key: cord-296792-w6dgrgei authors: Lalau, Jean-Daniel title: COVID-19 et diabète de type 2 : des enquêtes nationales en France et leur analyse date: 2020-07-30 journal: nan DOI: 10.1016/j.mmm.2020.07.006 sha: doc_id: 296792 cord_uid: w6dgrgei Résumé Il y a le fait, et le rapport au fait. Aussi, s’agissant de la pandémie COVID-19 actuelle, importe-t-il de prendre appui sur le ressenti de la population ; de croiser ainsi l’objectif et le subjectif. C’est dans cet esprit que sont présentés ici les résultats de plusieurs enquêtes populationnelles, ainsi qu’une analyse. Où apparaîtront des faits robustes, mais à vrai dire connus : la prise de poids, le déséquilibre du diabète, la difficulté de prendre son traitement ou de consulter un médecin. Des éléments moins attendus seront notés quand l’analyse sera affinée avec des croisements selon l’âge, les catégories socioprofessionnelles, ou encore la zone géographique. L’article est conclu avec deux problématiques : celle d’une temporalité qui, par la force des choses, n’est pas encore véritablement déployée ; celle aussi de la défiance envers les différents canaux d’information. Summary There is the fact, and the way it is perceived. Therefore, concerning the current COVID-19 pandemic, it is important to take patient testimony into consideration; to link the objective and the subjective. It is in that spirit that results of some surveys are presented here, to which a personal analysis is added. Some facts were expected, e.g. weight gain, diabetes disequilibrium, However, some facts are less expected after crossing data with age, socio-professional categories or geographic area. It is concluded with two issues: that of temporality, which has not yet deployed by force of circumstance, and that of distrust of different sources of information. « Graves événements », nous dit Camus, avec une singulière résonance aujourd'hui entre la pandémie de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) et la peste. « Dont on s'est proposé de faire la chronique », ajoute-t-il. Pour notre part, nous voudrions quitter la chronique de la mort annoncée (nous faisons ici le parallèle avec un autre ouvrage célèbre, celui de Gabriel García Márquez [1] , et le compteur qui, il n'y a pas encore bien loin, égrenait chaque jour la mortalité liée à la COVID-19) pour prendre plutôt appui sur des enquêtes populationnelles réalisées au sujet de cette infection. Pour ce faire, nous nous placerons en un premier temps sur un plan général, avant de porter notre focale sur notre sujet d'intérêt principal : le diabète. Pardon : sur le sujet diabétique. Nous rapportons ici les résultats de deux études populationnelles, réalisées à quelques jours d'intervalle en France, l'une par Arcane Research entre le 8 et le 20 avril 2020 auprès de 4005 sujets adultes de 18 à 75 ans [2] , et la seconde par Chronic Panel (Agence B3TSI) entre le 14 au 16 avril 2020 auprès de 1000 patients atteints de maladie chronique [3] . Dans la population générale, donc, il est apparu que : 5 % des répondeurs déclaraient avoir moins d'activité sportive qu'auparavant, et 60 % moins d'activité de marche ; 24 % rapportaient un grignotage, et 13 % un déséquilibre alimentaire ; 70 % ressentaient un stress supplémentaire, et une sur deux une dégradation du sommeil ; deux-tiers des personnes atteintes de maladie chroniquecar la population générale n'était pas nécessairement indemne de maladie chronique -n'ont pas consulté de médecin pendant le confinement. Chez ces malades chroniques, 44 % ont déclaré avoir annulé ou différé un rendezvous médical (dont 40 % pour des contrôles ou des examens) ; un-tiers ont eu le sentiment d'avoir un moins bon suivi de leur santé ; et 5 %, enfin, ont rapporté avoir moins bien suivi leur traitement. Une autre enquête a porté plus spécifiquement sur le poids et son évolution. Il s'agit d'un sondage de l'Institut français d'opinion publique (IFOP) réalisé du 24 au 27 avril 2020 auprès de 3045 Français de plus de 18 ans [4] . Dans les déclarations, le poids est apparu inchangé dans 14 % des cas ; une prise de poids a été rapportée le plus souvent : dans 57 % des cas ; une perte de poids, au contraire, a été rapportée dans 29 % des cas. Au total, le poids moyen s'est élevé de 2,5 kg. Voici donc pour le plan général ; voyons maintenant s'agissant du diabète. L'étude a été réalisée ici par l'institut Ipsos du 4 au 15 mai 2020 auprès de 300 patients diabétiques de type 2 [5] . En voici les principaux résultats : -43 % des personnes interrogées ont déclaré avoir réduit leur activité physique ; -31 % ont dit avoir augmenté leur consommation en aliments gras et/ou sucrés (une proportion qui s'élève à 43 % dans la région parisienne) ; -11 % ont rapporté un accroissement de leur consommation de tabac (16 % dans les catégories socio-professionnelles [CSP] basses), et 12 % celle d'alcool (26 % en région parisienne) ; -12 % des patients interrogés disent avoir cessé partiellement ou totalement leur traitement pharmacologique, et ce par ordre décroissant : de l'hyperlipidémie, de l'hypertension artérielle (HTA), du diabète, et autres. Majoritairement toutefois (9 %), il s'agissait de moins d'un oubli par semaine ; -un-tiers des patients, enfin, ont observé des glycémies plus élevées qu'à l'ordinaire et/ou de fortes variations de leur glycémie, que ce soit à la hausse ou à la baisse. Ces résultats appellent les compléments ou les commentaires suivants : -les résultats concernant le tabac et l'alcool sont à prendre avec prudence en raison de la réponse possible suivante : « Non applicable / Je ne sais pas / Je ne souhaite pas répondre » (il a été répondu à cela à hauteur de 60 % et 30 % pour le tabac et l'alcool, respectivement) ; -s'agissant de l'impact du confinement sur l'alimentation, les réponses ne sont pas apparues notablement différentes selon que les répondeurs rapportaient suivre antérieurement « un régime alimentaire adapté », ou pas ; -s'agissant de l'activité physique, à la question « Suiviez-vous les recommandations d'activité physique en pratiquant une activité physique d'intensité légère à modérée au moins 30 min par jour ? », il a été répondu « oui » à hauteur de 70 %, et donc non à hauteur de « 30 % ». Des écarts sont cependant observés selon les catégories : le taux de réponse « positive » est de 79 % chez les 30-45 ans, de 77 % dans les CSP les plus élevées, et de 64 % chez les 46-59 ans. Les réponses sur l'impact du confinement sur l'activité physique diffèrent également selon que les personnes avaient antérieurement au confinement, ou pas, une activité physique régulière : les premièresles deux-tiersconsidéraient à hauteur de 41 % d'entre elles que le confinement a eu un impact négatif, les secondes à raison de 49 % ; -à la question « Pendant le confinement, avez-vous observé que vos mesures de glycémie ont eu tendance à… », il a été répondu ainsi : « Rester stables » : 60 % ; « Être plus élevées » : 20 % ; « Présenter de fortes variations, à la hausse ou à la baisse » : 15 % ; et enfin « Être plus basses » : 5 %. S'agissant du suivi médical, les patients avaient une fois sur deux un rendez-vous programmé pendant la période de confinement. Dans un peu plus de deux-tiers des cas (70 %), le rendez-vous aura été annulé ; il s'agissait 9 fois sur 10 d'un rendezvous chez un spécialiste (et ce dans des proportions similaires que ce soit pour un ophtalmologue, un cardiologue, un endocrinologue, ou encore, un podologue). Ce rendez-vous annulé a été reprogrammé dans seulement la moitié des cas. Dans le cas d'un remplacement par une téléconsultation (réalisée bien plus souvent en région parisienne qu'ailleurs, et ce avec le médecin traitant surtout, avec un endocrinologue en second lieu, et de façon marginale avec d'autres spécialistes), le niveau moyen de satisfaction des patients pour cette procédure a été jugé à 4 sur une échelle de 5. Avec leur médecin, que les répondeurs souhaitaient revoir dans le mois qui suivait le confinement dans plus de deux-tiers des cas (71 %), les sujets que les patients souhaitaient aborder le plus souvent avec lui était le risque d'infection par COVID-19 lié au diabète (43 %) et celui de déséquilibre glycémique (31 %). Les autres sujets étaient marginaux. Globalement, quasiment la moitié des patients (48 %) ont ressenti un niveau d'anxiété augmenté vis-à-vis de leur diabète. Le niveau moyen d'anxiété, en effet, qui était antérieurement de 4,7 sur une échelle de 10 (à 3,9 chez les 60-69 ans) s'est élevé à 5,4 après le confinement (mais ce, différemment selon l'âge : à 4,2 chez les 60-69 ans, et à 6,2 chez les 30-45 ans). Les niveaux cotés entre 8 et 10, eux, se sont élevés de façon significative : de 20 % à 28 %. Plus précisément, à la question « Par rapport au COVID-19 vous sentez-vous plus à risque qu'une autre personne à cause de votre diabète ? », il a été répondu « oui » à hauteur de 72 %, et donc « non » à hauteur de 28 %, dans des proportions cependant différentes selon l'âge, avec un « oui » à 82 % pour les 46-59 ans et à 55 % pour les 60-69 ans. Les réponses sur le respect du confinement s'inscrivent en parfaite cohérence avec les chiffres que nous venons de citer, avec un « oui » et un « non » à hauteur, respectivement, de 76 % et 24 % à la question « Avez-vous davantage respecté le confinement et les mesures barrières en raison de votre diabète ? », et à 73 % et 27 %, respectivement encore, à celle « Prévoyez-vous, après le 11 mai, de rester confiné / limiter les interaction sociales / faire davantage attention en raison de votre risque lié au diabète ? ». La principale source d'information des personnes interrogées a été la télévision. Pour autant, c'est au médecin qu'elles accordent avant tout leur confiance. Voici, à ce sujet, les sources d'information, présentées ici par ordre décroissant de fréquentation et avec, en regard, le niveau de confiance accordé à la source (sur une échelle de 10) : -télévision : 83 % / 5,7 ; -agences de santé : 39 % / 5,4 ; -réseaux sociaux : 34 % / 4,1 ; -médecin : 32 % / 7,3 ; -presse : 28 % / 5,1 ; -sites médicaux (Doctissimo, etc.) : 14 % / 5,2. S'agissant des spectateurs de la télévision, l'écart de fréquence est notable entre les 46-59 ans, les CSP basses et les inactifs (chaque fois à 88 ou 89 %), d'une part, et les plus jeunes, avec 72 % chez les 30-45 ans, d'autre part. Un dernier point, d'importance en l'occurence : suite au confinement, presque les deux-tiers des patients (62 %) se sont déclarés plus motivés à prendre en charge leur diabète. Mais ceci avec une grande disparité selon l'âge : avec une forte majorité chez les 30-45 ans (72 %) et avec seulement une grosse minorité chez les 60-69 ans (45 %). Voici donc, en substance, les données des enquêtes que nous avons présentées. Des chiffres qui, bien sûr, appellent des commentaires. Sans doute, pourrions-nous ouvrir le présent chapitre à l'opposé des articles scientifiques, lesquels doivent se faire fort de conclure le chapitre Discusion (in english) qui fait suite aux 00Results par le sous-chapitre Limitations. Ceci pour dire que jamais, au grand jamais, pour ce qui nous concerne nous ne mettrions parmi ces limitations le subjectifnous voulons dire : le fait qu'il s'agisse du déclaratif, en lieu et place de ce qui est objectif, objectivé ; à tout le moins objectivable. La question ici, en effet, n'est pas de savoir si les personnes interrogées ont vraiment modifié leur alimentation, vraiment modifié leur pratique d'activité physique, vraiment modifié leur prise de traitement. Elle est de savoir ce que pensent, ressentent, et au bout du compte vivent les personnes interrogées. Pour le dire autrement, il importe de croiser l'objectif -sur l'évolution du poids, de la glycémie, etc.ce que nous connaissons désormais, avec nombre de publication désormais disponibles, avec le subjectif. Pour le dire encore autrement, l'évaluation de l'impact, ce doit d'abord être du point de vue du sujet (interrogé). À supposer bien sûr que les questions soulevées puissent faire émerger le mieux ce « ressenti ». Mais prolongeons encore la réflexion car, plutôt que la vieille antienne, la dialectique classique entre l'objectif et le subjectif, il y a un déplacement à faire : le scripeur des présentes lignes ne peut s'exonérer de sa propre subjectivité. Disons donc clairement qu'il y a les faits, les effets des faits, lesquels sont propres à tout un chacun et, en définitive, le rapport aux faits.  Voici donc, dans les lignes qui vont suivre une interprétation. En soulignant bien : une interprétation parmi les interprétations possibles.  La toute première chose à dire, à écrire, c'est : prudence, prudence… Les échantillons sont ce qu'ils sont, leur taille est ce qu'elle est, les questions posées sont ce qu'elles sont. Ne point prendre toute chose donc comme argent comptant. Et encore moins avec des valeurs moyennes seulement ; sont ici apparues des différences significatives, en effet, selon l'âge, la catégorie socioprofessionnelle, ou encore, la zone géographique.Mais foin du relativisme aussi. Les faits peuvent aussi avoir leur robustesse et plusieurs, à nos yeux, sont dignes d'intérêt.  Il y a déjà des faits massifs : 60 %, dans la population générale, sont ceux qui rapportent une activité de marche moindre. C'est normal, lapalissien même, puisqu'il y a un confinement, mais le fait n'en est pas moins là. Avec, à la clé, une prise moyenne de quelque kilos ; une prise de nature à déséquilibrer, qui un diabète, une HTA, une apnée du sommeil. Et ce, avec les conséquences des conséquences : cette prise de poids est très mal supportée chez quiconque fait attention à son poids. Non diabétiques, ou pas, mais avec plus de conséquences quand il y a un diabète ; tous les éléments du « cocktail » défavorable y sont : moins d'activité physique, plus de déséquilibre alimentaire, et plus de « stress ». Mais d'un autre côté, pourquoi voir tout défavorablement : ne pourrions-nous pas saluer positivement une prise de poids qui n'aura pu être que de deux kilos, quand tous les « ingrédients », justement, étaient là pour un déséquilibre plus franc (de sorte que nous pourrions très bien dire dans notre espace de consultation : « Bravo, Madame, vous n'avez pris que 2 kilos ! ») ? Il est en outre notable que, tout au moins dans la population générale, 29 % des personnes interrogées ont pu rapporter une perte de poids (en espérant toutefois qu'il n'y ait pas eu de cas de dénutrition).  Le stress, en tout cas, était bien là. En témoigne notamment le fait que les traitements ont pu être moins bien pris. Alors ques les médicaments étaient pourtant, si nous pouvons dire, à proximité, dans l'armoire à pharmacie, et avec par la force des choses tout le temps dans la journée pour pouvoir ouvrir ladite armoire. Comme quoi, l'observance médicamenteuse ne tient pas qu'à l'accessibilité… Il est toutefois notable que les prises manquées n'auront concerné le traitement du diabète qu'en dernier lieu. Mais à tout prendre (si nous pouvons dire aussi), la prise manquée du traitement antihypertenseur pouvait s'avérer dangereuse aussi.  La réduction de l'activité physique a été mise ici en exergue. La modification du comportement alimentaire il est vrai aussi (au demeurant, sans grande différence dans la population générale apparemment selon qu'un « régime » était antérieurement suivi, ou pas). Mais, s'agissant de ce dernier, nous pouvons pour le coup nous interroger sur un décalage entre le subjectif et l'objectif. Confère les femmes qui se désolent de prendre du poids et qui ne se rendent pas nécessairement compte que, avant la période des régles, dans la période périménopausique, pendant telle ou telle période de « stress », l'alimentation aura quand même changé (nous en avons personnellement la marque quand nous perscrivons ce que nous appelons un « test au Xénical® », ce « piège à graisses », en observant parfois une perte de poids significative).  S'agissant de l'équilibre glycémique, si l'on ajoute les glycémies « plus élevées » et les « fortes variations, à la hausse ou à la baisse », un déséquilibre est rapporté chez 40 % des sujets interrogés. C'est beaucoup ! La préoccupation relative au déséquilibre glycémique manifestée auprès du médecin (traitant) était d'ailleurs presque aussi forte que celle de contracter la maladie virale elle-même (mais avec une interférence entre les deux préoccupations ?).  Si nombre de réponses aux différentes questions étaient attendues, une, cependant, nous a surpris : le fait que les trois-quarts des personnes diabétiques interrogées (72 % exactement) se sentent « plus à risque qu'une autre personne (non diabétique) » était attendu, mais pas les proportions aussi différentes selon l'âge et, plus encore, avec comme une corrélation inverse avec l'âge même : avec un « oui » (i.e. « plus à risque ») chez 82 % des 46-59 ans et chez 55 % des 60-69 ans. Corollairement, suite au confinement, les patients se sont déclarés plus motivés à prendre en charge leur diabète nettement plus souvent chez les 30-45 ans (72 %) que chez les 60-69 ans (45 %). Nous pouvions penser, intuitivement, à un peu plus « d'insouciance » chez les sujets plus jeunes que chez les sujets plus âgés, pour la double raison que l'âge a été clairement affiché comme un facteur de risque de mortalité et que, avançant en âge, on est plus souvent soucieux de préserver sa santé, son avenir, que chez le sujet plus jeune. Ou alors, il faudrait comprendre que, en pleine conscience, justement, les personnes plus âgées ont pris des dispositions pour se protéger et qu'elles se soient senties ainsi moins exposées que les sujets plus jeunes, qui, eux, ont pu, avec leur vie active, subir plus souvent les contraintes d'une exposition plus forte au risque viral.  Notons par ailleurs, s'agissant du rapport au médecin, une note de satisfaction de 4 sur 5 pour la téléconsultation. On peut considérer cette note comme satisfaisante. Nous en sommes personnellement le témoin : le maintien du lien a incontestablement rassuré.  Enfinne le cachons pasle plus intéressant pour nous aura été de mettre en regard les sources d'information, et le jugement des personnes interrogées sur ces sources. La source essentielle a été, on pouvait s'y attendre là encore, la « télé », plus souvent encore dans les catégories défavorisées. Mais ce, pour autant, avec une défiance certaine, dont témoigne le niveau de confiance médiocre, noté à 5,7 sur 10. Quant aux autres médias, les niveaux de confiance sont encore moins bons, étant peu supérieurs à 5. Finalement, comme si l'on jetait une pièce en l'air, avec un « 50/50 » au bout du compte. C'est même affligeant pour la presse, laquelle recueille le plus mauvais score (5,1) mais après les réseaux sociaux (4,1). D'un autre côté, nous avons envie de dire, avec un esprit ouvertement critique au sujet de ces derniers, lesquels imposent le « ici et maintenant », à l'encontre de toute démarche d'élaboration, que c'est un bon résultat… Pour cet ensemble, cette fois, soyons cependant prudents, une nouvelle fois : les chiffres cités sont-ils vraiment le reflet d'une population plus large, et de la partie de la population qui ne répond pas nécessairement à une enquête ? Toujours est-il que le niveau meilleur de confiance dans l'information délivrée par le médecin (traitant pensons-nous) est rassurant. Encore que : il y a le relatif, c'est nettement mieux avec 7,3 comparativement aux autres canaux d'information ; il y aussi l'absolu : on est encore assez loin du 10 …  Sur le sujet des médias, nous pourrions faire un très long développement ; cela serait même un sujet d'article en soi. Glissons juste quelques réflexions. On croit de moins en moins à « la télé » et à la presse, dans le contexte actuel de la remise en cause de beaucoup de choses ; disons-le clairement, dans un relativisme ambiant. Mais il est vrai que, d'un autre côté, combien auront pu être contradictoires les informations délivrées ! Et ce, de surcroît, pour une maladie qui se sera développée à la vitesse d'un tsunami mondial et qui demeure, à bien des égards, encore mystérieuse. Pour autant, il n'est pas normal que le « débat » aura avant tout été celui entre tel ou tel scientifique « réputé » et tel ou tel interviewer renommé aussi, avec pour conséquence la prise en tenailles de l'auditeur par le matador entre sa contestation de la légitimité scientifique d'autrui et, par-là même, la sape du champ de la recherche dont il tire sa propre légitimité [5] . En clair, le débat ne doit pas être un combat (dont raffole les médias. Panem et circenses…) ; il doit s'inscrire le plus posément possible dans la gente scientifique, avant de pouvoir s'inscrire, posément encore, dans la cité. Prudence, disais-je, en commençant à livrer mon analyse des données présentées. Je voudrais surtout dire qu'une limitation massive des données présentées est celle que les personnes interrogées l'ont été « à chaud ». Ceci a toujours un intérêt mais… « à chaud ». Aussi, ne considérer que la phase aiguë de la pandémie reviendrait à un déni de la temporalité. Quid, en effet, de l'impact de tout cela dans la durée ? Quid, surtout, de l'impact sur notre vie, sur notre rapport à la vie, sur la mort, sur notre rapport à la mort ? Car nous avons quand même surtout parlé du diabète, dans une externalité souvent par rapport au sujet diabétique, et pas assez de ce dernier. À suivre donc. D'abord parce que la pandémie n'a pas disparu. Ensuite et avant tout parce que le sujet, c'est… le sujet. Nous voulons dire : c'est l'aptitude à la conscience de soi. Les points essentiels  Des enquêtes réalisées dans la population générale sur l'impact de la pandémie de la maladie à coronavirus (COVID-19) nous donnent l'opportunité de croiser les faits (la prise de poids, le déséquilibre du diabète, etc.)ce qui est objectifet le ressenti des populationsle subjectif donc.  Croisement encore ; il est intéressant de lire ces faits à l'aune de catégories constituées selon l'âge, les catégories socioprofessionnelles, ou encore la zone géographique.  Des résultats étaient attendus ; d'autres moins, et notamment le fait suivant : les personnes diabétiques interrogées se sentent « plus à risque qu'une autre personne (non diabétique) » nettement plus souvent dans la tranche d'âge de 46 à 59 ans, comparativement à celle de 60 à 69 ans.  Enfin, ces enquêtes ont été réalisée « à chaud » de sorte que, par la force des choses, on ignore encore les conséquences biologiques et psychosociales au plus long coursles dernières interagissant nécessairement sur les premières. Chronique d'une mort annoncée. Paris: Le Livre de poche 19 et confinement : Comportements, attitudes et impact sur la vie des Français Rapport CHRONIC PANEL de l'agence B3 TSI, 2 e vague réalisée auprès de 1 000 personnes françaises de 15 à 80 ans Sondage IFOP pour Darwin Nutrition : « l'impact du confinement sur l'alimentation des Français.es Mal adies chroniques et confi nement : à quel poi nt l es pati ents ont-il s renoncé à se soigner ? Étude IPSOS réalisée auprès de 300 patients diabétiques en France Série : Profession Philosophe. Entretien avec Adèle Van Reeth dans l'émission « Les Chemins de la philosophie