key: cord-342025-zprn1bbq authors: Brouard, J; Freymuth, F; Toutain, F; Vabret, A; Petitjean, J; Gouarin, S; Guillois, B; Duhamel, J. F title: Exacerbations de l’asthme et identification virale associée à celle du Chlamydiae pneumoniae et du Mycoplasma pneumoniae : épidémiologie comparative entre nourrissons et enfants âgés de plus de deux ans date: 2001-06-30 journal: Revue Française d'Allergologie et d'Immunologie Clinique DOI: 10.1016/s0335-7457(01)00042-9 sha: doc_id: 342025 cord_uid: zprn1bbq Résumé Objectifs. – L’utilisation des nouvelles techniques d’identification par les méthodes moléculaires apporte de nouvelles données épidémiologiques. Patients et méthodes. – Cent dix-huit aspirations nasales pratiquées chez des enfants hospitalisés pour une exacerbation aiguë d’asthme ont été colligées. Les techniques conventionnelles ont associé la culture virale et l’immunofluorescence et les techniques moléculaires une polymerase chain reaction (PCR). Résultats. – L’utilisation des techniques conventionnelles a mis en évidence un virus dans 34 % des prélèvements respiratoires (40 cas sur 118), tandis que l’étude par PCR permet une identification positive sur 68 % des prélèvements (80 cas sur 118) et l’association des deux méthodes amène la positivité à 77 % (91 cas sur 118). Les co-infections ont concerné 23 % des prélèvements positifs. L’identification virale par les outils traditionnels est significativement plus fréquente chez les jeunes asthmatiques, ainsi que lors de l’utilisation des outils de biologie moléculaire de façon non significative. L’épidémiologie comparative retrouve la prépondérance dans les deux groupes d’âge du rhinovirus (45 %), puis du virus respiratoire syncytial (28 %) et de l’entérovirus (8,5 %). Chez les enfants âgés de moins de deux ans, rhinovirus et virus respiratoire syncytial ont une prévalence proche (42 et 36 % respectivement) sensiblement différente de celle des enfants âgés de plus de deux ans (66 et 27 % respectivement). L’identification par PCR de Chlamydia pneumoniae et de Mycoplasma pneumoniae reste rare (six cas sur 118 prélèvements). Conclusion. – La prééminence du rhinovirus et du virus respiratoire syncytial est retrouvée lors des exacerbations d’asthme chez le nourrisson tandis que C. pneumoniae et M. pneumoniae ne semblent pas particulièrement impliqués. L’identification est plus forte chez les jeunes asthmatiques avec probablement une charge virale plus importante, car la positivité de la culture virale est plus fréquente chez les enfants âgés de moins de deux ans. Abstract Purpose.– Molecular processes can have a different impact on epidemiological data. Patients and methods. – The study covers 118 nasal aspirate samples taken on children hospitalized for acute asthma exacerbation for 2 years. Conventional techniques associated viral culture and immunofluorescence while molecular techniques used polymerase chain reaction (PCR). Results. – Virus presence was revealed with conventional techniques in 34% of the respiratory samples (40/118), while PCR study of viruses and genomes of Chlamydia pneumoniae and Mycoplasma pneumoniae allowed positive identification in 68% of the samples (80/118). The combination of both techniques allowed identification of an infectious agent in 77% of cases (91/118). More than one pathogenic agent was isolated in 23% of positive samples. Epidemiological study shows prevalence of rhinovirus (45%), then respiratory syncytial virus (28%) and enterovirus (8.5%). In children under 2 years of age, rhinovirus and respiratory syncytial virus have a close prevalence (respectively 42 and 36%), which is not the same result as in older children (respectively 66 and 27%). Moreover, PCR techniques allowed the identification of just a few Chlamydia pneumoniae and Mycoplasma pneumoniae (6/118). Conclusion. – In this study, molecular techniques of identification demonstrate a clear advantage in sensitivity compared to performances of viral cultures or immunofluorescence. The importance of rhinovirus and respiratory syncytial virus is remarkable while Chlamydia pneumoniae an Mycoplasma pneumoniae do not seem to be particularly involved. L'identification virale par les outils traditionnels est significativement plus fréquente chez les jeunes asthmatiques, ainsi que lors de l'utilisation des outils de biologie moléculaire de façon non significative. L'épidémiologie comparative retrouve la prépondérance dans les deux groupes d'âge du rhinovirus (45 %), puis du virus respiratoire syncytial (28 %) et de l'entérovirus (8,5 % Les premières données sur l'épidémiologie de l'infection virale et l'asthme ont été obtenues dans les années 1970-1980 par l'isolement viral et la sérologie [1] . Par son pouvoir amplificateur, l'utilisation de l'outil moléculaire accroît la sensibilité de détection virale et semble approprié dans l'asthme où la charge virale peut être réduite [2] . L'épidémiologie virale, avec ces techniques virologiques modernes, lors des exacerbations d'asthme est disponible chez l'enfant d'une dizaine d'année [3] mais pas chez celui âgé de moins de deux ans. Cette étude épidémiologique rétrospective a colligé les enquêtes virologiques à partir des sécrétions obtenues par aspiration nasale chez les enfants hospitalisés pour crise d'asthme aiguë dans un service de pédiatrie générale. Le diagnostic d'asthme a été fondé en fonction de l'âge selon les critères usuels [4, 5] . L'évaluation clinique a retenu outre l'âge, les paramètres vitaux (fréquences cardiaque et respiratoire, température, oxymétrie transcutanée), les mesures thérapeutiques (nutrition, oxygénothérapie, bronchodilatateur ou corticoïde systémique), la durée de l'hospitalisation. La définition de la sévérité de la crise a retenu la nécessité d'une oxygénothérapie de plus de 24 heures pour maintenir une SaO 2 égale à 92 % ou une intolérance alimentaire imposant une hydratation par voie intraveineuse de plus de 24 heures ou le recours au bêta-2 mimétique et au corticoïde par la voie parentérale. Les examens paracliniques ont porté sur le dosage de la protéine C réactive, la numération des polynucléaires neutrophiles, l'examen cytobactériologique des crachats (ECBC) à l'admission. Les prélèvements des sécrétions nasales ont été réalisés par le personnel infirmier ou par un kinésithérapeute. Ces prélèvements ont été transmis immédiatement dans un flacon stérile au laboratoire de virologie. Les données colligées ont été saisies à l'aide du logiciel Epi-Infot. Les comparaisons statistiques des données quantitatives ont été effectuées à l'aide du test non paramétrique de Mann-Whitney. L'analyse du 2 a été utilisée pour les données qualitatives avec correction de Yates pour les effectifs théoriques inférieurs à cinq. Pour les petits effectifs, les calculs statistiques ont été réalisés par la méthode exacte de Fischer. Une valeur de p < 0,05 a été retenue comme significative pour l'interprétation du test. L'identification virale par les outils traditionnels du diagnostic virologique est significativement plus fréquente chez les jeunes asthmatiques : la positivité de IF/CV correspond à un âge moyen de 28,4 mois, la négativité de cette recherche correspond à un âge moyen de 43 mois (p < 0,01). Ceci est également retrouvé lors de l'utilisation des outils de biologie moléculaire, La présence d'une neutropénie relative est retrouvée lors de l'analyse des résultats en fonction des données de l'IF/CV. Lorsque l'IF/CV est positive, le chiffre moyen des polynucléaires neutrophiles est de 5 230/mm 3 (± 2 470) versus 7 150/mm 3 (± 4 350). Il n'y a pas différence significative selon les résultats des techniques moléculaires (positivité à 6 800/mm 3 ± 4 400 versus négativité à 5 800/mm 3 ± 3 000). La corrélation saisonnière entre la survenue des infections virales et les pics de crises d'asthme est tout à fait perceptible en clinique [6, 7] . Cette étude est en accord avec les résultats d'autres équipes sur l'identification virale au décours des exacerbations d'asthme [8] . Notre particularité est d'avoir abordé cette recherche chez l'enfant asthmatique âgé de moins de deux ans en y associant de façon exhaustive les techniques de biologie moléculaire. Le rhinovirus reste le facteur clé de ces exacerbations, puis le virus respiratoire syncytial. La prévalence de ces deux agents infectieux ne correspond pas à celle retrouvée lors des bronchiolites inaugurales [9] . Sans les techniques de biologie moléculaire, le rhinovirus a une prévalence sous-évaluée [10, 11] . Quelle est la signification d'un résultat positif isolément en biologie moléculaire ? Cette technique n'amplifie qu'une partie du génome et ne prouve pas que l'agent infectieux identifié soit en phase réplicative. L'IF/CV nécessite le maintien de l'intégrité cellulaire et de la viabilité virale. La technique PCR peut détecter des particules virales infectieuses et non infectieuses, l'isolement viral ne décèle pas les particules défectives, il est gêné par les inhibiteurs des virus présents dans les échantillons (mucine, interféron, bactéries…). C'est ce que semblent souligner nos résultats en objectivant une neutropénie relative lors d'une identification virale par IF/CV. Une hypothèse est que pour les enfants âgés de moins de deux Tableau II. Présentation paraclinique et évolution de la cohorte. Âge ≥ 2 ans (n = 59) p Protéine C réactive (mg/L) 8,1 (± 7,6) 10,7 (± 12) NS Polynucléaires neutrophiles (mm 3 ans, une charge virale plus importante est nécessaire pour induire des sifflements, puis plus l'asthme vieilli, moins cette charge est nécessaire pour déclencher une exacerbation, les facteurs allergiques étant parallèlement prépondérants [12] . Nous n'avons pas pu étayer cette hypothèse car les techniques de biologie moléculaire employées ne permettaient pas de quantifier et de comparer cette charge virale. De même, la constitution d'une population témoin appariée pourrait, dans une étude prospective, clarifier le débat entre un lien de causalité par récurrence, rémanence ou latence, à différencier d'une présence non pathogène due à la circulation virale communautaire. Ceci est important, car l'amplification génique a permis de doubler les résultats positifs d'identification virale. L'infection latente est habituellement non permissive, sans réplication virale, mais elle s'accompagne souvent de l'expression de quelques protéines virales précoces, qui, si elles s'expriment à la surface, voire hors de la cellule, peuvent générer des phénomènes inflammatoires et immunitaires chroniques ou intermittents. Avec le virus respiratoire syncytial, l'infection latente ou persistante du poumon n'a pas été démontrée même si ses effets au long cours sont bien individualisés [13] . L'infection persistante adénovirale tant chez des enfants asthmatiques non répondeurs aux corticoïdes inhalés [14] qu'en période intercritique [15] [10] . Cuningham et al. [19] ont également pratiqué leurs investigations chez 65 enfants asymptomatiques, la détection en PCR s'est révélée similaire (28 %)… Toujours dans cette étude, Mycoplasma pneumoniae a été identifié à deux reprises dans les deux groupes de patients. La corrélation entre infection aiguë ou chronique à Chlamydia pneumoniae ou Mycoplasma pneumoniae et asthme aigu ou chronique n'est pas démontrée à l'évidence. La grande sensibilité des outils moléculaires apporte une modification des résultats épidémiologiques lors du diagnostic des viroses respiratoires communes aux dépends probablement de leur spécificité. Cependant, aucune comparaison entre les études n'est vraiment satisfaisante en l'absence de standardisation des procédures. Actuellement, le gain en efficacité du diagnostic moléculaire se heurte au coût, à la complexité et à la durée nécessaire pour leur réalisation. Le rhinovirus, le virus respiratoire syncytial, puis les entérovirus sont dans notre étude les principaux agents identifiés lors des exacerbations aiguës nettement séparées des autres agents habituellement retrouvés dans les infections aiguës de l'arbre respiratoire. Les progrès de la recherche antivirale pourront peut être élargir les indications du diagnostic virologique en dehors du domaine épidémiologique ou de la recherche. Le pleconaril est, par exemple, efficace sur les infections à picornavirus (rhinovirus et entérovirus) réduisant la symptomatologie clinique. Les hypothèses étiopathogéniques sont nombreuses, donc encore à définir pour relier l'identification virale et la symptomatologie clinique. L'atteinte des cellules épithéliales, l'intervention de cytokines (IL-6, IL-8, IL-11…) et de médiateurs (LTC4, hista-mine…), le recrutement cellulaire (polynucléaires éosinophiles et neutrophiles…), voire la diffusion systémique (lymphocytes, cellules mononucléées…) ne doivent pas être considérés isolément de même que les interactions entre virus, cellules mastocytaires, basophiles et IgE. Ces différents modèles suggèrent les divers objectifs potentiels d'une intervention thérapeutique. The association of viral and bacterial respiratory infections with exacerbations of wheezing in young asthmatic children Épidémiologie de l'infection virale et asthme Community study of role of viral infections in exacerbations of asthma in 9-11 years old children Infantile bronchial asthma The British guidelines on asthma management. Asthma in adults and schoolchildren Episodes of respiratory morbidity in children with cough and wheeze Respiratory infections and the autumn increase in asthma morbidity The relationship between upper respiratory infections and hospital admissions for asthma : a time trend analysis Differential detection of rhinoviruses and enteroviruses RNA sequences associated with classical immunofluorescence assay detection of respiratory virus antigens in nasopharyngeal swabs from infants with bronchiolitis Detection of respiratory syncytial virus, parainfluenzavirus 3, adenovirus and rhinovirus sequences in respiratory tract of infants by polymerase chain reaction and hybridization Detection of viral, Chlamydia pneumoniae and Mycoplasma pneumoniae infections in exacerbations of asthma in children Diagnostic des deux principales viroses respiratoires épidémiques : la grippe et les infections à virus respiratoire syncytial. Place de la virologie moléculaire Long-term effects of respiratory syncytial virus (RSV) bronchiolitis in infants and young children : a quantitative review Persistent adenoviral infection and chronic airway obstruction in children Persistence of viruses in upper respiratory tract of children with asthma Viruses as precipitants of asthma symptoms. I. Epidemiology Rhinovirus and respiratory syncytial virus in wheezing children requiring emergency care. IgE and eosinophil analyses Comparison of two serological methods and a PCR-enzyme immunoassay for the diagnosis of acute respiratory infections with Chlamydia pneumoniae in adults Chronic Chlamydia pneumoniae infection and asthma exacerbation in children Asthme du nourrisson et identification virale