   travaux   d’aménagement constitue   un   contraste   criard   avec   le   projet   qui   anime   habituellement   le   héros classique. Dans cette épopée moderne, pleine d’ironie du sort, le sacrifice de la forêt est nécessaire   pour   convertir   la   ville   à   l’éthanol   et   en   faire   « l’avant-garde   des   enjeux écologiques mondiaux.   Coca   ville   verte »4.   Pour   souligner   l’hypocrisie   d’une telle entreprise, qui dans ce cas cache la mégalomanie de l’homme occidental, Kerangal n’hésite pas à décrire en détail la pollution liée aux travaux :  les nuisances inhérentes à de tels travaux – éventrements de perspectives aimées, poussière,   bruit,   pollutions   hétérogènes   [..].   Les   percussions   des   bulldozers fusionnèrent avec les chocs et martèlements naturels de la cité, avec les fumées des moteurs de bagnoles et les rafales de poussière. Un nuage de pollution jaune citron plana bientôt sur la ville.5   Ecocriticism vs. écopoétique 4 On observe donc aujourd’hui, dans un monde où la nature est de plus en plus menacée, un   intérêt   renouvelé   pour   le   monde   concret.   Tous   les   romanciers   que   l’on   vient d’énumérer   affichent   leur   sympathie   pour   ceux   qui   vivent   des   expériences authentiques dans la nature – que les problèmes écologiques risquent de rendre bientôt impossibles.   Cette   génération   d’auteurs   est   revenue   des   jeux   intellectuels   du postmodernisme,   leurs   romans   et   récits   témoignent   d’un   intérêt   pour   la   nature concrète,   voire,   dans   le   cas   d’Alice   Ferney,   d’un   engagement   environnemental. Néanmoins, Le Règne du vivant a pendant longtemps été le seul roman français où le souci de la protection de l’environnement s’exprime de façon militante, contrairement L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française Elfe XX-XXI, 8 | 2019 2 à la littérature anglo-saxonne, où le discours littéraire comporte plus fréquemment un engagement écologique explicite. La littérature française tient en général très fort à distance tout militantisme explicite. L’attitude de la France face à l’écologie a toujours été ambiguë, comme le montre Michael Bess, qui dans La France vert clair6 offre un panorama   des   initiatives   et   des   pensées   caractérisant   le   mouvement   écologique français dès les années 1960. 5 Suite à ce tournant récent, l’on voit apparaître dans le monde académique un intérêt toujours grandissant pour cette littérature contemporaine qui nous aide à repenser notre relation à la nature. Depuis 30 ans s’est développée dans le monde anglo-saxon une discipline qui étudie la littérature dans ses rapports avec l’environnement naturel : l’ecocriticism. Or, cette approche théorique permet difficilement d’étudier la spécificité de la littérature française pour plusieurs raisons7 : l’histoire du rapport à la nature est fondamentalement différente en Amérique, l’identité américaine étant indissociable de la wilderness et de ses grands parcs nationaux. Lorsque les théoriciens de l’ecocriticism renvoient à la nature, c’est dans la plupart des cas à une nature sauvage et vierge qu’ils se réfèrent – une réalité inexistante dans le pays essentiellement rural que la France a longtemps été. Si des chercheurs comme Timothy Morton8 questionnent la légitimité du terme « nature », de plus en plus inséparable de « culture », la question ne se pose pas pour les auteurs français. Ainsi, Jean-Marie Gustave Le Clézio a récemment avoué dans un entretien qu’il regrette le manque d’arbres et de jardins à Paris, contrairement à Aix-en-Provence, où cette « nature »9 est bien toujours présente au sein du milieu urbain. Pour Pierre Gascar, les arbres dans un jardin, même entourés de l’air pollué d’une grande ville, constituent en plein un élément de nature et permettent à l’homme industrialisé de « reconquérir le monde naturel en voie de disparition »10 :  Au progrès de la ville et de l’industrie, à l’effacement de la nature, à la détérioration du paysage, à la réduction des forêts, à la mort des sources, l’homme d’aujourd’hui apporte   un   démenti   […].   Le   jardin   [est]   […]   un   lieu   qui,   réellement,   […]   nie l’extérieur sous son aspect présent et recrée la réalité originelle. […] Il est une œuvre de foi, et le plus modeste des jardiniers fait, à lui seul, exister la nature aussi pleinement, aussi souverainement que le croyant le plus humble fait, à lui seul, exister Dieu.11 Et même si l’expérience de la nature se limite pour les personnages trassardiens au mode de vie paysan, à la campagne et donc à une nature fortement manipulée par l’homme, cet environnement que l’ecocriticism considère comme « artificiel » au lieu de naturel   (car   pas   « vierge »)   n’empêche   pas   l’homme   d’éprouver   une   véritable communion avec les animaux et végétaux et de développer une sensibilité écologique.  6 L’approche   de   l’écocritique   est   donc   fortement   liée   à   l’identité   et   à   l’idéologie américaines et se penche principalement sur la littérature du monde anglo-saxon. Les grands textes de référence, aussi bien des pères fondateurs de la tradition littéraire de la nature writing que des théoriciens de l’ecocriticism, ne sont guère connus en France ni traduits en français. Un des premiers théoriciens, Lawrence Buell, a établi les critères pour   définir   la   littérature   « environnementale »12 :   l’homme   a   une   responsabilité éthique envers l’environnement non humain, qui est conçu comme un processus et une présence   dont   l’histoire   influence   celle   de   l’homme.   On   peut   constater   que   dans l’ecocriticism conçu par Buell, l’écriture environnementale se définit essentiellement selon des critères éthiques et thématiques au détriment des critères esthétiques.  7 Jusqu’à récemment, il n’y avait pas d’équivalent dans les départements de lettres en France, où la littérature est essentiellement étudiée dans son rapport avec la dimension L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française Elfe XX-XXI, 8 | 2019 3 sociale ou historique, et où l’on a consacré peu d’attention à la littérature d’inspiration écologique.   Pour   combler   cette   lacune   dans   l’étude   de   la   littérature   française   s’est développée dans le monde académique français et francophone une nouvelle discipline, l’écopoétique,   qui   étudie   la   littérature   française   dans   son   rapport   avec l’environnement. Loin d’adhérer au militantisme de l’écocriticism américaine, le projet de l’écopoétique reste avant tout littéraire et vise à interroger les formes poétiques par lesquelles   les   auteurs   font   parler   le   monde   végétal   et   animal.   Ainsi,   l’approche écopoéticienne permet de rendre visible l’actualité des questions d’écologie dans la littérature   française   en   mettant   moins   l’accent   sur   l’engagement   et   plus   sur   les questions de forme et d’écriture - on sait l’importance que l’université et la critique françaises accordent aux critères stylistiques pour l’évaluation et la canonisation de la littérature.  8 Néanmoins,   il   faut   noter   que   les   deux   disciplines,   aussi   bien   l’ecocriticism  que l’écopoétique, regroupent chacune un continuum d’approches très diverses, prenant en considération   aussi   bien   une   littérature   post-apocalyptique   que   des   réflexions philosophiques   sur   le   rapport   entre   l’oikos  et   les   règnes   animal   et   végétal.   Il   est d’ailleurs   impossible   d’établir   une   distinction   nette   entre   les   formes   françaises   et francophones de l’« écocritique » et l’écopoétique, ces deux approches s’intéressant au même   corpus   et   présentant   des   champs   de   recherche   qui   se   chevauchent   et s’influencent mutuellement13.  9 De plus, des acquis importants de la géocritique et de la géopoétique ont marqué la réflexion en France. La géocritique, avec Westphal comme un des chercheurs les plus importants,   étudie   à   partir   de   représentations   littéraires   et   d’une   approche intertextuelle le rapport entre les espaces réels, vécus et les espaces imaginaires ou imaginés,   ce   qui   permet   d’analyser   dans   quelle   mesure   la   littérature   propose   une nouvelle lecture du monde. Kenneth White, le fondateur de l’International Institute of Geopoetics en 1989, a développé la géopoétique, une approche qui met l’accent sur la façon   dont   l’homme   établit   une   relation   avec   l’espace   à   travers   ses   pensées,   ses émotions et ses expériences sensorielles. Essentiellement interdisciplinaire, son champ de recherches ne se limite pas à la littérature. Les acquis de la géocritique et de la géopoétique sont importants pour l’analyse du rapport, dans la fiction, entre l’homme et la planète. Or, si ces disciplines se penchent sur la carte et le paysage, elles ne prennent guère en considération les menaces qui pèsent sur l’environnement.   Les enjeux éthiques 10 L’écopoétique permet d’étudier la façon dont les auteurs présentent la nature et les problèmes   écologiques   et   comment   les   œuvres   font   apparaître   les   règnes   animal, végétal et minéral. Un vaste corpus de romans et récits font état de la relation souvent perturbée   entre   l’humain   et   le   non-humain   dans   des   environnements   très   variés : naturels, urbains, industriels, apocalyptiques, au niveau régional, national ou global. De nombreux   textes   littéraires   représentent   le   rapport   paradoxal   entre   le   bonheur qu’apporte   la   nature,   souvent   un   lieu   de   détente   pour   l’homme   moderne,   et   les menaces provoquées par le progrès et l’industrialisation. Une des questions qui se pose est de savoir quel type de valeur les auteurs accordent au monde naturel : prennent-ils en   considération   la   nature   pour   elle-même   ou   adhèrent-ils   plutôt   à   une   écologie L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française Elfe XX-XXI, 8 | 2019 4 sentimentale ?   Pensons   par   exemple   dans   ce   dernier   cas   à   Julien   Gracq,   dont   la sensibilité environnementale est d’abord esthétique :  De   plus   en   plus   nettement,   avec   la   prolifération   des   résidences   isolées périphériques,   la   notion   de   cité   s’efface   au   profit   de   l’image   d’une   vague densification humaine cancéreuse, qui ensemence loin autour d’elle le tissu naturel de ses métastases et de ses ganglions. Des zones entières maintenant de l’ancienne campagne – et étendues – font songer à un chaos où on aurait brassé et secoué pêle- mêle les éléments urbains et ceux de la verdure circonvoisine, et où le tout serait resté à l’état d’émulsion mal liée, sans qu’aucune décantation, aucune stratification nette paraisse se faire. Mais laissons là ces ruminations écologiques.14 Voilà en quoi consistent pour Gracq les problèmes écologiques : il dénonce la laideur des paysages qui manquent d’uniformité par la coexistence d’éléments culturels, c’est- à-dire urbains ou industriels, et naturels ou campagnards. Les positions de l’auteur s’expliquent   par   sa   formation :   l’appréciation   des   paysages   dépend   du   plaisir   qu’ils offrent à l’œil du géographe. Gracq défend donc les espaces qui sont « beaux » à voir : bien   structurés,   harmonieux   dans   la   forme   et   les   couleurs,   d’un   matériau géologiquement intéressant. Cette position incite certains chercheurs comme Walter Wagner à ranger Gracq parmi les « écologistes romantiques »15. 11 Mais il y a aussi les auteurs qui, conformément à l’éthique de la terre d’Aldo Leopold, refusent une vision purement utilitaire ou esthétique et prennent en considération des éléments naturels « inesthétiques » selon les canons conventionnels de la beauté. Un de ces auteurs est Pierre Gascar, pour qui la disparition de végétaux comme les lichens, le nostoc et les mauvaises herbes, pour insignifiants et inutiles qu’ils soient, est encore plus inquiétante que la mort des fleurs, « car l’existence de ces dernières pouvait nous sembler hypothéquée par leur pouvoir florifère, par leur beauté, qui rendait déplacée, insolite, leur présence au milieu des cultures, alors que ces herbes grossières, solides, insensibles aux excès des saisons, faisaient partie de la natte permanente du sol »16.   Les enjeux esthétiques 12 Outre ces enjeux éthiques, il est intéressant de voir par quelles formes d’écriture les auteurs   décrivent   le   monde   naturel   et   d’examiner   les   fonctions   et   les   effets   des stratégies   rhétoriques   et   des   figures   de   style   dont   les   auteurs   se   servent   pour problématiser l’environnement. Cette approche permet de décrire les choix esthétiques qui accompagnent leurs prises de position écologiques et de voir comment les œuvres de fiction mettent en place une véritable argumentation. Proposant une perspective attentive aux techniques littéraires qui invitent le lecteur à l’adhésion, l’écopoétique met l’accent sur le travail de l’écriture : il s’agit d’analyser par exemple la signification des   métaphores   et   la   façon   dont   celles-ci   ajoutent   un   sens   supplémentaire   aux descriptions du monde naturel ; de voir comment les auteurs expriment le rapport entre l’homme et l’environnement par le biais des procédés d’anthropomorphisme, de personnification   et   de   zoomorphisme.   Très   souvent,   ces   procédés   permettent   de donner une voix au monde aussi bien animal que végétal et d’interroger la place de l’homme dans les écosystèmes : Dans le bâtiment F (Engraissement), le Boiteux regarde mourir son voisin de case. […] Le Boiteux s’est couché en face du mourant, qui a cessé de se tordre de douleur. Il ne crie plus, il pleure. Alors le Boiteux fait ce geste, de lui tenir la tête entre ses pattes avant. Ce n’est pas un geste réservé à l’humanité, il y a toujours un porc qui console les autres au fond d’une salle, il suffit d’attendre pour le surprendre, ce L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française Elfe XX-XXI, 8 | 2019 5 geste que font les gens partout où la vie cogne, d’attirer contre soi celui qui a mal, ferme les yeux, pars tranquille, nous sommes tous dans le même couloir.17 Dans ce passage de 180 jours, Isabelle Sorente utilise le procédé de l’anthropomorphisme pour questionner l’abîme général qui sépare les hommes et les animaux, et amène ainsi le lecteur à se demander dans quelle mesure la douleur animale serait plus justifiée que la douleur humaine.  13 Parfois,   l’ironie   permet   à   l’écrivain   de   changer   la   signification   apparente   de   son discours pour dénoncer la situation politique ou économique actuelle ou pour souligner la gravité des problèmes environnementaux. Dans Naissance d’un pont, les noms des héros responsables de la construction du pont renvoient justement aux fondateurs de la   tradition   littéraire   de   la   nature   writing  américaine :   Katherine   Thoreau   et   Ralph Waldo réfèrent respectivement à Henri David Thoreau et Ralph Waldo Emerson. Par ce détour   ironique,   ces   penseurs   transcendantalistes   qui   ont   toujours   milité   pour   une préservation du monde naturel deviennent responsables de la destruction de la forêt indienne. Jouant ainsi avec les conventions de l’épopée, Maylis de Kerangal ridiculise le désir d’expansion des grandes villes et affiche sa sympathie pour ceux qui mènent encore une vie » en harmonie » avec la nature.   L’histoire de la littérature 14 Ci-dessus,   nous   avons   posé   que   la   littérature   contemporaine   présente   un   intérêt renouvelé pour la nature concrète. « Renouvelé », car on ne saurait oublier que les préoccupations écologiques ne datent pas d’hier, et qu’un grand nombre d’auteurs ont contribué à la création d’un discours environnemental littéraire au cours du XXe siècle. Ainsi, l’écopoétique permet de rendre visible l’actualité des questions d’écologie de certains auteurs français – comme Jean-Marie Gustave Le Clézio, Julien Gracq, Pierre Gascar, … – qui ont écrit à un moment où les problèmes environnementaux ne faisaient point   encore   partie   des   préoccupations   quotidiennes.   Certaines   œuvres   sont aujourd’hui encore connues du grand public, comme Les Racines du ciel de Romain Gary, qu’on   présente   toujours   comme   « le   premier   roman   écologique »18  de   la littérature française. Mais on oublie trop souvent que d’autres auteurs, comme Jean-Loup Trassard ou même Nicolas Bouvier, ont également exprimé leur attachement au monde naturel et/ou ont rendu visibles dans leurs romans et récits les problèmes environnementaux de leurs   temps.   Ces   auteurs   n’ont   guère   été   étudiés   dans   cette   perspective,   et maintenant que l’écopoétique propose des outils pour se pencher sur la littérature française dans son rapport avec la nature, l’environnement et l’écologie, un retour sur leur œuvre s’impose.  15 En outre, il existe des auteurs dont l’œuvre est tout à fait tombée dans l’oubli. Gascar fait   partie   de   ces   auteurs   qui   dans   leurs   romans   se   sont   tournés   vers   l’expérience sensible du monde et se sont intéressés aux questions environnementales, à une époque où la critique affectionnait le Nouveau Roman et la Nouvelle Critique. Oublié par les théoriciens de la littérature, ce romancier, journaliste et nouvelliste, s’est pourtant vu décerner un grand nombre de prix littéraires, parmi lesquels le prix Goncourt, qu’il a reçu en 1953 pour Les Bêtes suivi de Le Temps des morts et le grand prix de l’Académie française en 1969. L’écopoétique permet donc de revenir sur des auteurs oubliés ou pas encore étudiés sous cet angle, qui marquent un intérêt particulier pour l’extérieur et s’efforcent de saisir le monde dans toute sa matérialité.  L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française Elfe XX-XXI, 8 | 2019 6   L’évolution stylistique 16 L’écopoétique   repère   non   seulement   les   problématiques   spécifiques   auxquelles   la littérature française s’intéresse lorsqu’elle traite des questions de la nature, elle montre aussi les choix esthétiques que cette littérature juge le plus appropriés à un examen des mondes végétal, animal et minéral et à une prise de conscience de la valeur de la nature. Cette perspective aide aussi à expliquer l’évolution stylistique et littéraire de certains   auteurs   français   et   de   voir   dans   quelle   mesure   une   prise   de   conscience grandissante   pour   l’environnement   conduit   ponctuellement   à   des   choix   d’écriture différents.  17 C’est le cas pour Jean-Marie Gustave Le Clézio, qui dans ses premiers romans exprime une critique du mode de vie occidental, mais développe, à partir de son expérience parmi les Indiens, des réflexions sur la place de l’homme dans le système naturel. Selon lui, c’est le contact avec les peuples amérindiens qui lui a fait découvrir, à un moment très précis et repérable dans ses productions littéraires, d’autres façons de vivre en harmonie avec la nature. 18 Ainsi, une lecture écopoéticienne de l’œuvre de Le Clézio est d’autant plus intéressante qu’elle permet de voir comment la prise de conscience écologique naît et évolue chez cet écrivain et comment celle-ci provoque un changement de style radical. Dans ses premiers ouvrages, l’auteur décrit la société de consommation comme un endroit de chaos,   où   la   présence   de   plus   en   plus   dominante   de   la   technologie   déshumanise l’homme occidental (Le Livre des fuites, La Guerre, Les Géants). Les villes sont des « chaos de ciment »19, des endroits apocalyptiques qui « consument […] des siècles d’énergie et de pensée »20. « Nouveau réaliste »21, il s’attache à montrer ce chaos en transcrivant ce qu’il rencontre dans la rue : affiches à demi effacées, bruits de klaxons, graffitis… Non seulement la mise en page, mais aussi l’écriture même, qui se limite souvent à des associations de sons, représente le désordre de la société de consommation et la lutte permanente entre l’homme et son environnement :    Ill. 1 Jean-Marie Gustave Le Clézio, Les Géants, Paris, Gallimard, 1973, p. 93. L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française Elfe XX-XXI, 8 | 2019 7 L’« effet de réel » qui en résulte pousse le lecteur à s’interroger sur le rôle des textes, des codes et des signes dans la société et, dans le cas des slogans idéologiques, des affiches et des magazines, à une réflexion sur la puissance et la vulnérabilité du texte écrit. 19 Or, à partir des années 1970, Le Clézio décrit comment, grâce à la rencontre des sociétés amérindiennes, il a découvert d’autres modes de vie, plus respectueux et proches de la nature et a vécu une véritable prise de conscience écologique.  À cette époque, je ne me souciais pas d’écologie, et je ne connaissais presque rien du passé amérindien de l’Amérique […]. C’est la rencontre avec les Emberas, sur le río Tuquesa, qui me donna cette libération. […] Petit à petit [….] je suis parvenu à l’orée d’un monde complètement opposé à tout ce que j’avais connu jusqu’alors. Séjour après séjour (de six à huit mois chaque année durant la saison des pluies, parce qu’à ce moment-là les gens se reposaient et que je pouvais voyager sur les fleuves en crue), j’appris une nouvelle façon de voir, de sentir, de parler.22 20 Loin de se penser maître de son environnement naturel, l’homme amérindien vit selon Le Clézio en contact direct avec la nature. L’énergie n’est plus une source de chaos dans un espace artificiel, mais un système dynamique à travers lequel l’homme amérindien se sent lié aux arbres, plantes, pierres et animaux. Cette position biocentrique, qui n’est pas sans rappeler la « fontaine d’énergie »23 d’Aldo Leopold, incite Le Clézio à adopter une écriture plus lyrique qui représente cette relation harmonieuse entre l’homme et la nature.  21 On peut également repérer dans l’œuvre de Pierre Gascar24 une évolution stylistique qui est liée à une prise de conscience grandissante de la problématique environnementale. Tandis que ses premières romans et récits abondent en métaphores, comparaisons, associations poétiques, références mythologiques et descriptions lyriques exploitant l’anthropomorphisme,   destinées   à   prêter   à   la   nature   un   caractère   fantastique   et   à évoquer l’expérience de guerre de l’auteur, ses dernières œuvres se caractérisent par un   dépouillement   stylistique   fondamental.   Ce   n’est   plus   la   guerre,   mais   le   monde naturel qui est au centre de l’intérêt, et en particulier les dangers auxquels est exposée la   nature :   la   pollution   des   eaux   et   de   l’air,   la   transformation   des   paysages,   la disparition   d’espèces   végétales   et   animales,   la   menace   nucléaire…   Afin   de   rendre compte de cette problématique, Gascar écarte au fur et à mesure tous les procédés esthétisants qui engendrent un effet de déréalisation et intègre de plus en plus de données provenant des sciences naturelles dans ses descriptions des règnes animal et végétal. L’auteur privilégie un style réaliste, entièrement tourné vers le concret, pour rendre   présent   le   monde   naturel   et   pour   problématiser   notre   rapport   à l’environnement.  22 Notons que Gascar pratique ici un procédé littéraire toujours actuel et de plus en plus répandu :   on   observe   dans   les   œuvres   « environnementales »   de   l’extrême contemporain de nombreuses références aux sciences naturelles, qui permettent de décrire   les   problèmes   écologiques   dans   un   discours   largement   accepté   comme incontestable et « objectif », même à l’intérieur d’une œuvre d’art. Ainsi, il est assez frappant qu’Alice Ferney, dans Le Règne du vivant25, aussi bien qu’Aurélien Bellanger, dans L’Aménagement du territoire26, utilisent le terme « anthropocène » pour montrer que les   activités   humaines   ont   actuellement   un   impact   signifiant   sur   l’équilibre   de l’écosystème terrestre. Encore dans L’Aménagement du territoire, un des personnages du roman, Dominique, souligne, comme les géologues, le caractère restreint de la part de la planète habitable pour l’homme et réfère ainsi à la « zone critique », une partie de la L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française Elfe XX-XXI, 8 | 2019 8 planète qui s’étend verticalement du sommet de la basse atmosphère jusqu’aux roches stériles dans le sol27. Dans Autour du monde, Laurent Mauvignier cède la parole à un sismologue pour expliquer de façon simplifiée, comme il le ferait dans un manuel de vulgarisation, aux autres personnages, et dès lors au lecteur, comment s’est produite la catastrophe de Fukushima28. 23 Sans vouloir réécrire l’histoire de la littérature française, l’approche écopoéticienne permet donc de voir comment la problématique environnementale peut nous apporter des vues nouvelles sur les mutations caractérisant la littérature entre 1945 et 2015. Étant donné que les manuels et les histoires de la littérature du XXe et du XXIe siècle ont prêté peu d’attention à ce courant de littérature d’imagination ancrée dans le monde concret, l’on peut espérer que l’étude écopoéticienne permettra de donner une place aux enjeux environnementaux dans l’histoire littéraire. NOTES 1. Alice Ferney, Le Règne du vivant, Arles, Actes Sud, 2014, p. 12. 2. Jean-Loup Trassard, L’Homme des haies, Paris, Gallimard, 2012, p. 159.  3. Ibid., p. 220.  4. Maylis de Kerangal, Naissance d’un pont, Paris, Verticales, coll. « Folio », 2010, p. 63.  5. Ibid., p. 133.  6. Michael Bess, La France vert clair. Ecologie et modernité technologique 1960-2000, trad. Chr. Jaquet, Seyssel, Champ Vallon, 2011 [2003].  7.  Voir   à   ce   sujet :   Pierre   Schoentjes,   Ce   qui   a   lieu.   Essai   d’écopoétique,   Marseille,   Éditions Wildproject, 2015, p. 21-24. 8.  Timothy   Morton,   Ecology   without   Nature :   Rethinking   Environmental   Aesthetics,   Cambridge, Harvard University Press, 2007. 9. Jean-Marie Gustave Le Clézio, propos recueillis par Lu Zhang, « Je pense que la littérature doit beaucoup à la terre », Les Cahiers J.M.G. Le Clézio, , 2017, p. 164-165. 10. Pierre Gascar, Les Sources, Paris, Gallimard, 1975, p. 89-90.  11. Ibid., p. 83.  12.  Lawrence Buell, The Environmental Imagination : Thoreau, Nature Writing and the Formation of American Culture, Cambridge/London, Harvard University Press, 1995, p. 7-8, nous résumons.  13.  Pour   une   comparaison   détaillée   entre   l’écocritique   et   l’écopoétique   françaises   et francophones, voir : Rachel Bouvet, Stephanie Posthumus, « Eco- and Geo- Approaches in French and Francophone Literary Studies », in Hubert Zapf, Handbook of Ecocriticism and Cultural Ecology, Hubert Zapf éd., Berlin/Boston, Walter de Gruyter GmbH, 2016, p. 385-412. 14. Julien Gracq, La Forme d’une ville, Paris, José Corti, 1985, p. 126.  15.  Walter   Wagner,   « Ecological   Sensibility   and   the   Experience   of   Nature   in   the   Twentieth- Century French Literature of Jean Giono, Marguerite Yourcenar and Julien Gracq », Ecozon@, 5 (1), 2014, p. 180. 16. Pierre Gascar, Pour le dire avec des fleurs, Paris, Gallimard, 1988, p. 75. 17. Isabelle Sorente, 180 jours, Paris, Grasset, 2013, p. 268.  18. Romain Gary, Les Racines du ciel, Paris, Gallimard, 1980, préface, p. 11. 19. Jean-Marie Gustave Le Clézio, La Guerre, Paris, Gallimard, 1970, p. 285. L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française Elfe XX-XXI, 8 | 2019 9 20. Ibid., p. 240. 21.  Pour une analyse plus détaillée, voir Marina Salles, Le Clézio : notre contemporain, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2006. 22. Jean-Marie Gustave Le Clézio, La Fête chantée, Paris, Gallimard, 1997, p. 10-11. 23. Aldo Leopold, Almanach d’un comté des sables, Paris, Aubier Montaigne, 1995, p. 173. 24.  Voir à ce sujet : Pierre Schoentjes, op. cit., p. 212-226 ; Sara Buekens, « Pour que l’écologie supplante   le   nationalisme :   l’esthétique   de   Pierre   Gascar »,   Revue   critique   de   fixxion   française contemporaine, 11, décembre 2015, p. 49-59.  25. Alice Ferney, Le Règne du vivant, op. cit., p. 71. 26. Aurélien Bellanger, L’Aménagement du territoire, Paris, Gallimard, 2014, p. 188-189. 27. « L’homme était un animal de surface. Ni l’exploration minière, ni l’essor du transport aérien, ni la conquête spatiale ou la construction de gratte-ciel ne parvenaient à projeter plus d’un faible pourcentage   de   la   population   humaine   sur   des   orbites   différentes   de   celle   de   son   habitat primitif : une bande de quelques dizaines de mètres autour du niveau moyen des océans — bande que les hommes occupaient comme des solides impénétrables. » Ibid., p. 143. 28. Laurent Mauvignier, Autour du monde, Paris, Minuit, 2014, p. 75-76. RÉSUMÉS La   problématique   environnementale   est   restée   discrète   dans   la   critique   littéraire   française. Pourtant,   au   XXe  siècle   un   grand   nombre   d’écrivains   de   fiction   se   sont   déjà   intéressés   aux problèmes écologiques, comme la pollution, la disparition des espèces et la menace nucléaire. Récemment s’est développée dans le monde francophone une discipline qui étudie la littérature dans ses rapports avec l’environnement naturel, l’écopoétique, qui s’intéresse à la littérature environnementale   écrite   en   français.   Etant   donné   qu’il   s’agit   d’une   approche   formelle, l’écopoétique permettra de voir dans quelle mesure une prise de conscience grandissante pour l’environnement dans la littérature conduit ponctuellement à des choix d’écriture différents et comment la problématique environnementale peut nous apporter des vues nouvelles sur les mutations caractérisant la littérature entre 1945 et 2017. French contemporary literary criticism has left the environmental theme largely unexplored. However,   throughout   the   20th   century,   a   large   number   of   novelists   had   already   espoused ecological   problems   such   as   pollution,   the   disappearance   of   species   and   the   nuclear   threat. Recently   a   discipline   arose   in   the   francophone   world   that   studies   the   relationship   between literature and the natural environment : l’écopoétique. Since this discipline concentrates on the formal analysis of texts, l’écopoétique will contribute in studying to what extent an ever growing environmental awareness can lead to a change in writing methods and how the environmental theme can provide new insights in the mutations that define literature between 1945 and 2017. INDEX Mots-clés : écopoétique, littérature environnementale, écologie, histoire littéraire Keywords : ecopoetics, environmental literature, ecology, literary history L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française Elfe XX-XXI, 8 | 2019 10 AUTEUR SARA BUEKENS Détentrice d’un Master en littérature et linguistique français–latin à l’Université de Gand et d’un Master 2 en littérature française à Paris (avec des cours à l’Université Paris IV – Sorbonne, l’EHESS et l’École normale supérieure), Sara Buekens rédige actuellement une thèse de doctorat à l’Université de Gand, sous la direction de Pierre Schoentjes. Elle étudie, à travers les auteurs français majeurs (1945-2016 : Gracq, Gary, Gascar, Trassard, Le Clézio et un choix d’œuvres contemporaines), la problématique environnementale dans une perspective écopoéticienne. Parmi ses publications, on retrouve : « Proximité avec la nature et jeu des genres littéraires :  L’Homme des haies de Jean-Loup Trassard et Naissance d’un pont de Maylis de Kerangal », Études littéraires, 48.3, 2019, p. 21-36 ; « L’usage du monde : une sensibilité environnementale avant la lettre », Roman 20-50, hors série 8, 2018, p. 271-282 ; « Maylis de Kerangal répond aux questions de Sara Buekens », Revue critique de fixxion française contemporaine, 14, 2017, p. 164-169 ; « Pour que l’écologie supplante le nationalisme : l’esthétique de Pierre Gascar », Revue critique de fixxion française contemporaine, 11, 2015, p. 49-59. L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française Elfe XX-XXI, 8 | 2019 11 L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française Ecocriticism vs. écopoétique Les enjeux éthiques Les enjeux esthétiques L’histoire de la littérature L’évolution stylistique