| | l llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll | - - -- - - - - ****^^^ *, , , | | | → · — - _■ ... • !¿¿.* - ------ *- - | -- ----- r - - - - • * • - - * … § 3) * , | ! » ! | * \, ---+---+ _*. --} --------- -- - " --- | -^ | -- - - - - / , ) 7 (-1) { ~~ ~~~~) - - | - - " L e s OEVVRES DAMBROISE PARE → (- ~~~~ · | * ! ! - |-· |-|- * - • ^ … |-į |-|- · ---- * :* … • * --> º · … · |-! 1 • • • • • ^ |- º, -~~~~ ! - - ------ -! ~)!-- - - ----- - - - -------— ———— — — - _< — —|-- - - - - L E S OEVV DAMBROISE - PAR E -■ ■ ■!-- - , - | - - - - • - - - - - "• - - e ,Qs º, # W, - : ) • • \ «º - | \ - - , , . * . *\ . °.', ; | | Av TRES CHRESTIEN R O Y D E F R A N C E E T D E P O L O G N E H E N R Y I I I. ?ſ%7 l R E , comme il faut que tous les membres du % corps humain ſoyent chacun à part ſoy, pour la conſeruation de ce tout,duquel ils ſont parties,en # Z deuoir ſelon les offices & fonctions, à quoy natu- $ re les a produicts : auſſi eſt-il raiſon qu'au corps 5 2 l)S public d'vn Eſtat & police, chacun ſoit ententif à ſuyure celle vacation, à laquelle ila plû à Dieu de l'appcller, ſans que l'vn ſe hazarde & ingere indiſcrettement ſur l'autre, & ſe meſle de ce dequoy il n'a aucune experience : car autrement ce ſeroit alterer l'ordre, & cauſer confuſion en la choſe qui de ſoy eſt bien dreſſée, & parfaictement agencée, & compoſée. Ce que moy conſiderant, & me ſentant eſtre vn membre du corps de la France, ſuject à voſtre Majeſté (qui eſt l'ame & le chef) & me voyant non du tout inutile, ny oiſif, ay taſché auſſi de faire paroiſtre mon deuoir, & entendre en quoy eſt-ce que ie ſers & profite au public, & quelle vtilité ie peus apporter aux particuliers. Car (Dieu m'eſt témoin,SIRE,& les hom- mes ne l'ignorent point) il y a plus de quarante ans que ie trauaille & me peine à l'eſclairciſſement & perfection de la Chirurgie ; & m'oſe vanter de ces deux poincts, que i'ay donné de ſi viues atteintes à ce que ie pretendois empoigner, que les anciens (la trace deſquels i'ay ſuiuy pas à pas) ſeront par cy apres mieux entendus en ce qu'ils ont trauaillé & écrit de l'intention des preceptes, & que la poſterité ne pourra iuſtement nous blaſmer de pareſſe : Ce que ie ſupplie qu'on ne prenne en mauuaiſe part, puis que tant qu'il m'a eſté poſſible, ie n'ay ſouffert que les threſors des bons Peres fuſſent cachez & tenus ſecrets, les mettant en effet & euidence : & leſquels ie penſe auoir tellement enrichis de belles & neceſſaires additions ; que deſormais chacun les pourra lire auec plus de plaiſir, & non ſans recueillir pro- fit & contentement. En tout cecy ay-je eſtéſiprodigue de moy-meſ- ā 4 II1C, me, de mon labeur, & de mes facultez, que n'y eſpargnant le temps pour le trauail par moy faict nuict & iour, ny les frais, y ayant em- · ployé vne grande ſomme de deniers pour ſatisfaire, & au deuoir re- quis en vn œuure ſi penible & important, & au deſir des pauures eſ- cholieis, leſquels eſtans inſtruicts en la theorique,ſe fuſſent refroidis, ne voyans nyles moyens, ny la voye pour effectuer, & practiquer la ſcience : les preceptes de laquelle ils auroient appris en l'eſchole. C'a eſté la cauſe, que poſtpoſant tout gain, & ayant eſgardau ſeul profit de la poſterité, & à l'ornement de l'Empire François ; ſujet à voſtre Majeſté, i'ay par tous moyens poſſibles mis la Chirurgie plus au net que jadis, ſoit pour la rudeſſe des ſiecles paſſez, ou enuie de ceux qui en faiſoient profeſſion. Ie dy que ie l'ay miſe au net, augmentée , & enrichie, non ſeulement de raiſons & preceptes propres à la choſe que ie traicte, ains de plus de trois cens planches que i'ay fait tailler, & eſquelles ie comprens plus de cinq cens figures & pourtraicts, tant de l'Anatomie, que des inſtrumens propres pour l'operation de noſtre art Chirurgique, à chacun deſquels i'ay donné nom propre, & de- claré l'vſage de chacun, à fin que les figures ne ſoient vainement re- preſentées, Et bien que (par la grace de Dieu) il y ait peu d'hommes de ma qualité qui puiſſent auec plus de raiſon & experience ſe faire accroire de ce qu'ils propoſent : ſi n'ay-ie pourtant eſté ſi preſomp- tueux, que voulant faire ſortir ce liure en lumiere, ie ne l'aye com- muniqué à pluſieurs excellens hommes, tant Medecins que Chirur- giens, leſquels m'ont encouragé à paſſer outre, & venir iuſques au bout de la carriere. La pluſpart deſquels ſouhaittoient que cette piece fuſt en Latin, pour le plaiſir des Eſtrangers:ce que ie n'empcſche point que quelqu'vn d'entr'cux ne le faſſe, ſi bon luy ſemble, afin qu'ils ayent auec moy vne pareille gloire de faire ſentir aux Nations cſtran- geres, qu'il n'y aeſpece de ſçauoir ſous le Ciel, qui ne ſoit auec dex- terité manié & declaré auec perfection en ce Royaume, ſur lequel vo- ſtre Majeſté commande heureuſement. Auſſi oſe-ie dire, ſans crain- dre de me meſprendre, que ie ne ſçache homme ſi chatoüilleux, ou difficile à contenter, qui ne puiſſe apprendre quelque cas en ce liure : ie parle & de ceux qui ſçauent la Chirurgie, & de ceux qui en voient les experiences ordinaires. Et pour ce (SIRE ) eſtant cecy vn chef- d'œuure, & l'amas de tous les trauaux d'vn de vos anciens ſeruiteurs & ſubjects : i'ay bien osé m'enhardir de le poſer aux pieds de voſtre Majeſté, tant pour monſtrer l'obligation & ſeruice que luy dois,pour l'honneur qu'il vous a pleu me faire, me continuant en l'Eſtat & ſer- uice de voſtre premier Chirurgien', où i'ay ſeruy trois Roys predeceſ- ſeurs d'icelle voſtre Royale Majeſté : à laquelle i'eſpere faire reco- gnoiſſance tres-fidele de ſeruice, & tres-humble affection à iamais. Eſperant par ce moyen donner hardieſſe à ce liure d'aller le front leué par # -· # * •, artout le monde, ayant la faueur du plus grand & redouté Monar- ucd'entre les Chreſtiens : lequel ayant eſgard à mes anciens ſeruices, & aux fraiz que i'ay faits à preſent en l'impreſſion de ce liure,ne deſ- daignera auſſi & de ſupporter ma foibleſſe, & de ſeruir de garand à ceſiuy ſien client, qui luy offre tout ce qu'il a de precieux & de rare. Auſſi eſt-il vray que feu de bonne memoire le Roy CHARLEs IX. voulut voir ce liure, à ce induit parla Reyne Sereniſſime mere de vo- ſtre Majeſté, laquelle me commanda le publier ſoubs le nom Royal, auec prom eſſe que mes labeurs & ſeruices ne ſeroient point ſans ICCO- gnoiſſance : vos Majeſtez n'ignorans ja combien de Princes & Sei- gneurs ont eſté par moy ſeruis & garentis, par vos commandemens, & par la grace de Dieu, & diligence ſoigneuſe de ma main, & ex- perience de l'eſtat duquel ie fais profeſſion. De Roy à Roy, comme mes deſirs ont eſté ſucceſſifs, & mes ſeruices continuels : auſſi d'vn Roy puiſſant à vn autre heureux, grand & inuicible ie rapporte mes vœus, & les fruicts,commel'on dit d'vnc ſeconde année:mais mieux ſaiſonnez & plus meurs que iamais : Et vous dedie tout ce que i'ay ſceu faire pour voſtre ſeruice,& pour le bien public de vos ſubjectsaſ. ſeuré que la Reyne,& le plus grand Roy de l'Vniuers fauoriſeront leur humble ſubject & ſeruiteur, enuielly au ſeruice de cette tres-Chre- ſtienne Maiſon de France : & honoreront ce liure auec le frontiſpice heureux & admirable du Nom de HENRY , Protecteur des Muſes,& des gens lettrez, enfant de Mars, le miroir de toute vertu, afin qu'il me ſerue de deffence & ſauuegarde pour me targuer, & preualoir con- tre les langues des enuieux & des calomniateurs ; le venin deſquels i'ay deſia ſenty, & croy qu'encore l'enuie n'a pris ſon aſſouuiſſement: mais ſa rage faudra que ceſſe, par l'ombragement du nom de mon Roy, & par les rayons de ſa faueur, & grace pleine de iuſtice. Au reſte, SIRE, mes liures ſont ſans aucun fard de paroles, me ſuffiſant que ie parle proprement, & vſe de mots qui ſoient ſignificatifs, & leſquels ſoient propres pour le profit du François, auquel cét œuure eſt communiqué & adreſſé, & à vous, SIRE, dedié, comme au Roy & Seigneur ſouuerain, & d'eux & de moy : qui prie Dieu, SIRE. veus donner à voſtre contentement, l'ongue proſperité & felicité eternelle. - - - Voſtre tres-humble, etres obeyſſant, ſeruiteur & ſubject, A. PAR E'. 4 4 SONNET S O N N E T D E L A V T H E V R. E Liure maintenant que ie mets en lumiere_», De mon Art l'heritier contient tous les ſecrets, Que iadis bien au long les Arabes , & Grecs NS273S ont laiſſé par eſcrit à la race derniere . in d'exemples il eſt de diuerſe maniere », cAinſi que nous voyons de mille beaux pourtraicts Les prez ſe bigarrer, eſchauffe{par les rais Du Soleil, lors qu'il fait ſa courſe printanniere . or ſus donc maintenant, va-t'en , mon fils tres-cher, 9ue depuis quarante-ans n'ay ceſſé de lechers Va priant vn chacun qu'il leur plaiſe d'enſuire-> Lypſe , qui reprint LAppelles doucement : CMais arriere Eauieux , car eternellement 0/g Uerra maugré vous CC mien Ouurage viure . #ukºkºkºkºukºukºkºcºkºukºukºukºukºukºukºkºkº. D. I O A N N IS LE CL E R C , R E G IS A C 6 N S IL IIS E T S V P R E M I S E N A T V S P A R I S I E N S I S TPreſidis , Epigramma. A D P A R AE V M. #ºL o R v 1 T , & famam longos extendit in annos, $ S$ Chirurga & Chiron mirus in arte fuit. # $ Hic Argonautas, fortémque inſtruxit Achillem, % Nº» Vulncre tardatos reſtituitque Duces. Hoc potuit Diuus, mundique xtate priore, Semine cùm cœli terra caleret adhuc. Purus aër , tellûſque recens, herbæque potentes, Humanum poterant ſponte iuuare genus. Occubuit Chiron , ſed adhuc ſi viueret , vnus Pro numero ægrorum vix ſupereſſe queat. Gallicus in terras delapſus ab æthere Chiron, Curat ab innumeris putria membra malis. | , Semiſepulta virûm ſubducit corpora letho, · Abdita doctrinæ dat monumenta ſuæ. Hoc mortalis agit , laſſa tellure , nec herbis Fœcunda, infecto ſemine : Maior vter? * V O T V M 4 # # # # # kºkºkººuºukºukºukºkºkºkºkºkº# # # # # # VO TVM PRO PA R AE I L IBR IS, : I v E diu, ſed viue tuis, te poſtera norint Secula, communi viue, Paraee, bono : Et bene ſoſpes eas, ficte fortunet Apollo · Delius, & multa Iupiter auctet ope. Scd quorſum haec inquis, me commoda verba, Parace, Deficiunt : poſſum nectacuiſſe tamen. Miratus tuaſcripta ardenti incenſus amore, Ingeniique ſimultot monumenta tui. Vſque adeo tibi vt inuideat Podalirius, & quos Ob medicas artes ſecla priora ferunt. Viue diu, quamuis mortalia facta peribunt, Docte Parace, tuum ſtat ſine morte decus. AEternum tibi nomen enim peperêre labores, Poſt cineres viuet pars quoque magna tui. Inde futurus eris multô poſt facta ſuperſtes, Vindex nempe tuæ poſteritatis habes, - AEre perenne magis monumentum, quódque vetuſtas, Nec Iouis ira nocens vnquam abolere poteſt. Sic natis natorum, & qui naſcenturabillis Profueris, certa ſcilicet arte tua. Communi tu nate bono, ſecliſque futuris. Ergo Parze tibiviue, Parace tuis, • IA c o B v s M A R E s c A L, domus " Regie & fiſciprocurator. # # # % % % % % % % % % kººk# # # # # # # # # # # # # # # S O N N E T. 0VT cela que peut faire en quarante ans d'eſpace , # Le labeur, l'artifice, & le dočteſpanoirs | Tout cela que la main, l'vſage & le deuoir, * La raiſon & l'eſprit commandent que l'onfaſſe_ : Tu le peux voir, Lecteur, comprins en peu de place- , En ce liure qu'on doit pour diuinreceuoir ; Car c'eſt imiter Dieu, que guarir& pouuoir soulager les malheurs de noſtre humaine race . Si jadis LApollon, pour aideraux mortels, · y Receut en diuers lieux & temples & autels » 2Noſtre France deuroit ( ſi la maligne Enuie » Ne luy ſilloit les yeux ) celebrer ton bon-heur : Poète & voiſin, i'aurois ma part en ton honneur, D'autant que ton Laual eſt pres de ma Patrie . P. D E R O N SA R D. # # # % % % % # kºh# # # # # # # # # # # # # # # # # # #. QVATRAIN DV MESME AV THEV R. N lit ce liure pour apprendre », N%$ l'autre le lit comme enuieux, # # Il eſt aisé de lereprendre , ** « Mais mal-ais4defaire mieux. soNNE T . ººº ºººh# # # # #, k# # # # # # # # #,k,#rkºkºk,#,#,# S O NN E T. . gE22NE2E3,283E32REE#exe I N A M B R O S I I P A RAE I, P R I M A R I I R E G I S C H 1 R V R G I O P V S v. - - - - I o. A v R A T v s Poèta Regius. Quae nullis, paucis fuit aut obnoxia morbis # $ Et paucos habuit medicae tunc ſimplicis artis Artifices : paucis fuit & contenta medelis, Quas vno poterat perdiſcere quilibet anno, Nec chartis mandare fuit praccepta ncceſſe, • • • . Sed memori ſoliti fuerant committere menti · · · A patribus qua quiſque ſuis acceperat : atque - - Ex ſe progentis cadem poſt tradere natis : * . Vt medicina foret gentilis, auitáque certis . ! . Res domibus : diSti Medicorum filij& inde Sunt olim medici : quorum laus maxima primis Eſt Aſclepiadis, § eſt quibus author. Nec diuiſa fuit vetus, ratioque medendi , ln gemina : quamuis Podalirius atque Machaon, Hic herbis nomen: ſed pugnis debeat ille : Et medicina herbas tractet, Chirurgia plagas, Altera ſecretis medicans ars, altera apertis - Vulneribus, morbiſque ſed idem erat authorvtrique, Chiron Centauros inter iuſtiſſimus vnus : • • • . | • Cuinomen dedit ipſa manus medicina ſalubris : Vel quod prima fuit, vel quod celeberrima quondam Donec adhuc homines contenti ſimplice victu, Praeter quàm in bellis, Medicae nihil artis egebant. At nunc deterior quàm ferrea cùm viget aetas, Et plures gula quàmgladius, pluréſque libido, Alea nequities, & inertia pallida vultum, - Quàm labor aut ſenium, luxus quàm occidat egeſtas : Multiplices morbi ſunt, multipliciarte leuandi: lnque artes diuiſa duas ars vna mcdentum. Quaque prior fuerat Chirurgica poſterior iam Facta, tamendignum per ſecula ſeruat honorem, Si modô non ſtolidis tonſoribus, inque peritis - . Empiris commiſſa, ſed arte vſüque politis Chirurgis, quales tulerit cùm Gallia paucos, ln paucis noltro numerabilis eminet aeuo AM B R os 1vs,Chiron nunc Regius ille PARAE v s, Quo non alterab arte paratior eſt : neque plures Ambroſixqui ſucco, & odorifera Panaceæ, A noxis - A noxisvariis curauerit arte ſalubri: Quam didicit puerà teneris ſubflore docentum Septem annis: deinde à libris traduxit in vſum Inter mille agros, quos hoſpita publica curanr: Mille vbi morborum ſpecies, & corpora mille Contemplans, moxin tantùm proceſſit honorem Artis, vi in caſtris primim, tum Regis in aula H E N R 1c1, regimgue aliorum ponè ſequentum Ordine perpetuò Chirurgus Regius vſque Tertij ad H E NR 1c1 primum perueneritannum, Egregiam praeſtans operam vel pace, velarmis, Multa manu medica tractans, ſcribens quoque multa Ipſe manu ſuper arte ſua: Qua cunéta volumen Nuper in hoc congeſta, ſuſſoue ornata figuris Pluſquam quingentis, quibusars expreſſa ſecandi, Artis & inſtrumenta, nouis & corpora formis Prodigioſa, ſuo ſumptu magno atque labore, Edidit in vulguspiusacta atate colonus: Qui non contentus praeſens prodeſſe per acuum, Iam ſenior varias diſponit in ordine plantas, Vnde legant varijgratiſſima poma nepotes. –a - A AA B R O S IO P A RAE O C H I R VR G O R VAA R E GIOR V M PR I MI C E RIO. º irurgo primas Reges tribuere PA R E o Vſu natura reliquos quia vincit & arte. ST E P H. PA s c H A s 1 vs. - -- ORT 1 B vs auxilio ha cmanus eſt, res Martia, per quan Seruata eſt medico ſape miniſterio. Nº Mortales eadem vt paſſim iuuet omne per acuum, His quoque Paeoniis eſt operata notis. Ite alacresin bella viri, nam dextera praſto Eminus A M B Ros I A : cominus AM BR o st A. F.M A RI vs. Av TAENRs - - - A. sº se- b» L. l W : \ , & citez en ce preſent Oeuure. . I E s V S. Moyſe. · Sainct Mathieu. Sainct Luc. Dauid. Iob. Salomon. - º ' " Amos. Eſdras. Eſaye. loſué. Samuël. Ezechias. Sain3t Auguſtin. Platon- Empedocles. Seneque. Alexandre Benedictus. Plinc. Ciceron. Martianus Saenétus. Antonius Muſa. Lanfranc. lean Viuier. Simon Vallambert. Valeſien de Tarente. Iacques Greuin. Columbus. Syluius. Fallopius. Nicander. Hollier. Rondelct. Hierophile. Philoxene. Aëtius. Veſalius. Theodoric. Albucraſis. - l Auicenne. Gourdon. Borallus. Amarus Luſitanus. Iouianus Pontanus. Damaſcene. · Petrus Aponenſis. . Vitreuue. - 1AElien. Appollonius. ' i Iean Leon. - - - ---* - A Socrates. Philippes Ingarſias. Iulius Paulus. Philippes de Commines. Macrobe. - | Marc Aurelle. | Boiſtuau. - " Caelius Aurelianus. Pierre Franco. Sextus Cheronée, Hippocrates.. Galien. Celſe. Ariſtote. Pythagoras. Guidon. Fuchſius. j Pierre Gellie. Pierre Rhodien. ; Aſclepiades. Theophraſte. Aulus Gellius. Plutarque. Tite-Liue. Herodote. Franciſcus Valeriola. De Vigo. Alexanderab Alexandro. i 1 $ # , , -#lv ! "7Nº> - -- - A Rc2 #$ - - --^s ,) • • • . ! R CHEZ, • -- * -- , t , ſi Paulus AEgineta, Rhaſis. - | | | Soranus. '' º Manardus. . · *. Haliabas. - · Gorra-us. . Alechamp. - | # Leoncellus Fauentinus. . Meſué. º, Tegaut. ' , i. .. ! Gabriel du Preau. '' ' Leuinus-Lemnius. Iean-Baptiſte Theodoſe. George Agricola. . Nicolas du Haut-pas. . | Lactance. Homere, André Theuet. Chryſippus. Antoine Mizaud. Claude Paradin. | Ouide. Nicolas Godin. | Thiery. Guillelmus Angelicus. Maſſurius. Ferrand Ponzet. Sauonarola. Ioannes Lengius. Montanus. Martinus Cromerus. Franciſcus Picus. Licoſthene. Caelius Rodiginus. Hector Boëtius. Petrus Crinitus. jOlaus Magnus. Liebaut. | Orace. Fer é Fernel. Musée. Garſias ab Horto. Iean Marconuille. Iacques Ruel. § Leon l'Africain. | Philippe Foreſtus. Antonius Beniuenius. Baptiſte Leon. Volaterranus. Pierre de Ronſard. Louys Lauater. | Cardan. Albert le Scholiaſte. . Bartholomæus Magnus. Munſterus. Pierre Meſſie. Fallopius. Paracelſe. Matthiole. | : Conciliator. Fulgoſe. Fgnatius. Polydore Virgile. Arnaldus de Villa-noua. Diophanes. Auega. Melchior Ouilladin. Conſtantin. Simeon de Prouenchieres. Iſaac. Platarius. Maſſa. Symphorianus. · iPhocilides. Caton. Ioubert. , Iean de Lery. Fin des 2Autheurs. | | Orphée. Le CenſeurVarron. Oppian. Heliodore. Serenus. Sexe Cheronenſe. Andreas à Cruce. Adrianus. | Caſſianus. Martin d'Arles. Pierre de la Pallude. Bodin. - Iuſtin. Valeſius de Tarenta. Heſiode. Iacobus Ruffus. Ariſtomachus Philoſophe. A V , N. 7$- º N$ -- TEV R. \ \ )ſ 'H o M M E n'eſtant pointnay pour ſoy ſeulement,ny pour ſon # ſeul proffit,Nature luy a donné vn inſtinct & inclination natu- , relle à aymerſon ſemblable,& enl'aymant,taſcher de leſecourir en ſes affaires:tellement que de cette mutuelle affection eſtve- nuë cette loy, non eſcrite ; mais grauée en nos cœurs. Sois tel enuers autruy , que tu voudrois qu'on fuſt en ton endroit. De ſorte,que fi quelqu'vn n'eſt eſprint de cette courtoiſie,il eſt plu- ſtoſt à nombrer entre les beſtes qu'entre les hommes vſans de raiſon.Entant que cette ſocieté qui nous ſepare des irraiſonna- bles,ne peut eſtre practiquée que par le ſecours mutuel des hommes,leſquelsviuans pour eux, & ſans eſgard des autres, ne meritent(comme dit eſt)le tiltre de raiſon, ny le nom d'hommes,de la douceur naturelle deſquels a Prins ſource le nom d'humanité & cour- toiſie.C'eſt pourquoy ie ſuis miré & recogneu par deſſus ceux de ma vacation,& reſpe- âé par ceux meſme qui ne me connoiſſent (car il m'eſt loiſible de parler ainſi,eſtant en l'aage où ie ſuis)veu que toufiours i'ay eu cette charité grauée en moname,que la com- modité de mon frere & mon prochain m'a eſté agreable, & qu'en toutes mes actions ie me ſuis efforcé de ſeruir au public, & teſmoigner à chacun quel ie ſuis : ce que ie ſçay, comme ie l'entends,d'où ie l'ay puisé, & en qu'elle ſorte ie le practique.Le laboureur a beau parler des ſaiſons, diſcourir de la façon de cultiuer la terre, deduire quelles ſe- mences ſont propres en chacun terroir : car tout cela n'eſt rien s'il ne met la main aux outils, s'il n'accouple ſes bœufs, & ne les lie à la charruë. Auſſi n'eſt-ce grande choſe (bien que ce ſoit quelque cas) de fueilletter les liures, de gazoüiller & caqueter en vne chaire de la Chirurgie, de ſes perfections, & comme c'eſt le premier inſtrument du Medecin, le premier cogneu, & le plus ancien, & le plus anciennement vſité & practiqué ; la premiere cogneuë, la plus ancienne, & plus anciennement vſitée, & ſi la main (ſuyuant la ſignification du vocable ) ne beſongne, & s'il n'eſt mis envſage par bonne raiſon. Voilà l'occaſion qui m'a faict ſortir en campagne pour rendre com- pte de ma ferme affection, & donner raiſon de ce que i'ay apprins par l'eſpace de qua- rante cinq ans ou plus , qu'il y a que ie traicte & practique la Chirurgie, tant loüée jadis, & laquelle les Princes & les Roys ne deſdaignerent d'apprendre, pour l'vtilité, & pour la voir plus que neceſſaire pour noſtre vie. Doncques de tout ce que i'ay veu & cogneu par l'eſpace dudict temps, i'ay faict vnc entiere recollection, n'ayant rien eſpargné pour en tirer la moüelle, & pour,eſclaircir ccux qui viendront apres nous, des choſes, qui n'ont peu eſtre cogneuës par cy-deuant : ou fi elles l'ont eſté,non ſi bien eſclaircies qu'il eſtoit requis. Car les arts ne ſont encore ſi accomplis, qu'on n'y puiſſe faire addition : ils ſe parfont & poliſſent par ſucceſſion de temps, ils s'eſclairciſſent Par certaines definitions, diuifions, demonſtrations, preceptes, & reigles vniuerſelles. C'eſt laſcheté trop reprochable de s'arreſter à l'inuention des premiers, en les imitans ſeulement, a la façon des pareſſeux, ſans rien adiouſter & accroiſtre à l'heritage qu'ils nous ont laiſsé, non pour le laiſſer deuenir en friche, mais pour le cultiuer & embel- lir, leur demeurant, comme à peres & autheurs l'honneur de la premiere inuention, mais à nous quelque petite proportion de gloire, pour l'enrichiſſement & illuſtration : reſtant à la verité plus de choſes à chercher qu'il n'y en a de trouuées. Parquoy ne ſoyons fi fimples de nous repoſer & endormir ſur le labeur des anciens, comme s'ils auoient tout ſçeu , ou tout dict, ſans rien laiſſer à excogiter & dire à ceux qui vien- dront apres eux. Nous auons appris du bon pere Guidon, que nous ſommes comme l'enfant, qui eſt ſur le col du Geant : c'eſt à dire, que par leurs eſcrits nousvoyons ce quils ont veu, & pouuons encore voir & entendre dauantage. Autrement il fau- droit que Nature euſt faict ſeulement le deuoir de vraye mere enuers ſes premiers enfans, & cnuers nous comme puiſ-nez ſe fuſt monſtrée maraſtre, nous laiſſansde- á 2 IlllCZ L'homme n'eſt point nay pour ſoy. Loy de Nature. Origine du nom d'huma- nité. Charité de l'Autheur. Similitude priſe du La- boureuje Pourquov r† # eſcrit ce liure. Nombre des ans par leſquels l'Autheur a traicté la Chi- rurgie. Neceſſité de Ia Chirurgie. Rien n'eſt ſi parfaict qu'on n'y puiſſe ad- iouſtcr. Reſtent plus de choſes à chercher qu'il n'y en a de trouuées. Belle ſentence du bon perq Guidºn. - nuez de tout eſprit, & ſteriles en inuention, ce qu'on ne luy peut improperer ſans luy faire grand tord, & ſans ſe rendre coulpable de crimc de parricide, accuſant in- iuſtcment vne ſi iuſte mcrc. ll cſt bien plus raiſonnable, que chacun de nous s'cffor- ce à employer les graces & dons d'eſprit receus d'elle au profit du public. Pour à quoy paruenir i'ay ſordé les cœurs & ſecrets de pluſieurs Empiriques, deſquels ic confeſſe auoir appris , non ſans grands frais, des choſes fort ſingulieres, & deſquelles p .. « ayantvsé auec raiſon,i'ay veu reüſſir des œuures admirables. Or ſuiuant mon deſſein, #" de tout ce que 1 ay oncques peu apprendre de rare & de ſingulier, i'en fais en ce liure, liberale , voire prodigue largeſſe , nc me ſouciant de ma deſpence, du labeur, ny du ſoing que i'ay cû à le rechercher , pourucu que ie ſerue au public, & faſſe choſe ag- greable à mon Roy, plaiſante aux Princes, & profitable à toute la nation Françoiſe: & ce, à l'exemple de pluſieurs tant Medecins , que Chirurgiens qui ſouz vn pareil deſſein ont mis la main à la plume, ſoit pour ſupléer au dcfaut des anciens , ſoit pour polir ce qu'ils ſembloient auoir touché trop ſimplement, & ſans deuë intelli- , † gence. Car pour ne mentir point, bien que les anciens ayent eſté excellents hommes, voir en ce qu'il ont cſcrit, ſi eſt ce que n'ayans tout veu, ny traitté, ſi d'autres apres eux n'euſſent continué d'eſcrire , nous ſerions à ſonger ſur la pluſpart des occurrences, comme ſi de noſtre temps nous taiſions la nouueauté des maladies ſuruenantes, & dedans le corps, & dehors. De mefme ceux qui viendroient apres nous, auroienr grande raiſon de nous blaſmer, ou d'ignorance, ou de pareſſe, ou d'enuie, ou de tous les trois enſemble, veu que de iour a autre,comme la corruption des hommes va en 1 † croiſſant, les maladies auſſi ſe diuerſifient & renouuellent ; de ſorte que les Medecins, #" qui ne ſçauroicnt que ce que les anciens ont eſcrit, demeureroient aupres des patiens, ſans leur donner autre remede que de patience. Et Dieu ſçait, combien de maladies ſe ſont deſcouuertes de noſtre temps , l'ignorance deſquelles, & de leur cauſe , & altcration de l'interieur a causé la mort d'vn nombre infiny de pauures miſerables langoureux. » , # Ce que ie veux dire eſt, que bien que les anciens nous ſeruent d'eſchauguettes § pour veoir de loing,& que par le moyen leur fondement de l'art nous ait cſté cſlargy, " & comme laiſsé en heritage, ſi eſt-ce que noſtre bon naturel, pouſsé d'vne viuacité d'eſprit, a parfaict & poly ce qui auoit ie ne ſçay quoy de rudeſſe, & cccy non ſans grande commodité, eu cſgard à la diuerſité des temps, ſaiſons, temperatures des † corps, & des maladies : Si bien qu'il ſemble, que chaſque ſiecle porte ſon renouuel- † lement de malheurs, yſſans ſur nous, comme de la boëtte de Pandore. Par ainſi l'art v§e ſe parfaict en l'inucntion des remcdes, appropriez aux qualitez des corps, & ſelon au liure intitu † les differences des maladies, & le tout auec le iugement qu'il a pleu à Dieu nous de- Le temps deſ- COuuIC tOut. #rº ſur les premiers traits de l'art que nous ont dreſſez & baſtis nos anceſtres Eſtant - choſe toute aſſeurée,que le iug ment du temps deſcouure en fin les occultes fautes, & le defaut,& qui pour cſtre pere de verité,& iuge ſans paſſion,a touſiours accouſtumé de donner iuſte ſentence de la vie ou de la mort des eſcritures : deſquelles ſi en ce mien oeuure i'ay pris quelque choſe(comme il eſt impoſſible qu'en ſi grand nombre de raiſons & experiences,ie ne me ſois aydé infiniment du labeur des anciens) ſi eſt ce que ie ne pretend leur deſrober, ny reſſembler les Plaigiaires, leſquels faiſans parade du ſça- uoir d'autruy,le deſguiſans par eſchange de paroles, ſe l'attribuent comme propre. Et †º au reſte,à fin que quelques trop ſeueres ſenſeurs ne penſent, que ie ſois entré en leurs cabinets, & que ie me ſois enrichy de leur doctrine,& auſſi à fin qu'ils n'ayent occa- ſion de ſe plaindre de mon entrepriſe, comme d'homme qui ait moiſſonné aux champs des autres, & vsé de larcins ſans les reconnoiſtre : ie diray hardiment que ie ne veux frauder les anciens de leur gloire, ny les accuſer d'auoir peu touché ce qui concerne la perfection de la Chirurgie. - - Neantmoins, ne veux-je me faire ce tort, que de rauir à ma diligence, ce qui luy ... eſt deu, pour l'attribuer à autre, à qui ie n'en ſuis redeuable. Ie dy donc, que tout cét ceuure eſt à moy, & n'en puis eſtre fraudé, comme attentant nouuelleté, puiſque i'ay baſti en mon propre fond, & que l'edifice & les materiaux m'appartienncnt. Et ce que i'ay d'ailleurs, ſont ſeulement quelques acceſſoires, que pour ſuiure la façon commune de traitter de toutes choſes methodiquement, i'ay prins comme reigles generales des écrits des anciens. Et ne faut qu'on ſc picque ſi quelques fois ie ſemble - - paſſ partir, & lequel ne nous cſt pas donné pour le laiſſer aneantir, & ſeulement s'arreſter , , , - :,- Au Lecteur. paſſer les bornes de ma vacation, ce que toutesfois ie ne fais, ny ne pretend faire, ſi ce n'eſt en la liaiſon, & accointance qui eſt entre les ſciences, comme lors que par- lant des fiévres, quelqu'vn penſera que ie contrefais le Medecin, là où ceſte cognoiſ- ſance n'eſt point hors du ſçauoir & practique du Chirurgien; eſtant impoſſible que l'ex- terieur du corps ſoit alteré par bleſſeure, que le dedans ne ſe reſſente de telle paſſion, comme l'vne des parties du corps compatiſſant auec l'autre, à cauſe de leur vnion na- turelle. - Et par ainſi eſt-il beſoin de diſcourir des fiévres, & en auoir au vray la connoiſſan- # #- ce, pour remedier au dehors, mais d'en entreprendre la curation, i'en laiſſe la charge # aux Medecins, & me contente de ce qui m'eſt loiſible par l'art, duquel ie fais prº-# feſſion, & pour l'accompliſſement duquel i'ay faict pluſieurs belles recherches, & " profitable recueils, qui ſeruiront à rafraiſchir la memoire de ceux qui n'ont loiſir de fueilleter tant de liures. Attendu que ie ne ſçache. œuure parlant de la Chirurgie , duquel la moëlle ne ſoit compriſe en ces miens eſcrits, non pour ſimplement en de- duire; ains comme en ayant faict l'experience, & pratiqué de main propre, horſmis eus, s. finciſion de la pierre en la veſſie , & lamputation des teſticules, s'ils n'eſtoient gan-# grenez,& du tout ſphacelez.Et à fin qu'on voye quels moyens i'ay eu de faire de telles § ſe, & ſi grandes experiences, faut ſçauoir, que par l'eſpace de trois ans i'ay reſidé en " l'Hoſtel-Dieu de Paris,où i'ay eu le moyen de voir & connoiſtre (eu eſgard à la grande diuerfité des malades y giſans ordinairement)tout ce qui peut eſtre d'alteration,& ma- ladie au corps humain; & enſemble y apprendre ſur vne infinité de corps morts, tout ce qui ſe peut dire & conſiderer ſur l'Anatomie, ainſi que ſouuent i'en ay faict preuue tres-ſuffiſante,& cela publiquement à Paris aux eſcoles de Medecine. C'eſt beaucoup ce que deſſus, pour paruenir à la cognoiſſance des grands ſecrets # de la Chirurgie. Mais mon bon heur m'a faict veoir encore plus outre : car eſtant #" appellé au ſeruice des Roys de noſtre France (quatre deſquels i'ay ſeruy)il n'y a eu " temps, ny moyens que ie n'aye employé à ce que ie peuſſe auoir la grace des Mede- cins, & Chirurgiens les plus ſçauans & mieux experimentez , ayant ceſte conſide-, . ration, que bien que le ſçauoir ſoit grande choſe, ſi eſt-ce que l'ame giſt en l'expe-§ des rience,deſquels i'ay apprins pluſieurs ſecrets,qui ne ſont auſſitenus cachez en ce liure. choſcs. Ce n'eſtoit aſſez pour raſſaſſier mon deſir curieux d'apprendre tout ce qui ſe peut ſça- uoir pour la vacation à laquelle ie ſuis appellé, ſi encore ie n'euſſe veu les guerres, où l'on traitte les bleſſez ſans fard, & ſans les mignarder à la façon des villes. Car ie me cAuiheur ſuis trouué en campagne,aux batailles,eſcarmouches,aſſauts, & ſieges de villes & for-†"s : temps les tereſſes, comme i'ay eſté auſſi enclos és villages auec les aſſiegez, ayant charge de sºie . traitter les bleſſez. • | Et Dieu ſçait, combien le iugement d'vn homme ſe parfait en cét exercice, où le # renom- gain eſtant eſloigné, le ſeul honneur vous eſt proposé, & l'amitié de tant de braues # ſoldats, auſquels on ſauue la vie ; ainſi qu'apres Dieu, ie me veux vanter d'auoir faict " à vn nombre infiny. Et en ſomme i'ay appris ce dequoy ie traitte tant és lieux ſuſ- . dits, que de depuis en cette tres grande & fameuſe ville de Paris,où(Dieu graces ) i'ay # toufiours veſcu en tres-bonne reputation entre tous, & n'ay tenu le dernier rang en-† donner fo tre ceux de mon eſtat : veu qu'il ne s'eſt faict cure , tant grande & difficile fut-elle, "º où ma main, & mon conſeil n'ayent eſté requis, ainſi que ie le fais voir par ce mien oeuure, diſcourant de pluſieurs choſes ſingulieres aduenuës en mes practiques : és hi- ſtoires deſquelles, pour leur donner plus de foy, ie nomme les lieux, les patiens, & les aſſiſtans, à fin que les ieunes Chirurgiens s'encouragent de faire comme moy, ou mieux s'ils peuuent,& d'y gaigner le los que i'ay acquis par ma diligence. En laquel- A qui ras. le, s'ils voyent(car c'eſt à cux, non aux doctes que i'adreſſe ces eſcrits ) que ie man-†º que en quelque endroit ( comme il eſt impoſſible qu'vn ſeul homme ſçache , ou # puiſſe tout faire)ils me feront plaiſir de pluſtoſt me remonſter ma faute gracieuſe-§ ment, que non pas vſer de calomnie; veu que ie ne ſuis homme ſientier en mes opi-r#" nions, que ie ne reconnoiſſe facilement ma faute, quand elle me ſera monſtrée. Ie .† ' volonté des ſçay bien toutesfois, que les Chirurgiens,qui me deuoient preſter la main, pour me #. ſouſleuer le menton, de peur que ie n'allaſſe au fond de l'eau, m'ont voulu plonger § la teſte pour me faire noyer, m'ont voulu rendre odieux au Magiſtrat ciuil, à l'Éc-†" clefiaſtique, & au populaire, n'ont laiſsé pierre à remuer pour me faire chopper s'ils Pouuoient : mais ayant le cœur bon, & ne ſongeantà danger quelconque, moycnnat 3 que Au Lecteur - . que ie puiſſe laiſſer à la poſterité quelque teſmoignage de ma vie, i'ay ſurmonté par # § toute difficulté. Car la bonté de ma cauſe m'aſſeuroit tant, & l'iniquité de †º leur fait me donnoit telle défiance de leur party, que le cœur me croiſſoit de iour en l'Authcur. - - - - - iour pour aduancer mon deſſein. Le deſir de faire ſeruice à mon pays, & faire plaiſir à - - - - • • ! - - - - la poſterité m'eſguillonnoit, mais l'enuie qu'ils auoient du ſoulagement de ceux qui , doreſnauant ſe voudroient meſler de la Chirurgie, les émouuoit à me donner •m- etu d§" peſchement : ils diſoient que i'auois creué les yeux aux Corneilles, que i'auois oſté le " voile de deuant les yeux de ceux quivoudroient par cy-apres practiquer la Chirur- asſe ſimili gie, que ie leur auois mis l'inſtrument en main pour ſortir aiſément, & auec hon- tude. neur de toute affaire qui appartient au fait de la Chirurgie. S'ils diſentvray, ils con- » ... feſſent l'honneur qui m'eſt deu. S'ils en ſont faſchez, ils monſtrent l'enuie qui leurs #. ronge le Cœur, comme la roüille le fer,& le ver le bois. Penſent-ils que les bornes de la bonne renommée,ſoient encloſes en ſi peu d'eſprit, qu'il ne leur reſte plus rien pour ſe faire paroiſtre en la practique de la Chirurgie ? De ma part, i'ay deſparty liberale- ment à toutes perſonnes les biens que Dieu m'a conferez, & ſi pour cela n'en ay pas moins , ainſi que la lumiere de la chandelle ne diminuë en rien, encores que pluſieurs y viennent allumer leurs flambeux. Mais vn cœur abject, qui eſt empriſonné & en- ſerré en quelque cſtroicte cahuëtte, ne s'oſe decouurir, de peur(par maniere de dire ) d'eſtre frappé du vent. le voudrois auoir ſi bien faict, qu'il n'y euſt perſonne qui ne Affinité & deuint par mes eſcrits beaucoup plus habile que moy,ie ne penſerois pas pour ccla mou- § § rir de faim par faute d'eſtre employé. Au moins ceux qui auroient appris de mes liures, † confeſſeroient auoir eu l'addreſſe de moy. l'en rends l'honneur à Dieu, & en prends sºº la peine pour moy. cliºrºs Les Medecins diſoient que i'auois paſſé les bornes & limites de la Chirurgie, & † * principalement en traictant des fiévres. Orie leur demanderois volontiers qui a fait Mº le partage de la Medecine & de la Chirurgie,& où aucun en ſeroit fait, qui ſont ceux qui ſe ſont contentez de leur part, ſans quelque entrepriſe ſur l'autre : Car Hippo- r† crate, Galien , Aëtius, P. AEg. Auicenne, bref tous les Medecins, tant Grecs, La- § tins, qu'Arabes , n'ont iamais traicté de l'vn, qu'ils n'ayent traicté de l'autre, pour " la grande affinité & liaiſon qu'il y a entre les deux : & ſeroit bien difficile en faire au- ºceºe trement. La Chirurgie a eſté eſtimée la premiere partie de la Medecine, & l'vne & de la Mede- .» - - - - cine. l'autre a eſté traictée par meſmes Autheurs, n'ayans autres preceptes que la Medeci- Ignorance e§ ne, ny autres reigles pour eſtre enſeignez ſeparément. Or, diſent-ils, que ie ne deuois † eſcrire en François, & que par ce moyen la Medecine en ſeroit tenuë à meſpris : ce ſçience . - - - - - - -" #º qui me ſemble le contraire, car ce que i'en ay faict eſt pluſtoſt pour la magnifier & a 6º T21- - - - - - - - - - - § di honnorer.Mais qui eſt celuy qui pourroit aneantir & denigrer vne doctrine tant inſi- uerſes langues, § gne & precieuſe, ayante ſté reuelée & enſeignée de Dieu, & traictée des plus ſça- †** uans Perſonnages qui oncques furent viuans ſoubs le Ciel ? & faut entendre que les ſciences , tant plus elles ſont cognuës de pluſieurs, tant plus elles ſont loüées : veu p†, que Science eſt Vertu n'ont plus grand ennemy qu'Ignorance. Dauantage, ie deman- # derois volontiers ſi la Philoſophie d'Ariſtote, la Medecine du diuin Hippocrate, & de Galien, ont eſté obſcurcies & amoindries, pour auoir eſté traduictes de Grec en † Latin, ou en langage Arabic, ainſi que firent Auerroës, AEphadius, & autres Arabes º# ſoigneux de leur Republique ; Auicenne Prince de la Medecine Arabique n'a- il pas Lc , ** ! " - - - 2 2 , - • : u r - - qu§ traduit pluſieurs liures de Galien en ſon jargon,au moyen dequoy la Medecine a eſté † decorée en ſon païs d'Arabic : Pourquoy ſemblablement ne me ſera-il permis d'eſcri- # re en ma langue Françoiſe,laquelle eſt autant noble que nulle autre eſtrangeré ? Da- cognoiſſance § uantage, il eſt tres-néceſſaire que les Chirurgiens ayent cognoiſſance des fiévres : & s'ils manquent en cela, ils feront vne infinité de fautes au danger de la vie des hom- mes. Exemple, comme baillcr à manger & boire au commencement de l'accés & paroxyſme des fiévres ; en ce faiſant d'vne fiévre ephemere, en feront vne putride. Car nature en lieu de cuire & digerer les viandes, elle fera vne pourriture, parce que la digeſtion ſe faict par le benefice de la chaleur naturelle ; & le malade eſtant au commencement de l'accés, nature ne peut cuire les aliments, & contrarier à la fiévrei ainſi que ſouuent par ce moyen on reuoque Nature de ſon mouuement à l'expulſion des humeurs qui la moleſtent pour l'empeſcher à la concoction des viandes Autre · accident. Si le Chirurgien fait vne ſaignée pendant que le malade aura friſſon de fié- vre, ſouucnt ſera cauſe de grand mal. A raiſon que la chaleur naturelle,& les º† - - - " ' 1Ont - - | Au Lecteur. . ſont retirez au centre du corps, alors que les parties externes ſont vuides de ſang : & ſion en tiroit à l'heure, on debiliteroit grandement les vertus, voire ſouuent on cau- ſeroit la mort des malades. Autre accident. Si le Chirurgien deſcouuroit le malade, pour le pcnſer de quelque playe, ou autre indiſpoſition(qu'il euſt au corps)à l'heure du friſſon de l'accez,il ſeroit cauſe de l'augmentation de la fiévre,ou autre plus grand accident,pour le froid qui pourroit ſaifir le malade. Plus ſi le Chirurgien ne connoiſt ſon bleſsé auoir la fiévre, il ne luy oſtera le vin ny les viandes, qui pourroient au- gmenter & entretenir la fiévre. Et pour ces raiſons, & pluſieurs autres (que ie laiſſe de peur d ennuyer le liſeur ) ceux qui ont eſcrit deuant moy de la Chirurgie : com- me Guidon, de Vigo, Gourdon, & autres, n'ont iamais voulu laiſſer en arriere d'eſ- crire des fiévres , pour rendre leurs œuures plus parfaictes. Ce que i'ay bien voulu faire à leur imitation, à cauſe qu'en toutes les maladies (ou la pluſpart ) où la main du Chirugien eſt neceſſaire, comme playes,fractures,luxations, apoſtemes, cheuttes, pic- · queures & morſures, & autres, quaſi ordinairement les fiévres interuiennent. Voilà pourquoy i'auosi eſcrit des fiévres:& en enſuiuant mes deuanciers au plus pres qu'il m'a eſté poſſible. Et pour reuenir à mon œuure, i'en ay faicte la diuiſion par cy-deuant, mais crai- gnant que par icelle le corps deſpecé en parties, ne vinſt à quelque aneantiſſement, eſtant ainſi decoupé , eſchantillonné, ic l'ay(auec bon conſeil)reduit en vn volume, autant que le tout ainſi aſſemblé pourra mieux reſiſter aux iniures du temps, que s'il alloit çà & là ſeparé & mis en pieces. Mais plus ay-je eſté incité à ce faire, pour ce que i'ay veu (ou me ſuis faict à croire) que les plus doctes & moins paſſionnez les ont cy-deuant leuz auec quelque contentement. Au reſte eſtant François, & ſçachant bien que pcu de liures de la Chirurgie , compoſez par les Grecs, Latins & Arabes, ſont à preſent traduicts en noſtre langue , qui fait que d'vne infinité de Chirurgiens, la pluſpart n'apprend ceſte ſcience qu'en ſonvulgaire, l'oyant par les Docteurs Me- ecins traicter & interpreter en François, dont nous voyons pour vn Chirurgien La- tin, qu'il s'en trouue mille François & plus,bien exerçans la Chirurgie. Ie n'ay voulu auſſi l'eſcrire en autre langage, que le vulgaire d'vn autre nation, ne voulant eſtre de ces curieux, & par trop ſuperſtitieux, qui veulent cabaliſer les arts, & les ſerrer ſouz les loix de quelque langue particuliere, en tant que i'ay appris, que les ſciences ſont compoſées de choſes, non de paroles, & que les ſçiences ſont de l'eſſence, les paro- les, pour exprimer & ſignifier. Et ainſi chaque langue eſt propre à traicter les arts, & à les donner à entendre. Ce que Celſe nous a bien monſtré, quand il a dict, que les maladies ne ſont point gueries par paroles, ains par les remedes que duëment on y applique. . ' - - ' , .. · · · · · · • · • » ' s L'ordre par moy obſerué en cét œuure, eſt que ie le diuiſe en vingt-ſix liures, & chacun d'iceux eſt partie en chapitres, enſuiuant la methode commune de ceux qui mettent par eſcrit les conceptions de leurs ames. Car en premier lieu, ſelon le pre- cepte du Philoſophe, ie mets la definition de chacune choſe traictée, puis les diffe- rences en icelles conſiderées, les ſignes, cauſes, prognoſtiques : & apres cela cure ge- ncrale, puis la particuliere, auec les inſtrumens propres pour la curation de quelque maladie que ce ſoit : partie deſquels eſt de mon inuention : en quoy ( Dieu mercy) i'ay eſté aſſez heureux, & le reſte ie l'ay retiré de l'antiquité, ainſi que i'en ay vſé és figures de l'Anatomie : la pluſpart deſquelles i'ay empruntez d'André Veſal , hom- me rare, & le premier de ſon fiecle en ceſte partie de Medecine : leſquelles pour la commodité du Lecteur, i'ay fait reduire en petites planches, quoy qu'auec frais ex- ceſſifs, que i'eſtimeray bien employez, pourueu que ccla ſoit aggreable aux gens de bien, & que ceux de ma nation en puiſſent tirer quelque profit. Auſſi le ſeul eſpoir Pourquo r§ # mis toutes ſes GÈuures cR Vn volume. chaque langue eſt propre traicter les arts. Celſe en ſon premier , lture. L'ordre ob- ſerué en cét CEUlutC, de ce ſuccez m'a fait ſurmonter toutes les difficultez qui ſe pourroient offrir en cét . endroit. Veu meſmes, que ie voyois, qu'entre toutes choſes compriſes en l'vne & l'autre partie de Medecine, l'Anatomie eſt celle qui eſt plus neceſſaire, tant pour les Medecins, que pour les Chirurgiens, eſtant obligé chacun ouurier ( ſelon le dict du bon veillard Guidon ) de cognoiſtre lc ſubject ſur lequel il s'exerce. Car faillant en cét endroit, outre ce qu'il commettra vne infinité de fautes, & s'acquerra vn per- petuel diffame, encore hazardera-il folement la vie de ceux qui ſe ſont fiez, & mis entre ſes mains. Et m'eſtonne, que les hommes ſont ſi fols, que de rechercher ce qui n'eſt ſubjet à leur connoiſſance , que par coniectures , & qu'ils s'arreſtent au - é 4 nombre Ncceſſité de l'Anatemie. La cogneiſſan- ce du ſubj° « . ſur leq e\ s'exerce eſt EIes necç1 ſaire, Cl. Au Lecteur. a† nombre certain des eſtoiles , qui ſelon l'Eſcriture ſaincte ſont innombrables : veu- #º lent ſçauoir le cours des cieux, les mouuements du Soleil & de la Lune, les dimen- N§igence ſions de la terre ; & cependant ne ſe ſoucient de ſe connoiſtre eux meſmes, & de #º 'ſçauoir l'exellence & merueilleuſe compoſition de leurs corps, compoſée de parties "† s infinies par le ſouuerain facteur & Createur de toutes choſes : chacune deſquelles a † ſubſtance propre, ſon office, ſa faculté, & vtilité neceſſaire, tant pour ſon viure & §" mouuement , que pour ſeruir & entendre. En quoy ſont compriſes les perfections de ce Tout , qui repreſente le grand corps de l'vnion, auec ſes quatre qualitez con- ſiderées auſſi bien au corps de l'homme, qui pour ce regard eſt appellé Microcoſme, c'eſt à dire petit monde. Et tout cecy eſt en fi grand nombre,auec telle varieté & liai- ſon des parties, que de toutes les œuures de Dieu, le corps de l'homme eſt le plus parfaict, comprenant en ſoy l'harmonie accomplie des choſes contraires, leſquelles accommodées ſelon leur office , font leur accord le plus beau , & excellent qu'on ſçauroit deſirer. Et pource (comme dict eſt)l'homme porte le tiltre de petit monde, n'ayant defaut de rapport en ſoy, & aux choſes celeſtes, & à ce qui eſt terreſtre ou aqueux , ou plus ſubtil, tenant de l'Etheré. Et qui plus eſt à admirer , ayant celle ame raiſonnable , qui comme l'ame de l'Vniuers va s'eſpandant par ce petit monde, le regit & guide, & ſe ſert de ſes parties, comme de ſes inſtrumens & organes. Tout cAnatomie cecy pourroit eſtre contemplé par celuy qui verroit l'Anatomie (choſe digne d'cſtre # cognuë par tout homme de bon eſprit)comme d'autre coſté il y auroit dequoy ra- § baiſſer ſon orgueil, voyant que l'ame oſtée de ce beau chef d'œuure, ce n'eſt plus de bon eſprit. > - - - • _ • . qu'vn vaiſſeau plein de corruption, & la plus freſle choſe de la terre. Mais i'entre ſur le diſcours excedant noſtre propos, auquel ie reuiens touchant ce mien œuure, que gus eea i'offre au benin & ſtudieux Lecteur, auec ce petit mot, que jaçoit, que pluſieurs tant qu'vn corps †" anciens que modernes ayent eſcrit de l'Anatomie, ſi verras-tu par le preſent œuure, que pas vn d'eux n'a gardétel ordre que ie fais, ny ſuiuy la methode auec telle faci- lité, & de cecy ie feray iuge tous ceux qui ſans ſe paſſionner prendront la patience ' d'en donner ſentence, auec equité & droicture. Reçoy donc(amy Lecteur) ce que de fi bon cœur, & auec telle liberalité ie te depart : & pour recompenſe, aye memoire que ma vie n'a eſté oifiue pour la Republique, cherchant touſiours l'auancement des ieunes apprentifs en la Chirurgie, auſquels mes eſcrits s'addreſſent. Et neantmoins, toutes les peines que i'ay priſes par cy-deuant i'ay occaſion de loüer Dieu, de ce qu'il rourneyl, luy a pleu m'appeller à l'operation Medecinale, que vulgairement on nomme Chi- † rurgie, qu'on ne ſçauroit acheter par or ny par argent, mais la ſeule vertu & lon- #. gue experience. Et toutesfois eſt ſtable en tout pays : A cauſe que les loix de la ſa- § crée Medecine ne ſont ſujettes à celles des Roys, & autres Seigneurs, ny à preſcri- " ption de temps, comme prenant ſon origine de Dieu, lequel ie ſupplie qu'il luy plaiſe arrouſer cette mienne entrepriſe,à fin qu'il en ſoit glorifié eternellement. Ainſiſoit-il. : | | | | | C A T A III. IV. VII. VIII. IX. • X. XI. XII. XIII. XIV. - - •s=2 - $ $sss$ -- CATALo GvE DEs LIVRES CONT E NVS EN CET OEVVRE ! >Q(# R E M I E R Liure de l'introdu- - * r étion ou entrée pour paruenir à la vraye cognoiſſance de la Chirur- gie- . , fol. 5 Liure des Animaux , & de l'excel- lence de l'homme. De la nature , . 39 Liure traiéiant de l'Anatomie de tout le corps humain illuſtrée des figures de chacune partie d'iceluy. 57 Liure traiéiant de l'Anatomie lequel contient les parties Vitales,contenués dans le Thorax,nommé des François, poiéirine . - 9I Liure contenant les parties animales ſituées en la teſte . IO5. Liureauquelſont contenués principalement les muſcles, & les os de tout le corps , auec deſcriptions de toutes les autres parties des extremitez . 117 Liure traičiant des tumeurs contre nature en general. 161 Liure traičiant des tumeurs contre nature en particulier. 186. - - Liure traiéfant des playes recentes & ſanglantes, enge- neral. 2o7 Liure traiétant desplayes recentes & ſanglantes, en par- ticulier. 217 Liure traičiant des playes faiéfes par arquebuſes, &' autres baſtons à feu, fleches, dards, & des accidents d'icelles. 272 Liure traiétant des contuſions, combuſtions, & gangre- 77º4 . 29I Liure traicfant des vlceres, fiſtules, & hemorrhoides. 3II Liure traiétant des bandages. 327 · XV. XV. Liure traiétant des fračiures des os. 333 XVI. Liure traiétant des luxations. 35I XVII. Liure traiétant de pluſieurs indiſpoſitions & operations particulieres, appartenantes au Chirurgien. 378 XVIII. Liure traiétant de lamaladie Artritique, vulgairemenr, appellée goute . 42.4 XIX. Liure traiétant de la groſſe verole, dicte maladie vene- rienne, & des accidents qui aduiennent en icelle .444 XX. Liure traiétant de la petiteverole, rougeole, & vers des petits enfans, & de la Lepre . 468 XXI. Liuretraiétant des venins, & morſures des Chiens enra- gez, & autres & picqueures de beſtes veneneuſes. 482. XXII. Liure traiétant de la peſte . 526 XXIII. Liure traiétant des moyens & artifices d'adiouſter ce qui defaut naturellement, ou paraccident. 57z. XXIV. Liure traiétant de la generation de l'homme, recueillydes anciens & modernes. 586 XXV. Liure traiétant des Monſtres & Prodiges. 645 XXV I. Liure traiétant de la faculté & vertu des medicamens ſimples, enſemble de la compoſition & vſage d'iceux. 7o3. XXVII.Liure traiétant des diſtillations. 745 XXVIII.Liure traiétant des rapports, & du moyen d'embaûmer les corps morts. - 768 XXIX. eApologie & traiété contenant les voyages faiéis en di- uers lieux. 777 XXX. Liure traiétant des fiévres en general & enparticulier. 8oI. - L E ■ ■ ■ ■ ■ |- ! !!!!!!!!!!!!!! ~~ ~ | ~~~~*~*~*=~ ---- -- - D R E R A C E. fD E L' INVE N7TIO N E T E X C E L L E N C E de la e2Medecine & Chirurgie . 3 O vs les Anciens & Modernes tiennent que la Medecine a eu ſon origine du Ciel. %2 Et premierement ceux qui ont le mieux ſenty de la creation du Monde, ont eſcrit qu'apres la creation des Elemens (lgrs qu'il n'y auoit encores homme viuant) les $ herbes, & les plantes ſortirent par le commandement de Dieu, des cauernes de la #N terre, de diuerſe, & preſque incomprehenſible grandeur, couleur, odeur, ſaueur § & figure : & enſemble doiiees de propres vertus tant excelléntes & diuines, qu'il n'y a inuention d'ouurage ou art, quel qu'il ſoit, qui à meilleure occaſion ſoit attribuée à Dien:& euſt eſté impoſſible à l'homme de rechercher,& cognoiſtre les natures & puiſſan- ces de telles choſes, ſi Dieu ne les euſt premierement enſeignées.De † , ce grand Architecteur & facteur de lVniuers, ſi toſt qu'il eut formé Adam, & inſpiré en luy la lumiere de vie, luy monſtra & declara generalement les proprietez de tout ce que la terre produit & nourrit ; de ſorte que ſi quel- qu'vn penſe telles choſes pouuoir eſtre inuentées des hommes, celuy-là à bon droict (meſmes par le iugement de Pline) doit eſtre eſtimé ingrat enuers Dieu, & mal ſentant de ſa puiſſance. Or apres Adam telle cognoiſſance n'a eſté enſeuelie auec luy, mais a eſté encores reuelée de Dieu à cer- tains hommes, qui ont eſté appellez pour adminiſtrer la Medecine, & commis pour en départir & ordonnel à ceux qui en auroient neceſſité. B Et cette opinion a cſté receuë non ſeulement par le commun accord des hommes en general, mais auſſi prouuée par Moyſe , diſant que leSouuerain a creé, & produit de la terre les herbes & plantes, deſquelles toute la poſterité d'Adam ſe pourroit ayder, & ſoulager pour guerir les mala- dies. Ce qui a eſté auſſi depuis confirmé par Ieſus fils de Syrach, tres-ſage entre les Hebrieux, le- quel en ſon liure eſcrit ce qui s'enſuit : Honore le Medecin, car le Tres-haut l'a creé pour la ne- ceſſité : auſſi'toute ſanté & guariſon procede du Dieu ſouuerain. Noſtre Seigneur a produict de la terre toutes les choſes medccinales, & ne les doit meſpriſer l'homme ſage. Donne lieu, & fais hon- neur au Medecin : car ila eſté creé du Seigneur. Les Grecs qui ſemblent les premiers auoir fait ou- uerture d'vne plus pleine & illuſtre profeſſion de la Medicine, eſcriuent conformément à ce pro- pos, qu'Apollo eſt l'inuenteur d'icelle : ce qui n'eſt ſans quelque apparence de raiſon. Car ſoit que ſelon leur maniere & couſtume de parler, par Apollo ils entendent le Soleil(planette qui de ſa cha- leur benigne & temperée viuifie toutes choſes, inſpirant les facultez aux plantes, les nourrit & en- tretient,pour produire les effects tels que nous voyons en nos corps : ) ſoit auſſi que par iceluy ils entendent vn homme, lequel ſuſcitéd'vn eſprit diuin & excellent par deſſus tous les autres de ſon temps, a le premier enſeigné & practiqué l'vſage des herbes : comme ſemble l'auoir entendu Oui- de, le faiſant ainſi parler en ſes Metamorphoſes. e_ZMedeciner eſt mon inuention , Ieſuis de tous l'ayde & ſubuention : Subiette m'eſt des herbes la puiſſance_ ; Dont giſt en moy de ſanté la fiance . - - - Vrayement touſiours l'origine de la Medecine ſera diuine & celeſte.Or le moyen par lequel elle a eu credit cntre les hommes, eſt preſque tel.Apres Apollo, AEſculapius ſon fils, s'entremit de la Medecine, laquelle eſtoit encores rude, & ſans methode : celuy-là commença à l'augmenter , & rcduire en meilleur ordre, au moyen dequoy il a eſté ſi grand, qu'on l'a eſtimé comme Dieu. En ce meſme temps floriſſoit Chiron Centaure, lequel auoit vne grande cognoiſſance des herbes : & pource Pline, & pluſieurs autres ont eu opinion qu'il eſtoit inuentur de la Medecine, pour auoir veſcu non ſeulement d'vn meſme temps auec AEſculapius, mais auſſi pour auoir eſté ſon Maiſtre en D la cognoiſſance des ſimples. Or AEſculapius eut deux enfans , ſçauoir, Podalirius, & Machaon, qui ſuiuans la trace de leur pere, firent profeſſion de la Medecine; & ſur tout de cette partie qu'on ap- pelle Chirurgie, de laquelle pour ce, ils ſont eſtimez inuenteurs. Apres eux, la famille d'Aſclepia- des l'agrandement augmentée, & laiſſée à ſes ſucceſſeurs, comme choſe hereditaire : car par lcur moyen les remedes des maladies internes ont cſté inuentez. De cette tant illuſtre famille Hippo- crate, fils d'Heraclites, natif de l'Iſle de Coos, comme Prince de tous les Medecins qui furent deuant luy > paracheua cette ſcience, la mettant en lumiere par arts, & preceptes eſcrits en ſa langue maternelle, qui eſtoit la Grecque. Six cens ans apres lequel vint Galien, qui tres expert en Mede- - C1I1© Origine di la Medecl- /76-V. Geneſ 1. l Chap. 38: Apollo in- uenteur de la Medeci- 70&-'. AEſculapiul, Chiran. Lib.7. ch. 2. Podalirius. AMachaon. Galierſ, • r 2. l'I'efaCe, cine a expliqué tout ce qui eſtoit obſcur & difficile en Hippocrate. Doncques tel a eſté le com- A mencement , accroiſſement & perfection de la Medecine, entant qu'elle a peû eſtre miſe en auant par l'induſtrie des hommes : combien que ſi nous en voulons parler à la verité, l'experience, com- me en toutes choſes,a eu grande puiſſance en la medecine pour l'auancement d'icelle. Car les hom- mes ayans obſerué telle & telle plante auoir eſté propres à la guariſon de telle & telle maladie, de pluſieurs choſes particulieres ils en ont faict vne generale , auec des regles, par leſquelles toute la Polidore paſterité auroit à ſe gouuerner. Ainſi liſons-nous dans les hiſtoires anciennes, que la Medecine Virgile, n'eſtans encores redigée en art & preceptes , les Babyloniens & Aſſyriens auoient de couſtume de poſer leurs malades és portes & entrées de leurs maiſons , ou és places & grands chemins, afin que par les paſſans , qui auroient autrefois eſté tourmentez de pareilles maladies, ils fuſſent aduer- tis des remedes dont ils auroient vsé, pour receuoir guariſon. Strabo liure 8. de ſa Coſmographie, raconte ceſte couſtume auoir eu lieu anciennement en Grece, que les malades ſe retiraſſent en Epi- daure, au temple conſacré au Dieu AEſculapius, où dormans ils eſtoient aduertis en ſonge parice- luy des remedes qu'ils auoient à chercher pour recouurer ſanté : laquelle recouurée, ils deſcriuoient auec le diſcours & hiſtoire entiere de toutes leurs maladies,les remedes enſeignez par le Dieu,en vn tableau qu'ils laiſſoient pendu en quelque Autel ou pilier du Temple, en recognoiſſance du bien receu d'AEſculapius : deſquels tableaux, comme des memoires & inſtructions recueillies, on dit Hippocrate s'eſtre ſeruy à compoſer ſes œuures de l'art de Medecine tant profitables & laborieuſes, comme deſcrit Volatterran. B Les beſtes Pareillement les beſtes brutes ont enſeigné aux hómes pluſieurs remedes de Medecine, par leur ont enſeigné inſtinct naturel, conſiderant qu'aucunes ſe guariſſent & cherchent leurs remedes ſans aucun Mede- # cin, comme nous deſcrirons cy-apres parlant de la nature des beſtes. Or icelle Medecine eſt digne # | de recommandation plus que nulle autre ſcience , veule ſujet ſur lequel elle exerce ſes operations, qui eſt le corps humain : lequel eſt le plus excellent & parfaict que nul autre, & pour lequel toutes choſes de l'Vniuers ont eſté crées. Ce qui a meu Herophile , ancien Philoſophe, contemplant l'excellence & vtilité de cét art, de nommer le Medecin, la main des Dieux. Car comme l'homme de ſes mains leue vn autre tombé : ainſi le Medecin & le Chirurgien docte & ſçauant en ſon art, guarit & chaſſe les maladies du corps humain,le releuant en ſa premiere ſanté, comme diuinement. Au liure ºn- Homere le Prince des Poëtes Grecs, appelle le Medecin le Parangon des hommes pour l'heureuſe #- iſſuë de ſes œuures & experiences , & ſemble meriter loüanges, & graces pluſtoſt diuines qu'hu- l446 L'. - J> - - - - maines.C'eſt auſſi pourquoy les anciens auoient en fi grande reuerence les Medecins, leſquels ils Les Mede eſtimoient , & honoroient comme Dieux, ou enfans des Dieux, tant eſtoient eſpouuantez & rauis # #. des effectseſmerueillables que les Medecins & Chirurgiens font apparoiſtre ionrnellement, pour c, honorez la conſeruation de la vie des hommes, par le moyen de leurs remedes & œuures de la main , qui les cºmme- font reluire de quelques marques & rayons de la diuinité. Outre plus, ces excellens Poëtes, Or- Disux. phée,Muſée,Heſioda, & ces grands Philoſophes, Pythagoras, Platon, Ariſtote, Theophraſte, Chry- ſippe, Caton le Cenſeur, Varron, n'ont rien eu plus cher, plus exquis, ny en plus grande recom- C mandation, que de cognoiſtre la vertu des medicaments, meſme d'en rediger quelque choſe par #ranºhi - eſcrit. Dauantage, cet art ennoblit tellement celuy qui en eſt doiié, & le faict ſi noble & franc, #º qu'il commande non ſeulement à toutes † de quelque qualité qu'ils ſoient , mais auſſi aux Empereurs, Roys , Princes, pour la conſeruation de leur ſanté, & guariſon de leurs maladies. Et ſi le gain rend en quelque ſorte les ſciences recommandables, il ſe trouuera que ceux qui ont faict profeſſion de la Medecine, n'en ont emporté,comme l'on dit, honneur ſans profit. Qui a eſtél'oc- caſion pour laquelle ceux qui ont exercé cet Art par le paſsé, ont eſté en ſinguliere recommanda- tion , ainſi que pouuons cognoiſtre par l'exemple meſme d'Hippocrate allant en Abdere pour Honneurs. traicter Democrite : car lors non ſeulement les citoyens, mais auſſi les femmes, & meſmes iuſ- # Hip- † aux petits enfans, aduertis de ſa venuë, luy allerent au deuant, le ſalüans, & l'appellans con- " ſeruateur & pere de lapatrie. Dauantage, le Sénat & peuple d'Athenes, pource qu'il auoit dechaſ- sé la peſte de leurs païs , celebrerent en ſon honneur des jeux, & triomphes, & fut coronné d'vne couronne d'or peſant mil eſcus, tellement riche qu'elle eſtoit digne d'vn grand Roy : d'abondant luy erigerent vne ſtatué pour perpetuelle memoire. Eraſiſtratus fils d'vne des filles d'Ariſtote, re- * Sºixantº ceut cent talens d'or * du Roy Ptolomée, pour auoir guary Antiochus ſon fils. Auſſi Antonius # Muſa fut decoré & honoré d'vne ſtatuë d'or par Auguſte Ceſar Empereur pour l'auoir guary de · moye, l'eſeu ſableſſure. Quant à Quintus Stertinius, il auoit d'eſtat de l'Empereur douze mil cinq cens eſcus vaillant 45. tous les ans. Que dirons-nous que du temps de nos ayeuls, Petrus Aponenſis, ſurnommé le Con- D ſºlº, ſelon la ciliateur, eſtoit en tel honneur en l'ltalie, qu'il ne ſortoit point hors la ville pour viſiter quelque #º grand perſonnage, à moins de cinquante eſcus par iour : & que meſmes eſtant quelques fois appel- ' lé pour viſiter Honorius (lors le Pape de Rome) il rapporta de luy quatre cens eſcus pour chacun iour de ſesvacations ? Nous ſçauons aſſez par nos Annales de France en quelle authorité & cre- lacques Cot- dit a eſté Maiſtre Iacques Cottier Medecin, enuers le Roy Louys X I. duquel pour la reputation # # de ſon haut ſçauoir, il receuoit de gages bien payez, tous les mois dix mil eſcus ; comme nous a Louys # laiſsé par eſcrit le Seigneur Philippes de Comines, en ſon hiſtoire de la vie & geſtes de CC Roy. §i u, Et d'abondant elle a eſté en telle eſtime par le paſsé, que les anciens Roys, partie pour faire plaiſir les mois dix à la poſterité, partie pour perpetuer leur memoire en icelle , ont imposé leur nom à certaines plau- º ºſº * tes par eux trouuées & dcſcouuertes. De là cſt venu que la Gentiane a pris ſon nom de Gentius g4.geº. Roy des Illyriens, & la Lyſimachie de Lyſimachus Roy des Macedoniens , & le Scordium a eſté appellé herbe Mithridate, de Mithridates Roy de Pont, & de Bithynie, l'Achilleia d'Achilles,le Centaurium de Chiron le Centaure, l'Artemiſia d'Artemiſia Royne de Carie. Attale Roy de Per- ^ game, Salomon Roy des Huifs, Euax Roy des Arabes, Iuba Roy de Mauritanie, ont eſté non ſeu- lement curisux de cognoiſtre les plantes, mais la pluſpart d'eux en ont diligemment eſcrit quel- ques , - A l V.1 cl LV . - - 3 A ques traictez : les autres ont au grand profit des hommes inuenté pluſieurs mixtions medicamena teuſes,composées des plantes. Outre cela les Roys , & Empercurs Romains entretenoient à grands frais, & deſpens en pluſieurs lieux & pays, hommes pour la cognoiſſance des ſimples medicaments, qui eſtoient de bonté finguliere, pour s'en ſeruir eux meſmes , & en donner la notice à la poſterite: laquelle curioſité tant vtile ne s'eſt.monſtrée cſteinte és cœurs de nos Princes. Témoin m'en ſera l'herbe, appellée des Ancicns Petum, à preſent Catherinaire, ou Medicée, ou herbe à la Roy- ne : parce que l'vſage d'icelle eſtant incogneu en noſtre France, nous a eſté deſcouuert, au grand rofit d'infinis hommes, affligez d'vlceres malings , & autres ſolutions de continuité, par l'indu- ſtrieuſe diligence de la Reyne Mere des Roys, Catherine de Medicis. Par ce moyen les herbes, Jeſquelles tous les ans reuiennent, repulullent, & reuerdoyent auec leurs racines, tiges, fueilles, fleurs, ſemences , & fruicts, d'vne indicible diuerſité, grandeur , couleur, figure, font ſouuenir aux hommes de ceux qui les ont trouuées , ou qui ont laiſſe à la poſterité quelque eſcrit des vertus, & proprietez d'icelles. Et dauantage,ie ſouſtiendray mon propos eſtre vray, & pluſieurs grands Roys ſe preſenteront pour approuuer mon dire, leſquels deuëment informez par les eſcrits des Sages de l'artifice du corps humain, non imitable à choſe viuante, pour eſtre le domicile de l'ame immor- telle, ſeule entre toutes les creatures faicte à l'image de noſtre Dieu , ſe ſont eſtudiez d'entendre ſon architecture admirable par diſſections anatomiques : deſquelles tant s'en faut, qu'ils aycnt re- tiré leur œil, qu'eux meſmes les ont faictes de leur propre main : ſi nous ne voulons accuſer de menſonge l'hiſtoire des anciens, qui nous propoſe entre les Roys d Egypte , Apis, Oſiris, Ptolo- mée,au vœu deſquels n'a eſté ſatisfaict iuſques à ce que leur deſir ſe ſoit aſſouuy à l'ouuerture des ſecrets que nature auoit cachez à l'œil exterieur. Le ſemblable deuons-nous croire dc Salomon, d'Alexandre le grand, de Mithridate, d'Attale Roy de Pergame , que tous ne peuuent auoir merité ſi haut nom en l'art de Medecine ſans la familiere cognoiſſance del'Anatomie, premier & principal fondement de la Medecine,auſquels ie ne fais doute aucune qu'on ait proposé pluſieurs diſſections, veu qu'ils n'eſtimoient choſe digne de ſi grande contemplation que l'homme, & ſes parties : ores qu'ils euſſent trauersé infinies prouinces, & enicelles veu des miraçles incroyables. or la Medecine de laquelle on fait auiourd'huyprofeſſion, eſt composée de trois parties : la pre- miere eſt ditte Chirurgie,qui par manuelle operation guarit les maladies : La ſeconde, Dietetique, laquelle donne ſecours aux maladies par bonne maniere de viure : La troiſieſme , Pharmaceutiquc, laquelle par medicaments guarit les infimitez. Pluſieurs grands perſonnages tant anciens que mo- dernes, debatent, & non ſans cauſe, quelle eſt la plus digne de recommandation : car tant l'vne que l'autre eſt grandement aduantagée de raiſon. Ét quand à la Pharmacie , Herophile dit que les mcdicaments ont eſté inuentez de la main d'Appollo, qui eſtoit eſtimé comme Dieu. Quant à la Dietetique,Pline teſmoigne que tous les iours le plus pauure du monde prend en ſes repas les vrays remedes des malades. D'auantage les plus experts qui ont eſcrit de la Medecine,diſent, que la cure des maladies faite par regime ſurpaſſe celle qui ſe fait par autre voye : meſme qu'il eſt plus expe- diant de ſortir d'vne maladie par bonne maniere de viure , que par Medecines, qui ſont faſcheuſes à prendre, difficiles à retenir, penibles en leur operation. Ce qui donna occaſion à Aſclepiades de rejetter les Medecines comme choſes nuiſiblesàl'eſtomach : toutesfois ſi nous nous rapportons à Celſe, ny l'vn, ny l'autre ne ſera tellement à loiier , que la Chirurgie : veu qu'en la curation des maladies faites par medicaments, & diette , nature a grand pouuoir, & ce qui aura profité quel- § ne ſert de rien ; tellement que l'on peut douter ſi la ſanté nous eſt rendue , ou Par le benefice de nature, ou par la faculté des medicaments & regime. - Dauantage, nous voyons pluſieurs maladies ſe guarir d'elles-meſmes, ſans l'ayde des medica- mens , ny diette, comme vne douleur des yeux, vne tumeur, ou fiévre quarte. Mais la Chirurgie ne s'exerce point ſur le corps humain ſans extreme neceſſité de ſon induſtrie, & vrgence du mal important qui requiert ſon aide, & meſme ne peut eſtre guary de nature : comme remettre vne fracture , ou luxation , trepaner, ſçcourir vne femme à vn enfantement laborieux , ou pour vne Precipitation de matrice, oſter vne picrre, ouurir vn empyeme, extiper vn membre gangrené, ou ſphacelé Dauantage, cette partie icy eſt plus ancienne que nulle autre, parce qu'en la guerre de Troye, Podalirius, & Machaon, fils d'Eſculape, ſeruirent le Roy Agamemnon, & donnerent grand lecours, non pour guarir les maladies internes, comme fiévres, & principalement la peſte, qui lors par l'ire de Dieu rauageoit par le camp des Grecs; mais ſeulement pour penſer les bleſſeu- res auec medicaments, & ferremens, comme tres-bien nous monſtre Homere en ſon ſecond liure de l'Iliade. Pareillement pour la difficulté qui eſt en elle, nous dirons outrepaſſer les deux autres parties de Medccine; conſideré que les ſciences tant plus qu'elles ſont difficiles à apprendre, ſont auſſi plus excellentes : or il eſt ainſi que la Chirurgie eſt la plus difficile : ce qui nous eſt de- monſtré par Galien, liure 3. de la compoſition des medicamensengeneral, diſant que la Chirurgie eſt plus difficile que les deux autres parties; ſçauoir Pharmacie, & Diette, parce qu'elle ne ſe peut paſſer ſans les deux autres parties, & chacune d'icelles ſe peuuent bien paſſer de la Chirurgie Par- quoy ie conclus cette partie qui eſt la Chirurgie, pour ſon antiquité, neceſſité, certitude, difficul- té outrepaſſer la Pharmaceutique , & Dietetique : toutesfois l'vne ſans l'autre ne ſçauroit faire choſe grandement à profit. Car elles ſont tellement conioinctes enſemble, que ſi elles eſtoient ſeparées, & ne s'entr'aydoient, iamais le Chirurgien, & Medecin , ny Apothicaire ne paruien- droient au but qu'ils ſe propoſent. Et pource anciennement vn ſeul homme exerçoit les trois par- ties : mais depuis que le monde eſt grandement accreu, & au contraire que la vie du genre humain eſt decreue de beaucoup, ſi qu'elle ne ſembloit ſuffire pour les apprendre, & exercer toutes trois arfaictement, on les a ſeparées, chacun en prenant vne partie, conſiderant que pour la difficulté del'art, vne ſeule perſonne eſt aſſez empeſchée à la comprendre, & bien exercer. A 2 TAB L E Petum, vr, herbe Ca- therinaires. Roys qui ont mis la main à l'Anato- mie. Diuiſion dé la Medeci- 7267, Homere. Comparai- ſon de la Chirurgie. auec les au- tres parties• - [. " 4, N. | |\WR sº - - - - > - \ s2= N$ . 2$ $ $ $ W.AN T A B L E D E S %ſ C HA PIT R E S de l'Introduction de la Chirurgie. ( ) : VE c'eſt que Chirurgie. CHAP.j. $é Des operations de Chirurgie. ij. De remettre en ſa place (ſ(? qui eſt ſor- t). 11J- T'es choſes naturelles. iv. T)es Elements. V. T)es Temperamen;. vj. - T)e l'Aage. - vij. TDes Humeurs. viij. Signes de l'homme ſanguin. ix. "Praétique e3 exercice ſur les regles don- mées des temperamens & humeurs.x. T)es Facultex. XJ- T)es Actiaus. xij. T'es Eſprits. xiij. TDes annexes des choſes naturelles. xiv. T)es choſes uon naturelles. XV. De l'Air. - xvj. Du manger, c du boire. xvij. $ | ". - \ - | , s - %A$.# $ º N 7 N #|, -> #- - # - •! - - - Du mouuement, & repos. xviij. Du dormir &> rveiller. xix. T)e repletion,inanition,ouvuidange.xx. Des accidens, ou perturbations de l'A- 7776*. XX]. Des choſes contre nature. xxij. Des maladies. xxiij. Des ſymptomes. xxiv. Des indications. XXV, L'ordre de curer les maladies compli- quées. xxvj. De diuerſes manieres deguariſon. xxvij. Pourquoy la fievre quarte, & autres maladies peuuent eſtre gueries par vne grande peur, ou par vne gran- de ioye. xxviij. Exemples des maladies faictes par ima- ginations fantaſtiques. xxix. De certains impoſteurs. . XXX. LE 3 N L. - LE DREMIER LIVR E DE L' I N T R O D V CTI ON O V E N T R E'E P O V R P A R V E N I R A L A V R A Y E C O N N O I S S A N C E. D E L A C H I R V R G I E. Par A M B R o 1 s E P A R E" de Laual au Mayne, Conſeiller & premier Chirurgien du Roy. Que c'eſt que Chirurgie . C H A P 1 T R E F R E M I E R. H 1R v R G 1E eſt vn 4rt qui enſeigne à methodiquement curer, Preſeruer, & zefinitionr pallier les maladies, cauſes & accidens qui aduiennent au corps humain, princi- de Chirura palement par operation manuelle. Quelques-vns font vne autre deſcription, di- gie. ſans que Chirurgie eſt vne partie de Medecine , curant les maladies ſeulement par operation de la main, comme couper, cauteriſer, trepaner , reduire fractures , & luxations, & autres œuures que dirons bien-toſt : commel'autheur des definitions; en Galien, lors qu'il definit Chirurgie vne habilité , & induſtrieux mouuement d'vne main aſſeurée auec experience , ou vne action de main induſtrieuſe , tendant à quelque bonne operation de Medecine. Toutesfois il eſt impoſſible faire telles choſes par artifice ſans 1es deux autres inſtrumens ; ſçauoir eſt, regime de viure, & ce que nous appellons vulgairement Mede- cine, qui conſiſte en purgation , & alteration, ou changement du corps , & ſans les ſçauoir diuerſifier ſelon les cauſes, maladies, & accidens, & autres choſes contenuës ſous les choſes naturelles , non na- turelles , & contre nature, & leurs annexes, qui ſeront deduites en bref cy-apres en leur ordre. Et ſi aucuns veulent maintenir qu'il y a pluſieurs qui traittent de la Chirurgie ſans auoir la cognoiſſance des choſes ſuſdictes , qui toutesfois font des cures deſeſperées : A ce ie leur reſpons, que telles cures ſont faites pluſtoſt par accident que par le benefice de l'art ; & fols ſont tous ceux qui en iceux ſe fient. Car s'il vient par aduenture qu'vne fois il faſſent bien, ils feront apres dix mille maux, comme tres- bien a eſcrit Galien en plufieurs lieux de ſa Methode , parlant des Empiriques. Or puisque nous auons dit que Chirurgie eſt operation manuelle, s'aydant de medecine , & diete, il faut ſçauoir quelles ſont 5B ſes operations. - Des operations de Chirurgie. C H A P. I I. s-s234 E s operations de Chirurgie ſont cinq en general ; à ſçauoir, oſter le ſuperflu : remettre en ſa operations •" . place ce qui eſt ſorty : ſeparer le continu : ioindre le ſeparé : adiouſter & ayder à nature en ce de Chirur* "- $ qui luy defaut : leſquelles operations ſe peuuent mieux apprendre, faire , & prattiquer par gie- l'exercice & vſage, que par le moyen des liures, ny meſme par la parole l'homme, tant ſoit- elle claire & elegante, ne pouuant ſi viuement exprimer, ny montrer, comme fait la veuë, & le toucher. , Exemple d'oſter le ſuperflu. - - Comme coupervn ſixieſme doigt en nombre ſuperflu,ou vn bras,ou autre partieſmonſtrueuſe lamputer vn membre pourry, & ſphacelé:extraire vn enfant mort, oul'arriere-faix, ouvne mole , ou autremauuais germe hors le ventre de la mere : amputer les excroiſſances,comme louppes, verruës, polypes, chancres,& autres chairs ſupesflues,extraire vne balle d'arquebuze, ou dragée,maille,fers, fleches, bois, bourre, dra- peau, eſquille d'os, eſpine, arreſte, & generalement toutes choſes eſtranges qui ſont en quelque partie de noſtre corps:arracher les poils des cils des yeux qui ſe renuerſent au dedans, couper vn vngula, occupant la conioinctiue,& partie de la cornée : curer toutes apoſtemes, extraire les pierres de la veſſie,ou en autre tet pierres partie du corpsar:racher vne dent pourrie,ou ſuperfluë; vne ongle entrant en la chair,couper vne portion s'engendrent de la vule trop relachée, ou vne partie dè la palpebre de l'œil , abbatre vne cataracte : amputer l'ombilic en §utes les des enfans nouuellement nez, ou le prepuce,ou les prerigomates des parties genitales des femmes, ou les parties du nymphes; c'eſt à dire, caruncules ſortantes hors la nature des femmes. - corps. C Auſſi extraireles choſes eſtranges qui ſont entrées dedans les yeux,qui ſe fera en renuerſant les paupie- .. cboſes res auec le queue d'vne eſprouuette, puis tirer tout ce qui eſt eſtrange auec petites pincettes, ou autres eſtranges. choſes propres à ce faire:s'il y a du plus entre la cornée, & l'vuée, ſera vacué par inciſion:la cataracte ſera § yeux. abbatue par l'eſguille, comme ſera dit cy-apres. Les choſes qui peuuent eſtre entrées aux oreilles ſont diuerſes , comme petites pierretes, dragées de oreilles. plomb,& autre petit corps qui ne s'enfle point par l'humidité des excremens contenus aux oreilles:& pour les tirer il faut mettre de l'huile dedans, fermer le nez & la bouche , & faire eſternuer le malade auecvn ſternutatoire : & ſi on ne le peut faire par ce moyen, il faut eſſayer à les tirer auec vn cure-oreille, petites pincettes,ou crochet:& ſi c'eſt vne petite balle de plomb, ſera tirée auec vn tire-balle ; figurée aux playes des harquebuzes. Ce que i'ay fait,à cauſe que la pointe du tire-balle s'inſere dedans le plomb. Les anciens commandent de faire pancher la teſte du patient ſur vne planche, (quand il eſt grandelet) A 3 & luy () Le premier Liure de Du nez . T)e la bou- che. Hiſtoire. De la verge . Hiſtoire. 7)u col de la matrice. Du fiege. & luy attacher la teſte bien-ſerrée, puis eſleuant l'endroit de la planche où la teſte eſt attachée, la laiſſer A , tomber à plomb.Quant à moy,ie ne ſuis dc cét aduis,parce que par la grande commotion,& esbranlement du cerueau, les veines,arteres,& fibres nerueux qui entrent, & ſortent par le crane, ſe pourroient rompre, & le ſangeſtant hors de ſon vaiſſeau ſe pourriroit, & par conſequent la mort s'enſuyuroit. Si ce ſont des noyaux § ceriſes, poix, feves, & autres graines ſemblables, il les faut tirer le pluſtoſt qu'il ſera poſſible, auant qu'elles s'enflent par l'humidité contenue aux oreilles. Car depuis qu'elles ſont enfiées & germées, elles font grande douleur par leur extenſion , & ne peuuent plus eſtre tirées entieres, & partant les faut rompre en petites pieces : & apres les auoir tirées, on appliquera aux oreilles de l'huile roſat , moyeux d'œuf, & autre choſe qu'on verra eſtre de beſoin. Si quelques petites beſtioles y ſont entrées , comme perce-oreilles , puces , ou autres ſemblables, on mettra en l'oreille de l'huile, & du vinaigre, qui toſt apres les fera mourir. - S'il ya quelque corps eſtrange entré dedans le nez, s'il n'y a moyen de le tirerauec pincettes, qu'autre- ment on eſt quelquesfois contraint faire inciſion en long, afin de tirer dehors ce qui ſera entré dedans. Il y a pluſieurs choſes qui peuuent eſtre entrées en la gorge,comme areſtes de poiſſon,petitsofſelets, vn dé, vne piece d'or , ou d'argent , vne eſguille, ou eſpingle, leſquelles tiennent en la gorge, & ne peuuent eſtre tirées, ny auallées.Si on les peut voir la bouche ouuerte,quelquesfois aisément on les peut tirer auec pincettes, ou bec de corbin : ſi elles ſont ſi auant qu'on ne les puiſſe voir, il faut faire vomir le patient, luy faiſant mettre les doigts profondement en † : ſi par ce moyen on ne peut rien faire, il faut faire aual- ler quelque morceau de mie de pain tendre ſans macher, ou des figues retournées. Autres attachent vn morceau d éponge, barboüillée de terebentine, ou de quelque ſyrop,ou vn morceau de poulmon de veau, ou de mouton cru, attaché bien dextremènt à vn filet double , & fort, & le font aualler , puis le retirent en haut. - Si c'eſt vn morceau de pain, ou de chair, il faut faire comme ie fis à l'vn des ſeruiteurs de Henry Hazard Me Tailleur d'abits, demeurant ſur le pont S. Michel. L'hiſtoire eſt telle : Ils eſtoient ſix ſeruitcurs, leſ- quels ſe delibererent de faire vn bon deſieuner, & ſe cottiſerent de chacun vn liard pour employer à auoir des trippes, tous ce mirent en deuoir de bien eſcrimer de la dentivn d'entre eux print vn morceau de gros boyau cullier, l'ayant mis en ſa bouche, il luy tardoit qu'il ne fût en ſon eſtomac, il l'auala ſans macher pour retourner au reſte : ce morceau luy demeura au milieu de la gorge, & ne peut paſſer; qui luy cauſa vne tres-grande difficulté de reſpirer, & tomba comme epileptique, jettant le ſang par la bouche, par le nez, & oreilles, le viſage tout liuide, & noir; de façon qu'on eſtimoit que le pauure goulu mourroit de ce morceau de trippe. Ie fus enuoyé querir, & ſçachant la cauſe de ſonmal, ie le fis leuer, & mettre en vne chaire , & prins vn porreau, luy ayant coupé la teſte, & deſpoüillé de deux robbes, luy ouuris la bouche auec vn ſpeculum oris, & pouſſay le porreau bien profondement en la gorge aſſez violentement,& le frap- pay de la main entre les deux eſpaules, ſi bien que le morceau tomba en l'eſtomach. Et eſtant hors de ce danger, promptement jetta ſa veue ſur le plat où eſtoient les trippes,il ſe print à crier contre ſes compa- gnons,qu'ils auoient tout mangé ſans luy,diſant qu'il falloit qu'ils luy rendiſſent ſon argent.Alors Me Hen- ry ſon maiſtre,voyant qu'au lieu de rendre graces à Dieu de l'auoir tiré du peril de ſuffocation,& de mort, au contraire il crioit à la trippe,tout à l'heure luy paya ſes gages,& luy donna ſon congé,luy diſant.Adieu goulu. Et depuis entre les compagnons Tailleurs de cette ville,a eſtétoufiours appellé goulu,& par deſpit s'en eſt retourné en ſon pays,qui n'eſt pas grande perte pour Paris. Ceſte hiſtoire pourra ſeruir au ieune Chirurgien pour ſecourir quelqu'vn en casſemblable.Si quelqu'vn auoitauallé vne ſangſuë,& ſe fuſtatta- C chée à la gorge,ou à l'eſtomach,on luy doit donner à boire de l'huile,ou du vinaigre,& elle ſe detachera. Les choſes eſtranges qui peuuent entrer en la verge, ſont ees choſes que i'ay veües : Vn iourie mis vne petite ſonde de plomb de la longueur d'vn doigt,en la verge d'vn grand Seigneur,pour quelque indiſpoſitió qu'il auoit:trois heures apres elle eſtoit entrée iuſques pres le ſiege;& n'euſt eſté que ie l'auois vn peu rem- ployée par le bout,afin de la mieux retirer,ie croy qu'elle fuſt entrée en la veſſie:& fut auec peine que ie la retiray,en preſſant,& en la repouſſant doucement a l'extremité de la verge.Si on ne me veut croire que la veſſie attire à ſoy les choſes eſtranges, ie les renuoyray à Collo, qui trouua à vn nommé Tire-vit, vne aiguille enueloppée en vne pierre apres la luy auoir tirée , & par excellence me la donnée , que ie garde par admiration. Cette aiguille auoit eſté fichée par Tire-vit au bout d'vn petit baſton, qu'il mit en ſa verge pour repouſſer vne petite pierre qui eſtoit deſcenduë au conduit de l'vrine,& s'eſtant ladite aiguille depar- tie d'vn baſton, laveſſie la tira à ſoy, & par ſucceſſion de temps fut enueloppée de la matiere pierreuſe. Si au col de la matrice d'vne femme on auoit appliqué vn peſſaire,& qu'ellene le peut retirer,il faudroit appliquer le ſpeculum Matricis, & le tirer auec vn inſtrument, nommé bec de corbin, ou pied de griffon, de peur qu'il ne ſe pourriſt là dedans, ou engardaſt la femme de conceuoir. Et quant à extraire l'enfant mort,ou vif,ou l'arrierefaix, ou vne mole;on trouuera cy-apres les moyens bien au long au liure de la generation. Et auſſi pour extraire les choſes eſtranges, comme balles, fleſches, & dards,& autres choſes cela ſe dira cy apres aux playes faictes par harquebuzes. Or quant au ſiege, ſouuent on a veu les clyſteres , & ſuppoſitoires eſtre rendus par la bouche, qui eſt choſe fort eſtrange. Exemple de remettre en ſaplace ce qui eſt ſorty. CH A P. III. # O M M E reduire les os luxez, les inteſtins & omenton tombez en la bourſe, ou hors le nombril, $à ou par vne playe faicte au ventre, auſſi la matrice relaſchée, ou le bras , & jambe d'vn enfant ſorty hors la matrice, afin que plus facilement l'enfant ſoit jetté hors d'icelle, ou le gros boyau hors du ſiege, & le prepuce qui ſeroit renuersé au deſſus du glan, ou l'œil eſtant trop eminent hors de ſon orbite. Exemple de ſeparer le continu. Comme ſeparer les doigts vnis enſemble, ou autres parties , vice qui aduient par le defaut de la vertu formatrice , ou par accident, comme par bruſleure , playe , ou autrement. Auſſi couper l'hymen, ou vne cicatrice faicte au conduit de la femme : couper le filet qui eſt ſous la langue, qui empeſche les enfans de teter, & parler,ou celuy de la verge qui empeſche que le prepuce ne ſoit deſcouuert:couper vne veine va- riſqueuſe , ou vne (artere) qui cauſe vne aneuriſme, ou vn nerf, ou tendon à demy coupé faiſant ſpaſme: trancher quelque membrane qui eſtoupe le conduit de l'oreille, yeux,nez, bouche,ou ſiege:inciſer la teſte & ventre d'vn enfant mort au ventre de la mere, pour vuider les ventoſitez, & aquoſitez, & autres excre- mens, afin que l'on le puiſſe apres plus librement extraire : ſeparer les palpebres des yeux:couper le cuir muſculeux,& Pericrane qui couure le teſt,& trepaner, afin d'oſter les os qui compriment & picquent les meningessouvacuer le ſang tombé ſur icelles, ou quelques aquoſitez, ou hydrocephales:ouurir vne femme I'CCCIltCIIlent l'Introduction à la Chirurgie. 7 A recentement morte pour ſauuer l'enfant eſtant encore viuant : ouurir les apoſtemes pour vacuer les hu- meurs,& autre choſe eſtrange contenue en icelles:appliquer des cauteres,tant actuels que potentiels pour curer les nodus, caries, & alteration des os, ou faire ouuerture, ou vlcere pour diuettir, & tirer l'hu- meur au dehors,comme par ruiſſeaux, outuyaux:ainſi que l'on fait au derriere du col, pour diuertir l'hu- meur qui flue ſur les yeux,auſſi ſont appliquez aux bras,& jambes,& autres parties pour diuertir la fluxion qui ſe fait aux poulmons & jointures des genoux:phlebotomie,application de ſangſue,ventouſes auec ſcari- fications pour faire vacuation, deriuation,& reuulfion des humeurs ſuperflus coulans ſur quelque partie. Picquer les boyaux eſtans ſortis hors du ventre par vne playe,pour vacuer les vents qui engardent eſtre re- duits : Vice des os;on perce les os, ratiſſe, ſcie, lime, coupe : On les perce entrepanant le teſt,ou les co- ſtes,aux hvdropiques, thauraciſque, où l'eau eſt contenuë au thorax,& les os noirs, pourris, & vermolus. On ſcie les dents ebrechées, noires,& pourries : auſſi les cartilages vermolus. Exemple de ioindre le ſeparé. - Comme reünir les playes par le benefice des couſtures, compreſſes, & ligatures; repos, & ſituation bonne de la partie:reduire les fractures:lier vne veine, ou artere pour arreſter vn fiux de ſang, rejoindre les levres fenduës, dites bec de lievre, curer les vlceres, & fiſtules, Exemple d'adiouſter ce qui defaut de nature , ou par accident. . Comme adiouſter vne oreille,vn œil,vn nez,vne, ou pluſieurs dents, vne platine d'or, ou d'argent , ou vne tente pour eſtoupper quelque trou du palais, à cauſe que la verolle auroit corrodé, ou corrompu l'os; de façon,que le malade ne pourroit eſtre entendu par ſa parole, ſans ayde de ces moyens;vne langue artifi- cielle en defaut d'vne portion qui auroit eſté coupée à quelque perſonne ; à vne main, vn bras, vne jambe, vn corps de fer, vn pourpoint contrepointé, afin de tenir le corps droit & menu, vn ſoulier releué à vne perſonne boiteuſe, vn chauſſon attaché d'vne liſiere à la ceinture,pour faire marcher vne perſonne droict: toutes leſquelles operations ſerontamplement deduites ence preſent œuure,Or telles operations à la veri- té ne ſe peuuent accomplir ſans douleur:car comme ſeroit-il poſſible de couper vn bras,ou vne jambe,cou- per & dilacerer le col de la veſſie,& y mettre pluſieurs inſtruments ſans vne extreme douleur?Auſſi reduire vne luxation,où il faut tenir,tirer, & pouſſer la partie qui eſt ja eſpriſe de douleur ? ouurir les apoſtemes, paracheuer de couper vn nerf, ou tendon à demy coupez, faire poincts d'eſguille, couſant la chair pour reünir les levres des playes,appliquer fers ardans & bruſlans,tirer vn enfant mort,& pourry hors le ventre de la mere,& autres œuures,leſquelles iamais ne ſe peuuent faire ſans grandes,& ſouuent extremes dou- leurs:& toutesfois ſans layde du Chirurgien,en tel cas,on meurtſubitement,ou miſerablement en languiſ- ſant. Et faiſant telles œuures, faut-il pour cela appeller les Chirurgiens, cruels & inhumains,& les auoir en , horreur ou leur faire ainſi que le peuple Romain fit jadis à Arcabuto,l'vn des premiers Chirurgiens que les Arcabuto Romains receurent en leur Republique,ainfi que Sextus Cheronée, nepueu de Plutarque raconte. Iceluy, premier chi- pource qu'il coupoit bras,& jambes,& faiſoit autres œuures cy-deſſus mêtionnées,fut en telle horreur au rurgien à peuple de Rome,qu'il fut tiré de ſa maiſon,& lapidé au champ de Mars. O quelle ingratitude,d'auoir e m- Rome. ployé tout ſon bien,eſprit,& temps pour apprendre ſon art,& en l'exerçant eſtre ainſi maſſacré,& tué ! Or jaçoit que le peuple ſemblaſt auoir quelque couleur en ce faict, ſieſt-ce qu'il ne fuſt aduoüé du Senat,qui ne pouuantautrement reparervne fi grande faute,& meſcognoiſſance de cette populace (laquelle ſouuent eſt inconfiderée en ſes faits) pour recognoiſtre les ſeruices & perfections d'iceluy, luy fit eriger pourper- petuelle memoire vne ſtatuë d'or, qui § posée au Temple d'Eſculape. Or quant à moy,ie ſuis de I'aduis C de Celſe,qui admoneſte le Chirurgien d'eſtre aſſeuré en ſes œuures, & non piteux , & craintifs en ſorte, sentente de que quand ilopere de ſes mains,il ne ſoit pour la clameur du malade, ny moins des aſſiſtans, retardé plus Celſe. qu'il n'eſt de beſoin, & qu'il ne ſe haſte point plus qu'il faut : mais qu'il accompliſſe ſon œuure, ſans auoir eſgardau dire de ceux qui par leur ignorance meſpriſent le Chirurgien : car on dit en commun prouerbe, prouerbe que le Chirurgien ayant la face piteuſe, rend à ſon malade la playe venimeuſe. C0//0/77/41/• Vtilitex der C4l41C7C54 La Chirurgie ne ſe pcut faire ſans douleur. - Des choſes maturelles. C H A P. IV. Mg O v R deuëment accomplir les ſuſdites operations, & methodiquement curer les maladies, le #Chirurgien rationel doit,auant toutes choſes, auoir certaines indications & enſeignemens de ce , qu'il doit faire : autrement il ſeroit Empirique , deſtitué de toute raiſon , faiſant ſes operations Neceſſité det au hazard, & à l'aduanture, pluſtoſt qu'auec vne ferme aſſeurance , fondée en bonne ſcience, du tout infaillible, qui neveut que l'on procede en aucune guariſon, que par la conduitte des indications methodiques, leſquelles ſont generalement priſes des choſes naturelles,non naturelles, & contre natures enſemble de leurs annexes,qui ſont les trois poincts contenans en ſomme toute la Chirurgie, ainſi que ſa- gement les ont inuentez nos anciens autheurs,gens de bon eſprit : à cette cauſe nºus deduirons toute la contemplation & theorique de noſtre art, ſuiuant cét ordre. Or les choſes naturelles ont eſté ainſi nom- ourquoy le» mée, à cauſe qu'ellesdeclarent & contiennent la nature du corps humain, qui depend de la commixtion ººſºº ºtº & temperature de quatre premiers elemens, ainſi que l'a bien décrit Hippocrate en ſon liure de la nature º ſºnt humaine; & pourtant la conſiderationd'icelles appartient à lapremiere partie de Medecine,dite Phyſiolo-ainſ nom- gie,comme contemplation des choſes non naturelles appartient à la ſeconde, qui ſe nomme Hygtaine , ou méeº. Diaitetique,à cauſe qu'elle taſche à garder la ſanté parl'vſage raiſonnable de telles choſes ne Plus ne moins que l'intelligence des choſes dictes contre nature eſt deue à la troiſieſme, nommée Therapeutique : c'eſt à deci dire,curatiue des maladies & autres affections, quil'offencent & la bleſſent. Or ces choſes naturelles ont Mººººº** indications. Parties de cfté reduittes en nombre de ſept, ſans leurs annexes, ſçauoir eſt: - rElemens , ſL'aage, - | Temperaments , | i Le ſexe , - # Humeurs , # Et leurs annexes, l La couleur, - Les4 Parties, ou membres, > qui ſont, { La commoderation, | Facultez , | . | Le temps, ! Actions , ! : La region, - LEſprits. J l L'art, & maniere de viure. Des Elemens. C H A P. V. - # L E M E N T, ainſi que communément eſt pris en la Medecine , & que le definit Galien au liure Que c'eſt , des Elemens, eſt la tres-ſimple & moindre portion de la choſe qu il conſtitué, & à ſimplement q Elemens & abſolument parler, Elemens ſont appellez les quatre corps fimples,ſçauoir eſt , le feu, l'air, l'eau, & la A 4 tcTIC » - 8 Le premier Liure de terre, qui ſont la matiere de tous les corps naturels, mixtes, parfaicts, ou impaafaicts,eſtans ſous la cºnca-A uité du ciel,ſelon l'opinion des bons Philoſophes naturels.Tels elemens ſont ſeulemêt cogneus par l eſprit, $uels ſont § par aucun ſens exterieur toutesfois Hippocrates laiſſant les propres noms des ſubſtances d'iceux,les a les clemens voulu plus facilement declarer par leurs qualitez,diſant,chaud,froid,humide,& ſec,à raiſon qu'en chacun ſelon Hippº- des elemens il y a vne de ces qualitez qui luy eſt propre,eſſentielle,& domine non ſenlement ſelon toute ſa c74f6J, latitude,mais auſſi ſelon ſa force entiere d'agir,laquelle eſt accompagnée d'vne autre,qui vrayementeſtauſſi exceſſiue,& en ſouuerain degré comme l'autre en chacun element,nó pas en ſouueraine vertu d'operer,com- En cbaqu-medit Galien au premier liure des Elemens. Comme par exemple,en l'air nous remarquons deux qualitez, element, il y chaleur, & humidité,toutes deux exceſſiues,autant chaleur qu'humidité.Pourquoy donc (dira quelqu yn) §x qu - la chaleur en l'air n'opere-elle Pas auſſi exceſſiuement comme au feu ? Pource que (comme nous auons ditJ litex, l'vne bien que la chaleur ſoit exceſſiue en l air ſelon ſon eſſence, latitude, & degré, auſſi bien qu elle eſt en l ele- ment du feu,toutesfois elle ne l'eſt pas ſelon ſa vertu d'agir, & operer. La raiſon eſt, qu'icelle vertud'eſ- enſuit plus la chaufferen l'air eſt empeſchée, & comme bridée par la qualité qui luy eſt compagne ; ſçauoir, l'humidité, § laquelle habete la vertu d'eſchauffer,comme au contraire la ſiccité l'aiguiſe.Donc les quatre elemens ſont «hoſe & l'au tellement qualifiez , que intenſe, qui tre remiſe, qui n'eſt de 2Noms des ſubſtances. 9ualitez premieres. #º Le feu, Chaud, & ſec , 4 Cl /01/• L'air , Humide, & chaud, B L'eau, eſt Froide, & humide , La terre. Seiche, & froide. Or ces Elemens en la compoſition des corps naturels retiennent leurs qualitez telles qu'auparauant, ſinon qu'elles ſont remiſes & adoucies, à raiſon de la contrarieté qui eſt eſdictes qualitez : & au reſte par tout entr'eux ſi bien mixtionnez, qu'il ne demeure rien ſimple ou Pur , non plus qu'en la compoſition de Mixtion des l'emplaſtre dicte Diachalcitheos,il n'eſt poſſible monſtrer huile,axunge,litharge,& chalcitis à part, entant elemen5. petite quantité que ce ſoit,tant ces quatre corps ſont bien meſlez & amaſſez auec la chaleur qui les aſſéble ainſi. Telle mixtion des quatre Elemens pourra eſtre cognuë par la reſolution d'iceux, faicte au bois verd Exemple de bruſlant : car la flambe nous repreſente le feu, la fumée l'air, l'humidité qui reſude dudit bois reſſemble à pouuoir voir l'eau,& la cendre à la terre. Par tel exemple tant ſenſible,il eſt facile à imaginer la diſſolution qui eſt vraye les elemens. corruption de ſubſtance:& au contraire , l'amas & vnion d'iceux telle, que rien ne demeure ſimple, autre- ment iamais ne ſe feroitgeneration : car ſi la chaleur qui eſt au feu extreme, demeuroit telle au corps,elle le corromproit:tout ainſi de la frigidité,humidité,& ſiccité.Iaçoit que deux d'icelles qualitez ſoient dictes actiues,à cauſe qu'elles ont plus grande force que les autres,qui ſont chaleur & froideur:& les autres paſ- ſiuesà, raiſon que leurs vertus ne ſont de tant grande efficace que les autres, & pour la plufpart ſont touſ- iours plus tardiues à leurs effects.De telle mixtion des ſubſtances,& qualitez des Elemens viennent les tem- peramens & complexions des corps,qui eſt la principale cauſe qui nous contraint d'eſtre tant curieux de la cognoiſſance des Elemens.Les vertus & effects d'icelles qualitez ie delaiſſeray à plus haute contemplation, pour declarer que de ces quatre premieres qualitez(ainſiappellées,pource qu'elles conuiennent premiere- ment & efſentiellement aux quatre premiers corps & Elemens)en prouiennent d'autres,comme par conſe- quence,leſquelles pour ceſte cauſe ſont appellées qualitez ſecondes,ſçauoir, legeteté, & grauité, diuiſées C auſſi par les quatre Elemens, ſelon qu'ils ſemblent plus participer de chaleur, froideur, ſiccité:ou humidi- té:car deux d'iceux Elemens ſont legers, à cauſe qu'ils montent touſiours en haut:deux peſans,à cauſe que leur propre eſt de deſcendre en bas,comme l'on void.Le feu tres-leger qui eſt le plus haut.L'airleger eſtant - au deſſous du feu. L'eau peſante miſe ſous l'air. La terre tres-peſante miſe & conſtituée au plus bas. 9gels ſont A ceſte cauſe les corps ou parties legeres retiennent les Elemens legers, les peſantes au contraire. Tels les elemens ſont les Elemens du monde, cogneus ſeulement de l'eſprit : toutesfois il y a vne autre difference d'element de noſtre g prouenant de la commixtion des premiers ſuſdicts, comme Elemens de generation, & Elemens de noſtre ne ration. corps : leſquels certainement ſont † ſenſibles que les premiers : qui eſt la cauſe pourquoy Hippocrates en ſon liure de la Nature de l'homme, les a incontinent declarez , apres auoir traicté du chaud , froid, fec, & humide. Les Elemens de noſtre generation, & de toutes les beſtes ayans ſang, ſont la ſemence & le ſang Elemens de menſtruel. Les Elemens de noſtre corps ſont les parties ſolides & ſimilaires , faictes & produictes des Ele- noſtre corps. mens de generation : tels ſont les os, membranes, ligamens, veines, arteres , & autres, deſquelles dirons cy-apres en l'Anatomie:qui ſont faciles à cognoiſtre, à cauſe qu'ils ſe repreſentent au ſens de la veuë. - Des Temperamens. C H A P. V I. ZDefinition - -- E M P E R A M E N T ou complexion , eſt vne confuſion ou meſlange de chaud, froid , ſec de tempera- humide. Autres diſent que c'eſt vne harmonie & accord des quatre ſimples qualitez ele- /776/7f. 42) mentaires , à ſçauoir , chaleur, froideur, humidité &ſiccité, leſquelles ſont entre elles di- #%$ rectement contraires : cét accord & conſentement vient de ladite confuſion & meſlange de D quatre premiers Elemens de l'vniuerſel monde, qui ſont le feu, l'air, l'eau, & la terre. Ceſte harmonie, qui des Grecs eſt auſſi autrement nommée craſis , eſt l'ametant des beſtes brutes que des plan- t es, laquelle comme eftant leur forme eſſentiele, leur donne eſtre, & vie. Mais comme les plantes ſont in- ferieures en excellence & vertu aux beſtes , ainſi leur ame eſt beaucoup plus imparfaicte & de moindre vert u & efficace : car elle eſt ſeulement vegetatiue, c'eſt à dire, qu'elle leur donne force & vertu de ſucce- der & prendre leur nourriture de leur mere la terre,pour entretenir leur eſtre & vie,& auſſi de croiſtre iuſ- ques à vn certain but & grandéur limitée de nature, & puis ſinalement d'engendrer ſemence pour l'entre- , tenement de leur eſpece. Mais celles des beſtes brutes , outre ces trois operations vegetatiues, à ſçauoir, attirer leur nourriture, croiſtre, engendrer ſemence , leur donne ſentiment & cognoiſſance interieure & exterieure,& de toutes les choſes qui leur nuiſent & portent profit à l'entretenement de leurvie,& auſſi de Excellence ſe mouuoir volontairement d'vn lieu a autre, ſelon leur appetit ſenſuel. Or celle de l'homme ſurpaſſant en de ſ'ame de nobleſſe & perfection toutes les autres, ne procede point de ceſte harmonie & accord des quatre Elemens, l'homme. comme il ſera cy-apres declaré. L'on diuiſe le temperament en deux premieres differences : car ou il eſt remperamët temperé ou intemperé. L'intemperé eſt de deux ſortes , d'autant qu'il y a deux manieres d'intemperature: •ſ double. la premiere eſtvicieuſe,& l'autre excede bien de vray la mediocrité de la temperature:mais elle eſt encore d edans les limites de ſanté,comme celle qui n'offence pas lesactions trop euidemment, mais ſeulement eſt cauſe qu'elles ne ſont point fi deuement & parfaictement faictes comme par la temperature temperée. Mais l'Introduction à la Chirurgie. 9 A Mais la vicieuſe empeſche du tout les operatiósice qu'elle fait en trois façons,ſçauoir eſt, les affoibliſſant, - les deprauant, ou du tout les aboliſſant.Ainſi la ſtupeur debilite & rend le mouuement plus tardif qu'il ne doit : la conuulſion le depraue : la Paralyſie l'oſte & l abolit entierement Le tempºrament tempere eſt auſſi Le tempera- de deux ſortes : car il eſt tel, ou au Poids & egalite , ou à iuſtice. Le tempere au poids (que l'on appelle ment ad «a pendu ) eſt celuy qui a egales Portions & meſures des Elemenssde ſorte que nulle qualité paſſe l autre, pondus, ains eſt exactement mis enmediocrité des quatre qualitez. - Telle eſt la peau Interieure des extremtez des doigts d'vn homme temperé à iuſtice : car le ſens du tact, qui principalement conſiſte CIl telle partie,& y eſt le plus exact,doit eſtre ſans aucun excez des qualitez : autrement il n'euſt ſceu faire bon 1ugement, ny eſtre certain de chaleur,froideur humidité & ficcité. or telle temperature aduient à telle partie, dautant qu el- le eſt compoſée de chair qui eſt chaude & humide , & de tendons froids & ſecs : toutes leſquelles parties . meſlées enſemble, font la partie ainſi temperée.Ainſi l'oeil qui eſt inſtrument de la veue pour diſcerner les couleurs, a eſté fait fans aucune apparence de certaine couleur:l ouye ſemblablement n'a eſté d'oüée d'au- cun ſon diſtinct,pour auoir plus certaine cognoiſſance desſons la langue auſſi pour bien iuger des ſaueurs, n'a receu aucune ſaueur de ſon propre naturel. Le temperé à iuſtice eſt celuy qui n'a égale ny pareille por- tion des Elemens, ains de telle proportion & meſure deſdictes qualitez à celle qui eſt conuenable à bien & deuement exercer les actions de tout le corps ainſi temperé : & tel temperament eſt cogneu Par la bonté & perfection deſdictes actions. Il eſt ainſi nommé, d'autant que tout de meſme que la iuſtice diſtribue la re- compenſe & la peine,ainſi qu'il appartient, ſelon la dignité & lemerite d'vn chacun : auſü nature faiſant 3 chacune partie de noſtre corps ſelon la nature & excellence , a baillé vn tel temperament qui ſuffiſe à faire ſes actions tres-parfaictes : comme pour exemple l'os eſt conſtitué & compoſé des quatre Elemens COIIlInC B les autres parties ſimilaires mais toutesfois nature ayanteſgard à l'yſage de l'os qui eſt de ſouſtenir & porter, y a mis dauantage de l'element ſec, qui eſt la terre, que d'autre," fin qu'il fuſt plus dur & ſtable. Le liga- ment qui ne deuoit auoir tel vſage,a eumoindre partie de l'element ſec que l os : toutesfois pour le regard . de ſon vſage , il en a receu dauantage que la chair, ou autre telle partie. Ainſi a eſté gardée vne louable Le tempera- diſtribution & proportion des Elemens à chacune partie, ſelon ce qu'il luy appartient , que nous appellons ment à inſtis temperament à † Es plantes, beſtes & autres corps naturels,tel temperament ſe trouue, quand pour ºe-. leurs actions ils ont telle meſure & proportion qu'il appartient à leur nature. Par comparaiſon,au tempera- ment de iuſtice nous auons huict differences des temperamens intemperez, ſçauoir eſt, Chaud, dité Froid,-- 4 temperez en humidité, & ſiccité. Quatre ſimples°5§de, - Scc. « temperez en chaleur & froideur, Leſquels temperamens ſont, ou de tout le corps, ou d'vne ſprincipale , comme Cdu Cerueau. du Cœur. du Foye. des Teſticules. Unon principale, comme de toutes les parties du corps. Et iceux temperamens ſont dicts ſains ou ſalubres, quand ils ſuffiſent à bien exercer les actions ; ou ma- Iadifs quand ils defaillent grandement à l'exercice de quelque actiqn. C Les fignes de tels temperaments ſont deſcrits par Galien au z.liure des Temperamens,& au liure de arte Comment Medecinali. Et faut icy noter, quand nous diſons vn corps ou partie chaude, qu'il faut entendre plus chaude vne partie , que la temperée à iuſtice de meſme eſpece : comme quand nous diſons qu'vn homme a le foye chaud,faut eſt diéte , entendre qu'il l'a plus chaud quen'eſt celuy de l'homme temperé à iuſtice : car à tel corps faut reduire & chaude, on rapporter tout temperament,ſoit du corps entier, ſoit d'vne partie, auquel en la curation des maladies faut frºiºº Principalement auoir eſgard : car il doit eſtre gardé par ſon ſemblable , comme nous dirons cy-apres. Et Pour autant qu'il eſt tres-neceſſaire entendre la diſtinction des temperamens, ie deſcriray briefuement les temperatures des parties du corps, desaages, des parties de l'an, des humeurs,& des medicamens. Des parties de noſtre corps ſelon le iugement non ſeulement du tact de la main de l'homme temperé à Les tempe- iuſtice(qui ſouuent eſt trompé par la chaleur fluente,qui eſpanduë par tout le corps, faict qu'à l'attouche- ramens dºs ment toutes les parties du corps ſemblent chaudes)mais d'auantage ſelon la raiſon,compoſition,& ſubſtan- Pº de » partie ce d'icelles parties eſt tel. \ - meſtre corps L'os tres-ſecs & tres-froid. Galien 1. li- Le cartilage moins que l'os. - ure des tem- Le ligament moins que le cartilage. - peramens. Le tendon moins que le ligament. Le tendon plus froid, & ſec que la membrane. La membrane plus que l'arterere & veine. En apres ſont mis les nerfs durs : car les mols tiennent mediocrité en l'humidité & ſiccité, comme la Les parties peau : combien que tous, tant mols & ſenſitifs que durs & motifs, ſont froids. Toutes leſquelles parties du corps ſan* D ſont froides & exangues de la nature,toutesfois les veines & arteres ſont chaudes à raiſon du ſang qu'elles gaine . contiennent lequel ſang toutesfois prend ſa chaleur du cœur,qui eſt de toutes les parties du corps le plus ſanguin,& le plus chaud, & plus mol que la peau : le foye ſuit apres en l'ordre des parties chaudes, plus mol beaucoup que la peau.Car ſi de l'opinion de Galien à la fin du premier liure des temperamens,le cœur cſtvn peu moins dur que la peau, & que le cœur ſoit plus dur que le foye,comme il appert par l'attouche- ment, il faut que le foye ſoit beaucoup plus mol que la peau : i'entens la peau ſimple, ſans comprendre la chair qui au deſſous luy eſt adherante. La chair eſt plus humide & chaude que la peau, à cauſe du ſang. Lamoelle de l'eſpine du dos eſt plus froide & humide que la peau : le cerueau plus humide qu'icelle, & la greſſe encores dauantage que le cerueau. Les poulmons ſont moins humides que la greſſe, tout ainſi que la chair de la ratte,& des reins. Toutes leſquelles parties ſont plus humides que la peau. Selon les aages, la temperature tant du corps,que des parties,ſe change. Qu'il ſoit vray,l'os eſt plus dur,ſec & froid en vieil- leſſe qu'en ieuneſſe ou puerilité,d'autant que la vie de l'homme tend toufiours à ſiccité:laquelle eſtant ex- treme en vn corps, cauſe la mort : qui eſt la raiſon pour laquelle il faut parler des temperamens des aages, aPres auoir Premierement expliqué par definition que c'eſt qu'aage. | O Le premier Liure de -- #- • -©- - - - - A De l' Aage ». C H A p. V I I. a 'Aage donc eſt vn cours ou eſpace de la vie , par lequel la conſtitution & temperature du $ corps ſe change euidemment de ſoy-meſme, & ſans furuenue d'aucun accident. Or nous di- # uiſerons les aages en quatre, à ſçauoir, Puerilité ; Adoleſcence, Ieuneſſe ou Virilité, Vieil- # leſſe. La puerilité, qui commence depuis la naiſſance de l'enfant, & dure juſques à dixhuict - ans, eſt de temperature chaude & humide, pour eſtre fort prochaine des principes de noſtre Adeleſcen generation , ſçauoir ſang & ſemence , qui de leur temperature ſont chauds & humides. L'adoleſcence qui ſ º . commence depuis dixhuict ans, iuſques à vingt & cinq, eſt la temperée & moyenne entre tous excez. La leuneſſe. ieuneſſe ou virilité eſt priſe depuis vingt-cinq ans iuſques à trente cinq. Tel aage eſt chaud & ſec de ſon propre temperament : partant la chaleur du corps eſt fort acre & mordante,qui en la puerilité eſtoit douce Vieilleſſe. & amiable, à raiſon de l'humidité du corps, qui puisapresa eſté deſſeichée. Vieilleſſe eſt diuiſée en deux parties:la premiere dure depuis trente-cinq ans iuſques à quarante-neuf : auquel aage les hommes ſont Gal. lit. 1. appellez en Latin, senes , c'eſt à dire vieils, La ſeconde partie de vieilleſſe, ſelon Galien eſt diſtribuée en Aph. 18. trois degrez : Le premier eſt, quand les hommes ont encore la vertu virile pour vacquer aux negoces ciuiles:ce que ne peuuent faire ceux du ſecond degré,pour l'imbellicité de leurs vertus. Ceux qui ſont au tiers degré ſont vexez d'extremes imbellicitez & angoiſſes,impotens tant du corps que des eſprits:ils ſont recourbez,idiots,& retournez en enfance, & ſont du tout inutiles, deſquels eſt dit, Bu pueri ſeues. Ceux du premier degré ſont ioyeux,& encore vertueux, on les appelle communément, veras vieillards : les ſeconds Pourquoy ne demandent que la table,& le lict, & les derniers que la foſſe. or en vieilleſſe les hommes ſont froids la vieilleſſe & ſecs, iuſques aux parties ſolides, pour la conſomption de l'humidité ſubſtantifique ou radicale, proue- eſt froide & nant de la multitude des ans : ce qui peut auſſi aduenir par maladie febrile. Mais ſi quelques-vns vouloient ſeiche. dire, que l'homme vieil ſouuent mouche & crache grande abondance d'humidité, ie leur reſpondray que le vieillard ne doit pour ce eſtre dit humide : car (comme dit quelque bon Docteur) vne bouteille pleine , d'eau rend grand liqueur de ſa concauité, neantmoins elle a le corps ſec:ainſi le vieillatd eſt humide d'ex- cremens, par faute de chaleur naturelle. Toutesfois ne faut tant aſtraindre ces deſcriptions des aages, qu'il les faille touſiours definir par les ans,veu qu'aucuns ſont plus vieils en l'aage de quarante ans,que les Pythagoras. autres à cinquante. Et pour le dire en bref : le grand Philoſophe Pythagoras diuiſe la vie des hommes en quatre aages,la comparant aux quatre temps de l'année:diſant que l'enfance eſt le Printemps auquel toutes choſes ſont en fleur, commencent à croiſtre & augmenter. 1 a ieuneſſe eſt comparée à l'Eſté, pour la force & vertu que les hommes ont en cétaage.L'aage viril eſt comparé à l'Autône, pource qu'en cét aage l'hom- me a l'experience,eſt meur,& de bon conſeil, auec cognoiſſance certaine de pluſieurs choſes.La vieilleſſe eſt comparée à l'Hyuer, temps ſans fruict , ennuieux , & qui n'a le bien d'aucun fruict, ſinon qu'ils ſoient procedez d'autre temps. Or quant à l'aage caduque & decrepite, qui dure iuſques à quatre vingts ans,eſt froide, ſeiche,& melancholique, tellement que ceux qui paruiennent iuſques à icelle, ſont faſcheux, cha- grins, deſdaigneux,deſpits,& ſouuent perdent la veue,&memoire, l'ouye, le parler, & cheminer, & veu- lent touſiours eſtre maiſtres, ſuperieurs & obeys, & enfin retournent en enfance, & font le ſemblable que .. ,., les enfans. En decrepitude le corps eſt fortapeſanty , & le iugement & entendement commence à diminuer *ºº & defaillir,tellement qu'ils deuiennent en enfance, & ne viuent qu'en douleur. Toutesfois le ſens & en- ** º tendement demeure en ſa pureté & vertu, & ne defaut que par l'impuiſſance des inſtruments,où ſont con- tenues les facultezanimales,vitales,& naturelles, qui ſont ſubjectes à pluſieurs alterations, & corruptions: vide eemm. parce qu'ils ſont corporels & materiels, & non l'eſprit , lequel ne vieillit point, mais bien le corps. Tels Gal. in aph. ſont les temperamens des aages quimuent pareillement les mœurs:car les veillars ayment l'exercitation de 1.ſeéf. 1.lib. l'eſprit,& les ieunes l'exercitation du corps.Auſſi les vieillars ſont fort ſubjects à l'auarice,& crainte:& les I. Epid. ieunes au contraire ſont prodigues,gaillards, & hardis. Faut auſſi declarer ceux des parties de l'année, qui A ſont quatre , comme auons dit cy-deſſus. Le Printemps, l'Eſté, l'Automne, l'Hyuer. Le Printemps, qui commence au douzieſme ou treizieſme de Mars, & finit enuiron la moitié du mois ds May,a eſté conſtitué d'Hippocrate, chaud & humide. Opinion qui n'eſt tant procedée de la verité, comme nous pouuons col- liger de Galien au premier liure des temperamens , que de la ſentence des anciens Philoſophes , qui ont voulu meſnager & departir les quatre temperatures des aages proportionnement aux quatre ſaiſons de l'an. Car à vray parler,le Printemps eſt de ſa propre nature tempcré, eſtant mis au milieu de tous excez, de cha- leur, froideur, humidité, ſiccité, non par comparaiſon qu'il ſoit plus chaud que l'Hyuer, ny plus humide que l'Eſté : car il eſt ainſi attrempé de ſa propre nature par ce moyen Hippocrate a dit,que le Printemps eſt tres-ſain & tres-ſalubre, n'eſtant point ſubiect à maladies qui puiſſent cauſer la mort:ce qui eſt entendu quand le Printemps garde ſa nature,& propretemperature:car s'il a quelque intemperature,ou bien s'il ſuc- cede à quelque ſaiſonintemperée de l'Automne,ou de l'Hyuer,il eſt cauſe de pluſieurs maladies que deſcrit - - - - Hippocrate:non qu'il face tellesmaladies, mais parce qu'il les demonſtre, & met en euidence, les inuitant L'Eſté. à ſortir dehors par ſa tiedeur.L'Eſté qui commence à la my-May & dure quatre mois,ou enuiron,eſt chaud, & ſec de ſa nature,fort ſubject aux maladies prouenantes de cholere, laquelle eſt en ce temps faite du ſang † a abondé du Printemps. Toutes les maladies qui ſuruiennent en Eſté,ſont rendues briefues & de petite urée. L'Automne, qui commence depuis que le Soleil eſt entré en Libra, & dure preſque autait que le Printemps, eſt ſec de ſa nature, mais toutesfois en chaleur , & froidure inegal : car le matin & le ſoir ſont frais, le midy eſt chaud : partant il eſt fort ſubject à maladies, leſquelles ſont fort longues, principalement quand elles tiennent vn peu del'Hyuer:au reſte fort pernicieux,pource que quotidiennes & repentines mu- Hip. lib. 3. tations de chaud & froid ſont fort perilleuſes. L'Hyuer, qui dure le reſte de l'an,de telle durée que l'Eſté, Aph°. eſt froid & humide de ſon temperament : à ceſte cauſe il augmente noſtre chaleur naturelle, l'appetit, & le 1 Hyºr phlegme : la chaleur par antiſperiſtaſe, qu'on appelle , c'eſt à dire, par contrarieté de l'air voiſin, qui eſtant froid, retient, & par ce moyen augmente & fortifie la chaleur interneau dedans : mais le phlegme, parce qu'augmentant l'appetit,il rend les hommes plus voraces, dont s'enſuit crudité : parquoy il rend les maladies plus longues & difficiles à guerir, que nulle autre partie de l'an. Sous la contemplation des par- ties de l'an on peut comprendre la varieté des temperamens des iours particuliers qui ne ſont à meſpriſer Ath.4.lib.3. pour faire eflections quand rienne nous preſſe, ſuiuant le dire d'Hippocrate en ſes Aphoriſmes, quand en vn meſme iour il fait chaud,& froid,il faut attendre auoir des maladies automnales:& de ce eſt priſe l'in- dication de l air circôuoiſin,comme nous dirons cy-apres parlant des indications curatoires:car s'il eſt ſem- *º°- blable à la maladie,il nous faſche beaucoup mais au contraire , s'il contrarie au mal, il nous ayde grande- # ment. Les temperamens des regions & pays chauds,ou froids ne ſont pas de petite importance, mais ie les ' laiſſeray à meſſieurs les Phyſiciel.s, a fin de dire des temperatures des humeurs. Le ſang , comme repreſen- t2I1C IDefinition, à aag &'. " Puerilité. Aph.9.liu.3- ér au liu. de l'air des lieux. Automne. B l'Introduction a la Chirurgie. I I - - -- A tant la nature de l'air eſt eſtimé chaud & humide, ou pluſtoſt temperé, comme teſmoigne Galien ſur là ſentence 36. du liure premier De natura humana : Il eſt dit il,tout aſſeuré que le ſang n'eſt chaud & humide, mais tempere : & tellement temperé , qu'en iceluy nulle des quatre qualitez contraires he ſurpaſſe euidem- ment l'autre, comme le meſme Galien repete ſur la ſentence 39.du meſine liure.Le phlegme eſt froid & hu- mide, ſemblable à l'eau. La cholere eſt chaude, & ſeiche » tenant de la nature du feu. Le ſuc mélancholi- . que eſt ſec & froid,eſtant de la nature de la terre:toutesfois les eſpeces du ſuc melancholique,& duphlegme ne ſont pas toutes froides : car le phlegme ſalé eſt de temperament chaud & ſec, auſſi toutes les eſpeces de melancholie contre nature, ſont fort chaudes, à raiſon qu'elles ſont faites par aduſtion, comme nous dirons au chapitre ſuiuant. Les temperamens des medicamens ne ſont pas conſiderés en la maniere que les autres re, tempe- cv-deſſus,ſçauoir eſt de la qualité de l'element qui a eſté le maiſtreiains par les operations nous iugeons des ramen #s temperatures des medicamens, quand ils ſont appliquez ſur vn corps temperé. Car vn medicament eſtant medica- mrs ſur tel corps , s'il eſchauffe , nous diſons que tel medicament eſt chaud : s'il refroidit , nous le tenons mens, pour froid, s il ſeiche, il ſera dit ſec : s'il humecte, il ſera dit humide:& ainſi par leurs effects nous les con- Rituons chauds, froids, ſecs & humides, ainſi que nous declarerons cy-apres plus amplement au propre traicté des medicamens,où nous declarerons les temperez,& autres tant chauds, froids, ſecs,que humides, au 1. .. s. 4. degré : auquel traicté dirons auſſi des temperatures des ſaueurs, à cauſe que par icelles nous connoiſſons certainement les qualitez des medicamens. Iuſques à preſent auons parlé des temperamens : faut venir aux humeurs,qui ne ſont de moindre vſage & conſideration qu'iceux temperamens. Des Humeurs. CH A P. V III. A conſideration des humeurs eſt de grande importance , tant au Medecin , qu'au Chirurgien, $ à raiſon que toute maladie ayant matiere au corps, eſt engendrée de quelqu'vn des humeurs, ou de pluſieurs aſſemblez. Ce qui a meu Hippocrate au liure de Natura humana , à dire, V que ſelon la diſpoſition d'iceux humeurs , l'homme en tout ſe porte bien ou mal. Qu'ainſi e2fYS72\ ſoit, toutes les fiévres putrides ſont faites d'humeurs putrefiez , & corrompus au corps humain : auſſi toutes ſortes d'apoſtemes & tumeurs contre nature dependent de quelqu'vn deſdicts humeurs : & ſelon la diuerfité d iceux, les differences des tumeurs ſont faites,ainſi que nous dirons cy-apres au propre chapitre des Apoſtemes. Les vlceres & playes, & fractures ſont guaries par le benefice des hu- meurs,nourriſſans les parties offenſées : qui eſt la cauſe que bien ſouuent en la curation, tant des apoſtemes - qu'autres ſolutions de continuité, nous ſommes contraincts de rectifier le ſang; c'eſt à dire,les quatre hu- meurs conſtituans la maſſe ſanguinaire,quand il peche en quantité ou qualité : car s'il ya vice au ſang par quantité, comme quand H eſt en trop grande abondance, ou s'il y mauuaiſe qualité, comme quand il eſt trop chaud, trop froid, trop efpais,& craſſe,trop coulant,& fluxile,ou ayant autre qualité ſemblable,nulle action de nature ſe pourra deuement faire.A ceſte cauſe ont eſté inuentez deux remedes loüables:la ſaignée, pour corriger la quantité du ſang, & la purgation, pour oſter la mauuaiſe qualité : à preſent declarerons , . ſeulement leſdicts humeurs , commançans à leur definition. Humeur , eſt tout ce qui eſt fluxile, coulant, Definition. liquide, tant és corps de l'homme, que de toutes beſtes ayans ſang , lequel eſt ou naturel, ou contre nous. . , - Le naturel eſt ainſi appellé, à raiſon qu'il conſtitue le corps, & le maintient en ſon eſtre: faut entendre le Diuiſion. contraire de celuy qui eſt contre nature. Celuy qui eſt naturel a deux differences:car ou il eſt bon & profi- table pour nourrir les parties de noſtre corps, ou il eſt inutile à ce faire,ains a autre vſage au corps que de C nourrir, & eſt excrement du naturel,qui eſt nourriſſement, ainſi que dirons cy-apres. Le naturel propre & Qu'eſt-ce , conuenable pour nourrir noſtre corps, eſt l'humeur contenu és veines,& arteres d'vn corps bien diſpoſé & que ſang en temperé ſelon nature, lequel nous appellons ſang, qui eſt tout ce qui appert ſortir des veines quand on fait general , & vne ſaignée. Et telle eſt la ſignification generale du ſang : car en particulier il eſt pour vne diſtinction de º Particº- coulcur rouge, eſtant en la maſſe ſanguinaire. Et pour declarer cecy plus facilement, ie commenceray à la lier. generation du ſang, tantpar ſa cauſe efficiente quematerielle qui n'eſt autre choſe que noſtre boire & man- ger, lequel eſtant attiré par la vertu attractrice du ventricule, & là retenu,par la vertu coctrice dudit ven- tricule,eſt tourné & conuerti en vne ſubſtance ſemblable à vn laict d'amandes:iaçoit que telle matiere ſoit fortdiſſemblable,& de parties bien diuerſes, ainſi qu'il ſe void en tant grande varieté des viandes que nous prenons. Telle matiere eſtant ainſi cuitte audit ventricule, eſt appelé ( hilus, laquelle eſt apres pouſſée és chylus, inteſtins greſles,& ſuccée & attirée d'iceux par les veines meſeraiques,puis diſtribuée à la veine-porte, où - aucunement elle s'altere,& de la vaine porte eſt enuoyée au foye, qui par ſa chaleur & vertu de faire ſang à luy ſeul propre & particuliere, la conuertit en vne ſubſtance rouge ſemblable à vin, laquelle nous appel- lons ſang : & en ceſte operation du foye ſont faits tous les humeurs naturels, tant propres à nourrir, que non propres. Le ſang eſt celuy qui doit nourrir, lequel certainement ne pourroit ce faire, s'il n'eſtoit pur- - gé de deux ſortes d'excremens : deſquels l'vn eſt attiré par le follicule du fiel, que nous appellons bilis flaua, De la chole- c'eſt à dire, cholere iaune : l'autre par la vertu attractrice de la ratte, que nous appellons humeur melan- re . cholique, qui ſont deux humeurs naturels, non toutesfois de nourriſſemens, mais de quelque autre vſage: P* ſue me- deſquels nous dirons plus amplement cy-apres, & auſſi des trois ſortes de concoctions qui ſont au corps. ºººººº D Le ſang eſtant ainfipurgé de ces deux ſortes d'excremens,eſt porté par les veines,& arteres à toutes les par- ties du corps pour leur nourriſſement : lequel iaçoit qu'il ſemble eſtre ſimple,toutesfois on y peut trouuer quatre corps differens, qui ſont,le ſang,ainſi particulierement dit, le phlegme,la cholere,& le ſuc melan- cholique:leſquels ont eſté diſtinguez, non ſeulement par couleurs, mais auſſi ſaueurs & effects:car on trou- uera auſdits humeurs ſaueurs differentes,comme dit Galienaucommentaire ſur le liure de la nature humai- piſtiné#ion ne : car l'humeur melancholique eſt aigre, la cholere amere, le ſang doux, & la pituite naturelle douce,in- d l r. ſipide,n'ayant aucune ſaueur apparente. Les effects d'iceux ſont trouuez auſſi fort differens, tant en leurs p cºuleur , qualitez,qu'en la nourriture du corps, & generation des maladies : à ceſte cauſe il y a vne certaine propor-ſaueurs ér tion & meſure deſdits humeurs,laquelle eſtant gardée donne ſanté au corps:mais ſi elle eſt corrompue,elle effects. apporte,& cauſe maladie. Qu'il ſoit vray, nous diſons qu'vn œdeme eſt fait de ſang phlegmatique,vn ſcir. rhe du melancholique, vn eryſipelas du bilieux & cholerique, vn phlegmon d'vn bon ſang & naturel. Or . . l pour declarer & demonſtrer facilement les quatre humeurs eſtre cópriſes au ſang prins generalemét pour º.º": la maſſe ſanguinaire , Galien donne exemple aſſez familier du vin nouueau, auquel on peut trouuer quatre º" aiſon de corps differens : car il y a la fleur qui eſt au deſſus, la lie qui eſt au fond, la verdure ou aquofité,& la bonne Galien. liqueur,douce & amiable ; la fleur repreſente la cholere qui eſt la plus ſubtile des humeurs, ſe monſtrant touſiours au deſſus de couleur d'or & luiſante : la lie repreſente l'humeur melancholique,qui eſt touſiours au deſſous à cauſe de ſa peſanteur, & eſt comme la face & lie du ſang la verdure ou aquoſité eſt ſemblable au phlegme. Car tout ainſi que la verdure , ſi elle n'eſt trop grande, par la chaleur naturelle duvin ſe peut - tourI1ºf Vſage dei humeurs. Generatio4 du ſang. 1 2 E-1V- p1c1111c1 A 4l Ll 1 W , ClQ7 Dequoy, & en queltemps ſe fait le bon ſang. Confirma- tion de la temperature du ſang. Au liure 6. de locis af- fectis. tourner en bonne fiqueur : auſſi le phlegme, qui n'eſt autre choſe qu'vn ſang imparfaict,,peut eſtre fait par A noſtre chaleur naturelle, bon ſang à ceſte cauſe nature n'a deſtiné aucun lieu propre pour le ſeparer du ſang, comme elle a fait des autres. La propre liqueur du vin repreſente le ſang, à cauſe que tout ainſi que telle liqueur eſt la partie meilleure & plus loüable du vin, ainſi le ſang eſt le plus parfait des humeurs. Par teI exemple familier il eft facile à entendre la diſtinction des humeurs,laquelle ſera plus ample & claire par la table ſuiuante. Nature. Conſiſtan- l Couleur. Saueuf. Vſage. CC« It ſang. 7De la nature de | Mediocre, | TRouge &° 7D04 : Il nourrit principalement les par. l'air chaud & humi- | nytrop épais, | vetmeil. | ties muſculeuſes : eſt diſtribué par de , ou plntoſt tem- | my trop clair. les veines & arteres , donne cha- peré. leur à tout le corps. 1 Le Phlegme , | Zbe la nature de Douce, ou plutoſt | Elle nourrit le cerueau, comme ou pituite. l'eau, froide, & bu- | Fluxille. Tlanche. | fade:car ainſi eſti- | auſſi toutes autres parties froides mhide. mons - nous ceſte | & humides:modere le ſang,& ay- eau bonne qui n'a | de le mouuement des articles. - | aucun gouſt. | Elle excite la vertu expultrice B 7De la nature du des inteſtins , attenue le phelegme La (holere. | feu , chaude & ſei- | Tenue & | Jaune, ou •Amtrt. qui eſt en iceux:ce que i'entends de che. ſubtile. paſſe. | l'excremêtitielle:comme auſſi l'ali- ©. mêtaite nourrit les parties qui ap- l. prochent plus prés de ſon naturel. r L'humeur Z)e la mature de l' * 2(oir. Il excite l'appetit, il nourrit la melancholi- | la terre , froid & } (ras , eſpais, } | Acide & poi- 4 ratte , & toute autre partie qui 44t. ſec. &rlimoneux, # gnant. luy eft ſemblable en temperature, 1 comme les or. Le ſangeſt fait de la partie la plus benigne de tout le chylus,contenués veines,& principalementeſt formé au foye,ainſi qu'auons dit : Il eſt procrée des alimens de bon ſuc,prins apres exercices moderez : & plus en vnaage qu'en vn autre:& en vne partie de l'année conuenable plus qu'en l'autre,qui eft le Printemps,lequel du tout approche à la nature du ſang,(dont s'enſuit que le ſang ſoit temperé † qualitez,non § & humide ; comme ainſi ſoit que ſelon l'opinion de Galien au premier liure des Temperamens, le Printemps eſt auſſi temperé, comme a eſté touché parcy-deuant.) Parquoy en ce temps ſont faictes couſtumierement les bonnes ſaignées. L'aage fort propre à engendrer tel humeur eſt l'adoleſcence, ou, comme dit Galien, depuis vingt cinq § lourez,amiables & vermeils,ioyeux,& plaiſans. - Le phlegme eſt fait des alimens froids & cruds, mais principalemedt en Hyuer, & en vielleſſe, à raiſon de la conſtitution froide & humide,tant de l'aage que de telle partie de l'an. Il rendl'homme endormy, pa- reſſeux , & gras,ayant trop toſt les cheueux blancs. La cholere eſt comme la fureur des humeurs, laquelle eſt engendrée auec le ſang au foye,& portée és veines, & arteres:& celle qui excede, eſt enuoyée en partie au follicule du fiel,en partie s'exhale par inſenfible tranſpiration, & ſueurs : car le ſang des arteres eſt plus ſubtil, & plus jaune que celuy des veines, ainſi que dit Galien En ieuneſſe, & en Eſté eſt fait tel humeur tant des viandes acres, ameres,ou ſalées, que du trauail d'eſprit,& du corps : auſſi tel humeur eſt principa- lement purgé en tel temps. Il rend l'homme leger, ſubit,facile à ſe cholerer, & prompt à toutes choſes, maigre , agile , qui a toſt fait digeſtion des viandes qu'il a priſes. L'humeur melancholique eſt la partie la plus groſſe du ſang , lequel en partie eſt rejetté du foye, & attiré par la rate pour la nutrition d'i- · celle, & expurgation du ſang en partie porté auec le ſang, pour nourrir les parties de noſtre corps les plus terreſtres. Il eſt fait des alimens de gros ſuc,& difficiles à cuire, & auſſi des ennuis,& faſcheries de l'eſprit: il redonde principalement en Automne, ou en l'aage declinant, & premiere vieilleſſe : & rend tel humeur les hommes triſtes , faſcheux, fermcs,ſeueres & rudes, enuieux & timides. Et faut entendre que tels hu- , meurs ſe meuuent à certaines heures du iour:comme le ſang domine depuis les trois heures d'apres minuict Des hu- meurs fepa- rez de la maſſe ſan- guinaire, &r de leur vſa- ge v. L'humeur ſerenx eſt 4'x'cre//)é/2t vtile de la fremiere » rocfion. iuſques à neuf; la cholere depuis neufiuſques à trois apres midy:& depuis trois heures iuſques à neuf de ſoir la melancholie ; depuis meufheures iuſques à trois apres minuict le phlegme,ou pituite. Lequelmou- uement des humeurs clairement ſe cognoiſt,entre autres en la groſſe verolle, ainſi que dirons cy-apres. Il ya deux humeurs qui ſont ſeparez de la maſſe ſanguinaire,comme excremens de la ſeconde coction,deſquels l'vn eſt gros, & l'autre eſt ſubtil : ceſtuy-cy eſtappellé cholere,ſimplement dite,ou auec vne addition,cho- D' lere jaune:l'autre eſt dit, cholere noire. en Latin melancholicus humor,quieſtattirée par la ratte,de la portion d'icelle la plus tenuë, & elabourée par la chaleur des arteres, qui ſont en ce lieutres-inſignes, la ratte ſe nourritiuſques à tant qu'elle la faſche pour ſa quantité,ou qualité:& alors icelle eſt portée de la ratte par le vaiſſeau veineux à l'orifice du ventricule, pour exciter l'appetit, & ayder les actions dudit ventricule. L'au- tre cholere eſt attirée par le follicule du fiel, où elle demeure tant qu'elle ne peche en quantité, ou qua- lité , & alors elle paſſe par les inteſtins, pour les purger & nettoyer par ſom amertume , & acrimonie, & pour irriter la vertu expultrice d'iceux, auſſi pour tuer les vers qui y ſont quelquesfois engendrez : tel hu- meur a couſtume de teindre de couleur jaune les vrines. Il y a vn autre humeur ſereux,inutile à nourrir, mais au reſte fort profitable, lequel n'eſt excrement de la ſeconde coction, mais de la premiere : toutesfois n'a eſté ſeparé du chylus , comme l'autre excrement gros, ains gardé pour deſlayer, & deſtremper le ſang trop gros (& pour ce eſt appellé le vehicule du ſang)qui autrement ne pourroit eſtre facilement porté par les veines capillaires,tant de la partie ſime, que la gibbe du foye, iuſques à la veine caue:& iceluy humeur ſereux, auec quelque portion du ſang, eſt attiré des reins par les veines emulgentes, & ſeparé du ſang (lequel eſt la propre nourriture des reins ) puis eſt enuoyé à la veſſie , & fait vrine, & de la jetté hors. Des quatre- Touſiours quelque portion d'iceluy demeure auec le ſang,qui eſt purgé par ſueur, & eſt la propre matiere bumaurs. d'ieelle. ll y a quatre humeurs de nourriſſemens, (ainſi dicts, non que ceux qu'auons parauant dict eſtre COntenus ques à trente-cinq : ceux,auſquels tel humeur abonde, ſont moderez,rouges,cou- C | - -cº: - | l'Introduction à la Chirurgie. 13 A contenus en la maſſe ſanguinaire, ne nourriſſent auſſi, mais parce qu'ils ſont la matiere plus proche de l'ali- ment : comme les quatre contenus en la maſſe ſanguinaire, la matiere plus eſloignée)inuentez des Arabes, que l'on nomme ſeconds. Le premier d'iceux n'a point de nom , qui eſt l'humeur eſtant encore en l'extre- mité des petites veines, & là encore pendant comme vne petite goutte. Le ſecond eſt appellé Ros, qui eſt 1'humeur ja imbu à la partie pour l'arroſer, & ja preparé à nourrir.Le troiſieſme s'appelle Cambium,qui eſt jachangé & agglutiné, & peu s'en faut jà tourné en nourriſſement. Le quatrieſme eſt appellé Gluten, qui eſt la propre humidité ſubſtantifique,& parfait nourriſſementdes parties ſimilaires:leſquels quatre humeurs ſeconds ſont fort ſemblables aux degrez de nutritió,deſcrits par Galien és liures des facultez naturelles qui ſont,qu'il faut que le ſang afflue à la partie qui doit eſtre nourrie : puis qu'il ſoit fiché,& agglutiné:& fina- lement qu'il ſoit aſſimilé, & fait ſemblable à la partie. Les humeurs contre nature ſont ceux, qui eſtans cor- rompusalterent le corps,& les parties où ils ſont,cauſans ordinairement maladies.Ils retiennent les meſmes D., humeure noms des humeursnaturels de nourriſſement.Tousleſquels par putrefaction ſont faicts chauds;jaçoit qu'au- § cuns d'iceux ſoient froids de leur naturetd'iceux les vns ſont faicts tels aux veines ſeulement,les autres non r . és veines, mais auſſi hors d'icelles. - Ceux qui ſont engendrez és veinesſont le ſang, & la melancholie : la cholere, & le phlegme ſont faicts tant hors des veines que dedans icelles. Le ſang en ſe corrompant,ſelon Galien ſa portion plus ſubtile eſt tournée en cholere, & la groſſe en cholere noire;parquoy le ſang eſt corrópu,ou de luy-meſme, à raiſon de la pourriture,ou parmeſange de ſubſtance eſtrangere,commed'autres humeurs,enuoyées és veines par les autres parties comme du foye,de la ratelle, & poulmons...La melancholie qui eſt faite és veines,eſt de trois , differences.L'vne eſt faite d'humeur melancholique, par vne chaleur pourriſſante , ou autre,& tournée en B : cendre : partant telle melancholie eſt bruſlée,chaude,acre,& mordante.L'autre eſt engendrée de la cholere vitelline, c'eſt à dire,ſemblable à moyeux d'œuf laquelle paraduſtion eſt faicte porracée,apresairugineuſe, & à la fin rouge, & de rouge, noire, qui eſt la melancholie pire de toutes : car elle eſt maligne, bouillante, rongeante, exulcerante,iamais n'eſt tirée hors du corps ſans dommage.La troiſieſme eſt faicte de phlegme pourry és veines, & tournée en phlegme ſalé, & par grande chaleur eſtrange en melancholie, - rEe veines , L'aigre, ou acide fort crud, lequel n'a receu aucune action outre celle du ventricu- - | le, ou bien petite. - Le ſalé eſt fait du doux , eſtant pourry , & bruſlé, par le moyen qu'aucune partie du doux eſt meſlée auec les parties bruſlée . Le pblegme contre nature3 Hort des veines rl'vn eſt tenu, & ſubtil, comme l'eau difiillante du cerutau par le nex. eſt engendré, | ſont engendrex ex- | L'autre eſt ſemblable à morue , ainſi eſpaiſſe par le benefice d' vne petite chaleur. comme auons | cremens ſemblables •{ L'autre eſt ſemblable au verte fondu, au aubins d'œufs, qui eſt tres-froid. dit, ou à pblegme » deſ- | La quatrieſine eſt gipſeus, à eauſe qu'il adhere , & s'amaſſe tout ainſi que du (ºutis l- plafire, comme appert és iointures des doigts , & aux poulmons. celle qui reſſemble aux jaunes d'œufs , qui pour cette cauſe a efté appellée vitelli- me, qui eſt quaſi bruſlée, & cuite extremement par vne cbaleur acre, de laquel- le quelquefois és grandes maladies eſt faitte cholere airugineuſe,ou verdeisomme porreau , & ſemblable à pajiel. Es veiner, C 6'0/70/7Jg La thslere centre nature - 1. celle qui a la couleur de porreau, ditte perracée. eſt faite,ou 2. L'airugineuſe, ayant couleur de verd de gris. ZDedans le ventri-4 3. (elle de couleur de paſtel, dite Iſatodes. - - - cule, s'engendre | 4- La rouge ſemblable au ſang quant à la couleur,differénte à raiſon qu'elle ne ſe prend point. l- C5. La plus que vouge qui engendre fiévres ardantes. • •- ) Telles ſortes de choleresſont quelquesfois jetttées hors par vomiſſement, leſquelles on ſent fort acres & mordantes »aucunesfois ameres, & faiſans mal és parties par où elles paſſent, ce qui aduient principa- lement à la declinaiſon des fiévres. Des ſignes de l'homme ſanguin. , C H A P. X I. #R puis que du ſang s'engendre la chair, il eſt manifeſte que l'homme bien charnu, & mſcu- Quel eſt leux, & qui a vne habitude de corps ferme,auec vne exhalation de tout le corps vapoureuſe & l'homme benigne,eſt ſanguin.La perſonne ſanguine a pareillement la couleur belle,vermeille,& meſlée ſaºrºiº É de blanc, & de rouge : de blanc, à cauſe du cuir partie ſpermatique,& blanche , de rouge, à º> raiſondu ſang qui eſtau deſſous : car pour le dire envnmot,telle couleur reluit en la face,quel eſtl'humeur caché deſſous le cuir : ſes mœurs ſont paiſibles, ioyeuſes, & facetieuſes : eſtant tel homme liberal, doux, benin, gratieux,courtois , & de bonne nature, riant, amoureux des Dames. Il ſe courrouſſe difficilement : car quels ſont humeurs, telles ſont les inclinations des mœurs. Or eſt-1l, que de tous les humeurs, il n'y en a point de plus doux, & paiſible que le ſang : l'homme ſanguin en outre, boit, & mange beaucoup, à cauſe qu'il a grande chaleur naturelle, il ſue volontiers, il ſonge choſes ioyeuſes, il eſt ſujet aux maladies causées du ſang , comme aux phlegmons, puſtules ſanguines, eſpandues par tout le corps,au flux de ſang par les narines, & grande abondance de flux menſtruel : il endure ſans danger la ſaignée, il eſt promptement offencé des choſes chaudes, & humides, & ſoulagé des contraires : au reſte ila le pouls fort grand , & plein,l'vrine copieuſe en quantité,mais mediocre en couleur, & ſubſtance. Les ſignes de l'homme cholerique. Ils ont la couleur citrine, ou jaunaſtre, & le corps maigre & greſle, & fort velu, les veines, & arters guel eſt fort groſſes, & amples; le pouls fort, & frequent : on trouue au toucher leur corps chaud, & fec,dur,ari- l'homme de , & aſpre, auecvne vapeur acre qui exhale de tout le corps : ils jettent beaucop de cholere par les cholariqne. ſelles,vomiſſemens, & vrines-dauantage, ils ſont adextres d'entendement , & merueilleuſement prompts, & vigilans : ils ſont auſſi felons, audacieux, conuoiteux de gloire , aſpres, vengeurs des iniures à eux faictes ; de ſorte,que le ſangleur boult d'ardeur, leur face,leur voix,leur geſte,leur mouuemens ſont chan- gez & mucz ;auſſi ſont liberaux,voire ſouuent prodigues. Leur dormir eſt petit, & leger,leurs ſonges # B e I 4 Le premier Liure de - : de choſes bruſlantes,furieuſes & luiſantes : ils ſe delectent à manger & boire choſes froides & humides, A Dauantage ils ſont ſubiects aux fievres tierces, & aux ardantes , & reſueries, alienations d'entendement, aux jauniſſes, aux harpes, eryſipeles, & autres puſtules choleriques,& ont ſouuent amertume de bouche,& ſont ſubjets au flux de ventre,appellez diarrhées & dyſenteries. 9)uel eſt - - Signes de l'homme phlegmatique. l'homme Ils ont la face blanche,& quelquesfois plombine,& liuide, & enſemble bouffie lamaſſe du corps eſt graſ- phlegmati- ſe & mollaſſe, & froide au toucher : ils ſont ſubjects aux maladies faictes de phlegme,comme œdemes,tu- que, meurs molles & inſenſibles, aux hydropiſies, aux fiévres quotidiennes, à l'alopecie, aux frequentes diſtil- lations & rheumes ſur la trachée artere,& poulmons : ils ont l'eſprit lourd,groſſier & ſtupide : ils ſont fort pareſſeux, & dorment profondement : ils ſongent ſouuent qu'il pleut, & neige , & penſent nager,& noyer: ils vomiſſent beaucoup de phlegme & aquoſitez, & ſouuent crachent grande quantité de ſaliue , & iettent excremens ſemblables par les narines; ils ont la langue fort blanche & humide : ils ſont inſatiables, & ont vn appetit canin, quand la pituite predominante eſt de l'eſpece de celle qu'on appelle acide : & cuiſent leurs viandes tardiuement, dont s'enſuit qu'ils engendrent grande quantité d'humeurs froides & pituiteuſes,leſ- quelles le plus fouuent s amaſſent au boyau nommé Colon, lequel par ce moyen ſe tend & fait vn bruit gre- noüillant, preſque ſemblable aux cris des grenoüilles, & ont grandes douleurss& leur ſemble que les par- ties dolentes ſoient tirées & bandées, dont s'enſuit la cholique paſſion : A raiſon que telle matiere humide & pituiteuſe par vne chaleur imbecille, telle qu'eſt celle des hommes phlegmatiques , s'eſleuent aisément : des ventoſitez, qui de leur legereté portées çà & là par les circonuolutions des inteftins , les enfient , & D'où preuiêt le bruit gre- moiéillät aux b cherchans iſſue dehors font vn bruit tel que le vent paſſant par vn lieu eſtroit & anguſte. B oyaux. Les ſignes de l'homme melancholique. # Le premier ſigne eſt pris de la couleur,c'eſt que la face eſt brune ou noiraſtre,auecvn regard inconſtant, farouche & agard, triſte, morne, & refrongné. Le ſecond eſt pris des maladies, principalement lors que l'humeur melancholique eſt meſlé auec la cholere, & qu'il s'eſt tourné en aduſtion : car lors il aduient ron- ©ue c'eſt que gne & gratelle crouteuſe,morphée noire, chancre vlceré & non vlceré, ladrerie, & pſora, qui eſt vne ron- pſora. gne puante, où il eſt trouué de petits corps farineux, maladie qui eſt dite du vulgaire, mal ſainct Main : ils ſont ſubiects aux ſchirres, hemorrhoides,varices ,fievres quartes, continués, intermittantes & freqflentes, quintaines,ſextaines, ſeptaines, qui toutesfois aduiennent fort rarement : à dureté & tumeur de la ratelle. Ils ont les veines & arteres fort eſtroites a cauſe de la frigidité de leur temperament le propre de laquelle - eſt de reſtraindre, comme le propre de la chaleur eſt de dilater : que ſi quelquesfois les veines en telles per- - , ſonnes ſemblent enflées, ce n'eſt point vn bon ſang, mais pluſtoſt d'vne ſubſtance fiateuſe , à caufe dequoy - ils ſont difficiles à ſaigner, non ſeulement parce qu'il ne ſort rien ou peu la veine eſtant ouuerte , pour la - terreſtrité & tardité § leurs humeurs : mais à cauſe que laveine ne fait pas beau ieu à la premiere impreſ- - ſion de lancette, tant pource que le cuir des melancholiques eſt dur & rude, que auſſi qu'elle n'eſtant preſ- - Quel eſt que pléine que de vent, elle fluctue,& ondoye ça & là. Leur corps eſt froid & dur au toucher, ils ont ſon- · l'hommemº-ges & idées en dormant fort eſpouuentables car quelquesfois il leur eſt aduis qu'ils voyent des diables,ſer- # lanchºlique pens,manoirs obſcurs, ſepulcres, & corps morts , & autres choſes ſemblables, leſquelles impreſſions ſont faites au ſens,à cauſe des vapeurs fuligineuſes de l'humeur melancholique, qui monte au cerueau, ainſi que nous voyons aduenir à ceux qui tombent en hydrophobie. Ils ſont graues & malins,frauduleux,trompeurs, chiches, & extremement auares, tardifs à payer leurs debtes, craintifs, triſtes, chagrins , grongnars, de C | peu de parole, pleureux, penſifs, ingenieux, deſirans grandes & excellentes choſes, & ſont fort ſoupçon- N neux,ſolitaires, haiſſans la compagnie des hommes, fermes & ſtables en leur opinion, tardifs à ire , mais quand ils ſe courroucent,ils s'appaiſent difficilement Et lors que l'humeur melancholique a excedé ſon de- gré de iuſtice, ils deuiennent par pourriture & aduſtion dudit humeur furieux, maniaques, & ſouuent ſe precipitent & tuent. Ils ſont cruels,opiniaſtres, inexorables, & leur eſprit n'a point ou peu de repos:dont 31 toutesfois ne faut faire reigle generale,ains conſiderer ce que Socrate reſpondit à ſes diſciples,qui ſe moc- X. quoient du phyſiognome qui auoit iugé leur maiſtre,(qu'on eſtimoit le plus côtinent & chaſte de ſon temps) " . eſtre paillard : I'eſtois( dit-il)tel de nature, mais la Philoſophie m'a enſeigne autres mœurs. Car la bonne -- nourriture,& les lettres peuuent changer l'inclination naturelle. Les géns de cœur & magnanimes ont eſté - pour la pluſpart melancholiques,auſſi fort ingenieux,ſages & prudens. On void pareillement aucuns auoir - le viſage d'vne vierge,& le cœur d'vn lion,comme Alexandre le Grand. Plutarque dit que ceux qui ne ſont pas totalement bien nez , eſtans ſecourus par bonne doctrine & exercitation , peuuent recouurer le defaut de leur nature : ainſi qu'vne terre aride & pierreuſe plus qu'il ne ſeroit de beſoin, eſtant neantmoins bien cultiuée, porte bon fruit.Il eſt vray que ſelon la diuerſité des humeurs & temperamens, les hommes ſont ioyeux, riants, & amoureux, audacieux, conuoiteux de gloire, vengeurs des iniures , iniurieux , liberaux, prodigues , d'eſprit lourd , & tardif, groſſiers, pareſſeux, malins, frauduleux, trompeurs, chiches, auares, - : craintifs , triſtes, penſifs , ingenieux , ſolitaires , fermes , ſtables en leur opinion , furieux & maniaques» - menteurs, faciles à accoſter , miſericordieux, enuieux, ignares, fols, ſots, badins, variables, querelleux, Par quel prudens,& ont autres affections de l'ame. Or il faut icy noter qu'vn homme qui ſera de temperature& com- - moyen ſe plexion ſanguine, peut venir en complexion cholerique, ou melancholique, ou phlegmatique : comme le - peut changer ſanguin pourra deuenir cholerique, vſant d'alimens trop chauds & ſecs (car chacune choſe engendre,con- la comple- ſerue & angmente ſon ſemblable, & deſtruit ſon contraire)faiſant grands exercices : auſſi par interceſſion D l *iº naº- d'euacuation des excremenscholeriques, qui ſouloit eſtre faite, ou par art, ou naturellement. Auſſi toute - relle. perſonne de quelque temperature qu'il ſoit,peut venir melancholique, vſant de viandes qui engendrent vn gros ſang, comme chair de bœuf, de cerf, vieils lievres, porcs, fourmage, & autres viandes trop ſalées. Dauantage la vie triſte empeſchée de beaucoup d'affaires, ſoins, cogitations, contemplations, ſolicitudes, procez,eſtudes, ou lettres,& pour eſtre trop ſedentaires : car par faute d'exercice la chaleur naturelle s'aſ- " ſoupit,& les humeurs deuiennent gros & terreſtres : auſſi la demeure en vne region froide & ſeiche:pareil- lement faute d'euacuation accouſtumée de l'humeurmelancholique, qui auoit accouſtumé de fluer par les hemorrhoides, menſtrués, ou de l'euacuation des humeurs par le ſiege. Toute perſonne pour tomber en temperature phlegmatique , (non par tranſmutation du ſang en phlegme , mais par eſchange & mutation de maniere de viure) s'il vſe d'alimens froids & humides, s'il prend auſſi viandes exceſſiuement & hors de temps & heure deue,& deuant que les premieres ſoyent cuittes, digerées,& diſtribuées:auſſi s'il fait grands mouuemens deuant que la concoction ſoit faite : pareillement la demeure en vne region froide & humide: la vie oyſiue ſans aucun ſoucy ne triſteſſe:l'intermiſſion de l'euacuation duphlegme faite naturellement,eu par l'artifice des medicamens , par vomiſſement , cracher, moucher, ſuer, toutes ces choſes amaſſent le | Phlegme en noſtre corps, & rendent le ſang phlegmatique,& par conſequent changent toute l'habitude de - noſtre corps. Ce qui eſt bien à noter pour ſçauoir ſi celuy qui eſt pituiteux,melancholic,oud'autre tempe- I3IllCIlt - t 1 - l'Introduction a la Chirurgie. 1 5 rament, eſt tel de nature dés ſa premiere conformation, ou deuenu, & fait tel par maniere de viure deſ- ordonnée. Quant aux parties du corps ou membres, ſeront deduites cy-apres bien amplement en l'Anatomie, & pource n'eſt beſoin icy d'en parler : parquoy laiſſant icelles, nous viendrons aux facultez, apres auoir pre. mierement enſeigné par exemples plus particuliers la pratique des reigles generales des temperamens don- nées par cy-deuant Pratique & exercice ſur les reigles données des temperamens & humeurs. C H A P. X. O v R accommoder la theorique des temperamens à la practique, il m'a ſemblé bon, pour Les homº-s euiter la confuſion qui aduiendroit, ſi nous voulions ſuiure les differences qui ſont és tempe- ſont #en- ramens des hommes de toutes les Prouinces de la terre , nous propoſer les quatre extremitez blable, # d'icelle : ſçauoir, l'Orient, l'Occident, le Septentrion, le Midy : & puis le milieu, & quaſi la diuerſe ſi- comme centre de ces quatre parties du monde habitable : Afin que les temperamens des tuation des hommes de telles regions expliquez en couleur , en mœurs, en actions, eſtudes, & façon de viure, ſeruent regionaux de reigle & conduite à cognoiſtre & iuger du temperament de chacun en particulier , ſelon que le cognoi- ſtrons eſtre, ou approcher de ceſte region, ou de celle-là. Des Meridionaux,comme les AEthiopiens, Afriquains , Arabes, Egyptiens & autres ſont ordinairement comparai plus difformes,maigres,& defaits, de petite ſtature, la couleur tannée, obſcure, & baſanée; les yeux noirs, ſon des les levres groſſes & eſleuées, les cheueux creſpus , & la voix greſle, caſſée, & feminine. Les Septentrion- Meridio- naux, comme les Scythes , Polaques, Allemans , & autres,ſont au contraire de ſtature grande & bien diſ-nºux *ue let B poſee, le plus ſouuent de pleine & graſſe habitude de corps ; Ils ont la couleur blanche, la peau deliée,les ºrº- cheueux vnis, longs, blonds, ou roux, les yeux de couleur de ciel, auec vne voix aſpre, forte, & enroüée. "º Ceux d'entre-d'eux;comme les Italiens, François, & autres, ſont de couleur vn peu brune, beaux,gaillards, robuſtes , velus, greſles, charnus, ayans les yeux de chevre, ou tannez, la voix pleine, claire, & douce. Les Meridionaux eſtans plus foibles de corps, ſont fort excellens engentilleſſe d'eſprit, au contraire des Septentrionaux qui l'ont lourd & groſſier, mais ſurpaſſans les autres en force corporelle. Ce qui ſe cognoi- ſtra par les diſcours des hiſtoires, par leſquelles nous voyons touſiours les Scythes,les Gots & les Vandales auoir fait infinis rauages par l'Afrique &l'Eſpagne : Bref, touſiours les grandes Monarchies ſe ſont dreſſées du Septentrion vers le Midy, & peu ou point du Midy vers le Septentrion. C'eſt pourquoy les peuples de ce pays ne vuidoient leurs querelles autrement que par le duel,comme on void és loix anciennes des Lombards, Anglois, Bourguignons, Danois, & Allemans, meſmes que Fronton Roy de Dannemarc ordonna les diffe- rens n'eſtre vuidez par autre moyen, comme ditSaxon l'Hiſtorien : couſtume qui eſt generale en tout le païs de Moſcouie.Laquelle au contraire a touſiours eſté reprouuée comme choſe beſtiale par les Meridionaux:& n'a iamais eſté receue & prattiquée des Aſſyriens, Perſes, Hebrieux , & AEgyptiens qui en recompenſe ſe ſont baſty & erigé vne Monarchie ſur les lettres & ſciences occultes par leur bon eſprit, d'autant qu'eſtans naturellement melancholiques,à raiſon de la ſiccité de leur temperament, s'addonnent volontiers à ſolitudes & contemplations, eſtans tres-ſubtils & ingenieux. Parquoy les AEthiopiens,AEgyptiens,Libyens,ºebrieux, Phœniciens, Perſes, Aſſyriens, & Indiens , ont inuenté pluſieurs belles ſciences, deſcouuert les ſecrets de nature, dreſſé les Mathematiques, obſerué les mouuemens celeſtes , & premierement dreſſé l'eſtat de la Religion,iuſques là meſmes que les Arabes, qui ne viuent que de larcin & brigandages, & qui pour toutes C maiſon n'ont que leurs chariots, ont pluſieurs belles obſeruations de l'Aſtrologie , qu'ils baillent de main en main à leurs ſucceſſeurs ; & augmentent tous les iours comme recite Leon l'Africain. Mais les Septen- trionnaux, comme les Allemans, pour l'abondance de l'humeur & du ſang qui empeſche la ſpeculation, s'appliquent plus aux choſes ſenſibles,& aux arts mechaniques,eſtans leurs eſprits groſſiers & lourds par la peſanteur du corps retirez du ciel en bas vers la terre; ſçauoir, à la recherche des metaux, & conduite des mines, fondre & forger ouurages en fer, acier,cuiure, airain, eſquels ils ſont admirables, iuſques à auoir inuenté la Canonnerie, & Imprimerie. Les peuples d'entre-d'eux , n'eſtans nais ny aux ſciences occulte, comme les Meridionaux, ny aux mechaniques comme les Septentrionaux, s'addonnent aux affaires d'eſtat, à la Police, & au trafic : eſtans au reſte doüez de ſuffiſante force corporelle pour donter les ruſes & fineſſes de ceux du Midy,& d'aſſez bon conſeil,& aduis pour rompre l'impetuoſité de ceux du Septentrion. Cela ſe cognoiſt par l'exemple des Carthaginois,Africains,qui ayans long-temps trauaillé l'Italie par ruſes,fineſſes & iurpriſes,n ont toutesfois peû euiter qu'ils ne ſoient tombez ſous le ioug & Monarchie des Romains.Les Gots,Huns, & autres Aquilonaires, ont faict pluſieurs ribleries ſur les Romains, mais faute de prudence n'ont ſceu garder & retenir ce que la force corporelle leur auoit acquis. Parquoy les hiſtoires nous teſmoi- gnent que les bônes loix,la façon de bien regir vne Republique, la Dialectique & Eloquence ſont venues de la Grece,Italie,& France,qui ont fourny, & fourniſſent encores auiourdhuy(principalement les deux der- nieres) plus d'efcriuains,& gens de lettres, que tout le reſte du monde enſemble. Donc pour attribuer à chacune region ce qui luy appartient : les Meridionaux ſont propres à eſtudier:les Septentrionaux, à guerroyer & executer : ceux d'entre-deux, à regir & commander : l'Italien eſt prudent: l'Eſpagnol eſt graue:le François diligent & actif,de ſorte qu'on le diroit courir lors qu'il ne va que le pas,au D regard de l'Eſpagnol;qui pour ce s'aide volontiers d'vn ſeruiteur François,à raiſon de ſon allegreſſe en tou- tes ſes actions Les Orientaux entre-eux ſont plus vigoureux & fermes d'entendement , ne celans rien: car par droict nous diſons l'Orient eſtre de nature ſolaire, & partant ceſte partie du iour doit eſtre eſtimée Plus virile & dextre : auſſi voyons-nous és animaux les parties dextres eſtre plus robuſtes : au contraire les Occidentaux ſont plus effeminez,mols & ſecrets : car ceſte partie eſt deue à la Lune, qui ſe monſtre touſ- jours ves l'Occident , entre les eſpaces interlunaires : au moyen dequoy ceſte partie eſtant oPPoſée à l'O- rient, eſt comme nocturne, reputée gauche ou ſiniſtre. L'Occident eſt moins temperé & ſalubre, de ſorte qu'entre tous les vents il n'y en a point de plus propice & ſalutaire,que celuy qu'on appelle Subſolanus,qui ſouffle d'Orient. Car bien que le Zephyrus, vent fauorable, ſoufHe de l'Occident, toutesfois il ſouffle fort rarement,& preſque ſeulement lors que le Soleil ſe couche. Les Septentrionaux mangent bien , & boiuent encor mieux,libres à parler apres le vin,non cauteleux , ſe deportans aisément de leur promeſſe, au reſte fort chaſtes.Les Meridionaux au côtraire ſont ſobres,ſecrets,ruſez & laſcifs en toute vilenie de paillardiſe. Ariſtote en ſes problemes dit,que les nations tant celles qui ſont trauailléas de chaleur exceſſiue, que de . froidure, ſont barbares & fieres : d'autant que la bonne temperature de l'air rend les mœurs plus douces. Parquoy les sythes, Allemans, & autres Septentrionaux, & pareillement les Africains & Meridionaux ſont cruels : ceux-là d'vne brauade, audace militaire, & pluſtoſt de cholere, que d'vne vengeance premeditée, parce qu'ils ne peuuent par raiſon dompter & brider leurs premiers mouuemens & impetuoſitez : ceux cv B 2 de 1 b A le premier Liure de Hiſtoire. Autre hi- ſtoire. Valere liu.9. chap.2. Leon l'Afri- cain, & Al° '740'č2.. De la facul- te animale. De la facul- té vitale. Vſage de la pulſation du cœur, & ar- fere5. De la facul- té naturelle. Que c'eſt que nutrition. - Des quatre facultez na- tttrelles ſpe- ciales, chambrieres ºr ſeruantes des trois premieres. Deux ſertes d'excremens. de pure & cauteleuſe malicº s & de propos deliberé, à raiſon de leur natureltriſte, & melancholique.Des Septentrionaux, nºus fera fo v la cruauté de ceux de Tranſiluanie contre le ſeditieux Duc George,lequel ils · firent deſchirer vifà belles dents par leurs ſoldats,qu'ils auoient pour ce faire tenus trois iours #ns manger: puisl'ayans fait roſtir à la broche, le firent deuorer par ceux qu'ils tenoint captifs de ſon party. Pour les Meridionaux nous ſuffira l'exemple du Carthaginois Hannibal : qui voyant quelques captifs Romains, leſ- quels il faiſoit ſuiure ſon camp à pied, eſtre ſi las & du chemin, & du fardeau, qu'il les contraignoit porter qu'ils ne pouuoient paſſer outre , leur faiſoit couper le deuant des pieds, & les abandonnoit ainſi par le chemin. ' Les autres qui ne s'eſtoient monſtrez recreus, & eſtoient paruenus iuſques où ils pretendoient il les faiſoit combattre frere contre frere,parent contre parent , & amy contre amy : ne ſe raſſaſiant de leur ſang reſpandu, tant qu'il les euſt tous reduicts à vn ſeul vainqueur. Regardons les Meridionaux de l'Ame- rique # baignent leurs enfans dedans le ſang de leurs ennemis , en apres ils ſuccent,& ſe repaiſſent de leur chair eſprainte entre deux pierres. Or comme les Meridionaux ſont exempts d'vneinfinité de maladies pletoriques qui viennentd'abondance de ſang,auſquelles ſont ſubjects les Septentrionaux, comme fiévres, #luxions, tumeurs, folie auec risée qui les incite à dancer , & ſauter durant l'accez, qu'ils appellent mal S. Vitus, & le guariſſent par muſique : auſſi au contraire, ils ſont ſubjects aux freneſies qui viennent auec fureur, & rage, prediſans quelquesfois les choſes à aduenir, ayans pluſieurs ſonges eſtranges, & parlans pluſieurs langages incognus durant l'accez:à toutes ſortes de gratelle, & ladrerie , maladie ſi commune entre eux, qu'on ne rencontre par les champs en l'vne & l'autre Mauritanie preſque qu'Hoſpitaux pour les ladres. Les Montagnars ſont plus farouches , & durs au trauail. Ceux qui habitent en la plaine, ſont plus mols: principalement ſi elle eſt mareſcageuſe, comme nous cognoiſſons par l'exemple des Holandois, & Friſons. Mais ſi elle eſt battue de chaleur, & ſoufflée de pluſieurs vents impetueux, ils ſont d'eſprit turbulent,mutin, cupide de nouueauté,impatient de ioug, & ſeruitude,comme nous cognoiſſons par l'exemple de ceux de la Gaule Narbonnoiſe. Ceux qui habitent en terroir ſterile ſont ordinairement de iugement plus accort , & plus excitez au trauail, comme nous monſtrent les exemples des Atheniens en comparaiſon de ceux de la Bœoce de Grece, les Romains en comparaiſon de ceux de la terre de Labour, & les Geneuois en compa- raiſon de leurs voiſins. - Des facultez. CH A P. XI. A c v L T E' ou vertu , eſt vne cauſe efficiente prouenant du temperament de la partie , la- >$ quelle fait quelque action au corps. Il y a au corps humain trois facultez principales qui le , # regiſſent & gouuernent, & eſquelles conſiſte toute noſtre vie quand elles ſont entieres,à ſça- $ ) uoir, l'Animale , Vitale, Naturelle. L'Animale eſt aſſiſe au propre temperament du cerueau, #^#lºs qui la diſtribue a toutes les parties de noſtre corps, par le moyen des nerfs, par leſquels eſt donné ſentiment, & mouuement. Icelle eſt de trois ſortes. - L'vne eſt motiue,l'autre ſenſitiue,& la tierce appellée princepr,c'eſt à dire,principale. La ſenſitiue conſiſte en cinq ſens exterieurs, ſçauoir eſt , la veuë, l'ouye, le gouſt,le flair,ou odorat,& l'attouchement. Lamo- tiue conſiſte principalement és nerfs, & muſcles, qui ſont inſtrumens du mouuement volontaire. La prin- cipale eſt celle qui fait la ratiocination, la memoire,la fantaſie ou imagination, ſous laquelle Galien com- prend le ſens commun, & interieur, bien qu'Ariſtote les diſtingue l'vne d'auecl'autre. La Vitale eſt ſituée au cœur, qui diſtribue chaleur , & vie aux parties de noſtre corps par le moyen des arteres. Telle faculté eſt principalement empeſchée és affections de la poictrine ou thorax,comme la ſupe- rieure, quand ſuruient quelque affection du cerueau,la plus remarquable : car iaçoit qu'elle ſoit impaſſible de ſoy,ſi eſt-ce qu'en ces inſtrumens elle peut ſouffrir beaucoup.Action de faculté vitale eſt la pulſation,& batement continuel du cœur,& des arteres : de laquelle il ſuruient trois profits, & vſages à tout le corps: car par la dilation du cœur, & des arteres l'eſprit vital par l'air ambient attiré eſt nourry, par leur contra- ction la fuligine eſt chaſſée hors:& par tous les deux la chaleur de tout le corps eſt rafraichie & temperée. La troiſieſme eſt la faculté naturelle eſtant au foye principalement:& celle qui donne nourriture à toutes les parties du corps,laquelle vniuerſellement eſt diuiſée en trois,ſçauoir eſt, generatrice, ſeruant à la genera- tion & formation de toutes les parties du corps au ventre de la mere : l'auctrice ou augmentatrice,qui com- mence depuis la delineation , & conformation,& dure iuſques à ce que les parties ſpermatiques ayent prins leur grandeur, & magnitude ſuffiſante en latitude,longitude,& profondité. Car ainſi les parties de noſtre corps s'augmentét,& tout par le benefice de la nutritiue,laquelle ſert à la generatrice,& auctrice.La nutri- tiue donc eſt celle qui repare,& reſtablit la triple ſubſtance de noſtre corps,qui a eſté perdue,& diſſipée par le continuel fiux d'iceluy,s'il eſt ainſi que nutrition ne ſoit que repletion de ce quia eſtévuidé.Ceſte faculté commence dés le premier commencement de la formation de noſtre corps,& dure iuſques à la diſſolution d'iceluy:parquoy elle eſt de grande contemplation.Icelle eſt accomplie par l'aide des quatre autre facultez naturelles ſpeciales,ſçauoir eſt,Attractrice,Retétrice,Concoctrice ou Alteratrice,Expultrice,& Sequeſtrice. L'attractrice eſt celle qui a le moyen d'attirer à ſoy le ſuc & aliment qui luy eſt conuenable (& tel ſuc eſt celuy qui peut eſtre fait ſemblable à icelle partie ) comme aſſez euidemment elle ſe monſtre en vn homme affamé : car auant que le morceau ſoit maſché,il eſt rauy,& attiré par la vertu attractrice : ainſi en vn qui a grand ſoif, le boire eſt promptement attiré. La retentrice eſt celle qui garde,& retient ce qui a eſté attiré, iuſques à tant qu'il aye eſtécuit, digeré & preparé à nutrition : partant elle ſert grandement à la vertu co- ctrice:car la chaleur naturelle ne peut faire coction, ſi l'aliment n'eſt comprins,gardé, & arreſté pour eſtre alteré,& du tout entierement changé, & fait ſemblable : comme pour exemple, la viande eſtant attirée au ventricule ſi elle n'y eſt retenuë, elle ne pourra eſtre tournée en chilus. L'alteratrice, ou concoctrice chan- ge, & tourne ce qui aura eſté prins & retenu, & le fait du tout ſemblable à la partie dont elle eſt faculté, le tout par le propre temperament, & chaleur naturelle d'icelle partie. Ainſi le ventricule fait vn chylus de tout le boire, & manger que nous prenons : ainſi le foye par ſa vertu coctrice tourne & change le chylus en ſang auſſi le nerf,& l'os muent, & changent le ſang qui leur eſt apporté parles veines capillaires, en ſub- ſtance blanche, & ſolide, qui auparauant eſtoit rouge & fluxile. Telle coction en l'os, & nerf eſt plus diffi- cile à faire, qu'elle n'eſt en la chair muſculeuſe, car à icelle le ſang eſt fort ſemblable : parquoy auec petite alteration & deſiccation eſt tourné en chair;toutesfois telle alteration,& coction ne ſe peut deuement fai- re, ſi l'aliment n'eſt expurgé & nettoyé de ſes excremens,& choſes qui luy ſont eſtranges. Parquoy non ſeu- lement à la premiere, & feconde coction (comme nous auons dit) y a deux ſortes d excremens,ſçauoir eſt, le gros, & le ſubtil, mais auſſi en la troiſiéme, qui ſe fait en chacune partie : l'vn eſt cogneu par l'entende- ment, que nous apPellons inſenſible tranſpiration,l'autre eſt aucunesfois cogneu par ſueurs,autresfois par la generation A - - ſ 1 11l L 1 \_)\ l \ , {- L l \ )ll cl lcl \ A llil u131C. 1 7 A generation du poil,& ongles, qui ſont engendrez des excremens fulgineux, gros & terreſtres de la troiſié- me coction : à ceſte cauſe il y a vne quatrieſme faculté naturelle, qui ayde a la nutrition qu'on appelle ex- pultrice,dediée à expeller & reietter les excremens ſeparez par la vertu ſequeſtrice,où les choſes n'ont peû eſtre alterées & cuittes, ny du tout aſſimilées. Telles facultez aydantes à la nutrition, ſont en aucunes par- ties doubles, ſçauoir eſt, communes à tout le corps, & outre propres, & particulieres à elles, comme au ventricule, au foye,aux veines ; en aucunes, toutes quatre enſemble : comme aux parties cy-deſſus dictes: en aucunes deux ſeulement, comme au fiel, à la ratte, és reins , & à la veſſie : és autres parties ſont ſeule- ment particulieres & propres, comme és parties ſimilaires > & ſanguines , eſquelles, ſi l vne de ces quatre defaut, la partie eſt malſaine, demeurant aucunesfois atrophiée & difformée , autresfois vlcerée, autres- fois reçoit d'autres affections,à raiſon qu'elle n'eſt bonnement nourrie. Or telles facultez faiſans deuëment Que c'eſt leur deuoir, l'aliment ſera faict propre ſubſtance de la partie, qui eſt la vraye aſſimilation , par degrez, & qu'a#mi . moyens qui s'enſuiuent:car il faut premierement qu'il afflue à la partie, puis qu'il ſoit apposé & mis:eſtant ,ion. apposé , qu'il ſoit agglutiné, & fiché : finalement apresl'agglutination qu'il ſoit aſſimilé, & fait du tout ſemblable : La faculté ſequeſtrice ou ſeparante, eſt celle qui peut tirer, & faire choix des matieres entiere- ment confuſes & meſlées de bon & mauuais. Exemple , la veſſie du fiel attire à ſoy la cholere du ſang, la- quelle n'apparoit au ſens de la veue dedans le ſang:& les rongnons tirent la ſeroſité du ſang,& la mettent à part qui eſt iettée par l'vrine.Auſſi le laict eſt enuoyé des mammelles a la matrice,paſſant au trauers des vei- nes remplies de ſang.Et la boue d'vne apoſtume faicte au bras ou ratelle,poulmons ou foye,& autres parties internes, eſt vacuée par les vrines,& par les ſelles,paſſant par le ſang,ſans ſe mixtionner auec luy.On void B cela aux choſes inanimées,comme és vaiſſeaux de verre nómez monte vins,le vin paſſer au trauers de l'eau, & l'eau au trauers du vin,ſans ſe meſler enséble.Tar plus forte raiſon il ſe faict ſeparation des excremens,par la vertu,& faculté ſequeſtrice qui eſt au corps humain.Maintenât faut parler des actiôs qui viénent d'icelles. Des actions. C H A P. X l I. l C T I o N , ou fonction, ou operation, eſt vn mouuement actifprouenant de la faculté : car Differencs # tout ainſi que la faculté dépend du temperament, ainſi l'action de la faculté, & de l'action d'aciion & l'œuure. Et jaçoit que bien ſouuent ſont confondus action, & œuure, toutesfois, il y a diffe- œuure. rence entre les deux car l'action demonſtre le mouuement à faire quelque choſe, & l'œuure la choſe ja faicte,& du tout accomplie : comme nutrition, generation de chair, eſt action de nature les parties ja nourries, la chair engendrée en vn vlcere caue, eſt œuure d'icelle. Parquoy l'œuure dépend de l'action, tout ainſi que l'action dépend de la faculté, par le benefice des inſtrumens bien diſpo- ſez,& entiers:car ſi la faculté defaut,ou qu'elle aye receu quelque offenſe, nulle action ſe pourra faire : de meſme,ſi les inſtrumens n'ont conuenable conformation (qui eſt leur propre ſanté, par laquelle les mem- bres & inſtruments ſont prompts à faire quelque action) l'action ſera nulle, ou peu louable. A ceſte cauſe, pour la bonté & perfection des actions, il faut que les facultez, & les inſtrumens d'icelies ſoient en dnë diſpoſition,& en leur entier. Les actions ſont de deux differences:car ou elles ſont naturelles, ou volontai- Diuiſion drs resiles naturelles ſontainſi appellées à raiſon qu'elles ſont non volontaires, & ont vne nèceſſité en ſoy,la- aäiºns. quelle nous ne pouuons empeſcher, comme le mouuement du cœur, le poulx de l'artere, l'expulſion des C excremens, & autres telles actions naturelles , qui ne ſe gouuernent point ſelon noftre propre vouloir. Telles actions procedent,& viennent ou du foye, & des veines,ou du cœur, & des arteres : parquoy on les pourra ſpecialement appeller vitales & naturelles:car à chacune faculté faut attribuer vne action,autrement s'enſuiuroit qu'vne faculté ſeroit oiſiue,& ſans vſage.Les non volontaires vitales ſont,Dilatation du cœur, Contraction des arteres, que nous appellons poulx. Par la dilatation ſont attirées les matieres, & par la, contraction ſont dechaſſées Les non volontaires naturelles ſont telles ; Generation,) ſ Generatrice. Auction, }re de la faculté.2 Auctrice. - Nutrition, Nutrice. Generation n'eſt autre choſe qu'vne conformation de matiere,ou acquiſition de forme ſubſtantielle en la De la gene- matiere,laquelle eſt accomplie par le moyen de deux vertus & facultez:l'vne eſt alteratrice,qui prepare & ration , & altere la ſemence, & ſangmenſtruel,pour en faire os,chair,nerfs, ligamens, membres, & autres telles par- que c'eſt. ties:l'autre eſt formatrice,quiforme & figure la matiere ja preparée,& luy donne ſituation, compoſition,& figure conuenable. - Auction,eſt ampliation ou augmentation des parties ſolides, en longueur, largeur, & profondité, gar- Del'auaion, dant toutesfois la premiere forme, figure, & ſolidité. Or eſt-il dict en ceſte definition, auction eſtream- pliation des parties ſolides,parce que d'icelles ſeules depend toute l'eſſence de faugmentation:car vn corps Pour amplifier en charnure ou graiſſe, n'eſt pas dit s'augmenter, mais ſeulement ſi quant, & quant les par- ties ſolides s'augmentent,& principalement les os : dautant qu'iceux s'augmentens, tout le corps pareille- ment s'augmente,encores que peut eſtre il amaigriſſe. Nutrition eſt parfaicte aſſimilation de la choſe qui doit nourrir, auec la partie qui doit eſtre nourrie. De la nutri- D Icelle ſe parfait par le moyen de quatre autres actions particulieres, ſçauoir eſt, attraction, retention,co- tiºn. ction,& expulſion Les actions volontaires qui tiennent entierement de noſtre volonté,ſont ainſi appellées, à raiſon que ſelon noſtre vouloir,nous les pouuons arreſter,ou exciter, & faire haſter , ou retarder, ainſi qu'il nous plaiſt. Icelles ont trois differences:car où il y a ſentiment,ou mouuement,ou action principale, : & princeſſe. Le ſentiment, ou ſenſation, eſt faict en cinq ſortes, qui font voir, ouyr, odorer, gouſter, & attoucher : leſquelles actions ſont faictes par la concurrence de trois choſes,à ſçauoir, d'vn organe ou in- ſtrument , d'vn moyen, & d'vn obiect. L'organe ou inſtrument eſt principalement l'eſprit animal (duquel nous parlerós cy-apres)cöduit & mené par les nerfs és propres parties où doiuent eſtre faits tels ſentiméts; partant icelles parties ſeront priſes à preſent pour inſtrumens,& organes. Le moyen eſt vn corps qui porte 1'obiect,& le repreſente à l'inſtrumét ou organe.L'obiect eſt vne qualité exterieure,qui a vertu d'eſmouuoir Peurquoy les l'organe parl'ayde du moyen bien diſpoſe & affecté. Ces choſes ſeront plus faciles,en declarant particulie- parties,éom- rement vne chacune action par ces trois poincts neceſſaires. La viſion eſt action de la faculté viſuelle , la- me l'œil, & quelle eſt faite en l'œil, qui eſt conſtitué de tuniques, & d'humeurs ſeruants à faire telles actions : partant autres , ſont ſont pour l'inſtrument de ladite viſion. L'obiect,& qualité viſible repreſentée audit inſtrument eſt double: Priſº Pººr car ou il eſt viſible de ſa propre nature,comme la lumiere, le ſoleil, le feu, la lune & les eſtoilles : ou par inſtrument. le benefice d'vn autre, comme par la clarté les couleurs nous ſont repreſentées : toutesfois tels obiects ne Trou choſes ſont conduits à l'inſtrument,ſi ce n'eſt par le moyen d'vn corps qui eſt diaphane,& tranſparent,comme l'air # # #474 ou l'eau, ou la glace, ou le verre. - De la ſenſa- tion. -* B 3 L'oury T8 Le premier Liure de Cuyr. Sentir. Odorerº Gouſter. Toucher. De la mo- tion. Comment la ve, iration . eſt attiô vo- lontaire. Deciſion no- table de la reſpiration. De la frin- eipale, dite Princeps. $ue c'eſt qu'eſprit. re l'eſprit animal De l 'eſprit •vital. De l'eſprit naturel. L'ouyr a pour inſtrument le conduit ou ttou de l'os petreux, nommé mammillaire, auquelil y a pânni- A cules, nerf auditoº & quelque air ou eſprit contenu audit trou de l'os petreux.Son object eſt tout ſon, qui eſt engendré dela percuſſion de lair,& causé de la colliſion,& rencontre de deux corps,deſquels l'vn a receu le coup, l'autre l'a donné. Le moyen eſt l'air exterieur qui porte le ſon à l'oreille.Le ſentir,& odeur cſt faict és apophyſes mammillaires,produictes de la propre ſubſtance du cerueau,& aſſiſes ſurl'os emoide, ſelon Galien, foutesfois il eſt faict és ventricules anterieurs du cerueau:telle action eſt fort petite à l'hom- me au regard des autres animaux : ſon obiect eſt toute ſorte d'odeur, qui eſt vne exhalation qui ſort des corps, Le moyen par lequel tel object eſt repreſenté à l'odorat, eſt l'air, & aux poiſſons l'eau.Le gouſter eſt faict à la langue diſpoſée par le benefice du nerf venant de la troiſieſme & quatrieſme coniugaiſon des nerfs du cerueau , & diſperſé à la ſuperficie de la langue. Son object eſt toute ſorte de ſaueurs,deſquelles nous parlerons cy apres en noſtre antidotaire. Le moyen par lequel tel object eſt conduit à l'inſtrument,eſt exterieur ou interieur : l'exterieur eſt vne ſaliue humide & vnctueuſe de la langue : l'interieur eſt la chair ſpongieuſe d'icelle langue. Le toucher ou attouchement , eſt faict en toutes parties ayans nerfs,mais prin- cipalement en vne peau nerueuſe diſpoſée par tout le corps , & miſe ſous la peau:toutesfois le premier in- ſtrument eſt le cuir des doigts comme auons dit au chapitre ſixieſme des Temperamens. L'object,eſt toute qualité tactile , ſçauoir eſt premiere,chaud,froid, humide, & ſec : ou ſeconde , rude, poly, leger, peſant; dur, mol, rare , denſe ; friable,vnctueux,ſubtil , & cras. Le moyen,qui porte tel object à f§ à la peau, ou à la chair qui a beaucoup de nerfs meſlez auec elle, La ſeconde action animale,eſt motion, mouuement ſpecialement dit volontaire, qui eſt faict par le muſcle,appellé le propre inſtrument du mou- uement volontaire. Les differences principales de telle action ſont, flexion, & extenſion:toutesfois il y a autant de diuerſité de telles actions, qu'il y a de ſortes de diſpoſitions ou differences locales:car le mouue- B ment eſt fait haut ou bas, à dextre ou à ſeneſtre,deuant ou derriere,eſquelles on pourra rapporter tant de ſortes de mouuemens que nous auons au corps, prouenans d'vne infinité de muſcles.Au nombre de telles actions volontaires faut referer la reſpiration,âraiſon qu'icelle eſt faiéte par le moyen des muſcles,nonob- ſtant qu'elle ſerue à la † du cœur : car nous la pouuons arreſter pour quelque temps, quand il nous plaiſt, & la faire plus frequente , ou rare » qui ſont les propres conditions du mouuement volontaire. Bref, pour ſatisfaire à vne infinité d'objections qu'on fait touchant CC poinct , nous dirons,que l'action de reſpirer appartient à la faculté animale, mais l'vſage & vtilité appartient à la vitale. L'onction principale, & premiere en dignité entre les actions volontaires , eſt diuiſée en trois : car, ou il y a imagination,ou cogitation & penſée, ou memoire.L'imagination eſtvne apprehenſion & recognoiſ- ſance des choſes & objects qui nous ſont repreſentez par les cinq actions ſenſitiues, cy-deuant declarées. La cogitation , ou ratiocination eſt le iugement, ou eſtimation,qui eſt faite des choſes conceuës & appre- hendées,en les comparant & aſſemblant les vnes auec les autres,ou les ſeparant l'vne d'auec l'autre. Telle action eſt communement appellée raiſon,& eſt la plus excellente des trois.La memoire eſt la garde & con- ſeruation des choſes apprehendées & imaginées,de là iu ées & examinées,comme le threſor,qui eſt quel- quesfois deſployé & ouuert quand les autres actions ceſſent. Or toutes telles actions,tant naturelles, qu'a- nimales & volontaires,ſont faictes par le moyen & benefice des eſprits , deſquels faut à preſent parler. - Des eſprits. C H A P. XI I I. R, S P R 1 r eſt vne ſubſtance ſubtile, aërée, tranſparente & luiſante, faicte de la partie du C | | #>3 ſang la plus legere & tenue, afin que par icelle la vertu des facultez † gouuer- =1 .2 : nent noſtre corps , ſoit conduite & portée aux autres parties, pour faire leur propre action. $ S'7 Car ſi telle vertu n'eſtoit portée aux parties pour faire leur propre action, elles periroient # 7r N \ $ incontinent. Tel eſprit eſt communément fait triple, animal , vital , & naturel. L'eſprit animaleſt mis & logé au cerueau : car és veines , & arteres dudit cerueau il eſt fait & elabouré , pour diſtribuer par les nerfs, & porter le ſentiment & mouuement és parties de noſtre corps. Qu'il ſoit vray, il eſt manifeſte, qu'en Hyuer, à cauſe de l'interception, ou glaciation dudit eſprit, faicte par le froid és parties externes, comme la main , ily a deprauation, ou diminuation du mouuement & ſentiment. Il eſt appellé animal,non qu'il ſoit ſubſtance de l'ame,mais à raiſon que c'eſt le principal inſtrument d'icelle, qui eſt logée au cerueau.Tel eſprit eſtvne ſubſtance fort ſubtile & ignée,laquelle ſelon la diuerſité des cinq ſens exterieures,a diuers noms:celuy qui fait la veuë ou viſió,eſt dit viſoire ou viſuel, lequel nous pourrons voir ſenſiblement ſaillir hors l'œil quand nous le frottons & agitons auec le doigt, & principalement la nuict. Celuy qui eſt porté à l'ouye , eſt dit auditif : celuy du gouſt, gutatif : celuy du toucher, tactif ll eſt fait és anfractuoſitez des veines & arteres du cerueau de la partie la plus ſubtile de l'eſprit vital, porté en haut par l'artere carotide; en partie auſſi de l'air , ou vapeurs, ou odeurs que nous attirons,inſpirons par le nez és ventricules anterieurs du cerueau : & nous faiſons interception de tel eſprit par ligatures fort eſtreinctes quand nous voulons amputer quelque membre. En vne paralyſie auſſi, ou apoplexie, à raiſon de l'obſtru- ction qui fermela voye audit eſprit,quelquesfois la partie eſt priuée de mouuement, quelquesfois de mou- uement & ſentiment. - D L'eſprit vital, ſecond en dignité, eſt aſſis au cœur principalement au ventricule ſeneſtre d'iceluy, & eſt porté par les arteres à toutes les parties du corps, pour entretenir & garder la chaleur fixe & aſſiſe de chacune partie, laquelle autrement periroit ſi elle n'eſtoit maintenue par la chaleurfluente,qui vient auec ledit eſprit par les arteres en chacune partie. Il eſt le plus ſubtilapres l'animal:partant il a eſté diligemment gardé en vne tunique fort eſpaiſſe,& preſque ſemblable au nerf, ſçauoir la tunique interieure de l'artere, qui'eſt cinq fois auſſi eſpaiſſe que celle de la veine,côme de l'opinion de Herophile citée en Galien en plu- ſieurs lieux.Tel eſprit eſt fait de la partie la plus ſubtile du ſang,& de l'inſpiratiö de l'air:parquoy s'il ſe fait trop grande tranſpiration , ou vacuation exceſſiue, ou quelque corruption d'humeurs, il eſt incontinent perdu : auſſi s'il ſe faict quelque inſpiration d'vn air peſtilent,ou autrement putrefié & malin,ou de quelque odeur infecte,il eſt promptement corrompu,qui eſt la cauſe de la mort tant ſubite des peſtiferez.Quelques- fois par obſtruction & redondance, ou quelque trop grande inflammation, tel eſprit ne peut bonnement reluire à la partie,& entretenir la chaleur naturelle d'icelle:dont s'enſuit corruption de toute la partie,que- nous appellons ſpacelle , ou ſyderation, de laquelle nous parlerons cy-apres. L'eſprit naturel ( ſi d'auenture il y en a vn ) eſt aſſis au foye & veines : il eſt plus gros beaucoup que les precedents, auſſi inferieur en dignité, action & vſage:lequel eſt d'ayder la nutrition de chacune partie,& cöduire le ſang & chaleur a icelle.Il y a d'autres eſprits fixes & inſerez és parties ſimilaires ou ſimples de no- ſtre corps,qui ſont ſemblablement naturels & engendrez en vne chacune partie d'iceluy Et d'autant qu'ils - ſont ſubſtances TTIntroduction à la Chirurgie. 19 : A ſcbſtances etherées & ignées, ils ſont tellement conjoincts auec la chaleur naturelle,que ſans icelle ils ne peuuentnon plus ſubſiſter , ny demeurer que la flamme du feu ſans chaleur : leſquels auſſi auec icelle ſont comme les vagabonds, & fluans, les premiers inſtrumens des facultez , & operations d'vne chacune partie de noſtre corps. Or ces eſprits fixes ſont nourris,& entretenus en noſtre corps de l'humeur radical,qui eſt de ſubſtance aërée,& huilleuſe contenu és parties ſimples & ſimilaires,lequel humeur eſt le fondement,& iubſtance de ces eſprits fixes, & de la chaleur naturelle : pourtant nul homme ne peut viure vn moment de temps ſans iceluy,pource qu'il eſt la matiere ſubjecte tant de cét eſprit icy, que de la chaleurnaturelle,ſans leſquels nul animal ne peut viure.Car les premiers inſtrumens de la vie de l'animal,ſont les eſprits,& la'cha- leur naturelle, deſquels l'ame ſe ſert pour faire ſes operations : pourtant,ſi cette matiere,ou humeur radi- cale eſt diſſipée, qui eſt le propre ſiege des eſprits, & de la chaleur naturelle, comment ſera - il poſſible que leur ſubſtance puiſſe plus perfiſter, & demeurerºSi donc cette ſubſtance radicale,& ſubſtantifique pe- rit, il eſt certain que la chaleur maturelle s'eſteint, & par conſequent la mort s'enſuit, qui prouient par la reſolution de la chaleur naturelle. Puis donc que cette eſpece d'eſprits auec la chaleur naturelle,eſt conte- nue en vne chacune partie ſimilaire de noſtre corps, car autrement elle ne pourroit perſiſter)il s'enſuit qu'il y en a autant comme de parties ſimilaires:car vne chacune d'icelles à ſon propre eſprit, & chaleur naturel- le, pource qu'elle a ſa propre temperance,& complexion, de laquelle l'eſprit,& chaleur naturelle procede : pourtant l'eſprit qui eſt en l'os, n'eſt pas celuy du nerf ny celuy du nerf,des veines.Ainſi peut-on iuger de tous les autres qui ſont en vne partie ſimple.Et cette varieté,& diuerſité des eſprits fixes prouient de la va- riable temperature,& mixion de quatre elemens d'où ils procedent. Ortelle conſideration des eſprits n'eſt de petite conſequence,car en iceux conſiſtent nos vertus & forces : de là vient que nous ſommes affoiblis, & deſtituez quaſi de toutes forces, quand ils ont ſouffert par trop grande reſolution. Parquoy faut auoir diligemment eſgard à la conſeruation, & maintien d'iceux : car s'ils ſont foibles, toute indication curatiue des maladies ceſſe, & bien ſouuent ſommes contraints laiſſer la propre cure pour les reſtaurer, & reſtablir en leur entier. Ce que nous faiſons par viandes ja du tout preparées à nutrition,par bon vin,odeurs douces, & amiables. § il ſont retirez au dedans pour quelque grande oppreſſion de nature , à cette cauſe par odeurs puantes, & fetides ſommes contraints les reuocquer de dedans au dehors. Iuſques à preſent auons declaré les choſes qui conſtituent & compoſent noſtre corps,que l'on appelle naturelles,& quelque vnes de leur annexes : reſte encore à parler d'aucunes d'icelles. L'aage , duquel nous auons traicté aux temperamensº Le ſexe. Les annexes des 1 La couleur. . choſes naturelles< La commoderation , ou ſanté des parties inſtrumentaires. ſont, Le temps , duquel nous auons traictéaux temperamens. La region. - L'art , ou eſtat, & maniere de viure. –- _L .1 C H A P. X IV. E ſexe n'eſt autre choſe que la difference du maſle,& de la femelle : en laquelle faut conſide- rer que la femme a toufiours moins de chaleur que l'homme, auſſi quelle a quelque parties - peu differentes, & ſituées en autre lieu que l'homme:dauantage que les parties ſpermatiques - d'icelle ſont plus froides , plus molles, & moins ſeiches que celles de l'homme, & que les . NſºN actions naturelles ne ſont tant parfaictes en elles,qu'en l'homme. A la nature de la femme faut rapporter les chaſtrez, carils degenerent en tel ſexe, & retiennent la nature d'iceluy , comme on void par la voix feminine, & defaut de poil par l'imbecille chaleur : toutesfois , faut auoir égard qu'aucunes femmes approchent grandement de la nature de l'homme, comme appert à la voix virile, & quelques fois on les voit porter barbeau menton. Au contraire, aucuns hommes retiennent de la nature de la femme, pour autant on les appelle effeminez. L'ermaphrodite, à raiſon qu'il tient de la nature de l'homme,& de la femme, il eſt moyen entre les deux, participant de l'vn & de l'autre. La couleur externe & adherante à la peau , naturellement demonſtre le temperament:car ainſi que Ga- lien dit au comm. ſur le 2. Aphoriſme de la premiere ſect. & autres lieux ; La couleur ſe monſtre telle a la peau,quel eſt l'humeur contenu deſſous elle:& pourtant ſi elle eſt rouge,vermeille & luiſante,elle monſtre l'abondance du ſang & bonté des eſprits : ſi elle eſt jaune, elle declare la domination de cholere : ſi elle eſt paſle oublanche,elle teſmoigne aſſez la multitude de pituite & phlegme;ſi elle eſt noire ou tanée,elle môſtre l'humeurmelancholique dominer.Es excremens naturels,elle eſt de grande conſideration:côme pour exem- ple en vn vlcere le pus ſortant blanc demonſtre bonne diſpoſition de la partie vlcerée:mais d'autre couleur comme rouge & ſanglant , ouverd,ou liuide,ou de pluſieurs autres meſlées enſemble,il declare l'imbecilli- té de ladite partie, qui n'a eſté aſſez forte pour le faire ſemblable à ſoy. Auſſi és tumeurs contre nature, la couleur monſtre la difference deſdictes tumeurs, ou complication dicelles. La commoderation ou ſanté, des parties organiques conſiſte en figure, magnitude,nombre,ſituation & connexion conuenable de chacu- ne partie. En figure,comme ronde des parties externes,à fin qu'elles ſoient moins ſubjectes aux offenſes & dommages exterieurs.En grandeur & magnitude ſeante, comme ſi elles ſont graſſes & groſſes, oumaigres & extenuées. Nombre des parties entier ou defaillant : entier, comme de cinq doigts à la main : defaillant, comme ſi quelque partie naturelle défaut pour quelque empeſchement de nature.En ſituation & connexion conuenable, quand chacune partie eſt en ſa ſituation naturelle, & bien vnie & aſſemblée l'vne auec l'autre. La partie de l'an a eſté ja declarée és temperamens.La region auſſi eſt comprinſe ſous l'air,duquel nous di- rons aux choſes non naturelles. L'art & maniere de viure & couſtume changent beaucoup,& du tout le temperament,parquoy ſont à con- ſiderer:mais elles ſont tant diuerſes & variables, qu'elles ne peuuent bonnement eſtre defcrites. Car fi l'art eſt de grand trauail,comme des laboureurs,mariniers,& autres artiſans qui trauaillent beaucoup,elle rend les parties du corps plus ſolides,fermes, dures,& plus ſeiches:toutesfois ceux qui conuerſent ſur l'eau, ia- çoit qu'ils s'exercent beaucoup, ſont ſubjects à maladies froides:au contraire,ceux qui trauaillent aux me- taux, comme marechaux , ſerruriers, fondeurs, ſont eſprins ordinairement de maladies chaudes, comme fiévres,& autres.Si elle eſt de petit trauail comme de couſturiers,& autres qui exercent leur art,ne trauail- lent pas beaucoup le corps, elle rendra le corps plus mol & excrementeux.Autant en fait la maniere de vi- ure oiſiue,ſans trauail de corps, & d'eſprit auec abondance des viandes,laquelle ordinairement eſt ſubjecte à Pierres,grauelles,& gouttes. Celle qui a quelque occupation,& non trop laborieuſe,& auec mediocrité, des viandes,ou abſtinence,rendra le corps moins excrementeux,& le gardera aucunement en ſon tempera- B 4 IIlCIl£ Des annexes des choſes naturelles. De la cont- leur. De la cohn- moderation ou ſanté des parties in- ſtrumen- taires. De la re- gion. De l'art, ou de l'eſtat cr mariere de viure. 2,O *-e premier Liure de ment naturel. Lº bon eſprit, & iugement naturel du Chirurgien pourra dauantage comprendre en chacun A particulier. Et puis qu auons fuffiſamment, & briefuement déclaré,tant les choſes naturelles que les anne- xes,faut venir mainterºnt aux ron naturelles. - - Des choſes non naturelles. C H A P. XV. pourquo, $# O v s ºuons declaré le plus briefuement qu'il a eſté poſſible les chofes naturelles, qui font les #J W SS la conſtitution de noſtre corps, leſquelles ſont comprinſes en la premiere partie de Medeci- ſont dites ne, nommée Phyſiologie : faut à preſent deſcendre à celles qui gardent, & maintiennent le 770n /74/f4- corps , eſtantainſi conſtitué naturellement, c'eſt à dire,qui ſont hors la nature, & eſſence de relles. noſtre corps. Telles choſes Galien appelle conſeruatrices , à raiſon qu'elles conſeruent, & gardent les corps en ſanté : les Modernes les ont nommées non naturelles, à raiſon qu'elles ne ſont de §onſtitution , ou compoſition du corPs de l'homme, on les peut dire neutres , ou indifferentes : car elles tiennent le lieu moyen entre les naturelles , & celles qui ſont contre nature : joinct auſſi que ſi elles ſont deuëment appliquées , elles apporteront ſanté, & au contraire, ſi elles ſont mal adminiſtrées : à cette cauſe icelles ſont compriſes en la ſeconde partie de Medecine,dite Hygiaine ; c'eſt à dire, garde de ſanté : non pas qu'aucunes d'icelles ſoient telles,qu'elles ſoient touſiours ſalubres, autres inſalubres de leur nature : mais ſeulement pource qu'elles ſont faites, & rendues telles par vſage commode,ou incommode, - Tel vſage conſiſte en quatre conditions, ſçauoir en quantité, & qualité, en l'occaſion, & en la maniere d'vſer : leſquelles ſi tu obſerues, tu feras que ces choſes qui de ſoy ſont indifferentes, ſeront touſiours ſalu- - bres : car de ces quatre dependent toutes les regles,& preceptes de cette partie de Medecine,qui a eſgard a - la conſeruation de la ſanté.Ces choſes nonnaturelles,comme dit Galien aupremier liure De sanitate iuenda, B Galien au ,. ſont compriſes en quatre genres, & dictions vniuerſelles, que l on nomme ſamenda.admauenda, educenda,fa- | § §nda. s menda, c'eſt à dire, choſes qui ſe prennent au dedans,ſoit par la bouche,ſoit autre-part,ſont l'air, - boire, & manger. Admouenaa, c'eſt à dire , choſes qui s'appliquent par dehors, ſont tous medicamens, & 1 toute autre choſe que l'on approche,tant au corps,qu'à quelque partie que ce ſoit. F.ducenda c'eſt à dire, ce - qui eſt tiré dehors, ſont tous excremens qui ſortent hors du corps, toutes choſes eſtranges que l'on tired'i- , celuy. Fatienda, c'eſt à dire , ce qu'il faut faire,ſon trauail,repos,dormir,veiller, & autres : toutesfois,com- l munément on les diuiſe en ſix , qui ſont, l' L'air. - Boire , & manger. - : Trauail , ou exercice, & repos. ' . - Dormir, & veiller. - Excretion,& retention, ou repletion,& inanition. : | Les perturbations de l'ame. - -- De l'Air. C H A P. XV I. Neceſſité de Sèz,S95 A1 R,eſt celuy ſans lequel nous ne pouuons viure s'il eſt ainſi que la reſpiration ne puiſſe eſtre l'air. #%) $ # ſeparée de la vie , dauantage, c'eſt celuy ſans lequel ne pouuons garder la ſanté, nyguarir les èJV$) maladies, ainſi que dit Galien au neufvieſme de la Methode; pour cette cauſe,il eſt de grande conſideration en la Medecine,& Chirurgie. Qu'ainſi ſoit,il eſt tres-neceſſaire cognoiſte celuy · lº- 2N qui eſt bon,& celuy qui eſtmauuais,auſſi celuy qui eſt contraire à la maladie,ou quiayde icel. · · • le,& luy donne force,comme eſt celuy qui eſt du tout ſemblable à icelle:à cette cauſe,il doit eſtre changé,s'il à eſt naturel, & rendu artificiellement contraire à la maladie. Qu'il ſoit vray, en Hyuer,s'il ſuruient playe de ! teſte,en la penſant,& traittant,faiſons vn air chaud,par la reuerberation de quelque fer eſchauffé auparauant : au feu ( car le froid eſt du tout contraire au cerueau,& playes deteſte)& ainſi és autres maladies qui deman- Le froid en- dent air accommodé à leur nature.Quand l'air eſt trop chaud,& tiré au dedans par l'inſpiration,il eſchauffe nemy des les poulmons,le cœur,& les eſprits,& fait que les forces ſont affoiblies par diſſipation,à raiſon de la ſubti- # de la lité d'eſprits. Auſſi lors qu'il eſt trop froid, il debilite les vertus, & les ſuffoque, tant par ſuppreſſion des teſte . excremens fuligineux , que par incraſſation des eſprits.L'air donc naturel, & tres-ſalubre , eſt celuy qui eſt exactement pur,ſubtil,clair , & libre de toutes parts, eſtant hors de toute corruption, tant de beſtes que d'autres choſes putrefiées, eſloigné du tout d'eſtangs, mareſcages, & cauernes : ny eſtant fait nebuleux par vne riuiere prochaine : tel air eſt conuenable(s'il eſt temperé, comme aduient au Printemps) à toutes mala- dies, & leur ayde grandement. L'air qui eſt contraire au precedent : & du tout mal-ſain, eſt celuy qui eſt - pourry ſans aucune perflation, humide,enclos entre montaignes,corrompu de quelque mauuaiſe vapeur,ou exhalation de quelque maretz, eſtang , ou riuiere prochaine. Tel air eſt nuiſible,& dommageable,non pas - - ſeulement à tous aages,& temperatures,mais auſſi à toutes maladies. Or puis que l'air propre à chacune ma- ladie, ne peut eſtre icy bonnement deſcrits à raiſon qu'il eſt particulier,& diuers és maladies,ie me conten- teray de declarer ce qui eſt entendu generalement par l'air. Ce qui eſt Par l'air,les Autheurs Medecins entendent trois choſes,la preſente conſtitution de l'air,la region où nous entendu par ſommes,la partie de l'année. Du temperament de la derniere auons traicté és choſes naturelles,parlans des D l'air. temperamens : donc nous parlerons ſeulement des deux autres. A # º º La preſente conſtitution de l'air,aucunefois eſt quelques iours ſemblable au Printemps(c'eſt à dire,tem- ſtitution pre- perée)partant fort ſalubre,& peu maladiue:autresfois,elle repreſente l'Eſté, c'eſt à dire elle eſt chaude, & ## de-» ſeiche: quelquesfois l'Automne,autrefois l'Hyuer, c'eſt à dire,elle eſt pluuieuſe,froide,& humide:& ſelon - ſes diuerſes conſtitutions, elle engendre ſouuentesfois fiévres,apoſtemes,& autres maladies,ſuiuant le dire - d'Hipocrate, au troiſieſme des Aphoriſmes Quand en vn meſmeiour,tantoſt il fait froid, tantoſt chaud , il faut attendre maladies de l'Automne. Or telles varietez,& mutations de la conſtitution de l air aduiennent à raiſon de la diuerſité des vents qui ſoufflent, la nature deſquels eſt grandement à conſiderer : car par iceux nous cognoiſſons ſenſiblement les mutations del'air : partant les deſcrirons le plus briefuement que faire ſe pourra Des vents. Le vent d Orient, qui eſt dit en Latin subſolanus,en François Solaire,eſt de nature chaude,& ſeiche;ſalu- bre, & ſain Le vent d'Occident , dit Fauonius ; & vulgairement Galerne, eſt froid,& humide ; maladif, & inſalubre. Le vent de midy eſt chaud, & humide, cauſe de corruption , & maladies prouenantes de pour- riture. Le vent de Septentrion, dit communément Bize, eſt froid, & ſec ; ſain, & ſalubre, lequel s'il ſouffle durât les iours caniculaires,apporte ſalubrité a toute l'ânée,& ameine inſalubrité ſi elle a precedé.Or telle deſcription des quatre vents eſt faite ſeulemét ſeló leur naturel & propre,qui eſt pris dunaturel de la regió, dont - : - - - - "- : C , - - •l , - *. • - "- 1 11 l l l U\ l { I \ L l' )ll cl lcl. W. A ll i l u 1 }51-. A. R A dont ils commencent à ſouffler car autrement nous experimentons ſouuent des effects aux vents tous con- traires à leur propre nature,ſelon les lieux par où ils paſſent comme montagnes couuertes de neiges, mers, eitangs, riuieres, foreſts, campagnes ſablonneuſes, & autres lieux deſquels ils empruntent les qualitez, & nous les apportent venans vers nous.Ainſi auons-nous dit le vent Fauonius,c'eſt à dire,fauorable,eſtreneät- moins maladif & inſalubre,pour le reſpect de ſon naturel particulier, & de la region Occidentale, froide, & humide, dont il part : & tel l'experimentent les Gaſcons,tellement à leur dommage,que bien rarement il ſouffle en leur pays,ſàns quelque inſigne detriment és hômes,aux biés de la terre;& toutesfois les Grecs, & Italiens l'ont toufiours loüé comme le plus ſalubre. Le leuer auſſi, ou coucher des eſtoilles les plus inſi- - gnes,eſleue quelquesfois tels vents froids, qui refroidiſſent grandement l'air,ou le changent en autre quali- te, eſleuent les exhalations, & vapeurs dont precedent les vents,nuées, orages, tourbillons, eſclairs, fou- dres, tonnerres,greſles,gelée,neiges,pluyes, tremblemens de terre, inondation d'eaux, auec flux,& reflux de marée,& autres calamitez:mais l'entiere cognoiſſance & contemplation, tant des vents que du mouue- ment des eſtoilles,appartient à l'aſtrônomie , comme la ſpeculation des regions,& des climats aux Coſmo- graphes , & Geographes.Toutesfois Hippocrate en a traicté en ſon liure de l'Air, des lieux,& eaux,où il deſcrit les pays qui luy eſtoient cogneus,& voiſins Auſſi manifeſtement nous cognoiſſons combien nuit, & profite l'air d'vne region plus que l'autre,& qu'il eſt plus conuenable à vne maladie que l autre,ainſi que dit Guidon de Cauliac,que les plaies de la teſte ſont plusfaſcheuſes à guerir à Paris qu'en Auignon,& au con rontou , s traire les vlceres des iambes plus faciles à guarir à Paris qu'en Auignon:à raiſon que l'air de Paris eſt froid # # là & humide au pris de celuy d'Auignô,partant il eſt ennemy des playes de la teſte:toutesfois iceluy par ſa cö- teſt. ſ , ſtitution condenſe les humeurs,& les rend moins fluxiles, dont ſont plus facilement guaris les vlceres des faſcheuſes à B jambes,la curation deſquelles eſt le plus ſouuent retardée , à raiſon des fiuxions qui ſe font eſdits vlceres. guarir à Pa- Parquoy il eſt notoire que les lieux chauds,& approchās de l'AEquinociial,font grande diſſipation de noſtre rir & les vl- ſubſtance, & chaleur naturelle , dont elle eſt affoiblie, comme aduient és pays d'Italie,& Afrique:le con-ceres des iä- traire faut entendre des lieux eſloignez dudit AEquinoctial,eſquels eſt fait moindre reſolution de la chaleur * " Aº- naturelle : dont les forces & vertus ſont plus grandes eſdits lieux, qu'autre part;à ceſte cauſe ils endurent &" mieux la ſaignée : ceux du pays chaud portent mieux la purgation,& ſont plus difficiles à eſmouuoir:& faut attribuer tels accidens,& qualitez de l'air à vn pays chaud, que nous donnons a l'Eſté,leſquelles ſont dou- bles en cette partie de l'année audit pays,& plus remiſes en Hyuer,mais toutesfois ſemblables à l'Eſté.Plus curieuſes diſtinctions des habitations ie laiſſe aux Geographes,auſquels appartient telle côtemplation:ſeu- L'air chan. lement ie diray que l'air change, & altere la conſtitution de noſtre ccrps:ou par ſa qualité,comme s'il eſt ge moſtre trop froid, chaud, ſec ou humide : ou par ſa ſubſtance , s'il eſt trop eſpais , ſubtil, ou corrompu d'exhala- certs par tions putrides:par ſon changement ſoudain,comme ſi de tranquille qu'il eſtoit, ſoudainement il vient à eſtre trois manic- impetueux. , Me contentant au reſte d'auoir rudement eſcrit ce qui ſe peut pratiquer,& mettre en yſage, rº † à parler du boire & manger,qui apresl'air eſt la choſe plus neceſſaire au maintien,& ſubſtenta- tion du corps. Du manger & boire_ . C H A P. XI V. º O v R traicter briefuement du manger, & boire, il nous faut parler de la bonté tant des vian- Enqaeyeon- ſ1 des,que du breuage , de lameſure, & quantité, qualité, couſtume,& plaiſir , ou delectation: ſiſte la böté, d' auſſi de l'ordre , du temps,de l'aage , & de la partie de l'année.La bonté , ou malice eſt conſi- ou malice dé - # derée ſelon que telles viandes engendrent bon, & mauuais ſuc : car lemauuais ſang, que les l'aliment. $ Grecs appellent Cacochymie,eſt la ſource,&la cauſe de toutes maladies : au contraire, le bon ſang reſiſte à toutes maladies, & ne cauſe iamais icelles,s'il ne peche en quantité: † il eſt grâdement neceſſaire,& requis à ceux qui veulent garder leur ſanté,& obuier aux maladies,qu'ils vſent des viandes de bon ſuc : telles ſont,le bon vin,iaunes d'œufs,bon laict,bon pain, bonne chair de chappon , perdrix , gri- ues, aloüettes, veau,mouton, chéureau, autres que verras au liure de Galien des facultez des alimens,où tu trouueras auſſi celles qui ſont de mauuais alimens,leſquelles cognoiſtras par vne qualité,&ſaueur mani- feſte,comme acre,amere,ſalée, aigre,auſtere,& acerbe. Or la bonne viande telle qu elle ſoit, ne peut faire profit au corps, ſi elle n'eſt prinſe en deue quantité : mais au contraire elle nuit grandement,& cauſe mala- dies; tout ainſi que la mauuaiſe, prinſe en petite quantité aucunefois ne nuit point, ou bien peu:parquoy faut bien tenir meſure au boire,& aumanger, mais principalement aux maladies. Car,comme dit Hippo- Aphor. & 5 . crate,la viande eſt force pour les ſains,& maladie aux malades,fi la meſure,& quantité n'eſt bien obſeruée: ſect. 5. Parquoy il eſt fort neceſſaire de cognoiſtre les maladies qui requierent diette eſtroitte, oularge, leſquelles Galien a eſcrit au premier de l'art curatifad Glauconem, diſant : qu'és maladies aigues, & qui viennent in- continent à leur vigueur, il faut peunourrir:és longues,du commencement il faut donner viandes plus lar- gement,afin qu'on puiſſe reſiſler,& ſupporter le mal:ce qui a eſté auſſi confirmé par Hippocrate au premier Iiure des Aphoriſmes Dauantage quand le mal vient à ſon eſtat,il faut nourrir fort eſtroittement, ſelon Faut ucir I'Aphoriſme huictieſme du premier liure : telle eſt la meſure du boire, & manger qu'il faut garder és ma- eſgard à la ladies, ayant toutesfois eſgard à la force, & vertu du patient,& couſtume d'iceluy, Car la couſtume ſe vertu & doit changer peu à peu és maladies, & non tout à coup. Telle couſtume eſt certainement fort diuerſe eºuſtume de D & variable, & depend du bon iugement, & prudence du Medecin, ou Chirurgien : auſſi és fains ne peut ºrº eſtre diſtinguée telle meſure, & quantité par poids certain ; car aucuns demandent plus grand nourriſſe- ment, les autres moindre, ſelon que la reſolution,ou diſſipation de la triple ſubſtance eſt plus grande, ou Plus petite. Qu'ainſi ſoit, les hommes à raiſon de l'actiuité de leur chaleur,& reſolution plus grande,ap- petent dauantage, & mangent plus que les femmes : ne plus ne moins qu'aux ieunes,doiuent eſtre alimens plus copieux qu'aux viels,& toutesfois encore aucuns des hommes ieunes ont beſoin de plus grande refe- ction que les autres, ſelon leur couſtume,& maniere de viure,& temperament.Tanty a qu'il y a vne me- sentence de- ſure commune, vniuerſelle,qui eſt de ne manger iuſques à ſatieté , ſelon le dire d'Hippocrate , diſant rée d'Hippo- qu'il y a deux moyens de garder la ſanté ; l'vn eſt de n'eſtre oiſif, ny tardif à faire exercice, & trauailler: crate. l'autre de ne ſe remplir par trop,& ſaouler des viandes.Telle doit eſtre la quantité, ou meſure du boire,& manger. Il faut auſſi diligément conſiderer la qualité,tant pour les ſains que pour lesmalades, ſi elle eſt, ou premiere, comme chaude,froide,humide,ſeiche : ou ſeconde,comme attenuante ,incraſſante, obſtruante, ou aperiente, & les autres, ſelon leſquelles qualitez la maniere de viure doit eſtre diuerſe ésmalades & ſains.car les ſains demandent viandes qui les puiſſent maintenir,& garder en ſanté;parquoy faut qu'el- les ſoient ſemblables ſelon les qualitez à leur temperament,& nature,laquelle ſi elle eſt entiere nous tient en ſanté,comme à vne nature,& temperature chaude, & humide (tels ſont les enfans)faut donner viandes chaudes & humides:à vne nature froide, & ſeiche (comme ſont viellards)faut donnerviande # # à Ctlf " - -xx- •-e premier Liure de : • - leur temperaturº # †ue la ſanté doit eſtre maintenué,& gardée par choſes ſemblables.Toutesfois A vieilleſſe eſt parce qº la vieillelie » ºue gaillarde qu'elle ſoit,eſt de ſa nature comme vn eſpece de maladie, il ſem- § v e ble meilleur la noºº des viandes contraires à ſon temperament ; ſçauoir,chaudes, & humides,pour tou- eſpece de jours retarderlºº cauſes de la mort,frigidité,& ficcité qui la talonné de bien prez.car à vne maladie ne faut maladie donner viandes ſemblables, puis qu'elle eſt contre nature, pour autant que l'on l'augmenteroit , & on luy donneroit vertu, mais contraires, & diſſemblables en qualité , afin qu'elles puiſſent combatre ladite ma- ſect 1. ladie : à cette cauſe , vne maladie chaude, comme phlegmon, ou erſipelas , demande viandes · refrige- Aphor. 51. rantes : vnº froide, comme œdeme, ou ſcirrhe, eſchauffantes. Qui eſt la raiſon pour laquelle Hippocra- ſect. 1. te a dit en ſon 1.liure des Aphoriſmes,que la maniere du viure humectante eſt conuenable à toutes fiévres, puis que la fiévre eſt affection ſeiche : faut donc bien entendre la nature de la maladre, pour luy ordonner diete contraire en qualité premiere ou ſeconde.Or ce n'eſt pas aſſez d'auoir cogneu la quantité, & qualité des viandes,mais auſſi il faut entendre la couſtume,& maniere de les prendre, s'il eſt ainſi que ſelon le dire Choſe di des principaux Medecins,la couſtume(c'eſt à dire,maniere de viure)eſt vne autre nature. Car icelle aucune- #. # fois change le propre tempe ament naturel,& en laiſſe vn autre acquis partant la couſtume non ſeulement notée. eſt à garder és ſains,mais,auſſi CS malades car ſi promptement vous la voulez changer de pire en meilleure, vous ferez certainement plus de mal que de bien , ſuiuant le dire d'Hippocrate, que les mutations ſubites, & repentines ſont dangereuſes. A cette cauſe, ſi nous voulons changer la maniere de viure accouſtumée, ui eſt vicieuſe, ou qui engendre mal , ou l'entretient, peu à peu faut faire ce change, afin que la nature ne ſe faſche, & que ſans grande perturbation elle puiſſe prendre nouuelle couſtume : car encore qu'vne viande ne ſoit de ſoy. meſme de bon nourriſſement , elle ſera moins , ou plus tard cuite,& digerée qu'vne autre pire , & accouſtumée. Qu'ainſi ſoit, nous voyons que gens ruſtiques cuiſent pluſtoſt la d,ou bœuf, B deſquels ordinairement ils vſent , qu'vne perdrix,ou chappon, ou autre viande de bon ſuc, laquelle ſe cor- rompra en leur eſtomac : & ne faut attribuer telle choſe ſeulement à leur chaleur naturelle forte, mais à leur couſtume,laquelle pour la familiarité conuertit, & tourne en ſangles viandes de tres-difficile digeſtió: tant a de vertu,& grace la couſtume, laquelle fait toutes les viandes delectables,& plaiſantes; à raiſon de- quoy, elles ſont mieux retenuës en l'eſtomach , & ſans donneraucune peſanteur,ou vomiſſement,ou nau- sée, cuittes , digerées , & diſtribuées. Tel effect n'ont celles qui vient à contre cœur,& deſplaiſent à na- ture : car au contraire, en les abhorant, elle fait rots aigres, & puants, degouſtemens,nausées, vomiſſe- ment , peſanteur , mal de teſte, & facherie de tout le corps.Parquoy faut diligemment s'enqueſter quelles viandes plaiſent au malade,afin de le mettre en gouſt, & appetitiprincipalement quand il eſt fort degouſté, ou debilité de quelque grande euacuation,& vomiſſement.Car ſi les viandes luy en viennent à gré,il pourra mieux eſtre reſtauré, jaçoit qu'aucunesfois elles luy ſoient peu conuenables, & profitables, ainſi qu'Hip- Au 38.Aph. pocrate a eſcrit. le boire , & manger qui eſt baillé, ſoit aux ſains, ou malades,eſt meilleur,& plus conue- du 1.liure. nable,s'ils le trouuent bon,& eſt à leur appetit,encore qu'il leur ſoit vn peu plus mauuais que celuy qui leur , eſt meilleur,combien qu'il ne leur ſoit pas ſi aggreable , ny à leur gouſt:par leſquelles paroles Hippocrate monſtreaſſez qu'il faut bien ſouuét auoir eſgard au plaiſir du malade,pour luy ordôner ſa maniere de viure. L'ordre du boire,& mäger n'eſt de moindre eſgard que les precedens:car encore que les viandes ſoiët bon- nes, plaiſantes,& accouſtumées, ſi elles ne ſont priſes par ordre,elles ſont mal cuittes,& digerées,ou bail- lent grand trauail à l'eſtomach:pourquoy faut conſiderer quelles doiuent eſtre les premieres, & quelles les dernieres : car les viandes de facile digeſtion ne doiuent eſtre miſes apres celles de difficile coction , ny les aſtringentes, ou ſeiches deuant les lubriques:mais au contraire, faut prendre premierement viande fa- ciles à cuire , ou lubriques , comme choſes graſſes,humides,douces , pour laſcher le ventre pºis les vian- des de difficile digeſtion , ou aſtringentes ou ſeiches ſuiuront pour fermer l'orifice de l'eftomach , afin que par ce moyen il embraſſe de toutes parts les viandes, & que la chaleur ſoit contenuë , & ramaſſée en HiPP deviºt. iceluy,& par ces deux moyens la viande ſoit mieux cuitte.A cette cauſe,Hyppocrate a touſiours intention le ** iº mer. matin , & à diſner de bailler viandes qui faſſent deſcendre les excremens de la premiere coction, & au ſoir A8ſ ſfff !J. celles qui peuuent nourrir. Auſſi faut entendre ſelon le dire dudit Hippocrate, que le manger doit touſiours preceder le boire,ainſi qu'il a eſcrit és liures des Epidemies. De moindre conſideration n'eſt le temps de pré- dre le boire & manger , que l'ordre. Car és maladies il eſt beaucoup plus difficile qu'és ſains, pour cauſe qu'és ſains leur heure accouſtumée ſe peut bien garder,ou quand ils ont appetit,ils peuuent manger moyé- nant toutesfois que l'exercice ou labeur ait eſté faict auparauant:car il faut tant qu'il eſt poſſible,dit Hippo- crate,que le trauail & labeur precede le boire & manger,pour faire euacuation des excremens de la troiſieſ- me coction,& augmenter cette chaleur naturelle,& conforter les parties ſolides: qui ſont les vſages d'exer- Temps de citation requis, & neceſſaires pour bien, & deuëment prendre ſa refection. Ez maladies ne faut auoir "º * eſgard ny au matin, ny au ſoir , ny à l'heure accouſtumée,ains à la declination de leur accez:car ſi au com- "ºº mencement de l'accez, ou autre temps d'iceluy , la viande eſtoit donnée,elle ſeroit corrompue,& faicte matiere propre de la maladie, principalement aux fiévres. A cette cauſe,dit Hippocrate,la viande eſt force, L., viand., & vertu pour les ſains , & maladie aux malades, ſi elle n'eſt priſe à l'heure deue, ayant touſiours la conſi doiuent eſtre deration de la vertu du malade , & de la vigueur,& eſtat de la maladie. Il fautauſſi auoir eſgard que noſtre diuerſifées maniere de viure, c'eſt à dire que noſtre viande ſoit touſiours vne, ſimple,& ſemblable, dautant que na- D a»x " mala- ture enfin abhorreroit telle viande, & ne l'appeteroit, dont aduiendroit qu'elle ne la pourroit retenir,ny des. cuire. Et ne faut croire à ces ſuperſtitieux Medecins, qui penſent que la varieté des viandes trouble la con- coction, d'autant que nous cuiſons touſiours , & retenons mieux les viandes que nous appetons. Or noſtre nature appete touſiours varieté : Dauantage,comme ainſi ſoit que noſtre corps ſoit composé de ſubſtance ſolide, humide,& aerée, & que pour les exercices,& autres occupations, il aduienne ſouuent qu'vne ſub- ſtance eſt plus diſſipée que l'autre, il eſt neceſſaire d'vſer de diuerſité d'alimens de peur que quelque choſe ne defaille à la reparation de ce qui eſt perdu. Auſſi l'aage, & partie de l'année nous monſtre la maniere d'ordonner le regime de viure:car autres viandes conuiennent à vn ieune qu'à vn viel,ne plus ne moins qu'en Hyuer faut vſer d'autres viandes qu'en Eſté.Parquoy il eſt bon de cognoiſtre quelles viandes ſont propres à chacun aage , & partie de l'an. Aux enfans communement viandes humides , & en grande quantité,ou par pluſieurs fois priſes,afin que non ſeulement ils ſoient nourris,mais auſſi prennent accroiſſement,à cette cauſe ils ne peuuent porter la faim.Le contraire aduient aux viels,leſquels à raiſon de leur chaleur naturelle imbe- . cille portent plus facilement la faim que tous autres aages, eſquels conuiennent viandes chaudes & humi- des,pour humecter & eſchauffer leurs parties ſolides ja froides,& ſeiches.Auxjeunes,& d'aage conſiſtant,à raiſon de leur chaleur exceſſiue, ſont conuenables par fois viandes de contraire qualité,pour moderer cette chaleur. A l'aage moyen & temperé,comme adoleſcence , viande ſemblable. Ainſi en Hyuer faut vſer des viandes chaudes, & deſſeichantes , comme roſty, vins forts, eſpiceries , pour raiſon de la conſtitution du temps, froid, & humide, & de l'abondance de la chaleur naturelle , qui eſt grande ence temps ; Comme Aphor. 1 6, L'ordre du boire & mä- ger. l A l l U l \ )\ l Ll \- l lV ) l l ct lcl \ A llll L1 l 51C. 2 3 A D comme auſſiau Printemps, ſelon le dire d'Hippocrate : Qu'en Hyuer & au Printemps ſont les ventricules naturellement tres-chauds. Faut faire le contraire en Eſté : car en ce temps, à raiſon de l'exceſſiue chaleur de l'air ambiant, faut vſer de viandes froides & humides, pour corriger ceſte chaleur exceſſiue, & comme Aph. 1 ;. febrile : auſſi en ce temps le boire eſt plusgrand qu'en Hyuer, & le manger moindre. Au Printemps faut vſer ſect.'I. de viandes temperées, à raiſon qu'il eſt temperé. En Automne nous commençons à prendre vn peu de viandes dauantage qu'en Eſté , & boire moins, & moins trempé : afin de peu à peu deſcendre à la maniere de viure deue à l'Hyuer. Du mouuement & repos. C H A P. XV I I I. 2 paume, porter fardeau, & autres ſemblables : & ſous iceux eſt compriſe la Friction, - - Friction dure eſt, quand l'on frotte tout le corps , ou vne partie ſeule, fort & aſprement, ſoit auec la main ou toile neufue, eſponges, ou d'autres choſes. La vertu & qualité d'icelle eſt de condenſer, & aſtraindre,& rendre la chair dure. Et ſi elle eſt longuement & ſouuentesfois continuée, rarefie , euapore, reſout, exte- nue & diminué la chair, & autre ſubſtance de noſtre corps. Outre plus, fait reuulſion,& diuertit la fluxion des humeurs d'vne partie en autre. La molle eſt, quand l'on frotte doucement, laquelle fait le contraire de la dure : pource qu'elle amolit & relaxe, & rend le cuir doux & poly, toutesfois ſi elle eſt briefue ou peu longue, elle ne rend aucun effect. La mediocre tient le moyen entre les deux ſuſdictes, pource quelle fait augmentation d'aliment & nutrition, à cauſe qu'elle retient le ſang, & les eſprits qui ont eſté par icelle attirez ſans les euaporer & reſoudre,ainſi qu'il eſt teſtifié par Galien chap.3.liure.2.desantate tuenda.Voila Sè$7 A R mouuement en ce lieu ( comme dit Fuchſius en ſon introduction de Medecine) ſe doit en É\u'il faut 2 tendre toute eſpece d'exercices, comme cheminer, danſer, courir, aller à cheual, ioiier à la § endre par - - •. - l'vſage de mouuement. laquelle a eſté des anciens en grande eſtime, & eſt encores à preſent. Ils en ont fait pluſieurs De la UN eſpeces & differences qui ſe peuuent reduire en trois, c'eſt à ſçauoir , dure,molle, mediocre. friction. Vtilité de ; les effects des frictions en general, leſquelles ne faut nullement meſpriſer. Pareillement, les commoditez ex . de l'exercice ſont grandes, ainſi que dit Galien aux deuxieſme liure de sanitale tuenda : c'eſt qu'il augmente auſſi la chaleur naturelle,dont ſenſuit meilleure digeſtion,& par conſequent bonne nourriture,& expultion des excremens, les eſprits plus prompts à leur office : à cauſe que leurs conduits ſont par ce moyen pur- gez;& d'abondant ledit exercice laiſſe l'habitude du corps, & la reſpiration & autres actions plus fortes, dures, & robuſtes , au moyen de l'atrition mutuelle des parties qui ſe heurtent l'vne contre l'autre,dont ne ſont ſi fort, & ſi toſt trauaillées : ce qui eſt manifeſte aux ruſtiques, & autres manieres de gens qui ſont de grand trauail. Voilà les commoditez de l'exercice,moyennant que lon le faſſe en temps oportun,en quan- tité legitime, en qualité competente, & par repetition & reiteration raiſonnable. Le temps opportun ſera Le temps de auant le paſt,pour exciter la chaleur naturelle à appeter les viandes,& apres auoir mis hors les excrements faire l'exer- de tant que nature affamée pourroit attirer par les veines meſaraïques,pour porter au foye vn ſuc mauuais cice. & en ce faiſant l'habitude du corps pourroit eſtre viciée. Auſſi n'eſt conuenable faire exercice toſt apres le repas, & l'eſtomach eſtant remply, de peur qu'il ne face atraction des viandes non encores cuites. La me- ſure & quantité legitime de l'exercice eſt, quand le corps ſe tumefie & enfle, dont apparoit vne couleur rouge & vermeille, & qu'il ſuruient vne petite ſueur : & quand la reſpiration commence à ſe changer, & à eſtre grande & frequente , quand auſſi les membres ont leurs mouuemens libres ſans grande laſſitude : & alors que ces ſignes ſe monſtrent, faut deſiſter, de peur de trop grande laſſitude, & reſolution de la ſub- ſtance de noſtre corps:à cauſe qu'auec vne grande ſueur le bon ſuc ſubſtantifique,& les eſprits ſe reſoluent & conſument,dont aduient que le corps deuient maigre & froid.La qualité competente eſt miſe en la me- diocrité des qualitez exceſſues d'agitation du corps:tel eſt l'exercice qui n'eſt n'y trop leger,ny trop tardif, ou trop lent, ny trop robuſte, ny trop debile, ny trop vehement, ny trop remis & laſche, ny trop gaillard & bruſque,ny auſſi trop aſſoupy,& qui trauaille par egale proportion toutes les partiesdu corps.Tel exer- . Diuerſité cice eſt propre pour les corps ſains & temperez : mais s'ils ſont intemperez , il faudra choiſir exercices qui d'exerci , de leur qualité ſoient propres à corriger la qualité de leur intemperature : car les corps remplis d'humeurs ſelon la di- froids & eſpais, choiſiront vn exercice plus vehement, robuſte & de plus longue durée : tellement toutes- uerſité des fois , qu'ils ne s'y addonnent, que la premiere & ſeconde coction ne ſoit en eux paracheuée : ce qu'ils co- corps. gnoiſtront à leur vrine, laquelle lors, & non deuant, apparoiſtra teinte quelque peu de iaune : mais s'ils ſont bilieux, ils choiſiront exercice legers , & pluſtoſt gais que bruſques & contentieux,& ſans attendre que la ſeconde coction ſoit paracheuée en leur foye,& veines:car la chaleur de leurs parties ſolides,qui eſt acre , requiert telle matiere non du tout cuitte, de laquelle autrement ne feroit ſon profit la rotiſſant ; de ſorte qu'il ne reſteroit humidité & glutinoſité competente, poureſtre agglutinée aux parties. Quant à la repetition de l'exercice, il faut autant de fois retourner au trauail que nous auons enuie de faire de repas:- car ſi ainſi eſt que l'exercice reſueille la chaleur naturelle, ſans laquelle la coction des viandes ne pourroit eſtre faicte,s'enſuit que ne ſçaurions faire noſtre profit de l'aliment ſi l'exercice n'a precedé. Or la dernie- re Partie d'exercitation parfaite, & conuenable, eſt vne friction mediocre, de laquelle vſent les ioüeurs de Paulme, le ieu eſtant finy,quand ils ſe chauffent , frottent,& eſſuyent. Ladicte friction expurge, nettoye & ſeiche la ſueur, & autres excremens qui ſont demeurez entre cuir,& chair,& prohibe les laſſitudes. Et com- me d'exercice deuement fait aduiennent grandes vtilitez,auſſi fait grand detriment le repos oyſeux : car it engendre cruditez, humeurs gluans , obſtructions , pierres , tant és reins que dedans la veſlie , gouttes, *P°Plexies , & autres mille maux. - Du dormir & veiller. CH A p. XIX. Nº O v R auſſi briefuement traicter du dormir & veiller,nous faut declarer leurs vtilitez & incommo- ditez, le temps & heure, & la manicre de ſe coucher,les ſonges que l'on fait en dormant,& com- # me on ſe trouue apres le dormir. - • Le dormir n'eſt autre choſe que le repos de tout le corps & principalemét de la faculté animale. D'où pro- Iceluy prouient d'vne humidité vtile,imbué en la ſubſtance du cerueau,qui l'appeſantit, & aggraue:ou bien º*** º d'vne defectuoſité d'eſprits,qui diſſipez par le trauail,font que le corps ne peut demeurer debout,& cótrai-* gnent le cerueau à ſe repoſer pour en reparer d'autres des viandes priſes en l'eſtomach. Iceluy deuement pris aide à la concoction à cauſe qu'en dormant le ſang,les eſprits & la chaleur naturelle ſe retient aux par- ties interieures : leſquelles eſtans eſchauffées,cuiſent & digerent, ou alterent mieux,non ſeulement en l'e- ſtomach, mais auſſi en toute l'habitude du corps. Outre, efface par oubliance les paſſions & facheries de l eſprit,& guarit les laſſitudes du corps faites par grand labeur. Lc temps le plus commode à dormir eſt la - - nu1CI , / —xA- *-e premier Liure de Les incom- moditez du dormir de iour. Gentil diſ. cours de la ſituation du corps en dor- 1774M/, Il y a trois ſortes de ſon- ges, de natu- rels qui ſui- uent la tem- perature de l'humeur qui nous repre- ſentent la nuict ce que 720ff5 ſ3fd0y35 veu le iour, ér de ſuper- naturcls que nous diuiſons en diuins, ou diaboliques Aph. 1. ſect. 2 . Cöment. ſur l' Aph. 17.du 2. liu. 13. Meth. chap.6.2. de cäpoſ medic. loe chap. 1. 13 . Met. D'inamition. Euacuation generale, Euacuation particuliere. Fafons di- uerſes d'euacua- tions. Quelles doi- ment eſtre les ſueurs. 2 - - . - nuict, pource l" elle meſme incite à dormir, tant pour ſon humidité, tranquillité, que pour ſon obſcuri- A té, au moyen de laquelle aduient que la chaleur & les eſprits ſont contenus au dedans du corps : comme au contraire ils ſont reuoquez & retirez en l'habitude\du corps par la lumiere, qui leur eſt aucunement ſemblable,dont s'enfuit le veiller : joinct qu'elle a le temps aſſez ſuffiſant pour faire la parfaite concoction. Au contraire, dormir de iour eſt mauuais, à cauſe qu'il interrompt la digeſtion : parce que le temps auquel on dort de iour n'eſt ſuffiſant pour deuëment faire la concoction, & par ce moyen ſont faites cruditez en l'eſtomach, & rocts aigres, & ſont eſleuées groſſes vapeurs & humidités ſuperfluës au cerueau, dont s'en- ſuit douleur, & peſanteur de teſte, & maladies froides. Et dauantage, combien que le dormir de nuict ſoit ſain, ſi faut-il qu'il ſoit mediocre : car celuy qui eſt immoderé, & ſuperflu, fait que les excremens,tant par haut, que par bas, ne ſont iettez hors en temps deu : & eſtans retenus dedans,la chaleur naturelle,& vertu attractiue attire d'iceux quelque ſuc mauuais , dont s'enſuiuent pluſieurs maladies. Le temps d'auoiraſſez dormy, ſe cognoiſt à la parfaicte concoction des viandes,& non par certaines heures determinées : carau- cuns cuiſent pluſtoſt, les autres plus tard, combien que le plus ſouuent la concoction ſe fait en ſept ou huict heures, laquelle ſe cognoiſt, parce que l'eſtomach eſt laſche, & non tendu, & auſſi que l'vrine eſt dorée & jaune: & au contraire, l'indice de la concoction imparfaicte, ſont rocts aigres,tenſion du ventricule, dou- leur de teſte , & peſanteur de tout le corps. Outre plus en l'obſeruation du dormir, faut prendre garde à la forme de coucher : car premierement ſe faut coucher ſur le coſté droict, à fin que la viande deſcende au fond de l'eſtomach , d'autant qu'il eſt charneux, & moins membraneux que le deſſus, par conſequent plus chaud, & propre à la concoction : puis quelque eſpace de temps ſur le gauche, afin que le foye ſe couche mieux ſur l'eſtomach : ce faiſant la digeſtion ſera mieux faite, d'autant que le foye qui eſt plus chaud que le ventricule, l'embraſant du tout, luy ſeruira comme d'vn brafier. Il ne ſera impertinent,ce ſecond ſommeil acheué, le matin ſe retourner ſur le coſté droict, afin que par telle ſituation l'orifice de l'eſtomach demeu- rant ouuert, les vapeurs fuligineuſes excitées de l'ebullition du chyl , puiſſent mieux s'exhaler. Ceux qui ſe pourront garder de dormir ſur le dos, feront bien, craignans de trop eſchauffer les reins, & engendrer grauelles, pierres, & autres grandes maladies, comme paralyſies,conuulſions, & toutes eſpeces de cathar- res, & fluxions qui ſe font par les nerfs le long de l'eſpine. Quant au dormir ſur le ventre, il n'eſt mauuais pour ceux qui s'y peuuent accouſtumer, ſinon en cas qu'ils ſoient ſujects au mal des yeux : car par telle ſituation la fluxion s'encline dauantage ſur iceux : mais au reſte la concoction en eſt bien aidée,d'autant que la chaleur n'eſt † ſeulement retenue enuiron le ventricule, mais outre eſt augmentée par la tiedeur de la delicate plume du lict. - On doit auſſi conſiderer les ſonges qu'on a eu en dormant, pour cognoiſtre les affections,& la nature des humeurs ſuperflus,& mauuais. Auſſi conſiderer ſi vn malade ſe trouue mieux, ou plus mal apres le dormir, pource qu'Hippocrate dit, qu'alors qu'en maladie le dormir ſe tourne en peine , c'eſt ſigne de morts : au contrairenon. Le veiller pareillement doit eſtre moderé : car l'immoderé corrompt la bonne temperature du cerueau, debilite les ſens, altere les eſprits, excite crudité, peſanteur de teſte, conſomption de chair, & amaigriſſement de tout le corps,rend les vlceres arides & ſeiches, & plus malignes. Il y a autres conſi- derations leſquelles appartiennent plus au Medecin qu'au Chirurgien:parquoy te ſuffiſe ſçauoir quele dor- mir & veiller immoderez ſont mauuais pour les raiſons predites. De repletion,& inamition, ou vuidange_ . CH A P. XX. $4 L ya deux ſortes de repletion ou abondance : l'vne eſt de qualité, en laquelle la ſimple & $N% ſeule qualité appellée T'blogloſa excede ſans humeur, comme il appert és intemperatures ſans # matiere : l'autre eſt de quantité, qui ſe fait par trop grande abondance de viandes ou hu- meurs, dont s'enſuiuent pluſieurs maladies. Or l'abondance des viandes ſe nomme ſaturité - ou ſatieté, laquelle ſelon Galien a deux eſpeces : l'vne dite vulgairement ad vaſa , l'autre ad vires ; La ſaturité ad vaſa, eſt lors que l'on a tant mangé que les vaiſſeaux , comme pour exemple l'eſtomach , s'enflent, & diſtendent. La ſaturité ad vires , eſt quand l'on prend plus de viandes que noſtre naturel ne porte. De meſme, l'abondance, & repletion d'humeurs eſt double : car ou elle eſt d'vn ſeul humeur , ou de tous. Celle qui ſe fait de tous les humeurs eſt nommée Plethore ou plenitude, ce que teſmoigne Galien, diſant, Que les humeurs ſont egalement augmentez, cela eſt dit plenitude,ou Plethore. Iaçoit qu'il dit que plenitude ſe fait quand le ſang ſeul eſt augmenté,toutesfois lors par ledit ſang,il entend les quatre humeurs, comme monſtre tres-bien Fuchſius en ſa methode. La repletion qui ſe fait d'vn ſeul humeur, eſt dite Cacochymie, comme nqus enſeigne Galien. Quand donc le corps eſt plein de cholere ou melancholie, ou phlegme, ou d'humeurs ſereux, cela ſe nomme Cacochimie. Or quant à inanition ou va- cuation , ce n'eſt autre choſe que ſeparation des humeurs, qui par leur trop grande quantité ou qualité moleſtent le corps humain. De ceſte euacuation il y en a vne generale, qui vniuerſellement fait euacuation des humeurs contenus en noſtre corps, comme par les purgations, vomiſſemens, ſueurs, ſaignées, & plu- ſieurs autres que declarerons cy apres. L'autre euacuation eſt particuliere, laquelle a égard à quelque par- tie : comme le cerueau ſe purge par les narines, palais, yeux,oreilles : les poulmons par le crachement, le ventricule par le vomiſſement,& fiege, les inteſtins par le ſiege; le foye,& ratele par lesvrines, & ſiege. Or des ſuſdites euacuations, les vnes viennent de leur propremouuement ſans aucun medicament, ſçauoir par le benefice de nature, chaſſant ce qui luy eſt contraire : autres par artifice, nature eſtant aydée de quelque medicament. De ceſte cyl'vne eſt dite vulgairement legitime , l'autre illegitime. La legitime eſt, quand l'humeur pechant tant en quantité qu'en qualité , eſt euacué : l'illegitime ou extraordinaire, eſt celle quand l'humeur ſain, & non corrompu eſt euacué. Toutes ces euacuations ſe font,ou par le prurit & demangeai- ſon, à cauſe de quelque humeur cholerique,ou pituite ſalée qui eſt contenue & arreſtée entre cuir & chair, ou bien en lieu d'icelle quelque matiere flatueuſe. Si c'eſt humeur, en ſe grattant on luy donne iſſue par euacuation manifeſte de quelque matiere ſereuſe ou autre ſemblable,dont quelquesfois s'enſuiuent petites puſtulles & galles, & ſouuent vlceres, ſi l'humeur contenu eſtoit groſſier & eſpais : mais ſi c'eſt matiere fla- tueuſe, iſſue luy eſt donné inſenſiblement : d'autant que par grattement & frixon , le cuir eſtant rarefié & ouuert, telle matiere, comme miſe en liberté, s'eſuanouyt, & diſſipe aisément : parquoy tel grattement ne doit eſtre empeſché ne defendu,ſinon entant qu'il fuſt tant exceſſif, qu'il cauſaſt chaleur exceſſiue en la par- tie , dont peuſt s'enſuiure perpetuelle defluxion de nouuelle matiere en icelle. Parapoſtemes , vlceres , & fiſtules, eſt ſemblablement euacué grande quantité d'humeurs : auſſi par ſueurs, leſquelles ſont profitables és maladies aigues, pourueu qu'elles ſoyent vniuerſelles,& aduiennent és iours critiques par vomiſſement: car ſouuent il purge les humeurs que les medecines fortes ne peuuent euacuer,faiſant reuulſion d'iceux de tout le corps, par la violeuce de ſon mouuement , attirant meſme des iointures, comme il ſe void en la SV N paralyſie l1ntroduction a la Lbirurgie. 25 A paralyſie, & ſciatique. Par cracher & bauer ſe fait auſſi grande euacuation,ce qui eſt manifeſte par l'expe- rience de ceux qui ſont vexez d'apoſteines aux coſtez,nommée pleureſie : car lors que la ſuppuration eſt faite, la ſanie eſt iettée par la bouche en crachant; Et quant au bauer,il eſt bien manifeſte que les pauures verolez ſe purgent par iceluy : comme auſſi par le cracher, par l'eſternuer, & moucher, nature euacuë ſou- uent ce qui eſt ſuperdu ou nuiſible, quand le cerueau de ſon propre naturel & mouuement ordinaire , ou par artifice appoſant au nez,des ſternutatoires,ſe deſcharge par ce conduit:ce que l'on void manifeſtement a ceux qui ont le cerueau humide,côme petits enfans leſquels ſe purgent fort par cét èndroit.Par rottement, & ſanglot il ſe fait vacuation des ventoſitez contenues enl'eſtomach,iettées par la vertu expultrice d'iceluy, leſquelles ſont procrées par crudité;comme pour auoir pris trop de viandes , ou pour auoir pris viandes fatueuſes & vaporeuſes comme pois, féves, nauets, raues, & leurs ſemblables, ou pour auoir trop beu de vin nouueau. Par les vrines ſe fait vacuation , ce que l'on void : d'autant que par icelles ſe terminent grandes maladies , comme ſouuent aduient aux verolez, qui n'ayans peu auoir aucun flux de bouche, par le moyen de l'alexitere, qui eſt l'onction vifargentine, leur ſuruient flux d'vrine, dont ils guariſſent : par la meſme euacuation ſe terminent aucunes fiévres, & pluſieurs autres maladies. Auſſi par flux de ſang cou- lant par le nez nature fait ſa deſcharge , dont pluſieurs maladies ſe guariſſent. Par flux menſtruel,les fem- mes ſe purgent de beaucoup de ſuperfuitez , comme par les hemorrhoides ſe fait grande euacuation tant aux hômes qu'aux femmes.Far fux de ventre ſe fait auſſi grandes euacuations d'humeurs pechans en quan- tité & qualité. Il ſe fait pareillement par medicament laxatifs diuerſes euacuations : dauantage pluſieurs excrememens du corps,auec les eſprits,rar les poroſitez du cuir s'éuacuent & exhalent par inſenſible tran- ſpirations & ſueurs:ce qui ſe peut cognoiſtre aux tumeurs qui ſe reſoluent, voire encore qu'il y euſt du pus; ce qui ſe fait par le ſ ul benefice de nature, ou aydée par medicamens reſolutifs. Auſſi par grand exercice, par diete, par bains,& eſtuues,rar long dormir, par pleurs,par ſuccer de la bouche le laict d'vne nourrice, ou quelque matiere venimeuſe, d'vne morſure ou picqueure, ou quelque ſang contenu en quelque partie; auſſi par ventouſe & cornets, par ſeringues , & par ſangſues. En toutes ces euacuations il faut conſiderer trois poincts , la quantité , la qualité , & la maniere de faire excretion d'iceux : comme pour exemple,en l'ouuerture d'vn empyeme, il faut que la bouë qui en ſort,reſponde par proportion à la quantité de la ma- tiere qui peut eſtre contenue dans la capacité du thorax : autrement ſi elle eſt en moindre quantité,il yau- ra recheute. Il faut qu'en ſa qua'ité elle ſoit blanche , égale,& la moins puante qu'il eſt poſlible en tel ac- cident. Quant à la maniere de l'excretion , il faut qu'elle ſorte à pluſieus fois , & peu & peu,non tout à coup : car ainſi s'enſuiuroit la mort par la diſfipation des eſprits, enſemble auec telle maniere inutile, com- me admoneſte Hippocrate. - Des accidens ou perturbations de l'ame ». C H A P. XX I. Es accidens ou perturbations de l'ame ſont ainſi appellez , parce qu'ils ſont en l'ame tout ainſi que les accidens corporels ſont au corps. Or le Chirurgien ne les doit meſpriſer, tant pource qu'elles ont grande efficace & vertu , que pour autant qu'elles cauſent de grandes émotions : comme ioye, eſpoir, & amour, font mouuemens par leſquels le ſang , & les eſ- prits ſont doucement, & peu à peu, ou de viſteſſe reſpandus par la fruition du bien preſent ou aduenir : & tels mouuemens ſont faits par là dilatation du cœur, par laquelle ſemble que nous embraſ- ſions l'object preſent, & partant la face ſe montre vermeille, joyeuſe, & riante. Or il eſt vray ſembla- ble que l object eſmeut la puiſſance par laquelle le cœur eſt eſmeu : car parauant qu elle ſe meuue à cour- roux , ou à joye, ou à autre paſſion, il faut qu'elle cognoiſſe l'iniure, ou le plaiſir,ou autres paſſions par les ob e:ts, Car les ſens apperçoiuent premierement leurs objects, & de là ſont ſubit preſentez au ſens commun, lequel par vne prouidence diuine, & en vn moment les tranſmet aux facultez qui ſont en diuer- ſes parties du corps.Exemple:nous ne rions iamais ſans cognoiſtre le fait,ou dit:& tout ſubit l auoir cogneu, nous nous mettons à rire pour la promptitude du conſentemét qu'ont les facultez l'vne auec l'autre.L'Affe- ction riſifique dóc eſt miſe ſous la paſſ on de l'ame nommée ioye,laquelle comme dit eſt,procede du cœur, lequel eſtant frappé de ce qui luy eſt agreable, ſe dilate & eſlargit ſoiiefuement comme pour embraſſer l'ob- ject preſenté:& en ceſte dilatation il eſpand beaucoup de chaleur auec le ſang, & encore plus d'eſprits,deſ- quels en eſt enuoyé bonne portion à la face, lors que l'on rit de bonne affection,au moyen dequoy elle s'en- fe & eſlargit.Parquoy le front eſt rendu clair & poly,& les yeux reſplandiſsäs,& luyſans,à cauſe qu'ils ſont pleins d'eſprits qui ſont montez en haut, qui fretillent de ſortir:les ioues demeurent vermeilles , les levres plattes,& toute la bouche aucunement ſe retire, façonnans aux deux ioues d'aucuns deux petites foſſettes, ou cauitez,que l on nomme gelaſines,qui ſe font par la contraction, que les muſcles endurent par la reple- tion, & abondance des eſprits qui y montent lors que le cœur ſe dilate.Et pour le dire en bref, ioye forti- fie les vertus animales, & naturelles,reſueille les eſprits, ayde à la digeſtion,& generalement à toute l'ha bitude du corps car par icelle(comme nous auons dit) le cœur enuove beaucoup de chaleur naturelle auec le ſang, & encore plus d'eſprits à toute l'habitude du corps, dont les membres ſont imbus arrouſez & hu- mectez par l'humidité contenue en la maſſe ſanguinaire, & par ainſiles parties s'engroſiiſſent & engraiſſent. Bref, de toutes les perturbations d eſprit, c eſte-cy ſeule cſt vtile, ainſi qu'il a eſté dit. Ce qu'il faut enten- dre de la joye moderée : car celle qui eſt immoderée,& inſolente eſpand de telle vehemence le ſang , & les eſprits du cœur en l'habitude du corps, que le cœur entierement deſtitué de chaleur, en tombe en ſynco- Pe,& on meurt promptement;Comme eſcrit Pline de Chilon Lacedemonien,lequel mourut de joye voyant venir ſon fils des jeux Olympiques, où il auoit triomphé.Aulus Gelle, liu.3.chap.6. ranconte que Diagore Rhodien rendit l'ame deuant ſes trois fils les voyant tous victorieux, & couronnez en vn meſme iour. Pa- reillement Valere le Grand eſcrit liu.9. chap. 13.que deux femmes moururent ayans veu leurs fils,contre toute eſperance ſauuez d'vne bataille:ce qui aduient à ceux principalement qui ne ſont de nature ſi forte comme aux femmes, & vieilles gens. La cholere fait meſmes effects en nous,& mouuement de chaleur & de ſang, mais par beaucoup plusgrande vehemence que la joye : parquoy elle enfiamme les eſprits hu- mains , & en fin tout le corps, cauſant fiévres putrides , ſi le corps eſt cacochyme. L'homme eſtant en cholere deſire eſtre vengé des injures, & rendre le deſplaiſir qu'on luy aura fait : en ſorte que le ſang & eſprits, boüillonnent en ſes entrailles,qui cauſent qu'il fait pluſieurs, & diuers mouueméns deſordonnez, & autres choſes ſelon la temperature, vehemence, & cauſe de ſa cholere. Il a ſes yeux ardans,& eſtince- lans auec vn regard furibond, les tournant çà & la:Toute la face rouge, & fort enfiammée, & à aucuns eſt fort Paſle & liuide , reſſemblant plus à vn mort qu'à vn vif, en ſorte qu'on le decognoiſt , ne reſſemblant plus a luy meſme,& ſemble eſtre trans-formé en beſte ſauuage. Boiſteau au Theatre du monde eſcrit qu'A- lexandre le Grand ſe voyant en vne extreme peur de ſa vie en quelque bataille qu'il eut contre les Indiens. C eſtans Cauſe des rottement e# ſanglot. Trois poinêtt cöſiderables 4f4.X ºff42CE4Ag- tions. Aph .5 1, du 2. liure. De la joye, Belle deſcri- ption & cau- ſe du rire. Vtilitez qui precedent de a ioye. Chilon. Hiſtoire. De la chole - ré. • 2.6 •-e premier Liure qe- -- eſtans abandonné*º" ſecours , ſacholere s'alluma ſi bien qu'il ſuoit le ſang tout partºº ſon corps, & §ux Barbares tout encerné de fiammes de feu, qui leur engendra ſi grande terreur,qu#furent contraints de l'abandonner.Il a le front refrongné,ridé,& amoncelé,ſes cheueux ſe heriſſent,& dreſſent, ſes lévres tremouſſent, & ſouuent les mord. Il grince, & craquette les dents. Il baue, & eſcume comme vn ſanglier qui eſt aux abbois, remuant la teſte, & frappant ſes mains : il frappe la terre de ſes Pieds. Il a tout le corps tremblant comme s'il eſtoit au commencemét du friſſon d'vne fiévre:ſa reſpiration eſt contrainte, 1l n'y a rien ayant ſa parole interrompuë, ne la pouuant bien proferer. Il y en a eu qui ſe font ſuffoquez & eſtaints,fau- au § te de reſpiration , autres ſe ſont precipitez. Il iure,& faitpluſieurs blaſphemes.il inuoque,& ſe donne aux qui offuſque diables , & dit pluſieurs paroles hors de propos , dont apres s'en repent & pour le dire en vn mot , la cho- plus la rais5 lere eſt ennemie de la raiſon, & rend l'homme fol & inſenſé. ornous diſons que ! homme qui eſt ſans cho- que la cho- lere eſt ſans entendement, mais elle ne doit paſſer les bornes de raiſon. Au contraire de la ioye,la triſteſſe lere. deſſeiche tout le corps, & rend l'eſprit lentement tenebreux. Dont il aduient que l homme eſt du tout he- beté, le cœur perd toute ſon allegreſſe,& la perſonne vient iuſques à ſe hair ſoy meſme » tombe en deſeſ- De la triſt poir & enrage, de ſorte que pluſieurs ſe ſont tuez eux meſmes. Comme fit Herenne Sicilien, qui eſtant me- teſſe & me- né priſonnier pour eſtre de la conſpiratioH de Caius Graccus, eſtonné du iugement futur,& ſaiſi de peur, lancholis. frappa de ſa teſte ſi grand coup contre vn poteau qu'il ſe tua Auſſi Plautius Numide voyât ſa femme morte, en print ſi grand ennuy que ne pouuant ſouffrir la douleur, ſe donna de ſon eſpée dans le corps. La raiſon eſt,que par la triſteſſe le cœur eſt reſſerré & eſtreint,dont ne ſe peut engendrer aſſez grande quantité d'eſ- rits, & ſi peu qu'il y en a encore ne peuuent - ils eſtre aisément diſtribuez par les membres auec le ſang, § , la vertu vitale, & ſes compagnes ſont affoiblies : & par conſequent la viue couleur de la face èſt effacée, & preſque aneantie & par ainſi tout le corps deuient maigre, & attrophié,dont le plus ſouuent la De la crain- morts'enſuit. Semblablement la crainte reuocque & attire , mais Plus ſubitement, & auec plus grande te ou peur. rapidité , que la triſteſſe,le ſang,& eſprits au cœur,& partant on void que le viſage paillit,& les extremi- tez demeurent froides auec tremblement vniuerſel, & le ventre à quelques vns ſe laſche, & la voix eſt in- N terrompuë auec grand battement de cœur, parce qu'eſtouffé de la multitude du ſang,& des eſprits qui ſe retirent ſubitement vers luy, il ne ſe peut mouuoir librement , & deſire ſe refrigerer, & deſcharger de ſi grand faix : dont aduient qu'vne ſoudaine, & tres-grande crainte eſt quelquesfois cauſe d'vne mort ſubite a raiſon que le ſang ſe retire au cœur , qui eſtouffe, ſuffoque , & eſteint du tout la chaleur naturelle, & les - eſprits, domt la mort s'enſuit. Ceſt pourquoy auſſi les hommes qui ont peur, dreſſent ſouuent les cheueux, pource que pendant qu'ils ſont en cette peur , la chaleur, le ſang , & les eſprits ſe retirent au centre du corps pour ſecourir le cœur,qui fait que les parties exterieures demeurent froides,dont les porres du cuir, Honte, auſquels eſt fiché le poil ſe reſſerrent, qui eſt cauſe que les cheueux ſe dreſſent,& heriſſent. Honte eſt vne affection meſlée de courroux & de crainte;& ſi la crainte ſurmonte le courroux,elle fait que le ſangfe teti- reau cœur : adonc leviſage pallit, & ſelon que telle affection ſera grande ou petite , s'enſuiuront les ac-s cidens deſſus nommez : au contraire , ſi le courroux ſurmonte la crainte , elle eſmeut le ſang, & le fait monter au viſage, & eſtincelle les yeux , & ſouuent eſcumer par la bouche. Or il y a vne honte, que les Latins appellent Verecondia , qui cauſe que les eſprits ſe retirent au centre , & à l'inſtant meſme re- uiennent, laquelle choſe eſt fort familiere aux enfans, & aux vierges : elle peint la face d'vne couleur ver- meille, plaiſante & agreable : mais tel mouuement de ſang, & d'eſprits ſe fait ſi doucement, que de là # * Agonie, ceſ à dire § eſtant composé, meſlé de crainte, & de colere , aſſaut le cœur de tous ces - deux mouuemens : parquoy en icelle Ie danger y eſt bien grand pour la faculté vitalle. A ces ſix perturba- tions d'eſprit ſe rapportent toutes les autres, comme la haine, ( qui eſt vne ire enracinée,laquelle ne peut eſtre ſans cupidité de mal faire) la diſcorde,à la cholere : la gaillardiſe,& la vanterie, à la ioye:la tremeur, Ccmment le l'exanimation, à la crainte : l'enuie de deſeſpoir, les lamantations à la triſeſſe : l'eſperance ſouuent profite Medecin ou º malades , tellement que le Medecin ou Chirurgien fort deſiré , ou l'amy de l'amie , appaiſe de ſou c§, arriuée la grandeur du mal Car la force de l'ame qui auparauant ſuccomboit au mal , eſt excitée appaiſent la & releuée de l'eſpoir , & aſſaut la maladie auec telle confiance qu'en fin elle la ſurmonte. Or pour con- douleur de cluſion, les perturbations de l'ame font grande mutation en noſtre corps , pour autant qu'elles ſons leur mala- cauſe du mouuement des eſprits, & de la chaleur naturelle : parce qu'icelles dilatent , ou compriment de, en les le cœur au moyen dequoy les eſprits ſont reſolus ou aſtraints , & par ainſi la couleur de la face eft muée. viſitant ſeu- Car c'eſt le propre du cœur de mettre en icelle certaines marques de ſes affections, qui en elle , pour la lement ſans rareté de ſbn cuir, ſont ſi apparentes, que par la face on cognoiſt le ieune d'auec les vieux , l'homme de º º la femme : la temperature du corps, comme le ſanguin du cholerique ; le pituiteux d'auec le melancho- des. lique , les Mores d'auec les Sauuages, les François d'auec l'Eſpagnol , le courroucé d'auec le ioyeux, auſſi le ſain d'auec le malade, & le vif du mort : meſmes aucuns ont voulu dire , qu'en la face on pou- uoit lire, & cognoiſtre les mœurs de l'homme. La face deſcouure les affections de l'ame, & le propre du cœur eſmeu poſe en la face les marques de ſon affection. Tous les viſages ſont differens les vns des au- tres , afin que chacun fuſt recogneu. Or de ces perturbations d'eſprit cy deuant expliquées , il n'en re- vtilitez des uient aucun profit à l'homme ſain, quelques mediocres qu'elles ſoient, ſi ce n'eſt (peut-eſtre ) de la joye, perturba- par le moyen que nous auons declaré. Car la triſteſſe n'eſt vtile à aucun , ſinon d'auenture en cas qu'il fions, fuſt eſperdu, & tout reſolu de trop grande joye. La cholere n'eſt vtile à aucun , ſinon au caſanier, en- dormy, & pareſſeux, ou à celuy qui auroit quelque maladie d'humeur froid, & pituiteux. La crainte n'eſt profitable à perſonne, ſinon à ceux qui d'vne exceſſiue ſueur , flux de ſang, ou autre extreme euacuation ſeroient preſts à perdre la vie,par ainſi le Chirurgien rationel aduiſera à ne precipiter ſon malade en acune de ces perturbations, ſinon pour occaſion de quelqu'vne de ces raiſons expliquées, ou autres ſemblables. Ceux qui ſont de cœur fort grand, rare, & laſche, ne retiennent pas bien leurs eſprits lors qu'ils ſont en faſcherie , & ſont ordinairement coüars : au contraire, les hardis ont le cœur petit, eſpais & ſerré:au mo- yen dequoy les eſprits vitaux ne ſont facilement diſſipez. Ariſtote dit, que ſes beſtes peureuſes ſont celles qui ont grand cœur & fletry : & les hardies, & courageuſes l'ont petit, & denſe. Parquoy leſdites paſſions ne ſe doiuent ſimplement referer à l'ame, mais aux parties deſquelles la triſteſſe, & le courroux prennent Miu. 3. des leur origine.voilà pourquoy Ariſtote aiugé que l'ame eſtoit impaſſible Que diray-ie dauantage des pertur- partie, des bations de l'ame : Gal. I. ! des Cauſes du pouls chap. 2. parlant de ces turbations, dit que le pouls ſe animaux, change par le courroux , & alors eſt haut, grand, vehement,viſte, & frequent:& par la joye eſt grand, ra- •hap.4. re, & tardif, ne differant en rien du courroux ; au contraire , par la triſteſſe eſt petit, languiſſant,tardif,& rare.Auſſi de ſa peur recente , eſt vehement, viſte , eſlancé , deſordonné & inegal : quant à la crainte inue- terée, elle eſt ſemblable à la triſteſſe. - De ces propos il appert euidemment que le mouuement des arte- res eſt alteré, & changé par les paſſions de l'ame. Ce qui ſe peut confirmer par raiſqn en ceſte maniere. - Lss le cœur n'en eſt ny opprimé, ny deſtitué : parquoy de ceſte honte ne s'enſuiuent grands accidens. Mais C. C (- : s L A l l L l \ JV-l Li \ L lV kl l cl lc{ V\ _ l l l l u1 31c. 27 Les arteres ſont muées par le moyen du cœur , d'vn mouuement tout ſemblable au ſien : à ceſte cauſe les paſſions de l'ame peuuent eſtre cogneues par la diuerſité du mouuement du pouls. - Des choſes contre nature ». C H A P. - X X I I. PREs auoir traicté des choſes naturelles,& non naturelles,il ne reſte plus pour parfaire noſtre Introduction qu'a declarer les choſes contre nature,qui ſont celles qui empirét noſtre corps en quelque maniere que ce ſoit. Et ſont trois en general, à ſçauoir; Cauſe de maladie, Maladie, & Sº mptome.Cauſe de maladie, eſt affection contre nature, precedente, & faiſant la maladie. icelle eſt diuiſee en pluſieurs ſortes, & premierement en externe, & interne. L'Externe dicte procatarctique, ou primitiue ) eſt hors de noſtre corps, comme ies viandes, baſtons & ferremens qui bleſ- ſent. Mais l'interne a ſon eſſenc-,& ſiege au corps, & eſt ſubdiuiſée par la pluſpart des Autheurs en antece- | dente, & coniointe. L'antecedente eſt celle qui precede la maladie,& ne la fait encores actuellement,com- bien qu'elle en ſoit fur le poinct,comme les humeurs fluans, ou preſts à fluer ſont cauſes antecedentes des apoſtemes.La coniointe fait actuellement & immediatemét la maladie,auec laquelle elle a telle affinité, que l'vne & l autre ſont touſiours abſentes ou preſentes enséble. De toutes ces cauſes predictes,les vnes ſöt nées auec nous,comme la mauuaiſe quantité, & qualité des deux ſemences,& du ſang menſtruel,prouenante des parens mal diſpoſés, ſont cauſes de pluſieurs maladies, & meſmes de celles que l'on nomme hereditaires. Les autres viennent depuis noſtre natiuité, comme le mauuais regime , les coups, cheutes, & ſemblables. Celles qui ſont nces auec nous ſont toutes ineuitables:mais il n'eſt pas ainſi des autres,deſquelles aucunes ſe peuuent euiter , comme les coups & cheutes,aucunes non,ains alterent neceſſairement noRre corps, comme lair, qui nous enuironne, le boire, & manger , & c. Et ſi quelqu'vn veut conter entre les cauſes in- ternes nées auec nous , & ineuitables , la conſomption de l humidité radicale que fait peu à peu la chaleur naturelle en vieilliſſant : ie ne m'en ſoucie pas beaucoup,non plus que de la diuiſion des cauſes que font les Philoſophes, en la materielle,formelle, efficiente, & finale,ou d'autres pareilles diuiſions. Car cela n'eſt du gibier du ieune Chirurgien, lequel ie pretens enſeigner par les moyens plus faciles, & partant il ſe conten- tera de ce qu'en auons dit. - Des c_3Maladies. C H A P. XX I I I. A L A D 1 E eſt affection contre nature, qui bleſſe l'action des parties immediatement, Icelle eſt triple, à ſçauoir Intemperature, Mauuaiſe compoſition , & Solution de continuité. La premiere dicte Intemperature , eſt propre aux parties ſimilaires, eſlongnées de leur bon & naturel temperament. Cét eſlongnement ſe fait en deux manieres : l'vne , quand il n'y a vice qu'en vne ſeule oppoſition de qualitez , dont eſt dicte Intemperature, ſimple , & y en a qua- tre ſortes , à ſçauoir chaude , † , humide, & ſeiche : l'autre quand il y a vice en toutes les § oppoſitions : & ce pareillement en quatre façons, comme chaude & humide , chaude & ſeiche, froide & humide,& froide & ſeiche,& eſt telle intemperature dicte compoſée.Auſſi quelquesfois l'intemperature n'eſt que de ſeule qualité, comme en Phlogoſis : & quelquesfois eſt accompagnée de matiere, comme és tu- meurs contre nature. Derechefl'intemperature eſt egale,comme en Sphacele : ou inegale, comme en phle- gmon. La ſeconde, à ſçauoir mauuaiſe compoſition, eſt maladie propre aux parties inſtrumentaires,dont elle peruertit la bonne conſtitution, & a quatre eſpeces.La premiere eſt quand la conformation de la partie eſt vicieuſe en figure,ſoit naturellement,ou par accident : en ſa cauité comme ſi la partie qui doit eſtre ca- ue, eſt ſolide, maſſiue, ou autrement emplie & eſtoupée : en aſpreté & leuité,ſi au lieu d eſtre aſpre, & ru de ſa partie eſt liſſée & polie, ou au contraire. La ſeconde eſpece conſiſte en magnitude diminuée,ou au- gmentée outre le naturel.La troiſieſme, quand le nombre d'aucunes parties defaut ou abonde, comme s il n'y a que quatre doigts en la main,ou s'il y en a ſix. La quatrieſme giſt en la ſituation ou connexion vicieuſe quãd les parties leſquelles deuroient eſtre coniointes enſemole,ſont ſeparées, & hors de leur place naturel. le , comme il appertmanifeſtement és luxations. La tierce maladie, generale, à ſçauoirsSolution d'ynité ou de continuité , eſt commune tant aux parties ſimilaires qu'aux inſtrumentaires : & meſmes a diuers noms, ſelon la diuerſité deſdites parties,comme en la chai" eſt nommée playe,en l'os fracture,& ainſi des autres. Des Symptomes. C H A P. X X I V. é o v s ne prenons pas icy Symptome ou accident generalement, pour tout changement qui % aduient à l'homme , outre, ou contre ſon naturel , mais particulierement , pour celuv qui ſuruient à la maladie , & la ſuit , comme fait l'ombre le corps. Ce Symptome proprement pris , a trois eſpeces. La premiere eſt action abolie , diminuée, & deprauée : comme par BN6 exemple, la veue eſt abolie és aueugles, diminuée en ceux qui ne voyent que de prés, de praueé en ceux auſquels la cataracte commence à s'engendrer , qui penſe voir de petites mouches, poil , rets montans, & deſcendans, ou qu'vne choſe en ſoit deux. La ſeconde eſpece eſt des affections du corps qui ſont comme qualitez changées comme la couleur naturelle eſt changée en rougeur par phe- gmon,en liuidité,& noirceur par gangrene.L'odeur ou flairer naturel eſt changé en fœteur, par vn polypus és narines, ou par vne vlcere pourry en la bouche,&c.Le gouſt,& ſauourer naturel eſt mué és icteriques, auſquels toutes choſes ſemblentameres.Pareillement le ſentiment du taft en ceux qui ſouffrent douleur,& qui ont la peau calleuſe, aſpre, & dure. La troiſieſme eſpece de Symptome concerne la retention,& vacua- tion des choſes qu'il ne faut euacuer ou retenir. Car l'euacuation eſt contre nature , par laquelle les choſes bonnes en ſubſtance, qualité, & quantité, ſont miſes dehors, comme l'hemorragie ou flux de ſang ſurue- nant au corps non plethorique auſſi eſt bien la retention des choſes, deſquelles la ſubſtance , quantité , & qualité ſont vicieuſe, comme de la pierre en la veſſie , des menſtrues, des vrines , & ſueurs.Semblablement il y a pluſieurs maladies, & ſymptomes, qui empruntent les noms des animaux. Exemple r. Taipa, ainſi appellé, à cauſe que les patiens omt vne apoſtume à la teſte reſſemblant à vne taupiniere. Teſtude, parce qu'elle eſt ſemblable à vne tortuë. Tolypus, vne chair croiſſant au nez, ſemblable au pied de Poulpe, ou pourpre. ranula, eſt vne tumeur ſous la langue, reſſemblant à vne grenouille, & fait que les malades en parlant imitent le coax des grenouilles. charades, eſcroüelles,venant du mot Grec (boiros , qui ſignifie vn pourceau : parce que les pourceaux · C 2 font Definition de chºſe ccna fre n»iture, D'où vien- ment les ma. la dies here = diaires, Definition & diuiſion de maladie, Intempera- ture n'eſt autre choſe qu'vn excés d'vne, ou de pluſieurs qualittez. 4. diuiſiou 3. diuiſicn Mauuaiſe compoſition & ſes qua ire eſpecesr 1. eſpece. 2. eſpece. 3. eſpece. 4- eſpece. Solution d'v- nite_ . Double ar- ception de Symptome . Aétion abo- lie, diminuée & deprauée. 9) salirez ſe= cödes cham- gées. Euacuation & retention C0/2trê /74f/4- V"C-J. 2.8 a-e premier Liure de ſont ſujets à auoirº ſemblables tumeurs ſous la gorge:ou pource que ceux qui mangent de la chairde porc, A y ſont plus enclins quº les ºutres. Les Latins appellent ce mal scrophule, du mot scropha , qui ſignifie vne truye. - (ancer, eſt vne tumeur qui reſſemble à vn cancre de mer. #lepbanti ſi,ainſi appellée, à cauſe que les malades ont les bras, & iambes groſſes, & tubereuſes,comme les Elephans. - Buvo, ainſi nommé, parce que les apoſtumes qui viennent és cauitez des aines, & aiſſelles des malades,y ſont cachées, comme le hibou és creux des arbres. Lagophthalmos, ainſi dit, à cauſe que l'œil ſe tient ouuert comme ceux des liévres. Ce mot eſt compoſé de Lago , c'eſt à dire liévre, & ophthclmos , œil. Bec de liévre, à cauſe que les liévres ont la lévre ſuperieure fendue. Leonina , à cauſe que les malades ont vn regard hideux , & fier comme lions. Alopecie, vient du mot Grec Alepix, qui ſignifie vn renard : parce que les malades ont cheute de poil comme les renards opbiaſis, pelade : ainſi dicte, à cauſe que les malades ont cheute de poil par ondes , à la figure d'vn ſer- pent nommé en Grec oph». Vlcere vermineuſe , à cauſe qu'il s'y engendre des vers. Vlcere teigneuſe, parce qu'elle ronge la chair , comme la teigne le drap. Vlcere louuetiere , à cauſe qu'elle ronge la chair, & les os, comme feroient les loups. Vlcere cuniculeuſe , à cauſe qu'il y a pluſieurs creux & cauitez, comme aux clapiers des conins. Loupgarou, parce que les malades vont de nuict, & hurlent comme chiens & loups. B Formicatio , ſont, certaines verrues és parties du corps , qui fourmillent , & demangent comme s'il y auoit des fourmis. - - Dragonneau, ſelon Aece de l'authorité de Leonidas, eſt vn ainmal ſemblable à vn ver long & large, qui ſe meut entre cuir & chair, aux jambes, & quelques fois aux muſcles des bras. Soranus,comme recite Paul AEginete, dit que ce n eſt point vn animal , mais quelque ſubſtance nerueuſe, qui baille ſeulement opinion. de mouuement. Il eſt ainſi appellé , à cauſe qu il a forme en longueur & tortuoſité d'vn petit ſerpent. Mo, bus pedituiaru, à cauſe qu'on a grande quantité de poulx. - satyriaſis, à cauſe que l'on a touſiours, la verge virille tendue & droicte, comme les Satyres. Punais, à cauſe que les malades ont vne haleine qui put comme punaiſes. Bouquin parce que la ſueur, & vapeur des malades eſt puante comme vn bouc. Appetit canin, a cauſe que les malades ont vn appetit depraué comme les chiens,ne ſe pouuans ſaouler, & eſcachent les mourceaux ſi gros, que quelquefos il leur demeurent au milieu de la gorge. Verminatio , vne maladie de vers qui aduient quaſi en toutes les parties du corps. Tºulimos, faim enragée comme ſi on deuoit deuorer vn beuf: eſt vn mot compoſé de Bous, qui ſignifie vn bœuf, Limo, qui ſignifie faim. Icterus, la jauniſſe , vient du mot läis , qui eſt à dire vne belette : à cauſe qu'elle a les yeux de couleur C d'or. (onuulſio canina, pource qu'en ceſte conuulſion on monſtre les dents comme vn chien qui veut mordre. Myocephalon,eſt vne eſpece de cheute ou relaſchement de l'vuée,qui eſt vne des membranes de l'œil,qui ne fait que commencer, & eſt ſemblable à la teſte d'vne mouſche. Des maladies de l'ait, qui retiennent le nom d'aucuns animaux. Oeil de bœuf,eſt vne maladie d'œil,quand il eſt gros & eminent ſortant hors la teſte, comme l'on void des bœufs les auoir. . Oeil de cochon, eſt quand l'œil eſt rond, & petit, & peu fendu , comme les ont les cochons, Oeil de chat, qui ſe dit à raiſon que l'on void de nuict, ainſi que font les chats. - Hippo, en Grec, equus en Latin , ceſte maladie eſt ainſi dite, pource que lœil ſautelle comme vn che- ual. 2 igis en Grec, œil de chevre,maladie qui vient à la cornée de l'œil, comme taches blanches,ainſi qu'on void aux chévres. Myactphalon en Grec Muſ e caput , en Latin , teſte de mouche c'eſt vne cheute,& deſcente de la membra- ne vuée, la cornée eſtant relaſchée, laquelle cheute repreſente la teſte d'vne mouche:ce mot eſt composé de Myow, qui ſignifie mouche, & (ephali teſte. Oeil de loup , ou de mauuais garçon,maladie de l'œil, quand ils ſont noirs enfoncez, regardans de tra- uers , comme les ont les loups, & ordinairement les traiſtres, & mauuais garçons. Oeils verons qui eſt quand les yeux ſont bläcs & noirs,comme ont quelquesfois les cheuaux, dont eſt dit le cheual auoit l'œil veron. - Leonius oculus , qui eſt quand les yeux ſont eſtincellans , comme les ont les lions , venant du mot Latin D Leo, qui ſignifie vn lion : ainſi les ont les ladres confirmez. - - - Des lndications. C H A P. X X V. Definition P R E s auoir amplement diſcouru des choſes naturelles, non naturelles , comme nature, & d indication 3 leurs annexes : maintenant il nous faut parler des Indications,leſquelles ſont neceſſaires, ſça- # uoir au Chirurgien methodique,& rationel. Or nous dirons premierement, que Indication methodique eſt vne conduite , ou voye leure pour paruenir a quelque intention, qui guide & E conduit le chirurgien à conſeruer , preſeruer ou guarir le ſujet qui luy eſt mis entre les mains. Car ainſi Galien au deuxieſme liure de la Methode chap. 7. definit en general Indication, vne ct.cun art entrée à agir, & operer : au liure de optimaſ éta, chap. 1 1. definit, Indication eſtre vne prompte appre- § §,. henſion de ce qui peut profiter ou nuire. .. Les Chirurgiens, Medecins vſent de ce mot indication, qui de parle eſt propre à eux, & hors de l'vſage du vulgaire : car il faut conſiderer que chacun art a certaine façon de parler, qui n'eſt pas commune aux autres, comme les fauconniers ont certain langage qui leur eſt propre, auſſi les mariniers,laboureurs & ſoldats:& generallement tous artiſans ont chacun vn jargon à part,& meſ- mes qu'ils n'ont nul inſtrument qui ne ſoit nommé par ſon nó.Les Philoſophes,& gens de lettres parlent de leurs ſciences en autres termes que le commun peuple.Ainſi pareillemét nous appellons Indincationen Chi- rurgie,ce que le Chirurgien ſe met deuât les yeux,côme vne enſeigne,pour aduiſer quel remede il doit pré- de pour guai ir,ou preſeruer la perſonne,tout ainſi que les enſeignes des hoſteliers monſtrét qu'on y loge, ou qu'il : : | : - l lntroduction a la v nirurgie. 2 9 A ou qu'il y a duvin à vendre : & les boites penduës aux maiſons des Chirurgiens, donnent à entendre que leans on guar1t des playes,& autres maladies appartenantes à la Chirurgie:& les Barbiers des baſſins,pour monſtrer qu'ils font des barbes Or il ya trois eſpeces generales d'indications,deſquelles chacune ſe diuiſe en pluſieurs autres eſpeces particulieres. La t. eſpece eſt des choſes naturelles:la 2. des choſes non natu- relles : la 3. des choſes contre nature. Les choſes naturelles indiquent,& enſeignent qu'elles doiuent enre conſeruées par leur séblable:& ſous icelles ſont comprinſes toutes les indications que l'on prend du corps & ſujet mis entre nos mains, quelles ſont les indications priſes des forces du malade la temperature,l'age, le ſexe, l'habitude, l'accouttumance & manſere de viure. Les choſes non naturelles , comme eſtans de ſoy indifferentes , maintenant font indication ſemblable que les choſes naturelles,c'eſt à dire, coindiquent auec les choſes naturelles, forces , & temperament de noſtre corps : maintenant font indication ſemblable que les choſes contre nature, c eſt à dire, nous coindiquent , & demontrent meſmes moyens que la ma- ladie.Or Galié au neufieſme liure de ſa Meth chapitre neufieſine,au lieu où il dit,que pour le faict des indi- cations, il faut conſiderer trois choſes,la maladie,la nature du corps malade,& l'air qui nous enuironne: pour toutes les choſes non naturelles, il ne conſidere , & ne met en compte que le ſeul air La raiſon eſt, dit il, que toutes les autres maticres non naturelles ſont en noſtre puiſſance de les prendre,ou fuir, ce qui n'eſt pas de l'air : car il faut,voulions ou non , porter & endurer la condition preſente de l air. L'air donc n us donne quelque indication , ou pluſtoſt coindication : car s'il eſt ſemblable à la maladie,il ſymboliſe en indications auec la maladie, & pource l'indication eſt de corrigeris'il eſt contraire à la maladie,il indique, Trois eſpecet d'indication. & monſtre qu'il doit eſtre conſerué.Les choſes contre nature nous indiquent qu'elles doiuent eſtre oſtées, eu'inai & prohibées, ou corrigées par leur contraire. Donc pour deduire le tout par le menu , les eſpeces des in- quºi les B dications, ou enſeignes priſes des choſes naturelles , que nous appellons conſeruatiues , ſont pluſieurs. choſe. contrº Les vnes ont eſgard à la force & vertu du malade , pour laquelle conſeruer, faut bien ſouuent laiſſer la nature ,. propre cure , & principale, pour leur ſubuenir : comme en rigueur ou tremblement , ou commencement de I'accez des fiévres, rien n'eſt tant contraire , prenant indication de la maladie , que le manger : car mangeant lors, le malade augmente la matiere morbifique : toutesfois cas aduenant que les forces fuſ- ſent tant debiles , que le malade ne peuſt reſiſter à l'effort de l'accez , il faut nourrir le malade , pre- nant indication des forces. Les autres indications ſont priſes de la temperature du corps , comme s'il eſt ſanguin, choleric, pituiteux , ou melancholique. .. Aucunes deſdites indications appartiennent à ſon habitude : en conſiderant s'il eſt delicat, mince , & de petite corpulence , & rare , ou robuſte & char- nu, & denſe. Aucunes indications ſont priſes de la nature,ou complexion de la partie où eſt le mal , de laquelle on tire aduis & indications : comme de ſa ſubſtance, ſi elle eſt ſimilaire,ou organique. De la ſimi- laire on conſidere ſi elle eſt chaude, froide, ſeiche, ou humide, ou chaude , & ſeiche,chaude & humide, froide & ſeiche,froide & humide:auſſi ſi élle eſt molle comme la chair,dure comme l'os,moyenne comme les nerfs, & membranes. De l'organique, ſi elle eſt principale & noble : ou ſeruante à la moins noble,ou non noble du tout. Pareillement on prend indication du ſentiment aigu ou hebeté de la partie, de ſa for- me, figure, magnitude , ou grandeur , nombre, colligance,ſituation,& finalement de ſon action & vſage: C car de toutes ces choſes,le Chirurgien rationel doit prendre indication en la cure des maladies qui aduien- nent en chacune partie, pour les conſeruer en leur naturel, luy oſtant ce qui eſt contre nature. Comme Notabi, in l'vlcere des yeux ne ſeguerit comme celles des aureilles,le phlegmon en la gorge ne ſe cure comme en vne ,icatiº t - autre partie : car on ne fait repercuſſion par dehors, de peur de faire renuoy au dedans,ce qui ſeroit cauſe chant l' vſa" de ſuffocation:ſemblablement on n'vſe point de repercuſſifs , principalement ſi la fluxion eſt faite de cauſe ge des reper- antecedente prés les parties nobles,comme on feroit ſi elle eſtoit loing d'icelles. Auſſi la ſolution de conti cuſſifs. nuité ne ſe guarit en partie nerueuſe,comme en partie charneuſe, en la partie ſeiche, comme en la partie humide. Les indications donc priſes de la partie,ſont tirées de la temperature d'icelle, de ſa principauté & nobleſſe, de ſa forme, figure,& ſubſtance , de ſa ſituation, & ſenſibilité. La temperature d'icelle,comme ſi elle eſt humide,doit toufiours eſtre conſeruée,encores que la maladie fuſt humide, comme s'il y auoit vn vlcere. Sa principauté requiert des aſtringens, encore qu'il fuſt queſtion de reſolutifs : comme en obſtru- ction du foº e,laquelle ſi prenant indication de la ſeule maladie,on penſe guarir par les ſeuls reſolutifs,ſans y meſler des aſtringens,& roboratifs,on rendra la partie ſi laſche,qu'elle ne pourra plus ſuffire à la ſanguifi- cation neceſſaire pour tout le corps. La formation,& ſubſtance de la partie monſtre que ſi elle eſt de ſub- ſtance plus rare, comme la ratele, elle ſera moins ſubjecte à obſtruction : ſi elle eſt moins rare, comme le fove , y ſera plus ſubjecte, de tant que les conduicts eſtans plus eſtroicts, l'humeur y eſt retenu plus obſti- nément Sa fituation,ſi elle eſt profonde,monſtre qu'il faut que les medicamens ſoient plus forts & liquides pour penetrer plus auant à icelle ſi elle eſt ſuperficielle, donne indication , qu'il ſuffit que le medicament ſoit de mediocre force & conſiſtence La ſenſibilité de la partie fait, & monſtre qu'il faut eſtre plus doux en medicamens,& s'eſpargner dauâtage:car le medecin ſeroit eſtimé cruel,& deſraiſónable,qui en l'vlcere de D la cornée de l'œil appliqueroit medicamés auſſi acres,& deterſifs,comme à l'vlcere de la iambe. On prend pareillement indication du ſexe,de l'aage,attendu que chacun aage porte ſon indication Car nous voyons qu'il y a des maladies qui ſont curables és ieunes gens,incurables es vieils:ce qui eſt prouué par Hippocra- te, qui dit, que les longues maladies de vieilleſſe, comme le mal de reins,de la veſſie, la toux , la courte .. haleine, & pluſieurs autres maladies, ſont incurables, & les accompagnent iuſques à la mort. Quant à la # 2 . ſaiſon,il eſt aſſez clair que la fiévre quarte ne ſe guarit point en Hyuer,& bien peu la quotidienne.Auſſi tout # 4 O. vlcere eſt plus difficile à curer en Hyuer qu'en Eſté.Semblablement, chaque temps ou ſaiſon de l'année re- % # 6. quiert ſon medicament : car autre medecine faut aux iours caniculaires,qu'en Hyuer,auſſi la diete ne ſe fait Pb. 6. pas en Hyuer ſi bien qu'au Printemps. Il faut auoir pareille indication de l'air naturel, ou autre:car ſi quel- qu'vn ſe trouue malade en vn autre air qu'en celuy de ſon pais,ou de ſa demeure ordinaire,& de long-téps habitué,ne ſe pourra guarir par meſme moyens,prenant indication de la difference des airs & regions : car autant d'airs & Regions, autant y a-il de moyens de guarir : comme vne playe faicte à la teſte à Rome, ou à Naples, ou bien à la Rochelle, malaisément eſt guarie, dequoy l'experience fait foy. Pareillement , faut auoir egard au temps des maladies:car autres medicamens ſont requis au commencement qu'en l'augment, ou en l'augment qu'en l'eſtat, en l'eſtat qu'en la declination. Auſſi on prend indication de l'eſtat, couſtu- me,& maniere de viure dumalade : car autrement faut medicamenter les hommes robuſtes,comme Labou- reurs, Mariniers, Crocheteurs, Chartiers que ceux qui ſont demeurans aux villes, vſans de viandes deli- cates, & ne faiſans grands exercices.Sous ceſte maniere de viure faut comprendre quelque particularité,ou proprieté cachée du naturel : car aucuns ſi toſt qu'ils ont pris quelques viandes ou breuuages, vomiſſent, voire leur eſt fi contraire qu'aucuns en ſontmorts. Ce qui eſt teſmoigné par Gall. liu. De conſuetudine,Da- rius I'eripateticus lequel en ardeur de fiévre eſtant contraint par les Medecins qui luy aſſiſtoient,de boire de l'eau froide,mourut ſubitement épris de conuulſion:non pour autre raiſon ſinó pource que ſe cognoiſſat C 3 auoir A A-/V-• P1 -1 1 1 1-1 #... k \ l l V - V. 1 \-• En quoy eſt diſtingué le vulgaire,du Chirurgien rationel. 9)uelles par- ties ne ſe peuuent com- ſolider. auoirl'orifice de l'eſtomac froid,il ne s'eſtoit iamais voulu accouſtumer à tel breuuage. Symphorianus re- cite, qu'il aduint à vn quidam, lequel auoit les medecines en telle horreur & deſdain, que l'odeur ſeule d'icelle ſentie contre ſon gré,luy deuoya tellement le ventre,qu'il fut contraint d'aller ſept fois à ſes affai- res à l'inſtant, iufques à en auoir vn accez de fiévre,la où celuy qui auoit prins ladite medecine de bonne volonté n'en fit que trois.Pour le reſpect des indications qui ſe prennent des choſes contre nature, comme de la maladie, elles ſont priſes de la longueur, largeur, profondité des playes, & vlceres : de la figure, ſituation droicte, oblique, haute ou baſſe : de ſon egalité, ou inegalité, de ſon apparence ou couuerture, c'eſt à dire ſi elle eſt caue ou cuniculeuſe. Semblablement le Chirurgien prend indication de la grandeur & vehemence de la maladie, de ſa cauſe antecedente,ou coniointe,& des accidens,& complications d'icelle. Car la cauſe ſouuent requiert remede tout contraire à la maladie , comme quand la fiévre eſt engendrée d'humeurs froids, & eſpais. De meſme le ſymptome, & accident requiert ſouuent, & indique ou enſei- gne remede contraire à la maladie : eſquels cas il faudra touſiours ſuiure l'indication de celuy qui preſſe Plus le malade comme ſi en la fiévre ſuruient ſyndope ou defaillance de cœur , nous ne craindons donner du vin au malade,nonobſtant que la fiévre,maladie chaude,donne indication de breuuage d'eau froide. Or voilà les indications qui font trouuer les moyens de guarir,& conſeruer , ou preſeruer les perſonnes.Mais quelqu'vn pourroit dire,qu'il n'eſt point beſoin de rechercher tant d'indicatiós à guarir vne maladie,voyant que pluſieurs ont bruit d'eſtre bons Chirurgiens, qui n'en vſent que d'vne a ſçauoir , de celle qu'ils pren- nent de l'eſſence de la maladie,laquelle indication eſt de guarir la maladie par ſon contraire. Et pour ce re- gard il s'enſuiuroit que celle indication ſeule priſe de l'eſſence de la maladie,ſeroit ſuffiſante pour trouuer le moyen de curer la dite maladie, & nen faudroit point d'autre. La conſequence n'eſt pas bonne. Toutes- B fois l'indication prinſe de l'eſſence de la maladie eſt bien eſtimée pour la premiere & principale, mais non pas pour ſeule. Car elle n'indique pas le moyen, s'il eſt poſſible de guarir la maladie, ou non, comme font les autres indications ſuſdites, deſquelles quelques vnes pour ce regard,& autres conſiderations ſont auſſi nombrées entre elles principales, & neceſſaires. Or de dire qu'vne maladie eſt curée par ſon contraire, cela comprend auſſi qu'il eſt beſoin de ſuiure les autres indications, leſquelles,comme nous auons dict,en- ſeignent pluſieurs moyés pour venir à l'effect de ceſte guariſon. Ioint que telle indication n'eſt pas touſiours ſuyuie, mais lors ſeulement que les autres indications prinſes des autres circonſtances mentionnées s'y ac- cordent. Car pour exemple, la plethore de ſon eſſence requiert que l'on tire du ſang, par indication tirée de ſon contraire : toutesfois qui eſt celuy, qui a vn enfant plethorique aagé de trois mois, voudroit à tel- le intention ouurir la veine Adiouſte que telle indication n'eſt pas propre au Chirurgien,eſtant commune au ſimple populaire, voir à vn enfant : car en ceſte indication il n'y a nul artifice qui ne ſoit commun , & manifeſte à vn chacun : meſme les ſimples gens , mechaniques & artiſans, s'il voyent quelque fracture ou luxation,diront bien qu'il faut reduire les os en leur place naturelle:mais ils ne ſçauroiét dire les raiſons,& moyens , par leſquelles on doit ces choſes accomplir, & mettre en execution. Et c'eſt cela en quoy eſt di- ſtingué le vulgaire d'auec le Chirurgien, vray curateur de telles indiſpoſitions, lequel pourra inuenter les choſes par § ſera mis en effect ce qui nous eſt inſinué, & donné à entendre par la premiere indica- tion. Or toutes ces raiſons & moyens qu'il faut inuenter pour venir a cét effect, ou Pour cognoiſtre ſi le mal eſt curable ou non, nous les trouuerons par les indications particulieres cy-deuant déduites & decla- rées, tant des choſes naturelles, non narurelles, que contre nature, leſquelles reſtraignent, & limitent ladite premiere indication, eſtans adiouſtez auec elle. Pareillement le ſimple populaire , & Empirique di- ront bien, que toute ſolution de continuité requiert vnion, & qu'en toute maladie ſon contraire eſt neceſ- ſaire: toutesfois c'eſt le faict du Chirurgien ſçauant de cognoiſtre filadite vnion ſe peut faire en toutes par- ties , ou fi aucunes non.Car le ſimple populaire eſt ignorant que la partie nerueuſe du Diaphragme eſtant- bleſſée, ne ſe peut conſolider, ny les inteſtins greſles, le ceur, les poulmons, le foye, eſtomach , cerueau, veſſie. Et pour le dire en vn mot , les Empiriques ne ſçauent pas beaucoup dauantage que l'ignare, & ſim- ple populaire , quoy qu'ils faſſent grand cas de leur experience, laquelle,jaçoit qu'elle ſoit l vn des deux inſtrumens de toute intention, toutesfois elle ne peut, comme la raiſon ( qui eſt l'autre inſtrument d'in- uention ) trouuer ny enſeigner la ſubſtance de la partie où eſt le mal , ne ſon action, ne ſon vſage,vtilité ſituation, ou liayſon, ny les autres choſes dont on prend indications particulieres : moyennant leſquelles tout Chirurgien rationel pourra preuoir,non ſeulement les maladies curables,& les remedes auec leſquels elles ſeront guaries , mais auſſi celles qui ne ſe peuuent guarir. A- L'ordre de curer les maladies compliquées. C H A P, XX VI. 2( R les maladies compliquées requierent eſtre curées par ordre , les vnes apres les autres, Q) ſinon qu'vne reſtaſt ſans pouuoir eſtre guarie. S'il y a maladie compliquée, vrgente & peril- l leuſe, elle nous indique & enſeigne eſtre de beſoin de commencer la cure par elle meſme, C nonobſtant que par ce moyen il en reſtaſt vne incurable , ou que l'on fuſt contraint d'en faire vne autre : ce qu'ordinairement nous faiſons pour oſter les choſes eſtranges , comme vne balle ou eſquille, car pour ce faire on aggrandit la playe : ou l'on couppe , & deſchire le col de laveſſie pour oſter vne pierre contenue en icelle, faiſant vne playe quelquesfois qui degenere en fiſtule D incurable : car le mal qui eſt vrgent & perilleux,eſt de telle conſequence , que pour le guarir il faut laiſier vn autre mal incurable. Comme ſi vn nerfeſtoit picqué, & qu'il ſuruint ſpaſme ou conuulſion:à laquelle ne fuſt poſſible remedier par medicaments,lors en inciſant le nerfde trauers nous guariſſons la conuulſion, mais nous priuerons la partie où s'inſere le nerfs de certain mouuement volontaire. Auſſi ſi en quelque grande iointure il ſuruient luxation auec playe, ſi nous eſſayons à la reduire , nous cauſerons conuulſion: parquoy faudra pour euiter la dite conuulſion,vaquer ſeulement à la playe , & laiſſer la luxation ſans eſtre . reduite. Mais aux maladies compliquées quand il n'y a rien qui nous preſſe,ny tire hors de la cure princi- pale,c'eſt à dire de la maladie propoſée,nous tiendrons cét ordre, que ſuiuant l'indication de la choſe qui empeſche le plus,la principale cure de la maladie, & l'action de nature,nous guarirons icelle choſe la pre- miere : puis ferons ainſi des autres( s'il y en a pluſieurs ) tout par cét ordre,& par cette raiſon , tellement que nulle ne demeura ſans eſtre guarie. Comme pour exemple, poſons vn vlcere ſitué à la jambe , auec alteration d'os, accompagné d'vne varice, & autour dudit vlcere vne tumeur, & intemperature phlegmo- neuſe , le corps cacochyme & plethore, l'ordre ſera de commencer aux choſes vniuerſelles par l'aduis du docte Medecin, qui luy ordonnera ſa maniere de viure, purgations, ſaignée,& rectifiera en ce qui luy ſera poſſible la cacochymie : cela fait, on ſacrifiera la tumeur,& ſeront appliquées ſangſues, afin de deſcharger, & vacuer la matiere conioincte : puis ſeront appliquez cauteres pour corriger l'alteration de l'os, & en caute riſant on fera en ſorte que figure ronde de l'ylcere ſera de figure longue, ou triangulaire : cela fait QIl coupera - - : - : • :: - · - - - : - : > - .. | : - -- 1 111u 1 Uuu-t1v1 1 ct 1a - 1111 u 1 5º-. 5 1 A on coupera la varice, & l'vlcere ſera traictécomme l'art le commande,puis conduit à cicatrice:& pendant la cure le malade ne ſe tiendra debout ny aſſis,mais couché,& ſera ſa jambe bandée comme il appartient, ce qui ſera plus amplement declaré cy-aPres. Or il y a quelquesfois des indications contraires,ſçauoir º Aux vtc,- que toute l'habitude du corps ſera de temperature humide, & toutesfois la partie vlcerée ſera de tempera-, de . ture ſeiche : & au contraire, la temperature du corps ſera ſeiche,& celle de la partie,humide:pareillement be,i m i . en calidité , & frigidité, aduient ſouuent que tout le corps, & la partie ſont de diuerſes complexions, & de ſe doit te- par ainſi faudra touſiours meſler , & en ce meſlange augmenter, ou diminuer la doſe de tels , ou tels re- nir couché medes , ſelon que deſdictes indications contraires les vnes ont plus de force que les autres. Comme pour exemple, ſi la partie vlcerée eſt intemperée naturellement de quatre degrez de ficcité,& tout le corps ſoit de trois degrez d'humidité,il eſt ceitain que le medicament qu onappliquera a ladite partie, doit eſtre plus ſec d'vn degré,que celuy que l'on appliquera à vne partie temperee. Au contraire,poſons le cas que la tem- perature de tout le corps ſoit intéperée d vn degré d'humidité,& la Partie le ſoit d'vn autre degré de ſicci- té, alors il ne faudra rien augmenter ny diminuer audit medicament,à cauſe que le degré du ſuperfiud'hu- midité, recompenſe celuy de ſiccité:choſe à la verite qui conſiſte plus en artificieuſe coniecture,qu'en cer- titude de raiſon. Sur tout pour la fin de ce traicté ſouuenons nous, que des choſes cy deſſus mentionnées, qui nous côduisét à ce qu'il faut faire les vnes ſont indicatiues,les autres ſont coindicatiues,les autres ſöt repugnantes,les autres ſont correpugnantes.Les indicatiues ſont celles, qui de ſoy-m eſmes, &de leur nature sommaire de enſeignét ce qui eſt à faire. Coindicatiues ſont celles qu1 monſtrent,& enſeignét le meſme que les indicati- ce traiäé de ues,mais ſeulemét paraccident,& non propremét & eſſentiellemêt.Les repugnantes ſont celles qui demon-indication , B ſtrent d'elles meſines,choſes toute contraire auxindicatiues.Les correpugnantes ſót celles,qui auſſi conſeil- lent autres choſes que les indicatiues,mais ſeulemët par accident, ſçauoir en tät qu'elles s'accordét auec les repugnantes Exemple de ce:la plethore de ſoy demonſtre qu'il faut tirer du ſang & le meſme coindique la ſaiſon du Printemps:mais à cela repugne directement la faculté imbecile, & enſemble y correpugne l'aage de 1'enfance. Balance donc en ton eſprit,quand tu delibereras de ce que tu auras à faire,& ſuy pour la gue- riſon des maladies ces quatre choſes,& tè comporte de façon que tu executes pluſtoſt ce que te conſeille- . ront, & demonſtreront les choſes indicatiues,& repugnantes, qui ſont la maladie,& les forces du malade, que non pas ce que te conſeilleront les choſes coindicatiues,& correpugnantes, deſquelles la force,& ma- tiere de prendre indication eſt moindre. A ces diuerſes indications nous en pouuons adiouſter deuxautres efpeces : l'vne priſe de fimilitude,l'autre de ruſe,&ſubtile inuention,que les plus recens Medecins ont ap- pellé ſtratageme. Nous prenons indication de ſimilitudes,és maladies qui ſuruiennent tout nouuellement, lors que leur eſſence eſt inconnue,ne pouuans eſtre penſées par medicamensinuentés par indication priſe du contraire. Parquoy pour la ſimilitude, que telles maladies ont, ou leurs ſymptomes, & accidens,auec telle ou telle autre maladie vulgaire,& commune,ſont penſées de meſme façon ainſi que du commencemét nos peresont practiqué ſur la verolle,laquelle ils penſoient comme la ladrerie, pour la ſimilitude des acci- dens de l'vne à l'autre maladie. Mais nous prenons indication de guariſon par ruſe, & quaſi comme ſtrata- geme, lors que la maladie nous eſtant du tout incogneué, ou pour eſtre d'vnenature eſtrange,& bigearre, ou pour prouenir d'alteration d'vn ſuject à nous incongneu, comme de l'eſprit, ſommes contraincts, par défaut d indications tirées d'aucune choſe naturelle, auoir recours à quelques ſubtilitez,& comme ruſes de guerre, commenous entendons auoir eſté practiqué és maladies d'affections melancholiques,deſquelles les eſpeces ſont plus difformes monſtreuſes , & bigearres que les ſonges que l'on fait de la Chimere com- me l'on dit en commun prouerbe. *-e, 2'# 3 2. •-s premier Liure de T Indication eſt vne con- duite , ou voye ſeure pour par- uenir à quelque in- tention, qui guide , & conduit le Chirurgien « à conſeruer, preſeruer, ou guarir le ſujet , qui luy eſt mis entre ſes mains. Icel- les ſont ti- rées des choſes rNaturelles, leſquelles indiquét & enſeignent † oiuent eſtre con - ſeruées par leurs ſem- blables > dont les vnes ſont priſes de ſemblables lon Gal. 9. - - •- q A B L E D E S Non naturelles , qui indiquent choſes ture, deſquelles nous ne conſiderons, ſe- Contre nature,leſ- -- —- -- I N D I C A T I O ZV J'. rPour leſquelles conſeruer,faut laiſſer la propre cure,& principale rLa force, & vertu du malade4 pour leur ſuruenir. Car où les forces du malade defaillent, le \ Chirurgien ne peut venir à ſa fin pretendue. ſSanguin, La temperature du 3 Choleric, Laquelle doit eſtre contregardée, encore qu'elle ſoit corps,comme s'il eſt | Pituiteux, j# choſe accouſtumée. Gal.2.de la Meth. \Melancolique. Son habi- rDelicat, - - - rChaude, ) rChaude, & ſeiche. de , cô- f Mince, ſSimilaire Froide, ycom- & Chaude , & humide. tude c i# petite corpulence. # j# Froide , & ſeiche. me s'il eſt U§ , ou charnu. |Humide, Froide, & humide. ſSub- { ſtance | Principale, ou noble. La complexion de la nature de la partie où eſt le mal,de laquelle on tire aduis, & in- dications : comme de la { Sentiment t Organique & Seruante à la moins noble. U Non noble du tout. Comme l'œil ne peut porter medicaments Aigu. ſi forts que la chair. Hebeté. Forme, figure, magnitude, nombre , colligance, ſituation, action, vſage. / * , L'aage, attendu que ſ'Car nous voyons qu'il y a des maladies qui ſont curables aux jeunes chacun aage porte ſon< gens, & incurables aux vieils : auſſi les vieils endurent la faim plus fa- indication. - *cilement que les jeunes. Du Sexe : {Attendu que les femmes ne peuuent endurer remedes ſi forts que les hommes. La ſaiſon de {† autres medicaments ſont plus requis en Hyuer qu'en Eſté, & ainſi des l'année. autres ſaiſons de l'année. Confideré qu'autant qu'il y a de regions,autant ya-il de manieres de guarir : qu'il ne ſoit ainſi, vne playe de teſte eſt plus difficile à guerir à Paris qu'en Auignon, & les vlceres des jambes plus faſcheuſes en Auignon qu'à Paris, comme nous auons dit cy-deſſus. Ce qui eſt meſme teſmoigné par § La region. CommenCemcnt Du temps ; car autres medicaments DAugment - ſont requis , & conuenables au Eſtat des maladies, Declinaiſon rDelicats , comme ceux ) Sur icelles nous rapportons †| qui ſont és villes, nour-| quelque particularité,ou pro- autrement J ris à leur aiſe. prieté occulte du naturel : car faut trait-} Robuſtes, comme char- | aucûs ſi-toſt qu'ils ont pris de ter les tiers, crocheteurs, mari- | la ptiſane, pôme,ſole,perdrix, Uniers , laboureurs. eau,ouautre choſe,vomiſſent. La maniere de viure, la- quelle doit eſtre conſer- uée comme le propre -temperament. semblable à la maladie , ſymbo-^ Et pour ce l'indication eſt de le - indication auec elle. ſ corriger. aux naturelles, & contre na- liſant en ind 8 | Ou contraire à icelle, \ & lors monſtre } qu'il doit eſtre conſerué. de la Mcth. que l'air qui ſera - rMaladie pre- rGrandeur. nant indica-A tion de ſa #º d'icelles, rL'vrgent, n r Grâde douleur ] Parquoy pour en vn vlcere. la guariſon des | La cauſe, maladies com- Fluxion qui ſe quelles indiquent liquées , nous fait à la partie. # Cauſe de rleſquelles nous § indi-) Et celle ſans ſº P \oſtées : comme maladie. | indiquent re-ication de ces | laquelle la Carie , ou medes ſouuent trois poincts , | maladie ne intemperature | contraires à la ! qui ſont : peut eſtre qui la peut ac- Symptome. Umaladie, oſtée. compagner. T A B L E 11ntroduction a la v nirurgie. 3 3 TLTE ZTE X7FT#O D727E, Fo7R Go G No7yTRE Le Chi- rurgien cognoit & iuge des ma- ladies par la la les maladies par les cinq ſens. r - - - - | fiévre : eſtant boüeuſe , auoir vlcere aux reins, ou veſſie, ou autre partie. Si la matiere fecale eſt meſlée auec bouë ; on iuge auoir vlcere aux ſ, Cou" | boyaux : ſi la boue qui ſort d'vn vlcere eſt noiraſtre, & fœtide demon- leur , & ſtre corruption d'os : ſi elle eſt blanche, l'integrité de la partie. COIIlIIlC | Si quelque perſonne a la couleur jaunaſtre, on le iugera eſtre Icte- rique, & principalement fi le blanc des yeux eſt tei. - - | Si vne tumeur eſt rouge en couleur, on cognoiſtra qu'elle ſera faite | de ſang : ſi elle eſt jaunaſtre, de bile : ſi elle eſt blanche, de pituite ; ſi \ elle eſt liuide, ou plombine, de melancholie. Si vne jambe ou bras ſont luxez, on le cognoiſtra en les comparant à l'autre qui ne l'eſt pas , voyant vne cauité d'où -,.. } eſt party l'os, & vne eminence où il eſt tombé. Figure M2tl- uaiſe l confor. mation cIl Si l'os de la cuiſſe eſt hors de la boite, on verra la jambe eſtre plus courte, ſi la luxation eſt en dehors : & plus longue, ſi elle eſt faite en dedans. Chara Si vn malade a les yeux cauez, les temples abbatues,& le ctere nez pointu, on cognoiſt qu'il eſt proche de la mort. Lors qu'vn malade tantoſt amaſſe tout à luy, tantoſt penſe amaſſer ſº# petits feſtus, on iuge qu'il eſt proche de la mort. - Si vn malade fait beaucoup de ſingeries, vacillant en ſes faits,& pa- | roles,& pete deuant honneſtes perſonnes, ſans honte ne vergongne,on icognoiſt qu'il eſt malade de l'entendement. Geſtes COIIlIIlC c Q elque luxation,& principalement celle de l'eſpaule,ou cuiſſe eſt Son , reduite, on le cognoiſt par vn ſon qui fait clocq. COIIDII1C r | ſi Si on ſonde en la veſſie,& qu'il y ait pierre,on oit vn ſon qui fait tocq. S'il y a de la boue, ou autre humeur contenue au thorax, on oit vn ſon,comme d'vne bouteille à demy pleine qui gourgoüille. | l Si quelqu'vn parle Renault, on cognoiſt le palais eſtre troüé, ou Oüye, eſtre enroüé. « § | ſ Quand on oit ſortir vn ſon d'vne playe faite au thorax auec ſifflemét, dant {Vents, | on cognoiſt la playe penetrer au dedans. Si on oit de vents eſtre conte- quel- i comme4 nus au ventre inferieur, qu'Hippocrate appelle Borborygmes, on iuge que | eſtre vne colique venteuſe. Reduiſant vne hargne, ſi on oit des vents, comme vn gourgoüille- | ment, on la iuge inteſtinale. Quand vn malade dit tantoſt d'vn, & tantoſt de l'autre, & eſt du lPar• { tout inconſtant en ce qu'il dit, on iuge qu'il eſt malade de l'entende- IIlCIlts Vne perſonne eſtre punais. Odeur,par laquelle on ſ Vne vlcere pourrie, & gangreneuſe. cognoiſt La carie des os. La boue eſtre loüable, ou non. ULes ſueurs,vrines,& matieres qui ſortent,eſtre naturelles ou non. On cognoiſlra que la cholere redonde,ce qui eſt manifeſte ſ Amer, à ceux qui ont la jauniſſe, ou fiévre tierce. Sallé, { On jugera que le phlegme ſallé abonde. : Gouſt, | Séblable à œufs 5 Il monſtre auoir grande corruption en l'eſtomaeh , & len comme s'ils pourris, toute l'habitude du corps par l'excez de chaleur. eſt | Semblable à vin- ſ Il monſtre auoir corruption en l'eſtomach par excez de V aigre. { froidure. ſVn febricitant, n Tact,par le- | Vne debilitation ytouchant le poulx. "- | quel on co--# de forces J Ugnoiſt La boue d'vne apoſteme eſtre proche, ou profonde par l'inondation.Vne |† , par la pulſation, & quelquesfois par vn ſifflement qu'on ſent en preſſant deſſus. ] Si l'vrine d'vn malade eſt rouge, & enflammée, on cognoiſt qu'il a 12 \ Tous leſquels cinq ſens exterieurs ne re- çoiuent , ſinon que ſuperficiellement les obiects , comme vii miroir fait, non pour autre fin , que pour les repreſenter à I'en- tendement, comme à leur prince , & ſei- gneur,afin de les diſ- cerner par la raiſoh, qui diuiſe, & iuge en dernier reſſort, pene- trant iuſques à la pro- fondité des choſes. De ſorte qu'elle in- uente le vrav, iuge le, faux, & diſtingue ce que de l'vn,& de l'au- tre s'enſuit, ou repu- gne,en rapportant lcs choſes veues , ouyes, odorées, gouſtées, & touchées.A quoyay- de grandement la me- moire , laquelle eſt comparée au Greffe, auquel(comme apres vn procés debattu ) on retire, & garde ce qui a eſté arreſté pār l'entendement,& rai- ſon qui l'imprime,afin qu'il ſoit gardé , & qu'on s'en puiſſe ay- der quand il ſera ne- ceſſaire.Et pour cette cauſe , Dieu curieux de noſtre perfection nous a dôné ce ſingu- lier remede, prompt, & commode contre l'ignorance , & ou- bliâce des choſes,afin que par l'ayde d icel- le memoire nous ve- nions à cognoiſtre ce qu'auons veu, & ap- perçeu par les ſens, qui ſont la veue,oüye, odeur, gouſt, & tact, qui ſeront plus am- plement deſcrits par cy-apres. De_» #AT -e premIerTTure de -- "- *--, A - De diuerſes manieres deguariſons. C H A P. XXVI I. #ſtoi M L ſe fait d'autres guariſons par choſe eſtranges,comme on peut voir par les hiſtoires ſuiuan- ! Hiſtoire. % tes. Alexander ab Alexandro , & Pierre Gilie, afferment qu'en la Pouille,contrée d'Italie, il : 2 y a vne eſpece d'araignée, que ceux du pavs nomment Tarantule , le P. Rhodien la nomme : s Phalange , qui ſont au commencement de l'Eſté ſi venimeuſes , que quiconque en eſt mordu, : " - NS s'il n'eſt bien ſoudainement ſecouru , il perd le ſentiment, & meurt ; & ſi quelqu'vn eſchappe : de la mort, il demeure inſensé, & totalement hors de ſov. Auquel mal l'experience a trouué vn reme- : La Muſique de qui eſt la Muſique, Ce que les Autheurs en diſent , eſt comme des témoins de l'auoir, veu, diſans:que | eſt medeci ſi toſt que quelqu'vn en eſt mordu,on fait venir le pluſtoſt que l'on peut deuant luy des gens qui joüent des | nale. violles, fleutes,& autres inſtruments,dont ils ſonnent & chantent diuerſes chanſons:laquelle Muſique en- 2 tendue par le navré, il commence à bailler,faiſant diuerſes muances, comme ſi tout le temps de ſa vie il euſt - eſté accouſtumé au bal en laquelle furie, & force de bailler, il continue iuſques à ce que ce venin ſoit diſſi- pé.Le meſme Alexandre dit auoir veu,que des oüeurs ſe trouuans laſſez de ſonner,à faire danſer vn qui a- uoit eſté bleſsé de ceſte beſte,ayans ceſsé pour ſe repoſer,le pauure navré tóba incontinent en terre côme T mort,ayant perdu ſes forces : mais ſi toſt qu'ils recommencerent a ſonner,il veid le pauure malade ſe rele- uer de nouueau, & recommancer auec telle force qu'auparauant,iuſques à ce que le venin fuſt diſſipé. En- i cores dit il plus, qui eſt aduenu que quelqu'vn qui n'auoit pas eſté bien guary auec cette muſique, quelque temps apres oyant ſonner des inſtrumens,cčmençoit a demener les pieds,& eſtoit force qu'il baillaſt iuſques 1 1e, #. à pleine guariſon.Ce qui eſt veritablement eſmerueillable en nature.Aſclepiades eſcrit,que le chanter dou- B • # # cement,& ſonner de meſme quelque inſtrumºt de Muſique,avde beaucoup aux phrenetiques.Theophraſte, Muſique. & Aulus Gele diſent que la Muſique appaiſe la douleur de la ſciatique,& de la goutte Encores trouuôs-nous en l'Eſcriture ſaincte,que Dauid auec la Muſique oſtoit à Saul la paſſion que le mauuais eſprit luv donnoit. | Herodote,Hiſtorien Grec, au liure de ſon hiſtoire intitulé ( liv, recite que Crœſus , Roy de Lydie, eut vn : Hiſtoire. fils qui iuſques à grand aage fut muet : aduint que la ville où eſtoit le Roy , eſtant priſe, vn ſoldat perſan : Autre ma. eſtoit preſt à tuer le Roy ſon pere , luytenant le poignard ſur la gorge ; lors ſondit fils(auparauant muet) | - niere de s'efforça tant par la forte apprehenſion qu'il eut de la mort de ſon pere qu'il rompit les liens de ſa langue, t guariſon. & dit , Ne tue pas cét homme,ſoldat,c'eſt Crœſus , le Roy mon pere:& depuis le reſte de ſa vie parla fort bien. Plutarque, au liure auquel il monſtre , que l'on peut tirer quelque profit de ſes ennemis,eſcrit qu'vn | Autre. Theſſalien, nommé Prometheus,fut frappé d'vn ſien ennemy d'vn coup d'eſpée ſur vn viel vlcere, duquel il : n'auoit peu guarir,combien qu'il en euil eſté pensé par pluſieurs années,& en fut entierement guary auec la , 2 Autre. nouuelle playe. Tite - Liue eſcrit , que Quintus Fabius Maximus eut la fiévre quarte par longues années, & - qu'en donnant la bataille aux Sauoiſiens , de la grande ardeur qu'il auoit de combatre , chaſſa la fiévre, & : Autre. oncques plus ne l'eut. L'homme de Chambre de M. de Lanſac le jeune diſoit n'agueres, qu'vn Gentil-hom- : me François eſtant en Poulongne,ayant la fiévre quarte,ſe promenant le long de la Viſtule fleuue, au com- |. mencement de ſon accez fut pouſſé par vn ſien amy, en riant, dedans ledit fleuue dont il eut telle frayeur, t combien qu'il ſçeuſt nager , comme ſçauoit bien celuy qui l'auoit pouſsé, que depuis n'eut la fiévre. Au Autre. camp d'Amiens, le Roy Henry me commanda d'aller à Dourlan pour penſer pluſieurs Capitaines,& ſoldats Hiſtoire du qui auoient eſté bleſſez par les Eſpagnols en vne ſortie de la ville, qu'ils firent fur eux : le Capitaine ſainct º#** Aubindemeurant pres dAmiens, Gentil-homme,& vaillant s'il y en a en France, auoit la fiévre quarte, C Aubin. neantmoins quoy qu'il fuſt en ſon accez,ſe leua du lict,& môta à cheual pour commander à vne partie de ſa Compagnie, fut bleſsé d'vn coup d'arquebuze tout au trauers du col dont il eut vne telle apprehenſion - de la mort qu'à l'inſtant il perdit ſa fiévre, & depuis fut guary de ſa bleſſeure,&eſt à preſent encore viuant. t Monſieur Ioubert recite vne hiſtoire d'vn ſinge,qui fut cauſe de la guariſon de ſon Maiſtre,Medecin de pro- | feſſion,abbandonné des Medecins de Montpellier. Ce Medecin eſtoit eſtranger,ſans femme,& § 1 Autre ma° de gens qui attendoient ſa deſpouille : le voyans fort bas , chacun d'eux ſe ſaiſit de quelque choſe.Le ſinge : ,#"." regardant ce remuememét de meſnage print pour ſa part le chaperon rouge fourré,que ſon Maiſtre portoit # §iſ aux actes ſolemnels , duquel il s'affubla d'vne ſi bonne grace deuant luy,que ledit Medecin print ſi grand i. plaiſir à le contempler, qu'il fut contraint de rire ſi fort, que cette eſmotion eſpandue par tout ſe corps, eſmeut tellement nature(par la continuation de l aiſe qu'il en prenoit) qu'il en recouura la ſanté.C'eſt que le lien duquel les forces de nature eftoient empeſchées,fut rompu de l'impetuoſité, causée par le ris. Car telle joye eſmeut la chaleur naturelle languiſſante, comme enſeuelie, & la reſpandant par tout le corps,la Autre. fit venir au ſecours de nature, laquelle embraſſant ce moyen,& propre inſtrument,renforcée de tel ſecours, Raiſon de la vint à combatre la maladie auec plus grande hardieſſe,tant qu'elle vint à ſurmonter le mal. Car c'eſt nature ſanté recou- proprement qui guarit les Maladies : le Medecin,& les remedes ſont les ſecours qui fauoriſent nature.Que *erte par le diray-je plus ? N'agueres vn Gaſcon eſtant en cette ville,au logis d'Agrippa,rue pauée,malade d'vne fiévre ris. ardante , tombé en phreneſie, ſe jetta de nuict par vne feneſtre,du ſecond eſtage ſur le paué, & ſe bleſſa en pluſieurs endroits de ſon corps.Ie fus appellé pour le medicamenter:& incontinét qu'il fut posé en ſon lict, commença à ratiociner, & perdit du tout ſa phreneſie,& quelque temps apres fut du tout guary. Monſieur d'Ottoman,Docteur Regent,& Profeſſeur du Roy en l'Vniuerſité de Montpellier,m'a affermé qu'vn Meuſ- nier demeurant à Broquiers en Albigeois,phrenetique,ſe jetta par vne feneſtre dans l'eau , d'où eſtant tiré ſubitement, perdit ſa fiévre phrenetique. Qui voudroit faire recherche de telles hiſtoires, il s'en trouue- Hiſtoire - - - - / | > - > - # ºſ . roit vn grand nombre. François Valeriola, Medecin tres renommé d'Arles , eſcrit en l'obſeruation qua- phrenetique. trieſme du ſecond liure de ſes Obſeruations , d'vn habitant d'Arles, nommé Iean Berle , lequel auoit eſté Autre ma par pluſieurs années confiné en vn lict, à raiſon d'vne paraliſie:& aduint que le feu ſe mit en la chambre en miere de laquelle il eſtoit couché,qui fut tel , qui bruſla le plancher,& meſme quelques meubles de la chambre pro- Fuariſon. che de ſon lict, ſe voyant en danger d'eſtre bruſlé, fit tant qu'il ſe leue,& gaigne vne feneſtre,par laquelle il ſe jette en bas,& commença incontinent à cheminer,& fut guary de ſa paral ſie. Le meſme valeriola,eſcrit audit lieu,vne hiſtoire merueilleuſe d'vn cas aduenu en la perfonne d'vn ſien couſin maternel, nommé Iean Antre. Sobirat, lequel eſtoit en Auignon,perclus de l'vſage de ſes jambes,ayant les jarets retirez de conuulſion,y auoit enuiron ſix ans. Ceſtuy vn iour ſe cholera tellement contre ſon valet,& s'efforça de ſorte à l'atteindre pour le battre,qu'à l'inſtant ſes nerfs s'eſtendirent,& amollirent:dont il recouura la force de ſes jambes, & marcha droit , comme il a touſiours fait depuis. Galien à la fin du dernier chapitre,du liure de la ma- - - - niere de guarir par la ſaignée, recite qu'il auoit eſté appellé pour arreſter le ſang à vn homme,auquel auoit ºſº eſté couppée l'artere,enuiron la cheuille du pied,lequel fut guary ſans aneuriſme:& outre ce par le moyen de cette playe,fortuitement fut guary,& deliuré d'vne douleur de hanche qui l'auoit touſ métée pav l'eſpace de quatre ans , laquelle guariſon , bien qu'elle ſoit fondée en raiſon,à cauſe de l'euacuation de la matiere çonioincte, A | I - ITI VI W.-WW.E. W.-J. W-/W 4 W.VI. - W. L . • • • • • 5*---5-y- conioincte, qui ſe fit par l'ouuerture de l'artere du malleole:toutesfois pource qu'elle aduint fortuitement, ſans art,& ſans meſme qu'aucû Medecin,bu Chirurgié l'euſt osé entreprendre,elle m'a ſemblé meriter eſtre couchée au rang de celles-cy.Pline eſcrit d'vn nommé Phalerée, quiauoit vne maladie incurable de fiux de . . ſang par la bouche, dont il ſe deſplaiſoit,& cherchant ſa mort, ſe preſenta à vne bataille ſans armes;aduint Hiſtoirè, u'il fut navré en la poictrine,& de la playe ſortit grande abondance de ſang,ceſſant le flux par la bouche: † puis les Chirurgiens guariſſans la playe,con ſoliderent la veine rompue, qui luy cauſoit le flux par la bou- che, & demeura ſain, & guarit tant de la playe,que de ſon premier mal. ke ne veux laiſſer à dire; qu'aucuns guariſſent les playes auec eau pure, apres auoir dit deſſus certaines paroles,puis trempent en l'eau des lin- ges en croix , & les renouuellent ſouuent le dy que ce ne ſont les paroles,ny les croix,mais c'eſt l'eau qui nettoye la playe,& par ſa froideur garde l'inflammation,& la fluxion qui pourroit venir à la partie offensée, . à cauſe de la douleur. Cette guariſon ſe peut faire lors que la playe eſt en vne partie charneuſe, & en vn corps ieune,& de bonne habitude, & aux playes ſimples. Maintenant nous declarerons pourquoy la fiévre quarte, & autres maladies peuuent eſtre guaries parvne grande peur, ou par vne grande joye. Pourquoy la fievre quarte,& autres maladies peuuent eſtre guaries par vne grande peur, ou par vne grande joye-º. C H A P. XXV I II. E R s o N N E ne doute que les perturbations de l'ame n'ayent grande efficace, & ne produi- " - ſent de vermeilleux effets en nos corps, par la refraction,& condenſation,retraction, & effu-Pºº ſion des humeurs, & des eſprits, qui ſont comme voicturiers d'iceux. Hippocrate dit, que humana. * ſelon la diſpoſition des eſprits , & des humeurs, le corps humain eſt diſposé à maladie, ou - à ſamté : dautant qu'en la Medecine les choſes ſont trouuées pour principales , & elemens, deſquels nos corps ſont compoſe2. Parquoy ce n'eſt de merueille , ſi les perturbations de leſprit, & entr'autres, la crainte , & la joye apportent ſubitement , & inopinément guariſon à des maladies, qui au- trement par art ſembloient incurables. De ce nombre, & ſorte de maladie eſt la fiévre quarte,de laquelle plufieurs longuement affligez,& ayans en vain experimenté töus remedes de l'art, ont enfin eſté guaris par vne peur. Or quand nous parlons icy de peur,nous n'entendons pas vne petite peur pour eſpouuanter vn enfant mais vne peur ſubite,non preuenuë,& forte, c'eſt à dire conioincte auec l'apprehenſion d'vn grand, preſent danger de la mort,ſuffiſante pour ébranler vn homme,quelque fort,conſtant,& courageux qu'il ſoit Telle peur peut donner fin,& guariſon à la fiévre quarte par deux moyens,par leſquels tous les Medecins recognoiſſent,& aduoüent toutes fiévres receuoir guariſon,à ſçauoir,par concoctió,& euacuation de lama- tiere qui fait la fiévre.Par la cöcoction,en ce que par peur la chaleur naturelle,auec les eſprits venäs à ſe re- tirer au dedans du corps,eſt diſpersée,qui eſtoit toute vnie,& aſſemblée au dedans du corps par conſequent fortifiéc,& côme redoublée,à plus d'efficace pour cuire,& digerer,diſſiper & reſoudre la matiere qui entre- tenoit telle fiévre Par euacuation, en ce qu'auec la peur,& vehemente apprehenſion du danger preſent,ſur- uient vn effroy, horreur ou tremblement en tout le corps : & partel tremblement eſt fait vne ſecouſſe & concuſſion de tous les humeurs contenus dedans le corps.Ainſi qu'on vient à rouſer vn muid de vin,par telle agitation la lie qui eſtoit raſſiſe au fond,vientà s'eſpandre,meſler,& confondre par tout le vin:auſſi l'humeur feculent & melancholique,qui comme vne lie peſante,& terreſtre, enfermée aux creux,&voûte du foye, vid L- C la ratte,& meſentere,ou en vn autre lieu ſecret,du corps,faiſoit la fiévre quarte venant par tremblement & D dirons,que les facultez,animale, vitale, naturelle, ont vne fympathie, & conſentement enſemble, en ſorte, agitation horrifique,d'vne forte & ſoudaine peur à eſtre eſmeu, & comme deſraciné de ſon giſte,& foyer, d'où par les medicamens, horreurs, & tremblemens ordinaires il ne pouuoit eſtre ébranlé,& deſplacé, ſe meſle, & reſpand eſgalement par tout le corps : & par conſequent eſt plus aisément cuit, & digeré par la chaleur naturelle, ou plus facilement euacué, & chaſſé hors du corps eſtant ja ébranlé, & deſraciné de ſa - miniere & foyer, où l'humeur melancholique ſe nouriſſoit & retenoit. Dauantage onvoid pluſieurs perſon- nes tourmentez d'vn extreme douleur de dents,leſquels voyâs arriuer l'arracheur qu'ils auoiêt enuoyé que- rir, de crainte,& d'apprehenſion du mal,differer avne autrefois,ou ne ſentir plus de douleur,laquelle ſou- uent eſt du tout perduë. Il ſe peut faire que l'humeur ſe deſtourne, & tranſporte du lieu malade à quelques autres parties du corps. Voilà donc comme la peur peut guarir pluſieurs grandes maladies. Par vne grande joye aucunes maladies peuuent eſtre guaries,parce qu'elle fait eſmotion de la chaleur na- De la joye. turelle, languiſſante, & comme enſeuelie, la reſpand partout le corps, & de là vient combattre la maladie. lcy faut noter, que d'vne trop grande & extreme joye, ou peur,on peut mourir,comme auons monſtré cy- deuant,chap. 18. Car par la grande peur le cœur eſt ſerré,de façon qu'il ne peut faire ſon mouuement-par- tant la chaleur naturelle, & l'eſprit vital ſont eſtouffez Par la trop grande joye le cœur eſt fort dilaté;de ſorte qu'il ne peut retenir le ſang,& l'eſprit vital dôt il eſt reſoult,qui fait que l'ame s'en va.Et fautentédre, que la vie ne ſe perd ſeulemét par le defaut du cœur,mais auſſi par le defaut des autres facultez eſtâs en di- uerſes parties du corps,qui ſe communiquent ſubitement les vnes aux autres. Car comme auons dit,les ſens Monſieur apperçoiuent premierement leurs objects; de là ſont preſentez au ſens commun, lequel en vn moment les Ioubert. tranſmet aux facultez qui ſont en diuerſes parties du corps : ainſi que les roues d'vn orloge,leſquelles vont toutes enſembles, mais diuerſement, & toutes par vne premiere,qui fait mouuoir les autres.Parquoy nous Le,facultez - - - - ont conſente- que quand vne ſouffre, les autres font de meſme. Nous declarerons maintenant les maladies faites par ima-men nſem- gination fantaſtiques. ble. Exemple des maladies faictes par imagination fantaſtique . C H A r. XXIX. L s'eſt veu vn qui penſoit eſtre vn vaiſſeau de terre cuitte, & pour cette occaſion ſe reculoit,& re- Gai.chap ;. e tiroit des paſſans, de peur d'eſtré caſsé. Vn autre oyant chantér les coqs,& comme ils ſe battent liu.3.de loc. des aiſles en chantant, ainſi auec les bras il frappoit ſes coftez,& coqueliquoit comme les cocqs. affect. Vn certain Bourguignon eftant à Paris, logé pres l'Egliſe S. Iulien,és preſences de plufieurs ce-Holier es ſa lebres Medecins, affermoit qu'il eſtoit mort, & ſon frere auſſi qui eſtoit couché aupres de luy. Peu apres Pratique au ſa fantaiſie eſtant changée,il declamoit & prioit les Medecins,qu'ils n'empeſchaſſent plusſon ame de voler º# du Purgatoire au Ciel. qu'il a faict - ſur le chap. Autre. . - ' . , .. du meJan- Vn autre penſoit eſtre mort,& pour cette cauſe,craignoit toutes ſortes de viandes,& n'en vouloit point, §qué 17. diſant que les morts ne mangent point. A la parfin, par vn bon conſeil & aduis, on feignit vn corps mort eſtre aſſis à table, à l'exemple duquel, il mangea. •A4trf. —ss=- - - FrerrrrerTTurv-vic- - - - Autre. - Vn autre penſoit ºauºir Pºnt de teſte auquel Philotimie fit faire vn bonnet de plomb,afin qu'eſtätgreué de la peſanteur du plomb, il cogneuſt, & ſentiſt qu'il auoit vne teſte. Le meſme autheur au meſme cha- pitre dit , que les vns penſent auoir la teſte pleine & peſante, les autres legere & vuide, les autres ſeiche. Autrc. Auicenne au chapitre des Signes de la Melancholie, qui eſt au liure 3.fen. 1. traicté4: ch.18.dit que quel- ques-vns penſent eſtre Rois,ou loups,ou demons,ou oyſeaux,ou inſtrumens artificiels d'autres rient perpe- tuellement , principalement ceux qui ont vne melancholie ſanguine, pource qu'ils s'imaginent des choſes qui leur plaiſent. | -Attt7f. Depuis n'agueres,vn Gentil-homme d'honneur amena ſa femme en ceſte Ville,pour auoir conſeil de Meſ- ſieurs le Grand , Duret, & moy, pour ſçauoir la cauſe qu'elle pleuroit & rioit ſans occaſion,& ne s'en pou- uoit garder.on luy fit pluſieurs remedes,mais ils luy ſeruirent peu,& en fin s'en retourna comme elle eſtoit venue. - - Autrr. vne Dame de noſtre Cour diſoit eſtre empoiſonnée par duvif-argent,de façon qu'il luy ſembloit le ſentir courir par ſes membres.Elle apella pluſieurs doctes Medecins, pour luy donner remede à ceſte poiſon:qui ne luv iceurent oſter ceſte fantaiſie. En fin conclurent,que pour luy oſter ceſte opinion,on la baigneroit,& qu'on mettroit certaines herbes au bain, qui attireroient le vif argent, s'il y en auoit en ſon corps.On ietta dedans le bain trois ou quatre onces de vifargent & la dite Dame eſtant hors , on le trouua au fonds de la cuue,qui luy fut monſtré. Alors fut bien ioyeuſe,& creut eſtre guarie depuis & perdit ceſte fauſſe opinion, eſtimant pour certain qu'on luy auoit tiré le vifargent par le moyen du bain. Autr f. Le Curé de Moulhery print opinion d'eſtre empoiſonné.Il vint en cette Ville,appella Meſſieurs Holier,& syluius Medecins celebres , & moy : ſe plaignant ſentir grandes douleurs par tous les membres,nous affir- mant qu'il ſçauoit eſtre empoiſonné.Apres l'auoir bien examiné,il ſe retirera à part où nous concluſmes(le voyant auoir ceſte ferme opinió,& que ja auſſi il auoit appellé autres Medecins,qui luy auoiêt fait pluſieurs choſes qui ne luy auoient rien profité)qu'on luy bailleroit du ſyropviolat,& qu'il en prinſt trois cueillerées deux heures deuant manger par l'eſpace de neufiours,que pour certain il guariroit.Alors fut fort reſiouy, & voulut auoir noſtre ordonnance par eſcrit,ce qui luy fut refuſé.Car quand il l'euſt eu,cela ne luy euſtau- cunement profité. L'Apoticaire luy donna ledit ſyrop en vne fiole penſant eſtie vne excellente drogue pour luy oſter ſa poiſon.Et tout ainſi qu'il print opinion auoir eſté empoiſonné,auſſi fit-il d'eſtre deſ-empoiſonné par ledit ſyrop. Vn mois apres il retourna vers nous pour nous rendre graces du benefice qu'il auoit receu par noſtre moyen:& eſtoit gaillard & bien joyeux,ne ſentant plus de doleurs,& nous fit part à chacund'vn liévre. - _A4 l r & vn autre diſoit qu'il auoit des grenouilles dans le ventre, &eſtoit impoſſible de luy pouuoir oſter ceſte · opinion.En fin il y eut vn Medecin,qui luy promit de luy faire jetter leſdites grenoüilles,hors de ſon ventre par le moyen d'vn clyſtere.Ayant pris le clyſtere,ainſi qu'il le rendoit par derriere de ſa chaire percée,il fit couler cinq ou ſix petites grenouilles,leſquelles n'ayans accouſtumé viure en tels mareſts,commencerent à ſauteller par la place. Le malade par opinion fut bien joyeux de voir leſdites grenouilles, & perdit ceſte folle fantaiſie. Autre. Vn Gentil-homme de bône part,auoit opinion auoir la ceruelle pourrie.Il s'en alla prier le Roy,qu'il luy pleuſt commander à monſieur le Grand,Medecin,à monſieur Pigray Chirurgien ordinaire du Roy,& a moy de luy coupper le teſt , & oſter ſon cerueau,diſant eſtre pourry, & luy en remettre d'autre:nous luy fiſmes beaucoup de choſes , mais il nous fut impoſſible luy racouſtrer ſa ceruelle. -Allf /('. I'ay veu vn hôme s'eſtimât auoir la groſſe verolle:& ne pouuant gaigner ſur luy par toutes remöſtrances ne l'auoir point, il me dit que ſi ie ne le penſois comme il deſiroit , qu'il s'en iroit à vn autre pour ſe faire frotter. Le voyant en telle volonté,de peur qu'il ne tombaſt en quelque meſchante mainqui l'euſt poſſible frotté à bon eſcient,ie luy accorday qu'il ſeroit frotté côme ceux qu'on guarit de la verolle.Ie pris vneliure de beure, battu en vn mortier de plomb, pour auoir la couleur de l'vnguent,auquel entre le vif argent Il fut frotté dudit beurre, & ſua partrois diuerſes matinées, & chacun iour ſe diſoit allegé de ſes douleurs. Ainſi il fut guary par opinion ſens nulle offenſe de ſon corps. On dit y en auoir eu d'autres,qui opiniaſtrement ſe perſuadoient auoir des cornes,de ſorte que telle fan- taiſie ne leur a peu eſtre arrachée de leur melācholique & bizarre cerueau,iuſqu'à tant que leurs yeux eſtans bandez,on leur euſt eſgratigné le front de coſté & d'autre auec des cornes de beuf, à ce que par l'effuſion douloureuſe de leur propre ſang,ils ſe perſuadaſſét telles cornes leur auoir eſté arrachées de fait & de for- ce. Il y a pluſieurs autres hiſtoires ſemblables,que ie delaiſſe à cauſe de briefueté. De certains impoſteurs. C H A P. XXX. R icy ie veux parler de certains impoſteurs,qui s'entremeſlent de traicter aucunes parties de la ? Chirurgie,comme aucuns ſont ſi impudens, qu'ils ſe vantent de remettre les os rompus & deſ- : loüez,affermans que cette ſcience leur eſt acquiſe de race, c'eſt à dire de pere en fils:qui eſt vne % choſe fort ridicule,& hors de raiſon,veu que l'homme naiſt ſans ſçauoir aucune choſe:car s'il - *º" fuſt nay auec quelque art,il n'euſt voulu iamais apprêdre les autres.Il eſt vray que Dieu a dôné à chacû des autres animaux quelque choſe de particulier & de naturel de leur premiere eſſence, ce qu'il n'a fait à l'h6me:mais en lieu que l'hôme eſt deſpourueu d'art,il eſt doüé de raiſon; par laquelle il peut appren- · dre tous arts,& ſciences,côme nous dirons au liure de la Generatió,chapitre de l'ame.Dôc de vouloir croi- re que le fils d'vn bon Chirurgien peuſt eſtre Chirurgien,ſi premierement il n'a eſté inſtruit:ce ſeroit choſe auſſi peu vray-ſemblable,que le fils d'vn Gentilhomme,lequel ſçauroit bien picquer,& voltiger vn cheual, & courir la baque , pûit faire comume ſon pere,ſi premierement il n'auoit monté pluſieurs fois à cheual,& qu'on ne luy eult monſtré ceſte indruſtrie Partât ce ſeroit vne choſe fort temeraire de vouloir aneâtir l'au- ctorité de tant d hommes doctes & illuſtres,fondée enraiſon & experience,pour ſuiure l'opinion des cho- ſes vulgaires & menſongeres, laquelle nonobſtant eſt ſi enracinée,non ſeulement au cerueau du ſimple po- pulaire, mais auſſi en l'eſprit de pluſieurs eſtimez doctes. Il y a encores vn autre maniere de gens beaucoup Plus fafchcux & imPortuns,qui affirment pouuoir remettre les os fracturez & luxez par paroles,moyennant A C -" qu'ils A C D 'Introduction à la Chirurgie · · - l'Introduction à la Chirurgie 37 qu ils ayent le nom, & la ceinture du malade : mais ie m'émerueille comme il eſt poſſible aux hommes qui ont entendement (ou le doiuent auoir) de croire vn menſonge ſi appert, veu que la loy ſacrée des Medecins anciens,principalement du diuin Hippocrate,duquel pour reduire les os fracturez,& luxez,il faut tenir,ti- rer,& pouſſer,pour laquelle choſe ils ont inuenté vne infinité de machines & inſtruments(appellez Gloſ- ſocomes) lors que par force des mainsonne peut aſſez ſuffiſamment tirer les membres pour faire la redu- ction. Et ces impoſteurs veulent perſuader qu'ils feront par parole ce que la main,& les machines nepeu- uent quelquefois faire. -- Il s'eſt trouué n'agueres vne autre impoſture en Allemagne ; c'eſt qu'ils prennent d'vne pierre,nommée Impoſture rein-brnch,laquelle ils pulueriſent,& en donnent à boire à celuy qui aura quelque partie rompuë,ou luxée, trouuée n'a- & maintiennent qu'elle a puiſſance de guarir telles diſpoſitions. Il y en a encores d'autres en Allemagne, sºrº en qui prennent vne eſpée ou dague, ou autre tel inſtrument quiaura bleſsé le malade, laquelle ayans accom- 4º&* modée envn lieu reclus,comme celuy qui eſt bleſsé,la penſent, & y appliquent lesmedicamens qui ſeroient requis à la propre playe,laiſſans le malade ſans y faire aucune choſe,& à meſure qu'on penſent ladite eſpée, la playe ſe guarit,ce diſent-ils. - - : - - - Or eſt-il vray ſemblable, qu'vne choſe inanimée puiſſe receuoir ayde d'aucun medicament ? & encore qu'ainſi fuſt,ſeroit il poſſible qu'vnmalade en peuſt reſſentir quelque effectºle laiſſe telle impoſture au iuge- ment des idiots,tantayent-ils peu d'eſprit.Et quant à moy telles choſesme ſont incroyables,& encores quê ..., . ie lesveiſſe de mes yeux,fi croiroy-je pluſtoſt que ce ſeroitvnevraye magie,&impoſture.Ala derniere prin- Hiſtoire de ſe de Hedin, Monſieur de Martigues l'aiſné fut bleſsé d'vn coup d'arquebuze au trauers du thorax , lequel Monſieur de ie penſois auec les Medecins, & Chirurgiens du defunct Empereur Charles, & de ceux de Monſeigneur le AMartigues. Duc de Sauoye, lequel deſiroit fort qu'il fût guary. Pour ce en fit faire vne conſultation, par laquelle fut reſolu de tous,qu'il mourroit de ladite bleſſure,attendu que la balle auoit paſsé au trauers des poulmons, & qu'en la capacité du thorax eſtoit decoulé vne bien grande quantité de ſang. Ilſe trouua vn impoſteur Eſpagnol,qui entreprenoit le guarir, à peine de perdre la vie:qui fut cauſe que mondit Seigneur le Duc de Sauoye, voyant le prognoſtic qu'en auions fait,le mit entre les mains de ce venerable impoſteur : où tout ſubit demanda l'vne des chemiſes dudit Seigneur de Martigues,& la mit par petits lambeaux,qu'il poſa en troix (auec certaines paroles) ſur ſes playes, & luy permit manger,& boire tout ce qu'il voudroit, luy di- ſant qu'il feroit diette pour luy : ce qu'il faiſoit, ne mangeant que peu de pruneaux, ne beuuant que de la biere nonobſtant tout cela deux iours apres ledit Seigneur de Martigues deceda & mon Eſpagnol gaigna le haut,& croy que fi on l'euſt peu attraper,il euſt eſté pendu & eſtranglé, pour la fauſſe promeſſe qu'il auoit faicte. I'embaumay le corps mort dudit Seigneur de Martigues, en la preſence tant des Medecins, Chi- rurgiens, que de pluſieurs Gentils-hommes, & autres : & ayant fait l'ouuerture , trouuay les poul- mons percez, & dilacerez, auecques vne bien grande quantité de ſang eſpandu ſur le Diaphragme, qui fut cauſe de la mort dudit Seigneur. Et vrayement c'eſt vne grande impoſture de vouloir faire ac- croire à vn malade, qu'vn autre ſaiſant la diete pour luy, & luy donnant cependant liberté de manger & , - boire tout ce qu'il aura en volonté il puiſſe guarir en aucune façon. Il y a encores vne autre eſpece de ces impºſteurs impoſteurs qui ſe diſent guarir toutes playes auecquescharpie ſeiche,oumouillée en eau,ou huile,ou autre 1º ºiſent liqueur,diſans quelques paroles,& bandent les playes auecques compreſſes & ligatures,dont quelques vns #. † : ce que veritablement i'ay veu : mais ce ſont playes ſimples, qui ne deſirent qu'vnion,laquelle ſe #ie ſeu- it par le ſeul benefice de nature, ainſi qu'on voit aux beſtes brutes qui auront quelque jambe, ou autre " partie rompue,le callus eſtre refait ſans aide de nulmedicament. Mais où il y aura complication de diſpo- fitions,comme vne playe auec grande contuſion,& fracture d'os,& inflammation, ou autres ſemblables diſ. Poſitions, leur charpie, & paroles ne pourront apporter au maladè que la mort:& partant ceux qui ſe fient à tels impoſteurs,ne ſont pas trop ſages, ny aduiſez pour la conſeruation de leur ſanté;& pour ce, les Ma- giſtrats ne doiuent permettre que tels impoſteurs ayent lieu en leur Republique, mais les punir ſelon leurs merites,& non leur permettre faire telles impoſtures ſur les chreſtiens. Auicenne fen. 3. faict priere, que le feu du Ciel, & l'eſprit de tourment rende le Medecin impoſteur & auare, ſemblable aux habitans de So- Impoſture , dome,& Gomorrhe. Les ſorciers, enchanteurs,deuins, magiciens,charmeurs,empoiſonneurs,exorciſeurs, faite par les ſe vantent de guarir plufieurs maladies : ce qu'ils font par les machinations,fraudres,erreurs,fureurs,ruſes, ſorciers. & puiſſance des diables,à ſçauoir, parparoles,conjurations, charmes, characteres, liaiſons,billets pendus au col,ou aux poignets,par anneaux,images,onguents,poudres, drapeaux appliquez en croix auſſi par eux, attouchemens,& autres ſemblables refueries infernales : & gaſtent, au preiudice de la vie des hommes, la loy ſacrée de Medecine,la plus ancienne & neceſſaire de toutes les autres ſciences. Les Magiſtrats les doi- nent chaſſer de leur Republique. Il eſtoient non ſeulement chaſſez,mais punis en la vieille Loy par l'Edit de Moyſevons n'endurerez pointviure les empoiſonneurs. Ie ne veux icy reciter les guariſons miraculeu- ſes du fils de Dieu I E s v s-C H R 1 s T, & de ſes Saincts,& Apoſtres.car nul Chreſtien n'en doit douter, attendu que les ſainctes Eſcritures en ſont pleines, comme faire voir les aueugles, ouir les ſourds, marcher miraculeu- les Paralytiques,chaſſer les malins eſprits qui poſſedent les perſonnes, guarir les ladres,rendre les femmes # ſteriles,ſecondes : reſſuſciter les morts, & vne infinité d'autres choſes ſurnaturelles & miraculeuſes,qui ſe ttb s. faiſoient par la vertu du ſainctEſprit. Lequel ie ſupplie qu'il nous conſerue & defende des malins eſprits Luc. 17 . diaboliques,& nous face la grace que dirigions touſiours noſtre chemin au Ciel,& que noſtre anchre y foit PcrPctuellement attachée.Ainſi ſoit il, Deuter. 18. Guariſons D , T A B L E TAB L E TRE du Traicté des Animaux. g# E la nature des beſtes brutes. Chap. j §\ % Du pronoſtic des Animaux. ij % De l'artifice & induſtrie des Animaux. i i j # De l'induſtrie & artifice des Oiſeaux à faire leurs nids. iv De l'artifice des Araignées. . - V Des mouches à miel. - v j Du gouuernement des Mouches à miel. · v ij Des fourmis. - v i i j Des vers qui font la ſoye ,. | ix . De l'induſtrie des Animaux,& de la conſeruation &'amitié qu'ils ont , & principalement de leurs petits. " , . X · Du temps que les Animaux s'accouplent enſemble . xj De l'amour & charité des Oiſeaux. x i j De la nature de l'Elephanr,. x i ij Des beſtes qui ſont és eaux. x i v Que les beſtes peuuent eſtre appriuoisées. X V (bmment les Animaux ont appris aux Hommes à fourbir, & ai- guiſer leurs armures, & faire embuſcades. xvj Des armes des beſtes. x vij . Des beſtes qui ſont dociles. x v iij Les Oiſeaux cnt monſtré aux Hommes à chanter enmuſique .. xix Des Oiſeaux qui parlent,ſublent & ſifflent . X X De l'Antipathie, & Sympathie . xx j (omme l'Homme eſt plus excellent & parfaict que toutes les 4eſtes enſemble . , xxij · L'Homme a le corps deſarmé. . xx i i j (omme Dieu s'eſt monſtré admirable en la creation de l'Homme . XX 1 V La cauſe pourquoy les Hommes nepreſagent comme les Animaux. X X V L'Homme a la dexterité d'apprendre toutes langues. xx v j L E LE SECOND LIvRE · DES AN l M A V X, ET D E , . l'excellence de l'Homme. T)e la nature des beſtes brutes. CH A P 1 T R E P R E M 1 E R. #W#Nº1 V PAR A v A N T que venir à la deſcription, & declaration particuliere du corps Gal au 1 # $ 7a > \ é , humain , que l'on appelle Anatomie, il n'y aura point de mal, ce me ſemble , de l'vſage des #\ $ toucher quelque choſe ſommairement des animaux , & beſtes brutes en general. pa#. $ % $ Les beſtes brutes donc ſont autant differentes entre elles, que la nature des vnes ſ $ differe de celle des autres. Car des animaux les vns ſont naturellement hardis, les autres timides : les vns farouches, les autres priuez, & comme ciuiliſez , autres $ comme ſolitaires , aucuns ſont armez de coquilles , & eſcailles , comme le Crocodile, & la Tortue, & pluſieurs poiſſons : autres d'aiguillons , & eſpines. Le Cheual a l'ongle forte , & comme animal leger, ſuperbe & courageux, il a eſté pourueu, & fait braue de ſes crins. Le corps du Lyon magnanime, hautain, & cruel , eſt armé de dents , d ongles , & de queue. Le Tanreau , & le Sanglier ſe rendent formidables : le Taureau, c'eſt à ſçauoir auec ſes cornes, & leSanglier auec ſes dents ou deffences eminentes, & deſcouuertes, qui ſont comme leurs armes natu- relles. Le Liévre animal paoureux & craintif, a le corps deſarmé, & totalement nud : mais en recompenſe, il eſt viſte & foudain à la fuite : car aux animaux paoureux, la viſteſſe leur eſt donnée , & aux hardis les Le liévré armes. Il y a vne infinité d'autres proprietez admirables, & de ſingulier artifice aux animaux, en lorte º de . qu'il eſt impoſſible de les comprendre & eſcrire. Somme, les animaux ont chacun vne choſe particuliere, 4rande vi. comme le beuf la force, le ſerpent l'aſtuce, le taureau la furie, le mouton patience, & la douceur, le ºllº - crapaut la fierté,le renard la ruſe & ſubtilité, l'aſne la ſtolidité,le tygre la cruauté , la colombe la douceur, « # beſtes le fourmy la preuoyance, le teſſon oublereau,la negligence,le chien la fidelité, le mulet l'infidelité, le loup #. # la gloutonnie, l'elephant la prudence, le porc la ſaleté, la netteté l'eſcurieu , & ainſi des autres, comme §ue B il ſera plus amplement declaré cy-apres. Si nous voulons contempler leurs façons de faire, nous trouue- §. - rons qu'elles ſont doüées de certaines vertus naturelles en chacune affection , de courage, prudence,force, clemence, dicipline. Elles ſe cognoiſſent les vnes les autres, diſcernent entre elles , appetent les choſes qui leur ſont vtiles,fuyent le mal,euitent le peril, pouruoyent a l'aduenir, amaſſent ce qui leur eſt neceſ- ſaire,preſagent le beau & mauuais temps : elles ont monſtré pluſieurs choſes aux hommes , elles ont vn ſentiment exquis , elles chantent en muſique, elles ont vne induſtrie & amitié à la conſeruation de leurs petits, elles ont intelligence du pays où § naiſſent, elles gardent vne ſinguliere chaſteté , concorde & amour les vnes enuers les autres : elles ſont armées pour combattre, & ſe defendre, elles ſe laiſſent appri- uoileraux hommes, elles parlent & ſifflent, elles cognoiſſent la voix l'vne de l'autre, elles font entre elles comme vne petite republique, elles cognoiſſent ce qui leur eſt bon ou mauuais, tant pour preſeruer leur ſanté, que pour ſeguarir elles meſmes : ſçauent quelle diete il leur faut tenir, & de quelle viande elles doi- uent vſer,& quels remedes elles doiuent chercher contre leurs maladies, & ſi n'ont point apprins ces ſcien- ces des hommes : mais au contraire, elles les ont appriſes en partie aux hommes. Ce qu'eſtant conſideré de pluſieurs anciens Philoſophes, ils n'ont point eu honte de diſputer ou reuoquer en doute, ſi les beſtes brutes eſtoient participantes de raiſon:meſme le ſage Salomon nous renuoye quelquesfois à leurs eſcoles,& - Eſaye reproche aux Iſraelites leur ingratitude enuers Dieu, leur propoſant pour exemple le bœuf,& l'aſne, salomon• qui recognoiſſent leur maiſtre, mais Iſraël a meſcognu ſon Seigneur. Pareillement Pline dit, que les hom- # liu mes doiuent rendre graces aux beſtes, de pluſieurs medecines, & remedes qu'ils ont apprins d'icelles. #. ft4, 8: qu'ainfi ſoit, les Cerfs nous monſtrent que l'herbe nommée Dictame, eſt bonne pour tirer les traicts, ou P.2.7. lestronçons defleche du corps de celuy qui en eſt frappé, puis que les meſmes Cerfs quand ils en font na- Vrez,yſent de ce meſme remede. Ariſtote dit que les chévres ſauuages de Candie font le ſemblable. La ... proprieté de l'herbe nommée Eſclaire nous a eſté enſeignée par les hirondelles,& qu'elle eſtoit propre pour *ºº. la veue, voyans qu'elles en vſoient pour les yeux de leurs petits. Les ſerpens vſent de fenouil, & ſillans les yeux s'en frottent les paupieres pour recouurer la veuë. La Tortue mange de la ſariette contre la morſure des viperes. La belette mange de l'herbe nommée Tapſus barbatus , & s'en frotte tout le corps , ſe cou- chant, & trainant par deſſus.Les ours enuenimez pour auoir mangé des pommes de Mandragore, ſe gua- - riſſent en mangeantdes fourmis : auſſiapres s'eſtre long-temps veautrez , ſortans de leur cauerne, mangent Les Ours l'herbe appellée Aron ſauuage, pour leur amollir le ventre , qu'ils ont eu touſiours dur , & conſtipé pen- # des - dant qu'ils ont eſté en leurcauerne, & apres s'en vont a vne fourmillere, où ils ſe couchent, tirans la lan- #º gue , de laquelle il degoutte quelque humidité douce , la tenans touſiours tirée iuſques à ce qu ils ſentent purger. qu'elle ſoit couuerte de fourmis , lors qu'ils ſe ſentent malades, puis les auallent Pour ſe purger. Nous Vºyons ordinairement les chiens, qui mangent de l'herbe nommée Dent de chien, Pour ſe vuider parvo- miſſement. Les Pourceaux cherchent les eſcreuiſſes, & les mangent quand ils ſont malades. les Ramiers, - lºº Merles, les Perdrix vſent de feuilles de laurier pour leur purgation : les Pigeons, Tourterelles & Poul- * laillespour ſe purger mangent de la Parietaire. L'Ibis, & ſemblablement la Cicongne, nous a monſtre l'v- La Cicongne ſage des clyſteres lequel ſe ſentant aggraué d humeurs, eſtant au riuage de la mer, remplit ſon bec, & ſon a enſeigné cold'eau marine, puis ſe ſeringue par la partie par laquelle il jette 1cs excremens, & peu de temps apres les clyſieres. D 2 ſe vuide 4o -- "--ond Liure des Animau e» - » ! - / La chévre a ſe vuide, & ſe purge Lºuention d'abbatre les tayes des yeux appellées catar2ſtes, fut trouuée Par vne enſeigné à chévre,qui auoit vne tayº deuant la pupille,ſe frottant & gallant contre des eſpines , abbatit ladite taye de abbattre les deuant la pupillc , & par ce moyen recouura laveuë. L'Hippopotame ( qui eſt vn cheual de la riuiere du tayes des yeux. L Hippopota- me auſſi a enſeigné à faire la ſai- gnée. La laine blanche peut trendre tºu- te; ſ rtes de teiutures. Les poiſſons entendent la mutation du temps. Lés oyſeaux.. Plutarque. Nil )nous a enſeigné la phlebotomie, lequel eſtant de nature gourmand & glouton,ſe ſentant aggraué de plenitude de ſang, ſe frotte contre les roſeaux rompus les plus picquans &, s'ouure vne veine de la cuiſſe, pour ſe deſcharger tant que beſoin luy eſt, puis ſe veautrant dedans la fange s'eſtanche le ſang. La Tortue lors qu'elle a mangé de la chairde ſerpent,mange de l'origant, autrement marjoleine ſauuage. Les anciens entrè leurs ſecrets ont experimenté certaines choſes, qui reſiſtent aux tonnerres & foudres,& entre les au- tres les plumes d'aigles portées en panache:auſſila ceinture de veaumarin empeſche que ceux quil'ont,n'en ſont iamais attaints. Or qui voudroit raconter par le menu toutes les medecines & remedes que les beſtes ont enſeignées aux hommes deſquelles Ariſtote,& Pline , & autres ſemblablcs ont eſcrit , la choſe ſeroit fort longue:car ils font vn long recit des beſtes, & remedes qu'elles ont monſtrez aux hommes Dauantage, nos veſtemens ſont faits des leurs, comme peau, laine, poil, & ſommes nourris de leur chair : la greſſe. moüelle, os , & excremens nous ſeruent à nos infirmitez , & guariſon. Exemple des brebis. De la laine des brebis nous ſommes veſtus, laquelle eſtant blanche peut prendre toutes ſortes de teintu- res : on en fait tapiſſeries, auſſi fourrures, & autres choſes. De leur peau on fait parchemin pour eſcrire, & toutes manieres de veſtemens,& autres vſages à diuerſes choſes.Leur chair eſt tres-bóne,& delicieuſe à manger : de leur ſuif ſont faicts flambeaux , chandelles , onguents , & pluſieurs autres choſes : de leurs boyaux ſont faites cordes ſeruans aux inſtrumens muſicaux. Leur decoction ſert à faire clyſteres,& fomen- tations remollientes. Et quant à leurs crottes & vrine , il ne ſe trouue nul fient plus excellent pour engraiſ- ſer la terre. Dauantage, leurs os & mouelle ſeruent à faire fards pour embellir les femmes : meſmes leur cornes ſeruent à faire produire des aſperges en abondance, eſtans enterrées auec leurs racines. Et pour concluſion, les brebis ſont grandement profitables pour l'vſage des hommes. Auſſi trouuerons-nous en l'Eſcriture ſaincte que la plus grande richeſſe d'aucuns Roys conſiſtoit en troupeaux à laine, leſquels meſ- me ils daignoient bien garder en leurs propres perſonnes (pour le profit, & excellence de ces beſtes)com- me nous liſons d'Abraham, Iſaac , Iacob , Laban, Moyſe , Dauid, & autres. De Prognoſtic des Animaux. CH A P. I I. A v A N T A G E les animaux tant terreſtres qu'aquatiques, & volatilles , ont donné aux - hommes ſa cognoiſſance de la mutation du temps : s'il doit faire vents, pluyes, orage, & { \| N % tempeſte, froidure , gelée, greſle , ou beau temps : comme nous voyons les beliers & # aigneaux, lors qu'ils s'entreheurtent , & choquent l'vne contre l'autre ; corne à corne, les pieds en l'air auec le petit ſaut leur corps esbranlant, ſignifient changement de temps. Le peril nous eſt demonſtré par le bœuf, quand il ſe leche à contre-poil, & hauſſe le muffle vers le Ciel, & mugit, & flaire la terre, & s'efforce de manger auidement. Auſſi quand les fourmis plus drues,& en plus grand nombre que de couſtume, s'entrerencontrent l'vne l'autre comme eſtourdies, elles deno- tent la pluye ſoudain aduenir. Si les taupes beſongnent en terre plus que de couſtume, & la rompent en pieces bien menues, c'eft figne de pluye. Si le chat paſſe ſa patte par deſſus le col , comme s'il ſe pei- gnoit,c'eſt ſigne infallible de pluye. Les poiſſons ont auſſi vne merueilleuſe proprieté à ſentir la mutation du temps, quand en temps ſerain ils ſe joüent ſur l'eau , en ſe lançans au defſus, ils ſignifient pluye. Quand les Dauphins, & Marſoüins ſautent,& ſe deſcouurent ſur l'eau , c'eſt ſigne de grand orage, & tempeſte ſur la Mer : ce que voyans les mariniers, moüillent l'anchre, & donnent ordre à leurs vaiſſeaux. Quand on voit les orties de mer nager ſur l'eau, c'eſt ſigne de tempeſte:elles ſont de couleur de criſtal,reluiſans auec du pers meſlé : de ſubſtance ſi fragille,qu'à peine en peut-on tirer d'entieres de la mer. Si on en frotte vn baſton, il reluit de nuict, comme ſi c'eſtoit vne torche allumée, qui eſt choſe admirable. Quand auſſi la grenoüille chante, & crie plus haut que de couſtume. Les oyſeaux ne ſont fruſtrez de ce priuilege:caron peut autant ou plus parler d'eux à ce propos,que detoutes les autres beſtes. Si les grues volent en l'air ſans faire bruit, c'eſt figne de beau temps : ſi elles crient, & vont ſans ordre, c'eſt ſigne contraire. Quand les oyſeaux aquatiques ſortent de la mer, & viennent aſſez auant ſur terre, c'eſt ſigne de pluye,& grande tem- peſte. Si la cheueche chante beaucoup en temps de pluye,elle denote que le temps ſe veut eſclaircir:& au contraire,ſi elle chante en bcau temps, c'eſt ſigne de pluye. Plutarque dit que quand le Corbeau chante en voix enroüée,& qu'il ſe bat des ailes, c'eſt ſigne de vent, & de tempeſte. Quand les poulles,& autres oyſeaux domeſtiques ſe battent des ailes & ſautent en chantant, c'eſt ſigne de pluye,& de grands vents. Quand les oyes , canes, & canars ſe baignent volontiers, & s'épluchent, & dreſſent leurs plumes auec le bec , & enſemble iargognent, c'eſt ſigne de pluye.Si les hirondelles volent ſi pres de l'eau , & de la terre qu'elles frappent contre, cela denote que toſtil pleuura : auſſi quand elles volent haut en l'air , en s'ébat- tans cherchans les mouches , cela fignifie beau temps Le petit roytelet ſe reſiouyſſant plus que de couſtu- me, ſautelant, & plaiſammentchantant, denoce la pluye aduenir. Lors que la pie crie, & ſe tempeſte pres des hayes ou buiſſons:cela denmonſtre qu'elle voidle loup,ou renard, ou quelque ſerpent. Si le coq chante incontinent apres le Soleil couchant (comme l'on dit entre chien & loup ) outre ſa couſtume , & que ſa voix ſoit enrouée, c'eſt ſigne de pluye. Si les mouches , & puces mordent, & picquent, & aiguillonnent plus que de couſtume, c eſt figne de pluye Quand le Heron vole fort haut, il denote beau temps,& s'il vole pres de l'eau en criant, il preſage de la pluye.Lors que les pigeons ſe retirent au ſoir en leurs colom- · biers plus tard que de couſtume, preſage de vent,& de pluye.. Les millans fuyent l'air infect, & peſti- lent, & le quittent ; de ſorte qu'il n'y a rien ſi certain qui rhonſtre la ſerenité, & bon air, que les lieux où les milans habitent. Pareillement autres oiſeaux laiſſent leurs œufs,& leurs petits,& s'enfuyent.Quand les chauue-ſouris volent au veſpre,pluſtoſt que de couſtume,& en plus grand nombre, c'eſt ſigne de chaleur, & de beau temps pour le iour ſuiuant.Le crocodile fait ſes œufsiuſtement à la hauteur que la riuiere du Nil doit desborder, & couurir la terre,de façon que le paſſant qui premier les treuue de fortune, ſçait & pre- dit à ſes compagnons, iuſques où le fleuue doit monter & déborder l'Eſté enſuiuant : meſurant & compaſ- ſant iuſtement ce qui doit eſtrecouuert d'eau,afin que luy ſans eſtre baigné,puiſſe couuer ſes œufs. Or ce- la eſt plus vne precognoiſſance de ceſte beſte, procedante de diuination,que de raciocination ; choſe digne d'admiration. Nous dirons en paſſant, quand la Lune eſt rouge ſignifie vents : palle,ſignifie pluyes : clai- rc, beau temps : Et auſſi qu'en la pleine Lune ne faut couperle bois pour baſtir, mais en la declinaiſon : & ſi on le fait , il ſe rend vermolu, & pourry. 75e & de l'excellence de l'Homme. 4 I De l'artifice & induſtrie des Animaux. C H A P. I I I. E s poiſſons de la mer en general, toutes & quantesfois qu'ils ſentent les flots ou témpeſtes Plutarque . venir, ils ſe chargent d'arene, afin qu'ils ſoient plus fermes , & qu'ils ne ſoient ſi facilement Artifice des tranſportez,& agitez par la tempeſte ſuruenante. Autres ſe muſſent en certaines,cauernes & poiſſons. - trous de rochers. Et quant à ce que les poiſſons nagent contre le fil de l'eau, cela aduient afin eVéYºYº que les ondes,& vagues ne leur leuent & rebrouſſent leur écaille & ouye, leſquelles remplies ne pourroient aucunement reſpirer : & par ainſi l'eau venant par la partie de deuant,leur ſerre les ouyes,& applanit leur écaille : qui fait que plus facilement ils nagent.Le ſemblable eſt des gruës,leſquelles volent contre le vent : afin qu'iceluyne ſouffle leur plume par le derriere, qui ſeroit cauſe eſtant ainſi écartée,de rendre leurs corps nuds & découuerts,ce qui les empeſcheroit de voler. De l'induſtrie & artifice des oyſeaux àfaire leur mids. C H A è. $ 25 /E\ • Sºr v5 IV. 'I N D v s T R 1 E & artifice laquelle tous les oyſeaux ont à faire leurs nids, eſt faicte tant pro- prement, qu'il n'eſt poſſible de mieux : tellement qu'ils ſurpaſſent tous les Maçons, Charpen- tiers, & edificateurs : car il n'y a homme qui ſceuſt faire edifice plus propre pour luy,& ſes en- fans, que cespetits animaux les font pour eux , tellement que nous en auons vn prouerbe,que les hommes ſçauent tout faire ſinon les nids des oiſeaux. Et ont cét artifice qu'ils les garniſſent de plume, laine,ou d'autre matiere molle,comme s'ils leurs preparoient vne coultre,ou vn matelas pour les loger plus à leuraiſe. L'irondelle fait ſon nid en figure ſpherique & ronde, laquelle figure eſt plus ferme, & con- ti ét plus que toute autre nature:elles le baſtiſſent de fange,& petits feſtus,comme s'il eſtoit de ciment & de chaux. Les oyſeaux qui font leurs nids ſur les arbres,choiſiſſent les plus fortes,& couuertes branches, afin que leurs nids y puiſſent eſtre, comme ſur vn fondement bien aſſeuré , plus fermes,& mieux couuerts. Or pendant que la femelle eſt empeſchée à couuer ſes œufs,& à faire ſes petits , le maſle luy ſert à ſon tour, pour donner loiſir à la femelle d'aller querre ſa vie : & quand les petits ſont éclos, le malle, & la femelle enſemble ne ceſſent iamais à leur porter viandes,& l'oſtans de leur bec,l'eſpargnent pour leur bailler : qui eſt cauſe qu'ils en ſont plus maigres lors qu'ils les nouriſſent,pour le grand ſoin qu'ils en ont, ne les aban- donnans iuſques à ce qu'ils mangent d'eux-meſmes. I'ay en ma maiſon aſſez bonne quantitéde paſſereaux, qui font leurs nids en certains pots de terre& lors que leurs petits ſont grandelets,& couuerts de plumes, i'en fais denicher,& mettre en vne cage pour le plaiſir de mes amis & de moy,a voir que le pere, & la me- re les viennent appaſteler, & quand il y en a vn qui ja a receu ſa becquée,& neantmoins qu'il ſe vienne re- preſenter ouurant le bec, le pere, & la mere le laiſſent, cognoiſſans ceux à qui il en faut bailler : & ainſi font leur diſtribution commeil appartient, ſelon l'ordre, & regle de iuſtice diſtributiue.I'ay fait mettre vn Experiente paſſereau eſtranger auec les autres de meſme âge,pour cognoiſtre & ſçauoir ſi le pere,& la mere des autres faiâe par auroient cure de l'appaſteler : mais ie trouuay au contraire qu'ils le laiſſoient mourir de faim,encore qu il l'Autheur. ouuriſt le bec comme les autres legitimes.On void auſſi les petits chevreaux,& aignelets,eſtans aux champs en grand nombre, que chacun recognoit ſa mere , combien qu'elles ſont veſtuës toutes d'vne couleur:pa- reillement, la mere ne permettravne autre l'alaicter. Le chevreau, l'agneau , le poulain, & ſemblables animaux, ſi toſt qu'ils ſont nez, d'eux-meſmes cherchent, & courrentaux mammelles de leurs meres : ſça- chans naturellement que là eſt leur nourriture , & deuenus grands ils choiſiſſent de mille diuerſes plantes en vn terroir & paſturage, celles qui leur ſont propres pour les alimenter. De l'artifice des araignées : C H A P. V. —º. l 'A R A 1 G N E E fait ſa toille d'vn merueilleux artifice, trauerſant maintenant d'vn coſté, & # maintenant de l'autre, empoignant tout ce qui luy peut ſeruir pour l'eſtendre & attacher.E? " encore qu'on rompe, & défaſſe ſouuent ſon ouurage, & qu'on la dechaſſe d'vn coſté oud'au- tre , ce neantmoins elle n'eſt point tant craintiue, qu'elle deſloge de ſon logis pour cela, mais touſiours retourne à ſa beſongne;de ſorte qu'on ne luy en ſçauroit tant défaire & gaſter qu'el- le n'en reface & racoutre,faiſant touſiours ouurages nouueaux, & ce d'vn merueilleux artifice : tellement que les tiſſerans,& lingeres,tapiſſiers,brodeurs,paſſementiers,peſcheurs,veneurs,& autres viennent à l'eſ- chole pour apprendre d'elles à faire leurs ouurages,& leurs rets, ſoit qu'on regarde à la perfection,& ſub- tilité du fil,ou aux nœuds indiſſolubles de la toile ſans filamens, eſtant comme vne peau déliée & gluante, comme s'il y auoit de la colle. Finalement on ne croiroit iamais qu'elles fuſſent tant bien enſeignées à re- La toile d'a- tirer leurs filets, & le gouuernement de leurs ouurages, tellement que s'il y a quelque mouſche ou autre Proye prinſe à leurs filets,la ſentent,& tout en vn momêt retirent leur toile, & courent ſus cóme vn Chaſ- gluante,pour feur bien experimenté:que ſi ne le voyons tous les iours deuant nos yeux, on penſeroit que ce fuſt fable. Des Mouches à miel. CH A P. V I. - E ne veux laiſſer en arriere la prudence des mouſches à miel : c'eſt qu'elles font entre elles comme vne petite Republique, elles ont vn Roy,lequel eſt plus beau, plus gros & feſſu deux fois que les autres mouches : il a les aiſles courtes, & les jambes droictes , vn marcher plus graue que les autres, ayant vne tache au front, qui luy ſert de diademe ou de couronne , qui : eſt le ſignal Royal , d'authorité, & de Majeſté : il eſt plus poly que les autres mouſches à miel. Elles ont vn aiguillon pour leurs armes & defences, toutesfois le Roy n'en a point,ou pour le moins il n'en vſe point:lors qu'il marche, il a ſa garde qui l'enuironne, & toute la troupe le ſuit. Il ne ſort point de la ruche ſinon quand tout ſon regiment doit ſortir, ce qu'on cognoit par le bruit qu'elles font dedans la ruche,bruyans & bourdonnans, comme trompes, & tambours, pour annoncer qu'il faut debuſquer pour aller aux champs. Chacune d'elles deſire eſtre apres le Roy,& s'il eſt las,le portent,& en quelque part qu'il s'arreſte tout le jetton s'arreſtera,& ſe campera,s'il meurt,toutes ſont triſtes & mornes, & ne ſortent point dehors pour aller en queſte, mais s'aſſemblent à l'entour de ſon corps , puis le portent dehors, & luy font côpagnie côme és funerailles,& l'enſeueliſſent en terre:cela fait, en eſliſent promptement vn autre;car elles ne peuuent viure ſans Roy. Il a l'œil par tout cependant que toutes les mouſches trauaillent, leur donnant cœur, voltigeant autour de la beſongne, comme s'il vouloit exhorter les ouuriers.Apres qu elles ont trauaillé,ſi elles veulent ſortir dehors,elles éliſentvn temps propre,car veritablemeut elles preuoyent, àmielſentit 3 & ſentent Artifice, des oiſeaux. La figure . Fonde contièt pltts que tou- tes les autres. Ariſtot. de_ anima lib.6. c. 8. La femelle , Cr maſle des oiſeaux cou- *ent eour à f0f3/° raignée eſt mieux pren- dre les mouſ- ches. Le picqueron eſt döné aux mouſches à miel pour éº/4F"5 4r777eſ & defences. Les abeilles ne peuuent viure ſans vn Rey. Lesmouſ her 4.2 Le 1eCOnd Llure deS An1mauX, ºººº é & ſentent les pluyes, vents & tempeſtes lors qu'ils doiuent venir. Elles ont ceſte iuſtice & equité, que ſur A †º les champs lamais ne font mal aux animaux, tels qu'ils ſoient, & ne picquent aucun de leur aiguillon,ſinon : temps. . pour la defence de leur maiſon, & peut-on dire qu'elles ont quelque portion de l'eſprit diuin. Du gouuernement des mouſches à miel. C H A P. V I I. L L E s ſe gouuernent en leur faict comme s'enſuit : de iour elles font faire le guet à la por- te, & repoſent de nuict iuſques à ce qu'vne les reueille auec deux ou trois ſons de leurs | bourdonnemens , comme d'vne trompette qui leur commande ainſi qu'en vn camp : lors s'aſſemblent pour voir s'il fera beau temps, & s'il fait beau , ſortent, & s'en vont en queſte. N \º Les vnes apportent leurs fleurs à leurs pieds , & cuiſſes , les autres de l'eau en leur bouche, les autres qui ont encore quelque menu poil, apportent l'eau ſur leurs corps en forme de petite roſée. Prouid.nee #t ainſi chargées : emºnt dedans la ruche, où promptement ilyena qui les deſchargent, puis les diſtri- aux mouſ- buent aux leux, & places, à ce ordonnées. Or celles qui vont aux champs, ſont les plus ieunes & menuës: ches à miel, ººº fi de fortune eſtans dehors il s'eſleue vent, attendent qu'il ſoit paſſé pour eſtre plus aiſément condui- tes : s'il dure trop, & qu'il leur ſoit contraire, ſe chargent d'vne petite pierre, de peur d'eſtre emportées, & volent bas contre la terre. Elles ſont fort vigilantes en leurs affaires, & ont l'œil ſur celles qui ſont '— • fetardes, & ne font rien , & quelquesfois les chaſtient iuſques à la mort. Les vnes baſtiſſent, les autres #ºlºº poliſſent, autres apportent viure. Elles commencent à baſtir en leurs ruches, en voulte, d'vn artifice mer- # i- ueilleux, depuis le bas iuſques en haut du plancher, laiſſans deux limites, l'vn pour l'entrée, & l'autre pour la ſortie, & viuent toutes enſemble, afin qu'il n'y ait inegalité entre elles, ny en viandes, ny en trauail.Elles tiennent leur manoir fort nettement, iettans toutes ordures dehors, & ont vne choſe encore digne d'eſtre bien notée : c'eſt qu'elles chaſſent de leurs ruches les bourdons, & les abeilles baſtardes,qui ne leur ſeruent de rien ſinon à manger leur miel, & à gaſter leur ouurage, & partant elles les chaſſent, & les tuent comme leurs ennemis. Celles qui ont perdu leur aiguillon, ſont du tout inutiles , & peu apres leurs entrailles ſor- tent,& meurent. Elles font de grand profit à leurs maiſtres,leurs laiſſans cire, & miel. Ariſtomachus Philo- ſophe dit en auoir nourry cinquante huict ans, auec tres-grande diligence, pour cognoiſtre tout ce qu'elles faiſoient, & dit qu'elles ſont compagnables, & aſſociables enſemble de leur nature. ſens nettes. Des Fourmis. CH A F. VIII. Mg E s Fourmis ne ſont pas de moindre admiration que les mouſches à miel en leur induſtrie, Salomon prudence & diligence : de ſorte que Salomon n'a pas eu honte d'enuoyer les pareſſeux à l'eſ- donne pour , # chole d'iceux. Or ce ſeroit choſe incroyable ſi n'en auions l'experience pour teſmoin, que # #)lºèſ# ces beſtioles tant petites puiſſent amaſſer les biens qu'elles amaſſent pour leur prouiſion , 0Mº/7ºts asgx- Zºzºso & tenir entre elles vn tel ordre qu'elles tiennent. Pline dit qu'il y a entre elles ordre de re- # publique, memoire, ſoing, & cure. N'eſt-ce pas vn paſſe-temps de leur voir mordre les fruicts qu'elles O *" veulent porter ? s'ils ſont trop gros, elles ſe tournent en arriere, & s'appuyent contre leurs eſpaules, & 3O. les pouſſent de leurs pieds. Et à celle fin que les ſemences qu'elles cachent en terre, ne puiſſent germer & reprendre, elles les rongent auant que les mettre en leurs greniers. Et fi les grains ſont trop gros, & qu'ils me puiſſent facilement entrer par leurs trous, elles les partiſſent par le milieu : & s'ils ſont moüillez de pluye, elles les mettent dehors, & les font ſeicher. Elles labourent de nuict quand la Lune eſt pleine, & ceſſent au defaut d icelle, en quoy elles monſtrent quelles entendent quelque choſe en Aſtronomie. Mais en leurs œuures, quel labeur & quelle diligence y a il ? & pourtant qu'elles amaſſent leur prouiſion de diuers lieux , & que l'vne ne ſcait rien de l'autre, Pline teſmoigne qu'elles ont certains iours de foire, pour ſe co- gnoiſtre l'vne l'autre. Vn chacun peut penſer quelle courſe, & qu'elle diligence il y a entre elles. Mais qui les contempleroit, ne diroit-il pas qu'elles parlent enſemble, & qu'elles interrogent & reſpondent l'vne à Foire de l'autre , Ne voyons-nous-pas les pierres & cailloux rongez, & engrauez en leur chemin, de la trace de leurs fourm,. pieds,& le ſentier qui eſt fait par leur œuure ? enquoy nous pouuons bien cognoiſtre combien la diligence, Pline. & exercice valent, & peuuent en vne chacune choſe : car ſi les pieds tant petits que ceux des Fourmis vſent, & cauent les pierres par force, & par continuation d'aller , & de venir , que peut le continuel labeur des hommes ? mais outre tout cecy, il eſt encore efcrit d'elles , qu'elles s'enſeueliſſent les vnes les autres, com- Plutarque me les hommes.Plutarque s'accorde en ce que Pline en a eſcrit, mais auſſi il monſtre mieux en ſpecial, & ,. opuſcule. par le menu, les grandes vertus qui ſont en celles petites beſtes, deſquelles il parle ainſi : Mais comme pline liure eſt-il poſſible de parler aſſez dignement de la diſcipline & induſtrie des Fourmis ? ſi ne les faut-il pas paſſer 1 o. chap.3o. ſans en parler aucunement Nature n'a point de plus grand miroüer des grandes, & excellentes choſes:car en iceluy reluit le ſignal de toute vertu, comme en vne pure goutelette. Ceſte communication qu'elles ont entre elles, eſt l'image d'amitié : ceſte force & allegreſſe qu'elles ont aux trauaux, eſt vne image de force, & magnanimité : ſomme, elles ont beaucoup de ſemence, & de teſmoignage de temperence, & de proui- Beneuolence dence, 8: de iuſtice : chacun peut cognoiſtre leur beneuolence lors qu'elles ſe rencontrent 2 quand celles # qui ſont vuides font place aux chargées.afin qu'elles paſſent à leuraiſe, quand auſſi elles partiſſent en beau- coup de pieces vn fardeau trop peſant, ou à porter, ou à trainer : ſemblablement , quand elles mettent les grains au Soleil , pour les faire ſeicher, lors qu'ils ſe niellent ou fletriſſent, ou pourriſſent. Et encores d'a- bondant que le ſoing qu'elles ont que leurs grains ne germent , ſurpaſſe tout entendement : car elles ron- gent le nombril du grain , qui eſt la partie par laquelle il jette le germe, le chaſtrent long-temps deuant. on dit que la premiere deſcente, & entrée de leurs cauernes n'eſt pas droicte, afin qu'il n'y ait point d'au- tres beſtes qui y puiſſent aller; mais qu'elle eſt tortue, auec des grands retours & circuits, ayans plufieurs ſentiers de trauers, leſquels ſe rendent en trois cauernes : l'vne eſt celle-là où elles font leur aſſemblée, & parlemens : l'autre où elles retirent leurs prouiſions de toute l'année : & la tierce eſt le cimetiere des morts. Dauantage , iamais ne font mal les vnes aux autres, & viuront cent mille enſemble en leurs petites cauernes de terre : & deux hommes le plus ſouuent ne peuuent viure en paix dans la republique. Voilà ce qu'en eſ- crit Plutarque. Les mouſches à miel , les fourmis, d'autres animaux,recueillent pour l'Hyuer , & ſemblent auoir quelque ombre de raiſon : mais ce qu'elles font, n'eſt ſeulement que par vn inſtinct naturel, & non par prudence. Les beſtes appellées inſectes ſont comme fourmis, & autres petites beſtioles : pource qu'el- les ont des inciſions, taillades, ou decoupures par deſſus le dos, ou par § , ou en tous les deux, qui ſont accouplées , & coniointes d'vn petit filet creux, ſelon Pline,& Ariſtote. Dtr & de l'excellence de l'Homme. . 43 Des vers qui font la ſoye ». C H A P. I X. 2 o v s pouuons auſſi âdiouſter à ces beſtes les vers qui font la ſoye, deſquels les Philoſo- phes ont eſcrit merueilles ; à ſçauoir de la maniere de faire leurs nids , & dé leurs laines & toiles , deſquelles elles font braues les Roys, Reynes , & autres hommes & femmes. Mais 2 qui eſt celuy qui ne ſe doiue grandement eſmerueiller de l'induſtrie, entondement qui ſont | - T - 5 en ces petites beſtioles » La prouidence de Dieu ſe monſtre en la nature qu'il a donnée aux animaux : elle ſe manifeſte encore mieux en ce que les plus petits d'entr'eux, ſont ceux auſquels il a plus donné d'induſtrie, & de prudence : afin que par icelle ils puiſſent recompenſer la force qui leur defaut. - De l'induſtrie des Animaux, & de la conſeruation & amitié qu'ils ont, & principalement de leurs petits. '. C H A P. X. Es animaux portent vne ſi extreme amitié enuers leurs faons ou petits, que ſouuent elles ſe pourroient ſauuer & eſchapper,en fuyant le chaſſeur qui les veut prédre. Mais s'il faut par ce moyen abandonner leurs petits, elles aiment mieux eſtre miſes en pieces, que les perdre, & laiſſer en arriere. Et la ſaiſon qu'elles ſont plus furieuſes,c'eſt alors qu'elles ne nourriſſent. Plutarque dit, que toutes les beſtes en general ayment ardemment ce qu'elles engendrent, &ile nourriſſent ſoigneuſement,& ont vne affection & fineſſe ſinguliere en telle matiere. Et quant à l'indu- Les perdrix ſtrie de conſeruer leurs petits, les perdrix vſent en cela d'vne grande fineſſe, car tandis que leurs petits ne vſent de fi- peuuent encore voler pour leur ieune aage, elle les accouſtument à ſe coucher ſur le dos, & à ſe couurir neſſ-. de mottes de terre comme de quelque couuerture Quand les chaſſeurs ſont prés d'elles, elles le menent d'vn autre coſté,& tournoient & volent comme à peine, & font ſemblant qu'elles ne peuuent plus courir, & ſe feignent ainfi iuſques à ce qu'elles ayent retiré les chaſſeurs loing de leurs petits. Voila donc vne grande fineſſe,conioincte auecvn amour, & vn grand ſoing enuers ſes petits. - - ce que nous liſons des lievres à ce meſme propos,n'eſt moins digne d'admiration:car les liévres ſe vou- Des liévrºs lans retirer à leurs giſtes,menent leurs petits l'vn à vn lieu,& l'autre à vn autre : & quelquesfois ils les ſe- parent l'vn de l'autre bien d'vn arpent de terre,afin que ſi d'auanture il ſuruient vn homme,ou vn chien,ils ne ſoient pas tous en vn meſme danger.Et puis apres auoir bien traquaſſé & voltigé,& imprimé force tra- ces de leurs pieds, faiſans vn grand ſaut, ils ſe retirent de là, & vont en leurs giſtes. Or fi le liévre eſt fin, & caut pour la garde de ſes petits ; le heriſſon ne l'eſt pas moins, non ſeulement Le beriſſºn pour nourir ſes petits,mais auſſi à ſe ſauuer luy-meſme,& pource oyez ce que Plutarque en a eſcrit:e]uand eſt caut pour le renard pourſuit le heriſſon,il s'enroulle dans ſes eſpines, ainſi que la chaſtaigne eſt cachée en ſa coquil- la garde de le ou eſcorce, & par ce moyen il ſe tient là caché en embuſcade, ſans pouuoir eſtre nullement bleſſé.Mais ſes Petits. le foin qu'il a de ſes petits,eſt encore plus digne d'admiration. Il s'en va aux vignes,au temps des vendan- ges,& auec ſes pieds il abbat en terre les grains des raiſins : puis il ſe roulle par deſſus,& les picque de ſes eſpines.Plutarque qui en a eſcrit ainſi,introduitvn perſonnage auoir veu cela de ſes yeux.Et pource il dit : Plutaraue, Il me ſouuient que quelque iour nous en viſmes vn, que nous eſtimions que ce fuſt vn raiſin qui cheminaſt, tant il eſtoit chargé de grains. Quand il eſt entré en ſa cauerne,il en met vne partie pour ſes petits,& re- tient l'autre pour ſoy. Il fait le ſemblable des pommes, poires & autres fruicts, & ſçait bien choiſir les meilleures,& les plus meures,ſe roulant deſſus, & en porte tant qu'il peut, & ſi peu qu'il luy plaiſt. Il ſe trouue en Floride vne ſorte de beſte, laquelle tant pour ſa rareté que deformité, ie n'ay voulu obmettre en ce traicté,en ayant pris le pourtraict de Theuet,liu.23.chap.1.Tome 2.de fa Coſmographie.Elle eſt nom- mée de ce peuple succarath,& des Canibalessu. Cette beſte'la pluſpart du temps fait ſa reſidence au riuage des fleuues,& eſt rauiſſante, & d'vne façon fort eſtrange, telle que la voyez figurée. Si elle eſt pourſuiuie, Deſcripticn elle prend ſes petits ſur ſon dos,leſquels elle couure de ſa queue,qu'elle a aſſez longue & large,& ſe ſauue du su . à la fuite.Toutesfois les Sauuages pour la prendre,fbnt vne foſſe,dedans laquelle elle tombe, ſans ſe douter rath. de telle ambuſcade. - - Pourtraict du Succarath. A Ss N - S N Entre les animaux, la natu- | B, x , re ne peſe autant d'vn coſté $ % ſ7 % /ſ/ ,///////7 - que d'autre, quant au coura- S=22 % % |) ! ſ/ % 4 / ge, & à la hardieſſe, & ne ce- | -- s é%a/%#ºSS,é de point la femelle au maſle, # W/# S. gº ) \ ſoit à ſupporter les trauaux pour le rccouurement des vi- ures, ſoit à combattre pour la defenſe de leurs petits. # V,r- WS| (ſ$ Les Biches font ordinaire- \$ | -S ment leurs faons pres des s$ # grands chemins , pource que les beſtes rauiſſantes , qui vi- uent de proye,n'y hantent pas COIIlIIlllI1cmcnt. •# #• - TAATLe ſecond Liure des Animaux, »- --"- -- - » - Le temps que les animaux s'accouplent enſemble ». C H A P. X I. c'eſt vn prin- , La Prime-vere les animaux ſont épris du deſir de s'accoupler:car alors ils ſont excitez à met- cipe de matu- % tre hors la concupiſcence generatiue,ne plus ne moins que la séue,& les boutons des arbres re, que les ou herbages, à fin de perpetuer leur ſemblable. Les Layes attirent leurs ſangliers,& les che- #rr ures leurs boucs,& autres femelles leurs maſles,par leurs propres odeurs:les oiſeaux s'entre- :### font l'amour des aiſles & du bec, les autres par leurs chants & voix diuerſes s'entre-appellent # ér leurs chacun en leur jargon, s'entrefaiſans careſſes , ſe reſioniſſans pour l'eſperance qu'elles ont de s'accoupler, corps. monſtrans par cela que nature les incite à ce faire. Ce qu'on void aux grenouilles, qui commencençans à Puine. entrer en amour, s'entre-appellent auec vn chant de nopces, d'vne voix amoureuſe : puis quand le maſle a faict venir ſa femelle, ils attendent à s'accoupler de nuict,pource que dedans l'eau elles ne peuuent habiter ny auoir compagnie l'vne de l'autre, & ſur la terre elles craignent le iour qu'on ne les trouueliez enſem- ble:mais quand la nuict eſt venue,elles ſortent de l'eau ſeurement où elles s'entre-embraſſent.Cela vient de la ſapience diuine,qui a donné aux animaux le ſoin de ſe garder d'eſtre frappez,bleſſez, ou tuez autant qu'il leur eſt poſſible. AElian dit q ue ſi la Lionne a eu compagnie d'vn autre Lion,ſon maſle le cognoiſt à l'odeur la chaſtie & bat cruellement. Aucuns animaux font pluſieurs petits,les autres n'en font iamais qu'vn ſeul vn leur vie,comme l'Elephant, lequel neantmoins vit deux ou trois censans. - - - - -- De l'a mour & charité des oiſeaux & Chiens. C H A P. X } I. La Cicăgne. # A Cicongne nourrit ſon pere & ſa mere en leur vieilleſſe, les petits ſçachans bien voler aident auſſi, 2 & ſupportent ceux d'entreux,qui ne peuuent encores bien voler. Et par ainſi ils ne ſont pas ſeule- La Poulle. ment humains enuers leurs peres & meres,mais auſſi entr'eux, comme freres & ſœurs les vns enuers les autres. La poulle porte vne ſi grande affection à ſes petits pouſſins , qu'elle les congrege & aſſemble, les gardant ſous ſes aiſles, & s'il vient vn chien, ou vn loup , ou vn ours, qui ſont de terribles beſtes au prix d'elle, pour en empoigner vn, elle ſautera contre eux, voire, & fuſt-ce vn homme armé de toutes pieces, our les defendre,ſans auoir eſgard à ſa vie, ny au danger auquel elle ſe met : autant en font toutes les au- tres beſtes. Il ſe faut eſmerueiller de la loyauté que le chien tient à ſon maiſtre,& de l'affection qu'il a en- uers luy,& de la memoire & nourriture qu'il en a reçeu:car iamais il ne l'abondonne, & quelque deſplaiſir que ſon Maiſtre luy face,encore qu'illuy donnaſt cent coups de baſton, ſi ne le peut-il delaiſſer, qu'il ne retourne touſiours vers luy. Il n'y a beſte qui cognoiſſe ſi bien ſon maiſtre,encore qu'il aye eſté long-temps ſansjle voir, il le recognoiſt touſiours. I1 entend la voix des domeſtiques. Le commun de tous chiens eſt de garder la maiſon,& abbayer aux eſtrangers, & eſtre mauuais aux pauures mal veſtus. Et s'il eſt queſtion de trouuer des gardes bien ſeures , on n'en pourra pas trouuer de plus certaines que celle des chiens. Et pourtant Ciceron leur faict cét honneur ; qu'il les appelle garde fidelle par deſſus tous autres animaux. Ila vn ſentiment exquis, par lequel il cognoiſt à la trace ſon maiſtre,& la proye. Aucuns chiens ont demeuré Liu. 8. aha. long-temps ſur le tombeau de leur maiſtre, touſiours heurlans piteuſement , ſans qu'ils en peuſſent eſtre 4°.... deſchaſſez, ne voulans manger ny boire. Pline recite qu'vn chien ne departit iamais prés du corps de ſon º maiſtre,qui auoit eſté executé par iuſtice jettant des triſtes hurlemens,enuironné d'vn grand cerne de peu- *** ple Romain, & quelqu'vn luy ayant jetté de la viande, ce chien la porta à la bouche de ſon maiſtre. puis quand on eut jetté le corps dedans le Tibre, le chien ſe mit à nager,eſſayant de le ſauuer & ſouſtenir.Dont le peuple Romain fut grandement eſmerueillé de la fidelité de ceſte beſte. On lit pluſieurs hiſtoires de la fidelité des chieus, qui ſeroient 1cy trop long-temps à reciter. Ils abayent & clabaudent oyans le bruict des trompettes , & le cry des aſnes & autres grands bruits , & ce clabaudement & abbayement leur eſt vn pleur pour l'impatience de leurire.Le Cheual ſemblablement cognoiſt ſon maiſtre,ce que Plutarque a laiſsé par eſcrit du cheual d'Alexandre nommé Bucefal:quand il eſtoit nud,il enduroit bien que le palefrenier mö- taſt à poil defſus luy:mais quâd il eſtoit paré de ſes harnois royaux,&de ſes riches couleurs,il n'en ſouffroit pas vn ſeul monter ſur luy qu'Alexandre tout ſeul,& ſi autres s'efforçoient d'ymonter,illeur couroit ſus,en ronflât & hanniſſant ſe cabroit ſur eux,& lesfoulloit aux pieds,s'ils ne ſe haſtoient bien toſt de ſe retirerar- riere,& s'enfuir.Combien que la colóbe ſoit des beſtes bien fertiles,toutesfois tant le maſle que la femelle gardent vne ſinguliere chaſteté,concorde,amour,& charité l'vn enuers l'autre, & ne commettent point d'a- dultere,& ne violét point la foy en leur mariage:ſi la femelle a vn maſle difficile & faſcheux elle le ſupporte, La Tourte- neantmoins en toute patience : apres le courroux ils ſe flattent & baiſent, en faiſant paix , & retournent relle.v l'vn aupres de l'autre. lls ſont d'amour égales enuers leurs petits. Les tourterelles en font autant,& dauan- tage,car en ſigne de viduité, iamais ne couchent ſur branche verte, apres qu'elles ont perdu leur party,& demeurent en perpetuelle viduité,ſans prendre autre party. Ils ont vn amour mutuel & reciproque. 19u Chien. De l'Elephät De la force de l'Elephant,deſa religion,docilité,clemëce,bonté,chaſteté,vengeance des maux qu'on luy a faicts, & recognoiſſance des biens. CH A P. XIII. #2 L ne ſe trouue beſte terreſtre plus gräde,plus puiſſante,ny eſpouuätableque les Elephâs.Car ilfaut # # qu'ils ſoient merueilleuſement puiſſans & robuſtes,quand ils peuuét porter en bataille de ſi gros # edifices,& de ſi groſſes tours de bois pleines de gens-d'armes,qui combattent en icelles.Et qu'ils %2*è) ſoient eſpouuantables, quand ils viennent equippez en tel ordre, il appert par la peur & frayeur que l'armée des Romains en euſt,lors qu'Antiochus Roy de Syrie commença premierement à les amener en bataille contre eux. Car les gens d'armes qui n'auoient iamaisveu tels monſtres,conceurét ſi grande frayenr de voir tels animaux,qu'ils ne ſçeurét faire que ſe mettre en fuite. Depuis les Indiens auoient de couſtume en la guerre,de lier au bout de la trompe deſdits Elephans,vne eſpée longue de deux coudées,auec laquelle eſtans chaſſez tuoient leurs ennemis.Ils mettoient pareillement des bas,qu'ils lioyent de chaines de fer ſous le ventre, & deſſus mettoient vn chaſteau de bois, en maniere de tours, où quatorze hommes eſtoient de- bout,& batailloient de toutes ſortes de leurs armes & baſtons. Mais depuis ſçachans leurs ennemis,que les - . - Elephans craignent le feu,ceſte façon eſt abolie,à cauſe des baſtons à feu qu'ils ont, & auſſi destorchesal- #*** lumées qu'ils preſentent aux Elephans, deſquelles ils ſont tant épouuantez, qu'ils font plus de mal à leurs «hap. I. maiſtres en s'enfuyant,qu'ils ne font aux ennemis en bataillant. Ce neantmoins tant eſtranges beſtes qu'ils ſoient, c'eſt vne choſe incroyable des vertus que les Philoſophes leur attribuent, & lgschoſes qu'ils en - r2COngent A a & de l'excellence de l'Homme. 45 | - - - A racontcnt- Pline dict, qu'ils approchent fort des ſens humains , & qu'ils ont quelque intelligence du lan- - gage du pays auquel ils ſont nez : & qu'il y a vne grande obeiſſance en eux, en ce qui leur eſt commandé, ayans mcmoire des ſeruices,& offices qu'ils ont accouftumé de faire : mais qui plus eſt, bonté & clemence 1e trouuent entr'eux. Quand à la religion. Plutarque a eſcrit qu'ils font prieres aux Dieux immortels : car Plutar,ue . de leur bon gré ils ſe purgent, & lauent en la mer, & adorent le Soleil leuant,auec vne grande reuerence, leuans leur trompe en haut vers le Ciel, au lieu des mains. Et Pline à ce meſme propos teſmoigne, qu'ils Plive . font l'honneur & reuerence non ſeulement au Soleil , mais auſſi à la Lune , & aux eſtoiles , & apres auoir faict leur adoration, ils s'en retournent au bois,& portent deuant eux leurs petits veaux ou faons, qui ſont : las. Les Arabes en font bon teſmoignage, qui voyent ordinairement grande quantité d'elephans à la nou- uelle Lune deſcendre à grand troupeaux aux riuieres, où ils ſe lauent & baignent,& apres qu'ils ſont pu- rifiez, ils ſe mettent à genoux,& font leur adoration,puis s'en retournent au bois, & le plus ancien conduit la troupe, & celuy d'apres les aſſemble. On dit auſſi qu'on a trouué que de nuict ils penſoient à ce dequoy ils auoient eſté chaſtiez de iour. Plutarque teſmoigne qu'il eſt tout certain, que comme aucuns elephans Plutarque . euſſent eſté inſtruits à Rome longtemps deuant,pour apprendre à faire des tours merueilleux,& difficiles à faire,ou en trouua vn ayant l'entendement plus dur que les autres,& pource il eſtoithay de tous les autres, & battu ſouuent,parce qu'il ne pouuoit retenir tels tours de paſſe-paſſe,lequel toutesfois les repetoit a part ſoy, & s'efforçoit les faire de nuict à la Lune. Adrianus recite auoir veu vn elephant, lequei ayant deux cymbales § aux oreilles , les touchoit d'accord alternatiuement de ſon muſeau (ou trompe) & dan- ſoit ſelon la meſure de l'accord,& les autres ſe ſuiuoient en danſant comme luy.Auger de Busbecq aſſeure en l'vne de ſes Epiſtres, en auoir veu vn à Conſtantinople qui danſoit au ſon des inſtrumens & joüoit à la paulme. Les elephans portent leurs petits deux ans en leurs matrice, pour la grande corpulence de leurs B corps, parce qu'vn gros fruict n'eſt ſi toſt meur qu'vn petit. Ils ſont de nature tant admirables, & pitoya- - bles,que iamais ne font rien à perſonne,ſi on ne les y prouoque.lamais le maſle,& la femelle ne ſe cognoiſ- fent enſemble qu'en ſecret, à cauſe de la honte qu ils ont. On tient qu'ils ont ſi bon entendement,qu'ils Ariſtore- n'entreroiét iamais en vne nauire pour paſſer la mer, & eſtre menez en pays eſtrange,que leur gouuerneur liu 4.des n'aye promis & iure les ramener en leurs pays.Auſſi eſtans irritez,ils chargent les hommes ſur leurs cornes Animaux. & les jettent ſi haut, que deuant qu'ils tombent, ils ſont eſtouffez & morts. Nous parlerons encores de la nature des elephans cy-apres au liure des monſtres, où la figure de l'elephant defaut. Des beſtes qui ſont éseaux. C H A P. X I V. , P R E s auoir parlé des beſtes qui conuerſent ſur la terre, il faut pareillement dire quelque Lamproye . # chofe de celles qui ſont és eaux, dont la Lamproye emporte le prix, & merite la palme par deſſus tous les poiſſons,en cas d'amour paternel, & de bonté,& douceur enuers leurs petits. # Premierement elles font leurs œufs, & puis les petits, mais elles ne mettent pas hors leurs petits comme font les autres poiſſons : ains les nourriſſent en leurs ventres , comme s'ils les " engendroient dcux fois & quand ils ſont grandelets ſont jettez dehors leur ventre,leur enſeignant à nager, & s'eſbatre a l'entour d'eux:puis ſubit elles les reçoiuent derechefen elles-meſmes par leur bouche,& leur baillent leurs corps pour habiter, leur donnant viande & refuge, tant qu'elles cognoiſſent que leur ayde leur eſt certain & aſſeuré. - Que les beſtes peuuent eſtre appriuoisées. CH A P. XV. C sY H E v E r en ſa CoſmographieTome ſecond, chap.7. dit que leTurc fait nourrir de toutes AS $) % ſortes de beſtes, comme Lions, Tigres, Leopards, Loups-ceruiers, Chameaux, Elephans, # $ Porcs-eſpics, & autres beſtes eſtranges : & ſouuent les hommes.qui les gouuernent ſont en - A )!# - - - - : 1 - g(S Nºé) conſtantinople, ou auCaire. Ils les meinent par la ville auec vne groſſe chaine de fer,& - #^R principalement les Lions.ayans de petites clochettes,afin que le peuple ſe retire, & que ces , beſtes ne gaſtent quelqu'vn : ce que ſouuentesfois eſt aduenu. Et ſi ceux quî les gouuernent, ſont ad- uertis que quelque grand Seigneur, ou Ambaſſadeur ſoit arriué, ils ne faudront luy amener en ſon logis ceſdicts Lions, auec compagnie d'autres beſtes eſtranges, auſquelles ils font faire mille paſſe-temps : leurs maiſtres ſemblablement joüans de pluſieurs ſortes d inſtrumens à la Turqueſque,meſme joüent Comediés, & luttent, eſperans tous d'auoir quelque preſent du Seigneur qui aura receu tel paſſe-temps. P. 46 Lc --Ond Liure des Animaux » •-• --" -*e Figure comme les Lyons ſont conduits par la ville de Conſtantinople . e-"T Mais ce n'eſt choſe merueilleuſe que les beſtes terreſtres puiſſent eſtre appriuoisées auec les hommes, Plutarque. veu quº les aquatiques le peuuent eſtre, entre leſquelles on nomme*les anguilles. Pluſieurs autheurs ont eſcrit de la Murene:ſemblablement que Craſſus a eu vne lamproye,laquelle eſtoit ſi appriuoisée qu'elle luy obeyſſoit , dont il luy auoit donné vn nom comme à vne beſte domeſtique, & l'appellant la faiſoit venir vers luy. Icelle eſtant morte, il en pleura ; ce que Domitius luy ayant reproché d'auoir pleuré ſa Murene, luy reſpondit, qu'il auoit eu trois femmes, & n'en auoit pleuré vne ſeule. , comme les animaux ont appris aux hommes à fourbir, & aiguiſer leurs armeures, & faire embuſcades. C H A P. XV I. La dent de $ E s guerriers ſont fort ſoigneux à contregarder leurs armes, afin qu'elles ne ſe roüillent, & l'Elephant - † & pource ils les font ſouuentesfois fourbir : mais il y a pluſieurs beſtes qui ne leur en eſt l'yuoire oiuent rien de retour. Et quand à ce poinct, les porcs ſangliers aiguiſent leur dent,auecla- qui ſert à quelle ils foüillent,arrachans les plantes,herbes,& racines dont ils ſe nourriſſent, qui eſt or- pluſieurs ou- ^% dinairement mouſſée, vſée & eſpointée , ils contregardent touſiours l'autre poinctue, & urages , & affilée, pour s'en ſeruir aux combats contre les Rhinoceros, & autres ennemis. Ledit Rhinoceros eſt auſſi *ſº°ºn long que l'Elephant, mais plus bas de jambes, & a ſon pelage de couleur de boüys,piccoté en pluſieurs #º endroits; façonné, & armé, comme il ſe verra par ſa figure cy-apres. - º#. Les ſangliers aiguiſent pareillement leurs defenſes pour aſſaillir, ou ſe defendre. - TDu ltom. #nt 4. Le lion chemine touſiours les pattes fermées, afin que ſes ongles ſoient enſerrez au dedans comme envne § § " guaine, de peur que la pointe ne le rompe,& auſſi qu'on ne les puiſſe ſuiure à la trace : car à peine la peut- 777a fi.x. on trouuer, ains ſeulement des petites marques de ſes pieds, & peu apparentes:& ainſi les animaux contre- gardent leurs armes, pour s'en ſeruir au beſoin. Les taureaux preſentent le combat auec leur cornes, & s'equippent au combat comme vaillans gens-d'armes,& Cheualiers. Le rat d Inde, comme dit Plutarque,ne differe en rien d'vn gend'arme pour batailler,tât bien il ſe ſçait couurir de boue,& de fange, qu'il ſemble pro- prement qu'il ſoit armé d'vn halccret & cuiraſſe , lors qu'il doit batailler contre le crçcodille. Et combien que ledit crocodille ſoit vne beſte ſi forte , & cruelle, qu'elle mange les hommes, le rat d'Inde neantmoins la fait fuyr , encore qu'il ſoit fort petit. Cela ſe fait par vne choſe indicible, que nature met aux cœurs des grands animaux pour les eſpouuanter de peur, & crainte, meſme il n'y a point de danger pour eux : comme l'elephant eſpouuanté par vn pourceau,& le lion par vn coq, veu qu'il eſt eſcrit du lion, qu'il ne ſe retourne point pour quelque choſe que ce ſoit. Telles craintes autresfois ſont aduenuës à de bien grandes armées preſtes à combatre, qui ont eſte miſes en routte,& fuitte par vn lievre, qui ſortit d'vn buiſſon : car depuis qu'il y en eut vn, ou dcux effrayez par la ſoudaine ſortie de ce liévre, tous les autres furent ſemblablement effrayez, & eſpouuantez, commme ſi tout enſt eſté perdu, & déconfit, penſans qu'il y euſt quelque grand danger. On trouue à ce propos en l'hiſtoire de Philippes de Comines,que des chardons qui eſtoient en vn - - - champ Armées mi- ſeres en route par vn lié- vre. | - -- A & de l'excellence de 1 r1omme. 47 A champ, firent peuraux Bourguignons aupres de Paris,en la guerre qu'eut le Roy Louys vnzieſme, auec le chardons fi- Comte de Charolois. Il aduint qu'aucuns de l'armée veirent des chardons en grand nombre, plantez en reut penr vn champ, prés Charanton : & pource que letemps eſtoit couuert & obſcur, il leur ſembloit que c'eſtoit aux Bºur- l'armée du Roy qui eſtoit ſortie de Paris, & là arreſtée,faiſant alte : & apres qu'ils en eurent porté les nou-º - - uelles à leur armée, & qu'on en eut enuoyé d'autres pour les recognoiſtre trouuerent que ceſte armée de- ** meuroit touſiours là plantée ſans bouger , dont la peur leur fut encore redoublée, & toute la nuict ſe tien- drent tous en armes:& le lendemain le iour eſtant eſclaircy,ils cogneurent que c'eſtoient chardons:parquoy ce n'eſtoit pas merueille s'ils auoient tenu bon ſans reculer(mais auſſi ils n'auoient point auancé :) & ceux qui en auoient porté les nouuelles , furent bienfort honteux, toutesfois ils furent excuſez pour l'obſcurité du temps. . Z)es Cocqs. - - Les Cocqs ſont oiſeaux Royaux, auſſi ſont-ils couronnez , & exercent leur regne en quelque lieu qu'ils ſoient de leur hardieſſe & courage, & bataillent du bec, & des argots, comme l experience le monſtre, donnans crainte, & peur aux Lyons, qui ſont les plus nobles, & courageux entre les beſtes ſauuages.Et de cét effoy du Lion tu pourras voir ce que Proclus ena eſcrit au liure, de ſacrifi. & magia,où il en rend vne tres curieuſe & docte raiſon, ſelon la doctrine & façon de philoſopher de ſa ſecte. De Connins. - Les Connins ont monſtré aux hommes à faire les mines ſous terre, pour miner, & renuerſer s'en deſſus deſſous les fortereſſes de leurs ennemis. Marc Varron dit, qu'en Eſpagne y eut vn gros bourg ſitué en pais ſablonneux, qui fut tellement foüy, & caué par les connins, qu'il en fut finalement abandonné par les ha- bitans, & puis ruiné. Des Loups. - - - Les Loups ont monſtré à faire la guerre aux hommes : ils ſe mettent en troupes, & demeurent en emi- buſcades à l'entrée d'vn village : il y en a vn qui entre dedans pour donner l'alarme aux chiens, puis recourt vers ſes freres & compagnons, & les chiens apres, & lors qu'ils les a paſſez, retournevers les chiens, leur faiſant teſte : cependant l'embuſcade deſcoche, prennent chacun vn chien, luy coupent la gorge, & mangent. Du Renard. - - Le Renard eſt le plus caut, & le plus fin de toutes les beſtes en general. Lors qu'il eſt chaſſé des chiens, & qu'il les ſent prés de ſa queue,il leur jette ſes excremens au muſeau,& auxyeux:& les ayant ainſi esblouys ' & eſtonnez, il gaigne le deuant, & les laiſſe en arriere. Il a auſſi vne aſtuce, que pour faire deſnicher les poulles, il feint de leur jetter ſa queue, & par ceſte peur les deſniche,& à la deſcente en prend vne,& l'em- orte. Pareillement s'il veut paſſer vne riuiere, encore qu'elle ſoit gellée & prinſe, marche doucement ſur # glace, & approche ſon oreille, & s'il peut entendre aucunement le bruit de l'eau cachée, il cognoiſt que la glace n'eſt pas eſpeffe, ny aſſez ferme : parquoy il s'arreſte, & ne paſſe outre : & ainſi s'il ne peut enten- dre le bruit, il paſſe de l'autre coſté hardiment. Or ne ſçauroit on dire que cela ſoit ſeulementvne viuacité de ſentiment de l'ouye, ſans aucun diſcours de raiſon : car c'eſt vne ratiocination : & conſequence tirée de fens naturel, en ceſte ſorte : qui fait bruit, ſe remue, ce qui ſe remue n'eſt pas gelé : ce qui n'eſt pas gelé, eſt liquide : ce qui eſt liquide ploye ſous le faix, & ne tient pas ferme : ergo, &c. Def P0urceatiX . - - Si les pourceaux oyent crier en vne foreſt l'vn d'entr'eux ils s'aſſemblent tous pour le ſecourir,comme ſi vne trompette auoit ſonné pour aſſembler vne compagnie de gens-darmes, afin d'aller au ſecours de leut compagnon, & tous bataillent pour luy. - - - ZDu poiſſon Scares , & Antber, • - - - - - - Plutarque dit des poiſſons appellez Scares, & Anthes, qu'auſſi-toſt qu'ils ont auallé le haim du peſcheur, les autres qui lors ſont preſens, accourent tous pour les ayder, rongent le filet & le petit cordeau, & ainſi eſchappent. Les Anthes ſe ſecourent pareillement les vns les autres auec pius grande violence : car ils jet- tent ſur leurs eſpaules le filet, & le petit cordeau auquel l'ameçon eſt attaché, & dreſſent leurs eſpines & eſcailles, dont ils le coupent & rompent. ZDu Poiſſon appellé Gouuerneur Il y a vne grande admiration de ſocieté, & amitié qui eſt entre le poiſſon appellé Gouuerneur, & la Ba- leine. Quant au Gouuerneur, il n'eſt plus grand qu'vn Goujon , lequel eſt touſiours auec la Baleine, & va deuant elle, luy dreſſant ſon chemin, la conduiſant de peur qu'elle ne ſe jette en quelque deſtroit, ou en la fange : dont elle ne ſe puiſſe retirer. La Baleine le ſuit, & ſouffre volontiers eſtre conduite par luy : s'il ſe veut repoſer, il fe met en fa gueule, & y dort, & elle auſſi, me le laiſſant iamais ne iour ne nuict. - Des Grueſ. - Les Grues , lors qu'elles departent pour âller en pais loingtain , elles ſe mettent ſi bien en ordonnance, que iamais capitaine de Gendarmerie ne ſçauroit tenir meilleur ordre.car auant qu'elles delogent,elles ont leur heraus, & leurs trompettes, qui les aſſemblent : quand elles marchent, elles conſentent toutes enſem- ble , & voient en haut pour regarder de loing : elles eſliſent vn Capitaine , lequel elles ſuiuent : ont auſſi leur ſergent de bande, & aucunes diſpoſent au derriere de la bande pour hucher & crier chacune en fon tour, afin d'entretenir touſiours la bande en ordonnance par leurvoix. Elles ont leurs veilles bien difpoſées, & leurs guettes qui font leur guet de nuict. Plutarque dit qu'elles ſouſtiennent vne petite pierre de leurs pieds,afin que ſi la guette s'endort, la pierre l'eſueille en tombant,& la reprenne de ſa negligence.Le Ca- pitaine a la teſte leuée,& col eſtendu, regardant au loing,& les admoneſte des dangers auſquelles elles peu- uent eſtre. Et quand elles ſont en ordonnance,les plus fortes ſe mettent deuant pour rompre ſ'air,& quand les vnes ſont laſſes,les autres vont en leurs lieux pour les ſoulager,& ſouſtenir la peine à leur tour:& pour mieux trencher l'air,elles ſe mettent en ordonnance de gens de pied, eſtroitte de front , & large Par der- riere, en forme de triangle : & ſi ont encore ceſte prudence & ſcience d'aſtronomie, qu elles preuoient les tempeſtes, & ſe iettent en terre ſubit qu'elles les ſentent , & ſe repoſent. Z)es Oyes. - Les Oyes de Sicile vſent d'vne fort bonne grace,pour fe garder de ſe découurir par leur gazoüillement: car combien qu'illeur ſoit naturel, ſi eſt-ce toutesfois, qu'elles ont bien ſceu trouuer le moyen de corri- ger ce vice, afin qu'il ne les miſt en danger de leurs aduerſaires.Plutarque dit,que quand il leur faut paſſer la montagnenommée Taurus,craignans les Aigles,elles mettent chacune vne pierre aſſez large en leur bec, afin d'empeſcher le gazoüillement & bruit naturel qu'elles feroient iuiques à ce qu'elles ayent paſſé leurs ennemis,leſquelles elles rompent en ceſte ſorte. Le Cerfſe ſentant preſſé des chiens, ſe couche,& met ! quatre pieds ſous le ventre,& expire ſon haleine contre terre,tellement que les chiens paſſent, & repaſſent contre luy ſans en auoir le vent ny ſentiment.Voilà comme nature donne à chacun animal cognoiſſance de ſauuer leur vie. | J'y Cocqs. - Connins. Loupi. Renard caut cr fin. •+ o M-AV- 1V7V-U1l4 l LulUlIU ( lV > L Xllllllci LIX 2 lºy te ſontrepreſentées deux figures de Dragons qui tuent les Elephani. # - al (! -) #! =º7º777aS «º 2»Ti # 4 :uº $ L gº V | | - \ W- ºZZAE, { ^ -'º) 3A4 z. , †N N N,) ) ) # ll 75 # - a % : A. - | | - " # # 2 # # A $ 7"© - Z2Z \) | %. - | 7 ©HA 12 % - - | - | |# #? : à _#! - - @) A/ º, rz22 · ! N @ # #a24 : ! / " O 3-2 : $ , 0 r) 2 % - N $#Laz W | # x7xxa , N#©© o 4 7 zm7 | #/# zº 2A -- 2 # -- Plutarque teſmoigne que les Crocodiles, qui ſont beſtes inhumaines & tres-cruelles,ne cognoiſſentpas tant ſeulement la voix des hommes qui les appellent, mais auſſi permettent, & endurent qui les manient: & qui plus eſt, ouurent la gueulle,& ſouffrent qu'on leur touche aux dens, & qu'on leur eſſuye de quelque linge ou autre choſe.Et combien que nature ait donné aux beſtes quelque cognoiſſance de medecine, tou- tesſois, c'eſt bien peu de choſe de tout ce qu'elles en ſçauent, au prix de ce qu'vn homme ſeul en peut ſça- uoir, pour peu qu'il ait eſtudié en medecine,& pour le peu d'experience qu'il en puiſſe auoir. Il eſt vray qu'elles n'apprennent pas leurs medecines des hommes,d'autant qu'elles n'ont l'entendement côme iceux. 9r quant à ce qui eſt eſcrit touchant la religion des Elephans,leſquels à ce que l on en dit,adorent le Soleil Les beſtei & la Lune, ce n'eſt pas pour aucune cognoiſſance qu'ilsayent de la diuine Majeſté. Car à parler propre- n'ont aucu- ment, elles n'en ont aucune qui procede de lumiere,& raiſon qui leur ſont donnée pour eſtre capables de ne cºgnoiſ. telle cognoiſſance,laquelle a eſté baillée au ſeul homme.Et combien † l'Elephât ſe tourne vers le Soleil; ſance de & qu'il ſemble qu'il l'adore,ſine l'adore-il point par intelligence, ny foy, ny par raiſon qu'il aye que le so- Pieu. leil ſoit leur Dieu,& qu'ils ſoient tenus de luy porter honneur & reuerence : mais le font par vn inſtinct & mouuement de nature , ſelon qu'ils ſe trouuent diſpoſez naturellement par la conuenance que le Soleila ºuec leur nature,& par le bien qu'ils en ſentent, ſans penſer neantmoins à ce qu'ils font,ſinon ainſi que na- E 4 tur€ -- 56 \ e\Scond Liure des Animaux, Les ſens ér l'entende- ment ont la vertu de » cognoiſtre , & de inger. p - ture les pouſſe, ſans re\Q\o\N qui ſoit en eux. Et pourtant , lors que nous leur attribuons religion , nous ne A la prenons pas en ſa Wyoyºs ſignification : mais par vne maniere de dire, & par abuſion de langage, & par comparaiſon,à cauſe de la ſimilitude, & façon de faire qu'ont les Elephans. L'homme a la dexterité d'apprendre toutes langues. C HA r. XXVI. $ué, O vs voyons l'homme auoir telle dexterité , qu'il ne ſçait ſeulement pas apprendre les di- #% uers langages qui ſont entre ceux de ſon eſpece , mais auſſi apprend ceux des oiſeaux : ce - u'on void par experience d'aucuns bons compagnons , qui contrefönt tous chants des oi- eaux, & la voix de toutes beſtes , comme nous auons dit cy-deſſus, & entendent le jargon 6 de pluſieurs autres animaux.Et pour verifier cecy,Apollonius Philoſophe,qui eſtoit excellent en ceſte ſcience , vn iour eſtant en vne grande compagnie de ſes amis , où il regardoit des Paſſereaux, qui eſtoient branchez ſur vn arbre, § il vint vn autre d'ailleurs , qui commença à gazouiller au milieu d'eux, puis s'enva, & tous les autres le ſuiuirent : Apollonius ayant veu cela ( & tous ceux qui eſtoient auec luy ) dit,ce Paſſereau a annoncé a ſes compagnons qu'vn aſne chargé de froment,eſtoit tom- bé pres la porte de la ville,& que le bled eſtoit versé en terre:& ceux qui ouyrent cela, voulurent experi- menter s'il diſoit vray & allerent ſur les lieux,où trouuerent la choſe comme ilauoit dit, & quant & quant les paſſereaux, qui eſtoient venus pour manger le bled.Or quandaux Corbeaux,Pies,& autres oiſeaux,qui parlent pour deſguiſer leur ramage, & leur gazouillement, & ſifflement, & ſon de voix humaine,ils ont bien toſt dit tout ce qu'ils ſçauent,& qu'ils ont apprins de long-temps. Et quoy qu'ils ſçachent gazouiller, ils demeurent touſiours beſtes brutes ſans raiſon.Mais à l'homme,la raiſon luy a eſté donnée naturellement ' de monter plus haut que celles des beſtes, deſirant touſiours ſçauoir, & ne ſe contentant point ſeulement . d'auoir la cognoiſſance des choſes qui appartiennent à la vie preſente:mais s'enquiert des choſes plus hau- tes, & des celeſtes, & diuines : qui eſt vn certain argument,que la nature de l'homme, & lame qui luy eſt" donnée, eſt bien differente à celle des autres animaux,laquelle ne peut nullement eſtre cognuë. Lhomme a en ſon ame trois principales puiſſances neceſſairement concurrentes à toute loüable & vertueuſe action à ſçauoir l'entendement , la volonté, & la memoire : vne pour comprendre ce qu'il faut faire, l'autre pour l'executer : & la memoire comme fidelle tutrice, qui garde ce qui a eſté conclu & arreſté en l'entendement- Aucuns Philoſophes l'ont appellée le threſor de ſçience, d'autant qu'elle eſt comme vn cabinet, auquel eſt garde ce que nous apprenons , & voyons. Ces puiſſances, & perfections,ſont graces ſingulieres, & dons ſpeciaux,prouenans de la ſageſſe diuine du Sainct Eſprit, qui ne ſont données aux beſtes,leſquelles puiſſan- ces ſeront cy-apres plus amplement declarées au liure de la generation,parlant des facultez de l'ame. Et our concluſion l'homme eſt ingenieux, ſage, ſubtil,memoratif, plein de conſeil, excellent en condition, uia eſté fait du ſouuerain Dieu, & luy ſeul entre tous les animaux a eſté orné de raiſon, & d'intelligence, e laquelle tous animaux ont eſté priuez , & en luy reuit vne image de l'eſſence diuine,qui ne ſe trouue en nulle autre creature. Sentence d'Euripide>. - L'homme a bien peu de force corporelle-, Mais ſa prudence cr raiſon naturelle » Va iuſqu'au fond de la Mer captiuant : Sur terre auſſi s'eſtend iuſqu'aux eſpeces, Où plus y a de ruſe & de fineſſes. # kºkºkºkºk# # # kºkºkºkºkºkº T A B L E D ES C HA P1T R ES : D V L I V R E I I I. De l'Anatomie. Iuiſion du corps humain. C H a P. j. | De la ratelle. XX # Enumeration des parties contenantes,auec l'in- | De la veine portes&º diſtribution d'icelle. x x j ſtruction pour cºmmencer la diſſeciion anato- ºzbe l'origine de l'artere, & diuiſion du rameau'deſcendant mique. i j aux parties naturelles. . xx ! ) Du cuir. i ij | ZDes nerfs diſtribuexaux parties naturelles. x x 1 1 ) Du vray cuir. i v | Inſtruction pour oſter les inteſtins. X X 1 V ZDu panicule charneux . v | origine & diſtribution de la veine caue deſcendente.xx v ZDe la greſſe. vj , Des reins. xxv ! De la tunique commune des muſcles. v i j | ZDes vaiſſeaux ſpermatiques. xx v 1J Definition du muſcle,& declaration de ſes differences.viij | Des teſticules. xx v 1 1 J Des parties du muſcle. i x j Des corps variqueux,qu'on appelle Paraſtates:des vaiſſeaux Declaration particuliere d'vne chacune partie du muſcle.x eiaculntoires , & corps glanduleux nommex Proffates- Des muſcles de l'Epigaſtre. xj x x i x 2De la ligne blanche, & du TPeritoine. x i j | Des vaiſſeaux vteres. x x x De l'omentum dit du vulgaire Coëffe,& des Arabes Zirbus | De la veſſie. xxx ; x i i j TDe la verge virile. xxx 1 ! ZDu ventricule ou eſtomach. x i v | De la matrice & parties appartenantes à icelle. x x *! ! J Des inteſtins. x v | ZDe la matrice particulierement. , x x x 1 v 7Du Meſentere. xvj | z'es tuniques qui contiennent l'enfant au ventre de la ZDes glandules en general,& Pancreas. x v i j //3676 . xxx v ZDu foye. xv l i j | Du nombril. x x x v J ZDe la veſſit du fiel, x i x - - L E l , : # # # # LE TROISIESME LIVRE TRAITTANT DE L'ANATOMIE D E T O V T L E C O R P S H V M A I N, illuſtrée des figures de chacune partie d'iceluy. P A R A M B R O IS E PAR E' DE LA VA L A V M A IN E, Conſeiller & premier Chirurgien du Roy. P R E F A C E. VIvANT l'ancienne couſtume de ceux qui par cy-deuant ont écrit, auant que venir à la declaration des parties du corps humain, qui eſt noſtre fin pretendue,nous declarerons premierement la neceſſité qu'il y a de les cognoiſtre : Puis l'vtilité, afin d'inciter le Le- cteur à la connoiſſance d'icelles : Tiercement, quel ordre il y faut tenir : Quartement, nous dirons que c'eſt qu'Anatomie, en la definiſſant, & expliquant les parties de ſa de- 6) #s finition ; Quand au premier il me ſemble (ſauf meilleur iugement telle connoiſſance # ſert la eſtre plus que neceſſaire,meſm ment à ceux qui deſirent paruenir à la fin pretendue de # # - la Medecine : qui t ſt de pouuoir conſeruer ( chacun en ſon endroict, c eſt à ſçauoir le §é - Medecin, Chirurgien, & Apoticaire ) la ſante preſente de tout le corps , & de chacune de ſes parties, ou en - chaſſer la maladie.Car c6ment eſt il poſſible que le Medecin,& Chirurgié puiſſent conſeruer,& garder par choſes ſemblables , la ſanté, laquelle conſiſte au temperament, commoderation , & vnion naturelle des parties ſimples pour la conformation du corps : ouchaſſer la maladie, laquelle eſt corruption d'iceux, par eſgal # de ſon contraire, s'il ne cognoit le naturel du corps, & par telle cognoiſſance combien il eſt ſiſte la ſanté. eſloigné d'iceluy,& pourtant a tres-bien dit Hippocrate au commencement du liure de l'office du Medecin vulneraire,que le Medecin, & Chirurgien appellez pour guarir vn malade, doiuent conſiderer ſi les choſes ſont ſemblables ou diſſemblables; c'eſt à dire, ſi le corps auecques toutes ſes parties & actions,retiennent . - leur naturel en complexion,commoderation & vnion, ou non, afin qu'ils puiſſent conſeruer en ſon eſtat, ºhº ce qui retiét encores ſon naturel,& reduire en iceluy ce qui en eſteſloigné.Ce qui eſt confirmé par Galien au commencement du Liure des os, quand il dit, qu'il faut cognoiſtre le naturel des os, & connexion d'i- ceux , fi on veut entendre quand ils en ſont eſloignez pour les reduire en iceluy. Cutre-plus, veu que la guariſon ne confifte point ſeulement en la § de la maladie, ains en la ſcience de bien,& deuè- ſ ſfeguari- ment ordonner, & appliquer remedes propres, tant à tout le corps qu'à ſes parties,leſquelles quaſi toutes ſon à cauſe de leur diuerſe nature, requierent diuers medicamens : teſmoin Galien au commencement du pre- ^ pourquoy mier Liure des parties malades,& au troiſieſme de la Methode,parlant de l'encens. Ie te prie,qui eſt celuy diuerſe par- qui pourra bien, & deuëment ordonner ſelon l'exigence,tant du tout,que de ſes parties , ſans auoir la co- ties requie- gnoiſſance d'icelles, qui eſt acquiſe par l'Anatomie ? Le ſemblable pouuons-nous dire de l'Apoticaire, le- rent diuerº quel ignorant la ſituation des parties du corps humain,ne pourra bien & deuement,ſelon l'ordonnance des ººº Medecins , & Chirurgiens,appliquer emplaſtres,linimens, cataplaſmes, epithemes, fomentations, eſcuſ- ſons , & autres remedes auſdites parties malades,comme aux ſutures du Crane,& parties d'iceluy, à la re- gion du cœur , du foye, du ventre , de l'eſtomach,ſuperieur orifice dudit ventre, de la ratte,des reins.ma- trice, veſſie, & generalement de toutes les autres parties qui requierent tels medicamens mais au contraire il commettra de tres grandes erreurs,appliquant ſus vne partie ce qui eſt propre à ſa voiſine,ou indifferem- ment à toutes deux, de peur de faillir : Comme pour exemple, Poſons le cas que le foye ſoit trop eſchauf- fé : & l'eſtomach ou ventricule trop refroidy(ce qui aduient ordinairement : à cauſe que le foye chaud en- . En quoy een- En quoy con- uoyant beaucoup de fumées au cerueau, cauſe diſtillations froides ſur l'eſtomach ) ſi par l'ordonnance du # Medecin ledit Apoticaire doit appliquer choſes chaudes à l'eſtomach pour ſa guariſon,& il applique indif- # ,# feremment tant ſur la region du foye que dudit eſtomach (ce qu'il pourra faire ignorant leur diuerſe ſitua- # d tion, qui eſt de l'eſtomach tirant au coſté ſeneſtre, & du foye au coſté dextre) n'augmentera-il pas l'in- # #ſto- temperature dudit foye, ſans apporter aucun profit à la partie malade, fruſtrant par ſon ignorance l'inten- §ch froid. tion du Medecin, & diffamant ledit medicament pour l'indeue application? Parquoy toutes ces choſes ainſi conſiderées, il eſt plus que manifeſte à vn chacun, combien la cognoiſſance de l'Anatomie eſt neceſſaire à tous ceux qui deſirent heureuſement, à l honneur & gloire de Dieu,& à l'vtilité de leur prochain , faire la Medecine,Chirurgie, & Pharmacie : à la faueur deſquels nous donnerons en diuers endroits de ce preſent œuure,figures, où ſeront d monſtrées les parties du corps humain, les plus neceſſaires d'eſtre cogneuës. Quant à ſon vtilité, il y en a quatre principales : dont la premiere nous meine & conduit à la cognoiſſance - du Createur, comme l'effect à la cognoiſſance de ſa cauſe, ainſi que teſmoigne ſainct Paul, diſant que les Quatre "Uft- choſes inuiſibles de Di u ſont manifeſtées,& cogneues par l'intelligence des choſes faites & ſenſibles. La #º ſeconde, eſt que par icelle nous auons la cognoiſſance du naturel du corps humain,& de toutes ſes parties. # #. au moyen dequoy nous pouuons iuger de la ſanté ou de la maladie.La tierce,eſt qu'en cognoiſſant le corPs §., humain & ſes parties,& par ce moyen leurs affections,nous pouuons predire les choſes à venir , & depen- La premiere, dantes d'icelles. La quatrieſme & derniere, eſt que par icelles nous ſommes rendus capables de bien & L. ſ . deuement ordonner, & appliquer medicamens, ſelon l'exigence d'vne chacune partie. La tierce. Puis donc que la cognoiſſance de l'Anatomie eſt ſi neceſſaire & profitable,reſte maintenant à declarer par La quatrieſ- quel ordre elle peut eſtre acquiſe.Laquelle choſe,afin quvn chacun puiſſe mieux entendre,faut noter qu'il y me . *trois ordres,par leſquels les ſciences ſont trouuées,& demonſtrées : C'eſt à ſçauoir,ordre de compoſition qui - ss \ e troiſieſme Liure Trois ºrdres qui eſt propre pour enïe\  r,lequel Ariſtote a vſurpé en ſa Logique, & Phyſique, com mençant des parties pour trouiser ou choſes les p\us ſimps aux plus compoſées. L'autre eſt de diuiſion, lequel eſt propre Pour trouuer les cºr enſeigner ſciences:& procede des choſes plus compoſées aux plus ſimples : lequel ordre a enſuiuy Galien au liure des . * ſºiºº Adminiſtrations anatomiques:& de l'Vſage des parties.Le tiers, eſt l'ordre de definition, lequel demonſtre Galien. l'eſſence,& la nature des choſes,côme appert au liure de Gal.De arte parua. Et pour autant que cét ordre eſt L§ qu', expliqué pardiuiſion à ceſte cauſe il peut eſtre comprins ſous le ſecond,lequel nous enſuiurons en ce pre- doit teni, ſent traicté, en diuiſant le corps humain en ſes parties : toutes leſquelles ie declareray non ſeulement par pour auoir la cognoiſſance,mais auſſi par ſcience:conioignant ce que Galien a eſcrit en ſes Adminiſtrations anatomiques, cogneiſſance & Vſage des parties : eſquels liures,& premierement en celuy deſdites Adminiſtrations anatomiques, nous de l'Anato-ſont declarées les parties du corps humain par cognoiſſance, c'eſt à dire demonſtrée à l'œil telles qu'elles mie . ſont : & au liure de l'Vſage des parties, elle nous ſont declarées par ſcience, c'eſt à dire , pourquoy elles Plat on. ſont telles, & en quel vſage elles ſont ainſi faites.Ces choſes ainſi briefuement declarées , il conuient de #º.a monſtrer que c'eſt qu'Anatomie,afin que ( comme dit Platon en ſon dialogue intitulé Phxdrus,& apres luy Q ue c'eſt - - J- - - § d §. Ciceron ) vn chacun ſçache,& entende qu'elle eſt la choſe de laquelle on doit traicter.Et pour autant que #. J" telle cognoiſſance eſt acquiſe par la definition(qui eſt vne oraiſon briefue faite de genre & difference,par- ties eſſentielles de la choſe definie,par laquelle eſt briefuement declarée la nature, & eſſence d'icelle) pre- mierement nous la definirons, puis expliquerons vne chacune partie d'icelle. T)efinition Anatomie donc, ſelon ſon etymologie , eſt vne entiere & parfaite diuiſion ou reſolution artificielle du a'Anatomie. corps humain en ſes parties,tant vniuerſelles,que particulieres,ſimples,que compoſées.Et eſt à noter,auant que paſſer plus outre,que ceſte definition eſt bône,& eſtencielle ſelon les Medecins,& Chirurgiens:leſquels En quoy dif eſtans Operateurs ſenſuels,admettent,& reçoiuent les qualitez propres& communes,pourles differences,& B fere la vraye formes eſſentielles,au contraire des Philoſophes,leſquels reprouuent toute definition qui n'eſt faite de gen- definition de re, & difference eſſentielle:laquelle pour l'imbecilité de noſtre nature,nous eſtant cachée,ſommes côtraints º ºſºrº au lieu d'icelle,aſſembler pluſieurs qualitez propres,& cômunes pour compoſer noſtre definition,que nous ption. appellons plus proprement deſcription,pource que où elle nous deuroit monſtrer la matiere,& forme,qui conſtituent l'eſſence de la choſe definie,elle ne nous monſtre que la matiere enueloppée de certains accidës. Ce qui eſt manifeſte en ceſte dicte definition,en laquelle diuiſion,& raſolution tient le lieu de genre,à cauſe qu'elle conuient à pluſieurs.Quant à tout ce qui s'enſuit, il obtient lieu pour la difference,à cauſe qu'elle la Diuiſſon ſepare de toutes autres diſſections,qui ſont faictes ſans artifice.Car il faut entendre,que diuiſion artificielle artiſîeielle ,. n'eſt autre choſe que ſeparationd'vne partie de l'autre,ſans aucun intereſt d'icelle,fuiuant la circonſcriptió d'vne chacune,en ſorte que toute diuifion autrement faite,ne peut,& ne doit eſtre dite artificielle. Et voylà quant aux parties vniuerſelles de ceſte definition. Quant à l'explication des dictions,i'ay dit, du corps hu- main,pource que nous procurons tant qu'il nous eſt poſſible,la conſeruation de ſanté,& chaſſons les mala- Corps hu- dies d'iceluy,non d'autres.Et de ce appert qu'il eſt ſujet de toute la Medecine,non comme compoſé de ma- main ſu et tiere & forme,ou comme humain,ains comme ſuject à ſanté,& maladie. Par partie n'eſt entendu autre choſe º lº Mede- (comme declare Galien au 1. chap. du 1.liure de 1'vſage des parties)qu'vn corps, qui n'eſtpas du tout ſepa- eine ., ré,ny du tout conioint aux autres,compoſant toutesfois(ſelon Galié au premier liu. de la Methode)le tout #. auec les autres,auſquels il eſt en partie conioint,& en partie ſeparé.Outre-plus par partiesvniuerſelles i'é- Cº #ſi ni. tends,comme la Teſte,Thorax,Ventre,auec leurs † particulieres,comme les parties d'icel- uerſelles ér les : les ſimples,comme les parties fimilaires,leſ uelles ſont neufen nombresà ſçauoir,cartilage,os,ligamét, §uli, membrane, tendon,nerf veine,artere,chair muſculeuſe. Aucuns adiouſtent les fibres, la greſſe,la moüel- - Y'é ;. le, les ongles , & le poil : les autres les laiſſent comme excremens. Et noteras les ſuſdites parties eſtre plu- Parties ſim ſtoſt appellées ſimples au ſens de la veuë,que ſelon la verité:car ſi on veut diligemment examiner la nature fles. d'icelles, on n'en trouuera pas vne ſeule ſimple,attendu que toutes ſe nourriſſent, viuent,& ſentent, mani- feſtement ou occultement,ce qui n'eſt ſans participation de veine,artere,& nerf. Et ſi quelqu'vn m'objecte, Comment les que horſmis les dents,on ne void point qu'aucun nerf ſe communique aux os:Ie reſponds,que quand il ſeroit cs ont ſenti- ainſi,encore ſont ils faicts ſenſibles,par certaines fibres nerueuſes que leur Perioſte leur cômunique,ſe lians 7/7e/2f, par icelles à eux : ainſi que nous voyons faire aux membranes,qui enuelopent les viſceres : & pour ce petit ſentiment animal eſt faite deſdits os expulſion ou repulſion des mauuaiſes humeurs entr'eux&le Perioſte:le- quel Perioſte,comme plus ſenſible,nous aduertit & monſtre,ainſi que ſon office porte,du perileminent auſ- Peurquoy dicts os,ſi nous n'y mettons ordre.Parquoy nous conclurrons qu'il n'ya nulle partie en noſtre corps,ſimple ſont les par- ſelon la verité,mais ſeulemét au ſens de la veuë : ou bien ſi nous le voulons prendre à la rigueur,nous le di- tiºº ººteº - rons ſimple,ſelon la ſeule propre chair d'vne chacune Les compoſées ſont celles qui ſont mediatement ou ſºſº immediatement faites des ſuſdites qu'on appelle parties organiques ou inſtrumentaires : comme le bras, la milaires. jâbe, la main,le pied,&autres ſemblables. Où noteras qu'elles ſont appellées ſimples ou ſimilaires,pource 2.# qu'elles ne ſe peuuent diuiſer qu'en parties ſemblables,ou de ſemblable nature, comme dit Galien au pre- # " # mier de la Methode Mais les compoſées ſont dites diſſimilaires au contraire de ce que nous auons dit Elles aigmii ire, ſont auſſi appellées inſtrumentaires & organiques à raiſon que d'elles meſmes peuuét faire vne parfaite ac- D c5 inſtru- tion,conſpirante à la conſeruation d'elles,& de leur tout. Côme pour exêple,l'œil ſans aide d'autre partie, mentaires , void,& en voyant conſerue ſon tout,& conſequemment ſoy meſme:& pourtant eſt-il dit inſtrument, & or- ou organi- gane,& non point ſes parties,leſquelles ne peuuent de ſoy faire l'action,à laquelle elles ſont deſtinées,côme ques. ſes tuniques,& autres parties Et de ce nous entendons qu'en chacune partie inſtrumentaire faut confiderer En ºhººº particulierement quatre parties propres à elle:l'vne,par laquelle l'action eſt accomplie,côme l'humeur cry- lº º" ſtalin en l'œil:l'autre,ſans laquelle l'action ne ſe peut faire,comme le nerf,& les autres humeurs : la tierce, º par laquellel'action eſt mieux faite côme les tuniques & muſcles la quarte,par laquelle l'action eſt conſer- ## #. uée,comme les palpebres, l'orbite,ou concauité,en laquelle eſt poſé ledit œil.Le ſemblable pouuons-nous #" dire de la main,propre inſtrument de l'apprehenſion : laquelle elle accomplit premierement par le muſcle, , quatr, comme par partie principale:ſecondement,par le ligament comme celuy ſans lequel telle actionne pourroit parties pro- eſtre faite:tiercement,par les os & ongles, côme ceux par leſquels ladite action eſt mieux faite:quartement, #res à icelle .. par les veines,arteres,& cuir,comme ceux par leſquels tous les autres ſont conſeruez,& conſequemmêt l'a- ction. Dauantage faut noter,que les parties inſtrumétaires,ſont conſiderées en quatre manieres,& redigées parties in- en quatre ordres:dont celles du premier ordre ſont,qui eſtans compoſées immediatement des ſimples, ſont ſirumentai- dediées à vne ſeule action,cöme les muſcles,& vaiſſeaux:les autres ſont celles qui ſont compoſées des ſuſ- res redigées dites,& autres,comme les doigts les tierces ſont compoſées de ceux-cy & autres,côme la main prinſe vni- en quatre uerſ llementiles dernieres,& plus compoſées ſont tout le corps,organe & inſtrument de l'ame.Et faut en- ºrdres, tendre,que quand nous diſons que les muſcles,& vaiſſeaux ſont parties ſimples,nous parlons quant au ſens de la veue,& par comparaiſon aux autres plus côpoſées:Mais ſi nous auons égard à leur eſſence & conſtitu- tion,nous trouuerons qu'elles ſont compoſées,comme nous auons dit par cy-deuant. Reſte maintenât à entendre & ſçauoir,qu'en chacune partie, ſoit ſimple,ou cópoſée,faut conſiderer neuf choſes : :! C1C 1 / \ IlaUOIIl1C. - 5 9 : choſes c'eſt à ſçauoir,ſa ſubſtance,quantité ou magnitude,figure,compofition,nombre colligence ou cône-Neuf choſe xion,(ſous laquelle eſt comprinſe l'origine & inſertion)complexion ou temperamét,action & vtilité,à celle à conſiderer fin qu'en les cognoiſſant,vn chacun puiſſe heureuſement & puremét exercer ſon art,en conſeruant,& gardât º chacune la fanté,guariſſant la maladie,ou prognoſtiquant la fin d'icelle.Finalemét il faut entêdre qu'entre les parties Pºrtº organiques il y en a trois principales,qui regiſſent & gouuernét toutes les autres,à ſçauoir le foye,le cœur, &le cerueau.Et ſont nommées principales,nópour la neceſſité de la vie(car le vétricule,trachée artere,poul- mons,reins,veſſie, & autres ſemblables ſont auſſi neceſſaire) ains pource que de chacun des trois, procede vne vertu ou matiere neceſſaire(ce que ne fait des autres)à tout le corps;côme du foye la matiere nutritiue enuoyée par les veines à toutes les paries du corpspour leur nourriture : du cœur, la vertuvitalle enuovée , par les arteres,pour leur donnerviedu cerueau,la vertu animale enuoyée par les nerfs pour donner ſentimêt & mouuemétaux parties qui en ont beſoin Gal au liure de l'Art medicinal neufieſme chapitre,adjouſte les . .. , , teſticules entre les parties principales,nô pour la neceſſité de l'indiuidu, & corps particulier,mais bien pour Teſtieulº la conſeruation de l'eſpece,pluralité,& multitude:& au premier liure zeſmine,les conferant auec le cœur, # Pº* les fait plus nobles qu'iceluy,diſant.que d'autant qu'il eſt meilleur de bien viure,que ſeulement,& ſimplemét #.# 1i. viure,d'autant leſdits teſticules ſont plus excellens,faiſans bien viure, que le cœur faiſant viure ſeulement, chet * côme on void aux Enuques,ou chaſtrez:donc à bon droit d'iceux ſont mis au nombre des parties principales. B Or nature deſirât que ſon ouurage fuſt immortel,a excogite telles parties pour le rendre immortel,à l'exem- ple d'vn ſage fondateur d'vne cite,qui ne regarde pas ſeulement pour l'heure qu'il y a baſty,de la peupler,& faire habiter de grand nombre de citoyens,mais côme elle ſe puiſſe conſeruer à iamais ainſi frequentée, ou pour le moins dvn long eſpace de têps.Et toutesfois nous n'auons memoire d'aucune cité,de laquelle auec le temps le nom du fondateur ne ſoit pery,& mis en oubly. Mais l'ouurage de nature a ja dure par pluſieurs Admirabie milliers d'années,& durera pour l'aduenir,parce qu'elle a inuété vn moyen admirable de ſubſtituer vn autre § nouueau animal,au lieu de celuy qui eſt perdu,& mort. Et partant nature a donné à tous animaux des mé-§ pour bres pour conceuoir,& auſdits membres certaine vertu,& faculté inſigne,pour cauſer plaiſir,& delectatiö § les Et à l'ame qui doit vſer deſdits inſtrumens & membres,vne indicible,& incroyable enuie de ce faire,de la- animaux en quelle eſtans incitez,& eſguillonnez les animaux,encore qu'ils ſoient totalement priuez de raiſon,ou enco- leur eſpesrr. res ieunes,ils preuoyent neantmoins,& s'employent à faire que leur race dure,comme s'ils eſtoient ſages,& en leur bon ſens. Car nature ſçachant bien que la § laquelle elle fabrique les animaux,n'admet& reçoit point vne perfection de la ſageſſe du Createur,pour la rendre eternelle,au lieud'icelle elle a octroyé, & concedé ce qu'elle a peu,à ſçauoir vne amorce,& vn allechement dedié à la conſeruation,& propagation de leur race,ioignant à l'vſage deſdicts membres vne volupté grandiſſime,& inenarable : ce que tu pourras voir plus amplement au liure de la Generation, cyapres.Oriuſques à preſent nous auons ſuſſiſamment de- claré la neceſſité,& vtilité de la connoiſſance de l'Anatomie,enſemble demontré l'ordre qu'il y faut tenir,& finalement expliqué la definitiond'icelle,& pourſuiuy ſes parties.Parquoy reſte que ſuiuât noſtre promeſſe, nous declarions vne chacune partie du corps humain par connoiſſance, & par ſcience,ainſi que s'enſuit. Et combien que la vraye cognoiſſance d'icelle ſe face par voir & manier,toutesfois il ne faut refuſer d'expoſer C la conſtruction du corps humain par eſcrit,pour refraichir la memoire de ceux qui ont anatomiſé& decou- pé les corps,& audi pour mettre en chemin ceux quiiamais n'ont pris peine à entendre l'Anatomie. Diuiſion du corps humain. C H A P. L # A R c E que la diuiſion du corps humain ne peut eſtre duehnent entendue , ſans la cognoiſſance de la diuifion de l'ame raiſonnable, pour l'vtilité & neceſſité de laquelle,& de ſes facultez ledit corps a eſté ainſi organiſé & diuiſé : à ceſte cauſe nous auons trouué bon de l'expoſer en peu de paroles , afin que par icelle plus facilement, & certainement on puiſſe venir à la vraye & eſſentielle diuiſion dudit corps , humain.Comme l'ame donc,qui eſt perfection du corps & principe de toutes ſes actions,ſelon lacommune r # fatut opinion de tous,eſt diuiſée en trois facultez premieres & vniuerſelles,c'eſt à ſçauoir;en l animale, vitale,& tez de l'4: naturelle:& derechefl'animale en principale,ſenſitiue,& motiue. Côme auſſi vne chacune d'icelles en plu- . ſieurs autres,c'eſt à ſçauoir la principale en l'imaginatiue, raiſonnable,& memoratiue:la ſenſitiue, en la fa- culté viſiue,auditiue,odoratiue,guſtatiue,&tactiue:la motiue en progreſſiue ou ambulatiue &apprehenſiue: la vitale audi en faculté dilatatiue,& conſtrictiue du cœur,& des arteres, qui ſont entendues par la faculté pulſatiue:& la naturelle,en la faculté nutritiue, augmentatiue,& generatiue:leſquelles toutes ſont faites & conſeruées par cinq autres facultez,qui sôt attractrice,retentrice,côcoctrice,aſſimilatrice, expultrice. Ainſi ſon organe& fujet,qui eſt le corps humain,ſe doit diuiſer tout premierement en trois parties premieres,& vniuerſelles,c'eſt a ſçauoir aux animales,vitales,& naturelles:& d'abondant toutes celles-cyparticuleremét en autres,ſelon la diuifion deſdites facultez,ſubalternes &inferieures,afin qu'vn chacun entéde l'organe de chacune faculté aux vſages & commoditez qui ſe preſentent.Car ainſi que les Anatomiſtes le diuiſent com- munément en quatre parties vniuerſelles,ils ſemblent ſeparer les extremitez des trois;&nul n'eſt inſtruit,en D laquelle des trois elles doiuent eſtre reduites & compriſes.Au moyen dequoy pluſieurs difficultez nous ſôt - propoſées dedas les Autheurs:auſquelles pour obuier nous pourſuiurös la noſtre côme nous auôs cômen- Les extremi- cé. Le corps humain donc eſt diuiſé,ainſi que nous auons ja dit en trois parties vniuerſelles,c'eſt à ſçauoir, teºſentºº- animales,vitales,& naturelles.Par les animales ſont entédues n6 ſeulemët les parties de la teſte,definies de-Priſº ſºº † le ſómet iuſques aux clauicules,& premiere vertebre du Torax;mais auſſi les extremitez:entant qu'el- Pº ami- es ſont organes,& inſtrumens de la faculté motiue:ce que Hippocrate eonfirme au fixiéme liure des Epide- males. mies,diſant que ceux qui ont groſſe teſte,omt ſemblablement gros os,gros nerfs,& bref gros mébres:& en Vn autre lieu. Ceux qui ont groſſe teſte,& quâdils la baiſſent,môſtrent vn gros col,tels ont toutes les parties & principalement animales ſemblablement groſſes. Non pas qu'il vueille pour cela demonſtrer que la teſte ſoit le principe,ny cauſe de la groſſeur des autres parties;mais il dit cela d'icelle,entédat que nature eſttres- iuſte & infaillible en ſes operations libres. Que ſi nature n'a rien oublié à la facture de la teſte à tous mani- feſte,il s'enſuit bien qu'elle a fait la pareille aux autres qui ſont cachées.l'ay adjouſté cecy,parce qu'aucuns ont eſtimé que ledit autheur vouloit inferer par ſes authoritez,que non ſeulment les os, les membranes,li- gamens,cartilages,& toutes autres parties animales, mais auſſi les veines & arteress dependoient de ladite teſte, comme de leur principe, ne prenans poſſible point garde à noſtre diuifion. - Par les parties vitales ſont entendues ſeulemét le cœur,arteres,poulmós, trachée artere auec ſes appar- tenances.Et pour les naturelles,toutes celles qui ſont contenues dans la circôſcription vniuerſelle du Peri- . - toine,& apophyſes Erythroides,qui enueloppent en ſecond lieu les tefticules.Car quant à toutes les autres Diuiſion des Pºrties,que nous appellôs contenantes, elles appartiénent aux animales : leſquelles derecheffaut diuiſer en parties ani- Principales,ſenſitiues,&motiues:côme auſſi d'abondant vne chacune,ainſi que s'enſuit Et premierement la males. Principale,en l'imaginatiue,qui eſt la partie anterieure du cerueau,auec ſes deux vétrisules,&autres choſes - 21CCtIX LVC LI 4 )1 llU lIIlU L lUll C à iceux appartenantes. Item en la raiſonnable, qui eſt la partie poſterieure du cerueau,comprenant le tiers A ventricule auec ſes parties.Finalement en la memoratiue, qui eſt le cerebelle,& ventricule contenu en ice- luy.Secondement,la ſenſitiue,en la viſiue,qui eſt l'œil:auditiue,qui eſt l'oreille:odoratiue,qui eſt le nez.gu- ſtatiue,qui eſt la langue & palais:tactile qui eſt generalement tout le cuir du corps,mais principalement de la main.Tiercement,la motiue en la progreſſiue,qui eſt les jambes apprehenſiue,qui eſt les mains:& ſimple- ment motiue,qui ſont les parties contenantes,& bornantes les trois-dits ventres, ſelon la plus grâde partie d'icelles.Et quit aux vitales l'organe de la faculté dilatatiue du cœur,& des arteres,ſót les fibres droites,& les tranſuerſes de la conſtrictiue,& tous les trois genres des filamens, tant du cœur que deſdites arteres de la pulſatile.Ou ſi tu les veux diuiſer autrement,en parties ſeruantes à la reſpiration,côme ſont les poulmons & trachée artere,& aux autres ſeruantes au mouuemét vital,qui ſont le cœur, & lesarteres par le genre des fibres ſuſdites.Reſte maintenant la diuiſion des naturelles,qui eſt en nutritiues,augmêtatiues,& generatiues, diſtribuées derechef aux attractrices,vniuerſelles,& particulieres, retentrices, concoctrices,diſtributiues, aſſimilatiues,& expulfiues. Les attractrices ſont l'Oeſophague,& le ſuperieur orifice du ventricule:la reten- trice eſt le Pylorus:la concoctrice,le corps du ventricule:la diſtributiue,les trois inteſtins greſlesil'expultri- à ce, les trois gras,& gros.Et autant en peut-on imaginer du foye,lequel attire par ſes veines Meſeraiques;& © la veine Porte,retient par l'anguſtie de l'orifice d'icelles contenuès dans le foye, cuit par ſa propre chair, diſtribuée par la veine caue,expcllée par la ratte,follicule du fiel,& reins. Le ſemblabe voyons-nous aux teſticules,qui attirent par les vaiſſeaux preparans,retiennent par les anfra- ctuoſitezvariqueuſe d'iceux,cuiſent & elabourent en iceux, dits vaiſſeaux par l'arradiation de leur propre chacune chair,diſtribuent par les Eiaculatoires aux Proſtates,& cornes de la matiere,tenans le lieu d'icelles en leur par,i. .. endroit : & finalement expellent par leſdites Proſtates & cornes & autres parties à eux appartenantes. Et ſon nourriſſe- quanta la particuliere attraction d'vne chacune partie,retention, concoction,diſtribution,aſſimilation,elle B ment par appartient à la temperature ou proprieté d'icelle, qu'on appelle proprieté occulte d'vne chacune partie vneproprieté ſimilaire,& fimple.Et ne different les actions des parties communes à celles des ſimples en autres choſe,fors ſpecifique. que les communes le font par les trois genres des fibres:& les particulieres, par leur proprieté,occulte,re- dondant,& prouenant de leur temperature, qu'on peut appeller proprieté ſpecifique.Or en la compoſition du corps humain,nature a eu trois principales fins ou intenti6s. La premiere eſt qu'elle a fait des parties leſ- quelles ſont neceſſaires à la vie,comme le cœur,le cerueau,& foye:la ſeconde qu elles ſont faites pour plus commodement viure,comme les yeux,le nez,les oreilles, les bras & ambes:la tierce,afin qu'elles ſoient de- diée pour la propagation,& inſtauration de l'eſpece, cômc les Parties honteuſes,les teſticules,& la matrice. Autre diui. Et Voila ce qui me ſemble de la vraye,& effentielle diuiſion du corps humain,fait & ainſi organiſé pour la ſion commu- varieté,& multiplicité de ſes facultez,tant vniuerſelles que particulieres, laquelle tu receuras,s'il te plaiſt: ne des par- ſinô tureuiendras à la cômune & vulgaire,qui eſt faite en trois vétres, ſuperieur,moyen,& inferieur,nómez ties du corps. Par ces noms,Teſte,Torax,& Epigaſtre,& les extremitez.Où pour la teſte ne ſont entendues toutes les par- ties animales,mais ſeulement celles qui ſont compriſes depuis le ſómet de la teſte iuſques à la premiere ver- tebre du col,ou bien la premiere vertebre du Metaphrene,ſi à l'imitation de Galien en ſon liure des Os,par- lant de l'articulation faite par enarthroſe,& arthrodie,nous referons le col entre les parties d'icelle. Par le Thorax,dit ventre moyen, tout ce qui eſt cópris depuis les clauicules iuſques à l'extremité des coſtes,tant vrayes que fauſſes,& Diaphragme:par l'Epigaſtre,le demeurant du tronc du corps,contenuentre le Diaphra- gme,& l'os pubis:& par les extremitez,les bras,& les jambes. Laquelle diuiſion nous retiendrons,pourau- . tant que ſelonl'ordre anatomique nous ne pouuons pourſuiure les parties du corps humain ſelon noſtre premiere diuiſion:parce que leſdites parties ſont meſlées les vnes parmy lesautres Nature n'a voulu faire ce ventre inferieur oiſeux, afin que l'eſtomach, apres le manger,& boire peuſt eſtre dilaté,& auſſi afin que les C enfans puiſſent prendre accroiſſemêt,& que l'on peuſt ſe plier & courber.Nous cómencerons à iceluy,pour faire la diſſection:à raiſon qu'il eſt ſujet à corruption plus que nulle autre partie,tant pour la temperature humide,& froide de ſes parties,que pour les excremens feculens,& vicieux contenus en icelles. Toutefois Raiſonpeur- ºuant que paſſer plus outre, s'il eſt queſtion de faire demonſtration publique,apres auoir deu, ment ſitué le, quoy on cºm ſujet,& pourueu aux inſtrumens,& autres choſes à ce faire requiſes,faut diuiſer ledit ventre enſes parties, mence la qui ſont cötenantes,& contenues:dont les contenantes ſont celles, qui conſtituent toute la capacité definie diſſection de- par le Peritoine,deſquelles la partie plus eminente eſt definie ſeló Galien,par la ſituatió des muſcles droits, monſtratiue & eſt appellée generalemét de ce nom Epigaſtre,lequel eſt diuiſé en trois parties:c'eſt à ſçauoir,en celle qui ºu venrre eſt deſſus le nombril,qui retient le nom de touten l'autre,qui eſt alentour du nombril,nômée vmbilicale ou ºſºrº moyenne & troiſieſme qui eſt deſſous le nombril,nommée Hypogaſtre,ou petit ventre.En chacune deſquel- - les faut conſiderer deux parties laterales, à ſçauoir en l'Epigaſtre, les Hvpocondres dextre, & ſeneſtre, leſ- quelles ſont finies depuis l'extremité des fauſſes coſtes,iuſques à la plus haute montée des cartilages d icel- les,& du Diaphragme : en la partie vmbilicale,deux lombales côpriſes depuis l'extremité du Torax iuſques aux Iles,leſquelles vulgairement on appelle les flancs:eh l'Hipogaſtre,les deux Iles definis des os des Iles,& os barré. Combien que je ſçache bien que l, a, que les Grecs appellent Lagones , ſignifie toutes les parties situation qui ſont vuides entre la derniere coſte,&l'os des Iles,leſquelles les Grecs ont appellées (eneona c'eſt à dire, de parties vuides, pource qu'ils n'ont point d'os comme teſmoigne Galien au deuxieſme cômentaire ſur le Prognoſti- de tout le que:toutesfois pour diuiſer plus clairement tout le ventre,il faut appeller les parties laterales du nombril, ventre inſe- Lombales,& les parties laterales du ventre inferieur,Iles. Où faut notter,que les anciens nous ont marqué rietar. ainſi ceſdites parties cötenantes,afin de nous deſigner le plus pres qu'il ſeroit poſſible,les parties côtenues audit ventre,leſquelles ſont ſous diuers lieux, diuerſes:comme ſous l'Hypocondre droit, la plus grande par- tie du foye:ſous le ſeneſtre,la plus grande du ventricule,& la rate ſous l'Epigaſtre,l'orifice inferieur duven- tricule, & la plus petite partie du foye : au flanc dextre,& partie ſuperieure,le rein dextre:à l'inferieure & commencement des Iles,l'inteſtin Cxcum : & au milieu,partie de l'inteſtin Colon,& l'autre du Ieiunum:au ſeneſtre,partie ſuperieure,le rein,& moyenne,l'autre partie du leiunum,& du Colon:& ſous la partie vmbi- licale deſcend l' cphyſis,& partie ſuperieure de l'Epiploon,& tranſuerſe le Colon:aux dextres des Iles & ſe- neſtre,la plus grande portion de l'inteſtin Ileon,& les cornes de lamatrice aux fémes enceintes & vaiſſeaux ſpermatiques,tant de l homme que de la femme:& ſous l'Hypogaſtre partie inferieure,l'inteſtin droit,la veſ- ſie,& l'amarry, & le demeurant de l'Epiploon:& ce afin que nous puiſſions mieux diſcerner leſdites parties malades,& y remedier par deue application de medicamens,ſans dommage d'vne partie n'y d autre,ny trö- perie de prendre vne partie pour autre, ny vne maladie pour autre. Ceſte diuiſion eſtant par nous trouuée fort bonne,l'auons bien voulu enrichir & illuſtrer par ces deux figures,auſquelles ſont marquée non ſeule- ment les parties ſuſdites,tant contenantes, que contenuës,mais auſſi generalemét toutes les autres du corps vniuerſel,que nous auons cogneu pouuoir apporter quelque vtilité à la cognolſſance des parties ſujettes. leſquelles figures auec leur declaration ſont telles. # Fig4rt r=" –- de l'Anatomie. 6 I Figure gmf6'/'#eur&_'. \. A T)eclaration de la figure anterieure . A Le nœud de la gorge. B B Les deux clauicules,ou os furculaires. C La region du cœur. - D La fourchette,ou cartilage Xiphoïde. E Hypochondre gauche , la où le ventricule , ou eſtomach eſt ſitué. F Hypochondre droit, où eſt ſitué le foye. G L'epigaſtre proprement pris,ſous lequel eſt con- tenu l'orifice inferieur du ventricule, comme le - ſuperieur ſur la cinquieſme vertebre du thorax. ^ . H La region vmbilicale, ſous laquelle eſt posée la plus grande reuolution de l'inteſtin Ieiunum. . II Les deux flancs, oulumbes,à la partie ſuperieure, eſquels ſont ſituez les reins. Et à l'inferieure du coſté droit,le Caecum inteſt inum.Et du ſeneſtre, , la reuolution du Colon, L'Hpogaſtre,autrement dit petit ventre, ſous le- quel eſt contenue la plus grande partie de la re- uolution de l'inteſtin Ileon, la veſſie, & amarry aux femmes, & le Rectum inteſtinum. L L Les Iles ſous leſquelles ſont contenues le demeu- rant de l'inteſtin Ileon, les Teſticules, cornes,& vaiſſeaux ſpermatiques de l'amarry eſtant empeſ- chée,& les vertebres. ' , M L'os barré,ou du penil,aux deux coſtez duquel ſont les aiſnes. N La partie anterieure,& moyenne de la cuiſſe, en . - laquelle communement on applique les ventou- ſes pour faire prouoquer les purgations aux femmes. . O Monſtre l'endroit deſſous la Maleole, où il faut ſaigner la veine Saphene. Teclaration de la figure poſterieure-. P Monſtre le derriere du col, ou communé- - ITlCIlt On † le Seton. - QQ_L'aſſiete de l'Omoplate, vn petit plus haut de laquelle on applique les ventouſes, marquée 1.2. R La ſituation de la ratte, ſous laquelle t'eſt monſtré l'endroit des reins, par 3.4. S L'endroit de l'inteſtin Caecum. - ' T L'Os ſacrum, où aux affections de l'inteſtin droit, faut appliquer les remedes pro- pres pour ſa cure. V L'endroit de la jointure de la cuiſſe, auquel il faut appliquer les remedes propres à la curation de la goutte Sciatique. X Le jarret, & endroit où on ouure la veine oplitique. Y LeTalon. F Énumeration , 6, - Le trOi11eſme Liure - -- *- - ---- A Enumeratiº des parties contenantes, auec l'inſtruction pour commººr - : # la diſſection anatomique . .. C H A P. II. - # E s parties contenantes de l'Epigaſtre, ſont l'Epiderme, le vray cuir : le Panicule charneux # |#% meſlé auecques la greſſe, les huict muſcles de l'Epigaſtre, auecques leur tunique commune, r ! 5N< le Peritoine, les cinqvertebres des LQmbes, & tout l'os Sacrum, les os des Iles, os barré,la - : ligne blanche, & Diaphragme : deſquelles les vnes ſont communes à tout le corps, comine - les trois premieres : les autres propres aux parties contenues ſous ledit Epigaſtre generale- # ment prins. Pour leſquelles voir chacune ſelon ſon ordre, faut tout premierement cerner le nombril tout - - à l'entour , enfonçant ledit cerne, & inciſion † à la ſuperficie exterieure des muſcles, pour iceluy º reſeruer,,iuſques à ce que la commodité ſe preſente de monſtrer les vaiſſeaux vmbilicaux, plongez de- - dans ledit ventre, qui ſont vne veine, deux arteres, & le pore Vraque ſi aucun en y a. Ce fait, faut prendre , vne droite ligne du milieu de l'os Pectoral, dit Sternon, par deſſus le cartilage Xiphoïde, dit la Fourchette r iuſques à l'os Pubis, laquelle diuiſe leſdites parties contenantes,communes iuſques à la ſuperficie des muſ- -- cles,ou ligne blanche,& conſequemment deux autres tranſuerſales de meſme profondeur,conduites des par. , , ties laterales de la cerneure du nombril iuſques aux Lombes:& ce afin que plus facilement on puiſſe ſeparer B - d'vn coſté,& d'autre ledit cuir des parties ſubjacentes,& faire qu'il n'empeſche point de les bien voir,&con- :: templer. Tout cecy fait, faut commencer de ſeparer le cuir des autres parties,les angles deſignez en tout ledit , º nombril, & monſtrer comment il eſt double,à ſçauoir vray,& non vray,& commeils ſont appellez de propre ; # nom, rendant raiſon de leur appellation. Ce que nous ferons non ſeulement icy, mais en toutes les autres m, parties, tant qu'il ſera poſſible : & pourſuiurons en icelles les neufchoſes par nous declarées au Proème de . , c- ce preſent liure, commençant au cuir,comme la partie qni s'offre la premiere au ſens de la veue. Du Cuir. - CH A P. I I I. / •º - E cuir,premiere & vniuerſelle partie de noſtre corps, eſt double : vn vray,& l'autre non vrav, Le vray eft dit zerma èn Grec,pource que ſelon ſa plus grande partie,il ſe peut eſcorcher,& ſe- parer des autres ſujèttes : ie dis ſelon ſa plus grande partie, parce qu'és parties de la face, és oreilles,à la paume de lamain,& doigts d'icelle,és parties honteuſes,plante des pieds,& doigts d'iceux,il eſt tellement infiltré,&meſlé auecques les parties ſujettes qu'on ne le ſçauroit ſepa- rer d'icelles.Le nom vray(lequel tout premierement nous declarerons,comme celuy qui premier ſe preſen- te au ſens de la veuë ) eſt appellé des Grecs Epidermis,parce qu'il s'eſtend,& couche ſur le vray : nous l'ap- pellons en noſtre langage cuticule, ou petite peau, duquel la ſubſtance eſt de l'excrement oueffloreſcence reſſeichée du vray cuir.Car que ſa ſubſtance ne ſoit de ſa ſemence, il appert en ce que,comme aisément elle * ſe perd, auſſi aisément elle ſe repare(ce qui n'eſt des parties ſpermatiques.)Ceſte cuticule,tant par ſoy que ſeparée, & abſtraicte : nous eſt clairement demonſtrée en deux façons, ſçauoir eſt par aduſtion faite par feu, ou bien par vehement ſoleil és perſonnes freſches & delicates,quine l'ont accouſtumé.Sa quantité,ou magnitude en profondeur eſt bien petite,mais en largeur elle eſt d'autant plus grande:pource qu'iceluy de- uoit couurir le vray cuir, pour la raiſon qul ſera dite cy-apres. Quant à ſa figure,il eſt rond & long, com- * me les parties qu'il couure. Sa compoſition eſt obſcure : toutesfois puis qu'il eſt excrement du vray cuir, il eſt compoſé de la ſuperfluité excrementeuſe des nerfs,veines, & arteres, & propre chair d'iceluy. Il eſt vni- · que comme le vray cuir , lequel exterieurement il reueſt comme nous auons dit, & ſur lequel il eſt ſitué; afin qu'il fuſt moyen entre l'object du tact, & la faculté tactiue fixe, diſtribuée par tout le vray cuir, auec lequel ſeul il eſt conioinct. Quant à ſa complexion & temperament, il eſt moyen entre tous,ſelon la cómu- ne opinion des Medecins : pource qu'eſtant moyen entre l'object,'& la faculté, s'il euſt eſté chaud, froid , * ſec,ou humide en exuperance,il euſt repreſenté à la faculté toutes choſes tactiles de ſa meſme qualité:ainſi que nous voyons toutes couleurs eſtre repreſentées de couleur rouge ou verte, par les lunetttes rouges, ou vertes, pour laquelle meſme raiſon il n'a aucun ſentiment. D'action il n'en a point, mais il a vſage, qui eſt de côſerucr,& polir,tant qu'illuy eſt poſſible,le vray cuir,en ſorte qu'il ſemble que nature l'ait ainſi pro- L'Epidermis duit,afin qu'il luy fuſt parement, & dernier ornement.En cecy les bons ouuriers l'imitent leſquels pour em- ſ ºu bellir leur ouurage, le rabottent & raclent, & en fin le poliſſent. Et par ce tu entendras que toutes parties rendrer. n'ont pas action, mais toutes ont quelque vſage,ſuiuant ce que dit Ariſtote, que nature n'a rien fait en vain. - Dauantage tu noteras , que ce dit cuir deperdu ſe peut regenerer par tout, fors que ſur la cicatrice : Puis • • ! que iamais il n'a faute de matiere, ny faculté formatrice, fors qu'au ſuſdict lieu cicatricé. Pourquoy le vray cuir eſt appellé Der- 777,3, Du vray Cuir. - C H A P. I V. D §é E vray cuir,que nous auons appellé Dermº,eſtde ſubſtance ſpermatique, & à ceſte cauſe la portion , d'iceluy deperdue ne ſe peut regenerer telle qu'elle eſtoit. Parquoy en lieu d'icelle s'engendre vne autre:qu'on appelle cicatrice,laquelle eſt faite de chair deſſeichée outre ſapropre nature.ll eſt de $ºantité quantité aſſez grande en profondeur , comme vn chacun peut voir par la diſſection , & feparation d'auec la - - chair.en largeur il enueloppe tout le corps, horſmis les yeux,la bouche,les extremitez des doigts,la part où v" les ongles ſöt attachés,les narines,oreilles,membre viril,ſiege,vulue,parties dediées à jetter hors les excre- t mens.Sa figure eſt telle que nous auons ditde l'Epiderme, à ſçauoir ronde, & oblongue, auecques certaines ' productions deſcendantes aux extremitez.Où tunoteras que ladite figure luy a eſté baillée ainſi preſque qu'à - toutes autres parties,comme la plus parfaicte, & moins ſujette aux maux,& incommoditez externes,& Plus • capable que nulle autre. Il eſt compoſé de nerfs, veines, & arteres, & de ſa propre chair ou ſubſtance,que " qompoſition. † dit eſtre ſpermatique,commevenant de l'apophyſe du Chorion,autrement dit #ne# - . Le vray cnir le conduit les vaiſſeaux ſpermatiques iuſques au nombril: auquel endroit en laiſſant aller leſdicts vaiſſeaux >- prena#" chacun en ſon lieu ordonné de nature, elle s'eſtend & dilate a le generation dudit cuir, ainſi qu'il appert - origin, du par la diſſection , & ſimilitude de l'vn à l'autre : car ſi le C horion eſt double , inſenſible , enueloppant tout Chorion. le Fœtus eſtant legerement lié aucc la premiere tunique dicte Amnicos:auſſi eſt le cuir double , inſenſible, de ſoy ( autrement en vain luy ſeroient baillez les nerfs des parties ſujettes ) enueloppant tout le corps eſtant legerement lié auec le Pannicule charneux produit de l'Amnios. Que ſi on m'objecte que l'Epi- dermis n'eſt partie du cuir produite d'vne des membranes du Chorion , veu qu'elle eſt inſenſible & ſe- Parable de l'autre interne,& entierement differente d'icelle:ie te reſpons, que ſi eſt,ſion y regarde de Pres: - C21 • - Subſtance.' CIe IIXIIaUOIIIIC. o 3 , A car que l'interne ſoit eſpeſſe, ſenſible, viuante , charnuë, elle ne l'eſt de ſoy , mais pluſtoſt par le benefice des parties qu'elle reçoit des trois † principales,au contraire de l'exterieure : laquelle, combien qu'el- le reçeuſt pareils benefices des ſuſdites parties,ſi eſt-ce qu'à raiſon des incommoditez exterieures,qui con- tinuellement agiſſent a l'encontre d'elle qui ſont l attouchement des qualitez, tant premieres que ſecon- des) ne luy profiteroient de rien.Il eſt vnique pour#e qu'il n'auoit à couººº § † † ſça- 'gir le corps humain, tout à l'entour duquel il s eſt ſitué, excepté és parties § le # pre § § COIl- tespp eſt,qu'il ſe lieauec les parties ſubiacentes,par nerfs, veines,&§ † § † l1 § §s6lu'ilyait entre toutes les Parties du corps communicatiºn §†§§ ll † § fait entier,mperament ProPre,ºº eſgard à ſa compoſition,corps &ſub 2nCc,c § † qu 1I e ticules des nef des Parties ſpermatiques,leſquelles ſont naturellemét telles, combien qu'eu e# § † eſt temperé en toüines,arteres, & filamens charneux quiſe meſlent parmy ſon propre § - § § § & § d'iualitez,comme meſlé d'egales portiös departies froides,ſeiches,chaudes & humides. f Vd 8 d§ § #eſtd'enſerrer, & contenir en bonne vnion toutes les parties du corps en lesde- § §§ ſcauſe dequoy principalement il a eſté fait par tout † # § # uertie, par le ſentiment d'iceluy, àleur dignité,& neceſſité,& ce afin §† † † ll § § C qu'il eſt poreux, & tranſpirable, ainſ#gſº à eux contraires ou conuenables. † dUIt CIltCIl § - irer à ſov l'air ambi ourrefrigPº† par les ſueurs afin que par tels pores lºsarteres Pui# ſent attirer à ſoy l'air ambient, p c & nourrir la chaleur naturelle fixe, & expeller dehors les excrements fuligineux, leſquels en hyuer par [è& - - - - - - .* ent leſdits pores,ou entre chair & cuir , ou en- tre leſdites peaux , principalement entre les parti# bouchent l pores, 2 - - - - - - •poſées à l'air ambient. Iceux excrements eſtans rete- nus font noirceur, & immondicité eſdites §aqº C - - - - - - - eſt chaſſée par chaleur conioincte auec humidité, qui au contraire ouure ceſdits pores,& ſubtiliſe les huméº p - - - - - L'attraction d'air faite par les arteres eſt de- monſtrée aux femmes qui ont ſuffocation de l'amarry, leſque ne demonſtrent auoir autre fuition d'air, que de celuy qui eſt attiré de la ſuperficie du corps par leſdites ą Du Pannicule charneux. CH - p. V. PR E s le vray cuir , s'enſuit vne membrane,que les Anatomiſtes appulent pannicule charneux lequel afin que nous puiſſions mieux expliquer nous declarerons que c'e que membrane, & en combien de ſortes elle eſt prinſe,puis nous rendrons raiſon pourquoy ellë.ſt appellée icy Pan- nicule charneux. Membrane donc eſt vne partie ſimple, # e » Platte, & e-liée, toutesfois forte & denſe, blanche & nerueuſe , & ſans grand danger ſe pouuant eſtendre, & § Elle prend quelquesfois le nom de Tunique,à ſçauoir lors qu'elle reueſt vne autre partie. En ce lieu cy elle eº appellée Pannicule charneux , pource qu'en aucuns endroicts elle prend chair, & ſe rend muſculeuſe , comme à l'homme, depuis les clauicules iuſques à la † du poil de la teſte : & pource eſt appellée audit endroit Muſcle large : aux autres endroits du coprs , elle n'eſt que membrane ſimple , meſlée pâr cy par là auec la greſſe aſſez ſubjacente : & pource peut eſtre dite Pannicule adipeux. Mais aux beſtes (deſquelles elle a pris ſa denomination telle, comme de la partie dominante ) elle eſt manifeſtement charneuſe, & muſculeu- ſe par tout le corps,ainſi que l'on peut voir aux cheuaux,& aux bœufs : & ce afin qu eſtant mobile ils puiſ- ſent chaſſer les mouſches,& autres animaux qui les poignent.Ces choſes ainſi conſiderées,nous diſons ledit Pannicule charneux eſtre ſon propre corps de ſubſtance nerueuſe, ou membraneuſe , comme venant de la membrane prochaine du Fœtus,nomméeAmnios,dilatée pour ſa generation ſur la racine du nombril.Où il faut noter que tout ainſi que le Chorion,Amnios membranes liées enſemble par petites fibres nerueuſes,paſ- ſans de l'vn à l'autre,& extremité des vaiſſeaux, enueloppent,& enuironnent le petit Fœtus durant le temps qu'il habite en lamatrice:ainſi le cuir,& Pannicule charneux vnis:& conioincts par meſmes liens, enuelop- pent,& enuironnent tout le corps durant le temps qu'il habite dans la grande matrice mondaine. Et pource elle eſt égale,& ſemblable en quantité & figure au vray cuir,horſmis qu'elle eſt contenue d'iceluy,quelques- fois en aucuns lieux meſlée auec greſſe,aux autres augmentée de chair, aux autres toute ſimple. Sa compo- t,tion telle que nous la voyons à l'œil, eſt de veines,arteres,nerfs,& propre chair meſlée auec greſſe,& chair muſculeuſe, ſelon aucunes parties du corps. Il eft vnique , pour l'vtilité qui ſera dite cy-apres, eſtant ſitué entre le cuir & greſſe ; ou tunique comme des muſcles : auec leſquelles parties,& autres à luy ſubjacentes; ·l eſt conioinct princicipalement par les veines,arteres, & nerfs, quimontent des parties internes en ſa ſub- ſtance,& par icelles au cuir exterieur.Son temperament eſt diuers, ſelon la diuerſité des parties qui le com- poſent.Son vtilité eſt d'enforcer,conduire,& conſeruer les vaiſſeaux qui vont aucuir, & ſuperficiellement aux autres parties:aux beſtes dauantage,pour mouuoir le cuir, pour la raiſon ſuſdite. De la Greſſe-». C H A P. V I. $ A Greſſe eſtant ( ainſi que nous auons dit, parlant des parties ſimilaires ) plus excrement que partie , eſt de ſubſtance oleagineuſe, prouenante de la partie du ſangaerée, & vaporeuſe, la- % quelle reſude par les poroſitez des tuniques,ou bien par l'extremité des veines, & arteres,à l'en- tour des tuniques , & membranes nerueuſes, & froides, au moyen dequoy ladicte vapeur olea- gneuſe eſt conuertie † par la froideur deſdites parties.Et de ce l'on peut entendre,que la cauſe effi- ciente d'icelle eſt la froideur, c'eſt à dire chaleur plus tiede,remiſe, & moins efficace : & conſequemment, qu'autant que l animal ſanguin eſt plus froid,d'autant a il plus de greſſe:comme nous voyons par experience, non ſeulement entre animaux de diuerſe eſpece,mais auſſi de meſme eſpece,non ſeulement entre maſle & fe- melle,mais entre deux maſles, ou deux femelles, quandl'vn eſt plus froid que l'autre. Do'ù procede que la quantité d'icelle greſſe eſt plus grande ou plus petite,à raiſon du temperament de tout le corps,& de ſes par- thes. Quant à ſa compoſition elle eſt faite de la ſubſtance ſuſdite meſlée auecques certaines membranes, ou fibres nerueuſes,veines,& arteres.Et eſt ſituée de ſa plus notable,& inſigne quantité entre le Pannicule char- neux,& la tunique commune des muſcles. Ie dy notamment ſa plus inſigne partie, pource qu'on la trouue preſque par tout le corps,ſelon plus ou moins, toutesfois(ainſi que nous auons dit)toufiours pres des par- ties nerueuſes,auſquelles elle eſt annexée. Quelques Anatomiſtes ont icy demandé , ſi la greſſe eſtoit ſur le Pannicule charneux,ou deſſous : mais ceſte queſtion me ſemble inutile, car on la trouue ſouuent, & deſſous, & deſſus. Son temperament eſt mediocre, entre chaude, & froide, comme venant de la partie plus aerée du ſang,combien que ſelon ſa cauſe efficiente qui eſt le froid, elle deuſt eſtre froide,au reſte humide inſigne- ment Son vtilité eſt d'humecter les parties,leſquelles par trop grande abſtinence,& vehemens exercices & chaleurs immoderées peuuent eſtre par trop deſſeichées.Semblablement d'eſchauffer,mais plus par accident F 2. que Nombre, - • 2 : · • • - -• • , - • º Situation. Connexion. Temperamét, Vſage. Membrane. Diuerſes'ap- pellations de membran°. Subſtancº. 9) uantité. Figure. Compoſition. Nombre. Cennexion, Tomperamét Vtilité. Subſtance. 9)uantité. Compoſiticn. Situatio", Conexion &:- temperamè: = UF - -ILv-UTUTITUTIIIc ICTUIre- - | •-r < Vtilité. que àe la • † , ºº accident, pource qu'eſchauffée, elle eſchauffe leſdictes pa*ties : oubien à cauſ - : " † † § chaleur naturelle ne s'exhale, comme fait le froid en Hyuer , dont les ventres ſont = | º aites plus chaººº temps là qu'en Eſté. Ie ſçay bien que quelques doctes Medecin* de noſtre temps Ont a Hippocra» º debatu, o greſſe eſt chaude de ſon temperament, & que ſa cauſe efficiente eſt chaleur tempo- #º §u rée,& non le froid : mais ie laiſſe ces queſtions plus ſubtiles aux Phyſiciens. Or eſt à noter,qu'aux iointures gº 1 liure des Partie# qui ºnt frºquent mouuement, outrouuevne autre eſpece de greſſe beaucoup plus ſolide,& du % º»que celle de laquelle nous auons parlé, qui eſt ſounent accompagnée d'vn humeur viſqueux & g qi 4- ſºrt Diuerſes eſ comme le blanc d'vn œuf, pour plus longuement les humecter, & lubrifier ſelon leur exigence 2 dºs ! pce pe ces de º mºuuement ſoit plus libre : à limitation dequoy nous voyons qu'on lubrifie des choſes vnºs § 5S pr greſſe, corps durs , & ſolides agitez par frequent mouuement, comme la roue d'vne charrette, #avr § O §. I : 1 Il y a ºº ºº autre eſpece de greſſe, que nous appellons le Sein, laquelle ne differ#m § d #l grcfle» [c ſinon qu'elle eſt plus ſeiche,la partie d'icelle plus humide,ſubtile, & molle,eſtant ºaement † # gran- •:: de chaleur du lieu,à raiſon de la multitude des veines, & arteres & ſe trouue P#v§ 2Il § entere, ::: à l'entour des reins , & ſur les lombes,& baſe du cœur.La greſſe ſe conſoR'chaleuri † Inence, d, Par faute de manger, ſe deſſeiche, & endurcit par les exercicesvehem Chaleur 1mmoderée. Ainſi12 •::: - - #ºrön le cœur, eſtre plus fe # ! voyons-nous au dedans de la main, & plante des pieds, ſous l'œil,, - plus terme, " ! - preſque charneuſe en denſité & d§ raiſon que §i mOlll'. :éfit & chaleur, ſa plus ſubtile, & hu- B | mide Portion eſtant comme fondue & diſſipée, reſte la plus , º & terreſtre. - 7l7 De la tunique commune des Muſº C H A P. V I I. . | | | zt Subſtance. P R E s ceſte greffe l'onvoit vne † eſpandue par deſſus tous les muſcles : à cauſe dequoy # $uantité. # elle eſt dite commune d'iceux. & ſtance eſt nerueuſe comme de toute autre membrane. Sa - " , ! # quantite, & largeur eſt defini#ºººº des parties qu elle couure , à ſçauoir des muſcles de - # Figure. 1 º" l'Epigaſtre, celle qui §éſdits muſcles; & ainſi des autres.Sa figure eſt ronde.Sa compoſi-, - Compoſition tion, de veines, arteres, nerf, & oPre chair tiſſue des trois genres de fibres.Son origine eſt du Perioſte, # origine la part où les os baillent ligarºt à leurs muſcles , ou bien ſelon aucuns, des fibres nerueuſes, & ligamen- º teuſes deſdits muſcles,leſo Is ſortant à la ſuperficie de la chair,s'vniſſent pour ſa generation.Orvenantla- • r,& dite membrane du perie ce comme fait tout autre, contenue ſous la teſte immediatement ou mediatement) - 4LU : elle s'aualle ſur leſdi muſcles par leurs tendons. Que ſi quelqu'vn m'objecte que la preſente membraneſe- lts : parée du ventre d, muſcle vers le ligament, ſemble finir en iceluy : ie reſpons, que la nature de la partie g ! Nombre. nerueuſe eſt de1e lier tellement àvne autre à ſoy ſemblable,ique difficilement les peut-on ſeparer teſmoin - or Connexion les Apo net oſes des muſcles obliques,& tranſuerſaux,& Peritoine de l'Epigaſtre. Celle qui couure les muſ- cen " cles de 3 Epigaſtre, eſt vnique, ſi vous n'aimez mieux en faire deux : vne dextre, & l'autre ſeneſtre dîuiſée trr. par la ligne blanche. Sa ſituation eſt entre la greſſe & les muſcles,auec leſquelles parties elle eſt conioincte ::::: »- * / - a - par filets plus deliez que filets d'araignée, & par ſes vaiſſeaux auecques les trois principales parties : & eſt |x : Vtilité . temperamét froid,& ſec. Son vtilité eſt de conſeruer les muſcles en leur naturelle conionction, les preſer- C - gr H º uant tant qu'en elle eſt,du danger de pourriture,qui leur peut aduenir de la ſuppuration qui ſe faitentre les - 1 - --- parties ſimilaires,& ſeparation d'iceux.Et pource ſeparant la greſſe de l'Epigaſtre,par la diſſection duquel tu # commenceras ton operation anatomique,tu te garderas de la coupper, & premier que toucheraux muſcles, #:: regarderas à la bien ſeparer,afin que plus aiſément tu puiſſes leuer leſdits muſcles, voyant la ſeparation d'vn C3 . chacun par vne ligne blanche,laquelle eſt faite de la concurrence des tuniques propres à chacun muſcle. #r - - - - - — ! | -- Definition du muſcle, & declaration de ces differences. C H A P. V III - #::: Definition #V s c L E eſtl'inſtrument dumouuement volontaire, qui ſe fait en ſixmanieres fimples, c'eſt à ſçauoir, ,.. du muſcle. Cn haut , en bas, deuant, derriere, à dextre, & ſeneſtre : & en vne compoſée nommée circulaire ouen It : rond,qui ſe fait par la continuelle ſucceſſion du mouuement des muſcles ſituez à l'entour de la partie qu'ils kr cauſe du meuuent, ainſi qu'on voit au mouuement du bras du fauconnier, quand il leurre, & duit ſes oiſeaux. Il y a ses mouuement certaines parties en nous, qui ont mouuement ſans muſcle,& auſſi tel mouuement n'eſt volontaire : comme le - des membres cœur,l'eſtomach,les inteſtins,les deux veſſies, ſçauoir de l'vrine,& du fiel la matrice & pluſieurs autres par- -- en rond. ties de noſtre corps,ont mouuement,leſquels leur ſont naturels, qui ne conſiſtent point en noſtre volonté, -- arbitre,&deliberation,parce qu'ils n'ont point de muſcles:toutesfois font attraction,expulſion,& retention, J. - - qui ſe fait parce qu'ils ont les trois eſpeces de filamens.Par les filets droicts il ſe fait attraction,& par les tra- : # uerſiers expulſion,& par les obliques la retention Les differences des muſcles,leſquels ſont pluſieurs, ſont s s muſcles. prinſes de leur ſubſtâce,origine,inſertion,de la partielaquelle ils meuuent,de leur forme ou figure,des trous, :- de la magnitude de la couleur,de leur fituation,des genres de fibres,de la coherence,& connexion d'icelles: &L: des teſtes d'iceux,de leurs ventres,des tendons,de l'oppoſition d'iceux en leur actió,& de leur † leur D l - **ſºbſtance ſubſtance:car les vns ſont dicts nerueux,veineux,&arterieux,pource qu'ils ont ſenſiblement nerf veine &ar- - tere,commé le Diaphragme,les Intercoſtaux,ceux de l'Epigaſtre, & pluſieurs autres les autres non, pource t, que ſenſiblement ils ne reçoiuent nerf,veine,ny artere,jaçoit qu'occultement ils en reçoiuent quelque por- - : tion pour eſtre animez,viuifiez & nourris,comme ceux du poignet,& les lumbricaux de la main,& du pied: ·ss combien que par aduenture on puiſſe obſeruer quelques nerfs ſenſibles bien petits, inſerez en ces muſcles, '! mais nous mettons cecy pour exemple. Aucuns veulent que les muſcles different en leur ſubſtance, en telle - ſorte que les vris-ſoient plus charnus,les autres plus nerueux,les autres plus membraneux. - | De l'origine : car les vns naiſſent des os, comme ceux qui meuuent bras,& iambes:les autres des cartila- ges , comme ceux du Larynx : aucuns des membranes, qui reueſtent les tendons , comme les lumbricaux tant des pieds que des mains : autres des ligamens, comme ceux de la partie ſuperieure du pied,que nous appellons Abducteurs des doigts,ou Pedieux.les autres du muſcle,comme les deux plus bas de la verge,leſ- quels procedent du Sphincter du ſiege,les autres n'ont aucune origine.Mais la membrane,que nous auons ap- pellé Pannicule charneux,en certains endroits prend chair & ſe faict muſcle,comme aux muſcles ſuſpenſoi- res des Teſticules,muſcle large de la face,& ſi tuveux,au Diaphragme,lequel eſt faict de deux tuniques(c'eſt t à ſçauoir de la Pleuretique,& du Peritoine)prend chair pres ſon centre entre icelles.Dauantage,les vns ſor- , L'origine du tent d'vn ſeul os, comme ceux qui flechiſſent, & eftendent le coulde, &c. Les autres, de pluſieurs, com- - muſele eſt me les obliques deſcendans, dorſaux, & pluſieurs du col, leſquels ſortent de plufieurs coſtez des Spon- , eſtimée de la dyles.Autres, ſelon aucuns ſortent des os , & cartilages de l'os Pubis, comme les droits de l'Epigaſtre. - , Pº,1º tº Ce qui me ſemble autrement,ſaufleur reuerence, d'autant que l'origine du muſcle,ſelon la commune opi- , ***"f nion,doit eſtre eſtimée de la part qu'il reçoit le nerfOr leſdits muſcles prennent le nerfde ceux qui ſortent : parmy , - ,. A parmy les coſtes. Parquoy à bon droit leur origine doit eſtre aſſignée aux parties laterales du Cartila nommé Scutiforme , comme il ſera declaré en ſon lieu. De l'inſertion : car les vns s'inſerent à l'os, comme De l'inſer. ceux qui meuuent la teſte,bras,& iambes : les autres au Cartilage,comme ceux du Larynx,des palpebres,du tien. nez, & obliques aſcendans de l'Epigaſtre : aucuns à tous deux, comme les droits de l'Epigaſtre, & le Dia- phragme : d'autres au cuir, comme ceux des lévres aucuns aux tuniques, comme ceux des yeux : les autres aux ligamens, comme ceux du membre viril. Dauantage, de l'inſertion, & origine on peut prendre telles autres differences. Auſſi des muſcles,les vns ſortent de pluſieurs parties, & s'inſerent à vne ſeulement, comme ſont pluſieurs qui meuuent le bras, & le parleron : leſquels ſortans de pluſieurs parties,c'eſt à ſçauoir des Spondyles,s'implantent ſur l'os du bras,ou paleron. Les autres ſortent d'vne partie, & s'attachent à pluſieurs,comme celuy qui ſort de la baſe du pale- ron,lequel s'eſtend & inſere ſur les huict ou neufcoſtes ſuperieures, pour aider à faire la reſpiration : & les Flecheurs & eſtendeurs des doigts,tant du pied que de la main. Les autres ſortent de pluſieurs os,& s'inſe- rent auſſi à pluſieurs : comme certains ſeruans à la reſpiration,que nous appellons Dentelez poſterieurs, & le Demy-ſpineux, qui enuoye vn tendon à toutes les coſtes. Les autres ſortent de pluſieurs os, & definent aux cartilages de ſept coſtes vrayes, comme les deux cachez ſous le Sternon. Outre plus, de ces deux diffe- rences enſemble conſiderées,telle difference peut eſtre priſe deſdits muſcles,que les vns ſortent d'vn os,& s'inſerent au plus prochain, pour iceluy mouuoir & affermir auec luy,comme les trois de la feſſe: les autres ſortent d'vn os ſuperieur, ſans s'attacher à ſon prochain, mais à vn autre, comme les muſcles Couſturiers, que nous appellerons autrement Muſcles longs.De la partie qu'ils meuuét:car lesvns ſont appellezTempo- De la partie raux, pource qu'ils meuuent les temples : les autres ſont dits Maſticatoires, pource qu'en forme de meule qu'il, § 'demoulin ils font tourner la maſchoüere enmaſchant lesviandes,& ſont appellez maſcheurs. De la forme,ou uent. - B figure;carles vns ſont ſemblables à rats,& lezardes,auſquelles on a coupé les jambes,pource qu'ils ont ven- De la forme, tre oucorps, & tendon ſemblables à la teſte, ventre & queuë deſdits animaux : au moyen dequoy ont eſté ou figure. , nommez de ce nom Muſcle ou Lezard. Tels & ſemblables ſont ceux qui flechiſſent le Carpe, & ceux quiad- , herent à l'os de la iambe,qui eſtendent le pied:comme auſſi le Tenar de la main , & autres ſemblables. Au- * cuns ſont triangulaires, comme celuy qui leue le bras, dit Epomis,autrementDeltoide,& celuy qui le mei- ne vers le Thorax,nommé Pectoral. Les autres ſont quadrangulaires, comme le Rhomboïde de l'Omopla-Dºº Poisnete te, & les deuxDentelez poſterieurs ſeruans à la reſpiration:& ceux du Poignet qui ſont la main prone. Les ººººººº autres ont plusdequatre angles, comme l'Oblique deſcendant,& celuy que l'Omoplate qui ſe joint auec luy. ** Les autres ſont ronds & larges, comme le Diaphragme : les autres circulaires,comme les Sphincteres du ſie- ge, & de laveſſie. Il y en a d'autres de figure pyramidale, comme le ſeptieſme de l'œil,ſitué autour du nerf optique aux beſtes,non àl'homme.Les autres ſont faits en forme de demy-cercle ou Croiſſant,côme ceſtuy qui ferme l'œil,ſitué autour du petit anglè dudit œil.Aucuns ſont de figure de capuchö,ou cahuet de Moyne, comme les Trapezes de l'Omoplate.Dauantage aucuns ſont eſtroits en leur origine,& larges en leurfin,côme le dentelé de l'Omoplate,& les tranſuerſaux de l'epigaſtreiles autres aucontraire,côme les trois des feſſes. Aucuns ſont d'egale largeur, tant à leur connexion qu'à leur fin, comme les Intercoſtaux, & ceux du Poi- gnet.Autres ſont longs & greſles,comme le long de la cuiſſe, qu'auons nommé Couſturier : les autres ſont longs & larges, comme les obliques deſcendans de l'Epigaſtre. D'autres au contraire, comme les interco- f)es trcus. ftaux qui ſont peu larges.Des trous : car les vns ſont troüez, comme le Diaphragme,auquely a trois trous, & les obliques,&tranſuerſaux de l'Epigaſtre,pour bailler iſſue aux vaiſſeaux ſpermatiques,preparans entrée aux Eiaculatoires,reconduits par la tunique Erythrois les autres n'ont point de trou. De la magnitude : car De la me les vns ſont tres-grands,comme deux des feſſes : les autres tres-petits, comme les huict petits du col,& les rnitude (C propres du Larynx,& les Lumbricaux : les autres moyens entre iceux. De la couleur:car les vns ſont blancs | De la cou . & rouges, comme les Crotaphytes, qui du milieu de leur ventre produiſent leurs tendons : les autres ſont leur. liuides,comme les trois plus grands du Pommeau de la iambe : laquelle couleur eſt donnée par le meſlange de la tunique blanche on Aponeuroſe tendineuſe auec leur chair rouge : laquelle tunique par ſon eſpeſſeur retenant la couleur de la chair qu'elle ne reluiſe, facilement repreſente telle couleur. De la ſituation : car De la ſitua- les vns ſont ſuperficiels, comme ceux qui apparoiſſent ſous le cuir & greſſe : les autres ſont profonds, & ca- chez, comme ceux du Iarret, & les quatre Gemeaux.Aucuns ſont ſituez directement ſelon la longitude de - la partie où ils ſont,comme ceux de la cuiſſe mouuans la iambe, excepté le Poplitique : les autres oblique- ment,comme les obliques de l'Epigaſtre:les autrestranſuerſalement comme les tranſuerſaux dudit Epigaſtre. Où noteras, que combien que toutes fibres de muſcle ſoient droictes,neantmoins nous les appellons Obli- ques,ou Tranſuerſales, par comparaiſon aux muſcles droits : pource que par la concurrence de leurs fibres, Genres de fi- l'vn fait vn angle aigu,& l'autre droit.Des genres de fibres : car les vns n'ont qu'vne ſorte de fibres, com- bres. me preſque tous les autres en ont deux, venans d'enhaut, & en bas, leſquelles aux vns ſe croiſent en forme de X.comme aux Pectoraux,& Maſticatoires aux autres ne ſe croiſent point commeaux Trapezes.Les autres De la coha- font tous les trois genres de fibres, comme le Muſcle large, couurant la face. De la coherence, & conne- rence & cen- xion,ou texture des fibres neruerſes d'iceux:car les vns ont leurs fibres plus diſtantes en leur origine qu'au-mºion. tre part, comme ceux des feſſes : les autres les ont plus diſtantes au ventre, lequel ils ont fort gros, & leur D teſte & queue petite, comme pluſieurs de la iambe,& du bras : auſquels la grande multitude de chair meſ- - lée parmy les fibres, les rend ainſi diſtantes. Les autres les ont plus diſtantes à la fin,comme le grand Den- - telé, ſortant de la baſe du Paleron, ou Omoplate : autres egalement par tout, comme ceux du Poignet, & De la te#.. les Intercoſtaux. De la teſte : car les vns l'ont charnuë,& des fibres rares, comme ceux des feſſes:les autres l'ont totalement nerueuſe, comme le tres-large commun au bras & à l'Omoplate : & les trois de la cuiſſe, ſortans de la tuberofité de l'os Iſchion.Aucuns l'ont nerueuſe & charnuë, comme le Brachial tant interne qu'externe.Dauantage les vns n'ont qu'vne teſte:les autres en ont deux comme le flecheur du bras,& l'exter- Nom de nerf ne de la jambe. Les autres en ont trois, comme le Triceps de la cuiſſe. Et eſt à noter, que ce nom de Nerf eſt icy vſurpé largement pour ligament, nerf, & tendon, ainſi que dit Galien en ſon liure des Os. Outre plns faut entendre,que la teſte du muſcle quelquesfois eſt en haut,autresfois en bas,aucunesfois an milieu, comme au Diaphragme : ce qu'on cognoiſt par l'inſertion du nerf,lequel a de couſtume de s'inſerer au muſ- cle par la teſte d'iceluy. Du ventre : car les vns ont leur ventie des leur origine, comme ceux des feſſes:les autres l'ont prez de leur inſertion,ou à l'inſertion meſme,comme le Diaphragme:aucuns l'ont ſoudain apres leurs teſtes comme ceux du Pommeau de la jambe:les autres quelque peu loin, cóme ceux quimeuuent les Dºvºnºrº. bras en arriere,& qui flechiſſent les jambes:aucunsl'ont depuis la teſte iuſques à laqueue,côme les Interco- ftaux,& ceux du Poignet:les autres l'ont loin en leur inſertion, comme le Palmaire,& Plantire. Il enya auſſi qui ont deux ventres,diſtinguez par ſubſtance nerueuſe,côme ceux qui ouurent la bouche,& quimótent de la baſe del'apophyſe Carocoide de l'Omoplate Des tédôs:car les vns n'en ont point,ou moins manifeſtes,côme Des tendens ceux des lévres,& les Sphyncteres,Intercoſtaux,& ceux du Poignetiles autres partie en ont,& partie n'en ont - F 3 Point - # - ———— —-— • ount,cowne\º\ - - -- †§N\ S •e,il y en a deux. Aucuns vrayement en ont, mais d'iceux les Vº"ºnt les os A qui ſont aïïez §an\ies» les autres n'en meuuent point, comme ceux des yeux.Dauantºgºde ceux cyl§ evº$sme : lequel àl'extremité des fauſſes coſtes n'en à point, mai* à la premiere Verte. A l' #. - §arges & new braneux, comme ceux des yeux, & ceux de l'Epigaſtre, excePºlº droicts : les # - autres les ont gros & ronds, comme ceux qui flechiſſent les doigts : aucuns moins ronds , & plus larges que : gros & eſpés, comme eſt le tendon fait des Gemeaux, & Solaire de la iambe. Autres les ont cours , com- e me ceux qui font la main prone : les autres longs,comme le Palmaire, & Plantaire. Outre plus,les vns pro- º duiſent leurs tendons du bout de leurs ventres,qui ſont aſſez notoires : les autres dumilieu,comme les Cro- tt ! taphytes. Dauantage , les vns produiſent de leur ventre pluſieurs tendons : comme ceux qui flechiſſent les , doigts de la main, & eſtendent le pied : les autres en font vn ſeulement, qui ſe diuiſe quelquesfois en plu- , ſieurs, comme les flecheurs des tierces articulations du pied,& toutes celles des doigts.Autres pluſieurs en- | | ſemble ne font qu'vn tendon, comme les trois du Pommeau de laiambe, & ceux qui eſtendent le coude, & l, la iambe.Ils ſont tous engendrez,lors que les nerfs,& ligamens eſpandus par la chair du muſcle petit à petit -- ſe raſſemblent, & à la fin deſquels,ores qu'ils ſe lient, & s'attachent auxjoinctures s'eſlargiſſent,afin qu'elles # oppoſition fuſſent mieux flechies, & dreſſées. De l'oppoſition ou contrarieté de leurs actions : car les vns ont en leurs - de leurs actions muſcles contraires, comme les fiechiſſans, & les eſtendans : les autres n'en ont point, comme les | actions. Suſpenſoires des tefticules,& les Releueurs du boyau droit, & autres. De l'office : car les vns ſont deſtinez à | . faire mouuemens droits,comme ceux qui eſtendent les doigts du pied,& de la main,& ſemblables: les autres - De l'office à les faire obliques,comme ceux qui tournans la main vers le Ciel,nómez Supinateurs:& ceux qui la tournent B z ; vers la terre,nommez Pronateurs.Aucuns font l'vn & l'autre,comme le pectoral,lequelmeine obliquement le * bras en haut & en bas,ſelon que les fibres d'enhaut ou d'embas ſe retirent : & droitement, ſi toutes enſemble ;º - _ - operent,comme fait auſſi le Deltoïde,& Trapeze. I'ay bien voulu monſtrer ces differences pource qu'en les # º#ºº entédant on peut mieux prognoſtiquer,& deiiement appliquerremedes propres à chacune partie,&faire in- V #* ciſion en icelle,en cas de neceſſité,& ſuture:ou n'en faire point, à raiſon de la partie affligée qui eſt nerueuſe. N - (t rence des - muſcles. Des parties du Muſcle-º. CH A P. IX. # AMuſcle a - 1 - » • -- , ,'- parties ſim- \º, P R E s auoir entendu que c'eſt que Muſcle,& les differences d'iceluy, faut noter qu'il a par- #: ples & com- # ties compoſées, ou vniuerſelles ſimples ou particulieres. Les composées,ſont la teſte, ven- ft poſées. tres, & queuë : les ſimples ſont ligament, nerf, chair, veine,artere,& tunique. Or quant aux c é)s'eſtce que - · compoſées,par la teſte, eſt entendu le commencement du Muſcle,quelquesfois ligamenteux & C. la teſte d" 3º nerueux,quelquesfois auec ces deux-là charnu : par le ventre,toute la partie charneuſe par la muſel. queuë , le tendon fait partie du nerf, partie du ligament, qui confusément ſortent du ventre dudit muſcle. l, É\u'eſt ce que Quant aux ſimples,qui ſont ſix en nombre, trois ſont dictes Propres, & trois Communs. Les propres, ſone ra # # ligamens venans de l'os, nerfs venant du cerueau, ou de l'eſpine medullaire, & la chair faicte du ſang. Les : ! # l communes ſont la veine venant du foye , ou tronc ſortant d'iceluy : l'artere venant du cœur, ou vaiſſeaux - CMé'. - - - - - - -| #pr•- produits par iceluy : & la Tunique , laquelle eſt faicte de fibres nerueuſes & ligamenteuſes dudit muſcle § § §ſ abordantes ſur ſa ſuperficie. - - cle. Et quant à l'vſage de toutes ces partles ſimples, le nerf comme partie principale d'iceluy, luy taille ſenti- Parties com- ment,& mouuement par le moyen de l'eſprit animal:le ligament le rend fort.la chair contient ſes fibres ner- munes du ueuſes & ligamenteuſes, & les renforcit, rempliſſant les eſpaces vagues, qui ſont entre leur diuiſion. Da- muſcle. uantage elle conſerue l'humidité ſubſtantifique, & chaleur naturelle allumée en icelles, comme auſſi les de- ºil#*º fend contre toutes les injures externes, s'oppoſant comme ombrage, contre la trop grande chaleur:contre Pºſ". la froideur, comme couuerture : contre cheute ou choſes contondantes,comme vn couſſin : contre les vul- # du muſ- nºrante commeyn bouclier & defenſoire. La veine le nourrit, l'artere le viuifie, la tunique conſeruel'har- C', monie de toutes ſes parties:à fin qu'il n'en ſoit faicte aucune ruption, que les Grecs nomment Rhegma, ou Prompte corruption , lors qu'il ſe fait quelque abſcez entre leſdits muſcles, comme nous voyons eſtre faict cn Gangrene, lors que ceſte membrane eſt gaignée pour la pourriture de l'abſcez. Declaratiou particuliere d'vne chacune partie du Muſcle-º. CH A P. X. ! IDefiniti Q>s$@ E s choſes ainſi conſiderées,reſte que demonſtrions particulierementvne chacune partie,afin #. que rien ne puiſſe eſtre deſiré, ſi faire ſe peut. Et pour commencer, ºgament proprement I igament dit,eftvnepartie ſimple du corps humain, la plus terreſtre apres l'os & le cartilage, ſeiche, , fºc m'a aucun dure,froide & blanche; prenant ſa naiſſance des os ou cartilages mediatement , ou immedia- , ſentime nt. tement : deſquelles parties les muſcles ſortent(au moyen dequoy n'a aucun ſentiment)ſi ce - n'eſt que d'ailleurs il reçoiue quelque nerf: car par ce moyen les ligamens,qui conſtituent la , verge,& langue,& qui tiennent ferme ladicte verge, ont ſentiment, & s'inſerent à l'os & cartilage pour les | , lier enſemble, fortifier, & veſtir,qui ſont les trois principaux vſages du ligament, & ſe diſperſent pareille- l-- ment és membranes & muſcles pour les renforcir. - Definition Le nerf, en parlant proprement,eſt auſſi partie ſimple de noſtre corps, faicte & nourrie d'humeur pitui- · de nerf. teux & cras, comme eſt le cerueau,qui eſt ſon commencement & origine, comme la nucque, ayant ſeule- -': ment ſentiment, ou auec ce mouuement. Il y a des parties qui reçoiuent des nerfs, qui n'ont mouuement º Trois mem- volontaire, mais tant ſeulement ſentiment, comme les membranes, veines, arteres, inteſtins, & generale- V, ºranes dn ^ ment toutes les entrailles. Celuy nerf eſt couuert de deux membranes dudit cerueau, à ſçauoir , Dure, & , nerf. Pie mere, & d'vne tierce yſſante des ligaments, qui lient l'Occiput és vertebres, ou bien du Pericrane & - l Perioſte : par les fibres duquel,comme du ligament n'eſt entendue autre choſe que filets & greſles, blancs, , ! ſolides, froids, forts plus ou moins, ſelon leur ſubſtance : laquelle en partie eſt nerueuſe & ſenſible,en par- | Il y a troi tie ligamenteuſe & inſenſible. Le ſemblable te faut imaginer des fibres de la chair en leur genre. Où faut t tºnres 4e ſi- noter, qu'entre ces filets il y en a de droits pour attirer : des obliques, pour retenir ce qui leur eſt conue- # ºres. nable, des tranſuerſaux, pour expeller ce qui leur eſt contraire. Or quand les fibres tranſuerſaux s'eſten- " dent, leur largeur s'appetiſſe : & quand les droits, la longueur s'amoindrit : & quand tous enſemble , tant •: les droits, tranſuerſaux, que les obliques, s'amoncellent en eux-meſmes, tout le membre ſe retire & ride, * comme auſſi ſe deſploye & eſtend, quand ils s'allongiſſent.D'iceux les vns ſont conſacrez aux parties anima- #. les, pour accomplir leur mouuement, & ſont dit Animaux : les autres nommez Vitaux,aux parties vitales, #; ©. pour l'action du cœur & des arteres : les troiſieſmes aux parties naturelles , tant pour l'attraction, reten- ·: tion, qu'expulſion des alimens, des excremens, & ſont appellez naturels. Où faut noter que l'attraction #. d'vne chacune Partie ſimilaire n'eſt point faite par auçuns des filamens ſuſdits : mais pluſtoſt par la chaleur #:, - allumée * *. # -" \ IV • A. A - -- ... C \ \ \ " | | | | | | | V •e | | - allumée en icelles, ou vaeuité faite en la chair par icelle, ou familiarité de ſubſtance. La chair eſt pareille- ment partie fimple, & molle, faite de la partie plus pure du ſang , s'infinuant parmy les fibres des parties jà dictes, en les reueſtant pour les vſages ſuſdits. Icelle eſt vne defenſe , & rempart contre le chaud, & le froid, contre les cheutes & percuſſions, comme vn feutre, ou balle de laine,qui obeit doucement aux cho- ſes qui l'attouchent. Il y en a de trois ſortes , vne plus rouge, comme celles des muſcles des animaux ſan- guins & parfaicts, à cauſe que la chair des veaux encores ieunes, pour la grande humidité du ſang eſt blan- che, & des poiſſons, & autres animaux viuans en l'eau. L'autre plus blanche , meſmes aux ſuſdits animaux, comme celle du cœur, du Ventricule, & de l'Oeſophague, des Inteſtins , de la Veſſie, & de l'Amarry. La tierce maniere de chaireſt priſe pour la propre ſubſtanced'vn chacun viſcere,comme du Foye:ce qui demeu- re apres auoir oſté veines, arteres, tunique, & veſſie du fiel.Ainſi du Cerueau , des Reins, & de la Ratte. Aucuns adiouſtent vne quatrieſme eſpece fongueuſe, & entrelaſſée, qu'ils attribuent à la ſeule langue. La veine eſt le vaiſſeau ou tuyau du ſang, ou matiere d'iceluy, fait de ſubſtance ſpermatique : lequel en vne ſeu- le tunique a trois genres de filamens ; c'eſt à ſçauoir, Droits, Tranſuerſaux, & Cbliques,à l'vſage des fila- mens jà cy-deuant declarez. L'artere eſt ſemblablement vaiſſeau a ſang,mais plus ſpirituel & fiaue,compo- ſé auſſi de ſubſtance ſpermatique; mais en deux tuniques, comprenans les trois genres de filamens ſuſdits : dont l'externe eſt deliée, & tiſſue de filamens droicts, & aucuns obliques. L'Interne, cinq fois plus eſpeſſe que l'autre, eſt tiſſue de filamens tranſuerſaux : & eſt nommée Artere : pource qu'elle contient plus large- ment d'eſprit, comme la veſſie de ſang:à ceſte cauſe elle eſt ainſiappellée. Icelle ne contient ſeulement du ſang, mais auſſi des ſeroſitez : qu'il ſoit vray, Nature a produit deux arteres emulgentes, comme deux vei- nes or la tunique de l'artere eſt beaucoup plus eſpaiſſe que la veine, à raiſon qu'elle contient vn ſang chaud,ſubtil, & ſpirritueux ; † eſtant ſubtil & leger, & qui perpetuellement ſe meut,ſeroit en dan- er qu'il ne s'eſcoulaſt, s'il n'eſtoit enclos, & reſerré dans des tuniques denſes & eſpeſſes. Et quant à la † , elle contient en ſoy vn ſang pondereux, & tardif à mouuement ; & fi ſa tunique eſtoit denſe & eſ peſſe, il ne pourroit eſtre diſtribué aux parties circonuoiſines, ainſi ſon vtilité ſeroit abolie Preuoyant cela ce grand Architecteur,& maiſtre Ouurier de noſtre corps,a fabriqué les tuniques des vaiſſeaux contraires à la nature,& conſiſtance de la matiere qu'ils contiennent.Or cecy eſt grandement à noter,que ces vaiſſeaux, à ſçauoir veines & arteres, ont vne mutuelle application de leur orifice, qui de l'vne s'ouurent, & desbou chent en l'autre : & ainſi mutuellement ſe communiquent, & prennent l'vne de l'autre , le ſang & l'eſprit par voyes fort eſtroites, & inuiſibles:toutesfois cela ſe peut aſſez manifeſtement voir de la veine, & artere qui ſont au ply du coude : ce que i'ay monſtré aux Eſcoles de Medecine, faiſant les diſſectons. Quant aleur diuiſion, & autres vtilitez, elles te ſeront dictes en leur lieu. - JAtiion du Muſele, & comme il ſe faitt & accomplit. - L'action du Muſcle eſt de mouuoir, ou affermir, & aſſeurer la partie en laquelle il s'inſere, ſelon la de- termination de la volonté : ce qu'il fait quand il ſe retire vers ſon origine, laquelle eſt (comme nous auons dit, & pouuons entendre de ſamode d'operer)à l'endroit par lequel le nerf s'inſere. - C H A P, X I, - YAN r iuſques icy declaré † c'eſt que Muſcle, & differences d'iceluy, enſembe ſes para 3 ties, tant ſimples que compoſées, & l'vſage d'vne chacune en iceluy, & ſon action, & ma- % niere de l'accomplir & parfaire,il faut maintenant venir àl'explication particuliere d'vn cha• cun, commençant à ceux de l Epigaſtre, comme aux premieres en l'ordre de diſſection; leſ- quels ſont huict ; ſçauoir eſt, quatre obliques, deux de chacun coſté, deux droicts, vn de - chacun coſté : & deux tranſuerſaux, vn de chacun coſté, leſquels ſont ſemblables en force, grandeur, & action:i'entens ſion confere l'oppoſite auecl'oppoſite,comme l'oblique deſcendant d'vn coſté a l'Oblique, deſcendant de l'autre, & ainſi des autres. Nous pouuons outre ceux-cyadiouſter les deux petits, qui des os du penil montent ſur l'inſertion des droits, en forme pyramidale,que Monſieur Syluius appelle succenturiatos:nous les pouuons appeller triangu- laires du Penil, ou acceſſoires. Des deux Obliques ſituez de chacun coſté, vn monte, & l'autre deſcendau moyen dequoy ſont appellez Obliques aſcendans, deſcendans Or les premiers d'iceux qui ſe preſentent, premierement ſont les deſcendans : la ſubſtance deſquels eſt en partie ſanguine, & en partie ſpermatique, d'autant qu'ils ſont charneux, nerueux, & ligamenteux, veineux, arterieux, & membraneux : toutesfois plus charneux, ayans eſgard à la partie par deſſus toutes les autres dominantes,où regardant Hypocrate, il adit eſtre chair fimple. Leur magnitude eſt moyenne entre les plus grands, & plus petits. Leur figure eſt triangulaire. Leur compoſition eſt de toutes les parties cy-deuant declarées. Le nombre eſt de deux,com- me nous auons dit. Leur ſituation eſt Oblique, prenans leur commencement és ligaments dentelez de la ſixieſme, & ſeptieſme des vrayes coſtes, & de toutes les inferieures, partie anterieure de leurs muſcles plus auant que d'elles:d'où ſans deſcendre aux vertebres des Lumbes, les vont inſerercharnues au ſourcil exter- ne, & ſuperieur de l'os Ilien, & membraneux au demeurant dudit ſourcil inferieur de l'os Pubis, & ligne Blanche. Voilà la commune deſcription des muſcles obliques deſcendans:toutesfois Columbus les deſcrit bien autrement,& eſtime qu'ils ſe terminent en la ligne Blanche, non en l'os Pubis : car comme il dit:Pour- quoy s'inſereroient-ils à l'os Pubis quin'a point de mouuement ;Mais pource que ce ſeroit vne choſe infinie de declarer tout au longles opinions des Ânatomiſtes,ie me contenterayd'en aduertir le Lecteur en paſſant. leur connexion eſt auec les Obliques aſcendans , couchez par deſſous eux, & auec les droicts.Leur tem- Perament eſt double : vn chaud & humide, appartenant au ventre, & partie charneuſe : l'autre froid & ſec, aPPartenant à ſa partie ligamenteuſe,& tendineuſe. Leur action eſt de tirer les parties, eſquelles ils s'atta- chent vers leur origine, ou les affermir enſemble, comme nous auons dit de tout muſcle : mais particulie- rement(ſeparant chacun à par ſoy)tirent la hanche obliquement vers le cartilage Scutiforme. S'enſuiuent maintenant les Obliques aſcendans, leſquels ſont de meſme ſubſtance, quantité, figure, compoſition, nom- bre, & temperament que les ſuſdits. Leur ſituation eſt entre les ſuſdits, & Tranſuerſaux, auec leſquels ils ont connexion, principalement par les vaiſſeaux qui leur ſont donnez des parties ſubiacentes. Ils montent tout charnus de toute la ligne, autrement dicte Eſpine des os des Iles,aux extremitez des fauſſes coſtes, leſ- quelles ils ſemblent de receuoir tant par deſſus que par deſſous:eſtans charnus iuſques à la quatrieſme,& de la faits membraneux, s'en vont à la ligne Blanche par vne double Aponeuroſe, laquelle paſſe tant par deſſus que par deſſous les muſcles droits, ainſi que facilement on peut voir depuis le nombril en bas. Ils Prennent leur origine & commencement, quant à leur partie charneuſe, ſelon la ligne droicte, ou eſpine des os des Iles, vn peu plus bas que les deſcendans ne deſignent ſelon leur meſme partie charneuſe : mais E 4 Des Muſcles de l'Epigaſtre >. ſ, SwN\ſ. . Chair, - Trois ſºrte, de chair. Definiricn de veine. Definitien de l'nrtere, Pourquºy la tunique de l'artere eſt plus eſpaiſſe Abouche2 ment des veines &3 41"fº7'4'5, Action du muſcle. Huiſ/maf- cles de l'Ep- gaſtre. Muſcles obli- ques deſten- dans. Subſtance. Au 1.liure des Fraćtu- res,ſont.12. 9)uantité. Figure. Compoſition Nombre. Situation. Opinion con- traire de Co- quant . lumbus. Connexion, Tempera. fa9e5f. Aćtion obli.es aſ- cendans. Situation. Connexisn. - -Uro- -"-4 vº• w R. v º R. A. AvIE A-AV-TE V.-ET-wr- Origine ». uant à vne - - - # † des Lwo\oes ,wo\º\- en haut obliquement vers la ligne Blanche, a laquelle ſe soººº * ros Pubis, par deuant & par derriere, des eſpines de l'o §eurºleºs ndonmambraneux(lequel ſemble paſſer tantdeſſous que deſſº le muſcle droict Vſage-». A'iion. Muſclet droičts. Subſtance . Situation. Origine . '» Abonche- ment notable des Veines AMammillai- res auec les Epigaſtri- ques. Muſcles ac- ceſſoires ou triangulai- res de l'os Pubis. Muſcles ºranſuer- ſanx de l'E- pigaſtre. Figure. Situation. Origine. Aćtion. L'vtilité commune de tous les muſ. rles de l'E- pigaſtre. Belle vtilité du Diaphra- gme. •> & plus clairement ſous\NvYn bilic) & ſelon ſa partie charneuſe à l'extremité de toutes les fauſſes coſtes ,le ſ- quelles ſemblent prendre, & receuoir tant deſſus que deſſous. Et d'autant que cesmuſcles ſe terminent à la ligne Blanche, ils ont auſſi vn autre vſage, commun toutesfois à tous les muſcles de l Epigaſtre, qui eſt de comprimer les Boyaux. Leur action eſt (s'ils operent enſemble ) de tirer la poictrine en bas, & dilater le Thorax, & operant chacun à part, le tirer vers la hanche obliquement. Apres ceux-cy viennent les Droits longitudinaux , ainſi appellez, pource qu'ils deſcendent ſelon la rectitude du coprs, ioint auſſi qu'ils ont leurs fibres droites. Quant à leur ſubſtance, & autres choſes,qui ſont ſemblables aux precedens,nous n'en parlerons point,pour éuiter prolixité : ce que nous ferons auſſi en declarant les autres parties. Leur ſitua- tion eſt en la partie plus haute du Ventre, bornant (ſelon Galien , au liure del'vſage des parties ) l'Epiga- ſtre generalement pris , dit autrement ventre inferieur. Et ſont diuiſez notamment par la ligne Blanche,iuſ- ques au deſſous du nombril:auquel endroit apparoiſſent eſtre ioints l'vn auec l'autre iuſques à leur inſer- tion. Ils prennent leur origine , non de l'os Pubis , comme aucuns veulent, ains comme l'entrée de leurs nerfs monſtre , naiſſent des parties laterales du cartilage Scutiforme, comme de l'extremité de la ſixieſme, ſeptieſme, & huictieſme coſte:& ſe finiſſent à l'os Pubis, où ils font Vn commun tendon aſſez gros, & court. Syluius eſtime leur commencement eſtre à l'os Pubis, & auſſiVeſalius, & Columbus,d'autant qu'ils ne peuuent eſtre inſerez à l'os Pubis, qui n'a point de mouuement. Et ont ceſdits muſcles certaines inter- ceptions nerueuſes & tranſuerſes, le plus ſouuent trois, deſquelles Galien n'a point fait mention, combien qu'elles ſoient trouuées aux Singes, pour la corroboration d'iceux, comme auſſi en leur partie de deſſous, quatre veines, & quatre arteres : dont les vnes viennent des parties ſuperieures, les autres des inferieures. Les ſuperieures nommées Mamillaires deſcendent des Axillaires par les parties laterales, & inferieures du Sternon, baillant tout le long de leurchemin petites portions de ſoy au Mediaſtin,& enuiron la quatrieſme, & cinquieſme coſte aux Mammelles, d'où elles prennent leur appellation : & le demeurant ſortans par les arties laterales du cartilage Scutiforme,s'inſere dedans leſdits muſcles,deſcendans preſque iuſques àl'vm- † : auquel endroit s'vniſſent manifeſtement (i'entends veines auec veines,arteres auecarteres) auec les Epigaſtres,qui de la partie ſuperieure des Iliaques montent de chacun coſté par deſſous leſdits muſcles, iuſ- ques au rencontre des quatre ſuperieures. Et pour trouuer l'vnion deſdites veines,& arteres à l'endroit,ou uelque peu deſſus l'Vmbilic, il te faut ſuiure tant les ſuperieures qu'inferieures,bienauant dedans la chair, † couler le ſang de haut en bas, & de bas en haut, à meſure que les deſcouuriras, iuſques à ce que tu ayes trouué leur connexion, laquelle te ſera apertement demonſtrée, ſi le ſang coule de l'vne en l'autre: autrement il ſera impoſſible , ou tres-difficile de l'apperceuoir, pour la tenuité des vaiſſeaux exangues : ce que l'on n'a peu cognoiſtre par cy-deuant.Quant à la neceſſité de telle connexion des mammelles auec l'A- marry (combien qu'aucuns s'en mocquent) elle eſt toute manifeſte en la nourriture de l'enfant, les nourri- ces perdans leurs mois lors que le laict leur monte aux mammelles : & au contraire perdans leur laiét, leur mois leur coulent abondamment. Car n'eſtoit cela, dequoy ſeruiroit telle connexion de vaiſſeaux, qui eft depuis les mammelles iuſques à l'Amarry?aux parties laterales duquel ſont produites veines,&arteres de la racine des Epigaſtriques,ainſi que nous verrons par la diſſection. Car à la verité les veinesEpigaſtriques leſquelles en montant rencontrent les Mammillaires, ne vont à l'Amarry,mais ſont fort prochaines, & ſor- tent d'vn meſme tronc auec l'Hypogaſtrique veine de l'Amarry.L'action deſdits muſcles droits,eſtd'appro- cher les parties Hypogaſtriques aux Precodiales, ou Hypochondriales. L'vſage,ſelon Columbus,eſt de tirer le Thorax en bas , afin qu'il ſoit dilaté. Et faut icy noter, que ſur l'extremité de ces muſcles, nature en a produit (commenous auons dit) deux autres petits de la partie ſuperieure des os barrez,qui ſont de figure triangulaire, pour la protection de leur gros, & commun tendon, afin que par iceux il fuſt conſerué & de- fendu de toutes iniures,tant internes qu'externes. Aucuns veulent (ie ne ſçay pour quelle raiſon) qu'ils ay- dent à l'erection de la verge. Columbus eſtime que ces muſcles ne doiuent eſtre ſeparez des droicts, & que ce ſont ſeulement principes charnus d'iceux : mais Fallopius au contraire prouue euidemment que ce ſont muſcles ſeparez, & declare leur vſage. Reſte maintenant à pourſuiure les tranſuerſaux, leſquels ſont ainſi appellez à cauſe de leurs fibres, leſquelles auec celles des muſcles droicts, font vn angle droict. Leur figu- re eſt quadrangulaire. Leur ſituation eſt par deſſus la plus grande partie du Peritoine, auec lequel ſont con- ioincts, & fi fort adherans, qu'à grand peine les peut-on ſeparer d'iceluy.Ils prennent leur origine des Apo- phyſes des Lumbes , du ſourcil, ou bord de l'os Ilium, des Apophyſes tranſuerſes des vertebres des Lum- bes,&extremité des fauſſes coſtes, contre l'opinion de pluſieurs, vaincus par l'inſertion du nerf, & finiſ- ſent à la ligne blanche ainſi que tous les autres. Leur action eſt de comprimer les inteſtins, principalement à l'expulſion des excremens. Et outre ces vſages particuliers d'vn chacun de ces muſcles, il fautentendre,que tous enſemble ſeruent de muniment, & defence aux parties ſubiacentes , & aydent à l'expulſion , ſoit d'ex- cremens ou du Fœtus,ou de l'air à l'exhalation de la voix,comme par experience nous voyons en ceux qui ſonnent les trompettes , & autres inſtrumens ſemblables. Or leſdits muſcles preſſent le ventre également de toutes parts, & le Diaphragme aydé par les muſcles intercoſtaux pouſſe par haut; qui fait que les excre- D mens ſont iettez par le ſiege : & n'euſt eſté le Diaphragme, leſdits muſcles euſſent autant preſſé les excre- mens par haut : c'eſt à dire,par la bouche que par bas. Et ce n'eſt aſſez que les muſcles de l'Epigaſtre, & le Diaphragme,& les muſcles intercoſtaux compriment le ventre,mais il faut auſſi que ceux du Larynx,ſoient clos : car ſi on auoit la bouche ouuerte,les excremens ne pourroient bien ſortir,raiſon que la bouche eſtant ouuerte, l'haleine ſort, & l'efflation qui fait l'expulſion de la matiere fecale, ſera empeſchée, & retardée. Et pource les Apoticaires lors qu'ils donnent vn clyſtere,commandent au malade de tenir la bouche ouuerte, · afin que le clyſtere ſoit mieuxietté, & retenu : ce quine ſe pourroit faire eſtant fermée, attendu qu'il n'y a rien en nous de vuide, & que le clyſtere ne pourroit trouuer place, ſinon qu'en entrantil pouſſaſt l'air qui eſt en nous par la bouche, qui eſt cauſe que ne faiſons nulle efflation & expulſion. L4 s sacrum, & des vertes finiſſent, & terminent C | • # - *- , # - - · - :: ": - - == UIV , I I XIIa{UVJIIl1Q7a A za premiere figure du ventre inferieur. Teclaration de la premiere figure , du ventre inferieur. AAAA Monſtrent la circonſcription du Peritoine ſeparé des muſcles de l'E- - pigaſtre. - - B B La ligne blanche continuée depuis le Cartilage, nommé Scutiforme , iuſ- ques à l'os Pubis : en laquelle adhe- rent les membranes des muſcles de º4 - l'Epigaſtre. - | 7 C Le nombril reſerué à la diſſection des muſcles pour la demonſtration des vaiſſeaux Vmbilicaux. DD Les vaiſſeaux Spermatiques deſcen- dans par les proceſſus du Peritoine pour aller aux Teſticules. EE Les veines , & arteres Epigaſtriques, montans en haut par les muſcles - droits,& Peritoine. FF Les veines, & arteres mammillaires de- ſcendantes, tant par les muſcles lon- gitudinaux,que par le Peritoine, iuſ- † à ce qu'elles ſe joignent par - - aſtomoſe auec les ſuſdits. G Vne portion des veines venans au Pe- ritoine de la propagation de la veine . - Azygos. H Le muſcle tranſuerſal ſeparé de la ligne blanche vers l'eſpine. - I L'os des Iles denué de chair. KK Les muſcles longitudinaux renuersés en bas, eſquels appert la plus grande portion des veines, & arteres Epiga- ſtriques, iL Les deux petits muſcles coadjuteurs aux longitudinaux, leſquels aucuns diſent eſtre pour l'erection de la verge, M Le cartilage Mucronata. - : *. >A pe la ligne Blanche, & du Peritoine- . C H A P. XI I. RNºſ Aligne Blanche n'eſt autre choſe que la termination des muſcles ſuſdits, ſituée au milieu du $ue c'eſt què ' · A ventre; & eſt appellée Blanche, tant àraiſon de ſa couleur , que pour autant qu'il n'y apoint la lisme #-7 de partie charneuſe, ny deſſous, ny deſſus elle. Et eſt plus large par deſſus le nombril, & plus Blanºº : eſtroite par deſſous, d'autant que les muſcles droits s'vniſſent. S'enſuit maintenant la tunique - ou membrane, nommée Peritoine, pource qu'elle eſt tendue tout à l'entour de tout le ventre Peritoine, inferieur, & particulierement de chacune partie contenue en iceluy, leur donnant vne tunique commune. Sa ſubſtance eſt ſpermatique, comme de toutes membranes. Sa quantité en profondeur eſt fort petite : subſtance. car il eſt ſemblable à vn parchemin deſlié, & ſi eſt inégale, tant aux hommes qu'aux femmes, ſelon diuers Quantité. endroits : car aux hommes par deſſus le nombril, il eſt plus eſpais, & fort qu'au deſſous d'iceluy, afin qu'il endure, & ſouſtienne la diſtenſion qui ſe fait en cét endroict par le ventricule, quelquesfois trop remply de viandes : le contraire eſt aux femmes, leſquelles par deſſous le nombril ſemblent l'auoir double, & † fort, & denſe qu'aux parties ſuperieures du nombril, auquel lieu elles l'ont ſemblables à celuy des homrnes .._._. pour meſme raiſon,afin qu'il peuſt mieux porter la diſtenſion faite par le Fœtus.La largeur, & longueur eſt *** cogneue par la circonſcription du ventre. Sa figure eſt ouale,produiſant certaines apophyſes, comme doigts de gand,'tant pour conduire les vaiſſeaux ſpermatiques, & muſcles ſuſpenſoires des teſticules, & ramener les ejaculatoires,que pour donner tant aulºits teſticules,qu'à toutes autres parties naturelles, couuerture,com- - me nous auons dit. Sa compoſition eſt de petites fibres membraneuſes, & nerueuſes auec petites ramifica- #f10fA D tions des veines,& arteres qu'il prend de ſes parties adherantes pour ſa nourriture & vie Quant au nombre, 9/770ré°. il eſt ſeul, & par tout vny : toutesfois ſelon Galien au premier liure De ſamine, il eſt percé à l'endroit que les vaiſſeaux ſpermatiques deſcendent aux teſticules : mais à la verité, il ne faut point appeller cela trou, mais apophyſe,& production,comme la voye d'vn gand,ainſi comme nous auons dit. Dauantage les recens Ana- tomiſtes ont icy obſerué, que le Peritoine eſt double ſous le hombril, & qu'entre ceſte reduplication les ar- situation. teres vmbilicales, & l'vrachus montent au nombril.Sa ſituation eſt,comme nous auons dit , tout à l'entour es parties naturelles, que nous auons appellées contenues , auec leſquelles il eſt conionct par la tunique qu'illeur baille : tout ainſi que de ſes parties laterales auec les vertebres ou Spondyles des lumbes,des liga- Origine. / mens deſquels ou pluſtoſt du Perioſte illec posé,prend ſa naiſſance,& ſes partiès compoſantes.De ſa partie inferieure il eſt conioinct auec l'os Pubis, & de la ſuperieure auec le Diaphragme, lequel entierementil re- ueſt ſelon ſa partie inferieure:& de ſa partie anterieure,& exterieure,auec les muſcles trâſuerſaux,deſquels tres-difficilement il ſe ſepare,à cauſe de la complication des fibres d'iceluy2uec ceux de la membrane propre deſdits muſcles : laquelle membrane ſelon Galien au ſixieſme de lamethčde, eſt de la compoſitiondudit Pe- ritoine. Parquoy ne ſe faut ébahir,ſi en voulant ſeparer les deux tuniques, facilement on les deſchire, & rompt. Quant à ſon temperament,il eſt froid,& ſec, comme toutes autres membranes,ayant pluſieurs vtili- Tempera- ºcz. Dont la premiere eſt de couurir,& enuelopper toutes les parties du ventre inferieur,& l'Omentum,à ce ment. † Omentum en grandes compreſſions, & autres grands mouuemens,ne ſe miſt, & inſeraſt entre les Vtilité. indions, & ſeparations des muſcles,comme il ſe fait quelquesfois és playes de l'Epigaſtre,ſi les labies de ſon - Connexioui —7,- IIe LIUTE- No:a, - - - - • | \ - - - - - - ſti - ſon v - CIe I / VTTaUOIIlIe. 7I A T " Du ventricule ». C H A P. XIV. Aintenant faut parler du ventricule, qui reçoit les viandes neceſſaires à tout le corps, inſtru- ment de l'appetit, qui nous fait deſirer les viandes par le benefice des nerfs qui ſont en ſon orifice ſuperieur,& en toute ſa ſubſtance , la ſubſtance duquel eſt plus ſpermatique que ſan- subſtance: guine, à cauſe que pour vne membrane charnue il en a deux nerueuſes. Sa quantité eſt diuer- ſe pour la varieté des hommes, deſquels les vns boiuent & mangent beaucoup , les autres Quantité. • moins:les vns plus grands, les autres plus petits:qui fait qu'on ne t'en peut bailler vraye certitude.Sa figure Figure, eſt ronde & oblongue,ſemblable à vne muſette ou cornemuſe : & eſt composé de deux tuniques propres,& Compoſition, vne commune venant du Peritoine, enſemble de nerfs, veines, & arteres, & de ſes propres tuniques. L'in- terne eſt membraneuſe, tiſſue de filaments droicts pour attirer les viandes en temps de neceſſité : & s'en- tend iuſques à la bouche,au moyen dequoy les affections d'vne partie ſont communiquées à l'autre. Icelle tunique prend ſon origine des membranes du cerueau, qui accompagnent les nerfs de la 3. & 4. coniugai- ſon deſcendant à la bouche, & d'autres apophyſes defcendantes par les autres trous de la teſte. D'où on peut attirer vne autre raiſon, outre celle qu'on allegue ordinairement des nerfs de la fixieſme coniugaiſon, · pourquoy és playes de la teſte le ventricule compatit ſi promptement au cerueau. L'externe plus charnue & eſpaiffe tiſſue de fibres obliques pour retenir & expeller : prend ſon origine du pericrane, lequel en telles parties, depuis le commencementdel'Oeſophague,prend certaines fibres charnuès. Les nerfs ſont enuoyez audit ventricule de la ſixieſme coniugaiſon, ainſi qu'il te ſera demonſtré en ſon lieu. La veine & artere vien- nent de la Gaſtrique,Graſtrepiploique,Corronaire, & Splenique,des diſtributions de la ſecôde,tierce & qua- trieſme de la veine porte,& tierce de l'artere deſcendantes aux parties naturelles,ſitoſt qu'elle eſt ſortie hors Veine & ar• du Diaphragme,comme auſſi te ſera demonſtré cy apres ſur la diſtribution deſdicts vaiſeaux.Quant au nom-ºr*. bre,il eſt ſeul & vnique, ſitué principalement, & ſelon ſa plus grande partie au coſté ſeneſtre, entre la rate, & la partie caue du foye, & les inteſtins,âfin que par la chaleur deſdites parties,comme d'vn feu allumé en- Nombre. tour vn pot,il puiſſe mieux cuire les viandes. Ie ſçay que Galien dit au quatrieſine liure de vſu partium,que ſelon ſa plus grande partie il eſt au coſté droit : mais au ſens de la veue eſtau contraire,& la raiſon:car d'au- tant qu'il reſte plus de place au coſté gauche,pource que la rate eſt plus petite que le foye, il a eſté raiſon- nable que la plus grande partie du ventricule fuſt au coſté gauche.Sa connexion particuliere eſt auecl'oeſo- phague, & les inteſtins par ſes deux orifices,deſquels nous parlerons tantoſt: par ſes nerfs auec le cerueau, Par † veines auec le foye & la rate,par les arteresauec le cœur, & par ſa membrane commune auec toutes les parties naturelles.Son temperament aux hommes bien habituez eſt moderé,à cauſe qu'il eſt fait de par- ties preſque egales, à ſçauoir ſanguines & ſpermatiques:ou(comme veut Galien au neufieſme de la Metho- Tempera- de)froid de ſoy,& de ſa compoſition,& chaud à cauſe des parties voiſines & circumiacentes:aux autres plus ment, chaud ou plus froid,ſelon les diuerſes complexions & habitudes des corps. Celuy doit eſtre tenu & eſtimé bien temperé,lequel attire fort bien à ſoy la viande & le breuuage, puis le retient & embraſſe iuſques à ce qu'elles ſoient cuittes & digerées & reduittes en ſuc & créme,que les Grecs appellent chylus : & finalement e, de l'e- qui reiette & pouſſehors les excremens & ſuperfiuitez de la premiere concoction,ou cuiſſon faite en iceluy. # # Or l'eſtomach,qui eſt trop chaud ſe cognoit,d'autant qu'il cuit mieux les viandes dures & difficiles à cuire, # Jº/3 comme la chair des bœufs, œufs durs, morue, viandes froides, & autres ſemblables,que les molles,& qui peré. facilement ſe cuiſent:ce qui eſt manifeſte d'vn petit poullet roſty à vn grand feu , qui ſera pluſtoſt deſſèiché Origine. Connexion. C & brulé,que cuit.Auſſi il corrompt & conuertit les viandes qui aisément ſe cuiſent, & les change en crudité: Signes de pour ceſte cauſe il prouoque des rots puans de ſenteur,comme ſont les œufs pourris.L'eſtomach qui eſt trop #, froid,appete grandement à manger,& cuit lentement les viandes, principalement celles qui ſont froides, & p - de difficile cuiſon:auſſi facilement s'aigriſſent en iceluy, qui excite des rots aigres à la bouche. L'action du bien temperé eſt double : vne commune,l'autre propre. La commune eſt de mixtionner & cuire les viandes signe de l'.. our la nourriture,tât ſienne que de toutes les autres parties du corps,apres l'elaboration faite du foye,auant ſtºmach trºp § le ventricule ne iouyt du Chylus (qui eſt comme orge mondé, lequel eſt enuoyé aux inteſtins)que froid. pour ſe refroidir & humecter àl'encontre des parties circumjacentes,eſchauffantes & deſſeichantes,& à ceſte Quelle eſt cauſe eſt dit autheur de la premiere concoction. La propre eſt d'attirer,retenir & aſſimiler ce qui luy eſt con- laäion de uenable, & expeller ce qui luy eſt nuiſible,ou en qualité,ou en quantité,ou de toute ſa ſubſtance,qui eſt fai l eſtomach te tant pour ſa chaleur,que pour euiter vacuité en ſa chair ſpongieuſe,& continuellement eſpeſſe & ſeiche # par la chaleur allumée aux parties ſolides & ſpermatiques Outre tout cecy,faut noter que ledit ventricule a ## ##. deux orifices,à ſçauoir vn ſuperieur nommé l eſtomach,& vulgairement coeur ; & l'autre inferieur, nommé # #. Pylorus. Le ſuperieur eſt ſitué en la partie ſeneſtre,prochaine de l'eſpine du dos : & eſt beaucoup plus am- premiere ple que l'inferieur,à raiſon des viâdes quelquefois mal machées,& autres gros morceaux & durs,que l'hom- oncoction. meaualle & trâſgloutit. Dauantage il eſt fort ſenſible,à cauſe que c'eſt l'auteur & lieu de l'appetit,aumoyen Doubl. orifi- des nerfs, leſquels principalement tiſſent ledit orifice, ſe croiſans enſemble comme rets, dont il a vn ſenti- ce du ventri- ment , par lequel il cognoit ſon indigence & inanition , réueillant & aiguillonnant l'animal à chercher ſa cnle. nourriture.Combien que les autres parties de l'animal ayent quatre facultez ſemblables, nature toutesfois ne leur a baillé ſentiment de ce qu'il leur faut,& eſt neceſſaire,mais ſe nourriſſent, tirans inceſſamment des D vaines leur aliment,comme font les plantes & herbes de la terre.Quant à la ſituation de ce ſuperieur ori- fice,nous l'auons mis par cy-deuant ſur la cinquieſine vertebre du Thorax mais i'aymerois mieux le mettre ſur la neufieſme,ou pluſtoſt ſur la douzieſme du Thorax , & premiere des Lombes : car en cet endroict là l Oeſophague perce le Diaphragme,& conſtitue le ſuperieur orifice de l'eſtomach.L'inferieur eſt , la partie - dextre ſous la cauité du foye pres du cartilage scutiforme, & eſt plus eſtroit que le ſuperieur,afin que rien ne paſſe par iceluy,quine ſoit bien cuit & digeré,& mué en Chylus:& ce par le moyen d'vn anneau ſembla- ble au Sphincter du ſiege qu'aucuns ont appellé Glandule, qui eſt fait de la tranſpoſition de la membrane * charnue interne du vétricule a l'externe des inteſtins.Ie ſçay bien que Colombus ſe mocque de cet anneau glanduleux mais tout homme qui regardera de pres,trouuera le Pylorus glanduleux.Ledit ventricule en ſa Partie interieure & fonds d'iceluy a pluſieurs rides,qui ſeruent de retenir la viande iuſques à ce qu'elle ſoit digerée. Il a auſſi partie caue & gibeuſe:la caue regarde le Diaphragme & le Foye:la gibeuſe, les inteſtins Pºſººººº deſquels nous parlerons lors que nous aurons dict que le ventricule qui eſt laxe & reſout, peut deſcendre " luſques deſſous le nombril pres de la veſſie : ce que veritablement auons veu à aucuns apres leur decez. Il y a deux glandules couchées ſous l'Oeſophague, à l'endroit de la premiere diuiſion de la Trachée ` ºrtere, au commencement du Thorax,qui arrouſent de la ſaliue eſpeſſe & glueuſe l'Oeſophague,& auſſi la Trachée artere,& toutes les parties de la bouche, & les empeſche de deuenir ſeiches.Auſſi boiuent & hu- ºnt comme eſponges le phlegme tombant du cerueau, afin qu'il ne decoule aux poulmons & en l'eſto- "ach,qui te ſeront monſtrez par la figure ſuiuante. I4 M-V- L 1 U111v- III IV- L 1UI 1 v 2 La troiſiéme figure anterieure du ventre inferieur. A A Demonſtre le commencement de l9eſophague, continué auec la partie de la bouche, nOmInée Faces - - B B Amygdales. CC Vn corps glanduleux, lequel ſe trouue ſur la cin- † vertebre du Metaphrene ; duquel en- roit ledit Oeſophague cede à la grande arte- re , declinant aucunement au coſté droit. An- dré Veſal,liu. 5.chap. 3.& Columbus, chap. der- nier » liu. 9. dit telle glandule contenir vne cer- taine humidité , par laquelle eſt arrousé ledit Oeſophague, afin que la viande puiſſe mieux, & plus facilement couler , ne demeurant à ſec, tout ainſi que les glandules Proſtates con- tiennent vn humeur cras & huileux , pour B adoucir le canal de l'vrine, afin qu'icelle coule - plus librement. N # DD Les nerfs de la ſixiéme coniugaiſon, qui deſcen- - dent à l'orifice ſuperieur dudit ventricule, & conſequemment à toute ſa ſubſtance, comme tu peux voir par les Ramifications. E L'orifice ſupericur du ventricule. |F L'inferieurappellé Pylorus. 7 G L'Ecphyſis,ou Dodecadactylon. * HHHH Les veines,&arteres duditventricule. | C A Demonſtre le principe de l'Oeſo hague. BB Les deux corps glanduleux, ſur # ledit Oeſophague eſt comme attaché ſur la cin- quiéme vertebre du Metaphrene, auquel en- droit il ſe deſtourne pour la raiſon predite. CC# Deux nerfs dudit ventricule. D L'orificeſuperieur. E L'orifice inferieur. F L'inteſtin Duodenum. " - GG Les veines, & arteres dudit ventricule. HH La partie poſterieure dudit ventricule. I L'entrée du Pore Cholagogue dedans l'niteſtin Ecphyſis. K La partie caue duventricule. L La partie gibbeuſe , ou autrement dite le fonds d'iceluy. - D : - Des inteſtins. C H A P. X V. Subſtanee & E s Inſtins, qui ſont nommez inſtrumens de diſtribution, & excretion, ſont de ſubſtance & com- Compoſition. poſition ſemblable a celle du ventricule, horſmis que le ventricule a ſes propres tuniques au con- g, traire des inteſtins : car celle qu'il a au dehors, les inteſtins l'ont au dedans : & celle qu'il a au dedans, les $ºntité § l'ont au dehors. Quant à leur quantité, il y en a de greſles, & de gros, ſelon,plus ou moins, pour # la varieté des corps.Leur figure eſt ronde,fiſtulaire, ou creuſe,ſelon, plus ou moins, pour la diuerſe quan- Duodenum. tité d'iceux. Ils ſont fix en nombre, à ſçauoir, trois greſles, appellez Ecphyſis,ou Duodenum, Ieiunum, & Ileon:& trois gros, nommez Cœcum,Colum,& Rectum ; tous leſquels ont eſté ainſi nommez ; à ſçauoir, le premier, à cauſe qu'il eſt ſans reuolution, reply,ou entourtilleure & quaſi comme vn changement de ven- tricule en inteſtin , ſelon la longitude de douze doigts : laquelle longueur eſt veuë aux grands hommes, comme pouuoient eſtre au temps de Galien,pluſtoſt qu'à preſent,car on n'en ſçauroit trouuer de º# de l'Anatomie. 73 C par leurs tuniques, pource que depuis l'Oeſophage iuſques au fondement il n'y a qu'vne voye : auec les D ge : & quand ceſdits muſcles ſont paralytiques ou foibles, ou bien que ledit ſiege, & inteſtin droit ſont leuateurs dº A pour le plus,que ſept ou huict doigts.La cauſe de ceſte longueur eſt pour donneriſſuë à la veine Porte ſor- tant du foye,& paſſage à l'artere, & au nerf, qui vont en iceluy : pource queledit inteſtin montant quelques- fois iuſques à la plus haute partie du foye, ſous le fielduquel il eſt teint, s'il faiſoit illec reuolution,il occupe- roit le lieu,& eſpace par où il faut que leſdits vaiſſeaux paſſent.Ou bien ila eſté fait de longueur ainſi droite, afin que rien n'empeſchaſt,que facilement,& promptement la viande cuite ne deſcendiſt aux inteſtins.Le ſe- cond eſt nommé Ieiunum, non pource qu'il ne contient rien, mais pource qu'il contient bien peu au regard des autres ſuiuans. La cauſe de ceſte inanition eſt triple : La premiere eſt la multitude des veines, & arteres Meſaraiques, qui ſont autour d'iceluy, leſquelles plus promptement épuiſent le Chylus deſcendant par iceluy, que celles qui eſtoient en plus petit nombre. La ſeconde eſt, la proximité du foye, par lequel le- dit chylus eſt plus promptement tiré & ſuccé, que des autres qui en ſont plus lointains. La tierce eſt, la deſcente de la cholere en iceluy, ſortant du Cyſtis fellis, laquelle par ſon acrimonie,mordacité le racle, & le nettoye,& l'irrite continuellement à expulſion des matieres fecales.Le troiſieme eſt nommé Ileon,pour Ileon. ce qu'il eſt ſitué ſur les parties Iliaques, ou pour la multitude des reuolutions qu'il fait entre tous les au- tres : lequel ne differe des ſuſdits, ny en ſubſtance, ny en groſſeur, mais à raiſon de la matiere contenue en iceluy en plus grande quantité qu'aux ſuſdits, pource qu'il reçoit plus petit nombre de vaiſſeaux. Par- quoy ne te § eſmerueiller, ſi exactement on ne te peut demonſtrer la diſtinction d'iceux.Le quatrieſme z'inteſti» eſt nommé Cx cum, à cauſe qu'eſtant ample & gros, il n'a qu'vne voye,tant pour le receuoir, que pour ex- caci abou- peller les matieres qu'il a receuës. Et a ledit inteſtinvne longue & eſtroite apophyſe, laquelle ſelon aucuns tit, é a vne (contre toute raiſon) tombe quelquefois dedans le Scrotum à la rupture ou dilatation du Peritoine,veu que petite alonge de ſon naturel eſt eſtendue dedans le petit ventre, & aſſeurément attachée contre le Peritoine, qui empeſ- ºſtreitte & che telle deſcente. Il ſemble aduis que par l'inteſtin Caecum,Galien ait entendu ceſte apophyſe longue, & ºrrilléee- 8 eſtroitte, & de faitle commun des Anatomiſtes l'entend ainſi: mais Veſalius à bon droit auroit en cela re- *º* º prins Galien : parquoy Syluius l'excuſant,veut que par le Caecum nous entendions le commencement º laquets du Colon. Le cinquieſme eſt appellé Colon, à cauſe qu'il eſt plus grand, & capable que nul des autres. 7# Le ſixieſme & dernier eſt nommé Rectum, à cauſe de ſa rectitude. Et eſt contenu dedans iceluy plus aux § ºéº beſtes qu'à l'homme,certaine greſſe pour lubrifier, & defendre que les excremens durs, ſecs, & acres,ne § viennent exulcerer, & bleſſer en paſſant par ledit inteſtin. La ſituation deſdits inteſtins eſt telle, que l'Ec- C,ion. phyſe eſt au coſté droit contre l'eſpine. Le Ieiunum occupe la plus grande partie ſuperieure de la region Reaum, vmbilicale, s'eſtendent par ſes reuolutions, quaſi ſemblables à celles de l'Ileon, tant d'vn coſté que d'autre Situation. iuſques aux flancs. L'lleon eſt ſitué à la partie inferieure de la region vmbilicale, faiſant par ſus tous les • autres multitude de reuolutions, & s'eſtendant iuſques à la cauité de l'os Sacrum , ſur la veſſie, & parties laterales de l'Hypogaſtre, nommées Iles. Le Caecum eſt ſitué à la partie dextre , quelque peu deſſous le Rein, ou ſur la cinquieſme, & quatrieſme vertebre des Lumbes. Le Colon eſt eſtendu comme en forme d'vn arc Turquois bandé, comprenant depuis le Caecum par deſſus le Rein dextre, iuſques à la partie caue du Foye : de la partie gibbeuſe du ventricule, par deſſus les inteſtinsgreſles, s'en va iuſques à la partie caue de la Ratte, & d'illec deſcend par le Rein ſeneſtre en bas,faiſant quelque reuolution iuſqu'à ce qu'il ſoit ve- nu ſur l'eſpine des Lombes, où il finit. De toutes leſquelles reuolutions il eſtaiſé de diſtinguer la douleur nephritique, qui eſt fixe, & arreſtée au Rein, d'auec la colique ainſi errante, & vagabonde par leſdites re- uolutions du Colon. Le Rectum eſt ſitué vn peu obliquement vers le coſté ſeneſtre ſur l'eſpine de l'os Sa- crum, iuſques à l'extremité du fondement. Leur connexion generale eſt, que tous ſont conioints enſemble Ieiumum, , trois parties principales, par les veines, arteres, & nerfs. La particuliere, c'eſt que l'Ecphyſis de ſa partie ſuperieure eſt annexe auec le Pylorus : & de l'nferieure, auec le Ieiunum, & parties ſubiacentes, par la tunique du Peritoine : le Ieiunum auec l'Ecphyſis,& l'Ileon : l'Ileon auec luy, & le Caecum auec l'Ileon , & Colon, & coſté droit de l'eſpine : où il eſt attaché aſſez eſtroittement:le Colon auec le Cæcum & Rectum Cauſe des & de ſa partie moyenne auec les Reins tant dextre que ſeneſtre , & la partie gibbeuſe du ventricule : au vomiſſemens moyen dequoy en colique paſſion, ledit inteſtin remply & enfié de vent,ſubuertit,& comprime le ventri- en cºiique . cule,dont s'enſuit vomiſſement. Le dernier nommé Rectum,auec le precedent,& fondement, à l'extrimité Muſcle ,. duquel eſt ſitué vn muſcle de figure ronde, & circulaire, nommé Sphincter,iſſu du corps des vertebres in- Sphincter, & ferieures de l'os Sacrum, & Cropion, qui eſt comme vne barriere, & ſerrure pour clore & retenir les excre- ſon vtili*. mens iuſques à la volonté de nature : afin qu'à tous propos , en tous lieux indiferemment, & contre no- ſtre volonté,& honneſteté de vie ciuile,il ne ſoit fait expulſion deſdits excremens. Ceux auſquels ce muſcle eſt tombé en paralifie, les excremens ſortent hors outre la volonté du malade, qui eſt choſe vile & orde. Et outre, en l'extremité dudit boyau eſt ſitué vn corps de moyenne ſubſtance entre chair & peau, comme Galliu . , eſtant mixtionné de l'vn & de l'autre, ſemblable aux bords des léures. Son vſage eſt ſemblable que le # · 5• - - - - part. muſcle Sphincter,ſinon qu'il n'a pas ſigrande force en ſon action.Dauantage autour d'iceluy ſont certaines chap.14. veines nommées Hemorrhoides,deſquelles nous parlerons cy-apres. Outre plus en l'extremité dudit inte- ſtin deſcendent deux autres muſcles larges,& membraneux, vn de chacun coſté, prenans leurs origines des Parties laterales & internes de l'os Pubis, & Iſchion : leſquels s'inſerans par deſſus le Sphincter, retirent & releuent le fondement quamdileſt deuallé,aumoyen dequoy nous les pouuons appeller Releuateurs du ſie- Muſcles Re» , rcmplis, & agrauez de plenitude d'humeurs pituiteux & ſalez, ſereux ou bilieux auec peine, & difficulté on ſiege . remonte ledit boyau, tellement que quelquesfois il faut employer les mains à le remettre au dedans. Le temperament deſdits inteſtins eſt ſemblable à celuy du ventricule. Leur action & vtilité eſt de diſtri- Tempera- buer le Chylus par les veines Meſaraiques, ce qui appartient aux trois greſles : & de receuoir les excremens § des ſuſdits,& les retenir iuſques au temps commode & opportun,pour les expeller : ce qui appartient prin- § 4r cipalement aux trois cras.Dauantage iceux inteſtins greſles digerét, & parfont le Chylus,jaçoit qu'ils n'ayent vtilité, cité faits pour ceſte fin : mais Nature abuſe de quelque membre ſouuent pour vne meilleure fin. Or il eſt à -* noter ſur la compoſition deſdits inteſtins, qu'iceux n'ont que fibres tranſuerſes pour l'expulſion , hormis au commencement du Colon , & à la fin du Rectum : auſquels endroits ils en ont aucunes droites pour ren- forcir les tranſuerſes de peur que les matieres dures,& de quantité plus grande que n'eſt la capacitéd'iceux, *ux beſtes plus qu'à l'homme, ne les rompent & deſchirent , quand par la violence de nature elles ſont Pouſſées dehors. Et fi on demande, veu qu'ils n'on point d Obliques, comment la retention eſt faite. lºreſpons, qu'aux Rectum elle ſe fait par le Sphincter,& au Cxcum quelquesfois de la trop grande quantité * dureté de la matiere contenue en iceluy, qui ne peut deſcendre par le Colon. A quoy auſſi aydent grandement les circonuolutions , & vireuouſtes preſque infinies deſdits inteſtins. Or les boyaux ont eſté ºuts longs ſept fois autant que le corps eſt grand, & auec pluſieurs reuolutions ou entortillemens, afin que l'aliment ne s'écoulait trop toſt,& que n'euſſionsvne inſatiable gloutonnie,&voracité,& que telle choſe G I2C Qcupation, | | . , -r - Lv UIOIIlcIIIIc 1-1u1 - Subſtance. 9 ntité. Figure. Compoſition Grand nom- bre de petites glandes ſont rouué es au Meſentere. Nombre. Situation. Nicander in Alexithar- matis , cr Hipp. lib. Epide. 6. . Apho. Cola · homo habet ſicut casis. Conmexicm, Tempera- 225e72/. Action ér vtilité Mains du Foye. Subſtance. $)uantitéé figure. - - - - - 5 -- # - ne reuoquaſt les hommes de leurs arts, & faciendes.Ce qu'on void aux animaux qui n'ont qu'vn boyau tout droît,qui vient de l'eſtomach au ſiege,comme le Loup ceruier,& le Cormoran : & tels ſont inſatiables a gloutons,demandans inceſſamment nourriture, commº les plantes. Et te ſuffiſe des Inteſtins. cinquieſme figure du ventre inferieur. A Montre le Cartilage Enſiformis. B B Le Peritoine renuersé auec les co- ſtes rompues. C Le ligament anterieur, & princi- pal du Foye. - D D La partie gibbeuſe du Foye. Di La veine vmbilicale entrante au Foye. - F F La partie anterieure du Ventri- cule. H HH H Monſtrent le Colon. I Le commencement du Rectum. K Le Cxcum inteſtinum. L L L La face exterieure des deux inte- ſtins greſles , nommez Ieiu- num & Ileon : dont le Ieiu- num eſt le plus haut par deſ- ſus l'vmbilic , & l'Ileon par deſſous. M Le fonds ou corps de la veſſie. | % | Ilº † ) " f# - A F † \ WA\ Du Meſentere >. C H A P. XV I. #@ PR E s les Inteſtins s'enſuit le Meſentere, lequel eſt de ſubſtance en partie adipeuſe, en partie (#\2) membraneuſe. Sa quantité eſt aſſez grande, toutesfois aux vns plus qu'aux autres , ſelon leur §A$ \ # grandeur,& habitude de corps. Sa figure eſt ronde & plate : & eſt compoſée de double tunique, priſe de l'origine,& racine du Peritoine : laquelle aumilieu de ſoy reçoit nerfs du Coſtal venans de la ſixieſme coniugaiſon, veines de la Porte, arteres de l'artere enuoyée aux parties inferieures , auec grande quantité de greſſe,pluſieurs corps glanduleux pour ſouſtenir,& conſeruer les diuifions des vaiſſeaux C contenus en iceluy,enſemble entretenir leur humidité naturelle, par la communication de certaines roſée ou humeur viſqueux qu'il leur communique. Ledit Meſentere eſt ſeul, & vnique , ſitue au milieu des inte- ſtins , au moyen dequoy eſt ainſi appellé : par le moyen duquel les inteſtins ſont attachez contre le dos. Aucuns toutesfois le diuiſent en deux parties , à ſçauoir, en Meſareon , qui eſt la parties dudit Meſentere, contenue entre les inteſtins greſles : & en Meſocolon, qui «ſt l'autre contenue entre les inteſtins gros. Sa connexion eſt , par ſes § auec les parties principales:par toute ſa ſubſtance,auec les inteſtins, & aucunement auec les reins,à l'endroit deſquels il ſemble prendre ſes tuniques.Son temperament eſt froid, & humide , ſi on a égard à ſa ſubſtance adipeuſe : mais ſi on regarde ſes autres parties, il eſt froid, & ſec. Son action & vtilité eſt de lier, & contenir leſdits inteſtins chacun en ſon ordre, afin qu'ils ne s'entortil- lent les vns auec les autres:& par les veines Meſaraiques(dites les mains du foye)côduire le Chylus en ice- luy. Et faut icy noter,que toutes les veines Meſaraiques viennent du Foye, ainſi que nous trouuons par la diſſection:côbien qu'aucuns ayent voulu dire y en auoir aucunes nourriſſantes les inteſtins, leſquelles n'ap- partiennent en rien à iceluy,ains deſinent en certains corps glanduleux, ſemez parmy le Meſentere:de l'vſa- ge deſquelles ſera parlé bien toſt. Des glandules en general, & Pancreas. C H A P. XV l I. L A N D v L E eſt vne partie ſimple du corps, de ſubſtance quelque fois ſpongieuſe & molle, dite Thymus,le Panchreas,Teſticules,Proſtates , & autres:Denſe & dure comme les Parotides, & celles qui ſont à la racine de la langue nommées Amygdales,au Meſentere,& ailleurs. Leur quantité,& ſigure eſt differente:car les vnes ſont plus grandes, les autres plus petites, comme compeſtien. tu peux voir en la diſſection. Les vnes ſont rondes plus ou moins , les autres plates, comme la Phagoué Nembre. Sitnation. Connexion. Tempera- 1776 72f. A étion , cr vſa.gº. nômée Thymus,& le Pancreas. Leur cöpoſition en aucunes eſt de veines;arteres,& nerfs,& propre chair, comme les Amygdales , celles des mammelles & teſticules. Aux autres n'y a point de nerf,au moins qu'on puiſſe voir,côme aux Parotides,Axillaires,& autres.Leur nombre eſt incertain pour la multitude d'icelles, & varieté de nature. Elles ſont ſituées par tout, où ſont faites grandes diuiſions de vaiſſeaux,comme au moyen ventricule du cerueau, à la partie ſuperieure du Thorax,au Meſentere,& pluſieurs autres lieux. Ou bien elles ſont ſituées aux endroits que Nature a trouué bon que leſdites glandules engendraſſent humeur vtile à l'animant, comme à la racine de la langue,les Tonfilles ou amygdales:les mammillaires, aux mam- melles : & les genitoires au Scrotum, ou aux coſtez de l'Amarry:où auſſi a pleu à Nature euacuer les trois parties principales , comme au deſſous des oreilles, aux aiſſelles , & aux aines. Leur connexion eſt, non ſeulement auec les parties ; deſquelles elles trouuent quelques vaiſſeaux de leur compoſition, mais auſſi auec celles deſquelles elles rempliſſent, & conſeruent la diuiſion. Elles ſont de temperament froid, & pourtant le ſang eſt dit par Galien eſtre fait crud aux mammelles, prenant la forme de laict. Au demeu- rant , les Vnes ont action, comme les Tonſilles ou Amygdales,leſquelles font la ſaliue pour humecter toute la bouche : les mammillaires pour faire le laict : & les teſticules Pour engendrer la ſemence. Les autres QIlt - - - _ - $ quelquesfois dure & denſe pongieuſe & molle,côme les Amygdales,ouSaliuales,la Phagoue D - - de l'AnatOmie. 75 | ont vſage ſeulement,comme celles qui ſont faites pour conſeruer, ſouſtenir,& remplir les diuiſions des vaiſ- ſeaux.Outre les choſes dites en general des glandes,il faut ſçauoir que le Pancreas eſt vn corps glanduleux, carniforme,lequel eſt ainfi appellé,pource qu'il a partout ſimilitude de chair.Il eſt ſitué en la partie caue du Foye,ſous l'inteſtin nommé Ecphyſe, auquel il a grande connexion:& alentour de la veine Porte, pour luy #º eſtre comme couſſinet,& conſeruateur de ſes diuifions,en rempliſſant les vacuitez qui ſont entre icelles,& Situation, pour defendre auſſi que par violens mouuemens ou cheutes,telles diuiſions ne ſoyent rompues. L'vtilité. Du Foye >. C H A P. XV II I. 2x$ E s choſes ainſi conſiderées, il conuient maintenant, ſelon l'ordre de diſſection, declarer la diſtribu- $ tion de la veine Porte:mais pource que telle diſtribution ne peut eſtre deuëment expliquée, ny bien entendue, ſans la cognoiſſance du Foye, duquel elle ſort,à ceſte cauſe differant telle declaration en lieu plns commode, nous pourſuiurons le Foye le plus bref que faire ſe pourra. Le Foye donc (ſelon Gal. au liure de la formation de l'enfant)eſtlè premier parfaict des membres princi- , Definitian paux. Il eſt autheur de la ſangnification,ſource,& origine des veines. La ſubſtance duquel eſt comme gros du Foye. ſang coagulé.Sa quantité eſt differente,non ſeulement aux corps de diuerſe eſpece,mais auſſi entre ceux d'v- Subſtance. ne meſme eſpece : comme entre deux hommes,deſquels l'vn eſt glout, & craintif,& l'autre ſobre & hardy. $ºtité -- Celuy qui eſt glout, & craintifa beaucoup plus grand foye que l'autre:à cauſe de la plus grande quantité e, ºº7 . qu'il a à receuoirde chylus pour côuertir en ſang routesfois autant à l'vn qu'à l'autre le foye eſt touſiours ! # grand à cauſe quel'hôme auoit indigence de beaucoup de ſang,pour reſtaurer la grâde quantité d'eſprits,& *" Foye. humidité radicale qui ſe reſoluent en luy,tant par labeurs,que ſolicitude,& contéplation.Si vous demandez pourquoy les craintifs ont le foye plus grandion peut reſpondre, que d'autant que la faculté vitale, & ani- moſité, qui eſt au cœur, eſt imbecille, d'autant la naturelle,qui eſt au foye, recompenſe : car nous voyons volontiers le defautd'vne faculté eſtre recompenſé par la vertu d'vne autre. on peut dire auſſi que les hommes craintifs eſtans froids de nature,appetent,& mangent dauantage,à raiſon de la frigidité;comme dit Galien en l'Ars parue,d'où vient qu'ils font plus de chylus : l'abondance duquel le foye eſtant plus copieu- ſement nourry,ſe fait auſſi plus grand.Il eſt diuiſé à aucunes beſtes,en cinq lobes ou plus,côme au chien & au porc : en l'homme ne s'en trouue quelquesfois qu'vn,quelquesfois deux, autrefois trois, & peu ſeparez: leſquels embraſſent la partie ſuperieure, & caue du ventricule, pour l'échauffer, &aider à faire la conco- ction. Donc quant aux lobes du foye,volontiers n'y en a qu'vn:il eſt vray qu'il a comme vne fiſſure,& petite diuiſion pour laiſſer paſſer la veine vmbilicale,en ſa racine;auſſi par deſſous on y peut obſeruer vn petit lo- be. Sa figure eſt gibbeuſe,& eminente,égale,& polie vers le Diaphragme,& caue vers le ventricule,& aucu- Figure. nement inégale ponr la diuiſion des lobes, origine de la veine caue ou creuſe, & ſituation de la veſſie du Compoſitione fiel. Il eſt compoſé deveines , arteres,& nerfs , tunique,& propre ſubſtance, que nous auons appellé gros ſang coagulé,dit des Grecs Parenchyma.Les veines(ſelon Galien au lieu preallegué)luy ſont communiquées par lvmbilic,côme auſſi ſont les arteres : combien que mediatement les nerfs,côme dit Hipp.luy ſont bail- - lez de ceux qui deſcëdent au ventricule. Où tu noteras,qu'iceux ne penetrent point ſenſiblement en la ſub- ſtance d'iceluy,pource qu'il n'auoit beſoin de grâd ſentimêt:mais ſont diſtribuez ſuperficiellement en ſa Tu- nrque, à § qu'eſtant fait pour diſtribuer aux autres parties , il ne reſerue aucun humeur acre ou malin, pour le ſentiment duquel il ait eu beſoin que le nerf ait eſté diſtribué par ſa ſubſtance , ſi ce n'eſt par le moyen de la Tunique, laquelle plonge certaines fibres nerueuſes de ſoy , dedans la propre chair du foye: comme il appert à la ſeparation de ladite Tunique d'vn foye cuit,& ainſi faut eſtimer des autres viſceres.Sa Tunique luy eſt donnée du Peritoine attenué : Sa propre chair,de la veine vmbilicale, lors qu'elle ſe duiſe pour faire les deux veines,à ſçauoir Porte,& Caue,teſmoin Galié au liure de la Formatiö § au nombre il eſt vnique : ſitué ſelon ſa plus grande partie du coſté droit ; & ſelon la plus petite, du coſté Nombre. ſeneſtre, au contraire du ventricule. Sa connexion eſt premierement auec le ventricule,& inteſtins par les $ºº. veines,& membranes du Peritoine, par l'artere, & veine caue auec le cœur,par le nerfauec le cerueau,& Connexion, par le moyen d iceux à toutes les parties du corps. Il eſt de temperament chaud & humide. Or ceux qui l'ont trop chaud,ont leurs veines groſſes & larges,& le ſang chaud & boüillant:au contraire,ceux qui l'ont Tempera- trop froid,ont les veines fort eſtroittes, & la couleur paſle. L'action dudit foye,eſt de tourner le chylus en ment. ſang,qui eſt la ſeconde concoction. Car bien que le Chylus commence à prendre couleur de ſang,des qu'il eſt tombé dans les veines Meſaraiques : toutesfois il n'acquiert point la vraye forme, & haute couleur de La, ſang,tant qu'il ait eſté elabouré au foye.Et noteras que ledit foye eſt lié,& attaché par trois ligamens,àſça- Aſtiom. uoir,deux collateraux,entre le milieu des fauſſes coſtes,pour ſouſtenir ſes parties laterales : & vn ſuperieur & fort, deſcendant du cartilage Scutiforme, pour ſouſtenir la partie ſuperieure d'iceluy, de peur qu'il ne comprime l'orifice inferieur du ventricule,& conſequemment ne face baiſſer la poictrine ou fourchette.Et faut noter,que ce que j'ay dit, doit eſtre entendu de ſes ligamens propres. Car il en a d'autres communs, comme les veines,arteres,nerfs,& la tunique qu'il a du Peritoine,par laquelle il eſt attaché aux Lumbes,& aucc les autres parties naturelles. Dauantage faut noter, qu'outre ces trois ligamens en quelques vns s'en trouue d'autres , parleſquels il eſt attaché aux fauſſes coſtes, comme obſerue Syluius en ſes obſeruations Anatomiques, & Hollier en ſa Pratique,chapitre de Pleuritiae. De la Veſſie du Fiel. | CH Ar. XIX. L faut maintenant venir à la Veſſie du Fiel , qui eſt de ſubſtance nerueuſe, & de magnitude, & subſtanc•. , figure d'vne bien petite poire, vulgairement nommée de Certeau, à ſçauoir , ronde , & plus guantité. capable vers ſon AE : & oblongue, & plus eſtroitte vers ſes orifices. Elle eſt compoſée de Figure, ' double tunique : vne propre , tiſſue de trois genres de fibres : & l'autre du Peritoine , de veine, Compoſition, & artere, venans de la partie caue du foye à ſçauoir de la veine Porte ; quelquesfois eſtant encore cachée - dedans la ſubſtance du foye,quelquesfois apres eſtre ſortie:& l'artere,de celle qui vient en iceluy : & d'v- ne petite portion de nerfvenant du nerf de la ſixieſme coniugaiſon. .. Quant au nombre , elle eſt vnique, #. fituée ſous le grand lobe du foye , à la partie dextre, dedans laquelle elle eſt à demy cachée., Sa conne- # xion eſt premierement auec le foye,tant par ſon corps,que par ſes orifices,& conduits deſtinez à ſon action, qu'auec l'Ecphyſe par vn autre conduit : quelquesfois auec le ventricule par vn conduit. Finalement à toutes ſes autres parties par ſes veines, arteres, nerfs , & tunique commune. Elle eſt de temperament Tempera, froid, comme toute autre partie nerueuſe. Son action eſt d'attirer du foye, & ſeparer l'humeur bilieux ment. non naturel , mais excrementitiel d'auec le ſang par ſes fibres droictes , comme aux rongnons , l'vri- Aâiom. ne : & iceluy ja attiré retenir par ſes obliques,iuſques à ce que par ſa ººººººſubſtance º# - - - 2, C 76 Le trOi11elme Liure - : Subſtance. • .. A. 9 ntité. Figure. Compoſition. • 4 - • , Inſertion euuidente du nerf Coſtal dans la chair de la ratte. * . Nombre . Situation. Connexion, Action. Subſtance, • .. - $uantité. Figure. Compoſition. 4 Nombre . Situation. Connexion. Tempera- º/7rnf. de luy ſoit moleſté, & alors l'expeller par ſes fibres tranuerſes en l'Ecphyſe : au moyendequoy la faculté expultrice des inteſtins eſt incité à jetter les excremens dehors,comme nousauons declaré par cy-deuant. Ie ſçay bien que Fallopius a eſtimé, que la veſſie du fiel n'a pointvarieté de fibres, pour faire ceſte varieté d'actions : mais Veſalius luy a ſuffiſamment reſpondu enl'examen qu'il a fait de ſes obſeruations Anatomi- ques de Fallopius Outre toutes ces choſes, il faut entendre que l'attraction,& expulſion ſont faictes pardiuers organes, & conduits.Car ladite veſſie eſtant paruenuë par ſon col aſſez eſtroit,iuſques pres l'origine de la veine Porte, elle ſe diuiſe en deux conduits ou pluſieurs:dont l'vn eſt le plus ſouuent,ſans aucune diuifion de ſoy,s en va à l'Ecphyſe:& quelquefois en aucuns il en enuoye vn autre petit au ventricule,comme eſcrit Galien au deu- xieſme liure des temperaments,& ceux-là viuent miſerablement, & ſont contraints auec grandes douleurs de teſte,& d'eſtomach,vomir la bile,ſpecialement quand ils ſont à ieun. Et de telles natures parle Galien en ſon Ars medica ou Ars parua,chap. 74. L'autre apres s'eſtre diuisé hors la ſubſtance du Foye,en deux ou plu- ſieurs conduits,derechef entrez dedans le Foye , ſe diuiſe ſelon la diuiſion de la veine Porte, laquelle ils ac- compagnent tout par tout, s'inſerans par petites portions,& diuers lieux, dedans ladite veine:afin que par ce moyen le ſang fait, & elaboré par la vertu du Foye dedans ladite veine Porte , fuſt repurgé auant qu'en- trer en la veine Caue. Ce qui manifeſte par la diſſection du Foye., La ſixieſme figure du Follicule du Fiel. Monſtre le fonds dudit Follicule. Le Meat commun , tant à l'attraction de l'humeur cholerique, qu'à l'expulſion, lequel ſe termi- ne à C. Le Meat propre à l'attraction de l'vmeur cholerique du foye. Le Meat pour l'expulſion qui ſe fait dans l'Ecphyſis, marqué F. Le portion de l'Ecphyſis. L'orifice inferieur dudit ventricule. Veines & arteres d'vn coſté , qui vont de la veine Porte, & artere Hepatique au Cyſtis du fiel, reſpondantes aux deux pareilles de l'autre coſté non marquées. De la Ratte ». C H A P. X X. O v R c E que nous ne ſçaurions monſtrer deuëment la diſtribution de la veine Porte, ſans % pareillement leuer,& oſter la Ratte de ſon lieu,à ceſte cauſe,auant que paſſer plus outre pour ſ2 euiter confuſion,nous parlerons d'icelle. La Ratte donc eſt de ſubſtance molle,rare,& ſpon- gieuſe, pour plus facilement attirer, & receuoir les gros humeurs du foye, plus noire que le · foye,tenant la couleur de ſa chair,de la lie du ſang, dont elle eſtfaicte & produitte. Sa quan- tité eſt aſſez grande,toutesfois aux vns plus qu'aux autres,ſelon la diuerſe complexion des perſonnes.Sa fi- gure eſt aucunementtriangulaire,& boſſué du coſté qu'elle s'attache aux coſtes,& Diaphragme,& caue vers : le coſté qu'elle regarde,& touche le ventricule.Sa compoſition eſt de Tunique,propre chair,veine,artere,& nerf dont la Tunique luy eſt baillée par le Peritoine : ſa propre chair, de la lie du ſang,ou pluſtoſt de l'hu- meur melancholique naturel,veu qu'elle ſe nourrit d'iceluy, & non du non naturel. La veine luy eſt baillée par le quatrieſme rameau de la veine Porte, l'artere, du premier rameau , produit de la grande artere au deſſous du Diaphragme : & le nerf du Coſtal de ſon coſté,venant de la ſixieſme conjugaiſon,par la racine des coſtes interieurement:& on voit ce nerficy,non ſeulement ſe diſtribuer par la Tunique , mais auſſi en- trer dedans la ſubſtance auecque les vaiſſeaux, ainſi que nous auons obſerué aux Poulmons, & au cœur. Quant au nombre, elle eſt ſeule ſituée en l'Hypochondre ſeneſtre, entre le ventricule,& les fauſſes coſtes, ou pluſtoſt Diaphragme,qui deſcend iuſqu'à l'extremité d'icelles : auſquelles elle eſt le plus ſouuent adhe- rante , & conjointe naturellement, de ſa partie gibbeuſe par la Tunique du Peritoine, comme de ſa partie caue au ventricule , tant par certaines veines qu'elle luy baille , que par l'Epiploon. Elle a auſſi connexion auec toutes les autres parties du corps mediatement,ou immediatement par ſes vaiſſeaux. Elle eſt de nature froide & ſeiche. Son action & vtilité eſt d'attirer l'humeur melancholique naturel,en temps & lieu s'elle n'eſt empeſchée. Or tel ſang gros, gras & limonneux,eſtant attiré par la Ratelle,eſt digeré par les arteres qui ſont en nombre infiny en ſa ſubſtance, & par leur mouuement aſſidu, & la force de la chaleur naturel- le qui vient du cœur,il ſe cuit,& ſubtiliſe,& altere ſa groſſeur,& eſpeſſeur:&eſtant ainſi digeré,& ſubtiliſé, la ratelle s'en nourrit;& celuy qui eſt ſuperflu, eſt enuoyé par les conduits qui luy ont eſté donnez de na- ture pour ce faire:qui ſont vne veine montant d'elle au ventricule, pour luy porter quelque petite portion de l'humeur melancholique, lequel eſt acide ou aigre, pour aucunement irriter la vertuappetitiue:auſſi de ſon adſtriction roborer le ventricule;& vne autre, laquelle deſcend quelquesfois du rameau ſplenique,ou bien de la veine Porte ſous l'orifice d'icelle au ſiege, pour faire les Hemorroides. De la veine Porte, & diſtribution d'icelle ». C H A P. X X I. $:,s A veine Porte ainſi que toute autre , eſt ( comme nous auons dit ) de ſubſtance ſpermatique, & # de quantité aſſez grande, de figure ronde & caue, comme vn tuyau. Sa compoſition eſt d'vne tunique propre, & vne commune qu'elle reçoit du peritoine. Elle eſt ſeule & vnique, ſituée à la Partie caue du foye duquel elle ſort ( ou pluſtoſt de l'vmbilicale ) & au milieu de tous les inteltins : auec leſquelles parties elle à connexion : pareillement auec le ventricule , la Ratte , le Sphincter du ſiege,& le Peritoine par ſa tunique.Son temperament eſt froid & ſec,& eſt faicte, & conſtituée de nature f : C1C 1 ( \ I13tUOIIl1C. 77 A de nature pour receuoir les chylus de l'eſtomach, & des inteſtins & iceluy contenir, tant que le foye l'ait changé en pur ſang,pour par apres l'enuoyer par la veine caue,à tout le corps. Or elle ſortant de la partie # caue du foye ſe diaiſe en ſix rameaux:à ſçauoir,quatre ſimples , & deux compoſez,& diuiſibles en pluſieurs Diuiſon de autres. Le premier des ſimples monte de la partie anterieure de ſon tronc à la veſſie du fiel, ſelon le conduit #º Colagogue,auec pareilles arteres, pour apporter en icelle la vie & nourriture : & eſtappellée ceſte diſtri- #. /'4- bution Cyſtique, ou boutelliere qui eſt double. Le ſecond nommé Gaſtrique deſcend ſemblablement de la § partie enterieure dudit tronc au Pylore,& partie caue,& † duditventricule prochain à iceluy. Le §. tiers nommé Gaſtrepiploique dextre,ſortant de la partie laterale dextre de la veine, s'en va à la partie gib- rrºiſieſme , beuſe du ventricule,prochaine du Pylore,& Epiploon dextre. Le quatrieſme iſſant quaſi de la partie poſte- g)uatrieſme rieure,& dextre de la veine,ſur la racine du rameau Meſenterique,monte iuſques au cómencement de l'in- cinguiſme teſtin Ieiunum,tout le long du Duodenum:& pource eſt appellé inteſtinal.Et voila quant aux quatre ſimples. Maintenant des deux compoſez,le premier eſt ſplenique, lequel ſe diuiſe en la maniere qui s'enſuit.Premie- rement,de ſon commencement & partie ſuperieure, fait la veine nommée Coronale du ventricule,laquelle monte par la partie poſterieured'iceluy,en la partie ſuperieure & caue,où eſtant paruenuë,ſe diuiſe en deux rameaux:deſquels l'vn monte vers l'orifice ſuperieur,& l'autre deſcend vers l'inferieur, produiſant chacun en ſon chemin des rameaux,tant à la partie poſterieure qu'à l'anterieure,leſquels ceignent,& embraſſent le- dit corps du ventricule,comme vne couronne,d'où elle a prins ſon nom. Ie l'ay trouuée quelquesfois ſortir du tronc quelque peu deſſus l'orifice de la Splenique. Apres ceſtuy-là de fa partie inferieure prochaine,elle produit le plus ſouuent leur rameau nommé Hemorrhoidal,lequel deſcendant par deſſus le Lumbe ſeneſtre au ſiege,communique vne bonne partie de ſoy à l'inteſtin Colon ſeneſtre,& Rectum:à la fin duquel le plus ſouuent ſe trouue diuiſé en cinq veines Hemorrhoidales, quelquesfois plus,quelquesfois moins.Siluius eſ veinas H.- crit que le rameau Hemorrhoidal deſcend du Meſenterique, & de fait, l'auons quelquesfois ainſi obſerué: morrboida- toutesfois il eſt plus raiſonnable qu'il deſcende du Splenique,d'autant que par iceluy eſt purgé le ſangme-les. lancholique,& ſouuent l'auons ainſi veu,& noté.Tiercement,de ſa partie ſuperieure,& quaſi moyenne,en- uoye vn tiers rameau à la partie gibbeuſe du ventricule,& Epiploon , produit dudit endroit : & eſt appellé Gaſtrepiploide majeure,moyenne,& ſeneſtre. Ql artement,de la partie inferieure pres de la ratte, elle fait la ſimple Epiploide,qu'elle d'iſtribue par l'Epiploon ſeneſtre.Quintement,de ſa partie ſuperieure prochaine au corps de la ratte, où deſia eſtant plongée dedans, elle enuoye vn petit rameau nommé Vas venoſum , à l'orifice ſuperieure du ventricule pour exciter l'appetit. Souuent & quaſi touſiours auons obſerué ce vaiſ- ſeau,que Galien au quatrieſme liure de l'yſage des parties appelle Vas breue,ſortir du corps de la ratte,& ſe Galin. terminer vers le milieu du ventricule partie ſeneſtre, & n'entrer point à trauers les deux tuniques dudit ventricule,dont on pourroit douter comme par iceluy l'humeur melancholique peut eſtre jetté en la capa-" cité du ventricule. Le demeurant dudict rameau ſe perd dedans la chair de la ratte. - S'enſuit l'autre rameau nommé Meſenterique,lequel ſe diuiſſe en trois parties dont l'vne, & plus petite sixieſme . s'en va a l'inteſtin Cxcum,Colon dextre,& moyen,diuiſée par grande multitude d'autres rameaux. Laſe- . " conde,& moyenne ſe perdent dedans l'Ileon:comme la troiſieſme,& plus groſſe au Ieiunum,& eſt appellée de ce nom Meſenterique,pource qu'elle eſt diſſeminée preſque par tout le Meſentere,tout ainſi que la Sple- Veine meſa- nique,parce qu'elle s'en va perdre,& terminer en la terre. Où noteras que comme laditte veine ſortant du raique ou Foye,ſe diuiſe aux parties ſuſdites par rameaux plus grands, puis plus petits tant que ladiuiſion ſoit venue AMeſenteri- iuſques aux rameaux capillaires ainſi fait elle,ſe plongeant dedans le foye. Et voilà quant à la diuiſion de la 7** veine Porte,laquelle ſi quelquesfois tu ne trouues ainſi qu'elle eſt deſcrite, ne t'en esbahis point:car à peine - la trouueras-tu jamais ſemblable en deux ſujets,pour la varieté de l'indiuidu,laquelle eſt(comme diſent les Anºratiºn. Philoſophes) à chacun particuliere & propre. Ainſi imagine des autres vaiſſeaux:toutesfois c'eſt ainſi que nous l'auons le plus ſouuent trouuée,& obſeruée en nos diſſections,tant publiques,que priuées. - - De l'origine de l'artere, & diuiſion du rameau deſcendant aux parties naturelles. C H A P. X X II. P R E s ces choſes ainſi conſiderées il conuiendroit oſter les inteſtins : mais pource qu'en ce faiſant on perd la diuifion de l'artere deſcendante aux parties naturelles,à ceſte cauſe ſemble , eſtre raiſonnable,qu'auant qu'oſter leſdits inteſtins,nous parlions de la diſtributiou d'icelle. origine dci Quoy faiſant il faut ſçauoir, que tout ainſi que toutes les veines, ſelon Galien, fortent du Veines & . foye, ainſi font les arteres du cœur,leſquçlles eſtans en leur commengement diutſées en deux arterºs. rameaux ( comme te ſera demonſtré en leur lieu ) le plus rand deſcend en bas vers les parties naturelles par deſſus l'eſpine du dos, commençant depuis la cinquieſme vertebre d'iceluy,depuis lequel endroit fait telles ramifications qui s'enſuiuent. La premiere appellée Intercoſtale,va entre les muſcles intercoſtaux,& ſpinale medulle par les trous par leſquels les nerfs ſortent,tant à dextre qu'à ſeneſtre,qui reſtoient depuis la cinquieſme vraye coſte,iuſques à la derniere fauſſe. Où noteras que par icelles nous entendons les ſept animaux diſtribuez,ainſi que nous ve- nons de dire:leſquels ſortent de leur tronc deſcendans ſur l'eſpine à l'endroit de chacun muſcle intercoſtal. La ſeconde eſtant double,va au Diaphragme tant d'vn coſté que d'autre,& pource nous la pouuons ap- peller Diaphragmatique. - - La tierce aſſez groſſe,ſortant de la partie ſuperieure de l'artere,iſſue hors du Diaphragme,ſe diuiſe quel- que peu apres en deux inſignes rameaux : dont l'vn s'en va au ventricule, à la ratte & à leur Epiploonsd'a- uantage à la partie caue du foye,& veſſie du fiel:l'autre s'en va au Meſentere, & inteſtins, faiſant ramifica- Celiaque . tions toutes ſemblables à celles des veines Meſaraiques : à cauſe dequoy elle eſt appellée Celiaque,ou (s'il faut ainſi parler)ventrale. Et faut entendre, que les extremitez tant des vnes que des autres penetrent les inteſtins juſques à la derniere tunique,afin que par leur contact, & attouchement elles puiſſent mieux ſuc- cer, & attirer le (hylus contenu en iceux. - - La quatrieſme va aux reins,& pource eſtappellée renale ou emulgente,parce qu'elle ſucce,& tire le ſang de la maſſe ſanguinaire. - La cinquieſme aux teſticules,auec les veines ſpermatiques preparantes:& eſt pareillement appelléeartere ſpermatique:laquelle du coſté dextre ſortant dutronc de l'artere,pour aller trouuer la veine ſpermatique du meſme coſté, paſſe quelquesfois par deſſus, quelquesfois par deſſous la veine caue. Parquoy ſe faut bien Meſenteri- donner garde qu'en la deſcouurant on ne la rompe. - que La ſixieſme ſortât de la partie anterieure,& ſuperieure de l'artere,deſcéd auec les vº# hemorrhoidales inferiouris 3 2U1 Intercoſta- Diaphrag- matique ». Renale ou Emulgente- . Spermati- tique. | 78 LC tfO111C1IIlC L1UlTC au fondement,enuoyant dés ſon commencement certains rameaux juſques tout le long preſque de l'inteſtin | Colon,& s'vniſſent par leurs anaſtomoſes auecques autres rameaux de l'artere Cœliaque:en ſorte que ſi on regarde de bien prés, on trouuera ſouuent telles vnions entre les veines & arteres chacune à part, & quel- Anaſtamoſe. quesfois entre l'artere & veine.oranaſtomoſe eſt communication de veine auecques artere,afin que ſi elles Lumbaire. Iliaque. Origine des nerfs diſtri- buez aux parties ma- turelles. ont indigence, qu'elles s'aydent:comme ſi la veine a indigence de ce qui eſt contenu en l'artere:qu'elle l'at- tire de l'artere:& pareillement ſi l'artere a beſoin de la veine. La ſeptieſme ſortant du tronc par autant de rameaux qu'il y a de vertebres aux Lumbes, s'en va à iceux, & parties à eux appartenantes, comme la medulle de l'eſpine à l'endroit des Lumbes:& autres parties enue- loppans leſdites vertebres : & pourtant eſt appellée Lumbaire. La huictieſme fait les Iliaques,juſques à ce qu'elle ſoit hors du Peritoine,où les Crurales commencent.Et de ladite Iliaque ſont faites pluſieursautres diuifions,leſquelles pource qu'elles ſont ſemblables àcelles des veines Iliaques, pour euiter prolixité, nous differerons à en traitter juſqu'à ce que nous ſoyons venus auſ- dites veines. La ſeptieſme figure du ventre inferieur. e A Monſtre la partie caue, & Lobes du foye renuersé 7///// en haut. B Vn des ligamens lateraux du foye, par leſquels eſt attaché au Diaphragme. C La veine vmbilicale entrant au foye. D La veſſie du fiel. B Le tronc de la veine Porte infuſe auec l'implanta- tion des inteſtins,où ſont demonſtrées les peti- tes veines clyſtiques par O O , & les autres ſans marques, ſont les arteres clyſtiques. G L'artere du foye,autour de laquelle eſt trouué vne ramification de nerfs de la ſixieſme conjugaiſon par 2. " | | | -- * - H Le conduit du Pore Cholagogue incisé , qui deſ- #^@§# ' # l # @ # $ cend dans l'inteſtin nommé Duodenum. - s# | -" # Lºl ºl !| 2^ # \ \!| I La partie Caue de la ratte. #º \ - K Le tronc de la veine Caue. L Le tronc de la grande artere. M L'artere allant au ventricule Epiploon, Meſentere & à la ratte. N N Les veines adipeuſes. O O Les reins. - P P Les veines & arteres emulgentes. Q_Q_ Les vaiſſeaux vreteres. - R R Les veines spermatiques, & leur diſtribution au C - · Peritoine. S S Les arteres Spermatiques. T L'artere qui ſe diſtribue au Meſentere du Colon & du Rectum. V La diuiſion de l'artere Vmbilicale aux deux Ilia- lICS. xX Deux rameaux des veines,& arteres qu'on appelle Muſculeuſes. Y Les arteres & veines Hypogaſtriques. Z Le Rectum inteſtinum coupe & lié. & La veſſie. 2 a Les vaiſſeaux Spermatiques deferans, nommez Eiaculatoires ou Expellens. b b La tunique Erytroide deſcendant du Peritoine aux teſticules. c c Vne petite veine produite duvaiſſeau Spermatique, ſur la tunique Dartos. Des Nerfs diſtribuez aux parties naturelles. CH A P. XXIII. - D % E s T E maintenant,auant qu'oſter les inteſtins,à declarer les nerfs diſtribuez aux parties na- # turelles, afin que rien ne ſoit obmis. Et pour commencer, faut ſçauoir que leſdits nerfs vien- $ nent de ceux de la ſixieſme conjugaiſon , leſquels deſcendent tant à l'eſtomach tout le long # de l'Oeſophague, & parties laterales d'iceluy, que par les racines des coſtes interieurement, Q NQ tant d'vn coſté que d'autre : leſquels eſtant venues par deſſous le Diaphragme, ſe diſtribuent aux partiesnaturelles chacun de ſon coſté, comme les veines & arteres. Où noteras que ces nerfs ſui- uent principalement l'artere : & pource ſi tu veux monſtrer la plus grande ramification d'iceux , il la faut chercher à l'endroit que l'artere ſe diuiſe aux inteſtins deſſus les Lumbes. Or ces nerfs n'onteſté fort gros, attendu que lesmembres nutritifs n'ont eu meſtier que de petits nerfs, pour le troiſieſme vſage, qui eſt de cognoiſtre & diſcerner ce qui les peut facher : car s'ils eſtoient priuez de ceſte cognoiſſance de n'auoir ſen- timens de leurs paſſions, rien n'empeſcheroit qu'en vn moment de temps l'homme ne fut perdu & deſtruit: car ſubit que nous ſentons quelque mordication aux inteſtins,nous nous haſtons d'y remedier. Et s'iln'a- uoient aucun ſentiment,ſeroient vlcerez,rongez & pourris des excremens qui journellement yfluent:& par- tant ayans ſentiment ne permettent tant ſoit peu de temps,aux excremens acres & corroſifs y demeurer:ce qui nous monſtre aſſés manifeſtement, que nature ſage ouuriere n'a jamais rien fait ſans cauſe , & ſans vne grande artificieuſe & admirable induſtrie. Maintenant faut oſter les inteſtins. - - Inſtruction : de l'Anatomie. 79 Inſtruction pour oſter les inteſtins. C H A P. XX I V. v A N D on veut oſter les inteſtins, il faut commencer au Rectum , lequel faut lier quatre , doigts ou enuiron prés de ſon extremité, en deux lieux eſloignez de deux ou trois doigts l'vn de l'autre : puis les faut couper entre les deux ligatures , & en couppant monſtrer leurs tuniques tant propres aucc leurs fibres,que celle qu'ils ont du Peritoine. Cela fait,faut auſſi - lier le tronc de la veine Porte le plus prés qu'il ſera poſſible de ſon origine : afin que par ce vmoen tous ſes rameaux ſoient liez , & par conſequent Hemorrhagie euité. Le ſemblable feras à l'ar- tere Cœliaque, à l'endroit du Rein ſeneſtre,& à celle qui deſcend au Rectum auec les Hemorrhoides : & cela fait ,leueras leſdits inteſtins iuſques au Duodenum , lequel doit eſtre pareillement lié en deux lieux par deſſous l implantation du pore Cholagogue, afin qu'on voye l'implantation oblique d'iceluy dedans ledit inteſtin : qui eſt cauſe que la cholere coulée par iceluy à la compreſſion dudit inteſtin faite de bas en haut, ne peut regurgiter dedans laditte Veſſie du fiel, qui eſt deux ou trois doigts prés le Pylore : & ſoit coupe au milieu de deux ligatures comme le rectum, & le tout mis à part hors du corps. o rigine & diſtribution de la veine Caue deſcendante ». CHA P. XXV. MM ] O v R c E que les autres parties naturelles dependent preſque toutes de la veine Caue deſ. cendante, à ceſte cauſe il faut (auant que paſſer outre ) demonſtrer l'origine, & diuiſion d'i- celle. Il a eſté declaré par cydeuant, que toutes les veines ſortent du Foye, toutesfois de diuers endroicts. Car comme nous auons monſtré, la veine Porte ſort de la partie caue d'i- celuy : au contraire la veine Caue de la partie gibbeuſe en forme d'vn tronc d'arbre, lequel ſortant dudit Foye, ſe diuiſe en deux grandes branches, deſquelles la plus petite monte aux parties vita- les , animales, & extremitez d'icelles, comme nous dirons en ſon lieu. La plus grande deſcendant par la partie poſterieure du foye ſur l'eſchine des Lumbes, va aux parties contenues ſous iceluy , en la forme, & maniere qui s'enſuit. Sa premiere diuiſion eſt tant d'vn coſté que d'autre , à la membrane des Reins, venant au Peritoine , & parties voiſines, & ſont dictes veines adipeuſes, pour la multitude de greſſe qu'el- veines adi- les engendrent en ces endroicts. Leur origine eſt diuerſe : car la dextre vient le plus ſouuent de la Renale dextre, à cauſe qu'elle eſt plus haute. La ſeneſtre vient du tronc meſme de la veine Caue : à caùſe que la Renale de ſon coſté eſt par trop baſſe : rarement on voit autrement. La ſeconde, qui eſt nommée Renale, Rºmulgente. · ou emulgente, va aux Reins, auſquels ſur l'entrée,ou vn petit deuant,elle ſe diuiſe en deux rameaux com- me l'artere : vn ſuperieur, & l'autre inferieur ,& iceux encores conſequemment en pluſieurs autres par de- dans la ſubſtance deſdits reins, comme tu peux mieux voir à l'œil,qu'entendre par le liure.Elles ſont groſ- ſes & larges , afin que l'humeuraqueux y puiſſe paſſer plus librement,& ſans y faire long ſeiour. Leur ori- gine eſt diuerſe car la veine dextre ſort le plus ſouuent de ladite veine Caue, quelque peu plus haut que la ſeneſtre , afin qu'avant la charge de repurger le ſang de l'humeur ſereux,& bilieux, ſi † portion eſ- chappe des laqs de l'vn,elle puiſſe tomber aux laqs de l'autre:ce qui n'euſt eſté fait,s'elles euſſent eſtéſituées vis à vis l'vne de l'autre,à raiſon de leur oppoſition,& contrarieté en leur action.Et noteras en cét endroit C que pluſieurs fois en faiſant diſſections , & ouuertures de corps morts, nous auons trouué à des calculeux ruſques à ſeptveines emulgentes ; & autant d'arteres, quatre venans du coſté ſeneſtre , toutes de diuers lieux, dont la derniere ſortoit de l'Iliaque:& trois de l'autre coſté,venans auſſi de diuers endroits de ladite veine. La tierce diuiſion nommée Spermatique,va aux teſticules, de laquelle l'origine eſt telle, que la dextre vient du tronc de la veine auec partieanterieure,& la ſeneſtre de la veine Emulgente le plus ſouuent. Quelquefois auſſi on trouue tant d'vn coſté que d'autre eſtre accompagnées,la dextre d'vn autre venant de l'Emulgente dextre, & la ſeneſtre d'vn autre venant de la veine Caue : en aucuns ſeulement d'vn coſté, aux autres de deux : quelquesfois auſſi i'ay veu l'Emulgente ſeneſtre ſortir de la Spermatique. On peut auſſi obſeruer pluſieurs autresvarietez, leſquelles ſi on vouloit toutes expliquer, jamais on n'auroit la fin. La quatrieſme aux Lumbes , & pource eſt appellée Lumbale:laquelle en origine,& diſtribution eſt toute ſem- blable à l'artere lumbale.Il faut noter qu'il y a de chacun coſté quatre lumbales,à ſçauoiraux quatreinter- ſtices des cinq vertebres des lumbes. I a cinquieſme fait les Iliaques † l'iſſue du Peritoine, où elles prennent le nom de Crurales:& ſe diuiſent premierement aux muſculeuſes,ainſi nommées,pource qu'elles vont aux muſcles obliques Aſcendans,& Tranſuerſaux,& au Peritoine.Leur origine eſt quelquesfois à l'ex- peuſes. Renale ou Annotation. Spermat ique Lumbale ou Lumbaire . lliaguet. tremité du tronc. Secondement font les ſacrées, leſquelles s'en vont à la moüelle de l'os ſacrum, par la Saerées. voye des nerfs iſſans d'icelle. Tiercement elles produiſent les Hypogaſtriques, ainſi nommées , pource qu elles ſont diſtribuées à toutes les parties de l'Hypogaſtre, comme à l'inteſtin droit, muſcles d'iceluy,& cuir muſculeux (où quelquesfois elles excitent les Hemorrhoides, comme auons predit ) dediez pluſtoſt à vuider le ſang qui peche en quantité, comme celles qui de la veine Porte viennent du Rameau ſplenique, D a purger celuy qui peche en qualité, & a la veſſie, & col d'icelle, voire iuſqu'àl'extremité de la verge:& à l'Amarry de la femme, & col d'iceluy,iuſqu'aux extremitez des parties honteuſes, d'où ſe peut faire qu'à-' Pres la conception de la femme,s'il luy ſuruient fluxion menſtruale, elle ſoit faite par les rameaux de ladite veine deſcendans au col de l'Amarry. Ce que meſme eſt vraye-ſemblable à d'aucunes filles vierges. Outre Plus ceſte veine jette vne portion de ſoy hors de l'Epigaſtre par le trou commun à l'os Pubis,& Iſchion,la- quelle renforcie d'vne autre de la Crurale interne,deſcend (ſe communiquantaux muſcles Obturateurs,& autres internes)iuſqu'au jarret ou enuiron. Quartement produiſent les Epigaſtriques,leſquelles tant d'vn coſté que d'autre, montent tout le long de la partie inferieure des muſcles droits , reſpondans aucuns ra- meaux aux muſcles obliques,& tranſuerſeaux,& Peritoine. Quintement & finalement,font les honteuſes, ainſi nommées,pour ce qu'elles vont aux parties honteuſes des femmes,& à l'homme au Scrotum pour fai- re la tunique charneuſe, laquelle eſt pleine de veine,, & au cuir de la verge. Leur origine eſt par deſſous les Hipogaſtriques. - Des Reims. C H A P. X X V I. $çº 'E N s v 1 v E N T maintenant les Reins , leſquels pour bien monſtrer, apres auoir bien contemplé # leur ſituation , les faut deſcouurir de leur greſſe , s'ils en ont, & membrane qu'ils ont du Peritoi- Hypogaſtrl- ques. Annetation. Epigaſtri- ques. Hanteuſes. ne , puis declarer les choſes qu'il faut conſiderer en iceux , commençant à leur ſubſtance , qui eſt de Subſtance. O 4 chair 8o Le troiſieſme Liure - ------ --- : - --- - J - chair denſe, dure ou eſpaiſſe, de peur qu'ils ne fuſſent facilement bleſſez par l'acrimon1º de † A camtoſition. quantité eſt aſſez grande,comme tu le peux voir à l'œil : & ſont de figure ronde & † en forme de croiſſant,comprimée aucunement par deſſus & deſſous,& ayant partie caue & gibbeu C. e regarde la veine caue,& par icelle partie reçoiuent les veines & arteres Emulgentes,& produiſent les vºteres & CIl cét endroit ſont entaillez comme vne mortaiſe. La gibbeuſe regarde les lumbes. Ils ſont compoſez d vnetu- nique venant du Peritoine,de leur propre chair,qui eſt faite par effuſion du ſang.comme des autres viſceres autour de leur veines & arteres,que nous auons dit Emulgentes,ou ſucçantes,& d'vn petit nerflequel VC- Nº nant des coſtaux de la ſixieſme coniugaiſon,chacun de ſon coſté,& diſtribué à la tunique d'iceux,combien Sitº44f1677e qu'il ſemble ſuiure la veine &artere. Et non ſans cauſe Fallopius homme ſubtil & diligent, a obſerué, que ce nerfn'eſt point ſeulement eſpandu par la tunique des reins, mais auſſi qu'il penetre & entre en leur ſub- ſtance.Ils ſont deux en nombre, afin que s'il aduenoit nuiſance al'vn,l'autre peuſt ſatisfaire à l'office pour lequel ils ſont ordonnez. Et ſont fituez ſur les Lumbes au coſté des grands vaiſſeaux,auſquels ils ſont ſuſpen. cannexion dus par leurs veines & arteressainſi qu'ils ſont attachez auſdits Lumbes,comme par vne ſeconde tunique,de " peur qu'ils ne ſoyent ébranlez par mouuement violents : en ſorte que nous pouuons dire iceux auoir deux tuniques, ou membranes,vne propre adherante à leur propre ſubſtance,& l'autre comme venant du Peri- toine à l'endroit qu'ils adherent audit Peritoine. Le dextre le plus ſouuent eſt plus haut,& le ſeneſtre plus #" bas, pour les raiſons declarées ſur la diuerſe origine de leurs vaiſſeaux. Ie ſçay bien que Columbus eſcrit au _Action. contraire,mais ie m'en raporte à la veuë. Leur connexion eſt par leurs veines,arteres & nerfs,auec les mem- B branes principaux,par leurs tuniques auec les Lumbes,& autres parties contenues au ventre inferieur, & ſpecialementauec la veſſie par leurs Vreteres ouvrinaires.Ils ſont de temperament chaud & humide,comme eſt toute partie charneuſe. Leur action eſt de repurger la maſſe ſanguinaire, pour la plus grande partie de l'humeur ſereux & bilieux. Ie dy pour la plus grande partie,pource qu'il eſt neceſſaire qu'vne portion d'i- celuy aille auec le ſang iuſqu'aux parties ſolides,pour luy ſeruir de vehicule & chariot, qui eſt de ſoy pour ſa trop grande craſſitude inepte à couler par les veines capillaires,eſquelles il faut qu'il paſſe.Outre ces cho- ſes faut entendre, que dedans vn chacun d'iceux y a vne cauité circonſcripte d'vne membrane,enuironnée de la diuifion des veines & arteres Emulgentes, dedans laquelle cauité eſt faite tranſcolation de l'vrine, partie par la vertu expultrice des Reins,partie par la faculté attractrice des Vreteres,plongée deſſous leur cauité par toute leur ſubſtance, Comme eſt le Pore Cholagogue dedans le Foye. LAnontation. La neufviéme figure, en laqueelle te ſont demonftrex bien appertement les vaiſſeaux, tant Spermatiques, que ceux qui appartiennent à la Veſſie:auſſi la Veſſie auec ſes parties. A Demonſtre la veine Caue, B Artere Aorta. cc veines , & arteres Emulgentes entrans dans les Reins. DD Vaiſſeaux Vretaires. E E Veines Spermatiques. F F Arteres Spermatiques. - G Endroit où la grande Artere cheuauche la grande Vei- ne, pour n'eſtre comprimée de l'Os ſacrum. - H H Conionction & meſlange de la veine , & artere Semi- nales,degenerans en texture variqueuſe , finiſſans à la membrane nommée Epydidyme. I I Deux Teſticules. K x Vaiſſeaux Expellens, ou Ejaculatoires. D L. La partie anterieure du corps de la Veſſie. M Le propre orifice, & commencement du col de la Veſſion N N Face anterieure des deux grandes Proſtates. o o veines, & arteres qui deſcendent depuis le col iuſ- qu'à l'extremité de la Verge. p P Deux ligamens ſpongieux, faiſans la Verge. Q_ canal commun, tantà l'vrine qu'au Sperme. R Balanus, fin ou extrcmité d'icelle. L4 · • . : :: l CIC l AflatOnn1e. 5 I -- A La dixiéme figure, qui te demonſtre les parties ſuſdites remuersées. A Monſtre la grande Artere. B Veine Caue. D D , Vaiſſeaux Emulgens aux Reins. B E LesVretaires auec leur entrée dedans la Veſſie. F F Veines Spermatiques. G G Arteres Spermatiques. H H Vaiſſeaux variqueux. I I Teſticules. K K. Les Paraſtates variqueux, faiſans les vaiſſeaux Elacu- culatoires. L L La conjonction, & concurrence de vaiſſeaux Expellens Paſſans par dedans les Proſtates,pour aller au conduit du col de la Veſſie. M M Deux glandes, nommées Proſtates. N Sphincter du col de la Veſſie. o o Ligamens † » ſeparez de leur origine, qui eſt à la partie inferieure de l'os Pubis. P Canal commun de l'vrine , & de la matiere Spermati- que. Des vaiſſeaux Spermatiques CHA P. XXVI I. l L conuiendroit maintenant parler des Pores Vreteres,pource que comme nous auons dit ils ſont produits & naiſſent deſdits reins,pour porter l'vrine à la veſſie:mais à cauſe qu'on ne les ſçauroitdeffaire, ny monſtrer ſans gaſter & corrompre la ſituation des vaiſſeauxSperma- tiques, ſous leſquels ils deſcendent en la veſſie, à ceſte cauſe me ſemble bon de paſſer à la declaration d'iceux vaiſſeaux Spermatiques, & des parties à eux appartenantes. Et premiere- suiſtance ment pour les biens & clairement demonſtrer, tu les ſepareras doucement de la tunique qui prouient du #. Peritoine, & graiſſe qui les couure iuſqu'à l'os Pubis, contemplant leur naturelle ſituation, auant que les leuer : puis demonſtreras que leſdits vaiſſeaux ſont de ſubſtance ſemblable aux veines & arteres : auſſi ne ſont-ils autres queveines &arteres. Leur quantité eſt petite en profondeur,mais en longueur aſſez grande, Figure. Pour la diſtance de leur origne aux Teſticules : toutesfois aux hommes plus qu'aux femmes,à cauſe qu'i- Compoſition ceux ont leſdits Teſticules hors du ventre,& les femmes au dedans. La veine eſt beaucoup plus groſſe que l'artere.Leur figure& compofition eſttoute pareille à celles desveines & arteres,hormis que depuis qu'ils ſortent hors de la grande capacité du Peritoine,ils ſe reflechiſſent en pluſieurs replis,faits enforme de vari- ce,iuſqu'auxTeſticules:afin qu'en fi longchemin lamatiere de la ſeméce,qui n'eſt encores que ſang,ſoit pre- parée à concoction,& albification, ou pluſtoſt cuite du tout en iceux par l'irradiation des Teſticules. Ils ſont fix en nombre:quatre Preparans,& deux Eiaculatoires ou Deferens,c'eſt à dire,jettans : deſquels nous Parlerons puis apres. Des preparans il y en a deux de chacun coſté, à ſçauoir,veine & artere,prenans leur origine de la où nous auons dit,parlans de la diſtribution de la veine Caue : & s'inſerent aux teſticules par leur Tunique, nommée d'aucuns Epididymis,des autres Dartos comme nous dirons tantoſt. Leur fituation eſt oblique ſur les Lumbes & Iles,deſcendans entre les extremitez de l'os Pubis & Ileum.Et ſont liez & at- D tachez auec les parties ſubjacentes,tant par certaines ramifications qu'ils leur enuoyent de ſoy-meſme, que Tempera- Par les membranes du Peritoine,qui les reueſt & couure. Leur temperament eſt tel que des veines & arte- men . res. Leur vtilité eſt de porter le ſang requis pour la generation de la ſemence aux Teſticules,deſquels main- L'vtilité. tenant faut parler. Nombre. Situation. Connexion, Des Teſticules. . C H A P. XXV I I I. E s Teſticules ſont de ſubſtance glanduleuſe,blanche,molle,& laxe, pour meſme raiſon que Subſtance. la rate, afin de pouuoir mieux receuoir la matiere du Sperme. Leur quantité & figure , eſt é)uantité. comme vn petit œuf de poulle aucunement comprimé. Et ſont compoſez de veines,arteres, Figure. : nerfs,tuniques,& propre chair.Les veines & arteres leur ſont baillées des vaiſſeaux ſperma- Compºſition 47 *S tiques,les nerfs, de ceux de la ſixieſme coniugaiſon , qui deſcendent le long de la racine des eoſtes, & de ceux de l'os Sacrum. Leurs tuniques ſont quatre en nombre , à ſçauoir deux Communes, ©uatre ru- & deux Propres. Les deux Communes, ſont le Scrotum venant du vray cuir , & la Charnue , qui eſt niques des faicte du pannicule Charneux, receuant illec grande multitude de vaiſſeaux, à cauſe deſquels eſt ainſi ap-teſticules. pellée. Les deux propres, ſont, l'Erytroide, qui vient de l'appophiſe, du Peritoine,deſcendant auec les Erytrºyde. vaiſſeaux Spermatiques , laquelle appert rouge,tant pour ſes vaiſſeaux, que pour les muſcles ſuſpenſoires des teſticules:& l'autre Epididymis ou Dartos, prenant ſon origine de la membrane des vaiſſeaux ſpermati- Epididymie. ques , | JLV L l WJlllU ll llVL ML l Ll l W > ques Preparans. Leur chair eſt effuſion de matiere autour des vaiſſeaux,comme nous auons dit des autres A ! " viſceres. Et noteras, que la ſuſdite Erytrois eſt ſeulement contiguë au Teſticule toutautour d'iceluy,fors : que deuers ſa teſte, auquel endroit elle adhere contre l'Epididyme:laquelle eſt continue par tout à la pro- Pourpuoy a pre ſubſtance du Teſticule. Elle a eſté crée,parce que les Teſticules eſtoient laxes,rares,cauerneux & mols, eſtº ºrée l'É- & ne pouuoient eſtre à ſeureté,& jointes auecques les vaiſſeaux ſpermatiques, qui ſont denſes & fort durs. Pº* A ceſte cauſe,Nature a voulu vnir & aſſembler ces deux corps,qui ont en leur ſubſtance ſi contraire,& s'eſt te eſtudiée de faire vn lien moyen entr'eux,qui les accouple en vne bonne vnion. L'Epididyme aux femmes ſe :|! void à grande peine,parce qu'il eſt fort petit.Les deux autres Tuniques communes ſont adherentes parles & Muſeles Su- vaiſſeaux,non ſeulement entr'eux,mais auecques l'Erytroide. Dauantage tu entendras que les muſcles ſuſ- :: ſpenſaires. penſoires, ou cremaſteres, ſont de meſme ſubſtance que les autres fort petits & greſles,de figure oblique :: & large , ſortans de la membrane du Peritoine : qui ( comme t'a eſté dit) prend chair des Iles, qui eſleuent e en haut leſdits teſticules d'vn mouuement obſcur. 42- La compoſition deſdits muſcles eſt telle que des autres : & ſont deux , de chacun coſté , ſituez depuis ::: les extremitez des lles, iuſquesaux teſticules , ayant connexion auecques l'apophyſe du Peritoine leſdits -x A#im. Teſticules. Leur complexion eſt telle que des autres. r: Nombre . Leur action eſt ſuſpendre & retirer les Teſticules vers le ventre, d'où ils ont eu le nom,Suſpenſatoires. g? Quant au nombre des Teſticules , ils ſont deux le plus ſouuent , vn de chacun coſté , quelquefois trois, # - . _ | - quelquesfois moins, comme auſſi il aduient quelquesfois des reins : car en aucuns il ne s'en trouue qu'vn, B ºé ##. Leur fituation eſt dedans le Scrotum, ſous l'extremuté inferieure de l'os Pubis : & ſont connexez par leurs :/( Temypºr - vaiſſeaux, auec les parties principales,& le col de la veſſie,& membre viril parleurs tuniques,auec les par- (! f77e/1f. ties deſquelles ils les prennent Leur temperament eſt froid & humide,pour eſtre glanduleux,combien que lt. · §, de par accident ils puiſſent eſtre chauds par la multitude des vaiſſeaux qu'ils reçoiuent.Ceux † ont les Teſti- #º rºſticule, cules trop chauds,ſont prompts & enclins à l'vſage Venerien:leurs parties honteuſes,& celles qui ſont voi- # trop chaud. ſines, ſont fort reueſtuës de poil : & leſdits Teſticules ſont gros & ſolides.Ceux qui ont les Teſticules trop :é froids,ne ſont pas beaucoup aptes à l'acte venerien,& n'abondent en lignées:& s'il leur en aduient,engen- x drent pluſtoſt des femelles que des maſles.Ils ont peu de poil autour des parties honteuſes:leurs Teſticules :: Sizºº des ſont petits & mols,aucunement applatis. Leur action eſt de faire la ſemence pour la generation,& de ren- k- º, forcer toutes les parties du corps par leur irradiation virile:comme tu peux voir,par experience aux chaº ltº #r# froidi, trez,leſquels priuez deſdits Teſticules, n'ont non plus de force que les femmes,& quelquefois moins.com- ·. Altion. me demonſtre Hippocrate au liure De locis aere, & aqua, parlant des Scythes. [: r: - - #- Des corps variqueux,qu'on appelle Paraſtates : des vaiſſeaux Eiaculatoires,& corps tº glanduleux, nomme3 Proſtates. C H A P. X X IX. # subſtance . ſ# E s Paraſtates variqueux, ſont corps nerueux & blancs, faits quaſi comme des parties ner- L. Situation. $ ueuſes, anulaires, conjointes enſemble eſtroittement : leſquels ſont couchez depuis la teſte C $Z des Teſticules iuſques au bas , dont ils produiſent les vaiſſeaux Eiaculatoires, y prenans leur # ſortie. Si nous ne diſtinguons icy diligemment les mots, il y aura confuſion. Car ce que º j'appelle Paraſtate,qui eſt comme la teſte du Teſticule,ayant quaſi forme d'vn autre Teſticu- r le, Galien au premier liure Dejemine, l'appelle Epididymis : & moy , ſuiuant pluſieurs Anatomiſtes, par | A#ion, ce nom Epididymis j'entends la propre Tunique des Teſticules, dequoy ie t'ay bien voulu aduertir en paſſant. Leuraction eſt d'empeſcher par leurs amfractuoſitez, comme vn portier, que la ſemence ne paſſe des vaiſſeaux Preparans és Eiaculatoires , tant qu'elle ſoit entierement preparée, digerée, cuite, & albi- fiée eſdits vaiſſeaux par lesTefticules:car és premieres circonuolutions & entortilleures, le ſang eſt pur,& aux dernieres n'eft plus du tout rouge,mais ja eſt vn ſuc blanchiſſant. Et d'attirer d'iceux ce qui eſt parfai- ctement elaboré,ou pour le moins permettre qu'il ſorte. Car c'eſt vne maxime,quand nature veut arreſter longuement en quelque lieu aucune matiere, elle prepare & fait ſon paſſage difficile , à ſçauoir eſtroit, ou tortu, ou oblique ainſi qu'on peut voir au rets admirable, & aux boyaux leur entortillement,les rugoſitez du fond de l'eſtomac, comme auſſi le Pylorus, & lesveines ſubtiles & deliées au foye, afin que le Chylus y demeuraſt iuſques à ce qu'il fût châgé & digeré en ſang.Auſſi Nature a fait le ſemblable aux vaiſſeaux ſper- 9)uantité. matiques.Leur quantité & figure eſt aſſez notable à l'œil,& eſt aucunement ronde,tendante en pointe.Leur Figure .. compoſition eſt de nerfs,veines,& arteres,qu'ils ont des vaiſſeaux des Teſticules,& de la tunique venant du ººPºſition. Peritoine.ou ſitu veux,de l'Epididyme,& leur propre ſubſtance. Leur temperament eſt froid & ſec.Ils ſont º"Pºr*- deux en nombre, à ſçauoir vn en chacun reſticule : & ſont appellez Paraſtates Variqueux,comme Aſſiſtans Wºe/2?. ſuperficiellement, entortillez ſur le long du teſticule, comme veines Variqueuſes.Et d'iceux ſont produits les vaiſſeaux Eiaculatoires ou Expeliens,ainſi que nous auons dit leſquels ſont de meſme ſubſtance que leurs D Nombre , progeniteurs, à ſçauoir ſolide,& blanche,& comme nerueuſe, mais vnie comme au nerf Leur quantité eſt subſtance. moyenne,& leur figure ronde & fiſtulaire, à fin que la ſemence puiſſe couler par iceux:toutesfois il ſemble $uantité. qu'ils n'ayent aucune cauité manifeſte,ſi ce n'eſt en ceux qui ont eſté trauaillez d'vne longue gonorrhée,cô- Figure. me nous dirons cy-apres en ce chapitre. Leur compoſition & temperament eſt pareilaux ſuſdits corps,en- l tre leſquels & les Proſtates du col de la veſſie, ils ſont ſituez , ayans colligance immediatementauec iceux , & col de la veſſie, comme par leur tunique, & autres vaiſſeaux,auec leurs parties dont ils les prennent. Et c # ºſitiºn faut noter, que leſdits vaiſſeaux eſtans ſortis des paraſtates,ainſi qu'ila eſté dit,montent du bas des Teſticu- .#º* les iuſques au plus haut,où rencontrans les Preparans,montétpar le proceſſus ou voye du Peritoine dedans c§ance. le Ventre , ſe lians auec eux par certaines fibres nerueuſes,iuſques à l'interne capacité dudit ventre, ou ſe reflechiſſans laiſſent leſdits preparans pour deſcédreau deſſous de l'os Pubis,aumilieu de deux corps glan- duleux nommez Proſtates ou aſſiſtans,ſituez au commencement du col de la veſſie, pourillec ſe rencontrer & vnir enſemble, faiſans vn meat & conduit commun, premierement de deux ſiens , puis apres vn autre auec celuy de la veſſie,en ſorte que de ces trois conduits,à ſçauoir deux des Eiaculatoires, & vn de la veſſie en eſt fait vn communaux hommes , tant à l vrine, qu'à la matiere ſpermatique. Laquelle vnion nous eſt môſtrée par vne petite Carunculeeſleuée dedans,à l'entrée du col de la veſſie comme vne fraiſe,laquelle re- ceuant ledit trou aſſez patent, eſt ſouuent prinſe pour Caruncule non naturelle par ceux qui ſondent,igno- Nombre, rans l'Anatomie, meſmement lors qu'elle eſt enflée par quelque occaſion. Leur nombre eſt de deux,a ſça- Action, uoir vn de chacun coſté. Leur action,& vtilité eſt d'apporter la ſemence elaborée des Teſticules,aux Pro- Vtilité. ſtates,& par iceluy au col de la veſſie,pour eſtre de là jettée hors par la voye commune. Et premier que la ſemence s'inſere ſe font pluſieurs reuolutions,dans leſquelles eſtautant contenu de ſemence,qu'vn homme jette à chacune fois qu'ilcmbraſſe la femme. En quoy ſi on nous demande, à ſçauoir ſi le conduit commun fait | del'Anatomie. V - - • • • s L-i B fituez à la partie inferieure du cômencement du col de la veſſie,ayans colligance particulere auec iceluy,la - 83 fait de la concurrence des deux vaiſſeaux Eiaculatoires entre lesdeux corps glanduleux,eſt patant & mani- feſte au ſens de la veue,quand il entre dedans le conduit de l'vrine nous reſpondons que non,combien † y ſoit,à raiſon de la matiere illec portée, laquelle eſt craſſe & viſqueuſe.Et la cauſe qui nous empeſche de la voir, c'eft poſſible qu'apres la mort tous petits trous ſont bouchez par la froideur, & les grands bien fort eſtreſſis:ou pour la prouidence des parties deſdits trous l'vne ſur l'autre. Toutesfois quoy que ce ſoit,il faut que leſdits trous ſoient bien petits,l'homme eſtât en vie, veu qu'apres ſa mort on n'y ſçauroit mettre la poin- te d'vne petite eſpingle. Au moyen dequoy il ne faut craindre quand on ſonde quelqu'vn,que la ſonde eſtant Poisa nons- dedans la veſſie penetre dedans le communmeat des vaiſſeauxEiaculatoires, qui deſcend entre la Caruncule, ble pour la ſi paraccidentii n'eſt dilaté pargonorrhée,ou autrement par inflammation.J'en ay veu depuis peu de temps ſonde qu'o• en ça de ſi patens,qu'ils receuoient fort aiſement la petite teſte de mon eſpatule:qui nous aduertit de ſonder met en la bien ſagement,de peur d'intereſſer ledit monticule,lequel le plus ſouuent eſtant touché par la ſonde iette Vºſſie- du ſang s'il eſt enflammé. Dauantage,ſion demade comme par vn ſi petit trou la ſemence,qui eſt viſqueuſe & craſſe, peut eſtre promptement jettée en fi grande abondance au coit : ie reſponds que cela eſt fait par § & rauine de eſprits enuoyez de tout le corps ſur le temps dudit coit,auec l'aide de chacune partie par le commandement de la falculté imaginatiue,chefde telle œuure:leſquels eſprits eſtant paruenus aux Proſtates promptuaires & receptaclesdu ſperme,s'infinuans parmy iceluy en le rendant animé,le pouſº - ſent dehors ainſi promptemét.Apres ces vaiſſeaux s'enſuyuent les corps glandeuleux nômez Proſtates,leſ- Proſtates. quels ſont deſubſtance & temperament tel que les autres glandes.Leur quantité eſt aſſez grande:leur figu- .ºº re ronde aucunement oblongue , produiſans chacun de ſon coſté vne apophyſe aſſez longue & molle.Leur & tempera- compoſition eſt de nerfs, veines , arteres, & tunique,qu'ils ont de leurs parties circonuoifines, comme de //9g/2f. leur propre chair, qu'ils ont de leur premiere conformation.Ils ſont deux en nombre,joincts enſemble,& # - - - - A • - Compoſition. veſſie& vaiſſeaux differents,& parties annexées à iceux. Où noteras en general,que toute partie ayant nour- # riſſement vie & ſentiment,connexion mediatemêt ou immediatemêt auec les parties principales par les vaiſ- situation. ſeaux qu'ils en reçoiuent.L vſage deſdits Proſtates eſt de receuoir le ſperme produit des reſticules, & iceluy collitance . côſeruer en leurs corps,iuſques à ce qu'il leur nuiſe ou en quantité ou en qualité,ou en tous deux enſemble: Annotationn & de contenir vn humeur glaireux ou ſaliueux,& viſqueux,qui eſt engendré au corps glanduleux d'icelles,' Vſage- . lequel diſtille ordinairement au canal del'vrine des maſles,& quand ils habitent auec les femelles, eſt jetté aucc la ſemence dans la matrice : & aux femelles degoutte en leur matrice & hors d'icelle. C ét humeura pluſieus vtilitez tant aux maſles qu'aux femelles,ceſt qu'il donne enuie de s'aſſembler,& s'aſséblant il donne vn tres-grand plaiſir:auſſi il arrouſe le canal de l'vrine d'vne moüilleure profitable,afin que ſe deſſeichantil ne ſe retire & replie, empeſchant par ce moyen que ladite vrine & la ſemence n'ayent leur paſſage libre & aiſé:enduiſant en outre tout ce conduit de ſon vnctuoſité, à ce qu'il ne fuſt par fois,& à la longue eſcorché de l'acrimonie de l'vrine. Outre-ce,nous auons obſerué des deux coſtez de ces Proſtates, autres glandess que Rondelet en ſa practique (s'il la faut appeller ſienne) nomme Appendice glanduleſas , eſquelles meſ- mes la ſemence eſt gardeé. La dixiéme figure,où t'eſt ſeulement demonſtrée la difference d'icelle à la precedente- . A Monſtre le ligament du foye deſcendant entiere- \ ment deſſous le Xiphoide. B B La partie gibbeuſe du foye. C C La partie caue du fove. • • ! , D D La membrane adipeuſe des reins renuerſez. E E La bifurcation vnie duvaiſſeau Spermatiqueſe- neſtre,qui ſe fait de la veine Caue,& de la vei- ne Emulgente , laquelle rarement ſe trouue. F F La cônexion ou conjonctiô de la veine & arte- re ſpermatique, en laquelle commence à s'en- tortiller en forme de capreole de vigne. G L'entrée des vaiſſeaux preparás aux teſticules,par laquelle les vaiſſeaux preparans communiquét la matiere ſpermatique aux Teſticules. H Teſticule enueloppé de ſa Tunique nommée Dar- tOS• I I Paraſtates Variqueuſes, où commencët les vaiſ- ſeaux Spermatiques,Expellés, ou Eiaculatoires. K Le corps de la veſſie. - L Les corps granduleux, nommez Proſtates, entre leſquels les vaiſſeaux Spermatiques s'en vont vnir pour entrer au meat & côduit de la veſſie ui eſt commun à l'vrine, & à ladicte matiere ermatique. - M Muſcle Sphincter du col de la Veſſie. N Veines & arteres qui ſe diſtribuent à la verge. O O Deux ligamens ſpongieux conſtituans la verge. Des vaiſſeaux Vreteres. C H A P. X X X. g R ſommes - nous maintenant venus au lieu propre & commode pour parler des Vreteress subſtante, veſſie, & parties appartenantes à icelle. Donc les Vreteres ſont de ſubſtance ſpermatique, Quantité. blanche, denſe, & ſolide , de quantité notable,tant en profondeur qu'en longueur. Leur Figure.. figure eſt ronde, canulaire ou creuſez : & ſont compoſez de deux tuniques : vne Propre tiſ- #º - ſue de fibres droictes & tranſuerſes, laquelle vient des veines & arteres Renales ou ºmulgen- §. tes,l'autre commune, venant du Peritoine. Ils ont auſſi veines, arteres , & nerfs , leſquels leur ſºnt Grande & donnez des parties voiſines. Ils ne ſont que deux , de chacun coſté , & ſont ſituez entre les rºs merueilleuſe (de la partie cauedeſquels ils ſortent) & la veſſie. Or la maniere comme les portes Vreteres s'inſeren**!º § Veſſie, & le conduit qui vuide la cholere dedans l'inteſtin ſurmonte tous autres miracles de nature § ils de ma fHrê v, s implantent : , 84 . Le troiſieſme Liure s'implantent obliquement pres l'orifice d'icelle, & penetrent iuſques à l'interne ſipº#†. coupant,& ſouſleuant par deſſous vne languette membraneuſe du corps de la partie qº C, & s'ou- § l'entrée,& venue de l'excrement ; c'eſt à dire,de l'vrine & de la colere : & en autreºP*º#eſſerre,& bouche fermement comme vn couuercle,que non ſeulement l'excrement ne peut regorgºº**efluer enar- riere,non pas ſeulement le vent ce que nous experimétons à vne veſſie de porc ou autre animal, remplie de vent:car en icelle nous voyons l'air qui a eſté ſoufflé dedans,y demeurer encores qu'on preſſe bien fort deſ- ſus.Cartout ainſi que par l'impetuoſité des humeurs qui accourent,ceſte lâguette eſtrenuerſée,& ſubuertie au dedans : ainſi par ce qui interieurement la comprime, elle ſe plaque,& preſente contre le conduit. Telle Connexion. choſe nous monſtre, que nature eſt grande ouuriere,& maiſtreſſe.Leur propre connexion eſtauec les ſuſ- dictes parties, & muſcles des Lumbes, par deſſus leſquels ils deſcendent des reins à ladite veſſie : parquoy rien n'empeſche que la pierre deſcendant par leſdicts vaiſſeauxvreteres,ne puiſſe faire ſtupefaction à la cuiſ- Tempera- ſe,auſſi bien que s'il eſtoit aux reins.Leur temperament eſt froid & ſec,& l'vſage d'iceux eſt de ſeruir devoye, f77enl . & canal à l'vrine paſſant des reins à la veſſie. Et voilà quant aux vaiſſeaux vreteres, apres lequel s'enſuit l'explication de la veſſie. A - De la Veſſie_ . C H A P. XXX I. B Subſtance. #)ſ# A Veſſie eſt de meſme ſubſtance que les vreteres, à ſçauoir nerueuſe, afin qu'elle ſe peuſt -9)uantité. $ mieux dilater.sa quantité eſt aſſez grande,toutesfois aux vns plus,aux autres moins,tant pour Figure . - 7 raiſon de l'aage que plus grande ou plus petite corpulence,& habitude du corps.sa figure eſt Compoſition. röde,& quaſi nommée Pyramidale,& eſt commpoſée de deux tuniques :vne propre, laquelle: eſt fort eſpeſſe,tiſſue de trois genres de fibres, à ſçauoir, droites en ſa partie interieure,tranſ- uerſes en l'exterieure,& obliques en la moyenne : l'autre commune, qu'elle a du Peritoine. Elle a auſſi vei- nes , & arteres,vne de chacun coſté des vaiſſeaux Hypogaſtriques deſſus l'os Sacrum, & nerfs tant d'vn Tombre. coſté que d'autre, de ceux de ſixieſme coniugaiſon meſlez auec ceux qui ſortent de l'os Sacrum, iuſques à Situation. la fin duquelleſdits nerfs deſcendent depuis le cerueau. Elle eſt ſeule & vnique:ſituée aux hommes au petit Connexion. , ventre deſſus l'inteſtin droit ſous l'os Pubis : aux femmees entre l'amarry,& ledit os,auquel elle eſt attachée ººººº par ligamens membraneux,comme auſſi a la verge par ſon col,& à l'inteſtin droit par ſa tunique commune, Acti ºº & par ſes vaiſſeaux.Sa complexion eſt froide,& ſeiche.Son action,&vſage eſt d'attirer par ſes fibres,& rece- vfagev. uoir continuellement l'vrine:la retenir tant qu'il en eſt beſoin,& puis apres l'expeller par ſon col,partie pour la compreſſion,ſoit qu'elle aduienne de ſoy, ou pluſtoſt des muſcles de l'epigaſtre, & Diaphragme, attendu - que tel mouuement eſtant volontaire, doit eſtre fait de muſcle, qu'elle n'a point:partie auſſi par la dilatation de ſon muſcle Sphincter compoſé de fibres tanſuerſes comme celuy du ſiege, afin de clorre l'orificedeladite veſſie,de peur que l'vrine ne flue,& ſorte outre la volonté. Or la veſſie en ſe rempliſſant s'eſtend,& en ſe vui- Le Sphincter dant ſe reſerre comme vne bourſe qu'on ouure,& ferme.Et eſt ce muſcle,ainſi que tu peux voir ordinaire- de la veſſie. ment à la veſſie d'vn pourceau,eſtendu depuis l'orifice de ladite veſſie,& commencement du meat commun C à lvrine, & au ſperme, iuſquaux patties honteuſes, meſinement aux femmes : mais aux hommes il ceſſe au Perineum, lors qu'il laiſſe l'inteſtin droit, ou quelque peu apres. Or a-il eſté ainſi eſtendu, afin que par ſa compreſſion l'vrine fuſt entierement iettée hors du col de la veſſie,laquelle par ſon acrimonie en ſeiournât là,l'euſt peu bleſſer. Voila la commune opinion touchant le Sphincter de la veſſie : toutesfois Fallopius re- prend ceſte opinion. Car(comme il dit)ſi ce muſcle eſtoit deſſous le corps glanduleux, iamais la femence ne pourroit ſortir en coit ſans quelque partie de l'vrine.Parquoy il eſtime que ce muſcle eſt par deſſous les Pro- " ſtates,& n'eſt autre choſe que le commencement du col de la veſſie plus charnu, & tiſſu de fibres tranſuerſes. Le ºol de la Quandau col,il ne differe rien en ſubſtance,compoſition,nombre & complexion de la veſſie:mais ſeulement #eſſie : , en quantité,laquelle n'eſt point ſi capable,ny ſa figure ſi ronde,ains oblôgue,repreſentant aux hommes auec #º la verge vne (s) Romaine sa ſituation eſt aux hommes ſur l'extremité de l'inteſtin droit, & du Perineum. #. L. montant en haut iuſqu'au commencement de la verge, & auec icelle ſe reflechiſſant en bas. Aux femmes il veſſie des eſt court,large & droict,ſe finiſſant ſur l'orifice du col de l'Amarry,entre les corps nerueux dits Nymphes: femmes eſt Sa connexion eſtés hommes auec ladite veſſie,vaiſſeaux eiaculatoires,l inteſtin droit,& laverge,& aux fem- §, §it mes auec le col de l'Amarry,& parties hôteuſes ſeulement.Son actionaux hommes eſt d apporter au dehors é large la ſemence & vrineaux femmes la ſeule vrine. Et faut noter, que pour bien voir toutes ces Parties en leur connexion. entiere,& naturelle ſituation,faut diuiſer les os barrez ou Pubis,par leur commiſſure,& les ſeparer tant qu'il Ačtion. eſtpoſſible, toutesfois ſans rien deſchirer ny rompre. Outre-plus, faut entendre, que par ce nom de Peri- 9ue c'eſt que neum, n'eſt entendu tant aux hommes qu'aux femmes, que l'eſpace contenu depuis le ſiege iuſqu'aux par- #º ties honteuſes, appellé d'aucuns l'entrefeſſon : la ſuture duquel eſt nommée Torus, tout ainſi que celle de 44/rt45. - - Raphi. la verge, Raphi. D L'on%ieſme Figure de la Veſſie, & Verge_ . A B Monſtrent les deux ligamens ſpongieux qui font la verge virile. C C Leur commencement. - - D Le gland. - E Le muſcle Sphincter. F Le corps de la veſſie. G Glandes Proſtates. H H Pores Vreteres. II Vaiſſeaux Spermatiques expellens. De la Verge_». C H A P. X X X II. Subſtance. # 'E N s v 1 T maintenant la declaration des parties honteuſes tant de l'homme que de la femme, 9Rºantité. ls & premierement de l'homme : le membre duquel eſt de ſubſtance ligamentenſe, d'autant qu'il ſort des os. De quantité aſſez notable,ſelon les trois dimenſions : toutesfois aux vns plus, aux autres moins. Sa : - : - s -" , de l'Anatomie, 85 | A Sa figure eſt ronde eſtant toutesfois par deſſus & par deſſous aucunement côprimée. Sa compoſition eſt de double tunique, de nerfs,veines,& arteres,de deux ligamens,conduit de l'vrine,& quatre muſcles. Les Tu- niques luy ſont donnée,tant du vray cuir que du Pannicule charneux. Les veines & arteres auſſi de deſſus l'os ſacrum,que nous auons nommez vaiſſeaux Hypogaſtriques,leſquels vaiſſeaux vont audit membre par ſa partie inferieure, comme par les honteuſes en la ſuperieure. Quand à ſes ligamens, ils luy ſont baillez des parties laterales & inferieures de la commiſſure dudit os pubis,tant d'vn coſté,que d'autre; au moyen de- quoy nous luy donnons double ligament ſur ſon commencement:mais incontinent apres leur origine ils s'v- niſſent en ſorte qu'ils ne ſont plus qu'vn qui eſt fait ſpongieux. Le conduit de l'vrine eſt ſitué par deſſous le- dit membre entre les deux ligamens,lequel vient du col de la vefſie.Quant aux muſcles, les deux collateraux, conſtituans & compoſans ainſi vne grande partie de la verge,ſortent de l'interne tuberoſité de l'os Iſchion,& apres leur origine eſlargiſſent,& deuiennent fort tenues & minces. Les deux autres inferieurs prénent leur origine des muſcles du ſiege,accompagnans le conduit del'vrine le long du Perineum,iuſques à ce qu'ils en- trent dedans laverge:& ſont ceſdits muſcles vnis fi eſtroitement qu'ils ſemblent n'eſtre qu'vn fait en trian- gle.Tous ces quatre muſcles icy faiſant leurs operation,ouurent & dilatent le conduit commun à l'vrine,& au ſperme au temps du coit,afin que ledit ſperme tout à coup ſans interruption & auec toutes ſes forces ſoit iette au champde nature humaine:ioinct auſſi qu'au coit ils ferment en deue ſituation & erection ledit mem- bre, ſans quil decline ne fiechiſſe, ny d'vn coſté, ny d'autre. Il y a deux muſcles à la verge, qui procedent de l'os Pubis,attachez à chacun coſté de la verge,qui aydêt à la dreſſer.Il y en a deux autres qui procedent de la partie de deuant le muſcle Sphincter,qui s'implantent au conduit de l'vrine,paſſent § Pubis, & ſe recourbent vers le haut.Ces deux muſcles eſlargiſſent le conduit de la verge,de peur qu'ils ne ſe ferme en ceſte recourbeure,lors que la ſemence eſt iettée par ce conduit. Ses parties ainſi declarées,faut ſçauoir u'il eſt ſeul vnique, ſitué ſur les parties aucunement inferieures de l'os barré, à fin qu'il fuſt plus ferme à B § erection. Sa connexion eſt auec ledit os, & autres parties circonuoiſines par ſes parties le compoſent. Son temperament eſt froid & ſec. L'vtilité eſt de porter, ietter la ſemence dedans l'amarry pour la conſer- uation du genre humain. Et noteras que là où finiſſent ces tendons, la teſte dudit membre commence : la- quelle à raiſon de la figure qu'elle a,eſt appellée Glans,autrement Balanus : & le cuir qui couure ladite te- ſte,Prepuce.La chair dudit Glane eſt moyenne entre la chair de glandule,& la vraye chair. Outre plus,faut entendre que leſdits ligamens ſont ſpongieux,preſque ſemblables à la ſubſtance de la ratte,où ſe trouuent pluſieurs ramifications, & entrelaſſeures de petites veines,arteres, filamens nerueux , contre la nature des autrec, conteDans gros ſang & noir , lequel aſſiegé de l'eſprit de concupiſcence , & agité par le feu d'a- mour illec enuoyé , enfle & erige ledit membre viril. "- - De la LMatrice,& parties appartenantes à icelle>. C H A P. X X X I I I. $ A 1 N T E N A N T (ſuiuant ce que nous auons dit ) il conuient parler des parties honteuſes de la = femme : mais veu qu'elles dependent du col, & propre corps de l'amarry, nous commencerons à par- ler d icelle, apres toutesfois que nous aurons demontré la difference qui eſt entre les vaiſſeaux ſpermati- † teſticules des femmes auec ceux des hommes. Donc pour commencer,il faut entendre que les vaiſ- eaux ſpermatiques des femmes ne ſont en rien differens à ceux des hommes quant à leur ſubſtance,figure, C compoſition,nombre,colligance,complexion,origine,& vtilité,mais ſeulement à raiſon de leur quantité & diſtribution : car elles les ont plus amples & plus courts. Plus amples,pource que non ſeulement il falloit † apportaſſent matiere pour la generation & nourriſſement des teſticules,mais auſſi de la matrice & du oetus en temps requis.Plus courts,parce qu'ils ſe finiſſent dedans le ventre à leurs teſticules,& matrice. En quoy faut noter,que leſdits vaiſſeaux ſpermatiques preparans quelque peu auât que venir aux teſticules, ſe diuiſent en deux rameaux inegaux:dont le plus petit,ainſi entortillé que nous auons dit de ceux des hômes, s'en va inferer à la tefte des teſticules,par laquelle il enuoye quelque petit rameau de ſoyaux tuniques d'i- ceux pour les viuifier & nourrir:& non ſeulement icelles,mais auſſi les vaiſſeaux ejaculatoires,ainſi qu'ila eſté dit parlant de ceux des hômes.Le plus grâdrameau,j'entéds touſiours tant de la veine,que de l'artere de cha- cun coſté deſcëd tant d'vn coſté que d'autre par la partie ſuperieure du corps de lamatrice:& entre la tunique propre & cômune du Peritoine,où il ſe diuiſe en plufieurs rameaux.Et voila la differéce des vaiſſeaux ſperma- tiques des hommes,& des fémes,de laquelle tu pourras tirer la raiſon,pourquoy les fémes jettent moins de ſemence que les hômes.Quant aux teſticules,ils ne different de ceux des hômes preſque en rien,ſinö à raiſon de plus & de moins:car leur ſubſtance,comme tu peux entendre,eſ blanche & glanduleuſe comme celle des hommes.Ils ſont auſſi plus petits & de figure plus platte,pour le defaut de chaleur, qui ne les a peu faire le- uer ny croiſtre:& de compoſition plus ſimples,car ils n'ont point de ſcrotû,ny de tunique charneuſe,ny d'e- rytroide, ſelon aucuns,mais en ſon lieu ils en ont vne du Peritoine qui couure la propre,nommée Epididy- me ou Dartos,côme ſi l'erythroide naiſſoit du Peritoine. Monſieur Syluius eſcrirque les teſticules des fem- mes n'ont point d'Erytrbide:toutesfois il eſt certain que outre leur propre tunique nommée Dartos, ils en D ont vne du Peritoine,qui eſt l'Eritroide,ou pluſtoſt(comme Fallopius la veut appeller) Elitroide,c'eſt à dire ſemblable à vne gaine.Et penſe que cét erreur ſoit venud'vn lieu de Galien mal entéduau quatorzieſme liure ZDe vſu pertium,où il eſt eſcrit,que les teſticules des femmes n'ôt point d'epididymis:ce qu'il ne faut pas en- tendre d'vne tunique,mais du Paraſtate variqueux, comme par cy-deuant i'ay declaré.Quant au nombre,ils Re different en rien,mais en la ſituation.Caraux hömes(côme tu as entendu)ils ſont pendus hors du ventre à l'os pubis,au deſſus du perineû:aux fémes ſont dedans le ventre aux coſtez de l'amarry pres de ſon fonds, toutesfois ſans toucher ſon corps.Et ſont leſdites teſticules annexez auec lamarry , tant par la tunique du Peritoine,que par les vaiſſeaux Eiaculatoires,deſcendans aux cornes d'icelle,& à tout le demeurant du corps par les vaiſſeaux preparans & nerf prenans leur origine de l'os ſacrû & du coſtal.Ils ſont auſſi de téperature plus froide que ceux de l'hôme.Leur action eſt telle qu'aux hommes.Quant à leurs vaiſſeaux Eiaculatoires ou expellens,ils different de ceux des hômes pource qu'en leur cômencement ils ſont amples, de ſubſtance Figure Compoſition. Nombre, Situation. Connexion Tempera- fmenf. Vrilité. Gland , oii Bala»us. Prepu ce, Difference des vaiſ- ſeaux ſper- matiques des hommes. dr des femmes. Diuiſ en des vaiſſeaux pref a rans des femmes. Le vaiſſeaux Jpermatiques ne ſont que veines & ar. ff/'e'4, La femme iette ſa ſe- f736'17Cº A2J4 fond de ſa matrice. Difference des teſticuler des hommes, & des fem- 772 º#. Nombre. Difference des vaiſ- & conſiſtence de veine,en ſorte qu'auec difficulté tu les peux diſcerner d'auec la tunique du Peritoine,puis jeau Eiacu- deuiennent eſtroits & nerueux mais à l'endroict où ils cômencent eſtre tels,ils ſéblent aux ſpectateurs(fauſ- latoires des ſement toutesfois)caſſez & rompus : & comme ils approchent des cornes de ladite matrice,derechefſe dila- tent & amplifient.Leur ſubſtance,nombre, compoſition, temperament, action ou vtilité eſt meſme qu'aux hommes.Leur quantité en groſſeur,& longueur moindre. Leur figure ronde , mais plus entortillée qu'aux hômes afin ce croy ie,que tel entortillement leur ſeruiſt'de variqueux paraſtates.Leur ſituation eſt entre les teſticules,& l'amarry:car ils ſortent de la teſte d iceux,& portez & conduits par la tunique du Peritoine,ſe "ont implanter dedans l'amarry par ſes cornes,au moyen de quoy ils ſont conncxez auec ceſdites Parties.s H 14 femmes & des hommes 86 Le trOi11eſme Liure La douziéme figure de la Matrice_ . - - A A A Monſtrent les vaiſſeaux ſpermatiques PrºPºº , qui ſont deux veines,& deux arteres. - B B Rameaux qui vont à la membrane des teſticules deſcendans du Peritoine. - C C La connexion de la veine & artere ſpermatique deſcendans aux teſticules. D D Portion des ſuſdicts vaiſſeaux, à ſçauoir, veine & artere qui deſcendent au fonds de la matrice. E E Monſtrent la texture variqueuſe des vaiſſeaux. F F Les corps des teſticules. G G Vaiſſeaux ſpermatiques, dicts Eiaculatoires ou Expellens. H H Cômencemens des ſuſdicts vaiſſeaux,leſquels font les Paraſta- tes variqueux autour des teſticules iuſqu'à la lettre G G. 1 *. Fonds de la matrice, où leſdits vaiſſeaux ſe terminent. K Monſtre le propre orifice de la matri- *e L Lc col de la matrice. M Meat de la veſſie. N Les vaiſſeaux qui ſe terminent au col de la ma-_ ºrice. O Orifice du col de la matrice. -T De la Matrice particulierement. CH A P. X X X I V. P R E s les ſuſdites parties s'enſuit l'amarry, qui eſt vne partie du corps appartenante ſeule- ment à la femme, laquelle nature luy a donnée au lieu du ſcrotum à l'homme , comme auſſi a fait ſon col,& parties d'iceluy, au lieu du membre viril de l'homme : en ſorte que ſi tu con- temples les parties tant de l'homme que de la femme, tu ne les trouueras differentes l'vne de Pourquoy vray eſt qu'elles n'ont point de glandes proſtates,ny la membrane erythroide,mais elles ont la leur propre les Parties nommée epididyme. Car ce que l'homme a au dehors, la femme l'a au dedans, tant par la prouidence generatiºs de nature , que de l'imbecillité d'icelle , qui n'a peu expeller & jetter dehors leſdites parties, comme à ſºnt ºººhº l'homme. L'amarry eſt de ſubſtance nerueuſe, & membraneuſe, afin que plus aiſement ſe peuſt dilater & dedans aux eſtendre plus ou moins , ſelon la neceſſité de nature. Sa quantité eſt diuerſe,tant pour raiſon de l'aage, de #. l'acte venerien,& expulſion du ſang menſtrual,que du temps de la conception:car la fille qui eſt vierge,ou e§. n'a encore atta1nt l'aage de puberté , ny en fluxion menſtruale, comme pareillement la jeune femme qui n'a 4- point encore porté d'enfans,l'ont plus petite que les autres qui ne ſont telles.Dauantage,celle qui a ſeule- mét exercé l'acte venerien,l'a plus petite que celle qui a deſia eu fluxion menſtruelle,ou a conçeu enfant:& conſe quément celle qui n'a enduré que fluction menſtrualle,l'a plus petite que celle qui a conceu& enfanté, ſi ce n'eſt en ſa vieilleiſſe,en laquelle par la froideur de cét aage(dont l'action eſt de reſſerrer)la matrice luy eſt retrecie & faite preſque auſſi petite que celle d'vne pucelle, ce que quelque froideur accidentelle peut auſſi faire en vn autre aage.Au moyé dequoy la quantité,lögueur & capacité de l'Vterus ou amarry,ne ſe peut aſſeuremët diffinir,quoy que quelques-vns l'ayent voulu entreprendre.Car tout ainſi qu'en chacune region, il y a des hommes plus grands ou plus petits que les autres,& conſequemment leurs parties diſſemblablesſe- lon le plus ou le moins de la proportion de tout leur corps:de meſme eſt-il de l'Amarry, que la complexion & les accidéts, ſelon leurs qualitez,& la plus grande ou plus petite ſtature de la féme,peuuent rendre ou re-, tenir en quelque aage que ce ſoit,puberté,jeuneſſe ou vieilleſſe,plus grand,plus lóg,plus petit,ou plus reſſer- ré.Sa figure eſt toute telle que de la veſſie,ſi tu la côſidere ſans ſes apophiſes,que Herophile a appellé cornes d'icelles,pour la ſimilitude qu'elles ont auec les cornes d'vn petit veau, quâd elles luy ſortentau commence- ment hors de la teſte. Cela ſe void aux beſtes, & non à la femme. Elle eſt compoſée de parties ſimples,& composées. Les ſimples ſont veines, arteres,nerfs, & tuniques : dont les veines & arteres ſont quatre en Figure. Cornes. Compoſition. Par quel lieu 2 • - - - # § rence d'iceux auec ceux des hômes.Les deux autresmontent des veines & arteres Hypogaſtriques en lama- ſtruaifîuë és niere qui s'enſuit Premieremët auant que leſdits vaiſſeaux viennét audit corps de l'amarry,tant veines qu'ar- femmes groſ- teres montans de chacun coſté,ils ſe diuiſent en deux rameaux , dont les vns vont à la partie inferieure du Jes & filles. corps de l'amarry,les autres au col d'icelle,par le moyé deſquels le ſang menſtruel,s'il redóde apres la con- ception, peut eſtre euacué par ſondit col.Les nerfs tant d'vn coſté que d'autre luy ſont enuoyez tant de la ſi- xieſme coniugaiſon deſcendant tout le long de l'eſpine du dos, que de ceux qui ſortent de l'os ſacrum:leſ- quels vnis & meſlez enſemble montent & ſe diſtribuent & inſerent à icelle , comme les veines & arteres Quant à ſes tuniques,la ſuperficielle dite commune,luy eſt donnée du Peritoine à l'endroit de l'os ſacrum:la° propre,de ſa premiere conformation.Et a ceſte tunique trois genres de fibres,à ſçauoir,droites en ſa partie interieure,pour,attirer le ſperme,tant de ſoy que de l'homme:tranſuerſes,en ſa partie exterieure,pour l'ex- peller en temps & lieu:& obliques,au milieu de ſoy pour la retention dudit ſperme iuſques au temps prefix. Elle eſt double diuiſée ſeulement à raiſon de la ſituation dextre & ſeneſtre, & de quelque petite & obſcure ſuture, ou ligne,telle que celle que nous voyons au milieu du Scrotum,mais non ſi apparente,ſituée au de- · hors par le milieu d'icelle. Et ne faut chercher autres cellules & cachots en l'amarry, que les anciens ont imaginé eſtre infinis,que ceſte partie dextre & ſeneſtre:comme ainſi ſoit que naturellement la femme ne peut porter que deux enfans,teſmoin que nature ne la fournie que de deux mammelles : s'il ſuruient d'auantage Situation du d'enfans,c'eſt choſe monſtrueuſe, attendu que nature ne l'euſt depourueue de commodité pour les nourrir. *orps de la Nature a mis ceſte partie au deſſous du ventre,lequel lieu eſt tres-propre & opportun pour auoir la com- 78/Atri ſe, pagnie de l'hôme,& pour donner eſpace de croiſtre au fruict,& pour l'enfanter.Elle eſt ſituée entre la veſ- fie & l inteſtin droit:auſquelles parties elle eſt eſtroictement connexée, & liée & joincte, plus par ſon col, que par ſon corps:côme eſt auſſi par deux forts & inſignes ligamens,qui viennent des parties laterales,& ſu- perieures des os barrez ou pubis,auſquels elle ſemble eſtre ſuſpendue. La matrice a vn muſcle de chacun coſté,par lequel elle eſt tirée vers le flanc.Elle eſt auſſi annexée par la tunique du Peritoine, fort déſe & eſ- TººPºr*- peſſe en cét endroit à l'os ſacrû,aux Iles , & Lumbes : au moyen de laquelle connexion la féme conceuante Nombre. Connexion, # ſent certaine compreſſion & retraction deſdits ligamens, qui luy fait dire qu'elle a conçeu. Sa complexion # . la eſt froide & humide,plus par accident,que de ſoy.L'action & vtilite de la matrice eſt de conceuoir & engen- I / - - - V " > - - # drer auec vne extréme deſir:& a auſſi vertu,& puiſſance d'attirer à ſoy l'humeur ſpermatique de toutes les parties du corps,& receuoir en ſoy auec auidité la ſemence virille, & la conſeruer auec la ſienne , & icel- nombre,deux venans des vaiſſeaux ſpermatiques dits preparans,ainſi que nous auons dit parlans de la diffe- . l'autre touchant le nôbre des parties,ains ſeulement en la diuerſe ſituation & vſage d'icelles. B C lcs meſlées enſemble en procréer vn indiuidu , c'eſt à dire , vne petite creature de Dieu. A auſſi puiſſance de : º -- : V:: - de l'Anatomie. 87 A de receuoir le ſang menſtrual,& le jetter hors pour purger tout le corps. Quant aux parties compoſées de l'amairv,ce ſont le propre corps,& col d'icelle. Le corps de ladite matrice aux femmes enceintes s'eſtend Coryledens iuſqu à l'endroict du † plus haut, voire au deſſous del'eſtomach, principalement i cel- # orifi- les qui ſont preſtes d'enfanter, que quefois plus bas. Quant à ſa face interieure, il faut contempler & voir ces des , c. les čotyledons, leſquels ne ſont autre choſe qu'orifices des extremitez des veines & arteres menſtrualle, tremitez de, aboutiſſantes dedans la capacité de la matrice,par leſquels le ſang menſtrual s'eſcoule tous les mois : & veines au aux femmes enceintes eſt porté aliment au petit fœtus ou enfant.Elles ſont difficiles à voir aux femmes,s'el- dedans de la les ne ſont nouuellement deliurées de leur fœtus,ou que leurs menſtrues ne coulent,ou ayent recentement matrice. coulé. Quant aux brebis,chéures,& vaches,en tout temps on les peut voir , comme grains de froument, fors quand elles ſont pleines:auquel temps ils ſont tumefiez & enflez en forme de noiiettes rondes,les vns plus petits,les autres plus grands, ſelon la † l'animal:comme ſont auſſi aux femmes, mais en for- me d'vne maſſe de chair, eſpeſſe quelquesfois d'vn doigt & demy, quelquesfois plus, quelquefois moins, laquelle de ſa largeur ceint & enuiróne les parties naturelles du fœtus,tandis qu'il eſt côtenu dedans le ven- tre Et à ceſte cauſe 2 eſte reduite ceſte maſſe de chair paraucûs entre le nombre des tuniques, qui enuelop- - pent & contiennent l'enfant dedans le corps de l'amarry,l'appellant Chorion:pource que comme aux beſtes brutes le Chorion eſt tiſſu de veines & arteres,dont ſont faits les vaiſſeaux vmbilicaux : ainſi, à la femme, ladite maſſe de chair eſt tiſſue des veines , & arteres, leſquelles compoſent leſdits vaiſſeaux. Mais com- . bien cela eſt dit raiſonnablement,ie le laiſſe au jugement d'vn chacun. Vne choſe ſeulement ie te dv que ſe- #- lon mon jugement,tout ainſi que les excreſcences des Cotyledons aux beſtes brutes,ne ſont dites Chorion, # B ains appëdices d'iceluy:ainſi telle maſſe de chair aux femmes pour meſme raiſon ne doit eſtre appellée Cho par Fn Cv# iut rion, ains Cotyledons tumefiez,& appendices d'iceluy. Et ſe finit cedit corps à l'emboucheure,qui eſt ſem- blable à la teſte de la verge de l'homme, qui s'ouure & referme par vne ſeule vertu naturelle , & non par la volonté de la femme;en certaine anguſtie qu'on trouue pourſuiuât iceluy vers la partie honteuſe:j'entens aux fémes qui n'ont point enfanté,ou qu il ya long-temps.Car aux autres qui ont accouché nouuellement, il n'y appert qu'vne cauité ſans l'anguſtie ſuſdite,que nous appellons propre orifice de l'amarry.lequel de- meure clos & fermé eſtroittement apres que la femme a concçeu,principalement iuſques à ce que les mem- branes du fœtus ſoient procrées & ſuffiſammét ſolidées, pour garder que la ſeméce ne ſorte hors de la ma- trice,& de peur qu'elle ne ſoit eſuentée & alterée de l'air ambiant:& apres veritablemêt s'ouure pour don- ner iſſue au ſperme,& à d'aucunes leurs menſtrues,& certaines aquoſitez qui ſortent pendant leur groſſeſſe. S'enſuit maintenant le col de l'amarry,lequel commençant depuis le propre orifice d'iceluy,s'eſtend iuſqu'à la partie honteuſe. Et eſt de ſubſtance muſculeuſe,faite de chair molle mediocrement, parce qu'il failioit qu'il ſe relaſchaſt & retiraſt, s'amoncelaſt & ridaſt,repliaſt & fuſt entors pour l'expulſion de l'enfant,& ſe retiraſt apres. Il deuient calleux à celles qui viennent ſur le vieilaage,& apresl'auoirpar le paſsé diligem- ment exercé par l'acte venerien : car en ieuneſſe il eſt fort traictable pour les neceſſitez de nature,tant pour raiſon de la chaleur excité en tel acte(laquelle deſſeiche)que pourl'attrition des deux corps ſolides& durs, conioincts enſemble. Sa quantité tant en longueur, largeur, que profondeur,eſtaſſez notable,jaçoit qu'el- le ſoit incertaine pour l'inegalité de la grandeur ou petiteſſe des femmes. Il ſe dilate grandement, quand vient l'hcure d'enfanter : puis apres ſe reſſerre, & retourne en ſon eſtre. Sa figure eſt ronde,oblongue, & caue. Sa compoſition toute telle que celle de l'amarry,hormis qu'elle ne reçoit tant de vaiſſeaux qu'icelle. Colcmbus Subſtancé. A" __ * . - _ - É)uantité. Figure. Compoſition. C Car il n'a que ceux qui luy ſont enuoyez des Hypogaſtriques par les rameaux qui montent enl'amary Et no- teras icy , que cedit col en ſa face interieure,eſt ridé quaſi comme la tunique du palais d'vn chien, afin que par ſon inegalité il excite tant à l'homme qu'a la femme quelque chatoüillement,à raiſon duquel le coit ſoit plus haſtif& acceleré: Ladite matrice eſt ſituée entre la veſſie & le gros inteſtin droict, & monte quelque situation ds peu plus haut que le fonds de la veſſie:auſquelles parties elle eſt eſtroittement liée,plus par ſon col,que par la matric-, ſon corps,par pluſieurs petites appendices fibreuſes , qui procedent du peritoine, comme elle eſt auſſi par deux forts & inſignes ligamés qui viennét des parties laterales & ſuperieures des os barrez,& aux vertebres des Lumbes,auſquels elle ſemble eſtre ſuſpendue. Elle eſt auſſi attachée à la grande veine caue , & grande artere,par les veines &arteres ſpermatiques,leſquelles ſont munies d'vne apophyſe du Peritoine:afin qu'el- les fuſſent plus fermes & plus fortes pour la ſouſtenir, lors qu'elle eſt pleine d'enfant.Elle eſt pareillement annexée & attachée par la tunique Peritoine denſe & eſpeſſe en cét endroit, à l'os Sacrum , & os Barrez, aux flancs & Lumbes. Au moyen de laquelle connexion la femme conceuante ſent certaine compreſſion & signe que la retraction deſdits ligamens qui luy fait dire qu'elle a conçeu. Or d'autant que ces ligamens ſont nerueux & f mm a muſculeux, & qu'eſtans laxes, ils ſe peuuent eſtendre & accourcir, ſelon qu'ils ſont pleins ou vuides d'hu- conce u, meurs,il aduient qu'elle ſe peut promptement mouuoir & changer de place, à ſçauoir,monter, deſcendre, incliner en deuant, en derriere, és coſtez, & tranſmuer en autre place; voire ſortir hors du corps. Où no- teras pour concluſion de ladite partie , qu'on ne trouue point dedans la cauité celle Tunique(comme quel- ques-vns veulent) que l'on appclle Hymen,ou Panicule virginal, lequel au premier coit les femmes diſent qu'il ſe rompt & déchire. Colombus,Fallopius,Vierus,& pluſieurs autres doctes gens de noſtre temps ſont d opinion contraire, & diſent qu'vn petit par deſſus le conduit de l'vrine,on void aux parties honteuſes des D vierges vne t unique nerueuſe tranſuerſalement miſe, & percée au milieu pour laiſſer paſſer les mois : mais tout cela giſt en l'experience.Ce qui a mis les anciens en ceſte opinion,eſt qu'en aucunes s'enſuit fluxion de ſang,laquelle à mon jugement,eſt pluſtoſt faite par la rupture de certains petits vaiſſeaux, leſquels deſcen* dans par la ſuperficie interne dudit col,ſe rompent ou ouurent,ne pouuans ſouſtenir ſi grande extenſion au premier coit, que fait la partie nerueuſe dudit col. D'où nous conclurons que la fille pucelle & en aage ſuffiſant,eſtant mariée auec vn hôme qui aura ſes parties honteuſes proportiönées en quantité aux ſiennes, n'aura point tel flux de ſang : ce que nous deduirons plus amplement au liure de la generation chapitre 49. Or finit ledit col à la partie honteuſe de la femme, qui fait ſon propre orifice:laquelle conuient maintenant De la partie expliquer,d'autant que ce n'eſt qu'vne Apophyſe ou appëdice dudit col. Quoy faiſant faut entendre qu'icel- honteuſe de le eſt de ſubſtance moyenne entre chair & nerf. sa quantité eſt aſſez grande. Sa figure caue, ronde, mais la femme. oblongue Sa compoſition eſt de veines, arteres & nerfs deſcendans au col de l'Amarry, & exterieurement Sºſtance. de la veine honteuſe,& double tunique,venant tant du vray cuir,que du Pannicule charneux.leſquelles ſont $uantité. illec eſtroitemét vnies par l'interpoſition de certaine chair au moyen dequoy eſt dite ceſte partie eſtre faite # - de Tunique Muſculeuſe.Quant a ſon nôbre, il eſt notoire.Sa ſituatio et preſque par deſſus tout le Perineſ, #iº qui t'a eſté par cy-deuât declaré.Sa cônexion eſt auec le ſiege,le col de l'Amatry,& de la Veſlie par leurs pro- §, Prºs orifices.Sa côplexion eſt moyêne entre chaude, & humide,& froide & ſeiche.Son vſage eſt tel que ce-c§, luy du prepuce de l'hôme;c'eſtaſçauoir,de garder que l'air ambiant n'entre en la matrice dc peur qu'elle ne Tempera- fuſt refrigerée.D'abôdant,au cômencement du col de la matrice,eſt l'entrée & fente de la nature de la f me ment. ºº lºsLatins appellent p,citm, & les bords qui ſont reueſtus de poil,ſe nöment en Grec ºue )gonate, côme Vtili:é. Q) . fi 88 Le troiſieſme Liure, - Gal. liu. 14. de Vſu pur- tium. Hipp. lib. 2 abuſer:ſe donnant le Chirurgien garde de n'inciſer trop profondement, de peur d'vn grand flux de ſang,ou de coupper le col de la veſſie. Car puis apres ne pourroient tenir leur vrine, mais decouleroitgoutte à de morbis mulierum. Introduč#. Paal.liure 6. chap. 7- Aéce lin. 4. ſermon 4. chap. 3o ;. é 3o4 - - - - - - ) ſi nous diſions ailes ou léures du couronnement de la femme:& entre icelles ſont deux excroiſſances de chair A muſculeuſe,vne de chacun coſté, qui couurent l'iſſue du conduit de l'vrine, & ſe ſerrent apres que la fem- me a vriné. Les Grecs les appellent Nymphes, qui pendent & ſortent à aucunes femmes hors le col de leur matrice:& s'allongent & accourciſſent, comme fait la creſte d'vn coq d'Inde, principalement lors qu'elles deſirent le coït,& que leurs maris les veulent approcher,elles ſe dreſſent auſſi comme la verge virile, telle- ment qu'elles s'en ioüent quelquefois auec les autres femmes.Auſſi les rendent fort honteuſes & difformes, eſtans veuës nuës.Et à telles femmes on leur doit lier & couper ce qui eſt ſuperflu,parce qu'elles en peuuent goutte. Or qu'il y ait des femmes, qui par le moyen de ces caruncules ou Nymphes abuſent les vnes des Gal. en ſon autres:c'eſt choſe auſſi vraye, comme monſtrueuſe, & difficile à croire, confirmée toutesfois par vn narré memorable,tiré de l'hiſtoire d'Afrique,composée par Leon l'Africain,liure troiſieſme : (Voyez l'Arreſt de Iean Papon en ſon Recueil,liure 22. tiltre 7. Arreſt 2.Deux femmes,&c.leſquelles furent bruſlées)aſſeurant en autre lieu,qu'il y a gens en Afrique,qui vont par la ville,à la mode de nos Chaſtreux, & font meſtier de couper telles caruncules:comme auons dit aux operations de Chirurgie. La troiſiéme Figure monſtre les parties des femmes differentes de celles des hommes. De'f A A Monſtrent les veines Spermatiques. · B B Arteres Spermatiques. - · CC La connexion d'icelles auec les veines Sper- , , matiques,& nouuelle diuiſion des veines & B # arteres Spermatiques,allans aux teſticules, - & au fonds de la matrice. # DD Les portions des vaiſſeaux Spermatiques allans • au corps de la matrice. J.- E E L'autre portion defdicts vaiſſeaux deſcendans 0 . - aux Teſticules. ": ! F F LesTeſticules. - # 6 G Vaiſſeaux Eiaculatoires, leſquels ſortant des # Teſticules , ſe vont jetter dans la matrice • par ſes cornes. le H Le corps de la matrice. (.'. I L'endroit de l'orifice propre de la Matrice. · - K Le col d'icelle. i . L Inteſtin droit lié & couppé. r M Veines & arteres Hypogaſtriques allans au col #: & corps de la matrice. : N L'orifice du col de la Matrice. . , O Corps de la Veſſie renuersé. C , ,. : \ P P L'entrée des vaiſſeaux Vreteres en la Veſſie, : \ • |%- | | | | III| dont y en a vn coupé. # \ §S-N# /ill/ Q_ Laveine & artere qui viennent de celles qui : :: $ § # # " | | vont au col de la Matrice allant à la Veſſie. pº : -- 1 )#$ſ©))#| , J R Le col de la Veſſie & Muſcle d'iceluy, lequel : t'a eſté plus apertement demonſtré aux fi- :: . gures precedentes. : La LMatrice & parties à elles appartenantes, peuuent ſouffrirpluſieurs - maladies : comme-2, | Playe, Conuulſion, : Intemperature, Precipitation, - Apoſteme, Deſcente, #: Vlcere, obſtruction des Cotyledons. , Fiſtule, Sable, #. Chancre, Pierre, •. Scirrhe, Ventuoſitez, • , Paralyſie, Hydropifie, - :- Suffocation, Mole, & autre mauuais germe, D · Flux menſtrual immoderé, Fureurs, - Retention dudit flux, Mouuemens eſtranges, - Fleurs blanches, Se pourrir entierement, & eſtre jettée hors:ce que je # Gonorrhée, proteſte auoir veu. # - - j: Le colde la LMatrice peut ſouffrir,pour eſtre-», t# Trop lubrique, Ragadies, - ": Trop ouuert, Condylomes, : Trop eſtroit, Phymofis, •. Endurcy, Prurit, *- Eſtouppé par vne membrane,oucarnoſité, ou non Dilaceré par vn enfantement laborieux, , cncor ouuert par nature. Charbons, , Trop gras, Gangrene, - Lcs Nymphes trop alongées, Eſthiomene , & autres qui ſeront cy - aprez decla- Verrués, ICZ, 4 - de l'Anatomie, 89 * º ; . -ſ- Des Tuniques qui contiennent l enfant au ventre de la mere_.. C H A P. X X X V. O v T F s ces choſes ainſi conſiderées, reſte maintenant à parler des membranes, qui durant le temps que la femme eſt groſſe , enueloppent le pêtit enfant dedans leur Amarry. Leſquel- les ſont de ſubſtance ſpermatique & nerueuſe, venans de la ſemence de la femme, afin que $ plus aisément elles ſe puiſſent dilater, & eſtendre , ſelon l'exigence de la choſe contenuë. Leur quantité en largeur & profondeur eſt grande, meſmement ſur le temps que l'enfant eſt preſt à ſortir. Leur figure ronde comme l'Amarry. Leur compoſition eſt de veines, arteres , & propre ſubſtance. Les veines donc & arteres leur ſont communiquées de l'Amarry ( ſenſiblement ou inſenſible- ment, & plus ou moins ) par ſes Cotyledons, leſquels tiennent meſmelieu en l'Amarry ( s'il eſt queſtion de nourrir le Fœtus ) que les mammelles aux meres nourrices, lors que l'enfant eſt né : en ſorte que com- me nous voyons,lamere nourrice apres la naiſſance de l'enfant,luy preſenter ſon mammelon pour en épui- ſer du laict pour ſa nourriture : ainfil'Amarry(mere nourrice de la ſemence à elle commiſe,& curieuſe de ſa conſeruation apres qu'elle l'a receue)preſente & auance ſes Cotyledons ouveines en iceux deſinentes par les tuniques au moyen dequoy,nous diſons icelles receuoir autant de veines & arteres,qu'il en deſine auſ- dits cotyledons.Leur propre ſubſtance leur eſt conferée de la partie plus humide de la ſemence de la fem- me cöme nous auons dit. Quant à leur nombre,elles ſont trois ſelon Galien,à ſçauoir l'vne appellée Cho- rion, autrement dite Secondines Arriere faix ou deliurance (combien que les vulgaires appellent ainſi tou- B tes les tuniques enſemble)l'autre eſt appellée Allantoide, & la tierce Amnios pour mon regard ie trouue bien aux beſtes le nombre de ces tuniques,comme il le deſcrit:mais à la femme non,ſi on n'en met pour vne les Cotyledons enfiez& eminens en maſſe de chair,ainſi qu'aucuns tres-expers en l'art Anatomique ſemblét faire, laquelle choſe toutesfois nous ne pouuons admettre cöme vraye;car on ne trouue point l'Allantoi- de(ou pour le moins nous ne l'auons jamais ſceu trouuer,nonobſtant que nôus l'ayons cherchée par tous les moyens qui nous ont eſté baillez,ou que nous auons peu imaginer de nous meſmes)aux femmes groſſes de ſix,ſept,huict,neufmois,ſans que ſage femme aucune y euſt touché, qui euſt peu rompre quelque tunique. Or les moyens que nous auons ſuiuy en ce faiſant,ſont tels,qu'apresauoir fendu en croix le ventre de la fé- me morte,ſur la region de l'Amarry,l'auons enmeſme ſorte incisé;puis ayant ſur le ſujet meſme,oſté tout ce quinous pouuoit empeſcher, auons ſeparé le plus ſubtilement qu'auons peu, non ſeulement tout l'arriere faix de la face interne dudit Amarry,auquel il eſt attaché par les cotyledons, ainſi que nous auons dit,mais auſſi la premiere tunique,que nous auons appellée Chorion, de la ſubjacente,que nous appellons Aminos : & ce ſans rien rompre.Car nous n'auons eſpanché aucun humeur à la dite ſèparation,dequoy on puiſſe dire que quelque tunique contenant humeur,ait eſté rompuë. Ce fait nous auons diligemment regardé en bon- ne compagnie,par pluſieurs fois, ſi nous verrions aucune ſeparation des deux Tuniques, c'eſt à ſçauoir Al- lantoide & Amnios,tant par la ſeparation des humeurs contenues en icelles, qu'autres choſes. Dont n'en apperceuant aucune en ſorte que ce ſoit, auons prins l'Amnios remplie d'humeur à ſa partie plus haute, & l'ayant ouuerte,deux ſeruiteurs tenans ſuſpendue l'ouuerture,afin qu'aucun humeur n'en ſortiſt à la circon- ference du Chorion & Amarry,l'auons epuisée entierement par eſponges,encores y eſtant contenu le Fœ- tus preſt à ſortir:afin qu'apres auoir puisé ladite tunique,nous peuſſiös voir s'il y auoit autre humeur con- C tenu en autre tunique qu'en icelle:& ce fait,n'auons apperceu autre humeur ny ſeparation de tuniques:en ſorte que quât àmoy,ie n'y en penſe que deux telles que nous auons dit. En outre,non côtent de cela; pour eſtre plus aſſeuré de ladite Allantoide,apres auoir paſsé les deux tuniques ſuſdites,& eſtre venu au Fœtus: ayant fait vne ſonde à l'endroit de la veſſie d'iceluy, & fait ſouffler icelle, pour voir ſi par ce ſoufflement ie pourrois faire paſſer le vent dedans la tunique dont eſt queſtion,côme aucuns ont eſcritie n'ay iamais ſceu faire paſſer d'icelle aucû vent par l'vmbilic en ladite tunique Allantoïde, ainsay trouué le vent ſortir àl'hu- meurcontenu dedans la Veſſie,par les parties honteuſes:ce qui me fait croire aſſeurément, qu'il n'y a point d'Allantoide en la féme;ioint auſſi que ie n'ayiamais ſceu trouuer,ny aucunement apperceuoir en I'vmbilic, le meat, dit Vrachos,qu'on dit eſtre le principe & ſource d'icelle. Or quand il n'y en auroit,quel mal & in- conuenient s'en enſuiuroit-il,veu que la ſueur,& l'vrine d'vn petit enfant peuuent eſtre commodement colli- gées,& contenuës dedans vne meſme tunique,pour la petite difference qui peut eſtre entre icelles. Et ſi tu m'obiectes,que l'vrine,à cauſe de ſon acrimonie,bleſſeroit le Foetus,s'elle le touchoit:Ie reſponds,que telle accrimonie,qui ne peut eſtre beaucoup mordante en vn Fœtus,peut eſtre moderée par la vapeur halitueuſe & douce,laquelle eſt meſlée parmy la ſueur.Et dauantage ſi nous regardons l'vtilité & vſage de telhumeur, qui eſt de ſouſtenir & ſupporter le Fœtus,afin que par ſa peſanteur il ne rompe les liens,par leſquels il eſt attaché à l'Amarry, nous trouuerös qu'il n'y a humeur plus ſuffiſant à ce faire que le Sereux,lequel à rais6 de ſa terreſtrité,groſſeſſe,& craſſitude,peut ſans comparaiſon, plus facilement ſouſtenir que nul autre ain- ſi que nousvoyons, pour exemple, l'eau de la mer, laquelle, à raiſon de telles qualitez, ſouſtient & porte, ſans comparaiſon,plus facilement que la douce des fieuues,laquelle eſt plus rare & aerée. Parquoy ie con- r\ clus ſelon moniugement, qu'il n'eſt point beſoin que l'vrine ſoit reſpandue en vne tunique, & la ſueur en I) l'autre:& ſi les anciens l'ont eſcrit,ç'a eſté pour l'auoir veu aux beſtes,& par ainſi nous n'en ferons que deux ; à ſçuauoir le Chorion, & l'Amnios.leſquelles eſtans contenuës l'vne dedans l'autre,enuelopét tout alentour le petit enfant. Fallopius,homme fort diligent , s'accorde aucunement auec moy , & non du tout : car il eſtime qu'il n'y a que deuxtuniques,à ſçauoir le Chorion & l'Amnios,& que le Fœtus iette só vrine en vne partie du Chorion,côme tu pourras lire plus amplement en ſes obſeruations Anatomiques.Et ſont cônexées enſemble par petites fibres nerueuſes,qui paſſent de l'vne à l'autre,& certains petits vaiſſeaux, qui du Cho- rion ſitué exterieurement,deſcendent à l'Amnios interieure:& pource ſi on n'y prend garde on le rompra à tous les coups,en le ſeparant. Leur temperament eſt tel , que toute autres membranes. Leur vtilité eſt dif- ferente:car le Chorion eſt fait pour la conſeruation,tant des vaiſſeaux qu'il reçoit de l'Amarry pour la gene- ration des veines & arteres vmbilicales que des parties qu'il contient:l Amnios, pour la retention des excre- mens ſereux,que l'enfant peut excerner ou ietter pendant le temps qu'il eſt au ventre de la mere,& eſt ceſte tunique deſliée comme toile d'araignée, & douce & mole, de peur que par fon attouchement elle ne bleſ- fiſt ledit Fœtus, à cauſe dequoy elle a eſté nommée Agnima. - - Du 2Nombril. C H A P. X X XV I. # PR E s ces Tuniques s'enſuit le nombril de l'enfant, qui n'eſt autre choſe qu'vn corps blanc , fait comme vn cordon de cordelier , fors qu'il n'a pas ſes nœuds f releuez & eminens par dehors ºut à l'entour, ains eſt en diuers lieux boſſu , en forme de nœud eſleué ſeulement d'vn coſté.. H 3 |! Subſtancè. Quantité. Figure. Compoſition. Prouidence admirable de Nature_». Nombre. Chorions Allantoide. Amnio5, •/ Moyens pour trouuer les tuniques. L'Allahto#- de ne ſe trouue en# Z70/43. Occupati tn. Concluſion. Situatiow. Connexion, Temperas ment . Vtilité, Subſtance. Situatisw, 9o Le troiſieſme Liure,Del'A I2º!º*Die. _ , • situation Il commence & ſort depuis la maſſe de Chair,que nous auons appellée Cotyledonº ## Implan- §r au milieu du ventre inferieur de l'enfant,& de tout le corps,duquel il eſt dit eſtrº § ource que comme l'arbre eſt nourry par ſa racine, ainſi eſt le corps de l enfant au ventre de la mº † mbilic sa guantité. quantité,quant en groſſeur & l'argeur,eſt comme celle du petit doigt bien delié:mais en † il eſt en- uiron d'vn pied & demy;en ſorte qu'on trouue les enfans eſtre ceints ou entortillez quelquºs parle mi- Figure. lieu du corps,quelquesfois en tour le col,jambes ou bras.Sa figure eſt ronde.Sa compoſition eſt de deuxar- compoſition teres,vne veine,& deux tuniques. Les artcres & veines ſont ramaſsées en iceluy de toute ceſte grande mul- titude d'arteres & veines quaſi capillaires, ſemées parmy le Chorion, comme celle du Meſarcon à la veine Porte,& artere Celiaque ou inteſtinale.Donc la veine enſeuelie dedans ledit nombre,s'en va implanter à la partie caue du foye:où ſe diuiſant en deux,elle fait ſelon Galien,la veine Porte,& Caue. Et les arteres ſepa- rées tout le long du nombril , ſe vont ietter dedans les Iliaques 2 leſquels ils conſtituent comme toutes les autres,ainſi que nous auons dit de la veine , pour porter l'eſprit vital a toutes les parties de l'enfant. Les deux tuniques viennent du Chorion , & eſtans inſeparablement coniointes,& par tout le nombril aſſez den- ſes & epeſſes,ſemblent côſtituer le cuir exterieur, & Pannicule charneux de l'enfant. Ie ſçay bien que plu- ſieurs y mettent des veines auſſi bien que desarteres,& l'Vrachos,par lequell'vrine coule dans l'Allantoide qu ils imaginent:mais d'autant que ceſte tunique ne ſe trouue aux femmes, ains ſeulement aux beſtes brutes, ie m'en tais,comme n'ayant intention de monſtrer autres parties que celle de noftre ſujet.Toutesfois s'il y vſage du a quelqu'vn qui puiſſe monſtrer en la femme ce qui eſt dauantage aux beſtes, ie confeſſeray le tenir & auoir ncmbr .. appris de luy. Quand au demeurant,qui eſt ſon nombre,ſituation, connexion, temperament, & vſage, ils ſont aſſez notoires par ce que nous auons dit eſtre de nourrir le Fœtus , comme la racine fait l'arbre, par la continuation de ſes vaiſſeaux , auec les Spermatiques Preparans de la mere , ainſi ordonnez de Dieu, Au liu. de la formation de l'enfant. Amen. Fin du troiſiéme Liure de l'Anatomie. # #3-t#ºtº-t383-g%3{ #3tºº tº T A B L E D ES CHAP1TRES D V L IV R E I V. " De l'Anatomie. # Efinition du Thorax , diuiſon & explication d'ice- l % Des parties contenantes & contenuës du Thorax. i j - $ Des Mammelles. i ij ' Des Clauicules 65 Coſtes. " , iv La maniere de leuer le Sternon. | V · De la Membrane nommée Pleura. v j Du Mediaſtin. v i j Du Diaphragme . - vii j 2: 2Des Poulmons. ( ( ix Du Pericarde . - - X Du (œur. . ) xj D Des ventricules du Cœur. • x i j Des orifices & valuules du Cœur. xiij Diſtribution delaveine Arterieuſe, & Artere veineuſe_.. xiv Diſtribution de la veine Caue aſcedente . - X V Diſtribution des nerfs de la ſixieſme coniugaiſon. xv j Diuiſion des Arteres. . x v i j De la Phagoué, autrement dite Thymus. x v i i j De la Trachée artere_,. - xix De l'Oſeophague . - - X X LE au ſeul nom duquel, pour la concluſion de ce preſent liure , ſoit honneur, & gloire aux ſiecles des ſiçcles. B # luy. Chap. j C # $ | # - | QVATRIESME LIVRE, TRAITT ANT DE L'ANATOMIE, LE QvEL CoNTIENT LES PARTIEs vITAL Es, contenuës dans le Thorax, nommé des François, Poictrine. 2 P R E s auoir ſuffiſamment pourſuiuy & declaré les parties naturelles contenuës au ventre inferieur, & en icelles auoir conclu, & finy le premier liure de noſtre œuure : reſte mainte- nant que nous paſſions à la declaration du Thorax : afin que les parties ja aucunement de- monſtrées (i'entends veines & arteres) par vn meſme ordre , & fil de doctrine , ſans inter- . ception de matiere, ſoient entierement declarées. .. Et dauantage , afin que nous puiſſions plus parfaictement, & clairementdemonſtrer les deux autres parties, ſçauoir eſt, la teſte, & les extremi- tez , cognoiſſant auparauant l'origine,& ſource de leurs vaiſſeaux. - - Et pource faire , premierement nous definirons le Thorax, puis le diuiſerons en ſes parties : tiercement conſidererons icelles, tant contenantes que contenuës, afin que nous cheminions touſiours par la voye, & - methode ja commencée. - Definition du Thorax , diviſion & explication d'iceluy. CH A P. I. E Thorax donc eſt le ventre moyen ( comme nous auons dit au commenccment ) contenant de- Circonſcrip- puis les clauicules iuſqu'à l'extremité des fauſſes coſtes, ayant en ſa partie ſuperieure les Claui. § du Thg- cules, en l'inferieure le Diaphragme, enſa partie enterieure le Sternon , en la poſterieure les r . douze vertebres du Metaphrene:& és parties lateralles, les coſtes tant vrayes que fauſſes,& muſ- cles Intercoſtaux,& Intercartilagineux.Où entendras,que la cauſe de telle fabricature a eſté,afin qu'en ſer- uant aux partiesVitales,commed'vn rampart , & propugnacle contre toutes iniures externes, il n'endom- Raiſon de la mageaſt point la reſpiration:laquelle n'eſt moins neceſſaire pour la conſeruation de la chaleur naturelle eſ-fabricature parſe en l'eſprit vital contenu dedans lecœur,à l'écontre des iniures internes,que les ſuſdites parties à l'en- du Thorax. contre des externes. Car s'il euſteſté tout oſſeux,il eſt bien vray qu'il euſt eſté plus fort : mais auſſi il euſt empeſché la reſpiration, laquelle eſt faicte par la dilatation, & conſtrictiond'iceluy. Parquoy,afin qu'en profitant à l'vn, on n'incommodaſt l'autre,Nature l'a fait en partie oſſeux,& cartilagineux,e n partie charnu. Aucuns donnent vne autre raiſon,diſans que nature l'a fait ainſi pour l'obſeruation de l'ordre,duquel elle a accouſtumé d'vſer en conioignant deux parties totalement diuerſes,qui ſont le ventre inferieur tout charnu, & la teſte oſſeuſe,par vn moyen participant des deux comme nous voyons auſſi auoir eſté obſerué à la con- nexion, & paſſage du feu à la terre, par lemoyen de l'air, & de l'eau.Les parties du Thorax ſont trois,vne ſuperieure,l'autre inferieure,la tierce moyenne entr'eux.La ſuperieure eſt faicte des Clauicules, inferieure du Diaphragme : la moyenne, de l'os Sternon, lequel ſelon Galiena eſté composé de ſeptos. Ce qui Pcut , , , - bien auoir eſté aux hommes de ſon temps, & de ſa region , à cauſe de leur inſigne grandeur : maintenant Diuiſton du nous le trouuons le plus ſouuent de trois , quatre ou cinq combien que nous ne voulions nier l'auoir veu Thorax. pluſieurs fois (& ſpecialement aux jeunes)de ſept , & de huict. Et Pource a ceux qui en ont moins,Nature les a faict plus larges, afin qu'ils puiſſent receuoir les coſtes. .. Voilà la commune opinion touchant les os du Sternon. le ſçay bien que Fallopius a bien autrement deſcrit leditSternon,mais ie renuoyerayle Lecteur à ſes obſeruations. Et note qu'en l'extremité inferieure de ceſdicts os eſt pendu vn cartilage,nommé vulgai- remét Fourchette,parce que quelquesfois on le trouue fourchu,& pource qu'elle a la figure de baluſtre,qui eſt la fleur de la Grenade,tºomum Granatum,autrement Scutiforme,lequel eſt illec mis comme vn ram part de Scutiforme, l' orifice de l'eſtomach,& de la partie du Diaphragme qui eſt en cétendroit,pour ſouſtcnir le Foye,ſitué par vulgaire deſſus l'orifice inferieur du ventricule : & ce parle moyen d'vn ligament deſcendant de la partie inferieure ment , la dudit cartilage en la ſuperieure du Foye, comme a eſté dit au premier liure. Le commun eſtime que ledit fourchette : cartilage tombe,mais il eſt fi bien attaché à l'os du Sternon qu'il n'a garde de cheoir : combien qu'imbu, & & ſon viiii- abreuué de beaucoup d'humidité ſereuſe,qui ſouuent nageenl'orifice ſuperieur du ventricule, tel cartilage *. Puiſſe eſtre relaſché & auachy , de ſorte qu'on le diroit eſtre tombé,& ſeparé de ſon os Sternon : pouuant meſme eſtre redreſſé, tant par la main que par les choſes aſtringentes,& deſſeichantes, appliquées par de- hors,& priſes par dedans.Et eſt ce cartilage en ſon cômencement eſtroit,& vers ſa fin large & mouſſe,& au- cunement ſe paré en forme de pointe d eſpée, à cauſe dequoy eſt appelle Enſiforme. Où noteras,qu'en au- cuns corps, il y a double poincte,és autres vne ſeule,& aux viels il eſt oſſeux,pource que les cartilages de- uiennent os, à raiſon de l'aage,& temperament plus ſec. Or puis que nous parlons du cartilage,nous defis · Definition nirons , & expliquerons ſes differences, afin que quand nous en parlerons cy-apres, on entende que c'eſt, de #.. ºuec ſon vſage. Cartilage donc eſt vne partie ſimilaire de noſtre corps,apresl'os la plus terreſtre,froide, ſf. ſeiche,dure, maſſiue,& priuée de ſentiment du tact : ne differant auec l'os,qu'à raiſon de la ſeichereſſe,qui eſt Plus grande audit os qu'en iceluy : & pource il ne ſe peut r'engendrer eſtant deperdu,ce qu'auſſi ne fait Differenres. l'os ſans le Callus. ses differences ſont priſes preſque de meſme que de l'os, comme tu verras en ſon lieu: § ºuoir eſt de la conſiſtance, ſubſtance , magnitude, nombre, ſituation , figure, conionction, action, & gº. • H 4 vfage. Autre rai- ſon, Cartilage. - 92 - -- --" Le quatrieſme Liure, vſage.Toutesfois pour euiter prolixité,ie ne pourſuiuray que celles-là qui ſont prin# † ionction & vſage. Et pour commencer,faut enterdre que les Cartilages ou tiennent , ui cloy font vne partie , comme ſont ceux du Tarſe des Cils, de l'Epiglotte , du Larinx , & auºº Ceux qui tiennent à I'os,ou ils le conioignent,ou ils ſont ſeulement pendus en iceluy. Ceux qui les coniºgº ºils les con- ioignent immediatement,comme ceux qui ſont mis entre les os du Sternon,& des clauicules,& des os bar- rez,Iles & autres : ou par interpoſition de ligament,comme ceux qui ſont ſituez a lextrº des ſept co- ſtes vrayes,leſquelles ſont coniointes au Sternon par leſdits cartilages , ligament interpoſé entr eux & ledit os:afin que par tels ligamens plus mols que les cartilages, les mouuemcns du Thorax fuſſent plus aiſement, & ſeurement faits ſans dommage Ceux qui pendent à l'os, ſortifient non ſeulement iceluy , mais auſſi ſoy- meſme,& les parties par eux contenues,les preſeruant des iniures externes qui briſent,& meurtriſſent.Tels vſage des ſont ceux qui ſont poſez à l'extremité des fauſſes coſtes,& de l'os Sternon,que nous auons appellé Enſifor- Cartilages, me, ou Pomum cramatum,& autres.Et de ce nous pouuons conclure l'vſage des cartilages eſtre en pluſieurs ºſ * ººº manieres,ou pour polir, & vnir les parties, qui de ce auoient beſoin, pour mieux parfaire ce à quoy elles 4 77 # ſont deſtinées comme ceux qui ſont aux articles , ſeruent d'oindre,& polir les os , afin que le mouucment #º ſoit plus libre : ou, comme nous auons ja touché , à ſçauoir, pour les preſeruer & garder des iniures ex- tie ſolide, ternes,ſinon en tout, au moins en partie, rompant l impetuoſité d'icelles, en obeyſant aucunement, tout §y§,- ainſi que font les ſacs pleins de laine deuant l impetuoſité de l artillerie. Celuy qui eſt a la fin de la poictrine tre l'os & les appellé Scutiforme,& du vulgaire,la fourchette,ſert ccm me de rampart,& ſauuegarde de l'orifice inferieur ligamen ... de l'eſtomach. Le commun populaire eſtime qu'il tombe hors de ſon lieu ce qu'il ne fait,8 ne peut,a cauſe, Fauſſe epi- qu'il eſt ſi fort attaché contre l'os du Sternon, qu'il ne peut nullement tomber, auſſi les cartilages du Larynx miou du vul-ſeruent à former la voix.Ceux qui ſont aux palpebres § yeux,ſeruent a les couurir.ceux qui ont à l'extre- gaire- . , mité du nez pourattirer l'air,& faire ſeparation des nazeaux:les deux oreilles ſeruent à la faculte auditiue. Des parties contenantes, & contenuès du Thorax. C H A P. I l. E s parties contenantes du Thorax ſont le double cuir,rannicule charneux,Greſſe, Mammel- les , tunique, comme les muſcles , & iceux muſcles la ſituez,& les os par cy deuant nommez, & la Tunique dicte Pleura, & le Diaphragme. Les contenues, ſont le Mediaſtin, Pericarde, Co ur, Poulmons , & vaiſſeaux d'iceluy. Or quant aux contenantes, les vnes ſont communes à tout le corps,ou à pluſieurs de ſes parties, comme le double cuir,Pannicule charneux, & Greſſe : deſquelles à cauſe qu'elles ont eſté declarées au premier liure , nous n'en parlerons maintenant. Les autres ſont propres audict Thorax , comme les mufcles , deſquels nous traicterons en leur lieu,les Mammelles,os ſuſdits,Pleura, & Diaphragme : toutes leſquelles nous pourſuiurons particulierement cha- Adminiſtra- rion amate- mique. #ra. cune en ſon ordre , fi premierementie t'ay aduerty de la forme de ſeparer ledit cuir, qui eſt telle.Tu con- s duiras vne droite ligne auec ton raſoir depuis la où tu as laiſſé l'inciſion du cuir du ventre inferieur,iuſ- u'au méton,enfonçant ton raſoir iuſq'uà l'entiere diuiſion d'iceluy : puis apres à l'endroit des Clauicules tu eras vne autre inciſion tranſuersale de coſté & d'autre, iuſqu'à l'omoplate : & ſepareras(quant aux parties inferieures deſdictes Clauicules(ſi tu veux euiterprolixité,le double cuir,le Panicule charneux,la Greſſe,& Tunique commune des muſcles tout enſemble:pour autant que ceſdites parties ont eſté demonſtrées auven- tre inferieur,reſeruant toutesfois aux femmes les Mammelles.Aux ſuperieures parties deſdictes Mammelles, tu ſepareras le plus ſubtilement qu'il te ſera poſſible le cuir des parties ſubiacentes, afin que tu puiſſes de- monſtrer le Panicule,fait en cét endroit charnu, & muſculeux eſtendu par tout le col,& parties de la Face, iuſqu'au poil de la teſte. Des CWMammelles. C H A P. I I I. E s Mammelles, ccomme nous auons dit parlans des Glandules , ſont de ſubſtance glandu- M. leuſe, blanche, rare,& ſpongieuſe : leſquelles aux pucelles, & femmes qui n'ont point de laict, ou qui n'allaictent point, ſont fort dures, & fermes, & plus petites qu'aux autres. Et N$ pourtant leur quantité eſt variable, combien qu'elle ſoit en toutes notable , comme tu peux voir. Leur figure eſt ronde,& aucunement oblôgue,reuenant preſque à la figure pyramida- dale. Leur compoſition eſt de cuir, Pannicule charneux, Glandes , Greſſe , Nerfs,veines , & arteres, leſquelles deſcendent des Axilaires par deſſous le Sternon, auſdictes Mammelles , entre la quatrieſme, & cinquieſme,& quelquesfois ſixieſme des vrayes coſtes:ſediuiſent & diſtribuent par ladite Greſſe,& Glan- I compoſition des par vne infinité de rameaux , afin que par icelle ſoit apporté matiere ProPre Pour faire le laict de cou- leur blanche,& ſaueur douce,pour alimenter& nourrir l'enfant hors de la matrice Nous ne te dirons autre choſe des parties ſuſdites,pource qu'elle ont eſté ſuffiſamment declarées Par cy-deuantii'adiouſteray ſeule- ment,que des Glandules les vnes ont nerf,comme celles-cy,leſquelles le reçoiuent des parties ſubiacentes,à ſçauoir des intercoſtaux,& cauſe dequoy elles ont ſentiment fort exquis Les autres n'en ont point,comme celles qui ne ſeruent qu'à remplir la diuiſion des vaiſſeaux , & qui n'ont autre action, mais ſeulement vſage. Subſtance . ©uantité. Figure_ . * § ſituez aux parties laterales du s§la § - _ _ - trieſme, cinquieſme, & ſixieſme des coſtes vrayes. * - - - # Et par ainſi elles ſont connexées auecque les ſudictes parties par leurs corps, par leurs vaiſſeaux à toutes # les autres,& aux femmes,ſpecialement à l'Amarry par le reſte des veines,& arteres,Mammillaires,qui depuis §m , les rameaux qui viennent aux Mammelles Par où nousauons dit,deſcendent iuſques aux parties laterales du l'Amarry Cartilage Fnſifo1me,auquel endroit s'inſinuans parmy les muſcles,ſe vont joindre(comme a eſté dit)vn peu par les v.i- par deſius l'vmbilic, aucc les aſcendantes Epigaſtriques > deſquelles l'origine eſt aucunement opoſite allX 77fſ, Hypogaſtriques,leſquelles enuoyent rameaux audit Amarry,ainſi comme ila eſté dit au moyen deſquels tel- le coionction eſt faite pluſtoſt,qu'à autres petits, & quaſi capillaires rameaux , qui quelquesfois ſont trou- uez deſcendre de la racine des Epigaſtriques vers ledit Amarry.Or y a il vne ſympathie des Mammelles à la matrice.Car chatouillant le tetin,la matrice ſe delecte aucunemét,& ſent vne titillation agreablc,parce que ce petit bout de la Mammelle a le ſentiment fort delicat à cauſe des nerfs qui y finiſſent,a celle fin que meſ- mes en cela les tetins euſſent affinité auec les parties qui ſerucnt à la generation,& auſſi à ce que la femelle offrit, & exhibaſt plus volontiers ſes Mâmelles à l'enfant qui la chatoüille doucement de la langue,& bou- che.A quoy la femme ſent vne grande delectation,& principalement quard le laict y eſt en abondance.Ou- tre plus quand la femme a conçeu,à meſure que l'enfant croiſt,& que la matrice ſe dilate,les Mamelles font de meſme:& l'enfanymis dehors ſubit elles reçoiuét le ſang,quileur eſt enuoyé Pour eſtre côuerty en laict Pour : - [ : de l' Anatomie. 9 3 A our ſa nourriture. Et comme les femmes ont perdu leurs fleurs par vieilleſſe,la matrice,& les Mammelles ſe retreciſſent peu à peu,& deuiennent ridées,& peauſiues.Leur temperament eſt froid & humide,& pour- ce dit-on,que le ſang ſe conuertiſſant en laict,deuient crud,& eſt fait phlegmatique,& blanc par la proprie- Tºmperº- te d'icelles, comme nous auons dit des Teſticules. Leur action, & vſage eſt de preparer le nourriſſement à *** l'enfant nouuellement né,& eſchauffer le cœur,eſtant d'iceluy premierement eſchauffées,ou pour la multi- tude de ſang,& eſprits en icelles contenus,& d'orner la poictrine. Et de ce tu entendras que des Glandes, Aiiion & les vnes ont action,les autres vſage, & les autres tous deux, comme a eſté declaré en partie par cy-deuant. vſage. Reſte que tu entendes, qu'à l'extremité & partie plus prominente deſdites Mammelles,ya vne petite tube ººº rofité, que vulgairement on appelle Mammellon , par lequel le petit enfant tire,& prend ſon nourriſſement # C77f d'icelles par certains petits trous enfractueux : leſquels combien qu'ils ſoient patens , & manifeſtes au ſens 2 , cn , les de la veuë,lors que par expreſſion des Mammelles on fait ſortir le laict, toutesfois le laict ſorty on ne les gº # ſçauroit apperceuoir, ny dauantage mettre en iceux vne poinçte d'eſpingle, tant deliée quelle ſoit,à raiſon § les deux des anfractuofitez, leſquelles ont eſté faites de nature, mere de toutes choſes, afin que le laict ja venu à ſa Mammellon, perfection,& prés du Mammelon, fuſt par telles anfractuoſitez retenu iuſqu'autemps commode de l'expul- ou papille ſion,ainſi que la ſemence par les Proſtates. des Mamz - — — meºes . Des Clauicules & coſtes. CH A P. I V. N ſuiuant I'ordre vulgaire, il conuiendroit à preſent declarer les muſcles du Thorax, mou- uans le bras, & ceux qui ſeruent à la reſpiration : pource qu'ils s'offrent les premiers au ſens de la veue:mais veu qu'ils ne peuuent eſtre commodément demonſtrez , ſans gaſter ceux de ' l'Omoplate,& du Col, à ceſte cauſe ie trouue meilleur de differer l'explication deſdits muſ- 5 \ yº cles, iuſqu'à ce qu'ayons demonſtré le demeurant des parties contenantes & contenues, non ſeulement dudit Thorax , mais auſſi de la teſte : afin que ce fait , nous puiſſions venir à la declaration de tout le reſte des muſcles, commençant à ceux de la Face,qui s'offriront les premiers , & pourſuiuant tous les autres iuſqu'à ceux du pied , ainſi qu'vn chacun s'offrira plus commodément à la diſſection , afin que Definition confuſion ſoit, tant qu'il ſera poſſible, par nous euitée. Reuenant donc à noſtre propos, apres les ſuſdicts d'ös, muſcles vient les Clauicules, le Sternon , & les coſtes. Pour l'intelligence deſquelles parties faut enten- Deuble ſens tendre que c'eſt os , & d'où ſont prinſes ſes differences. L'Os donc eſt la partie de noſtre corps, la plus timent dn terreſtre,froide,ſeiche,dure,& exempte de tout ſentiment ſenſible & manifeſte,excepté les dents Ie dy ſen-taº. ſible & manifeſte,pour te demonſtrer qu'aux parties y a double ſentiment du tact : vn manifeſte & ſenſible, lequel eſt en la chair,au cuir,membranes, nerfs,dents,& quelques autres parties. L'autre eſt obſcur & non manifeſte,toutesfois ſuffiſant à iuger, & diſcerner les choſes nuiſibles & profitables:& ceſtuy eſt aux viſce- res,& aux os : auſquelles parties ſont diſtribuées fort petites portions de nerf, par le trauers de leur tuni- que ou membrane,en ſorte qu'à peine le peut-on diſcerner (comme dit Galien au premier liure des parties malades) ſi ce n'eſt en arrachant les tuniques deſdites parties Il ne ſe faut esbahir ſi nature leur a donné des veines,& arteres ſi petites,qu'à peine on les peut voir ſi clairement : au contraire aux poulmon,& aux muſ- cles on en voit de groſſes, & apparentes. Nature a fait cela iuſtement, baillant aux parties autant d'ali- ment qu'ils en ont beſoin:car la ſubſtance des os eſtant froide, dure, ſolide, eſt moins eſpuiſée,& conſom- mée,parquoy n'ont eubeſoin de beaucoup de ſangpour leur aliment & nourriture, comme les autres par- ties qui ſont chaudes & molles : toutesfois les petits n'ont os,veines, nyarteres, mais par vne vertu attracti- ue qu'ils ont,attirent leur nourriſſement par leurs porofitez.Quand aux differences des os,elles ſont prinſes en pluſieurs manieres,à ſçauoir des Apophyſes,des Epiphyſes,Cartilages,Cols,Teſtes , Soliditez, Cauitez, Sourcils,Moüelle,conſiſtance,magnitude, nombre,figure, ſituation. Toutes leſquelles differences ſeront demonſtrées, ainſi qu'elles s'offriront en la declaration des os. Et Gal. liu.i 3* pour commencer,reuenant aux Claulcules, tu entendras que ce ſont deux os de confiſtence fort dure & chap.,. ſolide,ſans aucune cauité notable,leſquels ſont ſituez vn de chacun coſté entre la partie ſuperieure,& late- Difference rale de l'os Sternon,& l'Acromion de l'Omoplatte,pour confirmer ces deux parties enſemble:au moyen de- d'os. quoy ont eſté ainſi appellées. Leur figure eſt ſemblable à vn inſtrument de Chirurgie nommé Eleuatoire, Clauicules ainſi que tu peux mieux voir ſur le ſuject,que dedans les liures.Où faut noter,que ceſdits os ſemblent eſtre º.ºrºlºi. connexez auecques le Sternon,par vn moyen os cartilagineux:& dauantage,que l'eſpace,& cauité cótenues #e des deſſous leſdites Clauicules,eſt appellée des latins Iugulum,&des François la Fourchette ſuperieure, pource #. que les vaiſſeaux iugulaires y paſſent.Ceſte Fourchette eſt attachée auec la creſte de l'omoplate par vn car- **" tilage,lequel Gal.au liure 13.chap. 11. de l'vſage des parties, appelle petit os cartillagineux:toutesfois ce petit os n'eſt autre choſe que l'Epiphyſe dudit os Iugal. Quant à l'os du Sternon,que nous auons dit eſtre fait de diuers nombre d'os ſçauoir.3.4.5.6.7.8 te ſuffira d'entendre qu'iceux ſont fort ſpongieux, & poreux, & de côfiſtence plus molle que les ſuſdits,& pource plus ſujects à corruption,cójoincts par cartilages.Leur vſage eſt de ſeruir comme d'vn bouclier aux parties vitales.Quant aux coſtes,leſquelles ſont communément St en nombre de vingt-quatre,douze de chacun coſté,elles ſont diuiſées en ſept vrayes,& cinq fauſſes:dont les #., vrayes ſont ainſi nommées,pource qu'elles paracheuent le cercle, ſe joignans auecques le Sternon : & les vrayes & fauſſes ſont ainſi dites, pour autant qu'elles demeurét en la voye du cercle,les vnes plusauancées,les autres fanſſes. moins.Et ont leſdites coſtes vrayes double aſſiete:vne anterieure à l'os Sternon par le moyen des cartilages & ligamensil'autre poſterieure,ſur les vertebres tranuerſes de l'eſpine du dos,& parties lateralles du corps situation. deſditesvertebres.Quant aux fauſſes,elles n'ont que ceſte derniere ſituation, laquelle eſt appellée genera- lement la racine des coſtes.Leur extremité eſt cartillagineuſe afin quelles ne fuſſent rompues,& ſe puiſſent eſlargir,& eſleuer lors que l'eſtomach eſt trop plein de viandes. Elles ſont de conſiſtance aſſez dure, toutes- fois plus vers la racine,que vers le Sternon,où elles ſont plus entretenantes,& pareillement plus difficiles à rompre:entieremét polies au deſſus,& au deſſous,& à leur milieu,ayant veſtige de Diploé,pour la reception des veines,& arteres qui leur baillent nourriture. Leur figure eſt faite en archet, à ſçauoir interieurement Figur,. caue,& exterieurement boſſue. Leur vtilité eſt telle que du Sternon,& de receuoir, & accommoder les Vºiºº muſcles de la reſpiration principalement. - L'os du Star. /20/2. Vſàge du Conſiſtencé. La maniere de leuer le Sternon. C H A P . v # 'E N s v 1 T maintenant la tunique Subcoſtale,nommée du vulgaire & des Anatomiſtes Pleura,la der- niere des parties contenantes du Thorax : laquelle pource qu'elle eſt cachée en iceluy,enſorte qu'on ne la ſçauroit bien monſtrer ſans la voir, auant que paſſer plus outre à l'explication d'icelle , nous de- monſtrerons la mode de l'ouurir en ſorte que ny l'origine,ny l'inſertion des muſcles ne ſoit gaſtée. # 2112Ilt, - , 9 4- | Le quatrieſme Liure, - - - 'origine ou inſertion des muſcles Pe - doininra- faiſant, faut entendre que qui veut garder l'origine - - - © - # deux de l'os Hyoide, des deux Souſclauiers,& des Intercartilagineux,pour les demóſtrcr chacú I] ſon lien, mique. ainſi qu'ils ſont,& les bien diſtinguer les vns des autres,doit premierement leuer tant d'Vn # ue d'autre, § deux ſuſdits muſcles Pectoraux de l'os Sternon,& les cartilages des vrayes Coſtes Cººit couper • tout contre ledit os ceſdits ligamens depuis la fixieſme vraye Coſte, iuſques aux Clauicules : Puis demon- ſtrant le Mediaſtin attaché au milieu dudit Sternon, ſelon toute ſa teneur & longueur, il le leuera en haut vers leſdites Clauicules,deſquelles il ſe ſeparera en reſeruant diligemment auecques luy les quatre muſ- origine & cles,ſçauoir les Maſtroides,& les deux de l'os Hyoide, veu qu'ils ſortent ou en tout,ou en partie dudit os. inſertion des Finalemët les Clauicules aucunemét releuées en haut,renuerſera les Cartillages tant d'vn coſté que d'autre, muſeles Sous au dehors vers le bras ſelon leur teneur ( ce qui cſt facile à faire) afin que par ce moyen il puiſſe non ſeule- clauiers. ment monſtrer les parties contenues du Thorax,ains auſſi reſeruer entierement en leur lieu,& ſituationna- tutelle leſdicts muſcles:iuſqu'à ce qu'il ſoit venu à leur ordre de diſſection. Et pource qu'il faut releuer les Clauicules bien haut pour mieux demonſtrer les nerfs recurens,& diſtributiô des veines,& arteres,il monſ- trera en paſſantles deux petits muſcles ſouſclauiers , vn de chacun coſté , qui prennent leur origine de la partie interne, & anterieure, des clauicules, & obliquement deſcendent vers le Cartilage de la premiere Coſte vers le Sternon:& ce pour autant qu'on ne peut releuer leſdites Clauicules ſans les rompre,& gaſter. Cn peut auſſi ſcier le † ſon milieu,pour demonſtrer en leur entier les muſcles Pectoraux internes, ayant ſeparé les muſcles qui ſortent de la partie ſuperieure. Toutes ces choſes bien & deuement faictes & accomplies, faut venir à la ſuſdite membrane l'leura, & d'icelle au Mediaſtin, pource qu'il eſt faict d'elle. —- De la membrane nommée Pleura. C H A P. VI. | L E v R A vulgairement dicte,& proprement,& Subcoſtale derniere partie contenante du Tho- De finition $/4 rax,eſt vne membrane large,& ſpacieuſe, reſpondante au Peritoine du ventre inferieur en ſon de Pleura. # action,& vſage.Car tout ainſi que ledit Peritoine couure vniuerſellement,& particulierement Aétion, Cr toutes les parties naturelles,les liant enſemble,& contenant chacune en ſon lieu,ainſi fait ladite Vſage. Pleura aux parties vitales, couurant vniuerſellement, entant qu'elle eſt eſlendue entierement • , • par tout le circuit interieur du Thorax,& particulierement baillant vne tunique à chacune partie d'iceluy. situation. Son origine eſt du Perioſte,ou ſelon aucuns du Pericrane,reueſtant les vertebres du Metaphrene ſur les ra- origine. cines des coſtes,au moyen de quoy eſt eſtroittement annexée auec leſdites coſtes, en ſorte qu'auec grande Cºººº difficulté la peut-on ſeparer d'icelles:comme eſt auſſi auec toutes les autres parties terminantes immediate- ment le Thorax,& contenues en iceluy. Veſalius a reprins Galien,de ce qu'il diſoit icelle tunique,tant au coſté dextre que ſeneſtre,eſtre double:en quoy toutesfois Colombusa defendu Galien.Et de fait,on la trou- Nombre. ue double par dedans le Thorax ſous la face interieure des coſtes, & muſcles d'icelles, afin qu'entre deux membranes,les veines,arteres,& nerfs puiſſent paſſer.Aucuns l'ont voulu faire double,la diuiſans en interne #s & externe,comme ceux qui ont conſtitué deux eſpeces de pleurefie,vraye,& non vraye , mettans l'externe i . ſur toutes les coſtes, & muſcles interpoſez, & l'interne ſous la face interieure deſdites coſtes, & muſcles d'icelles le Diaphragme,& le Sternon. Quant à nous,euitans toute ambiguité,& obſcurité des paroles,nous nous arreſterôs ſeulement à ce qui ſe verra à l'œil,diſans les coſtes eſtre couuertes de double tunique:l'vne, qui obſtinément,& immediatement eſt attachée de toutes parts à icelle,nommée perioſte, qui leur eſt com- mune,& à tous les autres os : l'autre qui couchée ſur ce perioſte , reueſt interieurement leſdites coſtes : & pource nommée proprement Subcoſtale.Quant à ſa ſubſtance, temperament, & compoſition, elle eſt toute $uantité telle que nous auons dit au premier liure, de la declarationdes Menbranes. Sa quantité quant en largeur & Figure longueur,auec ſa figure,eſt toute telle que l'interne capacité du Thorax mais en profondité,elle eſt fort de- liée.Et faut noter,que ceſte membrane a eſté dite Pleura, pource qu'elle reueſt toutes les coſtes interieure- ment,comme nous auons dit:leſquelles ſont appellées des Grecs wººpa Et tout ainſi que ceſte dicte Tuni- nique a pris ſon nom des coſtes , ſemblablement la defluxion qui ſe fait entre elle, & le Perioſte d'icelles,a eſte nommée Pleureſie,vraye ou fauſſe,ainſi qu'il a eſté dit cy-deuant. : Du UMediaſtin. C H A P. V I I. P R E s auoir iuſques icy declaré les parties contenantes, faut venir aux contenuës : commençant # au Mediaſtin,comme à celuy qui à l'ordre de diſſection ſe preſente le premier : lequel eſt ſuſtan- brane qui , - ce,quantité,compoſition,nombre, temperament, tels que nous auons dit de Pleura : Car ſa ſub- ſe pare les ſtance eſt membraneuſe comme l'autre. Sa quantité en longueur contient tout le Thorax, & en parties du profondité eſt deliée quaſi comme toile d'araignée. Sa compoſition auſſi eſt pareille à l'autre:car tout ainſi Thorax en que la ſuſdite reçoit nerfs,veines,& arteres de toutes les parties,auſquelles elle eſt annexée(qui ſont parti- deux. cipantes deſdicts vaiſſeaux ) ainſi fait le Mediaſtin, mais principalement des vaiſſeaux dicts Mammillaires, Sºbſtance2., deſcendans par deſſous le Sternon. Quant au nombre,il eſt vnique, fait de deux membranes produictes de $ºité Pleura, laquelle eftant montée tant d'vn coſté que d'autre,iuſqu'au plus haut du Sternon,ſe reflechit vers le Compoſition. corps des Vertebres,ou origine de ladite Pleura. Où noteras, que depuis la reflexion,ſeparation eſt faicte entre les deux membranes telle qu'on pourroit mettre deux doigts entre deux.Et la cauſe de telle ſeparatió a eſté , pource qu'il eſtoit beſoin que ceſdites tuniques fuſſent refiechies iuſqu'aux Vertebres : & à cauſe qu'elles ne pouuoient penetrer le cœur pour deſcendre en icelles,il a fallu que chacune de ſon coſté ſe re- tiraſt l'vne de l'autre vers les coſtez du Pericarde,pour venir au lieu pretendu.Q ant éſt de vacuité entre ces deux membranes,il n'en y a aucune:car l'eſpace qui eſt entre deux,eſt tiſſu , & remply de petites fibres ner- ueuſes deliées comme petits filets entrelacez confuſément l'vn parmy l'autre.Toutesfois Columbus dit,que quelques fois en cét eſpace eſt contenu vn humeur, lequel peut eſtre tiré en perçant le Sternon.Mais ie luy Figure . voudrois volontiers demander,comme nous cognoiſtrons que tel humeur y ſoit contenu. Quant à la figure du Mediaſtin, ſi nous l'adiouſtôs auec la Pleura,ils repreſéteront d'vn chacû coſté la figure d'vn flacon de cuir, ayant pour 1a partie platte le Mediaſtin:& pour la boſſue la lºle ura vers les coſtes : pour le fonds,la portion d'icelle eſtendue ſur le Diaphragme:pour l'orifice, l'extremité d'icelle qui eſt deſſous les premieres coſtes. Sa ſituation,& c onnexion ont eſté declarées parlant de ſon origine.Son vtilité eſt de ſeparer les parties vita- Situation. les en deux , à ſçauoir dextre, & ſeneſtre,afin que ſi l'vne eſtoit bleſſée, l'autre demeuraſt en ſon entier : & Connexion. auſſi pour ſouſtenir,& entendre le Pericarde à l'entour du cœur, de peur qu'il ne tombe ſur iceluy:& con- Vtilité, ſequemment qu'iceluy n« decline de coſté ny d'autre par aucuns mouuemens. >º Mediaſtin (,5 •ſt vne mem- # Nomb re, QDfs &toraux , des Mºſtoïdes,des A 8 : , C, # , D de l AnatOmie. 95 Du Diaphragme ». C H A P. VI I I. O M E I E N que le Diaphragme ſemble pluſtoſt partie contenante que contenue , & pource deuoit eſtre declaré auec les autres : toutesfois ayant plus d'égard à la commodité qu'à l'ordre,nous l'auons differé iuſques en ce lieu-cy. Cr donc tu entendras que c'eſt vn muſcle rond, & oblong , terminant la partie inferieure du Thorax, de ſubſtance,compoſition,& temperament,tels que les muſcles de l'Epigaſtre, eſt fait en la ſorte que nous auons dit,parlans de la difference d'iceux,a ſçauoir des deuxtuniques,vne venit du peritoine, ſçauoir eſt l'inferieure:& l'autre de la membrane Plura, ſçauoir eſt la ſuperieure : leſquelles prenans chair, non par tout, ains en leurcirconference par le ſang porté des veines , & arteres diſtribuées entre icelles, font & conſtituent ledit muſcle en ſon milieu,& origine nerueux, & membraneux, & en ſes extremitez , & inſertion, partie charnu , comme à la circonference des fauſſes Coſtes : partie tendineux, comme ſur la premiere,& ſeconde vertebre des Lumbes,auſquelles il deſine par deux tendons aſſez inſignes. Ledit Diaphragme eſt ſeul ſitué obliquement entre les parties vitales,& naturelles.Et eſt conioint auec 1'ex- tremité inferieure,tant du Sternom,que de toutes les fauſſesCoſtes,& deux premieres vertebres des Lumbes. Semblablement auſſi par ſes vaiſſeaux,& tuniques auec les parties d'où il les reçoit. Sa quantité & largeur eſt telle que la profondité inferieure du Thorax:en longueur depuis le cartilage Enſiforme, iuſqu'à la pre- miere, & ſeconde vertebre des Lumbes. Quant à ſa profondeur, elle eſt differente : car en ſon extremité charnue,il eſt beaucoup plus eſpés qu'en ſon origine,& milieu membraneux.Son action,& vtilité eſt d'aider l'expulſion (ainſi que nous auons dit au premier liure,parlans de l'action des muſcles de l'Epigaſtre) pour faire la reſpiration libre au corps ſain, de laquelle il eſt le principal inſtrument,& eſt comme vne haye ou paliſſade pour faire ſeparation (comme nous auons dit) des parties vitales d'auec les naturellesau moyen dequoy eſt dit Diaphragme,ou septum tranſuerſum, comme vn mur metoyen,& des anciens Tºhrene,:pource que l'inflammation,& autres affections dºſceluy,pr6ptement induiſent tels accidens que celles de la teſte,à cauſe des nerfs inſignes,vn de chacun coſté,qui luy ſont enuoyez de la troiſieſme,quatrieſme,& cinquieſme Vertebre du col,ſans eſtre diſtribuez en autre partie. Ce dit muſcle eſt different des autres, principalement pour ſa figure.Où noteras,qu'il eſt troüé en trois lieux,pour bailler paſſage tant à la veine Caue aſcédante, qu'à l'artere nommée Aorta,& Oeſophague deſcendant aux parties naturelles,à l'eſtomach. Des Poulmons. C HA P. IX 2 O v T E s ces choſes conſiderées,faut maintenant venir aux Poulmons, leſquels ſont de ſub- ſtance, & chair molle, rare,& ſpongieuſe plus que nulle autre partie du corps (pour la com- modité de l'air tranſcolé au cœur par icelle,& expellé dudit cœur par l'expiration de la bou- che ) de couleur changeant,entre rouge,& paſle. Leur quantité eſt inſigne, diuiſée le plus 2#N ſouuent en quatre Lobes,à ſçauoir deux de chacun coſté,à fin que plus facilement ils ſe dila- tent & compriment, & qu'auſſi l'air s'inſinue & penetre plus promptement : leſquels ſont le plus ſouuent ſeparez à veue d'œil, autresfois obſcurement. Iay dit notamment le plus ſouuent, pource que quelques- fois aux grands hommes ayans le Thorax long, on trouue vn cinquieſme petit Lobe, faict du ſecond coſté droit,pour ſupporter en forme de couſſinet,laveine Caue dés ſon origine ou Diaphragme,iuſques au cœur. Aux petits hommes, & qui ont leThorax court pour ce que le cœur touche au Diaphragme,le ſuſdit Lobe ne ſe trouue point , pource qu'il n'en eſt beſoin comme il eſt aux grands. Et touſiours aux chiens ce Lobe cinquieſme ſe trouue.Leur figure eſt ſéblable aux ongles d'vn pied de bœuf,qui eſt eſpés de ſa baſſe , & en ſa circonference plus mince & delié,comme tu peux aiſement voir en les ſoufflant,& rempliſſant d'air par la Trachée artere auec vn ſoufflet,ou autremét.Ils ſont compoſez d'vne tunique venant du Pleura,laquelle re- 5oit les nerfs de la ſixieſme coniugaiſon en aſſez grand nôbre tant d'vn coſté que d'autre. Dauantage,d'vne veine arterieuſe ſortât du dextre ventricule du cœur,& d'vne artere veineuſe ſortant du ſeneſtre,comme il te ſera cy-apres demonſtré en l'Anatomie du cœur. Semblablement,de la Trachée artere venant du goſier, & de ſa propre chair,telle qu'elle eſt deſcrite cy-deſſus, laquelle n'eſt autre choſe que concretion de ſang bilieux,eſpandu comme eſcume,à l'entour de la diuiſion des ſuſdits vaiſſeaux, comme a eſté dit des autres viſceres.Ils ſont vniques, ſi tu ne le veux diuiſer en deux,à raiſon de leur double ſituation , à ſçauoir dex- tre & ſeneſtre:auſquels lieux s'eſtendans,reueſtent, & enueloppent preſque tout le cœur , pour luy eſtre defenſe,& propugnacle contre la dureté des os circoniacens. Et pour cette cauſe ils occupent toute l'eſpa- ce demeurant entour le Pericarde. Et ſont connexez principalement auec le cœur en ſa baſe, & aueclara- cine des coſtes, & vertebres d'icelles, par la tunique qu'ils en reçoiuent en cét endroit, & par leurs vaiſ- ſeaux,auec les parties d'où ils les reçoiuent quelquesfois auſſi on les trouue naturellement attachez à la cir- conference des coſtes, par petites Apophyſes membraneuſes qui deſcendent des coſtes eſdits poulmons: quelquesfois s'attachent par excez Pleuretique. La nutrition du poulmon eſt toute differente des autres parties de noſtre corps : car il ne ſe trouue partie ſi rare, ny ſi legere, ny ſi pleine d'air, & qui ſe nourriſſe d'vn ſang ſi ſubtil,& vaporeux. Leur temperament eſt plus chaud que froid,à raiſon de leur chair faicte de matiere chaude, afin que promptement ils puiſſent preparer l'air alteré par iceux à l'vſage du cœur,lequel par ſa froideur,ou autre qualité,euſt peu bleſſer ledit cœur. Le poulmon eſt inſtrument de la voix , & reſ- piration par le moyen,& benefice de la Trachée artere : car les aneletsd'icelle ſont organe de la voix: & les ligamens qui la joignent, de la reſpiration : mais le Larinx ou ſoufflet eſt principal inſtrument de bien for- mer la voix car ladite Trachée artere appreſtre premierement la voix aux Larynx,& y eſtant ja formée elle eſt augmentée par le palais quiluy ſert, comme au luth ſon ventre, pour la faire reténtir & reſonner : & la luette luy ſert comme d'vne touche, de laquelle on frappe les cordes des inſtrumens muſicaux , comme violons , & autres ſemblables. Et eſt à noter, que lors qu'on retient ſon haleine, on ne peut aucunement parler : car de toutes parts nous comprimons les muſcles du Larynx , des Coſtes,du Diaphragme, de l'Epi- gaſtre, & lors ſe fait violente action. Où faut noter, que Nature a ainſi faict les Poulmons rares,pour plu- ſieurs cauſes. Premierement, afin que n'ayans mouuement d'eux meſmes, par leur rareté,& legereté peuſ- ſent promptement enſuiure le mouuement du Thorax,lequel quand il ſe ſerre, les pouſſe & comprime & quand il ſe dilate, toute ſa capacité ſuperieure eſt remplie d'iceux , comme lors que nous inſpirons , l'air entre par la bouche, & d'icelle à la Trachée artere,& en toutes ſes ramifications diſperſée aux Poulmons, & lors s'enfle grandement : qu'il ſoit vray, lors que l'on ſouffle dans vne Trachee artere, le Poulmon ſe groſſit & enfle. Secondement , afin que telle rareté ſans aucune violence peut admettre l'air,lequel quel- quesfois eſt introduit en grande quantité & violence , comme on voit en ceux qui ont couru † F1Inalcnncnt Subſtanrr. Compoſition, c3 tempera- //7e/,r, Nombre. Situation,6º connexiºn. 9 ntité. Aétion & vtilité. Subſtance, N - -" 9 uaniit é, Gal. 7. liu. chap. 1c, de l'Vſage des part. Figure. Ccmp ºſition. Nombre. Situation. Cenmexicn. Chacune. choſe ſe mcurrit d'vn aliment ſema blable à ſoy. Tempera- /77e725 . Le poulmen eſt le reſer- uoir ou rabi - met de l'air, qui ſert à la voix ér re- ſpiration. Pluſieurs cauſes de la rareté des Poulmons. Premiere cauſe. Ssccnde, 9GT Le quatrielme Liure, - TiercL. vſage de re- ſpiration. Origine. Subſtance. Figure. - _ - ºuantité Compoſition. Nombre. Situaticm. Connexion. P7Jé'/7f, Vſage. Conſiſtence. Deſcription du Cœur. • , - 2 uantit 47« Figure. Com, oſ rivm. Nerſ du ſºI''1 r. Nonbre. Situa ticn. Finalement,afin que plus facilement és Empyemes enſuiuant, Pleureſies , ou autr e tumeurinterne du Tho rax, en laquelle y a effuſion de matiere,icelle puiſſe eſtre vuidée & attirée, commº # ºPiration ou tranſcolation,par leſdits poulmons, à cauſe des rameaux de la Trachée artere dilatºº * comPrimez en la reſpiration. Or l'vſage de la reſpiration ſe faict,pource que le cœur,qui a beſoin de la ſubſtance de l'air,& bouillant d'vne feruente chaleur,deſire eſtre refraiſchy. Or il eſt refraiſchy par l'inſpiratiººººl luy appor- te vne qualité froide : & par l'expiration,qui jette hors ce qui eſt trop chaud,& bouillant , Par les vapeurs fuligineuſes,comme vapeurs venans de la ſuye.A ceſte caufe il a double mouuement, compoſé de deux par- ties contraires ; à ſçauoir en attirant l'air quand il s'ouure & s'eſlargit, & s'euacuant quand il ſe reſſerre & comprime;& pource ſi on attire quelque air chaud,eſpés,& cras comme fumee de charbon , ſouuent il fait mourir l'homme,parce que tel air gros,& cras,ne peut eſtre ſubtilisé pour entrer dedans le cœur,qui eſt cauſe qu'il eſt ſuffoqué & eſtouffé:ainſi qu'il ſe faict és ſoufflets des marefchaux , qui en ſe dilatant attirent l'air,& en ſe comprimant le pouſſent.Ainſi ſe fait au Diaſtolé & Syſtolé, qui ſont les mouuemens du cœurs & par ces deux mouuemens il attire le ſang,l'eſprit,& l'air,& expelle ſes excremens fulgineux. Du Pericarde ». C H A P. X. 'E N s v 1 T maintenant le pericarde, autrement nommé Domicile du Cœur, lequel naiſſant de la baſe, & fondement du Cœur(ſoit des ligamens des Vertebres illec ſituées, ou des vaiſ. $ ſeaux dudit Cœur )eſt de ſubſtance dure,denſe & eſpeſſe,ſans aucunes fibres,retenant la figu- re dudit cœur,& laiſſant interieurement eſpace, & lieu ſuffiſant pour le mouuemét d'iceluy.Sa B à grandeur par ce moyen excede aucunement celle du cœur, & eſt compoſée de double tuni- que:l'vne propre,de laquelle alllOIlS parlé:l'autre commune,venant du Pleura:& de veines,arteres, & nerfs, venans en partie des Mâmilaires,en partie du Diaphragme, principalement en ceux, auſquels le Diaphrag- me touche au Pericarde:& les nerfs viennét de la ſixieſme coniugaiſon tant d'vn coſté que d'autre-Il eſt ſeul & vnique ſitué a l'entour dudit cœur,& annexe par ſes mëbranes auec la baſe d'iceluy,& auec ſes vaiſſeaux & origine des poulmons,& vertebres ſubiacentes,& par ſes vaiſſeaux auec les parties d'où il les reçoit.Il eſt de temperament froid & ſec comme toute autre membrane. Son vſage eſt de loger le cœur,& le conſeruer en ſon humidité naturelle,par vne certaine humidité ſereuſe qu'il contient:ſi tu ne veux dire que ceſte humi- dité eſt engendrée apres la mort par l'exhalation, & concretion des eſprits.Ce qui ne me ſemble vray-ſem- blable,veu que nous voyons aux viuans icelle croiſtre quelquefois en ſi grande abondance,qu'elle empeſche *"ºr*- le mouuement du cœ ur,& luy cauſe vne palpitation,qui le plus ſouuent l'eſtouffe. Et peut aduenir ladite palpitation de cœur,à gens qui ont le cœur chaud , & le ſang aqueux , pour l'imbecilité du ventricule ou foye.Cét humeur peut eſtre fait des vapeurs,qui à l'ebullition du ſang qui ſe fait dedans le ceur,s'euaporent par les parties laterales hautes,& baſſes d'iceluy dedans le circuit du Pericarde,lequel les conuertit en hu- midité teinte de colere,ſoit par ſa froideur ou autrement, pour ne luy bailler iſſue, ainſi que nous voyons eſtre fait en vn Alambic.Or nature a fait le Pericarde de telle conſiſtence,à ſçauoir dure & ferme,afin que le cœur fuſt conſerué en vn eſtat moyen.Car ſi Nature l'euſt faict oſſeux,ileuſt rendu le cœur ſemblable à ſoy, feroce & cruel,& s'elle l'euſt faict mol comme les poulmons, il euſt renduledit cœur par trop mol & effe- miné.Et par ainſi Nature le voulant maintenir,comme la plus noble partie du corps, & fontaine de vie,des parties les plus contraires du corps,qui ſont les os,& les poulmons,luya baillé vn conſeruateur moyen en- C tre ces deux contraires,comme elle fait touſiours,afin qu'il ne declinaſt ny à l'vn ny à l'autre comme vicieux. · Du cœur. CH A P. X I. *. ſ2 )ſ2 E Cœur (qui eſt domicile de l'ame,organe de la faculté vitale, principe de vie, fontaine, & $ ſource de l'efprit vital,& de la chaleur naturelle fluante,& pource premier viuant, & dernier :,. # § {) mourant ) à cauſe qu'il deuoit auoir mouuement de ſoy meſme,eſt fait de chair groſſe & du- $ſ re,& plus ſolide qu'autre de tout le corps : laquelle eſt tiſſue de trois genres de fibres,à ſça- & SºNº\ uoir droites en ſa partie interieure,deſcendant de ſa baſe en ſa partie aigue, pour iceluy dila- ter, & conſequemment introduire ſang de la veine Caue aſcendante , & eſprit ou air des poulmons par l'artere veineuſe. Il a auſſi fibres tranſuerſes en ſa partie exterieure, qui coupent & diuiſent en angles droits les ſuſdits pour reſerrer ledit cœur,& repouſſer l'eſprit vital en la grande arterenommée Aorta,& le ſang bilieux aux poulmons pour leur nourriture,par la veine arterieuſe. Semblablement il en a d'obliques,miſes & ſituées entre ces deux,pour retenir le ſang & l'air,introduis par les ſuſdits vaiſſeaux,juſqu'à ce queledit Cœurait faict só profit & deuoir,& qu'il joüiſſe de ce qu'il a attiré. Or toutes ces fibres icy font leur action,ſe retirans vers leur principe, comme les droičtes en ſe retirant de la poincte du cœur vers ſa baſe,au moyen dequoy iceluy eſtaut dilaté par ceſte retraction des fibres eſt fait plus court,mais plus large en ſon milieu & corps:tout ainſi qu'à la retraction des tranſuerfes,il eſt faict plus long & plus greſle en ſon corps,& milieu,& par la retraction des obliques,il eſt aucunemét enfoncé,& com- , , primé du coſté qu'il regarde les Vertebres du dehors au dedans,ce qut appert Principalement vers ſa poin- D cte. Sa quantité eſt aſſez notable,toutesfois aux vns plus grâde,aux autres plus petite,pour la varieté de la complexion,& temperature des hommes plus frofds ou plus chauds,ainſi qu'a eſté dit du foye. Sa figure eſt pyramidale,à ſçauoir large en ſa baſe, & eſtroicte en ſa poincte Il eſt compoſé de chair fort ſolide, & la plus dure du corps, comme il a eſté dict,laquelle a eſté illec engendrée par effuſion de ſang à ſa propre generation comme des autres viſceres,ſur la diuiſion,& racine de tant de vaiſſeaux. Car, comme tu ſçais, le ſang eſtant vn peu plus deſſeiché que celuydufoye,Par ceſte deſiccation& elaboration degenere en ſub- ſtance charneuſe, comme tu peux voir aux vlceres caues,tout ainfi que s'il eſt encores deſeiché dauantage, il degenere en ſubſtance ſemblable au cuir.Il eſt fait auſſi de veines,& arteres nommées Coronales,leſquel- les luy ſont baillées ou de la veine Caue du coſté droict,ou du coſté gauche ſur l'iſſue de l'artere Aorta tout ſur ſa baſe. Quant aux nerfs, il n'appert point au ſens de la veue en auoir d'autres que ceux qui luy peu- uent eſtre baillez auec la tunique venant de la Pleura : toutesfois i'en ay trouué aux beftes brutes qui ont grand cœur, meſme à celuy d'vn pourceau, aſſez notables,& apparens deſſous les veſtiges de lagreſle, la- quelle couure tous les vaiſſeaux,& bas du cœur:les accompagnant par tout leur chemin, pour la conſerua . tion de leur humidité ſubſtantifique, qui pourroit eſtre conſumée par la grande chaleur dudit cœur:laquelle chaleur autre qu'elementaire,permet qu'icelle greſſe ſoit engendrée ſur les ſuſditcs parties par froideur na- turelle : choſe digne de grande contemplation.Il eſt ſeul & vnique:ſitué ſur la quatrieſme vertebre du Me- taphrene, le plus ſouuent, qui eſt le milieu du Thorax : toutesfois aucuns cuident qu'il ſoit plus incliné au coſté ſeneſtre, parce qu'on y ſent le battement : mais cela aduient à cauſe de ſon ſeneſtre ventricule,qui eſt ſource $ - de l'Anatomie. 97 | A fource des arteres, auquel ſe fait grande pulſation. Or Nature l'a mis,& placé entel lieu,à raiſon que telle partie eſt la plus aſſeurée,& mieux remparée de toutes les parties du corps. Dauantage il eſt enuelopé de Connexion toutes parts des poulmons comme d'vne main.Sa connexion eſt auec les ſuſdites Vertebres,& par ſes p2r- - ties côpoſantes auec celles d'où il les a,& auec les poulmons par la veine Arterieuſe,& artere Veineuſe, & vriuerſellement à toutes les parties du corps par les arteres qu'il leur diſtribue. Son téperament eſt chaud Tempera- & humide, comme toute autre partie charnue. Quant à ſon action, c'eſt premierement de preparer le ſang ment. en ſon dextre ventricule pour la nourriture des Poulmons.Et pource a dit Galien,que ce dextre ventricule , 4ºtiºn & a eſté fait & ordonné de nature pour la neceſſité,& vſage des poulmons.Secondement,de faire l'eſprit vital º enſon ventricule ſeneſtre, pour l'vſage de tout le corps : lequel eſprit n'eſt autre choſe qu'vne ſubſtance moyenne entre ſang & air,propre & consenable à la conſeruation de la chaleur naturelle fluente : à cauſe dequoy eſt appellé vital,c'eſt à dire conſeruateur de l'auteur de vie,enclos en nos cœurs, qui eſt la chaleur naturelle preparée à vn chacun,laquelle nous pouuons côparer à la flamme d'vne lampe, & l'eſprit à l'huil- le.Et voyla ce que tu peux conſiderer exterieurement du cœur,Quand à l'interieur,il faut outre les choſes ſuſdites contempler les Ventricules,& parties contenués en iceux,entre iceux,que ſont les Valuules, Orifi- Élue c'eſt ces, & vaiſſeaux appartenans à iceux, auec leur diſtribution dans les Poulmons,& Entre-moyen, ſans ou- 7º °ſ#rir blier les deux Epiphyſes du Cœur, nommées Oreillesd'iceluy, à raiſon de la ſimilitude qu'elles ont aux #º . oreilles : leſquelles nous pourſuiurons premierement,pource qu'elles appartiennent tant a l'exterieur qu'a º" #. l'interieur. Et pour commencer, faut entendre que ceſdites oreilles ſont de ſubſtance molle & nerueuſe, #/40- tiſſue de trois genres de filamens afin que par leurmolleſſe,& ſubſtance nerueuſe plus promptement peuſ- #. ſent enſuiure le mouuement du cœur, & par ce moyen rompre l'impetuoſité des matieres apportées audit #§ de cœur lors qu'il ſe dilate:leſquelles autrement par leur entrée violente euſſent peutellement rêplir le cœur, l'§duc- qu'elles l'euſſent ſuffoqué.Et noteras qu'elles ont eſté ainſi ordonnées de Nature,& faictes de telle capacité, tion de l'air afin qu'elles peuſſent(comme vne depenſe) receuoir le ſang,ou air,qui durant le temps du Diaſtolé , pour- cr du ſang roit eſtre introduit au cœur, afin que par apres ledit cœur en puiſſe iouyr à ſon aiſe , & en telle quantité dans le cœur qu'il luy eſt beſoin,en le prenant deſdites oreilles,ainſique bon luy ſemble.Et ſi tu demandes ſi leſditesma-9uantité. t1.rcs ſont ſeulement introduites dans ledit coeur aù Diaſtolé pour euiter vacuité : Ie te reſponds que non. Car telle introductió ſe fait auſſi par la chaleur dudit Cœur,laquelle attire leſdites matieres,côme la flam- me d'vne chädelle attire le ſuif,& l'air ambiët pour ſa nourriture.Lors que le cœur ſe dilatte, il attire l'air, & quand il ſe comprime, ill'euacue : & telmouuement ſe fait par ſa vertunaturelle , & le mouuement des poulmons par la faculté animale. Aucuns adiouſtent vne troiſieſme cauſe, nommée Similitude de toute ſa ſubſtance:mais ſelon mon iugement,elle ſert & appartient pluſtoſt à l'attraction,qui eſt faicte pour la nour- riture du Cœur par ſes veines Coronales que pour l'introduction des ſuſdites matieres,action commune,& neceſſaire à tout le corps. Quant à leur quantité,elle eſt differente:car la dextre eſt beaucoup plus grande, & plus capable que la ſeneſtre, pour la reception de plus grande quantité de matiere. Elles ſont deux en nombre, vne de chacun coſté, ſituées à la baſe du cœur : la plus grande, contre l'entrée de la veine Caue dans le cœur : la plus petite, contre l'entrée de l'artere Veineuſe, & grande artere, auec leſquelles parties ſont annexées.Leur vtilité eſt telle que nous auons dit cy-deuant, à ſçauoir pour en receuant les matieres introduites au cœur par le Diaſtolé,rompre la vehemence,& impetuoſité d'icelles : Auſſi pour ſouſtenir & ſeruir de couſſinet à l'artere Veineuſe,& grande artere,qui eſtans de ſubſtance plus delicate, n'euſſent ſceu porter la vehemence d'vn mouuement ſi rapide,qu'eſt celuy du cœur. Des ventricules du Caeur. C H A P. XI I. L faut maintenant venir aux ventricules du Cœur leſquels, ſont deux en nombre, à ſçauoir Nombre. 3 l'vn dextre,& l'autre ſeneſtre, ſeparez & diuiſez par vn Entre-moyen charnu, & d'eſpeſſeur M4 aſſez notable,apparante tant de ſon coſté dextre que ſeneſtre, troüé par pluſieurs endroits en ſa ſuperficie : jaçoit que leſdits trous ne penetrent point aux ſens de la veuë d'vn coſté à l'au- tre. Or de ces deux ventricules le dextre eſt plus ſpacieux, grand & capable,& enuironné de Murme- chair Plus greſle, & molle que le ſeneſtre qui eſt au double & triple plus eſpés, & ſa capacité moins am-toyen. Ple. Et la cauſe a eſté, pource que le dextre ventricule deuoit eſtre receptacle du ſang apporté, & in- troduit Par la veine Caue,lequel deuoit eſtre diſtribué,tant aux Poulmös par la veine Arterieuſe pour leur 9)uantité nourriture,qu'au ventricule ſeneſtre par l'Entre-moyen, en forme de reſudation,pour la continuelle genera- - tion de l'eſpritvital. Ila donc fallu qu'il y euſt aſſez grande quantité de ſang,& conſequemment,eſpace ſuf P ov le fiſant pour le receuoir.Et pource que ce ſangcötenu au dextre ventricule eſtoit encores gros & eſpés,s'il n'a # #•n- eu beſoin d'eſtre enuironné de chair ſi eſpeſſe que celle du ſeneſtre,lequel nature a ainſi ordonné, de peur tricule eſt que l'eſprit vital,fort ſubtil & aeré,auec la chaleur naturelle fluente, ayant d'illec ſon origine & ſource, ne plus grand s'exhalaſt, penetrant ladite chair,ſi elle euſt eſté autant deliée qu'au dextre.Dauantage,ce dit Ventricule a # pi rare ºſtº fait plus petit,afin que l'eſprit & chaleur fuſſent mieux vnis,& conſequemmét rendus plus forts, ſelon ,ue leſene- le dire du Philoſophe,qui eſt,que la vertu bienvnie en ſoy,eſt plus forte que celle qui eſt eſparſe:ou bien ſi ſtre. º veux,Pource qu'il n'eſtoit requis ſi grande quantité d'eſprit, que de ſang : veu que l'eſprit au reſpect du ſang,eſt tel qu'en ſa petite quantité il peut autant ou plus que le ſang en la ſienne grande.Parquoy coucluât ce Propos,ie dy qu'ilya deux ventricules ſeparez par vn Septum ou Entre-moyen, ou Mur-metoyen,vn dex- tre,& l'autre ſeneſtre,dont le dextre eſt deſtiné à la preparation, & elaboration du ſang, pour nourrir les Vtilité. Poulmons,& engendrer l'eſprit vital,comme les poulmons pour la preparationde l'air : leſquelles elabora- ºons de ſang, & air eſtoient neceſſaires, ſi le dire des Medecins eſt vray,qu'vne chacune choſe veut eſtre Le cœur,eſt ººrrie & entretenue par ſon ſemblable,comme les poulmons rares,fiaues & ſpongieux,de ſang ſemblable: nourry de & le cœur gros,de ſang ſemblable:aumoyen dequoy ces veines Coronales luy ont eſté baillées de la veine ſang elabou. Cºe,afin qu'il en peuſt epuiſer comme d'vne deſpenſe,de plus conuenable à ſoy,& ainſi del'eſprit. Le ſe-ré en ſes neſtre eft fait pour l'elaboration de l'eſprit vital,& conſeruation de la chaleur naturelle fluente. ventricules Des orifces & valuules du Carur. C H A P. X Il J. 5 @ P R E s ces Ventricules faut conſiderer les Orifices, & Valuules d'iceux leſquels Orifices ſont qua- Nombre. $ tre en nombre, deux au dextre Ventricule, & autant au ſeneſtre. Des deux premiers le plus grand baille entrée à la veine Caue dedans le Cœur, ou au ſang porté par icelle : & le plus petit iſſue à la veinz Arterieuſe, ou au ſang bilieux porté par icelle pour la nourriture des poulmons. Des autres deux le plus grandbaille iſſue à l'artere Aorta, & àl'eſprit vital diſtribué par toutes les parties du corps:& le plus petit, entrée & iſſue tant àl'artere veineuſe, que matiere apportée & chaſſée par icelle. I Et 98 Le quatrieſme Liure, Et pource qu'au Diaſtolé:c'eſt à dire dilatation du cœur,il eſtoit requis, qu'introductiºº # #C fuſt faite par vn orifice en chacun ventricule,comme au dextre par le plus grand, & au ſeneſtrc Pa # ºs Petit,tout ainſi qu'au syſtolé,c'eſtà dire conſtriction, expulſion deſdites matieres de chacun Vº Par ſon autre Il y a e,ze orifice.A ceſte cauſe Nature a mis aux ſuſdits orifices onze Epiphyſes, ſçauoir ſix au # †ºis Epiphyſes ou ºn chacun orifice,& cinq au ſeneſtre,trois au grand orifice,& deux au plus petit, pour la rºllon qui te ſera v, uſles au dite cy-apres. Et ſont telles Epiphyſes diffentes en pluſieurs choſes ; Premierement en aétion : car les vns ſ (I't1/". apportent matiere au cœur,les autres les empeſchent d'y r'entrer lors qu'elles en ſont ſorties.Secondement $ui me vºit en ſituation : car celles qui apportent,viennent du dehors au dedans les autres qui expellent,du dedans au leſdites ºº! dehors.Tiercement en figure : car celles qui apportent, ſont quaſi de figure Pyramidale, & celles qui em- uules, il e l peſchent l'introduction, ſont faites à la ſimilitude d'vn grand C) Romain. Quartement en ſubſtance : car # les premieres des ſuſdites ſont en leur plus grande partie charneuſes ou tiſſues de filamens charneux, deſi- tendre , nens en vne petite tuberoſité charneuſe vers la pointe du Cœur : les ſecondes ſont totalement membraneu- " ſes. Quintement en nombre : car celles qui apportcnt , ne ſont que cinq , trois au dextre ventricule ſur le grand orifice, & deux au ſeneſtre ſur le petit les autres ſont ſix,trois à chacun ventricule ſur l'autre orifice. Finalement en motion : car les charneuſes s'ouurent au Diaſtolé pour introduire ſang ou air, & au syſtolé ſe ferment pour retenir les matieres introduites du tout,ou en la plus grande partie:& les membraneuſes,au contraire,au Syſtolé s'ouurét pour laiſſer ſortir le ſang,&l'eſprit du cœuraux parties exterieures:& au Dia- , ſtolé ſe ferment entierement ou peu s'en faut pour defendre que leſdites matieres eſtant chaſſées dehors n'y * r'entrent. Où noteras pour la conclufion de ce propos, que Nature n'a mis que deux valuules à l'orifice de l'artere Veineuſe,pource qu'il eſtoit neceſſaire que cedit orifice fuſt touſiours ouuert,ou du tout,ou pour le La conſtri- moins en vne tierce partie,afin que l'air fuſt continuellement par cét orifice introduit en l'inſpiration,& par § n § ce meſme chaſſé hors auec les excremens fulgineux en l'expiration.Et de ce nous pouuons conclure,que de briefu que l'air introduit Par cedit orifice tout ouuert,n'en eſt reietté que la tierce partie en l'expiration,veu queNa- la dilata- ture ne luy a laiſſé pour ſon iſſue que la tierce partie de l'orifice:parquoy l'expiration,&Syſtolé des arteres, tion. & cœur doit eſtre plus briefue que l'inſpiration, en ſorte que nous pouuons dire l'inſpiration eſtre auſſi longue que l'expiration,jointe auec le repos qui eſt entre ces deux mouuemens : & partant nous auons dit, qu'au Syſtolé leſdites Valuules charneuſes ſe ferment du tout,ou pour la plus grande partie. Diſtribution de la veine arterieuſe,& Artere Veineuſe ». C H A P. XI V. #, Y A N T demonſtré par cy deuant l'origine d'vn chacun vaiſſeau, reſte à declarer leur diſtribu- # tion , qui eſt telle qu'il s'enſuit, Chacun des deux ſortant de ſon propre Ventricule, à ſçauoir # dextre , & ſeneftre, ſe diuiſe en deux inſignes rameaux : l'vn tendant à dextre, & l'autre à ſene- ^ ſtre ,en ſorte que les deux plus inſignes ſe croiſent en forme de la lettre Grecque (x ) venant l'vn du dextre au ſeneſtre,& l'autre du ſeneſtre au dextre:la veine par deſſus l'artere,comme tu peux mieux voir à l'œil , qu'entendre par le liure. Dauantage , les deux ſuſdits rameaux d'vne chacune ſur l'éntrée des Poulmons, ſe diuiſent encore en deux autres inſignes qui s'en vont chacun à ſon lobe des poulmons, iceux encor en pluſieurs autres,& preſque infinis, diſtribuez de trois coſtez par iceluy, ainſi que tu pourras voir, ſi tu veux prendre peine d'y regarder.Or eſt à noter que ces vaiſſeaux ſont ainſi appellez pour la tranſmuta- oeuure ad. tion qui eſt faicte de veine en artere, & d'artere en veine,pour la commodité de la vie.Nature eſt incompa- mirable de rablement ſage d'auoir changé les tuniques des vaiſſeaux du poulmon, faiſant la veine comme l'artere, & nature . larterecomme la veine.Car ſi la veine Arterieuſe euſt retenu ſa propre nature de veine,le ſang bilieux ſub- tiliſé dedans le cœur,qui eſt porté par icelle aux poulmons pour leur nourriture,ſe fuſt peû euaporer par la tenuité de ladite veine.Dauantage,Nature n euſt peu venir à ſon intention, qui eſt de nourrir les poulmons dudit ſang,à raiſon de la continuelle agitation d'iceluy faicte dedans ladite veine par le Diaſtolé,& Syſtolé des poulmons : comme ainſi ſoit que l'aliment ne ſe puiſſe agglutiner, & aſſimiler à la partie qui en doit eſtre nourrie, s'il n'eſt fixe, ferme & ſtable,& touſiours preſent, & adherant à icelle. Ce que nature pre- uoyant a conſtitué ceſte veine auſi ſolide & dure, afin que demeurant immobile au mouuement des poul- mons ( i'entends au regard qu'elle euſt fait,retenant la nature de veine) ils euſſent l'aliment qui les ſuiuiſt Paſſge des en toutes leurs motions,ſans qu'au Diaſtolé il fuſt attiré par iceux,& au Syſtolé chaſſé vers le cœur. Quant ºati res du a l'Artere, ie dy qu'elle a pris nature de veine,afin que par ſa moleſſe promptement, & facilement elle ſe º º peuſt ſerrer,& dilaterſelon l'exigence de nature,pour apporter l'air au cœur,& en rapporter la vapeur fuli- # * gineuſe d'iceluy, & du ſang,& eſprit neceſſaire pour leur vie.Il ſe preſente icy vne difficulté,à ſçauoir par ſnºro. quelle voye le ſang eſt porté du ventricule dextre au ſeneſtre. Galien a eſtimé,qu'en la paroyd'entre-deux y a des trous : & certes il y a quelque commencement deſdits trous , mais ils ne paſſent point tout outre. Parquoy Colombus a inuëté vne nouuelle voye,& a eſtimé que le ſang entre du dextre ventricule au poul- mon par la veine Arteiieuſe, non ſeul ment pour nourrir ledit poulmon , mais auſſi pour y eſtre elaboré,& de là porté par l'a tere veineuſe au ventricule ſeneſtre,laquelle ne ſert ſeulement d'introduire l'airà ce ven- tricule,mtais auſſi le ſang.Cefte opinion eſt fort probable. Botallus en ſon traicté De catharro,atrouué,& pre- A. N•--"- Botallus. - B, mierement inuenté vne tierce voye,à ſçauoir vne veine,laquelle il appelle,Kena arteriarum nutrix,& ſe trouue D 4º liu. 15. vn peu par deſſus la cotonale pres de l'oreille dextre, & s'en va en l'oreille gauche, & entre au cœur. I'ay chap.6. grand doute que ceſte veine obſeruée par Botallus,ne ſoit le vaiſſeau,lequel Fallopius a obſerué, commen- #ºta- çant à parler des arte es,par lequel la veine arteriale eſt joincte à lAorta,& par lequel tout le ſangvital eſt - porté pour former,& nourrir les poulmons,cependant que l'enfant eſt au ventre de la mere : duquel auſſi a parle Galien,& toutesfois depuis luy n'a eſté obſerué que par Fallopius. - Diſtribution de la veine caue aſcendante oumontant en haut. CH A P. XV. Au liure de # t47Qg A veine Caue ſortant de la partie gibbeuſe du Foye, ramaſſée en forme d'vn tronc d'arbre le confort.de , ) ſ (ainſi que nous pouuons comprendre par le dire de Galien)des rameaux diſtribuez par toute 4 enfant. X # # la ſubſtance du Foye, de la plus grande partie de la veine Vmbilicale, qui entre par la partie º iºs24# cane d'iceluy, pour illec faire, & conſtituer de ſa plus petite portion la veine Porte, & de & Sºsvï \ la plus grande , la Caue,ſe diuiſe en deux rameaux inſignes & inegaux , comme nous auons dit au premier liure : dont le plus grand deſcend par la partie poſterieure du Foye ſur l'Eſpine, comme tu as entendu, receuant quelquesfois en deſcendant,certains rameaux de la ſubſtance du Foye, qui n'ont eſté ramaſſez au grand tronc entierement. Quelquesfois tu trouueras ce tronc couuert de la ſubſtance du Foye plus ou moins iuſques ſur l'Eſpine,où il le laiſſe:en ſorte qu'il ne ſemble exterieurement ſortir du cô- mun tronc auec l'aſcendante, jaçoit qu'il le face touſiours. L'autre rameau d'icelle, & plus Petit,monte aux "- Parties De l'Anatomie. 99 | A parties ſuperieures,ſe diuiſant en la maniere qui s'enſuit Premierement, montant par le Diaphragme vers la Teſte,diſtribue en iceluy deux petites veines, vne de chacun coſté,a cauſe dequoy ſont dicies Diaphrag- matiques.secondement,eſtant paruenue a la dextre oreille du cœur,elle fait les Coronales,ainſi nommées, pource qu'elles enuironnent le cœur en forme de coronne.Tiercement eſtapt en ée & enfoncée dedans la- dite oreille par ſa plus grande partie,produict la veine Artérieuſe. Quartement eſtant montée au deſſus du cœur, elle conftitue,& fait du coſté droict la veine nommée Azygos,laqueIle deſcendant ſous la quatrieſ- me coſte (contant de haut en bas) nourrit les muſcles intercoſtaux , & membranes tant d'vn coſté que d'autre,des huict coſtes inferieures, diſtribuant entre chacun muſcle de ſa membrane,tout joignant la par- tie inferieure de la coſte , vn rameau ſuffiſant pour la nourriture deſdites parties. Quelquefois & le plus ſouuent aux petites gens,ceſte veine nourrit entierement toutes les coſtes,par certains rameaux qu'elle en- uoye dés ſa deſcente aux quatre ſuperieurs. Quelquesfois auſſi,mais peu ſouent,elle ſe trouue double,vne de chacun coſté: & alors chacune nourrit ſon coſté. Icy faut noter ſingulierement,que ceſte veine Azygos ayant nourry toutes les coſtes, ſon reſte deſcend ſous le Diaphragme,& du coſté gauche ſe conjoinct auec l'Emulgente : & ainſi lavoye par laquelle la matiere de la pleureſie ſe vuide par les vrines,facilement nous eſt demonſtrée. Du coſté droit deſcend plus bas , & ſe joinct auec les Lumbaires, ſpecialement auec vne qui deſcend à la cuiſſe : & de cela Fallopius collige, qu'au commencement d'vne pleureſie il ſeroit vtile de couper la veine du iarret. La cinquieſme diſtribution eſt au deſſus de l'Azygos,pour lanourriture des muſ- cles intercoſtaux de quatre coſtes ſuperieures au defaut de l'Azygos, & eſt appellée intercoſtale.Quelques- fois ceſte-cy eſt trouuée ſortir des Axillaires, que Syluius appelle Souſclauiers. La ſixieſme fait les mam- melles ainſi nommées, pource que leur plus grande pattie deſcend entre la quatrieſme & cinquieſme coſte aux Mammelles, pour les vſages ſuſdicts, leſquelles ſortent aux hommes & femmes des Souſclauiers, vne de chacun coſté. On les trouue quelquefois iſſantes parvn commun orifice de la veine Caue,deuant qu'el- le ſe diuiſe aux Souſclauiers,mais c'eſt aux beſtes brutes pluſtoſt qu'aux hommes. Ces veines-cy deſcendans parles parties laterales du Sternon,baillent nourriture aux deux muſcles Pectoraux internes, eſtendus ſous la partie interieure d'iceluy, & à ceux qui ſont entre les cartilages des ſept coſtes vrayes , & audit os Sternon , & cartilages , & ligamens d'iceluy : & au Mediaſtin , & à la partie ſuperieure des muſcles droits, & parties circoniacentes. La ſeptieſme dicte Ceruicale , va tant d'vn coſté que d'autre par les trous des apophyſes tranſuerſes des vertebres du col,iuſques à la teſte (à cauſe dequoy elle eſt ainſi nommée, ſe conſommant en certains petits rameaux diſtribuez en la Spinale medule par le trou des nerfs, & aux mem- branes,ligamens,cartilages,os,& leurs prochains muſcles. La huictieſme dicte muſculeuſe,ſortant encore des ſouſclauiers, va nourrir les muſcles poſterieurs du col,& les plus hauts duThorax,à cauſe dequoy elle eſt ainſi nommée. La neufieſme dicte Thorachique,ſort auſſi des Souſclauiers ſe diuiſant en deux:dont l'vne va par deſſus le Thorax iuſqu'auxmammelles,nourriſant les muſcles anterieurs d'iceluy. Parquoyaux pleu- reſies nothes ou faulſes, peuuent eſtre heureuſementappliqués ventouſes ſur cét endroict. L'autre rameau deſcend aux muſcles poſterieurs dudit Thorax, & principalement au muſcle nommé Tres-large. Apres toutes ces diuifions eſt faite l'Axillaire,de laquelle te ſera parlé en ſon lieu,qui fait la dixieſmedi- ſtribution,ainſi que l'Humerale l'onzieſme, de laquelle auſſi ſera parlé en ſon lieu. La douzieſme & dernie- re fait la iugulaire proprement dite : qui eſt double , interne , & externe. L'interne plus petite, monte tant d'vn coſte que d'autre:dés ſon commencement par les parties laterales de la Trachée artere,iuſqu'à la bou- che, & au Crane, baillant nourriture aux parties, par leſquelles elle paſſe comme aux membranes prochai- nes, & nerfs qui ſe rencontrent en ſon chemin. Mais icelle eſtant à la baſe du Crane ſe diuiſe en deux ra- meaux:dont le plus grand retournant par la baſe du Crane vers la partie poſterieure d'iceluy, apres auoir baillé quelque petit rameau au muſcle long du col couché ſous l'Oeſophague , entre dedans ledit Crane auec la petite Carotide par le trou de la ſixieſme coniugaiſon des nerfs, où elles font vn vaiſſeau commun. Le plus petit, apres auoir baillé quelque petit rameau à l'inſtrument de l'oüye par le trou nommé Caecum, s'en va dedans le Crane, où il ſe perd par la Dure-merepres le trou de la troiſieſme & quatrieſme paire de nerfs.L'externe plus grande & inſigne, le plus ſouuent ſimple , & quelquesfois double, ou dés ſon com- mencement,ou tantoſtapres,monte ſuperficiellement tant d'vn coſté que d'autre par les parties laterales du Col,entre le muſcle large, dit I annicule, charneux illec manifeſte,& les autres ſituez aux parties laterales dudit Colauſquels (comme fait auſſi au cuir) diſtribue certains petits rameaux pour la nourriture d'iceux. Mais elle eftant venue à la baſe de la Teſte, ſe diuiſe en pluſieurs rameaux:deſquels l'vn s'en va aux muſcles de l'os Hyoide, du Larinx,de la langue,&en la partie inferieure d'icelle,où elle eſt ouuerte aux Synanchies, & autres inflammations de la bouche,pareillement à la tunique du nez. L'autre s'en va à la Dure-mere,paſ- ſant tant d'vn coſté que d'autre, par le trou ſitué ſons l'os Maſtoide : lequel monte obliquement tant d'vne Part que d'autre par l'os Cccipital, iuſques à la haute partie de la ſuture Lambdoide, auquel endroict lef. dicts rameaux ſe rencontrans s'vniſſent dans le reply de la Duré-mere,diuiſans le cerueau anterieur, comme te ſera demonſtré, pour illec vnis enſemble faire le Torcular. Le tiers montant par deſſus la partie poſte- rieure & baſe de la maſchoire inferieure, ſe diſtribuë aux léures,aux ailes du nez, & de leurs muſcles:ſem- blablement au grand angle des yeux ( i'entends toufiours chacun de ſon coſté au front,& autres parties de la face : faiſant à la parfin ſur la partie anterieure du front, vnis enſemble la veine nommée Recta ou Fron- tu. Le quart montant par les glandes deſſous l'oreille, apres leurauoir baillé plufieurs rameaux, ſe conſom- me encore en deux plusinſignes leſquels paſſans l'vn deuant, & l'autre derriere l'oreille, ſe perdent au cuir de la teſte. Le quint & dernier paſſant par toute la baſe de la teſte, & au cuir muſculeux,s'en va à l'occi- put faire la veine Pupis, laquelle s'eſtandant le long de la teſte, ſelon la ſuture ſagittale, s'en va vnir auec celle du front , chacune de ſon coſté : laquelle vnion fait que ſi ladite teſte eſt malade exterieurement en ſa partie anterieure ou poſterieure,pour la reuulſion de la matiere faiſant telle maladie,nous inciſons l'vne ou l'autre. Et noteras, qu'en aucuns cranes ladite veine Pupis enuoye quelquesfois par l'vn ou pluſieurs trous aſſez inſignes,vne portion de ſoy à la teſte interieurement,par laquelle peut eſtre faite euacuation & reuul- fion de la matiere, qui interieurement la moleſte. Parquoy concluant ce propos,ie prieray tout homme qu1 ſe meſlera des diſſections,que ſi d'aduenture il trouue autrement ces diuiſions de veines , pour cela il ne s'en eſmerueille ; car Nature en la diſtribution des vaiſſeaux eſt ſi diuerſe, qu'a peine la trouue-on ſemblable en deux ou trois ſujects, ainſi qu'auons dit par cydeuant I z Éigure Veines Dis- Phragmati- ques. Coronales. Arterieuſes. -3zygos,ſans rcmpagne-». Choſe dans d'eſtre notés, Interceſtale. Mammelle ;. Ceiuicale ». Muſculeuſ,. Thorachi- qué . Axillaire. Humerale. Iugulaire. dohble. Interniè, Jugulairè €Aſfºr/7º, - Vena reäa, ou Fromtis. Vena Pupi. Reuulſion par phleboto- mie en dou- leur de tºſtr, •- . I C O Le cinquielme Liure, Figure des Veines. A. s'enſuit la declaration de la veine Caue:en laquelle les Characteres marquent ſeulement vn coſté. Le trone deſcendant eſt marqué au coſté gauche,é l'aſcendant •u coſté droit:duquel tu pourras iuger autant de l'au- tre coſté. - A A Monſtrent les veines, leſquelles iſſantes de la partie gibbeuſe du Foye,produiſent & font le tronc de la veine caue,ou creuſe. B B Veines Adipeuſes. CC Emulgentes ou Renales. D D Spermatiques, E E E Lumbaires; F La Muſculeuſe. G Diuiſion du tronc aux deux Iliaques. H Veine Sacrée. I Hypogaſtrique. K † L La Honteuſe. M. Le Principe de la veine Crurale, laquelle pro- , , duit ſix notables rameaux. B N La Saphene. O La Sciatique petite. PP Muſculeuſes internes & externes. Q Poplitique. R La Surale. - S Reſte de la veine Crurale, qui s'en va iuſques aux doigts du pied. T Sciatique grande. V Maleole externe. Y Maleole interne. 21 Commencement du tronc de la veine Caue aſcendante. b Les Diaphragmatiques. - - C Ouuerture de la veine Caue au cœur , auquel endroit la veine arterieuſe eſt produite. d La Coronale. e La veine Azygos. F2 f e commencement de la Souſclauiere, qui au # ſ1 S] bras eſt appellée Axillaire. 2,4 % s g a veine Mammillaire , qui va au deuant de l'Épigaſtrique. h L'Intercoſtale. i La Ceruicale. KK Les Thorachiques. 1 La Iugulaire C interne. m La Iugulaire externe, les quatre rameaux de laquelle te ſont monſtrez par 1.2.3.4. n La veine du front. o La veine Torculaire. p Petite veine de l'Humeraire allant exterieurement au col. L'Humerale qui quelquesfois prend ſon origine de l'axillaire. r Endroit de la Muſculeuſe. ss veines de l'Humerale allans aux muſcles prochains de l'Omoplate. t L'Axillaire qui toſt apres ſe di- uiſe en la profonde, & superficiaire : dont la Profonde eſt marquée paf 1. & la Superficiaire par 2. v Diuiſion de l' Axillaire ſuperficiaire, dont le rameau interne auec l'interne de l'Humerale , faict la Mediane : l'externe s'en va le long du coude iuſqu'à la main. - x La Mediane. y Diuiſion de l'Humeraire, dont le rameau interne ayde à faire la Mediane : l'Externe paſſant par deſſus le rayon, va faire la veine Salnatelle. - Diſtributiºn des nerfs de la ſixieſme coniugaiſon. C H A P. XIV. : O v R c E que la diſtribution de l'artere ne ſe peut commodement monſtrer ſans gaſter & rompre l#$ les nerfs diſtribuez parmy le Thorax : à ceſte cauſe auant que proceder en icelle, nous les pourſui- urons le plus bref qu'il nous ſera poſſible. Et pour commencer, tu entendras que leſdicts nerfs ſont trois parties en nôbre,prouenans de la ſixieſme coniugaiſon,laquelle apres eftre ſortie du Crane,baille en deſcé- dant au Thorax, certains petits rameaux,à aucuns muſcles duCol,du Larynx, & aux trois môtaus,tant d'vn coſté que d'autre du Sternon,& des Clauicules en haut puis le demeurant à l'endroit des Clauicules deſcen- NerfCoſtal , dant dedans ledit Thorax,ſe diuiſe de chacû coſté en trois parties:dont la premiere fait le nerfnommé Co- ſtal,la ſeconde,le Recurrens ou remontant la tierce,le Stomachique.Où tu noteras que le premiereſtappel- Nerf recur. lé Coſtal,pource qu'il deſcend par la racine des coſtes iuſques à l'os Sacrum,ſe cômuniquant mutuellemét D 7'º /7J • auec ceux qui ſortent de chacune vertebre de l'eſpine:& ſe diſtribuent chacû de ſon coſté aux parties natu- relles,comme nous auons dit.L'autre eſt dit Recurrens:pource qu'il recourt & remonte duThorax en haut. où tu entendras,que ces deux nerfs Recurrens ne recouurât point demeſme lieu,ains le dextre remonte du deſſous l'artere nômée d'aucuns Axillaire dextre,des autres Souſclauiere:& le ſeneſtre par deſſous le grand rameau de l'artere deſcendante aux parties naturelles:& montans chacun de ſon coſté lateralement le † de la Trachée artere iuſqu'au Larinx,de là ſe iettent par les aiſles du cartilage Scutiforme,autrement nöm Thyroide dedans lcs muſcles propres ouurâs,& fermans le Larynx. Tant plus les nerfs ſont proches de leur origine,à ſçauoir du cerueau,ou de la nucque,& plus ſont mols:au côtraire,tât plus ils en ſont loing,& plus ſont durs & robuſtes:& voila pourquoy nature a fait la reflexion aux nerfs recurrens,afin qu'ils fuſſent plus ' Pourquey , forts à faire le mouuement des muſcles du Larynx.Le tiers ſe nomme Stomachique,pource qu'il deſcend à nature ºfait l'eſtomac ou ventricule.Cettuy-cy(i'entends de chacun coſté)deſcendât par deſſus les Lobes des poulmons * ºf***- par les partieslaterales de l'Oeſophague diſtribue pluſieurs rameaux de ſoy aax poulmös interieurement,& ſ'/4/7"é'774 • à leur tuniquc, & auſſi au Pericarde,&au cœur:& s'approchât de l'orifice ſuperieur dudit vétricule ou ſto- N•rfi * mach,ſe conſôme en pluſieurs rameaux,leſquels ſe croiſans en pluſieurs & diuerſes manieres,tiſſent princi- chique. palemet ledit orifice de l'eſtomac,pource qu'il eſt le lieu de l'appetit,& faim animale,& eſt fait comme iu- ge des choſes profitables & nuiſibles audit ventricule:& puis apres ſont cſpars par tout le corps duventri- cule:ſauf qu'aucûs de ſes rameaux deſcendent exterieuremêt du ventricule au Foye,& à la veſſie du fiel,don- nant, & baillant largement à chacune partie ce qui leur en eſtoit méſtier,côme vn homme liberal, ſoigneux & magnifique.Icy faut noter,que le ſtomachal(de chacun coſté)vn deſcend attaché,&adherât àl'oeſopha- gue,& en deſcendant ſe diuiſe en deux rameaux, deſquels l'vn va au coſté oppofite pour ſe joindre auec le | nerf dudit coſté:& faut noter que le dextre môte par deſſus l'Oeſophague,& le gauche par deſſous,de faç6 que de deux ſtomachiques s'é fôt quatre,& de quatre deux côme on verra par la figure cy-apres declarée. *. ,u , ſi A ziutſion -" f | Del'Anatomie. I O I Diaiſion des Arteres. C H A P. XV I I. 'Artere ſortant du ſeneſtre ventricule du cœur & de ſa baſe,ou fondement,comme t'a eſté dit # (apres auoir faict les deux autres Conorales diſtribuées par le cœur,ainſi que nous auons dit $ des veines Coronales)ſe diuiſe tout incontinent en deux rameaux inegaux : dont le plus gros # deſcendant aux parties inferieures de ſon origine,diuisé ainſi que t'a eſté dit au premier liure. - Le plus petit tout ſoudain apres montant auſſi aux parties ſuperieures de ſon origne, ſe diuiſe encores en deux rameaux inegaux : dont le plus petit monte du coſté gauche,ſans faire aucune diſtribution de ſoy iuſqu'à la premiere coſte du Thorax, auquelendroit prenant le nom d'Artere Souſclauiere, ſe diuiſe en la maniere que s'enſuit. Premierement elle produit l'intercoſtale, par laquelle elle donne vie aux trois muſcles Intercoſtaux des quatre coſtes ſuperieures, & à leur appartenance. Secondement elle fait la Mam- millaire,la diſtribution de laquelle eſt toute ſemblable à celle de la veine Mammillaire. Tiercement elle fait la Ceruicale, laquelle monte par les apophyſes trâſuerſes, tout le long du col iuſqu'à la Dure-mere du cer- ueau, faiſant telles & ſemblables diſtributions de ſoy , que la veine Ceruicale , auec laquelle elle monte. Quartement, iſſante du Thorax, produit de ſa partie poſterieure la Muſculeuſe, par laquelle elle donne vie aux muſcles poſterieurs du col iuſqu'a l'occiput. Quintement, eſtant du tout ſortie dudit Thorax,fait l'Humerale double : dont vne partie s'enva aux muſcles de la partie caue de l'Omoplate : l'autre à l'articu- lation du bras , & muſcles tant illec ſituez, qu'à la partie gibbeuſe de l'Omoplate. Sextement & finale- ment, fait la Torachique, qui eſt double, à ſçauoir, vne qui s'en va aux muſcles anterieurs du Thorax, l'autre au muſcle tres-large, ainſi que nous auons dit de la veine : & le demeurant de ce coſté fait l'Axillai- re, de laquelle te ſera parlé en ſon lieu. L'autre rameau plus grand, montant du coſté droict ainſi que l'autre,iuſqu'à la premiere coſte fait auſſi de ſon coſté la ſouſclauiere,laquelle outre ce qu'elle fait telles & ſemblables diuiſions de ſon coſté que la precedente, elle eu fait encor vne autre , qui conſtitue les Caro- Arteres. Coronalei. du Cœur. Artere In- tereoſtale . Mammillai- 2"6-V. - Ceruicale. Muſculesſel Humerale. Thorachi- que. tides tant dextre que ſeneſtre : leſquelles montans ſans aucune diuiſion auec le nerf de la ſixieſme coniugai- . ſon, & veine iugulaire interne, par les parties laterales de la trachée artere , quand elles ſont paruenuës au Pharinx, ſe diuiſent,chacune de ſon coſté,en deux rameaux,l'vn interne,& l'autre externe:dont l'interne plus grâd,&plus gros ſe diſſemine au Pharynx, Larinx,& à la langue:puis entrât en la teſte par le long trou, & partie poſterieure de la maſchoire ſuperieure, enuoye pluſieurs rameaux au nez,aux yeux , aux muſcles temporaux,parties interieures,& à la dure taye:ledemeurant dudit rameau entrant par les trous lateraux de l'os biſilaire, s'en va aux apophyſes Clinoides dudit os, pour illec faire le Plexus admirable tel qu'il eſt : & puis apres il ſe conſomme par la baſe du cerueau, ſe diſtribuant plantüreuſement par la Pie-mere. la mem- prane Choroide, autrement nommée Plexus (boroides. L'externe & plus petit rameau s'en va aux ioues, aux temples,derriere les oreilles,& finalement enuoye vn petit rameau au muſcle long du col,lequel ſe va terminer auec la veine iugulaire interne à la Dure-mere , paſſant par le trou des nerfs de la ſixieſme con- iugaiſon. Figure des Arteres. Declaration de lafigure des Arteres. Monſtre l'endroit du cœur, principe des Arteres. Le tronc au commencement des 2TtCrCS 5 ſortant hors du cœur. - c Mammillaire droicte prenant ſon origine de la ſouſclauiere droicte. V. d Diuiſion des arteres en l'Axillaire gauche, & vn § IIlC2lLlX , Souſclauiere gauche. La ceruicale gauche: Mammillaire gauche. Intercoſtalle petite. La muſculeuſe. Axillaire & principe d'icelle. Rameau allant au Deltoïde , & quelquesfois ac- compagnant la veine Humerale. L'artere interieurement enuoyée à la partie caue du Palleron , & muſclesillec ſituez. La Thorachique. Artere qui accompagne la veine , va le long du muſcle tres-large. pp Les rameaux diſtribuez par les muſcles du bras iuſqu'au coude. r L'artere qu'on touche au poignet. s L'artere qui paſſe exterieurement entre le premier os du poulce & l'auant-main. t L'autre grand rameau deſcendant interieurement tout le long du coude iuſqu'à la main,la où il eſt diſtribué aux doigts comme ſon compagnon. - v Le tronc droit de l'artere qui ſe diuiſe en deux m # - NVQN carotides qui montent en hautI, & la Souſcla- 7 $S - =4 ($ uiere qui tranſuerſalement va au bras. ſ2 2 #% uA A La Carotide dextre , en laquelle B te demonſtre 2 . - A - - - le rameau quiva à la langue, Larynx, & à la bouche. C Le rameau qui va dedans la teſte interieurement, pour faire le Plexus Choroide. D. Le rameau montant exter1curcment Vers les oreilles, & toute la face. E Te demonſtre le rameau allant aux muſcles de la face. F. Le rameau des tºp # ' G Le 3 ," - º Carotides. Plexus ad- mirable. tronc droit, quiderechef ſe diuiſe en trois ra- 1o2 YLe quatrieſme Liure, G Le rameau9º ºsrriere les oreilles. H Le troncdeſcendant vers les parties Subſtance . 9)uantité. Vtilité. Subſtance . 9)uantité. Figure ». Compoſition. Miraclede Nature ». Nombre . Situatien, Cenmexicn. Tempera- f77e77f. Vtilité. l'eſpine. 1 l l ! #es arteres intercoſtales, qui ſont huict en nombre. - Les Diaphragmatiques. L La Cœliaque. .. M. La Meſenterique ſuperieurº Les Renales ou emulgentes. O O Les Lumbaires encloſes entre ces deux charactercº, O O. La ſpermatique droicte. Q La Meſenterique inferieure. R Les muſcles. L'Iliaque qui s'en va à la jambe. T L'hypogaſtrique. L'artere qui s'en va aux muſcles de la feſſe. Le demeurant de l'epigaſtrique, qui paſſe par le trou de l'os Pubis, & ſe finit à la cuiſſe. L'epigaſtrique. z | La crurale. 11. Les muſcles interne & externe de la cuiſſe. La poplitique. 33. Les arteres des genoux. 44. Les arteres diſtribuées au muſcle de la jambe. 5 Lamaleole internc deſcendant entre la maleole interne iuſqu'au bout des doitgs. Les arteres de l'articulation du pied. 7. La maleole externe deſcendant comme l'interne. L'artere qui va par deſſous le pied. - 9 La diſtribution des arteres par le pied inferieur à tous les doigts. : 2Nºte qu'il y a beaucoup rlrs de veines que d'arteres , auſſi ſont - elles beaucoup plus inſignes & groſſes : car pour conſeruer parfaictement la chaleur naturelle, les parties n'ont pareil beſoin des inſtruments dediex à cette vſage or ſouuent on trouue des veine ſans arteres, & iamais les arteres ſans veines. Nous entendons icy l'artere eſtre ac- compagnée de veines , non pas quand elle ſ'attouche , ou qu'elle eſt conioinčte auec icelle par communes membranes, comme pour la pluſpart elles ſont toutes , mais quand elle eſt conſtruite & ordonnée pour l'vſage d'vne meſme par- tic_» ". - De la Phagouë, autrement dičte Thymus. C H A P. XV III. A Phagouë eſt vne glande de ſubſtance fort molle, rare & ſpongieuſe : de quantité aſſez no- S\ $ # table ſituée ſur les parties ſuperieures du Thorax, entre les diuifions des veines, & arteres \ ) #S# ſouſclauiers ou iugulaires, qui ſont faites d'icelles , encores contenues dedans ledit Thorax= 2 )S2(és & ce afin qu'elle ſeruiſt de deffenſe, tant à la veine qu'à l'artere , à l'encontre de l'os du Tho- rax : & dauantage, afin que telles diſtributions des vaiſſeaux fuſſent confirmez & enforcies- ainſi que nature a ordonné eſtr e fait en toutes autres inſignes diuiſions. On la trouue fort notable, & apparente aux beſtes,& ieunes gens,mais à l'homme qui eſt paruenu à ſonº aage, elle n'appert plus, ou bien peu. , - De la Trachée artere ». C H A P. X I X. $ - ſpiration, eſt de ſubſtance cartilagineuſe, & ligamenteuſe, & de pluſieurs pieces : car ſielle R,N$ euſt eſté toute d'vne piece,& le Larynx,ils n'euſſent ſceu ſe dilater, & comprimer,fermer,ny C )as ouurir, ny former la voix qui ſe fait de volonté, principalement par les muſcles du Larynx. $ Icelle eſt de quantité aſſez grande, & figure ronde & creuſe. Sa compoſition eſt de veines procedantes des Iugulaires internes, & d'arteres venantes des Carotides,& nerfs venans des Recurrens,& de double membrane,vne externe & l'autre interne : l'externe venant du Perioſte,l'interne plus forte & eſ- peſſe, tiſſuë de fibres droites,de la tunique interne de la bouche,qui eſt commune auecl'interne de l'oeſo- phague,& des cartilages annulaires toutefois incomplettes,rangées en forme de canal,& liées ainſi par or- dre vne auecl'autre,par ligamens ſortans mutuellement taºt de leurs parties laterales, que de leur extre- mité:leſquels ligamens font,& accôpliſſent le reſte du circuit de ladite Trachée artere,eſtans couchez ſous l'oeſophague. Ce qui a eſté fait, afin que ceſdits ligamens peuſſent obeir, & bailler lieu ſe contraignans vers le dedans de ladite Trachée artere, lors principalement qu'on tranſgloutit les viandes ſolides,& mal maſchées. or de ces deux genres de ligamens qui ſont aux cartilages de la trachéeartere,les vns attachent les anneaux enſemble,qui font qu'elles s'allongent les autres qui acheuent leur rondeurfont qu'elles s'eſlar- giſſent. Les ſuſdits ligamens ſont par dedans,& les cartilages par dehors, « in qu'ils ne fuſſent bleſſez des §ſes externes,& auſſi qu'ils euſſent à obeir à la tranſglution du manger,& boire.Or ſiles annelets euſſent eſté tous cartilagineux, ils euſſent engardé le paſſage des viandes qui paſſent par le mery ou Oeſophague, en le comprimant,quand on aualle quelque gros mourceau.Et noteras,que Par la communion des tuniques internes,tant de la Trachée artere,que de l'Oeſophague, pour la commodité de leur action,quand l'vn de- ualle & baille, l'autre monte, ainſi qu'vne corde autour dyne Poulie : comme quand l Oſeophague ſe baiſ- ſe pour aualler quelque choſe,la Trachée artere ſe hauſſe & au contraire quand par vn vomiſſement l Oeſo- phague monte,ladite Trachée artere deſcend,& ſe baiſſe. Elle eſt vnique ou ſeule, ſituée entre le Larinx (duquel elle prend ſon origine) & les poulmons, auſquels elle deſine , ſe diuiſant premierement en deux grands & inſignes rameaux ? tendans l'vn à dextre, & l'autre à ſeneſtre : & vn chacun d'iceux entrant en la D ſubſtance des poulmons,ſe diuiſe encores en deux autremcnt diſtribuez,particulierement à vn chacun Lobe- & iceux encores en autres infinis, partoute la ſubſtance d'icº Et ſont trouuez tous ces rameaux cartilagi- neux, iuſqu'à leur extremité, eſtans ſituez entre les rameaux de l'artere veineuſe , & veule Arterieuſe,afin que promptement,& facilement ils peuſſent communiquer, & enuoyer l'air au cœur par l'artere veineuſe, ou receuoir les excremens fulgineux,& prendre nourriſſement de la veine Arterieuſe. Et par ce moyen elle eſt annexée auec les ſuſdictes parties par ſes extremitez , & par ſes autres parties conſtituantes auec celles d'où elles les a. son temperament eſt froid , & ſec. Son aétion & vtilité eſt d'apporter l'air aux poulmons, & au cœur , en ſe dilatant & rapporter l'air fulgineux en ſe comprimant , & reſſerant ſes Cartilages l'vn coptre l'autrc. - naturelles par defſus A - M i •: : Figure l de l'Anatomie. Io3 A Figure de la Trachée artere, ou chiflet. A , Demonſtre vn petit corps glanduleux nommé l'Epi- - glotte » qui ſe couche par ſur le chefde la Trac#e *º : Pour prohiber qu'en la deglution rien n'en- trc cn ladicte Trachée artere. B Le cartilage nommé Scutiforme. C La Trachée artere annulée comme tu vois. PP Les deux glandules fituez aux parties laterales ducom- mencement de la trachée artere. E E Les nerfs de la ſixiéme & ſeptiéme coniugaiſon paſſans Par le Thorax : & allans au ventre inferieur, pour illec ſe reſpandre par toutes les parties. F Le nerf dextre Recurrant ſous l'artere Axillaire le long de la partie laterale de la Trachée artere,iuſques aux Muſcles propres du Larynx. G Le nerfſeneſtre Recurrant par ſous le tronc deſcen- dant de l'artere. H H Les deux nerfs Recurrens couchez le long de la Trachée 2TtCIC. I I La diuiſion de la Trachée artere en deux rameaux , le dextre pour aller au Poulmon dextre, ainſi de l'au- tre : leſquels deux rameaux ſe diuiſent en pluſieurs 2utres , cOmme tu VO1s. 7/-N$ K L'orifice de la grande artere ſortant du cœur. . //, L Les arteres coronales dudit cœur. % M La grande artere deſcendante aux parties inferieures. % N N L'intercoſtale grande allant aux muſcles Intercoſtaux. â|M O L'Artere ſouſclauiere gauche. # , N P Le tronc aſcendant de l'Artere, qui ſe diuiſe en trois % % k . rameaux. , % N Q L'Artere Axillaire dextre. Z ,HIA- R R Les arteres Carotides, tant dextre que ſeneſtre. - V IWLés > C De l'oeſophague ». C H A P. X X. # 42 )ſ# 'O E s o P H A G v E (voye du mâger,& boire) eſt de ſubſtance moyéne entre chair & nerf, subſtanc. - $ à raiſon qu'il eſt compoſé d'vne membrane nerueuſe, & l'autre charnuë. Lanerueuſe eſt ſi- #NW tuée au dedans,& continuée auec la tunique de la bouche iuſqu aux léures (au moyen dequoy #$ les léures tremblent aux maladies, qui ſe doiuent iuger par vomiſſement ) & auec l'interne SC20 de la Trachée artere.Et eſt tiſſu de filamens droits, Pºu, l'attraction de la viande que nous Compoſfties voyös quelquesfois eſtre ſi ſubite augens famileques,qu'à † # † # † # , droit plus craſſe & plus dure qu'en autre lieu. La charnue miſe au dehors,eſt tiſſue de la LlCI'- - ſſemens, ou vents reiettez de l'eſtomach au de- ſaux, pour accelerer tant le boire & manger,que les vomi º» ſme li 'icelle. Il a hors. Ces deux tuniques continuées auec celle du † Vn Inc f † § : u a enco- res parties compoſantes, comme veine de la veine Porte,& Caue aſcen † # § ImC † ſon,& artere de celle qui va au ventricule auec la veine Caſtrique, § # † S 21CC.Il § 2 † - caue. Et ſur tous ces vaiſſeaux il peut auoirvne tierce tunique venant de la P § # † § † toutesfois aux vns plus,aux autres moins,ſelon la varieté des corps. Sa † § # 2 # - † capable à tranſgloutir toutes viandes, & qu'il fuſt moins aisé à eſtre offencé. eſt fitué entre l'eſpine,& la uantité p 8 - - - u'iceluy deſcendant tout le long de 2ººtité. Trachée artere, depuis le Larynx iuſques au ventricule. Et noteras, # f y le coſté droi 8 Figare. l'eſpine, quand il eſt venu à la quatriéme vertebre du Metaphrene, il ſe † vers #CO 'il † Situatisw. donner lieu à la grande artere nommée Aorta, deſcendante aux parties in § a21Il # # C 1t: D puis apres retourne à la partie ſeneſtre vers l'orifice de l'eſtomach Nature § § § # † † aucunes fortes membranes , de peur qu'en s'appuyant ſur l'artere,il n'empeſchaſt les e † C § C. aux parties baſſe.Il eſt ſeul & vnique,conioint auec les parties cy-deſſus nommées,tant par § † que par ſes vaiſſeaux. Son temperament eſt plus froid que chaud,comme §.parties qui † § - ueuſes que charneuſes. Son action & vtilité eſt d'attirer & apporter les viandes, §autres CIl *- Tempera- 1ecs & tranſglouties, & les reietter lors qu'elles ſont moleſtes au ventricule , ou en qu # †. 2# te,ou de toute leur ſubſtance. Et eſt à noter, que lors que nous auallons,l Oeſophague e § ble : la C # # & la Trachée artere contre-mont, qui eſt cauſe que nous pouuons reſpirer & aualer CIl § nt queIle - laquelle choſe a eſié faicte par lagrande prouidence de Dieu,le nom duquel ſoit loüé eternellement. Fin du quatrieſme Liure . I 4 T A B L E # - # TABLE D ES CHA P1TRES ". : D V L IV R E V. De l'Anatomie. # ES CRIPTIO Ngenerale de la Teſte .. Chapj à\9 Du cuir muſculeux de la teſte, & du Pericrane .. i j l% Des Sutures. ii j , Du Crane, ou eftuy du Cerueau. iv De la Dure & Pie-AAere_,. V Du Cerueau. , v j Des ventricules du Cerueau, 65º Apophyſes mammilaires. vi j Des ſept coniugaiſons, paires, ou couples de nerfs du Cerueau : ainſi appellex,, pource qu'ils ſont touſiours deux à deux : Scauoir eſt, l'vn d'vn coſté, & l'autre de l'autre_. v ii j Du Rets admirable, 65º glandule Baſîlaire . - ix Des trous de la baſe interne du Crane_,. - X , Des trous de la baſe externe du Crane . - xj De l'Eſpinemedullaire ,. xij L E : ( CINQVIESME LIVRE, CONTENANT LES PARTIES ANIMALES SIT VE'ES EN L A T E S T E. Deſcription generale de la Teſie- . CHAP. I. Y A N T iuſques icy declaré deux parties de noſtre ſujet, c'eſt à ſçauoir, Naturelles & Vitales, il faut que nous paſſions à la troiſieſme, qui eſt ſituée en la Teſte : laquelle. l premierement nous definirons : puis la diuiſerons en ſes parties : Tiercement deſcri- rons vne chacune : quartement declarerons ſes parties , tant contenantes , que conte- nues , ainſi qu'elles ſe preſenteront au ſens de la veuë, ſelon l'ordre de diſfection. La Teſte donc eſt le ſiege des ſens,& le rempart de raiſon,& de ſapience:de laquelle comme d'vne fontaine, ſortent diuerſes operations , & pluſieurs commoditez , que nous declarerons cy - apres. Elle eſt fituée ſur tout le corps, & Dieu a voulu qu'elle fuft eſleuée en haut vers le Ciel, afin que l'homme cogneuſt que ſa vraye origine & naiſſance venoit plus haut que de la terre, & des autres Elemens corruptibles , & que de là tout ainſi que d'vne haute forte- reſſe qui commande à ce qui eſt en bas : l'eſprit Animal peut regir , gouuerner & conduire tout le reſte du corps , & diſpoſer de ſes parties, aux actions ordonnées par la Nature. Comprenant ſous icelle tout ce qui eſt depuis le ſommet nommé Synciput,iuſques à lapremiere Spondyle,ou vertebre du col. La figure de la teſte eſt bonne, lorsqu'elle eſt ronde,& aucunement comprimée vers les parties laterales, ayant emi- nence vn peuau frond & au derriere : & demonſtre les ſens eſtres bons. Au contraire, celle qui eſt du tout ronde,n'eſt pas bonne,ne celle qui eſt aiguë,ou en pointe : & quant à ſes parties, elle eſt diuisée en la face, front,temples,ſynciput,vertex,& occiput. Par la face eſt entendu tout ce qui eſt contenu entre les ſourcils &le menton. Par le front, ce qui eſt depuis les ſourcils, iuſques à la ſuture Coronale. Par les temples,ce qui eſt ſitué entre le petit Cantus,ou petit angle de l'œil & l'oreille. Par le Synciput, ce qui eſt depuis l'ex- trcmité ſuperieure du frond iuſques à la ſuture Lambdoide de long & de large,iuſques aux ſutures ſquam- meuſes.Par le Vertex ou Sommet,la fontenelle,ou bien ce qui eſt également au milieu de laſuture Sagittale. Par l occiput,ce qui eſt finy & terminé par la ſuture Lambdoide, & partie poſterieure de la premiere verte- breducol. Or de toutes ſes parties les vnes ſont ſimples,& les autres composées. Dauantage les vnes ſont contenantes,& les autres contenues:Mais des contenâtes les vnes ſomt communes à toutes les ſudites parties de la teſte,comme le Cuir, Pannicule charneux & le Pericrane : Les autres ſont peculieres à certaines par- ties, comme le Pannicule charneux au Col, à la Face, au Front,& au cuir qui couure le Crane.La tunique commune aux mufcles,à la greſſe,& à la Face. Le Crane,la Dure,& Pie-mere,au cerueau. Les parties con- tenues ſont,la ſubſtance du cerueau,les quatre ventricules & corps contenues en iceux,les nerfs,& procez mammillaires : le Plexus choroide,& admirable,glandule Baſilaire,& autres deſquelles nous traicterons cy- aPres. Maintenant faut pourſuiure les parties contenantes,en commençant au Cuir : car l'ordre d'enſeigner eſt de premierement traicter des parties ſimples ; toutesfois, ie parleray premierement du poil couurant le Crane,duquel en peu de paroles diray ce qu'il me ſemble. Et pourtant tu noteras,qu'iceluy n'eſt autre cho- le qu'vn excrement produit & formé de la partie plus craſſe & terreſtre de la ſuperfluité de la tierce conco- ºon,laquelle ne ſe peut exhaler,ne euaporer par inſenſible tranſpiration. L'vtilité duquel poil eſt,en con- *ºmmant les excremens gros, cras & fuligineux du cerueau,enſemble de feruir de couuerture & ornement #la teſte. Et faut entendre,que ce poil eſt fait de la premiere generation,comme eſt auſſi celuy des ſourcils: & l'autre vient à meſure que le corps croiſt & ſe deſſeiche,comme eſt celuy tant de la barbe,que de deſſous les aiſſelles, parties honteuſes, & autres endroits de noſtre corps : ce qui eſt manifeſte à tous. - Du Cuir muſculeux de la teſte & du Pericrane ». CH A P. II. E cuir qui couure le Crane, & quî eſtcouuert de poil,eſt ſans comparaiſon plus charnu,gros, eſpais,dur,& ſec qu'en nulle autre partie où il n'eſt couuert de Poil.Dauâtage où il ne le cou- ure,il eſt meſlé & infiltré aux parties ſubiacentes,comme au léures,au front,auec le Pannicule charneux,& pour ce eſt dit muſculeux:& és autres endroits,auec cartilages,comme aux ailes du nez,& tarſes des yeux,& pourtant eſt dit Cartilagineux.Il a connexion auec le Pericrame,à cauſe qu'il eſt infiltré & meſle auec luy. Il reçoit des nerfs qui viennent de la premiere & ſeconde vertebre du col,& de la troiſieſme partie du cerueau, qui ſe diſſeminêt & eſpandent par toute ſa ſubſtance:au moyen dequoy les playes,contuſions & apoſtemes faites en iceluyne ſont à meſprifer. Le Pericrane eſt vne mem- brane fort deliée,laquelle rcueflant immediatement tous les os de noſtre corps,eſt appellée en la teſte ſpe cialement Pericrane, pour l'excellence du Crane : & à tous les autres os Perioſte. Et tout ainſi que ceſte membrane prend ſon origine de la Dure-mere,par les ſutures ou commiſſures du Crane:ainſi toutes les au- tres de noſtre corps ſont faites & produites ou de ceſte-cy,ou bié de la Dure-mere,faiſât apophyſes oupro- duciiôs tant par les trous de la Teſte que par ceux de la Spinale medulle,iuſqu'à l'extremité de l'os Sacrum. Ce qui ſe peut prouuer pource que lors qu'vne mébrane en quelque partie du corps que ce ſoit, eſt endom- magée,la mcſme affection eſt communiquée iuſqu'à la Dure-mere Ce qui eſt fort manifeſte en ceux qui # Tcn. Deſcription de la teſte. Situation dé la teſte. Figure. Diuiſion dei parties con- tenuës. Face. Front Temples. Sihciput. Verfex. Occiput. Parties com- tenantes &, contenuës e# la teſte. Autres par- ties conte- nuës en la teſte. Vſage da poll. Vtilité. Deſcription. du cuir muſ- culenx de la Teſte. Peri craiie #ue c'eſt, c5 d'où il vient Perioſte. Le pericraxe Prend maiſ- ſance de la D ure-merr. · 1 ob Le cinquieſme Liure, - » • " - _ - • - , • * uſſe, la do frent douleur en que\que partie,& fuſt-ce en l'extremité du pied : lors qu'on eſternué,ºº. # crame u] vtilité du s'augmente , s'eſtenôant & communiquant iuſques au cerueau. Sonvtilité eſt de cou t1I'1T lltl'e » & Pericrane ,. donner cognoiſſance des choſes nuiſibles,par ſon ſentiment,ainſi que fait le Perioſte à rºº* les autres os, uantage, il ſouſtient & ſuſpend la Dure-mere contre le Crane, par les commiſſures, de peur qº icelle par ſa peſa nteur ne tombaſt en bas, & ne bleſſaſt la Pie-mere, & conſequemment empeſchaſt la Pulſation tant du cerueau que des arteres,leſquelles ſont en grand nombre diſtribuées à la Dure, & Pie-mºº , ainſi que Notº, declarerons en ſon lieu. Le Pericrane a grande connexion à la Dure-mere au moyen qu'il Cn Prend ſa naiſſance,& par conſequent de toutes les autres membranes de noſtre corps , laquelle choſe ne faut negli- ger pour le preſent traicté. - — - - Des Sutures. C H A P. II I. Au Crane A 1 N T E N A N T faut parler des Sutures appellées en Grec Raphe, qui conioignent enſem- naturel y a ble les os du Crane : leſquelles ſont cinq, c'eſt à ſcauoir troisVrayes , & deux Mendeuſes ou cinaſuture . Fauſſes. Les vrayes ſont nommees,l'vne Coronale en Grec stephanita,qui eſt en la partie an- # C0r0- terieure,deſcendant du Synciput tranſuerſalement vers le milieu des Temples.Et eſt ainſi dite, Suture SA- . , , pource qu'en cét endroit on a accouſtumé d'impoſer les couronnes à ceux qu'il appartient. gittale-'. L'autre eſt dite en Grec obelea, sagittale ou Droite en François, qui eſt en la partie ſuperieure : pource que droitement elle diuiſe toute la teſte en deux parties égales, s'eſtendant par deſſus la longitude d'icelle, L depuis la coronale iuſques à la tierce poſterieure, nommée Lambdoide : ainſi dite, à cauſe qu'elle repre- # " ſente cette lettre Grecque capitale dite Lambda,A où tu noteras, que tout cecy ſe doit entendre le plus ' ſouuent , pource qu'on trouue quelquesfois des Cranes n'ayans point de ſuture anterieure , les autres de poſterieure,les autres,ny l'vne ny l'autre,fors les Mendeuſes.Tu trouueras auſſi principalement,que la ſutu- reSagittale deſcend iuſques à l'harmonie ou côionction des os dunez.Pareillement ontrouue quelquesfois Cºlſ liº * trois ou quatre ſutures à l'os Occipital,tellement que le nombre n'eſt pas toufiours certain.Ce que corne- chap.4. lius Celſus a noté diſant,qu'Hippocrate a iaifsé par eſcrit, qu'ila eſté trompé au nombre deſdites ſutures, eſtimant que l'Occiput fuſt diuisé & rompu, pour le rebouchement & aſpreté que la ſeconde ſuture Lamb- doide faiſoit à ſon eſprouuette,pendant qu'auec icelle il ſondoit la playe.Les autres deux ſutures ſont dites Deux ſutu- en Grec Lepidoyde,en François Mendeuſes:parce qu'elles ont failly à la forme des vrayes ſutures, prenans res Mendeu- forme d'application d'os contre vne autre,eſtant chacun de ſa baſe gros & eſpés,& au rencontre l'vn de l'au- ſes. tre attenué,& fait en forme de taillant de couſteau,l'vn ſe couchant ſur l'autre, ainſi qu'eſcailles de poiſſon: - Au moyen dequoy ſont dites Squameuſes , ainſi que les vrayes ſont dites Serratilles, pource qu'ellesſe ioi- Pourqººy gnent enſemble en forme de dents de ſi ie, entrans l'vne dedans l'autre en leur rencontre.Et ſi on demande Nº ºº pourquoy la Teſte (qui eſt l'organe le plus noble de tout le corps) n'a eſté fait d'vn ſeulos, afin qu'elle fuſt f# Cr# plus † & ſeure:Ie reſponds, que c'eſt afin qu'elle fuſt conſeruée,& mieuxdefenduë des iniures tant inter- ne d'vn ſeul § qu'externes : le Crane eſtant ennoſtre corps comme vnecheminée ou fourneau de lamaiſon,auqueltou- 9J. tes les fumées montent, fi Nature l'euſt fait tout d'vn os , les fumées n'euſſent peu s'exhaler, & par ainſi Gal. de uſu- euſſenteſteint & ſuffoqué tout le corps. - - A - - - - - part lib. 9. Doncques de peur que tel inconuenientneyint a l'homme Nature luy a fait le Crane de pluſieurs pieces, cap. I. afin que par les commiſſures d'iceluy , telles fumées peuſſent eſtre euaporées : & les ſubtiles au trauers du Diuerſité Crane, à raiſon qu'il eſt poreux. Voylà quant aux iniures internes.Aucuns ont leurs commiſſures fort en- C des commiſ trouuertes & apparentes, les autres fort ſerrées. Et à ceux principalement qui n'ont point de commiſſure, ſures. Nature a preueu à tel accident : c'eſt qu'à deux doigts pres ou enuiron de la commiſſure Lambdoide, elle a fait vn , & le plus ſouuent deux trous, par où entre la veine Pupis dans le Crane, qui ſont ſi amples, qu'on pourroit preſque mettre vn ferd'aiguillette,par leſquels les vapeurs s'exhalent,autrement l'animant mour- roit.Pour les iniures externes,a voulu qu'il fuſt fait tel,afin que ſivn os eſtoit fracturé de quelque choſe que ce fuſt , les autres pour raiſon de leur diuiſion, demeuraſſent entiers, & ſans dommage:& conſequemment que la playe fut moindre, & moins † En quoy faut entendre,que ſi l'os eſtant frappé d'vn coſté,ſe rompt de l'autre part,cela aduient à raiſon qu il ya defaut de ſutures,ou bien qu'elles ſont imparfaites.Au- trement il eſt impoſſible que telles fractures ſe finiſſent, veu la diuiſion & ſeparation deſdits os. Et ſi tu m'objectes qu'on ne trouue gueres de Cranes manquer en ſutures : Ie te reſponds qu'auſſi peu ſouuent voit on telles fractures aduenir. - Raiſon pour- 1: Or pourconcluſion,faut que lechirurgien ſçhache le nombre des ſutures , & ſituation,afin qu'il ſcache quºy le Chi- diſcerner les fractures fciffurées d'auec les commiſſures de peur qu'il n'applique ſonTrepan ſur icelle(tant #i, §i, qu'il luy ſera poſſible) à raiſon qu'il romproit les veines & arteres,& quelques fibres nerueux,qui commu- , eir le niquent des parties interieures aux exterieures,dont s'en pourroit enſuiure flux de ſang,quideſcouleroit en- nombre des tre le Crane & la Dure mere,& pluſieurs pernicieux accidens:ce qui eſt prouué par Hippocrate : si in ven- ſutures , ér trem, &c. Quand le ſang eſt dehors de ſes vaiſſeaux , neceſſairement il s'altere, & pourrit. Pareillement la leur ſitua- Dure-mere, ſes filamens coupez,pourroit tomber ſur le cerueau, qui ſeroit cauſe qu'il n'auroit ſon mouue- tion. ment libre, dommage de l'animant. Hippo.liu.5 - Aphor. 2.o. - - phor. 2.o Du Crane ou eſtuy du Cerueau. C H A p. IV. D Le Crane eſt $# A I N T E N A N T faut venir au Crane que nous appellons le Teſt , lequel auſſi eſt nommé composé de $N N#| # des Grecs cranium , des Latins caluaria , & eſt deſſus la teſte, comme vn heaume.Il eſt com- huict. os. posé de huict os, comprenant l'os criſte, dont aucuns ſont plus durs & eſpais que les autres. Os Occipi- Le premier eſt l'os Occipital ſitué en la partie poſterieure, lequel eſt plus dur & eſpais que tal. nul des autres. Nature l'a crée ainſi dur & eſpais, pour preuenir aux dangers & iniures ex- ternes qui peuuent ſuruenir , comme cheutes & coups, pource qu'en la partie poſterieure, il n'y a point d'yeux pour y preuoir, ny demains pour ſe defendre.Et eſt ledit os circonſcript par la ſuture Lambdoide, & l'os Baſilaire. Les eminences de cét os ſont receuës de la premiere vertebre,ſur haquelle la teſte ſe flechit cauiié ſou † deuant & derriere, par le benefice des quatorze muſcles(que declarerons cy-apres)& de bien forts liga- les ſourcil,. mens , qui lient & ioignent les cornes dudit occiput , auec les cauitez d'icelle premiere vertebre du col Le D.# #. ſecondos eſt en la pºeºnterieure ººmme l'os Coronal, lequel tient le ſecond lieu en force & eſpeſſeur. § í., Et eſt limité par la ſuture Coronale, & les extremitez de l'os Baſilaire ou Cuneiforme : auquel eſt ſouuent uitez , qui trouué vne grande cauité ſous les ſourcils,pleine d'vne matiere gluâte,craſſe & viſqueuſe,de couleur blan- ſont ſous les chaſtre, qui aide à elaborer l'air pour fairer,ſentir & diſtinguer les odeurs:laquelle cauité eſt au Chirurgié ſourcils. , digne d'eſtre bien notée, pource qu'alors qu'il ſuruient fracture en cét endroict il n'y a quelquesfois que la Prem1ere Os Corcmal. Sui- A De l'Anatomie. I o7 A premiere table de l'os rompuë. Au moyen dequoy le Chirurgien ignorant telle cauité, penſe & croit que Anatomie, i'os ſoit enfoncé du tout au dedans & qu'il cóprime les membranes, & par conſequent le cerueau.Et à ce- mereſſaireau ſte cauſe iceluy(au grand dommage du patient) amplifie la playe,& applique trepans, & autres inſtrumens # pour eſleuer la ſeconde table dudit osice qui n'eſt beſoin parce qu'elle n'a eſté rompue.Et ainſi tels Chirur- # rur- giens igLares ſouuent ſont cauſe de la mort des pauures patiens:ce que ie puis atteſter auoir veu. Dont il eſt #t de # beſoin au Chirurgien cognoiſtre telle cauité,ce qu'il fera en rompant pluſieurs teſtes de mort,pour enauoir §.Jou- plus ample & parfaicte cognoiſſance. Le troiſieſme & quatrieſme des os ſuſdicts ſont deux nommez Parie-#. taux ou Bregmatis,tenans le tiers lieuen dureté & eſpaiſſeur,combien qu'icelle ſoit inegale & diuerſe en ſes ſe de la § parties, & principalement au lieu appellé Sinciput,vulgairement la Fontenelle,ou le ſommet de la teſte,la- des patiens. quelle n'a point forme d'os aux jeunesenfans autât qu'ils ayét toutes leurs dents:de ſorte qu'en cét endroict Os Parie- on ſent vne molleſſe au tact, & vne palpitation,pource que leſdits os n'y ſont encores formez entierement.tºux. Cela ſe fait afin que la redondance des excremés humides & vaporeux côtenus au cerueau ſe puiſſe exhaler ººº ººm- par le moyen de ſa dilatation & contraction,qui ſont ſes mouuemens, qui peuuent eſtre nommez Syſtolé, prendre ceux & Diaſtolé. Concluſion,ceſdits os ſont touſiours plus tendres & plus deliez que les autres:tellement qu'on #ºº les voit ſouuent en aucuns endroicts n'auoir non plus d'eſpeſſeur qu'vne ongle. Parquoy les remedes qu'on #. applique pour le Cerueau,doiuent eſtre appliquez ſur la Fontenelle,parce que le lieu eſt le moins eſpés,& # # eſt le plus rare.Par ainſi donc eſt bien neceſſaire au Chirurgien de cognoiſtre diligemment l'eſpeſſeur des os # du Crane,lors qu'il faut trepaner. Et ſôt circuits ces deux os quarrez en la partie ſuperieure,de la ſuture Sa- Le mouue- gittale,& de l'inferieure,de ſutures mendeuſes ou Spammeuſes,ou Menſongeres:de l'anterieure,de la Coro-mens natu- tale de la poſterieure, Lambdoide.Le cinquieſme & ſixieſme ſont deux autres,nómez os Petreux,qui ſuiuët rels du cer- les 1und1ts en eſpeſſeur & force:leſquels ſont limitez de la ſuture Médeuſe, & d'vne portió de la Läbdoide, ueaa peuuët & de l'os Baſilaire.Le 1eptieſme, eſt l'osSphenoide ou Baſilaire,ainſi nômmé pource qu'il eſt fondemêt de ſtre*ppelez la teſte portant tous les autres en leur propre & deue ſituation,ſans qu'ils ſepuiſſent desfaireàceſte cauſe a $ſº,& eſtc appellé os Cuneiforme, qui eſt comparé à vne pierre qui eſt au milieu d'vn arche ou voute, qui bande Diaſtolé. le tcut,& garde de s'enfondrer Et eſt ledit os finy & terminé tant d'vn coſté que d'autre,par les os du front, # l ctreux,Occipitz l,& du palais:& eſt de figure ſemblable à vne chauue-ſouris,& principalemët ſesapophy- #º ſes , nemmées en Grec Pterygoides,& ſemblent repreſenter les oreilles d'icelle. Dauantage,il y a vn autre #as os ſitué en la baſe de l'os Coronal,qui eſt le huicteſme auquel ſe finiſſent les procez mammillaires,lequel à o, s§ eſt nomnie des autheurs Grecs Ethmoide,des Latins Spongieux ou Cribleux,pource qu'en luy y a pluſieurs de cº Baſi- trous,comme aux eſponges, & non pas droits cóme vn crible, & ne ſe rencontrent pas droittement les vns laire . aux autres,mais ils ſont tortilleux & anfractusux,afin que l'air attiré ne paruint tout à coupau cerueau,le- os Ethmoi- quel eſtant froid le pourroit endômager,mais qu'il s'y elabouraſt premierement quelque peu.leſquels auſſi de ou ſpon- donnent iſſue aux vapeurs en eſternuant & aux humeurs morueux:tellement que les perſonnes morfonduës gieº*. & enrouées,parce que ces trous ſont eſtouppez,ne ſentent point d'odeur bonne ny mauuaiſe,& ne peuuent ietter par le nez quand ils ſe mouchent. De cétos procede vn cartilage qui ſepare le nez en deux.Item ſont ſix : utres petits oſſelets contenus és os Petreux, dans le trou des oreilles, à ſçauoir trois de chacun coſté, Incus. nommez lncus, Malleolus, & Stapes pour raiſon de leur figure,qui eſt ſemblable à vne enclume, l'autre â Malſºlº vn marteau,& l autre à vn eſtrier de cheual Reiſtrel'vſage deſquels te ſera declaré cy apres,lors que parle-º# rons de la faculté auditiue. Outre-plus on trouue en aucuns Cranes certaines diuiſions d'os,comme pieces # #. rapportées de grandeur d'vn pouce ou enuiron,ayans commiſſures propres à elles, qui ſont choſes dignes # - deſtre bien cogneues au Chirurgien, lors qu'il eſt beſoin d'vſer de trepane:& telle choſe pourra eſtre co- #ans greue,lors qu'il ſeparera le Pericrane d'auec le Crane. Car à l'endroit des cômiſſures le Pericrane eſt plus eſt fort adhe- difficilement ſeparé qu'és autres endroits, où il n'y a point de commiſſures, à raiſon des vaiſſeaux & fibres rant ducra- nerueux, qui communiquent de la Dure-mere par les commiſſures,au Pericrane à luy contenu.Auſſi les os ne à l'#droia des femmes ſont plus deliez & mols que ceux des hommes,&des ieunes enfans que des femmes.Ceux auſſi des commiſ. qui n'ont encores accomply leurs trois dimenſions,les ont moins durs & eſpés,que ceux qui ſont parfaits. ſures. l'areillement les AEthiopes ou Mores, & tous autres qui habitent és lieux chauds vers le Midy & l'Equino- 9)ui ſont xial,ont le Crane fort our,& n'ont point ou peu de ſutures.Et ce eſt pour colliger,ainſi que dit Hippocrate, º qu'en ceux qui ont fracture au Crane mol & delié, les accidens ſont plus grands,& la mort ſera plus pro- %º,º les os che,qu'en ccux quil'auront eſpés & ſolide:à raiſon qu'il faut plus de temps pour alterer & pourrir l'os dur, # # qu'il n'eſt requis à vn mol, & delié. # au liu. Autre raiſon,c'eſt que l'os tendre & delié ſera pluſtoſt couppé par la trepane,que celuy quieſt dur & eſ- § playes de pés. Outre-plus,aucuns ont vne ou pluſieurs prominences ou enleueures en rondeur au crane,outre le na- la teſte. turel : laquelle choſe auſſi eſt bien à noter pour deux raiſons. La premiere pour la conſideration du coup, pource que s'il aduient ſur icelles grande & longue diuiſió, il ne peut eſtre que la playe ne penetre au de- dans:car il eſt certain qu'on ne peut couper & faire grande diuiſion en vne choſe ronde(comme en vne bou- le)qu'on ne pcnetre plus fort au dedâs, qu'en vne ehoſe platte,& non point eſleuée.La ſeconde raiſon c'eſt, qu'icclle prominence fait changer la figure,& la fituation des commiſſures.Au contraire laplaye peut eſtre faite grande ſur la figure oblongue, ſans qu'elle penetre au dedans. Dauantage,faut que le Chirurgien ſça- Au Crame che qu'au Crane ſont deux tables,entre leſquelles eſt le Diploé qui eſt vne ſubſtance ſpongieuſe , où s'in- e # # ſerent pluſieurs veines & arteres, & quelque ſimilitude de chair. Ce qui a eſté fait par vne prouidence de l . Nature,afin que le Crane ne fuſt trop peſant,& auſſi pour contenir le ſang pour la nourriture & vie du Cra- ne,& pour donner paſſage aux vapeurs contenuës au cerueau. Ql ant à la table ſuperieufe du Crane,elle eſt Pus eſpeſſe,forte & polie que l'inferieure. L'inferieure eſt plus mince,ſubtile, & inegale, pour bailler lieu aux veines & arteres internes(l'impreſſion deſquelles eſt euidente en ladite ſeconde table,partie interieure) deſquelles certains rameaux entrent dedans ledit Crane, par certains petits trous auſſi apparens à l'œil:Au moyen dcquoy la Dure-mere eſt ſuſpendue & attachée au Crane tant par les ſutures que par le ſuſdits petits rameaux:choſes digne d'eſtre notées au Chirugien. Car par vn grand coup orbe (encore qu'il n'y ait fra- cture à l'os)a cauſe de l'ébranlement du Cerueau, il ſe fait ſouuentesfois ruption deſdites veines & arte # ſe fair res,dont le ſang decoule cntre l'os & les membranes,& le plus ſouuent la mort s'en enſuit.Ce qui ſera de- # - claré cy apres,quand ie parleray de la commotion du Cerueau. Dauantage faut que le Chirurgienait bon- , , vaiſ- ne cognoiſſance de la ſubſtance ſpongieuſe, qui eſt entreles deux tables,nommée Diploé, laquelle eſt fort ſeaux, dent molle au regard deſdictes tables lors qu'il trepane,& qu'auec diſcretion il conduiſe ſa trepane,prenant in- la mort s'en- dication de la tenuité ou eſpeſſeur de la ſeconde table:depeur que tout a coup en appuayant trop fort, il ne ſuit. l'enfonce au dedans,dont ſe pourroit enſuiure conuulſion,& par conſequent la mort. A quoy i'eſpere ob- Diploé. uier par le moyen d'vne Trepane, que i'ay inuentée , comme on verra au traicté des playes de la teſte. ºftr Unº grand coup, Dé? no$ Le cinquieſme Liure, - - —-- De la Dure,& Pie-mere ». CH A P. V. , Y A N T ainſi demonſtré tout le Crane,il faut venir à la dure Taye, qui eſt vne des Pºemieres & principales membranes de tout le corps. .. Elle ſort par les Sutures , & par 1 º trous d§ 4 nerfs qui ſortent hors du Crane,& les trous des os Ethmoides ou collatoires : * celle fin que : l'air, & les odeurs puiſſent aller au cerueau , lors qu'il en eſt beſoin, & que les excremens JLa Dure me- re eſt l'vne des premieres & princip«- $ - - - - - les membra- S** fuſſent purgez par le nez. Elle reueſt la tunique interieure du nez. Pareillement fort par m:s de moſtre le grand trou, par où deſcend la nucque qui en eſt reueſtue, & generalement chacun nerf & membrane de corps. tout le corps : à cauſe dequoy s'il y en a aucune de bleſsée en quelque partie du corps que ce ſoit , ainſi que nous auons dit par cy-deuant,ſoudain par la connexion ou continuation qu'elle a auec la Dure mere,el- Gal. au 3. le communique ſon affection au Cerueau:comme parexemple, nous pouuons entendre de celuy, qui ayant des parties vlcere en ſon pied (partie fort membraneuſe) ſentoit monter tout le long de ſon corps certaine matiere, malades. ou vapeur froide, iuſques au cerueau , dont puis apres s'en enſuiuroit Epilepſie. Et ſi tu m'obiectes que tel ſentiment eſtoit porté par les nerfs : ie reſpons qu'iceux ſont conſeruez,& veſtus de la plus grande par- b tie deſdites membranes du Cerueau. La ſubſtance d'icelle Dure-mere eſt eſpeſſe & dure plus que nulle # # autre membrane, dont elle a obtenu le nom de Dure-mere : à raiſon qu'elle engendre & produit, conſer- mere eſt eſ- ue & entretient toutes les autres son vtilité eſt d'enuelopper entierement tout le Cerueau, & de garder peſſe & du-ºl" il ne ſoit bleſſé du crane lors qu'il fait ſon mouuement : qui eſt la couſtume de Nature , de mettre cntrC 7"é_». deux contraires vn moyen.Pource entre le Crane qui eſt dur,& le cerueau mol,elle a mis ladite membrane, vtilité de la qui eſt de ſubſtance moyenne entre les deux, & laquelle eſt ſuſpenduë & attachée aux Sutures par veines, Dure-mere , arteres & filamens nerueux , qui entrent au Cerueau , & en ſortent , & n'eſt adherante audit Crane (ſi ce n'eſt comme a eſté dit ) ny au Cerueau : mais ya eſpace, afin que le mouuement d'iceluy ſoit libre. Dauantage elle a autre vtilité , c'eſt de ſeruir de conduite aux veines & arteres eſtans entrées au Crane, . leſquelles s inſerent en la duplicature d'icelle , faite à la diuiſion du cerebelle & du cerueau : & ſont ainſi 4ºº conduites tant d'vn coſté que d'autre, par les parties laterales dudit cerebelle,iuſques à la ſommité d'ice- ººººº luy. Auquel endroict icelles s'vniſſent,s'infinuent dedans l'autre duplicature d'icelle Dure-mere laquelle " "º diuiſe le Cerueau en deux parties,à ſçauoir dextre & ſeneſtre.Et telle vnion s'eſtend iuſques au front,ſelon la rectitude de la ſuture ſagittale:& a eſté nommée d'aucuns Torcular,autrement Preſſoir:pource que d'ice- Les vaiſ- luy eſt exprime le ſang qui nourrit le Cerueau par vn grand nombre de vaiſſeaux qui ſont fort manifeſtes. ſeaux qui Finalement le derniervſage de la Dure-mere,eſt de diuiſer par ſa duplicature tout le Cerueau , principale- entrent au ment en deux parties, anterieure,& poſterieure. Puis apres en meſme ſorte elle diuiſe encores le Cerueau Crane s'v en partie dextre,& ſeneſtre,afin qu'vne partie eſtant bleſsée, l'autre demeuraſt entiere , faiſant ſon action, niſſent au ainſi qu'il nous eſt cogneu aux Paralytiques. Et te ſuffiſe pour le preſent de la deſcription de la Dure-mere: Torcular. combien que nous pouuons noter auecques Columbus, qu'icelle membrane eſt double , comme eſt decla- Weine Torc* ré,amplement en ſon Anatomie,ce que certes nous auons trouué veritable. "2" ?* La ſeconde membrane du Cerueau eſt nommée Pia mater,ſubtile & fort deſliée,tiſſue de pluſieurs veines ſºſº ººº & arteres pour ſa vie & nourriture,& auſſi du Cerueau. Elle n'enueloppe ſeulement le Cerueau comme la ##. Dure-mere,mais auſſi s'inſere dedans les profonditez & anfractuoſitez d'iceluy, pour le lier & tenir enſem- vaiſſeau re- ble de toute part, iuſques à lacapacité des ventricules , auecques pluſieurs petits fibres , par leſquels eſt foit. coiointe auecque le Cerueau:& à raiſon de ſa tenuité & adherence ne le peut aiſement ſeparer.Parquoy la Derniervſa- faut voir & conſiderer en ſa ſituation,& la leuer auecques la ſubſtance dudit Cerueau.Or icelles membra- ge de la Du- nes quand elles ſont affligées, excitent grande douleur,pour la vehemence de laquelle voudrois affermer 7e /y7ere. que leſdites membranes ſont plus cauſe du ſentiment,que n eſt la propre ſubſtance du Cerueau.auxmaladies Premier,ap- duquel n'apparoiſt que petite douleur, comme on peut voir en la maladie nommée Lethargus. pellée des #. ºu La figure Premiere de la Teſte, apres auoir oſté le Crane ». Les mem - branes du cerxeau ſont # du " / L a La face exterieure de enf1/77ºnf. 77 la Dure-mere. b La Lethargus. - # jºº t veine Torcular. c La - * =i - 7 ·s veine Iugulaire iuterne, diſtribuée en pluſieurs & diuers rameaux. d d Certains petits rameaux de la veine Torcular, qui vont au trauers du Cra- ne ou Diploé , & aucuir exterieur de la teſte. e e Certaines fibres produi- tes de la Dure-mere,paſ- ſans par la ſuture Coro- nale , & conſequemment des autres ſutures pour la production du Peri- CT2IlC. ºull1 # \ § "- - - º - -- Y- M- Du Cerueau. C H A P. V I. # N s v 1 r maintenant le Cerueau,qui eſt principe des nerfs, & dumouuement volontaire, iuſtru- l † de la premiere & principale faculté de l'ame, c'eſt à ſçauoir, animable & raiſonnable,lequel eſt † † § * nul autre animant, rempliſſant quaſi tout le crane. ie dis quaſi : car s'il I'CII] DlV Cill tOtl - :--- . ºPºº ººººuuementn'euſt peu eſtre accomply. son temperament eſt f§ & § Les B # | V4 | de l'Anatomie. 1o9 toutes choſes qui luy ſont obiectées pareillement quand il n'eſt point trop endormy,ny Veillant,qu'il ratio- cine & diſcourt fort bien n'eſtant point opiniaſtre, ne ſubitement muable en quelque opinion qu'il a con- ceue & apprehendée,mais mue & change ſa ſentence, lors qu'vne meilleure raiſon ou veriſimil de appa- roiſt.Lors que le cerueau eſt trop chaud,c'eſt que nos ſens & mouuemens du corps ſont legers, & le dormir bref,& peu profondinous ſommes auſſiinconſtans d'eſprit & d'entendement, & combien qu'apprehendions & apprenions ſubitement & facilement, nonobſtant cela , nous ſommes legers & muables en nos appre . henſions & opinions, & oublions ſubitement ce que nous auons appris , auſſi les choſes cha des oiis offenſent ſubitement, comme le Soleil , & eſtre prés du feu. de facilement apprénent les arts & ſciences,auſſi ſoudainement les oublient car comme vne telle ſubſtance molle reçoit aisément les formes, & images des choſes qui luy ſont preſentées par les ſens exterieurs,ainſi facilement & toſt les laiſſe couler ſans les pouuoir retenir longuement,à cauſe de ſon humidité & moleſſe. Ce que l'on void en vne terremolle , en laquelle on imprime promptement & aisément telles images que | Fon veut mais auſſi bien toſt ſont effacées : pource que les parties de ceſte terre , qui eſtoient diſioinctes pour faire place à ceſte figure & image,ſont bien toſt reünies & r'aſſemblées,àcauſe de ceſte moleſſe vn tel cerueau rend tous les ſens peſans, & les mouuemens du corps tardifs , & le dormir long & profond. Son action & vſage , eſt d'elaborer l'eſprit animal neceſſaire à tout le corps, & de ſeruir comme d'organe aux operations de la principale faculté de l'ame, qui eſt la raiſonnable. Le cerueau eſt double, anterieur,& poſterieur, diuisé par les replis de la Dure - mere , comme nous ºuons parcy-deuant dit Doncques le poſterieur eſt nommé Cerebelle : à raiſon de ſa petiteſſe, & l'anterieur à raiſon de ſa grandeur, a retenu le nom du tout, ſçauoir de Cerueau,lequel eſt encores double,dextre & feneſtre : effant auſſi diuisé par la ſe- conde duplicature de la Dure mere.Cù noteras, que le nom de diuiſion en ce lieu icy ne doit eſtre prins à la rigueur,pour totale ſeparationl'vn de l'autre, mais pluſtoſt comme choſe ſelon ſa plus grande partie di- uisée, comme nous diſons des lobes,des poulmons,& du Foye. Car tout ainſi qu'iceux ne ſont point totalé- ment ſeparez & diuiſez l'vn de l'autre, ains contenus en leur baſe : ainſi pouuons-nous dire des parties du cerueau, leſquelles comme lobes,ſont vnies en chacune diuifion ſur leur baſe & fondement : comtne ſante- rieur tant dextre que ſeneſtre auecque le poſterieur, au commencement de la nucque ou medulle fpinale. La ſuperficie exterieure du cerueau eſt molle,& !'interieure dure,calleuſe & fortvnie, au contraire de l' - terieure,laquelle eſt anfractueuſe,& repreſentant vers entortillez les vns auec les autres en diuerſesmanic. res à l'entour de ladite ſubſtance calleuſe, - C Seconde Figure, demonſtrant le Cerueau à deſcouuert. A A A La Dure - mere incisée. B B La cauité de la veine Torcular , de laquelle eſt arrousée & nourrie tou- te la ſubſtance du cerueau. CC Les veines iſſantes du Tor- cular , liées & inſerées par la Pie-mere, par leſquel- les la nourriture & aliment eſt porté au cerueau. DDD La Pie - mere reueſtant tout le cerueau,auecque les veines & arteres d'icelle. Et quant à la ſubſtance ſu- perficielle du Cerueau , qui eſt comme vers entrela- cez , ou entortillez enſem- ble , elle t'eſt manifeſtée à - l'oeil. A A Monſtrent le Cerebellum couuert de la Pie mere. B B B Le Vermiformis tant anterieur que pofte- rieur, dont l'anterieur eſt entierement ſeparé. C c L'endroit du Cerebellum qui produit l'Eſ- - pine medulle. - k Drr | A Les ſignes pour cognoiſtre quº le cerueau eſt bien téperé c'eſtlors quel'on cognoiſt les fens tant interieurs Les ſignes qu'exterieurs, faire fortbien leur deuoir & office,c'eſt à dire quand l'houime cognoiſt & aprehéde fort bié ºu cerºaº ten temte- / J'º. Signes du certſeats at4- C4177e7/ie72 ! - - - chaud, exce- Ceux qui ont le Cerueau froid , ſont §- les plus tardifs de tous à conceuoir en l'entendement , & apprendre les arts & diſciplines , mais en peré. leurs opinions & aduis ils ſont plus feimes & ſtables que tous les autres. Ils ont leurs mouuemens lourds Signes du • tardifs & pareſſeux : leur dormir peſant & profond Ceux qui ont le Cerueau ſec,ſont auſſi tardifs a appren ſºia ,x - dre , d'autant (comme nous dirons) quel'on engraue à plus grande peine, ce que l'on veut marquer & im- dans le tem- primerés corps durs, qu'en ceux qui ſont mols. Ils ſont vifs en leur entendement ou intelligence : ils ont Pºré. d pareillement les mouuemens de leurs corps prompts & habiles. Ceux qui ont le Cerueau beaucoup humi- º º cerueau ſec excedant le temperé. Signes du cerueau hu- mide exce- dant le temperé. Action du Ce1'l4eAM. Le rerueats eſt double , Cerebelle . Ccrueau dºxtre &r ſemeſtre . Le nom de diuiſion en ce lieu ne doit eſtre Prins à la ri- gneur. - La ſuperficie extérieure du cerueau eſt molle, & r ſ'interieure M7&.J. - Y V C) Le cinquieſme Liure, - Des Ventricules du cerueau & apophyſes mammilaires. C º * " V I I. A · L'Ordre a- - P R E s ces choſes veuës , & conſiderées, faut voir les ventricules. Et pour Cº # eſ beſoin de · matomique coupervne bonne partie de la ſubſtance du Cerueau, & en la coupant de # † Vne reſiida- # requiert la # tion de ſang qui ſort des poroſitez d'icelle. Outreplus, faut auſſi conſiderer la 1ubſtance ſpon- º contempla- 2º gieuſe,en laquelle ſont contenuës les excremens,qui puis apres ſont expurgez par Lacuna,ou co- " tion des ven. latoire. Ce fait,trouueras dedans la ſubſtance d'iceluy tantanterieur que poſterieur, quatre Ventricules ou V. tricules du concauitez conioinctes enſéble par certaines voyes,par leſquelles les eſprits informez par les eſpeces ſenſi- #- cerf4e414. bles & intelligibles, peuuent paſſer, & communiquer l'vn à l'autre. Doncques les deux premiers, & plus - ººº ºº grands ſont mis & colloquez au Cerueau anterieur vn de chacû coſté,le tiers ſous iceux,tout au milieu du 7 # Cerueau. Le quart & dernier eſt ſur la deſcente de la nucque,lequel on attribue totalement au cerebelle ou ". # " petit cerueau, pource qu'on dit que la nucque ſemble plus prendre dudit cerebelle que du Cerueau. or : tricttles. quant aux deux ventricules premiers & anterieurs,ils ſont couchez,& eftendus tout le long du Cerueau en - forme de deux Croiſſans, les cornes deſquels regardent vers le dehors : iceux ſont fort grands & ſpacieux, "----- * pource qu'il falloit que l eſprit eſtant encore auec tous ſes excremens fuſt là elaboré,& repurgé d'iceux.Au | j'entricules moien dequoy telle grandeur leur a eſté baillée plus qu'aux autres ventricules,où l'eſprit eſt deſia receu,& "º en tout elaboré,& quaſi parfaict.Leſdits vétricules ſont fort blács,vnis & polis en leur ſuperficie & face in- terieure,horſmis qu'ils ont ſur le milieu du Croiſſant vne exuberance tant d'vn coſté que d'autre, couchée - ſur la baſe de la Colône du ventricule moyen,tendant vers le nez,ſous le Septhum lucidum, lequel diuiſe & Septum luci- ſepare les deux premiers ventricules.Ledit Scptum lucidum n'eſt autre choſe qu'vne partie du Cerueaume- dan eſt vne diocremét ſolide,toutesfois traſparâte & lucide:au moyen dequoy les eſprits animaux des ventricules an- # terieures communiquent enſemble & côbien que ledit septſ ſoit aſſez ſubtil & tranſpartant, neantmoins il B ciae & eſt fort denſe,veu que l'eau contenue dans l'vn des vétricules ne peut autrauers d'iceluy paſſer dedans l'au- - tranſparan- º » ainſi que i'ay ſouuent obſerué,& non ſans grande admiration, en l'ouuerture des gens morts de para- | fe. lyſie, auſquels i'ay trouué le ventricule du coſté de la paralyſie , dilaté & eſlargy de la quantité d'eau en : iceluy contenuë, combien qu'en l'autre n'y en euſt point , ou non dauantage pour le moins que l'on trou- | ue à ceux qui ne meurent de paralyſie. Toutesfois aucuns ont voulu dire qu'on trouue touſiours certaine (! Ia cauſe de aquoſité dans les ventricules,qui ſe fait par la concretion des vaporeux eſprits animaux,faite par la froidu- (! l'eau , qu'on re qui vient quant & quant la mort Dauantage il faut entendre que ces deux ventricules ſe terminent en *. trºº * vn cômun conduit,côme deux ſoufflets de forge,par leq uel l eſprit deſdicts ventricules anterieures infor- : •ventricules au cerueau. Plexu cho- roides eſt vne epiphyſe de la Pie- 7/7erº, Deux ſortes d'ex cremens A jº c'é'7'/16'4f4. Ofinion de Galien, L'vtilité des ventricules anterieurs Tiers ventri. cule , & ſa ſtuation. P'alloide, ott Fernix, 7'ou- te , ou ber- fed t4, Conar7tun. J. vtilité du C marium. Natés ou feffes du cer- ºſ.'47/f. Vermifor- mis , & de ...ſ. n vtilité. mé des eſpeces, eſt porté au moyen ventricule. Outre plus il faut conſiderer eſdicts ventricules vn corps - nommé 1.exus ci o oidºs : auſſi le conduit ou voye,par laquelle les excrcmens gros, & limonneux ſe purgent - par la glande pituitaire ou colatoire. Or le Plexu · booiae n'eſt autre choſe qu'vne epiphyſe de la Pie-mere illec enuoyee,farcy & tiſſu de veines & arteres differëtes des autres, entortillee en forme de rets enſemble, qu'elle a en toute la circonference du cerueau, ſeulement en quantité, & toutesfois ſuffiſante, tant potir 12 propre nourriture & vie , que pour la generation des eſprits d Il1Il0 a llX , leſquels prennent de tels vaiſſeaux produits audit plexus choroiae,de lartere poſterieure & veine 1 o culaire , matiere idoine & propre ſoit qu'elle ſoit vaporeuſe ou autre,comme auſſi de l'air par les apophyſes mammillaires, qui ſont voyes corn- munes tant à luy qu'aux odeurs & excremens ſuperfius : vcu que l abondance de matiere trop craſſe , & viſqueuſe empeſche l'air : & les odeurs deparuenir au Cerueau, comme l'on void à ceux qui 1ont catar- reux , & enrhumez : à cauſe dequoy s'enſuiuent douleurs de tcſte,& eſtcrnument,lors que la faculté anima- le expultrice eſt forte, & la matiere n'eſt pas trop craſſe & viſqueuſe Et quant aux excremens du Cerueau, leſquels luy ſont apportez par les veines & arteres,ou autrement les vns iont rares & aereux,leſquels s'eua- porent inſenſiblement par les ſutures du Crane, ainſi qu'auons † des vtilitez d'icelles : les autres ſont cras & viſqueux, leſquels ſont euacuez des ventricules par leſdits procez mammillaires ( ſelon l'opi- nion de Gallien ) d'vn coſté & d'autre, enſemble,ou à part. Et partant les vns diſent auoir vne narine bou- chée ſeulement,quand la matiere ou excrement morueux deſcend ſeulement par vne de ces apQphyſes : les autres toutes deux , quand elles ne diſtillent ny de l vne ny de l'autre. L'vtilité particuliere , & principale " d'iceux ventricules, eſt de loger la faculté imaginatiue & eſtimatiue, lors qu il eſt queſtion que l'ame par icelle examine toute & chacune piece illec rapportée , ar les ſens exterieurs,les conferant enſemble & met- tant par ordre pour en auoir vray , & iuſte iugement de la faculté raiſonnable,laquelle tient ſon conſiſtoire au ventricule moyen. Le tiers ventricule, qui eſt le moyen, eſt ſitué entre l'extremité poſlerieure des deux vétricules anterieuies, & le ventricule poſterieur. Mais auant que faire mention du quart,& dernier ventri- cul e,il faut conſider les parties qui s'enſuiuent,à ſ auoir le Pſalloide,le Conarion,le corps nommé Nates,la- pophyſe Vermiformis , le Peluis, le conduit paſſant , & trauerſant de ce ventricule au dernier. Cr quant au premier nommé Pfaloide ou Fornix, ce n'eſt autre choſe que le tect ou couuerture du ſuſdit moyen ven- tricule,lequel repreſente vne voute ſitué ſur trois pilliers, dont I'vn s'eſteni iuſques pres le nez ſous le Se- ptum lucidum : les deux autres vers les parties poſterieures du cerueau,vn de chacun coſté. La cauſe de telle figure qui eſt par dehors boſſue,& par dedans creuſe, a eſté afin qu'il y puiſſe auoir libre eſpace,& aiſee pour le mouuement que fait leans l'eſprit animal,& auſſi qu'il peuſt mieux ſouſtenir,& por- ter la grande quantité du cerueau, qui eſt appuyé,& mis tant d'vn coſté que d'autre : car telle figure ou vou- te ſouſtient plus grand faix que toute autre. Quant au ſecond,c'eſt vne petite glandule de la meſine ſubſtä- ce du cerucau, ronde & oblongue en forme d'vne pomme de pin,à cauſe dequoy a eſté nommée Conariû: laqu.lle cſt ſituée vis à vis du petit trou qui deſcend au dernier ventricule,eſtant attachée aux parties late- rales diceluy, & partie baſſe par continuatió de ſubſtäce de ladite giandule,& du cerueau. Son vtilité eſt de renforcer la diuiſion des vaiſſeaux illec conduits auec vne apophyſe de la I ie-mere, pour la generation de l'efprit animal,& donner vie,& nourriture au cerueau. Le tiers,que nous auons appellé Gloutia ouNatés, «ſt vn corps de ſubſtance fort ſolide, & tresblanche, mis par ſous la ſuſdite glandule, lequel eſt ainſi ap- pellé.à cauſe qu'il reprenſente deux petites feſſes d'enfant,toutesfois mieux des beftes que des hommes, & cncores mieux du mouton, que nul autre animal. Et a eſté fait ainſi ſolide, afin qu'il ſupportaſt dauantage le trou que nous ations dit deſcendre de cedit ventricule au poſterieur, par le moyen duquel le cerneau eſt conioint auec le Cerebelle. Le quatriefme eſt vne apophyſe dudit Cerebelle , & portion d'iceluy la plus haute,faicte comme pluſieurs pieces circulaires, ou ruelles jointes enſéble par petites membranes:laquel- le pour la ſimilitude quelle a auec ces gros vers blancs que l on trouue au bois pourry,a eſté appellée Ver- miformis,comme qui diroit Ver ſemblant. Son vtilité eſt de ſeruir audit conduit § de portier,lequel en temps & lieu laiſſe paſſer les eſprits,tant qu'il en eſt beſoin au vcntricule poſterieur:de peur que s'ils v paſſoiét trop ſubits,ils ne fiſſent confuſion des choſes memorables:& partant a eſté ſitué ſur le cómencemét du Del'Anatomie. I I I B A du cerebelle, pour clorre & ouurir ledit conduit Quant au cinquieſine, c'eſt le conduit à euacuer les ex- cremens gros & cras par le palais lequel pour ſa figure eſt appellé Choana ou Pelius, pource qu'il a ſem- choana, blance d'vn petit baſſin, ou bien d'vn entonnoir,pour ſon vſage : & ainſi pource qu'vn entonnoir de ſa par- Pleuis. tie fuperieure eſt large, deſcendant touſiours en appetiſſant,auſſi ce conduit eſt ainſi fait. Il'deſcend depuis le ſuſditventricule iuſques à la glandule fituée entre les apophyſes Clinoïdes, comme tu pouras veoir à l'œil : conduiſant d'enhaut en bas quelque verge ou quelque ſpatule bien deliée & mince,posée dedans le creux dudit conduit, Reſte le ſixieſme & dernier des choſes proposées qui eſt le conduit paſſant de ce ven- tricule au dernier, pour eſtre le canal de l'eſprit, & des concluſions priſes au moyen ventricule, au poſte- rieur, comme en vn liure de regiſtres,ou dedans vn threſor , duquel on les puiſſe repeter & prendre en cas de neceſſité. Or cedit conduit deſcend de ſon origine , auec le peluis, puis bien toſtapres le laiſſant, s'en ., . - va pardeſſus Natés au dernier ventricule : à ceſte cauſe pour le monſtrer, faut conduire la queue d'vne ſpa-#Philºſºphie tule tout au long d'iceluy iuſques au ventricule poſterieur, lequel tu trouueras par ce moyen deſchirant le- º*** dit conduit,& diuiſant parmy Natés.L'vtilité & vſage du ventricule moyen,eſt de ſeruir comme de tribunal # atrieſmé & conſiſtoire à la faculté raiſonnable, lors que l'ame par icelle veut faire ſes iugemens, & prendre ſes con- # cluſions des choſes à ſoy preſentées par l'imaginatiue,eſtimatiue,ou fantaiſie. Le quart & dernier ventricu- /3 • le eſt ſitué (comme a eſté dict en la conjonction de cerueau anterieur & poſterieur ) ſur la deſcente de ſa nucque,lequel on attribué totalement au Cerebelle,pource que la ſuſdite nucque ſemble plus proceder d'iceluy que du cerueau. Il eſt entre tous le plus petit, & auſſi plus ſolide : Plus petit, pource qu'il n'auoit à receuoir que l'eſpritparfaictement elaboré : & pource moindre en quantité : plus dur & plus ſolide pour yaiiité de le mieux & plus ſeuremét contenir. L'vſage & vtilité d'iceluy eſt de garder & conſeruer ce qui aura eſtécö- quatrieſme clu & deliberé de l'eſprit, afin que toutes les fois que la perſonne ſe voudra ayder des concluſions priſes ,entriºul . auparauant, ou des choſes notables qu'elle aura voulu tenir, elle puiſſe tirer de là comme d vn threſor, ce La memoire dontilſera beſoin en temps & lieu ce qui ſera declaré cy-apres plus amplement au liure de la genetation. eſt le threſor Ie ſçay bien que Galien & les Medecins Grecs n'ont point mis les trois facultez ſuſdites en diuers lieux,mais de ſcience, ont voulu que toutes trois ſoient en toute la ſubſtance du cerueau,comme meſme a diſputé Monſieur Fernel & gardien- en ſa Phyſiologie : mais i'ay ſuiuy la plus commune opinion des Arabes, comme la plus facile. ne de ce Les inſtrumens & conduits de la faculté odoratiue ( que nous appellons Apophyſes mammillaires) ſont 4º'ºn ºp- certaines productions ou auancemens de la ſubſtance du cerueau, faicte en forme de nerf, leſquelles deſ-Pº, , cendans des cornes poſterieures des ventricules anterieures, aux os nommez Ethmoïdes, ſpongieux,cri- Apophyſas Apohyſes. Clinoides. - - - - - 2 - • - . /7747 illai- ' bleux,oucolatoires du nez, afin que par icelles la faculté odoratiue portée par l eſprit conuénable à ce fai- mmillai : - - - - - - - - - re ; re,puiſſe prendre & receuoir les eſpeces des odeurs,& d'illec conduire icelles iuſques aux ventricules,ainſi - I- - - - • - - * V iii é des , . qu'il a eſté neceſſaire pour le iugement qu'il faut qu'elles reçoiuent de la faculté raiſonnable, ſçauoir eſt de titité des , - - - - - - apeph : * bonté oumalignité, ou mediocrité des deux. Or ne ſont elles point appellées nerfs, jaçoit qu'elles en pephyſes . - mammillais # ayentla forme, pource qu'elles ne ſortent point hors du Crane, # *ºs, 2uatrieſme figure du cerueau. *.. A A A La ſubſtance calleuſe du cerueaui # - - #" , #: B B B B Lesanfractuoſitez du certreau. • - º : 3 , C C Les cauitez des ventriculesanterieur º ICS. · - - *,. D D Les Plexus Choroides. ºr E E La figure exterieure du Fournix. F La partie ſuperieure du Septum luci- dum, ſeparant les deux ventrieu- les anterieurs, * # -- I I 2, Le cinquieſme Liure, | ------ La cinquiéme Figure . A A Monſtrent le Fornix renuersé du deuant au derriere, & couure le tiers ventricule. B B Le Plexus Coroides. C L'endroit de la glandule nommée Conarium. D D Certains vaiſſeaux produits de la , partie anterieure du Plexus Co- - roides. | ! n |. I, c: A A Monſtrent les portions duCerueau qui produiſent l'Eſpineme- , dulle. h . B Le conduit qui deſcend du tiers ventricule au quatrieſme,pat deſ- C C. ſous les deux corps nommez Gloutia ou Natez. Le quatrieſme ventricule. Le Conarium. - Les corps nommez Gloutia ou Natez. Le commencement de l'eſpine medule. La cauité de l'eſpine medule. Le commencement de l'Eſpine medulle ſortant hors du Crane. ' # 4Pº / Pt coniugaiſons, paires ou couples de nerf du cerueau, ainſi appllez pource qu'ils ſont touſiours deux à deux : ſpauoir eſt, l'vn du dextre coſté, & l'autre du coſtéſeneſtre. C H A P. V I I I. % E s nerfs ſont les voyes & inſtrumens ou organes de l'eſprit animal, & des facultez portées D S> par iceux : & ſont faicts d'vne partie ſimple au dedans du cerueau, ou de la Spinale medulle, Sºft Coniu- $ 41 / 077 $ 0f4 N # de ) $ mais ſortis hors,tant de l'vn que de l'autre.Ils ſont faits & compoſez par la reueſture ou cou- nerf . > ^SYé# uerte des membranes du cerueau, & d'vne tierce (ſelon aucuns Anatomiſtes)venans des liga- | 9uantité. F, mens,tant ceux qui lient les vertebres,qu'autres. Laquelle choſe,ſauf meilleur iugement,me | Figure. ſemble eſtre impertinente,veu qu'icelle membrane eſt totalemement contraire,cóme inſenſible au nerf, qui | ººPºſitiºn eſt de bailler ſentiment & mouuement. Leur ſubſlance & portion contenue encores dans le cerueau, n'eſt en rien differente de la ſubſtance d'iceluy quât en côſiſtance & ſolidité;mais leur quantité eſt diuerſe pour la plus grande ou plus petite neceſſité de la partie où ils ſont inſerez. Leur figure eſt ronde en forme d'vn canal ou tuyau.Leur côpoſition eſt dedans le Crane de la ſimple ſubſtance calleuſe du cerueau:& paſſans au trauers des trous du Crane,les membranes du cerueau ſe percent,y cauans des trous,non qui les pertuiſent 1'tilité. d'outre en outre,mais s'eſlargiſſent en figure d'vne flufte,côme il ſe fait au procés du Peritoine, qui va aux teſticules, que nous diſons eſtre cóme la voye d'vn gant,tellemét qu'ils ſont reueſtus de laDure,& Pie-mere. Ils ſont nourris & viuifiez,ou par les veines& arteres capillaires,qui deſcendent en iceux auec leſdictes mé- branes,ou par autres conduits imperceptibles exterieurement en iceux.ils ſont faits pour donner ſentiment aux mébranes capables de ſentir,mouuemét aux mobiles,& cognoiſsâce de ce qui eſt inuiſible.Et outre que · les nerfs donnent ſentiment à toutes les parties du corps , Nature a donné vn ſentiment ſpecial à ceux qui doiuent ſeruir à la vertu & faculté d'vn chacun des ſens corporels que les autres n'ont point. Exemple:Des | nerfs optiques pour ſeruir à la vertu viſuelle : ceux du nez pour odorer , ceux de la langue pour gouſter,& ceux de la main pour le tact , comme nous deduirons cy-apres, le tout par la grande prouidence de Dieu. Trente ſept Et quand au nombre principal , lequel mediatement ou immediatement ſort du cerueau, il eſt de trente- ſcpt paires : dont il y en a ſept , ou huit qui ſortent immediatement du cerueau , & les trente par le pairer de - - - »erf,, moyen de la ſpinale medulle, comme tu entendras , tant en ce liure icy , qu'au liure ſubſequent : - C2I7 - y . - - " . e , , v - - Del'Anatomie, I I 3 car à ceſte heure nous parlerons ſeulement de ceux qui immediatement viennent du cerueau &, au liure ſubſequent de ceux qui viennent de la Spinale medulle. - - - - La premiere paire des nerfs du cerueau eſt plus groſſe que toutes les autres,laquelle va aux yeux,pour il- Prònicre c# lec bailler voye & paſſage à l'eſprit viſuel : & toutesfois auant que ſortir hors du Crane, ils s'inſerent en- . #. cc. ſemble en forme de fer de moulin, faiſans &conſtituans de leurs cauitez non apparentes à l'œil,vn cômun gatſon. conduit,par lequel l'eſprit apporté par les deux nerfs ſe communique de l'vn à l'autre.Et qui ſoit ainſi,telle choſe nous eſt bien demonſtrée , tant par les hacbutiers, qu': baleſtriers , qu'autres ayans perdp !'vn des # yeux, ou bien clos, qui voient plºus ſubtilement & plus loing de l'œil qui demeure ouuert,que non pas des # U4- deux enſemble : ce qui ne ſe feroit,ſi l'eſprit qui eſtoit porté à l'œil clos & bouché,ne paſſoit à l'autre.Et la Jº/4X, cauſe de telle ſubtilité de veue par vn œil, eſt la plus grande vnion de la vertu,viſiue,qui eſt en plus grande quantité de l'eſprit viſuel , ainſi que nous enſeignent les Phyloſophes, qui diſent que la vertu vnie, eſt plus grande que la diſpersée.Or icelle coniugaiſon eſtant veuë iuſques à l'humeurvitreux de l'œil ſe conſomme An puiſ en la ſtructure & compoſition de la tunique d'iceluy, nommée en Grec Amphibliſtroide, ou Retiforme,la- #. quelle reueſt par derriere,& nourrit cét humeur vitreux,ainſi qu'ilte ſera demonſtré en la diſſection de l'œil. for». Or que le nerf optique aye cauité manifeſte, cela ne peut eſtre exactement cogneu : carla ſituation & figure Gal. liu, s. des parties ne ſe peuuent cognoiſtre parfaictement lors que l'animal eſt mort, parce que lame en eſthors: chap. s. de & par ce moyen eſt euacuée grande quantité d'eſprits, & vapeurs Ioint que la chaleur naturelle eſt eſtein- l'vſage des § les humeurs qui eſtoient en la partie, ſont comme congelez, § froid. La ſeconde coniugaiſon Pºrties. ſe diuiſe en portions ſur l'iſſue du Crane:& à la racine de l'orbite ſe diſtribué aux ſept muſcles de l'œil pour º ſeconds. faire les mouuemens d'iceluy. La tierce eſt double, & en ſortant pareillement hors du Crane, ſe diuiſe La tierse. en pluſieurs rameaux : dont les vns s'en vont aux muſcles temporaux, & maſticatoires,& au cuir de la face, du front, & parties du nez, qui ſont capables de ſentir. Les autres rameaux vont à la mandibule ſuperieure, ze, o, d, l, . & parties appartenantes à icelles : comme aux dents, genciues & aux muſcles de ſa levre. Les troiſieſmes face ſentr, C branches iettans rameaux, tant d'vn coſté que d'autre, vont à la mantibule inferieure, & partied'icelle,com- tuiſez pour me auſſi aux dents genſiues, & muſcles de ſa levre, & aux ronds: leſquels circonſcriuent interieurement les donnerraſſa- parties laterales de la bouche, comme il te ſera cy-apres dclaré en ſon lieu.Les derniers rameaux s'inſe- se aux nerfs rent & perdent en la tunique de la langue,pour la rendre apte à diſcerner des ſaueurs:au moyen dequoy Gal- de la troiſieſ. lien les appelle Guſtatifs. La quatrieme coniugaiſon & plus petite,ſe perd & conſomme preſque toute en la ººgºi- tunique du palais,iarendit apte auſſi aiugerauecque la languedesfaueurs.La cinquiéme eſt double,& a ſon ſº .. origine dans le Crane, & enuoye ſa plus grande portion au trou de l'oreille, pour bailler paſſage à la faculté La quatrieſ- auditiue, faite par la reuerberation de l'air, de laquelle ſont faits les ſons.L'autre portion plus petite va aux # • • muſcles temporaux par le trou prochain, duquel ſort le nerfde la ſeconde coniugaiſon.La ſixiéme apres les § ºuiſ- optiques plus grande, eſtant ſortie hors du Crane toute entiere, baille certains petits rameaux à aucuns La ſixieſme muſcles du col, & du Larynx : puis deſcend dans le Thorax, & fait les nerfs Recurrens en Reuerſifs, puis Netf k . deſcendent en toutes les parties des deux ventres inferieurs iuſques à la Veſſie & aux Teſticules, ainſi que tu rens. as entendu au premier liure. La ſeptiéme coniugaiſon ſe perd & s'inſere aux muſcles de l'os Hyoide & de Laſeptiémr. la langue, & en aucuns du Larynx,pour faire le mouuement d'iceux, & ſort hors le Crane parle trou de l'os Occiput pres des eminences d'iceluy: tous leſquels te ſeront demonſtrez par ceſte figure. Figure ſeptième, qui eſt des huict coniugaiſons des nerf du cerueai. AAA Monſtrent la face exterieure du cerueau qui eſt comme vers entrelacez enſemble. B B La face exterieure du Cerebellum. C C Les inſtrumens de l'odorat. D Le principe ou racinede l'Eſpine medulle, contenant en partie , le quatrieſme ventriculé. E Là Spinale medulle ſortant hors le Crane,commençant àdeſcen- - - dre aux vertebres. . - F F Les nerfs optiques , qui ſont les , premiers. - G La conionction deſdits nerfs, qui - eſt en forme de fer de moulin. H H Les tuniques de l'œil , nommées Amphibliſtroïdes, faicte des - nerfs Cptiques. I I La ſeconde paire des nerfs mou- uans les yeux. - k k La troiſiéme paire des nerfs qui s'en va au palais. . - LL La quatrieſine paire de rerfs qui ſe diſtribuent, ainſi qu'il ſera monſtré cy-apres. M M La cinquieſme qui s'en va aux oreilles, ou en ſon extremité ſe dilate, & fait membrane du cxcum foramen , laquelle t'eſt monſtré par OO. N La ſixiéme paire, laquelle deſcend comme ii te ſera cy-apresmonſtré. J> A - • »rsur 1e mnii- oo †§ § les NN.monſtrent la ſeptieſme paire, laquelle sºn ** la langue pour le mou -- uement d'icelle. • • • •- - PPP La huictieſme paire, delaiſſée des anciens Anaſtomites- K 3 Huičtieſme II4 Le cinquieſme Liure, Huičtieſme Figure-». A A A Monſtrent la face exterieure du cerueau deſnué de ſes membranes. B La face du Cerebellum. C Vn des inſtrumens de l'odorat, - D L'vn des proces mammillàires. E L'vn des nerfs optiques. F L'vn des nerfs de la ſeconde paire. G Vne Portion de la tierce coniugaiſon, de la- quelle vn rameauva au front marqué par ( 1 ) d'où vne portion va à la membra- ne du nez, marquée par ( 2 ) & vne au- tre portion va à la mandibule fuperieure marquée par ( 3 ) vne autre portion v2 au muſcle Temporel, marqué par (4 ) H Monſtre la plus grande portion de la tierce pai- re, dont la premiere ramification, qui t'eſt marquée par ( 5 ) va aux dents & aux genciuies de la mädibule ſuperieure. L'autre qui t'eſt maquée par ( 6) s'en va à la mandibule inferieure : duquel vne portion quit'eſt marquée par (7) s'en va à la levre inferieure. Et le reſte qui t'eſt marqué par(3)s'en va perdre à la tuni- que de la langue. I Monſtre la quatriéme paire des nerfs, laquelle s'en va perdre en la Tunique du palais. qui t'eſt marquée par (9). K Monſtre le plus petit nerfdu cerueau, lequel (laiſsé des anciens Anatomiſtes) s'en va aux muſcles mouuans lamandibule infe- rieure:ſon † eſt troute prochaine du nerfauditif, laquelle auonsmarquée en la figure des nerfs pour la huictieſme paire. L Monſtre la cinquiéme paire des nerfs, laquelle ſe diuiſe en trois portions, dont la plus grande marquée par(1o)fait la tunique - - de l'oüye. Les deux autres plus petites, quite ſont marquées par(m ) & (12) vont au muſcle Temporal, auecque vne portion de la troiſiéme paire, laquelle eſt faite en maniere de capreoles de vigne, ainſi que tu peux voir en la figure & trait dudit nerf. M M Monſtrent les nerfs de la ſixieſme paire, leſquels ſe diſtribuentainſi que s'enſuit : Premierement, ils enuoyent leur premier rameau aux muſcles poſterieurs du col, qui t'eſt marquée par (13). Secondement ils enuoyent vne autre portion à aucuns muſcles du Larynx, qui t'eſt marquée par (14.) Tiercement, ils ſe reduiſent en deux rameaux,dont l'vn deſcend le long de la racine des coſtes interieurement, ſe meſlant auec les nerfs intercoſtaux par certaines petites productions marquée par(YY)qui ſortent de l'eſpine medullai- re pour aller aux muſcles intercoſtaux, qui t'eſt marquée par ( 15 ) : l'autre portion qui t'eſt marquée par - (16) deſcend à l'eſtomach,& ſe diuiſe ainſi que s'enſuit. Premierement, ils renuoyent deux petits rameaux aux muſcles, qui montent du Torax, & Clauicules vers le Larinx, qui te ſont marquées par (17): puis fait le nerf Recurrens, qui t'eſt marqué par (18)du coſté droit : car du coſté gauche il eſt apres la diſtribution que s'enſuit : ſçauoir eſt, aux Poulmons,& au Pericarde donc ceux des Poulmons te ſont marquez par(19), & ceux du Pericarde par (2 o), & le reſte va à l'orifice ſuperieur du Ventricule, & en tout ſon corps. N N Monſtrent la ſeptieſme paire des nerfs, laquelle ſe diuiſe comme il s'enſuit : Premierement, aux muſcles ſortans de l'os Styloïde ou claual, marqué par (2 1): Secondement aux muſcles de la langue, & à ceux de l'os Hyoïde, & en aucuns du Larynx, qui te ſont marquez par (22): Le demeurant ſe meſle auec la ſixieſine paire, comme tu vois par (23. O Monſtre vne portion de la Spinale medulle, iſſuë hors le Crane. -S2- - B $ § iº * Du Rets admirable, & glandule Baſilaire ». C H A P. I X. v"2: R de l'eſprit vital eſt fait l'eſprit animal, enuoyé du cœur par les arteres Carotides internes $ au cerueau, pource qu'il eſtoit requis qu'il fuſt mieux cuit & digeré, d'autant que l'action ani- ,] male eſt plus noble que la vitale. Et pourtant Nature a produit& baſty vne diuiſion d'arteres L é 2 en petits filcts entrelacez enſemble en diuerſe forme, paſſant l'vn par deſſus l'autre, par plu- 5N3NNEZ^Nº ſieurs fois ſe coupant & diuiſant maintenant en vne ſorte, maintenant en autre, auec plu- Rets admi- ſieurs circonuolutions, & entortilleures comme vu petit labyrinthe, faiſant vne merueilleuſe texture en rable. maniere d vn filet ou rets. Et pour ceſte cauſe a eſté appellé des anciens rets admirable : & a eſté ainſi fait, afin que l'eſprit y fiſt plus longue demeure, pour illec eſtre mieux agité,elaboré, ſubtilisé & mis en extreme perfection:ce qui fait l'animal prompt & idoine à rendre les fonctiös & actions ja declarées de la Par oà la pi- faculté animale : laquelle auſſi a obtenu de Nature les inſtrumens plus parfaicts, d'autant qu'elle excede la #. vitale. Or ledit rets double, ſitué aux parties laterales des apophyſes Clinoides,diuisé & ſeparé par ilya ueau ſe pur-lº glandule colatoite,laquelle eſt miſe au milieu deſdictes apophyſes Clinoides ſous la Dure-mere,auſquels certains petits trous ſpongienx,par leſquels paſſe & tranſcoule la pituite excrementeuſe & ſubtile,qui deſ- Tequoy, & où ſe fait l'e. ſtritanimal. : ge. - - - - - - - J eluis. cend du moyen ventricule: par le conduit appellé Peluis ou Lacuna, pour puis apres eſtre iettée par les Lucana. deux trous latereaux de l'os Baſillaire du palais, & de là expurgé tant par le nez que par le palais : dont ie penſe que la ſaliue eſt faite en partie : attendu que ceux qui ont le cerueau humide, abondent en icelle, la | iettant quaſi # de l'Anatomie. I I 5 A continuellement par la bouche.Les Apophyſes Cliniodes ſont certaines productions d'os faictes intetieure- ment de l'os Baſilaite,entre leſquels ladicte glandule Colatoire eſt ſituée auec vne portion du rets admirable. Quant à ceſte partie, il y a grande diſſention entre les Anatomiſtes.Veſalius nie qu'elle ſe trouue aux hom- mes: Columbus I'admet, mais il ſemble qu'il la confonde auec le Plexus chorolde : de ma part, ie l'ay tou- fiours veue au lieu & en la façon que ie l'ay deſcrite, comme Syluius a diſputé contre veſalius.Toutes ces parties demonſtrées, reſtera ſeulement le Crane, duquel ie te conteray les trous, à raiſon qu'ils profitent grandement à entendre où vont les veines, arteres & nerfs. . 2Neufuieſme figure du Rets admirable ». - • - - " • - 'AA Monſtrent les arteres Carotides qui entrent en la teſte par les coſtez des apophyſes Clinoides, leſquelles s'entrelacent enſemble, puis ſe reüniſſent toutes à CC. pour aller par toute la ſubſtance du Cerueau, & au Plexus Choroide. - - - • -- - D Monſtre la glandule Baſilaire receuant le conduit du Peluis, par laquelle elle reçoit la pituite du moyen ventricule. - ( : B Des trous de la baſe interne du Crane ». CH A P. X. - - • - 'Es premiers ſont les Ethmoïdes. Les deuxieſmes, ceux des nerfs Optiques. Les troſieſmes, des nerfs motifs de l'œil,& d'aucunes portions latierce paire.Les quatrieſmes ſont pour vne par- -"ie de la quatrieſme paire des nerfs, qui va aux muſcles Crotaphites, ou des Temples. Les cin- quieſmes ſont pour la tranſcolation de l'humeur aqueux & ſubtil, deſcendant du moyen ventri- cule du cerueau au palais,faiſant l'humidité ſaliuale:& ſont quaſi inſenſibles à l'œil,leſquels ſont ſituez ſous † colatoire, entre les apophyſes Clinoides Le ſixieſme eſt en l'os Sphenoide , Cuneiforme, ou Baſilaire, pour donner entrée aux arteres Carotides internes, faiſant les rets admirables, s'en allant ren- dre dedans la grande creuaſſe ou fente.Le ſeptieſme eſt double le plus ſouuent, pour donner entrée à vn rameau de la Iugulaire interne. Le huictieſme eſt oblong en forme ouale, par lequel ſort vne partie de la troiſieſme paire, & toute la quatrieſme paire des nerfs. Le neufieſme fait ceux de l'ouye.Les dixieſmes ſont ſont fort petits, & baillent paſſage à vne veine, & artere pour aller au conduit de l'oreille, ſituez au deſſus du trou du Caecum. Les onzieſmes ſont les deſchirez, qui donnent iſſue à la ſixieſme paire des nerfs à vne partie de la Carotide, & vn rameau de la Iugulaire interne. Le douzieſme, pour donner iſſue à la ſeptieſ- me paire.Le trezieſme, eſt le grand trou de l'Occiput pour donner iſſuë à la nucque. Le quatorzieſme, eſt celuy qui eſt le plus ſouuent derriere ce grand trou, par lequel entrent les arteres,& veines ceruicales. - - Des trous de la baſe externe du Crane-º. . CH A P. XI. - Vx ſourcils y a vn trou de chacun coſté, par lequel paſſe vn petit nerfde la tierce coniugai- ſon, ſortant de la cauité de l'orbite paſſant à trauers de l'os du front, à l'endroit du 'ſourcil, pour donner mouuement aux deux muſcles du ſourcil ſuperieur, & au front mais le plus ſou- uent le trou ne ſe trouue qu'en vn coſté, quelquesfois vne fente, quelquesfois du tout point. * Le ſecond, eſt celuy du grand Canthus, par lequel deſcend vne portion de la troiſieſme con- iugaiſon des nerfs à la tunique du nez, dans lequel eſt ſituée la glandule Lachrymale.Le troiſieſme eſt ſitué au deſſous de Fœil pour la deſcente d'vne autre portion de la troiſieſme partie,pour alleraux parties de la face,& aux dents de la mendibule ſuperieure,Le quatrieſme eſt au commencement du palais,entre les dents inciſiues,par lequel paſſe quelque petite veine & artere, & la tunique du palais. Les cinquieſmes ſont con- tenus dans les os du palais, par leſquels deſcendent les nerfs de la quatrieſme coniugaiſon , pour faire le gouſt. Les ſixieſmes ſont les grands trous du palais, ſeruans à la reſpiration : & pour vuider le phlegme tombant du cerueau par dedans le nez.Reſtevne fendaſſe ſous le Zigoma, montant dans l'orbite,par où paſ- ſent tant les nerfs de la troiſieſme paire aux muſcles Crotaphites, qu'aucunes veines & arteres. Plus vn au- tre ſitué entrel'apophyſe Maſtoide, lequel ne paſſe outre ſenſiblement.Dauantage, vn autre qui eſt à la ra- cine poſterieure de l'apophyſe Maſtoide,appellé d'aucuns procez mammillaire, par lequel vn petit rameau D de la veine Iugulaire va dedans le Torcular. Quant eſt du nombre de ces trous, quelquesfois tu en trouue- ras plus, autresfois moins : Leſquels ſeruent de quatre choſes : la premiere, à donneriſſue aux nerfs, la ſe. conde à receuoir les veines & arteres,la troiſieſme à donner entrée à l'obiect prochain de l'oüye & du flai- rer, la quatrieſme à vuider les excremens du cerueau. I De l'Eſpine Medullaire_ . CH A P. Xl I. - - -4 - - $@ A moüelle spinale eſt comme vn ruiſſeau coulant du cerueau, ainſi que d'vne fontaine, laquelle # enuoye par toutes les parties d'entour d'elle, qui ſont ſous la teſte des nerfs pour leur bailler 7 ſentiment, & mouuement, les ramifiant ainſi qu'vn tronc d'arbre en pluſieurs branches,qui ſont S au nombre de trente de chacun coſté, que deſcrirons cy-apres. Icelle eſt enueloppée de deux membranes qui couurent le cerueau ; à ſçauoir, de la Dure & Pie-mere, & n'y a nulle interuale entre les deux comme il y a au § parce qu'elle n'a mouuement comme le cerueau. Elle a vne autre membra- ne par deſſus, qui les enuironne, fort dure & eſpeſſe , qui ſert de garder que ladite mouelle ſpinale ne ſoit rompuë, quand nous mouuons le dos. Les maladiesd'icelles ſont ſemblables à celles du cerueau, à ſçauoir que le mouuement & ſentiment de toutes les parties iuferieures ſont interreſſées, quand quelque roüelle de l'Eſpine eſt bleſſée: comme quand quelques vnes ſont hors de leur place, & quand elles en ſont eſloi- gnées, lors il ſe fait contorſion de la moüelle : & fi vne ſeule ſe iette hors de ſon aſſiette, la moüelle eſtant flechie en ſi peu d'eſpace & eſtroit, ſera griefuement trauaillée: & la roüelle eſtant ſortie hors de ſon lieu, la comprimera pour le moins, ſi elle ne la rompt & deſchire.Les nerfs ſortans des rouelles de l'eſpinº les veines & arteres y entrent par les meſmes trous, pour nourrir la mouelles,& les rouelles ou vertebres. K Figure Definition des apophyſes Clinoides. originedela moiéelle de l'Eſpine. Vſage Maladie dé la moi elle ſpinale. I I 6 Le Cinquieſme Liure, 2: : *. - Mi, A - « # ! #$ Figure de la Spinale Medulle. | - A Monſtre le commencement de l'eſpine medulle,lequel ſort de la fin ducerueau. B La moüelle du dos ſortant de la capacité du taiz, commence icy à entrer enla premiere vertebre du col. C L a moüelle du dos commence à n'apparoiſtre plus ſimple en la deſcente, ains reſſemble à pluſieurs cordelettes, leſquelles jointes enſemble, deſcendent droit en bas. 3.4.5.6.7. Les racines des nerfs ſont marquées par ces characteres, leſquelles racines ſortent de la moüelle du dos deuant qu'elle ſorte hors la capacité du taiz. D 7, La partie de lamoüelle du dos contenuë dedans les vertebres du col marquez depuis B. iuſques à D. au coſté droit, & iuſques à 7. au coſté gauche. F. 24. La partie de la moüelle du dos, qui remplit les vertebres desLumbes. G 3o. La Partie de la moüelle du dos, contenuë dedans les ſix cs dudit Qs ſa- CIllIIl. - - H L'extremité de la moüelle du dos. . Fin du cinquieſme Linrc ». # # TABLE DES CHAPITRES° DV LIVRE V I. De l'Anatomie. ' : Es os de la fact. C H A P. j. | Zbiſtribution de l'.Artere Axillaire. · xxiij # Des Dents. ' i j | Des nerfs du Coſ, du Metaphrene, & du brari xxiv 2Du muſcle large, on PeaNcier, i ij | Deſcription de l'os du Tras, & des muſcles qui le meuuent. $ 2Des Paupieres & Sourcils. : V Y X V ºS) Des meux, • v | z'eſcription des es du Coulde,é des muſcles qui le meuuent. 2Des muſcles des meux. · v j x x v j •' ZDu ne3(. v ij | Declaration des os du carpe, Metacarpe, dr des doigts.xxvij Des mufcles de la Fate. v i i j | Des muſcles du coulde. xxviij zbes muſcles de la Maſiboire inferiturº i x | Des muſcles de la main interne. x x ix Des ortilles & Parotides. x | TDeſcription de le Iambe generalement priſe XXxx De l'or Hyoide, & de ſes muſtlts . xj 7Diſtrib ution de le veine (rurale. , xx xj De la langue. xij | Deſtribution de l'artere crurale. xxxi j 7De la Bouthe. xiij | zºes nerfs des lumbes de l'os saurum,& de lacuiſſexxxiij. pe tvuule, ou Luette, ou Gargarreum, xiv |zles parties prºpres de la ſuiſ . xxxiv D) Du Larinx, on maud de la Golgº xv | z'es muſcles qui meuuent la cuiſſº, xxxv Du col , & de ſes partier. xv , j z'es os de la Iambt. x xxv ! bes muſcles du Col. | x v11 | Des muſcles de la lambr. xxxv ! ! Des muſcles du Thorax, dº des Lumbes. x v11 ) | Tes ºs du Pied. - - xxxvuj Zbes muſcles de l'Omoplate- x i x | Des muſcles mouuans les doitts dh Pitd. X X X 1 X Deſcription de la main generalement priſº. XX zes muſcles mouuans du Pied. - xl Diſtribution de la veine du Bras, & premiertment de Briefue recapitularion de tous les os du corps humain. xl J la (ephalique. x x ) recueil du non de ta connexion des os. , x l i j piſtribution de la veine •Axillairt4 x x i ) | Rscapitulation de tons les muſcles du corps humain. xliij } L E E 19. La partie de la moüelle du dos contenuë dans les vertebres d'iceluy. E3 # A, $- \ {. : - :': - : $ º( '- L SIXIESME LIvRE AV QV E L S O NT C O N T E NV S P R IN C IP A L E M E N T L E S M V S C L E S & les os de tout le corps, auec deſcription de toutes les autres parties des cxtremitez. P R E F A C E 2 O v R c E que quelqu'vn ſe pourra eſmerueiller de ce que deuant qu'auoir pourſui- | uy & demonſtré toutes les parties de laTeſte, ainſi qu'elles ont eſté proposées, i'ay : finy le quatrieſme liure de noſtre œuure auquel elles ſemblent appartenir : à ceſte % cauſe, auant que paſſer plus outre, i'ay proposé rendre la raiſon , laquelle m'a eſ. ,$ meu à ce faire, qui eſt telle ; que i'ay deliberé de pourſuiure tout d'vn traict l'Anato- $ mie des muſcles. Et pource que des ſuſdictes parties de la Teſte , celles deſquelles n'auons encore parlé , ſont conſtituées , & faites ſelon leur plus grande partie des muſcles ; à ces fins ie les ay voulu traicter auec ſes extremitez, commençant à la plus haute partie de la Face , qui ſont les yeux , quand i'auray premierement declaré les os di'celle,ſans la cognoiſſance deſquels ie ne te ſcaurois ſuffiſamment ny à ton profit, deſigner l'origine, & inſertion deſdicts muſcles. Orauons dit au commencement du liure precedent, faiſant la Teſte, que par la Face eſtoit entendu tout ce qui eſt contenu entre le ſourcil & le menton : en laquelle eſt vne merueilleuſe fabrication de Nature, d'auoir fait qu'en ſi petite eſpace entre dix millions d'hommes il y ait tant de difference , que deux ſeulement ne peuuent eſtre trouuez ſemblables,que ſubit ne ſoient diſtinguez par certaines notes & ſignes, afin qu'on peuſt cognoiſtre l'vn d'auec l'autre. Pareillement Nature y a produit la barbe pour or- nement, & faire la difference de l'homme auec la femme, & la maturité des corps , aages, & tempera- mens. Et y a fait auſſi vne beauté ſi grande, qu'aucuns deſirent mourir de leur bon gré, pour la beauté d'aucunes perſonnes, comme ſont les fols amoureux : & ſont tant agitez, qu'aucunesfois deuiennét inſen- ſez, & perdent du tout leur entendement pour les aiguillons de ceſte belle face, qui penetrent iuſques à la plus viue partie de leur ame: qui fait que les pauures amoureux,& paſſiónez la rendêt martirée, obeyſſan- te & chambriere à leur concupiſence & deſir. Dauantage il y a encore vne autre choſe admirable à la Face, B combien qu'elle ne ſoit plus grande que de demy pied,toutesfois en la moindre mutation d'icelle nous ap- paroiſſent les differences des hommes & femmes, ſelon qu'ils ſont ioyeux, eſperans, ou amoureux, triſtes, craintifs, honteux , malades ou ſains, vifs ou morts. Parquoy comme ainſi ſoit que la Face ſoit en nous de telle conſequence & reſpect, nous retournerons à l'Anatomie d'icelle:pour laquelle bien aisément declarer , commencerons aux os ſans la cognoiſſance deſ- quels on ne ſçauroit bien deſcrire l'origine & inſertion de ſes muſcles. - Des os de la Face ». C H A P. I. ra7)# E s os de la Face ſont en nombre ſeize ou dixſept. Et premierement il y en a ſix, à ſçauoir $ trois de chacun coſté, ſituez autour de l'orbite de l'œil, dont il y en a vn grand, & vn autre petit, & l'autre moyen, tant en grandeur qu'en ſituation : tous trois touchent l'os du front J5 Z en leur partie ſuperieure. Dauantage, le plus gros eſt conioinct par ſuture, auec vne produ- cºé*Y2\ ction , & apophyſe de l'os petreux , & conſtitue & fait le zygoma, l'os Iugal, ou l'os Paris, qui a eſté fait de Nature, pour la conſeruation du muſcle Temporal , ainſi qu'il ſera declaré cy apres. Audit os il ſe trouue vne cauité, où eſt contenuë vne ſubſtance morueuſe pour la nourriture des dents C molaires,& d'vn air implanté pour l'odorat. Le plus petit eſt ſitué au grand Canthus de l'œil, dedans lequel eſt vn trouallant au nez, ſur lequel eſt vne glande, à laquelle ſe fait l'Egilops. Le moyen os eſt preſ- que au fond de l'œil, qui eſt fort delié quaſi conime parchemin. A ceſte cauſe ſont dites eſcailleux, pource qu'ils reſſemblent à vne crouſte ou incrutation, parqoy ils ſe briſentaiſement. Apres ces trois ſuſdits os, ſuiuent les deux du nez, leſquels ſont conioincts par ſutureauec l'os du front,& enſemble en leur partie anterieure par harmonie, c'eſt à dire,de droitte ligne, & de leur partie laterale ou poſterieure auecque les autres deux os, vn de chacun coſté, qui deſcend depuis l'os du front(auec lequel ils ſont auſſi conioincts par ſuture) viennent receuoir toutes les dents. Iceux ſe trouuent peu ſouuent ſeparez , ce dit Galien. Or ſont ces deux cyles plus gros, & plus eſpés des os de la Face, nombrez iuſques icy & ſont connexez & aſ- ſemblez par ſuture, auec le plus grand os de l'orbite de l'œil, & deuers ſa partie poſterieureauec l'os Bati- laire , & partie interne auec les deux petits os du palais interieur, leſquels conſtituent interieurement l'ex- tremité d'iceluy:aumoyen dequoy nous les pouuons appeller les os du palais interieurs,& poſterieurs,& ſôt l'onzieſme, & douzieſme os en nombre:& reçoiuent ces deux petits os par leur partie laterale pres les apo- phyſes Pterygoides de l'os Baſilaire (chacun de ſon coſté ) vn des nerfs de la quatrieſme coniugaiſon , leſ- quels nous auons dit cy-deſſus,ſe perdre en la membrane du palais. Il y en a encores deux autres ſelon Ga- lien en la mandibule inferieure , qui ſont conioincts au menton : combien qu'aucuns ont voulu dire n'y en auoir qu'vn,pource qu'il n'appert au ſens de la veue aucune diuiſion entre eux. Mais ceux qui le nient † - -» - La Facs, Pierre Boy- ſtuau en ſcn liu. du Theatre du monde. Ioye. Eſpoir. AM/70f48'. Six os en l'orbite. Zygoma. L'os Paris. 1Deux os du 7262L . | | Deux os 4:- ternes du pa- lais. Dºux os en la mandibu- le inferieure Y \ 3 Le ſixieſme Liure, 1'ils 1es trotineront . les prie de lesvow\oit chercher en vn ieune enfant, & ie les puis bien aſſeurer qt nombre trcizieſh : la A º preuue en fcra foyMais aux parfaits d'aage ne peuuent eſtre apperceus, & ſont en ferieure de * º * · · · > quatorzieſme. Ces deux os donc, faiſans la mandibule inferieure,ont en leur partie Fºº ſt fait ºx apo- 47 phyſes de chacun coſté,de la part qu'ils regardent la manibule ſuperieure deſquelles 1'vne # ºen Poin- # te d'eſpée,appellée vulgairemét Coroni:& l'autre mouſſe & ronde,laquelle s'inſere # † ſituée V. Luxation d, en la racine de l'apophyſe de l'os Petreux, qui ayde à faire le zygoma pres le trou de l'oreillº : laquelle ſe #. § peut luxer vers la partie anterieure, en baillant, qui ſe fait par la retraction des muſcles qui naiſſent des | v leinſ .. apophyſes Pterigoides,& deſignentaux angles inferieurs,qui ſont en la partie plus large de ladictemandi- ! Nota que la bule. or ceſte mandibule cauée comme la ſuperieure, & principalement en ſa partie pofterieure : conte- " mandibule nant en ſa capacité vn humeur blanc, glaireux, propre & familer pour la nourriture & accroiſſement con- inferieure eſt tinuel des dents. Lequel eſt illec fait & engendré du ſang, receuant de ſa partie poſterieure & interieure, | cane, & con- ſous la racine de l'apophyſe ronde, les vaiſſeaux ; c'eſt à ſçauoir,veines,& arteres,nerfs,& eſprits apportez rient ºn h"- par leſdits vaiſſeaux auecque le nerf de la tierce coniugaiſon, par vn trou aſſez inſigne.Au moyen dequoy º". Pº ſes parties ſont nourries & viuifiées, & les dents outre les autres parties,rendues ſenſibles parcertaine por- c fºr tion deſdicts nerfs,illec apportez & diſtribuez auec veines,& arteres ſuffiſantes pour leur nourriture & vie, #. par certains petits trous ſituez viſiblement aux profonditez des racines deſdictes dents : à cauſe dequoy en §- douleur de dents,eſt ſenty douleur pulſatiue,pour lafluxion faicte par les arteres.Quil ſoit vray,lors qu'on #.§ les tire,ontrouue en leurs racines quelque petit veſtige de ſubſtance nerueuſe Dauantage, il faut conſide- rer, comme ladite mandibule produit de ſa capacité interne deux nerfs aſſez inſignes à coſté du menton, à l'endroit de la dent Canine interieure,& de la premiere des plus petites des molaires, pour le mouuement, & ſentiment des parties à ſoy appartenantes:ainſi que ie l'ay deciaré en parlant de la diſtribution de la tier- " ce coniugaiſon des nerfs. Ie t'ay bien voulu admoneſter de cecy, afin que tu te donnes garde d'iceux, lors qu'il ſera beſoin de faire inciſion aux ſuſdicts endroicts.Or il en reſte encore vn autre ſitué ſur le palais,du- quel vient le Septum cartilaginoſum du nez, diuiſant le nez en deux nazeaux, & ſeparant les deux trous du septum ear- palais,lequela eſté obmis de tous Anatomiſtes que ie ſçache. Or afin que chacun puiſſe plus facilement re- tilaginoſum. tenir,& mettre en memoire le nombre des ſuſdits os,nous ferons vne briefue & generale repetition d'iceux. Premierement il y en a ſix;à ſçauoir,trois de chacun coſté que nous pouuons appeller orbitaires,à l'entour des yeux. Les ſept & huict ſe peuuent appeller nazeaux. Le neufieſme,& dixieſme,Maxillaires.Les onzieſ- Quinze ,s me & douzieſme peuuent eſtre dits Os internes du palais. Les treizieſme & quatorzieſme,Os de la mandi- § Fac,. bule inferieure. Le quatorzieſme peut eftre dit le mur metoyen,ou Septum du nez.Ces os ainſi briefuement & ſommairement nommez, nous faut maintenant parler des dents, ſourcils,cuir, pannicule charneux,muſ- cles, & conſequemment des autres parties de la l ace. Des Dtmf5. CH A P. I I. % E s dents ſont du nombre des os, dont le nombre eſt de trente-deux au plus : aux hommes, ſçauoir eſt, ſeize en chacune mandibule, ſituées par ordre, deſquelles en la partie anterieure en y a quatre deſſus, & autant deſſous,tranchantes & larges, nommées Inciſiues, pour couper •. 5 viandes : & n'ont chacune qu'vne ſeule racine ; puis y en a deux de chacun coſté, tant deſſus - - que deſſous, nommées Canines,pource qu'elles ſont aiguës & fortes comme dents de chien, Dents œille- pour rompre , briſer, & caſſer les choſes ſolides : aucuns les appellent Dents œilleres, en haut princi- C 7'ºf. palement, & n'ont pareillement chacune qu'vne ſeule racine, plus longue toutesfois que nulle des autres. Apres s'enſuiuent les Maxillaires ou Morales, qui ſont dix de chacun coſté , tant en haut qu'en bas : & Dents Mo- ſont ainſi nommées, pource qu'elles maſchent, briſent,& comminuent les viandes, afin qu'elles ſoient plus laires. facillement digerées dans l'eſtomach : ce qu'on dit volontiers. La viande bien maſchée eſt à demy digerée. - ' Celles qui ſont fichées à la mandibule ſuperieure ont le plus ſouuent trois racines, & bien ſouuent quatre | Celles de la mandibulle inferieure n'en ont que deux,& quelquesfois trois : pource qu'icelle mandibule eſt plus dure que la ſuperieure , & auſſi à cauſe que ces dents eſtantaſliſez ſur leur racine, & non ſuſpenduës, - comme celles de la mandibule d'en-haut, n'auoient beſoin de tant de racines pour leur ſtabilité & aſſeuran- - Trente deux dents. Dens tren - shantes. ce. Les dents inciſiues, ou tranchantes,mordent & taillent les morceaux,& les œilleres Canines, les froiſ- - ſent, & les groſſes Maxillaires , ou Molaires, qui ſont dures, larges,& aſpres , pilent, briſent, & menui- : ſent ce qui a eſté taillé par les inciſiues,& oeilleres.or ſi leſdites dents Maxillaires eſtoient liſſées & polies, - Compoſé. elles ne pourroient exercer leur office commodément:Pource que plus aiſement toutes choſes ſont briſées - A§ de ce qui eſt aſpre,raboteux,& dure:pour ceſte cauſe on picque à pointe de marteau les meules de moulin, · . quand elles ſont trop applanies,pour les rendre aſpres, & raboteuſes à mieux moudre & faire farine. Les - dents ſont coniointes aux mandibules,par vne eſpece de connexion, qui eſt dite Gomphoſis;ceſt à dire fichées -- dans les mandibules en certaines cauitez appellées Alueoles, comme pau fiché en terre, ou vn gond dans « . Difference du bois : carmeſmes en quelques-vns on trouue que leurs dents font coiointes & vnies auec les mandibu- - º Dents les ſi fort,qu'alors qu'on les arrache,on emporte portion deſdites Alueoles ou mandibules : ce que i'ay veu ºauee les ſouuentesfois auec grande hemorrhagie, laquelle à grande difficulté on pouuoit eſtancher. Dauantage en ******- leurs racines ſont attachées par certain ligaments,là où le nerfeſt inſeré,ſemblablement les veines & arteres. Or leſdites dents different des autres os,pource quelles ont action, à raiſon qu'elles maſchent : auſſi parce D , qu'elles ſe peuuêt regenerer quâd elles ſont perduës,& ont croiſſement continueliuſques à la mort:âraiſon ) qu'en frayant,& principalement en la maſtication,l'vne contre l'autre, ſecôminuent & s'vſent ce qu'on void manifeſtement à ceux qui en ont perdu quelques vnes : celle qui n'aura plus la rencontre de celle qui eſt / perdue,demeurera plus longue,parce qu'elle ne svſe,ne comminue comme elle faiſoit, lors qu'elles ſe ren- | controient l'vne contre l'autre. Dauantage different encore des autres os,à raiſon qu'elles ſont plus ſolides # & dures,& auſſi qu'elles ont ſentiment : lequel leur eſt porté par certains rameaux de nerfs qui ſortent de la : troiſieſme coniugaiſon,leſquels entrent dans leur ſubſtance : & pourras apperceuoir leſdits nerfs en caſſant • quelque dent recentement arrachée de la bouche de quelqu'vn,lequel verras manifeſtemét:donc par le ſen- - ºº7 timent d'icelles eſt ſenty douleur ineſtimable,lors qu'ils s'y fait quelque defluxion, ou quand quelque grand º º " froid les touche, reiſentiment leur a eſté donné, afin qu'elles euſſent conſentement auec la langue,pour ſentiment. diſcerner & iuger des ſaueurs,comme ont les autres parties de la bouche. On pourra demander comme il ſe peut faire que les dents ayent ſentiment:veu qu'elles ſe peuuent ſcier& limer ſans douleur: Mais ence i'ap- prouue fortl'opinion de Fallopius , qui eſtime qu'elles ne ſentent point en leur parties exterieures , mais ſeulement par vne mébrane laquelle elles ont au dedans.Tu pourras voir ce que cét Autheur en cſcrit plus amplement.Leſdites dents ont encor vne autre grande vtilité,& principalement celles de deuant,c'eſt aider º - bien proferer la Parole. Qu il ſoit vray, il eſt cogneu Par experience en ceux qui les ont perdues, qu'ils - Ilc De l'Anatomie. I I 9 A ne peuuent bien proferer la parole,ainſi qu'ils faiſoient auparauaut les auoirperdues,mais au contrairebal. butient. Ainſi font ceux qui les ont trop courtes ou trop auancées au deuant, cheuauchans les vnes ſur les autres. Dauantage,il eſt cogneu aux petits enfans leſquels ne parlent ny ne proferent bien leur parole,iuſ- ques à ce qu'ils ayent leurs dents de deuant.Pareillement les vieillards,apres qu'ils les ont perdues,ſe trou- uent begues, & ne peuuent bien diſtinctement prononcer ce qu'ils veulent dire. Et noteras en cét endroit, que les dents ſon ſolides, & ja oſſeuſes aux enfans eſtans encores au ventre de la mere. Ce que pourras voir à l'œil comme i'ay fait) en diſſequant vn enfant mort , ſubitement apres l'enfantement. Puis tu note- Les cauitez ras qu'il y a deux aſſez grandes cauitez ſous les ſourcils remplis d'aucun humeur viſqueux,qui ſeruent à qu'on trouue l'odorat comme a eſté dit cy-deuant. Dauantage ſont deux autres cauitez aux apophyſes Maſtoide,ou pro és os de la cés mammillaires , eſquels eſt contenu vn air implanté pour l'oüye. ltem deux autres cauitez aux mandibu- Face. les, dans leſquelles eſt contenu vn humeur viſqueux , eſpés & gluant, qui eſt pour la nourriture des dents, comme nous auons ja predit. Du muſcle Large ou Peaucier. CH A P. Il I. Nſp Es choſes ainſi conſiderées, il conuiendroit maintenant pourſuiure les parties contenantes f de la Face, qui ſont le cuir, pannicule charneux , & la greſſe. Mais veu qu'elles ont eſté par cy-deuant ſuffiſamment declarees , auant que venir a la diſſection de l'œil ie te pourſui- - uray ſeulement le pannicule charneux , afin que tu puiſſes entierement & parfaictement en- $# tendre les mouuemens faits par iceluy, tant aux parties de la face qu'au Front. Et premiere- CºCºS -^ºSº ment pour le bien voir il faut ſubtilement ſeparer la peau, en quelque endroit de la Facescar B ſi tu ne te donnes garde tu leueras ce muſcle large auec ledit cuir , auquel immediatement il adhere , & en aucuns endroits,côme aux lévres,aux paupieres des yeux,& tout le front,ſi eſtroictement,qu'on ne les ſçau- roit entierement ſeparer l'vn de l'autre , Nature luy ayant donné mouuement volontaire,afin que s'eſtendant & repliant alternatiuement il puiſſe ayder à ouurir & a fermer l'œil.Pour monſtrer tout ce que contient le- dit muſcle, & ſes adherences,& mixtions auec le cuir,il le faut ſeparer le plus ſubtilemêt que faire ſe pour- ra. t'uis ledit Pannicule eſtant detcouuert de tout le cuir,le faut ſeparer,commencant à l endroit de la Claui- cule anterieure & montant ſelon droitte ligne,iuſqu au menton, le conduiſant tant qu'il ſera poſſible, vers Inſtruction le derriere. Ce faiſant tu monſtreras comment il ſe meſle auec le cuir , & muſcles des levres & quand tu Pour le Chi* feras paruenu aux yeux , monſtreras que c'eſt celuy qui les ferme & ouure,& non autre, à raiſon des trois rºsiº genres de fibres , deſquelles il eſt composé & fait : combien que ſelon tous les Autheurs qui en ont eſciit iuſqu'au iourdhuy, telles actions ſoient attribuées à deux muſcles propres a ce faire:l'vn fitué au grand an- gle partie ſuperieure:& l'autre qui eſt fait en forme de Croiſſant,au petit angle,s'eſtendant 1uſqu'à la moitié du Ttrſe,auquel endroit l'anterieure deſine,& de la partie baſſe,comprenant tout le ſourcil, au moyen de- # quoy il eſt renduaucunement mobile. Et iaçoit qu aux demonſtrations ordinaires, & publiques on les mar- # paupie- que ainſi que ie t'ay dit , ſi eſt ce que i'ay opinion que ceux qui les monſtrent , en ſont auſſi incertains que " moy-mcſme.Et ce qui me le fait dire,c'eſt qu'en leuant ledit Pannicule charneux,autrement nommé muſcle large,on ne trouue auſdits endroits autre chair muſculeuſe,que celle dudit Pannicule, ſoit qu'on le côduiſe Notable diſ- du front en bas,ou de la ioüe en haut. Outreplus s'il eſt beſoin de faire inciſion ſur les ſourcils au front,il cou , ſur le eſt deſfendu de la faire tranſuerſalement, de peur que ledit muſcle Peaucier tombant vers l'œil, ne rende la muſcle des C paupiere ſuperieure immobile. Et ſi d'auanture telle inciſion ſuruient par accident,pour retenir le mouue-paupieres. ment de ladite paupiere , il la faut coudre. Laquelle choſe nous eſt encore plus grand argument que le Inouuement de la ſuſdite Paupiere depend dudit Muſcle large.ou Peaucier. Dauantage s'il y auoit muſcles Particuliers,ainſi ſituez comme nous auons dit,veu que quand l vn opere,ſon oppoſite ceſſe:& que l'opera- tion du muſcle(ainſi comme nous auons dit) eſt de retirer la partie qu'il meut, vers ſon principe:il s'enſui- uroit que quand le muſcle ouurant l'œil opereroit, & ſon oppoſite cederoit, tireroit la paupiere aucune- ment vers ſon origine,ainſi que nous voyons eſtre fait aux conuulfions.Parquoyveu que nous ne voyons tel mouuement,c'eſt vn certain argument,que tout le mouuement de ceſte paupiere depend dudit muſcle large. L'origine dudit Muſcle,eſt de la partie ſuperieure du Sternon,de toutes les Clauicules de l'eſpine de l'Omo- Plate, & de toutes les eſpines des vertebres du col de l'occiput, & partie haute de la teſte depilée. A ceſte cauſe diuers mouuemens ſont faits en la face, en laquelle il deſine,la couurant comme vn maſque,par ice- luy ſelon la diuerſité de ſon origine,& diuerſes productions de fibres.Ie n'ay pourſuiui en ce muſcle icy les neufchoſes, ainſi que ie fais aux autres parties, pour autant qu'elles on eſté ſuffiſamment declarée parlant des muſcles de l'Epigaſtre. Parquoy d'oreſnauant ne faut attendre autre choſe de moy touchant les muſcles, que leur origine,inſertion,action & compoſition, quand en iceuxy aura quelque vaiſſeau inſigne, & digne d'obſeruation. Des Paupieres & ſourcils. C H A P. l V. A I N T E N A N T puis que nous ſommes tombez ſur le propos des paupiers & ſourcils,veu . .. auſſi que c'eſt l'ordre de diſſection,il faut dire que c'eſt,dequoy,& comment,& à quelles fins # telles parties ont eſté faites de Nature. Donc pour commencer : Les ſourcils ne ſont autre # choſe que le poil ordonné en forme de Croiſſant,ſur la droite ligne de l'orbite ſuper1cure de # - - l'œil, depuis le grand iuſqu'au petit angle d'iceluy : leſquels Nature a ainſi ordonnez Pour ſourcils. l ornement du corps, comme quelque autre poil, & afin qu'ils ſeruiſſent aux yeux comme de propugnacle, Vſage des & defenſe en contre la ſueur acre & mordicante, qui pouuoit couler du front ſur les yeux. Quant aux pau- Paupieres. pieres, qui ſont deux de chacun coſté, inferieure & ſuperieure, elles ne ſont autre choſe que la porte des Compoſition. yeux, pour iceux ouurir,& clorre en temps de neceſſité, & pour chaſſer l'œil au dedans de l'obrite , euitant Vſage du poil les choſes exterieures.Leur côpoſition eſt de cuir muſculeux,cartilage,& poil,lequel eſt mis ſur l'extremité des paupie- d'icelles,comme vn palais pour ladefenſe desyeux ouuerts,principalement à l'encontre des petits corps ſub- re . til ,leſquels par le moyen de l'air pourroient entrer dedans iceux, & les endommager.Ils ſont t°uſiours en vne pareille grandeur,& ont eſté plantez ſur vne partie cartilagineuſe, afin qu'ils demeuraſſent droits, & non baiſſez & repliez : ce qu'ils euflent peu faire,s'ils euſſent creu ſur vne ſubſtance molle. Ils n'ont eſte ſituez D'cà com- fort prés les vns des autres : attendu qu ils fuffoqueroient, & obtenebreroient l'œil,s'ils euſſent eſté fort mèt,e5 prur- prés : & patant par vne grande prouidence de Nature ils ont eu vne ſeparation conuenable. º2º ant au qu y le ca,- cartilage, ſur lequelledit poil eſt fondé, il eſt enueloppé du Pericrane iuſques illec eſtendu auant que fai- tilºge nem- re la Coniuncture : Et a eſté illec poſe & ſitué,à celle fin que quand vne partie d'icelles ſeroit tiré en haut, mé Tarſus a ou en bas, par le muſcle large,ou ſi tu aymes mieux , par les muſcles propres dicelles , toutes les † eſt é faict. - l.ktl1llcnt J 2 O Le ſixieſme Liure, - ſuiuiſſent à raiſon de leur dureté. On appelle tel cartilage,meſmement aux paupieres ſuperieures, Tarſe de A * Difference l'œil, La difference de la ſuperieure & inferieure n'eſt autre ſinon que la ſuperieure eſt plus appertement - de la pau- mobile , & l'inferieure, obſcurement comme vn chacun peut eſprouuer en ſoy-meſme regardant en vn :,- piere ſupe. miroir : autrement en vain Nature auroit mis ſubſtance muſculeuſe à l'entour d'icelle. On peut auſſi dire , #ºte de que leurs mouuemens ſe font par le benefice du Pannicule charneux. • · • l'inferieure. # - Des Yeux. . C H A P. V. # Subſtance , E s T E maintenant à parler des yeux, leſquels eſtans organes & inſtrumens de la faculté , ºuantité viſiue à eux apportée parl'eſprit viſuel, qui eſt comme vne petite flamme de lumiere,laquelle · Situation # le procede de l'ame, conduit par les nerfs optiques, ſont de ſubſtance molle, & quantité · - | notable : toutesfois aux vns plus , aux autres moins, ſelon la grandeur ou petiteſſe des corps · ': où ils ſont. La ſituation deſquels eſt au plus haut de la teſte , pour illuminer & conduire le : . corps, & luy ſeruir de ſentinelle,pour deſcouurir les choſes exterieures qui luy peuuent nuire : car la veuë , rhomm, opere en vninſtant, & comprend ſoudain par vn moyen indicible, l'image des choſes qui ſe repreſentent à - -" . eſleue ſu elle , & eſt le principal des ſens de l'animal. Car par l'œil on conſidere l'architecture admirable des cieux •:: ! veuë au ciel, & des autres corps : on void par l'œil leurs couleurs, & grandeur, leurs formes, le nombre, les propor- .5 : lieu de ſa tions & meſures, leur aſſiete, leurs mouuemens & repos. , Dieu a voulu que l'homme ſeul euſt la face · rº naiſſance. eſleuée en haut au ciel. Ce que Ouide apres Pythagoras a fort bien exprimé, diſant. - B #! Et neantmoins que tout autre animal ºct Iette touſiours ſon regard principal :: En contre bas , Dieu à l'homme a donné ,:nt" La face en haut, & luy a ordonné trrt De regarder l'excellence des cieux, :- Et eſleuer aux eſtoiles ſes yeux. :: Figure, ' _ ; Leur figure eſt pyramidale, ayans leur baſe au dehors, & leur pointe au dedans vers les nerfs optiques, : | # d, ainſi qu'on peut voir par leur orbite, † eſt leur propre domicile lequel nature leur a ainſibaillé, afin que 1: t" #. §. par iceluy ils fuſſent preſeruez de choſes externes contondantes,& generalement de toutes autres choſes à •e cofr , i. eux nuiſibles par leur dureté. Leur compoſition eſt de ſix muſcles,cinq tuniques, trois humeurs,dvneſprit i.é. , l eil. luiſant , qui continuellement leur afflue du cerueau, deux nerfs, double veine, & vneartere : dauantage de :'',. Compoſition. beaucoup de greſſe:& finalement d'vne glande ſituée au grand angle d'iceux,ſur le trou aſſez inſigne& eui- , l.º vtilité de la dent,lequel deſcend dedans les marines tant d'vn coſté que d'autre:& ce pour prohiber & defendre, que les ·ié glande ſí- excremens du cerueau,deſcend»ns par leſdites narines,ne regurgitent aux yeux, ainſi que nous voyonsad- , :: tuée ,au , uenir à ceux qui ont la ſuſdicte glandule conſommée, leſquels pleurent continuellement : & telle affaction : ! &#º**ºgº eſt appellée Fiſtule lachrimale. Apres s'enſuit la greſſe , laquelle eſt illec miſe entre les muſcles en aſſez º2 # bonne quantité, en partie pour rendre les yeux plus lubriques & faciles à mouuoir, ainſi que font les glan- ' • • # "7" des, à raiſon de quelque humidité qu'elles leur communiquent : en partie auſſi pour la conſeruation de # l, t. l'harmonie, & temperature des parties nerueuſes deſdits yeux, leſquelles par leur continuel mouuement # # cſtoient ſubjettes à deſiccation exceſſiue. ©. yeux. Figure des nerfs obliques. = à - - > ESS ". - - - A S 2A | ::: És / V D #: •- % ºº! - #. - tº, # ittt *Z7 2 % ltb # f <% # - :é7, "r ; ":: # Des muſcles des Yeux. C H A P. V I. | | * # • - - L y a ſix muſcles en l'œil, quatre deſquels font la flexion droite, leſquels ont leur origine,du § Origine-'. fonds de l'orbite, & vont deſiner en meſme lieu à l'œil ; à ſçauoir , au milieu, & enuiron- s - nent le nerf optique : & lors qu'ils font leur action tous enſemble, tient l'œil en dedans : ſile «. Aétion, ſuperieur, en haut : ſi l'inferieur,en bas : & le dextre, à dextre : & le ſeneſtre, à ſeneſtre. Les # deux autres tournent l'œil , deſquels le premier, qui eſt le plus long& greſle,prend ſon ori- s gine preſque du meſme lieu que fait celuy qui tire l'eil à dextre vers le grand Cantus, & lors qu'il eſt ·s paruenu à l'exterieure partie de l'angle interieur, ou la glandule lachrymale eſt emitente, finit en vn pe- e tit tendon greſle , qui paſſe au trauers d'vne petite membrane ou anneau : puis ayant paſſé au tra- º uers , faiſant vn angle droit , en ſe retournant,va finir vers la ſuperieure partie de l'œil,entre l'inſertion de # CCS · De l'Anatomie. I2 I A ces deux muſcles, leſquels l'vn tire l'œil en haut, l'autre directementà l'angle exterieur, comme Fallope eſcrit,ou plutoſt comme i'ay obſerué,entre le muſcle quitire en haut,& celuy qui tire vers l'angle interieur. Ce cinquieſme muſcle, lors qu'il ſe retire en dedans vers ſon principe, par ſon tendon qui eſt circulaire,en- tortille l'œil par ce mouuement,l'attirant augrand Canthus.Le ſixieſme luy eſt contraire, lequel a ſon ori- gine de l'inferieure partie de l'orbite,presvne petite fiſſure, par laquelle paſſe le nerf de la troiſieſme con- iugaiſon, & eſtant fort delié tranſuerſalement monte à l'angle exterieur, & ayant embraſsé l'œil tranſuer- ſalement, par vn petit tendon s'inſere à iceluy, pres l'inſertion du cinquieſme; tellement que ſouuentesfois le tendon de l'vn,& l'autre ne ſemble eſtre qu'vn ſeul tendon. Pour bien obſeruer telle diſſection,il ne faut pas arracher l'œil de l'orbite,mais il faut rópre ladite orbite,afin de voir leur origine plus manifeſte.Quant aux cinq tuniques,la premiere,qui en diſſe quant ledit oeil ſe preſente,vient au Fericrane,& s'eſtend par deſ- - ſus tout le blanc de l'œil, iuſqu'au cercle nommé Iris. Son vtilité eſt de firmer, lier, & retenir ledit œil de- Der Twni- dans ſon orbite, aumoyen dequoy elle eſt appellée Conionctiue,- d'autres Aanata,en Gal.liu. dixieſme de º" l'vſage des parties, en Grec Epipephyros.La ſeconde eſtnommée Cornée pour la ſimilitude qu'elle a encon- .., - fiſtence, & couleur auec vne corne de lanterne bien deliée , & claire, differente en ſoy, pource qu'en ſa #éde la partie anterieure circonſcrite de l'Iris elle eſt lucide & tranſparente,& par derriere eſt § à raiſon de #. la diuerſe polliſſure d'icelle. Dauantage elle eſt denſe en ſa partie anterieure, afin qu'elle ſoit protection c #" de l'humeur,tant Aqueux,que Cryſtalin:& auſſi tranſparente & lucide, afin qu'elle peuſt mieux tranſmettre, - & donner paſſage aux couleurs. Sonorigine eſt de la Dure-mere, produite par les trous interieurs de l'or- bite de l'œil, lequel elle enuironne entiercment. La troiſieſmeappcllée Vuée, pour la ſimilitude qu'elle a en couleur auec vn grain de raiſin noir(i'entends quant à la partie exterieure)eſt produite de la Pie-mere, Tunique & enuironne tout l'œil, hormis la pupille, auquel endroit elle eſt troüée. Et eſt adherente à la Cornée par vué, les veines & arteres, leſquelles elleluy communique pour ſon nourriſſement & vie.Mais quand elle eſt par- uenue iuſqu'à l'Iris, laiſſant la cornée, deſcend interieurement, & aucunement ſe refleſchiſſant vers le cer- cle, & circonference plus ample de l'humeur Chryſtalin, à laquelle adhere eſtroitement, & par ce moyen circonſcrit lieu àl'humeur Aqueux,ainſi qu'il te ſera demonſtré en ſon lieu:& defend que l'humeur Albugi- neux n'enſeueliſſe, & couure tout l'humeur Chryſtalin. Outre-plus ceſte tunique eſt en ſa partie interieurè teinte de plaifirs, & diuerſes couleurs ; c'eſt à ſçauoir,noire, fuſque, cerulée ou ve rde , & autres, comme l'Vsée e - - - : -• - - - - - sée eſt l'arc du Ciel & ce pour les vtilitez qui s'enſuiuent. Premierement,a raiſon que ſi elle euſt eu vne ſeule cou- peinte inte- leur,toutes choſes vifibles euſſent repreſenté ceſte couleur,comme nous voyons en vn verre rouge,ouverd, § ou jaune, ou d'autres couleurs, toutes choſes repreſenter la meſme couleur rouge ou verde. Secondement de pluſieurs elle a efté noire pour congreger, & vnir les eſprits diſſipez par la lumiere ainſi qu'on void qu'on plombe rouleurs. par derriere les miroirs. Tiercement, fuſque, cerulée ou verde, pour la conſeruation & reſiouiſſance de la veue.Car tout ainſi que les extremes couleurs corrompent la veue, ainſi les moyennes la cdfſeruent: com- bien que les vnes plus, les autres moins, ſelon qu'elles approchent plus ou moins de mediocrité. Dauanta- ge elle a eſté faite molle & troüée : molle, de peur qu'elle ne § l'humeur Chryſtalin, à la circonfe- rence duquel elle deſine : troüée au deuant dudit humeur, craignant que par ſon obſcurité elle n'empeſ- chaſt les couleurs de venir à iceluy, ains par ſa noirceur externe, les eſpeces des couleurs fuſſent plus vnies, recueillies, & congregées comme par leur contraire,ainſi que nous voyons la chaleur cſtre renforcie Tuniqueam. Par l'oppoſition de froideur. Aucuns l'appellent Choroide, à raiſon qu'elle eſt tiſſue abondamment de vei-phibliſtroide. nes & arteres, comme l'arriere-faix, ou ſecondine des femmes. S'enſuit la quatrieſme nommée Amphibli- ſtroide,c'eſt à dire,Retiforme laquelle prenant ſon origine du nerf optique conuerty en tunique, eſt tiſſuë viilirt en forme de rets, des veines, arteres & nerfs qu'elle reçoit de l'Vuée, tant pour ſon nourriſſement & vie, + que pour l'humeur Vitreux, lequel elle reueſt par derriere. La principale vtilité de ceſte tunique, eſt de ſentir quand l'humeur eſt alteré parl'introduction des eſpeces à luy tranſmiſes & enuoyées,ou de conduire l'eſprit viſuel,aueç la facultéviſiue par le trauers de l'humeur vitreux,iuſqu'à l humeur Chryſtalin,princi-" pal inſtrument de la veue.Elle eſt auſſi plus molle que nulle autre,de peur d'endommager ledit humeur.En - quoy tu noteras l'ordre de nature auoir eſté tresbien obſerué en la poſition deſdites tuniques.comme auſſi Prºººº aux autres parties. car tout ainſi que nature ne paſſe point d'vn contraire à l'autre, ſi ce n'eſt par vn ou º º pluſieurs moyens ainſi icelle voulant adaptervne choſe dure & terreſtre,comme la tunique Cornée, à vne #chiieiie molle & aqueuſe,comme les humeurs,a vsé de pluſieursmoyens differensen conſiſtence de deux extremes, º" ſelon qu'ils approchent plus ou moins de l'vn d'iceux, comme tu peux voir. Car apres les deux plus terre- ſtres tuniques, c'eſt à ſçauoir,Conionctiue,& Cornée,elle a fait lVuée en degré plus molle que les pre- cedentes : tout ainſi que la Retiforme encores plus molie que ladite Vuée , afin que comme par degrez de i'unique dureſſe en moleſſe Nature paſſaſt d'vn contraire à l'autre.La cinquieſme, & derniere eſt nommée Arach- A § # noide, pour la conſiſtence qu'elle a ſemblable à toile d'araignée : on la peut auſſi comparer à bon droict #. a vne certaine petite tunique lucide,blanche & tres-deliée,laquelle eſt ſituée entre les eſpeces d'vn oigron. Jcelle tunique enuironne l'humeur Chryſtalin en ſa partieanterieure,parauenture à celle fin quelle le pre- ſerue & defende comme principal inſtrument de laveuë lors que les autres humeurs ſeroient intereſſez : & dauantage à celle fin qu'elle luy ſerue comme de verre à vn miroir,& que par ce mo,à !ès eſpeces des cho- ſes viſibles introduites de la part de l'object,ſoient retenues audičthumeur par telle èonnexion de l'vn auec l'autre : ainſi que nous voyons eſtre en vnmiroir fait de verre,& de plomb,ou autre matiere opaque,denſe & obſcure,qui ait force d'empeſcher que les eſpeces ne paſſent outre le verre,ains ſont retenues en ſa ſu- Origihs. perficie bienramaſſées. Son origine peut eſtre de la matiere excrementeuſe dudit humeur , ainſi endurcie tout à l'entourd'iceluy par la froideur des parties circonjacentes,ainſi que la petite tunique de l'œuf enui- *onnant le blanc d'iceluy. S'enſuiuentmaintenant les humeurs contenues en l'œil,leſquels nous auons dit Humeur & ſitué entre la partie de la cornée tranſparente, & la partie de l'humeur Chryſtalin deſcouuerte en la pu- Aqueux. Pille(en laquelle on void vne image côme en vn miroir,& eſt la feneſtre de l'œil par laquelle nous voyös) & la refiexion de l'Vuée,depuis l'Iris iuſqu'à la circonference dudit humeur Chryſtalin,comme il a eſté dit, afin qu'en rempliſſant tel eſpace vuide,il diſtende la Cornée,& par ce moyen defende qu'elle ne tombe ſur lhumeur Chryſtalin,qui ſeroit au dommage de la veué.Et dauantage,afin que par ſon humidité il defende que ledit humeur Chryſtalin ne ſoit par trop deſſeiché.Il peut eſtre engédré par la reſudation de la ferofité . apportée par les vaiſſeaux des tuniques,leſquels ſelon leur plus grande partie,produiſent leurs anaſtomoies | Hºmººr & extremitez,iuſques à la pupille,& lieu dudit humeur Aqueux. Le ſecond humeur,& moyen en ſituation, # eſt appellé Chryſtalin, pour la couleur claire, & luiſante qu'il a ſemblable au Chryſtal,ſi on luy peut attri- # •mºarº buer aucune couleur : car à la verité les troishumeurs,& principalement le Chryſtalin , eſtans inſtrumens, # # & organes de la veuë,n'ont deu auoir couleurs aucunes,de peur qu'elles n'empeſchaſſent en leuractiô,qui # #. eſt de repreſenter les couleurs des choſes viſibles , telles qu'elles ſont actuellement,comme vn mir# º § ºui . - L e1pCCGS Pourqnoy - - - - - * - - - - - - - | I 2 2, Le cinquieſme Liure, Actiºn des eſpeces de ce que nous regardons. Ce qu'ils n'euſſent peu faire, s'ils euſſent eſté teints de quelque particu-A. #º * liere couleur. Car tout ainſi que les lunettes teintes de couleur rouge,nous repreſentent toutes les eſpeces l'œil. viſibles de leur couleur,combien qu'elles ne ſoient telles.ainſi euſſent fait les humeurs à la faculté imagina- tiue,ou ſens commun,s'ils euſſent eu aucune certaine couleur,ainſi que nous auons dit par cy-deuant. Par- quoy à bon droit le Philoſophe a dit eſtre neceſſaire, que le ſujet ou matiere qui deuoit receuoir quelque forme fuſt exempte totalement d'icelle,à cauſe de l'empeſchement qui en pouuoit enſuiure.Et poutant na- ture a fait la matiere ſans forme,les humeurs de l'œil ſans couleur,la cire ſans figure,l'entendemét ſans au- Figare de %º cognoiſſance particuliere,pource qu'ils deuoient eſtre receptacles deſdictes formes.Sa figure eſt ron- l'b§." de,toutesfois aucunement comprimée deuant,& plus par le derriere, afin que les couleurs des choſes viſi- chryſtelin. bles ſoient par telle compreſſion retenues ſans qu'elles eſchappentde coſté ou d'autre,comme elles eu%ent " fait,ſi ladite figure euſt eſté parfaictement ronde, & afin auſſi que par vn coup orbeil ne peuſt eſtre tourné facilement de ſa place,pource que ce qui8ſt appuyé ſur la circonference exterieure d'vne rondeur, facile- ment eſchappe & fuit côme ne touchant le plan ſur lequel il eſt fitué,que par vn poinct indiuiſible.Dauanta- , , , ge, cét humeur eſt porté à moitié dedans l'humeur Vitreux , duquel il eſt nourry quaſi par tranſpoſitionde matiere de l'vn à l'autre, ou pluſtoſt(veu qu'il eſt entierement enuironné de la cinquieſme tunique, à cauſe dequoy ne peut eſtre faicte tranſſomption de matiere) des vaiſſeaux conduits iuſques à luy,tant par la tuni- -1 que Retiforme, que lVuée,& par deuant l'humeur aqueux,& l'eſpace de la pupille(qui eſt encores au de- Gal. chap.5. uant)eſt pleine d'eſprit aeré,& luiſant:ce qui ſe peut cognoiſtre:attendu que durant la vie nous voyôs l'œil *iº 1o de v- fort eſtendu,& plein de tous coſtez,ſans qu'aucune partie d'iceluy ſoit laxe ny ridée : mais apres la mort on B ſupart. le trouue ridé , parce que l'eſprit en eſt euaporé. On peut encores prouuer, & apperceuoir telle choſe:car en fermant vn œil , on voit la pupille de l'autre s'aſlargir & remplir,d'autant que l'eſprit eſt communiqué, & renuoyé d'vn œil à autre.Dauantage és perſonnes fort aagées la tunique cornée ſe ride & s'amoncelle, & les rides tombent les vnes ſur les autres,& lors la pupille s'eſtrecit.qui fait qu'aucuns ne voyent gueres, Raiſon pour- les autres rien du tout,à cauſe que la ſuſdite humidité, & eſprit ſe conſomme, & deſſeiche par l'antiquité quoy la Veuë du temps, & partant l'eſprit yafflue moins de ſa ſource, & principe. Pareillement la tunique cornée à l'en- Je diminué droit qu'elle commence des limites ou parties proche de l'Iris,ſemble eſtre fort proche de l'humeur Chry- " "ºlit ſtalin,parce qu'en ce lieu là toutes les tuniques,&humeurs ſont coërentes, & d'autant plus qu'elles'aduan- º º ce en dehors,s'en recule toufiours de plus en plus, & eſtant la plus eſloignée qu'elle peut eſire à lendroict Perſonnes. de la pupille : ce qu'on peut voir par l'Anatomie, & par l'operation qui ſe fait lors qu'on abbat la taye ou - cataracte;car eſtant la tayc au milieu de la tunique cornée,& de l'humeur Chryſtalin, l'eguille qu'on pouſſe dedans pour l'abaiſſer, ſe meine deſſus & deſſous , ça & là,& tournoye en rond de tous coſtez par vne fort grande ſpatioſité, ſans toucher l'vne ny l'autre partie,à ſçauoir la cornée, ny l'humeur Chryſtalin, parce qu'elles ſont ſéparées d'vne fort grande diſtance,pleine d'eſprit,& d'humidité ſubtile.Son vtilité eſt de ſeruir comme de miroir à la faculté viſuelle,illec conduite par l'eſprit viſuel.Le tiers, & dernier eſt le Vitreux,ou pluſtoſt Albugineux,ainſi nommé,à cauſe qu'en conſiſtence,& couleuril eſt ſemblable au verre, ou bien an blanc d'vn œuf Sa ſituation eſt en la partie poſterieure du precedent, pour reprimer aucunement l'impe- tuoſité de l'eſprit deſcendant audit humeur Chryſtalin:ainſi que nous pouuons pareillement dire l'humeur aqueux auoir eſté mis de Nature au deuant dudit humeur Chryſtalin , pour refrener l'impetuoſité des cou- leurs qui ſont preſentées à iceluy.Cét humeurVitreux eſt nourry de la tunique Retiforme.Quantaux nerfs, ils ont eſté ja declarez. Parquoy reſte que nous parlions des veines , deſquelles les vnes ſont internes illec produictes auec les tuniques des vaiſſeaux du cerueau. Les autres ſont externes, eſtendues ſeulement, & apertement aux parties externes d'iceluy,commeaux muſcles,& tunique coionctiue,par leſquelles ſouuen- tesfois ſont faites inflammations,& rougeurs en ladite partie externe:au moyen dequoy faut inciſer la veine Puppe, & appliquer cornets, & ventouſes ſur la partie poſterieure de la teſte, du col,& du palleron : ainfi comme és affections internes de l'œil faut ouurir la veine Cephalique , pour deriuer , reusler, & euacuer la matiere qui fait la maladie, ſelon que la choſe le requiert. - Lieu où ſe faiét la ca- taračte . Vtilité. Humeur Al- bugineux. Situation. Figure de l'œil. Monſtre la partie anterieure de l'œil, circonſcripte par l'Iris. NerfOptique ſortant du Crane pour entrer en l'œil. •, - Quatre muſcles droicts. Deux obliques. Le ſeptieſme Pyramidal ſelon G•- lien , lequel ne ſe trouue qu'aux beſtes. - - Du 2Nez. C H A p. V I I. Subſtance. E s T E maintenant à parler du Nez, que les Grecs appellent rbis, à cauſe que par iceluy coulent $tºantité, & fluent les excremens des ventricules anterieurs du cerueau. Sa ſubſtance eſt diuerſe , comme tu Figure, ér entendras par ſa compoſition. .. Sa quantité , figure & ſituation eſt aſſez notoire & manifeſte à vn cha- situation cun.Quant à ſa compoſition , il eſt composé de cuir, muſclçs, os, cartilages, membrane ou tunique,nerf, Compoſition. veine,& artere. Leur cuir , & les os tant contenans, que contenus, ont eſté par cy - deuant ſuffiſamment demonſtrez» | De l'Anatomie. I2 3 A demonſtrez, comme auſſi les nerfs, veines & arteres. Parquoy il nous conuient parler des cartilages, leſ- . - quels ſont ſix en nombre. Le premier eſt double,ſeparant les deux narines au bout du Nez, s'eſtendans iuſ- Six carrila- qu'à l'os Ethmoide Le ſecond eſt ſitué au deſſous du ſuſdit. Le troiſieſme & quatrieſme ſont contenus auec º du nez. I**ºiercar- les deux os externes dudit Nez. Le cinquiéme & ſixieſme aſſez tenues & deliez,deſcendans par la partie la- riiage double terale, tant dextre que ſeneſtre du nez , conſtituent les ailesd'iceluy, leſquelles ſont priſes pour ſa partie # mobile. L'vtilité deſdicts cartilages eſt, afin que le Nez en ſon extremité ſoit mobile , & conſequemment '#.ſms moins ſuiect aux iniures externes,comme deſtre rompu & froiſsé,& plus conuenable à la reſpiration.Pour é, quatrieſ- laquelle parfaire, Nature luy a baillé quatre muſcles, deux de chacun coſté,vn externe & l'autre interne, §e. L'externe prend ſon origine de la pommette, & d'icelle deſcendant obliquement, & aucunement annexé à cinquieſme celuy qui ouure la lévre ſuperieure,ſe termine a l'aile ou pine du Nez,laquelle il ouure.L'interne ſortinte- & ſixieſme. rieurement de l'os Maxillaire,& deſine au commencement des cartilages qui conſtituent les ailes,pour icel- Viitité des les ſerrer. Quant à la tunique, laquelle interieurement reueſt les narines,& conduits du Nez, elle proce-ºil-res de de la Dure-mere par les os cribleux ou ſpongieux, ainfi que celle du palais, LarinxTrachée artere,oe- ** fophague,& l'interne du ventricule : & pource ne ſe faut eſmerueiller,ſi facilement & promptement les af- # muſ- fections deſdites membranes ſont communiquées au cerueau.Dauantage ceſte tunique reçoit(ientends tant ## 774-A. d'vn coſté que d'autre) vne portion de nerf de la tierce coniugaiſon : par letrou qui par le grand angle de § º-'- l'œil deſcend au nez.Le temperament du Nez eſt froid & ſec ſelon toutes ſes parties Sonaclion & vtilité eſt #i, l•. de conduire l'air & auecques luy quelquesfois les odeurs iufques au procez Mammillaires,& de la aux ven- rer . tricules anterieurs pour les vtilitez ſuſdites, à raiſon dequoy Nature l'a ordonné creux. Et pource que Les ailes des les ſuſdits procez Mammillaires, conduits de l'air & odeurs, ſont doubles comme le cerueau & que l'vn nez ſont me- ſans l'autre pouuoit eſtre bouché:à ceſte cauſe Nature a femblablement diuisé le creux du Nez en deux par biles. vn moyen cartilagineux, à celle fin que ſi l'vn eſtoit eſtouppé, l'autre demeuraft ouuert, pour porter air au Tempera- cerueau, pour la generation & conſeruation de l'eſprit animal. Les deux trous du Nez montent en haut, ººº ºº puis deſcendent en bas au dedans de la bouche:& vont ainſi anfractueux,de peur que l'air froid & la pouſ- J2º2 .. 4 ſiere n'entre en la canne du poulmon. Iceux trous ſont auſſi conſtruicts pour aider à la reſpiration. Les au- •t #" ér tres vtilitez du Nez ſont,qu'il preſerue & garde des dangers exterieurs l'inſtrument de l'odorat. Dauantage # mov # il ſert à embellir la face. quoy - - - nez eſt dou- Des muſcles de la Face ». CH A p. V l II.* ble. Presauoirainſi demonſtré les ſuſdites parties, faut venir aux muſcles de la face, appartenans . . tant auxlévres qu'à la maſchoire baſſe, pour l'accompliſſemens,de leur mouuemens leſquels Piº , hui# font dixhuict en nôbre,neuf de chacun coſté, à ſçauoir quatre des lévres, deux en la ſupereiu ºº cles de la N# re,& autant en l'inferieure:& cinq de la maſchoire inferieure.Des ſuperieuresle premier plus º# - º long & plus eſtroit, prend ſon origine de la pommette,ou os iugal,& deſcend par l'angle de ,# la bouche à la lévre inferieure pour icelle amener à la ſuperieure , & conſequemment fermer la bouche. §. ſu- L'autre plus court & plus large, ſort de la cauité de l'os Maxillaire tout au deſſous du trou duditos (par le-§. quelvne portion de nerfs de la troiſieſme coniugaiſon deſcend à ces deux muſcles,& autres parties de la fa- Muſcle ſe- ce : & deſine à la partie ſuperieure de ladite lévre ſoperieure, laquelle il conſtitue auec le pannicule char-cmod. neux & le cuir, & l'ouure la renuerſant vers le nez par ſes fibres exterieures,& retirant au dedans vers les Premier. dents par les interieures. Quant à ceux de la léure inferieure,le premier plus long & plus greſle,ſort d'en-Muſcle de la tre le trou externe de la maſchoire(par lequel le nerfſort de le partie interne d'icelle auſdits muſcles)& le lºre infº- muſcle Maſticatoire , duquel ſera parlé cy-apres : & montant en haut par l'angle de la bouche, deſine à la º, . léure ſuperieure pour icelle amener à l'inferieure. L'autre plus court , a ſon commencement du bord du #º ſº- menton,& partie caue d'iceluy, & ſe termine à la lévre inferieure, laquelle il conſtitue, l'ouurant vers la " - partie interne & externe,par ſes fibres tant internes qu'externes comme ſon oppofite : & pour le dire en vn mot,Nature pour le mouuement de la bouche a † genres de muſcles deſquels les vns l'ouurent les autres la ferment, les autres la tournent en diuerſes façons. Où faut noter que quand les muſcles d'vn meſme genre font enſemble leur action (comme les deux ſuperieurs que nous auons deſcrits les premiers, ... c'eſt à ſçauoir vn de chacun coſté, qui amenent la léure inferieure à la ſuperieure, & leurs oppoſites ) ils *º font le mouuement droict. Mais quand l'vn d'iceux opere ſeulement 8 à part il faict le mouuement oblique, comme quand on tourne la bouche de trauers. Or ceſdicts muſcles ſont infiltrez auec le cuir,ſi bien que ce meſlange & commixtion eſt ſi grandement confuſe,qu'on ne peut ſeparer ny muſcle ny cuir, en ſorte qu'on les peut appeller peau muſculeuſe ou muſcles de peau (autant en eſt-il au dedans des mains & des pieds,) leſquels meuuent les ioües,& léures,jaçoit que la mandibule ne bouge,& ceſſe du tout de ſonmouuement. Figure qui demonſtre les muſcles principaux de la face-». - | .. ? -- • - - Monſtre le muſcleTemporai. º . %$ WN %$ 4 - A | $S | " $ B L'os Paris, ſous lequel il paſſe. - , , à C Muſcle Maſticatoire. 44i# E> 4 | , D Le muſcle petit. - - - # # % iff lll'llt \W " E Muſcle de la lévre ſuperieure. # |Ü F Muſcle de la lévre inferieure. - $:2> !#) ! GHIKL Muſcle de l'os Hyoude. S ?g2º | M Le Maſtoide #$ N Partie du Trapeze. •= %# N O Le Scanele. -- ". $ - P L aile du Ncz. · « 2> N,> 5 $ 44 % $- WN \NNN> N NSN - \$ - L * Dei l 2.4 . Le ſixieſme Liure, -" A J -- - _ * _ - - - • • • - * Des muſcles de la maſchoire inferieure , C H A F. I X. Mwſcle Tem- À I N T E. N A N T faut venir aux muſcles motifs de la machoire inferieure , que nous auons Feral dit eſtre cinq ; à ſçauoir, quatre qui la ferment, & vn qui l'ouure, i'entends touſiours de cha- cun coſté. Des quatre qui la ferment le premier & plus grand , nommé Crotaphite, c'eſt à dire,Temporal,prend ſon origine des parties laterales du front & de l'os Parietal, bien auant | vers le haut,& deſcend adherant audit os,& au Petreux par deſſus l'os Iugal:s'inſere à l'apo- phyſe de la maſchoire inferieure, nommée des Grecs (orone, pour icelle amener directement vers la ſu- Playes mor perieure pour fermer la bouche. Et noteras que ce muſcle eſt tendineux iuſqu'au milieu de ſoy, lequel # #" remplit & conſtitue le temple, & eſt ſubject plus que nul autre, à playes mortelles, à raiſon de la multi- Croaphite tude des nerfs diſtribuez par ſa ſubſtance : leſquels pour la propinquité de leur origine, promptement ap- " portent danger de mort,à cauſe de la conuulſion,qui ordinairement & le plus ſouuent enſuit les affections dudict muſcle : pareillement fiévre , alienation d'eſprit,& vn dormir profond:Et pour ceſte cauſe,afin qu'il ne fuſt ſubiect aux iniures externes,Nature luy a baſty vne retraitte creuſe côme vne foſſe en l'os,puis a mis vue leuée & vn bord fait de l'os tourné vers ledit muſcle, afin qu'il fuſt mieux preſerué & gardé des choſes Muſcle ma- exterieures Le ſecôd preſque auſſi grâd appellé Maſticatoire ou Maſcheur,faiſant la joue,deſcend de la par- ſticatoire. tie baſſe & droite ligne du plus grand os de l'orbite de l'œil (lequel s'eſtend en arriere pour faire vne por- tion de l'os ſugal,ainſi qu'il t'a eſté dit cy-deuant, & s'inſere à la maſchoire baſſe, depuis l'angle d'icelle iuſ- ques à la fin de la racine de l'apophyſe Coroni,pour icelle maſchoire amener en auant & en arriere,comme en forme de meule de moulin:à cauſe dequoy Nature l'a conſtitué de doubles fibres,les vnes qui ſortent de la pommette(faite en partie du plus grâd os de l'orbite de l'œil,en partie de l'os Maxillaire majeur)& deſ- cendant obliquement & exterieurement vers l'angle,& partie poſterieure de la maſchoire baſſe,pour icelle amener en auant.Les autres ſortent de la partie poſterieure dudit os Iugal, & deſcendans auſſi obliquement par deſſous les ſuſdites (leſquelles ils croiſent en forme de croix Bourguignone) s'implantent à ladite rna- choire pres la racine de la ſuſdicte apophyſe Coroni, pour icelle mener en arriere. Et à cauſe de ces deux Muſcle contraires mouuemens, & quaſi orbiculaires, ce muſcle eſt appellé Maſcheur. Le troiſieſme nommé Rond, vcnd. rend ſon origine de toute la genciue laterale de la maſchoire ſuperieure , & s'inſere à toute la laterale de # inferieure,circonſcriuant les parties laterales de la bouche,de la tunique de laquelle il eſt interieurement reueſtu,& exterieurement couuert de greſſe, plus que nul autre muſcle. Son action eſt non ſeulement d'a- Aaia , mener la maſchoire inferieure à la ſuperieure, mais auſſi de ſeruir comme de pelle, pour ramener ſous les #., à dents la viande qui eſchappe de deſſous icelles vers le dehors,ainſi que la langue faitdu dedans Le quatrieſ- muſcle qe•- mº plus court & plus petit de tous les ſuſdicts, ſort du creux de l'apophyſe de l'os Baſilaire nommé Pteri- trieſme #e la goide,& s'inſere interieurement à l'angle de lamaſchoire inferieure,pour icelleauſſi menervers la ſuperieu- maſ boire re.Et au moyen de ce muſcle eſt faicte luxation de la maſchoire,ainſi que nous auonsdit.Quant au cinquieſ- in ferieure. nme & dernier des mulcles de ladicte maſchoire, il monte de l'apophyſe Stiloide de l'os Petreux à la partie Muſele cin- interieure du menton, pres la comiſſure des deux os de ladicte maſchoire , pour icelle ramener de la ſu- 1ººſºº & perieure en bas en ouurant la bouche. Et eſt ledict muſcle greſle & tendineux en ſon milieu pour ſon #º,. renfort, & charneux en ſes extremitez. Or tous ceſdicts muſcles ont eſté faicts par vne grande proui- #. # dence & ſageſſe de Nature,pour faire diuerſes actions en maſchant, par diuers mouuemens exercez les vns " apres les autres alternatiuement, pour piler, briſer, broyer la viande en tres-petites pieces par les dents, leſquelles ſont ramenées, remuées, tranſportées par la langue, ſans toutesfois qu'elle ſoit aucunement of- fensée , ny priſe entre icelles dents. Et voila quant aux parties de la face,tant contenantes que contenuës. - º - Figure des muſcles de la maſchoire inferieure_ . A Demonſtre le muſcleTemporal. B Muſcle Maſſeter, ou Maſcheur. C Muſcle rond tiſſu de diuerſes fibres. D Muſcſe ouurant la bouche, le- - quel auons dit eſtre tendineux en ſon milieu. E L'os Hyoïde ou de la langue. P Vn des muſcles de los Hyoïde, qui vient de la coſte ſuperieu- - re de l'Omoplate , lequel eſt " , tendineux en ſon milieu, ainſi que celuy qui ouure la bouche , $ A C ſ/($$$ G G Deux mſcles du col, qui mon- - # $N$ tent de la partie ſuperieure NmTºm$ •- $ du Sternon. - - H Muſcle releueur de l'Omoplate. Des oreilles & Parotides. CH A P. X. E s Oreilles ſont les organes & inſtruments du ſens auditif,qui diſtingue des voix,des ſons,& )# des tons : composées de cuir & peu de chair,cartilage,veine,artere & nerfs.Elles ſont pliées, # & entortillées, ſans que pour cela elles ſouffrent aucun mal : pource qu'eſtans aucunement #S # molles & cartilagineuſes, elles obeiſſent à ce que l'on met deſſus comme vn chappeau, ou 3/Eſ-7AS2 bonnet ou morion, ou autre accouſtrement de teſte. Et ſi Nature les euſt fait oſſeuſes, telles choſes euſſent peu commodement ſe faire, & ſe fuſſent ſouuentesfois rompuës. Le mol où on pend volon- tiers les bagues, eſt nommé des anciens Fibra & le deſſus Pinia. Et ont eſté faites par vne prouidence de 4ompoſition, Fignre. Nature, de figure anfractueuſe , comme vne coquille de limaçon ou eſcargot , faiſant la voye tortuë, auec Fiora. circuits & deſtours obliques, touſiours allans en diminution iuſques à l'extremité du trou dicelle, appellé MPrº?nA, cecum forma, pour mieux receuoir , retenir l'air, & ramaſſer les eſpeces & differences des ſons, & voix:& generalement toutes choſes que nous comprenons par l'oüye , diſpersées par iceluy Cœcum : afin que par - 4 - apres De l'Anatomic. 1 25 A apres elles puiſſent eſtre conduites iufques à la membrane,qui eſt mediocrement dure, faicte des nerfs de la cinquieſme coniugaiſon,appellez auditifs.L'vtilité deſdites oreilles ſert à la beauté de la teſte:ce qui ap- pert euidemment par ceux qui les ont couppées,combien ils ſont difformes & mal-plaiſans à voir.Pour ce- ſte cauſe, on les coupe à ceux qu'on veut rendre difformes & infames pour quelque grande meſchanceté. Auſſi pour auoir la iouyſſance de la diuerſité des ſons , & principalement de la parole, & le plaiſir des har- caeum fora. //Je». f'rilité des Inonies & melodies qui ſont en diuers tons & chants, tant de la voix humaine, que des oyſeaux,& autres oreilles. animaux, & des inſtrumens de muſique. - - Pareillement par l'oüve nous entendons en bien peu de temps,ce que le Maiſtre qui nous enſeigne,a ac- quis & preparé par vn bien long-temps D'autre part, elles nous ſont comme guettes & ſentinelles , pour Bºdin en ſs ouyr & entendre les commoditez , ou incommoditez de tout noſtre corps. . Republiqiie L'inftrument premier & principal de l'ouye,eſt vn air fort ſubtil, contenu en la cauité dicte Maſtoïde ou tabourin,& nay en iceluy dés noſtre premierenaiſsâce,couuerte d'vne petite peau fort deliée,faicte du nerf auditif, & par l'eſprit animal eſt faite la vertu auditiue. Semblablement ladite anfractuoſité a eſté faicte, de peur que l'air,& les ſons n'entraſſent trop impetueuſement dans les oreilles,leſquels euſſent peubleſſerou du tout gaſter l'organe auditif & auſſi ſi le trou eſtoit percé droict,les ſons ne s'entonneroient pas ſi bien comme ils'font és lieux recourbez,eſquels ils ont rencontré,pour les faire arreſter,& mieux reſonner.Auſſi qu'elles les receueroient trop grands & trop à coup : par ainfi ils en ſeroient plus confus, & ne les pour- roient pas bien diſcerner & entendre. Et neantmoins ladite anfractuoſité, on void aduenir que l'air eſtant trop fort agité, romp, eſclate , & diſſipe quelquesfois cét organe auditif, comme il aduient par la trop grande vehemence de l'artillerie, du tonnerre , groſſes cloches, & autres grands bruits ſemblables. Da- uantage ladite anfractuoſité a eſté faite de peur que l'air froid n'entraſt trop à coup au cerueau, ny aucun corps eſtrange n'offenſaſt l'organe auditif. Plus, Nature a enuoyé vn humeur colerique , gros & gluant, . dans le trou dicelles pour purger le cerueau : mais principalement, afin que ſi aucunes petites beſtioles eſtoient entrées dedans, qu'elles y fuſſent priſes comme en de la glue. - J or pour bien entendre comme ſe fait l'ouye, il faut premierement cognoiſtre & conſiderer la ſtructure La maniéré & fabrication de la ſuſdite anfractuoſité,dont ſe fait l'audition aumoyen de la membrane,qui eſt composée de la tunique du nerfauditif, & tenduë interieurement dans le trou de l'oreille, comme la peau d'vn ta- bourin.caricelle eſt enfiée & tendue de l'air implanté dés noſtre premiere naiſſance par l'eſprit auditif,le- quel eſt enclos dans la cauité de l'apophyſe Maſtoïde,de laquelle auons parle cy-deſſus au cecumforamen : à · ce qu'eſtant frappée de l'air exterieur,ceſte membrane reçoiuel'object,qui eſt le ſon,& la voix:qui n'eſtau- tre choſe qu'vne qualité permanente du departement,& fraction de l'air,faite par la concluſion & rencontre de deux corps durs,deſquels l'vn a receu le coup,& l'autre l'a donné. Or ceſte colliſion & froiſſement s'eſ- pand enl'air, comme d'vne † en l'eau , dont nous voyons par l'agitation d'icelle les cercles & rondeaux ou circonuolutions, s'eſtendre en rond dedansl'eau , non partout, mais en vne certaine eſpace. ou comme l'on voit és fontaines & ruiſſeaux,qui, par vn canal eſtroit & ſinueux,coulent à trauers de quel- ques lieux fort rompus, raboteux & pierreux, l'eau venant à heurter contre les obſtacles & empeſchements qui ſe rencontrent oppoſez au deuant de ſon cours, repouſsé contremont, faire pluſieurs tours,plis & re- cemme ſe fair l'ouyé, plis, qui ſe reiettent,s'eſtandans & s'eſlargiſſans flot,apres flot,les vns ſur les autres,diminuans ſucceſſiue- L'air eſt ment & preſque inſenſiblement tant qu'ils ſoient finis. De meſme ceſte fraction d'air renduë en lieux cou- moyen de couuerts & cauerneux;comme és ciſternes,puits,Egliſes,ou és eſpeſſes foreſts rend plufieurs ſons les vns ſur l'ouye. les autres,dont la duplicatió eſt appelléé Echo.Ainſi eſt faite en ceſte façon l'audition parl'air,qui eſt lemo- .. Tabºurin yen de l'ouye:lequel eſt double,à ſçauoir exterieur & interieur.Parl'exterieur ſont portées les inondations, dº orvillas. dont eſt fait ledit Echo. L'interieur eſt celuy , qui eſt enclos dans ladite cauité Maſtoide, appellé tabourin des oreilles, où il ya petites cachettes, deſtours & contours , où ſont elaborez les tons , & ſons diuers; ayans des oppoſitions & rencontres,comme l'onvoit que les choſes creuſes ſont plus propres à receuoirles ſons,que les choſes maſſiues, ainſi que voyons d'vn tabourin,trompette, & aux inſtrumens de muſique, & au cæcum foramen , lequel n'eſt pas pur, mais temperé par l'eſprit auditif , nay auec nous. Et qu'il ſoitvray, les operations de tous les ſens ne ſe font que par l'eſprit qui eſt en eux, comme le ſens auditif eſt pour receuoir leſdites inondations, ou circuitions : & iceluy touche ladite membrane, laquelle ainſi que la peau du tabourin, reçoit les ſons de ſon air, qui eſt en iceluy enclos, appellé air implanté.Parquoy de la Grande Afi- vient le tintement d'oreilles,quand au dedans d'elles il y a quelques vapeurs contre le naturel,ce qui trou- #ation. ble leditair temperé, & l'eſprit auditif. Or tout cela n'eſt aſſez pour faire l'ouye : car encore pour mieux #º oſſelett diſtinguer les ſons & voix, Nature a produict trois petits oſſelets : l'vn appellé uncus, l'autre Malleolus, en noſtre langue enclume, & marteau ; le troiſieſme strapes , pource qu'il repreſente vn eſtrier d'vn cheual Reiſtre : o Deltoide,à raiſon qu'il reſemble à vn Delta des Grecs, ſituez derriere ladite membrane:leſquels Malleolus & Incus eſtans meus & agitez des inondations de l'air exterieur frappans ladite membrane, con- ſtituent les differences des ſons & voix, ainſi que fait la corde qui eſt au trauers de la peau Poſterieure d'vn tabourin. Comme pour exemple, quand ces petits oſſelets ſont legerement meüs & agitez,ils repreſentent à la faculté auditiue & au ſens commun, vn ſon graue & obſcur : mais lors qu'ils ſont fort agitez,ils luy re- preſentent vn ſon eſclatant & violent,comme en la commotion de l'air faicte par le tonnerre ou artilleries cloches,clairons,& ſemblables:& finalement ſelon qu'ils ſont agitez entre ces deux extremes, aPProchans l D plus ou moins l'vn de l'autre » repreſentent diuers ſons au ſens commun, deſquels ie te donne icy la figure, Figure de l'Incus, Malleolus, & Stapes. | . ºg A, ºu Malleolus. Incus, leſquels ſont adherans enſemble. Malleolus, - | Incus,ſeparez l'vn d'auecl'autre. - - - -- - Stapes ou Eſtrier,L'vſage duquel nulAnatomiſte n'a encores eſcrit,au moins queie ſrache.Eſt-ce point pour ſouſtenir la membrane du Cacum foramen eſleué en haut, afin quela faculte auditiue ſoit plus parfaicte. - ; L 3 f5f ſeruans à 'ouye. "WTW7 -- Y ).6 · Le ſixieſme Liure, Des Paroti- . des. 1'vſage des Paroti ſ'es." vſge des Glandules. Subſtance. F,gure. Compoſition Sirnation. Connexion. Tempera- rnent. Vſ.ge. Des muſcles de l'os Hyoi- de. Premier. muſcle. Second. Le tiers. Le quart, ' eſtre inſeré au Larynx , comme on le trouue aux beſtes. Le quatrieſme & dernier deſcend interieurement Action. Subſtance. fntité. Figure. Cºmpoſition. Dix muſcles de la lan- ſfiº. Et te ſuffiſe dt l4 ºration de la vertu Auditiue : maintenant nous faut retourner à P"ler des Pºetia A | : - « -- Apres les Oreilles , ſelon l'ordre Anatomique, faut conſiderer & monſtrer lesglandes tant des Emun- .. ! ctoires du cerueau , nommées Parotides (leſquelles ſont ſituées, & miſes ſous, & aucunemcnt derriere la zº partie baſſe de l'Oreille ) que celles qui ſont au deſſous de la mandibule inferieure » & plus vers la partie \ poſterieure,par deſſus les muſcles de l os Hyoide, & aucuns de la Langue, auſquelles ſe font les Eſcroüel- #tº es , & autres abſcez froids : de toutes leſquelles tu noteras ſeulement en ce lieu-cyl'vſage. Et premiere- S ment des Parotides , leſquelles ont eſté faictes de Nature, afin de receuoir la matiere veneneuſe & viru- , t. lente, repouſsée par le cerueau en icelles , par la multitude des veines & arteres illec diſtribuées. Quant L,. aux autres , elles peuuent ſeruir à la diuiſion des veines illec diuisées, & humectation de la mandibule,ou V> ligamens , m.mbrares d icelles , qui pouuoient eſtre deſſeichez par le continuel & frequent mouuement f, de ladite maſchoire. Les autres conſiderations requiſes en icclies, ont eſté declarées au premier Liure. - 1 De l'os Hyoide, & de ſes muſcles. CH A P. XI. - 2 : ) | A I N T E N A N T faut pourfuiure & monſtrer les muſcles de l'os Hyoide : pour laquelle - A choſe commodement faire, il faut premierement deſcrire ledit os & ſa ſituation Et pour com- # mencer, tu noteras que ſa ſubſtance eſt telle que des autres. Sa figure eſt telle que la lettre • Grecque (Y)au moyen dequoy il a eſté ainſi appellé. Sa compoſition eſt de pluſieurs os con- \ joints & li z enſemble par cartilages : & auſſi aux beſtes brutes, par ligamens, eſquelles il ſe B ·- trouue beaucouP plus long & en plus grand nombre. Et eſt cedit os ſitué ſelon ſa baſe ( en ſa partie an-, terieure boſſue , pour plus grande aſſeurance : & en l'interieure voutée ) pour contenir & receuoir la ra- - cine de la langue , ſur la partie ſuperieure du Cartilage du Larynx nommé Scutiforme ( duquel il ſemble - eſtre ſouſtenu par deux apophyſes, montantes d'iceluy pres de la baſe dudit os ) & de la ſuſdite racine de - la langue. De laquelle baſe aſſez large il dreſſe deux cornes vers les partie laterales de la langue , vne de chacun coſté (i entens aux hommes) leſquelles s'attachent par certains ligamens produits d icelles,à l'apo-- phyſe Styloide : au contraire des beſtes,auſquelles par multiplication d'os conjoints (comme nous auons) par ligamens , elles deſ endent iuſques à la racine de ladite apophyſe styloide. Sa connexion eſt auec les ſuſdites parties, & autres qui te ſeront cy apres declarées, Son temperament eſt tel que des autres. Son vſage ei de bailler ligamens à quelques muſcles de la langue,qui ſortent d'iceluy:& de bailler inſertion,tant aux deux anterieurs & ſuperieur du Larynx , qu'aux ſiens propres , deſquels nous faut maintenant parler- Or ſont les muſcles de l'os Hyoide, ſelon aucuns, huict en nombre, quatre de chacun coſté : deſquels il y en a deux que Galien refere, l vn entre les communs du Larynx, l'autre entre ceux qui meuuent l'Omo- plate vers le haut. Toutesfois comment que ce ſoit, le premier des quatre prend ſon origine de l'apophyſe Styloide , & paſſant par deſſus la partie nerueuſe du muſcle ouurant la maſchoire inferieure, s'inſereaux Cornes dudit os Hyoide. Ce muſcle eſt fort tenue, delié , & aucunement large, & facile à couper, ſi on ne te donne de garde, en ſeparant celuy qui ouure la maſchoire inferieure. Le ſecond monte de la partie ſuperieure de l'omoplate pres ſon apophyſe Coracoide ou bec de Corbin, obliquement au commencement des Cornes dudit os. Et eſt ceſtuy-cy rond & nerueux au milieu, pour ſon renforcement, comme celuyauſſi qui ouure la ſuſdite machoire. Galien , comme nous auons dit , le refere entre ceux qui meuuent l'Omo- plate en haut. Le tiers a ſon origine de la partie ſuperieure du Sternon , & ſon inſertion en la racine, & - baſe dudit os Hyoide : toutefois Galien le refere entre les communs du Larynx : le dire duquel doit auoir pluſtoſt lieu aux beſtes brutes qu'en l'homme, veu qu en iceluy nous ne trouuons ce muſcle ſortir, ou du menton à la racine de l'os Hyoide, & meuuent ceſdits muſcles auec leurs compagnons ledit os Hyoide vers le haut , comme les premiers : vers le bas comme les ſeconds : vers le derriere, comme les troiſieſ- mes : vers le deuant , comme les quatrieſmes & derniers. Ie te declarerois d'où tous les muſcles ont leurs vaiſſeaux, ſi ne l'auois faict parlant de la diſtribution des nerfs , & veines, & arteres. De la Langue- . C H A P. X l I. % A langue eſt de ſubſtance charneuſe, rare, laxe, molle, & toute diuerſe de l'autre chair, & ,' ) principalement depuis quelque peu apres l'origine de ces muſcles : qui a eſmeu quelques vns N - à faire vne quatrieſme eſpece de chair propre à la langue, differente de la chair muſculeuſe2 º, fibreuſe, viſcereuſe. Sa quantité eſt telle,qu'elle ſe peut aisément mouuoir & remuer dans la ſ, " bouche:dedans laquelle a fallu qu'elle fuſt encloſe comme dedans vne cauerne, pour les cau- ſes qui te ſeront declarées cy-apres, Sa figure eſt triangulaire,plus groſſe,& mieux exprimée en ſa baſe,qui eſt contre la racine de l'os Hyoide, qu'en ſa poincte : auquel endroit perdant ſa figure de triangle , eſt fai- cte platte & large. Sa compoſition eſt d'vne membrane ( qu'elle a de celle qui reueſt interieurement tou- te la bouche ) de muſcles qui te ſeront expliquez à ceſte heure : de quatre portions de nerfs, deux de chacun coſté, venans, l'vn de la tierce coniugaiſon en la ſuſdite tunique, & l'autre de la ſeptieſme, ſten- D du par la ſubſtáce des muſcles iuſques à ſon extremité,pour icelle mouuoir, tellemét que les nerfs ſenſitifs tiſsét & ourdiſſent la tunique exterieure ſans toucher aux muſcles qui ſont deſſous, auſquels ſe diſtribuent les nerfs motifs de la ſeptieſme coniugaiſon. Or les ſenſitifs ſont pour diſcerner des ſaueurs, & les autres pour faire les mouu mens d'icelles. Plus elle eſt composée de deux veines, & deux arteres, vne de chacun coſté,qu'elle reçoit des Iugulaires externes & Carotides:leſquelles s'en vont manifeſtement iuſqu'au bout de la langue par ſa partie inferieure : afin qu'aux affections de la bouche,& parties dicelle,comme auſſi du Larynx, puiſſe eſtre faite miſſion de ſang : Et ſont telles veines appellées vulgairement Renales , ou noires. Quant à ſ s muſcles, ils ſont dix en nombre, cinq de chacun coſté : deſquels le premier eſtroit en ſon commencement , & large en ſa fin, deſcend de l'apophyſe Styloide au haut coſté de la langue » laquelle il tire en haut auec ſon compagnon. . • Le ſecond prend ſon origine interieurement de la baſſe maſchoire à l'endroit de2 dents molaires,& s'im- plante au coſte bas de ladite langue pour icelle tirer en bas. - Le troiſieſme procede de la partie interieure du menton , & s'en va à la racine de la langue , pour icelle chaſſer & pouſſer hors de la bouche. - · L Le quatrieſme & le plus grâd & large de tous,& tiſſu de tous genres de fibres,ſort de la baſe de l'os Hy- oide, & deſigne tout en la partie baſſe de la langue, laquelle auec ſon compagnon il ramene en † CC1d IlS ,- f .l.5: "- # De l'Anatomie. I27 . - A dedans la bouche. Par le benefice de ces muſcles elle ſallonge, ſe retire, ſe hauſſe, ſe baiſſe, ſe recourbe, quand elle veut, & ſert à prendre les viandes. · situatiºn. Le cinquieſme & dernier vient le plus ſouuét de la partie ſuperieure des cornes de l'os Hyoïde,& s'é va # au coſté de la langue entre les deux premiers, pour icelle amener à la partie laterale & coſté de la bouche. , #. La ſituation,nombre & connexion de ladite langue te ſont aſſez notoires,par ce qui a eſté cy-deuant dit ſur , . P la compoſition, & ſituation d icelle. Son temperament eſt chaud & humide, comme de toute autre chair, § , & Son action,& vtilité eſt premierement de ſeruir d'organe à la faculté guſtatiue,au moyen dequoy elle a eſté vtilité. faicte rare,& ſpongieuſe,afin que plus facilement elle peuſt admettre, & receuoir par ſa fungoſité, les ſa- Peurºucy a ueurs par le moyen de la ſaliue,vehicule d'icelles. Sec ºndement,pour la confirmation & articulation de la langie eſil voix:à cauſe dequoy elle a eſté flexile,&mobile par toutes les parties de la bouche.Telle action eſt la plus ſiongiºſº excellente qui ſe face par la vertu,& faculté de l'ame,pource qu'elle eſt truchement,& meſſagere des cogi- cr ººi'e tations de l'eſprit , & pour glorifier Dieu par deſſus tous les autres membres. Tiercement , pour ſeruir à ... maſcher, & briter les viandes, & à les aualler : & pource a eſte faicte comme vne pelie , de laquelle on re- met le bled qui eſchappe ſous la meule : Et apres que la viande eſt bien maſchée , elle la ramaſſe en forme de pilules,afin qu'elle ſoit mieuxauallée, , : - 2. - " Or pource que ladite Langue,quand elle eſt deſſeichée,deuient plus tardiue & inhabile à faire ſon mou-, uement,comme il eſt manifeſte à ceux qui ont grand ſoiftant par fiévre ardente que par autre cauſe,Nature ! " ya merueilleuſement pourueu,quelle ne fuſt moleſtée de tel accident,en ayant mis à la racine d'icelle deux . .. glandules fort ſpongieuſes,nommées Tonſilles ou Amygdales, vne de chacun coſté : leſquelles comme eſ- # de ponges, ſuccent & reçoiuent perpetuellement tant du cerueau qued'ailleurs, vn humeuraqueux & ſaliual, *** par lequel elles lubrifient , & humectent continuellement , non ſeulement la langue, mais auſſi toutes les . autres parties de la bonche, comme le ſifflet, & l'eſtroit de la gorge , & deux autour du ſifflet, & deux autour de l'Oeſophague. _ - - - 1* De la Bouche . C H A P. X I l I. :,SN% V 1 s que nous ſommes tombez ſur le propos des parties contenuës dedans la Bouche, il % faut pourſuiure briefuementce qui reſte digne d'obſeruation en icelle. Et pourtant noteras, que ce nom de Bouche emporte & ſignifie la capacité miſe entre la maſchoire fuperieure & < inferieure : & les dents & lévres, le Larynx & Oeſophague. L'vſage de la bouche eſt pour contenir la langue , & luy ayder à faire & accomplir ſes Vſage de ls - - - - " - - A. - bouche. actions. Et combien que iuſqu'à preſent pluſieurs de ſes parties ayent eſté déclarées, comme lévres,dents, § #ai, machoires, langue, tonſilles, & aucunement les trous du Palais deſcendans du nez,ſi eſt-ce qu'il reſte en- # Palais. cores à declarer que c'eſt qu'on appelle le palais, la Luette, & Pharynx ou Fauce.Et pour commencer, le ſi f#,idé, Palais n'eſt autre choſe, que la partie ſuperieure de la Bouche, circonſcripte des dents , & genciues de la aſpre,inegal, maſchoire ſuperieure, & laquelle reueſtuë de la tunique comme de la Bouche,eſt faite ridée, aſpre, & ine- & pourquoy. gale , afin que par telle aſpreté, & inegalité la viande remuée, & agitée entre la langue & le Palais, fuſt La maniere mieux brisee, & comminuée, Et quantaux nerfs qui deſcendent de la quatrieſine coiugaiſon en ceſte par- de trºuuer tie , ſi tu les veux trouuer, il te faut ſeparer ladite tunique du deuant de la bouche au derriere, & tu les les nerfs ve- trouueras ſur les parties laterales, & poſterieures des os dudit Palais, leſquels circonſcriuent & terminent º #º iceluy , ſur le commencement des trous internes de la Bouche, qui deſcendent (comme nous auons dit du quatrieſme nez , & de l'endroit des apophyſes Clinoides. ) Et ceſdits trous ont eſté ainſi ordonnez de Nature, afin que # par iceux la reſpiration fuſt faicte en dormant,ou en autre téps,& auſſi afin que le nez eſtant intereſſé & em- Vſage § Peſché les excremens deſcendans par iceluy, peuſſent eſtre euacuez, & deriuez par la bouche. Dauantage, § du p,- elle eſt tiſſue de filamens nerueux, pour diſcerner des ſaueurs comme la langue, leſquels compoſent vne lais. tunique entre dure & molle. Car ſi elle euſt eſté trop dure, comme vn os ou cartilage, elle n'euſt peu ſentir: eſtant auſſi par trop molle, les viandes trop dures, acres, & poignantes, la meurtriroient & entameroient. A C H A P. xiv. - V A N T à la Luette, par icelle nous entendons vn petit corps charnu & fpongieux, de figure Vſage de la I #) à quaſi d'vne pomme de Pin , ſuſpendu perpendiculairement à la fin du palais, & baſe de l'os Luette. \ $ 7 Criſta , qui diuiſe les deux trous dudit Palais deſcendans du nez ſur l'entrée du Larynx, afin #é qu'iceluy corps illec mis , & ſitué puiſſe rompre l'impetuoſité de l'air, & parce moyen retar- - dant, puiſſe faire qu'il ſoit aucunement moderé de ſa trop grande froideur, par la chaleur de la bouche : & d'auantage : afin qu'il ſerue comme de Plectre à la voix, d1uiſant l'air expiré , en ſorte qu'il puiſſe eſtre diffus par toute la bouche, pour en icelle reſonant eſtre articulé , & formé de la langue , En la lºette quoy ladite partie n'appert auoir petit vſage, veu qu'on void par experience,que ceux eſquels ceſte partie º * lr eſtincisée,ou par autres accidents corrompue,iceux ont non ſeulement la voix viciée, parlans du ncz,mais º neceſſai- auſſi en la parfin ils ſentent leur inſpiration plus froide dedans les Poulmons : au moyen dequoy,s'ilsviuent § De l'Wuule ou Luette, ou dargareon. - - - - - - - · Du Pharyne long-temps,ils deuiennent Phthiſiques.Pareillement elle garde que la pouſſiere n'entre par la cane du Poul- § ge # mon en cheminant par la pouſſiere. Or par le Pharynx ou Fauces nous eſt ſignifiée la partie interieure , & Pharynx. poſterieure de la bouche,qui eſt miſe deuant l'entrée du Larynx, & Oeſophague,laquelle eſt ainſiaPPellée, pource que c'eſt vn lieu anguſte & eſtroit,pour ramaſſer,& adapter l'air reçeu dedans la bouche,ou viande, au trou du Larynx , ou de l'Oeſophague. Du Larynx , ou 2Neud de la gorge ». CH A P. X V. # E s T E maintenant que nous pourſuiuions l'anatomie du Larynx , en laquelle premierement # - - » - i cel 11 v, • n11i rluiure les choſes ac- Pº* º *º - /, †º que c'eſt ce qui eſt etendu par iceluy : puis apres Pourt l * ' eau # 4 # COll1tllIIlCCS. 6)u' S à 7, Doncques pour commencer, faut ſcauoir que par ce nom de Larinx n'eſt entendu autre #. Wi $ ' choſe,que la teſle & extremité de la Trachée artere,qu'on appelle vulgairement, Le morceau sulfazº . d'Adam,lequel eſt plus de ſubſtance cartilagineuſe,qu'autre.Sa quantité eſt aſſez notable,toutesfois diuerſe $uantité. ſelon les aages,temperamens, & grandeur ou petiteſſe des corps.Sa figure repreſente plus qu'autre choſºlº Figure. teſte d'vne Huſte d'Allemand. Sa compoſition eſt de dix-huict muſcles, c eſt à ſçauoir, neuftant d'vn coſté compºſition. que d'autre,pareils en quantité,force,& action:& de trois cartilages joints enſemble par harmonie des vei- #ºº- bes,arteres,& nerfs, ainſi qu'il t'a eſté demonſtré parlant des vaiſſeaux. Semblablement de double tunique» lages av L 4 Vne V 2.$ Ue ſixieſme Liure, M - - - - - /- rt - serºns vne interne,& Yautre ºterne ainſi qu'auons dit pourſuiuans la Trachée artere. Ily*!# #s com- A - Le Cartiia- joints enſemble par certains ligamens & muſcles. L'anterieur, & le plus grand eſt aPPº ſ ºs,r . ,E °. roide,& vulgairement Scutiforme,pour la ſimilitude qu'il a à vne rondelle,ou vn pauois.Le ſecondm 'en - ! sºutiſ : en quantité & poſterieur,eſt celuy qui n'a point de nom, & partât eſt appellé des Latins Cºtilºgº innomi§ º º Le tiers,& dernier,& plus petit de tous, eſt couché ſur les bords lateraux & ſuperieurs, ſur lequel il fai & * º conſtitue vne figure ſemblable à vn biberon de pot à huile ou aiguiere : à cauſe dequoy a eſté appellé des - $ # , , Grecs Arytenoide, & ſe peut ſeparer en deux. Ces Cartilages ainſi conjoints, & adaptez enſemble, font la ſe Cartilage generation, diſtinction de la voix par le benefice de l'Epiglotte, duquel parlerons bien toſt : enſemble de - - , innemi ta. leurs muſcles,leſquels dilatent , & ouurent, compriment & ſerrent leſdits Cartilages, & en ce faiſant font Le cartila- les diuerſitez des voix.Exemple.Lors qu'ils s'ouurent ils font la voix groſſe,comme Baſſe-contre.Au contrai- 47c-'. re, quand ils ſont comprimez,ils font la voix grefle,comme vn Deſſus : ainſi ſelon qu'ils ſeront aſtreints ou Arytenºide ouuertes,plus ou moins,ils feront diuers tös de voix.Pource donc qu'il eſtoit beſoin que ces Cartilages fuſ- ſemblable à ſent mobiles,au moins l'Aritenoide,& Thyroide Nature a dôné dix-huict muſcles auſdits Cartilages, à ſça ºº uoir neuf de chacun coſté : deſquels il y en a trois communs,& ſix propres. Le premier des communs, qui ºſ**** eſt caché ſous le troiſieſme des muſcles mouuansl'os Hyoide,prend ſon origine de la racine dudit os,& deſ- #a cendant obliquement, s'inſere a la baſe du scutiforme pour le dilater en haut, & en bas le ſecond monte muſcles au obliquement de la partie interieure du Sternö,toutle ! ong de laTrachée artere(au moyen dequoy il eſt ap- Larynx. pelle Bronchique)en la partie baſſe,& laterale dndit Scutiforme,pour l'ouurir & dilater par ſes ailes & eſt - · troüé cedit muſcle dés ſon origine, iuſqu'à quelque partie de ſon chemin, adherant eſtroittement auec le B tiers des l'os Hyoide:ſous leſquels ſe manifeſte vn corps glanduleux tant d'vn coſté que d'autre,tout à l'en- tour de la partie anterieure,& ſuperieure de la Trachée artere,àl'endroit qu'elle ſe lie auec le Larynx : le- quel corps glanduleux refere pluſtoſt vne ſubſtance charneuſe que nulle autre : jaçoit que ce ſoit vne glan- dule,laquelle pour auoir eſté arrachée par vn Empirique és affcctions nommées Eſcroüelles,apporta conſe- : † de perdition de voix d'vn coſté pour l'euulſion du nerf Recurrens,montant par deſſus ceſte diteglä- - celie,an dule pour aller au Larynx,cóme dit Galien au liure De locis ºff cti.Le troiſieſme muſcle,& dernier vient de - liu . §, la partie anterieure des ſpondyles du col,couché tranſuerſalement ſur les parties laterales de l'oeſophague : affectis. aux ailes & coſtez du Scutiforme , pour le ſerrer contre le ſecond cartilage. Or iceux muſcles ſont appellez :r Cómuns,pource qu'ils prennét leur origine d'autre partie que du Larynx, pour s'inſerer en aucune partie : d'iceluv, tout ainſi que les propres , à cauſe qu'ils viennent des parties du Larynx meſmes : leſquels nous •, auons dit eſtre ſix de chacun coſté,dont le premier ſort de la partie anterieure du ſecond cartilage,acheuât :: Premier le cercle ſous la baſe du Scutiforme , & montant obliquement, s'inſere à la baſe dudit Scutiforme vers le - muſcle pro- derriere pourla confirmation,& dilation d'iceluy.Le ſecond vient pareillement du deuxieſme Cartilage de preau ia- l'endroit où il s'attache auec le premier,& s'en va obliquement croiſant le premier en croix Bourguignonne rynx. en la partie interieure,& anterieure du Cartilage nómé Thyroide pres de ſa baſe,pour iceluy ſerrer contre - Second. le ſecond. Le troiſieſme monte directement de la baſe poſterieure du ſecond Cartilage,& à la baſe du tiers , - appellé Arytenoide , pour l'ouurir & fermer auec le ſecond muſcle. Le quatrieſme monte auſſi du coſté du Troiſieſme. ſecond Cartilage pres l'origine du ſecond muſcle aux coſtez de l'Arytenoide, pour auſſi l'ouurir , & ſerrer C ©uarrieſme. auec le ſecond.Le cinquieſme prend ſon origine du milieu interieur du Scutiforme,& deſine à la partie an- - Cinquieſme. terieure de l'Arytenoide,pres la fin,& inſertion du quatrieſme pour ſerrer ledit cartilage.Le ſixieſme & der- ! Sixieſme .. nier monte de la baſe poſterieure de l'Arytenoide, en la baſe anterieure de luy-meſmes pour le ſerrer. Et | | | noteras,que tous ces muſcles cy(leſquels ont leur origine de bas en haut) reçoiuent rameaux des nerfs Re- · Situation currens, mais principalement ceux qui ouurent,& ſerrent l'Arytenoide. Et te ſuffiſe des muſcles du Larynx. - Cºnnexion Or quant à la ſituation,connexion, temperament, vſage dudit Larynx, il te peut eſtre manifeſte & cogneu, - ººº- parce que nous auons traicté d'iceluy iuſqu'à preſent.Toutesfois tu noteras,que c'eſt vne choſe tres-difficil- : . " & * le de pourſuiure les choſes accouſtumées aux parties organiques , pour la diuerſité de leur compoſition. , Jºse. Parquoy deſormais, quant à la ſubſtance, temperament , & autres , que pour briefueté nous laiſſerons, s tu auras r, cours aux parties fimples & ſimilaires , deſquelles ces organiques ſont compoſées : Comme ſi " ' ! Pour exemple on demande de quelle ſubſtance & temperament eſt le Larynx ; tu reſpondras qu'il • eſt de ſubſtance cartilagineuſe, & charneuſe, & par ainſi de temperament froid & ſec, chaud & humide. # Dauantage il faut entendre,que de la racine de la Langue eſt dreſſe vn corps cartilagineux,& membraneux, . · - afin qu'iſ ſe puiſſe mieux mouuoir , à ſçauoir eſleuer & baiſſer : car ce qui eſt plus mol que de raiſon, - : - De l'Epi- tombe aſſiduellement, & auſſi ce qui eſt trop dur, ne permet eſtre renuerſé : donc il a fallu qu'il ne fut trop # tlette ºu dur , nytrop mol, afin qu'il demeuraſt eſleué quand nous inſpirons, & baiſſaſt quand nous auallons. Il eſt • languette. le Principal inſtrument de la voix, laquelle ne pouuoit eſtre bien faite, ſi lc paſſage n'eſtoit eſtroit. Il ſert t,: A de comprimer le paſſage , & conduit des cartilages du Larynx, & principalement l'Arytenoide : il eſt tou- D # ſiours humide d'vne humidité naturelle, & lors qu'il eſt deſſeiché par fiévre ou autrement on ne peut par- º ler s'il n'eſt humecté, & toutes les autres parties de la bouche.ll ſe vientlier & attacher d'vn coſté & dau- t- tre , Par la commune membrane de la bouche, auec les parties laterales de l'Arytenoide iuſqu'à ſa partie -[ . la figure de Poſterieure , pour couurir, & deſcouurir l'orifice du Larynx , ainſi qu'vn couuercle couure vn pot, afin º .. "#Pisºttº, qu'en degloutiſſant, & auallant le boire ou manger, rien ne deſcende par ledit Larynx dedans la trachée ) . º ſººº artere : i'entends en ſi grande quantité, qu'il empeſchaſtl'air de ſortir, & entrer à ſon aiſe. Car il ne faut -- 2 # Penſer qu'il le couure ſi exactement, qu'il ne coule touſiours quelque petite liqueur par les parois interieu- t bois. res du Larynx , pour aucunement humecter les poulmons : autrement en vain on ordonneroit le Lohoth & ; Ga. de l'vſ # affections pectorales. Et pource que tel corps eſtoit capable du mouuement volontaire , à ceſte cauſe, $: des parties. elon aucuns, luy ont eſté baillez quatre muſcles, deux qull ouurent, & deux qui le ferment, vn de chacun #: 9)uatre coſté. Ceux qui l'ouurent,deſcendent de la racicine de l'os Hyoide,& s'vniſſans en leur inſertion,deſignent ict muſcle, de * la racine poſterieure de l'epligotte. Les autres qui le ferment (aux animaux eſquels ils ſe trouuent) Si, l'Epiglotte, viennent interieurement entre la tunique d'iceluy , & ſon cartilage. 8 deux on- Or quant à ces quatre muſcles,ie ne les ay iamais veus ny diſcernez aux hommes, ainſi que i'ay fait aux - # urans & beſtes brutes, jaçoit que iaye mis toute pcine, & diligence à les trouuer. A ceſte cauſe acuns ont voulu ' ; deux fer- dire, que ce petit corps icy, quaſi fait en forme d'vne petite langue, n'eſtoit couché, ny adapté ſur le La- #. ,. # mangeant ºu beuuant, que par la peſanteur des choſes tranſglouties : & qu'en autre temps ,à rai- # #. ſon de la continuelle reipiration, il demeureroit releué, pour deſcouurir ledit Larynx. Finalement reſte lEpiglotte ſeulement ſur ce repos, à conſiderer deux petites ſinuoſitez ou fiſſures leſquelles Nature a miſes ſous ledit ne ſe trou- Epiglotte dedans le Larynx vne de chacun coſté,afin que ſi de fortune quelque choſe eſchappoit du boire •en ºu & manger , dedans ledit Larynx,ilfuſt la retenu : & afin que l'air entrant trop impetueuſement, fuſt aucu- hommet. nement rebouché, & refrené Par ceſdites ſinuoſitez, ainſi que le ſang, & eſprit entrant au cœur par les oreillesd'iceluy. 7Dt4 Del'Anatomie. • • • - - - I 2 Q Du col & deſes parties. . -# , A P . XV T - O v T E s ces choſes ainſi declarées, il faut maintenant paſſer au Col , lequel nous defini- $ rons premierement, & puis pourſuiurons ſes parties, tant communes, que propres, deſquel- · les iuſques icy n'a eſté rien dit. Car de repeter le cuir , le Pannicule charneux , les veines, « , . º * 4 arteres , nerfs , Oeſophague , Trachée, artere, & muſcles qui montent & deſcendent tout d Dehnirion 2ºº le long dudit col aux parties eſquelles ils appartiennent, ce ſeroit trauailler en vain. Parquoy " Col. ne faut que tu entendes par cy-apres que l'expliquation des Vertebres propres parties d'iceluy, & liga- mcns d'icelles tant propres, que communs auec la teſte; & de ſes muſcles tant communs auec ladite fe- ſte, & le Thorax, que propres à luy ſeul. Pourſuiuant donc noſtre propos, le Col n'eſt autre choſe que la partie de la teſte, contenue depuis l'os Occipital , iuſques au premier Spondyle du Metaphrene,auquel nous faut premierement conſiderer ſes vertebres, monſtrans çe qu'elles ont de commun , & different en- ſemble, afin que plus commodément, & auprofit du lecteur nous puiſſions monſtrer l'origine & inſertion des muſcles naiſſans, & finiſſans en icelle. Le Col eſt faict de ſept vertebres, eſquelles faut confiderer pre- mierement leurs corps ; ſecondement leurs trous, par leſquels deſcend la Spinale medulle : tiercement, leurs apophyſes : quartement les trous, par leſquels les nerfs ſortent de la nucque aux parties externes,& ceux des Apophyſes Tranſuerſes, par leſquels les veines & arteres, que nous auons appellées Ceruicales, montent tout le long dudit Col, & finalement les connexions des ſuſdites vertebres. Or quant au premier, - .. par le corps de la vertebre nous entendons la partie anterieure d'icelle, ſur laquelle l'Oeſophague eſt cou- , Defnition ché. Quant aû trou, il ne faut conſiderer autre choſe, ſinon qu'il n'eſt pas touſiours plus grand aux verte- º ººrpº de bres plus prochaines du cerueau,& eſt circonſcript dudit corps, & des trois genres d'Apophyſes par tout, **. fors qu'au premier : c'eſt à ſçauoir, Droites, Gbliques, & Trauerſes : dont par les Droites nous enten- dons les eſpines du dos, leſquels eſtans ſituées à l'opoſite du corps deſdites vertebres , deſcendent droi- tement tout le long de l'eſpine, aucunemen, enclinées en bas, ainſi que celles du metaphrene iuſqu'a l'on- zieſme,où ladite eſpine commence à ſe dreſſer en haut,ſur le changement de l'ordre de receception.Parles ºyſº apophyſes Obliques nous entendons les eminences, par leſquelles leſdites vertebres ſe lient enſemble par # #M ginglyme, en receuant la ſuperieure,& eſtant receue de l'inferieure, ſont ſituées entre les apophyſes Droi- # J'é7J res faiſans l'Eſpine,& les Tranſuerſes par leſquelles nous entendons les eminences prochaines du corps,qui " par droite ligne diuiſent la vertebre.Et ſont ceſdites eminences troüées, pour donner paſſage aux veines & arteres, qui t'ont eº é nommées par cy deuant leſquelles entrans par le trou des nerfs vont nourrir la Spina- le medulle, & leſdites vertebres, & parties appartenantes à icelles. Outre-ce , il faut noter,que le trou,par lequel les nerfs ſortent de la ſpinale medulle aux parties externes en l'eſpine du col, eſt misſous l'apophyſe Iraoluer ſes,eſtant fait & conſtitué de la vertebretant ſuperieure,qu'inferieure au contraire des autres,qui ſortent des vertebres de toute l'eſpine,leſquels ſont faicts de la vertebre ſuperieure:& pource en cas de luxa- tion des vertebres,celle qui ſe fait au Col,peut bleſſer le nerf, & action d'iceluy,au contraire des autres qui ſe font au demeurant de l'eſpine. Quant à leur connexion, il faut entendre que toutes les vertebres de l'eſpine ont chacune ſix connexions, à ſçauoir deux en leurs corps , & quatre en leurs apophyſes obliques: par les premiers, le corps d'vne chacune vertebre eſt conioinct auec celuy de la ſuperieure & inferieure par les autres auec les apophyſes obliques inferieures de la vertebre ſuperieure deſquelles elle eſt receuë:ainſi qu'elle reçoit les obliques & ſuperieures de la vertebre inferieure.Il en faut excepter la premiere vertebre, - Apophyſar. Obliques. Tranſaerſkri - parce qu'elle n'a que quatre connexions par ſes apophyſes obliques,tant ſuperieures qu'inferieures,par leſ- quelles elle reçoit les apophyſes obliques,tant de l'os Occipital que du ſecondSpondyle. Semblablement faut excepter la ſeconde,pource qu'elle n'a que cinq connexions, à ſçauoir quatre par ſes apophyſes obli- - i ques,& vne par ſon corps par laquelle elle eſt côiointeauec le corps de la tierce vertebre.Et faut icy noter, . .. . que Nature n'ayant point baillé d'eſpine aupremier Spondiyle, la recompensé d'vne petite eminence & tu, beroſité;ſemblablement ne faiſant point vn commun trou auec le ſecond pour l'iſſuë du nerf, il a eſté troüé aux parties laterales de ſon corps,tant d'vn coſté que d'autre.Et a eſté faitauſſi en ſa partie anterieure crené & tenu, & quafi ſans corps pour receuoir l'apohyſe anterieure dreſſée au corps ſuperieur du ſecond Spon- _ . •º - dyle, qu'Hippocrate appelle Dent, auquelle principal ligament de la teſte s'attache: lequel deſcendinte- %ºiº rieurement de l'os occipital ſous les apophyſes Clinoides : & par telle articulation la teſte s'eſleue & ſe # verº-. baiſſe en deuant & derriere,tout ainſi qu'elle ſe meut lateralement,par l'articulation du premier auec le ſe- # de l'eſ- cond Spondyle. Ceſte apophyſe eſt attachée par deux ligamens, deſquels le premier eſt exterieur,plus lar- " . »sv ge, & plus grand, comprenant entierement tout à l'entour la ſuſdite articulation montant desSpondyles à n . ## la teſte, ou pluſtoſt deſcendant de la teſte aux Spondyles, ainſi que fait tout ligament paſſant mutuelle- fait l'Eſpine ment d'vn os en l'autre Le ſecond eſt plus fort,& enuironne l'articulation,auſſi ſe mettant auec le cartilage, d' vn ſeul os. lequel par ſon interpoſition conioinct toutes les vertebres enſemble,hormis la premiere ainſi que tu peux voir à l'eſchine d'vn pourceau,diuiſant les vertebres l'vne de l'autre.Et de tels ligamens eſt coniointe toute l'eſpine, & partie d'icelle, laquelle Nature n'a voulu faire d'vn ſeul os, parce que l'homme euſteſté comme embroché ou empallé & immobile, & ſeroit comme vne ſtatue de bois ou de pierre. † à l'os ſacrum, il eſt composé de quatre pieces,ſans l'os appellé Cauda. Iceluy reçoit,& porte les os de la hanche, & tou- vtilitez 'di tes les autres vertebres comme ſur leur fondement,& vont iuſques a la teſte en diminuant toufiours de bas l'Eſpine, en haut : veu que ce qui eſt porté & ſouſtenu,doit eſtre moindre que ce qui porte, & ſouſtient. Il y a entre icellesvertebres vne humidité glaireuſe & eſpeſſe, ſemblable à celle qui eſtentre les autres iointures , pour faire que le mouuement ſoit plus facile : lequel lors qu'il ſe fait,leſdites vertebres s'eſloignent, & eſcartent les vnes des autres:Les vtilitez de l'eſpine ſont quatre : la premiere, qu'elle eſt comme ſiege, & fondement de tout l'aſſemblage, & liaiſon du corps, comme la racine eſt le fondement de tout le nauire-La ſeconde, qu'elle eſt comme le chemin de la moüelle. La troiſieſme qu'elle eſt le rempart, & aſſeurance dicelle. La quatrieſme, qu'elle eſt comme le bouleuart des entrailles,qui par dedans ſont couchées ſuricelle. . - - - - - 2 ' , ' • - • . - - Figuré 2 " - - Le ſixieſme Liure, À : Figure de l'Eſpine dº dos. # - l,Metaphrene, Lumbes, 4, L'Eſpine eſt diuiſée en cinq parties ſauoir eſt le col,MºPº º I'os Sacrum, & la Queuer - # Le col eſt composé de ſept vertebrº contenues depuis A, iuqº*** # marquées par 1.2.3-4-5-6-7- e #! Le Metaphrene de douze , ſignées par c, D, eatre 8.& 19- «: Les Lumbes de cinq, marquées parE FººPº*° iuſqu'à 24. , L'os sacrum de fix, figurées par G, H» * depuis.15.iuſqu'à 3o.lequel eſt , compose de trois os, & eſt le fondement des arºrº # - #tſ La queuë ou le coccyx, marquée entre1 » & K, depuis 31. iuſques à 34- c • - _ - * 1. - ! - WU ! LL Le corps des vertebres depuis la ſeconde iuſqu'à la vingt-quatrieſmeº , ct - - - - Dt M La ſeconde vertebre, nommée d'Hippocrate la Dent » Pºº ſonapo B (º | mº \ \ 4 phyſe qui eſt icy cachée par la Premiere- ?: #| -, N Les Apophyſes Tranſuerſes. º , W - - | | # - Les Eſpines des vertebres. #: V# :: R$ | #: | r , t: r ttt - tt Dofnition de Or pource que nous ſommes tombez ſur le propos des ligamens, il me ſemble n'eſtre impertinent que ( ligament. briefuement nous declarions ce qu'il en faut ſçauoir. Et pource faire premieren1ent nous definirons liga- - q $ po p ga : ment,puis monſtreronsla diuerſe acception d'iceluy,tiercement pourſuiurons ſes differences.Quantaupre- : mier Ligament ( ainfi qu'auons dit au premier liure) n'eſt autre choſe qu'vne partie ſimple du corps hu- : main,la plus terreſtre apresl'os,& le cartilage,prenant le plus ſouuét ſon origine de l'vn ou del'autre, me C :: diatement ou immediatement,& deſinant auſſi en l'vn d'iceux, ou muſcle,ou autre partie: au moyen dequoy lt il eſt exangue, ſec, dur, & froid,inſenfible comme les parties d'où il ſort , eſtant toutesfois ſemblable à Double ae- nerf, pour raiſon de ſa blancheur & confiſtence, laquelle neantmoins il a plus dure queledit nerf Quant - l:| «eption de li- au ſecond il faut entendre que ligament eſt vſurpé generalement, & ſpecialement. Generalement, pour e gamrnr. toute partie du corps,laquelle conionct vne partie auec l'autre : en laquelle acception le cuir peut eſtre dit t. ligament , pource qu'il contient toutes les parties internes ioinctes enſemble : ſemblablement lePeritoine " conioignant enſemble toutes les parties naturelles, & les aſſeurant contre l'Eſpine, ainſi que lamembrane Pleuretique faict des parties vitales Semblablement les tuniques du cerueau , nerfs, veines, & arteres, muſcles, membranes, & autres femblables parties du corps, peuuent eſtre dites Ligamens,pource qu'elles lient vne partie auec l'autre : comme les nerfs,tout le corps auec le cerueau,les arteres auec le cœur, & les Diffevenees. veines auec le Foye. Mais Ligament ſpecialement pris, ne ſignifie que la partie de noſtre corps,telle que | § nous auons dit cy-deſſus. Les differences de ligament ſont pluſieurs , car l'vn eſt large,membraneux,& te- nuë, l'autre eſpés & rond : l'vn dur, l'autre mol : l'vn grand, l'autre petit : l'vn cartilagineux ſimplement, l'autre tenant moyen entre os & cartilage,pour l'exigence du plus ou moins fort & violent mouuement des parties par iceux liées.Et voila ce qui m'a ſemblé bon de declarer en general des Ligamens,en attendant monſtrer toutes les ſuſdites differences ainſi qu'efle s'offriront ſelon l'ordre de diſſection. | Des muſcles du Col. C H A P. XV l I. | Muſeles Ng E T o v R N A N T maintenant au premier propos , faut declarer & demonſtrer les muſcles du # du Col, tant communs, † propres : leſquels ſont vingt,ou vingt-deux en nombre,dix ou onze de . Col. chacun coſté,deſquels ſept meuuent la teſte ſeule, ouauec elle le premier Spondyle,& les autres D trois ou quatre meuuent ledit Col. Des ſept mouuans la teſte, & auecelle le premier Spondyle, les vns l eſtendent & releuent,les autres la flechiſſent & abbaiſſent, les autres la meuuent obliquement, & Inſtruäien tous enſéble par leur mouuemét ſucceſſif circulairemêt.Etainſi faut eſtimer de ceux du Col.Mais auant que pour le diſ proceder à la deſcription de l'origine,& inſertion d'iceux, ie te veux aduertir qu'il faut leuer deux muſcles ſecteur. l'Omoplate,nommez Trapeze,& Rhomboide,deſquels afin que tu puiſſes mieuxmonſtrer l'origine & inſer- tion,ou pluſtoſt leuraction,par laquelle nous cherchons ladite origine,& inſertion,illes faut leuerpar leur inſertion, qui eſt l'Omoplate (ainſi qu'il te ſera monſtré en ſon lieu) en les renuerſant vers leur origine qui eſt à l'Eſpine.Outre plus,faut leuer le plus petit Rhomboïde poſterieur,& ſuperieur(nômé auſſi petit Dente- lé)de ſon origine,qui eſt és trois vertebres inferieurs du Col,& premiere Metaphrene, & le renuerſer vers " ſ6 inſertion,qui eſt aux trois eſpaces de quatre coſtes ſuperieures,tout cótre l angle poſterieur,& ſuperieur ºſº ſ* de l'omoplate,ainſi qu'il te ſera demonſtré par cy-apres.Ces muſcles ainſideſcouuerts,font commécer àle- nuque. uer les quatre qui leuent la Teſte,& conſequemment les deux qui la meuuent obliquement,& a la parfinvn qui la fieſchit & baiſſe:& ce à raiſon que tel eſt l'ordre Anatomique.Toutesfois ſi tu veux,tu peux leuer tout le premier ſans intereſt des autres , celuy qui eſt nommé Maſtoide,qui baiſſe & fieſchit la teſte. Quantaux quatre qui la le uent & dreſſent,le premier pour raiſon de ſa figure nommé Splenique,môte des cinq ſupe- rieures eſpines du Ihorax, & quatre inferieures du Col, obliquemét en l'occiput cótrel'apophyſeMaſtoide, OV4 de l'Anatomie | 13 r à - A ou Mammillaire,duquekendroit tu le renuerſeras vers ſon origine.Le ſecond,à raiſon de ſa texture eſt nom- mé Entrelacé,ou Entortillé,iſſant de la 3.4.& 5.apophyſes tranſuerſes du Metaphrene,& le plus ſouuent de Muſele Eº- la premiere du Col,monte droitement en l'occiput,enuironnant de ſon coſté la partieinferieure & laterale tnelacé. d'iceluy Cettuy-cy ſe leue cómodément du coſté de I'eſpine vers leſdites apophyſes Tranſuerſes,& procez | Mammillaires de l'os Occipital.Dauantage,on le peut diuiſer en deux ou en trois,combien qu'auec grande difficultépour la complication & entrelaſſeure qui eſt en iceluy.Le troiſieſme & quatrieſme,qui ſont deux des huict petits, quatre de chacun coſté,montent quelque peu obliquement : le premier,de toute la partie laterale du ſecond Spondyle : le ſecond, de toute la partie laterale de l'apophyſe du premier, qui luy a eſté donnée en lieu d'eſpine,à l'occiput au droit de l'eſpine.Ces deux-cy ſont nómez de tous Anatomiſtes muſ- cles droicts,mouuans lateſte ſeule,leſquels ne faut que leuer,& lier, ſans les ſeparerny de leur origine, ny de leur inſertion.Et voila quant aux quatre qui eſleuent & dreſſent la teſte.S'enſuiuent maintenant deux o- bliques de chacun coſté:deſquels l'vn meut la teſte ſeule,& l'autre le premier Spondyle premierement, ſe- condement & par accident lateſte.Quand au premier,contre l'opinion d'aucuns,il prend ſon origine de l'a- pophyſe Tranſuerſe du premier Spondyle,& ſe va inſerer deſſous l'inſertió du premier droit lequel ne faut pareillement que leuer par deſſous ſans le couper.L'autre ſort de l'eſpine du ſecond Spondyle,& s'en vain- ſerer à l'apophyſeTranſuerſe du premier Spondyle,contre l'origine du precedent(combien qu'aucuns veu- lent le contraire)lequel te faut leuer comme les autres afin que les contemplant tous ainſi leuez,tu puiſſes voir comme ils font enſemble vn triangle égal.Ce dernier muſcle a ſon action contraire au precedent,cö- B me monſtre tres-bien ſon origine & inſertion. Et pource quant le premier Oblique meine la teſte oblique- . # - ment vers le deuant, le ſecond la ramene par le premierSpondyle. Ceſtuy auec ſon compagnon, de l'autre Muſcle - coſté,peuuent eſtre dits vrayement muſcles propres du Col, pource qu'ils n'appartiennent à autre partie, Maſtoide. | au contraire de tous les autres ſuſdits.Icy faut noter que la teſte, ſelon Galien,à deux mouuemensil'vn droit . en deuant & arriere comme en ceux quiaccordent ou refuſent quelque choſetl'autre quaſi circulaire.Le pre- . - mier,ſelon Galien,ſe fait la premiere vertebre eſtant remuée ſur la ſeconde:le ſecond,la teſte eſtant remuée | ſur la premiere vertebre.En quoy il a eſté repris par les recens Anatomiſtes,remonſtrans que la teſte ne peut | eſtre remuée circulairement ſus la premiere vertebre ſans luxation,Quant au dernier qui fieſchit ladictete- ſte,il monte de la partie ſuperieure & latèrale du Sternon,& de la prochaine partie de la clauicule,oblique- ment à l'apophyſe Maſtoïde de l'os Occipital,au moyen dequoy eſt appellé Maſtoide.Et ſe peut diuiſer plu- Gal. lin. 1* ſtoſt en deux ſur ſa diuerſe origine,qu'en trois. Or il euſt eſté meilleur tourner la teſte de tous coſtez au- ººº º º tant en derriere qu'à dextre & ſeneſtre : mais ſi telle choſe euſt eſté,il ſe fuſt ſouuent fait luxation, qui euſt l'vſage des eſtéànoſtre grand deſauantage,& au peril de mort,parce que telle facilité demouuement ne peut eſtre ſans " que la jointe ſoit fort laſche.Parquoy Nature a mieux aymé octroyer à la teſte peu de mouuemens & aſſeu- | rez,que pluſieurs & dangereux,qui eſt cauſe qu'elle n'a point fait ſa jointe laſche,ains forte & robuſte.A- pres la demonſtration des ſuſdicts muſcles,faut paſſer aux trois ou quatre du col:deſquels deux (qu'aucuns , Muſcle reduiſent en vn)l'eſtendent:vn flecſchit,& le dernier le meut lateralement,& tous par leur mouuement ſuc-ºſºſºi- | ceſſif,circulairement, comme nous auons dit des muſcles de# Teſte. Le premier de ceux qui l'eſtendent * (i'entends touſiours de chacû coſté)prenant ſon origine de ſix apophyſes Tranſuerſes, de ſix vertebres ſu- perieurs du Metaphrene , ou pluſtoſt de la racine des obliques, monte droictement à l'eſpine du ſecond . ſpondyle ducol, & apophyſe oblique d'iceluyaucuns l'ont appellé Tranſuerſaire. Si tu le veux leuer, il te faut prendre du coſté de l'eſpine,le renuerſant vers les apophyſes Tranſuerſes ou bien,veu que c'eſt le der- ( | nier & plus proche des os,ſi tu veux tu ne feras que le ſeparer vn petit de ſon côpagnon par la diſtinctiö de leur origine:laquelle ſitutrouues difficile,ne t'en eſmerueille:car à la verité il ſe trouue obſcure ſeparation, diſtincte de ceſtuy-cy,auec ſon compagnon nommé Eſpineux,lequel ſortant le plus ſouuent des racines des Mºſel Eſ?i.. C ſept ſuperieures eſpines du Metaphrene,& de laderniere du col,s'inſere aux autres eſpines du col:Et pour-* ce à bon droit ceſtuy-cy auec le precedent,ſont reduits par Galien à vn ſeul.Le tiers qui fleſchit,monte in- terieurement du corps des cinq ſuperieurs Spondyles du Metaphrene (deſquels il ſort aſſez obſcurement, meſmementaux gens extenuez par deſſous l'Oeſophague,tout le long dudict coliuſquà l'os Occipital,à la partie interieure duquel obſcurement il s'inſere à cauſe dequoyil peut aucunement ayder à fleſchir la teſte. Ce muſcle eſt faict de filets obliques venans du corps de la vertebre par tout le long de ſon chemin aux a- Maſrle li pophyſes Tranſuerſes de l'autre vertebre : & auec ſon compagnon de l'autre coſté ſemble conſtituer ſur le #. # corps des vertebres,vne petite voye aucunement caue à l'Oeſophague, & eſt appellé muſcle long. Le qua-§ trieſme & dernier,que nous auons dit mouuoir lateralemét ledit col,qu'on appelle Scanele,à cauſe de ſa fi- - gure monte de la plus grande partie poſterieure & ſuperieure de la premiere coſte du Thorax,à toutes les apophyſesTranſuerſes du col,s'inſerant en icelles par ces filaments,leſquels il a proportionnez en longueur & briefueté,pour ſe pouuoir attacher depuis la derniere apophyſe du Col,& plus prochaine de ladicte coſte, iuſqu'à la premiere.Et fºmble ce muſcle-cy eſtre double,à raiſon de la diſtinction faicte en iceluy par l'iſſuë des nerfs du bras.Quant aux veines & arteres appartenans tant au col qu'à ſes parties,elles ont eſté ſuffiſam- ment declarées ſur la diſtribution d'icelle. Parquoy reſte que tu entendes que tous les ſuſdicts muſcles re- çoiuent nerfs des Spondyles,deſquels ils prennent leur origine. - - Muſeles droičts • · à · , , ** | Figure quatrieſme des muſclet. D — - : 4 AD Demonſtrent les deux muſcles qui fechiſſent, tant la teſte,que les vertebres du col, leſquels deſsendent iuſques à la qua- trieſme vertebre du Metaphrene. - . . 1.2.3.4.Le corps des vertebres du Metaphrene, | r "A - , - . - - - - - - - - - - - - - - - - Figures # - - ^- l 32. Le ſixieſme Liure, | Figare cinquieſme dès muſcles. . . , | - A * | . * 2 - º " : , : - - AAA A Monſtrent les deux Splenitiques qui eileuent la teſte, comme nous auons dit aux figures pre- cedentes. BB Deux ſeconds,nommezentrelacez,ou entortillez. CC Deux releueurs de l'Omoplate. - B DD Deux muſcles Sacrolumbus, qui ſeruent àl'inſpi- ration. $ hr E E Deux my-eſpineux. -, - \ F Partie du Sacré, ſi tu n'aymes mieux en faire vn à Part » qui pourra eſtre appellé Rachitta- $ $ G G Muſcles Intercoſtaux exterieurs. $ AAAAA Le muſcle entortillé, Entrelacé, ou Com- plexus. Muſcle Eſpineux Le muſcle tranſuerſal appartenant au col. 1D * My-eſpineux. EE Les deux Rachites,fi tu n'aymes à les re- duire au Sacré, ou à l'Eſpineux, que ua as veu marqué par B. F FFF Hes Coſtes. # : 3 32 Figure » : , 4 , De l'Anatomie. . I33 AA Les deux Splenitiques B B Second muſcle nommé Entortillé, ou Entrelaeé, Releueur de l'Omoplate. La Clauicule. E Portion du muſcle Dentelé, poſterieur & ſupe- rieur. - F F Muſcles poſterieurs de l'Omoplate , nommée Rhomboides, la tirant en arriere. G G Les deux muſcles tres-larges, abaiſſans le brass # x # 2ł#hllh) Splenitique gauche. - Second muſcle nommé Entortillé ou Compléxus, Releueur de l'omoplate. La clauicule. Le muſcle de l'os Hyoide, tendineux au milieu ui prend ſon origine de la coſte ſuperieure # l'Omoplate. Le muſcle qui ouure la bouche. Deux petits muſcles Dentelez poſterieurs & ſu- perieurs du Thorax. Muſcle Sacrolumbus. Muſcle à demy eſpineux. Portion du muſcle Sacré. Petit Dentelé poſterieur & inferieur, qui dilate les quatre coſtes inferieures. Muſcle du bras ſitué en la cauité ſuperieure de l'Omoplate, qui ſe peut nommer Epomis ou Eſpaulier. Le ſuſeſpaulier ou muſcle du bras , ſitué en la partie gibbeuſe de l'Omoplate. · • - - - M - 2Neufieſme » º I 34 Le ſixieſme Liure, 2Neufieſme Figure des muſcles. . " A A Deux muſcles droicts, venans de l'eſpine de la ſecon- de vertebre, & s'inſerent à l'os de l'Occiput : ſous leſquels deux autres petits ſont cachez, qui Pren- nent leur origine de la premiere vertebre pour s'in- ſerer au meſme os de l'Ccciput. B B C C Les quatre muſcles obliques. D D L'apophyſe Maſtoïde. •E E Les Releueurs de l'Omoplate, coupez par le milieu. . F F Deux Scahcles. G G Deux Eſpineux. Des muſcles du Thorax, & des Lumbes. C H A P. XV I I I. En qnºy dif- Sép P R E s ces choſes ainſi confiderées, il conuient pourſuiure les muſcles, tant duThorax, qui ferent les /\$ ſeruent à la reſpiration, que ceux des Lumbes, afin que plus aisément nous puiſſions par apres vertebres du # # traicter ceux des extremitez.Mais auant que ce faire,il faut ſçauoir que la partie poſterieure du # # - VAS Thorax,nommée Metaphrene,eſt faite de douze vertebres, & les Lumbes de cinq,leſquelles ne bat. , " different en autre choſe de celles du Col,ſinô que toutes ces vertebres ſont plus groſſes en leur corps, que uerſes troüées comme celles du col, pour la conduite des veines, & arteres ceruicales. Semblablement chacunes de ces vertebres toute ſeule fait,& conſtitue de ſa partie inferieure tant d'vn coſté que d'autre,le trou pour bailler paſſage au nerfiſſant de la Spinalemedulle aux parties circonjacentes au contraire de cel- les du Col,leſquelles deux enſe ble font le ſuſdit trou,ainſi que nous auons dit. Juant aux apophyſes,ſoient Droite s,Obliques ou Tranſuerſes dudit Thorax,elles ne ſont en rien differentes de celles du Col(i'entends iuſqu'à la dixieſme) fors que les Tranſuerſes n'eſtans troüées,comme a eſté dit,ſouſtiennét en partie les co- ſtes eſtans eſlroictement annexées auec icelles par forts ligamens, tant propres que communs. Mais depuis · la dixieſme, les deux qui demeurent du Metaphrene,& des Lumbes,ſont diuerſes non ſeulement de celles du col, mais auſſi des dix premieres,par leurs apophyſes obliques : pour ce que depuis l'onziefme, qui eſt receue tât de ſa ſuperieure que de ſon inferieure,pour la confirmatiô de ladite eſpine,& plus facile flexion d'icelle,ſans danger de fracture ou ouuerture,les ſuſditesapophyſes des vertebresinferieures,qui ſouloient - receuoir , ſont receues, comme celles qui ſouloient eſtre receues , reçoiuent. Elles ſont auſſi differentes de toutes les ſuſdites par leurs apophyſes droites,c'eſt à dire,Eſpines,à cauſe que depuis l'onziéme elles com- mencent de les dreſſer peu à peu vers le haut , au contraire des ſuperieures. Et ſi on demande comment la dixieſme Vertebre du Metaphrene peut eſtre dite le milieu de l'Eſpine,veu qu'icelle eſt faite de vingt-qua- tre vert b es,te reſpons que cela doit eſtre entendu,quand on reduit les ſix os de l'os Sacrum,& les quatre · de l'os Catºdae plus ( artilugineux qu'oſſeux , entre les os de l'Eſpine. Car alors depuis l'articulation de la #. #. teſte iuſqu'à ceſte dixieſme vertebre, il en y a dix-ſept, & de la en bas autres dix-ſept. Reuenant donc Muſcles ref aux muſcles du Thorax ſcruans à la reſpiration , faut noter qu'ils ſont quatre vingt & neuf , quarante- ſerrans le ºlº de chacun coſté , pareils en force, groſſeur, ſituation & action, & vn moyen qui eſt appellé Dia- Thorax . .. phragme. Des quarante-quatre, vingt deux dilatent ledit Thorax en l'inſpirations c'eſt à ſçauoir,le Souſ- Muſele nom- clauier le grand Dentelé ſelon aucuns,les deux Rhomboïdes,ou Dentelez poſterieures, l'oblique aſcendant mé Souſcla- de l'Epigaftre,les onze Intercoſtaux,& ſix Intercartilaginaux exterieurs:les autres vingt-deux reſſerrent en suier. l'Expiration,c'eſt à ſçauoir le Sacrolumbus, l'oblique deſcendant, le longitudinal, & tranſuerſal de l Epiga- Muſele nom- ſtre:le triangulaire interne,ou reſſerreur des Cartilages : les ſix Intercartilaginaux,& les onze Intercoſtaux ºé grand internes. Des vingt-deux dilatans le Thorax, le premier nommé Souſclauier , à cauſe de ſa ſituation, deſ- º cend de la partie interne, & anterieure de la Clauicule, obliquement au cartilage de la premiere coſte iuſ- Muſcle nom, qu'au te non, laquelle il eſtend. Le ſecond appellé grand Dentelé, prenant,ſelon aucuns ton origine in- " Pº terieurement de toute la baſe de l'Omoplate, s'en va tranſuerſalement inſerer aux neufcoſtes ſuperieures, # C5 produiſant certaines apophyſes dentelées plus auant ſur les coſtes qu'aux eſpaces moyens d'icelles , ou Orrupation Muſcles di- #n. muſcles Intercoſtaux , à cauſe dcquoy il a eſté ainſi appellé. Aucuns ont referé ce muſcle entre ceux de l tei#pºſi.- l'Omoplate.Le tiers deſcend des trois eſpines inferieures du Col,& de la premiere du Metaphrene, par vn rieur é, in- ligament membraneux,& fort delié,aux trois ou quatre coſtes ſuperieures, ſe finiſſant plus auant aux trois ferieur. eſpaces ou muſcles Intercoſtaux d'icelles,qu'aux coſtes, à cauſe de quoy il eſt appellé Dentelé poſterieur & ſuperieur. Le quart monte ſemblablement par vn ligament delié, & membraneux de trois ſuperieures eſpi- nes des Lumbes, & des deux dernieres du Metaphrene, aux trois ou quatre coſtes fauſſes & inferieures,ou dernieres, s'auançant plus auant ſur leſdictes coſtes qu'entre les eſpaces ou muſcles Intercoſtaux d'icelles, à raiſon dequoy eſt auſſi appellé Dentelé poſterieur,& inferieur.Et ont eſté ces deux derniers muſcles nom- mez Rhomboides, à raiſon de leur figure qui eſt comme vne lozangue, laquelle pour parler en Mathemati- Voy Euclide cien , ayant les coſtez oppoſez,& les angles opposez égaux, n'eſt pas toutesfois quarrée, ny rectangle. Le linre I. cinquiefme , que nous auons dit Oblique,aſcendant de l'Epigaſtre, a eſté ſuffiſamment declaré en fon lieu. propoſ Qt ant aux onze Intercoſtaux externes , ils deſcendent obliquement du derriere vers le deuant de la partie xxxi). laterale,& inferieure de la coſte ſuperieure,& en la partie laterale & ſuperieure de la coſte inferieure : Au *ºſº 7º côtraire des ſix Intercartilaginaux,leſquels ayans séblable origine,& inſertion entre les cartilages, que les #ſ"* Intercoſtaux entre les cones,deſcendet obliquemêt du deuant vers le derriere.Etvoila quât à ceux qui dila- Thorax. tent,& eſtendent le Thorax enl'inſpiration:des autres vingt-deux,qui le reſſerrent à l'expiration:le premier, prenant ſon origine de l'os Sacrû,& des apophyſes obliques des Lumbes,môte eſtroittement & confuſemét * . adherant H Le Sacrolumbaire. · celles du col,mais non moindres en leur trou. Dauantage, ces vertebres n'ont point leurs apophyſes tranſ- . Del'Anatomie. 1 35 A adherant, & annexé auec le muſcle Sacté qui,te ſera declaré cy-apres)à la racine des douze coſtes,baillant .. à vne chacune vn petit tendon à meſure qu'il monte, par lequel il reſerre,& retire leſdictes coſtes vers les Muſele ſacré apophyſes Tranſuerſes : & eſt appellé de nous sacrolumbus,à raiſon de ſon origine.Le ſecond, troiſieſme, º ?"# & quatrieſme, que nous auons appellés Oblique deſcendant , Droit, & Tranſuerſal de l'Epigaſtre,ont eſté # # 0E demonſtrez en leur lieu.Et faut icy noter,que ces trois derniers muſcles de l'Epigaſtre aydent l'expiration § par accident pluſtoſt que d'eux-meſmes,à ſçauoir, en repouſſant le Diaphragme vers les Poulmons, par les §r- Inteſtins qu'ils repouſsét auſſi en haut,pendât qu'ils tirétles partieseſquelles ils ſont inſerez,vers leur origi- ſi i.r. . ne. Le cinquieſme,que nous pouuons appeller le Reſſerreur des Cartilages, ſortant interieurement des co- rheur. - ſtes du Sternon,va à tous les cartilages des vrayes coſtes. Ceſtuy-cy eſt plus apparent,& manifeſte aux be- Muſcle ſtes brutes ſous le Brichet, qu'és hommes, combien qu'en iceux ne ſoit point par trop obſcur. Quant aux Pectoral in- onze Intercoſtaux internes,ſelonmon iugement, ils prennent leur origine de la partie laterale,& inferieure terne . . de la coſte ſuperieure,& deſcendans obliquement du deuant au derriere s'inſerent à la partie laterale,& ſu-*ſº * perieure de la coſte inferieure:tellement que ceux-cyenſuiuent la § des fibres des Cartilaginaux ºº esternes,ainſi que les ſix cartilaginaux internes enſuiuent la ſituation des Intercoſtaux externes,procedans º " du derriere au deuant : en ſorte que tant les Intercoſtaux que les Intercartilaginaux ſe coupent, & diuiſent " en forme de croix Bourguignonne. Ie ſçay bien qu'aucuns ont voulu dire , que les muſcles internes ſoient Intercoſtaux ou Intercartilaginaux,montent de la partie ſuperieure,& laterale de la coſte inferieure vers le deuant, ou vers le derriere. Mais ſi cela eſtoit vray , il s'enſuiuroit que tels muſcles receuroient le nerfpar leur queue,& non par leur teſte, veu que le nerf va touſiours par deſſous la coſte,& non par deſſus.Quant au quatre-vingt-neufiefme & dernier, qui eſt ſans compagnon , que nous auons appellé Diaphragme, il a Mnſrles des eſté ſuffiſamment declaré en noſtre tiers liure. Parquoy reſte que nous paſſions aux muſcles des Lumbes, Lumbe,. leſquels ſont ſix en nombre,trois de chacun coſté,pareils en groſſeur,force & ſituation , dont l'vn fleſchit, Auſcle & plie les Lumbes, les deux autres les dreſſent , & eſtendent. Quant au dernier nommé Triangulaire, à Triangulai- raiſon de ſa figure , il monte de la plus grande partie de la coſte poſterieure des os des Iles aux apophyſes re flexeur Tranſuerſes des Lumbes, & à la derniere Metaphrene interieurement, à cauſe dequoy il eſt faict des fibres des Lumbes. briefues,longues, & moyennes,correſpondantes à la proximité ou eſlongnement deſdictes apophyſes. Des 4ººſeles autres deux, qui dreſſent & eſtendent les Lumbes, le premier(lequel à raiſon qu'il prend iuſqu'à la moitié ſº de ſon corps,origine des eſpines de l'os Sacrum,& des Lumbes,eſt appellé Demy eſpineux) monte par ſes # # fibres obliques de toutes les ſuſdites eſpines, aux apophyſes Tranſuerſes, tant des Lumbes que du Thorax. # es Sa- L'autre nommé Sacré, à raiſon de l'origine qu'il a de l'os Sacrum ou coſtez d'iceluy , monte par ſes fibres " obliques aux eſpines, tant des Lumbes, qu'aux onze inferieures du Thorax. Des muſcles de l'omoplate->. C H A P. XIX. Mº, PR E s auoir fait demonſtration de tous les ſuſdicts muſcles, il faut paſſer aux muſcles des •: S# extremitez,& pourſuiure ceux de tout le bras, çommençant aux muſcles de l'Omoplate:pour b N4 leſquels plus deuëment demonſtrer, & facilement entendre,il faut premierement obſeruer le # naturel d'icelle,ainſi que des autres os meüs, & agitez par muſcles, afin que rien ne demeure de ce qui nous peut conduire à plus facile cognoiſſance de la choſe pretendué. Parquoy il faut entendre,que la nature de l'Omoplate eſt d'eſtre aucunement enfoncée de la partie qu'elle eſt appuyée, & couchée ſur les coſtes,& conſequemment en ſa partie oppoſite aucunement gibbeuſe, & prominente: ayant deux coſtes, vne ſuperieure, & l'autre inferieure. Par la ſuperieure n'eſt entendu autre choſe que - l'extremité ou ligne droitte, laquelle regardant vers les temples, eſt conduite depuis l'angle ſuperieure de Coſte ſupe- l'Omoplate par deſſous la Clauicule,iuſqu'à l'apophyſe Choracoïde,ou bec de Corbin,laquelleceſte coſte rieure . ſuperieure produit de ſon extremité. Par l'inferieure , nous entendons l'extremité inferieure, laquelle Baſe de regarde l'Epigaſtre , & fauſſes coſtes. l'Omoplate. Outre plus, le naturel de l'omoplate eſt d'auoir vne baſe,vne teſte,& vne eſpine. Par la baſe eſt enten-Teſte de due la partie plus large de l'Omoplate, regardant l'eſpine du dos. Par la teſte, la partie plus eſtroitte d'i-ºOººPl* celle,& par laquelle elle reçoit le tourtillon,ou teſte du bras, par le moyé d'vne petite boete ſuperficielle, _ .. qu'elle fait tant de ſoy, que certains cartilages qui ſont implantez,fichez, ou annexez tout à l'entour de la- #ſpine de dicte boëte, laquelle eſt appellée Glene. Icelle eſt jointe auec l'os du bras par vn fort ligament qui enui- l'Omoplate, ronne la jointe pour la tenir fermement, lequel eſt commun à toutes les autres jointures .Iceluy naiſt des bords de la cauité de l'Omoplate,& embraſſe en rond toute la jointure,s'attachant au commencement de la Vtilité de teſte du haut du bras. Il y a encores outre cettuy d'autres, qui lient pareillement ladite jointe. Par l'eſpine l §, eſt entendue l'Apophyſe,qui eſt peu à peu dreſſée ſur la partie gibbeuſede ladite Omoplate,pres de ſa coſte & du cb - ſuperieure, depuis la baſed'icelle,quelque peu ſous l'angle ſuperieure,iuſqu'à l'Acromion,lequel ladite eſ- racoide de Pine conſtitue pareillement de ſon extremité. Or a nature machiné deux productions d'os, i'entends l'A- l'omoplate. cromion fait de l'eſpine,& le Choracoide,ou bcc de Corbin,fait de la coſte ſuperieure,pour la côfirmation Six muſcles de l'articulation du bras auec ladicte Omoplate,& de peur que le bras ne ſe demiſt vers le haut & deuant.ºns Dauantage,la Clauicule eſt receuë de l'Apophyſe & prominence,dite Acromion,ainſi qu'on peut mieux voir ºººº à l'œil,qu'entendre par liure. Toutes ces choſes ainſi obſeruées de l'Omoplate, reſte que nous venions aux quat# muſcles qui le meuuent, leſquels ſont ſix en nombre : quatre propres, & deux communs auec le bras. Des # f423 quatre propres,le premier ſitué en la partie anterieure,monte des os des fix,& le plus ſouuét des cinq coſtes au l ira . ſuperieures au Choracoide,lequel il tire à la partie anterieure : & eſt nommé ce muſcle icy, petit Dentelé: Muſcles pour lequel bien demonſtrer,faut cerner le Pectoral de la Clauicule,iuſques preſqu'à la moitié du Sternon. Dent#. Le ſecôd oppofite du ſuſdit,eſt ſitué en la partie poſterieure,lequel prenant ſon origine des trois eſpines in- Muſcle ferieures du col,& trois ſuperieures du Metaphrene,va interieurement à toute la baſe cartilagineuſe de l'O- Rhomboide. moplate,laquelle il tire en arriere : & eſt appellé cedit muſcle Rhomboïde. Le tiers,à cauſe de ſon action, Muſcle rele- nommé Reſeueur,ſitué en la partie ſuperieure,deſcend de l'Apophyſe Tranſuerſe des quatre Spondyles fu-*eur. perieures, entre l'angle ſuperieur,& eſpine de l'Omoplate. Le quart appellé Trapeze,vulgairement Capu. .. ººſºlº chon de Moine,eſt ſitué à la partie poſterieure : & prenant ſon origine, comme membraneux, mais bien toſt # à charnu,de la plus grande partie de l'Occiput, de toutes les eſpines du col, & des huict vertebres ſuperieu ## res du Thorax, s'en va inſerer par Aponeuroſe, enuiron le milieude la my-baſe de l'Omoplate,s'eſtendant §erſe #ſº par deſſus les muſcles d'icelle,iuſques à la demie eſpine,en toute laquelle il s'implate, tout charnu iuſques 3 - . l'Acromion,& partie ſuperieure de la Clauicule,& aucunement à la coſte ſuperieure.Or à ce muſcle triple actió à cauſe de ſa diuerſe origine:L'vne eſt de tirer l'Ompolate vers ſon origine de l'os Occipital» & eſPine , du col. L'autre eſt de la tirer de la baſe droittement vers l'eſpine en arriere.La tierce# de la tirer "# • 2, C Deſcription de l'Omopla- | \ ,º Le ſixieſme Liure, vers  dernier auſſi par l' origine qu'il a de la cinquieſme,ſixieſme,ſeptieſme,& # ºbined , Ver. tebres âuThorax ºt noteras icy,que telles actiôs diuerſes ne ſont point faites enº mutcie par vn nerf,ains Muſi, par pluſieurs qui luy ſót communiquez de la Spinale medule, par les trous des verteb#t ºu col que du , T,.ſº.s.. Metaphrene,deſquelles il prend ſon cômencement. Quant attx deux cômuns à l'Omoplate, & au bras,nous Muſel pe- les declarerons cy apres quand nous pourſuiurös ceux du bras. Parquoy te ſuffira pour le Preſent d'entédre āoral. que ces deux-là ſont l'vn nommé Treſlarge, montant de l'os Sacrum à l'omoplate, & au bras : l'autre ap- pellé Pectoral,venant du Sternon,& dela Clauicule,auſſi à l'Omoplate & au bras. L'Omoplate eſt auſſi at- taché par les muſcles venäs des vertebres & de la teſte. Ceſte attache,& conjonction eſt nômée Syſſarcoſe. — Deſcription de la Main generalement priſe- . C H A P. XX. L conuiendroit maintenant par vn meſme traict pourſuiure les muſcles du bras : mais auant que venir là , il faut entendre que c'eſt que nous appellons Bras : laquelle choſe ne pouuans commodément faire ſans auoir l'intelligence de la Main , de laquelle le bras fait vne partie, nieres,gene- : s à ceſte cauſe il eſt neceſſaire premier que parler dudit bras , definir que c'eſt que Main : puis ralement, é WÖNN la diuiſer en ſes parties. Or deuant que venir à la définition , il faut premierement notoſ , ſpecialement que ce nom de Main eft prins,& vſurpé en deux manieres ; c'eſt à fçauoir, generalement, & ſpecialement. AMain gene- Main, generalement priſe, ſignifie tout ce qui eſt contenu depuis l'Arthrodie , ou articulation de la te- ralement ſte de l'Omoplate, iuſqu'au bout, & extremité des doigts. Mais ſpecialement il ne ſignifie que ce qui "#.. ſpe- eſt contenu depuis le bout des os du coulde , ou commencement du poignet, iuſqu'à ladite extremité des Le nom de main eſt pris en deux ma- eialement doigts. Ces choſes ainſi premiſes & conſiderées , faut venir à la definition , & diuifion pretendues. La priſe. main donc en general eſt l'organe des organes, & l'inſtrument des inſtruments humains,deſtiné pour pren- Definition de dre & tenir quelque choſe.Elle eſt compoſee de trois grandes parties,à ſçauoir du bras,du coulde,& de la la main. main ſpecialement priſe:laquelle ſe diuiſe derechefen trois autres,à ſçuoir,au Carpe,ou Poignet, au Meta- Compoſition carpe ou Auantmain, & les Doigts.Toutes ces parties-cy ( comme anſ ſoit qu'vne chacune ſoit non ſeule- de la main ment partie organique,ains auſſi partie de partie organique)ſont compoſees de toutes, ou de la plus grande part des parties ſimilaires;c'eſt à ſçauoir,cuir double,pânicule charneux,greſſe,veines,arteres,nt rfs mu1cles, ou chair,& tuniques,tant communes que propres,d'os cartilages,& ligamés deſquelles les vnes appartien- nent comme communes à toutes les ſuſdictes parties ; les autres ſont propres à chacune partie. Quant aux communes,ce ſont le cuir double,le pannicule,la greſſe,veines,arteres, & nerfs. Les propres d'vne chacune ſont,les muſcles d'icelles,os,cartilage,& ligamens, qui te ſeront declarez le plus diligemment qu'il nous ſera poſſible,quãd nous ſerons venus à leur lieu,& ordre de diſſection.Laquelle choſe,afin que bien toſt ſe face, nous entrerons ſans plus long delay,à declarer ce qui demeure des parties cômunes,ſi premieremêt ie t'ay aduerty des differences de la main priſes ſelon la diuerſe ſituation d'icelle:qui ſont ſix en nombre;c'eſt à ſça- uoir,deuant,derriere,dedans, dehors,haut,bas : Par le deuant,eſt entendu la partie d'icelle, qui regarde du poulce droit vers l'Omoplate.Par le derriere,ſon oppoſite, qui regarde du petit doigt vers la baſe de ladite Deſcription Cmoplate. l ar le dedans,la partie d icelle qui regarde les parties laterales du corps : i'entends lors que ſa de la main main retient ſa ſituatiô naturelle. Par le dehors,ſa partie oppoſite,par le haut,la plus haute & par le bas, la Pºrº plus baſſe partie d'icelle. Et toutes ces differences prinſes de la ſituation,tu pourras conſiderer particulie- ººº rement en toutes autres parties ſingulieres.Deuant que retourner à noſtre propos, ie te declareray la main # º particulieremét priſe.La main eſt diuiſée en cinq doigts,afin qu'elle puiſſe prendre toutes figures àſçauoir, L'vſage de rondes triangles,quarrées,& autres,& recueillir les corps fort petits, auec les extremitez des doigts,côme l'ongle. eſpingles,areſtes,poits,& autres Nature a fait deux mains,afin que l'vne ayde à l'autre,& que les deux deça & là ſe rencontrans des parties oppoſites,ſoient auſſi fortes,& accommedées qu'vne ſeule.Or pour prendre les petits corps, il failloit que les doigts en leurs extremitez fuſſent mols,& garnis d'ongles : car s'ils euſſent eſte ſeulement de chair,ils euſſent eſté trop mols:& auſſi s'ils euſſét eſté ſeulement d'os ou d'ongles,il euſ- Vtilité. ſent eſté trop ſolides:mais Dieu par ſa prouidence en a fait vne mediocrité pour parfaire mieux leuraction. - Iceluy ongle ſert d'appuy à la chair molle , laquelle en prenant vn corps dur ſe renuerſeroit, n'eſtoit qu'il compºſitiºn. l'appuye par derriere, & partant on ne pourroit prendre vne epingle,ou vn poil,ou autre choſe ſemblable. Leur vtilité eſt de grater, racler,eſcorcher,deſchirer quelque choſe, ouattacher & deſtacher, prendre & - tenir, eſcacher , & tuer les petits animaux. lls n'ont eſté faits durs, de peur qu'ils ne fuſſent rompus com- Figure. me les os, & partant Nature les a fait d'vne dureté mediocre, afin qu'ils obeiſſent à ſe fiechir , & de peur qu'il ne fuſſent rompus : toutesfois Nature les a faits aux autres animaux durs, comme aux chats, liévres, lions, pour grimper , & leur ſeruir d'armes : La figure eſt ronde, à raiſon que telle figure eſt fort parfaite, & moins ſujgtte auxiniures exterieures, n'ayans aucun angle eminent, qui puiſſe eſtre froiſsé & brisé : & en recompt nſe qu'ils s'vſent, Nature a fait qu'ils ont croiſſance, comme le poil, & les dents. En l'interieu- re partie,& coſtez des doigts Nature a voulu mettre de la chair,afin qu'ils ſoiét plus aptes à ſerrer les choſes apprehendées de la main : & aux coſtez, afin qu'en ſerrant les doigts l'vn contre l'autre qu'ils puiſſent tenir quelque liqueur ſans eſtre épanchée : & quantau deſſus des doigts, ſi elle euſt engendré de la chair , il euft eſté nuiſible, pource qu'elle euſt empeſché le mouuement d'iceux,& de toute la main ; pource Nature n'en a pointmis. Les doigts ſont inégaux en magnitude, afin que lors qu'ils ſont ſeparez & eſtendus les vns des · · autres,ils facent vne figure circulaire : & partant la main peut prendre tout corps, & principalement rond. - Parquoy reueuons à noſtre premier propos,nous auons declaré depuis le commencement de noſtre labeur, que c'eſt que cuir , pannicule charneux,greſſe , & tunique, ſoit propre ou commune des muſcles : dauan- ge que c'eſt que veine , artere , & nerfs. Donc reſte ſeulement que nous pourſuiuions la diſtribution de ces trois vaiſſeaux communs, qui eſt faite par toutes les parties de la main,generalement, & ſpecialement priſe : à celle fin que mieux, & plus aisément nous puiſſions par apres pourſuiuré les propres partie d'vne chacune partie ſinguliere de la main, generalement priſe, ſans faire aucune repetition des ſuſdits vaiſſeaux- Inegalité des doigts. - Diſtribution de la veine du bras, & premierement de la Cephalique. CH A P. X X Ia Origine ºr ! R donc afin que ſans plus long propos nous pourſuiuions noſtre intention , il faut ſçauoir · inſertion de ..2% que deux veines inſignes, & notables deſcendent de la Souſclauiere, l'vne de plus bas,l'autre t veine Ce- , de Plus haut, quelquesfois, & le plus ſouuent toutes deux ſortants d'icelle par vn commun phalique. # orifice, comme à petites gens, au bras : dont l'vne eſt nommée Axillaire,l'autre Humerale ou Lº *- Cephalique:laquelle ſortât de la ſouſclauiere(côme nous auons dit)deſcëd ſuperficiellement, -& anterieurement entre la diuiſion du muſcle Deltoide,& le tendó du muſcle Pectoral,entre la º† des - - - - - muſcles B D | riº - zº : é: é: - l: N De l'Anatomie. I37 muſcles, & le Pannicule charneux,iuſqu'au ply du coulde : auquel endroit aux charnus & emaeiez, elle ap- pert clairernent aux ſens de la veue,au contraire des bras,auſquels,à raiſon de la greſſe qui la couure & ca- che, a grande difficulté elle ſe peut voir.Ceſte veine apresauoir baillé en deſcendant, quelque petites por- tions de ſoy tant au cuir, qu'aux muſcles : par deſſus leſquels elle deſcend quelque peu ſur l'Apophyſe externe du bras, elle ſe diuife en deux rameaux : deſquels l'vn deſcendant obliquement vers la partie ante- rieure du coulde,s en va vnir(vn peu deſſous le ply dudit coulde)auec vn autre rameau ſemblable à ſoy,deſ- cendant audit endroit de la veine Axillaire,comme te ſera demonſtré cy-apres. Or la veine qui eſt faite des deux,eſt appellée vulgairement Mediane,à raiſon qu'elle eſt faite de deux rameaux,& ſituée entre iceux. Et eſt ladite Mediane inciſceaux affections qui requierent miſſion de ſang,tant de la teſte que du Foye.Et au cas que ladite Mediane ne ſoit aſſez apparente, quand tu la voudras ouurir pour la totale euacuation du corps, on pourra inciſer vn des rameaux qui la font, ceſtuy qui ſemblera plus commode. Et pource qu'vn chacun rameau tire pluſtoſt de ſes parties prochaines,& ſituées en ſon endroit,que des opoſites,il faut que ſi par vn de ſes rameaux tu veux euacuer auſſi bien de la teſte que du Foye,ou au contraire,qu'ayant ouuert(comme pour exemple)le rameau venant de la Cephalique , tout ſoudain tu preſſes auec ton poulce tout le rameau d'icelle,iuſques à ce que ſuffiſante euacuation de ſang ſoit faite du Foye,par la veine Baſilique ou Hepatique. Laquelle choſe quand tu verras eſtre faite, tu leueras ton doigt,& permettras fluer du ſang de la teſte par ia- dite Cephalique,ouuerte iuſques à ce que tu en ayes ce qu'il t'en faut,ouſois paruenu à ton intention. Car ſi tu faiſois autremét,tu n'euacuerois que d'vne partie ſeulement,c'eſt à ſçauoir de la teſte,comme tu ne ferois que du Foye ouurant le rameau qui vient de la Baſilique pour faire la Mediane.Dauantage s'il aduenoit qu'en voulant ouurir de neceſſité la Baſilique,elle ne ſe manifeſtaſt aucunement,ou bien peu, par ſa petiteſſe, & que la Cephalique ou Mediane s'offreau ſens de la veuë bien apparente,tu peux en lieu de la Baſilique, in- ciſer la Meduane : ou ſi celle ne s'offre la Cephalique,preſſant (ainſi qu'auons dit) du poulce le tronc de la- dite veine, de peur que l'euacuation ne ſe face de la Teſte , au lieu qu'elle ſe doit faire du Foye. Et ainſi tu imagineras falloit faire de la Baſilique,s'il aduenoit que voulant ouurir la Cephalique,elle ne ſe manifeſtaſt Point. Pour ce iourd'huy la plus grande partie de ceux qui ſaignent,prennent & ouurent pour la Mediane, le rameau de la Baſilique,qui monte pour allerfaire ladite Mediane auec celuy de la Cephalique, ainſi qu'il à eſté dit.Apres ces choſes ainſi conſiderées,reuenât à noſtre premier propos,il faut entêdre que ceſte veine Mediane deſcend entre les deux os du coulde iuſqu'a leur extremité : duquel endroit elle s'en va perdre, diuiſée en pluſieurs rameaux, en la main exterieurement, derriere le Poulce, Index & Medius, ou Meta- carpe d'iceux : & quelquesfois s'en va remettre dans le rameau qui s'enſuit, & alors pres du poignet ſe diuiſe & ſepare d'iceluy, s'en allant finir au lieu ſuſdit. L'autre rameau de la Cephalique, que nous pou- uons appeller Cephalique anterieure,& exterieure, deſcendant directement ſur l'os nommé Radius:iuſqu'à ſon milieu ou enuiron, ſe fouruoye d'iceluy obliquement vers la partie poſterieure du bras;où ſe renforciſ- ſant d'vn rameau venant de la Baſilique,s'en va diſtribuer exterieuremét par toute la main,laquelle il nour- rit auec la Mediane.Et noteras,que ces rameaux ne deſcendent point ſans ſe communiquer aux parties par leſquelles ils paſſent ſelon l'exigence d'vne chacune, ainſi que tu peux voir dedans la figure des veines : à l'imitation dequoy tu vois qu'il faut que les voituriers de marchandiſe payent le paſſage de leur marchan- diſe & voiture, partoutes lesterres qu'ils paſſent, au Seigneur d'icelles. Diſtribution de la veine Axillaire_ . C H A P. XXI I. E s T E maintenant que nous paſſions à la veine Axillaire , laquelle commençant à l'endroit de l'inſertion du muſcle Pectoral,ou quelque peu plus haut,apres auoir produit les deux Thorachi- ques, ſe vient diuiſer vn petit deſſous le ſuſdit tendon en deux inſignes rameaux , nommez l'vn, Axillaire profonde, & l'autre Axillaire ſuperficielle. La profonde, deſcendant touſiours auec l'artere Axillaire,& la tierce paire de nerfs, apres auoir produit le petit muſcle externe du bras, s'en va au milieu du ply du coulde : auquel endroit ſe plongeant,& infinuant auec l'artere,& nerf parmy les muſcles du coulde,ſe diuiſe en trois portions, d'ont l'vne deſcendant auec le rayon,entre par deſſous l'anneau,en la main interieurement, & baille deux petits rameaux au poulce, deux autres à l'indice, & vn au moyen,leſ- quels montent par leurs partie laterales. L'autre portion deſcendant auec l'artere ainſi que la preceden- te ſelon le coulde, entre ainſi que l'aurte dedans la main , ſe diſtribuant aux autres doigts ainſi que la pre- cedente. La troiſieſme va anterieurement entre les deux os, iuſqu'au poignet, & muſcle quaré. Et faut icy noter que ceſdites veines font non ſeulement telles diuifions qu'auons maintenant pourſuiuy , mais autres infinies,tant par les lieux où elles paſſent, qu'és muſcles internes de la main, leſquels ſontnourris par icel- les.Et voyla quant à l'Axillaire interne & profonde.Quant à l'externe & ſuperficielle (laquelle ſe manifeſte premierement ſous le cuir,aux maigres principalement quelque peu deſſus l'Apophyſe interne du bras(elle ſe diuiſe audit endroit ou enuiron en deux rameaux,dont l'vn deſcendant vers le ply du bras,s'en va mettre, & vnir auec celuy de la Cephalique, quelquesfois plus pres du ply, quelquesfois plus loing, pour faire la Mediane,ainſi qu'auons declaré par cy-deuant.L'autre rameau, apres auoir employé vn certain nombre de rameaux,les vns plus gräds & plus plus gros,les autres plus courts & que petits,tant au cuir,qu'autres par- tie svoiſines deſcendât ſelon la partie inferieure de l'os,propremét appellé l'os du coulde, s'en va à la parfin jetter dedans le rameau Cephalique anterieur,& exterieur,que nous auons dit deſcendre le long du rayon: & ainſi vnies s'en vont à toute la main,en laquelle, ſi c'eſt la dextre,elles vont faire, entre les doigts moyen & incidie,la Saluatelle:ſi c'eſt la ſeneſtre,en meſme endroit la Splenitique.Or pour concluſion de ces diſtri- butions de veines,tu reuoqueras en memoire ce qui a eſté dit vne autresfois,c'eſt à ſçauoir que les diſtribu- tions des vaiſſeaux ſont ſi diuerſes,qu'on ne t'en ſçauroit donner vne regle certaine,& vraye tout par tout. Parquoy excuſe nous,ſien aucuns ſujets tu trouues plus de diuifions ou moins,ou autres que nous ne met- tons, te purſuadant que nous ne mettons rien, que n'ayons trouué le plusſouuent en nos diſſections. Diſtribution de l'artere Axillaire ». C H A P. XX I I I. L conuient maintenant ſelon l'ordre de diſſection , monſtrer la diſtribution de l'artere Axillai- re , laquelle depuis ſon commencement , qui eſt tout ſoudain apres les deux Thorachi- ques , en deſcendant entre le muſcle à deux teſtes, & le bras auec la veine Axillaire pro- - fonde, diſtribué vn rameau aſſez inſigne aux muſcles externes du bras, qui eſtendent le coulde» & s'en va perdre aux muſcles externes d'iceluy, qui prennent leur origine des apophyſes du bras exterieu- rement : & tel rameau eſtappellé muſcle,côme eſt auſſi la veine qui l'accompagne. Puis ladite artere eſtant M 3 paruenue Veine diey AMediane. Inſtru#ion pour le Chi- rurgien. Reigle de ſaignée. Chemin que- tient la Me- diane. Chemin que rient lb Ce- thalique. Veine dite Axillaire interne Cr profonde. Veine Axil- laire externe & ſuperfi- cielle. Admonition au Lecteur. Artere. Muſcle. 1 38 Le ſixieſme Liure, Ocrupation. Exhortation au Lecteur. Du Col ſor tent ſept pai- res de nerf . La premiere paire de nerfs ſor- fans du co Seconde. Trºiſieſme. S)uatrieſme. Cinquieſme. Sixieſme. Septieſme. Douze pai- res de nerfs ſortant du paruenuë au ply du coulde,ſe profondant dedans les muſcles qui plient les doigts,cômunique certains pe- A tits rameaux aux parties appartenantes à l'articulation du coulde auec le bras,& autres parties illec ſituées ainſi qu'elle a faict aux parties ſuperieures,par leſquelles elle eſt deſcendue:en ſorte que c'eſt vne regle ge- nerale,que tout vaiſſeau baille certaine portion de ſoy à toute partie par láquelle il paſſe,& en chacune ſe- . lon l'exigence d'icelle, comme auons predit. Et pourtant ſi tu me demandes pourquoy ie n'ay pourſuiuy toutes ces productions : ie te reſponds , que noſtre intention ne fut iamais que de marquer les rameaux · grands,& inſignes de quelque vaiſſeau que ce ſoit,deſquels peut aduenir inconuenient de mort,ou quelque grande maladie,par diuiſion,inciſion, ou autrement. Car de te pourſuiure entierement les diſtributions des veines.arteres,& nerfs,tant grandes que petites,outre ce que ſeroit labeur infiny, & non ſans confuſion, tel labeur ſeroit Inutile & ſans profit : veu les petites diſtributions que nous laiſſons à eſcrire & noter, ſont ſi petites, que ſoit que nous les ſçachions ou ignorions, elles ne nous profitent ny incommodent pas beau- coup. Ie t'ay bien voulu aduertir de cecy, afin que fi parauanture en diſſequant tu trouues autres diſtri- butions que celles que ie t'ay noté, tu ne penſes que nous les ayons ignorées,& à ceſte cauſe teues & laiſ- ſées. Or pour retourner au premier propos,ceſte artere ainſi que plongée dedâs les ſuſdicts muſcles quand elle eſt paruenuë enuiron le milieu du coulde,tout ſoudain, ou quelque peu apres, elle ſe bifurche en deux inſignes, & notables rameaux, leſquels s'en vont l'vn ſelon le rayon,& l'autre ſelon le coulde, par deſſous l'anneau interieurement en la main : en laquelle tous ces deux rameaux ſe diſtribuent & conſument , ainſi qu'auons dit de rameaux de la veine Axillaire interne, c'eſt à ſçauoir apres auoir payé le paſſage tout par tout où ils ont paſſé. A la parfin de leur reſidu, celuy qui deſcend par le rayon, baille deux rameaux au poulce:vn de chacun coſté,deux à l'index pareillement,& vn au Medius.L'autre qui deſcend ſelon le coulde, fait le ſemblable au petit ou Annullaire,& au moyen,comme tu verras par experience en t'exerçant en l'art de diſſequer lequelie te conſeille vouloir apprendre:autrement tu ne ſçauras iamais rien en cecy de certain. · des nerf du col,du met phren & dabra, CI A XXIV. A 1 N T E N A N T il nous faut pourſuiure les nerfs du Bras, leſquels afin que plus facile- ment nous puiſſions entendre , nous promettons quelque choſe de ceux du col, & du Meta- phrene, pource que ceux du bras precedent, & ſortent d'iceux. Et pour commencer faut en- tendre que du col ſortent ſept paires de nerfs:dont la premiere ſort d'entre l'os Occipital,& " à la premiere vertebre du col:tout ainſi que la premiere du Metaphrene d'entre la derniere du col , & premiere d'iceluy. Or ſont tous les nerfs diuiſez en deux , ou pluſieurs rameaux : dont les deux de la premiere paire (i'entends de chacun coſté ) vont l'vn , au petit muſcle droict,montant de la premiere vertebre du col à l'os Occipital, l'autre au muſcle long du col anterieur. Ceux de la ſeconde ſe diſtribuent, les vns auec vne portion qu'ils reçoiuent de la tierce, à tout le cuir de la teſte : les deux autres rameaux qu'elle produit,vont tant aux muſcles du ſecond Spondile,à l'occiput,& du ſecond au premier,qu'au muſcle l. long ſuſdit.Ceux de la troiſieſme ſont cômuniquez,l'vn à la teſte,ainſi qu'il a eſté dit;les autres au muſcles, qui releuent tant la teſte que le col,ſemblablementaux laterauxd'iceluy,& du long.Ceux de la quatrieſme s'en vont, l'vn aux muſcles tant ducol que de la teſte, & muſcle l'arge : l'autre, apres auoir baillé quelque portion de ſoy au long, & lateraux mufcles du col, deſcend auec portion de la cinquieſme » & ſixieſme paire au Diaphragme, comme nous auons dit. Ceux de la cinquieſme ſe communiquent, l'vn aux muſcles poſterieurs du col, & de la teſte : l'autre au muſcle long & Diaphragme, ainſi qu'il a eſté dit : le tiers au muſcle releuant le bras , & l'Omoplate. Ceux de la ſixieſme ſe diſtribuent l'vn aux muſcles poſte- rieurs du col , & de la teſte, l'autre au Diaphragme : comme auons dit : le tiers , auec vne portion de la ſeptieſme paire du col , & premiere, & ſeconde du Metaphrene , au bras & muſcle releuans l'O- moplate : Ceux de la ſeptieſme s'en vont , l'vn au muſcle Large, & ſes voifins tant du col que de la teſte : l'autre ſe meſlant auecvne portion de la cinquieſme , & ſixieſme partie du col , & vne autre de la premiere, & ſeconde du Metaphrene deſcend au bras iuſqu'à la main. Et faut icy noter auant que paſſer plus outre,que les muſcles qui prennent leur origine de pluſieurs vertebres,ſoit de haut en bas ou au côtrai- re de bas en haut,reçoiuent nerfnon ſeulement des vertebres d'où ils ſortent,ains auſſi de celles,par deſſus leſquels ils montent ou deſcendent. Quant aux paires des nerfs ſortans du Metaphrene,qui ſont douze en nombre : la premiere paire ſortât d'entre la dernierevertebre du col,& premiere dudit Metaphrene,ſe di- uiſe (i'entends chacun nerf de ſon coſté) en deux ou pluſieurs portions,ainſi que font toutes les autres. Les A4ºrºphrene. ramèaux ou portions de ceſte premiere paire s'en vont,les vns aux bras comme il t'a eſté dit,les autres aux Premiere Paire. Ses onde. Nerfs du bras Premier muſcles,tant du Thorax,qu'autres ayans illec leur origine,ou paſſans par ledit endroit.Ceux de la ſeconde, ſe diſtribuent de meſme ſorte que les precedents. Ceux de toutes les autres paires iuſqu'à la douzieſme,ſe cômuniquent les vns aux muſcles intercoſtaux,s'eſtendans ſous les vrayes coſtes iuſqu'à l'os Sternó, & aux médcuſes & faulſes iuſqu'aux muſcles droits,& longitudinaux:& de ces rameaux intercoſtaux,ſont renfor- cez les nerfs coſtaux de la ſixieſme coniugaiſ6, à meſure qu'ils deſcendét par la racine des coſtes.Les autres portions deſdicts nerfs ſe communiquent aux muſcles, tant duThorax que de l'Eſpine ſelon que leſdits muſcles ſortent ou paſſent ſur les vertebres par leſquelles ils ſortent. Apres ces choſes ainſi conſiderées,& auoir entendu l'origine des nerfs du bras,reſte maintenant que nous pourſuiuions,& monſtrions le nôbre & diſtribution d'iceux. Quant au nôbre,ils ſont cinq,ou ſi tu veux ſix prouenans des vertebres cinquieſme, ſixieſme,& ſeptieſme du col,& premier & deuxieſme du Metaphrene:dont le premier ſans ſe meſler aucu- nemét auec les autres,s'en va de la cinquieſme vertebre du col,au muſcle Deltoide,&au cuir qui le couure. Les autres quatre ou cinq, apres s'eſtre entremeſlez, & entrelacez,non ſeulement dés leur origine & ſource, nerfdu braº ains s eſtât deſentrelacez ſous l'aiſſelle,le diſtribuêt par apres en la maniere qui s'enſuit.Le premier d'iceux. Second, Troiſieſme. & ſecond à celuy qui a eſté cy-deſſus declaré,deſcendant quelquesfois iuſqu'à la main,ſe communique fur ſon chemin premierement au muſcle à deux teſtes:ſecondement,par deſſous iceluy auec le tiers nerftierce- ment au muſcle tres-long du coulde , ſur le ply duquel il ſe diuiſe en deux rameaux , deſcendans ſelon les deux os dudit coulde , conduit par le pannicule charneux : finalement ſe perd au cuir, tant du coulde , que de la main. Le troiſieſme deſcendant plus bas que le precedent, premierement s'vnit ſous le muſcle à deux teſtes auec le ſecond : puis le ſepare , & baille vne ſienne portion au muſcle Brachial : ſemblablement au cuir du bras anterieurement : finalement eſtant deſcendu iuſqu'au ply du coulde anterieurement ſe iette dedans le cinquiefme, le quatrieſme , & plus grand de tous , deſcendant encor par deſſous le tiers, ſous le muſcle à deux teſtes,auec la veine Axillaire interne, & l'artere,ſe reflechit,& retourne vers la partie exte- rieure,& derriere du bras , pour illec ſe communiquer aux muſcles dudict bras qui eſtendent le coulde:ſem- blablemët au cuir interieur du bras,& exterieur du coulde,le demeurant dudit nerf,apres qu'en deſcendant il De l'Anatomie. | I 39 il eſt paruenu à l'articulation du coulde,deuallant par deſſus l'oleerane d'iceluy,ſe diuiſe en deux rameaux d'ontl'vn deſcend le long du coulde, ſe deſine & perd au Carpe exterieurement, l'autre deuallant par le kngdu Rayon,s'en va perdre exterieurement par deuxpetits ſurgeons,au gros doigt:par deuxautres,à l'in- dice : & par vn cinquieſme,au moyen,toutesfois aſſez obſcurement. Le cinquieſme deſccndant encore plus . bas que leprecedent, & entre les muſcles du bras,quieſtendét& fleehiſſent le coulde, apres eſtre paruenu ſous l'apophyſe interne du coude (auquel endroit nous auons dit que le tiers ſe venoit ietter dans ceſtuy- cy)ſe communique aux muſcles internes d'iceluy : puis ſe diuiſe en trois portions, dont l'vne s'en va enui- ron la moitié du coulde exterieurement bailler deux petits rameaux au petit doigt, deux au doigt nommé Medecin,& vn au moyen.Les autres deux s'en vont,l'vn par deſſus,l'autre par deſſous l'āneau dans la main, ou tous deux,apresauoir baillé chacun de ſon coſté aux muſcles de la main de ce qui leur appartient, ſe conſument & perdent en cinq petites portions.Dont celles du nerfqui paſſent par deſſus l'anneau vontdeux au petit doigt,deux au doigt Medecin ou annulaire,& vn au moyen. Et celle de ceſtuy qui paſſe par deſſous vont toutainſiaux autres;c'eſt à ſçauoir deux au gros doigt, deux à l'indice , & vn au moyen. Le ſixieſme & dernier eſtant encores par deſſous tous les autres, deſcend entre le cuir & lé Pannicule charneux parmy & " • ! , nerf du bras, l'apophyſe interne du bras, & ſe va perdre au cuir du coulde. , Figure des nerfs. * a Le commencement de la , moüelle de l'eſpine à l'en- droit où elle entre dedans la premiere vertebre. ***.3.4.5.6-7. , ... Sept vertebres du Col , & les paires qui ſortét d'elles 8.9.1o. 1 1.I2.I3.I4 Douze vertebres du Tho- 15.16.17.18.19 rax ou Metaphrene. Cinq *o. * I. 2 2.23.24. vertebres des Lumbes. 25.26.27.28.29.3o. Six os de l'os Sacrum. Au , reſte,nous ne t'auons point icy figuré l'os de la queuë ou Coccyx,à raiſ6 qu'il ne contient point de moüelle, & que nul nerfvient de luy © 2"C S , %( .2 ºauii - $ NA : é . Za : S , SS #Ns ) du col, qui va à l'Occiput ou Vertex de la teſte, , C Vne partie de la premiere paire. Au reſte, ſois aduerty , Lecteur que nous te repreſétons ſeulemêt la face anterieure des nerfs , & qu'vne partie de ceux que nous te baillons, va par derriere pour ſe perdre aux muſcles là ſituez. d Diſtribution du rameau de la ſeconde pai- re qui vient par deuant. e e Le nerf diaphragmatique, qui eſt fait des rameaux anterieurs de la quatrieſme, cinquieſme, & ſixieſme paire ducol. f Rameau anterieur de la cinquieſme paire du Col , qui ſe diſtribue aux muſcles voyſins du bras & de la Clauicule. 8 Portion de la ſixieſme paire du Col, qui s'en va diſtribuer au bras. - h Portion de la ſeptieſme partie du Col, de la premiere & ſeconde du Thorax. Or depuis f, iuſques à h, ſont les ſix nerfs qui ſe vont diſtribuer au bras,qui premierement s'entrelacent - -- & puis s'eſtans déueloppez, vont au bras comme tu orras. ilj Premiere paire des nerfs qui va en la peau du bras. K Secondnerf caché ſous le muſcle à deux teſtes. 1 Portion du meſme nerfà l'endroit où il tient compagnie à la Mediane. mm Troiſieſme nerf du bras,qui ſe va perdre aux doigts de la main en deux rameaux au poulce : deux à l'index, & vn au moyen, & quelquesfois deux, & alors vn au Medecin. *, D nn Le quatrieſme nerf du bras,qui s'en va par derriere le bras perdre en ſa plus grande partie aux muſ- cles,qui prennent leur origine de l'apophyſe anterieure : mais vn rameau s'en va perdre à la peau iuſques ſur le poignet. : o o Cinquieſme nerfdu bras,qui ſe va perdre à la main pour fournir de Rameau aux doigts par dedans, Vvv Le premier nerf qui va à la cuiſſe pour ſe perdre en la peau d'icelle. qui n'en ont point eu de la troiſieſme paire. PPP Sixieſme paire qui s'en va touſiours à la peau du bras iuſques au poignet. 1qqqq Les nerfs Intercoſtaux qui ſe diſtribuent aux muſcles prochains. rr rr r Partie des nerfs Intercoſtaux qui renforciſſent le nerfCoſtal,qui eſt vne partie de la fixieſme paire du cerueau, laquelle ſe diſtribue par tout le ventre inferieur. fſfſ Les nerfs des Lumbe, qui ſe diſtribuent aux muſcles de l'Epigaſtre. tt Vn petit nerfvenant des Lumbes, qui tient compagnie à l'artere Spermatique. , ^ # xxxxx Second nerf de la cuiſſe, dont vne partie s'en va auec la Saphene iuſqu'au bout du pied. y Troiſieſme nerf de la cuiſſe, qui va auec le reſte de l'Hypogaſtrique, qui va par le trou de l'os Pubis. * 2 2 Quatrieſme nerf de la cuiſſe, lequel ſe diſtribuë par toutes les parties dela cuiſſe, de la jambe & du pied & ſe perd aux doigts d iceluy,de ſorte qu'il baille deux nerfs par deſſous,& deux par deſſus. * Partie desnerfs venant de i'os Sacrum, quiſe diſtribuent au muſcle voifin de l'os Ilium. M 4 Deſtription chquieſme, Le ſixieſmè dernier b b Vne partie des nerfs de la ſeconde paire . ". YAO Le ſixieſme Liure, - Deſcription du maurel de l'os du bras. $)u'eſt ce que Symphyſe. Huict muſ-, cles mou - uans le bras. Muſcle Pectoral. Muſcle Del- toi le. Ces deux pour vn nommé Eſ- #anlier. Muſcle nºmmé tre1- large. J e n cm de Coulde eſt pris en trois manier: r. Deſcription de les du bras, & des muſcles quile meuuent. CH A r. XXV. P R E s ces choſes ainſi conſiderées,il conuiendroit parler des muſcles mouuans le bras;mais ſ$ veu que nous ne ſçaurions parfaictement deſigner, & monſtrer leurs origines (au moins des deux brachiaux)ſans auoir premierement monſtré & baillé la deſcriptiô du naturel de l'os du bras : à cette cauſe nous parlerons premierement d'iceluy,puis reuiendrons audicts muſcles. - Le naturel doncques de l'os du bras,eſt d'eſtre le plus grâd d'entre tous les autres os,excepeé l'os de la cuiſſe : dauantage d'eftre rond, moüelleux, caue,ayant vne aſſez grande epiphyſe, ou condyle, ou teſte en ſa partie ſuperieure aſſiſe ſur vn moyen col par l eſpece d'articulation,nommée Symphyſe,ainſi qu'eſt toute autre epiphyſe.Et a en ſa partie inferieure deux apophyſes ou prominences,outubercules : l'vn anterieur,& l'autre poſterieur,& entre les deux comme vne demie orbite de poullie:les deux extremitez de laquelle deſinent,l'vne en vn trou exterieur,& l'autre interieur. Quant à la teſte, elle a double connexion, vne auec le col de l'os du bras , par l'eſpece de connexion que nous auons nommée Symphyſe,qui n'eſt au- tre choſe à dire,qu'vnion naturelle d'vn os auec l'autre,ſans mouuement aucun. L'autre connexion eſt auec la teſte ou boiiette ſuperficielle de l'Omoplatte,que nous auôs appellé Glene,par vne eſpece de Diarthroſe: nommée Arthrodie. Or eſt telle connexion ſtable & confirmée, tant par les muſcles deſcendans de l'Omo- plate au bras,que par les † propres qui deſcendent de l'orbite & ſourcil de la boette de l'Acromion, & Coracoide à la teſte dudit os. Dauantage , ladicte teſte eſt en ſa partie interieure plus qu'à l'anterieure, comme fiſſurée & caueé,pour bailler deſcente à vn des ligamens du muſcle à deux teſtes venant de l'Omo- plate. Quant à la partie inferieure (qu'auons dit auoir deux apophyſes,l'vne anterieure,l'autre poſterieure, & entre kes deux, comme vne demie orbite de poulie,terminée par vn trou exterieur, & vn autre interieur, pour la retention de la flexion,ou extention parfaicte du coulde)nous pouuons dire qu'elle eſt côiointe par deux eſpeces d'articulation auec le coulde generalement pris : à ſçauoir, par ginglyme auec l'os du coulde , proprement dit, & par Arthrodie,auec le Rayon, lequel parvne boette ſuperficielle reçoit l'apophyſe ante- rieure du bras,à l'entour de laquelle il voltige & tourneau mouuement de la main. L'apophyſe poſterieure eſt faite principalement pour la conſeruation des veines,arteres,& nerfs.Ces choſes ainſi demonſtrées,reſte ſeulement que nous adiouſtiôs la figure de l'os contenu entre les deux extremités,afin qu'en cas de fracture nous le ſçachions reduire à ſon naturel,côme il appartient.Et pource faut entédre, que cedit os eſt aucune- ment caue interieuremét ſous la ſciſſure de la teſte dudit os,& exterieurement & aucunemét anterieuremét boſſu.au contraire de la partie inferieure où anterieurement il eſt caue,poſterieurement & exterieurement aucunemét boſſu.Cr cét os icy eſtât mobile,tant deuât & derriere,que haut & bas,Nature luya produit pour accomplir ſon mouuement,huict muſcle s:ſix propres, & deux commus auec l'Omoplate : De tous leſquels, deux le meuuent à la partie anterieure, deux à la poſterieure , deux à la ſuperieure, & deux à l'inferieure. Et faut noter que quand nous diſons que # le meuuent à la partie anterieure,deux à la poſterieure,deux à la ſuperieure,& deux à l'inferieure : il ne faut pas entendre que deux le meuuent droitement en la partie anterieure, ſans decliner en haut, ou en bas,ny les deux qui le meuuent en haut ſans decliner ou en auant, ou en arriere, & ainſi des autres. Mais il faut entendre telles commigrations de muſcles, en quelque façon qu'ils meuuent ledit os, que ſi c'eſt le Pectoral & ſon compagnon,touſiours ils retirent vers le deuant,ainſi que fait le Deltoide auec ſon compagnon, en haut : & ainſi faut eſtimer des autres.Or quant à l'origine & inſertion deſdicts muſcles, des deux qui meuuent le bras vers le deuant, l'vn nommé Pectoral, à cauſe de ſon origine, ſort plus que du milieu de la clauicule de la plus grande part du Sternon,& de la ſixieſme, ſe- ptieſme,& huictieſme coſ e,& s'en valier au bec de corbin par vne membrane aſſez forte au tendon mem- braneux ( à raiſon dequoy il eſt dit commun au b1as & à l'Omoplate) au bras entre le muſcle Deltoide,& celuy à deux teſtes,par vn fort & gros tendon fait de fibres qui ſe croiſét en croix Bourguignonne:deſquel- les les vnes deſcendent de la clauicule,& partie ſuperieure du Sternon : les autres montent de la partie ou origine inferieure d'iceluy , venant de la ſixieſme , ſeptieſme, & huictieſme coſte. Et combien quel'action dudict muſcle ſoit diuerſe, à raiſon de la diuerſité, de ſes fibres, prenans leur origine de diuers endroicts;ſi eſt-ce toutesfois que toufiours il tire le brasanterieurement , ſoit qu'il le tire en haut,ou en bas, ou vers la poictrine. L'autre qui eſt ſon compagnon, deſcend de toute la lévre ou ſourcil de la partie caue de l'Omo- plate,laquelle il remplit à la partie anterieure du bras pres ſa teſte.Quant aux deux qui leileuent,le premier appllé Deltoide,pour la ſimilitude qu'il a auec vne lettre nommée Delta A. deſcend preſque de la moitié de la Clauicule de l'Acromion,& de toute l'eſpine de l'Omoplate , à la partie anterieure du bras,enuiron qua- tre doigts ſous l'articulation.Et a diuerſes actions ſelon la diuerſité de ſes fibres comme tout autre muſcle: toutesfois en quelque ſorte qu'il ſe retire,ſoit de ſes fibres,clauales ſeules, ou ſpinales de l'Omoplate ſeu- les, ou des deux enſemble , touſiours il tire le bras vers le haut. Son compagnon deſcend de la partie gib- beuſe de l'Omoplate, contenue entre la coſte ſuperieure d'icelle & l'eſpine,entre l'Acromion & Coracoide, ou col du bras,lequel nous appellerons Epomis,ou eſpaulier. Maintenant des deux qui le tirent vers le der- rierº,le premier & plus grand prend ſon origine de la plus grande partie de la lévre exterieure de la partie gibbeuſe de l'Omoplate,qui eſt ſous l'eſpine d'icelle,& couchéé par deſſus ladite Omoplate,s en va à la par- tie poſterieure du bras ſur ſon col. Son compagnon plus petit , ſort de la partie ſuperieure & exrerieure de la coſte inferieure de l'Omoplate : & s'eſtendant aucunement ſur la partie gibbeuſe , voiſine de ladicte coſte , & s'en va auſſi au bras. Ceſtuy-cy ſemble eſtre vn meſme auecque le precedent, & eſt charnu exte- rieurement, meſme iuſques deſſus la teſte du bras. Les deux qui le tirent en bas, ſortent, l'vn & plus petit, de la ligne droicte de la coſte inferieure de l'Omoplate , & s'en va à la partie inferieure du bras à l'entour de ſon col : l'autre nommé tres - large monte des eſpines de l'os Sacrum , des Lumbes, & le plus ſouuent des neufinferieures du Metaphrene par l'angle inferieure de l'Omoplate , auquel il s'inſere par vn tendon membraneux , & à la partie interieure du bras pres du col par vn autre tendon fort & robuſte. Et à ceſte cauſe ce muſcle icy eſt dit commun au bras & à l'Omoplate. Et faut noter, que lors qu'il y a quelque playe en cedit muſcle , on ne peut aiſement leuer le bras. - Deſcription des os du Coulde,& des muſcles qui le meuuent. CH A P. XXVI. # P R E s ces muſcles icy viennent ceux qui flechiſſent & eſtendent le Coulde : mais attendu que ie ne # ſçaurois monſtrer commodément leur inſertion, ſans t'auoir premierement declaré les os d'iceluy,à ceſte cauſe nous les deſcrirons auant que faire autre choſe, & puis apres reuiendrons auſdicts muſcles. Or Pour cómencer afin que l'âbiguité de ce nom de Coulde par ſes diuerſes ſignifications ne puiſſe trou- ºlºr Perfôns , il faut ſçauoir que le coulde eſt vſurpé en trois ſignificatiôs carquel quesfois il eſt pris pour - tOlllC -- -"º- A , De l'Anatomie. I4 I A toute la fºrtie de la main, compriſe entre le bras, & le poignet. Quelquefois pour l'os inferieurde la ſuſ. dicte partie. Quelquesfois pour la partie ſuperieure duditos,laquelle tourne dedans l'orbite du bras,com- Prºfºrººe- me vne corde dedans l'orbite d'vne poulie,& eſt appellée Olecranon:nous l'vſurpons icy ſelon la premiere # " acception.Et pourtant diſons qu'il eſt fait deux os,vn nommé Rayon,autrement petit focile du bras : l'au- # - - - - - - econde ac- tre proprement & ſpecialement dit l'os du Coulde.Ces deux os en leurs extremitez ſont adherås,eſtroitte- # ment liez enſemble par fort sligamés,& entre ces extremitez ſont ſeparez aſſez loing l'vn de l'autre,& plus # . en bas qu'en haut:pour la ſituation & paſſage des muſcles & vaiſſeau de la partie interieure à l'extremité, §. ainſi qu'il ſera demonſtré en ſon lieu.Quant au Rayon,ſon naturel eſt d'auoir deux epiphyſes ou appédices, ole ,anen. vne à ſon extremité ſuperieure, & l'autre inferieure. La ſuperieure eſt ronde & caue ſuperficiellement en Le naturet forme de baſſin,& reçoit l'apophyſe anterieure de l'os du bras laquelle elle eſt attachée par forts ligaméts, du Rayon. deſcendât tant de ladite apophyſe de l'os du bras,que de l'olecrane,tout à l'entour de ladite epiphyſe rôde , Arethyſº du Rayon,& connexion par ſymphyſes auecquesl'os. L'vſage de telle connexion eſt de tourner tout à l'en- **ſt vne tour de ladite apophyſe, & par ce moyen faire la main prone & ſupine. Mais l'inferieure epiphyſe dudit º" rayon eſt au dedans caue,pour mieux receuoir les os du Carpe : & au dehors gibbeuſe pour l'aſſeurance d'i- # celle.Dauantage ledit rayon eſt plus gros & plus mol par bas,& plus petit & plus dur par haut : auquelen- # 0ft ſ'0/72- droict vn peu vers le dedans , il a vne petite tuberoſité,par laquelle il reçoit le muſcle à deux teſtes. Outre # plus en ſa partie exterieure & moyenne , il eſt quelque peu boſſu & rond pour l'aſſeurance d'iceluy,à l'en- contre des iniures externes : & en l'interieure plat, pour la commodité de l'apprehenſion de la main. Mais ... . ſur l'endroit qu'ilregarde l'os du coude proprement dit,il eſt fait en d'os d'aſne,afin que les muſcles euſſent # de plus plantureuſe origine & priſe dudit endroit.Sonaſſiette eſt ſur l'os du coulde,vis à vis du poulce Quant # # # à ſon compagnon , que ſpecialement nous appellons l'os du coulde, il a pareillement deux epiphyſes,vne º 774 ff4 ſuperieure & l'autre inferieure. La ſuperieure & plus grande s'adapte auecque l'orbite du bras,dedans la- # #. quelle elle va & vient à l'extenſion & flexion du bras , comme vne corde de dedans l'orbite ou cauité d'vne prement pris, poulie, hormis qu'elle ne fait point le trou entierement à cauſe des deux Procez d'icelle en grandeur ine- gaux,leſquels ſont arreſtez par les trous de l'os du bras à la parfaite extenſió:le procez plus grand que nous auons appellé Olecrane par le trou exterieur : & en la parfaite flexion,la plus petite, & plus courte, pare trou interieur.Or eſt telle articulation faite par ginglyme,côme nous auons dit,& ſe ſtabilie on attache non ſeulement par ligamens communs venans des muſcles qui les meuuent,mais auſſi par ligamens propres,leſ- quels deſcendét des apophyſes du bras,& bords des trous,tout à l'étour de l'epiphyſe dudit coulde.L'autre epiphyſe inferieure,& plus petite eſt au dedâs aucunemét caue,pour mieux receuoir les os du Carpe,& au dehors ronde tendant en pointe : à cauſe dequoy eſt appellée en Grec, Styloide.Dauantage,cét os eſt plus gros deuers le bras, & plus petit deuers le Carpe tout au contraire du rayon. Séblament ſur ſa plus groſſe partie il eſt interieurement plat,& au meſme endroit exterieurement quelque peu boſſu : au reſte, droit & rond,fors que de l'édroit qu'il regarde le rayó,par deſſus lequel il eſt aſſis;auquel lieu il y a vne ligne faite en dos d'aſne,pour la plus ſeure origine & inſertion des muſcles iſſus de telles parties des ſuſdicts os. Fi- za ſituatic» nalement il eſt caue & mouelleux, ainfi que ſon compagnon.La ſituation du Radius eſt obligue,& celle du § ér Cubitus droite, afin que le mouuement du bras fut mieux fait & accomply, pource que le mouuement par cºti . lequelle bras eſt eſtendu & fleſchy,ſe faict de droite ligne:& le mouuement,par lequel ſe fait que l'ontour- ne le bras; à ſçauoir,en figure prone & ſupine,ſe fait lateralement,& à ceſte cauſe le Radius eft oblique,& le Cubitus droit; car l'os du coulde eſt deputé pour faire l'extenſion & flexion,& le rayon aux mouuemens lateraux & tourmens, & pour cette raiſon la jointure de ces deux os auec le brachium ou haut du bras eſt Muſcl differente.Et voyla touchant la deſcription des os du coulde,laquelle ie t'ay voulu bailler le mieux qu'il ma » . eſté poſſible, afin qu'en cas de curration des fractures, tu puiſſe prendre du naturel d'vne chacune telles #. indications qu'il appartient à les bien & deuement curer. Parquoy reſte que maintenant nous reuenions , lem§nt aux muſcles mouuans le coulde generalement pris : leſquels ſont quatre en nombre, deux qui le plient, & pri . deux qui l'eſtendent. Des deux premiers l'vn eſt appellé Biceps, a cauſe de ſes deux teſtes, qui deſcen-. Muſcle Bi- dent l'vne de l'apophyſe Coracoide, & l'autre du bord de la boëte de l'Omoplate, par la ſciſſure de la te- eeps. ſte de l'os du bras : ſous le col duquel commençans à ſe faire charnues,s'vniſent eſtroittement ſur le ventre A u ele Bra- & milieu du'bras puis ainſi vnies s'en vont implanter par vn fort tendon à la tuberoſité interieure du rayon. chial. L'autre nommé Brachial, à raiſon de l'adherence,& ferme connexion qu'il a auec l'os du bras,deſcend obli-\ " quement ſous le ſuſdit muſcle, depuis la partie poſterieure & ſuperieure dudit os au bras , iuſqu à l'os du Muſcle du coulde, plus que du rayon interieurement. S'enſuiuent maintenant les deux qui l'eſtendent, deſquels le Coulde premier nommé Long,deſcend de la coſte inferieure de l'Omoplat, & adherant à l'os du bras s'en va(meſlé efe deºrs. . auec ſon compagnon fort eſtroittement , & principalement prés du coulde ) là où tu orras par cy - apres. Mºſºlº lºngº L'autre ſon compagnon, que nous pouuons appeller le Court, deſcend de la partie poſterieure du col de **** l'os du bras, adhere à iceluy, & faiſant vn tendon commun & large auec le ſuſdit, charnu au dehors & nerueux au dedans , s'en va inſerer & embraſſer tout l'Olecrane , pour enſemble eſtendre le coulde. Declaration des os du carpe, Metacarpe,& des Doigts. CH A P. | XX V I I. 37 o v T e s ces choſes ainſi deuëment faictes & accomplies , il faut venir à la declaration des Speciale os, tant du Carpe, Metacarpe, que des Doigts, parce que nous ne ſçaurions autrement cxpli- ſignification $ # quer bien & deuement l'inſertion des muſcles qui reſtent encores à declarer. Et pourtant lans i la mºi . # plus long delay, il te faut reduire en memoire ce que cy-deſſus auons dit Parlans de la main: * auquel lieu nous diſions qu'icelle priſe ſpecialement ſignifie ce qui eſt contenu entre les os du coulde,& I'extremité des doigts : que tous les Anatomiſtes diuiſent en CarPe Metacarpe,& Doigts Quant au Carpe, les parties communes appartenantes , tant à luy qu'au Metacarpe & Doigts, t'ont eſté ſuffiſam- Le Carpe eſº ment declacrées iuſqu'à preſent : mais que tu ayes entendu que le cuir tant de la main, que du pied, eſt composé de moyen entre pur cuir & pure chair, comme celuy du front, combien qu il ſoit immobile : dauantage fort huit os qui & denſe, plus toutesfois au pied qu'àlamain, de peur d'eſtre ſi facilement bleſsé en marchant deſſus.. ſ# diſ- outre ces ſuſdites parties cômunes,ledit Carpe eſt composé de huict petits os liez par rangs,& conioints ſem # auec les deux os du coulde par diarthroſe ; & enſemble par ſynarthroſe auec cartilage & ligamens , tant # #. f4 f communs venans des muſcles,que propres, deſcendants touſiours des Premiers aux autres qui s'enfuiuent # # or ſont ceſdits os les vns plus petits que les autres,dauantage durs & ſans moüelle,exterieurement gibeux, §. pour plus grande ſecurité & beauté de la partie : & interieurement caues, pour le paſſage des tendons qui vont aux doigts. Ils ſont † & diſpoſez en deux rangs, dont au premier n'en y a que trois & à l autre cinq les trois du premier ſôt de telle ſorte,quel'vn reçoit l'epiphyſe Styloide du coulde,l'autre la cónexion des deux os enſemble,le tiers eſt receu du Rayon. Des cinq du ſecond rang,trois ſouſtiennent les quatre § Ul I 4.2 , Le ſixieſme Liure, l'anneau de la main Cr ſon vſage. JLe Metacar- pe eſt compo sé de quatre 0ſ. Les ºs des doigts ſont quinze en aombre . Dequoy ſont faits les on- gles. Les os Seſa- mcides. I'vſage des os Seſamoi- des. du Metacarpe,auec leſquels ils ſôt conioints par ſynarthroſe,ainſi qu'ils ſôt auſſi auec ceux du pºëmier räg. A Le quart ſouſtient le premier os du poulce,auquel il eſt conjoinct (comme auec ceux du premier rang)par ſynarthroſe.Le cinquieſme & dernier eſt aſſis interieurement vis à vis du coulde,principalemêt ſur l'os du premier rang,qui reçoit le Styloide du coulde. Ceſtuy-cy eſt le plus petit de tous & plus foible,à raiſó de ſa ſubſtance cartilagineuſe,laquelle conſtitue l'âneau auec certains ligamens:paſſans & trauerſans d'vne des extremitez laterales & interieures du Carpe à l'autre.Lequel anneau a eſté fait,tât pour la conſeruation des nerfs,veines & arteres, qui paſſent par deſſous luy (de peur qu'en nous appuyant ſur la main ou Carpe,tel- les parties par ceſte compreſſion ne fuſſent offensées)que pour la commodité de l'action des muſcles plians les doigts,leſquels en faiſant leur action & ſe retirans,euſſét peu difformer la main,ſortans hors de la caui- té du Carpe,à raiſon que l'attraction faite par cordes,pourueu qu'elle ne ſoit empeſchée,eſt faite par droi- cte ligne. S'enſuyuent maintenant les os de la ſeconde partie de la main, nommé Metacarpe, leſquels ſont quatre en nombre, boſſus exterieurement,& interieurement faicts en archet; à ſçauoir caues au milieu,du- quel eſt faicte la pauhme & creux de la main, ou la plus grande partie.Ils ſont diſtans les vns des autres en- tre leurs extremitez, pour illec ſituer les muſcles nomméz Entre-oſſeux, & ont epiphyſe en leurs deux ex- tremitez, comme tu peux facilementvoir en vn Squelete d'vn petit enfant. Et faut icy noter que par le premier os du Carpe & Metacarpe nous entendons celuy qui eſt en la partie anterieure ; à ſçauoir , qui eſt deſſous le poulce au Carpe, ou l'indice au Metacarpe,comme ceux qui en leur ordre ſouſtiennent les doigts plus dignes.Apres ceux-cy s'enſuiuent les quinze os des doigts,trois d'vn chacun, caues & fiſtuleux, pleins de mouelle ſubtile & liquide, non groſſe & eſpeſſe,comme és os des bras & cuiſſes : auſſi exterieurement boſſus,& interieurement caues & plats, pour l'aſſiette des tendons qui montent interieurement le long des doigts iuſques à la derniere jointure.Ou noteras que pour la confirmation & conſeruation de telle aſſiette de tendons,Nature a produit des bords des cauitez internes deſdicts os, vn ligament membraneux & fort, lequel allant tranſuerſalement d'vn bord à l'autre, joint ſi bien les tendons contre leſdicts os, qu'ils ne peuuent ſortir de leur place , ny decliner d'vn coſté ny d'autre. Ils ont eſté faicts connexes , & courbez par'dehors,pour mieux ſeruir à l'action : car de leur partie interieure les doigts remolliſſent,& broyent & prennent toutes choſes,ce qu'ils feroient mal-aisément s'ils n'eſtoient connexes & courbez. Or quant aux cinq premiers os des doigts , quatre ſont conioincts auec les quatre os du Metacarpe par ſynartroſe, veu que les os du Metacarpe ne ſe meuuent point manifeſtement. Le cinquieſme par meſme connexion ſe lie auec le ſecond rang de l'os du Carpe.,Et ne peut cét os eſtre dit du Metacarpe , ainſi qu'aucuns ont voulu dire, veu qu'il a mouuement § eſt conjoint par diarthroſe, au contraire de ceux du Metacarpe, leſquels ſont liez par ſynarthroſe ſeulement.Quand aux ſeconds & tiers ils ſont conjoincts,les ſeconds aux premiers,& le tiers aux ſeconds,par diarthroſe & arthrodie : pource qu'outre le mouuement qu'ils ont ma- nifeſte, ils reçoiuent par cauité ſuperficielle ; ceſt à ſçauoir, les premiers,ceux du Metacarpe : les ſeconds, les premiers des doigts : & les troiſieſmes,les ſeconds. Et ſont tous # os des doigts en leur baſe plus grands , & en leur extremité plus petits, & liez enſemble par ligamens, pfincipalement propres, leſquels ( comme nous auons dit cy-deſſus ) deſcendent des premiers os aux ſeconds : en ſorte que les derniers n'ayans à qui communiquer leur ligament,ils en font & produiſent les ongles. Parquoy leſdicts ongles font engendrez des fibres,des ligamens,& de l'excrement des tendons qui ſe terminent à l'extremité de la racine des ongles.Reſte maintenant que nous pourſuiuions les os Seſamoides, leſquels ſont dix-neuf, articulations internes, de chacune main, & autant à chacun pied : c'eſt à ſçauoir, deux à la premiere articulation , & jointures de quatres doigts, & ſeconde du poulce,& vn en chacun des autres. Quant aux parties internes deſdites jointures , on en outre le plus ſouuent vn en vne chacune jointure,fors qu'à la ſeconde du poulce, où il y en a deux ſur les deux tendons, leſquels ſont quelquesfois cartilagineux. L'vſage deſdicts os, eſt de ſtabilir & confirmer leſdictes articulations, à celle fin qu'en s'eſtendant ou pliant , les os des doigts ne ſe renuerſent & ſortent de leur place par quelque fort mouuement,ainſi que fait la rotule du genouil. Ils ſont appellez Seſamoides, pour la ſimilitude qu'ils ont auec la ſemence de Seſame, qui eſt l'onguette & Platte. Troiſieſme Figure des os. La face interieure de la main droicte,en laquelle A, B,c,mon- ſtrent le premier rang des os du Carpe,lequelimme- diatement eſt articule auec le Rayon. D Demonſtre le quatrieſme os du meſme ordre, lequel auec ſon oppoſit° marqué par E,ſouſtiennent le liga- ment qui fait l'Anneau. EFGH Marquent les quatres os poſterieurs articulez auec les os du Metacarpe & premier du poulce. - IKLM Monſtrent les quatre os du Metacarpe. : * A Te monſtre vn os Seſamoïde, duquel tu pourras iu- ger des autres qui ſont arrangez deux à deux à la premiere articulation des doigts. . NOPQR Monſtrent les cinq os du premier rangdes doigts. 3TVXY Les cinq os du ſecond rang des doigts & dupoulce. - 1.2.3.4.5. Les os du dernier rang. C | : Del'Anatomie I 43 - 2uatrieſme Figure de laface exterieure des es de la Main droičfc_». En ceſte Figure, les lettres que tu vois, marque les meſ- -, mes os du Poignet ou Carpe. Des muſcles du Coulde ». C Ar. xxviii. L faut venir maintenant aux muſcles qui meuuent les ſuſdictes parties ; & premierement à guatorze ceux du Coulde : ſecondement aux internes de la main, & finalement aux muſcles Entre- Muſcles dn oſſeux. Quant aux premiers, à ſçauoir du Coulde,ils ſont quatorze en nombre,ſept externes, Coulde, & ſept internes. Des ſept externes, deux renuerſent le rayon premierement & ſecondement, ſept ºxº- &^a^SWN & par accident la main en contre-mont; à ſçauoir, que la paulme regarde vers la face ou le nº, cr ſept ciel, au moyen dequoy ſont appeliées Supinateurs, ou Mains renuerſeurs : deux eſtendeurs du Carpe, & º deux des doigts : & le dernier, Abducteur ou Obligateur externe. Quant aux deux premiers nommez Supi- Muſcles ex- nateurs, l'vn nommé Treſlong , parce qu'il eſt tel, deſcend de la partie externe du bras, enuiron quatre "#u, doigts par deſſus les apophyſes d'iceluy:& s'cn va inſerer par vntendon rond & fort,à l'epiphyſe inferieu- no su. re,plus interieure qu'anterieure du Rayô.L'autre d'eſséd obliquement de l'apophyſe externe & ſuperieure pinateurs. du bras,enuiron la tierce partie du Rayon,auquel il s'inſere par ligament membraneux & charnu anterieu- rement & interieurement. Apres ceux-cy vient les deux Eſtendeurs du Carpe : deſquels le ſuperieur deſ . cendant de l'externe & ſuperieure Apophyſe du bras par deſſus le Rayö, s'en va implanter par deux tédons Muſclers au premier & ſecond os du Metacarpe , qui ſouſtiennent l'indice & le moyen des doigts. L'autre & infe- Eſter deºrs rieure deſcendant de meſme lieu que le precedent par deſſus le coulde,s'en va inſerer au quatrieſme os du dº CºF*. Metacarpe,qui ſouſtient le petit doigt. Ces muſcles operans ſeuls chacun auec ſon oppoſite anterieur, nom- mé Flecheur du Carpe , meuuent toute la main,ſpecialement priſe obliquement en haut ou en bas. S'enfui- 'uent maintenant les deux Eſtendeurs des doigts, deſquels le premier & plus grand prenant ton origine de l'Olecrane, ou os du coude , deſcend ſuperficiellement entre les deux os dudit coulde, iuſqu'au Carpe,au- Muſelet. quel cndroit il ſe diuiſe en quatre tendons, leſquels paſſans par deſſous l'anneau illcc ſitué,deſinent enfer- Eſtendouºs mez chacun à part par vn ligament comum deſſus les os du Metacarpe ) à la derniere jointure des quatre des doigts. doigts, & adherans toutesfois eſtroittement aux os d'iceux precedents la ſuſdicte jointure. L'autre, & plus petit, prenant ſon origine d'enuiron le milieu du Rayon, s'en va obliquement au poulce, auquel il deſine par deux tendons, vn plus gros, qui s'inſere à la racine du poulce, lequel il retire des autres doigts » auec vne partie de ceux qui ſont dedans la main; l'autre plus petit, qui va iuſqu'à la derniere articulation d'ice- luy,lequel il eſtend quand il opere Reſtele ſeptieſme & dernier Abducteur,ou autrement obliquateur,vers Muſeles Ab- la partie poſterieure, c'eſt a dire, vers le etit doigt, lequel on trouue le plus ſouuent diuisé en deux nous duäeur en 1auons trouuéceſte année en trois ou quatre ſubjccts diuisé en trois:dont l'vn alloit au coſté poſterieur du obliquateur. petit doigt & annulaire, par deux tendons : l'autre ſemblablement, au moyen & indice le tiers,au poulce. Et combien qu'il ſoit ainſi diuisé,quelques vns ne l'ont côpté que pourvn,à raiſon de ſon ynique origine. & ſemblable action:qui eſt de mener les doigts vers le derriere.Aucuns ont encores adjouſté ! Eſtendeur du poulce auecque ceſtuy-cy, à raiſon de leur commune origine : & ainſi de quatre en ont conſtitué vn diuisé en ſept tendons,diſtribués ainſi qu'ila eſté dit. Or quant l'Obliquateur du petit doigt & annullaire defaut, comme il fait le plus ſouuent,l'Eſtendeur des doigts ſuplée le defaut d'iceluy par certaines produ#iºns des fibres tendineuſes.Il y a auſſi qui ont voulu dire, que ce muſcle ja dit de ſept tendons , n'eſtoit qu'ºº Pº" duction du muſcle profondanterieur, laquelle eſtoit enuoyée par entre la diſtinction des ºs du coul- de : toutesfois i'aymerois mieux dire que ce ſoit vn muſcle à part , veu ſa ferme adherence contre Atua. .. l'os tant du coulde que du Rayon. Et voilà quant aux muſcles externes du Coude » leſquelº " Pº# § § reduire, s'il te plaiſt , au nombre de ſept, comme nous auons fait,ou de ſix : en faiſant vn de quaºº ºº d° §.. neuf, du precedent en faiſant quatre, comme Galien, ou de huict, dudit Precedent nºn faiſant que trois Muſelenom- Car à laverité,le quatrieſme Abducteur ou Obliquateur du petit doigt & annulaire,nº ſe treue pas ſºuuent mepalmaire auxhommes. Maintenant faut venir aux ſept internes, deſquels le premier conſtitué le cuir d° la palme de la main, à cauſe dequoy il eſt appelléPalmaire. Le ſecond & troiſſieſme compagnons cnofice » • # · . -, Annotation. - | l 44 Le ſixieſme Liure, - - • le Ravon, & conſequºment la main, en ſorte que la paulme regarde en bas versº pied& #.ſont A (eº Muſeles appellez Pronateurs ou couche-mains. Le quatrieſme & cinquieſme auſſi compagnonsº. §ºe, plien le 'cr) #. carpe : & pourtant on les a nommez Flecheurs ou Plieurs du Carpe Le ſixieſme & ſeptiººe ſe§ r ! # ment deſtinez à plier les premieres, ſecondes , & tierces jointures des doigts, ſont appellez leche§ des » º\ §, tu doigts, Quant à leur origine & inſertion,le palmaire le plus petit,& ſuperficiel d'entre † char- ft,! Carpe. nu de l'apophyſe poſterieure du bras interieurement,& quelque peu apres deſinant en vn tºººon fort long ve Muſcles fle- & greſle,s'en va perdre au cuir de la paulme de la main,iuſques à l'extremité des doigts.Car il eſtoit neceſ- - lir chºur des ſaire,que ledit cuir pour la commodité non ſeulement de l'apprehenſion,fuſt cſtroittement attaché auec les - «: doigts. parties ſubjacentes,de peur qu'en ladite apprehenſion ledit cuir ne ſe ridaſt,& eſleuaſt de la paulme de la- º Leur origine dite main,& des doits & par ainſi il empeſchaſt l'apprehenſion:mais auſſi afin que la main euſtvn ſentiment ·x & #ſºrtion plus exquis à diſcerner le chaud,froid,ſec,humide,peſant,leger,eſgal,aſpre,mol,dur,grand,petit, & autres yº Vºi#é º choſes tangibles.En apres viennent les deux Pronateurs, deſquels l'vn nommé Rond,viend de la partie inte- : # P* rieure de l'apophyſe poſterieure du bras obliquement enuiron le mv-Rayon, auquel il s'attache par vn ten- , &! don membraneux & chaInu,iuſqu'à ladite inſertion:l'autre nommé Quarré, eſtant large de trois à quatre doigts,aſſez tenue,& ſitué interieurement ſous tous les muſcles qui interieuremét deſcendent ou au Carpe, - _ - ou aux doigts, ſur l'extremité des os du coulde , monte tranſuerſalement du plus bas de l'os du couldeau : Poing pliant. plus haut Rayon, où il deſine par vn tendon membraneux.Les Flecheurs du Carpe prennent tous deux leur - 7 origine de l'apophyſe poſterieure,mais interne,deſcendans obliquement ſelon plus ou moins,l'vn ſelon l'os - du coulde,& l'autre du Rayon:& s'inferent,celuy qui deſcend ſelon le coulde, au huičtieſine os du Carpe, que nous auons dit faire en partie l'anneau : l'autre qui ſuit le Rayon ſelon ſa plus grande partie à l'os du # Carpe,& du demeurant s'en vaiuſqu'au premier os du Metacarpe,qui ſouſtien i indice Reſtent encores les \ me on Supe- Flecheurs des doigts, leſquels à raiſon qu ils ſont couchez l vn ſur l'autre, le ſuperieur eſt appellé Sublime / rieur. ou Superieur,& l'inferieur profond. Le Sublime ou Superieur, prenant ſon origine de la partie interieure,& inferieure de l'apophyſe poſterieure du bras, & des parties ſuperieures tant du coulde que du rayon, deſ- \ - cend entre les deux os ſans diuiſion aucune,iuſqu'au Carpe ſur l'endroit de l'anneau,auquel lieu apres s'e- l/ ſtre diuisé en quatre tendons,s'en va implanter aux ſecondes jointures de quatre doigts,leſquelles il flechit, - % & plie de ſa propre inſertion,comme il fait la premiere,tant par le ligament commun , que certaines por- | tions qu'en paſſant il leur laiſſe. Et ſont ces quatre tendons tout contre leur inſertion fendus en deux pour Flerheur bailler paſſage,& plus grande aſſeurance aux tendons du muſcle Profond,deſcendans à la tiercc,& derniere lx * .ºgº jointure des doigts. or cedit muſcle Profod,prenant ſon origine des parties ſuperieures, & internes tit du # Prºfºnd. coulde que du Rayó,deſcéd entr'eux deux par deſſous le Sublime ou Superieur,indiuife iuſqu'au Carpe,au- - - quel endroit il ſe diuiſe en cinq tendós, leſquels il produit par deſſous le ligamét cômun,& fiſſure des ten- , Nofº dons du Sublime, iuſqu'à la derniere jointure de tous les doigts,leſquelles ils fechiſſent par leur proprein- º - ſertion , & les deux precedentes par le ligament commun, & certaines productions qu'en paſſant ils leur - - communiquent & laiſſent. ll y a vn ligament membraneux, qui enuironne les tendons autour des doigts,- - , - - • Des muſcles internes de la Main. CH A P. XX l X. -C : E s muſcles tant externes qu'internes du coulde ainſi declarez, s'enſuiuent ceux de la main # # internes leſquels ſont ſept en nombre,dont le premiereſt appellé Tenar,à raiſon qu'il conſti- , interne tué la plus grande partie de la paulme de la main : le ſecond Hypotenar, à raiſon de ſa ſitua- - , - # tion : le tiers Abducteur externe du poulce à l'indice : les quatre autres ſont nommez Lum- . a" º bricaux , à raiſon de leur figure, ou Abducteurs de quatre doigts vers le poulce. Le premier - s nommé cy-deſſus Tenar, plus gros , & cras de tous les autres, prend ſon origine de tous les os du Meta- • : ti.l ºſººººm carpe,commençant depuis le commencement de celuy qui ſouſtient le petit doigt, & montant ſelon la li- i, mét Temar. gne Vitale iuſqu'àl'extremité dupremier os du Metacarpe, qui ſouſtient l'indice,& ſe va implanter pai ſes 2 - plus longues fibres,iuſqu'à la derniere jointure du poulce & par les moyennes,& plus courtes,preſque par • .. , toute la partie interieure des os des deux jointures precedentes. Et à ceſte cauſe ledit poulce eſt amené à - tous les doigts,& ramené d'iceux par ſon origine plus baſſe.Aucuns l'ont diuisé en trois pour raiſon de ſes r actions diuerſes,aſſignans l'origine de l'vn à la racine de l'os du Metacarpe ſouſtenât le petit : de l'autre du tr milieu de celuy qui ſouſtient le moyen,& du tiers,de l'extremité ſuperieure de celuy qui ſouſtiét l'indice:& 5: J'inſertion de tous telle que nous auons dict. Nous eſtudians à briefueté ſans rien obſcurcir, aymons mieux l, n'en faire qu'vn. Le 2. nômé Hypotenar,ſort du 4. os du Metacarpe, & d'iceluy du Carpe, qui le ſouſtient,& - tº Hypotenar. ſe va implanter par ſes fibres plus longues à la ſeconde jointure du petit doigt,& à la premiere par les plus · , courtes. Et pour ceſte cauſe , & à raiſon auſſi de ſa double action aucuns l'ont fait double:vn qui le retire (º Abducteur des autres,& l'autre qui l'amene au poulce Le troiſieſme Abducteur externe dupoulce,deſcend du premier D #, , #" os du Metacarpe, à la premiere, & ſeconde du poulce : & eſt double ſelon aucuns. Les quatre qui reſtent k: l'Indice, ' nommez Lumbricaux,autrement Abducteurs internes des quatre doigts,ſortent de la membrane, reueſtans, & L tri- & relians enſêble,& aux autres parties les tendons des Flecheurs des doigts,& ſe vont deſiner par vn pe- \ CAÏMA . , tit tendon lateralement vers le coſté du poulce iuſqu'à la ſecôde articulation des quatre doigts.Reſte main- , . tenant à parler des Interoſſels du Metacarpe,leſquels ſont ſix en nombre,deux en chacune eſpace,l'vn inter- • t, Intereſſal, ne,& l'autre externe:dont l'interne deſcend par fibres obliques,de la partie laterale du premier os du Meta- # du Meta- carpe,tirant auſſi vers la partie laterale des doigts,pour ſerrer leſdits os du Metacarpe l'vn côtre l'autre,cô- $ carpe. me quand on chauſſe des gants eſtroits, ou quand on fait la main creuſe. Aucuns ont voulu dire,qu'il aide : auſſi à l'adduction des doigts vers le poulce. L'externe monte auſſi par fibres obliques des parties laterales "; ° du ſecond os du Metacarpe,vers les premieres articulations des doigts,croiſant le ſuſdit en forme de la let- - tre Grecque(X)pour eſtendre la paulme de la main,& ayder l'abduction des doigts du poulce.Parquoy con- | . $ cluant la deſcription des muſcles de lamaingeneralement priſe,tu noteras qu'ils ſont trente neufen nôbre, | c'eſt à ſçauoir huict pour le mouuemét du bras,quatre pour le mouuement du coulde generalemët pris,ſept \ : - de la partie externe du coulde,& autant de la partie interne:ſept de la partieinterne de la main, & ſix Inte- • 3 roſſels.Aucuns en content dauantage,en mettans neufen la partie externe du coulde,& dedâs la main onze. "- Deſcription de la lambe generalement priſe-». cHAr. xxx # PR E s la declaration de la main, s'enſuit celle de la Iambe, en pourſuyuant laquelle, apres auoir R# oſté toute ambiguité de ce nom de Iambe, premierement nous la definirons, puis la diuiſerons en ſes Parties Plus composées : tiercement diuiſerons encores celles-cy en celles qui ſont moins grandes & - Plus ſimPlessquartement Pourſuyurons les parties communes à toutes les parties de ladite Iambe,& fina- " lement , • • "- - 1 | De l'Anatomie. : i 4S - · nous,& non point nons de nous-meſmes.Mais afin que ce '», A lement les propres d'vne chacune.Ce faict,nous conclurrons & mettrons fin a noſtre petit labeur, remer- Double ac- cians le Createur , & recognoiſſans que ſi nous auons fait † choſe de bon , c'eſt luy qui l'a fait en ception de la oit en bref il faut entendre,que ce nom de Iäbe lºbº.. eſt vſurpé en deux ſortes,à ſçauoir generalement,& ſpecialement;& ſpecialement encores en deux manie-ººº res, à ſçauoir,ſimplement,ou auec † Simplement,pour tout ce qui eſt contenu entre le genouil &le de la Iambe pied,mais auec addition ſe prend pour le plus grand os d'icelle, qu'on appelle l'os de la lambe. Quant à la generale- iambe generalement prife,ce n'eſt autre choſe que l'inſtrument du mouuement progreſſif,comprenaht tout #. ce qui eſt contenu entre l'os Iſchion, & l'extremité du pied. Elle eſt diuisée en trois grandes parties, c'eſt à . #. ſçauoir, en la cuiſſe, en la Iambe ſpecialement priſe, & au pied , Par la cuiſſe eſt entendu tout ce qui eſt , m.rai.- compris depuis l'os Iſchion iuſqu'au genoüil. Par la lambe ſpecialement dicte ; nous entendons ce qui eſt ment priſ,. contenu depuis le genoüil iuſqu'au pied:& par le pied, ce qui derheure depuis l'extremite de ladºce Iambe, Qu'eſt ce lequel eſt encore diuisé en trois parties,c'eſt à ſçauoir au Tarſe, Pedion & Doigts : prenant peur le Tarſe, que cuiſſe. ce qui eſt contenu par les ſept premiers os , qui reſpond au Carpe de la main:par le Pedion, ce qui eſt con- Definition . tenu par les cinq os enſuiuans, qui reſpond au Metacarpe : & le demeurant, pour les doigts. Et comme º !º Iambe ainfi ſoit que toutes ceſdites parties ayent parties communes & propres,ſuyuant noſtre propos,nous pour- ſpeciale - ſuyurons ſeulement la diſtribution des veines,arteres & nerfs, ayans ſuffiſamment expliqué toutes les au- ment dite. tres, quand nous auons parlé en general des parties contenantes de tout le corps. # # - iº4I. - - - - - - - Tarſe dn Diſtribution de la veine Crurale ». C H A P. XXX I. Pied Pedivrs V o M M E N ; A N r donc à la diſtribution de la veine crurale qui commence depuis qu'elle ſort du peritoine,nous trouuerons qu'eſtât paruenuë par deſſus l'os Iſchiô,& parties laterales des os barrez iuſqu'auxaiſnes,elle † diuiſe premierement en deux inſignes rameaux:deſquels l'vn deſcendinterieuremét ſelon les os de toute la iambe auec l'artere & le nerf, ainſi qu'il te - ſera tantoſt demonſtré:l autre deſcend ſuperficiellement, & interieulement tout le † de la cuiſſe entre la greſſe ſubiacente au cuir,& les muſcles iuſqu'au pied,au cuir duquel elle ſe perd:& pourtant qu'elle peut eſtre toufiours apparéte,& eſt appellée des Grecs Sapheia,& vulgairemét ſäphene:laquelle ſur veiness- ſon chemin ſoudain apres ſon origine , ſe diuiſe premierement en deux rameaux, l'vn interne, & l'autre phene. & externe : dont l'interne demeure parmy les glandes des aifnes, & le cuir du parement, par leſquels ſont diuiſiions faites aux aiſnes les fluxions nommées Bubons;l'autre plus ample ſe perd au cuir de la partie anterieure, & d'ieº4 . exterieure,& plus haute de la cuiſſe. Secondement quelque peu apres enuiron trois ou quatre doigts , ſe- *** #º lon la grandeur du ſujet,ſe diuiſe en vn rameau, qui ſe perd au cuir intcrieur , & poſterieur de ladite # ſe font cuiſſe. Tiercement, quelque peu plus bas que le milieu de la cuiſſe , dercchc fſe diuiſe en deux autres, l'vn les bub.ni. au cuir anterieur, & l'autre au poſterieur. Quartement ſe diſtribue par deux autres raineaux aſlez petits, au cuir de la partie tantanterieure que poſterieure du genoüil,leſquels quelquesfois ne le trouuent point, meſmement lors que la Poplitique eſt fort ample, Quintement vn peu deſſous le genoüil ſait deux autres rameaux,ſortans l'vn deſſous,l'autre au cuir de la partie anterieure,& poſterieure d'icelle : & faut noter que le rameau qui deſcend au cuir de la partie anterieure,& poſterieure,ſe va jettter par vn ſien rameau dedans vn autre de la Poplitique ſortant entre les deux gemeaux,deſquels nous parlerons cy-apres.Sextement à l'é- . • . : droit du plus gros de la iambe ſe diuiſe en deux rameaux, leſquels ſemblablemét ſe diſtribuent tant au cuir Apert fcn de de la partie anterieure, que † de la iambe. Finalement,apres pluſieurs autres ramifications (leſ- la ſa pbene. quellesie tais à cauſe de briefueté)eſtantparuenuë iuſqu'à la partie anterieure de la cheuille interne auquel ... - endroit elle eſt ouuerte aux affections des parties contenues tous le diaphragme, qui requierent midion de Tºiuiſion de ſang,elle ſe diuiſe encore en deuxautres rameaux : deſquels le plus petit deſcend vers le talon : l'autre ſe la # conſomme en pluſieurs rameaux au cuir de toute la partie ſuperieure,& inferieure du pied, & des arteils. cure ſa L'autre rameau de la ſuſdite vaine crurale,que nous auons dit deſcendre interieurement auec l'artere,& le #. nerfiuſqu'au pied, fait telles diuiſions que s'enſuit.Premierement ſe profondant il fait quatre ramifications: que #. vne interne,deſcendant par deſſous l'origine dela Saphene ſur le muſcle obturateur externe, & cn aucuns " § " des internes.les autres trois s'en vont exterieurement, la premiere vers l'os Iſchion par laquelle eſt faite la Muſ.ulc. outte ſciatique,& les deux autres aux muſcles anterieurs de ladite cuiſſe. Et telles ramifications ſortent vne pres de i'autre. Secondement il ſe diuiſe tout en deux autres rameaux, vn ſuperieur, vn inferieur ac- compagnez tous deux de l'artere : deſquels l'inferieur ſe perd, & conſomme par pluſieurs muſcles poſte- rieurs de lacuiſſe ſe terminant pres le iarret : le ſuperieur,outre ce qu'il donne pluſieurs rameaux aux muſ- cles interieurs & anterieurs de ladite cuiſſe,deſcendans vers le iarret produit la poplitique, faicte quelques Surale. fois de deux rameaux iſſans l'vn de plus haut,l'autre de plus bas, laquelle deſcendant par le ply du iarret ſe ... .. perd maintenant au cuir du gras de la iambe,quelquefois iuſqu'au talon,maintenant 1 enſoicie de rameaux #" de la ſaphene, s'en va au cuir de la partie ſuperieure du pied, & quelquesfois de l'inſerieure de la che-*" uille externe.Tiercement quelque peu deſſous l'origine de la poplitique,& ſous le ply du genoiiil ſait la ſu- rale,laquelle ſe perd aux muſcles de ſura,c'eſt à dire du gras de la iambe,& au cuir de la partie interne d'i- celle & du pied,s'aduançant quelquesfois iufqu'à la partie interne du poulce. Quartement, ſous la teſte du ſolaire, ou l'Epiphyſe poſterieure des os de la iambe , il produit entre ceſdits deux os vne autre veine,la- quelle nourriſſant les muſclesanterieurs de la iâbe,ſe va perdre ſous le pied.Quintement,& finalement fait la ſciatique grande,laquelle ſe diuiſe en deux rameaux inegaux,à ſçauoir l'yn grand,& l'autre petit:dont le plus grand deſcendant depuis ſa diuiſion ſelon la partie interieure de l'os de la lambe par deſſous les muſ- les du gras de ladite iambe,s'inſinue entre icelle,& le talon dedans la plante du pied,en laquelle il ſe perd, diuisé en deux petits ſurgeons, à ſçauoir deux au coſté de chacun doigt. L'autre & plus pctit,deſcendant ſelon l'os de l'eſperon ou petit focile de la iambe,ſe perd cn iceluy, & le talon : neantmoins quelquesfois il eſt trouué s'auancer non ſeulement iuſqu'au muſcle Abducteur des doitgs(duquel parlerons cy apres) mais auſſi par cinq petits rameaux, iuſqu'au petit doigt annulaire & partie laterale du moyen. - —— - -- •- Diſtribution de l'Artere crurale . CH A P. XXX II. | A diſtribution finie de la veine Crurale,il conuient paſſer à celle de l'artere auſſi crurale : laquel- , # $ le commençant de meſme endroit que la ſuſdite veine , & deſcendant ſelon la crurale inter- muſculeuſe. 2 # % ne, ſe diuiſe ainſi que s'enfuit. Preumierement en la muſculeuſe de la cuiſſe , laquelle ſe diſſe- $ 56Ni minant par les muſcles d'icelle , rencontre l'extremité de l Hypogaſtrique , deſcendante auec la veine par le commun trou de l'os Pubis Iſchion , & s'adiouſte auec icelle. •ºa ; ſur le º# L1 Pºplitique. NS\ 2 " Artere dite 7 - - - - 47 1A6 Le ſixieſme Liure, A* - -- • 4 du genoùï\ e ſe èºue en deux petits rameaux,qu'elle enuoye à la iointure du geno iiil, Shtre les con- A dyl s,ou apophyſes ºº l'os de la cuiſſe. Tiercement quelque peu apres fait vn autre raº eau2$u'elle enuoye - aux muſcles exterieurs de la iambe. Finalement eſtant paruenue enuiron la my-iambe entººs muſcl§ ge- meaux & le ſolaire,elle ſe dit iſe en deux rameaux,vn interieur, & l'autre exterieur. L'intººr, apres auoir communiqué certains petits ſurgeons aux parties par leſquelles il deſcend,& principaleººnt à la iointure de la iambe auec le pied , ſe iette ſous la plante dic luy entre l'extremité inferieure d'icelle,& k talon : & illec paruenu ſe conſomme en cinq ſurgeons,leſquels il cnuoye deux au poulce,deux autres à ſ'indice,& vn au moyen. L'exterieur deſcendant ſemblablement à la plante du pied entre le petit focile,& le talon,outre les autres ramifications qu'il peut faire,il en fait vne à la ioincture de la iambe exterieurement,& vne autre au muſcle Abducteur ou rament ur des doigts, & aux parties du tarſe & pedium:& ce qui demeure ſe perd, & conſomme auſh en cinq portions , leſquelles ſont enuoyées deux au petit doigt, deux à l'annulane, & t vn au moyen. - , · —- Des nerfs des Lumbes, de l'os Sacrum, & de la cuiſſe_º. CH A P. XXXI II. E s T E maintenant que nous pourſuiuions les nerfs,leſquels comme ainſi ſoit qu'ils deſcen- # dent tant des Lumbes que de l'os ſacrum, nous parlerons premierement de ceux des Lum- bes, & diſtribution d'iceux,puis reuiendrons à ceux de l'os ſacrum. Il ſort donc des Lumbes | cinq paires de nerfs diuisées en rameaux interieurs , & exterieurs. Les exterieurs ſe diſſemi- | nent aux muſcles de l'eſchine , au demy-eſpine , au ſacré, & au cuir qui les couure. Les in- terieurs vont aux muſcles de l'epigaſtre obliques aſcendans & tranſuerſaux, au peritoine, & pareillement aux Lumbaux, & Thorachiques iſſus dudit lieu, mais differemment , car les vns y vontentierement, com- B me ceux de la premiere paire des Lumbes , & le plus ſouuent de la ſeconde, horſmis que quelquesfois ils • enuoyent vne petite branchette aux teſticules , lors que le coſtal de la ſixieſme coniugaiſon n'y en enuoye point. Les autres inferieurs en partie s'y diſtribuent, en partie non : car leurs plus grandes portions vnies premierement enſemble, puis apres auec ceux de l'os ſac t m , s'en vont à la cuiſſe,ainſi que tu orras par cy-apres , quand nous aurons parlé des nerfs qui ſortent de l'os ſacrum : & des diſtributions particulieres '1 d'iceux. Et pour commencer, il faut entendre, que dudit os ſacrum ſortent ſix paires de nerfs, contant pour - la premiere celle qui ſort entre la derniere vertebre des Lumbes, & premier os dudit os ſacrum : & pour la - ſixieſme , celle qui ſort entre le dernier ſatré, & premier de la queuë ou Coccyx. Ceſdites paires de nerfs - ſe diuiſent en rameaux externes,& Internes. Les externes & plus petits ſortans par les trous externes & po- | . ſterieurs de l'os ſacrum,ſe diſtribuent par les parties appartenantes exterieurement à iceluy,ſoient muſcles - d'iceluy , ſoit le cuir qui le reueſt. Car c'eſt vne reigle de Nature, que chacun nerf fournit premierement -, de ce qu'il peut aux neceſſitez de ſes parties prochaines, puis apres aux autres, s'il peut, & les voiſines en - * ont affaire. Parquoy ſi tu veux ſçauoir d'où vne chacune partie a ſes vaiſſeaux de plus pres, c'eſt à ſçauoir - ::: veines,arteres,& nerfs,il te faut obſeruer le diſcours d'iceux,& tenir par cœur l'aſſiette de chacune partie: #i & entendre , que quant aux veines & arteres , elles ſe jettent & fourrent dedans les parties ſelon leur plus -- grande commodité,maintenant par la teſte, & principe d'vne partie, maintenant par le milieu,& vne au- tre fois par la fin, ainſi qu'il ſe rencontre : mais le nerf, meſmement aux muſcles, ſe jette dedans iceux par leur teſte,ou quelque peu apres,& iamais par la queue.Et par ainſi entendant le diſcours deſdicts vaiſſeaux, & autres choſes predites, vn chacun pourra venir facilement a la cognoiſſance de quel rameau de veine,ar- tere,& nerf,chaque partie eſt nourrie,viuifiée,& faite ſenſible.Les autres rameaux internes des ſuſdites pai- res des nerfs, s'en vont meſmement les quatre ſupericurs vnis dés leur commencement,auec les trois infe- C rieurs des Lumbes, en toute la iambe,ainſi que tu orras cy-apres. Mais lcs deux inferieurs ſe perdent aux - ! - muſcles releuateurs du ſiege, & au Sphinctcr d'iceluy, plus aux muſcles du membre viril & col de la veſſie , aux hommes, & aux femmes au col de l'Amarry & de la veſſie : car leſdites parties en reçoiuent vne autre - Nerf de la par leur fonds , du Coſtal de la ſixieſme coniugaiſon du cerueau. Toutes ces choſes ainſi conſiderées & ob- " , cuiſſe. ſeruées, faut venir aux nerfs de la cuiſſe, leſquels (comme nous auons dit) eſtans ramaſſez & vnis dés leur principe, de la plus grande portion des trois rameaux interres, & inferieurs des Lumbes, & quatre ſupe- rieures de l'os ſacrum,ſe diuiſent en la cuiſſe par quatre rameaux. Dont le premier,& plus haut deſcendant par deſſus le peritoine vers le petit Trochanter,ſe perd aux muſclos internes,& ſuperficiels de la cuiſſe, & - au cuir les couure, deſinant quelque peu deſſus le genoüil. Le ſecond deſcendant auec la veine & artere - crurales par l'aiſne ſe diuiſe ainſi que la veine en deux rameaux,vn interne,& l'autre externe : dont l'interne Cinq paires de merfs iſſent des Lumbes. Inſtruction pour le Chi- rurgien. - deſcendant auec la veine & artere,ſe depart aux muſcles interieurs & profonds de la cuiſſe,ſe finiſſant auſſi , # par deſſus le genoüil : mais l'externe deſcendant auec la ſaphene ſuperficiellement iuſqu'au pied,baille par • tout ſon chemin certains petits rameaux au cuir qui le reueſt,& couure. Le troiſieſme ſitué par deſſous les . • ſuſdicts,deſcendant par le trou du penil commum à I'os pubis & Iſchion,baille certains rameaux aux aiſnes | aux muſcles Obturateurs, & à ceux des trois teſtes, & quelquesfois à ceux du membre viril : & ſe finit en- · uiron le milieu de la cuiſſe. Le quatrieſme & plus gros de tous ceux du corps, plus dur & ferme, ſortant ºa - ºrigine & entierement des productions de l'os ſacrum, & deſcendant exterieurement entre la partie inferieure dudit , º os ſacrum,& de l'os des Iles, par la cuiſſe, baille certains rameaux aux muſcles poſterieurs d'icelle, ſortans # du # de la tuberoſité de l'os de la hanche , & autres ſemblablement au cuir des feſſes , & qui reueſt les ſuſdicts D « | # #" muſcles : puis quelque peu apres ſe diuiſe en deux rameaux, leſquels deſcendans ſans aucune diuiſion iuſ- •- . º . Ps. qu'au ply du genoüil,tous deux ſe comuniquent par diuers rameaux aux muſcles de ladicte iambe, en telle -'. - ſorte toutesfois,que le plus petit produict vn ſien petit rameau de ſon reliqua par la partie anterieure de la - iambe ſelon le petit focile,au § du pied: où ſe diuiſant en dix petits ſurgeons quaſi inſenſibles, les en- - | uoye deux à chaſque doigt. L'autre plus grand deſcendant auſſi de ſon reliqua par la partie poſterieure de la iambe,ſe jette à la plante du pied auec les veines & arteres,entre le talon, & l'os de ladicte iambe,où ſe ". diuiſant premierement en deux rameaux, puis vn chacun en cinq , s'en vont deux aux parties laterales de chaſque doigt. Et celles ſont les diſtributions deſdicts vaiſſeaux plus inſignes, & qui ſe trouuent le plus ſouuent , & deſquelles on a le plus affaire,laiſſant à conſiderer à vn chacun toutes les autres petites, & preſque infinies diſtributions faites deſdits vaiſſeaux par toutes les parties,par leſquelles ils paſſent, ſoient II]t CII1CS , CXtC rncS , Ou moyennes. 7Des º De l'Anatonbie. , I 47 \ $ - –- Des parties propres de la Cuiffe » CH A P. X X X l V, X P 1 1 Q v E E s & declarées toutes les parties communes de la iambe generalement priſe, reſle que deſcendions aux particulieres d'vne chacune, commençans a la cuiſſe : les parties propres & particulieres, de laquelle ſont les muſcles, os, & ligaments. Mais attendu que nul ne te ſçauroit pertinemment monſtrer les muſcles , leſquels en ce lieu icy ſe repreſentenr au ſens de la veue, apres les parties communes de tout le corps , ſi premierement tu n'as co- gneu les os deſquels ils ſortent, eſquels ils definent : à ceſte cauſe nous auons propoſé, ſuiuant le chemin que nous auons tenu à la tractation des muſcles du bras, te deſcrire les os & articulations d'iceux, premier que les muſcles , commençant aux os joincts à la partie ſuperieure de l'os ſacrum, qui ſont deux, vn de chacun coſté , leſquels ſont appellez vulgairement les os de la hanche, ou des Iles. Chacun d'iceux cſt composé de trois os , vn ſuperieur, l'autre inferieur , & anterieur , & le tiers moyen, & aucunement po- # os de la ſterieur. Le ſuperieur eſt nomméſpecialement os des Iles, & eſt fort ample & grand , ayant vne epiphyſe anche. cartilagineuſe tout à l'entour de ſa circonference , iuſqu'à la connexion qu'il a auec les autres os : la par- L'os des Iles. tie ſuperieure de laquelle nous appellons la droite ligne d'iceluy & ſa baſe, qui eſt vnie auecluy par ſym- phyſe,ſe nomme le bord,ou lévre,ou ſourcil, à cauſe qu'elle panche aucunement dehors,& de dans en for- me de ſourcil:mais ce qui eſt entre la baſe,& la droite ligne,s'appelle la Coſte.Dauâtage cedit os ſuperieur .. à deuxfaces ou ſuperficies caues,yne interne,& l'autre externe.Sa connexion par ſymphyſe eſt double:vne Iſchicx. auec la partie ſuperieure de l os ſacrum, l'autre auec l'os Iſchion , que nous auons appellé moyen, & au- Cotyle. cunement poſterieur, lequel commençant dés la partie plus eſtroitte de l'os des Iles, fait la boete dedans lequel l'os de la cuiſſe eſt receu, nommée des Grecs cotyle, des Latins Acetabulum : & ſe finit ſelon la par- - - - •. • - - - , - - - - - ·tie laterale du trou commun à luy , & l'os anteriéiir & inferieur, qu'on appelle en Latin os rubis, en Fran- çois , l'os du Penil , ou l'os Barré. Et ne contieiſt ledit os Iſchion que la ſuſdicte boéte, hormis que de ſa partie poſterieure, & inferieure, il produit vne apophyſe, laquelle ſe va adiouſter auec le ſuſdict os bar- Tubercul. 0f4 re à l'endroit de la partie plus baſſe du trou comnun, auquel endroit elle appert fort inegale & aſpre, & Tuberoſ . eſt nommée tubercule ou tuberoſité de l'os Iſchion : tout au dernier de laquelle il produit d'abondant vn l'o, iſ bio . petit tourrillon, fait à la ſimilitudg de l'apophyſe de la maſchoire inferieure, que les Grecs appellent (o- L'os du penil ronne. Le tiers & dernier , à ſçauoir>los du fenil, ou barré, sauance iuſques à la partie plus haute du ou barré. Fenil, où rencontrant ſon compagnon, s vnit auecque luy par ſymphyſe , tout ainſi qu'ils font eux trois enſemble. Et ce dernier icy s'ouure és femmes en leur enfantement, ſelon aucuns que ie n'ay peu aper- ceuoir. Si tu veux bien voir la diſtribution, & ſeparation d'vn chacun à l'œil , il te faut auoir le ſcelette d'vn petit enfant. Car depuis que l'homme eſt deuenu grand, les cartilages , qui ſont entre les connexions •* deſdicts os , degenerent en ſubſtance, & conſiſtçnce d'os, en ſorte que tu ne ſçaurois diſtinguer la ſepara- tion de l'vn à l'autre. S'enſuit maintenant la deſcription de l'os de la cuiſſe , que les Latins appellent os femoris , lequel eſt le plus grand , & plus gros de tous, rond, & vouſté en forme d'archet, en ſa partiean- terieure , & exterieure , pour ſa deffenſe à l'encontre de iniures externes : & en ſa poſterieure & interieu- re faict en dos d'aſne, pour plus grande aſſeurance de l'origine, & inſertion des muſcles illec commençans ou finiſſans : lequel dos d'aſne quelque peu deſſous ſon milieu ſe diuiſe en deux lignes,tendantes, l'vne à la tuberoſité interne»l'autre à l'externe de l'epiphyſe inferieure de ladite cuiſſe. Et les marqueras en ton ef- Deſcription prit diligemment , pource que les fibres obliques des muſcles vaſtes prennent leur origine d'icelles, vn de l'os de la chacun , de celles de ſon coſté , ainſi que nous dirons en ſon lieu. Dauantage, cedit osſa deux Epi- cuiſſe. phyſes en ſes deux extremitez-,comme tu peux voir aux os d'vn ieune petit enfant : vne en la partie ſupe- rieure , I'autre en l'inferieure. " La ſuperieure fait la teſte ronde dudit os, laquelle aſſiſe ( comme toute autre epiphyſe) ſur vn aſſez grand col, declinant à la partie anterieure, eſt receuë,ainſi que nous auons ja dit, dedâs la boëte de l'os Iſchion,auec laquelle elle eſt conioincte par enarthroſe,&auſſi eſt confirmée de- dans icelle par deux genres de ligamens : à ſçauoir,vn commum venant tant des muſcles, qui de la partie ſu- perieure deſcendant à l'entour de ſon col , & partie ſuperieure dudit os : l'autre propre , lequel eſt dou- ble , à ſçauoir vn membraneux & large , deſcendant de tout à l'entour de l'o1 bite de ladicte boete, à l'en- tour de toute l'aſſictte de toute la teſte ſur le col : l'autre gros, & rond deſcendant de la ſeconde cauité de la boete , laquelle s'eſtcnd iuſqu'au trou commun au plus haut de ladicte teſte , ou enuiron. Outre plus, #u, ſous ladicie teſte cedit os a deux apophyſes, vne grande & groſſe, l'autre petite & courte. La grande ſi- # - tuée en la partie poſterieure eſt nommée grand Trochanter : la plus petite aſſiſe en la partie interieure , eſt #º appellée petit Trochanter. Et noteras que de la partie † haute,& poſterieure que le grand Trochanter, 4nnotation, - - - - - - Trochanter regarde la teſte dudit os , il fait vne pettie ſinuoſité, en lajuelle les muſcles Gemeaux , & autres ( deſquels ſignifie vi- nous parlerons cy-apres) ſe vont inſerer. Il faut auſſi conſiderer la multitude des trous qui ſont tout à l'en-gueur. tour du col, entre la teſte & les deux Trochanteres : leſquelles baillent entrée aux vaiſſeaux (ſoient vei- La moi elle à nes, arteres , ou nerfs ) à la moiielle dudit os : au moyen dequoy la moiielle eſt engendrée, & faite ſenſi- ſentiment ble en ſa tunique, l'os viuifié & nourry. Le ſemblable tu feras en la boëte tant interieurement,quexterieu-**quit, rement, afin que tu ſçaches par quel moyen la ſciatique ſe peut faire. L'autre epiphyſe dudit os, que nous auons dit inferieure, eſt fort grande & groſſe,faiſant comme deux teſtes à l'extremité d'iceluy,diuiſées par deux cauitez, vne plus ſuperficielle & anterieure, par laquelle ladite epiphyſe reçoit la palette du genouil; & l'autre plus creuſe & poſterieure par laquelle elle reçoit le ligament cartilagineux, & quaſi oſſeux, pro- p,. 2 duit de l'eminence d'entre les deux cauitez de l'epiphyſe ſuperieure de l'os de la jambe, qu'Hippocrate au Diaphyſes . liure des fractures appcllc en ſon langage Diaphyſe - - 148 , Le ſixieſme Liure, * º Muſcles wouuant la % . - cuiſſe ſont ·quatorze. Muſcles fle- «heurs de la cuiſſe. Muſcles eſtendeurs de la cuiſſe. Muſcles Ge- 77474/4.X. La ſixieſme figure des os Femoris dextres. L'os Femoris, ſelon ſa partie Poſt la teſte ou Epiphyſe dudit os, de l'os Iſchium. - - - -- - b § en lameſme teſte, qui reçoit leligº rond deſcendant de la partie caue de la ſuſditeboº, , ,. La connexion de ladicte teſte ou epiphyſe , c'eſt à dire, ex- croiſſance,ou allonge auec ledit os de la cuiſſe. Le Col dudit os. La cauité qui eſt entre le Col, & le grand Trochanter . Le grand Trochanter , dit Tourneur, ou apophyſe dudit os. La racine dudit Trochanter. - La ligne poſterieure dudit os,en laquelle les fins,ou queiies du muſcle nommé Triceps , ou à trois teſtes , ſont atta- chées. Le petit Trochanter. - - xx Les deux Tubercules laterales & inferieures dudit os, leſquelles ſont receuës dans les cotyles de l'os de la jambe. erieure, auquel (A) mºnſtre laquelle entre dedans la boëte C SS dit os. m La cauité d'entre les Tubercules, en laquelle s'attache le ligament cartilagineux de la joincture du genouil. L'autre Figure dudit os de ſa partie anterieure, en laquelle ſeu- lement faut noter la cauité qui t'eſt monſtrée par n, qui re- çoit la rotule du genoüil : cara, & c, ſignifient les meſmes choſes qu'en l'autre figure. \ N $ $ l e $ $ N - - B-"- XXXV. Sº) Outes ces choſes ainſi conſiderées, reſte que nous pourſuyuions les muſcles mouuans la cuiſſe, leſquels ſont quatorze en nombre : à ſçauoir , deux qui la plient, & pourtant ſont nommez Flecheurs : trois qui l'eſtendent, & pource appellez Eſtendeurs : trois qui la meu- \ uent au dedans, reiettans le genoüil vers le dehors, & le talon vers le dedans, comme quand \ # J on croiſe les cuiſſes. Aucuns de ces trois n'en font qu'vn, & le nomment muſcle à trois te- ſtes. Six, qui la rameinent dehors en la deſployant & ouurant, comme en l'acte venerien : dont quatre ſont appellez Gemeaux, à raiſon de leur groſſeur, preſque égale, mefme origine, inſertion & action : les deux autres ſont dicts obturateurs, à raiſon qu'ils bouchent le trou commun aux os, Barré & Iſchion. Quant aux deux flecheurs, l'vn rond deſcendant interieurement par fibres en longueur inegales, de tou- tes les apophyſes tranſuerſes des Lumbes par deſſus la commiſſure poſterieure de l'os Ileon & Pubis, s'en va inſerer au petit Trochanter , l'autre large, & ample en ſon origine, ſort de tout le bord ou ſourcilin- terieur de l'os des Iles,& rempliſſant la cauité interne d'iceluy, s'en va par deſſus la partie anterieure de la teſte de l'os de la cuiſſe, inſerer au petit Trochanter par vn gros tendon qui eſt produit de luy, & ſon com- pagnon,meſme depuis leur partie charneuſe. Et pour ce,tu ne trauailleras point de les ſeparer. S'enſuiuent les trois qui l'eſtendent qui font les feſſes : deſquels le premier plus gros, ample & exterieur, prenant ſon origine du cropion, os ſacrum, & de la moitié, ou dauantage du bord ou ſourcil exterieur, & poſterieur de l'os de la hanche ou des Iles, ſe va implanter par fibres obliques,depuis le grand Trochanter, iuſqu'à quatre doigts, plus ou moins ſelon la grandeur des perſonnes, à la ligne droite que nous auons comparé à vn dos d'aſne. Le ſecond moyen en grandeur, & ſituation deſcend du demeurant du ſourcil, & de ſa coſte anterieure,& exterieure de l'os des Iles:& couché par deſſus la moitié dudit os,ouenuiron,ſe va inſerer au C plus haut du grand Trochanter, faiſant ſon inſertion triangulaire ſur la partie ſuperieure,& exterieure d'i- celuy. Le troiſieſme plus petit, court, & menu que les precedens, couché par deſſous iceux, ſort du milieu de la face externe de l'os des Iles , & ſe va inſerer à la plus grande partie de la ligne droicte du grand Tro- chanter.Ces trois muſcles icy ont grande & large origine,& eſtroitte inſertion faicte cóme de fibres obli- ques aux lieux ſuſdicts. Apres ceux-cy faut venir à ceux qui ſerrent les cuiſſes ou rameinent l'vne ſur l'autre en croix,en ſorte que le genouil ſort,& tire vers le dehors,& le talon vers le dedans,côme tu pourras enté- dre par leur inſertion & origine,& non au contraire,ainſi qu'aucuns ont voulu dire.Or leſdičts muſcles tous trois prennent leur origine en partie charneuſe,en partie ligamenteuſe,de la partie ſuperieure,& anterieure de la circonference de l'os barré ou os pubis : & s'en vont inſerer à la ligne poſterieure de l'os de la cuiſſe, toutesfois l'vn plus auant,les autres moins.Car le plus petit, & plus court demeure ſous la racine du petit Trochanter:le moyen en grandeur & groſſeur,deſcend quelque peu plus bas,le tiers & dernier plus grand, & plus gros deſcend par les fibres plus longues iuſqu'à la fin de la ligne, beaucoup plus bas que le milieu de la cuiſſe. S'il eſt donc ainſi que ces muſcles venans de la partie anterieure & ſuperieure, s'inſerent à la ligne poſterieure de l'os de la cuiſſe:en faiſant leur action tous ſeuls , en ſerrant les cuiſſes, illes renuer- ſeront vers le dehors , comme quand on croiſe leſdites cuiſſes l'vne ſur l'autre, & non point qu'vn genoüil tire vers l'autre, & le talon dehors. Car tel mouuement eſt faict, & accomply par le vaſte interne de la cuiſſe mouuant la iambe. Finalement s'enſuiuent les ſix qui font remuer les feſſes:deſquels quatre ſont ap- ellez Gemeaux, & deux obturateurs. Des Gemeaux le premier , & plus haut ſort d'entre la commiſſure de l'os Sacrum auec le cropion,ou pluſtoſt de l'extremité inferieure dudit os Sacrum:& ſe va inſerer dedâs la cauité du grand Trochanter par vn notable & aſſez long tendon. Le ſecond venant de la partie caue ou fiſſure qui eſt entre le bord de la boëte & la tuberoſité de l'Iſchiö,s'en va auſſi à la cauité du grâd Trochâter. Le CH A P. B 1 ia connexion faicte par la ſymphyſe de l'Apophyſe du- De l'Anatomie. ' I 49 · Le troiſieſme monte de la partie interieure de la tuberoſité de l'Iſchion,& quelque peu plus haut,entre les deux Trochanteres,dedans le creux du plus grand.Le quatrieſme & dernier,le plus bas & plus large de tous, ſort de toute la tuberoſité exterieure de l'Iſchion, & ſe va inſerer au grand Trochanter. Et ſont ces quatre icy cachez ſous le plus gros de la feſſe : au moyen dequoy pour les bien deſcouurir , il les faut renuerſer vers leur originc. Reſte maintenant les deux Obturateurs, c'eſt à ſçauoir interme,& externe , leſquels tous deux prennent leur origine de la circonference du trou qu'ils bouchent, à ſçauoir commun à l'os pubis & Iſchion : mais l'interieur monte à la racine exterieure du grand Trochanter par la fiſſure moyenne entre la partie ſuperieure de la tuberoſité de l'Iſchion,& l'eſpine dreſſée en la baſe poſterieure de l'os Ilium:& l'ex- Muſcles c#- terne de la cauisé exterieure entre le Tubercule de l'Iſchion, & la partie Inferieure de la boëte à la partie turateurs. caue du grand Trochanter auec les Gemeaux. Si tu veux bien voir l'Obturateur externe, il te faut ou cou- per l'origine du muſcle a trois teſtes, ou le bien & deuëment ſeparer, & puis les eſtendre & renuerſer, & les verras par deſſous. L'interne ſe void facilement apres auoir oſté la veſſie. •gm- lDes • del. Iambe . C H A P. XXXV I. P R E s cesmuſcles cy-deſſus declarez, afin qu'vnchacun puiſſe plus facilement venir à la co- i rotuie ºk . noiſſance de ceux qui s'enſuiuent ; à ſçauoir , qui meuueut la Iambe : maintenant nous pour- palette dº uiurons la declaration de ces os, commençant à la Rotule , ou palette du genoüil : laquelle &°ºº. - eſt vn os exterieurement cartilagineux , rond en ſa circonference & partie exterieure : & en la - partie interieure aucunement boſſu ſur ſon milieu , deſcendant en applatiſſant vers les parties laterales, afin que commodement ſans aucun vice de commoderation, elles peuſt adapter ſur la jointure du genoüil, dedans la cauité anterieure des deux epiphyſes de la cuiſie, & ſuperieure & anterieure de la Iambe. son rºſats . B vtilité eſt de confirmer ladite jointure du genoüil,& contenir la Iambe en deuë extéſion,ſans qu'elle ſe plie la palette dà en quelque mouuemét que ce ſoit vers la partie anterieure,ainſi qu'elle fait vers la poſterieure.Il faut main-genouil Deſ- tenant venir aux os de la Iambe, ſpecialement priſe, leſquels ſont deux, vn plus gros, nommé particulie-cription de ment l'Os de la lambe : L'autre plus petit,nommé l'Os de l'Eſperon, ou petit Focile. Le plus gros aucune- l'os particu- ment caue & moüelleux,eſt ſitué en la partie interieure de la lambe,ayant deux apophyſes,vne plus groſſe, lier mºn . l'autre plus petite. La Plus groſſe eſtant aſſiſe ſur le plus haut dudit os,& coniointe auec luy par ſymphyſe, º l'o fait deux cauitez ſuperficielles & laterales, diſtinctes & ſeparées par vne eminence moyenne d'icelle : au de la iambe, moyen dequoy ledit os eſt conioint auec l'os de la cuiſſe par ginglyme:car par ſes cauitez il reçoit les tube- roſitez inferieures de l'Epiphyſe de l'os de ladite cuiſſe, & par ſon eminence qui eſt au milieu, eſt receu dé l'os de la cuiſſe entre les deux ſuſdites tuberoſitez. Or eſt ceſte articulation confirmée non ſeulement par la deſcente des tendons des muſcles illec deſinans,mais auſſi par trois forts, & robuſtes ligamens:deſquels l'vn vient de toute la partie exterieure de ladite connexion:l'autre de l'interieure:le tiers & dernier,d'entre les deux , que nous auons appellez ſelon Hippocrate , Diaphyſe. Lautre apophyſe de l'os de la Iambe proprement dit, que nous auons dit eſtre plus petite, eſtant ſituée en la partie inferieure , fait vne cauite quaſi double par laquele ledit os reçoit l'aſtragale, & de ſa partie interieure fait le maleole interne,autre- ment dit la cheuille,ltout ainſi que l'os de l'Eſperon,ou petit faucile(côme tu orras cy apres)fait l'externe: entre leſquelles cheuilles le ſuſdit aſtragale eſt receu ſelon ſes parties laterales;en ſorte qu'il tourne entre elles,& la ſuſdite cauité,côme vne noix dedans l'arbaleſte,lors qu'il eſt beſoin d'eſtendre ou flechir le pied. - Outre-plus le ſuſdit os de la Iambe fait en triangle a trois eminences faites en d'os d'aſne : la plus aiguë Hip. •uti- deſcendât ſelon la partie anterieure,qui eſt nômée des Grecs Anticnemion : la ſeconde,ſur la partie interieu- ure des fra- re : & l'autre ſur l'exterieure. Toutes l'eſquelles, mais principalement l'anterieure,te faut diligemment ob- ciures. ſeruer, pource qu'en cas de fracture de Iambe, elle te ſert de guidon pour la bien remettre. S'enſuit main- Deſcri, tie4 tenant le plus petit os que nous auons appellé l'Os de l'Eſperö:lequel eſtant ſitué vers le dehors,& aucune- º º º ment derriere la Iambe, meſmement ſur ſa partie ſuperieure, a deux epiphyſes ainſi que ſon compagnon, l'Eſperoº,. caues ſur leur partie interieure,& gibbeuſes ſur l'exterieure : par l'vne deſquelles, à ſçauoir , ſuperieure, ledit os s'infere, & s'appuye ſous l'epiphyfe interne , & aucunement poſterieure de ladite iambe, ne tou- chant en rien l'articulation d'icelle auec la cuiſſe, ahns, luy ſeruant ſeulement d'vn ſous-appuy:& par l'autre, à ſçauoir , inferieure : ce meſme os non ſeulementeſt receu tant du bas de l'os de la Iambe, que du meſme cofté, de l'altragale : mais auſſi il reçoit la partie d'iceluy , qui du meſme coſté ſe ioint auec le talon, lors principalement qu'on plie le pied ſeul vers le dhors. Et eſt conioint cedit os auec les ſuſdits par ſynartro- ſe,& lié par forts ligamens produits de ces os,& enuoyez mutuellcrnent de l'vn & de lautre,ou ſi tu veux, du ſuperieur à l'inferieur,comme nous auons dit au bras. Au demeurant, il eſt triangulaire, ayant ſa ligne plus eſleuée de la partie exterieure:&des autres deux,l'vne à la partie anterieure,& l'autre à la poſterieure. Ligameni du genoi il Des muſcles de la Iambe » C H A P. XXXV II. E fait, il eſt temps de venir aux muſcles par leſquels ſont faits tous lesmouuemens de la ont, vej: Iambe : leſquels ſont onze en nombre , ſix anterieurs & cinq poſterieurs : deſquels les vns ctes de l4 meuuent la Iambe ſeule, comme ceux qui ont leur origine de l'os de la cuiſſe:les autres meu- iambe. uent bien auſſi la iambe , mais auec la cuiſſe, comme ceux qui ſortent plus haut que de la cuiſſe, à fçauoir des trois os Ilion, Iſchion,& Pubis. Quant au premier des anterieurs,qu'on - D appelle muſcle long, autrement couſturier, il prend ſon origine de l'extremité inferieure & anterieure Mºſººt de l'eſpine, ou epiphyſe de l'os des Iles & deſcendant obliquement par deſſus les muſcles , ſe va inſerer º Couſi»- par vn large tendon , & membraneux à la partie anterieure, & interieure ſous le genoüil de la Iambe. Son "# d action eſt de croiſer les Iambes l'vne ſur l'autre , pliée premierement des muſcles qui te ſeront declarez # # l a apres. Il ayde auſſi au muſcle à trois teſtes à fairé la meſme action que nous auons dit.Le ſecond des ſuſ- "** dits anterieures nommé mêbraneux,à raiſon qu'il eſt par tout tel,fors qu'en ſon origine,deſtend charnu de la racine & baſe de la ſuſdite eſpine de l'os des Iles,obliquement par ſon tendon mébraneux & large(mcſlé Atur le auec la membrane cômune des muſcles)en la partie exterieure de la lambe,laquelle il chaſſe au dehors, & ment,4- la cuiſſe auec les gemeaux : & s'ils operent auec le precedent, ils aydent à l'extenſion de ladite iambe.Car neux. comme nous auons dit,de deux mouuemcns obliques concurrens enſemble , eſt fait vn mouuement droit:& quaſi tous ceux du corps ſont faits en la meſme ſorte:& les muſcles qui font tels mouuemens ſont ſituez de meſme,à ſçauoirobliquement par oppoſition, comme tuas peu voir aut mouuemens, & ſituation des muſ- cles de la main generalement priſe, & autres. Le tiers nommé Droit(pource qu'il deſcend par deſſus le Crural ſelon la droite ligne anterieure de la cuiſſe,sentre les deux Vaſtes)ſort d'étre l'extremité de l'epiphy- MuTé ſe de l'os des Iles & de ſa boëte, parvn ligament fort robuſte, & s'en va inſerer à la partie a sºi de # D# º - - - * - '. - -- * - N 3 1III DC - - Y So Le ſixieſme Liure, - jambe, paſſant pºº ºieu de la palette du genoüil , laquelle iambe il eſtend de ſoy # autres qui s'enſui ºnt » & par accident peut ayder ceux qui plient la cuiſſc. Le qººf § cinquieſme ſont appellez vaſtes,à raiſon de leur groſſeur : dont lvn eſt interne, & l'autre extº *les deux ſont faits de fibres droites vers leurs origine & vers leur inſertion d'obliques:au moyen deſquellº tous d§ blent auoiraâion composée de mouuement droit & oblique : le droit ſeruant à eſtendrº* iambe &l'o- blique, à ramener vn genoüil vers l'autre,ou le chaſſer l'vn de l'autre. Quant à leur origºº,l'interne vient ſelon ſes fibres droites de la racine du petit Trochanter:& ſelon ſes obliques,de la ligne interieure deſcen- dante du dos d'aſne dudit os.L'externe par ſes fibres droites ſort de toute la racine du # Trochanter, & par ſes obliques,de la ligne exterieure deſcendante auſſi dudit dos d'aſne : & toutes ceſdites fibres meſlées en aucuns endroits auec le muſcle crural,en ſorte qu'on ne les ſçauroit ſeparer ſans gaſter l'vn ou l'autre, s'en vont en la iambe (chacun de ſon coſté) par deſſus la Rotule du genoüil , ſelon les parties laterales du muſcle Droit, auec lequel ils font vn petit tendon inſeparable, comme tu orras tantoſt. Le ſixieſme & dernier des anterieurs, nommé Crural, pour la grande adherence » & connexion qu'il a auec l'os de la cuiſſe,deſcend d'entre les deux Trochanteres.par deſſous le muſcle Droit, & les deux Vaftes, ſur la partie anterieure dudit os, iuſqu'à la palette du genoüil. Et noteras , que ces quatre derniers font vn commun tendon gros, & large, par lequel ils couurent ladite palette, & toute l'articulation anterieure du genoüil;' Muſcle, to- de ſorte qu il eſt impoſſible de les ſeparer l'vn de l'autre ſans les déchirer & rompre,& en ce lieu il ſert d ſterieurs de ligament au genouil. Dauantage,tous ceſdits muſcles operans enſemble eſtendent la iambe. Apres ceux- la iambe. cy s'enſuiuent les cinq poſterieurs , deſquels trois naiſſent de la tuberoſité de l'os Iſchion , & le quatrieſ- me de la partie moyenne de l'os Pubis : & s'en vont trois à la partie interieure, & vn nommé Biceps à l'ex- terieure de la ianbe. Cù noteras, que l'vn des deux internes ſortant de la ſuſdite tuberoſité, deſcend li- gamenteux, enuiron la moitié de la cuiſſe : & de là fait charnu,ſe va inſerer par vn tendon, ainſi qu'auons dit. L'autre greſle, ſortant auſſi du meſme lieu, s'en va meſler par ſon tendon auec celuy du muſcle Long, & deſiner à la partie interieure de la iambe,laquelle auec ſon compagnon il tire au dedans, & ferre contre l'autre : ainſi qu'il fait la cuiſſe, aydé du muſcle à trois teſtes. Le troiſieſme interne ou poſterieur, deſ- cend de la partie moyenne de l'os Pubis par vn ligament large , & delié , & ſe va inſerer par vn tendon rond à la partie interieure de la jambe, comme les deux ſuſdits. Le qnatrieſme eſt nommé Biceps , ou Muſcle dit muſcle à deux teſtes , leſquelles il prend, l'vne de la ſuſdite tuberoſité, l autre de la ligne exterieure de la §, ºu cuiſſe, deſcendant du dos d'aſne, & s'en va inſerer à la partie exterieure de la jambe, comme nous auons la retier dit. Le cinquieſme & dernier, nommé Poplitée, deſcend charnu obliquement du Condyle externe de la cuiſſe, à la partie interieure, & poſterieure de la jambe , prés de la commiſſure du petit Focile auec l'os d'icelle. Son action eſt de tourner aucunement la jambe vers le dedans. Des os du pied. CH A P. X X X V I I I. < > E s choſes faites,il conuiendroit ſelon l'ordre Anatomique, pourſuiure les muſcles de la jam- be qui meuuent le pied : Mais veu que pour neant & en vain nous t'aſſigneriös leur inſertion, ſi premierement tu n'entédois l'ordre & le naturel des os du pied,à ceſte cauſe nous les decla- M* rerons premierement,ainſi que nous auons fait des autres parties cy-deuant declarées.Et pour VZ3W) cômencer,tu noteras qu'ils ſont vingt-ſix en nombre,diſtinguez en trois ordres;c'eſt à 1çauoir, ſept du 1 arſe,cinq du Pedion,ou auant-pied,& quatorze des doigts.Des ſept du Tarſe, quatre ſont nómez Aſtragale, & trois n'ont point de nom. Le premier des nommez ſuiuant apres ceux de la jâbe, c'eſt l'Aſtragale lequel a trois cônexions : Vne de ſa partie ſuperieure,& plus large auecque les os de la jäbe, deſquels il eſtreceu, ainſi qu'auôs dit:l'autre de ſa partie inferieure,& poſterieure,par laquelle il reçoit l'apophyſe ſuperieure,& interieure de l os du talon : La tierce, anterieure , par laquelle il eſt receu dedans la cauite du nauiculaire Par la premiere connexion , le pied s'eſtend & ſe plie : par la ſeconde , auecque le talon ſe meut vers les coſtez : par la tierce, il conduit quant & ſoy le demeurant du pied vers l'endroit qu'il ſe meut. Les deux premieres connexions ſont faites par diarthroſe, la derniere par finarthroſe, & ſont confirmées par forts ligamens & larges,deſcendans & montans d'vn os à l'autre,ainſi qu'ils ſont connexez enſemble tout à l'en- tour de l'articulation,comme tu peux voir en deſpoüillant vn ſujet. Elles ſont auſſi confirmées par membra- z'o, calca. nes,muſcles,& aſſiettes de tendons, deſcendans au pied par deſſus ou deſſous telles articulations.Au reſte, 79e/4//7. cedit os a trois apophyſes faites comme trois pieds aſſis ſur l'os du talon:dont la premiere & plus petite eſt deſſous la cheuille exterieure:la plus grande(que Galien dit faire vne teſte ronde aſſiſe ſur vn col aſſez lôg) eſt au deuant du pied à l'endroit du poulce & de l'indice:la moyenne en groſſeur,eſt derriere la iambe vers le talon.Ie tais pluſieurs autres choſes,comme de la poliſſure ou aſperité dudit os,& autres ſemblables.leſ- Pourquoy quelles ie deſire que tu aprennes pluſtoſt à l'œil que par le liure. Le ſecond os ſitué ſous ceſtuy-cy, eſt la fracture appellé Calcaneum,qui eſt le plus gros d'entre les autres, & ſur lequel nous marchons, & ſouſtenons tOllt § § eſt le corPs. Il y a deux apophyſes ſuperieures, vne grande & vne petite : La grande eſt receue de l'apophyſe mortelle. poſterieure & exterieure de l'Aſtragale:& la petite eſt receuë interieurement de la tierce dudit os,que nous auons dit faire vne teſte ronde ſur vn aſſez long col. Outre plus, en ſa partie poſterieure il eſt rond,& fort reculé de la iambe,& en ſon anterieure,& plus auācée, il eſt conioint par ſynarthroſe auecques l'os Cyboi- de,la partie inferieure, & interieure duquel il ſemble receuoir.Au demeurant, il a ſa ſuperficie toute iné- gale,ayant,pluſieurs tuberoſitez:& en ſa partie interieure,il fait comme vn canal, pout bailler paſſage tant aux vaiſſeaux qu'aux tendons,qui vont à la plante du pied, & au doigts. Finalement , il faut conſiderer les trous des vaiſſeaux,qui entrent dedans ledit os pour ſa nourriture:au moyen deſquels en fracture d'iceluy la curration eſt rendue difficile , à cauſe de l'expreſſion,& contuſion deſdits vaiſſeaux,côme dit Hippocra- tes au deuxieſme liure des Fractures Quant aux ligamens d'iceluy , ils ſont tels que ceux de l'aſtragale, à ſçauoir,tendons,membraneux,& ligamens proprement dits , venans d'vn os à l'autre.Le tiers appellé Sca- phoide, c'eſt à dire Nauiculaire, à raiſon de la ſimilitude qu'il a auec vne petite nacelle, car de l'cndroit L'es sca- qu'il regarde la teſte de l'aſtragale, il eſt caue : & de l'autre qu'il regarde les trois os innominez (leſquels thoide, il ſouſtient, & deſquels il eſt receu,tout ainſi que par ſa cauité il reçoit la teſte dudit aſtragale ) il eſt boſſu comme le dos d'vne nauire. Ses connexions ſont faites par ſynarthroſe, & ſont confirmées par les liga- mens ſuſdits. Dauantage ledit os ſur ſa partie ſuperieure eſt fait en forme de vouſte, & en l'inferieure au- cunement il s'applatit : & en ſa partie interieure il deſine en pointe comme la proüe d'vne nauire, & en l'exterieure mouſſe & obtus, comme la pouppe d'icelle. Le quatrieſme & dernier des nommez, eſt ap- l'es Cyboï- pellé Cyboide, pour la ſimilitude qu'il a auec vn dé, combien qu'il ne luy reſſemble gueres. Cét os de de-, ſa partie anterieure ſouſtient le doigt annulaire, & auriculaire,& de ſa poſterieure eſt ſouſtenu de la par- tie poſterieure du talon.De l'interieure,il eſt joint auec le Nauiculaire,& celuy des Innominez,qui ſouſtient le Muſcles Vaſtes. #ee les trois A | | p : - ' : De l'Anatomie. 1 5 1 | | | | A le doigt moyen de l'exterieur,il dreſſe vne eminence faite en dos d'aſne,laquelle s'eſtend tranſuerſalement tout le long de la partie inferieure dudit os:aux deux coſtez de laquelle il y a deux petites cauitez faites cô- me vn canal.S'enſuiuent maintenant les trois os qui n'ont point de nom,dont le premier & plus grand ſou- ſticnt le poulce,le plus petit & ſecondl'indice:le tiers & moyen en quantité ſouſtient le doigt moyeh.Tous ces trois os ſont en leurs parties ſuperieures vouſtez, & inferieures aucunement caues.Leur connexion eſt par ſvnarthroſe auec les trois os ſuſdits,deſquels ils ſont receus : & de leur partie poſterieure auec le Naui- culaire, lequel ils reçoiuent. Il faut maintenant venir aux os du ſecond ordre ; à ſçauoir,de l'auant-pied ou pedion, qui ſont cinq en nombre, ſouſtenans les os de cinq doigts : leſquels en leur partie ſuperieure ſont aucunement boſſus & vouſtez, & en l'inferieure aucunement caues. Et ont chacun deux epiphyſes en leurs extremitez : dont par les inferieures & premieres ils reçoiuent les trois os innommez, & le Cyboide : & par les ſuperieures faites en teſte ronde, ſon t reçeus des premiers os des doigts. Leurs connexions ſont par ſynarthoſe , tant auec les doigts , que les os du Tarſe. Leurs ligaments tant communs que pro- pres , ſont tels que nous auons dit des autres. Reſte maintenant à declarer ceux du dernier ordre , que nous auons dit faire & conſtituer les doigts du pied , leſquels ſont quatorze en nombre , à ſçauoir deux au poulce , & trois à chacun des autres doigts. Les premiers ſont aſſez longs, les autres enſuiuant fort courts, excepté celuy du poulce. Et tous en leur partie ſuperieure ſont ronds & vouſtez, & en leur partie inferieure aucunement caues & plats ſelon leur longueur, afin que les tendons qui les plient plus ſeu- rement & droitement,ſans decliner ny d'vn coſté,ny d'autre,puiſſent eſtre cöduits iuſqu'aux dernieres arti- culations : jaçoit que telle conduite ſoit grandement aydée par le ligament membraneux & commun, qui ſortant des parties laterales deſdits os enueloppe leſdits tendons, comme nous auons dit des doigts de la main. Danantage chacun os , excepté les derniers, à double connexion faite par diarthroſe. Et ſont tous de quantité inegale,à ſçauoir gros en leur commencement (par lequel ils reçoiuent la teſte de leurs prece- dents, ſur laquelle ils ſe meuuent comme ſur vn piuot)tendans touſiours en appetiſſant iuſqu'à leur fin,par laquelle ils ſont receus de ceux qui les enſuiuent. Finalement en leurs extremitez ils font deux eminences laterales,& entre icelles vne cauité : à caufe dequoy il ſont plus gros en leurs extremitez qu'en-leur partie moyenne.Les ligamens,par leſquels leurs connexions ſont confirmées & ftabilées,ſont tels que nous auons dit des precedents. Quant aux os Seſamoides ils ſont ſemblables à ceux de la main en nombre,& ſituation. Parquoy noteras ſeulement,que ceux qui ſont en la premiere articulation,ſont aſſez gros,ronds,& oblongs exterieurement, & interieurment caues & plats : ſituez entre deux cauitez aſſiſes entre trois prominences, deux laterales,& la tierce moyenne de l'extremité du premier os du Pedion, qui ſouſtient le poulce princi- palement, & tous les autres. Et ſont ainſi appellez, à cauſe qu'ils reſſemblent à la figure de la ſemence de Seſane , longuette & platte. Leur vſage eſt, qu'ils tiennent fermement les jointures des mains, & pieds par où ils ſe plient, afin qu'ils ne ſe ranuerſent, & ſortent hors de leur place, quand il ſont fort tendus. Finalement, auant que venir aux muſcles; il faut noter que le pied a eſté faict pour deux intentions, L'vne eſt, pour affermir & ſtabilir tout le corps, lors qu'il eſt queſtion de ſe tenir debout : à cauſe dequoy Na- ture n'a point mis le poulce oppoſite des autres doigts, ainſi qu'à la main , de peur que telle confirmation ne fuſt vicieuſe. L'autre intention eſt,pour l'apprehenſion : & pour ce, Nature l'a fait & composé de plu- ſieurs doigts mobiles & articulez comme la main. Et dauantage qu'il nous falloit marcher ſur le pied, Na- ture l'a fait en ſa partie inferieure, caue & creux en aucuns lieux, aux autres plat : & pareillement de fi- gure triangle, afin qu'il fuſt capable de nous porter par tout pais, ſoit boſſu ou plat égal, ou inegal. La ſeptieſme Figure exterieure, ouſuperieure du Talon. p |g AA Monſtrent le Talon. B L'Aſtragale. C Le Nauiforme. - - - • | - , , - D Le Cubiforme. - - - • ^ E EE .. Les trois os ſans nom. FFFFF Les cinq du Pedion : apres leſquels demeurent les quatorze os ce , qui n'en a que deux. \. GGGGG Le premier rang deſdits os. i- des doigts du pied, deſquels chacun en a trois, hormis le poul- Les trois bi | ſans norn. | | Connexions des trois os ſans ncm. Deſcription des os de l'a- Mant-pied oti Pedion. Connexion des os du Pedion. Deſcription - des os des A doigts du Pied. Annotation de la proui- dence de NaturtL. Les os Seſa- moides. Double vſa- ge du pied. ( t " : . Le ſixieſme Liure, Neuf Muſ. $ tles du pied. Muſcles anterienrs. Muſclee Eſp eronnir Iambier amterieur. Éſtendeur des doigt*. Muſcles poſt erieurs. Muſeles Gemea/4x. Plantaire. za Figureinterieure & inferieure du Pied | Laquellemonſtre priacipalement les os SeſamoRdcs,marquez par lesh hhh, Y Des muſcles mouuant le Pied. CH a P. XXX I X. P R E s ces choſes ainſi conſiderées, reſte à declarer les muſcles de la iambe qui meuuent le pied , leſquels ſont neuf en nombre : trois à la partie anterieure, & ſix à la poſterieure. Des trois anterieurs deux flechiſſent le pied, faiſans leur action enſemble,& chacune à part le tire de ſon coſté : le tiers eſtend principalement les doigts : Ie dy principalement, à cauſe qu'il ſemble par ſon tendon plus delié & long ( lequel demeure à l'os du Pedion qui ſouſtient le petit doigt ) aider la fiexion du Pied. les deux premiers ſont nommez, l'vn Eſperonnier, à cauſe qu'il deſcend ſelon l'os de l'Eſperon, comme cy-deuant petit Focile : l'autre Iambier anterieur , pource qu'il mmmmm deſcend ſelon l'os dit ſpecialement l'os de la iambe ; le tiers, à raiſon de ſon action, eſt appellé Eſtendeur , des doigts. Quant à leur origine, l'Eſperonnier, qui ſemble auoir deux teſtes , deſcend de l'Epiphyſe ſuperieure de l'Eſperon par ſa premiere teſte : & par l'autre, enuiron du milieu d'iceluy, de la partie ante- rieure à la poſterieure, ainſi que le montre la ſuperficie d'entre la ligne anterieure & exterieure dudit os; mais eſtant paruenu à l'endroit de l'Epiphyſe inferieure & poſterieure dudit os,il produit double tendon par derriere la ch euille exterieure:leſquels eſtans conduits par ligamens tant propres que communs,s'en vont, le plus gros ſous la plante du pied, ſe deſinant à l'os Cyboide, & à l'os du Pedion ſouſtenant le poulce : le plus petit s'en va exterieurement au Cyboide & dernier os,& plus petit du pedion,lequel ſouſtient le petit doigt. Quelquesfois vne petite portion d'iceluy s'auance iuſqu'au coſté du petit doigt , lequel il eſtend en retirant des autres. Le Iambier anterieur ſortant de l'Epiphyſe ſuperieure & exterieure de l'os de la iambe † deſſus la ſuperficie dudit os, qui eſt entre la ligne anterieure & exterieure,auſquelles iladhere, comme fait auſſi à la ſuperficie iuſques preſque à leur milieu : duquel endroit il produit vn ſeul tendon, le- quel deſcendant par la partie anterieure,& inferieure, s'en va deſiner interieurennent à deux os innommez, c'eſt à ſçauoir au premier & plus gros,& au moyen,& par vne ſienne petite portion au premier & plusgros os du Pedion, par laquelle il eſtend le gros doigt, l'amenant anterieurement vers l'autre pied.Or ce muſcle auecque le precedent plient ledit pied,s'ils operent enſemble : mais s'ils operent chacun à part,ils letirent chacun de ſon coſté. Le tiers eſtendeur des doigts eſt double,l'vn prend ſon origine du plus haut de l'os de la iambe,& inſere tout le long de l'Eſperon,ſe jette par deſſous l'anneau,au pied : auquel il ſe termine par cinq tendons, qui vont à toutes les jointures des doitgs, & par vn ſixieſme à l'os du Pedion qui ſouſtient le petit doigt, par lequelilayde la flexion du pied , ainſi que nous auons dit, L'autre defcend enuiron le mi- lieu dudit os de l'Eſperon : & inſeré quelque peu en iceluy , s'en va par vn ſeul tendon Paſſant par ſon anneau,au poulce. Et noteras que tous ces tendons ont leurs fibres nerueuſes,ligamenteuſes,& charneuſes, tellement ſeparées l'vne de l'autre,que chacun peut faire ſon actiö à part,comme ſi c'eſtoit vn muſcle ſepa- ré:& ainſi faut eſtimer des autres,leſquels des leur partie charneuſe ont tendons ſeparez.S'enſuiuentmain- tenât les ſix poſterieurs,deſquels les deux premiers ſont appellez Gemeaux,à raisô de leur pareille groſſeur, origine, inſertion, & action : le tiers eſt nommé Plantaire, pource qu'il ſe perd à la plante du pied, ainſi que le Palmaire à la paulme de la main:le quatrieſme eſt dit Solaire,pour la ſimilitude qu'il a auec vn poiſ- ſon nommé Sole : le cinquieſme Iambier poſterieur, à cauſe qu'il deſcend ſelon la partie poſterieure de l'os de la iambe : le ſixieſme & dernier eſt appellé Flecheur, ou plieur des doigts,correſpondât au profond de la main. Aucuns de ceſtuy-cy & du Iambier poſterieur en font vn ſeul,qui produit trois tendons : les autres en font trois,à ſçauoir vn Iambier,l'autre Flecheur des quatre doigts,& le tiers Flecheur du poulce Quant au deux Gemeaux, l'vn eſt interne,& l'autre externe. L'interne ſort de la racine du Condyle inte- rieur de la cuiſſe, & l'externe de l'exterieur : & ſe faiſans tout incontinent charneux plus en leur partie ex- terieure, qu'interieure s'aſſemblent quelque peu apres par leurs parties charneuſes, & s'en vont faire auec leSolaire vn gros & grand tendon enuiron le milieu de la jâbe , qui ſe va attacher à la partie poſterieure du talon,ſur lequel ſe font les mules tant douloureuſes. Son action eſt de faire marcher ſur le bout du pied:en tirant le talô vers ſon origine. Le Plätaire, qui eſt le plus petit,& plusgreſle de tous,fort charnu du ſort Cö- dyle externe de la iambe,& enuiron trois ou quatre doigts apres ſe deſine en vn fort long & grefle tendon, lequel il euuoye entre les Gemeaux & le Solaire à la plante du pied,pour illccfaire la membrane qui couure - - la |. : De l'Anatomie. I 53 A la plante du pied,& muſcle reſpondant au flecheur ſublime ou ſuperieur de la main.Le Solaire leplus gros de tous, & ſitué par deſſous les Gemeaux, deſcend de la commiſſure de l'os de la jambe & de l'Eſperon,& ſur le milieu de la jambe, apres auoir meſlé ſon tendon auecque celuy des Gemeaux,s'en va au lieu ſuſdit, Solaire. pour eſtendre a l'vſage ſuſdict. Le jambier poſterieur deſcend de l'epiphyſe ſuperieure de la jambe & de l'Eſperon & adherant preſque tout au long d'iceux, ſe va inſerer par vn fort tendon ſur la fin quaſi oſſeux, - à l'os Scaphoide,& aux deux premiers innommez, pour ayder l'extenſion oblique du pied Le dernier fle- lambier. cheur des doigts eſt double:l'vn prend ſon origine de l'os de la jambe là où le Poplitée deſine:& eſtant inſe. # ré audit os s'en va iuſqu'à la cheuille interne,par le derriere de laquelle il s'en va diuisé en quatre tédons, # aux dernieres jointures des quatre doigts.L'autre prend ſon origine enuiron le milieu de l'os de l'Eſperon, ſfJ. & inſeré quelque peu eniceluy,s'en va par l'os du talon & l'Aſtragale au poulce,eſtant meſlée auec le pre- cedent. Leur action eſt de plier la premiere articulation des doigts, plus par le ligament commun que par quelque portion de tendon illec deſinante : & la derniere par leur propre inſertion. –- Des muſcles mouuans les doigts du pied. C H A P. X L. 'E N s v 1 v s N T maintenant les muſcles du pied mouuans les doigts d'iceluy, leſquels º"ſ- ſont huict en nombre, vn en la partie ſuperieure, & ſept en l'inferieure. Le premier ſort de # #, l'Aſtragale du talon, & Cyboide par deſſous la cheuille exterieure , ou du ligament deſdits # 14 j os auec la jambe : & couché obliquement vers le plus haut du pied, ſe va perdre par cinq pie4. à petits tendons aux parties laterales des cinq doigts, pour iceux amener exterieurement vers ſon principe : au moyen de quoy eſt appellé Abducteur d'iceux,ou bien Pedieux, pource qu'il eſt couché ſur le pedion. Quant aux ſept de la partie inferieure, le premier nommé Flecheur ſuperieur,prend ſon ori- Muſcle ab- gine de l'os du talon , & couché tout le long du pied ſous vne forte membrane (qui dudittalon ſe va atta- duâeur des cher eſtroittement à l'extremité des os du Pedion, pour confirmer les parties contenues ſous icelle) ſe va doigts. inſerer par quatre tendons aux ſecondes articulations des quatre doigts leſquels il flechit. Où faut noter Flecheurs ue tout contre ſon inſertion il ſe fend,ainſi que le ſublime de la main pour bailler paſſage au muſcle pro- ſºperiear. § lequel (comme nous auons dit) deſcend le long des doigts, conduit par vn commun ligament mem- braneux , qui l'enueloppe & ſerre contre l'os tout le l'ong de la partie inferieure des doigts, iuſques à la derniere articulation. Le ſecond, qui reſpond au Tenar de la main, ſitué en la partie interieure du peid, prend ſon origine de la partie interieure & caue du talon, & aſtragale, & ſe va deſiner à la partie laterale & interieure du poulce, lequel il ramene des autres vers la partie interieure. Et ſe peut diuiſer en deux ou trois comme le Tenar de la main , pour amener le poulce vers les autres doigts , tant qu'il eſt beſoin, ainſi que nous auons dit de la main. Le troiſiéſme reſpondant pareillement à l'Hypotenar † la main, ſort de la partie exterieure du talon, & montant par la partie laterale du pied , ſe va inſerer à la partie auſſi la- terale du petit doigt, pour le ramener des autres : à quoy peut ſeruir auſſi certaine chair contenue ſous la plante du pied, laquelle s'auance iuſqu'auſdits : comme auſſi le peut ayder à faire le pied creux. Senſuiuent les quatre Lumbricaux ou Vermiculaires, leſquels ſortans de la membrane du Flecheur des doigts profond, Muſcles ſe vont inſerer à la partie laterale & interne des doigts, pour iceux tirer vers la partie interieure, au con- Lumbricaux traire du Pedieux Reſte maintenant à declarer les muſcles Interoſſels de l'Auant-pied ou Pedion, leſquels Muſcles in- ſont huict en nombre : quatre ſuperieurs, & quatre inferieurs , diffe rens en origine, inſertion, & action. terºſeli. Car les ſuperieurs, d'autant qu'ils ameinent le pied auec le Pedieux en dehors , prennent leur origine de la partie anterieure & interieure de l'os de l'Auant pied, qui ſouſtient le petit doigt, & ainſi des autres chacun en ſon ordre, & ſe vont inſerer à la partie exterieure & anterieure de l'os enſuiuant. Les inferieurs au contraire ſortent de la partie anterieure & interieure de l'os du Pedion,ſouſtenant le poulce, & ainſi des autres, chacun en ſon ordre : & ſe vont inſerer à la partie interieure & ſuperieure de l'os enſuiuant, pour iceux amener auec les Lumbricaux,vers le dedans, ou bien pour faire le pied creux comme les exterieurs, ou le pied plat,ou depoüillé, ainſi que nous auons dit de ceux de la main. - Briefue recapitulation de tous les os du corps humain : faut que le Chirurgienſ,ache leur ſubſtance, magnitude, nombre, ſituation & aſſemblage->. C H A P. XL I. , P R E s auoir exactement pourſuiuy par le menu toutes les parties du corps humain , La teſte eſt reſte , auant que mettre fin à noſtre labeur , que ſommairement nous declarions le nom- faite de bre des os , les pourſuiuans de partie en partie. Parquoy pour commencer, nous auons dit ſoixante, ou que la teſte generalement prinſe (c'eſt à ſçauoir, auecque ſes parties,) eſtoit faicte de ſoi- ſoixante xante os pour lemoins , & de ſoixante & trois pour le plus: ſçauoir eſt, quatorze du Crane, troiººº. quatorze ou dix-ſeptde la Face, & trente deux dents. De ceux du Crane, il y en a huict contenans, & Huict os du & ſix contenus. Les contenans ſont du front, l'Occipital, deux Parietaux, deux Petreux , le Baſilaire, Crane. & l'os Ethomoide ou Cribleux. Les contenus ſont ſix qui ſont les ſix qui ſont enclos dans les trous des ## oreilles qu'on appelle Incus, Malleolus & Stapés , c'eſt à dire, Enclume , Marteau , & Eſtrier. Quant à 9)uatorze oº ceux de la face : premierement, il y en a fix dedans ou autour de l'orbite de l'œil, trois de chacun coſté , § - ſept de que nous auons appellez orbitaires des yeux : deux aux Nez, nommez auſſi de nous Nazeaux : deux Maxil- la face. faires mineurs, & deux majeurs, qui touſiours aux beſtes brutes à quatre pieds ſe trouuentainſi ſeparez: 3. ou. 11. or mais à l'homme, ſi rarement, que ie n'en ay point encores veu bien appertement , ains ſeulement les deux l, l'os Hyoi- ui contiennent toutes les dents ſuperieures : deux appellez os internes du palais:deux en la maſchoire in- de. § aux petits enfans : & le dernier, l'os Chriſtx, d'où le mur Metoyen ou cartilage moyen du Nez 34.º, à prend ſon origine. Outre ceux-cy, il y en a encores trente-deux , qui ſont les dents, à ſçauoir, ſeize en la l'Eſºin . maſchoire ſuperieure,& autant en l'inferieure : ſçauoir eſt,huict inciſoires,quatre canines , & vingt molai- .. clauiº- res. Plus il y en a vn à la racine de la langue,nommé Hyoide, fait de trois ou touſiours, & quelquesfois de # C onze.Apres ces os icy,faut venir à ceux de l'eſchine ou Rachis,qui ſont trente-quatre : ſept au cºl : douze ". #. auThorax, cinq aux Lumbes, ſix à l'os Sacrum,& quatre a l'os Caudz. Outre-Plus, il y a deux Clauicules: # vingt-quatre coſtes,quatorze vrayes, & dix fauſſes & trois à l'os Sternon le plus ſouuent,ou ſept au mºins, §" aux qui ſont trouuez quelquesfois aux ieunes.Apres venant au bras,nous en trouuons cºmmenºns de l'Omo i . plate, ſoixante & deux : à ſçauoir, deux pallerons,deux os du bras : quatre du couldeia ſ,auoiº deux cou!: o seſamoï, des proprement dits, & deux rayons : ſeize du Carpe, ou Poignet, huict du MetacarPe ºu auººº ! & de . trente des doigts.Dauantage,on trouue les os Seſamoides,qui ſont douze interieurs touſiours & quelques- «a. ou 66 es fois aux Iambes• I 54 Le ſixieſme Liure, • • - e cartilage , que d'os : - up dauantage , deſquels la plus grande partie merite mieux # § § les A fois beaucoup rieurs, ſi nous croyons sylnius. Reſtent ceux de la cuiſſe, leſq & ſix, 1 # Seſamoi & † † c§ comme ils ſont aux petits enfans) ſont # & ſix, § CS SC1aII]O1- > - - - /^ os des hanc es pou des Iles, deux Barrez, deux Iſchions, deux des cuiſſes , eux ºoºu es, quatre aux des : à ſçauoir , deux des Ile § & de ux os de la Iambe : quatorze du Tarſe : c'eft à ſçauoir, deux Iambes , ſçauoir eſt # § deux Cyboides, & ſix ſans nom : dix à l'Auant-pied » cinq X AftI'3221CS , C1CllX N J 2 - - - "- - Talons , deu Af # a aux arteils. Quant aux Seſamoides , ils ſont égaux en nombre a ceux de la main. en chacun, & vingt- § rps humain , ſont deux cens quarante-ſept, yadiouſtant l'os Hyoide, & les Le nombre donc # # § des § , ſans toutesfois y comprendre les Seſamo§ » parce - 2IlS leS - - - - ſix † # † aux jeunes , ne ſont que cartilages , & que leur nombre ſe trouue touſiours Incertain. que le plus † que les trois cartilages du Larinx, ſont Pour vray oſſeux aux hommes Et § 2L12I1t297C , tll O » 1•s » , IlA, - § tll § mieux voir à l'œil le tout,nous t'auons baillé les figures ſuiuantes. Declaration des lettres de lapremiereſgure des os. A L'os Cotonal. B Deux os Parietaux, vn de chacun coſté. º Peux os Petreux, vn de chacun coſté. D Lc &ygoma. B E Lº maſchoire inferieure. F Lººlauicule droite, & autant de l'autre coſté. -, G L'APophyſe ſuperieure de l'Omoplate,dite ---, Acromion. *--, H L'Apophyſe anterieure de l'Omoplate; -- ººmmée Coracoide,ou bec de Corbin. Lc Sternon qui reçoit les ſept coftes vrayes. ** Cartilage nommée xiphoide, la § chctte en François. Les vingt-quatre coſtes , douze de chacun coſté deſquelles il yen a ſept vrayes,& cinq fauſſes, qui te ſont marquées par I. 2-3-4.5.6. &c. gé Le Bras, ou Brachiuns, ou Hamerus, vulgai- rcment , l'Adiutoire - L'os du Coulde, vulgairement dit, le gros ' - Focile du Bras. Le Rayon , ou Radius »vulgairement,le pe- tit Focile du bras. C L° Pº#ººt » ou Carpe, composé de huict $ oſſelets. L'Auant-main , ou Mctacarpe , contenant 4 quatre os - # Les os des doigts, trois en chacun, qui font - quinze CIl tOllt. L'os , de la cuiſſe, dit Femur ou (ſrus. La Palette , ou Rotule du genoüil. l L'os de la jambe , L EſPºron , dit Pºrone ou, Fibula, vulgaire- :: ºººº ºPPellé , le petit Focile de la jambe. Y L'Aſtragale. * Le Nauiforme, ou Nauiculaire, : L a Les quatre os du Tarſe. - ; b Les cinq os du Pedion. º Les quatorzc os des doigts, trois en chacun & deux au poulce, . l JDeclara • · De l'Anatomie. 155 A Declaration des lettres de la ſeconde figure des os. Fait l'endroit de la Suture Coronale. La Suture Sagittale. Deux Sutures Mendeuſes. La Suture Lambdoide. L'os Cccipital. . Le Palleron ou Omoplate. Le col de l'Omoplate. La teſte du bras. L'eminence du coulde, dit des Grecs, Olecranum. Les ſept Spondyles du col , & à coſté vn peu plus bas ſont les coftes mar. quées par 1.2.3. &c. Les douze Spondyles ou vertebre s du Metaphrene. v. Les cinq des Lumbes. L'os Sacrum. L'os de la queue, dit os Cauda , ou Coccyx. L'os.Amplum, ou Ilium; fait aux ieunes enfans de trois os , & vulgairement nommé de trois noms:car la partie ſu- perieure eſt dite Ilium:celle qui reçoit la teſte de l'os Fémoris , lychion : & la partie anterieure , Pubis. C)_ La teſte de la cuiſſe, dite vertebrum: R. S T - Le grand Trochanter. Le petit Trochanter. Le Calx, Calcaneum, ou Talon. Recueil du nom de la connexion des os. C H A P. XL II. $ # E v qu'il eſt autant neceſſaire au Chirurgien de ſçauoir la naturelle reparation des os rom- Ä Pus, que la reduction des luxations ou diſlocations : ce qui luy eſt du tout impoſſible ſans la cognoiſſance de la connexion des os : i'ay pensé de beaucoup aider le ieune Chirurgien , ſi ' en briefie luy deſcriuois comment, & en combien de ſortes les os ſont conioincts entre eux: ſans obmettre l'explication d'aucuns mots qui ſont vſitez tant en Grec qu'en Latin. La com- \poſition donc vniuerſelle, ou contexture des os du corps humain s'appelle des Grecs sceletos , qui ſignifie Anatomie ſeiche. Or la maniere,par laquelle tous ces os ſont conioints, eſt de deux genres : les vns ont - - leur conionction par Arthroſe, ou Article,que les Grecs appellent Arthron : les autres par ſimphyſe , natu- Sceletoi. relle vni6 d'iceux De l'vn & l'autre gére pluſieurs eſpeces ſe trouuét:car article ou arthró à deux eſpeces, 4rºº. , à ſçauoir Diarthroſe & Synarthroſe entre leſquelles il y a telle difference,ſe que Diarthroſe eſt vne conion-ººº. ctió d'os,en laquelle le mouuemét eſt manifeſte apperceu à veuë d'œil:& synarthroſe à mouuemét qui n'eſt *** point du toutfi apperceu & manifeſte.Derechef ces deux eſpeces ont encore deſſous elles quelques autres ſortes.car Diarthroſe a ſous ſoy Enarthroſe, Arthrodie & Ginglime. Enarthroſe donc eſt eſpece de Diar- throſe,en laquelle vne profonde & creuſe cauité reçoit vne lôgue & groſſe teſte, comme celuy de la cuiſſe En trthroſe auec celuy dela hanche,Arthrodie,quand vne cauité legere ſuperficiaire reçoit vne teſte fort petite,& peu auancée,comme il aduient en la connexion du bras auec l'eſpaule, & en la premiere auec la ſeconde verte- bre Les Grecs ont diſtingué ces deux ſortes de teſtes,& ces deux ſortes de cauitez par certains mots à eux arthro lie . ºuſtumiers,car quand la teſte eſt groſſe & longue,ils I'ont appellée cepha e,les Latins ciput : & quand elle #cºurte & aduancée,ils l'ont appellée (orone ou toronon. Pareillemét auſſi la cauité,qui eſt creuſe & pro- fonde, aeſté appellée cotyle ou bouette:& la peu creuſe & preſque ſuperficiaire,Glené.La troiſieſme efpece *PPellée Ginglyme,ſe fait quandles os s'entrereçoiuent,c'eſt à dire quand en vn meſme os, il y a vne caui- º qui reçoit le reſte de l'autre os, comme principalement aduient au coulde,& au genoüil;c'eſt a dire, en # connexion de la cuiſſe auec l'os de la iambe : & te ſuffiſe deDiarthroſe,& de ſes trois eſpeces.Synarthro- ſe, quieſtl'autre eſpece d'Article oudarthroſe, a auſſi trois eſpeces, ſelon Galien au liure des os, ſçauoir # Suture, Gomphoſe,& Harmonie. Suture eſt vne compoſition d'os,faicte à la ſemblance des chofes cou- º,comme le mot Latin l'emporte, auſſi comme tu as entendu en la connexion des os de la teſte. Gom- phoſe eſt faite,quand vn os eſt fiché dedans l'autre,en forme d'vn clou,ou d'vn gond comme les dents ſont ºées dedans leurs creux ou alueoles,en l'vne & l'autre maſchoire.Hannonie troiſiefme eſpece de Synar- St4:'avre throſe,eſt faite,quand les os ſont conjoints & vnis tellemêt,qu'il n'ya qu'vne ſimple ligne,comme aux deux §. , &_'.' os du nez, & en quelque vns de la face. Or iuſqu'à preſent auons parlé du premier genre de conionction, ii * de ſes differences reſte maintenant que nous parlions de ſiymphyſe , qui eſt le ſecond genre principal de noſtre premiere diuiſion. Symphyſe donc n'eſt rien que naturelle vnion des os, comme nous auons dit, mais ºſefait en deux ſortes : car quelquesfois telle vnion eſt faite par moyen & benefice d'autre matiere,au- ºfois ſans aucun moyen. Sans aucun moyen ſe ioignent les os de la maſchoire inferieure, qui aux petits ºns ſe trouuent bien diſtinguez, mais toſt apres s'vniſſent enſemble. Les os ſont vnis par moyenne ma- º en trois ſortes,ou par cartilage au milieu : laquelle vnion les Grecs ont appellé syntondroſs,comme il *ºient à los Pubis & quelques epiphyſes des ieunes enfans : ou par ligament, & ceſte eſp ce les Grecs ont appellée | Ginºlymo. "-E777 Y 56 Le ſixieſme Liure, - \ - n - #! appellée syneuroſis,en preºant ce mot de nerf largement car quelquesfois il eſt prº P # ,† º,autres-A º fois pour vn ligament,auºesfois pour vn nerf proprement dit, qui vient du cerueau oº "cque relle #n connexion de yneuroſis peut eſtre trouuée à quelques os du Sternon, & des flancº ! ou par 9"elques muſ- cles ſe conjoignent , & affermiſſent les os, laquelle ſorte d'vnion les Grecs nomment syſicorſi, comme la chair des genciues, qui confirme & rendles dents immobiles. Or en toutes les iointurº* 9ui ont mouué- ment manifeſte Nature y a produit vn humeur glaireux & viſqueux, à fin que le mouuººº ſoit plus libre: & à l'imitationde ce, les chartiers engreſſcnt les moyeux de leurs charettes,afin qu'en roulant ils tournent plus librement & promptement. Et de ce t'ay bien voulu aduertir ſur la fin de mon liure,afin que tu n'euſ- ſes à ydeſirer choſe qui ſemble appartenir à la matiere Anatomique,de laquelle tu feras ton profit:loüant ce grand Architecteur, facteur de toutes choſes, qui a falct & composé auec vn ſi indicible & incompara- ble artifice toutes les paties de noſtre corps:ce qui nous eſt monſtré par l'vſage d'icelles.Or de cognoiſtre ſa vertu & cognoiſſance, par laquelle il parfait toutes ces merueilles , c'eſt choſe qui excede l'intelligen- ce humaine, parce que Dieu les faict par puiſſance,vertu, & ſapience ; parquoy nous ne pouuons, ſinon le loiier, remercier & magnifier. p E SI T E L L E D f Vf SI o N N E PLA 1 ST A V N C H A C V N, pourpluſieurs obſcuritez dont elle pourroit ſemblerenueloppée, ie me ſuis aduisé de celle-9- de laquelle m'apremierement ouuert le chemin M. Germain Courtin, Docteur Regent en la faculté de Medecine,laquelle à celuy qui la conſiderera bien,ſemblera plus intelligible, & B hors de tout hazard de reprehenſion. rvnis enſemble par symphyſe : c'eſt à dire,vnion & connaturation, eſtans quaſi comme entez l'vn auec l'autre,ſçauoir,quant en iceux il n'y a rien d'eſtrange, & diſſemblable qui ſe puiſſe apperce- uoir : Telle vnion ſe void és deux os de la maſchoire inferieure par deuant au menton , és os du brichet enſemble, és os des flancs auec les os des hanches, & barrez. De tellevnion d'os il n'y a u'vne eſpece : car à parler à la verité, les os qui auparauant eſtoient diuers , ſont vnis par vn eul moyen;ſçauoir par le cartilage, qui de faict n'eſt plus cartilage, mais eſt degeneré en os- rà laſche, que l'on dit r Emboiture,qu'on appelle Enarthroſe;ſçauoir,quand tout > Muſcle lar- ſe oM Psºu- uoir s ou - "º | eſt dedans, c'eſt à dire,quand toute la teſte de l'os eſt re- †. † † † ceue,& du tout cachée en la boette d'vn autre os, Telle - appelle ar- | jointure § ſerrée eſt † de l'os de la cuiſſe auec l'os de la hanche. ticulation, § ain # afin ue , Entonceure, qu'on dit Arthrodie, comme ſi on vouloit Les os | c'eſt à dire, l les os §uſie§ § dire vne telle quelle jointure : quand toute la teſte de l'os qui jointure : | à § & # §! n'eſt pas logée & plongée dans ſa boëtte ains ſeulement eſt côme | ſçauoir , §di§ § di- placée comme à demy : de ſorte que, ſi Nature d'ailleurs, poulx | quand iceux l uers mouuemens.De comme des ligamens des muſcles voiſins : n euſt baſty & ſou- os ſont tel- | telle jointure § | † receptacle à ladite teſte d'os,il euſt eſté ſujet à toutes ſtien- | lement abu- | auons # rois eſpeces ; heures à luxation. Teſte eſt lajointure de l'os de l'eſpaule, nent | tez & al- p * | qu'on dit Humerus, auec le palleron. - tOl1t « liez , qu'en- Enclaueure , qu'on dit Ginglyme, quand les os ſe re- le ba- l tre iceux ſe l§ & logent l'vn l'autre. Telle eſt la jointure de l'os ſtimét | void quel- | - du coulde, ou bras, auec l'Humerus, #r ## 4 ou à l'eſtroit, que l'on ſ, Par fiche, qu'on dit Gomphoſe,quand vn os eſt receu hu- nature ; de dit par Synarthroſe : dans l'autre, comme vn clou, ou gond dans ſon trou.De main façon qu'on quand la jointure des telle façon eſt la joincture,ou aſſemblage des dents,auec ſont, | peut apper- os eſt ſerrée & adiutée | leur maſchoire dedans les alueoles:car les dents ſont en- Oll ceuoir la de prés Ce que nature | chaſſées dans les maſchoires, comme vne pierre dans le diuerſité de l* fait, à raiſon que tels | chaton d'vn anneau. l'aſſembla | º_º doiuent auoir ) Par coufture, & icelle dentelée, ou crenelée à la façon ge. Or tel aucun mouuement , { des dents de ſie, comme eſt la jointure des os du Crane aſſemblage ains ſe doiucnt tenir | enſemble ou eſcaillée,comme eſt la couftre des os Pier- d'os par abuttez l'vn contre-| reux auec les Parietaux. - jointure cſt l autre, De tel aſſem- Par allignement,que l'on dit harmonie, quand les os | fait de§ blage d'os nous auons | oppoſez &appariez vis à vis, & teſte à teſte l'vn de l'au- façons ; ſça- trois eſpeces:car les os | tre, ſont joincts par le moyen d'vne ſeule ligne, comme l * !S* l ſont aſſemblez à l'e- \ eſt la jointure des deux os du nez. ſtroit » Oll. - Recapitulation de tous les muſcles du corps humain,leſquels nous auons osé nommer (au moins ** Plºſºart ) vnpeutrophardiment, comme il ſemblera à d'aucuns : mais le plus Prºprement qu'il a eſté poſſible,pour noſtre langue Françoiſe, afin déuitér les mots Grecs & Latins qui ſe trouuent en l' Anatomie . ViVNS |xiſ Z. rN de Syluius CH A P. XL I I I. O v r ainſi comme nous t'auons baillé le nombre de tous les os de noſtre corps, aufſi auons , nous deliberé de faire le meſme de tous les muſcles, la deſcription deſquels tu prendras au chapitre où nous en auons parlé. Commençons donc à la Face , & pourſuiuons iuſqu'au Q# bout des pieds. En la face ſe trouue premierement celuy qui eſt appellé muſcle large ou Pe- aucier , venant du pannicule charneux , couurant tout le col, & preſque toute la face. Outre 2º ceſtuy - là ſe " »mwſcles, ! - deux " T, - - - trouuent les quatre qui appartiennent à la paupiere ſuperieure de l'œil. Plus dedans l'orbite ou cauité ſe trouuent les quatorze muſcles des yeux , ſept pour chacun , ſçauoir quatre droits, s D De l'Anatomie. I 57 A deux obliques, & vn pyramidal. Les quatre du nez vont apres, deux par dehors,vn de chacun coſté,&au- tant dedans les nazeaux. Les externes ouurent, & les internes ferment le nez. Les dix de la maſchoire in- f)satre ferieure tiennent leur rang apres, ſçauoir eſt, deux crotaphites ou temporaux, deux maſſeteres ou maſ- muſcles de cheurs, deux ronds (leſquels me ſemblent pluſtoſt appartenir aux lévres qu'à la maſchoire ) deux cachez la ps«piere dans la bouche qui viennent des apophyſes pterygoides,& deux ouure-bouche tendineux par le milieu.Les ſuperieure. huict des lévres ſe monſtrent apres,ſçauoir quatre ſuperieurs & autant inferieurs, qui ouurét & ferment la Sºatorze bouche,à eauſe dequoy nous les pouuôs appeller ouure-lévres & ferme lévres.Dedans le creux de la bou-"ºſºlº dº che ſe trouue la langue,& les dix Inuſcles qui luy appartiennent:parquoy en toute la face nous trouuôs cin- 7º : quante vn muſcles.A la partie anterieure du col on trouue les muſcles qui appartiennent à l'os Hyoide,qui -# cſt l'os de la langue , & du Larinx. L'os Hyoide eſt attaché par huict muſcles, deux ſuperieurs ve- # ºſ 4A . nans du menton , deux à coſté venans de l'apophyſe ſtyloide , leſquels ſont percez au milieu , à tra- Di, muſclet uers deſquels paſſent les deux ouure-bouche, qui à cét endroit-là ſont tendineux : deux viennent du ſter , la maſ- non, & deux de la coſte ſuperieure de l'Omoplate pres du Coracoide,qui auſſi ſont tendineux au milieu à, e heir• infe- l'endroit où les deux maſtoïdiens ſont couchez par deſſus eux. Le Larinx composé des trois cartilages, rieure. comme nous auons dit en ſon lieu , a dixhuict ou vingt muſcles : ſix ou huict communs, & douze propres. Hui# muſ- Des communs , deux ſont ſuperieurs, deux inferieurs , deux à coſté de la premiere cartilage : auſquels tu cles des lé- peux adioufter les deux qui ſeruent à ouurir l'Epiglotte,qui touſioursſe trouuent aux gros animaux à quatre º pieds pour rabbaiſſer interieurement ledit epiglotte : mais auſſi peu apparents aux hommes, comme mani-Pº"ſº feſtementils ſe trouuent auſdites beſtes. Les propres font douze, leſquels viennent preſque tous de la ſe- pour la lan- conde cartilage,pour s'inſerer à la premiere, & troiſieſme:deſquels les vns ſont pardeuant,& les autres par derriere le Tyroide Outre ceux-là ſont deux Maſtoides, qui dechiſſent la teſte. Et à la partie poſterieure § sur l'os du col y en a douze pour la teſte; de ſorte qu'elle à ſon mouuemét par ces quatorze muſcles,deux maſtoï- # diens anterieurs,& les autres poſterieurs, ſçauoir eſt deux ſpleniques, ou ſplenitiques : deux entrelacez ou Muſeles du B entortillez, quatre droicts & quatre obliques,qui ſont fort petits,ne paſſant point la premiere & ſeconde Larynx. vertebre. Le col a huict muſcles, deux longs pardeuant, ſur le corps des vertebres : deux ſcaneles,qui ſont S)uatorze à coſté : deux eſpineux qui ſont le long de l'eſpine des vertebres:deux tranſuerſaux qui vont aux apophyſes muſcles pour tranſuerſes du metaphrene.Le Thorax ou poictrine a quatre vingts & vn muſcles,dót les vns ſont pardeuât, mºir la les autres par derriere, les autres à coſté, & ſont tous accouplez hormis le Diaphragme. Ils ſont deux º#.. ſouſ-clauiers:deux grands Dentelez,quiviennent de la baſe de l'Omoplate:quatre petits Rhomboides,deux Hui# ſuperieurs, & deux inferieurs, deux ſacrolombaires, deux dans la poictrine reſſerreurs du cartilage.Plus #les pour vingt deux entrecoſtaux exterieurs,& autant interieurs, 24. entre-cartilagineux, ſçauoir douze # º ºº0ººº- Mº. Huict muſ- llTS» - - - - - - - ment das & douze interieurs : de ſorte que les entrecoſtaux& entrecartilagineux ſont ſoixante huict : auec les douze # ſuſdicts ſont quatre vingts,& le Diaphragme qui eſt ſeul : par ainſi le Thorax aura quatre vingts-vn muſcles $uatre- pour ſe dilater & reſſerrer. Et ſi tuyveux adiouſter les muſcles de l'Epigaſtre,ie n'en debatray point beau- vi vn coup:a raiſon que par accidét ils ſeruental'expiration & inſpiratiô.Des huict muſcles de l'Epigaſtre dont il y muſcle du en a quatre obliques,deux deſcendâs & deux aſcédans:deux droicts,auſquels tu pourras adiouſter les deux Thorax. petits qui viennét de l'os Pubis, ſi tu lesveux ſeparer de la teſte des droicts : deux Tráſuerſaux.Outre ceux- Muſcle de la,nous pourrons nombrer ceux des Lumbes,qui ſont fix ou huict:deux qui les flechiſſent qui ſont triangu- l'Epirºſtre. taires : deux my-eſpineux, deux ſacrez, & deux qui ſont au milieu du dos,que nous pouuons appeller ka-ºſº * chites. Or à preſent, afin que nous ayons les extremitez à part, nous conterons les muſcles qui ſont aux Lumbes. parties honteuſes. Pour les teſticules donc tu trouueras deux Cremaſteres ou Suſpenſeurs.A la racine de la verge,ou au Perineon,tu trouueras quatre muſcles,partie pourle conduit de l'vrine & ſemence,partie pour - - - -* - - Crems/fer'et . aucunemét eriger la verge.A la veſſie tu trouueras le Sphincter ou fermeur : & au bout de l'inteſtin droit tu # C trouueras trois muſcles , deux pour releuer le ſiege, & vn ſphincter ou fermeur. Reſte maintenant, que muſcles à ls nous venions aux extremitez,& premierement au bras:& nous ſemble meilleur d'en eſcrire ſeulement vn, raºine de la afin que tu en puiſſes iuger autant de l'autre. Le bras doncques commençant de l'Omoplate, a pour le verte. moins quarante-deux muſcles, & peuuent eſtre en beaucoup plus grand nombre ; mais pour cette heure sphinăer de tu te contenteras de cecy. L'Omoplate donc a quatre muſcles , le bras ſept, ou huict, le coulde trois,ou la veſſie. quatre, ou cinq. Au couldeinterne ſont ſept muſcles,& autant à l'externe : puis en la main, treize pour le Tºi "ºſ- moins Les quatre muſcles de l'omoplate, ſont vn trepaze, reſſemblant, à vn capuchon de Moyne,qui eſ # du ſiege. leue , abbaiſſe,& tire en derrierel'Omoplate.Le ſecôd eſt le releueur.Le troiſieſme eſt le grand Rhomboide 9)uarante ou Lozenger, qui eſtau deſſous le Trapeze. Le quatrieſme eſt le petit Dentelé, qui s'inlere au Coracoide. # Le bras ſe meut en deuant, en derriere, en haut, en bas, & en rond. Le Pectoral venant de la clauicule du # # Sternon & des coſtes prochaines ſe tire au deuant : le Baſſet le tire en derriere , venant de la baſſe coſte de § § l'Omoplate. Le Deltoide le tire en haut, & le tres-large le tire en bas,& quelque peu en derriere:les trois tomºplate qui ſont ſituez autour de l'Omoplatele meuuent en rond. L'Epomis ou eſpaulier,le tire en haut.le Sur-eſ- sept muſcles paulier qui ſe peut diuiſer en deux, le tire en derriere & en bas : le Souſ-eſpaulier qui eſt en la cauité de du bras. l'Omoplate le tire en deuant. Ainſi par ſon action faicte l'vne apres l aatre, le bras ſe meut en, ond. Le coulde ſe plie par deux muſcles,dont l'vn eſt à deux teſtes,l'autre eſt le Brachial.Il s'eſtend par vn,ou deux, ou trois muſcles : car ſi tu regardes l'origine, il a deux ou trois teſtes , mais vne ſeule inſertion. Au coulde interieur y a ſept muſcles, vn paumier, deux poings-plians, ou Carpifiexeurs, deux Pronateurs,ou Deux muſ- couche-main, l'vn quarré,l'autre aucunement rond : deux doigts plians,l'vn ſuperieur qui va à la ſeconde *** jointure des doigts, l'autre inferieur, auec lequel nous remettrons le poulce-plueur. Les muſcles du coulde de. ſLéº exterieur sôt deux ſupinateurs,ou réuerſe-main,deux eſtendeurs de poignetou main-eſtendeurs,deux eſten- # dans les doigts-eſtendeurs,& vn abducteur ou obliquateur. Les treize de la main ſont ceux cy,l'vn ſitué à ſituez - la ligne vitale, nommé Thenar,ou Molet, ſeruant au poulce, lequel ſe pourroit diuiſer , non ſeulement en §. deux, mais en fix, tant pour les actions diuerſes, que pour les ſeparations qui ſi trouuent Le ſecond eſt l'Hypotenar, ou le Lezar, qui eſt pour le petit doigt. Le troiſieſme eſt l'Abducteur du poulce. Apres ces Muſcles de trois ſe trouuent les quatre Lumbricaux, ou Lamproyons, & les ſix entre-oſſelets,combien qu'on en puiſſe ! . bien trouuer huict. ét te ſuffiſe de la main. La jambe toute entiere a cinquante muſcles pour le moins car cinquante pour la cuiſſe nous en trouuons quatorze, pour la jambe, onze : & des ſituez en la jambe, neuf: trois par »»ſcles de deuant,ſix par derriere,qui ſeruent pour le pied & pour les doigts : au pied,ſeize. Des quatorze qui ſeruent la lambe- à la cuiſſe , deux la plient,l'vn appellé Lumbaire, l'autre vient du creux de l'os des flancs. Les eſtendeurs , $ºtºrºe ſont les trois feſſus qui conſtituent la feſſe,le muſcle à trois teſtes,que tu pourras diuiſer en trois ſi tu ve ux. muſcles de Outre ceux-là, pour tourner la cuiſſe ſont les quatre gemeaux,& les deux obturateurs ou boucheurs l'"n # cuiſſe. interne, l'autre externe. Les onze de la jambe ſont, le long, le membraneux,les quatre poſterieurs, dont ## les trois viennent de l'os Iſchion, & l'autre de la comiſſure de l'os Pubis le droit , les deux vaſtes le Cuiſ- ## 4 fier, & le larretier. - Q Les 1 58 | Le ſixieſme Liure, Muſcle ſ,- tuez en la iambe. Muſeles ſitu º2L 43/4 pied. Les muſcles fituez en la jambe ſeruent partie au pied, partie aux doigts,& ſont trois pardeuant, & ſix par derriere. Deux des anterieurs flechiſſent le pied, deſquels l'vn eſt appellé Iambier anterieur, l'autre Eſperonnier , qui ſe peut diuiſer en deux. Le Troifieſme eſt le Doigt eſtendeur, combien que partie de luy fleſchiſſe le pied,auquel meſme on reduit le poulce-eſtendeur. De ceux qui ſont derriere, l'vn ſert à flechir les doigts, & les autres pour le pied, leſquels ſe trouuent en tel ordre : deux Gemeaux,vn Plantai- re, vn Solaire, vn Iambier poſterieur, & le grand Doigt-plieur : auquel on remet le Poulce-plieur. Des ſeize ſituez au pied, l'vn eſt ſuperieur ſitué ſus l'auant-pied, que nous auons appellé Abducteur des doigts: · L'autre en la plante du pied, qui eſt le petit Doigt-plieur, qui va à la ſeconde jointure des doigts par de- dans le pied. Il y en a vn pour le poulce , que nous pouuons appeller Chaſſe-poulce. En dehors le Pied y en a vn autre pour le petit doigt : auec ceux-cy ſe trouuent les quatre Lumbricaux,ou Lamproyons plus les huict Entreoſſels , ou dix,ſi tu veux. Et te ſuffiſe du nombre des muſcles,pour lequel eſtre general, tu les chercheras chacun en ſa partie. - · Figure neuffeſme & premiere des muſcles, laquelle te repreſenteau coſté gauche,l'homme auec ſa peau : & au coſté droit,tous les muſcles ſeparez les vns des autres, & encores - en leur lieu : & ce pardeuant. - - - Monſtre le muſcle qui ferme l'œil. Le Crotaphyte, ou Temporal. Le Zygoma. Le muſcle Maſſeter , ou Maſcheur. Muſcle ſuperieur deſcendant à la lévre infe- T16 llrc. Le muſcle qui deſcend à la lévre ſuperieure, & aux ailes du nez. Le muſcle rond caché de la Tunique interne de la bouche. i Le muſcle inferieur quimonte à la lévre ſu- perieure. K Le muſcle qui fait remuer la lévre inferieure 1 Le muſcle qui ouure la maſchoire inferieure. m Le muſcle Maſtoide. n L'eſleuateur de l'Omoplate. O P q : La Clauicule. Muſcle Souſ-clauier. Le petit Dentelé anterieur, montant des cinq ou ſix coſtes ſuperieures au Coracoïde r L'origine du muſcle Pectoral, qui prend de - l'os Sternon. . S Muſcle pectoral. t Deltoide. v Muſcle Biceps ou Double teſte,Flechecoulde. x Brachial Flecheur auſſi du coulde. y Vn additament ou extenſion du muſcle pre- cedent, ayant à flechir & plier le meſme coulde. z Le Pronateur de la main, & Le Treſlong, ou Renuerſe-main. AA Les Plieurs du Carpe, ou Poing-plians. B Le ſuperieur Doigt-plieur. C Le profond Doigt plieur. D Le Palmaire. Ces huict petites lettres qui ſuiuent de la petite figure, te repreſentent la main vn Petitplus amplemeat que l'autre . -' D : E FG Les muſcles du poulce, qui flechiſſent le premier & ſecond os. | H H Les mufcles Lunnbricaux. I Le muſcle qui retire le petit doigt derriere les autres. .. K L'anneau du Carpe. - L La fiſſure des quatre tendons du muſcele Doigt-pliant ſuperieur:parlaquelle les tendons du profond montent à la troiſieſme articulation des doigts. º - M Les tendons du profond - l , N Le grand Dentelé ſeparé, qui ſert pour dilater le Thorax. - O L Oblique deſcendant de l'Epigaſtre. P. Le tranſuerſal. Q Le Droict. R Le nombril auec la ligne blanche. 1 - S Vn des petits muſcles qui montent de l'os Pubis deſſus la teſte des Droicts. ' T L'oblique Aſcendant. V Le Membraneux de la cuiſſe. - X Le Droit de la cuiſſe. Y Le Treſlong, dit le Couſturier. Z Z Les deux Vaſtes , ou Maſſifs. 1.2.3 Le muſcle TricePs deſcendant de l'os pubis à l'os Crural interieurement. 4 La Palette du genoüil. 5. L'os de la jambe. ! . 6 Vne Pºººº ºu muſcle Iumeau. 7 vne autre portion du solaire. ! 8 Muſcle lamºier , interne ou poſterieur. 9.1o. Les Flecheurs du pied. · · · I I Eſtendeurs des Doigts. 12. 13. - Deux Malleoles. - -- Pigure-» . Celuy qui l'ouure. - B de l'Omoplate. C : ( De l'Anatomie. I 5 9 A | - C A L'autre eſtendeur ſon compagnon: - ( . » # A Figure quatorzieſme, & ſixieſme des muſcles, demonſtrant l'Homme 4 coſté gauche , auec ſa peau, & coſté droit tous les Muſcles. 2 Monſtre l'os Occipital entierement deſ- COllll6ºTt, b Muſcle Splenitique renuersé ſur le coſté gauche. C. Muſcle entortillé, ou entrelacé. d Muſcle Eſpineux. - - e Muſcles Oblique, montant de l'eſpine du ſecond Spondyle à l'Apophyſe Tranſ- uerſe du premier. - F Muſcle Oblique, qui monte de la ſuſdite , Apophyſe Tranſuerſe à l'Occiput. Muſcle droit, ſouz lequel eſt couché ſon compagnon. - h h , Deuroit monſtrer le Trapeze , mais il eſt i demeuré à figurer. K muſcle Rhomboide de l'Omoplate. Releueur de l'Omoplate. Le petit muſcle qui eſt couché à la cauité, qui eſt deſſus l'Eſpine de l'Omoplate. m Muſcle deltoide de l'Eſpine de l'Omoplate. n o Le Suſ-eſpaulier,lequel par d'aucuns,pour - neant eſt diuisé en deux. P Muſcle qui deſprime & tire en derriere le bras venant de l'angle inferieure de l'Omoplate. q Muſcle Treſlarge. . r ſ Deux muſcles qui eſtendent le coulde. t Vne portion du muſcle Brachial qui plie le coulde. - W Origine du muſcle Treſlongrenuerſeur de la main. ll Olecrane ou tuberofité du coulde. X Os du coulde. A , A. y y Vne portion des deux muſcles qui flechiſ- - ſent le Carpe. 2. Muſcle qui eſtend les doigts , & vn des " Eſtendeurs du Carpe à double teſte, & " double queue ou tendon. - - B B - Muſcle Abducteur du poulce - • • C | L'eſtendeurdudit poulce. · · · · · · · D . · L'Annulus, ou ligament des tendons. - - · · s , • \ # Rhomboide, ou Dentelé ſuperieur & poſterieur. , · · · · · · · , , , ' , \ F , Le Sacrolumbus a douze tendons. - - - - - GH Demy-eſpineux. - - - - 1 Muſcle Romboïde ou Dentelé poſterieur & inferieur. ' # Muſcle Lumbal, ou pluſtoſt Triangulaire. - - • • • • • • • • • • • # Le Premier & plus gros muſcle de la feſſe renuersé ſur le coſté gauche , • • • • • • M Le ſecond en aſſiette & grandeur. N _ Le tiers & plus petit. O O O O Quatre Gemeaux. - - - P : Muſcle obturateur interne. 2 - · · · 9 , Muſcle obturateur, ou bouche externe: - - • # Le grand Trochanter. - - - • - • • • •- SA ...Le muſcle Vaſte exterieur. ' , t - - # # #ºmiºr des Flecheurs de la jambe, lequel ſe peutappeller renforey : . , Le ſecond. : Le tiers, tous deux internes i ! **Pº grande portion du muſcle nommé T. *a Muſcles Gemeaux. b Muſcle ſolaire. 1 Muſcle Tenar du pied. * Le Petit doigt plieurdu pied, : , \ n -T- : 1 6 o &&#ttttttttt#ºtº #º# T A B LE DES CHAPITRES Dv LIVRE VII. Des Tumeurs en general. y@ VE c'eſt que Tumeurcontre nature, quiſe nomme vulgairement S Apoſteme, & des differences d'icelle . CH A P. j 0 Des cauſes des tumeurs engeneral. i j ſ) Des ſignes des Tumeurs en general. ii j Du Prognoſtic engeneraldes Apoſtemes. iv B (] Cure generale des Tumeurs contre mature_ . V Des quatre Tumeurs, ou Apoſtemes engeneral, & d'autresredui- tes ſouz icelles. v j ^ Du Phlegmon. v i j Des cauſes, & ſignes du Phlegmon. ', , viij De la cure du #. - ix cure generale du Phlegmon , lors qu'il eſt degeneré en abſces. X Des eſpeces des fiévres , quiſuruiennent au Phlegmon, & curationd'icelle-. xj De l'Eryſipelas. x i j La cure d'Eryſipela . - x i i j De Herpes. X 1 V Des fièvres quiſuruiennent aux Tumeºrº eryſpelateuſes. X V De l'Oedeme », xvj Des Tumeurs venteuſes, & aqueuſes xv i j pela cure des Tumeurs venteuſes, & ºqºeºſº xviij - DeAtherome,steatome, & Meliceride- - ix C Des Louppes, & autresſemblables. xx . Des scrophules, ou Eſcroiielles. xxj Du Ganglion xx i j des verrues, ou pourreaux, dites Myrmeſeº , Acrochordon, caluus, ou clou,Thymus, Sar- coma , ou Fungu5. xx 11J De la fiévre qui ſuruient aux tumeurs œdemateuſes. xx iv Du Scirrhe . , xxv De la curation du Scirhe- . - xxv j Du Chancre jafaicf. xx v i j Des cauſes, eſpeces,ou differences, & prognočtic du Chancre . xxv i i j La cure du Chancre,qui commence » & n'eſt encor vlceré. x xix cure du Chancre vlceré. X X X cure du chancre par œuure manuelle du Chirurgien. - xxx j Remedes locaux pourlacuration du Chancre , tant vlceré, que non vlceré xxxij Des fiévresquiſuruiennent aux Tumeurtſcirrheuſes. - x xx i i j De l'Aneuriſme-. · · , · xxxiv D SE P T I E S M E L IV R E, T R A I C T A N T D ES TV ME V R S - C O NTR E NAT V R E E N G E N E R A L. PAR AMBROISE PARE DE LA VAL AV MAYNE, Conſeiller & premier Chirurgien du Roy. 9ue c'eſt que tumeur contre nature, quiſe nomme vulgairement Apofteme_ , & des differences d'icelle . CA H P. I. Mº] P o s T E M E eſt vne diſpoſition contre nature, composée de trois genres de maladies aſſemblées en vne magnitude , & grandeur : c'eſt à ſçauoir , intemperature, mauuaiſe N compoſition , & ſolution de continuité, en laquelle il y a humeui , ou autre matiere diuiſible à humeur, diminuant ou aboliſſant manifeſtement l'action du corp3, ou de la partie affectée. - Les differences d'icelles apoſtemes ſont priſes de cinq choſes : la premiere, de la quantité : la ſeconde, de la matiere : la troiſieſme des accidens : la quatrieime, des par- ties où elles ſont : la cinquieſme,des cauſes efficientes , qui ſont fluxion, & congeſtion (deſquelles nous traicterons au chapitre ſuiuant. ) Qtant à preſent, pour plus facile intelligence, il m'a ſemblé bon de reduire en table, & en ordre , toutes ces differences , ainſi qu'il s'enſuit. Table des Tumeurs contre nature_ , Leſquelles Galien,au Liure des tunneurs contre nature, & au 2. à Glauc. fGrandes # generalement ſouz le nom des Phlegmons, qui viennent és parties charneuſes. rDe la quan- tité , dont3 Moyennes , comme furuncles. ſont nom- II1CZ | - leſquelles, ſelon Auicenne, ſont petites eminences, bothores, ou pu- Petites » ) ſtules, comme toute ſorte de gratelle, ou lepre. \. - Blanches, Rouges, Citrines , Iaunes, Liuides , Noiress ſ Couleur,dont ſont dites i & autres. - Des acci-< dens, com- ) Douleur, & autres acci- ^ Douloureuſes, me de la | dens , comme dureté, ) Non douloureuſes, molleſſe, & autres,dont > Dures, Molles, Uſont nommées. & ſemblables. Le Chaude , Sanguine, dont eſt faict le Phlegmon vray. §. ſ Naturelle. Bilieuſe, dont eſt faict le vray Eryfipele. † Froide {† , dont eſt engendré le vray oedeme. §# « De la ma- Melancholique , qui fait le vray Scirrhe. 1623 tiere dont N lle,la-ſsanguine. ſ Carboncle » Gangrene, ſont elles ſont † § 8 {† , Sphacele. prinſes engendrées. e ſa propre natu | »:1: - - 0l Icelle eſt Bilieuſe. ſ Plus epeſſe, ſe fait Herpes excedant : plus ſub- non vraye, comme tile, Herpes miliaris. de la mtiere non - aturelle | -- {† aqueux, & ventreux, ſcrophules, nodofitez, excroiſſances phlegmatiques. | re, faict la tumeur [ | Melancho- \lique. 3Le Scirrhe exquis, les Tumeurs charneuſes. Des parties où elles ſont, ſ Opthalmie en l'œil; Parotide és oreilles;Paronichie és doigts & ra- |.COIIlIIlC - {# des ongles. 2Nota que la cinquieſine cauſe eſt obmiſ_ . - - O 3 TDgy - Definition d'aroſtemes Differences des Apoſte- mes, ſonr C/mq. I 6 2 · Le ſeptieſme Liure, s-e --, A - - - - - Des cauſes des Tumeurs en general. CH A P. l I. #Q# E s cauſesgenerales des apoſtemes ſont deux, à ſçauoir fluxion, & congeſtion. La fiuxion $ (qui eſt vn ſoudain débordement d'humeurs,auec plus grande quantité qu'il n'eſt de beſoin à fM/77ef41"5. | © la partie pour ſa nourriture. ) Les cauſes de fluxion procedent de la partie mandante ou re- Cauſes de $0i ÉM, ceuante : la partie mandante enuoye à cauſe que les humeurs pechent en quantité,ou qualité, fuxion. AyiYNN74 \ ou en tous les deux enſemble , irritent la vertu expulſiue à jetter ce qui luy eſt contraire : la · partie receuante reçoit par chaleur , douleur,& imbecillité naturelle ou accidentelle,laxité des conduits & ſituation baſſe. Les cauſes de chaleur en quelque partie que ce ſoit ſont trois; à ſçauoir,mouuemens immo- Cauſes de derez(ſouz leſquels ſont comprins les frictions)chaleur du feu,ou du Soleil,aliments & medicaments acres. chaleur , les cauſes de douleur ſont quatre. La premiere eſt dyſcraſie ou alteration ſubite, laquelle eſt faite par l'a- ºſº * ction des premieres qualitez actiues, qui ſont chaleur,& froideur. La ſeconde eſt, par ſolution de conti- douleur. nuité , comme playe , diſlocation , fracture, diſtorſion , contuſion , diſtenſion , obſtruction , ventuo- ſité. La tierce eſt , ſenſibi'ité de la partie : car en vne reſolution ou dyſcraſie faite en vn os ou autre par- tie inſenſible,n'y a iamais douleur. La quarte,diſpoſition ouaffection de la faculté animale:ce qui eſt mon- ſtré par l'exemple & conte qu'on fait d'vn amoureux, qui trenchant de la chair en la preſence de ſon amie,ſe couppoit les doigts,& ce neantmoints n'en ſentoit rien,pource que la faculté animale eſtoit diſtraicte à ſes amours. La partie eſt imbecille naturellement, ou par accident : naturellement, comme les glandes des emonctoires,& toutes autres : par accident, comme par intemperature, ou autrement affligée par longues douleurs & fluxions d'humeurs ſupeflus,comme és douleurs arthritiques , dont la fluxion par longue con- cauſes de tinuation a dilaté les conduits,par leſquels s'eſt faite la fluxion.Auſſi , comme nous auons dit, la ſituation congeſtion. baſſe eſt cauſe de receuoir. L'autre cauſe eſt congeſtion, c'eſt à dire , la matiere de la nourriture, qui eſt multipliée par l'imbecillité de la partie , & n'eſt autre choſe que ce qui doit eſtre commué & aſſimilé en ſa ſubſtance. Ses cauſes ſont deux principales : la premiere eſt la debilité de la vertu digeſtiue ou cauſ,/.. ºººººctrice de la partie, dont iladºient qu'elle ne peut faire aſſimilation de l'humeur & aliment dapraué cial ſe, qui luy eſt enuoyé. La ſ conde,l'imbecillité de la vertu expultrice,laquelle ne peut expeller le ſuperflu : & apeſtemes. lors ſe fait amas d'humeur en la partie,& par conſ quent apoſteme: & tels ſons faicts le plus ſouuent d'hu- meurs froids , lents , gros, & glucux. Et ſont leſdits apoſtemes de longue & difficile curation. Les cauſes ſpeciales ſont trois,à ſçauoir primitiues & externernes,antecedentes & internes, conioinctes ou côtenantes comme declarerons cy apres. - - Cauſes des Cauſes de l'imbeciliité de la partie. Des ſignes des Tumeurs en general. CH A P. l I I. N@ R pour paruenir à la guariſon des apoſtemes, le principal poinct & le premier depend de la \WQ cognoiſſance d icelles, & de leur difference, leſquelles nous cognoiſſons par les ſignes qui #) leur ſont propres, comme en toutes autres maladies : mais d'autant que les principaux ſignes 4 ( pour cognoiſtre les tumeurs côtre nature font tirez de l eſſence de la partie où elles ſont, en •è" premier lieu faut cognoiſtre la nature d'icelles parties, & quelle eſt leur eſſence & diſpoſi- tion : ce qui ſe cognoiſt par l'anatomie , & auſſi par la leſion de leur action. Et voila quant à celles que nous ne pouuons voir à l'œil. Mais celles qui ſont aux parties externes & apparentes ſont aisées à co- gnoiſtre , par la comparaiſon de ce qui eſt naturel , à ce qui eſt contre nature : comme par exemple de la partie tumefiée,à celle qui ne l'eſt point, & en regardant & touchant la partie affligée s'il y a rien d'accreu & augmenté : & alors la veue pourra iuger y eſtre vne tumeur. Or d'autant que ce n eſt aſſez au Chirur- gien d'auoir la cognoiſſance de tels ſignes vniuerſels (carautrement ce ne ſeroit eſtre aucunement different du vulgaire ) il doit conſiderer les plus proches & particuliers, leſquels nous cognoiſtrons par la differen- signes de la ce de la matiere & humeurs deſquels ils ſont côpoſez, ſelon ce que dit & demonftre Galien au 2, à Glau. pituite. 13.de la Meth. que toute la diſtinction,& difference des tumeurs naiſt,& prouient de la condition & nature Signe de la de la matiere qui infiue & fait la tumeur , & par les accidens qui y ſuruiennent,comme par la couleur,cha- melancholie. leur, froideur, dureté, molleſſe, douleur, tenſion , retinence & par le temps depuis le commencement $ignº de lº de la fluxion ieſques à la termination & curation d'icelle. La douleur , chaleur, tenſion, rougeur, nous bile , ſignifie l'humeur eſtre ſanguin : la froideur, moleſſe, auec peu de douleur, l'humeur eſtre pituiteux:laten- ſion,dureté,& liuidité de la partie & ponctions par interualle l'humeur eſtre melancholique:ainſi la couleur blafarde & jaunaſtre : mordication ſans dureté de la partie,l'humeur eſtre bilieux:nous parlerons plus am- plement en leur propre lieu de chacun en particulier.Dauantage les apoſtemes ont leur periode & paroxyſ- me conforme à l humeur dont elles ſont engendrées : car ſelon le mouuement d'iceux la difference de l'humeur ſera cognue:car le ſang s'eſmeut au matin , tout ainſi qu'au printemps : la cholere iaune ou bile au midy , comme en l'elté : l'humeur melancholique au ſoir ainſi qu'en l'Automne. La pituite la nuict,ainſi qu'en Hyuer:ce qui nous eſt demonſtré par Hippocrate,& Galien,qui diſent que les quatre par- ties du iour ont meſme puiſſance & proportion,pour le regard du mouuement des humeurs,que les quatre ſaiſons de l'année. Pareillement les apoſtemes curables ont quatre temps, commencement, augment,eſtat, & declination : Ét en iceux temps faut diuerſifier les remedes, pour bien & deuement les curer. Le com- mencement eſt cogncu lors que la partie commence à tumefier & enfler : l'accroiſſement,quand la tumeur, douleur, & autres accidents croiſſent ſenſiblement : l'eſtat, quand les accidens n'augmentent plus, mais de- z,, tumeur, meurent en leur eſtre, ſi la matiere qui fait la tumeur,ne degenere & ſe change en autre forme & ſubſtance. oni quatre ** declination eſt, quand la tumeur, douleur, fiévre, inquietude, & tous autres accidents ſe diminuent Moyen pour paruenir à la guariſon. -" temſ .. manifeſtement, Et par ainſi le Chirurgien cognoiſtra comme la tumeur ou apoſteme ſe doit terminer. Ce commence- qui ſe fait par quatre manieres , moyennant qu'elles ne ſoientempechées par repercuſſion, ou d'elles-meſ- 777e//t. mes ſans aucune occaſion manifeſte ne s'en retournent par deliteſcence : car il aduient ſouuent Accreiſſe que quelqaes vnes ſe terminent par inſenſible tranſpiration , qu'on appelle reſolution , autres par ſup- me7t . puration, quànd lamatiere ſe cuit les autres paſſent en diſpoſition dure ſcirrheuſe, dite vulgairement in- *ſº .. duration, eſtant ſeulement reſoulte la plus ſubtile partie de l'humeur. Autres encores beaucoup pires, deſ- Declination. qu'elles les parties eſtans vaincues par grandeur de la fluxion,ou parmauuaiſe qualité,ou tous de lx enſem- # ble , deuiennent én ſi grande intemperature, que leur action ſe perd, & fe tournent en gangrene, qui eſt corruption & putrefaction. La meiileure voye des ſuſdictes terminations eſt reſolution : & la pire, corru- ption : les autres deux ſont moyennes : toute fois fuppuration eſt meilleure que ſcirrhoſité,ou dureté. Les ſignes par leſquels le Chirurgien cognoit que l'apoſteme ſe termine par reſolution, ſont quand la tumeur, les tumeurs Signe de re- ſolution, ". \ - _ - que - " • • . - - - -- - - · douleur,pulſation, tenſion,chaleur, & autres accidents ſe diminuent, & par la legereté du membre, & lors - - - - J ss - \ , ^ . " º - • • • - | º t. - iº- Des tumeurs engeneral. 163 A que le malade ſe ſent grandement allegé, apperceuant vne demangeaiſon à la partie : ce qui aduient com- munement és apoſtemes chaudes,à raiſon que tel humeur eſt plus ſubtil & tenue. Les ſignes que ſuppura- signes de tion ſe fait,ſont grande douleur,chaleur,tumeur,pulſation,fiévre;ainſi que dit l'oracle d'Hippocrate.Quand ſuppuration, le pus ſe fait,il y a douleur,& fiévre,plus que quand il eſt ja faict.Or il faut que le Chirurgien ſoit bienat- Hip.aphe. tentif a cognoiſtre ledit pus : car ſounent il eſt caché , tellement qu'on ne le peut apperceuoir, à cauſe de 47 lib. 2. -l'eſpeſſeur du lieu, & du pus:Ce qui eſt monſtré par Hippocrate.Quand la ſuppuration eſtant au corps n'eſt , Dºcument cogneue,cela aduient à cauſe de la craſſitude de la matiere,ou du lieu. Les ſignes , pour cognoiſtre qu'vne pour le Chi- apoſteme ſe termine en ſcirrhe ou dureté ſont diminution de la tumeur, & dureté delaiſſée en la partie par "#º l'imbecillité de nature,& des humeurs cras & gluans, ou par l'ignorance du Chirurgien qui aura trop vsé # des medicamés reſolutifs,lefquels reſoluent la matiere la plus ſubtile,& la plus terreſtre ſe deſſeiche & s'en- #" durcit,eſtant ſemblable à ceux qui font pots & tuiles, qui par deſiccatioh au Soleil,ou au feu endurciſſent - la terre en dureté de pierre:ainſi le Chirurgien ignorant,bien ſouuent par trop grand vſage de repercuſſifs Signes de pu- condenſe le cuir,& eſpeſſit la matiere, & eſt ſouuent cauſe de ſcirrhe.Les ſignes de putrefaction & corrup- #. tion,ſont quand les accidents ſont plus grands que n'auons dit en la ſuppuration, & lors que la § ction & mortification eſt faicte , la douleur ceſſe, & la couleur de la partie deuient liuide , noire, & bien ſouuent y eſt trouuée grande puanteur ce qui ſera cy-apres declaré , lors que parlerons de gangrene,fpha- Cauſe de de- cele, ou mortification. La ſoudaine diminution de la tumeur, eſt ſigne que la fluxion retourne au dedans- liteſtence,dr tellement qu'elle n'apparoit plus:& aduient ladite diminution ou deliteſcéce aucunefois à cauſe d'vne gran- des ſignes. de refrigeration, & ſouuêtesfois pour la venenoſité de la matiere,ſans qu'on yaye rien appliqué par le de- hors , nature ſuccombant, & n'eſtant aſſez forte pour la chaſſer hors, & ſoudain la fiévre ſuit telle dimi- nution d'enfleure, & pluſieurs autres mauuais ſymptomes, comme defaillance de cœur, & quelquesfois conuulſion, ou fiux hepatique, ſelon que le cœur, le cerueau, & le foye en ſeront premierement attaquez. •- Du pronoſtic general des apoſtemes. C H A P. I V. - E s Tumeurs qui ſont faictes d'vn humeur melancholique ou phlegmatique gros, gluant, ou Galien en ſa viſqueux, ſont de plus longue & difficile curation , que celles qui ſont fait s de ſang & de # cholere : auſſi celles qui ſont faites d'humeurs non naturels, ſont plus difficiles à guerir que 14. & a j . celles qui ſont cauſées d humeurs naturels, à cauſe que les ſuſdicts humeurs pechent plus cond à - en qualité qu'en quantité ; & ainſi ſe conuertiſſent en diuerſes & alienées ſubſtances , qui ne Glaus. refſemblent en rien aux humeurs , mais à pluſieurs choſes eſtranges ; comme ſuif, boüillie , miel, fece- d'huile, & lie de vin , & meſmes à des corps ſolides, comme pierre, ſablon , charbon, feſtus : Semblable- ment à des animaux,comme vers, ſerpens, & autres choſes eſtranges : principalement quand la matiere demeure long-temps ſans eſtre euacuée. Les tumeurs qui viennent aux membres principaux , & plus aux parties internes qu'externes,ſont perilleuſes,& mortelles le plus ſouuent,comme auſſi celles qui ſe font aux jointures,& pres d'icelles ſont difficiles à curcr:pareillement celles qui ſont faites par les grands vaiſſeaux. comme veines,arteres,& nerfs , ſont dangereuſes pour le flux de ſang,reſolution des eſ rits,& conulſion qui y pourroit furuenir. Les Apoſtemes enormes, c'eſt à dire, exceſſiues en grandeur , ſont ſouuentesfois mortelles, pour la grande reſolution qui ſe fait des eſprits, lors qu'elles ſont ouuertes.Toutes apoſtemes qui ſont degenerées en ſcirrhes,ſont long-temps,& difficiles à guarir, comme celles qui ſont faites en corps cacochimes , hydropiques, elephantiques, & autres de mauuaiſe habitude : car tels abſcez dege- nerent ſouuent en vlceres cacoethes, & malignes. - Cure generale des Tumeurs contre nature » C H A P. V. N la curation des apoſtemes on doit obſeruer trois choſes : premierement l'eſſence de l'apo- Hiſp. aph.8 . $ ſteme : ſecondement, la qualité de l'humeur,faiſant ladite apoſteme : tiercement,la tempera- § 4. #X ture de la partie où elle eſt faicte. La premiere indication priſe de l'eſſence(c'eſt à dire,de la Premiere in- grandeur ou petiteſſe de la tumeur) varie la cure,pource que ſelon la quantité de la tumeur, dication. S\º faut augmenter,diminuer, ou changer les remedes.La ſeconde indication, qui eſt prinſe de la seconde in- nature de l'humeur causât la tumeur,varie auſſi la cure,pource qu'autremêt faut curer le phlegmon,qu'ery- dication. ſipelas, autrement œdema que ſcirrhe, autrement la ſimple que la composée. Auſſi la cure de celles qui ſont faites d humeurs naturels,n'eſt ſemblable à celles qui ſont faictes d'humeurs non naturels,comme auſſi celle qui eſt faicte par congeſtion, eſt curée en autre maniere qu'vne autre faicte par defluxion. La tierce indication eſt priſe de la nature de la partie où la tumeur eſt faicte, par laquelle nous entédons leur tempe- rament, formation, ſituation, faculté. Car le temperament nous demonſtre qu'il conuient autres remedes Troiſieſme aux parties charneuſes comme eſtans plus humides, qu'aux nerueuſes , qui ſont plus ſeiches : autres à l'œil indication. autres à la gorge, & ainſi des autres parties, deſquelles aucunes ſont plus ſuiettes à defluxion que les au- tres pour leur rareté:les autres moins,pource qu'elles ſont plus maſſiues & denſes:par laquelle diuerſité & façon on pourra aisément conjecturer quels medicamens tant en quantité qu'en qualité ſeront côuenables: auſſi la ſituation de la partie eſt grandement à conſiderer,pour la connexiö qu'elle a quelquesfois auec des grands vaiſſeaux,enſemble pour faire l'euacuation plus facile de l'hunieur qui y eſt contenu.Semblablement la faculté d'icelle, à laquelle Galien reduit l'vſage,& le ſentiment, diuerſifie la curation : car les vnes ſont principales comme le cerueau, le cœur, & le foye, dont leur vertu eſt departie par tout le corps par le moyen des nerfs,arteres & veines:les autres ſont moins principales,toutesfois neceſſaires,d'autant que ſans icelles on ne ſçauroit viure longuement,comme l'eſtomach : & d'autres qui ont vn ſentiment exquis,comme l'œil,les membranes,nerfs,& tendons, qui ne peuuent ſouffrir medicamens acres ne mordicans.Ces indica- tions conſiderées,la curation s'accomplira par ces trois intentions qui s'enſuiuent :à ſçauoir,ayant eſgard à lamatiere antecedéte qui decourt,ou qui eſt en voye de fluer : à la matiere coniointe,& à la correction des Cº*** accidens, en obſeruant touſiours l'ordre,l'vrgent,& la cauſe. Donc au commencement pour la matiere an- # en ge- tecedente faut appliquer repercuſſifs ſorts & debiles,ayant eſgard à la tumeur qui ſe fait encores, excepté #n in- en fix cas,comme nous enſeigne le Docteur Guidon.Le premier,c'eſt quand la matiere ou l'humeur eſt ve- tentien. neneux le ſecond lors qu'elles ſont faites par criſes le tiers,quand elles ſont faites pres des membranes prin- § choſes cipaux : le quatrieſme, quand la matiere eſt groſſe,craſſe gluante,glaireuſe,& mucilagineuſe.le cinquieſme, qu'on doit quand la matiere eſt profonde : le ſixieſme, quand elle ſe fait aux emunctoires, principalement lors qu'elle obſeruer en eſt faite de cauſe antecedente. Or s'il y a repletion en tout le corps,faut ordonner la diette,purger,ſaigner, l'application faire frictions & bains. Et quant à la cacochymie, elle ſera corrigée par la maniere de viures & par purga- des repercuſ- tions : fi la fluxion eſt cauſee par l'imbecillité de la partie receuante il la faut fortifier : ſi la ſituation d º# ſifs. - O 4 C · I64 Le ſeptieſme Liure, eſt baſſe,ſoit le malade fitué en tel artifice que la partie bleſsée(ſi faire ſe peut)tiêne le plus haut lieu.fi c'eſt à cauſe de la douleur,nous l'appaiſerons par medicamens anodins & contraires:& ſi l'humeur eſt trop ſub- . til , il ſera groſſy par medicaments & aliments. Quant a la matiere contenuë en la partie, d'autant qu'elle *seconde in- eſt contre nature,demande eſtre euacuée par reſolutifs,parventouſes,cornets,ſcarifications,& autres choſes *# . ſemblables»comme cataplaſmes,emplaſtres,fomentations:ou bien faiſant ouuerture de la tumeur,apres l'a- uoir ſuppurº La troiſieſme intention ſera accomplie en corrigeant les accidents,comme fiévre,douleur,& intention. - - - - - | ll1tI'CS : Cc qui ſe fera par medicamens anodins,lenitifs & relaxans, comme dirons cy-apres. Des quatre tumeurs ou Apoſtemes en general, & d'autres reduitesſouz icelles. C H A P. V I. E s principales Tumeurs engendrées de fluxions d'humeurs ſont quatre, à ſçauoir, Phleg- $uatre prin mon, Eryſipele, Oedeme, Scirrhe , auſquelles on peut reduire, & ſouz icelles comprendre # fſl- innumerables autres tumeurs, qui excedent la meſure de nature, combien qu'elles ayent di- ºf4V5 . uers noms , ſelon la diuerſité des cauſes, & parties où elles ſont Les tumeurs reduites ſouz Phlegmon ſont , Phygetblum , pbyma , furunculu,carbunculus,ou antbrax ophtalmia,ſynanche, bubo & autres , leſquelles tumeurs ſont chaudes & humides. Souz Eryſipele ſont compris, berpes miliaris , eſt- ' Tumeurs re- bromenees exed nt , formica, impeiigo , leſquelles ſont faites d'humeur colerique , comme exanthemata : d'au- 2§" , " cuns, qui ſont petites puſtules ſemblables à la petite verole. Souz Cedeme ſont compris atheromata , où Phlegmon. la matiere eſt ſemblable à boüllie,ſte atomata,ſemblable à ſuif,& melicerides, ſemblable à miel:Teſtudo,qui eſt Eryſipelas. Vne tumeur molle,talpa,ganglium,nodus,ſcrophula , lupia,b) drocele,aſlites,leucopblegmatia,ou bypoſarca,& toutes Oedeme. fatuoſitez & aquoſitez , leſquelles ſont faictes de phlegme. Les tumeurs reduictes aux Scirrhes, ſont,cancri Scirrhe. ' lepra,clephantia#,poreaux ou verrues,m) rmecia,clauus,thymus,varices,morphœa migra & alba:leſquelles tumeurs ſont faictes d'humeur melancholique.Maintenant faut traicter d'icelles en ſpecial,& premierement duPhleg- IllOn. Du Phlegmon. C H A P. V II. 9al lib 1.des | es aac differences. des maladies H 1 E G M o N, ſoit vray uo non eſt nom,general de toutes apoſtemes & inflammations tant ſerches qu'humides particulieres, faites de ſang : le vray eſt celuy qui retient le propre nom de Phlegmon , qui eſt fait de ſang bon & loüable, ne pechant qu'en quantité. La tumeur ou * apoſteme phlegmonneuſe prend autre nom , comme charbon , anthrax peſtifereux , cancer, º $ gangrene,mortification,ſouz leſquels ſont contenues pluſieurs puſtules malignes & crouſteu- ſes : comme auſſi quand il ſe fait mixtion d'autres humeurs auec ledit ſang loüable, comme phlegme,cho- lere,ou melanchoiie:car adonc leditapoſteme ne doit eſtre appelle ne traicté comme ſi le fang y eſtoit ſeul, mais prendra denomination de l humeur qui eſt en plus grande quantité. Exemple:Si l'humeur phlegmatique eſt meſlé auec le ſang,& que le ſang domine,la tumeur ſera nommée Pblegmon œdematodes : au contraire,ſi la pituite domine le ſang,elle ſera nommée a dema Plegmonodes,& ainſi ſera-il des autres humeurs, en donnant touſiours la denomination à l'humeur qui ſurmonte & domine. Or toutes ces diſtinctions viennent de ce que le ſang qui fait tumeur , peche ou en quantité ſeulement, ou en qualité : s'il peche en quantité , il fait tumeur que proprement on appelle Phlegmon : s'il peche en quali- té,il fait vne tumeur dite Phlegmonneuſe,pource qu'elle retient de la nature du ſang. Or le ſangpeche, & eſt vitieux en qualité ou par meſlange de ſubſtance eſtrangere,comme de phlegme,cholere, & melancho- lie, dont ſe fait phlegmon Oedemateux, Eryſipelateux, & ſcirrheux : Ou par corruption de ſa propre ſub- "Il ne ſe fait ſtance, dont ſe fait le carbuncle, Anthrax , & toute ſorte de gangrene : Ou par concretion , nature eſtant apoſtemes. fruſtrée de la ſuppuration a laquelle elle tendoit, & eſperoit,par quelque faute, ou de l'air ou du malade, d'vn ſeul hu- ou du Medecin , dont ſe fait Atheroma , ſteatoma, & Meliceris. - - -- - 777e34r, Toutesfois il faut icy noter , que neantmoins que pluſieurs anciens ayant eſcrit qu'il ſe fait apoſtemes vrayes d'vn ſeul humeur pur & loüable,ne pechant qu'en quantité,ſans admixtion d'autre humeur,ſi eſt-ce Definitiºn qu'il faut eſtimer qu'il ne ſe fait iamais apoſteme de pur & ſimple humeur:car il y a touſiours mixion d'au- du Phleg- tre,pource que les humeurs ſont toufiours meſlez auec le ſang,principalement aux apoſtemes vrayes,c'eſt à ſº}0m,, dire, qui ſont faites d'humeurs naturels,leſquels ne pechent qu'en quantité:mais celles qui ſont faites d'hu- meurs non vrays,le plus ſouuent ſont trouuées eſtre cauſes d'vn ſeul humeur.Or il faut à preſent retourner Gal. liu des º l'apoſteune qui retient le propre nom de Phlegmô,qui eſt fait de ſang louable( comme aeſté dit lequel eſt Tumeurs, ér definy par Galien en ceſte maniere : Phlegmon vray eſt tumeur contre nature,faite de ſang pur & loüable, § fluant ſur aucune partie en plus grande quantité qu'il n'eſt beſoin : lequel ſe fait communement, & le plus D§, ſouuent en parties charneuſes,& aucunesfois és autres,& meſmement és os, comme dit Hippocrate,& Ga- Phlegmºn lien. La generation duquel ſe fait en ceſte maniere.Lors que le ſang flue en quelque partie plus qu'il ne Hip liu de doit, premierement les plus grandes veines & arteres, qui ſont en la partie bleſsée ſe rempliſſent, & conſe- playes de la quemment les moyennes iufques aux plus petites nommées Capillaires. D'icelles eſtans ainſi remplies ſort teſte, le ſang par reſudatiou,tant par leurs poroſitez que par leurs orifices en forme de rosée. Gal, liu des De ce ſang ſont premierement remplis les lieux & eſpaces vuides, qui font entre les corps ſimilaires,ou º# , ſimples : puis s'imbibent & abbreuent dudit ſang toutes les autres parties circonuoiſines,& premierement 9ºl li#: * la chair car elle eſt plus capable de 1eceuoir fluxion, à cauſe qu'elle eſt plus ſanguine& ſpongieuſe:puis les - V # " nerfs,tendons, membranes,ligamenss'imbibent : parquoy neceſſairement s'enſuit tumeur, pource qu'il y a La † §, repletion outre meſure,de laquelle s'enſuit pareillement tenſion,& retinence ou reſiſtance,auſſiya douleur § § tant pour la tenüon que pour la chaleur eſtrange.Dauantage eſt ſentie,pullation,& principalement,comme fait le auons dit,quand la ſuppuration ſe fait à cauſe que les veines,arteres & nerfs premierement,& ſur toutes les pblegmºn. autres parties ſoutirent douleur,eſlans interieurement eſchauffées,par la fluxion, & exterieurementnefont La chair ſu. pas ſeulement eſchauffees,mais auſſi preſſées & comprimées des autres parties.Comme ainſiſoit donc,que jette à fſu- toutes loient auû douleureuſes , à cauſe qu'elles ſont eſchauffées,imbues,comprimées, & tumefiées dudit xiom. ſang(ce qu'elles ne ſont eſtans en leur habitude uaturelle)leſdites arteres qui ſont en perpetuel mouuemét, Cauſe de tº lequel eſtappellé Diaſtolé,& Syſtolé,qui eſt à dire,eleuation & côpreſſion,en leur eleuation frappant con- mº" é " tre les parois deſdites parties enflammées, & par tel moyen fontladite douleur pulſatile.Adiouſte, que les l} ;t87}t€, arteres eûans en tel cas remplies du ſang plus abondant & plus feruent, ſe dilatent, & heurtent les parties # º du voiſines,plus que de couſtume,pour chercher rafraiſchiſſemêt, par attraction de l'air ambient,& pour ſoy& §, pour lelûtes parties,qui fait ce ſymptome propre au phlegmon,qu'on appelle pulſus : qui n'eſt autre choſe CQfIlII10 A g , Des tumeurs engeneral. 16 5 A comme dit Gal.ſur le comment.2 1.de la ſect.7. ſinon vn battement d'artere douloureux, & ſenſible au ma- lade. Car autrement tant que le corps en toutes ſes parties ſe porte bien, nous ne ſentons point les arteres battre & mouuoir en nous-meſmes : parquoy ſont bien remarquables ces deux cauſes de pulſation és Phlegmons, ſçauoir la ferueur & abondance de ſang contenu és vaiſſeaux qui incite les arteres à ſe debat- Cauſe de la tre plus que de couſtume, & la compreſſion , & anguſtie deſdites arteres par la repletion des parties voiſi- douleur pul- nes qui eſt cauſe que heurtées par leſdites arteres elles ſentent douleur. Et à ceſte raiſon les vulgaires ve- ſºtine-. XcZ † Phlegmon diſent ſentir à la partie affectée vn battement comme coups de marteau. Et autre la pulſa- tion faite par les arteres,en y a vn autre qui ſe fait és humeurs,lors qu'ils viennent à ſuppuration, & putre- C uſe de faction par le moyen des vapeurs, cauſes de faire vne pulſation pruritiue, & principalement és apoſtemes chaleur en chauds. La cauſe de chaleur au Phlegmon,eſt pource que le ſang fluant à la partie plus qu'elle n'a beſoin,eſt Phlegmon. conculqué , & amaſſé faiſant obſtruction, dont l'éuacuation eſt prohibée és eſpaces vuides, & parce ledit ſang ſe putrefie, & acquiert vne chaleur cſtrange. Finalement il y a rougeur à raiſon du ſang qui eſt rouge. Car chacun humeur dominant ſur aucune partic, donne ſa teinture au cuir, & partie où il abonde. Des cauſes & ſignes de Phlegmon. CH A P. V I I I. E s cauſes de Phlegmon ſont trois,à ſçauoir,primitiues, antecedentes, & coniointes. Les pri- Cauſes pri- mitiues ſont chcutes,contuſions,extenſion,trauail immoderé,frictions, application d'onguent mitiues. acre,ou d'eſtre tenu trop long-temps prés du feu,ou demeuré auſſi par trop au Soleil:pareille- ment mauuais regime , multipliant le ſang en trop grande quantité. Les cauſes antecedentes Cauſes ants- 2\ ſont abondance de ſang Les cauſes coniointes ſont la multitude du ſang amaſſé, & impact à ºedentes. la partie affligée,& autres qui ont eſt édites au chapitre general. Les ſignes & indices de Phlegmon , ſont Cauſes con- tumeur,tenſion,renitence,chaleur febrile,douleur,pulſation (principalemunt quand il vient à ſuppuration) º d couleur rouge,& autres ſignes ſignifians le ſang, que ie delaiſſe à cauſe de briefueté. Les petits phlegmons # ſe terminent le plus ſouuent par reſolution,les grands par ſuppuration, & aucunesfois en ſcirrhe ou dure- #i. tez, pareillement en gangrene & autres eſpeces de maladies : lors que la nature & faculté de la partie eſt , iugement, ſurmontée par la malignité ou abondance de la fluxion, comme eſcrit Galien au liure des Tumeurs contre nature:& toutes ces choſes doiuent eſtre conſiderées par le docte Chirurgien, afin qu'il applique les re- medes idoines ſelon l'eſſence de la maladie,le temps d'icelle, & nature des parties affectées. - •-c-- De la cure de Phlegmon vray. CH A P. I X. E Chirurgien en la cure du vray Phlegmon ſe doit propoſer quatre poincts principaux. Le premier conſiſte à la maniere de viure,laquelle(parce que le Phlegmon de ſoy eſtant chaud,ex- # cite la fiévre)doit tendre à frigidité & humidité, ce qui s'accomplira par les ſix choſes non na- " # turelles,qui ſont l'air,manger,& boire,mouuement,& repos, dormir & veiller,repAetion &va- Les f, cho- 37,7 ſ$ cuation,& les accidens de l'ame. Donc il eſlira l'air pur & clair, non trop humide ne rheuma- ſes mcn natu- tique, toutesfois vn peu froid : ſon manger, & boire tendra à frigidité & humidité moderée, ſans vſer de relles, L'air, viures qui engendrent trop grande quantité de ſang Parquoy il vſera de bouillons non gras, auſquels mºnger Cr auront cuit bourrache,bugloſſe,laictues,eſpinards,ozeille,chichorée. Il delaiſſera toutes eſpiceries,ails,oi- boire. gnons,& generalement toutes choſes qui eſchauffent le ſang:euitera toutes choſes graſſes & douces, d'au- tant que ſoudain elles s'enflambent:ſon boire ſera du vin fort delicat,bien trempé,& où il aura ſoupçon de fiévre,vſera de ptiſane, eau boüillie,eau d'amandes,bouchet;toutesfois faudra auoir eſgard à l'aage, force, & couſtume de viure du maladc. Car s'il eſt vieil, ou qu'il ne ſe puiſſe paſſer de vin, comme pluſieurs, il en Moutuement vſera moderément.Il doit tenir le repos,car tous mouuemens eſchauffent,& principalement n'exercera au §, repos. cunement la partie malade,craignant d'y faire nouuelle fiuxion. Il tiendra mediocrité en ſon dormir, & s'il .#, . eſt replet,ne doit dormir de iour,principalement toſt apres diſner. Le trop boire & manger luy eſt du tout dermir. contraire,mais ſe nourrira peu, tant qu'il luy ſera poſſible, & reglément, non dauantage que ſon naturel le Repletion ér peut porter.Son ventre ſera touſiours mol,& s'il ne l'eſt de ſoy,le ſera par art,prenant clyſteres,& ſuppoſi- éuacuation. toires par interuales. Il euitera toutes affections vehementes de l'ame,noiſe, contention, faſcherie, debats. Leº effrétiens Or d'autant que la compagnie des femmes luy eſt fort pernicieuſe, ſur toutes choſes s'en abſtiendra sa ma- º º niere de viure ainſi ordonnée, faudra auoir eſgard au ſecond poinct,qui eſt diuertir la fluxion,laquelle ſera de l'ame. deſtournée ſi nous oſtons les cauſes d'icelle,à ſçauoir la cacochymie,ouplethore : ce qui ſe fera par purga- #% # tions,phlebotomie,ſi l'aage & forces le permettent:& fila partie reccuante eſt foible,ſera fortifiée en reſer- ## rant la largeur des conduits,retirât vers les parties contraires l impetuoſité de l'humeur coulant,par appli- fluxion. cations de ventouſes, frictions & ligatures. Et ſi la partie eſt vexée de douleur, qui eſt ſouuentesfois cauſe de fluxion,ſera appaiſée par medicament ſedatif de douleur contrariant à icelle. Pour obtenir le troifieſme Troiſieſme poinct,nous conſidererons le Phlegmon en ſon commencement,augment,eſtat,& de clination. Et pource eſt poinčt. beſoin vſer des medicamens qui ont diuerſe faculté : car au commencement nous rejettons, & repouſſons Rºedes la matiere du Phlegmon par medicamens repercuſſifs,comme blanc d'œuf,oxycrat,ius ou eaux de ioubarbe, Pº*º- de plantin,de roſes, cataplaſmes faicts de hyoſcyame, eſcorce de grenade,de balauſte, bol armene , terre ## figillée,huile roſat,de coings,de myrtils,de pauot,deſquels ſimples ferez pluſieurs medicamens compoſez. # #-- Exemple d'vncataplaſme.2/. far,hord. 3. ij. ſucci ſemperui. plantag.afi. 3. iii. pul. malicor. balaſtiorum, pla m . & roſar.afi.5.ij, olei myrtill. & roſar.añ.3.j. fiat cataplaſ.Autre cataplaſ.2.plantag.ſolan. hyoſcy.añ. m. jj.cauda equinz,tapſ.barbat. centinod.añ. m.j. coquant. perfectè in oxycrato, piſtentur , paſſentur adden- do pulmyrtill.nucis cupreſſ , & roſar.rubra.añ.3.iij.far. fabar. 3.ij. olei roſarum, & cydonior.afi. 3.j. ß. R.med., miſce,& fiat cataplaſma ad formam pultis ſatis liquidr. Semblablement on pourravſer de ce liniment, au- po r. . · quel on trempera des compreſſes qui ſeront appliquées ſur la partie.24. olei nymph. & roſar. añ. 3.iij. aq. ment. ca a- roſar.ſolani, & plantag. añ. 3. ij. aceti 3. iij. alb. ouor.nu. iij. fiat linimentum. Pareillement on vſera de plaſme re l'onguent roſat, album raſis camphorat. Emplaſtre diachalcith. diſſoult en vinaigre & huile roſat, Popu-percuſſif & leum. En l'augment nous aurons eſgard à la fluxion , & à la matiere qui eſt impacte à la partie, tellement reſolutif. que les medicaments ſeront compoſez de repercuſſifs & reſolutifs,mais en ſorte que les repercuſſifs ſoient Cn† grande quantité que les reſolutifs:comme.2/...fol.mal.abſinth.plantag. añ. m. iij. coquant. in oxycr. piſt.paſſ.adde farina fabar.& hord.añ.3 j. pul. roſ. rub. & abſinth. 3.ij. olei roſar. & camomil.añ. 3.j fiat Autre cata- cataplaſma ad formam pultis ſatis liquidae.Autre. 2/.. ſar.hord. 3. iij. far. ſem lini & fœnug, an.3.j. co-plaſme. quantur in aqua com.addendo ſub finem pul.myrtil.roſar & camomilañ. 3. 6. axung anſer. & oleiroſ afi. Rºdº?ººr #j.miſc.& fiat catapl. En l'eſtat faut vſer des medicamens repercuſſifs, & reſolutifs en pareille quantité:& lºſº *il y a douleur,meſler enſemble des mitigatifs,comme.24. rad-alth. 3. iiij. mal.pariet. añ. m ij. coquantur ſub - La premiere intention. |. | 1 66 , Le ſeptieſme Liure, Catatlaſme ſub cineribus addendofar. fabar & lent.afi. 3.ij. pulu.cºmcmill. & melilot.afi. #. ſ. olei camomill. & A rºººſſſé roſar.afi. #. j auxung. gall.5 ij. fat catapl. Autre, 2é. mica panis triticei inaqua calid, macerat. fb.f. pul, ºf & roſar Iub & al ſinth an. 3.vj. clei anet & mel.ccm.añ. 3.ij. miſce omnia ſimul, & fiat catapl. adformam # pult ſat. liquid. duquel on vſera principalement lors qu'il y 2 douleur Et quand la douleur & autres acci- # dens ſeront diminuez, on peut coniecturer que le Phlegmon eſt en ſa declination, & partant faut reſoudre din . plus vigoureuſement, en vſant de purs & ſeuls reſolutifs, ccmmençant aux plus benins,craigrant de reſou- #.mede dre ſeulement le plus ſubtil,& que le gros ne demeure,ccmme.24 mal.biſmal.af.m. iij.coquantur adden- pe # #.. do far.hordei.3.ii mcllis ccm.3.j. cle cam cmil. & melilotañ.3.j ſ. fiat cataplaſ Autre.%.rad. bryonie, climatic». & cucumer.agreſt.añ. 3.ij.camcmill,& melilot.af. iii.iij. coquant.in hydrcmelite, addendo far, ſem.lini, Autre cata- & fo nngañ.3.ij.olei anet & axurg. anſ. & anat :añ. 3.j. fiat cataplaſ Autrement aide-toy de l'emplaſtre Plaſme plus ſuiuant. 2.Emplaft diachil. mag. 3.ij. cmplaſt de melilot. 3.j. oleianet.& camomil.añ.3.f. liquef.omnia * rcureux. ſmul, & fiat medicament. ad vſim.Autre.2Z. Emplaſt de mucag. & oxycro: añ.3.ij. emplaſt. diachil. ireat. #ºlºſtres 3.j. oleililionim aut camcmelini quantum ſatis, vt inde fiat emplaſtrum ſatis molle. Le quatrieſme poinct º giſt en la correction des accidens, entre leſquels la douleur tient le principal lieu, & pource faudra que le $uatrieſme Chirurgien face diligence de l'appaiſer Car outre qu'elle abbat, & affoiblit les vertus, elle empeſche les Poinčt. actions & fait nouuelles fuxions,tirant le ſang & eſprits à la partie Parquoy il conuient incontinent appli- Accidens ºlº remedes qui la mitigent, leſquels ſeront diuerſifiez ſelon qu elle ſera : ccmme. 2Z. Micx panis albi in qui ſuiuent lacte tepido macerat. fb. ſ. vitell. ouor. nu.iij. olei roſat.3.ij.croci 9. ſ. fiat cataplaſ. Autre.2/. for. ca- ia douleur momilla & meliloti, añ.f.iij.far.ſeminis lini, & fœnug.añ.3.j.mucag.pſilij & cidonior.añ.3. 6. olei camo- mil. & viol.afi.3.j fiat cataplaſma ad formam pultis ſatis liquida Autre.2Zmucag.rad. alth & fenug an, #. iij.oleiroſar.& anet añ.3.j.far. ſeminis lini quant.ſatis, vt inde formetur cataplat ſatis molle. Or ſi la dou- B 1eur perſeuere, & ne puiſſe eſtre appaiſée par les ſuſdits medicamens, faut auoir recours aux plus forts, & meſmes iuſques aux narcotiques,ſile cas le requiert,toutesfois vſant d'iceux ſi ſagement, cuel'on ne rende ºº!ºſº la partie mortifiée,en refrigerant plus qu'il ne ſeroit beſoin,comme.2L. fol. hyoſch. & papauer, ſub cinerib. º coélañ.3.iijadipis ſuil& oleiroſañ.3.j. croci9.j. fiat catapl. ou %. fol oxalid.mand, & ſemperui.an. iii.ij.piſtentur & paſſentur, addendo olei violar.3. ij fiat cataplaſ Autre.2é. folcicut,& ſolani furioſ.au. 3.iiij.coquant.ſub cinerib.piflentur,paſſentur,addendo vngucnt.popul. & oleiroſar.añ. 5.j. fai. fœnug. vt inde formet.catapl.ad formam pultis ſatis liquidæ. Curegenerale du Phlegmon, lors qu'il eſt degeneré en abſcés. CH A P. X. Sé R quelquesfois l'humeur eſt tellement impact à la partie.qu'il ne peut eſtre repercuté nyre- , ſout:ce qui te ſera notoire pour la grande inflammation,tumeur eminente & rouge,auec dou- 7 leur poignante,fiévre,pulſation & peſanteur, & autres que nous auons dit cy-deſſus. Et lors Glauc. #3 que tels ſignes apparoifient, & qu'il ne reſte aucune eſperance de reſoudre, faudra des re- chap. 7, S> ºº! ſolutifs paſſer aux ſuppuratifs. Et pource Galien fomente la partie auec eau tiede,ou huile, Cataplaſme ou tous les deux enſemble:auſſi applique vn cataplaſme tel qui s'enſuit2l.far.trit.velmic.panis.3.iiij. olei. / /Pºiſ comm.3.iij.aqua ccmm.quantum ſufficit, & fiat cataplaſ.Tu pourras vſer de ceſtuy cy.2Z. rad.lilior, alb, º*** alth.aii.3.iij.fol.mal.pariet.& 1enec.afi.Ii.j.cc quant.in hydromel. piſt. paſſ. addendofar.ſeminis lini 3.ij. Plaſme . axungia ſuilla & olei lilior. an.3.j.fiat cataplaſma. Autre.24 mal.biſmal.viol.an.m.jcaricar.ping.num.1o. - Paſſul.3.ij coquant.in aqua comm.piſ.paſſadde mellis ccn munis.3.ij. vnguen.baſilic.& butyri recen.añ. C Medicament 3.j.fiat catapl Dauantage,tu pourras vſer de l'emplaſtre de diachylon magnum,ou de vnguentum baſiliconis, ºPPºratif ou bien. 2Z. Emplaſt.diachyſ mag.fi.iij.vnguent baſilico3.j.olei.lilior, 3. f.miſce cmnia ſimul,& facmedica- Signe que le mentum ad eum quem p1aſcripſmus vſtm. Lors que la chaleur eſ remiſe,enſemble la douleur,fiévre , & #ta eſt fait. autres accidens ceſſent, & que la tumeur s'eſleue en pointe,& que l'on ſent vne inondation ou fiuctuoſité à Le moyen la partie a ſgauoir,quand on preſſe les doigts ſur la tumeur, elle obeit facilement,trouuant vne molleſſe, •de cognoiſtre la ſanieva ;a & là, fuyant ſous les doigts,lors tu pourras iuger que le fus eſt fait. Et partant deuant que lixe a#om, d'attendre plus longuement,tu viendras à l'appartion,craignant qu'elle ne mine & corrode les parties voiſi- nes,dont puis apres pourroient dcmcurer vlceres ſinueux & fiſtules, & principalement lors que la matiere Ze moyen eſt veneneuſe, ou pres des jointures,ou au fondement,& en autres parties chaudes & humides. Cartelles apoſtcmcs, comme nous enſeigne Hippocrate, doiuent eſtre couuertes deuant la parfaicte ſuppuration, & d'adapter I'anneau ne veut qu'aux autres parties on ouure trop ſubit les apoſte mes, excepte aux parties pudibondes : car le qui s'exſuit. fu, qui eſt ja fait , aide à ſuppurer ce qui n'eſt pas encore cuit. Or l'apertion ſera faite ou auec la lancette, ou auec le cautere ou potcntiel. Car où le malade ſeroit craintif, & ne voudroit endurer le fer, tu vſeras pluſtoſt d'vn ruptoire, c'eſt à dire,cautere potentiel. Il y a des malades qui craignent tant l'ouuerture, qu ils s'euaIioiiiſſent ſeulement voyans la lancette, de la crainte de douleur, auant que l'inciſion ſoit faite: Ou ils retireront& deſtourneront la partie, qui fera que l'inciſion ne ſera faite au lieu qu'elle doit,ou moin- dre,ou plus grande qu'elle ne deuroit. Parquoy faut que le Chirurgien face l'ouuerture,auant que le mala- de aye loiſir d'y penſer en !'abuſant comme faiſant vne fomentation ou autre choſe à la deſrobée,ayant vne pointe de lancette,laquelle ſera attachée au milieu d'vn getton ou autre piece d'argent, laquelle ſera miſe ſur vne emplaſtre ou catapkaſme : & la pointe d'icelle ſi bien couuerte d'onguent ou du cataplaſme, que le D malade ny les aſſiſtans ne pourront apperceuoir : & eſtant ainſi accommodée, ſera appliquée ſur l'endroit où l'on doit faire J'apertion, & lors le Chirurgien ſubit preſſera en l'endroit dudit getton ou piece,tant & ſi peu que ladite pointe ſoit entrée en l'apoſtcme. La figure t'eft icy repreſentée, l'vne grande, l'autre peti- te,& J'autre moyenne,deſquelles tu Pourras vſer ſelon ta commoditÉ. Signes de ſºitpuration Galen 2.ad f , Figure- DesTumeurs en general. 1 67 A Figure des trois pointes de lancettes inſerées env» getton. A Mºnſtre le getton, dans lequel eſt inſerée la pointeda la lancette. Figure de l'Anneau Autre moyen de tromper le malade, c'eſt que le chirurgien aura au doigt index vn anneau, auquel ſera inſeré vne petite lancette , Propre à faire ouuerture à l'apoſteme : ou auec vn Petit Piſtolet, comme tu vois par ces figures. Figure du Piſtolet qui ſe débande par vn reſſort. A Monſtre la groſſe cannulle. B Autre cannulle qui entre dedans la groſſe vis, C La pointe du piſtolet qui ſort dehors. D Le reſſort qui fait debander le piſtolet. $N Or en ces trois manieres d'apertions , ſept choſes ſont à \ confiderer. Premierement, que la ſection ſoit faicte à l'endroit \ qui eſt le Plus mol , & qui enfonce ſouz les doigts, & fait ſou- #uent vne pointe. Le ſecond, qu'elle ſoit faicte au plus bas lieu, //afin que la matiere contenue ne croupiſſe, & ſe puiſſe mieux % écouler. Le troiſieſme, qu'elle ſoit faicte ſelon les rides du cuir, & rectitude des muſcles. Le quatrieſme, qu'on euite les grands vaiſſeaux, comme nerfs, veines, & arteres. Le cin- quieſme, que la matiere ne ſoit point vuidée tout à coup, prin- cipalement aux grands abſcez,afin que ne s'enſuiue debilitation de la vertu , par la tropgrande euacuation qui ſe pourroit faire des eſprits auec la matiere. Le ſixieſme, que le lieu ſoit traitté doucement, ſans exciter douleur le moins qu'il ſera poſſible. Le ſeptieſme,qu'apres l'ouuerture le lieu ſoit mondifié,incarné, puis conſolidé & cicatrizé. Apres telle apertion coſtumiere- ment, reſte encore quelque portion de la tumeur , laquelle n'aura pas du tout eſté ſuppurée : & partant le Chirurgien doit auoir égard qu'il y a complication de diſpoſition , a ſçauoir tumeur & vlcere. L'ordre de curation , c'eſt de guarir premie- rement la tumeur de lvlcere : car elle ne peut eſtre guarie, que la partie ne ſoit rendue en ſa nature. Doncques tu conti- nueras les medicaments ſuppuratifs cy-deſſus declarez, & l'vl- cere ſera traictée de l'eſpace de deux ou trois iours auec telme- dicament.2/.. vitell. vnius oui, terebint.Venet. & olei roſat.afi. 3. ß. fiat medicamentum. Puis tu mondifieras auec vn tel me- dicament. 2Z. mellis roſat. 3.j. firop. roſat. & terebint. Venet. afi. 3.j. ß. far. hord. 3.ij. fiat medicamentum ad vſum. Sembla- , blement le mundificatifde apio eſt ſingulier, duquel la deſcri- | ption eſt telle. %.ſucci apij,abfinth. plantag.beton. añ.3.j.mell. comm.3. v. tereb. Venet. 3.iiij. farinae hord. & orobi añ. 3. ii. pul. aloès rad. ireos Florentiae, myrrhae, añ. 3.j. coquatur mel •- cum ſuccis , quibus conſumptis addantur farina & pulueres, & miſceantur omnia ad formam vnguenti : & où tu voudras dauantage mondifier, vſeras de l'apoſtolorum, ou bien de l'vnguentum aureum e «gyptiacum,meſlez enſemble ſelon ta diſcretion:& eſtant mondifiée ſera incar- née & cicatrisée comme les autres vlceres, ainſi qu'il te ſera declaré en leur curation propre. Des eſpeces de fiévresquiſuruiennent au Phlegmon, & curativn d'icelles. CH A P. X I. - - " . 2N T R , les accidens quiplus communément accompagnent les Phlegmons, & plus generale- Definition # # mentaffligent les malades,ſont les fiévres,c'eſt à dire, intemperatures chaudes & ſeiches,exci- de fié# - $ tées & allumées au cœur, & d'iceluy départies à tout le corps , par les conduits des arteres. E \ º, Icelles au Phlegmon ſont ou diaires , ou ſynoches non putrides, ou ſynoches putrides. Fié- SNSNS vre eſt vne ebullition de ferueur & d'inflammation , que les Grecs appellent feu : car de quel- ue eſpece que ce ſoit, eſt toufiours fondée en chaleur contre nature. De la nature & curation deſquels ie iray icy briefuement ce que i'en ayappris de Meſſieurs nos Maiſtres les Docteurs en Medecine, auec leſ- quels i'ay hanté & pratiqué. - - - . . . - Fiévre diaire ou ephemere, eſtvne intemperature chaude & ſeiche,allumée és eſprits vitaux,ainſi nom- D, la févr, mée quaſi comme Iournaliere du mot Latin dies,quifignifie lour,pource que de ſa nature elle fait & parfait diaire. ſon cours en vn accez,qui ne dure pas plus de vingt quatre heures, qui eſt l'eſpace d'vn iour naturel,& ce à cauſe qu'elle eſt allumée en vn ſujet tenue & ſubtil,aiſement,& en peu de temps diſſipable,ſçauoir és eſprits & ne giſt point en pourriture, mais en vn eſprit exhalatif embraſé. · a ar ' , - Les cauſes des hévres ephemeres ſont,faim,ebrieté,laſſitude,ire,ou cholere,fureur, triſteſſe, veilles,den- Cauſes des fation ou aſtriction de cuir,ſoit par refrigeration ou par aduſtion,bains,mutation de vie declinant à chaleur fiévres ephe- par application ou priſe de medicamens acres, commevenins, & alimens chauds : Bref toutes les§ //mere s . - - I)OITlITl CCS - - | 168 · Le ſixieſme Liure, nommées des Medecinººuſes efficientes des fiévres, horſmis la pourriture : c landul ration des fiévres putrides.Le bubon meſme qui ſuit l'inflammation ou Phlegmon des # d § CS fievre, ſelon l'Aphoriſme qui dit, que les fiévres qui ſuruiennent aux tumeurs de* #º di º, ſon toutes malignes, excepté les diaires. Lequel Aphoriſme doit eſtre bien entendu,& pris a uec la iſtinct§ de Ga- lien , diſant cela s'entendre ſeulement des tumeurs qui viennent aux glandules ſans cauſe manifeſte. Car autrement les fiévres qui en ſuruiennent, ne ſont touſiours dangereuſes, comme nous Voyons les par bu- bons qui ſuruiennent ſouuent aux enfans,& par les bubons veneriens, qui ſont ſans inflammation » O11 COI- ruption de foye : car tels ſont ordinairement ſans fiévre dangereuſe : aduertiſſement que doit bien noter le ieune Chirurgien. Les ſignes communs de la fiévre diaire,ſont chaleur douce,& haliteuſe, ſuaue à l'attouchement,le pouls viſte & frequent, quelquesfois grand & fort,comme ſi la diaire eſt causée de courroux.autresfois petite,ſi elle eſt causée de faſcherie, triſteſſe, faim, froid, crudité, aureſte égal & bien reglé. Les ſignes tres-certains de la fiévre diaire ſont,ſi la fiévre eſt ſuruenue non lentement, & peu à peu,mais Signes de la ſubitement & inopinément de quelque cauſe CXternc & euidente,ſans que le malade ait eſté premierement # #. degouſté ſans auoir ſenty laſſitude ſpontanée, c'eſt à dire venue ſans cauſe manifeſte, ſans oſcitation ou f'e . baaillement : ſi le malade eſt ſans † douleur, iactation de corps ou inquietude,ſans horreur ou friſſon, ſans profond ſommeil : & bref, ſans aucun faſcheux ſymptome. La fievre diaire n'ayant de ſa propre nature qu'vn accezd'vn ſeul iour, comme nous auons dit, neant- moins quelquesfois elle s'eſtend iuſques à deux, trois, voire quatre iours. Et alors ſe change aiſément en fiévre putride, ſi quelque erreur ſe commet par le malade ou Medecin , ou quelque choſe exterieure. Elle putrides. ſc termine ou par inſenſible tranſpiration ou par moiteur,ou par vne ſueur naturelle,& douce&non fetide. Signes de la Les fiévres synoches non putrides,s'engendrent de ſang non corrompu,mais ſeulement eſchauffé outre fiévre Syno- meſure , faiſant grande euaporation par tout le corps. D'où vient que les veines ſe monſtrent enfiées, la #.,, pu face enflambée, les yeux rouges & ardans, l'expiration chaude,toute l'habitude du corps humide le tout à tride. raiſon de l ebullition du ſang, deſdictes vapeurs, qui eſt cauſe que telle fiévre quelquesfois eſt apppellée Humorale. Les petits enfans y ſont ſubiects, comme auſſi toute perſonne ſanguine ſans cacochymie.La fa- çon de guarir telle fiévre, eſt ſemblable à la cure de la fiévre diaire. Parquoy ce que nous dirons de l'vne, ſe pourra accommoder à l'autre : ſinon que la ſaignée eſt icy bien requiſe. Doncques la cure de la fiévre diaire conſiſte en l'vſage de ſix choſes non naturelles,contrarians à la cau- ſe originale du mal.Les bains d'eau tiede & naturelle ſont tres-vtiles , pourueu que le malade ne ſoit point Curatiºn de pletorique,plein d'excrement, ou autrement ſuject à catarrhes, & defiuxions,parce qu'en liquefiant les hu- º ſº meurs, ou relaſchant, il pourroit exciter ou augmenter le catarrhe. Parquoy en tel accident on euitera les diaire. frictions , & onctions d'huile tiede:leſquelles toutesfois en la fiévre diaire ſont autrement fort vtiles,prin- cipalement quand elle eſt causée par trauail exceſſif,paraſtriction des pores,& par le bubon.Au reſte,que ceſte reigle ſoit generale d'oppoſer à chacune cauſe d'où ceſte fiévre aura eſté excitée , ſon contraire pour remede : comme au trauail le repos, aux veilles le dormir;à la colere & faſcherie choſes plaiſantes,propos ioyeux & recreatifs, au bubon la curation d'iceluy. Le vinmediocrement trempé, ſelon la couſtume du malade,eſt vtile à toutes les cauſes de la fiévre diaire, excepté quâdil y aura douleur de teſte, quâd elle ſe- ra excitée de courroux & d'vn bubô:Car en ce dernier cas principalemét,faudra du tout retrancher le vin, 2ſ icelle eſt propt 4 » CXcite ceſte Aphor. 55. liu. 4. Des fiévres synoches nvn à la gene- A B tant que l'inflammation ayant paſſé ſon eſtat,ſoit en ſa declinaiſon. Ceſte ſorte de fiévre trauaille aſſez ſou- C Pour les fe- uent les petits enfans. Lors donc leurs nourrices doiuent eſtre pensées comme ſi elles-meſmes auoient la tits enfant fiévre,afin de rendre leur laict medicamenteux. Il ſera auſſi bon de baigner l'enfant : & apres le bain,l'oin- dre d'huile violat le long de l'eſpine du dos,& poictrine. - Que ſi le phlegmon eſt en vne partie interne ou fort grand, ou voiſin de quelque partie noble, de ſorte Des fiévres qu'il puiſſe enuoyer de ſoy continuellement au cœur quelque portion & vapeur de ſa ſubſtance pourrie, & Synºches Pu- non par la ſeule qualité de chaleur contre nature, par continuation des parties de l'vne à l'autre,il fera l'eſ- trides. pece de fiévre que nous diſons Synoche putride,fi le ſang qui par contagion ſe pourrit dans les grands vaiſ- #ººº ſeaux,eſt composé d'egale meſlange,& permiſſion des quatre humeurs.Ceſte fiévre ſe cognoiſt à ce qu'elle ##. n'a aucune remiſſion ou exacerbation,encores moins d'intermiſſion.Elle tient le febricitant outre les vingt- p " quatre heures , ne finiſſant point lors à la mode des intermittentes par vomiſſemens,ſueurs, ou moiteurs, ou peu à peu inſenſiblement,mais perſeuerant,dure iuſques à ce qu'elle ſe termine, & quitte du tout le ma- lade. Elle ne ſurprend ſinon ceux qui font de bonne nature, en temperament & complexion , abondans en cursion .. beaucoup de ſang,& iceluy iuſtement meſlé des quatre humeurs. Ceſte fiévre eſt de peu de durée : d'autans # #, que le ſang par ſa pourriture degenerant en bile ou melancholie,fait incontinent vne autre eſpece de fiévres synº.h, pu ſçauoir tierce ou quarte continues. La curation de ceſte fiévre ( ſelon que i'ay appris des bons Medecins) trsde. conſiſte premierement en phlebotomie. Car le ſang eſtant tiré , la plenitude eſt oſtée : dont s'enſuit que l'obſtruction ſoit tollue, & par conſequent la pourriture. Or comme ainſi ſoit qu'en ceſte fiévreil n'y ait point ſeulement vice de la matiere par la pourriture du ſang, mais auſſi de la temperature par l'excez de chaleur , certes la phlebotomie ne remedie pas ſeulement à la pourriture,comme nous auons dit,mais auſſi à l'intemperie chaude. Car le ſang (auquel conſiſte toute la chaleur ) eſtant tiré enſemble auecques luy: D les excrements acres & fuligineux s'exhalent,qui retenus augmentent l'ardeur de la fiévre. Et outre,en lieu du ſangeuacué, les veines attirent beaucoup d'air froid pour la fuite de vacuité que nature abhorre, dont s'enſuit rafraichiſſement de toute l'habitude du corps. Mieſme à pluſieurs par le benefice de la phlebotomie , le ventre s'ouure,& les ſueurs ſortent abondamment,choſes fort deſirables en ceſte eſpece de fiévre:Ce qui a efmeu quelques vns, à dire qu'il falloit icy ſaigner iuſques à l'hypothymie, Toutesfois,d'autant que pluſieurs par ce moyen ont auec le ſang rendu l'ame entre les mains des Mede- cins, ie ſerois pluſtoſt d'aduis, aduenant le cas que le malade euſt beſoin de grande euacuation de fang, de Partir icelle euacuation, oſtant du lang par interualles tant que les forces du malade le pourront porter- La Phlebotomie ainſi deuement faicte, il faudra incontinent donner vn clyſtere remollient, & moderément rafreſſchiſſant. Car ceux qui rafrechiſſent trop, aſtraignent pluſtoſt le ventre qu'ils ne le laſchent Le len- demain faudra par vn leger medicament de Caſſe ou de Catholicum , faire minoration de la matiere. En apres ordonner ſyrops, qui ayent non ſeulement force de rafreſchir , mais auſſi de reſiſter à la Pourriture- Tels ſont celuy de limons,de Berberis,l'aceteux ae acetoſitate citri,de granatis , oxyſacchar ſimple:auſquels il faudra meſler des eaux de pareille vertu, comme de l'eau d'ozeille, de roſes, & ſemblables. Le viure en tout ſoit rafraichiſſant & humectant au reſte ténuë, pour la pluſpat de boüillons de poullets, de chair de #. veau,alterez auec ozeille, l'aictue & pourpié, & ſemences froides.Car la chaleur naturelle ayant eſté fort f# #mºindrie par lº gºnde Phlebºtomie , ne pourroit cuire beaucoup de viande. Le breuuage ſoit eau d'or- /77º4 . ge,ſyrop violat,deſtrempé auec beaucoup d'eau,iulep roſar, dit autrement Alexandrin, ſi prinçipalement il ſuruenoit - c Tl , - i Des Tumeurs en general. 169 A ſuruenoit quelque grand flux de ventre.Sur tout il faudra obſeruer le quatrieſme iour,car ſil'on apperçoit quelques ſignes de concoction , la criſe ſe fera le ſeptieſme, quelquesfois par vomiſſement, flux de ventre, vrines,ſueurs mais plus ſouuent par hemorrhagie. Et lors ne faudra rien remuer dauantage,ains laiſſer Na ! ture faire ſon deuoir ſelon le chemin qu'elle aura pris, Gal.liu. 9, de la methode,chap. 5. ordonne de boire grande quantité d'eau froide au plus fort de la fiévre ardante & des fiévres ſynochestrelle choſe profite,& amollit la chaleur febrile, comme quand on iette force eau aufeu pour l'eſteindre:toutesfois il n'en faudra donner au † premierement on ne voye les ſignes de concoction, meſme ſur la declinaiſon ne ſe- ra hors de propos donner du vin pour eſmouuoir les † De l'Eryſipelas. CH A P. XII. P R E s auoir traicté des Tumeurs, qui ſont engendrées de ſang naturel , il faut maintenant · que nous parlions de celles qui ſont faictes de cholere, pour lagrande affinité qu'elle a auec- ques iceluy ſang. Or les tumeurs qui ſont engendrées de cét humeur cholerique naturel, - ſont nommées des anciens sryſipelata, qui eſt vne inflammation fort ardente, laquelle princi- D • .. 59 N alement occupe le cuir,& quelquefois quelque parti - - - efinition p. up , & quelq quelque partie & portion de la chair ſubiette,eſtant d'Eryſipele fait de ſang,qui eſt de tenue ſubſtance ( lequel par ſon ebullition ſe tourne facilement en cholere) ou de Gal. chap.2. ſang & cholere plus chauds qu'il n'eſt requis : & quelquefois de cholere meſlée parmy quelque ſanie a- liu. 14. de la queuſe. Celuy qui eſt faict de vraye & pure cholere eſtappellé de Galien vray & exquis. Et quand la cho-Metho. é *. lere eſt meſlée auecque les autres humeurs, elle fait trois eſpeces,ou differences d'Eryſipele : comme ſi el- à Glaue. B le eſt meſlée & en plus grande quantité auecque le ſang, ſera appellé Eryſipelas pblegmonodes : ſi auec la pi- #º *. tuites,yſpelas oedematodes : ſi auec la melancholie, eriſipelas # : de ſorte que le premier nom & ſub- à Glauc. ſtantifſignifiera toufiours l'humeur ſuperabondant : le ſecond & adiectif, l'humeur qui eſt meſlé en moin- dre quantité. Auſſi les humeurs eſtans proportionnez enſemble & en meſme quantité , feront Eryſipelas Phlegmon, Eryſipelas œdeme, Eryſipelas ſcirrhe : Galien en fait deux differences, vn ſans vlcere, & l'autre auec vlceration.Car lors que la cholere eſt ſeparée du ſang,pour ſa ſubtilité venant au cuir,elle faict vlce- re : mais eſtant meſlée auec le ſang,quiluy eſt comme vn frein elle l'engarde de paruenir iuſques à la ſuper- ficie,& fait pluſtoſt tumeur qu'vlcere. De la cholere non naturelle : pareillement ſont engendrées pluſieurs eſpeces de tumeurs, comme herpes exedens,miliari , & bref toutes tumeurs & vlceres,compris depuis herpés iuſqu'au chancre,comme nous auons dit cy-deſſus.Les ſignes d'Eryfipelas ſont cognus par trois principaux poincts : premierement par la couleur qui eſt rouge, tendante à couleur citrine ou iaunaſtre : laquelle cou- leur s'eſuanoüit ſi toſt qu'on la preſſe du doigt,qui ſe fait à cauſe de la ſubtilité de la matiere, qui conſiſte plus au cuir qu'en autre partie,d'autant que la matiere n'eſt point contenue au profond,& partant eſt apel- iée d'aucuns des anciens,paſſion de cuir : tierçement,pour les accidens:comme chaleur, pulſation & dou-s§ d'E leur.L'eryſipele eſt beaucoup plus chaud que le phlegmon,d'autant que la matiere eſt plus chaude & ſubti-, # :-- le:auſſi la pulſation n'eſt ſi vehemente,pource que les parties ne ſont comprimées comme en phlegmon, & # , 2 qu'il n'y a ſigrande obſtruction pour la matiere,qui n'eſt en ſi grande quantité:auſſi pour ſa ſubtilité ſe re- Glaue. - ſoult facilement,& ne demeure cachée. Dauantage la douleur n'eſt ſemblable:car celle d'Eryſipelas eſt poi- Auicenne. gnante, & mordicante ſans aucune tenſion ne peſanteur.Les cauſes ſont ſemblables à celles de phlegmon, - à ſçauoir primitiues,antecedentes,& coniointes.Ceſte tumeur iaçoit qu'elle puiſſe aduenir à chaſque partie, cauſes 4 E- C toutesfois principalement occupe la face pour la rareté d'icelle,& ſubtilité de la cholere. S'il ſuruient Ery- ryſipale.' ſipelas aux playes & vlceres, c'eſt mauuais ſigne. Semblablement s'il vient à ſuppuration : car il demonſtre Frognoſtie. qu'il y a obſtruction,à cauſe de quelque humeurgros meſlé auec ladite cholere,dont s'enſuit corroſion aux Hipp.liu.7. parties qui ſont ſous le cuir,l'Eryſipelas le plus ſouuent ſe termine par reſolution.Quand il retourne du de-ºph° 19- dans au dehors, c'eſt bon ſigne:mais au contraire, quand il retourne du dehors au dedans, c'eſt mauuais ſi-ººº gne. Semblablement s'il ſuruient Eryſipelas à la matrice, c'eſt choſe mortelle. Il eſt auſſi dangereux , s'il apho.25 occupe la face en grande quantité, à cauſe qu'il communique auec les membranes du cerueau. ## - •43 • Trois diffe- rences d'E- ryſipele. Autre dif - re774º. Gal.1 4. Aſet. De la cure d'Eryſºpelas. CH A P. XI I I. & ov x la curation de d'Eryſipelas nous deuons auoir deux intentions, à ſçauoir vacuation,&- Ga - - * _ _ - > • - - - al, refrigeration. Mais d'autant qu'il y a plus de beſoin de refrigerer pour la grande ardeur qu'en phlegmon, noſtre principal but ſera de refrigerer : ce qu'ayant falt, la matiere conte- nuë ſera oſtée par reſolutifs mediocres,& pource nous aurós quatre poincts principaux à cö- ſiderer.Le premier c5fiſte à la maniere de viurequi ſera froide,humide & incraſſâte:qui ſe fe- ra par les ſix choſes n6 naturelles,tendantes à frigidité & humidité,plus toutesfois qu'en Phlegmon. Le fe- cond poinct conſiſte à l'euacuation de la matiere antecedente,ce qui ſe fera par phlebotomie , & par me- dicamens cholagogues : comme ſi l'Eryſipelas eſt à la face,& s'il occupe grandement icelle,la phlebotomie ſera faiâe de la veine cephalique. Semblablement conuient la phlebotomie s'il y a quelque portion de D ſangmeſéauecques ladicte cholere : mais s'ileſt en autre partie, & qu'il ne ſoit en grande quantité , ou qu'il ſoit fait de pure colere, la phlebotomie n'eſt neceſſaire, veu que le ſang eſt frein de cholere, lequel pourroit eſtre euacué par icelle phlebotomie, dont la malice de l'humeur cholerique ſeroit augmentée. Mais s'il ya repletion au corps,ſera fort expedient detirer du ſang,d'autant que ſouuétesfois telle Plethore § - ou repletion eſt cauſe d'Eryſipele,comme nous monſtre Galien. Or deuant que ce faire , ſera bon & expe- # du dient donnervn clyſtere remollient & refrigerant. Quant aux medicamens cholagogues, comme apozemes r,. iſiejme &potions, ſeront ordonnées par le prudent & docte Medecin. Le troiſieſme poinct s'accomplira par me- ſ .. dicamens topiques,leſquels ſeront au commencement & augment froids & humides, & non ſecs ne aſtrin- Gal.liu. de gens, d'autant que la matiere eſtant acre & boüillante,pourroit pour leur aſtriction eſtre repouſſée au de- compoſ me- dans, qui vlcereroit & corroderoit la partie. Galien & Auicenne louent grandement ce remede. 2.L. aquæ dicament. frigid #.vj.aceti opt.j. fiat oxycrat, auquel tremperez des compreſſes, puis ſeront appliquées deſſus & Hippatho*. autour la partie, & renouuellées ſouuent : ou bien tu vſeras de ceſtuy. 2/. ſucc. ſolan. planta. & ſemp. liu. 7. ana.3. ij.aceti.3. É. mucag ſemin. pſill. 5 ij. ſucc. hyoſc. 3.j. miſce Or ſi l'Eryſipelas eſt à la face, vſerez # de tel remede.2/. vng. roſat.3. iij. ſucc. plant & ſemper. anna.3.j. troſcic.de champh. 5. 6 acetiParum, # #. es miſceantur ſimul, & äat linimentum. Si la douleur & l'inflammation ſont ſi vehementes : qu'elles ne puiſ- ryſipelas. ſent eſtre ſupportées,faudra vſer de medicamens narcotiques : comme, 2/.. ſucc.hyoſch.ſola cicut anna.# . alb.ouorum j.aceti.3.8.opij.& champh.giiij.croci9f.mucag.ſeminis pfillij& fœnugr.extractin aqua roſar. & plantag.ana.3.j. olei de papau.3. ij. fiat liniment. addend. vng refiig Galeni. aºrºº # 14.met remiear ſcope. Second. Gal. 3.met. & 2. ad Glau. Gal.com.ſur I 7 o Le ſeptieſme Liure, ' Gal. 14.mct. Paul. liu. 4. chap. 2 I. Fomentatiö . - ©uatrieſme ſcope. Definition de Herpes. Galie n 2. à Glauc. Cure de Her- pes. Premier poinčt. second. . Troiſieſme. Remedes pour les Her- pes. Atteſtation de l'Auteur. P ourquoyles jiévres qui ſurttiennent aux Iryſºpe- las ſont tier- ſ ^J. Cauſes. Signes, Arciäens. @ne ſigni fie it les vl- ceres de la bouche aux fiévres tier- ſf $, Le Chirurgien ne doit continuer longtemps tels medicaments,de peur de ſuffoquer la chaleur naturelle & A rendre la partie mortifiée, comme auons touché parlans de phlemon : par ainſi ſeront appliquez auec diſ- cretion,à ſçauoir en temps & lieu, Ce que tu cognoiſtras par trois raiſons. La premiere eft quand le malade ne ſent ſi grande douleur,ardeur,inflammation,ne punction. La ſeconde,quand tu cognois tant par laveuë que par l'attouchement, la partie eſtre plus temperée que de couſtume. La tierce lors que la couleur rouge & iaunaſtre commence à changer en liuitidé & noirceur,adonc fubit tu deſiſteras d'appliquer tels medica- mens,vſant de reſolutifs & roboratifs;afin de conforter, & reuoquer la chaleur naturelle.Comme 2Z.farin. hord.& orob.ana. 3. ij. far. ſeminis lini. 3. j.f. coquant in hydromel. veloxycr.addend. pul.roſar rub. & camomil. ana. 3. 6. olei anet. & camomill. ana. 3. j. fiat capat. Ou bien feras vne fomentation qui s'enſuit. 2%. radalth. 3. ij. fol. mal. biſmal. pariet. abſint ſal. ana. m. j.for. camomil. melil. & roſar.rub.ana.m. ij coquantur in œquis partib. vini & aquæ, & fiat fotus cum ſpongia. Apres laquelle apliquerez vn emplaſtre de diachylon ireatum, ou de diapahma diſſout en huile de camomile & melilot,ou autres ſemblables medi- camens reſolutifs. Le quatrieſme poinct,qui eſt la correction des acidens, ſe fera ainſi que nous auons dit du Phlegmon , diuerſifiant les remedes ainſi que le Chirurgien verra eſtre neceſſaire. •" Des Herpes. C H A P. X IV. yºs Sºz E R P E s eſt vne tumeur faite de la pure & ſincere cholere,!ſeparée & ſequeſtrée des autres # § N! humeurs,laquelle pour ſa tenuité s'eſleue iuſques à l'Epiderme,& occupe ſeulemët la ſuperficie , # N (. d'iceluy. Galien en fait trois eſpeces.Car ſi la pure cholere mediocre en ſubſtance,c'eſt à dire, $ , $ non groſſe ny craſſe,eſt cauſe d'icelle,lors eſt faict Herpes ſimple, retenant lc nom du genre.Si ^S l'humeur n'eſt ſi ſubtil,& eſt accôpagné de quelque portion de pituite,fait de petites veſſies au cuir en forme de millet,qui eſt cauſe que les anciens luy ont dôné le nó de Herpes milliaris,Auſſi ſi auecque la cholere quelque portion de l'humeur melancholique y eſt meſlé, lors eſt engendré Herpes exedens,c'eſt à dire rongeant,corrodant,& vlcerant le cuir,& la chair de deſſus. Quant a la curation , le Chirurgien aura eſgard à trois poincts.Le premier eſt,touchant la maniere de viure,qui doit eſtre ſemblable à celle qu'auôs dit au chap. d'Eryſipelas.Le ſecond euacuer la matiere antecedente qui ſe fera auec medicamens purgatifs, euacuans l'humeur pechant : à quoy faire les clyſteres ſeront quelquesfois ſuffiſans, ſi le ventre de ſoy eſt mol,& ſi les vrines auſſi coulent facilemét,d'autant qu'auec icelles grande quantité de cét humeur ſe purge. Le troiſieſme poinct eſt, oſter la matiere conioincte , qui ſe fera par medicamenstopiques, ayât eſgard à la tumeur,& à l'vlcere. Dont le Chirurgien ſe propoſera double intention,à ſçauoir reſolution de la tumeur & deſiccation de l'vlcere.Car tout vlcere requiert eſtre deſſeiché : ce qui ne peut eſtre accomply que la tu- meur ne ſoit oſtée. Et pource que le Chirurgien doit eſtre attentifà l'intétion principale,ſans laquelle l'au- tre ne peut eſtre oſtée,compoſera & appliquera tel medicamét,lequel ſera reſolutif,& deſiccatif.2/.creuſ. & tuth.prxpat.ana.3.j. olei.roſar. & adip. carp. ana. 3.ij. cortic, pini vſti & loti. 3. É. cera quantum ſatis, & fiat vnguentum. Autre.2Z. far. hord.& lent.ana.3.ij. coquant. in decoct. cort.mali. gran, balauſt. plan- tag. addendo pulu. roſat. rub. & abfinht.ana.3. ß. olei. myrtil. & mel. communis ana. 5. vj. fiat. medica- ment.vt artis eſt.Remedes pour l'Herpés miliaris.2Z. pul.gall. malic.balauſt.boli.armen.ana.3.jaque roſar. 3. iij. aceti acerim. 3.j. axung. anſeris. & olei myrtill. ana. 3. j. ſ.terebent.3.j.fiat vnguen. ad vſum. I'ay pluſieurs fois experimenté l'onguent enulatum cû mercurio,où i'ay trouué grâd effect plus qu'à nul autre, parce qu'il mortifie les puſtules, & consôme l'humeur contenujen la partie. Et pour arreſter l'humeur qui chemine & corode, tu vſeras à l'vlcere & bordsd'icelle d'vn medicament acre , comme eau forte, ou huile de vitriol,ou autre ſemblable,& trouueras en telle choſe vn merueilleux effect,ce que i'ay pluſieurs fois ex- perimente. - Des fievres qui ſuruiennent aux tumeurs Eryſipelateuſes. C H A P. XV. # QvT ainſi qu'aux tumeurs Phlegmonneuſes, & aux Eryſipelateuſes, ſuruiennent fiévres quel- quesfois, qui retiennent & reſſentent de l'humeur duquel elles ſont excitées , ſçauoir de la bile ou cholere. Laquelle pource qu'elle a cela de propre d'auoir des mouuemens de trois $4 iours : pour cela auſſi aux grands Eryſipeles excite ſouuent fiévres tierces, qui ont leurs accés º* de deux iours l'vn. En general, les cauſes primitiues de telles fiévres ſont grands & violens exercices,principalement en temps chaud, long vſage des choſes calefactiues & deſicauites, ſoient medf- camens , ſoient alimens, exceſſiue abſtinence de manger & boire,auec trauail , ſoing, veilles , & faſcheries. Les cauſes antecedentes ſont grande abondance d'humeur choleric. La temperature de tout le corps ou du foye ſeulement, tendant à chaud & ſec. Les cauſes conioinctes ſontamas & putrefaction d'humeurs cholerique, hors des grands vaiſſeaux, ou en toute l'habitude du corps, communiquée & eſpandue iuſ- § au cœur. Les ſignes font horreur, comme quand en Hyuer apres auoir vriné on treſſaut. Rigueur orte & poignante , comme ſi l'on ſentoit quelque choſe aigue qui poigniſt par tout le corps , à cauſe de 1'acrimonie de l'humeur bilieux , pouſſé & porté violemment au cómencement de l'accez par les membra- nes & corps ſenſibles. Dés le cômmencement chaleur acre,le feu eſtant allnmé cóme en bois ſec. Pouls grandement eſléue,ſubit,egal,ſiccité de la langue,vriner rouge,emflambée, ſouuent ténue ſubtile.Les acci- dens ſont veilles,ſoif, delires ou reſueries,promptitude à ire pour legere occaſion , comme pour ouyr par- ler,ou autre petit bruit,eſmotion de tout le corps,& inquietude. Ceſte fiévre aſſaut plus couſtumierement les hommes choleriques,jaunes,maigres, & en Eſté. Elle ſe termine ordinairenment par grandes ſueurs, ou par vomiſſement bilieux, ou deiections jaunes, qui meſme terminent les accés particuliers. Elle al'inter- miſſion pure, ſâs aucun ſigne ou reliqua de fiévre iuſques à tant que l'accez ſuiuant reprenne:à cauſe que la matiere bilieuſe qui donne l accez,a eſté par la confuſſion d'iceluy toute diſſipée,à raiſon de ſa tenuité, & ſubtilité. Ce qui n'aduient és fiévres quotidiennes : d'autant qu'elles laiſſent touſiours quelque inegalité, moleſlie,& peſanteur de corps à cauſe de la peſanteur & tardiueté de la pituite , qui ne peut eſtre du tout refolue & digerée. L'accez dure. 4.5.6.8.1 I. 12. quelquefois. 15. & 18. heures. Si ceſte fiéure eſt exqui- ſe,c'eſt à dire vraye tierce,elle finit au ſeptieſme accez comme dit Hippocrate en l'aphoriſme 59.au 4.liure. Au reſte elle eſt ſans danger comme generalement toute fiévre intermittente par l'Aphoriſme 43. du meſme liure : pourueu qu'il ne ſoit commis erreur par le medecin ou malade. La fiévre tierce en Eſté eſt courte & en Hyuer plus longue. Le commencement eſt auec rigueur , l'eſtat & declinaiſon auec ſueur. Si en la fiévre tierce ſuruient vlceres au nez , ou à la bouche , ou aux lévres c'eſt ſigne de brief- ue terminaiſon. Car par tel accident eſt monſtrée la force de nature,qui peut jetter la matiere febrifique du centre ou interieur du corps, en l'exterieur. Et outre,par ce moyen ſe fait euacuatió de quelque portion de la matiere conioincte. Telles vlceres toutesfois n'apparoiſſent pas en la declinaiſon de toute fiévre tierce, Ill31$ ", • B "- $ à \ à r i Des Tumeurs en general. 17 t A mats ſeulement en celles,deſquelles la bile (cauſe de telle fiévre) eſt contenuë ou pouſſée de quelque autre - partie de la premiere region dans le ventricule. Car de la plus tenue & ſereuſe portion d'icelle,portée par # qnel sſh is continuite de la tunique interieure dudit ventricule à la bouche & aux lévres,s'excitent aiſémét vlceres. #. cnſe, La curation conſiſte en la diete,& aux medicamens. Le regime ſoit ordôné ſur les ſix choſes non naturelles, # f, fe2 declinantes à froideur & humidité le plus qu'il ſera poſſible : d'autant que l'humeur bilieux qui faict ceſte § # fiévre,eſt le plus chaud & ſec que toute autre humeur du corps.Il faut donc que le malade inſpire air fraits § & humide,mange choſes refrigerantes & humectantes, entant qu'il les pourra cuire,comme laictué,ozeille, vin. courge,côcombre, poirée,orge-mondé,vin bien trempé,petit ténu,& en petite quantité,& ce lors teulemët que I'humeur aura commencé à ſe cuire, mitifier ou addoucir : car au commencement il n'en faut aucune- ment vſer. Mais en declinaiſon, il ſera permis d'en vſer plus liberalement pourueu toutesfois qu'il ne ſoit º"f" * ny fort, ny vieil.Quant au temps propre pour nourrir le malade,il ſe faut dôner garde le iour de l'accez de # l4 luy bailler à manger plus tard que trois heures auant ledit accezide peur que la chalcur febrile renconträt " les viâdes encores crues en l'eſtomach,ne les corrôpe,putrefie & tourne en humeur bilieux,augmentant par ce moyen la matiere de la fiévre,prolongeant l'accez, & en outre reuoquant nature de la concoction & ex- pulſion de l'humeur morbifique,pour s'employer à cuire les viandes priſes Et toutesfois ceſte regle ſe doit entendre, pourueu que la vertu ſoit forte. Car où le malade ſeroit decile, faudroit non ſeulement donner º quelcas nourriture vn peu parauant l'accez, mais auſſi en l'accez mefme,combien qu'en petite quantité. Quant aux # eſ permis medicamens , il faut preuoir ſi la vertu du malade eſt ſuffiſante, & ſi les humeurs ſont furieux & mobiles. # Alors faut ordonner du Diaprunum ſimple,cafle fraiſchement mondée, decoction de violes,myrobolans ci- #- trins,ſirops violat, de grenades, oxyſacchar. Autrcment ſi les forces du malade ſont petites, ne faut purger , §ment ne ſaigner que bien petitement : de peur que la diſſipation des eſprits( à laquelle les bilieux ſont ſubjects) $nani # n'indiuiſe ſyncope. Semblablement ſoient faicts clyſteres de decoction de prunes,iuiubes,violes, ſon,orge. pºurquoy ne si le malade par reſiccation du ce rueau tôboit en delire,qu'on luy rafraichiſſe la teſte auec huille violat,ro-faut purger ſat, & autres ſlmblables. Les pieds & cuiſſes ſoient mis en eau tiede & douce,la plante des pieus ſoit oincte & ſaigner auecques huyle violat,ou ſemblable. En la declinaiſon generale de la fievre,eſt bon faire bain d'eau douce, ºup. auecques fueilles de vigne,laictuës & autres refrigerans,& ce loin d'vn leger repas.Meſine l humeur ja cuit Clyſtere con, & mitifié, les purgations generales ayans precedé, ſera bon prouoquer les ſueurs parl'vſage de vin blanc, # le delire. bien tenu, & trempé. vrayement les ſueurs en toute fiévre putride ſont bonnes quand elles viennent en # des : temps & lieu : pource qu'elles euacuent les matieres conioinctes de la maladie. Mais ſur tout en la fiévre # #º tierce : d'autant que tel hnmeur ſe reſoult aisément en ſueurs pour ſa tenuité. Pour ayder à la ſueur, ſera févres ſuds- bon auecques le vin blanc mentionné,prendre decoction de figues, raiſins de damas mondez,chien-dent,& rifiqucs. autres racines aperitiues. Par dehors on prend eſponges imbues en la decoction d'herbes chaudes, comme roſmarin,thym,'auande,marjolaine,& autres, eſpreintes & appliquées chaudement au aiſnes,aiſſelles,ontre ... .. les eſpaule. du malade,tenu couuerten ſon lict Autres répliſſent à demy des veſſies de porc,de ceſte deco-#" ction, les appliquent aux coſtez & entre les iambes , comme aux pieds, des bouteilles de terre remplies de # de lé mefme. On doit ceſſer de faire ſuer,lors que la ſueur commence à ſe refroidir ſur le malade. Les vrines ſe ſai # prouoquerent par decoction de fenouil & d'anet.La ſaignée doit eſtre faite non apres le tiers acccz, mais gnee. des le commencement comme le commande Galien. , Car comme ainſi ſoit que ceſte fiévre ſe termine en ceſt accez ( ſi elle eſt vne tierce, comme nous auons dit ) qui attendra apres le tiers accez, il † lors que la fievre ſera en ſon eſtat. Or Hippocrate defend de ne rien mouuoir en l'eſtat, de crainte de desbau- cher nature de la concoction & mitification qu'elle veut faire de l'humeur qui cauſe la fiévre. Aph. 2.9. tiu, s. De l'oedeme ». - CH A P. XV I. . A R cy- deuant nous auons traiclé des tumeurs chaudes : reſte maintenant à eſcrire des froi- Afh.6 « l. ; des, qui ſont deux en general, à ſçauoir Oedeme, & Scirrhe. Or le nom d'oedeme eſt pris # ſelon les anciens, comme Hippocrate, pour toute tumeurs , occupant le nom de genre. Mais d'oedeme. les modernes le prennent plus eſtroittement, à ſçauoir pour eſpece. Doncques Cedcme eſt Gil.de tu.dr * vne tumeur molle,laxe,ſans douleur,procedante d'humeur phlegmatique, tôbant ſur quelque 14 Math. & ' partie. Les anciens ont faict huict difrerences de tumeurs engendrées de phlegme. La premiere eſt le ! *º Glºue. vray Oedeme, fait de phlegme naturel. Et du non naturel meſſe auecques les autres humeurs, ſe font trois !ºº. autres eſpeces : comme s'il eſt auecques le ſang ſera faict oeaeme phigmondes, & ainſi des autres. Dauan-º" tage le phlegme non naturel,eſt ou fiatueux & vaporeux , & engendre la tumeur venteuſe : ou aqueux, & fait l'aqueuſe, ainſi le gros & gypſeux fait les tumeurs noüeuies & phl gmatiques , comme ſont atherom - ta, Strom ita & Meliceuaes : ſemblablement le phlegme corrompu & pourry , les ſcrophules dictes couſu- mierement eſcroüelles Pour comprendre toutes leſquelles eſpeces d'Oedeme metho1iquement , faut no- terque la pituite,dont ſe fait tumeur,eſt ou naturelle,pechant ſeulemét en quantité,dont ſe fait ce que pro- prement nous appellons Oedeme : ou eſt non naturelle, ains corrompue. Or elle ſe corrompt ou par me- lange de ſubſtance eſtrange, comme ſang,bile,& melancholie, dont ſe font les trois eſpeces d'Oedeme ex- Cauſes Pliquez; ou par pourriture de ſa propre ſubſtance, dont ſe font les ſtrumes & eſcroüelles : ou par concre- d'oedema. tion,dont ſe font les glandules, & toutes ſortes de loupes,& nodoſitez , ou par reſolution, dont ſe font les signes d'csi tuueurs aqueux & flatueux , comme l'hydocele, pneumatocele, & toute ſorte d'hydropifie, ſcauoir la pi- deme. tuite amaſſée en certain lieu eſtant reſolue,amplifiée, & eſtendue en eaux,ſeroſitez, ou ventoſites. Les cau- ſes ſont fluxion d'humeur pituiteux, ou vaporeux , ou vn amas dexcremens phlegmatiques ou venteux, amaſſez en quelque partie, à ratfon de l'imbecilité de cuire l'aliment, & chaſſer les excrements. Les ſignes ſont couleur blanchaſtre, ſemblable au cuir ne les changeant beaucoup , à cauſe que l'humeur eſt ſembla- - ble en couleur,tumeur molle,rare, laxe pour la grande humidité, ſans douleur,à ,aiſon que l'Eumeur n'eſt Pronoſtie, chaud ne feruent, comme en Phlegmon, laquelle enfonce ſi elle eſt comprimée du doigt,la partie demeu- rant caue,laiſſant le veſtige dudit doigt,parce que l'humeur eſt gros,cras,& de tard mouuemét. Iceux Oede- mes viennent pluſtoſt en Hyuer qu'en Eſté : car lors il s'amaſſe grande quantité de pituite. Les parties ner- ueuſes & glanduleuſes ſont plus ſuiette à telles indiſpoſitions, d'autant qu'elles ſont exangues ayans moins de chaleur que les autres : pareillement plus laxes & aptes à recenoir la fluxion, Les corps cacochymes, oedens trapuleux & vieils, & qui font peu d'exercice, ſont couſtumierement vexez de telles tumeurs. Or l'Oede-.ſymptomatie me eſt terminé par reſolution ou induration le plus ſouuent, & rarement par ſuppuration , pour la pe- Cure d'oe- tite quantité de chaleur qui y demeure. Celuy qui eſt ſymptome, comme d'hydropiſie ou phthiſie, ne re- deme. soit aucune curatió,ſi premierement la maladie,qui eſt la cauſe n'eſt oſtée.La curation generale conſiſte en deux poinct, à ſçauoirà l'euacuation de la matiere antecedéte,& de la côiointe:ce que nous obtiendrös par - - P 2 quatrx : · - Nue L - 17 ). Le ſeptieſme Liure, quatre intentions, La preºere s'accomplira par bonne maniere de viure,& le m remierein- turelles côtrarians à laº adie,qui eſt froide & humide,& pource tédront à cha - Onc j1 eſli- tention. ralair chaud,ſec & ſubtil.Son boire ſera de bon vin gracieux & delicat : ſon pain ſe1 a bicn Clll »mangera viandes qui engendreront bon ſuc,& pluſtoſt roſties,que boüillies : il s'abſtiendra de frºicts,po§ & de - toutes choſes faites de laict,leſquelles engendrent mauuaiſes humeurs,il n'vſera de poiſſons ſino§ # tiles : c'eſt à dire ceux qui viuent entre les pierres & grauiers:il mangera peu,& boira le moins qu'il pour- | ra,craignant d'engèdrer cruditez.A l'yſſue de ſes repas,il pourra vſer des poudres digeſtiues, ou de dragée | commune : fon ventre ſera touſiours laſche,:& s'il ne l'eſt naturellement,le ſera par art. Il s'exercera mo- derément & principalement deuant le repas,afin de diſſipertouſiours quelque portió de cét humeur &d'ex- º citer la chaleur naturelle.Il dormira peu,afin de n'accumuler par le trop long dormir grande quantité d'ex- ſll cremens. Il ne prendra aucun chagrin, & fuira la compagnie des femmes, tant que faire ſe pourra,s'il a le : corps imbecille , foible & maladif de nature : car par l'exercice venerien eſtant encores dauantage debilité - - oven de ſix choſ jeur & ſiccité.D non #- A | & morfondu, il amaſſe dauantage de cruditez : comme au contraire s'il eſt fort de corps, de ferme & ro - buſte complexion,tel exercice moderément pris,& en temps & lieu,l'eſchauffera dauantage, & ſeichera ſes humiditez & cruditez : car ainſi faut-il entendre la reigle2z. d'Hipp. au 6.des Epidemies ſect.5. que venus eſt remede & guariſon aux maladies qui viennent de pituite, comme l'explique fort bien Galien. La ſecon- de intention aura eſgard à l'habitude de tout le corps, ou de la partie qui ſera la ſource de cét humeur.Car Seconde ih- s'ilprouient de l'eſtomach, ſera conforté : ainſi des autres parties. Si de toute l'habitude du corps,on luy preſcrira medicamens attenuans,inciſifs & aperitifs,& de ce on aura rccours au docte Medecin.La troiſieſme B conſiſte à l'euacuation de l'humeur impact à la partie, ce qui ſe fera par medicamens topiques, leſquels ſeront diuerſifiez ſelon les quatre temps.Car au commencement & augment Galien liu. 2.à Glauc. chap. * Troiſieſme 3. & 14.Meth. commande d'appliquer vn oxycrat auccque vne eſponge trempée en iceluy : & ſi l'Oedeme intention. eſt à vn bras, ou a vne jambe, la ligature expulſiue eſt bien neceſſaire,en commençant de la partie inferieu- - re, finiſſant à la ſupe 1ievre. C u bien on vſera de tels medicamens. 2%. lixiuij ex cinerib. ſarment. & caul. ań.3.iiij. tartar.& alum.añ #. f. aceti 3.i. miſce omnia ſimul, & fiat decoctio : en laquelle feras tremper eſponges ou compreſ'es,& en ſera fomentée la partie.Auſſi pouras vſer de ce cataplaſme.2/. farin.hord. ;. iiij. coquant in lixiuio com. addendo pul. nucis cupreſ balauſt. añ. 3. myr. aloes & alumi. añ.3. 6. oléi myrtill. 3. ij. fiat catapl. En l'eſtat & declination on vſera des medicanmens qui ſont deſiccatifs & reſolutifs, romanta- comme.32. nuc. cupreſ cort gran. fumach. balauſt afi. 3.j. ſaluia,origa. calament. hyſſop. mileſ.afi.m. j. - tien. abſinth. plantag. caud. equi. tapſi barbat centinod.afi.m. 6. alum tart. & ſalis communis añ. 3. coquant. '! - cum lixiuio,fiat fotus cum ſpongia. Apres la fomentation on appliquera tel cataplaſme.2Z. rad.Bryonix. #. ij. abſint. plantag. centinod.camomill. melilot. puleg. an.m. É. coquantur in hydromel. piſtent, paſſentur, - addendo pul. roſar. rubra. camomil. & melil. an.3. 6.far. fabar. & hord. n. 3. olei anet. & camomil.añ. 3.j. fiat cataplaſma, lequel ſera appliqué apres la fomentation. Dauantage tu pourrasvſer d'autres reme- - des reſolutifs, comme emplaſtres, & vnguens ſelon ta diſcretion. Toutesfois il faut premierement eſchauf- Document fer la partie,ſur laquelle on doit appliquer tels remedes,côme par fomentations frictions,& euaporations- pour l, i.une Car autrement leſdites emplaſtres ne pourroient eſtrereduites de puiſſance à effect, pour la grandetintem- Chirurgien. perature , & froideur de la partie, laquelle ne peut cuire, aſſimiler le nutriment à elle neceſſaire, & en- } Fomentatio core moins chaſſer l'humeur contenu en la partie. Les fomentations ſe feront de decoction faicte de ſau- pour confor- ge, rofmarin , thym, lauande,fleurs de camomille, melilot, roſes , racines d'ireos,ſtecas, & autres choſes rer la partie. ſemblables, cuittes en vin blanc,adiouſtant vn peu de vinaigre, en laquelle decoction ſeront eſteintes bri- ques , puis enueloppées auecques linges, & appliquées autour de la partie. Car d'icelles ſort vne chaleur & vapeur, laquelle a vertu de ſubtiliſer, attenuer , inciſer, reſoudre , & conforter ladite partie. Da- uantage, en lieu d'icelles on vſera de bouteilles ouveſſies de bœuf, ou de porc à demy remplies de la ſuſ- C dicte decoction,leſquelles ſeront appliquées chaudes ſur la partie.Les frictions ſe feront auec linges chauds, continuant quelque temps : car elles reuoquent & attirent le ſang & les eſprits, reſoluant quelques hu- meurs fuligineuſes detenues entre le cuir & la chair, dont la partie eſt rendue plus forte & vigoureuſe. tention. i r2 , # , Frictions. -T- –- Des Tumeurs venteuſes & aqueuſes. C H A P. XV II. Generation des ttumeurs venteuſes. v #SN% O v s l'Oedeme ſont compriſes les tumeurs flateuſes ou venteuſes,aqueufes & dures,comme # N\ )% ſont athe romata, steatemata,& 2meliceades.Les tumeurs fiateuſes,ou venteuſes ſont faites d'v- $ ne vapeur flateuſe, qui eſt aucunefois encloſe ſous les membranes & le cuir, & ſous celles - là qui couurent les os, comme perioſte & pericrane, qui cauſe vne extreme douleur pour la di- $ 2 ſtenſion : quelquefois les viſceres, comme ventricule & inteſtins, en ſont remplis, comme - - en tympanites. Elles different du vray Oedeme, d'autant qu'eſtans preſſées auec le doigt, le veſtige n'y ':: demeure, à cauſe qu'elles ſont remplies de vapeurs , & non d'humeurs , leſquels eſtans preſſez reuien- nent, comme il ſe void à vne balle on veſſie remplie de vent. , V. La cauſe de telle tumeur venteuſe, eſt pour l'imbecillité de la chaleur naturelle laquelle ne peut diſſiper ' s Cauſes des & conſommer la matiere phlegmatique diſposée à exciter flatuoſitez : ce qui nous eſt facile à cognoiſtre - : fMme Mr ; par le Soleil ( qui reſpond à noſtre chaleur naturelle ſe leuant au matin) n'ayant ſi grande vertu comme au , "ºſ*- midy, ne peut auſſi facilement conſommer les humiditez qu'ilattire d'icy bas, comme il fait vers le milieu - du iour : & pource s'eſleuent ſeulement des broüillards & vapeurs.Ainſi eſt de la chaleur naturelle,laque1- # le taſchant a conſommer la ſuſdite matiere par ſon imbecillité, n'y peut grandement agir, & pource,cau- | ſe & eſleue ſeulement vn eſprit vaporeux,qui eſt la matiere d'inflation. Dauantage la denſité,profondité,& | craſſitude de la partie, cauſe auſſi telles tumeurs. Car jaçoit que la chaleur naturelle ſoit forte, toutesfois - l'humeur eſtant au profond, ou les pores eſlans reſerrez, cét humeur ne peut s'euaporer, & par ainſi s'ac- cumule petit à petit, & engendre ceſte tumeur. Les ſignes ſont, lors qu'on preſſe des doigts ſur la tumeur, on ſent vne retinence eſtans repouſſés : pareillement quand on frappedeſſus,la partie reſonne, comme ſi on frappoit ſur vn tabourin,& principalement s'il y a grande quantité de vents,en la capacité du ventre , ou entre les grands muſcles. Dauantage la tumeur n'eſt chaude ne rouge , mais pluſtoſt froide & blaffarde, - comme en l'oedeme. Icelles occupent ſouuentesfois les iointures, & principalement les genoüils, & ſont Prºgnºſtic de difficille curation, comme dirons cy apres. Si laventoſité ſe fait aux inteſtins , icelle cauſe vne colique venteuie, qui fait quelquesfois vne telle diſtenſion pour ſa grande quantité , qu'elle rompt & deſchire les intettins, dont la mort s'enſuit. Les ſignes. - • l>es DesTumeurs engeneral 173 À - - - - - - - De la cure l ————-- = -- -- : 1 * " * " - _ -" :: — - XV l I I. : % A curation ſe fera par trois poincts principaux. Le premier eſt touchant la maniere de viure, Premiere 5è qui ne ſera differente à celle de l'Oedeme. Le malade vſera de borines viandes, faciles à di- ſcope tou- gerer & de bon ſuc,pluſtoſt roſties que boüillies : ſon boire fera bien peu, & principalemsnt chant l* de bon vin : il euitera toutes choſes aqueuſes, comme fruicts, herbes & poiſſons, La feconde mºnier° º - intention eſt de conforter les parties ſeruantes a la concoction, à ſçauoir l'eſtomach & foye: º - ce qui s'accomplira par choſes aromatiques, comme electuaires, conſerues, opiates , poudres , comme #end##º diacuminum , aiacalamenthum , aromaticum garyophyllatum aromaticum , oſtum, & autres, que ie laiſſe au do- # •- cte & prudent Medecin. Le troiſieſmeſcope ou intention, eft oſter la matiere coniointe : ce qui ſe fera par pe. medicamens chauds,ſecs,& attenuatifs,qu'on nomme catminatifs,afin que la partie ſoit ratifiée,& l'humeur diſſipé:toutesfois ſeront diuerſifiez ſelon la partie. Car autres doiuent eſlre appliquez au ventricule & in- teſtins,autres auxioinctures,& parties charneuſes.Pour la colique on donne clyfteres carminâtifs,&'on ap- plique ſachets reſolutifs , ſemblablement ventouſes ſus l'vmbilic. Si la tumeur eſt à la partie externe, nous vſons de fomentations,linimens & principalement s'il y a quelque douleur, auſſi de cataplaſmes & empla- ſtres. Comme.2t.flor.camomil. melil rorif. rof. rubranasp.j.abſinth.hiſſop.ana m.ij. coquant cum lixi. ad- dend.aceti parum.pro fotu cum ſpongia.Gal.vſe d'vne fomentation de oxyrhodinum,yadiouſtant quelque Remede, portió de ſel,& enfomente la partie auec vne efponge,laquelle il laiſſe fusicelle,Autre 2.olei camomanet. p i - , rutx & liliorana.3.j. oleilau. 5. 6.cera alb. 3.vj.aqux vitæ $.j. liquefiant othhia ſimul, & ſiat liuin quo meurs ven- liniatur pars premiſſo fotu.%.far.fab.&.orob.ana. 3. iij coquantin decocto pulegij. orig. cala. ſaluia add. teuſes. pul.camom. & melil. ana.3.f. ſulphu.viuiſubtiliter pulut riſ 3. ij. olei anet. & camo ana.3.f. fiat catap. B Autre. %,ſterc, carp.bene tritur. 3.iij.for. camom, metiot ana.m. R. furfur, far fabar & orobana # ij. coquant. cum lixiuio comm.addenditerebent. 3. iij. olei anet. & rutae ana. 3.ij fiat emplaſad vſum diäum. l'emplaſtre de Vigo eſt fingulier pour tel effect,cum mercurio & fine mercurio. Il faut noter que tels medi- camens doiuent touſiours eſtre tenus chauds par le moyen de linges chauffez , ou briques rouges, cu bou-' teilles miſes autour de la partie, comme auons dit en l'Oedeme. ' . . 2 . - , ::: . Apres auoir reſoult l'humeur contenu à la partie,il reſte à la fortifier,afin de ne plus receuoir tel humeur ! qui ſe fera par le moyen d'vne telle fomentation & cataplaſme.2( nucum cupreſcortic.granat.ſumach.ber- berbalauſtana jjcaud.equi.arnogl.tapfi barbat abfint.ſalu.roriſ.lauand. ana m ß. camomil. meliot. roſar , anthl. anap, j.alum,& ſalis communisana.3.j.bul.omnia in œquis partib.aquae.fabror & vini auſturi,& fiant feculi pro fotu,aut decoctio pro fotu cum ſpongia. 2%. far fab hor. & lup.añ.3.ij.tereb. comm. 3. iij. pul.' rad.ireos.maſt.an. 3. ſ. mellis comm. 3. ij. ß. prœdictæ decoctionis quantum fatis,vt inde fiat cataplafmaad . formam pultis ſatis liquida , applic. partib.affect.calid pra miſſo fotu. Et continuerez ce medicament tant qu'il ſera beſoin. Quant à la tumeur aqueufe, les ſignes ſont ſemblables à ceux de la ventouſe. Et d'abon- dant,eſt reluiſante, & autact faict vn bruit comme vne veſfio à demy pleine d'eau, Quant à la curration ſrº nous ne pouuons paruenir à la reſolution, on viendra à l'apertion, comme auons traicté au phlegmon,la- -- . quelle eſt icy quelquesfois neceſſaire.non ſeulement à raiſon de la contumace de l'humeur qui n'obeyt tous jours aux reſolutifs : mais auſſi à cauſe que fouuent ſe trouueenfermé en vn Kyſt ou membrane , qui luy eſt propre,à raiſon de la denſité de laquelle la force des reſolutifs ne peut penetreriuſques à l'humeur. Comme - ces iours paſſez i'ay experimenté en l'ydrocelle d'vne fille aagée de ſix à ſept ans, pour laquelle refoudre, #- aqueu- ayant en vain experimenté par vn long temps tous les reſolutifs que l'art m'auoit enſeigné , ie fus enfin " ". C contraint venir à l'ouuerture pour donner iſſuë à l'eau contenuë, enſemble attacher, & trencher la mem- brane qui contenoit ladite eau,comme peut tefmoigner Monſieur Hautin Docteur en Medecine, qui m'auoit fait appeller pour l'execution. - des Tumeurs venteuſes & aqueuſes. . C H A p, - - De ls tu- •. º- D'Atherome, Stetatome, & Meliceride . C H A P. XI X. VO Y que ces tumeurs ſoient du genre des apoſtemes , toutesfois elles different ; parce que leur matiere eſt contenue en vn Kyſt,c'eſt à dire,de dans vne membrane ou petite bourſe, g]N Auſſi la difference qu'il y a entre ces trois efpeces, eſt que l'humeur contenu dedans le steato- º# me (ainſi que ſon nom le porte) eſt vne matiere ſemblable à du ſuif,& que quelquesfois on y " trouue des corps durs & pierreux, & autrefois comme petits os, & des ongles de coq. Pilo- xene dit y auoir trouué des animaux ſemblables à des mouſches , & autres choſes eſtranges. Et dans l At- herome eſt trouué vn humeur ſemblable à boüillie qu'on faict manger aux petits enfans, & dedans le me- liceride , vn humeur ſemblable à du miel commun , en couleur & conſiſtence. Ces tumeurs ſe font ſans que nulle inflammation aye precedé. On les cognoiſtra les vnes des autres en ceſte maniere : c'eſt que le Steatome eſt plus dure que les deux autres,& n'obeit promptement aux doigts quand on preſſe deſſus,& les *yant oſtez mal-aiſément auſſi retourne,c'eſt à dire ; ſe releue à tard.parce que l'humeur eſt gros.La tumeur eſt de couleur ſemblable à la peau & ſans douleur,la figure de la tumeur eſt longue Le Meliceride obeit & cede comme vn corps laxe & mol : quand on le touche il ſe diſperſe & dilate promptement, puis ſubit re-Melicerid. D tourne, & differe en figure & ſubſtance de l'Atherome, parce que la figure eſt plus ronde,& la ſubſtance de l'humeur plus ſubtile,& dauantage eſt tranſparente. Auſſi le Meliceride eſt plus large que l'Atherome,& fi ºn la foule auec les doigts,plus ſoudain elle obeit,& apres les auoir oſtez auſſi ſubit retourne,& ſans dou- leur,& de figure ronde or quand à l'operation manuelle, il n'importe ſi l'humeur contenu eſt ſemblable à miel, boüillie ou ſuif,ou de quelles eſſences elles ſoient. Car nous auons vne ſeule intention,qui eſt d'oſter Cure. l'humeur contenu en la partie,enſemble la bourſe contenant ledit humeur. Toutesfois il faut noter,qu'au- cunes de ces tumeurs ſont eſleuées ſuperficiellement,& quand on les touche,ſont mobiles:les autres au con- Teſtude, traire ſont entrées & infiltrées, & profondement aux parties prochaines & fixes , ſans les pouuoir remuer qu'eſt - ce de coſté ne d'autre, & telles requierent grande diligence & dexterite à l'operation manuelle, à cauſe du Talparia- danger du flux de ſang,& inciſion des nerfs. Il y a pluſieurs autres tumeurs contre nature, comme Teſtudo, Wata, Glandula, Nodus, Botium, Lupia, ( c'eſt loupe) & ſemblables : leſquelles ſont de meſme genre que 4theroma sretatoma,& Meliceri : car elles ſont toutes èngendrées d'humeurs pituiteux,gros,& viſqueux. Et comme en ces trois icy il ſe trouue de l'humeur ſemblable à boüillie, ſuif, & miel : ainſi és autres s'en trouue, non ſeulement de pareils, mais auſſi des corps qui ont bien forme plus eſtrange, comme nous di- Glandula rons cy-apres. Or d'autant que les anciens n'ont fait aucune mention de ces tumeurs , au moins ſous tels noms, nous dirons briefuement ce que les moderaes en ſentent , commençans à Teſtudo , qu'ils - P 3 diſent Les ſignes de Stetaeme. Atheroame I 74 Le ſeptieſme Liure, 9)uatrieſme maniere. Cinquieſme maniere de la guariſon. des Loupes Choſe nota- ble. Hiſtoire d'vne Loupe é'/20)rf77e. Pregnoſtic. Hiſtoire. Autre hi- ſioire. diſent eſtre vne tumeur contre nature molle & large,de la figure d'vne tortue,dont ellea pris le nom.Quel- A quesfois elle vient en la teſte,de la figure d'vne taupe,& lors ſe nôme Talpa tº,Nana,eſt vne grande excroiſ- ſance charneuſe de la forme d'vn melon, ou comme chair de feſſes dites Nates en Latin, dont luy peut eſtre eſcheu le nom , fi ce n'eſt qu'elle vienne aux feſſes, pluſtoſt qu'en autre membre. Glandula, eſt vne tumeur ainſi dicte,parce qu'elle reſſemble à vn gland ou vne glande : ou parce qu'elle eſt plus ſouusnt engendrée és glandes des emunctoires. Quant aux ſcrophules , nous en parleronsau chapitre ſuiuant. Noau , eſt tu- meur ronde , dure & immobile , ainſi dite par ſimilitude qu'il a d'vn nœud de corde. Guidon dit qu'il ſe trouue volontiers és lieux nerueux. Mais nous le prenons auſſi communement,& improprement,pour vne tumeur dure qui vient és os , laquelle eſt aſſez frequenteaux verolez. -' - ' s - Des Loupes & autres ſemblables. - CH A P. X X. fº@ V p 1 A , ou Loupe, eſt tumeur quelquesfois molle, aucunefois dure, touſiours ronde, pre- # nant naiſſance le plus ſouuent és lieux durs,ſecs & nerueux. Or de toutes ces tumeurs, cy ex- # pliquées,les vnes ſont grandes,les autres petites : aucunes ſont mobiles & ſeparables d'auec la # partie où elles ſont , parce qu'elles ont vn Kyſtis ou ſachet : autres font immobiles , d'autanr qu'elles n'ont point de ſachet , ains ſont infiltrées & attachées en la partie d'où ils naiſſent. Couſtumierement les Loupes ont vn ſachet,& de la curation d'icelies nous entendons traicter maintenant, parce qu'elles ſont les plus difficiles a guarir , principalement eſtansinueterées. Leurs cauſes primitiues B ſont coups orbes, cheutes de haut, deſtorſes, & autres. Les antecedentes & conioinctes,ſont celles que nous auons dites au commencement du chapitre precedent. Leurs ſignes doiuent eſtre recueillis de leur deſcription. Pour la curation de celles qui commencent encores a venir, & ſont petites , il les faut ſou- uent frotterauec la main.Car par ce moyen on ſubtiliſe,eſchauffe,& fouuét reſoult-onl'humeur qui eſt cö- tenu.Si cela n'y fait rien,faut preſſer deſſus auec la main,ou auecvne petite piece de bois,ſifort que le Kyſtis ſoit creué ou rompu. Quand il ſera rompu , on appliquera vne lame de plomb,frottée de vifargent, & liée deſſus bien eſtroittement.Car elle a vne merueilleuſe vertu de conſommer,reſoudre,& tarir l'humeur con- tenu en quelque partie, comme ie l'ay pluſieurs fois experimenté. Mais ſi la Loupe eſtoit en lieu où on ne peuſt faire compreſſion,comme au viſage,au thorax,au vétre,à la gorge, on y mettra vn emplaſtre reſolutif, tel qui s'enſuit.2/.gummi ammon. bdel. galb.an.3.iij.liquef.in.aceto,& paſſent per ſetaceum,addendool. lil, & lauari. an. 3.j. aq.vitæ parum pulu.ireos,ſalisammo ſulphur.viui,vitrioli Rom.an.3.ſ incorporentur omnia ſimul, & fiat emp. ſecun. artem. Si par tout ces moyens la tumeur ne ſe peut reſoudre, la faut ouurir auec lancette,ou cauteres,faiſant aprestomber l'eſcarre,& conſommer entierement le Kyſtis auec egyptiac, poudre de mercure,& ſemblables. Puis l'vlcere ſera mundifié,incarné,& cicatrisé.Aucunefois elles ſont ſi groſſes qu'elles ne peuuent eſtre guaries par les remedes,ſuſdits, & alors eſt beſoin de venir à l'œuure ma- nuelle, pour en faire entiere expiration, pourueu qu'elles ne fuſſent par trop grandes & enormes , ou fort adherentes & infiltrées aux parties,ou ſituées en lieu dangereux,côme ayant colligance auec groſſes veines arteres,& nerfs.En tel cas il vaudroit mieux les laiſſer:mais ſi on cognoiſt par le contraire,qu'elles ſe puiſſét amputer,il y faut proceder comme s'enſuit.Il faut donc faire vne petite inciſió au milieu,peneträte iuſques au Kyſtis,& par icelle faut mettre vne ſonde groſſe de demy doigt,röde en sö extremité,caue au milieu,lö- C gue tât qu'il ſera beſoin:& la pouſſer entre le cuir & ledit Kyſtis,tuſques à la racine de la loupe,pour couper le cuir tout le longd'icelle s6de.Derechefconuient faire vne autre inciſion au trauers de la premiere,ſi que ces deux faſſent vne croix.Cela fait ſeparer le cuir de côtre le Kyſtis,cömençant aux angles,& finiſſansvers la racine de la loupe,& ce auec les doigts enueloppez d'vn linge bien delié,ouauec le raſoir,s'il eſt beſoin. Il faut icy noter qu'il y a touſiours quelques vaiſſeaux,leſquels en leur commencement eſtoient petits,mais auec le temps ils ſe ſont agrădis & dilatez pour la nourriture de la loupe,de laquelle ils ſont côme racines. Donc ſi d'auenture en ſeparant le cuir,il ſuruiét flux de sâg de quelques veines ou arteres, il ſera arreſté en les liant vers leurs racines : ou ſera faicte vne bonne & forte ligature en la racine de la loupe,auecques me- nue ficelle ou filets en pluſieurs doubles,laiſſant les bouts dehors,& permettât que le nœud tombe de ſoy- meſme. Or ne ſera-ce aſſez d'auoir amputé toute l'excroiſſance de la loupe,mais conuiendra auſſi inciſer & couper du cuir qui la couuroit & reueſtoit, afin qu'il n'en demeure non plus qu'il en faut pour couurir la partie. Apres on fera des poincts d'aiguille pour reünir les lévres de l'inciſion mettât des tentes aux parties inferieures iuſques à pleine mundification,apres laquelle ſera la cure pourſuiuie iuſques à la cicatriſation. Le ſemblable aſté pratiqué par maiſtre Laurent Collo, Chirurgien ordinaire du Roy, & moy preſent Mon- ſieur de Violenes Docteur Regent en la faculté de Medecine a Paris,grandemét eſtimé entre les gensdoctes en la perſonne de Martial Colart,Preuoſt de Barbonne, demeurant à deux lieues de Sedane:lequel en auoit vne derriere le col de groſſeur de la teſte d'vn hôme,peſante huſct liures, luy faiſant telle peine qu'il eſtoit côtraint la ſupporter ſur ſes eſpaules auec vne ſeruiette en maniere de ſac,laquelle amputatiô fut ſi heureu- ſement par nous deux faite & executée que le malade guarit. Si leſdites tumeurs ont leur baſe greſle, & le ſommet large , il les conuient lier ou couper par leur pied ou racine:& ſi elles ſont engendrées à la gorge pres les iugulaires,aiſſelles,& aiſnes,& ſous les jarets : ſont tres difficiles à extirper, pour les accidens qui ſouuentaduiennent. Au commencement ſont fort petites , puis peu à peu parvn longtemps croiſſent , à ſçauoir,de quatre,cinq,ſix,& ſept ans,quelquesfois moins ou plus.Aucunes d'icelles sót fort dures,aucunes molles & obeiſſantes à toucher , & toutes pour la plus part ſont ſans douleur. On peut dire par coniecture ſeulement ce qui eſt contenu en icelles,mais on ne le peut certainement cognoiſtre,ſi ce n'eſt alors qu'on en fait apertion. Toutesfois à celles qui ont grande dureté & renitence,le plus ſouuent eſt trouué des matieres · ſemblables à petites pierres,& autres corps eſträges. Ie trouuay en vne mammelle d'vn grande Dame,apres eſlre decedee,eſtant appellé pour l'ouurir,vne ſubſtance groſſe comme vn œufde poulle, dure & compacte ainſi qu'vne pierre,aſpre & maſſiue,de couleur blanche:& pendant qu'elles viuoit,les Medecins & Chirur- giens eſtimoient eſtre vn chancre , à cauſe que ceſte dureté luy cauſoit vne grande douleur ſeulement quâd on la comprimoit tant peu que ce fuſt. Encores depuis n'agueres i'ay eſté appellé pour vn ſéblable cas ad- uenu à vne honorable & ſage Dame,où pluſieurs tant Medecins que Chirurgiés diſoiét eſtre vn chancre,& tins le contraire, à cauſe que ceſte tumeur n'eſtoit adherante § joinct qu'il n'yauoit point de mauuaiſe couleur à la partie,ny veines tumefiées ny,autres ſignes vrais & demóſtratifs de châcre.Car ladite Dame eſtoit bien reglée de ſes mois,la couleur du viſage & tout le corPs bien habituez,eſtant ſans douleur , ſi on ne preſſoit contre ladite tumeur. Dauantage pour demonſtrer que ce n'eſtoit vn chancre, la tumeur n'eſt iamais augmentée , ny aucun accidcnt ſuruenu : au contraire eſt gaillarde & bien diſpoſée, tant de ſºn corps que de l'eſprit. - J , * : | # :" |. , Des Tumeurs en general 175 —- l- Des Scrophales ou eſeroüelles. CE 4 t. XXI. E s Eſcroiielles ſont tumeurs œdemateuſes, faictes aux parties glanduleuſes , comme aux Gal. liu.de3 nammelles,aiſſelles, & aux aiſnes, & le plus ſouuent a èelles du col. Elles ſont vne ou plu- rumeurs ieurs ſelon la quantité de matiere dont elles ſont procrées, & ſont quaſi touſiours enueſop- cºntre natu- pées envn Kyſt ou membrane prope à eîfes,comme les Atheromes,Stetatomes & Melicerides. : & * ! *: Elles font faites & engendrées de pituite gypsées, groſſe, viſqueuſe, & lors qu'il s'y m ſle de de la Metho- l'nume u T rr2elancholic, s'eſchauffent & deuiennent malignes , & font vlceres corroſifs, & chancreux, qui de. § 1a ſubſtance des glandes & des parties voiſines & adone ſont incurables.D'abondant ce meſchant humeur ** urt par le corps,& ſouuét où il s'aſſied, altere & pourrit les os, & rend les pauures eſcroüelleux §brilcs : *** fin meurent miſerablement, languiſſans, tâbides,arides & ſecs, ſans pouuoir trouuerguariſon § Medecº & Chirurgiens. Aucunes ſont fort douloureuſes, principalement quand l'humeur s'eſchauffe & ie Pº> urrit, & degenere en vlceres chancreux,& alors il n'y faut aucunement toucher auec ferremens ny | diearnenºººº Philippe ingraſſias.docte Medecin de sicite en ſon liure qu'il a composé,intitulé pe tu- Hiſtoi mo , z é ** rreter naturam, tome 1, chapitre 1. liure 1. recite d'vn certain More , lequel fur pendu pour larcin, d' # du que ! fut faicte anatomie en bône & grande compagnie,où ledit Ingraſſias prefidoit,& fut trouué au Me- # #. ze nter* ſoixante & dix petites tumeurs & ſerophuleuſes ayans chacune d'icelles ſon Kyſtis,leſquelles adhe- p roient cº la membrane externe des inteſtins,les vnes pleines d'vne matiere endurcie & pareille à plaſtre les autres d'vne matiere viſqueuſe & gluante , les autres d vne matiere plus liquide.Et eſt a noter,que le More au c>ir le* autres parties du corps fort ſaines & entieres, principalement le foye & rate, comme recite l'au- B tc 11r Preallegº. Dequoy il collige, que Nature renuoyant tous les excremens de ce corps ſur le Mezentere Le mezente- &- Partic* voiſines , auoit repurgé & nettoyé les autres, & icelle maintenues en ſanté : de ſorte que ledit re eſt , cmne # # - fut tant qu'il a veſcu peu ou pºint malade Quieſtl'aduisauſſi de Monfieur Fernel,liure º. chapitre 7. vn eſcºus de o , 11 traicte des maladies,cauſes & fignes du Mezentere & Pancreas : Sçauoir eſt,que tels abſcés & tumeurs corps, contre naturc ſe font par vne deſcharge de nature,laquelle eſtât preſsée de pluſieurs excremens,les réuoye vers le Mezentere,& Pancreas, comme dedans vn cloaque ou eſgout de tout le corps:car ceux qui ſont in- teroperans & exceſſifs au boire & manger, amaſſent grande quantité de toute ſorte de pituite & cholere, la quelle ſi elle ne ſe purge en temps & lieu,croiſſent au ventricule foye & ratelle.Nature forte par apres la §uoye dedans le Mezentere & Pancreas,par les rameaux,qui de la veine Porte s'inſerent & ſe perdent de- dans 1e Pancreas & Mezentere.Parquoy ce n'eſt ſans cauſe ny ſans grande raiſon & experience(veu que ces parties reçoiuent tant dextremens) que ledit Fernel afferme & aſſeure auoir trouué ſouuent la cauſe & ſie- ge des felons , on dyſcenteries, melancholique, hypocondriaques,diarrhées, atrophies,langueurs, fiévres ſentes , & erratiques , en icelles parties. Pour retourner à noſtre propos, ledit Ingraſſias raconte l'hiſtoire que deſſus , pour confirmation de ce qu il eſcrit auoir leu en Iulius Pollux, que les eſcrouelles s'engen- drent quelquesfois au Mezentere.Ce qui eſt côforme à la doctrine de Gal.lequel veut les eſcroüelles n'eſtre autre choſe que glandules ſcirrheuſes & endurcies. Et pour la confirmation de cecy , i'atteſte auoir trouué Atteſtation au corps morts, qui auoient des eſcroüelles aux parties exterieures plufieurs tumeurs glanduleuſes au Me- del'Autheur zentere,groſſes comme noix, noiſettes, poix,voire auſſi groſſes que le poing, dans leſquelles eſtoit conte- nue vne matiere gypsée, & autre matiere purulente. Quant à la cure, elle ſe fera en ordonnant le regime, . C faiſant vne treſgrande diette pour rendre nature famelique,afin qu'elleconſomme & digere les humeurs ſu- Per-abondans. Dauantage le Medcin ordnnera medicines pour vacuer les humeurs ſuperfiues. Sembla- Cuvé. lement le Chirurgien appliquera les remedes ſelon qu'il cognoiſtra eſtre neceſſaire au parties exterieures, #ºmme remollitifs,& reſolutifs, & ſuppuratifs, ainſi.2/.mucag. alth, fœnug & ficuum ping.an. 3 ij. olei #. & cammil. an.3.j. pingued. an1er. & axun. porc.an. 3.6.tercbent.Venet.3.j. fi. aimoni. & galba. *cero diſT. an.3.j. ceræ noux quant ſatis, fiat cerat, ſecundà partem, ad modum diachil.mag Le lini- - § -- »-2-G. G iiico,& l'emplaſtre de Vigo cum Mercuri3ſont tres excellens en tel cas, voire faire frotter ànt # *ºie dudit liniment, iuſques à la ſaliuation : car par ce moyen nature ſe deſchargera de l'humeur cau- E§ e † que i'ay fait aucc heureuſe iſſue.onverſera ſemblablemét de ces remedes ſuiuans.#. - rtm - , •dia il.alb. & mag. cerot œfipi deſcriptionis Philag.an. 3. ij. ter.bent carz. 3. j. olei lilior. pa- Emplaſtre. sion- e at empl ſatis molle Et ſi leſdites eſcrouelles ne peuuent eſtre ſoultes,& qu elles tendent à ſuppura- - iij ,s me ſouuent il aduient, alors on vſera de remedes ſuppuratifs, comme #. rad & alth.lilios. an. - . - # " sºsi-insqua comm piſtent paſſent addend. capit allºorlub cinerib. coctor.3. iij. olei liior. & ping. ºººººſºº le CH i s anat.an. 3.j 6.far. ſem. liniquant. ſatis, vt inde formetur cataplaſma, vt ars docet. Or il faut que ſuppuratif mattar-e ºrgienſoit aduerty,qu'auparauant qu'il face ouuerture auſdites eſcrouelles, faut laiſſer à perfection difficiI * toute la tumeur, & entierement ſuppurer : autrement le reſte demeurera crud, & par conſequent Ineurs •s long à guarir. Ce qui ſe doit pratiquer non ſeulement és eſcrouelles , mais auſſi en toutes tu- voir -- # v si doiuent ſuppurer, eſquellesil ne faut pas que le Chirurgien ſe haſte de faire ouuerture , pour ce c s s petite portion de l'humeur venue à maturité : ( ſi ce n'eſt en la peſte,charbon & Parotides.)Car au* «Scs *Ynencement de Pus, qui eſt ja cuit, fait que le reſte meurira & ſuppurera pluſtoſt. , Ce que l'on void aprss n sinanimez : comme lors qu'vne pomme commence à ſe pourrir , ſi l'on n oſte la pourriture, toſt #es , s reſte pourrira : & pour le conſeruer de non ſi toſt ſe pourrir , on oſte ce qui eſt ,a gaſté:ainſi eſt-il cauſes **rseurs contenus aux tumeurs contre nature.Ily a vne autre raiſon : C eſt que la chaleur naturelle eſt aiſS - ssEciente de ſuppuration. lcelle donc par ouuerture precipitée eſtant diſſipee & rendue moindre à N le CHN i •qu'à telle ouuerture s'enſuit diſſipationd'eſprits,le reſte demeurera crud & inſuppurable, #t Partant # ronge - Comparai- ſon. cors srgien aura eſgard à ce precepte qui ſe dºit entendre, ſi la partie où eſt la tumeur, n'eſt ſujette à #º#. desu tion ,comme au fiege : ou ſi la matiere contenue n'eſt veneuſe, ou critique Il y a vne autre maniere rer le, eſ- . ficieY l s r les eſcroüelles,qui eſt par l'opperation de la main du Chirurgien,lors qu elles ſont au col & ſuper croisell s,pri- hors ss , faiſant vne inciſion, afin de les ſeparer des parties où elles ſont attache es, Puis tirººs & coupées ſe , , Yot i # ais enfaiſant tel œuure ſe faut donner garde de toucher la veine lugulaire , ou autre & lartere ca-cb. de, apo- §s Se nerfs recurrens : où il y auroit danger de flux de ſangs apres les auoir ſeparées du cuir , les fau- ſi.mes Tms § tier en leur baſe, en paſſant vne eſguille enfilée, les liant & ſerrant desdeux coſtez > afin que d'-llcs froids s tombent petit à petit ſans danger. Cela fait, , on traittera l'vlcere ainſi qu'il appartiend1a. Hihoire aigne a'eure bien confiaerée tant des Medecins que Chirºgºns- - Hiſtoire. *fabeau Rolant, femme de iean Bony, demeurant en rue Monceaux Pres S Geruais ou pend pour enſei- L.,eſ rouel. ºs la roſe rouge, aagée de ſoixante ans, le xxij. Octobre 1578 fut ouuerte ( eſtant morte ) par l'ordon- les occupeut nance , & en la preſerce de Monſieur Milot, Docteur Regent, & Lecteur es eſcholes de Medecine : & fut le Mezente- ºouué § & Mezentere d'vne groſſeur merueilleuſe & preſque incroyable, peſant dix liures & de * l' 4 I04C • - - 2 -- - -- | 17 6 Le ſeptieſme Liure, e mic, tout ſcirrheux par dehors , adheroit ſ mºt aux vcrtcbres des Iambes, & pardº # Petitoine, A ·! º«. lequel eſtoit pareillement tout ſcirrheux & ſemblable à vn cartilage : duquel fut fait le # "hain diſſe- aui aſſiſte- ºton & dcmonſtration au logis dudit ſieur Millot,en preſence de monſieur de varades M - " , " & conſeil- #, § § : ler du Roy , & Dôyen de la faculté de Medecine : monſieur Broüet Medecin du Roy,& de ºnſeigneur 1e , " Cardinal dc Bourbon : meſſieurs Cappel,Marelcot,Arragon , Baillou, Riolant, Docteurs Fº°gens en la fa- - - culté de Mcdecine : Pineau,maiſtre Chirurgien : I'y aſiſtay auſſi,& plufieurs autres,& fut trouuéen icelles 1 , vne infinité d abſces , ayans chacun ſon kyſtis, les vns pleins d'vne liqueur pareille a huille doliue, les autres à miel , les autres à ſuiffondu , les autres a la boullie,les autres a l humeur albigineux , les autres à l'humeur aqucux bref autant qu'il y auoit d'abſcés , sautant ſe trouua-il en iceux de diuerſe matiere. . Or eſt-il à noter qu'il y auoit huict ans & plus que ladite tumeur auoit commencé, & s'eſtoit accreuë de plus en plus, ſans douleur toutesfois : de fait, le Mezentere n'a aucun ſentiment : & auoit ladite Roland ſes aétions animales, vitales & nâturelles libres (peu s'en falloit ) comme en pleine ſanté, hormis deux mois auant que mourir , qu'elle s'allita pour cauſe d'vne fiévré continue qui ne l'abandonna iuſques à la mort;. , comme auſſi pour cauſe de la peſanteur de ſon fardeau, lequel elle diſoit auoit ſenti comme ſe deſraciner. De fait, ilſe trouuaadherent ſeulement aux vertebres des Lotnbes & Peritoine,comme a eſté dit cy-deſſus, & nullement aux boyaux & autres parties,eſquelles il eſt naturellement attache.De facon que tombant ſur " la veſſie , & preſlant icelle luyIcaufoit difficulte d'vriner , comme auſſi preſſans les boyaux luy cauſoit dif- ficulté d'aller à la ſelle, de ſorte qu'elle n'y alloit que prenant quelque medicament par la bouche.Quant aux clyſteres,ils ne pouuoient entrer : les ſuppoſitoires ne luy profitoient de rien. Elie auoit auſſi difficulté B, de reſpirer , pour la compreffion du Diaphragme. Aucuns des Medecins qui la penſoient, auoient opinion que c'eſtoit vne mole , les autres que c'eſtoit hydropiſie : de fait l'hydropiſie s'enſuiuit, & fut tiré vn ſeau . ! . , ... -- d'eau,& plus de fon corps. Ce qui aduient principalement pourle foye, qui eſtoit tout ſcirrheux & remply - d'abſcés, tant en dehors qu'en dedans. La rate ſe trouua auſſi toute pourrie, les boyaux & omentum l'iui- . - des & tauelez : brefil ne ſe trouua partie aucune entiere en tout le ventre inferieur. - - - - · · · Du Ganglion. C H A P. XX I I. º ° - - : - - • Me,ie. t * ; Supreſſion d'vrin c . " - - • A N e L 1 o N , eſt vne petite tumeur ronde , qui vient ſouuentefois aux poignets des mains (! ou pres les cheuilles des pieds,côbien qu'elle ſe face auſſi aux autres parties du corps, & s'en- - :: gendre à la ſuperficie du cuir, & non au profond. La cauſe eſt, quand le nerf ou tendon, eſtant debilite par contorſion , ou extenſion,ou par coup, ou grand trauail,ou autre accident, nature ne pouuant faire bonne concoction & aſimilation de ſon nourriſſemét,engendre vn ccr- -- tain humeur froid & gros de ſemblable qualité que ſon nourriſſement, lequel peu à peu s'accumule à l'en- - tour des fibres, & meſine,en la propre ſubſtance des tendons, dont ceſte tumeur eſt dure,faite de matiere - pituiteuſe & melancholique. A celles qui ſont pres les tendons, & aux jointures,ne faut toucher par fer- Cure du rement ; Mais y appliquer ammoniac. & galbanum diſſoult en vinaigre & eau de vie.Autre. 2é gummi 2IIlIIl. Gºntlie» & ſagab. in aqua vitæ diſſol.añ. 3.j. coqu. ſub cineri.calid.ad formam empl ſub finem adde ſuſphur viui tº ººº frº ſubtiliter pul. 3.6. fiat empl. ad vſum.Auſſi l'emplaſtre de Vgo cum mercurio duplicato. Et apres l'auoir * º amolli faut frtoter & preſſer deſſus,tant & ſi fort qu'on rompe ſon Kyſt : ce que i'ay fait par pluſieurs fois. - T)efinition. - Cauſe. La lamine de plomb, frottée de vif-argent, appliquée deſſus auec forte ligature , les conſomme , PrinciPa- #. lement quand on a rompu le Kyſt Il y a des petits glanglions, qui ont leur racine greſle & menue,leſquels J. 4 . ſeront liez, les ſerrant de iour en iour, tant qu'ils ſoyent tombez. Le reſte de la curration 1e fera comme il - appartiendra. C , ,- - • ! Des Verruès ou pourreaux, dittes Myrmecies, _Acrochordon, Clauue, :: ou Clou º§ ,Sarcoma, ou Fungus. , CH A P. XXI II. - s L y a de cinq ſortes de Verrues, à ſçauoir, Myrmecies, deſquelles l'eminence e# petite,cal- leuſe, ronde, & eſpeſſe, large, & leur baſe n'excede gueres la groſſeur d vn lºpin. Elles - naiſſent communement aux mains de petits enfans, & aucunefois viennent ſubitement , auſſi #. s'éuanoüiſſent tout à coup, & peu ſouuent viennent pour vne ſeule, mais ſont pluſieurs El- ": - les ſont curées, v appliquantdeſſus du pourpied pilé, ou fueilles de ſoucv, auccvn Peu de i ſel. Auſſi les guarit l'huile de fourment,de ſoulphre, ius de chelidoine, le laict de tithymal. ! . - TDes PorreAux. - / A » « : | Il ya d'autres verrues appellées Porreaux.Le nom de Pourreauleur a eâé donné,à cauſe qu'il a la teſte de - Porreaux. Il y a des petits filets qui reſemblent aux racines trouuées auſdites verrues porracées. Pour leur - cure, il les faut lier ( ſi faire ſe peut) pour les faire tomber : eſtans tombées on mettra deſſus de la poudre . • de Sabina, & de l'ocre, faite ainſi. 2& foliorum ſabina 3 ij. ocrha 3.j. pulueriſentur ſimul : fiat puluis. En s lieu du fabin on prendra de la poudre de hermc lacte bruſlée.Si pour telles choſes ne s'amortifioientºonles } touchera d'huyle de vitriol,ou eau forte, ou vn petit grain de cautere potentiel,Pourueu qu'il n'y aitgran- | de douleur & inflammation. D : - - JAtrot hordon. ' , Acrochordon eſt vne verrué pendante, ayant ſa baſe fort pctite, eſtant calleuſe , ſans douleur,de figure | ronde, n'excedant la groſſeur d'vne febue : quelquesfois elle ſuppure. On la cure par ligature»Par ſection, - & par vnſtion, & par les arracher. - : (lauius. - - - · claus, ou clou, nommé des vulgaires cors, eſt vn durillon qui vientaux jointures des arteils, & ſous - la plante des pieds, ayant ſa racine dure,ancrée & fichée profondement,comme s'il naiſſoit du Periºte des os. Ils cauſent vne douleur piquante, comme ſi on eſtoit picqué d'vne Pointe de clou, lors qu OIl chemine ou preſſe deſſus.La cauſe vient pour auoir porté des ſouliers trop eſtroits,ou auoir cheminé longuement* t pied. Leur cal eſt dur & eſpés, comme la corne de lanterne, c'eſt pourquoy ſont appellez corps Pour les curer il les faut coupor iuſques au ſang & pour faire mourir leur racine,ony appliquerºdº ! huile de vitriol ou l'eau forte. on fera eſſay premierement en y appliquant des aulx pillez deſſus, ou de la gomme aººº- niac diſſoulte en eau de vie , ſi elles retournent apres eftre guaries, on fera le remede comme deuant.Nota qu'au milieu s'il s'y trouue vne petite dureté noire,il faut plonger vne pointe d'aiguille aſſez profondement» & la leuer en haut, & la couper : car c'eft la racine du dudit cal. Thymus Des Tumeurs en general. 177 Thymur. " rhym11s eſt vnc petite verruë eminente , moindre beaucoup que l'Acrochordon , repreſentant en haut la feur du Thx'm : Partant a eſté nommée Thymus. Elle eſt dure & raboteuſe, eſtroitte en ſa baſe, & vient §nér12 ent aux hommes entre le prepuce & le gland,& aux femmes au col de leur matrice, engendree d'humeur rx2 elancholic de maligne qualité > & ſouuent de la verolle Pour la cure,ſi elle peut eſtre liée,elle le ſera,V ar-P-liquant deſſus de l'huile de vitriol : poudre de ſabina,& ocre,comme auons dit.Si elle vient de la ver61le-1** patiens ſeront traictez comme il appartient à telle maladie, ou autrement n'en pourront eſtre curez.Cºr ſa : tes verrues viénent ſouuent au col de la II12tl 1CC des femmes a ucunes à la ſu perficie ſeulement, & ſouuen t ** milieu,ou au profond:quelquesfois il n'y en a qu'vne ſeule,& quelquesfois pluſieurs.Aucu- §e Peu douloureuſes, les autres font tres grand douleur, Aucuns guariſſent les liant, & appliquant les reme cies cy-deſſus mentionnez auec la pouldre de ſabina (laquelle opere par vne proprieté occulte) & par vne aecoction faite de ladite ſabina, adiouſtant de l'onguent Egyptiac,y laiſſant dedans vn peſſaire trem- pé en 1a dite decoction. En fin par vne autre iniection d'eau bien aſtringente, & deſiccatiue ſans acrimonie. par ces rnoyens 1 en ay pensé beaucoup qui ont eſté guaris,les autres non,parce qu'elles eſtoient de mauuai- ſe qualité,engºdºº d'humeur melancholiciioinct auſſi qu'elles ſont ſouuent en ſigrande quantité,qu'el- les occvn Penº la capacité du col de la matrice,qui cauſe de grands accidens,comme douleur cuiſantes & les pauures patiens diſent y auoir le feu,qui fait qu'ils ne peuuent cheminer,ny ſe tenirdebout,ny aſſis,à raiſon qu'elle s frayent les vnes contre les autres, & qui fait auſſi qu'elles iettent beaucoup de ſang. Elles degene- rent ſouuent en chancre, iettans vne ſanie ſereuſe, fort fœtide,& en grande quantité. Les patiens ont vne fiévre 1 entesqui ſe tourne en hectique, & meurent miſerablement, perdans toute la ſubſtance de l'humeur §bſtantifique du corps. De Sarcoma ou Fungus. - sarcoma autrement dit Fungus, eſt vne excroiſſance de chair, qui vient de l'aliment propre de la partie IB où e11e n'aiſt,& non de la deſcharge & fluxion d'humeur des autres parties.Et ſi ceſte chair n'eſt reprimée, elle s'augmente beaucoup,& ſouuent produit en ſoy des tuyaux ayans forme de veines & arteres, par leſ- quelles elle prend nourriture & accroiſſement commel'on voidaux louppes.Elle iette vne ſanie fort puante: les vulgaires l'appellent Fil ſainct Fiacre. Il ſe procrée & forme en nos corps, ainſi qu'on voit aux troncs des cheſnes & autres arbres , quand quelque humeur à demy pourry, glueux & viſqueux vient à ſortir par reſudation au trauers de l'eſcorce, & peu à peu ſortant hors prend accroiſſement, & forme le Fungus.Au reſte il tient de la nature des verrues malignes : vient ſouuent à la fracture du crane ; autour du ſiege, au col de la matrice , & autres parties.Pour la cure, où la chair ſeroit fort accreuë,comme ſouuent eſt groſſe · comme vn œuf , plus ou moins, on la liera (s'il ſe peut faire) auec fil de ſoye , le plus pr s de ſa racine qu'on Pourra:eſtant tôbée on appliquera deſſus de l'huile de vitriol,& autre choſes cy-deſſus mentionnées. De lafiévre quiſuruient aux tumeurs œdemateuſes. CH A P. X X IV. O v r E s les eſpeces & differences des tumeurs œdemateuſes expliquées, reſte à parler briefuement de la fiévre accidentaire, qui aſſez ſouuent ſuruient en icelle. Ceſte fiévre rete- nant du mouuement de l'humeur pituiteux dont elle eſt excitée, eſt ordinairement de l'eſpe- ( Es ce de celles que les Medecins appellent quotidiennes intermittentes. Les fiévres quotidien- §º-^" nes ſont celles quièetournent & font tous les iours leur accés,ſouuét de la longueur de dix- #uict heures, donnant intermiſſion & relaſche manifeſte le reſte du iour. Les cauſes primitiues de ceſte 9)uelles fié- •UPºE ſur- uiennent aux œdemes. 9)ue c'eſt C ſorte de fiévres , ſont froidure,& humidité de l'air ambient, long vſage de choſes froides & humides qui fiévre quo- #ººt ſe corrompent, comme fruicts nouueaux, & chairs de poiſſon, intermiſſion d'exercice accou- # é- Les cauſes antecedentes ſont grande repletion d'humeurs #. principalement phlegmatiques.La cau- #ººte eſ le phlegme putrefié hors des grands vaiſſeaux en l'habitude & eſpace de tout le corps, ou tre n# region d'iceluy. Les ſignes ſont prinsde trois choſes, ſçauoir naturelles, non naturelles, & con- Pe§ ; Des choſes naturelles : car le plus ſouuent ceſte fiévre prend ceux qui ſont de nature , & tem- c pH # froid & humide , comme gens vieux, femmes, petits enfans, & eunuques, pour l'abondance au Pri †s qui eſt en eux. Des choſes non naturelles : car cette fiévre prend le plus ſouuent en Hyuer, de via Pº , en region froide & humide : à cauſe de la maniere de viure oyſeuſe & ſedentaire , vſage ſi exes # I)On ſeulement froides & humides , mais auſſi chaudes & ſeiches, ſi elles ſont priſes en telle & ture = E> , e quantité, qu'elles puiſſent debiliter & ſuffoquer la chaleur naturelle. Des choſes contre na- tremir #se ºrce que cette fiévre ſuit le froid, entant que toutle corps eſt refrigeré, & principalement les ex- luy, rmphol. thur.an. 5 ij.8.abſint. pont. 5. ſ. olei roſat. 3.iij. cerx 5.vj. ſucc. ſolani quantum fuf- ficitad v n = uenti craſſitudinem. Emplaſtre de Theodoric ſedatifde douleur aux chancres vlcerez. - 2p.O1 = 2i roſat.ceralbañ.3.ii.fi.ſucc granat& ſolani añ 3.ijceruſr lota.3.j.plumb.vſti loti, & ruth.prx- parat.añ - 5 - É.thur.maſtañ5.ij.fiat emplaſt molle.Autre remede que i ay ſouuent approuué.2Z.theriac.veter- j.ſucc-c a ncr.5.5 ſucc.lact.& olei roſarañ.3.j.f.vitel.ouor.coctor.ſub cinerib.ij.camph.3.É.piſtent.omnia in mortaric» Plumb. & fiat vnguentum. Autre. 2Z. ſpumae arg porc. recent. cerx albæ. añ. fb. ſ$. olei boni fb. t3 f.& 5.i 1 - v : cellouor.aſſat.vj.fiat vnguentum,ſeruetur vſui.Lors que tu en voudras vſer,le faudrameſler auec - - vn peu ci onguent rolat.Dauantage,i'ay appaisé de grandes douleurs,appliquant des ſangſues à l'vlcere, aux endroits que le malade ſentoit vne douleur poignante,& par l'éuacuation du ſang la partie eſtoit deſchar- gée de l' inumeur malin, qui la moleſtoit. Autre remede. Prenez petits chiens, ou chattons nouuellement naiz , ou pigeonneaux » poulets , ou autres animaux ſemblables, & tous viuans , ſoient coupez le long de leurs c<>x ps , & ſoudain appliquez ſur l'vlcere , & rcnouuellez ſubit que le malade ſentira qu'ils ſeront re- froidis - ia chaleur naturelle de tels animaux ſede grandement la douleur,ce que i'ay cogneu pluſieurs fois. Ioan-Ba Pt.Theodoſ epiſt.21.pour la curation du chancre approuue grandement le cataplaſme fait de l'herbe, dite H : y4mum, ou Irio, en François Vellar, ou Tortelle, laquelle ſera broyée , & appliquée en formc de cata F Iaſime ſur la partie.Auſſi ſi le chancre eſt vlceré, il faut boüillir ladite herbe en eau, & miel , pour en faire des iniections & lauemens pour le nettoyer, & appaiſer la douleur. Encore pour appaiſer la douleur, ce lin 1In ent eſt excellent.22. plumb. vſti lotiinaq ſolani.3.f. antimonij pariter loti 3. ij. pomphol. 9.iiij, ccru 12e 5. ).ſs. cineris cancrorum fluuiatilium 3. iij. ſucc. ſolani3. iij. olei omphacini quantum ſufficit, du- ºn tu r in mortario & piſtillo plumbeo, donec linimenti aquºfuerint conſiſtentiam : iceluy remede ſede la dºule ur en deſſeichant ſans nulle mordication. Vn autre remede duquel i'ay veu vn grand allegement pour ſeder la douleur. 2-- Theriacx veteris3.j. ſucci cancrorum #. É. ſucci lactucae, plantag, ſolani, & olei roſatiañ,ſ.fugitiui extinct 1 cum tereb.3.j.vitellorum ouorum coctorum ſub ciner.num.iiij camph.j. 6 piſtentur omnia in mor- tar1 <> P l umbeo & fiat vnguentum. - - - - - C A, i § do§ § agitée dans vn mortier de plomb tant qu'elle ſoit épeſſe,& acquiere vne couleur de Plomb,adiouſtant vn peu de camphre & poudre d'écreuice bruſlée eſt vn ſingulier remede pour appai- ºr la cio uleur des chancres. Autre Prenez huile de pauot, de nenuphar, d'amandes douces, tirée ſans feu, de chacun vne once,deux iaunes d'œufs battus long-temps en vn mortier & pilon de plomb, & vn peu d'o- Pluna, ſoit fait liniment, duquel en ſera appliqué ſur le mal , auec cotton, & renouuellé ſouuent. Et ſi pour ºº rerra edes la douleur n'eſt appaisée,Galien commande que pluſtoſt que le chancre gaigne tout le corps, ºl'am Ptiter,& cauteriſer par cautere actuel, ou potentiel, ſi le lieu le permet. Iceluy meſine loue l'vſage dorge IIn ondé, & laict clair, du laict d'aſneſſe, fuyant toutes viandes de haut gouſt , & de toute repletion. llfaut , s'il eſt poſſible, faire fluer les hemorrhoides pour donner iſſue au ſang melancolique : & enco- º Po u r<- e-faire, l'vſage des pilules d'aloe non laué, en prenant tous les iours vn ſcrupule, y eſt ſingulier. # Pºur deſcharger le lieu où eſt le chancre, on appliquera aux lieux où l'on verra les veines plus enfiees, º ſans ſues : par ainſi on oſtera la tenſion & inflammation qui cauſe la douleur, & vuiderez la ſanie acre #" *rraisie & entretient le mal. La douleur pareillement ſe peut appaiſer , en appliquant ſur le mal des # s= rn trois ou quatre doubles , trempez en ſuc de plantain & morelle. Le meſme ſuc reduit en forme | ºliniITA ent,par forte agitation dans vn mortier de plomb,eſt fort loüé de Paulus AEgineta, liu. 4. On peut *diou ſts auſdits linimens de la poudre d'écreuices bruſlées. Si le chancre eſt en la matrice,la malade ſent dººlets r en la partie, aux aines, au deſſus du penil, & aux reins , & ſouuent a difficulté d vrincr:s'il eſt vl- # *1 5 ette vne ſanie ſereuſe & noiraſtre,auec vne puanteur cadauereuſe, laquelle ſort en grande quantité, 1D § **-1 ent la malade tombe en ſyncope , à cauſe des vapeurs putrides qui montent au cerueau, au cœur, & § * Parties : auſquelles ont doit ſoigneuſement prendre garde,& conforter le cœur par remedes cardia- frigi a somme conſerue de roſe , bugloſſe , bourroche, theriaque > mitridat,electuaire de diamarguaritum CO€ Lir- ºn, ſyrops de limons, & autres ſemblables. Pareillement on appliquera epit mes ſur la region du mit H + , faits d eau roſe, de chardon beniſt, vinaigre roſat,trochiſques de camphre : auſſi cataplaſmes faits de chc>1T * dat , theriaque & conſerue de roſe. Il faut que le regime de viure ſoit ſobre , rafraichiſſant > & de non s # aigres, afin de contrarier à la putrefaction des humeurs. Le chancre de la matrice , tant vlceré que fau t l ceré eſtincurable, pource que l'on ne le peut extirpcr, & y appliquer les remedes propres pattant il ſede Y ſer de cure palliatiue,pour adoucir la fureur,& ſeder la douleur,afin d'épeſcher les accidens.Or pour * la douleur de celuy qui eſt vlceré, on appliquera tels remedes Prenez demie once de ceruſe lauee par $"**tre fois en eau roſe,camphre & plomb bruſlé,vne drachme, demie drachme de bol armene,incorporez le S<> , as enſemble auec le ius de ſemperuiue,de morelle,& huile de nenuphar,cire blanche tant qu'il ſuffiſe,& ſoºt Fai onguent duqucl on appliquera ſur le mal & parties voiſines. On pourra auſſi faire ceſte fom.nta. - tlo tY . 2/...mucaginis ſem lini, fœnug.extract.in aqu,roſa. & plantag quantum ſatis , & ex his tepidis fiat fo- º - Autre. 2A rad. althe. fb. f. coquat, in hydr. piſt.paſſetur, & addan. olei roſar parum , fiat cataplaſ. V**sillement, on fera peſſaires, les diuerſifiant ſelon la grandeur de la douleur qui y ſera auſii iniections de {ºs de plantain centinod. lact. pourpier meſlez enſemble : & ſeront broyez en vn mortier de plomb , y 2èiouſſa peu d'huileroſat : lequel remede eſt recommandé de Galien en tout chancre vlcere. Sembla- l, V}ement on pourra vſer de l'eau ſuiuante,& en faire des iniections, de laquelle i'ay ſouuétesfois vsc en tous \ cºancres vlcerez , tant internes qu'externes, pource qu'elle refrene l'inflammation , & appaiſe la douleur- | On enlaue l'vlcere, & puis apres on laiſſe des plumaceaux trcmpez en icelle , ſi la Partie ie Pº# C) 2-. ſtercor. | -- -- Medicamwen : reſolutif cr repercuſſif Ramede fort aprouué. Remedes anodyn, ap- prouuez par l'Autºeur, Htè : ' r d'œufs, Chancre *** la matrice-» Fomenta- tion, Cataplaſme. Peſſaires. Gal 9.liu. ae, Simples. 182 Le dixiefme Liuré, Vifargent eſt antidote contre les vlceres ma- lins. Hiſtoirs no- table . Houllier, homme ſºs- 444at e72 Me- decine » Cauſes. Ségner, %. ſtercor.bubuli.fb.iiij. berb. rober. plantag, ſemperuiui, hyoſc. portulac.endiuiae.lact.afi.m.j.cancros fiuuiatiles xij. piſt. onmnia ſimul,& diſtilentur in alambico plumb. & liquor vſui reſeruetur,de quo fiat inie- A ctio frequens in partem. Puis on mettra ceſt inſtrument dans le col de la matrice, afin que la ſanie ſoit plus facilement euacuée, & pour donner tranſpiration aux vapeurs & matieres putredineuſes. Inſtrument d'or ou d'argent pour mettre en la matrice, en forme de Peſſaire, lequel doit eſtre long de de cinq à ſix doigts , & de la groſſeur d'vn poulce à l'extremité ſuperieure en laquelle y a pluſieurs trous, par où les vapeurs putredineuſes & ſanie , auront entrée dans ladite cannule , pour ſortir par l'extremité inferieure, qui doit eſtrelarge de deux doigts en rondeur, lequel aura vn reſſort pour le tenir ouuert, tant & ſi peu qu'on voudra. En ceſte extremité ſe metrront deux attaches par le moyen deſquelles l'inſtrument ſera lié deuant & derriere, à vne bande que la femme aura ceinte , de peur qu'il ne tombe. C Ns - j| # |||||||||||| \è)$Ns - 4 * . # " - - # }lilllh , A Monſtre l'extremité ſuperieure où ſont cinq ou ſix trous. B L'extremité inferieure. C Vne partie de ladicte extremité qui s'ouure, & y a reſſort par dedans, marqué D. E E Les deux attaches. Dauantage,les chancres non vlcerez ſont#andement aydezpar lamines de plomb frottées de vif-argent. ce qui eſt confirmé par Galien au 9. des Simples, qui dit que le plomb eſt vtile aux vlceres malins, & aux chancres.Auſſi le bon vieillard Guidon parlant deſdits vlceres,ordonne y appliquer lamines de plöb frot- tées de vif-argent.Car veritablement on peut dire qu'il eſt alexipharmaque & antidote contre les vlceres malins,qui ſont rebelles à tous medicamens,de ſorte qu'il conſomme leur malice & virulence: Et en cét en- droit pour confirmation de ce, ie reciteray vne hiſtoire d'vne Dame d'honneur de la Reyne mere, nommée Madame de Montigny, laquelle auoit vn chancre en la mammelle ſeneſtre,de groſſeur d'vne noix, qui luy cauſoit des douleurs par interualles picquantes,& ſiles habillemens luy preſſoient tant ſoit peu deſſus, ſen- toit vne grande douleur.Vn iour ſe côplaignoit à la Reyne de ſon mal,& pource luy commâda de ſe mettre C entre mes mains pour la guarir, où ſubit qu'elle me l'eut monſtré, interrogée de la maniere , & du temps que la douleur eſtoit plus grande, ie cogneus que c'eſtoit vne tumeur chancreuſe. Ce que ie luy celay, & perſuaday, que i'euſſe auecmoy Monſieur Houllier,Docteur,Regent en la Faculté de Medecine, perſonnage ſignalé & recogueu de tout homme docte,lequel ayant veu, palpé & touché ladicte Dame,concludeſtre vne tumeur chancreuſe : & reſolumes enſemble qu'il falloit vſer de cure palliatiue,craignant d'irriter ceſte hy- dre qu'elle ne ſortiſt en ſa fureur hors de ſa taſniere. Et pource faict,luy ordonna ſon regime,& certaines purgations, deſquelles elle vſoit par cerains iours interpoſez : & ſur la tumeur fut appliqué vne lamine de plomb,frottée de vif-argét,& quelquesfois des onguents cy-deſſus mentionnez,leſquels furent continuez par l'eſpace de deux mois. A la fin ladite Dame ſe commença à faſcher, diſant que ſon mal ne guariſſoit ny empiroit : à cauſe dequoy print nouueau conſeil d'vn Medecin, lequel ayant veu ſon mal (& non cogneu, combien qu'il fuſt docte)luy promit la guarir dont elle en fut fort ioyeuſe,& en fit recit à la Reyne,laquelle voulut ſçauoir dudit Medecin s'il trouuoit le mal incurable:ou promptement luy reſpondit que non,& qu'il la guariroit en bref. Alors la Reyne luy dit : ie tenois pour certain que ceſtoitvn chancre,duqueliamais ne guariroit; neantmoins il perfiſta en ſa promeſſe,& aſſeura de la bien toſt guarir, ce qu'il fit.Et pour cefaire contemna & ietta arriere nos remedes, & y appliqua des medicamens chauds,mollicatifs & attractifs:où tout ſubit la tumeur s'enffa grandement,auec des grandes douleurs & inflammations, de façon que la mam- melle ſe creua ainſi qu'vne pomme de grenade, lors qu'elle eſt en ſa maturité,& luy ſuruint vn flux de ſang ſi grand & vehement, que ledit Medecin fut contraint pour l'étancher, appliquer poudres caſtiques , qui augmenterent encores d'auantage la douleur,inflammation, & defaillance de cœur, dont la mort s'enſuiuit. Et ainſi voila comme ledit Medecin tint ſa promeſſe de bien toſt la guarir, mais ce fut de tous maux I'ay bien voulu reciter ceſte hiſtoire, pour inſtruire le ieune Chirurgien, afin qui'l ne tombe en tel accident. —l De la fiévre qui ſuruient aux tumeurs ſcirrheuſes. CH A P. XXXII. # 2 SY)E 1 L E fiévre ordinairement eſt quarte,ou retirant à la nature de quarte : à raiſon de l'humeur 2# Wymelancholic d'où elle eſt excitée,lequel enfermé en certain lieu où il faittumeur par commu- | $ # de vapeurs putrides,eſchauffe le cœur, & altere les humeurs cötenus en iceluy,dont - 24 $ "^ X º º$ ſe fait fiévre. La fiévre quarte donc, eſt celle qui retourne,& a ſon accés le quatrieſme iour, % < -%S ayant deux ieurs d'intermiſſion.Les cauſes primitiues ſont celles qui multiplient & engen- drent vn hmeur melancholic, comme le long vſage des legumes,pain bis & bruſlé, chairs ſalées de bœuf, chévre,cerf,vieux liévres,vieux fromages,choux, gros vins » & autres ſemblables. Les cauſes antecedentes ſont redondance d'humeur melancholic en toutes les veines. Les coniointes ſont les humeurs melancholi- ques putrefiez hors les grands vaiſſeaux en l'habitude du corps. Les ſignes de la vraye quarte iont pris de trois choſes : ſçauoir eſt naturelles , non naturelles, & contre nature. Deschoſes naturelles,pource que la temperature froide & ſeiche,l'âge vieil,ceux qui ſont froids & graſſets ayans petites veines & occultes, la # . t - I3t- Des Tumeurs engeneral. 183 4 rate imbecille & enfiée, ſont ſujets à telles fiévres. Des choſes non naturelles : pource qu'en temps d'Au- º tom,ne cette eſpece de fiévre eſt fort frequemte: non ſeulement pource que l'Automne eſt froid & ſec,& par . ,r Guent propre a faire amas d'humeur melancholic : mais auſſi à cauſe que par la chaleur & aduſtion de l'Eſt -- Faſie les humeurs eſtâs bruſlez,ſont aiſément tournez en atre bile (commc qui diroit,bile ou cholere §,re , laquelle couleur procede d'aduſtion)d'où ſe font fiévres quartes, beaucoup plus perilleuſes que §iies -]u ſe font ſimplement de l'humeur melancholic. Bref en tout temps froid & ſec, region froide & §iche - les cºrps froids & ſecs, aiſément ſont induits à auoir telles fiévrés : ſi principalement à cela eſt con- §inct = vne façon & condition de vie triſte, penible & faſcheuſe, pleine de crainte & anxieté. Des choſes § -- Nature : c'eſt qu'au commencement de l'accés, quand la matiere s'eſmeut, ſuruient friſſon labo- §x, comme ſi on auoit les os froiſſez. Le pouls au commencement eſt petit, tardif, profond , & comme §ré = n dcdans,ainſi que celuy des vieilles gens. L'vrine eſt blanche au commencement, & aqueuſe,decli- §t a 1iuidité.En la declinaiſon, eſtant la matiere cuite, l'vrine paroiſt noire : non point par ſuruenue de quel q ** º IIlaul121S accident , Ou eXCeS de la chaleur, (car ainſi ſeroit elle funeſte & mortelle) mais par excre- §on 3 = la matiere conioincte, ſçauoir de l'humeur noir & melancholic. 1'accés peut durer ving - quatre §eure - , & alors donne quarante-huict heures d'intermiſſion.Souuent telle fiévre prouient par l'obſtruction, doule 11 r & dureté de la ratelle, retention des mois & hemorrhoides. Eſdites fievres ſuruiennent au com. men ee ment des accés,rigueurs, horripilation,baaillement,grande froideur, & tremblement, 1uſques à cla- quet er les dents, qui ſont les precurfeurs ou trompettes qui annoncent la venue de la fiévre. Telles choſes ſe fon t,a cauſe de la qualité & mati re fiévreuſe , qui altere & corrompt les humeurs contenus dedans les veines & arteres, les 1ettent hors d'vne grande ſecouſſe, & reſpandent parmy la chair, nerfs& membranes iuſqu es au Pannicule charneux.Ceſte qualité febrile eſt ſi cuiſante, & ſe meut ſi rudement, que les parties par où elle paſſe , en ont telle douleur qu'il ſemble qu'on les pique & deſchire. Parquoy il ne faut trouuer eſtrange, ſi ceſte matiere fiévreuſe. ſoit froide ou chaude, cauſe friſſon : car l'eau boüillante iettée à l'im- B prou eu ſur vn corps nud, le fait trembler auſſi bien que la froide : toutesfois la fievre, de quelque eſpece que ce ſoit,eſt touſiours fondée en chaleur.Ainſi les parties ſenſibles irritées d'humeur feb ile , ſecoüent toute la perſonne, lors que la vertº expulſiue taſche à ietter ce qui luy nuiſt De la vient le tremblement qui dern onſtre l'accés, lequel dure iuſques à ce que la matiere febrile ſoit conſommée & diſſipee ſenſiblement & in ſenſiblement. Senſiblement, comme par ſueurs, vomiſſemens flux de ventre,flux de ſang , flux d'vrine, & a tº tres. Inſenſiblement, par reſolution, qui ſe fait par inſenſible tranſpiration,par le benefice des forces, & c haleur naturelle de noſtre corps. Les fiévres quartes-en Eſté ſont briefues, en Automne ſont longues, & Principalement ſur la fin d'iceluy,ſelon Hippocrate. Celles qui prouiennent de tumeur de foye,ratelle,ou autre maladie precedente, ſont pires , & ſouuent ſe terminent en hvdropiſie. La quarte qui commence en A 11 tomne, ſouuent ſe termine au Printemps ſuiuant. Au reſte, ne dure iamais plus haut d'vn an, pourueu qu'1l n'y ait faute du malade, ny du Medecin : car pour cela, s'en eſt veu quelquesfois durer douze ans Celle qui eſt faite par aduſtion du ſang ou phlegme ſalé, eſt de plus facile & briefue curation, que celle qui eſt faite par aduſtion d'humeur melancholic ou bilieux. L'vn eſt plus furieux & penetrant, l'autre eſt P»I 11s peſant & difficile à diſcuter.Fernel, liure quatriefme des fiévres, chapitre neufieſme,dit que les fiévres. ſe guariſſent plus ſouuent par nature, que par les remedes, parce que la cauſe en eſt ignorée. - La cure conſiſte en diete & medicamens. La diete doit eſtre ordonnée ſur les ſix choſes non naturelles, corn trariant a la cauſe. Le malade n'vſera de chair de pourceau. ny des choſes flatueuſes,viſqueuſes,gluantes, oi 1 eaux aquatiques, poiſſons ſalez,groſſe venaiſon, ny d'aucune viande de difficile digeſtion. L'vſage de vin b»lanc tenu, & mediocrement chaud. eſt bon pour attenuer & inciſer l'humeur melancholic, prouoquer les vrin es & ſueurs. Et meſmes pris au commencement de l'accez, excite vomiſſement, lequel a tant de vertu C Pour 1a guariſon de la quarte,que paricoluy ſeul plufieurs ont eſté guaris.Les exercices, frictions deuant le repas , & autres choſes accouſtumées par mediocrité, ſont bonnes. Les affections de l'ame contraires à la ca 11 ſe d'où c'eſte fiévre aura eſté excitée, doiuent eſtre permiſes,comme tous ieux (excepté le ieu d'amour) ſon d"inſtrumens de muſique,& autres choſes reſiouiſſantes.Du commencement, il faut doucement traitter le malade,& ne faut vſer d'aucun fort ou violent medicament.Car au commencement cet humeur opiniaſtre eſt rern du plus rebelle & reueſche,par la chaleur des violens medicamens.Si le ſang eſt abondant il en faut ti- rer de la baſilique ou mediane,auec telle caution que s'il ſe monſtre noiraſtre & eſpais,il le faut laiſſer cou- lerº fi = ucontraire-il ſe monſtre tenu & bien coloré, le faudra promptement arreſter. La matiere doit eſtre ºrger- u Polypus. 1J - /é) N9 De la tumeur qui eſt ſous les oreilles, nommée Parotide . iij l]A©is % Des tumeurs & chairſuperflué des Genciues , appelées des Grecs Epoulides. iv 27 De Ranula, ou Grenoüillette_ . V )S) Des Glandules & Amygdales , engroſſies & tumeffées, vj SNSN\ De la tumeur, inflammation & relaxation de l'Vuule , nommée des Latins Columella. vij De la Squinance . ' viij Du Goiietre, ou Bronchocele_v, ix De la Pleureſie . | X De l'Hydropiſie . - xj De la curation de l'Hydropiſie_ . - - | kij De la tumeur & relaxation du nombril, appellée des Grecs, Exomphalas. , xiij Des Hargnes, ou Greueures , qui ſont tumeurs aux aines,& # des teſticules. xiv De la curation de la Hargne- . - - XV Du Poinc# doré. - vxj LAutre maniere defaire le Poinct doré. " xvij t-Autre maniere defaire le Poinč7 doré. '. xviij De la relaxation du gros Boyau culier. - xi x De la tumeur du Fondement. - 2X X Du Panaris, ou Paronchie_,. - xxi De latumeur des Gewoiiils - xxij Des l)rºgonneaux. - - xxiij Q - 3 L E HV I CTIE'ME LIV R E, T R A IT ANT DES TV ME V R S CONTRE NATVRE EN PAR TICV LIE R. PA R A M B R O IS E PAR E D E L A VA L AV MA Y NE, Conſeiller, & premier Chirurgien du Roy. P R E F A C E. A v r A N T que la curation doit eſtre diuerſifiée ſelon la variéte de la temperature, non ſeu- $è) lement de tout le corps, mais en ſpecial de chacune partie , & fuiuant la vertu, forme, figu- $ ,:// rc 2 ſituation , & ſenſibilité d'icelle, il m'a ſemblé eſtre tres-neceſſaire de traitter des tumeurs # qui aduiennent à chaſque partie,commençant à celles de la teſte , puis aux autres. Or il -" - vient tumeur ou à toute la teſte, ou à quelque partie d'icelle , comme aux yeux , oreilles, nez, genciues , & autres parties. Celles qui contiennent toute la teſte , ſont hydrocephale & phyſoce- phale. - De l'eau qui vient à la teſte des enfans , appellée Hydrocephale , CH A P I. eSa7 Y D R o c E P H A L o s eſt vne hydropiſie de la teſte, ainfi nommée des anciens Grecs , par #. #! ſ) ce que l'humeur qui en eſt la cauſe, eſt aqueux. Ce mal vient ſouuent aux enfans à l'heure de Ceux qui | 0 ieur natiuité quand les matrones leur preſſent la teſte, ou la tirent par violence , ou par côn- ſont ſubiects. } #($ $ tuſion , comme cheute ou compreſſion , qui eſt cauſe de rompre quelque vaiſſeau, comme vei- à hydroce- SN nes ou arteres, leſquelles eſtans rompues, le ſang ſort hors & ſe corrompt, & ſe change en vne Ahale. ſubſtance d'humeur aqueux, parce que les petits enfans ont encores le ſang ſereux. Ceſte tumeur vient #ºº ºººſes. auſſi de cauſe interne , comme de quelque abondance de ſeroſitez, ou par vne acrimonie & ſubtilité du ºſº º- ſang chaud & boüillant, lequel reſude & coule au trauers des poroſitez des vaiſſeaux, penetrant entre le fernes. cuir muſculeux & le pericrane, & quelquesfois entre le pericrane, & le crane ; ou entre le crane & la dute - mere,ou aux ventricules du cerueau,& ſubſtance d'iceluy, Les ſignes pour cognoiſtre quand cét humeur eſt #. ſeulement entre le cuir muſculeux & le pericrane,c'eſt qu'on voit vne tumeur molle fans doule qui obeyt l hºveur eſt facilement quand on preſſe du doigt deſſus, & retourne & releue ſubitement.Les fignes quandl'humeur eſt C0/7ft /5f4 entre le pericrane & le crane,ſont preſque séblables, fors ſeulemét que la tumeur eſt plus dure & s'enfon- ' ce moins ſoudainement, parce qu'on la touche auec plus de diſtance & interpoſition de pluſieurs parties= ioint auſſi que la douleur eſt plus grande.Or lors que cet humeur eſt entre le crane,& la dure-mere,ou aux ventricules du cerueau, & en toute ſa ſubſtance, le malade a les ſens hebetez, comme l'oüye,& la veuë : & quand on preſſe ſur la tumeur, elle fie s'enfonce pas aisément, ſi on ne preſſe de force, alors elle obeyt , & Principalement aux petits enfans, parce qu'ils ont leur crane mol , & leurs ſutures laſches & entr'ouuertes naturellement,& paraccident encores plus,à cauſe de l'humeur,qui eſt contre mature,qui les relaſche,& di- -- - late dauantage. Cet humeur eſleue le crane, & principalement à l'endroit des ſutures : & telle choſe ſe co- #iſºire de gnoit aisément, parce qu'en preſſant deſſus la tumeur , l'humeur s'enfuit au profond de la teſte. Et en ceſte Veſale. eſpece d'hydrocephale, la douleur,eſt plus grande,& toute la teſte eſt fort groſſe,& le front s'auance & for- A , jette en dehors:& quand le malade aduiſe quelque choſe,il la regarde d'oeil ferme & arreſté, & l'armoye,à # *i- cauſe de la trop grande quantité d'humeurs contenus en la teſte. Veſale eſcrit auoir veu vne fille de deux - ans, malade de ceſte affection,quiauoit la teſte plus groſſe que nul homme,& auoit le crane non oſſeux,mais Hiſtoire de tout membraneux, ainſi que les enfans qui ne ſont encore à terme : & auoit de l'eau contenue en la teſte iuſ- # " qu'au poids de neufliures. Albucraſis dit auoir veu vn enfant, duquel la teſle s'agrandiſſant tous les iours Provnoſtic. † l'aquoſité contenue dedans,enfin deuint ſi groſſe,qu'ilne la pouuoit ſouſtenir debout, ny aſſis & mou- - rut quelque temps apres. l'ay veu quatre enfans malades de ceſte affection de la teſte, de l'vn deſquels ie fis ſection apres ſa mort : & proteſte n'auoir trouué de cerueau non plus gros qu'vn eſteuf : & iamais n'en ay veu vn ſeul guarir, lors que l'aquoſité eſt en grande abondance aux parties interieures de la teſte : mais lors qu'elle eſt aux parties exterieures on reçoit guariſon. Doncques ſi l'humeur eſt ſeulement entre le cuirmuſ- culeux & le pericrane, ou entre le pericrane & crane,ſi elle eſt petite,faut eſſayerà la reſoudre : & ſi l'on ne peut,il faut faire inciſion,euitant le muſcle temporal & faire ſortir l'humeur qu'on trouue comme vne laueu- re de chair ſanglante:autresfois du ſang noir:& ſi elle eſt causée de contuſion,on trouue auec ledit humeur des trombus de ſang.Ayant fait l'ouuerture,& l'humeur eſtant euacué, on remplira la playe de charpy ſec,& ſera mis par deſſus vne compreſſe,faiſätligature propre:& le reſte de la cure ſe parfera côme il ſera neceſſaire. Cºré. Du Pohpu. C H A P. II. E Pourpre ou Polypus, eſt vne tumeur contre nature faite au nez, prenant le plus ſouuent ſon origine aux os cribleux. On le nomme ainſi pour la ſimilitude qu'il a auec les pieds du Pourpre Le pourpre mar1n , autrement dit Pouſſepied , & auſſi pource qu'il reſſemble de conſiſtance à la chair d'i- marin eſt celuy. Ceſte maladie bouſche & empeſche le nez des malades, leur faiſant ennuy & incom- vne ſeiche. modité tant à parler qu'à reſpirer, & jetter les excremens, ayans les narines eſcarquillées , & la face horrible Definition de Polyptus. B " Des Tumeurs en particulier. 187 A horrible à voir.Cornelius Celſus dit que Pourpre eſt vne petite chair quelquesfois blanche, & quelque- fois ougeaſtre, adherante à l'os du nez , dit Ethmoide ou cribleux, pendante quelquefois iuſques ſur la lévre. Eiie croiſt auſſi en derriere , bouchant le trou du palais, par lequell'air & les excremets deſcendent du n .. a 11 ci eſtroit de la gorge, eſtant de telle grandeur qu'on le peut veoir au derriere de l'Vuule & eſt ſou- ue 11e •d eſtrangler le malade, par faute d'auoir ſon inſpiration & expiration. Il y en a cinq eſpeces : la premiere - ſt vne membrane molle, longue, mince, ſemblable à la luette relaxée & abaiſsee, attachée au m§ d11 cartilage du nez, pleine d'vn humeur pituiteux & gluant, qui fait ronfler le malade en dormant, qui ſort fr vnc ch21 I - ne empe 1 - * aement a la reſpiration,qui ſe fait par le nez. La troiſieſme eſt vne chair emin «>rs du pez en expirant, & r'entre en inſpirant , & parler d vne voix caſſe. La ſeconde eſpece eſt = ureau toucher, engendrée d'vn ſang melancholique non aduſte, qui bouche } ne, & don- 1r le cartila- § on 1 = - molle au toucher, engendrée d'vn ſang phlegmatique. La quatrieſme, eſt vne tumeur dure, > - - - - - - - - - §mblabIe rneantmoins à chair, qui fait bruit quant on la touche,comme ſi c'eſtoit vne pierre, laquelle eſt eng 0Ilt §ndre e= n ſe fera par bon regime de viure, lequel ſi la matiere dont elle eſt engendrée eſt chaude, tendra à #ºi t éauſſi ſi elle eſt groſſe & craſſe,la maniere de viure ſera chaude & de ſubtile ſubſtance:& s'il ya rou- Cture. # # la partie qui demonſtre grande inflammation & abondance de ſang,la phlebotomie y eſt grandement . 5ººRaire. Quant aux medicamens topiques, comme nous enſeigne Galien, ne doiuent eſtre ſemblables Gal. 3. de la CO - - †rº s aux autres inflammations, Yº ci e= criſe : lor S mo ci Or 1i cu RG E. fari r, olei eſt engendrée la tumeur, à ſçauoir repercuſſifs, & principalement ſi telles tumeurs ſont faites par compoſition d'autant que la où Nature taſche à ſe deſcharger faut que le Chirurgien tende pareillement, des medica- Principalement que la deſcharge ſe fait par lieux propres & conuenables par nature, & non incom- ºº ſºlº que # E>ar accident. Le ſemblable feront, ſi lamatiere dont - - - - - • - - - cſga º º cauſeroit vn plus grand mal, la renuoyant aux parties interieure Parquoyle C hirurgien doit auoir D Fsi d'aider à nature en ce qu'il pourra, en attirant ceſte mauuaiſe humeur par medicamens attractifs. quie la fluxion eſt ſi grande, & accompagnée d'extreme douleur , dont s'en pourroit enſuiure veilles, in- S a des & fiévres qui pourroient proſterner les vertus , Galien eſt d'aduis de meſler bien peu de reper- eſt veneneuſe, d'autant !º !ºº z. Hip. aph. 2 1. liure 1. Gal. 3. de l4 compoſition s auec grande quantité de reſolutifs. Parquoy au commencement ſera appliqué vn tel cataplame.2%. §s * hordei, & ſemin. lini ań. 3.ij. coquant. cum mulſa, aut decoct. camomil. addend buturi recent & § § *-armomi i.fi laſi ſ de ce lini buturi 3.ii olei & lili - 3 momil. an.3.j.fiat cataplaſmu. On vſera auſſi de ce liniment.24.buturi recent.3.ij.olei camom.& lilio. les lieux. añ - s r ' vnguent. de alth.3.6. cera parum,fiat linimentum : duquel ſera frotté toute la partie , & appliquant chap.2. de la lºs RF † orts, comme. raſſe. Lors que la douleur eſt aucunement appaisée,on vſera de medicamens diſcutiens & reſo- 2Z.rad alth. & bryo.añ.3.ij folio.rut. puleg orig.añ,m.j. flor, camomil.& melilot. , F*-j. coquantur in hydromelite, piſt. paſſent. addend. farin.fœnug. orob.añ #.j.pul.ireos, camomil. & Mºdicººnº - ms\il Ye - - | Q - 4 otan.3.ij. olei anethi & rut. an j.ſ. fiat cataplaſm. Et encore pour dauantage reſoudre,tu pourras vſer ºſºſº º Plaſtre de oxycroceum & de melilot. Si la tumeur vient dure, tu auras recours aux medicamens ordon- "§* au chapitre de Scirrhe. Pareillement ſi elle tend à ſuppuration, tu appliqueras tel remede.2/.rad.lilior. Ssp.ſub cinerib. coctar. añ.3. iij.vitell. ouor.ij. axung.ſuillae & vnguenti baſilic.ana.3.j.far.ſem. lini3.j. É. - * cataplaſm.v artis eſt Et s'il éſt neceſſaire de faire pertion, ſera faite, & l'vlcere traicté comme auons ſº"f ** Par cy-deuant. - - - Medicament Des 188 Le huictieme Liuré, - - - - - - - •- A . Des tumeurs & chairs ſuperfluës de Genciues appellées des Grecs Epulides. : C H A P. IV. - - · 17 Definition. §# P v 1 1 s eſt vne excroiſſance de chair,qui ſe fait aux Genciues entre les dents, qui peu à peu # N% $ §) croiſt, quelquesfois de la groſſeur d'vn œufou plus, de façon qu'elle garde de parler & maſ- # / -\S cher,jettant vne humidité ſaliueuſe d'odeur fetide : & ſouuent ſe tourne en chancre. Ce que · ::: Prognoſtic. - - - - gnoſti cognoiſtra par la douleur, chaleur,& autres accidens : & lors n'y faut toucher par l'œu-4 - de main. Mais à celle qui n'eſt douloureuſe , on la pourra extirper:ce qui ſe fera en la Ct4re. liant & ſerrant aue c vn fil double, iuſques à ce qu'elle tombe : puis eſtant cheute, faut cauterizer ſa racine . ou autrement reuiendroit, auec vn cautere cannulé deſſus eſcrit : ou auec vn potentiel , comme huile de : Hiſtoire. vitriol, ou eau forte, ſi proprement appliqué, qu'il ne face leſion aux parties ſaines. I'en ay amputé, qui, :- eſtoient ſi groſſes , que partie d'icelles ſortoit hors la bouche : qui rendoit le malade fort hideux à voir , & - iamais aucun Chirurgien n'en auoit oſé entreprendre la guariſon, à cauſe que ladite excroiſſance eſtoit de - couleur liuide : & ie conſiderois outre ceſte liuidité, qu'elle n'auoit point ou peu de ſentiment : donc ie pris la hardieſſe de la couper, puis cauterizer, & le malade fut entierement guary, non toutesfois à vne ſeule -" fois, mais à pluſieurs, à cauſe qu'elle repulluloit, combien que ie l'euſſe cauteriſée. Et qui en eſtoit cauſe, c'eſtoit vne petite portion de l'os de l'alueole où ſont inſerées les dents, qui eſtoit alteré & pourry. I'enay ſouuentesfois trouué, qui par longue eſpace de temps s'eſtoient degenerées en cartilages, voire en os: & ,e partant le pluſtoſt qu'il ſera poſſible on viendra à la curation. Car lors qu'elles ſont petites & non enraci- & nées, ſont plus faciles à curer, d'autant qu'on trouue ſeulement vn humeur glaireux dedans, qui petit à petit # - s'endurcit, & les rend tres-difficiles à curer. B à De Ranula, ou Grenoiiillette . C H A P. V. # L ſe fait ſouuentesfois ſouz la langue, vne apoſteme qui empeſche de bien proferer la parole n, Batrachium. S % appellée des Grecs pour ceſte cauſe Batrachium , & en Latin Ranula : & en noſtre langue Gre- § noüille: pour ce que les patiens difficilement peuuent articuler & interpreter leur langage aº ſinon en grenoüillant. Elle eſt faite de matiere pituiteuſe,froide,humide, groſſe & viſqueuſe, - Cauſe. tombant du cerueau ſouz ladite langue, en laquelle eſt trouuée vne ſanie groſſe & viſqueuſe, | ainſi que le blanc d'vn œuf, tant en ſubſtance qu'en couleur,& quelquesfois auſſi eſt de couleur citrine. Or Curation. pour ſeurement parfaire la curation, il faut faire ouuerture de ladite apoſteme auecques cautere actuel, pluſtoſt qu'auecques lancette : autrement le plus ſouuent reiterée, voire par pluſieurs & diuerſesfois.Par- • º Le moyen de quoy ouuriras ladite apoſteme ainſi que s'enſuit. Il te conuient auoir vne piece de fer, de figure cambre - -* faire l'ou- comme vn chauſſepied, & feras ouurir la bouche du patient, puis la poſeras ſous la langue, & au milieu f1fFf/4/'é'. de ladite piece de fer y aura vn trou,lequel mettras à l'endroit où il ſera beſoin faire l'oumerture, & par iceluy appliqueras le cautere actuel,& par ce moyen ne pourras toucher dudit cautere nulle autre partiede la bouche.Semblablement ne faut obmettre,alors qu'applique1as le cautere, eſleuer de ton poulce la tumeur · par deſſous le menton:à celle fin de ne faillir à bien faire ton œuure,puis apresl'apertion faicte,feras vacua- C) tion de la matiere. Et le malade lauera ſa bouche d'eau d'orge,en laquelle on aura fait vn peu boüillir ſuc- •. cre roſat & miel. Ce faiſant l'vlcere ſera guarie toſt apres, & ſans nul accident. -- tch l ; · tºº # [º. T# ] - La figure de la piece de fer, & du Cautere actuel eſt telle . \# Des Glandules, & Amygdales, engroſſies & tumeffées. CH A P. V I. L'E N T R E E du deſtroit de la gorge vers la racine de la langue, Nature a mis deux glandules · vis-à-vis l'vne de l'autre, de grandeur & figure d'vne amande : pour ceſte cauſe, ceſdites glan- dules ſont dites Amygdales.Leur office eſt de receuoir l'humeur ſaliueuſe,diſtillantdu cerueau qui reſpond ſur la langue pour l'arrouſer, humecter,& tenir fraiſche par deux conduits mani- feſtes,afin qu'en parlant ne ſe deſſeiche par trop, & n'interrompe la continuation de la parole. Qu'il ſoit ainſi,on void les febricitans,par la chaleur eſtrange de la fiévre, qui aura conſommé ceſte humidité ºººſºº ſaliueuſe,ne pouuoir parler,ſi premierement n'ont laué & humecté la bouche.Or ces glandules,parce qu'el- les ſont en vn lieu chaud & humide, ſont fort ſubiectes à inflammation , & ſouuent auec le ſangy flue vne grande portion d'humeur pituiteux, cru & viſqueux, dont s'enſuit tumeur, qui vient ſouuentesfois par trop Deſcription # des Amyg- - dales. N> /$, Vſage des Amygdales. Signes, boire de vin pur & fumeux, manger trop gloutement les viandes, & s'eſtre tenu au ſerein. Les malades ont grande peine d'aualler leurs morceaux, & ſentent grande douleur à les tranſgloutir, & ſouuent ont fiévre. Quelquesfois ces glandules ſont ſi fort tumefiées, enſemble les muſcles du Larinx,& autres du col (ce qu'on cure. void aux Squinances(qu'elles occupent la voye de l'air, dont le malade ſuffoque & eſtrangle.Pour obuier à tel - - - DesTumeurs en particulier. 1 89 · A tel accident, faut purger & ſeigner le malade, & luy appliquer ventouſes derriere le col, & ſur les eſpaules Carº & faire friction & ligatures,& vſer de gargariſmes aſtringens:& où elles s'apoſtumeroient,on fera apertion auec la lancette. Et posé le cas que l'on euſt fait tout cela, neantmoins la fluxion fuſt augmentée , de façon que le pauure malade fuſt en danger de mort pour ne pouuoir reſpirer, afin d'éuiter tel peril, faut faire in- ciſion à la trachée artere, appellée vulgairement la canne du poulmon au deſſous du nœud de la gorge.Or on peut faire hardiment l inciſion en ce lieu, parce que les veines & arteres iugulaires en ſont eſlongnées: joint auſſi qu'il y a peu de chair en ce lieu : & pour bien faire, on commandera au malade auoir lateſte ren- º" L'ezdroit faire ſ'inciſivn uersée en derriere,afin que ladite trachée artere ſoit plus apparente:puis on feral'inciſion tranſuerſalement 1 hée auec vne lancette courbée,appellée Biſtorie, prenant iuſtement entre les deux anneaux,ſe donnant garde de # 9 toucher la ſubſtance cartilagineuſe, mais ſeulement la membrane qui les tient jointes enſemble. Or les sien de ſignes que l'inciſion eſt bien faite, c'eſt que le vent ſort de la playe, qui ſera tenue ouuerte iuſqu'à ce que le § §rs- peril de ſuffocation ſoit paſsé: puis ſera couſue ſans toucher au cartilage:& ſi les lévres de la playe eſtoient rion. comme calleuſes & endurcies, faudroit les ſcarifier , ou couper, afin de faire la playe recente , pour mieux apres la conſolider, ainſi comme nous dirons aux lévres fendues, qu'on appelle bec de liévre. I'ay pensé quelques-vns, auſquels grande portion de la trachée artere eſtoit couppée,& meſmement aucuns de ſesan- Atteſtation neaux cartilagineux , qui ont eſté guaris , comme i'eſcriray en mon liure, Des playes de la gorge. - De la tumeur, inflammation, & relaxation de l'Wuule, nommée des Latins Columella. C H A P. V I I. de l'Au- theur. •r , V v v 1 E eſt vn petit corps poinctu & ſpongieux, de figure preſque ſemblable à vne pomme de pin, ſuſpendue perpendiculairement à la fin du palais, afin de rompre l'impetuofité de l'air Deſcriptios º exterieur attiré & inſpiré des poulmons, comme nous auons dit en l'Anatomie. Auſſi eſt de l'vuule, N comme vne touche,ouarchet qui touche les cordes d'vne viole pour la faire reſonner Souuent Vſage. : elle reçoit abondance de rheume du cerueau, qui fait qu'elle croit outre ſa magnitude, ou grandeur, deuenantgroſſe,longue, & greſle en ſa pointe:qui fait qu'elle cauſe pluſieurs accidents,comme la touxpar vne cötinuelle irritation,qui fait perdre le dormir, & garde de bien proferer la parole,& parler du nez bien ſouuent. Dauantage le malade eſt contraint de dormir la bouche ouuerte, & luy ſemble toufiours Aeci E'E denti auoir vn morceau en la gorge, & ſouuent en vain s'efforce de l'aualler, & quelques fois ſuffoque. Il faut purger, ſaigner,ventouſer, clyſteriſer, ordonner le regime, vſer de gargariſmes aſtringens, & autres re- A's medes : & ſi par ces remedes ne peut eſtre guarie, ſera cauterisée auec eau forte : ce que i'ay fait ſouuent auec heureux ſuccez. Et ſi le malade ne peut eſtre guary par tels medicamens, faut venir à l'operation ma- nuelle,pluſtoſt que laiſſer ſuffoquer le pauure malade,pourueu que la tumeur ne ſoit de figure ronde.Auſſi ſi elle eſt rouge & pleine de ſang, & fort douloureuſe, ou de couleur noiraſtre, comme les chancres,à telle ne faut aucunement toucher par inſtrument, ny par cautere actuel , ny potentiel. Au contraire, ſi elle eſt ®tuelle Vuula oit eſtre cu- rée par ope- longue & ſubtile, ſe terminant en pointe, trainant ſur la langue, & par le bout eſt laxe & molle, n'eſtant ration m trop rouge ny trop pleine de ſang, mais au contraire, tirant ſur la couleur blanche & ſans douleur, le Chi- nuelle '4f• rurgien peut beſongner aſſeurément, & ce faiſant oſtera ce qui excede de ſa longueur naturelle. Et pour la couper on fera ſeoir le malade à la clairté, luy commandant d'ouurir fort la bouche, & ſera baaillonné: puis on prendra auec des pincettes l'extremité de ladite Vuule,& auec vn ciſeau ſera coupé ce qui eſt con- tre nature : ou bien ſera lie auec vn tel inſtrument, lequela eſté innoué par Monſieur Caſtellan, homme Le moyen de faire l'operas tion. Monſieur tres-docte & de bon iugement, Medecin ordinaire du Roy, & premier de la Reyne mere : lequel inſtru- CaſteläAſe- D ment peut pareillement ſeruirà lier les Polypus, & verrues du col de la matrice. Figure d'vn inſtrument pour lier&faire tomber l'Wuule trop relaxée, A Monſtre vn anneau dont ſa partie ſuperieure eſt vn peu caue, & peut eſtre d'or, ou d'autre matiere. Vn filet double & ciré, lequeſ s'inſere dedans la cauité dudit anneau, & ſe ſerre par le moyen d'vn nœud coulant. 47 Vn autre fil de fer, dedans lequel ledit fil paſſe pour eſtre ſerré, lors qu'on aura prºs tant de ladi- cte Vuulle qu'il en ſera beſoin, pour eſtre couppée ſans aucun flux de ſang. Et alors qu'on voudra raſſerrer ledit filet, il ſera repaſsé par la verge de . fer, marquée C : & ſerré tant qu'on voudra : laiſ- ſant ledit filet iuſques au l'endemaln , dont ſon · extremité prendra hors la bouche, puis derechef ſera ſerré comme deuant. Or par ceſte aſtriction on fait tomber vne partie de ladite Vuule; & par ainſi le patient recouure ſanté. Ie t'ay fait figurer trois deſdicts inſtrumens, que tu peux choiſir à t4 commodité, comme tu vois en ceſte figure, Figure- decin tres do#e. 19o Le huičtieſme Liure, Definition. Figure de deux diuers Speculum oris, pourretenir la boucbe ouuerte du A malade , à l'heure de l'operation. D'auantage ſi en ladite Vuule eſtoit vlcere corroſiue,outre qu'elle fuſt relaxée,accompagnée d'vn flux de B fang, alors la faudroit cauteriſer & conſommer auecvne telle cannule feneſtrée, & cautere actuel, ſidex- trement qu'on ne touchaft aucune autre partie de la bouche. La Cannule feneſtrée auecſon cautere actuel. De la Squinance. C H A P. VIII. Q v 1 N a N c E eſt vne inflammation de la gorge,ou du Larynx, qui empeſche ſouuent l'air C 4 d'entrer & ſortir par la trachée artere, & la viande d'eſtre auallée en l'eſtomach, leſquelles $ choſes ſont neceſſaires à la vie des animaux. Les Grecs l'appellent simnancbe. Il y en a de trois }s eſpeces & differences. La premiere eſt auecques grande douleur ſans apparence de tumeur au dehors, parce que l'humeur eſt contenu au derriere des deux amygdales, pres les vertebres du col:& partant ne peut eſtre apperceue,ſi on ne preſſe ſur la langue auec vne ſpatule, ou ſpeculum oris,& alors on void vne rougeur & inflammation en ceſte partie. Auſſi le malade a difficulté de reſpirer & d'a- ualler les viandes, tire la langue hors de la bouche ( comme fait vn chien qui a grandement couru) & la tient ouuerte pour mieux attirer ſon haleine, & parle du nez, eſtant contraint eſtre couché, ou aſſis pour mieux auoir ſon vent: ſon boire monte, & ſort quelquesfois par les naſeaux, à cauſe que la voye de l'air,du boire & manger ſont eſtouppez.il ales yeux flamboyans & fort enflez, ſe forjettans hors de leur orbite:& à tels ſouuent aduient vne ſubite ſuffocation auec vne eſcume ſortant hors la bouche. La ſeconde eſpece eſt celle en laquelle on void vne tumeur par dedans la gorge , & non ou peu apparente au dehors, la langue aucunement enflée, le amigdales, & quelquesfois les mandibules. La troiſieſme eſpece eſt celle en laquelle on void la tumeur aux parties exterieures, & peu aux interieures , & ceſte eſt la moins perilleuſe. Les cauſes ſont externes ou internes , comme quelque coup, ou vne areſte , & autre choſe eſtrange demeurée en la gorge, ou trop grande froideur par bruynes , ou exceſſiue chaleur. Les cauſes internes procedent d'vne multitude d'humeurs de tout le corps ou du cerueau, qui cauſe fluxion : quelquefois de matiere ſan- guine, cholerique, ou de pituite, & bien peu ſouuent d'humeur melancholique. Les ſignes pour cognoittre D chacun humeur particulier , ou lors qu'ils ſont meſlez enſemble, ont eſté dits cydeſſus parlant des apoſte- mes en general. La ſquinance eſt plus perilleuſe & mortelle, lors que la tumeur n'appert ny dehors ny dedans. Celle qui eſt au dehors, & non au dedans, eſt la moins perilleuſe , d'autant qu'elle n'empeſche pas les voyes du manger & boire, ny celles de l'inſpiration & expiration.Aucuns meurent de ſquinance en douze heures , autres en deux iours ou en quatre, les autres en ſept : ce qui eſt prouué par Hippocrate ; S)ui anginam euaaunt, iu ad pulmonem malum tranſit , & intra ſeptem dies monuntur : ſi verà bos dies euaſe int, ſuppurantur. Ainſi telle appoſteme ſe termine quelquefois par deliteſcence , c'eſt à dire par renuoy occulte en autre partie, comme en la poictrine par vn empyeme , oit aux poulmons & autres parties principales, qui eſt cauſe de la mort du malade : auſſi par reſolution ou ſuppuration. La meilleure voye eſt la reſolution, qui ſe fait quand il y a peu de matiere, & qu'elle eſt ſubtile, & mefmement apres la ſaignée, & auoir vsé de certains gargariſmes à ce conuenables. Quelquesfois auſſi ſe termine par ſuppuration, & lors qu'elle vient par voye de criſe eſt ſouuent mortelle , pour la grande quantité d humeurs qui tombent ſur ceſte partie, & empeſchent la reſpiration.Pour ſon manger il humera potage d'vne poulaille,& de veau cuits auec laictuës , pourpié, ozeille, ſemences froides. Sil eſt debile , on luy fera prendre des œufs mollets cuits en eau, ou quelques preſſis & orge mondé, ou vne decoction de pruneaux, raiſins boüillis en eau & ſuccre, & autres alimens ſemblables. Il euitera du tout le vin, & en lieu d'iceluy boira hydromel, & eau ſuccrée , en laquelle ſera mis ſyrop roſat, ou violat, aceteux , de limons : il euitera le long dormir. Cependant leChi- rurgien aura l'œil tant aux remcdes vniuerſels que particuliers, à cauſe que ceſte maladie ne donne grand Les eſpeces & differen- ces.1.Eſpece. Signes. 2.Eſpece. 3.Eſpece. Signes. Cauſes de ſquinance. Cauſes externes . Cauſes internes. Hip. 3: liu. des Pro- gnoſtiqs. aphe.1 œ.li.5. loiſir DesTumeurs en particulier. 191 l $tl' - A loiſir.Parquoy il faut faigner le malade de labaſilique du coſté de la fluxion: & le iour meſine des veines'de deſſous lalangue,pour vacuer la matiere conioincte.Auſſi feront appliquées ventouſes ſur le col,& eſpaules» ſans & auec ſacrification, auec frictions & ligatures douloureuſes aux extremitez. Dauantage on luy don- nera clyſteres, ſuppoſitoires, ou noiiets acres & cuiſans, àfin de diuertir & deſtourner l'humeur conioinct à la partie.Et ſubit qu'on void la fiuxion ſe faire, il faut vſer de gargariſmes repercuſifs, afin de l'empeſ- cher : car elle pourroit fuffoquer le malade : ce que i'ay veu aduenir , quelque diligence que l'on y peut signes de la faire. Et partant, on fera gargariſer ſouuent le malade d'oxycrat, puis de ceſtuy, 2/.. pomorum ſilueſt.afi. r ſolutiii, 3. iiij. ſumach. roſar. rubafi iû. 6.berber.3. ij. bulliant omnia cum aq. ſufficienti vſque ad conſumptionem medietatis, addendovini.granat acid. 3.iiij. diamor. 3.ij. & iterum bulliant modicum, & fiat gargariſma, vt artis eſt, On en pourra faire d'autres d'eau de plantain , morelle, verjus, auec ſyrop roſat , & autres ſemblables. Et ſi la fluxion eſtoit faite de matiere pituiteuſe ou phlegmatique, il fautadiouſter auſdits re- percuſſifs, alum, eſcorce de grenade, noix de cyprés, vn peu de vinaigre, & ne faut vſer aucunement de repercuſifs aux parties exterieures, de peur de faire renuoy de l'humeur audedans de lagorge, mais appli- quer linitifs, afin de relaſcher & rarefier les parties, pour donner paſſage à quelque portion d'humenr qui ſereſoudroit. Et ſi on voit que la tumeurvueille tendre à reſolution,qui eſt lors que le malade eſt ſans fié- vre, & auale mieux les viandes, auſſi qu'il reſpire, & parle plus à ſon aiſe, qu'il dort bien , & a peu de douleur, qui ſont ſignes de prompte guariſon , lors on vſera de remedes reſolutifs.Au contraire , ſi on cognoit la tumeur ſe terminer à ſuppuration, ſeront appliquoz remedes ſuppuratifs, tant par dedans que que par dehors,comme gargariſmes faits de racines dealthea, figues, juiubes , raiſins de damas , dat- tes boüillies en eau, tant qu'elles ſoient parfaictement cuittes, & d'icelle decoction en ſera gargarisé, & tenu en la bouche. Semblablement eſt bon de gargariſer du laict de vache , ou de chévre, auecque ſuccre & huyle d'amandes douces, ou violat vn peu tiede. Car tel remede ſuppure , &appaiſe la douleur. Aux 8 parties externes de la gorge on appliqueracataplaſmes ſuppuratifs:aùſſi on enueloppera le col de laine noire auec le ſuif, imbue en huyle de lys. Et lors que l'on cognoiſtra la tumeur eſtre ſuppurée, la bouche du malade ſera ouuerte auecvn ſpeculum oris cy deſſus eſcrir,& la tumeur ſera percée auec vne longue biſto- ficatifs, comme, %. aquae hord. ib. ſ.mellis roſar. & ſyrop. roſar. ficcar. añ. fiat gargariſma : Ou bien de vin & miel meſlez enſemble, deſquels à toutes heures s'en gargariſera : & apres la mondification on ferà cicatrice à l'vlcere, adiouſtant aux ſuſdits gargariſmes vn peu d'alum de roche. - Figure des deux Biſtories courbées , dont l'vne eſt ouuerte, l'autre enfermée dansſon manche, ou chaſſe - -- '- - - • t • - >.. » De Gongrona ( c'eſt à dire Goiietre ) Éronchotele . CH A P. IX. * -- 4 O N G R o N A, eſt vn mot duquel vſe Hippocrate en la ſentence 14. de la troiſieſme ſe- ſ§ ctiondu 6. des Epid. & ſignifie ce qu'on dit en François Goiietre, ou, Goüetron, en Grec, \($ſ\ Bronchocele , en Latin Hernia gutturis : qui eſt vne tumeur en la gorge & au col , & vient du $# $mot Grec Gongros,qui ſignifie promptement certaine eminence ou appendice ronde,qui croiſt ººaux troncs des arbres, appellée par Pline, liu.1z.chap. 24 clauus , fungus pataua Gongros ſelon Theophraſte liu. 1. de l'hiſtoire des plantes, chap. 13. eſt vn certainvice d'oliuier, quand il eſt bruſ- r 4 • , | • - - - - " - Di 2rence lé du Soleil. Telle indiſpoſition vient ſouuent à la gorge des femmes, comme auons dit des aneuriſmes. # gutturis. ' Or ce mot de Bronchocele eſt commun en general, mais il a pluſieurs eſpeces & differences. Car aucunes font Melicerides, autres Stetatomes, aucunes atheromes, les autres aneuriſmes. En aucunes eſt trouuée vne chair ſtupide , c'eſt à dire auec peu de douleur, & ſouuent ſans douleur : toutes leſquelles ſeront cog- neues par leurs ſignes & celles qui ſont curables ; ou incurables. Aucunes ſont petites , aucunes grandes, cure . qui occupent quaſi toutelagorge : aucunes ont vn Kiſt,les autres n'en ont point. En icelles qui ſe peuuent curer, on fera ouuerture, ſoit auec le cautere actuel, ou potentiel, ou lancette : puis ſeront oſtez les corps eſtranges tout d'vn coup, s'il eſt poſſible : & où on ne le pourra faire, ſeront oſtez à plufieurs fois auec re- medes propres : puis l'vlcere ſera conſolidé & cicatrisé - - De la pleureſie , , , C H A P. X. " . º ] L E v x E s 1 E eſt vne inflammation de la membrane appellé Pleuta , ou bien des muſcles % appellez Meſopleurij ou intercoſtaux, causéed'vn ſang ſubtil & bilieux , lequel auec impe- 2 tuoſité monte de lavéine caue aſcendante, à celle qui eſt dite Azygos, & d'icelle aux veines * intercoſtales; auquel lieu eſtant paruenu quelquesfois ſe ſuppurè, & le malade ſent vne dou- signes > * leur poignante auec fiévre & difficulté de reſpirer., ſceluy eſtant ſuppuré , quelquesfois - #euacué,par labouche, les poulmons ſucçans le pus qui eſt porté d'iceux à la trachée artere , & d'icel- Hipp.lib. de le à la bouche : quelquesfois auſſi eſt euacué par les vrines, & Par le ſiege. Et lors que Nature n'eſt for- morbis in- º Pour euacuer ceſte matiere, il ſe fait vn grandamas de ſavie » dont ſe fait empyeme. Et pour l'euacuer rºrmir les Definition. - - A - A. - - - - - " Gargariſme rie ou lancette courbée, ſemblable à celle-cy. Apres l'ouuerture faite, on vſera de gargariſmes mondi- mondificatif '192 Lehuicteſme Liure, - - "e le Chirurgien eſt'contrainct de faire ouuerture en la troiſieſme & quatrieſme des vrayes coſtes, commen- A ſl çant à compter par en bas : laquelle ouuerture ſe doit faire à la diſtance de ſix ou ſept doigts de l'eſpine l, par le cautere actuel ou potentiel : ou par le raſoir, lequel doit auoir double trenchant comme nos Biſtoi- # ries, & faut couper peu à peu, conduiſant la pointe vers la partie inferieure de la coſte, de peur de cou- per la veine , artere & nerfs, qui accompagnent chacune coſte pour la vie & nourriture , ſentiment & ſ# mouuement des muſcles intercoſtaux. Figured'vn cautere actuel auec ſa platine-. | ' Deſcription Ainſi ſera euacuée la ſanie peu à peu faiſant clorre le nez & la bouche du malade , afin que le diaphrag- # § me,& les muſcles qui ſont entre les coſtes, puiſſent expeller la matiere contenuë au Thorax.D'abondant OI1 &, deſapla pourra faire l'ouuerture auec ce cautere actuel, lequel a quatre trous pourmettre vne petite cheuille haut - tine_ . ou bas , ſelon qu'on le voudra faire profonder en bas auec vne platine de fer blanc, au milieu de laquelle - y a vn trou pour paſſer au trauers ledit cauterre, afin qu'il ne touche qu'à l'endroit où on le veut appliquer. | Laquelle platine doit eſtre vn peu courbe,à fin de s'accommoder proprement ſur le coſté, & eſtre attachée | par ſes quatre coings auec attaches. Et où le malade ſeroit grand ayant les coſtes larges, on pourroit faire | Hiſtoire .. l'ouuerture ſur icelles auec vn trepan : laquelle eſtant faite par l'vn des ſuſdits moyens , faudra euacuer le " : pus peu à peu : & puis y ſera fait injections deterſiues,comme.24.aq.hord.j .vj.mellis roſat.3.ij. fiat in je- ctio : & autres deſquelles nous parlerons cy-apres aux playes,enſemble du reſte de la curation.Benedict.de - la Valée, natif de la ville de Thurin,aagé de vingt-cinq ans,tomba malade d'vne pleureſie, laquelle ſuppu- ra , & ſe fit vn empyéme, jettant la bouë par la bouche, la crachant en grande abondance fort fetide & puante par l'eſpace de ſix ſepmaines, puis elle s'arreſta vingt iours apres : au moyen dequoy , lors qu'il ſe baiſſoit & remuoit,on oyoit vn bruit en ſon corps,comme d'vne bouteille à demye pleine.Et pour la guari- ſon de ce, appella pluſieurs Medecins , à ſçauoir le Grand , le Gros, Duret, Liebaut, Violaine, Malmedy, leſquels luy ordonnerent pluſieurs remedes : en fin vn iour m'enuoya querir : & ayant conſideré ſon mal, luy conſeillay d'ouurir le coſté pour donner iſſue à la matiere purulente:ce qu'il m'accorda,lors qu'il ſeroit 4º liuºe vn peu plus fort. Quelques iours apres nature fit expulſion de ladite matiere par grands vomiſſemens, en º *- ſorte que toſt apres fut du tout guary par la grace de Dieu, & de nature, & ſe porte bien pour le preſent l'fr/g43. eſtant en bon poinct, comme s'il n'euſt eu iamais mal. Hippocrate dit, que quelquesfois il faut trepaner la coſte quand Il faut vuider l'eau qui eſt amaſsée au thorax. Les ſignes qu'il y a de l'eau contenue au thorax, c'eſt que le patient a vne toux ſeiche, aſperité à la gorge, friſſon, fiévre, courte haleine, & principalement quand on eſt couché,enfleure des pieds & douleur violente : apres vne grande ſoif,& auoir beaucoup beu, il y a de l'eau dedans le coffre. On cognoiſt de quel coſté eſt l'enfleure au mouuement du fiot, & y a vm ſon comme d'vne bouteille à demy remplie. Hippocrate commande de couper la chair ſur la troiſieſme co- ſte depuis la derniere, puis auec le foret, ou vne bien petite trepane qu'on ouure la coſte pour vuider l'eau, ou autre matiere peu à peu, tant qu'elle ſoit du tout vuidée. : De l'Hydropiſie . C H A P. X I. Y D R o p 1 s 1 E eſt nommée en Grec, Hydropt, ou Hyderos, parce que ſa cauſe materielle eſt eau ou humeur aqueux,que les Grecs appellent Hydor.Pour bien definir ceſte maladie nous di-Lº rons que c'eſt vne tumeur contre nature,faite d'abondâce d'eau,de ventoſité,ou de pituite aſ- ſemblée,quelquesfois en toute l'habitude du corps,autresfois en quelque partie,mais le plus Diuiſſon. ſouuét dans le vétre inferieur,âſçauoir en la capacité & eſpace qui eſt entre le Peritoine& les 1.Eſpece-. inteſtins. De là vient,pour raiſon de la matiere & du lieu , qu'il y a diuerſes matieres & eſpeces d'hydropi- ſie. Et premierement celle qui remplit l'eſpace vuide du ventre, eſt ou humide, ou ſeiche. I.'humide eſt • nommée Aſcites , pour la ſemblance d'vn vaiſſeau dit en Grec Aſcos, de la façon de ceux qui ſont faits des + 2. Eſpece ,. peaux de boucs ou chévres pour y mettre de l'eau, du vin, ou de l'huile, parce que l'eau eſt contenuë dans 3. Eſpece. le peritoine,comme dans vn telvaiſſeau. L'hydropiſie ſeiche eſt appellée par les Grecs Tympanites ou Tym- pania s,à raiſon qu'eſtant en icelle le ventre enflé de ventoſité,ſi on le frappe, il rend vn ſon approchant de celuy d'vn tabourin.Mais quand toute l'habitude du corps eſt pleine de phlegme bläc,on l'appelle Anaſirca, N- Hydropiſie ou Leucophegmatia. Elle commence premierement és parties inferieures,comme eſtans plus promptes à re- Particuliere. ceuoir la fluxion,& eſloignées de la chaleur naturelle:ſi on les comprime auec les doigts,le veſtige d'iceux y demeure,& le malade eſt tout bouffi,ayant la couleur du viſage toute blafarde. Elle differe des deux au- tres:car en icelle le vétre s'enfle le premier,puis les parties inferieures.Voila quât aux hydropiſies genera- les & vrayes:mais il s'en fait auſſi de particulieres, qui prennent leur nom de la partie,en laquelle s'amaſſe l humeur aqueux, comme en la teſte Hydrocephalos, à la gorge Bronchocele, en la poitrine Pleurocele, és - | bourſes Hydrocele, & ainſi des autres. Neantmoins toutes ont vne meſme cauſe efficiente,qui eſt l'imbecil- lité ou empeſchement alteratrice & concoctrice du foye , prouenante du ſcirrhe & dureté d'iceluy, ou des Petites bubes pleines d'eau qui s'engendrent en la membrane qui l'enueloppe , meſme de toute ſorte d'in- temperature Definition. - Des Tumeurs en particulier. 193 i A temperature grande,& principalement de la froide,qui a premierement commencé audit foye,ou a ſuccedé à l'intemperie chaude par diſſipation de la chaleur naturelle,& telle hydropyſie eſt incurable : ou eſt ſurue- nue par communication du vice d'vne autre partie ſuperieure ou inferieure. Comme quand vne partie,auec . laquelle le foye a connexion,eſt vexée d'intemperature grandement froide,conſequément le foye en refroi- dit. Et ſi c'eſt à cauſe des poulmons,du diaphragme,ou des reins,le mal eſt aiſement apporté & reçeu és par- ties gibbeuſes d'iceluy par les rameaux de la veine caue,quiiſſent & reſpondent à cét endroit. Mais ſi cela vient de la ratte,eſtomach,meſentere,ou inteſtins (entre autres du Ieiunum & Ileon) la communication ſe fait a la partie caue par les veines meſaraïques,& autres rameaux de laveine porte. Par ce moyen les aſth- matiques,phtifiques, ſpleniques, icteriques, voire les phrenetiques, tombent en hydropiſie : & pouf le dire en vn mot, tous ceux auſquels ou le ſang pur, menſtrual,ou hemorrhoidal vuidé outre meſure ou ſup- primé eſteint ou amoindrit la chaleur naturelle,ainſi que le feu ſe meurt ou eſteint par trop ou à faute de bois.Autant en faut-il eſtimer des excremens du vétre,& de la veſſie, lors qu'ils ſont immoderément vuidez ou retenus : auſſi des viandes prinſes en trop grande ou petite quantité, trop froides, & ſans ordre, ſans beſoin : de peu dormir, de la mauuaiſe condition & eſtat de vie : bref de toutes les choſes externes,eſquel- les ſe peut commettre erreur en ceſte partie. Or Aſcités eſt diſtinguée de deux autres eſpeces , tant par la grandeur de la cauſe efficiente, qui eſt l'intemperature froide, que vehemence des ſymptomes, com- me de l'appetit perdu, ou corrompu, ſoif inextinguible & tumeur du ventre : dauantage, que ſil'on vient à mouuoir le corps , ou à ſecoüer le ventre, l'on entend l'eau flotter dedans, comme ſi c'eſtoit vn vaiſſeau demy plein. Et ſelon que le malade change de ſituation, ou quel'onpreſſe le ventre auec les doigts, l'hu- meur deſcend ou monte, toufiours empreſſant les conduits : de fait s'il monte , il amene difficulté de reſ- piration & toux,& quelquesfois monte & regorge en la capacité du thorax, & cauſe les meſmes accidens qui ſuruiennent en l'empyeme : & ſouuent auſſi les malades par le mouuement deſdites aquoſitez , qui fluent & refluent ſemblent eſtre eſleuez en l'air comme ſi l'on ſe plongeoit en l'eau:ce que i'ay ſçeu par leur recit, & non par aucun autheur. Si leſdites aquoſitez deſcendent, elles empeſchent l'iſſuë de l'vrine , & des excrements du ventre par compreſſion des orifices de l'vn & l'autre excrement. Dauantage , le ma- lade eſtant couché à la renuerſe , la tumeur eſt moins apparente : parce que l'eau ſe reſpand çà & la. Le contraire aduient quand il eſt debout ou en ſon ſeant, d'autant que l'eau tombe tout en vn tas au petit ventre, là où le malade ſent vne peſanteur. Les parties hautes du corps amaigriſſent par faute de ſang qui ſoit de qualité & conſiſtence requiſe pour bien nourrir, & les baſſes enflent par defiuxion d'humeur ſereux & pituiteux ſur icelles : le poulx eſt petit, hatif, dur, auec quelque tenſion. Ceſte diſpoſition eſt de longue curation, & le plus ſouuent incurable, principalement à ceux qui l'ont apportée du ventre de leur mere , qui ont l'eſtomach dépraué , cachecti- § & de mauuaiſe habitude és vieilles perſonnes : & generalement tous ceuxqui ont la vertu debile & guide. Au contraire, les ieunes gens robuſtes qui n'ont point de fiévre, & deuant que la matiere ou eau ſoit pourrie, & que le foye & les autres parties ſoient fort alterées, qui peuuent porter le trauail & exercice requis àla curation d'vn telmal, peuuent receuoir curation. De la Curation de l'Hydropiſie . C H A P. X I I. Acuration ſe doit commencer par les plus aiſez & benins remedes , qui ſont la diete & me- dicamens, auant que venir à la paracenteſe. Or nous laiſſerons aux doctes Medecins à corri- ger l'intemperie du foye & des autres parties principales,& à ordonner vne diete deſſeichan- te auec les medicamens hydragogues,c'eſt à dire qui vuident l'eau, tant par les ſelles que par les vrines. Hippocrate commande leur donner ceſte pouldre 2/.. cantharid. ablatis capitibus & alis. 3. É.comburant. in furno,fiat puluis, de laquelle en ſoient donnez deux grains en vin blanc:car on a veu maintesfois nature aidée par tels moyens guarir entierement l'hydropiſie.Et pour auancer la cure nous excitons quant-&-quant aucunesfois la partie enflée à faire quelque reſolution d'vne partie de l'humeur, en y appliquant les medicamens fort diſcutiens, comme ſachets,baings liniments & emplaſtres. Les ſachets ſeront faits ex macris furfuribus, auena, ſale, ſulphure calidis ; ou a faute de ceux-cy, ex arena ſabulo, cineribus ſxpius calefactis. Les bains plus excellens ſont les eaux naturellement ſalées, nitreuſes, & ſul- phurées, ou preparées par artifice,en y mettant du ſel nitre & ſoulphre fondus,ſil'on y veut faire boüillir de l'aneth,rhue,marjolaine, fenoüil, ſtzchas & ſemblables, ils en vaudront mieux. Les linimens ſe feront d'huile de rhuë, d'aneth, de laurier & ſcillitic, auſquels l'on aura fait boüillir vn peu d'euphorbe, pyretre ou poivre. On compoſera l'emplaſtre ex thure, myrrha , terebentina , coſto, granis lauri, cypero,melle, ſtercoribus bubulo columbino, caprino equino, & ſimilibus , quae vel per ſe imponi poterunt. Si le mal perſeuere, faut paſſer aux ſinapiſmes, aux phœnigmes, c'eſt à dire, medicamens rubricatifs, & phyſeignes; c'eſt à dire, veſicatoires, ou qui excitent des veſſies, leſquelles ſeront couppées & ouuertes pour en laiſſer couler l'eau peu à peu , & ſi longuement que toute l'humilité ſoit conſommée, & le malade guary de l'y- dropifie.Quelques practiciens ayans leu en Galien liure1.de facultatib.naturalibus,les laboureurs d'Aſie,lors que des champs ils portent le bled en la ville, ayans enuie d'en dérober quelque portion,ſans que leur lar- cin ſoit deſcouuert, auoir de couſtume de cacher dans les ſacs dudit bled , des boüteilles pleines d'eau : car de la aduient que le bled, attirant par le trauers de la terreſtrité du vaſe l'humidité en ſoy , ſe gonfle, dont il ſe monſtre plus enflé & plus peſant : ayans, dis-ie, leu telle choſe dans Galien , ont pensé que le bled a puiſſance d'attirer les eaux, & que qui enſeucliroit vn hydropyque dedans, on verroit leſdites caux en bref conſommées & taries. - Si tout cela ne ſert de rien, on viendra à l'operation manuelle, qui eſt le dernier remede, que les Chi- rurgiens appellent par vn nom Grec,Paracenteſe.Or deuant que de monſtrer comme il nous ſemble qu'elle ſe doit faire, il ne ſera hors de propos d'amener icy les diuerſes opinions des anciens touchant icelle ope- ration. Car les vns l'abhorrent,& les autres l'approuuent : & certes il y a quelques raiſons de part & d'au- tre,leſquelles nous ſoudrons par meſme moyen.Ceux döcques qui reprouuent la Paracenteſe,diſent qu'el- le eſt dommageable pour trois incommoditez. La premiere eſt qu'en vuidant l'eau, ſe fait grande reſolu- tion & perte d'eſprits, & par conſequent des forces naturelles, vitales, & animales. La ſeconde que le foye n'eſtant plus ſouuent ſur l'eau comme deuant, pend, & par la peſanteur tire à bas quant & ſoy le diaphragme,& les parties thorachiques,dont s'enſuit toux ſeiche,& difficulté de reſpiration.La troiſieſme, que le peritoine qui eſt de ſubſtance nerueuſe ne ſe peut bonnement poindre, ny inciſer ſans grand van- ger, ny aiſément aglutiner, pour eſtre partie exangue & ſpermatique. Tels ſont les argumens d'Eraſiſtrate. & de ſes ſectateurs,pour prouoquer que la Paracenteſe eſt dommageable,mais ils en amenent encores d'au- tres, Pour monſtrer qu'à tout le moins elle cſt inutile. C'eſt que l'eau euacuée n'emporte point quant & Signes de l'hydropiſie vraye, āiin Aſcités. Symptomes. Aſcités. Experience de l'Auteur. Prognoſtit. Carc . ſoy Pouldre de Hip.liu.4 de vict.acu. Cr liu.de inter. affect. Matiere de ſachets. Baings. Linimens. Emplſtare, pour appli- quer ſur le ºUentre. Raiſons con- tre la Para- centeſe. Eraſiſtrate improuue la paracenteſe. 1 94 Le huictieſme Liure, • ſoy la cauſe qui eſt l'intemperature, & dureté du foye,& des autres parties internes,deſquelles par apres ne A " c laiſſe de s'engendrer l'hydropifie comme deuant. Ioint que la fiévre , ſoif, & intemperature chaude & ſeiche,qui eſtoient temperées par l'attouchement de l'eau,ſont par l'abſence d'icelle augmentées.Et c'eſt,ie croy,ce qui a eſmeu Auicenne & Gourdö d'eſcrire que bien peu ſont eſchappez de la Paracenteſe:mais tout . cela eſt fort aisé à refuſer. Car pour commencer aux incommoditez qu'ils diſent en prouenir : Galien dit *ſº que la premiere aduient faute de bien adminiſtrer la ponction, à ſçauoir quand on laiſſe écouler l'eau tout à la fois. Et à la verité il y auroit bien plus de raiſon ſuiuant cela , de reietter la phlebotomie,par laquelle on vuide le ſang , qui contient bien plus grande quantité d'eſprits , & qui ſont bien plus purs que ne fait l'eau des Hydropiques.Quant à la ſeconde,qui eſt que le foye n'eſtant plus ſupporté par l'eau, attire à bas par ſa peſanteur les viſceres thorachiques:cela ſe peut bien euiter en tenant le malade couché à la renuer- - ſe , car ainſi le foye meſme ne pend point. Plus, quelle connexion qu'ait le foye auec leſdites parties,ſi n'y , eſt-il point tellement attaché qu'il les puiſſe tirer, veu meſme qu'il en eſt ſeparé par le diaphragme, lequel ſouſtient leſdits viſceres thorachiques & empeſche qu'ils ne puiſſent tomber plus bas.Pour le regard de la " troiſieſme incommodité, c'eſt ſimpleſſe de craindre l'inciſion du Peritoine, bien que ce ſoit vne partie ner- ueuſe & membraneuſe.Car tous les inconueuiens qui aduiennent aux parties nerueuſes bleffées,c'eſt à rai- ſon de leur ſentiment, lequel n'eſtanticy que bien petit ou du tout nul, à cauſe de l'alteration interieure,il : #sº n'en faut auoir aucune doute. D'abondant, & la raiſon & l'experience ordinaire nous enſeignent que plu- # " * ſieurs parties nerueuſes , voire les membranes meſmes fimples, élongnées & dépourueuës de chair, ſe peu- - plai. uent guarir : par plus forte raiſon le Peritoine incisé ſe pourra reprendre,veu qu'il eſtencore adherant aux , muſcles de l'abdomen,& ſi ſerré auec iceux,que les Aanatomiſtes ont bien de la peine à l'en pouuoir ſepa- , Rºſºº * rer. Reſte l'argument de l'inutilité, qui eſt de ſi peu de valeur, que pour y reſpondre , ie ne veux ſeule- B l'inutilité ment qu'vſer des propres termes de Celſe. Ie ſçay bien (dit-il) que la paracenteſe a dépleu à Eraſiſtrate & - aux ſiens , parce qu'ils ont eſtimé que l'hydropiſie fuſt maladie du foye tant ſeulement ; qu'en vain l'on | mettoit peine de vuider l'eau, laquelle n'emportant quant & ſoy l'affection du foye, ne laiſſoit pas dc ſe r'engendrer encores apres l'euacuation. En quoy ils ont lourdement failly. Car en premier lieu , ce vice ne vient ſeulement du foye : encore qu'il en fuſt venu, toutesfois ſi on vuide l'eau corrompuë, qui eſt de- dans le ventre contre nature , elle fait grande nuiſance au foye,& à toutes les autres parties interieures, A vtilité de augmentant , ou pour le moins entretenant leur dureté & intemperature. Au contraire, eſtant vuidée , fi C l'euacua- elle ne fait autre bien , pour le moins elle fait place aux remedes, qui puis apres pourront guarir le vice C tion. deſdites parties : & tant s'en faut que ceſte eau qui eſt ſalée & corrompue, puiſſe mitiger la fiévre, ſoif,& • ! intemperature chaude & ſeiche, que pluſtoſt elle les augmente. Quant à l'intemperature froide elle en ac- i, croiſt , en ſorte que cependant la chaleur naturelle eſt en grand danger d'eſtre eſteinte par l'abondance de l'humidité. Ainſi nous pourrons, ſuiuant Celſe renuoyer Erafiſtrate & ſes ſectateurs par deuers Ga- - Gal.2. de lien,qui les admoneſte d'apprendre l'eſſence & la cauſe de ce mal qu'ils ont ignorée, auant que s'entremet- ſa cul. natur. tre de le curer,ou de diſputer de la curation.Pareille & derniere reponſe ferons-nous à Auicenne & Gour- lib. Morbo. don, par la bouche de CeliusAurelianus autheur excellent , combien que methodique. Ceux (dit il) qui chren. chap. oſent mettre en auant, que tous ceux à qui on a fait la paracenteſe ſont morts,mentent : car nous en auons de hydrºp. veu beaucoup rechaper. Et ſi pluſieurs y ſont demeurez, c'eſt faute que l'ouuerture a eſté faicte ou trop Nº**iº- tard, ou peu dextrement. Ie ne diray que ce mot, pour aſſouppir toutes diſputes & contradictions , c'eſt 4"º que le malade eſtant reduit à telle extremité, qu'il ne luy reſte plus qu'vn ſeul remede; ce n'eſt pas trop ſa- gement fait de diſputer, s'il eſt bon de le faire ou non. Parquoy pour clorreceſte diſpute auec Celſe, nous ne voulons pas aſſeurer que tous puiſſent guarir par ces remedes. Or maintenant il nous faut declarer la methode de faire la paracenteſe pour vacuer l'eau c6- tenuë au ventre. Sil'hydropyſie procede du foye, il faut faire ouuerture à la partie ſeneſtre : & ſi elle vient - du vice de la ratte, elle ſera faite à la dextre : parce que ſi le malade repoſoit ſur le coſté inciſé,la douleur de la playe l'affligeroit, & ne la pourroit ſupporter : car l'aquoſité renuerſée ſur l'ouuerture,ſortiroit & di- ſtilleroit continuellement , dont s'enſuiuroit trop grande debilitation de la vertu. Ladite inciſion doit eſtre faite trois doigts au deſſous de l'Ombilic, à coſté des muſcles longitudinaux ( non ſur la ligne blanche ) | ny en l'extremité nerueuſe des muſcles de l'Epigaſtre , pour obuier à la douleur , & difficulté qu'il y auroit à conſolider la playe, à raiſon que telles parties ſont exangues. François Rouſſet Medecin bien eſti- , mé entre les gens doctes , dit auoir veu à Orleans vn gros Porte-faix, ſurnommé Va ſi tu peux, hydropi- ' que de longtemps, deſeſperé de pouuoir iamais receuoir guariſon : auquel à ſainct Agnan , vn autre ſemblable beliſtre luy perça le ventre d'vn grand coup de couſteau, doù auſſi-toſt ſortit grande quanti- té d'eau pourrie,lequel ſubitement guary, reuint à trauailler comme deuant,ſans retomber en hydropiſie. ra maniere Il fut guary par hazard, ſans que l'inciſion fuſt faite par la paracenteſe La maniere de faire la paracenteſe de faire la eſt qu'il faut ſituer le malade ſur le coſté droit, ſi on pretend faire l'inciſion au ſeneſtre : au contraire, ſi on - Paracenteſe. la veut faire au dcxtre , ſera couché ſnr le ſeneſtre : puis le Chirurgien,auec vn ſeruiteur,pincera le cuir du ventre auec le pannicule charneux , afin de l'eleuer en haut : puis le couper en trauers iuſques aux muſcles: cela fait , tirera la partie ſuperieure de l'inciſion qu'il aura faite, aſſez haut vers l'eſtomach, afin que lors que l'on voudra conſolider la playe,le cuir retourne deſſus pour mieux l'agglutiner:puis fera vne autre pe- tite inciſion, coupant les muſcles & peritoine , ſe donnant bien garde de toucher à l'omentum , ny moins D aux inteſtins : & ſera mis en la playe vne tente d'or ou d'argent cannulée & courbée , de groſſeur d'vn tuyau de plume d'oye, de longueur de demy doigt , ou enuiron, ayant la teſte aſſez large, de peur qu'elle ne tombe en la capacité du ventre : pareillement de peur qu'elle ſorte de la playe, aura en ſa teſte deux petis trous pour paſſer vn petit ruban, lequel ſera attaché au milieu du corps , ſi dextrement qu'elle ne puiſſe ſortir,ſi ce n'eſt à la volonté du Chirurgien : & par icelle l'eau ſera vacuée tant,& ſi peu qu'on vou- dra : qui ſe fera par le benefice d'vne eſponge qu'on mettra dedans ladite tente, laquelle eſponge ſera lors oftée qu'on voudra tirer l'eau. L'eau ne doit eſtre tirée tout à coup , pour la reſolution & diſſipation des eſprits, qui ſe feroient auec ſi grande quantité d'eau, dont s'enſuiuroit mort ſoudaine.Ce que i'ay veu ad- uenir à vn malade hydropique, qui ſe donna vn coup de poinçon dedans le ventre , pour faire ſortir les eaux,& ſe reſiouyſſoit de les voir couler,& ſon ventre deſenfler : & fut impoſſible d'arreſter leſdites eaux, . dont le pauure malade mourut en peu d'heures, à cauſe que l'inciſion n'eſtoit faite ſelon la methode que nous auons dit. Dauantage, ne faut obmettre à oppoſer vne bonne & groſſe compreſſe par deſſus, & vne ligature,afin de mieux tenir ladite cannule de peur que l'eau ne ſorte hors,contre la volonté du Chirurgien. Et faut icy noter,que ladite cannule ne doit eſtre tirée hors la playe que iuſques à ce qu'ó aye fait toutel'é- uacuation qu'on pretend, attendu que puis apres ne peut eſtre ſi bien remiſe , ny ſans grande violence & douleur,à cauſe que le cuir & pannicule charneux recouurent l'ouuerture.Or pendât qu'on fera euacuation de l'eau, faut bien alimenter le malade,& auoir touſiours l'œil à ſes forces:& où il ſeroit º# ceſſera C ll3Cll2t1 CIl |. Hiſtoire » DesTumeurs en particulier. 195 | l'euacuation quelques iours ſans nullement tirer l'eau puis l'ayant ſuffiſamment vacuée, la playe ſera con- ſolidée,euitant qu'il ne s'y face vne fiſtule : laquelle ſelon Hipp. liu.6.Aphor.8.eſt incurable. Portraič# de la Cannule . - © - Autres vuident l'eau en ceſte maniere.Ceſt que l'ouuerture faite, ils rePrennent les deux lévres de l'ouuerture,les percent tranſuerſa- lemé d'vne aiguille,prenans aſſez grande quantité de chair,afin que ladicte aiguille ne 1 ompe ce qui auroit eſté pris,comme il ſe fait és becs de liévre,lors qu'on les veut reünir enſemble cela fait,on paſ- ſe vn filet de coſté & d'autre de l'aiguille par pluſieursfois, afin de mieux tenir les lévres vnies & le trou fermé, de peur que l'eau nc s'euacue ſinô à la volonté du Chirurgien Quelquesfois apres auoir eſté guaris les malades tombent en Ictericie, dicte Iauniſſe pour la gueriſon de laquelle i'ay eſprouué tel remede , auec heureuſe iſſue en vingt ou trente iours, & auoient les malades long-temps vſé de pluſieurs remedes ordonnez par Mede- cins doctes.2/...ſtercor.anſeris 3.ij.diſſcû.5.iijvinialbi. coletur,fiat potio, detur duabus horis ante paſtum, Ahrret ma - nieres de vnider l'ens -- De la tumeur & relaxation du nombril, appellé des Grecs Exomphalos, C H A P. X I I I. *,Nºa)f2 A tumeur du nombril ſe fait quelquesfois, à cauſe que le Peritoine eſt relaſché, ou rompu, - $ qui fait que les inteſtins,ou l'omentum, ou les deux enſemble y tombent, & quelquesfois s'y engendre vne carnoſité : quelquesfois auſſi vient par vne effuſion de ſang , comme aux aneu- riſmes, ou par vne ſeule ventoſité ou aquoſité. Si l'omentum fait la tumeur , la partie ſera de couleur ſemblable à la peau,molle au toucher,& auec fort peu de douleur,& quand on preſſe deſſus, rentre dedans le ventre, ou de ſoy-mefme quend le malade eſt couché à la renuerſe, & ne fait le- dit omentum aucun bruit r'entrant dedans.Si ce ſont les inteſtins,outre les ſignes ſuſdits,la tumeur eſt plus , Signes dis inégale : & quand on preſſe deſſus pour le reduire dedans, on ſent vn buit de gargouillement , comme inteſtins aux hernies inteſtinales. Si c'eſt vne carnoſité, la tumeur ſera plus dure, & de plus grade reſiſtance, & de- si ne de meurera en vn meſme endroit, ſans rentrer au dedans,encore que le malade ſe couche à la renuerſe, qu'on carneſité preſſe deſſus. Si c'eſt ventoſité,la tumeur ſera molle,& ſubit retourne:& jaçoit que le malade ſe mette à la #º * renuerſe,demeure toufiours en meſme figure:auſſi quand on frappe deſſus,fait quelque bruit,tout de meſme " que ſi l'on frappoit auec vne baguette contre vn petit tabourIn. Si c'eſt aquoſité , la tumeur eſt ſemblable- - - ment molle,mais elle n'obeit pas quand on la preſſe ſans diminuer ou augmenter. Si c'eſt effuſion de ſang, Signes d' é- elle ſe monſtre liuide : & ſi le ſang eſt arterial,les ſignes ſeront ſemblables à ceux des aneuriſmes. Parqt oy tºſº. - uand la tumeur du nombril eſt #§ par le vice des inteſtins,ou de l'omentum,ou des vents ou aquofitez, Signes d'ef- ouuent la Chirurgie aura lieu , & non des autres. Or pour la cure des inteſtins & de l'omentum,le mala- #º de dc ſera couché à la renuerſe,& ſeront reduits les inteſtins & omentum.Cela fait,on tiendra la peau ſuſpen- ºg. due où eſtoient contenus leſdits inteſtins & omentum,puis on en prendra vne portion,tant qu'il en ſera be- ſoin,& paſſera-on au trauers de la peau ainſi eſleuée,vne aſſez groſſe aiguille,enfilee d'vne petite ficelle aſ- Cure de l'in- ſez forte. Puis on fera des inciſions autour aſſez profondes,tant qu'il en ſera beſoin, afin que ladite peau ſe teſtinale Cr reagglutine mieux : puis derechef on paſſera ladite aiguille deux ou trois fois,ou plus,ſelon que le cuir au-zºrbale , ra eité eſtendu en groſſeur , longueur & largeur, & ſera ſerrée la ficelle aſſez fort, puis derechef on liera la totalité vers le ventre : & en ce faiſant la peau qui aura eſté diſtendue,tombera auec leſdites ligatures. Et pour bien faire, lors que ladite peau auroit eſté fort diſtendue, on la pourra amputer aſſez pres de la liga- ture exterieure, puis l'vlcere ſera traictée & cicatrizée ainſi qu'il appartient. La venteuſe ſera curée , ar º"* de la remedes cy-deſſus eſcrits aux tumeurs venteuſes. Celle qui eſt faite d'humeur aqueux, ſera vuidée, fai-* ſant petite inciſion , la tenant ouuerte tant qu'il ſera beſoin. Prognoſtir. Des Hargnes ou greueures, qui ſont tumeurs aux aines & aux bourſes des teſticules. CH A P. XI V. $ E mot de Hargne a eſté donné à ceſte maladie, parce que ceux qui en ſont vexez ( pour la : -- $# douleur qu'ils ſentent)couſtumierement ſont hargneux, c'eſt à dire, mal-plaiſans & criards, #ºlº # # principalement les petits enfans. Les anciens en on fait pluſieurs eſpeces,toutesfois il n'y en a de hargne . $# # que trois propres & vrayes ; à ſçauoir, l'inteſtinale, la zirbale, & celle qui eſt composée des \º* deux. Les autres ne ſont que ſimilitudinaires, & peuuent venir au Scrotum ou és aines , ſans que les inteſtins ou zirbus ſoient hors leur lieu naturel. A icelles les Grecs ont baillé vn nom propre, tant ſelon le lieu où ſe fait telle tumeur,que ſelon la choſe & ſubſtance qui la fait :comme quand la tumeur n'eſt qu'aux aines, ils ont nômé telle hargne Bubonocele,que nous diſons Inguinale,ou Hargne incomplet- te,à cauſe quelle ne tombe dedans le ſcrotum ou bourſe des teſticules. Car lors qu'elle y deſcend,eſt com- plette : & ſi c'eſt l'inteſtin,ſe nomme Entrocele,ou inteſtinale:fi c'eſt le zirbus, Epiplocele ou Zirbale:ſi les deux y deſcendent enſemble,Eterœpiplocele Si c'eſt l'eau:Hydrocele ou aqueuſe:ſi du vent,l'hyſcocele ou venteuſe : & s'il y a du vent & de l'eau enſemble, comme il ſe fait ordinairement,prendra ſemblablement le nom des deux,& ſe nommera Hydrophyſocele, c'eſt à dire,aqueuſe & venteuſe.S'il y a excroiſſance de chair en la ſubſtance du teſticule,ou autour d'iceluy,telle hargne ſe nommera Sarcocele ou charneuſe:s'il ya vei- nes groſſes dilatées & entortillées,Cirſocele ou variqueuſe. Si ce ſont humeurs, la tumeur prendra le nom de l'humeur dominant,& ſera dite phlegmoneuſe,œdemateuſe, & ainſi des autres, comme nous auons dit au chap.des apoſtemes.Les cauſes ſont pluſieurs,comme excez violens,coups,cheutes de lieu haut,vomiſſe- - ment,toux,beaucoup cheminer,ſauter dancer,cheuaucher vn cheual allant dur,crier, ſouffler aux trompes, Cauſet de & trôpettes,cors,cornets,& autres inſtrumêts où il faut beaucoup de vent leuer peſans fardeaux,eſtre tiré harzºº. ſur la geſne,auſſi l'vſage des viades viſqueuſes & venteuſes,& l'humidité excreméteuſe qui vient a la partie. ' Toutes leſquelles choſes peuuent dilater ou rompre la production du Peritoine, lequel eſt membraneux & delié, & partant ſe rompt & dilate aiſement. Les femmes qui ont porté de gros & peſans enfans, † R 2 - grande Differencés de hargnes, & leurs di- Méry /20m/7f. • - I 96 Le huictieſme Liure, signet. Pregnoſtic. Hargne incu rable . Hargnce 6/70r1/7e_,. Maniere de reduire l'in teſtin. Cataplaſme. 44. chap. Impoſture de, Cha- ſtreux. Pourquoy ſe gua°it la hargne des petits en. fans. grande diſtenſion du vétre,ou par violens cris & épreintes des cruels enfantemens:la pluſpart ſont affligées A d'vne hargne inteſtinale, enlaquelle leur tombe l'inteſtin en l'aine,à cauſe que le Peritoine eſt relaiche, & quelquesfois rompu. Pour meſmes cauſes ſont pareillement ſujettes à l'enflure du nombril,parce que l'in- teſtin ou omentum y de cend. Pour la curation,faut vſer des remedes cy-deſſus eſcrits, & leur faire porter brayers & ligatures propres à telles diſpoſitions.Les fignes de l'inguinale,ſont cogneus par la tumeur fonde trouuée en l'aine, laquelle eſtant preſſée ºtourne facilement au dedans. Les ſignes que les inteſtins ſont deſcendus dedans le ſcrotum, c'eſt qu'il y a tumeur dure,& lors qu'on les reduit au dedans,ils font vn bruit gourgouillant auec douleur. Au contraire, ſi c'eſt le zirbus, la tumeur eſt mollaſſe,& ſemble qu'on touche de la laine:joint qu'il eſt plus difficilement reduit que l'inte ſtin.A cauſe que les inteſtins eſtans continus en leur ſubſtance,& en quelque mouuement continuel, non ſeulement s'entreſuiuent , mais auſſi s'attirent l'vn l'autre pour éuiter la diſtenſion qui eſt fort douloureuſe en leurs corps membraneux, qui aduient a raiſon de la mutation de leur lieu naturel. De toutes leſquelles choſes on ne peut attribuer aucune a l'omentum,eſtant vn corps ſtupide & preſque inſenſible,groſſier,peſant,& ſans mouuement aucun :combien qu'au 1eſte il ſoit remis auec moins de douleur, & ſans faire aucun bruit. Signes que le Peritoine eſt rompu,quand la hargne inteſtinale croiſt ſubitement,auec douleur cuiſante & poignante : car quand il n'eſt qu'eſlargy & dilaté ſeu- lement, elle croiſt lentement,& auec peu de douleur. Qui toutesfois continue tant que la tumeur dure,& ſe renouuelle:ce qui n'eſt en la rupture du Peritoine car le paſſage eſtant vne fois libre & ouuert,la tumeur ſe fait & renouuelle ſans diſtenſion,& par conſequent ſans douleur. Les autres fignes ſeront particulariſez en leur lieu. Quelquesfois il aduient que les intcſtins & zirbus adherent contre le proceſſus, de ſorte que nullement on ne les peut reduire:ce qui ſe fait par vne coherence & glutinoſité de matiers viſqueuſe,ou de quelque excoriation qui aura eſté faite,en reduilant les inteſtins , ou pour auoir trop long-tcmps negligé à les reduire,& n'auoir porte vn bon brayer. La hargne complete inueterée, en laquelle le procez eſt rompu & principalement à ceux qui ont ja accomply leurs trois dimenſions , ne guarit lamais, ou bien rarement. Auſſi quand ledit proceſſus eſt grandement rompu , les inteſtins peuuent tomber cedans les bourſes à la groſſeur de la teſte d'vn homme, auec peu de douleur, & ſans danger de mort, a raiſon que par la grande amplitude du lieu, la matiere fecale peut entrer & ſortir librement hors les inteſtins. De la curation des Hargnes. C H A P. XV. A R c E que les petits enfans fort ſujets à auoir des Hargnes,(non toutesfois tant la charneu- le ny variqueuſe, mais plus ſouuent l'aqueuſe & vent ufe, & principalement l'inteſtinale,qui leur vient du grand effort qu'ils font par leur crier & touſſir) pour ceſte cauſe nous parlerons premierement de la curation d'icelles 1 e Chirurgien donc eſtant appellé pour reduire l'inte- ' ſtin tombe en la bourſe,ſituera l'enfant au lict,ou ſur vne table,la teſte en bas,les feſſes en haut, & de ſes deux mains peu à peu fera la reduction. Apres il fomentera la partie d vne fomentation aſtringen- te, eſcrite en la precipitation de la matrice, puis on appliquera ce rcmede.2/...Praefcriptæ decocuionis quan. fuff far hord. & fabar.an 3.j. pul aloës, maſtic. myrtyl. & ſarcoc. 3.1j. bol. atm. 3. E. incorpor. ſimul, & fiat cataplaſm. ſecundùm artem. Ou de l'emplaſtre contra rupt. Deſquels 1emedes le Chirurgien vſera à ſa volonte,en bien baneant la partie auec compreſſes&brayers propres à tel affaire,& fera tenir l'enfant dans ſon b rçeau l'eſpace de trente ou quarante iours, les feſſes vn peu eſleuées , & ſur tout on le gardera de crier & touſſir Aëce au premier ſermon commande faire tremper du papier en l'eau par l'eſpace de trois iours , puis en faire vne pelotte qu'on appliquera ſur l'aine, ayant premierement reduit l'inteſtin , & ne le faut deſlier de trois ieurs,& de ce verrez grande efficace. En lieu d'eau commune, il faut prendre d'vne aſtringente,comme celle qu'on vſe en la relaxation de la matrice. Autre remede 2 ſangu. draconis 3. ij. maſticis.3.j. thuris 3. É nucis cupreſſi 3. ii.picis nigra 3.j.pul- ueriſentur omnia ſubtiliſliimè,albumina ouorum numero duo incorporentur ſimul,& applicentur vt uictum eſt. ll faut laiſſer ce remede ſur la Partie cinq ou ſix iours,& continuer vn mois plus ou moins, & ſera ap- pliquée ſur des eſtoupes. Autre.%.thuris,maſtic aloës, ſangu.draconis, farcol.boli. armenici, terra ſigillata : gummiammoniaci torrefacti, glutini piſcium,balauſticorum,nucis cupreſſi,gallarum,myrtyllorum,hypocitiidos,ladani, añ.3.j miſce & fiat puluis. De ceſte poudre en ſera incorporéauec blanc d'œuf,& applique 1ur la partie,& laiſſé par cinq ou ſix iours ſans remuer. Autre , faeite à faiºe. Prenez blanc d'œuf,farine volatile,incorporez ensé ble,&l'appliquez deſſus Il faut que l'enfant ait le vé- tre lafche,qui ſe fera mettât en ſa boüillie beurre frais,& vn peu de ſuccre La nourrice ſe gardera de boire eau crue,mais la fera boüillir, auſſi ne doit mange r ſalades,ne fuicts cruds, & pourra boire du vin bié tré- pé. Et par ces remedes ie proteſte que pluſieurs ont eſtéguais, & ay garde les C haſtreux de leur amputer les couillons,deſquels ils ſont fort friands,pour le lucre qu ils en reçoiuent, & abuſent ai ſi les peres meres leur faiſant acroire que iamais leurs enfans ne peuuent guarir,depuis que le boyau eſt tôbé en la bou ſe:qui eſt vne choſe fauſſe & menſongere,principalemêt lors que le peritoine n'eſt que relaſché & non rompu.c ar les ayant ainſi accouſtre ,& tenus le temps que nous auons dit, enfant qui n'a encores accôply ſes trois di- menſions,guarit,pourueu qu'on garde cependat la deſcente aux bourſ s,& ce d'autant que la voye du Peri- toine,par laquelle l'inteſtin eſtoit deſcendu, s'appetiſſe & reſtrecit, Pendant que d'autre part les inteſtins groſſiſſent. il y a vn Chirurgien , lequel i'eſtime eſtre homme de bien , qui m'a dit auoir guary pluſieurs enfans en donnant de la poudre d aymant bien ſubtile & meſlée auec leur boiullie, & frottoit de miel l'aine où ſe faiſoit la deſcente de la hargne, puis ſinapiſoit par deſſus de limature de fer bien ſubtile, & continuoit tel remede l'eſpace de dix ou douze iours, & bandoit la partie auec brayer propre. Ce qui ſem- ble eſtre fondé ſur ce que l'aymant par dedans, cupide par l'inſtinct qui luy eſt naturel d'attirer le ferap- posé par dehors,attire auec violence à ſoy les corps charneux & adipeux qui ſont entredeux, qui bouchans le paſſage du Peritoine, & auec le temps s'incorporans à iceluy , empeſchent que l'inteſtin ou omen- tum paſſe, & tombe hors de ſon lieu. Ce qui ne doit ſembler plus eſtrange, que de voir ledit aymant par l'entre-deux , & trauers d'vne table , pour double & eſpaiſſe qu'elle ſoit, tirer apres ſoy le fer, ſelon qu'il eſt promené de çà ou de là. Autre remede par luy experimenté ſouuentesfois : Faut prendre des li- maçons,rouges,& les faire calciner en vn pot de terre mis au four,& en faire poudre, de laquelle il donne comme deſſus,auec la bouillie, & aux plus grandelets la fait prendre auec leur potage. La cure quelques- fois ſe pourra auſſi faire aux plus âgez, voire à ceux qui ont accomply leurs troi dimenſions, eſtant en l'âge de quarante ans : pour le prouuer ie reciteray ceſte hiſtoire. C'eſt qu'vn Preſtre de Sainct André des Aarts nommé M.lean Moret,Epiſtolier,c'eſt à dire,chantant 1'Epiſtre au Dimanche, lequel auoit vne † inteſtinale B Des Tumeurs en particulier. 197 D | A inteſtinale complete, ſe retira vers moy, me monſtrant ſon mal, demandant ſecours, parce qu'il diſoit ſentir vne tres-grande douleur, principalement en chantant ſon Epiſtre. Voyant ſa greueure, ie luy dy, que veritablement il deuoit mettre vn autre en ſa place : ce qu'il fit,priant le Curé (pour lors nommé Monſieur le Clerc, Doyen de la faculté de Theologie ) & les Marguilliers, d'en commettre vn autre , leur declarant ſon impuiſſance. Ce que luy eſtant accordé , ſe mit entre mes mains, & ie luy ordonnay pluſieurs remedes propres à ſon mal, luy faiſant prendre vn brayer, qu'il porta par l'eſpace de cinq ou ſix ans : & vn iour luy demandant comment ſe portoit ſon mal, me fit reſponce qu'il ne ſçauoit plus que c'eſtoit, & qu'il eſtoit guari. Ce que iamais ie n'euffe peu croire,ſi le ne l'euſſe veu. Parquoy l'amenay à mon logis, & veis ſes Admirable parties genitales ſans aucun veſtige de hargne : émerueillé grandement comme il auoit peû eſtre guary co-prouidence. noiſſant ſon âge : Or ſix moys apres que ie l'eus ainſi reuiſité, aduint qu'il mourut d'vne pleureſie : & ayant ſceu ſa mort, ie m'en allay en la maiſon dudit Curé, en laquelle ledit Moret ſe tenoit,le priant qu'il me per- miſt faire ouuerture du corps mort, afin que i'euſſe cognoiſſance quel baſtiment Nature auoit fait en la voye où les inteſtins deſcendoient : ce que volontiers il m'accorda. Ie proteſte à mon Dieu, que ie trouuay au- tour du trou de la production du peritoine , vne ſubſtance adipeuſe de la groſſeur d'vn petit eſteuf, in- filtrée & attachée ſi fort audit endroit, qu'à bien grande difficulté la pouuois deſtacher ſans dilacerer & rompre les parties adiacentes. Et voila la cauſe pourquoy la guariſon s'en eſtoit enſuiuie. Semblablement, i'ay cogneu quelques-vns quiauoient porté le brayer par longues années, ſans autre choſe eſtre entierement guaris : eſtans maigres, & puis deuenus gras, les inteſtins accueillent graiſſe qui les groſſit, de ſorte qu'ils ne tomboient nullement aux bourſes,& ont laiſsé de porter le brayer ſans aucune recidiue.Ces choſes nous monſtrent, qu'il ne ſe faut haſter d'oſter les couillons aux pauures garçons. Choſe admirable , que Nature guariſſe des maladies eſtimées incurables, ſi elle eſt tant ſoit peu aydée. Le principal ayde conſiſte à empeſ- cher l'inteſtin de deſcendre, pendant qu'elle opere, & faire ce que deſſus. Pour ceſt effect, aux enfans vn peu grandelets, & aux hommes & femmes,on fera porter des brayers & eſpauliere,de la façon qui eſt por- tée par ces deux figures. Figure d'vn homme qui auroit vne ruptured'vn ſeul coſté, auec vn brayer, duquel l'eſcuſſon doit auoir trois eminences, deux en haut, & l'autre en bas, & au milieu d'icelles vne caui- té, afin qu'il ne preſſe trop ſur l'os pubis, & qu'il n'y face douleur I'ay trouué depuis n'a- gueres ceſte inuention, laquelle me ſemble meilleure que toutes les autres par cy-deuant inuentées,à cauſe qu'elle prohibe merueilleuſement la deſcente des inteſtins, & omentum. A L'eſpauliere, laquelle s'attache au deuant cc me tu vois, & au derriere auſſi à l'endi de D. B Le brayer. C La cauité au milieu des trois eminences. Erºl $ # 7 NS -- R 3 Autrt Le huicteſme Liure, | 1 9 8 iauroit rupthrº des deux coſtez, & comment il doit eftre bandé, A - figure d'vn homme 4º § inteiiins ou l'omentum ne deſcendentaux l •aº# jlé d'vn brayer ? ourgarder # dudit brayer, & deſaligature- : d' auant4gº » la / - bourſes nommeéeſpaulicrc-* A L'eſpauliere fendue & ouuerte par le mi- lieu, pour paſſer la teſtea - B B Le brayer à deux coſtez,entre leſquels ya vn trou par où la verge doit paſſer. Note que chacun deſdits coſtez doit eſtre de meſme façon que celuy de la figure Cependant il ne faut obmettre le regime du malade, luy enjoignant qu'il ſe garde de toutes choſes qui peuuent dilater & rompre le procez ouapophyſe du peritoine , & entretenir ou augmenter le mal, ſoient viandes ou autres choſes, pour leſquelles tu auras recours au chap.15. parlant des cauſes. Or quelquesfois, & ſpecialement aux plus âgez, les inteſtins ne ſe peuuent reduire, à cauſe qu'il y a trop grande quantité de matiere fecale contenue en iceux.Alors ne ſe faut efforcer de le repouſſer par violence, mais le malade de- meurera dedans le lict bien chaudement, la teſte baſſe, & les feſſes hautes, & on luy appliquera vn cataplaſ- Cataplaſme me tel qu'il s'enſuit.2/.rad. althex & liliorum ań.3.ij.ſem. lini & fœnugr. afi.3.f. folior, mal. viol. & pa- •mollient. rietaria añ. in.f. coquantur inaqua communi, poſtea piſtentur & paſſentur par ſetaceum, addendo butyri recentis fine ſale, & olei liliorum afi. qu, ſuff.fiat cataplaſma ad formam pultis ſatis liquida : & luy ſeraap- pliqué tout chaud, tant ſur les bourſes que ſur le ventre. Parce remede on trouue ſouuent le lendemain les inteſtins reduits de ſoy-meſme, parce que la ventoſité eſt reſoulte, & que la matiere fecale aura fait ſon cir- cuit, & ſera r'entrée en vn autre inteſtin pour eſtre euacuée dehors.Et ſi ladite matiere n'eſtoit r'entrée, qui ſe fait à cauſe des vents qui n'auroient eſté reſoults , on donnera vn clyſtere carminatif, & remollitif, clxſteres auquel ſera adiouſté huile de terebentine, d'anis,du genevre,ou de fenouil, extraicte par quinte-eſſence en deff a mer. Petite quantité, Auſſi eſt vn excellent remede, clyſtere fait de maluoifie, huile de noix, & vn peu d'eau ueilleux. de vie,auec quelque portion deſdites huiles de quinte-eſſence.Aucunesfois par tous ces moyens la redu- ction des inteſtins ne peut eſtre faite, à cauſe que le poceſſus n'eſt aſſez dilaté , d'où vient que la matie- re fecale contenuë aux inteſtins tombez dedans le ſcrotum , accompagnée de ventoſité s'endurcit & fait qu'on ne les peut plus reduire. Incontinent il s'y fait inflammation & accroiſſement de douleur, & qui pis eſt, vn regorgement de la matiere fecale, que le malade reiette par la bouche, puis gangrene & mortifi- cation : & pour la ſtricture du boyau, la chaleur naturelle eſt eſteinte & ſuffoquée , dont toſt apres la mort Mal miſera-s'enſuit. Telle maladie eſt nommée communement cMiſtre mei. Pour obuier à tel acccident,faut venir à l'ex- ble. treme remede, pluſtoſt que laiſſer mourir le malade ſi vilainement : ce qui ſe fera par l'œuure de la main,en ceſte maniere.ie malade ſera ſitué, comme auons dit cy-deuant , ſur vne table, ou ſur vn baac ; puis luy *ierre Fran-ſera faite inciſion en la partie ſuperieure du ſcrotum, ſe donnant bien garde de toucher les inteſtins.Apres º en º lºure faut auoir vne cannule d'argent, groſſe comme vne plume d'oye , ronde d'vn coſté , caue de l'autre , ainſi * ººt qu'il t'eſt demonſtre par te figure. precedente. B M Icelle Des Tumeurs en particulier. 199 Icelle ſera miſe dedans l'inciſion, & pouſſée le long de la production du peritoine,pour faire inciſion & ou- uerture ſur la cauité d'icelle cannule, de peur de toucher les inteſtins du raſoüer.L'ouuerture ſuffiſamment faicte, on reduira les inteſtins peu à peu dedans le ventre, & ſubit on fera vne couſture,en cueillant & com- prenant dudict proceſſus tant profondement qu'il en ſoit reſtreſſi : ce qui ſera cauſe qu'apres la cicatrie, la deſcente ne ſe pourra plus faire au ſcrotum. D'abondant, s'il y a ſi grande quantité de matiere fecale qui y ſoit endurcie pour ſa trop longue demeure, ou par l'infiammation, que la reduction ne ſe puiſſe faire,il faut par neceſſité inciſer la production du peritoine iuſques à l'inteſtin,& mettant la cannule precedente dedans icelle production la leuer contre mont , & faire inciſion deſſus en montant vers le ventre, & y faire ſi bonne ouuerture que l'inteſtin puiſſe eſtre reduit, Puis ſera la couſture gaſtroraphie, en faiſant autant de poincts d'aiguille qu'il en ſera beſoin, & eueillant ledit proceſſus , comme auons dit, afin de rendre la voye plus eſtroitte. Cela fait,la playe ſera traictée en la maniere dite cy-deuant.Toutesfois , telle operation ne ſe fera Autre remé2 de pour l'ex= tremité. Au liu. des que les vertus du malade ne ſoient aſſez fortes pour l'endurer, & qu'on aye fait bon prognoſtic à ſes parens Playes. & amis, parauant que d'y mettre la main. Du Poinct doré. CH A P. XV I. I par tous ces moyens la hargne ne peut eſtre curée, à cauſe de la trop grande dilaceration ou rupture de la production du peritoine , & que neantmoins le malade ou parens d'iceluy, deſiraſſent qu'elle fuſt entierement guarie , on y procedera par le Poinct doré. Pour le faire, 5 ſera appellé vn expert Chirurgien, lequel fera vne inciſionau deſſus de l'os pubis, & en icelle è mettra vne ſonde ſemblable à celle qu'auons cy-deſſus figurée, & la pouſſera tout au deſſus du proceſſus , l'enleuant en haut pour le ſeparer de contre les parois, où il adhere par le moyen de certaines fibres nerueuſes. Apres tirera & ſeparera les vaiſſeaux ſpermatiques auec le muſcle ſuſpenſoire du teſticule. Cela fait, il enleuera la production ſeule, cueillant & amaſſant tout ce qui eſt de luy trop dilaté, qu'il prendra auec des petites tenailles plattes percées au milieu, le tenant aſſez § & ſera paſſée au trauers vne aiguille enfilée de cinq ou ſix fils,pres & iouxte leſdits vaiſſeaux ſpermatiques,& muſ- cle ſuſpenſoire. Dauantage, faudra encores repaſſer vne autre fois l'aiguille au milieu de ce qui reſte de ladicte production, comprenant auſſi les lévres de la playe alors on fera vn nœud fort ſerré, & ſera le filet couppé aſſez long,& laiſſé hors la playe,lequel ſe pourriſſant & coupât peu à peu,tombera de ſoymeſme:& ſe faut bien garder de le tirer deuant que nature n'ayt engendré chair au droit de ladite ligature:car autre- ment on auroit labouré en vain. Finalement, ſera la playe mundifiée,incarnée, & menée à cicatrice, de la- † la dureté & calloſité empeſchera que les inteſtins, ny l'omentum ne puiſſent plus tomber dedans le CITO[UIII1. LAutre maniere defaire le Poinčt doré. C H A P. XV II. à4 L ſe trouue quelques-vns qui font le Poinct doré par autre moyen qu'auons deſcrit. Ils font 2 vne inciſion au deſſus de l'os du penil, du coſté qu'eſt la hargne,laquelle penetre iuſques au S\# procez du peritoine, lequel eſtant deſcouuert, paſſent par deſſous iceluy par deux fois vn fil s d'or aſſez delié, lequel eſtant paſſé ils ſerrent mediocrement, afin de reſſerrer ledit procez Nb trop relaché,ſans toutesfois que les vaiſſeaux ſpermatiques ſoient comprimez. Cela fait , ils tortillent leur fil auecque de petites pincettes, deux ou trois tours, puis le coupent aſſez pres, & cachent le bout du fil d'or le rempliant,afin qu'il ne picque la chair qui le couure : puis(laiſſans ledit fil d'or)trait- tent la playe, comme vne ſimple playe, tenant le malade au lict les feſſes hautes,& la teſte vn peu baſſe , & ce l'eſpace de quinze ou vingt iours.Par telle operation pluſieurs ont receu guariſon.Autres ſont recidiuez, à raiſon que ledit fil n'eſtoit bien accommodé, picquant ordinairement les parties voifines. Et pour plus ample cognoiſſance de ce, que ie t'ay bien voulu faire figurer les inſtrumens, par leſquels telle operation eſt accomplie. Quelque temps apres nature chaſſe hors le fil d'or, & là ſe fait vne ſonde & cicatrice calleuſe, qui bouche la production du peritoine , par où les inteſtins deſcendoient. Les Practiciens l'ont appellé Poinct doré, à cauſe du fil d'or. R 4 Figure Maniere de faire le poinci doré. 2oo Le huictieſme Liure, Aduerºiſ- mèt notable. Cruauté de J c %ajlreux. Au liure de ſemine. Sentence. Figure des inſtrumens propres à faire lepointt doré. - A Monſtre l'aiguille courbée , la- quelle eſt per- cée pres ſa pointe pour paſſer le fil d'or. B B Le fil d'or paſſé par l'aiguille. C Ia tenaille qui coupe ledit fil. D Le reſſort de late- naille. E La pincette qui tourne & en- tortille ledit fil. : v•- Autre maniere de faire le poinči doré C H A P. XVIII. V T R E façon laquelle me ſemble la meilleure & la plus ſeure,à cauſe qu'elle ne laiſſe rien eſtrange en la playe; c'eſt qu'au lieu du fil dor, on y met vn de plomb de la groſſeur d vn fer d'aiguillette,lequel n'eſt paſſé à l'entour du procez du peritoine,qu'vne fois, & l'ayant paſſé, - * obuier à la gangrene:non auſſi trop laſche, parce qu'elle ne ſeruiroit de rien, à cauſe que la deſcente ne laiſſeroit à ſe faire. Lequel fil ſera laiſſé en la playe, iuſqu'à ce qu'elle ſoit du tout reioincte & conſolidée, reſte la place duditfil. Et alors ſera deſtors , puis tiré hors dextrement,puis le reſte de la playe ſera conſolidé & cicatrisé. Or que diray-ie plus des hargnes;c'eſt que lors que la production du peritoine, qui eſt la voye par où la deſcente ſe fait aux bourſes,eſt grandement dilatée,apres que le Chirurgié aura fait ladite ligature du fil de plomb, il faut qu'il en prenne vn peu au deſſus , vne bonne partie, & qu'il la lie,en paſsât vne aiguille enfilée d'vn filet en double au dedâs dudit proceſſus,le plus pres des vaiſſeaux,à ſçauoir des vaiſſeaux ſpermatiques,& du muſcle ſuſpenſoire , qu'il pourra : puis fera vn noeud, coupera le fil aſſez long,cóme nous auons dit cy-deſſus,& le laiſſera hors la playe & ne le retirera deuant que nature le vueille jetter hors : qui ſera,quand ce qui aura eſté lié ſera pourry. Et eſtant hors on traitera le reſte de la playe,la cicatrizant,& par ainſi la cicatrice faite,la calloſité empeſchera que rien plus ne deſcendra au Scrotum. Or combien que telles manieres de curer les hargnes,ne foient ſans douleur & peril,ſi eſt-il beaucoup plus ſeur d'y proceder ainſi,que d'amputer les teſticules,comme font les chaſtreux,leſquels par leur cruelles & vio- lentes operations,mettent le malade en grand danger de mort.Car pour garder qu'apres la curation il n'y demeure vne relation,ils tirent violemment, & de ſtachent le proceſſus des parties où il adhere, enſemble le nerf de la ſixieſme coniugaiſon qui va aux teſticules.Plus arrachent,& bien ſouuent rompent les vaiſſeaux ſpermatiques. Deſquelles violences s'enſuit douleur extreme,ſpaſme,hemorrhagie,inflâmation,pourriture, & conſequemment la mort. Ce que i'atteſte auoir veu au corps de quelques vns que i'ay ouuerts morts,peu de iours apres eſtre ainſi miſerablement chaſtrez.Et ſupposé qu'il en reſchappent,ils ſont à iamais priuez du benefice de generation,pour laquelle nature a donné les teſticules à l'homme,comme parties principales & neceſſaires pour la conſeruation de l'eſpece , comme dit Galien au liure de l'Art medecinal, chapitre 9. & comme nousauons eſcrit en noſtte Anatomie. Meſme iceluy Galien ne doute point de les faire & nommer parties plus excellentes que le cœur : d'autant que le cœur eſt le principe & autheur de la vie ſimplement; mais les teſticules font la vie meilleure.Or eſt-il que c'eſt choſe plus digne de bien viure,que de viure ſeu- lement De là vient, que les eunuques & chaſtrez degenerent en nature feminine,en ſigne dequoy ils n'ont point de barbe,leur voix change,le courage leur defaut,deuiénent timides & honteux, breffont inhabiles à pluſieurs bonnes actions humaines,& n'eſt leur vie que miſerable.La voix apres la caſtration:eſt plus greſle: d'autant que les teſticules n'eſchauffent plus, & ne fortifient les nerfs & muſcles vocaux par le conſentemét on l'eſtreint tant qu'il eſt beſoin,à ſçauoir non trop,de peur de clorre la voye aux eſprits,pour ! | | , qu'ils » | DesTumeurs en particulier. 2o 1 A qu'ils auoient enſembleau moyen de leurs nerfs:au contraire,la voix ſe mue & groſſiſt ſi toſt que le garçon | ſe rue au jeu d'amour.Partant iamais ne ſeray d'aduis qu'on couppe les coüillons aux petits enfans,nymeſ- · · , me aux plus grands, fors, à la hargne charneuſe, ou qu'iceux fuſſent gangrenez ou pourris. Iacques de Iaequee de | Foüilloux dit , que le cerf qui aura perdu ſes coüillons au rut, ou autrement,ne mue iamais. Et ſi on le Foiºillo**** chaſtre auant qu'il porte ſa rameure,il n'en portera iamais.Auſſi au contraire ſi on le chaſtre ayant ſa rameu- ſº" liure de - re,iamais ne luy tombera. Ne plus ny moins fera-il,s'il eſt chaſtré ayant ſa teſte ou endouillers mols & en ** ſang, fi demeurera touſiours ainſi ſans ſeicher ny brunir. Telles choſes demonſtrent que les teſticules ont grande vertu, tant aux hommes qu'aux animaux. - - 7De la Hargne zirbale. - La Hargne Zirbale,nommée cy-deſſus Epiplocele, eſt vne relaxation du zirbus tombant en l'aine ou au ſcrotum. Ses cauſes ſont ſemblables que de la hargne inteſtinale. Les ſignes ont eſté dits par cy deuant. Elle ne produit tant d'accidens que l'inteſtinale. Au demeurant toutes deux ont curation ſemblable. - Autre maniere de curation plus ſeure & plus ai ée. Maiſtre Theodoric,& le bon homme Guidon de Cauliac , ont mis en auant vne autre & t$le façon. Si l'inteſtin ſou omentum ſont tombez dans le ſcrotum,il les faut remettre dans le ventre,le malade eſtant tel- lement ſitué, qu il ait les feſſes vn peu eſleuées,& la teſte aucunement baſſe.Lors le Chirurgien tirera vers : . - la hanche vne bonne portion de la production du peritoine relaſchée,enſemble les vaiſſeaux ſpermatiques - auec le muſcle ſuſpenſoire. Puis appliquera vn cautere potentiel ſur le reſte de ladite production,droit au deſſus de l'os pubis : le cautere ſera de la groſſeur qu'il verra eſtre de beſoin , ſçauoir ſelon que la hargné ſera plus ou moins grande,& ſelon l'âge du malade.Apres l'eſcarre faite, on fera des ſcarifications iuſques B à la chair viue:puis de rechef ſera mis vn autre cautere,afin de penetrer iuſques à l'os.Cn fera apres tomber l'eſcarre(laquelle ſe fait d'vne partie de ladite production du peritoine ) lors la playe traitée & conduite à cicatrice par ſa calloſité,bouſchera & empeſchera que rien plus ne tombe dans le ſcrotum. . • Or deuant qu'entreprendre telle operation, le Chirurgien ſera aduerty de ſe donner garde des meſmes accidens deſquels nousauons parlé cy-deuant. Sçauoir qu'en cas que les inteſtins & omentum fuſſent tant adherans contre la production,en ſorte qu'on ne les peuſt retirer dedans il n'applique en façon quelconque le cautere,de peur de bruſler & percer leſdits inteſtins,dont pourroient aduenir grands inconueniens. En - cas auſſi que ladite production fuſt rompue,ou par trop dilatée,de ſorte que les inteſtins fiſſent vne grande · , & enorme tumeur , le Chirurgien n'entreprendra ceſte operation, non plus qu'à ceux auſquels le teſticule , . pendu & arreſté en l'aine,ne ſera encore deſcendu dans le ſcrotum , ny aux enfans qui n'ont encore diſcre- · .. ^ . tion à ſe tenir ſans ſe remuer,ou n'eſtans encores nets. - Nicolas Godin en ſa Chirurgie militaire, ordonne pour la curation des hargnes, à ceux qui ſont en âge d'adoleſcence & virile, l'application du cautere âctuel, apres auoir dextrement couppé la chair iuſques à l'os,afin de faire perdition de ſubſtance : & la cicatrice faite,il ne ſe peut plus fairedeſcente, ny de l'omen- tum,ny de l'inteſtin. Ce que veritablement i'approuue,ſi les patiens le veulent ſouffrir. | - - De la Hargne aqueuſe nommée Hydrocele. f , - - - - Hargne aqueuſe eſt vne tumeur au ſcrotum,faite à raiſon de I'eau, laquelle s'y amaſſe peu à peu, le plus . . ſouuent continue entre les membranes,qui couurent les teſticules,& ſpecialement entre le dartos,& l'ery- throide.On la peut nommer hydropiſie particuliere:car elle ſe fait par meſmes cauſes, & meſme par dimi- , , .. nutionde la chaleur naturelle. Les infignes ſont que la bourſe des teſticules s'enfie peu à peu & ſans doü- Sighes de lé leur,la tumeur eſt pondereuſe,luyſante & tranſparente : ce qui ſe cognoiſtra en mettant vne chandellé allu- hargne C mée d vn coſté de la tumeur.Car on voit à l'oppoſité ladite tumeur claire & lucide. Dauantage en preſſant aqueuſe. le ſcrotum du haut en bas,& du bas en haut,on fait deſcendre & remonter l eau,pourueu qu'elle ne ſoit en trop grande quantité, & peu ſouuent retourneau dedans du ventre, comme font l'inteſtinale & Zirbale, mais demeure prelque touſiours au ſcrotum, pource que le plus ſouuent l'eau eſt contenue en vn Kyſt ou - petite veſſie. Elle eſt diſcernée d'auec la charneuſe, parce qu'en celle-là eſt la tumeur liſſe & vnie : & en En qu, dif. ceſte-cy,à ſçauoir la charneuſe,eſt aſpre,inegale & rabouteuſe. La curation ſera premierement tentée par # # des remedes reſolutifs,deſiccatifs & diſcutiens,eſcrits au chap des apoſtemes:toutesfois ie t'ay voulu don- gne cha . ner ce remede que i'ay ſouuent experimenté. 24. vng. Comitiſſ & deſic. rub.añ. 3 ij, malaxent ſimul, & ſe & aqueu- fiat medicament advſum. car par iceux eſt l'eau ſouuent reſoulte, ou pour plus promptement parler, ta ſe, curation 1ie,beue & conſommee,principalement quand il y en a petite quantité. Et ſi pour la trop grande quantité, de la kargne tes remedes ne ſont ſuffiſans,faut venir à l'œuure manuelle,en appliquant vn ſeton au trauers du ſcrotum, º4ºººſe par & des membranes où eſt contenue l aquoſité & paſſer vne aiguille aſſez groſſe, qui ait la poincte en trian ºsie. gle enfilée de fil de ſoye en s.ou 9.doubſes la paſſer(dy-je)promptement au trauers des trous des tenailles # # - à ſeton,ſe gardant bien de toucher la ſubſtance des teſticules. Cela fait on y laiſſera le fil, lequel ſera re- # # mué deux ou trois fois le iour,afin que l'eau ſoit euacuée peu à peu, & s'il y ſuruenoit'grande douleur & # e inflammation, à cauſe dudit ſeton , ſubit ſera ofté,& la propre cure delaiſsée pour ſubuenir aux accidens. # 73º # Aucuns practiciens n'vſent point de ſeton,mais auec le raſoir ou lancette, font ouuerture au bas du ſcro- rilpoin, l',- | tum,grande de demy-doigt ou enuiron,& profonde iuſques à l'eau, ſoy donnant garde de toucher les te-peratio qu'on ſticules & les vaiſſeaux puis tiennent la playe ouuerte auecques des tentes,iuſques à ce que l'eau ſoit entie- y fait à pre- rement euacuée.Apres l'euacuation,ils la conſolident & cicatriſent.Et par ce preſque ſeul moyen , ſe peu- ſent , qui eſt | D uent guarir les hydroceles, deſquelles l'eau eſt enfermée en vn Kyſt, comme nous auons enſeigné au liure ºe le cau- Liu , ch33. des Tumeurs en general, chap.26. - ºre pºte iet, - - - De la Hargne venteuſe.' - | - , • #. Hargne venteuſe eſt vne tumeur au ſcrotum,faite de ventoſité, dont la cauſe eſt imbecilité de la chaleur #º - - - - - ariec l - | naturelle de la partie.On la cognoiſt5parce que la tumeur eſt ronde,legere,retinente,luyſante, & reſplen- °c la lan- diſſante.La cure ſe fera par bon regime , & par application des remedes reſolutifs & carminatifs , comme, #ºa ſemina aniſi,carui,fœnugræci,agni caſti,rutæ,origani, & autres deſcrits par Auicenne', au traicté des Har- Le vrayſigne gnes,& par nous cy-deuant au chap.des Apoſtemes venteux l'ay pour tel effect ſouuent appliqué l'empla-quinou ait ſºre de Vigo cum mercurio,auſſi l'emplaſtre Diachalciteos diſſout en vin genereux,comme maluoiſie , auec diſtinguer vn peu d'huile laurin. la rivneur - De la Hargne charneuſe. · - _ ' , ºa uſe de La Hargne nommée Sarcocele ou charmeuſe,eſt vne tumeur contre nature,qui s'engendre autour des te- le vente - ſticules,faite d'vne chair ſcirrheuſe procréee d'abondance d'humeurs cras & viſqueux,qui n'ont peu eſtre eſt # #. digerez & aſſimilez à la partie,laquelle eſt accrue comme parmaniere d'hyperſarcoſe,ou de verrues. Elle # eſt le plus ſouuent accompagnée des veines variqueuſes,&croiſt auec douleur.Ses ſignes plus propres ſont #. # tumeur & dureté aſpre,inegale & rabouteuſe.La cure ne ſe peut faire que par l'amputation:& pource auart v ſºus § 2 que ce faire,le Chirurgien doit bien aduiſer & regarder que la carnoſité ne ſoit trop haute,ayant ja occupe , sup. & 2 O 2 Le huičtieſme Liure, : & attaint l'aine. Car ſi ainſi eſtoit, ne faudroit entreprendre la cure, d'autant qu'il ne la pourroit couper du A # eperience de l Au - theur. Sarco- cele curable, 65 comment. Au liu. des Playes. / Cure de Cjr- ſe cele par Chirurgie . Vey le liu. des Apeſte- f776'5. Hiſtoire ». Differenee. du maſle auec la fe- melle . Relaxation du gros •- boyau. Hipp. liure des fiſtule ;.o Cauſer. tout ſans grand danger de mort. Et où il en laiſſeroit quelque petite portion, il s'engendreroit puis apres vne chair ſuperfiue, comme vn fungus, qui ſeroit erreur pire que le premier. Mais ſi la tumeur n'eſt que pe- tite ou mediocre , le Chirurgien prendra la tumeurauec le teſticule & le proceſſus, & fera inciſion iuſques à la dite tumeur, & la ſeparera du ſcrotum. Cela fait, il paſſera vne aiguille enfilée d'vne fiſcelle forte,au trauers du proceſſus,au deſſus du teſticule charneux : puis ſera retournée paſſer par le milieu meſme par où on l'auoit paſsée. Lors le bout du fil qui nºa point paſsé, & l'autre où eſt l'aiguille, ſeront noüez enfemble, en comprenant l'autre moitié du proceſſus. Le tout ainſi noüé, faudra couper & entierement amputer le- dit proceſſus auec le tefticule, & laiſſer les bouts de la fiſcelle, dont on aura fait la ligature,aſſez longs,ſor- tans hors la playe. Dedans la playe on mettra vn digeſtif fait de jaune d'œuf, terebentine, & huile roſat. Apres on y appliquera des repercuſſifs ſur la playe & parties voiſines, auec bandes & compreſſes,& ſera la cure paracheuée ſelon la cure cy-deuant mentionnée. De la Hargne variqueuſe. La HargneAppellée Cirſocele ou variqueuſe,eſt vne tumeur ou apparence deveines dilatées & entortil- lées autour des teſticules & ſcrotum , leſquelles ſont pleines de ſang melancolique. Les cauſes ſont celles meſmes de varices. Les ſignes ſont euidens. Pour la curer faut faire ouuerture au ſcrotum de la grandeur de deux doigts ou enuiron, à l'endroit de la varice. Puis faut paſſer par deſſous la variqueuſe vne aiguille en- filée d'vn double fil le plus haut de la varice qu'on pourra, pour la lier en haut vers ſa racine. Derechefon paſſera l'aiguille comme deſſous , en l'autre partie baſſe, laiſſant vn doigt d'eſpace plus ou moins,entre les deux ligatures. Mais premier qu'eſtreindre le fil de la derniere ligature, faut ouurir la varice en l'eſpace moyen, comme ſi on vouloit ſaigner, afin d'euacuer le ſang contenu au ſcrotum, ainſi que l'auons practi- qué cy-deuant en la cure des varices. Puis ſera la playe traitée comme l'art le commande, laiſſant tomber les filets d'eux-meſmes, & procurant qu'il s'y face vne citatrice & calloſité, au lieu où on aura lié la veine variqueuſe : par ce moyen le ſang ne pourra plus couler au trauers. De la Hargne humorale. Hargne humorale eſt apoſteme engendrée d'vn , ou pluſieurs humeurs aſſemblez au ſcrotum, ou entre les tuniques qui enueloppent les teſticules , & ſouuent en la propre ſubſtance d'iceux.Leurs cauſes, ſignes & curations, ſont comme des autres apoſtemes. Toutesfois pendant la curation, le malade ſe tiendra en re- pos, & portera brayers & ligatures propres pour ſouſtenir les teſticules.En cét endroit ie veux aduertir le ieune Chirurgien, que quelquesfois les teſticules ne ſont encores deſcendus au ſcrotum, eſtans retenus en l'aine, y faiſans vne tumeur auec douleur : & pource il eſtime que ce ſoit vne hargne inteſtinale, qui eſt cau- ſe qu'il y applique emplaſtres aſtringents auec brayers & ligatures, pour les repouſſer au dedans. Ce fai- ſant augmente la douleur, & engarde la deſcente du teſticule. Ce que n'agueres i'ay veu eſtant appellé pour telle cauſe : & apres auoir cogneu que dedans le ſcrotum il n'y auoit qu'vn ſeul teſticule, le malade n'ayant iamais eſté chaſtré, feis oſter le brayer & emplaſtre qu'il portoit, & commanday au pere qu'il le laiſſaſt courir & ſaulter, afin d'ayder au tefticule à deſcendre en ſon lieu naturel : ce qui aduient petit à petit ſans nul accident. Car pour parler à la verité de telle choſe, faut ſçauoir que la difference du maſle d'auec la fe- melle, n'eſt que chaleur, le propre de laquelle eſt de pouſſer dehors, comme du froid de retenir au dedans: de la vient que les teſticules aux maſles pendent dehors , aux femelles ſont reſerrez en l'enclos du bas du ventre. Parquoy iladuient qu'en quelques maſles,qui ſont de plus froide nature,leſdits teſticules demeu- rent cachez iuſques à ce que le feu de ieuneſſe vienne à les pouſſer dehors. . De la relaxation du gros boyau Culier. C H A P. X l X. AN# V A N D le muſcle, nommé Sphincter ( qui eſt autour du ſiege ) eſt relaſché, alors ne peut N$ ſouſtenir le gros boyau , ce qui ſe fait ſouuent aux petits enfans, & procede d'vne grande $ humidité de ventre , tombant audit muſcle, laquelle le ramoliſt & relaſche , ou le rend plus peſant que de couſtume, de ſorte que les muſcles leuateurs du ſiege , ne le peuuent plus N. ſouſtenir,puis ſe renuerſe & ſort hors du ſiege,ou pour vn grand fiux de ventre dyſenterique, par trop s'eſpraindre d'aller à la ſelle, ou pour des hcmorrhoides, qui ſupprimées rendent le boyau culier trop peſant, & fluentes le relaſchent : ou pour le froid, à ceux qui en hyuer vont ſans haut de chauſ- ſes,ou ſe tiennent long-temps aſſis ſur vne pierre froide : on pour vn coup, ou cheute ſouz l'os ſacrum: ou paralyſie des nerfs qui de la s'eſpandent aux muſcles leuateurs du ſiege:ou pour vne pierre peſante con- tenue'en la veſſie. Pour la cure, il faut garder le malade de trop boire, & manger potages, & fruicts cruds: & pour les remedes particuliers, on vſera d'vne decoction aſtringente,comme corticis granat. gall. myrtil. centinod.burſ. paſtord. ſumac. berber. nucis cupreſ alu. rocha , ſal com. boüillis en eau de Mareſchal, ou gros vin noir & auſtere.Puis apres la fomentation, on reduira l'1nteſtin, l'ayant premierement tout autour oinct d'huile roſat , ou de myrtils,puis on le repouſſera au dedans : & ſi l'enfant ratiocine, luy faut com- mander que l'ors qu'on le mettra, qu'il retire ſon haleine, & que le Chirurgien le remette peu à peu,auec vne eſponge,ou vn linge blanc & deſlié : & eſtant reduit, on doit entierement eſſuyer toute l'onctuoſité,de peur que par icelle l'inteſtin ne retombe derechef: puis apres on doit mettre dedans le fondement , le plus profondement qu'on pourra, de la poudre qu'auons preſcrit pour la precipitation de la matrice.Puis apres on luy mettra vne bande au trauers du corps,au deſſus des hanches,au milieu de laquelle ſera attachée vne autre bande, qui paſſera entre les feſſes, & à l'endroit du ſiege ſera mis vne eſponge & compreſſe, trempée en la decoction ſuſdite aſtringente, afin de garder que le boyau ne ſorte:& la perſonne eſtant d'âge, on luy commandera , lors qu'il ira à ſes affaires,de mettre le ſiege entre deux ais,ſeparez l'vn de l'autre d'vn poul- ce, plus ou moins : quoy faiſant, on gardera que l'inteſtin ne ſorte lors que le malade va à ſes affaires. Au- tant en fera s'il fait ſes affaires debout : car par telle ſituation , l'inteſtin ne tombe point. Et ſi l'inteſtin par ces moyens ne pouuoit eſtre reduit , Hippocrate commande qu'on pende par les pieds le malade, & le ſe- coüer, & faire tant qu'il ſe remette : & eſtant reduit, le traicter comme auons dit. D'abondant veut Hippo- /# •RN » crate,que l'on oigne le ſiege de l'eſcume de limacons rouges, à raiſon que leur onctuoſité & ſiccité reſoult - fort ſans nulle mordication, & partant eſt propre à tel effect. - De la tumeur&apoſteme du Fondement. C HA P. XX. # A tumeur du fondement s'engendre , ou delcauſes externes, comme pour auoir eſté long-temps # à cheual , ou pour eſtre tombé à cheuauchons ſur quelque choſe dure qui auroit contus & meutry le fondement & les parties voiſines d'iceluy : ou le plus ſouuent de cauſe interne, comme pour la dou- .• leur C | DesTumeurs en particulier. 2o3 A douleur des hemorrhoides, & à raiſon de quelque matiere chaude & corrompuë qui eſt enuoyée en ceſte partie:& par ainſi telle tumeur eſt pluſtoſt faire par fluxion , que par congeſtion de matiere. Qui eſt cauſe Prognoſti°. qu'elle vient le plus ſouuent à ſuppuration : joint auſſi que la partie receuante eſt fort ſujette à pourriture: tant à raiſon de ce qu'elle eſt chaude & humide , que pour eſtre voiſine & receptacle des excremens. La CureL. curation ſe doit commencer par les choſes vniuerſelles , conſeillant pluſloſt d'vſer de la ſaignée, que pur- - - gation, craignant de faire trop grande fluxion à la partie. Et pour les remedes particuliers : au commen- cement il ne faut vſer de remedes trop repercuſſifs, ny trop maturatifs, craignant d'enfermer la matiere en ladite partie, ou engendrer trop grande pourriture, & ſouuent gangrene : ce que i'ay veu pluſieurs fois aduenir. Et pource on pourra appliquer linges imbus & trempez in oleo roſar. myrt. cydonio cum ou. al- bum.aut, cydonio cum aceto & aqua cocta, miſcenda cum oleo roſar. in formam cataplaſ. Et pour l'aug- ment,eſtat,declination,& accidens qui pourront ſuruenir,comme entr'autres, la douleur, on aura recours ' . . au chap.du Phlegmon vray. Sila tumeur vient à maturation, le Chirurgien ſur tout aura égard de ne laiſſer Obſeruatiº4 meurir, comme les autres Apoſtemes,à ſçauoir, à parfaicte ſuppuration : mais ſuiuant le precepte d'Hip- Pºº Cºi- pocrates,il faut venir à l'ouuerture, la tumeur eſtant encore verdelette, c'eſt à dire n'eſtant du tout ſuppu- rºzº. rée, ains ſera ouuerte lors que l'on cognoiſtra qu'il y aura quelque commencement & apparence de boiie: craignant que la matiere retenue au profond, ne vinſt à pourrir le boyau culier, ou le col de la veſſie, d'où ſuruiennent les fiſtules du fondement & perineum:car en peu de temps en icelle partie il s'engendre grande pourriture, pour les raiſons ſuſdites. Du Panaris, ou Paronychie . C H A P. XXI. A N A R 1 s, eſt vne tumeur qui ſe fait à l'extremité des doigts, causée d'vn humeur malin 4 & veneneux, auec grande inflammation, laquelle ſouuent commence à l'os, ſe communi- 2 quant au perioſte, nerfs, & tendons qui ſont en ceſte partie, qui cauſe cruels accidens, com- # me extreme douleur pulſatile, ou battement d'arteres, fiévres,& grande inquietude; de ſorte º> que les malades ne peuuent repoſer, ny ſe tenir en place, & deuiennent preſque inſenſez, per- dans patience , ainſi que ceux qui ſont vexez de carboncles. Le bon vieillard Guidon, & Iean de Vigo, diſent que tel mal meine ſouuent le malade à la mort.Pour la cure, ie conſeille qu'on appelle vn docte Medecin, pour faire purger & ſaigner le malade, & luy ordonner ſa maniere de viure. Et pour la cure particuliere, il faut donner iſſue à la matiere virulente & veneneuſe, faiſant promptement vne inciſion en la partie interieure, le long de la premiere iointure profonde iuſques à l'os. Et dit de Vigo , qu'il n'y a dint de plus grand remede que d'ouurir le lieu ſelon le longdu doigt,& que ce ſoit deuant la parfaite ma- turation : Elle garde (dit il)ſouuent le doigt de corruption de l'os, & des nerfs , & appaiſe la douleur. Ce que i'ay fait ſouuentan commencement deuant que la virulence fuſt grandement imprimée, auec vne tres- bonne iſſue. Et par l'inciſion faut laiſſer ſortir bonne quantité de ſang, & apres faire tremper le doigt en Experienc,, fortvinaigre aſſez chaud, auquel on aura diſſout du theriaque : par ce moyen on euacue la matiere viru- #. par lente en luy donnant iſſue;& pour appaiſer la douleur, on doit appliquer ſur la partie,& tout autour de la l'Autheºr. main, remedes ſemblables à ceux des carboncles, comme fueilles d'ozeille, juſquiame, ciguë, fueilles de mandragore cuittes ſous les cendres chaudes, & pilées auec vnguent populeum recentement fait, ou huile Remedes roſat, & beurre frais, ſans ſel.Auſſi tels remedes peuuent grandement ayder à la ſuppuration, d'autant ſuppuratifs qu'ils obtondent par leur froideur la chaleur eſtrange introduite à la partie,& auffi fortifient la chaleur na-par acei- turelle,qui eſt celle qui fait la ſuppuration, & chaſſe ce qui eſt contraire. Et voila pourquoy les anciens ont dent. ordonné tels medicamens aux anthrax & carboncles. Or s'il aduient que le malade n'euſt voulu (ou par l'imperitie du Chirurgien)que ladite inciſionfuſt faite,& qu'il furuint gangrene & mortification à la partie, alors il faudra faire amputation de tout ce qui ſera alteré & pourry , par les tenailles inciſiues , & faire le reſte de la cure, comme on verra eſtre beſoin & neceſſaire. Il aduient quelquefois qu'il n'eſt beſoin faire amputation que de l'extremité du doigt, parce qu'vne partie de l'os ſe ſepare, corrode & ronge, & ſe ſera conſommé en boue fetide,& fort puante,& que le reſte du doigt demeure,mais c'eſt ſoutient ſans ongle, & auec difformité, tant pour la perdition de l'os, que des tendons, & nerfs , & autres parties. Qpe diray-ie Plus : c'eſt qu'en ceſte diſpoſitionil ſe fait vn eſcarre pour la chaleur & tres-grande aduſtion, & ſe concrée Liu. 2.ch. 4. traicié. 8 . , yne chair ſuperfiue qui a vn grand ſentiment aigu, laquelle conuient couper auec les cizeaux, à fin que le ſang coule, qui allege fort la douleur, pource qu'il deſcharge & euacue l'humeur contenu en la partie. De la tumeur des genoiiils. C H A P. X XIL O v v E N T E F o 1 s il vient tumeurs aux genoüils, apres vne longue & faſcheuſe mala- catcemm# - - | die. Auſſi les corps cacochymes & replets, apres vn long exercice, ſont ſujets à telles indiſ- de la ſen #. $))ſ poſitions, d'autant que l'humeur decoule facilement à la partie qui eſt eſchauffée & efmué. # # # $ Or ſi telles tumeurs ſuiuent les longues maladies, ſont tres-dangereuſes & difficiles à curer Epidemio. # - - & pour ce ne ſont à negliger. Telles tumeurs ſouuent ſont accompagnées de douleurs in- Ga.comment . tolerables, à cauſe de l'humeur,lequel eſtant deflué à la partie,fait diſtenſion des membranes qui les enue- ſur la ſe# 2 # loppent & lient. Car tel humeur eft ou grandement chaud, ou extrement froid : & lors la douleur eſt ſi des pregno #. grande, ou accompagnée de quelque matiere virulente, comme il aduient fouuent és gouttes & piqueu- ſtie ſent.674 . res, & ſpecialement des beſtes veneneuſes. Or pour la curation , fi la tumeur eſt causée de ſang, ſon man- Cure. . # ger & boire ſera tenu & refrigerant : & pour la reuulſion de la matiere antecedente, la Phlebotomie eſt - neceſſaire, & les medicamens topiques ſeront repellens au commencement, auſquels ſeront adiouſtez des · · , reſoluens, les diuerſifiant ſelon les quatre temps de la tumeur : & s il y a douleur , ſeront anodins , deſ- Aptitcaiiea quels auons aſſez amplement parlé en Phlegmon. Et ſila douleur eſt opiniaſtre, & n'aye peû ceder auſdits de ſangſuës. remedes , ie n'ay trouué meilleur moyen pour l'appaiſer, que d'appliquer quinze ou ſeize ſangſuës tout à l'entour du genoüil. Telles tumeurs ſont auſſi ſouuent engendrées d'vne pituite froide & glaireuſe, de vents,&aquoſitez. Pour la curation, faut auoir recours aux medicamens phlegmogogues (c'eſt à dire) fai- . ſans éuacuation de l'humeur pituiteux.Et quant aux topiques, ils doiuent eſtre inciſifs, attenuatifs, rare- Application factifs,diſcutiens,& grandement deſſeichans.La decoction de Gaiac eſt propre pour prouoquer la ſueur:& de bouteille. pendant que le malade ſera dedans le lict, on luy appliquera des bouteilles de grez remplies d'eau boüil- - lante,bié bouchée & enuelqppée d'vne ſeruiette posé aux deux coſtez du genoüil.Pareillement luy en ſera - appliquée vne à la plâte des pieds,& par ce moyé on eſchauffera,& ſubtiliſera l'humeur contenuau genoüil. carapalſ » # APres ſera appliqué vn cataplaſme faict de limaçons auec leurs coquilles, broyez & pilez º† * V de lima# f» . - 2dlOllii3 Il$ - - 2.O4 Le huičtieſme Liure, adiouſtant quatre onces deterebentine , & vne once d'eau de vie , & ſera reiterée de vingt-quatre henres en vingt-quatre heures. •Al4trê. Prenez crottes de chévre demy liure, fleurs de camomille & melilot, de chacune demy poignée, ſon de froment vne poignée, & ſoit faict cataplaſme auec gros vin noir,auec ſa lie. JAutre plus deſiccatif. Prenez farine de féve,d'orge, & orobe,de chacune tant qu'il en ſera beſoin , racines d'Iris maſtic, noix de cyprés, galles, eſcorce de grenades ſubtilement puluerisées : de ce en ſera faict cataplaſme auec lexiue de chefne, & en ſera vsé comme deſſus. Leſdits cataplaſmes tariſſent, ſeichent, & reſoluent à merueille l'humeur pituiteux & ſereux. Apres auoir reſout la tumeur, il faudra encores par long-temps roborer & fortifier la partie, par ceſte decoction: Prenez eau de forge, en laquelle on fera boüillir alum, ſel commun, noix de cyprés galles de chacun vne once,groſſement puluerisées, fueilles de ſauge, roſmarin, lauande,de chacun demy poignée, le tout boüilly enſemble, & paſsé au trauers d'vne ſeruiette:puis ſeront posées en ceſte decoction, des compreſſes vn peu eſpraintes,& auec vne ligature ſera lié ledit genoüil aſſez fort,ſans vertu de la toutesfois cauſer douleur. Ladite ligature a vertu de reioindre les parties diſtendues par l'humeur qui aura ligature. defiué. Souuentesfois cét humeur eſt dedans & autour de la iointure , qui ne ſe peut reſoudre , à cauſe que la partie eſt debile, ayant peu de chaleur : & y demeurant longuement , iette ſouuent les os hors Hiſtoire. de leur propre place, comme i'ay veu aduenir à pluſieurs. I'ay fouuenance que monſieur Greaulme Docteur Regent en la faculté de Medecine à Paris, auoit vne tumeur au genoüil, faite d'humeur pitui- teux & venteux,quiluy cauſoit telle douleur qu'il ne ſe pouuoit ſouſtenir, & eſtoit contrainct de garder le lict,& vſa de pluſieurs remedes qui ne luy profitoient comme il euſt bien deſiré. Il m'appelle pour ſçauoir s'il le deuoit faire ouurir,l'ayât veu & palpé,& côfideré que ie n'y trouuois nulle matiere ſuppurée,le priay d'auoir encore patience : & que s'il y faiſoit faire ouuerture,qu'il s'en repentiroit, que ie le ſçauois pour l'auoirveu pluſieurs fois. Neantmoins ily fit appliquervn cautere potentiel,lequel augmenta grandement la douleur , auec telle defluxion , que les os ſe mirent hors de leur place , & fut plus de deux ans ſans ſe pouuoir ſouſtenir ſur ſa jambe & maudit cent fois l'heure qu'il n'auoit creu mon conſeil. Les douleurs auec le temps s'appaiſerent vn peu , & fit faire vne jambe de fer ſur laquelle il marchoit claudicant & à bien Souuent le grand peine : en fin il en eſt mort de douleur & de déplaiſir. Souuentefois on void comme le chirurgien Chirurgien aux ouuertures des genoüils eſt grandement deceu : car il eſtime en telle partie eſtre contenuë matiere ſa- *ſ*º* nieuſe,& quelques aquofitez, & en preſſant des doigts, ſent ſelon ſon iugement, inondation, qui luy cauſe º,. de faire ouuerture : & l'apertion eſtant faite, au lieu de quelque matiere qu'il eſtimoit eſtre contenue en des genouils. § tumeur, n'en ſort que du vent, dont puis apres grands accidens aduiennent pour auoir fait ladite ouuer- ture,comme i'ay monſtré par l'hiſtoire cy-deſſus. Parquoy le ieune chirurgien y prendra garde. Des Dragonneaux. C H A P. XX I II. E ne puis paſſer outre que ie ne deſcriue encores certaine tumeur contre nature, nommée par • les anciens Dragonneaux.La matiere des Dragonneauxa eſté en diuers temps par diuers autheurs $) diuerſement traictée : de façon que iuſquesauiourd'huy n'en auons aucune choſe ferme ne aſſeu- ºP rée,a laquelle nous puiſſions nous arreſter auec fondement & tiltre de bonne raiſon. Et premie- L'opinion de rement» quant à l'authorité de Galien, chapitre 3. du liure 6. De locis affeciu : La generation, dit-il, des Galien. poils qui ſe vuident euidemment par les vrines, eſt auſſi eſtrange, comme de ce qu'ils appellent Dragon- neaux, leſquels naiſſent és jambes des hommes, en quelque endroit d'Arabie, comme on dict : & ſont de nature nerueux,de couleur & groſſeur ſemblables aux vers. Comme ainſi ſoit doncques que i'aye veu plu- ſieurs gens qui ſe diſent en auoir veu, n'en ayant quant à moy iamais veu aucun, ie ne puis rien coniectu- L'opinion de rer à la verité, ny de leur generation, ny de leur eſſence. Voyla ce qu'en dict Galien. , Paulus AEgi- Paulus neta, liure quatrieſme, chapitre dernier eſcrit les Dragonneaux s'engendrer en l'Indie, & és parties hau- AEgineta. tes d'AEgypte, comme animaux reſſemblans à des vers és parties muſculeuſes, ſçauoir bras, cuiſſes, jam- bes : & outre iceux , aux enfans ſe trainer aux coſtez par deſſous le cuir, auec mouuement manifeſte. Au reſte, ſoit que ſoient animaux viuans,ſoit que vrayement ils ne ſoient tels,mais que ſeulement ils ſemblent - tels, à la guariſon d'iceux eſt vtilevſer de fomentation chaude, afin qu'eftant le Dragonneau aſſez enflé, il ſorte dehors,& puiſſe eſtre arraché auec les doigts piece apres piece. Eſt auſſi vtile l'application des ca- - taplaſmes ſuppuratifs faits d'eau, miel, farine de froment, & d'orge. Voila ce qu'en dit Paulus AEgineta. L'opinion. Auicenne chap. 2I. liu. 4.fen. 3.traicté3.ne ſçachant à quoy ſe reſoudre vacillant, encline ores en ce party, d'Auicenne. ores en ceſtuy-là , parlant des Dragonneaux, maintenant comme d'animaux viuans, maintenant comme d'vne ſimple matiere,& humeur arreſtée encertain lieu, ayant au reſte bien compris l'eſſence, & curation L'ºpinion. de ce mal , comme dirons cy-apres. Aëce chap. dernier, dit que les Dragonneaux ſont ſemblables aux dAèce l.14 vers, & ſe treuuent aucunesfois grands, aucunefois petits , n'eſtant leur generation differente à celle des larges vers du ventre : Car, dit-il , ils ſe meuuent ſous le cuir ſans faire aucun mal : auec ſucceſ- ſion de temps le lieu où eſt le Dragonneau ſuppure, ou ouure le cuir, puis on tire hors la teſte d'i- celuy,que ſi l'on vient à l'arracher, il fait grande douleur , principalement ſi par tirer trop violemment il vient à rompre : car ce qui demeure fait de tres-griefves douleurs. Partant de peur que l'animal ne ſe re- tire, faut lier le bras fort eſtroit,auec vn lien bien fort,& faire cela touſiours,afin que le Dragonneau allât peu à peu ſoit retenu par la conftriction , & ne ſe rompe point. Il faut arrouſer la partie d'eau miellée, & d'huile,où l'on aura cuit de l abſinthe, ou quelqu'autre de ceux qui ſont ordonnez pour les vers du ventre. Que ſi le Dragonneau ſortant de luy-meſme , ſe peut tirer aisement , il ne faut rien faire dauantage : mais s'il tourne à ſuppuration , l'on ne doit faillir à y mettre les cataplaſmes, & à l'arrouſer d'eau miellée, & huile. Les cataplaſmes oſtez, nous auons accouſtumé d'appliquer vn emplaſtre de bayes de laurier. La ſuppuration paracheuée, le cuir ſoit incisé ſelon la longitude:& eſtant le Dragonneau deſcou- uert, ſoit tiré hors, & la peau ſoit emplie de plumaceaux, & ſoit fait le ſurplus de la curation ſuppuratiue: de ſorte qu'ayant cét animal ſuppuré & tiré dehors, ſoit l'vlcere incarnée & menée à fin de cicatrice. Voilà F'opinion de ce que nous a laiſſé Aèce. Rhaſis chap.24.du traicté 7.dit : Quand le lieu commence à s'eſleuer en veſſie, & Rhaſis. la veine ſe haſte de ſortir,il eſt bon que le malade boiueau premier iour demie drachme d'aloé:au ſecond, vne drachme entiere : au troiſieme , deux drachmes : & que la partie ſoit auſſi epithemée d'aloé, car il l'oſtera du tout : & apres ce qui ſera ſorty, il faudra enuelopper ce qui apparoiſt eſtre dehors, à l'en- tourd'vne canne de plomb,de la peſanteur d'vne drachme, & la lier auec cela,& laiſſer pendre : car par la peſanteur d'icelle,il viendra à deſcendre,à s'allonger,& ſortir dehors:& quand il y aura vne partie dehors, ·ſoit enueloppé,& lié,à l'entour dudit plomb : & ſi ce qui eſt deſia ſorty eſt bien long, il le faut § & enue1opper A | # C Des Tumeurs en particulier. 2o5 A enuelopper encores ce qui eſt demeuré, en ſorte que l'on ne coupe iuſqu'au bout : car ſi on le fait ainſi, C il ſe retirera dedans la chair & engendrera vne apoſteme putride & maligne : parquoy il faut ſuruenir à ceſte maladie doucement, & tirer hors la veine peu à peu, tant qu'elle ſorte toute, & qu'il n'en demeure rien au corps.Mais ſi de fortune l'on a inciſé rez à rez de l'vlcere,il faut mettre le raſoir dedans le trou,fendre en long, & l'ouurir ſi bien que l'on puiſſe oſter tout ce qu'il y a de reſte : De-là , que l'on y mette du beur- re par quelques iours, iuſqu'à ce qu'il pourriſſe, & que ſa ſubſtance ſoit conſommée , puis ſoit curée auec les medicamens, qui engendrent chair.Voyla comment Rhaſis en vne meſme ſentence,parlant d'vne meſ- me choſe, l'a baptiſée de diuers noms, & entre armé de fer,& de plomb en la curation d'icelle , tout ainſi que s'il vouloit vaincre quelque furieux animal.Soranus, Medecin du temps de Galien, a eu opinion tou- te contraire,ſelon que cite de luy Paul Eginete au lieu preallegué,d'autant qu'il conteſte & afferme le Dra- gonneau n'eſtre point vn animal,ains vne condenſation & engroſſiſſement de quelque petit nerf ſuperficiel au deſſous de la peau, qui ſemble aux malades & Medecins auoir mouuement : en quoy Soranus s'eſt quel- que peu approché de la verité,non toutesfois ſi entierement qu'il ait comprins l'eſſence de ce mal , comme dirons cy-apres. Manardus epiſt. 2. de ſon 7. liu. dit que tels Dragonneaux ſont engendrez d'vn fang mau- uais, groſſier, chaud,&melancholique,ou d'vn flegme bruſlé & deuenu à complexion grandement ſeiche. Gorreus tres-docte Medecin,en ſon liure des Definitions, nie aucun Medecin de ces quartiers en pouuoir parler, pour eſtre le mal ſi infrequent qu'aucun n'en pourroit auoir eu la veuë. L'autheur du liure intitulé l'Introduction,& des definitions,definit ce mal, & dit les Dragonneaux eſtre vn mal fort ſemblable aux va- rices, cauſant grande douleur , & lors que peu à peu s'eſleuant vient à ſe mouuoir. Parquoy le moyen de le guarir eſt(dit-il)que, comme en la ſection des varices, nous venons à eſleuer la peau de deſſus , & en fin à les trancher. Ce quia eſmeu le bon pere Guidon au liure des Apoſtemes, chap.8. de rapporter ce mal aux varices; comme engendrées de ſemblable humeur gros & melancholique:de fait, que pour la guariſon ilvſe de meſmes remedes qu'és varices. Ceſte maladie a eſté baptisée par diuers autheurs de diuers noms, & tous luy ont donné le nom de Vena : car par Auicenne & Guidon il a eſté appellé Vena Meden, pource, dit-1l , qu'il eſt fort frequent en la ville de Medine : par Albucraſis, Vena ciuilis : par Haliabbas , Vena fa- moſa : par les autres, Vena cruris. Vrayement telle contrarieté d'opinions repugnantes, non ſeulement entr'elles, mais auſſi à ſoy-meſme,monſtre éuidemment le peu d'aſſeurance qu'en auoient ceux qui les ont miſes en auant. Et toutesfois le malheur a eſté ſi grand , qu'aucun des recents n'en a rien laiſſé par eſcrit. Bien eſt vray que Iacques d'Alechamps, homme bien entendu en toutes les parties de la Medecine,a efcrit de ceſte matiere en la Chirurgie Françoiſe,que ces années paſſées il nous amis en lumiere:mais par le long diſcours qu'il nous en a fait,ne nous a laiſſé autre teſmoignage de ſon induſtrie,ſinon d'vne diligente &cu- rieuſe recherche de la meilleure part de ce qu'en auoient eſcrit les anciens, ſans autrement auoirvoulu af- ſeoir ſon iugement, & arreſter vne queſtion tant controuerſe & debatue entre tous ceux deſquels les eſ- crits ſont paruenus entre nos mains. - · · · · , ' - . - ! Or quant à moy,la modeſtie ne m'a peu tant commander,que ie n'aye mieux aymé me mettre en hazard d'eſtre eſtimé trop entrepreneur,que de permettre , entant qu'il me ſeroit poſſible, que telle queſtion de- meuraſt dauantage en conrrouerſe & litige : parquoy ie me delibere d'en dire preſentement mon aduis, en ſorte qu'ayant refuté l'opinion qu'en ont eu les anciens, ie viendray à confirmer par viues raiſons, tout ce que i'en ay peu cognoiſtre, tant touchantl'eſſence,que touchant la curation. Car en premier lieu , que les Dragonneaux ne ſoient vers ſemblables aux lumbriques, & qu'ils ne ſoient choſe animée, & que leur generation ne ſoit ſemblable à celle des larges vers du ventre, comme l'a eſtimé Aëce, il eſt aisé à con- uaincre, tant de luy-meſme, que de la raiſon. Car iceluy, traicté 3.ſerm. 1. chapitre 4o. dit le ver large, qu'il appelle Tenia , eſt comme vne metamorphoſe & tranſmutation de la tunique interieure des inteſtins greſles, en vn corps vif animé & mobile. Orperſonne n'a dit, ne luy meſme ne confeſſera pas que les Dragonneaux s'engendrent de la tunique de la veine, en laquelle ils naiſſent, ny des fibres du corps ner- ueux , lequel ſouuent ils abbreuuent, ny moins du cuir ſous lequel ils font leur reſidence. Cutre , la gene- ration des vers, & autres quelconques animaux qui viennent de pourriture, ne peut eſtre que par corru- "ption de quelque matiere , en laquelle nature de ce qui eſt le plus bening,par le moyen de la chaleur viui- fiante, efforme quelque eſpece d'animal , comme monſtre Ariſtote au 4. des Meteores. Parquoy pour ceſt effect, faut que la matiere ſoit diſposée à pourriture , telle qu'il eſt requis pour former vn tel animal qu'ils imaginent eſtre le Dragonneau : que les cauſes adiuuantes concurrent pour ſeruir d'ayde, & comme pre- ſter la main à la cauſe principale agiſſante : & que le lieu ſoit propre à la production de tel effect. Or nulle de toutes ces cauſes ne ſe peut remarquer propre pour faire que les Dragonneaux,ddnt eſt queſtion , ſoient · animaux & viuans:car la cauſe materielle dont ils ſont engendrez, eſt par le commun accord de tous ceux qui en ont parlé , vn humeur melancholique,terreſtre & groſſier , lequel tant de ces deux qualitez premie- res,ſçauoir frigidité & ſiccité, que de ſa qualité feconde, ſçauoir acidité & aigreur, eſt iugé non ſeule- ment le plus inepte de tous les humeurs à pourriture , mais dauantage y reſiſte , d'autant que la pourritu- re ſe fait de chaleur & humidité ſuperfluë. En outre , ſi la cauſe materielle de ce mal eſtoit vn humeur pourry, & par pourriture changé en quelque animal viuant, il faudroit que tel mal fuſt accompagné de puanteur, qui eſt vn accident & ſymptome inſeparable de pourriture : ce qui eſt manifeſte par la puan- teur des excremens de ceux, és corps & iuteſtins deſquels s'engendrent des vers. Parquoy il faudroit par meſme moyen, que ce qui exhale par inſenſible tranfpiration des corps de ceux qui ſont infectez des Dra- gonneaux, fuſt puant , comme il aduient à ceux qui font vexez de phthiriaſis , c'eſt à dire, de maladie de poux, accident toutesfois qui en ce mal n'a eſté remarqué par aucun de ceux qui ont parlé des Dragon- neaux. Quant à la cauſe efficiente, quelle chaleur pourroit eſtre ſi grande entre le cuir & la chair; c'eſt à dire, en la ſupe1ficie de noſtre corps, que par l'actiuité en vne matiere melancholique, & du tout inepte à receuoir telle impreſſion, il s'y peut former vn animal ſi grand & enorme , que nous ont depeint ceux, qui feignent noſtre corps abonder en monſtres, & n'ont eu honte d'aſſeurer des Dragons eſtre couuez, & eſclos d'iceluy ? Conſidere que tel lieu, tant par le moyen des pétites arteres qui ſe ramifient par iceluy, que par le benefice d'inſenſible tranſpiration,eſt continuellement aſpiré & euentillé de la frigidité de l'air L'opinion de Soranus. L'opinion de Manardus. , L'opinion de Gorreus. L'ºpinion d# Guidon. : · · · · rº ! Premiere » raiſon contre l'opinion des antixº... • Seconde.3 raiſon. Troiſieſine , raiſon. Qua'rieſ ni raiſo». - - -*, qui nous enuironne. Or à ces deux premieres cauſes,materielle & efficiente defaillantes, ou pour le moins cinquiſme fort manques & debiles pour produire tel effect, quelle cauſe adinuante peut donner ſecours » eſt-ce l'hu- ras/oº. midité des viandes ? vrayement les corps qui ſe nourriſſent de viandes tiedes & humides, comme de laict, formage,& fruicts meurs,ſont ſubjects aux vers,& ſemblable vermine, comme nous voyons par experien- ce ès petits enfans. Et au contraire:Auicenne au lieu cité,dit qu'entre les viandes qui engendrent les Dra- gonneaux, ſont celles principalement qui ſont chaudes & ſeiches,& que ce mal ne vient pas tant és corps • • • - ". " humides & accouſtumez aux bains & viâdes humides,& qui vsét de vin par meſure.voie mais la natur de .#º - l'air du pais où eſt frequent ce mal,ne donne-elle point quelque cômodité a la generatio de ces animaux S endorés 2 o6 Le neufieſme Liure, - encores moins : car à teleffect eſt propre l'air nebuleux, couuert & humide,quel nous voyons eſtre au com- A mencement du Printemps,lors que les grenoüilles,crapaux,& ſemblables petits animaux s'engendrent a foi- ſon. Or au contraire, M. Iacques d'Alechamps(meſme de l'opinion de tous ceux qui en ont eſcrit)dit chap. 85.de ſa Chirurgie,tel mal des Dragonneaux eſtre frequent aux Indes, Arabie, & autres telles regions chau- des & bruſlantes, où la terre de grande aridité ne produit que bien peu de verdure. Que ſi encores tel lieu de noſtre corps,ſçauoir, celuy qui eſt immediatement deſſous le cuir,auoit en ſoy quelque commodité N - de produire,ou nourrir tels animaux, vrayement on auroit quelque pretexte de dire & maintenir les Diagon- neaux eſtre animaux viuans:mais ſi tel lieu n'eſt apte & capable,comme les inteſtins,eſquels pour la diuerſité de leºr capacité s'engendre diuerſité de vers:ſi tel lieu n'eſt aſpiréd'vne chaleur étouffée,ny abreuué des plus groſſes immondices de tout le corps,comme ſont les inteſtins,ains ſeulement des plus ſubtiles & tenuës,qui le plus aisément ſe digerent par inſenſible tranſpiration, quelle cauſe vallable pourroient ils alleguer d'vn Reſponſeà la effect ſi admirable & monſtrueux ? mais nous aurions peu aduancé par nos raiſons, ſi enſemble ne conſide- Premiere cº- rions à reſpondre à certaines obiections que l'on nous pourroit faire.Car en premier lieu(diront-ils)pour- fection. quoy les anciens euſſent ils exprimé ce mal du nom d'vne choſe animee, ſçauoir,des Dragonneaux?Pource qu'en la Medecine les noms ſouuent ſont impoſez aux maladies, plus par ſimilitude,que par proprieté.Pour tout exemple,nous produirons trois maladies,l'vne appellé cancer,l'autre Polypus, & la troiſieſme Elephas,leſ- quelles ſont dites, non qu'en nous par icelles s'engendre vn vray chancre, ou polype, ou Elephantanimé & #à viuant,mais pource que l'vn de ſon eſtendue repreſente les branches d'vn chancre,l'autre de ſa ſubſtance re- preſente la corpulence & ſubſtance d'vn polype; & le troiſieſme d'autant que ceux qui ſont ladres, ſont en Reſºnſ à* quelque endroit du corps d'vne crouſte ſemblable à la peau d'vn Elephant.Ainſi le mal dont eſt queſtion,a B - ſeconde. merité le nom de Dragon,parce qu'en toute ſa configuration,couleur,longueur & rondeur,il nous repreſen- te la figure & image d'vn Dragon. Mais,diront-ils,pourquoy le mouuement de telle matiere eſt-ilapparent, #ºſº.ºſº * ſi elle eſtinanimée , Acela nous pouuons reſpondre, que l'humeur cauſant ce mal eſt ſubtil & boüillant,qui *º" et cauſe de faire telmouuement : & qu'ilvient & decoule a la partie malade auec impetuoſité, comme fu- ctuant. Or,diſent-ils,toutesfois ſi le Dragon vient à ſuppurer,on le void ſortir hors de ſa caſe. Nous reſpon- , , dons qu'ils ſont grandement deceus : d'autant que lors que la ſuppuration eſt faite,quelquesfois il demeure Reſpºnſe à l* quelque corps nerueux, denué, faiſant de ſon corps mouuement preſque conuulſif, n ſimi'itude d'vn vray Tºrrºſ" Dragonneau. D'abondant pourront dire,que la douleur ne peut aduenir ſinon aux choſes qui ont ſentiment, & par conſequent vie : doncques quand l'on tire ce Dragonneau,il fait extréme douleur,& principalement ſi à force de le tirer on le rompt. Nous reſpondons que telle conſequence eſt mal fondée : car telle douleur n'aduient ſinon lors que le Chirurgien mal aduiſé tire le nerf imbu de tel humeur enguiſe de vray Dragon- opinion d e neau : dont faire ne ſe peut qu'il ne face douleur, briſant la partie qui en nous cauſe & apporte tout ſenti- l'Autheur ment. Pour donc en brefarreſter quelque choſe de la nature, eſſence & generation des Dragonneaux, i'oſe : bien dire,ſauf meilleur iugement , n'ettre autre choſe qu'vne tumeur, & apoſteme faite par vne ebullition 74 . de ſäg qui ſe fait en la maſſe fâguinaire,lequel par la vertu expultrice eſt enuoyé aux parties exterieures par | les veines,& principalement aux bras,cuiſſes,& iambes, faiſant vne tumeur ronde & longue, ſouuent depuis la jointure de l'eſpaule iuſques au carpe, ou depuis l'aine iuſques à l'vne des malleoles,accompagnée d'vne Les Dragon- tres grande douleur tenſiue, pungitiue & bruſlante, enſemble grande dureté, eſtant touſiours accompagnée neaux ne ſont de fievre. Dauantage, quelquesfois ladite tumeur eſt de figure droite, autrefois anfractueuſe comme vne iamais ſans varice : à raiſon dequoy quelques-vns atteints de ceſte maladie , ſe diſent eſtre malades du Dragon.Voyla C fiévre. en bref ce que i'en ay peu comprendre, ſelon ceſte region. Quant à la curation,elle n'eſt point diſſemblable à la fluxion phlegmoneuſe , diuerſifiant les medicamens ſelon les quatre temps, ordonnant le regime, - ſaignée & purgations, comme nous auons dit au chapitre de Phlegmon. Il y aVffe aſſfre maladie appellée ví . Cridons, qui prouient aux petits enfans,qui les vexent & tourmentent ainſi que s'ils auoient des eſpines au 7 dos en ſe tournant ça & là, & ſont petits poils gros & aſſez eſpais,de longueur d'vne petite eſpingle Ils ſe curent auec l'eau plus chaude que tiede,puis,frottés de miel incorporé auec farine de fourment:cela fait,on. les void ſortir hors du cuir, puis on les tire auecque petites pincettes. Ie croy que ceſte maladie n'a eſté cogneuë aux anciens, au moins que i'aye peu encore deſcouurir. Fin du Huičtieſme Liure des Tumeurs contre Nature en particulier. # G#p$# . TA B L E DES CHAPITR ES : D V L I V R E IX. D Des Playes recentes & ſanglantes, en general. · -, % V'EST CE que Playe,quelles ſont les differences & I De la douleur qui ſuruient aux playes. viij sAN eſpeces d'icelle,& d'où elles ſont priſes. CHAP.j. | Duſpaſme,on conuulſion. ix De, cauſes des Playes, ij l De la cure de Spaſme. x Du pro • ## nes & iugemens des Playes. iij | Cure du spaſme par conſentement & douleur. 2i De la # # # iv | De la Paralyſie. xij Des Sutur on des playes en general. v | Cure de la paralyſie. x 1 ! J # ami Vj | De ſyncope. X1V" * de ſang qui ſuruient aux playes, vij | Du delire 3 alienation d'eſprit. xT L E NEV FIESME LIVRE, TRAIC TAN T DES PLAYES R E C E NTE S E T S A N G L AN T E S E N G E N E R A L. PAR AMBROIS E PARE DE LA VA L A V MA Y NE, | Conſeiller, & premier Chirurgien du Roy. ºu eſt ce que playes, quelles ſont les eſpeces &9 differences diale , - & d'où elles ſont priſes. CHAP. I. 42 LA y E eſt ſolution de continuité recente, ſanguinolente, & ſans putrefaction, comple- Definition de %2 te ou purulente, faite principalement és parties molles. Icelle eſt dite des Latins, Vuinus pluye. # qui eſt à dire, ouuerture dilatée d'vn corps, faite par quelque coup, cheute, ou morſure. - é# Ögelquesfois auſſi eſt appellée playe,quelquesfois vlcere recent, ou ſimplement, vlcere. ## 3• ) $ or ſolution decontinuité aduient en toutes les parties du corps auſſi a elle diuers noms lD# $ $ # & appellations, ſelon les Grecs,comme en la chairheſcos : en l'os cat gmaiau nerf ſpaſma: # des #@(2$ſ($ au ligament thlaſma : aux vaiſſeaux apoſpaſma : aux muſcles rbegma Et s'il ſuruient ſolution § ſº- de continuité par l'apertion des orifices des vaiſſeaux, elle eſtaPellée anaſtomoſie : ſi par tranſcolation, dia- § i. ptdsſs : ſi par eroſion, anabroſis. Et pour plus facile intelligence, il m'a ſemblé bon de te rcduire ces diffe-continuité, A rences en cette preſente table. Table des differences des Playet. Glandules, Molles. Chair 3 - . - r # 3) ' Pe:-:1-: } Moüelle. T - • † » } Dures, Os, - - "----- • - qui 1ont Cartilages. fDe la natu- 8 re des par- Mediocres # #> Nerfs ties où le - v§ Vei § mal eſt, leſ- §" $ † quelles 4 c§au rteres. .. , , . ſont, ou | * Principa * ſAucuns adjouſtent la matrice , & les f les Incipa- # teſticules. - i- ( Trachée artere, # | Miniſträtes | Poulmons. ". 2 aux princi- j Oeſophague, | ſont pales. { Veſſie, 2 - ' Les diffe- #. - § # .# Non mini- ð, p § 0Ilt ſtrantes aux )Nez, PrIles ,| principales Pieds, , V.comme Mains, ·, - 'CQuand il n'y a aucune cauſe, ſymptome, ne maladie, c'eſt à dire, De leur eſ- Simple, n'ayant aucune diſpoſition compliquée. . . ſence, ou Oll En laquelle y a complication d'autres diſpoſitions,ſans la remo- ComPosée.V tion deſquelles ne peut eſtre obtenue guariſon, qui eſt vnion Longue. J Dela quan- Grande | La§. tité. Moyenne, †. - OllI'tCS. - Petite, | Eſtroitte. | ,V-Superficielles, i c Dfoite, V.Delafigure)Oblique, - Angulaire. Ronde, Q. O 5 · Le neuf1etIme LILIfe, Diuiſion des choſes exter- ©3e5. Picqueurss. Inciſionz. Contmſi.ns. Sentence. Galien 4. AMet chap. 6. Gal. du lieu. • ſus allegué. Hipp aph. I 8.l. M. 5. Hipp afh. 15.lieu. 6. Iugemët pris Pour la figu- J'º, Hipp. liure des vlceres. Hip.conuulſ. ex vlmere let bal Hipp.apho. 66 liure 5. Gai.liu.de arte parua. Premuº ere in- tention, Seconde in- tention Hiºp. liu. 1. ºPbo. I. - - •e -- A Des cauſes des playes. C H A p. I I. # E s cauſes des playes , entant qu'elles ſont recentes & encores ſanglantes , ſont eſtimées eſtre toutes celles qui peuuent aduenir extrinſequement, c'eſt à dire, par choſes externes, leſquel- les ſont animées, ou non animées. Les animées, ſont comme morſures , ou picqueures de 4è//# beſtes, tant veneneuſes,que non veneneuſes. Les non animées, ſont comme vn coup d'eſpée, &'ÉN N(2\ de baſton, de piſtolet,de pierre, de dague, & autres choſes ſemblables : & ſelon les choſes dont elles ſont faictes, prennent diuers noms, comme celles qui ſont faictes par choſes poinctuës,aiguës,& poignantes,ſont dites picqueures:& celles qui ſont cauſées par choſes trenchantes,ſont nommées inciſions, ou playes inciſées : & celles faites de choſes lourdes, peſantes, obtuſes, ſont dites contuſions, ou playes contuſes & meurties. ()ſ - •-• Les ſignes & iugcmcns des playes, C H A P. III. #S3 E s ſignes des playes ſont cogneus par le ſens de la veue, en la conſideration deſquels le Chirur- s éº # gien auant toutes choſes, doit cognoiſtre quelles playes ſont curables , & quelles incurables, & - # guariſſent facilement ou difficilement. Car premierement vn ſage Chirurgien ne promettra iamais - guariſon à celuy qui ne peut eſchapper,ou qui eſt en peril,afin qu'il ne faſſe ſoupçonner qu'il aye tué le malade,lequel ſera mort par la grâdeur de la plave:& lors qu'il y a grand danger,ſans toutesfois que le mal ſoit deſeſperé du tout, il doit aduertir les amis & Parens du malade, que la playe eſt ſuſpecte & tres- difficile à guarir, afin que ſi la maladie eſt plus forte que la ſcience, & moyen que l'on y ſçauroit mettre, on n'eſtime qu'il ſoit ignare , ou qu'il les aye abuſées. Mais comme telle choſe eſt l'office d'vn bon & pru- dent Chirurgien : auſſi c'eſt l'acte d'vn charlatan faire grand vn mal qui eſt petit, afin qu'on eſtime de luy plus qu'il n'a executé : & eſt raiſonnable que le Chirurgien en confeſſant la curation eſtre facile, oblige ſon honneur & ſa reputation, afin que plus curieuſement il recherche , & regarde tout ce qui concerne la ſan- té du patient, & que le mal, qui de ſoy-meſme eſt petit, par la negligence de celuy qui le traitte, ne ſe face plus grand. Donc le Chirurgien doit ſçauoir quelles playes ſont grandes pour les accidens qu'elles ame- nent, ce qu'il cognoiſtra, comme dit Galien, par ces trois poincts. Le premier pour l'excellence de la par- tie affligée, comme cerueau, cœur, grands vaiſſeaux,jaçoit qu'elle ſoit peu offencée. Le ſecond à cauſe de la grandeur ou quantité de la maladie, comme ſont les playes ſpatieuſes,auec grande inciſion, larges & fort profondes,ſans qu'il yaye quelque partie noble offenſée. Le troiſieſme pour la malignité, comme ſont celle qui aduiennent es jointures , leſquelles ſont ſouuent accompagnées de cacoethie ou malignité. Du prognoſtic des playes. C H A P. IV. . se vſ E s playes ſont fort dangereuſes, quand il y a quelque grand nerf, veine ou artere bleſſez,pour la $ > conuulſion, & flux de ſang tant veinal, qu'arterial qui s'enſuit, lequel l'abbat, & épuiſe la vertu #s du malade. - emblablement ſont tres-mauuaiſes 2llX aiſſelles, cuiſſes,jointures,& entre les doigts: dauantage ſi le teſt ou extremité du muſcle eſt attaint : les moins dangereuſes ſont aux parties Q- charneuſes. Pareillement les playes faites à la veſſie, cerueau, cœur, foye, poulmons, eſtomach, inteſtins greſles,ſont mortelle,:& ſi quelque ſi os,cartilage,nerf,portion de la ioüe ou du prepuce eſt coupé,ne peut s'augmenter, reünir , ny agglutiner.Auſſi les playes qui ſont contuſes , ſont plus difficiles à curer que celles | « qui n'ont qu'vne ſimple ſolution de continuité, à cauſe que deuant l'vnion faut mener la playe à ſuppura- tion & deterſion , choſes qui ne ſe peuuent faire qu'en long-temps : celles qui ſont rondes, ſont pires que tout s les autres en qualité & conditiö de figure:à raiſon que l'vnion ne ſe fait que parle moyen d'vn angles c eſt à dire, rencontre de deux lignes:ce qui n'a lieu és playes rondes,de tant que la figure ronde,n'eſt faite que d'vne ligne oblique. Dauantage les playes ſont eſtimées les plus grandes & dangereuſes, deſquelles les extrcmitez ſont plus eſlongnées les vnes des autres,ce qui ſe fait és playes rôdes:au contraire celles de ligne droite, & faites ſelon les fibres, reçoiuent plus facilement guariſon. Semblablement ſi vn corps ieune eſt - navré, ſera pluſtoſt guary qu'vn vieillard, pource que nature eſt plus forte & vigoureuſe au ieune : & que le ſang eſt plus gras & gluant pour faire prompte vnion & regeneration de chair , au contraire plus ſec, & terreſtre, & moins abondant és hommes aagez : auſſi les playes faites au Printemps ne ſont ſi faſcheuſes, que celles qui ſont en Hyuer ou Eſté : car c'eſt ſigne que les parties nerueuſes ſont offenſées, & que le cer- ueau, qui en eſt la ſource, endure & ſouffre. Si aux grandes playes il ſuruient tumeur, c'eſt bon ſigne,pour- , ce que nature taſche à ſecourir la partie offensée, & monſtre qu'elle n'eſt du tout abbatuë. Les parties or- ganiques eitans du tout coupées, iamais ne ſe peuuent reünir , d'autant que la partie eſtant hors, & ſeparée du corps, ne peut receuoir la vie & mouuement d'iceluy, ſans leſquels elle ne peut aucunement viure. Les nerfs, veines & arteres, ſe reprennent quelquesfois, enſemble les os , non toutesfois proprement, c'eſt à dire, ſelon la premiere intention, ains ſelon la ſeconde Or la premiere intention eſt, quand les parties diui- D, sées ſe reüniſſent enſemble, comme elles eſtoient auparauant ſans moyen de ſubſtance d'autre genre ou eſ- pece,ains par l'ayde du nourriſſemêt,ſçauoir eſt par tranſmutation de l'aliment du tout ſemblable,& meſme que l'autre comme il aduient aux parties charneuſes.La ſeconde intention eſt,quâd les choſes diuiſées ſont vnies par le moyen de quelque autre ſubſtance que nature machine ſemblable à icelle, mais non meſme:& par tel moyen ſont reünies les parties ſpermatiques, côme ce qui vnit les os enſemble,eſt appellé Callus ou Poru : laquelle calloſité ſe fait d'vn humeur vn peu plus gros, que n'eſt celuy duquel l'os a eſté fait : lequel humeu ſtant là paruenu , s'eſleue & ioint enſemble les os, qui ne pourroient iamais autrement ſe reunir enſen5le, pource qu'ils ſont trop durs.Toutesfois ceux des petits enfans ſe reüniſſent plus facilement , & au c moins d'addition : ce qui aduient pour leur molleſſe & delicateſſe. Or ie veux bien aduertir le ieune Chirurgien, que ſouuent les plaves qui ſont petites & non mortelles d'elle-meſmes , menent quelquesfois le mala 'e à la mort : ce qui aduient pour le vice des choſes externes, & non pour la faute du Chirurgien. Ce qui eſt eſcrit par Hippocrate diſant qu'il n'eſt ſeulement neceſſaire que le Medecin ou Chirurgien face ſont deuoir , mais auſſi y eſt requis l'ayde des choſes externes. - Pé Des Playes en general. 2o9 De la curation des playes en general. CH A P. V. - • - ". º4 E Chirurgien pour la curatien des playes ſe doit propoſer vne commune indication, qui eſt Galliu.;. , vnion des parties diuiſeés,laquelle eſt notoire,meſmes aux idiots. Car ce qui eſt ſeparé,mon- Met.chºf.1. # ſtre facilement qu'il doit eſtre reioint,d'autant qu'vnion eſt contraire à diuifion:mais par quel N# moyen,& comment ladite vnion doit eſtre faite,n'eſt cogneu d'vn chacun. Or cefte premiere 3/75º) & generale indication eſt parfaite par nature,comme le principal agent, & par le Chirurgien, comme Miniſtre de nature:& ſi nature n'eſt forte,le Chirurgien ne pourra venir à ſa fin pretédue.Or quand il exerce ſon operation,ſe propoſera cinq poincts principaux.Le premier eſt,oſter les choſes eſtranges,com- Cin1 intº- me bois,fer,os car autrement la playe ne ſe pourroit iamais reprendre,ains recidiueioit. le ſecond eſt ap- tions Pººr * procher les labies enſemble,d'autant que ſi elles n'eſtoient iointes, ne pourroient ſe conglutiner & reünir.º des Le troiſieſme eſt conſeruer les labies reiointes. Le quatrieſme eſt garder la temparature de la partie : car playes. tant qu'elle ſeroit intemperée,iamais ne ſe feroit vnion. Le cinquieſme eſt la correction des accidens leſ- quels peruertiſſent ſouuentesfois l'ordre de curation. Or par les choſes eſtranges nous n'entendons ſeule- . . ment ce qui ſera venu exterieurement,comme fleches,dards,balles,bourre,& autres,deſquelles nous parle- Gal. Methº rons cy-apres,mais auſſi toſt ce qui dependroit du corps,& demanderoit eſtre oſté,comme ſang caillé,chair dilacerée : fragmens,os, eſquilles d'os : leſquelles choſes empeſchent l'action de nature. Aduertiſſement auieune Chirurgien:c'eſt qu'il n'vſe point de tentes, comme aucuns font ordinairement, ſi ce n'eſt qu'il y euſt dedans la playe quelques corps eſtranges, comme eſquilles ou autres choſes. Car vſant de tentes on fait douleur, & ſont eſtrangesà nature, qui cauſe fluxion & apoſteme : & le chirurgien ignorant ne penſe pas que ces tentes en ſoient cauſe,& n'oſe les oſter,eſtimant que ceſte boue qui ſort de la playe, pourroit eſtre arreſtée,laquelle eſtant arreſtée,& retenue en la playe,rongeroit & caueroit. Au contraite,c'eſt la ten- te qui entretient la playe à jetter beaucoup de ſanie & boué,& lors qu'on oſte les tentes, on void que toſt apres la playe ne jette plus, & ſe conſolide. Cecy eſt bien confirmé par Galien au 4. de la Meth. qui dit que tout vlcere(il prend icy vlcere pour playe)ſimple,ou auec cauité, demande qu'il n'y ait rien entre les labies,qui puiſſe empeſcher vnion : tellement que s'il aduient qu'il y ait araignée,poil,huile, & autres cho- ſes eſtranges,elles empeſchent l'agglutination. Dieu ſçait l'honneur & le profit que i'ay receu pour n'auoir touſiours vsé de tentes. Partant icelles doiuent eſtre oſtées le pluſtoſt qu il ſera poſſible,& principalement ſi elles compriment ou picquent quelque nerf ou tendon , dont s'enſuit grande douleur ou apoſt me à - quelque partie principale, ou ſeruant à icelle. Toutesfois ne faut eſtre ſi curieux , que ſi par l'extraction sentence d'iceux s'en peut enſuiure grande douleur, ou flux de ſang , ne ſoit expedient pluſtoſt attendre que natu- dorée. re le chaſſe petit à peiit, comme luy eſtant contraire, ce qu'elle fait ſouuent auec la boue : & où l'atten- te ou delay, ſeroit dommageable, faut que le Chirurgien öpere promptement , ſeurement & auec peu de douleur, s'il luy eſtoit poſſible. Car és playes indiſcrettement maniées, ſuruient toutesfois flux de ſang, ſyncope, conuulſion , & autres mauuais accidens qui mettent le malade en plus grand danger que la pro- pre playe. Telles choſes eſtranges ſont oſtées auec les doigts ou inſtrumens propres à cela : quelquesfois Gal 3 Meii facilement, autresfois auec difficulté, ſelon que la choſe eſt faſcheuſe à trouuer & tirer : ce qui aduient ou pour la diuerſité & figure d'icelles choſes eſtranges, ou par la nature de la partie qui eſt § , dure , & profonde,à laquelle icelles ſont moins ou plus fort attachées, & pour la crainte qu'on a de faire ruption . de quelque vaiſſeau.Or le moyen d'accomplir ceſte premiere intention , enſemble les portraits des inſtru- Hipp iiu.dti mens à ce neceſſaires , te ſeront declarez amplement au traicté des coûps d'harquebuſes, fleches & dards. vlétrés: La feconde & troiſieſme intention s'obtiendra Rar meſmes moyens,qui ſont deux, à ſçauoir, par ligatures & futures. Toutesfois deuant qu'vſer des ligatures & futures auras eſgard s'il ya fiux de ſang , lequel s'il éſt trop grand,ſera arreſté,& s'il n'a aſſez flué,on le laiſſera couler,ſi ce n'eſt en la capacité des ventres,afin que la partie ſoit deſchargée,& moins vexée d'inflammation. Donc on approche & couure les lévres des . playes par ſuture ou ligature,ce qui ne conuient pas à toutes playes , mais ſelon la diuerſité des parties & figures faut vſer de l'vne ou de l'autre,ou quelquesfois de tous les deux enſemble. Car la ſimple & peti- te ſolution de continuité, a beſoin d'vne ſimple ligature appellée incarnatiue , principalement ſi elle eſt au bras,& iambes : celle ſolution de continuité, qui eſt au trauers des muſcles , a beſoin de ſuture & de liga- ture, afin d'approcher les labies qui ſont par trop eſloignées, parce que chacune partie ſe retire vers ſon commencement & fin. Lors qu'il y a quelque portion de chair incisée, laquelle pour la grande ſolution de continuité tombe en bas, a beſoin de ſuture, comme auſſi toutes les parties auſquelles les ligatures ne peuuent eſtre bien accommodées,comme aux oreilles,nez,crane,paupiere,lévres, gorge, & ventre. Tous . les anciens ont fait trois manieres de ligatures. La premiere eſt dite glutinatiue ou incarnatiue , la ſecon- Troi, manie- - de expulſiue,la tierce retentrice. La glutinatiue ou incarnatiue appartient aux playes recentes fimples, & res de lita- eſt faite auec deux chefs, en commençant à l'oppoſite de la playe , conduiſant & croiſant en ramenant les ºres. lévres ſeparées l'vne contre l'autre, non trop ſerrée; de peur d'induire inflammation & douleur, ny trop #ºiere . ) laſche,craignant qu'ellene profitaſt de rien, & telle ligature ſe fait principalement és bras & iambes. La dite gluti- ſeconde nommée expulſiue, appartient aux vlceres ſanieux & fiſtuleux, pour expeller la ſanie : & ſe fait #. dite avec vne bande à vn ſeul chef, commençant à comprimer au fonds du ſinus, auquel lieu doit eſtre plus § #. e, eſtroittementſerrée la continuant moderément iuſques à l'orifice de l'vlcere,afin,comme i'ay dit, d'expel- #. ler la matiere au dehors. La troiſieſme eſt appellée retentrice, appropriée ſeulement aux parties qui ne § peuuent eſtreeſtreintes,comme au col,ventre,& generalement en toutes parties où il y aura douleur, pour- redemtrice. ce que la partie douloureuſe ne permet eſtre ſerrée. Son vtilité eſt de faire ter ir les medicamens : & telle ligature ou bande fe fait quelquesfois auecvn chef,ou auec pluſieurs. Toutes leſquelles bandes ſeront de lingenon trop neuf, trop gros,ne delié, ſeront grandes & larges lelon les parties où elles ſeront appli- quees,prenant indication de la quantité,figure,& ſituation des membres : ce que nous denmônſtrerons plus amplement aux traictez des fractures & diſlocations. La quatrieſme intention,qui eſt contre-garder la tem- S)uatrieſms perature de la partie, ſe fera par bonne maniere de viure, & remedes vniuerſels & topiques. Quant à ſa #enticº. maniere de viure,ſera tenue,froide,& humide, iuſques à ce qu'il ſoit hors des accidens qui luy pourroient ſuruenir. Donc il mangera bien peu,& principalement s'il eſt plethoric,& s'abſtiendra de manger chair 1a- lée, & eſpicée, & n'vſera de vin, principalement s'il eſt bilieux ou ſanguin , & en lieu d'iceluy vſera d'eau d'orge, Ptiſane, bouchet. Il ſe tiendra en repos : car le repos(comme dit Ceiſe)eſt le meilleu me- dicament. Il euitera la compagnie des femmes : auſſi fuira contention, courroux, & les paſlions de l'ame: Coreel. & lors qu'il ſera hors des accidens, il vſera de viure plus copieux, & boira vn peu de vin en retournant celſ , petit à petit à ſa couſtume & maniere de viure. Les remedes vniuerſels ſont la phlebotomie & purga- Remede . * tion,leſquels ont vertu d'empeſcher la fluxion,dont la temperature de la partie ſeroit changee. Toutesfois vºiuerjels. S 3 1c - · • 2L I O Le neufieſme LiLIIe, ie ne louë les fortes purgations aux playes recentes,d'autant qu'elles ſont chaudes & aperitiues, & émeu- A A 7uelles uent le ſang , & les humeurs, qui ſont cauſe d'enflamber la playe, & la faire apoſtumer,& autres accidens. playes la . Quant à la phlcbotomie , elle n'eſt pas touſiours neceſſaire , comme aux petites playes , & aux corps qui Pº# ne ſont cacochymes, ny replets, mais aux grandes, & où il y a danger de fluxion, ou que le corps eſt re- # nºfº- plet, & aux playes des jointures, tendons, nerfs, & où l'on craint douleur , reſuerie, & inquietude. Les fºº_º, " " " " · purgations doiuent eſtre douces & benignes,'dautant que les fortes eſmeuuent & eſchauffent, dont ſe peut enſuiure quelque fluxion & inflammation. Il pourra vfer d'vn bol de caſſe , ou d'vne infuſion de rheu- barbe, & de ce auras recours au docte & prudent Medecin. Les medicamens topiques ſont dits collectica, "leſquels doiuent eſtre deſiccatifs & aſtringens , afin de contenir les labies enſemble , & prohiber la - fluxion , ayant toutesfois eſgard à la nature de la partie, à la grandeur de la - maladie. · Les ſimples ſont, cinquieſme thus, aloes, ſarcocolla, bolus aime, terra ſigillata, ſanguis draco. terebenthina vulgaiis, veneta, gummi intention elemmi, plantago, cauda equina, ſymphytum maius,farina volatilis molendini, & pluſieurs autres,leſquels nous dirons en noſtre Antidotaire. Le cinquieſme poinct , eſt la correction des accidens , leſquels ſouuen- tesfois donnent grandes faſcheries & beaucoup d'empeſchemens au Chirurgien, eſtant contraint de laiſſer la propre cure, pour ſuruenir à iceux : comme flux de ſang , douleur, inflammation, fiévre conuulſion,pa- .. , ralyſie , ſyncope reſuerie, & ſemblables, deſquels dirons le plus ſuccinctement que nous pourrons. · Des Sutures ou Couſtures. CH A P. V I. \Q© O R s que les playes ſont faites au long des bras , cuiſſes & iambes, on ſe peut bien paſſer de Bon docu- . º% les coudre , à cauſe que par ligatures & compreſſes ſe peuuent reioindre : mais quand elles ment pour le * ſont au trauers,demandent eſtre couſues, parce que la chair & autres parties eſtans coupées, leune chi- ſe retirent vers les parties ſaines,& y eft fait grande diſtance. A ceſte cauſe pour reioindre & B rutu» tenir les lévres de la playe,les conuient coudre. Et ſi la playe eſt profonde,faut prendre beau- coup de chair profondement : car ſi on ne prend que la ſuperficie, la playe ſe rejoint ſeulement ſuperfi- ºº ſº ciellement,& au profond non,& la ſanie eſt retenue, & ſe fait apoſtemes, & vlceres caues. Maintenant #ſº#. faut traicter la maniere de les faire. or il y a cinq principales ſortes de ſutures. La premiere eſt faite en #ºº laiſſant la diſtance d'vn doigt entre les poincts : & eſt propre aux playes recentes, faites aux parties char- Deſcription neuſes qui ne ſe peuuent joindre auec ligatures:& quand il n'y a rien d'eſtrange en la playe,icelle ſe fait en de i'aiguille. ceſte maniere.Il faut auoir vne aiguille enfilée,vnie,ayant la pointe triâgulaire,afin qu'elle entre plus facile- mét en la chair:& faut que l'extremité de ſa teſte ſoit caue,afin que le fil ſe cache:ainſi faiſant,ladite aiguil- le paſſera plus librement. Pareillement faut auoir vne cannule feneſtrée,ſur laquelle ſera appuyée vne par- tie de la lévre de la playe, afin qu'elle ne tourne ne ça ne là, en paſſant ladite aiguille,& qu'on puiſſe voir par la feneſtre quand l'aiguille ſera paſsée, poûr la tirer auecques le filet,en appuyant la lévre, de peur que lors qu'on tire le fil,elle ne le ſuiue Et ayant ainſi paſsé les lévres de la playe,ſoit fait vn nœud,& ſera coupé * le fil aſſez pres d'iceluy, de peur que le reſte du fil n'adhere contre les emplaſtres, qui en les oſtant pour- roient induire douleur. Et faut noter, qu'il fautfaire le premier poinct au milieu de la playe, & le ſecond au moyen eſpace,en faiſant qu'il yaye entre chacun poinct diſtance d'vn doigt:& ne faut ioindre du tout les lévres l'vne contre l'autre, afin que le pus ſe puiſſe vuider , & euiter inflammation & douleur. Car ſi on ioinct les lévres enſemble au temps que le pus ſe fait, ſuruient tumeur à la partie, laquelle diſtend les lévres, & eſtant diſtendues le fil les coupe. Semblablement ne faut prendre la chair ſuperficiellement, ny trop profondement : car ſi on la prend ſuperficiellement, ne riendra point : ſi on la prend trop profonde- C ment, induit douleur & inflammation, & rend la cicatrice laide. Vray eſt, quand les playes ſont profon- des au trauers des gros muſcles,il faut faire la couſture profonde, c'eſt à dire, prendre beaucoup de chair, afin que les poincts ne ſe rompent. Or quelquesfois les playes ſe font en tel lieu,qu'il faut auoir canon & aiguille courbe : autrement te ſeroit impoſſible faire ta ſuture comme deſirerois. Ét parce ie t'ay bien vou- lu donner le pourtraict de l'vne & de l'autre, afin de prendre ce qui te ſera plus commode. Cannules & aiguilles propres à ſaire les ſutures. - La ſeconde ſuture eft fiae #ºſ . c- A en maniere que les Pelletiers couſent leurs peaux, & eſt pro- . pre aux playes des inteſtins, 'craignant que les matieres ne - ſortent & tombent hors par la - playe. La troiſieſme eſt faite,en Troiſieſme paſſant vne, ou pluſieurs aiguil- futur . les enfilées au trauers des lévres de la playe , puis remplier & tourner le fil autour d'icelles, ainſi que font les eſcoliers, lors ri qu'ils veulent garder leur aiguil- D le dans leur bonnets : & telle ſuture eſt appropriée aux lévres fendues, ſoit par nature ou par art , comme nous monſtrerons ©uatrieſme ºWºPºs » t'en donnant le pourtraict. La quatrieſme eſt dite Gaſtroraphie,qui eſt appropriée ſeulement aux ſuture. grandes playes des muſcles de l'Epigaſtre, auec inciſion du peritoine, laquelle ſera declarée en ſon pro- Cinquieſme. Pre lieu. La cinquieſme eſt la ſuture ſeiche, qui s'accommode ſeulement aux playes de la face, laquelle ſuture. nous deſcrirons en ſon propre lieu. - Du flux de ſang qui ſuruient aux playes. C H A P. V I I. Le ſang eſt $ 9 V v E N T pour quelque vaiſſeau, à ſçauoir veine ou artere, qui aura eſté coupé ou rompu, le threſor de & dilaceré , ſuruient hemorrhagie aux playes , auquel eſt bien neceſſaire donner prompt ſa vie, ſecours , attendu que le ſang eſt le threſor de la vie , ſans lequel on ne peut viure. S'il vient *5 de l'artere , ſe cognoiſt parce qu'il eſt ſubtil, & ſort en ſautant, à raiſon de l'eſprit vital contenu*ux artcres : s'il ſort de la veine,iil n'eſt ſi ſubtil, mais gros,noir & ne ſort en ſautelant. Or il y a ' - . - Pluſieurs • - xTw=- - - - - ; - - - - - 'a-YA f A- . " . - - - . - - -- Des Playes engeneral. 2 I I A pluſieurs moyens d'arreſter ledit Hux de ſang.Le premier & le plus commun, eſt d approchcr les lévres de la playe,& appliquer(ſi elle n'eſt profonde medicamens.leſquels auront vertu de reſtraindre, glutiner, re- - · frigerer & deſſeicher. Comme.2A. terra ſigill. bolarm.añ.3.f.thur.maſt.imyr h. aloës, an.5. ij. far, vola- 4ſedicinº · tilis molendini 3.j. fiat puluis qui albiimine oui excipiatur. A utrc. 2é. thur. & aloès añ. parres œquales: excipiantur cum albumine oui,& pilis leporis : & d'iceux medicamcns en ſeront chargez de tentes, & plu- maceaux,qui ſeront mis tant au dedans qu'au dehors de la playe : puis par deſſus ſera mis vne compreſſe,& ligature propre,& la partie ſera tenuë en bonne & deuë ſituation , & principalement ſans douleur, s'il eſt poſſible. Et là où le ſang ne pourroit eſtre eſtanché par ces remedes,alors on oſtera la compreſſe, & preſ- ſera-on du doigt ſur l'orifice du vaiſſeau,& y ſera tenu îuſques à ce qu'il ſoit fait vn thrombus,c'eſt à dire, que le ſang dedans & autour l'orifice du vaiſſeau ſoit caillé,& par ainſi eſt engardé de fortir. Or ſi le ſang Autre moyen · ne laiſſoit de fluer,alors faudroit deſcoudre la playe(ſi on y auoit fait ſuture)& prendre Je vaiſſeau par deſ- d'eſtancber . fus auec vne aiguille vers ſa racine auec bonne portion de chair, ſelon que la partie le pourra permettre, le ſan#. & le lier.Car par ce moyen i'ay arreſté de grands flux de ſang,meſme aux amputations des membres, com- me diray en ſon lieu. Quelquesfois faut deſcouurir le cuir par deſſus,puis le lier,comme ſi la veine ou ar- -tere iugulaire auoient efté coupées : ſi elle fe tetire tant en ſa partie ſuperieure qu'inferieure,il faut alors, pour la lier,eſleuer le cuir à l'endroit du vaiſſeau, & le couper ſans toucheraudit vaiſſeau : puis eſtant deſ- couuert, il conuient paſſer vne aiguille enfilée par deſſous, puis la lier : ce que 1'ay fait pluſieurs fois. Et deuant que d'oſter le filet duquel on aura lié les veines ou arteres, faut que la chair ſoit engendrée deſſus, afin de boucher leurs orifices, de peur que le fang ne deſcoulaſt derechef : parquoy ne ſe faut trop toſt auancer de tirer ledit filét, que premierement la chair ne ſoit regenerée. Et là où le vaiſſeau en quelquè B partie que ce fuſt,ne pourroit eſtre lié,faudroit venir aux medicamens eſchorotiques,faiſans crouſte,com- me poudre de vitriol calciné,poudre de mercure auec autant d'alurn calciné,ou cautere potentiel, leſquels - # , font eſcarre:laquelle ne faut faire tomber,iuſques à ce que nature l'aye fait choir d'elle meſme, & que l'o- rifice duvaiſſeau qui en eſtoit bouché,foit couuert de chair ou d'vn thrombus.Cr quelquesfois pour eſtan- Autre ma- cher le ſang,le Chirurgien eſt contraint de couper du tout le vaiſſeau,pource qu'eftant coupé,chaque por- niere pour tion ſe retire vers ſon coſté , & ſe cache dedans la chair,eſtant recouuert des parties circoniacentes qui eſ#ancher vh ſont deſſus & lors auec peu d'ayde ledit flux eſt eſtanché.Mais deuant que le couper,ſi on le peut fier,com- ſºus deſant. - me auons dit cy-deſſus,ſera encores plus ſeur. : º , , · CH A P. V I I I. A douleur ſuruenant aux playes doit eſtre diligemment appaisée, parce qu'il n'y a choſe qui pro- cauſe, ain- ſterne & abbatte plus les vertus du malade,& jaçoit que le corps ſoit de bonne habitude & tem-flammation. perature,toutesfois icelle douleur cauſe touſſours fluxion : car à toute partie affligée cſt enuoyée - ºst plus d'humeur qu'il n'eſt de beſoin, d'autant que Nature taſche toufiours à la ſecourir : & pour la multitude d'humeur qui y abonde pechant en quantité ou qualité,ou tous les deux enſemble,s'excite à icelle inflammation.Or pour empeſcher telle douleur & fluxion, on appliquera autour des la partie des de- Medicamén, fenſifs & lenitifs,leſquels auront vertu de repercuter les humeurs qui flueroient à la parti e malade, com- defenſif . me.24. olei myrtini& rofar.afi.3.ij.cera alb. 3.j.far.hord.3.ſ. bol.arme.& terra ſigañ 3.vj. liquefacta ce- 1a cum oleis,incorporentur omnia ſimul, & fiat medicamentum vt artis eſt : lequel ſera appliqué au deſſus " & autour de la partie. Autre. 2. emplaſt diachalcit.3.iiij.olei roſat & acetañ.3.6.liquefiant ſimul, & fiat C l C medicamentum adeum quem præſcripfimus vſum. Et pour 1enir & adoucir la partie, vous pourrez faire embrocation d'huile roſat,& de myrtiles,adiouſtant vn blanc d'œuf : & ſi l'inflammation n'eſt grande,met- tez l'œuf tout entier. Semblablement pourrez vſer d'vn oxycrat,auquel tremperez vos compreſſes & ban- ze chirur- des. Ortels remedes demandent eſtre renouuellez ſcuuenticar eſtans ſecs augmentent la douleur. Et ſi là tien eſ e : partie eſt ſi enflammée,& douloureuſe qu'elle ne cede pour les remedes ſuſdits,vous vſerez de medicamens ,raint de ſtupefactifs,comme oleum papaueris, mandragora , cataplaſme de hyoſquiame, & d'ozeille, yadiouſtant paſſer aux mauues ,& guimauues,deſquels auons parlé en phlegmon,& du moyen d'envſer. Bref, le Chirurgien aura ſº#ºſtáiſ . égard à la cauſe de la douleur,& à l'humeur qui flue a la partie,& où nature rend:car ſelon içeux les medi- camens doiuent eſtre diuerſifiez : comme ſi la douleur eſt cauſée par chaleur, ſera mitigée par froideur , & ainſi des autres:ſi elle tend à ſuppuration,ſera aydée par remedes propres à tels accidens. - ſ De la douleurquiſuruient auxplayer. , : - - - - 1D/é Spaſme 0/4 conuulſion. CH A P. IX. -) PA s M E ou conuulſion,eſt retraction,& mouuement inuolontaire des nerfs, & par conſe- é)ue c'eſt qui quent des muſcles & parties qui autrement ſe meuuent à noſtre volonté vers leur origine, jpaſme, qui eſt le cerueau,ou la nucque, de ſorte qu'il n'eſt en la puiſſance du malade eſtendre ſelon # ſa volonté(pendant l'accés)la partie malade, ou tout le corps , ſi la conuulſion eſtoit vniuer- "^" ſelle : toutesfois l'action n'eſt pas perduë,comme en paralyſie,mais eſt changée & deprauée, d'autant que les muſcles font meſme action,comme quand la faculté animale les meut, lors qu'ils ſe por- D ºnt naturellement : icelle conuulſion ſouuentesfois occupe tout le corps, & quelquesfois vne ſeule par- - tie. Or il y en a de trois ſortes & differences : la premiere eſt dite en Grec Tetanos, qui ſe fait lors que Difference tout le corps ſe tient droit, & qu'il ne peut tourner, fieſchir, ne hauſſer. La ſeconde opiſthotones , qui ſe entre ſpatſme fait lorsque tout le corps,teſte & col ſe retient en la partie poſterieure. La troiſieſme Emproſthotonos, qui éparalyſe. ſe fait lors que tout le corps, col & teſte ſe retire à la partie anterieure. Il ſe fait auſſi couuulſion à quel- Differèce de que partie ſeulement,comme à l'œil : à la langue, au bras, ou à la iambe , lors que le nerf qui ſert à telle ºuiſſon. partie,eſt offensé. Conuulſion ſe fait ou par repletion,ou par inanition,ou par compaſſion, c'eſt à dire de quelque douleur. Cauſe, de ; Les cauſes de repletion ſont quantité d'humeurs,dont le corps eſt tour plein, par trop boire & manger,ou conuulſion parintermiſſion d'exercice;ou ſuppreſſion de quelque vacuation ordinaiie,comme flux de ſang,hemorrhoi- faiéie far des,& mois aux femmes,leſquels humeurs rempliſſent,& s'imbibent és nerfs:ce faiſant s'eſlargiſſent,& ſont ºººººiºº. côtraints de s'acccurcir:ce qui eſt manifeſte à voir à vne aiguillette de chevrotin lors qu'6 l'eſlargit,& eſtât eſlargie s'accourcit,ou aux cordes des inſtrumens muſicaux,leſquelles en temps pluuieux,ou par I'humidité - dont elles ſont imbues,ſe rompent pour la trop grande repletion.Les cauſes d'inanition ſont grâds vomiſ- Cauſes des - ſemens,flux de ventre,effuſion de ſang: laquelle maniere de conuulſion,ſi elle aduient à cauſe d'vne grande conuulſion - playe,eſt mortelle,pour les eſprits qui ſe ſeront euacuez Icelle ſuruiétauſſiipour vne fiévreardâte,laquelle lº.º pour ſa grande chaleureſträge,auroit conſommé & deſſeiché l'humidité ſubſtâtifique des nerfs,quifait que " leſdits nerfs ſe retirent comme on void vn parchemin ſe retirer & grefiller, lors que l'on l'approche dufeu, S 4 Ob! , • 2, l 2 Le neufieſme Liure, ou comme l'on void ks cordes de luth ſè rompre en Eſté,partrop grande ſiccité & icelle conuulſion eſt in- A Hipp. liu ... curable.Car il eſt meiMeur, comme nous enſeigne Hippocrate , que la fiévre ſuruienne en conuulſion , que 26.aph. la conuulſion en fiévre : ce qui ſe doit entendre,ſi la conuulſion eſt causée par repletion : & ſi ladite fiévre eſt proportionnée & reſpondante en force & vertu à la cauſe qui fait telle conuulſion,d'autant que la fiévre cava, d, conſomme cet humeur gros & cras, qui eſt cauſe de tellemaladie !ºs cauſes de conuulſion par compaſ- couuulſion ſion & douleur ſont comme pointure de nerf,ſoit de corps animé ou inanimé,inanimé comme d'vne aiguil- faite »ar l,d'vne eſpine,ou lancette,ou ſemblable choſe aigue : l'animé,comme morſure & piqueure de quelque be- compaſſien. ſt2 veneneuſe ou non veneneuſe,comme nous auons dit:ou pour auoir enduré vn extreme froid , lequel eſt du tout contraire aux playes nerueuſes, leſquelles choſes excitent extremes douleurs : adonc les nerfs ſe retirent vers leurs origines,qui eſt le cerueau,comme vn enfant fait a ſon pere , luy demandant ayde &ſe- cours,lors qu'il ſent quelque douleur. D'abondant,ſpaſme vient pour quelque Putrefaction d'vne vapeur putredineu e,qui s'eſleue au cerueau,& eſt cauſe que reſentant ceſte pourriture , ſe comprime & re'tire en ſoy & par conſequent tous les nerfs & muſcles du corps,comme l'on voit arriuer aux epileptiques,dont il appert que non ſeulement le cerueau,comme ſource compatit aux nerfs,mais auſſi les nerfs au cerueau af- fc5té.Les ſignes de conuulſion ſont difficiles,laborieux,douloureux, & deprauez mouuemens d'vne partie, # ou de tout le corps,contraction des lévres,comme fi le malade vouloit rire,aſtriction des mandibules,auec- ' ques vne ſueur vniuerſelle,tournement des yeux,& peruerſion de toute la face. En paralyſie la lévre tourne vers la partie malade,& cn ſpaſme vers la partie ſaine. - De la cure de ſpaſme. C H A P. X. cure de , ºséºſ)ſ# A cure de ſpaſme ſe doit diuerſifier ſelon l4 diuerſité de la cauſe : car celuy qui eſt faict par 52G$ repletion, eſt autrement curé que celuy qui eſt causé d'inanition : auſſi celuy qui eſt fait par t | |! # compaſſion ou douleur. La curation de ſpaſme faict par repletion , ſera faite par inanition, U $l/!- ordonnant le bon regime de viure , purgeant & ſaignant, & par application de remedes fort & SºNC^ reſolutifs : auſſi par grand exercice, frictions, bains ſulphurez, autres remedes ordonnez ſe- lon l'aduis du docte medecin, afin de conſommer les humeurs ſuperabondans, qui ſont en la ſubſtance des nerfs , & en toute l'habitude du corps. Les medicamens topiques ſont , huiles, vnguens , linimens, deſ- quels ſeront frottez le col, & eſpine du dos , & principalement les parties retraictes.Les huiles ſont,com- me oleum vulpinum, laurinum , chamarmelinum, lumbricorum, de terebenthina , de coſto, de caſtoreo, Les vnguents, comm•'Aragon, Agrippz, de Althxa, Martiatum : ou d'vn tel liniment. 2Z. olei camo- mil.& lau. añ.3.i. olei. vulp. 3.j. vnguen. de alth. & mart. afi. 3. 6.axung. vulpis 3.j. aquæ vitæ 3. j. ſ{. cerx quantum ſuff. fiat liniment. ad vſum.Autre. 2/.. olei lumb. de ſpica , & de caſto. afi. 3. iij. axungiz huma. 3.j. ſulphuris.viui #. É. cera quantum ſufficit,fiat liniment.Autre. 2. vnguent. martiat. & Agripp. añ. 3. iij. olei de terebint.3.ij. olei ſaluix 3. É. aquæ vitæ 3.j. cerx 3.j, f.fiat linimentum. Il faut auſſi que le patient face vne diete, & ſue en ſon lict : ſemblablement qu'il vſe de la decočtion de gaiac : car par tels moyens ſe conſommera vne grande quantité d'excremens,gros eſpais,& viſqueux,qui ſont cauſe de tel mal. cuv, de , Le ſpaſme & conuulſion faite par inanition, ſera guarie par ſon contraire, qui eſt repletion, nourriſſant le ſpaſmhe fait malade de viandes ſucculentes, tendantes à humidité, comme de boüillons , & coulis humectans, faits de par inanitiº, chappons, pigeonneaux, veau & mouton gras,adjouſtant futilles de violiers,& maulue:brefvſera de toutes viandes engendrans bon ſuc. Il vſera des conſerues,leſquelles ont vertu de conforter les vertus , & hume- cter toute l habitude du corps,comme conſerues de bugloſſe,violettes,fleurs de bourache, & de nenuphar. Ce boüillon luy eſt grandement profitable 2/.. lact.bugloſſ.portulac.afi.m.j. quatuor. ſeminum frigidima- ior.afi. 3.6. ſeminis berberis3.j. decoquantur omnia ſimul cum pullogallinaceo, capiat ius ſingulis matuti- nis. S'il eſt alteré,luyſera ordonné vn tel iulep. 2/.. aquz roſar. 3.iiij.aqua violat. fb. fi. ſaccar.albi. 3. vj. fiat inlep.vtatur in ſiti. S'il eſt conſtipé,il vſera de clyſteres emolliens,& humectans , faits de boüillons de tcſtes,de pieds de mouton,auſquels auront cuit mauues,guimauues,paritoire, violettes de Mars, & autres herbes ſemblables:ou vn de laict & d'huile. Pour les choſes externes, vſera des linimens & bains , comme d'vn tel liniment. 24. olei violar.& amygdal.dulc.añ.3.ij.olei lilior.& lumbric.afi. 5.j. axun. porc. recentis 3 iij.ceræ noda quantum ſufffiat linim.ex quo v ngatur tota ſpina,& pars affecta. Exemple dvn bain remolitent , bumtčtant s & relaſchant. 2L. fol. mal.biſmal.violar.pariet.an.m.vj.ſem.lini & fenug. an. fb. É. coquant. in aq. communi , adden- do olei lilior. fb.viij. fiat balneum,auquel le malade entrera eſtant tiede,& en ſortant ſera eſſuyé auec lin- ges chauds en ſon lict,& repoſera s'il eſt poſſible,ſans prouoquer la fueur. Et ſi le malade pouuoit porter la †º pourroit vſer d'vn bain de laict pur,ou du tout d'huile, ou bien également proportionnez en- CII) D1C. ſpaſne fait \à par repletiö. Liniment. ". Cure du ſpaſmepar conſentement & douleur. C H A P. X I. Les pic queu- S E ſpaſme qui vient par conſentement & douleur, eſt curé par remedes contrarians à icelle: re, Cr mor. l comme ſi elle procede d'vne piqueure,ou morſure d'vne beſte veneneuſe, il faut dilater l'ou- ſures des be- uerture & tenir la playe ouuerte, & inciſer la peau,afin que l'humidité & matiere veneneuſe ſtes ven°- ' ave plus libre iſſuë : ſemblablement on y appliquera des medicamens de ſubtile eſſence, leſ- meuſes doi- uent eſtre dilutées. - quels ſeront deſiccatifs & liquides,ayans vertu d'attirer ceſte venenoſité, comme theriaque, ou mithridat diſſoult en eau de vie, auecques vn peu de pouldre de mercure, leſquels ſont alexipharma- ques : ault cornets,ventouſes & ſang-ſue. De meſme és autres cauſes de douleur, il faudra vſer de medi- camens contralians à icelle cauſe : comme ſi le ſpaſme eſt fait par douleur prouenante de punction,ou d'vn nerf,ou d'vn tendon,ſeront appliquez medicamés propres,comme huile de terebenthine,d'enphorbe,meſ- lées auccque eau de vie , & autres ſemblables, propres à la picqueure des nerfs , comme nous dirons cy- apres. Or quand le ſpaſme ſuruient par trop grand froid ( d'autant qu'il eſt ennemy du cerueau , de la mouelle ſpinale & nerf le malade ſera mis en lieu chaud, comme en eſtuues, ſe donnant de garde de s'ex- Poter incontinent au grand feu, ou en bain, tiede : & luy ſeront appliquez les linimens chauds cy-deſſus mentionnez,le long de l'eſpine du dos,& à la partie malade. Et le Chirurgien doit auoir eſgard,lors que le malade commence a venir en ſpaſme,qu'il luy face tenir vn baſton entre ſes dents , afin que les mandibules & dents ne ſe ſerrent du tout:car par ce moyen quelques-vns ſe lont couppez la langue, qui n'eſt ſans grand preiudice du patient:& ſi les dents eſtoient fort ſerrées,la bouche ſera ouuerte par vn inſtrument qui ſe di- late & ouure par le benefice d'vne viz,tant & ſi peu{qu'on veut, dont,tu as icy le portraict d'vn qui eſt ou- uert,& d'vn autre fermé. ,» - Figure Des Playesengeneral. 2 13 "- Figure d'vn dilatatoire pourouurir la bouche, les dents eitans ſerréeii CH A P. , XI. # AR A L 1 s I E ou reſolution eſt vne relaxation ou mollification des nerfs auec priuation du Definition de ſentiment & mouuement, non de tout le corps, mais d'vn coſté dextre ou ſeneſtre, & telle eſt paralyſie. 2 dite proprement paralyfie : oude quelque partie ſeulement,& telle eſt dite moins proprement $# paraplegie, car ſi elle occupoit tout le corps,telle affection ne ſeroit dite paralyſie, mais apo- | | - AT , plexie Icelle occupe quelquefois les partiesinferieures,à ſçauoir depuis la ceinture iuſques au bifference bes, autrefois la moitié du corps. Èlle ſuruient auſſi à la langue, oeſophague , veſſie , verge, yeux , bref à entre paraly- , toutes les parties. Elle eſt differente à conuulſion : car en icelle il y a retraction du membre, & en paralyſie ſie é apo- relaxation & reſolution : auſſi le ſentiment eſt perdu, ce qui n'eſt en ſpaſme & conuulſion : toutesfois quel-plexie. ques-vns ont vne douleur poignante à la partie, & leur ſemble qu'ils bruſlent quelquesfois.Les cauſes ſont Difference internes ou externes : les internes ſont humeurs gros, cras, & viſqueux, qui font obſtruction de l'vn º conuut- des ventricules du cerueau, ou de la moüelle ſpinale : & par conſequent des nerfs, dont la faculté ani- ſion &rpara- male, qui fait le ſentiment & mouuement, ne peut eſtre enuoyée par iceux aux parties de noſtre corps. # *e. . fºr- Les cauſes externes ſont cheute, qui cauſe quelque luxation & contorſion aux vertebres, ſolution de con- #ſe5 !ºtºr- tinuité, compreſſion, conſtriction:leſquels accidens empeſchent que l'eſprit animal ne puiſſe reluire & paf- § •uſes 6X:- ſeren la ſubſtance des nerfs. Or ſelon la partie offensée, s'enſuit paralyſie ou reſolution, ce qui ſe void § | | facilement par l'anatomie. Car lors que la paralyſie eſt vniuerſelle, c'eſt à dire qu'elle occupe le coſté dex- Signes des tre ou ſeneſtre, nous deuons eſtre aſſeurez que le vice vient du cerueau & de la ſpinale medule : & ſile parties of- chef n'eſt offensé, & que les partiesinferieures ſouffrent paralyſie, c'eſt ſigne que l'eſpine eſt mal diſposée, fenſées. & ſi les bras demeurent paralytiques , c'eſt fige que la cinquieſme , fixieſme, ſeptieſme vertebre du col, - ſont offensées. Semblablement quand les parties inferieures fouffrent reſolution, les vertebres des lumbes Prognoſtic. & os Sacrum ſont offensées : ce que le Chirurgien doit ſoigneuſement conſiderer, afin qu'il aye recours à l'origine du mal. Si la paralyſie vient à cauſe d'vne ſolution de continuité de nerfs, ou d'vne grande con- tuſion, eſt incurable : d'autant que le chemin par lequel eſtoit porté l'eſprit animal eſt coupé. Les vieilles gens ne ſont iamais guaris, ou difficilement de telle maladie, à cauſe de leur debilité, eſtans diſtituez de chaleur naturelle, & parce qu'ils abondent en excremens ſuperflus. N'eſt auſſi curable la paralyſie inueterée & qui de longue main s'eſt miſe en poſſeſſion de la partie, non plus que celle qui ſuruient à l'apoplexie Si la fiéure ſuruient à la paralyſie,c'eſt bon ſigne d'autant quelle conſomme & diſſipe par ſa chaleur ceſt humeur gros & viſqueux. Lors que la partie affligée de paralyſie demeure atrophiée , & que la partie opposée ſe monſtre mieux refaite en tumeur, chaleur & douleur, c'eſt mauuais ſigne, d'autant que le nourriſſement n'y reluit pas : ains au contraire, ſe tranſporte tout vers la partie ſaine & oppoſite : & ſi la couleur naturelle ſe change, cela demonſtre que l'eſprit vitaln'eſt ſuffiſamment porté à icelle. De la Parralyſie. Cure de Paralyſie . C H A P. XIII. 3è ] O v R la curation, il faut que les choſes vniuerſelles precedent les particulieres, qui con- ., ... du $% ſifient au regime & purgation : ce que ie laiſſe au docte & prudent Medecin. La de- #: 44 #$42 coction de Gaiac eſt fort neceſſaire pour leur donner à boire , d'autant qu'elle prouoque la # A{ • #sº lueur , ſubtiliſe l'humeur gros & viſqueux,& deſſeiche par meſme moyen les humiditez ſuper- ralyti † º* flues qui ſont inbibées aux parties nerueuſes : & lors qu'il ſuera, eſt tres-vtile d'appliquer au yta ! trou de la partie paralysée des bricques rouges de feu,puis eſteintes en vne decoction d'herbes reſolutiues, cuites en vin blanc, & vne portion de vinaigre : puis enueloppées en des linges , & appliquées autour d'icelle : ou on vſera de bouteilles à demy remplies d'eau chaude , ou de veſſie de bœuf, ou de pourceau, a demy remplies de la ſuſdite decoction,parce que telle chaleur actuelle robore & viuifie la chaleur naturelle, qui eſt en telle maladie grandement languide. Semblablement fait mettre le malade en vne cuue figurée au chapittre des eſtuues , afin de receuoir vne telle euaporation Z. fol. ſaluix, lauan.laur. maicr.abſ. .. Pº thymi , ang. rutae,añ fû,ſ8.flor. cam. melil.anet.anth,añ.p.ij,baccar. laur. & iunip. conqua.añ. 3.j. caryoph. # #. ij. aqua fontanae & vini alb. añ.fb. iiij. ponantur omnia in vaſe ſupradicto ad vſum. Le malade ſe tien- #. dra dans ladite cuue, ayant eſgard aux forces : puis ayant reçeu ladite eſtuue fera mis dedans le lict bien § qt couuert, & ſuera encores derechef,puis ſera eſſuyé, & repoſera quelque temps, apres ſera froté de cet vn- * - - - - - . • * • * · ait vn p guent, lequel eſt grandement approuué de Leonellus Fauentinus.2/.. oleilautini, & de tereb. an. #. iij. o) ei lºn ſa, nard , cuue. 2 I 4 M - C IlCUlllClIllC LlUll Q. 5 Lesnelus nard. & petrolei afi. 3.ij. vini maluatici 3 iij. aqux vitæ 3.ij. pyrethri, piper. ſinapis, gr. iunip. gummi A . FaMentinuº. Meſué. De Vigo. 3T«gant. Remede bien •xperimenté. Autheurs. Definition. Cauſes Signes de ſyncope Prognoſtic. Cwre. hederx , anacrad. ladani puri añ. 3. j. f. terantur & miſceantur omnia cum oleis & vino , bulliant in du- plici vaſe vſque ad vini conſumptionem : facta forti expreſſione, adde galbani, bdellij, euphorbij,myrrhae, caſtor . adipis vrſi, anatis, añ. 5. ij. fiat vnguentum ad formam inimenti, addendo cerœ parum, ſi opus fuerit. Autre remede loiié de pluſieurs autheurs. 2/. myrrh. elect. aloès, ſpica nardi , ſanguin. draco- nis, thur. opop. bdellij, carpobalſ. ammonij, ſarcocol. croci, maſt. gummi Arabici, ſtyrac. liquid.la- dani , caſtor. afi. 3, ij. moſchi 3. j.aquar. vita 3.j. terebint. Venetæ ad pondus omnium. Les choſes naigre : puis le tout ſera mis en vaiſſeaux propres pour les diſtiller in balneo Narix : & d'icelle liqueur ſe- ront frottez tout la nucque , & partie malade. Autre remede par moy ſouuent experimenté 2/. rad. angel. ireos Florent. gent. cyper. añ.3.j. calami aromatici, cinnamo. garyophyl. nuc. moſcat. macis añ. 3. ij. ſaluiæ maior. vux artrit lauand roiiſ ſatureix , puleg. calament mentaſt. afi. m. f. fior. camomil. melil. hyperic. anth. ſtechad. añ, p. j. le tout ſera conquaſsé & haché , puis infusé en vne pinte d'eau de vie, & autant de maluoyſie, & ſeront diſtillées in balneo Maria, comme auons dit cy-deſſus. Et de ceſte diſtillation on en frottera toute l'eſpine, & les parties paralytiques : dauantage on en pourra bailler au matin vne cueillerée a boire au malade auec vn peu de ſuccre, à cauſe qu'elle a vertu d'eſchauffer 1'eſtomach, & conſommer les humiditez contenues en iceluy, qui ſont cauſe de telle maladie. Dauantage, ne faut obmettre à faire exercer la partie malade, auſſi faire frictions longues, & aſpres auec linges chauds, afin de reuoquer la chaleur naturelle, conſommer l'humeur contenu aux parties nerueuſes. Cn pourra pa- reillement vſer d'huiles de ſaulge, roſmarin, thym, lauande, cloux de girofie,noix muguettes, & generale- ment de tous aromates,leſquelles ſeront tirées, comme nous dirons cy-apres,où meſme donnerons la figu- re des vaiſſeaux, & le moyen de les diſtiller. Pareillement ce liniment eſt fort propre aux paralyſies & nerfs retirez. 2Z. olei hypericonis f5. j. terebent fb. É. olei laurini 3. iij. olei deſpica 3. j. ſ. baccarum iuniperi pulueriſati fb. 6. pul. euphorbij 3. 5. caryophyllorum & zingiberis, & nucis moſcatx añ. 3.j. ſ . flor. lauandulx , ſaluix & roriſmarini añ. m. ij. aquæ vitæ 3. vj. piſtentur & macerentur in balneo Ma- rix, poſtea colentur : in colatura adde cerx quantum ſufficiet, fiat linimentum, duquel en ſera oinct toute la nucque & partie affectée, & toute l'eſpine. Semblablement la liqueur qui s'enluit eſt tres-ſinguliere par deſſus tous remedes , à la paralyſie : lequel i'ay retiré de Meſué, & apres luy de Guidon & Tagaut, qui eſt tel qu'il s'enſuit. 2. myrrha , oloes, ſpicx nardi, ſanguinis draconis, olibani, opopanacis, opobalſami, bdellij , carpo balſami, ammoniaci, ſarcocollx, croci, maſtiches, gummi arabici. ſtyracis, liquida, añ. 3. ij. 6.ladani, ſucci caſtorei añ. 3. ij.f. muſchi odorati 5. É. terebenth. clariſſimx 3. iij. qua debent pulue- riſari, pulueriſentur, & vnà cum terebent. fiat miſtio, ac in balneo Marix, in vafe vitreo lento igne ſecun- dûm artem,fiat diſtillatio qua ſeruetur ſic,ne euaneſcat inſenſibiliter.Je loüerois fort, ſi en ceſte diſtillation on adiouſtoit de l'huile de terebenthine & eau de vie bien rectifiée auec vn peu d'huile de ſaulge extraicte par eſſence.Meſué des maladies du cœur, Guy de Cauliac au chapitre de la paralyſie, Tagaut au chap.de la paralyſie, Andreas à Cruce des playes des nerfs, fur la fin, louent tous à merueille ceſte diſtillation,comme choſe diuine à la paralyſie,prouenant de cauſe externe & interne. De la Syncope & defaillance du cœur. C H A P. X IV. by Y N c o P E eſt vne ſoudaine, & forte defaillance des facultez & vertus, & principalement de la vitale, & demeure le malade ſans aucun mouuement : & pour ceſte cauſe les anciens 4 l'ont appellée petite mort : la cauſe de fyncope ſuruenant aux playes, eſt communément N3,9lº pour la grande hamorrhagie ou flux de ſang, auſquels ſont contenus les eſprits , ou que le - ^ malade s'effraye par vne crainte de voir ſon ſang , ou pour quelque peur qui eſt cauſe que les eſprits ſe retirent ſubitement, & en grande abondance au cœur, qui eſt cauſe de ceſſer ſon mouue- ment, dont s'enſuit ceſſation des autres facultez. Souuent auſſi aduient pour quelque vapeur putredineuſe & veneuſe, montant par les arteres iuſques au cœur , & par les nerfs au cerueau. Donc nous colligeons toute ſyncope aduenir pour trois raiſons, premierement par diſſipation d'eſprits, comme en exceſſiue he- morrhagie, par oppreſſion, obſtruction ou compreſſion d'iceux, comme encrainte, & effroy , à raiſon de la conculcation des eſprits, qui à la foulle delaiſſans tout le reſte du corps , rebrouſſans leur chemin, & cours ordinaire, ſe jettent & rendent au cœur par corruption , comme és corps cacochymes,& playes em- poiſonnées.Les ſignes de ſyncope ſont quand le malade palliſt, & qu'il luy vient vne petite ſueur, ceſſation du mouuement des arteres, ou toſt apres le malade tombe en terre, ſans ſentir & mouuoir aucunement,& deuient pareillement froid par tout, tellement qu'il reſſemble plus à vnhomme mort qu'à vn vif. Pluſieurs qui tombent en ſyncope, s'ils ne ſont ſecourus, meurent. Or le moyen de les ſecourir deuant qu'ils y tom- bent , c'eſt qu'il leur faut ietter de l'eau froide au viſage , ſi la ſyncope vient de diſſipation , les mettre à la renuerſe à terre ou ſur vn lict, & leur donner du pain trempé en vin : & où la ſyncope viendroit a raiſon de quelque vapeur veneneuſe ou putredinenſe, ſera vtile leur donner vne cueillerée d'eau de vie,en laquelle on aura diſſoult vn peu de theriaque & mithridat : ce que i'ay fait pluſieurs fois à ceux qui eſtoient peſtife- rez & affligez de gangrenes, & mortifications en quelque partie.Et s'ils ne peuuent reprendre leurs eſprits, à raiſon de † & compreſſion deſdits eſprits au cœur, leur ſeront faites & baillées toutes choſes qui eſpanoüiſſent, & eſpandent les eſprits : parquoy on leur preſentera de bon vin à boire , on leur mettra au nez fleurs & pommes de ſenteurs, on les appellera pres les oreilles hautement par leur nom, & on leur tirera le poil des temples & derriere le col; on leur fera ſentir eau de vie, en laquelle auront trempécloux de girofle, muguette & gingembre, on leur en frottera les temples, & le creux des mains, &les poignets à l'endroit des arteres. ". D · Des Playes en general. 2 I 5 - -- A -»- - - - De delire & alienation d' eſprit. C H A P. XV. Definiticº. uent aux fiévres, causées de playes & inflammation, & perturbation des ſens & enten- Les cauſet. dement. Iceluy donc ſuruient ſouuentesfois aux playes, par vne vehemente douleur & fiévre, 4$ lors que les parties nerueuſes , comme les iointures , orifices de l'eſtomach , & princi- * palement diaphragme, lequel les anciens ont appellé Pbremes, ſont offenſez, pource qu'eſtant bleſsé, induit phreneſie , c'eſt à dire alienation & perturbation de la faculté animale, pour la communica- tion qu'a iceluy, par le benefice des nerfs de la ſixieſme coniugaiſon, diſtribuez auſſi à l'orifice de l'eſto- mach. Delire doncques aduient pour trop grande perte de ſang, le cerueau en eſtant affoibly pour la defaillance des eſprits, d'où vient que les mouuemens de l'ame ſont deprauez, ce qui eſt manifeſte à ceux auſquels on ampute quelque membre, dont s'enſuit grand fiux de ſang. Pareillement, delire luruient pour vne picqueure d'vne beſte veneneuſe, ou par la ſemence & menſtrues retenus en la matrice, ou d'vne pour- riture d'vn membregangrené & ſphacelé, à cauſe des vapeurs putredineuſes qui s'eſleuent au cerueau,com- me nous auons dit cy-deſſus au chapitre du ſpaſme.Auſſi il aduient par vne ſubite & grande apprehenſion: ce qui eſt manifeſte à ceux qui ont euité le peril de mort,ou pour n'auoir ioüy de ce que l'on d firoit:toutes leſquelles choſes rendent la faculté animale perturbée : & d'en eſcrire toutes les cauſes ſeroit trop pro- lixe.Parquoy il ſuffira d'entendre en general que toutes choſes de quelque façon que ſe ſoit , par intem- perature, principalement chaude, par affluence d'humeur, principalement choleric, par diſſipation , op- B preſſion,ou corruption d'eſprits affoibliſſent l'entendement, peuuent cauſer vn delire. Or pour la curation, lors qu'il eſt cause par l'inflammation du cerueau & meninges, s'il eſt beſoin qu'il ſoit purgé & ſaigné, on appellera le docte Medecin. Et pour les remedes topiques, on luy couppera le poil , auec ciſeaux & non auec le raſoir,de peur de donner vne cuiſeur au cuir qui auroit eſté rasé,le plus pres qu'il ſera poſſible, puis on luy appliquera vn oxyrodinum, & par deſſus vn emplaſtre, de diachaliteos diſſout en huile roſat & vi- naigre.Auſſi on luy prouoquera le dormir auec orges mondez, auſquels auront trempé nouets de ſemence Lors qu'on de pauot : & vſera de potages, dedans leſquels auront cuit ſemences froides , laictués , pourpier , ozeilles, applique vi- & autres. Dauantage il ſentira choſes froides, comme vinaigre roſat, eau roſe, auec ſemences de pauot con- naigre ſur la quaſsées : il aura pres de luy compagnie qui luy ſera agreable, afin de le diuertir tant que faire ſe pourra,de ºſte , ne la beaucoup d'opinions qui luy viennent en fantaiſie. Si c'eſt de vice d'eſprits, on y remediera à la façon ex-fº # - - - - lT4/° 5 º77 / J4Z- pliquée au chapitre de Syncope. uroit vne ex. - treme cuiſon Gal.comm. en l'aph. 9. du liure 7. Fin du neufeſme liure, desplayes en general • -- - T A B L E 2 I 6 # 8c33 T A B L E D E S # # # # # # # CHAPITR E S D V L IV R E X. Des Playes en particulier. Es eſpeces & differences des fractures du Crane . C H A P. j - Des cauſes & ſignes ij # Des ſignes ſenſuels. iij De ſciſſure qui eſt la pre- miere eſpece de fracture . iv De la contuſion , qui eſt la ſeconde eſpece de » fraéture. V Des embarrures , ou enfonçeures , qui eſt la troiſieſme eſpece de fracture . vj De la quatrieſme eſpece de fracture,qui eſt in- ciſion. vij De la cinquieſme eſpece de fračture, qui ſefait du costé oppoſite du coup. viij De la commotion, ou eſbranlement, & concuſ- ſion du cerueau. ix Du prognoſtic. X Pourquoy leſpaſme vient à l'oppoſite du coup. xj Sommaire des ſignes mortels cy-deſſus 77Z6'/7- tionnez. xij Les ſignes, & preſages de bonne guariſon. X11 Dtt #- vniuerſel qu'ilfaut ordonner aux playes , & fractures du Crane, & aux acci- dens d'icelle . xiv De la cure particuliere, & premierement des playes du cuir muſculeux. · xv Cure des accidens qui aduiennent au Crane . xvj Des accidens qui aduiennent à la Dure-me- /€ ). xvij Pourquoy c'eſt que la Dure-mere noircit. xviij Pourquoy on trepane aux fractures du - Cr4/?e. xix Deſcription des trepanes. XX Des lieux eſquels on doit appliquer la tre- | pane . xxj De l'alteration de l'os de la teſte_ . xxij De la cure de la concuſſion, ou commotion & esbranlement du cerueau. xxiij Des Playes de laface . xxiv Des Playes des yeux. XXV Des Playes des jouès. xxvj Des Playes du me{. xxvij Des Playes de la langue . xxviij Des Playes des oreilles. xxix Des Playes du col, & de lagorge . XXX Hiſtoires memorables. xxxi Des Playes du thorax, & de la poictrine . xxxij - Cure des Playes du thorax,& de la poictrine . xxxiij # De la fiévre heétique, cauſe, ſignes, & cure . XXX1V. - Des Playes du ventre inferieur, dit Fpigaſtre. XXXV Cure des Playes du ventre inferieur. xxxvj Des Playes des aines , verge & teſticules. xxxvij Des playes des cuiſſes , & des jambes xxxviij. , Des Playes des nerfs. ^ XXX IX Cure des Playes des nerfs. xl Hičtoire du Roy Charles I X. xlj | Des playes des joinčtures. xlij De la ſituation des parties bleſſées. xliij Des playes des ligamens. xliv L E IX I E S M E L I V R E, T R A IC TA N T DES P L A Y ES R E CE N T E S E T S A N G L A N T E S E N P A R T I C V L I E R. PAR AMB RoIs E PARE DE LA vAL Av MAYNE, Conſeiller, & premier Chirurgien du Roy. D - - - –- - - - T)es eſpeces c9 differences des fractures du Crane. CH A P I T R E P R E M I E R. } P R E s auoir en breftraicté des playes en general, à ſçauoir de leurs differences , ſignes, cauſes, prognoſtic & curation. # enſemble des accidens qui y peuuent ſuruenir ; reſte mainte- #s nant à traitter, de celles qui ſont faictes en chaſque partie, #'d'autant qu'elles diuerſifient grandement la curation : & com- mencerons à celles de la teſte, continuans par meſme methode $& à toutes les autres parties. Donc pour entrer en matiere , il $ faut ſçauoir que la teſte eſt aucunesfois bleſsée auec petite §y contuſion ſans playe, & quelquesfois auec inciſion du cuir qui couure le Crane ſeulement. Et auſſi ſouuent on trouue com- - plication des deux ; à ſçauoir Playe, & Contuſion. Dauan- é# tage , l'os eſt aucunesfois fracturé ſuperficiellement , & quel- # # quesfois iuſques au Diploé, & ſouuent en toutes les deux aures du tables, auec les membranes, comprenant auſſi la ſuſtance du Crane. cerueau. Auſſi ſouuentefois aduient vne commotion , ou ºf*** ºbranlement au cerueau : auec ruption d'aucuns vaiſſeaux du dedans, & autres accidens. Ce qui ſera #.#º #claré cy-apres par ordre, auec la curation de chacune diſpoſition, où principalement ie ſuiuray le #cce, i, ºui11 Hip. lequel en ſon liure des Playes de Teſte, a fait cinq eſpeces, & differences de fracture au fraiiures. ta r2e. La premiere eſt appellée Fente ou Sciſſure. La ſeconde, Contuſion. La troiſieſine, Embarreu- º ºf* º c> La Enfonceure. La quatrieſme, Inciſion ou Marque. La cinquieſme, dite Contre-fente, qui ſe fait ferences. $uar1c1 l'os eſt fracturé,fendu, ou eſclatté, autre part qu'à l'endroit où a eſté donné le coup.Et de ces ºhq eſpeces ſont encores pluſieurs differences : car aucunes ſont grandes, petites, & tres-petites : au- ºunes 1 ongues, larges, courtes : aucunes ſuperficielles : les autres iuſques au Diploé, & quelquesfois \=Iz rtoutes les deux tables. Les vnes ſont de figure droicte, oblique & ronde : les autres ſimples : les vNxes composées entre elles,comme Contuſion : auec fiſſure & ſemblables : les vnes ſont compliquées auecdc>uleur, chaleur, tumeur, flux de ſang, & autres accidens : quelques-vnes ſont auecvne ou plu- | ſieurs eſquilles d'os ſeparez, autres non : toutes leſquelles differences font diuerſifier la cure. Ox T Table - : Pour ſ>12 I=ger ta mempire, ie t'aybien voulu bailler ces deuxTables pour plus facille intelligence- | -- 2 l 8 Le dixieſme Liure, Table des fractures du Crane » p- à la veuë, au tact, à - la ſonde. rDu dextre au ſeneſtre, eu au con- traire, comme d'vn coſt édu Co- Apparente, Gardent leur | º apparéte, r En meſ-& ronal à l'autre coſté d'iceluy. § , & de- côme lors qu'el- | me os. | § ile eſt à l'oppoſi- | De haut en bas,comme de la pre- † § te du coup,c'eſt à Umiere table à la ſeconde. # § § | dire guºd la Pº- | - - - rContuſion * | pece de fra | tie frappée de-< ſ Du dextre aun ſ qui n ot c'eſt à dire, § CIl §-3 meurant entiere, J ſeneſtre , ou allCLlI1C5 caſſº » ºu |§i§ l'oppoſite eſt fra- au contraire, | ſutures. froiſſure de § cturée, ce qui ſe | En diuers | comme de - - choſe con- fel - fait OS• t† parietal # qu1 | qui les tondéte,qui #s » qu1 à l'autre. aduient< ont troP ſera tombée l * Moyenne,dicte capillaire, ſDu deuât au | ººººº ſcrrécS» ſur le crane, * laquelle n'apparoiſt plus lar-3 derriere, ou | - ou pour ge qu'vn poil, & pourtant ne jaº contrai- | qui les eſtre tombé ſe deſcouure quelquesfois | re , comme ont mal ledit crane qu'apres l'application de l du front à diſpo- † †ſur l l'huile, & ancre. l'occiput. J U sccs- ChO1C ODtll- Fracture, ou ! ſe » faiſant rEntierement, de ſorte Embarrure , ou briſure CrApparens- ſolution de l que les Par- qu'ils tombent ſur la{ en pluſieurs eſquilles,) Cººhºº continuité | ties de l'os membrane , dont ſe l ou fragmens, dont au->ſouz l'os cn- és os † fracturé fait | cuns ſont ticr. Crane » le fait par - Perdent l Enf6ceure,n Ilyavn autre ſorte d'éfö- U # Cnt eur ! quâdla pie | ceure qui n'eſtvraye eſpece Placc. - ce eſt du | de fracture, laquelle ſe fait tout ſepa-l és os mollets des enfans, rée,tombât ſ ſâs fracture,ny diuiſió,ain- ſur la mem-| ſi que la boſſelure en vaiſ- brane, ſans | ſeaux d'eſtain, on de cui- eſquilles. j ure,ſäs qu'ils ſoientróPus- U. J En partie,comme quand ,-Vouſture, quandl'ºs eſt eſleué, & res l'os rompu eſt en partieV hauſsé,laiſſant ſouz ſon reply quel- ſeparé, & tient auſſi par3 que eſpaces. quelque endroit au ſain,(Eſclature,ou briſure en eſclats,non du Ldont ſe fait tout ſeparez. Inciſion c'eſtà ſ'Exciſion , ou entailleure ºn laquelle l'os eſt aucunement eſleué, & renuersé, §, fraaure | tena ººantºoººººººº l'os ſain. . / _ - - faite par cho-} Pº perdition, ou enleueure, en laquelle la piece eſt emportée, dont ya perdi- ſe tranchante, tion de ſubſtance. - - qui contient | Marque ou ſiege,qui eſt toute inciſion du Crane , retenant la figure du baſton, l ſous ſoy ( lequel eſtant tond, quarré, ou triangulaire , rend l'inciſion ſemblable. r Simple, comme quand elles ſe trouuent à part. Nature | ſEntre elles, [ Inciſion auec contuſion. + ſ# Fentes auec embarrures, & ainſi des autres. Composee4 TumellT. j Auec autres diſpoſitions, | Douleur. - ,- l§ 2lllCC Chaleur. - Flux de ſang. Les differen- Conuulſion,8& autres. § § Grandes. Parce rLongues. ces eſpeces Quantité : dºº -2Moyennes. 9-qu'elles # de fra§, | elles ſont dites - ſont | Protondes. ſont prinſes PetitGS. Mediocres. de la | Courtes. - | Eſtroictes. LSuperficielles. N Droictes. N Obliques. • Figure, dont elles ſont nommées { Tranſuerſes. Rondes. Triangulaires,&c. Anterieure, poſterieures Dextre, ſeneſtres Haute, & baſſe. Situation. # - Coronal. Partie, comme ) occipital. Ufracture en º ? Parietal. Petreux,&c. 22e# Des Playes en particulier. 2 I 9 A \- - Des cauſes & ſignes. C H A P. I I. 7)ſ# E s cauſes d'icelles fractures ſont externes, comme cheutes & coups de baſton, de maſſe,de $ lance & halebarde, de pierres,'de harquebuſe, d'eſpée, morſure de beſtes , & autres ſem- blables.Il y a doubles ſignes, par leſquels on cognoiſt les os du Crane eſtre fracturez , car les vns ſont rationaux, c'eſt à dire, ſe comprennent, & donnent à entendre par raiſon la fracture du Crane : les autres ſont ſenſuels, c'eſt à dire, monſtrent au doigt & à l'œil telle choſe.Les rationaux concluent tel effect par les accidens, comme ſi le patient eſt tombé du coup en terre, ou de haut en bas ſur vne choſe dure, s'il a demeuré quelque temps ſans parler, ouyr, ne voir : & auſſi par le recit du patient, qui dit ſentirgrande douleur, & porte ſouuent la main à l'endroit du mal. Auſſi faut auoir contemplation du baſton, comme s'il eſtoit peſant & obtus, picquant, tranchant, ou autrement :& à la force de celuy qui a frappé,& s'il eſtoit en grande colere l'ors qu'il donna le coup : ſi le coup eſt tombé perpendiculairement & de droit fil.Auſſi ſi le patient auoit la teſte nuë, ou bien couuerte, s'il eſt tombé en ſyncope apres le coup ,& s'il y a perdu ſa raciocination apres eſtre retourné dudit ſyncope ſubit apres le coup, & qu'il euſt éblouiſſement des yeux ou vertigine, c'eſt à dire, qu'il luy ſemblaſt que tout tournaſt deſſus deſſous : & s'il a ietté ſang par le hez, bouche, oreilles, où yeux, & s'il a vomy. Car Hipp. dit,que quand le cerueau eſt vulneré, il eſt neceſſaire que la fiévre & le vomiſſement bilieux ſuruiennent. Autant en dit Galien au commentaire, & au 3. de locis affectis, cap.3. où il dit, que cela vient quand les fractures paruiennent aux membranes du cerueau. Sembiablement ſil'os eſtant dénué on frappe deſſus auec vne ſpa- tule ou ſonde de fer, & qu'il ſonne caſsé, comme ſi on frappoit ſur vn pot de terre rompu, c'eſt ſigne B quº l'os eſt fracturé : ce que Paul AEgin.a bien ſceu dire. Or tous ces ſines ſont grandement coniecturatifs, voire certains que le Crane ſoit fracturé, & le cerueau offencé : d'autant qu'il n'aduient point ſans appor- ter conſequence de tel accident, comme dit Celſus liu. 8. chap.4. Mais auſſi tels accidens peuuent aduenir ſans quil y ait fracture, eſtant ſeulement commeu, ébranlé , & eſtonné. Pareillement on a veu au- cunsauoir l'os de la teſte caſsé, à qui tels accidens n'eſtoient ſuruenus, faiſans leurs affaires accouſtu- mées, comme s'ils n'euſſent point eſté bleſſez, durant huict iours, plus ou moins, qui depuis ont eſté ab- batus de pluſieurs accidens iuſques à mourir. Parquoy les playes & fractures de la teſte ne ſe doiuent ne- gliger.Ie veux icy reciter l'aduertiſſement que donne Guidon,qui dit,qu'alors que la fracture eſt incertaine, ſi on veut cognoiſtre à la verité où l'os eſt rompu,il faut mettre entre les dents du patient vne cordelette; & frapper deſſus : car au meſme inſtant, le patient portera la main au lieu de la fracture pour la monſtrer au Chirurgien. Ce que toutesfois ie n'ay ſçeu trouuer par experience, iaçoit que i'aye pensé pluſieurs pa- tiens qui auoient l'os fracturé, comme ie voyois à l'œil. Et ſuiuant le precepte de Guidon , ie leur ay fait ſerrerauec les dents vne cordelette , ou bien vn mouchoir : neantmoins ſans laiſſer à tenir ferme, ils ne faiſoient point ſemblant de ſe plaindre, ny de m'enfeigner le lieu où l'os eſtoit rompu : à cauſe de quoy ie ne puis bonnement aſſeurer que ceſte raiſon de Guidon ſoit certaine, veu que ie n'en ay rien trouué par experience. Non plus que celuy d'Hip. qui aux Coaques, veut lors qu'on eſt en doute de la fracture du Crane, que l'on donne au malade vn tronc ou coſte d'aſphodele ou de ferule à maſcher, l'aduertiſſant de ſe prendre garde, ſi en preſſant cela entre ſes dents & ſous la maſchoire , il ne ſent point quelque os cra- queter : car ſiles os de la teſte ſont rompus, ils ne faudront point lors à faire bruit & craquetis, dit Hippo- crate. Maintenant nous faut parler des ſignes ſenſueis. D Des ſignesſenſuels. CH A P. I I I. # E s ſignes ſenſuels ſont ceux qui ſe voyent à l'œil , principalement quand l'os eſt deſcouuert, #& au doigt par le bout de l'eſpatule, ou du doigt meſme : auſſi quand les cheueux ſont cou- ( pez, & demeurent tous droits , entrans dedans la playe : alors on peut predire vrayement, $ que l'os eſt incisé, pource qu'il eſt bien difficile de couper le poil qui obeit, que l'os ne le * foit auſſi quant-&-quand. C'eſt vn prognoſtic qu'on peut faire deuant que d'habiller le pa- tient, ce que Hippocrate a confirmé. Auſſi peut eſtre cogneüe la fracture quelques fois au ſens du tact, quand le cuir n'eſt deſcouuert, qui ſe fera en preſſant des doigts ſur la fracture : car alors on ſent l'os eſtre eſleué ou enfoncé outre le naturel : & lors que le cuir eſt diuisé, l'os eſtant deſcouuert, ſi elle n'eſt appa- , rente à la veiie, faut chercher auec la queue de l'eſprouuette, qui ne ſoit trop aiguë ny poinctue, à fin que trouuant quelque naturelle cauité de l'os, elle ne donne imagination abuſiue que l'os ſoit fracturé. Elle ne doit eſtre auſſi trop groſſe, à fin qu'elle ne paſſe ſur les petites fentes ſans les ſentir, & lors que l'on touche ' ^. l'os, ſi on le trouue liſsé & gliſſant, nous eſtimons qu'il eſt entier & non rompu: mais au contraire ſi on - . † ſigne qu'il eſt rompu, pourueu que ce ne ſoit à l'endroit des ſutures : toutesfois le Chi- ºrgien doit ſoigneuſement conſiderer que les fractures ſe font ſouuent ſur les ſutures, leſquelles n'ont toufiours vme certaine ſituation. Or quelquesfois l'os eſtant contus, fendu, ou ſciſſuré,ne peut eſtre cogneu à l'œil, ny par la ſonde : mais quand on aura apperceu par les ſignes coniecturatifs cy-deſſus eſcrits, fant par artifice chercher la fiſſure, par mixtion d'encre & huile, ainſi que ſera cy-apres declaré Et ayant cogneu l'os eſtre bleſsé, faut diligemment ſçauoir combien le mal eſt grand, & y remedier promptement. Et lors D que le coup eſt ſur les ſutures, le mal eſt difficile à cognoiſtre , ſi l'os n'eſt grandement rompu : pource que , ''les ſutures, ainſi qu'auons dit, repreſentent les fiſſures, à cauſe qu'elles ont aſperitez comme les ſutures. auquel cas Hippocrate dit, les Medecins eſtre ſouuent trompez & deceus, ainſi qu'il teſmoigne de luy meſ- me au liu5. des Epidemies, en l'hiſtoire de Antonomus in omilo. Apres auoir ainſi declaré les eſpeces, diffe- rences,& fignes en general des fractures du Crane : maintenant faut traitter de chacune eſpece à part, com- mençant à la Fiſſure ou fente, De Sciſſure, qui eſt la premiere eſpece de Fracture ». C H A P. VI. Ile Chirurgien cognoiſt par les ſignes predits l'os eſtre fracturé & ſciſſuré,& qu'il n'y ait playe : ſuffiſante pour la traitter,fautlpremierement razer le poil,puis couper le cuir muſculeux & le pericrane auec vn raſoir & faire la ſection triangulaire ou cruciale, de grandeur qu'il ſerabe- #, ſoin (car telle choſe ne ſe peut bien eſcrire) euitant touſiours, tant que poſiible ſera,les com- ^ miſſures & les muſcles temporaux:& ne faut que le Chirurgien face difficulté de ce faire:caril eſt plus expedient faire vne inciſion pour deſcouurir l'os,que ne le deſcouurir,& ne cognoiſtre la nature de la farcture : car ayant fait la ſection, & n'ayant rien trouué,facilement la playe 1e conſolide : meſme comme Aph. 4°. lieu.6 9)elle doit eſtre la ſon- de. Cornelius Celſus Les ſutures trompent ſouuent le Chirurgien, T 2 dit 2 2 O Le dixiefme Liure, - 4 • Y, Cornelius Cel tts. Hippocr. Punétien du pericrane dangereuſe. Ligature de vaiſſeau. Biſtoire dit Hippocrate, il eſt meilleur guarir les maladies auecque longitude de temps. Dorcques la ſection ſe fe- A ra auecque vn raſoir : & où il y auroit playe du baſton qui auroit donné le coup, icelle ſeruira d'vne deſdt- tes inciſions. Raſoirpourfaire inciſion. - Aucuns enleuent toute la piece dudit cuir muſculeux & Pericrane,ce que i'ay fait pluſieurs fois. é Puis apres faut bien ſeparer le Pericrane d auec le Crane, de peur qu'on ne le touche de la trepane (car tel attouchement ſeroit cauſe d'induire douleurs & infiammations ) en commençant aux an- gles de la playe auecques tel Cizeau. ci(eau pourſeparer le pericrane ». ·ſ([ſ I T#| l ! | - | | | Et apres faut emplir toute la playe de charpy, afin de tenir les léures eſleuées,& dilatées iuſques au lende main, & par deſſus appliquer remedes repercuſſifs & reſtrainctifs du flux de ſang. Et s'il aduenoit qu'il fuſt impetueux & ſi grand qu'il ne peuſt eſtre eſtanché par iceux, alors faudroit lier B / le vaiſſeau, faiſant vn point d'aiguille, commençant à paſſer l'aiguille à la partie exterieure au trauers de tout le cuir muſculeux, puis la repaſſer par la partie interieure, & faire le nœud deſſus, y appli- quant vne petite compreſſe ronde faite de linge, de groſſeur d'vn tuyau de plume d'oye,de peur que le fil ne couppe le cuir,& euiter la douleur : le ſerrant ſi fort que le ſangne puiſſe paſſer outre ledit vaiſſeau.Et ainſi faiſant l'on eſtanche le flux de ſang, que les remedes aſtrictifs ne peuuent faire. Ce que i'ay fait puis n'ague- res a vn charretier,lequelainſi qu'Il eſtoit ſur ſa charrette:tomba la teſte premiere ſur le paué en ceſte ville,& ſe fit vne bien grande contufion ſur l'os Parietal, partie poſterieure : au moyen de quoy le conuient inciſer, tant pour faire vacuation du ſang meurtry , que pour auoir égard au vice de l'os : & par ladite inciſion fut couppée vne artere. Dont c luy qui le traictoit ne luy fçeut eſtancher le ſang duquel ledit charretier auoit perdu ſi grande quantité, qu'il ne ſe pouuoit pas ſeulement tourner dans ſon lict, & à peine parler, tant eftoit foible & debile, icy i'ay bien voulu reciter telle hiſtoire, afin d'inſtruire le ieune Chirurgien , qu'il - ne laiſſe mourir vn homme par faute d'vn petit point d'aiguille, lequel ne doit ſeulement eſtre faict en la teſte , mais auſſi en toutes autres parties du corps en cas ſemblable, s'il eſt poſſible faire ledit point d aiguil- le : puis avant fait cela, faut ſituer la teſte du malade en haut. Or pour retourner à noſtre propos, le len- demain ſera regarde quel vice ſera enl'os : & au cas qu'il n'apparuſt aucune fracture au ſens de la veue,ou au tact de l'eſprouuette, neantmoins on conjecture par les ſignes predits, y auoir fracture : alors faut met- tre ſur l'os qu on aura de ſcouuert,de l'encre à eſcrire, meſlée auec vn peu d'huile roſat, afin qu'elle penetre Moyen # dedans la fente, s'il y en a & que l'os en ſoit imbu. Et au premier appareil d'apres, faut eſſuyer l'os,& voir . #" ſi rencre ſera entrée dedans qui ſe fera en ruginant & raclant l', auec rugines, iuſques à ce que r§ C fiſſure mon apparente. - Cornelius. Il faut tre- palement en Eſté ; à cauſe qu'il n'y a encores inflammation. Toutesfois i'en ay ruginé & trepa paner le #,# dy ces choſes, afin que iamais on ne laiſſe les malades ſans ayde : veu que ( comme dit GalienTén - thode ) il eſt meilleur d'eſſayer quelque remede , voire douteux, que nul : toutesfois en faiſant auparauant Ceuſeliu. chap.18. trouue la fin de la noirceur de ladite encre, & qu'on verra l'os eftre blanc,adonc faut ceſſer.Autres y met- tent vn cataplaſme ou emplaſtre aſtringente, & le lendemain eſtant eleuee, le lieu qui apparoiſtra eſtre plus ſec, qui ſe fait à cauſe d'vne vapeur chaude, laquelle paſſant au trauers de la diuiſion, deſſeiche le medica- ment, & par-là la ſciſſure eſt demonſtrée. Et apres, encores pour eſtre plus aſſeuré , ſi la fiſſure penetre les deux tables, faut faire clorre le nez & la bouche au patient, & le faire reſpirer, & regarder ſi par la fente ſort quelque humidité ſanguinolente, à cauſe que par tel moyen l'air de la reſpiration fait enfler & eſleuer la ſubſtance du ccrueau & les membranes, dont s'enſuit l'expulſion de certaine humidité: ſi telle choſe ap- paroiſt, ſera vray ſigne manifeſte que les deux tables ſont rompuës entierement : & adonc faut coupper l'os par les Rugines, ou par autres inſtrumens propres à ce faire, iuſques à la Du e-mere, ſoy gardant la toucher aucunement. Et ſi la ſciſſure eſtoit fort longue, il ne la faut pas ſuiure , car Nature reünira le reſte d'icelle par vne calloſité, qui eſt comme cicatrice # l'os : ſemblablement le Chirurgien, comme dit Celſe, doit oſter de l'os du Crane lemoins qu'il ſera poſſible, pource que la couuerture de l'os eſt meilleure que , toute autre matiere quy pourroit eſtre regenerée, apres qu'on l'auroit tranché & oſté. Mais ſuffira don-* ner iſſue & tranſpiration au ſang , & à la matiere ſanieuſe, de peur qu'elle ne corrompe l'os, & ſe face apoſteme au cerueau. Et ne faut paſſer à faire ouuerture en l'os le troiſieſme iour, s'il eſt poiſible, & princi- ſeptieſme & dixieſme iour, tant en Hyuer qu'en Eſté qui en ſont reſchappez, auſſi pluſieurs ſ6ñ 2. bon Prognoſtique, pource qu'il en meurt plus ſans eſtre trepanez, que de ceux qu'on trepane. cºr les in- ſtrumens propres à donner ouuerture aux ſciſſures ſont appellez † deſquelles as icy les portraiéts de diuerſes ſortes, afin que tu en puiſſes choiſir ſelon qu'il te ſera beſoin : & les pourras toutes inſererl'vne apres l'autre dans la viz d'vn manche que tu vois icy, laquelle viz tu cognois aſſez par les extremitºt deſdiy/ - inſtrumens. # **. Rugints # # , # Des Playes en particulier, 2 2 I à A Rugines, ou Raſpatoires. On racle l'os , quand il eſt fendu & ſciſſuré, afin de voir iuſques où penetre la fente, & auſſi pour l'applanir lors qu'il eſt raboteux, noir, & vermolu : & aux cartilages alterez & corrompus. Or il faut ceſſer de racler l'os quand on en void ſortir vn peu de ſang: apres on y doit mettre deſſus des pou- dres cephaliques, comme racines d'iris de Florence, farine d'hiris , thus, ariſtoloche, eſcorce de racines de panax,leſ- quels ſeichent & detergent ſans acrimonie ny piqueure. | | :? $ l - • .. . Rugines d'autre façon que les precedentes, pour couper dauantage l'as. i Et pour le dire en vn 5. mot,quand l'os eſt ſeule- & ment fendu ou ſiſſuré, le f, Chirurgien ſe contentera | de dilater & ouurir l'os, |! auec les ſuſdites Rugines, f| &non par trepanes,encor il que la ſciſſure penetre les 4 deux tables : & ſi elle ne } deſcend que iuſques à la ſl• deuxiéme table,ne la faut )! ruginer que iuſques-là: #, - , , , mais ſi l'os eſt contus & - : caſsé en pluſieurs pieces, faut les oſter auec inſtrumens conuenables : & s'il eſt neceſſaire y appliquer la Paui. #gi. # trepane; on le fera commenous dirons tantoſt. meta liu. 6. 01 :(- C - d # # - - - c — y -- - - - '4Cl /4/6 ', - ; - : , - De la contuſion, qui eſt la ſeconde eſpece é F7'4&tl4/C_º H A P , lts 1 Ar contuſion ſe fait ſouuentesfois vne ecchymoſe ; c'eſtà dire , effuſion de ſang, fous le cuir Les choſes lit muſculeux, auec coagulation dudit ſang ſans playe Et ſi la contuſion eſt grande, & que le # :: cuir ſoit ſeparé du Crane, alors faut faire ſection & ouuerture , afin d'euacuer le ſang, & §rai. V• $ n'appliquer nullement remedes ſuppuratifs (ce qui ſe pourroit faire en vne autre partie char- § # * neuſe ) de peur que l'os ne s'alteraſt & ouurit : cartoutes choſes humides ſont contraires Paul.Argi , , il aux os. Ce qui ſera clairement monſtré cy-apres.On void ſouuent venir telles contuſions, principalement liure 4. aux ieunes enfans,& le cuir ſe deprimer,& pour leur molleſſe & rarité le ſang decouler entre le cuir & le . · crane, & l'on ſent vne molleſſe & inondation à l'endroit de ladite contuſion : ce que i'ay pluſieurs fois ) ouuert auec vne lancette,& par l'ouuerture faiſois ſouuent ſortir vn ſang ſereux auec thrombus,qui eſt ſang coagulé & fort noir : puis apres auec compreſſion moderée , & remedes deſiccatifs, promptement eſtoient guaris.Pareillement par vne grande contuſion le crane des petits enfans ſe peut enfoncer au dedans,comme l'on void aux deliez vaiſſeaux d'airain, de plomb,d'eſtain,ou ſemblables,quand on preſſe du doigt deſſus,il ſe fait vne foſſe ou cauité, & quelquesfois ſe releuent de ſoy-meſme : & telle choſe ſe fait principalement | aux ieunes enfans, leſquels ont encores leurs os tendres , l'anuleux & mols, & à ceux qui ſont de tem- ' perature mollaſſe, comme femmes, & pituiteux : & où ils ne ſe releuent deux-meſmes par le benefice de nature, faut appliquer vne ventouſe auec grande fiamme, afin de retirer l'os enfoncé en ſoñ lieu naturel, #ileſt poſſible, & faire clorre le nez, & la houche au malade pour retenir ſon haleine car parce moyen l) le cerueau & les membranes aydent à la ventouſe de reduire l'os en ſa place. Et ſi par la ventouſe ne peut ... .7 eſtre reduit, adonc faudra faire ſection au cuir, & appliquer vn Tirefons comme cettuy : & tirer l'os en Tirefon# haut, ainſi que font les tonneliers quand ils veulent retirer vne douue du dedans au dehors.Et où tel c2s •duiendroit à vn os ſolide & eſpais, & que par tels moyens ne peut eſtre leué : adonc faut appliquer vne petite trepane, & faire ouuerture au crane, au milieu de l'os qui ſera enfoncé, & par l'ouuerture l'on eſle- #era ledit os auec cet Eleuatoire à trois pieds, lequelle tirera de la ligne droitte : & a puiſſance telle qu'on Éluatoir, la peut deſirer pour eſleuer les os enfoncez. Sa figure a eſté faite triangulaire, afin qu'il peuſt eſtre aſſis en § pieds toutes les parties de la teſte : pource qu'elle eſt de figure ronde , pareillement l'on pourra en ſon extremité inſerer diuerſes poinctes ſelon qu'il en ſera beſoin, ainfi qu'il t'eſt monſtré par ce portraict. T 3 cAutre- Le dixielme Liure, LAutre Eleuatoire . A A Monſtrent la pointe de l'Eleuatoire, laquelle doit eſtremouſſe à raiſon qu'elle ſe doit couler douce- ment dedans la fracture du crane, joignant la Dure-mere, icelle pointe ſe hauſſe & baiſſe tant & ſi peu qu'il eſt beſoin. - B Le corps de l'Eleuatoire lequel doit eſtre quarré, à fin que la pointe dudit Eleuatoire qui s'y inſere ne varie & tourne : l'extremité d'iceluy corps doit eſtre appuyée ſur l'os ſain, a fin de tenir fer- 1I1CmeIlt. * Ce qu'il faut L'vſage d'iceluy Eleuatoire eſt tel, qu'il faut, eſtant bien mis dedans la fracture, ſouſleuer la main en haut, faire en la à fin d'eſleuer l'os rompu & embarré. fººº é c Monſtre la premiere branche du ſecondEleuatoire,l'extremité duquel ſe coule par deſſous l'os em- D depreſſion barré & fracturé. - a'vn ſeul D La ſeconde branche, laquelle doit s'appuyer ſur l'os ſain, afin de tenir coup pour eſleuer ledit os coſté de l'os. embarré & fracturé. L'vſage d'iceluy eſt tel, qu'ilfaut, eſtant bien accommodé, preſſer le manche en bas, car par telle compreſ- ſion la premiere branche ſouſleue l'os fracturé. - - Scies Des Playes en particulier. 2 2 3 à Scies propres à couper les os de la tefte . A Et où il aduiendroit que l'os ſcroit rompu & deprimé d'vn coſté ſeulement , ſans que toute la piece fuſt enfon- cée,il faut pour l'eſleuer & donner iſſue aux choſes eſtran- ges, faire ouuerture auec ſcies ſemblables à celles.cy:car par icelles on peut couper de l'os(ſans comprimer)deſſus tant & ſi peu qu'on voudra, ſans eſtre en danger de com- primer l'os fracturé ſur les membranes,& par conſequent ſur le cerueau. Trepane exfoliatiue_ . Et ſi l'os n'eſtoit contus que iuſ- ques à la ſeconde table, ou moins:& qu'il n'y euſt ſigne que la fracture ne penetraſt plus outre, il ſuffira de deſ- couurir l'os iuſques à la fin de la con- tuſion, de peur qu'il n'acquiere in- flammation, ou autre mauuaiſe diſ- poſition : laquelle choſe ſe fera auec vne trepane exfoliatiue, par laquelle ſe fera amputation de l'os, tant & ſi Peu que l'on voudra. Des embarreures, ou enfonceures, qui eſt pour la troiſieſme eſpece defracture . C H A P T 1 R E VI. Sè$7 A R grands coups orbes, comme de baſton peſant, rond, ou quarré, en ruant ou frappant WA auſſi par cheutes d'en-haut en bas à plomb (comme nous auons dit) ſouuent les os du Cra- # ne ſont froiſſez, fendus & enfoncez, plus ou moins, & en diuerſes manieres, ſelon lave- hemence du coup,& la diuerſité des inſtrumens qui bleſſent,& la partie qui eſt endommagée. º0ºº0N Et par ainſi ſelon la diuerſité deſdites fractures, & deſdits accidens qui enſuiuent,faut changer de remedes & inſtrumens. Or poſons le fait que l'os ſoit enfoncé auec vne ou pluſieurs pieces d'eſquilles ſeparées,leſquelles ſe peuuent tirer & eſleuer ſans l'application de la Trepane : laquelles choſe ſe pourra faire auecques eleuatoires propres à ce faire, comme celles qui te ſont icy portraictes. | Eleuatoires. Or il faut bien ſe donner caution » garde en eſleuant & tirant eſleuant lè, leſdites eſquilles, ou por- ſquilles. tions d'os , qu'on ne bleſſe les membranes : car aucu- nes ont des aſperitez & poin- tes qui les peuuent bleſſer en les tirant, ſi l'on n'y prend bien garde.Auſſi quelquefois on nc les peut extraire ſans accroiſtre l'ouuerture de la fracture : & en tel cas, où il y auroit eſpace & lieu à met- . tre l'extremité de ces tenail- les, facilement on pourra couper auec icelles tant & ſi peu de l'os que l'on voudra pour donner iſſuë auſ- dites eſquilles ſeparées, ſans appliquer la Trepane, ce que i'ay fait pluſieurs fois auec bomne iſſuë. L'ope- ration deſdites tenailles eſt Plus briefue & plus ſeure que par la Trepane : ce que nous deuons touſiours chercher. T 4 Tenailles Le dixieſme Liure, Tenailles capitales inciſîuès, dite bec de A Perroquet. Et d'abondant tu as encores icy diuerſes figures de petits cizeaux, auec le maillet de plomb, pour applanit º les aſperitez des os, enſemble des pincettes, dont les figures ſont telles. Figures de diuers cizeaux & pincettes , auec maillet deplomb. - - - - . - - or il faut en cét endroit noter qu'on ne doit appliquer Ilnefaut ap- Trepane nyEleuatoire ſur l'osentierement fracturé,de Peur pliquer Tre- qu'en preſſant deſſus, on ne bleſſaſt les membranes , mais pane, ny ele- ſeront appliquez ſur l'os ſain & entier, & le plus pres de la #My° fracture qu'on pourra, afin de n'oſter de l'os, & ne deſ- #. couurir le cerueau que le moins qu'on pourra, Pareillement ré, faut encores bien noter , que ſi la fracture eſtoit gran- de, c'eſt à dire , longue, ne la faut du tout oſter : non plus que les longues fiſſures ne doiuent auſſi eſtre ſuiuies(com- D me nous auons dit ) mais ſuffira donner iſfuë à la matiere, & eſleuer l'os s'il comprime les membranes, comme nous auons dit cy-deuant. Car nature reünit & glutine le crane parvn callus,comme elle fait auſſi és autres partiesdu corps. Ce qui a eſté fait puis n'agueres à l'vn des ſeruiteurs de Mö- Hiſtoire , ſieur Grolo, lequel eut vn coup de pied de mulet à la teſte, de ſorte que le crampon du fer luy fractura, & fit embar- rure à l'os Coronal. Et eſtant mandé pour le penſer, ayant cogneu l'os eſtre enfoncé au dedans, ie feis ſection triangu- laire pour appliquer la trepane. Et le lendemain le trepa- nay pour eſleuer l'os fracturé, & ayant fait l'ouuerture, voulus extraire l'os fracturé, & le voulant tirer hors,cogneus la grandeur d'icelle fracture, (parce que l'os branloit) laquelle comprenoit depuis le milieu du front iuſques au petit Canthus,ou coin de l'œil.Adonc ceſſant de tirer cet os, ie commençay à l'eſleuer en haut, de façon qu'il ne preſſoit plus la Dure-mere, & par l'ouuerture de la Trepane yſſoient les matieres, la Dure-mere auoit tranſpiration, neantmoins feis pro- gnoſtique audit Grolo (lequel eſtoit fort curieux de faire traiter ſon ſeruiteur) qu'à grand peine , veu la grandeur de ladite fracture, pourroit-il reſchapper : toutesfois, graces à Dieu , il eſt guary , reſté l'œil du coſté de la fracture qu'il a perdu. Partant ne faut oſter les grandes pieces d'os, ſi clles ne ſont du - Des Playes en particulier. 22 5 | | A du tout ſeparées de l'os non fracturé.pource qu'ils ſe reüniſſent parvn callus, ainſi que les os des autres Il ne com - uient tou- ſiours tirer 4 os du rout fracturé. parties : ce qui eſt atteſté & commandé par le diuin Hippocrate au liure des Playes de la teſte, & par Cel- ſe,comme nous auons dit cy deſſus. Et à cette fin & intention , Nature, entre les deux tables du Crane, appellé Diploé, a fait prouiſion d'vn aliment ſanguin pour preparer la ſubſtance perduë : comme en la ca- uité des autres os,vn aliment qui tient de la nature de mouëlle. De la quatrieſme eſpece de Fracture, qui eſt inciſion , appellée d'Hippocrate, Marque ou ſiege : autrement figure delaiſsée du baſton,duquell'os aura eſté frappé CH A P. V I I. L y a ſemblablement pluſieurs eſpeces d'inciſions faites au Crane : aucunes ſuperficielles,autres - moyennes, penetrantes iuſques au Diploé , autres penetrantes toutes les deux tables : aucunes Diuerſeseſ- ſont auec perdirion de la ſubſtance d'os : aucunes ſont longues, autres courtes : aucunes larges, ººº ººº les autres eſtroictes : aucunes ſont faictes auec vn inſtrument aigu , comme la poincte d'vne da. ſſons. gue,poinçon ou de halebarde, ou autres ſemblables. Aucunes ſont compliquées auec contuſion, Fiſſures, & Embarrures, & autres accidens : & ſelon la diuerſité de ces differences,il faut pareillement diuerſifier la cure. Et partant en aucunes d'icelles ſeront appliquez Rugines, Trepane, & autres inſtrumens , ſelon que la neceſſité le requerra,comme auons dit par cy deuant.Or il faut icy noter,que s'il aduient qu'il y ait gran- de playe apres auoir coupé du tout l'os,& que portion du cuir muſculeux fuſt demeurée ſans eſtre entiere- ment coupée : en tel cas ne faut paracheuer de couper ledit cuir, ny ſeparer l'os (qui ſera du tout coupé) d'auec le Pericrane, mais reduire leſdits os & cuir enſemble en leur lieu. Ce que Celſe commande , & feis Hiſtoire du au Capitaine Hydron, lequel puis peu de temps fut bleſsé en ceſte ville d'vn coup d'eſpée au milieu de l'os Capitaine Coronal. Et eſtoit ledit os coupé du tout iuſques à la dure-mere,de grandeur & largeur de trois doigts ou ºyºrº enuiron, tellement qu'il ſe renuerſoit ſur le viſage, & ne tenoit plus qu'au Pericrane & cuir muſculeux,en- uiron trois doigts & promptement voyant icelle playe, fus quaſi d'opinion de paracheuer du tout le cou- permais ie conſideray qu'Hippocrate & les autres bons praticiens ont touſiours prohibé de ne laiſſer le cerueau deſcouuert, s'il eſt poſſible : puis i'eſſuiay le ſang qui eſtoit tombé ſur la dure-mere , laquelle on voyoit fort mouuoir àl'œil , puis rêuerſay la piece qui eſtoit ſeparée,la poſant en ſon lieu & pour la mieux N, faut retenir,feis trois point d'aiguille aux parties ſuperieures,& mis de petites tentes aux coſtez de la playe,afin laiſſer le cer- de donneriſſue à la ſanie. Et le tout fut ſi bien adapté, que par la grace de Dieu il en guarit ; jaçoit qu'il ueºu & ſes euſt encor pluſieurs grands coups d'eſpée, tant au trauers d'vne cuiſſe , qu'au viſage, & vn autre au coſté membranes à droit pres la mammelle, paſſant le long des coſtes, penetrant outre de l'autre part en la partie baſſe de deſreuuert. l'Omoplate. Et pour conclurre, ne faut faire amputation de l'os ny cuir muſculeux qui ouure le Crane, & moins encores des os d'iceluy, ſinon le moins qu'il ſera poſſible, de peur que le cerueau ne ſoit deſcouuert. De la cinquieſme eſpece de Fracture,qui ſe fait du coſté mpoſite du com. C H A p. V I I I. S>t47 )g# A fracture ſe fait quelquesfois du coſté opoſite du coup : comme ſi le coup eſt en la partie La contre- \> (3, dextre,la fracture ou fiſſure ſe fait au coſté ſeneſtre : qui eſt vne choſe bien dangereuſe,à cau- fente ſe peut ſe que rarement on peut cognoiſtre le mal , & n'y a moyen ny artifice vray de le cognoiſtre, faire- . N comme dit Hippocrate , liure De vutneribus capitu : parquoy en tel cas quand la mort s'enſuit cytYNS/2W le Chirurgien eſt excuſable. Ce que ie puis vrayement atteſter auoir veu aduenir combien ' que Paul AEginete s'en mocque , diſant que nature fait le Crane de pluſieurs pieces , & commiſſures qui le ſeparent, afin que s'iladuenoit Fracture à vn coſté, qu'elle ne fuſt communiquée à l'autre. Et ainſi con . clud qu'icelle fracture ne peut eſtre faite au coſté oppoſite du coup. Or ie dy , que telle choſe eſt vraye en ceux qui ont leurs commiſſures faictes : mais en ceux qui n'en ont point, ou ſont imparfaictes, il ſe pourra faire qu'vn coſté eſtant frappé, l'autre oppoſite ſoit bleſsé. Ce qui eſt aduenu pluſieurs fois, & meſ- mes puis n'agueres à l'vn des feruiteurs de Monſieur du Mats, Contrerolleur des Poſtes , lequel eut vn Hiſtoire coup de pierre ſur l'os Parietal , partie dextre , auec petite playe, & grande contuſion & tumeur. Et d' vn ſerui- luy fut faite inciſion pour agrandir la playe, & faire vacuation du ſang contenu en ladite tumeur. Et reºr de Mon- fut traitté par defunct maiſtre Thierry de Hery , duquel ſuis aſſeuré qu'il n'oublia rien à faire lon deuoir, ſieur du pource qu'il auoit Dieu deuant les yeux, & qu'il eſtoit bien exercé à la Chirurgie. Et apres l'inciſion faite, º, cogneut à l'œil que l os eſtoit entier : neantmoins auoit coniecture grande que l'os pouuoit eſtre fracturé, Thierry de pource qu'incontinent qu'il fut frappé, tomba en terre, & vomit : & eut autres accidens, qui denotoient º Fracture. Tant y a que le patient mourut le vingt & vnieſme iour dont ledit Thierry m'enuoya querir, par la perſuation dudit du Mats, pour ſçauoir la cauſe de ſa mort. Et luy ayant ſcié le crane , trouuaſmes à la partie oppoſite du coup, l'os ſciſſuré & fendu, grande quantité de ſanie & apoſteme en la Dure-mere , & meſmes en la ſubſtance du cerueau : & ne luy fut trouuée aucune commiſſure , excepté les deux mendeu- ſes. Et partant conclus auec l'authorité d'Hipocrate, & par raiſon & experience, qu'il ſe peut faire Fra- cture du coſté oppoſite du coup, principalement à ceux qui n'auront commiſſures, ou qu'elles ſoient fort Fracture ſe iointes enſemble. D'autre coſté il n'eſt pas auſſi impoſſible que la fiſſure ſe face à l'oppoſite du coup aſſis peut faire da au meſme os, & non en l'autre, en ceux qui ont le crane bien conformé & diſtingué par ſutures. Et telle eſt coſté oppoſite l'intention d'Hipocrate en ce paſſage, parquoy ne doit eſtre ſuiuie l'opinion de Celſe en ce li u, eſtimant du cºup ce le coupaſſis en vn os, & la fiſſure en vn autre : ny de Paulus AEgineta, rejettant la ſentence d'Hipocrate, que authori- comme choſe impoſſible. Et faut noter que l'oppoſite du coup en meſme os ſe peut entendre en deux ma- té, raiſon & nieres.Premierement, quand la fracture eſt en la meſme ſuperficie de l'os frappé : comme ſi la partie d'vn experience os bregmatis, qui eſt vers la ſuture lambdoide eſtant frappé,celle qui eſt vers la ſuture coronale,ſe monſtre demºnſtrent. bleſsee. Secondement,quand non la ſuperficie qui a receu le coup eft bleſsée,mais celle ſeulemét qui eſt au deſſous côme lors que la premiere table eſt frappée ſans eſtre fracturée,& que la ſeconde eſt rópue.Ce que i'ay veu aduenir à vn Gentilhôme de la Compagnie de Mônſieur d'Eſtâpes,lequel fut bleſſé ſur la breche du chaſteau de Hedin,d'vn coup d'arquebuſe qu'il receut ſur l'os Parietal ayant vn habillemêt de teſte,lequel la balle enfonça ſans eſtre rompu,ny pareillement le cuir,ny le crane exterieuremét,& le ſixieſme iour mourut apoplectique.Dôt aduint que pour l'éuie que iauois de cognoiſtre la cauſe de ſa mort,ie luy ouuris le crane, auquel trouuay la ſeconde table rópue,auec eſquilles d'os,qui eſtoient inſerez dans la ſubſtance du cerueau . encore que la premiere table fuſt entiere.Ce que pareillemét atteſte auoir veu & monſtré depuis à Meſſieurs Chapelain,premier Medecin du Roy,& Chaſtelan premier de la Reyne,t n vn Gentilhomme qui fut bleſse à l'aſſaut de Roüé.Or Hippo.ne baille aucune maniere de traitter icelle cinquieſme eſpece de fracture,pource qu'on ne peut vrayement cognoiſtre le lieu bleſsé, pourtant le plus ſouuent ſont mortelles. Toutesfois ſe faut efforcer à les cognoiſtre , en apliquant deſſus ( ayant tout rasé le poil)vne emplaſtre qui ſera faicte "-, de poix liquide,& de poix noire, cire,auec terebenthine, & poudre d'Irfs & Maſtich:& ſi on void † cndl'Oit 2 2 6 Le d1X1e1Ime L1UrC, endroit eſtre plus humide & plus mol,aucunement tumefié & enfié, on pourra dire par coniecture qu'en A n'eſt plus ai- tel endroit doit eſtre la fracture ſciſſurée Ioint auſſi que le patiét met ſouuent la main à l'endroit où eſt la ſé à quatre fracture:& voyant telles choſesauec autres ſignes coniecturatifs par cy-deuant eſcrits,pluſtoſt que laiſſer le de perter vu patient mourir, ie conſeille de trepaner,vſant parauant de bon Prognoſtique aux parens & amis du patient. homme º*- Auſſi appellant conſeil, tant de Docteurs,Medecins, que Chirurgiens,de peur qu'il ne ſe trouue empeſché, º #** º ſi d'auenture le patient vient à mourir : car ce ſera choſe plus aisée à quatre de le porter en terre, qu'il ne ſeul. ſeroit à vn ſeul.Or retournons à noſtre propos,concluans qu'entre les eſpeces des fractures du Crane,ſont Il y a quatre quatre qui peuuent deceuoir le Chirurgien. La premiere, quand l'os eſt contus , & promptement tetourne d - - - - - - * - - # en ſa place. La ſeconde,quand il y a vne petite ſciſſure comme,vn poil. La tierce,quand l'os eſt eſclatté au qui peuuent dedans, & par dehors eſt entier. La quatrieſme , quand l'os eſt fracturé à la partie oppoſite du coup. deceuoir le " - - Chirurgien, De la Commotion ou esbranlement, & concuſſion ou eſcouſſe du cerueau. dont le pa- tient perit C H A P. I X. Gal.2. de ld 2 Av A N T A G E, faut entendre qu'outre les ſuſdites Fractures, il ſe faiſt vne autre diſpoſ- compoſition † tion, appellée Commotion , ou esbranlement & concuſſion du cerueau, qui cauſe ſemblables des medica- V. accidens que les fractures du Crane : laquelle Commotion ſe fait pour auoir tombé de haut /776º72 ,. # en bas ſur choſe ſolide & dure, ou par coups orbes,comme de pierre,ou d'vne maſſe,ou d'vn chap.6. & coup de lance, ou l'air d'vn coup d'artillerie, ou du tonnerre tombant pres de la perſonne, ſºr !'Atoh. voire de la main ou autres ſemblables. Qu'il ſoit vray, Hippocrate au 5. liure des Epidemies en eſcrit #ſº7, ceſte hiſtoire qui s'enſuit. Vne fort belle pucelle fille de Nerus, âgée de vingt ans, eſtant frappée par #ºrº * maniere de ieu,ſur l'os du Bregma,de lamain eſtendue d'vne fienne amie,fut incontinent ſurpriſe de Verti- # * gine ſans reſpirer.Auſſi-toſt qu'elle fut de retour en ſa maiſon,vne fievre aigue la ſaiſit,auec douleur de te- Epidemies. ſte & rongeur de la face,& au ſeptieſme iour ellevuida par l'oreille dextre vn bon verre de boue puante,& rougeaſtre, & luy ſembla eſtre allegée. Mais derechef la fiévre ſuruint,& lors fut aſſoupie ne pouuant par ler , auec conuulſion de la partie dextre de la face, & difficulté d'halener.Auſſi la conuulſion & tremble- Paul.AEgin. ment de tout le corps enſuiuit, la langue liée, l'œil immobile,& au neufieſme iour elle mourut.Dauantage cornelius noteras que le patient, iaçoit qu'il ait vn armet ou autre habillement de teſte,lors qu'il ſera frappé , neant- Celſus, moins par grand effort & esbranlement de la teſte,ſe peuuent rompre veines,&arteres,non ſeulement celles qai paſſent & entrent par les ſutures , mais auſſi aucunes de celles qui vont par cy & par la entre les deux tables, au lieu dit diploé,tant pour ſuſpendre & attacher la dure-mere,contre le Crane,afin que le cerueau ait ſon mouuement plus libre, que pour porter le ſang & aliment au Crane, au lieu qu'iceluy n'a moëlle, ains eſt nourry du ſang contenu au diploé , ainſi qu'auons declacré en l'Anatomie. Dont s'enſuit flux de - ſang, qui découle ou entre l'os & les membranes,ou entre les membranes & le cerueau,& en cét endroit le malade fent grande douleur , & la veuë s'obſcurcit : lequel ſang eſtant hors de ſes propres veiſſeaux ſe cor- Hippeerate. †º & putrefie.Ce qui eſt approuué par Hippocrate en l'Aphoriſme,si inventrem ſanguis preter naturam. Aphe. 1o. Dontpluſieurs accidens aduiennent, comme esbloüiſſement de veue,vomiſſement,lequel ſe fait par la col- in,6. ligance & amitié qu'à l'eſtomach auec le cerueau par les nerfs de la fixieſme coniugaiſon , leſquels deſcen- dent du cerueau, & ſe vont inſerer à ſon orifice ſuperieur, & de la en toute ſa ſubſtance au moyen dequoy par la ſocieté qu'ils ont enſemble,ſe comprime,reſerre en ſoy,& comme ſe renuerſe , & alors jette premie- rement ce qui eſt côtenu en ſa capacité,& d'abondant,ce qui y peut affluer des parties qui luy ſont voiſines, &, alliées, comme du foye, & veſſie du fiel : entre leſquelles choſes la bile,côme la plus mobile,& par le- gereté naturelle prompte à ſuiure ce mouuemét par le haut ſort la premiere,& en plus grande abondance, qui eſt la vraye cauſe du vomiſſement bilieux , tant rechanté par les Medecins, és ſolutions de continuité, qui aduiennent tant au Crane qu'au cerueau. Quelque temps apres ſuruient inflammation aux membra- nes , & au cerueau : à raiſon du ſang qui ſort des veines & arteres rompues pour la violence du coup & eſpandu par la ſubſtance du cerueau, ſe corrompt & pourrit, incontinent telle inflammation eſt com- muniquée à toutes les parties du corps,ſe fait fiévre auſſi-toſt, auſſiaduient refuerie,par alteration du cer- ueau & aſſoupiſſement, par alienation : leſquels accidens és playes de teſte ſont fort dangereux , ſuiuant #iPPº l'authorité d'Hipocrate en l'Aphoriſme , in capiti, i7a obſtupeſ entia & defipientia, matum & ſtupeur , qui eſt Apho. * diminution de mouuoir & ſentir, faite par l'obſtruction des voyes & conduits de l'eſprit animal : puis liu. 7. apoſtemes & pourriture au cerueau, auec tres-grande difficulté de reſpirer,quiprouient du cerueau offen- sé, qui fait que le thorax, qui eſt propre inſtrument de la reſpiration, ne peut faire ſon office,pource que les mufcles qui ont mouuement du cerueau & de l'eſpine medullaire , par l'eſprit animal enuoyé par les nerfs , ne peuuent éleuer ledit Thorax,parce qu'ils ſont priuez de la faculté de mouuoir,& par tels accidents Hiſtoire du la mort s'enſuit.Tous leſquels accidents,ou la pluſpart,on a veuaduenir au feu Roy Henry dernier decedé, feu Roy lequel au tournoy receut vn tres-grand coup de lance au corps,qui fut cauſe luy eleuer la viſiere,& vn éclat Henry II. du contre coup luy donna au deſſous du ſourcil dextre, & luy dilacera le cuir muſculeux du front pres l'os tranſuerſalement iuſques au petit coin de l'œil ſeneſtre, & auec ce pluſieurs petits fragmens ou eſquilles de léclat demeurent en la ſubſtance dudit œil , ſans faire aucune fracture aux os. Donc à cauſe de telle commotion ou esbranlement du cerueau il deceda l'onziéme iour apres qu'il fut frappé. Et apres ſon decez, on luy tronua en la partie oppoſite du coup, comme enuiron le milieu de la commiſſure de l'os Occipital, vne quantité de ſang eſpandu entre la Dure-mere, & pie - mere : & alteration en la ſubſtan- ce du cerueau , qui eſtoit de couleur flaue ou jaunaſtre , enuiron la grandeur d'vn poulce : auquel lieu fut trouué commencement de putrefaction : qui furent cauſes ſuffiſantes de la mort aduenuë audit Sei- gneur & non le vice de l'œil ſeulement. A quoy neantmoins quelques - vns out voulu referer la cauſe de ſa mort : car on a veu pluſieurs qui ont receu de plus grands coups que ceſtuy-là ſur les yeux,quitoutes- fois ne ſont pas morts. .. Comme auſſi on a veu de fraiſche memoire, à Monſieur de ſainct Iean, Eſcuier du Monſieur de Roy, lequel eſtant au tournoy , qui fut fait deuant l'Hoſtel de Guyſe , eut vn coup d'eſclat de lan- saint Iean , º P* dedans ſa viſiere : de longueur & groſſeur d'vn doigt, ſous l'œil dedans l'orbite , penetrant de Eſcuyer du ºº doigts ou enuiron dedans la teſte, & le traittay auec bonne compagnie , tant de Medecins que de Roy. Chirurgiens, par le commandement du Roy Henry defunct : entre leſquels eſtoient Meſſieurs Valeran Me- decin ordinaire du Roy,Louys Duret,Rodolphe de l'Or,Docteurs Regens en la faculté de Medecine à Pa- Hiſtoire de ris,& Iacques le Roy le Chirurgié ordinaire du Roy:neâtmoins la playe faite par vn ſigrâd coup a eſté gua- Monſieur le rie par l'ayde de Dieu.Et d'abondant en cét endroit ne veux laiſſer en arriere la tres-gråde playe que Möſei- Due de gneur François de Lorraine, Duc de Guiſe, receut deuant Boulongne , d'vn coup de lance , qui au deſ- Guyſ-». ſous de l'œil dextre declinant vers le nez, entra & paſſa outre de l'autre part, entre la nucque & l'oreiller Hiſtoire de d'vne Des Playes en particulier. 227 A d'vne fi grande violence,que le fer de la lance auec vne portion de bois fut rompuë , & demeura dedans,en ſorte qu'il ne peut eſtre tiré hors qu'à grande force, meſmes auec tenailles de Mareſchal :'nonobſtant tou- tesfois ceſte grande violence,qui ne fut ſans fracture d'os,nerfs,veines,arteres,& autres parties rompues & brisées par ledit coup de lance,mondit Seigneur,graces à Dieu,fut guery.Donc concluons qu'aucuns meu- rent de bien petites playesl, les autres rechapent de tres-grandes , voire qui ſont entierement deſeſperécs: tant aux Medecins qu'aux Chirurgiens : mais telles choſes ſe doiuent quelquesfois referer aux temperatu- res,& principalement à Dieu,qui tient la vie des hommes en ſa main.Et te ſuffiſe de la commotion du cer- ueau,& des eſpcces de fracture du Crane. Maintenant faut parler du prognoſtique. Du Prognoſtique . CH A P. X. \$42 èg L ne faut negliger les playes de teſte, & n'y euſt-il que le cuir incisé ou contus : mais encores Hip. au liu §SN% moins lors qu'il ya fracture au crane,à raiſon que quelquesfois furuiennent grands accidens, § vulner. $ 2 & le plus ſouuent la mort:principalement aux corps cacochymes,comme ſont verolez,ladres, capitis. =s hydropiques,phthifiques,ou hectiques, bouffis, lentigineux, & generalement tous cachecti- NS ques:car à tels,leurs playes ſont difficiles à curer , & bien ſouuent impoſſibles , à raiſon que les playes ne ſe guariſſent que par vnion & conſolidation , leſquelles choſes ne ſe font que par affluence de bon ſang & loüable,& par la force de nature. Or l'affluence de ſang defaut aux hectiques, & phthiſiques: le ſang bon & loüable defaut generalement à tous cacochymes & cachectiques:comme la force & vigueur de la faculté naturelle, manque à tous deux. Les fractures de teſte faites a ceux qui releuent de maladie, Hieau liu. B ſont difficiles à curer, & quelquesfois impoſſibles. Les playes de teſte faites par contuſion ſont plus lon- . vult.cap. gues & difficiles à guarir, que celles qui ſont faites par inciſion. L'os ne ſe rompt point, que la chair de deſſus ne ſoit bleſſée, excepté la fracture, qui ſe fait à l'oppoſite du coup. Les os des enfans ſont moins durs,plus deliez,& plus arrouſez & imbus de ſang,que ceux des vieux : & partant s'alterent & pourriſſent pluſtoſt. Parquoy telles playes ſont plus dangereuſes & mortelles qu'elles ne ſont és vieilles gens , parce que leurs os s'alterent & pourriſſent pluſtoſt à raiſon qu'ils ſont de temperature plus chaude & humide, & par conſequent plus faciles à pourrir:& pour leur tendreté & molleſſe communiquent pluſtoſt leurs pour- ritures aux membranes,& au cerueau,dont la mort s'enſuit pluſtoſt qu'à ceux qui ſont d'âge viril:combien qu'és vieilles gens les playes,tant celles qui ſont à la chair,que celles qui ſont és os de la teſte, ne s'aggluti- nent,& vniſſent pas ſi toſt qu'és enfans,à cauſe que les vieilles gens ont les os plus ſecs & plus durs,& par conſequent moins agglutinables,& ont moins de ſang,& meſme ce peu qu'ils en ont,eſt plus ſereux, & par conſequent moins propre à faire l'agglutination. L'homme vit plus long temps d'vne playe mortelle faite au Crane,en Hyuer qu'en Eſté:à raiſon qu'en Hyuer la chaleur naturelle eſt plus forte qu'en Eſté : pareille- ment l'humeur ſe pourrit pluſtoſt en Eſté qu'en Hyuer, au moyen que la chaleur contre natute , eſt plus grande en Eſté qu'en Hyuer.Ce qui eſt approuué par Hippocrate en l'Aphoriſme quinzieſme du premier li- Hippocrat ure ventres byen,&c.où la chaleur naturelle ne peut curer la fracture.Nature eſtant plus forte prolonge la #. vie.Les playes du cerueau & des membranes ſont mortelles le plus ſouuét,à cauſe que ſouuentesfois s'en- - ſuit ablation de l'action des muſcles du Thorax , & des autres ſeruans à la reſpiration : dont de neceſſité la mort s'enſuit.Ce que nous auons par cy-deuant declaré.Si apres vn coup donné à la teſte il ſuruiét ttimenr, & ſe perd toſt,c'eſt mauuais ſigne:ſi ce n'eſt par cauſe raiſonnable,comme apres vne ſaignée, purgation,ou medicamens reſolutifs:ce qui eſt prouué par Hipprocrate.Quand la fiévre vient au commencement, c'eſt à Hip. Aph. C ſçauoir dans le quatrieſme ou ſeptieſme iour (ce qu'elle fait le plus ſouuent) on peut iuger qu'elle vient 65.liu. 5. pour la regeneration de la ſanie,ainſi qu'il eſt eſcrit par Hippocrate. 7Dum pus conficitur,&c. Et telle fiévre Hip.Aph. n'eſt tant à craindre lors,que quand elle vient apres le ſeptieſme iour,auqueliour a de couſtume de laiſſer 47 lin.*. le patient:mais quand elle vient au dixieſme ou quatorzieſme,& auec froid & tremblement,elle eſt dange- reuſe,pource qu'il y a ſuſpicion qu'elle ſoit causée de quelque putrefaction, qui ſe faict au cerueau, ou a la Dure-mere,ou au Crane,principalement ſi elle eſt accompagnée d'autres accidens : comme ſi la couleur de la playe n'eſt rouge mais blafarde,comme chair lauée:laquelle choſe ſe fait à raiſon que la chaleur naturelle cſt preſque eſteinte,& le pus deuient viſqueux,pource que la chair eſt liquefiée. Puis toſt apres ladite playe deuientaride & ſeiche,comme d'vne chair ſalée , & quelquesfois de couleur plombée & noiraſtre , ne iet- tant quaſi rien,à cauſe que la chaleur naturelle eſt pareillement languide, & quaſi ſuffoquée , qui eſt ſigne de corruption qui ſe fait en l'os,qui alors ſe faict aſpre & éleué ( comme on le trouue lors qu'il eſt carieux & pourry)où auparauant eſtoit liſsé & poly,& en fin deuient de couleur iaunaſtre,puis liuide, quand il eſt corrompu dauantage, & entre les deux tables y a matiere purulente & ſanieuſe, ce que i'ay veu pluſieurs fois:& alors l'on peut prognoſtiquer le patient eſtre en peril,& danger de mort:mais ſi ladite fiévre proce- de d'Eryſipelas fait ou à faire,le plus ſouuent n'eſt mortelle. Et pour diſcerner & ſçauoir ſi ladite fiévre eſt causée de matiere Eryſipelateuſe ou bilieuſe : c'eſt qu'elle ſera tierce, & qu'elle commencera auec grand froid,puis vient la chaleur auec ſueur, & ne laiſſera le patient iuſques à la ſuppuration ou reſolution de la D matiere bilieuſe.Auſſi les lévres de la playe,& autres parties à l'enuiron,ſeront tumefiées, enſemble toute Signes mor- la face,auec grande inflammation aux yeux,ayant les maſchoires & col,roides & tendues,ne pouuant tour-» tels par les ner la teſte,ny ouurir la bouche.Or telle defluxionEryſipelateuſe eſt engendrée & faite de ſang cholerique lévres de la ſubtil,chaud & ſec,lequel occupe communément la face pour deux raiſons : la premiere, pour la ſubtilité Pºyº de l'humeur:l'autre,pour la tenuité & rarité du cuir. Ainſi les accidens ſont plus grands que d'vne fluxion #º1ºy phlegmoneuſe,qui ſont chaleur,& douleur poignante & mordante,auec rougeur tirant ſur le citrin,ou iau- l'Eryſipelas maſtre parce que chacun humeur donne ſa teinture au cuir,comme auons dit cy-deſſus Et ſubit qu'on preſſe º " du doigt deſſus la couleur s'éuanoüiſt,& toſt retourne.Et pour la curation,faut auoir deux intentions l'vne Jº . à l'euacuation,l'autre à la refrigeration & humectation. Et ſi l'humeur eſt fimplement cholerique, ne faut cat1 de t ſaigner,mais le purger par remedes qui purgent la cholere,appellez des anciens,Cholagogues. Toutesfois # # ſi c'eſtoit vn Eryſipelas phlegmoneux,faudroit faire ſaignée de la veine Cephalique, du coſtéauquel le mal # ſeroit plus grand.Et pour ce faire appelleras le Medecin,ſi tu es en lieu où on le puiſſe recouurer. Et apres § N . les choſes vniuerſellesfaites,il faut appliquer medicamens refrigeratifs & humectatifs,comme Succum ſo- §. lani,ſemperuiui,portulacæ, lactucae , vmbilici veneris,lenticula paluſtris,cucurbitæ : deſquel, vſeras ſeſon que les pourras recouurer,pource qu'il n'eſt neceſſaire les prendre toutes, mais ie les ay inſerées, afin que l'on vſe des vnes ou des autres.Pareillement pourras vſer de Acetoſa,coctain aqua communiad m.ij.poſtca piſtetur & coletur per ſeraceum,addendo vnguenti roſacei, vel populeonis portionem aliquam, & autres ſemblables, leſquels ſeront renouuellez ſouuent, iuſques à ce que la chaleur qui eſt contre Nature , ſoit eſteinte. Et faut éuiter toutes choſes onctueuſos & oleagine'aºs,à raiſon que promptement s'en † & feroient Remedes propres aux Eryſipelrs, 2 2 8 Le dixiefme L1ure, Hib. Aph. & feroient le mal plus grand. Puis apres s'il eſt beſoin,l'on vſera de remedes reſolutifs : & icy noteras que A 2 5. liu. 6. , c'eſt vn bon ſigne de guariſon,lors que l'humeur eſt jetté du dcdans au dehors: & au contraire,quand il re- Eryſipela ab tourne de dehors au dedans,c'eſt mauuais preſage,ainſi quel'experience le môſtre. Ce qu'auſſi Hippocrate #terioriºu , a eſcrit.Quand l'os eſt purulent,il vient des puſtules à la ligue,pource qu'il tombe de la ſanie par les trous 6 rc. , du palais ſur ladite langue:& quand elie y eſt arreſtée , par ſon acrimonie fait eſleuer leſdites puſtules : & \ · quan i tel accident adaient,peu de gens en réchapent.C'eſt vn mauuais ſigne,quand le malade vient comme · | apopleétique, apres auoir eſté frappé : car tel accident Il ( : monſtre ſeulement l'os eſtre bleſſé , mais auſſi le Hip. au liu cerueau,le lºel !º Peur pourrir & ſphaceler:ce qui eſt prouué par Hippocrate,diſant, que quand l'os eſt ja des playes de purulent , il naiſt des puſtules à la langue, & le malade meurt n'ayant les ſens entiers : & aux vns ſuruient teſie. conualſion ou ſpaſine à la partie oppoſite du conp : auſſi l'on void communément par experience,qu'apres tel ſpaſme la mort aduient,& vn ſeul n'en réchappe:ce que i'ay touſiours veu , ouurant la teſte de ceux qui de tels accidens mouroient,où i'ay trouué portion de la ſubſtance du cerueau &des membranes pourrie,& ſphacelee.Ie vcux en cét endroit aduertir le ieune Chirurgien, qu'à aucuns les poulmons ſont attachez con- - tre les coſt es(comme ſouuent il ſe void par l'ouuerture des corps morts ) qui fait qu'à tels , ſi on fait vne contre-ouuerture au Thorax,rien n'en peut ſortir:en ce cas le Chirurgien eſt fruſtré de ſon intention : pour cela ne faut pas qu'il delaiſſe vne autrefois faire telles ouuertures quand il en ſera beſoin : car telle adhe- rence ne ſe void pas touſiours,mais rarement. Pourquoy leſpaſme vient à l'oppoſite du coup. C H A P. XI. sNu2 R la cauſe pourquoy le ſpaſme vient à l'oppoſite du coup, a eſté iuſques icy par pluſieurs re- . ·. cherchée,mais non aſſez clairement expliquée : pource m'a ſemble bon,de voüer vn chapitre à part à telle queſtion. I'eſtime tel accident prouenir a raiſon de la douleur de la playe,& auſſi que les humeurs & eſprits naturellement courent vers la partie bleſſée:leſquelles deux choſes épuiſent,ſeichent & conſument le coſté de la partie ſaine, dont puis apres tombe en conuul- i . _e qui 1e peut prouuer par Galien au quatrieſme liure de vſ p•tium, qui dit que le ſouuerain con- ducteur a onioint les trois eſprits en mutuelle connexion , & infragile confederation par leurs produ- ctions, qui ſont veines,arteres & nerfs:parquoy ſi vn defaut en vn membre, les autres pareillement le negli- gent & partant la partie d meure languide,& deuient en atrophie,ou elle ſe meurt du tout. Et ſi on m'ob- jecte que Nature a fait tout noſtre corps double, afin que ſi vne partie eſtoit bleſsée , l'autre demeuraſt en ſon « ntier,ie l'accorde Mais ie nie qu'elle ait fait tous les vaiſſeaux doubles : car n'y a qu'vne veine pour le nourriſſement de tout le cerueau, & de ſes membranes , qui eſt le Torcular , par laquelle la partie ſeneſtre - bleſ ée peut épuiſer l'aliment de la dextre,& par conſequent cauſer la conuulſion par defaut d'aliment.Or Granº ºn il eſt vray qu'aux parties où les muſcles congenerez ſont égaux en grandeur,force & nombre,la reſolution Msv14: 10'3. d'vne partie cauſe conuulſion accidentaire à l'autre , mais au cerueau ne ſe fait ainſi : car les deux parties, - c'eſt à ſçauoir, dextre & ſent ſtre font chacune leur office à part, & ne s'attendent l'vne à l'autre, comme il ,appert en paralyſie:autrement ils'enſuiuroit qu'icelle lors qu'elle eſt vniuerſelle ( c'eſt à ſçauoir de la moi- tié du corps)apporteroit quant &-ſoy conuulſion à la partie oppoſite.Ce qui eſt faux,comme on void iour- opinion de , nellement par experience Parquoy ie conclus(ſauf meilleur iugement)que le ſpaſme qui eſt à l'oppoſite du Dalechāps. - coup,vient par inanition,& faute d'aliment,& nourriture. Toutesfois Dalechamps en ſa Chirurgie Fran- çoiſe eſt en ceſte opinion:Pour liquider ce doute(dit-il)faut preſuppoſer ce ſigne de conuulſion en la partie contraire,proposé d'Hippocrate aduenir,quand pour la grandeur & vehemence de l'inflammation faite en la partie bleſsée, qui ja eſt tournée en gangrene du cerueau,& de ſes membranes , auec commencement de, ſphacele au teſt,le pafient doit mourir.En telle diſpoſition & ainſi conditionnée, eſt neceſſaire le ſentiment & mouuement effre perdu,comme nous voyons aux autres gangrenes , par l'extinction de la chaleur natu- relle:& dauantage,par la grandeur de l'inflammation eſtre tellement bouchez les conduits de l'eſprit ani- mal,qu'il ne peut deſcendre ou paſſer aux parties inferieures, & prochaines du cerueau de ce coſté là : & quand bien y pourroit deſcendre & paſſer,ſi ſeroit-il inhabile à cômuniquer & porter la vertu du ſentiment & mouuement,eſtant infect & alteré de la putrefaction aduenue en la playe.D'où s'éſuit que la partie bleſ- sée,priuée de ſentimét,n'eſt prouoquée à ſe retirer pour ſecourir & chaſſer de ſoyce qui luy pourroit eſtre moleſte,luy demeurant le ſens:& pour ceſte raiſon les nerfs procedans d'elle, ne ſont auſſi point retirez & - affligez de conuulſion:dauantage que tous les nerfs ayans leur origine de csſte partie, ſont deſtituez de la 7 ' preſence & aſſiſtãce de l'eſprit animal,comme a eſté declaré:& de lâ procede la paralyſis des parties ſituées au coſté de la bleſsée.Car paralyſie ſe fait,ou eſtant le nerfcoupé, comme aux grandes playes : ou eſtant le paſſage d'iceluy bouché,comme en l'apoplexie:ou eſtant ſa ſubſtāce abbreuuée & mollifiée de quelque hu- meur ſubtile,ou par quelque grande intemperature tellement offensée, qu'elle ne peut receuoirl'affluéce & vertu de l'eſprit animal.Quant à la partie contraire,& ſa conuulſion, nous tenons pour choſe accordée, le ſpaſme eſtre fait ou par repletion, qui en eſtendant la ſubſtance des nerfs l'accourcitou parinanition, quand Trois cauſes de paralyſie. eſtant conſommée & diſſipée leur humidité naturelle,la propre ſubſtance d'iceux eſt deſſeichée & retirée, que humidité ſaniguſe , 34: . causée d'vne ex † du pied monte au cerueau : aux picqueures des nerfs, quand eſtane fermé l'orifice de la playê , la matiere ſanieuſe y eſt retenue : & aux playes des nerfs quand quelque nerfº eſtant ſeulement à demy coupé , excite douleur vehemente. QJr nous trouuons en la partie contraire de · la bleſsée , deux de ces cauſes inſignes : vne matiere fanieuſe reſudante de la gangrene , acre & cuiſante, que Hippocrate au denombrement des accidens mortels pour ſignifier ſa malignité, appelle Iebora , & comme nous voyons # de luth approchée du feu:ou par ſentiment de quelque vapeur,ou de quel- signification ºº liure des Fractures , Zbaoyon, & non Pyon ; dauantage , vne vapeur exhalante de la gangrene , puan- du met te & infecte , comme d'vne charongne pourrie. Ce n'eſt donc merueille ſi la partie contraire , eſtant ſon Ichera. ſentiment bon & entier, cſt offensée , tant de la matiere ſanieuſe,que de la vapeur infecte, & pour les de- chaſſer ſe retire, ſecoue , & branle , à quoy s'enſuit la conuulſion des nerfs , qui prennent leur • origine d'icelle, comme en l'epilepſie. A mon iugement, voyla comment ſe doit expliquer le di- opinion de , re d Hippocrate & Auicenne. Hors l'occaſion d'vne playe ainſ mortelle, les praticiens adnotent quel- Dalechamps quesfois en la partie bleſsée eſtre paralyſie, en l'oppoſite conuulſion : quelquesſois en la bleſsée conuul- toute eotrai- ſion , en la contraire , paralyſie : quelquesfois en toutes deux conuulſion ou paralyſie : quelquesfois en re à celle de chacune d'icelles ſeparément conuulſion , ou paralyſie, ſans que l'autre ſoit offensée : mais icy n'eſt le J'autheur lieu de rechercher les cauſes de cela. Voyla le diſcours de Dalechamps. Annotation au Chirurgien, qu'aux playes du ventre, où il y a plave aux inteſtins, ne faut donner clyftcre aux bleſſez,à raiſon que le clyſtere ſortiroit Par la playe des inteſtins , & demeureroit en la capacite du ventre, qui ſe pourrit auec • le C #re,& mordante, ou d'vne douleur exceſſiue, comme il aduient en l'epilepſie D - N Des Playes en particulier. 2 2 Q A le ſang, & s'eſleuent grandes ventofitez putredineuſes, qui font enfieure,& tenſion au ventre & quand telle choſe aduient, fay prognoſtic que le malade bien-toſt mourra,ce que i'ay veu pluſieurs fois aduenir.Et prin* cipalement quand le malade eſt febricitant, & dit ſentir vnc extreme douleur aux teſticules. Sommaire desſignes mortels cy deſſus mentionnez. C H A P. XII. #e T pour retourner à noftre propos, & te dire tout en ſommaire : de tous les accidens ſuſdits; $ tu peux faire prognoſtic de la mort du patient,lors qu'il perd ſa ratiocination, & n'ayant plus # de memoire, parle ſans occaſion, & a les yeux tenebreux, n'oyant point, & ſe veut jetter hors ,% du lict, ou ne peut mouuoir, ayant fièvre continué, auec puſtnles à la langue, qui meſme luy à$yEe Vº deuient ſeiche & noire, & ſ solaye aride,ne jettant aucune choſe, ou bien peu , & de couleur comme chair ſalée : ou s'il luy ſuruient apoplexie,phreneſie,ſpaſme, paralyſie,& le poulx formicant, reten- tion d'vrine, & autres excremens, & s'il tombc ſouuent en ſyncope, alors fay ton prognoftique, quc bien- toſt ton patient mourra. Or les fuſdits accidens viennent quelquesfois aux premiers iours, & quelquesfois aſſez long-temps apres le coup donné. Et s'ils viennent au commencement,c'eſt quand le cerueau eſt bleſſé. par inciſion,contuſion,compreſſion ou ponctions ou par commotion que nous auons par cy deuant appellé, Ebranlement. Et quand ils viennent quelc$* temps apres , c'eſt lors qu'il ſuruient inflammation, & que le : ſang ſe putrefie, & que l'os ſe fait purulent, & par conſequent apotteme au cerueau. . Playe as D'abondant noterez que ſouuentesfois vne playe faite au Crane, cauſe vn apoſteme au foye. Ce que Ro- c , ſait bert Greaume, Regent en la faculté de Medecine, & Binoſque, Chirurgien iuré à Paris, & moy, auons veu apopen , as puis n'agueres en trois patiens. , foyeu. Et ſi tu m'objectes que telle apoſteme eſtoit ja concreée auparauant le coup donné : ie reſpons que les Hiſtoire . B patiens,auparauant eſtre bleſſez, auoient vne viue & naturelle couleur ſans aucun ſigne d'eſtre hepatiques, Caaſes des & éſtoient bien habituez, faiſans toutes leurs operations : ce que tu pourras voir par experience y prenant apoſtemes qui garde,comme i'ay fait La cauſe de ce peut eſtre que nature ſe ſentant offenſée par grande vehemence au ſe font ai4 coup,collige & retire à ſon ſecours,ſes forces & vertus de toutes les parties du corps(qui ſont le ſang & les foy,. eſprits)vers le cœur & le foye : ainſi que voyons en peur & crainte, & adoncques fait inflammation au foye: ainſi qu'il ſe fait en quelque pa1tie , lors que le ſang coule en plus grande quantité qu'il n'eſt beſoin pour ſa nourriture:dont le foye ayant reçeu plus de ſang & eſprits, leſquels ne peuuent eſtre deuement euentilez, pour l'exiguité & anguſtie(c'eſt à dire, pour la petiteſſe & eſtroiſſeur de ſes vaiſſeaux) alors ſe fait fiévre & apoſteme phlegmoneuſe en ſa propre ſubſtance, dont la mort s'enſuit. Ou ſi tu aimes mieux dire auec Mon- ſieur de la Corde,que nature ſuccumbant ſous le faix du mal,vient à renuoyer vne partie de cefte matiere pu- rulente auec le moins d'incommodité qu'il ſe peut au foye par les veines : & qu'ainſi ſoit, tous ccux auſquels vne apqſteme ſe fait au foye, le cerueau bleſſé, meurent, La chair aiſément ſe regenere en tous les endroits Corn. Cetf. de la teſte,fors à la partie du front, qui eſt vn peu au deſſus du milieu des ſourcils : car en ce lieu-là à peyne liu. 3, ch. 4, y peut-elle croiſtresde ſorte que toute la vie du malade,l'vlcere y demeure, parce qu'en tel endroit il y a vne intercauité en l'os,pleine d'air,qui ſe rend aux os cribleux du nez,lequel air empeſche la confolidation dudit vlcere, & en outre, l'os eſt ſi épais & denſe, qu'il ne peut ſuintcr aſſez d'aliment pour la regeneration de la chair.Adiouſté que du nez, & des yeux eſt enuoyée en l'vlcere grande quantité d'excremens, qui empeſchent que l'vlcere ne ſoit menée à cicatrice,dont aduient que lors qu'on fait ſerrer le nez & la bouche du malade, & qu'il s'efforce à ſouffler, l'air ſort du trou de l'vlcere en ſi grande quantité, qu'il peut eſtein- dre vne bien groſſe chandelle ce que ie protcſte auoir veu en vn quidam que i'auois trepané,parce que l'os Hiſtoire, C Coronal en cét endroit auoit eſté rompu & enfoncé,vn peu au deſſus deſdites cauitez. - - ---- - _ - - - - - - - - - Les ſignes & preſages de bonneguariſon. C H A P. XIII. è# V contraire, les ſignes & preſages de bonne guariſon, ſont lors que le patient n'a point de \ # fiévre,ratiocine, mange & boit de bon appetit, dort,aſſelle bien, & que ſa playe eſt vermeille $# non aride & ſeiche,jettant pus loüable, & l'os gardant ſa couleur naturelle, & que la Dure- | #\# mere à ſon mouuement libre, Toutesfois tu noteras que les anciens ont eſcrit (ce qu'on void Lesfaétitres - ſouucnt par experience)que les fractures du Crane ne ſont hors du peril, iuſques à cent iours de la teſte né apres la bleſſure faite partant,fay auec ton patient bon guet,tant en ſon boire, manger,repos, coit,& autres ſont hors de choſes.Et auſſi faut qu'il ſe garde du grand froid, pour le peril & danger de mort , qu'on a veu en telles ººº playes ſouuentesfois arriuer pour tels accidens, apres la guariſon faite deſdites fractures. Outre-plus, i'ay #º à à te declarer que le callus,ſoulde,ou vni6n des os du Crane,ſe fait ordinairement en quarante ou cinquante º " iours : toutesfois on n'en peut donner vraye certitude pour la diuerſité des temperamens & âges,non plus que des fractures des autres parties, comme nous dirons cy apres. Car aux ieunes ſe fait pluſioſt,aux vieils plus tard. Et te ſuffiſe des preſages : Maintenant faut parler de la cure generale, puis de la fpeciale : qui ſe fera le plus ſuccinctemeht,& le plus clair qu'il me ſera poſſible.Laquelle choſe ſe fera pre1.2:4ement en or- D donnant le regime ſur les ſix choſes non naturelles. 7xX 1 ſ- Du regime vniuerſel qu'ilfaut ordonnerauxplayes & fractures du Crane,& aux accidens d'icelles. CH A P. XI V. # T premierement faut tenir le patient en vn air temperé, qui ſe fere par art, s'il n'eſt tel par # d'eſ. #) nature : comme ſi c'eſt en Hyuer, faut faire bon feu en la chambre du malade, les feneſtres & er " #é portes bien cloſes,éuitant la fumée, de peur de prouoquer la ſte:nutation & autres accidens: $\| lé# ÂYa & auſſi alors que tu traiteras & penſeras le malade, te faut auuir vne baſſinoire pleine de brai- a i S ſe,ou vne pelle de fer,laquelle ſera tant eſchauffée q'uelle deuiénne rouge,& qu'vn ſeruiteur latienne ſur la teſte du maladé de telle hauteur que la patient en ſente aucunement la chaleur : afin que Par Hipp.liure ; la reuerberation d'icelle, l'air ambient, c'eſt à dire, qui eſt à l'entour, ſoit corrigé. Car le froid(comme dit aph. 18. - Hippocrate) eſt ennemy du cerueau , des os, & de tous les nerfs, & generalement de toute noſtre nature, Galien s. de º que nous auons dit. Auſſi eſt-il contraire aux vlceres en ſeichant les excremens, qui puis apres minent l'vſare des l'vlcere, empeſchans la ſupuration : & pource que cette partie n'a accouſtumé d'eſtre deſcouuerte de ſa part. chap.1 Pºu & meſme,comme dit Galien,il ſe faut donner garde de refroidir le cerueau quand on trepane,& apres - V eſtre l'air. 2 3 O Le dixieſme Liure - - eſtre trepané : car c'eſt le plus grand mal qui peut aduenir au malade qui a la teſte rompue. Or ſi l'air eſtoit plus chaud que le cerueau, il ne le refroidiroit pas : & encores que ſoyons en Eſté, & que l'air ſoit exceſſi- uement chaud, le cerueau deſcouuert en eſt refroidy, & demande ſubit eſtre efchauffé.Voyla ce que Galien nous en a laiſſé par eſcrit, & ne ſe faut eſmerueilker ſi pluſieurs meurent de playes faites à la teſte, par faute d'eſtre à couuert.Pareillement la trop grande chaleur ſera moderée en rafraiſchiſſant la chambre auec eau froide, ou oxycrat,rameaux de ſaulx,fueilles de vignes, & autres choſes ſemblables.Semblablement ne ſera ledit patient expoſé en grande clairté , principalement iuſques à ce que les accidens ſoient paſſez : à cauſe Son boire. 'qu'icelle diſſipe & reſoult les eſprits, & augmente la douleur,fiévre, & autres accidens.Il faut auſſi du tout Hipp au liu. éuiter le vin : ce que Hippocrate enſeigne : mais en lieu de vin,pourra boire eau d orge, ou eau cuitte,en la- Pºººººº , quelle on mettra mie de pain,que nous appellons eau panée, ou bien hippocras d eau, ou eau bouillie,puis meſlée auec ſyrop roſar,violat,ouaceteux,ou autre breuuage,apr>llé P u us dtuinus,lequel eſtºfait d'eau cuite Eſtroite diete ſuccrée,& ius de limon ou citron,deſquels tu pourras bailler ſelon le gouſt du patient, & que ſon eſtomach Prºnº pourra bien vſer. Et de tels breuuages doit vſer le patient, iuſques à ce que les grands accidens ſoint paſ- "ºſtº ſez, qui ſont communément & le plus ſouuent dans le quatorzieſme iour. Son manger ſera panade, orge º ººº mondé, & non amande : pource que les amandes cauſent douleur de teſte,à raiſon qu'elles ſont vaporeuſes: **" auſſi il pourravier de prunes de Damas cuittes, paſſuies,raiſins de damas confits auec vn peu de ſuccre&ca- nelle (laquelle eſt ſinguliere,pource qu'elle conforte l'eſtomac , & reſioiiit les eſprits)& par fois d'vn petit poulet, pigeonneau, veau, chévrau, lévraux, petits oyſeaux des champs,comme faiſans, merles, tourtres, |» perdrix,griues,alouettes, & autres bonnes viandes bouillies auec laictues, pourpier,ozeille, bourroche,bu- gloſe,cichorée, endiue,& ſemblables.Auſſi par fois pourront leſdites viandes aucunes eſtre roſties, & peut ledit malade vſer auec icelles, de verjus, orenges, citrons , limons, grenades aigres, jus d'ozeille , les di- uerſifiant ſelon le gouſt & la puiſſance de la bourſe du patient. Et a celuy qui voudra manger du † B truites,loches,brochets,nourris en eau claire & non limoneuſe, & autres ſemblables : pareillement raiſins & prunes de Damas,ceriſes aigres,paſſules : mais qu'il s'abſtienne de choux, & de tous legumages,parce qu'ils Pºle fº- cauſent douleur de teſte.Et 2pres le paſt,vſera de dragée commune,ou anis,fenoiul, coriande confits, con- º ºº.º- ſerues de roſes, ou cotignat, afin de garder que les vapeurs & fumées qui montent de l'eſtomach à la teſte, t tgnat. ne bleſſent le cerueau: pareillement le cotignat pris deuant le paſt,aſtraint le ventre à cauſe qu'il eſt ſtyptiqne - & aſtringent, &pertant ſerre l'eſtomach: mais prins apres le paſt, le laſche , à raiſon auſſi qu'il le reſſerre, # aſtraint, & contraint les viandes de ſortir hors. Si c'eſt vn enfant, luy conuiendra donner petit & ſouuent " " à manger : pource que les ieunes ne peuuent porter la faim, comme les plus âgez, à raiſon qu'ils ont vne grande chaleur : parquoy ils ont beſoin de grande nourriture, autremeut leurs corps ſe conſomeroit : au - contraire, le vieil a ſa chaleur naturelle plus imbecille, à cauſe dequoy il porte mieux la faim que le ieune. Et par ſemblable raiſon en temps d'Hyuer , faut en toutes âges donner plus d'alimens , qu'en Eſté : pource - que la chaleur naturelle eſt plus grande en Hyuer qu'en auties temps, ainſi qu'il eſt prouué par Hippocrate. Hip.apb. 15. Et apres le 14. iour(ſçauoir,s'il n'y a rien qui repugne, comme fiévre & autres accidens)on peut donner vn liure I. peu de vin, & augmenter ſon manger peu a peu, lelon qu'il ſera beſoin, prenant toufiours indication de la º *y*- vertu & couſtume du malade.Il doit èuiter le dormir de iour, s'il eſt poſſible, ſi n'eſt bien peu, pourueu me,C7 c. que la Dure-mere,ou le cerueau ne ſoit afHigé de phlegmon : car en telle neceſſité,il ſeroit meilleur faire du ºº ººrmir iour la§t, & principalement de la premiere partie du iour a ſçauoir , de ſix heures du matin iuſqu'à dix: pource qu'en ceſte partie du iour,comme auſſi au Printemps,le ſang domineau corps,comme dit Hippocrate au commencement du 2.des Epidemies. Or c'eſt choſe toute notoire,que par les veilles,le ſang eſt eſpandu - au dehors,ſuperficie & extremité du corps,comme au contraire par le dormir, il ſe retire au dedans vers les parties nobles : parquoy ſi auec ce que par le benefice du Soleil leuant le ſangſe leue & eſpand en l'habitude C du corps,il venoit encore à s'y eſpandre dauantage par les veilles, l'inflammation & phlegmon ſe redouble- roit en la meninge & cerueau. Parquoy il eſt tres expedient par le dormir,brider & retirer le cours du ſang en telle partie du iour,en cas d'inflammation,de l'habitude & parties externes du corps. D5 veiller. Le veiller pareillement doit eſtre moderé, car le trop veiller corrompt la bonne temperature du cerueau & de toute l'habitude du corps : pource qu'auſſi excite cruditez , douleur, peſantur de teſte , & rend les -- playes arides, ſeiches , & malignes. Mais ſi le patient ne peut dormir, à cauſe de l'inflammation des men- branes du cerueau, Galien commande au treizieſme de la Methode, faire des perfuſions, linimens,vnctions dans les narines,& au front,ou és oreilles, de choſes refrigeratiues : à cauſe qu'elles endorment,& rendent ſtupides les membranes, & le cerueau, qui ſont exceſſiuement eſchauffez. Pour ceſte raiſon, on appliquera Deco étion aux temples, vnguentum populeum, ou roſatum, auec oxyrhodinum , ou oxycrat. Auſſi luy faut faire ſen- *ºrmitiue. tir vne eſponge trempée en vne decoction de pauot blanc ou noir, auec eſcorce de mandragore, ſemence de hyoſcyame, laictue,pourpier,plantin, morelle, ou autres. Semblablement on luy pourra faire vn Potage, Vtilité du ou vn orge mondé , auquel l'on mettra vne emulſion de ſemence papaueris albi : ou bien prendre 3. j.vel dormir. 3. ). ß. ſyrupi papau. auec 3. ij. aqux lactucae : faut que ledit patient vſe de telles choſes quatre heu- res apres ſouper, afin de luy prouoquer le dormir. Lequel dormir ayde grandement à faire la digeſtion. Il reſtaure la ſubſtance du corps & eſprits qui ſont diſſipez par le trop veiller. Dauantage, appaiſe les dou- leurs : il fortifie ceux qui ont laſſitude : pareillement fait oublier les courroux & triſteſſes , & corrige le iugement d«9ºué : parquoy eſt beſoin au Chirurgien prouoquer le dormir au malade lors qu'il luy eſt ne- ceſſaire. Pareillement ſi le patient eſt replet, ſoit faite euacuation par ſaignée , ou purgation & garde diet- *ºº te,ſelon l'aduis & conſeil du docte Medecin. Et en cét endroit noteras, qu'on doit éuiter les medecines ºhºººº /ºr- fortes auſdites playes, principalement au commencement, de peur d'enfiainmer les humeurs, & faire com- *P"*** motion à toutes les facultez : qui ſeroit cauſe d'induire infiammation, douleur, fiévre, & autres accidens:ce que i'ay veu aduenir ſouuentesfois. Et quant auſſi à la ſaignée(ſelon Galien, au quatrieſme de la Methode) ne doit eſtre ſeulement faite pour l'abondance du ſang, mais auſſi pour la grandeur de la maladie Pre ſente ou future : afin de diuertir & faire reuulſion pour tirer la fluxion, laquelle commence aux parties contraires: Saignée re- & celle qui eſt-ja coniointe, doit eſtre vacuée de la partie meſme, ou la deriuer de la partie proche.Exem- uulſiue. ple pour faire la reuulſion : Si la partie dextre de la teſte eſt bleſſée , la ſaignée ſe fera de la veine Cephali- que du bras droit, s'il n'y auoit grande plenitude:& en defaut de la Cephalique,faut ouurir la Mediane : & ſi on ne peut trouuer la Mediane, ſoit prinſe la Baſilique : & ſi la bleſſeure eſt du coſté ſeneſtre, ſera fait le ſemblable du bras ſeneſtre, pluſtoſt qu'à l'oppofite, afin que plus ayſément ºn attire & deſcharge la partie, par la rectitude des filamens : & en tirant, le ſang, faut auoir égard ſur toutes choſes à la vertu du Patient, qui ſe fera en touchant ſon pouls ( ſi le Medecin n'eſt preſent) Pource , comme dit Galien au liure de san- »} guiais miſſione,qu'il monſtre infalliblement la vertu & force du patient. Parquoy faut auoir égard en ſa mu, nn'eſt»rceſ tation & inégalité : & ſitu le trouues petit & lent auecques vne petite ſueur qui commence avenirau front- ſaire au chi- mal de cœur,comme volonté de vomir,& bien ſouuét d'aſſeeller, auec baaillemens, & mutation de couleur - ayan - 2 : - - a - - Des Playes en particulier. 23 I ayant les lévres paſles:ſitelles choſes apparoiſſent,ſubit te faut clorre la veine,de peur que tune tires l'ame rurgien de auec le ſang : & alors donneras au malade vn peu de pain trempé en vin , & luy frotteras les temples & le §,. nez de fort vinaigre,& le feras coucher tout plat à la renuerſe.Et quât au ſecond poinct,qui eſt de la fluxió pouls au ja faite & arreſtée en la partie,elle doit eſtre vacuée par la partie meſme,ou eſtre deriuée par la proche.La malade, ſi le partie ſera deſchargée de la fluxion coniointe & arreſtée en la partie,faiſant des ſçarifications aux lévres de Medecin la playe,ou par application de ſangſuës bien preparées : la matiere ſera deriuée en ouurant les veines pro- n'eſt preſent. ches de la playe,à ſçauoir,de la veine Puppe , ou celle du milieu du front, ou des veines & artères les plus Saignée va- apparentes des temples, ou celles de deſſous la langue. Pareillement ſeront faites fictions & applications cuatiu. de ventouſes ſur les eſpaules,ſoit auec ſcarification,ou ſans ſcarification,ſelon la neceſſité. Outre plus,no-$ºisºº de- teras que pendant la curation, ſouuentesfois il conuiendra faire des frictions aſſez longues & fortes , auec º linges vn peuaſpres,vniuerſellement par tout le corps,excepté la teſte:leſquelles ſeruiront, tant pour faire reuulfion des matieres qui pourroient monter en haut(per halitum)c'eſt à dire par exhalation, ou inſenſible tranſpiration de certaines vapeurs côtenuës entre cuir & chair,leſquelles s'augmêtent fort en noſtre corps, & principalement par faute de faire l'exercice accouſtumé. D'abondant ie ne veux outrepaſſer,que ie ne re- cite de la ſaignée ceſte hiſtoire digne au Chirurgien,& à tous d'eſtre bien notée. C'eſt que ces iours paſſez, Hiſtoireme- ie fus appellé aux fauxbourgs S.Germain des Prez,à l'image S.Michel,au logis du ſire Ieâ Matiau,pour viſiter morable de & medicamenter vn ieune homme de Mon eur Douradour, âgé de vingt-huict ans ou enuiron , & de tem- la ſaignº perature ſanguine,l'vn des maiſtres d'Hoſtel de Madame l'Admiralle Brion : lequel eftoit tombé la tefte ſur vne pierre,à l'endroit de l'os parietal partie ſeneſtre,& au moyen du coup , s'eſtoit fait vne playe contuſe, ſans toutesfois aucune fracture d'os:par le moyen de laquelle le 7.iour luy ſuruint vne fiévre continue & reſuerie, auec grande inflammation phlegmoneuſe, causée par la leſion du Pericrane accompagnée d'vne tumeur mcrueilleuſe de toute la teſte & le col,ayant le viſage grandement dèfiguré,ne pouuât voir ny par- ler,& moins aualler aucunes choſes,ſi elles n'eſtoient bien liquides. Subit , voyant tels accidens, combien que le iour de deuant qui eſtoit le 8.iour de fa bleſſeure, il euſt eſté ſaigné par Germain Agace , maiſtre Barbier audit S.Germain,lequel luy auoit tiré quatre palettes de ſang : & voyant les accidens ſi grands, la force & vertu du patient bonne,reiteray la ſaignée , & luy tirav quatorze palettes pour ceſte fois : puis le iour ſuiuant, voyant que la fiévre ny aucuns des accidens ne s'eſtoient nullement diminuez , mais pluſtoſt eſtoient augmentez,reitere la ſaignée , & luy tire de rechef quatre palettes, qui eſtoient vingt-deux : & le lendemain voyant encores les accidens n'eſtre diminuez,fus encores d'aduis le reſaigner,ce que n'oſay faire ſeul,veu la grande éuacuation qu'on auoit ja faite. Et alors priay Monſieur Violence, Docteur regent en la faculté de Medecine,homme docte,& de bon iugement, de voir le patient. Lequel ſubit luy ayant touché le pouls, le trouuant fort robuſte,& voyant pareillement à l'ceil la grande tumeur, l'impetuoſité & vehe- mence de l'inflammation, fut d'aduis que promptement fuſt reſſaigné : & luy ayant dit que ja on en auoit - • tiré vingt-deux palettes,m'vſa de ces mots : E lo,qu'on luv en euſt tiré dauantage , ſi eſt-ce qu'il luy en faut Deux indi- encorestirer : attendu que les deux indications principales qui nous indiquent a faire la ſaignée, ſont pre-ºtiºn de la ſentes : à ſçauoir la grandeur de la maladie,& la force & vertu du parient. Adonc fus bien ioyeux , & ſou- ſºsº dainluy en tiray encore trois palettes en ſa preſence & luy en voulois tirer dauantage, ce qu'il remit à l'a-º Pº preſdinée,où ie luy en retirayencore deux , qui ſont vingt-ſept palettes, qui furent tirées audit patient en de Pari peu- quatre iours ſuiuans. Et la nuict ſuiuante le patient repoſa fort bien : & le lendemain le trouuay ſans fiévre, #. la tumeur grandement diminuée, l'inflammation preſque toute eſteinte, horſmis les paupieres ſuperieures & plus des yeux,& le mollet des oreilles, leſquels endroits s'apoſtumerent, & jetterent aſſez grande quantité de - boue. Et proteſte qu'il fut entierement guary,graces à Dieu, par les remedes : qui ſans la benediction d'ice- luy,ſont du tout inutiles. Or t'ay bien voulu reciter telle hiſtoire, afin que le ieune Chirurgien ne ſoit ti- mide à tirer du ſangauxgrandes inflammations : pourueu que principalement la force & vertu du patient ſoit grande : ie dy grande, parce qu'il y a des perſonnes que ſi on leur auoit tiré trois palettes de ſang, on , - ſeroit quelquesfois cauſe de leur oſter la vie.Et pour retourner à noſtre propos, il faut que le malade éuite # playes l'acte venerien,non ſeulement pendant que ſa playe n'eſt encore conſolidée,mais,long-temps apres,pource # qu'en petite quantité de ſemence, eſt contenué grande quantité d'eſprits : & qu'vne grande portion de la- # & dite ſemence procede du cerueau,qui eſt cauſe de debiliter les vertus , & principalement la faculté anima- - le : dont grands accidens , & ſouuent mort prochaine aduient par tel acte à ceux qui ont playes à la teſte: ce que ie puis atteſter auoir veu ſouuent aduenir en bien petites playes de teſte, encores que la playe fuſt du tout conſolidée. Semblablement le Chirurgien ne doit meſpriſer les affections de l'ame,pource qu'elles Des affectiös cauſent grands mouuemens,& mutations au corps,à cauſe qu'elles dilatent ou compriment le cœur,& en ce de l'amº. faiſant les eſprits ſe reſoluent,ou aſtraignent,& ſuffoquent : ces paſſions ſont ioye , amour, eſperance, ire, triſteſſe,crainte,& autres;toutes leſquelles doiuent eſtre corrigées par leurs contraires, Dauantage,faut que le malade ſoit en vn lieu de repos, & hors de grand bruit , s'il eſt poſſible, comme Repos. loin de cloches,non pres de mareſchal,tonnelier,maletier,armurier,paſſages de charrettes, & leurs ſembla- bles, pource que le bruit luy augmente la douleur, la fiévre, & autres mauuais accidens. Et me ſouuient quand i'eftois dernierement au Chaſteau de Hedin,qu'à l'heure qu'on faiſoit la batterie,le bruit & retentiſ- Hiſtoire de , ſement de l'artillerie cauſoit aux patiens vnc douleur extreme,& principalement à ceux qui eſtoient bleſſez la neceſſité à la teſte:car ils diſoient qu'il leur ſembloit, qu'autant de coups de canon qu'on tiroit,'qu'on leur donnoit d vn lien dé autant de coups de baſton ſur leurs playes:& meſmément leur furuenoit flux de ſang par icelles,& faiſoient rººy. · grands pleurs & lamentations:de ſorte que la douleur:fiévre,& autres,accidens,eſtoient par telle vehemen- ce grandement augmentez,& la mort accelerée.Ette ſuffiſe du regime vniuerſel : maintenant faut declarer la cure particuliere ſelon qu'aucuns des anciens ont eſcrit, & auſſi ſelon ce que i'ay experimenté par plu- ſieurs années. De la cure particuliere, & premierement des playes du cuir muſculeux. C H A P. X V. T pour la cure particuliere , nous commencerons à vne playe ſimple, laquelle pour ſa cu- Gala. de la $ re n'a qu'vn ſeul & ſimple ſcope , qui eſt vnion : car ſi elle ne penetre iuſques au crane, elle Methode. #x eſt pensée & curée comme celles des autres parties de noſtre corps : mais ſi elle eſt com- # posée, autant qu'il y aura de complications , autant faudra-il qu'il y ayt d'indications. Et G. V \ ) # en icelles faut garder l'ordre, l'vrgent, & la cauſe. Donc ſi la playe eſt ſimple & ſuperficiel- le, faut premierement raſer le poil d'alentour , & appliquer vn medicament, fait cum albumine oui, & bºlo armenico & aloé : & le lendemain appliquer vn emplaſtre de Ianna ou Gratia Dei, & la º† - V z 1utqu a • -- zar : 2 3 2, Le dixieſme Liure, iuſqu'à la parfaite vnion de la playe : mais ſi la playe eſt profonde iuſqu'au Pericrane, on ne peut faillir au A ſecond appareil,à mettre dâs icelle vn digeſtif,fait cum terebenthina Veneta,vitellis ouorum,oleo roſaceo, & tantillo croci:& en ſera côtinué iuſqu'à ce que la playe jettera ſanie & alors ſera adiouſté audit digeſtif mel roſatum , & farina hordei.Puis apres ſeront appliquez autres medicamens, auſquels n'entrera aucune Medicament huile,ny autre choſe vnctueuſe,comme ceſtuy.2/.. tereb. Veneta # ij. ſyrupi roſati 3.j. pul. aloës, myrrha , ePºlºti1º, & maſtich.añ.3. ſ. incorporentur ſimul, & fiat vnguentum : duquel il fandra vſer iuſqu'à la procreation de ººº la chair. Puis pour faire cicatrice,ſera appliqué la poudre qui s'enſuit.2%. aluminis combuſti,corticis gra- zatif. natorum combuſtorum afi. 5. j.miſceantur ſimul, & fiat puluis. Et ſi la playe eſtoit ſi grande qu'il fuſt be- ſoin faire aucun poinct d'aiguille,ſeront faits en tel nombre qu'il ſera beſoin. Comme ie fis à vn ſoldat qui Hiſtºireº eſtoit dans le chaſteau de Hedin,vn peu deuant le ſiege dernier,qui beſchoit en terre auec pluſieurs autres, º'º ſº pour la porter ſur les remparts,ſur aucuns deſquels tomba vne grande quâtité de ladite terre,qui en eſtouffa qui fut bleſ ja plus grande partie : ledit ſoldat fut tiré de deſſous, & eut tout le cuir muſculeux incisé, & deprimé iuſ- $é 4f4 # " ques au pericrane,commençant ſa playe deux doigts au deſſus du ſommet de la teſte, & eſtoit renuersé ſur #. " le viſage : ce qui faiſoit grande horreur à regarder. Et l'ayant veu,fis appeller Charles Lambert,Chirurgien € 44/3, de defunct Monſieur le Mareſchal Duc de Boiiillon,pour m'ayder à le penſer : dont l'ordre fut tel. Ie laua ſa playe de vin vn peu tiede,tant pour oſter le ſang coagulé, que la terre qui y eſtoit : puis fut icelle bien # choſe à ne- ſuyée auec linge mollet & delié. Et luy appliquay ſur toute ſadite playe terebentine de Veniſe, meſlée auec ter touchant vn peu d'eau de vie, en laquelle auoit eſté diſſoult ſang de dragon, alocs ; & Poudre de maſtic : & apres luy les poinčts renuerſay & remis ledit cuir en ſon lieu naturel,& luy fis pluſieurs poincts d'aiguille peu ſerrez,pour éuiter d'aiguille. augmentation de douleur,& inflammation,quife fuit principalement au temps que la ſanie ſe fait, pour te- nir ioinctes les parties qui eſtoient diſtantes & ſeparées,& garder l'alteration de l'air, lequel nuiſt grande- ment à telles playes , comme nous auons dit. Auſſi luy furent miſes des tentes aſſez longues & plattes,aux B parties inferieures de la playe,tant d'vn coſté que d'autre, pour donner iſſue à la ſanie. Et par deſſus toute la teſte luy fut appliqué vn cataplaſme tel que s'enſuit. 2é. farinae hordei,& fabar. añ. 3. vj. olei roſa 3. iij. aceti quant. ſuff. fiat cataplaſ. ad formam pultis : lequel a vertu de ſiccatiue , refrigeratiue, & repercuſſiue: auſſi de ſe der la douleur,eſtancher le flux de ſang,& éuiter inflammation : & luy eſtoit renouuellé ſouuent, | . de peur qu'eſtant deſſeiché les farines ne vinſſent à clorre les pores,ſe rendans trop emplaſtriques, & par conſequent ne permiſſent qu'il ſe fiſt aucune exhalation,& reſolution des vapeurs contenues en la partie Et audit ſoldat ne luy fuſt fait ſaignée,à raiſon qu'il auoit eu grand flux de ſang, principalement par certaines arteres qui ſont aux temples : & eſtant bien aduerty que l'ennemy nous venoit toſt aſſieger , luy conſeillay de ſe retirer à Abbeuille,afin qu'il fuſt mieux traitté,ce qu'il fit. Et depuis vous puis bien aſſeurer, l'auoir · • veu audit Abbeuille du tout guary,lors que ie retournay de priſon d'entre les mains des ennemis. Hiſtoire » Mais ſi la playe eſtoit faite par morſure de beſte, il la faudroit traiter par autre maniere. Ce que ie te *'ºn fille veux bien en cét endroit auſſi demonſtrer par l'hiſtoire qui s'enſuit Vn iour eſtans les Lyons du deffunct mºrduë d'vn Roy Henry en ceſte ville aux Tournelles,comme pluſieurs les alloient voir, il aduint qu'vn d'iceux ſe deſta- Lyon. cha & ietta ſa griffe ſur vne fille âgée de douze ans,ou enuiron,& l'atterra : ce fait, engoula ſa teſte,& auec les dents luy fit pluſieurs playes,ſans toutesfois luy faire aucune fracture aux os.Et eſt vray-ſemblable qu'il l'euſt deuorée,n'euſt eſté que le maiſtre deſdits Lyons luy oſta ceſte pauure fille d'entre les dents & les grif- fes. En cét endroit ſe trouua vn nommé Roland Claret,maiſtre Barbier Chirurgien a Paris,qui penſa & me- dicamenta ladite fille. Et quelques iours apres fus mande pour la viſiter,laquelle trouuay febricitante, auec grande tumeur & inflammation de toute la teſte : enſemble d'vne eſpaule , & du thorax, principalement aux endroits où les dents & griffes dudit Lyon auoient entré:& eſtoient les lévres deſdites playes liuides, & d'icelles ſortoit matiere ſereuſe,virulente,acre,& fort fœtide,& quaſi intolerable à ſentir,ainſi que d'v- C ne charongne, de couleur noire & verdoyante : & diſoit ladite fille ſentir grandes douleurs pongitiues & Toutes mor- mordantes. Voyant tels accidens, il me vint promptement en memoire que les anciens auoient laiſſé par ſºrº & bie- eſcrit, que toutes picqueures & morſures de beſtes(voire fuſſent-elles faites d'hommes)eſtoient veneneu- # * ſes,les vnes plus, les autres moins:& partant ie conclus qu'il falloit auoir égard a l'impreſſion du venin de- # # laiſsé, tant par les dents que par les griffes dudit Lyon, & qu'il conuenoit appliquer choſes qui euſſent fa- º7JºH /e5, culté & puiſſance d'obtondre tous venins:& partant on luy fit pluſieurs ſcarifications autour de ſes playes, & y furent appliquées des ſangſuës,pour tirer le venin dehors,& deſcharger les parties enflammées : & ſu- bit luy fut faite ablution d'egyptiac,mithridat & theriaque,auec vn petit d'eau de vie, ainſi qu'il s'enſuit , à ſçauoir.24. mithridat,3.j. theriacœ veter.3. ij.aegypt.5. ß. diſſoluantur omnia cum aqua vitae , & cardui be- nedicti : & luy en furent lauées & fomentées toutes ſes playes. Et aux medicamens qu'on appliquoit tant dedans ſes playes,que dehors,eſtoit mis deſdits theriaque & mithridat : pareillement luy en fut donné par l'eſpace de quelquesiours à bpire auec conſerue de roſes, & bugloſe, diſſoult dans eau de petite ozeille & chardon beniſt,pour la corroboration du cœur,afin qu'il ne fuſt infecté des vapeurs malignes.Pareillement / luy fut appliqué ſur la region du cœur tel epitheme.2/.aqux roſarum & nenupharis ań. 3.iiij.aceti ſcilli- tici. 3.j. corallorum & ſantallorum alborum & rubrorum,roſarum rubrarum : pulſpodij , afi. 3. j. mith1i- dati,theriacae,añ.3.ij.florumcordialium pulueriſatorum p. ij. croci. 3.j. diſſolue omnia ſimul. fiat epithe- ma,quod ſuperponatur cordi,cum panno coccineoaut ſpongia.Et eſtoit cedit remede renouuellé ſouuent: & vous puis aſſeurer, que dés la premiere fois que nous euſmes fait tels remedes, la douleur & inflamma- D tion,auec autres mauuais accidens,commencerent à diminuer,& depuis fut guarie : reſte, que plus de deux - ans apres,au lieu qu'elle ſouloit eſtre graſſe & en bon poinct , demeura fort maigre & extenuée de tous ſes membres, mais à preſent elle ſe porte bien. Or i'ay bien voulu reciter telle hiſtoire au ieune Chirurgien, afin qu'il tienne en memoire, que les playes faites par picqueures & morſures de beſtes , demandent autre cure que les autres faictes par autres cauſes. Or maintenant il nous faut retourner aux autres diſpoſitions, comme ſi c'eſt vn coup orbe qui ait causé contuſion ſans playe : alors ayant razé tout le poil(ce qu'il faut toufiours faire, afin de cognoiſtre mieux le mal,& que les remedes puiſſent pareillement mieux profiter ) pour le premier appareil on doit vſer de re- Percuſtifs,comme d'oxyrhodinum,ou tel qui s'enſuit,2Z.olei roſati.3. iij. albumina ouorum numero ij. pul- ucris nucis cupreſſi,balauſt.aluminis rochæ,roſarum rubrarum,afi.3.j.incorporentur ſimul, fiat medicamen- tum ad vſum dictum.Ou au lieu d'iceluy,on peut appliquer le cataplaſme fait de farine d'orge, de féues , & d'ox1crat,& huile roſat,cy-deſſus eſcrit,ou autres ſemblables:leſquels remedes ſe doiuent renouueller ſou- ucnt.Et apres que la fluxion & douleurs ſont appaisées,faut appliquer des reſolutifs,afin de reſoudre les hu- meurs defluez à la partie.Exéple.24.emplaſtri de mucilaginibus 3.ii. emplaſtri de meliloto & oxycrocei añ. - 3.j.olei camomillar,&anethiañ.3.f.malaxentur ſimul,& fiat emplaſtrum ad vſum dictû : duquel ſera appli- qué ſur ladite partie.Pareillement en tel cas on peut vſer de fomentation,côme de ceſte-cy.2Z.vini rubri r5. iii, lixiuijcommunis fb.ij.nuces cupreſſi contuſas,numerox.pulueris myrtillorum #. j. roſarum rubrarum, abſinthijs t, : : Des Playes en particulier. 233 C abſinthi,foliorum ſaluiæ,maioranx,ſtœchados,ſſorum camomillæ,meliloti añ.m.ſaluminis rocha, radicis cyperi,calami aromatici an.3.f.bulliant omnia ſimul, & fiat decoctio pro fotu : & d'icelle ſoit fomente le - , de lieu bleſſé auec eſponges,ou feutres. Icelle fomentation reſout & ſeiche le ſang meurtry , comme on peut # º cognoiſtre par ſes ingrediens : & lafaut faire longuement, & apres faut eſſuyer & ſeicher tres-bien la teſte # # - auec linges chauds,& appliquer deſſus encores choſes plus reſolutiues, pour touſiours conſumer & reſou- #. dre,comme le Cerat,eſcrit par de Vigo,appellé Ceratum de minio,lequel a vertu d'amollir & reſoudre, & AE eſttel.2/. olei camomillae, liliorumañ. 3.x. olei maſtichis 3.ij. pinguedinis veruecis fb. j, lithargiri aurei jºie reſout 3. viij.minij #.ij. vini boni cyathum vnum,bulliant omnia ſimul,baculo agitando, in primis lento igne , & plus qu'elle in fine,ignis augmentetur,donecacquirat colorem nigrum, veltendentem ad nigredinem, addendo in fine n'attire. coctura terebenthinœ fb.É. pul.maſtichis 3. ij. gummi elemi 3.j. cerœ quantum ſufficit, & bulliant rurtus Cerarum de vna ebullitione,& fiat emplaſtrum molle. Et ſi par tels moyens on ne peut reſoudre , & qu'on voye y auoir minio. molleſſe & inondation,alors faut ouurir la tumeur le pluſtoſt qu'il ſera poſſible. Car quand la chair eſt en- Les cauſes flammée & pourrie,elſe altere l'os,& le rend purulent,tant à cauſe de l'infiammation, qu'à cauſe auſſi de l'a- de rend - crimonie de la ſanie qui tombedeſſus parquoy faut promptement faire apertion,& mundifier la playe auec * purulent. vntel mundificatif 2L. ſyrupiroſati,& abſinthij,añ.3.j. terebenthinx 3.j.É.pulueris ireos,aloes, maſtichis, myrrhæ,farinz hordei,añ.3.ſº.ou egyptiac meſlé auec apoſtolorum, parties eſgales , ou pur , s'il eſt beſoin pour †º vne grande pourriture : & apres la mundification, faut vſer de remedes incarnatifs , puis C1C2tI1Zat1IS. Cure des accidens qui aduiennent au Crane. CH A P. XV I. MZ R apresauoir parlé des remedes propres 2u cuir muſculeux, ſelon la diuerſité des diſpoſitions U) d'iceluy:maintenant faut declarer ceux du Crane & de la Dure-mere. Doncques ſi l'os eft fra- cturé,& qu'il ſoit beſoin de le trepaner,ou l'eſleuer ou ruginer : apres auoir fait ſection audit cuir muſculeux,faut deprimer le Pericrane de contre le Crane,ainſi qu'auons dit. Ce qui ne ſe 5ººº peut faire ſans grâde douleur pour la ſenſibilité d'iceluy,& la connexion qu'ila aux mébranes du cerueau par les ſutures:& partant faut bien auoir égard à mitiger la douleur, pour éuiter inflammation, & autresaccidens.Doncques apresqu'on aura fait le premier appareil, & eſleué les angles de la playe , au pi eſtif, ſecôd ſera mis vn digeſtif fait de iaune d'œuf & d'huile roſat,auec vn peu de terebenthine,& fur l'os qu'on geſtif, voudra garder ſain,ne faut nullement toucher de choſes humides,enſuiuant Galien, qui dit, qu'on ne doit Gal 6.liu.l nullement vſer aux os deſnuez , de choſes vnctueuſes, mais au contraire de toutes choſes qui deſſeichent § | - | toute humidité ſuperfluë. Dont faut mettre ſur ledit os charpy ſec, ou pouldres cephaliques (leſquelles - deſcrirons cy-apres)& garder qu'il ne ſoit alteré,tant de l'air que des medicatnens humidés, Pareillement | apres qu'on aura trepané,faut auoir grande ſolicitude à bien traiter la Dure-mere. Car quelquefois il iort - | grande quantité de ſang de quelque vaiſſeau, qui pourroit eſtre attaché contre la ſeconde table:ce que i'ay - ". veu fouuent aduenir.Et toutesfois ne le faut ſubit eſtancher, mais le laiſſer fluer ſelon la plenitude, force,& A- - - - - | vertu du malade : car par tel moyen la fiévre & autres accidens font moins grands : ce qui eſt prouué par Hippocrate,qui dit,qu'il eſt neceſſaire laiſſer fluer le ſang aux playes recentes,excepté aux ventres : car par tel moyen elles ſeront moins moleſtes de douleur,inflammation,& d'autres accidens.Et les vieilles(dit-il) Hi,.. liuri | on les doit faire ſouuent ſaigner,à raiſon que par tel moyen on deſcharge la partie des humeurs contenues ## | en icelle. Or donc apres en auoir laiſſéfiuer aſſez, ſera arreſté auec ce remede eſcrit de Galien. 2Z. pul. , G§ " | aloes 3: ij. thur. maſt. añ. 3.j. ſ. albumina ouorum , numero ij. agitentur ſimul cum pilis leporis minutim iiu. 4. de la incifis,fiat medicamentum.Et apres que le flux ſera eſtanché pour ſeder la douleur,ſera appliqué deſſus là- Methode. dite Dure-mere,ſang de pigeon,recentemét tiré de deſſous l'aile:puis de ceſte poudre qui s'enſuit.2/...aloes, Au 6. de la 1, thuris,mirrha,ſanguinis draconis afi.3.j.miſce,fiat puluis ſubtilis.Et pourra-on auſſi faire vne embrocation Meth. 1 d'oxyrhodinum,ou autres repercuſſifs,comme le cataplaſme fait de farine,de vinaigre, & huile roſat,pour addoucir & appaiſer la douleur & euiter inflammation iuſques au quatrieſme iour : puis on pourra ſeure- ment vſerdu Cerat de Vigo, lequel me ſemble eſtre fort propre pour les os du Crane fracturez , pource cerat d, pt. qu'il attire la matiere du profond à la ſuperficie, reſoult & deſeiche moderément :& à cauſe de ſon odeur, gº propre reſióuit l'eſprit animal, robore le cerueau & les membranes. Ce faiſant, appaiſe la douleur, comme on le aux fractu- , pourra cognoiſtre par les ingrediens,qui entrent en ſa compoſition,qui eſt telle. 2.Olei roſati omphacini, res du Cra- reſina pini, gummi elemi afi. 3.ij. maſtich. 3.j. É. pinguedinis arietis 3.ij. É. foliorum bethonicx, matri- * . ſylua,anthos añ. manip.j. ammoniaci 3.f. granorum tinctorum 3.x. liquefiat pinguedo , & trituranda tri- turentur,& liquefac ſimul ammoniacum cum aceto ſcillitico : deinde bulliant omnia ſimul in fb.ij. vini bo- ni,lento igne vſque ad conſumptionem vini , deinde exprimantur : cum expreſſione addantur terebenthinae Venetx 3.iiij. cerx alba quantum ſufficit,fiat cerotum molle : deſquels remcdes ſera vſé ſelon la neceſſité: - ce qui eſt enjoint par Hippocrate,& en la methode de Galien,qui commandent toufiours indications con- Hip. de vut. traires.Pareillement faudra frotter toute la nucque du col,& l'eſpine malade de ce liniment lequel a gran- cap. - D de faculté d'addoucir les nerfs, pour empeſcher le ſpaſme : comme pourras cognoiſtre auſſi par les ingre- Liniment diens qui s'enſuiuent. 2E.rutae,marrubij,roriſmarini,ebulorum,ſaluix,herba paralyſis,añ ſa.ſ.radicis ireos, ººº le cyperi,baccarum lauriañ.3.j.florum chamæmeli,meliloti,hypericonis,añ.m.j piſtentur & macerentur om-ſºſº nia in vino albo per noctem:deinde coquantur in vaſe duplici cum oleo lumbricorum,liliorum, & de tere- '-- » © binthina,axungiæ anſeris & huma.añ. j.ij.vſque ad conſumptionem vini : poſteà colentur , & in Golatura - S | adde terebinthinae Veneta 3.iij.aquae vitæ 3. 6. cerx quantum ſuſficit , fiat linimentum ſecundàm artem: •- l , mais la douleur eſtant appaiſée faut deſiſter de toutes choſes vnctueuſes, de peur qu'elles ne rendent la playe ſordide & maligne,& que les parties proches ne ſe pourriſſent,& par conſequent la Dure-mere , & l'os : pource que les parties ne ſeroient gardées par leurs ſemblables , ce qui ſe doit faire par remedes de- " " ſiccatifs. Parquoy ne faut aux playes & fractures de la teſte vſer de remedes oleagineux, humides & luppu- - •1 ratifs:ſi ce n'eſt pour mitiger la douleur,& fuppurer en cas de neceſſite:(car comme dit Galien)il faut ſaiſ- Gai. ... 4. . ſer ſouuentesfois la propre cure,pour ſubuenir aux accidens. Dauantage Hippocrate ne veut qu aux fractu- ae la Aie .. <º res du Crane y ſoit faite fomentation de vin,ou bien peu & ce bien peu encores,comme interprete vidas Hip -- vº ... • •^ Vidius,ſi ce n'eſt quand on craint inflammation:pource que la fomentation de vin a faculté de reprimer,re- cap - :° . froidir,& ſeicher ſupplé que ledit vin ſoit noir & rude.)Et combien que leditvin ait faculté & vertu deſic- - -- N catiue,toutesfois actuellement humecte. Ce qui eſt grandement contraire aux playes de la teſte , & princi- # _ palement ſi l'os eſt deſcouuert: en ſorte qu'il y auroit danger,par la refrigeration , qu'il feroit au cerueau, W qu'il ne ſuruinſt ſpaſme,ou autre mauuais accident. Et partant ne faut vſer de choſes froides & humides,ſi | 1 ce n'eſt,comme auons dit,pour reprimer l'inflammation , & appaiſer la douleur, cauſée par ladite inflam- mation : mais ſeront appliquez ſur les os deſnuez,pouldres catagmatiques, & cephaligues , ainſi appellées » - V 3 des 234 Le dixieſme Liure, Poudre ca des anciens Grecs,parce qu'elles ſont propres aux fractures des os de la teſte & autres à cauſe que parleur A ,ah.c, ceph. ſiccité,conſomment l'humeur ſuperfiu,& en ce faiſant, aydent à Nature à ſeparer leſdits os, & engendrer La vertu des poudres ce- phaliques. Hipp. de "vuln. cap, Poudre pro- pre pour la JDure - mere. Hip.au liure des playes de la teſte. Galien.en ſon liu. de la maniere de » bander. Tout ce qu'on applique ſur la teſte doit eſtre leger cr mol. r ſ7) : 7-' |5 #7 . , 2•e • -"4 tif propre à a Dnre- /7ye'Pé . ar\ c•--^ -»- »a^'e» Paul.AEgi. liu.6.ch.9o. l4º-^s°> t4-p- (e kev- -- 7-» %- Q > - chair defſus. Et ſont leſdites poudres telles.Thus,radix ireos Plorentia , farina hordei, & erui , pulu, aloès hepaticæ,ſanguis draconis,maſt.myrrha,radix ariſtolochiz,gentianx, erucr, & generalement tous ſimples qui ſont deſiccatifs,abſterſifs ſans eroſion:leſquels ſeront appliquez apres que la douleur, inflammation & apoſteme ſeront paſſez mais alors qu'on voudra mundifier les membranes,& faire ſeparer,incarner,& cou- urir les os,en conuient vſer en les diuerſifiant felon la temperature, & habitude du corps, & des accidens qui ſeront trouuez auſdites fractures,ayant en confideration,que l'os porte plus forts remedes,& veutauſſi plus eſtre deſſeiché que le Pericrane,& Dure-mere,d'autant qu'il eſt plus ſec,& non ſenſible.Et pour ceſte raiſon,lors qu'on appliquera leſdites poudres cephaliques aux membranes,ſeront meſlées auec miel, ou ſy- rop rolat,ou d'abſinthe,ou leurs ſemblables,afin de les rendre moins deſiccatiues & acres. Des accidens qui aduiennent à la Dure-mere. C H A P. XV II. y I par fortune la Dure-mere eſt incisée ou eſcorchée, pour l'agglutiner, Hipp. commande y # appliquer ſuccum nepetar,meſlé auec farine d'orge.En lieu d'iceluy remede,on peut vſer de 4 ceſte poudre,qui a pareille faculté. %. colophonix 3 iij myrrhaloes,maſt. ſang.dra.añ.3.j. croci,ſarc.añ.3.6.miſ & fiat pul.fubtilis. Et pour expurger le ſang & la ſanie qui eſt, ou peut Eſtre,entre le crane & la Dure-mere, faut mettre vne tente de linge delié en quatre ou cinq doubles,trempé en ſyrop roſat & d'abſinthe:auec vn peu d'eau de vie,entre le Crane & la Dure-mere, afin d'abaiſſer la Dure-mere de peur qu'elle ne touche au Crane,pour donner iſſue au ſang & à la ſanie,qui peu- uent eſtre tombez entre l'os & ladite Dure-mere:& auſſi pour deffendre, que par la pulſation du cerueau, la Dure mere ne frappe contre les bords du circuit de l'aſperité de l'os qu'aura coupé la trepane.Et à cha- qu'vne fois que le patient ſera habillé,on mettra vne autre tente ſemblable,iuſqu'à ce que la mondification ſoit faite. Meſme le Chirurgien , chacune fois qu'il habillera le patient,comprimera la Dure-mere auec vn tel Inſtrument:& luy faut faire clorre le nez & la bouche,& qu'il ſouffle & expire, afin que par tel moyen il expurge la ſanie, qui eſt entre l'os & la Dure-mere.Ledit inſtrument duquel ſera comprimée ladite Dure- mere, doit eſtre rond , large , poly, & vny en ſon extremité, comme ceſtuy cy. - Inſtrument propre pour preſſer & baiſſer la Dure-mere en bas,afin de donner iſſuë à la ſanie . Et par deſſus la ſuſdicte pouldre,ſoit miſe ſur la Dure mere vne eſponge trempée & eſprein- te en vne decoction,laquelle ait faculté deſiccatiue,roboratiue , faite de choſes aromatiques, propres à la teſte,comme il s'enſuit. 2Z. foliorum ſaluix,maioranx,betonicar,roſarum rubra- rum,abſinthij & myrtillorum,florum chamxm.meliloti,& ſtœchados vtriuſque afi.m.ß.radicis cyperi,calami aromatici,ireos , caryophyllatz angelicx añ. 3. É. bulliant omnia ſecundum ar- tem,cum aqua fabrorum, & vino rubro : fiat decoctio ad vſum dictum. Et en lieu d'icelle on pourra vſer de vin clairet, auec portion d'eau de vie:afin que ladite eſponge attire & ſeiche la ſanie,& autres humiditez. Icelle eſponge ſera plus propre qu'vn linge ou autre choſe, pource chalciteos liquefié auec vinaigre , ou vin , & huile roſat, afin qu'iceluy emplaſtre ſoit rendu moins chaud,& plus mol.Car(comme dit Hippocrate)on ne doit mettre aucune choſe dure,& fort peſante ſur les playes de la teſte,ny faire ligature fort ſerrée, de peur d'induire douleur & inflammation : ce qui eſt auſſi recité par Galien, qu'vn Apothicaire auoit bandé & lié ſi fort la teſte à quelqu'vn,qui auoit douleur cauſée d'inflammation , qu'il fut cauſe de luy faire ſortir les yeux hors la teſte, à raiſon que telle ligature comprimoit les ſutures, en ſorte que les va- peurs fuligineuſes qui s'exhalent tant par leſdites ſutures, que par les poroſitez du Crane » ne ſe pouuoient exhaler par icelles : & auſſi que par telle compreſſion, les arteres ne pouuoient auoir leur mouuement pulſatif. Pour ces cauſes, la douleur & inflammation fut ſi grandement augmentée,que les yeux luy creuerent,& ſortirent hors la teſte. Par ainſi, à bon droit Hipp. deffend de couurir & lier par trop les playes de la teſte.En quoy tu retiendras en memoire,que les emplaſtres que tu appliqueras ſur la teſte,feront de conſiſtance molle:& les compreſſes pa- reillement ſeront faites de linge mol & ſubtil, ou de cotton , ou de laine,ou d'eſtouppes, & ſera la teſte (comme auons dit)peu ſerrée & preſſée.Et apres que le malade aura eſté habillé,ſi la playe iette beaucoup, la faudra faire ſituer ſur la playe s'il eſt poſſible,& qu'il eſtouppe parfois le nez & la bouche, & qu'il expi- re pour faire eſleuer & enfler le cerueau,afin que par tel moyen la ſanie contenue au dedans, ſoit expellée, de peur qu'elle n'acquiere acrimonie,& autre mauuaiſe qualité.Autrement il faudra gratifier le malade,de ſe tenir & ſituer en la façon qui luy ſera plus aiſée, & qui luy viendra mieux à plaiſir. On pourra mettre auſſi entre le crane & la Dure-mere,huile de terebenthine,& vn peu d'eau de vie auec aloes & ſaffran ſub- tilement pulueriſé,pour mondifier & deſſeicher la ſanie.Autre pour meſme effect. 2/. mell.roſ.3.ij.far.hor. pul, aloe maſt. & ireos Floren.an.3.6. aqua vitæ parum:incorporentur ſimul, fiat mundificatiuum ad vſum dictum.tbr quelquesfois ſe fait inflammation apres la trepanation à la Dure-mere, laquelle ſe leue & ſort grandement par le trou qu'on aura trepané au deſſus du Crane , dont pluſieurs mauuais accidens s'enſui- uent:mais poïr o † faire plus grande ouuerture au Crane, auec nos tenailles capitalles inciſiues, afin de donner plus grande tranſpiration & éuacuation aux matieres contenues ſous le Crane : & alors ſera reiterée la ſaignée ou purgation:enſemble conuient ordonner vne diete tenue au patient, & tout par le conſeil du docte Medecin:& appliquer remedes contrarians à l'inflammation:qui ſe fera auec fomen- tation d'vne decoction faite d'eau,en laquelle on fera boiiillir ſeminis lini,altheae, fœnugrxci,pſillij, roſa- rum rubrarum,añ.3.J. ſolani,plantaginis añ. m.j. ou autres remedes propres à tels accidens & inſtiller re- medes anodyns & tepercuſſifs dans les oreilles:& ſi elle eſt grandement eſleuée,pour la baiſſer & reſſerrer on y doit appliquer de la farine de lentille,ou fueilles de vigne broyées auecgraiſſe d'oye , ou autres ſen- blables remedes. Et ſi on void qu'icelle tumeur ne ſe reſolue,& que l'on euſt ſoupçon qu'il y euſt de la boue au deſſous,alors on doit faire inciſion à la Dure-mere auec vne lancette,ou auec vne biſtorie, tournant ſa poincte vers le Ciel,de peur de toucher la ſubſtance du cerueau:& par tel moyen on donnera iſſue à ladite boué.Ce que i'ay fait,& autres Chirurgiens, dont aucuns ſont rechappez, autres ſont morts. Mais il vaut mieux tenter vn remedé grand & extreme, ayant encores quelque eſperance, que de laiſſer mourir le pa- tient ſans eſſayeraucune choſe. rourquey que d'elle-meſme elle attire la ſanie,& auſſi qu'elle obeit par ſa molleſſe,à la pulſation du cer- ueau. Et par deſſus toute la playe & parties proches , ſera appliqué vn emplaſtre fait de Dia- 1A : ' . - · Des Play es en particulier. 2 3 5 . " · vois rar ce portraict. ". - Pourquoy c'eſt que la Dure-mereſe noircit. . CH A r. XVIII. L aduient auſſi que la Dure-mere eſt noire par la contuſion & vehemence du coup, & ſangreſ- # pandu & coagulé deſſus ou par alteration d'air froid,ou par application des remedes non propres a ſa ſubſtance,& temperament, ou par putrefaction. Parquoy il faut bien que le Chirurgien ayt ,) égard à corriger tels vices. Donc pour oſter la noirceur faite par contuſion , il faut appliquer oleum de vitellis ouorum , auecvn peu d'eau de vie & ſaffran, & racine d'ireos de Florence ſubtilement : . puluerissc.Auſſi faut faire fomentations de choſes reſolutiues,& aromatiques, leſquelles ſeront boüillies Fºmentatiºt en eau & en vin. Pareillement ſera appliqué le Cerat de vigo que nous auons eſcrit par cy-deuant. Et ſi º, c'eſt par ſang congelé & eſpandu deſſus la Dure-mere, ſera oſté auec tel remede. 2Z. aqux vitæ 3. ij. gran. é aromati- · ſiniſſ.ſubtiliter trituratæ 3.ij.ſº.croci 9 j.mellis roſati 3.j.f.ſarcocolla 3.iij. bulliant omnia ſimul parum, & ques. colentur:& ſoit appliqué deſſus,iuſqu'à ce que la noirceur ſoit oſtée. Et fi c'eſt par l'alteration de l'air, ſera appliqué tel remede 2L. terebenthinœ Venetx 3. iij. mellis roſati 3.ij. vitellum vnius oui , farina hordei 3. iij.croci ſcrupulum j. ſarcocolla 3ij.aquæ vitæ 3. iij. incorporentut ſimul, & bulliant paululum : & en ſoit appliqué ſur la Dure-mere,iuſqu'à ce que la noirceur & ſa temperature ſoit rectifiée.Si c'eſt par appli- cation de remedes induement appliquez, il y faut mettre d'autres contrarians. Comme ſi la noirceur vient par indue application de choſes trop humides ſeront appliquez remedes deſiccatifs, comme ſont les poul- dres catamagtiques & cephaliques. Si c'eſt par remedes acres,ſoyent appliquez remedes doux & familiers, or ſi la noirceur vient a putrefaction,Vigo loué tel remede.2/.. aquæ vitæ 3.ij. mellis roſati 3. É. Et ſi par tel moyen la putrefaction ne peut eſtre oſtée,ſera appliqué remede plus fort, comme ceſtuy, 2ſ. aqux vitæ 3. iij. mellis roſati 3.j. pulueris mercurij 3.ij. & vnica ebullitione ad inuicem bulliant , miſce ad vſum di- ctum. Autre. %, aquæ vitæ 3j.ſ. ſyrupiabſinthij,& mellis roſatiañ. 3.ij. vnguenti Akgyptiaci 3.ij.É.ſarco- colla,mirrhx,aloesañ.5.j.vini albi boni & odoriferi 3.j. bulliant omnia ſimul parum : deinde colenturad : , . vſum dictum. Outre plus ſi la putrefaction eſtoit ſi grande qu'elle ne peuſt eſtre oſtée par les remedes que , Âftypriºr nous auons ja dit,ſera appliqué egyptiac pur,fait en eau de plantin en lieu de vinaigre,ou pouldre de mer- ?" ººº cure toute ſeule,ou meſlée auec vn peu d'alum. Et ne faut craindre appliquer tels remedes ſur la Dure me- putrefaction. re,lors qu'elle eſt putrefiée:à cauſe qu'aux grandes maladies il faut vſer de forts remedes. Ioint que com- me monſtre Galien à la fin du 6 de la Methode, la Dure-mere peut de ſa nature porter tels medicamens, fort deſſeichant pour deux raiſons : la premiere, que les corps ſecs & durs, quels ſont les membranes, ne ſont alterez que par medicamens forts. L'autre, que le principal ſoin du Medecin doit touſiours eſtre de garder la temperature de la partie par medicamens de ſemblable qualité Que ſi le conduit de l'ouye, no- - nobſtant qu'il penetre & touche iuſques à la Dure-mere,& reçoiue le nerf qui luy vient du cerueau, porte . & requiert medicamens de telle qualité : à plus forte raiſon les pourra porter, la Dure-mere. Et ſi partels Hip Apk. moyens la putrefaction ne ceſſe, & que la tumeur fuſt fi grande que la Dure-mere ſortiſt hors du Crane, 6 liure # ſans aucunement ſe mouuoir, & qu'elle fuſt noire & aride,& les yeux du patient rouges & enflammez,ſor- -•/8 C– tans comme hors de la teſte,ſa veuë non aſſeurée, auec inquietude & phreneſie , ſi tels accidens ne ceſſent qº A• bien toſt , fay prognoſtique que le patient en brefmourra, pource que la Dure-mere eſt gangrenée, & la t ZºA chaleur naturelle eſteinte.Au contraite,ſila Dure-mere a ſa chaleur naturelle,& qu'elle ayt ſonmouuement 4. ,-p• aſſez libre la playe non aride,& la tanie loüable,& que le patient ſoit peu febricitant,ayes bon eſpoir qu'il q -- & }v»º- C guarira : ce qu'auons dit par cy-deuant. - •.Yv-» 4-º «º . . - - -r…y-2 Pourquoy on trepane aux fractures du crane » C H A P. X 1 X. - A" R à preſent conuient au ieune Chirurgien ſçauoir la raiſon pourquov on trepane les fractures , .. *- | des os de la teſte,& non des autres parties de noſtre corps : ce qui ſe fait pour quatre cauſes. ºº La premiere,pour eſleuer les os,& oſter les eſclats,fragmens & eſquilles fracturées, qui com- † ()i t r&- priment ou picquent les membranes, & quelquesfois la ſubſtance du cerueau. Secondement, pane. * afin qu'on puiſſe vacuer, deterger & ſeicher le ſang,ou la ſanie,qui ſont ja tombez par la fia- cture, pour la ruption des vaiſſeaux, ſemez entre les deux tables ( dit Diploé)ou de ceux qui attachent la Dure-mere auec le Crane,qui pourroit pourrir l'os,& les membranes , & mefme le cerueau. Tiercement, pour appliquer remedes conuenables à la playe & fracture,ſelon qu'il eſt neceſtaire.Quartement pour ſup- pléer à la ligature repercuſſiue & defenſiue fluxion & inflammation, laquelle ſi elle pouuoit y eſtre accom- modée,comme és autres membres expelleroit & prohiberoit les ſuperfluitez du lieu affecté. Or pourquoy les ligatures qui ſont propres aux fractures des autres parties de noſtre corps ne ſont vtiles & commodes à celles du Crane, c'eſt à cauſe que la figure de la teſte eſt ronde , laquelle ne ſe peut bien commodément ſerrer & lier, tant pour tenir les os fracturez en leur lieu naturel, que pour exprimer & renuoyer le ſang loing de la partie vulnerée & fracturée, & auſſi pour empeſcher qu'il ne fe face nouuelle fluxion, ce qu'il . eſt impoſſible de faire à la teſte,tant à cauſe de ſa figure, qui ne peut permertre telle ligature , qºc pource que les vaiſſeaux,à ſçauoir veines & arteres,qui ſont au deſſous du Crane , ne peuuent eſtre ſerrées , Pour exprimcr & renuoyer le ſang,ains ſeulement les exterieures,ce qui cauſeroit douleur & inflammâtion:d'au-. tant que telle ligature empeſcheroit par ſa compreſſion le mouuement des arteres : pareillement arreſteroit l'éuacuation des excremens fuligineux,quis'euaporent par les commiſſures du teſt,à cauſe qu'elles feroient trop terrees : pareillement renuoyèroit le ſang du lieu bleſſé aux membranes & au cerueau ( comme nous auons predit)& ſeroit-on cauſe d'induire douleur,chaleur,fiévre,apoſteme,apoplexie,ſpaſme,paralyſie,& . - par conſequent la mort. Et partant pour éuiter tels accidens,nous conuient faire ouuerture au rane, lors º fºº* qu'il eſt fracturé ou contus, ce qu'il n'eſt beſoin aux autres parties. Et auparauant que l'on applique la tre- du patient pane,faut bien ſituer le patient,& luy mettre ſous la teſte quelque drap plié en pluſieurs doubles, & preſſer ºº " fur le cheuet ou trauerſin à fin que lors qu'on fera l'operation , que la teſte du patient n'enfonce en la plu-'º" me,mais qu'elle ſoit ſtable, ſans qu'elle tourne d'vn coſté ne d'autre, ny qu'elle enfonce, ſi ce n'eſt par le commande ment du Chirurgien qui trepane Auec cela, luy faut bien eſtoupper les oreilles de cotton : à fin d'obtondre le bruit de la Trepane,ou autres inſtrumens capitaux. Et auparauant que d'appliquer la Trepa- ne,on doit commencer à percer l'os auec vn inſtrument, lequel aura ſa poincte de figure triangulaire , afin qu'il entre mieux & plus ſubit,& n'aura ſa poincte non plus groſſe que le clou de la Trepane , a fin qu'elle ne vacille de coſté ny d'autre. I.a figure eſt preſque ſemblable à vn Foret , horſ mis la poincte , comme tu V a Fo,ci é *30 Le dixieſme Liure, Foretpourcommencer à ouuir le Crane- . Definition des Trepanes. Trepaner , ſ'eſt à dire Percer qui eſt lors qu'on emporte vme Piere du mi. lieu de l'os. - v - Hip.de val. - rº .. e-º kº -\ #. - •-• • • " Nºe • • " - | \• x *^ •- Nytt . "S -- • -- . '. - - ", • • • • • , *: \ ·. , N. - Grande ax- notation pour le ieune Chirurgien • t • $ A Te monſtre le manche. - B B Les poinctes qui s'inſerent dans le manche par vneviz. Deſcription des Trepanes. CH A P. XX. # R E P A N E s ſont ſcies rondes, qui coupent l'os circulairement plus ou moins, ſelon qu'el- les peuuent eſtre grandes ou petites : leſquelles doiuent auoir vn clou aigu : ou poincte au # milieu de leur circuit, & qui paſſe vn petit outre les dents de la Trepane : à fin qu'en trepa- f. nant ſoit ſtable, & ne vacille de coſté ou d'autre, iuſques à ce qu'elles ayent fait leur circuit, & coupé pour le moins la premiere table, ou enuiron. Adonc faut oſter ledit clou, de peur qu'il ne touche ( l'os eſtant coupé ) la Dure-mere. Puis s'il eſt beſoin, ſoit continuée la perforation en- tiere des deux tables. Dauantage faut qu'autour de la trepane y ait vn chaperon, à fin qu'elle ne puiſſe paſſer & couper l'os plus qu'on ne voudra ; de peur auſſi qu'en trepanant, on ne l'enfonce ſur la Dure-me- re. Pareillement on doit vn peu huiler ladite trepane,à celle fin qu'elle coule mieux & plus doucement. Ce qui eſt cogneu par les artiſans qui frottent leurs ſcies de choſes oleagineuſes, à celle fin qu'elles en- trent mieux. Semblablement faut ſouuent en trepanant leuer la trepane, & la tremper en eau froide,à cel- le fin qu'elle n'eſchauffe trop l'os : car toutes choſes ſolides quitournent auecvehemence, s'efchauffent & Par ainſi la trepane tournant en l'os s'eſchauffe, & l'os ſemblablement auſſi s'eſchauffe & deſſeiche, & par conſequent s'altere : dont s'en pourroit ſeparer dauantage apres la trepanation. Et icy ne faut ignorer,que toufiours Nature iettevne exfoliation d'os, où la trepane aura fait fon circuit & aura touché, & auſſi vne Petite eſcaille de la fuperficie qui aura eſté deſcouuerte, & que l'air aura touché Et pour ayder à Nature faire ladite exfoliation, on appliquera deſſus pouldre d'eruca, autrement ditte roquette , bryonia, cou- combre ſauuage,ariſtolochia,& autres qui ſeront declarées cy-apres. Ê, lors qu'elles ſeront ſeparées, l'on appliquera † pouldre,laquelle a faculté d'augmenter la chair ſur Fbs & l'endurcir. 2Z. pulueris ireos Il- lyrica , aloes , manna , thuris, myrrha , ariſtolochix , añ 5. j. Puis apres la generation de chair , ſoit faite cicatrice, auec poudres d'eſcorce de grenades bruſlées,& alum cuit.Et ne doit le Chirurgien en tirer leſdites eſcailles & os par violence : mais § attendre que Nature ayt baſty vne chair deſſous, & qu'elle iette l'os de ſoy-meſme: ou autrement ſe feroit nouuelle alteration,& corruption dudit os. Ce qui ſera cy- apres plus amplement declaré aux caries des os.Celuy qui trepane doit confiderer que la figure de la teſte eſt ronde, pareillement ſa trepane,& par ainſi ne peut couper l'os également comme ſi c'eſtoit ſur vn lieu plat. Auſſi que l'os n'eſt pas tout d'vne meſme eſpeſſeur & partant faut qu'il regarde ſouuents'il coupe l'os plus d'vn coſté que d'autre, qu'il ſe fera en prenant garde ſouuent au cuir qu'aura fait ſa Trepane,auec vne eſpingle ou choſe ſemblable.Et où il ſera trouué eſtre coupé plus d'vn coſte que dautre, faut decliner & preſſer la trepane ſur celuy qui ſera moins coupé & plus eſpais. Cr quand à la trepane, pluſieurs en ont in- noué a leur plaiſir : de ſorte que maintenant on en trouue de pluſieurs & diuerſes façons ; mais ie te puis bien aſſeurer que ceſte-cy, qui eſt par moy inuentée,eſt plus ſeure que nulle autre (au moins que i'ayeco- neu ( pource qu'elle ne peut aucunement enfoncer dedans le Crane,& par conſequent bleſſer les membra- nes & le cerueau, à raiſon d'vne piece de fer appellée Chapperon,lequel ſe hauſſe & baiſſe du tout à tavo-. lonté , & garde que le Trepan ne penetre & paſſe outre ce que ſeulement tu pretens couper de l'os lequel (comme nous auons dit) n'eſt d'vne meſme groſſeur,eſpeſſeur & dureté : & parainſi nulleTrepane ne peut eſtre faite de certaine hauteur ou petiteſſe ſans iceluy Chapperon, lequel ſe hauſſant & baiſſant, fait telar- reſt à la dite Trepane qu'il te plaiſt, voire & fuft de l'eſpeſſeur d'vne ligne. Et le danger de penetrer ſon Trepan aux membranes & au cerueau, n'emporte ſeulement que la vie du patient : ce que i'ay veu aduenir C Pluſieurs fois , non ſeulement par la faute des ieunes Chirurgiens , mais auſſi de ceux qui pluſieurs fois D ºuoicnttrepané. Auiourdhuy i'eſpere que ieunes & viels , voire apprentifs , pourroient treſpaner ſans ºaºger auec ceſdites Trepanes, deſquelles tu as icy le pourtraict. Figure_º , | Des Playes en particulier 237 . ! LAutre ºc - t-Autre Trepane montée- A Figure de la Trepane démontée .. Figure de la Trepanemontée_2 | A Monſtre le manche entier de la Trepane. B Le chaperon. C La Virolle. DD Les Viz qui tiennent la Trepane & Virolle. E La Trepane fans la pointe. F La Trepane auec ſa pointe. A Le Manche & la Trepane montée. B Le lieu où ſe met la Trepane. C C C L'extremité de la Trepane qui s'inſere dedans le Manche. D La Trepane auec ſon Capichon. E La Virolle F La Viz qui ſerre la Trepane dans le manche, G L'autre Viz qui ſerre la Virolle contre le trepânº - H la pointe triangulaire. C c ſc | A Le 2 3 8 , Le dixieſme Liure, DD Le Chaperon qui prohibe & garde que la Trepane ne paſſe outre la volonté de celuy qui trepane. E La Virolle qui ſe hauſſe de telle hauteur qu'il eſt neceſſaire que le Chaperon donne entrée à la Trepane. F Vne autre Viz qui tient ferme ladite Virolle. G La pointe triangulaire , laquelle doit vn peu paſſer outre les dents de la Trepane, afin qu'elle puiſſe eſtre tenue ſtable , ne vacillant de coſté ne d'autre : & doit eſtre paſsée droitement au milieu de la Trepane & en ſa partie ſuperieure doit eſtre en viz, comme tu vois en ceſte figure, afin qu'on inſere autour d'icelle ceſte petite virolle, marquée par H, pour l'extraire lors qu'on aura trepané iuſques au Diploé. Or toutes les pieces de ladite Trepane te ſont en l'vne de ces figures posées en leur propre lieu, & par ainſi font la Trepane complette. Et où l'os eſtant coupé ne ſeroit eſleué auec la preſente Trepane, le ſera auec cet inſtrument nommé Tire-fons, duquel poſeras la pointe au trou qu'aura fait le clou de la Trepane : les branches duquel peuuent auſſi ſeruir d'eleuatoires. Tire-fons à trois branches. Il fut ap- Apres auoir eſleué auec la Trepane ceſte piece ronde de planir les l'os, s'il y a quelques aſperitez du reſte en la ſeconde ta- bords de la ble, qui pourroient bleſſer la Dure-mere,lors qu'elle fait #º ſon mouuement,il les faut couper, & applanirauec vn in- fé/4X: ſtrument nommé Lenticulaire : de peur qu'en applaniſſant - les aſperitez, on ne bleſſe la Dure-mere auec vn inſtru- ment Lenticulaire : ainſi nommé parce qu'en ſon extremi- té il reſſemble à pois de lentille mouſſe & poly. - 1 Maillet de Et où ledit Lenticulaire ne plomb , &r peut couper l'os qui pourroit ton vſage. eſtre trop eſpais, on vfera de cizeaux, fappant deſſus auec maillet,lequel ſera de plomb, de peur d'eſtonner le cerueau que le moins qu'il ſera poſſible. Et ſeront oſtées les eſquilles & petits fragmens auec petites pincettes. Bt quand le lieu où ſera la fracture , ne permet faire ſection pour deſcouurir l'os, à fin d'appliquer la trepane comme lors que la fracture eſt pres du muſcle temporal , ou pres des commiſſures : lors au lieu d'vne, en faut appliquer deux ou trois(s'il eſt beſoin ) bien petites , & plus pres l'vne de l'autre qu'il ſera poſſible:de It ne faut façon que le circuit de la ſeconde ou tierce, prendra ſur le circuit de l'autre. Et ſi la fracture eſt ſur vne trepaner ſur commiſſure , ne faut appliquer ſur icelle la trepane (comme nous auons dit ) mais ſera apliquée de deux les ſutures. coſtez d'icelle, en laiſſant la commiſſure entiere, de peur de couper & dilacerer les fibres nerueux, veines & arteres, par leſquelles la Dure-mere eſt ſuſpendue au Crane.Pareillement ſi l'on ne faiſoit appertion que d'vn coſté de la commiſſure, le ſang & autres matieres ne pourriont entierement eſtre euacuées, à rai- ſon que la Dure-mere eſt entre deux. Or au lieu de trepaner,on peut vſer aux cas ſuſdits(pourueu que l'os ſoit ſuffiſamment deſcouuert) de cet inſtrument qui eſt en maniere de compas, lequel ſe dilate & ſerre ainſi qu'on veut, par le moyen d'vne viz. Auſſi on pourra changer les poinctes d'iceluy ſelon la neceſſité,leſ- quelles ſeront tenues fermes Par vne viz. A C D Des Playes en particulier. 239 D Compar pour couperl'os du Crane_ . A Le Pied du compas qui coupe l'os. B La Petite Viz qui tient la pointe. C Deux pointes differentes, leſquelle ſe peuuent inſerer dans le pied du compas marqué A. ainſi que l'affaire le requiert. D La grande Viz qui tient vne piece de fer, mar- quée par E , par laquelle le Compas ſe dilate & & ſerre comme il eſt beſoin. Or il eſt neceſſaire qu'vne iambe du compas ſoit ap- puyée fermement pour couper de l'autre jambe. Au moyen dequoy t'eſt neceſſaire auoir vne piece de fer troüée de petits trous, dans leſquels ſera le pied du Compas appuyé , de peur qu'il ne vacille çà ou là, ou- tre la volonté du Chirurgien. Pareillement faut qu'i- celle piece de fer , ſoit courbée, afin qu'elle puiſſe eſtre aPpliquée en toutes les parties de la teſte, confiderant la figure ronde d'icelle. - Q> o C> o o o O o o o ° , e ° ° ° ° ° ° ° gs$ o ° § ° ° ° ° ° ° ° ° , o ° o ° ° 0 O O Q 0 r, º ° Q 0 O ºs#== S== sll o º * 0 Le2 " Autre Compas pour meſme vſage, lequel ſe dilate & ſerre par le moyen d'vne vie, ainſi que tupeux voirpar ceſte figure » Ayant leué la piece de l'os, on mettra ſur la Dure-mere du charpi ratiſsé, lequel boira le ſang & autres humiditez : & le lendemain on y mettra vn digeſtif fait d'huileroſat, jaune d'œuf, & vn peu de terebenthine de Veniſe. Pluſieurs practiciens y appliquent huile roſat ſeule, ce que le n'appreuue, II121S pluſtoſt CCS TC- medes qui s'enſuiuent.2.mellis rolati 3.ij.olei de vitellis ouorum 3.j. coquantur ſimul ad vſum. Autre. 2c.mellis roſati 3.j. terebentinx Venetx 3.6. olei roſati 3.j.incorporentur ſimul ad vſum Le quatrieſme iour paſsé, on deſiſterad'appliquer auſdits remedes des huiles, mais bien le miel rolat, & huile de tereben- thine, miſes en egale portion , y adiouſtant poudre de maſtic , aloes laué,iris, & vn peu d eau de vie.Ce medicament doit eſtre appliqué chaud : il mondifie, & eſt propre aux membranes du cerueau, & aux fra- ctures du Crane, & au cuir muſculeux qui le couure. Par deſſus toute la playe, & parties voiſines, on met- tra vn cataplaſme fait de farine d'orge, & de féves cuittes en oxymel & huile roſatou bien l on pourravſer de l'emplaſtre diachalciteos liquefié en huile roſat & vinaigre:ou l'emplaſtre de betonica,ou du gratia Dei, fondus en huile roſat. Dauantage, on frottera le col d'huile roſat, & de lumbriques , & ſuyura-on la cure comme ie dirav cy-apres. mme 1e diray cy-ap Def 24o Le diXie1me Liure, : - -"- Des lieux eſquels on ne doit appliquer Trepanes. G§ A p. X X I. R apres auoir deſcrit les Trepanes & autres inſtruments capitaux,faut maintenant declarer les } lieux ou endroits, eſquels nullement ne faut appliquerTrepanes. Et premierement ſur l'os , fracturé & ſeparé du tout , ou ſur la plus grande part ſeparée d'iceluy qui demeure entier, c'eſt à ſçauoir, qui n'eſt fracturé , de peur qu'en preſſant deſſus, on ne l'enfonçaſt ſur les $-3$ membranes. Secondement ſur les ſutures. Tiercement ſur les ſourcils , pour les raiſons ſuſ- I . dites, auſquelles il faut adiouſter vn poinct bien notable : ſcauoir qu'en cét endroit y a vne grande cauité pleine d'vne humidité blanche & glueuſe > & enſemble de l'air, ordonnée de nature pour preparer l'air 2 » qui monte au cerueau : autrement le Chirurgien pourroit s'abuſer, cuidant la ſuſdite cauité cſtre vne en- 3• fonceure d'os qui requiſt le trepan. Quartement aux parties inferieures de la teſte, s'il eſt poſſible, de peur que la ſubſtance du cerueau ne ſorte dehors par l'ouuerture faite en l'os pour ſa peſanteur. Quintemét ſur les os bregmatis ou fontenelles des petits enfans , leſquels ne ſont encores aſſez ſolides pour ſouſte- nir la trepane. Sextement ſur les temples, à raiſon du muſcle temporal , pour obuier à l'accident que deſcrit Hippocrate,que fi on fait ſection au muſcle dextre de la temple,il ſuruiendra ſpaſme de l'autre coſté: 6. & ſi on la fait au ſeneſtre,le ſemblable accident aduiendra. La raiſon eſt,que le muſcle incisé entrauers perd Hier d, ſon action qui eſtoit mouuoir & amener la mandibule inferieure vers la ſuperieure Et lors ſon compagnon vuln. capit. oppoſite eſtant en ſon entier & perfection(qui eſt tirer vers ſon principe ) tire à ſoy ladite mandibule infe- rieure : & celuy qui ſera incisé, n'a nulle contrarieté à ſon compagnon : partant la partie ſaine attirera vers elle la maladie : & par ainſi la bouche & autres parties de la face demeureront tortues , principalement plus du coſté non incisé, que l'autre ; parce que toutes & quantes-fois qu'il y a comme vn contrePoids des nerfs & muſcles eſtans en partie incisée , oppoſites, égaux en nombre, magnitude & force,la reſolution & paralyſie d'vne partie , cauſe & fait conuulſion en l'autre partie pareille, comme vn contrepois, ainſi que l'on void en vne balance,le plus peſant emporter le plus leger.Or il n'y aura ſeulement ce danger,mais enco- res vn autre plus, pource que ledit muſcle ſe meut en malchant, & en parlant : & partant difficilement eſt conſolidé, & auſſi que ſous iceluy eſt la commiſſure petreuſe.Pareillement qu'en fa ſubſtance ſont pluſieurs veines, arteres & nerfs, au moyen dequoy ſouuent beaucoup d'accidents aduiennent, comme douleur, in- flammation, fiéure,ſpaſme,non ſeulement en particulier,mais auſſi vniuerſel,& par conſequent la mort.Par- quoy nul ne ſera ſi temeraire de couper leſdits muſcles des temples , pour faire trepanation pour la fra- cture, qui pourroit eſtre en tel endroit : mais pluſtoſt ſera faite apertion au deſſus , eù a coſté, & le plus prés de la fracture que l'on pourra. Ce que feis à vn Gentilhomme nommé Monſieur de la Breteſche, le- quel à l'entrée du feu Roy Henry , fut bleſſé d'vn coup de pierre ſur le Pont noſtre Dame, en ceſte ville de Hiſtoire de paris , laquelle luy fractura l'os petreux, auec grande contuſion du mnfcle temporal , ſans playe. Dont #º ie fus le lendemain enuoyé querir pour le penſer en ſon logis, rue de la Harpe à la roſe rouge. Et ayant ehe » cogneu la fracture, & la nature du lieu bleſsé, voulus appeller conſeil, tant des Medecins que Chirurgiens: - entre leſquels aucuns furent d'aduis de faire ouuerture deſſus ledit muſcle,à fin d'appliquer la trepane pour extraire les os fracturez. A quoy ie repugnay bien fort, alleguant l'auctorité d'Hippocrate au liure des playes de la teſte, lequel defend de ne faire inciſion en tel endroit, pour obuier aux accidens predits : & auſſi par l'experience qu'auions cogneue » que ceux auſquels on auoit fait ſection , & coupé ledit muſcle, tomboient en conuulſion & mouroient : mais ie fus de ceſt aduis, qu'il falloit faire ouuerture à la partie ſu- perieure, & le plus prés de la fracture qu'on pourroit, ſans toutesfois toucher audit muſcle que le moins Aduis,iuge- qu'il ſeroit poſſible. Or le frere dudit ſieur de la Breteſche, qui eſtoit l'vn des Protonotaires de Monſei- 4/7e/7f5. gneur le Reuerendiſſime Cardinal de Chaſtillon,qui eſtoit pour lors viuant comme il eſtoit preſent à la con- ſultation, pour la grande amitié fraternelle qu'il luy portoit, dit que nullement ne permettroit qu'on fiſt in- ciſion ſur ledit muſcle,de peur que ne ſuruint l'accident qu'auions demonſtré.Etainſi fut accordé de tous,que la ſection ſeroit faicte au deſſus dudit muſcle : ce qui fut faict par moy toute à l'heure. Et le lendemain(qui cſtoit le troiſiéme iour) ie le trepanay, & par l'ouuerture faite à l'os quelques iours apres tiray quatre eſ- quiiles de la fracture , luy mettant vne tante de plomb cannulee de figure platte ( comme tu vois par ceſte figure ſuiuante,toutesfois non ſi longue ) pour extraire la ſanie qui ſortoit d'entre l'os & la Dure-mere.Et lors que ie l'habillois luy faiſois baiſſer la teſte en bas,& fermer la bouche & le nez, afin d'expulſer la ſanie hors : puis luy faiſois iniection de choſes deterſiues, auec vne petite Syringue, dont as icy auſſi le portrait: & âuec autres remedes fut par la grace de Dieu bien guary. Tente de plomb cannulée, defigure plase , pour donneriſſue à la ſanie retenuë entre le Crane & la Dure-mere_». Syringue . ººº semblable cas preſque aduint au ſiege de Mets, en la perſonne de Monſieur de Pienne,nommé alors Bu- #" * gueno, lequel eſtant ſur la breſche fut bleſsé en la temple auec fracture d'os par vn eſclat de pierre de la muraille fait d'vn coup de canon tiré de l'ennemy. Et ſubit qu'il fut frappé tomba en terre,& jetta le ſang par le nez, par la bouche & par les oreilles, auec grand vomiſſement : & fut pres de quatorze iours ſans parler ny ratiociner & cognoiſtre perſonne. Et luy ſuruint auſſi des treſſaillemens , approchans de ſpaſme, & eut tout le viſage enflé & fort liue. Il fut trepané a coſté dudit muſcle ſur l'os coronal, par vn nommé Pierre Aubert, Chirurgien ordinaire du Roy. Et au vingt-cinquieſme iour il luy ſuruint vne chair molle & Fungus. fort ſenſible appellée #ungus qui ſortoit de la Dure-mere, à l'endroit où l'on auoit aPPliqué la trepane:la- quelle chair croiſſoit de iour,en iour,jaçoit qu'ô appliquaſt deſſus choſes corroſiues toutesfois depuis(neât- moins ceſte grande playe & fracture,& autres accidens)fut guary.Les anciens ont appellé icelle chair Fungus à raiſon qu'elle eſt molle , ayant vne racine comme vn potiron ou champignon & eſt large en ſa partie ſu- perieure, en l'inferieure greſle & menue, & s'augmente ſelon la quantité de ſamatiere , ou ſelon qu'il ſera auſſi traicté par remedes contrariants à ſa cauſe, & auſſi le plus ſouuent eſt fetide : les vulgaires ! appellent le tic ſainct Fiacre. Or la maniere comme ſe font leſdits Fungus, c'eſt qu'ainſi qu'aux troncs des † quelque - :: Des Playesen particulier. 24 I | quelque humeur à demy pourry, glueux & viſqueux vient à ſortir, quaſi par reſudation de choſe excremen- tielle par l'eſcorce, & peu à peu ſortant hors prend accroiſſement en forme de Fungus : ſemblablement des vaiſſeaux de la Dure-mere & du Crane eſtans rompus, en ſort quelquesfois vn ſang melancholique, lequel Nature enuoye pour la regeneration de chair, neceſſaire à telles parties, dont ſe forme vn Fungus , lequels comme dit Galien, tient de la nature & ſubſtance de la partie où il naiſt, au reſte retient en general de la nature des verrues malignes. Or pour la curation d'iceux faut appliquer remedes, qui par proprieté oc- culte ont faculté de conſumertelle chair ſuperfluë : ſçauoir fort deſiccatifs de leur nature & doux cathereti- ques,comme cettuy-cy.2/.. Sabina 5.ij. ochrx 3.j.pulueriſentur ſimul, & fiat puluis. Autre.%.hermodact. combuſtorum j. ſ.fiat plu.Et où icelle chair fongueuſe ſeroit fort accreuë, comme il s'en void quelquesfois groſſe comme vn œuf,plus ou moins, on la peut lier auec fil de ſoye le plus pres de ſa racine qu'on pour- ra : puis eſtant tombée, appliquer deſſus des ſuſdits remedes, & infailliblement on la curera mieux & plus ieurement que par autres medicamens plus corroſifs. - De l'alteration des os de la teſte. CH A P. XX II. / Pſg V E L Q y E s F o I s aux playes de la Teſte s'enfuit alteration & corruption de l'os : ce qui Cauſe d'al- SN # aduient , ou pource que l'air l'a touché a nud, ou pource que la matiere a crouppi deſſus,ou teration du #jN$ pour l'indeue application des medicamens ſuppuratifs & onctueux : ce que nous monſtrerons teſt. $2,7º1 plus amplement au traicté des Caries, parlans des Nodus de la verolle. Telle alteration ſe S>ºSS cognoiſtra, tant par la veue ( car au lieu d'eſtre blanc, il deuient jaunaſtre, puis liuide & noir) que par la ſonde,d'autant que l'on ſent aſperité & inegalité, & l'eſprouuette y entre facilement:tou- tesfois i'ay veul'os eſtant longuement deſcouuert & alteré, eſtre fort dur,voire que la trepaney entroit auec difficulté. Parquoy le ſigne de carie n'eſt aſſeuré : attendu que l'air ſouuent deſſeiche l'os carieux en telle ſorte qu'il ſe monſtre de ferme conſiſtance , apres auoir demeuré long-temps deſcouuert. Ce ſigne eſt bien plus certain , ſçauoir que la chair qu1 s engendre ſur l'os carieux , eſt baueuſe, & de peu, ou nul ſentiment. or icelle alteration ou corruption ſera corrigée par cauteres actuels ou potentiels, comme nous dirons en leur propre liu, ou par poudres catagmatiques cephaliques,faites de rad. ireos, maſt.myrr.aloës,gentianæ, ariſtoloch.centau corti.pini : comme.2%.rad.ire.Florentariſt. afi,3.j. centaurij 3ij. cortic.pini 3.fi. miſce, & fiat pul.ſubtiliſf laquelle ſera appliquée ſus l'os, & ſi la corruption eſt grande, on vſera de Rugines. La cheute ſe doit attendre & non procurer par force : car autrement l'os qui ſeroit deſſous n'eſtant couuert de chair, s'altereroit , toutesfois petit à petit on les eſbranlera pour ayder à nature à les ſeparer. Et icy en paſſant tu noteras que l'exfoliationdu circuit de l'os, qui eſt où la trepane aura paſſé, ſe fait communément - en quarante ou cinquante iours , autresfois pluſtoſt. Enſemble l'exfoliation qui eſt cauſée par l'alteration de l'air ambient, qui aura touché l'os nu & deſcouuert ſe fait preſque en meſme eſpace de temps : ce qui ſe fait auſſi apres l'application des cauteres,ou par le benefice des pouldres cephaliques. Et la conionction º #. & vnion (appellée Callus) ſe fait communément auſſi en l'os fracturé par autant de iours : toutes fois aux # vns pluſtoſt,comme aux ieunes : aux autres plus tard, comme aux vieils : de toutes leſquelles choſes on ne - peut donner reigle certaine & temps prefix, pour la diuerſité des habitudes & temperamens,& ſelon la du- reté & eſpeſſeur de l'os. Or fi l'alteration de l'os & conſolidation des playes ſont repugnantes aux remedes ſuſdits, faut ordonner au patient potion vulneraire. Ce que i'ay ſouuentesfois fait auec heureuſe iſſue. Or quelquesfois,non ſeulement vne portion de l'os eſt alterée & tombée,mais auſſi iceluy tout entier, ce qui Hip. au li, eſt prouué par Hippocrate quand il dit : L'os du crane eſtant bleſſe, ſe ſepare d'auec le ſain,plus oumoins, de plºyº dº ſelon lavehemence du coup joint auſſi que l'experience le monſtre.Et en cet endroitie feravrecit de ce que º#ſº. ray fait eſtant en Pied-mont, chirurgien de defunct le Mareſchal de Montejan ( qui lors eſtoit Lieutenant º du Roy) ie penſay vn laquais de defunct Monſieur de Goulaines : qui fut bleſſé d'vn coup d'eſpée ſur l'os Parietal, partie ſeneſtre,non penetrant iuſques à la ſeconde table:& quelques iours apres que ſa playe eſtoit preſque conſolidée & guarie, arriua à Thurin quelque compagnie de ſoldats de ſon pais de Gaſcogne,auec leſquels vn matin mangea des tripes fricaſſées, auec force oignons, & eſpices, & ne fut auſſi ſans boire vin fort & en quantité, & ſans eau Dont toſt apres tomba en fiévre continue, & perdit la parole & le ſens, & Fatſeheux luyſuruint grande tumeur à toute la teſte & au viſage, les yeux rouges & enflammez iſſans hors dé la teſte. ac§ par Ce que voyant i'appelay Medecins & Chirurgiens, pour aduiſer qu'on feroit pour luy ſauuer la vie. Et mauuaiſé fuſmes tous d'aduis de le faigner, & clyſteriſer, & faire application de pluſieurs remedes ſur la teſte, auec diete. frictions & ligatures aux extremitez : neantmoins tout le coſté de la partie affectée, quelques iours apres Tamps requiſ \ D s'apoſtuma. Et ayant faict ouuerture, jetta grande quantité de ſanie, & trouuay le cuir muſculeux qui. eſtoit deprimé,aupres de l'os auec le Pericrane, de largeur enuiron de quatre doigts : & finalement toutes les deux tables del'os furent alterées,pourries, noires & fetides.Et pour corriger ceſte corruption y appli- quay par interualles, cauteres actuels:& ce tant pour corriger la pourriture, que pour faire ſeparation de Vers eng'éº- ce qui eſtoit alteré. Et enuiron vn mois apres le penſant, vis ſortir certaine quantité de vers de deſſous ! . # ledit os pourry, par aucuns trous de la carie : qui fut cauſe de me faire haſter d'extraire & leuer ledit os, § qui branloit long-temps auparauant, & deſſus la Dure mere trouuay, où Nature auoit engendré chairs trois cauitez,à mettre le poulce,qui eſtoient remplies de vers groulans & mouuans,leſquels eſtoient chacun de groſſeur enuiron d'vn fer d'éguillette,ayans la teſte noire.or eſtoit la portion d'os que Nature amöit ſe- paré,de grandeur de la paulme de la main,& plus,tellement qu'à le voir on ne pouuoit comprédre que Na- ture euſt peu jetter & ſeparer telle quantité de l'os du Crane ſans mort.Et toutesfois il en guarit,outre l'eſ- perance de tous ceux qui l'auoient veu : mais apres la conſolidation de ſa playe, la cicatrice luy demeura grandement caue(ce qui eſt eſcrit d'Hippocrate)pour raiſon de la perdition de l'os,qui eſt de matiere ſper- ffM matique,laquelle ne ſe peut regenerer ſelon ſa premiere intention.Et auſſi pource que la chair ne peut deue- #. qua° ment croiſtre ſur vn Callus : à cauſe qu'il eſt comme choſe eſtrange & empruntée à Nature, & meſmcment cumque,é c« parce qu'il eſt plus ſolide & compact que l'os naturel,dont le ſang ne peut reſuder,& par conſequent la chair 2 ne peut eſtre r'engendrée.Au moyen dequoy lors qu'il y a perdition d'os en quelque partie de noftre corps,la cicatrice demeure touſiours caue : & au Crane où il ya perdition de ſubſtance des deux tables,l'on void aux ſens de la veue, & ſent-on à l'attouchement de la main, vne pulſation faite par le mouuement du cerueau, al'endroit de la cicatrice,& le lieu demeure par longue eſpace de temps plus debile & douloureux.Et pour ceſte cauſe fis faire audit Laquais vn bonnet de cuir boüilly, pour reſiſter aux iniures externes, qu'il porta Hip. aph.45. iuſques à ce que la cicatrice fuſt bien ſolidée , & la partie fortifiée. Or il y a d'aucuns ſoy diſans chirur« Impoſturs, giens,mais pluſtoſt ſont de ces abuſeurs, coureurs & larrons,que lors qu'ils ſont appellez pour traicter les playes de teſte, où il y aura quelque portion d'os amputé,font accroire au malade & aux aſſiſtans,qu'au lieu - dudit o° leur faut mettre vne piece d'or.Et de fait en la preſence du patient l'ayans receue,l'abattent, & la X | rendent / : 2.4.2 , Le dixieſme Liurg - -- • • | | rendent de la figure de la playe, & l'appliquent deſſus,& diſent qu'elle y demeure pour ſeruir au lieu del'os, A & de couuerture au cerueau : mais toſt apres la mettent en leur bourſe, & le lendemain s'en vont laiſſans le patient en ceſte impreſſion. Les autres diſent que par leur induſtrie & grand ſçauoir ils font coaleſcer vne Nature im- piece de cougourde deſſeichée au lieu de l'os amputé.Et ainſi abuſent les ignorans, qui ne cognoiſſent que patiente de tant s'en faut que cela ſe puiſſe faire,que Nature ne peut ſouffrir vn petit poil enfermé cn vne playe ou autre corps eſtran- petit corps eſtrange. Ce qui eſt prouué par Galien au quatrieſme liure de ſa Methode. Parquoy nul homme 4 *- de bon eſprit me doit croire tels affronteurs. Si aucun veut dire qu'vne balotte de plomb tirée par vne har- quebuſe,peut demeurer longues années en quelques parties de noſtre corps,cela ie leur concede:parce que le plomb a quelque familiarité auecque noſtre ſubſtance,comme ie declarerayaux traictcz des playes faictes par harquebuſes : partant n'engendrent ſi toſt corruption. Toutesfois nonobſtant icelle familiarité,Nature l'expulſe au dehors, ſi l'eſpaiſſeur des muſcles,ligamens pannicules,ouautres parties ſolides ne l'empeſchent a ou la figure de la partie qui ſeroit caue. Parquoy leur obiection ne fait rien,ou peu à propos.Et conclus que ſi l'on applique vne piece de plomb au Crane pour ſeruir de couuerture au cerueau : iamais n'y pourroit Reſolution ſeruir, non plus que l'or ny la cougourde, ou autre matiere eſtrange. Et te ſuffiſe des alterations, & caries d'vn doute. des os du Crane. Maintenant il ne reſte plus qu'à declarer la maniere comme l'on doit proceder à la cura- tion de la concuſſion & commotion ducerueau. Ce que ie feray , s'il plaiſt à Dieu,& le plus bref qu'il me fera poſſible. La cure de la concuſſion ou commotion, & ébranlement du Cerueau. :: Q, Mté CH A P. X X II I. # ! (# P R E s auoir cy-deuant declaré les cauſes, ſignes & accidens de la concuſſion du Cerueau, V:: %\ % ſans playe au cuir muſculeux, ny fracture à l'os : partant à preſent nous faut parIer de la (.7 N cure. Donc le patient ayant reçeu grande concuſſion à la teſte , & le Chirurgien ayant co- :::: - ſ gnoiſſance que l'os n'eſt fracturé,mais a crainte qu'il yait quelque vaiſſeau rompu au dedans, r- Gal. au liu. promptement luy faut tirer du ſang de la veine Cephalique du coſté bleſſé. Et luy en ſera de sanguin. tiré aſſez bonne quantité , ayant égard à la maladie preſente & future , & principalement à la vertu, & miſſione. autres choſes qu'il faut conſiderer à la ſaignée , ainſi que Galien declare. Et pour ce faire , appelleras vn docte Medecin. Puis on luy raſera tout le poil de la teſte, & luy ſera appliqué le cataplaſme cy-deuant sº eſcrit, compoſé de farines, huile roſat, & oxymel, ou autres repercuſſifs froids, & humides, leſquels ſe- ·r ront renouuellez ſouuent. Et faut euiter ceux qui ſont ſecs & fortaſtringens, comme vnguentum de bolo, ou ſemblables, pource qu'ils oppilent par trop, & gardent que les matieres fuligineuſes ne ſe peuuent exha- ler, tant par les ſutures, que par les poroſitez du Crane & du cuir qui couure la teſte. Donc tant s'en faut qu'ils gardaſſent qu'il ne ſuruint inflammation,que pluſtoſt par iceux elle ſeroit augmentée.Pareillement luy faut donner clyſteres ſouuent,s'il n'a bon ventre,afin de garder que les vapeurs ne montent au cerueau.qui ſe fera auſſi auec l'ayde des frictions & ligatures faites aux bras,cuiſſes,& iambes & parventouſesappliquées ſur les eſpaules,& le plus pres du col que l'on pourra,leſquelles ſeront aſſez grandes,& auec grande flambe, ouuerture pour ſe faire plus grande reuulſion, & deſtourner le ſang qu'il ne monte par trop grande impetuoſité au cer- de la veine. ueau, lequel cauſeroit inflammation, & autres mauuais accidens.Et le lendemain faut ouurir la veine Puppe, PuPPis. qui eſt ſituée au deſſus de la ſuture Lambdoide,laquelle a grande communication auec celle du cerueau : & eſtant ouuerte, faut commander au patient qu'il ferme la bouche,& le nez, & qu'il reſpire le plus fort qu'il pourra.Car en ce faiſant les membranes s'eſleuét,& par ce moyen le ſang qui ſeroit reſpandu entre le Crane go propre fer la teſte, de peur d'induire douleur & inflammation. Puis appliqueras le Cerat eſcrit par de Vigo,lequel aux concuſ a faculté de reſoudre moderément, deſſeicher & attirer par les poroſitez l'humidité qui eſt ſouz le Crane: , ſicns de l» & par ſa vertu aromatique conforte le cerueau & l'eſprit animal : lequel Cerat eſt en ceſte forme.24. fur- teſte. furis bené triturati 3. iiij. farinæ lentium 3. ij. roſaràm , myrtillorum, foliorum & granorum eius añ- 3. j. calami aromatici 5.j. É. camomillae,meliloti añ.m. ſ$. nuces cupreſſi,numero vj. olei roſacei & camomillae, añ. 3.iij. cera alba 3. ij 6. thuris, maſtiches, añ.3.iij. myrrha 3.ij. pulueriſatis pulueriſandis, & lique faétis oleis cum cera, omnia miſceantur flmul : & fiat mixtura, qua erit inter formam emplaſtri & ceroti.Et dit eK auoir vſé à vn Gentilhomme du Duc d'Vrbin,lequel cheut de cheual ſur le pont S. Ange à Rome,la teſte ſut vne pierre de marbre, & demeura en terre comme mort, & ſaigna par le nez, bouche, & oreilles:& ſubit la teſte luy deuint fort enflée,enſemble tout le viſage, auec couleur liuide, & demeura vingt iours apres eſtre Hij: cire. % s & les membranes , eſt euacué, mais non celuy qui eſt entre le cerueau & leſdites membranes. Et ou tel : accident aduient , la choſe eſt deſeſperée, s'il en a trop grande quantité, & que Nature ne ſoit aſſez forte é - pour le ſuppurer, & ietter hors. L'on peut pareillement ouurir quelques iours apres celles du milieu du :- Les accidens front , & les arteres des temples, auſſi les veines de deſſous la langue, afin que par telles ouuertures on :: ſont encores puiſſe faire vacuation de la matiere conioincte. Pareillement le patient doit tenir diete tenué; ſans boire $. ,n vi§ nullement vin, principalement iuſques au quatorzieſme iour, qui eſt le terme couſtumier où les accidens - iuſques au ſont encore en vigueur. Auſſi les medicamens repercuſſifs doiuent eſtre continuez iuſques au quatrieſme : 14.iour. iour : & puis apres on doit venir aux reſolutifs , commençant aux doux & amiables, comme ceſte de- # coction. 2/.. radicis althex 3.vj. ireos,cyperi, calami aromatici añ. ij.foliorum ſaluia , maioranae,betonicae, : forum camomillae, meliloti, roſarum rubrarum, ſtœchados añ. m.f. ſalis communis 3. iij. bulliant omnia . - ſimul ſecundùm artem cum vino rubro & aqua fabrorum, fiat decoctio : de laquelle on fera fomentation , cerat de vi- deux fois le iour auec feutres ou eſponges. Et te conuient en cét endroit noter, qu'il ne faut trop eſchauf- i : bleſſé,ſans parler:auſſi fut vingt iours ſans boire ny manger,fors de la gelée fondue & des boüillons de cha- pon,auec ſuccre,& autres ſemblables:neantmoins fut guary:vray eſt qu'il perdit ſa memoire,& luy demeura Hipp. aph. vne balbutie, c'eſt à dire, fut begue, ne ſçachant expliquer ce qu'il deſiroit dire. Ce qui confirme le dire 5 8.liu.7. d'Hippocrate, lequel affirme que ceux qui pour quelqe cauſe ont concuſſion au cerueau, perdent inconti- Quibº cere- nent la parole : voire comme note Galien au Commentaire, toute action qui vient de volonté.Or en tel cas º, ºli- ie n'eſtime de petite efficace non moins que de Vigo,la faculté d'vn tel Cerat,d'auoir prohibé l'apoſteme qui 2* Cºº ſe pouuoit aiſément faire au cerueau. Ce qu'aucuns bijarres hors de raiſon,ne veulent conceder,& maintien- nent ne ſe pouuoir faire apoſteme en la ſubſtance du cerueau.Pareillement ne croyent qu'on en puiſſe échap- per,lors qu'il y à portion de la ſubſtance du cerueau déperdue.& donnent des raiſons en l'air, que ne veux icy reciter pour euiter prolixité : mais il me ſuffira le prouuer par l'authorité des Anciens,qui ont laiſſé par 4fh 1°. a" eſcrit telles choſes eſtre aduenuës : ioint que par experience on le void ſouuent aduenir. Et premierement liu.6 Hippoc.dit,que celuy qui a grande douleur de teſte,s'il aduient qu'il jette du pus,des eaux ou du ſang Par le nez,& Par la bouche, ou par les oreilles,cela guarit le malade.Pareillemét Galien au liure de inequalitewaperie - & Raſis, Des Playes en particulier. 243 & Raſis 2u troiſieſme liure de ſon Continent,chap.4.& Auicenne au chapitre des Exitures,en la troiſieſme partie du quatrieſme liure,chap.2 o.affirment que Nature jette la ſanie faite au cerueau, par le nez,bouche, Au liu.ge & oreilles.Or par experience,auſſi on a veu aduenir telle choſe.Et me ſouuient que Maiſtre Prothais Cou- Inequali lon,chirurgien de defunct Monſieur de Langey, m'a recité & affirmé auoir veu vn ieune garçon en la ville tamperie. du Mans,lequel aydoit à ſonner vne groſſe cloche,& ſe pendoit à la corde, parlaquelle fuſt eſleué en haut, Hiſtºirº- & tomba la tefte premiere ſur les quarreaux Et ſubit perdit la parole,l'oüye,& la veuë, & toute cognoiſſan- # rothais ce & raiſon,auec retention des excremens puistoſt apres luy ſuruint la fiévre,auec delire,& autres mauuais º* accidens.Et ne fut le patient trepané,à cauſe qu'on ne trouuoit aucune fracture au Crane. Et au ſeptieſme iour il luy ſuruint vnegrande ſueur & ſternutation, auec laquelle jetta grande quantité de pus par le nez, oreilles,& bouche.Et apres † euacuation les accidens ceſſerent,& guarit. Dauantage i'ay fait ouuerture ſouuentefois pour faire rappprt en iuſtice,à cauſe de la mort de pluſieurs qui auoient eſté bleſſez à la teſte: où ie trouuois grande quantité de pus auec pourriture de la propre ſubſtance du cerueau.Reſte ſemblable- ment prouuer que les playes auec perdition de ſubſtance du cerueau,ne ſont neceſſairement mortelles. Ce Liu.s. de , que le bon vieillard Guidon recite auoir veu vne playe en la teſte,partie poſterieure, de laquelle eſtoit ſor-lºvſdes pars tie de la ſubſtance du cerueau,& le patient guarit.Et quand à moy,ie puis aſſeurer en auoir auſſi veu, dont Hiſtoire. icy en raconteray quelques hiſtoires.Dés l'an mil cinq cens trente-huict, comme i'eſtois à Thurin, Chirur- gien de defunct Monfieur le Mareſchal de Montejan,penſay l'vn de ſes Pages, qui reçeut vn coup de pierre a la teſte par vn de ſes compagnons, joüant au palet,& le coup fut ſur l'os Parietal, partie dextre, auec fra- cture & embarrure dudit os,& ſortoit par ſa playe de la ſubſtance du cerueau,la groſſeur de demieauelai- ne ou enuiron.Et ſubit qu'apperçeustelle choſe,diſois la playe eſtre mortelle.Et ſur ce faict arriua vn ieune Medecin,lequel conteſta fort contre moy,diſant qu'icelle portion du cerueau eſtoit graiſſe, & non du cer- ueau.Auquelie dis qu'il lagardaſt iuſques à ce que i'euſſe habillé le patient,& que mon dire ſeroit trouué veritable. Et apres auoir pensé ledit Page, afin de prouuer par raiſon & experience qu'icelle portion du Itae ſe peut cerueau ne pouuoit eſtre graiſſe : ie luy dy premierement qu'au dedans le Crane il ne ſe peut faire graiſſe, engendrer encores que les parties ſoient froides:à cauſe qu'il y a grande quantité d'eſprits animaux qui ſont tres-graiſſe ſous chauds & ſubtils, joint la multitude des vapeurs eſleuées de tout le corps à la teſte, leſquelles choſes em- le Crane, peſchent la generation de la graiſſe:& quant à l'experience par la diſſection des corps morts,iamais on n'y void aucune graiſſe. Et neantmoins vouloit gagner ſon dire par touſiours conteſter. En fin luy dis que l'ex- perience nous mettroit d'accord. Ce que pluſieurs Gentils-hommes & autres aſſiſtans deſirerent bien voir & entendre:carie tenois que ſi c'eſtoit graiſſe,elle nageroit ſur l'eau : au contraire que ſi c'eſtoit de la ſub- . ſ}ance du cerueau,qu'elle iroit au fonds.Dauantage ſi c'eſtoit graiſſe,en la mettant ſur vne peſle chaude,elle Signes par fondroit;& ſi c'eſtoit du cerueau,il ſe deſſeicheroit & demeureroit aride comme parchemin,ſans ſe fondre leſquels là ou liquefier, & promptement bruſleroit, pource qu'il eſt gluant,humide,& aqueux. Et furent faites telles trºiſſe eſt épreuues,dont fut trouué mon dire eſtre vray:& combien que ledit Page eût telle portion de la ſubſtance diſtinguée du cerueau perdue,il guarit,reſte qu'il demeura ſourd. d'auec la - - ſubſtance du Des playes de la Face. CH A P. XXIV. ſerMeaº. R apres auoir ainſi traicté des playes & fractures de la teſte,maintenant faut parler de celles de Difrance la Pace,leſquelles ſe doiuent ſoigneuſement traicter, afin que les cicatrices ne demeurent lai- des playes des & difformes. Les cauſes peuuent eſtre ſemblables à celles du Crane, ſçauoir eſt,externes. de la Éacr. Mais aux eſpeces & differences on peut adiouſter amputation totale des parties,comme d'vne - oreille,ou d'vn œil creué,ou du tout ſorty hors de la teſte : auſſi le nez du tout coupé,& auec portion de la lévre,ou totalité d'icelle.Pareillement la playe peut eſtre faite de choſe fi violente, comme d'vn coup d'harquebuſe,& autre choſe ſemblable, qui aura rompu & emporté portion des os du palais;de façon que le patient iamais puis aprés ne pourra parler que Regnaut, c'eſt à dire,parlant du nez,s'il n'eſt ſe- - couru par le benefice de la Chirurgie:ce qui te ſera declaré cy-apres.Nous commencerons dóc aux playes Des playes des Sourcils,en continuant toutes les autres parties du corps.Aucunefois iladuiét que la playe ſera faite au des ſourcils. trauers des ſourcils,eri ſorte que les muſcles & pannicules charneux, qui les meuuent & eſleuent ſeront du tout dilacerez & coupez.Adonc les paupieres ne peuuent eſtre eſleuées,& les yeux demeureront clos; de façon que le patient(s'il veut,voir ſera contraint,voire apres la cóſolidation de la playe)eſleuer de ſa main ladite paupiere,ce que i'ay veu pluſieurs fois : & tel accident le plus ſouuent vient de l'imperitie ou inad- uertance du Chirurgien,faute d'auoir deuement couſu la playe,& d'y auoir appliqué compreſſes, & fait li- . gature propre.Et où tel accident ſeroit ſuruenu,faudroit couper, & du tout amputer autant du cuir & du Faute de ſu- pannicule charneux qu'il en ſera beſoin:afin que la paupiere ſe tienne eſleuée en haut, ſans que le patient tºre & lº ſoit contraint y mettre la main. Puis faut coudre deuëment la playe , de couſture de peletier : & par deſſus 4º #º ſera appliqué de mon baume,& aux parties voifines,telmedicament 2.oleiroſati# #. albumina ouorum, º numero duo,boli armenici,ſanguinis draconis,maſtiches añ.3.j. agitentur ſimul,fiat medicamentum:& ſoit fait bandage & ligature propre pour tel cas.Puis apres on vſera de l'emplaſtre gratia Dei, vel betonicæ,vel diachalciteos,ou autres ſemblables,iuſques à ce que la playe ſoit conſolidée:& telles playes & autres de la face,ſe curent facilement,ſi elles ne ſont accompagnées d'autres mauuais accidens, ou que les patiens fuſ- - ſent fort cacochymes.Il aduient vhautre accident du tout contraire, que la paupiere demeure eſleuée en Les playe, haut,en ſorte que les malades dorment les yeux ouuerts,ne les pouuans clorre : les Grecs les nomment La- de la face ſe gephthalmar. La cauſe vient de cauſe interne,comme d'vn charbon,ou autre apoſteme:ou exterieure,comme eurent faci-, d'vn coup d'eſpée,ou d'autre baſton.La cure ſe fera en faisât vne inciſion au deſſus de la paupiere,de figure lºmº _ de croiſſant,& que les angles ou pointes ſoient contre-bas,afin de relaſcher & abaiſſer ce qui eſt trop eſle- ué de la paupiere,& ne faut nullement toucher le cartilage , pource qu'apres ne ſe pourroit plus releuer. Le reſte de la cure ſe fera ainſi qu'il appartient. Des playes des Teux. CH A P. XXV. # È s playes des Yeux ſont faites de choſes poignantes trenchantes, contondantes, ou autrement. $ Et ſelon icelles differences, faut que le Chirurgien diuerſifie la cure. Or s'ilya aucune choſe Moyen dos eſtrange dans l'œil, faut ſubit la tirer hors,renuerſant (s'il eſt beſoin ) la palpebre doucement i . # les auec la queue de l'eſpatule,ou vne piece d'argent. Et où ne la pourras apperceuoir & voir, ap- corps eſtran- pliqueras dans l'œil trois ou quatre grains de ſemence d'Ormium, ou Toute-bonne, laquelle a puiſſance ge, bºr, de purger & nettoyer les ordutes, & petits corps eſtranges des Yeux , non toutesfois inſerez, & gran- l'œil. demenr attachez contre les membranes : mais où la choſe eſtrange ſeroit adherante , & inſerée aux - X z membranes 244- Le dixieſme Liure membranes,alors vſeras de cét inſtrument, lequel poſeras ſur l'œil, & ouuriras les paupieres, & Preſſeras A doucement l'œil:& par iceluy ſera tenu ledit œil ſtable, & auec petites.pincettes ſera tiré la choie eſtran- ge hors. La figure dudit inſtrument eſt telle. Figure d'vn Speculum oculi,pourdilater & tenir les paupieresſtables ; lequelſe » peut accroiſtre & reſerrer ſelon la grandeur des yeux. or apres auoir extrait les choſes eſtrâges,ſera appliqué dans l'œil tel medicament.Prenez germes d'œufs Medicament dix ou douze , agitez en vn mortierde Plomb , auec vn peu d'eau roſe, & le mettez dans l'œil,& par ſus repercuſifs. ledit œil, & parties voiſines ſera mis repercufiftel que ceſtuy.2/.albumina ouor.num.iiij.pulueris aluminis rochx combuſti 3.ij.ſanguinis draconis3.jaquæ roſar & Plantag.afi.3.ij.agitétur ſimul,fiat repercuſſiuû:du- uel on vſera,& ſera reiteré ſouuent.Autre. Prenez fromage frais,bien eſcremé,eau roſe & blanc d'œuf,& † de acacie. Autre plus excellent & de plus grande force à reprimer la fluxion , & oſter l'inflammation. 2E. gummi Arabici & tragacanthiañ. 3. iij. pſilij cydoniorum , ſeminis portulaca , plantaginis , ſumach. añ. 3.ij. fiant mucilag. extrahantur cum aqua Plantaginis , ſolani & roſarum , & fiat collyrium : duquel Poina nota- on en pourra ſeurement vſer , tant au dehors l'œil , qu'au dedans. Et noteras que tous les remedes que ble-. tu appliqueras à l'œil, & autour d'iceluy ſe doiuent appliquer tiedes , tant à fin qu'ils penetrent mieux par le moyen de la chaleur moderée, qu'auſſi à raiſon que les choſes froides actuellement ſont en- Remedesſin- nemies des yeux & de la veue , par incraſſation & ſtupefaction des eſprits viſifs : de fait, que i'en ay veu zuliers pour quelques-vns à qui la veue eſt demeurée trouble à faute de ce faire:cöme auſſi i'ay veu aucuns ayans playes ſeder douleur aux yeux faictes par ponction d'aiguille, ou de poinçon, ou choſes ſemblables, en la ſubſtancede l'œil,tou- des yeux tesfois en la pupille, ſortir en bonne quantité de l'humeur aqueux, & guarir, en y appliquant les remedes ſuſdits, & tel mucilages. Et par fois faut faire inſtiller ou rayer du tetin laict de femme laictante , parce ". qu'il n'eſt ſi chaud,lequel a faculté d'adoucir & appaiſer ſa douleur, mondifier & nettoyer.Semblablement on pourra vſer du ſang de tourterelle,pigeon, ou de poulets,inciſant la veine qui eſt ſous leurs aiſle. Iceux auſſi reſoluent, mondifient, & appaiſent la douleur.Auſſi ſera appliqué ſur l'œil & parties voiſines ce ca- Cataplaſme taplaſme, lequel a grande vertu & anodyne & ſedatiue de douleur, & prohibe la fiuxion & inflammation. fort anodyn 22. carnis pomorum ſub cinere calido decoctorum # v. vitellos ouorum num. iij. caſſix fiſtulx recenter " éxtracta- 3.f. mucilaginis pſilijalthex. cydoni. an.3.j. farinz hordei parum : incorporentur.omnia ſimul, C fiat catap. Auſſi on peut vſer de poulmons de mouton, ou d'autres beſtes, vn peu par-boüillis en laict. & tous chauds les appliquer deſſus , & les renouueller promptement que le patient ſentira qu'ils ſeront froids. Et où cedit remede n'auroit puiſſance de ſeder la douleur, à § d'vne extreme chaleur , ſoit fait # tel remede. Prenez fueilles de iuſquiamevne poignée, cuites ſous les cendres, puis pillées en vn mortier, J - auec mucilages pſilij & cydoniorum, extraits en eau de morelles & plantain:& en ſoit appliqué entre deux linges ſur les yeux & temples.Autre Prenez mucilages pſilij, & cydoniorum , extraicts en vne decoction de papauer, & vn peu d'opium auec eau roſe. Et où la playe auroit beſoin d'eſtre mondifiée & incarnée, ſera appliqué tel medicament. 2Z. ſyrupi roſati de ficcis3. j.aq. fœnic.& ruthx añ.3. ij. aloes lotæ,oliba- Mundicatif ni an.'3.f. miſce ad vſum dictum. Semblablement les fiels de raye , de liévre, de perdrix diſſous en eau la conioncti- /36 LV. Aduertiſſe- propre aux d'eufraſe & fenoüil , ſont propres à la mondification d'icelles playes. Pareillement ce Collyre. 2/.. aquae Pºyes des hord. 3.j. mellis deſpumati. 3.iij. aloes ter lotx in plantag. & ſaccari cand.añ.3.j. fiat collyrium:& s'il eſt %** .. beſoin engédrer chair,on vſera de ceſtuy 2Z. mucil.gómiolibani,arabici,& tragacâti,ſarcocol.in aqua hor- ºſº deiextractaan.3.iij.aloester lotx in aqua roſ3.j.ceruvſtx& ablutz,tuthix preparatrañ.3.f.fiat coilyrium. Or il faut noter que la conionctiue,au moyen de la ſolution de continuité , ou autrement,s'eſleue quel- quesfois en ſi § tumeur pour la defiuxion d'humeur ou ventoſitez qu'elle couure dutout la pupille,& ſort bien fort hors des paupieres, & femble à vne chair ſuperflue, perdant ſa couleur naturelle,& deuient rouge : qui ſe fait au moyen de la douleur & chaleur eſtrange, auec ventoſité & quelque aquoſité,en ſorte que l'œil ne ſe peut ouurir,ny clorre. Et me ſuis trouué en compagnie d'vn ieune Chirurgien,qui ſans moy vouloit couper & adapter remedes corroſifs pour amputer l'exuberance de ladite conjonctiue:mais ie l'en- collyre ſin- garday, parce qu'il euſt eſté cauſe de rendre aueugle ſon patient, auquel ordonnay vne fomentation d'vne gulier pour decoction de camomile, mellilot, roſes, abſinthe, rhuë, fenoüil & anis, racine d'iris, & de ſouchet, boüil- deſſeicher lis en laict , & auec éponges furent faites fomentations, puis apres auec ceſte-cy plus forte & deſiccatiue. # 2/.. nucis cupreſſi, gallarum, balauſt. añ. 3.j. plantag. abſinthij, hippuris, fiorum camomilla, meliloti, º ºAgfg e72 roſarum rubrarum an. m. ß. bulliant ſimul cum aqua fabrorum , fiat decoctio pro fotu. Semblablement on peut faire cataplaſme de ladite decoction , auec farine hordei , fabarum , pulueris maſtiches myrrhae, ireos. Puis en declinaiſon de la reſolution,faut vſcr de ceſte liqueur dans l'œililaquelle a grandiſſime vertu d'aſtreindre, conſumer,ſeicher, & roborer ladite conionctiue relaxée , qui eſt telle. Faites durcir vn oeuf frais, & ſubit le dépoüillez de cocque, oſtez le moyeu : dans le reſte du blanc, mettez vn ſcrupule de vi- triol Romain en poudre:puis l'épreindrez dans vn linge blanc & net,& d'icelle liqueur en ſoit mis quelque iours dans l'œil , auec quelque portion d'eau de forge , en laquelle on auroit fait boüillir ſumach,& roſes rouges. Et te puis aſſeurer,que tel remede eſt de grand effect. Mais où le cas aduiendroit qu'il ſe fiſt chair ſupercroiſſante en la conionctiue, elle pourra eſtre conſommée par ceſte poudre.2Z.oſſis ſepia & teſtarum ouorum calcinatorum añ. 3.j. fiat puluis ſubtilis. On peut pareillement vſer de vitriol calciné, ou alum. §- bruſlé,ou autres ſemblables : mais auec grande diſcretion,en vſant toufiours de repercuſifs deſſus-l'œil & à »e Chirur- gien. l'entour, pour obuier aux accidens. On il faut entendre, que, la fluxion ſe fait quelquesfois en ſi grande quantité & qualité d'humeur aigu,que la Cornée ſe rompt & ſe creue,de ſorte que tous les humeurs ſortent hors.Dauâtage icy noteras,que pendant que tu cures les playes & autres diſpoſitionsmauuaiſes des yeux, tu dois ſituer la teſte du patient aſſez haut,& tenir clos l'œil qui eſt ſain : à raiſon que toute partie vulnerée • u - doit Les rlayes en particulier. 245 A doit eſtre en repos,& parce qu'vn œil ne ſe peut mouuoir,que l'autre ne ſe meuue : pour ceſte cauſe le ſain doit eſtre tenu bandé & clos , à fin que l'œil malade demeure en repos , pour la connexion & colligance qu'ils ont l'vn auec l'autre par le benefice des nerfs optiques & motifs, Du e & Pie-mere, Pericrans,veines arteres, & autres parties,qui fait que lors que l'vn ſouffre,l'autre quelquesfois ſent la douleur de ſon com- pagnon:de façon que le Chirurgien y doit prendre grande ſolicitude:pource que le plus ſouuent l on void vne fluxion s'y faire ſi grande, que par les remedes ſuſdits ne peut eſtre arreſtee ; de ſorte qu'il eſt beſoin d'vn autre plus extreme qui eſt le cautere actuel auec Seton appliqué derriere le col,lequel a vne merueilleu- ſe efficace aux fluxions inueterées. Qu'il ſoit vray,l'experience quotidiaine monſtre que toſt apres que l'vl- cere fait par ledit cautere , iette boüe , la veüe ſe clarifie, voire à ceux qui ja l'auoient quaſi du tout perdue,ce qui s'eſt veu de faiſche memoire à vn honneſte Italien Orféure, nommé meſſire Paule, demeu- rant en Neſle, prés les Auguſtins de Paris, lequel eut vne fluxion ſur les yeux, où pluſieurs, tant Medecins que Chirurgiens, & autres, y auoient mis la main, deſquels receut peu d'ayde : & ne ſe pouuant plus con- duire, m'appella,& luy conſeillay d'aller à l'extreme remede,qui eſtoit le Seton:ce que volontiers accorda, & l'ayant appliqué, & ſon vlcere eſtant conuertie en matiere ou ſanie,commença à mieux voir,& a meſure que ſon vlcere couloit,toufiours alloit en amendant ; de façon qu'il recouura dutout ſa veüe,& porta ledit Seton enuiron vn an, ou plus:puis s'en faſcha penſant qu'il ne luy faiſoit plus aucun profit, dont le voulut oſter, & faire clorre ſa playe : mais ſix mois apres tomba en pareil accident,perdant la veue comme deuant. Parquoy me renuoya querir pour luy apphquer derechefledit Seton, dont toſt apres recouura pareillement ſa veue , & le porte encore à preſent. Or ie ne te puis encores aſſez loüer l'effect dudit Seton : car depuis " B peu de iours en ça l'ay appliqué par le conſeil de Iacques Houlier, Docteur Regent en la faculté de Medecine, homme de grande erudition & de ſinguliere doctrine, à vn ieune homme âgé de vingt ans ou enuiron , lequel tomboit ſouuent d'epilepſie : mais incontinent que ſon vlcere commença à ietter ſa- nie , n'eſt tombé audit accident:& eſt vray-ſemblable que le virus & venenoſité prendyſſue par l'vlcere fait dudit Seton. Ie diray icy ſommairement que c'eſt qu'Epilepſie. C'eſt vn mot Grec, qui ſignifie ſurpriſe , ou retention de tous les ſentimens, dont il aduient que le malade chet en terre s'il n'eſt ſouſtenu Car il perd tout a coup la veue, l'ouye , & autres ſentimens , comme par vne ſyncope, ou comme par vne apoplexie. Mais il y a difference : Car en l'apoplexie & ſyncope,il n'y a nul mouuement ny ſentiment : & en l'Epilepſie, le corps ſe meut fort roidement, & trauaille de conuulſion ou retirement de nerfs inuolontairement. On le nemme auſſi le mal ſainct Iean ; parce que la teſte de ſainct Iean cheut en terre lors qu'il fut decapité, puis fut posée dedans vn plat, à l'appetit d'Herodias. Or maintenant faut décrire au ieune Chirurgien la maniere d'appliquer le Seton, & luy en bailler la figure. Premierement faut que le malade ſoit aſſis ſur vne eſcabelle , luy commandant baiſſer la teſte vn peu en arriere : à fin que le cuir auec le pannicule charneux, ſoit plus laxe. Puis faut qu'vn ſeruiteur tire & eſleue en haut ledit cuir, ayant rasé le poil s'il y en a ; & alors le Chirurgien pincera le plus profond & prés du poil qu'il pourra ledit cuir, ſans aucunement tou- cher à aucun muſcle du col, pour les accidens qui en pourroient aduenir , comme ſpaſmes, & autres,& ſer- rera les tenailles (alors qu'il mettra le cautere ardent)aſſez fort, & par ce moyen ie patient ne ſentira l'a- ction du feu. Car deux douleurs enſemble , faites en meſmes parties & lieu , la plus grande fait que la plus petite ne ſe ſent point ou peu. L'ouuerture ſe doit faire en long, & non en trauers : car par ce moven l eua- C cuation des matieres ſe fera mieux pour la tectitude des fibres. Les tenailles ſeront percées au milieu, pour paſſer le cautere au trauers, lequel ſera en ſon extremité aigu,tringle, ou quarré, afin que ſon action ſoit Plus prompte. Puis ſoudain paſſeras au trauers deſdites tenailles, & cuir que tu auras cauterisé,vne aiguille à Seton, enfillée de fil de'cotton en trois ou quatre doubles,lequel ſera imbu & trempé dans albumen oui & oleum roſat. Puis appliqueras compreſſes trempées audit medicament, & feras ligature propre à la partie. Lesfigures des Tenailles, Cautere actuel,& Aiguille à Seton - ſont telles. or le lendemain on fera embrocation d'huile roſat autour du col, & ſera continué le ſuſdit reméde âuec leſdites compreſſes : & le Seton ſera imbu de digeſtif, faict de jaune d'œuf & huile roſat, iuſques à ce que l'vlcere iette boüe : & alors on vſera d'vn telmedicament, autour de ladite corde faite de cotton. 2/...tere- benth.venetx 3.iiij.ſyrupi roſ & abſinthij. añ.3.6. pulueris ireos,diacrydij, argaricitrochiſcati, & rheu- barbañ.3. É. incorporentur omnia ſimul, fiat medicamentum : duquel on vſera tant que l'on voudra tenir l'vlcere ouuert, pource qu'il a vertu d'attirer les matieres du profond, & les mundifier ſans douleur. 1'ay trouué puis n'agueres par experience, que l'ouuerture faite auec vne groſſe aiguille triangulaire bien tren- chante, ſemblable à icelles des emballeurs, eſt moins douloureuſe, qu'auec le cautere actuel cv-deſſus mentionné.Partant ie conſeille au ieune Chirurgien, de ne plus vſer deſdits cautetes actuels.La figure d° ladite aiguille t'eſticy repreſentée, - - X 3 Figure- Hiſtcire di- gne d'eſtre bien notée. Hiſtoire, Seton, reme- de en l Epi- lepſie. Hitp.ath. 46, Duobtus delo bte , c5 du liu.2. | l / 4- z+v» --AV º V.l.1 A).1V• M.A. M. AV• A- M. k-M I Uy Figure de l'aiguille triangulaire-. saezz ZZZZZZR5Azzzzz 2EzzzZZzzzzZ 2,-eeſftLzZ2$ | - - - - E -- ---- = iNE - RS s = -- E r T - : NS$se- #=== =-E.E-RE--- - - [t D ) ) NNNNNSS , NNNN RNS S XS SSSSIS \ SRRs>=# Medicamêts agglutina- tifs, propres aux ſutures ſeiches. : - Autre ſorte de ſuture. Remedes aux becs de lié- #?é'. Des playes des joiies. C H A P 1 T R E XXVI. AIN T E N A N T nous faut en brief parler des playes des ioües. Si la playe 2 beſoin de % couſture , la faut faire ſeicher, à fin que les cicatrices ne demeurent laides : car il y en a % pluſieurs qui craignent tel accident,& principalement les belles Damoiſelles.Et pour ce j faire, tu prendras deux pieces de toille neufue,qui ne ſera ny trop groſſe, ny trop deliée, de grandeur qu'il conuiendra,pour la playe,couuertes & emplaſtrées de tel medicament. #\ V(à . 2/.. pulu. maſt.ſang. drac. thur far. volat. tragacanthi piſti, gypſi, picis, ſarcocollae, afi. # s#SQ)\ 3.ij. picis nigrx 5.j.É. alb. ouor. qua ſufficiant : fiat medic.Le blanc de l'œuf, auec de la ral In. lait le ſemblable. Et ſeront appliquées à chacun coſté de la playe, & diſtant l'vne de l'autre d'vn doigt ou enuiron. Et ſeront laiſsées ſeicher, puis apres couſues en les approchant l'vne contre l'autre, comme tu vois par ceſte figure. Et par ainſi la playe ſera glutinée, tant par ladite ſuture, que par les medi- camens propres, compreſſes & bandages : tous leſquels bandages de la face ſe doiuent attacher à vne coeffe ou bonnet de nuict, que le malade aura ſur la teſte. Or quand la playe eſt fort grande & profonde, & les lévres d'icelles fort diſtantes, lors telle ſuture n'y pourroit en rien , ou peu ſeruir. Au moyen dequoy faut vſer d'aiguilles quarrées ou triangulaires , afin qu'elles penetrent & paſſent plus aisément ſans grande douleur, enfilées de fil ciré, en trauerſant d'icelles les lévres de la playe; & replier le fil autour cinq ou ſix fois (en la maniere que les femmes font, lors qu'elles veulent garder leurs aiguilles ſur leur manche, ou les Couſturiers dans leurs bonnets) & laiſſer ainſi les ai- guilles attachées iuſques à la conſolidation de la playe. Telle maniere de couſture ſe fait aux lévres : & ſont auſſi neceſſaires aux becs de liévre ; c'eſt à dire, aux lévres fenduës de natiuité, par defaut de la vertu for- matrice. Mais telle couſture n'auroit aucun effect, s'il y auoit du cuir entre les lévres. Et partant le faut du tout couper, ou autrement l'vnion ne pourroit eſtre faite. Autre maniere de ſutures profite peu en telles playes, à raiſon que les parties ſont mobilles, tant par la maſtication que le parler : partant le fil couperoit la chair : & encores pour ceſte cauſe,on doit par leſdictes aiguilles prendre beaucoup de ſubſtance charneuſe, comme ilappert par ceſte figure. ", : | L -> a 1ay -° -1 1 Pa 1 u 1-u11-1 . 4-4- ^ A La figure des ſutures des lévres : & au deſſous t'eſt monſtré l'Aiguille, autour de laquelle eſt entortillé le fil, comme doit eſtrefait au deſſus de la léure . En cét endroit ie reciteray vhe hiſtoire, afin que s'il aduient entre tes mains tel accident, tu faces le ſemblable. Comme i'eſtois à la Fere en Picardie, deux iours apres la iournée ſainct Laurent , trouuay grand nombre de ſoldats bleſſez, entre leſ- quels y auoit vn Gaſcon , qui eut vn coup d'eſpée au trauers de la mandibule ſuperieure penetrant iuſques à la bouche,auec grande difformité du viſage:& parce qu'il auoit eſté trois iours apres ſa bleſſure ſans eſtre habillé, Binoſque Chirurgien iuré à Paris & moy , trouuaſmes grande quantité de vers en ſadite playe, & grande feteur. Promptement luy lauames ſa playe auec vne decoction d'abſinthe & aloës,auecvn peu d'egyptiac, tant pour faire tomber les vers, que pour mundifier la pourri- ture : & pour reſoudre la tumeur des lévres de ſa playe; fiſmes fomentations reſolutiues.pareillement luy furent appliquez ca- taplaſmez reſolutifs.Et ſubit la reſolution faite, ledit Binoſque luy fit pluſieurs poincts d'aiguille en la maniere cydeſſus eſ- critte : & par deſſus & dedans ſa playe , ne luy fut mis autre remede que ceſtuy.2Z. terebenthinx Venetx 3.vjgummi elem. 3.ij.pul. boli armen. ſangu. draconis, maſt. myrrha , aloës añ. 3.6. incorporentur ſimul, fiat medic. & en peu de iours fut la playe dudit Gaſcon conſolidée, en ne reſtant qu'vn bien petit trou, pres la conionction de la mandibule inferieure à la ſupe- rieure,non plus grand qu'à mettre la teſte d'vne eſpingle : du- quel luy ſortoit en parlant, ou maſchant grande quantité d'eau fort claire,ce que i'ay ſouuentesfois veu. Et pour arreſter ladite aquoſité, luy fut appliquée au profond de ſon vlcere, de l'eau forte, & quelquesfois de la poudre de vitriol bruſlé. Et par ces remedes fut la playe guarie. Des playes du Nez, C H A P, XXV II. SNE S\$, E Nez eſt quelquesfois bleſſé par playe, froiſſure & fracture : & alors faut le reduire en ſon | | # lieu naturel (s'il eſt poſſible) auecque la queue d'vne eſpatule, ou d'vn baſton de bois propre, d' enueloppé d'eſtoupes,cotton,ou linge, en eſleuant & reduiſant les os en leur figure naturellei & apres la reduction faicte,ſoient miſes compreſſes aux parties laterales, pour tenir le nez en - - ſa figure : leſquelles ſeront trempées & imbues en vn reſtraintiffait ex albumine oui, maſti- che, bolo armeno, & ſanguine draconis, alumine combuſto. Puis ſoit faite ligature propre, en ſorte qu'elle ne preſſe ſur le nez, de peur de rendre puis apres le patient camus, comme aucuns ont fait par leur imperitie. Et apres ce fait, faut mettre dans les nazeaux tentes cannulées aucunement plattes, leſquelles C ſeront attachées par vn fil,à la coeffe, ou bonnet du bleſſé, de peur qu'elles ne tombent : leſquelles ſerui- ront de tenir les os fracturez en leur lieu naturel , & donner iſſue à la ſanie s'il en y a, & pareillement à l'inſpiration & expiration. - La Figure destentes canulées eſt telle . Or ſi le nez ou portion d'iceluy n'eſt du tout tranché & abbatu, & qu'il y ait encore ſuffiſam- ment chair pour donner nourriture, alors le faut coudre, ce qui a lieu en ſon inferieure partie , qui eſt cartilagineuſe,qui ſe peut bien caſſer, enfoncer, tordre & couper, mais non rompre ou fracturer, comme la ſuperieure quia nature & ſubſtance d'os. - - - - - • -- —-- -•-é- —^-------- — Des playes de la langue-.. CH A P. XXV II I. - $# A Langue eſt aucunesfois vulneree auecque perdition de ſubſtance, & quelquesfois inciſée $# & fenduë au long,& autresfois en trauers. S'il ya perdition de ſubſtance, iamais la piece ne # peut eſtre repriſe, pource que toute partie ſeparée du corps viuant, auec lequel elle eſtoit conioincte parvie,perd la vie en meſme inſtant. Or, comme diſent les Philoſophes, à priua- •- * tione aa habitum non fit regreſſus : mais s'elle n'eſt qu'incifée en long,facilement eſt curée, en la reüniſſant auec couſture : & s'elle n'eſt inciſée en trauers, & qu'il y ayt encores quelque portion de fa chair pour bailler ,vie, il ſe faut bien garder de la paracheuer de couper, (pour l'excellence de fon vſage : )mais conuiendra recoudre, en faiſant les poincts d'aiguille deſſus & deſſous : & la faut tenir fermement , pen- dant qu'on la couſt,auec vn linge blanc, net & delié, pource qu'elle gliſſeroit d'entre les doigts , à cauſe de ſa lubricité,ainſi que fait vne anguille, & couperas le fil le plus pres du nœud qu'il te ſera poſſible, de Hiſtoire. Remede ag- glutinatif. Choſe degne # 'eſt re yotée ReduHion du Nez fras cturé- Viilité de feºtes cºnga mulées. ', Vne portien. de la langue entieremènt tranch ee ns ſe peut rem- nir à ſ'autre. peur qu'iceluy ne ſoit mis entre les dents,lors que la langue ſe meut en la bouche : qui pourroir eſtre cau- ' ſe que les poincts ſeroient dilacerez & rompus. Puis faut commander au malade qu'il mange orge mondé - X 4 lat 7.Ac> M.-V. \ ll X 1V ll l-lV- ä- I Lt 1 S-5 laict d'amandes,gelées, coulis, preſſifs, œufs mollets,& autres choſes ſemblables:& qu'il tienne ſouuent en fabouche ſuccre roſat,ſyrop de coings,de ceriſes confites,ou autres ſemblables confitures,pource que telles º Hiſtoire de choſes alimentent & nourriſſent,& ſeruent de medicamens agglutinatifs. Or ie te puis aſſeurer qu'oncques l, tangue n'ayveu en aucun liure, ce que ie t'eſcrits de la langue , ny ouyd'aucun precepteur : mais ie l'ay pratiqué preſque cou deux fois,comme tu orras à preſent Vn iour fus appellé en la maiſon de defunct Monſieur Coüet Aduocat pée au fî s de en parlement,pour penſer vn ſien fils, âgé de trois ans : lequel tomba le menton ſur vne pierre,& ſe coupa Couet,Aduo- de ſes dents bonne portion de l'extremité de ſa langue , & ne tenoit qu'à bien peu de chair : & avant peu ºat en Par d'efperance qu'elle ſe peût reünir, cuiday paracheuer la luy couper, mais toutesfois auec vn tres-grand lement. regret, veu que puis apres n'euſt peu parler : qui me fit differer , cognoiſſant que quelquesfois nature fait des choſes admirables : & que la langue eſt d'vne chair fungueuſe, laxe, & ſpongieuſe : auſſi qu'elle n'eſt ſubiecle aux iniures exterieures de l'air. Adoncques luy fis deux poincts d'aiguille , l'vn deſſus, & l'autre deſſous, & commanday à la mere dudit enfant qu'elle euſt à le nourrir des alimens predits : & vous puis Autre hiſtoi aſſeurer qu'en peu de iours l'enfant fut parfaictement guary,& à preſent parle tresbien. Vn cas ſemblabke re du ſilº de arriua vn peu de temps apres au fils de Monſieur de Marigny Preſident aux Enqueſtes,qui fut ſemblablement Monſieur le guary. te puis narrer vn cas pareil aduenu depuis n'agueres à vn charpentier , homme de bien en ſon eſtat, #º"* § maitre Iean Piet,demeurant au fauxbourg Sainct Germain des Prez, lequel tomba d'aſſez haut ſur #. vne piece de bois, & ſe coupa auſſi l'extremité de la langue, & ſubit vint vers moy pour la luy paracheuer §. de couper, parce qu'elle ne tenoit qu'a peu de choſe : ce que ne luy voulus accorder, veu l'experience que pentier. 1'en auois faite auparauant.Doncques la luy recouſis, & peu de iours apres fut pareillementguary auecques les remedes ſuſdits. Parquoy ces choſes entendues au Chirurgien, faut qu'il traite bien (s'il n'a meilleur moyen)les playes de la langue en la façon dite, & honneur & profit luy en aduiendra. - —. Desplayes des Oreilles. C H A P. X X I X. A 1 N T E N A N T faut parler des playes des Oreilles,leſquelles ſont aucunesfois du tout cou- En quel cas $ # pées, ou vne partie d icelles, & aucunesfois reſte encore quelque portion qui tient. †z ·ſe peut recou- $ dre l'oreille $ faut auoir égard,comme auons dit, s'il y a encores ſuffiſante nourriture,& lors tu y feras ſutu- «oupée # # # re:& de ton aiguille ne toucheras au Cartilage , de Peur que la partie ne tombe en gangrene, 2ºNSi3No (ce que ſouuentesfois eſt arriué)mais ſeulement prendras le cuir,& ce pen de chair qui eſt au- tour ledit cartilage : & auec compreſſes & bandages, & remedes propres à ce faire , prohiberas l'iufiamma- tion,& autres accidens.Auſſi donneras ſi bon ordre, qu'il ne s'engendre chair ſuperfluë au conduit de l'o- re ille, de peur qu'elle ne face obſtruction, qui eſtouperoit la voye de l'ouye. Pour ceſte cauſe tu y mettras touſiours vn peu d'éponges, afin de tenir le trou de l'oreille ouuert. Auſſi vſeras de medicamens ſecs, attendu que la partie eſt cartilagineuſe : & par conſequent fort ſeiche. Et où le cas aduiendroit qu'elle fuſt du tout coupée,apres la guariſon & cicatrization, le malade pourra porter (pour cacher ſon imperfection) vn bonnet appellé calotte, & à l'endroit de la dite oreille , ſera embourré de cotton ou drap, pour cacher le vice de ladite oreille qui aura eſté amputée. Desplayes du Col, & de la Gorge_ . C H A P XX X. # *º,º a7Qſ, E s playes du col & de la gorge ſont ſimples, c'eſt à dire,auecque ſolution de continuité ſeule p # é# # ſ$ és muſcles : ou compliquees, à ſçauoir auecque playe en la chair & aux os , comme és verte- g crg 2 … $} # bres. Souuent auſſi les veines iugulaire,tant internes qu'externes, enſemble les Carotides ſont # offenſées. Quelques fois la Trachée artere & Oeſophague ſont navrez,voire du tout coupez,& cº^ $YºW pour les ſuſdites playes, ſouuent s'enſuit la mort. iarquoy le Chirurgien deuant que de tou- cher à la playe,doit faire ſon prognoſtic,ſelon qu'il verra les accidens grands ou petits,d'autant que la ſolu- tion de continuité eſt ſouuent cauſe de perdre quelque mouuement, ou de la mort, comme nous auons dit. " signes des Car à celle du col, ſouuentesfois il y a quelque grand nerf ou tendon atteint , qui eſt cauſe de la priuation playes de du mouuement : & ſi elles penetrent iuſques à la ſpinale medulle, auec leſion d'icelle, le mal eſt incurable. l'Oeſopha- Les playes de l'Oeſophague & Trachée artere ſont tres difficiles à curer pour leur perpetuel mouuemét,& gue. que ladite Trachée artere eſt cartilagineuſe & exangue. Celles de l'Oeſophague ſe cognoiſtront, ſi le pa- *igº ,º, tient crache du ſang par la bouche, & que ſon manger & boire ſortira par la playe:& s'il eſt du tout coupé, # ne pourra iamais aualler parce que chacune partie ſe retire, à ſçauoir l'vne en haut, & l'autre en bas, & ſi fere. la Trachée artere eſt bleſſee,le vent ſortira par la playe : ſemblablement crachera le ſang, & n'aura ceſſe de Siçmes des touſſer. Celles des veines ingulaires & arteres carotides, eſtans grandes ſont mortelles, pource qu'elles ne pl.yes des peuuent eſtre eſtreintes, & comprimées par ligatures, à cauſe que le col ne peut eſtre fort ſerré,que l'on ne veines iuga-ſuffoquaſt le malade : au moyen dequoy s'enſuit vn flux de ſang, qui eſt cauſe demort : & ſile nerf recurrent laires. eſt coupé du coſté dextre ou ſeneſtre , la voix demeure rauque : ſi de tous les deux , le malade ne pourra Gal. de vſu iamais parler, pource que l'inſtrument qui eſt cauſe de la voix, eſt tranché. Quant à la curation , ſi la playe partium. n'offenſe aucun grand vaiſſeau, ny la Trachée artere, ou Oeſophague , & ſi elle eſt petite,ſera facilement Cure. curée : s'il eſt neceſſaire y faire poincts d'aiguille,ſeront faicts comme auons dit cy-deſſus : puis ſera inſtillé - terebenthine de Veniſe auec vn peu de bol fin, ou bien de noſtre baume, qui eſt tel. 2Z. terebenth.Venet. #ººººrti- fb. É. gummi elemi, 3.iiij. olei hyperico. 3.iij. bol. armen. & ſangu.dracon.afi. 3.j. aquæ vitx 3.ij. lique- ſiciel * fiant omnia ſimul lentoigne, & fiat balſam.vt artis eſt : addend. pulu.ireos Floren aloès,maſt, myrrha añ. º 3.j. Duquelbaume i'ay fait choſes admirables pour conſolider & agglutiner les playes,auſquelles n'y auoit choſes eſtranges, ou complication des maladies : & par deſſus ſera appliqué l'emplaſtre diachalciteos, diſ- •• 72, » • ; ſout en huile roſat & vinaigre, laquelle a vertu de reprimer les humeurs, & euiter l'inflammation , ou bien #" ſera appliqué l'emplaſtre de Gratia Dei,ou de Ianua. Et ſi la playe eſt auec inciſion des veines iugulaires, & Pºyº de la ºrteres carotides , l'effuſion de ſang ſera arreſtée, comme nous auons deſcrit au chapitre du flux de ſang: T, é, & lors que la Trachée artere & C eſophague ſeront coupez, le Chirurgien y fera ſuture le plus proprement tere & oeſo- ºlº luy ſera poſſible,& le malade n'auallera choſe qui ſoit difficile à tranſgloutir, mais vſera de boüillons Phague. reſtaurans,gelée, orge mundé : & s'il eſt beſoin de gargariſmes, ceſtuy ſera fort propre.2Z.hord. m.j. flor. roſar. p.j.paſſul. mund. iuiubar.añ.3.É. liquirit. 3. j. bulliant omnia ſimul addend. mellis roſat. & ſyrupum roſarum añ.3.ij. fiat gargariſm. vt artis eſt : duquel tiede en lauera & gargariſera ſa bouche : il lenit & ad- doucit la partie, fede la douleur,deterge & agglutine,& aide à la reſpiration. Or icy rccitcray-ie ccſte hiſtoire , digne d'eſtre laiſſée à la icuneſſe des Chirurgiens. L'an mil cinq cens ſeptante Pregnoſtic. Playes des - Des Playes en particulier. 249 A ſeptante-quatre,le premier iour de May,François Brege,patiſſier de Monſeigneur de Guiſe,fut bleſſé à Ioin- ... . uille d'vn coup d'eſpée à la gorge, coupant vne partie de la Trachée artere, & l'vne des veinesiugulaires, Hiſtoireme- dont s'enfuiuit grand flux de ſang,& vn chifflement par ladite Trachée artere. La playe fut couſue,& appli- morable . qués remedesaſtringens & toſt apres le vent qui ſortoit de la playe,s'introduifit entre le pannicule char- # # neux,& l'eſpace des muſcles,non ſeulement de la gorge,mais auſſi de tout le corps(come vn mouton qu'on ſier de # a ſouflé pour l'eſcorcher ) ne pouuant aucunement parler. La face eſtoit tellement enfiée qu'on ne voyoit # apparence de nez, ny des yeux.Voyant tels accidens, tous les aſſiſtans iugerent que ledit Brege auoit plus - beſoin d'vn Preſlre que d'vn Chirurgien : & partant l'extreme-Onction luy fut adminiſtrée. Le lendemain Monſieur de Guiſe commanda à maiſtre Iean le Ieune, ſon Chirurgien ordinaire , aller voir ledit Brege, accompagné de Monſieur Buho , Medecin celebre de Madame la Doüairiere de Guiſe, enſemble lacques Girardin, maiſtre Barbier Chirurgien au lieu de Ioinuille, leſquels l'ayans veu, ledit Medecin fut d'aduis de le laiſſer , n'eſperant aucune guariſon, & ne trouuoit le pouls des arteres aucunement battre pour la grande enfieure du cuir. Ledit le Ieune ne voulant laiſſer le malade ſans luy faire quelque choſe, & comme hardy Operateur, pour la bonne experience qu'il a eu, d'vn vif eſprit, fut d'aduis d'vſer d'vn extremere- mede, qui fut luy faire pluſieurs ſcarifications aſſez profondes, par leſquelles le ſang & ventoſitez furent vacuées. En fin ledit patiſſier recouura la parole , & la veuë, & fut quelque temps apres du tout guary, par la grace de Dieu : & eſt encore viuant,faiſant ſeruice à Monſieur de Guiſe de ſon eſtat de patiſſier. « Autre Hiſtoire_ . Noble homme François Preuoſt,Enſeigne de la Colonelle de Monſieur de l'Archan,agé de vingt-cinq ans fut bleſſé d'vn coup d'eſpée au trauers de la gorge , paſſant pres la Trachée artere , qui coupa les ra- meaux de laveine & artere iugulaire : dont il ſuruint vn bien grand flux de ſang, qui à grande difficulté fut #. eſtanché. Dauantage vn des nerfs vocales fut coupé. Semblablement les nerfs qui naiſſent des vertebres du ſit_ paraly- col,qui ſe diſperſent aux bras: dont tout ſubit le bras demeura impotent & paralytique.Dauantage la paro- §. quoy la le grandement deprauée : ioinct que le col demeura vn peu tors,ne le pouuant tourner comme auparauant. parole ſion Neantmoins eſt rechappé la vie ſauue. Il fut mené en la maiſon de maiſtre Pierre Pelotot, maiſtre Barbier deprauée. ' Chirurgien demeurant à la place Maubert,dont ſubit fus enuoyé querir par le malade, pour le penſer auec Pourquoy le ledit Pelotot.Où eſtant arriué, & l'ayant pensé,i'eus vne grande desfiance de ſa guariſon,pour les accidens col luy de- qui luy ſuruindrent. A ceſte cauſe ie fis appeller meſfieurs Cointeret, & Pietre , hommes bien entendus ºeºre fºrs en la Chirurgie , & fiſmes rapport en Iuſtice, qu'à grande difficulté en pourroit-il reſchapper, & que ſa à cauſe des playe eſtoit mortelle. Iel'ay penſé iuſques à ſa fin & Dieu la guary. Toutesfois eſt demeuré impotent # #º du bras, & ſa parole deprauée. ,* # # coupez. Pourquoyb bras romba LAutres Hiſtoires memorables. CH A P. XXXI. R en cét endroitie veux bien reciter ces trois hiſtoires , afin qu'elles ſeruent d'inſtruction premier, bt. } ſignalée pour le ieune Chirurgien, ſi telles playes luy tombent entre ſes mains. La premiere ſtoire . 4 fut l'an mil cinq cens cinquante : Vn ſeruiteur de Monſieur de Champagne, Gentilhomme du - ſ8(pays d'Anjou, § navré d'vn coup d'eſpée à la gorge, en ſorte qu'il auoit l'vne des veines iu- - *ºgulaires couppée auec la Trachée artere, au moyen dequoy auoit vn bien grand flux de ſang: joint qu'il ne pouuoit aucunement parler, iuſques à ce que ſa playe fuſt couſue & medicamentée. Cr * pendant que les medicamens eſtoient liquides, il les attiroit entre les poincts d'aiguille , & les rendoit par la bouche. Dont conſiderant la magnitude de la playe , & la nature des parties bleſſées principalement de la trachée artere & veine iugulaire, leſquelles ſont ſpermatiques , froides & ſeiches, par ainſi diffici- les à reünir:auecce auſſi que la Trachée artere eſt ſubject au mouuement qui ſe fait en la deglution,à raiſon de la tunique interne laquelle eſt contenue en celle de l'Oeſophague,obeiſſant l'vne à l'autre par vn mouue- ment reciproque,comme corde à double chefdedans vne poulie : confiderant auſſi l'vſage deſdites parties, e'eſt que la Trachée artere ſert à la reſpiration, laquelle eſt neceſſaire à la ſymmetrie & chaleur vitale du cœur,& que la veine iugulaire eſt fort requiſe à la nutrition des parties ſuperieures.Dauâtage ayant eſgard à la tres-grande quantité de ſang,qu'il auoit perdu,& perdoit par ſa playe(qui eſt le threſor de Nature,con- - ſeruant la chaleur naturelle & eſprits vitaux)& autres accidens,faiſois mon prognoſtic de mort prochaine: Seeonde his toutesfois ie te puis aſſeurer qu'il eſt rechapé.Ce que ie croy eſtre pluſtoſtaduenu par la grace de Dieu,que ſtoire ». Par le moyen & ayde de l'homme, ny des medicamens. La ſeconde hiſtoire eſt, que depuis peu de temps eſtoient deux Anglois logez enſemble,pres la porte SºMarcel,en ceſte ville de Paris,dont l'vn auoit quelque ſomme d'eſcus,& vne aſſez groſſe chaiſne d'or,auec quelques autres riches bagues qu'il portoit ordinaire- ment ſur ſoy. Son compagnon voulant s'emparer de tel ioyauxfit tant qu'il le mena ioüer vers le bois de Vincenne : & eſtant dedans les vignes, luy coupa la Trachée artere & l'Oeſophague,& luy donna certains coups de dague, & penſoit bien l'auoir tué, le laiſſant preſque en chemiſe. Ayant fait ceſte trahiſon & meſ- chanceté,incontineneretourna en ceſte ville.Puis le navré qui auoit feint eſtre mort,ſe leua,& fit tant qu'il ſe traina à la maiſon d'vn paiſant,lequel par pitié le fit penſer & medicamenter.Il fut apporté en ceſte ville,où toſt apres vn de ſes compagnons m'enuoya querir pour le penſer :& trouuay qu'il auoit la Trachée artere ºec l'Oeſophague,ou Mery(qui eſt la voye de boire & du manger)entieremét coupée:& ſubit ie recouſus " -- ſa Playe,prenant la Trachée artere,& r'approchant plus prés qu'il me fut poſſible ſes deux extremitez l'vne ºotre l'autre:mais de l'Oeſophague non,parce qu'il s'eſtoit retiré vers l'eſtomach:puis à ſa playe appliquay ºmedes auec compreſſe & ligature propre : & incontinent qu'il fut ainſi habillé, commença à parler, & ºommer celuy qui luy auoit faict cét excez. Le meurtrier toſt apres fut pris aux Faux-bourgs S. Marcel : & le trouua-on ſaiſy des hardes dudit patient,dont il fut conſtitué priſonnier,& le fait verifié apres la mort du Patient,laquelle fut le quatriéme iour de ſa bleſſure.Toſt apres le meurtrier fut rompu ſur la roue pres ſain- ºe Catherine du val des Eſcoliers,& le meurtre verifié,pour auoir recouſu la playe dudit patient,l'ayât fait parler. La troiſieſme hiſtoire preſque ſemblable d'vn Allemand,penſionnaire d'vn banquier nommé Perot, , 7rºiſieſºe demeurant à la ruë des Noyers en ceſteville de Paris, lequel par vne phrenefie, & folle opinion,la nuictſ *º couppa la gorge d'vn couſteau,& ſe donna pluſieurs autres coups,tant au Thorax qu'au ventre,dont aucuns Penetroient au dedans,& les autres eſtoient ſuperficiels. Le lendemain matin aucuns de ſes compagnons le Voulans viſiter le trouuant fort mal , auec grande quantité de ſangre ſpandu autour de luy. Et voyant tel ſpectacle croyoiét & penſoient que c'euſt eſté ſon ſeruiteur qui luy auoit fait tel excez,parce qu'il couchoit en ſa chambre : lequel fut prins & mené priſonnier au Chaſtelet,en luy mettant ſus auoirainſi meurtry ſon maiſtre. or ie fus enuoyé querir pour viſiter & penſer lemalade:& voyant la Trachée artere & l'oeſopha- gue 2 5o Le dixieſme LiLJre, gue couppé,auec pluſieurs autres playes,n'eus aucune eſperance de ſa vie parquoy fus d'aduis qu'on appel- A cºnfeſſi5 au laſt Eſtienne de la Riuiere,Chirurgien ordinaire du Roy,& Germain Cheual,čhirurgien Iuré a Paris,& fut A malade. conclu entre nous,qu'il falloit recoudre la playe de la gorge,comme il a eſté recité cy-deuant Próptement la playe couſue & bandée,ledit patient Allemand commença à parler:& côfeſſa que luy-meſme s'eſtoit fait tel excez,& deſchargea du tout ſon pauure ſeruiteur en nos preſences,& de pluſieurs autres,& principale- ment de deux Notaires,& d'vn Commiſſaire du Chaſtelet par ce moyen fut mis ledit ſeruiteur hors de pri- ſon, & abſous entierement par la confeſſion que fit ſon maiſtre : & vous puis aſſeurer qu'il veſcut quatre iours,jaçoit que iamais depuis ſa bleſſeure ne ſçeut aualler aucune choſesmais fut aucunement alimenté par clyſteres nutritifs,& choſes odoriferantes nutritiues,comme mie de pain chaud , trempée en vin, & autres choſes ſemblables que ie te laiſſe à dire,à cauſe de briefueté.Seulement ie t'aſſeureray,que par le benefice de la Chirurgie, fut donné moyen audit Allemand, de parler par l'eſpace de trois iours : qui fut cauſe que ſon ſeruiteur,& ſon hoſte furent du tout deſchargez,& la verité du fait entierement cogneuë. Des playes du Thorax ou Peičtrine. CH A P. X X XII. Differen ce E s playes du Thorax ou Poictrine,lesvnes ſont faîtes par deuant,les autres par derriere.aucu- des playes nes penetrent au dedans & profondement, les autres non : auſſi aucunes ſont auec leſion des du Thorax. { \l N parties contenuës,comme mediaſtin,poulmons,cœur,diaphragme,veine caue & grande artere aſcendante,& quelquesfois penetrent de part en part tout au trauers du corps, auec fracture d'os pulſez au dedans,par l'entrée de la playe,& à la ſortie chaſſez au dehors : parquoy aucu- nes ſont mortelles,les autres non.Les ſignes qu'elles penetrent au dedans ſont cogneus, quand l'air ſort de B la playe auecvn ſifflement. Et pour bien cognoiſtre cela, on fera boucher le nez & bouche du malade, afin Signes que » que ſon vent ſoit retenu. Ce faiſant,ſi la playe penetre,on verra ſortir le vent, approchant vne petite chan- la playe eſt delle allumée pres la playe,& lors on voit la flambe ſe mouuoir,& quelquesfois eſteindre la châdelle:ioint º !º ,ºpº- auſſi que le malade a peine de reſpirer & expirer, & principalement quand il y aura du ſang tombé ſur le # * Diaphragme. Les ſignes par leſquels on cognoiſt le cœur eſtre bleſſé , c'eſt qu'il ſort grande quantité de Thorax. ſang,auec vn tremblement vniuerſel de tout le corps:le pouls eſt fort languide & petit,la couleur fort paſle •-"Z.# & ſueur froide,auec ſyncope les extremitez demeurans refroidies,& promptement la mort s'enſuit Toutes- ſtrent qu'el- fois ie proteſte auoir veu à Thurin vn Gentil-homme lequel ſe combatoit auec vn autre, qui luy donna vn le partie eſt couP d'eſpée ſouz la mammelle ſemeſtre penetrant iuſques en la ſubſtance du cœur, & ne laiſſa de tirer en- effiné.. " cores quelques coups d'eſpée contre ſon ennemy qui s'enfuyoit, le pourſuiuant la longueur de deux cens signes du pas,puis tomba en terre mort:& en feis ouuerture,où ie trouuay vne playe en la ſubſtáce du cœur,de gran- cœur bleſſé. deur à mettre le doigt,& grande quātité de ſang tombé ſur le Diaphragme.Les ſignes qui aduiennent quâd Hiſtoire. les poulmons ſont vulnerez,c'eſt qu'il ſort de la playe vn ſang ſpumeux auec viie toux,le malade ſe couche ºitºu des volontiers ſur la playe,& en telle ſituation quelquesfois parle ayſément,&ſe tournant de l'autre coſté perd #º la parole,& agrande difficulté de reſpirer,& douleur aux coſtez qui n'eſtoit auparauant. Les fignes qui de- bleſſez. monſtrent le Diaphragme eſtre bleſſé, ſont peſanteur au lieu bleſſé,delire, c'eſt à dire perturbation de rai- ſon, qui ſe fait par la communication des nerfs de la ſixieſme coniugaiſon qui s'inſerent au Diaphragme: grande difficulté d'halener,toux,de douleurs aiguës : les flancs ſe retirent & reſſerrent contremont : & par ceſte grande & vehemente inſpiration,eſt quelquesfois attiré l'eſtomach & les inteſtins par la playe en la ca- Diaphrag- /77º, Hiſtoir»me- pacité du Thorax,ce que i'ay remarqué à deux perſonnes:L'vn eſtoit ayde à maçon,lequel fut bleſſé au mi- C morable. lieu du Diaphragme,en ſa partie nerueuſe , dont il mourut le troiſieſme iour : & luy ayant ouuert le ventre inferieur,ne peus trouuer ſon eſtomach:ce qui me fit grandement eſmerueiller,penſant que ce fuſt vne cho- ſe monſtrueuſe d'eſtre ſans eſtomach.Mais ayant diligêment conſideré,cognus en fin qu'il eſtoit möté dans le Thorax,jaçoit que la playe du Diaphragme ne fuſt plus grande qu'à mettre le poulce : & ayant ouuert le Autre hi- Thorax,trouuay ledit eſtomach enflé & plein de vent,auec peu d'aquoſité.D'abondant ie ne veux obmettre ſtoire. ceſte hiſtoire aduenuë depuis peu de temps,d'vn Capitaine nommé François d'Alon natif de Xaintonge,le- quel eſtant à la ſuitte de Monſieur de Biron,Grand maiſtre de l'artillerie de France,reçeut deuât la Rochelle vn coup d'harquebuſe,dötl'entrée eſtoit à la fin du Sternum pres le cartilage ſcutiforme,paſſant au trauers du Diaphragme en ſa partie charneuſe, dont la ſortie eſtoit entre la cinq & ſixieſmc des coſtes vrayes du coſté gauche,duquel coup ſa playe fut bien conſolidée par dehors,toutesfois il luy reſtoit touſiours depuis vne debilité d'eſtomach,comme vne eſpece de cholique,à raiſon dequoy il n'oſoit ſouper que bien legere- ment.Huict mois apres luy ſuruint vne grande douleur au petit ventre,comme vne colique, & fut ſecouru bien ſoigneuſement par Monſieur de Malmedy,Docteur Regét en la faculté de Medecine,& Lecteur du Roy, & Monſieur du Val pareillement Docteur en la faculté de Medecine,hommes ſçauâs en la Medecine & Chi- rurgie:neâtmoins quelques remedes qu'on y peut adminiſtrer,mourut,& fus d'aduis l'anatomiſer,pour ſça- uoir la cauſe de ſa mort,& des grandes douleurs qu'il ſentoit pendant ſa maladie:ce qui fut fait par Iacques Guillemeau,Chirurgien du Roy,& Iuré à Paris,grandement versé en l'anatomie , & és autres parties de la Chirurgie:& fut trouué en la capacité du Thorax vne grande partie de l'inteſtin Colon remply de vët,qui eſtoit entré par le trou du Diaphragme fait par la bleſſeure:toutesfois n'eſtoit ledit trou ſuffiſant qu'à met- Signes pour tre le bout du petit doigt.Maintenant nous retournerons à noſtre propos. On peut cognoiſtre le ſang eſtre *ºgnoiſtre le tombé dedans le Thorax par la difficulté de reſpirer,pourueu que le patient ſoit aſſis ou debout:car eſtant ſºr eſtre couché ſur l'eſpine du dos,le ſang contenu en la capacité,s'eſpanche du long de l'eſpine,ne comprimant ny † * les Poulmons, nyle Diaphragme, qui fait que quelquesfois il y a grande quantité de ſang contenu audit * Thorax,au moyen dequoy le Chirurgien ne ſituant bien ſon patient, peut eſtre trompé en ſon prognoſtic. Pareillement auſſi ſe cognoiſt par là,& par l'accroiſſement de la fiévre ayant l'haleine puante,& crachement de ſang,& autres accidens qui prouiennent,lors que le ſang eſt hors de ſes vaiſſeaux,ſe conuertiſſant en vne ſanie #tide alterant les parties eſquelles elle touche de ſa ſubſtance ou de ſa vapeur.Auſſi que le malade ne peut demeurer couché que deſſus le dos,& à volonté de vomir:deſire eſtre ſouuent leué, qui eſt cauſe qu'il - tombe en ſyncope,à cauſe de la faculté vitale qui ſouſtient le corps eſtant grandement debilitée,tât à raiſon #º * de la playe,qu'à raiſon desgrumeaux de ſang,qui en quelque partie qu'ils tombent,acquerans qualité vene- # Caue neuſe par corruption du ſang ſailly de ſes vaiſſeaux affoibliſſent & diſſipét grandement les forces du cœur. &'grande Les ſignes que la moiielle de l'eſpine eſt bleſſée,c'eſt qu'il ſe fait paralyſie,& ſouuent conuulſion ou ſpaſme: 47"féº7"é . le ſentiment & mouuement des parties inferieures ſubit ſe perd,& les excremens comme matiere fecale & pºu , pºur l'vrine,ſont iettez inuolontairement,& ſouuent du tout retenus.Les ſignes que la veine caue &grâde artere la curation ſont vulnerées,c'eſt que le malade meurt promptement,à cauſe de la ſubite & gärde vacuation qui ſe fait du desplayes du ſang & eſprits qui rempliſſent le Thorax,faiſant ceſſer l'action des Poulmons & du cœur,dót le pauure ma- Thorax lade eſt promptement ſuffoqué. De Vigo au Traité des playes de la poitrine,chap.1o.dit qu'il y a diſcord D : : : · ! ' ! | ( CIhtre Des Playes en particulier. 2 5 I » A entre les chirurgiens,parce que les vns ſont d'aduis de clorre la playe penetrante an dedans le plus ſubit que faire ſe pourra, ſans s'amuſer à la tenir ouuerte auec tentes, de peur que l'air froid n'entre au cœur,& que les eſprits vitaux ſortent & ſe diſſipent. Les autres tiennent le contraire, & commandent de tenir la playe ouuerte : voire ſi elle n'eſt grande,qu'il la faut ouurir, afin que le ſang contenu au dedans puiſſe eſtre vacué, craignant qu'il ne ſe pourriſſe & putrefie, dont fiévre, fiſtule,& autres pernicieux accidens aduiendroient. or veritablement ceux qui tiennent que promptement faut clorre la playe ſans y mettre aucune tente , ont grande raiſon, pourueu qu'il n'y ait point de ſang,ou bien petite quantité tombée au dedans, de peur des accidens ſuſdits.Auſſi ceux qui tiennent qu'il faut tenir la playe ouuerte , ont ſemblablement raiſon , pour les accidens qui peuuent venir , eſtant le ſang tombé en grande quantité au dedans, & retenu. Et en cet en- Hiſtcire. droit ie veux reciter ceſte hiſtoire. Eſtant à Thurin au ſeruice de deffunct Monſieur de Montejan, ie fus ap- · pellé pour penſer vn ſoldat nommé l'Eueſque, natif de Paris, qui eſtoit lors ſouz la charge du Capitaine Renou2rt, qui fut bleſsé de trois grands coups d'eſpée, deſquels en auoitvn au coſté dextre ſouz la mamel- le, où la playe eſtoit aſſez grande, penetrant en la capacité du Thorax, & eſtoit de coulé grande quantité de ſang ſur le Diaphragme, qui empeſchoit la reſpiration , & ne pouuoit qu'à bien grande peine parler, ayant vne fiévre fort vehemente, & auec la toux jettoit le ſang par la bouche, & diſoit fentir vne douleur extréme au coſté bleſſé. Or le Chirurgien qui premierement l'auoit pensé, auoit conſu du tout ſa playe, de Moyen de ſorte que rien n'en pouuoit ſortir : & le lendemain ie fus appellé pour viſiter le malade, où eſtant arriué, faire ſºrtir voyant les accidens & la mort proche,fus d'aduis de deſcoudre la playe, à l'orifice de laquelle ie trouaay * ſºns *- du ſang coagulé, dont ſubit feis eſleuer le malade par les jambes la teſle en bas,laiſſant vne partie du corps #º * deſſus le lict, s'appuyant vne main ſur vne eſcabelle plus baſſe que le lia : & eſtant ainſi ſitué,luy feisfer- *** B mer la bouche & le nez, afin que les poulmons ſe tumefiaſſent, & le Diaphragme s'eſleuaſt, & les muſcles intercoſtaux ſe comprimaſſent, enſemble ceux de l'Epigaſtre, afin que le ſang decoulé au Thorax fuſt jetté hors par la playe : & encores pour mieux faire, mettois le doigt aſſez profondement en la playe pour deſ- boucher ladite playe du ſang coagulé , & en ſortit prés de ſept à huict onces ja fetide & corrompu : puis le feis fituer au lict, luy faiſant des injections en ſa playe d'eau d'orge, en laquelle auois faict bouillir miel roſat & ſuccre candi, le faiſois tourner de coſté & d'autre : & derechefle feis eſleuer par les iambes comme auparauant. Lors on voyoit ſortir auec ladite injection des petits thrombus & grumeaux de ſang.Cela fait, les accidens diminuerent, & petit à petit ceſſerent. Le lendemain luy fis encore injection , en laquelle adiouſtay centaure, abſinthe,aloës, pour encores mieux mundifier : mais le malade toſt apres me dit qu'il ſentoitvne tres-grande amertume en la bouche, & volonté de vomir.Alors me vint en memoireauoir veu 9n ne dºit aduenir vne pareille choſe à l'HoſtelDieu de Paris à vn quidam quiauoit vne fiſtule auThorax : & conſide- fºr*iniº- rant que telles choſes ameres s'imbiboient en la ſubſtance des poulmons, & que par leur rarité & ſpongio-º #4 ſité facilement ſe communiquoient à la Trachée artere & Oeſophague, & par conſequent à la bouche,cela * Th0rax. fux cauſe que n'y appliquay plus ( & ne feray)telles choſes ameres en telles playes, cauſe qu'elles donnent plus de facherie au malade, que de bien. Or pour conclurre, ladite playe fut ſi bien traittée, qu'outre mon eſperance le malade guarit. Ie reciteray ſur ce propos vne autre hiſtoire. Quelque temps y a que fusap- Hiſtoire. pellé pour traiter vn Gentil - homme Allemand, au logis de S. Michel , rue S. Denys, lequel fut bleſsé d' vn coup d'eſpée penetrant au Thorax : & pour le premier appareille penſa vn barbier ſon voiſin, & mit vne aſſez groſſe tente dedans la playe. Le lendemain viſitay ledit Allemand, & ayant veu ſa playe, & exa- miné s'il y auoit du ſang coulé au dedans, cognoiſſant qu'il n'y en auoit point, pource qu'il n'auoit fiévre, ny peſanteur, & qu'il n'auoit craché du ſang: lors luy oſtay ſa tente, & luy inſtillay de mon baume, & par C deſſusvn emplaſtre de ZDiachalciteos,& toſt apres fut guary : ce que ie proteſteauoir fait en cas pareil par plu- ſieursfois.Et puis icy atteſter, que pour tenir trop longuement des tentes és playes du Thorax, icelles dege- nerent en fiſtules, & ſont rendues incurables le plus ſouuent. / Andreas à Cruce, Medecin tres-fameux à Veniſe, en ſon quatrieſme liure, ſection premiere de ſa Chirur- gie parlant des playes du Thorax, & comment il faut tirer le ſang ou autre humeur de la capacité d'iceluy, recommande entre tous remedes l'emplaſtre qui s'enſuit,duquel voicy les paroles expreſſes. Nous trouuons tres-ſeur & expedient vſer de l'emplaſtre qui s'enſuit, aux playes du Thorax & ſemblables, appliqué exte- rieurement , ſans mettre aucunement tentes, ny cannules, que ie puis aſſeurer, & prens Dieu à teſmoin, qu'il eſt d'vn effect merueilleux : pour raiſon dequoy il eſt appellé Sainct, digerant les playes profondes, anguſtes & cauerneuſes, roborant les parties voiſines, attirant par vne merueilleuſe prouidence les matieres eſtranges du profond & centre du corps, & ſi il abſterge, deſſeiche, & conſolide toute playe faicte d'eſtoc ſans nullement trauailler le malade. C'eſtoit des ſecrets de defunct mon pere, qui a long-temps regné en ces quartiers auec vne honneſte reputation. Il eſt preparé comme s'enſuit. 2Z. reſinx pini recentis clara & odoratæ 3. xij. olei laurini. puri,terebenthinæ optimae, afi. 3. ij. gummi elemni tranſparentis, grauis ac boni odoris 3.iiij. miſce. Il faut tout premierement'mettre la reſine & la gomme en vn poillon, ou petit baſſin d'eſtain ſur le feu,le remuant iuſques à ce qu'ils ſoient meſlez enſemble l'vn auec l'autre : puis faut adiouſter l huile laurin & la terebenthine, & derechefles faire reboüillir, remuant touſiours : & lors que vous verrez que ledit medica- ment viendra eſpais, le faut paſſer au trauers d'vn gros linge, & le mettre dans vn pot de terre plombé,& D bienbouché, & en eſtendre ſur du cuir, & faire vn emplaſtre, qui couurira non ſeulement la playe, mais quatre ou cinq doigts és enuirons,luy donnant iour au milieu,pour donner paſſage aux matieres eſtranges. Il faut ſeulement penſer leſdits malades vne fois le iour en hyuer,& deux en eſté. Il loüe auſſi grandement, comme eſcrit Galien au 5.liure de locis affectis, & chap. 2.du 5. liure de la Methode, & Dioſcoride liu. 5. chap.9.l'vſage du melicratum, qui eſt faict de deux parties d'eau de riuiere & vne de miel.ll inciſe & at- tenue le ſang caillé,qui autrement ne pourroit paſſer , pour raiſon de l'anguſtie de la playe,pris en potion, ou bien en y faiſant injection dans icelle playe. Galien au.7.liure des adminiſtrations Anatomiques recite ceſte hiſtoire, que le ſeruiteur de Marillus Mi- Hiſtoire me: mographe, receut vn coup ſur le brichet, duquel au commencement il ne fit conte : & en apres ne fut bien morable d'v- conduit ny gouuerné. paſsés quatre mois, il monſtra de la fange en la partie qui auoit eſté frappée : ce- ne cure que luy qui le penſoit, la voulant euacuer, fit inciſion : & comme il cuidoit deuoir eſtre fait, incontinent fit fit Galien à venir l'vlcere à cicatrice. Par apres ladite partie s'enflamma derechef,& s'apoſtema,& derechef fut inciſée, vn auquet & ne fut de la en auant poſſible la cicatriſer. A ceſte raiſon ſon maiſtre aſſembla pluſieurs Medecins, du º º º nombre deſquels ie fus, & les pria conſulter de guariſon. Or comme tous cuiderent la maladie eſtre vn " * »ud. ſphacele & corruption du brichet, ſe voyant & apparoiſſant le mouuent du cœur en la partie ſeneſtre,au- cun n'oſa entreprendre de couper l'os gaſté & corrompu : lors ie promis de le couper,au reſte ie n'aſſeurois º point le guarir parfaictemét.Apresauoir donc coupé l'os corrompu à l'endroit où luy eſt adherente la pointe de l'eſtuy du cœur, ſe monſtrant le cœur tout nud,par ce que ſon eſtuy ou Pericarde eſtoit pourry : en cet - inſtant 2 5 2 Le CllX1elnnc L1LlfC, Belle anno- tation. Pourquoy les fiſtules du Thorax fant ſouuent in- cnrables. Vſage des fe77fe5 ſ'4/9• mulées,& de l'eſponge. L'vſage de la conrte ou- #erture, inſtât nous conçeuſmes mauuaiſe opinion & eſperance dudit ſeruiteur:ceneantmoins il fut totalement gua- ry en peu de temps : ce que ne fuſt aduenu,ſi on n'euſt pris la hardieſſe de couper l'os gaſté. Cecy ſont les paroles de Galien dignes de grande admiration, comme vn homme a peu viure, luy ayant veu le cœur à nud, & hors de ſon enneloppe ou tunique, nommée Pericarde.Et ſi c'eſtoit vn autre que ce grand perſon- nage Galien, difficilement on le pourroit croire. A -- Cure des Playes du Thorax ou poičirine. C H A F. XXX I l I. I la playe penetre au dedans du Thorax, au premier appareil ne la faut clorre, mais ſera te- nuë ouuerte deux ou trois iours : & ſi on voit le malade eſtre auec peu de douleur, n'ayant peſanteur ſur le Diaphragme, & qu'il reſpire bien,lors on oſtera la tente & la playe ſera con- ſolidée le pluſtoſt qu'il ſera poſſible, en mettant vn linge delié beaucoup plus grand que la playe,couuert de baume agglutinatif,ſe gardant y mertre de la charpie, de crainte qu'il ne ſoit attiré au dedans,lors que le malade inſpire. Dauantage les tentes que l'on applique à tellesplayes doiuent eſtre attachées ou liées aux compreſſes, & qu'elles ayent ſemblablement la teſte groſſe & large, afin qu'el- les ne puiſſent tomber au dedans : car eſtans tombées cauſeroient putrefaction, & par conſequent la mort: parquoy le ieune Chirurgien y prendra garde. On appliquera ſur la playe vn emplaſtre de diachalciteos, ou autre ſemblable. Son regime, & les purgations, ſaignées, & autres choſes neceſſaires, luy ſeront ad- miniſtrées, ainſi qu'il ſera requis. Auſſi ſi l'on cognoiſt qu'il fuſt tombé beaucoup de ſang au dedans du Thorax, il faut tenir l'orifice de la playe ouuert auec groſſes tentes , iuſques à ce que la ſanie cauſée par ledit ſang, ſoitvuidée : & fi le cas aduient (qui ſe fait le plus ſouuent, quelque grande diligence que l'on puiſſe faire ) que la playe degenere en fiſtules, leſquelles peu ſouuent ſe guariſſent, parce que les muſcles à : du Thorax,qui ſont entre les coſtes, ſont en perpetuelmouuement, & auſſi que par dedans ne ſont couuerts s que de la membrane pleuretique, qui eſt exangue : joint auſſi que la playe n'a point d'appuy pour eſtre com- - primée, couſue & liée pour ayder à nature à r'approcher les labies, & y faire regeneration & aggluti- B J. nation : tout cela fait que les fiſtules en cét endroict ſont le plus ſouuent incurables. Or pour la cure il faut , 3M apres les choſes vniuerſelles faites, donner au malade de la portion vulneraire, & luy en faire des in- - iections dedans ladite fiſtule : en laquelle on adiouſtera du ſyrop , des roſes ſeiches, & miel roſat, & vn peu d'eau de vie, auec vne Syringue : & où il y auroit grande pourriture, i'ay ſouuentefois adiouſté de l'on- guent AEgyptiac. Et faut auoir eſgard à la quantité de l'injection , à fin de la faire ſortir, & qu'il n'y en † nulle portion, s'il eſt poſſible : car y demeurant, nuiſt à la partie parce qu'elle ſe corrompt eſtant à retenue. Pigure d'vne Syringuepour faire iniections en quelque parties que ce ſoit, - lors qu'il enfaut ietterengrande quantité. # L'iniection ſortie, on mettra vne tente cannullée faite d'or, d'argent, ou plomb, laquelle ſera pertuisée, J. afin que la ſanie entre en icelle, & qu'elle ſoit vuidée par dedans ladite cannule.Dauantage ne faut obmettre qu'elle ſoit bien liée, craignant qu'elle ne tombe au dedans : & à l'orifice d'icelle, on mettra vne grande º, eſponge trempée en vin & eau de vie,puis eſprainte, & toute chaude ſera miſe ſur la partie. Ladite eſponge- # ſert à clorre l'orifice de l'vlcere,de peur que l'air exterieur n'entreau dedans : dauantage eſt propre pourau- cunement attirer & contenir la matiere ſortant d'icelle, qui ſe fera par l'ayde du malade, lequel ſouuent tant le iour, que la nuict, bouchera le nez & la bouche, & pouſſera ſon vent, & ſe panchera du coſté ma- lade, à fin d'expurger ladite ſanie. Or ladite cannule ſera oſtée, lors que la fiſtule iettera peu : puis ſera ci- · catrisée.Et ſi la fiſtule ne pouuoit eſtre curée,à cauſe que l'orifice d'icelle eſt en la partie ſuperieure, alors - faudroit faire controuuerture,ainſi que nous auons dit cy-deſſus de l'Empieme. - s Figure des Tentes cannulées, auec leurs liens & eſponges. # Notez que leſdites cannules ne doiuent auoir pluſieurs trous, comme t« vois par ces figures , mais ſeulement deux ou D | | | trois en leurs extremitex , à raiſon que la chair s'imprime & entre dedans lgſdits trous , qui eſt cauſe qu'on ue les peut | | retirer ſans douleur, & nuire à la playe ; Ie le ſcay pour l'auoir experimenté. · Vne playe faite aux poulmons ſe peut guarir, | pourueu qu'elle ne ſoit trop grande , qu'elle ſoit : $ ſans inflammation , & qu'elle ſoit faite aux extre- , %# mitez, & non de la partie ſuperieure , & que le : #/ malade ſe tienne en repos ſans touſſir ny parler, & , ſans grandement halener. Car ſi le malade touſſe, · la playe ſe dilatera, & y ſuruiendra inflammation, , puis la vertu expultrice s'efforçant ietter ce qui luy , nuit par la toux ( car les poulmons ne ſe peuuent : - * purger que par ce moyen ) eſt cauſe que l'vlcere ſe , •P- 5 * , # #. dilate de plus en plus en touſſant, & ainſi la playe * = =s--- = - y Ar) s'aggrandit, & l'inflammmationaccroiſt, & parainſi $ » . -^-=-ſſY \sº Xs- ) demeure incurable, & le malade meurt tabide à . # cauſe dudit vlcere aride & ſec. Et pour mondifier,agglutiner , & cicatriſer la playe, on fera vſer au malade , , d'alimens & medicaments emplaſtriques, auſteres & aſtingens , comme terre ſigillée, bol d'Armenie, hy- : pociſthis, balauſte, plantin, renoüée, berberis,ſumach, acacia, & leurs ſemblables, deſquels on fera vſer º | au malade en Potage » & lors y mettant du miel roſat , qui leur ſera comme vihicule & aydera à deterger , ! & . ( •. / Des Playes en particulier. 2 5 3 A & mondifier la playe.& lors que le malade vſera de lohots ſera couché à l'enuers,& luy ſera commandé te- nir leſdits lohots longuement en la bouche,en relaſchant les muſcles du larynx : ce faiſant le medicament coulera peu à peu le long des parois de la Trachée artere. Et faut ſe garder qu'il ne defue trop à coup, . de peur d'exciter la toux;mais qu'il deſcende par dedans la Trachée artere, ainſi que fait l'cau le long d'vn mur :ce faiſant la toux ne ſera excitée Le laict de vacheou d'aſneſſe,ou de chevre, ſont propres, auſquels ſera adiouſté du miel, qui le garde de ſe coaguler en l'eftomach. Celuy de femme eſt par deſſus tous. Le ſuccre roſat eſt fort ſingulier en ce cas, & recommandé grandement par Auicenne:comme ayant vertu en- ſemble de mondifier & aſtraindre, qui ſont les deux choſes ſouhaitables en vn vlcere. Mais d autant que, comme nous-auons noté cy-deuant, la fiévré hectique ſuruient ayſement & aſſez ſouuent aux playes & maladies des parties Thoraciques, & nommément du Poulmon, il ſera bon de dire quelque choſe de la façon de penſer telle ſorte de fiévre : afin que le Chirurgien en l'abſence du Medecin aye de quoy donner quelque contentement & allegeance au malade, en attendant que la venue du Medecin deſiré, & en tel cas bien neceſſaire,puiſſe apporter quelque plus grand ſecours, & guariſon entiere. P R O B L E M E. Pourquoy eſt-ce que les playes faites en la ſubſtance des Poulmons, cauſent fiſtules, deſquelles ort grande quantité de matiere purulente & fetide : qui fait que les malades B meurent tabides, & hectiques ? S T-c E point que le Poulmon vlceré, attire beaucoup de ſang du cœur par la veine arterieu- ſe, comme d'vne pompe, & l'ayant attiré ne le peut aſſimiler, ains ſe corrompt & tourne en ſanie fetide,à raiſon qu'elle eſt retenuë encloſe au Thorax ſans pouuoir eſtre euentilée,laquel- le eſt jettée par la playe,& quelquesfois par vomiſſement & par les ſelles & vrines ? Or ladi- ' te ſanie eſchauffe les parties qu'elle touche,& croupit,comme le Diaphragme & autres parties du Thorax, & d'elle s'eſleuent vapeurs putredineuſes , leſquelles ſont communiquées au cœur ou au cer- ueau , dont s'enſuit pluſieurs accidens, & principalement fiévre hectique & choliquatiue, & alteration de l'eſprit de la reſpiration:qui eſt la cauſe pourquoy les anciens ont appellé telle maladie Theroma pour la vo- racité de l'vlcere,laquelle s'aggrandit touſiours par le moyen du mouuement du Poulmon. Qu'il ſoit vray, veritablement i'ay fay pluſieurs ouuertures de corps morts par coups d'arquebuzes, dont le boulet ne pou- uoit eſtre plus gros que le bout du doigt,neantmoins ietrouuois la playe aux poulmons,grande à mettre vn eſteuf.Or ceſte vlcere attire à ſoy le ſang,comme vn loup affamé,de la veine arterieuſe du cœur,& le cœur de la veine caue,dont tout le corps en eſt conſommé & rendu ſec,aride,& hectique : dont la mort s'enſuit. Et quant aux fiſtules,aucunes,neantmoins que le Poulmon ne ſoit point vulneré,ne laiſſent à jetter gran- de quantité de matiere purulente,parce qu'elles ſont voyſines du cœur,qui fontaine du ſang (ſelon l'vſance commune de nature,qui eſt de ſecourir la partie affligée,tant qu'elle peut,de ſang & eſprits,venant des ra- meaux de la veine azygos) en fournit ſans fin & ſans meſure, auſdites parties offenſées, ſans ce que d'elles meſmes, par douleur, ou par chaleur, ou par leurs mouuemens (comme les Poulmons & Diaphragme) en C peuuent attirer à ſoy. Or ce ſang fluant & enuoyé, ne pechant, ny en quantité ny en qualité , imbu de la malignité de la partie vulnerée,ſe fait purulent:d'où vient que touſiours nouuelle ſanie s'engendre & deſ- gorge à la playe ou vlcere,qui enfin conduit le malade en vn maraſme,le rendant ſec,aride,& hectique:dont le plus ſouuent le malade meurt d'vne fiévre hectique. De la fiévre hectique,deſes differences, cauſes,ſignes,& cure . C H A p. XXX IV. A fiévre hectique eſt ainſi appellée, ou pource qu'elle eſt ſtable & difficile à guarir & oſter, comme les choſes qui ont prinsleur habitude : car le mot Grec Hexu, ſignifie habitude : ou Etymolºgi - - - ymologie pource qu'elle occupe les parties ſolides de noſtre corps,leſquelles les Grecs appellenthexei : d.#. meſme que le mot Latin habitus,ſe prend en l'vne & l'autre ſignification.L'on fait trois ſortes aique. de fiévre hectique, qui pour en parler à la verité,ſont pluſtoſt degrez,qu'eſpeces d'icelle.Le Diuiſien de premier degré donc eſt, quand la chaleur hectique conſomme l'humidité des parties ſolides. Le ſecond, fiévre heéii- quand il deuore la ſubſtance charneuſe d'icelles. Le troiſieſme & dernier qui eſt incurable, quand il s'at- que par ſes : tache & rauage par les os & autres parties ſolides : Tout ainſi que la flamme d'vne lampe conſume premie- degrez. rement l'huile, en apres la propre humidité du lumignon, en fin le corps du lumignon meſme, & alors qu'il - n'a point de moyen, ny d'eſperance de le pouuoir r'allumer,bien que luy donniez l'huile à regorger. Ceſte fiévre ne peut que bien rarement,& à peine,commencer d'elle-meſme, parquoy elle ſuit toufiours quelque autre fiévre.Les cauſes donc de la fiévre hectique sôt fiévres aiguës & ardentes mal-penſées, & principale- mentauſquelles on n'a donné refrigeration competente par epithemes ſur le cœur & hypochondres,ny eau D froide àboire en temps & ſaiſon requiſe.Elle peut auſſi eſtre cauſée d'vne fiévre diaire, qui aura eu ſon com- mencement de quelque grande,forte,& longue faſcherie ou cholere,la cauſe & impreſſion d'icelle perſeue- rant long-temps en nous:ou de quelque trauail exceſſifenlieu & entéps chaud & ardent, & en corps foüet & de peu de ſang & humidité.Elle eſt auſſi ſouuent cauſée d'vn vlcere & inflammation des poulmons, em- Pyeme de Thorax,d'vn grand & long phlegmon de foye,ventricule,meſentere,amarry, reins, veſſie,inteſtins ieiunum & colon:voire auſſi des autres,s'ils ſont enflammez d'vne vehemente & longue diarrhée,lienterie, ou dyſenterie,dont auſſi s'enſuit inflammation,reſiccation,emaciation de tout le corps,& par conſequent fié- vre hectique:car l'humidité eſtant conſommée,la chaleur ſe fait plus acre & ardente.Ceſte fiévre de tant elle eſt plus aysée à cognoiſtre qu'elle eſt difficile à guarir.Le pouls dôc en icelle eſt dur à cauſe de la ſiccité de 1'artere,qui eſt partie ſolide,& debile pour l'infirmité de la faculté vitale,le cœur eſtant en toute ſa ſubſtâce aſſailly.au reſte petit & frequent,à cauſe de l'intemperature & ardeur du cœur,qui ne pouuant faire grand pouls pour ſe refrigerer à cauſe de ſonimbecillité,taſche à ſe reuâger & rafraiſchir(mais en vain)par frequé- ce d'iceluy.Le propre ſigne de telle fiévre pour le reſpect du pouls eſt,qu'vne heure ou deux apres le repas le pouls ſe monſtre grand & leger,& meſme la chaleur lors au corps du malade ſe monſtre plus grand : ce qui dure tant que la diſtribution de l'aliment ſe fait,& que la ſuccité du cœur eſt aucunement corrigé,& ſa ſub- ſtancehumectée par la ſuruenue de l'aliment : qui eſt cauſe que la chaleur s'augmente,ne plus ne moins que la chaux parauât froide àl'attouchemêt,s'eſchauffe iuſques à fumer & boüillir quand elle eſt arrouſée d'eau. Au reſte,la chaleur & le pouls demeurent touſiours eſgaux en leur petiteſſe,langueur,obſcurité,dureté,fre- Belle compa- quence,ſans aucune exacerbation,ſi bien que le malade meſme ne penſe pas auoir la fiévre,& ne ſent "# raiſon, • •, : '- N ... . " Y IIl.2 - - - Les canſet. Signes auec leurs cauſes 0rf /79f4• leu. •. 2 5 4- Le dixieſme Liure, mal & douleur, qui eſt vn autre ſigne propre de la fiévre hectique. La raiſon vient de ce que la chaleur ne A ſe monſtre point, n'eſtant placée en la ſuperficie des eſprits ou humeurs,comme en la diaire & putride,ains eſt comme cachée & plongée au plus profond de la ſubſtance des parties ſolides , combien que toutesfois ſi vous tenez long temps voſtre main ſur ſon corps, en fin la chaleur ſe monſtre acre & mordicante, le paſ- - ſage luy eſtant ouuert par le cuir rarefié par l'attouchement doux & benin d'vne main bien tremperee.Que ſi ſe malade en ceſte fiévre ſent quelque douleur, & que par l'inegalité & excerbation de la chaleur il ſe iu- ge, & ſente luy meſme auoir la fiévre , c'eſt ſigne que telle hectique n'eſt pas ſimple,mais compliquée auec fiévre putride, qui apporte auec ſoy telle inegalité,ſelon que le feu vient a embraſer moins ou plus la ma- tiere ſujette à pourriture : autrement la fiévre hectique de ſoy eſt exempte d'inegalité : ſi ce n'eſt par quel- que accident, comme apres le repas, ainſi qu'ila eſté expliqué cy- deuant. Au reſte,ſi la face Hipocratique cauſe de la a lieu en quelque maladie , certes elle eſt monſtrée és hectiques , à cauſe de la colliquation de leur ſub- face Hippo- ſtance. Pour la cure de ceſtc fiévre , il faut curieuſement conſiderer » dllCC quelles affections elle eſt com- cratiquº pliquée , & de quelle cauſe elle aura eſté excitée. Premierement faut ſçauoir ſi elle eſt maladie ou ſymp- Aduertiſſe - tome:car ſi elle eſt ſymptome,elle ne pourra eſtre guarie,la maladie perſiſtante:comme ſi elle eſt causée d'v- ment ſur la ne fiſtule au Thorax,à raiſon d'vne playe receuë en ce lieu,ou d'vne vlcere dyſenterique d'inteſtins, elle ne cure ae pourra guarir, que premierement la fiſtule ou vlcere ne ſoit guarie , d'autant que la maladie entretient le . 'hečtique- . ſymptome comme la cauſe ſon effect : mais ſi elle eſt ſimple de tant que ſon eſſence eſt miſe en intemperie chaude & ſeiche, qui eſt placée non ſeulement aux humeurs,mais és Parties ſolides toute l'intention & con- La maladie ſeil du Medecin ſe doit rapporter à alterer,& corriger,& noº à purger : car les ſeuls humeurs ſont capa- entretient le bles de purgation , & non les parties ſolides. Reſte donc maintenant de rafraichir & humecter les parties ymptome ,. ſolides, ce qui ſe fait par choſes priſes au dedans & aPPosées Par dehors. - , Les choſes qui ſe peuuent fort heureuſement prendre au dedans du corps , ſont les aliments medicamen- cbeſes à teux,qui profitent ſans côparaiſon plus que les choſes qui peuuent ſimplemét alterer,c'eſt à dire rafraſchir prendre & humecter ſans döner nourriture:car par le reſpect de la portion alimenteuſe qui eſt en eux,eſtans attirez dans le corps. & appoſez à la partie,& tournez en la ſubſtance d'icelle,ils viennét à l humecter & rafraichir,non ſuperfi- ciellement,comme les choſes qui alterent ſimplement, mais interieurement. De telles choſes auons nous entre les herbes,entre les fruicts,entre les racines,entre les ſemences,entre les choſes que nous prenós or- dinairement pour la nourriture de noſtre corps.Entre les herbes eſt fort recômandée pour cét effect la vio- le,pourpié,la bugloſſe, l'endiue & la lentille Paluſtre, la maulue auſſi quand principalement il y a aſtrictió de ventre. Les fruicts ſont de courge,de concombre,pommes,pruneaux,la paſſerille,amâdes douces & re- centes,les pignons.Des ſemences,les quatre ſemences froides grandes & petites,& icelles recentes,à cauſe de l'humidité coniointe,les ſemences de pauot,de berberis,de coings,les fleurs de bugloſſe de violes,de ne- , nuphar:deſquelles choſes l'on fait des condits auec vn poulet pour prédre au matin,la premiere concoctió # eſtant accomplie,ce qu'on continuèra par l'eſpace de neuf iours.Quant aux viandes pour le commencemêt, #. #º lors que les facultez ne ſont encores fort debiles,qu'il prenne aliments qui à la verité ſoiét difficiles à cuire, mais qui nour1iflent fort & long-temps,comme ſont les extremitez des animaux,côme pieds de veau,pour- ceaux nô ſallez:chair de tortue : qui premier aura eſté nourrie en quelque,a1 din, pour ſe gourmer & pur- ger de ſes humiditez excremétitielles,la chair de limaçós blacs pris és vignes,les grenoüilles,eſcreuiſſes de riuiere,anguilles,priſes en eau pure & bien aſſaiſonnées,œ ufs durs, mangez auec ius d'ozeille ſans eſpice,le ſtocfich & merlu bien detrempez & deſſalez,des aſnös & pouce-pieds,la ſemoule,& autres ſemblables.Car telles choſes ayans vn ſuc viſqueux s'agglutin ét ayſémët aux parties de noſtre corps,& ne peuuêt eſtre diſ- ſipées ſi ayſemêt par l'ardeur de la chaleur:mais lors que la fiévre hectique aura ja longtemps-trainé dás le corps,de ſorte que les facultez ſemblent fort affoibles, il faudra donner viandes ayſées à cuire,& icelles en- core pluſtoſt bouillies que roſties:d'autant que les bouillies humectent dauantage,& que le sroſties ſe tour- nant plus aysément en bile.Les viandes ſeront veau,chévreau,chappons,poulets cuits en herbes,& ſemëces ui rafraichiſſent & humcctent : les orges mondez,les amandes leur ſont propres : comme auſſi la panade aite de mie de pain blanc,arrosée,puis cuitte en la decocti6 des quatre ſeméces froides,auec du ſuccre ro- iat en forme de bouillie:telle panade rafraiſchit le foye & l'habitude de tout le corps,& nourrit grâdemêt côme auſſi les teſticules,les foyes,aillerons de ieunes coqs,les figues & raifins de damas. Que ſi toutesfois - le malade eſt degouſté des viandes boüillies,que la chair qu'on luy donnera ne ſoit gueres roſtie, & qu'on Chºº ** ne luy donne de la ſupperficie de la chair qui eſt plus ſeiche & bruſlée,mais de l'interieure qui eſt plus hu- #" " mide,& ce qu'on luy en dônera encore ſoit téperé d'eau roſe,de ſuc de citrös,d'oranges,de grenades.Qu'il ſfie_ . s'abſtiéne de poiſſons ſallez & durs,& les meilleurs ſont les ſaxatiles,pour l'exercice qu'ils font eſtans côti- nuellement heurtez entre les rochers : ceux auſſi qui ont chair glutineuſe comme ceux que nous auons cy- Pourquoy * deuant nommez.Le laict d'aneſſe pris chaudement, & corrige auec vn peu de ſel ,de ſuccre , ou miel & fe- 1 oiſſons # noüil,ou anis, de peur qu'il ne ſe corrompe ou aigriſſe en l'eſtomach,ou bien le laict de femme ſuccé de la #- mammelle,ſont fort recommandez en ceſte maladie,le tout pris iuſques à demie liure mais celuy de la fem- mandez me eſt plus vtile,parce qu'il eſt plus doux & nourriſsât,& approchât de plus pres de noſtre naturel,moyé- # de nant qu'il ſoit prins d'vne nourrice bien téperée,& habituée,meſme qu'il eſt ſingulier aux eroſiós de l'eſto- f m. .. mach & vlceres des poulmons dont s'enſuit emaciation & phthiſie.Quant au laict d'aneſſe,ille faudra choi- ſir qu'elle ſoit nourrie d'orge & auoine,fueilles de cheſne,afin que par le benefice de telle nourriture il ſoit plus profitable & moins ſuject à corruption. Et où le malade auroit le ventre trop laſche, on fera vn peu boüillir le laict & y eſteindre des cailloux tous rouges & ardents.Et noteras, que ſi le laict pris,ledit malade auoit rots aigres,difficulté d'haleine,chaleur non accouſtumée,enfleure,& fluctuation de ventre,douleur de vertu d, teite,comme il aduient à pluſieurs,il faudra deſiſter à prendre ledit laict Qu'il trempe ſon vin auec quelque l'eau de bu- Peu d'eau de laictue,pourpier, ou nenuphar,& beaucoup de celle de bugloſſe,tant pource qu'elle humecte g'oſſe-. grandement, qu'auſſi elle a vertu ſpeciale de reſioiiir & nourrir le cœur, la ſubſtance ſolide duquel eſt fort onctions ſur affligée en ceſte maladie : & telles ſont les choſes qu'il conuient prendre au dedans. Celles qui ſe doiuent l'eſjine du1 appl1quer par dehors,ſont les onctions,les bains,les epithemes,les clyſteres.Les onctiös ſont diuerſes,ſeló dos. la diuerſité de l'indication priſe des parties ſur leſquelles il les faut appliquer. Car ſur le dos,& ſur toute l'eſpine Galien y fait des onctions des choſes froides & aſtringentes moderément,c'eſt à dire qui puiſsét ro- borer les parties,empeſcher la colliquation d'icelles,& non bouſcher le paſſage à l'inſenſible tranſpiration, qui rédroit la chaleur encore plus acre par la retention des humeurs fuligineux.Tels ſont les linimens qu'on Peut faire d'huile roſat,de nenuphar,des coings, mucilages de gomme tragachât & arabic,tirées en eau de Oétions pour morelle quelque petite quantite de camphre incorporé auec vn peu de cire, s'il vient a propos Les parties #" pectorales au contraire doiuent eſlre oinctes de choſes moyennement rafraichiſſantes & rélaſchantestie dy, p, ºrales. moyennement rafraiſchiſſantes,parce que le froid en tout leur eſt ennemy.ie dy auſſi relaſchantes,pour rai- ton que les aſtringentes apporter9jent vne difficulté de reſpirer & de mouuoir librement les muſcle du •° Thorax Regime de viure . 2 Des Playes en particulier. 2 5 5 -2 Thorax.Telles ſont les onctions qui ſe peuuent faire d'huile violat,de ſaules, d'huile de ſemence de laictue, ' de pauot,de nenuphar,y meºant de l'huile d'amandes douces,pour temperer l'aſtriction & frigidité qu'ils pourroient auoir. Sur tout que l'on ſe garde que l'Apoticaire,par auarice,en lieu de ces huiles recentement º ion tirées,ne vous en ſuppoſe de vieilles rancides, & ſalées : car en lieu de rafraichir vous eſchaufferiez, com- º d me ainſi ſoit que le vin , le miel & huile acquierent par l'aage vne chaleur exceſſiue. A defaut de bon- # •s nes huiles, nous les oindrons de beurre premierement laué diligemment en eau de violes & de ſolanum. #otnsquas- L'vſage de telles onctions eſt de rafraiſchir,humecter & conforter les parties, & ſe doiuent faire matin & " ſoir , quand le malade s'ira coucher, principalement apres le bain. Quant aux bains,nous les ordônons ou pour ſimplementhumecter,& lors ſuffira le bain d'eau tiede,dans laquelle on pourra jetter fleurs de violes,de nenuphar,fueilles de ſaules,& orge môdé:ou pour non ſeule- mêt humecter,mais auſſi relaſcher les parties qui ſont tëdues de ſiccité & aridité hectique,& outre leur ap- rter quelque meilleure habitude,à ce qu'elles ſemblét mieux refaites & nourries,& lors on y peut meſler decoction d'vne teſte & tripes de moutö,& enſemble quelque quantité de beurre. Or il faut qu'il ait pris ° ° & cuit quelque viande deuant que d'entrer dans ce bain,afin que par la chaleur dudit bain,l'aliment ja cuit - ſoit attiré aux parties & en toute l'habitude du corps : car d'y entrer l'eſtomach vuide & à ieun,il ſe feroit trop grande diſlolution des forces du corps- Le regime donc qu'il conuiendra tenir deuant que d'entrer dedans,doit eſtre tel:que le iour de deuant ſur le matin,on luy donne vn clyſtere remollient,afin que les ex- cremens qui ont de couſtume d'eſire retenus dans les inteſtins parl'intemperie ſeiche,ſoiét euacuez qu'on le face diſner par apres ſur les neuf heures,luy donnant viande de ſolide nourriture:qu'il ſoupe ſur les qua- tre heures,mais moins, & de viandes aisées à cuire:vne heure apres minuict qu'il prenne la decoction d'vn Poulet,ou vn orge mondé, ou deux œufs mollets,dans leſquels on mettra vn peu d'eau roſe & de ſuccre en lieu de ſel : quatre ou cinq heures apres,qu'il entre dans le bain à la façon que dit eſt : en apres au ſortir du bain,qu'on le nettoye & frote doucement auec linges mols & deliez:apres qu'il ſoit oinct à la mode cy-de- uant deſcrite:puis qu'il repoſe & dorme dans le lict deux ou trois heures ſi poſſible eſt : à ſon reſueil qu'il boiue de la ptiſane,& qu'il prenne des potages de facile digeſtion:à ſon ſouper qu'il boiue du vin,& qu'il ſe nourriſſe des viandes plus ſolides. Le matin qu'on luy redonne vn orge mondé,ou autre viande de pareille eſtoffe:en apres qu'il r'entre dans le bain à la mode ſuſdite. Ce luy ſera choſe tres-profitable qu'il vſe ainſi artificiellement du bain de dix iours:en dix iours,& ce par l'eſpace de trois iours continus.Que ſi le malade cſt ſujet à quelque crudité d'eſtomac,de ſorte qu'l ne puiſſe endurer le bain ſans danger,& de ſyncope & au- tres accidens, il luy conuiédra roborer le ventricule auec linimét d'huile de coings,d'abſinthe,& de maſtic: ou bien luy oppoſer vne crouſte de pain aſpergée de poudre de roſes,de sâdal,de girofle,& de vin odorife- rant ſur la region du ventricule,& par derriere enuiron la treizieſme vertebre du dos,où par l'intelligéce de M'anatomie,nous entendons reſpondre la bouche de l'eſtomach.Les epithemes luy doiuent eſtre appoſez ſur Me foye & ſur le cœur,afin de téperer l'ardeur acre d'icelles parties, & corriger leur ſiccité par vne humidi- •té raiſonnable:parquoy tels epithemes ſe preparent de choſes froides & humectâtes,mais plus humectantes Chºſe mºta- •que froides, dautant que ce qui eſt fort froid, coupe & ferme paſſage à l'humidité.A cela ſont propres les º •eaux de bugloſſe & de violes iuſques à vn carteron, auec quelques goutes de vin blanc. Mais celuy qui ſe *º fait d'orge módé,de ſemence de courge,de pompons, ou de concombre iuſques à trois drachmes de chacun en la decoction, en y meſlant par forte agitation,huile de violes oud'amandes douces,eſt plus excellent que tous les autres. Le moyen d'appliquer ces epithemes,eſt de plonger des drapeaux dedans,& les appliquer Cl ſur le cœur & ſur les hypoch§les cha§d'§ure à autre à meſure qu'ils s'eſchaufferotſurlapa - º tie. Quand aux clyſteres,parce que par l'imbecillité de la faculté concoctrice pluſieurs excremens s'amaſsét és corps des hectiques,il ſera vtile d'en vſer ſouuent tout le long de la maladie : on le preparera de la de- coction d'herbes,fleurs & ſemences refrigerantes& humectantes ſans y diſſoudre autre medicament que la §. caſſe auec le ſuccre,huile violat,ou de nenuphar,& autres ſemblables. Mais auſſi d'autant qu'à la fiévre he- tr, qui ctique,quand elle eſt fort auancée,ſuruiennent des flux de ventre fort pernicieux, denotans imbecillité de ſuruient aus toutes les facultez & colliquation de la ſubſtance du corps,il y faudra remedier par choſes refrigerantes & fiévres hs- aſtringentes,par aliment de groſſe ſubſtance comme de rys,de pois chiches,appliquant par dehors choſes #iques. qui aſtraignent & roborent, luydonnant en outre à boire eau, en laquelle l'on aura fait cuire auparauant auoine ou orge rofty. Quant au reſte il faudra traitter le malade le plus doucement que l'on pourra,lete- nant en perpetuel repos,& le faiſant le plus dormir qu'il ſera poſſible. L'on dit que la liqueur des limaces, blanches , priſes & nourries és vignes, des tortues nourries à la façon parauant expliquée, au reſte pilées & diſtillées en l'alambic de verre, in balneomariz, baillée auec ſyrop de pauot, de nenuphar, ou eau de dccoction de laictues & de poullet, eſt ſingulierement bonne en la fiévre hectique. Telle fiévre peut aſ- ſaillir les pettis enfans,ou pour quelque deſpit, ou lôgue crainte en laquelle ils auroient eſté tenus,ou pour auoir vne nourrice cholerique de nature,& de façon de viure, de laquelle partant le laict eſt trop chaud & ardent : ou pour eſtre nourris de vin, ou pour eſtre tenus continuellement au Soleil :en ce cas il leur faudra changer de nourrice & façon de viure, en autre toute contraire, les tenant en air chaud & humide tempe- rament:les oindre d'huile violat, & faire à peu pres les choſes cy-deuant expliquées pour les refroidir & humecter. Que ſi la fiévrc eſt compliquée d'hectique, & putride, il faudra pareillement compliquer, & accoupler les remedes pour l'vne & l'autre intention par bonne methode. - Regime à te- nir deuant que d'entrer dans le bain, Remede eone Des playes du ventre inferieur dit Epigaſtre . " CH A r. xxxv. P R E s auoir ſommairement traicté des playes du Thorax , reſte maintenant à parler de celles % du ventre inferieur : dont les vnes ſont faites par deuant, les autres par derriere : aucunes ſont ſuperficielles , les autres penetrent au dedans : d'autres paſſent de par en part au trauers du corps,& quelquesfois l'inſtrument demeure dedans:aucunes ſont auec leſion des parties con- tenues,comme du foye,ratelle, eſtomach,inteſtin , reins : & aucunes d'icelles ſont ſi grandes, que partie de l'omentum ſort dehors autres penetrent iuſques en la ſubſtance du Pancreas autres à la veſſie & pores vreteres:autres en la matrice & corps des grands vaiſſeaux,côme de la grande veine ou artere.Or signes de les ſignes que le foye eſt bleſſé:c'eſt qu'il ſort grâde quâtité desâgpar la playe,& le bleſſé ſoient vne douleur foye bleſſé. pongitiue,qui s'eſtend iufques au cartilage Xiphoide ou Scutiforme:auquel eſt attaché le foye:quelquesfois ie bleſſe vomit pure cholere,&ſe trouue mieux d'eſtre couché ſur le vétre qu'en autre maniere.Si l'eſtomach Eſtomach . ou aucûs des inteſtins greſles ſont offenſez,le mâger & boire ſort par la playe,les flancs ſe tumefient & de- inteſt ni. " uiencent durs,le malade a le hocquet,& vomit ſouuentesfois pure cholere,a grande douleur & contorſion au ventre, luy ſuruiennent petites ſueurs & refroidiſſement des extremitez:& ſi les gros inteſtins ſont vulne- rez,la matiere fecale ſort par la playe.Si la ratelle eſt navrée,le ſang ſort qu coſté # gros & º## - l IIl à la cl & Diuiſion des playes d u ventre infº- rieur. # $- 2 56 Le dixieſme Liure, malade eſt alteré,& ales meſmes ſignes que nous auons dit du foye.Si les roignons ſont offenſez,le malade a A Grºs intº- difficulté d'vriner,& piſſe du ſang : a douleuraux aines,à la verge & teſticules.Si la veſſie ou pores vreteres ſt # ſont naurez,le malade ſent douleur aux flancs,les parties du penil ſont tendues,& au lieu d'vrine,fait du säg #. ou l'vrine ſanglante,& quelquesfois meſme ſort par la playe.Si la matrice eſt vulnerée il ſort du ſang par les veſſir,é p•- Pº honteuſes,& telles bleſſeures ont preſque ſemblables accidés que ceux de la veſſie Les playes faites #. au foye ſont mortelles,parce que c'eſt la partie qui ſanguifie, & eſt neceſſaire à la vie adiouſte que la veine pourquoy les caue,ou porte ſont incisées en leurs rameaux,par telles playes,dôt s'enſuit grâde hemorrhagie, ou flux de playes , du ſang,qui coule non ſeulemët aux parties interieures,mais auſſi aux exterieures,au moyen dequoy les eſprits feye ſont s'exhalét,& pour le regard du fang qui eſt coulé aux parties interieures,il s'eſchauffe & pourrit,dont s'éſuit mortelles. , douleur,inflammation,& par conſequent la mort.Toutesfois Paulus AEginera dit,qu'vne partie & portion du Paul #in lobe du foye peut eſtre oſtée ſans mort.Auſſi les playes d'eſtomach,inteſtins greſles, & principalement du ºººººººº jeiunum (pour la multitude des vaiſſeaux qui ſont en iceluy, & pour la ſubtilité de ſa ſubſtance nerueuſe, º.ººº auſſi pource qu'il reçoit la cholere du cyſtis fellis)ſont mortelles pareillement celles de la ratelle,roignons, 18. liu. 6. vaiſſeaux vreteres,veſſie,matrice,cyſtis fellis ſont pernicieuſes,& ſouuent mortelles : pource que l'vſage de telles parties eſt neceſſaire à la vie,& auſſi qu'aucunes ſont exágues,& nerueuſes,& que paricelles paſsét les humiditez excrementeuſes, & qu'il eſt difficile d'appliquer les remedes, à cauſe qu'elles ſont en profon- dité du corps,& partât ſont dites mortelles,& principalemêt ſi elles ſont grandes.Meſmes toutes les playes qui penetrent ſeulement en la profondité des ventres ſans leſion des parties internes,ſont fort dangereuſes, parce que l'air ambient ou exterieur entre dedans,lequel n'eſtant elabouré, nuit grandement aux parties in- terieures : joint que les eſprits s'exhalent,dont les vertus ſont rendues imbecilles:& pource qu'on ne peut \ bien módifier telles playes,qui eſt cauſe qu'elles degenerent en fiſtules, principalement au Thorax, comme auons dit il ſe faict collection de matiere,dont en fin la mort s'enſuit.Toutesfois i'enay pensé pluſieurs qui auoient des coups d'eſpée,& de piſtolet au trauers du corps,qui ſont guaris.Et pour teſmoignage de ce,i'ay Hiſtoire pensé en la ville de Melun, l'Argentier de l'Ambaſſadeur du Roy de Portugal,qui auoit vn coup d'eſpée au trauers du corps, par lequelles inteſtins furent vulnerez, en ſorte que quand on l'habilloit, ſortoit par la playe aſſés grande quantité de matiere fecale ; neantmoins ledit Argentier a eſté guary. Meſme ces derniers Hiſtoire. iours ie fus appellé pour vn Gentilhomme, natif de Paris,nommé Gilles le Maiſtre,Seigneur de belle Iam. be, demeurant à la rue S. André des Arts, auec Meſſieurs Botal, Medecin ordinaire du Roy & de la Reyne, Richard Hubert Chirurgien ordinaire dudit Seigneur,& Iaques Guillemeau, Chirurgien du Roy, & furé à Paris, hommes ſçauans & bien experimentez en la Chirurgie : lequel auoit reçeu vn coup deſpée tout au cornelius. º du corps dont par pluſieurs lours jetta le fang par la bouche & fiege , en aſſez grande quantité, celſus,llu.5. # denotoit les inteſtins eſtre offenſez, toutesfois en quinze ou vingt iours fut guary. Pareillement les sahp. a4. Playes des grands vaiſſeaux ſont mortelles , pour la grande effuſion de ſang & eſprit qui s'en enſuit - - - , cure desplayes du Ventre inferieur. C H A P. XXXV I. V A N T à la curation , il faut conſiderer ſi la playe penetre en la capacité ou non : & celles v qui ne ſeront iuſqu'au Peritoine , ſeront traictées comme playes ſimples , qui demandent Le moyen de Sº, 2 J | T- ſeule vnion mais celles qui ſont en la capacité , requierent autre curation : car fouuent les remetre l'in- #$é inteſtins ou omentum ou tous deux enſemble, ſortent par la playe. Quelquesfois auſſi l'inte- reſtin eſtant ' ^ " ! ſtin eſt bleſſé , lequel doit eſtre couſu de la ſuture du peletier à petits poincts, comme nous ſorty & cou- auons dit cy-deſſus,puis jetter deſſus poudre de maſtic , myrrhe, aloès, bol : & la ſuture eſtant faite, doit ſu. eſtre remis au dedans petit à petit, & non tout à coup, faiſant ſituer le malade au contraire de la playe: comme s'il eſt bleſſé à la partie dextre, il doit repoſer ſur le coſté gauche,& au contraire : & fi la playe eſt aux parties inferieures, le faudra ſouſleuer,ayant les feſſes plus hautes que la teſte:& ſi elle eſt aux parties ſuperieures,faut faire ſituer le malade au contraire,afin que les inteſtins tombent,& preſtent place à remettre ceux qui ſont ſortis.Or ſouuentesfois les inteſtins ſe tumefient & enfient à cauſe de quelques ventoſitez qui y ſont contenues,& pour l'air ambient qui les a refroidis & fait enfler,qui eſt cauſe que difficilement ſe peu- uent remettre:& pour ce le Chirurgien fera fomentations auſdits inteſtins,de decoctiós reſoluantes & diſ- Notable cutientes,auſquelles aura cuit camomille,melilot,ſemence d'anis,fenoüil : ou bien appliquerez deſſus iceux B º ** inteſtins,vne volaille viue tranchée par le milieu, ou bien de petits chiennaux,ouvne veſſie de porc à demy . # du pleine de decoction ſuſdite : car telle chaleur diſcute & reſout merueilleuſement les ventoſitez contenues •malade § inteſtins,& conforte la partie. Et ſi par tels remedes les ventoſitez ne peuuent eſtre diſſipées,& que l'orifice de la playe ſoit eſtroit,il ſera expedient de la dilater,afin de donner lieu à les remettre plus facile- ment. Et s'ils ſont inciſez, il doiuent eſtre recouſus, principalement les gros, & non les greſſes , s'ils ne ſont du tout alterez & changez de leur couleur & chaleur naturelle. Or ils ſe corrompent en peu de temps par l'air exterieur.La maniere de faire la couſture eſt,qu'il faut les recoudre comme font les peletiers leurs peaux : & apres, de peur que la matiere fecale ne ſorte hors, on mettra ſur la playe vn peu de pou- dre de maſtic ſubtilement puluerisée, puis les faut remettre dedans le ventre : & faut que les bouts du fil ſoient paſſez hors de la playe, afin que l'inteſtin repris on les puiſſe retirer.Or ſi la playe faite au ventre eſt ſi eſtroitte qu'on ne puiſſe reduire les boyaux au dedans, il faut accroiſtre la playe auec vne biſtorie , ayant vn bouton au bout, & qu'elle ne trenche que d'vn coſté, de peur qu'en faiſant l'inciſion pour aggrandir la playe, on ne bleſſe les boyaux. Et ſi les inteſtins ſont ſi enfiez de ventoſitez , qu'on ne les puiſle reduire, lors on les fomentera d'eau chaude, auec huile, puis apres de gros vin noir, tiede & aſtringent, & autres choſes cy-deſſus dites. Et s'il y auoit fi grande quantité de vents qu'ils ne peuſſent eſtre reduits , il les faut percer auec vne aiguille pour faire ſortir les vents, ainſi qu'on void vne veſſie de porc remplie de vents lors qu'on la perce d'vne épingle. Ce que i'ay fait aux inteſtins auec heureuſe iſſue. Cela fait,illes faut redui- re au dedans , commençant aux derniers ſortis, afin que chacun puiſſe eſtre remis en ſa place : & pendant qu'on les pouſſe dedans le ventre, faut que le bleſſé retire ſon haleine. Et eſtans reduits, il faut coudre la playe, & y faire tant de poincts qu'il ſera de beſoin. Et ſi la playe eſt grande , il faudra faire la couſture t. nommée des Anciens Gaſtroraphie. C'eſt que le premier poinct prenne la lévre de la playe auec le peritoi- ne, & la lévre de l'autre coſté laiſſe le Peritoine, ne prenant que la chair, & de l'autre coſté le Peritoine. Et faudra faire cela tant de fois,qu'il ſera neceſſaire pour recoudre toute la playe. Ortelle couſture a eſté inuentée des Anciens à bonne raiſon, parce que ſi on prenoit le Peritoine tant d'vn coſté que d'autre,il ban- deroit & ſe dechireroit, & demeureroit vne eſpace vuide à l'endroit de la playe, qui feroit que les inteſtins feroiêt vne tumeur ſemblableaux hargnes inteſtinales.Apres auoir reduit les boyaux,& recouſu la playe,le vne tumeur ſemblable aux hargnes inteſtinales. Apres auoir reduit les boyaux , & recouſu la playe , le malade doit eſtre vn peu esbranlé & ſecoüé, afin que les boyaux ſe remettent d'eux-meſines en leur place Tout cela fait,on aPPliquera ſur la playe remedes propres aux playes recétes.Si l'omentû eſt ſorty,doit eſtre - - ICIIl1S Des Playes en particulier. 257 A remis le pluſtoſt qu'il ſera poſſible,car il eſt ſujet à ſoy putrefier,eſtant de ſubſtance pinguedineuſe,laquelle eſtant exposée à l'air,ſe congele,& ſa chaleur naturelle s'eſteint & toſt apres tourne à pourriture.ce qui eſt prouué par Hippocrate,disât;Si le Zirbus viét à ſortir hors,il pourrira.Ce que le Chirurgié cognoiſtra lors qu'il ſera liuide,noiraſtre,& refroidy au tact,& lors ne le remettra ainſi putrefié:car les parties dieeluy cor- rompues pourroient endommager les autres:mais le liera auec vn fil retors au deſſus de la putrefaction, & extirpera ce qui eſt corrópu,& ſera reduit en ſon propre lieu.Toutesfois on doit laiſſer prendre le filet,afin d'attirer ce que par le moyen du filet, qui auroit eſté ſerré pourroit choir en la capacité du ventre. Aucuns ont voulu laiſſer l'Omentum dehors eſtant lié:ce qu'il ſe faut bié garder de faire,à cauſe que ce faiſant,il eſt tenu ſuſpendu,n'eſtant couché ſur les inteſtins,qui eſt ſon propre lieu:dont s'enſuit grande douleur,& tren- chées au ventre:& pour euiter tels accidens,le faut remettre côme nous auons dit qui pourroit faire quel- que pourriture,comme choſe eſtrange à nature. Lors que l'inteſtin & Cmentum ſont remis,la playe eſtant grande,doit eſtre couſue par le benefice de la ſuture,dit Gaſtroraphie,delaiſſant vn petit orifice en la partie plus decliue,pour donner iſſué à la ſanie. Grande annotation au ieune Chirurgien:c'eſt qu'aux playes faites aux boyaux,ne faut döner clyſteres,à raisó que le clyſtere ſortiroit par la playe des inteſtins,& demeureroit en la capacité du ventre,& ſe pourriroit auec le ſang,dont s'eſleueroient de grandes ventoſitez putradineu- ſes,qui feroient enfieures,& tenſion au ventre.Et quand telles choſes aduiennent,& que le malade ſe plaint ſentir grâde douleur aux teſticules,fay prognoſtic,que ton malade bié toſt mourra:ce que i'ay veu pluſieurs fois. En lieu de clyſteres on peut vſer de ſuppoſitoires,ou noüets.Et quant aux playes penetrantes en la ſub- ſtance du foye,ratelle,eſtomach,& autres parties contenuës,ne doiuent eſtre delaiſſées : mais le Chirurgien fera ſon deuoir en ce qu'il luy ſeroit poſſible : jaçoit que par ce moyen n'aye certaine eſperance de guarir, neantmoins vne eſperâce douteuſe eſt meilleure qu'vn deſeſpoiraſſeuré.Si la veſſie,eſt bleſsée, ou la matri- ce,& gros inteſtin,ſerôt faites injectiös par leurs propres conduits.Ie n'ay veu aucun Autheur qui aye par- lé des playes faites en la greſſe,mais les ont touſiours referées à celles de la chair & des muſcles:paitant en cét endroit m'a ſemblé bon de dire ce mot en paſſant:c'eſt que lors qu'il ſera fait vne playe ſimple ſeulemét en la ſubſtance de la graiſſe:encor qu'elle fuſt bien profonde,il n'y faut mettre aucune tente, mais ſeulement y jetter de noſtre Baume dedans,& vn emplaſtre par deſſus de Gratia Dei,ou autre ſemblable:ce faiſant ladi- te playe ſera toſt apres conſolidée,fermée,& cicatrisée,ce que i'ay fait pluſieurs fois. Des playes des Aines, Verge, & Teſticules. C H A P. XXXV II. # L aduient quelquesfois playes aux Aines,& parties voiſines, & alors il faut auoir égard ſi elles penetrent au dedans, & connoiſtre quelles parties ſont vulnerées,comme veſſie,matrice, inteſtin droit,parce qu'elles ont grande con,onction enſemble; de façon que ſouuent ſont bleſſées toutes $ # enſemble d'vn coup:& pour le cognoiſtre,voy les deux ſuſdits chapitres.Or quant aux playes des tefficules & parties genitales,parce qu'elles ſont neceſſaires à la generation, & qu'elles mettent la paix en la maiſon , on les conſeruera le § qu'il ſera poſſible:y procedant ainſi que l'on verra eftre neceſſaire, fuiuant la doctrine donnée par cy-deuant, diuerſifiant les remedes ſelon les accidens qui vien- dront , car d'eſcrire telle choſe en particulier, ne ſeroit iamais fait Des playes des Cuiſſes, & des Iambes. C H A p. xx X V I I I. M# E s playes faites au dedans des Cuiſſes, ſont ſouuent cauſe de mort ſubite, quand elles pene- # trent en la groſſe veine Saphene, ou groſſe artere, & aux nerfs qui les † : ce que # i'ayveu ſouuent aduenir.Or lors qu'elles ſont ſimples,il n'y a rien qui peruertiſſe la cure, fors $ qu'il faut que le malade garde le lict, ſuiuant le prouerbe commun des Italiens , à ſçauoir, La - mano al pelo,'a gamba al letto, Mais quand elles penetrent profondement , ſouuent aduiennent grands accidens, comme inflammation, apoſteme & pourriture aux membranes qui couurent les muſcles, qui cauſent que l'vlcere jette vne tres-grande quantité de matiere , de façon que le malade meurt en atro- phie, & tout deſſeiché. Et partant faut que le Chirurgien ſoit aduisé à bien traitter telles playes, vlceres & fiſtules,faiſant des inciſions,afin de pouuoir extirper & modifier les membranes pourries, & les calloſi- tez. Car vne petite portion peut faire grands accidens, & tenir l'vlcere long-temps ouuert. Et quand les tendons dujaret & autres ſont couppez, aucuns Chirurgiens ont bien osé les coudre bout à bout, afin de les reünir enſemble : ce que iamais n'ay osé faire, de peur qu'il n'y ſuruint extreme douleur conuulſion, & autres accidens. I'ay bien veu le gros tendon fait de trois muſcles du molet de la iambe, lequel s'inſere au talon ,eſtant couppé d'vn coup d'eſpée,la playe eſtre long temps ſans ſe pouuoir conſolider:& apres eſtre cicatrisé, quand le malade commençoit à cheminer,la playe s'ouuroit comme auparauant;& partant ie con- ſeille,le faict aduenant, que l'on commande au malade de bien long-temps ne cheminer ſur la iambe bleſsée, iuſques à ce que la cicatriſe ſoit endurcie , & bien ferme:à ceſte cauſe il doit cheminer long-temps ſur po- tCIlCCS. - L Des playes des Nerfs & parties nerueuſes. CHA P. X X XIX. L ſe fait ſolution de continuité és parties nerueuſes,par cauſes externes, en diuerſes manieres, à ſçauoir, par choſes qui contondent,meurtriſſent & écachent, comme coups de pierre,de baſton, de marteau, de maſſe, bale d'arquebeuſe, garrot d'arbaleſte , d'vne morſure, piqueure, & ſem- $) blables:par choſes aiguës & piquantes,comme d'vne aiguille , poinçon, lancette, dard , fleſche, eſpine, eſcharde, ou quelque partie de beſte piquante, comme d'vne viue : auſſi par choſes trenchantes, comme d'eſpée & couſteauiou qui eſtendêt ſi fort qu'ils rompent & dilacerent,comme eſtre rompus ſur la geſne. De-là vient que des playes qui en prouiennent , les vnes ſont plus composées que les autres, au- cunes ſont ſuperficielles & petites, autres longues & profondes, & aucunes auſſi ſont faites ſelon la lon- eur du nerf, tendon, & membrane : les autres ſelon la largeur, auec inciſion totale,ou d'vne portion eulement. Il y a d'autres differences , leſquellesie delaiſſe pour cauſe de briefueté. Les accidens qui en aduiennent, ſont douleur vehemente , fluxion, inflammation , fiévre,delire, ſyncope, apoſteme, gangre- ne, & totale mortification de la partie, ſpaſme, & ſouuent la mort, & ce pour la communication & colli- gance qu'ils ont aucerueau, & autres parties nobles. Entre toutes les bleſſeures des parties nerueuſes, la piqueure eſt celle qui plus amene de pernicieux accidens , parce que la playe eſt petite & eſtroite au mo- yen dequoy nyle medicament n'y peut eſtre,ny la ſanie ſortir , laquelle par ſa demeure acquiert vne viru- lence , dont elle imbibe la ſubſtance des nerfs, tendons & membranes, & fait qu'en eſtans engroſſis, s'ac-. courciſſent, & par telle replction eſt cauſée douleur,inflammation,ſpaſme,& les autres accidens deſſuſdits. - Y 3 Apres - L'Omextum doit eſtre ſoudain re- mis. Hipp. apb. 53. liu. 6. Signes que l'Ome»tum eſt corrompu. Obſeruation pour le Chi: rurgien. Nota que lei fºrties de noſtre corps n'eſlans en le wr pro- pre lieu, apportent grandes doa- leurs. Gal. liu. 6. Met. chap.4. Annotation. Sentente de Corn. Cel- ſu«. Des playes de la graiſſe. Playes des Aimes. •- - Playes des Teſtitules, Playes des cuiſſes, mor- , telles. Prouerbe. . Italien. Hečior fut traiſné par ce tendon au lsng des murs de Tr9eL'. Les aecident qui aduien- /2º/7f Agfſ2: nerf vulne- Pe2L , • - - 2 58 ' Le d1X1e1me L1ure, Apres celles-cy,les plus dangereuſes ſont les playes,où les nerfs, tendons, &membranes ne ſont coup- A Pºsºſº pées qu'à demy, ou ſuperficielſement, parce que la portion qui n'eſt couppée, ſe retire vers ſon principe, . plºyes des qui cauſe grande douleur & ſpaſme par communication.Cecy eſtmanifeſte aux playes de la teſte, lors que merjs. le Pericrane n'eſt qu'à demy-couppé,& meſme quâd on l'inciſe pour appliquer le trepan.Car n'eſtant que demy incisé,la douleur & accidens y demeurent bien plus grands, que s'il l'eſt du tout.Parquoy la plus ſeu- A •. • - - - - re playe des nerfs, eſt celle où ils ſont du tout couppez, d'autant qu'ils ne communiquent rien aux autres parties ſuperieures , & que s'en retirant ils ne trouuent point de contrarieté. Bien eſt vray que la partie demeure debile, & priuée de ſon action, & le plus ſouuent de mouuement. - Cure des playes des Nerfs. C H A P. XL. Indication Es playes des Nerfs , ſelon la cömune pratique des anciens Medecins & Chirurgiens ne doi- curatiue au- uent eſtre promptement agglutinées,ſuiuant la generale indication de ſolution de côtinuité: tre qu'és mais pluſtoſt ſi elles ſont trop eſtroites,comme les piqueures,ils commandent qu'elles ſoient playes « om- aggrädies parinciſion de ce qui eſt deſſus,& qu'on les tienne long-temps ouuertes,afin de don- Z77f4/7éºſ, ner iſſue à la ſanie, & entrée aux medicamens. Quant à moy, 1'ay pluſieursfios traitté tel- Hiſtoire-º. : les playes tout autrement, & de freſche memoire en vn nommé Monfieur le Cocq, Procureur en Cour d'E- gliſe, demeurât en la rue de Noſtre Dame,lequel en ſerrât certains papiers qui eſtoient ſur ſon côtoIr,trou- ua entre iceux vn trenche-plume, qui luy paſſa tout au trauers de la main.Auſſi en vn mien voiſin, qui vou- - lant embrocher vn aloyau de bœuf qui eſtoit gelé,ſe perça auec la broche le milieu de la main de par en part.Ie leur ay agglutiné incontinent leurs playes, y mettant dés le premir appareil de mon Baume aſſez chaud,sâs nulle tente,& autour vn defenſif,& furent bien toſt guaris,ſans leur adueniraucûs accidens.Tou- #ºººº tesfois ie ne côſeille pas au ieune Chirurgien de ſe hazarder à ſuiure telle façó de pratiquer,que premiere- # * mêt il ne ſoit bien exercé à diſcerner les diuerſes cöplexions & habitudes des corps : car cela ne pourroit # bien ſucceder,ſi le corps eſtoit plethorique,cacochime,ou de ſentiment fort aigu:en tel cas ſeroit plus ſeur # d'y beſongner,côme nous dirons cy-apres. Or non ſeulement les playes des nerfs different en curation d'a- agglutiner. º les autres playes,mais auſſi ſont differentes entr'elles car côbien que tous medicamens ſoient propres aux nerfs bleſſez,leſquels attirent du profond,& tariſsêt les humiditez & ſanies,ſieſt-ce que ceux qu'on ap- plique aux piqueures,& où les nerfs ne ſont pas dénuez,requierét & endurent bié remedes plus forts,ſub- tils,& deficcatifs(toutesfois ſans mordicatiô) afin qu'ils puiſſent penetrer au profond, en attirer & ſeicher l'humeur & ſanie qui eſt au tour,ou en la ſubſtance d'iceux nerfs.Au cótraire,quand ils ſont deſcouuerts, il n'eſt beſoin que de medicamens doux,& qui ſeichent ſans aucune mordication. Exemple pour la piqueure de nerfs. 2. terebenthinx Venetx, olei veteris añ. 3.j. aquæ vitæ parum. Autre. 2Z olei terebenthinae 7our la pi- #.j. aqua vitx 5.j. euphorbij3.6.Autre.%. radices dragonthex,brionix,valeriana & gentiana exſiccatas, queure des # in puluerem redactas,miſce cum decocto centaurei,& oleo,aut axungiaveteri tu en mettras chaudement nerfs, dedans la playe. Autre : Prenez galbanum, poix graſſe, opopanax, liquefiez en eau de vie & fort vinaigre puis y meſlez axunge de porc,d'oye,de poule,de chapon,d'ours,huile vielle, huile de lis,& ſemblables.Au- tre.2Z. olei hyper. ſambuci & de euphorbio añ.3. j. ſulphuris viui ſubtiliter pulue. 3. ſº. gummi ammon. bdellijañ. 3.ij. aceti.boni 3. ij. vermium terreſtrium præparatorum 3.j. bulliant omnia ſimul ad corium- ptionem acceti. On inſtillera en la playe de ce medicament,puis ſera appliqué tel cerat,lequel attire la ma- tiere du profond. 2. olei ſuprà ſcript. 3.j. terebenth. Venetx. 3.f. diachylonis albi cum gummis 3.x. ammoniaci,bdellij in aceto diſſolutorum afi-3.ij.reſinx pini.gummi elemi, picis naualis, an.3. v. cera quod ſufficit,fiat ceratum ſatis molle. Tu vſeras prudemment aux piqueures des nerfs de tels & ſemblables reme- des,les diuerfifiât ſelon la qualité & profondeur d'icelles,& auſſi ſelon la téperature & habitude des cc : ps, ·& ayant égard aux autres choſes conſiderables. Et où par tels moyens la douleur ne ſeroit appaisee , mais Huile f.r- pluſtoſt augmentée,& qu'on veiſt la partie enflamée,& les lévres de la playe eſleuées,jettants vne ſanie ſe- uezte pour reuſe,ſubtile,& virulente,nômée Ichor(Hanc curandi rationem ptaleſ «s de Taranta il. 1.csp.de cöuuifioac,aºao- ſeder vne tauit,vt & nerai inciſionem)on y doit appliquer de l'huile toute feruente,auec vn peu de linge attaché autour extreme dou- d'vne eſpatule,& en toucher le fons & les parois de la playe trois ou quatre fois. Ceſte caute1 izat1on fera leur, toſt apres appaiſer la douleur,à cauſe qu'en bruſlant le nerf, tendon ou membrane, on oſte le ſentiment:& par conſequent la douleur : ainſi qu'il appert aux grandes & extremes douleurs des dents pertuistes , lors qu'on peut toucher au profond de leurs racines d'vn ferardant,ou d'huile de vitriol reétifice,ou eau de vie, car cela fait promptement ceſſer la douleur:en brulant le nerf qui s inſere eſdites racines Nous voyons auſſi aux vlceres corroſiues & ambulatiues(toufiours accompagnées de douleur extreme)qu'apres yauoir appli- qué vn medicament eſcarotique,côme poudre d'alum,de mercure,egvptiac fortifie,icelle douleur ceſſe in- continent.Or ſuppoſons encores que la douleur perſeuere,& qu'il y ait ja commencement de retraction des nerfs & ſpaſme,& que le malade ſoit en dâger de mort,en tel cas il eſt expediêt de couper du tout le nerfoû tendó du trauers.Par ce moyé chaſque partie d'iceluy ſe retirant vers ſon coſté,n'y aura plus de contractió, vray eſt que l'action ſera perdue,mais il vaut mieux la perdre que la vie,ce que les Anciens ont commandé. Remedes ;Hiiioire du feu Roy Charles neufiéme . X L I. Hiſtoire du R pour inſtruire le ieune Chirurgien , & le dreſſer mieux à la pratique deſſuſdite, ie recite- *- X Roy Char- 9 ray ceſte hiſtoire, qui n'eſt hors de propos, pour la curation des piqueures de nerfs. Le Roy les. 2 ayant la fiévre,Monſieur Chappelain ſon premier Medecin, & monſieur Caſtellan,auſſi Mede- # cin de ſa Majeſté,& premier de la Reyne ſa mere, luy ordonnerent la ſeignée : & pour la fai- - ſ/CN) re on appella vn qui auoit le bruit de bien ſaigner,lequel cuidant faire ouuerture à la veine, piqua le nerf : & qui fit promptement eſcrier le Roy, diſant auoir ſenty vne tres-grande douleur. Parquoy aſſez hautement ie d'y qu'on deſſerraſt la ligature , autrement que le bras s'enfleroit bien fort : ce qui aduint ſubit auec vne contraction du bras , de maniere qu'il ne le pouuoit fiechir ny eſtendre librement , & yº eſtoit la douleur extreme,tât à l'endroit de la piqueure,que de tout le bras. Pour le premier & plus prompt Raiſon de remede i'appliquay vn petit emplaſtre de baſilicon,de peur que la playe ne s'agglutinaſt,& par deſſus tout le l'Autheur bras des compreſſes imbués en oxycrat,auec vne ligature expulſiue, commençant au carpe, & finiſſant pres rouºbant les l'eſpaule,pour faire renuoy du ſang & eſprits au centre du corps,de peur que les muſcles ne receuſsét trop ººns grande fluxion,inflammation,& autres accidens.Cela fait nous nous retiraſmes à part, pour aduiſer & con- #º clure quels medicamens on y deuoit appliquer pour ſeder la douleur, & obuier aux accidens qui viennent # * ordinairemëtaux piqueures des nerfs. Ie mis ſur le bureau,qu'on deuoit mettre en la piqueure de l'huile de • *y. terebétine aſſez chaude,auec vn peu d'eau de vie rectifiée,& ſur tout le bras vn emplaſtre de º# diſſout C, Des Playes en particulier. 259 A B ſucci plantag.5.É.ſeminis hypericonis aliquantulum contritim.f. tuthix præparata 3. iij. calcis decies lotx viui,colentur,rurlûſque igni admoueantur,addendo thuthiam,& fiat linimentum cum cera alba,& 3.#.cro- diſſout auec vinaigre & huile roſat,en continuant la ſuſdite ligature expulfiue.Mes raiſons eſtoient que ladi- te huile & eau de vie ont puiſſance de penctrer iuſques au fonds de la piqueure,& ſeicher l humidité qui ſor- toit de la ſubſtance du nerf,& par leur chaleur,tant actuelle que potentielle,feder la dculeur : & ledit em- plaſtre de diachalcitcos a pareillement vertu de reſoudre l'humeur ja couru au bras,& prohibe la deſcente d'autre humeur.Q; ant à la ligature,elle ſert de roborer & aſtreindre les muſcles,exprimer & renuoyer aux parties ſuperieures l'humeur ja deſcendu,& empeſcher nouuelle fluxion.Ce que leſdits Medecins accorde- rent,& conclurent tels remedes y eſtre vtiles & neceſſaires.Par ainſi la douleur ceſſa.Et pour dauantage re- ſoudre,& tarir l'humeur contenu en la partie,on vſa puis apres des remedes reſolutifs & deficcatifs, com- me de ceſtuy.3/.farina hordei & orobian.3.ij.fior.camom.& melilotian.p.ij.butyri recent.ſine ſale 3. É.li- xiuij barbitonſoris,q ſuff.fiat cataplad formam Pultis.Le Roy demeura trois mois & plus,ſans pouuoir bien flechir ny eſtendre ſon bras:neantmoins(graces à Dieu)il fut parfaictement guary,lans que l'action fuſt de- meurée aucunement vitiée.Or auions-nous conclu, où les ſuſdits medicamens n'euſſent eſté ſuffiſans pour obtenir la curation, d'vſer d'huile feruente, afin de cauteriſer le nerf ou meſme de le couper totalement: parce qu'il eſtoit plus expedient qu'il perdiſt l'action du bras,que de le laiſſer mourir miſerablement a fau- te de ce faire. Comme il eſtoit aduenu de recente memoire à Mademoiſelle la Bailliue Courtin , demeurant rue ſaincte Croix,prés la Bretonncrie à Paris,à laquelle pour auoir eſté ainſi mal ſaignée,le bras luy tomba en gangreue & totale mortification,dont elle mourut par faute d'auoir eſté ainſi ſecourue.Et ce ſuffira pour la curation des piqueures. Mais où les nerfs ſeront deſcouuerts, n'y faudra appliquer medicamens ſi forts : car ils induiroient plus grande douleur, & ameneroient plus grands accidens : partant on en appliquera de doux,qui ſeichent ſans aucune acrimonie ou mordication.Exemple.2.tereb.Venet.lotx in aqua roſar.3. ij. boli arm.ſubtil.pulueriſati,& ireos Florent añ.3.ij.incorp.ſimul.Pareillement noſtre Baur,e eſt en tel cas ex- cellent Auſſi eſt bien ceſtuy fort recommandé de Vigo.2/. olei roſ omphacini 3.B. olei de terebent. 5. iij. Autre hiſtoia re de Made- meyſelle Cºurtin. cum aqua plantag.3.ij.antimoni).5.j. ſcpi hircini & vitul. afi. 5. v. vermium terreſtrium lotorum cum vino 3.j. ß. bulliant omnia ſimul dempta tuthia, in cyatho decoctionis hordei vſque ad compoſitionem aqua & ci. Ce liniment mitige la douleur , & incarnatif, & engendre chair deſſus les nerfs découuerts.Tu accom- moderas proportionnellement la predite curation aux tendons & membranes,n'oubliant auſſi à conforter iceux † (en quelle ſorte qu'ils ſoient bleſſez) à l'endroit de leurs origines & paſſages plus inſignes,com- me la teſte , l'eſpine,le col,les aiſſelles,& aines : & ce auec huiles chaudes,comme huile laurin, de lis, de vers,de ſauge, & ſemblables. Ie ne puis & ne dois icy obmettre vn accident que i'ay veu aduenir au gros tendon du Talon. C'eſt qu'iceluy pour bien legere occaſion, comme pour quelque petit ſaut , pour vne mal-marcheure, pour auoir failly de pied en montant à cheual, ou pour y eſtre monté trop alaigrement, & bruſquement,ſe rompt & dilacere, ſans qu'il y ait aucune apparence de ſolution de continuité à la veue,ou autre leſion au cuir. Les ſignes de tel accident ſont , que lors que tel exces ſe fait, on oit vn bruit en ceſte Partie,comme d'vn coup de foüet,& ce lors que la ſolution ſe fait:puis au tact,on ſent vne cauité au deſſus du talon,marcher à l'endroit que ledit tendon eſt r6pu. La douleur eſt grande en la partie,auec impuiſſance «de marcher droit à ſon aiſe.La cure ſe fera en gardant le lict par vn long-téps,appliquant du commécement •des remedes repercuſſifs ſur la partie, pour euiter la fluxion, & autres mauuais accidens : puis on vſera de 1'emplaſirum nigrum, ou diachalciteos, autres, ſelon qu'on iugera le cas requerir. Et toutesfois pour cela ne faut eſperer receuoir entiere guariſon du mal, ains au contraire dés le commencement faut prognoſti- quer , & predire qu'il reſtera touſiours quelque depreſſion en la partie, auecdeprauation de l'action de Clajambe:c'eſt à dire,que le malade clopinera touſiours quelque peu, à raiſon que les exºremitez du tendon rompu,ou relaſché,ne ſe peuuentiamais parfaictement rejoindre. Desplayes des jointures. C H A P. X L l I. A R c B que les playes des joinctures ont quelque choſe de particulier outre ce qui a eſté dit des nerfs au chap.precedent,pour ceſte cauſe nous en traicterons à part en ce chap. Or icelles * ſont dangereuſes,& le plus ſouuent mortelles, à cauſe des aponeuroſe, ou tendons membra- º neux qui les licnt, auſquels s'inſerent des nerfs, & partant ont grand ſentiment, qui cauſe les , - - ' ſuſdits accidens, & encores pluſtoſt ſi la playe eſt en la partie interieure des jointures comme ſous les aiſſelles, au ply du bras,au dedans du Carpe de la main, & ſous le jarret,pour les grandes veines, artcres, & nerfs qui ſont en ces parties , eſquelles la ſolution de continuité fait hemorrhagie & grande douleur,& autres accidens:auſquels faut obuier ſelon la narure & qualité de chacun:comme s'il y a fux de ſang !'eſtancher:& s'il y a douleur,la ſeder tant qu'il ſera poſſible.Si la playe eſt fort gran le, on la recou. dra pour reünir les parties ſeparées, delaiſſant vn orifice en la partie decliue,pour donner iſſue à la ſaniet & lors que la plave ſera couſue on appliquera de ccſte poudre ordonnée par de Vigo,par l't ſpaee de deux iours. 2é thuris, ſang drac boli arm.ter.ſigill añ.3.ij,aloes, maſtañ-3.j. fiat puluis ſubtilis,laquelle ſoit aſ- p geeºur la couſture. Puis on appliquera vn defenſifautour de la jointure, fait de blancs d'œufs, peu d huile roſat,bol,maſtic,& farine d'orge:& ſi on y met vne tente, elle ſera courte : & de groſſeur qu'il ſera beſoin,afin qu'clle n'induiſe douleur:& ſera oinct d'vn digeſtiffait de jaune d'œuf,huile rolat,terebenthine lauée,& vn peu de ſaffran.Et ſi ladite playe eſtoit petite & eſtroite,on l'aggrâdira s'il eſt b ſoin afin que les humeurs, qui par le moyen de la douleur ſeroient fiuez à la partie , puiſſent auoir lib e iſſue Dauantage faut tenir la partie en repos,& ſe garder du froid & d'application de medicamens relaxans , « molliens, & humectans : mais au contraire faut qu'ils aſtreignent & ſeichent. Exemple d'vn cataplaſme #.furfuris ma- cri,far.hord.& fab.añ.3.iiij.flor.cam melil.añ.m.É.tereb.3.iiij mellis communis 3 j.oxym. ſimp.vel oxycra- ti,vel lixiuij comm.q ſuff. fiat catap.ad formam pultis. Autre. Prenez lie de vin , ſon de froment , du tan, noix de cyprés, de galles , tereben.ſoit fait caplaſme. On en peut faire pluſieurs autres qui ont ſemblable vertu d'aſtraindre,ſeicher & roborer les jointures & en ce faiſant ſed nt la douleur,& gardent que les hu-z., 4edica- meurs ne courent à la partie. Au dedans de la playe, & autourd'icelle,on ſe gardera d appliquer medica-§tui- | mens huileux,ſi n'eſtoit pour ſeder vne grande douleur, d'autant qu'ils relaſchent la ſubſtance des muſcles, i iuen, nerfs, & membranes, & les rendent plus faciles à receuoir fiuxion : joint que par leſdites huiles la playe eſir.ſ.i , en eſt rendue plus ſordide & humide, & partant plus difficile à conſolider:parquoy vferas de medicamens fleye, ae, deſſeichans & aſtringens. Exemple d'vn remede aſtringent & agglutinatif. 2. tereb. Venet. 3.ij. aqua jointures. vitæ parum, pul.maſt aloës,myrrhae, boli aim. an. 3.ij. Noſtre Baume y eſt bon auſſi, en y adiouſtart de la poudre deſiccatiue ſans acrimonie , ſelon qu'on verra eſtre beſoin. Et s'il ſuruient quelques accidens,on y " . Y 4 remed1-ra 2.6 o Le dixieſme LiU Ire, Aphor. 2o. ſect. 5. Chaqite par- tie à ſon bau, //jº-', Hiſtoire de , l'Autheur. Choſe digne d'eſtre notée. remediera par remedes contrarians à iceux, Sur tout on doit éuiter le froid,parce qu'il eſt totalement con- A traire aux playes & vlceres, & principalement des parties nerueuſes. Qu'il ſoit vray, beaucoup d'hommes bleſſez meurent en Hyuer,meſmes de petites playes , qui ne mourroient de plus grandes en Eſté. Et cela s'accorde bien au dire d'Hip, à ſçauoir, qu'aux parties vlcerées le froid eſt mordicant, il endurcit le cuir, fait douleur, rend les playes inſuppurables ( d'autant qu'il diminue ou eſteint la chaleur naturelle qui fait la ſup, uration ) engendre liuidité, friſſons, fiévres, conuulſions & tenſions. Et faut icy noter, que de tel- les playes ſortent diuers excremens,& principalement vne humidité glaireuſe,mucilagineuſe, & quelques- fois liquide,qui eſt l'humeur dont les jointures ſont entretenues & alimentées, ainſi que chaeune partie eſt nourrie de propre humeur. Car chacune partie a ſon baume naturel,propre à fa nutrition & entretien, le- quel lors que la partie eſt vulnerée,ſe decoule ainſi que l'on voit lors qu'on taille la vigne decouler vne hu- · midité,qu'on appelle ſeue : c'eſt ce donc eſt fait le Callus és fractures. Telle humidité des 1 arties nerueu- ſes eſtant glaireuſe, & comme congelée, monſtre bien qu'elle eſt acccmpagnée d'vne grande froideur, qui cauſe vne douleur extreme & repugnante à tous remedes potentiellement chauds.Cela monſtre auſſi qu'en toute douleur des jointures,s'il y a matiere,elle eſt pluſtoſt froide que chaude.Et pour appaiſer ceſte dou- leur, & corriger l'intemperature froide,on doit appliquer choſes calefactiues, non ſeulement potentielle- ment mais auſſi actuellement,cQmme veſſies de bœufou de porc, demy-pleines d'vne decoction reſolutiue, ou des briques fort eſchauffées,puis eſteintes cn vin, & posées tout autour de la jointure , les réchauffant ainſi qu'il ſera beſoin. Ce ſte chaleur ainſi actuelle ayde nature à cuire,digerer & reſoudre l'humeur conte- nu en la partie & la fortifie:ce qui eſt grandement neceſſaire, d'autant que la chaleur des joinctures eſt pe- tite,& pource ne peut reduire les medicamens de puiſſance a effect , ſi elle n'eſt aydée par le benefice des remedes actuellerent chauds. Pour confirmation de ce, ie te reciteray ce qui m'aduint vn iour eſtant en Hyucr en mon eſtude. Vn vent coulis me donna tellement contre vne hanche, que me voulant leuer il me fut du tout impoſſible,pour le froid qui auoit refroidy les parties nerueuſes,& ſentoisvne extreme douleur, B laquelle ne pût eſtre appaisée que par application de bricques fort chaudes, auſſi de veſſies de bœufde- my-pleines d vne decociion d'herbes chaudes, par fois de bouteilles remplies d'eau boüillante, autrefois de mil & auoine fricaſſez en vne poiſle auec vn peu de vin blanc. Ceſte chaleur actuelle me fit perdre la douleur : ce que n'euſſent iamais fait les remedes potentiellement chauds. De la ſituation des parties bleſsées C H A P. - X L l I I. , O v R retourner à noſtre propos,le Chirurgien methodique pouruoirarau ſurplus de la cura- tion de telles playes,prenant indication des choſes naturelles,non naturelles, & contre natu- 2 re. Sur tout il regardera à bien ſituer la partie dont la jointure eſt vulnerée : parce que par la mauuaiſe ſituation,les accidens mauuais accroiſſent, & ſouuent apres la curation de la playe - le m mbre demeure roide,retrait, & tortu. Parquoy il notera ce que nous en dirons preſen- nent pour le bien obſeruer en temps & lieu. Si la playe eſt en la partie anterieure de l'eſpaule,on doit met- tre ſous l'aiſſelle vne aſſez groſſe compreſſe, & mettre le bras en eſcharpe, ſupportant le coulde,à fin d'eſ- lcuer & tenir la teſte de l'os du haut du bras contremont,& par ce moyen l'agglutination & conſolidation ſ ra mieux & pluſtoſt faite. Si la playe eſt en la partie inferieure,lors que la nature commencera à produi- re chair , & joindre les labies de la playe, on fera leuer,hauſſer,& mouuoir diuerſement & par interual- les le bras malade C ar ſi on manque de ce faire , le malade ne pourra iamais bien mouuoir le bras, apres que la cicatrice ſera faite & auſſi qu'en ceſte jointure il ſe fait le plus ſouuent vne indiſpoſition, di- C te des Grecs Ancyla u. Si la playe eſt en la jointure du coulde, faut ſituer le bras en figure moyenne,c'eſt à dire non du tout droit ny plié. Par ainſi apres la conſolidation , on s'aydera trop mieux du bras, que s'il demeuroit droit ou trop courbé. Lors qu'il y a playe au carpe ou aux jointures des doigts exterieures ou interieures, les doigts & la main ſe doiuent tenir demy fieſchis, en mettant dedans la main vne pelotte ou compreſſe. Car ſi on les tient droicts ou courbez,ils demeureront quaſi impuiſſans en leur action qui eſt de prendre. Et aduenant que la main demeuraſt demy-flechie apres la curation, le malade s'en pourrra enco- res ayder à prendre diuers inſtrumens,comme vne eſpée,picque, hallebarde, la bride d'vn cheual', & faire autres actions de la main. S'il y a playe en la jointure de la hanche,on la doit tellement ſituer, que la teſte de l'os femoris ne ſorte hors de ſa place qui ſe fera par bonnes compreſſes & ligatures. Le malade ſe tien- dra couché ſur le dos. Quand la playe commencera à ſe conſolider , on fera mouuoir l'os femoris dedans ſa boëtte,à fin qu'il ne ſe face vne conionction de la teſte dudit os contre la cauité de l'os Iſchion, comme nous auons dit qu'il falloit faire du bras. Si la playe eſt faite en la jointure du genoüil, on fera tenir la jambe du malade toute droite : car il ne pourroit bien cheminer apres, parce qu'il demeureroit boiteux. Les jointures du pied & des arteils vulnerez, ſeront tenuës droictes , & non courbées & flechies : autre- ment l'on ne marcheroit pas bien. Et pour le dire en vn mot, la fituation de la jambe & du pied eſt toute differente à celle du bras & de la main. -- Des playes des ligamews. CH A P. XL I V. & O v R le ſurplus de la curation des parties nerueuſes, i'ay encores à aduertir touchant les liga- mens vulnerez,qu'ils n'ont rien de particulier, ſinon qu'il les conuiendra agglutiner, deſſeicher, & conſolider plus ſeurement, & auec medicamens plus forts : parce qu'ils ſont fort durs & ſecs, & n'ont point de ſentiment. Leur curation a eſté compriſe cy-deſſus, & ſpecialement ſous les playes des jointures. Guant aux accidens que nous auons dit au commencement ſuiure les playesdes nerfs, aucuns appartiennent au Medecin , ceux qui touchent le chirurgien, ont eſté traictez ailleurs : partan# nous ne nous y arreſterons dauantage,& ferons en cét endroit finir ce preſent liure, duquel Dieu ſoir loüé & remercié. Fin du dixieſme liure, des playes en particulier, PR E - : | --7 ; - S V R L ONZIE S M E L IV R E | DES PLAY ES FAICT ES PAR | | A R Q v E B v s E S. B PAR AMBROISE PARE DE LA VAL AV MAYNE, Conſeiller, & premier Chirurgien du Roy. : E v A N T qu'entrer à bon eſcient en la deſcription des playes faites par Intention ds Arquebuſes & curation d'icelles , il m'a ſemblé bon pour mcttre le Le l'Autbear. cteur en gouſt , deuant que le preſenter à vne table diuerſifiée de tant de mets , & fricaſsées de poudre à canon , Ie toucheray en bref, qui fut l'in- 0 uenteur d'vne ſi pernicieuſe machine de guerre , en combien d'eſpeces elle a eſté tournée & variée , ayant chacune ſon nom ſelon ſon vſage, & com- - bien elle eſt dommageable au genre humain. Polydore Virgile , chapitre fe- cond , du liure deuxiéme des inuenteurs des choſes , dit l'artillerie auoir eſté inuentée par vn Allemand de baſſe condition , & ce par vne telle rencontre & occaſion. Cét homme né pour la , , , . ruyne & deſtruction de l'humain lignage , gardoit vn iour pour quelque certaine intention inuention de dans vn mortier, de la poudre , qui depuis pour ſon principal vſage, a eſté appellée poudre à la poudre- . canon , & l'auoit couuerte d'vne pierre. Aduint qu'en battant ſon fuſil, vne petite eſtincelle C tomba dans ce mortier, & ſoudain la poudre ayant pris feu , fit ſauter ceſte pierre en haut, ce qui l'eſtonn?, & enſemble luy aprit la force de ceſte matiere non cogneuë auparauant, de ſorte *,. ue faiſant vn petit canon de fer , & compoſant la poudre , il eſſaya ceſte machine : & voyant † fait reüſſir à ſon ſouhait il enſeigna premierement aux Venitiens l'vſage de ceſte diablerie, en la guerre,qu'ils eurent contre les Genois , l'an de noſtre ſalut, mil trois cens octante,en vn lieu jadis nommé Foſſe Clodiane, à preſent Chioggia. Combien que ſelon le iugement de Pierre Meſſie, chapitre huictième, en la premiere partie de ſes diuerſes Leçons, ceſte inuention doit eſtre , Les veni- plus ancienne : à cauſe qu'en la Chronique d'Alphonſe XI. Roy de Caſtille, quiconquit les Iſles ººnºprº- Argezires , il ſe trouue qu'eſtant au ſiege de la ville, en l'an mil trois cens quarante trois, les #, Mores aſſiegez tiroient certains mortiers de fer, dont les coups rendoient vn ſon eſclattant & " # horrible, à l'égal de celuy du tonnerre. Le Seigneur Dom Petre Eueſque de Leon , en la Chroni- opinions tou- que du Roy Alphonſe, celuy qui conquit Tolede, eſcrit qu'en vne bataille naualle , qui fut entre ºnt º , le Roy de Tunes, & le Roy More de Seuille (il y a quatre cens ans & plus) auquel le Roy Alphonſe ## fauoriſoit ; les Tuningeois auoient certains tonneaux de fer ou bombardes , & qu'auec ce ils # º,'ſ tiroient force tonnerres de feu : ce qui deuoit eſtre artillerie, bien qu'elle ne fuſt à la perfection de maintenant. L'inuenteur de ceſte machine a eu pour recompenſe, que ſon nom & ſa profeſſion D ont eſté incogneus de tout le monde, comme indignes d'aucune memoire, pour vne ſi malheureuſe & damnable inuention. Combien qu'André Theuet en ſa Coſmographie, parlant des Suéuians, peuples d'Allemagne § de l'authorité d'vn certain vieil liure † à la main, tcl homme auoir eſté Moine & Philoſophe, ou Alchimiſte de profeſſion , du pays de Fribourg , nommé Conſtantin Anclzen. Quoy qu'il en ſoit, ceſte machine a eſté premierement appellée Bombarde, à cauſe du bruit qu'elle fait, que les Latins conformement au naturel du ſon, appellent bombus. I'autheur de Depuis à ceſte premiere inuention de ſoy rude & imparfaite, le temps, l'art , & ſur tout la #º § hommes a beaucoup adjouſté. Car premierement quant à la matiere, au fer ont ſuccedé ° ſon nom. le bronze , & le cuyure , metaux plus § & fuſiles , moins auſſi ſubjects à la roüille. comm,, Secondement ceſte premiere, ſimple & lourde maſſe de canon a eſté diuerſifiée en cent façons, adi # : • iuſques à les monter † des roües, à fin que non ſeulement de plus haut, mais auſſi de plus graiide l'artillerie . viteſſe, elles peuſſent courir à la ruine des hommes, les premiers mortiers ne ſemblans aſſez ma- niables , ny aſſez cruels par vn ſimple vomiſſement de fer & de feu. De là ſont venus ces horri- bles monſtres de Canons, doubles Canons, Baſtardes , Mouſquets , Paſſe-volans, & pieces de campagne, ces furieuſes beſtes de Coulevrines, Serpentines , Baſiliqs, Sacres, Faucons , Faucon- neaux,Verſes, Fleutes, Orgues , & autres infinies eſpeces, toutes de diuers noms , non ſeulement tirez & pris de leur figure & qualité, mais bien dauantage de leurs effects & cruauté. En quoy Diuer, nºm, certes ſe ſont monſtrez ſages & bien entendus en la choſe, ceux qui premierement leur ont imposé de ſ'artidºris tels noms, qui ſont pris non ſeulement des animaux les plus rauiſſans, comme des Sacres & # rcù il Faucons; mais auſſi des plus pernicieux & ennemis du genre humain, comme des sºr , Cou- Jº Prº. 4 - CU lll CS 2.6 2 I. Diſcours ſur le Liure, leuures, & Baſiliqs , pour monſtrer que telles machines guerrieres n'ont autre vſage , & n'ont eſté A - inuentées à autre fin & intentention, que pour rauir promptement & cruellement la vie aux hommes, & que les oyans ſeulement nommer, nous les euſſions en horreur & deteſtation. Ie laiſſe pluſieurs autres pieces moindres en corps , mais de force & cruauté plus pernicieuſes, d'autant qu'elles 2I[2- quent noſtre vie de plus prcs , & qu'elles nous peuuent ſurprendre à l'improuiſte & trahiſon, ſans qu'il y ayt moyen de s'en donner garde, comme ſont les piſtoles, piſtolets, petits bidets, & autres ſcmblables , petits lezards & ſcorpions, que l'on peut aisement cacher dedans les chauſſes. Entre ces deux cſpeces tiennent le moyen les arquebuſes à croq , que l'on ne peut bien tirer , fi elles ne ſont liées & accrochées ſur du bois, les mouſquets , poitrinails , que l'on ne couche en ioüe, à cauſe de leur calibre gros & court , mais qui ſe tirent de la poictrine , & les arquebuſes communes : le tout inuenté pour la commodité des gens de pied, & pour deſſerrer balles & dragées. Le mot ge- neral imposè par les Latins, eſt Sclopus, àl'imitation du ſon, & des Italiens qui diſent Sclopetere: par les François arquebuſe : mot pareillement tiré des Italiens, à cauſe du trou, par lequel le feu du baſſinet entre auant dans le canon : car les Italiens nomment vn trou Ba{º, & ſe nomme arc, à cauſe qu'on en vſe maintenant, comme iadis on faiſoit des arcs à la guerre , veu que les archers auoient le temps paſsé la premiere pointe comme à preſent ont les arquebuſiers aux combats & batailles. De ce te niſerable boutique & magazin de cruauté,ſont ſortis les mines, contre-mines, les ſapes, les pots à feu, les traicts, les lances & arbaleſtes à feu , les tonneaux meurtriers, les ſa- chets, les trainées, les fuzées, les fagots bruſlans, les cercles, les oranges, les grenades,les pelottes, les paux & carreaux à feu, tres-miſerable inuention , par laquelle nous voyons ſouuent vne mil- liaiſe de pauures hommes fricaſſez ſouz vne mine , ou cazematte : les autres en l'ardeur du combat atteins , voire legerement de quelqu'vn de ces engins , bruſler cruellement dans leurs harnois, ſans meſine que les eaux puiſſent refrener & eſteindre la furie d'vn tel feu. Ce n'eſtoit doncques aſſez d'auoir armé le fer, & le feu contre nous, ſi meſme pour haſter le coup on n'euſt quaſi comme em- , penné telles armes, les faiſant voler aux deſpens de noſtre vie, appropriant des ailes à la mort, pour #. accabler l'homme plus ſoudainement pour la conſeruation duquel toutesfois telles choſes auoient # d " eſté premierement crcées. Vrayement quand i'oy parler des machines deſquelles les anciens vſoient anciens aux fuſt pour aſſaillir les hommes en combat & rencontre, comme ſont les arcs, dards, arbaleſtes, fon- moſtres. des, fuſt pour forcer les villes, comme ſont beliers,cheuaux,vignes,tortues, baliſtes, & autres ſembla- -#.# bles, il me ſemble que i'oy parler de petits ioiiets d'enfans au regard de celles cy,qui pour parler à la # verité,ſurpaſſent en figure & cruauté les choſes que l'on ſçauroit penſer les plus cruelles.Que ſçau- tillerie. roit-on imaginer en ce monde de plus eſpouuentable & furieux que la foudre & le tonnerre ? Et Côme l'hom- toutesfois le tonnerre ordinaire & naturel,n'eſt (par maniere de dire) rien, au regard de ces machi- ºſº#rºſºr nes infernales : ce qui ſe pourra aisément comprendre par la comparaiſon des effects de l'vn & de # */* l'autre. Nature a bien voulu honorer & priuilegier l'homme, inferieur, en force corporelle aux §n.liar ... beſtes, de cecy : c'eſt que le ſeul homme ne meurt touſiours eſtant frappé de foudre, & au contrai- chap. 54. re pour peu que les autres animaux, † ſont ſubjects à la foudre, en ſoient touchez, ils meurent Plin.l.*c.56 ſoudain. Car tous animaux frappez du foudre, tombent de l'autre coſté, le ſeul hommme n'en meurt point, s'il ne tombe ſur la partie frappée du foudre, ou s'il n'eſt tourné par force du coſté doù la foudre vient. Mais l'artillerie n'eſpargne non plus les hommes que les beſtes, & ſans diſcretion de uelquc coſté qu'elle vienne, de quelque coſté qu'elle frappe, en quelque façon qu'elle les renuer- e, leur emporte la vie. Il y a pluſieurs remedes pour ſe garder contre le tonnerre. Car outre les $ºelles che- charmes, par leſquels les anciens Romains croyoient la foudre pouuoir eſtre coniurée & diuertie» ſ# # ou excitée, on ne veit iamais la foudre deſcendre plus auant que cinq pieds en terre. De là vient, ſeruées de la . - f fond - - ſ: - foudre. que ceux qui la craignent, font caues profondes en terre, pour s'y retirer comme en ſauueté. On suet. i• Tib. dit que le laurier § iamais frappé de la foudre, c'eſt pourquoy le temps paſsé & encores aujour- d'huy , il eſt pris pour vn ſignal de victoire. Parquoy l'Empereur Tibere craignant ſur toutes cho- ſes le tonnerre, ſe faiſoit promptement couronner de laurier, au moindre bruit qu'il euſt ouy en l'air. On lit quelqucs vns auoir § faire des tentes de peaux de veaux marins pource que cet ani- mal a cela de particulier, que iamais il n'eſt atteint de la foudre. L'Aigle auſſi eſt dite auoir ce pri- uilege entre les oyſcaux de n'eſtre frappée de la foudre : c'eſt pourquoy on l'apelle couſteliere de- Iupiter, dit Pline, liu.2.ch. 14. & 55. Mais contre l'artillerie, rien ne ſeruent les paroles & incan- tations, rien le laurier victorieux, rien le veau marin , rien choſe quelconque, non pas meſme vne l # muraille opposée, eſpeſſe de dix pieds. Bref cecy monſtre la fureur inuincible de l'artillerie, au re- §.# " gard du tonnerre : c'eſt que le tonnerre ſe peut diſſiper par ſon de cloches, baſſins d'airain , & meſ- ' me par le bruit de l'artillerie, les nuées du heurt & combat deſquelles ſe fait le tonnerre, eſtans par te lc agitation de l'air ou diſſipées, ou chaſsées en autre pays bien loin : mais la fureur & orgueil Tºpº , ex de l'a lletie ne s'appaiſe pour choſe quelconque. Il y a quelques temps & quelques regions exem- #. * º pres de foudre : car on ne voit gueres tomber la foudre au cœur de l'Hyuer, non plus qu'au gros J'é'. de l'Lite. Ce qui aduient de deux raiſons contraires : car cn Hyuer l'air eſt fort eſpais, auſſi ſont les nuées, de ſoite qu'aisément eſteignent tout le feu,que pourroient auoir chargé les exhalations de la terie , qui ncantmoins ſont fort froides & glaciales. De là vient que la Scythie & les regions Liu.*. c. so fo les qui ſont à l'enuiron, c'eſt à dire, la Tartarie, Liuonie, Moſcouie, Ruſſie, & autres pays voi fin sºnt cxcmpts de foudre, comme au contraire les grandes chaleurs en preſeruent l'Egypte.Car les , lations & v pcuis dc la Terre, qui ſont chaudes & ſeiches, ſe conuertiſſent par la chaleur vcheneite en petites nuées, qui n'ont point de force,comme dit Pline. Mais comme l'inuention. , , aºi la tempeſte & dommage de l'artillerie , s'eſt eſpandué comme vne pcſtc par toutes les u# Prouinces de la Terre, & en tout temps le Ciel retentit ſouz la plaintiue voix de ceux qui en ſen- ,ier . " º les furieux effects. Le tonncrre ordinairement n'a qu'vn coup, qu vne foudre , & ne frappe qu'vn homme à la fois : mais l'artillerie d'vn ſeul coup peut accablcr vue centaine d'hommes. La - foudr c D'»à #ſt tiré le mot d'ar- queºuje. Di uers art #. fices de feu. D A 3 Preface. 2 63 i foudre le plus ſouuent, comme eſtant choſe naturelle, tombe fortuitement, tanteſt ſur vn chefne, tantoſt ſur vne montagne, tantoſt ſur vne tour, & rarement ſur l'honme : mais l'artillerie con- duite par la maligne dexterité de l'homme, n'a autre but que l'homme, le mire ſeul, & choiſit ſeul, entre vne milliaſſe de choſes. La foudre par le bruit de ſon tonnerre auant-coureur quelque bon- ne cſpace de temps deuant, nous aduertit de la tempeſte future : Mais l'artillerie , qui eſt le coin . ble de tout mal, en grondant frappe, & en frappant gronde, enuoyant auſſi-toſt la balle mortelle dans l'eſtomach » que le ſon & bruit dedans l'oreille. C'eſt donc à bon droit que nous deteſtons Ce qui in ri l'autheur d'vne ſi dommageable & pernicieuſe inuention : comme au contraire deuons eſtimer # ceux dignes de grandes loüanges , qui ou par paroles taſchent à reuoquer les Princes & Rois de la à eſcrire , Practique d'vne ſi miſerable & funeſte machine, ou par effects & eſcrits, s'eſtudient à donner quel-#º ques remcdes à ceux qui en auroient eſté attaints. Ce qui m'a eſmeu preſque le premier entre les d'harquebu- † :à eſcrire de ceſte matiere. Mais deuant que faire courir ma plume en ceſte carriere, il º'J. m'a ſemblé bon pour plus facile intelligence du Traicté principal que ie pretens mettre en lumic- re , des playes faites par herquebuſes, faire marcher deuant deux Diſcours , pour arracher quelques opinions de la fantaſie de pluſieurs, qui me ſemblent du tout faulſes : la falſité deſquelles, ſi elle n'eſt conuaincuë : il n'eſt pas poſſible de rien entendre en l'eſſence de ce mal , ny rien faire à profit & bonneur en la cure d'iceluy... Le premier diſcours addreſsé au Lecteur , condamne par viues rai- somm.i,. ſons la façon de Vigo , qui bruſloit les playes faites par harquebuſes , & les cauteriſoit, penſant du premier qu'elles participaſſent de quelque venenoſité. Au contraire, celle qui guarit telles playes par les ºſº ſuppuratifs, eſt autant douce & ſalubre, comme celle dudit de vigo eſt cruelle & pernicieuſe. Lc ſe- # cond Diſcours addreſsé au Roy , monſtre leſdites playes ne participer d'aucune venenoſité, ains la # Diſ- cacocthie & male morigeration d'icelles, déprendre entierement du vice de l'air, & de la cacochy- - mie des corps offenſez. ſ#ððððððððč#Sé#) D I S COV R S P R E M I E R , 5 VR L E F A / C T des Harquebuſades, & autres baſtons à feu. )AQ 'A N mil cinq cens trente ſix,le grand Roy François enuoya vne grande ) $2à armée en Piedmont, pour enuitailler Thurin, & reprendre les villes & " chaſteaux, qu'auoit pris le Marquis du Guaſt , Lieutenant General de l'armée,& Monſieur de Montejan, Capitaine General des gens de pied, ,- duquel alors i'eſtois Chirurgien.Vnegrande partie de l'armée arriuée au Pa, d,sac, § de Suze, trouuaſmes les ennemis qui tenoient le paſſage, & auoient ait certains forts & tranchées, de façon que pour les faire debuſquer & quitter la place,il conuint combattre,où il y eut pluſieurs tuez & bleſſez 5 >zzy : N, tant d'vne part,que d'autre mais ce fut àeux de tout quitter & gaigner le - º Chaſteau:où bien toſt furent ſommez de ſe rendre : ce qu'ils firent, & ſortirent ſeulement la vie ſauue en chemiſe:& le baſton blanc au poing, dont la plus grand part s'en alletent gaigner le Chaſteau deVillanne, où il y auoit enuiron deux cens Eſpagnols. Monſeigneur le Conneſtable ne le voulut laiſſer en arriere, à fin de rendre le chemin libre. Ce Chaſteau eſt aſſis ſur vne petite montagne,qui donnoit grande aſſeurance à ceux de dedans, qu'on ne pourroit aſſeoir l'ar- tillerie pour le battre:& furent ſommez de ſe rendre, ou qu'on les mettroit en pieces : ce qu'ils refu- ſerent, reſpondans qu'ils eſtoient autant bons & fideles § de l'Empereur, que pouuoit eſtre Monſieur le Conneſtable du Royſon maiſtre. Leur reſponſe entendue, on fit de nuict monter deux gros Canons à force de bras auecques cordages,par les Suiſſes & Lanſquenets;où le malheur voulut z, ct.ſteau qu'eſtans les deux canons aſſis, vn Canonier mit par inaduertance le feu dedans vn ſac plein de pou- § § dre à canon, dont il fut bruſlé, enſemble dix ou douze ſoldats. Et en outre la flamme de la poudre aſſieté & fut cauſe de deſcouurir l'artillerie, qui fit que toute la nuict ceux du Chaſteau tirerent pluſieurs Prº, coups d'arquebuſes, à l'endroit où ils auoient peu deſcouurir les deux canons, dont ils tuerent & bleſſerent quelque nombre de nos gens. Le lendemain de grand matin on commença la batterie, qui en peu d'heure fit breche. Eſtant faite, ceux de dedans demanderent à parlementer, mais ce fut trop tard : car cependant nos gens de pied François, les voyant eſtonnez, monterent à la breche, & entrerent dedans,& les mirent tous en pieces, excepté vne fort belle & ieune Piedmontoiſe , qu'vn grand Seigneur voulut auoir pour luy tenir compagnie la nuict, de peur du † Le Capi- taine & Enſeigne furent pris en vie , mais bien toſt apres pendus & eſtranglez ſur les creneaux de la orte de la ville, afin de donner exemple & crainte auſdits ſoldats Imperiaux, n'eſtre ſi temeraires & ſifols de vouloir tenir telles places contre vne ſi grande armée. Or tous les ſuſdits ſoldats du Chaſteau, voyans venir nos gens d'vne tres-grande furie, firent tout deuoir de ſe deffendre , tuerent & bleſſerent vn grand nombre de nos ſoldats à coups de picques & d'harquebuſes , où les Chirur- giens eurent beaucoup de beſongnetaillée. I'eſtois ence temps-là bien doux de ſel, parce que ie n'auois encores veu traicter les playes faites par harquebuſestil eſt vray que i'auois leu en Iean de Vigo,liu. 1. des Playes en general » chap. 8. que z'Aubou. les playes faictes par baſtons à feu, participent de venenoſité,à cauſe de la poudre, & pour leur cu- .nr . ration commande les cauterizer, auecl'huile de ſambuc, en laquelle ſoit meſlé vn peu de theriaque. tiere- Et pour ne faillir, parauant qu'vſer de ladite huyle feruente, ſçachant que telle choſe pourroit aP- porter 264 l. L)iſcOurS ſur le Liure, - Remede trouué par accident. Oleum ca . tcllcrum. - la fºudre à par harquebuſes, & autres qu'on pretendoit ſuppurer, & me pria de ne diuulguer ſon ſecret. De porter au malade extreme douleur, ie voulus ſçauoir, premierement que d'en appliquer, comme les A , à autres Chirurgiens faiſoient pour le premier appareil , qui eſtoit d'appliquer ladite huile la plus boiiillaete qui leur eſtoit poſſible dedans les playes, auec tentes & ſetons, dont ie prins hardieſſe & faire comme eux : en fin mon huile me manqua, & fus contraint d'appliquer en ſon lieu vn digeſtif fait de laune d'œuf, huile roſat, & tcrebentine. La nuict ie ne peus bien dormir à monaiſe, penſant que par faute d'auoir cauterisé , ie trouuaſſe les bleſſez (où j'auois failly à mettre de ladite huile ) morts empoiſonnez, qui me fit leuer de grand matin pour les viſiter. Où outre mon eſperance trou- uay ceux auſqiiels i'auois mis le medicament digeſtif, ſentir peu de douleur à leurs playes ſans in- flammation & tumeur, ayans aſſez bien reposé la nuict : les autres où l'on auoit appliqué ladite huile, les trouuay febricitans, auec grande douleur , tuneur & inflammation aux enuirons de leurs playcs : adonc ie me deliberay de ne iamais plus bruſler ainſi cruellement les pauures bleſſez d'ar- quebuſades. Lors que nous entraſmes à Thurin , il ſe trouua vn Chirurgien , qui auoit le bruit par deſſus tous de bicn mcdicamenter les harquebuſades, en la grace duquel ie trouuay moyen de m'inſinuér,& luy fis la cour prés de deux ans & demy , auparauant qu'il me vouluſt declarer ſon remede, qu'il appelloit ſon baume. Ccpcndant Monſieur le Mareſchal de Montejan, qui eſtoit demeuré Lieute- nant General du Roy en Piedmont mourutadonc ie remonſtray au Chirurgien que ie m'en voulois retourner à Paris, & luy ſuppliay qu'il me tinſt promeſle de me donner la recepte de ſon baume : ce que volontaircment il fit, attcndu que ie luy quittois le pays.Il m'enuoya querir deux petits chiens, B vne liure de vers de terre, deux liures d'huile de lys , ſix onces de terebenthine de Veniſe , & vne once d'eau de vie:& en ma prcſence il fit boüillir les chiens tous viuans en ladite huile, iuſqu'à ce que la chair laiſſaſties os : & apres mit les vers qu'il auoit auparauant fait mourir en vin blanc, à fin qu'ils iettaſſent la terre qui eſt touſiours contenué en leurs ventres. Eſtant ainſi vuidée, les fit cuire en ladite huile, iuſqu'a ce qu'ils deuindrent tous arides & ſecs : alors fit le tout paſſer par vne ſeruiette, ſans grandement en faire expreſſion : cela fait , y adiouſta la terebenthine, & à la fin de l'eau de vie : & appclla Dieu à teſmoing que c'eſtoit ſon baume , duquel il vſoit aux playes faites # l # , : : ººº ººº là ie m'en vins à Paris,où quelque temps apres Monſieur Syluius, Lecteur du Roy en Medecine, "º homme grandement eſtiné entre les gens doctes, me pria d'aller diſner auec luy : ce que ie fis vo- - loutieis : où il n'intcrrogea comme on traictoit les coups d'arquebuſes & les combuſtions faites par la poudi e à canon : où tout ſubit ie luy prouuay que la poudre à canon n'eſtoit aucunement vene- ncule, parcc que nul ſimple qui entre en icelle n'eſt trouué veneneux , & moins ſa compoſition , & auſſi que l'experience en failoit foy : parce qu'aucuns ſoldats eſtans bleſſez en prenoient auec du ( vin, diſans qu'icclle prinſe par dedans gardoit les accidens d'aduenir ( ce que ie n'approuue) joinct | auſſi qu'aucuns ayans quelques vlceres ſur leurs corps , pour les deſſeicher y mettoient deſſus de laditc poudre,ſans qu'il leur en ſuruinſt aucun mal. Et quant aux balles , ne pouuoient con- : Les playe, ceuoir ſi grande chaleur, qu'elles euſſent vertu de bruſler : Car vne balle eſtant tirée contre vnemu- C | d'arquebu raille,on la pouuoit promptement tenir en la main nue : combien que pour la colliſion faite con- ſº ſº fans tIe la pierre elle deuroit encores eſtre plus échauffee : & quant aux combuſtions faites pat la pou- | º dre a canon, ie n'auois rien trouué de particulier, pour diuerſifier la cure des autres combuſtions: & luy racontay ceſte hiſtoire , qu'vn garçon de cuiſine de Monſieur le Mareſchal de Montejan | Fon.i. tomba en vne chaudiere pleine d'huile quaſi boiiillante , pour lequel penſer eſtant enuoyé querir, rreuué par promprcment In'en allay demander à vn Apothicaire des medicamens refrigerans , qu'on auoit , #, de couſtume d'appliquer aux bruſleures. Là ſe trouua vne bonne vieille villageoiſe, qui entendant &' c'//, º ſ16" eſt approuué de Celſe liu. 5. ch ºp. 27. Hijloire. ' N que ie parlois de ceſte bruſleure, me conſeilla y appliquer pour le premier appareil (de peur qu'il n'y ſutuinſt des puſtules ou empoulles) des oignons crus pilez auec vn peu de ſel. le demanday à ladite vieille,ſi autres fois l'auoit experimentée : elle meiura en ſon iargon,Si meſsé, à la fé de dé; qui m'incita à en vouloir bien faire l'experience ſur le ſoüillon de cuiſine, où veritablement trou- uay le lendemain les endroits où auoient touché les oignons, n'auoir aucunes veſſies , ou empoul- les : & où ils n'auoient touché, tout eſtre veſſié.Quelque temps apres vn Allemand de la garde du- dit ſeigneur de Montejan auoit fort beu : le feu print en ſon flaſque qui luy feit grand deſaſtre aux mains & au viſage, & fus appellé pour le penſer.I'appliquay des oignons à la moitié du viſage, & de l'autre coſté les remedes communs : au ſecond appareil trouuay le coſté où i'auois appliqué les oi- gnons,ſans nulles veſſies ny excoration, l'autre tout empoullé : & lors propoſay d'eſcrire l'effect Cºmment il deſdits oignons. D'auatange ie dy audit Silujus , que pour bien extraire les balles demeurées de- faut ſituer prur extrai- re les balles. dans quelque partie du corps , il falloit ſituer le bleſsé en telle ſituation, qu'il eſtoit lors qu'il fut frappé, & outre ie luy diſcourus beaucoup d'autres choſes contenues en ce liure. Mon diſcours pa- D racheuc, il me pria de grande affection de le mettre par eſcrit, à fin que ceſte faulſe † de Vigo - fût enuoyce à val l'eau : ce que volontairement luy voulus accorder, & feis tailler pluſieurs inſtru- nºens pour extraire les balles, & autres choſes eſtranges, ce qu'on n'auoit encores fait , & fut pre- mierement imprimé l'an 1544. & bien receu : qui a eſté cauſe de me le faire reuoir , & encore le faire reimprer l'an 1552. & pour la derniere fois l'an 1564. où ie l'enrichis de beaucoup d'autres choſes, pour auoir ſuiuy depuis les guerres, & auoir eſté aux batailles, & enfermé és villes,comme à Mets & Hedin. Pareillement pour auoir eſté au ſeruice de cinq Roys, où i'ay touſiours par tout vou- lu communiquer auec les Medecins & Chirurgiens ſçauans, lors que i'auois quelque doute,pour deſ- couurir s'il y auoit autre moyen de traiter leſdites playes faites par harquebuſes, dont la plus grand pait, au moins ceux qui ont luiuy les guerres, & y ont peu cognoiſtre quelque choſe par raiſon & cxperience, ſont de mon aduis, de les medicamenter, en vſant de ſuppuratifs au commencement, & non d'huile boii llante. Et proteſtay en outre audit Syluius , auoir trouué telles playes autant aiſées à traiter, eſtans aux parties charneuſes , que les autres faites par grandes contuſions : mais - Ok I Des Playes d'arquebuſes. 265 A où le boulet rencontre les os & parties nerueuſes, il les briſe,dilacere, rompt & fend par éclats, non ſeulement où il touche , mais beaucoup plus loing , ſans aucune miſericorde, cauſant grands acc- ce qui rend dents , qui ſuruiennent principalement aux jointures & aux corps cacochymes : & en temps ſujet à les playes . corruption , à ſçauoir, quand l'air eſt chaud & humide , adonc la cure eſt tres difficile, & ſouuent #ºººººſ* impoſſible , non ſeulement des playes faictes par baſtons à feu, mais auſſi de celles qui ſont faictes difficiles à par autres inſtruments, voire encores qu'elles fuſſent aux parties charneuſes. Partant les ſuſdicts AſM4rir- accidents ne prouiennent de la venenoſité qui eſt en la poudre à canon, ou par la combuſtion faicte par le boulet. Pour preuue dequoy , ie puis alleguer ce que i'ay n'agueres experimenté en la perſon- ne du Comte de Courdon, feigneur d'Achindon Eſcoſſois, que i'ay pensé par le commandement de la Reyne mere du Roy , lequel fut bleſsé d'vn coup de piſtolet au trauers des deux cuiſſes , ſans fracture d'os, luy eſtant donné de ſi pres que le feu flamboit en ſes chauſſes : & fut entierement Hiſtºir*. guary en 3 E. iours , ſans qu'il luy ſuruinſt fiévre, ny autre mauuais accident : & le medicamentay à ſainct lean de Latran, au logis de Monſieur l'Ambaſſadeur d'Eſcoſſe, Archeueſque de Glaſco , le- quel tous les iours aſſiſtoit à le voir penſer. Ce que peuuent teſmoigner eſtre vray Monſieur Bri- gar, Docteur Regent en la faculté de Medecine, qui l'aſſiſta auec moy, enſemble Iacques Guille- meau, Chirurgien du Roy & Iuré à Paris, iuſqu'à la parfaicte guariſon. Le meſme peut teſmoigner monſieur Hautin, Docteur Regent en la faculté de Medecine, qui le vint voir par iours interpo- poſez : & Gilles Buzet Eſcoſſois, Chirurgien , tous leſquels s'eſmerueilloient comme il auoit eſté ſi toſt guary , ſans application de medicaments forts & acres. Or l'intention pourquoy i'ay fait ce tit Diſcours, eſt pour demonſtrer qu'il y a plus de trente ans que i'ay trouué le moyen de traitter † playes faites par arquebuſades, ſans vſer d'huyle boüillante , n'y d'autres medicaments forts & cuiſants : ſi ce n'eſt que l'on y ſoit contraint, pour les accidentsqui aduiennent aux corps cacochy- mes , & pour la mauuaiſe diſpoſition & malignité de l'air, comme ie demonſtre plus amplement en ce ſuyuant Diſcours, que ie fis au Roy defunct, apres la priſe de Roüen. A V T R E D I s c o V R s , s V R c E g Vº t L P L E V r vn iourau Roy deffunct Charles I X. me demander touchant lefaict des arquebuſades, & autres baſtons à feu, à ſon retour du -'- ſiege & priſe de la ville de Roiien. - 4Ze2 T pource qu'il pleut vn iour à voſtre Majeſté(S 1 R E ) à celle de la Reyne vo- $N N ſtre Mere, à Monſieur le Prince de la Roche-ſur-Yon , à pluſieurs autres Prin- #\N ces & grands Seigneurs , me demander comme il aduenoit qu'en ces dernieres $ guerres, la pluſpart des Gentils-hommes & ſoldats bleſſez de coups d'arque- à buſes , & autres inſtruments , mouroient ſans y pouuoir aucunement reme- dier, ou à bien grand peine releuoient de leur maladie , ores que les playes par eux receües, fuſſent de bien petite apparence : & que les Chirurgiens ap- pellez pour leur guariſon , y employaſſent tout leur deuoir & ſçauoir : I'ay bien osé mettre ce Diſcours en auant, ſatisfaiſant en partie au deuoir de mon Art , & ne derogeant à l'honneur - premier de ma profeſſion , que voſtre Majeſté m'a pleinement continué iuſqu'à ce iour , pour vous faire entendre les raiſons qui peuuent auoir causé la mort à tant de vaillans hommes : la pluſpart deſquels i'ay veu , à mon grand regret finir piteuſement leurs iours , ſans qu'il me fuſt poſſible , ny à autre encore plus eſprouué que moy , y donner aucun remede. le ſçay que le ſuyuant diſcours eſtonnera quelques - vns , qui ſe repoſans ſur leurs opinions parti- culieres, & nc recherchans les matieres iuſqu'au fond du ſac, trouueront le premier front de ma Inſinuation diſpute aſſez eſtrange : pource que contrariant à ce que de long-temps ils ont imprimé en leur en la bonne eſprit, ie ne leur accorde la cauſe de la malignité des harquebuſ des, proceder du venin ou em-# # poiſonnement, que leur cerueau ſonge eſtre porté par la poudre à canon, ou par les balles trem- # #. pées, & friquaſsées en quelque matiere veneneuſe. Toutcsfois ſi leur debonnaireté & patien nion contrais cc auſſi ſe peuuent eſtendre iuſques là , que la premiere vueille peſer le zele qui m'a meu de pro- re. fiter à la Rebublique, enuers laquelle ſi par le paſsé me ſuis efforcé faire valoir le talent , que la ſinguliere prouidence de Dieu m'a voulu departir, encore maintenant ie m'y employe dauantage: & I'autre auec entier iugement examiner les raiſons , deſquelles i'vſe en ce preſent Traicté : ie ſuis ſeur qu'ils auront mon labeur agreable, & l'exempteront de toute calomnie : ou bien qu'is ſeront tant mal affectez en mon endroit , que ſi ie m'addreſſois à eux , enrichy de tous les threſors des an- ciens Philoſophes , encor me voudroient ils mettre au rang de plus appauuris & ignorans hom- mes de tout le monde. Pour donc obuier aux argumens que les fauteurs du venin & empoiſonne- ment cy deſſus mentionné pourroient mettre en jeu, ie feray voir à voſtre Majeſté ( S 1 R E ) que l'offenſe des arquebuſades ne prouient du venin que la poudre ou la balle porte quant - &ſoy , & moins encore de la combuſtion ou cauterization , que ladite balle § par le feu mis en la L'autheus poudre, face és parties qu'elle rompt par ſa violence : ce que toutesfois quelques-vns s'efforcent propoſe les ſouſtenir, alle guans pour toutes raiſons qu'autres-fois on a veu vne tour pleine de poudre, ruinée º ººº #, N occaſions de ce dijtours : en vn inſtant par vn ſeul coup de canon: Semblablement vne maiſon couuerte de chaume s'embra- # # zer au ſeul coup d'vne arquebuſe. Auec ce, qu'en la pratique des playes que font les inſtrumens # l, à feu, nous voyons ordinairement les orifices & parties circonuoiſines auſdites playes , ſi noires peiſon de la u'on diroit vn cautere attuel y auoir paſsé : joint auſſi que l'on voit ſortir & tomber l'eſcarre , com- ººº , & me ils diſent. Tous leſquels argumens ſont ſi mal appuyez, que leur fondement ne merite # * qu'on s'y arreſte, & moins encore que la reſolution de voſtre demande ſoit priſe deux , ainſi " Z que 2 6 6 I I. Diſcours ſur le Liure. - * La diſpu- te preſente priſe des Pbiloſophes, Medecins,& Chirurgiens. Compoſition de la poudre - 4 C4/70/2. Salpeſtre eſt ſel de pierre. Exemple pris des Reiſtres, que i'eſpere vous faire entendre par la diſpute qui s'enſuit , laquelle (apres anoir veu grand nom- A bre de tclles playes , icelles obſerué diligemmcnt, & medicanenté par grand methode)i'ay recueil- lie des anciens Philoſophes, & Chirurgiens , pour eu faire preſent à voſtre Majeſté , & enſemble la retirer de l'admiration qu'elle auoit de la mort eſpouuantable de tant de Gentils hommes & bon ſoldats. - S Or pour entrer en matiere , & reſpondre aux argumens cy-deſſus alleguez , il me ſemble bon de diſcourir premierement s'il y a quelque vcnin enclos en la poudre à canon : & encore qu'il y en cuſt, ſi elle pourroit infecter par ſon pretendu venin. Pour lequcl poinct parfaictement dedui- rc , force m'eſt de rechercher la compoſition d'icelle poudre , conſideré qu'elle n'eſt de ſubſtance ſimple, mais composec : puis pour ſuiure la nature des ſimples qui entrent en ſa compoſition, leurs qualitez, effects, & o erations. Quant aux ſimples , c'eſt choſe toute aſſeurée, qu'il n'y en a que trois qui faſſent la con poſition : à ſçauoir , le charbon de ſaule, ou de cheneuottes, le ſoulphre, & le ſalpeſtrc , quclquesfois auſſi l'eau de vie : leſquels ingrediens conſiderez à part, ſont exempts de tout vcnin. Qu'il ſoit ainſi, le charbon n'a choſe conſiderable en ſoy , ſinon vne ſeichereſſe en vne ſubſtance ſubtile, moyennant laquelle reçoit auſſi facilement le feu, qu'vn l'inge bruſlé reçoit les eſtincelles d'vn fuzil. Le ſoulphre chaud & ſec en dregré , non toutesfois exceſſif,& de ſubſtan- ce plus oléeuſe & viſqueuſe, non toutesfois tant aisé à enflammcr que le charbon : combien qu'il rcticnne fort viuement le feu quand il en eſt ſaiſy , & ne s'eſteint qu'à grande peine. Le ſalpeſtre eſt tel que pluſieurs s'en ſcruent en lieu de ſel. Ainſi découurons-nous n'y auoir aucune venenoſité en la nature de ces ſimples, nommément en celle du ſoulphre, qui eſt le plus ſuſpect : veu meſme que Dioſcoride liu. i. chap. 73. cn donne à boire & humer dans vn œuf, aux aſthmatiques, touſ- ſeurs , & à ceux qui crachent du pus, & qui ont la jauniſſee : & Galien liure. 9. des ſimples chap. 36. l'ordonne pour remede topique à ceux qui ſont mordus de bcſtes venimeuſes , & aux gratelles ma- lignes. Or quant à l'eau de vie, c'eſt vne choſe ſi ſubtile, qu'elle s'éuapore & conſume ſi on la jet- te en l'air : outre ce que les Chirurgiens l'ordonnent ſouuentesfois en breuuages & friction, pour vn remede grandement ſingulier. Qui me fait dire que toute la compoſition de la poudre eſt exem- pte de venin, puis que ſes ingrediens ſont ſi entiers chacun en ſon endroit. Auſſi les Allemands, Reiſtres, offenſez de quelque arquebuſade , ne font difficulté de diſſoudre en vin deux charges de Allemand, poudre à canon, & les aualler, eſperans par ce moyen recouurer leur ſanté , & obuier aux acci- #º dens qui ſuruiennent à leurs navreures : ce que pourtant ie n'approuue , parce que telle choſe ne #. leur peut ſeruir Dauantage, les vlcetes faits par ladite poudre ne ſe trouuent d'autre nature, que 2 § ceux qui ſont faits de feu ou d'eau boüillante. Mais que me ſert d'alleguer vn exemple eſtranger, probation. puis que i'ay veu pluſieurs ſoldats François par ie ne ſçay quelle gayeté de cœur , & ſe voulans monſtrer bons compagnons , en aualler aſſez bonne quantité , ſans toutesfois en receuoir deſplai- ſir aucun : & quelques autres bleſſez en vn endroit de leur corps , en appliquer ſur leurs vlceres pour les deſſeicher, & s'en trouuer fort bien : Quant à ceux qui diſent que ce n'eſt la poudre-mais Refuta- le boulet , qui ſubtilement pertuisé en pluſieurs lieux, remply de venin, ou trempé , fricaſsé , & tion de ceux qui diſent le boulet eſtre empeiſonné: - - - - - A - | re # ſ, mon opinion eſtre veritable, ſçauoir eft que telles playes ſont exemptes de venenoſité , il ne faut monſtrera ty ſculement que ſe reſſouuenir : Qu'il n'y a aucun de tous ceux , qui eſtoient en voſtre camp de # Pº Roüen, qui ne ſçeuſt aſſeurement les boulets tirez par luy contre ceux de la ville , auoir eſté ſans amplement Refutation de ceux qui diſent la bate faire combuſtion. mixtionné en quelque poiſon, cauſe cét excez dangereux : le leur puis † , ſans beaucoup me trauailler, que le feu mis en la poudre purifieroit le venin de la balle , ſi aucun y en auoit : ce qui ne ſe peut faire aux eſpieux, eſpées , & fleches, attendu que le feu n'y paſſe.Brefpour confirmer aucun poiſon , & toutesfois les aſſiegez auoient opinion que toutes telles balles eſtoient empoi- ſonnées : les ſoldats de voſtre camp auoient meſme creance des boulets qui leur eſtoient tirez par ceux de la ville, leſquels ils diſoient auoir eſté empoiſonncz par eux : croyans pluſtoſt & iugeans la qualité des playes par l'iſſuë mal heureuſe d'icelles, que par les cauſes dont elles eſtoient faites. Vrayement comme en Medecine ſelon la ſentence d'Hipp. aux Epidimies , ainſi que note Galien ſur la ſentence 2o. & 2 1. de la ſect. 3. du liu. 3. toutes maladies ſont appellées peſtilentes & vcne- ncuſes , leſquelles excitées des cauſes communes & generales, quelles qu'elles ſoient,tuent pluſieurs erſonnes : ainſi peut eſtre à parler improprement , pourrons nous appeller les playes des arque- § , vent neuſes, qui ſont plus difficiles à penſer que les autres , non qu'elles participent d'au- cune venenoſité, mais pour quelque cauſe geneiale dcpendante,où de la cacochymie des corps,cor- ruption de l'air ou du vice des viurcs, dont les vlceres ſont rendus plus malins , cacoëthes , & rebelles aux medicamens. De dire que ce ſoit la combuſtion du boulet auſſi qui face le danger, ie ne le puis enten dre, vcu que les balles faites ordinairement de plomb, ne pourroient endurer ſi extre- me chaleur , ſans ſe fondre & diſſoudre du tout , leſquelles nonobſtant nous voyons paſſer au ttauers d'vn harnois , & penetrer les corps d'outre en outre , & demeurer encores entiers. Dauan- tage , nous obſeruons lois qu'on les tire contre vne pierre , ou quelque autre matiere ſolide, pou- uoir au meſme inſtant eſtre maniées de nous, & tenue en la main , ſans qu'elles rendent notable ou ardante chaleur : combien que l'attouchement & colliſion d'icelles aucc la pierre deuſt accroi- ſtre leur chaleur, ſi aucune y en auoit. Qui plus eſt,ſi on tire quelque balle dans vn ſac plein de pou- dre à canon, le feu n'y prendra aucunement par ce 1'oſe hardiment dire & aſſeurer que quand le feu ſe met en vnc poudre reſeruée en quelque tour, ou en autre lieu,cela ſe peut faire non par le feu que la balle porte quant-&- ſoy, mais par l'attrition d'icelle , frappant contre la picri e de ladite tour, & en faiſant ſortir quelques eſtincelles de feu qui tombent en la poudre : ne plus ne moins qu'en la meche du fuzil nous voyons cheoir quelques eſtincelles par la colliſion du fer & du caillou, Le ſomblable deuons-nous iuger des couuertures de chaume , qui ne s'embraſent par la chaleur compagne du boulet, mais pluſtoſt par quelque linge, bourre, ou autre telle matiere attachée à la balle. Ce qui me rend encore plus ferme eſt l'aſſeurance de mon dire , eſt que ſi nous voulons tirer d'vne balle - de º Des Playes d'arquebuſes. 267 : A de cire, ne portant aucun feu quant-&-ſoy ( car autrement elle ſe fondroit) encore percera-elle vn bois de l'eſpeſſeur de demy doigt : argument aſſez valable pour monſtrer que les balles ne peu- uent eſtie eichauffées en ſorte qu'elles cauter,ſent & bruſlent ainſi que quelques-vns ont eſtimé. Et Pour reſpondre à la noirceur qui ſe trouue ordinairement en l'orifice des playes & des parties pro- ches,le dy cét accident ne prouenir à raiſon de quelque feu accompagnant la balle, mais à cauſe de la grande contuſion qu'elle fait : & pource auſſi qu'elle ne peut entrer au corps, ſinon par vne forcc & violence incroyable à cauſe de ſa figure ronde. Surquoy ſi on vouloit interroger les meſmes navrez, ie croy qu'ils ſeroient ſuffiſans teſmoins de men dire , pource qu'ils ne ſont ſi toſt frapez, qu'au meſme inſtant ne leur ſoit aduis qu'vne poutre, ou autre ſemblable fardeau leur" ſoit tombé ſur la partie offenſee , en laquelle auſſi lentent vne douleur aggrauante, vne ſtupeur & endormiſſe- ment, qui diſſipe, & quelquesfois eſteint la chaleur naturelle auec les eſprits qui y ſont contenus: dont le plus ſouuent s'enſuyuent gangrene & mortification de la partie, voire quelquesfois du corps vniuerſel.Et quant à l'eſcarre qu'ils diſent y eſtre,& en ſortir,ils s'abuſent : attendu que ce ſont cer- taines portions des membranes & chair contuſes dilacerées par la balle, qui ſe ſont corrompuës, & ſe ſeparent des paities ſaires : ce qui aduient ſouuent à toutes les parties grandement contuſes, & autres. Combien que ces raiſons montrent aſſez euidemment n'yauoir aucun venin en la poudre à canon, ny aucun feu porté par le boulet : ſi eſt-ce que pluſieurs ſe ruans ſur la Philoſophie natu- relle,ſouſtiennent tout le contraire:S& pour me preualoir en ceſte opinion, diſent les coups de canon eſtre du tout ſemblables aux coups de tonnerres & foud es, que les nuées rompuës en la moyenne re- gion de l'air precipitent en terre. De laquelle ſimilitude inferent & concluent qu'il y a du feu & du venin au boulet ſortant de la bouche du canon. Ie ſçay,Dieu mercy, que la foudre engendrée d'vne cxhalation craſſe & viſqueuſe,au moyen de la vapeur qui luy eſt conjointe , n'eſclatte iamais la nué pour ſe lancer çà bas, qu'elle ne traine quant & ſoy quelque feu , tanroſt plus ſubtil, tantoſt plus eſpez, ſelon la diuerſité de la matiere dont l'exhalation eſt composée : Car Seneque eſcrit au 2. liu. de ſes Queſtions naturelles, chap. 49. qu'il y a ſeulement trois genres de foudres tous differens l' vn de l'autre , ſelon la quantité & ſorte de leur inflammation : l'vn,qui à cauſe de ſa matiere plus ſubti- le & tenue , perce ſeulemcnt & penetre comme en pertuiſant, les objets qu'il atteint : l'autre , qui par ſa violence rompt & diſſipe les meſmes choſes pource que ſa matiere eſt plus compacte,& tempeſtâ- tiue,comme vn oraget& le tiers,qui compoſé d'vne matiere plus terreſtre,bruſle auec indices mani- feſtes de ſon ardeur. Ie ſçay dauantage que la foudre eſt de nature peſtilente & fetide , à raiſon de ſa matiere craſſe & viſqueuſe,laquelle bruſlée rend vne odeur ſi puante que les animaux accouſtumez de giſter en leurs cauernes & tanieres, ſont contraints les abandonner, ſi d'aduenture la foudre y eſt tombée , ne pouuans endurer la puanteur infecte de ce poiſon. Meſme que Olaus Magnus en ſon hiſtoire Septentrionale a remarque qu'en quelques lieux où la foudre eſt tombée , incontinent apres la cheute,la campagne ſe trouue toute couuerte & ſurſemée de ſoulphre , inutile toutesfois, & quaſi comme eſteint. S1 eſt ce que pour ces raiſons ne me faudra confeſſer que les coups de canon ſoient accompagnez de poiſon & de feu, comme ſont les coups de foudre : car ores qu'ils conuien- nent les vns auec les autres en quelque ſimilitude , ce n'eſt pourtant en leur ſubſtance & matiere, mais pluſtoſt en la maniere qu'ils ont de caſſer briſer,& diſſiper les objets qu'ils rencontrent, à ſça- uoir les coups de foudre par leur feu, & par la pierre aucunesfois engendrée en iceluy : & les coups de canon, par l'air impetueuſement pouſſé, qui conduiſant vne balle fait vn pareil deſaſtre. Que ſi i'eſtois conuaincu par argumens plus forts, iuſqu'à auerer les foudres & canons eſtre de ſemblable ſubſtance, encor ne ſerois ie forcé de dire les canonnades & arquebuſade porter feu quant &- ſoy : conſideré que parmy les foudres s'en trouuent quelques vns ( ainſi que dit Pline, au ſecond liure de ſon hiſtoire, chap. cinquante & vnieſme) qui compoſez de matiere merueilleuſement ſei- che, diſſipent tout ce qu'ils rencontrent , ſans toutesfois le bruſler aucunement : les autres de na- ture plus humide, qui pareillement ne bruſlent, mais noirciſſent à l'auantage : & quelques-vns d'v- ne matiere beaucoup plus claire & diaphane , le naturel deſquels eſt tant émerueillables qu'on ne peut douter ( comme a bien dit Seneque) qu'il n'y ait en eux quelque vertu diuine en ce qu'ils fon- dent ſubtilement l'or & l'argent,ſans que les bougettes & bourſes en ſoient aucunement intereſſècs: fondent vne eſpée , le fourreau demeurant en ſon entier : font diſtiller le fer d'vne picque, ſans que le bois conçoiue aucune ardeur : eſpandent le vin des tonneaux ſans y faire ouuerture, ne les bruſler. Suiuant le quel teſmoignage,ie pourrois aſſeurer, & ſans preiudice aucun, les foudres qui ſeulement rompent & diſſipent ſans bruſler aucunement, & qui la ſſent quelques effects pleins de grande ad- miration, n'eſtre ſemblablee en ſubſtance aux canonnades, mais ceux là qui quant-&-ſoy portent & Hamme & feu. Pour approuuer mon dire, ie ſeray content de l'exemple d'vn ſoldat, de la cuiſſe duquel me ſouuient auoir tiré vne balle, laquelle enueloppée du taffetas de ſes chauſſes, luy auoit fait vne profonde playe : toutesfois ie l'en retiray auec le meſme taffetas, ſans qu'il fuſt en façon aucune intereſſé ny bruſlé. Qui plus eſt,i'ay veu pluſieurs hommes , leſquels ſans eſtre frappez , ny aucunemenr touchez, meſmes en leurs habillemens , ont receu tel eſtonnement des canonnades paſſans pres'd'eux, que leurs membres en ſont deuenus noirs & liuides au poſſible, puis toſt apres ie ſont gangrenez & mortifiez, dont finalement ſont morts. Ces effects ſont ſemblables à ceux de la foudre, toutesfois il n'y a en eux aucun feu ou venin , qui me fait hardiment conclurre n'y auoir poiſon aucun en l'artifice ordinaire de la poudre. Puis donc que le deſaſtre a eſté commun à tous , ceux qui ont eſté bleſſez en ces dernieres guerres, & que ce n'eſt par feu , ne par venin que tant de vaillans hommes ſont morts, à quelle caule pourrons-nous imputer ce malheur ? Ie ſuis à l'endroit, Sire, où i'eſpere preſentement la faire entendre à voſtre Majeſté , afin qu'elle en ſoit pleinement ſa- tisfaite. Ccux qui ont conſumé leur âge & eſtude aux ſe rets de la Philoſophie naturelle, nous en ont laiſſé vn entre autres pour authentique,& approuué de tout temps : c'eſt que les elemens ſymbo- liſent tellement les vns auec les autres, qu'ils ſe tranſmuent l'vn en l'autre : de ſorte que non ſeule- L- Z 2 IIlCIlt L'exemple , d'vne balle de cire. D' où vienr 4ue les pla- Jes des ar- quebuſes ſont ordi- i natre//2enf noires. : Raiſons de ceux qui söt de contraire opinion. Seneque. Trois genret de foudres. . Reſponſes aux raiſons contraires. Effect mer- . »-illeux di foudres. Exemplr. En qucy les elemºs ſym- boliſent les vns auec les 47 M^/'.',. 268 I I. Diſcours ſur le Liure. . | Effect du ca- mon ſembla- ble à celuy du fondre. Exemple de l'Arſenal de Paris, Megare & Egine, vil- les de Grece, peries par tremblement de terre. Diuers bruits iſſans des veines de la terre. Poinct prin- cipal , º vraye ex- plication de la queſtion. ment leurs qualitez premieres , qui ſont chaleur, froideur, ſeichereſſe & humidité ; mais auſſi leurs A ſubſtances ſe changent par rarefaction, ou condenſation de ſoy-meſme : ainſi le feu ſeconuertit or- dinairement en air, l'air en eau : l'eau en terre : & à l'oppoſite, la terre en eau, l'eau en air, & l'air en feu. Ce que nous pouuons voir à l'œil, & éprouuer és ſoufflets de cuiure que les Allemands nous apportent , compoſez en forme de boule : laquelle remplie d'eau, & n'ayant qu'vn petit trou au milieu de ſa forme ſpherique, reçoit la tranſmutation de ſon eau en air , par l'action du feu, pres lequel la boule ſera poſée, & pouſſéc auec violence ledit air dehors,le faiſant bruire impetueuſement, iuſqu'à ce qu'il ſoit du tout ſorty. Le ſemblable ſe peut cognoiſtre és chaſtaignes & marrons lors qu'on les jette au feu ſans les auoir entamées : car alors l'humidité aqueuſe qui y eſt contenue, ſe change en air par l'action du feu, & l'air voulant ſortir,creue le marron,pource qu'occupant plus de place, a forme d'air cn laquelle il eſt changé par rarefaction cauſée par le feu, qu'il ne faiſoit ſous la forme d'aquoſité,& ne trouuant ouuerture, eſt contraint en faire vne par violence : ſelon la verité de la propoſition tenuë pour toute aſſeurée entre les Phyſiciens;ſçauoir,que d'vne partie de terre il s'en fait dix d'eau,& d'vne d'eau,dix d'air,comme d'vne d'air, dix de feu. I'en oſe autant dire & affermer des matieres contenuës en la poudre à canon , qui par le moyen du feu, ſe conuertiſſent en vne tres- grande quantité d'air, lequel ne pouuant eſtre contenu au lieu où la matiere eſtoit auparauant ſa tranſmutation,eſt forcé ſortir hors auec vne incroyable violence,moyennant laquelle le boulet pouſ- ſé rompt,caſſe & briſe tout ce qu'il rencontre,ſans toutesfois l'accompagner. Qu'il ſoit vray, vn arc, vne fonde,ou arc à jallet,jettent loin vne pierre:fleche ou jallet,ſans aucun air. Mais la balle chaſſe bien deuant ſoy vn vent ſi ſubtil,& ſi roidement agité,que les corps en ſont premierement ſaiſis que du boulet,ores que la choſe ne ſoit deſcouuerte à la veuë : car bien ſouuent l'action ſe fait par ce ſeul vent, ſans que la balle donne ſon coup , voire iuſques à rompre les os ſans manifeſte diuiſion de la chair : ce que nous auons deſia dit eſtre commun au foudre. Le pareil éprouuons-nous en ladite poudre, lors qu'eſtant encloſe dans les mines,& conuertie en vent par le feu qu'on y met,bouleuer- ſe les monceaux de terre auſſi gros que montagnes.On a veu ceſte année en voſtre ville de Paris vne certaine quantité de poudre fraiſchemcnt faite en l'Arſenal, cauſer vne ſi grande tempeſte , que tou- te la ville en trembla d'vne ſi horrible furie, rua par terre toutes les maiſons prochaines, découurit & defeneſtra celles qui eſtoient plus à l'écart. Et bref( comme vn foudre éclattant ) renuerſa çà & là pluſieurs hommes demy-morts : aux vns oſta la veuë,aux autres l'ouye, & en laiſſa d'autres non moins deſchirez en leurs pauures membres, que ſi quatre cheuaux les euſſent écartelez. Et ce par la ſeule agitation de l'air,en la ſubſtance duquel la poudre eſtoit conuertie : qui ſelon la quantité & qualité de ſa matiere, ſelon auſſi ſon mouuement plus ou moins fort, a cauſé des euenemens émer- ueillables en nos Prouinces, & du tout ſemblables à ceux que font les vents enclos ſous vne terre non proſpirable, leſquels voulans ſortir, ſoufflent auec vne ſi forte agitation, qu'ils font trembler toute la terre aux enuirons, la hauſſant & baiſſant, tantoſt cy,tantoſt là, demoliſſant les baſtimens, & les tranſportant d'vn lieu en autre:comme les villes de Megare & d Egine,anciennemest fort ce- lebres au pays de Grece.peries par tremblemens de terre,nous peuuent teſmoigner.Ie laiſſe à diſcou- C rir(comme peu ſeruant à noſtre propos) que le vent enclos aux entrailles de la terre, rend vn bruit de diuers ſons, & fort eſtranges, ſelon la diuerſe forme des conduits , & l'emboucheure des ſouſpi- raux par leſquels il ſort,ne plus ny moins que des inſtrumens de Muſique,leſquels eſtans larges,ren- dent le ſon plus gros & bas : eſtans eſtroits,le rendent haut & aigu : & s'ils ſont courbes & repliez, le rendent diuers : ainſi qu'on void en vn cornet de chaſſeur,& aux trompettes, comme auſſi eſtans moittes & moüillez, grondent & jettent vne voix enroüée. Semblablement ces bruits, murmures & bourdonnemens, ſelon la forme des lieux, d'où ils partent, ſe trouuent diuers & meſlez. Telle- ment qu'on a quelquesfois oüy des ſifflemens, qui § repreſenter aſſauts de villes, cris & mugiſſemens de taureaux, ou henniſſemens de cheuaux, rugiſſemens de lions, ou de trompet- tes, & coups d'artillerie , & beaucoup d'autres choſes eſpouuentables, meſmes voix humaines. Ce qui fut raconté d'vn qui auoit oüy vne voix, comme d'vne femme que l'on battoit, & qui ſe plai- gnoit,dont il eut vne ſi grande frayeur, qu'à peine l'haleine luy eſtoit demeurée pour le pouuoir ra- conter. Mais on luy dit la cauſe de ceſte voix plaintiue :& apres l'auoir entenduë fut deliuré de ceſte grande pcur, qui autrement eſtoit ſuffiſante pour le faire mourir. Mais quelqu'vn dira ces choſes auoir eſté de tout temps,& non moins ordinaires au temps paſſé qu'elles ſont à preſent, & que c'eſt folie à moy de les alleguer pour cauſes efficientes de la mort de tant d'hommes : ce que librement ie confeſſerois, s'il eſtoit ainſi que ie les preſentaſſe pour telles, mais veu que par icelles ie veux ſeulement parangonner l'impctuoſité des canons, auecque celle des foudres & des mouuemens de terre, il ſe trouuera que cela ne fait rien contre mon intention, ce que i'eſpere monſtrer clairement, & que ſans raiſon ie ſuis calomnié,ſi l'on veut preſter l'oreille à la deduction en laquelle i'entre pre- ſentement pour arreſter la cauſe principale de ceſte mort.Au nombre des choſes neceſſaires à noſtre vie,n'y a rien qui nous puiſſe plus alterer que l'air, lequel continuellement bon-gré & mal-gré nous, inſpirons par les conduits que Narure a deleguez à ce faire, comme ſont la bouche, le nez , & ge- neralement les ouuertures du cuir, & des arteres qui luy ſont adherantes : ce que nous faiſons ' beuuans , mangeans, veillans , dormans, & faiſans toute autre action naturelle, vitale & animale- De-là vient que l'air inſpiré dans les poulmons,le cœur, & le cerueau , & vniuerſellement en toutes les parties du corps pour les rafraiſchir, & aucunesfois nourrir , fait que l'homme ne peut # º # viure vne ſeule minute ſans ſon inſpiration. Suiuant lequel benefice le Medecin Hippocrate Preface du Progno. & Gal.auCöm. a veritablement prononcé, que l'air a ie ne ſçay quoy de diuin en ſoy, pource que ſoufflant par le monde vniuerſel , circuit toutes les choſes contenués en iceluy, les nourrit miraculeuſement, les ſouſtient fermement, & les entretient en amiable vnion, & le tout ſymboliſant auec les aſtres» eſquels la prouidence diuine eſt infuſe, qui change l'air à ſon plaiſir, & luy donne puiſſance , tant ſur la mutation du temps, quc des corps naturels. Pource que les Philoſophes & Medecins ont ex- preſſement | #. # u, - Des Playes d'arquebuſes. 269 preſſement commandé d'auoir égard aux aſſiettes des lieux, & aux conſtitutions de l'air , lors qu'il eſt queſtion de garder la ſanté , ou de guarir les maladies : à l'endroit deſquelles la ſuitte & la mu- tation dudit air a fort grande puiſſance , ainſi qu'aiſément nous pounons cognoiſtre par les quatre faiſons de l'année. Car l'air eſtant chaud & ſec en Eſté, nos corps pareillement s'eſchauffemt & deſſeichent, comme en Hyuer l'humidité de l'air & froidure nous remplit de meſmes qualitez; en tel ordre toutesfois, & ſi bonne diſpoſition de nature , qu'ores que noſtre temperament ſemble changer ſelon les quatre ſaiſons, ſi eſt-ce que nous n'encourons aucun mal , pourueu que les temps ardent leurs ſaiſons & qualitez exemptes de tout excés. Au contraire, ſi les ſaiſons ſont peruer- ties, de façon que l'Eſté ſoit froid, l'Hyuer chaud, & les autres en pareille intemperance , ce diſ- cord ameine grande perturbation , tant en nos corps , qu'en nos eſprits, contraints toutesfois d'en receuoir le danger, pource que les cauſes ſont externes,& nous enuironnent de tous coſtez iuſques à nous contraindre les heberger en nos organes & conduits deleguez par nature, partie à mettre hors les excremens ſuperflus de noſtre nourriture, partie à receuoir leſdites cauſes venantes de dehors, qui ſont les vents produiſans diuers effects en nous, ſelon les parties du monde dont ils proce- dent. Or comme ainfi ſoit que le vent Auſtral ſoit chaud & humide, celuy de Septentrion froid & ſec,l'Oriental nct & pur,celuy d'aual nubileux & tout moitte de pluye, c'eſt choſe toute aſſurée, e l'air lequel aſſiduellement nous inſpirons, tient en tout & par tout la qualité du vents, qui par on ſouffler domine ſur les autres : pource nous faut neceſſairement conſiderer en toutes maladies, & és inconueniens qui ſuruiennent en icelles, la qualité des vents,& la puiſſance qu'ils ont ſur nos perſonnes, ainſi que doctement Hippocrate nous a laiſſé par eſcrit au 3. liure de ſes aphoriſines, diſant nos corps receuoir grande alteration par les viciſſitudes des temps & ſaiſons de l'annéc, com- me par le vent auſtral, qui nous aſſujettit à toutes maladies , reconnoiſſantes l'humidité pour leur cauſe premiere & affoiblit noſtre chaleur naturelle, laquelle en cas oppoſite ſe fortifie & rend plus vigoureuſe par vn vent froid & ſec, qui pareillement rend nos eſprits plus ſubtils & agiles. La ve- rite de laquelle ſentence experimentent trop à leur dam les habitans du territoire de Narbonne, qui autrement aſſis entre les peuples les plus gaillards & diſpos de toute la France , ſont toutcsfois ordinairement mal ſains,comme leurs corps deſcharnez, leurs viſages triſtcs , leurs faces baſanées, & de couleur d'oliue, le monſtrcnt euidemment. Auſſi entre autres maux ils ſont preſque ſujets à la lepre blanche, & les moindres vlceres, deſquelles on ne feroit cas à Poitiers, ou à Paris, y durent vm an ordinaire : non pour autre raiſon, comme eux meſmes confeſſent, & comme recognoiſlent tous les eſtrangers, qui ont demeuré en leurs païs, ſinon qu'ils ſont ſoufflcz & halenez ſouuent d'vne ſorte de vent Meridional # appellent Aultan, qui leur fait l'air groſſier & ncbuleux, & qui cauſe en leurs corps tous les effects attribuez aux vents de Midy par Hippocrate Aph. 15. liu. 3. ſçauoir quand il regne , les fait oüir dur, leur esbloüit la veuë, leur enfle & aggraue le chef,leur ap- peſantit & abbat toutes les forces du corps. Auſſi quand ledit Hippocrate compare les temperatu- res les vnes auec les autres, il laiſſe ce poinct pour reſolu. Que les ſeichereſſes ſont ſans comparaiſon plus ſaines, que les humiditez continuées par longue ſucceſſion de temps : pource ( à ſon aduis du teut conforme à la raiſon) que l'exceſſiue humidité eſt la vraye matiere de pourriture , ainſi que l'experience nous fait voir és lieux où le vent marin exerce ſa tyrannie,eſquels vne viande, tant ſoit- elle fraiſche, ſe corrompt & pourrit en moins d'vne bonne heure. Ces choſes conſiderées, & qu'il eſt neceſſaire pour conſeruer nos corps en leur entier, que les ſaiſons ſe ſuiuent pas à pas en leur temperature naturelle, ſans aucun excez ou contrarieté, il n'y a doute aucune que les corps ne tom- bent en affection contre nature, lors que les ſaiſons peruertiſſent leur qualitez par la mauuaiſe di- ſpoſition de l'air, & du vent qui domine en iceluy. Comme donc ainſi ſoit que depuis trois ans en ça, les ſaiſons de chaſque année n'ayent gardé leurs qualitez ordinaires, & que l'Eſté ait eu peu de chaleur,l'hyuer peu ou point de froideur : auſſi qu'en toutes les ſaiſons ſe ſoient desbordées des hu- miditez continuelles auec vn vent Auſtral, du naturel cy-deſſus declaré, & ce par toute la France : ie ne ſçache homme ſi peu versé en la Philoſophie naturelle, ny en l'Aſtrologie, qui ne recherche en l'air la cauſe efficiente de tant de maux qui depuis l'eſpace deſdits trois ans ſont ſuruenus au Royau- me de France. Car d'où procederoient tant de peſtes contagieuſes indifferemment aduenuës aux vieux, aux ieunes, aux pauures & aux riches, & entant de diuers lieux : ſinon de l'air qui n'a eſté chiche de ſon poiſon, mais nous en a infectez à ſon plaiſir ? D'où ſeroient venuës tant de coque- luches, de pleureſies, d'apoſtemes, catharres,fluxions, petites verolles & galles : tant de beſtes vene- neuſes, comme grenoüilles, crapaux, ſauterelles, chenilles,araignées,mouſches,hannetons,limaçons, ſerpens,viperes, couleuures,lezards,ſcorpions,& aſpics,ſinon d'vne trop grande pourriture, que l'ex- cedante humidité de l'air,accompagnée d'vne chaleur languide, a engendrée, tant en nous,qu'en la terre vniuerſelle de noſtre Prouince ? Voila comme noſtre chaleur naturelle a eſté affoiblie , com- me noſtre ſang & nos humeurs ont eſté corrompus par la malignité de l'air , que le vent auſtral a causé par ſon humidité chaleureuſe. Qu'il ſoit ainſi , on a tiré ceſte année bien peu de ſang à quelque perſonne qui en ait eu bcſoin, ſoit ieune ou vieille , bleſsée ou non bleſsée , de bon tem- perature ou de maunaiſe, qui n'ait eſté vicié & veu de couleur blanche & verdoyante : ce que i'ay touſiours obſerué en ces dernieresguerres, & és autres licux, auſquels on m'appelloit pour guarir les bleſſez, ou phlebotomer ceux qui tant pour precaution , que pour quelque guariſon de mala- die , ſe faiſoient tirer du ſang par l'ordonnance des Medecins , en tous leſquels indifferemment ie trouuois le ſang putrefié & corrompu.Ce poinct arreſté, c'eſt choſe plus que veritable quela char- neure de nos corps ne peut auoir eſté que mal diſposée, & tous nos corps cacochymes , puis que leur nourriture, qui eſt le ſang, eſtoit putrefiée : & l'air tout corrompu : dont s'enſuit que les corps navrez en leur ſubſtance charneuſe, eſtoient difficiles à guarir, conſideré qu'il y auoit en iceux per- dition de ſubſtance, laquelle ayant beſoin de regeneration de chair, n'en pouuoit venir à bout, fuſt par medicamens, ou par artifice de Chirurgien,tant grande eſtoit ſa cacochymie. Tout ainſi qu'en 3 VEt , Hipp. au ſ0P/2/77"/, ſ'é- ment an lin. de Aere lo- cà,& aquis. L'alienaticn des ſaiſons cauſe malx- dies. Hipp au lic. 3 des aphor. ch.5 . é : 7. Liu ;. ath, I 5 . L'air intem- peré a pro- duit les ma- ladies paſ- - Jé'ºJ. 27o Le X. Liu. des Playes darqueb. c -- 7:-, 2 - - - - #º qu'en vne elephantiquc la chair & les autres parties du corps demeurent en leur putrefaction , à #ydroºiques cauſe du ſang corrompu dont elles ſont nourries : pareillement és playes des corps cacochymes ne & des le ſe peut faire aquiſition nouuclle , ny regeneration de bonne ſubſtance : pour ce que pour rendre # !viéx . vne chair loüablc à la partie naurée, il eſt neceſſaire que le ſang ne peche en quantité ne qualité: meſine que la partie offensée ſoit cn ſa tempctature naturelle. Toutes leſquelles choſes defaillantes au temps des dernieres guerres, il ne ſe faut esbahir ſi les navreures, tant fuſſent-elles petites & de peu de conſequence,meſmes és parties non nobles & principales, ont amené quant-&-ſoy tant d'ac- cidens faſcheux, & en fin la mort : conſideré que l'air qui nous enuironne , rend par ſon inſpira- tion & tranſpiration les playcs pourries & puantes , lors qu'il eſt alteré & pourry : ce que font auſſi lcs humcuts prcparez à cét inconuenient par leur cacochymie. Nous en ſommes deuenus ſa- , Pººr ges par l'experience de tant de playes, leſquelles lors que ie m'efforçois à les guarir, rendoient vne # telle & ſi grande puanteur , indice & témoignage tres certain de pourriture & infection, que les §. aſliſtans ne la pouuoient ſentir qu'à contre cœur, & auec bien grande difficulté. Il ne faut alle- · Playe, veni guer que cc fuſt par faute de les tenir ncttement, de les penſer ſouuent, ny de leur adminiſtrer tou- •newſes. tes choſes neceſſaires : car telle pourriture eſtoit comme aux Princes , aux grands Seigneurs, & aux pauures ſoldats : aux playes deſquels ( ſi d'auenture on laiſſoit couler vn iour ſans les penſer , tant eſtoit grandc la multitude des navrez) on t, ouuoit le lendemain vne grande quantité de vers, auec vne puanteur merueilleuſe. Qui plus eſt, leur ſuruenoient à tous pluſieurs apoſtentes en diuers lieux de lcurs corps és parties oppoſites à leurs navreures : car s'ils eſtoient bleſſez en l'eſpaule dextre l'apoſtenc ſc faiſoit au genoüil ſeneſtre , & ſi la playe eſtoit en la iambe dextrc , l'apoſteme · ſe faiioit au bras ſeneſtre : comme il aduint au feu Roy de Nauarre, à Monſieur de Neuers , & à tontieur de Rendan, & preſque à tous les autres. Ainſi Nature ſembloit tant chargée d'humeurs vicieux, qu'elle n'eſtoit contente ſe purger par leurs ſeules playes, ains enuoyoit vne portion de ſoa vice en autre lieu apparent ou caché : car ſi les apoſtemes ne ſe manifeſtoient par dehors, on les trouuoit és parties internes , comme au foye aux poulmons , ou en la ratte. Des meſmes putrefa- Ct1ons s'eſleuoient quelques vapeurs, qui par leur communication aucc le cœur cauſoient fiévres continués , auec le foye empeſchoient la pure generation du ſang , & aucc le cerueau cauſoient ce qui peut alicnation d'eſprit, reſuerie , conuulſion, & conſequemment la mort A cauſe deſquels accidens exeuſer les n'a eſté poſſible à aucun Chirurgien (tant expert fuſt-il ) de dompter la malignité deſdites playcs: ººº dcquoy toutesfois nc doiuent cſtic repris ceux qui s'y ſont employez , pource qu'il n'eſt poſſible #, #. de combatre contre Dieu, n'y contre l'air, auquel ſouuentesfois ſont cachez les verges de ſa diui- § ne iuſtice. Si donc , ſuiuant la ſentence de l'ancicn Hippocrate, qui dit toute playe contuſe dc- nombre de uoir eſtre conduite à ſuppuration pour eſtre parfaictement guarrie , nous nous ſommes efforcez de- bi ſſez. cc faire , & toutesfois n'en ſommes venus à bout , à cauſe des pourritures , gangrenes & mortifi- cations, qui s'y ſont † moyen de l'air vicié : qui cſt-ce qui iuſtement nous en accuſera? C conſideré auſſi que la neceſſité nous a contraints changer noſtre façon de faire, & au lieu de medi- camcns ſuppuratifs , vſer d'autres remedes pour entiercment combatre les accidens ſuruenus, non ſeulementaux coups d'arquebuſes, mais auſſi d'eſpées, & autres baſtons à main , leſquels nouueaux remedcs ſe pourront voir en la lccture de ce preſent traicté. Outre les cauſes humaines , l'homme cſt mal inſtruit en la cognoiſſance des choſes celeſtes , qui ne tient pour tout certain l'ire de Dieûr ſe débander ſur nous pour punir les fautes qu'ordinairement nous commettons contre ſa Majeſté. Ses fleaux ont cſté prets, ſes verges & ſes armes ont leurs Miniſtres touſiours appareillez pour executer les commandemens de ſa diuine iuſtice, aux ſecrets de laquelle ne pouuant entrer plus auant, i'ayme mieux me contenir en vne ſimplicité, que paſſer plus outre , & conclure auec les mieux adui- sés ?'occaſion principale des morts proceder de la pure & ſimple volonté de Dieu, qui par la tempe- rature , que ſon bon plaiſir a donné à l'air, & aux vcnts, heraux de ſa diuine iuſtice, nous a rendus aptes à receuoir les inconuenicns, que nous auons encouru par noſtre iniquité: - · F I X. - T A B L E vn hydropique la chair ne ſe peut engendrer , pource que le ſang y eſt trop froid & aqueux : & A # , | | - 27 r # - : # # .83>3-8d83-t-883-883-833-833-8383 8393-8333-8383- #º # E S C HA PITR ES DV L IV R E X [. # DES PLAYES FAICTES PAR ARQVE BV SES & baſtons à feu, fleches & dards. l T A B L E D # I V I s 1 o N des playes ſelon la diuerſité des parties offencées, & des balei dont elles ſont faictes. - C H A P j. Des ſignes des playes faictes pararquebuſes. ij : Lemoyen depenſer leſdites playes au premier appareil. iij Deſcription des inſtrumens propres pour tirer les bales , & autres choſes eftranges. - iv LManiere de traitter les playes au premier appareil , apres que les choſes eſtranges en ſont hors V Comment il faut traicter les playes apres le premier appareil. vj Moyens de tirer les choſes eſtranges quiſeroient demeurées à extraire » vij Indications qu'il faut obſeruerauſdites playes. - | viij Comme les maladies ſont compliquées. - - ix Comme le Chirurgien pourra pourſuiure le traictement deſdictes playes. X Des bales qui demeurent en quelques parties, longtemps apres la guariſon des playes xj Des grandes contuſions & dilacerations faictes parles boulets d'artillerie . xij Des moyens qu'ilfaut tenir pourrectifier l'airc pourcorroborerles parties nobles , & forti- fer tout le corps. xiij Hiſtoires memorables, - xiv Apologie touchant les playes faites par arquebuſes, - XV e Autre diſcours ſur la queſtion de la venoſité des playes d'arquebuſade . xvj Les differences des playes faictes parfleches, & de celles qui ſontfaictes par arquebuſes. xvij De la difference desfleches & dards. xviij De la difference des parties bleſsées. xix De l'extraction desfleſches. XX Comment il faut proceder pour tirer les fleſches rompuës xxj Ce qu'il faut faire,ſilafleſche eſt inſerée en l'es. - xxij Des bleſſeures emuenimées. xxiij Z 4 L'ON - ·: rºº © #G %-2 $ * 4Gºr$ $s # - Slº, mailles , balles, dragées , eſquilles d'os, chair dilacerée, & autres choſes qui s'y peuuent " - JS trouuer : & dés le premier appareil, ſi poſſible eſt. Car les accidens de douleur & ſenſibilité . - ne ſont fi grands au commencement, comme és autres temps de la maladie. Or pour mieux les extraire, il # ºº de faut faire mettre le patient en la meſme ſituation qu'il eſtoit lors qu'il aura eſté bleſsé,pource que les muſ- # le ma- cles & autres parties autrement ſituées peuuent eſtouper & empeſcher la voye. Et pour regarder à bien Per # # - - - P-1 - ºJ C/70- B trouuer leſdites bales & autres choſes eſtranges, il les faut chercher auec le doit ( s'il eſt poſſible ) pluſtoſt ſes eſtranges qu'auec autre inſtrument, parce que le ſens du tact eſt plus certain que nulle ſonde on autre choſe inſenſi- 'ſ ble. Que fila bale a profondé bien auant, lors il la conuient chercher auec vne ſonde, ronde en ſon ex- tremité,de peur de faire douleur : toutesfois il aduient ſouuent que par la ſonde on ne peut trouuer ladite bale:comme il eſcheut au camp de Parpignan,à Monſieur le Mareſchal de Briſſac,offensé d'vn coup d'arque- Hiſtoire de buſe pres l'Omoplate droite, où pluſieurs Chirurgiens ne pouuans trouuer ladite bale , diſoient qu'elle Monſieur de eſtoit entrée dedans le corps, attendu qu'il n'y apparoiſſoit iſſue aucune. Mais n'avant ceſte opinion , ie Brſſiac, vins à chercher ladite bale,& n'y voulus aucunement mettre la ſonde,mais luy fis faire telle geſte du corps qu'il faiſoit lors qu'il fut bleſsé. Puis comprimer doucement les parties circonuoiſines de la playe:ce fai- ſant trouuay vne tumeur & dureté en la chair, auec ſentiment de douleur & liuidité au lieu où eſtoit la ba- le, qui eſtoit entre la partie inferieure de l'Omoplate, enuiron la 7. & 8. vertebre du dos : auquel lieu fut faite inciſion pour tirer la bale, dont puis apres fuſt toſt guary. Parquoy eſt fort bon chercher la bale, non ſeulement auec la ſonde, mais (comme i'ay predit) auec les doigts , en maniant & traittant le lieu & les enuirons d'iceluy, où l'on coniecture la bale auoir peu penetrer. 1 IDeſcription des inſtrumens propres pour tirer les bales, & autres choſes eſtranges. C H A P - I V. \ V A N T aux choſes eſtranges, elles peuuent eſtre tirées pàr les inſtrumens cy-apres dépeints, # qui ſont de diuerſe figure & grandeur, ſelon la neceſſité : les vns ſont dentelez, les autres non: # & faut que le Chirurgien en ait de pluſieurs & diuerſes façons, les vns plus grands, les autres SRE plus petits en chacune de ſes formes , afin de les accommoder aux corps & aux playes , & non les corps, ny les playes a ſes inſtrumens. , Inſtrumens requis à tirerles choſes eſtranges. Ber de Gruë coudé Bec de corbin. ceſtuy eſt nommé bec de Grue, pour ſimilitude : lequel pareillement doit eſtre dentelé , & eſt propr# à extraire du profond, dragées , mailles, eſquilles d'os fracturez & autreschoſes - Bec 274 LOnzieſme Liure, Rec de Gruè, droit. Bec de Cane_ . ſf O | eAutrefaçon de Tire-bale , A Monſtre ſa cannule. B La verge qui fait ouurir & fermer C La charniere. Autre inſtrument nommé Bec de Perro des membres, meſmes dedans les os. ceſtuy qui eſt nommé Bec de Cane, ayant vne cauité en ſon extremité, large & ronde, dentelée, pour mieux prendre la bale, eſt propre, principalement lors que la bale eſt aux parties charneuſes. Autre Figure de Tire-bale,nommé Bec de Lezard, pour tirer la bale, lors qu'elleſera applatie : cottée de meſme lettres que l'autre . la charniere. quet » Pour tirer quelques pieces de harnois inſerées au profond BéK : Des Playes d'arquebuſe. 2 75 A Bec de Perroquet. A Monſtre la queuë de la Viz. B L'Eſcrouë. DD La couliſſe. C Le coulant, lequel au moyen d'vne Viz ſe hauſſe & baiſ- ſe, d º inſtrument nommé bec de Cigne, lequel s'ouure à Viz, accom † #ous auons nommé Bec de Gruë droit : & ſert à tirer quelque c Pº°.ºec ledict Bec de cygne, - Pagnéd'vne pincette, que par cy- hoſe eſtrange,. apres auoir dilaté la B - Bec de Cygne ». uatoires. -- Cannule de Tire fond. Si les corps eſtranges, ſpecialement les bales &.dragées, ſont profondes, on les pourra tirer auec Ele- Autre inſtrument , nommé Tire fond, lequel tourne à Viz dedans vne cannule,& eſt fort conuenable à tirer leſdites ba- les , lors qu'elles ont penetré iuſques dedans les os : car ſa pointe entre dedans ladite D balotte, pourueu qu'elle ſoit de plomb, ou eſtain : (car el- le ne pourroit entrer en vn corps plus dur ) & par ce moycn peut eſtre aisément oſtcc. | Tire-fond. Dilatatoire . Ceſtuy eſt nommé Dilatatoire,duquel on peut vſer à ouurir & dilater les playes, afin de nmieux trouuer leſdites choſes eſtranges. Car en comprimant enſem- ble deux de ſes extremitez , les autres s'ouurent : & peut auſſi ſeruir en plufieurs lieux comme aux nari- nes , au ſiege, & autres parties. Les inſtrumens qui s'enſuiuent, ſont nommez Ai- guilles à Seton,leſquelles ſont conuenables l'ors qu'6 peut paſſer vn Seton Pour tenir la playe, & la º# C 276 L'Onzieſme Liv Ire, - | de la tale ouuerte,iuſques à ce que l'on ait tiré hors les choſes eſtranges qui ypeuuét encores eſtre.outre A cc , peuuent ſeruir à fonder les playes profondes, pour trouuer la baïe , & ne cauſent point de · douleur pource qu'elles ſont rondes & Polies en leur extremité. Haut donc entendre que les ſondes , deſquelles groſſeur ér on cherche la bale , doiuent eſtre moyennement grcfles, polies & rondes en leur extremité : pource que longueur les Parºis de la Playe » & les voyes par où la bale a paſsé,incontinent ſe rapprochent, & retouc§ doiuente ſtre º l'autre , de ſorte que ladite playe ou voye appert au ſens de la veue beaucoup plus petite qu'elle les ſondes. º eſt. Et Pour ceſte caule les ſondes greſles & aigues ſont moins commodes : car elles s'arreſten a l§ r aPProchée & continue, & ne peuuent ſi facilement aller au lieu de la bale,comme celles qui ſont medio- crement groſſes : joint auſſi qu'elles picquent la chair de la playe, & ce faiſant moleſtent fort le patient: qui eſt fouuent cauſe » que les bales ne peuuent eſtre trouuées. on en doit auſſi auoir de plus grandes Pour paſſer au trauers dvne cuiſſe, lors que le cas le requiert. Par ainſi la longueur d'icelles ſe doit chan- ger ſelon la groſſeur du membre bleſsé: & ne ſuis d'aduis qu'on s'efforce beaucoup à les faire touſiours paſſer au trauers des Parties bleſsées, de peur d'induire douleur, & autres accidents. Car le malade laiſſera pas à guarir Pour le ſeton, qui ne ſera paſsé tout au trauers, comme l'experience en fait foy, lors qu'vne bale Paſſe au trauers du corps, on ne paſſe point de ſeton, & neantmoins guariſſent. - De quelle - Sondes qui peuuent ſeruirde ſetons. La ananycre detraitter les playes aupremierappareil, apres,que les choſes eſtrangesſomttirées. C C H A F. V. La principa- # P R E s auoir tiré les choſes eſtranges par les moyens ſuſdits, la principale intention ſera de le intetion du Nºſ batailler contre la contuſion & alteration del'air, s'il eſt chaud & humide & diſposé à pour- riture : ce qui ſe fera tant par remedes pris par dedans, que par autres appliquez par dehors, & auſſi mis dedans les playes. Ceux qui doiuent eſtre adminiſtrez par dedans , ſe prendront - " par le conſeil & ordonnance du prudent Medecin : à la doctrine duquel ie laiſſe tout ce qui $ºº#. peut appartenir à la maniere de viure, & à la purgation du malade. Et quant aux medicamens topiques, tion en doit le Chirurgien ſuiuant les choſes ſuſdites, doit conſiderer la conſtitution du temps & de l'air : car s'il n'y #. a danger que la partie tombe en gangrene, il vſera de ſuppuratifs comme aux playes contuſes , quels ſont tifs. l'oleum catellorum, ou d'vn digeſtif, ayant eſgard à la nature de la partie : attendu que les parties nerueu7 #rquºyit ſes demandent medicamens plus ſecs que les charneuſes, comme nous auons amplement dict au traicté § fºu ºſer des playes des ioinctures. Donc auſdites ioinctures & parties nerueuſes, on vſera de terebenthine de d'eſcaroti Veniſe , ou d'huile de cire , de maſtic , de iaunes d'œufs , & autres ſemblables, y adiouſtant vn peu d'eau de vie rectifiée.Telles choſes ont puiſſance de deſſeicher & conſommer l'humidité ſereuſe,yſſant des parties nerueuſes, & ſeder la douleur. Monſieur Ioubert Medecin ordinaire du Roy, & Chancelier en ſon Vniuerſité de Montpellier, qui a tres-doctement eſcrit des arquebuſades pour auoir veu pluſieurs bleſſez à la ſuite des guerres,au traicté qu'il en a fait,dict que aux ſimples coups d'arquebuſe l'on ne doit vſer de medicamens eſcharotiques , tant actuels que potentiels,parce qu'ils induiſent douleur, inflammation,gan- grene, fiévre, & autres pernicieux accidens. Auſſi que l'eſcarre ou crouſte, garde la ſuppuration qu'on doit faire promptement, pour ſeparer la chair meurtrie d'auec la ſaine, de peur que tout ne ſe pourriſſe: comme il ſe fait aisément, quand l'humeur ſuperflu croupit longuement en lieu n'ayant iſſue libre,& mef- me pour ſes vapeurs, qui ne ſe peuuent exhaler, à cauſe qu'elles ſont encloſes & couuertes de l'eſcarre, multipliant touſiours où elles ſont encloſes, requerant vn plus grand lieu qu'il ne leur eſt Permis , Paſ- ſant & entrant des petits vaiſfeaux aux plus grâds,& de là aux parties nobles,dont s'enſuit le plus ſouuent la mort. Toutesfois s'il y a ſoubçon de pourriture, lors il faudra paſſer des ſuppuratifs aux remedes con- trarians à la putrefaction, delaiſſant la propre cure pour ſuruenir aux accidens. Parquoy au premier appa- .. reil , dans les playes, en cas de putrefaction, ſera appliqué tel onguent qui s'enſuit. 24. puluer aluminis *#º rochr, viridis xris, vitrioli Romani, mellis roſatian 3. ij. aceti boni quantum ſufficit : bulliant omnia #. ſimul ſecundum artem, & fiat medicamentum ad formam mellis. Les vertus de cét onguent ſont , que §iiiei par ſa chaleur & tenuité il inciſe & attenue les humeurs , reuoque la chaleurnaturelle , laquelle a eſté re- playes. pouſsée par la veheméteimpulſion du coup,& violente agitation de l'air,conduite par la bale. Dauantage il corrige la putrefaction de l'humeur virulent, qui promptement abbreuue la chair conterée & meurtrie, ſi fort qu'il fait eſcarre Cét onguent toutes & quantesfois qu'il en ſera beſoin,ſe pourra appliquer auec ten- tes ou ſetons, eſtant diſſoult auec vin, ou eau de vie : leſquelles tentes ſeront aſſez groſſes & longues - Pour Chirurgien. ques. · Des Playes d'arquebuſes. 277 A pour le premier appareil, afin d'eſlargir & dilater la playe, pour mieux y ietter les medicamens puis apres ne ſeront appliquées ſi longues & groſſes. Auſſi pour mieux couler au profond des playes, ſe pourra ietter auecvne ſyringue. Qui plus eſt, ſa vertu & ſa force ſera diminuée ſelon la temperature des corps,& ſenſi- bilité des parties bleſsées : comme ſi la playe eſt és lieux nerueux, ſera meſlé auec huiles de terebenthine & d'hippericon, en telle quantité que le Chirurgien expert cognoiſtra eſtre neceſſaire : l'on ſe peut meſme & doit-on paſſer de l'Egyptiac & n'en vſer aucunement, quand l'on n'a point à combatre vn temps peſtilent & pernicieux pour leſdites bleſſeures, tel qu'on a veu les annees paſsées. Apres l'vſage de l Egyptiac on fera tomber & ſeparer l'eſcarre, auec choſes remollitiues & linitiues, comme eſt l'huile qui s'enſuit, la faiſant chauffervn peu plus chaude que tiede.2Z. olei violati fb.iiij. in quibus coquantur catelli duo nuper nati,vſ- que ad diſſolutionem oſſium, addendovermium terreſtrium præparatorum vt decet fb.j. coquantur ſimul lentoigne, deinde fiat expreſſio, quæ ſeruetur in vſum prædictum , addendo terebent.Venetx 3. iij. aqux vitæ.3.j.Ladite huile eſt de grande & merueilleuſe efficace,tant pour appaiſer la douleur, que pour ſuppurer la playe,& faire töber l'eſcarre.En defaut d'icelle,faut appliquer celle qui s'enſuit,qui eſt plus facile à trouuer. 2Z. olei ſeminis lini, & liliorum añ. 3.iij.vnguenti baſilici. 3. j.liquefiant ſimul, & ex eis vulneri indatur quant ſuff. I'ay bien cogneu que leſdites huiles appliquées au commencement de la bleſſeure mediocrement chaudes appaiſent la douleur, lubrefient, relaſchent & humectent les parois de la playe, la diſpoſans à la fuppuration, qui eſt la vraye maniere de guarir telles playes. Ce que Galien recite d'Hippocrate diſant, ſi la chair eſt contuſe, meurtrie, ou battuë de quelque dard, ou en autre maniere, qu'il la faut medicamenter en telle ſorte qu'elle ſuppure le pluſtoſt que faire ſe pourra. Car par ce moyen elle ſera moins moleſtée de flegmon : auſſi eſt neceſſaire que la chair contuſe & batuë ſoit putrefiée, liquefiée,& conuertie en pus, puis $uand il c3, niendra vſer dudit Esy - ftiac. Oleum catel- lerum. Poinci ſouue- rain Cr apres nouuelle chair engendrée. Monſieur Ioubert approuue fort tel remede, lequel toutesfois n'ay en-#º cores experimenté ; il eſt tel. Prenez poudre de Mercure deux fois calcinée 3.j. graiſſe de porc recente ou beurre frais 3. viij. camphre diſſoult en eau de vie 3. ij.meſlez le tout , adiouſtant vn peu d'huile de lis, ou de lin. L'experience monſtre que ce remede eſt excellent, & la raiſon le confirme auſſi. Car la poudre de Mercure accompagnée de matiere craſſe & humectante, fait que la chair meurtrie ſuppure facilement, & en peu de temps, ſans qu'il y aduienne fort grande douleur. Et quant au camphre, ſoit chaud ou froid, il y ſert grandement, pour l'excellente tenuite de ſes parties, à raiſon de laquelle tout medicament de quel- que qualité qu'il ſoit, penetre mieux & pouſſe plus auant ſa vertu : dauantage ledit camphre rcſiſte à toute putrefaction.Aucuns inſtillent en la playe eau de vie, en laquelle on diſſoult vitriol calciné. Tel remede n'eſt ſuppuratif, mais reſiſte à la pourriture, duquel on peut vſer en temps chaud & humide.Autre. 2Z. olei tereb. 3.iij. aquz vitx 3. f.miſce. Or ſi le coup eſt donné de fort pres, veritablement la playe ſera bruſlée par la poudre enflammée, & lors on appliquera remedes propres à la combuſtion, ſans toutesfois la cure des playe s des arquebuſes. Vertus du camphre. Combuſtions ioinftes és delaiſſer la contufion. Et quant aux parties de deſſus la playe, l'on n'appliquera medicaments refrigeratifs & Playes des ar- aſtringens, ains remolliens & ſuppuratifs : ſi ce n'eſt peut eſtre au premier appareil : pource qu'ils refroi- diſſent & affoibliſſent la partie, & empeſchent la ſuppuration : auſſi conſtipent le cuir, qui eſt cauſe de ne donner tranſpiration aux vapeurs fuligineuſes, dont s'enſuit gangrene & mortification par l'indue applica- tion de tels remedes. Et où la contuſion ſeroit grande, on pourra faire des ſcarifications pour deſcharger la partie du ſangmeurtry qui eſt ſubjet à ſe pourrir. Mais aux parties circonuoiſines , qui ſont au deſſus de * C la contuſion, & eſloignées de la playe, faut appliquer remedes refroidiſſans & corroborans, pour repouſ- ſer & empeſcher la fiuxion des humeurs, comme eſt ceſtuy-cy.2Z. pul. boli armenij, ſanguinis draconis, pulmyrrh.añ.3.j. ſucci ſolani, ſemperuiui , portulacz añ.3.j. album. iiij.ouor oxyrrh. quant. ſufficit : fiat iinim. vt decet, ou autres ſemblables, deſquels il conuient vſer iuſques à ce que l'on ſoit aſſeuré des acci- dens.Pareillement il ne faut faillir à bien bander le membre, le ſituant en figure propre & ſans do leur, s'il eſt poſſible. Au commencement il ne faut penſer le malade iuſques à ce que la playe commence à ſuppu- rer, que de xxiv. heures en xxiv. heures. Et quand la ſuppuration commence, & par conſequent la dou- leur, fiéure, & inquietude s'augmentent, il faut penſer le bleſsé de douze heures en douze heures. Et alors qu'il y a grande quantité de matiere qui moleſte le malade,on le penſera de huict heures en huict heures.Et qnand le pus commencera à ſe diminuer naturellement, il ſuffit de douze heures en douze heures. Fina- blement quant l'vlcere ſe remplit de chair , & partant ne rend gueres de matiere, c'eſt aſſez le penſer vue fois le iour, ainſi que du commencement. comment ilfaut traitter leſdites playes apres le premier appareil. C H A P. VI. V ſecond appareil, & autres ſuiuans s'il n'y auoit ſoupconde pourriture & gangrene,faut ſeu- | lement vſer dvne deſdites huiles, y adiouſtant des moyeux d'œufs auec vn peu de ſaſfrant: # ce que l'on continuera iuſques à ce que l'excrement de la playe ſoit dige é & tourné a ſuppu- ration. En quoy chacun doit bien noter; que le pus eſt plus long-temps a s'y faire , qu'és autres playes faites par autres inſtrumens, pource que la balle & l'air qu'elle Pouſſe deuant D ſoy, diſſipe (à cauſe de ſa grande contuſion) la chaleur naturelle & les eſprits de la partie , qui eſt cauſe | que la coction n'eſt pas ſi toſt,ne ſi bien faite au defaut de la chaleur naturelle, dont ſuruient vne tre-grande puanteur en la ſanie, & autres accidens fort dangereux.Toutesfois elle ſe fait le plus fouuent en trºis ºu quatre iours, quelquefois auſſi plus toſt, ou plus tard ſelon le temperament du corps & de la partie, & l'air ambient chaud ou froid.Ces choſes faites,il ſera beſoin de cömencer à mundifier peu à peu la playe:enadioº- ſtant au medicament ſuſdit de la terebenthine lauée en eau de roſes ou d'orge,ou ſeinblables, Pºur luy di- minuer ſa chaleur & mordacité. Si la diſpoſition du temps eſtoit fort froide, on v pourroit adiouſter de l'eau de vie, ſuiuant le conſeil de Galien qui enſeigne qu'en Hyuer il faut appliquer medicamens plus chauds,& & en Éſtémoins. En apres nous faut vſer de ce mundificatif.24.aqux decoctio. hord. quantum !ufficit,ſucci plantaginis, apij, agrimoniæ, centaurij minoris añ.5.j.bulliant omnia ſimul : in fine decoctionis adde tCrC- benthinx Venetx.3.iij mellisroſati 3.ij.farina hordei5 iij.croci9.j. miſceantur ſimur omniabenè agitando, fiat mundificat mediocris conſiſtentix Autre.3Z.ſucc.clymeni, plantaginis abſinthij,apij,añ.3 ij: tºebºnth. venetx.3 iiij. ſyrupi abſinth.& mellis roſa. an.3.j. bulliant omnia ſecundùm artem, poſtea colentur,& iº: colatura adde pul. aloe; maſtich.ireos Flor.far. hordana.3.j.fiat mundifad vſum dicium. Ou ceſtuy-cy% tereb.vene. lotx. in aq. roſ.3. v. ol. roſa. 5.j. mell. roſa. 3. iij. myrr. aloes , maſtic. ariſtolo-roº- dx ana, 3.j.ſ. far. hor. 3. iij. miſce, fiat mundif. lequel ſera appliqué dedans la playe a # tenºººº ſetons,ne troplongs,ne tropgros,pource qu'ils pourroient empeſcher l'euacuation de la ſanie & des vapeurs - efleuées des playes, eſquelles ſi leſdites vapeurs ſont retenues ;c'eſt choſe certaine qu'elles s'º ſchauffent & acquierent vne acrimonie qui puis apres erode les parois & coſtez de la Playe » # s'enſuit # 2 quebuſes. Bandage. Ter»t : de Penſer le ma- lade. Le ptu eſt vn temps à ſe faire é pla- yes d'arque- buſen Medicament miidificatif. Gal.au 3. de la Methode ch.8. 287 L'onzieſme Liure, fiuxion, inflammation, flux de ſang, apoſteme, & pourriture, qui ſont communiquez aux parties nobles, A Aduertiſſe- & cauſent puis apres pluſieurs pernicieux accidens. Pource il ne faut que le Chirurgien craigne aucune- ment au Chi- ment, que leldites playes ſe puiſſent glutiner & clorre, parce que la chair ſi grandement contuſe & lacerée ,ºzien. ne ſe peut conſolider , que premier ment la contuſion & meurtriſſeure ne ſoit ſuppurée & mundifiée : à cauſe dequoy ie luy conſeille de n'vſer de fetons & tentes, ſi elles ne ſont greſles & menues , afin qu'elles ºſºcº ººº n'empeſchent l'iſſue des matieres, & que le patient ne les ſouffre aisément, afin d'euiter les accideos pre- # & /e- dits. L'vſage des tentes & ſetons eſt pour porter les remedes iuſqu'au profond des playes, & les tenir ou- --- nertes, principalement en l'orifice, iuſques à ce que les choſes eſtranges ſoient miſes hors. Et ſi la playe eſt ſinueuſe & profonde, en ſorte que les medicamens ne puiſſent atteindre toutes les parties offensées, lors il faudra faire injection auec la decoction qui s'enſuit. Iniečtions. 2Z. aqua hordei ib. iiij. folior. agrimonia , centaurijminoris, pinpinella abſinthij, plantag. ana m. f. radic.ariſtol. rotundx 3. É. fiat decoct. ad fb.j. in colatura expreſſa diſſoltte aloès hepaticœ 3.iiij.mellis ro- ſati. 3. ij. bulliant modicum. Puis ſoit faite iniection dedans la playe trois ou quatre fois à chacune heure - que le patient ſera penſé. Et ſi ce remede n'eſt ſuffiſant pour nettoyer la ſanie,& conſommer la chair ſpon- gieuſe , morte ou pourrie, il faut adiouſter en la decoction de l'egyptiac liquefié en telle quantité que la neceſſité commandera : comme pour vne liure de ladite decoction, enuiron vne once dudit egyptiac, plus ou moins, lequel eſt de tres-grande efficace pour corriger la chair ſpongieuſe & maunaiſe au profond deſ- Poudre ca- dites playes:ce que fait auſſi ledit egyptiac appliqué ſeul fur la croiſſance de la chair mauuaiſe. I'ay ſembla- therique. blement cxperimenté la poudre de mercure & alum bruſlé , meflez en egale portion , auoir en tel cas ver- tu toute pareille a celle du ſublimé, ou de l'arſenic(combien qu'elle ne ſoit tant douleureuſe)& qu'elle fait B tres-grande eſcarre, dont ſouuentesfois me ſuis eſmerueillé. Quelques practiciens laiſſent le plus ſouuent grande quantité de decoction au profond des playes fineuſes, ce que ie n'approuue.Car outre ce qu'elle ac- quiert pourriture & ſe corrompt, elle tient les parties tendues ) qui leur eſt choſe eſtrange) & les hume- cte,qui fait que nature ne peut faire ſon deuoir à regenerer la chair : confideré que pour la curation de tout vlcere, entant qu'il eſt vlcere , comme dit Hippocrate, le but doit tendre à deſſeicher & non à humecter. Pluſieurs errent auſſi en l'vſage trop frequent & aſſidu de ſetons, en ce que ne s'accommodans a la raiſon,les renouuellent toufiours, & les font frayer aux parois des playes , par lequel vray ement cauſent douleur auſdites playes,& leur renouuellét autres mauuais accidens. Pourtant i'approuue dauantage les tentes can- nulées faictes d'or, d'argent, ou de plomb, comme celles qui ſont deſcrites aux playes du Thorax i'entends où elles auront lieu, & où yauroit grande quantité de ſanie.Auſſi faut-ilappliquer des compreſſes à l endoit Cºmprºſº du fonds du ſinus, afin de comprimer les parties eſloignées de l'orifice, & chaſſer la ſanie : meſme eſt bien conuenable, que la compreſſe ſoit pertuisée à l'endroit de l'orifice de l'vlcere ſinueux, & iur les tentes can- nulées,& qu'il y ſoit mis vne eſponge pour receuoir la ſanie,pource que par tel moyen l'expulſion,euacua- tion, & abſumption d'icelle ſe fera beaucoup mieux, en commençant la ligature au fond du ſinus, & la comprimant mediocrement,afin que la matiere ne ſoit retenue au dedans. Les bandes & compreſſes propres Ligature. à ceſte operation ſeront mouillées en oxicrat, en vin auſtere, ou en quelque autre liqueur attringente pour roborer la partie,& empefcherla fluxion:mais il ſe faut garder de n'aſtraindre par trop la partie,pource que par icelle aſtriction ſe cauſeroit vne douleur, au moyen de l'exhalation des excremens fuligineux,qui feroit empeſchée : pareillement ſe pourroit faire atrophie au membre, par trop long temps continuer leſdites C - bandes. Des moyens de tirer les choſes eſtranges qui ſeroient demeurées à extraire . C H A P. V I I. T là où il y auroit quelques eſquilles d'os, qui du commencement n'auroient eſté tirées par les predits inſtrumens, lors il faudroit appliquer ce remede, ayant grande puiſſance de les attirer, & autres choſes eſtranges.2 Radicis ireos Florentiæ, panacis & capparum afa 5.ij. ariſtoloc. rotundz, mannx , thuris ana 3.j. pulueriſentur ſubtiliter, & incorporentur ſimul - cum mellis roſati & terebenthinæ Veneta añ 3.ij. Autre remede pour oſter leſdictes eſquilles & corruption des os. 2/.. reſina pini ſicca 3. iij. punic. combuſti & extincti in vino albo, rad. ireos,ariſto- lochix añ. 5. É. thuris 3.j. ſquammae aeris 3. ij. pulueriſentur omnia diligenter, incorporentur cum melle roſato, fiat medicamentum. Outre ces remedes qui ont en eux & de leur nature telle puiſſance d'attirer les choſes eſtranges, il y en a d'autres qui l'ont acquiſe par putrefaction, comme eſt toute fiente d'animaux, & le leuain, ainſi qu'eſcrit Galien. attirer choſes eſtranges. ". Des indications qu'ilfaut obſeruerauſdites playes. C H A P. V I I I. g%)ſ# Amundification & extraction deſdites choſes eſtranges faite, fant ayder nature à regenerer D $ la chair, & cicatriſer, tant par choſes priſes par dedans, que par medicamens à ce conuena- bles, & proceder par certaines indications qui ſont priſes, premierement de l'eſſence de la maladie, & de la cauſe d'icelle , ſi elle eſt preſente : jaçoit que de la cauſe primitiue (ſelon - Galien au troiſieſme de la methode ) ne ſe doit prendre indication non plus que du temps:ce Indication. , qu'il entend de la cauſe abſente, & du temps paſsé. Pareillement faut prendre indication des temps vniuer- ſels de la maladie curable, c'eſt à ſçauoir du commencement, accroiſſement, eſtat, & declination, ſelon Indication leſquels faut diuerſifier les remedes.Autre indication eſt priſe de la temperature du patient, laquelle auſſi Priſe de la change la curation : comme tout Chirurgien rationel & methodique entend bien qu'il faut d'autres reme- º des à vn cholerique qu'à vn phlegmatique, & ainſi des autres temperatures, tant ſimples que composées: du cºrps. ſous laquelle indication de temperament ſera compriſe celle de l'âge, qui ne reçoit indifferemment tous Couſtume. remedes, mais en veut d'autres pour les ieunes perſonnes, & d'autres pour les vieilles. Dauantage ſe doit prendre indication de la couſtume de viure du patient : comme s'il auoit accouſtumé de manger & boire beaucoup, & à toutes heures, lors ne luy faudra ordonner diete ſi exquiſe, qu'à celuy qui eſt accouſtumé de peu manger & boire & à certaines heures Pour ce les dietes de panades ne ſont ſi propres aux François Dietet. qu'aux Italiens:pource qu'il faut relacher & remettre quelque choſe a la couſtume qui eſt vne autre nature. Sous ceſte maniere accouſtumée de viure , ſe peuuent entendre la condition de vie , & l'exercice du pa- tient d'autant qu'il faut vſer de remedes plus forts à l'endroit des ruſtiques , des gens de trauail, & qui ont la chair dure , qu'il ne faut à l'endroit des delicats qui peu trauailent, & font peu d'exetcice. Quel- q'ues-vns toutesfois ont mieux aimé comprendre celle indication ſous le temperament : de ma part, ie nen diſputeray, en laiſſant la reſolution plus entiere aux Docteurs. L'indication priſe de la vertu du - patient | , Des Playes darquebuſes 279 A patient ſur toutes autres eſt à reſpecter, pource qu'icelle defaillant, ou eſtant fort debile, il faut neceſſai- rement de laiſſer toutes autres choſes pour luy ſubuenir : comme quand la neceſſité nous force de couper vn L'indicatios membre, ou faire quelques grandes inciſions ou autres choſes ſemblables ; ſi le patient n'a vertu ſuffiſante priſe de la de tolerer la douleur, 1l eſt neceſſaire de differer telles operations (s'il eft poſſible ) tant que nature ſoit vertu du pa- reſtaurée , & ait recouuré ſes vertus par bons alimens & repos, Autre indication ſe peut prendre de l'air * ienr. qui nous enuironne, ſous lequel ſont compris la ſaiſon de l'année, la region, le lieu de noſtre demeure, & la conſtiturion du temps. Car ſelon la chaleur, froideur,ſeichereſſe & humidité ; ſelon auſſi la continuation Sentence de de ces qualitez , il faut adapter les remedes. Pource diſoit Guidon , les playes de la teſte eſtre plus diffici- Guidºm. les à guarir à Paris qu'en Auignon ; & les playes des jambes, plus faſcheuſes en Auignon qu'à Paris : pour raiſon qu'à Paris l'air eſt froid & humide, qui eſt choſe contraire, principalement aux vlceres de la teſte. Pemonſtra- Au contraire, en Auignon la chaleur de l'air enuironnant, eſt cauſe de liquefier & ſubtiliſer les humeurs. ººº Ainſi plus facilement & en plus grande abondance les humeurs decoulent aux jambes, d'où vient que la Yentence, guariſon des jambes eſt plus difficile en Auignon qu'à Paris. Que fi aucuns alleguent l'experience au con- traires & que les playes de la teſte ſont plus ſouuent lethales ou mortelles és regions chaudes : ic luy reſ- pondray , cela ne prouenir à raiſon de l'air , d'antant qu'il eſt plus chaud & ſec , mais à raiſon de quelque humidite ſuperflue, ou mauuaiſe vapeur communiquée à l'air, comme és lieux de Prouence & d'I- : talies prochains de la mer Mediterranée. L'indication de guarir ſe peut auſſi prendre de la temperature des -- Pavties bleſſées : car les charneuſes demandent autre remede quc les os,ny que les parties nerueuſes, & Indicatio» ainſi des autres- Ce qu'en pareil cas fait la ſenſibilité deſdites parties, laquelle change la curation : comme de la partie. ainſi ſoit qu'il ne conuienne appliquer medicamens ſi acres & violens aux nerfs & tendons, qu'aux liga- Progueſtie mens, & autres parties inſenſibles La dignité & action des parties n'a moins de priuilege au fait de la º !º guariſon : car ſi la plave eſt au cerucau, ou en aucunes des parties vitales & naturelles, il faut ſelon leur bleſſées. dignité & action changer & appliquer les remedes veu meſines que pour la cótemplation d'icelles eſt ſou- #º** uentesfois faict certain Prognoſtic de l'euenement.Pource que les playes qui penetrent au vétricule du cer- iu.6. ueau, au cœur, aux grands vaiſſeaux, du Thorax,en la partie nerueuſe du Diaphragme, au foye, au ventri- cule » aux inteſtins grcſles, & à la veſſie, ſi elles ſont grandes, ſont neceſſairement mortelles : auſſi celles qui ſont es jointures ou pres d'icelles, & és corps cacochymes, ſont plus ſouuent mortelles, ce qu'auons dit cy-deuant. Pareillement il ne faut oublier les indications priſes de la poſition & colligance de la partie affectee, ne meſme de ſa figure , comme Galien a aſſez expliqué au 7. de ſa Meth.& au ſecond à Glaucus. - - Comme les maladiesſontcomliquées - | C H A P. I X. . A v A N T A o E, en prenant leſdites indications, faut conſiderer s'il y a complication de maladie, ou non. Car ainſi que la maladie ſimple propoſe indication ſimple, auſſi la compli- cation des diſpoſitions contre nature propoſe indications compliquées. Or les complications · ſe font en trois manieres ; c'eſt à ſçauoir, maladie auec maladie; comme playe auec apoſtemé ou fracture d'os : maladie a auec cauſe, comme vlcere auec fluxion : & maladie auec ſympto- me, comme playe auec douleur ou flux de ſang : ou toutes choſes contre nature enſemble, comme mala- die, cauſe & ſymptome. Or pour ſçauoir traitter artificiellement toutes ces complications, on doit ſuiure la doctiine de Gal. au.7.de ſa Meth. laeluelle nous exhorte à conſiderer les affections compliquées, la plus vrgente, la cauſe, & celle ſans laquelle la maladie ne peut eſtre oſtée, qui ſont choſes de grande importance en toute curation. Et en cecy l'empirique demeure vague , incertain, & ſans conſeil ny reſolution , ne ſça- chant à quelle des affections il doit premierement s'arreſter pour la cure : mais le Medecin rationel au con- traire eſt dirigé par ces trois petits mots dorez , deſquels depend l'ordre & methode de proceder en telles diſpoſitions & affections compliquées. Les ſymptomes ,entant qu'ils ſont ſymptomes, ne donnent aucune † & ne changent l'ordre de curation : pource qu'en oſtant la maladie qui eſt cauſe du ſymptome, iceluy eſt oſté : car il depend'd'icelle, comme l'ombre du corps : combien que ſouuent nous ſoyons con- traints de laiſſer la maladie en cure irreguliere, pour ſubuenir aux accidens de la maladie,leſquels s'ils ſont r'vſage & vrgens, & tiennent le lieu de la cauſe, & non proprement des ſymptomes. Pour conclufion, toutes leſdites fin des indi- indications ne ſont que pour venir à deux fins, c'eſt à ſçauoir, rendre la partie en ſa temperature naturelle, eatiens. & que le ſangne peche ny en quantité, ny en qualité. Cela fait, comme dit Galien, rien n'empeſchera que 4º ººº ſº la generation de la chair, & vnion de l'vlcere ne ſe faſſe. Mais aucunes fois il n'eſ poſſible mettre leſdites Mºtººº indications en execution, à cauſe de la grandeur de la playe,ou par excez & inobeyſſance du patient,ou a rai- ſon de quelques autres indiſpoſitions ſuruenuës par l'ignorance du Chirurgien,oumauuaiſe & indeue appli- cation des medicamens:pource qu'au moyen de ces choſes ſuruiennent grandes douleurs,fiévres,apoſtemes, gangrenes(vulgairement &abuſiuement dittes Eſliomenes)mortification, & ſouuentesfois la mort Dauanta- ge ceux qui reçoiuent coups d'arquebuſes,ſouuent meurent,ou bien demeurent eſtropiez oumutilez à iamais» - comment le Chirurgien pourra pourſuiure le traittement deſdites playes. , CH A F. X. V commencement donc faut bien auoir eſgard à mitiger la douleur en repercutant les flu- % xions, en ordonnant regime ſur les ſix choſes non naturelles, & leurs annexes, en euitant . , choſes calefactiues & acres, & en oſtant ou diminuant le vin, de peur qu'il n'eſchauffe, ſub- É tiliſe, & face fiuer les humeurs sa maniere de viure au commencement doit eſtre aſſez te- - * nue, afin de faire reuulſion. Car quand l'eſtomach n'eſt aſſez plein, il attire de tous coſtez à ſoy,au moyen dequoy les parties externes s'en reſſentans,demeurent vuides.Voyla pourquoy on doit nourrir moins le malade aux premiers iours de ſa bleſſeure.Le coît luy eſt fort contraire,d'autant qu'il enflamme les humeurs & eſprits,plus que tout autre mouuemët,& pour ceſte cauſe,rend la playe fort enflammée,& ſubjet- te à defluxion.Et ne ſera que bon au commencement (s'il y a flux de ſang) en laiſſer mediocrement couler La tbl.tote- afin de deſcharger les corps & la partie. Et où il n'auroit ſuffiſamment coulé, faudrale iour ſuiuant vſer de mie ſinceſ. Phlebotomie reuuſilue, & en tirer ſelon la plenitude & vertu du patient. Il ne faut auſſi craindre faire auer- ſaire aux ſion du ſang vers les parties nobles Car(comme nous auons dit)il n'ya aucune qualité veneneuſe. Toutes- playes d'ar- fois nous noterons que telles playes à l'inſtant ne jettent gueres de ſang, à raiſon que la grande contuſion quºbuſes. faite par la balle,& la vehemence de l'air agité,ſont cauſe de repouſſer les eſprits au dedans, & aux parties voiſines de la playe, comme auons dit cy-deuant : ce qui eſt ordinairement cogneu en ceu. à qui vn gros Pourºu y en boulet aura emporté vn membre. Car à l'heure de leur bleſſeure ne ſort que bien peu de ſang de la playe, telles playes. combien qu'il y ait de grandes veines, & arteres rompues & dilacereés-Mais quelque temps apres, comme - A a 2 2 ll Faron de ré, uulſion par diete tenuë. 2.8o L'onzieſme Liure, s'adaient au quatrieſme,cinquieſme,& ſixieſme iour,& quelquesfois plus tard, le ſang coulera en grande abondance, A. touſîour he à cauſe que la chaleur naturelle & les eſprits y retournent. Quant aux medecines purgatiues, ie les laiſſe à "ºrrººgie. Meſſieurs les Docteurs:toutesfois en l'abſence d'icenx,il eſt neceſſaire de laſcher & mouuoir le ventre du pa- tient, pour le moins vne fois le iour, ſoit par art, ou par nature : ce qui ſe fera pluſtoſt par clyſteres que purgations , principalement és premiers iours, parce que l'agitation des humeurs en tel cas eſt ſuſpecte, pour la crainte qu'il ne ſe face plus grande fluxion à la partie bleſſée. Toutesfois Galien liure quatrieſme de la Methode, chapitre 6. parlant des indications de la ſaignée & purgation, dit,que pour la grandeur du mal, ſont neceſſaires la ſaignée & purgation, combien que le malade ſoit ſans repletion ou cacochymie. La douleur ſe doit appaiſer ſelon l'intention & remiſſion d'icelle : & pour y remedier,ſi d'aduenture ya inflam- mation , on appliquera pour medicament local, vnguentum nutritum , compoſé auec le ius de plantain, onguer pour jourbarbe, morelle, & leurs ſemblables. L'onguent diachalciteos deſcrit par Galien en ſon premier liure ſeder la dou- de la Compoſition des medicamens ſelon les genres, chapitre ſixieſme, & liquefié auec huile de pauot,de leur. roſes & vinaigre, n'eſt de moindre efficace, ne l'onguent de bolo, ne pluſieurs autres de telle faculté, ores qu'ils ne ſoient promptement anodyns(car tous anodyns ſont chauds au premier degré, ou pour le moins Faculté des pareils en chaleur à noſtre corps, Galien liure cinquieſme, chapitre dix-neufieſme des Simples) & les ſuſ- ºdiºns dits medicamens ſont froids, non pas tant toutesfois qu'ils ſoient narcotiques, leſquels ſont froids au qua- ººº trieſme degré. Mais quoy2 les ſuſdits mentionnez au cas predit, appaiſent la douleur tres-commodément, pource qu'ils contrarient aux intemperatures chaudes , & fluxions d'humeurs ſouuent acres & bilieuſes, Les humeurs leſquelles coulent pluſtoſt que les froides, & cauſſent plus grande douleur. Apres l'vſage des repercuſſifs, chaudes ſont 1'approuue merueilleuſement ce cataplaſme.2/. micx panis infuſx in lacte vaccin. fb.j. ſ. bulliant parum pluſtoſt flu- addendo olei violacei, & roſ añ.3.iij. vitellos onorum numero quatuor, pul. roſarum rubrarum , forum xien que les camomill. & melil. añ.3 ij. farin.fabar. & hord.añ. 3. J. miſce: fiat cataplaſma ſecundùm artem. Or pour re- froides. mede plus preparable, tu pourras prendre de la mfie de pain,laquelle feras vn peu boüillir auec oxycrat & Aph* r huile roſat. - #. Pour la curation des apoſtemes, il conuient auſſi diuerſifier les medicamens ſelon le temps d'iceux. Car #u. autres medicamens ſont propres au commencement, autres à l'accroiſſement,& autres aux autres temps, Nature. comme aſſez eſt declaré par Galien au liu. troiſieſme, chapitre neufieſme, de la Faculté des medicamens:& par Geidon,en la curation des apoſtemes,& par ceux qui en ont eſcrit. Et où nature tendroit à ſuppuration, il la conuiendroit ſuiure, comme dit Hippocrate : car le Medecin & Chirurgien ne ſont que miniſtres, & aydes de Nature, pour l'ayder en ce où elle tend commodément. Des Balles qui demeurent en quelques parties long-temps apres laguariſon des playes. C H A P 1T R E X I. - } V c v N E s F o 1 s les Balles de plomb demeurent long-temps dedans les membres, comme Aduertiſſe- 3 par l'eſpace de ſept ou huict ans, & plus, ainſi que i'ay obſerué moy. meſme , ſans neantmoins #WeM3f, , ſuruenir aucuns mauuais accidens, ny empeſchement de conſolider la playe, & demeurent là #iuſques à ce qu'elles ſoient pouſſées hors par la vertu expultrice , deſcendant pour leur gra- uité & peſanteur és parties inferieures, eſquelles elles ſe manifeſtent, puis doiuent eſtre ti- rées hors par l'operation du Chirurgien. Or ceſte demeure ſi longue aux corps ſans pourriture aucune, ny mauuais accidens(comme i'eſtime)ne prouient que de la matiere du plomb,dont ladite balle eſt compoſée, comme ainſi ſoit que le plomb a certaine familiarité & accointance auec la nature, principalement des Faculté du parties charneuſes, ainſi que nous voyons par experience ordinaire, qui nous apprend que le plomb appli- plomb. qué par dehors, a vertu de clorre & cicatriſer les vieux vlceres Mais ſi la balle eſtoit de pierre, de fer, ou d'autre metal, c'eſt choſe toute aſſeurée, qu'elle ne pourroit demeurer long-temps au corps, pource que le fer s'enroüille, & à cauſe de ce, corrode la partie; ce quiamene quant-&-ſoy de pernicieux accidens : mais ſi le boulet eſtoit en parties nerueuſes ou nobles, & fuſt-il de plomb, il ne pourroit gueres y demeurer ſans cauſer de bien grands inconueniens. Parquoys'iladuient qu'il demeure long-temps, ce ſera és parties char- neuſes, & és corps qui ſeront de bonne temperature & habitude : autrement il n'y peut demeurer ſans in- duire douleur, & pluſieurs autres griefs maux, comme ila eſté dit. - Des grandes contuſions & dilacerations faictes parles boulets d'Artillerie, & autres gros Canons. C H A P. XII. g v T RE-plus, ſila balle d'vne groſſe piece d'Artillerie frappe contre quelquc membre, ſou- ] uent l'emporte,ou du tout le briſe & eſcache,de telle façon que par ſa grande vehemence elle 0 caſſe & rompt les os, non ſeulement ceux qu'elle touche, mais auſſi ceux qui en ſont loing. # pource que l'os qui eſt dur, fait reſiſtance, & par ce moyen la balle le force dauantage.Qu'il XRN7SR5 ſoit vray,nous voyons ordinairement ladite artillerie auoir bienplus d'action, & effectuer da- uantage contre vne murraille, qu'elle ne faict contre vn gabion remply de terre, ou vne balle de laine , & autres choſes molles, comme nous auons dit cy-deuant. Pourtant ne ſe faut esbahir , ſi eſdites playes faictes par arquebuſes;ſuruiennent douleur,inflammation,fiévre,ſpaſme,apoſteme,gangrene, mortification» cauſes des & le plus ſouuent la mort. Car les grandes contuſions des parties nerueuſes, fractures Ol1 concuſſions VC- grand, acci- hementes des os, faictes par les boulets, cauſent griefs accidens, non la combuſtion ou venenoſité de la dens des pla- pouldre, ainſi qu'eſtiment pluſieurs, ne conſiderans la matiere de ladite pouldre, laquelle (comme i'ay dit) yes d'arque. n'eſt veneneuſe. Car ſi la playe eſt faicte en vne partie charneuſe ſans toucher les parties nerueuſes, elle re- buſes. quiert ſeulement pour ſa curation remedes ſemblables à ceux que font les autres playes contuſes,hors-mis (comme i'ay dit cy-deſſus)la pourriture cauſée de l'air enuironnant,laquelle nous a rendu ces années paſſées les playes alterées,& grande putrefaction tant à la chair,qu'aux os,de laquelle ſont(comme i'ay dit)eſleuées pluſieurs vapeurs au cerueau, au cœur, & au foye, dont ſont enſuiuis de tres-mauuais accidens,& la mort à la plus-part. - 7D8E Des Playes d'arquebuſes. 28 I A - Des moyens qu il faut tenirpour rectiffer l'air,& pour roborer les parties nobles, & fortifiertout le corps. C H A P. X l l I. $7 A R T A N T faut que le Chirurgien ait eſgard à adminiſtrer toutes les choſes qui ont puiſ- ſancn'de rectifier l'air ambient,& de roborer les parties nobles, audi de fortifier tout le corps: & qui ſe fera par les choſes qui s'enſuiuent, adminiſtrees tant par dedans que par dehors. Le patient prendra par dedans au matin trois heures deuant le paſt, des tablettes de diarrhodon abbatis, ou de aroma.roſ de triaſant.diamoſchi,de latificans Galeni , & autres ſemblables. l ai dehors ſeront faits epithemes ſur le cœur & foye, vn peu tiedes, appliquez auec vne piece d'eſcarlate ou eſponge, feutre ou linge bien deliez. Ceſtuy-cy pourra ſeruir de formulaire à tout Chirurgien.2/.. aquar roſx 3 iiij. aquae buglo.aceti boniañ. 3.ij, coriand. praepar. 3. iiij. garyophyl. corticum citri añ. 5. j ſan- tali rub. 5.6. coral. vtriuſque 5.j. camph. 9.j. croc. 9. ſ$. pul.diarrho. abbatis 5 ij. theria. & mithrida. añ. 3.É. pulu.forum camomillx, melilo. aû. 3.j.miſce,& fiat epithema. Dauantage on doit donncr ſouuent à fentir au patient choſes odoriferantes & refrigerantes, pour roborer la faculté animale, comme celle qu1 s'enſuit.2L. aquæ roſacear,aceti boniañ. 3.iij.garyophyl.nucis moſca.cinamomi conquaſſatorum, theriac. Galeni an.3.j. ſoit en icelle liqueur trempé vn mouchoir ou eſponge,& que le patient le mette ſouuent au nez. Il vſera auſſi de quelque pomme aromatique pour meſme intention,comme eſt ceſte-cy,2/. roſar.rub. violar.añ.5.iij.baccarum myrti, & iuniperi, ſantali rubrañ. 3.ij. ß. benioin.3.j. camph. 9.ij. fiat Puluis. Poſteà %. olei roſ & nenuph.añ. 3. ß. ſtyracis calamitæ 5.ii. aquæ roſarum quantum ſatis eſt, liquefiant ſimul cum cera alba quantum ſuffic. fiat Ccratum ad comprehendendos ſupradictos pulueres cum piſtillo calido,& fiat pomum. Autre. %. radic. ireos Florent.maioranx,calamiaromatici,ladani, benioin. rad.cyp. garyopañ.3.ij.moſ g. iiij. fiat pulu.& cum gummitragachanquant.ſufficit, fiat pomum.Autre. 2Z. ladani puri 5.1j. benioin. 5.f.ſtyrac.calam 3.vj.ireos Florentia 3. B. garyophyl. 3.iij.maiora. roſarum rubrarum, calami aromat añ.5.6. puluer1ſentur omnia,& bulliant cum aqua roſarum quantum ſufficit, & colentur, & colata liquefiant cum cer.alb.quantum ſufficit,ſtyracis liquida 3.j. fiat ad modum Cerati,comprehendantur per piſtillum,addendo moſch.5.j. fiat pomum. Pareillement on peut appliquer des Fronteaux, pour robo- rer la faculté animale, & prouoquer le dormir, & mitiger la douleur de la teſte, comme ceſtuv. 2/.. aquae roſaceæ 3.j olei roſ.& papauer.an.3.j B. aceti boni 3.j. trochiſcorum de camphora 3. 6. fiat frontale. On doit plier vn linge en cinq ou ſix doubles, & le tremper en ceſte mixtion vn peu tiede , & le renouueller quand il ſera ſec. Et ne faut pas beaucoup ſerrer la teſte,de pcur de garder que la pulſation des arteres des temples ne ſoit libre : autrement on augmenteroit la douleur de la teſte. Il ya pluſieurs autres remedes ex- terieurs,par leſquels on peut corriger l air ambient, comme faira bon feu en la chambre du malade auec du bois de geneure,de laurier,de ſarment de vigne,de roſmarin,de racine d'ireos. Auſſi les choſes eſpanduës par la chambre, comme l'eau & le vinaigre , & ſi le patient eſt 1iche, l'eau de damas y eſt bien Propre , ou celle qui s'enſuit. 24 maioranae,menthx,radicis cyperi,calami aromatici,ſaluix,lauendulae, fœniculi,thymi, ſtœchados,forum camom.melil.ſatureix,baccarum lauri & iuniperiañ. m.iij. pulu. garyoph. & nucis mof- cata añ.3.j.aqua roſ.& vitæ fb.ij.vini albi boni & odoriferi fb.x. bulliant omnia in balneo Mariæ ad vſum dictum. Dauantage on peut faire parfums pour parfumer ladite chambre, comme ces oyſelets de cy- pre. 2. carbonis ſalicis 3 viiij. labdani puri 3. ij. thuris maſculi, lini, & baccarum iuniperi añ. 3.j. xyla- ioes, benjoin. ſtyracis,calamita añ. 3. ß. nucis moſcatæ , ſantali, lutei añ.5.iij. garyoph. ſtyracis liquidae añ.5.ij. zedoarix , calami aromatici, ana3.j. gummitragach. aqua roſac ſoluti,quod ſit ſatis : fiant auicu- la Cyprina , ſeu ſuffitus, qua forma libebit. Quant aux caries & corruption des os,nous en parlerons cy- apres amplement. Hiſtoires memorables. C H A P. XIV. O v v E N T telles playes ſont accompagnées de pluſieurs indiſpoſitions , comme tumeur oedemateuſe,& fracture aux os.Or en faueur du ieune Chirurgien,pour exemple raconteray ceſte hiſtoire de la bleſſeure de Monſieur le Comte de Mansfelt, Gouuerneur de la Duché de Luxembourg,Cheualier de l'O1dre du Royd'Eſpagne,lequel fut bleſsé à la bataille de Mon- - contour d'vn coup de piſtolet à la jointure du coulde,au bras dextre, qui luy fractura les os, dont il y en auoit qui eſtoient comminuez,comme ſi on les euſt rompus fur vne enclume,parce que le coup luy fut donné de fort pres. Et par violence & force de coup,luy ſuruindrent pluſieurs accidens , à ſçauoir, douleurs extremes,inflammation,fiévre,tumeur œdemateuſe, flateuſe de tout le bras, voire iuſques à l'ex- tremité des doigts,& ja grande preparation de gangrene. Et pour obuier à icelle, & à la totale mortifica- tion,maiſtre Nicole Lambert,& Maiſtre Richard Hubert,Chirurgiens ordinaires du Roy, auoient faict plu- ſieurs & profondes ſcarifications. Or par le commandement du Roy, ie fus enuoyé vers luy pour le penſer: & eſtant arriué,voyant ces accidens accompagnez d'vne grande feteur & pourriture,fuſmes d'aduis luy fai- re des lauemens faits d'Egyptiac fortifié,& diſſoult en vinaigre & eau de vie, & autres remedes eſcrits au chapitre des Gangrenes.Et outre ces accidens,leditSeigneur eut vn flux de ventre, par lequel il jettoit de la bouë qui venoit des vlceres de ſon bras:ce que pluſieurs ne peurent croire,attédu(diſoient-ils)que pour deſcendre parle ventre,il faudroit par neceſſité que ladite boue fuſt meſlée auec le ſang,& auſſi qu'en paſ- ſant pres le cœur,& par dedans le foye,elle feroit pluſieurs accidens,voire cauſeroit la mort. Toutesfois il me ſemble que i'ay aſſez amplement demonſtré en mon liure de la Suppreſſion d'vrine, comme telle choſe ſe fait.Partant ſi quelqu'vn deſire en ſçauoir la raiſon , on aura recours audit liure. Meſmes ledit Seigneur tomboit quelquesfois en ſyncope,à cauſe des vapeurs putrides, qui ſe leuoient des vlceres : leſquelles va- peurs par les arteres,veines & nerfs,eſtoient communiquées à l'eſtomach,&aux parties nobles. Et pour y remedier,ie luy donnois parfois à aualler vne petite cuillerée d'eau de vie , en laquelle i'auois fait diſſou- dre vn peu de theriaque.Monſieur Bellanger,Medecin ordinaire du Roy, & Monſieur le Bon, Medecin de Monſieur le Cardinal de Guiſe, ſçauans & experts en la Medecine & Chirurgie, le ſecoururent pareille- ment de tout ce qui leur eſtoit poſſible à contrarier contre la fiévre & autres accidens.Or quant à la tumeur oedemateuſe & fatulente,qui occupoit entierement tout le bras, i'y appliquois des compreſſes imbues en oxvcrat,auec du ſel & vn peu d'eau de vie,& autres remedes que ie diray bien toſt:puis auec des linges en double,ie les couſois le plus fort & dextremét qu'il m'eſtoit poſſible,c'eſt à dire,tât que ledit Seigneur les pouuoit endurer.Telle compreſſion ſeruoit de côtenir les os fracturez en leur lieu,& à expeller la ſanie des vlccres,& renuoycr les humeurs vers le cétre du corps.Et où l on deſiſtoit à ſerrer & lier le bras,la tumeur Aa ; s'augmentoit Remède ; ayans vertu de conforter la faculté tit•le. Remedes pour faire ſentir au malade. - Tumeur aedemateuſe és playes d'arquebu- ſes. Hiſtoire. Vtilité des compreſſes & ligature :; - L'cnzieſme Liure. 2.82 OnZ1elme L1UIfe, s'augmentoit fi fort,que i'auois peur que la chaleur naturelle de ſon bras ne fuſt ſuffoquée & eſteinte. or de faire autre maniere de ligature,il eſtoit du tout impoſſible pour l'extreme douleur qu'il ſentoit lors qu'6 luy remuoit tât ſoit peu ſon bras.Il luy ſuruint auſſi pluſieurs apoſtemes autour de la jointure du coulde,& en autres endroits de ſon bras.Et pour donner iſſue à la ſanie,ie luy feis pluſieurs inciſions, le quelles ledit Seigneur enduroit volontiers,me diſant s'il n'y en auoit aſſez de deux,qu'on en fit trois,voire quatre, pour le deſir qu'il auoit d'eſtre hors de ſes douleurs, & guary.Et lors en ſouſriant ie luy dis, qu'il meritoit eſtre bleſsé,& non ces delicats,qui pluſtoſt ſe veulent laiſſer pourrir,voire endurer la mort,que de ſouffrir quel- que inciſion neceſſaire pour leur guariſon.Et pour abbreger la cure,il vſa de la potió vulneraire,& par fois on jettoit auec la ſyringue dedans ſes vlceres,de l'Egyptiac diſſout en vin,ou auec ladite potion,ouvlumiel roſat au lieu de l'Egyptiac,pour les mondifier,& corriger la pourriture,auec d'autres remedes qui ſeroient trop lôgs à reciter & entre les autres,la poudre d'alum pour deſſeicher les chairs ſpôgieuſes laxes & mol- 1es.Auſſiapres la mundification deſdits vlceres,i'vſay long-temps de charpie ſeiche,& neluy en falloit pour chacune fois qu'ó l'habilloit gueres moins gros que le poing.Et vn iour voyant qu'il eſtoit ſans douleur, & que la chair ſe regeneroit,ie luy dis qu'il s'en allojt guarir:alors il me dit en riant,qu'il le cognoiſſoit bien, pource qu'il ne falloit plus de charpie à ſa playe qu'auſſi gros qu'vn œufOr pendant ladite curation, ie te puis atteſter luy auoir oſté plus de ſoixante pieces d'os, entre leſquels y en auoit de grandes comme vn - - - doigt,rôpues en eſtrange figure:ce nonobſtât ledit Seigneur(graces à Dieu)a eſté guary.reſte qu'il ne peut, Hiſtoire de , & § pourra iamais plier ny eſtendre le bras.Monſieur de Baſſompierre, Colonnel de douze cens cheuaux, ºſº * le iour de ladite bataille fut bleſsé d'vn pareil coup, & eut grande partie des accidens ſuſdits : lequel auſſi *ºſºpierre i'ay pense iuſques à guariſon,graces à Dieu : vray eſt qu'il eſt demeuré impotent comme l'autre Seigneur. Autre hi- Apres auoir pensé leſdits Seigneurs,Comte de Mansfelt, & Baſſompierre, i'eus commandement du Roy ſoire de Mg. d'aller trouuer en diligence Challes Philippes de Croy,Seigneur de Havret , frere de Monſeigneur le Duc B ſieur de , d'Aſcot, pres Mons en Haynaut : lequel y auoit ja ſept mois & plus qu'il eſtoit detenu au lict, à cauſe d'vn Mavret. coup d'arquebuſe qu'il auoit reçeu trois doigts au deſſus du genoüil,lequel ie trouuay auec les accidés qui s'enſuiuent.Sçauoir eſt,douleurs extremes,fiévre continue,ſueurs froides,grandes inquietudes, le cropion - vlceré de la grandeur de la palme de la main(pour auoir eſté trop longuement couché deſſus)ne pouuant Morueilleux repoſer ny iour ny de nuict,ſans appetit de manger,mais de boire aſſez.Il reſſentoit par fois dedans ſon lict •ccidens. des accez epileptiques,& auoit ſouuent volonté de vomir,auec vn continuel tremblement,ne pouuât por- • ter la main à ſa bouche ſans ayde d'autruy:il tóboit ſouuent auſſi en ſyncope ou defaillāce de cœur,a cauſe des vapeurs putrides qui eſtoiét communiquées à l'eſtomach,& aux parties nobles par les veines,arteres & nerfs,qui eſtoient eſleuées de ſes vlceres,& de la corruption des os. Car l'os de la cuiſſe eſtoit fracturé & éclatté en long & en trauers,auec eſquilles,dont les vnes eſtoient ja ſeparées,les autres non.Il auoit vn vl- cere caue pres l'aine,finiſſant au milieu de la cuiſſe:dauantage il en auoit d'autres ſinueux & cuniculeux au- Dien & Na- tour du genoüil.Tous les muſcles,tant de la cuiſſe, que de la iambe.eſtoient extrememét tumefiez & imbus ture font d'vn humeur pituiteux,froid,humide,& fiatueux,de façô que la chaleur naturelle eſtoit preſque ſuffoquée& ººſº "er- eſteinte.voyant donc tous ces accidens,& les vertus proſternées & grãdement abbatuës,i'eus vn tres-grâd neilleuſet. regret d'auoir eſté enuoyé vers ledit Seigneur,pource qu'il y auoit bië peu d'apparéce qu il en peuſt échap- per,& craignois qu'il ne mouruſt entre mes mains.Toutesfois conſiderant ſa ieuneſſe, i'eus encor quelque eſperance:car Dieu & Nature font quelquesfois des choles qui ſemblent au Chirurgië eſtre impoſſibles.Et partantie demanday audit Seigneur s'il auoit bon courage,& luy dis s'il vouloit bié endurer luy faire quel- ques inciſions,leſquelles pour ſa guariſon eſtoient plus que neceſſaires que par ce moyen bien toſt ſes don- leurs & autres accidens ceſſeroient. Alors il me fit reſponſe qu'il endureroit tout, voire à luy amputer la iambe s'il en eſtoit beſoin.Adonc ie fus bien ioyeux:& toſt apres luy feis deux ouuertures pour döner iſſue à la matiere qui eſtoit autour de l'os,& en la ſubſtance des muſcles,par leſquelles en ſortit grâde quantité. z'Egyptiae Et apres fut ſyringué aucc du vin & vn peu d'eau de vie,où il y auoit bonne quatité d'Egyptiac, pour corri- eſt excellent ger la pourriture,& deſſeicher la chair ſpongieuſe,laxe & molle,& pour reſoudre & conſommer la tumeur à corriger , œdemateuſe & fatulente,& ſeder la douleur,refociller & fortifier la chaleur naturelle,qui ja eſtoit grande- vae pºurri- ment preparée à eſtre ſuffoquée,parce que les parties ne pouuoiét cuire ny aſſimiler le nutrimét à elles ne- ºº ** ceſſaire,pour la trop grande quantité de matiere.Son Chirurgien,nommé Me.Aotoine Maucler, homme de chair. bien,& grandement experimenté en la Chirurgie,demeurât à Mons en Haynaut,& moy,fuſmes d'aduis luy faire des fomentations d'vne decoction faicte de ſaulge,romarin,thym,lauâde,fleurs de camomile, mel1lot, roſes rouges,cuites en vin blanc,& en lexiue faire de bois de cheſne,& quelque portion de vinaigre,& vne poignée de ſel.Ceſte decoction ainſi faite auoit vertu & puiſſance de ſubtiliſer,attenuer,inciſer,reſoudre,& ſeicher l'humeur gros,froid,& pituiteux,& roborer les parties bleſsées.Leſdites fomcntations ſe faiſoient longuement,afin que la reſolution fuſt plus grande:car eſtant ainſi faite longuement, reſoluoit plus qu'elle ne pouuoit attirer,en liquefiât l'humeur qui eſtoit au profód,& rarefioit le cuir,voire la chair des muſcles. Gal. au 6.de Et pour ceſte intention nous luy faiſions des frictions, auec couure-chefs chauds, en toutes manieres : à la # ſçauoir,de haut en bas,& de bas en haut,à dextre,à ſeneſtre,& en rond,& fort longuement:car les briefues, #ºfri c'eſt à dire,faites en peu de temps,font attraction ſans aucunement reſoudre. Semblablement par iours in- étions. terpoſez luy fut appliqué tout autour de la cuiſſe & de la iâbe,& à la plâte du pied,des bricques échauffées & arrousées de vinaigre & vin blanc,auec vne portion d'eau de vie:&par ceſte euaporatió on voyoit ſortir des poroſitez du cuir pluſieurs aquofitez,par ſueur,l'éfleure ſe diminuer,& la chaleur naturelle eſtre reuo- quée.Apres on luy appliquoit des compreſſes trempées en vne lexiue faicte de cédre de cheſne,en laquelle D on auoit fait boüillir ſaulge,roſmarin,lauande,ſel, eau de vie,cloux de girofle : & faiſoit-on les ligatures ſi dextrement,que le malade les pouuoit bien endurer:au reſte auec tel profit que où on les laiſſoit vn iour,la tumeur accroiſſoit.Auſſi on appliquoit des groſſes compreſſes au fonds des ſinus des vlceres,pour chaſſer & expurger la ſanie:& encor pour mieux ce faire les orifices des vlceres eſtoiét tenus ouuerts,par le benefice des tentes cannulées. Parfois auſſi pour reſoudre la tumeur, on luy appliquoit vn cataplaſme faict ainſi- 2.far hord.fabar.& orobi añ.3 vj.mellis comm.& terebenthina añ.3. ij.pulu.florum camomil. meliloti , & roſarum rubrarum añ.3.ſ pul.radicum ireos Florentix,cyperi,maſt añ.3 iij.oxymellis ſimplic.quantum ſuf- ººº de ficiat,fiat cataplaſad formam pultis ſatis liquidx. Pareillement il luy fut appliqué des emplaſtres de Vigo la Methode. ſine mercurio,qui luy donnerent grâde aide à ſeder ſes douleurs,& à reſoudre ladite tumeur;toutesfois c'e- # ſtoit apres auoir échauffé les parties ſurleſquelles elle eſtoit appliquée par les fométations frictiös,& eua- reſolu#u. Poration#cº autremêt ladite emplaſtren'euſt peu eſtre rcduite de puiſſance en effect,pour la grande inté- " perature froide des parties. Or pour la mundification des vlceres, on appliquoit remedes propres , en les changeant,comme nous voyons qu'il en eſtoit beſoin.{Auſſi les poudres catagmatiques, pour faire ſe parer les os,& corriger leur pourriture,ne luy furét eſpargnées.Il vſa auſſi par l eſpace de quinzciiours de la por- tió vulneraire.Ie ne veux encore laiſſer cn arriere les fiictiôs que ie luy faiſois faire au matin vniuerſelles de - # 2 - l Des Playes darquebuſes 283 de tont le corps, qui eſtoit grandement extenué & amaigry, pour les douleurs & autres accidens qu'auons , dit, & auſſi par faute d'exercice. Leſdites frictions reuoquoient & attiroient le ſang & les eſprits , & re- vtiiité dès , ſoluoient quelques humeurs fuligineuſes, detenues entre cuir & chair : & partant les parties eſtoient puis frictions vni apres mieux nourries,ſucculentes & refaictes : joint auſſi qu'apres ces douleurs paſ ées & la fiévre,il com- uerſelles. mença à bien dormir, & auoir bon appetit, & partant luy faiſois vſer de bonnes viandes, & boire de bon vin & de bonne biere : & defieunions luy & moy tous les matins de potage de ſoupe-chaudiere, & par ainſi deuint gras, refaict, potelé & guary, reſte qu'il ne peut bien ployer le genoüil. Or i'ay bien voulu reciter # bon- ces hiſtoires, pour toufiours conduire le ieune chirurgien a la practique,& non pour m'en preualoir & at-##"a tribuer gloire, mais la rendre à Dieu, cognoiſſant que toute, bonnes choſes procedent de luy comme d'vne #" fontaine qui ne ſe peut épuiſer, & rien de nous comme de nous. Par ainſi luy faut rendre graces de toutes nos bonnes œuures, leſquelles ie luy ſupplie vouloir continuer, & de plus en plus augmenter en nous par ſa bonté infinie. - - CApologie touchant les playes faictes par arquebuſes. C H A P. XV. L m'eſt tombé ces iours paſſez entre les mains vn certain liure faict par vn Medecin, auquel Iuſte occaſion aſſez ouuertement il blaſonne & denigre ce qu'ay eſcrit par cy-deuant des playes faictes de l' Auteur par coups d'arquebuſes, & de leurs cures. Ie proteſte que quand il n'y auroit autre mal , & ſur l'avance- , que ie ne verrois autre intereſt en cecy, que le meſpris de moy, & de mon liure, ie laiſſerois ºº cºſte è couler les choſes doucement, & les paſſerois ſous ſilence,ſsachant bien que les reſponſes & ººº repliques, dont nous nous voulons aider à clorre la bouche des meſdiſans, bien ſouuent ſeruent pluſtoſt à les faire parler dauantage qu'autrement , & qu'il n'y a meilleur moyen d'aſſoupir telles noiſes , que de ne dire mot : comme nous voyons que le feu s'eſteint, ceſſant ſa matiere combuſtile, & luy oſtant le bois. Mais quand i'ay bien conſideré le danger euident, auquel pluſieurs ſe fourreront s'ils viennent à ſuiure les reigles & enſeignemens que donne ledit Medecin pour la cure deſdites playes : i'ay pensé que mon deuoir eſtoit d'aller au deuant de ce mal, & l'empeſcher autant que le pourrois, eu égard à ma profeſſion, laquelle outre l'affection commune que tous doiuent au bien public , m'oblige particuli rement à cecy ; tellement que ie ne pourrois en bonne conſcience faire le ſourd & le muet, où le deuoir general & particulier m'o- bligent,& côtraignent de parler.C'eſt cela qui me ſollicite à faire cette Apologie,pluſtoſt qu'vn deſir boüil- - lant & paſſionné d'auoir ma reuange de celuy, qui à la verité m'a aſſailly à tort. Or en ce liure il pretend Le baſilicen contemner , & meſpriſer l'application des medicamens ſuppuratifs, comme du baſilicon, & d'autres ſem- liqueféeº blables : pareillement de ceux qui ſont acres, comme l'Fgyptiac, & autres. Et dit, tels remcdes ont eſté cau- huile eſt ſe de la mort d'vne infinité de perſonnes , auſquels on les a appliquez, voire encore que leurs playes fuſ- Pºſ*** d ſent ſuperficielles, & en parties charneuſes : & qu'en ce l'on ne doit ſuiure le conſeil d'Hippocrate, qui playes quan , dit que toutes playes contuſes doiuent eſtre ſuppurées. Parce, dit-il, que c'eſt vne maladie nouuelle, & ja # les veut cogneuë aux anciens,qui deſire auſſi nouueaux remedes. Dauantage, il dit que pour l'intemperature de l air #u. n'eſt beſoin changer de remedes auſdites playes.Auſſi qu'on ne doit comparer le tonnerre & la foudre aux # coups d'artillerie. En quoy le voyant du tout contrarier à ce que i'en auois eſcrit en mon liure des playes faites par arquebuſes,fleſches & dards, ie ſuis contraint pour ma defenſe repeter aucunement ce que i'en ay par cy-deuant & ailleurs exposé, pour reprouuer tous ſes poincts, comme i'eſpere faire l'vn apresl'autre, Premierement que les medicamens ſuppuratifs ne ſoient propres à telles playes, c'eſt combatre la raiſon. ſanſ d l'authorité & l'experience. Car chacun ſçait que les bales eſtans rondes & maſſiues, ne peuuent bleſſer ſans peſenſ de} faire grande contuſion & meurtriſſeure, laquelle ne peut eſtre curée ſans eſtre ſuppurée, ſuiuant l'authorité ſuppiiratifs. non ſeulement d'Hppocrate, mais auſſi de Galien , & d'autres autheurs, tant anciens que modernes. Et que luy ſert de nommer telles playes nouuelles, pour deroger au dire d'Hippocrate, lequel nous tenons comme pere, autheur, & vray fondement des loix de la ſacrée Medecine, ſur toutes dignes de grande loüange,par- * ce qu'elles ne ſont ſujettes à changement, comme celles des Rois, Princes, grands Seigneurs, n'y à la pre- ſcription des temps,& couſtumes des regions. Donc ſi i'ay en cecy ſuiuy la doctrine Hippocratique,qui tou- ſiours ſe trouue vraye & ſtable, ie croy auoir bien fait, & n'ay eſté, ſeul. Car monſieur Botal , Medecin or- dinaire du Roy, & Monſieur Ioubert auſſi Medecin du Roy,& ſon lecteur ordinaire en l'Vniuerſité de Mont- pellier, hommes bien experimentés, tant en la Medecine qu'en la Chirurgie,qui ont eſcrit recentement de ceſte matiere, loüent & commandent appliquer au commencement en telles playes du baſilicon & autres medicaments ſuppuratifs.Ceux-cy(pour auoir ſuiuy les guerres)ont plus veu de bleſſez par baſtons à feu en vn iour, que noſtre Medecin n'a fait en toute ſa vie. Quant à l'experience , il y a vne infinité d'autres bons Chirurgiens , & grandement experimentez, qui ont vsé, & vſent de ces remedes au commencement pour conduire telles playes à ſuppuration , s'il n'y a indication contraire. Ie diray dauantage, qu'vn Chirurgien , , , , , Empirique ſon voiſin, nommé Doublet, a fait maintesfois des curesmerueilleuſes,appliquant à telles playes Pºlº ºinº vn medicament ſuppuratif, composé de lard fondu ; iaune d'œuf, & terebenthine,auec vn peu de ſafran : & Pº2* tenoit ce remede pour vn tres-grand ſecret. Il y en auoit vn autre à Thurin l'an 1538. (moy eſtant lors au ſeruice de defunct Monſieur le Mareſchal de Monte jan, Lieutenant general du Roy en Tiedmont) leque1 auoit le bruit par ſus tous les Chirurgiens de ce pais-là, de bien guarir telles playesauecques oleum Catel. lorum, la deſcription duquel i'eus de luy par grandes prieres. Ceſte huile a puiſſance de lenir & apaiſer la douleur, & faire ſuppurer les playes : & l'appliquoit vn peu plus chaude que tiede, & non pas boüillante, comme aucuns veulent. Ce qu'vne infinité de Chirurgiens ont fait, apres que ie leur ay deſcrit ladite huile - enmon liure des playes faites par arquebuſes, auec bonne & heureuſe iſſue. Quant au meſpris qu'il fait de #º l'onguent Egyptiac , ie croy veritablement qu'il demeurera ſeul en ceſte opinion & hereſie , veu qu'on n'a # •e encores ſceu trouuer de plus ſingulier remede pour prenenir & corriger la pourriture, qui ſuruient le plus Egyttiae. ſouuent en telles playes, leſquelles degenerent ſouuent en vlceres virulens, corroſifs, & ambulatifs, & ma- lins, iettant vne ſanie puante, dont la partie tombe en gangrene fi on n'y remedie par l'Egyptiac , & autres medicamens acres, qui ont eſté pour ceſte raiſon fort approuuez deſdits Botal & Ioubert , & de tous bons ? Chirurgiens. Et † noſtre Medecin ſouſtient qu'ils ſont venimeux : attendu (dit-til)qu'en les appli- quant aux playes faites par baſtons à feu , ont eſté cauſe de la mort de pluſieurs perfonnes : qui eſt choſe ſi 2bſurde & contre raiſon,que i'en quitte la reſponſe aux Barbiers de village,quiauront trop dequoy luy ſa- tisfaire ſur ce poinct,& luy prouuer plus manifeſtement qu'il ne le ſçauroit nier hardiment,par la confidera- tion d'vn chacun des ingrediens dudit Egyptiac, iceluy non feulement n'eſtre veneneux , mais meſme reſiſt: r & contrarier directement à toutes lortes de venins & pourritures qui peuuent ſuruenir aux parties charneuſes, à raiſon de quelque playe & vlcere. Il dit dauantage, que la diſpoſition de l'air ne peut eſtre cauſe d'infecter & rendre les-playes dangereuies cn vn temps plus qu'en autre. En cela il demeurera encore A a 4 tOut Oleum catel- lorum. 284 L'onzieſme LiUIre, tout ſeul de ceſte opinion.Mais s'il euſt bien leu & entendu Hippocrate, iln'euſt ſilegerement contemné A la conſtitution des ſaiſons, & l'infection prouenante de l'air, non pas ſimple & elementaire:(car eſtant ſim- ple,iamais n'acquiert de pourriture)mais par addition & meſlange des vapeurs corrompues eſparſes en luy, ' comme i'ay eſcrit en mon traicté de la Peſte. Car d'autant que l'air qui nous enuironne & eſt contigu, eſt Exemple de la corruption de l'air à raiſon des corps morts. Au traicté •aes vlceres. Playes ve- mineuſes.. perpetuellement neceſſaire à noſtre vie, il faut que ſelon ſa diſpoſition noſtre corps ſoit auſſi alteré en plu- ſieurs & diuerſes manieres,à cauſe que nous l'attirons continuellement parle moyen des poulmons & autres parties dediées à la reſpiration,& meſme par les pores & petits pertuits nuiſibles de tout le corps,& parles arteres eſpanduës au cuir:ce qui ſe fait tant pour la generation de l'efprit devie, que pour rafreſchir & fo- menter noſtre chaleur naturelle. A ceſte cauſe s'il eſt immodérement chaud, froid , humide ou ſec, ou au- trement vicié, il altere & change la temperature des corps en ſemblable contitution que la ſienne. Cela ſe void clairement, lors qu'il eſt infecté par des vapeurs putredineuſes, & charogneuſes, produites par vne grande multitude de corps morts, non aſſez toſt enſeuelis en la terre, comme d'hommes, de cheuaux , & d'autres beſtes : comme il aduient apres quelque bataille, ou quand pluſieurs hommes peris par naufrage ont eſté iettez au riuage par les flots de la mer. Pour exemple : on a recogneu recentement la corruption de l'air prouenante des corps morts au chaſteau de Pene ſur la riuiere de Lot , auquel lieu l'an 1562.au mois de Septembre, pendant les troubles premiers aduenus à cauſe de la religion, fut ietté grand nombre de corps morts dedans vn puits profond de cent braſ,ée ou enuiron, duquel deux mois apres s'eſleua vne vapeur puante & venimeuſe, qui s'eſpandit par tout les pais d'Agenois, & lieux circonuoiſins, iuſques à dix lieues à la ronde, dont pluſieurs furent infectez de peſte. Dequoy ne ſe faut émerueiller : car les vents ſoufflans & ' pouſſans les exhalations & vapeurs pourries d'vn pais en autre, font pulluler la peſte. Par ainſi la maligne conſtitution de l'air, ſoit que la cauſe en ſoit manifeſte ou occulte, peut rendre les playes putrides, altere les eſprits & les humeurs,& cauſer la mort.Ce que l'on ne doit point attribuer aux playes,attédu que ceux qui ſont bleſſez,& ceux qui ne le ſont aucunement,en ſont également infectez,& tombent en meſmes incon- ueniens.Monſieur d'Alechamps en ſa Chirurgie Françoiſe,parlant des choſes qui empeſchent la curation des vlceres, n'a point oublié que quand en aucune Prouince regne quelque peſtilence, ou maladie epidemiale, par le vice de l'air , cela fait vlceres incurables, ou tres difficiles à guar1r. Le bon vieilliard Guidon a pa- reillement eſcrit que les playes de la teſte eſtoient plus difficiles à guarir à Paris qu'en Auignon : & les vlce- res des iambes plus § en Auignon qu'à Paris : d'autant qu'à Paris l'air eſt plus froid & humide, qui eſt choſe contraire, principalement aux playes de la teſte : au contraire, en Auignon la chaleur de l airam- bient eſt cauſe de liquefier & ſubtiliter les humeurs.Ainſi plus facilement, & en plus grande abondance,les fluxions decoulent aux iambes, d'où vient que la guariſon des vlceres d'icelles,eſt plus difficile en Auignon qu'à Paris.Que ſi quelqu'vn alleguant l'experience,ditau contraire que les playes de teſte ſont le plus ſouént mortelles és regions chaudes, ie luy reſpondray cela ne prouenir a raiſon de l'air, qui eſt plus chaud & ſec: mais pluſloſt à cauſe de quelque humidité ſuperfiue, & mauuaiſe vapeur communiquée à l'air, comme il ſe fait es lieux de Prouence & d'Italie,prochains de la mer Mediterranée.De fait qu'il n'y a ſi petit Chirurgien qui ne ſçache qu'eſtant l'air chaud & humide , facilement les playes degenerent en gangrene & pourriture. Et quant à l'experience , ie luy bailleray bien familiere : c'eſt qu'en tcmps chaud & humide, & lors que le vent Auſtral ſouffle,les viandes pourriſſent en moins de deux heures,tant ſoient-elles fraiſches,de façon que les bouchers en ce temps-là ne tuent leurs beſtes qu'à meſure qu'ils les vendent.Auſſi n'y a-il doute aucune que les corps humains ne tombent en affection contre nature,quand les ſaiſons peruertiſſent leurs qualitez par la mauuaiſe diſpoſition de l'air, dont on a veu certaines années que les navrez eſtoient tres difficiles à guarir, & ſouuent mouroient de fort petites playes, quelque diligence que les Medecins & Chirurgiens y peuſſent faire. Ce que i'ay bien remarque au ſiege qui fut mis deuant Roüen. Car le viee de l'airalteroit & corrópoit tellement le ſang & les humeurs, par l'inſpiration & tranſpiration, que les playes en eſtoient rendues ſi pourries & puantes, qu'il en ſortoit vne feteur cadauereuſe Et ſi d'aduanture on paſſoit vn iour ſans les penſer , on y trouuoit le lendemain grande quantité de vers, auec vne puanteur merueilleuſe,dont ſe leuoient vapeurs putrides, qui par leur communication auec le cœur, cauſoient fiévre continué, auec le foye empeſchoient la bonne generation de ſang , & auec le cerueau produiſoientalienation d'eſprit,reſue- . cecy ſe void bien aux goigieux principale- /7/e/7/, Aphor.2o. . Premiere ſimilitude. Seconde ſimilitude. rie, conuulſions , vomiſſemens, & par conſequent la mort. Et lors qu'on les ouuroit, on trouuoit pluſieus apoſtemes en diuerſes parties de leurs corps pleines d'vn peus verdoyant & fetide. De ſorte que ceux qui eſtoient dedans la ville voyans telles choſes, & que leurs bleſſez ne ſe pouuoient guarir, diſoient que ceux de dehors auoient empoiſonné leurs bales, & ceux de dehors en diſoient autant de ceux de dedans. Et de fait apperceuant que les playes ſe tournoient pluſtoſt à pourriture, qu'a quelque bonne ſuppuration,ie fus contraint, & auec moy la plus grande part des Chirurgiens, laiſſer les ſuppuratifs, & en lieu d'iceux vſer de l'Onguent Egyptiac, & autres remedes ſemblables, pour obuier à la dite pourriture & grangrene,& au- tres accidens ſuſdits-Dauantage ſi le diuers cours du ciel a la puiſſance & la force d'imprimer vne peſtilence en nous par ſes influences, pourquoy ne luy ſera-il poſſible de faire le ſemblable en vne playe, & l'infecter en pluſieurs manieres ? L'experience nous en rend bon & ſuffiſant teſmoignage, non ſeulement en temps chauds , mais auſſi en hyuer. Car meſmes nous voyons que les malades, tant vulnerez qu'autrement diſpo- ſez contre nature,ſont plus tourmentez ſans comparaiſon de leurs douleurs,quand il veut pleuuoir,que lors qu'il fait beau temps , à raiſon de l'air vaporeux & tenebreux, & vent Auſtral, qui meut & agite interieure- ment les humeurs , qui puis apres ſe deſchargent ſur les parties affligées, & yaugmentent les douleurs. Noſtre Medecin a auſſi eſcrit qu'aux batailles de Dreux & Sainct Denys , qui † données en temps d'hyuer, mourut vn grand nombre d'hommes : ce que ie confeſſe bien : mais ie luy nie que ce fuſt par l'ap- plication des medicamens ſupuratifs, ou des corroſifs, ains par la vehemence de leurs bleſſeures, & pour le deſordre que le boulet faiſoit en leurs membres : à quoy aydoit grandement la nature des parties bleſsées, & la temperature des malades, & ſur tout le froid. Car le froid rend les playes difficiles à guarir,voire cau- ſe ſouuent gangrene & totale mortification : comme teſmoigne Hippocrate.Et s'il eut eſté auec moy au ſie- ge de Mets, il euſt veu beaucoup de ſoldats, ayans les jambes eſliomenées par le froid, & vne infinité qui moururent par la violence du froid,encore qu'ils ne fuſſent vulnerez. S'il ne le veut croire, ie le renuoyeray ſur le mont-Senis en temps d'hyuer, où pluſieurs laiſſent la vie, & ſont tranſis tout en vn moment:teſmoin la Chapelle des Tranſis, qui en a pris le nom. Il m'a pareillement calomnié , d'auoir fait ſimilitude du ton- nerre à l'artillerie.Veritablement on peut dire qu'ils ont ſemblables effects. Car la diabolique poudre à ca- non faict des choies ſi merueilleuſes, qu'ils eſt facile à prouuer qu'ils ont grande ſimilitude entr'eux Et pre- mierement on peut comparer le feu ſortant par la lumiere du canon à l'éclair, en ce qu'il eſt veu parauant que le tonnerre ſoit oüy. Car le ſemblable ſe fait en l'autre : ce quiaduient,parce que l'oreille n'eſt ſi prom- Pte que l'œil, à receuoir les obiects de ſon ſens.On peut auſſi comparer l'eſpouuentable bruit que font les gros canons à celuy de la foudre. Tellement que lors qu'il ſe fait quelque grande batterie auec des groſſes Picccs » •! - V. B · Des Playes d'arquebuſes. 285 A pieces, on en oit le bruit quelquesfois loing de vingt lieuës, plus ou moins,ainſi que le vent rapporte le retentiſſement du ſon. Les premiers coups ne ſont pas entendus, comme les autres ſuiuans. C'eſt que par la multiplication des ſons s'entreſuiuans , & ſuccedans, le plus proche pouſſe ſon voiſin, qui puis apres - pouſſe l'autre, & l'autre vient à nos oreilles. Semblablement les balles jettées par la poudre, d'vne viſteſ- .Trºiſieſme ſe ineſtimable, rompent & briſent tout ce qu'elles rencontrent, voire ont plus de force contre les choſes ſimilitude. dures,que contre les molles,en ce reſſemblantes au tonnerre,qui comminué l'eſpée dedans le fourreau qui demeure entier, fond l'argent en vne bourſe ſans la rompre.Ainſi(comme i'ay par cy-deuant eſcrit ) ôn a veu pluſieurs que les bales n'ont aucunement touchez,aufquels neantmoins l'impetuoſité de l'air fait par la pouldre ſortant du canon,a rompu & brisé les os ſans aucune apparence manifeſte de ſolution de côtinui- té en la chair,voire les a meurtris & tuez promptement,comme ſi c'euſt eſté la fcudre.La poudre à canon a É)uatrieſne auſſi vne odeur puante,qui ſent le ſoulphre,imität l'odeur qui demeure au lieu où ſera tombée la pierre de ſimilitude. la foudre,laquelle non ſeulement les hommes ne peuuent ſentir, mais les animaux auſſi ſont contraintsd'a- bandonner leurs cauernes & taſnieres,lors qu'elle y eſt tombée,ne pouuans endurer la puanteur ſulphurée delaiſsée par le tonnerre.Mais encore leur fimilitude eſt plus manifeſtée par les effects de ladite poudre, la- Cinquiſme quelle eſtantencloſe dedanslesmines, & conuertie en vent par le feu qu'on y met, bouleuerſe les mon-ſimiiiiººº ceaux de terre ſi gros que montagnes,rompt & demolit les fortes tours,renuerſe les montagnes s'en-deſſus deſſous. Ce que i'ay aſſez donné à cognoiſtre par l'hiſtoire que i'ay ailleurs eſcrite, à ſçauoir qu'on a veu ºiºlº puis n'agueres à Paris le feu s'eſtant mis en la poudre de l'Arſenal cauſer vne ſi grande tempeſte, qu'elle fit effects de la trembler preſque toute la ville,& tomber par terre toutes les maiſons prochaines, deſcouurit & defeneſtra poudre à celles qui eſtoient plus à l'écart de la furie.Bref comme la foudre en s'eclattant,réuerſant çà & là quelques " hommes demy-morts,aux vns oſta la veue,aux autres l'ouye, & en laiſſa pluſieurs non moins deſchirez en leurs pauures membres,que ſi quatre cheuaux les euſſent écartelez,& tout ce par l'agitation de l'air, en la ſubſtance duquel ladite poudre eſtoit conuertie.Semblable fait arriua en la ville de Malines l'an 1546. par Ia cheute du tonnerre dedans vne groſſe & forte tour, où y auoit grande quantité de poudre à canon, qui demolit preſque la moitié de la ville,& tua vn grand nombre de perſonnes, dont i'ay veu depuis vh peu de - temps les veſtiges encores bien apparens. Ces exemples ſont à mon aduis ſuffiſans pour contenter noſtre concluſion. Medecin , & luy monſtrer qu'il y a grande ſimilitude entre les effects de la poudre à canon & du tonnerre. Combien que ie ne veux pour cela côfeſſer que les coups d'arquebuſes ſoiét accompagnez de poiſon & de feu,comme les coups de la foudre.Car encore qu'ils conuiennent les vns auec les autres par les ſimilitudes En quoy la predites, ce n'eſt pourtant en ſubſtance & matiere,mais pluſtoſt en la maniere de caſſer, briſer, & diſſiper foudre c- ies obiects qu'ils rencontrent à ſçauoir les coups de foudre par le moyen du feu & de la pierre engendrée !#º en iceluy,& les coups de canon par l'air impetueuſement pouſsé,qui conduiſant la balle,fait vn appareil & ºf" auſſi tempeſtatif deſaſtre que le tonnerre. Ces choſes conſiderées,ne faut-il pas confeſſer que ceux qui ont eſcrit que les coups de canon & le tonnerre ont grande ſimilitude enſemble,ne l'ont dit ſans raiſon?Au de- . - - meurant ce Medecin n'a pas eu grande peine à prouuer comme la poudre à canon n'eſt venimeuſe, & que les balles ne peuuent bruſler , non plus qu'à inuenter & nommer les inſtrumens propres à extraire les cho- ſes eſtranges,parce qu'il les a trouuez tous maſchez en mon liure, auec pluſieurs autres choſes qu'il a eſ- crites,comme «hacun le pourra cognoiſtre,par la conference de ſon liure & du mien. Il a auſſi enrichy ſon liure de pluſieurs ſentences, & raiſons qu'il a recueillies d'vn autheur Italien, nommé Bartholomzus Ma- gius Medecin de Boulogne, qui en a eſcrit aſſez bien en vn traicté intitulé , 7De vulnerum sclopetorum cura- tione:combien qu'il nel'a pas recogneu pour guide,ains l'ayant traduit preſque mot pour mot, ena neant- moins fait ſon propre,& pour traducteur s'eſt nomméautheur.Venons maintenant à ſa belle practique, & Nouuelle methode nouuelle de guarir les playes faites par baſtons à feu:Premierement, il veut qu'on y applique des ſorte deſº- medicamens ſuppuratifs,leſquels toutesfois il n'entend eſtre chauds & humides, ny de ſubſtance emplaſtri-" atift. que : mais tout au contraire,il les ordonne chauds & fecs.Parce(dit il)que ce n'eſt pas comme aux abſcez, où il ne faut auoir autre cure que de ſuppurer:mais icy,où les playes ſont auec contuſion, pluſieurs diuer- ſes indications en ſourdent,d'autant que la contuſiö veut eſtre cuitte & meurie,& la playe deſſeichée.Pour reſpondre à cela,ie le renuoyeray apprendre la nature & qualité des ſuppuratifs en Galien,au 5.des Simples, & tout d'vn chemin au 1o.de ſa Methode,qui luy enſeignera,qu'aux maladies compliquées il faut conſide- rer la cauſe,l'ordre & l'vrgent.Puis ie luy demanderay volontiers s'il ſçaura guarir la playe faite par coup de boulet,que la contuſion ne ſoit premierement bien ſuppurée. Il me ſemble que non, & de ce ie m'en rapporteau iugement de tous bons practiciens.Par ainſi noſtre baſilicum,& noſtreoleum catellorum,& au- tres tels medicamens ſuppuratifs,ſeront propres à ſuppurer les playes faites par arquebuſes.Secondement, il veut qu'on mette dedans la playe de l'oxycrat,pour eſtancher le flux de ſang. Et s'il ne peut eſtre arreſté par ce moyen, qu'on y applique vn medicament fait de blanc d'œuf,bol armene,vinaigre roſat,& du ſel. Ie - jaiſſe à penſer ſi tels remedes ont puiſſance d'arreſter le flux de ſang,eſtans appliquez dedans la playe. Cer- Le vinaigre tes ils le feroient pluſtoſt fluer dauantage, à cauſe que le vinaigre eſt de qualité tenuë & mordante, cau-º le flux ſant douleur,fluxion,inflammation, & autres mauuais accidens , comme ie l'ay cogneu par experience : & de ſang. ne ſçay aucun Chirurgien,qui ayant exercé l'art,vouluſt ſuiure telle façon de practiquer,qu'il ne s'en trou- - uaſt trompé.A ce propos me ſouuient auoir pensé vn More, qui eſtoit à Monſieur le Comte de Roſſy, le- A quel fut bleſsé deuant Boulongne par vn Anglois,qui luy donnavn coup de lance au trauers du bras.Donc pour cuidereſtancher le ſang,ie mis dedans ſa playe vn reſtraintif, où il y auoit du vinaigre à faute d'au- tre. Mais toſt apres ilme reuint trouuer,diſant qu'il luy ſembloit auoir le feu au bras, & fus contraint le penſer de nouueau,& changer de remede en ſa playe, appliquant ledit reſtraintifpar deſſus. Ie croy que Erreur con. ce Medecin n'a cognºu telle choſe : autrement l'eſtime-ie fi homme de bien , qu'il ne l'euſt mis dedans ſon uert d'ien . liure pour vn bon reſtraintif. Dauantage il loue ſur tous autres remedes ſon baume fait d'huile de cire & rance, myrrhe,battus auec vn iaune d'œuf, ou bien le baume naturel qu'on apporte de Perou : & dit, qu'ils con- ſomment l'humidité ſuperflue des playes,& confortent tellement les parties , qu'il n'y ſuruientaucun acci- dent perilleux : & ncantmoins dit, qu'ils ne conſolident, ne font reprendre ces playes icy, comme ils fe- roient celles qui ont eſté faites de taille. Veritablement c'eſt choſe bien eſtrange,de vouloir penſer & gua- - - rir les playes contuſes, comme les ſimples quine demandent que ſeule vnion. Outre plus ces baumes ne # de4 peuuent eſtre propres aux playes faites par arquebuſes, d'autant que par leur ſiccité ils empeſcheroient la ## ſuppuration,ſans laquelle ne peuuent eſtre guaries.Et s'ils y conuiennent en aucune maniere, ce ſera ſeule- p # A3f- ment apres la contuſion ſuppurée,& la playemondifiee.Mais encore ne ſçay-ie où l'on pourroit trouuer tant # 077# d'extracteurs de quinte-eſſence,pour preparer & fournir tant de baumes qu'il faudroit pour penſer les ſol- #e dr dats qui ſeroient bleſſez en vne rencontre,ou bataille,ou en quelqueaſſaut de ville : ne où ils prendroient à Pro?of. l'argent pour ſatisfaire aux frais. 4 Venons au reſte.Il ordonne que ces baumes ſoient inſtillez dedans les playes ſans tentes & ſe reprenant Puis 2.86 L'onzieſme Liure, - puis apres dit,qu'il ſeroit bon y en mettre vne petite & courte ſeulement pour empeſcher que les bords de Neceſſité des la plaºe ne ſe rejoignent.Comment ſeroit-il poſſible que ces baumes & autres onguents peuſſent eſtre por- rente & ſe- tez au fond de la playe,ſans tentes ou ſetons,deſquels l'vſage eſt principalement de porter les medicamens #0775 • Contradi- iuſques au profond des playes,& les tenir ouuertes,pour donner iſſuë aux choſes eſtranges?Tous les bons practiciens ne luy accorderont iamais ce poinct,ne ceux qui ſçauent que c'eſt de penſer telles playes. Or il étion d**- y a encore icy vne choſe digne d'eſtre bien notée : c'eſt qu'apres auoir reprouué l'onguent Egyptiac, il ne decin. L'Esyptiac »'eſt ſuppu- ratif. Contradi- diion tot4- chant le » laiſſe pourtant de commander qu'on l'applique,depuis le commencement iuſques à ce que la contuſion ſoit du tout ſuppurée:& veut qu'on en vſe ainſi. Prenez,dit-il,de l Egyptiac diſſout en vne decoction faite de la ſommité d'aluyne & de mille pertuis & de petite centaure & plantain,& en ſyringuez la playe.Il en deſcrit , puis apres vn autre,fait d'eau de plantain & miel roſat,boüillis enſemble à l'eſpeſſeur & conſiſtance de miel, en l'eſcumant bien : puis meſle autant de cecy que d'Egyptiac enſemble;& dit que cet onguent ſuppure les arquebuſades. Ie laiſſe à penſeraux lecteurs Chirurgiens experimentez, ſi tels remedes ſont ſuppuratifs. Quant à moy ie les eſtime plus propres à deterger & mondifier,qu'à ſuppurer. Il a finalement eſcrit qu'il ne faut penſer la playe que de quatre en quatre iours. Et s'il ya fracture d'os,qu'on n'y touche, ou qu'on ne leue l'appareil iuſqu'au huictieſme iour.Puis il dit en vne autre endroit,qu'il eſt côuenable inſtiller tous A | les iours dix ou douze gouttes de ſon baume dedans la playe, Veritablement telle doctrine eſt pour bien ! eſtonner le ieune Chirurgien, pour ſçauoir quelle maniere de practiquer il deura ſuiure. Et qui ſuiura la tºpº ºka- ſienne, je luy puis aſſeurer qu'il fera ſouuent ouurir le Ciel & la terre:le Ciel,pour receuoir les ames,& la biller les · playes d'ar- quebuſe. Les mauuais practiciens terre pour les corps.Mais c'eſt aſſez parlé de ceſte matiere pour le preſent , puis que nous ſommes aſſeurez que toutes ces petites cauillations ne pourront en rien diminuer la reputation de noſtre liure : duquel les eſtrangers ont tant fait de cas, qu'ils l'ont traduit en leurs langues maternelles pour en auoir communica- tion. Partant nous dirons adieu à noſtre Medecin,apres l'auoir prié de reuoir & corriger ſon liure le plu- font ouurir ſtoſt qu'il pourra, pour ne retenir plus longuement les ieunes Chirurgiens en l'erreur dont ils pourroient le ciel & la auoir eſté imbus par la lecture d'iceluy : car les plus courtes folies ſont les meilleures. ferré', Premiere_, raiſon. Reſponce. Seronde , raiſon. Reſponſe. - · cAutre diſcours ſur la queſtion de la venemoſité des playes des arquebuſes. - -|. C H A P. XVI. - E me ſuis trouué depuis quelques mois en la compagnie de quelques doctes Medecins , & bien experts Chirurgiens,leſquels par maniere de deuis, remettans enjeu la queſtion de ve- -7 $. nenoſité des playes d'arquebuſes,s'efforçoient principalement par cinq raiſons de prouuer la # # # venenoſité eſtre conjoincte auec icelles playes, non à raiſon de la pouldre à canon, laquelle 42237 # ils confeſſoient auec moy eſtre exempte de tout venin,& en ſa compoſition & en ſon eſſence: mais à raiſon de la balie,dedans laquelle le venin pouuoit eſtre tranſmis, mixtionné & incorporé. La pre- miere raiſon eſt, que le plomb eſtant fort rare & ſpongieux , comme la facilité de ſa fuſion & molleſſe le monſtrent, eſt par conſequent fort propre à s'imbiber de quelconque liqueur. Mais telle conſequence me " ſemble peu 2ſſeurée:car en toute mixtion artificielle,quelle eſt celle dont nous parlons,il,y a deux choſes à conſiderer:la matiere des corps qui entrent en la mixtion,& la forme ſelon la matiere. Tels corps doiuent eſtre liqnides,ou mols,ou friables,& aiſez à mettre en petites portions, afin que facilement de toutes parts eiles ſe puiſſent rencontrer,joindre, & vnir.Selon la forme,elles doiuent eſtre alliables & compatibles les vnes auec les autres:ce qui fe cognoiſt euidemment en l'eau,combien que leurs matieres ſoient liquides,& aisées à meſler auec infinies autres choſes, ne pouuans toutesfois eſtre meſlées enſemble à raiſon de l'anti- pathie de leurs formes. Ainſi l'or & l'argent ſont tant amoureux du plomb, que quand il eſt queſtion de les fondre,on les met peſle-meſle auec le plomb : mais l'airain fuit autant le plomb, que l'or & argent fuyent l'eſtain(ou plomb blanc. ) Si donc le plomb & l'airain liquefiez ne ſe peuuent omeſler enſemble, bien qu'ils ſoient contenus ſous vn meſme genre & eſpece metallique, comme ſe pourroit incorporer le Plomb auec autre choſe veneneuſe,d'eſpece & forme toute differente ? Venons à la ſeconde raiſon. Le fer(diſent-ils) qui eſt plus denſe,ſolide,& moins poreux , peut receuoir quelque qualité veneneuſe, comme le monſtrent les fleches enuenimées,dont les anciens vſoient : parquoy le plomb pourra a plus forte raiſon receuoir tel venin. Pour reſponſe,ie dy que le venin peut bien eſtre reçeu en la ſuperficie du fer , mais non pas en ſa ſubſtance interieure par meſlange. Or eſt-il icy queſtion d'incorporation, & non de ſimple enduiſement # | |}s Troiſieſme , & inonction.Voyons la troiſieſme raiſon. Nonobſtant(diſent-ils ) que le plomb rejette ſa craſſe & ordare raiſen. Reſponſe. à la fonte, toutesfois il ne lairra de receuoir & s'abbreuuer de quelque ſubſtance eſtrangere : ainſi que l'acier(metal entre tous le plus ſolide) reçoit vne trempe qui l'endurcit,de toute contraire ſubſtance. Pour reſponſe,ie dy que quand la trempe eſt donnée à l'acier, icelle n'eſt receuë dedans la ſubſtance interieure d'iceluy : car ſi telle choſe eſtoit neceſſaire pour l'endurciſſement,cela ſe feroit plus aisément lors que l'on fond,& liquefie ledit acier,meſlant la trempe parmy pour l'incorporer, pluſtoſt que d'attendre qu'il ſoit f)uatrieſme pris & conſolidé en barre. Ceſte reſponſe ſeruira meſme de refutation'pour la quatrieſme raiſon , par la- raiſoa. Reſponſe. Cinquieſme raiſ m. Reſponſe. quelle ils diſent que de jus de Napellus & Rhododendron, d'apium riſus, & autres, qui de toute leur ſub- ſtance bleſſent & corrompent la noſtre,meſlées auec le plomb,on peut faire des mixtions ſi veneneuſes,que les playes en ſeront neceſſairement veneneuſes. Ie dy au contraire,que la mixtion eſt ſeulement des choſes · qui ſe peuuent non ſeulement appliquer, mais auſſi attacher & adherer; bref incorporer & vnir lesvnes auec les autres. Or comme pourra ſeulement adherer l'eau ou autre ius quelconque liquide auec le Piomb, qui eſt dur & ſolide , tant s'en faut qu'il ſe puiſſe vnir ? La varieté de cela ſe iugera mieux par experience» que par raiſon. Faites fondre le plomb dedans les ius recité cy-deſſus,ou autres que voudrez choiſir. Ce- la faict,poſez l'vn & l'autre, vous trouuerez reſter l'égale meſure deſdits ius , & l'égal poids du plomb qui eſtoit par deuant : ſigne tres-euident, que ny le plomb ne s'eſt rien incorporé deſdits ius, ny les ius rien perdu de leur ſubſtance. La cinquieſme raiſon eſt telle. La balle laſchée d'vne arquebuſe contre quel- que pierre,ou autre corps de pareille dureté, ne s'eſchauffe pas tant, qu'elle ne ſe laiſſe bien manier auec la main , ſi on la prend incontinent apres le coup. Parquoy cela eſt faux, que le venin empraint dedans la balle puiſſe eſtre conſommé par le feu de la poudre enflammée. Pour reſponſe faut noter , que quand nous diſons, qu'encores qu'on peuſt empoigner la balle, toutesfois le feu conſommeroit le venin , nous entendons cela non du feu de la poudre eniiammée, lors qu'on deſſerre l'arquebuſe : mais du feu , par le- queil'on incorpore le plomb fondu auec ledit poiſon:lequel agiſſant immediatement ſur le venin non en- cores enueloppé ny embrouillé d'aucun corps eſtrange,& agiſſant auec temps & loiſir , non en vn inſta1,t & tout à coup, peut , ſi non conſommer, à tout le moins rabattre grandement les forces du venin. ceux qui ne ſe voudront contenter de ces raiſons,qu'ils liſent Matheole ſur la Preface du liure ſixieſme º†ſ- COI 1Cl C B j (ºi # # # : n (! , L ) - Des Playes d'arquebuſes. 287 coride. Il y a, dit-il , des Modernes ſi fols & ignorans, qu'ils ont fait ietter dedans l'or ou l'argent fondu, Grandean- deſquels on vouloit faire des vaſes, de la theriaque, du mithridat, & d'autres antidotes,afin que ces m§ §iºn - ayans acquis à la fonte les vertus deſdits antidotes puiſſent reſiſter aux venins. Mais combien ceſte opinion L'autheur eſt ſotte & ridicule, ceux meſmes le peuuent iuger qui n'ont que mediocre cognoiſſance des choſ§ ſe deſent relles. & principalement des metaux , tant s'en faut qu'elle ait beſoin de plus euitente rehtation.v§ les tant qu'il raiſons, voila l'authorité, qui me retiennent en ma premiere opinion des playes faites par ·rquebuſes, non Pº , ººntrº conjointes auec venenoſité. - ſes enteieux & ennemis - -- - de ſon liure Des differences des playes faites parfleches,& de celles qui ſont faites pararque ſe, C H A P. X V I I. - E s playes qui ſont faites par fieches, traicts d'arbaleſte, ou autres baſtons ſemblables diffe- Les playes de à rent en deux choſes de celles qui ſont faites par arquebuſes, & autres baſtons à feu : car§ trai#ſ . % nesfois elles ſont trouuées ſans contuſion,ce que iamais n'aduient aux playes faites par baſ§ uent ſan, cs- - S feu : ſouuent auſſi ſont veneneuſes. Et ſelon ces deux differences faut diuerſifier la curatio§ tuſion, é ſöt confiderer les differences des fieches & des dards, pource qu'elles ſeruent beaucoup à la cognoiſſanc# ſouuent ve- curation deſdites playes. * neneuſes. De la différence des fleches & dards. CH A P. XV I I I. ," g E s fleches & dards different en matiere, en forme ou figure, en magnitude, en nombre , en Diff # maniere & faculté, ou vertu. La difference en matiere eſt que quelques-vnes font de bois, & #; S, les autres de cannes ou roſeaux : les vnes ſont en leur extremite garnies de fer , de Plomb, dard,& #. $ d'eſtain, d'airain, de corne, de verre, ou d'os; les autres non. La difference de la forme eſt , , #ru- ^s telle, que les vnes ſont rondes, les autres angulaires , les autres barbelées en forme d'eſpy: mens, les vnes ont la pointe tirant en arriere, les autres en bas : & aucunes ont pointe vers les deux parties, ſça- uoir en auant & arriere , aucunes de coſté & d'autre : aucunes ſont larges deuant & trenchantes en forme de cizeau. Quant à la grandeur, aucunes ſont longues de trois doigts, & les autres moyennes. Le nombre les fait differentes en ce, que les vnes ſont ſimples, n'ayans qu'vne ſeule pointe : les autres ſont compo- sées en ayans deux,ou pluſieurs.Auſſi en icelles la maniere eſt diuerſe. Car les vnes ont le ferinſeré dedans le fuſt : les autres ont le fuſt inſeré dedans le fer : les vnes ont le fer attaché & cloiié : les autres non,& tiennent ſi peu , qu'en les tirant, le fer demeure, qui font les playes beaucoup plus dangereuſes. La faculté les fait differer, ºn ce qu'aucunes ſont(comme a eſté dit ) enuenimées, les autres non. Telles ſont les differences ! peciales & propres des fleches & dards, ſelon leſquelles les diſpoſitions qu'elles delaiſſent, diuerfifient la curation, Tu peux voir en ceſte figure les differences ſuſdites. SPl- | I06' la diffreme des parties bleſsées. C H A P. XIX. E s differences exposées, il nous faut conſequemment Parler de la diuerſité des parties af-ze différence fectées, qui ſont ou charneuſes, ou oſſeuſes : quelques-vnes pres les jºiº les autres de- des piºyes.ſ- |% dans icelles : aucunes auec grand flux de ſang & fracture d'os, les aººººººº ſont lon leurs és membres principaux, les autres ſuperficielles. Et ſi en aucunes de telles playes apparoiſ- lieux. - ſent ſignes manifeſtes de mort, il en faudra faire bon prognoſtic deuant qu'y toucher, afin Prºgnoſtic de ne donner occaſion aux ignorans de médire de noſtre Art. Or laiſſer le traict au corps, cauſeroit la mort # ineuitable, & feroit eſtimer le Chirurgien inhumain & impitoyable, & l arrachant le malade parauenture # en rechapera : car comme nous auons dit , il vaut mieux tenter vn remede douteux » que laiſſer le malade ſans ſccours- "-- $ z # º Q. De l'extraction desfleches. C H A P. XX. o v c H A N T l'extraction des fleches,il faut éuiter d'inciſer,dilacerer & rompre les veines,arte- peu moyens res, nerfs, & tendons, s'il eſt poſſible : car ce ſeroit choſe ignomineuſe, & contre l'art, fi on of # #º les fenſoit nature plus que la fleche. La manierede les tirer eſt double LYnº ſe fait par ex raction,& fºº. l'a§ar pouſſer outre. Pattant dés le commencement & Premier aPPareil, il conuient oſter # 288 L'onzieſme Liure, eſtranges (ſi aucunes y'en a) comme les fers deſdites fleches, leur fuſt, ou bois, & antres choſes ſemblables, A - ainſi qu'il a eſté dit des playes faites pararquebus, & par les moyens. Et pour mieux les extraire, conuien- dra ſituer le patienrcn la figure qu'il eſtoit lors qu'il aura eſté bleſsé, pour les raiſons ſuſdites,s'il eſt poſſi- ble, & vſer d'inſtrumens propres a cet effect, principalemnt, comme eſt ceſtuy, qui a vne canule fenduë #dentelée par delors, en laquelle s'inſere vneverge ſemblable à celle du tire-fonds de l'arquebuſe, qui a paul. Egin. eſté figurée cy dºº horſmis qu'elle n'eſt faite a viz en ſon extremité.Auſſi eſt-elle plus groſſe,afin de di- Hipocr. later la cannule 9º remplir la cauité du fer, & l'extraire hors , tant des parties charneuſes qu'oſſeuſes, pourueu qu'ilº ſoit demeuré du bois de la fleche en la cauité du fer Cet inſtrument auſſi y eſt propre,qui ſe dilate en omprimans les deux extremitez de derriere, dentelé auſſi par le dehors, ainſi que tu peux voir Les ſignes , º § fi re. Les ſignes pour cognoiſtre où eſt le fer, ſont, que ſi l'on couche la partie où il eſt, l'on ſen- i. tira aſperº & inegalité: auſſi la chair apparoiſtra contuſe , liuide & noire, & le patient ſentira peſantur & # # douleur qntinuelle en la partie vulnerée. rº 044 fer. Inſtrumens propres à tirerlesfers des fleches, dont le fuſt eſt dehors. Ceſtuy s'ouure par vne viz qui s'inſere dans ſa can- nule. Ceſtuy ſe dilate en comprimant la poignée. Tenailles à vi{ auec le bec de Corbin. Inſtrument fermant & ouurant à viz, commode à tirer les fers des fieches,auecvn bec de Corbin pro- pre à tirer les mailles, & autres petits corps eſtran- SCS- - Autre petit crochet pour tirer les mailles & au- C tres choſes eſtranges,qui ſe pourront accrocher:du- quel auſſi te pourras ſeruir à ce meſme effect aux bleſſeures des arquebuſes. Que ſi par cas fortuit le fer babelé, ſoit de fleche, picque,dard,ou lance, demeure en quelque partie du corPs , comme ( pour exemple ) en la cuiſſe ou jambe, encores auec portion de bois qui fuſt rompu par éclats alors faudra que le Chirurgien coupe le bois au deſſus des éclats, auec tenailles inciſiues : puis qu'il tirclcdit fer auec tenailles dentelées, comme tu peux cognoiſtre par cettc figure, D Hippocrate au cinquieſme des Epidemies,dit auoir oſté le fer d'vne ſagette,ſix ans apres,eſtant pres l'aine, Com2»m2 Des Playes d'arquebuſes. 289 lk & # commeilfaut proceder pour tirer lesfleſches rompuës. C H A P. XXI. A 1 s ſi le fer eſt d'auenture rompu de telle ſorte, qu'on ne lc puiſſe prendre auec les ſuſdiies Danrereuſe tenailles,ſoit tiré,ſi poſſible eſt,auec le bec de Grue ou de Corbin, ou autres inſtrumens pro-playe. 2 pres, qui ont eſté dépeints cy-deuant. Et ſi le fuſt eſt rompu ſi pres du fer, qu'on ne puiſſe # auoir priſe audit fer, ny au fuſt auec le bec de Grue, alors faudra l'extraire auec le Tirefond Sº de l'arquebuſe. Car s'il s'inſere dedans le plomb , à plus forte raiſon il entrera bien dedans le bois. Pareillement,ſi le fer eſtoit barbelé, ainſi que ſouuent eſt le fer des fleſches Angloiſes; lors s'il eſt poſſible, le conuient pouſſer outre la partie auec vn inſtrument propre : car par ce moyen l'on euitera plus grand danger pource qu'en le tirant,les barbillons pourroient rompre,tant les nerfs que les veines,arteres 9)uelques- & autres parties.Ce que ſoigneuſement on doit éuiter. Pource eſt-il meilleur de faire vne contre-ouuer- fois on doit ture de i'autre part à l'endroit du fer,& le mettre hors en pouſſant outre, ſupposé qu'il y euſt petite épeſ-fair vº, ſeur à inciſer : car par ce moyen & en moindre danger la playe qui aura double iſſue, l'vne par deuant, & contr'ouuer- 1'autre par derriere, ſe guarira pluſtoſt , à raiſon qu'on y peut appliquer remedes d'vne part & d'autre : & ture. auſſi qu'elle ſe mondifiera mieux.Au contraire,ſi le fer ayant barbillons,eſtoit à l'endroit d'vn os,ou inſeré dedans,ce que ſouuent aduient au profond des muſcles de la cuiſſe, des bras,des jambes, ou d'autres par- ties,eſquelles y auroit grande diſtance,lors ne le conuient pouſſer,mais pluſtoſt dilater la playe, en éuitant les nerfs & grandsvaiſſeaux,ainſi que fait le bon & expert Chirurgien anatomique.Auſſi faut deuëment § pliquer vn Dilatatoire caue en ſa partie interne, & faire en ſorte que l'on puiſſe prendre les deux aiſles du ter,puis auec le bec de Orué le tenir ferme,& tirer les trois enſemble,comme ceſtuy te monſtre. T)ilatatoire, qui à certaine cauité au dedans,auec vn bec de Gruè, tenant vn fer barbelé. =ErT7mmmmy & T 2 Zº *** , , , ... , Lulu.M V § 27 ce qui fautfaire quandla fleſche eſt inſerée en l'os. C H A r, XXII. 2 R ſi le traict ou la fleſche eſt inſerée dedans l'os,de façon qu'il ne puiſſe eſtre oſté en pouſſant \) outre,mais bien en le tirant par le lieu où il eſt entré, il le conuient ébranler & mouuoir ſä- gement, ſi d'auenture il tient fort : ſe donnant ſi bien garde, qu'il ne ſe rompe, & que por- < tion d'iceluy ne demeure dedans l'os, ce que pourras faire par l'inſtrument nommé Bec de ɺNº Corbin, ou autres propres à ce, cy-deuant figurez. Quant & quand ne faudras à exprimer Il faut laiſ- * le ſang,le laiſſantaſſez couler,prenant indication de la vertu, afin que la partie ſoit deſchargée, & moins ſer coulerº moleſtée d'inflammation,de pourriture,& d'autres mauuais accidens.L'extraction faite, & le premier appa-ſºs- reil,ſi la playe eſt ſimple,tu la traitteras comme ſimple : mais s'il y a complication , tu la cureras ſelon que les diſpoſitions ſeront compliquées. Pour appaiſer la douleur, tu pourras appliquer auec grand profit, oleum catellorum de noſtre deſcription cy-deuant.Et pour ſuruenir aux autres accidens,auras recours aux playes en general,& à celles des arquebuſades. - • Des bleſſeures enuenimées. . C H A P. XX II I. % E s T E maintenant entendre & conſiderer,que ces playes ſont quelquesfois enuenimées(com- signes des % me nous auons dit)& que cela prouient de la cauſe primitiue des fleſches ainſi preparées par playes ensº° l'ennemy. Ce quel'on peut cognoiſtre,tant par le recit du navré, diſant ſentir grande & poi-miméº Q. , r) gnante douleur, comme s'il euſt eſté mordus de mouſches à miel (principalement és venins 7TVNN2 chauds, deſquels on vſe plus ſouuent en tel cas)que par la chair du vulneré, qui deuient paſ- le & aucunement liuide,auec quelque apparence de mortification. A quoy pluſieurs autres griefs & plus grands accidens ſuruiennent,qui n'ont couſtume d'aduenir aux autres playes, où n'y a point de venenoſité. Parquoy du commencement(apres auoir tiré les choſes eſtranges, fi aucunes y en a)faut faire des ſcarifica- tions aſſez profondes autour de la playe,y appliquant ventouſesauec grande flambe,afin de faire attraction & vacuation de la matiere virulente. Pareillement ladite attraction ſe fera en faiſant ſuccer la playe par † homme qui tiendra cependant vn peu d'huyle en ſa bouche, & qui n'aye aucune vlcere en icelle, e peur que le venin ſuccé & attiré ne s'y attache.Se fera auſſi attraction par application d'onguents, cata- †º autres choſes qui ſeront declarées cy-apres, par- t des morſures & picqueures des beſtes veneneuſes. Fin de l'onxieſme Liure des Playes des arquebuſit,fleſhti & dards. - B b TA BL B 2 9O - | . " • # Q# # #r**.3rs1: T A B L E D E S C H A P ITR E S - D V L I V R E XII. Des Contuſions, Combuſtions, & Gangrenes. g E la difference des Contuſions & Meurtriſſeures. Chapitre ! $N De la curation vniuerſelle des grandes & enormes Contuſions. # Chap. ij - : Nſ) De la maniere de traitter les Contuſions auec playe .. Chap. iij · Des Contuſions ſansplaye » , Chap. iiij Des moyens d' obuier aux menaces des Gangrenes, qui peuuentſui- 27 ure les contuſions. Chap. v KS CM erueilleux accidens qui viennent aux Contuſions faicfes.ſurles #W & ésSes $N\ co#es. Chap. vj Diſcours de l'Autheur, touchant l'vſage de la Mumie, contenant dix chapitres. Des Combuitions, Bruſleures, & differences d'icelles. | . Chap.xvij Des medicamens chauds & attractifs, qui oitent la douleur& inflammation. Chap. xviij Qu'vne profonde combustion n'eſt tant douloureuſe qu'une ſuperficie4e-. Chap. xix Des Gangrenes & mortifications Chap. xx Des cauſes generales de Gangrene_ . Chap. xxj Des cauſes particulieres de Gangrene_f. Chap.xxii Des cauſes antecedentes de Gangrene . | Chap. xxiij Des ſignes de Gangrene . · - Chap. xxiiij Duprognojtic des Gangrenes. · Chap. xxv De la cure generale de Gangrene . · Chap. xxvj De la cureparticuliere de Gangrene . Chap. xxvij Des ſignes des mortifications parfaictes. Chap. xxviijº Du lieu où ilfaut commencer l'amputation du membre . Chap. xxix Du moyen de procederà laſečtion du membre_». Chap. xxºx Des moyens p ourarreſter le flux deſang, quand le membre gſtcoupé. Chap. xxxj Comment il faut proceder au traictement da membre amputé , le flux de ſang arreité Chap. xxxij • l, º# fautfaire , s'ilſuruenoit flux de ſang, à cauſe d'vw deſdits vaiſſeaux deliez. hap. xxxiij Des medicaments emplaitiques. Chap. xxxiv Digreſſion de l'Autheur,fort neceſſaire à bien conſiderertvuchant les cauteres aſtuels, deſquels on a vsé iuſques icy, apres l'amputation. -- Chap. xxxv La maniere de pourſuiure la curation du membre amputé. Chap. xxxvj Hiffoire memorable d'vne mortification aduenuë à vw ſoldat, auquel le brº fut coupé, à la jointure du coude , - Chap. xxxvij L E l, ' - - TRAICTANT DES CONTVSIONS, C O M B VSTIONS, ET GAN GRE NE S. PAR AMBROIS E PARE DE LA VAL AV MA Y NE, Conſeiller, & premier Chirurgien du Roy. Des différences des contuſions& meurtriſſeures. CH A P. I. A 1 N T E N A N r nous traicterons des contuſions & meurtriſſeures , com- $ mençans par la definition de contuſion:qui eſt ſelon Galien(liure Te conſti- f, tutions artis)ſolution de continuité en chair,ou os,faite par bâſton,ou ferre- ti / ment gros & peſant,ou parcheute de haut.Le ſymptome qui enſuit tellema- y ladie,eſt meurtriſſeure,dite d'Hippocrates en la ſection ſeconde du liure des .. , . W4 fractures,Palioſis,ou 2melaſna,c'eſt à dire,noirceur ou liueur. Ce qui ſe fait Diferenses % en diuerſes manieres, ſelon le ſang qui tantoſt s'épand aux parties ſolides, ºs e 9 tantoſt aux cauitez† du corps,& quelquesfois ſeulement auparties fº - 1] exterieures.Or le ſang s'épand dedans le corps,quand,pour exemple,quel- 7 | | A qu'vn chet du haut en bas d'vne breche:ou quand il a eſté preſsé ſous quel- - « quegrand & peſant fardeau,comme il aduientés mines,auſquelles bien ſou- * uent grande quantité de terre, ou de pierre tombent ſur les ſoldats & mi- neux ou parvne extreme tenſion,comme eſt celle de la geſne:ou par trop deſordonnément crier, au moyen duquel excés quelque vaiſſeau des poulmons ſe peut rompre.Pareillement, pourvne harquebuſade receuë au trauers du corps,le ſang peut ſortir des vaiſſeaux vne partie duquel ſe jette par les ſelles & yrines, ainſi , , ue?ay veu aduenir à pluſieurs, meſmement à defunct Monfieur de Martigues, qui au dernier ſiege de He-Hiſtoire de# § voir par deſſus le rempart de la muraille, les ennemis qui la ſapoient au pied, fut fra pé d'vn Monſieur dé coup de harquebuſe au trauers du corps dont toſt apres jetta le ſang par labouche,par le ſiege , & laver- ºisº# ge,qui fut cauſe de ſa mort. Dauantage,le ſang ſe peut eſpandre dans le corps, pour eſtre frappé de coups bleſsé au ſie- §mme ſont ceux de baſton,de maſſe depierre,& pour dire en vn mot, de toutes choſes qui peuuent t**** contundre,meurtrir,& faire ſortir le ſang hors des veines & arteres:qui à cauſe de ce ſont preſsées,expri- , mées, rompuës,'& dilacerées : meſmes le plus ſouuent les parties exterieures en ſont auſſi grandement contuſes & bleſſées auec playe,& quelquesfois ſans playe,de façon que le cuir demeure tout entier, mais le ſang eſt eſpandu par les muſcles,& entre cuir & thair ſeulement : laquelle diſpoſitien a eſté nommée des - anciens ecchymoſis : & particulierement d'Hippocrates Nauſioſis,2.ſect.du liu. des Fract. pour autant que les xschymºſii veines ſemblentvouloir comme vomir. Donc contuſion ſe fait, quand quelque groſſe choſe lourde & pe- ſante tombe ſur vne † rompt la chair, & où le ſang prend ſon cours, qui ſe nomme Effuſion, & la chair demeure entiere:mais il eſt certain que les petites veines ſont rompuës,quand ce mal aduient.La ru- ption ſe fait,quand les fibres des muſcles ſont fort eſtendues,& ſouuent quelques vnes ſe rompent,& de la - s'enſuit inflammation & apoſteme.Suiuant la difference de ces contuſions, il nous faudra diuerſifier la cu- ration d'icelles,ainſi que preſentement nous declarerons. De laturation vniuerſelle des grandes & enormes contuſions. CH A P. I I. @ſg E ſang qui eſt découlé dedans le corps, ſe doit éuacuer ſenſiblement ouinſenſiblement. L'é- " uacuation ſenſible ſe fera,tant par ſaignées,ventouſes,cornets,auec ſcarifications,& ſangſues, -7 que par medecines propres & dediées à telle choſe,comme ſont les ſolutifs, moyennant que y': le malade n'aye fiévre forte & continue.On l'éuacuera inſenſiblement parpotions reſolutiues 5S prouoquantes la ſueur,ou par bains,& par la maniere de diete tenuiſſime de la ſaignée. Nous auons texte expres dans Gallien,où il dit.Si quelqu'vn eſt tombé de haut,encore qu'il n'euſt aſſez de ſang, sur 1à ſºn ſieſt-ce qu'il luy en faut tirer,pour obuier qu'il ne ſe coagule & pourriſſe au dedans,eſtât hors de ſes pro- § 5. de la , pres vaiſſeaux.Pourquoy ne faut que le Chirurgien obmette à tirer du ſang, ſelon la grande vehemence du ja, au li, mal,& la plenitude & force du malade.Ce qu'ayant fait luy doit donner à boire telle potion. 3.rad. gent. De artieui 3.iij.bulin oxycrat.in colat diſſrhei elect.3.j fiat potio.Tels remedes reſoluent, diſſoluent, & iettent hors Indication, par le cracher le ſang caillé,s'il eſt és poulmons.Puis l'enuelopper en vne peau de mouton recentementeſ-principale, corché,ſur laquelle ſera eſpandu de la poudre de myrte,de naſturce, & du ſel ſubtilement puluerisé. On le pºur rirer · poſera puis apres en ſon lict,où eſtant bien couuert,ſuera tout à ſon aiſe.Le lendemain faudra oſter la peau, ºſºt. & l'oindre du liniment qui s'enſuit,lequel appaiſe la douleur & reſout le ſang meurtry. # vnguenti de al-ºº, thza 3.vj.olei lumbric.camo.anethi ań.3.ij.tereb.Venet.3.iiij.farina fœnugraeci.roſar. rubr. pulueriſ. pulu. :#º myrtaſi3.j.fiat litus ad vſum dictum Pareillement on luy donnera à boire de la potion ſubſequéte,laquelle " B b 2 roaoQue - 292 Douzieſme Liure des Contuſions. - Remedes pour les pau- ©J'ºſ, Auſſi l'oxy- erat donné à boire,eſt vne choſe ſingu- liere, comme »ous dirons cy-apres, Fouldre. ytilité des bains. ^ -2 | Remede fort bon c5tre les contnſions. Cemment il fant coudre les playes contuſes. Que c'eſt qu'Ecchy- meſis. - : prouoque la ſueur,& diſſoult le ſang coagulé dedans le eorps, 2&. ligni gajaci 3. viij. rad enulx campanx, A conſolidx maioris,ireos Florentiae,polypodij quercini añ,3.É.ſem.corian.aniſiañ.3.6.glycyrrhizae 3.ij.ne- peta,centaurex,caryoph.cardui bened.verbenæ añ.in.ſ.aqua fontanae fb.xij.omnia concaſſata infundantur per ſpatium duodecim horarum,qua omnia lento igne ſecuudûm artem coquanturad conſumptionem me- dietatis. Quand le malade aura pris le matin demy-ſeptier de cette potion vn peu tiede,ſe laiſſera ſuer vne heure dedans le lict plus ou moins pour chacune fois, & continuera ſix ou ſept iours , ſelon qu'il en ſera beſoin.Si c'eſtoit quelque pauure ſoldat qui ne peuſt auoir telles commoditez,ille conuiendra mettre dans du fien, l'enueloppant premierement en vn drap, & luy mettant vn peu du foing » ou de la paille blanche auant que l'enſeuelir dans ledit fien iuſqu'à la gorge, & luy tenir tant qu'on verra qu'il aura aſſez ſué : ce que i'ay fait pluſieurs fois. On donnera pareillement aux malades quelques ſyrops à boire, qui ſont pro- pres pour empeſcher la coagulation & pourriture du ſang,comme ſyrops aceteux,de limons, ou de aceto- ſitate citri,la quantité d'vne once diſſoult en eau de ſcabieuſe, ou de chardon beniſt, pour chacune fois. Auſſi doit-on donner promptement ce potus,qui eſt propre pour garder que le ſang ne ſecoagule, & qui ſemblablement conforte les parties internes.2.theu.electi pulueriſ.3.j.aqua rubiz maioris & plant.afi.j.j. theriaca 3.8.ſyrupi de roſis ſiccis3.ſ.fiat potus.Lequel ſera donné tout auſſi toſt que le malade ſera tombé; & reiteré par quatre ou cinq matins. Ou en ſon lieu on luy fera boire vne drachme de nature de baleine diſſoulte auec eau de bugloſſe ou des eaux cy-deſſus eſcrites, auec vne once ou demye de ſyrop de capill. Ven.Apres l'vſage de ladite potion,il conuiendra faire prendre au malade par l'eſpace de neufiours au ma- tin,deux heures ou trois deuant le paſt de la poudre qui s'enſuit,s'il eſt neceſſaire.2/.rub.tortefrad,rub.ma- ioris,centaurij,gentianx,ariſtoloch.rotundx añ.3.É.De laqnelle en ſera baillé pour chacune fois vne drach- B me auec ſyrop aceteux,& de l'eau de chardon beniſt.D'auantage l'eau de noix vertes, tirée en l'alambic & beüe,a grande vertu de diſſoudre le ſang amaſsé & coagulé.On peut vſer pareillement des bains faits auec decoction de racine d'ireos,enulx campanae,oxalidis,fœniculi,althex,oſmonda regalis,conſolida maioris, ſeminis fœnugræci,foliorum ſaluiae,maioranae,forum camomillz,melil.& de leurs ſemblables. Aufſi les ſes mences trouuécs ſous le foing ont grande efficace à cette meſme fin. Le bain en chaleur temperée a cette vtilité,qu'il laſche & rarefie le cuir,fond & diſſout le ſang grommelé,inciſe les humeurs viſqueuſes,addou- ciſt les acres,& les tire du profond du corps iuſqu'à la ſuperficie du cuir, de façon qu'vne partie d'eux eſt vuidée par ſueur vniuerſelle,vne autre par cracher & moucher, ſi d'auenture l'affection eſt aux parties ſu- perieures.par le ſiege & vrine,ſi elle eſt aux inferieures. Les bains ſont auſſi profitables aux inflammations des poulmons,& aux pleuretiques ſelon Hippocrates,au 3.De viéiu acuto,um,& 3.liures De mo bis:mais c'eſt lors que la fiévre eſt mitigée & addoucie : car lors ils appaiſent la douleur , & aydent à ſuppurer & ietter par les crachats les ſuperfluitez contenues auſdites parties. Ils peuuent pareillement ſuruenir à pluſieurs autres diſpoſitions,moyennant qu'ils foient faits deuement apres les choſes vniuerſelles. Car s'ils eſtoient adminiſtrez deuant la ſaignée & purgation,ils nuiroient grandement,à raiſon qu'ils pourroient cauſer nou- uelle fiuxion aux parties malades. Parquoy ie te conſeille d'vſer touſiours du conſeil du docte, & expert Medecin, s'il t'eſt poſſible. •- De la maniere de traitter les contuſions auec playes. · C H A P. II I. C $ # N toute grande contuſion faut premierement ſaigner, ou purger, ou faire tous les deux en- # $ $) ſemble,tant pour l'euacuation,que pour la reuulſion.Ce qui eſt prouué par Hipp, en la 1.ſe- | E$ % £ ction De fracturis , où en la contuſion du talon , il donne purgation vomitoire dés le meſme SAJ tº%\º iour,ou le lendemain pour le plus tard.Puis ſi la contuſion eſt auec playe,il faut au commen- RSNNS cement empeſcher la defluxion auec onguent de bolo,blancs d'œufs,de l'huile roſat,de myr- te, de la poudre de roſes rouges, d'alum , & maſtic. Et au ſecond appareil on vſera d'vn digeſtif de iaune d'œuf,& huyle violat,auec vn peu de terebenthine.On pourra auſſi mettre ſur les parties voiſines,pour ay- der à ſuppurer,le cataplaſme qui s'enſuit. # radalth.& lilior.añ.3.iiij.folio.malu.viola.ſenecionisafi.m.ſº. coquant completè in aqua communi & paſſentur per ſetaceum,addendo butyri recent.& olei violafi.3.iij. farinx volatilis quantum ſufficit,fiat cataplaſad formam pultis ſatis liquidx : ou autres ſemblables, en ap- plication deſquels auras égard , pource que s'ils ſont induément appliquez, rendent les playes phlegmo- neuſes,lordides & putrides.Donc apres la ſuppuration faite,la playe ſera mundifiée , & la chair regenerée, puis conduite à cicatrice.Toutesfois ſi la chair contuſe eſt grandement dilacerée,& deſtituée de la chaleur naturelle, il en conuiendra faire amputation. Mais s'il y a encores eſperance qu'elle ſe puiſſe agglutiner ſans couper,elle ſera couſue comme la choſe le requiert:& ne ſeront les poincts d'aiguille tant ſerrez,com- me fi c'eſtoit vne playe ſimple ſans contuſion : pource que telles playes s'enflamment & enflent : qui ſeroit cauſe de dilacerer tout le cuir auec la chair,& rompre les poincts, Des Contuſions ſans playe. CH A P. IV. D g R s'il n'y a playe qui apparoiſſe,& que le cuir demeure entier , les parties de deſſous demeu-• ) rans contuſes , & qu'il y ait effuſion de ſang ſous le cuir, telle diſpoſition, comme nous auons , dit,eſt nommée des anciens ecchymoſi.Pour la curation de laqnelle faut tenir bon regime, iuſ- & ques à ce que les accidens ſoient paſſez. Au commencement ſera tiré du ſang de la partie op- - º $ ) poſite, s'il en eſt beſoin, tant pour l'euacuation, que pour la reuulſion. Pareillement ſeront faites des ſcarifications égales ſur la contuſion : & puis ſeront appliquées des ventouſes ou cornets, tant pour vuider le ſang qui fait tumeur & tenſion à la partie, que pour donner inflammation, de peur qu'il ne ſe face gangrene,& autres mauuais accidens.Auſfi faut laſcher le ventre , comme'on verra eſtre neceſſaire. Et pour les topiques & particuliers remedes , au commencement faut vſer de remedes forts & aſtringens, principalement vn peu au deſſus du lieu ſigillé. Hipp. commande que l'on commence à bander ſur la partie contuſe,afin de reſerrer les veines & arteres,pour roborer la partie, & empeſcher la defiuxion , & chaſſer le ſang hors de la partie bleſsée;& appliquer vn medicament,comme peut eſtre ceſtuy-cy que i'ay en vſage ordinairement.2Z album.ouor num.tria,olei myrti,& roſañ.3.j.boliarm ſang.drac. añ. 3. 6. nuc. cupreſſi, gallarum,pul.alum.vſti añ-5 ij.incorporentur omnia,addendo aceti parum , & fiat medicam. Puis apres on vſera de fomentations,cataplaſmes & emplaſtres reſolutifs. Ces deux deſcriptions d'emplaſtre ont eſté dés · leng-temps ordonnées,pour les Roys,Princes, & autres grands Seigneurs ſuiuans la Cour, leſquelles ont eſté confirmées par les premiers Medecins de Roy en Roy,en ſorte que quand quelqu'vn eſt contus en no- ſtre Cour,ona recours à l'Apothicaire du Roy,a demander les emplaſtres de la contuſion, ordonnez pour le Roy. - .Ad Combuſtions & Gangrenes. 293 , i JAd mouas contuſioner. -2/.boli arm. # ij terre ſigillatz 3.j.6.roſar.rubr.myrtillañ.3.vj.nucis cupreſſi 3.ij. omnium ſandalorum añ.3.j.nucis moſcatz 3.fi.maſt.ftyracis,calam.afi.3.j.ſº.cerx noux 3.vj.picis naualis 3.iij. tereb. quant. ſuff. fiat emplaſtrum. - Ad Contuſiones antiquar. - 2/.ſtyracis calamitz,labdani.benioin,añ.3.vj.maſt.iridis fior baccarum lauri,cinamomi, garyoph. calami arom.añ.3j.fi.ligni aloes,flor.cham lauendulae,nucis moſcata añ.3.ſ.moſchi 3.j,cerae nouæ 3.vj.reſina 3 ij. tereb.& olei roſ.quantum ſufficit, fiat emplaſtrum. Des moyens d'obuier aux - des gangrenes qui peuuent ſuiure les contuſions. H A P. V. 9 E s grandes contuſions ſont dangereuſes : car par icelles ſuruiennent aucunefoîs gangrenes & Toutes gr#- mortifications : ce qu'Hipp. declare aduenir quand la partie eſt dure & liuide, au ſecond Te de con - # fraſturis. Or quand la partie eſt fort noire & liuide, iuſques à ſembler qu'elle ſoit morte, & ſa ſiens ſont % %é$ chaleur preſque eſteinte,pour la grande concretion du ſangdefiué en icelle, qui empeſche que perilleuſes. l'eſpritvital ne puiſſe paruenir à la partie pour l'entretenir en ſon eſtre, & meſme eſteint la chaleur na turelle de ladite partie, on doit, pour vuider & deſcharger la partie,appliquer ventouſes ou cornets,ayant- premierement ſcarifié la partie auec vn raſoir,lancettes,ou flammettes,ou bien de l'inſtrument appellé ſca- rificateur,que tu vois icy figuré,dedans † ſont inſerées dixhuict roües tranchantes comme vn raſoir, marquées FFF, qu'on bande auec vn reſſort marqué C,& ſont desbandées par vn autre marqué D, du- quellors que voudra faire pluſieurs ſcarifications pourvacuer le ſang eſpandu ſous le cuir, tu t'en pour- ras aider plus promptement & à moindre douleursà raiſon que dixhuict incifions ſont auſſitoſt faites qu'v- ne ſeule. a Monſtre le couuerole, b La boite. / Puis on doit fomenter ladite partie de fort vinaigre,auquel on aura fait boüillir radices raphani, ou de Ramsde pºur ſerpentaria major,Arom,ou Sigillum Salomonis, auripigmentum , & autres ſemblables : car telles choſes diſſiper le acres échauffent fort, diſcutent,reſoluent, & attirent du profond à la ſuperficie le ſang meuttry : deſquels ſºnt eaille neantmoins tuvſeras par diſcretion, de peur d'attirer non ſeulement le ſang, qui eſt hors des veines, mais drºſPº auſſi celuy qui eſt contenu en icelles.Pareillement n'en vſeras qu'alors que la fluxion ſera du tout arreſtée. # # Aux petites meurtriſſeures,que nous cognoiſſons quand la partie liuide eſt molle,ſelon Galien, ſur le 2. " " " 2)e fačiuris, on appliquera ſeulement de la cire vierge fonduë auec de la poudre de cumin, & du clou de girofle,& vn peu de racine de ſigillum-Mariæ,qui en tel cas a grande puiſſance de degaſter,& de prompte- ment reſoudre toutes ecchymoſes & meurtriſſures. Auſſi on peut appliquer de l'abſinthe vn peu piſtée & chauffée ſur vne pelle de fer chaude,& l'arrouſer d'vn peu de vin blanc,ou la faire fricaſſer dedâs vne poëſ- le auec du vin,de l'huile de camomille, vn peu de ſon de froment, & de poudre de clou de girofle & mu- † adiouſtant ſur la fin vn peu d'eau de vie:puis la mettre entre deux linges deliez, & l'appliqueraſ- z chaude ſur la partie.Pareillement l'emplaſtre qui s'enſuit,eſt fort reſolutif du ſang meurtry. 2. picis.ni- Emplaſtra gra 3 ij gummielemi 3.j.ſtyracisliquida,& tereb.comm.afi.3.f. pulueris ſulphuris viui 3.j. liquefiant ſi- fort reſoln- mul,fiat emplaſt.extendatur ſuper alutam. - f ! Merueilleux accidens qui viennent aux contuſionsfaites ſur les coſtes. CH A P. V I. V E L o y E s F o 1 s par vne grande contuſion la chair contuſe deuient mucqueuſe & bour- Hipp au liu, ſouflée, comme ſi l'on l'auoit enflée de vent, la peau demeurant entiere : ce qui ſe voit prin- des artic.ſer. 3 cipalement ſur les coſtes, & lors qu'on comprime deſſus auec la main, on ſent l'air qui ſe 3 ſºnt 38. depart auec vn petit ſiflement, & y demeure l'impreſſion des doigts, comme aux Oedemes. #º#: Que ſi on n'y donne bonne ordre , à raiſon que la chair n'eſt attachée contre leſdites coſtes, # # il s'y amaſſe du pus,qui vient à occuper l'eſpace vuide,& fe fait alteration des os,comme l'on voit aduenir # le plus ſouuent. # - Pour la curation de cette tumeur mucqueuſe, il faut comprimer & lier la partie le plus fort que lepa- tient pourra endurer : toutesfois en luy laiſſant ſa reſpiration libre le plus qu'il ſera poſſible, ſi c'eſt au Thorax. Puis ſera appliqué ſur la partie vn emplaſtre d'oxycroceum, ou diachylon ireatum, meſlé auec Cauſe d l'emplaſtre de melilotn, & fomentations reſolutiues. Or la cauſe de telle tumeur eſt vne pituité glaireuſe, #. qui ſe fait par faute de bonne concoction en la partie, & d'vn aliment à demy-cuit, ainſi que l'on voit ment en le ſouuentesfois la conioinctiue de l'œil, parvne contuſion s'enfler ſi fort, qu'elle ſort hors la cauité de partie sonº l'œil,à cauſe que lavertu concoctrice de la partie eſt debile, pour raiſon de l'intemperature immoderée, tºſº, B b 3 Oll Inſtrument appellé Scarificateur. | | - : # 294 Douzieſme Liure des Contuſions, ou pour l'humeur qui y affluë comme l'on void aux tumeurs œdematiques. Car de l'humeur aqueux & pi- A tuiteux,par le moyen d'vne chaleur imbecille s'excitent aiſement des flatuoſitez,qui meſlées parmy le reſte de l'humeur,font monſtrer & paroiſtre la tumeur plus grande & ondoyante,comme explique Galien,liu.6. de Sympt.cauſis. Diſcours ſurla Mumie. . C H A P. V l I. 2 Chirurgiés,parce qu'elle ne vaut rien,ce que ie prouueray par ce preſent diſcours. La Mumie a pris ſon nom & origine des anciens Iuifs,Arabes, & Chaldées, & principalement des Egy- 5 ptiens, meſmes long temps auparauant Moyſe, & depuis eux les Grecs & Latins : tous leſ- quels ont eu en ſi grand honneur,reuerence,& recommandation,les corps des treſpaſſez, pour l'efperance de la reſurrection, qu'ils ont fort recherché les moyens , non ſeulement de les enſeuelir , mais auſſi de les conſeruer à iamais,s'ils l'euſſent peu faire par certaines drogues precieuſes, & choſes odoriferantes, leſ- Atºmie eſt quels corps ainſi embaumez ſe gardoient longuement entier ſans ſe pourrir. Et par leſdits Arabes ont eſté vn mot Ars. appellez Mumie,qui vaut autant à dire, qu'vn corps mort,accouſtré de choſes odoriferantes & conſerua- be. trices de pourriture.Or pour le premier, Herodote tres-ancien Hiſtorien Grec, & apres luy Diodore Sici- Herodote. lien,parlant de la ſepulture & conduitte des corps des treſpaſſez, & des pleurs & gemiſſemens qui ſe fai- Diodore ſoient ſur iceux par les anciens Egyptiens, racontent que lors qu'il decedoit quelqu'vn des domeſtiques d'vne maiſon qui eſtoit de reſpect & apparence,comme vn grand Seigneur ou Dame,alors ſe tranſportoient tout d'vn coſté toutes les femmes de la famille & parentage au lieu où le defunct eſtoit decedé, habillées Les femmes º de dueil pleurantes & lamentantes. Puis ayans laiſsé le corps mort en ſon lieu, s'en alloient par la § ville comme vagabondes, courans çà & là, eſtant ceintes & trouſſées par le milieu du corps, deplorantes §mmelles leurs vies & miferes,auec leurs mammelles & parties plus proches,toutes nues & deſcouuertes. De l'autre deſcouuertes. coſté alloient les hommes, ayant pareillement la poitrine toute deſcouuerte, & ſe frappoient & battoient Lº, hommes en deteſtation du defunct.Cela eſtant fait, ils ſe tranſportoient par deuers ceux qui eſtoient deputez pour ſe battoient. embaumer les corps morts,qu'on appelloitSalleurs ou Embaumeurs,leſquels leur monſtroient trois figures Salleurs ou de corps morts tmbaumez peintes en vn beau linceul,de diuerſe valeur & eſtimation : l'vne comme la plus •mbau- riche,exquiſe,& élabourée,vallant vn talent;l'autre,vn demy;& la tierce de vil prix, & à bon marché, qui J/7ºHV5, eſtoit pour le commun populaire , qui leur donnoit ſelon leur puiſſance. Ayans marchandé l'vne des trois effigies ou figures pour les embaumer & enſeuelir,ils laiſſoient le corps mort entre leurs mains.Et lors les embaumeurs tiroient tout auſſi toſt,auecvn fer courbé,par les narines, toute la ſubſtance du cerueau, Puis inciſoient auec vne pierre aigue & bien tranchante le ventre, & en oſtoient les entrailles, & puis lauoient tout le corps de vin,auquel auoit bouilly pluſieurs choſes aromatiques. Cela fait,rempliſſoient le corps de myrrhe aloes,de cinamome,ſaffran,& autres choſes odoriferantes,& precieuſes : puis apres le ſalloient & chºſ.arpre-º† ſaloir par l'eſpace de 7o iours.Lequel temps expiré, le retiroient pour faire ſeicher, & # apres l'enueloppoient en vn beau drap precieux,& derechefl'ognoient de certaines gommes aſſez commu- ſepulchre, ººº APres tºº ces choſes luy faiſoient faire vne effigie ſur ſa tombe & ſepulchre où ilsvouloient qu'il #,pitaphes fuſt posé pour la memoire eternelle,& le laiſſoient-là pour dormir & repoſer, iuſques ( diſoient-ils) au §ue'l'on fait grand iour de la Reſurrection.Les deux autres façons d'embaumer ſe faiſoient d'autres drogues non fi pre- encor au- cieuſes,ny ſi cheres;& ſelon l'argent on eſtoit ſeruy. iourd'huy. C H A P. V Il I. T R A n o dit,que les Iuifs pour la confiture de leurs corps ſouloient vſer de bitume, qui eſt Strabs. * • • • - - - • • • > -" • vne poix liquide,qui ſe prend en lamer Rouge,pres Sodome. Or bien à peine s'eſt-il trouué nation tant barbare fuſt-elle, qui n'ayent embaumé les corps morts non pas meſme les Scy- La maniere thes,qui ſemblent en barbarie auoir ſurpaſſé le reſte des hommes. Car iceux, comme dit He- des Scythes º^ rodote,liure4.de ſon Hiſtoire,n'enterrent point le corps de leur Roy, que premierement ils d'embaumer ne l'ayent mis en cire,apres auoir curé le ventre,& nettoyé,puis remply de cypre concaſſé, d'encens , de les corps. graine de percil,& d'anis,& en apres recouſu. De cette meſme choſe les Ethiopiens ſe ſont monſtrez cu- Herodote. rieux,faiſans leurs ſepultures de verre en cette ſorte:C'eſt qu'apres qu'ils auoient vuidé & deſcharné iuſ- # ques aux os,commevne anatomie ſeiche,les corps de leurs amis defuncts, ils les accouſtroient & liſſoient # ** de plaſtre,ſur lequel ils iettoient apres vne peinture qui approchoit du vif,autant qu'il leur eſtoit poſſible- " //910D36'775 . Pource qu il Et ce fait ils l'enfermoient dans vne colomne de verre creux.Le corps ainſi enchaſſe apparoiſſoit au trauers n'y auoit le verre,ſans rendre mauuaiſe odeur,& ſans deſagreer aucunement. Les plus proches parens le gardoient que les es. chez eux l eſpace d vn an,enluy faiſant offrandes & ſacrifices, & au bout de l'an le tranſportoient hors la # dote - ville au lieu deſtiné,ainſi que nous faiſons aux cimetieres comme eſcrit le meſme Herodote. - liu.3. - C H A P. I X. '- - - - - La maniere # A1s le ſoing & curioſité eſt encore entrée plus auant dedans le cœur des Egyptiens que de d'embaumer tº$ # nulle autre nation,dont ils ont merité grande loüange, s'eſtans monſtrez tant affectionnez à les corps par % la memoire de leurs parens,que pour la conſeruation d'icelle ils eſtoient couſtumiers d'em- les Egyptiés # baumer les corps tous entiers d'iceux en vaiſſeaux de verre diaphane, & tranſparent, & les R, mettoient en lieu plus honorable de leurs maiſons pour en auoir touſiours la memoire deuät les yeux,& leur ſeruird'aiguillon pour les ſtimuler de les enſuyure,& imiter leurs vertus , afin de ne dege- Les Egyptit, ººº & forligner de leur naturel & inclination. Et dauantage ſeruoient iceux corps ainſi embaumez , de § ſouuerains gages, & aſſeurance de leur foy : ſi bien que s'il eſtoit aduenu qu'aucun deſdits Egyptiens euſt § , plu, affaire de quelquegroſſe ſomme d'argent,il ne failloit point de la trouuer à emprunter chez ſes voiſins ſur precieux ga- le gage d'vn corps de ſes parens,ſe tenans tous aſſeurez les crediteurs,que moyennant telgage,le debiteur ges que les manqueroit pluſtoſt de vie que de foy,tant ils auoient à cœur de retirer tel gage.Et ſi la fortune faiſoit, & eºrps de leur le malheur fuſt ſi grand,qu'aucun s'oubliaſt de tant en ſes neceſſitez, que de ne vouloir ou ſçauoir trouuer ayeuls. moyen de retirer ſongage, il tomboit en tel deshonneur & infamie, qu'il n'euſt Pas eſté bon à donner à -- manger B C D :: Combuſtions & Gangrenes. 295 manger aux chiens,& ne ſe fuſt osé môſtrer en public.Car on luy faiſoit la huée,comme l'on fait à vn loup, ou vn chien enragés& de liberté,tomboit en vne ignominieuſe ſeruitude,comme ayant deſauoiié & renon- cé ſa race,& origine.Ce qui eſt teſmoigné par Claude Paradin,en la preface du liure qu'il a fait des Allian- ces & Genealogies des Roys & Princes de la Gaule. Pierre Meſſie en ſes diuerſes leçons, chapitre 8.eſcrit, que les anciens Romains auoient vne couſtume de bruſler les corps morts,& que le premier des Senateurs qui fut bruſlé apres ſa mort,fut Sylla,& apres luy pluſieurs autreshommes notables & illuſtres : & lescen- dres deſquels on gardoit dedans des vrnes ou vaiſſeaux de terre , puis on les poſoit dedans les ſepulchres ou tombeaux ſouz terre , faits en voulte.Les Grecs auoient auſſi cette maniere de bruſler les corps morts. Stobées eſcrit , que les Colches n'enterroient point leurs morts, mais les pendoient aux arbres. Les Scy- thes d'Aſie ſe ſeruoient pourboire, de l'os du crane de leurs parens & amis, enchaſsé en or, pour en auoir touſiours memoire : & entre tous les threſors & choſes precieuſes eſtimoient leſdites taſſes. CH A P. X. A v A N T A G E les Egyptiens reconnoiſſans cette vie eſtre de peu de durée au regard de celle que nous auons à viure apres la ſeparation du corps d'auec l'ame , eſtoient fort negli- gens à baſtir maiſons pour eux loger, mais au reſte ſi magnifiques a edifier Pyramides , deſ- $ quelles ils ſe vouloient ſeruir pour leurs ſepulchres, que pour le baſtiment d'vne qui fut en- $ trepriſe par Cheopes l'vn de leurs Roys , cent mille hommes y furent employez, chacun trois mois , l'eſpace de vingt ans : laquelle eſtan» de forme quarrée , auoit de profondeur cinq ſtades, & en cha- cun front huict cens pieds de large , & autant de haut, chaque pierre ayant le plus ordinairement trente pieds,-fort bien ouurée, comme raconte Herodote. Or deuant qu'enfermer les corps dedans ces ſuper- bes ſepulchres, ils les portoient auec pompes magnifiquesvers les Salleurs ou Embaumeurs ( office § ſalarié du peuple ) qui les embaumoient de choſes aromatiques & exquiſes, ſelon la volonté & puiſſance des parens & amis comme nous auons dit cy-deſſus:leſquels reſous ils retournoient prendre,& eſtans biens lauez & netoyez les lioient de bandes faites d'vn drap de ſoye collé auec certaines gommes. Et lors les Claude Pu. radin Pierre Meſ- ſie. Les Rcmainr bruſloient les corps f779rº ; Les Grecs bruſlsient leurs corps M774ºrf1. Les Scytbe1 beuuvient dans le cra- ne de leurs pere ér au - rres parent. Cheopes Rcy d'Egypte. Herodote li- Mº'º : . parens & amis reprenoient le corps, & luy faiſoieut faire vn eſtuy de bois moulé & effigié d'homme, de- . dans lequel ils le poſoient.Voila comme les Egyptiens enterroient leurs Roys & Princes.Autresmettoyene dedans les corps ainſi preparez,vne idole faite de cuyure,ou marbre,& quelquesfois d'or & d argent,qu'ils adoroient : & auoient cette opinion , que le corps eſtoit gardé & conſerué de putrefaction , ayans leurs Dieux repoſans auec leurs corps dedans leurs monumens, & que telle ſuperſtition donnoit ſoulagement à l'ame. I'ay veu au cabinet, de Theuet, vne petite idole de marbre blanc, marquetée d'vn certain verd, qu'il affirme auoir apporté de ce pays là, & qu'elle auoit eſté trouuée en vn corps mumié. Ainſi voit-on comme les Egyptiens eſtoient fort ceremonieux & grands idolatres. Louys de Paradis,Chirurgien,natifde Vitry en Partois,m'a dit qu'eſtant au grand Caire il veit 18.ou 2o.Pyramides faites de bricques.Entre autres il en veit vne de merueilleuſe grandeur,de figure quarrée,ayant en chaque face trois cens pas.Celle-là eſtoit la plus grande, appellée la Pyramide de Pharaon , où ſont pluſieurs corps mumiez. En outre, qu'il entra dedans vne deſdites Pyramydes, où il veit plus de deux cens corps encores tous entiers,qui auoient les on- gles rouges : parce que c'eſtoit la couſtume de pays-là que pour auoir de belles mains,il failloit auoir les ongles rouges. Les gens du pays ne veulent ſouffrir qu'on tranſporte aucun deſdits corps, diſans que les Chreſtiens ſont indignes de manger leurs corps morts.Que ſi on les tire hors du pays,c'eſt par le moyen de quelques Iuifs,qui les deſrobent & emballent auec leur marchandiſe,afin qu'on ne les puiſſe cognoiſtre.Le Seigneur de la Popeliniere,en ſon 3 liure Des trois mondes,dit que quand les Indiens de Canarie meurent, c'eſt pitié des hurlemens & plaintes que font les femmes, leſquelles racontent leurs loüanges d'auoir bien tué & mangé les hommes eſtans leurs ennemis : Et qu'apres leur auoir lié les bras & pieds, elles les enue loppent de leur lict de cotton,& les enterrent en vne foſſe ronde & profonde , preſque tout debout, auec quelques colliers & plumaſſerie qu'ils auront plus aymé:comme les Indiens du Perou font de leurs Roys & Caciques,auec quantité d'or & pierre precieuſes : & les Celtes anciennement,qui eſtoient enterrez auec le plus beau de leurs meubles : & la femme qu'ils auoient la plus aymée. C H A P. X I. É cette meſme curioſité nos François eſmeus & incitez font la plus grande part embaumer les corps des Roys & grands Seigneurs, & dreſſent des figures enleuées en boſſes,ou en plates # , Z peintures, approchans de la grandeur & figure au plus pres qu'ils peuuent du treſpaſsé. On # en trouue vn teſmoignage en l'Egliſe de S. Denys en France & en beaucoup d'autres lieux, la où l'on voit pluſieurs effigies des Roys & Reynes , & autres grands Seigneurs : ce que Chre- ſtiennement ils ont euidemment tiré tant du nouueau Teſtament que du vieil, & façon de faire ancienne des Iuifs. Car il eſt dict au nouueau Teſtament, que Ioſeph achepta vn linceul , & que Nicodeme appor- ta vne mixtion de myrrhe & d'aloës, iuſqu'au poids d'enuiron cent liures, de laquelle auec autres odeurs aromatiques ils embaumerent & enſeuelirent le corps de Ieſus-Chriſt, comme la couſtume des Iuifs eſtoit d'enſeuelir leurs corps embaumez, en ſigne de cette incorruption qu'ils eſperoient en la reſurrection des morts,comme nous auons dit. Ce que meſmes depuis eux voulurent faire les Maries : ce qu'ils auoient ap. º D pris de leurs peres anciens. Car Ioſeph, au viel teſtament,commanda à ſes Medecins d'embaumer ſon pere. Or qui eſt cauſe qu'à preſent nos Roys , Princes, & grands Seigneurs , encore qu'ils ſoient vuidez & lauez d'eau de vie & de vinaigre,& ſalpoudrez de choſes grandcment aromatiques,n'y eſpargnans aucunes choſes pour les embaumer, neantmoins auectout cela,en cinq ou ſix iours,ou moins,ſentent ſi mal,qu'on ne peut endurer eſtreaux lieux où ils ſont, & eſt-oncontraint les enfermer en leur cercueil de plomb:Car nonob- ſtant tel appareil, parce qu'ils ne söt plongez en ſaumeures auec leſdites choſes aromatiques,cóme ancien- nement on faiſoit,& auſſi pour la grande multitude de gens qui y entrent pour les voir,& le grand nombre detorches& lumieres y eſtans iour & nuict,l'air s'eſchauffe ſi fort,que le corps n'ayant eſté imbu aſſez long- temps de choſes qui gardent la pourriture,il aduient qu'en peu de iours s'eſleue vne vapeur puâte & cada- uereuſe,qui offenſe grandement ceux qui la ſentent.Icy ie veux aduertir le Lecteurs ſur ce qu'on m'a voulu donner quelquesfois blaſme de n'auoir ſçeu bien ambaumer les Roys attendu la pourriture qui toſt apres s'eſleuoit de îeurs corps.Car ma reſponſe eſtoit facile à faire,c'eſt qu'ils n'auoiét eſté trempez & ſalez ſoi xante & di, iours,comme les anciens faiſoient,dedans le vinaigre & choſes aromatiques , & que la faute ne B b 4 procedoit Lonys de Pa» f'4415, Pyramide de Pharaon. Grande bap- ba rie ». - S. Iean à o. 3 9 . Geneſe 52. Pºurquoy les Roys embau- mez à la mode qui court, ne ſe peuuent gar- der. Decte reſpen- ſe de l'Au- thear. | 2 96 Douzieſme Liure des Contuſions. procedoit que de là,comme il ſe peut prouuer,que le vinaigre garde de pourriture, d'autant qu'il eſt froid A & ſec,qui ſont deux choſes repugnantes à putrefaction,ee que l'experience monſtre : attendu qu'en iceluy ' on gai de les herbes,fleurs,fruicts,voire ſi fort humides,comme concombre,pourpié, & autres choſes , ſans #. qu'elles ſe pourriſſent. Ie puis dire auoir vn corps en ma maiſon, lequel me fut donné par le Lieutenant garde vn Criminel,nommé,Seguier,Seigneur de la Verriere,apres auoir eſté executé par Iuſtice,il y a vingt-ſept ans § a - paſſez,que i'anatomiſav,& leuay preſque tous les muſcles du corps de la partie dextre(afin que lors que ie misé. veux faire quelques inciſions à quelque malade,voyant les parties de recente memoire,ie ſois plus aſſeuré en mes œuures ) la partie ſeneſtre laiſſée en ſon entier : pour lequel mieux conſeruer ie le picquay d'vn poinçon en pluſieurs endroits, afin que la liqueur penetraſt au profond des muſcles, & autres parties, & voit-on encore à preſent les poulmons entiers,cœur,diaphragme,mediaſtin,eſtomach,ratelle,reins;ſembla- blement le poil de la barbe,& d autres parties,voire les ongles,leſquels i'ay apperceu éuidemment recroi- ſtre,apres les auoir par diuerſes fois couppez. - 1 | 1 • C H A P. XII. | * ' ] A R ce recueil on peut voir, que les anciens eſtoient fort curieux d'embaumer leurs corps° % mais non pas à l'intention qu'ils ſeruiſſent à manger & à boire aux viuans, comme on les a \- Pourquoy les : 2 #" fait ſeruir iuſqu'à preſent.Car iamais ne penſerent à telle vanité & abomination,mais bien ou fai * pour l'opinion qu'ils auoient de la reſurrection vniuerſelle, ou pour vne memoire de leurs embanmer. - - - º - "A * - | • A.Theuet * parens & amis decedez. Cela eſt confirmé par André Theuet, en ſa Cofmographie, où il dit B auoir eſté en Egypte en des cauernes longues d'va traict d'arc,& de largeur aſſez grande , dans leſquels il y a des tombeaux,où anciennement eſtoient poſez les corps morts embaumez , où il faut porter du feu à raiſon de l'obſcurité,& des beſtes veneneuſes qui y habitent. Il y a(dit-il)descorps paſſé deux mil ans en- clos en des tombeaux de pierre, fermez & cimentez. Ie laiſſe à penſer quelle bonne viande on feroit d'en vn Medecin boire ou mangvr* preſent.On dit que la Mumie,dont on a vsé iuſques auiourd'huy, eſt venuë de là : à rai- iuifa ,ſté ſon d'vn maſtin Medecin Iuif, qui par vne brutalité auoit eſcrit que cette chair ainſi confite & embaumée ,auſe que ſeruoit grandement à la curation de pluſieurs maladies, & principalement aux cheutes & coups orbes, & l'on a mangé meurtriſſeures,pour garder que le ſang ne ſe caillebotaſt & congelaſt dedans le corps: qui a eſté cauſe que les corps des l'on les tiroit furtiuement,ou par argent,hors de tombeaux.Ce qui ſemble choſe fabuleuſe, parce que les Etyptiens. nobles,riches, & anciennes maiſons n'euſſent iamais enduré pour rien du monde, que les ſepulchres de leurs parens & amis,deſquels ils eſtoient tant curieux,fuſſent ouuerts, & les cofps emportez hors de leur. pays,pour eſtre mangez des Chieſliens,& diſent qu'ils ne ſont dignes demanger de leurs corps. Et s'il eſt aduenu que l'on en ait tranſporté,ç'a eſté de la populace, qui ont eſté embaumez de la ſeule poix aſphal- Autre ma- ººº §phalte,dequoy onpoiſſe les nauires. Autres diſent, que Mumie n'eſt autre choſe qu'vne ſimple , § , chair humaine priſe des corps morts trouuez dans les ſables & arenes qui ſont és deſerts d'Arabie,où l'on AMumie. dit que leſdites arenes s'eſleuent ſi haut par la violence des vents,que ſouuent elles couurent & eſtouffent les paſſans:d'où vient que les corps morts reſſeichez, tant par la chaleur & aridité des arenes, que par le ſoufflement des vents, ſe donnent & ſeruent en vſage medicinale pour Mumie. Matheole ſuiuant la plus commune opinion,dit que Mumie n'eſt autre choſe qu'vne liqueur reſſeichée , ſortant des corps humains aromatiſez & embaumez. - C AutreL. Serapion & Auicenne n'ont cogneu autre Mumie que piſſaſphalte, qui eſt vne ſorte d'eſcume qui pro- uient de la mer.Ladite eſcume,pendant qu'elle nage & flotte ſur l'eau eſt molle,& comme liuide:mais peu apres eſtât portée par l'impetuoſité des vagues aux riuages,& arreſtée entre les rochers & cailloux, fe deſ- ſeiche & affermit plus dure que la poix reſſeichée,comme il eſt diſcouru par Dioſcoride,liu.r.chap.84. - Autre . Autres tiennent qus la Mumie ſe fait & façonne en noſtre France:& que l'on deſrobe de nuict les corps aux gibets,puis on les cure oſtant le cerueau & les entrailles,& les fait-on ſeicher au four,puis on les trem- pe en poix noire,apres on les vend pour vraye & bonne Mumie,& dit-on les auoir acheptez des Marchands Portugais,& auoir eſté apportez d'Egypte.Mais qui voudra rechercher, comme i'ay fait chez les Apoticai- res,on trouuera des membres & portions des corps morts,voire de tous entiers, eſtre embaumez de poix Les rerps noire,leſquels ſentent vne odeur cadauereuſe.Neantmoins ie croy qu'ils ſont auſſi bons que ceux qu'on ap- mumiez en porte d'Egypte : parce que tout n'en vaut rien. France ſont - auſſi bons C H A P 1 T R E XIII. que fé?M.X' d Esyruscar # E P v 1s que n'agueres deuiſant auec Guide de la Fontaine, Medecin celebre du Roy de Na- tout » en V# uarre, ſçachant qu'il auoit voyagé en Egypte & en la Barbarie, ie le priay me faire partici- "U4Mf 75673, - pant de ce qu'il auoit appris de la Licorne & de la Mumie. Ilme dit que c'eſtoient toutes ba- ſ, yes ce qu'on bruyoit par deçà de la Licorne, & que iamais n'en auoit rien ſçeu deſcouurir. - Et quant à la Mumie , qu'eſtant l'an 1564. en la ville d'Alexandrie d'Egypte, il ouyt dire qu'il y auoit vn Iuif qui en ſaiſoit grand trafic : en la maiſon duquel allant, le ſupplia de luy vouloir monſtrer les corps mumiez : Ce qu'il fit volontiers, & luy ouurit vn magaſin, où il y auoit pluſieurs corps entaſſez D les vns ſur les autres. Iceluy priant derechefle Iuifde luy vouloir dire ou ilauoit recouuré ces corps , & s'ils ſe trouuoient comme en auoient eſcrit les anciens, és ſepulchres du pays : ledit Iuif en ſe mocquant de cette impoſture, ſe print à rire, l'aſſeurant & affermant qu'il n'y auoit point quatre ans que tous leſ- dits corps qu'il voyoit là en nombre de trente ou quarante, il les preparoit luy-meſme, que c'eſtoient · corps d'eſclaues , ou autres perſonnes. Ledit de la Fontaine luy demandant encore , de quelle nation, & s'ils n'eſtoient point morts de mauuaiſe maladie, comme de lepre, verole, ou peſte : il luy reſpondit, Le Juifſe qu'il ne ſe ſoucioit point d'où ils fuſſent, ny de quelle mort ils eſtoient morts, ou s'ils eſtoient vieils ou mocque des ieunes, maſles ou femelles, pourueu qu'il en euſt, & qu'on ne les pouuoit cognoiſtre quand ils eſtoient Cºrºſº embaumez. Encore luy dit-il qu'il s'eſmerueilloitgrandement comme les Chreſtiens eſtoient tant friands ## de manger les corps des morts- Ledit de la Fontaine l'importunant de luy declarer la façon qu'il tenoit à r ! /773 f 467 manger de les embaumer, dit qu'il vuidoit le cerueau & les entrailles, & friſoit de grandes inciſions au profond des #. ,., muſcles, & apres les rempliſſoit de poix indée,appellée aſphalte, & prenoit des vieux linges trem- corps morts. P * º ladite liqueur, & les poſoit dans leſdites inciſions, apres bandoit chacune partie ſeparément : & R#onſe du cftans ainſi bandez, enueloPpoit tout le corps d'vn drap trempé ſemblablement en ladite liqueur : leſ- iu#, dis quels ainſi accouſtrez , les mettoit en certains lieux, où il les laiſſoit pour confire deux ou trois mois. d'eſtre bien Finalement ledit de la Fontaine jdiſant que les Chreſtiens eſtoient doncques bien trompez, de croire ndfée. que les corps mumiez fuſſent tirez des ſepulchres anciens des Iuifs : le Iuif luy fit reſponſe,qu'il eſtoit im- poſſible Combuſtions & Gangrenes. 2 97 A poſſible que l'Egypte euſt peu fournir de tant de milliers de corps,qui ont eſté enleuez depuis que cette ce- - remonie a eſté, Car de dire auiourd'huy qu'elle s'obſerue,cela eſt faux:d'autant que cette region eſt ſeule- ment habitée des Turcs,des Iuifs,& des Chreſtiens,qui ne ſont couſtumiers d'vſer de telle ceremonie d'em- baumement , comme du temps que les Roys d'Egypte y commandoient. C H A P. X IV. •° Z R par ce diſcours du Iuif, on voit comme on nous fait aualler indifcrettement & brutalement N§ la charongne puante & infecte des pendus ; ou de la plus vile canaille de la populace d'Egypte, , ou de verolez,ou peſtiferez,ou ladres,comme s'il n'y auoit moyen de ſauuer vn homme tombé é$ de haut,contus,& meurtry,ſinon en luy inſerant; & comme entant vn autre homme dedans le 7ºS corps,& s'il n'y auoit autre moyen de recouurer ſanté, finon que par vne plus que brutale in- humanité. Et ſi en ce remede yauoit quelque efficace,veritablement il y auroit quelque pretexte d'excuſe. Mais le fait eſt tel de cettemeſchante drogue,que non ſeulement elle ne profite de rien aux malades, com- me i'ay plufieurs fois veu par experience à ceux auſquels on en auoit fait prendre , ains leur cauſe grande . douleur à l'eſtomach, auec puanteur de bouche,grand vomiſſement , qui eſt pluſtoſt cauſe d'eſmouuoir le Nota. ſang,& le faire dauantage ſortir hors de ſes vaiſſeaux,que de l'arreſter : les peſcheurs vſent d'appaſts puans - pour allicher les poiſſons;à cette cauſe ils vſent de Mumie,parce qu'elle eſt fort puante.Theuet dit l'auoir Experienct experimenté en ſoy-meſme,enayant quelquesfois pris en Egypte,à la ſuſcitation d'vn nommé Idere,Iuif.A par Theuet. cette cauſe ie proteſte de iamais n'en ordonner ny permettre à aucun en prendre s'il m'eſt poſſible. Quoy? obiection. dira quelqu'vn , que fera-on donc pour garder que le ſangne ſe coagule dedans le corps de ceux qui ſeront tombez de haut en bas,ou auront receu coups orbes comme de pierre , ou de baſton, ou de quelque autré choſe lourde & peſante.ou ſe ſeront violentement heurté contre quelque choſe dure, ou par vne grande extenſion,comme ceux leſquels on tire ſur la gehenne,ou pour extremement crier , dont quelque vaiſſeau du poulmon ſe peut rompre,ou pour vn coup d'harquebuſe,ou d'eſpée, ou autre inſtrument ſemblable, & pour le dire en vn mot,toutes choſes qui peuuent inciſer,contundre,& meurtrir , caſſer eſcacher, & rom- pre,non ſeulement les parties molles,mais auſſi les os,& faire ſortir le ſang hors des veines & arteres, qui à cauſe de ce ſont preſſées,exprimées,rompuës,& dilacerées,dont le ſang tombe dedans les parties interieu- res du corps,& ſouuent eſt ietté non ſeulement par les playes,mais par la verge,ſiege, & par la bouche Ce que i'ay veu plufieurs fois:meſme les parties exterieures en ſont pareillement contuſes & bleſsées auec playes,& ſouuent ſans playes,de ſorte que le cuir demeure tout entier,mais le ſang eſtreſpandu par la chair des muſcles,& entre cuir & chair ſeulement:dont la partie eſt rendue liuide & noire, laquelle diſpoſition eſt nommée des anciens Grecs,Ecchymoſis. En quoy l'on obſerue entre autres choſes, que ſi quelqu'vn eſt tombé de haut,ou frappé de coup orbe,& qu'il ſaigne par le nez,bouche & oreilles,cela veritablement de- monſtre qu'ily a quelque veine ou artere rompue & ouuerte dedans la teſte,& ſouuent aduient que le ma- ... s :, lade meurt.Les ſignes de mort ſont vomiſſemens,defaillance de cœur,perdition de parole,delire,ou reſue- Signes de rie,ſueur freide,vrine retenue, & les eiections ſortent hors,ou ſont retenues inuolontairement. , , º ... En tout cecy faut ſuiure la doctrine des anciens,comme Hipp.en la 2 ſection des Fractures,qui dit, qu'en #" toutes grandes contuſiós il faut ſaigner,ou purger,ou faire les deux enſemble,afin de tetirer le ſang,qu'ilne # fluë aux parties interieures,& pour l'euacuer quand il y a plenitude.Pareillement Galien ſur la fentence 62. " de la 3.ſection du liure des Articles,que ſi quelqu'vn eſt tombé de haut,encore qu'il n'euſt aſſez de ſang, ſi eſt-ce qu'il luy en faut tirer.Pourquoy le Chirurgien ne faudra à tirer du ſang ſelon la grandeur du mal, & plenitude,& force du malade.Ce qu'ayant fait,on luy donnera à boire de l'oxycrat,par le commâdement du meſme Galien,liure 5.de la Methode,chap.5.quia faculté de refrigerer & reſtraindre & inciſer les thröbus, & caillots de ſang,& garde qu'il ne ſe coagule dedans les parties tant interieures qu'exterieures:toutesfois il ne faut donner à boire à ceux qui ont vlceres aux poulmons, & qui ont l'eſtomach plein de viandes. Au lieu de l'oxycrat,on fera prendre au malade de la rheubarbe,qui eſt ainſi ordónée par Raſis,& Meſué,com- R•ſi & me s'enſuit.24.rhcubarbari electi 3.j.aquae rubiae maioris & plantaginis añ.3.j.theriacae 3. ſº. ſyrupi de roſis Meſué. ſiccis 3.É.fiat potus:lequel ſera dôné tout auſſi toſt que le malade ſera tombé,& ſera retierée par trois ma- tins,s'il eſt neceſſaire. Autres l'ordonnent en cette façon. 2/.. radicum gentiana 3.iij. bulliant in oxycratd, in quo diſſolutio rheubarbarielecti 3.j.fiat potio.Dauantage l'eau de noix vertes tirées par l'alébic eſt auſſi L'eau de fort loiiée,donnée à boire la quantité d'vne ou deux onces,qui a grâdiſſime vertu de diſſoudre le ſang cail- noix vertes lé,tombe dedans le corps,ce que i'ay dit cy-deſſus.Qu'à la mienne volonté, les Apothicaires fuſſent autant ſingulier . curieux d'en eſtre fournis,comme ils ont eſté,& ſont encore d'auoir de la Mumie, & qu'ils la vendiſſent au donnée - quadruple,ce ſeroit le mieux pour les malades. Et i'eſpere qu'apres auoir entendu par cét eſcrit la bonne ºº drogue que c'eſt que la Mumie.ils n'envoudrºt tenir en leurs boutiques,ny la plus vendre qu'aux peſcheurs #º # pour prendre les poiſſons.Mais pour retourner à noſtre propos, apres auoir baillé aux malades les potions # ſuſdites,il le faut enuelopper dedans la peau d'vn mouton,ou d'vn veau freſchement eſcorché , ſur laquelle # §ºi ſera aſpergé & eſpandu de la poudre de myrte puis le poſer dedans vn lict chaudement,où il ſera bien cou- § # uert,& ſuera tout à ſon aiſe,ſans toutesfois dormir de quatre ou cinq heures,afin que le ſangne ſe retire au dedans du corps,& le lendemain on luy oſtera la peau,& ſera oingt de ce liniment, lequel a puiſſance de ſei- der la douleur,& reſoudre le ſang meurtry.24.vnguenti de alt.3.vjolei lumbricorum, camomilla & aneth. añ.3.ij.terebenthinae Venetœ 3 iij.farinx fœnugrxci,& roſarum rubrarum,myrtillorum pulueriſatorum añ. 3.j.fiat linimentum Et ſi c'eſt quelque homme qui ne puiſſe auoir telles commoditez,il le faut mettre dedans du fien:mais premierement deſſus vn peu de foin,ou paille blanche,puis l'enuelopper en vn drap,& le cou- urir dudit fien iuſqu'à la gorge,& l'y faire tenir tant qu'il ait bien ſué.Dauâtage faut que les malades tien- nent bon regime de viure,& ne boire vin de ſept iours,ains ſeulement de l'hydromel,ou oxymel, ou hippo- crasd'eau.Et ſi le mal eſt grand,de ſorte que le malade fuſt tant meurtry, qu'il ne peuſt remuer les membres on luy donnera vne potion ſudorifique,& le baignera-on en eau,où on aura fait bouillir herbes neruales,& principalement les ſemences que l'on trouue ſous le foing,qui ont grande vertu de diſſoudre le ſang meur- try,tant des parties interieures,qu'exverieures. Toutesfois,s'il y auoit fiévre,ne le faudroit mettre au bain, & ſerois d'aduis qu'on appcllaſtvn docte Medecin. Or apres auoir diſcouru ſommairement des remedes pour garder que le ſang ne ſe congele,caillebotte,& pourriſſe dedans les parties interieures du corps:nous traitterons à preſent des cötuſions & meurtriſſeures,qui ſe font aux parties exterieures,quelquesfois auec playe,autresfois ſans playe,en ſorte que ſe cuir demeure tout entier,mais le ſang eſt reſpandu par les muſ- eles,& entre cuir & chair ſeulement : laquelle indiſpoſition a eſté nommée des anciens Ecchymoſe. • - C H A P ' - - - - 298 Douzieſme Liure des Contuſions, Faut diuer. ſifier les re. medes ſelon # les parties bleſſées. Ue# vemedes ſont eſcrits pag. 454- Scarifica- tions ſuper- fieielles. Remede pour fe talon ron- 3h4f. Hippstº au liure des Articles. Miſtoires - C H A r 1 T R E XV. 7 L faut diuerſifier les remedes ſelon ſes parties bleſsées.Au commencement on doit vſer de remedes froids & aſtringens,afin que le ſang ne tombe ſur les parties offensées, & reſſerrer les veines &arteres , pour empeſcher la fluxion,cemme-ceſtuy cy : prenez onguent de bolo, blanc d'œuf, huile roſat, & de myrte, poudre de maſtic,alum cuit. Autre,que i'ay en vſage * ordinairement.3/. albumina ouor.num.tria,olei myrtill & roſarum afi.3.j.nucum cupreſſi,& gallarum pulueriſatarum,aluminis vſti añ.#.ij-incorporentur ſimul,addendo aceti parum , fiat vnguentum. Apres auoir vsé ſuffiſamment de repercuſſifs,onvſera de fomentation,emplaſtres,& cataplaſmes reſolutifs. Exemple.Prenez de la bouë de vache,lie de vin,ſon de fourment,terebenthine commune, beurre frais, & ſoit fait cataplaſme,yadiouſtant de l'eau devie,& vn peu de vinaigre.Ce cataplaſme eſt propre à reſoudre quelque grande meurtriſſeure ſur les bras & iambes des pauures gens. Aux riches on vſera de ces emplaſtres, qui ont eſté de long-temps ordonnez pour les Roys, Princes & grands Seigneurs allans à la chaſſe.Lors qu'ils tomboient de cheual,ou ſe heurtoient, les C hirurgiens ap- pliquoient cét emplaſtre au commencemét.% boliarmeni,terrœ ſigillata afi-3-j-É.roſarum rubrarum,myr- tillorum afi.3.vj.nucis cupreſſi 3.ij.omnium ſandalorum afi-3.j.nucis moſcatar 3.4.maſtichis, ſtyracis, cala- mitr,afi. 3.j. 6 cerz nouz #. † naualis 3 ij.terebenthina Venetz, quantum ſufficit : fiat emplaſtrum. Et quand il eſtoit beſoin de reſoudre dauantage,on vſoit de ceſtuy-cy.#.ſtyracis calamitx,labdanibenjoin. añ.3.iij.maſtichis,ireos Florentiz,baccarum lauri,cinamomi,caryophili,calami aromatici,añ.3.j.ligni aloes, florum camomillz,lauandulz,nucis moſcata añ.5 É.moſchi 3-j.cerae noux 3.vj. reſinz 3. ij.terebenthinz Venetz 3.iij. olei roſarum quantum ſufficit : fiat emplaſtrum. S'il aduient qu'on ſoit bleſſé au viſage, & que l'on ait les yeux(comme l'on dit)pochez au beurre noir, faut ſubit prendre vn mouſchoir trempé en eau froide,& vinaigre,& en baſſiner la partie. Cependant on aura blancs-d'œufs battus en eau roſe, pour les appliquer dedans & autour des yeux,& parties proches Et ſubit que tel remede ſera ſec,on y remettra d'autre:Et apres du ſang de pigeon ouautre volaille,qui ont faculté de ſeder la douleur,& reſoudre le ſang meurtry des yeux. Auſſi on fera vne fomentation de ſauge,thym,romarin,marjolaine boüillies en eau & vin. Dauantage on peut prendre de l'aluyne hachée,& posee ſur vne pelle chaude, & l'appliquer deſſus entre deux linges. La farine de féves cuite en oxymel y eſt auſſi bien propre.Quant aux emplaſtres de diachylon ireatum, deme- liloto oxycroceum,elles ſont pareillement reſolutiues : mais ſurtous autres remedes, pourueu qu'il n'y ait ny douleur ny chaleur.La racine de ſigillum beatæ Marix appliquée par roüelles,ou ratiſsée,diſcute & re- ſout le ſang meurtry comme choſe miraculeuſe.Que ſil'on s'eſtoit heurté des doigts contre quelque choſe dure,ou reçeu quelque coup,ou preſſé,ou eſcaché les ongles qui ſont en danger de tomber,oumarqué de noirceur,à raiſon du ſang qui eſt flué deſſous:Cela aduenant, tout ſubit on prendra vn linge trempé en vi- naigre froid,& eſtreindra le doigt bleſſé de l'autre main,le plus fort que l'on le pourra endurer,afin de re- primer la fluxion : & pour ſeder la douleur,on mettra deſſus vn cataplaſme fait de fueilles d'ozeille,cuites ſous les cendres chaudes,puis pilées auec onguent roſat,ou beurre frais.Etpour reſoudre le ſang ja deflué, on yappliquera cataplaſmes faits de crotes de chévres,incorporées auec poudre de ſouphre,&vn peu d'eau de vie.La cure ſera paracheuée ſelon que l'on verra eſtre de beſoin.Dauantage ſi par vne grande contuſion & meurtriſſeure ſuruient quelquefois gangrene,& mortification, qui ſe cognoiſt quâd la partie deuiét fort liuide & noire,iuſques à ſembler que ſa chaleur eſt preſque ſuffoquée & eſteinte pour la grande cöcretion de ſang deflué en la partie,qui empeſche que les eſprits ne peuuent paruenir pour l'entretenir en ſon eſtret Alors il faut vſer de ſcarifications ſuperficielles,ou profondes,& appliquer des ventouſes,pour faire attra- ction & vacuation du ſang eſpandu hors des veines : & s'il y auoit totale mortification, conuiendroit faire amputation de ce qui ſeroit mort.Si quelqu'vn a ſauté & tombé ſur le talon de haut à plomb, ſur quelque choſe dure,& par la contuſion le ſang ſort hors de ſes veines,dont il ſuruient grande douleur,puis tumeur, & apres il ſe noircit & ſe fige;puis ſe pourrit.La douleur vient pour la contuſion qui s'eſt faicte à l'aponeu- roſe du gros tendon composé de trois muſcles de pommeau de la iambe, qui s'implante ſous le talon , & fur toute la ſolle du pied, & des nerfs qui ſont en ces parties là : à quelques-vns leur ſuruient fiévre, ſpaſ- me,& autres cruels accidens : ce que ie certifie auoir veu aduenir. Partant il y faut obuier tant que poſſible ſera, en faiſant la ſaignée au bras du coſté malade : puis faire vacuation du ſang meurtry,à ſçauoir en cou- pant la peau deſſous # talon,pour luy döner tranſpiratió,de peur qu'il ne ſe pourriſſe,& qu'il ne face apo- ſteme ou gangrene. Et ſi la peau eſtoit dure,comme elle eſt ordinairement, il eſt beſoin auparauant que la eouper,faire des fomentations d'eau chaude,& huile aſſez longuement:puis y appliquer deſſus du cerat, & autres remedes : la muſcoſité des limaçons auec poudre d'encens,aloës,& myrrhe, ſeichent à merueille le ſang meurtry:faiſant le bandagecomme l'on a accouſtumé aux fractures, commençant ſur le talon , afin de chaſſer le ſangloin de la contuſion,& ſituant le pied plus haut que le reſte du corps,&les guariſſent en ſoi- xante iours,s'ils ſe tiennent en repos ſans nullement marcher. Hippocrate dit que ſi l'os du talon vient ca- rieux,la maladie dure vn fiecle,c'eſt à dire, de la vie de l'homme,& que le malade ne doit boire de vin,ains en lieu d'iceluy,de l'hydromel, & non oxymel:car alors que les nerfs ſont offenſez, le vinaigre leur eſt du tout contraire.Pareillement pour quelque coup orbe,ou s'entorſer,pour quelque meſmarcheure,ou entor- ſure que les os peuuent ſortir de leurs places,& ſe rompre,fendre,& eſclatter, & enfoncent † iuſques à la moüelle:& ſelon les differences,faut diuerſifier la cure Et ſommairement pour ce faire,faut te- nir,pouſſer,eſleuer,ſituer,bafider & lier la partie,& la tenir en repos:toutes leſquelles choſes tu trouueras amplement en l'onzieſme,quatorzieſme,& quinzieſme liures de mes œuures. Le douzieſme iour de Mars 1582.vn Gentil-homme de la ſuitte de Monſieur le Mareſchal de Biron, nom- mé Bernaut de l'Eſtelle,Seigneur dudit lieu,ioüant àl'eſcrime au logis dudit Mareſchal,eut vne playe cótuſe dans l'œil ſeneſtre,trauerſant de l'autre part pres la quatrieſme vertebre du col,icelle faite d'vne eſpée rab- batuë,au bout de laquelle yauoit vn bouton rond & plat, de groſſeur d'vn bon poulce, qui fut donné par vn Gentil-homme du païs de Quercy,nommé le Baron de Bouluet.Toutesfois ledit coup,n'auoit paſſe tout outre de l'autre part,ne rompu entieretnent le cuir,mais y eſtoit demeuré vne petite tumeur liuide & noire de la groſſeur d'vne aueline.D'abondant toute la teſte & le col luy enflerent, né la pouuant tourner pour le ſang qui eſtoit reſpandu entre les muſcles du col.Auſſi ledit Seigneur jetta le ſang par le nez, & par la bouche & fut fort eſtonné dudit coup.Et ne veux oublier que ledit Seigneur Baron,homme fort & puiſſant, ayant bleſſé ledit Bernaut,auſſi toſt qu'il eut donné le coup voulant retirer l'eſpée, ne le peut qu'a grande difficulté,& s'efforça par deux diuerſes fois auparauant que de la r'auoir , à cauſe que les os de rºº # Cº A Combuſtions & Gangrenes 299 A>- À l'œil auoient eſté rompus & enfoncez au dedans parla grande violence dù coup. Mondit Seigneur le Ma- reſchal m'enuoya prier d'aller en ſa maiſon pour penſer ledit bleſſé : où eſtant arriué , le me recommanda d'autant bonne affection, que ſi c'euſt eſté vn de ſes propres enfans.Adonc ie iuy feis promeſſe,que ie le ſol- liciterois comme ſi c'eſtoit ſa perſonne.L'ayantveu,ie fus dedans auec Paradis , Chirurgien de mondit Sei- gneur le Mareſchal,& Solin Crinel, Chirurgien des bandes Françoiſes(hommes bien entendus en la Chi- choſe adñi- rurgie,pour leurs grandes & longues experiences, qui le ſolliciterent auec moy iuſques à ce qu'il fuſt du rabie é, tout guary)qu'il fuſt ſaigné de la veine Cephalique, du côſté de la bleſſeure. Et en l'œil fut appliqué du fort ra . ſang de Pigeon(qui eſt vn vray baume des yeux)&aux parties voiſines blancs-d'œufs battus en eau roſe & plantain, & ſur toute la teſte luy fut faite vne en brocation d'oxyrhodinum : puis luy fut appliqu & vn em- plaſtre diachalciteos(apres luy auoir oſtée le poil)diſſout en huile roſat & vinaigre, pour euiter l'infiam- mation des parties interieures du cerueau. Il luy fut ſemblablement fait ouuerture, à l'endroit où le bout de l'eſpée n'auoit paſſé outre, de laquelle en ſortit bonne quantité de ſang noir & caillebotte & fut tenuë ouuerte tant que nous veiſmes la teſte & le col tout deſenflez : & les accidens pafſez ; nous luy fiſmes plu- ſieurs autres choſes,que ie laiſſe à cauſe de brieueté. Ie ne veux paſſer ſous ſilence , que Meſſieurs Pigray, Cointret,le Fort,Dioniau,Viard,& Nicolas Marc,& pluſieurs autres, tant Medecins que Chirurgiens , vin- drent voir penſer cette bleſſeure, ſans perdre la veue, qui eſt vqitablement choſe admirable. Il fut gua- ry,graces à Dieu,en vingt-quatre iours, & ce ſans que nulle portion d'os en fuſt ſortie, qui eſt encore plus eſmerueillable. Que ſi quelqu'vn demande comment cela s'eſt peu faire : Ie luy reſpondray que peut eſtre les os de l'orbite qui auoienteſté pouſſez au dedàns,'peurent aûſſi eſtre reduits eu leur lieu, retirant l'eſ- Pée au dehors. - C H A P 1 T R E xVI. 3 E ſeptieſme iour de Iuin , mil cinq cens quatre † & deux ; le fils de Mathurin le Beau, S\ Marchand Bonnetier, demeurant ruë S.Denys,à l'enſeigne de la Couronne d'argent, aagé de # vingt ſix mois, eſtant au milieu de la ruë, vne coche chargée de cinq Gentils-hommes, la #/ # roie de deuant paſſa au trauers du corps dudit enfant.Le peuple, criant au cocher qu'il ar- TS\SNC2N reſtaſt ſes cheuaux, les fit reculer en arriere,& la roüe repaſſa encore vne fois par deſſus le corps de l'enfant. Il fut porté en la maiſon de ſon pere & penſoit-on qu'il fuſt mort,& tout euentré, Subit ie fus enuoyé querir pour penſer ledit enfant : lequel ie rcuiſitay bien exactement, & ne trouuay aucune fracture, ny luxation en aucun endroit de ſon corps. Tout à l'heure i'enuoye querir à la porte de Paris vn mouton que ie feis eſcorcher: & apres auoir frotté le corps dudit enfant d'huile roſat & de myrtile,ie l'en- ueloppay nud en la peau dudit mouton tout chaudement, puis luy feis boire de l oxycrat en lieu de Mu- : . » mie,pour garder que le ſang ne ſe caillebotaſt,& figeaſt dedans le corps. Dauantage ie dy à la rnere qu'elle # ººº- le gardaſt de dormir le plus qu'elle pourroit,pour le moins quatre ou cinq heures,afin que le ſang ne cou- tiſſement. ruſt pas tant aux parties interieures du corps (ce qu'elle fit. ) En outre ie luy appliquay des fomentations d'herbes reſolutiues & emplaſtres,propres aux contuſions,pour reſoudre le ſang meurtry. Trois ou quatre iours apres, apperceuant que ledit enfant ne ſe pouuoit tenirdebout, & moins cheminer , ie ſeis appeller Monſieur Pierre,Docteur Regent en la faculté de Medecine, homme d'excellent ſçauoir , qui luy ordcnna quelque petite medecine,parce qu'il auoit le ventre fort conſtipé: & craignant que la retention des excre- mens ne procedaſt pour la leſion de l'eſpine & les nerfs qui laſchent & aſtraignent les excremens : comme ainſi ſoit que les malades qui ont fracture ou luxation aux vertebres, ſouuent laiſſent aller leurs excremens inuolontairement,autresfois ſont retenus ſans les pouuoir jetter dehors,ce que i'ay veu pluſieurs fois.joint auſſi que par vne grande contuſion les coſtes ſe peuuent ſeparer des vertebres,où elles ſont joinctes.Pareil- lement le defaut de ſe ſouſtenir & marcher,me faiſant craindre que ie n'euſſe trouué le vice par la veuë & au toucher,ſçachant que deux yeux voyent plus qu'vn,ie feis ſemblablement appeller Iean Cointret,& Iac- ques Guillemeau,Chirurgiens du Roy,autant bien entendus en la Chirurgie qu'il y en ait à Paris.où eſtans arriuez viſiterent ledit enfant,ſur lequel ne trouuerent aucune fracture ne luxation.Ainſi pourſuiuant la cu- re iufques à la fin,il eſt du tout guary, graces à Dieu, & chemine comme il faiſoit auparauant qu'il fuſt bleſſé.Et ſi l'on demande comment la roüe de la coche chargée de cinq hommes puiſſe auoir paſſé au tra- uers du corps de l'enfant,ſans auoir rompu les coſtes & vertebres:Ie reſpondray, que les coſtes , & princi- palement les fauſſes ſont cartilagineuſes,& mollaſſes,nommément aux ieunes enfans,& partant ſe peuuent grandement ployer,ſans eſtre rompuës. Cette preſente hiſtoire pourra encore ſeruir au ieune Chirurgien, pour faire le ſemblable,ou mieux s'il peut,à l'endroit de telles bleſſeures, - Voila comme les anciens Medecins commandent de traicter ceux qui ſont tombez de haut, ou ont eſté frappez,contus & meurtris,pour obuier que le ſangne ſe coagule, ou caillebote, ou ſe pourriſſe, tant aux parties interieures, qu'exterieures, leſquels n'ont iamais parlé , ny ordonné à manger ny à boire de la Mu- mie,& chair des corps morts.Partant nous la renuoyerons en Egypte,comme nous ferons de la Licorne aux deſerts inacceſſiblcs. - \. HiâoirL. y Des combuſtions, bruſleures, & differences d'icelles. C H A P. xvII. 39 E feu eſt plus chaud ſelon les matieres où il eſt imprimé , comme celuy qui eſt au bois de Pifº # chefne, eſt plus chaud que celuy qui eſt auſaule, ou en la paille:celuy qui eſt au fer,eſt plus de bruſlen- # chaud que celuy qui eſt en l'or : celuy qui eſt en l'huile, plus que celuy qui git en l'eau, & # &t; d # ainſi des autres matieres. Mais le plus chaud & plus ſubtil & mortel , eſl celuy du Ciel, qui # # 7 #S vient par les foudres & tonnerres, & eſt le feu des feux. Les bruſleures faites par poudre à - canon , ou metaux,huile,éau,& generalement toutes autres matieres qui bruflent,nc different qu'en la ſeu- le quantité de la combuſtion. Leſquelles tout ſubit impriment à la partie vne douleur & chaleur eſtrange, - † retient la qualité du feu(que les Grecs appellent Empyreuma)plus ou moins ſeló la nature & qualité de a choſe qui bruile,& le témps qu'elle aura demeuré ſur la partie.Si la bruſleure eſt ſuperficielle,il s'eſleue Bies puſtules ou veſſies ſi on n'y preuoit:& ſi la bruſleure eſt profonde,il s'y fait eſcarre ou crouſte , qui eſt ... .. ,: , la chair bruſlée.L'action du feu faiſant combuſtion, laiſſe à la partie intemperature chaude qui condenſe, # aciicv dti reſtrecit,& eſpeſſit le cuir,le rédant dur & reſſerré,cauſant grande douleur,comme auons dit:qui eſt cauſe # ſi - d'attiier les humeurs des parties prochaines & lointaines , qui ſe conuertiſſent en aquoſitez ſereuſes, qui # # cherchans iſſue,qui leui eſt deniée à raiſon du cuir eſpeſſi par lc feu,eſleuentainſi que nous voyons la peau ſies par #. - excitans veſſies.Et de ces differences ſoat priſes indications,dont on tire les remedes,entre leſquels #vns • " ' . - oſtent 3oo Douzieſme Liure des Contuſions, # # | | - oſtent l'empyreume,qui eſt la chaleur eſtrange imprimée en la partie bruſlée,& appaiſent la douleur qu'el- A Medicamens le excitoit.Les autres empeſchent qu'il ne s'eſleue veſſies.Autres preuoyent à la cure des vlceres,en faiſant refrigera- premierement tomber l'eſcarre,mondifient,incarnent,& cicatriſent.Les remedes qui oſtent l'ardeur, dou- rif . leur,& inflammation,ſont de deux ſortes.Les vns le font par leur vertu refrigerante , par laquelle ils eſtei- gnent & amortiſſent la chaleur eſtrange, & repouſſent le ſang,& les autres humeurs qui afflueroient à la partie,à cauſe de la douleur & inflammation.Les autres ſont de nature du tout contraire, à ſçauoir chauds & attractifs,qui relaſchent le cuir,& ouurent les pores, reſoluent & conſomment l'humidité ſereuſe, qui cauſe les veſſies:& par ce moyen appaiſent la douleur & inflammation.Exemple des refrigeratifs,l'eau froi- de,eau de plantain,de morelle,de iuſquiame de ciguë,& jus d'herbes refrigerantes, comme de pourpié, lai- ctuès,plantain,ioubarde,pauot,mandragore, & autres ſemblables. On en pourra ſemblablement faire de compoſez.Exemple blancs d'œufs battus,auſſi eaux ou ſucs , la fange de chemin dilayée en fort vinaigre, l'alum de roche fondu en eau,en laquelle ſeront battus blancs-d'œufs , l'encre qu'on eſcrit meſlée en oxy- crat auec vn peu de camphre,vnguentum nutritum,populeum,recentement faits,ou autres ſemblables,leſ- quels ſeront renouuellez ſouuent au commencement tant que l'Empyreume & la douleur ſoient appaisées. Annotation Dauantage ne faut oublier d'appliquer leſdits remedes vn peu chauds,parce que s'ils eſtoient froids actuel- pour le ieune lement,ils inciteroient douleur,& par conſequent fluxion:joint auſſi que leur vertu ne pourroit penetrer ſi Chirºtien facilement,& cſtre reduits de puiſſance en effect,& eſtans ainſi appliquez ſedent la douleur,prohibent l'in- flammation,& les veſſies. Des medicamens chauds & attractifs , qui oſtent la douleur & inflammation. CH A P I T R E X V I I I. |8 :47ſ)ſ# E feu tient le premier lieu aux petites bruſleures.Quand onapproche le lieu bruſlé contre vne N$ chandelle ou charbon ardant, & le tient-on aſſez longuement, on void par experience, que # cette chaleur attire à ſoyce que le feu auoit delaiſsé de ſa qualité,dont procedoit la douleur: Les onguens - & eſt par ce moyenle vray alexitere & contrepoiſon du mal qu'il auoit fait. Autre remede. ſont propres dySNSN *º c'eſt d'appliquer ſubit des oignons cruds pilez auecvn peu de ſel. Et eſt à noter, qu'il ne lcs aux combs- faut appliquer s'il y auoit vlcere, parce qu'ils cauſetoient douleur,& feroient augmentation d'infiamma- Aions. tion : ce qui ne ſe fait où le cuir eſt demeuré entier,ſans eſtre eſcorché, mais prohibent qu'il ne ſe procrée bubes ouveſſies:& à cette occaſion Hippocrate s'en ſert pour faire tomber les eſcarres.Et quant aux parties • circonuoiſines,eſt vtile y appliquer remedes refrigerans.Ie ſçay que pluſieurs n'ayans encores experimenté 1 ce remede des oignons,conſiderée leur qualité chaude,contemneront l'application d'iceux,voulant diſpu- ter les maladies eſtre curées par leurs contraires,& que combuſtion eſt faite par chaleur : parquoypour ſa cure demande remedes fioids.Toutesfois s'ils veulent oüir la raiſon ils comprendront. L'apparente probation de l'vtilité des oignons au premier appareil des ccmbuſtions. Raiſºn, d., , Les oignons, comme dit Galien , ſont chauds au quatrieſme degré : dont tant s'en faut qu'ils contra- l' ilité , rient aux combuſtions, que pluſtoſt doiuent eſtre cauſe de l'augmenter : parquoy n'y peuuent commodé- eignons é, ment eſtre appliquez. Or nonobſtant que telle raiſon ait quelque apparence de probabilité, toutefois l'ex- combuſtions. perience, raiſon, & authorité nous en demonſtrent le contraire, ce que i'ay veu pluſieurs fois par expe- rience. Et par raiſon ſe peut prouuer, que les oignons ſont chauds potentiellement,& actuellement humi- des : ainſi par leur temperature chaude rarifient,& par leur humidité actuelle relaxent le cuir : par ce mo- C yen attirent, conſomment, tariſſent, & ſeichent l'humeur ja fiué : ce faiſant prohibent les veſſies : qui eſt auſſi la raiſon pourquoy il eſt bon promptement qu'on eſt bruſlé, n'approcher la partie du feu. Par au- ctorité,Galien me perſuade au cinquieſme liure des ſimples, comme les maladies ne ſont touſiours guaries par contraires qualitez : mais aucunesfois par ſemblables : combien que toute curation ſoit faite par con- - trarieté , prenant contrarieté largement. Ce que manifeſtement appert aux phlegmons, qui ſont ſouuen- Pluſieurs re- tesfois curez par medicament reſolutifs, leſquels en euacuant la matiere les curent. Parquoy i'oſe conclu- me,es cenvre re l'application des oignons eſtre commode au commencement des bruſleures, non toutesfois eſcorchées les bruſleu- ou vlcerées.Autre.Prenez fiente de cheual toute recente, & ſoit fricaſſée en huile de noix ou huile roſat, 3'4ºJ, & ſoit appliqué ſur le lieu bruſlé. Il faut renouueller ces remedes trois ou quatre fois leiour & la nuict» s'il y a grande douleur. Medicamens attractifs. • JAutre remede. \ lA° Prenez huile de noix,fueilles de ſureau,ou d'hiebles, cuite en ladite huile, & ſoient pilées,yadiouſtant - vn peu de ſel,& appliquées comme deſſus. • A114?rº, - · - Prenez chaux eſteinte, & lauée par ſix fois puluerisée, & incorporée auee vnguent roſat. : -AA4E7º. - *- Prenez fueilles de jarus, autrement vit de chien, fueilles de ſaulge, pilées auec vn peu de ſel. • •A lºtrº. Prenez colle des Menuiſiers,fondue en eau chaude,en double vaiſſeau,& en appliquezauec vne plume ſur la partie bruſlée.Et ſi par ces remedes on ne peut tât faire qu'il ne s'y faſſe quelques vefſies,les faudra cou- per auſſi toſt qu'elles ſeront eſleuées:pource que l'humeur retenu ſous icelles acquiert vne acrimonie , qui D corrode la chair , qui cauſe vlceres caues.Ainſi par la multiplication de cauſe, & accroiſſement de matiere s'augmente l'inflammation,non ſeulement neufiours(ſelon le vulgaire)mais quelquesfois plus long-temps, & aucunefois moins.ſelon la diuerfité des corps,& auſſi tant que la douleur ſoit ſedée,& la fluxiö arreſtée. Remede ren- Si la brufleure eſtoit ſi grande,qu'elle euſt fait eſcarre,on la fera tomber par remedes remolliens, & hume- tre l'eſeart. ctans,comme axunges,huiles,beurre,auec vn peu d'onguent baſilicum,ou cét onguent.2l mucilag-pſilij &: cydoniorum afi.3.iiij.gummi tragacanthi 3.ij.extrahantur cum aqua parietariae,olei lilior.3.ij.f.cerae nouae Remede con- quantum ſuff,vnguentü molle.Et ſur les eſcorcheures ou vlceres ſeront appliquez remedés propres à telles º º ºſeer-vlceres,leſquelles n'auront nulle acrimonie,comme vnguentialbi raſis camphorati, deſiccatiuum rubeum, cheures. .. onguent roſat,auquel n'y entre point de vinaigre,ou nutritum,fait comme ceſtuy.2/...lithargyri aurei 3.iiij- 9ºgºnt bië ol roſati 3.iij.olei de papauere 3.ij.aqua ſolani vel ſucci & planta.añ.3.ij.vnguéti popul.3.iiij.canmph approuué. - - - - -- # jºnguet Popul# ] Pnurae 3.j.fiat vnguent.in mortario plumbeo ſecundum artem.Autre. Prenez huile d'œufs battue en vn mortier de plomb : auſſi chaux viue,lauée par neuffois,puis incorporée auec onguent roſat ou beurre frais ſans ſel,8e quelque nombre de moyeufs d'œufs durcis:ou 2/.butyri recëtis ſine ſale vſtulati & colati 3.vj. vite11orum ouorum iiij.ceruſe lota in aqua plantag,vel roſarum #.É.tuthix ſimiliter lota 3.iij.plumbi vſti & loti 3-ij- miſceantur omnia ſimul,fiat linimentumvt decet.Et faudra augmêter ou diminuer la deſiccation de l'vlcere ſelon t \ | - º # - # Ft (! Combuſtions & Gangrenes. 3o 1 A ſelon qu'on verra eſtre beſoin.Autre 2Z.corticis ſambuci viridis & olei roſati an. fb.j. bulliant ſimul lento igne, poſtea colentur & adde olei ouorum 3.iiii,pul.ceruſae & tuthia praeparatæ an,3.j, cerx alba quantum ſufficit, fiat vnguentum molle ſecundùm artem. . - # tre pour le viſage. Il faut prendre de la pommade 3.ij.mucilage de pſyllion tyré en eau roſe 3.j.camphre 9.j.ſperme de ba- leine.3. ij. & ſoit fait onguent. S'il y auoit vne grande chaleur & douleur, on prendra ſuc de iuſquiame, iombarbe,ciguë,feüille de nenuphar, de chacun tant qu'il ſera beſoin,beurre frais,ou huyle roſat puis in- corporez le tout dans vne écuelle ſurvn rechaud:& ſoit appliqué deſſus la bruſleure,& renouuellé ſouuét. vnguent pour les taches des grains de poudre à canon. 2Z. vaguenti citrini recenter diſpenſati 3.ij.oleiroſati 3 6.incorporentur,& fiat linimentum. - Autre qui a vertu d'appaiſer la douleur. Prenez moyeux d'eufs cinq ou ſix, & ſoient incorporez auec mucilages de ſemence de lin, de pſyllium & de coings & renouuellez ſouuent.Autre.2/. mucilagin.ſem. lini,pſylij & cydonfo. extract. in aqua roſa, vel communi,addendo camph.parum.Et à fin que ce remede ne ſe deſſeiche trop ſubitement,faut adiouſter vn peu d'huyle roſat. -Autre dent les Bames de l'Hoftel-zºitu de Paris vſent aux bruſleures. - 2/.. lardi conſciſſi per fruſtra fb.j.liquefiatin aqua roſar.deinde coletur perrarum linteum,& frigidum la- uetur quater cum aqua iuſquiam.vel alteriusgeneris eiuſdem,deinde cum eoincorporentur vitelli ouorum recent.num.viij. fiat vnguentum. Lors qu'il y agrande douleur,comme aduient toufiours à telles vlceres, on doit mettre deſſus de la toi- le de creſpe, afin que lors qu'on les eſſuye,on ne les touche à nud & au trauers de ladite toile de creſpe la ſanie ſort librement, & les remedes y entrent pareillement : ce faiſant le malade eſt grandement ſoulagé de la douleur, à cauſe qu'en eſſuyant la ſanie on ne touche à nud l'vlcere.Dauantage faut bien garder, que ſi les bruſleures ſont faites aux palpebres, ou aux léures, ou entre les doigts, ou à la gorge,ou ſous les ai- ſeilles, ou aux jarrets, ou au ply des bras, qu'icelles parties ne ſe ioignent les vnes contre les autres : pat- tant on y pouruoira en bien ſituant les parties bruſlées , & mettant touſiours quelques linges entre deux. Ie ne veux icy mettre en arriere, que la poudre à canon enflammée penetre en la chair , ſans quelquesfoi vlcerer le cuir:ce qui aduient pour ſa tenuité & ſubtilité. Elle demeure de telle façon au profond d'icelle chair, qu'elle n'en peut aucunement eſtre oſtée : en ſorte qu'ayant eſſayé à l'en tirer par tous moyens qu'il m'a eſté poſſible, comme auec veſiccatoires, ſcarifications & cornets appliquez deſſus, ce neantmoins la teinture & marque d'icelle y eſt demeurée , tout ainſi que l'on void les characteres ou lettres qu'on a fait aux eſclaues y demeurer à lamais, quelque choſe qu'on y puiſſe faire. Vne profonde bruſleure n'eſt tant douloureuſe qu'vne ſuperficielle C H A P. XIX. A v A N T A G E vne profonde bruſleure ayant fait eſcarre dure, n'eſt tant douloureuſe com- me vne qui eſt ſuperficielle; ce que l'experience quotidienne m6ſtre en ceux qui ſont cauteri- ſez : car toſt apres la cauteriſation ne ſentent que bien petite douleur, à raiſon qu'icelle gran- à de combuſtion oſte le ſentiment, en bruſlant & mortifiant les parties ſenſibles, comme nous auons dit cy deſſus;parlans des playes des parties nerueuſes, & de la douleur des dents. Et à telles eſcarres fait des ſcarifications, tant & ſi profondes , qu'on alle à la chair viue, afin de donner tranſ- piration aux humeurs, & places aux medicamens remollitifs pour pluftoſt faire tomber l'eſcarre, & apres on appliquera remedes deterſifs,& generatifs de chair, adiouſtant aux ſuſdits onguents qu'auons parlé cy- deſſus, des poudres minerales. Et quant à la quantité ie ne la puis deſcrire ſans eſtre taxé auec ceux que Galien dit, chauſſer toutes perſonnes à vne forme : dont ie laiſſe la quantité d'icelles poudres à la pruden- te coniecture du Chirurgien, cognoiſſant bien, que la quantité des medicamens ne ſe peut rattonnellement deſcrire ( non plus qu'vn peintre la meſlange de ſes couleurs ) tant pour la diuerſité des diſpoſitions, que des corps, & des parties d'iceux, & auſſi ſelon la varieté des accidens,& autres choſes qu'auons cy-deuamt dit, parlans des indications. Et apres que la nature aura remply de chair l'vlcere , on vſera de medicamens cicatrizatifs qui ont vertu de faire le cuir. Or la cicatrice des bruſleures demeure ſouuent laide & rabo- teuſe : parquoy ſera applanie (& principalement aux mains & à la face ) par les remedes eſcrits au traicté de la peſte , chapitre trentehuictieſme. La bruſleure faite par le tonnerre doit eſtre traictée comme celles qui ſont faictes pour la poudre à canon. Des gangrenes & mortifications. C H A P. X X. N \ ºſ2 N toutes les playes & ſolutions de continuité ( deſquelles i'ay perlé cy - deſſus ) ſuruiennent , le plus ſouuent grands & griefs accidens , tant pour l'inaduertence du Chirurgien, que par 3 les fautes qui viennent auſſi bien du patient , que des autres chofes exterieures : ou pour la grandeur de la maladie : & principalement en autres accidens aduiennent gangrene & morti- ' fication , qui ſont de tres-grande importance & peril de vie , fi diligemment on n'y remedie. Parrant m'a ſemblé bon eſcrire deſdites Gangrenes & mortifications, & ce pour deux raiſons : Lvne eſt, que leſdites gangrenes & mortifications donnent plus de mal, tant aux Chirurgiens qu'aux patiens, que les maladies auſquelles ſuruiennent, au moyen dequoy faut delaiſſer la propre cure, pour obuier à leur fureur & malignité.L'autre raiſon eſt,que i'ay deſia declaré par cy-deuant, vne partie des cauſes deſdites gangre- nes & mortifications : toutesfois de toutes i'en ay voulu eſcrire amplement & de leur curation, afin qu'vn chacun puiſſe auoir entiere cognoiſſance de les curer ainſi qu'il appartient. Ie commenceray donc a la de- finition, puis te declareray les cauſes, leurs ſignes, prognoſtic, & conſequemment la curation, que iedon- neray à entendre par exemple & demonſtration familiere. Gangrene eft vne diſpoſition,qui tend à mortifi- cation de la partie bleſſée, qui n'eſt encores morte ny priuée du tout de ſentiment,mais elles ſe meurt peuà peu, en ſorte que ſi bien toſt on n'y donne ordre,elle ſe mortifiera du tout , voire iuſques aux os:qui alors eſt appellée des Grecs sphacºlos, ou Neereſis, des Latins Syderatia, & efihiomenos ſelon les modernes , & des vulgaires le Feu ſainct Antoine,ou ſanct Marcel. - C-c - Dts Bon doca- ºent au ies. me Chirur- gien. On ne peut aſſigner. Par livre la qnantité des medicas /726772 ;a, Il faut laiſ- ſer la propre cure pour ſuruenir aux accidens, Definition de gangrº- /747, 3o2 Douziéme Liure des Contuſions, –- - –- A Des cauſes generales de Gangrene_r C H A P. XXI. La cauſe ge- Y@ A cauſe premiere & generale de Gangrene eſt, quand par la diſſolution de l'harmonie ou merale de # temperature des quatre qualitez,vne partie ne peut receuoir les vertus ou eſprits,qui la main- gangrene & # tiennent & conſeruent en ſon eſtre, à ſçauoir l'eſprit naturel procedant du foye,porté parles mortificatiö. # veines pour luy döner nourriture.Séblablement l'eſpritvital eſt enuoyé du cœur par les arte- - res pour la viuifier.Auſſi l'eſprit animal enuoyé du cerueau par les nerfs pour bailler ſentimét & mouuement leſquels eſprits receus en la partie, conſeruent & reſtaurent l'eſtre & temperature de la par- tie en ſon entier. Et au contraire, ſi par quelque empeſchement ne ſont communiquez à icelle partie, faut qu'elle ſoit corrompuë & gaſtée & ſon mouuement depraué qui eſt la cauſe principale deſdites gangrenes & mortification:laquelle auſſi prouient d'autres cauſes ſpeciales & particulieres cy-apres declarées. Des cauſes particulieres de Gangrene-. CH A P. XXII. Combuſtion. E s cauſes ſpeciales ſont primitiues, ou antecedentes. Les primitiues & externes ſont combu- ſtions (par le moyen deſquelles ſuruiennent grandes inflammations) faictes actuellement, ou potentiellement : Actuellement, comme bruſleures cauſées par feu, huyle, eau, poudre à canon, ou ſemblables : Potentiellement,par application de medicamens acres, comme ſublimé, vitrioi Frigeration. cauteres potentiels, ou autres : Par frigerations ou grandes morfondures faites par l'air qui nous enuiron- ne, ou Par indeue application des remedes froids & ſtupefactifs,fractures,luxations,grandes contuſions du meurtriſſeures, fortes ligatures, morſures de beſtes veneneuſes, ou autres non veneneuſes, picqueures de nerf ou tendons, playes faites es parties nerueuſes, comme és iointures ou pres d'icelles : ou faites és corPs plethoriques & cacochymes. Autres playes eſquelles les vaiſſeaux qui apportent la vie, ſont du tout - *iſºº tranchez ou en partie, dont à aucuns s'enſuit ce que les Grecs appellent Aneuriſme : & autres cauſes,leſ- • • quelles ie laiſſe pour briefueté. -- -"- | Des cauſes antecedentes de Gangrene . C H A P. XXIII. · ' : Fluxiº cau- $ R# E s cauſes antecedentes ou internes ſont grandes fluxions d'humeurs chaudes ou froides, qui º ſe de gan- : tombent ſur vne partie en plus grande quantité qu'elle ne peut alterer, digerer & regir par les -, #rene. 4- facultez, en ſorte que telles fluxions ſuffoquent & eſteignent la chaleur naturelle & les eſprits, •: - par faute de tranſpiration. Car ponr la petite & eſtroite eſpace du lieu, les arteres ne peuuent # Gat au lin # leur mouuemens naturels outre plus Galien dit qu'aucunesfois l'inflammation commence aux os | de t§, ºººººº eſt auiourd'huy bien manifeſte. Ce que meſme dit Hippocrate en la ſentence 2.des Epidemies. : contr, N ººººº ſeulement inflammation ſimple, mais carie & corruption deſdits os, principalement aux verolez, # fMre . & elephantiques ou mezeaux : deſquels la chair & cuir ſe monſtre ſain en aucuns endroits & non corrom- C , pu, & au deſſous on trouue les os tous pourris, corrodez, pertuiſez & vermolus, & meſme le plus ſou- Hiſtoire uent perdition de leur propre ſubſtance, voire en grande quantité. Ce qui ſe fait d'vne matiere vene- #, menſe, dont la qualité ne ſe peut exprimer. L'hiſtoire ſuiuante en fera foy : hiſtoire, dy-ie, fort remarqua- la teſte,de la ble & digne de grande admiration , d vn Receueur de Madame la conneſtable , demeurant en la ville de treſ § Senlis » nommé du Freſnoy, lequel m enuoya prier de l'aller voir,à cauſe qu'il auoit en la teſte vne tumeur ºeuf entre de la groſſeur d'vn œuf entre l'os occipital & parietal, pour ſçauoir de moy s'il y falloit faire ouuerture, . l'os oecipitat eſtimât qu'il y euſt de la boue.I'y trouuay deux Medecins & deux Chirurgiens demeurans audit Senlis,gens cr parietal. d'honneur & de bon ſçauoir : nous conſultâmes ſur le fait de l'ouuerture. Ayant conſideré la tumeur, & entendu comme elle eſtoit venue peu à peu, & de longue main, & apres auoir ſenty & remarqué vne pul- ſation ( qui eſtoit le mouuement du cerueau) penſant que ce fut vn altere, parce que lors que i'appuyois ma main deſſus, la tumeur s'abbaiſoit & diminuoit, veritablement i'eus opinion que c'eſtoit vn Aneuriſme: & des lors ie dy,qu'il ſe falloit bien garder de faire ouuerture de ladite tumeur,de peur d'vne hemorragie, & par conſequent de mort ſubite. Or il y auoit vn des Medecins,& vn des Chirurgiens, qui tenoient qu'il n'y auoit aucun danger de l'ouurir, eſtimans qu'il n'y euſt que de la boue. Le procez eſtantainſi party en - deux , ie fus d'aduis qu'on enuoyaſt querir Monſieur Fabry, Medecin ordinaire du Roy, & de Madame la - Conneſtable, qui eſtoit lors à Chantilly, pour s'aduiſer s'il y falloit faire ouuerture ou non : lequel donna promptement ſon aduis , eſtimant comme les autres, qu'il y auoit du pus, & qu'on pouuoit ſans nul dan- ger faire euacuation d'iceluy. Toutesfois lors que ie luy dy que i'auois opinion que ce fuſt vn Aneuriſme, par les ſignes qui y apparoiſſoient,il changea de propos, & conclud qu'on n'y touchaſt nullement, & qu'il falloit penſer ladite tumeur comme vnaneuriſme, qui auoit touſiours eſté mon aduis. La reſolution faite ie men reuins à Paris : mais ledit Receueur trois iours apres enuoya querir vn Barbier à vn village pres de Senlis, lequel ſi toſt qu'il fut arriué, & qu'il euſt veule patient, dit qu'il y auoit du pus contenu en ladite D tumeur, & qu'il n'y auoit point de danger de l'ouurir : ce qu'il fit, & en lieu de boue, en ſortit de la pro- #ºſºſtºneº pre ſubſtance du cerueau, & deux iours, apres ledit Receueur mourut. Apres ſon decez, la teſte luy fut dº eerueau ouuerte par Adam Hannequain , Hamard Cheron, Maiſtres Barbiers & Chirurgiens demeurans audit Sen- ſortit de la lis : leſquels m'ont atteſté que la tumeur eſtoit faite de la propre ſubſtance du cerueau, auec deperdition - # #. de deux tables du crane , de la grandeur d'vn Noble à la Roſe. I'ay bien voulu reciter cette hiſtoire, afin | pretenduë d'aduertir le ieune Chirurgien de ne faire ouuerture à lateſte en ſemblables tumeurs. Et pour retourner à 1 · noſtre propos, Gal. dit au Commentaire ſur le 54.Aphor. du 7. liure, que meſme Nature ſorte peut ietter | • la boue au trauers la ſubſtance des os. Souuentesfois auſſi quand la chair de quelque partie eſt vlcerée, il º s'engendre vne mauuaiſe ſanie,acre & fetide,de laquelle ſi les os ſuiets ſont imbus ſe corrompent & cariét. , Ce qu'on voit ſouuent aduenir aux vlceres cacoëthes & malins, ou autres, qui de long-temps ont demeu- - Aphor.41. ré ſur aucune partie.Auſſi Hippoc. le teſmoigne,diſant qu'en tous vlceres d'vn an ou de plus long-temps, # . il eſt neceſſaire que l'os ſe ſepare & tombe,& qu'il y demeure cicatrices profondes & caues semblablement nameuſe. leſdites gangrenes & mortification aduiennent par qualité veneneuſe, chaude ou froide : Chaude, comme on voit aux charbons & anthrax peſtiferez,qu'en moins de vingt-quatre heures ſe fera eſcarre & mortifica- tion en la partie affectée : Froide, comme on voit ſubit aduenir en vne partie ſans douleur precedente, ny tumeur, ny liuidité , ou autres fignes de gangrena. ( e que de Vigo certific auoir veu aduenir à vne noble femme - Combuſtions & Gangrenes. 3o3 A femme de la cité de Gennes Il me ſouuient auſſi auoir veu ſemblable faict en cette ville de Paris à vn hom- Re 4e»ſ . • " me, lequel faiſoit bonne chere le ſoir, ne ſe plaignant de nulle douleur : toutesfois la nuict luy ſuruint gangrene & mortification aux deux iambes, ſans tumeur ny inflammation : mais il y auoit vne couleur en certains endroits tendante à liuidité, noirceur, verdeur : en aucuns autres endroits eſtoit la couleur quaſi naturelle : & toutesfois il n'y auoit aucun ſentiment, & lors qu'on le piquoit auecques la pointe de la lan- cette, ou bien auec vne épingle, il n'en ſortoit aucunement point de ſang, & de chaleur au ſens du tact il n'y en auoit aucune , mais au contraire on ſentoit pluſtoſt vne froideur. Ce voyant, appellay conſeil , par lequel fut deliberé & ordonné qu'on luy feroit pluſieurs & profondes inciſions pour tenter la cure:ce que ie fis, mais d'icelles inciſions n'en ſortoit qu'vn peu de ſang fort noir , gras & quaſi congelé. Pluſieurs autres remedes furent tentez : ce neantmoins en bref rendit ſon eſprit à Dieu auecques grandes reſteries, Gangreneia- ayant le viſage & tout le corps liuide. Ie laiſſe à penſer ſi la cauſe n'eſtoit point veneneuſe. Pareil cas ad- ºurable-. uint à vn quidam à Turin, l'an mil cinq cens trente ſix, ainſi que i'ay entendu par le recit que me fit Fran- çois Voſte, Chirurgien tres-docte, citoyen dudit Turin. En ce lieu ne ſera impertinent de declarer & ex- poſer comme ſont faites gangrenes & mortifications par le froid ſans qualité veneneuſe : ce que i'ay ſeule- ment touché en vn mot aux cauſes externes. Donques pour plus grande clarté ie te l'expliqueray. Le froid extreme, ſoit par l'air ambiens, ou par application de remedes repercuſſifs, froids , & ſtupefactifs, fait vne intemperie froide, ſi grande que les eſprits ſont ſuffoquez & eſteints. Et lors que Nature ou la pro- uidence de tout le corps renuoye autres eſprits pour ſubuenir à ladite partie, leſdits eſprits ne trouuans l'harmonie bien diſposée pour eſtre receus, ſe retirent ſubit vers leur origine, comme s'ils eſtoient repouſ- ſez par le grand froid de ladite partie,ennemye, & du tout contraire à Nature:& pourtant ladite partie ainſi deſtituée deſdits eſprits , promptement ſe mortifie. Cecy ſe cognoiſt manifeſtement en ceux qui marchent par les neiges & glaces : car par l'extreme froid perdent aucuns de leurs membres, & bien ſouuent la vie B cóme preſentemêt declarerons.I'ay bonne memoire auoir medicamété en Piedmond pluſieurs ſoldats ayans Hiſtoire, paſsé les montagnes en Hyuer : deſquels les vns par l'extreme froid auoient perdu les oreilles,les autres la moitié d'vn bras, les autres le membre viril , autres les orteils des pieds, aucuns y perdirent la vie,teſmoin la Chappelle des Tranſis, ſituée ſur le mont Senis. Auſſi me ſouuient qu'en temps d'Hyuer, vn pauure Bre- Chappelle des ton, ſeruiteur d'eſtable, demeurant à Paris , s'en alla coucher ſus vn lict apresauoir bien beu, pres lequel Tranſi . yauoit vne feneſtre à demy ouuerte, par laquelle le froid entra, & tellement luy altera l'vne de ſes iam- Hiſtoire. bes,qu'à ſon réueil penſant ſe leuer ne ſe peuſt ſouſtenir. Et pourtant fut posé pres le feu , duquel il appro- cha ſa iambe, cuidant qu'elle fuſt ſeulement endormie : mais ſe bruſla la plante du pied d'épaiſſeur d'vn doigt ſans rien ſentir : parce qu'elle eſtoitja mortifiée par le froid plus qu'à la moitié. Le lendemain ledit Breton fut apporté à l'Hoſtel-Dieu, où il fut viſité par le Chirurgien, & autres, leſquels conclurent qu'il eſtoit neceſſaire couper & # iambe ainſi mortifiée, ce qui fut fait : mais ce neantmoins ladite Commé4it le froid , au e Gangr.ne,. mortification gaignales parties ſuperieures,en ſorte que dedans trois iours apres, ledit Breton mourut auec ſueur froide,reſueries,grands tourmens & ſyncopes.Dauantage auditmeſme temps d'Hyuer faiſoit ſi grand froid qu'à aucuns malades couchez audit Hoſtel-Dieu l'extremité du nez ſe mortifia ſans y auoir aucune pourriture : à quatre d'iceux ie fis amputation de ladite partie, deſquels les deux guarirent,les autres mou- rurent. Cependant faut noter, qu'en ce cas de froidure les parties extremes, & entre celles-cy les plus cſloignées du cœur,comme les pieds & iambes:ou les plus froides de leur temperament, comme le nez ou oreilles,& autres cartillagineuſes,ſont touſiours ſaiſies de gangrenes les premieres.Puis que i'ay declaré am- plement toutes les cauſes de gangrene & mortification,faut proceder à la declaration des ſignes deſdites gangrenes & mortification, leſquelles ie diſtingueray ſelon leurs cauſes, à fin de bailler aux ieunes Chirur- giens,non encores exercez,l'entiere cognoiſſance deſdites gangrenes & mortification,& de leurs cauſes. -4 - - Des ſignes de Gangrene ». CHA P. XXl V. E s ſignes de Gangrenes faites par inflammation, ſont quand la grande douleur & pulſation qui .. auoient precedé leſdites inflammations, ſont grandement diminuées, & la couleur rubiconde #º de ouvermeille, qui eſtoit auparauant en ladite partie, eſt changée en couleur paſle, fuſque & au-º# & S cunement tendante à liuidité, comme fort amplement deſcrit Hippocrate, en la ſeconde ſection # du liure De fračiuris , où fl parle de la gangrene du talon. I'entens icy douleur pulſatiue, non celle qui eſt # - faicte par le mouuement des arteres, mais vne pulſation iectigatiue, ou poignante qui ſe fait, quand par le combat d'entre les deux chaleurs ( ſçauoir eſt naturelle & non naturelle ) s'eſleuent pluſieurs vapeurs des humeurs & matieres qui tendent à pourriture és parties enflammées. Si le froid eſt cauſe deſdites gangrenes & mortification, ſera aisé à cognoiſtre : car (comme vn chacun ſçait ) le grand froid prom- ptement fait à la partie grande douleur poignante & cuiſante, & rougeur eſteincelante, & toſt apres la rendliuide, & fort froide, & quaſi ſans mouuement & ſentiment , auec horreur ou tremblement , comme ſi on auoit vn commencement de fieure quarte. Si le froid continue plus long-temps que la chaleur de la- gangrene par D dite partie ne puiſſe reſiſter, ſuruiendra gangrene, & par conſequent mortification ( ſi on n'y donne ordre) #. & à la parfin la mort : car ( comme dit Hippocrate) le froid eſt contraire & ennemy aux os,dents, nerfs, au Aphor. 18. cerueau, & la moelle du dos, generalement à noſtre vie, laquelle conſiſte en chaleur & humidité, à cauſe liu.7. qu'il fait ſpaſmes ou conuulſions , & autres mouuemens contre noſtre vouloir, agitation deſordonnée de tout le corps, que nous appellons friſſons, & conſequemment par ſa grande violence eſt ſouuentesfois cauſe de noſtre mort. Quant eſt des gangrenes & mortifications faites par ligatures fortes és fractures, . - luxations, grandes contuſions, tu les cognoiſtras facilement a la dureté, qui eſt pour la defluxion , pareil-#º de lement des veſſies qui ſeront eſleuées au cuir, leſquelles viennent à raiſon de la grande inflammation #. º qui eſt en la partie : ce qui ſe void manifeſtement aux bruſleures : auſſi par la peſanteur, & impotence de # # la patie, qui ſe fait à raiſon que les eſprits manquent, & lors qu'on preſſe deſſus, la foſſe demeure ſans § ſe releuer, comme aux œdemes, & le cuir le plus ſouuent ſe ſepare de la chair. Les ſignes declarez §. aux gangrenes engendrées par inflammation, te pourront donner cognoiſſance des gangrenes faites par morſeures,picqueures,aneuriſmes,playes faites és corps plethoriques & cacochymes : car par ces cauſes eſt faite fuxion, & attraction d'humeurs en trop grande quantité, qui empeſchent ( comme i'ay dit ) l'air & cuentilation de la partie. Mais ie veux encore aduertir qu'ayant cogneu par les ſignes les mortifications, ſe faut differer à faire amputation du membre,iaçoit que les extremitez ſe remuent car la teſte des muſcles ſe remuant tire la queue , ou leurs tendons. Dauantage encore qu'il y euſt quelque peu de ſentiment , ne faut differer l'amputation, iuſques à ce qu'il n'y en aye plus, attendu qu'elle pouriroit les parties voiſines. C2uand aux ſignes de gangrene & mortification Prouenant s de venins , icy n'eſt beſoin de reciter la façon - - - G G 2 CQIIlIIlC Signes de 3o4 Douziéme Liure,des Contuſions, , " 4- · kº Pronoſtic de Gangreme . - Anant-cow reurs de mort en Gä. grenes. Cure gene- rale de gan- grene . lDu tempera- ment du corps. De l4 natu- re des Par ties. . Aſaniere de viure. Remede con- fre t0tt3 U'e- nins pourro- borerile 47aeºér. Inciſions. Hipp. aph. Extremis morbis. Seariſica- ions. Ablutions ou lauemens Egyptiac qui eſt fort eow- uenable aux po urritures. comme l'on peut cognoiſtre & diſtinguer les accidens qui aduiennent, tant des venins chauds que froids : car nous en pourrons parler plus amplement cy-apres. - A - -- •- - Du pronoſtic des Gangrenes. C H A P. XXV. t9S0N9N - P R E s donc que l'on a cogneu la gangrene & mortification par les ſignes & cauſes, faut # N$ auant que tenter quelque choſe de la cure, regarder quel effect pourra auoir ladite diſpoſi- #/N % tion , & le predire & ſignifier aux parents ou amis des malades (ce que nous diſons pro- $ % % gnoſtiquer) comme ie te diray. Gangrene & mortification ſont defi grande ferocité & ma- lignité , que ſi on n'y remedie promptement, la partie facilement , & du tout mourra , & corrompra les parties proches : ce qui eſt cauſe que quelques-vns ont appellé la Gangrene chylomenos, pource que telle corruption chemine par toute la partie comme venin , & la corrode comme fait le feu épris au bois ſec, tant que finalement fera mourir les patiens. Et auparauant qu'ils meurent,ont tous vne ſueur vniuerſelle froide , auec delires ou reſueries, ſyncopes ou eſuanouiſſemens, rouctemens & hocquets : à cauſe que ks vapeurs eſleuées de la putrefaction & pourriture, ſont communiquées & por- tées par les veines, arteres,& nerfs aux parties nobles. Ton pronoſtic fait, faut mettre la main à l'œuure, ainſi que ie declareray maintenant. De la cure generale de Gangrene . C H A P. XXVI. N la curation de Gangrene, faut prendre les indications d'icelle. Car il faut diuerſifier la $ cure ſelon l'eſſence ou grandeur du mal: parce qu'aucunes gangrenes & mortifications occu- { pent toute vne partie, les autres ſeulement vne portion : les vnes ſont profondes, les autres ſuperficielles. Les cauſes auſſi diuerſes font diuerſifier la cure.A toutes cauſes ne conuient ap- $ pliquer vn meſme remede. Samblablement faut auoir égard au temperament du corps & de la partie. Car aucuns (comme auons par cy-deuant dit ) ſont de temperature molle & delicate, comme femmes,ieunes enfans gens oiſif & viuans delicatemét,chaſtrez & autres,leſquels demandent remedes plus doux & moins violens,que ceux qui ſont d'habitude ou ſubſtance dure & robuſte,comme laboureurs,mari- niers,batteliers,chaſſeurs,porte-faix, & autres gens de trauail Non ſeulemét faut auoir cette côſideration du corps,mais auſſi des parties bleſſées.Car il y a difference des parties muſculeuſes & charneuſes,comme bras ou iabe,ou parties nerueuſes,dures & ſolides, côme ſpondyles,iointures,& autres,auſſi des parties chaudes & humides,comme ſont les parties honteuſes,la bouche,la matrice,l'anus,eſquelles plus promptement ad- uiét corruption & pourriture,par cauſe interne,& fluxion d'humeurs,qu'aux autres parties de noſtre corps. Parquoy ſelon l'eſſence, temperature & diſpoſition naturelle de ces parties & du corps,faut adminiſtrer re- medes,& proceder à la cure Et entre les autres remedes,faut ordonner bon regime & maniere de viure,ſur les ſix choſes non naturelles,pour obuier & côtrarier(tant qu'il nous ſera poſſible)à la maladie,& à ſa cauſe, ſi elle eſt encore presête.Si l'habitude du corps eſt plethorique ou cacochyme,faut ſaigner ou purger ſelô le cöſeil du Medecin.Et pour autant que les vapeurs qui s'eſleuét de la partie gangrenée,font cômuniquées par les arteres au cœur, & cöſecutiuement aux autres parties nobles:faut roborer le cœur, afin qu'il n'infecte de ces vapeurs malignes,en donnant à boire theriaque diſſoute en eau de petite ozeille ou chardon benit-mi- thridat a manger,& conſerue de roſes ou bugloſes,opiates,& autres choſes cordiales,qui ont eſté declareés cy-deſſus.on pourra auſſi appliquer cét Epitheme par dehors ſur la region du cœur pour toûjours roborer. 2.aq.roſ.nenuphan.3.iiij aceti ſcyllitici #j.corall.& ſantal alb & rubr.roſ puluer & ſpodijan.3.j. mithri- datij, ther. an.5.ij.É.trochiſc. de camp.3ij.for.cordial.pulu.p.ij.croci 3 j diſſoluâtur OIllI]12 ſimul,fiat epi- thema,quod ſuperponatur cordi cü pannococcineo , aut ſpongia.Voilà briefuement le ſommaire des choſes vniuerſelles:il nous faut venir maintenant à la curation propre & particuliere deſdites gangrenes. C H A P. XXV II. z@4E3 A cure de Gangrene faite par fluxion de ſang, & autres humeurs qui ſuffoquent la partie,ainſi NS que l'on void ſouuét aduenir auxgrandes inflammations, ſe doit faire en euacuant,& ſeichant 7 promptement le ſang & humeurs corrompus, qui ſont arreſtez en la partie dolente, auecques # pluſieurs ſcarifications & inciſions grandes, moyennes, petites, profondes , & ſuperficielles, "N ſelon qu'il ſera beſoin & neceſſaire : afin que ladite partie ſe puiſſe euentiler & fiabeler,& les vapeurs corrompues exhaler. L'on fait les inciſions quand le mal eſt grand,& profond,& prochain a pourri- ture,& les ſcarifications quand il commence à putrefier.Car d'autant que le mal eſt grand, il a beſoin de re- medes grands & violens. Parquoy ſi ledit mal va iuſques aux os, faut diuiſer le cuir & la chair de pluſieurs & profondes inciſions, que pourras faire auec raiſon à ce propre & conuenable. Toutesfois ſe faut donner garde de toucher les nerfs & vaiſſeaux notables, s'ils ne ſont du tout pourris & corrompus. Car en ce cas faut faire inciſion,ſans auoir eſgardauſdits vaiſſeaux mais s'ils ſont entiers,les inciſions ſoient faites entre leſdits vaiſſeaux ſans les toucher, s'il eſt poſſible. Si la gangrene eſt moindre, n'eſt beſoin que de ſcarifica- tions ſeulement.Apres les ſcarifications & inciſions faites, faut laiſſer couler beaucoup de ſang afin de va- cuer la matiere coniointe,deſcharger & ſeicher la partie. Puis appliquer remedes qui ont faculté d'oſter la pourriture par leur vertu calfactiue, deſiccatiue, reſolutiue, deterſiue,& aperitiue,& Penetrer au profonde afin de conſumer la matiere virulente & corrópue, laquelle eſt arreſtée & fixée en la Partie gangrenée.Et à cette intention , feras ablution auec lexiue faite de cendres de figuier ou de cheſne , en laquelle on aura fait boüillir lupins, tant qu'ils ſoient parfaictement cuits. Ou pour auoir remedes Plus parables,faut pren- dre de l'eau ſalée, en laquelle on aura fait boüillir aloes & EgyPtiac » y adiouſtant à la fin de l'eau de vie. L'eau de vie & vitriol calciné eſt ſingulier remede. - - • - - - - - Autre. 2Z. aceti optimi fb.j. mellis roſati 3.iiij. ſyrupi acetoſi.3 iij. ſalis comm.j.v. bulliant ſimul,adde aquae vitæ fb.ſº.D'icelles ablutions faut lauer par pluſieurs fois la partie:car elles ſont de grande efficace aux gangrenes.ceſdites ablutions faites,appliqueras Egyptiac ſur plumaceaux car c'eſt le plus excellent & Pre- mier en dignité entre les remedes côuenables aux pourritures, pource qu'il fait ſeparer la chair Pourried'a- uec la ſaine faiſant eſcarre:deſquelles en tel cas ne faut attendre la cheute, mais pluſtoſt les couper, & oſter ce qui ſera corrompu auec raſoir ou cizeaux : Puis y remettre dudit EgyPtfac tant de fois qu'il ſera beſoin. ©-c De la cure particuliere de Gangrene ». B i Combuſtions & Gangrenes 3o5 A ce que cognoiſtras à la couleur de la chair, à la feteur & ſenſibilité des parties ſubiacentes.La deſcription dudit Egyptiac(duquel i'ay touſiours cogneu grands effects en telcas)eſttelle.2l.floris xris,aluminis rochae, mcllis comm.an.3.iij.aceti acerrimi 3.v. ſalis communis #.j. vitrioli Romani # 6.ſublimati pulueriſati 3.ij. bulliant omnia ſimul ad ignem,fiat vnguentum:s'il eſt beſoin on le fera moins fort.Auec l'application dudit Egyptiac, faut mettre ſur toute la partie affectée ceſtuy cataplaſme lequel empeſche & prohibe la putrefa- Cataplaſns ction,reſout,deterge,deſſeiche & ſede la douleur.2/.far.fabar.hord.orobi,lent.lupinoran.fb.ſº.ſal comm & mel.roſan.3,iiij.ſucci abſinth.marrub.an.3.ij É.aloës, maſt.myrrha & aquae vitæ an.3.ij.oximelitis ſimplicis quant.ſufficit, fiat cataplaſma molle ſecundum artem. Gal.l.3.de la Compoſition des medicamens,ordonne faire cataplaſme pour prohiber la pourriture des gangrenes , fait de farines d'orge & lexiue:auſſi le capital des cauteres eſt fort propre. Leſdits remedes conſomment, reſoluent & detergent la ſanie virulente & ma- tiere pourrie : & pour leur grande ſiccité & tenuité d'eſſence penetrent au profond, empeſchent la putrefa- ction,ſedent la douleur,& roborent la partie : ce qui eſt plus neceſſaire en tel cas. On doit auſſi appliquêr au deſſus du mal vn tel ou ſemblable defenſif, pour obuier & reprimer la deſcente des humeurs, & gar- der que les vapeurs pourries eſleuées de la putrefaction , ne montent au cœur, ou aux parties fuperieures & nobles.2Z.olei roſati,myrt.an.3.iiij. ſucci plantaginis, ſolani, ſemperuiui an.3.ij. albumina ouor.numero quinque,boli armenici,terræ figillatæ ſubtiliter pulueriſatx,an 3.j.oxycrati quantum ſufficit,miſce ad vſum dictum. L'on en pourra faire auſſi d'autres ayans pareille vertu:mais faut noter que ceſdits remedes ſe doi- L d uent renouueller ſouuent. Car lors qu'ils ſont froids, refroidiſſent la partie,qui eſt languide, à cauſe que ſa # chaleur eſt preſque ſuffoquée:& partant il y faut ſouuent appliquer linges chauds,ou briques,ou bouteilles # remplies d'eau boüillante, afin de roborer la chaleur naturelle qui eſt preſque du tout eſteinte. Et ne faut § prendre indication,ſi la gangrene a eſté faite par inflammatior,mais de la diſpoſition qu'elle aura laiſsée en * la partie. Or ſi le mal eſt ſi grand qu'il ne vueille ceder aux ſuſdits remedes, faut venir à d'autres plus vehe- mens & violens, qui font les cauteres actuels.Apresl'application deſquels Galien au ſecond à Glauc.com- mande que ius de porreaux, auec ſel pilé & diſſoult ſoit mis deſſus,à cauſe que tel remede penetre & ſeiche fort,& par ce moyen empeſche la pourriture.Dauantage, ſi leſdits cauteres ne profitent, il eſt beſoin venir à l'extreme, qui eſt faire amputation de la partie ſuiuant le dire d'Hippocrate : Aux maladies extremes con- - uiennent extremes & derniers remedes.Toutesfois on ne doit ce faire, que premierement l'on n'ait certai- Apk. 6 lia 1. taine cognoiſſance ſi la partie eſt totalement morte.Car ce n'eſt petit cas de couper vn membre,s'il neſt plus que neceſſaire. Parquoy ie te donneray entiere & infaillible cognoiſſance des parfaites mortifications & ſphaceles par les ſignes cy-apres declarez. Ouide : - Le membre infect d'vne playe incurable Se doit coupper qut le ſain il n'accable. Des ſignes des Mortifications parfaictes. CH A p. XXV III. # I on cognoiſt en la partie affectée noirceur & froideur, prouenant de l'extinction de la cha- yº leur naturelle, non de l'air enuironnant : grande molleſſe, laquelle ſi on comprime ne ſe peut releuer, ains y demeure cauité ou foſſe : ſeparation du cuir d'auec la chair ſubiacente , & ne 5 ſent-on nul battement des arteres : grande puanteur comme de charongne (principalement ſi *" ledit ſphacele eſt vlceré) dont la ſenteur eſt tant acre & forte,qu'elle eſt intolerable & abomi- nable à toutes perſonnes, & en ſort vne liqueur viqueuſe de couleur noire & verdoiante, totale priuation du ſentiment & mouuement,ſoit qu'on tire, frappe,preſſe, bruſle, coupe, touche, ou picque : certainement pourras conclurre vne mortification parfaicte ou ſphacele : toutesfois faut auec bon iugement explorer iadite priuation du ſentiment. Car ie ſçay que pluſieurs ont eſté deceus,ſe fians à vn ſentiment que les Poinč# m6ta - patiens diſent auoir, ſi on picque, preſſe, ou autrement attouche, lequel eſt totalement faux & deceptible. ble ſurle ſens Car il ne vient que d'vne grande apprehenſion de la douleur extreme, qui auparauant eſtoit en la partie : & timent en principalement par la continuité & conſentement qu'ont encore les parties mortes auec les viues Comme gangrene. pour exemple familier, nous voyons que ſil'on tire vne chemiſe ou autre veſtement adherant à noſtre corps nous diſons le ſentir,jaçoit que ledit veſtement eſt inſenſible & ſeulementcontigu à noſtre corps De ce faux Accide ad. ſentiment auras argument manifeſte apres l'amputation des parties mortifiées. Car les patiens long-temps mirable. apres l'amputation faite, diſent encore ſentir douleur és parties mortes & amputées, & de ce ſe plaignººº fort choſe digne d'admiration,& quaſi incredible à gens qui de ce n'ont experience.Parquoy ſe faut donner garde que tel ſentiment ne nous retarde à faire le deuoir de la parfaite curation : comme quelques-foisi ay veu coupervn membre à deux ou à trois fois, pour s'eſtre arreſté à vn ſentiment faux & incertain Ponº Amputatiºn apres auoir cogneu que la partie eſt vrayement morte, là faut promptement & ſans delay, tant petit ſoit il de la partie couper & amputer : car la contagion & corruption rauit & gaigne ſans ceſſe les parties Prochaines ſaines & mette ſe dºit viuess & pource Hippocrate en la ſeptieſme ſection du ſixieſme liure des Epidemies, dit que les ſections, #"- vſtions & trepans, ſe doiuent promptement executer. Ce remede eſt miſerable & digne de compaſſion,tant pt - au patient qu'au chirurgien : mais c'eſt le ſeul & dernier refuge que l'on doit touſiours preferer à la mort, laquelle s'enſuiura, fi l'on cherche autres moyens queſection de la partie mortifiée. \ Du lieu où il faut commencer l'amputation. CH A P. XXI X. 3º L ne ſuffit toutesfois de recognoiſtre qu'il eſt neceſſaire d'amputer la partie mortifiée,mais faut $ſ# ſçauoirle lieu où l'ondoit faire & commencerl'amputation & en cela giſt le iugement & pru- # dence du Chirurgien.L'art commande que l'on commence à la partie ſaine, mais ie declareray 9)uel iugc- ceay facilemét.Poſons pour exemple,qu'aucun ait vn Eſthiomene au piediuſqu'aux malleoles ou ment eſt #: à cheuilles.En tel cas faut bien conſiderer là où tu dois faire l'amputation:car ſelonl'art faut gar- §a ſr- der le corps humain entier,tant quil ſera poſſible.Parquoy tu dois oſter le moins que tu pourras de la Partie # d'vn ſaine.ce neantmoins faut auoir confideration de l'action & ornementde la partie,leſquels te donneront con-membre. ſeilde couper ladite iambe,à cinq doigts ou enuironprés le genoüil.Pource que l'āputation faicte en celieu, la partie pourra apres mieux faire ſonaction,qui ſeramarcher auecvne iambe de bois.Car s'il eſtoit ainſi que l'on couppaſt vn peu au deſſus du mal,le patient ſeroit en peine de porter trois iambes,là où il n'en Portera que deuxie ſçay que le Capitaine Frâçois le Clerc,eſtât ſur vmnauire eutvn coup de canó,qui luy emporta le pied vn peu au deſſous de la cheuille,de laquelle playe fut guery:mais quelque téps apres voyat que ſaiam- beluy nuiſoit,lafit coupper iuſqu'àcinq doigts prés du genouil:& maintenât ſe trouue mieux àmarcher qu'il C C 3 DC. -- • u 3o6 Douzieſme Liure des Contuſions Autre conſ- ne faiſoit auparauant.Au bras faut faire au contraire,qui eſt oſter le moins que l'on pourra de la partie ſai- A | é deration pour ne,pour la diuerſité des actions du bras & de la iambe. Et principalement pource que le corps ne ſe repoſe # laſectiö d'vn ſur le bras, comme ſur les pieds & iambes. I'ay declaré cy-deuant comme l'on pourra cognoiſtre la neceſ- # bras. ſisé de la ſection,& le lieu d'icelle : faut à preſent monſtrer le moyen de proceder & exercer la ſection. Du moyen de proceder à la ſection du membre . C H A P. XXX. S(# N premier lieu roboreras la force & vertu du patient s'il eſt beſoin,par alimens propres,de facile $ digeſtion & pleins d'eſprits:comme œufs mollets,roſtie trempée en bô vin,ouautres ſemblables. 2 à$ſé Puis ſitue le patient ainſi qu'il appartient,& tire les muſcles en haut vers les parties ſaines, & fais 2S2NN vne ligature extreme vn peu au deſſus du lieu que l'on voudra amputer, auec vn fortlien delié,& de figure platte comme ceux deſquels les femmes lient leurs cheueux.Icelle ligature ſert de trois choſes.La premiere eſt,qu'elle tient auec l'aide du ſeruiteur,le cuir & muſcles efleuez en haut : à fin qu'apres l'œuure ils recouurent l'extremité des os qui auront eſté coupez,& apres la conſolidation de la cicatrice faite,leſdits #! cuirs & muſcles ſeruent comme d'vn couſſinet auſdites extremitez des os. Par ainſi la partie pourra demeu• # rer plus forte,& moins douloureuſe ſi l'on comprime deſſus. Ioint auſſi que la curation eſt plus briefue:car xd d'autant qu'on laiſſe plus de chair ſur leſdits os, pluſtoſt ils ſont couuerts. La ſeconde eſt qu'elle prohibe int l'hemorragie ou flux de ſang, à cauſe qu'elle preſſe les veines & arteres.La troiſieſme eſt qu'elle rendobtus, tut : & oſte grandement le ſentiment de la partie : pource qu'elle empeſche par ſa grande compreſſion l'eſprit ilſl$ ! ' ttº animal,qui donne ſentiment par les nerfs à la partie. Donc apres la ligature forte ainſi faite, faut prompte- ment couper tous les muſcles & autres parties iuſqu'aux os,auec vn raſoir bien trenchant,ou coupamt cour- B bé,comme ceſtuy ſuiuant:apres auoir deueſti & deſcouuert l'os de ſon perioſte,à fin que la ſoie paſſe mieux ' & plus promptement , & à moindre douleur. Nota que lors qu'on veut faire amputation d'vne iambe, faut qu'elle ſoit vn peu ployée,& qu'apres la ſe- ction on l'eſtende, afin que les vaiſſeaux qu'on pretend lier pour arreſter le ſang, ſe manifeſtent mieux pour plus facilement le pincer,tirer & lier.Ceux qui auront mis la main à tel œuure,facilement entendront cette methodc,& crois que nul patient ne l'a encore dicte ny eſcrite, au moins que ie ſçache. Coufteau courbé pour Couper les membres. Il te faut notericy,qu'il y a entre les os portion d'aucſis muſ- cles,que ne pourras bien couper auec ledit raſoir ou couſteau. Pourtant le couperas auec vn inſtrument fait en maniere de lancette courbée. Ie t'aduertis de ce : car ſi tu laiſſes autre choſe que l'os à couper à la ſcie , certainement tu feras en la *- - - - ſciant grande douleur au patient, à cauſe que la ſcie ne peut qu'à grande peine couper les choſes molles,comme chair, tendons, & membrane, ainſi qu'elle fait les os durs & polides. - Apres auoir entierement coupé toutes les parties iuſques aux os, les faut ſcier promptement auec telle C ſcie, de grandeur d'vn pied,trois poulces ou enuiron- Dauantage,tu mettras vn linge en double au deſſus de l'os qu'on veut ſcier,de peur que les dents de la ſcie ne touchent à la chair, & ne la deſchirent. - -" Scie_v. , - -T- #ha - (! | = :)sa= mh, W\)%, ( ! *- - - • - "- - - : - - - --- --- - . A. , Des moyens pour arreſter le flux de ſang quand le membre eſt coupé. $ C H A P. XXX I. : Neceſſité de a o R s que l'amputation du membre eſt faite, il eſt neceſſaire qºqº# † †# , laiſſer eſcou- coule, afin que la partie deſchargée y ſuruiennent moins d accidens, & ce . § des forces : ler le ſant. force du malade.ie ſang eſcoulé en quantité ſuffiſante (Prº touſiours n lles ne fiuentplu - # de du malade) il faut promptement lier les groſſes veines & aº ſi ferme, § s neiiuentPlus- aiſſeaux. ce qui: ſe fera en prenant leſdits vaiſſeaux auec tels inſtrumens, nomº becs de Corbin- Bec de corbinpropre àtirer les vaiſſeauxpour les lier. - | . • Combuſtions & Gangrenes, 3o7 Ceſiuy eſt le plus propre, parce que l'on s'en peut ſeruir par ſes deux extremitez , ſelon que le vaiſſeau ſera grand & delié.A, monſtre vn petit reſſort, qui le tient aucunement ouuert, iuſques à ce que l'on le comprime. - De ces inſtrumens faut pinſer leſdits vaiſſeaux(qui n'eſtmal-aisé à faire,parce qu'on voit le ſangiallir par Il n'y a dam- iceux)les tirant &amenant hors de la chair, dans laquelle ils ſont retirez & cachez ſoudain apresl'extirpa- rer de lier tion du membre,ainſi que font toutes autres parties coupées, touſiours vers leur origine.Ce faiſant,ilne te faut eſtre trop curieux de ne pinſer ſeulement que leſdits vaiſſeaux,pource qu'il n'ya danger de prendre auec eux quelque portion de la chair des muſcles, ou autres parties : car de ce ne peut aduenir aucun accident ains auec ce l'vnion des vaiſſeaux ſe fera mieux & plus ſeurement, que s'il n'y auoit ſeulement que le corps deſdits vaiſſeaux compris en la ligature.Ainſi tirez,on les doit bien lier auec bon fil qui ſoit en double. - comment ilfaut procederau traictement d'vn membre amputé, leflux de ſang arreſté. C H A P 1 T R E X X X II. 2 E faict, tu deſlieras la premiere ligature que tuauois faite au deſſus du lieu de la coupeure : puis à promptement feras quatre poincts d'aiguille en croix aux lévres de la playe, profondant leſdits poincts vn doigt dedans la chair,afin qu'ils tiennent plus ferme : par ce moyen tu rameneras les parties des muſcles coupées ſur les os,afin qu'il ſoit mieux & pluſtoſt couuerts, & moins touché de l'air exterieur,afin que ladite chair luy ſerue apres la conſolidation,comme d'vn couſſin.Or tu dois noter, quelque por- tion de chaiv auec leſdits vaiſſeaux. Les vaiſ- ſeaux liez,il faut prendre & approcher la playe aues quatre qu'il ne faut ſerrer leſdicts poincts ſi pres que tu t'efforces d'approcher enſemble les léures de la playe, ce peinä, d'ai- qu'auſſi tu ne pourrois faire : car pluſtoſt le tout viendroit à ſe rompre,& les parties à ſe relaſcher. Ains tuiue. te ſuffira de les ſerrermediocrement,pour ramener la peau & chair ſubjacente en l'eſtat & pareille longueur qu'ils eſtoient auant la retraction, qui s'eſt faite depuis, & durant l'amputation. . cequ'ilfautfaire s'ilſuruenoitflux deſang, à cauſe d'vn deſdicts vaiſſeaux deſlié. C H A P I T R E XXXI I I. E E s choſes ainſi faites,s'il aduenoit puis apres qu'aucun deſdits vaiſſeaux ſe deſliaſt,il te faut relier le membre de ta premiere ligature comme a eſté dit cy-deuant, ou au lieu de ce faire (ce que ie -> louë dauantage,& qui eſt trop plus aisé & moins douloureux)qu'vn ſeruiteur prenne le membre à deux mains, preſſant fort de ſes doicts ſur l'endroit du chemin deſdicts vaiſſeaux : car en ce fai- ſant,il empeſchera le flux de ſang.Cependant tu prendres vne aiguille longue de quatre poulces ou enuiron, quarrée & bien tranchante,enfilée de bon-filen trois ou quatre doubles, de laquelle tu relieras les vaiſſeaux a la façon qui s'enfuit : car alors le bec de Corbin ne te pourroit ſeruir. Tu paſſeras ladite aiguille par le dehors de la playe à demy-doigt ou plus,à coſté dudit vaiſſeau,iuſques au trauers de la playe,pres l'orifice du vaiſſeau : puis la repaſſeras ſous ledit vaiſſeau,le comprenant de ton fil,& feras ſortir ton aiguille en la- dite partie exterieure de l'autre coſté dudit vaiſſeau, laiſſant entre les deux chemins de ladite aiguille,ſeu- lement l'eſpace d'vn doigt,puis tu lieras ton fil aſſez ſerré ſur vne petite compreſſe de linge en deux ou trois doubles de la groſſeur , d'vn doigt, qui engardera que le nœud n'entre dedans la chair , & l'arreſteras ſeurement.Ladicte ligature retirée entierement dedans la bouche & l'orifice de la veine ou artere,auec leſ- quelles auſſi cachées & couuertes des parties charneuſes adiacentes, ſe répand aisément ledit orifice. Ie te puis aſſeurer que iamais apres telle operation on ne voit ſortir vne goutte de ſong des vaiſſeaux ainſi liez. Et ne ſe faut trauailler d'vſer des ſuſdits moyens d'arreſter le ſang aux petits vaiſſeaux : pource qu'aisément il ſera ſuprimé par les aſtringens que nous t'ordonnerons cy apres. Tu pourras trouuer cette maniere de Practiquer aſſez obſcure & mal intelligible : mais tu dois conſiderer que c'eſt choſe tres difficile de mettre clairement & entierement par eſcrit la Chirurgie manuelle. Car elle ſe doit puſtoſt apprendre par imagi- naticn, & en voyant beſongner de bons & experimentez maiſtres,ſi tu en as le moyen, ou bien l'eſſayer ſur des corps morts,comme i'ay pluſieurs fois fait. - Des medicamens emplaſtiques. CH A P. XXXIV. membre,qui ſont les emplaſtiques grandement propres aux vulneres recents, comme ſont ceux- $ cy.2/...boli armenij 3.iiij.farinæ volatilis 3.iij.picis reſinx.3.ij.pulueriſentur omnia ſubtiliſſimè,& mixtis ſimul fiat puluis, de laqûelie ſera la playe toute poudrée,puis garnie par deſſus de charPy ſec : apres on appliquera par deſſus ce repercuſſif 2/.. albumina ouorum num vj,boli armenij , ſanguinºs draconis,gypſi,terrx ſigillatz,loès,maſtiches,gallarum combuſtarum, an.3. ij. pulueriſentur ſubtiliſſime & >enè agitentur,addendo oleiroſati & myrt.an.3.j.fiat defenſiuum ad formam mellis.Cét onguent doit eſtre appliqué auec eſtoupes trempées en oxycrat ſur la partie, & plus haut vn petit : comme ſi tu as coupe la jambe, faut appliquer ton onguent quatre doigts ou plus au deſſus du genoüil. Ce remede n'eſt pas ſeule- ment repercuſſif,mais auſſi robore la partie:empeſche la fluxion, appaiſe le flux de ſang, ſede la douleur,& prohibe la chaleur eſtrange. Il faut tremper en oxycrat les compreſſes & bandes, puis ſituer le membre en figure moyenne ſur des couſſins & oreillers,pleins de paille d'auoine,poil de cerfs, ou de ſon de fromen# L'appareil ſuſdit ne ſe doit renouueller ſans neceſſité grande, à ſçauoir quatre iours apres en Hyuº ** 1noins en eſté, ſelon que tu verras eſtre beſoin. - - - - # A1 N T E N A N T nous dirons les remedes deſquels il nous conuient vſer apres l'amputation du $AW #N C c 4 Tigreſſio Moyen de re- lier les zai- mes Cr art• • res ſans bec de Corbin. L'hemorras- gie des petits vaiſſeaux s'ar reſte ad sément par- les ſeuls aſtrixgens. - Poudre em- plaſtique. Repercuſſiſ . Vtilité des Repercuſſiſ . Temps pour renouueller l'afpareil. - 71 3o8 Douzieſme Liure, des Contuſions, - Digreſſion de l'autheurfort neceſſaire à bien conſiderer touchant les cauteres aéiuels, deſquels on a vsé iuſques icy apres l'amputation. CH A P 1 T R E. XXXV. E confeſſe librement, & auec grand regret, que i'ay par cy-deuant practiqué tout autrement que ie n'eſcris à cette heure,apres que l'amputation des bras & iambes eſtoit faite; Mais quoy? i'auois veu ainſi faire à ceux que l'on appelloit pour telles Pratiques , leſquels incontinent apres le membre extirpé , vſoient de pluſieurs cauteres, tant actuels que potentiels, pour - empeſcher le flux de ſang; choſe tres-horrible & cruelle ſeulement à raconter : car cela cau- ſoit vne extreme douleur aux patiens, attendu que telles playes recentement faites ſont fort ſenſibles, & au moyen de cette ſenſibilité, ſi on y applique choſes cauſtiques deſſus, & contre les parties nerueuſes, ſoudain leur action & impreſſion eſt communiquée aux parties internes , dont ſuruiennent de tres-grands & pernicieux accidens, & le plus ſouuent la mort. Qu'il ſoit vray, on ne veit oncques de ſix ainſi cruel- lement traictez, eſchapper deux , encore eſtoient-ils long-temps malades, & mal-aisément eſtoient les playes ainſi bruſlées, menées à conſolidation, pource qu'vne telle vſtion faiſoit des douleurs ſi vehementes, que les malades tomboient en fiévre, en ſpaſme,& autres mortels accidens,auec ce que le plus ſouuent l'eſ- Accidës per. micieux des C4fºfº "º$ 4- A Flux de carre cheute ſuruenoit nouueau flux de ſang, qu'il falloit encore eſtancher auec les cauteres actuels ou po- B ſºs ſuruº- tentiels,leſquels repetez conſommoient vne grande quantité de chair, & autres parties nerueuſes. Pour la- # * quelle deperdition,les os demeuroient puis apres nuds & deſcouuerts.Ce qui a rendu à pluſieurs la cicatri- # zation impoſſible,ayans tout le reſte de leur vie gardé vn vlcere au lieu du membre coupé,qui leur oſtoit le " moyen de ſe pouuoir ſeruir d'vne jambe ou bras, faits artificiellement. Parce ie conſeille au ieune Chirur- gien de laiſſer telle cruauté & inhumanité,pour pluſtoſt ſuiure cette mienne façon de practiquer;de laquelle ila pleu à Dieu m'aduiſer,ſans que iamais l'euſſe veu faire à aucun,oüy dire,ny leu,ſinon en Galien au 5.liure de ſa Methode,où il efcrit qu'il faut lier les vaiſſeaux vers leurs racines , qui ſont le foye & le cœur, pour eſtancher ce grand flux de ſang.Or ayant pluſieurs fois vsé de cette maniere de coudre les veines & arteres aux playes recentes, auſquelles ſe faiſoit vne hemorrhagie,i'ay pensé qu'il s'en pouuoit bien autant faire en l'extirpation d'vn membre.Dequoy ayant conferé auec Eſtienne de la Riuiere,Chirurgien ordinaire du Roy, & autres Chirurgiens Iurez à Paris, & ſur ce, leur ayant declaré mon opinion, furent d'aduis que nous en fiſſions l'eſpreuue au premier malade qui s'offriroit,combien que nous euſſions les cauteres tous preſts pour en vſer au defaut de la ligature.Ce que i'ay practiqué à l'endroit de pluſieurs,auectres-bonne iſſue, encore depuis peu de iours en çà en la perſonne d'vn poſtillon, ſeruiteur de Bruſquet nommé Pirou Garbier, au- quel fut coupée la jambe dextre,quatre doigts au deſſus du genouil,pour vne Eſthiomene qui luy eſtoit ſur- Grädecruau- uenuë à cauſe d'vne fracture. Partant ie conſeille au ieune Chirurgien de laiſſer cette miſerable maniere de té de bruſler bruſler & carnacer, ſi quelque reliqua de gangrene ne le contraignoit de ce faire, l'admoneſtant de ne plus Jºur arreſter dire, Ie l'ay leu au liure des anciens Practiciens;Ie l'ay veu faire à mes vieux peres & maiſtres,ſuiuant la pra- ºf** ctique deſquels ie ne puis aucunement faillir. Ce que ie t'accorde, ſi tu veux entendre ton bon maiſtre Ga- # º" lien au liure cy deſſus allegué, & ſes ſemblables : mais ſi tu te veux arreſter à ton pere & à tes maiſtres,pour #" auoir preſcription de temps, & licence de mal-faire, y voulant touſiours perſeuererainſi meſmes quel'on º" fait quaſi ordinairement en toute choſes,tu en rendras compte deuant Dieu, & non deuant ton pere outes bons maiſtres practiciens, qui traictent les hommes de ſi cruelle façon. La maniere depourſuiure la curation du membre amputé. CH A P. XXXVI. R pour reprendre noſtre premier poinct, & paracheuer la cure encommencée par le moyen des remedes propres & conuenables à nos vlceres,il faut premierement noter,qu'auparauant $ que d'oſter les liens deſquels on aura lié les vaiſſeaux, il conuient que l'agglutination d'iceux 4 ſoit faite; & de peur qu'il ne vienne nouueau flux de ſang, qu'ils ſoient couuerts de chair MSK ) qui ſe fera en appliquant deſſus quelque remedes froids, aſtringens & emplaſtiques, comme je,udre •- la poudre qui s'enſuit : 2%. pulu.boli arm.farinae hordei,picis reſinae,gypſian. 3.iiij.a Ioes, nucum cupreſſi, cortic. granat.an.3.j.incorporentur omnia ſimul, fias pul. ſubtilis, de laquelle en ſera aſpergée & ſaulpou- ſtringente emplaſtique. - ſeaux qui auront eſté liez, & en ſera encore continué par l'eſpace de huict ou dix iours,afin qu'on ſoit bien · aſſeuré que les vaiſſeaux ſoient eſtoupez & couuerts de chair : mais ſur le reſte de l'vlcere ſera appliqué vn Digeſtif ... digeſtif, & continué iuſques à ce qu'elle ſoit tournée à ſuppuration. Car lors on quittera le digeſtifpour Miidificatif prendre les medicamens mundicatifs, comme ſont ceux qui s'enſuiuent. 2&. terebenthinae Venetx, lotx in aqu.vita 3.vj.mellis roſati colati 3.iij.ſucci plantaginis, apij & centaurij minoris an. 3: ij. bulliant omnia ſimul vſque ad consüptionem ſuccorum,auferantur ab igne, addendo farinx hordei & fabar.an.3.j.theriac. D Gal.3.ſ.aloës, myrrhæ, ariſtolochiæ , an.3.iij.croci 9.j. fiat mundificatiuum. Or il eſt ainſi que longtemps apres l'amputation, les patiens penſent encore auoir en ſon entier le membre qui leur a eſté amputé,com- me i'ay dit:ce qui leur aduient, comme il me ſemble,pource que les nerfs ſe retirent vers leur origine;Car, comme eſcrit Galien au liure De motu muſculorum , contraction eſt la vraye & propre aétion du nerf & muſ- cle : & quant à l'extenſion,ce n'eſt tant action que mouuement. Or les nerfs en ſe retirant font grande dou- Linimºt pro leur, & preſque ſemblable aux retractions qui ſe font au ſpaſme Pour à quoy remedier,faut leur frotter la § # mºcqu# & toute la partie affectée auec le liniment qui s'enſuit, & qui eſt de grande efficace contre ſpaſme, affections paralyſie,ſtupeur,contorſions, diſtenſions,& autres affections,principalement des parties nerueuſes proue- des nerf. nºs des cauſes froides.2%.ſaluir,chamapyt.maioranz, roriſmarini, mentha ,ruthz.lauan.an ſû.j. #orum camom.melil.ſummitatum anethi & hyperici an.p.ij. baccharum lauri & iuniperi an.3.ij. radic. pyrcth.3.ij. maſt.aſſa odoratæ an.3.j,ſ.terebenthina Venetae fb.j.olei lumbricorum,anethi, & catellorum an.3.vj. olei terebenthinx 3.iij.axungiœ humanx 3.ij.croci3.j.vini albiodoriferifb.j,ceræ quantum ſufficit:contundenda contundantur, pulueriſanda pulueriſentur, deinde macerentur omnia in vino per noctem,poſteà coquantur cum oleis & axungia prædictis in vaſe duplici : fiat linimentum ſecundum artem : in fine adde aqux vitz 3 iij.Dauantage en traictant cette playe,il eſt conuenable de procurer la cheute des extremitez des os,que la ſcie & l'air auront touchez : ce que le Chirurgien fera par l'application des cauteres actuels ſur leſdits os, en l'aPPlication deſquels ſe doit bien garder de toucher aucunement les parties ſeoſibles, mais en vſer dif- CTCttC drée toute l'vlcere par l'eſpace de trois ou quatre iours : puis apres l'on n'en vſera qu'a l'endroit des vaiſ- > Combuſtions & Gangrenes. 3o9 A diſcrettement,comme i'ay deſcrit par cv-deuant.Sur quoy tu noteras que les os ne ſe doiuent tirer par vio- - lence,ains en les esbranlant peu à peutdeſquels nonobſtant tu ne dois eſperer la cheute de trente iouts,ou ,º**ſº plus , ou moins, apres l'amputation. Ce faict, tu vſeras des remedes propres pour conſommer les chairs # ſpongieuſes & ſupercroiſſantes , comme ſont vitriol bruslé, poudre de Mercure, & autres, entre leſquels par violence. . l'alum cuit & Puluerisé,en ce cas eſt fort commode, ſi on l'applique ſeul, ou auec autres mundificatifs.De Alum cuir ces remedes tu pourras vſer iuſqu'à l'entiere guariſon de l'vlcere,& les diuei fifior, comme tu verras qu'il propre aux en ſera beſoin. chairs ſpon- - - gieuſes. Hiſtoire memorable d'vnemortification aduenuë à vn ſoldat, auquel le bras fut coupé à la ioinčture du coulde . C H A P. XX XVI I. Hiſtoire. 'E s T 1 M E auoir aſſez amplement traicté les moyens de curer la gangrene & ſphacele:tou- tesfois afin que tu puiſſe mieux entendre ce que i'ay dit, ie re feray recit (comme pour exem- - 2 ple) d'vne cure que ie feis eſtant à Thurin an ſeruice de Monſieur le Mareſchal de Montjan. ..ºſºſ- Vn pauure ſoldat receut au bras ſeneſtre pres la carpe & ioincture de la main, vn coup d'ar- # à^ºNS quebuſe : au moyen duquel la balle auoit dilaceré & rompu pluſieurs os,tendons, & autres #º parties nerueuſes, dont ſuruint gangrene, puis eſthiomene : iuſques a la iointure du coulde & iuſques à § l'eſpaule y auoit gangrene, & en la moitié duThorax grande infiammation , & ja notable à la preparation mºrtiſ# de gangrene, dont auoit le patient grands rouctemens, ſyncopes & inquietudes, & autres mauuais acci- dens,denonçans la mort.Parquoy ledit ſoldat fut delaiſfé de pluſieurs Chirurgiens & alors fus ftimule d au- cuns de ſes amis de le viſiter,ce que ie feis : & apres auoir cogneu ladite mortification , prins la hardieſſe, ſuiuant le commandement de noſtre Art,luy coupper le bras par la 1oincture du coulde, & en premier lieu Iuy liay eſtroictement le bras au deſſus du coulde pour les raiſons ſuſditas : ce fait,luy couppav le bras ſans ſcie,pource que la mortification n'eſtoit outre la ioincture du coulde : & là commençay l'amputation, inci- ſant les ligamens qui ioignent les os. Et ne ſe faut esbahir de telle amputation de la ioincture : car Hippo- Crates en la quatrieſme ſection de ſon liure des Articles,la recommande,& dit qu'elle « ſt fo t facile a gue- rir, & n'y voit rien à craindre qûe la ſyncope, à cauſe de la douleur en l'inciſion des tendons & ligamens communs.Mon inciſion faicte (nonobſtant la ligature) ſuruint grand flux de ſang , à cauſe des vaiſſeaux qui ſont en icelle partie , lequel laiſſay ſuffiſamment couler pour deſcharger, alieger, & euentiler la partie, & auſſi pour empeſcher la gangrene qui eſtoit au bras,ja tendant a mortification.Puis arreſtay ledit ſang auec cauteres actuels, n'ayant en ce temps-là autre methode ny façon de faire : ce fait, deſliay douccment la li- gature,& apres feis ſur la grangrene pluſieurs grandes & profondes inciſions , euitant la partie Interne du bras,à cauſe des groſſes veines, arteres, & multitude de nerfs qui y ſont. Et derechef caute iſav quelques Document vnes des inciſions,tant pour arrefter le ſang,que pour deſſeicher & conſumer aucune matiere virulente im- pour le ieuni bue en la partie : puis appliquay les remedes cy-deuant eſcrits, ſur 1celle & ſur l'inflammation du Thorax, chirºtun grande quantité de refrenatifs & repercuſſifs : pareillement epithemes ſur le cœur , & autres choſes cor- diales que ie luy donnay : leſquels remedes ie continuay, iuſques à tant que les rouctemens & autres acci- dents aduenus par le moyen des vapeurs eſleuées de la pourriture,& communiquées au cœur par les arte- - teres,furent ſedez & appaiſez.Or ie ne puis obmettre à raconter(pour s'en donner garde)que quinze ours apres ſuruint au pauure ſoldat vn ſpaſme:lequel 1'auois parauant pronoſtiqué,à cauſe du froid,& qu'il eftoit mal couché en vn grenier, là où non ſeulement auoit peu de couuerture , mais auſſi eſtoit expoſé à tous vents,ſans feu,& autres choſes neceſſaires a la vie humaine.Et le voyant en tel ſpaſme & retraction de mem- bres,les dents ſerrées,les lévres & toute la face tortue & retirée, comme s'il euſt voulu rire du ris Sardo- signes dudit nic,qui ſont ſignes manifeſtes de conuulſion:émeu de pitié,& deſirant faire le deu de mon art,ne pouuant ſiaſme. autre choſe luy faire pour lors , le fis mettre en vne eſtable , en laquelle eſtoit grand nombre de beftail,& grande quantité de fumier,puis trouuay moyen d'auoir du feu en deux rechauds, pres leſquels luy frottay la nucque,bras & jambes,euitant les parties pectorales,auec linimens cy-deuant efcrits pour les retractions & ſpaſmes.Apres enueloppay ledit patient en vn drap chaud,le ſituant audit fumier, l'ayant premierement M de t, garny & couuert de paille blanche : puis fut dudit fumier tres-bien couuert, où il demeura trois iours & # # trois nuicts ſans ſe leuer : dedans lequel luy ſuruint vn petit flux de ventre & vne groſſe ſueur : cependant # il commença vn petit à ouurir la bouche dont peu à peu luy aiday auec tel inſtrument , lequelie mettois pafme. entre ſes dents, 7Dilatoire à ouurir la bouche, lequel tourne à vix - Apres auoir ouuert la bouche par cedit inſtrument,luy mettois vn petit baſton de ſaux, afin que la bºº- che demeuraſt ouuerte, ayant retiré ledit inſtrument : & cependant qu'il ne pouuoit maſcher , ie luy fai- ſois donner dn laict de vache & œufs mollets : par ces moyens fut guary dudit ſpaſme. Conſequemmcnt 1- 3 1oXII.Liu.des Contuſions, Combuſt&c. \ - - ie ſuiuy la cure du bras, en reiterant l'application des cauteres aétuels ſur l'extremité de l'os adiutoire, A pour touſiours conſumer & ſeicher les humiditez eſtranges : & te faut noter que le patient auoit grande delectation,lors qu'on luy appliquoit leſdits cauteres,pource qu'il diſoit ſentir vn prurit tout au long dudit os adiutoire,qui eftoit pour la chaleur communiquée par le moyen deſdicts cauteres le long de l'os.Ce que ſouuentesfois auoit veu aduenir à l'Hoſtel-Dieu de Paris en cas ſemblables. Ainſi tomberent grandes Prurit plai- ſquammes ou efcailles de l'extremité dudit os,tant pour l'air exterieur,que pour l'application deſdits cau- ſant par le teres. Pareillement, iefomentois ſouuent la partie affectée, pour toufiours la deſſeicher & roborer:leſquel- éMºfº7f. les fomentations eſtoient faites auec vn vin auſtere,gros & aſtringent,auquel faiſoit boüillir roſes rouges, abſinthe, ſaulge,laurier,fleurs de camemille & melilot, anet, & autres medicamens predicts : par ainſi fut guary le pauure ſoldat. Parquoy faut que le Chirurgien ait touſiours deuant les yeux, que Dieu & Na- ture luy commandent ne laiſſer les patiens ſans faire touſiours ſon deuoir , combien qu'il preuoye tous Aduertiſſe- ſignes mortels. Car nature fait ſouuent ce qu'il ſemble au chirurgien eſtre impoſſible : comme tres-ſage- 1/J6/9f, ment nous demonſtre l'vn de nos Docteurs anciens, diſant, Contingunt in morbis mºnºia ſitut & in natura. Fin du douxiéme Liure des Contuſions, Combuſtions, & Gangrenes. T A B LE DES CHAPITRE S D V L I V R E X II I. Des Vlceres, Fiſtules, & Hemorrhoïdes, | E la definition & cauſes des vlceres. · Chapitre j Les ſignes des vlceres. - Chap. ij Du prognoſtic des vlceres. Chap. iij | De la curation des vlceres. Chap. iiij De l'vlcere intemperée . ' Chap. v De l'vlcere douloureuſe . Chap. vj C De l'vlcere compliquée auecſupercroiſſance de chair. Chap. vij De l'vlcere vermineuſe, & putredineuſe . Chap. viij De l'vlrere ſordide . Chap. ix - Des vlceres virulentes, corrodantes, cacoèthes,& chironiques, ou phegedeniques. Chap. x Aduertiſſement au ieune Chirurgien,touchant la diſtance du temps qu'il faut penſer les vlce- res cacoëthes. Chap. xj Du bandage des vlceres. Chap. xij Des vlceres en particulier, & premierement des yeux. Chap. xiij Des vlceres du nez, enſemble de la punaiſie ou mauuaiſe ſenteur d'iceluy, dicte des Grecs & Latins ,o{oena. - Chap. xiiij Des vlceres de la bouche_.. N Chap. xv Des vlceres des oreilles. - Chap. xvj Des vlceres de la Trachée artere,0eſophague,Eomach,3 Inte#ins, Chap. xvij D Des vlceres des reins, & de la veſſie . Chap. xviij Des vlceres de la matrice_ . Chap. xix Des varices , & moyens de les couper. Chap. xx Des fiſtules. - Chap. xxi Cure des fîstules. Chap. xxij Des fiſtules du fondement ou ſiege-. - Chap. xxiij Des Hemorrhoides. Chap. xxiv L E - · L E T R E ZIE SME LIVRE, T R AICT ANT DES VL CE RES, F IST VL E S, E T HEMO R R HQ ID ES. PAR AMB R O IS E PAR E D E L A V A L A V M A Y NE, Conſeiller, & premier Chirurgien du Roy, T)e la definition & cauſes des Vlceres. - C H A P I T R E P R E M I E R. Ovs auons par cy deuant traitté de la Nature , difference, cauſes, ſi- Difnition, gnes, & curation des playes ſanglantes : Il faut maintenant parler des vlceres,qui eſt vne ſolution de continuité aux parties molles,non ſan- glante, ainsinueterée,de laquelle ſort pus ou ſanie, quelquesfois eſtant accompagnée d'vne ou pluſieurs indiſpoſitions , qui empeſchent , & retardent l'vnion & conſolidation d'icelle : ou pour dire plus briefue- ment ſelon Galien,chap.6. du Liure, De conſtitutione artis, ſolution de continuité faite par eroſion Les cauſes ſont jnternes, ou externes. canſit * Les cauſes internes, ſont humeurs pechans , plus en qualité qu'en Cauſes immº ºZ/27 $N S quantité; & quelquesfois entous les deux,leſquels pour leur maligni-* té font eroſion au cuir & parties molles.Ce qui prouient par vn mauuais regime de viure. OUl quel- que vice qui eſt en quelque partie principale, comme au foye, à la ratelle, ou par toute 1 habitude C du corps.'Les cauſes externes ſont, comme extreme froideur, qui occupera quelque partie : & prin- # exe cipalement les extremitez , à ſçauoir, bras & jambes, dent ſenſuit douleur , qui cauſe d'attirer le - ſang & eſprits à icelle, qui ſe corrompent par le defaut de la chaleur naturelle & extreme froideur, dont s'enſuit vlceration de la partie. Semblablement vlcere vient à raiſon d'vn coup , ou froiſſe- ment, ou pour application de medicamens acres ou pour quelque combuſtion. Auſſi contagion & attouchement peut eſtre cauſe d'vlcere : ce qui eſt manifeſte à voir en ceux qui ont vlceres aux par ties honteuſes,ou qui auront couché auccquelqu'vn qui auroit la maladie venerienne. # - -- *"- | -- ) " " - '- Vlcere ) È 3 I 2 Treiziéme Liure des Vlceres, - • " * ! . | | : | | - | | | | | | | | | • * | | | - | | | ! , 4 l ! | | | | | | | | | | -- - | | | | - 1 | º | l . * · · : | | | | · , l i · l | | | - - , ! - 1 - · | · · · - | | - | | | | 1 - ! . | | | , - - * | - - | - | | - | | , , & : ' |. • a ' , | | | | | : t, | - | , - · · · - - | *- • • 4 \ - ſrSimple , ſeul & | trois cho- rFigure, dant CRond , tortu, 'r Propres de ſes, à ſga- Longueur. ſ Long. ſans adionction | d'autre diſpoſi-iuoir de la Conrf. | tion , duquel | Large-2- ſont priſes les J# differences » Dimenſion en# Lºgº. e_ZMediocre . « | superficiel. | | Profond. t profondeur le Mºyen . inegalité , vl-2 en vn endroit qu'à l'autre-º. | Ucere . #negal au contraire-». rTemps, $ Recent , I nueteré. vlcere_l } De briefue, ou longº durée_ . Egalité , vu # Egal, auſſi long !#º profond, & ce tant- prleere eſt ſo- lution de con- tinuité en par- tie mal- le, d'où ſort matie- re & ſanie : c eſt dou- ble-º. cºpesé en plu- ſieurs manie- res, qui ne ſont diffe. rentef «eres , mais addi- tions | d'i- . ceux , uauec comme du { • •Apparence, Euident. ) Du tººf. $ vlcereLe 3 Caché. En partie- . Deſchiré, l ncisé. e 2Maniere de tº # T'artie deſchiré, & partie- vlcere » incisé. e_2Moins ',-Generale , rvAnterie" , poſterieur. p• propres ou vlcere » Interieur, exterieºr. accinden- | Superieur , inferieur. | taires de_ T)extre,ſemeſtre-º- «Au milieu. eſt dit l'vlce- Crochu , º f6 V• Triangle_». •l d'vlce- ! - | | rature .5 compºſée- | Cauſe & maladie_ » # En la fin muſcle-'» l# choſes , | Situation- | . Au commencement • t, eciale-», - rSimilaire, Lou autr* partie- . - - vlcere au rſacochy- | Tartie • 3 cuir, en la Cauſe, | me_ | chair, drc. - - vic,re,3 Rheumº- torganique, vlcere, aº nº" toreille, en lait , |tique 2 , | Autres ac rThelephien-, - - UEnuenimé. | cidens, cä- ) [: Telephu en a eſtè malade_». - - •me vlcere_4 Chironien , < que Chirºn fº* #º7 le premier. parce_ | qu'il reſſemble à tel animal. UChancreux, V. ſ Intempe. Simple , 3 haud, froid, ſec : humide_ » -# & ſec,Chaud & humide-, - #roid & ſec,froid & humide-º- calleux, fiſtuleux, cauerne* » | | l « Maladieen-3 Incommoderation- # luxation, aſpre-º, vlcere '. g/4446/4X . ſ Plegmoneux. . - Eryſepelateux. #ntemp. & incomp. Oedematenx. Lenſemble,vlcere- LScirrheux. Symptome-º, Phagedenique , doudoureux, vlcere » Sordide, virulent, &'c- pour exemple accommode icy lº Cauſe & Symptome- , appellations deſſuſdittes és trois e_ZMaladie & Symptome-. lcauſe, maladie, & Symptome-º. * . complications particulierer. - LA V T R E 1 Fiſtules & Hemorrhoïdes. 3 13 r r De la nature des parties meſmes,leſ- quelles ſont | La differen- de la ma- § §ſtran- | De la diuer- ge qui ſort ſité des hu- des vlceres,4 mºurs.com- fiſtules , & | mcº apoſtemes , eſt prinſe | De la diuer- [- | | De la matie- re qui repre- l.me Tr Similaires 3 ( COIIlIIl C Organiques | COIIlII1C < , V - | Des os & cartilages ſ Noir, pourris. | Des nerfs,veinesar- - teres , tendons &- Subtil , | membranes, qui cou- urent les muſcles. rDu Thorax, tresioinctures. eAV,TR E T A B L E D ES CHOS ES ESTRANGEy | qui ſortent des fiſtules, vlceres & apoſtemes. # rDes parties char- | Eſgal. neuſes ſort vn excre-} Liſſe. 1I1cIat» Blanc. - - Futide, & non fetide, appellé des anciens à cauſe Lde ſon eſpeſſeur, Pus. ſ & s'appelle par les | Grecs Elaeodes,d'au- r Celſe li- Verdoyant, tant qu'il # 5-cha- Huileux & \-à l'huile. Pitre 6. Mais ſi par ſon acrimonie la veine eſt erodée, il en ſort vn ſang gros,& de l'artere , ſubtil, chaud & boiiillant auec pulſa- Glueux, tion & ſautellement. Fetide. C Et ſort en touſſant , & eſt quel- # -{ quesfois ietté , non ſeulement Santeux, Cadauereux. ) par l'vlcere , mais auſſi par la Aucunefois | bouche, par le fiege & Par les verdoyant. \ vrines. De diuerſe couleur , & de mauuaiſe odeur, 3 Fort vnctueux, De la bouche vlce- rée, & des parties pudibundes , & Des genoüils & au- Glaireur. fDu ſang au Phleg- ( Blanc, | IIlOIla Eſgal , LLiſſe. | De la bile en Eryſi-j Iaunaſtre , pele, Subtil. | De la Bilé noire au ſ Noiraſtre, Chancre. Liuide. | De la pituite en ſ Aqueux, \ l'Oedeme. Viſqueux- n ( De la teigne des eſ. bons peſtiferez, des >Fetide, | crotielles, des char- ! bubons veneneux , des contuſions #] " : ſité des º-4 baſtons à feu. meuu.com- ! mortifications. rNoire , Fetide » - | Des Gangrenes & K Verdoyante » sentant vne odeur ſi puaate & cadauereuſe, que difficilement en peut enduret. En l'abſcés nommé ( Miel , conſiſtance à Steatome, ſente, com-4 Atherome. \. ge comme Melicetide,eſt ſcm- blable en couleur & Suif à | Boiiillie, UPierre » Croye , Sablon, " En autres abſcés,au. | Charbon , tres corps qui ont ! forme plus eſtran. | Eſpics, oquilles de limaçons, « Chair » Cartilages, - Corne dure & ſpongieuſe , Os , t , Poil 3 {# » - Certains animaux, tant vifs que mortº Dd | Que N | | | | | L iéme Liure d | | 3 14 Le Treziéme Liure des Vlceres, - - - ! A. - r - -- - - A ' , ' , | 2ue c'eſt qu'il faut entendre par ces mots, Pus, Ichor, Sanies, Sordes, Ros, | | | | • Cambium & Gluten. C H A P. I. . " | Sanies. C H o R & sanies ne ſont en rien differens, ſinon que Ichor eſt vn mot Grec , & sanier eſt La- | | tin.L'vn & l'autre eſt pris maintenant pour toute humidité ſubtile & aqueuſe, qui eſt conte- · · · | Liur.2 des nue parmy les humeurs dedans les veines : maintenant auſſi pour tout excrement ſanieux, - - | Elemens. ſubtil,& humide, lequel ſort des vlceres,ou bien qui exude des corps morts. Galien l'accom- | | | Liu. 5. chap. XWºN pare au laict clair, nommé en Latin Serum : lequel eſt tiré du laict caillé 2 quand on fait le • ! | 2 6. formage : & eſt tel excrement (comme eſcrit Celſe ) trouué aux vlceres malins, & principalement à ceux - • ; Serdes. des nerfs, quand vne inflammation a precedé.sordes eſt vn mot Latin tiré d'vn mot Grec, dit kypos, lequel, - | vient de Ripao, ou Ripee, qui eſtautant àdire,qu'eſtre ord, ſale & craſſeux. Tellement que Rypo ou soraes, | | | ſignifie proprement le plus gros excrement, lequel apres la troiſiéme concoction, ſort & exude deſſus la | | | - peau & epiderme, où eſtant amaſſé il eſt appellé craſſe, & ceux qui abondent en tel excrement, ſont nom- · · ! #- dº lº mez craſſeux. Il ſe prend auſſi pour l'excrement ou plus groſſe ordure qui s'amaſſe aux vlceres, & qui s'ap- , i , Meth. paroiſt deſſus la langue des frebricitans. Pour cette cauſe Galien dit que Rypos ou Sordes , n'eſt autre choſe , , ' r qu'vn excrement gros, qui rend l'vlcere ord & ſale, & Icbor,ou ſanies, vn autre excre mentaqueux & ſubtil , 1 * qui le rend humide. - - - - , · ' JPttſ Ce mot qui en François appellé bouë, en LatinPus, & en Grec Pyon, ſignifie vn humeur putride, qui - ' : - reſſemble à peu pres à la ſubſtance des parties ſpermatiques. Les anciens l'ont ainſi appellé, à cauſe de ſon - » eſpeſſeur & blancheur, comme témoignc l'Autheur du liure appellé onomaſius. | - Liu.7. chap. Cambion , Roº » & Gluten, ce ſont trois mots qui OIlt eſté inuentez par les recents, pour exprimer la natu- B | | 6. de la re de l'humeur alimentaire, lequel humeur Galien eſcrit deuoir eftre dit proprement Alimentum » Parce · · , | Meth. que actuellement il nourrit. Toutesfois pour ſçauoir la diſtinction de ces mots, il faut entendre que l'hu- · meur qui exude & ſort dehors par les emboucheures des veines capillaires, pour eſtre diffus & appoſé - · aux parties qui doiuent eſtre nourries, eſt appellé Ros, pourautant qu'en maniere & façon de roſée , il eſt ' , eſpandu par les places vuides des parties ſimilaires, pour leur nourriture. Iceluy s'eſtant par l'aſſimilation | | | . vn peu eſpeſſi, & comme congelé, s'agglutine & attache aux fibres ſolides des parties, dont il eſt appellé • · Gluten, ou carniforme : apres qu'il eſt tranſmué & parfaittement aſſimilé à la propre ſubſtancê deſdites par- | ties , eſt appellé (ambium, qui eſt vn mot barbare. - - | | | / - • * Les ſignes des vlceres. C H A P. I I. - * - 1 ELoN la diuerſité & difference des vlceres, il y a auſſi diuers ſignes. Car lors qu'il y a pour- - | - riture,& que d'icellc ſort vapeur fetide & cadauereuſe, accompagnée de ſorditie, c'eſt ſigne | * , · · · · · Diuers ſi. d'vne vlcere putride.Ainſi vlcere corroſiue,eſt celle qui par la malignité de ſa matiere ronge • * ! gnes des vl- & conſomme les parties qui luy ſont voiſines. L vlcere ſordide eſt pleine de gros excremens | | Cº7'6'ſ. - viſqueux,auec vne chair molle,ſuperfiue & crouſteuſe.Vlcere cauerneuſe,a l'orifice petit & · " ! º Pº eſtroit auec profondité non apparente, & pluſieurs anfructuoſitez de coſté & d'autre, ſans toutesfois qu'il - #… y aye calloſité ny dureté. L'vlcere fiſtuleuſe eſt ſemblable à la ſuſdite,ſinon qu'il y a calloſité & duteté des C - : | #" labies & parois de la profondeur & cauernoſité. L'vlcere chancreuſe eſt horrible à voir, ayant les lévres - - dauernewſ . dures & renuerſées, de laquelle ſort vn virus puant & fetide , & quelquesfois du ſang, & autour d'icelle • Fiſtule»ſ. ſont les veines tumefiées, comme nous auons monſtré au ch.du chancre vlcere diſcraſiée, eſt celle qui eſt : ! chancreuſe. accompagnée de quelque intemperature froide,chaude,humide,ou ſeiche,ou compliquée d'icelles. Vlcere : º ! cacoëthe,eſt celle qui ne ſe peut guarir par remedes deuement appliquez,à cauſe qu'il y a au corps ou à la , - Pºſerafée partie vlcerée, quelque cauſe occulte, de laquelle n'eſt poſſible donner raiſon, qui empeſche la guariſon. | Cac,eibe i'vlcere rheumatique, eſt lors qu'en la Partie fiue quantité d'humeur qui l'entretient, comme l'on void en | §- l'vlcere variqueuſe,lors qu'elle eſt accompagnée de varices , c'eſt à dire,groſſes veines eminentes,tortuës, - - que. & infractueuſe, remplies de gros ſang Lvlcere apoſtemateux, eſt celuy auquel y a tumeur contre nature, - · · . Variqueuſe. comme phlegmon,eryſipelas,œdema,ſcirrhe. Vlcere Chironique,eſt celuy duquel Chiron Centaure,hom- , Apoſiema- me bien verse en la cognoiſſance des ſimples a guary pluſieurs par le moyen de l'herbe appellée de ſon • teux. . nom,Centaurium minus : ainſi que ſemble monſtrer Dioſcoride,chap.7.liu.5. ou bien pource Chiron en a Chironique. eſté guary. Certes Galien ſur l'Aphor.22 de la s.ſect eſtime tels vlceres malins , & ne faire iamais ſuppura- | - Telephie. tion louable : comme l'vlcere Telephie, duquel a eſté affligé Telephus. I - - ( Du prognoſtic des vlceres. CH A P. III. | S vlcores malins, qui durent vn an,ou dauantage,jaçoit qu'ils ſoient penſez & medicamentez ſe- # lon raiſon,il eſt neceſſaire que l'os qui eſt le fondement de la chairvlcerée ſoit alteré & corrom- # } ſº, pu, à cauſe de la mauuaiſe dipoſition de la partie, qu'elle a acquiſe par vn long-temps , pour la NºN defluxion des humeurs malins dont elle a eſté abbreuuée,ou pour la mauuaiſe difpoſition de l'os. Et par ainſi il eſt neceſſaire que dudit os alteré ſe faſſe exfoliation & en ſortent eſquilles, comune choſe qui eſt contre nature : & faut que l'vlcere eſtant cicatrizé,demeure autant caue, que ſera grande la portion de Hin.trºen !*?" l'on aura oſtée.Les vlceres quiaduiennent auparauant quelque maladie,ou durant icelle,lors que # les vlceres viennent paſles,liuides,noiraſtres,c'eſt ſigne que le patient eſt proche de mort, d'autant que les #. " ' facultez qui nourriſſent le corps, ſont debiles & languides, qui ne peuuent ſecourir de ſuc nourriſſant la partie malade. Et ſelon l'humeur qui ſera à la partie,l'vlcere en aura la couleur : comme s'il y a quelque portion debile, 1era iaunaſtre de melancholie,liuide ou noiraſtre, & de pituite blanchaſtre. Ceux qui ont vlceres accompagnez de tumeur ne tombent ſouuent en conuulſion, & ne deuiennent pas fols ne inſenſez, " • 7 d'autant que tels humeurs malins contenus en la tumeur, ne ſont communiquez aux parties nerueuſes, · ny au ce rueau, dont s'enſuiuent les ſuſdits accidens. Mais ſi telle tumeur vient à s'eſuanoüir ſans aucune cauſe manifeſte, comme pour application de quelque medicament reſolutifs ou par quelque flux de ſang, Hipp. Apho. 45. liu.6. | | - - · à ceux qui auront vlceres au dos,aduiendra conuulſion, pource que la ſuſdite matiere ſera retournée aux i parties nerueuſes,& aux muſcles du Thorax,leſquels imbus de cette matiere par repletion,feront ſpaſme & : conuulſion. Et ceux qui auront vlceres à la partie anterieure, deuiendront fols, inſenſez, & phrenetiques, ' *- » k pº« | - - | • - | - IIiiIiIiIiIiiIIi - - S, | Fiſtules & Hemorroïdes. 3 I 5 C grande alteration,deſgoutement, & voir les viandes à contre-eœur,eſtre febricitant,& de l'vlcere ſortir pus A pour la multitude des veines & arteres qui ſont en icelle , par leſquelles telle humeur eſt porté au cerueau dont s'enſuit freneſie & manie. Auſſi fi elles occupent le Thorax, ſuruiendra pleurefie, ou empyeme, ſi la matiere decoule en la capacité du Thorax.Les vlceres qui ſont accompagnez de tumeur laxe,ſignifient con- coction des humeurs qui ſont à la partie:& ſont plus faciles à guarir que ceux qui ſont accompagnez de tu- Hippº liu. meur dure, d'autant que la nature & partie du membre affecté n'en a fait encore concoction,laquelle natu-*tº º»- rellement en nous ſe fait par elixation, & non par aſſation , comme dit Ariſtote au 4- des Meteor. qui eſt cauſe qu'aux tumeurs, la molleſſe eſt ſigne de concoction & mitification de la matiere.Les vlceres qui ſont aux parties pileuſes,quâd le poil qui eſt autour chet,ou bien quâd le cuir qui eſt autour ſedefleure,ſont re- belles, malins & difficiles à cicatriſer, pource qu'ils demonſtrent qu'il y a au profond de la partie quelque mauuais humeur,qui ronge & corrode,tant le cuir que la racine des cheueux qui naiſſent & s'entretiennent en nous de l'exallationd'vn ſuc loüable & nourriſſant,d'où vient que par les longues fiévres,& par la verole Hipp.liu.6. & lardrerie,le poil tombe. Es vlceres où il y a carie d'os,ſi la chair eſt liuide,côme plombée,ou de couleur Aphe.4. citrine,c'eſt mauuais ſigne:car cela denote que la chaleur naturelle eſt eſteinte,& que l'os ſubjet eſt grande-Hip.Aphºca. ment alteré & corrompu. Le,vlceres qui ſuruiennent à cauſe de quelque maladie,comme pour hydropifie, º 7; ſont tres-difficiles à guarir : ſemblablement ceux qui ſont accompagnez de varices,de quelque intemperatu-# des vle. re, ou qui ont les bords durs,& qui ſont de figure ronde.Tout vlcere remply de chair & cicatrisé,s'il ſe re- Gal. # nouuelle,eſt en danger de tomber en fiſtule:ſemblablement s'il occupe quelque tendó,eſt difficile à guarir, #i # é: & tres-douloureux. Es vlceies qui n'ont eſté mondifiez comme il appartient, s'engendre touſiours ſuper- 4 Mé'fA9, croiſſance de chair:s'ils occupent quelque bras ou jambe,excitent ſouuent phlegmon,ou autre tumeur aux Anicenne. Hipp.ſe#. J. Aph°. 67. B aines & parties glanduleuſes,&principalement ſi le corps eſt cacochyme Car telles parties ſont ſubjettes à fluxion,pour leur imbecillité & rarité.Albucraſis dit,que pour neuf cauſes les vlceres ſont difficiles à gluti- ner,incarner, & cicatriſer. La premiere quand le corps a faute de ſang.La ſeconde quand il peche en quali- cauſe les vl- té. La tierce,par l'indue application des medicamens qui ne luy ſont conucnables. La quatrieſme,lors que cer#, ſont l'vlcere eſt ſordide. La cinquieſme, quand l'vlcere eſt putride ou pourry. La ſixieſme,quand en vne pro- difficiles à uince il regne quelque peſtilence,ou maladie epidemique,qui fait les vlceres difficiles à guarir.La ſeptié- curer & ci- me,quand il y a calloſité.La huictiéme,quand la nature du pays eſt telle,que les vlceres y ſont de longue du- catriſer. rée,comme en Saragoce d'Aragon,où les apoſtemes durent vn an. La neufiéme , quand les os ſont carieux Cºrn. Cedſ & corrompus Cornelius Celſus dit qu'il y a aucuns ſignes,par leſquels on peut cognoiſtre combien il faut ºº * ºh 3° eſperer ou craindre,touchant la curation:car les ſignes qui nous denotent quelque choſe de bon,ſont dor- mir & repos,librement reſpirer,n'eſtre point altere, n'auoir en horreur & deſdain les viandes,eſtre exépt de fiévre;& ſi le malade l'auoit eué,ne l'auoir point :'auſſi que l'vlcere rende vn pus blanc,poly, & égal,& non de mauuaiſe odeur.Nous diſons le pus eſtre poly, quand toutes ſes parties ſont cuites,& ne ſe trouue aucune alperite à l'attouchement, qui puiſſe monſtrer qu'il y ait encore quelque portion d'humeur crue & non meurie. Nous l'appellons egal,quand il n'eſt point de parties de nature diſſemblables. Nous le diſons blanc,quand il eſt non de couleur blanche parfaictement,mais de couleur de cendre:d'autant que telles cho- ſes ſignifient que la chaleur naturelle concurrant en la generation,ſurmonte celle qui eſt contre nature, & que la matiere obeyt à l'operation de la chaleur, dont la mauuaiſe complexion dumembre eſt rectifiée, & par conſequent, nature pourra mieux faire curation de l'vlcere. Or les ſignes qui nous denotent quelque choſe de mauuais, ſont veille,inquietude,difficulté d'expirer,& Pour neuf Signes de - - - - - - - - - mauuaiſe noir,limonneux & de mauuaiſe odeur:dauantage,quand la curation eſt bien auancée,& s'il ſuruient flux de guariſon. ſang.Car côme dit Hippocrate, )uand l'hemorragie & ſoudaine effluxion de ſang ſuruient aux vlceres, qui " Hippºlis pour l'inflammation qu'ils ont,font grande pulſation,c'eſt mauuais ſigne,pource que telle effluxion ſortant 7. Apho. 2 1. de l'artere s'y arreſte aſſez difficilement:& auſſi pource que la partie eſt lors moleſte d'inflammation & dou- leur,par laquelle le ſang attenué & boüillonnant,ſe desbonde tout à coup,rompant de violence ſes canaux &arteres:à quoy s'enſuit vn autre inconuenient, ſçauoir mortificatiô de la chaleur naturelle,par la deperdi- tion de ſang,& par conſequent faute de ſuppuration,& en fin gangrene.Il reſte encore à parler du progno- ſtic des excremens qui ſortent des vlcrces,à ſçauoir vn nommé en Grec 1 bor,& en Latin sanies, lequel eſt double : l'vn ſubtil & virulent,comme on void ſortir aux piqueures des nerfs & malins vlceres : l'autre eſt - gras & glutineux, qu'on void ordinairement ſortir des playes des iointures.Il y en a vn autre nommé sor- des,qui eſt encore plus gras (dont l'vlcere eſt dite ſordide ) de couleur noiraſtre,autrefois rougeaſtre,cen- drée,inegale , comme lie de vin & d'odeur fetide La tenuité de la ſanie iſſant des vlceres qui eſt rougea- ſtre, ſemblable à laueure de chair, monſtre que la matiere eſt chaude, & ſi elle eſt blanchaſtre, monſtre signes que qu'elle eſt froide.Et celle qui eſt blanche,polie,c'eſt à dire douce au toucher, egale,& en petite quantité, le pus eſt auec vne viſquoſité ſans nulle mauuaiſe odeur, ſignifie eſtre bonne, & que nature fait generation de chair. bon -\ - - De la curation des vlceres. C H A P. IV. 24# N la curation des vlceres deux choſes nous ſont proposées : ſºauoir l'vlcere ſim NºK 7- V . » X %| : \,A , j ſ) - -" &2 - f _1 » - > / • r ple , lequel Deuxpoinäs n'eſt accompagné d'aucun accident , & l'vlcere composé ou compliqué auec ſa cauſe , ma-§ ſons ladie ou ſymptome.Or l'vlcere ſimple,entant qu'il eſt vlcere, a vne commune indication de propoſez à [ curation , à ſçauoir exſiccation. Car tout vlcere,entant qu'vlcere, a beſoin de ſiccation, & la curation - d'autant qu'il eſt plus humide que la playe,il requiert auſſi plus grande deſiccation. Or lors des vlceres. qu'ily a pluſieurs complications qui accompagnent l'vlcere,pour l'ordre de leur curation , Galien veut Gal.4 & 5. 1ue le Chirurgien methodic ſe propoſe trois principaux poincts, qui ſont l'vrgent, la cauſe, & la cho-Metho.Gui- ſe ſans laquelle la maladie ne ſçauroit eſtre oſtée. Et pour facile intelligence de ce, ie te donneray cét º .., exemple, Poſons le cas qu'il y aitvn vlcere à la iambe, ſituée à la partie interieure, vn peu au deſſus du Traicté des malleole,eſtant fort douloureux, caue,putride,auec carie en l'os,de figure ronde,ayans les bordscalleux & #ua durs,auec tumeur & infiâmation des parties voiſines,& accômpagné d'vne varice.L'ordre de curationde tel " 7 " Ylcere ſe doit cômencer aux choſes vniuerſelles,ayant eſgardà l'habitude de tout le corps qui eſt plethoric & cacochyme:leſquelles indiſpoſitions pourront eſtre amendées parles ſix choſes non naturelles ordônées Par le docte Medecin:ce qu'eſtant deuëment fait oſtera la cauſe duditvlcere. Car tel eſt le commandemêt de Salien,chap.1 du 4.liure des Medicamens ſelon les genres.Si(dit-il)le corps a beſoin de quelque preparatió La cauſe. il faut qu'elle ſoit faite deuant que toucher à l'vlcere. car ſouuent pour la guariſon de quelques vlceres,ſa ſeule purgatió ſuffit,à autres la ſeule ſaignée,à autres tous les deux, ſelon que la cauſe de l'vlcere eſt caco- L'vrgent. chyme ou plethore,ou tous les deux.Et quât à la cure particuliere,nous aurós eſgard à ce qui eſt le plus vr- gent,qui ſera premieremét de ſeder la douleur par remedes contrarias à icelle côme ſi c eſt à raiſon d'vne D d 2 intemperaturé** - 2 3 16 Treiziéme Liure des Vlceres. - : intemperature phlegmoneuſe qui dés long-temps a occupé, diſtendu, & endurcy la partie, elle ſera oſtée A par euacuation, faiſant premierement fomentation d'eau chaude, afin d'amollir & relaſcher le cuir,& que i'euacuation des humeurs contenus ſe faſſe plus aiſément : puis on fera des ſcarifications pour euacuer le ſang, ſelon que l'on verra eſtre neceſſaire. Si le malade eſtoit delicat,ne voulant tollerer icelles ſcarifica- tions,on appliquera des ſangſuës:puis ſera mis ſur la partie vn emplaſtre de Cerat refrigerât de Galicn,ou autre séblable:& pour paracheuer à vacuer l'humeur arreſté,on vſera de remedes conuenables,ſelon la do- Carie. ctrine eſcrite és tumeurs contre nature. Cela fait, on aura eſgard à la choſe, ſans laquelle la maladie ne Figure reº- pourra eſtre oſtée, qui ſe fera en gardant l'ordre des ſuſdites diſpoſitions compliquées : comme la Carie, #us , laquelle ſera oſtée par cauteres actuels, & en l'aplication d'iceux on fera de ſorte, que l'on rendra l'vlcere 4ll0/Jtë. d'autre figure que ronde; à ſçauoir,longue ou triangulaire,& par ce moyen on conſommera la calloſité, & la pourriture de l'vlcereſera corrigée:puis on procedera à faire choir l'eſcarre:& apres on ſera ſoigneux à J'expoliation de l'os,côme nous auons traicté cy-deſſus,& on procedera au reſte de la curation de l'vlcere, lequel apres auoir eſté mondifié,ſera remply de chair:pour la generation de laquelle deux choſes ſont ne- ceſſaires.La premiere eſt la cauſe efficiente:la ſeconde eſt la matiere dont eſt engendrée la chair.Or la cau- ſe efficiente eſt la bonne temperature,non ſeulement de tout le corps,mais auſſi de la partie affligée,par le Gal. 3.Met. moyen de laquelle fe fait attraction, concoction , appoſition , & aſſimilation : telle temperature doit eſtre chap. 3. conſeruée & maintenue par bonne maniere de viure, qui engendre vn bon ſang,non chaud,acre, bruſlé,ny Cauſe effi- aqueux:car tel ſang pourroit rendre non ſeulemeut tout le corps mal-diſposé,mais principalement la partie ºº ººº vlcerée. Quant à la matiere dont eſt procrée la chair, c'eſt le ſang pur & ſyncere, ne pechant ny en quan- chair. tité, ny en qualité. Or en telle generation il s'engendre double excrement : vn,qui eſt humide,appellé de nous ſanie : l'autre plus eſpés,ſordicie. Tous deux,d'autant qu'ils ſont contre nature,empeſchent la ſuſdite regeneration, & pour ce doiuent eſ}re oſtez par leur contraire. Ce qui ſe fera par medicamens,leſquels ſe- B chap. 3. ront deſiccatifs au premier degré, & mondifientmediocrement :deſquels les vns ſont plus forts, les autres plus debiles:& pource le diſcret Chirurgien en vſera auec methode,conſiderant le naturel de tout le corps & de la partie vlcerée, l'aſſiette , formation , & vertu d'icelle partie,enſemble l'abondance de l'humidité | & ſordicie. Car les femmes, d'autant qu'elles ſont plus humides, demandent medicamens qui ſeichent moins, & les parties charneuſes requierent medicamens plus forts que les tendineuſes, pour le ſentiment exquis : car, dit Galien , chap.7. du liure 4. de la Methcde, toute partie fort ſenſible ſe doit traitter ſans douleur autant qu'on peut. Ainſi l'vlcere, tant plus qu'il eſt humide , a beſoin de medicamens qui ſeichent dauantage : car la partie demande eſtre conſeruée par choſes ſemblables, & l'vlcere requiert choſes con- traire à luy. Lors que l'vlcere ſera remply de chair, par le benefice de nature & ayde du Chirurgien , il faut induire cicatrice ( qui eſt vne chair calleuſe enduite en lieu de peau ) en appliquant remedes qui deſ- $u'eſt ce ſeichent ſansacrimonie ny mordication, ſi ce n'eſt en petite quantité. Car l'alum bruſlé, & le vitriolcom- que cicatri- mun bruſlé & laué, mis en petite quantité, cicatrizent. On vſera doncques de radix ariſtoloch. aloes, Cº, plumbum vſtum,cortic. granat.combuſt, litarg. pomphol. ayant eſgard aux choſes vniuerſelles eſcrites en la generation de chair, ou de la lamine de plomb frottée de vifargent, de laquelle ay veu grand effect,voi- re plus que d'aucun remede. Pourriture, , De l'vlcere intemperé. C H A P. V. M, P R E s auoir eſcrit engeneral la definition, les cauſes, ſignes, differences, & prognoſtic des # vlceres,reſte en ſpecial enſeigner la guariſon de ceux qui ſont compliquez auec quelque acci- Sſ4 dent, commençant à l'vlcere intemperé. Or toute intemperature eſt chaude, froide, ſeiche, $ $2\# ou humide : & pource afin que le Chirurgien ne prenne l'vn pour l'autre, il eſt bon de les di- C º ſtinguer. L'intemperature ſeiche ſe cognoiſtra par la veuë,l'vlcere eſtant comme ridé,ne ren- · sienes de dant aucune ou peu d'humidité, comme auſſi par le toucher, la ſentant rude & dure. Telle intemperaturc l'intempera- ſe guerira par remedes humectans, faiſant vne fomentation d'eau tiede, ſuiuant l'opinion de Galien, au li-- ture ſeiche. ure 4. de la Methode, ou bien hydrelaeo ; c'eſt à dire, huyle & eau,ayant eſgard comme nous enſeigne Ga- Curation. lien,que ſi le corps eſt plethoric ou cacochyme, il le fandroit premierement purger & ſaigner, craignant d'attirer dauantage à la partie.Telle fomentation ſera continuée iuſques à ce que la chair viéne rougeaftrc, nmollaſſe, & humide,& que la partie s'enfle vn peu : car ſi on continuoit dauantage, on reſoudroit l'humi- dité qu'on auroit attiré. La fomentation faite, ſera miſe ſur l'vlcere tel ou ſemblable remede. 2Z. crcmor. hordei 3.ij. fol. mal.in aqua coct.3.j. pingued. porc.3.j.É.mellis commun.3. f. miſce in mortar & fiat vn- guent. admoueatur parti, præmiſ. fotu. L'intemperature humide ſe cognoit par la quantité des excremens Sirnes de que iette l'vlcere par la chair baueuſe & ſupercroiſſante.parquoy faudra vſer de remedes plus ſecs,tels que ººrº- ſont les Sarcotiques,ayant eſgard à la quantité de la matiere,& à la nature de la partie,& autres indications # * eſcrites cy-deſſus. Entre autres remedes,Galien liure 1.zºe ſimpl.med.fºcult. chap.7.louë fort l'eau alumineu- c ai - ſe : car elle deſſeiche, mondifie, & fortifie la partie. On peut auſſi fomenter la partie vlcerée , d'vne telle decoction.2/.. roſar. rub. abſinth. betonica , tapſi barbat.an. m.j. gallar.nucum. cupreſſ. an. 5. ij.aluminis roch.3.j. fiat decoct. in vino auſtero, de quo fiat fotus. La fomentation faite, ſera appliqué ſus l'vlcere de l'emplaſtre de ceruſa de minio , & autres. Ie louë fort la poudre d'alum calcinée, miſe en petite quantité pour l'experience que i'en ay fait.Quant à l'intemperature chaude elle ſera cogneue par la couleur rouge, Signes pºur ou jaunaſtre, par l'attouchement du Chirurgien, & par la douleur que ſentira le malade, ainſi que mon- D #º ſtre Galien.liure 4. de la Methode. Lors nous aurons recours aux remedes refrigerans, comme l'onguent # roſat de meſme , refrigerans Galeni Populeum : auſſi les compreſſes & bandages ſeront trempées en eau de §" plantain,morelle,oxycrat.I'ay ſouuent pratiqué les ſcarifications & profité plus que tous remedes, ou bien les ſangſues : car par tel moyen le ſang eſchauffé & preparé à corruption, eſt oſté de la partie, & de tel far- deaugrandement deſchargée. L'intemperature froide ſe cognoiſtra par la couleur blanche, par l'attouche- signes de ment du Chirurgien, & ſentiment du malade, lequel dit ſentir froid à la partie. Pour laquelle guarir, tout l'intempera- autour de la partie refroidie ſeront appoſez bouteilles pleines d'eau chaude ou veſſies de porcà demy rem- ture froide. plies d'vne telle decoction.2/.. origa.puleg. camomill.melilo.an.m. 1.abſinth.ſal. maior. roriſ. an. m. ſS. de- Curation. coct. invinogeneroſo , addendo aquæ vitæ q ſatis L'vlcere pourra meſme eſtre fomenté, auec eſponges trempées en cette dite decoction. Pareillemeut on vſera de l'emplaſtre de meliloto, oxycroceum de Vigo, cum & ſine mercurio. Or ſi l'vlcere eſt compliqué, auec deux ſortes d'intemperatures , les remedes pareil- lement ſeront diuerſifiez ſelon icelles, & touchant le reſte de la guariſon, elle ſera paracheuée, comme a eſté dit cy-deſſus , en mondifiant l'vlcere, puis l'incarnant, afin de le rendre à cicatrice. 22é Fiſtules & Hemorrhoidès 3 17 > | De l'vlcere douloureux. | C H A P. V I. ". 9 v v E N T à raiſon deſdites temperatures l'vlcere eſt fort douloureux,Pour à quoy reme- dier , on aura recours aux remedes ſuſdits, & où la douleur perſeuereroit , & ne voudroit º" " 4 obeir à iceux,on paſſeroit aux narcotiques. Tels ſont les cataplaſmes faits ex foliis mandra- # # goræ , ſymph. hyoſcyami, ſolani , cicutæ , & oleis eiuſdem, auſquels on adiouſte oleum pa- # (7/J5 # - " Paueris , mandragorae , opium , vnguentum populeum , & autres ſemblables, deſcrits au li- #º "U,- ure des Tumeurs, parlant de la douleur. Mais ſi telle douleur ſuruient pour quelque malice & virulence - d'humeur , lequel ſouuent corrode & ronge la chair és bords de l'vlcere , ne pourra eſtre appaisée » par remedes anodyns ny narcotiques, ains au contraire augmentera de plus en plus , eſtant dauantage irritée par remedes doux & gracieux , que s'ils eſtoient plus forts. Pourquoy pour appaiſer telle dou- leur, faut auoir recours aux remedes forts & catheretiques : car aux maladies fortes,faut vſer de forts re- medes. Parquoy il ſera appliqué ſus l'vlcere,vn plumaceau, chargé & couuert de noſtre AEgyptiac fortifié # tout pur , ou bien vn peu d'huyle de vitriol , ou d'vn mondicatif, auquel on aura adiouſté poudre de mer- maladies, cure. Tels remedes ont vertu d'obtundre & abbatre la virulence,& malice del'humeur qui entretenoit la # P"º/7747- douleur : cependant tout autour d'icelle, ſeront mis remedes refrigerans, craignant que la douleur causée " par le remede acre ne faſſe fluxion à la partie. - De l'vlcere compliqué auec ſuperroiſſance de chair. C H A P. V I I. #S# N l'vlcere , tant pour la negligence du Chirurgien , que pour la faute du malade , ſuruient vne hai N# chair ſuperfiue plus qu'il n'eſt de beſoin, eſtant quelquesfois enuironnée de bords oulévres du-#º# ſº $ſ% res & calleuſes. Si telle chair eſt mollaſſe & baueuſe, ſe pourra oſter par remedes deſiccatifs, # - comme ſont galla, thuris cortex , aloès , tuthia, antimonium , pompholyx calcitis , plumbum # vſtum,bruſlez & lauez s'il en eſt beſoin, deſquels ſeront faits poudres & medicamens, auec vn peu d'huyle §. J C'0/E- & cire. Et où tels remedes ne ſeront ſuffiſans, la chair eſtant dure & ferme,faudra d'iceux paſſer aux cau- ' ſtiques,ou bien la couper. Car comme dit Galien liure 3. de la meth. chap. 6.d'oſter la chair ſuccroiſſante n'eſt œuure de nature, comme l'vnion & generation d'icelle,mais c'eſt l'œuure du medicament fort deſſei- chant ou la main du Chirurgien.Entre autres remedes,ie loüe fort la poudre de mercure,auec portiond'a- lum calciné,ou le vitriol ſeul calciné. Et quant aux lévres de l'vlcere dures & calleuſes, ſeront amollies par remedes émolliens,comme ſont,pinguedines vituli,anſeris, gallina , anatis, olea liliorum,amygdalarum dulcium, lumbricorum, catellorum, œſipus, mucagines althex, lini, fœnugraeci, gummi ammoniac. gal- bani, bdellij : deſquels ſimples ſeront faits emplaſtres, onguent & liniment : ou bien on vſera de l'empla- ſtre diachylum, de mucaginibus, ou de Vigo cum mercurio. Apres auoir vſé quelque temps de ces reme- des,ſera appliquée vne lamine de plomb,frottée de vif-argent,laquelle a grande vertu d'applanir l'vlcere,& abbaiſſer les bords d'iceluy;& où tels remedes ne ſeroient ſuffiſans,faudroit appliquer remedes cauſtiques. Que ſi la calloſité eſtoit ſi dure, que les remedes ne peuſſent faire leur operation, faudroit premierement les ſcarifier, ou bien les couper du tout, afin de donner priſe au medicament, & ce iuſques au vif, comme dit Galien liu.4.de la Meth. chap. 2.ayant eſgard au precepte d'Hippocrate, liure des Vlceres. Que ſi l'vl- cere eſt rond,luy faudra donner autrc figure, à ſçauoir oblongue ou triangulaire. De l'vlcerevermineux & putredineux, C H A P. V III. V E L Q y E s F o 1 s és vlceres il s'engendre des vers : dont ils ſont dits vermineux. La cauſe - vde ce, eſt la trop grande humidité excrementeuſe preparé à pourriture par la chaleur immo* derée, & contre nature. Ce qui aduient, ou parce que l'vlcere eſt negligé, ou pour l'intempe- rature & cacochymîe de tout le corps, ou de la partie , ou parce que telle humidité ex- crementeuſe ne ſe peut égouter n'ayant libre iſſue : ce que l'on void aduenir en l'oreille , nez, ſiege,col de la matrice,& és vlceres cuniculeux. Pour guarir tels vlceres; faut premierement que le Mede- cin aye égard à toute l'habitude du corps,ordonnant la purgation & ſaignée, ſans omettre la bonne ma- niere de viure. Secondement faudra oſter les vers, puis deſſeicher cette trop grande humidité Parquoy \ l'vlcere ſera fomenté d'vne telle decoction,laquelle a vertu de les faire mourir:car les voulans oſter viuans, Remeds on feroit douleur, à cauſe que ſouuent ils tiennent à la partie vlcerée 2Z. abſinth. centaur.maior.marrub. # - an.mrj.fiat decoctioad fb.É.in qua diſſol.aloes 3.É.vnguent.xgyptiaci 3.j. De ce remede ſera laué l'vlcere, # es & les plumaceaux trempez en icelle y ſeront laiſſez. Or ſi l'vlcere eſt ſinueux & cuniculeux, on fera inie- ction d'icelle decoction. Archigenes louë fort ce remede.2Z.ceruſae,polijmontani an. 3.f. picIs naualis li- quida q. ſ.miſce in mortario pro linimento.Souuent la pourriture eſt ſi grande, qu'elle ne ſe peut corriger par tels remedes : & lors faut paſſer aux plus forts,meſme aux cauteres actuels, ou bien à la ſection : tou- resfois ſuiuant le precepte d'Hippocrate, nous commencerons aux plus legers, ſi la maladie le permet, cenni comme de ce remede eſcrit par Galien,liu.4.De la compoſition des medicamens.2t.cera fb.j. ceruſae 3.viij. # e ſe olei roſati fb.j. ſalis ammon.3.iiij. ſqammae.aeris 3.ij.thuris,alum.aerugmalicor.calcis viux an.3 j.fiat em- # #º . plaſt. ou bien de cettuy. 2Z. terebinth lotæ 3. ij. ceræ albx 3. 6. liquef. ſimul. addeneo ſublimati3. 6.ſalis. # # torrefact. & vitrioli calcinat.an. 3.j. fiat mundif ou bien nous vſerons de noſtre egyptiac pur , auquel il 4 § du ſublimé. Cependant les enuirons de l'vlcere ſeront munis de defenſifs craignant la trop grande ouleur. D. Piereſordide . C H A P. I X. # V 1 c E R E ſordide (apres les choſes vniuerſelles) ſeraguary par medicamens deterſifs,en con- fiderant que ſouuent y a vn excrement gros & eſpais, accompagné de certaine humidité & ſanie le ſuperfiue,quiſont côme rempars & bouleuars ſur les parties vlcerées,aſſoupiſſant louuét la for- $ ce & vertu des medicamés,pour forts qu'ils ſoient.Il faut pour cette cauſe premieremét lauer l'vl- cre auec telle decoction.2/...lixiuij communis fb.j.abſinth.marrub.apij,cent.vtriuſque,hypericonisan.m.ſ8. D d 3 coquant, 3 18 Treziéme Liure des Vlceres, coquant. in colat. quod ſufficit. adde mellis roſa.3.j. vnguent. aegypt.3. É. fiat decoctio:puis ſera mis vn tel À " ! mondicatif.24 ſucciapij & plantag. an. 3. ij. mellis comm. 3.j. tereb.3.j. 6. pulu. ireos Florent, & aloes an.3.f. fiat mundificat. Auſſi le vin doux auquel on aura fait boüillir herbes deter fiues, comme panax, ariſtoloche , abſinthe , & autres ſemblables : puis y adiouſter miel roſat & eau de vie, Cettuy lauement deterge & deſſeiche les vlceres caues & cuniculeux. Le Chirurgien doit conſiderer diligemment en com- bien d'appareils il pourra auoir deſcouuert l'excremét ſordide & deſſeiché l'humeur ſuperfiuicar quelques- fois on peut oſter tels excrements à vn ſeul appareil:& quelquesfois auſſi on ne le peut faire qu'à pluſieurs · fois , à raiſon que la partie eſt fort ſenſible, ou que le corps eſt delicat. Et lors qu'on aura detergé l'vlcere peu dre, in. faut euiter les remedes forts & acres de peur d'inciter douleur, fiuxion , inflammation & eroſion,qui ſeroit carnatiues. cauſe de rendre l'vlcere encore plus caue, parquoy on appliquera remedes qui deſſeichent ſans acrimonie, afin d'ayder à Nature à engendrer & produire la chair. Tels remedes ſont poudre d'aloës,maſtic,myrrhe, ireos, litharge, antimoine, racine de gentiane, farine d'orge, & leurs ſemblables : puis appoſer deſſus charpy fait de linge vieil & delié,& par deſſus vne lamine de plomb,frottée de vif-argent:& ſeront leſdits deterſifs & deſiccatifs, plus ou moins forts,ſelon qu'on verra eſtre neceſſaire. Leur quantité ne ſe peut bien deſcrire : mais la faut cognoiſtre par conjecture artificielle, qui ſera quand on verra l'vlcere eſtre trop hu- mide , ſec, ou aride. S'il eſt trop humide, il ſe cognoiſtra par la quantité de la ſanie , & par la chair ba- ueuſe , laxe & molaſſe. S'il eſt trop deſſeiche, il ſe cognoiſtra à raiſon qu'il ſera ſec, jettant peu d'excre- mens, enſemble par la mutation de la couleur de la ſanie. - - Or quelquesfois par l'indeuë application des medicamens fort deterſifs & deſiccatifs, les vlceres ſe ca- uent, & iettent grande quantité de matiere : ce quitrompe & deçoit ſouuent les Chirurgiens : car voyans les vlceres ietter tant de ſanie, ils y appliquent derechef encore de plus forts & acres remedes, ce qui B nous eſt confirmé par l'Hiſtoire d'vne Empirique recité par Galien , lequel traittoit vne vlcere ſordide, appliquant vn medicament verd qui eſtoitmordant & corroſif Ce medicament conſommoit la chair ſubje- cte,cauſant douleur & chaleur à la partie,& par ce moyen de iour en iour la rendoit plus caue:mais voyant que ledit vlcere iettoit beaucoup dexcremens,penſant que ſon medicament ne fuſt aſſez deterſif, y adiouſta de plus forts deterſifs;& ce faiſant l'vlcere ietta encore dauantage:dont eſtant fort eſtonné,il yadiouſta de- Grand, ax- rechef des remedes encore plus forts, pour cuider tarir l'excrement d'iceluy:mais de plus en plus l'vlcere ſe | §ien ur cauoit : tellement que par ſon ignorance il ne le peut guarir Or la cauſe pour laquelle l'vlcere iettoit telle | le irune Chi. quantité de ſanie , eſtoit que la chair ſe colliquoit & fondoit en pus & ſanie par la violence de ſon medica- | ment trop abſterſif,& la douleur qui cauſoit fluxion.Parquoy il faut bien auoir eſgard,ſi l'vlcere eſt deuenu | ſordide par eroſion,& colliquation de la chair ſubjecte;côme auſſi prendre garde,ſi le medicament que l'on | | Hiſtoire . rurgien. y aura appliqué,l'aura aſſez nettoyé.Ce qui ſe cognoiſtra par la douleur & par les lévres qui ſont plus rou- Indication ges,& plus chaudes qu'auparauant. Et pour ſes raiſons faut diuerſifier les medicamens,ſelô que l'on verra des tempera- l'vlcere eſtre trop humide ou ſec,& que les corps ſeront plus forts ou robuſtes.Or on appelle les corps forts, ceux qui ſont de temperature ſeiche, comme Laboureurs,Crocheteurs , Mariniers, Chaſſeurs,& autres de grand trauail , & qui demeurent en region chaude. Tels ont leurs corps ferme & ſec,eſtant de couleur noi- raſtre. Les foibles ſont ceux qui ſont de temperature humide , comme femmes, enfans,enuques, gens oi- #º ººº ſifs & ſedentaires, & qui demeurent en pays froid , tefs ont leur corps humide & phlegmatique & par con- # # ſequent mol,blanc,& fort ſenſible. Et pource eſt il impoſſible qu'vnmedicament puiſſe ſeruir à tous corps: C # à cette cauſe il le conuient diuerfifier ſelon la temperature,tant du corps que de la partie vlcerée,de la ſai- fºrts, # ſon de l'année, region, âge, ſexe, & autres choſes priſes des choſes naturelles,hon naturelles, & contre La quantité nature, comme i'ay deſcrit plus amplement en l'introduction : combien que la quantité , qualité, & mix- é qualité tion de tels medicamens, ne ſe puiſſe au vray deſcrire, non plus que le meſlange des couleurs aux Pein- & mixtion tres. Toutesfois le Chirurgien prudent par vne coniecture artificielle prendra indication, que les corps - - - - - - des medica- robuſtes, endurcis à la peine, de grand labeur, demandent remedes forts : car des doux & benins n'en peu. mens ne ſe uent auoir aucun amendement. Au contraire ceux qui ſont de temperature molle & delicate,requierent re- Peuuent bien medes doux ſans aucune eroſion : autrement au lieu de vouloir produire chair en leurs vlceres , les reme- deſcrire. des forts la conſommeroient & caueroient dauantage : comme les remedes doux & ſans eroſion appliquez és vlceres des corps robuſtes , les rendoient ſordides & ſanieuſes , & en fin putrides. - - - N Des vlceres virulens, corrodans, cacoèthes, chironiques,ou phagedeniques. - | t'lceres ſer- C H A P. X. pans, c'eſt à dire,qui am- N bulent ér E s Vlceres virulens & corrodans ne ſont differens les vns des autres, ſinon par les plus, ou le moins. Car l'vlcere virulent eſt celuy duquel ſort vn excrement , dit vulgairement virus: corrodent & N} / lequel lors qu'il eſt rendu plus malin & corrodant , mine & ronge les parties ſubiacen- couent la A tes & voiſines de l'vlcere, dont il eſt dit pour lors corroſif : ils viennent d'vn humeur me- partie. artySº lancholic, erugineux & malin, & ſuiuent les chancres de bien pres. Tels vlceres ſont nommez de Galien , liure quatrieſme , De la compoſition des medicamens , dyſepulotiques , c'eſt à D dire de difficile cicatrization. I'appelle tels vlceres cacoethes (dit-il ) quand la partie ſouffrante eſt tant ca kectique & intemperee, qu'elle altere & corrompt le ſang qui afflué pour la nourrir , ores que de ſoy fut bon & aisé à digerer : dyſepulotiques, quand le ſang eſt fi mauuais & ſi cacochyme, qu'il ronge la par- tie qui de ſoy eſt temperée : puis il dit vlcere Chironien, c'eſt à dire, vlcere qui eſt bien fort cacoethe. Pour la guariſon, conſidere qu'entre iceux il ya grande latitude & difference, entant que les vns ſont plus dyſepulotiques & plus cacoëthes, les autres moins,il eſt neceſſaire qu'il y ait autant de nombre de medica- mens qui les guariront,que de differences d'vlceres. Parquoy ce n'eſt de merueille,ſi ceux ſont ſouuent de- - # ceus de leur intention, leſquels n'ont qu'vn medicament pour guarir tous vlceres cacoethes.Gal.l.4. De la #ſclepia- compoſition des medicamcns,chap.4. recommande ce medicament d'A fclepiades.24.æris ſquammae , aerug. §rex berbe raſ an 3j. cera ib. 6. reſinx. caricis #.j. 6. ea quz liquari poſſunt , aridis affundantur.Telle emplaſtre ſera §i - appliºe ſeulement ſur l'vlcere, & à l'enuiron, pour engarder ! inflammation,ou autre medicament froid. #§, § Pareillement Galien au liure ſus-allegué,loue fort ce remede : Epulotique (dit-il) de Primion aux deſeſ- Galien. perez , c'eſt à dire aux vlceres, que maints Medecins ſe ſont efforcez de guarir, mais ils n'en ſont venu à bout,& les ont delaiſſez comme incurables : il conuient auoir fiance en ce medicament , tant Pour autres choſes , que Pource qu'il eſt approuué par experience, - . Aduertiſſemenr Fiſtules & Hemorrhoïdes. 3 1 9 t . Jalºnſ , # ieune chirurgien 5 • 7aji . àu § 7,ifi - penſer les vlceres cacoëther, C H A p. X I. - - Nºſ O v R monſtrer l'vſage de l'emplaſtre cy-deſſus eſcrite d'Aſclepiades, & pour là faute qui ſe # commet aujourd'huy entre la pluſpart des Chirurgiens, de penſer deux ou trois fois le iour 2 les vlceres malins , cacoethes,& de difficile guariſon, eſtimans par ce moyen plûſtoſt les gua- - i ' rir : I'ay bien voulu icy leur mettre l'authorité de Gal. ( qui eſt du tout contraire à leur pra- Gal. liur.4. 3ºè$R> tique)laquelle eſt pareillement appuyée ſur la raiſon.Aſclepiades(dit-il)a bien fait d'adjouſter de la # à la fin de la recepte du medicament ſuſdit ce qui s'enſuit.Oſte ta bande & l'éplaſtre ſous les trois iours,& #. (? fomente § lors que tu auras nettoyé ton petit emplaſtre, & malaxé, remets-le deſſus,eſtant ºº mens, ſelon tain que fi vn medicament ne ſejourne long-temps ſur le corps,il ne profite aucunement choſe qu'aucuns § #r . Medecins ont tant ignoré, qu'ils penſent trop mieux beſongner, quand ils abſtergent la ſanie de l'vlcere Grandean- trois fois le iour, que ceux qui ne les nettoient que deux fois. Et eſt cette mauuaiſe couſtume tant in- notation. ueterée , que les malades meſmes accuſent ſouuent les chirurgiens de negligence, qui ne les habillent qu'vne fois le iour : mais ils ſont bien deceus : car comme auez entenda & leu en pluſieurs lieux de mes oeuures les qualitez de tous corps qui s'entretouchent , agiſſent l'vn contre l'autre, & tous deux patiſſent quelque choſe, & fuſt l'vne d'icelles beaucoup plus forte que l'autre : au moyen dequoy leſdites qualitez s'vniſſent & fermentent auec le temps, combien qu'elles ſoient de beaucoup differentes ; de maniere que la qualité du medicament s'vnit, & quelquesfois deuient ſemblable à celle du corps, qui eſt choſe fort vtile. Parquoy deuez loüer celuy qui premier a inuenté d'vſer encore, & de remettre le premier emplaſtre, & l'imiter d'autant qu'auez plus cogneu par experience ſon inuention eſtre bonne. A iuſte raiſon il a encore commandé,qu'on fomente l'vlcere tous les trois iours,c'eſt à dire toutes les fois qu'on l'habillera:car eſtant - le medicament fort,ce n'eſt de merueilles s'il a beſoin de quelque mitigation.Telle authorite de Calien peut . .. , - eſtre confirmée par raiſons.C'eſt choſe tout notoire,que les medicamés ne peuuét agir,finon par le benefice Raiſon ſui- de la chaleur naturelle,laquelle doit exciter la faculté du medicament a faire ſon operation.Or eſt-il ainſi, uast l'au-" qu'en tels vlceres malins & rebelles , là chaleur de la partie eſt foible , languide , & quaſi comme cachée thorité, & enſeuelie par la chaleur eſtrange & contre naturesde ſorte qu'elle ne peut ſi toſt ſe mettre en euidence & effort, pour exciter & eſueiller le remede àfaire ſon operation , & pour ce a beſoin d'eſpace de temps : de ſorte que lors qu'il ſeroit excité à ſon œuure, & comme au milieu de ſon operation , la chaletur eſtant at- tirée, & s'eſtant fortifiée, ſi vous debandez la partie & oſtez l'emplaſtre, l'vlcere ſera exposé a l'air, qui rendra la chaleur plus foible & petite, la repouſſant au dedans : & le remede qui ſera ja excité & éguilon- né à agir & operer, perdra cette premiere force acquiſe, de ſorte que le remettant en vn autre, il faudra toufiours recommencer nouuelle beſongne,n'ayant permis qu'il euſt fait toute ſon operation en imprimant ſa faculté a la partie vlcerée.Pareille faute font ceux,qui en habillant ſi ſouuent les vlceres,les eſſuyenc bien fort;car ils oſtent non ſeulement l'excrement inutile,qui eſt la boiie & ſanie de l'vlcere, mais auſſi le natu- - rel, qui ſont Ros, Cambium & Gluten, dont eſt engendrée la chair bonne & loüable en l'vlcere Paï quoy Aatre f.ui, pour les raiſons ſuſdites, il n'eſt beſoin de ſiſouuent penſer les vlceres : s'il n'y a accident qui y ſuruienne, touchant ny de les eſſuyer ſi ſoigneuſement. - - - - -- 5 reux qui eſſuyent les –s - –- — — vlceres. Des bandages des vlceres. C H A P. X I I E ne veux oublier à demonſtrer la maniere de bander & lier les parties vlcerées : C'eſt que la | bande commencera ſus l'vlcere,& ſoit tant large, qu'elle comprendra non ſeulement l'vlcere, - mais auſſi quelque portion des parties ſuperieures & inferieures,& quelle comprime medio- . - crement ſur l'vlcere, afin qu'elle expurge les humeurs hors dudit vlcere. Ce faiſant , on la Hhperrâte à - rendra plus ſeiche,qui eſt la voye de guariſon, comme dit Hippocrate au commencement du eſté tremier . iure des vlceres. Et ne faut que la bande ſoit ſerrée trop fort ny trop laſche:car la forte feroit douleur & inuenteur le fluxion,& la foible ne feruiroit de rien:& partant il faut en toutes choſes mediocrité. Cn peut tremper les retre maºie- compreſſes & bandes en oxycrat, ou en gros vin auſtere,& principalement en Eſté. Le bandage fait,la par-rººººººº tie doit eſtre tenuë en repos : comme ſi l vlcere eſt aux jambes, le malade ſuiuant la doctrine d Hyppocrate . - ne ſe tiendroit debout , ny aſſis , mais couché au lict , faiſant exercice de ſes bras en les maniant, leuant & baiſſant, ayant de groſſes bales peſantes,comme de plomb ou d'autre matiere. Au contraire, ſi l'vlcere eſt au bras, il exercera les jambes en cheminant : où il ne pourroit cheminer, on les luy frottera,enſemble les cuiſſes en deualant en bas:afin de faire reuulſion & deriuation des eſprits & humeurs,qui fiuent à la partie vlcerée, en trop grande abondance. 2 ) ANV, Des vlceres en particulier,& premierement des reux. C H A P; XI I I. Aé O v s auons par-cy deuant exposé les differéces des vlceres,cauſes & ſignes d'iceux,& com- # bien il y en a,& quelle eſt l'indication d'vn chacun,enſemble leur curation:maintenant reſte à * # ſpecifier ceux qui occupent quelques parties:car ſelon Galien,liure quatrieſme de la Methode, %N# diuerſe indicatiô doit eſtre priſe de la ſituation,forme & figure,de l'vtilité & vlage,& du ſen- | . 5rsſ2Sº}6 timentaigu ou hebeté de la partie.Et pour ce commencerons aux vlceres des yeux. Telles vl- ceres aduiennent ſouuent côme dit Celſe liure 6.chap.6 à raiſon de quelque puluſte,ot pour quelque flu- ... , xion d'humeurs acres,qui corrodent les membranes,ou pour quelque coup. Paulus AEgineta liure 3. en re- # # marque telles differences. Si l'vlcere eſt ſitué en la membrane cornée,& qu'il ſoit caue(dit-il)eſtroit & ner, #º é# les Grecs l'appellent Botryon:que s'il eſt plus large,moins caue & profend,& eſt nommé ( œloma:& lors que #ente, l'vlcere eſt au cercle de la pupille, eſt dit Argemon. S'il eſt crouteux & ſordide , eſt appellé Epitaum .Iceux . " en general requierent vne ſemblable guariſon comme les autres , à ſçauoir eſtre mondifiez , incarnez, deſſeichez, & cicatrizez : mais particulierement la partie demande remedes plus doux & moins doulou- reux. En premier lieu , le malade ſera purgé, baigné, ſaigné, tant du bras que des veines,& arte res tem- Porales, & pour les remedes Topiques, afin de deſtourner la fiuxion , luy ſeront appliquées ventouſes derniere les eſpaules auec ſcarifications, s'il en eſt beſoin : ou bien vn gros pain bis chaud , arrousé d'eau ºe vie , & bon vin ſus la nucque du col, & ſus le front & temples enforme de frontal , & vne emplaſtre D d 4 aſtringente, Cure. s 2o Treiziéme Liure des Vlceres. - e, 1 .2 de c'clſc-. Aduertiſſe- en ent 484 Chirurgien. º'ire des ci- catrices qui vien, neht aux yeux Cicatrice «auſe de ce- rité. Pourquoy les Ct CA fr"IC& 5 des yeux ſont de di- uerſes cou- leurs. Liu. 6.ch. 8. Cure . Remede d'Archige- f7675 « Jl faut laiſ ſer cheoir les os de ſoy- meſme . Differences. Ctire. Fatit t'ſer de reme des qui operent A prom temèt. $ Remede d' Aëce. Gargxriſme. aſtringente , comme celle contra rupturam, ou l'onguent comitiſſe, & deficatiuum rubrum meſlez enſem- A º & edans l'œil ſera mis tel collyre,deſcrit par Celſe au lieu ſus-allegué, approuué par Hollier.%aris. vſti , cadmia vſtx & lotæ an.3.j.myrrh.opij,an.3.ij.acac-gum.Arab.an. 3.iij. cum aqua fingitur collyrium, quodliquore oui diſſolnitur. Le Chirurgien doit prendre garde à la douleur,& pource par interualle ſera bon d'vſer de quelque collyre anodin:afin d'accouſtumer l'œil au ſuſdit. Auſſi on pourra faire collyres de decoction de plantain , abſinthe, fenugrec , y diſſoluant ſuccre candi, tuthie , diatragacanthi » myrrhe, & vn peu de vitriol. L'vlcere eſtant mondifié ſera incarné d'vn tel remede.2/.. ſarcocolla nutrit in lact. mu- lieb. 3.iij. pul. diaereos ſimpl. gummi Arabici, tragacanti, an.3.ſ. mucag fœnug quan. ſuff vt inde fiat collyrium. Il faut noter qu'aux vlceres qui ſont fort humides, les poudres ſont plus conueñables que les collyres. L'vlcere remply, la cicatrice ſera faite par vn tel collyre. 2Z. tuthix,cadmiæ præparatx vt dece» cerula , antim.olibani an. 3. É. myrrhx, ſarc.fanc draco. aloes,opij an. 9 ſ$. cum aqua plantag. fiat colly- rium. Ou bien la poudre ſera miſe ſeule. Celſe liu. 6. chap. 6.remarque deux vices d'icelles cicatrices : car ou elles ſont groſſes comme enleuées, ou bien caues. Si elles ſont caues, elles démandent deſtre remplies par vn tel remede.24. papauer.lacrym. 3.f. ſagapeni, opopop. an.3.j.ſ.aerug.3.j-cumini 3 iiij. piperis3.ij. cadmix lotx,ceruſan.3.j.É.cum aqua pluuiali,fiat collyrium.Si la cicatrice eſt groſſe & efleuée, il recom- · mande tel collyre.2.cinamo.acacix an.5.6.cadmiæ lotae,croci,myrrhx,papaueris lachrymae, gummi Arab. an.3.j piperis albi,thuris an.3.j.É.æris combuſti 3.iij. cum aqua pluuiali fiat collyrium. Or ſi la cicatrice eſt ſus la cornée, & quelle couure la pupille,le malade ne pourra veoir de cét œil, à raiſon que l'eſprit viſuel ne peut reluire au trauers, n'eſtant tranſparente & lucide comme auparauant. Et eſt à noter, que les cica- trices qui ſont à la cornée,ſont blanches, & celles de la conionctiue ſont rouges,d'autant que la conioncti- ue eſt plus garnie de veines que la cornée, leſquelles remplies de ſang, qui y eſt coulé & ſorty dehors,fait que cette partie demeure rouge.Or la cornée eſtant du tout ſpermatique & exangue,ne peut receuoir cette fluxion de ſang: meſme la matiere qui la doit nourrir enuoyée à icelle pour s'aſſimiler, eſt de couleur lu- cide & tranſparente, laquelle matiere endurcie par la chaleur, deuient blanche, comme il appert au blanc d'vn œuf, qui deuient blanc eſtant durcy par le feu. Des vlceres du nez, enſemble de la punaiſie oumauuaiſeſenteur d'iceluy, dite des Grecs & Latins Ozena. · CH A P. X IV. VN A 1 s I E ou oxæna , n'eſt autre choſe qu'vn vlcere profond & puant, qui eſt au dedans du Nez,duquel ſortent pluſieurs crouſtes demauuaiſe odeur. Celſe les appelle vlceres puants de mauuaiſe odeur, & de difficile guariſon.La cauſe deſquels, comme eſcrit Galien liure.3.De la compoſition des medicamens ſelon les lieux, chap. 3. prouient d'humeurs acres & pourris, qui tombent de la teſte dedans les nazeaux , vers les apophyſes mammillaires. Pour la gueriſon, il eſt ncceſſaire d'vſerd'vn bon regimespuis apres preparer l'humeur pechant , & eſtant prepa- ré, le purger par medecines conuenables , & meſme par la ſaignée, ſi beſoin eſt. Apres faut deſeicher & roborer la teſte, afin qu'elle ne reçoiue , & qu'elle ne renuoye aticnn excrement en bas. Puis faut ve- nir à la partie vlcerée, & taſcher à reſeicher l'vlcere par medicamens qui ayent vertu de repouſſer l'hu- meur & le reſoudre : comme ſont le vin de grenade , cuit à la moitié en vn vaiſſeau d'airain , poudre de coral, ſandaux, poudre de calamite, de naſturtium, d'hellebore blanc, ſuc de ranunculus , auquel on adjouſtera de l'alum, & autres que l'on peut lire en Celſe. Galienau lieu allegué, de l'authoritéd'Archige- nes , conſeille que l'on tire le ius de calament par le nez , & qu'on ſeiche ledit calament, & eſtant mis en poudre bien ſubtile, qu'on le ſouffle auec vn petit canal, comme par vn tuyau de plume dedans le nez. Autres vſent de cette poudre.24.roſarum rubrarû,myrtil.calam aromat radic.ang.gent macis,caryophyl.an. 3.ſº.camph.amb.g.iiij.moſcig.vj.fiat pul.ſubtilis.Manardus en ſes Epiſtres,liu.2o Epiſtre 5. loué ſur tout le caput pargium , fait , ex virina aſiai. Et là où le mal ſeroit tant enraciné qu'il ne ſe pourroit appaiſer par les ſuſdits remedes, il faudroit auoir recours au vitriol,verd de gris,tel ammoniac,& alum auec vinaigre.Sou- uent les os Ethmoides s'alterent par telles vlceres. Que ſi cela aduenoit, ne les faudroit tirer par violence, mais les laiſſer ſeparer par nature, faiſant petites injections, auec eau de vie, en laquelle on auroit infusé les poudres cephaliques pour deſſeicher l'alteration d'iceux. - Des vlceres de la bouche . CH A P. XV. $º% E s vlceres de la bouche, des Grecs ſont dites Aphtx , maladie familiere aux petits enfans, - $ $ comme il eſt noté au troiſieſme liure des Aphoriſmes. Telles vlceres ſouuent commencent - # par les genciues, & cheminent iuſqu'au palais:& enfin gaignent iuſques à la luette & gauion, -# comme monſtre Celſe liure ſixieſme,chapitre 11. Galien Comment. du troiſieſme des Epide- mies, en fait de deux eſpcces , dont les vnes ſont aſſez traictables, les autres malignes & re- belles La cauſe pour les petits enfans vient à raiſon de la delicateſſe de leur bouche,eſtant molaſſe,tendre, & facile à exulcerer,enſemble auſſi les excremens acres,dont s'enſuit vlceres malins. Pour la guariſon,faut euiter toutes viandes qui échauffent : & ſi c'eſt vn nourriſſon, faut que le laict de la nourrice ſoit rectifié par viandes rafraichiſſantes, bains, & fomentations a ſes mammelles d'eau tiede , comme commande Celſe liure ſixieſme chap. 1 1. Et quant aux remedes Topiques,ayant égard à l'âge,faut vier des remedes qui ope- rent promptement, attendu qu'ils ne peuuent demeurer longuement ſur la partie vlcerée : & Pource ont beſoin de ſubite operation , afin qu'ils faſſent en vn inſtant telle action,côme s'ils eſtoient foibles,ils pour- roient faire en vingt-quatre heures , demeurans touſiours ſur la partie. Donc ſi l'vlcere eſt maligne, ſera touchée d'eau forte eſteinte dite eau de Separction)ou auec la commune qui n'a ſeruy,à laquelle on adjou- ſtera pour vne goutte d'icelle cinq ou ſix d'eau de fontaine ou de puits, plus ou moins ſelon la malignité. Auſſi on pourra vſer d huyle de vitriol, de ſoulphre,d'antimoine, d'eau ſublimé, & autres ſemblables.Aëce veut que telles vlceres putrides ſoient corrigées auecques huyle boüillante , trempant en icelle vn floc de laine attachée au bout d'vne eſprouuette, puis l'appliquer ſur la partie vlcerée, iuſques à ce que de toute part elle apparoiſſe blanche, & que l'vlcere ſoit applanie. Par ce moyen on arreſte la corroſion de l'vlcere, & fait-on que la chair ſanne s'auance, pour remplir & couurir ce qui eſt rongé & conſommé.Apres telle cauteriſation , on vſera d'vn tel gargariſme, lequel profitera aux vlceres non malignes. 2%. hord inte. p.j. plan. ceterac piloſel agrim. an. m. - fiat decoct. ad. fb j.in aqua diſſ, mel. roſ. 3.ij.diamor.3.ſ. fiat garga. Semblables gargariſmes peuuent eſtre faits d'écorce de grenade , balauſte, ſumac,berberis,roſes rouges,y - diſſoluant B $ Fiſtules & Hemorrhoïdes. 32 1 " | A diſſoluant du diamorum & dianucum auec vn peu d'alum Gal. chap.1o.liu.6 de la Methode,dit que les v1- ceres de la bouche ſimples , doiuent eſtre gueris par medicamens, qui deſſeichent mediocrement , comme diamorum & dianucum, & que ſi elles ſont autres, faut vſer de plus forts remedes. Lors que tels vlceres ſont au palais faut les traitter plus ſoigneuſement, craignant que par la chaleur & humidité de telle partie, l'os eſtant rare & ſpongieux, il ne s'altere & corrompe , qui feroit qu'eſtant tombé, le malade parleroit re- gnaut comme nous monſtrerons au liure, d'adiouſter ce qui defaut. Que fi l'vlcere eſt verolique,faut auoir recours à ſon alexitere,qui eſt le vif-argent, laiſſant tous remedes communs. Or ſouuent il y a des vlceres fiſtuleuſes aux genciues, dont s'enſuit carie à la racine de la dent, & en fin l'vlcere penetre par dehors, comme ſous le menton , ce qu'aucuns eſtiment eſtre eſcroüelles, eſtimans eſtre § , ne ſe pouuant guarir par aucun remede ſuſdit.En telles vlceres faut ſuiure le conſeil d'Aece,& de Celſe,liu.6.chap,13.qui eſt arracher la dent offenc«e : car par ce moyen on extirpera la fiſtule,la genciue s'abbaiſſera, & ce qui reſte de la curation,ſera plus facile,pource qu'il n'y auoit que la pourriture de la dent qui l'entretenoit.Et quant eſtdes vlceres de la langue , elles ne requierent autres remedes que celles de la bouche : vray eſt, comme dit Celſe liu.6.chap. 12.que celles qui ſont aux coſtez ſont plus difficiles à guarir,& qu'il faut prendre garde s'il n'y a point quelque dent aigue qui luy touche , laquelle, s'il eſtoit ainſi, la faudroit limer. C H A P. XV I. L aduient vlcere au conduit de l'oreille, ou par cauſe externe, comme coup , cheute,ou pour vne apoſteme.De telles vlceres ſouuent ſort grande quantité de matiere qui aduient non de la propre vlcere, eſtant petite & en partie ſpermatique,mais de la deſcharge de tout le cerueau. Pour la guariſon , faut auoir égard à la cauſe antecedente,qui peut entretenir l'vlcere,laquelfe (Nb pourra eſtre diuertie par purgations maſticatoires & Errhines : comme 2Z.maſt. 3.j.ſtaphiſag. & pyrethri an. 9. j.cinam. & caryophill. an. 3: ſ. fiant maſticat. quibus manè ante paſtum vtatur Errhine. 2/. ſucci beton.mercur.meliſſ. an. 3.ſ vini albi. 3.j, miſce,'frequenter naribus attrahantur. Quant aux remedes topiques, faut euiter toutes choſes onctueuſes & huileuſes, comme a noté Gal. liu. 5. de la Me- thode, diſputant contre vn Theſſalien, lequel vſant de tetrapharmacum à vne vlcere d'oreille , de iour en autre la rendoit plus purulente & fetide,& en fin Galien la guarit auec les trochiſques d'Andronius diſſout en vinaigre,deſquels la compoſition eſt telle.2Z balauſt. 3.ij.aluminis 3.j.atramenti ſutorij.3.ij.myrrhz 3.j. thuris, ariſtoloch.gall.an.3.ij. ſal. ammo.3.j.excipiantur omniamelicrato,& fiant trochiſci. Galien au meſ- me lieu, dit auoir guary telles vlceres inueterées de deux ans,auec ſcoria ferri miſe en poudre tres-ſubtile, & en apres cuite auec vinaigre bien fort, iuſques à ce qu'elle ſoit deuenuë eſpeſſe comme miel.Pour corri- # la pourriture qui ſort des oreilles, le fort vinaigre , & fiel de beuf incorporez enſemble, inſtillez de- ans, vn peu tiedes, la merde de fer ſubtillement puluerisée en vinaigre tres-fort, puis boüillie, ſeichée, & appliquée auſdites vlceres , les deſſeiche à grande merueille : ce qu'on void par experience. Que ſi la boüe & ſanie ne pouuoit eſtre euacuée , il faudroit la tirer par vne ſeringue propre, dite Pyaulcos , comme tu vois par cette figure. l —l- Des vlceres des oreilles. NNA |$4 Pyoulcos. Des vlceres de la Trachée artere, oſeophague, Eſtomach, & tnteſtins. C H A P 1 T R E. XVI I. ,º)SNA G) T E L L E s parties peuuent venir vlceres de cauſe externe , comme pour quelque medica- # ment qu'on aura pris, lequel ſera corroſif, ou pour quelque poiſon : auſſi de cauſe interne \N# comme pour quelque humeuracre & poignant,qui aura vlceré telles parties. Les ſignes ſont douleur en la partie, & principalement lors qu'on aualle quelque choſe aigre , chaleur à * l'endroit. Si l'vlcere eſt à l'orifice de l'eſtomach, les accidens ſont plus grands , comme de- faillance de cœur, douleur preſque intolerable , & refroidiſſement des extremitez. Si l'vlcere eſt aux inteſtins, le malade iette ſouuentesfois de la bouë par le ſiege, enſemble du ſang , ayant de grandes dou- leurs & eſpreintes , à raiſon que tel humeur croupiſſant aiguillonne Nature à chaſſer ſi peu † qu'il y a.Si l'vlcere eſt à la Trachée artere, le malade ſouuentesfois , & la pluſpart du temps a difficulté de reſpirer. Pour lacure tels vlceres doiuent eſtre guaries,comme eſcrit Galien liu.4.& 5. de la Methode, par ce qu'on mange & boit, ſe donnant de garde † de toutes choſes acres & corroſiues, ny de tuthie,litar- ge,cereuſe,verdegris,& ſemblables,ainſi que l'on fait aux vlceres externes:mais au contraire douces & gra- cieuſes,ayant eſgard à la partie.Comme ſi elles ſont à l'Oeſophague,& Trachée artere, & poulmons ſeront Fiſtules des genciues. Vlceres àe " la langue ! Cure. Errhiwe. Hiſtoire d# Galian. Trochiſques d'Andronink Cauſe de telles vices- Pe5. Signes. Cºre7 Curation baillées à pluſieurs fois : autrement ils ſeruiroient peu, parce qu'ils ne font que paſſer.Pareillement tels re-ººº medes, ne doiuent eſtre fort liquides, mais viſqueux & glutineux : car eſtans les voyes du boire & manger remede;. & de l'air, ont beſoin de remedes qui puiſſent adherer & glutiner, & non qui coulemt promptement. Et Miel cru. s'illes conuient mundifier onvſera de miel cru, lequel ſur toutes choſes eſt vtile à telles vlceres : & lors qu'on les voudra aglutiner,on y meſlera de la gomme diatragacanth, diſſoute auec decoctien aucunement aſtringente. Les remedes propres aux vlceres de l'eſtomach doiuent eſtre medicamenteux , & alimenteux, non acres, de peur d'induire douleur, inflammation & vomiſſement : auſſi ils engarderoient de digerer les allimens. Partant on vſera d'orge mondé bien ſuccré, de gelee , en laquelle on aura diſſoult de la gom . me diatragacanth, bol armene vraye decoction de pruneaux , dattes, figues, raiſins de damas , miel ; le laict de vache boüilly auec moyeux d'œufs, & vn peu de miel commun , eſt ſingulier. Et ſi on veut ag- glutiner tels vlceres on vſera de remedes auſteres , aſtringens , & glutineux , leſquels n'ayent aucune éroſion A wel vlce- res les choſes acres ſont 2 éuiter, : - 322 Treziéme Liure des Vlceres. Situation du malade tou- chant l'vſa- ge des medi- c4mew ;. Vſage de miel. Vſage de l'E- gyptiac. Signes. Pourquey la bouë eſt feti- de aux vlce res de la veſ- ſie érnom des reins. Cure . Trochiques de Gourdou. Vlceres de la veſſie. S gnes. L'vrine. Cauſes. Signes. eroſion ny mauuais gouſt, comme hypociſtis, fleurs de grenadier,eſcorce de grenade,terre ſeelée,ſumac, A acacia, roſes rouges, & autres ſemblables, leſquels ne font nulle eroſion aux parties interieures. On vſera auſſi de decoction aſtringentes, comme de coings, de lentiſque, ou de l'extremité de vigne, de rubus, de myrte auec vin auſtere,s'il n'y auoit crainte d'inflammation.Lors qu'on vſe de tels,ou autres remedes,l'vl- cere eſtant à la trachée artere & poulmons,Galien veut que le malade ſoit couché à l'enuers,& qu'il tiéne le medicament(dit lohot)en la bouche,en relaſchant les muſcles du Larynx:car en ce faiſant le medicamët coulera peu à peu le long des parois de la trachée artere,comme l'eau fait le long d'vn mur,ſe gardant que le medicament n'entre tout à coup,de peur d'induire la toux,laquelle eſt du tout contraire à telles vlceres, à cauſe qu'elle fait dilater l'vlcere. Le ſemblable eſt pour les vlceres de l'Oeſophague. Leur breuuage ſera hydromel, hydroſaccarum, ſyrop de violes, & de juiubes. En toutes vlceres interieures le miel eſt fort re- commandé pour eſtre meſlé auec les medicamens : car vſant ſeulement de choſes aſtringentes , elles de- meureroient ſouuent en l'eſtomach,ſans eſtre digerées,ny diſtribuées, mais le miel outre qu'il ayde à la di- geſtion & diſtribution,il eſt auſſi fort propre à telles vlceres. Pareillement le laict daneſſe eſt fort recom- mandé, & en lieu d'iceluy, de chévre ou de vache. La portion vulnerée eſt fort vtile,pourueu qu'elle ſoit composée de ſimples, qui ayent égard aux parties vlcerees. La guariſon des vlceres qui ſont aux inteſtins, differe en ce des ſuſdites parties : comme ſi elles ſont aux gros, on y remedie par iniections & clyſteres, vſant meſme de regedes acres afin de corriger la pourriture, comme Egyptiac diſſoult en decoction d'orge ou de vin : mais ſi l'vlcere eſt aux greſles qui ſont prés l'eſtomach , les remedes ſeront pris par le boire & manger. Pource, comme dit Galien, liure 5. de la Methode, ce qui eſt jetté par le ſiege, ne peut paruenir iuſques aux inteſtins greſles, & ce qu'on prend par la bouche, quand il paruient aux inteſtins gros,ne peut auoir ſa vertu entiere. •- - Des vlceres des Reins, & de la veſie . C H A P. XV I I I. J \L vient vlcere aux Reins, ou pour quelque humeur acre & mordicant qui y coule , ou pour # quelque veine qui ſe rompt, ou pour quelque apoſteme, qui degenere en vlcere. Elles ſont cogneués par la douleur & peſanteur qu'on ſent aux lumbes à l'endroit du rein , & par la #7 boüe qui ſe meſle auec l'vrine , laquelle ſe cognoiſt venir d'iceux & non de la veſſie : d'au- *iº tant qu'elle n'eſt ſi fetide que celle qui vient de la veſſie : car eſtant froide & exangue , ne la p>uu2nt cuire comme les reins qui ſont chauds & charnus, eſt renduë fetide & de mauuaiſe odeur. D'a- bondant la boue qui ſort des reins , ſe meſle premierement auec l'vrine : puis reſide au fond du vaiſſeau, & ne ſort qu'auec l'vrine : mais celle qui ſort de la veſſie , ſort quelquesfois ſans l'vrine toute ſeule : d'a- bondant les reins eſtans vlcerez , on apperçoit ſouuent de petis filamens ſortir auec l'vrine. Hippocrate au 4. liure , Aphoriſne 77. dit , que ceux auſquels auec leur vrine epeſſe , ſortent furfures ou petites eſ- cailles blanches, leur veſſie eſt ſcabieuſe. Pour la guariſon, il eſt tres-expedient d'auoir le ventre mol, qui ſe fera par clyſteres conuenables , & viandes humides. Le vomiſſement eſt recommandé, afin de faire reuulſion des httmeurs qui pourroient fluer ſur iceux. Les grandes purgations ſont contraires,craignant de faire commotion des humeurs en icelle partie.Pour mondifier telles vlceres,cette decoction a grand effect. 2Z.hordei intergri mi glycyrrhizx.5.É.rad.acetoſx & peti oſelini an.3.vj.fiat decoctad ib. j. in colatura diſſol. mellis deſpum.3.1j.capiat ſing. matut.ad.3.iiij. Le laict de chévre ou d'aſneſſe auec vn peu de ſuccre eſt fort profitable. Gourdon loue fort tels trochiques.%.quatuor lem.frigidor. maior. mund.ſem. papaue. albi, femin. mal. ſemin.port ſemin. cy donior. baccar myrti, tragocanti, gummi Arabici , nucum, pin. mund. piſtac. penid. glvcyrrhizae mund. muc. pſilij , amygdal. dul. hord. mund. an.3. il. boli arm, ſang. drac. ſpodi), roſ myrrh. an. 3.6.excipiantur hydrom.& fingantur trochiſ qui ſint ſinguli ponderis 5.ij.Ga- lien liure quatrieſme de la methode recommande fort le miel, & les diuretiques pour eſtre meſlez,auec les remedes qui ſont propres à telles vlceres , d'autant qu'ils prouoquent & eſmeuuent les vrines,& ſont com- me vehicules aux autres remedes.Les vlceres de la veſſie ſont ou au fond d'icelle,ou au col pres le conduit de l'vrine. S'ils ſont au fond, l'on ſent douleur preſque continuelle : & s'ils ſont au col , on les apperçoit le plus ſouuent lors qu'on piſſe apres auoir piſsé. S'ils ſont au fond, il ſort quelquesfois de petites peaux comme eſcailles : lors que l'vlcere gaigne iuſques au conduit de l'vrine, la verge ſouuent ſe dreſſe. Ceux qui ſont au profond , pour la plus part ſont incurables, tant pour la compoſition de la partie,qui eſt exan- gue & nerueuſe, que pour l'vrine qui demeure perpetuellement : car encore qu'on aye piſſé,ſi eſt ce qu'il demeure quelque portion d'vrine,laquelle touche de toute parts la veſſie,attendu qu'elle s'affaiſſe,& reſſer- re ſelon que l'vrine ſort.Pour la guariſon,les meſmes remedes deſcrits aux vlceres des reins luy ſeront pro- fitables, tant pris par dedans, que ſeringuez par la verge : & entre autres les trochiſques de Gourdon diſ- ſouts deſcrits cy-deuant. Reſte ſeulement que telle vlceres eſtans plus douloureuſes, le Chirurgien doit auoir egard à appaiſer la douleur.I'ay approuué : & ſouuent experimenté vne Iniection d'huyle de iuſquia- me extraicte par expreſſion.On pourra vſer de cataplaſmes , linimens ſus le petit ventre,& entrefeſſon,en- ſemble de clyſteres,deſquels remedes anodyns nous auons aſſez fait mention. Si les vlceres eſtoient feti- des, ie ne ferois difficulté d'vſer d'vn peu d'Egyptiac diſſout en vin & eau de plantain ou de roſe, que i'ay fayſouuent auec bonne iſſue- - Des vlceres de la Matrice . CH A P. X l X. #Nºz # s vlceres de lamatrice viennent ou à raiſon de quelque humeur acre & mordicant, qui ron- $è $ ge les parois d'icelle, ou pour quelque apoſteme qui y eſt ſuruenue, ou apres les fleurs blan- # ches , ou apres vn grand prurit, ou apres la contagion de la verole, par la violente deflora- é / # tion de la fille pucelle , trop ieune , ou d'vn accouchement difficille, ou pour eſtre tombée è ſur quelque choſe aiguë, ou en auoir eſté frappée. Or telles vlceres ſituez au col de la matri- ce, ou cauité d'icelle, ſont ſimples ou compoſez.Ils ſe cognoiſſent par la douleur que les femmes ſentent au , deſſus du penil,& par la ſanie & boue qui ſort par leurs parties hôteuſes.Auincenne liu 3.fen.2 1.traicté.ie. chap.5.en fait telles differences:Où ils ſont putrides,lors que la matiere qui en ſort,eſt fort puante, reſſem- blant à la laueure de chair:ou ils ſont ſordides, lors qu'il en ſort grande quantité d'humeur virulente & in- digeſte. Que s'ils ſont corroſifs, l'humeur qui en ſortira ſera noiraſtre auec grande douleur & eſlancemens. Ils ſont au col de la matrice, ou au fond d'icelle. Celles qui ſont au col,ſont cogneuës par la veue,ymet- tant le ſpeculum , & ceux qui ſont au profond par les excremens qui en ſortent, & le lieu de la douleur. - D Lc3 Fiſtules & Hemorrhoïdes. 323 A Les remedes ſeront ſemblables à ceux qui ſont deſcrits aux vlceres de la bouche, comme eau fort, huyle Car* de vitriol,d'antimoine, & autres, eſtans corrigés, deſquels on touchera l'endroit vlceré : car il faut que le remede beſongne à l'inſtant, ne pouuant long-temps non plus qu'à la bouche y demeurer. Or il ſe fait en la matrice telle corruption que l'inteſtin droit en eſt rongé & corrodé, & de l'inteſtin , le col de la matrice en eſt erodé,& la ſanie ſort tant par l'inteſtin,que par le col de la matrice,voire par le ſiege.Le prognoſtic, Pregnoſtie. c'eſt que les vlceres de la matrice ſont difficiles,& ſouuent impoſſibles à guarir,pource qu'elle eſt chaude, & humide,& qu'elle reçoit toutes les ſuperfluitez du corps.Les vlceres qui ſe peuuent veoir & toucher en cette partie , ſont plus faciles à guarir que ceux qui ſont au profond. Ceux qui ietrent vn pus loüable, & aux ieunes femmes, ſont plus aiſez à guarir que ceux qui jettent vne ſanie non loüable, & ſont aux corps des vieilles femmes. Galien commande les remedes fort diſiccatifs:afin d'euiter la pourriture,à laquelle cette partie pour ſa chaleur & humidité eſt ſubiecte,& comme ſentine de tous les excremens du corps. Si l'vlcere eſt au pro- fond,on fera telle infection.2/.hordei integri p.ij.gaiaci 3.j.rad.ireos 3.6.abſinth.plantag.centaur.vtriuſque an.m.j.fiat decoct.in aqua fabror.an.fb.ij.in quibus diſſ. mellis roſati & ſyrup. de abſinth. an.5.iij. fiat inie- ctio.Si la feteur ne ceſſoit, entre autres remedes i'ay ſouuent eſprouué cetuy. 2/...vini rubri f5.j. vngu-nt. zgyptiaci3.ij.bulliant parum.Tel remede corrige la pourriture & malice de l'humeur,laquelle ſouuent eſt cauſe de la douleur. Puis on pourra faire des parfums tels qui s'enſuiuent. Prenez ecorce d'eucens, ma- ſtic,graine de genévre, labdanum, de chacun demy once, orpigment rouge, ou citrin, 5. ij cinabre demie once, & ſeront formez trochiſque auecterebenthine, pour ietter ſur le feu,& en faire receuoir la fumée. Et s'il y auoit grande ardeur & inflammation, on feroit iniection auec ius de plantain, & de morelle, ou eau de forge, en laquelle on fera boüillir teſtes de pauot concaſſées , trochiſques de camphre, & autres ſemblables. Les vlceres mundifiées ſeront cicatriſées par eaux propres, comme eau alumineuſe, eau de plantain,en laquelle on aura diſſoult vn peu de vitriol ou alum. Si telles vlceres degenerent en chancre,on aura recours aux remedes anodyns & propres à telle affection, leſquels ſont amplement deſcrits aux cha- pitres du Chancre. Touchant les vlceres du fondement, nous en parlerons au chap.des Fiſtules, comme de celles de la verge au liure de la Verolle. - - Des Varices, & le moyen de les couper. C H A P. XX. $2 A R I c E eſt vne dilatation de veine, quelquefois d'vn ſimple rameau, quelquesfois de plu- ſ$ ſieurs. Aucunesfois elles ſont courbées & repliées en pluſieurs circonuolutions emmonce- lées : & peuuent venir en pluſieurs parties de noſtre corps , comme aux temples , aux deſſous (º • La matiere pour la plus part eſt vn ſang melancholic. Les varices s'engendrent aux perſon- nes qui ſont melancholiques, & qui ſe nourriſſent de viandes melancholiques. Les fetnmes groſſes en ont communément eſpriſes, à cauſe du ſangmelancholique, qui retenu pendant leur groſſeſſe , fait que les veines ſe dilatent, & deuiennent variqueuſes pour la grande multitude du ſang : auſſi elles viennent à caufed'vn grand & vehement mouuement, comme de courir, ſaulter, & danſer, voyager à pied,& porter grands fardeaux, tomber de haufen bas, ou eſtre tiré ſur la geſne. Quant aux ſignes, ils ſont manifeſtes pour l'amplitude & groſſeur des veines.Il eſt meilleur de ne toucher aux inueterées, parce qu'elles preſer- uent de plufieurs maladies, à cauſe que le ſangregorge aux parties nobles, dont s'enſuitvlceres, chancres & ſuffocations.Lors qu'elles ſont pluſieurs & iointes enſemble aux iambes,quelquesfoi deuant icelles on trouue des thrombus de ſang deſſeiché & dur, cauſant grande douleur au malade lors qu il chemine, ou † on preſſe deſſus. A telles on fera ouuerture au corps de la veine,afin d'euacuer la trop grande abon- lance contenuë en icelle,enſemble les thrombus, comprimant tant en haut qu'en bas,afin de le faire ſor- tir:ce que i'ay fait auec bonne & heureuſe iſſue, faiſant tenir quelque temps le malade en repos,& y appli- quant medicaments propres.L'on coupe ſouuentesfois la varice au dedans de la cuiſſe, vn peu au deſſus du genoüil, où à la plus part ſe trouue l'origine & production de la veine variqueuſe.Car communément plus bas elle ſe diuiſe en pluſieurs rameaux , a raiſon dequoy l'operation eſt plus mal-aisee. Or la cauſe pour- quoy l'on inciſe,eſt à celle fin de couper le chemin,& faire rampart au ſang & autres humeurs côtenus auec luy, qui abbreuuent quelques vlceres eſtans aux iambes:ou pour defendre les humeurs qui fiuent a icelles, qui ſont cauſe que le malade ne peut cheminer:ou pour la crainte qu'on peut auoir, que par quelque acci- dent, la veine ainſi grandement eſt endue & dilatée, ne s'y face ouuerture, laquelle ſeroit cauſe d vn tres- grand flux de ſang, & cauſeroit la mort du malade, s'il n'eſtoit promptement ſecouru. A cette cauſe les anciens commandent de les couper ; & pour ſe faire faut ſituer le malade à la renuerſe, ayant les iambes eſtenduës, non du tout,mais vn peu flechies. Cela fait, on fera vne ligature à la cuiſſe vn peu au deſſus de l'ouuerture qu'on y fera,& quatre doigts au deſſous vne autre, afin de tumefier la veine : & deſſus le cuir, à l'endroit de la veine,on fera vne marque d'ancre,pour ne faillir à faire l'inciſion , laquelle ſe fera en cette maniere:C'eſt que l'on eſleuera le cuir en haut des deux coſtez, & on fera l'inciſion au cuir ſur le corps de la veine ſans toucher à icelle,où l'on auoit marqué d'ancre L'inciſion faite,la veine ſera manifeſte à la veue, Les vlcerei de la matri, ce ſouuent degenerent ºfa cbancre. , é)ue c'eſt que vari ce, du nombril, & teſticules, à l'amarry, & ſiege, mais le plus ſouuent aux cuiſſes & iambes. . Les cauſes des varices, Signes, Ctºre. le lieu c à l'on coute la varice . l'oarqaoy l'on coupe la varice . Paul. AF« in" eh.28. l.ui.6 ° Le moyen de & par deſſous icelles on paſſera vne aiguile à ſeton, enfilée à double fil, non ayant pointe aigºe , mais vn jaire l'cpe- peu ronde , de peur d'inciſer la veine , & on ſeparera les membranes de la veine tant en haut qu'en bas, puis on desfait les bandages de la cuiſſe, & apres on liera fermement la veine a la partie ſuperieure,puis le corps de la veine au deſſous de la ligature ſera incisé,ainſi que ſi l'on vouloit faire vne ſaignée: & par cette ouuerture ſera éuacué le ſang de la partie inferieure, tant qu'ilſera neceſſaire:& lors on liera la partie in- ferieure de la veine, comme on a fait la ſuperieure , & apres on occupera entierement le corps de la vei- ne entre les deux ligatures,laquelle eſtant occupée, ſes deux extremitez ſe retirent & cachent tant d'vn co- ſté que d'autre. Et faut noter, que la ligature de la veine doit eſtre laiſſée, iuſqu'à ce qu'elle tombe de ſoy- meſme- Et pour les remedes particuliers, on appliquera vn reſtreinctif,tant ſus la playe, comme és parties voifines, & de trois iours ne ſera touché à la playe. Le reſte de la cure fe fera comme les autres. Autre maniere de couper la varice : c'eſt d'appliquer vn cautere potentiel , qui ronge & coupe la veine , puis ſe retire en haut & en bas : & parce moyen il y demeure vne eſpace vuide, où apres s'engend. e de la chair & Puis la cicatrice,qui ſera dure & eſpeſſe, empeſchera la fluxion , en bouſchant le paſſage de ladite veine. Et par ce moyen la veine variqueuſe ſera guarie. - 7De ; r4tion, , , " : · T · · · · · ' , | | | | Treziéme Liure,desV | | | | | | | | 32.4 reziéme Liure,des Vlceres, | | ' , ! - - | | | | | | A lº | | | | , - # | | | | | Des Fiſtules. C H A P. XX I. •º # · | - i | ' # | | | | | - . - I s T v L E eſt vne ſinuoſité profonde, eſtroitte,calleuſe, & quelquesfois inſenfible, ainſi dite . : | | | | | | # des anciens, pour la ſimilitude & Figure qu'elle a à l'inſtrument nommé Fleute, parce que les # | | | | | | | | | # #. - fiſtules ſont ſemblablement caues & vuides. Elle ſe fait en pluſieurs & differentes parties de : | , ! · · · · # # ! K /N) noſtre corps, & ſouuent apres quelques apoſtemes ou vlceres mal traictées & penſées. Quel- | # , ' ' | + ðatien quesfois auſſi elles ſont critiques de pluſieurs autres maladies,ſelon le texte d'Hipp.ſent.**. de la 3.ſection [: i . | · i d #ſiuie. du liu. De humoribu,où il dit que les fiſtules guariſſent d autres maladies, voire celles qui ſont aiguës:com- :: · | me aduient quand la fiſtule de la iambe eſt indicatoire de la peripneumonie , comme eſcrit Hipp. au Pro- # · · · · , | ! 9)ue c'eſt que gnoſtic.64.de la 2.ſect, & à telle fiſtule ne conuientſ toſt toucher I a Calloſité eſt vne chair blanche , ſoli- | :: | | | | | | | caliſé de, ſeiche, & ſans douleur , laquelle eſt engendrée parcongeſtion d'vn excremcnt pituiteux deſſeiché, ou - ſll | | | | melancolique aduſte, qui enduit la circonference de l'vlcere, & occupe le lieu ſur lequel ſe deuroit engen- - : | | | drer la bonne chair. La ſinuofité quelquefois eſt du tout ſeiche, quelquesfois humide : & eſtant humide, º, · · · | | pleure & iette inceſſamment,auſſi quelquesfois elle ceſſe de couler, & l'orifice d'icelle ſe ferme du tout, de #. l i | , ſorte qu'elle deçoit le malade , & le Chirurgien eſtimant la gueriſon d'icelle : puis quelque temps apres - | | | | Differenees s'ouure & fiue comme auparauant. Les fiſtules quelquesfois prouiennent du vice des os, quelquesfois des ·- | | | | " nerfs,ou membranes,ou d'autres parties. Les vnes font droictes, autres tortues : les vnes ont vn ſeul orifice B • | | ou ſinuoſité,les autres plufieurs : quelques-vnes ſont aux ioinctures, autres penetrent en quelque capacité | | | | | | | du corps, comme dans le thorax ventre,boyaux,matrice,veſſie, & autres : les vnesſe guariſſent facilement, ê | | | | | | . autres difficilement, & s'en trouue quelques vnes incurables. Aux fiſtules ſe trouuent diuers ſignes, ſelon \ | - sienes des la partie où elles finiſſent. Celles qui ſe rendent & terminent aux os,ſe cognoiſſent par la reſiſtance,quand l • | , ' . fiſtules ſelon on y met l'eſprouuette : car lors on rencontre la ſubſtance d'iceluy dure, qui ſonne caſſe,& ſi l'eſprouuette # - les parties. eſtant ſur l'os gliſſe, comme ſur quelque choſe brunie, & polie, on peut coniecturer l'os eſtre ſain & en- 74 | | | | | - tier : & ſi elle s'arreſte deſſus en quelque lieu que ce ſoit , c'eſt ſigne que l'os eſt aſpre, raboteux, carieux, : ! : ! & corrompu. Quelquesfois l'os nous eſt manifeſte à la veué,& pource n'auons beſoin de ſondeny eſprou- à - : , , , ! - uette, & la matiere qui en ſort eſt huyleuſe ou viſqueuſe, rapportant a l'aliment & humeur contenu en la :: · · · cauité de l'os,ſçauoir la moëlle, comme ainſi ſoit que tout excrement retient la condition de l'aliment de -2 la partie dont il vient. En celle qui ſe rend à quelque nerf, le malade ſentiravne douleur poignante, prin- - cipalement ſi la matiere eſt acre, ou vne ſtupeur , ſi elle froide : de ſorte que le mouuement de la partie :- · · · ſera vicié,& lors que l'on voudra ſonder la fiſtule, on cauſera douleur, & la matiere qui en ſortira ſera ſa- º, | - , , signes des nieuſe, ſubtile, aqueuſe, glueuſe, & non huyleuſe, comme celle qui ſort des os, repreſente en tout la ma- i ! | | | | - fiſtules en la tiere dont eſt nourry le nerf pour la raiſon ſuſdite. Ces meſmes accidens aduiennent, quand les fiſtules pe- •: | | | | chair. netrent aux membranes qui enueloppent les muſcles, & aux tendons d'iceux. Si elles finiſſent en la chair, #. | | , ! la matiere plus eſpeſſe & moins liquide, égale, liſſe, blanche, & en grande quantité. Si la fiſtule finit aux - l'! | | | | , . veines,les accidens ſont ſemblables à ceux qui ſe trouuent en la fiſtule des nerfs , mais moindres , comme C ºl1 · · | | | | Prºgnoſtic. és pointures & douleurs, & n'ya aucun mouuement empeſché. Si elles ſe finiſſent en l'artere, les meſmes , | " 1 ' ' à accidens ſe trouuent qu'en celles de la veine. Mais ſi la matiere de l'vlcere eſt ſi acre , qu'elle corrode les - ! - ' | ſuſdits vaiſſeaux,il ſortira du ſanggros en abondance de la veine,& de l'artere du ſang ſubtil auec vn bruit, | | · • , : comme nous dirons cy-apres de l'aneuriſme. Les vieilles fiſtules qui ont par longues années coulé, lors - ! | : | # qu'elles ſe referment,cauſent ſouuent la mort,& principalement aux vieilles gens à raiſon que les humeurs, # : , ' l' qui auoient couſtume couler,regorgent en la maſſe ſanguinaire, & ſe pourriſſent engendrans fievres & au- '. - : | | | tres accidens, & par conſequent la mort. | - - -- ' - | | | i Cure des Fiſtales. C H A P. X X II. #s * | · : . &è( ) O v R la curation on commencera par la ſonde,qui ſera d'vne chandelle de cire,oudeplomb, | $% d'or, ou d'argent : & par icelles on cognoiſtra la profondeur & anfractuoſitez. Et ſi la fiſtule · 2 a deux orifices ou pluſieurs , ayant des cauitez cuniculeuſes , de façon que l'on les puiſſe bien | º ſonder, & ſuiure les cauitez, alors on doit 1etter vne iniection par l'vn des orifices, & obſer- - • ' uer l'iſſue de ladite iniection par les autres ouuertures, & par ce moyen on cognoiſtra s'il y a - | | - vn- ſeule ou pluſieurs cauitez profondes ou ſuperficielles. Cela fait on fera des inciſions pour deſcouurir · & amputer les calloſitez qui ſe feront auec le raſoir , ou par medicamens cauſtiques, ou par cautere | | Signes que actuel. Car iamais on ne pourroit guarrir l'vlcere fiſtuleuſe, que premierement on n'euſt oſté la calloſité, · · · l'operation a à raiſon que Nature ne peut produire & agglutiner les parties diſtantes,lors qu il y a chair calleuſe : d'au- r° • | ,ſi, §. tant que deux corps durs ne ſe peuuent vnir que par le moyen de quelque humidité gluante , qu'elle eſt D · | | | čorn. celſ. le bon ſang. Or les calloſitez occupantes de toutes parts la ſuperficie de la chair vlcerée,empeſchent qu'i- ( · l, celuy puiſſe ſortir des veines capillaires pour l'vnion deſdites parties. Semblablement on vſera d'inie- ctions cauſtiques, & apres on bouſchera le pertuis , afin qu'elles faſſent leur operation : laquelle ſera co- gnuë eſtre bonne lors que la partie demeure enfiée, & la matiere qui eſtoit en abondance, ſort digeſte & en petite quantité. Apres faut accelerer la cheute de l'eſcarre,puis traitter l'vlcere comme auecdeperdition de ſubſtance. Souuent la calloſité qui eſt autour de la ſinuoſite ou cauité de la fiſtule , vaincue des medica- -- - - - camensacres & eſcarotiques, ayans fait eſcarre,ſe ſepare & fort entiere, & lors au deſſous on trouue la fi- 4- Hiſtoire. ſtule nette & vermeille. Ce que i'ay veu à vn Gentil-homme, lequel ayant fiſtule àvne cuiſſe,pour vn coup d'arquebuſe, & ayant vſé de medicamens acres, comme AEgyptiac fortifié, quelques iours apres l'eſcarre , · ſortit d'autour de la circonſcription de la fiſtule ſemblable à vne membrane. Ce que voyant ledit Gentil- | homme, eſtimoit eſtre quelque linge,que le Chirurgien, qui premierement l'auoit penſé, n'auoit cogneu, le taxant de ſon imperitie. Toutesfois, 1çachant que c'eſtoit la crouſte de ladite eſcarre,luy dis que c'eſtoit la chair calleuſe & dure que i'auois fait ſeparer par le moyen des remedes forts & cuiſans qu'il auoit bien ſen- ty:& que telle choſe eſtoit ſigne qu'il feroit bien toſt guary. Ce qu'il fut,parce que i'inſtilay de mon baume dedans toute la cauité.Les fiſtules qui ſont pres des grands vaiſſeaux, comme veines, arteres, & nerfs , ou · · · | Paul.AEgin. de quelque partie noble, ne ſe doiuent toucher, ſi ce n'eſt auec grande prudence & artifice. Or quand la | # # fiſtule vient à cauſe de l'os alteré & pourry, on doit conſiderer ſi le vice eſt en ſa ſuperficie, ou profondité, , f ' jiºui - ou s'il eſt du tout corrompu : & s'il n'eſt qu'en la ſuperficie, il ſera raclé & ruginé ſeulement : & fi la carie " - nat à raiſon eſt profonde, on la doit oſter auec vn trepan exfoliatif : & ſi la corruption eſt communiquée iuſques à la * • • de l'os carié. moüelle,elle ſera oſtée auec vne tenaille inciſiue,pour y faire plus ample ouuerture,y appliquant premie- rement, Fi 5 ittules ,-- - - - .. ! • • d • • & Hemorrhoïdes. 3 2 A rement,ſi beſoin eſt,vn petit trepan pour donner paſſage à ladite tenaille,& s'il eſt du tout corrompu,il ſera pareillement du tout coupé,côme en l'os d'vne iointure du doigt,du rayon, du coulde,de l'os de la greue, ou tibia.Mais aduenant ce mal à la boiſte de la hanche, ou en la teſte de l'os de la cuiſſe,ou à vne vertebre, ne faut entreprendre la cure non plus qu'a autre quelconque fiſtule, qui de ſoy eſt incurable, quelles ſont celles qui penetrentiuſques aux membres principaux, où ſe rencontrent aux parties veineuſes,arterieuſes, ou nerueuſes : ou qui aduiennent à perſonnes delicates ; qui choiſiroient pluſloſt de mourir auec leur mal, qu'endurer le tourment de l'operation:ou bien quand de l'inciſion doit ſuruenir autre plus faſcheuſe indi- ſpoſition comme conuulſion en fiſtule de partie nerueuſe:en tel cas le Chirurgien ne doit chercher l'entie- re cure & parfaicte, ains ſe doit contenter de la palliatiue, qui ſe fera en preuoyant qu'il ne tombe ſur là ! partie autre nouuelle fluxion, faiſant par bon regime,que trop d excremens ne s'amaſſent dans le corps. Et en cas qu'ils s'yamaſſent,les purgeant par interualle,& diuertiſſant ſur vne parties moins noble,ſi mieux on ne peut : mundifiant la chair vicieuſe qui croiſt en l'vlcere, & la ſanie auec medicamens qui n'irritent & ne cauſent putrefaction. Le ieune Chirurgien ſera aduerti, que lors qu'on verra aux fiſtules que la ſonde ou tente demeurera noire,ou qu'il y aura quelque fetidité, on ne doit pourtant acertener qu'il y ait carie aux os. Car ſouuentesfois cela aduient à cauſe qu'il eſt demeuré dedans quelque morceau d'eſponge ou de lin- ge, qui ſe pourrit, comme i'ay veu par experience. Des fiſtules dufondement ou ſiege . C H A P. X X I I I. , E s fiſtules du fondement ſont faites comme les precedentes, à ſçauoir d'vn abſcés ou d'vne Differences. | playe mal curée,ou d'vne hemorrhoide apoſtumée. Les vnes ſont cachées, ies autres manife-ºignes des 'ſtes. Celles qui ſeront cachées, ſe cognoiſtront, d'autant que par le ſiege ſortira vne humidité Éſºº ºº- ſanieuſe & purulente,& que le malade ſentira douleur à la partie.Celles † ſont manif ſtes, º , , *º * ſe cognoiſtront en les ſondant : & pour ce faire le Chirurgien mettra ſon doigt dedans le ſie- # # des ge, & par l'orifice de la fiſtule mettra ſa ſonde de plomb : laquelle ſi elle touche le doigt à nud , fans au- #- cune interpoſition, c'eſt vn ſigne infaillible qu'elle penetre dedans la cauité du boyau : ioint auſſi que non p - ſeulement par le fiege ſort vne matiere ſanieuſe, & ſouuentesfois des vers, mais en outre par le trou que . , , . . lamatiere par ſon acrimonie ſe ſera ouuert à coſté. Les fiſtules cuniculeuſes & tortueuſes comme vn laby- ***sº rinthe, fe iugent à ce que la ſonde ne penetre gueres auant, & neantmoins il en fluë plus grande quantité de matiere qu'il n'eſt requis pourvne petite vlcere : or en l'orifice de toutes ſe voit preſque touſiours quel- Accidès qui / • - - - - - qus que calloſité eminente,que les Chirurgiens appellent vulgairement Cul de poulle.Aux fiſtules du fondemét ſuruiennent il aduient ſouuét pluſieurs accidens comme teneſme,que nous appellôns eſpreintes paracrimonie de la ma- # telles fiſtu- tiere : ſtrangurie,qui eſt vn découlement d'vrine : procidence ou relaxation du fondement : découlement de l . matiere ſanieuſe & puante,le tout par communication de matiere eſtrange, & ſympathie par voiſinage des Curation parties, comne note Hippocrate au liuredes Fiſtules. Lors que nous voudrons curer la fiſtule par œuure . manuelle,faut faire ſituer le malade à la renuerſe,en ſorte qu'il tienne les jambes eſleuées en haut,de façon C qu'ilaye les cuiſſes jointes vers ſon ventre : puis le Chirurgien mettra le doigt dans le ſiege,oinct de quel- que medicament onctueux, ayant rongné ſon ongle : puis par l'orifice de l'vlcere mettra vne groſſe aiguille de plomb enfilée,partie de fil & de queue de cheual, laquelle aiguille eſtant rencontrée par le doit a nud, qui eſt au fondement, ſera courbée & ramenée dehors par le ſiege pour paſſer ledit fil : lequel eſtant pafſé, ſera lié & ſerré à nœud coulant,afin que de iour en autre on le puiſſe ſerrer dauantage:& auparauant de le reſſerrer, on le tirera vers ſoy, comme ſi on le vouloit ſcier : car par ce moyen ledit fil coupera la fiſtule, ſans auoir aucun flux de ſang. Or quelquesfois telles fiſtules ne penetrent iuſqu'à la cauité du boyau, telle- ment que le doigt ne touche immediatement la ſonde,à cauſe de quelque calloſité qui ſera interposée en- tre la ſonde & le doigt.Et pour la curation faudra mettre vne ſonde de fer ou d'argent laquelle ſera creuſe; & par dedans ſa cauité on jettera vne aiguille picquante & trâchante,afin de rompre ladite calloſite:ce que l'on ne pourroit faire par le benefice d'vne de plomb,ou d'vne autre qui fut rôde,ſans vne grande douleur Sonde d'argent creuſe, auec l'aiguille de plomb. A Monſtrel'aiguille. B La ſonde creuſe. - c L'aiguille & ſonde. D L'aiguille de plomb enfilée. Puis eſtant rompuë, ſera liée comme la ſuſdicte. Celle qui eſt ſuperficielle , n'a beſoin d'eſtre liée, ains ſeulement ſera coupée auec vne biſtorie courbe , ou ciſeaux propres à ce faire , & apres ſera oſtée la cal- lofité, & traictée comme auons dit cy-deſſus des autres fiſtules. Cependant il faut noter en ce lieu, qu'a- pres auoir coupé la fiſtule,s'il demeure quelque calloſité,& cuir cicatrizé,qui nrait eſté emporté & trenché Par le fer ou medicament, la fiſtule a couſtume de retourner. - p - - # e ef 326 Treziéme Liure des Viceres, A Des Hemorrhoides. C H A P. XXIV. E s Hemorrhoïdes, ſelon que le mot eſt pris vulgairement , ſont tumeurs aux extremitez des vei- , , É)ue c'eſt # nes qui ſont autour du ſiege,faites par vne fluxion d humeurs melancholiques pour la pluſpart,& | | | que hemor- ſont ſelon les anciens, eſpeces de varices. Les vnes ſont ouuertes,& par ſucceſſion de tempsl'ou- : | #… - uerture deuient calleuſe : les autres fermées,eſtant ſeulement enflées ſans rien ietter : & autres - ſont grandes, petites, groſſes : & autres apparente, autres cachées,iettans pour la pluſpart ſang, auec vne ſeroſité jaunaſtre, qui eſt celle qui de ſa tenuité a fait courir le ſang en tellieu, & de ſonacrimonie a ou- Hemorrboï- uert leſdites veines. D'icelles, lors qu'elles ſont fermées,aucunes ſont ſemblables à vne ampoulle faicte de a veſi... bruſleure,à raiſon dequoy les patiens les nommentVeſicales,& ſont engendrées par affluxion d'humeur pi- , # : · · : les. tuiteux & ſereux : autres à vn grain de raiſin, qu'ils nomment Vuales,& ſont engendrées par affluxion de - . - ſang loüable en qualité, redondant en quantité.Aucunes ſont ſemblables à vne meure, & ſont dites Mora- : Puales. les,causées par affluxion de ſang melancholique : autres ſont dites Verrucales,pour la ſimilitude d'vne ver- M orales. rué, & ſont engendrées de pareille cauſe. Cette diſpoſition eſt cauſe de pluſieurs accidents aux hommes, Ve rrucales. parce qu'elle oſte la naturelle beauté , à raiſon que pour la grande éuacuation de ſang, la couleur de tout | #º ººº le corps eſt changée & corrompue,& les conduit àvne miſerable vie; & pour la foibleſſe de tout le corps, º #"- elles mettent ſouuent le malade en danger de mort : à cauſe que l'euacuation immoderée qui s'en enſuit, rboides fait hydropiſie. Elles fluent volontiers de mois en mois, ou de trois en trois mois : ce qui ne ſe fait ſou- fluent. uent qu'auec grande douleur , qui excite quelquesfois inflammation, abſcés, & fiſtules, ſi promptement on y remedie. Or ſi elles iettent moderément , & le malade ſouſtienne bien l'éuacuation ſans ennuy, on B ne ſes doit arreſter du tout, parce qu'elles preſeruent de melancholie, manie, lepre, ſtrangurie, & au- tres affections, comme pleureſie , peripneumonie , & malins vlceres, ſelon la ſent. 37. de la 3. ſect. du 6. | des Epidemies : & ores qu'on les vouluſt curer, il eſt bon , ſelon l'Aph. 12. du liu. 6. en laiſſer vne : mais 4 ſi le flux de ſang eſt demeſuré on l'arreſtera : car autrement il cauſe hydropiſie, pour la refrigeration du foye, auec vne conſomption & extenuation de tout le corps.Pareillement,eſtant induement retenu,il regor- ge aux poulmons, rompant quelque vaiſſeau, qui cauſe la mort du malade:ou au foye,cauſant la meſme hy- # · · · dropyſie,refrigerant ledit foye pau ſuffocation de ſa chaleur naturelle.Pour la curation, lors qu'elles fluent | | | | Cure. trop,on y appliquera vne tente faite de poil de liévre, couuerte d'vn tel medicament.2Z. pul. turis,balauſt. # - | | | | ſang.drac.an.3.ſº.incorp.omnia cum alb.oui,fiat medicam ad vsû.Autre.Prenez du drappeau bruſlé, comme - - | | | ſi o§ le vouloit mettre en vn fuſil, & le mettez deſſus. Et lors qu'elles ſont fort tumefiées ſans eſtre ouuer- · - tes, on doit faire cuire vn oignon ſous la cendre, & piler enſemble vn fiel de bœuf,& de tout ce en faire | | medicament qui ſera appliqué & renouuellé de cinq en cinq heure.Tel remede eſt propre lors qu'elles ſont internes & cachées, & lors qu'elles ſont apparentes on y appliquera des ſangſuës,ou bien on fera apertion auec la lancette. Le ſuc & marc de l'herbe nommée galiopſis, autrement vertica Labeonis posé ſur les he- , , | morrhoïdes, les ouure & fait ſaigner;auſſi cure les fungus & thumus qui ſont autour du ſiege.S'il y a gran- : , de ardeur,cuiſon & douleur, on fera aſſeoir le malade en vn demy bain : & s'il y a quelques vlceres, on y · · · · · Remede pour appliquera tel medicament.34 olei roſ.3.iiij. ceruſ3.j. litharg.3.f. cera noux 3 vj.opij9.j. fiat vnguent. , ſeder les ſecund.art.Autre pour ſeder les grandes douleurs & eſpreintes.24.thur myrrh crocian.an.3.j. opij.9.j. fiat , • | grandes dou- vnguent. cum oleo roſa.& mucag.ſem.pſillij, addend.vitel. vnius oui. Autre. Prenez fueilles de ſaulge , de · ! ºr é co§ſolida media,de millefolium, & de lierre terreſtre, de chacun demy poignée, pilée en vn mortierauec eſpreintes. jaune d'œuf : & de tel remede en appliquer ſur le mal.Autre.%. vnguenti populeonis # ij. vitel. ouor.nu- . mero duo : agitent ſimul in mortario plumbeo : ou prenez de la moelle de bœuf auec beurre frais, du tout - , | - laué en eau roſe, ſoit fait onguent. Le reſte de la cure ſe paracheuera ainſi qu'il ſera neceſſaire. · Fin du treiziéme Liure, des Vlceres, Fiſtules, & Hemorrhoides. · TABLE DES CHAPITRES - i - du Quatorziéme Liure, des | Bandages. | IFFER E N C E des bandes. Chapitre j - - Indications & preceptes generaux pour les bandes & ligatures. Chap.ij | Trois bandes requiſes aux fractures. Chap. iij * l\% Des bandes des fractures auec playes. Chap. iiij D | # Preceptes & obſeruations communes pour lesfractures & luxations.Chap.v ·, %%* $"fº Vtilité des bandes. , Chap. vj · · Vſage des compreſſes. Chap. vij : . Mſage des ferules, aſtelles, torches, & queſſes. - Chap. viij | | Des lacqs & liens. Chap. ix | | · Des accidens de trop ſerrer les parties du corps. Chap. x ' ! L E # à - - L E - QVATORZIES M E L I V R E, TRAICTANT DES BANDAGES, PA R A M B R O IS E - PA R E D E L A V A L A V M A Y NE, Conſeiller, & premier Chirurgien du Roy. Pifferences des bandes. C H A P. I. #. E s bandes, deſquelles on fait ligature, ſont differentes entre-elles. En icelles nous con- Défférence | ſidererons , ſelon Galien au liure des bandages, ſix choſes ; la matiere,la figure, la lon- deſ bandes gueur,la largeur,la ſtructure ou façon,& les parties. La matiere eſt triple,membraneuſe, priſes de la , ou faite de cuir, laquelle eſt propre aux Cartilages du nez fracturé : celle de l'aine,com- matiere. me aux parties enflammées, où ne faut preſſer : de linge, comme où il faut preſſer. Et de ceſte-cyles vnes ſont de lin, les autres de chanvre fort,comme note Hipp.en la 3.ſect.de 2 V2 º l'Officine du Chirurgien. Et pour eſtre bonnes, elles doiuent eftre de toile qui aura deſia Conditiows ſerui, afin qu'elies ſoient plus molles & traictables. Aufli faut qu'elles ſoient fortes, de peur qu'elles ne ſe requiſes eº rompent, & qu'elles puiſſent fermement tenir & expeller l'humeur pour prohiber les fluxions. Et faut vne bonne qu'elles n'ayent aucun ourlet,bord, liziere,uy couſture : parce que l'ourlet, & couſture bleſſent : d'autaut bandes que l'ourlet qui eſt dur comprime la chair, & la liziere , ne permet bien lier, & la bande comprime troP d l'endroit de la liziere, & ne ſerre aſſez au milieu, parce qu'elle n'obeit, mais tient ferme. Dauantage, elles doiuent eſtre nettes,afin que ſi on fait quelque infuſion, eIles puiſſent eſtre imbuës de liqueur neceſſaire, & icelles paſſer au trauers. Auſſi elles doiuent eſtre coupées de droict fil,& non de biais, parce qu'elles tien- dront plus ferme,& ſeront égales,c'eſt à dire,non plus larges,ny plus eſtroittes en vn endroit qu'en l'autre. Pour la difference de la figure, aucunes ſont ourlées, auſquelles ne faut rien coudre, les autres tranchées par leurs extremitez ( comme aux mammelles ) ou par le milieu : les autres ont pluſieurs bandes couſuès Za figure enſemble,pour faire diuers chefs,repreſentans vne diuerſe figure, comme en la teſte Aucunes ſont longues, des bandes les autres courtes:aucunes fort larges,les autres fort eſtroittes,ſelon qu'il eſt requis. Or la longueur & lar- & des difº- † d'icelles ne ſe peut particulierement eſcrire:mºis elles ſeront diuerſifi: es ſelon la diuerſité des corps, rencº la longueur,largeur,& groſſeur des parties bleſſées : & pour le dire en vn mot, il faut bander la teſte en autre maniere que la gorge.Ainſi eſt-il des clauicules,des bras,tetins,aines,teſticules, ſiege,cuiſſes, jambes, pieds,& doigts,ſelon leur ſtructures.Les vnes ſont pour ſuſpendre ou eſleuer,comme aux mammelles,teſti- cules,hargnes,auſſi ſeruent à tenir les medicamens ſur les parties pour curer les inflammations,ou faire ſup- puration.Galien commande que le jeune Chirurgien s'exerce & apprenne à faire les bandages ſur vn hom- ' me ſain,& lier les malades bien dextrement quand il en ſera beſoin. Les parties ſont les corps de la bande, & les chefs.Le corps eſt cette longueur & largeur:les chefs ſont les extremitez,tant ſelon le Jong que ſelon le trauers,comme eſcrit Galien,ſur la 22.ſent.de l'Officine du Chirurgien. d•- - —* - - - —- - Indications & preceptes generiuxpour les bandes & ligatures. C H A P. I L @E2 A bande ou ligature doit auoir deux indications, l'vne à la partie, l'autre à la maladie, com- $ me dit Hippocrate en la premiere & ſeconde ſection du liure des Fractures Quand on ban- #! de vne jambe,il la faut bander eſtant droite:car ſi on la bande eſtant ployée le bandage ſe º" dem le fa- # fera lors qu'elle ſera eſtendue, à cauſe que les muſcles ſe mettent en autre figure.Au contrai- pon ºoute - re, lors que nous voulons bander les bras , il faut qu'il ſoit ployé : car s'il eſt eftendu , & contraire. qu'on le ploVe apres, la ligature ſe laſchera,à cauſe ( comme nous aitons dit) que les muſcles ſerontper- zes partie, uertis en autre figure. Sur quoy nous obſeruerons, qu'il faut bander & lier les parties en la figure qu'on doiuent ſºvr veut qu'elles demeurent. Il faut que les compreſſes & aſſelles embraſſent toute la partie fracturée : routes- baué« com- fois aux os triangulaires , & aux coſtes, & aux vertebres, cela ne ſe peut faire, parce que telles parties ne ** º veut peuuent eſtre enuironnées. qu'elles de- Quant à l'indication de la maladie, s'il y a vn vlcere caue, ſinueux, cuniculeux, iettantgrande quantité # de ſanie, il faut commencer à lier & comprimer au fond du ſinus, & finir à l'orifice de l'rlcere : ſoit que le # #- ſinus ſoit en haut,ou en bas, ou aux coſtez afin que par ce moyen ou expurge la ſanie,& qu'on faſſe appro- # cher les parties ſeparées & diſtantes. Car ſi la ſanie demeure ſans eſtre euacuée, elle ronge & corro- # de les parties, & fait croiſtre l'vlcere, & le rend incurable, & ſoutient fait carie aux os : parce qu'ils | s'alterent & pourriſſent, à cauſe que les humeurs acres s'imbibent en leur ſubſtance Or entre les banda- ges les vns ſont par eux meſmes remedes, comme ceux qui conjoignent les choſes des joinctes & teparées. les autres ſeruentaux remedes , comme ceux qui ſeruent pour tenir les medicamens appropriez aux mala- . - dies. Tel bandage dit Hippocrate au commencement de la ſeconde ſection de l'Officine du Medecin, ou Hiº ſent 4. il ſe fait, qu'il appelle Diligatio operant, ou il fait, qu'il appelle Diligatio operata. Quant au premicr, de la ſect. pour bien bander, il faut que la bande ſoit roulée eſtroittement, afin qu'elle ſoit mieux entortillée au- de /'offcive tour de la partie qu'on veut bander, & que le Chirurgien la tienne fermement en ſa main. D'atlantage #2#t… en bandant faut prendre garde que les bouts des bandes, & la couſture, ne ſoient finis ſur le lieu doulou- 2 . teux, mais au deſſus, ouau deſſous, ou à cofté. Outre plns il ſe faut bien garderde mettre quelque nœud - E e z fl;r La iamie & bras ſe ban- 328 Le quatorziéme Liure, , # | ſur ledit lieu, ou bien à l'endroit du dos, ou des feſſes, ou au coſtez ny à l'endroit des jointures, ou au der- A riere de la teſte,ou au coſtez des temp les,ny ſous les aiſſelles,aines,& plantes des pieds : & pour dire en vn mot,à l'endroit où le malade a accouſtumé ſe coucher,& s'appuver.I uis il faut plier les bandes à l'endroit qu'on veut qu'elles foient attachées & couſues, afin qu'elles tiennent plus f rme : car quand les bouts ſont , larges, encore qu'elles ſoient liées t ſtroittement, toutesfois elle ne tiennent pas fidellement. Parquoy i'ay touſiours de couſtume de les replier en long en leur extremité , lors que ie les veux coudre & arreſter. Quand au ſecond, le Chirurgien qui aura fait les ligatures,doit prendre garde aux intentions pourquoyel- les ont eſté faites,& s'il a bandé bien proprement,& faſſe qu'elles ſoient belles à veoir, & qu'elles ne rident point, afin de contenter les malades & les aſſiſtans : car chacun ouurier doit polir & embellir ſon ouurage tant que poſſible luy ſera. Les bandages trop laſches aux fractures & luxations ſont ſouuent cauſe de rendre les parties tortuës, boſſues, & contrefaictes. -** ptilité du Aux fractures,luxations, & ſeparations des os, auſſi aux playes & contuſions, faut commencer le banda- t dag, ſur ge,& y faire les premieres reuolutions,ou tortillemens,qui ſeront deux ou trois,& les ſerrer (s'il eſt poſſi- la partie, é ble) plus en tels endroits qu'és autres, afin de tenir fermement les os en leur lieu, & exprimer & expulſer en quel cas le ſang & autres humeurs qui peuuent eſtre ja fiuez, & auſſi pour garder qu'il n'en fluë plus qu'il ne ſera il ſe fait. beſoin. Car par vne fracture (laquelle ne ſe fait iamais ſans contuſion ) le ſang ſort des vaiſſeaux, à raſſon qu'ils ſont violentement foulez, preſſez, & exprimez : qui cauſe meurtriſſeure en la chair,de couleur pre- mierement rouge, puis liuide ou noire, parce que le ſang eſtant hors de ſes propres vaiſſeaux, s'eſt eſpan- du en la chair & ſous le cuir, & en la ſubſtance des parties ſubjacentes. Partant faut conduire la bande Galien ſur le plus loing de la partie fracturée, ou luxée, que l'on pourra. Car qui feroit autrement, il renuoyeroit le la ſent. .. de ſang au lieu bleſsé, & pourroit cauſer apoſtemes, & autres mauuais accidens. Or le ſang qui flue, tend en lº !: ſºº.ººº bas ſeulement par vn chemin:celuy qui eſt exprimé, va par deux,à ſçauoir de haut en bas, & de bas en haut. Jº - Toutesfois il faut auoir egard de le repouſſer pluſtoſt vers les extremitez, parce qu'elles ne ſort aſſez ca- pables, ny forte pour receuoir ſans accident telle abondance de ſang : car il s'y pourroit faire vne inflam- mation ou apoſteme : & lors qu'on le repouſſe vers le corps , il eft regi & gouuerné par les vertus & fa- cultez naturelles. Trois bandes neceſſaires aux fractures. C H A P. I I I. #2 T pour bien & deuëment tenir les os luxez & fracturez , il eſt neceſſaire au Chirurgien s'ay- , der ſelon Hippocrate, ſentence 24. de la ſeconde ſection de l'Officine du Medecin, de deux eſpeces de bandes : les vnes ſont appellées de luy Hypodeſmides, c'eſt à dire, ſous-bandes, les autres Epideſmi, c'eſt à dire, ſus-bandes. Les ſous-bandes ſont deux, quelquesfois trois, dont la premiere commencera ſur la fracture , y faiſant trois ou quatre reuolutions , & qu'il ait égard à la figure de la fracture, pource que ſelon icelle faut faire & diuerſifier le bandage. Car il faut mener la bande vers le coſté contraire à celuy vers lequel la luxation ou fratture eſt enclinée, afin C que l'os eminent ſoit repouſſé, & tenu ferme en ſon lieu naturel, auquel on l'aura reſtitué. Telle choſe ſe fera bien en cette maniere : à ſçauoir, quand la partie dextre eſt plus eminente, la bande alors commen- Le Chirur- cera à la meſme partie , & ſera menée vers la ſeneſtre : Au contraire, ſi la ſeneſtre eſt excedante , faut que ' - | gien deit la bande commence à icelle , & ſoit conduite vers la dextre. Partant il faut que le Chirurgien vſe de la eſtre ambi main dextre & ſeneſtre, pour bien faire icelles ligatures & conduire ſa premiere en haut, c'eſt à dire vers dextre, s'il le corps pour les raiſons predites. eſt pºſſible Cette maniere de comprimer ſur les fractures n'eſt ſeulement propre & particuliere à icelles ; mais auſſi - aux luxations. Car quand il ſe fait luxation en vne partie, & qu'elle eſt reduite , il faut comprimer & ban- der plus doucement du coſté d'où l'os eſt party, & ſerrer plus fort celuy auquel il eſt tombé.Dont le ban- dage doit eſtre amené du lieu ſur lequel l os eſt tombé, & que celuy duquel il eſt tombé ſoit laſche & non preſſé de la bande & compreſſe, afin qu'on la pouſſe & face tendre & tirer vers la partie contraire, où s'eſt faite la luxation. Car ſi on bandoit autrement, le bandage cederoit, au mal , pource que la partie a eſté relaſchée & des-jointe de ſon lieu naturel : & partant on pourroit eſtre cauſe de la repouſſer, ou renuo- yer derechefl'os hors de ſon lieu, où il auroit eſté reduit. Mais tant s'en faut qu'il le faille bander vers la partie où s'eſt faite la luxation, qu'Hippocrate veut qu'on la rameine vn peu plus que ſon naturel. seconde ban Or pour ſuiure nos ſous-bandes, ayant fait la premiere, on en prendra vne ſeconde, Jaquelle commen- de. cera pareillement ſur la fracture , & n'y fera qu'vn tour ou deux : parce qu'il ne faut tant enuoyer de ſang vers les extremitez, comme aux parties ſuperieures (ainſi que nous auons des-ja demonſtré ) & ſera con- Tr,iſieſ , duite vers le bas ou extremité de la partie, la ſerrant doucement, à fin auſſi d'exprimer le ſang de la par- bande. tie bleſſée : & la ramenerons en haut : ce que fi nous ne voulons faire, prendrons vne troiſieſme ſous-ban- 6)•el moyen de, qui commencera où la ſeconde aura finy , & ſera conduite en haut, qui ſert à reduire les muſcles, doit eſtre qui ont eſté deſtors & tournez de leur ſituation naturelle par les deux premieres bandes. Or il faut ſerrer gardé en les bandes moderément, meſurans la mediocrité par noſtre iugement, & le ſentiment du malade, qui dit ſºrrº leº eſtre aſſez ſerré, & que s'il l'eſtoit plus, il ne le pourroit endurer : conſiderans auſſi la tumeur ou enfieure bandes. qui doit eſtre ſans inflammation , & l'habitude du corps. Car les corps mols ne peuuent tant endurer eſtre ſerrez & preſſez que les durs. Or pour auoir trop lié & bandé vne fracture on luxation , on jette & expelle les humeurs aux extremitez, dont ſouuentesfois ſuruiennent de grandes tumeurs œdemateuſes. Et pour y remedier il faut deſlier le lieu fracturé ou luxé, puis on commencera à bander & comprimer les parties enflées, & conduire la bande vers les parties ſuperieures, afin de deſcharger la partie enflée : & où on ne deſlieroit la partie fracturée, ou luxée, l'humeur ne pourroit eſtre renuoyé és parties ſuperieu- Methode ex. res. Cette methode eſt laiſſer la propre cure pour ſubuenir aux accidens. Ce que le Chirurgien rationel raordinai- fera touſiours, quand il cognoiſtra eſtre neceſſaire. Et pour cette cauſe Hippocrate commande qu'on deſ- re , lie la ligature de trois en trois iours, & à chacune fois qu'on fomente la partie d'eau chaude , afin que les humeurs contenus en la fracture,leſquels y ſont fluez par le moyen de la douleur,ſoient reſous & euacuez, pour prohiber vn prurit,& autres accidens : & apres qu'ils ſeront paſſez on deſliera la ligature plus tard, & la fera on plus laſche, afin que le ſang & la matiere qui doit faire le callus, ne ſoit empeſché, mais qu'il y flue plus librement. De5 Des Bandages. | 329 0: - # Des bandages des fractures auec playe . CH A P. IV. V cv N E s fractures ſont auec playe,& lors qu'ilya playe,encore les faut-il bander :au- N, ceſſité de # trement elles enferoient, receuans les humeurs des autres parties, dont pluſieursacci- §.n ( % dens ſuruiendroient.Mais il ne faut pas que le bandage ſoit auec des circonuolutions,com- fraéture » #) # me nous auons dit,parce qu'il faut tous les iours traitter la playe,pour la mondifier & mc- auec playe . # dicamenter:& s'il y auoit des circonuolutions, il faudroit tous les iours remuer la partie, Bandages - " qui ſeroit cauſe de faire douleur au malade,qui engarderoit l'vnió de l'os,laquelle deman-ſans c ircon de repos. Partant iceluy bandage ſe fera (en paſſant ſeulement vne fois autour d'icelle playe ) auecques ºlutions. vne bande qui ſera en deux ou trois doubles,en façon d'vne compreſſe, laquelle ſera dextrement couſuë:& , ſera detelle largeur, qu'elle comprime entierement toute la playe, pour les raiſons que dirons cy-apresau liure des fractures.Et ſi la playe eſt de figure ſelon la longitude du corps,les compreſſes & aſtelles doiuent Tiuerſité de eſtre appliquées aux coſtez,afin de rejoindre la playe, & expeller les excremens mais ſi elle eſt au trauers, bandages ſe- ne faut appliquer telle maniere de c6preſſes & aſtelles:car on dilateroit la playe & jetteroit-on # excre- lon la diuer- mens dans icelle,côme eſcrit Galien ſur la douzieſme ſentence de la ſeconde ſection du liure des'fractures. # é de la aye-', h- Preceptes & obſeruations communes pour les fractures & luxations. C H A P 1 T R E V. A v A N T A G E en toute fracture & luxation les parties caues & extenuées, comme celles , # quifontvers les iointures,doiuent eſtre remplies de compreſſes,ou bandes appliquées autour, # pour faire la partie égale,afin que les aſtelles la compriment également, pour mieux tenir les % à os en leur lieu naturel : comme quand on bande le genoüil, il faut emplir la cauité ; c'eſt à *S dire, la partie poſterieure, qui eſt le jarret, à fin que le bandage ſoit mieux & plus prompte- ment fait. Il faut faire le ſemblable ſous les aiſſelles, & au deſſous du talon, & au bras pres le carpe, & en toutes les autres parties, où il y a cauité & inegalité. - - Apres auoir bandé & lié, faut interroger le malade s'il ſent la partie eſtre trop ſerrée, & s'il dit ouy, Incommodi- & qu'il ne la peut endurer, la faut deſſerrer. Car ſi le bandage eſt trop ſerré,il excite douleur,chaleur flu-tez de la xion, Gangrene, & par conſequent mortification : celuy qui n'eſt pas aſſez ſerré,ne profite rien , princi- bande, trop, palement aux fractures & luxations. Or ſi la partie eſt bien bandée ; c'eſt à dire,ſi elle n'eſt trop laſche ny º º? ?** trop ſerrée, on la trouuera le lendemain enfléed'vne tumeur molle œdemateuſe à cauſe que la ligature a # exprimé le ſangdulieu fracturé.Au côtraire,fi elle eſt trop ſerrée la tumeur ſera dure.Et fi on ne trouueau- ## - cune tumeur le lendemain ; ç'eſt ſigne que laligature n'eſt aſſez ſerrée, & qu'elle n'a aucunement chaſſé & # 1 ' . exprirſº le ſang de la partie fracturée ou luxée. Si doncques on cognoiſt que pour la ligature trop ſerrée, f au . il ſoit ſuruenu vne tumeur grande & dure, il la conuient promptement caſſer , pour empeſcher les acci- Pour corri- dens : & faut fomenter la partie d'eau chaude auechuyle, puis la rebander mediocrement, ne ſerrant fort ter la dure- les bandes pendant qu'il y aura douleur & inflammation. Durant lequel temps ne faut auſſi mettre choſes té qui eſt en peſantes,de peur d'augmenter les accidens ſuſdits. Et lors que le malade ſe porte bien, faut laiſſer le bandage la partie , trois ou quatre iours ſans le deſlier, pluſtoſtaux delicats, & plus tard aux robuſtes.Toutesfois il fauticy fracturée . noter, que le troiſieſme iour, & de là enauantiufques au ſeptieſme, on trouue les bandes laſches, & la par- - tie plus greſle, qui eſt bon ſigne , à cauſe que la tumeur s'eſuanoüit & reſout, parce que par la ligature on Hippº. ſen. . ' a exprimé le ſang qui auoit couru à la partie : joint que par la compreſſion on a defendu vne portion du 3?- 4º 4 r. nourriſſement,qui la fait monſtrer plus greſle & amaigrie. Et ainſi les os rompus , en les ſerrant , ſe dreſ- de la ſeci. 1, ſeront & toucheront mieux : & lors on doit aſſez ſerrer ſur la fracture, & ailleurs moins : & à l'endroit des fract, où la fracture fait eminence, faut comprimer & ſerrer dauantage auec compreſſes & aſtelles. Et pour le dire en vn mot, le ſeptiefme iour paſſé , il faut plus eſtroittement bander qu'auparauant, pource qu'en tel temps l'inflammation, douleur, & autres accidens, ſont communément paſſez. Or ce que nous auons cy- deſſus declaré des trois bandes ne peut eſtre deuement fait en toutes parties , comme aux fractures de la mandibule à l'os furculaire, à la teſte, au nez, & aux coſtes : parce qu'à raiſon qu'elles ne ſont longues & rondes, on ne peut faire la ligature tout autour d'icelles parties, comme l'on fait aux bras , aux cuiſſes & jambes : mais elle ſe fait par dehors. Ptilité des Bandages. C H A P. V I. #) A R les choſes precedentes nous cognoiſſons, que l'vtilité des bandages eſt, que par iceux les N% choſes des-jointes & ſeparées,ſont pouſſées en leur lieu naturel,& les entr'ouuertes sót con- 2 jointes,côme és fractures, fentes,contuſions, vlceres ſinueux:eſquelles choſes l'vtilité eſt per- $ duë ; & pour la conjonction deſquelles les bandes ſont neceſſaires : outre-plus, par icelles les - choſes leſquelles ſeroient ſerrées & conjointes, tenuës ſeparées comme on void, qu és com- buſtions les doigts ſe joignent enſemble, & les jarrets,& auſſi les aiſſelles contre la poictrine,& le menton contre le ſternon : & par bien bander icelles choſes n'aduiennent point. Les bandes & ligatures ſeruent pareillement à refaire les parties emaciées & amaigries.Exemple.Si laiambe dextre eſt en atrophie, il faut iier la ſeneſtre, commençant au pied, & finiſſant en laine. si c'eſt le bras dextre on liera le ſeneſtre, com- ºº ºanda- mençant à la main, & finiſſant ſous l'aiſſelle : car en ce faiſant, on renuoye vne grande portion du ſang *ºſº ' de ces parties ainſi liées en la veine caue : laquelle eſtant plus pleine, en ſera enuoyé à la partie emaciée, † en laquelle les vaiſſeaux ne ſont remplis, mais aucunement vuides. Or il en conuient enuoyer beau- attrophi ées . coup, d'autant que la partie eſt vuide , & pareillement pour l'alimenter. Dauantage, faut que la partie ſaine ſoit en repos, & qu'elle ſoit bandée & liée ſans douleur , afin que le ſang & eſprits y fluent moins: ce qu'ils feroient dauantage, ſi elle eſtoit liée auec douleur. Plus les ligatures & compreſſes ſeruent à L., ligatu- cſtancher le flux de ſang des playes , dequoy l'experience iournelle nous fait foy , en ce qu'apres vne ſai- res ſe,ue»e gnée, y mettant vne compreſſe & ligature deſſus , le ſang eſt eſtanché. D'abondant les ligatures ſeruent à eſtancher aux femmes nouuellement accouchées,& lors qu'on bande leur ventre,on exprime le ſang de leur matrice, le ſang des qui en eſt grandement arrousée & imbué , & par ce moyen on ayde à la vertu expultrice à le jetter hor,: Pºº - Bi c 3 . , Auſſi 33o Le Quatorziéme Liure, Premie»e vtilité. Seconde. Troiſieſme. Hip. ſert 2. de la 3. ſect. de l'Officine, & ſen.32 de la 1. ſe ét.des fractures. Matieres des tſ ferules , on aſfelles. Vſage des fcrules. vſage des terches cr fenen . Vſage des quºſſes. Gloſſoeomes. Auſſi cette ligature prohibe que les vents n'entrent en icelle matrice.La ligature ſert auſſi aux femmes groſ- A ſes à ſupporter le fardeau de leur groſſeſſe, en celles principalement qui portent leurs enfans ſi bas qu'ils leur pendent entre leur iambes,leur empeſchant la liberté de marcher:car par la ligature appellée des fem- mes nombrillere,outre qu'elles ſont ſoulagées de la peſanteur,le faix eſtant retrouſſé,l'enfant eſt contraint remonter plus haut, dont leur eſt le marcher plus aisé. Outre ces choſes, les ligatures ſeruent à faire re- uulſion, & deriuation de pluſieurs parties du corps, & auſſi à tenir les medicamens appropriez au mala- dies , comme au col , au thorax & au ventre. Galien au troiſieſme commentaire de l'officine du Medecin commande de commencer le bandage ſur les fractures & luxations, & ſur les playes & contufions,afin de deſcharger la partie du ſang & humeurs, qui ont deflué ſur icelle, & garder qu'il ne fiuent. Toutesfois s'il y a ſinu auſdits vlceres, il faut commencer ſur iceluy : afin d'euacuer le pus ou ſanie par l'ouuerture de l'vlcere.Que diray-ie plus ? la ligature a trois vtilitez en l'amputation des membres,comme le bras & iam- bes. La premiere, c'eſt qu'elle tient le cuir & les muſcles eſleuez en haut, afin qu'apres l'œuure ils recou- urent l'extremité des os,qui auront eſté coupez.Car apres la conſolidation & la cicatrice faicte les muſcles ſeruent comme d'vn couſſinet aux extremitez des os. Et par ainſi la partie pourra demeurer plus forte, & moins douloureſe, quand on preſſera deſſus, ioinct auſſi que la curation eſt plus briefue : car d'autant que que la partie eſt plus couuerte de chair, pluſtoft auſſi les os ſont couuerts.La ſeconde eſt, qu'elle prohibe l'hemorragie, ou flux de ſang , à cauſe qu'elle preſſe les veines & arteres : de ſorte qu'il n'en peut ſortir bien peu. La troiſieme eſt, qu'elle rend obtus & hebeté, c'eſt à dire, qu'elle oſte grandement le ſentiment de la partie, parce qu'elle empeſche par ſa grande aſtriction, que l'eſprit animal, lequel donne ſentiment par les nerfs , ne peut reluire à la partie pendant qu'on la coupe. Vſage des Compreſſes. C H A F 1 T R E VII. , V s A c E des Compreſſes eſt double, à ſçauoir, pour emplir les parties caues, & celles qui ne ſont ſi groſſes vers leurs extremitez,comme vers le milieu. Exemple des parties caues qu'il faut remplir, comme ſous les aiſſelles, ſous les jarrets, aux clauicules & aux aines. Quant à celles qui ne ſont ſi groſſes vers leurs extremitez , comme vers le milieu,ce ſont les bras pres le carpe , & les iambes pres le pied, & la cuiſſe au deſſus du genoüil : auſquels lieux il faut mettre des compreſſes & bandes tout autour, tant que l'on verra la partie eſtre égale. Le ſe- cond vſage eſt d'entretenir les premieres deux bandes, appliquées ſur la partie fracturée : & different en ce, qu'au premier vſage on les met de trauers,& au ſecond de long.On peut auſſi vſer de compreſſes,quand on veut eſtendre vn membre luxé pour le reduire, de peur que les liens ne compriment & faſſent douleur. Pource faut garnir de compreſſes la partie qui doit eſtre eſtendue, afin que les liens ne compriment par trop, & par ce moyen on engardera qu'ils ne bleſſent, tant qu'il eſt poſſible. Les compreſſes doiuent eſtre eſpeſſes de trois ou quatre doubles, plus ou moins, & longues & larges, plus ou moins, ſelon qu'on verra eſtre beſoin,& doiuent eſtre trempées en oxycrat, ou en vin, ou en huyle, ou Cerat, s'il yauoit douleur, afin qu'elles ſoient plus molletes, & qu'elles tiennent plus ferme. ` A ) Vſage des ferules, sſtelles, torches, & queſſes. C H A P 1 T R E. V III. enſemble, ou de bois mince & delié,ou de cuir dequoy on fait des ſemelles aux ſouliers,ou # d'eſcorce d'arbre, ou lames de fer blanc, ou de plomb, ou d'autre matiere ſemblable, qu'on pourra commodément recouurer : bref, comme dit Auicenne, de matiere qui en ſa dureté ſoit douce, & ſe puiſſe ployer. Vray eſt, que ie conſeille qu'on prenne vne matiere la plus legere qu'il ſe- ra poſſible de trouuer, de peur que par ſa peſanteur elle ne bleſſe la partie, comme l'eſcorce de ferule qui eſt fort propre, ou papier colé, enueloppé de laine ou de cotton , ou de l'inge mollet, de peur qu'on ne faſſe douleur. Pareillement faut qu'elles ſoient de longueur & largeur & en nombre tel qu'il ſera neceſ- ſaire : auſſi qu'elles ſoient courbées , ou droictes , ſelon que la partie le requerra : & qu'elles ne por- tent ſur les cminences des os , comme ſur les cheuilles des pieds, des genoüils, des couldes , & autres parties eminentes, de peur qu'elles ne les bleſſent , & qu'elles ſoient plus minces vers leurs extremitez, & plus eſpeſſes vers la fracture. Leur vſage eſt de tenir ferme les os fracturez, ou luxez, afin qu'ils ne vacilent d'vn coſté n'y d'autre. † ce faire, ne faut qu'il yait beaucoup de compreſſes , & de reuo- lutions des bandes, parce qu'elles ſeroient tenues trop laſchement, ſous le nombre des reuolutions,oueſ- peſſeur des compreſſes.Les torches ou fenons, ſont faictes de badons de groſſeur d'vn doigt : leſquelles on enueloppe de paille, puis d'vn demy linceul : & ſont appropriez principalement aux iambes & cuiſſes rom- pues.Les queſſes ſont faites de fer blanc, ou de bois.Leur vſage eſt de tenir les os en bonne figure, & meſ- mement quant le malade ſe fait leuer du lict, pour ſe faire porter envn autre, ou quand il va à ſes affaires: & pour le dire en vn mot, quant il faut appuyer & ſituer les parties fracturées & luxées fermement, de façon qu'elle ne ſe puiſſent mouuoir à dextre ou à ſeneſtre, en haut ny en bas, ſoit en veillant ou en dor- mant : auſſi qu'elles ne pendent en bas, & qu'elles ne ſoient trop liées & ſerrées, de peur que les humeurs ne courent à la partie bleſſée, & qu'il n'y ſuruienne douleur, inflammation , apoſteme, gangrene, & mor- tification. On peut appeller , ſelon Hippocrates , les caſſoles torches , & tous autres inſtrumens qu'on ac- commode aux fractures, pour tenir le membre en figure droicte & indouloureuſe ; Gloſſocomes, c'eſt à dire , engins, ou machines, leſquels on applique pour tenir les membres en vn eſtat, ſans que le malade les puiſſe remuer aucunement à dextre ou à ſeneſtre, haut ou bas, ſoit en veillant ou en dormant : & pour le dire en vn mot , Gloſſocomes ſignifient tous inſtrumens, qui ſeruent à reduire les fractures, ou luxations. Hippocrate appelle les plumaceaux, les linges dequoy on fait les compreſſes, & ce qu'il appelle fulcimens, c'eſt à dire , appuis, qui affermiſſent, comme font les bandes, compreſſes, caneaux, aſtelles, & autres cho- 1e- qui appuyent. C eux qui ne ſont encore exercez en la pratique de Chirurgie , ne peuuent bonnement entendre - choſes : car il eſt tres-difficile de mettre par etcrit la diuerſité des bandes,compreſſes,aſtelles, ferules, & antres choſes qu'on fait par la main. Mais il faut imaginer ce qui en eſt icy cſcrit, & auſſi auoir veu beſongner les bons maiſtres , auparauant que d'y pouuoir bien mettre la main. Et m'aſſeure, que ceux qui auront practique & vcu practiquer prendront grand Plaiſir en cette lecture , parce que ce qu'on void rar le ſens, eſt plus croyable que ce qu'on comprend par raiſon. Toutesfois i'ay mis peine,non ſeulement - - cU - : Des Bandages. 3 3 I #l, # ,, eucét endroit, mais par tous mes eſcrits, d'enſeigner & expoſer aux ieunes Chirurgiens , le plus claire- ment qu'il m'a eſté poſſible, leur mettant quaſi l'image des choſes deuant les yeux. 1Des laqs & liens. , CH A P. IX. M L reſte encore à parler des lacqs ou liens, deſquels il y à pluſieurs differences. Les vns ſont # $N% grands & larges , comme ceux qu'on vſe à reduire la hanche, ou les vertebres : autres petits, %$4 pour lier les aſtelles aux fractures & luxations : autres à tenir ceux que l'on taille de la pierre, - à s & aux femmes lors qu'on les deliure de leurs enfans : autres à lier la production du Peritoi- #NS ne, en l'amputation des hargnes & teſticules : autres à lier les veines & arteres : autres à lier les bras & iambes pour faire les † : autres à lier l'vmbilic de l'enfant nouuellement né : autres à lier les bras, cuiſſes & iambes, pour faire reuulſion à ceux qui ſaignent trop : autres à lier les excroiſ- ſances des parties honteuſes des femmes : autre au polypus » ou verrues, aux louppes, & autres excroiſ- ſances de chair : autre à lier les fiſtules du fondement, ou les fungus qui naiſſent entre les dents, & en au- tres parties. - - I Les accidents qui aduiennent pourtrop lier & ſerrerles parties du corps. C H À P 1 T R E X. à& O v R trop ſerrer la teſte aux inflammations des yeux , on les fait ſouuent ſortir hors leur orbi- te : ce que i'ay veu, comme i'ay eſcrit cy-deſſus aux playes de teſte,chapitre xvij.Aux playes fai- # ctes au nez, par le trop ſerrer & preſſer on rend les malades camus. * Pareillement, aux playes de ioües & lévres, on rend la bouche tortue. - Par trop ſerrer & comprimer les vertebres du dos, on les iette hors de leur place : qui fait que les fil- les ſont boſſuës, & grandement emaciées par faute d'aliment, ce qu'on void ſouuent. Car i'ayſouuenance Hiſtoire. auoir ouuert le corps mort d'vne Dame de noſtre Cour, qui pour vouloir monſtrer auoir le corps beau & greſle,ſe faiſoit ſerrer, de ſorte que ie trouuay les fauſſes coſtes cheuauchans les vnes par deſſus les autres: qui faiſoit que ſon eſtomach eſtant preſſé, ne pouuoit s'eſtendre pour contenir la viande » & apres auoir mangé & beu, eſtoit contrainte de la reietter, & le corps n'eſtant nourry deuint maigre , n'ayant preſque que le cuir ſur ſes os, qui fut cauſe de ſa mort. - Pour trop lier vne partie on eſt cauſe de gangrene, & de totale mortification. - Par trop lier & ſerrervn enfant en maillot, on l'eſtouffe faute de reſpiration. • . D'auantage, par trop lier & compreſſer vne iointure, on cauſe ſouuent vne luxation ou diſtorſion,& de- prauation de l'action. - - - Pour trop ſerrer le ventre aux femmes groſſes, ont fait que les enfans ſont boſſus & contrefaicts, & la mere auortant ſouuent, meurt auec l'enfant. - - Par trop ſerrer l'eftomach, & les parties dediées à la reſpiration, on eſt cauſe d'vne ſuffocation & mort _. . ſubite : ce que de recente memoire on a veu aduenir l'an 1481. en l'Egliſe ſainct Nicolas des Champs, où Hiſtoirà, C v ieune eſpouſee de Iean de la Foreſt, maiſtre Barbier Chirurgien à Paris, fille de defunct Iacques oche- de Marchand Paſſemêtier, & de Claude Boufaut;laquelle pour eftre trop ſerrée & preſsée en ſes habits nu- ptiaux, ſortant de l'Autel, apres auoir pris du pain & du vin à la façon accouftumée, penſant retourner en ſa place, tomba roide morte, faute de reſpiration, & le iour mefme fut enterrée en ladite Egliſe. Et quel- ques iours apres,ledit de la Foreſt eſpouſa à S. Germain en Laye ladite Boufaut mere de ladite fille defun- # : parce que ſon Curé auoit refusé faire ledit mariage, diſant qu'aucuns ne pouuoit eſpouſer la fille & 2 IIlCTc, - 4 ! - Par trop comprimer la production du peritoine par vn brayer, on garde la deſcente des teſticules au Scrotum. - - · · · Pour Porter des ſouliers trop courts & eſtroits, on fait que les ongles entrent en la chaif, & les orteil} cheuauchent l'vn par deſſus l'autre,& s'y font des cors, qui cauſent de grandes douleurs. Par trop longuement lier & ſerrer les parties, on les atrophie,& en fin on leur oſte la vie. - Que diray-ie plus ? c'eſt que par trop ſerrer la gorge à quelque perſonne que ce ſoit on l'eſtrangle, & luy fait-on perdre la vie. - . A Fin du Quatorziéme Liure des Bandages. | ^ "A - - E e 4 T A B L E 3 32 # # # # # # # # # # # # TABLE DES CHAPITRES D V L I V R E X V. - Des fractures des Os. \ $ # é$ # E s fractures des os. Chapitre j # Des ſignes des fractures. Chap. ij W Prognoſtic des fractures. - Chap. iij M Cure vniuerſelle des fractures & diſlocations. . Chap. iiij # Intention de corriger les accidensauxfractures. Chap. V - ^ De la fracture du nez. Chap. vj De la fracture de la mandibule inferieure . Chap. vij De la fracture de l'os Clauiculaire . Chap. viij De la fracture de l'omoplate . - Chap. ix De la fracture ou depreſſion du Sternon. Chap. X De la fracture des coſtes. Chap. xj LAccidens qui viennent des coſtes rompuës. Chap. xij De la fracture des vertebres. - , Chap. xiij De la fracture de l'os ſacrum. Chap. xiiij De la fracture da croupion. Chap. xv De la fracture de l'os de la hanche_ . Chap. .. xvi De la fracture de l'os du haut du bras. Chap. ^ xvij De la fracture de l'os du coulde. Chap. xviij De la fracture de la main. Chap. xix | De la fracture de l'es de la cuiſſe » - Chap. xx De la fracture faictepres la jointure de la hanche. Chap. xxj De la fracture du genoiiil. Chap. xxij De la fracture de la jambe . - Chap. xxiij Ce qu'il faut obſerueraux bandager, quandilya playe&fracture_. Chap. xxiv Hiftoire de l'Autheur ayant la jambe rompue, - Chap. xxv De la cauſe de. traſſaillemens aux membresfracturez. Chap. xxvj LAduertiſſement touchant les parties ſur leſquelles le corps eſt appuyé eitant couché /au ličf. Chap. xxvij Par quel ſigne on cognoiftra le Callus ſe faire . Chap. xxviij Des choſes qui empeſchent lafomentation du Callus. Chap. xxix Des fomentations qu'on fait aux fractures des os. Chap. xxx De la fracture de l'os du pied. - Chap. xxxj LE | OVINZIES - L E ME LIVR E, ' T R A I C T A N T D E S FRA CTVRES DE S O S ; PA R A M B R O IS E PAR E D E L A V A L A V M A Y NE, Conſeiller, & premier Chirurgien du Roy. Que c'eſt que fracture,& de ſes differ . - C H A P. I. RA c T v R E , ſelon Galien au 6. liu. de la Methode, eſt ſolution de continuité faicte en l'os,nommée en Grec Catagma. Qr toute offenſe d'os a pluſieurs eſpeces & differen- ces, à ſçauoir, ſeparation, luxation, vnion ou conionction , exciſion ou diuiſion, con- tuſion, apoſteme, carie, pourriture, deuement auecque perdition de ſa couuerture, fra- cture (de laquelle voulons traitter maintenant & complette , incomplette, quelques- \ fois faite en long, & autresfois au trauers, ou obliquement & de biais ; & les pieces ou $ eſquilles rompues, quelquesfois ont leur bout mouſſe, & autresfois aigu & pointu, qui picque la chair ou les nerfs , & fouuent les veines & arteres. Quelquesfois la fracture Les eſpeces ér differen- ces des os of- fenſez. Fra#ure °ſt faite en raifort : c'eſt lors que l'os n'eſt point éclatté en eſquilles, mais eſt rompu vniment : les Grecs ſºii***- l'ont nommée TKaphanidon. En noix : c'eſt en pluſieurs petites pieces(comme vne noix caſſée ſur vne enclu- me auecque vn marteau) ſeparées l'vne de l'autre,comme nous voyons ordinairement eſtre fait aux coups de piſtolets,& autres baſtons à feu,en Grec Alpbitidon.En fente apparente,ou capillaire; c'eſt à dire, petite comme vn poil, de façon qu'on ne la peut apperceuoir au ſens de la veuë:partant on eſt contraint d'y met- tre de l'encre qui deſcend en dedans , & la racle pour la cognoiſtre:les Grecs l'appellent Apochema.Enfon- ceure : Voulture, rehauſſant l'os en haut. Briſeure, c'eſt à dire,diuiſion de l'os en pluſieurs éclats.Aucunes de ceſdites fractures ſont faictes en large,en long, en trauers:les vnes auecque pieces égales,les autres den- telees & inegales, & eſquilleuſes. Aucunes ſont faites en la fuperficie ſeulement de l'os, auec perdition de quelque portion d'iceluy, comme vne eſcaille ſeparée:les autres, fans que les os ſoient ſeparez les vns des autres , mais ſeulement fendus en long : les autres deſcendantes iuſques à la moelle de l os. Aucunesfois les os ſe courbent ſans eſtre rompus, comme l'on void aux coſtes & aux cartilagus , & auſſi aux bras & iambes , principalement aux ieunes qui ont les os encore mols & tendres. Aucunesfois auſſi les os ſe ca- uent & boſſelent comme l'on void aux pots d'eſtain & de cuiure, on void ſouuent aduenir au crane par contufion de ceux qui ont les os tendres.Ie dy dauantage que quelquesfois les eſquilles des os ne bougent de leur place : alors le mal eſt difficile à eſtre cogneu, parce que rien ne pique, ne recroche contre-mont, au toucher tout eſt égal & vny, la partie garde ſa forme entiere. Toutesfois on peut prendre coniectu- re de ce que la partie ſe deult quand l'on preſſe deſſus, & qu'elle ne peut faire ſon office, & qu'elle s'en- fle & deuient chaude & enflammée : Ioint qu'il y a eu cauſe manifefte qui aura precedé, comme cheute ou coup orbe.Aucuns ſont ſimples, c'eſt à dire, ſans eſtre accompagnées d'aucune indiſpoſition ny accident: comme playe , flux de ſang, inflammation , gangrenes & autres compilations. Toutes leſquelles differen- ces demandent indications propres à chacun genre d'icelles.. Pareillement faut confiderer la partie en la- quelle la fracture eſt faite, pource que bien ſouuent elle aduient à la teſte, aux coſtes, aux bras , aux iam- bes, aux iointures, & autres parties du corps. Auſſi aux corps vieux, ieunes, & bien temperez, & auſſi aux intemperez, & mal-habituez, & ſelon icelles differences faut diuerſifier la cure. Or les cauſes des fractures ſont toutes choſes externes, qui peuuent couper, froiſſer, briſer , & caſſer les os : & auſſi pour tomber de haut en bas, voire en tant de façons qu'il ſeroit difficile de tenir le nombre deſdites cauſes. Des ſignes des fractures. C H A P. II. E s ſignes des fractures ſont aſſez euidens & manifeſtes : deſquels le premier & plus certain eſt, quand en maniant la partie fracturée, on trouue les parties des os ſeparées , & ſent- on vne crepitation & attrition, ou croquement : c'eſt à dire vn bruit qui vient du frayement des os qui touchent les vns contre les autres. On cognoiſt auſſi la fracture par l'impuiſſance de - 7 1 ° la partie, ſur tout ſi ladite fracture eſt aux adiutoires, & au gros os de la iambe. Car n'eſtant ſeulement qu'à vn des petits fociles du bras, ou de la iambe, pour cela le malade ne laiſſera de manier au- cunement le bras , ou de cheminer ſur le pied, pource que ce petit focile ne ſert qu'à ſouſtenir les muſcles & non le corps, comme fait le grand os. Dauantage la fracture peut eſtre cogneue par la figure de la par- tie changée:qui eſt caue au lieu d'où eſt party l'os, & boſſué au lieu où il s'eſt arreſtée, accompagnée d'vne tres-grande deuleur, qui vient à cauſe de la bleſſure de la membrane dite Perioſte, & de celle qui couure la moüelle , & des autres parties qui ſont preſſées ou piquées , & les nerfs qui ſont peruertis de leur lieu. º, Prognoſtie 0yt, Fračiuré faite en noix. Fra#ure faite é772 fen- fé'. A Fračiure en foncée. Fračture : ſ ! rajee. Signe certain de fračture en l'os. Le petit fo- cile de la iambe ne ſert qu'à ſouſte- nir les mwſ- cles. 3 34 Le Quatorziéme Liuredes Vlceres, : Prognoſtic des Fractures. C H A P I T R E. II I. $ M E Chirurgien doit prognoſliquer, qui eſt predire les inconueniens & iſſues qui peuuent aduenir # #. #, aux fractures à ſçauoir fi elles ſont mortelles,ou curables:ou ſi leur curatiô ſera longue, ou brief- t - - - - • " / - # «5 ue : & quels accidens les peuuent accompagner, afin qu'il declare la verité aux parens & amis du malade, pour euiter la calomnie des hommes, ce qu'il fera ayant la cognoiſſance non ſeulement de l'anatomie des os,mais auſſi de la compoſition & habitude de tout le corps : & en bien prognoſtiquant peut acquerir honneur & profit & où il verra la fracture douteuſe,il doit pluſloſt declineraa pºriculum , quàm ad ſ curitatem.Car ſi le malade réchappe,celuy ſera plus grand honneur,que s'il auoit dit qu'il deuſt eſtre gua- ry,8 puis il en mourut.Deuât que paſſer plus outre,ie diray qu'en Hyuer lors qu'il gele,à la moindre cheu- Le, • ſera º les os ſe rompent plus facilement qu'en autre temps. Car par la ſiccité de l'air les os deuiennét plus fra- pent tius fa. gilºº & frangibles,où en temps humides il deuiennent plus ployables & obeiſſans.ce que nous pouuôs co- § * §n gnoiſtre aux chandelles de ſuif & de cire.Pour entrer doncques en matiere touchant le prognoſtic des fra- Hyuer qu'en ctures,il faut entendre que les os(a cauſe de leur ſeichereſſe)ne ſe peuuent aisément glutiner,comme fait la Eſt é, chair (ſinon aux petits enfans, comme eſcrit Galien In arte parua, auſquels à cauſe qu'ils ont beaucoup de ſubſtance humide, l'os ſe reprend ſelon la premiere intention) mais à l'entour de leurs fractures s'engen- dre vne ſubſtance dure, appellée Callus ( qui ſe fait de ce qui abonde de l'aliment de l'os rompu) laquelle le tient & l'agglutine , & auec le temps s'endurcit ſi fort, que l'endroit de telle glutination ſe trouue plus ferme & plus dur que l'autre partie non rompue. Car comme la colle ſert au bois pour le ioindre,ſembla- blement le Callus ſert aux os rompus pour les ioindre & agglutiner enſemble. Ce n'eſt donc ſans grande raiſon,que les os fracturez,pour eſtre vnis,demandent le repos.Car ſion remue la partie,auant que l'agglu- tination ſoit deuement parfaite, le Callus ſe rompt & difſout, & l'os ne ſe pourraiamais reünir. La matiere d'iceluy ne doit pecher en qualité ny en quantité, non plus que le fang en la generation de la chair deper- due ; & partant pour le bien faire , il faut que la partie ſoit en ſon temperament naturel : autrement ne ſe pourra faire , ou pour le moins ſera grandement retardé. Les fraétures aux ieunes ſont trop plus faciles à - guarir qu'aux vieux pource que les ieunes ſont encore pleins de ſuc glaireux & viſqueux , & abondent en *ºſº P" humidite naturelle,radicale & ſubſtantifique:combien qu'on puiſſe alleguer les vieux auoir plus d'humidité # que les ieunes : à quoy ie penſe auoir reſpondu en vſant de ce mot,humidité ſubſtantifique & naturelle,à la § pluſtoſt difference de celle des vieux qui n'eſ telle, mais ſuperfiuë & excrementeuſe, dont s'enſuit qu'elle eſt moins agglutinez *Pº & propre a faire la generation du Callus. Et par cecy l'on void qu'il n'eſt poſſible de donner reigle que ceux des cºrºº du temps de la generation du Callus:parce qu'aucuns os s'vniſſent pluſtoſt, & les autres plus tard: vieux. qui ſe fait auſſi par la conſtitution de l'année, de la region,du temperament du malade,& de ſa maniere de viure , & pour la façon de la ligature. Auſſi quand le malade eſt debile, & que l'humeur eſt trop aqueux & cloſe, r,- ſubtil lors il n'eſt propre pour faire le Callus. Au contraire quand les forces & vertus ſont entieres, lors quiſ pour º font leur deuoir à ioindre les os enſemble : & principalement fi la matiere eſt groſſe & epeſſe, elle eſt la generatiö facilement conuertie en la ſubſtance du Callus. Pource ii conuient ordonner au malade alimens,& medica- du Call-u. mens propres pour aider Nature à ce faire : ce que nous dirous cy-apres. Lors qu'il ſe faict fracture pres les Fractures ioinctures,le mouuement eſt apres difficile,& principalement quand le Callus demeure gros:& auſſi du tout faſcheuſes. perdu,ſi la iointure eſt attrite & froiſſée:& encore en tel accident y a grand danger, que la partie ne tombe en grande inflammation, à cauſe que les tendons excitent douleur,& que la mort n'enſuiuent.Les fractures faites au deux os du bras,& des iambes ſont plus difficiles à guarir,que celles qui ſont ſeulement à l'vn des fociles des bras & des lambes,parce qu'elles ſont plus mal-aisées à tenir, que lors qu'il n'y a qu'vn ſeul fo- cile rompu: pource que celuy qui demeure entier,ſouſtient & appuye celuy qui eſt rompuSemblablemét il faur plus de temps à faire le Callus en vn gros os, qu'à vn petit.Auſſi les os qui ſont rares & ſpongieux, ſont pluſtoſt glutinez par le Callus,que ceux qui ne ſont de telle nature. Dauantage les os fracturez és corps de Hipp.ſen.1s. temperature ſanguine,ſont pluſtoſt vnis qu'aux choleriques.En quelque corps que ce ſoit, les os rompus ne c 1,. de la peuuent iamais ſi bien eſtre vnis,qu'il n'y demeure quelque inegalité & eminence, à raiſon de l'vnion des os 1 ſect.des fr. faite par le Callus. Et partant le Chirurgien doit deuement faire la ligature,autremêt le Callus demeureroit La ligature plus gros , ou plus menu qu'il n'eſt beſoin. La fracture la moins faſcheuſe eſt la ſimple : & celle qui eſt en •yde ºººº- éclats, eſt pire : & la plus difficile de toutes,c'eſt celle où il y a des fragmens qui picquent à cauſe que par #ºº º fºr* poincture de nerf ou perioſte ſe faict conuulfion. or quelquesfois les pieces de l'os rompu demeurent en #º leur place : auſſi le plus ſouuent ſont hors de leur lieu, où l'vne cheuauche ſur l'autre : ſi les pieces ſont d §r. hors de leur lieu, il yaura cauité, au toucher inegalité,& les eſquilles picquent & preſſent. Audi ſi les ex- fraauré º de l'os ne ſont iointes bout à bout,le membre eſt plus court que le ſain : & ſes muſcles ſont plus tumefiez & enfiez, d'autant qu'ils ſe retirent vers leur origine : c'eſt pourquoy ſi on trouue l'os enfoncé, ſubit il faut eſtendre le membre : car les muſcles & nerfs tendus par l'os,& retirez vers leur chef, ou leur fin, ne permettront que les pieces de l'os, retournent en leur place,ſi on ne les eſtend de force & violence. Et ſi cela n'eſt fait dés les premiers iours, il y ſuruient inflammation : durant laquelle il eſt tres-dangereux de forcer les nerfs & tendons, parce qu'il en aduient ſouuent apoſteme, ſpaſme, gangrene, & mortifica- tion : & pource Hippocrate conſeille en la ſentence trente - ſixieſme de la troiſiéme ſection des fractures, En quel ca, que nous nous gardions de faire extenſion le trois & quatriéme iour,pour crainte d'inflammation Les fra- f.# , & ctures ſont perilleuſes, quand les éclats ſont grands, & ſortent hors, & encore principalement aux os, qui luxation ſont pleins de moüelle. Lors que les os rompus, ou luxez , ne peuuent eſtre reduits en leur ſituation natu- ameinent relle, la partie tombe en atrophie,à cauſe que les veines,arteres,& nerfs ſont peruertis de leur propre lieu» atrophie ? & que la partie ne ſe meut point ou à grande difficulté.Parquoy les eſprits n'y peuuent reluire,& ralimene n'y vient pas en telle quantité qu'il deuroit pour nourrir la partie, dont l'atrophie s'enſuit : lequel meſme En quel ca accident peut venir par trop longuement & eſtroittement tenir la partie liée : dequoy nous traicterons plus il ſºº ſº amplement cy-apres. Lors que le membre rompu, ou luxé, eſt grandement enflammé, il y a danger, en Jº#.**- voulant reduire la fracture, que le malade ne tombe en ſpaſme : partant faut differer la reduction (s'il eſt duction. poſſible ) iuſques à ce que les humeurs ſoient reſouts,& la partie deſenflée, & la grande douleur ceſſée. Cura Des Fractures 3 3 5 Cure vaiuerſelle des fractures & luxations. C H A P. IV. ſººº longue-main. Et en la cure de telles diſpoſitions, on doit auoir trois intentions. La pre- .. , , , miere eſt remettre l'os en ſon lieu. La ſeconde, l'y faire tenir. La tierce, empeſcher qu'il n'y ſuruienne #!º aucuns mauuais accidens : & s'ils y eſtoient ſuruenus , les corriger : qui ſont comme douleur, inflamma- # tion, fiévre, apoſteme, gangrene, mortification , & autres. Donc pour reduire aisément vne fracture ou # º/...º- luxation, il le faut faire tout chaudement, ou du premier iour, s'il eſt poſſible,pource qu'alors le malade eſt § la pre- moins moleſté de douleur & inflammation, & que les muſcles ne ſont encore fort refroidis.Et pour y pro miere en, ceder , faut que le malade, & la partie luxée, & le Chirurgien ſoient en bonne veuë, & ayent bons ſerui- tion. teurs,bonnes ligatures & bonnes machines, ſi le cas le requiert:auſſi que les aſſiſtans ſe taiſent,& écoutent le reducteur,& ne crient,ne diſent,ne faſſent aucune choſe,qui empeſche le Chirurgien de faire ſon œuure. En apres faut lier & tenir la partie pres de la fracture, ou luxation, tant d'vn coſté que d'autre, c'eſt à dire, 9ne c'eſt que tant vers la partie ſuperieure(par laquelle i'entés celle qui eſt vers le centre du corps)qu'inferieure,de peur Pºrtiº ſºPº- qu'en faiſant l'extenſion par trop loing d'icelles,l'on ne bleſſe les parties ſaines:& auſſi que l'extenſion ne ſe rº peuſt deuëment faire : pareillement, de peur que le malade en tirant ne ſuiue le Chirurgien, s'il n'eſtoit lié qu'en la partie inferieure,& non vers le corps. Ces choſes eſtans ainſi ordonnées, faut que le Chirurgien eſtende,& tire bien droit la partie offensée;d'autant que les os eſtans rompus, ou luxez,les muſcles ſe reti- rent vers leurs origine:& par meſme moyen tout l'os ſe retire,comme eſcrit Gal.ſur la I.ſent.de la 1.ſection des fractures.Pource il eſt impoſſible de les reduire ſans eſtendre les muſcles. La partie ainſi tirée,les osſe- Hip.ſent.6o. ront plus aisément reduits en leur lieu,preſſant auec les mains deſſus,s'ils font quelque eminence.Et les re- de lº*.ſeéf. duiſant, il ſe faut donner garde que les bouts des os fracturez ne s'entrechoquent, de peur qu'ils s'esbre-* fract. chent & rompent:Car les eſquilles ſeroient cauſe de faire apoſteme,pour puis apres eſtre iettez hors.Si vn os rompu ſurpaſſe la peau, & qu'il ſoit nud & deſcouuert, & ne puiſſe eſtre reduit, alors le faut ſcier ou couper,qui eſt l'aduis d'Hippocrate : & du iour meſme,s'il eſt poſſible.Puis ſeront bandez,& liez auecques compreſſes & aſtelles. Et ſi c'eſt vne luxation, apres l'extenſion faite faut pouſſer, tourner & virer la partie luxée, ſelon qu'il ſera neceſſaire. Quelquesfois le chirurgien eſècontraint d'vſer de machines, comme aux luxations inuetcrées, & aux fractures & luxations des grands os, & aux corps robuſtes,& aux grandes 6)uand le jointures : pource que la force qui y eſt requiſe, ne peut eſtre ſouuentesfois faite par la ſeule main du Chi-GAEn rurgien.Car d'autantplus que les muſcles ſont forts & robuſtes,d'autant ils ont plus de force & vertu pour d§ vj r de ſe tirer vers leur origine.Partant à ceux-là nous ſommes contraints d'vſer de machines,parce que les mains machines. du Chirurgien ne ſont pas ſuffiſantes pour tirer & reduire telles fractures ou luxations. Toutesfois il ſe faut bien donner garde de tirer trop fort, de peur d'encourir és accidens ſuſdits : qui font rompre les muſ- cles & nerfs,& cauſer douleur,gangrene,conuulſion,paralyſie,& autres accidens,leſquels viennent pluſtoſt aux robuſtes & vieux qu'aux ieunes gens, pource qu'ils ſont moins bleſſez que les vieux, lors qu'ils ſont fort tirez à cauſe qu'ils ont le corps plus humide & mol. Car tout ainſi qu'on tire fort les cuirs ſans les de- chirer & rompre, lors qu'il ſont moüillez & mols, mais quand ils ſont durs & ſecs, ils ſe rompent pluſtoſt, ainſi eſt-il des muſcles, nerfs, & ligamens. Car quand ils ſont humides & mols,ils obeyſſent,& ne rompent Les vieux facilement : mais quand ils ſont ſecs & durs,ils ne ſe peuuent eſtendre ſans grande force,non ſeulement s'ils ſºnt pluſtoſt ſont tirez plus qu'il ne faut,mais auſſi s'ils ne ſont que moyennement eſtendus,pource qu'en ce cas les fibres ºſſº de nerueuſes,& corps des muſcles,ſe rompentice qui n'aduient aux ieunes,qui ſont humides & mols,& gene-º:ſºº ralement à tous ceux qui ont la chair mollaſſe & humide, comme enfans, femmes, & eunuques. Parquoy !º** (comme nous auons dit)le Chirurgien y aura égard,afin de faire la reduction ainſi qu'iI appartient:laquelle #.. de l on cognoiſtra eſtre bien faite, quand la douleur eſt appaisée, à raiſon que les fibres des muſcles, & autres # 4 parties ſont remiſes en leur ſituation naturelle, & que les os ne preſſent plus auec ce qu'au toucher on ne § faite ſentaucune eminence,mais vne egalité.Et ſi les fractures,ou luxations ſont aux cuiſſes,ou aux iambes, pour - cognoiſtre ſi les os ſont bien reduits, il faut faire conference de la partie ſaine auec la malade, approchant les pieds & genoux l'vn pres de l'autre, pour voir s'ils ſont bien égaux en longueur. Laquelle choſe on Pourquoy il doit obſeruer toutes les fois qu'on traittera le malade , pource que l'os reduit peut ſortir hors de ſon lieu, vient des le malade ſe tournant de coſté & d'autre en ſon lict, ou par certains treſaillemens , qui viennent lors qu'il treſſaillemêt dort : ce qui ſe fait par la force des muſcles ſe retirans vers leurs origines, & ce faiſant esbranlent & mou- º º frº- uent l'os fracturé, qui à raiſon de ce ne garde la ſituation que le Chirurgien luy a baillée, ains cheuauche cturez. l'vn ſur l'autre, dont le malade ſent vne extreme douleur, iuſques à ce que les os ſoient derechef remis en leurs places,à quoy le Chirurgien doit eſtre fort attentif: car le callus ſe faiſant, ſi les os cheuauchent les vns ſur les autres, l'os demeurera d'autant plus court, & par confequent le membre : qui fera toufiours clocher le malade à ſon grand regret, & deſ-honneur du Chirurgien. Parquoy faut que le malade y donne bon ordre de ſon coſté, ſe gardant bien de remuër la partie rompue, le plus qu'il luy ſera poſſible,iuſques à ce que le callus ſoit affermy & endurcy : mais la luxation eſtant reduite & bien bandée , ne ſe de fait pas fi facilement comme la fracture.Or ayant fait la reduction ainſi qu'il a eſté declaré,faut venir à la ſecôde in- tention par la curation des fractures&luxations;c'eſt que la partie qui eſtoit rompue ou luxée,& eſt remiſe, tienne ferme en ſon lieu : qui ſe fera par bädage, compreſſes, & autres choſes que nous declarerons parti- culierement cy-apres,ſelon chacune partie,& auſſi par les medicamés propres:à quoy ſert pareillemêt tenir la partie en repos, & en ſa figure & ſituation naturelle & accouſtumée,afin qu'elle y puiſſe longuement de- meurer,& la penſer quâd il ſera beſoin,euitât la douleur,tant qu'il ſera poſſible.Et partât apres la reductiö, faite,il eſt bon d'appliquer tout autour du Cerat,& autres repercuſifs,puis des reſolutifs,ſeló qu'il ſerabe- ſoin:& faut que les bandes & compreſſes en ſoient imbués:autrement ils beuroient ledit Cerat par leur ſei- chereſſe,& partant profiteroit peu.Ceſte doctrine eſt priſe d'Hippocrates,du 3.liu.de l'Offi ine du Medecin Aſedicamens Et fi c'eſt fracture ſimple faut que les bandes & compreſſes ſoient trempées & baignées en oxycrat ou oxyr-prepre, à la rhodinû, ou en grosvin auſtere,& autres liqueurs ſemblables,vn peu tiedes,ſi la fracture eſt auec playe, cô- partie, apres me écrit Gal ſur la 21.ſent.de la 1.ſect.des Fractures,leſquelles faudra ſouuentesfois humecter, principale- la reductiºº- ment en Eſté : car par ce moyen on rebore la partie, en repouſſant la defluxion , & par conſequent on em- peſche l'inflammation & la douleur. Et quand les accidens ſeront paſſez, il faut deſiſter d humecter les nbades, de peur de retarder le callus, à la generation duquel il faut proceder par les choſes qui *y# º | - La ſeconde intention. 3 26 Le Quinziéme Liure, Temps de délier les bandages aux fractu. res & luxa- tions. Ia troiſiéme intentiom. Il faut tenir regime iuſ- ques au di- xiéme iour. Cauſe du Prwrit- Remedes e5- tre le prurit. Hip.ſent. 46- ſect. 3. de fract. Hip.ſent.46. de la 2. ſeti. des art. La maniere de reduire le mez en ſa fi- gure natu- relle. L'vſage pro- pre des ten- t'es c4ºnté- lées. Hip. ſect. 2. du liure des art. ſent. 47- & Gal. au c0m8menf, à le faire , comme nous declarerons cy-apres. Or quant à la figure que l'on doit obſeruerel,le fera conue- nable,ſi les muſcles ſont en leur ſituatiou naturelle : ce qui ſe fera ſi la partie eſt tenue en figure moyenne, en laquelle ſi elle eſt ſans douleur,le malade pourra longuement demeurer. Ces choſes faites,il luy faudra demander s'il eſt point trop ſerré : & s'il dit que non, ſi ce n'eſt vn peu ſur la fracture ou luxation, adonc faudra conclurre qu'il eſt bien : & ſi c'eſt vne fracture , il la conuient laiſſer trois ou quatre iours, plus ou moins, ſans la délier, s'il ne ſent grande douleur. Mais aux luxations on la pourra bien laiſſer ſept ou huict iours,s'il n'y ſuruient aucun § Et faut que le Chirurgien entende, qu'en traittant les os fracturez ou luxez, il doit par tout moyens prendre garde d'empeſcher les accidens , qui pourroient ſuruenir : qui eſt la troiſiéme intention que traitterons à preſent. -" La troiſiéme intention eſt corriger les accidens. C H A P. , V. O v R ce faire faut traitter la partie le plus doucement, & auecques moins de douleur que faire § ſe pourra (ainſi qu'il a eſtécy - deuant declaré ) prenant garde d'empeſcher la fluxion ſur la par- # tie : & ce par medicamens qui ont vertu de corroborer, & repouſſer les humeurs : & par bonne - maniere de viure , auſſi par purgation & phlebotomie s'il en eſt beſoin. Que fi les accidens ſont deſ-jaſuruenus, il y faut remedier ſelon la diuerſité d'iceux:car il y en a de pluſieurs & diuerſes ſortes:en- tre leſquels ſe fait communément vn prurit ou demangeaiſon au commencement.Or le prurit eſt engendré des vapeurs de ce qui reſte du ſang,& des autres humeurs contenus en la partie, qui font vne mordication moderée,d'où vient prurit ſimple,ou mordication grande,d'où vient prurit douloureux.Gal.ſur la 4 ſent.de la 1.ſect.des Fractures.Parquoy lors que telle matiere eſt vuidée,la eauſe de prurit eſt ceſſée.Or leſdites va- peurs ne ſe peuuent bien exhaler, pource que la partie eſt preſſee & couuerte d'emplaſtres,de compreſſes, & de bandes.joint auſſi qu'elle demeure ſans ſon exercice accouſtumé, & pource y a moins de chaledr na- turelle. Partant conuient délier les bandes de trois iours en trois iours , pour donner air & tranſpiration aux excremens, fuligineux,& matieres ſanieuſes,contenuës ſous le cuir,de peur qu'elles ne rompent & vl- cerent : ce qui eſt ſuruenu à pluſieurs par faute de ce faire. Pareillement faut fomenter la partie auec eau chaude,& ce aſſez longuement:car comme il eſt eſcrit au 3.del'Officine du Chirurgien,longue fomentation d'eau chaude, attenue & euacue, la moindre remplit & amollit:auſſi vſer de legeres frictions auec la main ou linges chauds,deſquels on la frottera en toute figure : à ſçauoir, en haut,en bas, à dextre,à ſeneſtre, & en rond.Pareillement on peut vſer de fomentation † d'vne decoction de ſauge,camomille melilot,roſes, & ſemblables,bouillis en eau & en vin. Et par ces moyens petit à petit on oſtera le prurit. Et où il y auroit deſ-ja veſſies,il les conuient couper,pour donner prompte iſſue à l'humeur,lequel retenu pourroit corro- der & faire vlcere : & apres faudra appliquer quelque medicament refrigeratif,comme eſt l'onguent album Raſi camphoratum,ou deſiccatiuum rubrum,ou vnguétum roſatum,où il n'entre point de vinaigre, auquel on y adiouſtera poudre de bois pourry,ou de la tuthie preparée, ou autres ſemblables. Mais il aduient auſſi quelquefois des accidens beaucoup plus grands & dangereux , que nous declarerons cy-apres. Or s'ily auoit quelques pieces ou eſquilles d'os qui fuſſent du tout ſeparées,il les faut promptemêt oſter,principa- lement s'ils piquent les muſcles:& auſſi ſi l'os eſtoit éclaté & ſorti hors la chair, en ſorte qu'on ne le peuſt reduire, il le conuient couper auec tenailles inciſiues, ou par le Bec de Perroquet : deſquels t'ayderas ſe- lon que verras eſtre vtile. Le Chirurgien doit pareillement prendre garde que la partie bleſſée ait ſouuent vne fiabellation,afin qu'elle n'acquiere inflammation : auſſi garder qu'elle ne ſoit trop couuerte ny breſſee. La fiabellation ſe fera en la changeant de place,& la ſouſleuant par fois. Tel precepte n'eſt ſeulement à no- ter pour les fractures,mais auſſi pour toutes parties bleſſées & vlcerées. Ayant donc ainſi diſcouru des fra- ctures & luxations en general,maintenantie traicteray des particulieres, commençant au Nez. De la fracture du Nez. CH A P. V I. - # L faut entendre que le Nez eſt cartilagineux en ſa partie inferieure, & oſſeux en ſa ſuperieu- y% re. Et en ſa partie cartilagineuſe il n'aduient point fracture, ſi ce n'eſt marque ou ſiege ains % ſeulement enfonceure ou entorſeure, contuſion ou meurtriſſeure : mais en la partie oſſeuſe, ſouuent aduient fracture & enfonceure au dedans : & où ilne ſera bien reduit, le malade de* r . KºSS meurera camus, ou aura le nez tortu, & par conſequent difficulté de reſpirer. Cr pour redui- "e cette fracture faut abaiſſer l'os qui eſt trop eminent,& celuy qui eſt trop baiſſé, le faut releuer auecvne eſpatule, ou vn petit baſton approprié à ce faire, garny & enueloppé de cotton ou de linge, afin de faire moins de douleur au malade : & faut tenir ladite eſprouuette d'vne main, & de l'autre faire la reduction. Puis l'os eſtant ſuſſiſamment eſleué & reduit en ſon lieu, on mettra des tentes longues & groſſes dans les nazeux faites d'éponges ou d'étoupes:parce que telles choſes ſont molles,& tiennêt le nez haut eſleué. Pa- reillement ſeront appliquées compreſſes de deux coſtez,pour mieux tenir l'os en ſa figure naturelle,iuſques à ce que l'agglutination ſoit faite.Souuentesfois i'y ay mis des tentes cannulées, faites d'or ou d'argent,ou de plöb,leſquelles eſtoient attachées par vn filet à la coeffe,ou bonnet de nuit du malade,qui ſeruoient àte- nir les os, & donner iſſue à la ſanie, & autres excremens ſortans du nez : & ſeruoient auſſi à l'inſpiration& expiration. Dauantage, s'il n'eſt neceſſaire,on ſe gardera de preſſer le nez par le bandage,de peur de le ren- dre large enfoncé ou tortu : & où il y aura playe,tu y procederas ainſi que i'ay declaré en mon liure des pla- yes de la teſte humaine.Apres l'auoir reduit,tu vſeras de ce medicament,& à toutes autres parties ſeichess lequel a puiſſance de repercuter & reprimer la luxation,aſtreindre,tarir & deſſeicher l'humeur ja defiué,& aider à tenir les os en leur lieu.2.thuris,maſtiches,boli,armenix,ſanguinis draconisan 3.ſi.aluminis rocha, reſinar pini ſiccae an. 3.pulneriſentur ſubtiliſſimè : item farinx volatilis 3. É. albuminum ouorum quantum ſufficit : incorporentur omnia ſimul, & fiat medicamentum. Si la partie cartilagineuſe eſt pareillement fra- cturée,on y procedera comme en la ſubſtance oſſeuſe. Or il faut entendre que la ſolution de continuité fai- te aux cartilages,eſt nommée d'Hippocrate,fraéture, comme en l'os,pource qu'il ne peut trouuer autre vo- cable plus propre , attendu que c'eſt la partie la plus dure apres l'os. Le Cºllus en la fracture du nez eſt communement faite en douze , ou quinze iours s'il n'y ſuruient accident. | Df A D tr # ,. t, ,- Des Fraaures · 337 A —- De la fracture de la mandibule inferieure , CH A F. VII. ayNºay A mandibule inferieure ſe termine en deux manieres de cornes, dontl'vneſ e finit en pointe, # & reçoit vn tendon du muſcle temporel, l'autre en tubercule rond , qui eſt allié à l'os ſous § atomique # l'addition nommée mammillaire, & illec s'implante en vne petite cauité , Elle eſt ioincte au §. 3# milieu du menton par coaleſcence, & eſt moiielleuſe au dedans, Lors qu'elle eſt fracturée, tui inſºri- R) elle ſera reduite en ſon lieu en mettant les doigts en la bouche du malade, preſſant les emi- enre. nences tant par dedans que par déhors, à fin d'vnir & appoſer les os l'vn contre l'autre. Et ſi elle eſt du § fracturée en trauers, & que les bouts fuſſent l'vn ſur l'autre, il faut faire extenſion & contr'extenſion; c'eſt à dire, tirant en deux parts contraires, pour mieux adiouſter les bouts de l'os au droict l'vn de l'autre. Et ſi les dents ſont diuisées,esbranlées,ou ſeparées hors de leurs alueoles ou petites cauitez, elles doiuent , eſtre reduictes en leursplaces:& ſeront liées & attachées côtre celles qui ſont fermes,auecques vn fil d'or, Ligature dºs ou d'argent, ou de lin.Et les y faut tenir † à ce qu'elles ſoient bien affermies, & le calus ſoit refait & dents esbrnna rendu ſolide.Et y ſera appliquée vne ferule faite de cuir,dequoy on fait lesſemelles aux ſouliers,fenduë par lées, le milieu à l'endroit du menton, de longueur & largeur de la mâdibule:& y fera-on vne ligature auec vne | bande large de deux doigts, & longue tant qu'il ſera beſoin,coupée par les deux bouts, laiſſant d'entier vn pouce, & à l'endroit du menton ſera pareillement fendue, à fin qu'elle empoigne & comprime mieux le , menton : & des quatre bouts, les deux inferieurs ſeront couſus ſur le ſommet de la teſte, à vn bonnet de !º rempref. nuict ou callote, & les deux autres bouts ſuperieurs ſeront conduits de trauers, & ſeront couſus au derrie- ſºººº re dudit bonnet, le tout ſi dextrement qu'il ſera poſſible, pour bien tenir la fracture. Le ſigne qu'elle eſt # # bien reduicte, c'eſt quand les dents plantées en icelle ſont en pareille aſſiete de leur rang. Le malade ne ſe # ues couchera point ſur la partie fracturée, de peur que les os ne ſe demettent, & que la fiuxion ne s'y faſſe da- § # uantage. S'il n'y ſuruient inflammation, ou autre accident, le callus ſe fait en vingt iours,parce qu'elle eſt - vr -- ſpongieuſe,creuſe,& pleine de ſubſtance,moelleuſe,& principalement en ſon milieu,quelquesfois plus tard, §. ſelon la temperature & aage du malade, comme il ſe fait en tous les autres os. On vſera du medicament ag- Temps aege. glutinatif& repercuſſif cy-deſſus eſcrit,& d'autres qu'on verra eſtre neceſſaires.Le malade doit eſtre nourry neratiºn du de choſes qu'ilne faille maſcher,iuſques à ce que le callus foit fait & bien affermy,pource qu'il ne les pour- callu . roit maſcher, & auſſi que la maſtication luy ſeroit contraire. Parquoyvſera de boüillie,panade,coulis,preſ- ſis, orges mondez, gelée, potages, œufs molets, jus de confitures, reſtaurans & autres ſemblables. Deſcription De lafracture de l'os clauiculaire , ou furculaire . C H A P. V I I I. º>g 47()ſ# A fracture de cét os ſera reduite, ſelon qu'il ſera hors de ſa place. Or ſoit cette fracture faite & $ en quelque ſorte que ce ſoit, touſiours le bout qui eſt attaché contre l'eſpaule,eſt plus abaiſſé * contre-bas que l'autre bout, qui eſt attaché contre le ſternon, parce que le bras le tire con- .. - , tre-bas. Si la fracture eſt faite en trauers, elle eſt plus facile à eſtre reduite, & auſſi plus aisée # # Arf\SNſºN à guerir que celle quiſe fait en long. Car tout os rompu de trauers,plus facilement retourne # • I. ſ7fJ en ſon lieu naturel, en ſe ſouſtenant d'vn coſté ou d'autre auec les doîgts, & plus facilement ſe remet, que § #aaur. celuy qui eſt rompu en raifort , qui eſt plus mal-aisé à eſtre reduit , & auſſi les bouts des os à ſe tenir l'vn faite de tra- contre l'autre, & plus difficilement ſe collent enſemble.Car remuant les bras tant ſoit peu, l'vne partie de uers eſt plus l'os s'eſcarte & ſe ſepare de l'autre; & la piece qui eſt proche de l'eſpaule, deſcend a l'inferieure partie de fasile à eſtre la poictrine : à raiſon que l'os clauiculaire n'a de ſoy aucun mouuement, mais ſuit le mouuement du bras & reduite que de l'eſpaule, qui tire contre-bas la portion qui luy eſt contigue. Or pour reduire cette fracture faite en nulle ºutre. raifort, ou autre façon que les bouts de l'os ne ſoient l'vn ſur l'autre, ou eſcartez, faut qu'vn ſeruiteur tire Pºſºf" le bras en arriere, & vn autre au contraire tireral'eſpaule vers ſoy à l'oppoſite, & ainſi ſe fera la contr'ex- fº, de re- tenſion : cependant le Chirurgien r'habillera auec ſes doigts la fracture,pouſſant contre-bas ce qui eſt emi- uction. nent & releué, & retirant contre-mont en dehors ce qui eſt enfoncé en bas. Aucuns pour mieux reduire cette fracture, mettent vne groſſe compreſſe ronde ſous l'eſſelle du malade : puis preſſent le coulde contre les coſtes, & le Chirurgien reduit la fracture. Si d'aduenture les bouts de l'os eſtoient tant enfoncez contre-bas, & que par les moyens ſuſdits n'euſſent peu eſtre releuez, alors il faut faire coucher le malade à la renuerſe,& luy mettre entre les deux eſpaules vn oreiller,ou vn quarreau aſſez dur, ou le cul d'vne jatte ouchaudron, ayant mis premierement deſſus quelque couuerture. Puis vn ſeruiteur preſſera contre-bas es eſpaules du malade,afin que les bouts de l'os cachez& deſcendus contre-bas retournent contre-mont.Et par ce moyen le Chirurgien reduira facilement la fracture. Et ſi d'aduenture l'os eftoit en telle façon rompu & Accident eſclatté,qu'il n'euſt peu eſtre reduit en ſa place,& qu'aucun de ſes eſclats picquaſt & entraſt dedans la chair, mort.l. & qu'il cauſaſt difficulté de reſpirer,alors on ſeroit contraint de faire inciſion,& le releuer auec vn crochet, & couper les poinctes pour obuier aux accidents de la mort : & puis traicter la playe ainſi qu'il eſt beſoin. Medicament Et ſi ledit os eſtoit rompu en pluſieurs pieces , apres les auoir reduites en leurs places, il faut appliquer glutixatif. deſſus vnmedicament colletic,comme farine de froment,thus,bol-armene,ſang-dragon, reſine de pin,pulue- riſez, & incorporez en blancs-d'œufs , & mettre par deſſus des ferules autour de l'os enueloppées de linge vsé, oinctes dudit medicament : & pareillement trois compreſſes, à ſçauoir deux aux coſtez, mais la troiſié- me ſera plus groſſe, & posée ſur l'endroit de l'os eminent , qui la repouſſera , & l'engardera de ſe releuer, oinctes pareillement du medicament ſuſdit, à fin queſtant deſſeiché il ne puiſſe bouger de deſſus,& que les extremitez de l'os ne declinent à dextre, ny à ſeneſtre, & ne s'cflcuent en haut. Et faut pareillement que leſdites compreſſes ſoient de groſſeur & largeur qu'il ſera beſoin peur remplir les cauitez qui ſont au deſ Eaz de tour " ſous & deſſus dudit os. Puis on bandera commodément auec vne bande à double chef, & la mettra-on en la claui . Croix S. André,& ſera de la largeur d'vne palme, & longue d'vne toiſe & demie, plus ou moins ſelon le cule. corſage dumalade : & fera-on qu'elle tire le bras en derriere. Auſſi ne faut oublier à mettre des compreſſes fous les aiſſelles, & principalement ſous celle de la fracture, pour remplir les cauitez d'icelle, afin que le malade comporte & endure mieux la ligature. Semblablement ne faut oublier à commander au malade de ! # tenir les bras en arriere, poſant ſa main ſur la hanche, ainſi que les villageois la mettent quand ils danſent' # faiſans la ie reniegoy, afin que l'os ſoit mieux tenu en ſa place. Toutesfois quelque diligence qu'on puiſſe # re dućtatn faire, il y demeure quaſi touſiours deformité, pource qu'on ne peut bien faire la ligature qui puiſſe enuiron de la claui- mer l'os tout autour, comme l'on fait au bras & à la jambe. Le callus en cét os eſt fait le plus ſouuent en cule. Vingt iours, à cauſe qu'il eſt rare & ſpongieux . F f 7DC_» Signe de bon-. E"r -* 4 . | - 338 Le Quinziéme Liure des Vlceres, De lafrutture de l'omoplate_ . C H A p. I X. A Deſcription : M o P L A T E, eſt vn mot Grec qui ſignifie eſpaulette, ou paleron de l'eſpaule. Elle n'eſt \ anatomiqne point enioinctée, mais plaquée ſeulement au derriere des coſtes de la poictrine, & attachée , de l'omopla- $ auec l'os occipital, & auec les ſpondyles du dos par le moyen des muſcles, & au deuant par 3 €. l'acromium (qui eſt vne apophyſe, ou vn auancement de l'extremité de ſa creſte, ou eſpine ) $ 3º où l'os clauiculaire eſt appuyé & joinct. Aucuns anotomiſtes appellent cette meſme conjon- ction, acromium. Elle a vne autre production & apophyſe, appellée le col de l'Omoplate, & au bout il y a Gal. au liu. vne cauité qui reçoit la teſte de l'os du haut du bras. Dauantage elle a vne petite apophyſe appellée Cora- des os. coide en Grec, à cauſe qu'elle repreſente vn bec de corbeau, pource qu'en ſon extremité eſt crochuë. Or L'omoplate a elle peut eſtre fracturée en toutes ſes parties. Quelquesfois en ſa teſte, qui eſt au milieu d'elle, que nature deux produ luy a donnée pour ſa tuition & defenſe, comme ont les vertebres du dos. Quelquesfois auſſi que la partre #iºn !'vne large eſt enfoncée au dedans, & quelquesfois en la joincture, où l'os du haut du bras eſt posé en ſa cauité. ºPº *- Et ſelon ces differences, les accidens ſont plus grands ou moindre. - #º é on cognoiſt la fracture eſtre en ſa creſte , quand en touchant deſſus on trouue vne inegalité qui cauſe E # ** douleur. L'enfonceure de ſa partie large ſe connoiſt pareillement au toucher, parce qu'on y trouue vne - cauité & vne ſtupeur, ou endormiſſement, au bras du coſté bleſsé , & le malade ſent vne douleur poi- Si d • A - - - - - # gnante quand on y touche : telle choſe ſe fait à cauſe des nerfs, qui ſe diſtribuent au muſcle de l'eſpaule. C io , Si les pieces de l'os ne ſont du tout ſeparées, & ne picquent point, il les faut redreſſer en leur ſituation naturelle, & les y faire tenir auec remedes agglutinatifs, qui engendrent le callus, & auec compreſſes & bandages propres à cette partie. Et ſi les pieces bougent, ou remuent, & picquent la chair, il ſera fait inci- ſont du tout ſion pour les oſter, & ſeront tirées auec vn inſtrument nommé Bec de Corbin. Et en cét endroit faut no- ſeparez de º* ſi les eſclats, ou quelques portions fracturez ne ſont du tout ſeparez, & qu'ils tiennent encore au pe- tºur periºſi, rioſte & ligamens, s'ils ne picquent la chair, ne les faut oſter : pource que i'ay veu pluſieurs fois, qu'ils ſe ſe peuuent prenoient & vniſſoient enſemble, non-ſeulement à l'Omoplate, mais auſſi aux autres parties , comme i'ay renhir. monſtré par cy-deuant aux playes de la teſte. Mais alors qu'ils ſont du tout ſeparez, & n'adherans plus au perioſte, neceſſairement les faut tirer dehors, ou autrement nature auec le temps les chaſſera hors,parce qu'ils n'ont plus de vie auec leur tout, & faut, comme dit Hippocrate au liure des fractures de teſte. que le vif chaſſe le mort.Ce qui eſt aduenu à Monſieur le Marquis de Villars,lequel receut en cette partie vn couP de piſtolet à la bataille de Dreux, & dés lors on luy tira quelque eſquille de l'os, & quelque piece de ſon harnois, & de la balle, & ſi la playe quelque temps apres fut conſolidée, & du tout cloſe : toutesfois apres la bataille de Mont-contour, pour auoir longuement porté le harnois ſur ſon dos, il ſe fit vne nouuelle fluxion & inflammation ſur la ſicatrice, en ſorte qu'elle ſe r'ouurit, & en ſortit derechef pluſieurs eſquilles d'os, & portion de la balle. Si la fracture eſt faite au col du paleron, ou à la joincture de l'eſpaule, rarement on en eſchappe , quelque grande diligence qu'on puiſſe faire. Ce qu'on a veu n'agueres aduenir au de- funct Roy de Nauarre, & à Monſieur de Guiſe, & au Comte Ringraue Philibert, & pluſieurs autres, en ces dernieres batailles, à cauſe qu'autour de cette joincture il y a pluſieurs & gros vaiſſeaux, à ſçauoir,la veine & artereaxillaire, & les nerfs naiſſans des vertebres du col, qui ſe diſtribuent à tous les muſcles du bras. Dauantage, lors qu'il s'y fait inflammation & pourriture facilement ſont communiquez au cœur, & autres parties nobles : dont pluſieurs accidensaduiennent, & ſouuent la mort. Les os qui ne De la fracture ou depreſſion du Sternum ou Brechet. C H A P. X. E Sternum quelquesfois eſt fracturé, & quelquesfois il n'ya qu'vne depreſſion & enfonceure Signe de fra. , au dedans ſans fracture. Le ſigne qu'il eſt fracturé , c'eſt qu'au lieu de la fracture on trouue cture du vne inegalité , & quand on trouche deſſus , il obeyt au doigt, & ſent-on vne crepitation & Sternum. bruit. Et lors qu'il eſt enfoncé,ou voit vne inegalité & cauité,& adonc le malade ſent grande " douleur & a difficulté de reſpirer, à cauſe que l'os preſſe les membranes,& les poulmons qui ſont au deſſus de ces parties-là : pareillement à la tous, & ſouuent crache du ſang. Or pour reduire cét La toux vise os, il faut ſituor le malade comme nous auons dit en la reduction de l'os clauiculaire, à fçauoir le mettant à cauſe que à la renuesſe : & luy mettra-on vn quarreau ſous ſon dos , puis ſera foulé ſur ſes eſpaules contre-bas, & les poulmons auec les mains on reduira l'os, preſſant les coſtes d'vn coſté & d'autre : & fera-on en ſorte que la reduction ſont preſſez. ſoit bien faite. Puis apres on appliquera les remedes cy-deſſus mentionnez, pour prohiber l'inflammation, & ſeder la douleur. Et y ſeront adaptées promptement des compreſſes : auſſi la ligature ſera croyſée par deſſus les eſpaules, laquelle ne doit eſtre trop ſerrée, de peur qu'elle n'engarde la reſpiration du malade. S'il eſt beſoin on tirera du ſang,& fera-on toutes autres choſes neceſſaires & requiſes à cét effect.L'an 1563. ie fus enuoyé par le commnadement du defunct Roy de Nauarre , Lieutenant general du Roy, pour penſer Antoine Benand, Seigneur de Ville-neufve, Cheualier de l'Ordre du Roy, & Gentil-homme de ſa chambre, Capitaine de trois cens hommes, lequel fut bleſſé pres la porte de la ville de Melum, d'vn coup de mouſ- quet, au milieu du Sternum , dont ſa cuirace enfonça les os dudit Sternum : qui fut cauſe qu'il tomba par terre comme mort, iettant grande quantité de ſang par la bouche , & en cracha par l'eſpace de trois mois # Et pour reduire les os, i'y procedaycomme i ay dit, & receut parfaite guariſon, eſtant encore à pre- CIlt Vlllant. Hiſtoire. De la fracture des coſtes. C H A P. X I. 6)uelles co, # E s coſtes vrayes ſont oſſeuſes, & reçoiuent fracture en toute partie : mais les coſtes faul ſes ne ſe ſi , & en , peuuent fracturer que pres l'eſpine du dos, auquel endroit ſont oſſeuſes : car en la partie anterieu- quelle partie Z # re elles ſont cartillagineuſes, & partant en cét endroit ſe peuuent plier, & non fracturer. Cr elles peuuent en- . ſe peuuent toutes rompre en dedans & en dehors.Auſſi elles ne ſont quelquesfois du tout rom- rourir fra- pués, mais ſeulement eſclattées & fendues, & quelquesfois par dedans, & non par dehors : & la ſciſſure ćture. ou fente pene tre aucunesfois iuſques au milieu de leur ſubſtance , qui eſt rare & ſpongieuſe : & quelquesfois auſſi ſont du tout rompuës , & eſclattées , donc les eſclats preſſent & picquent la membranc Pleurctique, qui les couure par dedans. Adonc le danger eſt grand : mais lors qu il ny a - que Des Fractures. - 3 39 A que ſimple fracture, ſans que ladite membrane ſoit rompuë ou grandement preſſée, ou autre complication de diſpoſition, le mal eſt petit, pource Hippocrate conſeille qu'ils mangent aſſez liberalement, parce que le ventre moderément plein redreſſe la coſte,ce qui eſt vray.Ceux qui ont fracture aux fauſſes coſtes,ſe trou- Prognoſtié uent plus mal auant manger qu'apres, à raiſon qu'auant le paſt ils ſentent les coſtes ſuſpendues, ſans qu'el- i, #. # les ſoient aucunement ſouſtenues par les alimens contenus en l'eſtomach. Pareillement la fracture , qui # # csſtsst eſt au dehors, eſt trop plus aisée à guarir, que celle du dedans, à cauſe qu'elle picque la pelure, excite inflammation, & ſouuent empyeme. Car celle de dehors ſe reduit facilement, à cauſe qu'on la peut tou- cher, mais celle de dedans ne ſe peut toucher. Celle qui eſt faite au dehors ſe peut guarir en vingt iours, s'il n'y ſuruient quelque mauuais accident. Les ſignes des coſtes rompues, ne ſont pas difficiles à eſtre cognus. Car touchant des doigts à l'endroit de la douleur, on trouue la fracture en ſentant vne inegalité . & crepitation, principalement ſi elles ſont du tout rompuës. Et ſi la coſte rompuë eſt tournée vers le de-*it* dans,le malade ſent vne vehemente douleur punctiue, & encore plus violente & facheuſe qu'en la plureſie, parce que la membrane qui couure les coſtes, eſt picquée & preſſée par les eſclats de la fracture. Au moyen dequoy le malade a vne tres-grande difficulté de reſpirer, touſſe, & ſouuent crache du ſang, parce que les poulmons le ſuccent & attirent : qui à cauſe de la dilaceration, eſt hors de ſes vaiſſeaux,& d'iceux entre en laTrachée artere, & de là eſt ietté par la bouche. On peut bien redreſſer auec les doigts les fractu- res des coſtes,faites au dehors : mais ſi elles ſont tournées au dedans, il eſt impoſſible, parce qu'on ne peut De la fra- faire ce qu'il appartient, qui eſt tirer & contre tirer, & preſſer ſur les eminences de la fracture. Aucuns aure en pour retirer l'os fracturé en dehors, commandent appliquer vne ventouſe , mais ils font mal : car par la dehors. contraction & compreſſion des parties circonjacentes, ou voiſines, faite par la ventouſe, feroient attra- ction des humeurs, & augmentation de douleur à la partie malade : & partant ne la faut nullement appli- quer : ce qu'auſſi Hippocrate defend. Mais pour la reduire, on fera coucher le malade ſur le coſté ſain.Puis on mettra ſur la fracture vne emplaſtre couuerne ſur de la toile neuue & forte, faite de terebentine, reſine, Hip an liu. & poix noire, farine de fourment, maſtic, aloès : & l'ayant laiſſé quelque eſpace de temps , ſera eſleuée & des art ſect, tirée de force contre-mont, & par ce moyen la coſte ſera tirée en haut : & fera-on cela non ſeulement vne ;.ſent.5 1.ér fois,mais par pluſieurs,tant que le malade ſe ſente allegé,& auoir ſon alaine plus libre. Pourquoy faire plus Paul lin. 6. aiſément, le malade peut grandement aider au Chirurgien, en touſſant & retenant ſon haleine, lors qu'on chap. 96- tirera l'emplaſtre. Mais auſſi ſi nous ſommes contraints par vne grande neceſſité, à cauſe que la membrane 4ºº ººſºº qui couure les coſtes, & les nerfs qui accompagnent les veines,& arteres qui ſont ſous chaeune coſte, ſont ! 1 grandement preſſez & picquez, en ſorte que le malade ſent vne extreme douleur, & ne peut qu'auec bien # grande peine reſpirer, & auſſi qu'il crache du ſang & touſſe & eſt febricitant : alors pour obuier à la mort, # il faut faire inciſion, & deſcouurir vne portion de la coſte fracturée:puis auec vn crochet eſleuer les eſclats puè en haut de l'os qui picquent, & les faire ſortir dehors en les coupant, ou autrement. Et ſi la playe eſt grande , illa faut coudre, & la traitter comme il appartient. Et ſera ordonné regime au malade, & la ſeignée & purga- tion,ainſi que verra le docte Medecin eſtre beſoin:car comme eſcrit Hippocrate, en la ſimple fracture il n'eſt grand beſoin de tel regime, parce qu'il n'y a fiévre ny aucun malin accident : mais en la composée, qui eſt auec conuulſion ou playe des muſcles,il eſt de neceſſité pour la fiévre & empyeme. Et ſur la partie ſera ap- pliqué vn Cerat & autres remedes, ſelon les accidents qui ſuruiendront. Les bandages qu'on fait à cette Bandes re- partie,ne peuuent ſeruir qu'à tenir les remedes.Et quand à la ſituation du malade, il ſe doit mettre en telle tentines. aſſiette qu'il pourra endurer, & ſe trouuer mieux. Accidens qui viennent des coſtes rompuës. C H A P. XII. L nous reſte à preſent traitter en bref des accidens qui aduiennent à cauſe de la contuſion fai- te ſur les coſtes. C'eſt que la chair contuſe deuient bourſoufflée, pituiteuſe, muqueuſe, & glutineuſe, à raiſon que la partie ne peut cuire & digerer l'aliment qui luy eſt enuoyé : partant il demeure à demy-cuict, à cauſe de l'imbecilité de la partie,& de la trop grande multitude de l'humeur quiinfluë : d'où vient que de telle crudité & humeur indigeſte, s'eſleuent pluſieurs flatuofitez, pource que la vertu concoctrice eſt debile, à raiſon de l'imbecilité & intemperie de la partie. Hippocrate3.des Art. dont on trouue la chair en cét endroit tumefiée, comme ſi on l'auoit ſoufflée : & lors qu'on comprime deſſus auec la main on ſentl'air qui ſe départ, & le lieu qu'on a comprimé demeure caue, comme on voit aux fluxions œdemateuſes. Et ſi on ny donne ordre, il s'y fait inflammation, fiévre, apoſte- me, difficulté de reſpirer : & quelquesfois les coſtes ſe pourriſſent, à cauſe que la chair eſt eſleuée de con- tre l'os : lequel demeurant nud ſans ſa couuerture naturelle, il s'introduit, & eſt frappé d'vn air qui quel- quesfois eſt cauſe d'alterer I'os & le pourrir. Et lors que cela ſe fait, les malades iettent la boue par la bou- che, puis deuiennent tabides dont la mort s'enſuit. Or pour obuier à tels accidens, faut promptement faire La eanſe de la reduction,comme nous auons dit.Et pour reſoudre cette tumeur muqueuſe,faut appliquer remedes pro- l'alteration pres,bander & comprimer auec compreſſes,afin que la chair touche à l'os,& qu'il ne demeure nud.Et quand & pºurritu- à la maniere de la compreſſion,onappliquera le bandage aſſez ſerré,toutesfois non tant que les coſtes ne ſe rº dºs cºſtes puiſſent mouuoir , & que la reſpiration ſoit empeſchée. Puis on vſera des remedes reſolutifs & calefactifs pour diſſiper l'humeur.Et faudra diuerſifier les remedes ſelon que les accidens ſe preſenteront. S'il ſuruient apoſteme, elle ſera ouuerte ſans trop tarder, de peur que l'os ne ſe pourriſſe, & apres l'ouuerture faite, on # de tel euacuera la matiere : & pource faire on mettra vne tente cannullée dans l'vlcere, ſi bien attachée " qu'elle ne puiſſe tomber en la capacité du thorax. Et ſeront faites toutes autres choſes neceſſaires & requi- ſes à telles diſpoſitions. •- •- De la fracture des venebres ou roi les de l'eſpine & de ſes apophyſes,ou ſaillies. C H A P I T R E X III. A rondeur , ou circonference des vertebres, eſt quelquesfois rompuë , contuſe & enfoncée au Accident im dedans , qui fait que les membranes qui couurent la moüelle ſpinale, où elle meſme eſtant ainſi currable. - preſſée, cauſent pluſieurs mauuais accidens, & peut-on preſager eſtre incurable , ſelon qu'ils ſeront grands : à ſçauoir , quand on voit que les bras & les mains du malade ſont ſtupides & paralytique, ſans les pouuoir remuer : & auſſi qu'en les picquant ou ſerrant , le malade ne ſent rien : ſemblablement quand les accidens ſuſdits ſe trouuent aux jambes & aux pieds : & que le malade laiſſe ſortir ſes excremens ſans les fentir, & les pouuoir tenir, ou auſſi qu'il ne peut vriner : car - ſelon Hippoc. ſect. 2. du Prorrhet. de quelque cauſe , que la moitié de l'eſpine ſoit bleſſée , ces accidents Caration. A F f 2 ſuruiennent ---- | 34O Le Quinziéme Liure, ſuruiennent, on peut alors preſager la mort prochaine : & apres l'auoir predit aux parens & amis, & aux aſſiſtans, il ſe faut enhardir ( s'il eſt poſſible ) de faire inciſion pour oſter les eſquilles ou eſclats,qui ſe ſont enfoncez, & compriment la moüelle & les nerfs : & s'il eſt poſſible, faut appliquer remedes qui ſedent la douleur, & qui prohibent l'inflammation, & reduire les parties fracturées en leur lieu, les y faiſant tenir par les moyens que dirons en la luxation de l'eſpine. Que ſi ſeulement les appophyſes des vertebres ſont ſeules apo- rompus (qui ſe connoiſtra,parce que les accidens ſuſdits n'y ſuruiennent,& qu'en pouſſant du doigt deſſus, phyſes rom- on ſent la piece ou eſclat de l'os ſe remuer, & changer de place , joint auſſi qu'au lieu de la fracture OI1 pués. trouue vne cauité & enfonceure,auec quelque bruit d'vne petite crepitation ou craquement : d'abondant ſi le malade veut plier l'eſchine, il ſent douleur,parce que la peau qui eſtoit à l'endroit de la fracture,s'eſtend & preſſe des eſclats de l'os,principalement s'ils ſont pointus & eſpineux,picquants la chair & s'il ſe dreſſe, il ſe trouue mieux à cauſe que ladite peau eſt laſche : partant les eſquilles de l'os picquent moins ;alors on les pourra reduire,s'ils ne ſont du tout ſeparez de leur perioſt : mais auſſi s'ils en ſont entierement ſeparez, · adonc faut faire inciſion & les oſter, puis traitter la playe comme il appartient. - Les fractures des apophyſes des vertebres ſe guariſſent aisément, pourueu qu'elles ne ſoient accompa- gnées d'autres indiſpoſitions, comme quelque grande contufion,ou autres parce que tous os rares & ſpon- gieux,en peu de temps ſe conſolident, comme nous auons dit. ', Signes des Prognoſtic. De la fracture de l'os Sacrum. CH A P. XIV. | # v s s1 l'os Sacrum peut eſtre fracturé en certaine partie, où le patient peut recouurer ſanté: ce 9)nelle fra- # , que i'ay veu pluſieurs fois s'eſtre fait par coups de boulets , ou autre choſe briſante : mais où la c#ure de l'os #M$ fracture ſera faite à l'endroit de l'eſpine,& ſi elle eſt bleſſée,à peine le malade peut euiter la mort, ſacrum eſt pour les raiſons qu'auons declaré cy-deſſus. mortelle. De la fracture des os du croupion, ou de la queuë. C H A p. X V. - · · 2 E croupion, nommé os Coccys , eſt composé de quatre petits oſſelets, dont le premier à vne Deſcriptio» $ cauité où s'inſere la fin de l'os Sacrum : les trois autres ſont joints enſemble par ſymphyſes à anatomi ſue l'extremité deſquels il y a vn perit cartilage. # os Coc- Or la fracture de ces os ſera reduite, en mettant le doigt dedans le ſiege du malade, tant # ai - qu'il ſoit apposé à l'endroit du lieu de la fracture duquel il repouſſera l'os, & l'égalera auec l'autre main "expoſant exterieurement ſur la fracture.Et afin qu'il ſoit mieux & pluſtoſt glutiné, faut que le malade ſe tienne au lict pendant la curation : & où il ſe leuera, faut qu'il ſe mette en vne chaire percée, afin qu'il n'y ait rien qui preſſe ſur la fracture. Et ſeront appliquez les remedes conuenables aux fractures, les diuerſifiant ſelon qu'on verra eſtre neceſſaire. De la fracture de l'os de la hanche . C H A P. XV I. | zºº de la $f,éz%)ſ#'o s de chacune hanche eſt composé de trois os, le premier eſt nommé os Ilion, le ſecond hanche eſt N2 ſ$ $ Schion, le tiers os Pubis. Ces trois os ſont bien conjoints enſemble (aux hommes quiont ac- coraposé de /) #) comply leurs trois dimenſions) qu'on ne les peut nullement ſeparer mais aux petits enfans,ils trois autres. & N W ſe peuuent aisément ſeparer l'vn d'auec l'autre. Et pour le bien entendre, ie te renuoyeray à c7& NSNč2W mon anatomie, où i'en ayamplement eſcrit : & dirons que cedit os peut eſtre rompu en toutes ſes parties, pour eſtre tombé de haut en bas ſur quelque choſe dure, ou par coup de quelque certain inſtru- | ment, comme de piſtolet, arbaleſte, ou autre façon. . Cette fracture ſe connoiſt comme les autres, à ſçauoir, par le ſentiment de douleur pungitiue & pulſati- Signes. ue, & ſtupeur en la jambe du coſté meſme , quand le milieu eſt enfoncé : elle ſe connoiſt auſſi au ſens de la veuë & du toucher, & veut eſtre habillée ſelon qu'on verra eſtre neceſſaire. Faut tirer les pieces d'os, ſi elles ſont du tout ſeparées,du premier appareil,s'il eſt poſſible, faiſant inciſion,s'il en eſt fieſoin,euitât de couper le chef des muſcles, ou quelque vaiſſeau,principalement le grand & gros nerf qui ſe diſtribue entre les muſ- cles de la cuiſſe & de toute la jambe. Et les eſclats ou fragmens, qui ne ſont entierement ſeparez de leur pe- rioſte, ſeront reſſamblez & reduits auec les doigts & conſequemment on procedera à la reſte de la curation, comme on verra eſtre neceſſaire. De lafructure de l'os du bras, ou adjutoire ». C H A P. XVI I. 'Os du haut du bras eſt rond, caue, & plein de moüelle, ayant vne aſſez grande teſte en ſa Curation. partie ſuperieure, aſſiſe ſur vn moyen col. Il a en ſa partie inferieure deux apophyſes, ou Deſcription prominence, l'vne anterieure : l'autre poſterieure : & a entre les deux comme vne demie # orbite, ou cauité d'vne poulie ; les deux extremitez de laquelle ſe deſinent, l'vne en l'vne cauité exterieure, & l'autre interieure,pour l'arreſt de la fluxion & extenſion, c'eſt à bras. dire, de peur que l'os du coulde ne tournaſt tout autour de ſa cauité : qui eſt ſemblable àvne poulie. Et ſi telle choſe aduenoit, l'action du bras euſt eſté imparfaicte, parce qu'il ſe fuſt plié autant au dehors comme au dedans.Cecy eſt neceſſaire ſçauoirauChirurgien,pour la reduction des fractures & luxations de cette partie. Et ne faut ſeulement l'apprendre par ce liure,mais qu'il aille aux cimetieres l'apprendre ſur les os des morts, comme i'ay faict, & autres Anatomiſtes.Si les exrremitez de cét os fraéturé cheuauchent beaucoup les vnes ſur les autres, & que ce ſoit vn homme fort robuſte : alors pour le reduire, il faudra faire grande extenſion au bras, ayant premierement fait ſeoir le malade aſſez bas, afin qu'il ne ſe puiſſe le- ce qu'endoi, ºr lors qu'on reduira la fracture, & auſſi que le Chirurgien face ſon operation plus à ſon aiſe, bien que obſeruer en Hippocrat emeu d'autres conſiderations vueille que le malade ſoit ſitué haut.Semblablemêt ne faut faillir en la redaaion faiſant l'extenſion, de la faire en tirant ledit os en bas vers la terre en ligne droicte, & que le coulde ſoit de la fractu-ſemblablement plié auſſi lors qu'on le veut ſituer pour eſtre tenu en eſcharpe.Car ſi on vouloit faire la re- re de l'os du duction , le bras eſtant hauſſé & eſtendu ou en quelque autre figure, il le faudroit touſiours tenir en cette ºººººra. meſme ſituation en laquelle on l'auroit reduit : ou autrement, le voulant mettre en eſcharpe,la fracture ſe - pourroit | --T" L)es Fračtures. 34 I il A pourroit aisément defaire.Ce qui eſt tres neceſſaire au Chirurgien d'obſeruer en remettant leditos rompu, | tenant le bras couché,preſque contre le corps vers la ceinture. En quoy le Chirurgien prendra auſſi garde en le bandant,& y appoſant les aſtelles,qu'elles ne preſſent ſur les jointures:car comme eſcrit Hippocrates, ſection ;. de l'officine du Chirurgien , & ſection 1. des fractures, il ne faut que les aſtelles preſſent les parties deſcharnées, nerueuſes & ſenſibles de peur de douleur & denudation , tant du nerf que de l'os : & principalement à l'interieure partie, vers laquelle ſe faict la flection , de peur qu'elle ne face douleur poſition du & inflammation : & partant il faut en cét endroit qu'elles ſoient plus courtes. Et apres auoir ainſi r'habillé bras apre, la le bras,il ſera posé contre la poictrine,en figure d'angle droict,& y ſera lié, afin que le malade ſe remuant, reduction. - il ne peruertiſſe la figure de l'os,qu'on aura reduit en ſon lieu. En telles fractures il faut que le bras demeu- | re à repos, iuſques à ce que le callus ſoit fait, qui ſe fait en quarante iours, & quelquesfois plus tard:dont | on ne peut donner reigle certaine , non ſeulement de la fracture du bras , mais de toutes les autres, com- l me nous auons dit. I ® CH A P 1 T R E. XV III. - De la fracture de l'os du coulde, & du rayon , c'eſt à dire, de deuxfociles du bras. y2 VEloves Fois l'os du coulde & du rayon ſont rompus enſemble d'vne meſme fracture, & $ quelquesfois vn d'eux ſeulement.Auſſi il aduient que la fracture eſt faicte ou au milieu d'iceux, $ ou en l'extremité prochaine du coulde,ou du poignet.La pire fracture eſt quand tous les deux l'os du coul. os ſont rompus enſemble. Car le bras demeure du tout impotent : & la curation en ſera plus de. - - - S* difficile,parce qu'ils ſont plus malaiſez à tenir,que lors qu'il n'y en aura qu'vn ſeul:pource que |. celuy qui demeure entier ſouſtient encore le bras, & garde que lesmuſcles ne ſe retirent, comme ils font ,- | lors qu'ils ſont du tout rompus enſemble. Et la pire d'apres, c'eſt quand l'os du coulde eſt rompu & la plus Reduction | facile à guarir, c'eſt quand l'os du rayon ſeul eſt fracturé, parce qu'il eſt ſupporté & ſouſtenu ſur l'os du | coulde : & ſi ces deux os ſont rompus, il faut faire la contr'extenſion plus forte, parce que les muſcles ſont plus retirez que s'il n'y en auoit qu'vn ſeul, & l'vn demeurant entier ſert plus que les bandes & aſtelles à ſouſtenir l'autre. Auſſi s'il n'y a qu'vn d'iceux rompu pour reduire, il faudra faire moindre extenſion que ſi blé tous les deux l'eſtoient, parce que les muſcles ſont moins retirez, demeurant entier l'vn deſdits os qui les bras,notablº. # ! tient droicts : & eſtans reduits, bandez, & aſtelez,ainſi qu'il appartient le bras ſeras pendu en eſcharpe; de ſorte que la main ne ſoit gueres plus haute que le coulde,afin que le ſang & autres humeurs ne tombent ſur la main : laquelle pareillement ſera ſituée & tenüe en figure,qu'il ſoit moyenne entre la prone & ſupine,ſe- lon laquelle figure,l'os du rayon eſt droictemêt ſitué ſur le coulde,comme il eſt en Hyppocrate ſentence 3. ſection 1.du liure des Fractions. La raiſon eſt, qu'il y a peruerſion tant en l'os qu'aux muſcles par la figure ſupine:car premierement pour l'os,l'apophyſe ſtyloide & l'olecrane du coulde doiuent eſtre au niueau, & ,b ' vis à vis l'vn de l'autre:ce qui ne ſe fait en la figure ſupine, par laquelle l'apophyſe ſtyloide du coulde eſt vis à vis de l'os de l'apophyſe interne de l'os du coulde. Pour lesmuſcles, parce que quelle eſt l'inſertion & la teſte du muſcle,telle eſt la ſituation de fon ventre,& l'inſertion de ſa queue.Or par la figure ſupine des muſ- - Ccles qui viennent de l'apophyſe interne de l'os du bras, & flechiſſent le coulde, ont leur queue ſuperieure & exterieure D'abondant tu n'oublieras pareillement à flechir & eſtendre par fois le bras du malade,toutes- fois ſans douleur le moins qu'il ſera poſſible pour obuier que par la fluxion(qui ſe fait à la iointure du coul- Differentes Fractures de Situatiou du :::: | de & parties voiſines)& la longue demeure,les os d'icelle iointure ne s'agglutinent enſemble,dont s'enſuit r, apres immobilité de la iointure,comme s'il y auoit vn callus formé : & de là vient que puis apres le bras me . .. n# ſe peut plierny eſtendre : ce que i'ay veu aduenir à pluſieurs : auſſi Galien le nous a laiſſé par eſcrit : & tel Galiººu . 'Il ! . vice eſt nommé Ancyle ou Ancyloſis.Or ſi la fracture eſt accompagnée d'vne playe,tu prendras garde de ſou- fºº/º le # ſtenir le bras auec lames de fer blanc,courbées,ou gros papier de carte,ou autre choſe propre à ce faire(ce liure des art. # qui ſeruent de contenir les pieces de l'os en telle ſituation,qu'on les a reduits)& de fituer le bras ſur vn pe- d'Aypp. " ! tit oreiller comme tu vois par cette figure. - # . / # La fgure de la ſituation d'vn bras rompu, auecplaye . i# ! - - nUX cº ' . # º # r( º - re , c ' — - - - r )- º De la fracture de la main. C H A P. XIX. t! ! # g £ s os du Carpe,Metacarpe,& les doigts de la main, ſont quelquesfois rompus & caſſez : mais 105 : comme eſcrit Hippocrate ſect. 2. des Fractures, le plus ſouuent ils ont l'eſpece de fracture, qui # ! $ s'appelle marque ou ſiege. Toutesfois ils ſont rompus ou caſſez:le moyen de les reduire, c'eſt que (! le malade eſtende ſa main ſur vne table égale. ce faict,vn ſeruiteur tirera les os fracturez, & le l# Chirurgien les redreſſera , & poſera en leur ſituation naturelle. Puis appliquera les remedes propres, & # aſtelles & les doigts ſeront liez enſemble auec leurs voiſins qui les coſtoyent : car en cette façon ils demeu- # . rent mieux. Il faut que le Chirurgien conſidere,que ces os ſont de ſubftance rare & ſpongieuſe, & partant # ! le callus ſe fait aisément. D'auantage, il faut appliquer vne compreſſe ronde au dedans de la main, pour ·:] mieux tenir les os rompus en leurs places,& les doigts en figure moyenne,à ſçauoir,n'eſtans du tout ployez # ny dreſſez pource que s'ils demeuroient autrement , le callus qui ſe feroit,depraueroit l'action de la main, ſ: qui eſt de prendre , ou bien l'aboliroit du tout. Au contraire les outils des pieds fracturez ſeront tenus : ºroicts,& non ployez,afin que le cheminer ne ſoit empeſché. # F f 3 Ibts # Neta. 34 2 Le V JU1nZ1enne Llure , Pourquoy les os de la cuiſſe Des fractures de la cuiſſe faicfes en la main de l'os, CH A P. X X. - - ". - N trouue communément les extremitez de l'os de la cuiſſe eſtant rompué, cheuaucher l'vn ſur l'autre, à cauſe des gros & forts muſcles qui ſont en icelle, leſquels ſe retirent tous vers leur origine, comme nous auons dit cy-deuant. Parquoy lors qu'on reduira cettre facture , faut rompus ſe ſur- - / - - • .. * - # que le malade ſoitcouché ſur le dos, & ait la iambe eſtendue : & que le Chirurgien tire bien l'autre. " fort la cuiſſe : & où il ne le pourra faire ſeul , il aura deux ſeruiteurs forts & puiſſants, pour ramener les extremitez des os rompus l'vne contre l'autre. Et à ces fins les anciens auoient l'inſtruinent nommé Gloſſocomium, lors que la main n'eſtoit aſſez forte. Figure d'vn inſtrument nommé Gloſocomium. - - En lieu d'iceluy on peut pareillement s'avder de no- Figure del'os ſtre mouffle : car Hypocrate permet la tenſion ſi gran- de, que meſme il bande ſans auoir rejoint les os, parce que où le muſcle eſt plus puiſſant que le bandage, aisé- ment les os ſe remettent par la contraétion du muſcle. D'abondant, le Chirurgien conſiderera , en reduiſant cette fracture. Que cet os eſt courbé en la partie inte-* rieure , & gibbeux en l'exterieure : partant il ſe faut remettre en ſa figure naturelle , & auoir memoire, qu'il B n'eſt de figure droite : & où l'on y commettra faute , le malade demeurera claudicant à iamais. A cette cauſe faut appliquer vne compreſſe au dedas de la cuiſſe, qui rempliſſe le plat & cauité d'icelle , de peur que l'os ne ſe demette de ſa place : laquelle ſera couuerte d'on- guent roſat, ou de quelque autre medicament gluti- neux, de peur qu'elle ne ſe deplace. semblabletuent, on mettra d'autres compreſſes ſur la partie , qui eſt plus greſle, laquelle eſt prés du genouil, afin que les ligatu- res ſoient égales, leſquelles 1e font pour trois intentiös dites cy-deſſus. La premiere eſt, pour contenir l'os en la figure où il aura eité reduit iuſques à ce que les pieces ſoient conglutinee par le callus qui les ſoude. La deu- xiéme, pour empeſch r la fluxion, qui aiſement y vient, tant pour la douleur , que pour la debilite de la partie. La troiſiéme, pour contenir les comprcſſes & aſtelles,& les remedes qu'on v applique. ' inflammation eſt em- peſchee en reprimant, & rechaſſant le lang & les autres C humeurs, qui autrement v fiueroient, & en exprimant le ſang contenu en la partie fracturée vers les parties pro- chaines, tant ſuperieures qu'inferieures. Et partant leſ- dites bandes ſe doiuêr faire de bonne toile forte,& non - rude. Leur largeur & longeur gift en la coniecture ar. tificielle du Chirurgien, qui les meſure ſelon que la fracture eſt grâde, ou petite, & la groſſeur ou longueur de la partic: & doiuent touſiours couurir toute la Partie fracture e, & grande portion de la ſaine. Or parce qu'au liure des Bandages, i'ay expoſé principalement le bandage d'Hipocrate le te veux icy expoſer celuy de noſtre practique ordinaire , qui eſt que nos practiciens veulent auoir trois bandes pour telles fractures. La premiere ſe doit commencer ſur la fracture (comme nous auons dit au liure des bandes ) y faiſant deux ou trois trous, & plus ſerrées que les autres, qui ſeront menées contremont, où elle doit eſtre termi- néc: & ſes reuolutions doiuent eſtre fort jointes l'vne contre l'autre: ainſi conduite, fait qu'elle tient les os & exprime & reprime le ſang loing de la fracture. La deuxiéme ſera auſſi deux iours ſur la fracture, puis ſera menée contre-bas auec reuolutions plus eſcartées l'vne de l'autre que la premiere, & de bas oº la fera retourner contre mont , où ainſi ſe finira. Son effet eſt femblablement d'exprimer & reprimer : & ſes re- uolutions deſcendent contre-bas , & ſont moins jointes , afin qu'il ſe faſſe moindre expreſſion de ſang aux extremitez, qui ne peuuent ſans inflamation en receuoir beaucoup, à cauſe qu'elles ſont loing de la chaleur naturelle, qui eſt plus grande au centre qu'elle n'eſt aux extremitez La troiſieſme doit commencer en bas à l'extremité du membre, & eſtre conduite doucement contre mont, & faire ſes reuolutons au contraire des deux premieres, , n de reduire les muſcles qui peuuent auoir eſté deſlors de leur d°ue ſituation naturelle D Apres auoir §º dages , il faut appliquer trois aſtelles faites de gros papier de carte, ou autre matic- re, comme nous auons dit. La premiere ſera poſée au deſſous de la fracture aſſez large, & longue, tant qu'il ſera beſoin: & deux autres,vne de chacun coſté, diſtantes l'vne de l'autre d'vn doigt, afin de tenir l'os qu'il ne vire çà ou là, enueloppé d'eſtouppes ou de cotton, & auec des liens les ſerrer tant qu'l ſera conuenable. Et apres il faut faire ſituation de la partie: laquelle doit auoir trois intentions, à içauoir mol, égal,& haut. Mol, parce que la dure comprimant la partie malade, cauſe douleur & inflammation. D'auantage le malade ne la pouuant ſouffrir, eſt contraint pour la changer & ſe ſoulager, remuer la partie fracturée, la quelle doit demeurer en repos ſans cftre remuée.Egal,parce que le côtraire fait douleur & diſtorſion de la partie, quâd vne partie d'icelle eſt appuyée , & l'autre ſuſpenduë ſans appuy : & pource ſe faut garder, dit Ilippocrate fect. 3. des Fractnres , que le talon & pied ne demeure ſuſpendu ſans appuy, parce qu'incontinent ſe f - roit douleur & fluxion faſcheuſe. Haut , pour empeſcher la fluxion . qui eſt irritée par la ſituation bade & penchante: & partant la cuiſſe & la iambe ſeront tenues plus hant que le reſte du corps , ſur certains ot c1l- lers ou quelque matelats , gardant toutesfois en cette hauteur telle mediocrité, que la partie ne toit trop Hi, au liure tendue , comme aduertit Hippocrate ſent. 56. ſect. des Fiact. Et ſera auſſi tenue la cuiſſe en pareille lon- de Fractures gueur que la ſaine : & pour ce faire la faut appuyer de cofté & d autre auec des torches de paille, com - ſenr. 4o. 3 nous dirons bien toſt dvne iambe rompue Or quand le bandage eſt conduit ainſi que nous auons dir,la nuict 41.ſrcf. I. & le lendemain le malade ſe ſent plus ſerré que lors qu'on l'a mis du commencement : & au genoüil ſe fait de la cuiſſe. - .| | 2 | Situation de la partie. } - VI1C l TTTT" | Des Frachures. 34 3 | A D , par faute de tranſpiration & reſolution de l'humeur ja arreſté: & auſſi de celuy qui ffuè, à raiſon de la cha- molle parl'expulſion de l'humeur qui eſtoit en la partie fracturée, & le deuxieſme iour la ligature ſe laſche pour ce qu'vne partie de l'humeur ſe reſout : & le troiſieſme iour on la trouue encore plus laſche, pource que la matiere c'eſt d'auantage reſolue. Adoncques faut débander la ligature, de peur qu'elle ne faſche le malade pour la ſituation où il demeure ſi longuement contraint lans aucunement ſe remuer : & auſſi eſtant la partie couuerte & enuelopée ſi longtemps ſans eſtre débandée, qu'il n'y ſuruienne vn prurit, qui vient Le malade doit eſtre ba- billé le troi- ſiéme iour. leur & douleur & des excremens & ſuperfiuittez du nourriſſement de la partie, qui abondent pour raiſon de ſon imbecillité. Car par la retention d'iceux non ſeulement aucuns ſentent vne demangeaiſon, mais auſſi ſouuent ſe font des vlcere3 a la Peau , à raiſon des humeurs ſanieux & acres qui croupiſſent là. Et quand tel accident aduient, il faut fomenter la partie d'eau tiede auec huyle, autant d'eſpace de temps qu'il ſera be- ſoin, pource qu'elle appaiſe la douleur, relaſche ce qui eſt trop tendu par la compreſſion du bandage, eſ- chauffe la partie refroidie par la repercuſſion & expreſſion du ſang, & des eſprits qu'ont fait les bandes. S'il y a tumeur auec grande meurtriſſeure, il faut longuement faire ladite fomentation pour reſoudre ce qui eſt eſtrange en la partie, & y appliquer autres remedes plus reſolutifs.Toutesfois faut auoir égard de non les trop continuer, pource qu ils empeſcheroient la generation du callus : pourquoy nous aurons touſiours égard en ce fait à la regle miſe par Hippocrate, ſentence 15. ſect. de l'Officine du Chirurgicn, touchant le temps, & durée de la fomentations qui eſt pt tite fomentation, qui attire & ne reſout rien. D'auantage faut conſiderer le temperament & habitude du malade:car s'il cſtoit plethotique,ils attireroient les humeurs ſu- perflus en la partie. Les anciens veulent iuſques au ſeptiéme iour qu'on remue le bandage Ne trois iours en trois iours : & paſſé le ſ pt1 me, de ſept iours en ſept iours. Mais à cela on n'en peut donner reigle certain: Intention des Vtiltré de l'eau tiede, # B car ſelon les accidens il faut habiller le malade, plus toſt ou plus tard, ſelon la douleur & autres accidens. ancien.. Il eſt vray que s'il n'y auoit aucun accident,ie ſerois bien d'auis que cé fuſt le plus tard qu'il e 1cºit potlible: car ſi les bords de l'os fracturé font ébranlez & remuez, cela empefche l'agglutination du callus : car ainſi que l'on ioint les pieces de bois auec de la colle, ou les potiers d'eſtain leurs pots : ainſi nature vimente les os rompus auec le callus; de façon qu'ils ont grand beſoin (pendant que le callus ſe fait ) de dem,eurer à repos : ou autrement la matiere du callus ſe fend, & ne s'agglutine point, pour aider a l'agglutinatio ou callus ( qui commence à ſe faire aj res le treizieme iour , ou bien le quinziéme, plt foſt ot plus tard, ſelen que la partie ſera en ſon tempt rament ) on y appliquera vn emplaflre fait de blanc d'o uf, l ait at,s c pou- dre de roſes rouges & farine de froment , & autres emplaſtres catagmatiques, qt i leront cy-apres eſcrite à la fracture d'vne lambe rompue. - - De la fracture faite pres la jointure dudit os. X X I. ſ, V E L o v E s F o I s il ſe fait fracture pres la jointure de la hanche au col de l'os femoris: Hiſtoire.. , ce que ie proteſte auoir veu en vne honneſte Dame, ayant eſté appellé pour la p nſ r.Voyant - . $ ^ que ſa iambe eſtoit plus courte que l'autre: auec vne eminence que le Trochant r faioit exte- #é rieurement au deſſus de la jointe de l'Iſchion; i'eſtimois de prime face qu ce fuſt la t ſte de *^ l'os, & yauoit luxatiô & non fracture. Alors ie titay & pouſſay l'os ce me ſembloit en taboete, attendu que les deux iambes eſtoient égales en longueur & figure: & la penſay & accouſtrav comme d'vne luxation.Deux ioursapres ie la fus reuoir , qui ſe plaignoit ſentir vne extreme douleur, & trouuav ſa labe courte, & ſon pied tourné au dedans. Alors ie defis toutes les bandes, & trouuay l'eminence comme aupa rauant.Adonc ie m'efforçay derechef à reduire l'os en ſa boete. Cependant 1'apperceu que l'os c, epito t, & eu eſgard qu'il n'y auoit nulle cauité en la iointe, lors ie cogneu qu'il y auoit fr cture , & non luxation. Pareillement l'epiphyſie de la teſte de cet os quelquesfois ſe ſepare & deſioint; de ſorte que le ( hirurg en eſt deceu, eſtimant qu'il y ait luxation , & non diſionction de l'epiphyſie dudit os.Adorc 1e r duis l'os, ap- pliquant des aſt,lles ſur les comprcſſes, & fai la ligature à deux chefs, la croiſant par deſſus la lointure, & autour du corps en croix S. André : & le reſte de la curation ſe fait, ainſi qu'auons dit par cy deu,nt : & poſay vn arc de cerceau par deſſus le pied, de peur que la couuerture ne preſſaſt ſur les ortcils. ſ'abondant feis attacher vne corde au plancher au milieu de ſon lict, comme on doit touſiours faire aux fractu es & luxations de la cuiſſe & de la iambe , à laquelles les malades ſe ſouſtiennent des bras, pour le ſ ufl uer lors qu'ils vont a leurs affaires, & auſſi pour quelquesfois vn bien peu ſe tourner & eſlºuer le dos & le crou- pion , afin de donner vne tranſpiration aux parties preſſées , qui par trop long temps leur eſt nt d nice cauſe vne douleur,& chaleur eſtrange: dont s'eniuit vlcere le plus ouuent au croupion,le q el 1u : Lit dou- leur, fiévre , & vne ſi grande inquietude, que la mort s'enſuit, ſi on n'y donne bon ordis. Au :i que d'au- Pourquoy la tantque la fracture eſt faite pres des iointures d'autant eſt plus difficile à trait er, & plus malaiſement gua- facture pres rie : pource qu'à cauſe des nerfs, tendons & ligamens communs elle apporte de plus grands accidens , & l iointure eſt que ce lieu eſt exangue. Celle qui eſt faite au milieu de l'os , eſt plus aiſee a traitter & pluſtoſt curée. Plus , aſcheu- Que diray je plus ? c'eſt qu'il faut que le Chirurgien prenne ſouuent garde, que l'os ne ſe demette com-* me on l'aura reduit. Ce qu'il faut aiſément, parce qu'il eſt ſeul, & que par la moindre faute du malade, fe ,. de la ſouſleuant en allant à ſes affaires, ou autrement, l'os de la cuiſſe ſe déplace, & les extremit-z cheuaucºent cuiſſe ſe de- l'vne ſur l'autre : & partant faut à toutes les fois qu'on l'habille, auoir égard à la figure de l'os, & conf rer § la longueur de la iambe ſaine à la malade: & auparauant que le callus ioit faict, la tirer & reduire, en ſorte - que le malade ne demeure boiteux , & qu'il ſe remue auſſi le moins qu'il pourra Auicéne dit que peu fou- Liu. .. ſent. 4" uent on guarit ſi heureuſement la facture de la cuiſſe, que le malade ne demeure boiteux.Autre anciens traicié 1. auſſi nous ont laiſſé par eſcrit que l'os de la cuiſſe eſt conſolidé en cinquante 1ours: mais à cela il n'y a point hap. 14. de reigle certalne, comme i'ay dit cy-deſſus. D'auantage, ſoit que le callus ſoit fait en cinquante ou lo1, ſite c iours, ſi eſt-ce pourtant que le malade ne ſe pourra pas encores de long temps fouſtenir & ch miner d ſius, à cauſe que la partie demeure bien long temps debile, & partant les malades cheminent quelque temps ſur des croiſes.Ainſi faut-il entendre en toutes les autres parties fracturées & luxées , du temps prefix, qu ils leur ont baillé pour eſtre le callus fait , & les iointes affermies. icy le ieune Chirurgien notera, cue les e- piphyſies des os ſouuent ſe déioignent & ſeparent qui eſt vne eſpece de luxation, laquelle Colon bus au Chapitre ſecond de ſon anatomie dit, que malaiſement ſe reünit, à raiſon que telle conionction & alliance d'os ne ſe fait pas par vne ſeule teſte entrant en vne ſeule cauité, mais par le moyen de pluſieurs tubercu- les receuès dedans pluſieurs ſinuoſitez, laquelle rencontre eſt mal-aisée à reduire : qui ſe fait de cauſe ,n- terne ou externe: externe quelquesfois par la faute du Chirurgien, qui manie trop rudement les os tend es des petits enfans, ou par cheutes , ou autres cauſes qu'auons dit cy deſſus : interne, a cauſe de ce taines humeurs qui ont coulé & croupy en quelque iointure, ainſi que nous voyons # arriuer en la P#º F t 4 " C H A P. i - * '«x Signes de fractare. Curaticm. 344 Le Quinzieme Llure, Hiſtoire. & groſſe verole,ou d'autre humeur non verolique,ainſi que de recente memoire eſt aduenu à defunct Mr. A Marchand, Aduocat au Chaſtelet de Paris, homme d'honneur & de bonne doctrine & experience, lequel eut vne defluxion à la iointure du genoüil, qui le tourmenta par l'eſpace de huict mois,& aPPella pluſieurs gens doctes, tant Medecins que Chirurgiens pour cuider le ſoulager: ce qu'on ne peut faire par aucun mo- yen , à cauſe que ſon mal commença à l'os. Vn iour ſe tournant en ſon lict, l'os de la cuiſſe ſe rompit pres le genoüil, dont il mourut bien toſt apres. La cuiſſe fut ouuerte,& luy fut trouuée fracture & ſeparation de l'apophyſe dudit os , lequel pareillement eſtoit tout carieux & pourry, ſans toutesfois qu'il euſt iamais eu la verole. A bonne cauſe a eſté dit par nos anciens, que les os peuuent ſouffrir les trois genres de ma- ladies , à ſçauoir ſolution de continuité, incommoderation, ou mauuaiſe compoſition, & intemperie. De la rotule du genoiiil. C H A P. XX II. y A rotule du genoüil ſouuent eſt contuſe, & moins ſouuent ſe rompt : toutesfois elle ſe ſepare # en deux ou trois pieces , quelquesfois en long , quelquesfois en trauers : & quelquesfois eſt # ſeulement fendue, voire de toute ſon eſpeſſeur, & quelquesfois briſée en petites pieces.Et tel- les choſes aduiennent ſans playe, ou auec playe. Les ſignes ſont manifeſtes pour l'impotence de la iambe : & auſſi qu'en la maniant on trouue cauité & ſeparation des pieces rompues : & les maniant & faiſant toucher l'vne contre l'autre, on ſent vn bruit faiſant crepitation ou craquement. On les reduit en eſtendant la iambe, & approchant les pieces les vnes contre les autres, & appliquant propres remedes, & 8ignes. operation. vne groſſe compreſſe ſous le iarret pour remplir la cauité, afin que le malade ne puiſſe plier la iambe, pen- B dans que le callus ſe fera : car la pliant , on feroit derechef ſeparer les pieces qu'on auroit reduites enſem- ble. Auſſi ſeront pareillement faites les ligatures, & appoſées les torches de paille , comme nous auons dit ceux qui ont à la fracture de l'os femoris. Et faut ſituer & tenir la iambe comme ſi elle eſtoit rompue , iuſques à ce que la rotule rö- le callus ſoit fait & endurcy. Pour le prognoſtic, ie dy que iamais ie n'ay veu que ceux qui ont eu cette par- pué clochent tie rompue, ne ſoient demeurez claudicans : parceque la conionction faite par le callus, empeſche lege- *rºſtº de noüil ſe pouuoir flechir, & les malades trauaillent beaucoup en montant : mais en cheminant en lieu ap- leur vis. plany, cette peine ne ſe manifeſte point. Cette fracture demande vne longue demeure dans le lict, pour le moins quarante iours ou plus. / - De la fracture de la jambe . C H A p. XX III. Liu des fra- . $ N r'habille cette fracture comme l'os du petit bras, quand les deux os ſont rompus enſemble. #ures ſect. 2. ! # Hippocrate pronoſtique, que la fracture de l'os de la gréue eſt plus dangereuſe, difficile, & tar- - s, diue à guarir,que celle du petit os : parce qu'il eſt plus gros , & auſſi ſouſtient tout le corps, & le petit n'eſt que pour appuy & ſouſtien des muſcles qui ſont à la iambe, pour mouuoir le pied. L os Signes pour de la gréue ſeulement rompu ſe trouue au dedans de la iambe, parce que le petit eſtant entier, ne laiſſe jet- ºſºrner la ter en dehors : & auſſi le petit ſeulement rompu ſe trouue en dehors, parce que l'os de la gréue eſtant en- fraäure *, tier, ne laiſſe ietter en dedans mais auſſi l'vn & l'autre eſtans rompus ſe peuuent auſſi bien tourner en de- # # uant qu'en derriere,& en derriere qu'en deuant, Auſſi quand il n'y en a qu'vn rompu,la fracture eſt beau- , coup plus aiſée à guarir, que lors qu'il le ſont tous deux: pource que (comme nous auons dit en la fracture ſent. 65. du petit os. . - - - - - Petit ºs. ' du petit bras ) celuy qui demeure entier, ſert a ſon compagnon, voire plus que les aſtelles. Or pour touſ- C iours mieux inſtruire le ieune Chirurgien ie veux reciter vne hiſtoire laquelle me fut bien chere. Le mal- heur me vint en la preſence de defunct Nector,Docteur regent en la faculté de Medecine,& de Richard Hu- Hiſtoire de bert Chirurgien ordinaire du Roy (duquelle renom eſt aſſez cognu) qui eſtoient mandez & moy auec eux, ºaºheur pour viſiter quelque malade au vilage des Bons-hommes pres Paris. Or voulant paſſer l'eau, & taſcher à faire entrer mon cheual en vn batteau, ie luy donnay d'vne houſſine ſur la croupe, dont la befte irritée me rua vn tel coup de pied, qu'elle me briſa entierement les deux os de la iambe feneſtre , à quatre doigts au Xračiure deſſus de laiointure du pied. Ayant receu le coup & craignant que le cheual ne me ruaſt derechef, ie de- - marchay vn pas : mais ſoudain tombant en terre, les os ia fracturez ſortirent hors, & rompirent la chair, 2# la chauſſe, & la botte, dont ie ſenty telle douleur qu'il eſt poſſible à l'homme d'endurer. Mes os ainſi rom- ' pus & le pied contre-mont, ie craignois grandement qu'il me falluſt coupper la iambe: pource iettant ma veuë & mon eſprit au Ciel, i'inuoquay mon Dieu, & le priay qu'il luy pleuft par ſa benigne grace me vou- loir aſſiſter en mon extreme neceſſité. Soudain fus porté dans le battean, pour paſſer de l'autre part , pour me faire penſer : mais le branſlement d'iceluy me cuida faire mourir, pource que l'extremité des os rom- pus frayoit contre la chair, & ceux qui me portoient n'y pouuoient donner ordre. Eſtant hors , fus porté en vne maiſon du village, auec plus grande douleur que ie n'auois enduré au batteau : car l'vn me tenoit le corps, l'autre la iambe, l'autre le pied : & en cheminant l'vn hauſſoit à ſeneſtre, l autre baiſſoit à dex- tre. Enfin toutesfois on me poſa ſur vn lict pour reprendre vn peu mon haleine, où pendant que mon ap. pareil ſe faiſoit, ie me fis eſſuyer tout le corps, pource que i'sſtois en ſueur vniuerſelle: & ſi on m'euſt iet- té en l'eau , ie n'euſſe eſté plus mouillé. Ce fait on me penſa auec vn medicament , tel que nous peuſmes Bon medica- practiquer audit lieu , lequel nous compoſaſmes de blancs d'œufs , & de farine de froment , de fuye de ment de vil- four, auec du beure frais fondu. Sur tout ie priay maiſtre Richard Hubert, ne m'eſpargner non plus que lage prompte- ſi i'euſſe eſté le plus eſtrange du monde en ſon endroit : & qu'en reduiſant la fracture il miſt en oubly l'a- mº, appa- mitié qu'il me portoit. D'auantage l'admoneſtay (ores qu'il ſceuſt bien ſon art ) de tirer fort le pied en fi- reillé. gure droite, & que ſi la playe n'eftoit ſuffiſante, qu'il la creuſt auec vn raſoir, pour mettre plus aiſement les os en leur poſition naturelle, & qu'il recherchaſt diligemment la playe auec les doigts, pluſtoſt qu'auec autre inſtrument ( car le ſentiment du tact eſt plus cettain que nul autre inſtrument ) pour oſter les frag- z. taa du mens & pieces des os , qui pouuoient eſtre du tout ſeparées : meſmes qu il exprimaſt, & feiſt ſortir le ſang, doigt eſt plus qui eſtoit en grande abondance aux enui ons de la playe : & qu'il me bandaſt & ſituaſt la iambe ainſi qu'il ſeur que nul ſçauoit, & ce faiſant qu'il euſt trois bandes, comme nous auons dit cy deſſus, & qu'il commençaſt à ban- 441rº. der ladite playe : puis fuſſent miſes des aſtelles, les vnes de largeur de trois doigts, les autres de deux, & longues de demy pied , & cambrées , pour mieux ſe coucher autour de la iambe : leſquelles aufii eſtoient - moins larges par les bouts, & loing l'vne de l'autre d'vn doigt. Puis furent liées auec petits rubans de filet, -* ſemblables à ceux dont les femmes entortillent & lient leurs cheueux: & tout ce, afin qu'elles comprimaſ- ſent mieux, & fuſſent vn peu plus ſerrées à l'endroit de la fracture qu'en autre lieu. Apres la iambe ainſi bandée , ie luy feis remplir la cauité du iarret & celle qui eſt entre le pommeau de la iambe & du talon, de | N compreſſes D ':: - | Des Fractures. 345 # - #: l, # | tn- 1 :- A compreſſes faites d'eſtoupes, enueloppées de linge. Puis y furent appoſez deux fenons ou torches de paiile, dans leſquelles on mit vn petit baſton a chacune, pour tenir la paille ferme & roide, & enueloppée d'vn demy linceul , puis apposé au coſté de la jambe : & comprenoit en longueur depuis le talon iuſques pres de l'aine , & furent apres liées en quatre endroicts : & par ce moyen la jambe ne pût eſtre peruertie ny tournée d'vn coſté ou d autre : & apres fut fituée en figure droitte, & non courbée, & eſleuée en mediocre hauteur,mollement,& vniement, afin d'euiter douleur, fluxion & inflammation, & autres accidens. Or il faut icy noter, que ſi on fait faute à bien ſituer la jambe, on rendra le malade boiteux : pour autant - que fielle demeure trop haute, la fracture demeurera concaue en ſa partie anterieure : au contraire, ſi elle tifaut # demeure trop baſſe, el ſera connexe & gibbeuſe en la partie anterieure. Dauantage tu obſerueras, que ſ † # MP* on faut a bien remplir & vnir le lieu caue, qui eſt entre le pommeau de la jambe & les cheuilles du picd, le # # talon louffrira beaucoup, à cauſe qu'il demeure longuement preſſe qui fait vne extreme douleur ( ce que # ie ſçay pour l'auoir ſenty en moy-meſme ) à cauſe que les eſprits n'y peuuent deüement reuire, & ſouuent pour les ren- il s'y fait vne chaleur eſtrange. Parquoy ſçachant la cauſe de telle douleur, ſouuentesfois me faifois vn peu dre égales. leuer le talon, afin de donner air, & que les eſprits peuſſent reluire, & quelque vapeur tranſpirer. Et pour le declarer en vn mot, ma jambe fut posée ſur vn couſine t, bandée & liée auec torches de paille, comme tu vois par cette figure. Y Figure d'vne jambe rompuë auec playe. ſſºſ# Ce qu'ilfaut neceſſairement obſeruer aux bandages, quandilyaplayeauecfracture ». C H A P 1 T R E X XI V. } L n'y a doute aucune, ſelon la doctrine des anciens, qu'il ne faille bander ſur la playe,autre- ment elle s'enfleroit, receuant les humeurs des autres parties, dont pluſieurs accidents Faut bander ſuruiendroient : ainſi que l'on peut voir par experience en quelque partie charneuie, & bien ſº !º Plºyº. # ſaine, ſi clle n'eſt bandée qu'en haut & en bas , ſans y comprendre le milieu , la partie non º comprimée deuiendra fort enfiée, & changera ſa couleur, deuenant liuide, à cauſe de la trop Hip.ſa. ;. grande multitude d'humeurs,qui ſont enuoyez des parties circonuoiſines preſſées Par plus forte raiſon telle des fract. choſe ſe fera, ſi la partie eſt viceree,veu que ſans vlcere ou playe telle humeur ou liuidité ſe fait.Pour ces cauſes l'vlcere demeure inſuppurable & lacrymeux, c'eſt a dire, que d'iceluy diſtille vne ſanie crue & clai- re,comme ſont les larmes qui degouttent des yeux.lors qu'ils ſont offencez d'inflammation. Or ſi cette hu- meur crue coule & demeure long temps ſur la ſubſtance des os,il les altere,& pourrit encores pluſtoſt s'ils ſont rares & mols,que s'ils ſont plus ſolides & durs.Laquelle corruption& alteration ſe connoitt,parce que s, 1* l'vlcere iette plus de boue claire & plus fetide,qu'il ne feroit en vn fimple vlcere : auſſi pour voir les levres #º de l'vlcere renuerſées, & la chairbaueuſe & mollaſſe, & le malade dit ſentir quelquesfois vne douleur pul- # ſatiue au profond de l'vlcere : pareillement en ſondant on trouue l'os du tout deſnué de ſon perioſte, & #am- lºuuente fois aſpre & rabboteux : où qu'en preſſant deſſus auec ſa ſonde, elle entre dedans la ſubſtance de P l'os Mais icy ie laiſſeray ce propos,veu quei'ay eſcrit(ce me ſemble)aſſez ſuffiſammêt de l'alteration des os. Or cette alteration & pourriture n'aduiendra iamais, ſi le malade eſt bien bandé & pensé. Pource i'aduerty le Chirurgien à ne faillir de bander la playe. s'il eſt impoſſible, c'eſt dire, s'il n'y a vne ſi grande douleur En quel ca & indammation,qu'elle pût engarder de ce faire : car lors on ſeroit contraint de laiſſer la propre cure pour º faut ban- furuenir à l'accident : pour l'égard duquei ſera priſe vne piece de toile non trop vſée, qu'on ployera en der ſur la deux ou trois doubles,& ſera de telle largeur qu'elle couurira & comprimera entierement la playe, & les playe. Parties proches,& ne fera qu'vne ſeule reuolution,& ſera conſue au coſté de la playe,afin que lors qu'on la Voudra penſer on ne face que la decoudre ſans aucunement (s'il eſt poſſible ) remuer n'y esbranſler les os, facturez,pource que la fracture ne demande à eſtre remuée ſouuent, comme fait la playe, pour eſtre trai- tée ainſi qu'il eſt requis. Il ſe faut garder de trop eſtraindre & preſſer ſur la playe pour prohiber douleur, infammation, & autres mauuais, accidens.Et pour le dire envn mot ſi la playe eſt liée, preſſee & bandée comme il appartient, elle empeſche la deſcente des humeurs : mais auſſi ſi elle n'eſt bien faite, il ſi fera apo- ſteme, principalement quand elle ſera trop laſche ou trop ſerrée. Or cette admonition eſt pour les appren- tifs , qui n'ont encore leur iugement entier en cette pratique : joint que pluſieurs ſuiuent la pratique de Paulus, & font circonuolutions deça & delà, ſelon le lieu ſuperieur & inferieur de la playe, puis ramenent la bande & circonuolntions, en croix ſainct André. Mais tel bandage ſeneſtre ne vaut rien, & faut faire ce- luy que ie t'ay declaré ſuiuant Hippocrate. Ie veux à preſent declarer comme ie fus traicté de ma fraéture apres le premier appareil. $ſ7 *-- | Comme l'Autheurfut traiété ayant eſtéporté en ſonlogis apres le premier appareil. C H A P 1 T R E XXV. # O v R retourner à mon malheur : ma jambe traictée de poinct en poinct en la maniere pre- saigné , $ dicte, ie fus apres diſner porté en mon logis, où ie me feis tirer trois palettes de ſang de la baſili- $ que ſeneſtre. Et au ſecond appareil, & autres ſuiuans, ie fus ſollicité de mes compagnons & amis, on#uent Un iurgiens iurez de Paris. Et autour de la playe & de ſes parties voiſines, ie feis appliquer de l'onguent reſat. roſat: - - 346 Le Quinziéme Liure, roſat : lequel eſt fort loüé des accidens au commencement des fractures,parce qu'il ſede la douleur,& pro- hibe l'inflammation, repouſſant les humeurs loing de la partie bleſſée, à cauſe qu'il eſt froid, aſtringent & repercuſſif : lequel eſtoit fait d'huyle omphacin, eau roſe, & vn peu de vinaigre & de cire blanche : conti- nuéiuſqu'au ſixiéme iour. Les compreſſes & bandes eſtoient trempées en oxycrat , & quelquesfois en vin gros & aſtringent,pour roborer la partie. Ce qui eſt principalement recommandé d'Hippocrate aux fractu- res auec playe, pour aſtreindre & repercuter les humeurs : & quand elles eſtoient ſeiches, ie les faiſoisar- rouſer dudit oxycrat , & autresfois d'oxyrhodinum. Car quand elles ſont trop ſeiches, douleur & infiam- mation ſuruiennent à la partie, à cauſe qu'elles la ſerre dauantage qu'elles ne faiſoient quand elles eſtoient #. *. moüillées. Il y a pluſieurs Chirurgiens, qui en tel cas depuis le commencement iuſques à la fin n'vſent que f/7f# de medicamens aſtringens & emplaſtiques,contre la methode d'Hippocrate & de Galien:conſideré que par emplaſtiques leuraſtriction & emplaſtration ils eſtoupent les pores du cuir de la partie : ce faiſant augmente la chaleur & aſtringës. eſtrange, auec vn grand prurit ou demangeaiſon. Au moyen dequoys engendre ſous le cuir vne certaine humidité ſereuſe, acre & mordicante, qui fait vlcere:qui donne bien à cognoiſtre, que tels medicamens ne peuuent eſtre continuez que cinq ou ſix iours:donc au lieu d'iceux on vſera des emplaſtres cy-apres decla- rés. Et pour retourner à mon propos, ie gardayau commencement de ma maladie vne ſi extreme diete,que par l'eſpace de neufiours ne mangeoy par chacun iour que douze pruneaux de damas, auec ſix morceaux de pain : & beuuois vne chopine d'hippocrats, d'eau composée en cette maniere.2.ſaccharalbiſſimi 3.vij. Bauches aqux fontanx ib.xij.cinua.3.iij.bulliant ſimul ſecundùm artem.Autresfois du ſyrop capil.Vener. auec eau Potu diui- cuite. Autresfois du Potus diuinus fait ainfi.2/.. aqua coctae fb.vj.ſacchari albiſſ.3.iiij.ſucci limonum 3.j. (Jféſ• Le tout ſoit battu enſemble dans deux eſguieres de verre, ou autres vaiſſeaux pour boire. Par fois auſſi i'v- ſois d'vn bol de caſſe auec vn peu de rheubarbe Autresfois de ſupoſitoires de ſauon pour prouoquer mon ventre : choſe que ie craignois beaucoup, à cauſe qu il me falloit remuer pour mettre vn drap deſſous moy; La fé auec ce que, quand i'eſtois quelque temps ſans yaller, ie ſentois grande chaleur aux reins.Il n'y eut toutes- #. fois ſi exquis regime,ny autres choſes, qui peuſſent garder que la fiévre ne me ſaifit en l'onziéme iour auec «iéme iour. defluxion,qui cauſa vne apoſteme, laquelle ſuppura long-temps : tout ce que ie croy m'eſtre aduenu,tant à cauſe de quelque humeur retenu en la partie,que pour n'auoir ſçeu endurer que la playe fut aſſez bandée, meſmes pour quelques eſquilles comminuées & ſeparées des extremitez des os, faites tant par la fracture, n'en la feduction d'icelle : car le bout de l'vne & de l'autre n'eſtoit égal, & lors qu'il y a quelques petits § , du tout ſeparez, ils ne peuuent plus eſtre vnis ny glutinez , & par ainſi s'alterent & pourriſſent: Les figures qui eſt ſouuent cauſe de faire apoſteme & autres grands accidens. Or les ſignes qui me faiſoient cognoiſtre pour connoi- qu'il y auoit des os ſeparés , eſtoient que de la playe ſortoit vne ſanie claire & crue : pareillement les le- J#re 1ºi! !* vres d'icelles eſtoient fort enflées, & la chair laxe & molle comme eſponge. Outre leſquelles cauſes il me º *ſº ſemble que la principale occaſion de la fiévre, & de l'apoſteme, prouint de ce qu'vne nuict en dormant les ſº muſcles ſe retirerent par vne violence fi grande, que ie leuayma jambe en l'air, voire de telle ſorte,que les , os ſortirent hors de leur fituation, & preſſerent les levres de la playe, tellement qu'il falut derecheftirer & pouſſer les os pour les reduire. En quoy faiſant i'enduray encores plus de douleur, que n'auois fait la premiere fois que fus pensé.Cette fiévre me continua ſept iours, au bout deſquels fut terminée partie par l'apoſteme, & partue par tres grandes ſueurs. - - De la cauſe des treſſaillemens aux membres fracture{ C H A P. XXVI. E ne veux oublier de dire en cét endroit, ce qu'il me ſemble de la contraction , & treſſaille- ment des muſcles, qui en dormant ſuruient ordinairement aux fractures. La cauſe eſt (à mon aduis ) qu'en dormant la chaleur naturelle ſe retirant au centre de noſtre corps, fait que les extremutez deuiennent refroidies : dont aduient que nature voulant par ſonaccouſtumée pru- 5WNb dence enuoyer quelques eſprits pour ſecourir la partie bleſſée, & ne la trouuant diſposée à les receuoir, permet que ſubit ils ſe retirent au dedans, dont ils ſont enuoyez. Les muſcles ſemblablement tirent les os, auſquels ils ſont attachez : & faiſant cette retraction vers leurs origine, comme nous auons dit cy deuant, tirent les os fracturez, qui eſt cauſe de les deſioindre & ſeparer de nouueau, auec vne tres- grande douleur. Aduertiſſement touchant les parties, ſur leſquelles eſt appuyé le malade # couché au licf. C H A P 1 T R E XXVI I. 2 R pource qu'en demeurant long-temps au lict à la renuerſe ſans ſe pouuoir aucunement remuer, qu'auec vne extreme douleur, que l'on ſent au lieu fraéturé, & auſſi pource que les 1 parties, leſquelles ſont appuyées (qui ſont le talon, le dos, & l'os Sacrum) & que les muſ- é# cles de la cuiſſe & de la jambe fracturée demeurent tendus , & ſans faire aucunement leurs MQS) mouuemens accouſtumez, ces parties deuiennent premierement endormies & ſtupides, puis apres s'eſchauffent d'vne chaleur non naturelle : dont aduient fluxion, apoſteme, & vlcere, & principa- lement à l'endroit de l'os Sacrum, ou croupion, pource qu'en cette partie il y a peu de chair : & le talon Hip.ſent. 1. ſemblablement, qui eſt fort ſenſible & ſujet à pareils inconueniens. Et les vlceres faits en icelles parties ºº fraº, difficilement ſe guariſſent, & ſouuent s'y fait carie, corruption & mortification : dont on a veu enſuiure fiévre continue, delire, ſpaſme & ſanglot : qui vient à cauſe de la ſympathie qui ſe fait par ſimilitude de ſubſtance des nerfs de la ſixiéme coniugaiſon, qui ſont diſtribuez à l'eſtomach, & du gros tendon du talon qui vient des treis muſcles. Tous leſquels accidens aduenus font mourir le malade en peu de iours, tant pour l'inflammatin , que des vapeurs pourries qui ſont communiquées aux parties nobles par les veines, nerfs, & arteres : & apres l'expiration & inſpiration defaillante, par conſequent lamort s'enſuit. Conſiderant toutes ces choſes,qu'autresfois auois veu aduenir,ie me faiſois ſouuent eſleuer le talon: auſſi auec vne corde qui eſtoit au plancher de mon lict , me ſouſleuois par fois vn peu, pour donner tranſpi- doiuent vſer ration aux partie preſſées. Pareillement me faiſois mettre vn bourrelet ſous mes feſſes de figure ronde, d'vn ou remplv de duuet, afin que le croupion fuſt porté en l'air , & qu'il ne touchaſt à rien : ſemblablement let ſous leurs en faifois mettre vn autre petit ſous le talon , & faiſois ſouuent appliquer emplaſtres d'onguent roſat, feſſes. pour remedier à la douleur & chaleur deſdites parties. Or depuis ma guariſon, eſtant appellé pour ſem- J'remiere blables fractures , ayant memoire de la douleur & inflammation que ie ſentois au dos, & principale- vtilité ment ſous le talons & que les malades ſe plaignoient de ſemblables accidens : i'ay inuenté vne caſſole Ceux qui ont fractures aux iambes, º # , E, lit lUt ::: Des Fractures 347 8 A de fer blanc,en laquelle on poſe la jambe fracturée apresl'auoir pensée)qui fert de la tenir en la figurena- turelle,ſans qu'elle puiſſe tourner çà & là, ſi ce n'eſt à la volonté du malade,plus aisément que ne font les fenons ou torches de paille.Ainſi on empeſche que le talon ne porte à plöb,ains eſt ſouſtenu en l'air:ce qui Seconde vti ſe faiten posâtvne groſſe côpreffe vers le mollet de la jambe ſous icelle caſſole,qui eſt cauſe que le talon eſt # e Uff. ſouſleué en l'air,à raiſon qu'icelle caſſole,eſt eſchancrée en ce lieu. Pareillement elle ſert de tenir la plante, Z du pied droite & appuyée, & que la couuerture ne touche deſſus les doigts dudit pied,par le moyen d'vne c ſemelle de ferblanc accommodée à icelle,laquelle eſt enuironnée d'vn archet de ſemblable fer , comme ru .., peux veoir par ces figures qui te ſont icy preſentées,dont l'vne eſt entiere,& l'autre ouuerte & deſmontée. #!f/7& ! Figure des caſſoles. E $ - C i §"ſ ; imrrn TTWï # # # [ DV§. -- * r *E -"-" #-. - Le fond de la Caſſole. - * Les aiſlerons qui s'ouurent & ferment comme l'on veut. La fin des aiſlerons où ſe met la femelle. D D D L'archet de fer blanc, La ſemelle. F F L'eſchancreure où paſſe le talon. Maintenant nous faut retourner à la reſte de la cure. - - Quels remedes furent appliquex à l'vlcere accompagné d'apoſteme. , - Quandie cogneus l'apoſteme ſe faire,ie fis appliquer vn ſuppuratif fait de jaunes d'œufs, d'huyle com- mune,& terebenthine,auec vn peu de farine de froment,tant que la ſuppuration fut faicte. Quelque temps apres pour mondifier l'vlcere,i'vſay de tel medicament.24.ſyrupi roſati, terebenthinx Venetae, an.3.ij.pul. radicis ireos Florentinae,aloès,maſtiches,far.hord.an.3 ſi. incorporentur omnia fimul, fiat mundificatiuum. Et à l'endroit où i'auois coniecturé les os deuoir ſortir, i'y faiſois mettre tentes d'éponges, d'étoupes de lin, pour tenir l'vlcere ouuert : & dedans le profond de l'vlcere, des poudres catagmatiques auec vn peu d'alum cuit,pour faire ſortir les fragmens des os ſeparez,leſquels mis hors, l'vlcere fut guary, & cicatrizé auec alum cuit:lequel ayant vertu deficatiue & aſt Ingente,que fait la chair (qui eſt molle & ſpongieuſe,& arrousée d'humidité ſuperfluë) eſt rendue ferme & dure:& en fin aide Nature a faire le cuir & la cicatrice. Or les pieces de l'os , à cauſe de leur ſiccité,ne ſe peuuent reioindre immediatement : mais ont beſoin de Emplºſtre ! calloſité, qui ſe caille & eſpeſſit a l'entour de leurs bords, qui les attache enſemble, comme vne ſouldure Pº Jºr** ou ciment,qui ſe fait de la propre ſubſtance de l'os & de ſa moüelle,& par l'aide des medicamens qui ſont # d emplaſtiques,& eſchauffant moderément.Au contraire ceux qui ont puiſſance de reſouldre & ſubtiliſer,di- # J A{r4 ſ{º# minuent le callus. Partant on vſera de ces emplaſtres ſuiuans, deſquels i'ay cogneu de grands effects pour " aider à Nature,à la generation du callus 2.ol myrtil & roſ omphac.an fb.É.rad.alth.tb. ij.radicis fraxini & folior. eiuſdeni, rad conſol.maioris,& fol.eiuſdem,fol.ſalicis an m j. fiat decoctio 1n ſufficienti quantitate vini nigri & aqux fabrorum ad mediam cônſumptionem. Adde in colatura pul. myrrhr & tur an.3.6.adiº pis hirci fb.É.terebenth.lotœ 5:iiij maſtich.3.ii. litharg, auri & argenti an 3.ij.boli Armenix,& terra ſigil. an.3.j.ſ minij3.vj.cerae albx.quan.ſuff.fiat empl.vt ars docet. En lieu d'iceluy on peut vſer emplaſtrum ni- grum,fait en cette maniere.2/.. litharg auri fb.j.olei & aceti fb.ij. coquantur ſimul lento igne , donec ni- Frmtl.aſ? grum & ſplendens reddatur emplaſtrum, & non adhæreat digitis. Autre, ?é. olei roſa. myrt.an. #. ij nue. § # rrſr7e cupreſſi,boli Armenix,ſang drac pulueriſan.3. ſ emplaſt, diachalciteos 3.iiij. liquefiant ſimul, & fiat em-"º" plaſt.ſecundum artem.Et en defaut d'iceux,faut vſer de Spara 'rap, dont voicv la compoſition.2L.pul.thuris, # Vertu de la pondre d'.4- lum cuit. - -- - - - - - - - - : : C-• • • • • • • • • • • Scarad-ap far.volatilis,maſtic.boli Armenix reſinx pini,nucum cupreſ, rubex tinctorum an.3 ij.ſeui arietini, cera al- , tot le ga»- bx.an.fb.ſ.fiat emplaſtrum.Auquel on doit plonger pendant qu'il eſt chau l)quelque toile aſſez vſée pour , s'en ſeruir comme deſſus. L'emplaſtre de diachaleitos eſt fort loüée des anciens pour les fractures, mais il la faut accommoder lelon le temps:comme en Efté fera liquefiée en ſuc de p antain & de morelle, de peur qu'elle n'échauffe par trop.Auſſi faudra touſiours auoir égard à la temperato e du corps.Car nul ne dou- te,s'il n'eſt bien dépourueu de raiſon,qu'il faille tant deſſeicher à vn ieune enfant , comme il faut a vn vieil: parce que ſion vſoit de medicamens,autant deſiccatifs a vn enfant,qu'on feroit a vn vieil,on conſummeroit l'humeur dont ſe fait le callus. Pource il eſt neceſſaire au Chirurgien de bien regarder a telles choſes.kar combien que les remedes ſoient bons & loüables, neantmoins peut eſtre indiſcrettement appliquez, tou- uent aduiennent de tres-pernicieux accidens,dont on peut accuſer le Chirurgien, q i na conduit ſon œu- ure par methode raiſonnable, comme il appent quand le callus eſt fait trop mol, trop gros, trop pºº tortu, ou trop retardé à faire, - - - T4r Le Quinziéme Liure, Il faut peu •ſſuyer l' vl- eere quand le calus ſe » fait. Hipp.ſeºt.1. des Fractnr. cent. 43. Alimens propres pour la generatiö du callus, Gal.liu.6. de la Meth. chap. 5. Dequoy eſt engendrée » la mouelle . Comme ſe fait le callus. En combien de temps s'engendre le callus à la iambe. Le callus en- gendré pour- quoy la iam- be n'aiſon f770uuement libre . Conſentemët & amitié des parties. Les reſelu- tifs empeſ- chent la ge- neratlon du callus. En quel cas les relaxan ent lieu en la geuerati5 du callus- Liniment fort remolli- tif. Emplaſtre grandement remollitiue. Parquels ſignes on cognoiſtra le calus ſe faire . C H A P. XXV III. R ie cogneu que le callus ſe commençoit à faire en ma fracture, lors que l'vlcere commença à V jetter moins la ſanie que de couſtume : auſſi que les douleurs ceſſerent, pareillement les treſ- 2 ſaillemens : quifut cauſe que ie ne voulus faire penſer ma jambe ſi ſouuent, que ie faiſois au- # parauant.Car en eſſuyant la playe quand le callus ſe fait, on deſſeiche les matieres du callus, MOS) c'eſt à ſçauoir, ros, cambium, & gluten, qui ſont les propres alimens de la ſubſtance, tant de l'os que de la chair. Ie le cogneu auſſi, pource qu'à l'entour de la playe on voyoit ſortir par les pores vne petite ſueur ſanguinolente, qui teignoit les bandes & compreſſes, comme les anciens ont laiſſé par eſcrit. Ce qui aduient pource que la matiere du callus amaſsée en ce lieu , Nature pouſſe hors par les poroſitez du cuir quelque rosée ſanguinolente, on maniere de reſudation. Puis auſſi ie ſentois vne Vapeur ou exha- lation,auec vne chaleur temperée, qui procedoit des parties ſuperieures iuſques à la playe, auec vn ſenti- ment qui m'eſtoit fort agreable. Alors ie ne voulus plus tenir la partie tant ſerrée, de peur d'empeſcher la deſcente de la matiere du callus:d'autant que l'os ne ſe reünit point par le callus, ſi ce n'eſt par le moyen du ſang qui y vient,ne pechant en quantité ny,en qualité. Et commençay à vſer d'alimens propre pour engen- drervn ſang gros & viſqueux:& qui facilement ſe mue en la ſubſtance du callus:comme ſont les extremitez tendineuſes & cartilagineuſes, à ſçauoir, tremeaux, gigoteaux, pieds de bœuf,groins & oreilles de porc, teſte de cheureau,de mouton,d'aigneau : leſquels eſtoicnt cuits le plus ſouuent auec ris,ou orge mondé:en les diuerfifiant auiourd'huy de l'vne,& demain de lautre forme. l'vſois auſſi de fourmentée, ou panade de pain de pur froment,cuit en boüillon de chapon & moyeux d œufs. Ie beuuois du vin clairet aſſez gros & aſtringent,mediocrement trempé,& au deſſert chaſtaignes & neffes. Or ce n'eſt ſans raiſon que ie t'ay ſpe- cifié ces alimens:car il y a autant de danger d'vſer des viandes trop dures,comme de chair de bœuf, comme de trop legeres, car les dures font vn callus trop ſec, & les trop legeres le font trop deſlié. Or doit-il eſtre viſqueux, comme eſcrit Gal. au 6. de la Meth.chap.5.Leſquels alimens reçeus premierement en l'eſtomach . (auquel ils ſont preparez)ſont depuis enuoyez aux inteſtins,leſquels ſont attirez aux veines meſaraiques,& d'icelles à la veine-porte,& d'elle au foye, Fuis a la grande veine caue,& de là és veines qui ſont diſtribuées par tout le corps : dont aucunes portent meſmement le ſang dans les os, auſquels eſt faite la mouelle, qui eſt la propre nourriture d'iceux : & pour cette raiſon elle eſt contenue en la cauité des grands os, & aux petites cauitez & poroſitez des petits,dans leſquels il y a humeur qui eſt leur propre nourriture, en lieu de la moüelle. Or la moüelle eſt engendrée de la plus eſpeſſe partie du ſang : qui eſt portée aux cauitez des grands os par grandes veines & arteres,& aux petits,par petites qui finiſſent aux poroſitez d'iceux. Car au grands os on trouue cauitez manifeſtes,par où entrent leſdites veines & arteres,pour les cauſes que deſſus. Semblablement auſſiy entrent des nerfs, deſquels eſt faite vne membrane, qui enueloppe & couure ladite moüelle : au moyen dequoy ladite membrane a ſentiment exquis, ainſi que l'experience le monſtre:non que ie vueille dire,que ladite mouelle ait de ſoy ſentiment, ains ſeulement de ſa membrane. Or d'icelle medul- le,& de la propre ſubſtance de l'os,ſe fait vne reſudation craſſe & terreſtre, dont s'engendre & fait le cal- lus,par le vertu nutritfue,tenant lieu de formatrice : dutemps duquel callus,ne ſe peut donnerreigle(com- C me nous auons dit cy-deſſus)pource que les choſes qui empeſchent la generation d'iceluy, ſont oſtées aux vns pluſtoſt,& aux autres plus tard. Et pour retourner à noſtre propos , les ſimples fractures ſans playe de la jambe,le plus ſouuent ſont glutinées en cinquante iours par le callus : mais à cauſe de la playe † les ſeparées,& autres accidens qui eſtoient à ma jambe,ie fus trois mois & plus,deuant que le callus fut fait; pendât leſquels ie demeuray touſiours couché à la renuerſe,qui eſt vne eſpece de geſne à vn pauure mala- de. Encore fus-je vn autre mois auant que ie peuſſe bien appuyer le pied en terre ſans potence : ce que ie commençay auec douleur,à raiſon que le callus tenoit la place des muſcles.Car auparauant que le mouue- ment puiſſe eſtre libre, il eſt neceſſaire que peu à peu les tendons & membranes ſoient désjointes, ou dé- priſes contre la cicatrice.Que diray-je plus Ma jâbe ſaine aidoit à la malade,comme fait la main à ſa ſœur, & le bras à ſon compagnon qui ſeroit rompu, aidant à la ſouſleuer, tourner & virer d'vn coſté & d'autre, la couurant & découurant lors qu'il eſtoit neceſſaire,d'vne prouidence admirable : Ainſi que nous voyons que (Nature voulant defendre la vie ) ſouuent l'homme jette au deuant de ce qui nous peut offenſer les mains ſeules,& prend l'eſpée nue, penſant eſtre mieux qu'elles ſoient bleſsées, meurtries , voire entiere- ment amputées,que le cerueau ou le cœur ſoient offenſez;pource que ce ſont parties principales & ſource de noſtre vie:ce qu'on void ordinairement,ſans que premierement on y aye pensé : & telles choſes ſont offices de l'ame à nous incomprehenſibles.Or i'ay bien voulu icy alleguer cette hiſtoire de ma jambe, afin qu'elle ſerue de methode à toutes autres fractures accompagnées de Playes. Des choſes qui empeſchent la formation du Calus & de la maniere de le corriger s'il eſt vitié. CH A p 1 T R E. XXIX. N D QºN Pres auoir ainſi declaré les ſignes, dont on cognoiſtra le commencement du Callus, ſa ge- \ y neration, & la maniere par laquelle il ſe fait maintenant il conuient dire ce qui empeſche la # generation d'iceluy,& ce qui aide Nature a le former & endurcir. Or les choſes qui empeſ- #N \# chent que le callus ne ſe faſſe,ou qui le retardét, ſont toutes choſes qui ont grande puiſſan- - , ce de reſoudre & ſubtiliſer,& qui ſont onctueuſes,oleagineuſe,& humides. Car par icelles s'amollit,relaxe,ſubtiliſe,liquefie,& conſomme l humeur,dont il ſe doit faire:lequel à l'oP- poſite on doit deſeicher, engroſſir,eſpeſſir & endurcir auec medicament emplaſtiques, moderement chauds & aſtringens.Toutesfois ie ne veux nier,que les medicamens humides & relaxans ne doiuent auoir lieu où le callus ſeroit trop gros & tortu,ou d'autre mauuaiſe figure,afin de le diminuer & rompre de nouueau.Ce qui ſe fait lors que la partie eſt grandemét difforme,& ſon action deprauée,pourueu qu'il ſoit encore recét, Ce que l'on doit faire auec fomentation faite de decoction de tripes ou de teſte de mouton,eſquelles on fera cuire des racines de guimauue,couleurée,ſemence de lin,fenugrec,fiente de pigeon,graine de laurier,&au- tres ſemblables.Auſſi faudra vſer de ce liniment & emplaſtre.2.vnguenti dealthæa 3. iiij.ol.lilij. & axung. anſerisan.3.j.aquæ vita parum : liquefiant ſimul,fiat linimentum : duquel faut frotter la partie,puis mettre deſſus cét emplaſtre.24.emplaſtri de Vigo cum mercurio,cerati œſypati deſcriptione Philagrij, an.3.iijol aneth & liliorum an i j liquefiant omnia ſimul, fiat emplaſtrum, extendatur ſuper alutam ad vſum dictum. Le : # s Des Fractures. | 349 A Le callus eſtant aſſez amolly,faut le rompre, & redreſſer les os en leur figure naturelle,& pratiquer toutes les choſes de nouueau neceſſaires à la fracture pour parfaire la curation.Si le callus eſtoit trop endurcy & vieil,il vaut meiux ne s'efforcer à le rôpre,ains le laiſſer,de peur de faire pis au malade.Car il peut aduenir, le voulant rompre, que l'os ſe rompra pluſtoſt en vn autre endroit, qu'au lieu du callus. Parquoy le mala- de ſera plus ſage de ſe contenter de viure eſtant boiteux,que de ſe mettre en hazard demourir.Si le cailus eſtoit trop gros, on le diminuera (au moins s'il eſt recent) par medicamens mollificatifs & reſolutifs, & fortaſtringens, qui ont vertu de liquefier, conſommer, & deſſeicher. Pareillement ſera bon de le frotter ſouuentefois longuement auec huyle laurin, auquel on difſoudra du ſalpeſtre, ou d'autre ſel. Et la tumeur ſera bandée, y appliquant vne lame de plomb aſſez eſtroittement ſerrée, qui empeſchera que le nourriſſe- ment ne pourra penetrer à la partie,& par ainſi le callus fera diminué.Si le callus eſt quelquesfois troppe- Pour amo#: tit & retardé à faire,à cauſe que les bandes ont eſté trop ſerrées,& auſſi parce que la partie a eſté longue- drir le cal- ment en repos ſans aucun exercice (qui eſt vne des occaſions principales qui la rendent emaciée, conſide- lu. ré que le mouuement eſchauffe la partie, dont elle eſt mieux nourrie, & par conſequent plus forte ) ou fi Pººr1uºy la ladite retardation vient par faute des alimens pechans en qualité ou en quantité, ou en tous les deux en- Pº,ºſº , ſemble auſſi pour auoir trop ſouuent deſlié la partie,ou s'eſtre trophaſté de la mouuoir : on obuiera à ces # P" vices, adminiſtrant au malade le boire & manger par cy - deuant eſcrit, parlant de la generation du callus. eiſiueté. Si c'eſt pour auoir trop ſerré la partie, il la faudra deſerrer,& oſter du tout la bande de deſſus la fracture : au lieu de laquelle ſera faite vne autre maniere de ligature, qui commencera à la racine des vaiſſeaux,à ſça- • uoir pres l'aine & au bras pres laiſſelle, la conduiſant iuſques pres la fracture.Car par ce moyen on expri-sºirºt me le ſang, & le fait-on couler à la partie offenſée, ainſi que par cy-deuant en auons eſcrit. Au contraire, # * pour chaſſer le ſang de la partie. Pareillement on peut vſer des frictions molles, & fomentations auec eau ons d} B chaude temperément qu'il faudra delaiſſer, lors qu'on verra quelque chaleur & tumeur en la partie.Car ſi # on pourſuiuoit d'auantage,on reſoudroit ce qu'ony auroit attiré.Partant tu noteras que les frictions & fo- mentations ont contraire effect, ſelon qu'elles ſeront longues ou briefues.D'auantage pour faire attraction del'aliment, on appliquera emplaſtres de poix,&fomentations neceſſaires aux atrophies. Des fomentations qu'onfait aux fractures des os. C H A P. XXX. 2 N fait les fomentations pour pluſieurs & diuerſes intentions, & en diuerſe maniere. La fo- Facultez de mentation d'eau chaude doit eſtre temperée, ( c'eſt à dire moyenne,entre bouillante & froi- l'eau chande $ de) & cette temperature ſe cognoiſt, partie au ſentiment de noſtremain, partie au ſens du ſºº ººº # malade,qui eſtant interrogé, la dit eſtre trop chaude,ou trop froide, ou moderée. Icelle eau ſent 1 i.ſºſf. ºCNS ainſi moderément chaude,appliquée par peu de temps par fomentation, eſchauffe & ſubtiliſe ! # # l'humeur qui eſt à la ſuperficie du cuir,& ſe prepare à reſolution auſſi fait attraction du ſang & del'aliment #." C neceffaire à vne partie qui en aura beſoin.Pareillement appaiſe les douleurs:relaſche ce qui eſt trop tendu: rurgtem, ' eſchauffe moderémentvne partie trop refroidie parl'expulſion & expreſſion du ſang & des eſprits,qui au- roitpû eſtre faite par les bandes & ligatures : & s'ilya intemperature chaude, elle la rafroidit accidentel- lement, qui ſe fait en reſoluant l'humeur chaud contenu en la partie : que ſielle eſt extenuée & amaigrie, la rend charnuë & mieux nourrie,& ſucculente,laiſſant vne humidité gracieuſe,comme ſont les bains # catl . - - douce. Nous iugeons la fomentation auoir eſté appliquée peu de temps, quand en la partie il commence y Signes de la apparoiſtre vn peu de rougeur & tumeur:moderément, quand la rougeur # tumeur ſont apparentes & mà- fomºntation nifeſtes : longuement, quand la rougeur qui apparoiſſoit eſt perduë , & la tumeur abbaiſſée. Il faut auoir ºs auſſi vne conſideration de l'habitude du corps qu'on fomente.Car s'il eſt plethorique, la mediocre fomen- Jº tation remplira la partie d'humeurs ſuperflus:mais auſſi s'il eſt maigre & extenué,rendra la partie qu'on fo. mente charnue, mieux nourrie,ſucculente,& refaite.Reſte à parler des fractures des os du pied. E- - De la fracture des os du Pied. C H A P. X XX L g M. Es os de l'auant-pied & ceux des orteils peuuent eſtre fracturez, comme ceux de la main , par- §é quoy ils pourront eſtre traittez comme nous auons dit par cy - deuant. Toutesfois ſpecialement et les orteils ne ſeront tenus courbez comme les doigts de la main, afin que leur action ne ſoit em- peſché,qui eſt de tenir l'homme droit & debout,comme les iambes pour le faire marcher:& auſſi † que le malade ſe tienne au lict & en repos, ſans cheminer, iuſques à ce que le callus ſoit bieº 0III) C, - D - - - Fin du Quinziéme Liure des Fractures. $. G g T A B L E 3 5 o - ºkºkºekºkºkºkºkºcºkºtº # C HA P ITR E S T A B LE DES D V L I V R E XV I. Des Luxations. Difference des Luxations, Cauſes des Luxations. %) Signes vniuerſels pour reconnoiſtre les deſloiieures. Pronoſtic des Luxations. Cure vniuerſelle des Luxations. De la Luxation de la mandibule. re des deux coffez. T)e la Luxation de l'os clauiculaire,ou intuluire. T)e l'eſpine luxée. De la Luxation de la teſte, auec la premiere vertebre du col. De la Luxation des vertebres du col. De la Luxation des vertebres du dos. La maniere de reduire l # luxée en la partie exterieure. De la luxation des vertebres faite de cauſe interne. Prognoſtic de la luxation des vertebres. - De la luxation de l'or coccyx , cuda, ou queue. De la luxation des coffer. " - De la luxation de l'efpaule. JLa maniere de reduire l'eſpaule auec le poing,ou les doigts ioincts enſemblè. ' La maniere de reduire l'efpaule auec le talon. sAutre maniere de reduire l'eſpaule. La maniere de reduire l'eſpaule auec vne eſcuelle, & autrement eAutre maniere de reduire l',paule. - - La maniere de reduire l'eſpaule, quand la luxation eſt faitie en la partie anterieure, T)e la luxation de l'eſpaule faite en la partie exterieure. JDe la luxation de l'eſpaule faite en la partie interieure. De la deſloiieure du Coulde. La maniere de reduire la luxation du couldefaite en la partie exterieure. De la luxation faite en la partie interieure. Te la deſloüeure del'extremitè de l'os du coulde, appellé ſtyloide proche du carpe. De la luxation du poignet. De la luxation des os du carpe. De la luxation des os du metacarpe. De la luxation des doigts. De la luxation de la hanche. Pronoſtic de la luxation de la hanche. De la luxation de la hanche faite en dehors. Les ſignes que la luxation de la hanche eſt faicte en dehors. De la luxation de la hanche faicte en deuant. De la luxation de la hanche faicte en derriere. La maniere de reduire la luxation de la cuiſſe »faite en dedanr. Autre maniere de reduire ladite luxation par machines, & c. La maniere de reduire la luxation de la cuiſſe, faite en dehors. Lamaniere de reduire la luxation de la cuiſſe,faite en dedanº. La maniere de reduire la luxation de la cuiſſe, faite en derriere. De la luxation de la rouelle du genouil. ". T)e la deſloueure dugenouil. De la luxation du genouil, faite en deuant. De la luxation & diſionction du petit focile de bras. De la luxation du grand focile auec l'aftragale. De la luxation dn talon. Des accidents qui viennent pour la contuſion faite au talon. De la luxation de l'os astragale. - De la luxation des os du tarſe & du pedium. De la luxation des os de la plante dupied & de orteilr. Des complications ou accidens qui peuuent aduenir à lapartie fracturée ºu luxſa. #=RQſ7ſ%7 ES CRIPT I O N & enumeration des Luxations, Chapitre j Deſcriptions de quelques inſtrumens ſeruans aux Luxations.Chap. vij Maniere de reduire la mandibule lors qu'elle eſt luxée en la partie anterieu- " Mara red reduire le mardibn luxée ſeulament d'vn coſté. Chap. X Chap. ij Chap. iij Chap. iv Chap. vº Chap. vj Chap. viij Chap. ix Chap. xj Chap. xij Chap. xiij Chap. xiv Chap. xv Chap. xvj Chap. xvij Chap. xviij Chap. xix Chap. xx Chap. xxj Chap. xxij Chap. xxiij Chap. xxiv Chap. xxv Chap. xxvj Chap. xxvij Chap. xxviij Chap. xxix Chap. xxx Chap. xxxj Chap. xxxij - Chap. xxxiij Chap. xxxiv Chap. xxxv Chap. xxxvj Chap. xxxvij Chap. xxxviij Chap. xxxix Chap. xl Chap. xlj Chap. xlſ] Chap. xliij Chap. xliv Chap. xlv Chap. xlvj Chap. xlvij Chap. xlviij Chap. xlix Chap. 1 Chap. lj Chap. lij Chap. liij Chap. liv Chap. lv Chap. lvj Chap. lvij Chap. lviij Chap. lix L E | | ij tit 1! #! |1 | | : S E I Z I E S M E LIVRE, D E S v$ oNs 18 T'ar A M B Ro 1s E PAR E de Laual au Maine, Conſeiller, &9* premier Chirurgien du Roy. - -- Deſcription & enumeration des Luxations ; c'eſt à dire, déloiieres & déboètures d'os. CH A P 1 T R E P R E M I E R. V x A T I o N eſt la ſortie de la teſte de l'os hors de ſa cauité en vn lieu inac- Deſcription couſtumé, qui empeſche le mouuement volontaire.Il y a vne autre eſpece de luxation, qui ſe fait par elongation ou élargiſſement des ligamens qui lient les jointures; laquelle n'eſt pas vraye diſlocation,mais eſt vn chemºn a ce fai- re, & telle choſe ſe fait par vne tres-granue diſtenſion & relaxation des li- gamens, comme de celuy qui eſt au dedans de la 1ointure de la hanche, à , ceux qu'on aura tiré ſur la geſne : ou de ceux qui enuironnent la iointe, com- A me l'épaule, pour auoir eu l'eſtrapade, ou le pied a ceux qui font quelque s faux pas, & le tordent, ou renuerſent Il y a auſſi vne autre eſpece de luxa- tion,qui ſe fait quand les os s'élochent, s'entr'ouurent, & entrebaillent, ſans - toutesfois eſtre luxez : & principalement cela ſe void és petites fociles du C bras & de la jambe : & quand cela ſe fait, les ligamens ſont auſſi dilatez , & quelquesfois rompus & dila- cerez. Nous auons vne autre ſorte de luxation, qui ſe fait (principalement és os des ieunes) par vne ſepa- 1ation des Epiphyſes, comme de la teſte, de l'o 2diutoire & femoris, & autres iointures : & cela ſe con- noiſt en ce qu'on void ſeparation des os auec crepitation & impotence de la partie. D'auantage, par vne de luxationt - - - - Les os aux violence les os des ieunes enfans ſe courbent & cambrent, ce que i'ay veu pluſieurs fois : mais ceux des ieunes ſe vieux ſe rompent plutoſt que de ſe ployer , à cauſe de leur durete. courbent é° - —---- ·---- — | : .. , ployent quel- - - - quesfois ſans Différences des luxations. C H A P. II. eſtre rompus- R, Vcv N E s luxations ſont ſimples, les autres compoſées. Nous diſons eſtre fimples, auec leſ- # quelles il n'y a aucune diſpoſition adjointe.Les compoſées ſont celles, où il y a complication \N# de diſpoſition, comme fracture, plave, apoſteme, inflammation, douleur tres-grande, & au- $ tres : pour leſquelles nous ſommes quelquesfois contrains de laiſſer la luxation ſans eſtre re- ** duite.Autres differences ſont priſes de ce qu'aucunes ſont complettes,comme lors que l'os eſt du tout ſorty de ſa boëte. Les autres incomplettes, quand il n'eſt du tout forty de ſa cauité, & eſt appellé contorſion ou élongation & entr'ouuerture. Cette déloüeure imparfaite n'a point de difference , ſinon en tant que les os naturellement contigus ſont plus ou moins 1eparez les vns des autres.Auſſi ſelon la diuerſité Differences du lieu, la luxion eſt diuerſe, pource qu'aucunes ſont faites en la partie anterieure, poſterieu e, ſupe-principal, rieure & inferieure : aucunes en toutes ces parties ; c'eſt a dire, en toutes les manieres ſuſdites, & les au- du lieu. tres en aucunes d'icelles ſeulement. Parquoy ſelon icelles differences, faut diuerſifier l'operation manuelle, comme nous dirons cy-apres. Outre leſquelles differences 1l y en a d autres priſes des iointures, comme grandes ou petites, profondes ou peu caues. On peut encore adjouſter autres differences priſes du temps, La differen- en ce que la luxation eſt recente ou vieille. En toutes ces differences ſuiurons par ordre en chaſque partie ee priſ de, D du corps humain, traittans d'icelle particulierement. - ieintures cº du temps. Simples lu- xations cr compoſées. —- - - - - - Cauſe des luxations. C H A P. III. ^ -1 T>. # E s cauſes des luxations ſont trois en general, à fçauoir internes, & externes, & fa troiſieſme eſt # hereditaire.Internes,comme quand il y a certaines humeurs & ventoſitez qui tombent aux ioin- t ;tures en ſi grande abondance, qu'elles lubrifient & relaſchent les ligamens qui lient les os en- ſemble, & les iettent hors de leurs boëte, ou bien rempliſſent leſdits ligamens, de telle ſorte qu'iceux engroſſis, & par conſequent accourcis, venans à ſe retirer enſemble, retirent ou les apophyſes des os dont ils ont leur origine, ou bien les os meſmes hors leurs finus & cauite : ce qu on voit ſouuent aduenir à la hanche par vne ſciatique;& aux vertebres, qui rendent les patiens boſſus & contrefaits, à rai- . ſon qu'elles ſont déplacées de leur propre lieu. Externes comme tomber de haut en bas, ou receuoir quel ºſ** que coup orbe, ou eſtre tiré ſur vne geſne, ou endurer l'eſtrapade, ou s'entorſer violentement par vne mé. " marcheure.Auſſi par vne induë fituation,comme l'on voit és ieunes garçons qui belutent la farine, & ton- deurs, leſquels par vne longue continuation,iettent les genoüils au dedans Pareillement les enfans qui ap- Prennent a écrire,par vne indue ſituation ſe tournans de coſté,hauſſant l'épaule deuiennent boſſus.Auſſi les ºutres manouuriers,par vne couſtume à exercer leur art,(ce que l'onvoit aux laboureurs) ſe pliant le dos, deuiennent courbes & contrefaits, & les ieunes filles par leur trop ſerrer le corps ſont rendues boſſues. G g a Toutes Cauſes in-s é?'/7ºf, 3 52 Le Seziéme Liure, Toutes leſquelles choſes font que les os ſortent de leur place & lieu naturel : ce qui aduient auſſi ſouuen- tesfois aux enfantemens difficiles, quand les ſages-femmes tirans les bras des enfans, diſloquent les iointu- Ls cauſe he- res de l'épaule ou de la cuiſſe. La cauſe hereditaire eſt celle qui vient de pere & mere aux enfans, comme "ºtºrº quand les boſſus engendrent des enfans boſſus & contrefaits, & les boiteux engendrent des boiteux : dont l'experience fait foy, non pas toûjours, mais le plus ſouuent. D'abondant Hipocrate liu. des art. ſect. 3. ſent. 88. & 94. & ſect.4. ſent. 3. & 4. dit que les enfans au ventre de la mere ſe peuuent luxer les bras & Les enfans iambes par cheutes,coups,ou pour auoir eſté preſſez:ce que nous voyons en ceux qui ont les pieds bots,ou • § pour auoir les aticles trop humides & laxes.Et de ce, ne ſe faut non plus ébahir , que de ce que Gal. eſcrit §. au Commentaire ſur le liure des articles, à ſçauoir que l'enfant eſtant au ventre de ſa mere, peut auoir des peuuët auoir apoſtumes, qui ſe peuuent ouurir & cicatrizer. Il aduient auſſi qu'aucuns ont les cauitez de leurs iointures apoſtemes, & peu profondes, & que les levres,ou bords de leurs pixides ou cauitez, ſont fort rabatues : dont les teſtes des ſouffrir lu- os n'entrent aſſez profondement en icelles : & que les ligamens qui tiennent les os en leurs iointures, ne xations. ſont fermes : mais fort deliez & menus de leur conformation : ou font humides d'eux meſmes, & fort lu- briques, ou humectez par vne fluxion d'humeurs pituiteux & muqueux, qui relaſchent & amolliſſent, les ligamens, qui doiuent tenir ferme la liaiſon des os,comme nous auons declaré : & à ceux-là les os ſe dé- joignent facilement de leurs iointures, & auſſi facilement y ſont reduits : de façon que les malades le plus ſouuent les remettent d'eux-meſmes ſans ayde du Chirurgien : ce que i'ay veu pluſieurs fois.Auſſi quand les A marges ou bords des cauitez ſont rompus, & la cauité d'iceux eſt aplanie, s'enſuit pareillement facile B luxation. - - - Signes vniuerſels pour connoiſtre les deſloiieures. C H A P. IV. Signes de lu- Es ſignes les vns ſont communs à toutes déloüeures , les autres propre à chacune Les ſignes xation com- communs ſont, tumeurs ou gibboſitez , où l'os eſt forjetté, & cauité au lieu dont il eſt ſorty. plette. • , , 7 Les particuliers ſeront recitez en traittant particulierement de chacuns. Les ſignes de la lu- Cauſe de # xation complette, ſont que l'action de la partie eſt perdue, c'eſt à dire : qu'elle ne ſe meut douleur aux -\s>A2N point. On connoiſt auſſi la diſlocation par le ſentiment de douleur, laquelle prouient a cauſe diſlocations que Tos n'eſt en ſon lieu naturel & qu'il preſſe la chair, & fait diſtenſion aux nerfs , qui ſont pareillement peruertis de leur ſituation naturelle. A ce ſert auſſi la comparaiſon de la pareille iointure de la partie ſaine à celle qui eſt malade , pourueu que ladite partie ſaine ne ſoit point vitiee contre nature, comme tortue ou extenuée, ou trop groſſe, ou qu'elle ait quelque autre vice qui peut empeſcher de connoiſtre l'os de- placé de ſa boëte. Et partant il faut attendre qu'elle ſoit en ſon temperament & figure naturelle. Le ſigne de la luxation incomplette eſt, que le mouuement de la partie n'eſt du tout perdu, mais il eſt grandement Signes de lu- depraué. Le ſigne que les ligamens qui lient les iointures, ſont allongez, eſt que quand on preſſe des xation incö- doigts vn coſté de l'os, on le chaſſe de l'autre, & ſubit il retourne en ſon lieu : d'auantage quand on preſſe plette. du doigt ſur la iointure, il y entre facilement : ioint auſſi que l'action de la partie eſt grandementdeprauée, & ſouuent du tout perdue. C » T- V. - Prognoſtic des luxations. C H A P. V. OvTEs jointures ſe peuuent déloüer, mais toutes ne ſe peuuent pas remettre, comme la teſte: Parce que tout promptemét tuë le malade,pour compreſſion qui ſe fait à la moüelle de l'épine: # Pareillement les vertebres de l'épine, & la maſchoire tombée des deux coſtez, ſi auparauant # que les remettre il y a deſ-ja grande tumeur & inflâmation. Aux autres iointes, pource que les * os ne ſont tous luxez d'vne meſme ſorte, ains quelquesfois plus, autrefois moins : ſelon cette - diuerſité,la reduction ſera plus ou moins difficile. Car d'autant que les os ſeront moins éloignez de leur ca- uité,d'autant auſſi ſeront-ils plus aiſez à eſtre reduits : & d'autant qu'ils en ſeront plus éloignez,d'autant en ſeront-ils plus difficiles : auſſi pour la figure,comme celle du coulde. D'auantage,d'autant que la luxation ſe fait plus aiſément en quelque partie,d'autant auſſi la reduction en eſt pareillement plus aiſée,que où l'os ne ſe déboète qu'à grande difficulté. Les os de ceux qui ſont charnus & gras ne ſe déboète pas ſiaiſément,que de ceux qui ſont maigres : & auſſi lors qu'ils ſont hors de leur lieu, plus difficilement ſe remettent : & ceux Aux gras,le, qui ſont plus maigres que de couſtume,leurs os ſe luxent & reduiſent plus facilement. Or la cauſe pourquoy e, ſont plus aux gras les os ne tombent facilement,eſt que leur iointure eſt entierement comprimée de toute part par les difficilement muſcles & greſſe. Au contraire ceux qui eſtoient gras, puis ſont deuenus maigres, leurs iointures en ſont luxez. plus laſches : parquoy plus facilement ſe déboëtent : ioint que les iointures aux hommes qui deuiennent maigres ſe rempliſſent de muccofitez par defaut de bonne nourriture,& de chaleur de la partie,qui rend le lieu plus gliſſant, comme dit Hipocrate en la ſent. 29. de la ſect. premiere du liure des articles. Mais en vn corps maigre & ſec de ſa nature,les muſcles ſont plus robuſtes,& les ligamés plus forts & ſecs & pour cette cauſe les os ſe diſloquent à tard:auſſi à plus grande force ſont-ils reduits lors qu'ils ſont déloüez.Aucuns os eſtans ioints, s'entr'ouurent & ſeparent l'vn de l'autre,comme l'Omoplate de la clauiculaire,au lieu que les Celſus, Grecs nomment Acromium: l'os du coulde & du rayon : l'os de l'éperon,ou petite focile de contre l'os de la gréue ou grand focile:l'os calcaneum de contre l'aſtragale ou l'oſſelet.Tous leſquels ne ſe rejoignëtiamais comme ils eſtoient auparauant qu'ils fuſſent écartez & déjoints.Auſſi la partie en demeure le plus ſonuent , difforme, & ne recouure point ſi bien ſon action & vſage, à raiſon que le plus ſouuent les ligamens qui ſer- uent à lier, attacher,renforcir,& reueſtir les parties de noſtre corps les vnes auec les autres ſont rompus & La luxation trop relaſchez. Ceux qui ont luxation de cauſe interne,icelle eſtant reduite, peut reuenir derechef & ſou- de cauſe in : uent,parce que les ligamens eſtans imbus & arrouſez de l'humeur ſuperflu,qui eſt decoulé,ne peuuent faire rerne,recidi- tenir les os : ce qui aduient auſſi quand les ligamens ſont rompus : & lors qu'on eſtime que le malade ſoit ue ſouuent. guary, les os ſortent de leur place,& puis les ayans derechef reduits,n'y peuuent demeurer. Quelquesfois l# lés ligamens ne ſont du tout rompus , mais portion d'iceux : dont l'action de la partie ſelon la diſpoſition ſ/76'77f. ſera plus ou moins deprauée ou perdue. Il y a auſſi vne autre luxation incurable, qui aduient à raiſon des meſmes ligamens : à ſçauoir lors qu'iceux font tellement remplis & abreuuez d'humidité ſupeifluë,que vc- nans à ſe racourcir & retirer enſemble, auec ſoy retirent & font deſtraction des appendices d'auec leurs os° Car à raiſon de la multitude des cauitez & tubercules par l'inſertion deſquels l'appendice eſt iointe auec # ſon os, il eſt preſque impoſſible que la rencontre s'en faſſe de meſme qu'auparauant. Pareillement ſi les lu . tenir en leur º ſontinueterées, & qu'il y ait quelque humeur accrue aux cauitez des iointures, les os ne pourron, jointure. º Auſſi lors que les teſtes de l'os adiutoire, ou femoris,ont ja fait par diuturnité de temps vn lieu broyé - & battu Luxation de la reſte incu- rable. D f f, $ Rº - #. | - ººit. º, tºmne ºitcut # º# #; : ksºu & # :Gil# ºtiUºitis lislomus º teſtºs lſltllft5,!: & fortli. liſſent,ls : 05 le dé- il.skplus # lik3 # id: | l' · les # leſt ſorti, tsdelilº | n : mer tntact pºt nº pititº )mmº '07 : iºrtl5: lle.It # gimlitº ºn ptſ # injon# ntdtpºlº melitº ! ledel':# 'apiiiº [[Ct queº , ſelonccº ! d: leuré l'autantº luxatiºſº eoùlºi ſeme#l cnt &(º, # piſtº jres cliº deuieº qui fcº § pourº Aucº lieu# [t tºº ºntº 2 - - rº #lº :fs gºº tºº #º #º A · Des Luxations. 3 5 3 & battu, auquel elles ſont deſcenduës ou montées, iamais les os ne pourront demeurer dans leurs jointu- res, encore qu'on les ait bien reduits : pource que la cauité de la joincture s'eſt remplie de cét humeur glaireux, lequel s'endurcit & augmente, qui fait que l'os ne peut entrer ny demeurer en ſa jointure, & que la teſte deſdits os a fait autre lieu ou cauité tenant la place deſdits os,laquelle eſt broyée & calleuſe. Outre plus ceux qui ont le haut du bras luxé, peuuent faire quelque œuure de leur main,auſſi bien que de l'autre bras qui n'eſt luxé. Car les mains ne portent pas le corps, comme font les jambes. Et d'autant qu'on fait exercice de la main : d'autant auſſi le mieux nourry. Mais au contraire, quand il ya luxations à l'os femoris, La cauſe de principalement en la partie interieure, il ſe fait vne grande atrophie à la jambe, pource qu'on n'en peut faire l'atrophie. nul mouuement. Car les parties qui ont moins de mouuement, ſont auſſi moins nourries. Dont dit Hippo- crate, l'vſage & exercice des parties les robore & entretient bien habituées : au contraire la pareſſe & ceſſa- tion du mouuement les extenue & debilite. Finalement lors qu'il y a vne luxation accompagnée d'vne gran- ziu « Epi de playe & fracture, la voulant reduire, & faiſant extenſion, il y a danger qu'on ne face trop grande exten- ſ§ . ſion aux nerfs, & ruption aux ligamens, veines, & arteres : qui ſont cauſe de conuulſion & ſpaſme, ou in- , oc ſea.,. flammation, & autres accidens. Parquoy en tel cas Hippocrate conſeille ne reduire telle luxation, & d'au- de art. jent. tant qu'il vaut micux laiſſer deuenir le malade impotent, que de luy ofter la vie. Car toute deſloiieure ſe 28. doit remettre auant que l'inflammation y foit venue : & ſi ja elle y eftoit, il faut laiſſer le malade en repos, & oſter l'inflammation, & n'irriter point le mal, de peur d'y cauſer vne extreme douleur,gangrene,ſpaſme, & par conſequent la mort : ce que i'ay veu aduenir quelquesfois. Et quand l'inflammation » tumeur, & autres accidens ſeront ceſſez, il faut eſſayer à reduire l'os aux membres qui le peuuent ſouuent ſouffrir : & à cela ayde beaucoup l'habitude du corps : car ſi le corps eſt delicat & mollace , on fera la reduction plus Promptement & facilement : au contraire non. Et ſuffiſe du prognoſtic : maintenant il nous faut venir à la cure vniuerſelle, - - | -- . "- - - "- - - « • - - - •-• • •--- " • - . . " * Curé vaiuerſelle des Luxations. C H A P. V I. , ; j -, º - : -- • -- > - - - - - *- - • - - - - VTRE ce que nous auons declaré cy-deuant de la cure generale des fractures & luxations,il ſera cinq intez : bon d'eſcrire encore maintenant ce qui appartient plus ſpecialement auſdites luxations, t'aduer- tions en la Sº^º & ſucceſſiuement. La premiere, tenir : la ſedonde, tirer : la troiſiéme,pouſſer : la quatriéme,faire xations. deuse ſituation : la cinquiéme, corriger les accidens. La premiere intention, qui eſt tenir, ſe doit entendre de tout le corps, ou ſeulement d'vne partie. Tout le corps ſe doit tenir , lors que l'eſpaule eſt hors de ſa place, ou les vertebres, ou l'os de la cuiſſe. Il ne faut tenir que la partie, quand la luxation eſt à l'os furcu- laire,ou au coulde,ou en la main,ou au genoüil,ou aux pieds : & la raiſon pourquoy on tient,c'eſt de peur tu'en tirant, le corps ne ſuiue la partie que l'on tire, & où il ne ſeroit tenu ferme, on ne pourroit bien re- duire la luxation. La ſeconde intention, qui eſt de tirer, c'eſt afin qu'il y ait interualle libre & ſpacieux en- seconde in- tre les os desjoincts : ſurquoy il faut noter, qu'on doit mettre touſiours la partie, en laquelle l'os eſt tombé, tentien. audeſſus, & celle dont il eſt tombé, au deſſous, ou à cofté. Or les façons de tirer, c'eſt à dire , eſtendre, ſont diuerſes, ſelon que les muſcles & ligamens ſont puiſſans, & les os ſont tranſportez en ça ou en là : & pour ce faire on s'ayde ſeulement des mains Que ſi les mains ne ſont ſuffiſantes,on vſe d'inſtrumens & ma- chines propres à ce faire , comme tu verras par les figures cy-apres depeintes. Mais pour euiter l'inconue- nient qui pourroit venir de trop eſtendre, l'extenſion ſera faite ſeulement tant que l'os ſoit vis à vis de ſa canité. La troiſiéme intention eſt, qu'apres que la partie ſera ſuffiſamment eſtendue , faut pouſſer, tourner, Trciſéme in: & virer l'os déplacé, ſelon qu'il ſera beſoin. En quoy faut bien prendre gade de ne pouſſer en autre lieu § "^ qu'en ſa boëte : parce qu'on pourroit faire paſſer l'os d'vne partie en l'autre , comme ſi l'os adiutoire ou fe- • ! moris ſont luxez en la partie anterieure, en les trop pouſſant, on les jette & fait-on paſſer en la partie po- ſterieure,ſans les faire entrer en leur jointure.Pour à quoy pouruoir,les os ſerót pouſſez par la meſme voye qu'ils ſont ſortis : laquelle choſe ſe fait facilement aux luxations recentes, à cauſe des muſcles qui ſ. reti- rent vers leur origine, lors qu'ils ſont aidez par la main du Chirurgien. On connoiſt l'os y eſtre mis, quand A entrant dans ſa boëte, il fait vn bruit ſonnant clocq : & la partie qui eſtoit deſloüée, ºu toucher & a la veué eſt ſemblable à la ſaine de figure, conformation & grandeur, & la douleur eſt appaiſée, & que la partie fait ſes mouuemens naturels; à ſçauoir, flexion, extenſion, prone & ſupine , la hauſſant & baiſſant & tournant, •, » * comme elle faiſoit auparauant eſtre luxée. La quatriéme intention, qui eſt de faire deue ſituation, c'eſt afin . ?ººtºiémé que l'os qui aura eſtéreduit, ſe puiſſe contenir , & derechef ne ſorte de ſa boëte En la luxation du bras on inteº. le tiendra en eſcharpe : & en celle de la hanche, du genoüil, & du pied, au lict : ainſi des autres parties qui ſont declarées chacune à part-ſoy. En quoy faut obſeruer, qu'apres la reduction faite, l'on doit appliquer eſtoupades & compreſſes baignées en oxycrat, & couuertes de medicamens conuenables : auſſi qu'elles foient proprement ſerrees & liées ſelon la partie luxée, n'oubliant à tourner les bandes à l'oppoſite du lieu où l'os aura eſté luxé. Semblablement leſdites compreſſes ſeront miſes plus groſſes au lieu d où ſera ſorty l'os, qu'en vne autre part. Car ſi on fait le contraire, il y aura danger de le repouſſer & ietter hors de ſa pla- ce.Cela fait on n'y doit toucher de quatre ou cinq iours, s'il n'y ſuruient douleur,ou quelque autre accident. La cinquiéme intention eſt, de remedier aux accidens & affections compliqueés , s'il y en a : comme dou- leur, inflammation, playe, fracture, & autres qu'auons dit au liure des l ractures. Que ſi la luxation eſtoit vieille, c'eſt à dire, qu'elle eut demeuré long temps ſans eſtre reduicte, & † fuſſent endurcis & deſſeichez, auant qu'on eſſaye de la remettre , il la faut addoucir & amollir auec fomentations, cataplaſmes, emplaſtres, linimens, & autres choſes neceſſaires : puis mouuoir & broyer, c'eſt à dire, agiter deça & delà (non par violence ) la jointure qu'on veut remettre, afin d'eſchauffer, diſſouldre, attenuer , lobrifier, & fubtiliſer ; l'humeur defiue ſur icelle, pour mieux eftendre les fibres des muſcles, llgamens, & aponeuroſes qui la lient. Mais ſi on voit qu'il y ait grande douleur , inflammation, & tumeur, il n'y faut toucher que premierement tels accidens ne ſoient paſſez, comme auons dit. Les os qui ſont entr'ouuerts, entrebaillez, & aucunement ſeparez, ſeront rejoints par bien bander, lier, & ſituer la partie , commençant le bandage ſur l'entr'ouuerture du talon , comme inflammation, douleur, conuulſions, & quelquesfois la mort : par- quoy ne doiuent eſtre negligez. - " • » • 7 Cinquiéme intention. Atºfre inten. tion pour les luxations in: f4/7/4'J• " G g ; pſirpiiv» tiſſant premierement d'obſeruer cinq intentions, ou reſpects, leſquels conuient faire par ordre cure des lu- 354 Le Seziéme Liure, - - "------- Deſcription de quelques inſtramens ſeruans aux luxations. C H A P. V I I. :) R3 - - - - . .. ' ( # # V P A R A v A N T que d'entrer en matiere , j'ay voulu te faire peindre ces trois ligatures : pour $5)tenir & tirer les parties luxées. La premiere marquée A, ſert à tenir. La ſeconde marquée par t, gÉ& A, eſt pour tirer, qui eſt fait d'vn ſeul nœud La troiſiéme marquée par C, eſt auec deux nœuds,pour mieux tenir fermement, comme tu vois fort bien par des figures. Plus vn inſtrument pour tirer d'vne vehemente force, lors que la main n'eſt ſuffiſante, qui eſt fait en ma- niere d'vne petite moufle, marquée D. D. dedans laquelle y a trois petites roues, dans leſquelles ſe mer vne corde marquée H. & aux extremitez il y a deux crochets, dont l'vn ſert pour tenir ladite moufle contre quelque pillier, & l'autre qui eſt pour tirer le lien qu'on attache à icelle. B.B. Les boëtes qui couurent la- dite moufle. A. A. Les couuercles deſdites boetes. C. vn piton fait à viz, qu'on poſe dans vn pillier de bois pour attacher l'vn des crochets de la moufle. F. vn foret duquel on perce le pillier pour inſerer ledit piton, comme tu vois par cette figure. Figure de la Moufle. En lieu de la Mouffe, aucuns Practiciens vſent de cét inſtrument nommé maniuelle, dont la poincte eſt D faite en maniere de foret, ou d'vne tairiere qu'on attache contre vn pillier ou ſolliue de bois, dans laquelle maniuelle y a vne viz, qui en ſon extremité a vn crochet, là où l'on attache vn lien, & par le moyen de la clef, ladite viz tourne dans vne eſcroüe : & par icelle eſt tiré le lien tant & fi peu qu'il eſt requis pour rs- duire l'os en ſa boëtc. Figure.J ( : - • ) 1 à Des Luxations. 35s , * A Figure de la Maniuelle. . - - A preſent nous pourſuiurons les deſloüeures particulierement, commençans à la mandibule inferieure, & finirons parl'extremité des doigts des pieds. - * - - Cureparticuliere des Luxations, & premierement de la Mandibule inferieure . C H A P I T R E V I I I. C 2N la Mandibule inferieure ſe fait luxation : ce qui aduient ſouuent en baillant & ouurant - - - - • -- - - - lieu de la lu- J$ re, à cauſe des deux additamens mammillaires, qui l'engardent eſtre reculée en arriere. Èlle mandibule qu'elle n'eſt deſloüée que d'vn coſté, c'eſt qu'elle eſt tournée de trauers, & le coſté dont elle Signe qn'elle eſt luxée , ſe monſtre plus plat & caue, & celuy de la partie ſaine, plus eſleué & auancé : & la bouche du eji luxée ſeu- malade demeure ouuerte, ne la pouuant fermer, ny maſcher les viandes, & les dents ſont plus auancées en lement d'vn deuant que celles de la mandibule ſuperieure : & auſſi ne ſont à l'endroit de leurs pareilles : au contraire coſté. . | . à $ grandement la bouche. Et icelle ſe fait en la partie anterieure, & peu ſouuent en la poſterieu- Canſe & • ) - - A - - - - xaticn de la , $ ſe fait en deux manieres, à ſçauoir, ſeulement d'vn coſté, & quelquesfois des deux. Le ſigne - A les canines ſe rencontrent ſous les inciſiues, & la partie deſloüée, & le menton,ſont tournez & inclinez vers $igº 1º C le coſté qu'elle n'eſt deſloüée. Les ſignes qu'elle eſt deſloüée des deux coſtez, ſont, qu'elle pend ſur la elle eſt luxée poictrine, & tout le menton s'auance en deuant, & par deſſus la maſchoire on void les muſcles temporels des deux co- tendus, & la ſaliue coule de la bouche du malade , ne la pouuant retenir : & ne peut fermer la bouche, n ſtez. remuer la langue pour parler, mais balbutie. Lors qu'elle eſt luxée des deux coſtez , elle eſt plus difficile - - que quand elle ne l'eſt que d'vn coſté : & pareillement les accidens ſont plus grands.Parquoy elle doit eſtre Pregnoſticº ſoudainement remiſe, ou autrement le malade tombe en extreme douleut, fiévre , & inflammation autour de la gorge, eſt en danger de mort, & le plus ſouuent en dix iours, plus ou moins, ſelon l'habitude du corps : à raiſon ( comme dit Monſieur d'Alechamps) des cinq rameaux de nerfs,qui viennent de la ſeconde & cinquiéme conjugaiſon du cerueau : qui ſe diſtribuent aux muſcles, qui la font mouuoir : au moyen de- quoy lors qu'ils ſont violentement eſtendus, cauſent les accidens ſuſdits. Les practiciens tiennent, qu'en Ce qu'il faué douze iours, apres eſtre reduite, elle eſt aſſeurée de non plus retomber. Et où elle aura eſté quelque temps faire deuané ſans eſtre reduite, faut vfer de remedes remollitifs, & relaſchans, comme fonmentations, linimens, cataplaſ que remettré mes, & ſemblables choſes qui ont vertu de ce faire, & apres la reduction faite, on y appliquera vn medica- lº mandibº- ment fait de blanc d'œufs,& huile rofat,pour ſeder la douieur,& les compreſſes ſeront trempées en oxycrat: le luxée de & au ſecond appareil on y mettra vn autre, qui aura puiſſance d'agglutiner & reſerrer les ligamens, & au. *** res parties qui auront eſté relaſcbées, afin auſſi que la partie remiſe ſoit tenue immobile , & ſoit aſtrainte. #xemple. 2/.. pul.boli armen.ſang.drac.farina volatil.maſtich.picis reſinæ an.3.ſ$. album ouor. q.ſ. fiat me- §ica. Et apres on pourra vſer de l'emplaſtre diachalciteos fondue en huile roſat, & vn peu de viuaigre, &. ,utres qu'on verra eſtre neceſſaires. - - - - - - - - Maniere de reduire la mandibule, lors qu'elle eſt luxée en la partie anterieure de deux coſtez. C H A P 1 T R E I X. · • A* - - - - l L faut faire coucher le malade en terre,ou,ſur vne petite ſalle baſſe,& luy tenir fermement la Premieré N@ teſte,& que le Chirurgien mette ſes deux pouices dans la bouche du malade, enueloppez d'v- methode de # ne petite bandelette, afin qu'il ne ſe bleſſe contre les dents, & qu'ils n'eſchappent & gliſſent, reduire la # preſſant ſur les groſſes deuts de la mandibule inferieure,& quant & quant tenant les doigts par ººibºle º deſſous le menton en eſſeuant toute la mandibule. Et ſi par ce moyen on ne peut faire la redu-*** • ction, à cauſe peut-eſtre que la bouche ſera ſi fermée, qu'on ne pourra mettre les poulces dedans, faudra *** *nettre des coings de bois, qui ne ſoit pas dur ny aſpre, mais mol, & qui cede, comme le bois de coudrier, ºu ſapin (& ſeront de figure quarrée de groſſeur d'vn doigt ou plus ) & les appliquera-on deſſus les dents #nolaires aux deux coſtez, qui ſeruiront de conduire la maſchoire en ſon lieu quand on la tirera : & les y aut tenir fort : puis on mettra vne bande ſous le menton, & vn ſeruiteur mettra ſes deux genoux ſur les eſ- Paules du malade, & tirera en haut les deux bouts de la bande, & alors le Chirurgien doit preſſer vers le - - as les deux coings de bois, & dreſſer en leur lieu les os de la mandibule. Et apres la reduction faut bander º# & medicamenter le malade ainfi qu'il eſt neceſſaire, & apres luy commander qu'il n'ouure la bouche, & ºº#" qu'il ne mange rien difficile à maſcher, iuſques à ce que la douleur ſoit paſſée : & qu'il vſe de choſes liqui- le reſtiguée. ºes, comme orge monde, panade, gelée. preſſis, coulis, & autres ſemblables. G g 4 · Juaniercº : 3 56 Le Seziéme Liure, Obſeruation en toutes lm- xations. •A ſ#auoir s'il ſe fait luxation de la mandibu. le en la par- tie poſterieu- 1'º. va fourchst- te ſe peut lu. xer par ſes deux extre- mitez. Les differen- ces de la lu- xation de d'os furcu- laire. Riſtoire de , Gal. des art. ſect. 1. Comm.ſur la ſent. 62 • Poin# conſi- derable. Compoſîtion de l'eſpine. La mbtéelle - 2 ! -T- - "-- Mamiere de reduire la Mandibule luxée ſeulement d'vn coſté CH A P. , X. L faut faire aſſeoir le malade beaucoup plus bas que le Chirurgien, & luy fera-on tenir la teſte $42 en derriere par vn ſeruiteur, afin qu'en la reduiſant & tirant il ne ſuiue le Chirurgien : ce qu'il # faut touſiours obſeruer en toutes luxations, comme nous auons dit. Puis mettra le Poulce dans § la bouche du malade ſur les dents maxillaires, du coſté luxé, & abbaiſſera la mandibule, en la NWNS tirant à coſté, & la pouſſera en ſa place. Et pendant qu'il fait tel œuure, faut que le malade s'aide de ſon coſté, n'ouurant la bouche que le moins qu'il Pourra , afin que les muſcles ne tendent point: mais pluſtoſt on luy commandera de la laiſſer aller ſans la fermer : car en ce faiſant les muſcſes crotaphites ſe retirent en leur propre lieu, & aydent à la reduction. Aucuns afferment qu'il ſe fait luxation de ladite mandibule en la partie poſterieure, & qu'alors la bouche demeure fermée, & le malade ne la peut ouurir : auſſi que les dents d'icelles ne ſont point tant auancées que celles de la mandibule ſuperieure,mais ſont reculées en arriere : & pour la reduction diſent, qu'il faut tenir la teſte du malade fermement par derriere, & que le Chirurgien mette ſes poulces dans la bouche, & les doigts ſous le menton , & qu'il la tire vers ſoy en l'esbranlant , & maniant d'vn coſté & d'autre. Quand à moy, iamais ie n'av veu telle luxation aduenir, & penſe qu'a grande peine ſe peut-elle faire, pour la raiſon predicte. Si elle ſe faiſoit, ce ſeroit vne luxation incomplette, eſtant vn peu reculée en arriere contre leſdits additamens mammillaires, & facilement ſe pourroit reduire cn cſleuant en haut ladite mandibule donnant vn coup de poing par deſſous. X I. $ $é2'O s jugulaire ſe peut ployer, deſloüer, & rompre. Il ſe deſioint en dèux manieres : l'vne contre é à le Sternum, & lautre contre l'omoplate; à ſçauoir, 1'Acromium : qui eſt partie & aboutiſſement # de ſon eſpine, contre lequel eſt appuyc & jointe la furcule. Toutesfois tant d'vn coſté que d'au- · tre la luxation de cét os eſt rare & difficile , pour la ferme adherence & connexion qu'il a auec les parties ſuſdites :& à grande difficulté l'extremité, qui adhere au Sternum, ſe peut baiſſer en bas, a cauſ« qu'elle eſt ſouſtenue de la premiere coſte. Ladite luxation peut aduenir au dedans,au dehors, & aux coſtez: & ſelon icelles differences il faut que le Chirurgien faſle la reduction , qui ſe fera en pouſſant & eſtendant le bras. Et s'il eſt beſoin, on fera coucher le patient à la renuerſc, ayant l'eſpaule ſur le cul d'vne jatte, ou'au- tre choſe ſemblable, afin que l'eſpaule & le Thorax ſe courbent en dehors, pour puis apres réduire mieux la luxation ou fracture, ce qui ſe fera en hauſſant, ou baiſſant, ou tirant le bras du patient en auant, ou en arriere, ſelon le coſté auquel ſera faite la diſlocation. Puis en pouſſant ſur l'emincnce dudit os , ſera reduit en ſon lieu. Et conuient lier, & mettre compreſſes, & le tenir en repos, ainſi que s'il eſtoit rompu. Gal, ſur le liu. des deſloüeures d'Hipp. dit que luy eſtant en l'aage de 35. ans, en s'exerçant dedans l'eſchole publi- que, luy auoit efté diſioint l'os de l'Acromium d'auec l'os furculaire,ſ grandement qu'entre l'Acromium & l'os furculaire eſtoit interu2lle de trois doigts : & recite cette de floueure auoir eſte guarie par vne ſi vio- lente ligature, qu'il ſentoit au deſſous de l'os furculaire le batt nent des arteres. laquelle il porta par l'eſ- pace de quarante iours : & dit, que peu de malades veulent ſouffrir vne ſi grande compreſſion,& ſi longue- ment comme il eſt neceſſaire. Or veritablement cette luxation eſt difficile a connoiſtre,& encore plus à eſtre curée : Ie ſçay qu'aucuns Chirurgiens s'y ſont trompez , eitiinant que la teſte de l'auant-bras eſtoit luxée. 'Car lors la ſommité de l'eſpaule, appellée des Grecs epomu, ſe voit plus enfée , & le lieu d'où eſtoit ſorty l'os furculaire, caue & enfoncé, auec douleur vehemente & grande tumeur,& le malade ne pouuant hauſſer le bras, & ne faire autres mouuemens neccſſaires de l'eſpaule : & où l'os ne ſera reduit , le malade demeu- rera impotent, & ne pourra lamais porter la main ſur la teſte ny à la bouche. De la Luxation de l'os clauiculaire ou jugulaire . CH A P. De l'Eſpine luxée . X | [. 'E s P I N E eſt compoſée de pluſieurs os, qui ſont comme petites rouelles rapportées en- ſemble par enjointures, qui aydent chacun en ſon endroit vn peu à faire ſon mouuement, pour fleſchir le dos ſur le deuant, & non ſur en arriere, ſelon leur rondeur & circonference de leurs cercles, pour plier & dreſſer. Car ſi elle euſt eſté faite d'vn ſeul os, l'homme eut eſté immobile, eſtant comme embroché ou empalé. Auſſi leſdites roüelles ſont creuſes pour don- ner vn chemin ſeul à la mouelle de l'eſpine : laquelle comme vn ruiſſeau coulant du cerueau , a eſté faite pour la generation & diſtribution des nerfs, qui deuoient donner ſentiment & mouuement a toutes les parties ſituées au deſſous de la teſte : deſquels ſort par les trous de chaque rouelle vnc coniugaiſon. Autii CH A P. •ſt cºme vne il y a des veines & arteres qui y entrent dedans pour les nourrir & viuitier. Pauantage faut entendre, que prolongation la face poſterieure de l'eſpine dorſale eſt diuiſée en quatre parties , appellées aPoPhyſes , & epiphyſes: du cerueau. dont les vnes montent en haut, les autres deſcendent en bas, & d'autres qui ſont à trauers, & les autres - au milieu, comme creſtes & eſpines, à cauſe dequoy a eſté appellé Elpine , pour ſes forjettures qui ſont L'os ſacrum aigues comme eſpines, à l'extremité deſquelles il y a des cartillages. Et notteras icy, que la premiere ver- eſt le fonde- tebre n'a point de creſte , pource que les muſcles qui meuuent la teſte, occupent le lieu où elle deuoit ººº des ver- naiſtre. ôr l'vtilité de l'eſpine auec ſes apophyſes ſert comme de bouleuart & fortification à la mouelle # , ſpinale, la couurant & enueloppant de toute part contre les iniures externes. Auſſi elle eſt comme la carine I # 7 #º & fondement du corps , & principalement l'os ſacrum , lequel eſt le plus grand de toutes les vertebres, P 3 *e ºſu & eſt au plus bas d'icelles comme leur fondement : ſemblablement ſouſtient l'os de la hanche.Toutes les /7/", vertebres vont touſiours en diminuant , & eſtoit (comme dit Galien) raiſonnable, que celles qui ſont ſur les autres, foient moindres que ce,les qui ſont deſſous : veu que ce qui eſt porté & ſouſtenu, doit eſtre moindre , que ce qui porte & ſouſtient. Voyla pourquoy elles ſont baſties comme vn clocher. Les apo- phyſes laterales des vertebres du Metaphrenum ont d'abondant vne autre vtilité , qui eſt d'appuyer & enjointer les os des coſtes Entre les vertebres y a des cartilages, & vn huineur glaireux , qui les abbreue & humecte ( ſemblable à celuy de qui preſque toutes jointures de noſtre corps ſont lubrifiées & rendués gliſſantes ) pour les rendre plus obeyſſantes à leur mouuement, qui ſe fait en deuant & non en derriere , comme nous auons dit, afin que les actions de l'homme ſe faſſent mieux : & pareille- - lºcllt D Des Luxations. 357 #. º ! *# ºu #. ººit º l:; #: ' que cnir # :; fd4 #ion # #: lºl ! ! # «* ment pource que la grande veine caue & grande artere, qui ſont couchées ſur icelles, euſſeenteſtétrop ten- dues, & ſe fuſſent pû rompre ſi elles ſe fuſſent ployées en arriere.A cette cauſe les enjointures des verte pourquoy le bres ſont en la partie poſterieure, & non à l'interieure , & ſont liées enſemble par certains ligamens bien mounement forts l'vne auecl'autre.Or maintenant ie laiſſeray pluſieurs autres diſcours que fait Galien au liure treizié des vertebres me de l'vſage des parties parlant de l'eſpine ;& diray auec luy qu'en noſtre corps rien n'y eſt fait temeraire- ſe fait en de, ment, mais auec grande induſtrie & artifice, par la ſageſſe admirable du diuin & grand Architecte, le Dieu nant. viuant, ſans qu'aucune choſe y ſoit ſuperfluë ou manque. —- De la luxation de la Teſte, auec lapremiere vertebre du Col. C H A P 1 T R E. X II I. SRG$ grand trou par lequel paſſe la moüelle ſpinale, leſquelles ſont receués par deux cauitez qui § † en la § vertebre du col : & icelles aucunesfois ſe desjoignent & ſeparent § # # CZP ( cauitez , & font luxation en la partie poſterieure : à raiſon dequoy l'eſpine medullaire eſt vertebre. évéNNZºW foulée, preſsée & eſtenduë : & lors le menton du malade touche à la poictrine, & ne peut rienaualler, ny parler, & meurt ſubitement, non par la faute du Chirurgien , mais par la grandeur du mal Luxation in. qui eſt du tout iucnrable. curable. ()ſ# A teſte eſt aſſiſe ſur le col , & en la baſſe d'icelle il y a deux apophyſes ou eminences pres le Cônexion de De la luxation des vertebres du Col. C H A P. X IV. L ſe peut ſemblablement faire luxation complette ou incomplette aux autres vertebres du Luxation cö- Col. Si elle eſt complette, ſubitement la mort s'enſuit, ſi elle n'eſt promptement reduite, à # C0 cauſe que la nucque, & les nerfs (principalement ceux qui ſeruent à la reſpiration ) ſont # in» comprimez & ſerrez : dont l'eſprit animal n'y peut reluire & ſubit y ſuruient inflammation, §ble " Nb ſquinance, & difficulté de reſpirer. Quelquesfois auſſi ladite luxation eſt incomplette : ce qui ne peut aduenir à toutes vertebres ; à ſçauoir, quand elles ſont peruerties en la partie enterieure ou poſterieure. Le ſigne qu'elle eſt incomplette, eſt que le col demeure tors, & le malade a le viſage liuide, & signe de la difficulté de parler & reſpirer. Le moyen de reduire icelle luxation, ſoit complette ou incomplette, c'eſt luxatien in- qu'il faut faire aſſeoir le malade en vne chaire baſſe, & qu'vn ſeruiteur luy preſſe ſur les eſpaules, & le Chi- complette. rurgien prendra ſa teſte aux coſtez des oreilles auec les deux mains , & l'eſleuera en haut, en tournant & virant de coſté & d'autre, iuſques à ce qu'elle ſoit reduite. Le ſigne qu'elle ſera reduite, eſt que le malade ſentira promptement allegement de douleur, & pourra tourner la teſte de coſté & d'autre. Apres la redu- · ction faite, faut faire pancher la teſte du coſté oppoſite à la luxation, & lier le col autour de la jointure de l'eſpaule, & en ce faiſant ſe faut garderde trop lier & ſerrer la gorge, de peur d'empeſcher la reſpiration & tranſglutition. Ligature a° pres la redu- àticn. / De la luxation des vertebres du Dos. C H A P 1 T R E XV. E s vertebres du Dos ſe peuuent luxer en quatre manieres : à ſçauoir, anterieure, poſterieu- 6)uatr , re, à coſté dextre, & ſeneſtre. Le ſigne qu'elles ſont luxées en la partie anterieure, eſt qu'on # # # vofd qu'elles ſont enfoncées en dedans. Lors qu'elles ſont luxées en la partie poſterieure, §. G# elles ſont trouuées gibbeuſes, c'eſt à dire, plus haut eſleuées par dehors qu'elles ne doiuent: § 5 ) quand elles ſont luxées aux coſtez, on y void vne eminence contre nature. Les vertebres de- dos. uiennent gibbeuſes de cauſe interne ou externe : ce qui eſt commun à toutes luxations. La cauſe interne eſt vne fluxion d'humeurs, enuoyez ſur les roüelles de l'eſpine, & ſur leurs ligamens, ou de tout le corps, ou Les cauſes de quelque partie : ou l'imbecilité méſme des roüelles & ligamens qui amaſſent telles ſuperfiuitez, ou dou - des luxations leur qui les y attire. La cauſe externe eſt pour tomber de haut ſur choſes dures ou par coups orbes, & de des verte- ſe pancher & courber ſur le deuant : ce qu'on void aux vignerons, paueurs, & autres manieres de gens qui brº . gaignent leur vie en ſe fort ployant, comme nous auons dit cy-deuant.Auſſi à ceux qui ont vne luxation ex- terieure de l'os femoris, qui n'a pû eſtre reduit, pource qu'en cheminant le malade ſe panche, & appuye ſa main ſur la cuiſſe, il ſe fait que par vne accouſtumance les vertebres ſe courbent. Telle diſpoſition ſe fait # - 7º , Vº74 aux vieux qui ſe panchent ſur le deuant. Or les vertebres ne ſont gueres pouſsées de la partie poſterieure à ſe fait que les l'anterieure, ſi ce n'eſt à grande violence, & encores les ligamens peuuent pluſtoſt ſe rompre que de ſe tant § ſe eſtendre : & telles luxations ſont mortelles, à cauſe que la moüelle ſpinale eſt offensée par la compreſſion,& §b . eſtant ainſi preſsée, les parties ſont renduës ſtupides & inſenſibles. Donc ſi les vertebres ſont luxées par de-signe, de lu. dans, la reduction ne ſe peut iamais faire, pource qu'on ne peut les repouſſer par le ventre pour les reduire xation inte- en leur lieu. Il ſuruient aux malades difficulté d'vriner, & jetter les autres excremens du ventre : auſſi leur rieure des aduient aux cuiſſes vn refroidiſſement , & aboliſſement de ſentir & mouuoir : & à aucuns l'vrine & autres vertebres. excremens ſorte inuolontairement : & auſſi quelquesſois ſont retenus du tout : combien que non-ſeulement tels accidensaduiennent aux luxations , mais auſſi par playe & fracture. Or quand l'eſpine eſt luxée en la Galien ſur partie interieure, elle induit les accidens deſſuſdits, parce que les nerfs qui procedent de la moüelle , vont la ſect !.de & ſe diſſeminent plus aux parties interieures qu'exterieures : parquoy ils ſont plus preſſez, & pareillement lº 3 /º#º la moüelle ſpinale, enſemble toutes les parties qui ont connexion & conſentement auec elle, s'enflamment º*** dont la veſſie ne peut plus jetter l'vrine. La ſtupeur prouient à cauſe que la faculté animale ( pour la com- preſſion des nerfs, enſemble de la Dure & Pie-mere ) ne peut reluire par iceux , dont s'enſuit neceſſaire- ment difficulté de ſentir. Alors la veſſie & les inteſtins ne font plus leur action naturelle, qui eſt d'ouurir & aſtreindre, dont la mort s'enſuit. Quand l'eſpine eſt luxée en la partie exterieure, elle ne cauſe point ces accidens ſuſdits, pource qu'elle ne fait point compreſſion à la medule ſpinale, ny aux nerfs. Pourquoy il aduient ſtn- - 3 58 Le Seziéme Liure, * - »-- La maniere de reduire l'eſpine luxée en la partie exterieure .. CH A P. XV I. Pourquoy il faut tirer en 4aut & en bus les ſpon- dyles luxées. # re$YS. O v R reduire les vertebres gibbeuſes, c'eſt à dire luxées en la partie exterieure,faut ſituer le malade ſur vne table, le mettant ſur le ventre, & le faut eſtendre au long d'icelle, & le lier commodément par deſſous les eſſailles, & au deſſus des hanches, auec la tierce partie d'vne nappe. Pareillement luy faudra lier les cuiſſes & les pieds : puis ſera tiré en haut & en bas, & eſtendu le plus qu'on pourra, ſans toutesfois grande violence : car où telle extenſion ne ſe fe- roit, il ſeroit impoſſible de reduire & remettre la vertebre luxée, à cauſe des appophyſes, qui ſont receuës & reçoiuent pour s'entretenir les vnes les autres. Apres l'extenſion deuëment faite, le Chirurgien pouſſera de ſes mains en dedans la vertebre qui ſera eminente. Et ſi on ne la peut reduire en cette maniere, il faut enuelopper auec du linge deux baſtons de groſſeur d'vn doigt, & de longueur de quatre plus ou moins, & les appliquer aux coſtez des vertebres luxées, & preſſer ſeulement ſur icelles, pour les jetter dedans leur apophyſe articulatoire, ainſi qu'il t'eſt demonſtré par cette figure. Le ſigne que Et ne faut toucher nypreſſer ſur les apophyſes qui ſont au milieu, de peur qu'on ne les rompe. On con- l'eſpine ſera noiſtra la vertebre eſtre reduite, quand elle ſera eſgale aux autres qui luy ſont proches.Apres la reduction bi§. faut lier & preſſer la partie, & y mettre des aſtelles ou plaſtines de plomb accommodées à ce faire : leſquel- les ſeront ſi bien appropriées qu'elles ne preſſent nullement ſur l'arreſt des ſpondyles , mais ſeulement aux coſtez. Auſſi faut faire ſituer le malade ſur le dos , & y tenir longuement les aſtelles, de peur qu'il ne ſe faſſe reiteration de luxation. De la luxation des vertebres faites de cauſe interne ». CH A P. XVII. E s vertebres ſe luxent pareillement de cauſe antecedente, qui ſe fait par l'imbecilité naturelle des parties, principalement du ligament nerueux, par lequel toutes les vertebres ſont liées en- ſemble. Or cedit ligament eſt plein d'vn humeur glaireux, & glutineux que nature a engendré autour deſdites vertebres ainſi qu'és autres articles, afin que leur mouuement ſoit plus libre. Ceſtuy ligament ne va juſques à la moüelle de l'eſpine, & lie ſeulement les vertebres par dehors : mais il y en a vn autre, dont la moüelle de l'eſpine eſt toute enuironnée, outre la pie, & dure mere afin qu'elle ne ſoit offencée par les vertebres, quand elles ſe meuuent, laquelle naiſt du Pericrane à l'endroit qu'il eſt con- Raiſon pour. joint anec la premiere vertebre du col. Or quelquesfois il ſe fait mixtion de grande fluxion d'vn autre hu- quoy la lu- meur contre nature, froid, crud, gros, viſqueux & glutineux, dont s'engendre vne tumeur qui fait diſten- *atiº ſe fait ſion des nerfs qui ſortent des vertebres, & principalement des ligamens qui les lient. Ie dy principalement ººnº, , des ligamens car il ne faut pas eſtimer que les nerfs,qui ſortent de la moüelle,puiſſent tirer auec eux les ver- # # tebres, & les luxer, parce qu'ils ſont ſi petits & mols, qu'ils ne le peuuent faire or les ligamens eſtans fort aeſtre, ſe- diſtendus & tirez vers la turberoſité & tumeur noüeuſes, tirent a ſoy les vertebres, à ſçauoir, au dedans ou dehors, à dextre ou ſeneſtre, & par conſequent les luxent. S'il y a des tumeurs ou nodoſitez au dedans, & au dehors, l'eſpine ſera tournée des deux coſtez ; à ſçauoir, au dedans & au dehors, & aux coſtez : & voit- on alors l'eſpine eſtre tournée en figure d'arc ou S. ou d'autre figure qui ſera faite ſelon que les vertebres €auſes qui ſeront deplacées de leur lieu naturel. Les Grecs ont donné certains noms à telles deſloüeures , à ſçauoir, font deſi.in- Cyphºſi,Lºrdºſis,scalieſis qui nous ont eſté interpretez par Monſieur d Aleſchamps en ſa Chirurgie Françoiſe, dre les ver- Qyphoſis, eſt la boſſe releuée en dehors : Lordoſi , eſt enfonceure baiſsée en dedans, scolioſis, eſt entorſeure tebres. ou boſſe non droite : mais tournée & entorsée, c'eſt à dire,jettée à dextre ou à ſeneſtre. Les cauſes qui font - ainſi diſioindre les vertebres ſont cheutes, contuſions, l'habitude de tout le corps trop humide,qui enuoye Poiirguoy ſur icelles des humeurs glaireux & viſqueux, qui les amoliſſent, lubrifient, & relaſchent. on void cecy ad- # uenir aux ieunesenfans, à cauſe de leur trop grande humidité & tendreſſe : comme ( pour exemple ) on 2. § vºid qu'on plie facilement vne verge humide & verde.Auſſi il aduient par la faute de leurs nourrices, qui me ſe §Neſtreignent aux filles la poitrine & les coſtes, à l'intention de leur faire à l'aduenir le corps greſle, & les en deuant. hanches eſleuées : car par telle faute les os de la poitrine ſont contraints de ſe jetter trop en deuant, ou en arrière, dont s'enſuit gibboſité & boſſe : & quelquesfois vne eſpaule ne croiſt pas, & demeure amaigrie, & l'autre croiſt & s'aggroſſit par trop. Dauantage, la nourrice peut encore faire faute au coucher de l'en- fant, qui le couche pluſtoſt ſur les coſtes que ſur le dos Auſſi au leuer, car fi venansàleuer leurs enfans elles les prennent ſeulement par les pieds fans ſouſtenir le dos de l'autre main,à la longueviendra luxation aux vertebres, à raiſon de la peſanteur des parties ſuperieures au regard des inferieures. Ce qui a principa- lement lieu aux Petits enfans, à raiſon qu'ils croiſſent plus en teſte, qu'en tout le reſte du corps. Progno ir. , Vº Des Luxations. 3 5 9 '': #. é: ; ,ſ . # l# 75 $ kr - - | Prognoſtic. CH A r 1 r R E XVIII. - # I en l'aage d'enfance les vertebres du Metaphrene ſont voutées, les coſtes ne croiſſent point, De la luxa- ou peu, en large, mais ſe forjettent en deuant : & partant la poitrine ou le Sternum perd ſa tion des ver- $ largeur conuenable & s'aiguiſe en poincte. Parce auſſi que les coſtes ſont peruerties de léur º #res #é )$ ſituation naturelle, les malades deuiennent aſthmatiques , ne pouuans auoir librement leur # c'! - - inſpiration & expiration naturelle,à cauſe que les poulmons ſont preſſez, & les muſcles qui enfance. ſeruent à l'inſpiration : & partant ſont contraincts, pour mieux auoir leur haleine, de tenir le colfleſchy en arriere : ce qu'il leur faict monſtrer la gorge groſſe en deuant : auſſi pour ſ'anguſtie & ſtricture de la Trachée artere, par laquelle l'air ſort és poulmons, ils reſpirent auec bruit, & en dormant ſoufflent. Ils ſont auſſi ſujets à defluxions ſur les poulmons ; & dit Hippocrate, qu'ils ne viuent pas longues années. Si Hipp.ſecf.2. les vertebres des lumbes ſont fort-jettées en la partie interieure,les malades ſont ſujets à maladie de reins, du liure des & de la veſſie : auſſi leurs jambes leur deuiennent greſles : la barbe & le poiſ du penil ſort plus tard, & ºi * en moindre quantité: & ſont pareillement moins fertiles à procreér lignée , que ſi le vice eſtoit à celle du J** Metaprene. Les gibboſitez qui viennent des cauſes exterieures, ſont aucunesfois curables : mais celles qui ſont faites des cauſes interieures,ſont incurables, ſi on n'y pouruoit au commencement par grande metho- # here- de. Parquoy ceux qui viennent boſſus de cauſe hereditaire,c'eſt à dire, de pere & mere boſſus, ne peuuent #. 172- eſtre guaris. Auſſi quand l'eſpine eſt gibbeuſe en enfance, & auant que le corps ſoit parfaictement creu ou " agrandy, elle ne croiſt plus, mais le bras & les jambes ſe parfont. Et ne faut s'eſmerueiller de cela : car a cauſe que les veines,& arteres & nerfs ſont peruertis de leur propre lieu, auſſi qu'à grande difficulté les cſ- prits y peuuent reluire,neceſſairement l'aliment n'y paruient pas en telle quantité qu'il deuroit:dont il s'en- ſuitemaciation, ceſt à dire, amaigriſſement : mais ſi le corps a acquis ſes trois dimenſions, c'eſt à dire qu'il ne croiſſe plus,les parties de l'eſpine deuiennent ſeulement emaciées : mais des parties lointaines, comme les bras & les jambes,ſont du tout ſans mal.Car les vertebres ainſi viciées negaſtent pas tout le corps,mais Cauſe de ſeulement les parties qui luy ſont prochaines. Il nous reſte à parler maintenant de la moüelle de l'eſpine, !'atrophic. laquelle ſe peut par vn grand mouuement esbranler, ſans que les vertebres ſoient luxées. Ce mal ſe peut . appeller commotion ou concuſſion : lequel ſe fait quand elle ſe deprime de ſon lieu où elle adhere.Les cau-Cºncuſſion ſes ſont pour tomber de quelque lieu haut en bas, ou par quelque grand coup orbe, ou pour auoir eu l'e-º lºººººº ſtrapade.Peu reſchappent à qui tel accident aduient,pour pluſieurs raiſons, que le Chirurgien dogmetique ſº peut bien excogiter & ſçauoir;i'ay differé iuſques icy vn poinct fort conſiderable pour le prognoſtic de la luxation des vertcbres. C'eſt que plus il y a de vertebres luxées, moins eſt dangereuſe la luxation : la rai- ſon eſt qu'en tel cas la moüelle ſpinale n'eſt pas ſi preſſée que quand il n'y a luxation que d'vne vertebre, à raiſon que la luxation de pluſieurs vertebres fait en la moiielle vn angle obtus, & celle qui n'eſt que d'vne, y fait vn angleaigu. C'eſt ce que tant de fois repete Hippocrate en la ſect.3.du liure des art. que la luxation orbiculaire de l'eſpine eſt moins dangereuſe que l'angulaire. , t $) ". Rs - De la luxation de l'os Coccyx,caude,ou queuë. C H A P. XIX. #s 'Os caudae ſe luxe en dedans, pour tomber violentement ſur le croupion, ou par quelque coup , # orbe. Le ſigne qui eſt luxé, eſt, quand le malade ne peut mettre le talon vers la feſſe , nymeſ-# ſigne qne mesployer le genouil qu'à grande peine & difficulté : & va à ſes affaires auec douleur : & ne ſe #" peut tenir aſſis, ſi ce n'eſt ſur vne chaire percée. Pour le reduire, il faut mettre le doigt dans le # #. la ſiege, tant qu'il ſoit apposé à l'endroit du lieu affecté, ainſi qu'auons dit en ſa fracture : puis on cſleuera § § ledit os vers les parties ſuperieures auec force, & de l'autre main on l'egalera en ſon lieu exterieurement : § le Puis ſera traitté par remedes cy - deſſus mentionnez. Il eſt affermy en vingt iours , durant leſquels queuë. ſile malade ſe leue du lict , qu'il ſoit aſſis en vne chaire percée , de peur de faire reiteration de la lu- X2t1OIl. - De la luxation des Coſtes. C H A P. XX. Es coſtes par vne grande contuſion ſe peuuent deſioindre & luxer aux coſtez des vertebres où elles ſont jointes,& eſtre pouſsées au dedans : dequoy les anciens n'ont point parlé,toutesfois ils con- feſſent que tous les os en general ſe peuuent peruertir de leurs jointures. Le ſigne qu'elles ſont luxées aux coſtez, eſt, qu'auec les doigts on trouue vne inegalité, à ſçauoir, cauité d'vn coſté, & † exuberance de l'autre:& lors qu'elles ſeront pouſſées au dedans, on trouue vne cauité au lieu où elles ad- #-# herent aux vertebres.Telles luxations cauſent pluſieurs & diuers accidens, à ſçauoir difficulté de reſpirer,à mifeſfement cauſe que leur mouuement eſt empeſché, joint auſſi que le malade ne ſe peut ployer & dreſſer. Et pour la appºrc . contuſion faites ſur icelles, la chair contuſe deuient bourſoufflée,pituiteuſe, muqueuſe,& glutineuſe, pour De la luxe- les raiſons qu'auons declarées en la fracture d'icelles.Doncques pour obuier à tels accidens,faut prompte-rien faite de ment faire la reduction, puis on remediera à cette bourſouffleure. Si la luxation eſt faite au coſté ſuperieur coſté inſe- des vertebres,on fera tenir le malade debout,ayant les bras ſuſpendus à quelque porte ou feneſtre,puis on rieur. comprimera ſur l'eminence de la coſte luxée, tant qu'elle ſoit reduite en ſon lieu. Au contraire, ſi la luxa- tion eſt faite du coſté inferieur,faut que le malade ſe ploye ayant les mains ſur les genoux,puis le Chirur- gien pouſſera ſur l'eminence tant qu'elle ſoit reduite.Et ſi la luxation eſt faite en la partie interieure, il n'eſt poſſible qu'elle ſoit reduite par la main du Chirurgien, non plus que la luxation des vertebres faites en de- dans, pour les raiſons ſuſdites. Les coſtes cns De la luxation de l'eſpaule ». C H A P. XXI. $ L ſe fait facilement luxation en l'eſpaule,parce qu'en celle jointure les ligamens ſont laſches,& la # cauité de l'Omoplate peu caue,& de toutes parts égale & liſſce,c'eſt à dire,polie,& pareillement # la teſte de l'auant-bras : ce qui ſe fait par le moyen des cartilages, & de certain humeur claireux, qui la lubrifient & humectent : joint auſſi qu'il n'y a poiat de ligament en cette iointure d'os en os COIIlIIlC » 36o Le Seziéme Liu Ire, comme il y a en la hanche, & au genoüil. Et telle choſe a eſté faite par la prouidence de nature , à cauſe A Gal. ſur la qu'icelle ne fait ſeulement extenſion & flexion , comme le coulde , mais fait danantage : c'eſt qu'elle con- ſent.I. dr 2. tourne le bras circulairement en figure ſupine & prone,& en toutes parts. L'os adjutoire, qu'Hippocrate du liure des appelle l'auant-bras,ſe peut luxer en quatre manieres, c'eſt à ſçauoir, en la partie ſuperieure,inferieure,an- Art. terieure,& exterieure : iamais en la poſterieure : à raiſon de la cauité du palleron qui reçoit la teſte de l'a- uant-bras : iamais auſſi en l'interieure partie de la jointure , tant pour le grand & fort muſcle deltoïde qu'elle a par deſſus, que la creſte du palleron & de l'acromium qu'elle a tirant vers le col, & l'apophyſe Le vray Ancyroide qu'elle a tirant en dedans. Communement & le plus ſouuent elle ſe fait en la partie interieure: #J2éº # , partant nous la deſcrirons premierement. Doncques le ſigne qne la luxation eſt faite en la partie inferieu- # re, eſt, qu'on trouuevne cauité ſur l'eſpaule : & l'extremité de l'omoplate nommée Acromium, ſetrouue inferieure. eſtre aiguë & auancée en dehors,parce que la teſte du haut du bras eſt deſcenduë ſous l'aiſſelle,qui fait vne eminence. Le coulde ſe jette en dehors & s'eſcarte des coſtes : toutesfois l'approchant de force on le fait joindre & toucher à icelles. Auſſi il eſt plus difficile au malade de l'auancer en deuant, que le retirer en derriere,dauantage le bras eſt plus long. Pareillement le malade ne peut leuer le bras ſur l'autre eſpaule, ny porter ſa main à la bouche , & ſent douleur quand il manie ſon bras en quelque maniere que ce ſoit, pource que les muſcles ſont preſſez & tendus,& aucunes de leurs fibres rompues. Et ce ſigne n'eſt particu- îier pour la parte inferieure,mais pour les luxations faites en toute autre partie de l'eſpaule.Il faut icy en- tendre,que le ſigne de ne pouuoir leuer le bras n'y l'eſtendre, n'eſt certain Pour conclurre la luxation. car cela peut auſſi venir de contuſion, fracture, inflammation, playe, apoſteme ou ſcirrhe, ou fluxion faite ſur Belle anne- les nerfs, qui naiſſent des vertebres du col, pour eſtre diſtribuez au bras. Or il y a ſix manieres de reduire B tation. la luxation, quand elle eſt faicte en la partie inferieure. La premiere auec le poing ou les doigts. La ſe- six manie- conde auec l'eſpaule miſe ſous les aiſſelles : leſquelles deux conuiennent à la deſloüeure recente,& facile,à res pour re- reduire, comme aux ieunes enfans, & ceux qui ſont peu charnus , & generalement qui ont vne habitude duire la lu- mollaſſe & pituiteuſe. La troiſieſme , auec le peloton de fil pouſsée par le talon. La quatrieſme, auec vne *ation qui pelate, jettant le bras ſur vne barre de bois, ou ſur vne courge, ou autre choſe ſemblable, ſouſtenuë par ſº fºit ºſ deux ſeruiteurs, ou entre deux colomnes, ou ſur vne porte La cinquieſme,auec l'eſchelle.La ſixieſme,auec ſº.ºrº l'Amby. Toutes leſquelles nous deſcrirons maintenant : en quelque maniere qu'elles ſoient luxées, faut caiſ . pour les reduire tirer le bras en bas vers la terre. -" La premiere maniere de reduire l'eſpaule auec le poing, ou les doigts ioints enſemble . C H A P 1 T R E X X I I. \g L faut premierement tenir fermement le malade au deſſus de jointure de l'eſpaule, par vn N% homme aſſez fort: ſecondement luy faire tirer le bras par vn autre au deſſus du coulde contre $42 bas, tellement que la teſte de l'auant bras ſoit posée vis à vis de ſa boëte.Ayant tiré ſuffiſam- Poin# nota° ble, ©- N Et icy noteras,qu'aux luxations recentes,& aux ieunes,& aux peu charnus, & à ceux qui ſont de temperament mollaſſe, lors qu'on fait ſuffiſante extenſion la teſte de l'os eſtant deſueloppée d'entre les muſcles, & autres parties qui la compriment, leſdits muſcles de cette partie ſoudain laſchez,aydent à re- duire l'os : ce que i'ay cogneu quelquefois : car ne faiſant ſeulement qu'vne preparation en tirant & hauſ- ſant vn peu le bras , la reduction ſe faiſoit ſans y pcnſer : ce qui ſe faiſoit par le moyen des muſcles qui ſe guelques- retiroientvers leur principe, & ce faiſant tiroient i'os enſa boëte. Et ſi par ce moyen la main n'eſt ſuffiſan- fois la redu- te,tu attacheras l'eſpaule du malade par le lieu qu'auons cy-deſſus figuré contre vn pilier, ou ſera tenu par ction ſe fait derriere par vn fort homme : puis le bras du malade ſera lié au deſſus du coulde auec vn eſcheueau de fil, outre l'eſpoir lequel ſera attaché auec vne corde,& tiré par la moufle qu'auons pareillement deſcrite cy-deſſus,& vn ſer- 1ºſ de ſºy- uiteur tirera la corde, tant & ſi peu qu'on voudra. Puis le Chirurgien aura vne ſeruiete,ou autre lien, qui meſme. ſera paſsé ſous le bras du malade, aſſez prés de la deſloüeure , lequel ſera paſsé ſur le col du chirurgien, afin qu'il eſleue le bras en haut : & de ſes deux mains reduira l'os en ſon lieu , en tournant vers la poictrine du malade comme tu vois par cette figure. - eSAAAI SNS 2 - \ 2 a Apres la reduction faut appliquer ſur toutes les parties voiſines de l'eſpaule vn medicament fait de folle farine, bole armene, myrtille, encens,poix reſine, alum, ſubtilememt pulueriſez, & incorporez auec blancs d'œufs Et faut mettre ſous l'aiſſelle vn peloton de laine ou de cotton,ou vne compreſſe de drappeau trem- Pée en huyle roſat,ou de myrtille,auec vn peu devinaigre,& vn peu d'onguent roſat refrigerant de Galien, de peur qu'elle ne tienne aupoil, s'il y en auoit. Apres on fera la ligature large de cinq doigts ou plus, ou moins,ſelon la groſſeur dumalade,& longue de dcux braſsées ou plus,laquelle ſera à deux chefs,commen- sant le bandage par le milieu d'icelle,iettée ſous l'aiſſelle, & menée par deſſus l'eſpaule malade, puis par • deſſous l'autre aifſelle ; de ſorte que ſes reuolutions ſe croiſent en forme de croix ſainct André, & faire ment, le Chirurgien hauſſera & pouſſera de ſes mains ou de ſon poingl'os dedans ſa cauité. C t2Ilt - D es Luxations. 36i tant de tours qu'il ſera beſoin. Apres on attachera le bras contre les coſtes, & ſera ſitué en eſcharpe aſſez haut en figure d'vn angle droit, tenant la main pres l'épaule ſaine, afin que l'os recentement remis ne tombe derechef hors de ſa boëte , & ne faudra remuer l'appareil de quatre ou de cinq iours, s'il n'y ſur- uient quelque accident. uAatre maniere de reduire l' épaule auec le talon, lors que le malade me ſe pourroit tenir droit ny aſſis. C H A P. XXIII. · · , -- • . ". " 43 Av T faire coucher le malade contre terre ſur quelque couuerture ou matelats : puis on luy v #mettra ſous l'aiſſelle vn peloton de fil, ou vne pelotte de cuir remplie de bourre ou de coton, N ºNt '= de groſſeur porportionnée à la capacité de l'aiſſelle, afin que du talon on puiſſe mieux pouſſer . 3NsI'os en ſa place. Car lors qu'on tire le bras, il ſe fait plus grande cauité en l'aiſſelle, à cauſe #N20NR des tendons & des muſcles qui ſont de deux coſtez. Puis le Chirurgien s'aſſiera vis à vis du malade au deuant du bras deſloüé. Et ſi c'eſt l'épaule droitte, il accomodera le talon de ſon pied droit ſur la pelotte : & ſi c'eſt l'épaule gauche, il accomodera le talon du pied gauche. Puis apres il empoignera le § du malade, & le tirera vers les pieds , & auec le talon il pouſſera fort contre l'aiſſelle. Et pendant que § ſe fait,il y aura vn ſeruiteur par derriere la teſte du malade lequel hauſſera le bras auec quelque ſer- §tedeliée, ou quelque lien, ou courroye propre à ce faire, & poſera la plante de ſon pied ſur l'épaule du malade, & la pouſſera en bas. Et d'auantage,pour bien faire,il y aura vn autre ſeruiteur aſſis de l'autre coſté qui tiendra le corps & le bras ſain dumalade, afin qu'il n'obeyſſe, & ne ſoit eſleué ny tourné çà & lâ, lors qu'on fera la reduction. Il faut mettre l'aiſſelle du malade ſur le bout aigu de l'épaule d'vn homme aſſez fort, & plus grand que le malade, ou qu'il aye quelque choſe ſous ſes pieds pour le hauſſer, & luy tirera le bras vers ſa poictrine, en ſorte que le corps du malade demeurera ſuſpendu.Et ſi le maa lade eſt fort leger, il faut que quelqu'vn peſant ſuffi- ſamment pour luy donner contrepoids , ſe pende & partie contraire, faiſant cela auec l'aide du Chirurgien, ui preſſera l'épaule du malade contre-bas, la reduction § faite , comme tu vois par cette figure. Hh cAutr«- branſle ſur iceluy : & par ce moyen le bras eſtant ainſi ! tiré contre bas, & ébranlé en tournant & virant en la - " - - 362 Le Seiziéme Liure, | - - - eAatre maniere de reduire l'épaule . C H A P. X xIV. g N prend vn baſton aſſez plat, comme vne courge (dont les Chambrieres de Paris portent \) deux ſeaux d'eau ſur leurs épaules ) de largeur de deux poulces, & long ensiron d'vne toiſe: Pi au milieu duquel ſera attaché vn peloton de fil, ou vn eſteuf de groſſeur conuenable à l'aiſ- ſelle : & à chacun coſté y aura vne cheuille éleuée, qui engardera que l'épaule ne vacille en N) çà ou en là. Puis y aura deux hommes plus grands que le malade (ou peur le moins auront quelque choſe ſous leurs pieds qui les hauſſera tant que beſoin ſera ) & tiendront le baſton ſur leurs épau- les, puis le malade poſera ſon aiſſelle ſur le peloton, & le Chirurgien tirera fort le bras contre-bas, de façon que le malade demeurera ſuſpendu ſur le baſton.Adonc la reduction ſe fera comme tu vois par cette figure ſuiuante : en laquelle tu vois auſſi le baſton auec le peloton & les cheuilles. On peut nommer ce baſton Courge. : La cinquieſme maniere de reduire l'épaule auec vne eſchelle . C H A P 1 T R E XXV. '2 N la reduit pareiHement auec le degré d'vne eſchelle, comme il s'enſuit. Il faut attacher ſur ' l'eſchelon quelque choſe ronde, comme vn peloton de fil, de groſſeur qu'il puiſſe entrer deſſous l'aiſſelle du malade, comme auons dit : puis on le fera monter ſur vne petite eſcabelle, & luy liera-on les deux jambes enſemble , & le bras ſain derriere le dos, afin qu'il ne prenne '& ſe remette ſur l'eſchelle quand on fera la reduction : puis faut poſer l'aiſſelle du malade droittement ſur le peloton, & luy commander d'approcher ſon corps tant qu'il luy ſera poſſible contre l'eſchelon : autrement il y auroit danger de rompre l'os du haut du bras, ſans reduire la luxation. Auſſine faut que le malade poſe ſa teſte entre les eſchellons Puis on liera le bras luxé au deſſus du coulde auecvn eſcheueau de fil, ou autre lien propre à ce faire, & vn ſeruiteur le tirera fort contre-bas, & tout à l'heure D vn autre ſeruiteur luy tirera l'eſchelle. Ainſi l'os ſera reduit ou de ſoy-meſme , ou auec l'aide du Chirur- gien, qui pouſſera l'épaule contre-bas, en branſlant le bras d'vn coſté & d'autre. L'os reduit, tout à l'in- ſtant on remettra vne autre eſcabelle ſous les pieds du malade, afin qu'il puiſſe retirer ſon bras de deſſus l'eſchelle plus aiſément : car s'il le releuoit trop contre-mont,il y auroit danger que l'os recentement remis ſortiſt derechef de ſa place.Tu peux connoiſtre l'induſtrie de 1eduire l'épaule par cette figure de l'eſchelle: | laquelle doit eſtre toute droitte, & non en autre figure. S | ,N V 1 s, \ le Des Luxations. 363 $#= -- -- *, - #=\. | $ | # ) #3 # | - N$ # Figure pour reduire l'eſpaule ſur l'eſchelle. -- - Ie ne veux en cét endroit laiſſer en arriere l'aſtuce & inuention du Chirurgien de Monſeigneur le Duc de Lo- raine, nommé Nicolas Picart, lequel fut appellé en vn village pres Nancy, pour reduire vne luxation de l'eſ- paule d'vn paiſan : en la maiſon duquel il n'y auoit que luy & ſa femme. Il mit & attacha ledit paiſan ſur vne eſchelle, comme cy-deſſus auons dit, & print vn baſton entre ſes jambes, & le poſa ſous l'vn des eſchellons, & attacha vn lien au deſſus du coulde du bras luxé : puis de toute ſa peſanteur & force preſſa ſur le baſton , & ' commanda à la femme de tirer la ſelle de deſſous les pieds : & tout à l'inſtant remit l'os en ſon lieu , comme tu vois parcette figure. Et par faute d'vne eſchelle, on ſe peut ayder d'vne perche poſée en trauers de deux colomnes, ou d'vne porte, comme tu vois par cette figure : en laquelle t'eſt monſtré vn bois auec liens , qui te ſera declaré tout maintenant. - ---. - Autrefgure pourreduire l'eſpaule • ſur vne porte. Hippoer a» C0/73/734r/247e- ment du liu. des fraétures fait mention de ces deux moyens de re, |. ' duire u eſ- # paule usée, 3 64 Le Seziéme Liure, | , | liu. des art. dit ces pro- — A uAutre maniere de reduire l'eſpaule . CH A P. XXV I. - Hipp. au 1. $0aag Ippocrate loué ſurtºutes les manieres de reduire l'eſpaule luxée, N,N% # . s ceſte-cy. Il faut prendre 3 dit-il, vn bois large de quatre ou cinq doigts,& eſpais de deux, ou moins, & de longueur % de deux couldées,ou plus court. Il faut que l'vn des bouts ſoit fort eſtroit, & fort tenue : & ( % qu'il y ait vne petite teſte ronde, & vn peu caue, & qui ſoit vn peu eminente, non vers les &3\ºS coſtes , ains vers la teſte de l'os du hant du bras, afin qu'eſtant mis ſous ladite teſte de l'os Deſcription du haut du bras,il ſoit approprié à l'aiſſelle pres les coſtes. L'on colera quelque piece de drap au bout de l'inſtru. dudit bois, ou quelques compreſſes de cotton, ou de linge , afin qu'il bleſſe moins les parties où il touche. §i Apres il faut mettre le plus auant qu'on peut la teſte dudit bois en l'aiſſelle,entre la teſte de l'os du haut du bras & les coſtes. Pareillement tout le bras ſera eſtendu ſur ledit bois, & lié au deſſous de l'aiſſelle, & vn peu au deſſus du coulde & de la main, afin qu'il ſoit immobile. Or c'eſt choſe qui importe, & qu'il faut fai- re, que le bout de ce bois paſſe la teſte de l'os du haut du bras, de façon qu'il entre fort auant ſous l'aiſſelle. En apres il faut mettre vne grande piece de bois en trauers, de groſſeur du manche d'vne houe, au milieu de deux colomnes, auſquelles ladite piece ſoit bien attachée : ſur laquelle auec le bois il faut mettre telle- mét le bras,qu'il ſoit d'vn coſté,& le reſte du corps ſoit de l'autre.Et doit ladite piece eſtre ſous l'aiſſelle;& pres paroles. Jenf. 19. apres ilfaut tirer d'vn coſté le bras au tour de la piece de bois, & de l'autre coſté il faut tirer le corps. Or . - il faut lier la piece de bois ſi haut, que le malade ſoit pendu de tout le reſte du corps, de ſorte qu'il ne tou- che en terre. Auſfi qu'on le balance contre bas.Ce moyen de reduire la luxation de l'eſpaule eſt le meilleur de tous les autres. Au lieu de deux colomnes, on s'aydera d'vne eſchelle, ou d'vne porte, ou de deux pieds Preuue de de lict. Maiſtre Henry Aruet Chirurgien demeurant a Orleans, homme de bien, & grandement experimen- l'inſtrument té en la Chirurgie, m'a affermé que iamais n'auoit fait faute à reduire cette luxation par cette maniere, fi par Ambipar e*- ſucceſſion de temps ( comme dit Hippocrate) la chair n'eſtoit accreuë en la cauité de la jointure ; & auſſi perience. la teſte de l'os n'auoit fait vn lieu tout battu, auquel elle fuſt deſcendue. Car alors l'os ne pourroit eſtrere- ., mis, ny demeurer en ſon lieu , mais retomberoit au lieu battu & ja calleux, qui tient lieu d'vne jointure. Dexterit * Dauantage, ne veux encore oublier de bien inſtruire le jeune Chirurgien, que ſi d'aduenture la teſte & l'os # # du haut du bras faut à entrer tout à l'heure en ſa cauité, il faut que le Chirurgien branfle çà & là le bras # " diſloqué, & par ce moyen la teſte de l'os r'entrera en la boëte, & y eſtant rentrée, on r'abillera, & appli- V• quera-on les compreſſes & les ligatures, comme nous auons dit par cy-deuant. Outre & par deſſus les figu- res cy-deſſus depeintes : j'en ay voulu encore donner vne autre pour reduire ladite luxationauec la piecede bois qu'eſcrit Hippocrate, qui ſera attachée d'vne cheuille de fèr dans vn treteau , laquelle ſe pourra hauſſer & baiſſer tant & ſi peu qu'on voudra, comme tu vois par ces figures. A denote le bois. B le trcteau- Gloſſocome d'Hip- pocrate nommé Ambi. : · Des Luxations. · 365 A A B B C C D D Or le malade doit eſtre aſſis ſur vne petite ſelle,vn peu plus bas que n'eſt la hauteur du treteau, ayanu les pieds liez enſemble, de peur qu'il ne s'éleue lors que le Chirurgien reduira la luxation : ce qu'il fera ayant poſé & lié le bras luxé ſur la Piece de bois, & icelle appli- # ſous la teſte du haut du bras, comme a eſté dit cy- eſſus : & apres ce fait, baiſſera le bout de ladite piece de bois oppoſite à la teſte caue & ronde contre-bas. Ce faiſant, l'os ſe reduira en ſa boëte. D'auantage, ie t'ay encores fait depeindre en particulier la pieee de bois, nommé Ambi:laquelle en ſa teſte a vne cauité marquée par B,& ſa totalité marquée par A, auec trois liens pour lier le bras ferme, de peur qu'il nevacille çà ou là, com- me tu vois par cette figure. Depuis la premiere impreſſion de mon Liure, eſtant à Nancy en Lorraine par le commandement du Roy, llMr \S*: $-5- $ $º $ pour la maladie de Madame la Ducheſſe : Maiſtre Nico- las Picard , Chirurgien de Monſeigneur le Duc, me | monſtra vn Ambi, auquel il auoit adiouſté quelques choſes par deſſus celuy que i'auois tiré d'Hippocrate " duquel ie t'ay bien voulu donner le pourtraict, enſem- ' ble l'explication d'iceluy. - · - , * N \N $NN à | $ %!$ $ N #$é : - SA ) Q A# Monſtre deux aiſlerons ou oreilles qui ſont audit Ambi, afin de retenir fe haut du bras, qu'il ne vacille çà ny là. Le pilier ſur lequel eſt attaché ledit Ambi. La petite cheuille qui tient ledit Ambi joinct dans le pilier. - - Les viroles qui tiennent ferme la patte du pilier, afin qu'il ne ſe hauſſe, ou vacille en la reduction / E E Les trous de la patte où eſt inſeré le pilier,joint au plancher. H h 3 LA/ c'eſt vnt choſe birn decente aux Chirurgiens demeurans aux viller, d'auoir tel inſtrument pour reduira les luxationt de l'épanlºi - | 366 Le Seiziéme Liure, Hipp.ſect. 1, liu. des Art. ſent. 2. - - - • • . : , * Gal. com.ſur la ſect. I. des liu des Art. ſenº 23. Signes. sect. 1. ſent, 23. Comme l'on doit ſituer le malade en la duxation faite en la partie poſte- riewre, ". :é . Ce que l'Au- theur appelle Juperieure partie. Hipp. /endern, ſeét, 3.des fractu- res , l'appelle anterieure@ poſterieure. Auſſi fait Celſe, chap. 16. liu, 3. La maniere de reduire l'épaule, quand la luxation eſt faite en la partie anterieure-. C H A P 1 T R E XXV II. 2,0 L n'auient pas ſouuent que l'épaule ſe luxe en la partie anterieure.Toutesfois il n'y a rien qui # par vne ſoudaine violence ne ſe faſſe:tellement que les os ſe luxent,combien que leurs articles # ſoient bien munis pour empeſcher la luxation : comme en cét article il y a vn grand obſtacle , ou empeſchement, à ſçauoir, l'acromium, & l'extremité de l'os ſurculaire, qui eſt appuyé de - N º contre, & auſſi le gros muſcle & fort, nommé Epomis, & celuy à deux teſtes, & autres. Donc lors qu'elle ſe fait, il y a vne grande violence : ce qu'Hippocrate dit n'auoir iamais veu : neantmoins Gal. dit l'auoir veu cinq fois, vne fois en Aſie en la ville de Smyrne, & quatre en la ville de Rome : laquelle, dit-il, eſtoit alors ſi peuplée, qu'on pouuoit dire que c'eſtoit l'Epitome de toute la terre habitée : & aux villes où Hippocrate habitoit, n'y pouuoit auoir tant de gens qu'en vne ſeule rue de la ville de Rome. Par- quoy Galien dit, qu'il ne ſe faut eſmerueiller s'il n'auoit veu telles luxations. Car où il y a beaucoup de gens,on void pareillement pluſieurs & diuers accidens.De ma part, ie proteſte n'en auoir iamais veu qu'vne ſeule en vne Nonnain, qui ſe voulant ſauuer de ſon Monaſtere, ſe ietta d'vne feneſtre en terre, & tomba ſur le coulde : dont elle ſe fit luxation en la partie anterieure de l'épaule. On peut connoiſtre telle luxation par la figure de la partie vitiée, & en touchant de la main deſſus l'article, on trouue la teſte de l'auant-bras vers la poictrine. Pareillement, le malade ne peut flechir le coulde. Telle luxation eſt reduite comme les autres, à ſçauoir, en tirant & pouſſant.Et pour ce faire, faut faire coucher le malade à la renuerſe, & faire l'extenſion du bras à la partie contraire.Mais premierement que ce faire, il faut mettre vn lien propre pour tenir la iointure fermement (comme celuy qui eſt appellé de Galien ſur le liure des articles, Carcheſien) & remplir la cauité de l'aiſſelle d'vn peloton de fil, ou autre choſe ſemblable, & tirer le bras par deſſus le coulde. Et faut noter, que lors que la teſte dudit os eſt aſtreinte des muſcles, il faut tourner vers la partie poſterieure , qui eſt oppoſite à l'enterieure. Auſſi faut ſe donner garde qu'il ne tombe en bas ſous l'aiſſelles ce qu'on éuitera en l'eſtendant & tirant vers diuerſes parties : à quoy auſſi ſert de munir & garnir la cauité de l'aiſſelle du peloton deſſuſdit. Puis faut pouſſer la teſte de l'os qui eſt ſerrée entre les muſcles : & apres en laſchant l'extenſion, faut laiſſer remettre l'os en ſon lieu auec les muſcles,qui s'en retourneront d'eux- meſmes à leur origine. - -- De la luxation de l'épaule faite en la partie exterieure . C H A P. XXVIII. luxation eſt, qu'on ne peut eſtendre le bras, & fe meut plus difficilement en l'eſtendant vers la partie exterieure, que vers l'anterieure : joint auſſi qu'on trouue vne eminence de la teſte de l'os ' vers la partie exterieure de l'épaule, & vne cauité à celle qui eſt contraire. Pour reduire telle lu- xation, faut ſituer le malade ſur le ventre, & luy tirer fort le coulde vers les parties contraires à la luxation, & pouſſer l'éminence en ſa cauité : & par ainſi l'os ſe remettra en ſa place. Eu quelque maniere que la luxa- tion de l'épaule ſoit faite pour la reduire,il faut eſtédre le bras vers la partie inferieure,le tenant toûjours droit. Le ſigne que la reduction eſt faite en toutes ces manieres de luxations,c'eſt qu'on oyt vn bruit faiſant clocq , lors § l'os entre en ſa boete. Pareillement le malade peut pliers eſtendre & hauſſer le bras : ioint auſſi que la douleur ceſſe. Outre-plus on le connoiſt en conferant le bras malade auec l'autre ſain, comme auons dit cy-deſſus.Apres la reduction faite, on appliquera medicamens propres, & mettra-on ſous l'aiſ- ſelle vne pelotte , qui ſera accomodée ſelon la cauité, & pareillement des compreſſes aux coſtez où ſera faite la luxation. Puis ſeront liez auec vne bonne & large bande à deux chefs, qui ſera tournée ſur l'épaule en forme de croix ſainct André, & ſera menée par deſſus l'autre aiſſelle,& fera-on tant de reuolutions qu'il fera beſoin. Puis le bras ſera tenu en eſcharpe,faiſant vn angle droit. Laquelle figure non ſeulement en cette luxation, mais auſſi au coulde, & à la main luxée ou fracturée eſt propre, parce qu'elle eſt la moins dou- teuſe, joint que ladite partie peut long temps demeurer immobile en cette figure. # L ſe peut faire luxation en l'épaule vers la partie exterieure : mais auſſi rarement le ſigne de cette -) De la luxation faite en la partie ſuperieure de l'épaule . CH A P. XXIX. #a L ſe fait auſſi quelquesfois luxation a la ſuperieure partie de l'épaule.Le figne de cette déloüeu- (t # re eſt, que l'on trouue la teſte de l'os du haut du bras ioignant le deſſous de la furcule, & cauité #j# ſous l'aiſſelle : & le coulde plus fort éloigné des coſtes, que lors que la luxation eſt faite en la *º partie inferieure, & ſemblablement impotence du bras. Pour reduire telle luxation, faut que le Chirurgien mette ſon épaule ſous le coulde du malade, & qu'il la hauſſe contre-mont, & a l'inſtant qu'il preſſe ou face preſſer & pouſſer par vn ſeruiteur la teſte de l'os dans ſa cauité Autre maniere. Il faut faire coucher le malade à la renuerſe ſur vne table, ou à terre, & qu'vn ſeruiteur tire le bras, & le Chirurgien de ſes mains pouſſera l'os en ſa place. Apres la reduction faite, on y procedera comme nous auons dit és autres luxations; ſçauoir qu'on mettra les compreſſes où l'os eſtoit forjetté, conduilant la ligature,comme auons cy-deuant enſeigné. De la déloiieure du coulde_ . C H A P. XXX. §é E coulde ſe peut pareillement luxer en quatre manieres,à ſçauoir en la partie interieure,exterieu- $# º re, ſuperieure & inferieure. Par la partic interieure, i'entends celle qui regarde le centre du corps, # le bras eſtant en ſa ſituation naturelle, ſçauoir eſt,en figure entré prone & ſupine : par l'exterieure, celle qui luy eſt oppoſite : & par la partie ſuperieure, celle qui regarde le Ciel : & par l'inferieure, celle qui regarde la terre.Et d'autant que la iointure du coulde a plus grandes diuerſitez d'eminences & cauitez,que celle de l'épaule,d'autant auſſi la luxation d'icelle eſt plus faſcheuſe.Auſſi l'os ſe déplace plus difficilement, & pareillement ſe reduit plus malaiſément. Or le coulde eſt ioint auec l'os du haut du bras, & entrent mu- tuellement l'vn dedans l autre,comme vne fiche en vn gond qu'on attache à vne feneſtre pour l'ouurir &fer- mer. Autre comparaiſon. L'os du coulde tourne autour du haut du bras,comme autour d'vne demie poulie, pour fiechir & eſtendre le bras. le dis demie poulie, pource que ſi Nature l'euſt fait tourner d'auantage, l'aôtion A i j # Des Luxations. 367 A l'action du bras n'euſt pû ſe faire commodément : parce que le bras ſe fût plié au dehors comme au dedans Gal. liu. 1: ce que l'on peut connoiſtre par l'anatomie. Donc nous dirons que le coulde ſe luxe, à cauſe que ſes deux de l'vſ. des apophyſes ne trauerſent par tout autour de l'os de l'auant-bras, qui le reçoiuent. Parquoy lors qu'on fait Pºrt. plus grande flexion, que là où ſon apophyſe interieure rencontre le fonds de ſa cauité, & l'apophyſe po. ºſº ſterieure ſe deplace en derriere:& auſſi quand on fait vne extenſion violente,l'apophyſe anterieure touche ! ce ſigne eſt le fonds de ſa cauité, & alors ladite apophyſe ſe iette hors de ſon lieu : & cette luxation eſt plus difficile à # reduire que la premiere : ioint auſſi que l'extremité du coulde, nommée Olecrane, eſt fort haute, & ſon in , #. # terieure fort abbaiſſée. Parquoy il nous eſt plus facile à le flechir qu'à l'eſtendre : à cauſe dequoy telle dé- faite # #. loüeure ſe fait par plus violente force , que celle qui ſe fait en la partie interieure. Le ſigne de cette luxa- , i, ºnt tion eſt,que le bras demeure eſtendu,& ne ſe peut plier, pource que l'apophyſe interne du coulde demeure rieure. en la cauité externe, qui eſt en la partie inferieure de l'os du haut du bras, de laquelle eſtoit auparauant a Ce ſigne eſt occupée de la partie interne de l'Olecrane, qui eſt l'extremité du coulde : dont alors la reduction eſt tres attribué par difficile, pource que ladite apophyſe demeure accrochée dans icelle cauité.* Le ſigne que la luxation eſt Celſe à la faite en la partie interieure, c'eſt que le bras ne ſe peut eſtendre,& demeure plié.* Le ſigne qu'elle eſt faite ººº . aux parties laterales eſt, que la figure de la iointure du coulde demeure viciée entre la flexion & l'exten- la partie po- ſion. En toutes ces luxations l'action du coulde ne ſe peut faire iuſques à ce que la reduction ſoit faite. Pa- º# l reillement on trouue vne eminence du coſté où la luxation eſt faite, & vne cauité à la partie contraire : ce # B qui eſt commun à toutes luxations. Outre-plus la luxation du coulde ſe fait complette, ou incomplette. # . qu'il Celle qui eſt incomplette, eſt facile à ce faire, & auſſi à ſe reduire. Mais celle qui eſt complette, tout ainſi § partie qu'elle eſt difficile à ſe faire, auſſi eſt elle fort difficile à reduire, ſi on ny procede promptement, & auant ſuperieure & que l'inflammation y ſoit ſuruenuë : car ſi elle y eſt-ja, la curation eſt tres-difficile, & ſouuemt du tout im- inferieure. poſſible, principalement &elle qui eſt faite en dehors. Ce ſigne eſt - · attribué par - - Celſe à la La maniere de reduire la luxation da coulde, faite en la partie exterieure- . luxation en - la partie in- C H A P 1 T R E XXXI. rerieure 6° # T lors qu'on void que le bras du malade demeure preſque en figure droite, ſans le pouuoir º#. §) aucunement flechir, faut conclure la luxation eſtre faite en la partie exterieure. Parquoy la lą , . faut reduire próptement,'à cauſe qu'il s'y fait fluxion & inflammation, pour l'extreme douleur quiert pröpt 4 qui interuient. Pour faire donc la reduction, en quelque partie que la luxation ſoit faite, faut ſecours. S qu'vn ſeruiteur tienne fermement le bras du malade au deſſous de la iointure de l'épaule, & le Chirurgien tirera le bras par la main, & pouſſera l'os de l'auant-bras en dehors,& l'éminence du coulde en dedans, & tirera le bras petit à petit en le tournant d'vn coſté & d'autre, afin de ietter l'os en ſa cauité. Ie veux icy aduertir le ieune Chirurgien,que pour reduire cette déloüeure ne faut fiechir le bras, pource C que iamais par ce moyen l'os ne pourroit eſtre reduit à cauſe que l'apophyſe interieure de l'os du coulde Poin# mota- eſt en la place de l'apophyſe exterieure de la cauité de l'os du haut du bras: & partant en pliant le bras on ble de grădi ne fait ſeulement que hauſſer le coulde,& ne le tire-on pas en ſa cauité. Et où telle choſe ne ſe pourra faire " par la main, à donc faut faire que le bras luxé embraſſe vne colomne, ou le pied d'vn lict, & qu'il ſoit vn · · • · peu plié : puis on empoignera d'vne forte liſiere l'extremité du coulde , dite Olecrane , la tirant vers ſa ca- . ': uité auec vn baſton entortillé dans ladite liſiere, comme tu vois par cette figure. La figure qui monſtre à faire la reduction du La figure qui monſtre à faire la reduction - coulde autour d'vn pilier auec vn baſton. du coulde par vn lien. - - mtttttltliºli ! gT Aa $NNN v ^ ºſſº \N - \ ºº #u # $ % \ > \ y$ $ $ ,^ , $. '(º, Le ſigne que l'os ſera reduit, c'eſt que le malade eſtend & flechit le bras,& la douleur eſt ceſſée, & la figure viciée remiſe en ſon eſtat naturel. 1# \ IIIl # « ssuasAll " Autre maniere encore plus facile : c'eſt que le bras eſtant autour du pilier , on mettra vn bien fort lien de la largeur d'vn poulce ſur l'extremité du coulde, puis ſera tiré tant que l'os tombe en ſa place, com- me tsvois par cette figure. Signes de reduétion. - 1- 368 Le Seiziéme Liure, De la luxation du coulde, faite en la partie interieure . CH A P 1 T R E XXXI I. # la luxation eſt faite en la partie interieure, pour la reduire il faut eſtendre fort le bras, & S5 = - le flechir ſoudainement & impetueuſement , de façon que la main touche droit ſur l'épaule du & bras luxé. Aucuns mettent quelque choſe ronde & dure au ply du coulde , puis flechiſſent fort le bras , comme nous auons dit. De la luxation incomplete du conlde, faite en la partie ſuperieure ou inferieure . ºiºiºn ér si l'os du coulde eſt ſeulement quelque peu ſorty de ſa place en la partie ſuperieure ou inferieure, en le # º tirant & pouſſant vers ſa cauité, on le reduit facilement en cette façon. Deux ſeruiteurs tiendront le bras " " eſtendu (l'vn par l'auant-bras,& l'autre par le braſſal) & le tireront chacun vers ſoy en parties contraires,& le Chirurgien auec ſa main repouſſera l'os en ſon lieu. Apres ces reductions faites,faut poſer le bras en figure d'angle droit, & le bander, & y appliquer remedes cy-deſſus mentionnez, puis le pendre au col auec vne eſcharpe , ainſi qu'auons dit en la luxation de l'épaule. Hippocrate veut qu'apres la reduction de cette partie, le malade remue ſouuent ſon bras en figure prone & ſupine, & auſſi qu'il l'eſtende & flechiſſe: pareillement que quelquesfois il ſoufleue de ſa main quelque choſe peſante, afin d'adoucir & aſſoupir les ligamens qui lient cette iointure, de peur que les os ne s'yniſſent & coaleſcent enſemble par vne maniere de Callus, nommé des Grecs , Ancyleſ : qui ſeroit cauſe que le malade ne pourroit iamais apres fiechir d'Antyloſis. ny eſtendre le bras. Ce que i'ay veu ſouuent aduenir, pour auoir eſté trop long-temps ſans auoir re- mué ladite jointure : parce que l'humeur viſqueux , qui eſt naturellement aux jointures , & autres ſuper- Canſes B fluitez qui interuiennent à cauſe de la douleur, s'y endurciſſent, & font coller les os enſemble. Parquoy pour obuier à tel accident, il faut remuer l'appareil de trois iours en trois iours, & commander au malade de remuer ſon bras en toutes manieres, toutesfois ſans nulle violence.Icelle luxation eſt aſſeurée en vingt, ou vingt-cinq iours ou moins, ſelon les accidens qui ſeront interuenus. Il faut d'auantage que le Chirur- gien contemple, que lors que le coulde eſt hors de ſon lieu entierement, l'autre os nommé rayon, ſe dé- boete pareillement. Partant en reduifant le coulde, il prendra garde de reduire le rayon en ſon lieu : & notera qu'en ſa partie ſuperieure il y a vne apophyſe qui eſt caue & ronde, qui reçoit l'os du haut du bras, & vne petite eminence où s'inſere le muſcle Biceps. De la déloueure de l'extremité de l'os du coulde, appellée ſtyloide, qui eſt proche du Carpe. C H A P 1 T R E XXX I l I. # De la luxa- tiou du ray5 pres du cout- V E L o v E s F o 1 s l'extremité ou apophyſe de l'os du coulde, appellée ſtyloïde, eſt ſeparée du rayon, quelquesfois en dedans, & quelquesfois en dehors, pour eſtre tombé de haut ſur les , mains. La maniere de la reduire ſera de le repouſſer en ſa place, & y faire bonne & ſeure ligature, ds. $ & y appliquer medicamens grandement aſtringens & deſiccatifs. Mais encore qu'on faſſe toute Sen. 1. ſea. choſes neceſſaires, ledit os ne ſe peut iamais bien reioindre & tenir à la place dont il eſt iſſu. Ce qui eſt C 2. é ſen. confirmé par Hippocrate au liure des Articles, qui dit : Quand le rayon eſt ſeparé de l'os du coulde, telle derniere ſect. ſeparation eſt incurable, comme toute autre diſtraction des os joints par ſymphyſe, c'eſt à dire, vnion: • 3 des Fract. pource que l'os ne peut bien demeurer en ſa place, à raiſon des ligamens qui ont eſté trop eſtendus & re- laſchés : ce que i'ay veu ſouuentesfois, quelque diligence qu'on y pût faire. De la luxation dn poignet. CH A p. XXXIV. Il y a icypa- $ E Poignet eſt la conjonâion du radius auec les huict os du carpe.En iceluy il y a double jointu- reille diſcor- # $ re, afin que l'vne ſupplée au defaut de l'autre. Exemple, Le mouuement circulaire, c'eſt à dire, dance en la $ tourner la main, en deſſus, en deſſous, ſe fait par le benefice du rayon, & la fluxion & extenſion nominatien º par le moyen de l'os du coulde. Il ſe fait en iceluy luxation interieurement, exterieurement, & º,ºſpeces aux coſtez. Le ſigne qu'elle eſt faite interieurement, c'eſt que la main demeure renuerſée : & lors qu'elle º l'eſt exterieurement , la main demeure flechie. Et ſi elle eſt aux coſtez, la main eſt tournée au contraire,à # ſçauoirvers le poulce ou le petit doigt.Auſſi quelquesfois il n'y a que l'vn des os luxez : qui ſe cºnnoiſtra § facilement par la figure viciée, & par l'action bleſſée. Le moyen de reduire leſdits os, eſt, qu'il faut tenir entre l' § l'auant-bras , & titer aſſez fort la main , la ſituant ſur vne table, ou ſur quelque autre choſe ferme ,&fai, § §. ſant que la partie d'où l'os eſt luxé,ſoit au coſté inferieur d'où il eſt ſorty, & celle où il eſt luxé, au coſté ſe, & Hipp. ſuperieur. Puis faut pouſſer ſur les eminences des os,tant que la reduction ſoit bien faite. D ſent. .. ſect. 2. des Art. que par auät ch. 3o. . De la luxation des os du Carpe . CH A p. XXXV. Signes. V Carpe il y a huict oſſelets, leſquels par vne grande force peuuent ſortir de leur ſituation & conjonction naturelle. Les ſignes ſont, qu'on trouue qu'ils font tumeur & cauité, ainſi que les # autres os luxez. Le moyen de les reduire, eſt, qu'il faut faire ſituer la main du malade ſur vne table : & s'ils ſont luxez au dedans, on couchera la main ſur la table à la renuerſe : & lors le Chi- rurgien preſſera de ſa main ſur les os eminens, & les reduira en leur lieu : & s'ils ſont luxez en dehors, le dedans de lamain ſera poſé ſur la table,& ſera preſſée comme deſſus :& ſi la luxation eſt vers vn des coſtez, on les repouſſera en la partie contraire & oppoſite : & la reduction faite, on y appliquera les remedes nc- ceſſaires : & ſera la main liée & bandée, & le bras poſé en eſcharpe. Operation. \ %91 - T - |# # : Des Luxations. | 369 De la luxatiow des os du Metacarpe_ . C H A P. X X XV I. §V Metacarpe il y a quatre os, deſquels les deux du milieu ne ſe peuuent luxer à coſté, à cauſe de comment ſe 5 )leurs pareils ou compagnons.Auſſi celuy qui ſouſtient l'index,& l'autre qui ſouſtient le petit doigt, peuuét luxer jne ſe peuuent luxer du coſté auquel ils ſont oppoſez à ceux du milieu, mais ſeulement de l'autre les os du Me. §ousſe peuuent luxer en dedans & en dehors. La maniere de les reduire eſt ſemblable à celle du tacar?e. , coſté : Carpe. De la luxation des Doigts. - C H A P. XXX VII. xYg E s doigts ſe luxent en quatre manieres; à ſçauoir,en la partie interieure,exterieure,& aux coſtez. La reduaion #, Pour les reduire, il faut tirer & pouſſer de figure droicte, & parce moyen on les remettra en leur des doigts # lieu. Ils ſont reduits facilement, parce que leurs jointures ſont peu caues, & auſſi qu'elles ſont ſu- luxez eſt fa. perficielles, & leurs ligamens laſches & foibles. Cette luxation eſt communément affermie en eile. douze iours, ainſi que celle du Carpe & Metacarpe. De la luxation de la Hanche_ . C H A P. XXX VIII. A Hanche ſe deſlouë en quatre façons ; à ſçauoir, en dedans, en dehors, en deuant, & en der- Galien ſur la riere : mais le plus ſouuent en dehors & en dedans, en deuant & en derniere rarement. En ſent. 47, du cette jointure ne ſe peut faire luxation incomplette , principalement des cauſes exterieures, liu. des Artº $ ainſi qu'il ſe fait au coulde, à la main,au genoüil, & à la cheuille des pieds, à cauſe que la teſte : de l'os de la cuiſſe eſt ronde, & que la cauité où il ſe loge à des bords tout autour : joint que les muſcles en cette partie ſont forts : & partant il ne ſe peut faire qu'vne partie ou portion de la teſte ſoit dedans ſa cauité, & l'autre dehors, pource qu'en tournant & mouuant elle retourneroit dans ſa boëte par , . la force des muſcles:mais és luxations faites de cauſe interne,elle peut eſtre incomplette,parce que les muf- cles & ligamens ſont relaſchez,& n'ont la force de ramener ledit os en ſa jointure ou cauité.Le ſigne qu'el-signe, & le eſt desboettée en dedans , eſt que la jambe malade comparée à la ſaine ſe monſtre plus longue,& le ge- cauſe d'#. noüil plus abbaiſſé & tourné en dehors, & le malade ne peut plier la iambe : & auſſi qu'à l'endroit de l'ai- ceux. - ne on trouue manifeſtement la teſte de l'os femoris,qui y eſt arreſtée & retenuë.Elle ſe monſtre plus longue, pource que la teſte dudit os n'eſt plus en ſa boëte, & eſt deſcenduë plus bas, partant la iambe s'alonge : auſſi le genoüil ſe tourne en dehors,parce que de neceſſité le bout inferieur de l'os femoris ſe tourne au contrai- re de ſa boete, qui eſtvne choſe commune à tous les os luxez; que quand il y a luxation d'vn coſté, l'autre extremité du meſme os eſt touſiours tournée vers la partie oppoſite à celle qui eſt luxée. Partant quand la teſte de l'os de la cuiſſe eſt deſloüée en la partie interieure, l'autre extremité qui eſt au genoüil eſt neceſſai- rement tournée vers le dehors : & ainſi des autes parties. Pareillement on ne peu plier la cuiſſe vers l'ai- Gal. au lia. ne, à cauſe que l'os deſplacé tient les muſcles, qui font extenſion, ſi tendus,qu'ils ne peuuent obcyr à ceux du meuue- qui la doiuent plier : car la fluxion doit preceder l'extenſion, & l'extenſion la flexion. mët des muſ- cles. Prognoſtic de la luxation de la Hanche_>. C H A P. XX x I X. %$s Vx luxations de la cuiſſe il y a danger, ou que l'os ſoit reduit mal aiſément, ou qu'eſtant re- N$ | N - - - \#duit ne tombe derechef Car ſi les muſcles, tendons & ligamens de cette partie ſont forts & \% durs, à peine laiſſent ils reduire l'os en ſa place. Pareillement s'ils ſont trop foibles, laxes & % mols, ils ne le peuuent tenir quand il eſt reduit : ſemblablement quand le ligament court & 2 rond, qui ioint eſtroittement la teſte dudit os au fond de ſa cauité, eſt rompu ou relaſché. Or ledit ligament ſe rompt par quelque violente forcé: & ſe relaſche par humidité glaireuſe Pourquoy le & fuperfluë, amaſſée és parties voiſines de cette iointure qui l'abbreuuent & mollifient. Et ſi ledit ligament ligament de eſt rompu, encore que l'os ſoit reduit, ne tient iamais , & retombé toufiours, quelque diligence qu'on y la Manche ſe puiſſe faire : ce que i'ayveu pluſieurs fois S'il eſt ſeulement humecté & relaſche, apres l'auoir reduit, ſi on rompe, ou ſe peut conſummer & ſeicher l'humeur par medicamens, & par cauteres potentiels, ou actuels, appliquez au relaſche. tour de la iointure, l'os y demeure ferme, & ne retombe plus. Donc pour le dire en vn mot, quand ce liga- ment eſt rompu ou trop relaſché, l'os ne peut tenir ferme en ſa boëte lors qu'il y eſt remis, principalement Voyez Gal. en ceux qui ſont maigres ; pource qu'icelle iointure n'eſt liée de ligamens par dehors, comme eſt la ſur laſen.42. iointure du genoüil, & qu'il n'y a point d'aponeroſe, c'eſt à dire, tendons larges, comme nous auons dit. de la ſe#. 4. Dauantage,les parties qui ſont pres d'vne luxation,quin'a eſté reduite,deuiennent en atrophie, c'eſt à dire, du liu. des qu'ils amaigriſſent, en ſorte que la chair des muſcles eſt extenuée & conſummée, à raiſon que l'os n'eſt en Artic, ſon lieu : & partantladite partie ne peut faire ſon action : & auſſi que les veines, arteres, & nerfs, ne ſont pareillement en leur ſituation naturelle, qui garde que la nourriture, & les eſprits n'y peuuent ſuffiſamment reluire : & eſtant imbecile ne peut attirer & retenir, cuire, n'aſſimiler le nutriment. Exemple. Ceux qui ont Pourquoy l'os femoris luxé,& n'a eſté reduit, ledit os ne croit plus comme les autres os du corps,& auſſi deuient plus l'os femoris court que celuy qui eſt en ſa boëte,pource qu'il eſt pres du lieu ou eſt le mal.Toutesfois les os de la iâbe & ne croiſt du pied ne ſont empeſchez à croiſtre, d'autant qu'ils demeurent en leur ſituation naturelle. Neantmoins la quand il eſt iambe leur deuient plus greſle, ceſt à dire, les muſcles atrophiez. Autant s'en fait-il à l'os du haut du bras hors de ſa (ce qui eſt commun à toutes luxations non reduites ) lequel auſſi deuient plus court, & les muſcles plus ººº emaciez & conſummez que ceux du bas du bras, & de la main. Et pour le dire en vn mot, les os qui font plus pres de la iointure luxée, deuiennent plus courts, & leurs muſcles plus atrophiez, parce que les eſprits & alimens ne peuuent eſtre portez en icelles parties:qui eſt cauſe qu'elles tombent en Atrophie.Or quand Hip.dit plus courts, il faut entendre en ceux qui n'ont pas accomply leur croiſſance. Car à ceux qui ſont Belle annota- paruenus à leurs trois dimenſions , les os ne ſe peuuent accourcir, mais bien diminuer en groſſeur Il faut tion. auſſi entendre que l'exercice de la main ſert grandement à ce que la chair de tout le bras demeure plus nour- rie, & principalement depuis le coulde iuſques aux doigts : mais quand l'os femoris eſt luxé, & principale- ment en la partie interieure, & que les enfans ſont encore au ventre de leurmere, ou qu'ils ſont en leur en- fance, les muſcles ſeront plus emaciez qu'aux bras, à raiſon qu'il ne ſe peuuent aider de la lambe,ny dupied, ºnla luxation de l'os femoris, comme ils font de la main, en la luxation de l'os du haut du bras. Z)4-5 37o Le Seziéme Liure, 3)uelle luxa- tion de la cuiſſe eſt plus tolerable. Pourquoy les malades che- minent cöme les bœufs, - Ace idens qu'amaine la deſloi'eure externe de l'os ſemoris. Signe de la ! deſloüeure de f^ l'os femoris ou deuant. Aecidens de telle deſloi . ſ7f41'47, Pourquoy l'os femoris ra- rement ſe deſlouë en derriere. T- - De la luxation de la Hanche, faite en dehors. CH A P. X L. V A N D la luxation de la cuiſſe eſt faite en dehors, & qu'elle demeure ſans eſtre remiſe, la , douleur auec le temps s'appaiſe, & la chair d'entour deuient calleuſe & dure, comme la main - 7 des laboureurs & artiſans;& la teſte de l'os ſe forme, & fait vne cauité en laquelle elle ſe met; #$é de façon qu'auec le temps le malade peut cheminer ſans potence ou baſton. Adonc la cuiſſe & - la jambe ne font tant atrophiées ou amaigries. Mais ſi la luxation eſt faite au dedans, l'atro- Phie ſera plus grande, d'autant que les vaiſſeaux qui de leur naturel vont & tirent touſiours plus vers le de- ans, comme note Galien ſur la ſentence 51 de la 3. ſection du liure des Articles, ſont plus preſſez, & que la partie ne peut ſe mouuoir ny tourner c ötre l'os pubis,ou du penil.Dauantage cette luxation n'eſtât point reduite, quelque temps apres les malades cheminent comme les bœufs; à ſçauoir, en tournoyant la jambe vers la partie du dehors. Pareillement le malade eſtant ſouſtenu ſur la jambe luxée, ne peut demeurer en fi- gure droicte, mais oblique.Auſſi la jambe ſaine fait peu d'eſpace quand elle ſe meut, à comparaiſon de cel- Ie qui eſt luxée,parce que celle qui eſt luxée, fait ſon mouuement en tournoyant,& l'autre le fait ſans tour- noyer. Pour cette cauſe les malades portent vne potence ou vn baſton, afin qu'ils ſoient appuyez ſur la partie malade, de peur qu'ils ne tombent en terre. Dauantage ceux qui ont cét os luxé en dehors, ou en derriere, qui n'a pû eſtre reduit, par ſucceſſion de temps, la teſte dudit os rend la partie calleuſe, quiper- met que le jarret ſe plie ſans grande douleur, mais les malades ſe ſouſtiennent & marchent ſeulement ſur la racine des orteils. Toutes fois ils ſont contraints de ſe courber en deuant,lors qu'ils cheminent bien fort, pource que la jambe eſt plus courte, & tiennent à chacun pas la main ſur la cuiſſe malade, à cauſe que # la teſte de l'os n'eſt pas droittement ſous le corps portant à plomb : neantmoins à la longue les malades B peuuent cheminer ſans potence ny baſton, lors qu'ils y ſont accouſtumez. Pareillement la jambe ſaine par vne couſtume & vſage deuient difforme, pource qu'elle aide à la malade en s'appuyant en terre.En quoy fai- ſant, il eſt neceſſaire que la cuiſſe & le jarret ſoient courbez. Au contraire, quand la luxation eſt faite en deuant, & n'a eſté reduite, & que le malade ( comme auons dit ) eſt paruenu à ſes trois dimenſions, l'os ayant accouſtumé de tourner au lieu auquel il eſt tombé, & que la partie eſt deuenue calleuſe & dure, alors il chemine ſans baſton , potence , ou croce, & marche du tout droit : Pource que la jambe luxée ne ſe peut facilement plier, ny en l'aine, ny au jarret, & que les malades s'appuyent plus volontiers ſur le talon,qu'ils ne font ſur la racine des doigts des pieds. Ie ne veux encores laiſſer en arriere de memorer que ſi cette luxa- tion, comme toutes les autres, eſt inueterée, iamais ne ſe peut reduire. Or voila les ſignes & accidens qui viennent quand la luxation eſt faite en dedans, & que le ligament qui attache l'os en la cauité de la jointe, eſt rompu ou trop relaſché. Les ſignes que la luxation eſt faite en dehors. cHA , XLI. M% O R s que la luxation eſt faite en dehors, les ſignes ſont contraires à la luxation faite en de- # dans. Car la jambe malade eſt plus courte, d'autant que la teſte de l'os de la cuiſſe eſt au deſ- ſus eſleuée de ſa boëte, & que les muſcles là ſituez ſe retirent vers leur origine, & eux ſe re- # tirans, tirent encore pareillement l'os contre-mont : qui fait que la jambe eſt plus courte. | -- R> Pareillement le genoüil & le pied ſe tournent en dedans : & ſi on veut faire marcher le mala- de, le talon ne peut toucher contre terre, mais ſeulement ſur le mol du pied, qui eſt en la racine des doigts. Auſſi peut bien plier la jambe : ce qu'il ne ſçauroit faire, quand la luxation eſt faite au dedans. Dauantage, la jambe malade porte mieux le corps, que quand la luxation eſt faite au dedans : parce la teſte de l'os eſt plus de ligne droite ſous le corps, qu'il n'eſt quand la luxation eſt faite au dedans : & auec le temps, ſi la luxation ne peut eſtre reduite, le malade chemine ſans baton, pource qu'il ne ſent plus de douleur, à raiſon que la teſte de l'os a broyé & rendu calleux & dur le lieu où il fait ſa demeure, n'eſtant plus en ſa propre place. Alors auſſi la jambe s'extenuë & amaigrit moins que quand la luxation eſt faite au dedans , pource que l'os ne preſſe tant les vaiſſeaux, & auſſi qu'on la trauaille plus commodément. Bref, quand la cuiſſe eſt luxée en la partie poſterieure, la jambe ſe flechit & ne ſe peut eſtendre : & quand elle eſt luxée en la partis anterieure , elle s'eſtend, mais elle ne ſe peut flechir. De la luxation faite en deuant. CH A P. XL II. $ſ# A luxation en deuant ſe fait bien rarement. Les ſignes ſont, qu'on trouue la teſte de l'os de la $ cuiſſe tombée ſurl'os du penil : dont on voit l'aine tumefiée,& la feſſe apparoiſt ridée & deſ- # 2 charnée, à cauſe de la contraction des muſcles : auſſi que le malade peut eſtendre la jambe # ſans douleur, mais il ne la peut ployer versl'aine, à cauſe que le muſcle anterieur, qui naiſt de é7é\s\ſ^ l'os ilion, eſt preſsé de la teſte de 1'os qui ne ſe peut eſtendres & ſile malade eſt contraint de flechir le jarret, il ſent grande douleur : & lors qu'on fait comparaiſon de la jambe malade auec la ſaine, on les trouue égales en longueur. Neantmoins le malade ne ſe peut ſouſtenir ſur la racine des orteils : & ſi on veut I'efforcer de le faire marcher, il ne ſe peut appuyer que deſſus le talon. Dauantage le bout du pied ne ſe peut tourner vers la partie anterieure. Souuentesfois en cette luxation l'vrine eſt ſupprimée, à cauſe que la teſte de l'os preſſe les grands nerfs, deſquels naiſſent ceux qui vont à la veſſie : laquelle ſe reſſentant de la douleur, tombe en inflammation, qui afflige le muſcle Sphincter de la veſſie : qui fait que pendant icel- le inflammation, l'vrine ne peut paſſer qu'à grande difficulté, parce que les parties enflammées & tumefiées- ferment le paſſage de l'vrine. - De la luxation faite en derriere_ . C H A P. X L III. # AREILLEMENT la luxation faite en derriere vient rarement, parce que la partie poſterieure de la #$ boëte de la hanche eſt fort profonde, comme l'anterieur l'eſt beaucoup moins : au moyen dequoy $N* la luxation faite au dedans eſt plus frequente que nulle des autres. Les ſignes ſont, que le mala- de ne peut eſtendre la iambe, & auſſi il ne la peut plier, à cauſe que les muſcles qui ſont autour de la teſte - de l Des Luxations. 37 1 Q3 A de l'os ſont grandement preſſez & tendus : & la douleur s'augmente quând il veut ployer le iarret, à raiſon B C qu'on tire les muſcles d'auantage. Pareillement la jambe malade eſt plus courte que la ſaine : & quand on preſſe ſur la f ſſe, on trouue la teſte de l'os prominente entre les muſcles feſſieres : & trouue on cauité en l'aine,dont eſt trouuée laſche & molle quand on la touche : & le talon ne peut toucher en terre, parce que la teſte de l'os eſt cachée entre les muſcles de la feſſe,qui la retirent contre-mont,& principalement le gros muſcle feſſier,qui fait le couſſinet de la feſſe,lequel en cette luxation eſt plus preſsé que nul des autres qui fait que le malade ne peut flechir le genoüil, à cauſe que le flechiſſant on fait grande extenfion de l'apone- roſe,ou tendon large,qui couure le genoüil.Et ſi le malade s'efforce de ſe retenir ſur le pied de la cuiſſe lu- xée ſans quelque appuy, il tombe en derriere, parce que le corps panche en cette partie,à cauſe que la teſte de l'os n'eſt pas droittement au deſſous du corps pour l'étançonner : & pour cette raiſon il faut qu'il s'ap- puye ſur vne potence poſée ſeus l'aiſſelle du coſté luxé.Apres auoir ſuffiſamment deſcrit les ſignes,accidens, prognoſtic,& diuerſité des luxations faites en la hanche,maintenant il reſte à eſcrire & monſtrer la maniere de reduire l'os,ſelon la diuerſité des lieux où il tóbe, auec la meilleure methode, & la plus briefue qu'il me ſera poſſible.Premierement il faut ſituer le malade ſur vn banc, ou ſur vne table (mettant deſſous luy quel-. que matelas ou ouuerture de lict, de peur qu'il ne ſoit preſsé) ou à la renuerſe, ou ſur le vcntre, ou ſur le coſté : de façon que la partie où l'os eſt forjetté,ſoit toûjours la plus haute, & celle d'où il eſt ſorty,la plus baſſe.Exemple. Si la luxation eſt faite en dehors ou en derriere,faut ſituer le malade ſur le ventre.Si elle eſt faite en dedans, le faut ſituer à la renuerſe ſur le dos. Si elle eſt faite en deuant, il faut le ſituer ſur le coſté ſain. Et l'os ſera toûjours tiré & pouſſé vers la jointe, pour le chaſſer dedans. Si la luxation eſt recente, ou que ce ſoit vn ieune enfant, ou femme, ou autres qui ont naturellement les jointures laxes, il ne ſera beſoin Comme il faut ſituer le malade ayât l'os de la bä- che luxé en deuant ou ens derriere. pour reduire l'os de faire grande extenſion par liens:mais la ſeulemain du Chirurgien ſuffira : ou bien on ſe . contentera d'vne forte liziere, ou d'vne portion d'vne nappe ou ſeruiette:& auec ccrtaines compreſſes mi- ſes entre les jambes, à ſçauoir,autour de lajointure de la hanche, ſera tenu fermement. Puis le Chirurgien tirera la cuiſſe de droitte ligne au deſſus du genoüil, vis à vis de la boëte d'où l'os eſt iſſu : & par ce moyen ſera reduit, pourueu qu'on tire vn peu plus haut la teſte de l'os, de peur que les bors de ſa cau,:é n'engar- dent eſtre remis, ſi elle n'eſtoit tirée & leuée vn peu plus haut que ſa cauité. Où l'os ne ſera aſſez tiré, on doit eſtre aſſeuré qu'il ne pourra eſtre reduit. Partant il faut plutoſt pecher à tirer vn peu plus que trop peu, toutesfois il ſe faut bien garder de trop tirer, de peur de rompre quelque muſcle ou tendon, ou autre partie nerueuſe:& où on ne pourra reduire l'os par la ſeule main,à lors faudra vſer de machine,comme no- ſtre moufle attachée à deux poteaux, & la corde tirée tant qu'il en ſoit beſoin, Or cependant qu'on fera ces reductions violentes par machines, ne faut que les parens & amis du malade ſoient preſens, s'il eſt poſſi- ble, comme eſtant vn ſpectacle odieux à voir, & ouyr crier le malade : & auſſi que le Chrirurgien ſoit aſ- ſeuré, non piteux, ne craintif, lors qu'il fera la reduction, & ne ſoit tellement eſmeu par la clameur du ma- lade , ny moins des aſſiſtans : & que pour cela il ne ſe haſte point plus qu'il ne doit, pource que celuy ſe- roit grand deſ-honneur n'auoir pû reduire l'os, & auſſi grand dommage au malade. Apres auoir ainſi diſ- couru des luxations de la hanche, il faut pour l'inſtruction du ieune Chirurgien (auquel cét eſcrit s'a- dreſſe ) les deduire particulierement,-pour plus grande intelligence, commençant à celle qui eſt faite en dedans de la cuiſſe. - T 7 La maniere de reduire la luxation de la cuiſſe faite en dedans. -" . CH A P 1 T R E XL IV. L faut eſtendre le malade ſur vne table, ou ſur vn banc, comme nous auons dit. Au milieu d'i- celuy ſera poſée vne cheuille droit entre les cuiſſes, longue d'vn pied, & groſſe comme le manche - s d'vne houé, garnie de quelque choſe molle, de peur qu'elle ne bleſſe le malade. Cette cheuille ſert, à fin que le corps eſtant arreſté contre icelle, ne ſuiue & n'obeyſſe point quand on tirera,& auſſi que lors qu'on fera l'extenſion, elle ſe rencontre entre la teſte de l'os & le Perinæum, que d'Alechamps en ſa Chirurgie Françoiſe appelle l'entrefeſſon. Ce faiſant, il n'eſt grand beſoing faire autre contr'extenſion aux ' parties ſuperieures. D'abondant quand on tire le malade, cette cheuille aide à rechaſſer & pouſſer l'os auecques vn peu d'aide de la main du Chirurgien, qui en virant & donnant le tour ça & là, aide à remettre l'os en ſon lieu. Or quand il faut tirer & contre-tirer, il faut auoir des liens qu'auons par cy-deuant écrits en la reduction de l'épaule, ou tiſſu, ou quelque liſiere forte, conduits par deſſus l'épaule : l'vn deſquels ſera poſé au deſſus de la jointure de la hanche, & au defaut de la cheuille, on mettra vn lien au tour de la jointure de hanche, tenu par vn homme fort : & l'autre lien ſera poſé au deſſus du genoüil, lequel ſera pareillement tiré contre bas par vn autre homme, tant & fi fort qu'on verra eſtre beſoin.Auſſi ſe faut don- ner garde, que le lien qui tient la partie luxée, ſoit ſur la teſte de l'os qu'on veut reduire, parce qu'il em- peſcheroit qu'il ne pourroit r'entrer en ſa place. Cette maniere d'extenſion eſt commune aux quatre eſpe- ces de la luxation de la cuiſſe, mais en chacune d'icelles particulierement il faut changer la maniere de re- pouſſer l'os en ſa boëte, ſelon les parties où elle decline, à ſçauoir le pouſſant & tournant en dehors,quand la luxation eſt au dedans : & au dedans,quand elle eſt au dehors : ce que nous deduirons particulierement, & chacune eſpece à par-ſoy. Or aucuns r'habilleurs & renoüeurs de village, lors qu'ils veulent reduire cette luxation, font la ligature au pied, & par ce moyen la jointure du pied & du genoüil ſont plus eſten- dues que celle de la hanche luxée, pource qu'elles ſont plus pres du lien qui eſt attaché au pied: & partant ſans nulle occaſion ils font extenſion à la jointure du pied, & à celle du genoiiil , dont pluſieurs accidens aduiennent. Parquoy icy noteras, qu'on ne doit attacher les liens au pied, mais au deſſus de la jointure du genoüil, & en la luxation de l'épaule, nullement la faire à la main,mais au deſſus du coulde ſeulement. wr,r - La maniere de reduire la luxation de la cuiſſe, faite au dedans, par machines, lors que la ",- main du Chirurgien n'eſt aſſez ſuffiſante . C H A P. , XLV. # I la luxation eſt faite au dedans, apres auoir ſitué deuëment le corps, & tenu la partie malade, il N$ # faut mettre deſſus l'aine quelque choſe ronde, & ſoudain par deſſus icelle on tire le genoüil du # malade, en pliant fort & preſſant ſur la teſte de l'os vers ſa boëte, & tirant le genoüil & la jambe º^ à l'endroit de l'aine, & la menant au dedans vers l'autre jambe le plus qu'il ſera poſſible : & par ce - moyen on reduit l'os en ſa place, comme tu vois par cette figure. Auſſi · obſeruation digne d'eſtre bien notés. Operation pour la re- dučtion. Obſeruation digne d'eſire notée au Chirurgien. Operation. 372 Le Seiziéme Licire, - choſe digne .. Auſſi noteras en cette luxation, & autres, apres auoir tiré l'os ſuffiſamment d'entre les muſcles, & auoir B d'eſtre notée. Signes. Bandage. Situation de Ia iambe. : Facilité de reduction en la déloueure de l'os femo- ris en dekors. fait extenſion des ligamens, afin qu'ils cedent, faut laſcher la corde & ne plus tirer : ou autrement la re- duction ne ſe pourra faire pour la trop grande extenſion qu'on feroit aux muſcles, tendons & ligamens, qui ne pourroient obeyr à la main du Chirurgien. Les ſignes que la luxation eſt reduite, ſont que les iam- bes ſont de pareille longueur : auſſi que le malade plie & eſtend ſa iambe ſans douleur ny peine.Apres qu'on ſera aſſeüréºl'os eſtre reduit, on appliquera les remedes qui ont eſté par cy-deuant eſcrits , Puis on com- mencera toûjours le bandage ſur le lieu où eſtoit l'eminence de l'os deplacé, & ſera mené & conduit vers la partie oppoſite & ſaine, paſſant ſur les reins par derriere, & ſur le ventre par deuant Et ne faut oublier de mettre vne groſſe compreſſe dedans l'aine, qui tiendra l'os ferme en ſa cauité : auſſi les torches de pail- le longue iuſques au talon, comme nous auons monſtré en la fracture de la cuiſſe. D'auantage faut lier les deux cuiſſes enſemble, afin que la partie luxée demeure encore plus ſtable ſans ſe mouuoir.Et ne faut oſter ce premier appareil de quatre ou cinq iours, s'il eſt poſſible, ſçauoir eſt, qu'il n'y euſt quelque accident qui contraigniſt de ce faire. Faut auſſi faire tenir le malade trente iours dans le lict, afin que les muſcles, nerfs, & ligamens, qui ont eſté relaſchez, ſe fortifient : de peur qu'en cheminant trop toſt, l'os me ſe de- miſt derechef. Quand à la ſituation de la iambe, elle doit eſtre tenuë en figure moyenne ; c'eſt à dire, entre droite & courbée : autrement ne pourroit longuement demeurer en figure droite ſans cauſer douleur, à cauſe des muſcles qui ſeroient trop long-temps tenus tendus. La maniere de reduire la luxation à la cuiſſe faite en dehors. - C H A P 1 T R E XLV I. VA N D la luxation eſt faite en dehors, il faut ſituer le malade ſur vne table , ou ſur vn banc, garny comme nous auons dit par cy-deuant : ayant le ventre deſſus la table, & faire les ligatures A$ à la hanche luxée, & au deſſus du genoüil. Cela fait, faut tirer contre-bas, & contre-tirer con- #S2 tre-mont : & le Chirurgien pouſſera du dehors en dedans l'os en ſa place : & fi la main n'eſt aſſez forte, on s'aydera de noſtre moufle, comme tu vois par cette figure. Cette luxation eſt la plus facile à eſtre reduite de toutes les autres de la cuiſſe : tellement que i'ay veu quelquesfois ayant fait l'extenſion, qu'en laſchant les muſcles,ils iettoient la teſte de l'os en ſa cauité, ſans aucunement pouſſer : à cauſe que naturellement ils ſe retirent vers leur origine : & l'os rentrant dedans ſa boëte ne fait quelquesfois aucun bruit, & quelquesfois fait bruit, faiſant cloq : qui eſt vn ſigne cer*ain que l'os eſt r'entré dans ſa cauité. Apres cette reduction faite, on appliquera les remedes cy-deſſus mention- nez. Et pareillement ne ſera oublié de mettre vne compreſſe ſur la iointure, & la ligature, & les torches de paille, afoſi qu'auqns enſeigné par cy-deuant. - Des Luxations. 3 73 La maniere de reduire la luxation de la Cuiſſefaite en deuant , CHA P. XL V I ſ - N( Ila luxation eſt faite en deuant, faut ſituer le malade ſur le coſté ſain, & le lier atnſi qu'auons dit. La force du # Puis le Chirurgien , mettra vne compreſſe deſſus la teſte de l'os qui fait éminence, laquelle ſera geneiºil peut tenue fermement par vn ſeruiteur. Puis ayant fait l'extenſion ſuffiſante , le Chirurgien auec la trandement - main pouſſera la teſte de l'os en ſa boëte & ſi la main n'eſt aſſez forte, la pouſſera auec le genoüil, º*** tant qu'elle ſoit reduite : & eſtant reduite ſera traittée & bandée ainſi qu'auons enſeigné cy-deſſus. luxatione La maniere de reduire la luxation de la cuiſſe faite en derriere , CHA P. XLVIII. $Y E malade ſera pareillement couché ſur le vétre deſſus vn banc,ou vne table,& tiré ainſi qu'il a eſté #- dit des autres luxations de cette partie : le Chirurgien pouſſera de ſes mains l'eminence de l'os en ſa jointure,en prenant le genoüil du malade, & le tirant en dehors, le reculant, ou ſeparant de la jambe ſaine & bien qu'il ſoit reduit en ſon lieu,ſieſt-ce qu'il ne peut demeurer, ſi le malade n'eſt Il faut con- couché & bien bandé,à cauſe que la cauité de la boete de l'Iſchion va en baiſſant,& que la charge de toute # #: la cuiſſe,qui y eſt pendue, eſt peſante,& partât töberoit derechef de ſon lieu,ſile malade vouloit cheminer. peration. Operation. De la luxation de la roiielle du genoiiil. C H A P. XL I X. # A rouëlle du genoüil ſe peut deſloüer en dedans, en dehors, en deſſus, en deſſous,& non iamais ſ# en derriere,parce que les os qu'elle couure ne le permettêt.Pour la reduire,il faut que le malade # s'appuye ſur le pied de la partie luxée,en terre vnie,ou ſur vne table:puis le Chirurgien la pouſſe- $ 2 $ ra de ſes mains du coſté où elle encline:& l'ayant reduite faut réplir la cauité du jarret de cópreſſes - - de telle groſſeur que le malade ne puiſſe plier la jambe:car la ployant, on la fait derechefſortir de ſon lieu. # il faut Pareillement on mettra vne aſtelle vn peu caue & ronde, comme eſt la figure de la roüelle,posée du coſté # - - - - - 10/7, vers lequel elle eſtoit deplacée:& les remedes propres ſont appliquez, & auec le bâdage ſera tenuë ſi ferme qu'elle ne puiſſe tourner çà ou là. Apres auoir tenu le genoüil aſſez en repos,faut que le malade commen- ce peu à peu à fieſchir le genoüil,iuſques à ce qu'il connoiſſe que le mouuement de cette partie luy ſoit aisé. Reduâion, --* De la deſlouèure du genoiiil. C H A P. , L. % E genoüil ſe peut luxer en trois manieres, à ſçauoir, en dedans, en dehors, & derriere : en de- $ uant rarement,n'eſtoit par vne extreme violence, pource que la roüelle l'empeſche,laquelle Pourquºy le \ ) $ tient les os de cette partie fermes. Les autres manieres ſe font aisément » à raiſon que la co- #enoºil ſe >(és che, ou cauité du bout de l'os de la cuiſſe, eſt caue comme vne goutierre , & auſſi eſt fort * # /%Je77f e)2 ſſe. ns,dehers derriere. liſſe & gliſſante, & pareillement que ſa fracture eſt moins ſerrée que la iointure dit coulde,& partant il ſe luxe & reduit plus aisément Les cauſes de cette luxation ſont pour tomber de haut, ou ſauter, dr ou courir trop viſte. Les ſignes ſont,que le malade ne peut plier la jambe contre la cuiſſe, c'eſt à dire , mett e le talon contre la feſſe. Les luxations qui ſe font au genoüil, en dedans & en dehors , pour les reduire faut faire vne mediocre signes. extenſion, & pouſſer l'os du coſté où il ſera fortjetté, tant qu'il ſoit en place. La maniere Il faut faire aſſeoir le malade ſur vne eſcabelle, ou ſur vn banc de moyenne hauteur, le dos tourné con- de reduire le tre le viſage du Chirurgien, lequel luy mettra ſa jambe entre les deux ſiennes,& de ſes deux mains la pliera tºººº contre Ja feſſe Esſipar ce moyen ne ſe peut reduire, faut auoir vne plotte faitte d'vne bande roulée,& l'at-ºº Cr tacher au milieu d'vn baſton:& icelle ſera poſsée par vn ſeruiteur au ply du iarret ſur l'os eminent,& pouſsé # en deuant & vn autre ſeruiteur mettra ſur le genoüil vne bande ou quelque liziere large de trois doigts # mon au ge- puis deſes deux mains la tirera contre mont:& tous enſemble tout à coup plieront la iambe & le talon con-§i faite -tre la cuiſſe ou la feſſe. Toutes ces choſes ſeruent à reduire telle luxation faite en derriere. en derriere De la luxation du genoiiilfaite en deuant CH A P. LI. # I la luxation eſt faite en deuant, il faut ſituer le malade ſur vne table, & faire deuë ligature au deſ- # ſus de la jointure du genoüil, & au d}ſſus du pied. Puis le Chirurgien pouſſera de ſes deux mains ſur l'os tant qu'il ſoit reduit. Et ſi les mains ne ſont aſſez ſuffiſantes pour tirer & contre tirer, l'on vſc- ra de noſtre machine, comme tu vois par cette figure. A 3 74 Le Seziéme Liure, Le ſigne qu'il eſt reduit, eſt que le malade fleſchit & eſtend ſa jambe ſans douleur. Apres la reduction, on appliquera les remedes & compreſſes, & fera on les ligatures ainſi qu'il eſt re- duis & deffendra on au malade de cheminer ſur ſa jambe, iuſques à ce qu'on verra eſtre beſoin. De l'os pero- mé entr'ou- uert érluxé. De la luxation & diſionction de l'os Peroné, autrement dit petit Focile de la jambe . C H A P 1 T R E L I I. E petit Focile de la jambe eſt aposé ſans cauité contre le gros Focile, à ſçauoir en la partie ſupe- , rieure pres le genoüil , & en bas pres l'aſtragale, & ſe p eut luxer, deſioindre, & entr'ouurir deſ- ſites parties en trois manieres,à ſçauoir en la partie anterieure,& aux deux coſtez.Cela ſe fait com- munément lors qu'en cheminant on ſe meſmarche,& que le pied faut,& ſe tourne en dedans,ou en dehors, & le corps s'appuyant au deſſus,fait qu'il entr'ouue, deprime & luxe. Auſſi telle choſe ſe peut faire pour ' N w Cauſes. - - - - tomber de haut,ou pour quelque grand coup orbre. Pareillement quelquecfois ſes epiphyſes ſe deſioignent & ſe rompent. Or pour les faire tenir & ioindre enſemble, elles ſeront reduites par la main du Chirurgien operation. en les pouſſant en leur fituation naturelle : & les faut puis apres bien bander & mettre des compreſſes au coſté auquel le petit focile a eſté peruerty,commençant la ligature deſſus la luxation,pour les raiſons pre- dites:& le malade gardera le lict quarante iours, & tant qu'on cognoiſtra les ligamens eſtre bien affermis, De la luxation du grand Focile auec l'Aſtragale . CH A F. L III. B l L ſe fait auſſi luxation du grand Focile d'auec l'Aſtragale, tant au dedans du pied, qu'au de- hors. On la cognoiſt par l'eminence trouuée au coſté où la luxation eſt faite. S'il n'y a que Signes. ^ = luxation incomplette, & que l'os ne ſoit qu'vn peu ſeparé, adonc la reduction ſera facile, en - 2 pouſſant ſeulement l'os en ſon lieu : & apres la reduction, faut appliquer des compreſſes & Operation. >^ſésS ligatures comme il eſt beſoin , à ſçauoir, en appoſant & tournant la bande au coſté oppoſite à la luxation , comme nous auons declaré cy-deuant , afin qu'on repouſſe l'os en ſon lieu d'ou il eſt ſorty & ſe faut garder de trop comprimer le gros tendon qui eſt au tallon.Ladite luxation eſt affermie en quaran- te iours communément , s'il n'yaduient aucun mauuais accident. Cauſ De la luxation du talon. C H A P. L IV. 4/4/6.J, pourquoy le v A N D on ſaute de bien haut lieu,& qu'on tombe ſur le talon,adonc l'os du talon ſe luxe,& talon ſe luxe ! #è) , s'eſloigne de l'os nommé aſtragale. Telle luxation ſe fait plus communément vers la partiein- Plus en de- t $ 7 terieure qu'exterieure,à cauſe que le petit focile paſſe & embraſſe l'aſtragale,qui eſt cauſe qui ºnt . #é le tient plus fort que de l'autre coſté,où il n'y a telle apodiation oueſtanceure.La reduction ſe OPerations. fera en tirant & pouſſant les os en leur lieu naturel : laquelle eſt aſſez facile,pourueu qu'il n'y ait grande fluxion & inflammation.Quant au bandage qu'on y fera,il faut plus preſſer ſur le mal qu'en autre C part,afin d'expehler le ſang du lieu bleſsé aux parties voiſines,toutesfois ſans cauſer douleur que le moins qu'on pourra,ſe donnant garde de trop preſſer les nerfs,& le gros tendon qui eſt au talon,côme nous auons dit. Il faut que le malade ſoit à repos par l'eſpace de quarante iours pour le moins,encore qu'il n'y ſuruien- ne nuls accidensice qui ſe fait ſouuét par la contuſion faite en cette partie,parquoy eft bon en faire chapitre. - - - - —- Des accidens qui viennent par la contuſion faite au talon. CH A P. L V. S( @ R pour cette grande contuſion les veines & arteres jettent du ſangau trauers de leurs tuniques,& S()º4 par leurs petits orifices.Au moyé dequoy ſe fait vné Ecchymoſe,c'eſt à dire,meurtriſſeure au lieu Cauſe d'in- # de la jointure,& au talon & alors ſuruient grande douleur& tumeur,parquoy il eſt expedient d'y flammation 2^SNSNS remedier qui ſe fera en ordônant bon regime,ſaignée,& purgations s'il en eſt beſoin,y appliquât ., la # auſſi des remedes propres,& principalement en attenuant le cuir qui eſt ſous le talon,s'il eſt trop dur(côme loueure du naturellement il eſt)par fomentation d'eau chaude & huyle:meſme le faut couper,s'il eſt trop calleux,aſſez falon. profondement auec vn raſoir,éuitant la chairviue.Telles choſes ſe font afin que le cuir ſoit plus tranſpira- Pourquoy il faut couper le cuir qui eſt ſous le t4- talon La carie du talon cauſe de grands accidents. Signes. ble, & que la reſolution de la meurtriſſeure ſe puiſſe mieux faire. Et faut qu'au talon ces choſes ſoient faites deuant que l'inflammation y ſoit ſuruenue,de peur qu'il n'y ſuruiennent ſpaſme : car le ſangiſſu hors de fes vaiſſeaux ſe pourrit, pource que la partie pour ſa denſité ne permet qu'il ſe puiſſe bien exhaler & reſoudre, & auſſi que le gros tendon,qui eſt attaché ſous le talon,eſt fort ſenſible.joint qu'il y a des nerfs qui paſſent en ſes parties laterales.ce que i'ay monſtré en l'Anatomie vniuerſelle.L'inflammation vient pareillement en cette partie pour trop longuement demeurer à la renuerſe,& eſtre appuyé & couché deſſus, & principale- ment ſur vne choſe dure, ainſi qu'auons declaré en la fracture de la jambe, parlans de la ſituation du talon. Parquoy le Chirurgien y procedera comme il eſt dit,de peur qu'il n'y ſuruienne apoſteme,& par conſequent carie. Car par icelle il ſuruient pluſieurs accidens,comme fiévre continue,aigue,& d'icelle s'enſuit tremble- ment,ſanglot,& delire. Car par la carie de cét os les parties proches qui l'enuironnent communiquent leur mal aux parties nobles,pource que le gros tendon,fait des trois muſcles du pommeau de la jambe,eſtant en- flammé , communique l'infammation auſdits muſcles,& aux nerfs qui ſont diſtribuez par iceux.Auſſi lesar- teres qui ſont ſemblablement preſsés & eſchauffés , communiquent leur chaleur au cœur : dont s'enſuit fiévre, & par les nerfs diſtenſion , ſpaſme & ſanglot , à cauſe des nerfs qui ſont diſtribuez à l'eſtomach, lequel eſt auſſi nerueux, & pareillement aux nerfs qui ſont diſtribuez aux muſcles de la reſpiration. Pour le dire en vn mot, lors qu'il y a carie, c'eſt à dire, pourriture en l'os du talon, ce mal eſt incurable. De la luxation de l'os Aſtragale, ceſt à dire de l'oſſelet. CHA P. L V I. # 'Os Aſtragale ſe peut luxer en toutes parts : & quand il fe place en dedans, le deſſous du pied ſe re- tourne en dehors : & quand il ſe deplace au contraire , le figne eſt auſſi contraire, Et s'il eſt luxé en deuant , le gros tendon qui s'implante au talon, eft dur & tendu. Et s'il eſt luxé en derriere , l'os du talon eſt preſque caché au dedans du pied : & telle luxation eſt faite par vne extreme violence. -- --- - --- - -- • On • • • ! : , - T - - - Des Luxations. 47 5 on le reduit auec les mains, en tirant & pouſſant par grande force le pied aux parties oppoſites d'où il ſera - - deplacé. Aprcs la reduction, on appliquera remedes & ligatures propres. Il faudra que le malade garde ce qu il ſaur longuement le lict, parce que cét oſſelet ſouſtient tont le corps:& n'eſtans point encores les ligamens qui faire apres le tiennent retournez en leur premiere force, & cedans au faix qu'ils portent, il y auroit danger que de re- la reduéiiom. chef ne ſortiſt hors de ſon lieu. De la luxation des os du Tarſe, & du Pedium. C H A P. LVII. 7 E s os du Tarſe & du Pedium ſe peuuent pareillement luxer, & la luxation ſe fait quelquesfois ſous le pied, autresfois deſſus,& aucuns d'iceux aux coſtez.Si on les void eſtre eminens & eſleuez \% ſur le pied, faut que le malade appuye ſon pied ſur quelque ais : puis que le Chirurgien preſſe %SÉS ſur l'os eminent tant qu'il ſoit remis en ſon lieu.Au contraire , ſi l'eminence eſt trouuée ſous le pied, il faut faire le ſemblable, c'eſt à ſçauoir,preſſer l'os par deſſous tant qu'il ſoit reduit. Et s'ils ſont aux coſtez, on les preſſera, de ſorte qu'on les reduira en leur lieu naturel. - Comment ſe luxèt le Tar ſe & Pedià - , - A De la luxation des os de la plante du pied, & des orteils. C H A P. LVII I. Mtz7 E s doigts du pied ſe luxent en quatre manieres, comme les doigts de la main : & la maniere r,duäien. ))# de les reduire eſt auſſi ſemblable, qui eſt de les tirer de ligne droitte, & les pouſſer en leur # iointure, & les bander commodément. Et pour le preſage, ils ſont reduits facilement, à cauſe proneſiic. - # que la ſortie de leur lieu eſt petite. Toute la curation eſt pareille à celle des doigts de la main, #. º^ horsmis qu'il faut garder le lict pour le pied,& pour la main mettre le bras en eſcharpe.Il faut Ce qu'il faut commander au malade de ſe repoſer par l'eſpace de vingt iours, plus ou moins , à ſçauoir, iuſques à ce faire apres qu'il ſe puiſſe aisément ſoutenir deſſus. - l'eperation. —- -* Des complications & accidens qui peuuentſuruenir à la partiefracturée ou luxée. C H A P I T R E. L I X. - º CN N0 R il ya pluſieurs complications de maladies & accidens, qui ſouuent accompagnent les fra- $ ctures & luxations : comme contuſion, douleur extreme,inflammation,fiévre,apoſteme, gan- , grene, eſthiomene, vlcere, fiſtule, alteration,& carie aux os, attrophie,ou amaigriſſement de % la partie, deprauation de l'action des parties,& autres : leſquelles requierent pour leur cu- ^ ration grande methode & diligence. Quant à la contuſion,elle eſt faite lors que quelque cho- ſe groſſe & peſante tombe ſur vne partie, ou par tomber dehaut en bas, dont ſe fait effufion de ſang:lequel, s'il eſt en grande quantité, ſera ſubit euacué par fcarifications, afin de deſcharger la partie,de peur qu'elle ne tombe en gangrene & pourriture : & d'autant qu'on cognoiſtra le ſang eſtre plus gros,& le cuir eſpais, cauſe de la les ſcarifications ſeront faites plus profondes : & y peut-on ſemblablement mettre des ſanſguës. Or nous douleur. auons parlé cy-deuant de la douleur, ſçauoir eſt, qu'elle ſe fait au moyen que les os ne ſont en leur lieu | naturel, faiſans ponction & compreſſion aux muſcles & parties nerueuſes, dont l'inflammation ſuruient, & - par confequent la fiévre, & ſouuent apoſteme, pour la defluxion & inflammation : & de l'inflammation gangrene, de gangrene eſthiomene, puis vlcere & fiſtule : de fiſtule,carie & pourriture aux os. L'atrophie, ou amaigriſſement vient d'auoir trop long-temps tenu la partie en repos & auſſi pour l'auoit tenu liée:car cauſe d'a- telles choſes priuent la partie d'aliment, parce que le ſang & eſprit ſont comprimez & empeſchez de tom- trophie. ber en la partie. - - Pour la cure de l'atrophie,ſ la partie eſt trop liée,on la deſliera : & ſi elle peut eftre exercée, on le fera, º**- en l'eſtendant, flechiſſant,hauſſant & baiſſant, & tournant : car par ces moyens la chaleur naturelle ſera ex- phie. citée , & par conſequent les eſprits reluyront plus abondamment en icelle. Et où la partie ne pourra eſtre exercée, faut faire des frictions,& fomentations d'eau chaude. les frictions ſeront moderées , ſçauoir eſt, # d ü entre dures & molles, auſſi entre celles qui ſe font trop briefuement, & trop long temps.Quant à la qua- # i, # lité de l'eau pour les fomentations, il faut pareillement qu'elle ſoit moyenne entre la fort chaude, & celle § qui eſt tiede.Auſſi ne faut faire la fomentation trop longuement, ny trop peu : pource que ſi on la faiſoit & friction :, trop longuement, on pourroit reſoudre ce qu'on auroit attiré : & ſi on la fait peu de temps, on attire peu, pour reparer ou rien. Apres la fomentation on appliquera medicamens chauds & emplaſtiques, faits de poix, de tere- vne partie bentine, euphorbe, pyrethre, ſouphre, & leur ſemblables, tel que ceſtuy-cy : leſquels faudra remuer tous atrºphiée. lesiours, plus ou moins, ſelon qu'on verra eſtre neceſſaire. - .2%. picis nigra, ammoniaci, bdel. gummi electi in aqua vitæ diſſol.an.3.ij. olei laurini 3.j. pul. piperis, Drapax. zingiberis,granorum paradiſi, baccaruni lauri, & iuniperi an.3.ij.fiat emplaſt.ſecund.artem, extendatur ſu- Peralutam.Dauantage faut bander & lier l'autre partie ſaine,toutesfois ſans douleur.Exemple:Si le bras dex- Ligature. tre eſt atrophié,on bandera le ſeneſtre commençant à la main,& finiſſant à l'aiſſelle:& ſi c'eſt la iâbe dextre, on liera la ſeneſtre,commençant au pied,& finiſſant à l'aine,car en ce faiſant on renuoye vne portion du ſang & eſprits en la veine caue:& d'elle eſtât pleine,il en ſera renuoyée enla partie atrophiée,en laquelle les vait- ſeaux ne ſont rempſis,mais aucunement vuides. Pareillement faut que la partie ſaine foit en repos,afin que l'aliment y fluë moins.Or il conuient en faire aller beaucoup de la partie emaciée, d'autant qu'elle eſt vui- ( de,& auſſi pour l'aliméter.Dauantage vne partie atrophiée peut eſtre reſtaurée en la liât & ſerrât mediocre- mét:car ainſi on attirera le ſang,comme quand nous voulons faire vne faignée,nous lions les bras,ou iam- bes, pour attirer le ſang aux veines. Plus, on peut faire ſouuent tremper la partie atrophiée dans de l'eau, vn peu plus chaude que tiede, & l'y tenir iuſques à ce qu'elle ſe tumefie, & rougiſſe : & par ce moyen on Cauſe Ae centuſio». Methode de - , attire le ſang aux veines : ce qui ſe void quand nous voulons ouurir les veines des mains & des pieds. or lors que par les remedes cy-deſſus mentionnez, les parties atrophiées s'efchauffent , rougiſſent, & en- fient, c'eſt ſigne de guariſon, au contraire non : & partant les faut laiſſer, & n'y perdre temps ny argent. Prognoſtic de D'auantage s'il demeure dureté aux jointures apres les fractures & luxations, il les conuient amollir , & l'atrophie reſoudre l'humeur contenu en icelles par fomentations, linimens, cataplatmes, emplaſtres, faits de curºlº º racines de guimauues, bryone, oignons de lis, ſemence de lin,fenugrec,& autres ſemblables : pareillement ** curable. I i 2 de 376 Le Seiziéme Liure, de gommes fondues en fort vinaigres, comme ammoniac, bdellium,opapanax,ladanum,ſagapeRum,ſtyrax A liquida auſſi de graiſſe d'oye,de geline,humaine,hnyle de lis,& autres sêblables:& commander expreſſèmét au malade qu'il remue la partie le plus qu'il luy ſera poſſible ſans douleur,afin qu'il eſchauffe, & ſubltiliſe, & conſomme l'humeur contenu en icelle,& par tel moyen ſera la partie reſtituée en ſon naturel,ſi poſſible eſt. Ie dis,ſi poſſible eſt:car ſi l'impuiſſance vient à cauſe que la fracture eſt pres de la iointure(comme nous auons dit)le mouuement apres eſt difficile,& ſouuent du tout impoſſible:principalement ſi le callus eſt trop De la depra- gros, ou ſi la iointure meſmes a eſté atrite,froiſſée,& fracturée, comme on void ordinairement aux coups tuation de l'action de la partie . Apoſpaſma. Rhegma. d'arquebuſes : Que diray.je plus ? C'eſt qu'il ſe fait quelquesfois dilatation des membranes & fibres, tant nerueuſes que muſculeuſes , appellée des Grecs Apoſpaſma : & dilaceration des meſmes parties, nommé- ſemblablement Rhegma, qui ſe fait par vne grande & violente extenſion, comme ceux que l'on tire ſur le gefne,ou par tomber de haut en bas,ou par vne meſmarcheure,ou vouloir tirer vn coup de raquetteàvn jeu de paulme,ou jetter vne pierre ou barre,ou faireautre violente extenſion : leſquelles cauſent grande dou- leur, & deprauation de l'action de la partie, ſans rien apparoitre au dehors,dont ſouuent me ſuis trouuée bien empeſché. Et pour ſecourir à tel accident, faut au commencement appliquer ſur la partie de l'oxyro: dinum, qui eſt huyle roſat & vinaigre,puis apres l'emplaſtre diachalciteos fondue auec dudit oxyrodinum Puis deux ou trois iours apres oindre toute la partie d'huyle de terebentine,& eaude vie,laquelle confor- teras les parties bleſſées, en reſoluant la meurtriſſeure des parties nerueuſes. Fin du Sexiéme Liure, des Luxations. - B # # Table des Chapitres du Dixſeptiéme Liure, traictant de - pluſieurs operations appartenantes au Chirurgien. )4242 E l'Alopocie. Chapitrej $ § De la Teigne. Chap. ij % De Scotomie ouvertige. Chap. iij % De la Migraine. - Chap. iij Du moyen de rehauſſe rla paupiere ſuperieure. Chap.V 2 De l'Agophthalmie, ou œil de liévre. Chap.vj De lagraiſſe des paupieres. Chap. vij C D'vne ſubſtance graſſe qui ſe couche ſou la paupiere,nom- mée Hydatü. Chap. viij T)es paupieres prinſes & jointes enſemble. · Chap. ix Tbu prurit des palpebres. · Chap. x De lippitude ou chaſſie desyeux. Chap.xj De ophtalmia. (.'.) Chap. xij 7De l'œil qui chet dehors, dié#proptoſis. Chap. xiij T>e vngula. Chap. xiv Des fiſtules lacrymales. Chap.xv Deſtaphylome. Chap. xvj De l'œil plein de matierepurulente, dit Hypopyon. Chap.xvij De la dilatation de la paupiere, appellée des anciens Mydriaſis. Chap. xviij D Des cataractes. Chap. xix Cure des cataractes. Chap. xx Signes pour cognoiſtre les cataractes. Chap. xxj Cure des cataractes par l'œuure de main. Chap. xxij Du conduit de l'oreille bouchée. Chap. xxiij La maniere de tirer les areſtes & autres choſes eſtranges en la gorge. Chap.xxiv De la dou leur des dents. Chap.xxv T)e pluſieurs diſpoſitions qui aduiennent aux dents. Chap.xxvj Les inſtrumens propres pour arracher c rompre les dents. Chap.xxvij De la limoſîté, ou rouillement des dents. Chap.xxviij - Dg : | · Des Luxations. 377 T)e l'empeſchement & retraction de la langue . Chap. xxix T>es doigts ſuperflus, & de ceux qui ſont joincts enſemble. Chap. xxx La maniere d'habiller le prepuce. Chap. xxxj Du prepuceſ ſerré que l'on nepeut deſcouurir le glan,dit Phymoſi,ou Paraphymoſ . Chap. xxxij De ceux qui n'ont point de trou au bout duglan. Chap. xxxiij T)e la cauſe des pierres. Chap. xxxiiij Des ſignes des pierres és reins & en la veſſie. Chap. xxxv · Des prognoſtiques des pierres. Chap. xxxvj De la cure preſeruatiue. Chap. xxxvij Tes moyens de ſecourir celuy qui auroit vne pierre deſcenduë du rognon dans l'vn des vreteres. Chap. xxxviij Comment il faut proceder à la gueriſon de la pierre eftant deſcenduè en la veſſie. Chap. xxxix | De la pierre eftant au conduit de la verge, ou au col de la veſſie. Chap. xl Tes moyens qu'ilfaut vſer pour tirer par inciſion vme pierre arreſtée au conduit de l'vrine, quel'on n'aura peû extraire par les voyesſuſdites. Chap. xlj Comment il faut traitter la playe faite par inciſion. Chap. xlij De la manire de tirer parinciſion les pierres qui ſont en la veſſie dvn petit enfant Chap. xliij - De lamaniere d'extraire la pierre aux hommes,appellé le haut appareil. Chap.xliv Comment il faut penſer la playe apres l'extraction de la pierre. Chap. xlv De laſituation qu'on doit donner au malade l'operation faite. Chap. xlvj Comment il faut traitter la playe faite parinciſion. Chap. xlvij Des moyens deguarir les vlceres par leſquels longtemps aprº l'extraction du calcul l'vrine paſſe. Chap. xlviij De la maniere de tirer les pierres aux femmes. Chap. xlix Des cauſes de la retention d' vrine. Chap. l Digreſſion de l'Autheur contenant aucunes notables Hiftoiret. Chap. lj Des cauſes exterieures de la retentiov de l' vrine. - Chap. lij Du pronoſtic de la retention de l' orine. Chap. liij De l'vrineſanglante. - Chap. liv Desſignes des vlceres aux reins. - Chap. lv Des vlceres en la veſſie, & desſignes d'icelles. Chap. lvj Du prognoſtic des vlceres en la veſie. Chap. lvij De la curation de la retention de l' vrine. Chap. lviij De diabete c ſtrangurie. - Chap. lix Des cauſes de diabete. - - Chap. lx Des cauſes de ſtrangurie. Chap. lxj Des ſignes de diabete. - (.'. ) Chap. lxij De la cure de diabete. Chap. lxiij De la cure deſtrangurie. Chap. † De la colique. t Chap. lx De la ſaignée. - Chap. lxvj Le moyen de faire la ſaignée. - Chap. lvij Des ventouſes. - - Chap. lxviij Des ſang-ſuès. • - - - C hap. lxix Ii 3 > L E N D IX - S E P TIE S M E L IV R E, TR AIC TANT DE PLVSIEVRS IN DIS POSITIO N S , ET OPERATIONS particulieres, appartenantes au Chirurgien, P A R A M B R O I S E P A R E' D E L A V A L A V M A I N E, Conſeiller, & premier Chirurgien du Roy. De l'Alopecie . C H A P 1 T R E I. 6 c'eſt 'A L o P E c I E eſt cheute du poil de la teſte, & quelquesfois des ſourcils, barbe, & au- qu'Alopecie. t TCS parties , dicte vulgairement la Pelade. Elle eſt ainſi appellée des Medecins, comme mala- die des renards, parce qu'ils ſont ſujets à telle indiſpoſition, pour certaine galle qur leur ſur- + l uient en leur vieilleſſe. Icelle ſe fait par le defaut de matiere dont les poils doiuent eſtre cy{ \RN nourris, ou pour la corruption d'icelle matiere, comme apres fiévres longues : ou par vieil- leſſe, faute d'humidité radicale : ou par application des onguents trop chauds, comme ceux qui ſe vcu- L. reil n, lent faire noircir les cheueux : auſſi par l'indeue application des depilatoires, ou par vne bruſleure on de- croiſt iamais perdition de ſubſtance de cuir , qui apres la guariſon fait que la cicatrice demeure dure : & generalement ſu, les cica pour tout vice de la ſubſtance d'iceluy en trop grande rarité, qui fait que l'excrement fuligineux n'eſt trices. point arreſté : ou denſité, qui fait qu'iceluy retenu deſſous le cuir n'a point iſſuë pour donner eſſence aux Prognoſtic cheueux. Or pour la corruption des humeurs qui alterent la vapeur & matiere dont les cheueux ſont cn- gendrez , vient alopecie : ce qui procede du vice de tout le corps, comme l'on voit en la maladie Neapº- litaine,autrement groſſe verole, ou à ceux qui ſont preparez à lepre,ou qui en ſont du tout infectez.Celle qui vient par vieilleſſe,ou par fiéure hectique,ou bruſleure,aux chauues,lepreux,teigneux, eſt incurable & Cure d'Ale- partant le Chirurgien n'y doit mettre la main. Celle qui ſe peut curer,le ſera oſtant la cauſe:comme ſi c'eſt perie. par corruption d'humeurs,le Medecin ſera appellé,lequel ordonnera la maniere de viure,purgation & ſai- gnée,ainſi qu'il cognoiſtra eſtre neceſſaire:puis le Chirurgien raſera le poil,& vſera de fomentations attra- ctiues, & reſolutiues : appliquera des cornets & ſang-ſues, afin d'attirer la malice de l'humeur au dehors. Cela fait,on lauera la teſte du malade de lexiue,en laquelle on aura fait boüillir miel,racine d'ireos, aloes, afin de bien mondifier les lieux affectez. Or ſi l'Alopecie vient par faute d'aliment,on frotera la partie aucc vne piece de toile neufue,ou auec fueilles de figuier,tant que l'on voye vne rougeur,ou d'oignon crud. Pa- Pºr.fºtº reillement on picquera en pluſieurs endroits la partie auec auec vne aiguille : puis ſeront appliquez on- #. guents faits de ladanum,fiente de pigeon, ſtaphyſagria,huyle laurin, terebinthy mettant tant de cyre qu'il pecie faite eſt beſoin pour en faire onguent, pour attirer le ſang & la matiere du poil. Si l'Alopecie vient de la groſſe par la groſſe verole,le malade doit eſtre bien frotté iuſque à ce qu'il entre au Royaume de pauiere : & par ce moyenre- verole. couurira ſon poil,& parfaite ſanté. Si elle eſt causée par quelque vice de cuir,ille corrigera par ſon con- traire, le rarefiant ou condenſant,ſelon que les cas le requerra. Cauſes d'A lopecie- Cure d'Alº- pecie faite - De la Teigne_ . C H A P 1 T R E II. gu, e.ſt » # E I G N # eſt vne galle eſpeſſe, qui ſe produit en la teſte auecque eſcailles & crouſtes de couleur que teigne. $ # cédrée,& quelquesfois iaune, hideuſe à voir,auec vne ſenteur puante & cadauereuſe.Elle eſt ainfi $ R appellée du vulgaire,parce que le cuir de la teſte apparoit troüé & rongé, comme mangé de tei- Premiere ef gnes,qui ſont vers qui rongent les habillemés.Il y en a trois differences.La premiere eſt appellée Squamoſa, pece diſte à cauſe que lors que le malade la gratte,fait ſortir grande quantité de petites eſcailles blancheaſtres, ſem- Squamoſa blables à du ſon:d'aucuns practiciens eſt dite teigne ſeiche,pour la grande aduſtion de l'humeur. La ſecóde Lº ſeconde eſpece eſt nommée Fic ſa,à raiſon que lors qu'on oſte la crouſte,qui eſt iaunaſtre,ontrouue deſſous des pe- eſpece dicte tits grains de chair rouge,séblables aux grains d'vne figue,& jette vne matiere ſanguinolente. La troiſiéme #ºſº..._. eſt dite (orroſiua,à raisô que l'on y trouue pluſieurs vlceres,auſquelles il ya pluſieurs petits trous deſquels # ſort vne ſanie liquide séblable à la leueure de chair ſanglanteauec portiô de poil Icelle eſt fort puante & ſina. cadauereuſeſde couleur plombine ou iaunaſtre,par fois faite d humeur pituiteux, nitreux,& aucunefois de Remedes cholere aduſte,& de melancholie.Toutes les ſuſdites eſpeces ſe font d'humeurs corr6pus ſelon la diuerſité § le, pe. d'iccelles,plus ou moins comme la furfureuſe, moins que la fiqueuſe & la fiqueuſe moins que l'vlcereuſe. rits enfant. Quelquesfois elle vient des la natiuité de l'enfant,& lors eſt de tres-difficile curatiô:on d'vne nourrice tei- gneuſe,& alors ne faut attéter la cure iuſques à ce que l'enfant ſoit paruenu en aage ſuffiſant pour tolerer les remedes:toutesfois on pourra appliquer de feüilles de choux, ou de pourée, ointes d'vn peu de beurre frais,ou autre remede doux,qui aye puiſſance d'amollir & donner iſſue à la matiere qui fait la teigne.Ceux qui ſont en aage ſuffiſant,ſeront ſaignez,purgez,& baignez,ainſi qu'il ſera neceſſaire. Il y a encore vn autre eſpece moins maligne,familiere aux enfans,qui leur couure par fois toute la teſte, & le viſage, qui vient de cure de la l'impureté du ſang,dont ils eſtoient nourris au ventre de leur mere. Et pour les medicamenstopicques, OI1 furfureuſe fera vne fomentation remoliiente & diſcutiente,faicte auec racine d'althea,de lis,lapath. aciti,leſquelles ſe- Remedes te ront boüillies en lexiue,adiouſtant vn peu de vinaigre. Apres la fomentation faite, qui ſera continuée par pieques. cinq ou ſix iours (deux fois chaque iour) on fera raire le malade : & ſeront faictes pluſieurs ſcarifications, -, -- : - • applications - ) Operations de Chirurgie. 379 applications de ſanſguès,cornets:puis on frottera la teſte d'huyle de ſtaphyſagre,auec vn peu de ſauon noir, afin d'attirer & obtondre l'humeur conjoinct à la partie.Auſſi on pourra vſer de ce medicament, tant que l'on † parfaite,lequel eſt grandement loüé de Vigo,Guordon & # # # # ſou. albi & nigri,âf#ï3îiripigmenti litharg auri,calc.viu.vitrioli,alum.gaïlar.fulig cin,Tºſaïſe # # : ºai ºA / A - - - • • • • • - - - - - - - - - l teigne arg. viui extincti 3.iij.aerug.aeris 3.ij.fiat pul.qui incorp.cum fucco borraginis, ſcabioſœ, fumaria ,oxylapa- #u # à thi,acetian.quart.jolei antiqui fb.j.bull.vſquead conſumpt.ſuccorum.tunc in fine decoct ponantur pulue-# # Vigv. ueres,addendo picis liquid.3 ſ.ceræ quant ſuff.fiat vng.Quant au vif argent il le faut eſteindre auec vn peu § § · de terebenthine & axunge, puis l'incorporer auec les autres ingrediens. Les ſuſdits autheurs afferment cét # ſuſdit onguent guarir de toute eſpece de teigne.Et quant à moy veritablement ie l'approuue grandement,conſide- ongueur. rant la promeſſe des ſuſdits aurheurs, & les ingrediens qui entrent en la compoſition. La crouſteuſe,nommée Ficoſa,ſera auſſi fomentée tant que les grouſtes ſoient tombées:& pour prompte- cure d, le ment les faire tomber, on y appliquera du creſſon pilé & fricaſſé auec graiſſe de porc, & le lendemain les #, crouſtes tomberont ſans nulle doute:& meſmement ſi on en continué long-temps ledit creſſon la guarit du di# Ficoſa. tout:ce que i'ay experimenté : & ſera appliqué deſſus du ſuſdit onguent. I'en ay traitté qui ont eſté guaris par application d'huyle de vitriol , & parfois de l'AEgyptiac fortifié. Et ſi l'on void la racine du poil eſtre pourrie,on les doit arracher auec pincettes : & ſi telle corruption comprenoit tout ou grande partie de la teſte,pour plus promptement les arracher,faut prendre des pieces de futaine,&eſpandre ſus l'endroit velu vn tel remede.2.picis nigrx 3.vjpicis refina 3.ij.pulvirid, œris & vitrioli Roman.3.j.ver.3.ſº.coquanom- nia ſimul in aceto acerrimo quan.ſuff.fiat medic.ad vſum:qui ſera appliqué ſus la teſte, & laiſſé par l'eſpace de trois iours,puis ſeront leſdits emplaſtres tirez à contre-poil aſſez violentement,afin d'arracher auec ſes racines iceluy poil:& tel remede ſera continué,tät que l'on verra eſtre neceſſaire.Et quant à la troiſiéme eſ- pece,nômée teigne corroſiue,il faut mondifier les vlceres,yappliquant vn tel onguent.24.vng. enulat. cum B mercur.duplic.aegyptiac.an.3.iij vitrioli albi puluer.3.j.incorp.omnia ſimul,fiat vnguent.ad vſum. Ou bien Cure de la on vſera du ſuſdit. Et s'il aduenoit quelque douleur ou autre accident, on y remediera comme le prudent teigne cor- Chirurgien cognoiſtra eſtre neceſſaire.Sur tous autres remedes i'ay bien approuué ceux-cy. 2Z. caphur.3.ſ. roſiue. alumin.roch.vitr virid.aeris,ſulphur.viui,fulig.forna.an.5.vj.olei amygd.dulc.&axung.porci an.3-ij.incorpo- rentur ſimulin mortario,fiat vnguentum.Autres prennent de ius de fumier de brebis,& en frottét les lieux où eſt la teigne,& y laiſſent vn linge trépé par deſſus. Or ſi le malade ne peut eſtre guary par ces remedes, & qu'il euſt en ſon corps vlceres crouſteux,ſemblables à ceux qui ſont a la teſte,ie cöſeille qu'on luy frotte la teſte d'vn liniment fait d'axunge & vif-argent,auec vn peu de ſoulphre:puis qu'il luy ſoit appliqué ſus la teſte l'emplaſtre de Vigo cum mercurio,en façon de bonnet:ſemblablement ſur les eſpaules,cuiſſes & jam- bes,& que l'on le tienne en vne chambre chaudement, eſtant traicté comme ceux qui ont la groſſe verole : car par ce moyen pluſieurs en ont eſté guaris.Et celuy qui la premierement experimenté de ma cognoiſſan- · ce,ce fut maiſtre Simon le Blanc, Chirurgien ordinaire du Roy,homme grandement experimêté en la Chi- Prognoſtic. rurgie,qui appliqua l'emplaſtre de Vigo cum mercurio,ſus vn ieune homme qui auoit la teigne,ayant aupa- - rauât eſſayé tous moyens de le guarir:ce qu'il ne peut obtenir,ſinon par par les ſuſdits emplaſtres,le trait- tant comme s'il euſt eu la verole, & fut parfaittement guary.La teigne eſt horrible à voir, & lette ſouuent z. .ien. vne ſanie fort puante,& cadauereuſe : la recente eſt difficile à curer, & la vieille encore plus faſcheuſe : & laiſſe # lors que l'on eſtime le malade eſtre guary,quelque temps apres reuient & repullule, a cauſe de la mauuaiſe § §e C impreſſion de l'hnmeur qui aura renduë la partie intemperée.La teigne eſt contagieuſe,& ſouuent vient de Alopecie, cauſe hereditaire:auſſi pour vſer de viande qui corrompent le ſang.Ladite teigne eſt fort difficile à curer, à raiſon que le cuir de la teſte eſt fort eſpés & ſerré:& partant l'humeur difficile d'eſtre deIiaciné delà. Elle delaiſſe ſouuent apres eſtre curée, vne depilation, & reproche au Chirurgien,de ſorte que pluſieurs en ont laiſſe la cure aux empiriques,& aux femmes. - Onguent bië eſprouué. De Scotomie, & Vertigo. C H A P. I II. # A maladie nommée vertigo, eſt vn esblouiſſement & offuſcation de la veuë, causée d'vn eſprit Que c'eſt %)|[3 |# vaporeux & chaud, qui monte par les arteres carotides à la teſte, & rempli le cerueau, faiſant que Pertigo. Nij )ºS)N º mouuement des humeurs & eſprits contenus en iceluy, lequel eſt inegal, confus, & turbu-Cauſe de Re A$l) lent, comme quand noſtre corps tournoye, ou quand on a beu trop de vin fort, puiſſant, & ºrº Sº ſans eau. Cét eſprit boüillant le plus ſouuent eſt enuoyé du cœur au cerueau par les arteres Pºº carotides internes, & d'elles à celles du rets admirable:quelquesfois eſt engendré dedans le cerueau, meſ- # effºrt f UAF-. mes eſtant intemperée en chaleur. Pareillement peut venir d'autre part,comme de l'eſtomach, foye,ratelle, #. & autres vlceres Les ſignes ſont,que les malades ont la veue perturbée, ſi tant peu ils tournent le corps,ou gºles. gardent quelque choſe qui tourne , comme vne rouë, ou l'eau courante, & autre chofe ayant vn mouue- D ment ſubit. Si la cauſe vient du cerueau, les malades ont douleur & grande peſanteur de teſte, bruit aux oreilles,& ne ſentent le plus ſouuent rien par le nez. Pour la cure, Paulus AEgineta commande faire l'inci- ºtiºn- ſion des arteres derriere les oreilles, combien qu'il ſembleroit meilleur faire l'inciſion des arteres qui ſont Paulus aux temples:mais ſi elle vient d'autre partie,peu profite:& partant le docte Medecin y pouruoyra. #;# # chap. 22. De la Migraine . C H A F. IV. A IGRAINE, eff proprement quand la douleur ne tient que la moitié de la teſte,dextre,ou ſene- ©ue c'eſt 2 ſtre. Ainſi la douleur quelquesfois ne monte point plus haut que les muſcles temporaux,auſſi que Migrai. 2 quelquesfois monte iuſques au ſommet de la teſte. La cauſe de cette douleur peut venir des ne, - #2 veines ou arteres,tant internes qu'externes,ou des meninges,oumeſme de la ſubſtance du cer- Cauſe. ,NSiºN , ueau, ou ſeulement du Pericrane, ou cuir muſculeux qui couure le crane. Auſſi peut venir de certaines vapeurs putrides qui montent de l'eſtomach,ou de la matrice, ou de quelques viſcere , à la teſte. La cauſe eſt interne, ou externe. L'externe, comme chaud, froid,ou trop boire ou manger viandes chaudes & vapoureuſes, ou quelque vapeur & exhalation, comme celle d'antimoine, vifargent, ou autre:ce qui eſt Cauſe ex- cauſe que les Orfevres & Doreurs en ſont ſouuent eſpr1s.L'interne, comme intemperature ſimple ou com- ºrºº . posée, auec inflammation & tenſion La peſantur de teſte monſtre l'abondance d'humeur:& quand la dou- Cauſe inter- leur eſt poignante, pulſatile, & tenſiue , les humeurs & vapeurs enſemble en ſont cauſe. Si la douleur eſt # faite par l'abondance d'vne vapeur ſubtile auec pulſation, cela vient à cauſe de l'inflammation des membra- es ſignes. nes du cerueau.La fiévrey ſuruient a cauſe de la grande inflammation,principalement quand l humeut # - I i 4 C2 J1C pºs• 38o Le Dix-ſeptiéme Liure,&c. cauſe la douleur putrefie.Quand la douleur eſt ſuperficielle, la cauſe d'icelle eſt au Pericrane:& quand elle # eſt profonde , & que le malade ſent la douleur iuſqu'à la racine des yeux, cela monſtre la cauſe eſtre aux membranes du cerueau, & ſouuent eſt ſi cruelle que le malade ne peut endurer que l'on luy touche a late- " , Signes que ſte.Or ces dºuleure ſent quelquesfois continuës,quelquesfois ont des paroxy me qui viennent lans ordre, * 'la douleur & ſouuent tourmentent tant le malade, qu'il ne peut ſouffrir qu'on face bruit en la chambre, ny parler º *** : eſt au Piri- haut, & ne peut voir la clarté, ny ſentir aucune choſe odorante, ne faire mouuement de ſon corps,& eſti- crane. me que l'on luy rompe & briſe la teſte auecvn maillet, & ne peut boire vin.Lors que la cauſe eſt d'vn ſang La curari5. boüillant, ſubtil & vaporeux, & que tous les autres remedes n'auront ſeruy, l'inciſion des arteres és tem- A*º, Alºu, ples eſt vn tres-grand remede,ſoit que la cauſe vienne des vaiſſeaux interieurs,ou exterieurs à cauſe qu'il ſe ºſ#. .. fait toufiours euacuation de ſang & eſprits, leſquels doiuent eſtre euacuez ſelon la force du malade chri- Paul.liu. 6. ſtophle Landré dit auoir guary vne infinité de gens de la migraine, appliquant vn cataplaime fait de fiente ## A%º de palombes ou pigeös,broyé auec huyle de noyaux de peſche Or ne ſera icy hors de propos reciter cette # # hiſtoire de Monſeigneur le Prince de la Roche-Yon, lequel eſtoit extremement tourmenté d'vne dou- Manſei- leur de teſte, tant de iour que de nuict, auec peu d'intermiſſion : & pour le guarir appella Meſſieurs Cha- rneur le Pºlain premier Medecin du Roy, & Chaſtellan, aufl Medecin dudit Seigneur,& premier de la Royne Mere, §, d, la & Monſieur Duret, Lecteur & Medecin ordinaire du Roy, hommes fort ſçauans beaucoup eſtimez entre Roche ſur les gens doctes , leſquels luy ordonnerent pluſieurs remedes, tant par dedans que par dehors, ſemblable- To». ment ſaignées, ventouſes, bains, frictions, diete : bref, tout ce qui ſe pouuoit excogiter : tous leſquels re- B | medes ne luy peurent iamais appaiſer la douleur.Adonc m'enuoya querir, pour entendre de moy ſi i'auois aucun moyen à luy ſeder la douleur, où promptement luy conſeillay ſe faire ouurir l'artere de la temple,du coſté, où il ſentoit ſa plus grande douleur : & luy dis que i'auois grande coniecture que la cauſe de ſa dou- leur eſtoit contenue aux arteres, & non aux veines, & qu'auois fait ſouuent telle ouuerture, dont les mala- des eſtoient guaris,& que les anciens le conſeilloient , meſme que ie me l'auois fait ouurir pour ſemblable Gal.13.Met. douleur, & que depuis n'avous ſenty aucun mal. Subit enuoya querir les ſuſdits Medecins, leſquels fuient •k.dernier. de mon aduis , & en leur preſence ie fis ouuerture de l'artere, choiſiſſant la plus apparente à la temple, & qui auoit plus grand battement, auec vne ſimple inciſion,comme pour faire vne phlebotomie,& fut tiré du ſang deux palettes & plus,lequel ſortoit par vne grande impetucſité de ladite artere, ſautelant loing à rai- ſon du diaſtolé & ſyſtolé d'icelle : & proteſte que par le moyen de cette ouuerture il perditinccntinent la douleur, ſans plus luy retourner : dont ledict Seigneur me fit vn honorable preſent. Aucens ont ſupe- * cte cette incifion des arteres, pource qu'il eft difficile d'arreſter le fiux de ſang: & que ce faiſant la cicatri- ce autour de l'artere cauſe aneuriſme, maladie faſcheuſe & dangereuſe, & que l'attere eſtant en perpetuel mouuement ne ſe peut aisément conſolider : & pource conſeillent de couper premierement le cuir , puis l'eſcorcher & ſe parer , & la lier de deux coſtez,puis la couper,ccmme nous auons dit de la varice. Mais ie * te puis aſſeurer l'apertion auec la lancette, comme on fait la ſaignée, n'eſtre dangereuſe, comme i'ay expe- rimenté ſouuentesfois,& que la conſolidation ſe fait auſſi bien que de la veine, non ſi toſt toutesfois,& qu'il ne ſuruient aucun flux de ſang : pourueu que la ligature ſoit bien faite, & qu'elle demeure trois ou quatre - iours, en y mettant vne conuenable compreſſe. ". voy le chap. des varices Des maladies ou indiſpoſitions qui aduiennent aux Yeux. C Ces iours paſſez eſtant en conſultation auec Monſieur Cappel,Docteur Regent en la facuhté de Medecine à Paris,homme tres-docte & de grande recherche, pour vn quidam qui auoit vne grande infiammation aux yeux , dont il ne voyoit rien : deuiſant auec luy, ie luy dis que i'auois tres-grand deſir de trouuer quelque docte Medecin en la langue Grecque, pour faire vn Recueil de toutes les maladies des yeux , & en bailler l'interpretation en langue Françoiſe, afin que les ieunes Chirurgiens les peuſſent diſcerner & cognoiſtre ,les vnes des autres, pour pouuoir plus facilement paruenir à la curation. Alors il me dit qu'il le feroit vo- lontiers pour l'amour de moy,& du public : Ce que depuis il a fait, en ayant recueilly la plus grande part, leſquelles par apres pour plus grande facilité, i'ay redigées en cette Table. - M ET HO 'fl'œil Les mala- dies ou af. fettions des yeux, com- me eſcrit 6al. chap. 1j. de l'In- troduition, ſont en nö- ére de cent treize, deſ , quelles an- C/4/17A 0CC/4- pent. L entier, (70/3• 38 1 ſuruiennent aux yeux. rExeph- Prominentia oculi,en Latin, Oeil de bœuf, Gros œil qui ſe fait quand thalmia. 2 l'œil ſort hors l'orbite par nature pluſtoſt que par accidens. Imminutie oculi, L.Extenuation : qui eſt vn emmaigriſſement de toutes Atrophia. { les parties de l'œil, apportant vneprofondité & cauité d'iceluy. Gal. in Udefinit. Medic. Ecpieſnos { Exitu,Expreſſio,Exertio,.Cheute de l'œil : Quand il eſt du tout hors de ſa sauité, & principalementparfluxion ou coup.Aèce liure7. Strabiſmus { Straboſitau, L.Eſtre louche,ou bigle. C'eſt vne diſtorſion contrainte auec inégalité de la veuë. Paul.liu.3.chap.2. | Catopſis & ſPropinqua ºiſe.I. Quand naturellement l'en ne peut voir les choſes que | Myopiaſis { de pres,& difficilement de loin,& ſemble que l'on voye des mouches.Ae- tce liure 7. Hyperoſia ,ſ Remota viſio,L.Quand l'on ne peut voir& diſtinguer les choſes que de ·{# dilatant fort les yeuxcceſte affection eſt contraire à la precedente. '# Anopſia 3# on ne peut diſcerner les obietis s'ils ne ſont vn peu eſleuez. Hallucinatio,ou caligatio,L. Abuſemët de veue ou d'œil Quandonpréd ·! Paroraſis 3 vne choſepour vne autre,& eſt l'auät-coureur d'aueuglem#.Sauonarola. Hebetudo,L.Eſblouiſſement continuel & diminution de la veiie,ſans au- Ambylopia ººl'Pº exterieure, mais ſeulement par alteration mediocre des ºº | humeu#, eſprits, ou tuniques. Monſieur Fernell'a dit venir quand la # deuient top dure. Paul.liu.3.chap.22.Aëce liure 7. Epiph {# curſu,L.Tauxpleurans,moites ou mouſſes Quand * iles humeurs coulent aux yeux, & pleurent perpetuellement.Celſe liu. 6. r Ruptura ab ittu,L.Rupture : Quandles membranes,& principalement Rexis 3 l'Vuée ou la Cornéeſont toutes rompuës parquelque coup, de ſorte que Ul'œil eſt du tout creué,tous les humeurs ſortans.Aece liure 7. ſConfuſio,L Quand tou les humeurs ſont meſlez & confus enſemble par Synchiſis { grande playe ou inflammation,la prunelle apparoiſ de diuerſes couleurs LGal.in Iſag. Patalyſis , ReſolutionL.Quandl'œil ne ſepeut mouuoir eſtant perclu deſes muſcles Gal.en l'Introduction.Aece,ibidem. ſEquu, L.C'eſt vn branſlement perpetuel de l'œil, venant de la natiuité Hippos + de la perſonne:Ancuns l'attribuent aux paupieres,& le nomment en La- Nittario in, Nitiatio,clignement d'œil,aild'hypocrite, d'aatant que l'on remuë {touſiours les paupieres,eu l'œil meſme. Oedema 3 Quand l'œil eſt tout bourſouffléperdantſa naïfue couleur,ſe remuant dif- ficilement.Gal.in Medico. Sepedon { Putredo, L. Quand l'œil ſe vient du tout à pourrir, & quelquesfoisſe gangrena ºgangrene. Gal.en l'Introduct. Anthra- ſCarbunculatio,L.Oeil rºſty.c'eſt vne eſpece de charbon à l'œil.Galien en choſis l'Introduction. j Nyctalopia rNocturna ou veſpertina cecitas ou Nuſcioſa affeftio,L. Quand de nuict #N#t,g#. | METHODIQVE DIVISION & denombrement des maladies qui V, Hemeralo | on ne void rien, & ce par accident, Le contraire eſt, Acies nocturna : pia quand on void mieux de nuitt que de iour,& ſe peut dire Hemeralopia Acies ſola-4 en Grec,Oeil de chat, en François : comme Acies ſolaris,ou Solana vi- rts ſio, quand l'on ne peut voir qu'aux rayons du Soleil, & Tenebroſa affe- Tenebroſa ! čtio, ſe dit de ceux qnivoyent malaisément lalumieregrande.Paul.liare Laffeftie C3.chap.22.& Gal.in Iſagog. 382 Les pºr - Les º ties de aupie- * 2 2res qus sot | rEmphyſema ſ?aſiatiopruriginoſa, L Quand la paupiere deuient enflée eſtant pleine eneſmodes 4 de pituite qui fait vne demangeaiſon auec fluxion. Cela aduient volon- Utiers aux vieillards,& en Eſté.Aece liu.7.Celſ.liu.6. Tſorophthal-ſLippitudo pruriginoſa, L. Chaſſie baueuſe & poignante : Quand vne mia 3 pitute ſalée cauſe vne demangeaiſon, auec fluxion d'vne matiere acre, Udont s'enſuit quelquesfois inflammation.Acce.ibidem. Xerophthal- ſ Lippitudo arida,L. Chaſſie ſeiche : Quand il ne decoule rien, ou bien mia { peu des paupieres,y ſentant cuiſſon & aſpreté principalement en laſu- perieure Aèce liu.7.Elle ſe rapporte à tout l'œil auſſi. Sclero- { Lippitudo dura,L. C'eſt vn difficile mouuement des paupieres & yeux, phthalmia l accompagnex de dureté ſans fluxion. Hippocr.Aece,de locis & aquis. ſ Inuerſio, eu Hiatus, L Quand l'vne & l'autre paupiere eſt retournée Chemoſis { par vne grande inflammation, & que le blanc de l'œil eſt plus hauteſ- Uleué que le noir.Gal.in Medic. Paul.lin.3. Ptiloſis, ou fCraffities calloſa palpebrarum,L. Deplumation,e#eſſeur des paupieres, Poroſis {# pelade Quand les paupieres ſont dures & groſſes auec chaleur & rougeur,& le poil ne # ficher pour en ſortir.Aece liu,7.chap.77. e ſ Mutilatio,L.C'eſt vne deperdition de quelque partie de la paupiere. Il coloboma { ſe prend auſſi pour deperdition de quelquepartie que ce ſoit. Gal.liu.4. UMethod. Scleroſis ſ Durities, L.C'eſt vne tumeur des paupieres auec chaleur & douleur, Scirreſis | continuant pla, que l'inflammation. Galin Med.Et ſi leſdites paupie- Scirrophthal- res deuiennent , auec la dureté, enflées & luuides par vne chair ſour- //2f4 croiſſante,ſe fait & ſuruient Scirroſis, comme par vne longue continuité \-d'inflammation.Gal.ibid. Ectropion Inuerſatio,L.Oeileraillé : Quand la paupiere inferieure par cicatrice, ou autre occaſion, ſe remuerſe & ne peut couurirſon blanc. Paul.liu.6. eAncyloble- ſ Inuiſcatio,L. Quand les paupieres ſe tiennent les vnes les autres, ou pharon. < bien ſont adherantes à la Coniointtiue ou Cornée,pour quelque vlcere Symphyſis Umal pensé.Gal.in #ſag.Aére liu.7.chap.64. - Pro#phyſis ſ Leporina palpebra,L.Oeil de lievre Quand l'on dort les paupieres ou- Lagophthal- 3 nertes comme les lievres,il vientſounent de nature:auſſi par conuulſion mia ù la paupiere ſuperieure ne couure le blanc.e Arnaud. • Aſperitudo,L.?negalité de l'vne & l'autre paupiere, auec dureté ra- Trachomº l boteuſe,& ſemble qu'il y aye des grains de milet.Aëce lin.7.chap.43. (Ficoſitas,ouficoſapalpebra,L Quand les paupieres ſont ſi inegales & Sycoſis { rudes que l'ony appercoit comme petits grains de figue. Gal.in #ſag. tEt qnand il neſort duſangſouuent s'appelle Morum,ou Celſum. Teloſis , on # calloſa palpebra, L. Quand leſ paupieres viennent dures comme vn Epanaſfemº & cal,on comme vn cor.Aùcuns le nomment 8panaſtema ochothodes. ochthodes Talpebrarum aquoſitas,ouveſica, L. Quand la paupiere inſerieure eſt Hydatis pleine d'vne graiſſe mollaſſe & aqueuſe.Paul liu.6 chap. 14. AM'ydeſis Tºutredo,L.Tumeur auec putrefdont il en coule matiere.Gal. in #ſag. crithe, (7f/ # L.Orgueil, ("eſt vne petite tumeur fixe, jui poſt44 vient à l'extremité de la paupiere, où s'engendrent les cils.Paul.l.6. Chalazion Grando, L. Greſle C'eſt vne petite tumeur mobile, ronde & lucide comme vn graih de greſle, laquelle vient aux paupieres Gal. en l'Intr. - 4# , L. Quand le poil des paupieres eſt moleſtépar le moyen TPthiriaſis des petits pouls qui |y croiſſent. Aèce liu.7.chap.65. - - - ſ Quand il croiſt d'autres poils aux paupieres que les naturels,leſquels Thrichiaſis & piquent l 'œil & le font pleurer : le contraire eſt Madaroſis,& Mil- «_ZMadaroſis ) phoſis en Grec,Glabrities palpebrarnm en L. quand le poil des paupie- AMilphoſis ºres tombee Aece liu.7.chap.78. | Quand il vient à la paupiere deux ou trois rangs de poil,ou bien quand Thalangeſis 3 ils ſe recoquillent en dedans & piquent l'œil.Paul.liu.7.c quand il Diſtichiºſº Un'en vient qu'vn rang,eſt dit Diſtychiaſis.Gal.en l'Introduc#. Lithiaſis Lapideſcentia,L ſont petites tumeurs dures comme pierrotes qui croiſ . (ſent aux paupieres,& ſe peut dire Grauelle des yeux.Aece liu.7.c.79. Pladarotis { Ceſont petits corps mols & decolorez venas au dedans des paupieres. # Imbecilité ſimple des paupieres ſans autre cauſe externe que l'on voye: « Atonia - mais cependant l on ne les pent leuer, eſºans contrains de les tenir fer- Paralyſis mes,comme paralytiques ſi on ne les hauffe de la main.e Auic. Croiſſance de chair qui vient en leur partie interieure,eſlans quelquer- Sarcoſîs fois deux ou trois comme petits pois. Gal.in Med. Il ſtruient auſſi ét Atheromata ' paupieres Atheromata,Ganglia, Melicerides & varices. Enſemble Utombe en l'œil choſes eſtranges:Aeceliure 7. - Hypºſphagma F1 º - liº ºt, 15 #-, º,! º, #ltr, #. r ſu, # tc , #, l {ft!,4 t : ſºl # # - | | ſrt! f4- # ! · 1 #: # # Mem- branes, à ſça- #oir,ou | < En parti- | culier, lcomme 383 Sanguinis effuſio, L. Meurtriſſeure, ſont petites marques rouges, ou gros rHypoſphagma $ſang noir quiſuruiennent aux membranes,& principalemët à la Conioinfti- ae & cornée, par rupture, qui eſt venu aux veines qut ſont auſdites mem- rA tou- ! Epanaſtema ſbranes, &- principalement par vn coup.Auicen. liu.3. le nomme Altarfati §, & { Ochthodes Ficus , L. qui eſt vne tumeur & comme inflation & bourſouflement de tou- 4 ſe faiti tes les membranes qui ſont à l'œil : & lors que le mal eſt plus grand, il ſe Hymenon , -{ nomme Hymenon Epanaſtaſis, Rebelliones en Latin,cöme ſileſdites mëbra- Lepanaſtaſis l# J'enorgueilliffoient,& vouloient ſortir hors de leur place & lieu natu- rel. Cornarius le nomme Membranarum eminentias. Ilſuruient auſſi aux membranes vne molleſſe, dite par eArnaud, Mollities membranarum. Perturbatio, L.Chaleur & rongeur de l'œil, auec moueur, proue- ſTaraxir nant de cauſe externe, comme de la fumée, pouſſiere, huile, ou aus ſtre choſe qui aura entréen l'œil...Aéce liure7. chap. 3. Lippitudo , L. inflammation de l'œil, quand le blanc d'iceluy eſt fort rouge, & ſouuentesfois pleurant. Nonus ch. 69. en nomme vne Ophthalmia * Ophthalmia Sphacelizouſa : en Latin, #nflammatio ocularis in Ophthalmia Sphacelum degeneransiguandpar trop frequente & indiſcrete apº •ſphacelizou- plication de remedes rafraichiſans la partieperd ſon temperament. ſa. Vngula , L.Vngle. C'eſt vne excroiſſance de chair fibreuſe, laquel- lepetit à petit couure la Conionttiue , & quelquesfois la prunelle - Pterygion venant dvnangle de l'œil : & pource eſt dite comme ongle. Celſe. | rAdna- liure 6. Aécec hap. 7.Arnaud. - ta,Con- j Aigl Albicans cicatrix , L. Sont humeurs blanchaſtres en forme de ci- § * 4º-º # catrice ſur le blanc de l'ail. Hippocrateprorrh. .. ', 14 Tophus, durities •Adnate, L. c'eſt vne tumeur quiſe concrée,ſur C'. Poroſis 3 la membrane •Adnata, comme vndurillon Gal. in def med. # Foſſula, L. c'eſt vn vlcere petit & profond comme vne pointure Botyron. en la Cornée.Aéce liure7. chap. 27. - Cauitas, L. C'eſt vne vlcere ſemblable auſuſdit , mais plus larges Cœloma Cr moins profond. Anicenne_ . c'eſt vne vlcere rond occupant l'Iris, de ſorte qu'elle s'apparoiſt rou- Argema {ge en la Conionttiue, & blanche en la Cornée. Elcoſis j Vlceratio, L. c'eſt vne ruption de la Cornée par vn coup,ºugrande - 3# Gal. in def med. . Epicauma Vlcus ſordidum, L. sont vlceres ſordides & crouſteux , deſquels § 3 ſort de la boué orde & vilaine. Aèce liure 7. - - Phlyctena Tuſtule , L. c'eſt vnepetite tumeur auec inflammation , qni occu- Pſydracia pe la Coºnée , & ſont comme veſſies. Aëce ibid. chap. 15. | y 3 Caligo, L. C'eſt vne vlcere ſuperficiel de couleur cerulee ou obſcu-, Cornée { Achlys re, ou obſcure cicatrice , qui commence à brouiller l'œil. « Aece. 3 Gorreur - - - - Nepheleon Nubecula, L. 7Nuage.c'eſt vn vlcere ſuperficiel comme le prece- (? LVuée (. dent, mais plus obſcur & profond, la veue commençant à eitre baſſe. # Nonus chap. 45. . Hypopion Sanies, L. Teile maladie aduient lors qu'il coule du ſang meurtry, Tºyoſis {# qu'il s'engendre de la boue entre la cornée & Vuée , eſtant nom- Onyx mée Onyx, ſi ladite boue, comme deſſeichée, repreſente la forme & couleur de l'ongle.'Paul. liure 3. chap. 21. - cancer Cornee, L. Quantd les veinés quiſont en la Cornée ſont plei- Carcinoma ;nes de ſang noir, accompagné de douleur poignante. Gal, #fag. Ci- Oule catrix , L. Sont cicatrices blanches & eſleuées qui vienneni en la Paralampſis Cornée, à cauſe d'vn vlcere profond. Gal. en ſ'introd. * • .. • ° • . eAºgir. 3 Cicatrix reſplendens,L. C'eſt vne dureté & cicatrice au noir de l'œil, plus groſſe & eſleuée que l'•Aigis. Elle ſepeut dire Oeil blanc. Ga- Proptoſis lien enſon Lexicon. Procidentia vnea, L. Cheute de l'Vuée : ce qui aduient quand la Cornée eſt rompue, & l'Vuée cheute. Celſe linre 6. e_WMuſca caput , ou formicalis ruptnra, L. Quand l'Vuée ſe repre- ſente par la Cornée en groſſeur & figure d'vne teſte demouſche Paul. e_WMelon liure 6. Gal. in def. med. Malum , L. Tommete. Quand l'Vie eſt fellement groſſe & ſºr- # tite, qu'elle repreſente ſuſpenduë, vne pommette, Staphyloma 3 Helos ,t durcir, repreſentant la teſte d'vn clon.Auicenne, Mydriaſis Clauus, L. Clou.Ce qui aduient quand la ſuſdite Vuée vient a ſ'en- • * • - •. , 384 - Prunelle ſ Mydriaſir # dilatatio, L.Eſlargiſſemët de la prunelle,quiſe fait quand la mèbrane vuée s'eſlargit à l'endroit du trou, & repreſente l'obieci plus grand,imparfaict, & confus. Aece liu.7.ch.52.Quelquesfois laprunelleſemble n'eſire pas droittement aumilieu, mais changée deſa place,& ſe dit par e Arnaud,pupille è locº remotio,pag. 154. { Taberpupilla,L.Quand la prunelle deuient plus petite & obſeure que la nature,3- Platycoria Pupille è loco remotio | Phthiſis # les objets ſemblent plu grands.Aece ibid. | Suffuſio,L. Cataracte ou couliſſe. C'eſt vne concretion d'humeur entre la Cornée & < l'humeur Cryſtalin,qui eſt le ſigne de la diſtiniiion des couleurſ.Et quandelle cou- | ure la prunelle , ou vient à s'endurcir en l'vuée,quieſt lefondement de laprunelle, Hypochyma | elle eſt appellée Tunica ocularis en Latin,en François, Maille, Taye, Bourgeon, Gutta Kala lPaul. liu, 6. Elle s'appelle par Auicenne Gutta zala , & obſcura. Glaucedo, L. Ce qui aduient quand l'humeur Cryſtallin ſe vient rGlaucome # à deſſºicher & blanchir, on l'appelle œil blafard,& telle affiitiion vrent aux gens vieux. l Et quand la ſuſdite affection n'aduient qu'à vn des yeux, & ſe Heteroglaucis ſpeut nommer œil veron , ou bigarré. Se font auſſi quand les yeux ſont blafards,ou laprunelle eſt noire.Gal. 1o.de Vſu part. l- blanchy,qui ne vient point par vlcere,ny auxpetits enfans parforce de crier.Gal.in defmed. | Albedo in CryHalloide, L. Quand il ſe fait vne marque blanche Agyria. ) ſur l'humeur Cryftallin.Aece liure7.ch.26. Quand l'humeur Cryſtallin eſt ſi imbecille,7ue par vne grandelu- Acataſtaſia l miere eſt tourné d bouleuersé,comme s'il eſtoit diſloqué. l Cryſtalloidou f Raui oculi.L. Oeil de loup, ou de mauuais garçon; quand les hu- Aithemoma {# eursſe noirciſſent du tout,l'œil deuenant du tout noir ou vbſcur. ſ# Suggillatum, L. Oeil poché, quand il y a confuſion d'hnmeurs l'œil « Hypochºſis # eſtant noir.Il s'appelle auſſi Hypochyſis. ou de touen-) Leoninus oculus,LOeil d'airain.Quand l'œil eſt roux,fier eſtincelant comme à vn ſ ſont rCryſtalin , &3 Albugo, L. Oeil de chéure : quand l'humeur Cryſtallin eſt dutout Lehcom4 { Lſemble,comme ULion:ainſi les ont les Ladres,L. Fernel,chap.de Elephant. eAbſceſſus ocularis, L. C'eſt vne collection d'humeur ſemblableà dumiel, entrele I r.Anchilops rand coing de l'œil & le nez, & eſt enueloppé d'vne taye ſans faire douleur. Gal. ". < Coings, on An- glºr. 4 Nerf •ptique in Iſag.Paul.liu.6.chap.22. «AEgilops Fiſtula lacrymalis,L. C'eſt vne fiſtule qui maiſtan grandcoing de l'œil perle ſuſ- dit abſ#és, faiſant carieſouuent à l'os.Celſe. quelque fois en ſort du ſang , & ſe nemme aiſſi , Pruritus Lacrymalium. •Arcul. Encanthis {# vne tumeur ºu addition de la chair à celle qui eſt contenne aux angles,ouque | Peribroſis. # erºſie, L. C'eſt vn vlcere qui eſt au petit coing, vers le temple, & la glande lacrymale ſe vient à enfler. Rhaas, ſce-Q-C'eſt vne diminution de chair à celle qui eſt contenue aux angles, ouſou lespau- //70/JJ. # c3- # desyeux,c à icelle ſe rapporte Scemoſis en Grec, en Latin Immi- mutio.Gal.in def Med. Epinyttis {# # vlcere qui decoule perpetuellement du coingdes yeux. Pline liure 2o. (7 ap. - - tiner : il ſe prent anſſi pour l'agglutination des paupieres auec l'œil.Galien en l'In- I"trodnttion. (Amauroſis ſobfuſcatio, ou Guttaſerena, L. aueuglement : qui vient quand le nerf optique eſt | bouché par quelque humeur.Gal.1 prorrh,Hipp. •Aporrhexis y Abruptio,L.Quand le nerf optique eſt rompupar quelque coup; deſorte que l'eſprit viſuel n'y peut paſſer.Gal.in Iſag. - Parempºſis 3# L. Ce qui ſe fait quand le nerfoptique eſt remplyde quelque humeur qui y decoule.Gal.ibid. l- - - - - - | rProºphyſis # Agglutinatio, L. uand les coings ou angles ſe viennent à prendre & agglu- *Symptoſis ſ(ſoincidentia, L. Ce qui aduient quand le nerfoptique ſe reſtreſſit ou deuientfiaſc- - {#par imbecillité ou ſeichereſſe . - - - Explication : : : Operations de Chirurgie. 385 l, | • : Explication de quelques maladies particulieres contenuès eº laſuſdite Table. Et pre- . mierement du moyen de rehauſſer la paupiere ſuperieure- . CH A P 1 T R E V. M 'A v o 1 s propoſé d'eſcrire en particulier toutes les ſuſdites maladies : mais comme i'ay eſté N% deuancé par l'impreſſion de mon liure qui eſtoit ſur la preſſe , & ſçachant qu'il y auoit quel- qu'vn qui y trauailloit pour les eſcrire toutes en particulier, ie me ſuis arreſté a mettre ſeule- * ment celles qui s'enſuiuent.A quelques-vns la paupiere ſuperieure eſt relaſchée ºº ſonna- MS turel, & plus qu'iln'eſt neceſſaire à couurir l'œil, qui eſt cauſe d'amener double accident : l'vn eſt, que le malade ne peut bien ouurir l'œil : l'autre, que les Poils du cil entrent dedans l'œil, & le pic- ub - quent, donnant au malade grande douleur. Cette relaxation vient à raiſon d'vne paralyſie particuliere, qui # le #. ſe fait aux vieilles gens, ou d'vne defluxion rheumatique ſans acrimonie, cuiſon, IlC mordication : ce qui º # 4 nous eſt manifeſte,parce que ceux qui ſont vexez de telle affectiós,ont quelquesfois vn ou deux râgs de poils ##º aux paupieres outre le naturel, qui croiſſent pour la quantité de cette matiere : comme Voyons qu'ºn º #.ſchée, humide il croiſt beaucoup d'herbes. Or ſi c'eſtoit vne humidité acre & cuiſante, le malade le Pourroit fa . Cauſes. cilement apperceuoir pour la douleur qu'il auroit aux yeux : joint que tel humeur corromPrºit le poil,qui naturellement y eſt produit, & par plus forte raiſon engarderoit qu'il en ſuruint de ſuperfiu. Et Pour la cure. curation deuant que faire l'operation, faut marquer d'encre ce qu'il ſera expedient d'en couper, craignant qu'en oſtant trop, la paupiere ne demeuraſt renuerſée, ce que les anciens nomment eſtrºpion : Puis il faut Eäropion. pincer & ſouſleuer la paupiere ſuperieure, laiſſant le cartilage qui eſt au deſſous : & apres couper en tra- uers la peau tant qu'il en ſera beſoin, ſans offencer ledit cartilage : puis l'on fera deux ou trois petits poincts d'aiguille : pour reünir la playe & la conduire à cicatrice : laquelle eſtant faite empeſche que la paupiere ne tombe plus bas qu'elle ne doit, à cauſe qu'elle aura eſté accourcie. Il ne faut oſter que ce qu'il en faut, ou autrement il aduiendroit deux dangers : l'vn, que ſi on coupe trop, l'œil demeurera éraillé, parce que la paupiere ne pourra couurir l'œil. Auſſi ſi on coupe moins qu'il ne faut ce ſera temps perdu,& Moyen d'ar- faire endurer le malade ſans profit Et où il y auroit pluſieurs cils ou poils , les faut tirer & arracher par racher les petites & propres pincettes : puis cauteriſer la racine auec vn petit cautere ſans offencer l'œil , où apres ſe cils & em- forme vne cicatrice qui defend qu'ils n'y renaiſſent. Le cautere t'eſt icy repreſenté. - peſcher leur generation. Cautere. # De Lºgºphthalmie , oa aeil de Liévre . C H A P. V I. SC2 R ceux qui ont la paupiere trop eſleuée en haut, dorment les yeux ouuerts, ne les pouuans V0 clorre : les Grecs nomment cette maladie Lagophthalmos. La cauſe vient interieurement, com- me d'vn charbon, ou autre apoſteme, & vlcere : exterieurement comme d'vn coup d'eſpée ou d'autre baſton, ou bruſleure, par cheute, ou autrement. Quand cette maladie eſt venue par Prognºſtic. vne cicatrice, on la peut guarir, pourueu que la paupiere ſoit d'eſpeſſeur ſuffiſante , mais quand ce vient de nature, ou qu'il y a vne grande deperdition de ſubſtance, comme il aduient par vne bruſ- leure, ou par vn charbon, le malade ne peut guerir. Pour la curation, il faut vſer des fomentations rela- xantes & remolientes : puis on fera vne inciſion ſur la paupiere en forme de croiſſant , tirée deſſus toute la cicatrice ; de maniere que toute la circonference d'icelle ſoit en haut en forme de voute, & ſes poinctes en bas pres du cil : apres on ſeparera les lévres de l'inciſion que l'on aura faite, & ſera mis deſſus de la charpie ſeiche, & par deſſus vne petite emplaſtre : puis ſera la partie liée comme il appartient, en rabaiſſant la paupiere, afin qu'elle ne retourne en la figure premiere & non naturelle. Or faiſant l'inciſion, il ſe faut donner garde detoucher le cartilage : car eſtant inciſé,la paupiere ne ſe pourroit plus releuer. La paupiere inferieure eſt ſubjecte à pluſieurs indiſpoſitions, & meſme à cette ſuſdite , & lors telle maladie eſt nommée Etiropion : laquelle ſera traictée comme la ſuſdite. Curation. De la Greſle des paupieres nommée Chalazion en Grec, & d'vn autre vice- nommé Hordeolum. C H A P. V II. H A LA z I o N eſt vne petite eminence ronde, tranſparante, qui ſe concrée en la palpebre ſuperieure, & ſe remue çà & là, les Latins l'ont nommée Grande , Greſle en François , à cauſe qu'elle reſſemble à vn grain degreſle. Il ſe fait vn autre tubercule ou eminence au bord des $ paupicres » qui ſe nomme Hordeolum, à cauſe qu'elle a quelque ſimilitude à vngrain d'orge. * Leur matiere eſt contenue dedans vne tunique & tres-difficilement ſe ſuppure : au commence- ment on la peut reſoudre, & lors qu'elle eſt inueterée, & que l'humeur eſt dur comme plaſtre, ou comme vne pierre de tuf, elle eſt tres-difficile à guarir. Quand à la curation, il les faut oſter par œuure manuelle, cur,. y faiſant apertion , afin de faire euacuation de l'humeur contenu : mais quand ladite tumeur n'eſt non plus groſſe qu'vn grain d'orge, on doit paſſer au trauers vne aiguille enfilée, & y laiſſer le fil de longueur ſuffi- ſante, lequel ſera attaché au front (ſi c'eſt à la paupiere ſuperieure ) ou à la joüe(ſi c'eſt à l'inferieur)auec vne petite emplaſtre de gratia dei, & ſera remué de deux en deux iours, comme l'on fait àvn ſeton, car par ce moyen ladite tumeur ſera ſuppurée, & en fin guarie. - Greſle. Horgeole. Prognoſtic. \ K k 7D' vne 386 Le Dixſeptiéme Liure, de pluſieurs A | - - - - - | - D'vne ſubſtance graſſe quiſecouche ſoulapaupiere, nommée Hydatis. l - - C H A P 1 T R E V III. : Paul. ch. 14, Y D A T 1 s eſt vne ſubſtance graſſe comme vn petit morceau de greſſe, laquelle eſt couchée # liné.Hyda- #% au deſſous de la peau de la paupiere ſuperieure,qui ſuruient principalement aux petits enfans : is eſt vue tu. $ § % qui ſont fort humides, & par ainſi la tumeur eſt molle & laxe , qui rend la paupiere œdema- # meur melle, N# # # teuſe, eſtant cauſe qu'elle ne ſe peut releuer. Ceux qui ſont vexez de telle indiſpofition ne :: BLºNRS peuuent regarder la clarté du Soleil, ayans les yeux rouges & pleurans couſtumierement. | -- CMre Pour la curation, il faut inciſer & ampurer dextrement cette ſupercroiſſance , ſans toucher à l'œil : apres - l'amputation on doit maſcher vn peu de ſel, & l'appliquer deſſus ( ſi la douleur n'eſtoit trop grande ) afin -" de deſſeicher le lieu, qu'elle ne reuienne plus : & par deſſus tout l'œil on appliquera vu blanc d'œuf auec 1 eau roſe , ou autre medicament repercuſſif. Des paupieres priſes & jointes enſemble . C H A P. IX. Cure d $# A paupiere ſuperieure ſe joint auec le cil de l'inferieure, quelquerfois auec la tunique con-B pan #. * $ ) $ jonctiue, & quelquesfois auec la cornée. Telle agglutination ſe fait quelquesfois par Nature, --- # #… # c'eſt à dire, par le vice de la vertu formatrice dans le ventre de la mere (comme quelquesfois | ble. - l'on voit les doigts s'entretenir enfemble : les extremitez du ſiege & l'orifice du col de la ma- trice ) combien que les yeux ſoient bien formez ; ce qu'on peut voir à la groſſeur de l'œil , • dans l'orbite & mouuement d'iceluy, aucunefois telle choſe aduient par playe ou par aduſtion , ou parapo- - ſteme, meſme par la petite verole, & autres cauſes. Pour la cure faut la ſeparer ſoigneuſement auec vn in- Cure des ſtrument propre, ſe gardant bien de toucher la cornée : à cauſe qu'elle ſe forjetteroit en dehors : ce qui ſe | - PºPºrººi fera mettant la queue d'vne eſpatule entre les palpebres, laquelle on leuera en haut (de peur de toucher à | . ſº"ſº la ſubſtance de l'œil) faiſant l'inciſion auec vne lancette courbée l'inciſion & ſeparation ainſi executée, on mettra dedans l'œil du blanc d'œuf, battu auec eau roſe, & tiendra on la paupiere ouuerte, commandant au malade l'ouurir & fermer : & la nuict on mettra vn petit lingedelié, trempé en eau,en laquelle on aura doiſſoult vn bien peu de vitriol : ou bien on vſera de ladite eau ſimple : car tel remede empeſchera qu'elle ne ſe reaglutine. Le troiſiéme iour ony appliquera eaux deſicatiues ſans acrimonie, afin de produire cica- trice. Or ſi la paupiere eſt adherante à la cornée , à l'endroit de la pupille , le malade demeurera borgne de cét œil, ou bien n'en verra que bien peu, à cauſe de ladite cicatrice , par laquelle la vertu viſuelle ne pourra penetrer en dehors iuſques aux objects, ou bien ne pourra donner paſſage à leurs images iuſques a l'humeur de criſtallin. Pour le prognoſtic, tu apprendras de Celſe que ce mal recidiue touſiours, encore , qu'on aye mis toute diligence à la guarir, - : - - - — — - - M- -' Du prurit des palpebres des yeux, C H A P. X. c # sà4 L ſe fait ſouuent vn grand prurit ou demangeaiſon aux palpebres des yeux, cauſée de pituite W., o 1 phlegme ſalé, qui quelquesfois engendre les vlceres , deſquels ſort vne ſanie qui fait que , )ſ les palpebres ſe glutinent de nuict enſemble, & les rend chaſſieuſes : laquelle choſe donne | Cure du pru 8 s grande faſcherie au patient. Et pour la curation, les choſes vniuerſelles premiſes s'il y a vl- c- # # - ceres, ſeront lauées & corrigées auec ce collyre. Prenez eau de miel diſtillée in balneo Ma- -- Pieres. " rix 3.iij. ſacch cand. 3.j. aloes lotx ſubtiliter pulueriſatx 3 f.miſce, fiat collyrium. Et ſi tel regime ne · · t §nten, ſuffit, vſeras de cettuy plus fort. 2é. vnguenti aegyptiaci 3 j. diſſol.in aqua plantaginis quantum ſufficit, | .. 3ue l'Egip- & auec vn peu de linge delié & imbu, ſeront touchées les palpebres, ſoy donnant bien garde qu'il n'en ,. #iae , be tombe en l'œil : & au ſoir lors que le patient voudra dormir , ſe fera appliquer de cét onguent qui en tel | # l'œil, comme cas eſt de grand effect. 2Z. axungia porci & butyri receutis an. 3 ſ. tuthix præparatæ 3. #. antimo.prx- # 1uelques- para, in aqua euphaſ. ſcrupulos ij. camphorx. g. iiij. miſce, & immortario plumbi ducantur per tres horas, ſk ºmº , l'ont lequel ſera gardé en vne boete de plomb. Autres eaux propres auſſi à deterger, ſeicher & roborer, eſtain- : º dirº dre, & entierement guarir le prurit & rougeur deſdites palpebres. #. aqux euphraſix, fœniculi , cheli- : ( º# doniz, an.3.f. ſarcocollx nutritz ſcrupulos ij. vitriol. Romani 3.j. miſceantur ſimul, & bulliant vnica # trand effect, ebullitione : poſtea coletur, & ſeruetur ad vſum dictum. Autre. 2.aqua roſata & vini boni an.3.iiij.tu- thiæ præparatæ, aloès , an.3.j. floris aeris ſcrupulis ij. camphora g. ij. bulliant omnia ſecundum artum, & # feruentur in vaſe vitreo : & d'icelles en ſoient lauées les palpebres.Autre Prenez vin blanc demie liure, de • ſel commun 3.j. & les mettez en vn baſſin de Barbier bien net & couuert, & le laiſſez par l'eſpace de cinq #ſ ou ſix iours, en remuant vne fois le iour le vin, & d'iceluy en ſoient frottées les palpebres iuſques à la par* 1 s faicte curation. Autre. Prenez de l'vrine du patient, & la mettez en vn baſſin de Barbier, par l'e ſpace d'vne D # nuict, & d'icelle le malade laueraſes yeux : ne faut faire difficulté d'vſer deſdits remedes, auſquels entrent l . Hiſtoire choſes acres. Car ie proteſte à Dieu auoir veu vne femme aagée de cinquante ans, ou enuiron, laquelle - Pour vne prurite ſe l'auoit les yeux de vinaigre le plus fort qu'elle pouuoit trouuer, dont en fus fort emer- *. ueillé : & me dit iamais n'auoir trouué rcmede plus fingulier. De Vigo ordonne vne eau, qu'il dit eſtre | Liu.2 ch .4. precieuſe & d'admirable operation deſſus toutes ſortes de medecines en ce cas,&dit qu'elle doit eſtre plus traicté ;. eſtimée que l'or & l argent, laquelle eſt telle. # aquæ roſatæ, vini albi odoriferi, mediocris vinoſitatis an, \ 3. iiij. mirabolani citrini triturati 3. j. ſ. thur.3. ij bulliant omnia ſimul, vſque ad conſumptionem tertix N Part. deinde immediatè addantur fioris aeris ſcripul. ij. camphorae g ij. deinde reſeruetur invaſe vitreo be• # ne obturato ad vſum - , d - - -•-s-• De la Lippitude & chaſſi-, C H A P. X I. (. Cauſe de lip \ v L y en a quelques-vns qui ont touſiours les yeux moüillez d'vn humeur ſubtil, âcre, & chaud, t pitude " # \z qui leur cauſe vne perpetuelle aſperité e pour peu de choſe il ſuruient inflammation, & quel- ( Prirnoſtic. 23 $ ques fois lippitude ou chaſſie , & en fin éraillement des yeux. Or lippitude n'eſt autre choſe | qu'vnc ordure blanche qui ſort des yeux , & quelquesfois tient les paupieres joinctes enſemble, | , - | Operations de Chirurgie. 387 r- A - - • V .'. . - - & tourmente le malade toute ſa vie toutesfois à d'aucuns ce mal eſt curable, & quelquesfois du tout irc II - rable. Premierement la curation eſt inutile à ceux qui ont ce mal d'enfance:car neceſſairement il leur dare Cure. iuſques a la mort.Semblablement ceux qui ont groſſes teſtes pleine d'humeurs,en gueriſſent difficilement: quelquesfois la fiuxion ſe fait par les veines exterieures, & autresfois par les interieures, & quelquesfois par toutes deux. Et ſi la fluxion ſe fait par les vaiſſeaux interieurs, eſt incurable,ou difficile à guarir.Si par les exterieurs,il ya eſperance de guariſon,en faiſant les choſes vniuerſelles : puis raſer toute la teſte,& ap- pliquer medicamens aſtringens,afin de reſſerrer les veines,comme l'emplaſtre contra rupturam : ſeront auſſi appliquées ventouſes,en faiſant frictions par derriere:l'on pourra appliquer vn ſeton s'il eſt beſoin Et pour les remedes topiques, on vſera du collyre d'eau roſe & de vitriol en petite quantité:aucuns appliquent vn cautere actuel au ſommet de la teſte, afin d'arreſter la fluxion : ce que ie loüe grandement. -- * -- D'ophthalmie . XI I. C H A P. # d'antecedente,comme par vnedefiuxion d'humeurs ſus la membrane. Les ſignes ſuiuent l'hu- coulement de larmes , & ſemble au malade qu'il aye du ſable aux yeux : bref tous les ſignes qui ſuiuent le ſang, & ainſi des autres humeurs, comme nous auons dit cy-deſſus.Si elle prouient de toute la teſte on ſent grande peſanteur en icelle : & s'il y a grande douleur ou inflammation vers le front,c'eſt ſigne qu'elle pro- uient de quelque intemperature qui vient de la Dure-mere ou Pericrane. Lors que le malade a volonté de vomir, c'eſt ſigne qu'elle prend ſon origine de l'eſtomach. Entre toutes les inflammations celles des yeux ſont les plus douloureuſes, & pource pluſieurs deſirent ſouuentesfois la mort, pour la grande & extreme douleur qu'ils ſentent, dont ſouuent les yeux ſortent hors de leur propre lieu & ſe creuent, comme nous dirons cy-apres. - Pour la curation, le Chirurgien ſe propoſera trois poincts.Le premier eſt le regime de viure.Le ſecond, euacuation de la matiere antecedente. Le troiſieſme eſt application de medicamens topiques. Le regime de viure ſera moderé, euitant toutes viandes vapoureuſes, & vſera de celles qui empeſchent les fumées de monter en haut. Il s'abſtiendra de vin, ſi ce n'eſt que la douleur ſoit cauſée d'vn humeur gros & viſqueux, Conn. Celſ. P H T H A L M 1 E eſt vne inflammation de la membrane appellée conionctiue, & par conſe- @ue c'eſt ſ quent de tout l'œil , accompagnée ſouuent de douleur, rougeur , & chaleur. Icelle eſt faite qu'ophtal- % de cauſe primitiue, comme cheute, coup, poudre, ou ſable , qui peut jallir au yeux : ou miº NS meur dont elles ſont composées. Si c'eſt le ſang, il y aura douleur, rougeur , chaleur & de-Sighes. Pregnoſtic: Gal de loch aſſeétis. Cure. comme dit Galien. Le ſecond poinct, qui eſt l'euacuation de la matiere antecedente, & de la conioincte, #. ſe fera par purgations & phlebotomie : ſemblablemeut les ventouſes appliquées ſur les eſpaules auec fca- la ſ # ,. rification, & ſans ſcarification ſont neceſſaires, enſemble les frictions.Et ſi la fluxion augmentoit, il ſeroit tres expedient d'appliquer vn ſeton , afin de faire euacuation & deriuation de la matiere antecedente. Ia- reillement apres les choſes vniuerſelles, Galien recommande fort l'apertion des veines & arteres au front & temples:à cauſe que ſouuentesfois le ſang chaud & vapoureux remplit les vaiſſeaux,qui cauſe telle dou- leur. Le troiſieſme, qui eſt application de medicamens topiques, ſeront diuerſifiez ſelon les quatre temps: car au commencement lors que la matiere eſt chaude, les repercuſifs ſeront grandement profitables, & en l'augment les repercuſifs & aucunement reſolutifs, comme 2/.. aqu. roſar. & plantaginis, an.3.É. alb. vnius oui, mucaginis, gummi tragachanti, 3.ſ.fiat collyrium, lequel tiede ſera mis en l'œil, & par deſſus on ap- pliquera vne petite compreſſe trempée en ce collyre. · Autre 2Z. mucag.ſem.pſyllij & cydon.extract. in aqua plantan.3.ſ.aquæ ſolani,& lact. mul.an.3.É. tro- chiſc.albi raſis9.j.fiat collyrium, duquel vſerez comme du precedent, & on appliquera ſur le fi ont & aux temples vn tel defenſif 22. bol.arm. & ſang.drac.maſtic an.3.j.ſ alb. vnius oui, aquæ roſar. & aceti an. 3.j. Reme de pcur les vieillet ophthal- mies, Gal. 1 1 ; Math. cº; dcrnicº. . terebinth.lota & olei cydonior. an.3.j.É.fiat defenſ.Ou bien en lieu d'iceluy on viera de l ongucrt de bolo, ou l'emplaſtre de diachalcit. ou contra ruptur. diſſoult en hu; le de myrtils , & vn peu de vinaigre.Et ſi la douleur eſt grande, on appliquera tel cataplaſme.2Z medull.pomor ſub cinerib. coctor.5 iij. lact mul.3 É. fiat cataplaſ.lequel ſera appliqué ſur l'œil,ayant mis du collyre,& renouuellé ſouuent : ou 2Z. mucag.ſem. pſyllij& cydonior. an 3.6 micæ panisalbi in lacte infuſ.# ij.aquae roſar.3.ſ.fiat catapl. Dauantage p u ras vſer des cataplaſmes cy-deſſus eſcrits à la douleur du phlegmon.Auſſi le ſang de tourterelle,pigeon ou vo- laille appaiſent grandement la douleur.Semblablement les bains appaiſent la douleur, & § la fluxion à cauſe que parfueur ſe fait euacuation de tout le corps. En l'eſtat lors que les douleurs ſeront ceſſées, on vſera de tel remedes. - - - %. ſarcoc nutr in lact.mul.3.jaloès lotx in aqua roſat. 9.trochiſc.alb.raſ.3.ſ ſacc.cand. 3.ij aqua ro- far3 iij fiat collyrium, lequel ſeraapqliqué tiede en l'œil. Autre 2Z. ſeminis fœnic & fœnugræci an. 3. ij. forum camomil. meliloti an.m. 6. coquantur in aqua communi ad #. iij. collatura adde tuthix preparat*, & ſarcocolla nutritæ lact mul. an. 3.j. fi. ſi ſacchar. cand. 3. fiat collyrium vt artis eſt. En la declina- tion on fomentera la partie d'vne decoction carminatiue , puis fera appliqué ce collyre 2%. ſarco- † 3. ij. aloes lota & myrtill. an.3.j. aqua roſar. & euphraſan.3.ij.fiat collyrium vt artis eſt : vtatur Vt dixi. - - C H A P. X I I I. L y a vne indiſpoſition nommée en Grec propreſîs , exitus en Latin , Ingroſſation ou promi- 42 nence en François,qui eſt quand l'œil ſort hors de fa cauité par trop grande replètion de ma. # tiere tombant ſur les yeux , qui ſe fait par vn grand & vehement vomiſſement, & par trop crier, & aux femmes par labeur d'enfanter , ou par trop grande reſolution des muſcles, ou a\N par vne douleur extreme de teſte. Et quelquefois par cette promience ou procidence , la veuë ſe perd du tout, & l'œîl ſe creue, & les humeurs ſortent dehors. Ce que iay veu aduenir à la ſœur Hiſtoirs. de Louys de Billy , Marchand Drapier demeurant pres le pont Sainct Michel à Paris , laquelle eut vne ſi ex- treme douleur, inflammation & fluxion, que les yeux luy ſortirent de la teſte en ma pretence. La cure ſera diuerfifiée ſelon les cauſes. Et apres les choſes vniuerſelles, on appliqnera ventouſes ſur la nuque du col & ſur les eſpaules : auſſi vn ſeton ou cautere. Et pour les particuliers, l œil ſera comprime auec compreſ- fes imbués en decoction aſtringente, cum ſuccoacaciæ , roſarum rubrar. fueilles de pauot eſcorce de gre- nades, fueilles de roſes,de iuſquiame. Et auſſi deſdites choſes on pourra faire cataplaſme aucc farine d'orge, & autres remedes ſemblables. De l'œil qui chet dehors, dit Proptoſis. | ; Les cauſes, Compreſſes aſtringenté:° K k : p'utrºp bie 388 Le Dix-ſeptiéme Liure de pluſieurs D'atrophie de l'oeil. Cure. Il y a vn autre maladie contraire à la prominence de l'œil , nommée atrophie, qui eſt la priuation de nourriſſement ; de façon que toute la ſubſtance de l'œil eſt aucunement fetrie & conſommée auec grande anguſtie de la pupille. L'atrophie ſera curée par ſon contraire. Et pour le particulier, on fera des fomen- tations chaudes & attractiues, & frictions aux parties proches , & autres applications de choſes qui reuo- quent le nourriſſement, & les eſprits à la partie. De Chemoſis. Fuchſius en Chemoſis eſt vnmot Grec, c'eſt quand l'vne & l'autre palpebre ſont renuerſées par vne grande infam- ſa Méthod, mation qu'à grande peine peuuent couurir les yeux : joint auſſi que la conionctiue eſt beaucoup plus emi- nente que la cornée, eſt rouge & non blanche. les cauſes ſont antecedentes & primitiues : Antecedantes, comme multitude d'humeurs : Primitiues, comme playe, contuſion,& autres.La cure ſe fera ſelon la diſpo- ſition qu'on verra eſtre delaiſſée en la partie. De l'agglutination qui ſe fait de palpebres l'vne contre l'autre. L'agglutination des palpebres ſe fait quelquesfois par nature; c'eſt à dire, par le defaut de la vertu for- matrice au ventre de la mere (comme l'on voit les doigts ſe tenir enſemble, ou le ſiege, ou l'orifice du col de la matrice ) combien que les yeux ſoient bien formez : ce qu'on peut voir à la groſſeur de l'œil dedans l'orbite, & au mouuement de l'œil. Aucunesfois telle choſe aduient par playe, ou par aduſtion , ou par apoſteme, anthrax, & ſouuent par la petite verole, ou autres cauſes. Cure, La cure, c'eſt de mettre la queuë d'vne eſpatule entre les palpebres, la leuant en haut (de peur de tou- cher la ſubſtance de l'œil ) puis faire inciſion auecvne lancette courbée, & ſeparera-on les paupieres l'vne d'auec l'autre : Et ſera playe traittée ainſi qu'il appartient. Et ſe faut donner garde que derechef elles ne s'agglutinent, qui ſe fera y appliquant vn peu de linge delié, & medicamens propres entre-deux, iuſques à ce que la cicatrice ſoit faite. - De Vngula. C H A P. XIV. VT R E indiſpoſition vient aux yeux, appellée Vngula, qui eſt vne excroiſſance de chair membraneuſe, qui peu à peu croiſt ſur la conionctiue, prenant ſon origine le plus ſouuent du grandangle de l'œil, & quelquesfois du petit : aucunesfois couure entierement la con- ionctiue, & autresfois portion de la cornée, aucunesfois la pupille, qui fait que le malade ne voit goutte. Autres ne ſont en leur milieu nullement adherantes contre la conionctiues de façon qu'on peut mettre vne petite ſonde entre-deux.Aucunes ſont de couleur rouge,ci- trine, brune, les autres blanches. Leurs cauſes ſont primitiues, comme coups, cheures, & autres : auſſi Cauſes. peuuent venir des antecedentes,comme fiuxions qui ſe font ſur les yeux.Les ſignes ſeront cogneus de cho- Prernoſtie. ſes predites : l'ongle qui eſt groſſe, large, & fort attachée à la conionctiue,eſt difficile à guarir : fi elle cou- ure entierement la pupille, le Chirurgien n'y doit toucher : car la cicatrice qui demeureroit apres ne Peº- mettroit la faculté animale viſuelle reluire au trauers. Icelles ſont ſouuent accompagnées d'ophthalmie, Cºratiºn demangeaiſon ou cuiſon, auec douleur larmoyante, & tumeur des paupieres. Or quant à la curation, au commencement faut vſer de bon regime de viure, eſtre purgé,ſaigné,principalement s'il y a grande inflam- mation.Et pour les medicamens topiques, afin de conſommer icelle excroiſſance, & prohiber l'augmenta- tion, on mettra ſouuent d'ans l'œil de noſtre collyre de vitriol deſcrit au chapitre des playes des yeux : & fi pour tel remede ne laiſſe à prendre croiſſance, ou qu'on n'euſt eſté appellé au commencement; de ſorte qu'elle fut confirmée,la cure ſera faicte par operation manuelle, comme s'enſuit. - Extirpation Ayººº fitué le patient ſur vn banc à la renuerſe, à demy couché, & tenu ferme par vn ſeruiteur, luy faut de l'Vngula. ouurir les paupieres, & les tenir ſtables par les inſtruments,dit speculum oculi, eſcrit au chapitre des Playes de yeux. Lors le Chirurgien eſleuera & ſuſpendra en haut l'Vngula par ſon milieu,auec certains petitscro- chets : & l'ayant eſleué, faut prſſer vn aiguille enfilée de fil vny entre la coionctiue & l'vngula : puis ſera oſté le crochet, & eſleué l'vngula en haut par le fil, puis commencera à la ſeparer doucement,commençant vers ſon origine, auecvne petite Biſtorie iuſques à ſon extremité, en ſe donnant bien garder de toucher la ſubſtance de la conionctiue ou cornée. Les Figures des Crochets, Aiguille, & Biſtorie ſont telles. Crochets. •Aiguille- . Biſtorie . Puis Operations de Chirurgie. 389 A Puis ſera coupée auec ciſeaux,& ſera appliqué dans l'œil albumen oui cum aqua roſarum,& ſera fouuét renouuellé cettuy remede.Auſſi il faut que le patient ouure & remuë ſouuent ſon œil, de peur que la pal- Pourquoy pebre ne ſe coaleſce contre la partie, d'où on aura tiré l'Vngula.Aucuns practiciens font qu'en lieu de ſe- faut que le parer l'Vngula auec le Biſtorie,prennent le tuyau d'vne plume d'oye bien accouſtrée,tranchante & polie:les malade ou- autres la ſeparent auec vn poil de queue de cheual:& quád elle ſera ſeparée, la faut couper auec la pointe ure é ferme de ciſeaux deliez & bien tranchans, en ſe gardant expreſſément de toucher à la glandule qui eſt au grand ſouuét l'œil. Canthus pource que ſi elle eſtoit coupée,ſon vſage ſeroit perdu , & le patient ietteroit larme touºe ſa vie. or luy ayant coupée, faut maſticher ſel commun & du cumin,& le mettre dans l'œil , de peur que la pau- piere ne ſe reprenne à l'endroit d'où on aura amputé l'Vngula. On pourra mettre par deſſus l'œil des re- percuſſifs eſcrits aux playes des yeux, pour l'inflammation, & autres accidens. Des fistules lacrymales, appellées de Grec •AEgilops. C H A P. X V. 3$ſ V grand coin de l'œil il y a vne glande faite de Nature, pour receuoir & contenir vne humi- Vſage de la # dité, pour lubrifier & humecter l'œil, afin qu'il ne fut par ſes mouuemens deſſeiché : ce que slºnº !º- nous auons aſſez remonſtré cy-deſſus en l'Anatomie de cette partie. or cette glande par fiu-º/"* xions phlegmoneuſes, ou par matiere catharreuſe & pituiteuſe tombant du cerueau , s'apo- - * ſteme & vlcere,& quelquesfois degenere en fiſtule, & par quelque temps ſe fait carie en l'os. Aucunes deſdites fiſtules ſont ouuertes par dehors,principalement la phlegmoneuſe : les autres par dedans, qui ſe fait de matiere catharreuſe, de ſorte qu'il n'appert aucune ouuerture par dehors, fors vne tumeur de groſſeur d'vn poids : & lors qu'on preſſe deſſus, on fait ſortir vne ſanie ſereuſe & rouſſe , autresfois blan- che & viſqueuſe par le coin de l'œil, ou par dedans le nez : aucuns iettent ladite ſanie continuellement: les autres ſont vn mois ou plus ſans rien ietter, qui eſt le propre d'aucunes fiſtules. Les vieilles fiſtules la- chrymales ſont cauſe de rendre l'œil atrophié, & puante haleine, & quelquesfois de faire perdre du tout l'action de l'œil:parquoy eſt beſoin que le patient appelle conſeil,tant du Medecin que du Chirurgien,pour obuier à tels accidens Pour la curation, il faut que les choſes vniuerſelles precedent les particuliers. cure. Donc ſil'vlcere n'eſt aſſez ample, faudra appliquer des tentes d'eſponge : & pour corriger & conſommer Huyle devi. la chair ſuperfluë de ladite glande, on appliquera dextrement au profond , medicamens catheretiques, triol eſt ſie- comme poudre de vitriol calciné, ou de mercure, eau forte, huyle de vitriol, ou vn petit cautere potentiel. eatiue , & Et ſi tels remedes ne profitent, & qu'il y eut carie en l'os & que le patient voulut endurer, on doit vſer de fºrt ºſtrin- cautere actuel , lequel 1e loue plus que le potentiel , pource que ſon operation eſt plus prompte & plus 4º ſeure, & puis bien aſſeurer qu'a pluſieurs ie l'ay appliqué auec heureuſe iſſuë. En tel cas aucuns practiciens veulent que ledit cautere ſoit d'argent, les autres d'or, pource (diſent-ils) que tels metaux ſont plus ex- cellens que le fer : mais quant à moy, ie n'y trouue aucune raiſon : parce que c'eſt touſiours le feu qui opere, & non la matiere des cauteres;que s'il eſt queſtion d'eſtre ſi ceremonieux pour le choix deſdits me- taux, ie trouue par raiſon le fer plus propre à telle operation qu'aucun autre, d'autant qu'il eſt plus aſtrin- gent & deſiccatif que ny l'or, ny l'argent , pource qu'il eſt plus terreſtre, comme l'effect le monſtre és eaux qui paſsét par les mines de fer.La figure du cautere doit eſtre de figure triangulaire,vn peu aigu en ſon extremité,afin que plus próptement il faſſe ſon effect.Et alors qu'on l'appliquera on doit bander l'œil ſain, de peur que le malade ne voye le feu. Et luy ſera tenu la teſte ferme, de peur qu'il ne la tourne de coſté ny d'autre Et ſur l'œil fiſtulé, ſera appliqué vne piece de fer,laquelle ſe cambre ſelon la cauité du grand can- thus de l'œil, en laquelle y aura vn trou qui ſera poſé à l'endroit de la fiſtule, par lequel on appliquera le cautere:ce faiſant on ne touchera nulle autre partie que l'endroit qu'on veut cauteriſer.Et d'abondant,ſert Pareillement de clorre entierement l'œil, de peur que le patient n'apperçoiue ledit cautere : la figure du- quel eſt telle auec la piece de fer. - Difference. La figure du Cautere actuel, & la piece de fer troiiée. Dauantage, le Chi- Aux gran- rurgien auſſi aura égard d§r is, que lors qu'il aPplique- dechirurgie ra le cautere ou fera les paren, quelque autre grande du malade oeuure de Chirurgie , ne doiuent comme couper vn bras, ºſººr. ou autre partie du corps, ou faire quelque ouuerture, & generale- ment toute operation cruelle, iamais ne doit, s'il eſt poſſible, permet- tre y aſſiſter aucuns des parens & amis du malade, fors 1eulement les ſeruiteurs, ou ceux qui puiſſent bien . ? ratiociner & entendre, que tels actes ſe font ſelon l'art, afin de luy donner ayde & ſecours pour la guari- ſon de ſa maladie. Car ceux qui portent folle amitié au patient & qui peu ratiocinenr, tant s en faut qu'ils - V. - - - - - * La ſcience donnent loüange à ton œuure, qu'au contraire la vitupereront, & t'appelleront non Chirurgien, mais n'eſt iamais bourreau : pource que la ſcience n'eſt iamais contemnee, ſi ce n'eſt par gens ignares, empiriques , & lans mſpriſte raiſon. Orapres auoir deuement appliqué ledit cautere, mettras dans l'ouuerture & ſur l'œil & parties que par les voifines, blancs d'œufs agitez en eau roſe, plantain, & morelle : & fera le patient poſé au lict, ou en vne gens ignaret. chaire la teſte vn peu haute , & ſera renouuellé ledit remede, ſubit qu'il commencera à ſe deſſeicher. - Puis ſera procuré la cheute de l'eſcarre, auec vn peu de beurre frais : laquelle eſtant tombée, ſera l vlcere mondifié,puis incarné, & cicatriſé ſelon l'art : & où l'osſera trouué eſtre carie, ſeront appliquez remedes Propres aux caries des os, leſquels declarerons cy-apres. K x 3 198f 39o Dix-ſeptiéme Liure,de pluſieurs — Des staphylomes. C H A p. XV I. Cauſe de #SN ſa s - $ ! A p H Y L o M E , eſt vne tumeur de la cornée de l'œil auec l'vuée, qui vient à cauſe d'vne : $ )% defluxion ou vlcere faite en l'œil, la cornée eſtant relaſchée ou pouſſee en dehors, par vne Staphilome. \ ( -, $ : $ puſtule engendrée au deſſous. Cette tumeur *eſſemble à vn grain de raiſin , en ſa figure & ( \ # \ rondeur,au reſte quelquesfois eſtant de couleur noire quelquesfois blanche. Or ſi la cornée º >ºS * eſt vlcerée & corrodée, de forte que la tunique vuée ſorte par l'vlcere, la couleur du Sta- phylome ſera noire, ſemblable à vn grain de raiſin noir ( pource que la membrane vuée eſt en ſon exte- Asce.Paul, rieure partie noire ) qui s'apparoiſt quand la cornée eſt rompue. Et lors que la cornée n'eſt que relaſchée & non rompue , le Staphylome eft blancheattre comme vn raiſin qui n'eſt encor meur- Les anciens en ont fait pluſieurs differences. Premierement s'il y a petite ouuerture à la cornée, là où l'vuée apparoiſtra , eſt lors appellé teſte de mouſche : & quand elle eſt plus ouuerte, & enſemble dure calleuſe, ſera appellé teſte de clou : & ſi elle eſt dauantage ouuerte,ſera dit grain de raiſin. Et en quelque ſorte que ce mal aduienne, il apporte deux inconueniens & danger, l'vn de perdre & deſtruire la veue : l'autre, de gaſter & defigurer Prognoſtic. le viſage. Le Chirurgien y ſert , non pour reſtituer la veue:car elle « ſt ja perdue , mais ſeulement pour em- bellir l'œil, ce qui ſe fera en coupant ce qui eſt trop eminent : toutesfois le faut donner garde de faire trop grande ouuerture, que les humeurs ne tombent dehors. De l'œil plein de matiere purulente,dit Hypopyon. C H A P. XV l I. Cauſe de $3 L ſe fait ſouuentesfois du pus entre la cornée & l'vuée; ce qui aduient ou de cauſe interne, ou hypºpºycn. externe:de cauſe interne, comme quelque fluxion, & ſouuent apres vne gra de inflammation: le cauſ externe, cóme de quelque coup,de façon que quelque vaiſſeau ſe rompt#uis le ſang Cure S$ etant hors de ſe vaiſſeaux,ſe pourrit Pour la caration on doit les choſes vniuerflles premi- - ſes)appliquer ventoutes & faire ſcarifications, ent mble de fric ions de haut en bas,afin que - l'autre ceil par conſentement ne ſouffre, & appliquer collyres ſedatifs de doul ur & reſolutif . Galien dit 9ººº t** auoir fait vacua ion ie cette matiere purulente en inciſant la cor , ée quelque peu au deſſus de l'Iris qui eſt # #. le lieu où toutes les tun1ques ſe ioignent enſemble. Ce que i'ay fait en la preſence de Iacques Guillemeau Chirurgien iuré à Paris , auec heureuſe iſſue. Et avant fait cette ouuerture, & vuidé la matiere , on mondi- difia l'vlcere auec eau mieillée, ou autre choſe ſemblable. De la dilatation de la pupille, appellée des anciens Mydriiſi. C H A P. XVI I I. - .. .. $ Ne Y D R 1A s 1 s ſelon les anciens, eſt dilatation de la pupille de l'œil, laquelle ſe fait naturel- * Diſferencei N$ #A # lement , ou par accident. Celle qui eſt naturelle, vient de la natiuité , & ne ſe peut repa- de Mydria- $ \. • - # # rer : celle qui ſe fait par accident, eſt doub'e, a ſçauoir qui vient de cauſe antecedente, & - | - - - - - ſis- $ # % l'autre de primitiue. Celle de cauſe ante edente vient par vne defluxion du cerueau : la cu- C *x$ 3 $ re de laquelle ſe fera par le docte & prudent Medecin. A celle qui vient de cauſe primitiue, t4"é°. comme pour vn coup, cheute ou contuſion faite a l'œil, y conuient ſoudain appliquer deſſus choſes reper- C cuil mes, & appaiſer la douleur,& prohiber la fluxion par bon regime de viure,phlebotomie,ventouſes,fri- ctions , & autres choſes que l'on verra eſtre vtiles : puis apres on vſera des r medes reſolutif, comme du ſang de tourterelle, pigeon, ou de quelque volaille, que l on appliquera tout chaud, tant dedans l'œil que d hors, & ſus l'o il & aux parties voiſines tel cataplaſme. 2Z. far. fab. hord. an 3.iiij. olei roſar. & myr- Tºile fomer- tvl.aa.à.i,f. pul. ireos Florent.3 ij. cum ſapa, fiat catapl. Dauantage on vſera de cette fomentation. 2Z. roſ, tatio a ve - rub, myrtill an m.j flor. melil & camom. an. p.jeucum cupreſſ 3.1. vin auºeri tb. R. aquae roſar & plan- tu de redu - tag. an.3.iij. fiat omnium de coct. pro fotu, cum ſpongia. AEgine ta lib. 3 de Re medica, loue pour cette af re lº Fºº fection l eau marine, & en defaut, la ſaumure ; Aetius apres luy , en dit le me 1ne : Actuarius auſſi,Gour- piere. don, & deVigo l'approuuevt. - Des Cataračies. C H A P. X I X. # #. R quelquesfois auſſi par coup, ou cheute, & autres cauſes, ſont faictes cataraêtes,deſquelles # ie traitteray icy le plus briefuement qu'il me ſera poſſible. Cataracte , eſt autrement ap elº le des Grecs Hypochyma, des Latins suffuſio , & du vulgaire maille. Or il ne faut icv diſpu- ( ter des noms, mais de la choſe afin qu'elle ſoit entendue. Parquoy diſons que Cataracte n'eſt autre choſe qu'vne taye ou petite peau, qui naiſt ſous la tunique Cornée , a l'endroit de la pupille ou prunelle de l'œil , nageant ſur l'humeur aqueux : à la difference des taches, macules, & cicatri- Cauſes, ces qui ſont deſſus ladite cornée. Aucunesfois la pupille en eſt du tout couu rte, & aucunesfois ſeule- ment à moitié & quelquesfois n'y a que bien petite portion d'icelle. Ft ſelon icelles differences, l'action D de l'œil eſt de prauée & empeſchée , ou du tout perdue & abolie, à raiſon que l'eſprit l'animal viſuel ne peut reluire au trauers d'icelle taye.Les cauſes ſont exte rieures,ou interieures,Les exterieures,côme coups Lºº ººº ou cheutes,ou auoir eu trop grande chaleur ou froideur àla tefte,qui auroiêt cauſé quelque douleur & fiu- 1º #ſ" xion aux yeux.Les inierieures ſont groſſes vapeur & fumees eſleuées de l'eſtomach par faute de bonne di- # -- geſtion)au moyen d'auoir vsé indu ment de groſſes viâdes,vins forts 8: generalemet toute choſes vapou- tan5 441X7 reuſes,dont ſont faites groſſes vapeurs & fumees corrompues qui montent de l'eſtomach au cerueau : puis yeux, cau ët deſcendent aux yeux par quelque eſpace de temps, leſquelles ſe liquefient & fondent en humeur vilqueux: §. - puis le condenſent & congelent par la froideur des mêbranes,ainſi que voyons en la generation de la glace. #e,é ſelºn Les ſigne peuuent eſlre pris de la deſcriptiô predite parce qu'on void,principalement lors quelle eſt côfir- leur, quali- mée,vne tave,membrane,ou petite p au lur pupille, laquelle eſt quelquesfois blanche, non e,celeſte, cen- tex c ſub- dvée ou liuide , citrine , verde, & quelquesfois reſſemblanta argent vif, ſe monſtrant fort mouuante entre ſtance ſºnt toutes les autres. Toutes leſquelles ſont ainſicolorées ſelon la diuerſité de l'humeur dont elles ſont faites, diuerſ mºt Du commencement que la Cataracte ſe forme, il ſemble au patient veoir en l'air petites mouſches, poils, cºlorées rets & autres diuerſes choſes qui montent & deſcendét,& qu'vne choſe ſoit double:auſſi que la lumiere,& characteres | Operations de Chirurgie. 3 9 I 1: ) | A chara5teres ou images, luy ſemblent plus petits qu'ils n'auoient accouſtumé, à cauſe que la faculté anima- le viſuelle ne peut deuement rcluire , pour l'obſcurité que fait la taye : ainſi que font les nuées leſquelles empeſchent la lumiere du Soleil & de la Lune reluire ſur la terre. Pareillement lors que la Cataracte ſt en ſon accroiſſement, le patient voit moins en plein iour, que vers le ſoir, parce que le iour eſtant en ſa gran- de lumiere, reſout & diſſipe l'eſprit viſuel. Et pour cette cauſe,les ſimulacres , images, & characteres, ſem- blent plus petits en plein iour,que vers le ſoir : à raiſon que l'eſprit animal viſuel le fortifie lors que le lour n'eſt en ſi grande clarté. Dauantage, ſi la Cataracte n'occupe qu'vne portion de la pupille, alors le patient voit choſes obſcures & diuerſes formes,comme des croiſſants ou feneſtres oblongues, & autres corps fan- taſtiques. Car ſi la taye occupe le centre de la pupille , tous objects qui ſe preſenteront à luy, luy ſemble- ront eſtre feneſtres,eſtimant ce qu'il ne void point du milieu des objects eſtre comme ouuertures en iceux. Au contraire, ſi elle occupe la moitié de la pupille, il ne verra & diſcernera que la moitié des obiects, n'a- yantl'vſage libre que de la moitie de l humeur criſtalin : comme auſſi quand elle couure du tout la pupille, & qu'elle eft confirmée, ne peut plus rien diſcerner de ſa veue, fors quelque lueur du iour, de la Lune , & des Eſtoilles, ou de la chapdelle : toutesfois ſans en rien pouuoir diſcerner. Cures des Cataračtes. C H A P. XX. A cure des Cataractes qui commencent à ſe former, ſe fera en ordonnant au patient ſon re- ' : # gime, euitant vins forts, & viandes qui engendrent ſuc phlegmatique & groſſes vapeurs, & , # generalement toutes choſes aigues, comme ſaleures, eſpiceries , als , oignons , mouſtarde, pois,feves,nauets,chaſtaignes, & leurs ſemblables : & principalement le coit immoderé, qui en tel cas eſt fort contraire. Son pain ſera fait auec fenouil, pource qu'il a vertu de clarifier la veue, & prohiber les vapeurs de monter en haut, les diſſipant en l'eſtomach deuant qu'elle puiſſent gai - gner le cerueau par ſa vertu carminatiue. Et pour cette cauſe apres le pait , le patient doit vler de cot - gnac, conſerue de roſes, ou dragee , composee de choſes carminºtiues. Semblablement ſera purgé & 1ai- gné ( s'il en eſt beſoin. ) Pareillement ſeront faites frictions diuerſes , applications de ventoues derriere le col. Auſſi le matin vſera de maſticatoirc , pour faire deriuation des matieres pituiteuſes par la bouche. Quelque ancien practicien nous a laiſsé par eſcrit , que la friction faite des doigts ſur la palpebre , & re- garder ſouuent les eſtoilles du Ciel ( & quelquesfois la Lune en ſon plein ) conſument & diſlipet t la taye, toutesfois non encores confirmée : auſſi fait le regard du miroir d'acier & des pierres precieuſes , & ge- neralement de toutes choſes vertes & luiſantes, a raiſon , peut eſtre , que par la vertu de leurs rayon , & ſplendeur,elles peuuent diſſiper çà & la,& tarir tel humeur Pareillement l'efflation ou ſoufflemeut fait par quelque perſonne (apres la friction faicte ſur la palpebre) qui aye l'haleine douce, ayant malche fenouil, anis,coriande,noix de muguette,clou de girofle,canelle & leurs ſemblables,ſi ainſi eſt que les ayan encore en ſa bouche, luy faſſe efiiation dans l'œil, & le plus pres que faire ſe pourra,& faut continuer tel#e choſe par pluſieurs & diuerſes fois car par ce moyé on eſchauffe, ſubtiliſe, reſoult,rompt,& diſſipe la ca'taract-. -, outreplus on doit vſer de ce collyre qu elcrit de Vigo , lequel a auſſi grande vertu de clarifier la veuë , & C prohiber que les Cataractes ne ſe confirment : & meſmement les diſſipe,& ſouuentesfois les cure.%.hepa- tis hircini ſani & recentis fb.ij. calami aromatici mellis,an.3. ß. ſucci rutha 5.iij. aqua chelidonuæ, fo n1- culi herbent & eufraſix an.3.ii. pipe is longi, nucis muſcata , garyophylloruman. 3. ij. croci ſcrupulum j. floris roriſmarini aliquantulum contriti m. S.ſarcocollae aloes hepatica an.3.iij. fellis raya , leporis & per- dicis an.3.j. Ces choſes ſoient pilées,& puis ſoit odjouſté lacchari albi 3.1j. mellis roſati 3.vj. & le tout en- ſemble ſoit mis en l'alambic de verre,& diſtillee in balneo Mariæ & de cette diitillation en ſoit ſouuent mis aux yeux. Et ſi par tous ces remedes ladite taye n'eſt curée , mais au contraire, ſe forme & engroſſit plus fort alors la faut laiſſer endurcir & confirmer,afin qu'on la Puifle guarir par operation manuelle, qui ſe fera en l'abatant auecque l aiguille comme nous dirons bien-toſt ) car ſi elle eſt trop tendre lors qu'on la vou- droit abatre, l'aiguille paſleroit au trauers,& ne la pourroit-on abatre. Au contraire ſi elle eſt trop dure, difficilement eftabatue. Donc eſt beſoin au Chirurgien cognoiſtrc celles qui ſont confirmées ou non con- firmées.Semblablement celles qui ſont curables, & celles qui ſont incurables : leſquelles choſes ſe peuuent cognoiſtre par les ſignes qui s'enſuiuent. Signes pour cognoiſtre les Cataračtes curables, ou non. C H A P. XX I. R E M I E R E M E N T , celle qui eſt confirmée l'œil ſain eſtant fermé , lors que du poulce on vient doucement à frotter celuy où eſt la Cataracte , & que ſubit on l'ouure, on void que la pupille ſe dilate, & toſt retourne en ſon lieu, en meſme eſtat & couleur qu'elle eſtoit aupara- uant : ſans demeurer elparfe & dilatée.Secondement,ſi le patient ne peut voir & diſcernerau- * cune choſe par le ſens de la veue, c'eſt ſigne infaillible que la Cataracte eſt entierement con- firrrs •ée, Au contraire,ſi le patient void encore , & peut diſcerner aucune choſe par la veue : & auſſi que la Pº F> i Ile demeure dilatée & eſpa ſe apres la friction de l'œil, c'eſt ſigne qu'elle n'eſt encore confirmée. Or a #ºv a oir, pourquoy le Chirurgien oculiſte pour cognoiſtre ſi les Cataractes ſont incurables & confirm « s, cl- ſt l'œil ſain du patient,& frotte l autre ; Eſt ce point afin que l'eſprit animal viſuel de l'œil iain aille en pl vins grande abondance à celuy que l'on frotte,& que l'on fait ouurir promptement ſans l autre,qui fait que la P» v-apille ſe dilate, & la Cataracte ſe manifeſte oculairement : Or les Cararactes qui ſont incurables , font cs= l l es qui s'enſuiuent : c'eſt à ſçauoir celle qui eſt auecques grande dilatation de pupille, & qu'on ne void #*s unement branſler lors qu'on aura frotté la palpebre de deſſus l'œil, ayant clos premierement l'œil ſain &< si ue la pupille de l'œil où eſt la Cataracte ne s'eſlargiſt : car telle choſe monſtre qu'il y a obſtruction au 1n e 1- f optique : au moyen dequoyl'eſprit animal viſuel n'y reluit plus.Parquoy encore qu'on l'euſt abbatue, s>un r,e profiteroit rien. Dauantage s'il y a emaciation on amaigriſſement a l'œil , n'y aura aucune vtilite à *ºs tre la cataracte. Auſſi ſi elle eſt causée par coup ou cheute, & apres grande & extreme douleur de te- *s - Dareillement celles qui ſont de couleur gypeuſe, verte,noire, plombée, citrine, ou de couleur d'argent *f s le plns ſouuent ſont incurables au contraire celles qui ſont de couleur celeſte, ou blanche, ou de cou- S u r dc chaſtaigne,ſont curables : & entre toutes,les celeſte,lors qu'elle eſt accompagnée de quelque blan- Sºeur : & principalement quand elle branſle en la pupille ſubit qu'on aura frotté l œ l où 1 ra ladite Catc- *acte.Il ne faut toucher aux vueilles gens, parce qu'elles viennent par faute d'eſprits viſuels, ny auſſi à ceux ºui ont l'œil fort petit & cnfoncé: - K & 4 bure Pourquoy cn voit 1 iuº claur en lieu vbſcur qn'en plein iour. Fr# # #ons ér vent oºſes. Ccllyre de de Vig°. Cataracfe ; incurables. Pierre Frai- cc en ſon li- 1 re des H.r. miss. 392 Le Dix-ſeptiéme Liure,de pluſieurs Aecidens qu'il faut ap. paiſer deuât qne venir à l'œuure. En qu'elle ſi. twation doit eſtre le -pa- 11º/1f, Preparation de l'aiguille. Operation manuelle. Gal. au cö- ment. ſur Hip. de l'Off. du Medecin. Ce qu'il ob- ſerne apres l'eperation. Remedes ſur les accidens qui ſuruien- ment en l'e- peratioh. -\ - - - - Cure des Cataračtes parl'œuure de main. C H A P 1 T R E. XXI I. $ſ )éN)Ne YA N T ainſi cogneu par ces ſignes la Cataracte eſtre confirmée & curable , ſera procedé \ # par operation manuelle. Toutesfois, ſi le patient a douleur de teſte, toux, vomiſſement, ne % luy faut toucher,iuſques à ce que tels accidens ſoient remis:car en vain tu labourerois. Et % lors que tu voudras ouurer,te faut eſlire vntemps propre pour telle choſe,c'eſt à ſçauoir,en decours de la Lune,& qui ne ſoit au temps de foudres & tonnerres, & au temps que le So- leil eſt au ſigne d'Aries qui regarde ta teſte.Adonc le Chirurgien prendra conſeil du docte Medecin, afin que ſi le patient a beſoin d'eſtre purgé & ſaigné, il le ſoit : de peur qu'il ne ſuruienne aucun ºauuais accident, qui par faute de ce pourroit aduenir.Puis deux iours apres auoir fait les choſes vniuer- ſelles, faut eſlire vn lieu mediocrement clair:& à jeun faire aſſeoir le patient ſur vn banc aſſez eſtroit,le vi- ſage tourné non viz à viz de la lumiere, c'eſt à dire, du iour ou de la chandelle , mais à coſté: & dois de- rechefbien noter que la lumiere ne doit eſtre grande, ce qui eſt commandé par #§ au liure de l'Officine du Medecin, & luy bander l'œil ſain auec cotton, ou choſe ſemblable, afin qu'il ne ſe meuue pendant l'œuure. Puis le Chirurgien s'aſſeira ſur le banc viz à viz de luy ( comme deux fourbiſſeurs ) toutesfois le Chirurgien vn peu plus haut que le malade, luy faiſant poſer les mains à ſa ceinture, & doit embraſſer de ſes iambes les genoux du patient , & qn'il y ait vn ſeruiteur qui tienne la teſte du malade par derriere, afin qu'il ne la tourne ny çà ny là, ains qu'elle demeure ferme & ſtable. Et ayant preparé l'aiguille , qui ſera paſſée pluſieurs fois au trauers de ſon bonnet ou autre accouſtrement, afin de la rendre plus polie & aucunement eſchauffée, pour accomplir l'œuure auec moins de douleur. Ladite aiguille doit eſtre de fer ou d'acier, pluſtoſt que d'or ou d'argent : & la poincte vn peu platte, afin qu'elle entre plus aiément & ab- bate ladite Cataracte : & ſera inſerée dedans vn manche de peur qu'elle ne vacille, comme tu peux voir par ce pourtraict. eAiguille pour abbatre les Cataractes, auec ſon manche . Ayant ainſi ſitué le malade,& preparé l'aiguille, luy commanderas qu'il regarde vers ſon neziadonc po- ſeras ladite aiguille tout droit(iuſques en la cauité de l'œil ſans aucune crainte) dedans la conjonctiue,en- tre le petit canthus & la tunique cornée, droittement au milieu des deux, euitant les veines qui ſont en la- dite conionctiue, & alors pouſſeras la poincte de l'éguille iuſques à ce qu'elle ſoit au milieu de la pupille. Puis eſtant là paruenuë, faut abbatre la cataracte , en commençant à la partie ſuperieure, la tournant tout doucement par le milieu, & l'abbaiſſer tout au bas de l'œil , & toute entiere s'il eſt poſſible. Et eſtant ainſi abbaiſſée la luy faut laiſſer, la tenant ſuiecte de l'aiguille par l'eſpace de dire vne patenoſtre ou enuiron, de peur qu'elle ne remonte , & pendant faire mouuoir vers le Ciel l'œil au malade. Puis faut retirer l'ai- guille en haut,peu à peu en la tournant, & encores ne la tirant du tout hors de l'œil, à cauſe que fila cata- racte remontoit, faudroit derechef la rabbatre vers le petit canthus, tant de fois qu'elle y demeure. Et icy noteras qu'en faiſant telle choſe, ſe faut bien donner garde de toucher à l'humeur cryſtalin ( pource que, comme nous auons dit, il eſt le principal inſtrument de laveue) ny pareillement à la pupille, de peur de la dilater : puis ſera l'aiguille tirée hors de l'œil doucement, en la tournant ainſi qu'elle y auoit eſté mi- ſe,pour crainte que l'on ne retiraſt la cataracte ſur la pupille. Quelques-vns apres l'operation faite preſen- tent quelque choſe au malade pour cognoiſtre s'ii peut diſcerner & voir diſtinctement ou non : ce que tou- tesfois defend Paulus AEgineta liu.6.ch.2 1.parce,dit-il, que quand le malade vient à s'efforcer pour regarder attentiuemt, la cataracte derechef remonte promptement : pourquoy le plus ſeur ſera d'appliquer ſubit vn reſtrinétif ſur l'œil & parties voiſines,fait de albumine ouorum & aqua roſarum,enſemble agitez auec alum de roche crud.Et ne faut remuer ce remede que iuſques au lendemain : auſſi ne faut omettre à bander l'œil ſain,comme nous auons dit:car s'il n'eſtoit bâdé,ſe mouueroit,& ce faiſant l'œil malade ſe remueroit auſſi, pour la grande colligance qu'ils ont enſemble comme nous auons dit : & partant la cataracte pourroit re- monter.Le malade eſtant ainſi bandé, doit eſtre posé dans vn lict la teſte aſſez haute. Et ne doit parler que le moins & le plus bas qu'il pourra, & doit eſtre hors du grand bruit, & ne doit maſcher choſes ſolides:car en maſticant pourroit faire remonter la cataracte : mais vſera de panade, orge-mondé ou amandé, coulis, preſſis,gelée,œufs mollets,& leurs ſemblables.Etayant ainſi demeuré par l'eſpace de huict iours,le faut deſ- bander & luy lauer l'œil d'eau roſe, & luy commander non regarder promptement grande clarté, luy fai- ſant porter deuant l'œil taffetas vert ou lunettes, iuſques à ce qu'il puiſſe bien tolerer la clairté ſans dou- leur.Et s'il aduenoit quelques iours apres que la cataracte remontaſt ſur la pupille,alors la faut rabbatre de- rechef comme deſſus : mais il ne faut paſſer l'aiguille au lieu où elle aura eſté posée auparauant, à raiſon qu'il eſt plus douloureux. Or quelquesfois la cataracte n'eſt abbatue entiere, mais ſe rompt par pieces: adonc faut abbatre toutes les pieces I'vne apres l'autre : & encore qu'il en demeuraſ quelque petite por- tion, ne faut douter qu'elle ne ſe conſomme par le benefice de la chaleur naturelle : pareillement aucunes cataractes en les voulant abbatre, deuiennent comme laict ou eau trouble, à raiſon qu'elles ne ſont enco- res aſſez dures : & combien que telle choſe aduienne , ſi eſt-ce qu'il y a eſperance de guanſon, pource que puis apres elle ne ſe peut r'aſſembler, & apres quelque temps l'o il ſe clarifie, principalementaux ieunes. S'il ſuruenoit quelque accident, on prendra nouueau conſeil , diuerſifiant les remedes ſelon qu'il en ſera beſoin. ·! | Operations de Chirurgie 393 A Du conduit de l'oreille bouché naturellement, ou paraccident, & des choſes eitranges qui tombent dedans. C H A P. XXI I I. 9:s$ VE L Q v E s F o 1 s aux petits enfans nouuellement nez , on trouue les conduits des oreilles Cauſe. # bouchez, à raiſon de quelque chair, ou membrane procrée au fond, en la ſuperficie des oreil- , les. Elle eſt bouchée auſſi par accident depuis noſtre natiuité, à cauſe de quelque apoſteme, Sè playe ou vlcere : au moyen dequoy y ſuruient quelque chair ſuperflue. Lors que l'obſtruction ſe Cure. faict au profond, la cure eſt plus difficile, que quand elle eſt à la ſuperficie. Et pour la curation la faut in- ciſer & couper, ou la conſommer & corroder auec medicamens acres & corroſifs. Or il faut traitter ce mal Senſibilité bien curieuſement,de peur de faire tomber le malade en conuulſion, & le faire mourir pour la grande ſen- de la partie. ſibilité de cette partie, & auſſi pource qu'elle eſt proche du cerueau. Quelquesfois auſſi le conduit de l'o- Autres cau- reille eſt bouché par choſes eſtranges qui ſont tombées dedans : comme petites pierres, verre , balotte de ſes. plomb, d'or au † , de fer, & ſemblable matiere, perles, noyaux de ceriſes, pois, graines, & autres choſes. Les corps ſolides demeurent touſiours és oreilles en leur propre grandeur : mais les pois & grai- nes,& noyaux de ceriſes, s'imbibent & enflent de l'humidité qui naturellement eſt aux oreilles : & partant cauſent de tres grandes douleurs. Parquoy le pluſtoſt que l'on les pourra tirer, c'eſt le meilleur, qui ſe fe- ra auec petites pincettes & inſtrumens courbez en maniere de cure-oreille : & ſi ces choſes eſtoient ſi fort enflées que l'on n'y peuſt remedier par ce moyen, on les tirera auec vn petit tire-fond, dequoy on tire les bales de plomb. Les pierres & autres corps durs ſeront tirez auec inſtrumens propres : & ſi on ne le peut Le moyen faire par ce moyen, on mettra vn peu d'huyle d'amendes douces dans les oreilles,& autres ſemblable:puis d'extraire on fera touſſer le malade , le prouoquant à eſternuer par ſternatutoires , & fermera la bouche ſerrant les les pierres & narrines auec les doigts quand il eſternuera afin de faire ſortir hors de l'oreille ce qui eſt contre nature par ºPº ºrº I'impetuoſité de l'air agité, cherchant iſſuë par vne violente commotion & esbranſſement de tout le corps. ** Et ſi tels remedes ne profitent , faut faire vne petite inciſion au profond de l'oreille , afin de donner lieu aux inſtrumens pour extraire les choſes eſtranges. D'abondant quelquesfois il entre en l'oreille de petites . beſtioles comme puces, punaiſes, fourmis, mouſcherons, perce-oreilles, & autres ſemblables : toutes leſ- #.# quelles peuuent eſtre tuées, inſtillant de l'huyle ou vinaigre. Et quant à la petite beſtiole de perce-oreille, petites be- on la pourra attirer, appliquant la moitié d'vne pomme douce joignant l'oreille:car cette petite beſtiole la ſtieles des voulant grignotter , ſera ſoudainement tirée, comme nous auons dit cy-deuant en l'Introduction. oreilles. La maniere detirerles areſtes,& autres choſes eſtranges qui s'attachent à la gorge . C H A P 1 T R E XXIV. O v v E N T en mangeant on aualle des areſtes, ou quelques petits os,ou autre choſe eſtran-ºººººº · ge. Si en ouurant la bouche on les peut voir, ſeront oſtées auec pincettes longues & eſtroit-º oſter tes, courbées comme vn bec de grue : & fi on ne les peut apperceuoir, il faut que le malade #º * aualle vn morceau de pain mollet, ou vne figue ſeiche bien peu maſchée , cru autre choſe : ou # à #sº bien le faire vomir : car par ce moyen la choſe eſtrange eſt ſouuent pouſſée dehors : ou bien a forge. ºn prendra vn pourreau courbé de groſſeur que l'on cognoiſtra eſtre neceſſaire, luy ayant coupé le bout e la teſte, laquelle ſera huylee:& ayant fait ouurir la bouche du malade, ſera mis dans le goſier aſſez pro- La toux pre, fondement, tant de fois que la choſe eſtrange ſoit iettee en bas, ou retirée en haut. Et où porreau defau ſite à ceux droit, on prendra vn plomb approprié à ce faire, de figure de porreau. Or s'il y a quelque choſe eſtrange qui ont quel- qui ſoit entrée en la trachée artere, il faut prouoquer la toux auec quelques choſe aigres, & ietter de- que choſe at- dans le nez vn ſternuatoire : car en faiſant cette grande agitation par l'expiration violente, ſouuent ces !ººº à la choſes eſtranges ſont iettées hors. irachée ar- /677'é'• De la douleurdes dents. C H A P. XXV. # A douleur des dents eſt la plus grande & cruelle qui ſoit entre toutes les douleurs , ſans mort: Hiſtoire tou- & pour la preuue,ie la laiſſe à ceux qui en ont eſté vexez. I'ay memoire qu'vn valet de Chambre #. #. ſ/"MAM! €' s de defunct Monſeigneur le Conneſtable eſtant à Chantilly, me dit , que pour vne extreme dou-#, leur de dent qu'il auoit, s'il n'euſt eu peur d'eſtre damné , il ſe fuſt jetté par vne feneſtre dans les foſſez, & ſe fuſt noyé, pour eſtre exempt de ſa douleur : dauantage me dit, qu'en vingt - quatre heures il ſe fit vne apoſteme ſur la genciue , qui ſe ſuppura à l'endroit de ſa douleur , & peu de iours apres ſa dent tomba en pieces, qui monſtre que les dents peuuentapoſtumer, & pourrir comme les autres os : ce qu'on void, parce qu'elles ſe pertuiſent, & corrodent , & par cette pourriture les vers s'y engendrent. C e qui eſt prouué par Hippocrate au liure 4. des Epidemies, en l'hiſtoire de Hegeſiſtratius, diſant que les dents peuuent endurer tumeur contre nature en leurs propres corps : ce qu'il recite comme vn grand miracle de Nature,attendu que les tumeurs ne viennent ſinon aux lieux où il ſe peut faire extenſion.Dauantage Ga- lien liu.5.chap.8.de la compoſition des medicamens ſelon les lieux, dit auoir eſprouué en ſoy-meſme, lors qu'il fut trauaillé d'vne forte douleur de dent, que non ſeulement le nerf & la membrane qui lie la dent, eſtoit trauaillée de douleur, mais auſſi la propre ſubſtance de ſa dent eſtoit douloureuſe & agitée de phleg- mon;& de la meſme pulſation que les parties charneuſes : & dit qu'il tient cela pour choſe efmerueillable, pour la grande dureté de la dent, comme la pulſation ſe peut faire pour la difficulté de l'extenſion.La cau-ºſ* ** ſe de la douleur des dents vient de cauſe antecedente, ou de primitiuc : d'antecedente, comme rheume & douleur des fluxion chaude ou froide,tombant ſur icelles,qui remplit l'alueole;de façon qu'elle pouſſe la dent hors,qui dents. fait qu'elles ſont ſouuent auancées en dehors , tellement que le malade n'oſe, & ne peut aucunement maſ- cher deſſus pour l'extreme douleur qu'il ſent, la fluxion fait qu'elles ſont relaſchées, qui cauſe les faire branſler, & ſi elles ſont corrodées , creuſes, & pertuiſées iuſques à la racine, lors que le malade boit , ſur Les # tout quelque liqueur froide, 1l luy ſemble qu'on luy donne vn coup de poinçon dedans. # # - Les ſignes que la cauſe eſt chaude, c'eſt que la douleur eſt aigue & poignante, comme ſi on mettoit des §i , ſt aiguilles dedans On ſent auſſi vne grande pulſation en ſa racine, & aux temples, pareillement ſera cogneue faite de ma- quand on applique remedes froids qui appaiſent la douleur.Les ſignes que la cauſe de la douleur eſt froide, tiere chaude c'eſt que le malade a grande peſanteur de teſte, & iette beaucoup de ſaliue & d'humiditez par la bouche, & ou froide. la s 94 Le Dix-ſeptiéme Liure de pluſieurs A^ - rhrſier Cure. Remedes ſe- datif de douleur en mat iere chaude. Remede ſou- f16 17 ! eſbrou- »ié. Tel remede ſe de toſt la douleur. - ". • - " la doulear de cauſe freide. Exterience faicte ſur l'Autheur. Remede pour matiere «haude. la douleur s'appaiſe par remedes chauds : & en ces douleurs, ne faut que les Barbiers & denateurs ( c'eſt à dire arracheurs de dents ) ſe haſtent trop ſubit les arracher ſans le conſeil des plus aduiſez qu'ils ne ſont quelquesfois. Pour la cure il y a trois intentions : La premiere eſt, ordonner le regime : La ſeconde purger la matiere antecedente : La troiſieſme application des remedes particuliers propres à ſeder cette extreme douleur. La premiere intention eſt,ordonner le regime ſur les ſix choſes non naturelles.La deuxieſme eſt,vacuer la ma- tiere antecedente, comme s'il eſt beſoin qu'il ſoit ſaigné & purgé : auſſi pour diuertir la fluxion, on appli- quera des ventouſes derrier le col,& ſur les eſpaules : & ſi la matiere eſt chaude, on appliquera ſur la gen- ciue à l'endroit de la douleur , des ſang-ſues pour vacuer la matiere conicnctiue, & ouurira on les veines de deſſous la langue : ce que i'ay veu par pluſieurs fois,& ſedé des douleurs extremes:mais auparauant que les appliquer,ie faiſois petite ſcarifications aucc vn déchauſſoir de dents.La tierce intention ſera accomplie en appliquant pluſieurs remedes contrarians à la cauſe de la douleur : comme ſi la matiere eſt chaude, il faut tenir en la bouche vin de grenade, auec eau de Plantain, & vn peu de vinaigre boüilli auec roſes & ſu- mach, & fleurs de grenades. Il faut icy noter que les ſedatifs de la douleur des dents, doiuent eſtre de te- nue ſubſtance à cauſe qu'elles ſont fort dures : & partant les anciens ont touſiours voulu mettre du vinat- gre, parce qu'il eſt incif & penetratif. Autre. - Prenez roſes rouges, ſumach,orge, de chacun vne demie poignée, ſemence de iuſquiame concaſſée deux dragmes , de tous les ſandauls de chacun vne dragme, laictuë , ſommité de ronces, morelle , plantain, de chacun demie poignée.le tout ſera boüilly en quatre liures d'eaux commune,& vn peu de vinaigre,iuſque, à ce que l'orge ſe creue , & d'icelle decoction en ſera tenuë en la bouche vn peu tiede. Autre. Prenez ſe- mence de iuſquiame , ſandaracha , coriandre, opium de chacun demie dragme , le tout pilé & incorporé auec vinaigre, & en ſoient formez trochiſques,puis en ſoit appoſé ſur la dent douloureuſe.Autre trochiſ- que. Prenez ſemence de pourpié, de iuſquiame,coriandre, lentilles, eſcorce de ſandal citrin , roſes rouges, pyrethre, camphre , de chacun demie dragme, & ſoient pilées enſemble auec fort vinaigre, & ſoient for- mez trochiſques : lors qu'on en voudra vſer, on en prendra vn ou deux auec eau roſe , & en ſera frottee la genciue,& tenu en la bouche.Autre remede. Si les genciues ſont relaxées, faut que le malade ſe gargariſe de choſes froides & aſtringentes , comme oxycrat, auquel on aura fait boüillir noix de cyprés, myrtilles, & vn peu d'alum : & ſi la douleur ne ceſſoit , faut vſer de narquotiques, pour ſtupefier le nerf. Exemple. 2Z. ſeminis iuſquia.alb. opij, comph. papau.alb. an. q.ſ. coquantur cum ſapa , & ſoit appliqué ſur la dent. Pareillement ſera mis dedans l'oreille ce qui s'enſuit.2Z. opij, & caſtor. an. 9. j.miſceantur cum oleo ro- ſat. L'ouuerture de la veine qui eſt au derriere de l'oreille, ſede la douleur ( choſe par moy ſouuent expe- rimentée ) autres la font au milieu de l'oreille par dedans, au deſſus du troup de l'oüye : auſſi vn petit em- pla?re de poix & de maſtic, poſé ſur l'artere de la temple, du coſté de la douleur. Pour ſeder la douleur de cauſe froide, prenez aux de vie meſlée auec vne decoction faite de vin & vinaigre, roſmarin, ſaulge, pyre- thre,& vn peu de theriaque,& ſoit posé ſur la dent. Autre.Prenez amoniac diſſoult en eau de vie,& vn peu de ſandaracha, de myrrhe,& ſoit appliqué ſur la dent: choſe louée & approuuce de Vigo. Autre. Meſué dit que pour ſeder la douleur,faut tenir des ails pilez en la main du coſté de la douleur. Autre pour vne extreme douleur de dents que i'auois,vne petite bonne femme me conſeilla y mettre deſ- C ſus vne goſſe d'ail vn peu cuitte ſous les cendres & la mettre la plus chaude que ie pourrois endurer:ce que iè feis, & toſt apres ma douleur fut ceſſée, tellement que depuis ie l'ay practiqué en pluſieurs, où l'on a veu vn effect merueilleux : auſſi on en mettra dedans l'oreille.Autre.2Z. rad.pyret.3.B. ment. & rut.an.p. bulliant in aceto, & d'icelle en ſera tenu chaud en la bouche. Autre. Faites fumigation de graines de colo- quintcs, & de mouſtarde, & d'ails, receue par entonnoir à la dent, du coſté de la douleur : auſſi on mettra en l'oreille huyle de caſtor, ou de girofle,ou autre tirée par quinte eſſence. Autre. Soit fait parfum ou ſuf- fumigation ainſi que s'enſuit.24. rad Pyreth.gingib. cinamo.alum. roch, ſalis communis, nuc.moſcat,nuc. cupreſ. aniſ ſem. ſinap. euphorb. De ces choſes en ſera pris & faite decoction en oxycrat , & à la fin ſera adiouſté vn peu d'eau de vie, & cn ſera receue la vapeur, ou fumée par vn entonnoir : auſſi en fera fait gar- gariſines : dauantage en ſera mis vne goutte ou deux dedans les oreilles auec vn peu de cotton. Autre. Soit appliqué vn veſicatoire au deſſous des oreilles , à ſçauoir, en la cauité où l'on conioint la mandibule infe- rieure la douleur ceſſe d'autât qu'en cette partie il y a veine,artere & nerf, leſquels ſe diſtribuent aux raci- nes des dents,& par la veſiccation on fait vacuation de l'humeur ja flué,& de celuy qui de coule, & partant la douleur s'appaiſe : ce que i ay fait pluſieurs fois. On fera tenir en la bouch : du malade du vin , auquel on aura fait boüillir ſemence de iuſquiame , ou mandragore. Dauantage prenez , racines de tithymal, boüillies en vin & vinaigre , & d'icelles qu'il en ſoit tenu en la bouche, ce remede eſt bien approuué, ſi la dent eſt pertuiſée, & que le malade ne vueille per- mettre l'arracher pour appaiſer vne extreme douleur:il n'y a rien plus aſſeuré, que d'y appliquer choſes cauſtiques, comme huyle de vitriol,ou eau fort ou le cautere actuel:car par cette cauteriſation,on bruſle le nerf, lequel eſtant bruſlé n'a plus de ſentiment, & n'en ayant plus, ne peut faire douleur. lors que les gen- D ciues & les ioues s'enflent au dehors c'eſt bon ſigne : car la douleur ceſſe , à cauſe que la Nature a pouſſé l'humeur du dedans,au dehors:& ſi on veut faire tomber la dent par pieces, faut prendre laict tithymal , & poudre d'encens incorporez auec vn peu de fieur d'amidon, en faire paſte , & cn ſoit cnucloppee la dent ſans toucher aux autres. ,! - - - De pluſieurs indiſpoſitions qui ddtiennent aux dents. C H A P. XXVI. $y à42 L y a autres vices & accidens qni aduiennent aux dents , à ſçauoir quand elies ſont relaxées, ſ$ 4 qu'ellcs branfient,pourriture,corruption,pertuiſement,& des vers engendrez en icelles, con- 3 gelation , & autres. Les dents branſlent pour la relaxation des genciues, qui fe fait de cauſe # primitiue, comme cheute ou coup : & auſſi par cauſe antecedente , conme fluxion qui deſ- : S cend du ceruean:ou pour certaines vapeurs eſlcuées de l' ftomach, & quelquesfois par faute des nourriſſement, ce qu'on void aux vieilles gens : pareillement par corroſion de certain humeuracre qui r,ann »en tombe aux geºeºes Cr le branflement qui vient par ſeichereſſe & defaut d aiiment, eſt pernicieux,com- incurable , me teſmoigne Hippocrate en l'aphor. 246, aux Coaques, & iamais ne ſe cure : mais les autres ſeront aidez 2 nanº par par choſes contraires. Et premierement le malade euitera de maſcher choſes dures, & de trop parler. ſºichereſſ . # # ir•. Si le branſlement vient par coups ou cheures , & ſi elles ſont aucunement hors de leur place, le Chirur- gien les reduira , & les liera aux autres proches qui ſont fermes & entieres, & ne les doit - on acheuer d'arracher : car clles ſe peuuent r'affermir & tenir fermement en leurs alueoles. Ce que i'ay encores de puis Operations de Chirurgie. 39s A depuis n'agueres fait à vn mien voiſin & amy, nommé Antoine de la Ruë, maiſtre tailleur d'habits, demeu- rant au bout du pont Sainct Michel, lequel receut vn coup de poumeau de dague ſus la mandibule inferieu- re, tellemement qu'elle fut entierement fracturée, & trois dents miſes & renuerſées à la bouche, & Preſ- que du tout hors de leurs alueoles : toutesfois la fracture de la mandibule fut reduite , & les dents remiſes en leurs places, liées & attachées auec vn fil en double, ciré,auec les prochaines. Ie luy ordonnayviandes qu'il ne falloit maſcher,comme Preſſis,coulis,orge-mondé,panade,gelée,ius d'éclange de mouton,& autres ſemblables : auſſi lauemens & gargariſmes aſtringens, & autres choſes neceſſaires à la fracture, & ainſi fut guary, de façon qu'auiourd'huy il maſche autant bien deſſus leſdites dents qu'il fit iamais ( partant le ieune Chirurgien fera le ſemblable lors qu'il ſe trouuera en tels accidens. Or poſont le faict qu'il y euſt vne dent Aduertiſſe- miſe du tout hors de ſa place par quelque coup, ou par l'imperitie de l'arracheur de dents, ou du malade meut au Chi- qui luy en auroit fait tirer vne bonne peur vne mauuaiſe, on la doit promptement remettre droitement en rurzein. ſa place, & la bien lier auec les autres proches, & par ce moyen elle peut reprendre Vn homme digne Hiſtoire. d'eſtre creu, m'a affirmé qu'vne Princeſſe ayant fait arracher vne dent, s'en fit remettre ſubit vn autre d'vne ſienne Damoyſelle, laquelle ſe reprint : & quelque temps apres maſchoit deſſus comme ſur celle qu'elle auoit fait arracher au parauant : cela ay-je oüy dire,mais ie ne l'ay pas veu : & s'il eſt vray,il peut bien eſtre. Si le branſlement vient par rheume diſtillant du cerueau, ou par vapeurs eſleuées de l'eſtomach, on y reme- diera par leurs contraires; & auſſi par gargariſmes & opiates fait de choſesaſtringentes,comme berberis,ſu- . mach,nuc.cupreſſi, alum. rochae, centinod.equiſeti, ſucciaeaciar,& leurs ſemblables. Dauantage le malade . · tiendra ſouuent en ſa bouche vn peu d'alun de roche, le tournant tantoſt d'vn coſté, tantoſt de l'autre . L'eroſion ſe fait par vn humeur aigu & acre, qui les corrode & pertuiſe, voire ſouuent iuſques en leurs De ln pºurri racines. Pour corriger cette pourriture (apres auoir fait les choſes vniuerſelles ) on appliquera dedans le tures éroſion trou huile de vitriol, ou eau forte , ou vn petit cautere actuel , ſelon qu'il ſera neceſſaire : & s'il eſt beſoin é pertuiſe- (de peur qu'on touche à autre partie qu'au lieu qu'on veut cauteriſer) on mettra leſdits cauteresauec vne mºt dº # cannule, afin de corriger la pourriture & eroſion. Or ſi le pertuis eſtoit entre les dents, comme ſouuent & º º aduient, de ſorte qu'on ne peut appliquer nulle des choſes ſuſdites,on limera entre la dent ſeine & celle qui ººº eſt pertuiſée tant qu'il ſera beſoin. On lime pareillement les dents quand elles pouſſent outre les autres,& # di- font deſplaiſir à maſcher, & à la perſonne, comme l'on voit aux ſourdents. Or cela eſt eſmerueillable que eau. les dents ne ſentent pas quand on les lime ou bruſle, & pour occaſion plus legere ſentent douleur, ainſi. / qu'on voit quelques-vns auoir douleuraux dents,ſi ſubit qu'ils entendent le ſon & bruit d'vne lime raclans 7 ſur quelque feraſſez rudement. Areté dit, que Dieu ſeul en ſçait la cauſe. · · · - Figure des limes à limer les dents. Et pour returner à noſtre propos, ſera faite ouuerture telle qu'il ſera neceſſaire pour appliquer les cho- ſes ſuſdites, & prendra-on plus ſur celle qui eſt erodée, que ſur la ſaine. Et pour faire mourir les vers, faut appliquer choſes cauſtiques, auſſi pyrethre deſtrempé en vinaigre, ou theriaque diſſout en meſme li- queur : feront auſſi appliquez ails, ou oignons, ou vn peu d'aloes. a congelation vient pour trop vſer de viandes aigres, ou par aucunes vapeurs mauuaiſes qui montent de l'eſtomach en haut, ou pour quelque defluxion froide tombante du cerueau deſſus les dents, ou pour auoir tenu en la bouche choſes trop froides, & narquotiques. Pour la cure, les choſes vniuerſelles faites, il faut 1 ien § tenir eau de vie ou de bon vin, auquel on aura fait boüillir ſauge, roſmarin , & autres ſemblables,herbes, dormiſſemens cloux de girofle, & noix muguettes : de laquelle decoction en ſera tenu en la bouche. Les dents s'arrachent des dents. pour l'extreme rage, & douleur qu'on y ſent, ou pource qu'elles ſont creuſes & pourries, qui fait que l'ha- leine eſt renduë de mauuaiſe odeur, & auſſi qu'icelle pourriture gafte & altere les autres dents qui ſont ſai- mes & entieres. Dauantage on les arrache quand elles ſont forjettées hors de leur rang , & les appelle-on ſourdents, qui viennent aux enfans deuant que la premiere ſoit tombée.Alors il faudra déchauſſer eelle qui deuoit tomber, puis l'arracher, & tous les iours pouſſer la fourdent auec les doigts en la place de celle qui aura eſté arrachée, iuſques à ce qu'elle ſoit en fon lieu naturel. On les rompt aufh à cauſe qu'elles tiennent par trop, afin d'inſtiller quelque choſe en leurs racines, ou les racines, ou les cauteriſer plus aisément,afin d'oſter le ſentiment au nerf qui s'inſere en leurs racines.Les dents ne doiuent eſtre arrachées par grande vio- lence,de peur de luxer & démettre la mandibule inferieure,ioint que par l'extraction violente on fait gran- de concuſſion au cerueau,& aux yeux.Auſſi ſe faut donner garde de tirer vne bonne pour vne mauuaiſe : car ſouuent meſme le malade ne la ſçait,à cauſe qu'il ſent vne ſi extreme douleur en toute la mandibule, qu'il ne peut connoiſtre celle qui eſt viciée d'entre les autres. On ne les doit arracher tout à coup, de peur de rom- pre & emporter vne partie de la mandibule(ce que i'ay veu par plufieurs fois)dont peuuent furuenir de bien grands accidens,comme fiévre,apoſteme,flux de ſang,& par conſequent la mort : & auſſi quelque-vn,en ont eu à iamais la bouche torfe, ne la pouuans que bien peu ouurir : & partant on ſe doit garder de les arracher par violence, principalement lors qu'elles ne braflent aucunement : & dauantage , ſi elles font creuſes, on doit remplir le pertuis de liege ou de plomd bien accommodé, de peur qu'en les ſerrant elles ne ſe ſoient froiſſées & rompues,& que # racines demeurent dedans la mandibule; qui cauſeroit de grands & mauuais accidens, parce que la dent ou racine d'icelle, eſtant encore conioincte & attachée au nerf ſubjet à la flu- xion, la douleur ſeroit pluſtoſt irritée & augmentée que ſedée : à laquelle il ſeroit bien plus mal-aiſé de re- medier, tant par l'arrachement & extirpation de ce qui reſte de la dent, que par le cautere & autres reme- des, eſtant cedit reſte enfoncé & couuert de la genciue, ainſi que i'ay veu arriuer quelquesfois. | ALºg Pour faire ºhourir les "Uer'5. De la ſfu- Peur conge . | | -- 396 Le Dixſeptiéme Liure, de pluſieurs Les inſtrumens pour arracher& rompre les dents. - C H A P. X X V II. 2 # * M * F R E M E N T deuant qu'arracher les dents il faut que le malade ſoit aſſi bas , ayant la teſte entre les iambes du dentateu§ puis qu'il les deſchauſſe prof § ment d'alentour de leurs aueoles, auec deſchauſſ§ que tu as icy § † § *Pres les auoir deſchauſſées, ſi on voit qu'elles tie§ peu , ſeront § & i tées hors auec vn Pouſſoir, duquel tu as icy la figure marquée par B. Auſſi § Polican re- connoiſt que la dent ne puiſſe eſtre arrachée Parle Pouſſoir , on prendra vn dauier qui quiert vn † Pº P » lequel eſt propre à rompre la dent qu'on veut caſſer § † ***r- exercé à tirer des d s ay ſera des policans marquez par C c, & ºuy Par E , ſelon que le dentateur ſe ſera ºnts : car Veritablement il faut eſtre bien induſtrieux à l'vſage des policans, à cauſe que L'vſage du eité. ſion ne s' ſca - - - - - - - gaſtée §" ºn ayder, on ne peut faillir a ietter trois dents § b§ » & laiſſer la mauuaiſe & - - - ſ - - - - Figure d' vn Pouſſoir, c Déchauſſoir. Figure d' vn Dauier & Polican. Hiſtoire. Qu'il ſoit vray, ie veux icy reciter vne hiſtoire d'vn Maiſtre Barbier, de- meurant à Orleans, nom- mé maiſtre François Louys, lequel auoit par deſſus tous , l'honneur de bien arracher vne dent ; de façon que tous les Sa- medys pluſieurs payſans ayans mal aux dents ve- noient vers luy pour les faiſoit fort dextrementauec vn Polican, & lors qu'il auoit fait, le iettoit ſur vn ais en ſa boutique. Or auoit-il vn ſeruiteur nouueau, Picard, grand & fort, qui deſiroit tirer les dents à la mode de ſon maiſtre. Arriua cependant que ledit François Louys difnoit, vn villageois requerant qu'on luy arrachaſt vne dent, ce Picard print l'inſtrument de ſon maiſtre, & s'eſſaya faire comme luy : mais en lieu d'oſter la mauuaiſe dent au pauure villageois, luy en pouſſa & arracha trois bonnes. Et ſentant vne douleur extreme, & voyant trois dents hors de ſa bou- che, commença à crier contre le Picard : lequel pour le faire taire luy dit qu'il ne dit mot, & qu'il ne criaſt ſi haut, attendu que ſi le maiſtre venoit , illuy feroit payer les trois dents pour vne. Dont le maiſtre oyant tel bruit, ſortit hors de table pour ſçauoir la cauſe & raiſon de leur noiſe & conteſtation : mais le pauure payſan redoutant les menaces du Picard , & encore apres auoir enduré telle douleur, qu'on ne luy fiſt payer triplement la peine dudit Picard , ſe teut n'oſant declarer audit maiſtre ce beau chef-d'œuure : & ainſi le pauure badaut de village s'en alla quitte; & pour vne dent qu'il penſoit faire arracher, en remporta trois en ſa bourſe, & celle qui luy cauſoit le mal, en ſa bouche. Partant ie conſeille ceux qui voudront faire arracher les dents » qu'ils aillent aux vieux dentateurs , & non aux ieunes, qui n'auront encore ICCOIlIlCl4 faire arracher , ce qu'il ' | Operations de Chirurgie 3 97 C *. N A recogneu leurs fautes. or apres qu'on aura arraché les dents, il faut aſſez laiſſer ſaigner le malade,afin que par ce moyen la partie en ſoit deſchargée : puis le dentateur de ſes doigts comprimera à l'endroit de la ce qu'il faut genciue, le lieu duquel l'on aura arraché la dent, tant d'vn coſté que d'autre, afin de reduire & r'aſſembler faire apres l'alueole qui aura eſté eſlargy,& quelquesfois rompu en tirant la dent : & apres on fera lauer la bouche au aºoir arra- malade auec oxycrat ; & ſi c'eſt en temps froid, gardera de s'expoſer au vent, de peur qu'il ne ſe faſſe vne ché la dent- nouuelle fluxion ſur les autres dents. De la limoſité ou roiiillure des dents, & la maniere de les conſeruer. C H A P 1 T R E XXV III. • 7 L faut apres le repas lauer la bouche d'eau & vin, ou eau auec vn peu de vinaigre : ſembla- S\%2 blement les nettoyer, afin qu'il ne demeure quelque petit reſte de viande, laquelle ſe cor- yº romptentre les dents, qui fait qu'apres elles s'alterent & pourriſſent, & font que l'haleine eſt $i de mauuaiſe odeur. Auſſi il ſe concrée vne matiere terreſtre, comme vne roüille ſur icel- - $ les , de couleur jaunaſtre, qui les corrode comme la roüille le fer, ce qui aduient par faute Cauſes. de les nettoier & de ne maſcher deſſus : il faut oſter & racler telle matiere auec petits inſtruments propre à ce faire , puis apres ſeront les dents frottées d'vn peu d'eau forte, & eau de vie meſlée enſemble , afin d'oſter le reſte que les inſtruments n'auroient peu faire. Pour les conſeruer ne faut maſcher choſes par d trop dures, ny rompre noyaux, ny os , & autres ſemblables : auſſi qu'on ne les cure ordinairement auec # ## choſe qui les déchauſſe, & qu'on les frotte auec dentifrices faits de racines de guimauues boüillies en vin # # les blanc & alum de roche,& ſoient ſouuent frottées les dents:auſſi la poudre faite d'os de ſeiche,pourcelaine, #. pierre ponce , alum cuit, corne de cerf, & vn peu de canelle y eſt ſouuerainement bonne : aucuns ne prennent que de la crouſte de pain bruſlé miſe en poudre. Eau pour blanchir les dents fort excellente.2Z. ſal. amm. & gemm. an.3.j. alum. roch. 3. fi-addendo aquae roſarum quod ſufficit, & fiat diſtillatio , de laquelle vſerez, & en frotterez vos dents. De l'empeſchement & retraiion de la langue . C H A P 1 T R E XXIX. Nº© E M P E s c H E M E N T & retraction de la langue aucunesfois eſt naturelle , eſtant la )# langue retenuë par les muſcles & membranes, qui dés le premier iour de leur natiuité, ſont Cauſe . Nºs# ou trops durs, ou trop courts. Quelquesfois auſſi vient par accident, à cauſe de quelqueci- # catrice dure , apres vn vlcere fait ſous icelle. On cognoiſt ce vice eſtre naturel , quand le ., - malade du commencement eſt fort tardifà parler, & quand la parole luy eſt venuë, il parle ** haſtiuement en bredoüillant : ſemblablement le ligament qui eſt ſous la langue, eſt raccourcy plus qu'il ne doit , tellement que le malade ne peut bien pouſſer la langue hors de la bouche. Quand ce vice vient par accident, faut trencher & couper au trauers, l'attache nerueuſe (dite vulgairement le filet ) qui la cure . retient, & en ce faiſant, ſe faut donner garde d'inciſer les veines & arteres qui ſont ſous icelle, de peur du flux de ſang , qui apres ſeroit difficile à eſtancher. L'operation faite , faut faire lauer la bouche du malade d'oxycrat, puis mettre vn drapeau en double, trempé en ſyrop de roſes ſeiches, ou de miel roſat, Pour emfeſ- dedans la playe, & principalement de nuict, de peur qu'elle ne ſe reprenne : pource qu'en dormant le ma-ºrºssº lade ne parle point , & ne remuë point la langue.Auſſi paſſera ſouuentesfois ſon doigt au deſſous,& tirera º * la langue par interualle hors la bouche.Or quand il y a danger de flux de ſang, à cauſe de l'inciſion,on cou- Moyen de pera ce ligament,en paſſant vne aiguille enfillée au deſſous, la ſerrant ſi fort de iour en autre qu'il le coupe. faire inci- Quelquesfois ce ligament eſt ſi large & court, tenant la langue ſi ſujecte, que le Chirurgien n'y a lieu ſans ## grandfiux de ſang, & peril du malade. - a re N-R. 1D6'5 doigtsſuperflus, & de ceux quiſont joints enſemble . | C H A P. XXX. E nombre naturel des doigts de la main eſt de cinq, & s'ily en a plus ou moins, c'eſt choſe Diuiſion des ſuperflue, & contre nature. Ce qui defaut ne peut eſtre reſtitué par Chirurgie : au con- doigts ſuper- traire, ce qui eſt ſuperflu ſe peut oſter, quelquesfois non. Ceux qui ſont ſuperflus naiſſent flu . pres le poulce, ou presle petit doigt, & rarement le voit-on naiſtre aux autres doigts. Iceux ſont ou du tout charneux, ou bien ont des os en leur compoſition, & ſouuentesfois des on- gles. Ceux qui ont des os, naiſſent ou de la jointure, ayant l'aſſemblage d'icelle comme le doigt naturel, ou naiſſent de l'eſcadron des os des doigts , & ceux n'ont aucun mouuement. Les autres qui naiſſent des jointures, quelquesfois ſe remuent, & ont mouuement, & le plus communément ſont plus courts , & §, enſem- quelquesfois d'égale grandeur au naturel. Quelquesfois auſſi les doigts ſont vnis enſemble, & autresfois ble, bien peu ſeparez l'vn de l'autre : ce qui aduient naturellement,ou par accident : naturellement dés le ventre de la mere,par levice de la vertu formatrice : par accident,comme à cauſe d'vne playe, & le plus ſouuent d'vne bruſleure, par l'ignorance du Chirurgien; qui n'a eu égard pendant la cure, mettre du linge & autre choſe entre iceux : car le cuir eſtant vlceré tant d'vn que d'autre coſté des doigts,eſt cauſe qu'ils ſe joignent cor, o, enſemble. En ces deux accidents, ſi le Chirurgien cognoiſt qu'il y aye peu d'eſpaiſſeur , n'ayant que le doigts ioints cuir & bien peu de chair qui les tiennent liez & attachez l'vn contre l'autre, aisément ſeront ſeparez auec & i ,n- vn raſoir bien trenchant. Au contraire s'ils eſtoient grandement joints, & les tendons & nerfs vnis enſem- ſemble. ble, en tel cas le Chirurgien ny touchera. On ampute aisément ceux qui ſont charneux, coupant auec le Cure des raſoir ce qui eſt ſuperflu : & s'il y a des os, ſeront trenchez auec tenailles inciſiues , comme tu vois par ces doigtsſuper- figures. Et le reſte de la cure ſe paracheuera ainſi qu'il appartient. - flus. Des doigts L 1 Figure 398 Le Dix-ſeptiéme Liure,de pluſieurs Figures des tenailles inciſiues. Autre tenaille pour couper les doigts ſuperflus. A Ie diray encore qu'il y en a pluſieurs auſquels les ongles entrent en la chair des orteils,qui leur donnent douleurs extremes, & ſouuentesfois on n'auance rien à couper l'ongle : car recroiſſant, il fait le ſemblable mal. Et partant, pour la cure il conuient couper entierement la chair, où la portion de l'ongle ſe cache,ce que i'ay fait ſouuent auec bonne iſſuë. Pareillement, aucuns ont des cors aux orteils , qui font grandes douleurs. On les guarit, coupant toute la calloſité, ou corne, puis on applique deſſus aulx pilez : mais pour le plus expedient, les faut cauteriſer auec caufort, ou huile de vitriol. - La maniere d'habiller le Prepuce trop court, & des Retaille{ C H A P. XXXI. º L ſe void à aucuns le Prepuce eſtre trop court,& ne couurir le glan ou extremité de la verge. # Or cela aduient,ou naturellement,ou par tailleure dés l'enfance,& ce par commandement de Religion, à ſçauoir, Circonciſion, comme aux Iuifs,Turcs, & autres , pour la curation, faut renuerſer le Prepuce, puis couper la peau interieure en toute ſa circonſcription , euitant la veine ou artere qui ſont droittement ſur la verge, entre les deux peaux dudit Prepuce : puis ſera tiré contre-bas tant que le glan ſoit couuert & caché , mettant premierement entre le glan & le Pre- puce, vne petite emplaſtre deſiccatiue , de peur qu'ils ne ſe ioignent enſemble : cela fait, il faudra lier le Prepuce (que l'on aura tiré) à ſon extremité, iuſques à ce que la cicatrice ſoit faite, & ne faut obmettre laiſſer vne petite Cannulle ou conduit de la verge, afin que le malade ne puiſſe vriner à ſa volonté. Il eſt C icy à notter, que ceux qui ont eſté taillez & circoncis par commandement de la Loy en leur enfance : puis quittent icelle auec toutes ſes ceremonies ( à fin de n'eſtre recogneus pour Iuifs circoncis ) ſont guaris en cette ſorte. On coupe la peau de la verge contre ſa racine tout autour, & quand elle aura ainſi perduſa continuité , on la tire peu à peu en bas, iuſques à ce que le glan ſoit couuert, puis on procedera à la cure pour y faire cicatrice. Tels ſont appellez des latins T{écutiti, & des François, Retaillez. , \ AºA Cauſes, Cure . Retaillez. Du Prepuce ſi ſerré qu'on ne peut deſcouurir le Glan , dit phymoſis & Paraphymoſis. - C H A P 1 T R E XXX II. #)23 A conſtruction du Prepuce a deux eſpeces : la premiere, quand le glan eſt couuert d'iceluy, $ # & qu'on ne le peut retirer contre mont & deſcouurir. La ſeconde, quand le Prepuce eſt re- NA # tiré contre mont, qui fait le glan deſcouuert, & on ne le peut renuerſer , & reduire ſus le - # glan. La premiere eſpece eſt nommée phymoſis, la ſeconde paraphymoſis. La cauſe de la pre- Phymoſis. dyS º miere eſpece, qui eſt quand le glan ne peut eſtre deſcouuert, vient naturellement , ou pour Paraphymo- quelque cicatrice & excroiſſance de Prepuce : comme il aduient ſouuent pour des verrues. La ſeconde cº /is. pece vient pour quelque inflammation de la verge, comme pour auoir attouché femmes ordes, dont s'eſt Cauſe . fait des vlceres entre le Prepuce & balanus,auec tumeur & inflammation ; de ſorte que l'on ne le peut ren- uerſer : au moyen dequoy on ne ſçauroit traitter leſdits vlceres, dont s'enſuit le plus ſouuent gangrene & mortification de toute la verge , à cauſe dequoy eſt neceſſaire faire amputation d'icelle,pour euiter la mort. Pour la cure du Prepuce ſerré, ayant mis le malade en bonne ſituation , on tire le Prepuce en deuant, l'c- D Cure diuerſe elon la di- -* - - - - - A - - - - # § ſtendant & ouurant autant qu'il ſera poſſible:& ſi la conſtriction eſt faite à raiſon d'vne cicatrice,on le cou- sauſes. pera en trois ou quatre endroits en ſon interieure partie,ce qui ſe fera commodément auecvne biſtorie cour- be : & ne faut que leſdites inciſions penetrent iuſques à l'exterieure partie d'iceluy,leſquelles ſeront diſian- tes l'vne de l'autre également. Si l'aſtriction vient pour quelque chair ſuperflue ou verruës, conuiendra la conſommer, comme les verruës du col de la matrice, & de la verge. Et là où il ſeroit tout en ſa circonfº- rence adherant contre le glan , ne reçoit curat1on - De ceux qui m'ont point de trou au bout du glan, ou qui l'ont au deſſous & qui ont le liga- ment de la Verge trop court. C H A P. XX XI II. S # L v s 1 E v R s de leur naiſſance n'ont point le bout du glan percé, mais bien au deſſous pres le filet,à ſymptomes ** cauſe dequoy ils ne peuuent vriner droit, s'il ne renuerſent la verge contre le ventre ; ils ne peuuent auſſi engendrer , parce que cette imperfection les empeſche de ietter droit la ſemence dans la matri- trice. En telle diſpoſition on vſe de la Chirurgie. C'eſt que l'on tirele Prepuce de la main ſeneſtre,& de la du glan non percé. | & , Operations de Chirurgie. 3 99 : A sº ,$ fºtº :[0llt u r ontºº j aſſº A la dextre on coupe le bout du prepuce, & l'extremité du glan, ioignant le trou qui eſt deſſous.Aucuns ont le ligament de la verge fort court ; de façon qu'en l'erection d'icelle elle n'eſt droitte , ains tortue,en ſorte que cela empeſche la generation,la ſemence ne pouuant eſtre iettée en lamatrice de ligne droite:& pource faut couper le filet le plus dextrement qu'il ſera poſſible, traitter la playe comme les autres, ayant égard à la partie. Il y a des enfans quinaiſſent ayans le ſiege clos d'vne membrane qui garde les excremens de ſor- tir : auſquels pour le deuoir de noſtre art , il con uient faire ouuerture,& l'ayant faite on void ſortir quel- ques excrements : mais nonobſtant cette ouuerture,i'ay remarqué que tels enfans ne viuent Pas long-iours, ains meurent en peu de temps. De la cauſe des pierres. CHAP. XXXI v. E s pierres qui ſe font en la veſſie, prennent le plus ſouuent leur origine des reins,& deſcen- #, dent en la veſſie par les vaiſſeaux vrinaires. La cauſe d'icelles eſt double, à ſçauoir materielle # & efficiente. La cauſe materielle, pour la pluſpart ſont gros humeurs gluans, eſpés & viſ- # queux , faits de cruditez causées par intemperature, & exercices immoderez , principalement - S ſoudain apres le paſt : & pour cette cauſe les enfans ſont plus fujets à cette maladie que les plus aagez, ainſi que l'on void par experience, à raiſon de leur inſatiable voracité. Lacauſe efficiente, eſt la chaleur exceſſiue, qui conſume la ſeroſité ſubtile, & la plus terreſtre demeure & ſe ſeiche ainſi que voyons eſtre fait és tuilles & briques, deſquelles le feu conſumant l'humidité, le reſte ſe tourne en pierre. Ce qui ayde beaucoup, ce ſont les conduits & voyes vrinaires trop eſtroits, en ſorte que les excremens gros & viſqueux ne peuuent paſſer , & eſtre iettez hors par iceux, ains demeurent dans la ſubſtance des reins ou de la veſſie , puis s'amaſſent les vns ſur les autres : ainſi par adition eſt faite vne pierre comme par eſcaille , crouſte ou eſcorce. Et tout ainſi que le Chandelier trempant ſa meſche par pluſieurs fois dans le ſuif, en fait vne groſſe chandelle : ſemblablement la partie de l'vrine plus craſſe & gluante en paſſant ſur vne petite arene ou pierre , adherant contre, & s'incruſtant, & apres par eſpace de temps ſe groſſiſ- ſant, fait en fin vne groſſe pierre. L'vrine contenuë en la veſſie, depuis qu'elle eſt eſchauffée, rend gran- de chaleur au corps : partant il eſt bon de piſſer ſouuent. - - 7 - - -* - Des ſignes des pierres és reins, & en la veſſic-». C H A F. XXXV. RºQſ%E s ſignes de la pierre engendrée es reins ſont, que le patient iette auec l'vrine des arenes N $ rouges où iaunaſtres , & ſent vn Prurit obtus aux reins, auec grauité & peſanteur des lumbes: º V$ \ ) $ & quand il ſe meut il ſouffre vne douleur poignante & ſtupeur ou formiement aux lumbes, ºk # hanches & cuiſſes, à cauſe que la pierre eſtant encloſe dedans le rein ou dans le pore vretere preſſe les nerfs procedans des vertebrès des lumbes. On pourra facilement cognoiſtre que la pierre eſt dans la veſſie par les ſignes ſuiuans : c'eſt que le malade ſent vne peſanteur (ſçauoir eſt ſi elle eſt groſſe) au ſiege & perineum , auec douleur iectigatiue & poignante, qui s'eſtend iuſques à l'extremité de la verge, tellement qu'il la tire & frotte touſiours , dont elle vient allongée & relaxée outre meſure : & le plus ſouuent l'a roide, pour la douleur qu'il ſouffre, auec grande enuie de piſſer , mais ne peut bien li- bremeht, & quelquesfois ne piſſe que goute à goute : & en vrinant ſent vne extreme douleur, croiſant les iambes, & ſeant contre terre auec cris & gemiſſemens, auec tres-grandes eſpreintes, à cauſe que la pier- re eſt choſe eſtrange à Nature Parquoy la vertu expultrice s'efforce à la ietter hors,qui cauſe les eſprintes: & par icelles ſouuent le muſcle du ſiege,nommé Sphincter,eſt relaſchée:lors portion de l'inteſtin droit ſort dehors , & à d'aucuns, par les eſpreintes leur viennent les hemorrhoides auec extreme douleur. En outre, au fond de leur vrine eſt trouué vn humeur gros † & gluant, quelquesfois auſſi gros comme de petites huiſtre,ou comme du blanc d'œuf & telle choſe demonſtre que la pierre eſt faite par diminution de chaleur naturelle. D'auantage le malade a vne couleur paſle , iaunaſtre, ou liuide, & les yeux battus , ne pouuant repoſer ny dormir qu'à grand peine,à cauſe qu'il eſt preſque en continuelle douleur. D'abondant, on recognoiſtra par la ſonde, en ſituant le patient debout vn peu courbé deuant, les iambes diſtantes l'v- ne de l'autre d'vn pied ou enuiron, & faut qu'il ſoit appuyé par derriere : alors on apliquera vne de ces ſondes (telle qu'il ſera beſoin) premierement oincte d'huile ou beurre, la paſſent dexrement iuſques de- dans la capacité de la veſſie s'il eſt poſſible. Et où Par telle ſituation on ne pourroit mettre la ſonde en la veſſie, il conuiendra ſituer le malade ſur le bord de ſon lict vn peu à la renuerſe,les genoux pliez, & les ta- Ions pres des feſſes,comme tu pourras voir en la figure depeinte cy-apres de ces deux à qui on tire la pierre par inciſion. Ce faiſant on mettra la ſonde plus facillement dedans la veſſie,& par icelle on ſentira la pierre par vne reſiſtance & dureté d'vn corps dur,auec vn ſon ſourdeau au bout de la ſonde, qui fera iuger verita- blement y auoirvne pierre. Et noteras icy pour vn precepte,qu'entre tous les ſignes ſuſdits, celuv de la ſe- conde eſt le plus certain peur connoiſtre s'il y a pierre ou non. Il aduient neantmoins quelquesfois qu'on ne la peut trouuer auſens du tact, à cauſe qu'elle ſera peut-eſtre contenue en vne apoſteme,ou enueloppée d'vn humeur gluant ou viſqueux, ou couuerte d'vne membrane. Quelquesfois auſſi que la pierre eſt petite errante en la veſſie, qui fait qu'on ne la peut pas touſiours trouuer, & quelques iouts apres on la trouue. Or les ſondes doiuent eſtre proportionnées ſelon le ſexe & les aages. Partant, il en faut auoir des petites, longues, moyennes , groſſes, menués, courbées , & droites. Dauantage , lors qu'on les met en ja veſſie pour les faire vriner, il faut mettre dedans vn filet d'argent, pour empeſcher que quelque humeur ou ſang ne s'engorge au bout, qui ſeroit cauſe que l'vrine ne pourroit paſſer au trauers , & quand elle ſera dans l# veſſie, on doit retirer le fil d'argent, afin que l'vrine paſſe librement au trauers d'iceile. • Cure du li- gament trop C0/4Ff. º Cauſe des pierres, Les enfans ſont plus ſuiets à la pierre que les Plus aagez. . Cauſe ad- iuuante. Hippoc. aux Epidemies. Signes des pierres en la veſſie. Cauſe des eſpreintes. Situation de celuy qu'on veut ſonder "Autre ſitua- tion. La pierre ſe tognoiſt par- faictement Par la ſonde. 4oo Le Dixſeptiéme Liure, de pluſieurs La figure àes sondes, es du fild'argent eſt telle. Du prognoſtic des pierres CHA P. XXX VI. A pierre eſtant ſortie hors de l'vn des reins, & arreſtée dans ſon vretere , en ſorte qu'elle En quel cas le bouche du tout , le patient neantmoins ne laiſſera d'vriner : parce que nature ayant fait ſ###ët noſtre corps double,l'vrine regurgitera & ſera vacuée par l'autre vretere. Et ſi tel accident au calcul : aduient aux deux, l'vrine ſera du tout ſupprimée, qui ſera cauſe de la mort du patient, & desreins. *s en mourant fera ſemblables aſpirations que ceux qui ſe noyent en vne grande eau , à raiſons que l'vrine regorge dedans la grande veine caue, & par conſequent és autres 5 & meurent , pource que la chaleur naturelle eſt ſuffoquée & eſteinte par la trop grande multitude d'vrine , & auſſi aucuns la vomiſ- ſent, ce que i'atteſte auoir veu ſouuentesfois. - Quelquesfois nature jette quelque petite pierre des reins, & s'arreſteaux vaiſſeaux vreteres, dont aucu- signes # nes font vne extreme douleur, iuſques à ce qu'elles ſoient deſcendues dans la veſſie, & cauſent pluſieurs ##. accidens, comme eſpreintes, & volonté d'aller à la ſelle & vriners & neantmoins les malades ne peuuent, reins pource qu'ils ſont le plus ſouuent conſtipez de ventoſité,qu'il ſoit vray, ils rottent quaſi continuellement - Et ſi le patient eſternue,ou qu'il touſſe, ou qu'il faſſe quelquegrande commotion de corps, il ſent vne dou-. leur poignante(principalement ſi elle eſt cornuë, & fi elle eſt auec aſperitez)à l'endroit où eſt la pierre ar- reſtée. Semblablement la douleur eſt communiquée à la hanche & à la cuiſſe,& à d'aucuns leur ſemble qu'ô Lapierre ſe- leur tire en haut les teſticules par vne grande violence. D'auantage ſont vexez de la coliqne, auec vomiſe- lon l'aage eſt mens bilieux, & ſueurs vniuerſelles. La Pierre s'engendre plus ſouuent aux vieilles gens és reins,qu'elle ne § fait aux ieunes,à raiſon que leur faculté expultrice eſt plus debile.Au contraire,elle s'engendre en la veſſie reins,où à la des ieunes plus ſouuent qu'aux vieux, d'autant que leur chaleur naturelle eſt plus forte,& par conſequent veſſie. . leur faculté expultrice eſt plus vigoureuſe, & auſſi pource qu'ils ſont plus exceſſifs à la crapule , comme auons dit cy deuant. Et quand elle eſt en la veſſie, & que le patient iette du ſang auec l'vrine,c'eſt ſigne que la pierre n'eſt groſſe ny vnie,mais au contraire eſt petite & cornue, ou eſpineuſe ; c'eſt à dire, auec aſperi- ' tez : car d'autant plus qu'elle eſt petite, plus facilement entre dedans le col & orifice de la veſſie, & parce moyen a plus de peine à en eſtre reculée,& à r'entrer dedans ſa violence,pource qu'elle eſgratigne & vlcere Signes de les parties où telles aſperitez touchent, qui eſt cauſe de ietter le ſang par la verge. Auſſi quand l'vrine eſt Pierre vnie blanche & laicteuſe, c'eſt ſigne que la pierre eſt vnie:pareillement le patient ne ſent telle douleur que lors qu'elle a des aſperitez.Et ſi la pierre eſtant aux reins eſt epineuſe,il ſentira douleur picquante,côme d'aigil- lons,ne ſe pouuât plier ny remuer qu'auec peine:s'iltrauaille iliette vne vrine ſanguinolête,voire quelques fois le ſang tout pur à cauſe de la violéce qu'elle fait contre les parois de colatoires où elle a eſté procreée. Les Pierres , Or les pierres qui naiſſent aux reins ſeront groſſes ou petites,& de diuerſes formes & figures,à raiſon des ſont de di- interceptions ou petits ventricules qui ſont au profond des cauitez des colatoires. Veritablement i'enay *ſes figu- trouué en aucuns eſtans decedez, de grandes comme le doigt,& de figure d'vn lévrier,autresfois d'vn porc, 2'fJ, autresfois rondes & vnies, autresfois quarrées, & auec pluſieurs aſperitez, comme pomme de pin : autres- C fois vne ſeule, autresfois pluſieurs & de diuerſes couleurs, comme noires, jaunaſtres, blancheaſtres,rou- D geaſtres,cendrées,& autres de diuerſes formes & couleurs,ſelon la temperature des patiens.Des choleri- ques & maigres,les pierres ſont cômunément faites par chaleur & ſiccité eſtrange:& des phlegmatiques & . gras,par froideur & congelation,& par obſtruction des conduits. La pierre qui eſt en la veſſie eſt quelques- fois errante, autresfois attachée en haut, ou en bas au fond. Si elle eſt attachée au fond, le patient pour piſſer à ſon aiſe ſe couche ſur les reins : & ſi elle eſt en haut,il ſe courbe pour vriner : ſi elle eſt en bas,il ſe tient debout, & ſi elle eſt errante, qui eſt lors qu'elle eſt petite,il ſe met en diuerſes figures. Quelquesfois la pierre tombe du fond de la veſſie au conduit de l'vrine, & du tout le bouche, dont aduient entiere ſup- Mºyen dere- preſſion d'vrine.Alors il faut ſituer le patient ſur le dos, & eſleuer les iambes en l'air, l'agitant & ſecoüant, culer la pier- comme ſi on vouloit enſacher quelque choſe dans vn ſac,à fin de la repouſſer hors du conduit de lv'rine : & re du conduit ſemblablement ſe peut repouſſer auec vne ſonde. Ceux qui ont la pierre és reins ou en la veſſie ſont preſ- del'vrine. que en continuelle douleur, toutesfois à d'aucuns leur douleur vient par paroxyſmes, & ſeront quelques- · fois vn mois ou deux, plus ou moins, voire vn an entier,ſans ſentir douleur qui eſt lors que les pierres ſont liſsées & polies:mais ſi elles ſont raboteuſes auec aſperité cauſent de tres-grandes douleurs, principalement apres auoir piſsé:à cauſe que le corps de la veſſie ſe comprime & reſerre contre la pierre pour ietter l'vrine, & la pierre qui luv eſt contre nature, la vertu expulſiue s'efforce autant qu'elle peut la vouloir ietter hors. Or ces pauures lapidaires , pour l'extreme douleur qu'ils endurent , deſirent plus mourir que viure, - qui Operations de Chirurgie. 4C I A qui fait qu'ils s'expoſent entre les mains du tailleur , mais le plus ſouuent c'eſt trop tard. Car iamais ils ne s'y mettent, ſi ce n'eſt lors que leurs vertus ſont proſternées & abbatuës, & la veſſie eſcorchée & vlcerée, qui eſt cauſe qu'ils meurent. Partant n'en faut donner aucun blaſme au Chirurgien. Ceux qui ont pierres aux reins, le plus ſouuent font viines claires, & quelquesfois laicteuſes & ſanieuſes auec du poil. Les fem- Les femmes mes ne ſont ſi ſubjectes d'engendrer pierres comme les hommes, à cauſe qu'elles ont le col de la veſſie plus ». # ſi ſub- court & Plus large, laxe & ample : parquoy lors qu'il y a commencement de pierre, elle ſort deuant qu'elle ieiie, au cal. ſoit fort groſſe : neantmoins à aucunes ſe forment & groſſiſſent autant qu'aux hommes, dont les conuient cul que les inciſer,& leur ayder par ſemblables remedes qu'on fait aux hommes. Lors que la pierre excede la groſſeur bommes. d'vn œufés hommes, le plus ſouuent en la tirant on dilacere le corps de la veſſie. Et ſi telle choſe eſt faite, L di l'vrine fluera inuolontairement à iamais, à cauſe que la veſſie eſt nerueuſe & exanguë : parquoy ne ſe peut # 7 -- conſolider ny reünir, & d'auautage le plus ſouuent y ſuruient inflammation & gangrene, & par conſequent #. la mort. Les pierres mediocrement groſſes ſe tirent plus ſeurement, & le malade en eſchappe pluſtoſt que § ſi elles eſtoient petites, à raiſon que le malade eſt accouſtumé de longue main à patience, en tolerant ordi- l' ºri . nairement inflammation, douleur, & autres accidens : ce qui n'eſt de meſme aux autres. Si la pierre adhe- re fort contre la veſſie, & eſt couuerte d'vne membrane, la voulant tirer on dilacere ladite veſſie, & par tel #iºrºº ººº- moyen s'enſuit conuulſion, gangrene,& par conſequent la mort Tu dois icy noter, que la pierre eſtant ainſi º** couuerte d'vne membrane, mal-aisément ſe peut trouuer par la ſonde. En outre ſi la pierre eſt de figure membranea longue, & que l'on la prenne en trauers, on dilacerera, & rompta-t'on la veſſie, dont s'enſuiuront les acci- . dents predits. Si le Chirurgien, par cas-fortuit, pince le corps de la veſſie auec ſes inſtrumens, & qu'il la dilacere & ſepare des parties où elle eſt jointe, s'enſuiura conuulſion , & autres accidents predits. Or parce qu'elle ſera ſeparée des parties où elle adhere, ſe fera grande inflammation , a cauſe du ſang qui coulera entre icelles parties, laquelle ſe putrefiera, ſuiuant l'aphoriſme d'Hipp. qui dit, • i iº ventrem ſan- guis preter naturam effunditur, neceſſariô putreſcit. Parquoy s'enfuiura auſſi gangrene, mortification, & con- ſequemment la mort. Apres auoir ainſi eſcrit les cauſes des parties qui ſont trouuées au corps, la maniere comme elles ſont procreées, les ſignes des lieux où elles ſont, les ſymptomes & accidens, & le prognoſtic: à preſent faut eſcrire la curation 3 à ſçauoir, preferuatiue, & curatiue, & comme il faut diuerſifier les reme- des & inſtrumens ſelon les corps & parties où elles ſont trouuées. - l . -- De la cure preſeruatiue_ . CH A r. X X X V 1I. A cure preſeruatiue ſera faite en ordonnant le regime ſur les ſix choſes non naturelles, en eui- Regime. tant les cauſes qui engendrent humeurs gros & viſqueux. Donc pour t'en inſtruire ſommai # rement, faut éuiter la demeure en vn air gros & vaporeux. Quant aux alimens, faut s'abſtenir $uel, ali- # de poiſſon, chair de bœuf, de porc, oyſeaux de riuiere, legumes, formages, laictages, œufs mens peuuent º5 > frais & durs , ris, patiſſeries, pain ſans leuain, & generalement tous autres alimens qui font cauſer la obſtruction.Auſſi ſe garder de manger ails, oignons, poireaux, mouſtarde, eſpiceries,& generalement tou- Pºrrº. tes choſes qui eſchauffent le ſang,& principalement ceux eſquels on aura conjecturé que la cauſe de la pier- re vient par exceſſiue chaleur. Et quand èleur boire, faut s'abſtenir de mauuaiſes eaux , mareſcageuſes & bourbeuſes,& de gros vins troubles,bieres,& autres breuuages ſemblables. En outre ne faut trop manger, ne gloutement, de crainte qu'il ne s'engendre des cruditez, & par con.equent obſtructions. Le dormir toſt apres le repas eſt fort nuiſible , à cauſe qu'il engendrecruditez. Le trop veiller, trauailler, & ieuner, ſont # eſt diſpo auſſi incommodes, pource qu'ils enfiamment le ſang,& fi ſont cauſe auſſi d'indigeſtion,& de chaleur eſtran- # ºu ir'ia ge. S'il y a replection,faut vacuer tant par medicamens & phlebotomie, que par vomiſſement, lequel eft vn pierre. ſingulier remede pour precaution de la pierre. Il ne faut auſſi meſpriſer les paſſions de l'eſprit. Et pour l'é- uacuation des humeurs cras & viſqueux,tu pourras auoir le conſeil du docte Medecin:toutesfois conſiderant qu'on ne peut toufiours le recouurer,ie t'ay bicn icy voulu deſcrire aucuns remedes bons & approuuez, deſ 1 quels pourras vſer ſelon que verras eſtre beſoin : & icy noteras pour vn precepte de Galien , qui a com- ºº ** mandé qu'il faut éuiter les choſes diuretiques, & fortes purgations, au commencement de l inflammation * , des reins ou de la veſſie, parce qu'elles l'augmenteroient, y faiſant fluer les humeurs en plus grande abon- dance, qui ſeroit cauſe d'augmenter la douleur & autres accidens. Parquoy faudra vſer en tel cas de cho- ſes refrigerentes & lenientes : tant par dedans que par dehors, comme de ſyrop. 2/.. ſummitatum malua, s. biſmal. & violarix,an.m.ſſ.radic altheae 3. † raſx3 iij fiiij.ſeminum figid.maiorum an.3 j.fiat ** decoctio. Accipe predictae decoctionis ib. 5. & in colatura diſſolue ſacch. albiſſ. 5. ij. mellis albi 3.j. ß. fiat ſyrupus ſecundum artem, duquel le patient pourra vſer ſouuent. Auſſi vſera par fois d'vne demie once de caſſe fraichement mundée, auec vne dragme ou dragme & demie, ou deux dragmes de rheubarbe en poudre, ſelon qu'il en ſera beſoin, deux heures deuant le paſt. Tu pourras auſſi vſer de cét apozeme auec grand effect. 2Z. rad.afparagi. graminis polypod1jquercini , paſſularum mundatarum an, 3 ß. betonicæ, hernioſæ,agrimonie,omnium capill.& pimpinellae an m.6.quatuor ſemin.frigid. maiorem, ſeminis fœniculi an.3.j. folior.ſenx 3 vj.fiat decoctio. ad ib. ſ.in colatura diſſoluatur ſyrupi de alth. & de hernioſa an.3.j. É. fiat apozema clarif & aromatiſ. cum tantillo cinnamomi pro duabus docibus : capiat primam doſin mane duabus horis ante cibum, & alteram quarta promeridiana. L'vſage des choſes diuretiques eſt bon à ceux qui ſont ſubjects à jetter de la grauelle, d'autant qu'elles prouoquent à vriner , & ne demeurent gueres à paſſer par les reins & pores vreteres. Les matieres qui cauſent la pierre,n'ont pas loiſir de s'aſſembler pour s'endurcir & lapidifier. Parquoy on vſera par fois du boüillon qui s'enſuit, lequel eſt de me rueilleux cſſ-ct, Bouillon & bien experimenté Prenez vn coq, & vn jarret de veau, qu'on fera cuire en eau auec vne poig ce d'orge, racinesde perſil, ozeille, fenoüil, chicorée, bruſci, de chacun vne once : des quatre femences froides con- caſſées, de chacune demi once : à la fin on adjouſtera fueilles d'ozeille, pourpié, laictue, ſommitez de mau- lue, violettes de Mars, de chacune demie poignée : puis ſera gardé le boüillon duquel le patient en prendra par quatre matins, deux heures deuant manger, la quantité de demy ſeptier, anec vn doigt de ius de citron, le faiſant boüillir vn bouillon auant chaſque priſe : en bref on verra vne operation merueilleuſe. Car par l'vrine on verra arenes, & grande quantité de matiere craſſe & viſqueuſe. Parquoy demonſtre par ſon effect qu'il nettoye & expelle les matieres des parties dediées à l'vrine, & ne fait aucune nuiſance à l'eſto- mach, ny aux autres parties par où il paſſe : ie puis dire que c'eſt vn aliment medicamenteux. Tu pour- ras auſſivſer de la poudre ſuiuante auec grand profit. 2Z. nucleorum meſpil. 3.j. pul elect. diatrag frigidi Poudre ſin- 3.ij. quatuor ſeminum frigidor. maiorum mundatorum, glycyrrhizae raſa an 3.j. ſem. ſaxi. 3 ſeminum guliere carre milij ſolis, geniſtx , pimpinellx, bruſci, & aſparagian. 9.j. ſemin.althea 3 j. B. ſacc.abliſſimi3. vj. fiat ia pierre. Fuluis. Il faut vſer de cette poudre le premier iour de la Lune nouuelle, du pº# quartier de la † - k l 3 llnc, que ri. |! : \ | 9)tuels breu- uage 1 doir fuir celuy · 4o2 Le Dixſeptiéme Liure, de pluſieurs Clyſtare. Autre clyſte. re pour ap- paiſer la douleur. Breuuage jfort conuena- ble contre la pierre. Ap0zem4 Poudre fort propre à diſ- ſiper la ma tiere du cal- cul. Slyſtere. Signes de la pierre de- meurée dans les vreteres. Breuuage. Fričtions. Vemiſſement. B4in, Combien il ſe faut tenir au bain. Lune, & du dernier quartier, & tous les mois enſuiuans,& en prendre la quantité d'vne cuillerée au matin, à trois heures deuant manger. Auſſi lexiue faite des cendres de troncs de febuës , eſt ſinguliere pour tel effect. Outre plus pourra le patient vſer d'vn clyſtere tel que ceſtuy-cy. 2Z. lactucae, ſcariolae, fol.ſali.por- tulacæ, an.m.j.flor.viol. & nenuph.an.p.ſ.fiat decoct.ad tb.j.ln colatura diſſolue caſſix fiſtulae 3.j. mel.viol. & ſacc. ruban.3.j. olei viol. 3.iiij. fiat clyſter. Autre pour ſeder pareillement la douleur. %. fior. camom. melli. ſummit. aneth.berul. an.p. ij. fiat decoct.in lacte vaccino, & in colatura diſſolue caſſ. fiſt. & ſacc. albi. 3.j.vitell. ouor. num. iij. olei aneth. & cam.an. 3. ij. fiat clyſt. Par dehors ſur les reins & au long on appliquera de l'onguent roſat, nutrit. ou popul. ſeuls ou meſlez enſemble : puis par deſſus vne ſeruiette trempée en oxycrat. Or ſi la generation de la pierre prouient par frigidité , il y faut ſubuenir par choſes contraires, dont faudra vſer ſouuent du remede ſuiuant. 2Z. tereb. veter. 3.j. cortic. citri.5.ij.aqua coctx 3.j. 6.miſce, fiat potus. Autre potion. 24. caſſ. recent. extract. 3. v). benedict. 3.iiij. aqua fœnic. 3.ij. aqua aſpar. 3.j. ſ$. fiat pot. capiat tribus hor. ante prandium. Pourra ſemblablement vſer d'vn telapozeme. 2. rad. cyper.barda. gramin. an.3. iij. biſmal. cum toto, beton.an. m. 6 ſem.mil. ſolis, bard. vrti, an. 3. ij. ſem, melo. glycyrrhizae raſx an. 3.ij. É. fic. iiij. num. fiat decoct. ad quart. iij. colato & expreſſo, diſ- ſolue ſyr.de raph. & oxymelitis ſquillitician. 3.j-ſi. ſacc.albi. 3.iij. fiat apozema pro tribus dofibus clarific. & aromatiſ.cum 3.j. cinnam. & 3.f. ſant. citrini : capiat 3. iiij. trib. hor. ante Prandium. D'auantage on pent vſer de cette poudre qui a grande efficace pour diffiper la matiere du calcul. 24 ſem. petroſelini & ra- dicis eiuſdem mundatæ an. 3.1iij. ſem. card. quem calcitra. vocant.3 j.deſiccentur in furno lentoigni, po- ſtea piſtentur, ſeparatim, quibus fiat. pul. de quo capiat. xger9.j. ß. vel 9. ij. cum vino albo, velcum iure gallinacei pulli, de quo bibat xger tribus diebus ieiuno ſtomacho. Autre remede. 2Z. rad. petroſ fœnic. an.3.j. ſaxifrag.pimpinel.granoral xexengi & bardanz, an.m.É.iiij.ſem.frigid.maior.mund. ſem. milij ſolis an. 3.ij.miſce, fiat decoct. cape de cola.fb.ſ.in qua diſſ. ſacchar.rub.& ſyrup. capill.Veneris an.3.j.6.capiat in tribus doſibus, duabus horis ante cibum. Autre poudre. 24. coriand. præp.9.iiij. aniſi, marathri, gra- nor.alxeKengi, milij ſolis an.3.ij.zinzib. cinnam.an.9.ij. turbit. elect. 5.j. carui3.ij. galang. nucis molcat. & lapid. Indaici an. 9.j. folio ſenx mund. ad duplum omnium, diagredij 3. ij. fi. miſce, & fiat pulu. doſis erit ad 3.j. cum vino albo : capiat ager tribus horis ante prandium. - Le patient pourra auſſi vſer de tels clyſteres contre les ventoſitez. 2Z. malux, biſanalux, pariet. origani, calamenthi, fior. camomillae, ſummitatum anethi,an m.j.anifi,carui cumini,fœniculi an.3.6.bacc.lauri 3.iij. fem. rutz 3 ij. fiat decoctio : incolatura diſſolue benedictx vel diaphœnici3. É. confectionis bac.laur.3.iij. ſacchari rubei 3. j.oleorum anethi, camom. ruta an 3.j. fiat clyſter. . Autre facile à faire pour meſme intention. 2Z. olei nucum, vinimaluat. an. fb. É. aquz vitæ 3. É. On les doit tenir le plus longuement que l'on pourra, parce qu'ils feront meilleure operation, & appaiſeront mieux les douleurs : & par les moyens ſuſdits on peut empeſcher la generation des pierres, & ſubuenis auſſi à la douleur de la colique,tant venteufe que nephritique. Des moyens de ſecourir celuy qui auroit vne pierre dans l'vn des vreteres deſcenduë du rein. C H A P 1 T R E XXXVI I I. $\ºg Y A N T aſſez parlé de la cure preſeruatiue de la pierre, il nous reſte de pourſuiure les - # moyens pour ſoulager ceux qui en ſont affligez, tant aux reins, vi eteres, qu'en la veſſie : & $% en premier lieu nous parlerons d'vn patient qui auroit vne pierre ſortie de l'vn des reins, eſtant demeurée dedans l'vn des vreteres. & que l'vrine eſt ſupprimée en partie : lors le pa- tient ſent grande douleur à l'endroit où elle eſt demeurée, & par conſentement & voiſina- ge à la hanche, veſſie, teſticules, & a laverge, auec vne volonté d'vriner, & aller à la ſelle. Pour la faire deſcendre , ( faut s'il eſt poſſible au patient ) qu'il monte ſur vn trottier courant, & qu'il le cheuauche vne lieue, plus ou moins : car par cette équitation & mouuement, la pierre ſouuent deſcend en la veſſie : & où il n'aura le moyen d'aller à cheual, faut qu'il monte & deſcende vn eſcalier pluſieurs fois, iuſques à ce qu'il ſoit las & en ſueur. Et luy faut alors donner à boire choſe qui leniſſent, adouciſſent, & relaxent, comme huyles d'amandes douces, recentement tirée, auec eau de parietaire, & vin blanc : auſſi on doit faire des frictions auec linges chauds en deualant en bas, & appliquer des ventouſes auecques grandes flammes : & doiuent eſtre appliquées tantoſt ſur les lumbes, tantoſt ſur le ventre, tirant vers les aines vn peu au deſſous de la douleur , pour touſiours attirer à la veſſie. Si le patient ne vomiſt il le faut prouoquer à ce faire, en luy donnant à boire eau & huyle tiede, en quantité ſuffiſante : car le vomiſſement aide beaucoup à chaſſer la pierre contre-bas,à cauſe de la compreſſion des parties qui ſe fait en telle action. Et ſi par tels remedes le patient n'eſt allegé,le faut mettre en vn demy bain,fait de la decoction qui s'enſuit. . malux, biſm cum toto an.m.ij.bethon.naſtur.& burulx,ſaxifr.parietariae,violarix an.m.iij.ſem.melonis. milij ſolis,alkekengian.3.vj.cicerum rubr. fb.rad. apij, gram.fœnic.& ering.an.3.iij.coquant. omnia in ſuff. quan aq. pro inceſſu. Toutes ces choſes ſeront miſes dans vn ſac, ſur lequel ſera aſſis le patient, & qu'il ſe trempe iuſques au nombril. Et ne faut qu'il y demeure iuſques à extreme foibleſſe : car par les bains eſt faite grande reſolution des eſprits & defaillance des vertus. Tels bains ſedent la douleur, relaxent toutes les parties , ouurent & dilatent les voyes de l'vrine. En quoy faiſant ſouuentesfois la pierre deſcend en la veſſie. Et où la pierre par tel moyen ne deplaçaſt, & qu'il y eut entiere ſuppreſſion d'vrine, & auſſi qu'au- parauant le bain on n'eut ſçeu faire paſſer la ſonde en la veſſie, le faut derechef ſonder à la ſortie du bain: pource que lors la ſonde entrera plus facilement qu'auparauant, & pareillement ſeringuer auec huyle d'a- mendes douces. D'auantage il faut que le malade ſe garde bien du froid. Tu pourras par cette figure con- noiſtre la façon d'vnç chaire pour faire le demy-bain. v $g - % Figure B :: # * # N. t | Operations de Chirurgie. 4o3 Figure de la chaire à demy-bain. 2—* Deſcription de la chaire à H= =i demy-bain. a La chaire. b Le trou d'icelle, là où le patient eſt aſſis. c La cuuette où on met l'eau. d La fontaine pour vacuer l'eau quand elle eſt trop froide. e L'entonnoir par lequel on met de l'eau chaude• Autre decoction pour faire vn demy-bain. 2.rad.raphalthan i5ijrad bruſci, petroſel.& aſparagian Aut, dees- fb.j.cumini, fœnic. dulcis.ameos an.3.iiij.ſem.lini & fœnugan.3.vj flor.camom.melil.aneth.folior.marrub. § pour - parietan m.ij.bul.omnia ſimul ſecundùmartem,cum aqua ſufficienti, & parum vinialbi odoriferi,vſque ad § de- conſomptionem tertiœ partis, & fiat ſemicupiam. D'auantage eſt vtile de cette decoction en faire clyſtere my bain. . auec huyle de lys quatre onces, & deux iaunes d'œufs : & lors qu'on le voudra donner au patient,eſtant en La decoäion la chauſſe ou canon à clyſtere on y adiouſtera vne dragme d'huyle de geneure : vous aſſeurant qu'elle ſede ſuſdite eſt promptement la douleur causée par ventoſitez. Et icy faut noter qu'aux grandes douleurs nephritiques ne fºrt bºnne à faut bailler trop grande quantité de decoction, de peur que les inteſtins trop remplis ne compriment les ſºir*ººſtº reins & pores vreteres qui ſont ja commencez à enfiammer : pource que par cela la douleur s'augmenteroit, ºº meſ- & ſeroient prouoquez autres accidens. Outre plus on peut appliquer vn tel cataplaſme ſur l'endroit de la me fin. douleur, & au petit ventre, & ſur les parties genitales, lequel a grande puiſſance d'appaiſer la douleur, & ayder à faire deſcendre la pierre des vreteres en la veſſie. 24. rad. alth.raph.an.3.iiij. pariet. fœnicu, ſene- . cionis, naſturtij, berula an. m. j. herniarix m.ſº. omnibus in aqua ſufficienter decoctis, deinde piſtatis, adde # † , camomil. pinguedinis euniculi an. 3. ij. farinx crcerum quantum ſufficit : fiat cataplaſma ad vſum dictum. A- Comment il faut proceder à la guariſon de la pierre eſtant deſcendue en la veſie ». C H A P 1 T R E XXXIX. - T eſtant la pierre tombée en la veſſie, s'il n'y en a qu'vne (car ſouuentesfois il y en a pluſieurs poudr, pro- #$ qui deſcendent auec multitude d'arene ou ſable)lors la douleur ceſſe,& ſentira le patient,prurit, pre pour com . , auec vn petit aiguillonnement à l'extremité de la verge, & au ſiege. Et alors s'il n'eſt debile minuer le ſa. faut qu'il trauaille à pied ou à cheual, & qu'il vſe d'vne telle poudre. 2%. pul. electuarijlithon- lle. tribon 3. iiij. ſumatur3.j. tribus horis tam ante prandium quàm ante cœnam cum vino albo , vel cum iure cicerum rubrorum. Et faut auſſi qu'il boiue de bon vin blanc en aſſez bonne quantité , & qu'il retienne longuement fon vrine s'il peut, à fin que le grand amas d'icelle chaſſe & pouſſe plus aisément la pierre hors la veſſie. Pareillement luy faut faire telle injonction 2/. ſyrupi capill. Veneris 3.j.aquae alke kengi 3.iij.olei de ſcorpionibus 3. ſ$. & d'icelle luy en ſera jetté en la veſſie auec vne ſyringue. La pierre en la veſſie fait vlcere par ſon aſperité & aſtriction, & la ſanie qui en ſort mordique, & ronge les parties où elle demeure, qui fait.toufiours augmentation de douleur, & autres accidens. De la pierre ejtant au conduit de la verge,ou au col de la veſſie ». C H A P. X L. $4 A pierre eſtant ſortie hors du corps de la veſſie, & demeurée au col d'icelle, ou à la verge, il faut Moyës •. ti alors que le Chirurgien ſe garde bien de la repouſſer au dedans : mais la menera tant que faire ſe , pier . pourra auec les doigts à l'extremité de la verge, en y iettant huyle d'amendres douces, ou autres bor, du cet choſes lubrifiantes. Et ſi elle deſcend iuſques à l'extremité de la verge , & qu'elle y demeure, la de la veſſie.' faut tirer auec petits crochets ; Et ſi on ne peut par tels crochets l'extraire , on mettra cét inſtrument nom- mé Tire-fond auec ſa cannule, en la verge iuſques aupres de la pierre : puis on le tournera doucement, à fin qu'il comminuë la pierre & la mette en petites portions ; ce qui ſe fera aisement, Parce que ledit Tirefond a ſon extremité en maniere de Foret : ce que i'ay fait pluſieurs fois. - L l 4 F. *- - 4o4 Le Dixſeptiéme Liure, de pluſieurs *, #º - ...- * -' à Figure d' vn Tirefondpropre à comminuer la pierre eftantdans la verge. Et faut noter qu'ilne doit eſtre gros non plus qu'vne groſſe ſonde, afin qu'il ne faſſe violence à le mettrs . dedans la verge. - - Des moyens qu'il faut vſerpour tirer par inciſion vne pierre arreitée au conduit de l'vrine, , que l'on aura pû extraire par les voyes ſuſdites. · CH A F 1 T R E XL I. # A B o N D A N T poſant le cas qu'elle fuſt ſi groſſe & dure, ou ayant des aſperitez & loing de l'extremité de la verge, de façen qu'elle ne peuſt eſtre tirée, & l'vrine fuſt ſupprimée : adonc faut faire inciſion ( ce que i'ay pluſieurs fois fait) à coſté de la verge, & non äu deſſus, ny au deſſous.Au deſſus, à raiſon d'vne groſſe veine & artere,qui pourroit eſtre cauſe du flux de ſang. • Au deſſous n'eſt conuenable, parce que la partie eſt exanguë, & pource difficile à eſtre conſo- C Aduertiſſe- lidée, & auſſi que l'vrine ne permettroit l'vnion eſtre faite, parce qu'elle paſſeroit parlylcere & tomberoit mi au chi- º les deux lévres de la playe. Et pour ces cauſes l'inciſion ſera faite ſur la pierre à coſté,qui eſt vne par- rnrgien. tie plus charneuſe. Mais tu doisicy noter, qu'auant que faire l'inciſion, il te faut lier la verge au deſſus, & bien pres de la pierre,pour la tenir côtraincte & ſubjette,& plier la verge en cercle pour mieux faire ſortir ſa pierre,puis tirer aſſez fort vers toy le prepuce, afin qu'apres l'inciſion, le cuir eſtant relaſché, retourne & couure ladite inciſion, dont plus aisément & briefuement l'vnion & conſolation de la playe ſe fera puis apres. Lors tu tireras la pierre auec tel inſtrument. En quel lien , faut inciſer ?© la verge. -, %s - Inſtrument propres à extraire la pierre, apres l'inciſion de la verge. — eſgard que le col de leur veſſie eſt court:partant ne faut tant dilater,de peur de lacerer le corps de la veſſe, - car apres ne pourroient tenir leur vrine.Et ayant dilaté auec dilaceration,le Chirurgien mettravn ou deux doigts par dedans le col de la matrice, & preſſera le fond de la veſſie, puis y mettra par la playe des cro- chets ou tenailles,& d'icelles prendra la pierre : & de ſes deux doigts qui ſeront dans le col de la matrice, tiendra fermement la pierre contrainte & arreſtée par derriere,de peur qu'elle ne recule. Et ainſi ſera plus facilement tirée & miſe hors. - Autre fafon , Autres practiciens operent en autre façon à l'extraction des pierres aux femelles, comme i'ay veu plu- d extraire ſieurs fois faire à Maiſtre Laurent Collo, Chirurgien ordinaire du Roy,& meſmement à ſes deux enfans, les º Pºr* plus excellents & parfaits ouuriers en leur vacation, qu'il eſt poſſible de trouuer de noſtre temps, & croy que par cy-deuant y en a eu peu de rels:c'eſt que nullement ne mettent les doigts dedans'e ſiege ny dedans le col de la matrice:mais ſe contentent de mettre les conducteurs deſſus mentionnez dans le conduit de l'v- rine:puis apres font vne petite inciſion tout au deſſus,& en ligne droicte,de l'orifice du col de la veſſie, & non à coſté,comme on fait aux hommes,afin que puis apresl'vn1on ſe faſſe mieux. Puis font couler les te- nailles caues en leur partie exterieure,figurées au chapitre 44.entre les deux conducteurs, dilatans & dila- cerans tant qu'il eſt neceſſaire,pour donner paſſage à la pierre , laquelle par meſmes moyens eſt tirée hors la veſſie.Le reſte de la cure ſe fera comme nous auons cy-deſſus monſtré a celle des hommes. Et s'il ſurue- noit quelque vlcere au col de la matrice,par la dilaceration faite en l'extraction de la pierre,on pourra vſer. du Speculum matricis, pour dilater le col d'icelle matrice , afin de mieux appliquer les remedes qui ſont neceſſaires. De la ſuppreſſion ou retention d'vrine par cauſes interieures. CH A P. L. 2 V T R E les cauſes declarées cy-deuant de la difficulté d'vriner, il y en a encores beaucoup ! d'autres qui ſont bien neceſſaires eſtre cogneues au Chirurgien : & partant il me ſemble bon en eſcrire de ce que i'en ay veu & cogneu par experience & raiſon. Parce que la pluſpart des Chirurgiens & autres, lors qu'ils voyent vne difficulté d'vriner, ils penſent promptement la * ºº cauſe venir des pierres,à quoy le plus ſouuent ils ſe trompent:& partant vont incontinent & ſans diſcretion ordonner choſes diuretiques,leſquelles ſont cauſe de grands accidens,& le plus ſouuent de la mort des pauures malades, comme nous monſtrerons preſentement. Les cauſes de la retention d'vrine, ſont pluſieurs,à ſçauoir,interieure & exterieure:interieure,comme quelque ſang coagulé, verrues, petites eminences de chair procreées és voyes de l'vrine, ou (comme nous auons dit)pierres & arenes, ou pour quelque ventoſité ou inflammation,& apoſteme faites aux parties dediées à l'vrine, ou aux parties proches L'inflam- & voiſines,comme à l'inteſtin rectum,auquel ſe peut faire vne infiammation, à cauſe de laquelle ledit inte- *natiº" * ſtin tumefié & douloureux fera vne retention d'vrine, au moyen que la veſſie eſt preſſée de l'inflammation #º, º & tumeur,auſſi pour la connexion & voiſinage que la veſſie & l'inteſtin ont enſemble:ſemblablement pour #" le vice du foye, ce qu'on void auxhydropiques qui ne peuuent vriner : ou vice de faculté ſeg egatrice du ſuppreſſion ſerum abolie,par quelque intemperie des reins : auſſi par le vice de faculté animale, com : l'on void aux " maniaques,lethargiques,apoplectiques, paralytiques, & aux ſpaſmes. Semblablement la pituite & autres humeurs froids,gros,viſqueux,ſe peuuent purger de tout le corps par la veſſie:& iceluy humeur paſſant par les voyes de l'vrine,fait quelquesfois telle obſtruction,qu'il empeſche que l'vrine ne peut paſſer auſſi pour auoir retenu trop longuement l'vrine,au moyen de quoy la veſſie eſtant extremement pleine,l'vrine ne peut ſortir,à cauſe que le conduit eſt eſtrecy,& rendu plus anguſte : joinct que la vertu expultrice ne peut com- uent expur- primer la veſſie pour jetter ce qui eſt contenu,à raiſon de la grande dilatation d'icelle, & de la douleur qui rer part debilite & abbat incontinent toutes les vertus de la partie aſliegee : & partant il ſe fait entiere ſuppreſſion veſſie . d'vrine. Ce qu'on a veu aduenir à pluſieurs : & encores n'agueres à vn ieune ſeruiteur qui reuenoit des Hiſtoireme- champs,menant en croupe vne honneſte Damoiſelle ſa maiſtreſſe bien accompagnée & eſtant à cheual luy morable-. print vouloir de piſſer:toutesfois n'oſoit deſcendre,& moins encore faire ſon vrine à cheual. Eſtant arriué en cette ville,il voulut piſſer, mais il ne peut nullement : & auoit de tres-grandes douleurs & eſpreintes: auec vne ſueur vniuerſelle, & tomba preſque en ſyncope. Et alors l'on m'enuoya querir : & diſoit-on que c'eſtoit vne pierre qui l'engardoit de piſſer & eſtant arriué luy mis vne ſonde dedans la veſſie, & preſſay le ventre:& par ce moyen piſſa enuiron vne pinte d'eau:& n'y trouHay aucune pierre,& depuis ne s'en eſt len- ty. Dauantage les vieils ont grande difficulté de jetter les vrines, parce que les parties dediées à l'vrine, ſont fieſtries,deſſeichées,& ont la vertu expultrice foible & debile,& quelquesfois auſſi ne la peuuent retc- nir,parce qu'elle eſt acre & mordante. Erreur des Chirurgiès. ºi / Cauſes, 9)uels hu- meurs ſepeu- Diſcours de l'Autheur, du ſang& pus qui peuuent eſtre euacue(par les vrines. C H A P 1 T R E L I. 3 E L A eſt accordé entre les Medecins & Chirurgiens tant anciens que modernesiqu'il peut ſor tir par la verge du ſang & du pus ſeparément,& auſſi meſlez enſemble:lequel viét ou de laver- # % ge,de la veſſie,des vreteres,de reins,du foye,ratelle,mezentere,pancreas,inteſtins,& de la ma- ( # trice:ou des parties plus hautes qui ſont ſur le diaphragme, comme du poulmon & poictrine, % SºSR5 du cœur,ou des bras,ou de quelque autre partie,voire de toute l'habitude du corps. Pour co- #. gnoiſtre de quelle partie il vient,il faut conſiderer le lieu de la douleur, la couleur & odeur de ce qui ſort, lieu d'où ſort & les accidens qui ont precedé,ou ſont encore preſens, comme douleur , fiévre & autres, & du temps que le pus , ºu l, cette deſcharge s'eſt faite:auſſi le fera la quantité & qualité du Pus.Telles choſes demonſtreront le lieu d'où ( "e Signes pour ſang eſtant s'écoule le pus.Car s'il vient des poulmons,ou d'vne empyéme, ou du foye, ou de la ratelle, & en grande. purgé par abondance, ſera cogneu ne proceder des reins : parce que telle quantité ne peut eſtre contenue en iceux. 4 vrine-. Ioinct que lors qu'il vient du foye , ou d'autres parties ſituées ſur le diaphragme, le pus eſt bien plus exa-º ctentent meſlé auec l'vrine,qu'alors qu'il vient des reins ou de la veſſie S'il vient ſeulement de la verge , le pus ſtra jetté pur ſans l'vrine. Or il vient de la verge pour quelque apoſtcme qui y ſera faite, ou de quel- que carnoſité,ou d'vne chaude-piſſe.S'il vient de la veſſie vlcerée,il ſera meſlé & ietté auec l'vrine, mais a la fin apres auoir piſſé,il eſt jetté ſans l'vrine, & ſi ſera fetide : d'autant qu'il ſort d'vne partie membraneuſe & ſi on y trouue de petites eſcailles furfureuſes , la veſſie ſera rongneuſe Pareillement quand on void vn ſediment ou lie eſpeſſe & viſqueuſe, comme mucilage & blanc d'œ uf m ſlé auec l'vrine & que prompte- ment il aille au fond , cela monſtre qu'il a ſa generation en la veſſie : & telle choſe ſe fait ordinairement pour - A D . vperations de v Ilirurgie. 4 I 3 A pour vne pierre qui ſera en la veſſie. Hippocrate dit , que ſi quelqu'vn piſſe pus ou ſang, ou eſcaille auec mauuaiſe odeur,cela monſtre la veſſie eſtre vlcerée. Si les vertebes ou reins ſont vlcerez,le pus ou ſang ſort par la verge. Galien eſcrit que le pus de l'apoſteme du poulmon receu par l'artere veineuſe au ſeneſtre ven- tricule du cœur,de là en la grande artere,& d'icelle en l'emulgente du rein, peut paſſer par les vrines.Mon- ſieur Houlier ſur le commentaire de l'Aphor. 75, liure 4 dit qu'vne notable femme par l'eſpace de quatre mois entiers piſſoit de la boue, & quelquesfois du ſang auec,à cauſe de l'acrimonie qui corrodoit quelque veine. Les Medecins la traicterent comme ſi les reins euſſent eſté vlcerez : parce que par interualle elle y ſentoit grandes douleurs : & mourut le quatrieſme mois. Eſtant ouuerte, on trouua les reins & la veſſie en leur entier:mais il fut trouué deux pierres en ſon cœur,& pluſieurs apoſtemes,leſquelles ſe purgeoient par les vrines, & en paſſant par les reins cauſoient douleur. Galien dit, que les menſtrues retenués ſont iettées par l'vrine laquelle ſe trouue ſanguinolente & quelquesfois efpeſſe & noire comme encre : ce que i'ay veu. La piture & autres humeurs froids & viſqueux ſe peuuent ſemblablement purger par les vrines, & par les hemorrhoides. - " - - Or maintenant il nous faut parler du ſang qui eſt ietté en la veſſie, & de là en la verge. Telle choſe ſe fait pource que les hemorrhoides ou menſtrues ſont ſupprimées,ou pour quelque grande plenitude de ſang contenu aux veines, pechant en quantité ou qualité,ou les deux enſemble, leſquelles ſe rcpurgent par les veines emulgentes aux reins, & de là par les pores & vreteres à la veſſie : ou à cauſe d'vne imbecillité du foye, ou des veines mezaraiques,ou d'autres parties : ou pour vne imbecillité des reins,leſquels ne peuuent aſſimiler le ſang enuoyé pour leur nourriture:ou par attrition & fray d'vne pierre contenue auſdits reins. Ce que ie ſçay veritablement pour l'auoir veu à pluſieurs.Aurelianus docte Medecin dit que l'on piſſe le ſang tout pur,pour auoir vſé intempeſtiuement de Venus. Et tout ainſi que par certaintemps les mois aduiennent promptement aux femmes,& aux hommes les hemorrhoides,ainſi il ſe fait vn amas de ſang au corps,lequel ſe purge quelquesfois par les reins, & d'iceux à la veſſie,ſans qu'il y ait rupture d'aucun vaiſſeau;au moyen de quoy les vrines ſont cruentes & ſanglantes.Pour auoir pris auſſi du poiſon,comme cantharides,ou autres choſes ſemblables. Il y en a qui pour auoir eſté trop long-temps à cheual, ont piſſé le ſang : ie le ſçay par moy-meſme , allant en poſte au camp de Parpignan, eſtant pres de Lyon ie piſſois le ſang tout pur , toutes- fois à la verité on ne doit dire piſſer le ſang,quãd il ſort de la verge pur,mais ſe doit dire emiſſion de ſang. Le ſang ſort pareillement auec les vrines par diapedeſe ou anaſtomoſe des vaiſſeaux , & alors il ne ſortira pur, mais les vrines ſeront ſeulement teintes. Dauantage le ſang ſort par inciſion des veines promptement & en abondance en vrinant : comme i'ay eſcrit cy-deuant de defunct Monſieur de Martiques, qui fut bleſſé d'vn coup d'harquebuſe à la priſe du Chaſteau de Hedin , au milieu du thorax,dont tout ſubit jetta le ſang , par la playe , par la bouche , & par ſes vrines & ſelles, & mourut bien-toſt apres. Monſieur Selecque Ale- ' mand , Colonel des Reiſtres , eut en cette ville vn coup d'eſpée au trauers le ventre,dont incontinent ietta le ſang pur par la verge, le ſiege,& par ſes playes, & non ſeulement le ſang, mais auſſi la matiere fecale.Il fut penié par Monſieur de la Corde Medecin celebre, & Docteur à Paris, & Monſieur Pigray Chirurgien ordinaire du Roy,& moy,& Diéu le guarit. I'ay veu pluſieurs qui ont eu ſemblables playes qui ont reſchap- pé , & d'auttes de bien petites qui en ſont morts. Or quant au pus qui eſt ietté des bras par les vrines,cela ſera demonſtré par ces deux hiſtoires. I'ay veu Monſieur Sarret Secretaire du Roy,auoir vn coup de piſtolet au bras dextreà ſa, playe ſuruindrent pluſieurs accidens & apoſtemes, deſquelles ſortoit bien grande quantité de bouë,& par quelques iours n'en ſortit que bien peu & alors la iettoit par le ſiege & par ſes vrines ; & quand ſes vlceresiettoient beaucoup,on ne voyoit ny par les felles, ny par les vrines aucune apparence de bouë, & fut guarygraces à Dieu, & eſt en- core à preſent viuant. - Monſieur Houlier,Docteur Regent en la faculté de Medecine à Paris,Germain Cheual, & Maiſtre Raſſe, Chirurgiens furez,hommes excellens en la Medecine, & moy,auons penſé vn Gentil-homme nommé Mon- ſieur de la Croix, qui fut bleſſé d'vn coup d'eſpée au bras ſeneſtre,auquel aduint pareille choſe : toutesfois il mourut. Or Maiſtre Raſſe diſoit, qu'il eſtoit impoſſible que la boue peuſt prendre vn ſi longchemin pour eſtre vacuée:ioint qu'elle ne pouuoit paſſer par les vrines , ſans qu'elle fuſt meſlee auec le ſang, & partant qu'elle pouuoit pluſtoſt venir du mezentere, ou des inteſtins, & non du bras ou de quelque autre part. le diſois au contraire,qu'elle venoit du bras,à raiſon que lors que ſes vlceres iettoient vne grande quantité de ſanie , il n'en ſortoit nullement par en bas. Monſieur Houlier eſtoit de mon party, diſant que les Anciens auoient laiſſé par eſcrit telle choſe ſe pouuoir faire:& ce qui nous mettoit d'accord,ſeroit que lors que le- dit de la Croix ſeroit mort,qu'on regardaſt en ſon corps,s'il y auoit quelque apoſteme ou vlcere.Il mourut & fis ouuerture de ſon corps en la preſence des ſuſdits,& ayant regardé & examiné toutes les parties inter- Athe. 8r. Au 4. ch. du 6. liºre de loc. affect. Hiſtoire de Menſieur H oulier. Pierres trou- uées au C0E/4/". Aurelianus. Hiſtoire, Premier Hi- ſtcire de M. Sarret. Seconde Hi- ſtoire de M. de la Croix. nes,ne fut trouué aucun lieu,d'où la boüe peuſt ſortir:dont fut conclu de tous,que ladite boüe procedoit du . bras,eſtant vacuée par les ſelles & vrines : adjeuſtant que telle choſe n'eſtoit pas impoſſible,parce que no- ſtre corps eſt confluxible & tranſpirable.Dauantage, nous voyons par experience de deux vaiſſeaux de ver- re appellez Monte-vins , que l'vn ſoit remply d'eau,& l'autre de vin clairet,& ſoient poſez l'vn ſur l'autre,à ſçauoir celuy qui ſera remply d'eau ſur l'autre remply de vin,on void à l'œil le vin monter en haut du vaiſ- ſeau au trauers de l'eau,& l'eau deſcendre dedans le vin,ſans meſlange des deux, ce que nous auons dit par cy-deuant. Et ſitelle choſe ſe fait ainſi exterieurement & apertement au ſens de noſtre veué par choſes in- animées:il faut croire en noſtre entendement,que Nature peut faire paſſer la boüe par les veines,ſans qu'el- le ſoit meſlée auec le ſang. Parquoy faut conclure auec Galien, que la boue faite aux parties interi ures, & leing des reins & de la veſſie,peut-eſtre vacuée par les vrines:ce qui ſe peut encore prouuer. Car aux excre- mens de noſtre corps qui s'expurgent par les reins,inteſtins,ratelle Kyſtis fellis,Nature par ſa vertu ſcque- =ſtrice y reſerue quelque portion du ſang & ſuc benin,& propre pour leur nourriture, que chacune d'icel- Me partie attire & ſepare d'auec les excremens.Dauantage le ſang pur & le meilleur qui ſoit au corps enuoyé •de toutes les parties,pour eſtre jetté par la verge,afin de generation,paſſe par dedans les vaiſſeaux 1perma- mtiques, qui touſiours ſont remplis de ſang : neantmoins la ſemence coule au trauers ſans ſe meſler aucune- ment. D'abondant ne void-on pas que les femmes nouuellement accouchées, jettent le laict pur contenu aux mammelles par leur matrice:lequel auſſi faut qu'il paſſe au trauers des veines & arteres mammillaires? Tout le ſemblable ſe fait aux veines mezaraiques , par leſquelles le chyle ſe porte au foye, pour eſtre fait ſang, & fait ſang aux boyaux , pour leur nourriture , ſans meſlange de l'vn auec l'autre. " Belle compa- raiſon. Gal. au 4. de loc. aff. Le pus peut Le pus peut auſſi paſſer au trauers des os,ce qui eſt prouué par Galien au Commentaire ſur le s4.Apho"iſ-paſſer au tra- me du 7. liure, & pareillement par autres parties, par conduits imperſpirables. Exemple , comme nous uers des os. voyons ſortir le laictd'vne Nourrice par le bout de ſon tetin,& la ſueur par les pcres de noſtre cuir à groſ- ſes gouttes comme perles,neantmoins on ne peut trouuer aucun conduit, pour y mettre aucune choſe tant deliee ſoit-elle.Dauantage ne voit-on pas aux pauures verolez,qui ietteront par chacun iour & nuict,cinq & M m 3 , ſix Exemple de la ' eſpira- tion. ' 4 1 4 M-S- L 1x-1tpuc111v L lUl1 V \ lV. P1u11cu1s Matieres qui 4 ºM4cf4e/7f par les par- tier ſupe- rieures. Comme le pus ſe peut purger ſans ſe meſler parmy le ſang- Prognoſtic. "x grandes baffinées debaue semblablement aux flux de ventre, vn malade iettera par le ſiege des ma- ºieres de diuerſes ſubſtances & couleurs, la quantité qu'on ne peut eſtimer pouuoir eſtre contenue aux #nteſtins. Pareillement par le vomiſſement on iette grande quantité d'humeurs qui y abordent de toutes les parties du corps, comme torrens, par conduit imperſpirables & inconnus. Il faut auſſi remarquer qu'il apparoiſt aux vrines quatre ſubſtances, à ſçauoir la ſemence, le pus, la pituite & le ſang : la ſemence nage deſſus, parce qu'elle eſt plus legere & ſubtile : le pus & la pituite vont au fond, la pituite eſt vnie, au con- traire le pus ſe diſſoult lors quel'vrine eſt agitée : & quand au ſang, il apparoiſt aucunesfois ſeul, & quel- quesfois meſlé auec l'vrine, comme nous auons dit cy-deſſus. Il faut de neceſſité conclure, que toutes ceſ- . dites matieres ne viennent ſeulement des lieux d'où ils ſortent, parce qu'il eſt impoſſible qu'ils puiſſent contenir vne ſi grande abondance de matieres qui en ſortent. - Apres auoir diſcouru des matieres qui s'euacuent par les parties inferieures, faut eſcrire de celles qui s'euacuent par les ſuperieures. Exemple. Les menſtrues ſe peuuent purger par vomiſſemens, par le nez, & par les mammelles, voire en grandé quantité tous les mois (comme i'ay eſcrit cy-deuant ) ou par vne apo- ſteme fait au thorax : comme d'vne pleureſie,le pus ſort partie par la bouche en crachant, ou par vomiſſe- ment, & partie par les vrines, comme i'ay deſ-ja dit. Semblablement l'vrine eſt iettée par vomiſſement (ce que i'ay veu pluſieurs fois) quand les poresvreteres ſont bouchez, ou la veſſie & verge gangrenez.Verita- blement i'ay veu à vn corps mort vn des pores vreteres de groſſeur d'vn doigt,plein d'vne matiere gypeuſe, & en l'autre y auoir vne pierre qui eſtoit deſcendue dans les reins, en ſorte que l'vrine ne pouuoit couler en la veſſie, & regorgeoit en haut. Le patient deux iours deuant que mourir, vomiſſoit & iettoit ſon vrine par la bouche. Pareillemeut quand les inteſtins ſont eſtoupez, comme lors que nous les voyons eſtre deſ- cendus aux bourſes, & aux femmes entre les muſcles de l'Epigaſtre, ou pour eſtre entortillez par les vers: & qu'ils n'ont peu eſtre reduits, lors la matiere fecale remonte en l'eſtomach, & eſt vomie par la bouche, tel accident eſt appellé Miſrere. - Il reſte encore vne difficulté à laquelle il faut reſpondre, ſçauoir eſt comme le pus ſe peut purger par la veſſie,ſans ſe meſler parmy le ſang. A cela faut reſpondre que noſtre corps eſt gouuerné de faculté ſecretri- ce, qui peut trier & faire choix des matieres entierement confuſes & meſlées de bon & de mauuais. Exem- ple. La veſſie du fiel attire à ſoy la colere d'auec le ſang, & la ratte la melancholie, qui n'aparoiſſoient au ſens de la veue eſtre dedans le ſang. Auſſi les rongnons tirent la ſeroſité du ſang,& la mettent a part,laquelle eſt iettée par l'vrine. D'auantage, pluſieurs bien toſt apres auoir pris leur refection , vomiront grande quantité de pituite & colere, ſans ietter vn ſeul morceau de leur viande , ce que ie ſçay pour l'auoir ex- perimenté en moy-meſme. Et icy notera le ieune Chirurgien, que lors que nous diſons qu'il y a certaines vertus & facultez naturelles : comme, Animale. Augmentatrices Auditiue. Memoratrice. Vitale. Expultrice. Odoratiue. Concupiſcible. Naturelle. Senſitiue. Guſtatiue. Chylifique. Attractrice. Motiue. Tactile. Sanguifique. Retentrice. Generatrice. Ratiocinatrice. ? Colorofique. Concoctrice. Regeneratrice. Animoſitiue. Lactificatrice. Aſſimilatrice. Agglutinatrice. Riſifique. Sequeſtrice, & autres. Formatrice. Viſible. Imaginatrice. - Il ne faut pourtant imaginer que telles facultez ayent entendement & raiſon pour faire leurs effets : car elles ne ſont qu'inſtrumens de noſtre ame, laquelle a eſté crée par l'eternelle prouidence de Dieu épandue en toutes les parties du corps, & entiere en ſoy, qui n'occupe point de lieu par extenſion corporelle, la- quelle eſt incomprehenſible à l'eſprit humain. \ Des cauſes exterieures de la retention de l'vrine . CH A P. L II. E s cauſes exterieures ſont pareillement pluſieurs, comme s'eſtre baigné en eau froide, ou auoir eſté longuement au froid, ou auoir par trop appliqué des choſes narcotiques ſur la re- gion des reins, & vſé de viandes trop froides & autres choſes ſemblables. Pareillement pour vne luxation interieure faite aux vertebres, des lumbes, à cauſe de la compreſſion des nerfs, qui ſortent d'entre leſdites vertebres, y eſt faite ſtupeur, dont la faculté expultrice eſt affoi- blie, & partant le muſcle qui tient la veſſie ſerrée , ne permet que l'vrine ſorte. Du prognoſtic de la retention de l'vrine. . CH A P. L III. I l'Vrine n'eſt euacuée ſelon que Nature le deſire, & qu'on ſoit quelques iours ſans vriner, le )Z patient mourra s'il ne luy vient fiévre ou flux de ventre, ou les deux enſemble, par leſquels $ I'vrine puiſſe eftre conſommée & euacuée par autres voyes que par la veſſie. Car retenue en º) la veſſie par pluſieurs iours plus qu'elle ne doit, acquiert vne qualité acre & veneneuſe, dont aduient que par la repletion de la veſſie, venant à regorger en haut, ſe meſle parmy toute la maſſe du ſang.meſme ſe tranſporte aiſément au cerueau, à raiſon de la ſympathie qu'ont lesineninges auec la veſſie, par ſimilitude de matiere membraneuſe. Or en tel cas Nature ſi elle eſt forte, ſouuenr ſe décharge manifeſtement par le ventre, autrefois par le moyen d'vne fiévre : ſenſiblement, ſi à icelle ſuruient vne grande ſueur, ou par vomiſſement, comme ainſi ſoit que la matiere de la ſueur & de l'vrine eſt meſme: inſenſiblement, l'vrine eſtant reſolue en tenuës & ſubtiles exhalation par l'ardeur de la chaleur fiévreuſe. Par vne refrigeration du Sphincter de la vcſſie, ou d'vn humeur froid qui y ſera decoulé, il ſe fait paralifie, dont l'vrine ne peut eſtre iettée,auſſi par la leſion de l'eſpine comme d'vne playe ou contuſion : par meſme moyen auſſi coule inuolontairement auec les autres excremens pour la leſion de ladite eſpine. Zºe vperations de v nirurgie. 4 I 5 A - - - De l'vrine ſanglante & purulente . CH A P. L IV. V c v N s piſſent le ſang tout pur, autresfois meſléauec l'vrine, comme vne eau en laquel- cauſes du le on aura laué quelque piece de chair ſanglante,& quelquesfois auec de la boue meſlée auec flux de ſang $ % l'vrine. Les cauſes ſont pluſieurs, comme de trop grande repletion de ſang lequel s'euacuë par la verge % par periode & paroxyſme, ainſi que fait le flux menſtrual ou hemorrhoidal,& s'en trouuent : plufieurs, à qui tels flux ſont ceſſez, s'éuacuant par les reins.Auſſi par vne cauſe de maladie faite de : epletion,ou par exefion de veine,ou par quelque humeur acre & mordant:ou pour auoir leué trop peſant fardeau,ou ſauté,ou tombé de haut en bas,ou auoir eſte frappé de quelque coup or- be,ou qu'il fut tombé quelque choſe peſante ſur les reins, ou couru la poſte : & fait autres exercices grands & violents,& ( comme nous auons dit cy-deſſus) pour vne pierre aux reins,aſperitez & pointes ou cornet, ou pour l'imbecillité de la faculté retentrice d'iceux,ou pour auoir vſé immoderémentde l'acte venerique, & autres ſemblables, ou pour auoir receu quelque playe aux parties ſeruantes à l'vrine. Pareillement pour auoir vſé de quelques potions,alimens & medicamés trop chauds,acres & diuretiques,& contraires detou- te lçur ſubſtance aux † dediées à l'vrine,comme cantharides, & autres que ie ne veux icy nommer.Et pour ces cauſes,il ſe fait aux reins & à la veſſie vne ſi gtande inflammation,qu'elle ſe termine le plus ſouuent en apoſteme & ſuppuration,& par conſequent en vlcere:duquel la ſanie eſt iettée par voyes des vrines. En telle & ſi grande varieté des cauſes d'vrine ſanglante,nous diſcernerons d'où procede tel ſymptome par l'a- B ction de telle ou telle partie offenſée, par la qualité du ſang qui ſort,ou pur oumeſlé : aaec l'vrine ſeule, ou auec du pus. Exemple : Si la ſanie vient des poulmons,du foye,des reins,ou des vertebres luxez,ou du vice ºº de l'inteſtin droit , ou d'autre partie, ſera cogneu par la ſituation des parties affectées, & par les accidens, qui ſont,fiévre,douleur,& autres qui ont precedé,ou ſont encore preſens,& demonſtreront infailliblement le lieu d'où procede & coule la ſanie, auſſi fera la quantité & qualité du pus. Car ſi c'eſt vn vlcere ſitué au bras,comme nous auons dit,lors que de l'vlcere ſortira quantité de ſanie,ne s'en fera emiſſion par les vrines. Au contraire,lors que l'vlcere demeure ſec,on la void ſortir par lesvrines ou ſelles,voire en grande quanti- té.Semblablement ſi elle vient des poulmons,comme d'vn empyeme,ou du foye,& en abondance, ſera co- gneu , pource que telle quantité de ſanie ne peut eſtre contenuë au reins : ioint que comme ſortant du con- duit de l'vrine,tel ſang eſt pur:auſſi venant du foye ou autre partie de deſſus le diaphragme,eſt bië plus exa- · ctement meſlé auec l'vrine que lors qu'il vient des reins, ou de la veſſie. Quant à la curation,nous ſortirons des bornes de noſtre profeſſion, ſi † voulons pourſuiure ſpecialement : Il ſuffira de dire en vn mot, qu'il ne faut eſperer guarir vn tel ſymptome, que la cauſe, c'eſt à dire le vice de telle ou telle partie, ne ſoit guary premierement. Au reſte, ſi tel flux d'vrine ſanglante vient par ſimple ouuerture de vaiſſeaux, il ſera guary par choſes aſtringentes : ſi de rupture, par agglutinantes : ſi d'eroſion, par ſarcotiques. Des ſignes des vlceres aux Reins. C H A P. L V. $O MB 1 E N que ie n'euſſe deliberé de pourſuiure ſpecialement les cauſes d'vrine ſanglante ,º,ſsº toutesfois parce que ce qui depend des vlceres des reins & de la veſſie, tombe fort ſouuent en # vlceres #Y4 pratique, il m'a ſemblé bon d'en dire vn mot en paſſant Les ſignes des vlceres des reins, ſont ** veſſie. douleur aux jambes. D'auantage , la ſanie qui ſort de leur ſubſtance eſt meſlée auec l'vrine, & - - " trouue on les ſedimens ſanieux & rouges, & iamais ne ſort qu'auec ladite vrine , & touſiours C reſide au fond d'icelle. Dauantage, les vlceres des reins ſortent quelques fois de petites pelliculles, & Portions de chair , & filamens rougeaſtres. Outre-plus n'eſt de ſi mauuaiſe odeur, comme celle qui vient de l'vlcere de la veſſie, d'autant qu'elle eſt de ſubſtance nerueuſe, à cauſe de quoy la matiere ne peut eſtre bien ſuppurée , comme és reins qui ſont charneux. Des vlceres en veſſie, & des ſignes d'iceux. C H A P. LV I. $Y# v L c E R E de la Veſſie peut eſtre fait au profond & capacité d'icelle, pareillement en ſon L'vlcere des $ col. Les ſignes que l'vlcere eſt en la veſſie, c'eſt que le patient ſent perpetuelle douleur au rºººſ*P!- S# profond du penil Et ſi l'vlcere eſt au col, le patient ne ſent que peu de douleur, ſi ce n'eſt toſt # # alors qu'il piſſe, & vn peu apres auoir piſſé, comme nous dirons és chaudes-piſſes. La ſanie # ſ'é'Il67 ſſéº qui ſort de l'vlcere de la veſſie eſt fort fetide, & auſſi qu'en la iettant, la verge le plus ſouuent " veſſie. e roidit, à cauſe de la douleur qu'elle fait paſſant par la voye de l'vrine.Outre plus on void dedans l'vrine de petites peaux blanches & deliées, & non rouges ou peu ſouuent. Et void-on icelle ſanie eſtre à la fin jettée apres l'vrine, & non tant meſlée auec l'vrine, comme lors qu'elle vient des parties ſuperieures. D Du prognoſtic des vlceres des reins , & de la veſſie . C H A P. LV II. E s vlceres des reins ſont plutoſt guaries que celles de la veſſie, d'autant qu'ils ſont charnus, & la veſſie exanguë, membraneuſe, nerueuſe & plus ſenſible. L'vlcere qui eſt au fond de la veſſie eſt incurable où fort difficile à curer, à cauſe qu'elle eſt nerueuſe, & que l'vrine qui deſcend & y demeure, poingt & mordique,dont augmente toûjours l'vlcere, tellement qu'elle ne peut eſtre glutinée qu'à grande peine : car iamais l'vrine ne peut eſtre du tout euacuée : & le reſte qui eſt laiſſé, eſt eſchauffé par l'intemperature de la veſſie,& parce auſſi qu'elle ſe dilate & ſe reſſer- re ſelon l'vrine qu'elle contient. Qu'il ſoit vray,nous voyons aux ſuppreſſions qu'icelle jette vne pinte d'v- rine à vn coup. Quand les vlceres ſont en la veſſie & que les cuiſſes du malade maigriſſent & tombent en Nºtez- atrophie, c'eſt ſigne de mort prochaine. Si les vlceres ne ſont toſt guaries tant d'vne partie que d'autre, ºsº de demeurent incurrables. Si la ſanie vient des parties ſuperieures, comme des bras ainſi qu'auons dit, ou des "º poulmons, du foye ou ratelle, ſera connu à cauſe que telles parties ont eſté premierement bleſſées. $ M m 4 7D2 : Indication. Aduertiſſe- mêt notable. 9)uand il faut vſer des diureti- ques. Eau diſtillée propre pour prouoquer l'vrine, Vtilité des bains. Vtilité du laiét d'aſ R. W. F -- J V-* ----" •--•- t -1-1 • •- M.-, A. W.-3 M. V ^-4 V• H - • • -- • • De la curation de la retention d'vrine . C H A P. LV I I I. :- $ #) O v R la curation des choſes qui prohibent vriner , il faut prendre indication de la maladie $ |?) $ % & de ſa cauſe, ſi elle eſt encore preſente. Pareillement ſelon les parties bleſſées faut diuerſi- - fier les remedes, appcllant le Medecin s'il t'eſt poſſible : lequel ordonnera les choſes vniuer- ſelles au malade, & ce qu'il appartiendra à la Chirurgie, auec ſon conſeil, les mettras en exe- cution.Et ſubit voyant vne difficulté d'vriner , ne courras au remede des pierres ou ſables, comme ſouuent font ceux qui ne ſont conduits par methode, qui ordonnent choſes diuretiques, leſquel- les ſont cauſes de pernicieux accidents. Si c'eſtoit humeur acre, ou quelque ſang cauſé d'vne contuſion, ou par trop auoir exercé l'acte venerique , ou autre grand & violent exercice, ou auoir vsé de quelques potions chaudes , auſquelles y euſt cantharides, ou apoſtemes & vlceres qui fuſſent és parties dediées à l'vrine , ou pour auoir tenu trop longuement ſon vrine, & autres ſemblables. Car ſi en telles choſes on donnoit les diuretiques , on accroiſtroit la douleur & inflammation, gangrene, & par conſequent on ſe- roit cauſe de la mort du Patient. Mais telles choſes diurctiques pourroient auoir lieu , lors qu'il y auroit quelque petite pierre ou ſable, ou vn humeur gros & viſqueux, demeuré aux voyes de l'vrine.Et ſembla- blement pour s'eſtre baigné en eau froide, ou par le froid interieur, ou indue application des choſes nar- cotiques ſur les reins ou à la veſſie, ou d'vn empyeme, ou de pituite,& humeurs froids,eſpés & viſqueux, qui fuſſent cauſe de faire obſtruction aux voyes de l'vrine, & autres ſemblables,les diuretiques pourroient alors auoir lieu , pourueu encor que les choſes vniuerſelles fuſlent faites, & non autrement. Or les diu- retiques peuuent eſtre adminiſtrez en diuerſes façons comme s'enſuit. Pour prouoquer l'vrine. 2Z. Agrim. vrticæ,& parietarix, ſurcul. rubros habentis an. m.). radicum aſparagi mundatar. 3. iiij. g.alxenxengi nu. xx. ſem. malua 5. ſº.radicacori 3.j. bulliant omnia ſimul in ſex. libris aqua dulcis ad tertias, deinde cole- tur , de qua capiat aeger. 3. iiij. cum. 3. j.ſacchari.cand. & calidum bibat ieiunio ſtomacho tribus horis an- te cibum. Pour mefme effect. Prenez trente ou quarante, voire plus, bayes de lierre, & les broyez en vin blanc , & en baillez à boire au patient deux heures deuant manger. Autre pour meſme cauſe.2L. ſem. vrt pulueriſata 3.j. diſſoluatur cum decoctione pulli. Et faut que le patient l'aualle le plus ſubit qu'il pourra, de peur qu'il n'adhere contre la gorge : pource qu'il y cauſeroit ardeur.Autre. 2Z. decoctionis milij ſolis, pimpinella , parietaria : ſaxifrag rad. petroſelini, aſparagi, acori, bruſci,& ireos , & en ſoit donné à boire au patient la quantité de trois ou quatre onces tiedes.Et entre tous cette eau eſt excellente pour prouoquer l'vrine, & deſtouper les voyes d'icelle, de quelque cauſe que ce ſoit. 2Z. rad. oſmondæ regalis, cyperi, biſmal.graminis petroſelini, fœniculi an.3. ij.raphani craſſioris in taleolas ſecti 3 iiij.ma- cerentur per noctem in aceto albo acerrimo, bulliant poſteà in aqux fluuialis fb. x. ſaxifra. criſta marinx, rubix tinctorum, milij ſolis , ſummitatum malux, biſmal. an.p. ij folio. viol.p. iij. berula , cicerum rub. an p. j. ſeminis melonum , cituli,an. 3.ij. 6.alxexengi granaxx. glicyrrhiza 3.j. bulliant omnia ſimulad tertias : in colatura infunde per noctem foliculorum ſena oriental. fb.f. fiat iterum parua ebullitio, in ex- preſſ. colata infunde cinamomi electi3. vj. colentur, iterum colatura iniiciatur inalembicum vitreum, po° ſtea adde terebenthina Venetæ lucida fb.ij. aqua vita 3. vj. agitentur omnia ſimul digentiſſimè, lutetur alembicum luto ſapientia , fiat diſtillatio lento igne in baleno Marix,deſquels tu as les figures cy-apres.#. Aquæ diſtillatitiæ præſcriptœ 3.ij.aut iij. ſecundum operationem quam præſtabit, quatuor horis ante pa- ſtuni.Auſſi au lieu d'icelle, on peut donner eau de raues, diſtillée pareillement in balneo Marix : & donnée à boire la quantité de trois ou quatre onces auec ſuccre, deux heures deuant manger , tres-propre pour deſtouper les voyes de l'vrine , ſoit de cauſe pituiteuſe,ſable ou autre obſtruction. Les bains & demy-bains faits commodément relaxent, dilatent, ouurent & amoliſſent tout le corps : & à la ſortie d'iceux , lors qu'on veur fort deſtouper, on donnera les choſes diuretiques , comme encore pour exemple, demie drag- me de theriaque diſſout en eau de raues,ou autres choſes ſemblables. Maintenant nous de ſcrirons quelques rcmedes pour la mundification des vlceres de reins, & de la veſſie Et premierement les ſyrops de capil. Veneris , de roſes,beuz auec hydromel,ou eau d'orge,la quantité pour chacune fois d'vne once, ſont bons pour leſdits vlceres : auſſi le laict d'aſneſſe ou de chevre y eſt propre , à cauſe que de la ſubſtance ſereu- ſe les deterge, & les glutine pour ſa ſubſtance formageuſe, il nourrit pour ſa ſubſtance butireuſe : & doit eſtre pris, s'il eſt poſſible , tout recentement tiré de la beſte. Le malade en prendra pour chacune fois vn meſſe , é le poſſon , auec vn Peu de miel roſat, & vn peu de ſel, de peur qu'il ne ſe corrompe & tourne en l'eſtomach. moyen d'en vſer. Trochiſques. Iniečtion- Ptiſanne ar- tificielle. Hiſtoire. Dauantage , apres l'auoir pris, on ne doit boire ne manger que iuſques à ce qu'il ſoit digeré, & paſſé hors l'eſtomach. Les trochiſques qui s'enſuiuent,ſont pareillement propres pour mondifier les vlceres des reins & de la veſſie. 2/.. quatuor ſeminum frigidiorum maiorum ſemin. papaueris albi , portulacæ , plantaginis cydoniorum , mittillorum , gummi tragacanthi & arabici, pinearum,glycyrrhizx mundatae,& hordeimun- dati, mucilag pſilij,amygdal. dulcium,ana 3.J.boli armen.ſang. draco ſpodij, roſ maſtich. terræ ſigillatæ, myrthae an.3.ij.ſecundum artem conficiantur cum oxymel.ſimpli.& fiant trochiſci Et le patient en doit pren- dre demie dragme,diſſoute en laict clair, ou ptiſane, ou eau d'orge, & autres ſemblables. Pareillement tu en peux diſſoudre en eau de plantain , & ietter auſſi auec la ſyringue dedans la vedie. Le malade en lieu de vin , boira eau d'orge , ou hydromel, ou ptiſane faite auec vne once de raiſins de damas , auſquels on aura oſté les pepins du dedans, & ſeront faits boüillir en cinq chopines d'eau de riuiere , en vn pot verniſſé,ou en vne fiolle de verre,iuſqu'à la conſomption d'vne quarte;puis y ſoit adiouſté ſur la fin vne once de regliſ- ſe mondée, & deux dragmes de ſemences froides concaſſées, & les faire derechef vn peu boüillir,puis les paſſer par la chauſſe d'hippocrats , auec vn quarteron de ſuccre fin, & deux treſeaux de canelle tirée, & d'icelle en ſera vſé en lieu de vin. Le reſte de la cure s'accomplira ſelon l'art. De Diabetes & Strangurie_>. C H A P. L IX. PR E s auoir deſcrit les cauſes de la retention d'vrine,& des vlceres des reins,& de la veſſie # id ne puis encores paſſer, que ie ne declare aucunement les cauſes de ietter l'vrine inuolon- la tairement goutte à goutte, on tout à l'inſtant que le malade aura beu : qui vient par le de- faut de la vertu retentrice, & d'vne deprauation de la vertu expultrice.Si l'vrine eſt jettée en grande quantité,les anciens l'appellent Diabete :& ſi elle eſt jettée ſeulement goutte a goutte, telle diſpoſition eſt nommée ſtrangurie : quieft vne inuolontaire emiſſion d'vrine frequente en petite quan- tité : aucunesfois auec douleur, & autresfois ſans douleur. I'ay ſouuenance auoir traicté auec † Houlicr A A N.-A7 H -1 $-à U. M.V_A'J 1A> \- lV - N-A.M. .. A. . -**3 -- •r • r Houlier,Medecin tres-docte,defunct Monſieur Goyer,Aduocat du Roy au Chaſtelet de Paris , lequel auoit vne difficulté de retenir ſon vrine,dicte ſtrangurie,& piſſotoit ordinairement tant le iour que la nuict,auec tres-grandes douleurs,ſe plaignant ſentir grande chaleur & cuiſon à la veſſie, & à l'extremité de la verge, & jettant ſes vrines laicteuſes,& à la fin de l'vrine,du pus. On luy fit beaucoup de remedes:& pour luy appaiſer la douleur,ie luy faiſois par l'aduis dudit Houlier , des iniections auec eau de plantain, centino- dium,auſquelles eſtoit diſſoult de la craye & terre ſigillée. Autresfois ie luy faiſois des iniections faites de mucilages de coins,& de pſyllium auec eau de plantain , & de roſe, leſquels remedes tendoient à fin de ra- fraiſchir l'intemperie de la veſſie,& deſſeicher les vlceres. Deuiſant auec ledit Houlier, pour ſçauoir la cauſe des ſuſdits accidens.il me dit que Goyer auoit la veſſie rongneuſe & teigneuſe, auec petits vlceres & lors que l'vrine tomboit à la veſſie,elle mordiquoit les vlceres : qui faiſoit que la faculté expultrice la vou- loit promptement jetter,& que le pus qu'il jettoit apres l'vrine, venoit de la rongne qui eſtoit à la veſſie, pour la compreſſion qu'elle faiſoit à ietter icelle vrine. Ledit Goyer eſtant decedé,ie fis ouuerture de ſon corps à la preſence dudit Houlier : & trouuaſmes laveſſie toute calleuſe & pleine de puſtules, de groſſeur d'vn petit pois, & lors que ie les comprimois, en ſortoit du pus tout blanc, tel que celuy qui eſtoit jetté auec les vrines pendant ſa vie. - - Des cauſes de Diabetes. CH A P. L X. E s cauſes de Diabetes ſont doubles, à ſçauoir internes & externes. Les externes c'eſt d'âuoir vsé in- tempeſtiuement de choſes trop chaudes & diuretiques , ou trop grand trauail immoderé, & autres ſemblables. Les cauſes internes ſont pluſieurs, comme inflammation de foye, poulmons, ratelle, reins, veſſie, ou du vice de tout le corps, comme par vne criſe de quelque maladie, laquelle ſe termine par flux d'vrines. Les cauſes de Strangurie . C H A B. LXI. E s cauſes de Strangurie ſont auſſi primitiues, & antecedentes. Les primitiues d'auoir beu trop gran- de quantité d'eau § auoir enduré trop grand froid.Les antecedentes,ſont humeurs froids de- fluez ſur les parties dediés à l'vrine,qui les rend paralytiques au moyen dequoy le muſcle qui ſerre la veſ- fie,eſt aucunement relaxé & amolly : parquoy ne peut tenir la veſſie ſerrée, ou bien bouſehent en partie le conduit de l'vrine : dont s'enſuit cours d'vrine goutte-à goutte,contre noſtre volonté. Des ſignes & prognoſtic de Diabete . C H A P. L XI I. # N pourra cognoiſtre la cauſe d'intemperature chaude par ces ſignes : à ſçauoir que le patient #ºurquºy, § ſent vne douleur poignante & mordante, auec vne grande alteration & ſoif extreme, joinct l'vrine n'eſt a N È) auſſi qu'il ſe trouue bien d'vſer des choſes refrigerantes, & non diuretiques : au contraire il ſe *** # trouue mal de choſes chaudes.Et ſi la cauſe prouient d'intemperature froide, au contraire la douleur ſera petite & quaſi inſenſible : & ſe trouuera le malade mal,à l'vſage des choſes froi- C des or neantmoins que la cauſe de diabetes ſoit chaude,ſi eſt-ce que l'vrine n'eſt trouuée teinte ou rouge, ny trouble ny eſpeſſe:mais crue & blanche:claire & ſubtile,à raiſon qu'elle demeure peu au foye , & en la grande veine caue:mais eſt attirée par la chaleur intemperée des reins & de la veſſie, ſans aucune ou peu de concoction. Et quant au prognoſtic,ſitels flux d'vrines durent longuement, donneront grande faſcherie au malade , & tombera en atrophie & emaciation , ou amaigriſſement de tout le gorps , & par conſequent IIlOllII'2 • D De la cure de Diabetes. CH A P. LXIII. A cure ſe fera ſelon la diuerſité de la cauſe. Exemplc. Si c'eſt par vne intemperature chaude, z., tt4tre le patient ſera purgé & ſaigné. Et fauticy noter,que les quatre ſemences froides,neantmoins # #. qu'elles ſoient froides,ſont diuretiques,prouoquans l'vrine : partant en telle indiſpoſitionne d § conuient en donner au patient. Et vſera d'alimens froids & aſtringens, qui engendrent retiques. . ! gros ſuc, comme riz, orge-mondé, & leurs ſemblables : boira eau froide, ou gros vin aſtringent, auec bonne quantité d'eau. Et ſur les reins & parties dediées à l'vrine , ſeront appliquée cho- Il faut vſer ſes fort froides & narcotiques, prenant indication de la ſituation des reins, qui ſont ſous les muſcles lum- d, choſes ex- baires. Parquoy tu dois appliquer les remedes plus froids, que s'ils eſtoient ſuperficiels. Donc tu vſe- trememene ras d'huyle papaueris albi,iuſquiami,opij,ſeminis portulacae, lactucœ,aceti, corticis mandragoræ, & leurs froides par ſemblables, ſoit en linimens, cataplaſmes, & onguents, pour eſteindre la chaleur eſtrange,& roborer les dehors pour parties affectées. Au contraire, ſi la cauſe vient du froid , faut changer du tout les remedes froids, tant les reins. par dedans que par dehors : & vſera de viandes pluſtoſt roſties que boüillies. Ce remcde eſt ſingulier: faut faire boire de la ceruelle de lievre,cuite & deſlayée en vin clairet,& en donner à boire, quand le ma- lade s'ira coucher. Ce remede a ſouuent eſté approuué eſtre excellent pour ceux qui jettent l'vrine inuo- lontairement. « - De la cure de Strangurie_ . C H A P. LXI V. & ARE ILLE indication doit eſtre ſuiuie pour les remedes de la Strangurie:à ſçauoir tirant iceux de la varieté des cauſes dont elle eſt faite. Car comme ainfi ſoit que toute intemperie peut cauſer ſtrangurie,comme eſcrit Galien ſur l'Aphor.15.de la ſect.3. certes ſelon que ſera le vice d'intépe- - rature,ſelon cela nous vſerons de fomentations contraires:côme ſi elle eſt froide,nous eſtuuerós les parties honteuſes de decoction de mauues,roſes,origan,calament,& ſemblables puis les oindrös d'huile laurin,de caſtoreum,& d'autres de pareil effect. Commanderons au malade de boire de bon vin, & iceluy pur : comme auſſi quand la ſtrangurie ſera excitée par obſtruction de quelque humeur, & ſans froid, ſans plethore: - - - Auiceñ: li,5" Paul. AEgin. liu. 3.ch.43. Cauſe de la colique ven- teuſe. . Colique ne- phritique par V%mpathie. Pourquoy vient le vo- miſſement. Colique de cauſe chau. de . Colique par replieure ér entorſeure. Cºlique par les vers. Par troplan- gue demeure des matieres fe, ales. Hiſtoire . Signes de la coli que ne- phritique. Signe de la venteuſe. Pourquoy le vomiſſement vient à la colique ven- teuſe Signes des extre/776/75 retenf45. Signes qu'el le eſt faicte par inflam- mation. plethore:mais ſi elle vient de quelque inflammation auec plethore,nous la guarirons par la ſaignée,comme note Galien ſur l'Aphoriſme 48.de la ſect.7.Au reſte,ſi tel mal vient d'obſtruction de quelque choſe, nous y}remedierons par diuretiques chauds,ou froids,ſelon la qualité du corps,qui fera telle obſtruction.Quand à la dyſurie,c'eſt à dire,difficulté d'vrine,nous n'en parlerons point dauantage,pourautant que les cauſes & remedes d'icelle ſont meſmes auec l'iſcurie,c'eſt à dire , ſuppreſſion d'vrine, dont nous auons parlé cy-de- uant,differant ſeulement ſelon le plus ou moins. L XI. , I L aduient quelque obſtruction ou autre accident, que les matieres contenuës aux boyaux ne puiſſent eſtre vacuées par la décharge ordinaire, qui ſe fait par le ſiege : ſi le vice eſt aux $ greſles,il s'appelle voluulus, ou ileos(vulgairement Miſerere mei ) mais s'il eſt aux gros, c'eſt ($ * ce que nous nommons proprement colique, qui a pris ſon nom de la partie malade, qui eſt > <* colon,c'eſt à dire,la continuité des gros boyaux:mais principalement en celuy que nous nom- mons colon. Pour cette cauſe la colique eſt diffinie par Auicenne , douleur inteſtinale, en laquelle mal-ai- sément on rend ſes excremens par le ſiege. Paulus AEgineta reduit la cauſe en quatre eſpeces : à ſçauoir craſſitude d'humeurs,contenu entre les tuniques des boyaux,& eſprits flatueux,qui ne peuuent ſortir, in- flammations des inteſtins , & humeurs acres & mordans. Mais pour miéux inſtruire le ieune Chirurgien, nous en parlerons plus particulierement, & dirons les cauſes & differences eſtre pluſieurs. Et premiere- ment pour auoir trop vsé de viandes pituiteuſes,venteuſes,& gluantes. La colique venteuſe eſt procurée, ou pour auoir mangé de pluſieurs & diuerſes ſortes de viandes, ou en trop grande quantité ( neantmoins qu'elles fuſſent de bon ſuc ) dont ſe ſeroient engendrées cruditez & obſtruction, puis ventofitez, cauſant vne douleur tenſiue : ou pour auoir beaucoup mangé de fruicts cruds , & beu par trop froid apres s'eſtre trop eſchauffe : car par cette froideur l'eſtomach & les boyaux ſont refroidis, & les humeurs aucunement congelez. Il y a vne colique appellée nephritique qui eſt aux reins, ainſi appellée , parce qu'en Grec ſe rognon eſt dit Nephros. Cette colique procede communément de quelque pierre ou grauier engendrée aux reins, ou eſtant deſcendue aux pores vrinaires:alors le malade ſent douleur à la hanche & aux lumbes, à cauſe qu'el- les preſſent les nerfs qui naiſſent des vertebres des lumbes , leſquelles ſe ramifient autour de la jointure de la hanche,& aux muſcles des lumbes & de la cuiſſe. Semblablement , les pores vreteres(qui ſont nerfs ca- ues)& les muſcles ſuſpenſoires patiſſent:& eſt aduis aux malades qu'on leur tire en haut les teſticules d'v- ne grande violence,auec douleurs extremes accompagnées de grands vomiſſemens pituiteux & bilieux', & ſueurs vniuerſelles qui durent iuſques à ce que la pierre ou ſable ſoient deſcendus en la veſſie.Or le vomiſ- ſement vient à cauſe que l'eſtomach,pour la continuité & voiſinage qu'il a auec les inteſtins,ſouffre pareil- le peine & douleur, que font les boyaux : meſmes que l'eſtomach eſt de ſemblable ſubſtance que les bo- yaux, n'eſtans leſdicts boyaux qu'vne production de l'eſtomach : parquoy quand nature veut jetter ce qui eſt contenu contre nature aux reins,ou aux pores vrinaires, ou entre les tuniques des inteſtins , où au me- zentere,ou au pancreas & † la douleur coliqueuſe , auec grandes douleurs & vomiſſc- mens.Dauantage,la colique ſe fait par intemperature chaude & ſeiche,;qui fait douleur poignante & mor- dante,deſſeichants les excremens contenus aux boyaux,enſemble les humiditez qui doiuent rendre les bo- yaux gliſſans & coulans:auſſi ſe fait par vne pituite groſſe & viſqueuſe,acre, & glutineuſe. Pareillement la côlique ſe fait par vne contorſion,c'eſt à dire que les boyaux s'entortillent, & tournoyent, de ſorte que la matiere fecale ne peut paſſer pour eſtre iettée hors, comme nous voyons euidemment en la deſcente des boyaux en la bourſe des teſticules,qu'on appelle hargne inteſtinale. Semblablement par les vers qui s'en- tortillent dedans le boyau colon,qu'ils occupent enſemble,retortillent & replient le boyau. Hippocrate li- ure 3.des maladies, traictant du voluulus, dit vulgairement Miſerere mei,conſeille(apres auoir vsé de plu° ſieurs remedes ) d'introduire duvent dedans le ventre auec vn ſoufflet qui ſera mis au ſiege , afin de faire diſtendre ledict ventre,& deſtourner le boyau entortillé.Auſſi par trop longue demeure des matieres feca- les contenues aux inteſtins,qui ſe fait par l'intemperature du malade,chaude & ſeiehe,ou pour auoir voya- gé en temps de grandes chaleurs, ou pour auoir long-temps vsé de viandes trop ſeiches. Veritablement, ie cognois des perſonnes qui ſeront huict ou dix iours ſans pouuoir aller à leurs affaires, & quand ils y vont,leurs excremens ſont ſecs & durs,comme crottes de chévre:& tels ſont fort ſujets à la colique,& mal de teſte,pour les vapeurs qui s'eſleuent au cerueau,voire que telle choſe eſt cauſe de la mort des malades. I'ay ſouuenance auoir ouuert le corps mort d'vn ieune garçon aage de douze ans, qui auoit entierement tous les inteſtins remplis de matiere fecale,fort dure & ſeiche,& auparauant ſa mort la jettoit par la bou- che,qui fut cauſe le faire mourir faute de l'auoir ſecouru en temps conuenable.Or voila les cauſes & diffe- rences de la colique,ce que i'ay peu apprendre des anciens & modernes Medecins. A preſent il nous faut parler des ſignes de chacune eſpece en particulier.Les ſignes de la colique nephriitique, ou pierreuſe : c'eſt que la douleur eſt fixe, c'eſt à dire,arreſtée en vn lieu,à l'endroit des reins, joint que ſouuent auparauant, le malade aura ietté quelque petite pierre ou ſable par ſes vrines, & ſent vne douleur à la hanche & aux teſticules, pour les raiſons cy-deſſus alleguées : joint auſſi que le malade a vne extreme enuie d'aſſeller & vriner, à cauſe que nature s'efforce mettre & ietter hors ce qui luy nuit. Les ſignes de la venteuſe, c'eſt que le malade ſent vne grande douleur tenſiue,côme qui luy tireroit & deſchireroit les boyaux,auec bruit dedans le ventre,qu'Hippocrate a couſtume de nommer Borborygmes. 1Par telle ventofité quelquesfois les boyaux ſe rompent, ainſi qu'on void à vne veſſie de porc, lors qu'on la rempliſt trop de vent, on voit les fibres de ſes tuniques ſe rompre:& quand cela aduient,le malade meurt,auec grands vomiſſemens, ne pou- uant tenir aucune choſe du boire ou manger : qui ſe fait à cauſe que les boyaux eſtans remplis de vents, preſſent l'eſtomach,de façon que les alimens n'y peuuent demeurer pour eſtre cuits & digerez. La colique qui ſe fait par les excremens retenus,le patient ſent vne extreme douleur & peſanteur au ventre, & tenſion aux boyaux, & lors qu'on preſſe ſur le ventre , on ſent vne grande dureté , & auſſi que le malade n'a de de long-temps eſté à ſes affaires. La colique qui eſt faicte par inflammation bilieuſe , le malade ſent vne grande chaleur & pulſation au milieu du ventre, à cauſe des veines & arteres qui ſont au pancreas & me- zentere, & de celles qui ſont diſſeminées entre les tuniques des inteſtins, & autres ſignes des inflamma- tions qu'on trouue aux apoſtemes causées par inflammation.Auſſi l'inflammation ſe fait à cauſe d'vne pitui- te ſalée,acre,groſſe,& glutineuſe, qui ne peut eſtre iettée hors, combien que nature s'efforce de ce faire, tant par les vomiſſemens,que par grandes eſpreintes,auec difficulté d'vriner, parce que la veſſie eſt preſſée par l'inflammation de l'inteſtin droit pour l'affinité & conionction qu'ils ont enſemble. La colique ſe fait, parce De la Colique . C H A P. Operations de Chirurgie. 419 A parce que les boyaux ſont entors & repliez,que le malade ſent vne extreme douleur,à cauſe que l'inteſtin n'eſt en ſon lieu,& ſituation naturelle, & auſſi que la matiere pour ſa trop longue demeure, acquiert vne chaleur eſtrange.Et faut icy noter en paſſant, que toutes les fois qu'vne partie n'eſt en ſon lieu naturel » OIl ſentira touſiours douleur iuſques à ce qu'elle y ſoit reduite. Et voilà que pluſieurs meurent les inteſtins eſtans tombez ployez au ſcrotum par vne hargne,la matiere fecale y eſtant endurcie, accompagnée deven- tofitez & inflammation,ne Pouuant eſtre remis dedans le ventre,la matiere regorge par la bouche,& fait la maladie nommée Miſerere mei. Et quant aux ſignes des hargnes, il n'eſt point icy beſoin les eſcrire, parce qu'il en a eſté ſuffiſamment parlé cy deuant,eſcriuant des hargnes. Les prognoſtics de la colique. Les prognoſtics de la Colique ſont de deux ſortes,les vns bons,& les autres mauuais. Les mauuais ſe di- uiſent en deux,à ſçauoir,en ceux qui ſont dangereux,& en ceux qui ſont mortels : les bons ſont, ſelon Aui- cenne,quand la douleur n'eſt pas fixe,c'eſt à dire , arreſtée en vn lieu, & auſſi que les matieres ne ſont du tout retenuës. Les ſignes mauuais auec danger de mort ſont extremes douleurs, vomiſſemens continuels, ſueur froide, & les extremitez, qui ſe font,parce que le ſang & les eſprits ſe retirent au dedans du corps: hocquet continuel,qui ſe fait par la ſympathie,& continuité des inteſtins à l'eſtomach : alienation d'eſprit par communication de l'eſtomach au cerueau, & par conſequent conuulſion par tranſport aux nerfs. Hip- pocrate dit que les trenchées & douleur du nombril,qui ne s'appaiſent ny par ſaignée, ny par purgation, ſe terminent en hydropiſie ſeiche , c'eſt à dire en tympanite. Cure. La cure ſera diuerfifiée ſelon les eſpeces & differences : car celle qui prouient de la pierre ou ſable, ſe doit curer par les remedes propres aux nephritiques:auſſi celle qui eſt faite par la hargne,par la repoſition de l'inteſtin : & celle qui eſt faicte parlevice des vers, par medicamens propres à iceux, à ſçauoir par Po- tions ameres pour les faire mourir, & principalement s'ils ſont au deſſus du nombril , faites de rheubarbe infuſe en eau d'abſinthe, & autres choſes propres à tuer les vers : & s'ils ſont au deſſous du nombril, par clyſteres faits de choſes douces,afin de les faire deſcendre & ſortir par le ſiege. Si elle eſt causée par debi- litation & refrigeration des inteſtins & de l'eſtomach,ils ſeront roborez tant par bons alimens,que parap- plication des choſes chaudes ſur l'eſtomach & ſur le ventre,& par iniections de clyſteres. La colique qui eſt faite de pituite viſqueuſe & de ventoſitez,ſe commencera premierement à ſeder la douleur, parce qu'il n'y a choſe qui proſterne & abbatte plus les vertus que fait la douleur.Et les trenchées ſont causées de gros phlegmes viſqueux,& de ventoſitez,leſquelles enfient & font tenſion aux inteſtins.Auſſi que tels phlegmes ne peuuent entrer des orifices des veines mezaraiques dedans les boyaux,ſans donner des trenchées & ex- torſions Exemple:nous voyons des phlegmes fort eſpais iettez par les ſelles des coliqueux, qui ne peuuent venir de l'eſtomach,ny du dedans des boyaux,attendu que pluſieurs vomiſſemens & aſſellations ont prece- dé,& n'euſſent peu tant ſejourner là.Il faut donc conclurre qu'ils viennent d'ailleurs, leſquels faut qu'ils paſſent par les orifices desveines mezaraiques,non ſans faire grande douleur:neantmoins qu'ils n'y paſſent auſſi gros que nous les voyons par les ſelles car ils filent delié au ſortir,& depuis ſe ramaſſent &eſpeſſiſſent comme glaire d'œufs. Et partant il faut faire des bains & demy-bains,fomentations, où il y entre mauues, guimauues,violiers,pouliot.fenoüil,origan,ſemences de lin,fœnugrec,fieurs de camomille,melilot, & au- tres ſemblables,qui ayent faculté d'eſchauffer,ſeicher,attenuer & rarefier le cuir, à fin que les vents ſoient diſſipez:& doiuent touſiours eſtre actuellement tenus chauds ſur le ventre. Et pour les remedes topiques & particuliers,on frottera tout le ventre d'huyle de camomille, d'anet, beurre frais,de chacun vne once, , ſemence d'apion,& petroſelinum,galanga,de chacun demie dragme,& vn peu d'eau de vie, & huyle de ſau- i ge,& de thym,extraictes par quinte-eſſence : ces remedes fondent ces groſſes humeurs, & les font couler plus facilement. Autre de Houlier , qui afferme ce liniment eſtre fort excellent & bien approuué. 2%. olei rutae & nardi an.5.vj.galbani cum aqua vitæ diſſoluti 3.ij.liquefiant ſimul : adde zibet. g. iiij. croci g.vj. fiat linimentum. Semblablement ſeront appliquez ſachets,où il y aura du mil,ou de l'auoine,duſel,fricaſſez en vne poiſle,auec vn peu de vin blanc,puis appliquez tous chauds ſur le ventre, & ſur les hanches, & re- nouuellez lors qu'ils ſe refroidiront:en lieu de ſachets,on pourra mettre des veſſies de bœuf, demies plei- nes d'vne decoction d'herbes reſolutiues,comme ſaulge,roſmarin,thym,lauande,bayes de laurier, & autres ſemblables.Cela fait,en baillera clyſtere tel que s'enſuit. 2/. quatuor remollitiuorum an.m.j.origani,pule- gij,calami,an.m.ſi.aniſi,carui,an.3.j.forum anethi p.j.fiat decoctio in hydrome.ad fb.j. in qua diſſolue be- nedict laxat.mellis anthoſ ſacchari rubrian.3.joleianethi & camomillan.3.6. De ce ſoient faicts clyſteres pour deuxiniections, à raiſon que les boyaux eſtans remplis, ne peuuent receuoir grande quantité de de- coction, Autre excellent,& bien approuué.2/.vini maluatici,& olei nucis,an.3 iiij aqua vitæ 3.j. olei iuni- peri,velolei ruthz 3.iij.fiat clyſter,& ſera baillé le plus chaud qu'il ſera poſſible, toutesfois ſans bruſler le malade,& faut que l'huyle de genéure ou de rue,ſoient extraictes par quinte-eſſence. Ie proteſte en auoir ſouuent vsé moy-meſme auec heureuſe iſſue, quaſi comme choſe miraculeuſe à ſeder promptement vne vehemente douleur causée de ventoſitez,& de matieres crues & viſqueuſes. Auicenne ordonne clyſtere carminatif,composé d'hyſope,origan,achor,ſemence d'anis,cyperi,calam.aro- mat & autres ſemblables choſes chaudes. Le malade doit vſer de bonnes viandes, & faciles à digerer , & boüillons,auſquels ſeront mis moyeux d'œufs,ſaffran,fines herbes,& bonnes eſpices de muguette, & cloux de girofle,& boire de bon vin genereux,ou maluoiſie,ou hippocrats faict de bon vin, à fin d'eſchauffer l'e- ſtomach & les inteſtins:parce que toute fiatuoſité prouient de chaleur debile,comme eſcrit Galien, partant il faut vſer de toutes choſès chaudes. Dauantage ſi la douleur perfiſte , il faut appliquer vne aſſez grande wentouſe ſur le nombril:car elle diſſipe les vents. Galien dit que la ventouſe eſt ſi admirable contre les fia- Signes de » celle qui eſt faite par re- Plieure. Prognoſtic. Liu.3. Aph v.du 4. liu. Manieresder bains & fo- mentations. Houlier. Nota, Clyſtcres ee- cellent. Anieenne. Alimens. •rueuſes douleurs, qu'elle ſemble eſtre vn enchantement, parce qu'elle les appaiſe promptement, à cauſe De ſympt». •qu'elle diſſipe & conſomme les vents.Auſſi il ne faut oublier à bien fort ſerrer le ventre,auec fortes & lar- =ges bandes, à fin de pouſſer les ventoſitez hors,& roborer les boyaux : ce que les malades meſmes nous monſtrent,parce qu'ils ſe preſſent le ventre auec leurs mains, & mettent la teſte entre les genoux : & ſi la douleur perſiſte,nous vſerons de remedes qui operent par la proprieté occulte, comme inteſtinum lupi re- ſiccatum,duquel puluerisé on donnera à boire vne dragme,auec du vin blanc. De la colique bilieuſe. La colique bilieuſe eſt celle qui prouiét d'inflammation, laquelle demande remedes côtraires à celle qui eſt faicte de ventoſitez & de cruditez. Le premier eſt la ſaignee, regime de viure refrigerant : potions de catholicum,caſſe,diſſoults en eau d'orge:clyſteres refrigerans,auſquels ſeront caſſe, catholicum , diſſoults en eau d'orge. En la grande douleur, Auicenne ordonne des narcotiques, pource qu'ils ſont froids : ils contrarient à la cauſe de la maladie qui eſt chaude & ſeiche, comme ſont les pillules de Philonium , ou de bicre picre, la quantité de 9. iiij. opij& croci an. g.j. fiant pillula cum vino. Auſſi les bains faicts d'eau douce, Cauſis. Au dernier chap de la Methode. - 42 O LC Lix-leptIeme Llure de p1ul1eurS. douce,auſquels ſeront miſes mauues,guimauues,violiers,fieurs denenupha,laictues,pourpié,& autres ſem- A blables refrigerans à fin de corriger l'acrimonie des humeurs chaudes,cauſans la maladie Celle qui eſt fai- te d'vne pituite ſalé e,acre,groſſe,& glutineuſe, il faut premierement attenuer l'humeur , puis le fondre & I'attirer,qui ſe fera par remedes chauds,pris tant par la bouche,que par clyſteres , & aPplications exterieu- res qui ſeront ordon nées par le docte Medecin. - Cure de la colique faičie par retention des excremens , & des replis des Boyaux. En icelle A uicenne recommande les alimens qui ont vertu d'amollir le ventre, comme toutes eſpeces de boüillons humides, & entre autres celuy qui eſt faict d'vn vieil coq,qu'on aura fait courir long-temps, puis battu , & lc faire cuire auec anet & polypode, & quelque peu de ſel,iuſques à ce que telle ſubſtance ſe re- ſoude en eau.Faudra pareillement vſer de clyſteres deterſifs,à quoy le meſme autheur ſe ſert de ceſtuy cy. 24.betæ m.j furfuris p.j.ficuum numero x.althex m.j.fiat decoct. ad ib. j. in qua diſſolue nitri & murix an. 3.ij.ſacchari rub.3.j.olei ſeſam.3.ij.Et ſi l'obſtruction eſt trop contumace,il en faut vſer de plus forts, auſ- Marianus quels on mettra du clyclamen & de la centaure,& de la hiere,diacolocin.ad 3 ij. Et ſi encore pour toutes Sančius ces choſes le malade n'eſt allegé, & qu'il iette ſa matiere fecale par la bouche, Marianus sanctus, homme lib. de caſu fort experimenté en la Medecine & Chirurgie, dit auoir veu pluſieurs qui eſtoient eſchappez de liliaque & fenſi§ paſſion(maladie mortelle)en prenant trois liures d'argent vifauec de l'eau ſimplement ce qui aduient,d'au- tant que par ſa ponderoſité il détourne l'inteſtin qui eſtoit entors & replié , & pouſſe la matiere fecale en bas & faict mourir les vers qui pourroient auoir cause ladite contorſion. Maiſtre Iean de Sainct Germain, Apothicaire à Paris,homme bien accomply en ſon art;m'a affermé auoir pensé vn Gentil-homme ayant la Hiſtoirs. colique accompagnée d'extremes douleurs, & pour s'en deffaire , auoit pris plufieurs clyſteres , & autres choſes ordonnées par doctes Medecins:neantmoins pour tout cela,ſa douleur ne ceſſoit point.Il ſuruint vn Allemand,ſon amy,qui luy conſeilla boire trois onces d'huyle d'amédes douces,tirées ſans feu,mixtionnées auec du vin blanc,& eau de parietaire, ce qu'il fit,puis toſt apres luy fit aualler vne balle d'arquebeuſe faite de plomb, frottée & blanchie de vif-argent (à fin qu'elle coulaſt mieux) & bien toſt apres les ietta par le ſiege,& quant & quant ſa douleur fut du tout ceſſée.Telle choſe peut aider grandement la Colique venteu- ſe.En la Colique l'eſtomach ſouffre,& partant aucuns diſent auoir la Coliquc d'eſtomach. Hiſtoire . ? 9s'eſt-ce que Saignée . C H A r. L XV I. . Premier ſeo- H L E E o T o M 1 E , eſt inciſion de veine euacuant le ſang auec les autres humeurs, comme pe de la phle- l'inciſion de l'artere eſt dicte Arteriotomie. Le premier ſcope de la phlebotomie, eſt euacuer le botomie. R ſang pechant en quantité : combien auſſi que ſouuent on ſe propoſe de tirer le ſang qui peche en Deux ſortes qualité, ou tous les deux enſemble. La quantité ou repletion s'entend en deux manieres : l'vne de replerion. quant , la vertu,iaçoit que les veines ne ſe monſtrent trop pleines , qui rend ſoudain les hommes foibles & Lº premiere debiles,nature ne pouuant porter vn tel faix ou peſanteur : l'autre maniere de repletion ſe prend quant aux ºº vires vaiſſeaux qui contiennent le ſang , & ſe rapporte à l'abondance d'iceluy, encore que la vertu le comporte ** ſººººdº ſans aucun ennuy.En cette repletion les veines ſouuent ſe rompent,& le malade crache le ſang, ou bien il # de ſort par quelque autre partie du corps, comme par le nez,par la bouche en vomiſſant, parla matrice aux la repletion femmes,par les rognons,de façon que l'on piſſe le ſang tout pur,ou Parles hemorroides , ou quelques vei- ad vaſa. º variqueuſes,ou ſans eſtre variqueuſes.La repletion qui ſe fait quant à lavertu,ſe cognoiſt par la peſan- · teur & laſſitude de tout le corps. La repletion quant aux vaiſſeaux, ſe cognoiſt par l'extenſion d'iceux, & qu'ils apparoiſſent fort pleins:& l'vne & l'autre repletion a beſoin d'euacuation. Dauantage, pour cinqin- La phlebote- tentions on fait la Phlebotomie-La premiere eſt pour euacuer l'abondance du ſang,des humeurs, comme és mie ſe fait plethoriques,&a ceux qui ſont vexez de quelque paſſion ſans plethore,comme pour quelque inflammation. pour cin1 iu- La ſeconde eſt pour deſtourner & diuertir,ce que l'onappelle reuulfion, comme lors qu'il ſuruient vn flux Jº/7f16/05.. de ſang par la narille ſeneſtre,on doit faire la ſaignée au coſté dextre,& ainſi au contraire. La troiſieſme eſt pour attirer , comme lors que nous voulons prouoquer les mois des femmes, nous ouurons les veines ſa- phenes aux malleoles.La quatrieſme eſt,pour alterer,comme nous ſaignons és fiévres aigues,à fin d'euacuer Ce qu'il faut le ſang boüillant,& refroidir ce qui reſte.La cinquieſme eſ,pour preſeruer,comme nous phlebotomons au cºnſidrºr printemps,& automne ceux qui ſont diſpoſez à cracher le ſang,ou ſujets à ſquinance, pleureſie, epilepſie, auant que apoplexie,gouttes & à d'autres indiſpoſitions,auſſi és playes nous ſaignons pour éuiter le phlegmon.Auant Aſaigner. que ſaigner,on doit conſiderer ſi les excremens du ventre ont eſté retenus long-temps dans les boyaux : & Les vieil, ny ſi ainſi eſt,les faut premierement vuider auec clyſteres gracieux,ou ſuppoſitoires , ou noüets : à fin que les ieunes ne veines meſaraiques ne tirent des boyaux quelque ſubſtance putride. On ne doit ſaigner les vieils(ſi ce n'eſt doinent eſtre en vne neceſſité)pour crainte de la diminution de leur chaleur naturelle, & deſiccation de leur ſubſtance, ſºisnº pareillement ny les ieunes enfans,pour crainte de trop grâde reſolution de leur habitude,faicte par l'abon- dance de leur chaleur naturelle:à raiſon de la rarité de l'habitude de leurs corps,auſſi de la molleſſe &deli- cateſſe de leur ſubſtance.La quantité du ſang que l'on tire, ſe meſure a la force de la vertu & à la grandeur " de la maladie.Si le malade eſt debile,& que la maladie demande grâde euacuation, on fera la ſaignée à deux ou à trois fois,& quelques iours interpoſez,pour vnegrande douleur de teſte qui eſt en la partie poſterieu- re nous inciſons les veines du front,& premierement nous fométons la partie auec eau chaude pour amol- lir le cuir,& attirer dauantage de ſang dans les vaiſſeaux.Aux ſquinances,on ouurira les veines au trauers, qui ſont ſous la langue,ſans aucunement lier le col,de peur de ſuffoquer le malade. A toutes affections ou : maladies, qui oſtent l'haleine,& nous eſtranglent,& à celles qui ſoudain font perdre la parole,la phleboto- mie eſt neceſſaire:à toutes grandes contuſions des parties internes,ou externes,comme eſt tomber de haut, L'on ne doit ou auoir receu quelque coup orbe,encore que la vertu fuſt debile,& que le ſang ne pechaſt ny en quantité ſaigner en la ny en qualité,il faut faire la ſaignée:pareillement en apoplexie,ſquinance,pleureſie,fiévres ardantes. Auſſi ºisºr * ſi le malade apres s'eſtre precipité, vomiſt le ſang , ſoudain luy faut ouurir la veine : autrement le ſang ſe la fiévre. - pourroit cailler, ſi on le laiſſe repoſer & refroidir. Il ne faut ſaigner le malade en la vigueur de la fiévre: Or ſi la fiévre ne croiſt plus, & auſſi ne decroiſt point, & n'eſperons aucune declination d'icelle, en tel cas il ne faut perdre cette occaſion de la ſaignée , encore qu'elle ſoit pire qu'en la declination de l'accez. Quelques-vns debattent que le ſang doit eſtre tiré au plus loing qu'il eſt poſſible du lieu où il fait le mal & y cauſe inflammation , & que par ce moyen le cours des humeurs eſt deſtourné: le faiſant autrement, - que l'on attire à la partiemalade ce qui la charge & offenſe. Cette opinion eſt fauſſe : car la ſaignée vui- de & euacué premierement le lieu le plus prochain. Car 1'ay ſouuentesfois ouuert les veines & arteres du meſme lieu , comme à la chiragre, & podagre, les veines du pied ou de la main & à la migraine lesar- te1es & veines des temples : & par cette euacuation de ſang qui eſtoit due auec le virus arthritique, - B D lit 0b ii | , a | - Operations de Chirurgie · 42 I - A B D & les eſprits boüillants qui eſtoient euacuez, la douleur ſoudain s'appaiſoit : ee que i'ay fait pluſieurs fois auec bonne & heureuſe iſſuë Ainſi Galien commande inciſer les arteres des temples pour la fluxion des Gal. 1,. yeux, & pour vne douleur de teſte inueterée,ou pour vne migraine : ce que i'ay fait par pluſieurs fois auec Math. chap bon ſuccez. denr . Le moyen de bien faire Ia ſaignée . C H A P. - L XV II. g# A 1 N r E N A N T ie te veux donner le moyen de bien faire la ſaignée. Premierement faut situation du % bien fituer le malade, à ſçauoir , s'il eſt foible, ſera ſaigné dedans le lict : & ſi les vertus ſon malade. |# fortes ; ſera aſſis dans vne chaire, ſituée de maniere que le iour donne droict au lieu où l'on É voudra inciſer le vaiſſeau. Cela fait, le Chirurgien frottera la partie auec ſa main ou linge º qu'il faut * chaud,afin d'attirer le ſangauvaiſſeau : puis fera vne ligature vn peu au deſſus dudit vaiſſ§ fºire deuant qu'il voudra ouurir, & renuoyera le ſang des parties inferieures vers la ligature, & empoignera le b§ 1º * du malade auec ſa main ſeneſtre, ſi c'eſt le bras droict : & ſi c'eſt du bras ſeneſtre, le prendra de la dex , " mettant le poulce vn peu plus bas que le vaiſſeau, afin qu'il le tienne & ne vacille ga & là, le faire eſleuer à cauſe du ſang qui aura eſté enuoyé. Cela fait de ſon ongle marquera le cuir qui ſera ſur la veine, à l'endroit où il la voudroit inciſer, puis ſubit prendra vne petite goute d'huile ou de beurre frais,& frottera le lieu marqué par l'ongle, afin de rendre le cuir plus liſſe, & l'amollir,& par ce moyen ſera plus facile à Fafon de te- couper, & fera moindre douleur au malade, à raiſon que la lancette entrera plus doucement. ' or le Chi- § § i . rurgien tiendra ſa lancette du poulce & de l'index, non trop loing ny troP pres de la poincte,& de ſes trois cette. autres doigts s'appuyera contre la partie : & d'abondant mettra les deux doigts ſuſdits deſquels il tient la lancette,ſur le poulce, pour auoir d'auantage ſa main ferme & non tremblante : alors fera inciſion vn peu obliquement au corps duvaiſſeau , qui ſoit moyenne, non trop grande ny trop petite , ſelon le corps du Danger de vaiſſeau , & le ſang gros & ſubtil que l'on aura coniecturé y eſtre contenu. Et ſe faut garder de toucher §r . l'artere qui eſt ſouuent couchée ſous la baſilique, & ſous la mediane vn nerf, ou le tendon du biceps : & nerf ou l'ar- quant à la veine cephalique, il n'y a aucun danger. Il ſera tiré du ſang ſelon qu'ilſera beſoin : puis défera la tere en inci- ligature, & en fera vn autre ſur le corps de la veine,pour arreſter le ſang auec vne petite compreſſe : la li- /ºnt la vei- gature ne ſera trop laſche,n'y trop ſerrée,de façon que le malade pourra plier le bras à ſon aife : & pour la *-'. faire comme il appartient, faudra à l'heure que l'on la voudra faire,commander au malade de plier le bras: car ſi on le bandoit eſtant droit , il ne le pourroit apres plier, ainfi qu'il a eſté dit cy-deſſus : ce qui ſe fera auec vne telle lancette. - Pourramol- lir le cuir. Lancette pour faire les ſaignées. \! l ER E # # # | - I , [| N†\ P -- # De venteuſe . C H A P. LXV II I. E N T o v s E eſt vn vaiſſeau ventru qu'on applique ſur le corps pour attirer violente- | ment Il y en a de cuiure, de corne, de verre, de bois, de terre, d'or & d'argent : les vnes ſont grandes, autres petites (appellées petits cornets ) les autres moyennes. Et s'iladuient , qu'on ne trouuaſt des ventouſes,on ſe peut ayder d'vn verre ou gobelet, ou d'vn petit pot de - terre. Elles ſont grandes ou petites,ſelon la diuerſité des parties où elles ſeront appliquées. Or celles qui ont l'emboucheure eſtroitte, & qui ſont longuettes , tirent de plus loin. On met dedans des eſtoupes ou chandelles de cire allumées au cul d'icelles Les petits cornets ſont appliquez les ayant trempez en eau chaude , & apres qu'on les a vn peu eſchauffez à la flamme d'vne chandelle , ou de lampe *yant grande fiamme ou par ſuccer auec la bouche. on applique les ventouſes lors que l'on veut faire va- ºſº ºuation de quelquematiere coniointe en vne partie, principalement quand elles ſont aucc 1ſacrification, & ºUt # princi- ºuffiappliquées pour faire reuulſion & deriuation en quelque partie,côme pour la defiuxion qui ſe fait # aux yeux. On les applique ſur les eſpaules auec grande flammes : car par ce moyen font plus grande attra- toſitez. - dion.Pareillement auſſi ſous les mammelles des femmes pour faire reuulſion de leur mois quand ils fluent trop , & ſont pareillement appliquées aux plats des cuiſſes, quand ils ne coulent aſſez : auſſi aux morſures des beſtes venimeuſes, & bubons & charbons peſtiferez, pour attirer le venin du dedans au dehors.Corn. Celfus veut qu'on applique la ventouſe ſur la partie dolente que nous pretendons guarir, en faiſant euacua- tion du ſang & eſprit flatueux imprimez en quelque partie. Les ventouſes s'appliquent ſur le nombrilpour reſoudre vne groſſe ventoſité enfermée en nos boyaux,ou en quelque autre ſpacioſité,comme entre quelque ºembrane des muſcles de l'Epigaſtre,qui cauſent colique.Au font appliquées ſur le flanc dextre ou ſene- ſtre,quand au foye, ou en la ratelle il ya tenſion douleureuſe faire des ventoſitez, ou qu'il ya hemorrhagie Par le nez.On lºsaPPlique auſſi ſur les reins & ſur le ventre à l'endroit où ſont ſituez les vreteres , Pour faire deſcendre la pierre à la veſſie,& ſont aPPliquées plus grandes ou plus petites, ſelon la neceſſité.Da- uantage, tu vſeras des cornets comme des ſuſdites ventouſes,és lieux eſquels les ventouſes ne Peuuent Vſage des eſtre. pour leur grandeur , aPPliquées : deſquels t'ay voulu donner le pourtrait. 69rhéff4 Vſages des ventpuſes. N n Ventouſes · · | # 422 Le Dix-ſeptiéme Liure de pluſieurs ſ · · - Ventouſes de diuerſe grandeur, ayans de petits Cornets de pluſieurs ſortes, A trou,leſquels ſeront bouſchex de cire,lors qu'elles auec les flammettes,&9 lancet- ſeront appliquées c quandonles voudra ofter, te propre pour faire les ſtarif- on leur donnera vent par iceux. C4110/7J. - - - - Cornets qui attirent ſans feu, mais par le benefice de la bouche, en retirant ſon haleine . Des Sangſuès, & lemoyen d'en tſer. C H A P 1 T R E LXI X. - , A Sanſuë eſt vn ver aquatique , de figure d'vn ver de terre. Au bout où eſt la teſte, elle a vn § zº%à trou rond , comme celuy d'vn Lamproyon, & trois petites dents ou aiguillons auec leſquels Sangſuës * elle perce la peau, non ſeulement de l'homme, mais auſſi d'vn cheualou d'vn bœuf, & s'yat- venimeuſes. tache & ſucce, & ſe remplit de ſang. Il y en a qui ſont venimeuſes , & ſont celles qui ont - $ groſſe teſte, de couleur verdoyante, & reluiſent comme vers ardans, & ſont rayées de bleu ſur le dos, ou toutes noires. Auſſi ſont venimeuſes celles qui viennent és mareſts, & aux eaux bourbeu- ſes, & engendrent inflammation, apoſteme, fievre, & malings vlceres, voire ſouuent incurables. Les bonnes ſont celles qui ſont de couleur de foye,menues, rondes,ayans petite teſte,le ventre rougeaſtre, & le dos verd, & rayé de couleur d'or par deſſus , & qui habitent és eaux claires & coulantes. Apres les auoir priſes, il les faut garder enuiron vn mois & plus, afin qu'elles ſe dégorgent de leur baue & ordure, & leur changer d'eau ſouuent : parce qu'aucunesfois elles ſe ſeront iettées ſur quelque beſte morte & † gneule Bonne ; ſangſuës. | , - TOperations de Chirurgie. 423 A gneuſe, & qui les appliqueroit ſans eſtre dégorgées, elles pourroient imprimer quelque venin à la partie. | Partant il les conuient faire dégorger,& vomir leur ordure auparauant que les appliquer. Or on les appli- Le lich eà que aux endroits du corps, où les ventouſes & cornes ne peuuent tenir, comme au fondement, pour rom- l'on applique pre la tunique des veines hemorrhoidales, à l'entrée de la vulue, aux genciues, levres , nez , & ſur les les ſamgſuës. doigts. Si on veut faire grande euacuation de ſang apres que la ſangſuë eſt tombée ſi'le lieu le permet, on appliquera des ventouſes ou cornets,ou bien on en remettra d'autres. Il faut noter que ſi la ſangſuë eſt ma- niée à main nue, elle ſe rend deſdaigneuſe & depiteuſe, & ne veut pas mordre : parquoy quand on la veut § appli- appliquer, on la prendra auec vn linge blanc, & net, faiſant auparauant ſur la partie petits ſcarifications, quer les ou mouchetures, ou bien ſera mis ſur quelque peu de ſang tiré quelque beſte : car par ce moyen elle pren- ſangſuès ne dra plus facilement. Et pour la faire tomber, on iette ſur la teſte de la poudre d'aloès, du ſel, ou de la cen- les faut tenir dre : & eſtant tombée, ſi l'on veut ſçauoir combien de ſang elle aura tiré, on la mettra dans vn vaiſſeau, & à nud. ſera couuerte de ſel broyé bien menu, & ſoudain elle vomiſt tout ce qu'elle a ſuccé : & qui la voudra faire Le mºyº de tirer dauantage, auant qu'elle laſche priſe, & démorde, illa faut couperd'vn cizeau par en bas vers la troi-ºſº fiéme partie de ſon corps : en cette façon elle tire touſiours; & le ſang qu'elle attire découle par ſon corps. # la Or la ſangſue par ſon ſuccement attire du profond, & des parties voiſines : & non ſeulement de celle qui ſangſui aura eſt malade ſur laquelle elle eſt appliquée. ce qui eſt manifeſte à voir, à raiſon qu'eſtant tombée, il ſort "·é de ſang. bonne quantité de ſang, & par longue eſpace de temps, par la morſure, encore qu'elle ſoit petite, joint que difficilement on l'eſtanche : ce quine ſe fait par les ſcarifications, & application des cornets & ventouſes. Si on ne pouuoit eſtancher le ſang apres la morſure,il faut appliquer la moitié d'vne féve : la tenant & preſ- Le moyen B ſant deſſus, iuſquesà ce qu'elle y demeure attachée, & adherante, infailliblement cela retient le ſang : ou d'eſtancher j bien appliquer du linge bruſlé auec compreſſe & ligature propre. Ie ne veux laiſſer e n arriere vne autre le ſanr. operation qui ſe fait par poincture ou piqueure auec vne eſpingle,ou aiguille,ou par la pointe de la lancet- te,ou par la piqueure des ſangſuës. On picque les petits apoſtemes és membranes de l'œil,pour abbatre les cataractes, ou pour euacuer le pus, appellé hydropopyon, contenu entre les membranes de l'œil, ou appli- quer vn ſeton, ou faire ſuture à coudre les playes, & autres. Lors que l'ou Fin du T)ix-ſeptiéme Liare de pluſieurs operations de Chirurgie. . § T A B L E D E S C H A P I T R E S D V. ·. · Dix - huictiéme Liure , traictant de la maladie · articulaire, vulgairement appellée Goute. # $ # E S C R I P T I O N de la maladie articulaire, dite vulgairement Goute . ſ Chapitre j $ Tes cauſes occultes desgoutes. Chap. ij Huftoires memorables. - Chap. iij Des cauſes manifestes des goutes. Chap. iv # De l'origine de la defluxion des goutes. Chap. v | Signes que la defluxion vient du cerueau. - Chap. vj. Signes que la fluxien vient du fºye . | Chap. vij Signes pour connoiſtre que l'humeur accompagne le virus arthritique . Chap. viij Signes de la fluxion cholerique-. Chap. ix Signes de la fluxionpituiteuſe . Chap. X Signes de l'humeur melancholique . " . Chap. xj "Prognoſtic de la goute. Chap. xij Cure preſeruatiue & curatiue des goutes. - - Chap. xiij D Du vomiſſement. . - Chap. xiv Diuers # lesgoutes. Chap. xv 2De la maniere de viure des gouteux. Chap. xvj ZDu boire des gouteux. - Chap. xvij Pourroborer les jointures. - - Chap. xviij ZDe la cure palliatique des gouter. Chap. xix ZOes remedes topiques pour la goute de matierefroide ». - Chap. xx 2Remedes locauxpour la goute de matiere chaude, principalement faite du ſang. Chap. xxj 2Remedes topiques pour la goute de l'humeur colerique-. Chap. xxij AEemes de la douleur arthritique, faite d'intemperatureſans matiere-º. Chap. xxiij Ce qu'il faut faire, la douleur des goutes ceſſée- . Chap. xxiv Des tophes ou nœuds des goutes. Chap. xxº Des ventoſitez, & leurs remedes. Chap. xxvj ZDe la ſciatique-. Chap. xxvij Cure de la ſciatique_ . Chap. xxviij IDe lagoute grampe- . • Chap. xxix M m 2 LE • i . - - | |. · ' ! | : - • • , · · · · | | | | ' | i | : . : | | | | | | | · · · | - # ' + - - | | |' * • | | | - - - - - - | | | . | - | • * , · · · - | | | | | | - | | " - l - - | | | º - · - | l . - | | • • - * · · | | - ' ! º | - - - | ' | : - | - i ' | - - - | | - - - ! # | * • , ! . - , º - · - | · - | , - | | : ! • . - - - - - - | - : : - | - , ! - - | | • # | • | | - - - | - . - - - 4 - 1 ! | - ! - : | - | 9)ue c'eſt que goute, Diuers nbms dr ſortes de goutes, ſelon la diuerſité des lointu- 7'º ;. - L E DIX-HVICTIES ME LIVR E, TRAICTANT DE LA MALADIE A RTH R IT IQ V E, V V L G AIR E ME NT A P P E L L E E G o v T E. - T'ar A M B R o Is E PA R E de Laual au Maine, Conſeiller, &9° premier Chirurgien du Roy. Deſcription de la maladie articulaire, dite vulgairement Goute . CH A P 1 T R E P R E M I E R. ſ}4 R T HR 1 T 1 s, ou Goute, eſt vne maladie qui afflige & gaſte principalement la ſub- ſtance des articles d'vne matiere virulante, accompagnée de quatre humeurs : & pour $ cette cauſe eſt nommée des Grecs-artbritu, & des Latins, Morvus articul u. Et ce nºrº $ eſt general pour toutes les jointures : mais le vocable de Goute , qui eſt François, luy \ peut auoir eſté attribué, parce que les humeurs diſtillent goute à gouve ſur les jointures : $ ou pource que quelquesfois vne ſeule goute de cét humeur fait douleur tres-grande» & # peut venir à toutes les jointures du corps, & ſelon les lieux où la fluxion ſe fait , Prend diuers noms. Parquoy nous dirons qu'elle a autant d'eſpeces & differences qu'ilya de jointures. Comme ſi la fluxion ſe fait ſur la jointure des mandibules, elle pourra eſtre nommée Siagonagra» parce que les Grecs appellent la mandibule siagon. Si elle vient au col, ſe peut appeller Tracbelagra, Pource que les Grecs nomment le col Tracheloi. Si elle vient ſur l'eſpine du dos, oa pourra nommer Rachiſagrº» parce que les Grecs nomment l'eſpine, Rachis. Aux eſpaules,omagra, a cauſe que la jointure de l'eſpaule & du bras eſt dite des Grecs,omos. Aux jointures des clauicules, claiſigra, parce que la clauicule eſt appel- lée en Grec (lei. Au coulde, ſe peut nommer ptchyagra, du nom Grec pichys, qui ſignifie le coulde. Si elle vient aux mains, elle eſt nommément appellée (birºgra , à cauſe du nom Grec cbeir, qui ſignifie la main. Et à la hanche Tſchias, pource qu'elle eſt appellée en Grec, Iſhton. Augenoüil, Gonagra .. du nom Grec, Goni qui ſignifie la genoüil. Aux pieds, poaagra, du Grec Po, c'eſt à dire, le pied. Lors qu'il y a troP #. grande quantité d'humeur, & que le malade vit en oiſiueté, quelquesfois le mal occupe toutes les jointu- merſelle. res vniuerſellement. Aucuns l'appellent deſcente, rheume, ou catharre, parce que le nom de goute eſt odieux, principalement aux jeunes gens.Autres le nomment goute naturelle, à la difference des goutes de la groſſe verole. - Des cauſes occultesdes Goutes. C H A r. I I. ' H v M E v R qui cauſe les goutes , ne ſe peut bien expliquer, non-plus que celuy qui fait la , peſte,ou qui eſt cauſe de la verole,ou de l'epilepſis:& eſt totalement d'autre nature que celuy # qui fait vn phlegmon, ou vn œdeme, ou eryſipele, ou ſchirre : & iamais ne ſe ſuppure, coni- # me dit Aece chap. 12. du 12. liure, comme font le: autres humeurs : joint auſſi que les jointu- | res qui en ſont affligées, ſont denuées de chair, & de temperature froide & ſeiche, & lors que leſdits humeurs defiuent en quelque partie juſques à s'accoſiu ner,ne cauſent telles douleurs,que celuy E'humeur qui fait la goute, nymeſme vn chancre apoſtemeux. Outre plus, leſdits humeurs ne font des noeuds aux 1ººſ# jointures comme fait celuy qui cauſe la goute, lequel laiſſe vne mattiere gypſée incurable, ainſi que nous # º declarerons cy-apres. Sur ce faut noter que cét humeur fluant ne fait pas nuiſance par la voye où il paſſe # • au- ( non-plus que celuy qui cauſe l'epilepſie, montant des parties inferieures juſqu'au cerueau, ſans leur faire #umeur aucune nuiſance ) mais ſubit qu'il eſt tombé aux jointures, cauſe extremes douleurs , & autres diuers ac- qui-cauſe la cidens, en eſchauffant ou refroidiſſant. Car on void aucuns malades qui ſe diſent buſler, & n leur peut- #oute,.fti. on appliquer remedes aſſez froids ;autres diſent ſentir vne froideur glacée , leſquels on ne peut aſiez auſſi #e que la eſchauffer : & meſmement en vn meſme corps ſe void que la partie dextre eſt intemperée de chaleur,& la jointure. eſeneſire de froidure. Auſſi on void des gouteux, leſquels ont la goute chaude au genoüil, & au meſme Diuers acci- Fied, froide : ou aux pieds, chaude, & au genoüil, froide. Ie diray plus : on void ſouuent vne tres-grande ºººº & ſ}m- chaleur eſtre vn iour en vne partie,& l'autre vne froideur : & partant en vn meſme mambre faut vſer de re- #º * medes contraires. E quelquesfois cette matiere virulente eſt ſi peruerſe & maligne, qu'elle reougne, & ne l'humeur ar- ... ; :mcdes : & di - - 1 *i1 - _ - cede à nuls remcdes : & ditent les malades tentir plus de mal y appliquant quelque choie , que lors qu'ils thritique. - Goutes here- ditaires in- «urables, n'y font rien. Et bon-gré mal-gré, de toutes choſes faites par raiſon & methode, cette matiere a ſon pe- riode & paroxyſine : qui demonſtre apertement la meſconnoiſſance & malice de la cauſe. Pareillement on void que les goutes ne ſe peuuent iamais parfaictement guarir ( principalement celles qui ſont heredi- taires) J A_A7V- X N-M V. W W-4 l•W- >e *+4- ) A taires (quelque diligence qu'on ypuiſſe faire : dont cela eſt venu en prouerbe,meſmes aux Poëtes Latins, entre les quels Horace dit. Qui cupit, aut metuit, iuuat illum ſic demus , autres » Vi lippum piéie tabule, fomenta podagram. voulant dire, que les medicamens & fomentations donnentautant d'allegemens aux podagres, que font les richeſſes à celuy qui eſt vexé d'auarice inſatiable, deſirant touſiours d'amaſſer : ou comme les peintures & tableaux donnent recreation à vn homme qui a mal aux yeux. Surquoy auſſi Ouide dit, soluere nodoſam neſcit medicina podagram. - - - Qui fignifie que la Medecine ne peut guarir la goutte des pieds eſtant noüeuſe. Donc en ce on ne doitac- cuſer les Medecins & Chirurgiens,ny auſſi les Apothicaires & leurs drogues.Car i'oſe affermer qu'aux gou- tes,il y a va certain virus incognu & indicible : ce qu'Auicenne ſemble confeſſer,liure troiſiéme,fen.22.trai- cte 2.chap.5.& 7. quand il dit, qu'il ya vne eſpece de goute,qui eſt d'vne matiere ſi aiguë & maligne,que ſi elle vient à s'emoutoir par quelque courroux d'eſprit, elle cauſe vne mort ſubite. Aſſi Galien au liure de Theriaca ad Piſonem, chap. 15.dit, que la theriaque profite aux podagres,& à toutes maladies articulaires, parce qu'il obtond, conſomme, & ſeiche la matiere virulente des goutes. Dauantage, Gourdon au chapi- tre des goutes,ſemble auſſi auoir entendu qu'en icelles y a quelque venenoſité,quand iſ dit qu'en telle ma- ladie l'vſage du theriaque eſt fort à loüer : & principalement en apres que le corps eſt mondifié & purgé. or pour le dire en vn mot,les goutes participent de certaine matiere virulente, tres-ſubtile & veneneuſe, non toutesfois contagieuſe,laquelle peche plus en qualité qu'en quantité: qui cauſent vne douleur extreme en la partie où elle tombe,& eſt cauſe d'y faire fiuerles humeurs,principalement ceux qui ſont aptes & pre- parez à deſcendre & non ſeulement les humeurs mais auſſi les eſprits flatueux ainſi qu'on void es mortures & piqueures de beſtes venimeuſes, comme des mouches à miel, freſlons, & autres, qui par leur VCI]1Il C2ll- ſent douleur aiguë,auec chaleur,enfieure & veſſie,qui ſe fait pour l'ebullition des humeurs cauſée par le ve- nin.Le virus arthritique fait pareils accidens, leſquels ne ceſſent iuſques à ce qu'il ſoit reſout & conſommé, ſoit par nature ou parmedicamens, ou par les deux enſemble. Or il faut icy entendre,que les accidens des morſures & piqueures des beſtes venimeuſes ne viennent pas ſeulement pour la ſolution de continuité:car on void ſouuent les couſturiers, & autres artiſans, ſe piquer profondement de leurs aiguilles aux extremi- mitez des doigts, meſmes entre l'ongle & la chair : neantmoins ne ſentent pareille douleur, & n'y void-on ſuruenir le plus ſouuent aucun mauuais accident. Parquoy ie conclus,que les accidens prouenans à cauſe de la morſure d'vne vipere, ou piqueure d'vn ſcorpion, iettant vne bien petite quantité de venin, & qui eſt cauſe en peu de temps de faire vne intemperature à la partie,& grande mutation au corps,ſe doiuent attri- buer non à la playe,mais à la qualité du venin principalement.Auſſi la cauſe de la douleur,& des autres ac- cidens qui aduiennent aux goutes,eſt vne virulence & venenoſité,laquelle(comme nousauons dit)peche plus en qualité qu'en quantité:ce qu'on cognoiſt en ce qu'aucuns ont des douleurs aux jointures ſans aucune ap- arence de defluxion d'humeurs, mais par vne ſeule intemperature indicible, laquelle choſe peut eſtre en- core illuſtrée & entenduë par cette hiſtoire. Hiſtoires Memorables. C H A P. I II. Mg E Roy eſtant à Bordeaux, ie fus appellé auec Meſſieurs Chapelain Conſeiller & premier Me- decin du Roy, Caſtellan Conſeiller & Medecin du Roy, & premier de la Reyne, auec Mon- ſieur de la Taſte, Medecin demeurant à Bordeaux, maiſtre Nicole Lambert, Chirurgien ordi- # naire du Roy, pour viſiter & donner conſeil à vne Damoiſelle, aagée de quarante ans ou en- $ uiron, malade d'vne tumeur de la groſſeur d'vn petit pois, ſituée au deſſous de la jointure de la hanche ſeneſtre,partie externé : & ſur ladite tumeur & parties voiſines, ſentoit par inter- ualle de temps vne extreme douleur, côme ie declareray cy-apres:& pour l'appaiſer,on auoit cherché tous moyens, appellant pour ce faire pluſieurs Medecins & Chirurgiens, voire meſme des ſorciers, & ſorcieres: tous leſquels ne luy ſceurent donner aucun allegement de ſa douleur. Or ayans tous entendu cette hiſtoire, ie deſiray fort ſçauoir quels accidés ſuiuoient en l'accez de ſa douleur: dont ie m'en allay au logis de ladite Damoiſelle,accompagné dudit de la Taſte, où bien toſt apres eſtans arriuez,ſa douleur luy print,& alors elle commença à crier ſe iettant ça & là, faiſant des mouuemens incroyables. Car elle mettoit ſa teſte entre ſes iambes,& les pieds ſur ſes eſpaules,auec pluſieurs autres mouuemens merueilleux. Cét accez luy dura pres d'vn quart d'heure:pendant lequel ie m'efforça à prendre garde s'il ſuruenoit tumeur,ou quelque inflamma» tion au lieu de la douleur:mais ie puis acertener qu'il n'y enauoit aucune, nyau ſens du tact, ny de la veuë. Vray eſt que lors que i'y touchoiselle crioit dauantage. L'accez paſſé,elle demeuroit en vne grande chaleur & ſueur vniuerſelle & laſſitude de tous fes membres,ne ſe pouuant aucunement remuer. Or apresauoir veu telle choſe,ie demeuray grandement eſmerueillé,comme auſſi fit ledit de la Taſte;anquelie demanday ce qui luy en ſembloit:il me fit reſponſe,qu'il eſtimoit que c'eſtoit vn Demon qui tourmentoit cette pauure creatu- re.En quoy ie ne voulus cötredire pour l'heure,attendu que iamais n'auois veu ny ouy parler lny de tel acci- dent. Car ſi c'euſt eſté vne maladie epileptique,il ſe fuſt enſuiuy perdition de tous les ſens,auecconuulſion: mais cette Damoiſelle ratiocinoit bien,& parloit encore mieux.Apres qu'euſmes fait rapport de ce ſpecta- cle à Meſſieurs Chapelain & Caſtellan, ils furent grandement eſtonnés : & fut conclu de nous tous(atten- du qu'on auoit procedé auparauant par pluſieurs moyens, leſquels ne luy auoient aucunement oſté ſa douleur ) qu'on luy appliqueroie ſur la tumeur vn cautere potentiel,lequel i'appliquay: & l'eſcare cheute, tomba vne ſanie virulente de couleur fort noire : & fut veue depuis n'auoir aucune douleur. Parquoy ie veux conclure par ceſte hiſtoire, que la cauſe de ſa douleur eſtoit vn virus venimeux, lequel pechoit plus en qualité qu'en quantité : qui eut iſſuë par le moyen de l'ouuerture faite par le cautere. Vn ſemblable faict eſt aduenu à la femme du Cocher de la Reyne, demeurant à Amboiſe, au milieu du bras droit,ayās par certains iours ſemblables douleurs que la ſuſdite Damoiſelle:laquelle nous vint trouuer, Meſſieurs Chapelain,Chaſtellan, & moy à Orleans, nous ſuppliant que nous euſſions à luy vouloir donner ſecours à ſa douleur,qui eſtoit ſi vehemente qu'elle ſe vouloit ietter par les feneſtres,ayant pour cette occa- ſion gardes auec elle. Nous conclûmes qu'on luy appliqueroit vn cautere potentiel ſur la partie meſme,ainſi qu'auions faict à la ſuſdite Damoiſelle,ce que ie fis: & l'ouuerture faite ſa douleur ceſſa,& l'a depuis du tout perdue. Or pour retourner à noſtre propos,levice des humeurs n'eſt pas ſeulement cauſe des goutes,parce que le mal ne ſeroit pas ſeulement aux jointures, mais auſſi aux parties muſculeuſes & ne cauſeroit telles douleurs, comme i'ay dit Auſſi on peut dire à la verité que le mal ne vient pas de l'imbecilité des jointu- res ( comme pluſieurs eſtiment) laquelle ſeule auſſi ne peut cauſer telles douleurs. Car s'il eſtoit ainſi, les N n 3 douleurs Les goutes parti tpent de quelque mariere vi- rulente indi- cible. Conditions de l'humeur arthritique. Cauſes des accidens des morſures ér piqueures veneneuſes . Hiſtoired'vne Damoiſelle, qui fut gua- rie d' vne ex - treme dou- leur par vn cautere po- tentiel . Autre hioi Pº. f 4 4 U LV. JA A IAT 1 1 LI 1V- t 1V-1 l IV- A.-A.1 Ll I V 2 douleurs ne ceſſeroient iamais pendant que l'homme vit,d'autant que l'imbecilité eſt touſiours aux articles: À Paul.AEgin. ains les deux enſemble, c'eſt à ſçauoir, la redondance vicieuſe de l'humeur, & l'imbecilité des articles Cauſes de la Que ie diray-je plus pour demonſtrer l'incertitude de la cauſe des goutes?C'eſt qu'elles ſont commevneren- ºuleur Ar- te conſtituée, pource qu'elles reuiennent tous les ans à certains termes principalement en Automne & au thritique. Printemps, quelque diligence que l'on y fçache faire : dequoy l'experience ſait foy. Et qui plus eſt, celles #.# meſmement qui viennent de naiſſance, c'eſt à dire par heritage du pere & de la mere, ne peuuent iamais liure 6. guarir vraiment, comme i'ay dit : ains ſeulement reçoiuent cure palliatiue, & pour y proceder, les Me- La goute qui decins & Chirurgiens doiuent auoir bon pied, bon œil, & qu ils ſoient munis de bon iugement, & de plu- vient depere ſieurs & diuers remedes : afin qu on en puiſſe choiſir, ſelon qu on verra les accidens aduenir, pour ſeder en fil, eſt in les douleurs tant chaudes que froides, ou miſtionnées enſemble, tant qu'il fera poſſible. curable. Des cauſes acquiſes & manifeſtes des Goutes. ' CA P. IV. O M e 1 E N que nous ayons demonſtré la cauſe des goutes eſtre incongnue, toutesfois com- munément on luy aſſigne les cauſes, dont le Medecin peut donner quelques raiſons. Or tout ainſi qu'il y a trois cauſes aux autres maladies, à ſçauoir, primitiue, antecedente, & conioincte, auſſi ya-il aux goutes. Quand à la primitiue, elle eſt double : l'vne vient de la pre- miere generation, comme celuy qui aura eſté procrée de pere & mere gouteux, principale- ment quand la matiere virulente eſt en reut, c'eſt à dire en mouuement, & que l'homme ſe Catsſes des goutes here- ditaires. ioinct auec ſa compagne, & qu'il engendre, il eſt bien difficile que les enfans ne ſoient gouteux, à cauſe B que cette matiere virulente ſe meſle auec la ſemence : d'autant que la matiere de ſemence vient de tout Je corps, comme monſtre Ariſtote au liure De generatione animalium : pareillement Hipocrate au liure de Au 1. liure I'air des regions, & des eaux. L'autre prouient par intemperature, tant de la maniere de viure, que de trop chap. 17. frequent exercice de l'acte venerien, & autres choſes que declarerons cy-apres. Celle qui prouient des pa- rens gouteux, peut eſtre appellée maladie hereditaire, parce qu'clle vient de pere en fils: ce que toutesfois Pourquoy les n'aduient pas touſiours, comme l'experience le monſtre. Car on void pluſieurs eſtre vexez de goutes, deſ- maladies des quels les pere & mere iamais n'en ont eſté malades : & d'autres n'en eſtre aucunement affligez, & tou- Pºre & º*- tesfois leur pere & mereen eſtoient grandement tourmentez laquelle choſe ſe fait par la bonté de la ſemen- * ººPaſſent ce de la femme, & par la bonne temperature de la matrice d'icelle,corrigeant l'intemperature de la ſemence ºſº* virile : tout ainſi que celle de l'homme peut corriger celle de la femme : comme on void ſouuent par expe- enfans. rience des enfans n'eſtre point gouteux, lepreux, teigneux, epileptiques, encore que leur pere ou mere fuſ- ſent ſubjects à telle maladie. Laquelle correction ſi elle defaut au pere ou à la mere, les enfans ne peuuent échaper qu'ils ne ſoient ſubiects auſdites maladiestleſquelles ne ſe peuuent parfaitement curer,quelque dili- la ſemence gence qu'on y puiſſe faire. Parquoy on ne doit (comme nousauons dit) calomnier la Medecine ny la Chi- ſºººººº rurgie, my moins les droges de fApothicaire : parce que la ſemence ſuit la complexion & temperament de ºment de celuy qui engendre,en ſorte qu'vn homme & vne femme bien temperez produiront vne ſemence bien com- #º " plexionnée.Au contraire,s'ils ſont intemperez,produiront vne ſemence mal-complexionnée, & non propre #endre. pour engendrer,vn enfant mal-complexionné,comme deduit Auicenne. Parquoy celuy qui ſera gouteux,s'il Autcenne. - - - - ,* - - - - liu.3.ſen.22 fait vn enfant, à grand peine pourra-il euader qu'il ne ſoit gouteux, ſi ce n'eſt par la rectification de la ſe- | tratété 2. mence de la mere ou du Pere,ainſi qu'auons declaré.La ſeconde cauſe vient des ſuperfuitez de noſtre corps, C chap. 5. qui s'alterent & ſe conuertiſſent en cét humeur virulente. Or ſes ſuperfiuitez produite parvne grande plenis tude,ou obſtruction des vaiſſeaux(qui ſe fait principalemét par la mauuaiſe maniere de viure.& & pour auoir crapule & beu de vins forts)font eſleuer au cerueau pluſieurs vapeurs,qui rempliſſent la teſte:puis les mem- branes,nerfs, & tendons,en ſont rendus laxes & imbecilles,& par conſequent lcs jointures.Auſſi cela aduiét pour auoir mangé pluſieurs & diuerſes viandes à chacun repas, en trop grande quantité:leſquelles engen- drent vne cacochymie.Auſſi dormir trop apres le repas,& longuement,& prendre peud'exercice,telles cho- Crudité.me- ſes corrompent la faculté digeſtiue. Car lors qu'elle defaut, s'enſuiuent cruditez, obſtructions & ſeroſitez, re des goutes. qui tombent ſur les jointures : leſquelles ſur toutes autres parties, ſont debiles naturellement,ou par acci- dent:naturellement,comme en ceux qui les ont des leur premiere generation laxes & foibles: par accident, comme en ceux qui ont beaucoup cheminé à pied,ou ſe ſont tenu debout,ou ont enduré le froid: pource que par la longue inréperature,lesiointures ſont rendues imbeciles Auſſi cela peut aduenir par cheute,ou coups i., loin .. ººPººººººº eſte eſtendu ſur la geſue,ou pour auoir enduré l'eſtrapade: pareillement a ceux qui ſont exceſ- Gal. au 1. cifs au coit, & principalement toſt apres le repas, d'autant que tout le corps eſt refrigeré,parce que la cha- liure deſemi. leur naturelle s'amoindrit,pour la grande quantité d'eſprits qui ſont iettez au coit,& que la faculté digeſtiue 754'- · en eſt affoiblie:& partant s'engendrent cruditez ſereuſes, qui defluent ſur les jointures,à cauſe deſquelles,& auſſi de ladite refrigeration, leſdites jointures ſont debilité , qui eſt cauſe des goutes. Or veu que ladite faculté digcſtiue de faut aux vieilles gens, il ne ſe faut émerueiller s'ils ſont gouteux. Outre-plus, les eua- cuations accouſtumces retenues, comme le vomiſſement, flux menſtruel, hemoroidal , flux de ventre, & autres, ſouucnt font cauſe de la goute: partant les femmes ne ſont ſuiettes aux gouttes,pendant qu'elles ont ** leurs flux, mais bien apres l'auoir perdu. Ce que dit Hippocrate : parce que les ſuperfluitez ſont retenues, leſquelles auoient accouſtumé de ſe purger. Dauantage, ceux à qui quelques vieux vlceres ou fiſtules au- ront coulé par longues années,& puis ſont cloſes & conſolidées,s'ils ne tiennent apres bon regime,& ne ſe purgent parfois, ſont en danger d'eſtre gouteux:comme au contraire,les varices des cuiſſes & iambes, & les hemorrhoides,flux dyfenterique,& vieux vlceres, empeſchent Ja generation des goutes. Plus, ceux qui releuent de quelque grande maladie, leſquels n'ont Point eſté bien purgez par medecine, ou par nature, | ſouuent deuicnnent geuteux:ceux qui ont le cerueau fort froid & humide, ſont pareillement ſujets aux Cauſº Pri goutes. Or pour conclurre en peu de paroles;les cauſes manifeſtes de cette maladie ſont,mauuaiſe maniere zwiºiues des ie viure, qui engendre cruditez & ſeroſitez,le coit ſuperflu, cheminer trop haſtiuement,ou plus longuement ** • que nature ne le peut porter, demeurer trop longuement debout, equitations de trop longue durée,euacua- tions accouſtumées retenues,le vice de parens,lequel les enfans ſont contraints de ſentir, quaſi par droit he- Cauſes in- reditaire.Quand aux cauſes internes entre les principales ſont redondance des humeurs crus,& l'amplitude ººrºº- .. des vaifſeaux, la force des principales parties mandantes, & 1'imbecilité des receuantes, auec laxe capacité º º des conduits & inanitez d'icelles,& la ſituation inferieure de la partie affligée. Or le ieune Chirurgien doit ºº * ſranoir qu'il y a quatre facultez naturelles, parleſquelles les plantes & animaux ſegouuernent.La premie- 0ft/ef. re eſt celle qui attire l'aliment : ſeconde, qui le retient : la tierce qui le change & digere : la quatre , qui reiette le ſuperflu, parce qu'il peche en quantité ou en qualité, ou en tous les deux enſemble: auſſi le virus & les humeurs ſont iettez par la vertu expultrice aux jointures. Quand à ce que ledit humeur s'arreſte pluſtoſt Cauſes de l'imbecil'lité Aphor. liure é. - #t : pº #. d, # l: d, (( It p. ſl, # | 1 DeS C_iOuteS. 427 ". pluſtoſt aux iointures qu'aux parties muſculeuſes; cela ſe fait, pource que les iointures ſont exengues & #ºurrºy froides, c'eſt à dire, auec vn peu de ſang, & de ſubſtance denſe & ſerrée, & que les parties qui ſont entre ººº icelles ſont charneuſes, laxes & molles, & la grande aſtriction du cuir ( qui eſt ordinairement aux vieux * arr«ſle pl» pour la ſiccité) fait que la tranſpiration eſt empeſchée, les ſuperfiuitez retenues : dont ſouuent s'enſuit la ſt oſt auxoin. goute, ou quelque grand prurit par tout le corps, ou grattelles, ou rongnes , & leurs vrines acres. Or la # qu aux douleur qui ſe fait en cette maladie, vient par lacrimonie de la qualité virulente, quelquesfois toute ſeule ties es par- ſans nulle autre humeur: & auſſi le plus ſouuent la douleur faite du virus, eſt cauſe d'attirer des eſprits fia- " tueux, & humeurs ia preparez à fiuer, comme le ſang : alors la fluxion ſera phlegmoneuſe : ſi c'eſt la cho- lere, eryſipelateuſe : ſi c'eſt le phlegme, œdemateuſe : ſi c'eſt l'humeur melencholic, ſcirrheuſe. Et s'il y a deux humeurs meſlez enſembles, la denomination ſe prendra de celuy qui ſera en plus grande quantité, comme ſi le ſang domine la cholere, on pourra dire phlemon eryſipelateux : au contraire, ſi c'eſt la chole- re, ſera nommé eryſipelas phlegmoneux : & ainſi les autres humeurs. Et cette matiere virulente accom- pagnée des humeurs & eſprits flateux, eſtans aux jointures, les remplit & fait diſtention aux parties,com- me membranes, appeneuroſes, tendons, & autres parties qui lient les jointures. De l'origine de la defluxion des goutes. C H A P. V. 'o R 1 G 1 N E de la defluxion & matiere des goutes vient du cerueau, ou du foye. Lors qu'elle vient du cerueau, on peut dire que c'eſt la pituite ſereuſe, claire & ſubtile,telle qu'on void le plus ſouuent diſtiller & couler par le nez & par la bouche, accompagnee de virus in- dicible, laquelle difflué par les tuniques des nerfs & tendons par deſſous le cuir muſculeux, qui couure le crane, & par dedans le grand trou, par lequel la nuque paſſe, & telle fluxion eſt touſiours froide. Lors qu'elle vient du foye, elle court & fluë par les veines, & arteres chargées d'abon- dance d'humeurs , qu'elles ne peuuent pour la quantité, ou pour la qualité vicieuſe. Et peut on lors dire quece ſont les quatre humeurs contenus en la maſſe ſanguinaire, ſimples ou compoſez, accompagnez pa- reillement du virus arthritique : & ſont pluftoſt chauds que froids, au contraire de ce qui aduient lors que la fluxion ſe fait du cerueau. Or cette matiere, de laquelle ſont faites les goutes que nous auons mainte- nant declarées, eft la fluxion qui ſe fait des autres parties : outre laquelle il y a vne autre cauſe appellée d congeſtion : à ſçauoir, quand quelque partie ne peut faire concoction de ce qui luy eſt baillé par Nature # pour ſa nourriture. Et quant à moy il me ſemble ( ſauf meilleur iugement que le mien ) que la matiere Arthritique virulente des goutes eſt en la maſſe ſanguinaire, voire en toute l'habitude du corps : & que cette ſeroſité § * virulente ſe meut par certaines cauſes, qu'auons cy-deſſus mentionnées. Encore outre ces raiſons naturel- Diſtinction les, il y a quelque choſe qu'on ne peut expliquer, ainſi qu'à l'epylepſie, fiévre quarte,& à vne infinité d'au- de lo ſource tres maladies : ce qu'Hiopocrate a dit au liure premier des Prognoſtiques , qu'aux maladies il y a quelque Arthriti- choſe de diuin. 1 - - Mê5. N, q — —— r Les ſignes que lafluxion vient du cerueau. CH A P. V I. E s malades, lors que la fiuxion ſe veut faire, ſe ſentent appeſantis , endormis & hebetez, auec Auant.emu- grand ſentimêt de douleurs aux parties externes de la teſte,& principalemét quand on leur ren-reurs de flu- uerſe leurs cheueux ſouuétesfois on leur trouue vne tumeur œdemateuſe au cuir qui couure le xion Arthri- - à crane:& leur femble qu'ils ayent changé leur nature à vne autre preſque toute eſtrange,de ſorte que du cer- qu'il leur eſt aduis qu'ils ne ſont plus eux-meſmes, pource que la virulence de la matiere a renuerſé & ueau. changé les fonctions, & toute l'œconomie du corps. Auſſi ils ſentent grandes cruditez en l'eſtomach, & routemens aigres. Et meſme l'humeur qui cauſe la migraine , a ſimilitude pour ſa malice & virulences à Diſtinction celuy qui cauſe les goutes : laquelle, pource qu'alors elle communique ſa douleur à toute la moitié de la # # §- teſte, a eſté appellée des anciens Hemicrania. A aucuns la fluxion deſcend du cerueau entre cuir & chair # # #. aux jointures, voire iuſques à celle des doigts des pieds, & telle defluxion procede lentement,au contraire meurArtbri- de l'humeur qui eſt chaud, duquel la fiuxion ſe fait promptement, & auec ſentiment de douleur. tique. Les ſignes que lafluxion vient du foye,& de la maſſe ſanguinaire ... CH A P. VII. # E s malades ſentent chaleur au foye, & aux parties interieures de leurs corps, & ſont commu- # nément de temperature ſanguine & cholerique, ayans les veines larges & groſſes : joint que la fluxion ſe fait promptement : dont ſe fait fluxion de ſang , & de la cholere auec les autres hu- meurs. Mais quelquesfois le ſang peut degenerer de ſa qualité chaude, & deuenir pituiteux & ſereux par multiplication des cruditez, & autres choſes qui cauſent & engendrent la pituite : & alors peut ºº aduenir, que la maſſe ſanguinaire, comme du cerueau, tombe & découle ſur les jointures, vn humeur pi- ſang de gene tuiteux auecque le virus : tout ainſi que ſi l'humeur melancholique eſt en grande abondance, il y peut auſſi # aquoſi- découler : ce que toutesfois eſt rare, comme nous demonſtrerons en ſon lieu : partant pour mieux diſtin- " guer la difference deſdits humeurs, nous les deſcrirons particulierement. , Les ſignes pourconnoiſtre quel humeur accompagne le virus Arthritique .. C H A P. VIII. R E M 1 E R E M E N T, pour connoiſtre ſi le ſang domine, faut conſiderer l'aage, comme la ieuneſſe du malade, ſa temperature ſanguine, le temps de l'année, qui eſt le Printemps, la re- gion temperée : auſſi s'il a vſé de maniere de viure, chaude & humide, & multipliant le ſang: & qu'au matin la douleur eſt plus grande & Plus pulſatiue & tenſiue, auec vne peſanteur, & Signes dº * la couleur de la partie rouge & vermeille : joint qu'il y a grande tumeur, non-ſeulement des ſang abon- veines, mais de toute la partie malade : & yagrande diſtention en la partie, tellement qu'il ſemble qu'elle " ſe rompt. Les vrines ſont rouges & eſpaiſſes · dauantage , ils ne peuuent endurer application des reme- , des chauds, ains par l'application d'iceux, la douleur s'aigrit dauantage. Plus, les exacerbations ou l4 N n 4 2CCCZ, 428 Le LVIX-nuICIIeIIle LIuIe, Leſang a ſes accés, ſelfont & repetent tous les iours, & principalement au matin. De toutes ces choſes tu peux con- A paroxiſmes clure que le ſang domine. le matin. - Les ſgwes de la Cholere . C H A P. I X. VRg v s s 1 les ſignes de la Cholere ſont, que la couleur de la partie ſera trouuée blaffarde,auec # d'E. ſ # grande chaleur ignée, & peu de tumeur, douleur poignante, & extremement aiguë : & le rj ſtpetas. º malade ſent pluſtoſt chaleur, que diſtenſion & peſanteur : & combien que la partie appa- roiſſe rouge, toutesfois elle tend plus à citrinité, c'eſt à dire couleur jaunaſtre, qu'à la # couleur ſanguine : & ſi elle eſt preſſée du doigt, le ſang cholerique (à cauſe qu'il eſtfort ^ ſubtil ) fuit facilement, puis ſubit retourne, & reuient plus rougeaſtie qu'auparauant. Car deuant qu'on comprimaſt la partie, l'humeur plus vicieux & flaue occupoit la ſuperficie du cuir, & par la compreſſion du doigt, le ſang qui eſtoit caché ſous le cuir , fait monſtre & parade de ſoy,juſques à ce que l'effect de la compreſſion ceſſe, l'humeur bilieux retourne en ſon premier lieu, dont iceluy apparoiſt plus blaffard, qu'en vn phlegmon fait de ſang pur, comme nous auons dit joint que la partie eſt plus aidée par º ººº medicamens refrigerans & humectatifs,que par ceux qui eſchauffent & ſeichent.Le patient a le pouls fort, ment de l hu. viſte & frequent, & eſt de temperament cholerique.Auſſi la douleur ſera trouuée plus grande ſur le midy, ºº juſques à quatre heure du iour, qu'à autres heures,parce que la cholere ſe meut en tel temps'Dauantage, que. les patiens ont des exacerbations, c'eſt à dire , renouuellement de douleur de trois iours en trois iours, comme on void aux fiévres tierces.Auſſi la chaleur du temps donne indice, comme l'Eſté. Outre plus la qualité des viandes eſt à conſiderer, comme ſi le malade a vſé de viandes, qui multiplient & engendrent la B cholere, ſes vrines ſeront trouuées fort ſubtilles, & de couleur citrine, & quelquesfois tellement acres, qu'elles offenſent le conduit vrinal. - —- —- — Signe de l'humeur pituiteux C H A P. X. 9)uelle eſpere |)ſ# 'H v M E v R pituiteux, qui cauſe les goutes, eſt ſereux, & quaſi touſiours ſemblable à celuy de pituite $ qu'on void diſtiller du cerueau en temps froid, par le nez, comme auons dit. Lors qu'il de- fait la gouts # flue ſur quelque jointure, il faut qu'elle apparoiſſe enfiée, & de la couleur du cuir : & ne pituiteuſe. ( differe grandement en couleur de la partie faine,c'eſt à dire,qu'ellen'eſtny rouge ny chaude, mais on ſent froideur au ſens du tact : & l'application des choſes froides nuit grandement au patient, mais les chaudes luy ſont profitables. Or pour engendrer tel humeur la vieilleſſe y fait beaucoup, & auſſi le temperament froid & humide, & l'air ambiens de meſme ; pareillement le temps d'Hyuer, l'oy- - - ... - ſiueté, les viandes froides & humides, fruicts, legumes, & generalement toutes choſes qui engendrent la #º Piº º pituite : & la douleur eſt en temps d'Hyuer, plus grande la nuict que le iour, pource que la pituite a ſes ſºº exacerbations ou mouuemnens,tous les iours & principalement la nuict.La tumeur ſera trouuee molle, en #" laquelle apres auoir preſſé du doigt deſſus, le foſſe y demeure quelque temps apres, comme on voidaux - œdemes. Les vrines ſeront trouuées crues & eſpeſſes, & de couleur blancheaſtre, comme toutes les auttes - . ſuperfiuitez phlegmatiques,mucqueuſes,& glaireuſes.Si la pituite eſt ſalée,le patient ſentira vn grand pru- ºg*º Pº rit, & mordacité en la partie. Le pouls au toucher ſera trouué mol, lent, & diuers.Auſſi on prend garde "ſ* que le malade n'a fait exercice.Et cet humeur cauſe le plus ſouuent les goutes, principalement quand ileſt cru : & pour abreger, d'autant que les ſuſdits humeurs ſeront eſloignez de leurs temperamens, & auront acquis vne qualité acre & vitulente, d'autant auſſi en ſeront les douleurs & accidents plus grands. —- Signes de l'humeur melancholique , CH A P. XI. # N la partie y aura peu de tumeur & douleur, & ſera comme endormie en ſentiment de peſan- Cauſes qui # teur. La couleur ſera aucunement liuide & plombine , le plus ſouuent on ſent la partie froide, amaſſent - I'humeur me. % quand on la touche. Auſſi peut eſtre que le malade eſt de temperature melancholique , & atte- lancholique. nué : pareillement qu'il aura vſé de viandes qui multiplient l'humeur melancholique. La cauſe auſſi de tel humeur eſt la region froide & ſeiche, & les alimens qui engendrent ſuc melancholique : auſſi la triſteſſe, le temps d'Automne, ou d'Hyuer, & l'aage qui eſt vers la vieilleſſe. Le pouls ſera trouué dur, Le temps du tenſif, & petit. Le patient aura peu d'appetit de boire & manger. Les vrines le plus ſouuent au commence- , ouu en ment ſont tenues & aqueuſes, à cauſe des abſtructions, & apres plus noires qu'elles ne doiuent eſtre ſelon de l'humeur Nature & moyennement craſſes. La reſidence eſt quelquesfois meſlée de matiere cruente & fuſque. Les melancholi- exacerbations ſeront de quatre iours en quatre iours, & la douleur ſera trouuée plus grande apres midy, D que, vers le ſoir, qu'à autre heure du iour, à cauſe que le mouuement de l'humeur melancholique eſt tel, ce qu'on void aux fiévres quartes,qui ſont faites de tel humeur.Or pluſieurs eſtiment que les goutes ne s'en- gendrent d'humeur melancholique , à cauſe de ſa ſubſtance groſſe & terreſtre, qui à peine peutfiuer aux jointures:ce que ie concede, s'il eſtoit ſeul : mais eſtant accompagné du virus predict, peut fiuer aux jointures. Pregnoſtic. CH A P. X II. La goute eſt $ , E s anciens Medecins nous ont laiſſé par eſerit, que les maladies des jointures ſont trou- acc,pagnée \ l uées entre les plus griefs maux, & tourmens preſque inſuportables, tellement que quel- de dculeur quesfois les malades perdent le ſens & entendement , & deſirent plus la mort que la vie. inſupporta- N Les goutes tiennent leur periode & paroxiſme du virus, & des humeurs dont elles ſont ble. s faites ; Elles viennent volontiers au Printemps & en Automne, comme nous auons par cy- Hipp.liu.é. deuant declaré. Et ceux qui ſont vexez de goutes naturelles, c'eſt à dire, qui les ont hereditaires, ne Aphor.55. gueriſſent iamais parfaictement, ou bien rarement. Lors auſſi que les nœuds, ou nodoſitez ſont aux join- ººº ºº- tures, ils ne ſe peuuent parfaictement curer, principalement ſi la matiere eſt gypſée, parce qu'elle ne ſe rables. peut reſoudre , & encores moins ſuppurer. Les goutes faites de matiere pituiteuſe & froide, ne ſont pas tant douloureuſes, que celles qui ſont faites de matiere chaude, comme de ſaog ou de º# 2lllll » ,º l_WCS \ IOUlUCS. 42 9 | auſſi elles ne ſont ſi toſt curées parce que les chaudes ſont pluſtoſt digerées & reſoluës,à cauſe de leurcha- leur & ſubſtilité. Car les froides durent le plus ſouuent quarante iours ou plus, à cauſe que la matie.e t Gal. au groſſe & eſpeſſe : quelquesfois pluſtoſt, & quelquesfois plus tard, ſelon que le malade tiendra bon regime, con - ſa & qu'il ſera bien pcnsé du Medeciu & Chirurgien. Auſſi d'autant plus que la partie, où s'eſt faite la fluxion, 49. Ap». de eſt eſpeſſe,comme la jointure du genoüil,ou fous le talon,ou en lieu profond,comme à la hanche,& qu'elle la «.jcct. a la vertu expultrice imbecille, le mal eſt plus long à guarir, que quand le contraire ſe fait. Celles qui font chaudes, durent quatorze iours, & bien ſouuent vingt, ou plus,quelque diligence qu'on y ſçache faire. Les goutes qui ſont cauſées d'humeurs gros & viſqueux, ne font pareillement grande douleur, & ne ſont auſſi toft guaries. Celles qui ſont faites d'humeurs chauds & choleriques, ſont tres-douloureuſes, & mettent quelquesfois le patient en deſeſpoir, & cauſent à aucuns paralyſie, & difficulté de reſpirer, perturbation d'eſprit, gangrene & mortification en la partie,& par conſequent la mort.Entre toutes les douleurs arthri- tiques, la ſciatique emporte le prix, pour eſtre plus douloureuſe, & cauſer plus grands accidens, comme fiévre, inquietude, luxation, & claudication perpetuelle, emaciation, ou amaigriſſement de toute la cuiſſe & de la jambe,& quelquesfois de tout le corps. La cauſe de la claudication & de l'emaciation eſt,que l'hu- Cauſe de l4 meur aura jetté l'os Femoris hors de ſa boëtte & lieu naturel : lequel eſtant hors,preſſe les muſcles,veines, § arteres, & le gros nerfqui deſcend le long de la cuiſſe, juſqu'à l'extremité des orteils, pour ſe diſtribuer aux goutes aux muſcles : au moyen dequoy les eſprits ne peuuent reluire aux parties iuferieures , & par conſequent ſe ſciatiques. tabefient,& deuiennént conſommées & amaigries : dont le pauure gouteux demeure apres claudicant tout le long de ſavie.Or pluſieurs demeurent claudicans, combien qu'ils n'ayent luxation : qui ſe fait à cauſe de l'humeur glaireux, propre tant pour la nourriture des jointures, que pour les lubrifier & les rendres plus , faciles à mouuoir, qui s'endurcit par la chaleur eſtrange : & pareillement parce qu'il n'eſt ſubtilié par le Autre cauſe mouuement quiauoit accouſtuméd'eſtre fait; & les autres humeurs,qui ſont defiuez en plus grande quan #" tite,que la partie n'a peu digerer,& aſſimiler en ſa ſubſtance, par congeſtion ſont demeurez impactes & en- 44f40/7.. durcies,qui fait que le mouuement ne peut eſtre fait & accomply.Dauantage, la goute cauſée de matiere groſſe & viſqueuſe,defluant ſur vne partie,ſouuent rend les membres courbez & tortus, juſques à jetter les os hors de leurs propres jointures : ce que l'on void,non-ſeulement és grandes jointures,mais és doigts des mains & des pieds, leſquels par vne goute noüée ſont quelquesfois jettez aux jointures, au moyen dequoy ils deuiennent tout crochus : & principalement,quand l'humeur tombe en grande abondance,rend la partie languide & atrophiée,c'eſt à dire,conſumée,aride & ſeiche,& ſon action deprauée,& ſouuent du tout per- due.Car toute intemperature qui demeure longuement ſur vne partie, diminue la force & vertu d'icelle,& Aecid.as par conſequent ſon action,comme nous auons dit cy-deſſus. Lors que le virus cauſant les goutes,n'eſt ſelon §i du ſon cours ordinaire,& paroxiſme accouſtumé,jetté aux jointures(par l'imbecilité de la vertu expulſiue) il cours d hu- cauſe maladies cruelles,grandes & mortelles. Car quand il arriue en la ſubſiſtance du foye,il excite inflam- meur arthri- mation d'iceluy:s'il demeure aux grandes veines,il engendre vne fiévre continue : & s'il tombe ſur la mam- tique ſuppri. brane qui couure les coſtes,il cauſera vne pleureſie:s'il demeure & s'attache aux inteſtins,ſera cauſe de faire mé. vne colique,ou iliaque paſſion,auec tres-grande douleur:& ainſi ſur les autres parties fait accidens diuers. Ce qu'on void, en ce qu'aucuns gouteux deuiennent paralytiques,à cauſe que la matiere des goutes bouche les poroſitez des nerfs; de ſorte que l'eſpritanimal n'y peut reluire : parquoy la partie demeure ummobile, & reſolue. Les vieillards ne peuuent iamais eſtre deliurez de leurs goutes,parce que leur ſang,& toute leur Les vieil- maſſe ſanguinaire eſt alterée, & ne peut eſtre rectifiée, non-plus qu'vn vin bas,& deuenu aigre. Les goutes lards ne fº* qui viennent promptement, procedent d'intemperature chaude, & ſouuent ſans matiere : qui ſe connoiſt, **ſº parce qu'il n'y a aucune tumeur apparente a la partie, ny au dehors,ny au dedans des jointures : & ſent-on º * apertement par le toucher la partie fort chaude, & le patient ſe ſent allegé par remedes froids, ainſi que ** nous auons dit. Au contraire la fluxion faite de matiere froide découle lentement quelquesfois au fort de l'Hyuer, pour la grande froidure, qui bleſſe les parties nerueuſes, & comprime les humeurs, les chaſſant aux jointures. Pareillement aucuns en ſont vexez au fort de l'Eſté, pour la grande chaleur, qui liquefie & fond les humeurs,dilate les conduits,& parties nerueuſes & membrrneuſes. Or elles peuuent venir en tout temps de l'année, pource que les gouteux ſe dcbauchent , & ne tiennent reigle en leur maniere de viure: toutesfois elles reuiennent pluſtoſt au Printemps, & en Automne, comme nous demonſtrerons cy-apres. Dauantage, les gouteux prognoſtiquent ordinairement le changement de temps, comme pluye,neige ou quelque autre temps nubileux : tellement qu'ils portent auec eux vn Almanach qui leur ſert toute leur vie,à prognoſtiquäé cauſe de l'air gros & vaporeux que le vent Auſtral,ou de Midy ameine & códuit,qui remplit les corps d'hu-'le b# miditez, & eſmeut interieurement les humeurs, & les agite : & lors qu'ils ſont ainſi eſmeus, ſe fait nouuelle de temp,. fluxion ſur les parties imbeciles,& principalement ſur les jointures, qui ſont peu charneufes,& exangues,ou priuées de ſang,& par conſequent de chaleur naturelle : & parce auſſi qu'elles ont eſté malades,affligées & debilitées de long-téps,non-ſeulemét en leur propre harmonie,mais auſſi en leur propre ſubſtâce:& partât les pauures gouteux au changement du temps,& lors qu'il veut pleuuoir, leurs douleurs leur viennent, & les tourmentent plus aigrement. Il y a aucun gouteux qui deſirent grandement le coit pendant leurs douleurs, parce qu'il ſentent vne grande chaleur eſtrange au dedans du corps,laquelle ne ſe reſout & diſſipe point en deſirent le exhalations,comme l'ardeur febrile : mais font fondre l'humidité ſeminale, qui courant aual vers les parties §. genitales,les fait enfler & én orgueillir. Ce que nous voyons meſme tous les iours aducnir aux mulets deſ- -- chargez,& aux cheuaux de poſte rendus en l'eſtable,apres auoir couru vn long chemin. Toutesfois tel acte - aux gouteux eſt bien contrairc,à cauſe que par le coit(comme nous auons dit)les eſprits, & chaleur natu- s relle ſe reſoluent, dont la chaleur eſtrange s'augmente, & quant & quant leurs douleurs. Parquoy je leur - conſeille qu'ils s'en gardent s'ils le peuuent faire,& s'ils ſont ſages, & principalement ceux qui rc ſont pas mariez.Les anciens Medecins,& ceux de noſtre temps,ont tenu que cette maladie eſtoit incurable:toutesfois - on en a veu guarir,principalement celle qui n'eſt pas hereditaire, ou inueterée, ſi le malade veut tenir bon regime,&n'eſtre ſujet à ſes plaiſirs.Les riches ſont plus ſouuenttourmentez degoute,que les pauºs parce z, cont. qu'ils ne trauaillent pas,& qu'ils mangent beaucoup,& de diuerſes viandes en tous leurs repas, & boiuent vient pluſtoſ# d'autant & immoderément,& trop ſouuent joüent aux Dames rabatues.Auſſi on a veu des riches(leurs biens aux riches confiſquez ) retourner à la table des pauures, & faiſans exercice, auoir eſté guaris d'icelles, qui auparauant qu'aux pau- les vexoient beaucoup. Et de fait,on void raremement les pauures Laboureurs & Artiſans auoir les goutes. ures. Parquoy ceux qui ſe veulent deliurer des goutes, faut qu'ils mangent peu , & vfent de viandes qui engen- drent le bon ſuc : qu'ils s'exercent moderément,& laiſſent l'vſage du vin & des femmes, ou pour le moins qu'ils en vſent moderément, & auſſi qu'ils vomiſſent & ſe purgent par l'ordonnance du docte vie decin. Hippocrate dit que les enfans ne ſont gouteux auant qu'ils vſent du coit:toutesfois on void aucuns chaſtrez eſtregouteux,principalemét ceux qui viuent en oyſiueté,& ne trauaillent point, comme les ſedentaires, & crapuleux:qui cauſe qu'ils amaſſent cruditez cn leurs corPs,& humeurs malins & ſuperflus, qui cauſent les - goutes. Les gouteiix Les gouteax Hitp. Ath ;. linr é. 43O LC LV1X-IlUllCI1CII1C LlUlIC, Aphºr.29- goutes. Semblablement les femmes ne ſont point gouteuſes pendant qu'elles ont leurs mois : car par iceux A ſeä.6. Trois cauſes tenerales des . gontes. Pluſieurs ont eſté guaris pour auoir laiſſé le vin ér les fem- 777ºf. Rečtitude, des filamens. $aignée par- ticuliere. Pourquoy il ne faut ſai- gner ſouuent cr temerai- Fe/7enf, Aphor. 5 5• liure 6. Pourquoy les goutes ont leur paroxiſ. me en Au- f0W3n6'. Pourquoy au Printemps. ze vomiſſ- ment eſt ap- pouué des Anciens aux g0Mteux. Grande anº nºtatiºns, tout leur corps ſe purge : au contraire lors qu'ils ſont trop toſt retenus, beaucoup de matiere & humeurs s'amaſſent en leurs corps, qui le plus ſouuent leur cauſent les gouttes. •- - — Cure preſeruatiue & curatiue des Goutes. C H A P. XI I I. E v A N T toutes choſes, il faut derechef diſtinguer toutes les cauſes & la diuerſité de leur origine, afin de diuerſifier les medicamens ſelon la nature de l'humeur pechant en quantité, ou en qualité, afin de les guarir par leur contraire. Or il y a trois cauſes en general, comme nous auons dit, qui font les goutes. La premiere qui vient par heritage, de pere en fils. La ſeconde, par le vice & alteration des humeurs. La tierce , de la foibleſſe & imbecilité des iointures. Et pour contrarier à telles choſes, il faut auoir double indication, à ſçauoir euacuation & alte- ration des humeurs ſuperabondans, & la fortification & roboration des iointures debiles. Or telles choſes ſe feront par bon regime, purgation, ſaignée, & en prouoquant les hemorroïdes, vomiſſemens, ſueurs & vrines, & autres ſelon qu'on verra eſtre neceſſaire, & par application des remedes locaux. Les remedes qui ſeruent à la preſeruation des gouttes, ſeruent auſſi à la curation, tant curatique, que palliatique. Il eſt donc neceſſaire de contrarier aux cauſes qui font les goutes, comme à l'vſage iummoderé duvin, & de l'acte venerien, & l'oiſiueté, au dormir toſt apres le repas, & autres choſes qu'auons eſcrit aux cauſes. Lors que le malade connoiſtra le temps approcher, auquel les goutes le doiuent prendre, il tiendra bonregime, & ſe purgera : & ſi la douleur prouient du ſang, il ſe fera ſaigner ( s'il n'y a choſe qui l'empeſche ) de la partie contraire, pour faire euacuation & reuulſion. Exemple : Si les parties ſuperieures ſont enflammées, on ti- rera du ſang des parties inferieures : au contraire ſi les parties inferieures ſont enflammées, on ſaignera les ſuperieures, en gardant la rectitude des filamens : comme ſi c'eſt le bras droit, on ouurira la veine de la iambe droite : & fi c'eſt le bras ſeneſtre, on ſaignera la iambe ſeneſtre : & ſera tiré du ſangen telle quantité qu'il ſera beſoin. Et apres auoir ainſi fait la ſaignée vniuerſelle , & que pour cela la douleur & inflamma- tion continuaſſent, alors on fera apertion de la veine la plus proche de la douleur : ce que i'ay par plufieurs fois fait, auec bonne & heureuſſe iſſue. Ce que commande Hippocrate en la ſentence 5. de la 6. ſection,ſur le 6. liure des Epidemies , qui dit, qu'aux douleurs il faut euacuer & tirer de la partie prochaine & malade par ſection & vſtion, qui eſt vn ſouuerain remede. Or ie ſeray touſiours d'aduis, que pour ſaigner & pur- ger, on prenne le conſeil du docte Medecin , parce qui ne faut pas touſiours tirer du ſang tous les ans aux gouteux, s'il n'eſt bien neceſſaire. Car auecques le ſang, l'eſprit vital ſe perd, les forces s'affoibliſſent, & le corps ſe refroidit : par ainſi on abbregeroit la vie du pauure gouteux. Dauantage la ſaignée ne profite à ceux qui ſont continuellement affligez des goutes, & qui ont le corps imbecile & froid, & à qui la pituite ſeule domine. Auſſi les purgations ſont quelquesfois neceſſaires, mais où elles ſeroient frequentes ſont dangereuſes. Parquoy il vautmieux corriger le vice des humeurs par bon regime de viure que d'vſer tant ſouuent de ſaignée & purgations. Dauantage ceux qui ſont § nerien, & qui ont beaucoup de cruditez, trouue peu d'aide de la ſaignée & pargation, pource que les hu- meurs crus n'obeiſſent aux medecines. Et pour cette cauſe le plus ſouuent pluſieurs gouteux ne peuuent guarir, ny eſtre aydez paraucun remede, pour la grande intemperature, & crudité qu'ils ont en toute l'ha- bitude de leurs corps, & de l'alteration de la ſubſtance des parties affligées. Or pour retourner à noſtre propos, le malade vſera de choſes refrigerantes, & euiter2 le vin, principale- ment s'il a les goutes chaudes,ou pour le moins y mettra beaucoup d'eau ſelon que ſon eſtomach le pourra ſouffrir. Le temps principal auquel on ſe doit purger eſt le commencement du Printemps, & d'Automne, parce que les goutes ſont communément eſmeuës en ce temps-là, ſelon l'authorité d'Hippocrate, & l'ex- perience Car en Automne elles ſont excitées, parce qu'en Eſté la faculté concoctrice a eſté fort debilitée,à cauſe de l'air ambiens quiattire hors noſtre chaleur naturelle : ioint qu'en temps d'Eſté, nous vſons volon- tiers de fruicts crus, qui engendrent grade quantité de cruditez, & corruption en la maſſe ſanguinaire, leſ- quels en Automne (à cauſe de la froidure exterieure ) s'aſſemblent au dedans , puis montent à la teſte, & apres par leur grauité & peſanteur tombent aux iointures, leſquelles alors reçoiuent plus facilement la fiu- xion, pource que par la chaleur de l'Eſté, s'eſt fait dilatation des conduits, & par l'intemperature inegale d'Automne, les articles ſont fort debilitez. Au Printemps les humeurs s'eſmeuuent,pource que par la froi- dure d'Hyuer, ils ont eſté ſerrez & comprimez au dedans du corps : & eſtans ſubtiliez & eſchauffez, au Printemps il ſortent hors du centre, & courent aux iointures. Parquoy il eſt beſoin en ce temps-là,purger & ſaigner les gouteux, ſi on void qu'il ſoit neceſſaire, comme nous auons dit, afin de vacuer les humeurs qui cauſent les goutes. Car en ce temps les humeurs s'eſpandent, & ſont eſmeus & preparez à euacuation, par laquelle ſi on ne cure & garde de venir les douleurs arthritiques, pour le moins elles en ſeront beau- coup moindres. | D# romiſſement. C H A P. XIV. ,S O vs les anciens ont fort approuué le vomiſſement ſur toutes autres purgations, lors que ) % principalement la cauſe des goutes prouient du cerueau & de l'eſtomach. Car par iceluy ! # ſe fait euacuation & diuerſion des humeurs pituiteux , ſereux, & choleriques, qui defluent Hº() plus communément que les autes humeurs aux jointures. Pareillement le vomiſſement *- ^ attenuë le phlegme gros & viſqueux contenu en l'eſtomach, & partant il eſt loüé, tant au commencement qu'à l'accroiſſement, eſtat & declinaiſon, & auſſi tant à la preſeruation, qu'à la curation des goutes, & deliure de pluſieurs autres maladies, & purge l'humeur virulent, comme nous monſtrerons au traicté de la peſte. Tu prendras toutesfois garde , que le patient n'ait le thorax & cerueau debile : car en ce cas le vomiſſement ſeroit ſuſpect. Et pour le regard de l'ordre & temps qu'il conuient vomir, ceux- là doiuent vomir auant le paſt, auſquels pour quelque exercice que ce ſoit , ou autre mouuement, les excremens fluent en l'eſtomach : au contraire doiuent vomir apres le paſt , ceux qui ont amaſſé grande quantité d'humeurs pituiteuſes. Ie louë plus le vomiſſement apres la priſe des viandes, qu'à ieun : parce qu'il faut plus grand effort à ietter la pituite qui eſt contre les parois de l'eſtomach eſtant vuide, que lors qu'il eſt plein de viande : & par le vomiſſement qui eſt fait par force, y a danger qu'il ne ſe rompe quelque veine ou artere de la poictrine, ou des pulmons. Dauantage, à ceux qui ont la poictrine eſtroite & le col long, en temps d'Hyuer de vomiſſement eſt contraire, s'ils ne l'ont accouſtumé, & que Nº† tCIlC11 B s au manger, & boire , & l'exercice vc- . Des Goutes. 4.3 I A tendiſt à ſe deſcharger par telle voye,& faut que le patient vomiſſe de quinze iours en quinze iours,plus ou B moins,ſelon la repetition & vexation de la goute. Or il me ſouuient auoir pensé en cette ville vn Gentil- homme Geneuois,lequel auoit vne extreme douleurà la iointure de l'eſpaule ſeneſtre, auec impotence de tout le bras,& auoit ja eſté traicté par pluſieurs Medecins & Chirurgiens, tant de Lyon,que de cette ville: & me recita que pour luy oſter ſa douleur,il auoit eſté purgé,ſaigné, & auoir fait diette,tant Par le gajac, que par l'eſpine & qu'on luy auoit fait pluſieurs applications ſur le lieu de ſa douleur, neantmoins e luv auoient toutes choſes rien ou peu profité.Sur quoy luy demanday s'il n'auoit point eu la groſſe verole, à cauſe de ſa douleur qui eſtoit plus grande la nuict que le iour : parce que la cauſe eſtoit vne pituite & ma- tiere froide:il m'afferma que non : & ayant entendu tous les remedes qui luy auoient eſté faits , & ce par gens doctes,ne luy ſçauois qu'ordonner, fors que le vomiſſement. Et m'ayant dit qu'il eſtoit difficile à vo- mir,ie luy conſeillay qu'il crapulaſt,& mangeaſt pluſieurs & diuerſes viandes au ſouper,auec oignons,por- reaux & ſemblables,& puis qu'il beuſtd'autant, & de diuers vins, à ſçauoir doux & aigre : pource que la grande quantité & diuerſité de viandes & de breuuage,eſt cauſe du vomiſſement, à raiſon qu'aucune, ſont cuites & pourries les vnes deuant les autres , & la grande quantité ne permet icelles eſtre digerées en l'e- ſtomach : dont s'enſuit qu'on vomit plus aisément. Auſſi luy ordonnay qu'apres cela il ſe couchaſt aſſez toſt,& qu'à ſon premier reſueil il ſe prouoquaſt à vomir,mettant vne plume ou le doigt en la gorge, à fin que plus aisément il iettaſt auec ſa viande le phlegme gros, viſqueux , & ſereux , & qu'il fiſt cét exces par deux ou trois iours luiuans:pource qu'en ce faiſant(comme dit Hippocrates)le ſecond & le tiers iour peu- uent pouſſer ce qui reſte du premier. Et luy dis qu'il continuaſt ce vomiſſement vne fois ou deux le mois, & qu'il pri · ſt en ſa bouche & maſchaſt par fois du maſtic à ieun , a fin qu'il fiſt par ce moyen euacuation & diuerhon de l'humeur qu'il ſentoit,diſoit il, couler de la teſte ſur ſon eſpaule. Semblablemeut qu'il frotaſt ſa nucque & ſon eſpaule d'eau de vie,en laquelle on auroit infusé roſmarin,lauande,clou de girofle,vn peu § zipareillement qu'il fiſt excercice mediocre de ſon bras.Quelque temps apres ie le trouuay, & me dit qu'il auoit fait ce que ie luy auois conſeillé , & n'auoit lamais trouué meilleur moyen pour appaiſer ſa douleur & la perdre:& par ainſi fut du tout guary, s'aydant autant bien de ſon bras que iamais auoit fait. Ceux qui ne veulent crapuler pour leur prouoquer le vomir, boiront bonne quantité d'eau en laquelle au- ront boüilly des raues,auecques demye once d'oxymel : toutesfois ne faut en faire couſtume : mais ſuſſira deux ou trois fois le mois , & quand le malade ſentira ſon eſtomach chargé, & que Nature le ſtimule à ce faire. Or maintenant il nous faut pourſuiure noſtre propos de la curation preſeruatiue. - --- C H A P. X V. , " E malade gouteux,pour garder que les humeurs ſereux & pituiteux ne courent aux jointures, vſera quelquesfois de choſes diuretiques pour les faire vuider par les vrines, comme ſont ra- cines d'ozeille,perſil,fenoüil,bruchus,aſperges,gramen,(autrement dit dent de chien)& leurs ſemblables leſquels fera boüillir au potage,& ſeront donné au malade. Surquoy faut ſçauoir que quand le patient a grand flux d'vrines,& qu'elles ſont eſpeſſes, ſes douleurs ceſſent.Auſſi aucuns des anciens commandent(ce que i'ay fait pluſieurs fois)faire des vlceres auec cauteres potentiels, & les tenir ouuerts, à fin de donner iſſue à euacuer le virus qui fait les goutes : pource que par telles ou- uertures le virus s'eſcoule. Ainſi que voyons aux verolez, lors qu'ils ont vlceres qui coulent , ils ne ſen- tent,ſans comparaiſon,tant de douleur que lors qu'ils n'en ont point : ou auront eſté conſolidez ſans auoir oſté ledit virus par ſon alexitere,qui eſt le vif-argent, parce que par icelles ouuertures decoule & s'euacue portion duvirus verolique.Tout ainſi aduient aux goutes lors qu'on leur aura fait des ouuertures : leſquel- les ſeront diuerſifiées ſelon la diuerſité des lieux par où ſe fait la fluxion. Exemple. Si la fluxion ſe fait du cerueau tombant ſur les os clauiculaires,l'ouuerture ſe fera par derriere le col:& ſi elle tombe ſur les ioin- tures des eſpaules,& aux couldes, ou ſur les mains , on appliquera les cauteres au deſſus des muſcles Epo- mis:& ſi elle tombe à la hanche,ou aux genoüils , & aux pieds,ils ſeront appliquez trois doigts au deſſous des genoüils , partie interieure, pourueu que le patient n'euſt pas à faire grand exercice : pource qu'eſtant faite l'ouuerture en ce lieu, il ſe fera plus grande euacuation , à cauſe de la veine ſaphene qui eſt en telle partie. Au contraire ſi c'eſt vn ieune homme auquel il ſoit neceſſaire de beaucoup trauailler & aller à che- ual,l'ouuerture ſe fera en la partie exterieure entre les deux fociles, à fin que l'eftriuiere & la ſelle du che- ual ne luy ſoit trop moleſte & douloureuſe. Or telles ouuertures ſe feront par cauteres actuels ou poten- tiels,ſelon qu'on verra eſtre neceſſaire,& la volonté du malade. Si on veut vſer de l'actuel , il ſera de figure d'vn triangle,trenchant & aigu,à fin que plus promptement il faſſe ſon operation , & à moins de douleur. Dauantage,il ſe peut mettre vne piece de fer troüée ſur l'endroit où l'on veut appliquer le cautere,laquel- le ſeruira qu'il ne touche ſinon qu'au lieu eù l'on veut qu'il ſoit appliqué, comme nous auons dictau cha- pitre de l'AEgilops.Et ſera tenuë l'vlcere ouuerte,y mettant dedans vne petite balotte faite d'or ou d'argent, ou de racine d'iris,ou d'hermodactes,ou de linge ou de gentiane, ou de cire, auec laquelle on incorporera poudre de vitriol mercure,ou alum,de penr que l'vlcere ne ſe conſolide iuſques à la volonté du malade, & conſeil du Medecin & Chirurgien. Dauantage il faut purger le cerueau(qui eſt le plus ſouuent la fontai- ne de ce mal)vne fois le mois,auec pillules cochées,& d'aſſajert en Hyuer : & en Eſté , de pillules ſine qui- bus,ou imperiales, deſquelles la doſe ſera vne dragme deuant la pleine Lune, & le lendemain on prendra vn boüillon de pois ciches , auec racines aperitiues & diuretiques. L'vſage des diuretiques eſt bon, pour- ce qu'ils purgent les ſuperfluitez ſereuſes de la ſeconde & tierce digeſtion. On peut ſemblablement vſer d'autres pillules, qui ont vertu de purger l'humeur pituiteux & ſereux,comme celle-cy. # pillularum fœ- tidarum & de hormodact. an. 3. ß. miſce, & cum ſucco vel ſyrupo roſarum ſolutiuo formentur pillulz. 2Z. aloes 3.iij agarici trochiſ. rhabarb. an.3.j. maſſœ pillularum arthriticarum , & de hermo. an. 9.ij. dia- gredij. 9.j.cum melle roſato,fiat maſſa. Deſquelles en ſera donné au malade vne dragme plus ou moins, ſelon ſa force & vertu. Les remedes des purgatifs ſeront changez ſelon que le docte Medecin verra eſtre beſoin à purger les humeurs ſuperflus qui cauſent les goutes : comme ſi la cholere en eſt cauſe, on vſe- ra de remedes cholagogues : & entre tous le catholicum eſt loüé , & les pillules communes. Et apres pour roborer les parties interieures,on donnera demie dragme de theriaque, trois heures deuant le paſt. Or il faut icy entendre, que pour purger le cerueau , les pillules ont eſté plus loüées des anciens, que les autres medecines liquides , a cauſe qu'elles demeurent plus longuement en l'eſtomach à faire leur opera- tion & par ce moyed elles attirent mieux du cerueau, & des parties lointaines , l'humeur qui doit eſtre deriué &euacuée par le ſiege.l'ay cogneu aucuns qui ont vsé de Pillules auſquelles y entroit bonne quanti- - té -7 Diuers remedes pour les Gouteux. Hifîoire , d'vn Gene- ucis qui fer- dit vne dou- leur de gou- te far le vc- miſſement. Meyen de fa- ciliter le vo- miſſement. Hitp.au li. de ratione vict. Vcmitoire. Choſe digne d'eſtre notée En quel l'es il y aut faire 0ſ/Jle'r / ffre pour lesgo#- fé 5 . Pillules prº- pres. L'vſage des diuretiques- Pourquoy ;öt ordon nées les p llu les pour l e coru eau. i ; - 43 2 Le L)ix-huiCt1éme L1ure, té de ſcammonée,à ſçauoir , ſept ou huict grains pour vne priſe, leſquels apres iettoient grande quantité A_ # d'eau,& ſeroſitez:& pareillement auſdites pillules y entroit du gingembre » de peur qu'elles ne fiſient mal - à l' eſtomach or en tel cas,apres la priſe & operation , on baillera a manger au malade Vn peu d'orge mun- dé, pource qu'il addouciſt & leniſt les parois de l'eſtomach , qui pourroit auoir eſté bleſſé deſdites pillu- les.Et le lendemain on pourra pareillement bailler du theriaque la groſſeur d'vne féve ; lequel I]C conforte pas ſeulement la debilité de l'eſtomach,procedante des purgations , mais auſſi corrige le virus arthritique. Il ne faut pareillement omettre,qu'apres le paſt faut vſer de dragées,de fenoüil,anis , & coriande , ou coti- gnac, ou conſerue de roſes , à fin de rabatre les fumées qui montent de l'eſtomach au cerueau. Sembla- *ºfº ,lement on vſerà de parfums en temps humide,leſquels ſesont ainſi # thuris,vernicis & maſt.an.3.j. · granor.iunip.bacc .lauri an.3 6.ligni aloes 3.ijaſſa odoratæ 3.j É. conquaſſentur groſſo modo : & en ſoient parfumées eſtouppes de chanvre,ou cotton cardé , & ſoient posées chaudement ſur la teſte. Dauantage, on pourra frotter la teſte du patient de cette poudre par l'eſpace de quinze iours, plus ou moins, à fin de toufiours deſſeicher les humiditez ſuperflués.24.roſarum rubr.folior. ſenx ; ſtechados vtriuſque an.m. ſ$. milij.3 iiij.furfuris loti in vino albo 3 iij.flor.camom melil.an.p.j.ſem. aniſi 3. j. ſalis comm. 3. ij ſoit faite poudre qu'on mettra en petits ſachets de toile, & les fera on eſchauffer dedans vne poëfle, & d'iceux on # 2 # U: ( 21:5 | Apo pkl eg- frottera la teſte au matin. On peut auſſi vſer des † qui † pulu.hierx ſimplicis3.jagarici # matique. recenter trochiſcati & rhabarbari electi an.3.ijmyrabo anorum,chelubarum 3 f. tamarindorum 9.ij. cum - #º infuſione ſena fiat maſſa,& ex ea formentur pillulae vj. pro dragma , c2piat duas ante cœnam octauo quo- #. que die. on peut dauantage prendre au matin,au temps de la fluxion, vne pilule de la compoſition ſuiuan B , # , L'vſage du te,la tenant vn quart d'heure en la bouche,la maſchant & crachant continuellement ce qui aura eſté attiré l #ce theriaque eſt & deriué en la bouche.24.cubebarum,nucis moſcatz,glycyrrhizx,anifi an.3.j.pyrethri 5. ij. maſtiches, ra- * #t d · vtile contre dicis ſtaphiſagrix,eryngjan 3 ij. Toutes ces choſes ſoient puluerisées & meſlées enſemble, & en ſoit fait - #rn e virus der des petits nouets entre deux linges ou taffetas, & ſoient formées petites pillules de la groſſeur d'vne aue- - :::b goutes. leine.Et pour obtundre la virulence de l'humeur qui cauſe les goutes,on doit prendre quelque peu de the- # riaque par interualle,auec de la conſerue de roſes,ou de fleurs de roſmarin,parce qu'il confomme vne par- #. tie des humeurs ſuperfius, & rectifie & obtund l'intemperature du virus arthritique , comme nous auons 2 :: dit cy-deſſus. - sac - | it ! - z.li De la maniere de viure des Gouteux. C H A P. XV I. - 2:ef Axiome en L ne faut manger viandes ſur viandes,c'eſt à dire, que la digeſtion ne ſoit faite en l'eſtomach, # Afedecine. de peur que le foye n'attire les cruditez par les veines meſaraiques, dont le nourriſſement -- - du corps demeure cru & inſalubre. Et faut icy noter , que la ſeconde digeſtion ne corrige '- 3º , # point la premiere,ny la tierce,la ſeconde. Les viandes doiuent eſtre de bon ſuc & de facile di- Les sº* % $ , geſtion, & doiuent eſtre roſties pour les pituiteux : mais pour les ſanguins, choleriques, & #º#º" melancholiques,pluſtoſt boüillies que roſties. Il faut euiter la varieté des viandes en vn repas : auſſi tous • | #. # les legumes,le laict & le fromage & toutes choſes acides,comme verjus,vin aigre,orenges,citrons,& leurs C # . à vn repas. ſemblables,ſi ce n'eſt en petite quantité.Le malade ne doit manger s'iln'a appetit auſſi il ne mangera iuſques • A à ſatieté,mais ſe leuera de table auec appetit. Il euitera de manger grands oiſeaux, comme Cignes, grues, # | paons,& leurs ſemblables:car ils ſont de difficile digeſtion, & engendrent mauuais ſuc. Les anciens defen- $. * Les gouteux dent l'vſage ordinaire de chapons,& autres poulailles,parce qu'elles ſont ſouuent vexées de podagre, de- - doiº ºſºr quoy l'experience fait foy. Les poiſſons ne leur ſont bons, parce qu'ils engendrent beaucoup de ſuperflui- | z pº * Pºiſ* tez,& auſſi ſe corrompent facilement,& engendrent phlegmes, & § & relaxent l'eſtomach. Les rº | ſons- moins nuiſibles , ſont ceux que declarerons au chap. de regime de la Peſte. Or entre les beſtes à quatre · : : pieds,le veau eſt recommandé,parce qu'il engendre bon ſuc & vnſang bien temperé,ioinct qu'il eſt de fa- , -- - cile digeſtion.Le mouton pareillement bon.Or il faut icy noter, que les gouteux doiuent tenir grand regi- - : # Le ieuſner me, tant au manger qu'au boire:toutesfois il faut auoir eſgard au temperament d'vn chacun, diuerſifiant les · · eſt t entraire alimens:tant en quantité qu'en qualité. Car les † & ſanguins(pource qu'ils ont la chaleur forte, · ' aux chole- & qu'ils conſomment beaucoup)ont beſoin de manger d'auantage,parce que le ieuſner rend la cholere plus " . riquet, acre,& par conſequent augmente les douleurs. D'autre-part,il ne faut pas qu'ils vfent de viandes trop hu- : : mides:car leur humidité agrandit la fluxion,& pourrit les humeurs,& lesfait couler aux jointures. On doit -, Lº ?hlºs- eſpeſſir la cholere,tant par medicamens pris par dedans,que par dehors,de peur que par ſa tenuité, elle ne l ººº coule plus facilement aux jointures.Les phlegmatiques,qui ont la chaleur debile,portent preſque leur ali- , #"#º" ment auec eux, & endurent mieux le ieuſne auſſi le regime humide leur nuit beaucoup, d'autant qu'il au- */" gmente les de#uvions Neantmoins aux vns & autres on aura eſgard, qu'on ne leur baiile rien qui ſoit de , | difficile concoction & de fasile corruption.Car à raiſon de la douleur,ils ont le plus ſouuent vne ſiévre len- : | te,laquelle diminuë leur chaleur naturelle, & eſt cauſe de conuertir leurs alimens à pourriture. D'abon- D » ! : dant,il ſe faut bien garder de leur donner trop d'alimens, où la chaleur naturelle eſtant occupée à la dige- r i ſtion d'iceux,fait moindre concoction des humeurs qui cauſent les goutes , & ne les peut ſurmonter. Par- - quoy les choleriques & ſanguins vſeront des viandes de bon ſuc, & de facile digeſtion, leſquelles ſeront - froides d'elles-meſmes,c'eſt à dire,de leur faculté,ou ſeront alterées par herbes froides & humides,comme - laictué,pourpier,ozeille,& leurs ſemblables:auſſi les ſemences froides concaſſées,ſeront miſes en leurs po- Ceùx qùi söt tages.Ils pourront vſer d'orge mundé,dans lequel on mettra pareillement ſemences froides. Ceux qui ont · $: - mùtilez de perdu vne partie de leur corps,commevn bras ou vne iambe,ou ſi elle eſt atrophiée, ne doiuent tant man- • , \ # mº-ger ny boire qu'ils faiſoient lors que leur corps eſtoit entier:car la nourriture, qui auoit accouſtumée d'al- ( Vê 40it/º/7f ler à telle partie,coule ſouuent ſur les jointures,& cauſe la goute:& pour abreger,ceux qui ſont de bonne # habitude,& qui viuent ſobrement,tenant bon regime, ſont peu vexez de goute: mais ceux qui ſont fort re- # plets,& bien nourris ſans exercice,& exceſſifs en bonnes & diuerſes viandes,ou qui ſe nourriſſent de mau- - uaiſes,ſont volontiers gouteux. Du boire des Gouteux. C H A P. XV I I. Incommodi gra E vx qui ſont ſubiects aux goutes, ſe doiuent bien garder de boire trop, non ſeulement de vin, tez de trºp # mais auſſi de tout breuuage : car cela fait nager la viande en l'eſtomach, & empeſche & eſteint heire. la chaleur naturelle, à cauſe dequoy la concoction eſt plus difficile : de là s'enſuiuent grandes cru- - ditez, dont ſont engendrez beaucoup d'humeurs ſereux & ſubtils , leſquels facilement coulent aux | jointures. Aucuns Medecins ordonnent de boire du vin blanc,pource qu'il excite lesvrines , ce qui n'eſt à ' - rejetter, + # *r, Des Goutes. . 433 A reietter,moyennant que le corps ſoit pur & net mais s'ilya pluſieurs excremens & cruditez(& que ce ſoit D en vn corps de temperature chaude)par tel vin ſeront portées aux jointures,& exciteront les goutes. Par- quoy en tel cas il le faut du tout éuiter,s'il n'eſtoit clairet,petit,debile, & aſtringent, afin qu'il bouche les orifices des veines & arteres, de peur que les humeurs choleriques & ſereux ne diffluent facilement aux Ilfaut oſter jointures.Et ſi le patient veut du tout s'en abſtenir ce ſera le meilleur:& en lieu d'iceluy, il vſera d'hydro- le vin aux mel fait ainſi.2/.aquae fb.iv.mellis optimiq. ſ bulliant ad conſumptionem libræ vnius, bene deſpumando, 4ººº adde ſaluiz p.É.Et où le patient ſeroit de temperature phlegmatique, on y adiouſtera de la canelle, & vn * peu de muguette, & clou de giroffe. Et pour les choleriques, on fera hyppocras d'eau en cette maniere. 3.aqux fontis f5.iv.ſacchari fb. ſſ.colentur per manicam Hippocratis ſine ebullitione , addendo in fine cin- namomi 3.ij & luy ſeruira auſſi grandement à roborer l'eſtomach.On peut leur faire vſer de ptiſane, en la- quelle en la fin de la cuiſſon,on mettra vn peu de roſes ſeiches,ou de ſyrop de grenades,de peur qu'elle ne ſoit rendue bilieuſe au ventricule, & ſubit qu'elle ſera tirée hors du feu, la faut laiſſer repoſer, & puis la couler par vne manche de drap, ou ſeruiette blanche. Les phlegmatiques doiuent pareillement vſer de viandes de bon ſuc : & de bonne digeſtion : mais faut qu'elles ſoient chaudes de leur nature, ou alterées de choſes chaudes,pourueu qu'ils n'ayent fiévre,ou grande chaleur:à raiſon de la grande douleur:car alors il ſe faut garder d'alimens chauds.Et pour ces cauſes, la maniere de viure fera diuerſifiée ſelon l'aduis du do- cte Medecin,& laiſſera-on la propre curation pour ſubuenir à l'accident. Et auſſi il faudra par coniecture artificielle,changer tous les remedes,tant ceux qui ſont pris par dedans,qu'appliquez par dehors,ſelon que la diſpoſition,le temperament,& les accidens le requerront:& à la fin de table, vſeront de chair de coings, parce qu'elle a puiſſance de defendre que les vapeurs ne montent de l'eſtomach au cerueau. Et combien que de ſa nature elle eſtreigne, toutesfois eſtant priſe apres le paſt , elle laſche le ventre, pource qu'en re. .. ſerrant l'eſtomach par haut,elle ayde à faire bonne digeſtion,& fait aller à la ſelle. L'exercice eſt fort pro- Lºxereire fitable contre les goutes, & l'oifiueté eſt mere d'icelles. Car comme le fer qui eſt laiſſé ſans eſtre manié, eſt fort bon bien toſt ſe roüille.auſſi noſtre corps eſtant ſans s'exercer, ſe rempliſt d'humeurs ſuperflus, qui eſt fouuent º 4** cauſe des goutes. Ce qu'on void par experience,qu'entre mille laboureurs, & autres hommes de grand tra-" uail de corps,s'en trouue peu de gouteux.Et partant il faut faire exercice au matin, apres qu'on aura rendu ſes excremens Et ceux qui ſont ſujets à auoir la goute aux pieds,exerceront les bras. Car par ce moyen ne vſat, de ſe fait ſeulement reſolution & conſomption des excremens qui ſont aux parties du corps, mais auſſi ſe fait van . reuulſion d'iceux.Il faut auſſi éuiter les paſſions de l'ame,comme cholere,triſteſſe,& autres. L'acte venerien doit eſtre du tout delaiſſé,pour les cauſes qu'auons exposées par cy-deuant : mais ceux qui à cauſe du ma- riage ne s'en peuueut exempter,en vferontapres que la digeſtion ſera faicte en l'eſtomach,& s'y gouuerne- ront ſi bien,qu'il ne leur fera qu'vn peu de mal. Eſpece de ptiſane- Pour roborer les jointures. C H A r, xvi II. L reſte pour la cure preſeruatrice parler de la roboration des jointures, afin qu'elles puiſſent Friſtin. reſiſter aux humeurs qui tombent ſur icelles.Et pour ce faire,il eſt bon les frotter ſoir & ma- tin d'huyles d'oliues,non meures,appellée oleum omphacinum , ou d'huyle roſat, auſquelles on incorporera ſel commun broyé ſubtilement:on le pourra auſſi meſler auec huyle commu- - ne,&y adiouſter de lalimature de corne de cerf, parce qu'elle deſſeiche & aſtreint. Auſſi eſt Fomëtation, bon de lauer les jointures de lexiue,faite en cette maniere. 2.Corticum granatorum. nucum cupreſſi,gal- | larum,ſumach,corticis quercini,an.3.ij.ſalis communis,aluminis rochae,an.3.j.ſaluiz, roriſmarini, lauandu- li, lauri,Iuz arthriticx an.m.j.roſarum rubrarum m.ſ. Toutes ces choſes ſoient boüillies enſemble, en ſix liures de gros vin aſtringent,& lexiue faite d'eau ferrée,auec cendres de cheſne:& de cette decoction, on fera fomentation auec feutres ou eſponges.Et icelle faite , faut bien eſſuyer les parties auec linges chauds, pour matie- & ſe garder du froid.Le ſuc de ſenelles vertes deſlayées en oxycrat,eſt vn remede ſingulier. Auſſi pour ro- refroide. borer vne partie debilitée de cauſe froide,on prendra de l'eau de vie,&vin vermeil fort aſtringent,auſquels on fera infuſer & tremper,ou faire boüillir in balneo Mariae,ſauge,romarin,thim,lauande,laurier,abſinthe. an.m.j.cloux de girofle,gingembre,poyure tout concaſſé an. 3.j. & ſeront les jointures fomentées de cette miſture chaude,ſoir & matin,afin d'eſchauffer & rectifier l'intemperature delaiſſée par le froid. On trouue auſſi par experience,que fouler la vendange conforte fort les jointures:& qui ne le peut faire , on fomen- tera les pieds devin recent pris en la cuue.On peut ſemblablement faire des petits ſachets,dans leſquels on mettra ce qui s'enſuit. 2/.Salis communis,aluminis rochae,corticum granatorum,ſumach. berb. nucum cup. an.3.iv.fol.ſaluiz,roriſm.roſar.rubraan m.fi.bulliant omnia ſimul cum lixiuio,fiat decoctio,pro fotu.Et d'i- celle on fomentera les jointures auec eſponges,ou feutre aſſez longuement.Voilà ce qu'il me ſemble pour la roboration des jointures,afin qu'elles ſoient fortifiées contre les fluxions. De la caration palliatiue des Goutes. C H A P. XI X. - O v R bien proceder à la curation de cette maladie, il faut conſiderer la diuerſité des cauſes d'icelle, & les temperamens du corps, & autres choſes, leſquelles ne ſont touſiours ſembla- # bles, & partant ne peuuent eſtre curées, par vn ſeul remede, comme eſtiment les vulgaires & | ſ^ empiriques,qui veulent d'vn ſeul remede guarir toutes eſpeces de goutes : ne conſiderans pas, que celles qui ſont faites de matiere froide, accompagnant le virus, demandent autre maniere de curer, que celles qui viennent de matiere chaude : auſſi celles qui ſont faites d'vn ſeul humeur ſimple, que cel- les qui ſont faites de composé. Car celles qui ſont faites de cholere pure, cauſent douleurs grandes & Les remedes extremes : mais lors qu'elle eſt mixtionnée auec phlegme, elle n'eſt tant douloureuſe. Puis il faut au- des routes tre remede au commencement, qu'à l'accroiſſement, & ainſi des autres temps. Semblablement, ſi lon ºſº les parties où ſont les goutes. Car en la ſciatique n'eſt beſoin d'vſer de medicamens repercuſſifs. S'il n'y # auoit grande inflammation : ce qu'on peut bien faire aux autres parties : finalement ſi la goute vient du #. º # cerueau,il faut vſer d'autres remedes,que lors qu'elle vient du foye,& de la maſſe du fang. Ces choſes ainſi # # Premiſes,nous commencerons la cure,non promptement curatiue , mais pluſtoſt palliatiue(principalement tiös requiſes de celle qui vient par heritage, laquelle conſiſte en quatre choſes : la premiere, à ordonner le regime ſur , la § les ſix choſes naturelles, ſelon la diuerſité des cauſes : la ſeconde, à éuacuer & diuertir la matiere ante- palliatiue cedente, tant par medecines; laxatiues, que par ſaignées , s'il eſt beſoin : la tierce, par deuement ap- des goutes. O o pliquer Contre les empiriques. : 434 Le Dix-huičtiéme Liure, pliquer les remedes locaux&particuliers,les diuerſifiant ſelon l'humeur qui cauſe les goutes,à ſçauoir par remedes chauds aux humeurs froids,& par remedes froids aux humeurs chauds, en les changeant auſſiſe- A lon les quatre temps:à ſçauoir,commencement,accroiſſement,eſtat & declinaiſon,comme a eſté dit. Et s'il y a vne intemperature ſimple ſans matiere,on appliquera remedes alteratifs,ſans qu'ils ſoient vacuatifs.La quarte,eſt corriger les accidens, & principalement la douleur , qui en telle affection tourmente extreme- ment les pauures gouteux,voire leur cauſe quelquesfois vne mort ſubite,ſi le virus eſt grand, comme nous auons dit cy deſſus. En quoy l'in- Or il faut icy noter, que ſouuent le Chirurgien eſt deceu à cognoiſtre la cauſe de la douleur: carenap- dice pris des pliquant remedes froids & narcotiques aux goutes froides,ſi la douleur s'appaiſe,on eſtime que tel humeur ºſº 1º ſoit chaud,ce qui aduient toutesfois à cauſe que tels remedes ſtupefient,endorment, & oſtent le ſentiment *yºt " , de la partie, encore que la cauſe de la goute ſoit froide. Au contraire quelquesfois nous eſtimons que la # » ºº matiere ſoit chaude,combien qu'elle ſoit froide : pource que quand nous appliquons medicamens chauds, fallacieux. § appaiſent la douleur,en rarefiant,attenuant, reſoluant, & diſſipant portion de la matiere, par inſenſible tranſpiration : & partant a cauſe de l'ayde qui s'enſuit de ces remedes chauds, on pourroit penſer que la Autre oeea- matiere ſeroit froide, à cauſe de ce qu'on dit communement, Contraria contrarus curantur : & au contraire, ſion d'eſtre similia ſimilibus conſtruantu. Donc pour le dire en vn mot,l indice pris des choſes qui aydent ou nuiſent,eſt deceu. ſouuent fallacieux:d'abondant il decoule quelquesfois vne grande quantité de matiere froide,laquelle cau- ſe grande douleur, mais c'eſt à cauſe du virus & de quelque humeur cholerique, qui ſubtilie & conduit l'humeur froid,& viſqueux aux jointures : lequel humeur virulent & cholerique induit la douleur, & non A la pituite & à cauſe de la douleur,la partie chaude & enflammee,bien ſouuent cauſe fiévre,& grande alte- ration:& alors nous croyons que la cauſe principale ſoit chaude,& toutesfois elle eſt froide:partant nous ſommes ſouuentesfois deceus, & ce qui en eſt cauſe, eſt que la fiuxion deſcend par les nerfs & tendons,ce qui nous apert par dehors.Dauantage quand les humeurs ſont meſlezenſemble, quelquesfois la couleur de la partie nous deçoit : car combien qu'elle nous apparoiſſe citrine, ou blaffarde(ce qui veritablement ad- uient de l'humeur cholerique,lequelaisément,à cauſe qu'il eſt de ſubtile & tenue ſubſtance,eſt ietté du pro- fond du corps à la ſuperficie du cuir)toutesfois il ſe peut faire que le phlegme ſereux decoule aux jointu- res,& ſoit la principale cauſe de la goute,à raiſon qu'il induit vne grande & extreme douleur , principale- ment la nuict , & communément lors qu'il eſt accompagné d'vne portion de l'humeur cholerique; dont le ſang & les eiprits s'émouueront,& ſe monſtreront à la ſuperficie du cuir de la partie affectée, qui la feront Troiſiéme apparoiſtre rouge & chaude.D'auantage,au moyen de la douleur il ſuruiendra au malade, par le defaut du occaſion d'e- repos,& pour la grande inquietude,vne fiévre,laquelle liquefie & ſubtilie l'humeur,& l'eſchauffe,& le fait ſtre deceu. fiuer dauantage aux jointures:ioint auſſi que l'vrine ſera teincte, & le pouls fort eſmeu:& toutesfois la cau- ſe du mal ſera froide. Et partant en tout cas ce ſeroit grand erreur de vouloir proceder à la cure comme ſi sonun, l, la cauſe de la goute eſtoit chaude.vray eſt qu'il faut ſouuent laiſſer la propre cure pour ſubuenir aux acci- c§i denºu contraire il ſe peut faire que lacholere ſoit cauſe du mal ſans toutesfois que la couleur de la partie laiſſe la pro- affectée demonſtre apertement icelle:mais pluſtoſt la couleur ſera blanche ou plombine,& la partie froide, pre cure pour à cauſe du froid de l'air ambiens ou de quelque application de remede froid,qui aura fait qu'elle repreſen- ſuruenir aux te pluſtoſt la qualité du phlegme,que de la cholere.Dont nous concluons,qu'il ne ſe faut arreſter touſiours accidens. à la couleur & froidure de la partie,pource que les humeurs,qui ſont profonds au dedans d'icelle,ne chan- gent pas touſiours en couleur le dehors,ſi ce n'eſtoit qu'ils perſeueraſſent long-temps. Outre-plus, il ad- uient ſouuentesfois que le corps eſt tant remply d'humeur gros, eſpés,& viſqueux,que Nature en iette vne partie aux jointures, & en laiſſe vne portion au profond du corps, à cauſe de l'imbecillité de la vertu ex- pultrice,laquelle portion eſtant arreſtée en quelque partie interieure, fait obſtruction & pourriture , dont eſt engendrée vne fiévre intermittente,c'eſt à dire,qui a relaſche quelque eſpace de temps entre les accez, Fiévre in- ſçauoir eſt,ſi elle ſe fait aux petites veines:mais elle ſera continue,ſi cela aduient aux grandes veines. Et tel- termittente le shoſe aduenant, le Medecin & Chirurgien ne doiuent pas ſeulement conſiderer la maladie articulaire, 7º'ºſº-re. mais beaucoup plus la fiévre:laquelle ſi elle eſt continuë, apporte touſiours danger au malade , & deshon- neur au Medecin : ſi elle eſt intermittente, elle paſſe facilement en continue, ſi on n'y d9nne medicamens cm.il faut propres Car il faut alors doucement purger le ventre, & ouurir la veine, ſi le Medecin cognoiſt qu'il en purger ies ſoit beſoin:puis apres auoir preparé & cuit les humeurs, on donnera au patient vne bonne & forte Purga- goutesx. tion,ſi on void qu'il en ſoit beſoin. Ie dis bonne, de peur que la maladie articulaire ne s'augmente : ce qui aduient ſouuent quand on ne fait qu'émouuoir les humeurs ſans les purger:car eſtans émeus, ils ſe iettent Signes pour touſiours ſur la partie affligée Partant, tout cecygift en la contemplation du Medecin & Chirurgien , leſ- cognoiſtre la quels par coniecture artificielle cognoiſtront la matiere des goutes,à ſçauoir par la couleur,par le toucher, # # parl'ayde ou nuiſance des remedes, par le regime que le patient aura auparauant tenu : Par ſon tempera- goutes. ment,aage,region, par laconſideration du temps de l'année,la maniere de la douleur, & auquel temps du iour elle s'émeut,& eſt plus grande,& quel eſt ſon periode & paroxyſme;auſſi par le iugement des vrines, & autres ſuperfiuitez qui ſortent du corps du malade : ce que nous auons par cy-deuant declaré plus parti- culierement.Or aucuns diſent,qu'il ne faut purger ny ſaigner les gouteux pendant leurs grandes douleurs, 9)u'on peut toutesfois il eſt aisé de prouuer le contraire.Carveu que la loy de Medecine giſt en addition & detraction, 7#ne, , & que la goute vient d'addition & d'augmentation d'humeurs ſuperfius,qui accompagnent le virus arthri- pu§ r § tique ; ioint que les douleurs ne ſe peuuent appaiſer, ſinon quand la cauſe eſt hors : il s'enſuit neceſſaire- l'accez ar- ment,que la ſaignée & purgation ſont grandement vtiles.Metritmen ſon traicté de la Goute,dit, qu'il faut thritique. .. toufiours vſer de purgations,pourvuider & éuacuer l'humeur ſuperflu, & non ſeulement en la declination: mais auſſi en la force & vigueur de la maladie, ce que nous auons trouué par experience eſtre grandement profitable,& pris d'Hipp.diſant. Quand il y a douleur,il faut donner medecine par bas.Auſſi cela ſe peut prouuer par authorité d'Hipp.au liure zºe.Affectionibus, parlant de Arthritide. Et ſemblablement par Galien, au Comment ſur le 23.Aphoriſ.de la ſect. 1. qui commande qu'on ſaigne aux grar des infiammations & Bé- vres ardantes,& grandiſſimes douleurs,diſant qu'il n'y a point de meilleur remede : & s'ils ne peuuent eſtre 9)uelles gens aydez par la ſaignée & purgation deuement faite,cela aduient (comme dit Galien au liure, Te curatione P r ne ſont ſe- ſanguinis miſſionem)que les intemperans,gourmands, & yvrongnes , ne ſont guaris par purgations , ny par couru, par ſaignées pource que l'intemperance aſſemble abondance d'humeurs crus, lefquels ne cedent aux remedes. ſaigné & Partant les gouteux goulus & intemperans, ne peuuent eſtre aydez par aucuns remedes » combien qu'ils purgations. ſoient adminiſtrez par vraye & bonne methode. •" - - - VO€5 D #:| ". # | : º, ! ſ, | L)es GOuteS. 4 3 5 - " Des remedes topiques, ou particuliers, poar matiere froide_ : C H A P. XX. A 1 N T E N A N T il nous faut deſcrire les remedes locaux ou particuliers, pour contra-re, rem,i, rier à chaque humeur. Et premierement noteras, que les remedes topiques apportent peu E de profit, ſi le corps du gouteux n'eſt pur & net des excremens : joinct qu'il ya danger de n'aydent, ſi 2 renuoyer la fluxion & le virus aux parties nobles par les forts repercuſſifs, dont s'enſuit mort les generaux , V X Nur ſubite, comme on l'a veu aduenir pluſieurs fois. Parquoy il faut que les choſes vniuerſelles n'ºt precedé. precedent les patticulieres. Or nous traicterons premierement de la douleut cauſée de pituite , ou phlegme : parce qu'elle aduient plus ſouuent que de matiere chaude. Au commencement faut vſer de remedes repercuſſifs domeſtiques, ayans faculté d'aſtreindre & ſeicher, non toutefois en la ſciatique. - - 2Z. Foliorum ſabinx m. 6. nucis cupreſſi 3.iij. aluminis rocha 3.j. gummitragacanthi 3. iiij. mucilagi- nis pſyllij, & cydoniorum quantum ſufficit, fit cataplaſma. • - - Autre.2/...Stercoris bubuli recentis fb.j. mellis roſati 3.iiij. olei roſati & aceti an.3.ij. bulliant ſimul pa- Cataplaſme rum, fiat cataplaſ.2/.. Oleiroſati & myrtini an. 3.ij. pulueris myrrhæ , aloès an.3.j.acacia #. ij. 6. incor-rºPereºſſif porentur cum aqua gallarum coctarum & fiat vnguentum.Autre remede.2/...Aceti quantum ſufficit, in quo coques ſaluiam, fiores camomillz, meliloti, abſinthij, ebuli an. m.j. Faut tremper la partie en icelle deco- ction chaude, & l'y laiſſer aſſez longuement : ce que i'ay experimenté pluſieurs fois auec bonne iſſuë. Ce remede repouſſe l'humeur, & le conſomme, & ſi fortifie la partie : & le faut faire pluſieurs fois, encore qu'il y euſt chaleur. Le marc des oliues recent, appliqué deſſus, ſede la douleur : auſſi font les orenges ſeiches, & boüillies en vinaigre, & puis broyées.Autre 2/.. Medijcorticis vlmi fb. É. caudx equinae, ſtœch. conſolida maioris an. m. 6. aluminis rochae, thu.an. 3. iij. far. hor. 3. v. lixiuij. comm. quantum ſufficit, fiat cataplaſ ad formam pultis ſatis liquidae ſecundum artem. Lors que la partie eſt enflée, la douleur ceſſe ** douleur le plus ſouuent, à cauſe que la vertu expulſiue a ietté l'humeur du centre à la circonference , c'eſt à dire, #i du dedans au dehors : ce qui nous appert en ceux qui ont vne extreme douleur aux dents : lors que le viſa- # ge s'enfle, on void ſubit la douleur ceſſer. Apres auoir ainſi vſé de repercuſſifs, il faut venir aux reſolutifs # - & éuacuatifs : car toute fluxion arreſtée ſur vne partie, demande vacuation. Et ne ſe faut émerueiller ſi on difficile à ne reſoult toſt la matiere contenuë aux ligamens, membranes, & parties nerueuſes, parce qu'elles ſont faire aux ſolides, & non aiſées à reſolution , comme ſont les parties charneuſes. 47f1e5 776/'• 2Z. Radicis bryoniae, ſigilli beatæ Maria an. 3. iij. bulliant in lixiuio , poſtea terantur & colentur perſe- # raceum, addendo far. hord. & fabaruman.3.j. olei camomill. 3. iij. fiat cataplaſ. Autre 2/.. Farinæ hor. & Reſolutiſi, lupinorum an.3.iv. ſulphu.viui & ſalis commu.an 3. j. mellis communis 3. v. pulu. aloës & myrrhae an. 3. f.aquz vitæ 3.& cum lixiuio fiat cataplaſ Autre.2Z. Succi caulium rubrorum, acetiboni an.3.iv. far. hor. 3.j. ß. pulueris hermodactylorum 3. ß. vitellos ouorum numero iij. olei camomill. 3. iij. croci 9. ij. Autra- 2/. Radices & caules braſſicae, vre, & miſce cinerem cum axungia ſuilla & puluere ireos, & fiat medica- mentum. Autre. 2/.. Lactis vaccini fb. ij. micæ panis albi quantum ſufficit, bulliant ſimul addendo pulueris ſubtilis flor. camomil. meliloti. an.m. ſ. croci 9.j. vitellos ouorum numero iv.olei roſarum 3. iij. butyri re- centis 3.j.terebenthinx 3.ij.fiat cataplaſ ad formam pultis ſatis liquidae. Or il faut noter que ce cataplaſme eſt propre à toutes douleurs de goutes, ſoit au commencement, à l'accroiſſement, eſtat, ou en la fin : & en toutes temperatures : & doit eſtre renouuellé deux ou trois fois le iour. Le theriaque diſſoult en vin, & ap- pliqué, ſede grandement la douleur. On peut auſſi vſer d'emplaſtres, onguents , cerots, & liniments._ 2.Gummi ammoniaci, bdellij, ſtyracis an. 3. ij. cum aceto & aqua vitæ diſſolue, & adde far. fœnug3. Empl aſ ts É. olei camomil. & anethi an. 3. ij. cerx quantum ſuffic fiat emplaſt. molle. Autre 2/.. Radicis bryoniæ & ſigilli beatx Maria an. 3. v. bulliant in lixiuio completè, & colentur per ſetaceû, addendo olei camomilla 3. iij- ſeui hircini 3. iv. cerae noua quantum ſufficit, fiat emplaſtrum molle. Autre 2Z. Gummi ammoniaci, opo- panacis, galbani an. 3. ij. diſſoluantur in aceto, poſtea colentur: & adde olei liliorum , terebent. Venet. an.3.j. picis naualis & cera nouae quantum ſuffi. fiat emplaſt. molle. 2/.. Succorum radicum enula campanae & ebuli an. 3. iij. radicis althex ib. 6. coquantur & colentur per Autre pour ſetaceum, addendo flor. camomil.melilo. ſambuci, roriſmarini,& hyperician.p. ij. nucis cupreſſi numero reſoudre ér iv. olei chamameli, aneti, hyperici, liliorum, & de ſpica an. 3.ij pinguedinis anatis, gallina & anſeris an. ºPPºſer !º 3.É. ranas virides viuas numero vi, catellos duos nuper natos : bulliant omnia ſimul in fb.ij. É. vini odori-º. º feri & vnaaquz vitæ ad conſumptionem ſuccorum & vini, ac oſſium catellorum diſſolutionem , & fortiter rºborer les exprimantur : expreſſioni adde terebenth. 3. iij. cerx quant. ſuffi. fiat emplaſtrummolle. On peut vſer pour " meſme effect à reſoudre, des emplaſtres de Vigo , oxycroceum, de mucilaginibus, de meliloto, & autres ſemblables, les meſlant enſemble , & les liquefiant auec huyles & axunges reſolutiues, diminuant ou aug- mentant leurs foxces, comme on verra eſtre neceſſaire, & que le mal le requerra. - 2Z. Anſerem pinguem, & imple catelis ij. de quibus deme cutem, viſcera, caput & pedes. Item accipe 9ºººº ranas numero x. colubros detracta cute in fruſtula diſſectos numeroiv. mithridatij. & theriaca an.3. 6. fo- liorum ſaluix, roriſmarini, thymi, ruthae, an. m. ſº. baccarum lauri, & iuniperi concaſſatarum an.3.j. pul- ueris nucis moſcatae, zinziberis, caryophyllorum, piperis an. 3.j. Et du dégouſt ſoit fait onguent ou lini- ment , auec cire, ou terebantine de Veniſe, y adiouſtant vn peu d'eau de vie. Tel onguent appaiſe à mer- ueilles la douleur faite de cauſe froide. Autre 2/. Gummi pini & ladani, an3.iv. gummi elemi & picis na- ualis an.3.j. É. terebenthinae Venetae clara 3. vj. olei chamaemeli & de lilio an 3. iy. vini rubri f5.j. 6 aquae vitae & ſaluiz an 3. vj. omnia ſimul diſſoluantur lentoigne, baculo ſemper agitando. Deinde adde pulueris ireos Florentiae, baccarum lauri & hermodactylorum an 3.ij. ſem. maſtiches, myrræ & olibani. an.3. ij. fa- rina fabarum 3.iv. omnia ſimul incorporentur, & fiat vnguentum molle. Autre. 24. Mucaginis feminis fœnugrxciin aceto extracta quantum volueris, cui miſce mellis quantum ſufficit: coquantur fimul, donec ſpiſſitudinem vnguenti acquirant. Ces choſes ſoient appliquées à la partie mala- de, & remuées ſi ſouuent qu'on verra eſtre beſoin. Et pour meſme effect, à ſçauoir, à appaiſer la douleur & reſoudre, on fera des fomentations. Exemple. 2Z. fol. rutae, ſaluix, roriſmarini an. m.j. flor. camomil. melilot. an. m. ß. vidi albi & lixiuij ſarment. an fb. iv bulliant omnia ſimul : fiat decoctio pro fotu. Autre. 2/.. Origani, ſatureix , calaminthx , ſaluiae, roriſmar. flor. camomil. melilot. lauand hyperici, roſar. rub.abſinth.an. m. j. bulliant cumaceto & vino : fiat decoct. pro fotu. Cette decoction eſt propre non ſeu- lement à la goute froide, mais auſſi à celle qui eſt chaude, pource qu'elle reſout, aſtreint, & robore la partie, & garde la defluxion. topiques O o 2 - 14 43 o Le Lix-nulCIIcIIIe LiuIc, ehangement Il faut bien prendre garde que les medicamens des goutes ſoient ſouuent changez, car l'vn profite A de medica- à vne heure, & nuit à l'autre. Que ſi la douleur & l'humeur eſtoient fi opiniaſtres ; que par les remedes 702º725. ſuſdits ils ne vouluſſent debuſquer , alors faudra venir aux plus forts, ſuiuant la doctrine d'Hippocrate, Hipp. Apho. qui dit qu'aux extremes & rebelles maladies, il faut vſer de forts & violens remedes, comme ceux qui l iure I. s'enſuiuent. - - - - - - 2. axun. gallinae, olei laurini, & euphorbij, an 3.j. olei maſtiches 3. j. pulu. euphorb. & pyrethrian. 3.j. ou plus ou moins , ſelon l'intemperature qu'on cognoiſtra eſtre en la partie. Ces choſes ſoient meſlées enſemble & ſoit fait medicament, duquel on frottera la partie tous les iours. Ce remede eſt bon : car l'eu- phorbe & pyrethre eſchauffent & ſubtilient , diſſoluent & font reſolution : l'huyle & axunge amolliſſent, & l'huyle de maſtic par ſon aſtriction empeſche la fluxion nouuelle. Autre. Prenez huyle de regnard, en la- · Huyle de re- quelle on aura fait boüillir des vers de terre, & de la racine d'enule & bryonia, & auec vn peu de tere- gnard. benthine & cire ſoit fait onguent, lequel amolliſt, attenué, & reſoult l'humeur froid qui eſt aux jointures. - 2Z. ſem. ſinapi pulueriſati & acerrimo aceto diſſoluti # iij. mellis anacardini 3. ij aqua vitæ 3.j. ſalis Anºdin. com. 3.ij. Le tout ſoit meſlé, & en ſoit appliqué ſur la douleur. Autre. 2/.. picis nigrx 3. iij. terebenthinae Venetx 3. ij. ſulphu. viui ſubtiliter pulueriſati #. j. euphorbij & pyrethrian3. É. empla. oxycrocei 3. iij. olei quant ſuf.liquefiant ſimul, & fiat emplaſtrum, extendatur ſuper aluiam : & ſoit laiſſees l'eſpace de deux ou trois iours , ſi le malade ſent allegement de ſa douleur: ſinon ſoit oſté , comme deſſus eſt dit. • Pour cette meſme intention, on peut appliquer ſur la douleur des orties grieſches, puis lauer le lieu d'eau ſalée : pareillement la fiente de pigeons boüillie aſſez longuemêt en vinaigre, duquel en ſoit fomen- tée la partie.Auſſi le veſicatoire fait de leuain bien aigre , cantharides, ſtaphiſagre, & vn peu d'eau de vie, eſt ſouuerain remede pour vacuer la matiere conjoincte : car par tel viſicatoire ſort vne certaine ceroſité & Remed virulence, laquelle eſtant hors s'enſuit allegeance des douleurs. Or il ne ſe faut émerueiller ſi ces remedes ede ſin- - - - - - rulier aux acres , corroſifs , & veſicatifs, donnent allegeance 2 & appaiſent les douleurs cauſées de matiere ftoide & #oulºur , pituiteuſe, non plus que les bains froids & humides à bonne & iufte raiſon profitent aux douleurs com- poſées d'humeurs chauds & acres, pource qu'ils humectent & refroidiſſent. Car il y a des douleurs arthri- tiques qui ne peuuent iamais eſtre appaiſées que par remedes plus grands que n'eſt l'intemperature : par- tant leſditsviſicatoires ne doiuent eſtre déjettez, veu que les anciens ont commandé le fer chaud & ardant, comme nous dirons cy-apres. Chriſtofle l'André , en ſon Oecoiatrie, recommandc la fiente de bœuf ou de vache, enueloppée de fueilles de choux, ou de vigne , poſée ſur les cendres , & Puis chaude appliqué- ſur la douleur. d{9Mtºf, Remedes locaux pour matiere chaude , principalement faite de ſaag. C H A P I T R E XX I. Remedes re- $ L faut vſer de repercuſſifs au commencement qui ſont froids, ſecs, & aſtringens, afin de contrarier fercuſſif . $é aux qualitez du ſang qui eſt chaud & humide , & ce apres les choſes vniuerſelles.2É. albumina ouor. numero iiij. ſucci lactucae & ſolani an. 3.j. aqux roſarum 3.ij. incorporentur ſimul, fiat li- nimentum : lequel ſera renouuellé ſouuent. Autre. Prenez de la farine d'orge, de lentilles , acacia, huyle roſat & de mirtilles, vn peu de vinaigre, & de ce ſoit fait cataplaſme. Autre. Autre de Prenez ſumach, myrtilles, bol armeniac, de chacun demye dragme, acacia, eſcorce de grenades, ba- ſemblable lauſtes , de chacun vne drachme : eau de plantain & de roſes , de chacun trois onces, huile roſat once & demie, vinaigre vne once, farine d'orge & de lentilles, de chacun tant qu'il en faudra, & ſoit fait cata- plaſme, lequel eſt fort excellent pour arreſter les fluxions phlegmoneuſes & eryſepelateuſes.Autre. Prenez mucilage de coings extraict en eau roſe, caſſe mundée, huyle roſat, & vinaigre, & de ce ſoit fait cata- plaſme. Prenez deux ou trois poignées de fueilles de vignes pilées verdes, leſquelles ſeront faites bouillir en oxycrat d'eau de Mareſchal, puis on y adiouſtera vne once de ſumach concaſſé, huyle roſat deux onces, farine d'orge, tant qu'il en faudra : & ſoit fait cataplaſme, & ſoit appliqué ſur la partie. Autre.2Z. Succi ſemperuiui , hyoſcyami & portulacæ an. 3 iiij. corticum mali granati 3.j. ß. farinae hordei 3. v. vini auſteri quantum ſufficit, fiat cataplaſma. Tel cataplaſme eſt fort à loüer, pource que le vin & l'eſcorce de grenade aſtreingent, & les ius refroidiſſent, & la farine auſſi dauantage efpefſit & forme le cataplaſme.Autre. 2C - Foliorum hyoſcyami, acetoſx an. m.j. leſquelles ſeront enueloppées dans du papier, & cuites entre deux cendres, & puis piſtées auec deux onces d'vnguentum populeum, ou roſat, & ſoient appliquées tiedes ſur la partie. Autre. 2Z. Florum iuſquiami fb. ij. ponantur in phiala vitreata, & raconde in fimo equine donec putruerint: accipe ex putredine 3. ij. in aqua diſſolue olei de iunipero 3. É. fiat linimentum & advſum. Autre. Prenez des citroüilles piſtées, & ſoient appliquées deſſus. Autre 2Z. Mucaginis pſyllij, cydoniorum, extractae in aqua roſarum & ſolani an. 3. iiij. olei roſati omphacini 3. iij. vini granatorum 3.j. vitellos ouorum cum albumine numer. iij. camphora 9. iij incorporentur ſimul fiat linimentum. Autre. 2&. Olei roſati omphacini 3 iiij. albumina ouorum cum vitellis numero vj. ſucci plantaginis, la- Ctucx , & ſolani an.3.j. farina hordei 3.1ij. incorporentur ſimul, fiat cataplaſma. Autre. 2Z. Farinae hordei & fabaruman. 3.iij. olei roſati3. ij. oxycratiquantum ſufficit, coquantur ſimul, fiat cataplaſma.Autre.2C. Telles goutes Mucaginis ſeminis phyllij3. iiij. olei roſati 3. ij aceti 3.j. vitellos ouorum numeroiij. croci ſcrupulurn e#oien§- vnum miſce: fiat medicamentum.. des. Pline au vingt-deuxieſme liure eſcrit, qu'vn Iuriſconſulte eſtant à veoir vanner ſon bledayant les gontes Experience aux pieds , il ſe mit dans ſon bled par deſſus les genoux, & s'y tint quelque temps, & par ce moyen ſa dou- faite par leur ceſſa. d'Authesur Or il faut icy noter que quelquesfois la douleur ne ſe peut ceder, à cauſe de la multitude du ſang qui eſt ººººººº deflué ſur la partie, & partant le faut euacuer : ce que veritablement l'ay practiqué faiſamt ouuerture de la iſſue tºuchº veine plus apparente & proche de la douleur, & ſubit elle eſtoit ceſſée. Il faut auſſi noter, qu'il ne faut vſer º ſºsºº trop de remedes repercuſſifs, de peur d'endurcir la matiere, qui puis apres à grande difficulté pourroit eftre Jº.* # reſolue, & y auroit danger qu'elle ne fuſt conuertie en nœuds & pierres gypſées, & partant on y prendra #º * garde.Et apres l'vſage des repercuſſifs , il faut appliquer des reſolutifs, qui ſeront cy apres dtclarez, à fin - de reſoudre l'humeur qui pourroit eſtre demeuré en la jointure, - A- Remeder "Vert#. B : | Des Goutes. 437 ) : : Remedes topiques pour l'humeur cholerique_». C H A P. XX II. Es remedes locaux doiuent eſtre froids & humides, afin de contrarier aux deux qualitez de Remede re- la cholere, qui eſt chaude & ſeiche. Comme fueilles de ſolanum, portulaca, ſemperuiuum, percuſſifpour hyoſcyamus, papauer, acetoſa plantago, aqua frigida, & autres ſemblables, deſquels on ** fait pluſieurs compoſitions. Exemple. 2/.. Succi hyoſciami, ſemperuiui, lactucx an.3.ijfari- næ hordei 3.j. olei roſati 3 ij.agitando ſimul fiat medicamentum : & ſoit renouuellé ſouuent: tel remede ſede grandement l'inflammation.Autre. Le ſerueau de porc, broyé auec amy- don,ou farine d'orge,& huyle roſat,eſt vn remede ſingulier:pareillement les mauues cuites en eau broyées & pilées, & appliquées deſſus, ſedent grandement la douleur.Autre. 2. Mucaginis pfyllij extractx in aqua ſolani vel roſarum3.ij. farin. hord.3.j.aceti quantum ſufficittfiat linimentum.Autre.2. vnguentiro- ſati Meſuæ & popul. an.3.iij.ſucci melonum 3.ij.albumina ouorum numeroiij.miſceantur ſimul: & ſoit fait comme deſſus. Pareillement vne eſponge imbuë en oxycrat, & peu eſpreinte, fait le ſemblable. Autre. Prenez fueilles de choux rouges deux poignées, cuites en eau & vinaigre, puis broyées,y adiouſtant trois moyeufs d'œufs, huyle roſat, trois onces, farine d'orge : tant qu'il ſuffira : & ſoit fait cataplaſme. On peut auſſi prendre le ſuc cru des choux & des hiebles, roſes piſtées, huyle roſat, & farine d'orge, tant qu'il ſuf- fiſt : & ſoit fait cataplame. En Hyuer qu'on ne peut trouuer des herbes recentes, en lieu d'icelles on pren- dra le l'onguent de Galien refrigerant, auec du populeum. - 2/. ceræ alba 3.j.croci 9.j. opij.9.iiij. olei roſati quant. ſufficit : macerentur opium & crocus in aceto, 9ººº ºº deinde terantur & in corporentur cum cera & oleo,fiat ſeratum: lequel ſera eſtendu ſur du linge,& appli- percuſſiffort qué deſſus le lieu dolent, & aux parties voiſines, & renouuellé ſouuent. Or veritablement ce remede eſt à excellent. loüer, à cauſe qu'il y entre du vinaigre,lequel reſoult & ſeiche grandement, & ouure les poroſitez de la partie, & fait penetrer la vertu des autres ingrediens, qui diſſipent l'acrimonie du virus arthritique,& par- tant ſede les douleurs:ce qu'on a veu à pluſieurs.Autres prennent grenoüilles toutes viues, & les fendent par le ventre,& les appliquent ſur le lieu douloureux.Autres ont trouué que l'eau muſqueuſe des limaçons rouges, ſedent grandement la douleur & inflammation. Il faut prendre cinquante ou ſoixante limaçons marºn eſt ſ,. rouges, & les mettre dans vn pot de cuyure, & les ſaupoudrer de ſel commun , & les laiſſer par l'eſpace daiiue de : d'vn iour entier : puis on les coulera par vne eſtamine, & d'icelle coulature on en trempera des linges, douleur cau- L'eau de li- leſqueles ſerótappliquez ſur le mal, & renouuellez ſouuent;& faut icy noter que s'il yauoit grande inflam- ſée de mase . mation, on fera boüillir les limaçons en vinaigre & eau roſe, Cedit remede eſt fort excellent,ainſi que i'ay * chauda. pluſieurs fois experimenté. Et meſme m'a confirmé monſieur le Longuemeau, Gentil-homme d'honneur " & digne de foy, lequel ayant eſté malade & tourmenté d'vne ſciatique l'eſpace de ſix mois, pour la guari- ſon de laquelle il auoit fait pluſieurs remedes, tant vniuerſels que particuliers, ſans luy rien profiter : en 1fin receut par ce dit moyen guariſon en vſant par l'eſpace de ſept ou huict iours. Pareillement les pom- mes de citrons ou oranges cuittes en vinaigre, puis piſtrées auec vn peu de farine d'orge ou de féves,&ap- pliquées deſſus. - - - Autre.2Z. pomorum coctorum in lacte fb.j.butiri 3.j. vitellosij. ouorum, aceti 3.j.fiat cataplaſma. Au- cuns prennent vn formage frais eſcremé, battu auec huyle roſat, & farine d'orge. Il reprime l'inflamma- tion, & ſede la douleur. Autres prennent de la caſſe recentement mondée , & la meſlent auec ius de cou- courde ou melon. Autres prennent des fueilles de choux,& d'hiebles, ou d'ache, ou les trois enſemble broyées auec vn peu de vinaigre, & les appliquent ſur le lieu dolent. Les autres prennent de la ſemence de lin vne once,& en tirent mucilage auec biere : puis y adiouſtent huyle roſat,& farine d'orge, & en font cataplaſmes.Autres prennent huyle de pauot auec de la chair de citrouille pilez enſemble, & l'appliquent ſur la partie dolente. •Autre remede, par lequel a eſté guary vn homme en Gaſcogne, en la ville de Baſas, qui auoit eſté affligé de la goutefort long-temps, auec les plus eſtranges douleurs qu'on ſauroit excogiter, & n'a ſenty depuis aucune douleur. º Prens vne tuile feſtiere grande,forte & eſpeſſe, & la fais chauffer iuſques à ce qu'elle ſoit deuenuë rou- ge, laquelle tu mettras dans vne autre tuile pareille en grandeur, toute froide, de crainte que le linge du lict ou ſera le malade ne ſe bruſle. Puis tu rempliras la ſuſdite tuile chaude de fueilles d'hiebles, en telle quantité que la partie malade y ppiſſe eſtre poſée, & demeurer dedans ſans ſe bruſler. Le malade en en- durera la chaleur & ſueur † d'vne heure ou plus s'il peut, r'adiouſtant derechef des hiebles apres que les premieres ſeront deſſeichées, changeant auſſi de tuile rechauffée, ſi la premiere ne te ſemble aſſez chaude. Ces choſes faites, la partie ſera eſſuyée auec vn linge, & continuera leſdites eſtuues douze ou quinze † le matin,l'eſtomach eſtant à jeun: & apres la partie ſera oincte du liniment ſuiuant : eſtantvn . peu chauffé. 2/. ſucci ebuli f5.j.ſ. olei communis fb.j. miſeantur fimul & ponantur in vaſe fictili, cuius orificium ſit ºrtu de - ſtrictum amodum, & cum luto bene obturatum : poſtea bulliant in duplicivaſe cum vino ad medias di #ºº d'hie luto, perſpatium decemvel duodecim horarum : refrigerentur & ſeruentur vſui, addendo vnctionis tem- bles. pore guttas aliquot aqua vitae. Inungi poterit bisaut ter in die longè à paſtu. Pareillement les racines & fueilles d'hieble cuites en eau,piſtées & appliquées ſur la douleur, la ſedent. Semblablement, l'huyle d'hie- bles extraicte en quinte eſſence, eſt ſinguliere pour ſeder les douleurs. Or ſi la douleur eſtoit ſi rebelle qu'elle ne peut eſtre ſedée par les remedes ſuſdits, & qu'elle fuſt intolerable auec vne tres-grande chaleur & ferueur en la partie, tellement que les eſprits fuſſent reſouts, & les forces abbatues, & que le malade tóbaſt en ſyncope il faut alors vſer de remedesinarcotiques& ſtupefactifs,cöbié que par iceux la téperature ze temps arz de la partie ſoit diſſoluë, & la chaleur naturelle diminuée, voire eſteinte, ſi on en vſoit trop longuement quel il faut neantmoins ils doiuent pluſtoſt eſtre appliquez, que de permettre que tout le corps periſſe de douleur in- oſer de nar- tolerable.Leur vertu eſt de grandement refrigerer, & ſeicher, & d'hebeter le ſentiment de la partie : & cotiques. qui plus eſt, ils eſpeſſiſſent & incraſſent les humeurs ſubtils, acres & mordicans, comme eſt l'humeur cho- verru des lerique. Si la matiere eſtoit craſſe & impacte en la partie, alors les faut éuiter, ou pour le moins en vſer medieamºnº auec grande diſcretion, de peur d'induire ſtupeur. narcotiques. 3. Mica panis ſecalini parum cocti in lacte 3.ijvitellos.ouor. numij.opij.3.j. ſuccorum ſolani, hyoſ- cyamy, madragoræ, portulacr, ſemper viui,an.3.j. Le tout ſoit meſlé enſemble, & en ſoit appliqué deſ- ſus,& renouuellé fouuent.Autre.Prenez fueilles deiuquiame, ciguë, ozeille, de chacune vne poignée , leſ- C o 3 quelles AMedicamenr marcotique. 438 Le L)ix-huičtiéme Liure, quelles ſeront boüillies en oxycrat, puis pilées & broyées, auec moyeux d'œufs cruds, huyle roſat, deux A onces,farine d'orge tant qu'il ſuffira:& ſoit fait cataplaſme,lequel ſera appliqué ſur la douleur,& ſera con- tinué iuſques à ce que l'inflammation ſoit ceſſée. Ce remede eſt fort approuué, & duquel i'ay vſé ſouuent aucc bonne iſſue. Autre. 2/...opij 3 iij. camphorx 3.É. oleinenupharis 3.j.lactis # ij.vnguenti roſati deſcri- ptione Galeni 3.iiij.incorporentur fimul in mortario. Et de ce en ſoit appliqué ſur la partie. vertu de Outre plus, l'eau froide appliquée & iettée goute à goute ſur la partie, eſt narcotique & ſtupefactiue, l'eau froide. comme dit Hippocrate,Aphoriſm.25. de la ſect.5. adiouſtant icelle pour vne autre raiſon, eſtre fort propre en toute eſpece de goute; ſçauoir,empeſchant par ſa vertu repercuſſiue que les humeurs n'affluent d'auan- Annotation tage ſur la partie. Autre. Prenez pommes de mandragore cuittes en laict, puis pilées & appliquées deſſus. aux ieunes Autre. Prenez fueilles de iuſquiaſme,ciguë pourpié, laictues cuittes en laict, & ſoient pilées & appliquées Chirurgiens deſſus. Et qui voudra que ces remedes ſoient plus froids, il ne les faudra cuire , mais les appliquer tous digne d'eſtre cruds. Or ſubit que la douleur & ferueur ſera eſteinte & ceſſée, il faut deſiſter de tels remedes, & roborer obſeruée. & fortifier la partie auec remedes chauds & reſolutifs.Car autrement y auroit danger qu'ellene fuſt renduë debile, & intemperée , ou que puis apres elle fuſt ſujette à toutes fluxions. Parquoy pour la fortifier,il faut vſer de decoctions faites d'herbes reſolutiues,& autres choſes deſcrites cy-deuant,ou autres qui s'enſuiuent. 2Z. gummi ammoniaci, bdellijan.3.j. diſſoluanturin aceto, & paſſentur per ſetaceum, addendo ſtyracis li- quidar,farinæ fœnugraecian.3.É. pulueris ireos 3.iij. olei camomilla 3.ij. pulueris Pyrethri3.ij. cum cera, fiat emplaſtrum mollx.Autre.2/. radicum enula, ebuli,althex an.fb.f. ſeminis lini, fœnugræci an.3 ij. ficuum pinguium num.xxij. coquantur completè,& paſſentur per ſetaceum,addendo pulueris euphorbij3.ij.oleica- 1 ° trºp vſer momill. anet.rutha, an.3.iij. medullx cerui # iiij. fiat cataplaſma. Nous auons par cy-deuant fait mention **ſºif de pluſieurs autres reſolutifs,deſquelles le Chirurgien ſe pourra ayder,ſelon qu'il cognoiſtra eſtre beſoin & fº /º ſe gardera de trop reſoudre, & ſeicher,de peur de conſumer l'humeur ſubtil,delaiſſant le gros endurcy & putrefié,dont ſe pourroient faire des tophes & nœuds, ainſi qu'il ſe peut faire auſſi par l'indeuë application Bain apres le des repercuſſifs. Ie ne veux encore laiſſer en arriere, que les anciens ont fort loiié les bains faits d'eau dou- Pºſº Pour les ce,en laquelle on fera boüillir herbes refrigerantes, & ſont profitables eſtans adminiſtrez principalement bilieux. trois heures apres vn leger paſt : carapres la viande, le bain a plus grand pouuoir de corriger les intem- peratures bilieuſes, & principalement à ceux qui ſont greſles & de rare texture , parce qu'ils humectent Pººr1º ºº l'habitude du corps, & euacuent l'humeur chole rique par inſenſible tranſpiration : d'autant que les con- "ºº duits ſont ouuerts & dilatez par le bain, & les humeurs liquefiez. Apres le bain, il faut oindre tout le ºº corps d'eau & d'huyle d'oliue afin d'humecter & garder que la chaleur naturelle ne s'exhale : & les faut ##" continuer iuſques à ce que le Chirurgien verra eſtre neceſſaire.Auſſi faut noter que les viandes de gros "º" ſuc, comme bœuf, pieds de mouton, riz, & leurs ſemblables,leur ſont meilleures que lesdelicates (pour- ueu que le malade les digere bien ) pource qu'ils incraſſent le ſang bilieux, dont il n'eſt ſi facile à defluer aux jointures. - - - - - - - - - . Des aydes de la doulearfaite d'intemperature ſans matiere , CH A P. XXIII. L y a des douleurs aux jointures qui ſe font de l'intemperature ſans matiere, ce qui n'ad- uient pas ſouuent:toutesfois ie l'ay experimenté ſur moy.meſme il y a enuiron de dix à dou- ze ans. Eſtant en hyuer en mon eſtude vn vent coulis me donna ſur la hanche ſeneſtre, le- quel ie ne ſentois alors, à cauſe que la vertu imginatiue eſtoit occupée à l'eſtude : puis me voulant leuer, il me fut impoſſible de me pouuoir ſouſtenir debout : & auois vn ſentiment de douleur ſi extreme & intolerable, qu'il me ſeroit impoſſible la d'eſcrire, ſans aucune ap- parence d'intemperature, ny de tumeur au ſens de la veue Lors force fut me faire mettre dcdans le lict : & conſiderant que ſi le froid ( qui eſt du tout ennemy des parties nerueuſes) eſtoit cauſe de ma douleur, me feis appliquer pluſieurs linges chauds deſſus: & neantmoins qu'ils fuſſent fort chauds,ie ne ſentois qu'à peine la chaleur ſur l'endroit de ma douleur,tant eſtoit l'intemperature grande:& és autres parties voiſines, ie la Moyens d'ap. ſentois ſi bien qu'elleme bruſloit, iuſques à me faire leuer des veſſies. Dauantage ie feis appliquer des ſa- paiſer vne chets remplis d'auoine & de miel fricaſſez enſemble, imbus de vin vermeil : pareillement autresfois y fai- douleur de ſois appliquer veſſies de bœuf, dans leſquelles y auoit de la decoction d'herbes, reſolutiues, & n'eſtoient cauſe froide. qu'à demy pleines,afin qu'elles adheraſſent mieux ſur le lieu de la douleur.Autresfois y faiſois appliquer vne eſcuelle de bois creuſe, preſque remplie de cendres chaudes, & par deſſus de la ſaulge, roſmarin & ruë vn peu piſtez:puis ladite eſcuelle eſtoit couuerte & enueloppée d'vn linge,ſur lequel on iettoit eau de vie,dela- ) quelle ſortoit vne vapeur humide qui donnoit grand allegement à ma douleur.Autresfois y faiſoit appliquer la mie d'vn gros pain tout recentement tiré du four,arrouſée d'eau de vie, & enueloppée dans vne ſeruiette: ſemblablement me faiſois appliquer aux pieds des bouteilles de terre remplies d'eau boüillante, afin que 1'intemperature fuſt plus amplement corrigée, d'autant que la chaleur de ce remede peut ſe communiquer au cerueau, pour la rectitude des nerfs. Cette extreme douleur me dura enuiron vingt-quatre heures,& fut ceſſée par les remedes ſuſdits.Il y a encore vne autre eſpece d'humeur excrementieux,lequel pour eſtre de ſubſtance fort deliée & ſubtile, ne ſe peut voir à l'œil, qui s'appelle fulgineux, à cauſe qu'il eſt ſembla- ble au noir qui s'engendre de la fumée d'vne lampe, lequel eſtant accompagné de ſeroſité virulente, paſſe par tout, faiſant des extremes douleurs, tantoſt à vne partie, tantoſt à l'autre , ne demandant qu'à ſortir : partant luy faut ouurir la porte en quelque ſorte que ce ſoit, ou par application des ventouſes & cornets, & ſcarifications, ou par veſicatoires & cauteres. Hip. Aph. 18.linre 5. Ce qu'il faut faire, la douleur ceſsée des Goutes. - C H A P. X X IV. A douleur eſtant appaiſée, il faut roborer, & fortifier les jointures. Or ce mot de roborer, ſe , doit non ſeulement entendre à vſer des aſtringens,& deficcatifs,mais auſſi contrarier à l'indiſ- # poſition delaiſſée à la partie.Comme s'il y a quelque humeur ſuperflu,il faut reſoudre & s'il y # a quelque ſeichereſſe, il faut humecter & relaſcher : & au contraire, ſi les jointures eſtoient Les podagres -- , trop lubriques & relaxées(comme ſouuent aduient aux podagres,leſquels la goute a eſté faite ne peuu de matiere pituiteuſe)alors faut vſer de remedes deſiccatifs,& fortaſtringens & ainſi des autres imtemperatu- cbeminer, la res,comme nous auons dit cy-deſſus.Outre plus,faut entendre,que les podagres,apres auoir perdu leur dou- douleur ceſ- leur (laquelle commence tantoſt ſous le talon, & quelquesfois ſous la cauité du pied) neantmoins demeu- ſée. tent long-temps ſans pouuoir marcher qu'à grande peine: à cauſe que les nerfs & tendons qui ſont en grand - nombre Moyens de roborer vne Partie. Des Goutes. 439 C nombre aux pieds,ſont imbus & arrouſez d'vn humeur pitueux, & par ce moyen ont eſté relaxez, de ſorte qu'ils ſont demeurez amollis comme vn parchemin moüillé, qui fait que le pauure podagre ne peut che- miner, & luy ſemble qu'il marche ſur des eſpines. Et pour le faire cheminer, il faut neceffairement con- ſommer l'humeur conjoinct, & delaiſſé aux parties nerueuſes : qui ſe fera auec fomentations, cataplaſmes, & emplaſtres aſtringens & deſiccatifs , comme ceux qui s'enſuiuent. - - Pour la fomentation , on vſera de celle qui eſt eſcrit cy-deſſus, au chapitre de la roboration des join- Emplaſtre. tures : pour la preſeruation , augmentant la quantité de l'alum & du ſel , adjouſtant du ſoulphre vif en - pareille quantité : puis on vſera de cette emplaſtre. 2/.. Maſſœ emplaſtri contra rupturam 3.iiij. terebent. 3.ij. pulu. roſarum rubr. nucum cupreſſgallarum, granorum myrti & foliorum eiuſdem, thu. maſtic. caryophilan.3.j. malaxentur omnia ſimul manibus in- unctis oleo mirtyno & maſtichino, fiat emplaſtrum extenſum ſupra alutam debitae magnitudinis & latitu- dinis : & ſoit oppoſé ſur les pieds tant deſſus que deſſous, puis faut auoir vne chauſſe de cuir de chien cor- Chauſſe de royée, laquelle ſoit laçée bien proprement ſur toute la jambe. Or cette emplaſtre eſt fort vtile, d'autant cuir de ckii. qu'elle fortifie les nerfs, & conſume l'humeur imbu en iceux, & empeſche la fluxion : & la chauſſe de cuir de chien conſerue la chaleur naturelle : & parce qu'elle comprime & ſerre, elle empeſche auſſi la fluxion de ſe faire ſur les pieds. F -- Des tophes ou nœuds qui viennent aux jointures des goutes. C H A P. X X V. # N aucuns gouteux s'engendrent des nœuds aux jointures, appellez des anciens tophi, # S ) ou nodi , ou tuberoſitez : leſques ſont faits par congeſtion d'vne pituite craſſe,viſqueuſe, & tophes. # creué, & indigeſte, accompagnée d'vn humeur bilieux, acre & chaud : leſquels conioints * phe & delaiſſez en la partie ( pour l'imbecilité d'icelle ) ne peuuent eſtre reſoults : & auſſi pour la douleur du virus artrithique , il ſe fait vne autre augmentation de chaleur eſtrange & · aduſte, qui conſomme & reſoult la partie la plus ſubtile de l'humeur, & le gros & terreftre demeure & s'endurcit, & ſe conuertit en matiere gypſeuſe & pierreuſe, comme craye : & par conſequent ſont en- - gendrez des nœuds & pierres, ainſi qu'on void ſe faire en la veſſie. Pareillement les nœuds ſe font quel- comme l'in- quesfois pour indue application des medicamens repercuſſifs & reſolutifs, d'autant que par les repercuſſifs # •n# les humeurs s'eſpaiſſiſſent & congelent, & par les reſolutifs le plus ſubtil ſe reſoult, & le reſte ſe tourne #" en pierre. Parquoy le Chirurgien, qui ſera appellé pour curer les defiuxions, ſe doit bien garder de trop # reſolu# longuement vſer de remedes repercuſſifs, reſolutifs & deſiccatifs. · cauſe les Les medicamens qui doiuentamollir, ont vne chaleur moderée, & doiuent mediocrement humecter, nœuds. pour liquefier l'humeur conioint & attaché en la partie, comme l'eau tiede. Auſſi on pourra faire boüillir Remedes qui des herbes emolientes, ou en lieu d'icelles la decoction de tripes, pieds, & teſtes de veau: ou de mouton amolliſſent & autres ſemblables.Et apres auoir duement fomenté, on vſera de ce medicament.2Z. axungix humanæ, & rompent . anſeris & gallinz, medullae ceruina an. 3. ij. terebenthinæ Venetx 3.j. aquz vita parum, cxrx quantum le cºir. ſufficit, fiat vnguentum molle. vApres auoir quelque temps vié de ce medicament, on vſera de ctſtuy-cy. 2L.rad. altea , lilio. bryonix, lapatiacuti an.3.iiij. coquant. completè & paſſentur per ſetaceum : adde gum.ammon.bdellij, galba, opopana in aceto diſſac.3.j. medulla ceruinaean.3.j.ſº. incorporentur ſimul, & applicentur parti affectae.Autre. 2%. olei lilio. & amygda. dulcium, medul. cruris ceruian.3.ij.ſº.mucaginis, ſeminis lini,altheae, & fœnugr. an.3.j cerx quant. ſuff.fiat ceratum. Autre. 2/.. emplaſt.de Vigo cum merc. & cerati de œzipo humida deſcriptione philagrij ana 3. ij. malaxentur ſimul cum oleo lilio.fiat maſſa. Autre. 2Z. gum. ammon. opopa. galb. bdellij, diſſolutorum in acetoan. 3.ij. panno lineo colatis adde pul- ueris ſulphu.nitri, finapi.pyrethri an.3.É.ſtyraci, liquidae,;axungiœ,hum.an.3.j.reſina pini.tereb. Vene.ana _ 3.É.cer.quantum ſufficit.fiat creatum molle.Et entre tous autres ceſtuy-cy eſt fort approuué des anciens,pour ººllºme. rompre le cuir,& faire fondre les nodofitez putrefiées & nommément de Gal. liu.1o. des ſimples 7.& d'A- dicamèt ſur uicenne fen.22.liu.3.traicté 2. ch.21.2/.. pedes porcello.bene ſalſos num. iij. & veterem pernam cum illis # pour les coque, addendo ſub finem rad. alth. bryonix, lapath. acuti an. 3. iij. axung. taur. & medullae ceruîna ana # #. 3.j & cum caſeo putrefacto fiat empla.ſatis mollaead vſum.Autre bien excellent.2Z. caſei acris & putrefa- # iambon cti. 3.iiij. pulſulph. viui, euphorbij & pyrethri ana 3.iij. communis veteris pernx & pedum porcello.ſa- & il ſ, . litorum quod ſuffad incorporandum ducantur in mortario , fiat empla. ad vſum. Autre. 2. ſpuma nitri mage. 3.vj.tereb.3.vij.olei veteris3.viij.lixiuij quolana pileorum lauantur, & cera quantum ſufficit. fiat ceratum ſatismollae. Et apres l'vſage des remollitifs,on fera vne euaporation,auec la pierre byrite,ou de moulin,ou d'vne brique bien chaude, & ſur icelle ſera ietté de bon vinaigre & eau de vie:car telle vapeur diſſoult, ſubtilie, inciſe, & rompt la matiere grumeuſe, gypſeuſe, & endurcie, & fait ſouuent ouuerture au cuir. Et ne ſe faut eſmerueiller ſi tels remedes rompent le cuir, attendu que le plus ſouuent en tel cas la peau s'ou- ure'd'elle-meſme ſans nulle inciſion : & pour le dire en vn mot, les remedes qui ſont propres à curer les ſchirres, ſont bons pour amollir les nodus , mais il faut entendre que lors qu'il y a matiere coniointe & ja Les nœud. conuertie en pierre par vne autre fluxion,quelquesfois ſe ſuppure,& eſt neceſſaire de faire ouuerture Pour quelquesfois vacuer l'humeur ſuperflu contenu en la partie : lequel humeur eſt laicteux, puis la ſubſtance gypſeuſe qui jutpurent. fait les nodoſitez, fort dure comme plaſtre : &apres eſtre ſortie, il faut curer l'vlcere, & mettre l'empaſtre de gratia Dei, & autres que le Chirurgien verra eſtre neceſſaires. v Des venteſitez qui le plus ſouuent ſont trouuées auec les goutes, & de leurs remedes. CH A P 1 T R E XXV I. ARMY les humeurs accompagnez du virus qui fait la goute, ſouuentesfois eſt trouuée gran- Signes de de quantité de ventoſitez, principalement és grandes jointures, comme à la hanche & aux §ſi z # genoüils, qui font quelquesfois ſortir les os de leur propre lieu : & ſont cogneus eſtre en la aux iointu- $ partie, en ce que le malade ſent grande douleur tenſiue, ſans peſanteur : & lors qu'on preſſe res. , 7º7N deſſus du doigt, il n'y demeure point de cauité, comme aux œdemes : mais l'eſprit fiatueux repouſſe & ſe releue en haut, comme qui preſſeroit vne balle remplie de vent : ioint auſſi que la partie ne - - O o 4 peut 44O LC L)1X-hUltCtIcInC L1Ulre, Document pour le ieune Chirurgien. Prognoſtic, Ctgrº, Remede bien carminatif. Autre , bon ér bien ap- prouué. Goute Sciati- que plus dou loureuſe que les autres. Iuſques du s'eſtend la douleurScia- tique. La Sciatique eſt ſans tu- meur Cr rougeur. La partie 4maigrit quand l'os n'eſt en ſa plaee matu- relle, 9)uand il faut ſaigner en la Scia- que. Choix de la veine Sciati, que, ou ſa- pbenr. peut faire ſon action, à cauſe que les vents rempliſſent les eſpaces vuides, & empeſchent le mouuement de A ſe pouuoir faire. Or aucuns ieunes Chirurgiens mettans leurs doigts deſſus,en eſleuant l'vn & preſſant l'au- tre, ſentent la ventoſité s'eſleuer entre leurs doigts, comme vne inondation de pusja fait en vne apoſte- me, & y ayant fait ouuerture, icelle faitte n'ont apperceu ſortir aucune matiere : & partant ont eſté deceu, à cauſe de grands accidens, comme augmentation de douleur, & fluxion d'humeurs, qui ont faict deſ- boëtter les os hors de leurs iointures, & les malades ſont demeurez à iamais claudicans. Et pour ces cauſes ie conſeille aux gouteux, en tel cas, d'appeller pour leur ayde des Chirurgiens experimentez. On void peu ſouuent telles ventoſitez ſans qu'elles ſoient accompagnées de quelque humeur pituiteux,lequel n'eſt trop crud ny viſqueux. Dauantage,ces ventoſitez demeurent longuement ſans pouuoir eſtre reſoluès, à cauſe de l'intemperature froide que fait la matiereventeuſe,& des membranes & ligamens qui lient les jointures,leſ- quelles ſont denſes & dures, & par conſequent leurs pores ſont ſerrez, de façon qu'à grande difficulté les matieres ne ſe peuuent euaporer ny ſortir hors. Or pour la curation il conuient pour conſumer les ventoſi- tez, vſer de fomentations reſolutiues, carminatiues, diſcuſſiues, & deſiccatiues : auſquelles auront boüil- ly fenoüil, anis, rue,cammomille, melilot, ſauge,roſmarin,origan, calamente, marrubium, &leurs ſembla- bles, cuittes auec vin & lexiue, & vn peu de vinaigre roſat, & du ſel commun. Et apres la fomentation on appliquera ce liniment qui s'enſuit. 2Z. Olei camomillæ,anethi,rutx, laurini, an.3.ij. & cum cera alba fiat linimentum, addendo aqua vitæ parum. Dauantage, apres ce liniment on appliquera cataplaſme. 2. Flo- rum camomillae,meliloti,anethi,roſarum rubrarum pulueriſ. an.m.j.foliorum maluarû & abſiynthij.an.m. ſ . furfuris m.j.bulliant omnia ſimul cum lixiuio & vino rubro : deinde piſtentur cum medulla panis & farina fabarum quantum ſufficit : fiat cataplaſma, addendo olei roſati & mirtini an.3.ij. Aucuns ont loüé pour telle diſpoſition, ce remede pour tarir la ventoſité. 2Z. Axung. ſuillz 3.iiij. calcis viux 3.j.É. Ces choſes ſoient fort battues en vn mortier,& appliquées deſſus.Autre 2Z. Stercoris caprini cocti cum vino & aceto an. fb. ß. terebenthina Venetae,& mellis communis an.3.ij.aquae vitae 3 É.pulueris rad.ireos Florentix,ſabi- næ an.3.iij.olei ruta & anethian.3.j.farinz fabarum quantum ſufficit : fiat cataplaſma ad formam pultis. Il faut appliquer des compreſſes trempées(& eſpreintes en oxycrat, auquel on aura fait boüillir abſinthe, origan,camomillæ, melilot, rue,ſel commun, y adiouſtant eau de vie : & ſera la partie liée & ſerrée le plus qu'il ſera poſſible,& que le malade le pourra endurer. Et ſur la fin , pour roborer la partie, on appliquera deſſus de la lexiue faite de cendre de cheſnes & de ſarment,en laquelle on aura fait boüillir ſel,ſoulfre,alumx de roche , en ſerrant & liant la partie, comme deſſus, auec compreſſe trempées en icelle lexiue. Or s'il y auoit grande douleur, alors faudroit laiſſer la propre cure pour ſuruenir aux accidens, en frottant la par- tie de quelque huyle carminatiue, auec laine à tout le ſuif, & autres remedes qu'on verra eſtre neceſſaires De la Sciatique . C H A P. XXVII. AINTENANT il nous reſte à traicter de la goute Sciatique, laquelle ſur toutes ( comme 2 1'ay dit au prognoſtic) emporte le prix pour eſtre la plus douloureuſe, & cauſe grands & 2 extremes accidents, à raiſon de la jointure qui eſt plus profonde que les autres, & que le plus ſouuent l'humeur eſtant en grande abondance & pituiteux, froid, gros & viſqueux, difficilement le peut on faire debuſquer de la partie:& vient le plus ſouuent apres vne longue maladie d'vn humeur malin, lequel deliurant les parties d'où il eſt venu, cauſe vne extreme douleur : non ſeulement à la jointure de la hanche, mais encore plus profondement dedans les muſcles de la feſſe, aux baines, genoüils, & iuſques à l'extremité des orteils & quelquesfois aux vertebres des lum- bes, qui donnent grand tourment au malade : lequel penſe( & auſſi les Medecins & Chirurgiens) eſtre vne colique venteuſe ou pierreuſe, ce qui n'eſt pas. Mais la cauſe pourquoy on ſent ſi extremes douleurs, eſt à raiſon des nerfs qui viennent des vertebres des lumbes,& de ceux de l'os ſacrum, qui deſcendent & ſe diſſe- minent aux muſcles de la cuiſſe & de la jambe iuſques à l'extremité des orteils : ce que i'ay amplementmon- ſtré en l'Anatomie. Le plus ſouuent on n'y apperçoit aucune tumeur ny rougeur, ny autre intemperature à la veue : parce qu'au cuir de cette partie y a peu de veines ſuperficielles,& que l'humeur eſt fiché fort pro- fondement, & ne ſe monſtre à la ſuperficie. Auſſi au contraire, nous voyons quelquesfois, qu'à raiſon de l'extreme douleur, il ſe fait ſi grand amas d'humeurs & ventoſitez, qui empliſſent la cauité de la boëte , & relaxent ſi fort le ligament interieur & les exterieurs, qu'ils chaſſent l'os du tout hors de ſa cauité:& s'il y demeure long-temps,il ne faut eſperer qu'il puiſſe eſtre iamais reduit,& qu'il ſe tienne enſa place,à cauſe que l'humeur a occupé le lieu & cauité de la teſte de l'os femoris, & auſſi que les bords de la boëte ( qui ſont cartilagineux) ſe ſont eſtrecis,& les ligamens relaxez & allongez : dont s'enſuiuent pluſieurs accidens per- nicieux , comme claudication perpetuelle, amaigriſſement de toute la cuiſſe & la jambe : parce que l'os n'eſtant en ſon lieu naturel, preſſe les muſcles, veines, arteres, & nerfs, & y manque le mouuement : au moyen dequoy les eſprits eſtans ainſi comprimez & arreſtez ne peuuent reluire aux parties inferieures, & par conſequent ſe tabefient & deuiennent en emaciation; c'eſt à dire, amaigriſſement, non ſeulement de toute la cuiſſe & de la jambe, mais quelquesfois auſſi de tout le corps, auec vne fiévre hectique, qui meine le malade à la mort. Parquoy faut que les Medecins & Chirurgiens, qui ſeront appellez en telle diſpoſi- tion » ayent grand eſgard à ne laiſſer aduenir tels accidens, & qu'ils vſent de remedes forts, & vigoureux, lors qu'il en ſera beſoin, comme nous dirons cy-apres. Cure de la Sciatique_ . C H A P. XXVIII. # N la goute Sciatique, combien que communément elle ſoit faite de pituite craſſe, toutes- $ fois ſi le corps du malade abonde en ſang, & qu'il ſoit fort & de temperature ſanguine, il $V) } faut faire la ſaignée : car par icelle il ſe fait égale vacuation des humeurs : & partant la fu- R xion ne ſera ſi prompte à courir ſur la partie. Ie vous puis aſſeurer que n'ay iamais trouué plus preſent remede à ſeder la douleur cauſée d'inflammation phlegmoneuſe , que la ſei- gnée, premierement faite de la veine baſilique au bras qui eſt du coſté malade, comme i'ay dit cy de- uant ( à fin de faire reuulſion) : & apres (pour deſcharger & vacuer la matiere coniointe ) de ſaigner la veine ſciatique,qui eſt ſur le malleole exterieur du pied,ſçauoir eſt, ſi la douleur occupe plus cette partie: & ſi elle eſt plus grande au dedans,faut ouurir la veine ſaphene,qui eſt ſur le malleole interne: & faut tirer du ſang ſelon qu'on verra eſtre neceſſaire. Et à ce faire ie conſeille au ieune Chirurgien qu'il appelle le Mede- cin,afin qu'il ſoit preſent lors qu'on tirera le ſang & où le cas aduiendroit qu'il ne s'y peuſt º# † QTQlOIlIl2 *- - L- - L)èS ( IOUlteS. | 44 I / B - C , D ordonnaſt tirer trois palettes, plus ou moins, de ſang des veines ſciatique & ſaphene, il pourroit faillir à la quantité du ſang, à cauſe que pour ſaigner telles veines aux pieds, il les faut mettre en eau chaude, & le ſang ſe meflant en l'eau, on peut bien obſeruer la quantité,ſi ce n'eſt qu'en faiſant mettre le pied du patient dedans le vaiſſeau auquel ſera l'eau,il fera vne marque à la hauteur de l'eau,puis il adiouſtera deux ou trois - palettes d'autre eau, plus ou moins, ſelon qu'aura ordonné le Medecin, & fera derechef vne autre marque Subtile ob- audit vaiſſeau : puis retirera la quantité de l'eau proportionnée du ſang qu'il faudra tirer, & ainſi il ne ſºrºatien de pourra faillir à tirer plus ou moins la quantité du ſang qu'aura ordonné le Medecin. Pareillement les cly- l'Autºur. ſteres forts & aigus ſont vtiles, pourueu qu'il n'yait rien qui les empeſchaſt, comme ſeroient vlceres aux inteſtins & hemorroides. 2Z. Rad.accori3. ij. centaurij, rutz, ſaluiæ, roriſmarini, calamenti, origanl, pulegij, an. m. ſ.ſtoechados Arabicx,florum chamæmeli,meliloti,anethi an.p.j.ſeminis aniſi, fœniculian.3.6.fiat décoctio ad fb.j. in co- latura diſſolue hierae, diaphoenici an.3.É. mellis anthoſati, & Saccari rubrian.3.j.oliliorum 3.iij.fiat clvſter. Lequel il faudra accommoder au temperament, aage & au temps, ſelon la prudence du Medecin. Auſſi les purgations vigoureuſes, comme les pillules d'hermodactes, fetides, arthritiques, aſſajeret pour les pitui- teux,& autres cy-deſſus mentionnées.L'electuaire de dtacartamy purg: l humeur cholerique & pituiteux. Les vomiſſemens frequens.(ſi le malade le peut faire commodément) font euacuation non ſeulement des humeurs, mais auſſi reuulſion d'iceux , comme nous auons dit par cy-deuant. Les bains & ſueurs ſont ſem- Les bains blablement bons.Auſſi la decoction de gaiac, ou de la ſalſepareille:& envſer tant & ſi peu qu'on verra eſtre hypocaſtet neceſſaire Et ſi on connoiſt qu'il y ait chaleur, on frottera la partie d'oxyrhodinum , qui eſt mixtion ſºnt Prºfº- d'huyle roſat & de vinaigre, principalement quand la douleur eſt profonde. Car le vinaigre, à cauſe de ſa *** cholerº- tenuité, penetrant iuſques au profond, fait voye à l'huyle, laquelle de ſon naturel appaiſe lès douleurs. 2** Auſſi on pourra vſer d'autres repercuſſifs, ſi on connoiſt eſtre beſoin : & apres on appliquera remedes qui attirent & reſoluent, leſquels ne ſeront nullement appliquez,que premierement on n'ait fait vacuation vni- ucrſelle, de peur qu'on n'attiraſt trop d'humeurs à la partie, & qu'il ne fuſt rendu viſqueux, & eſpais. Dont apres les choſes vniuerſelles,pour attirer l'humeur du profond à la ſuperficie,on vſera de l'emplaſtre fait de ) poix & d'euphorbe & de ſoulphre, faite ainſi. 2.picis naualis fb.j. ſulphuris viui ſubtiliter pulueriſati 3.ij. euphorbij pulueriſati3 ij lardi#.ſ.fiat emplaſtrum ſecundum artem,& extendatur ſuperalutam(dont il faut vſer auec prudence,de peur qu'il n'y ſuruienne inflammation)ou vn emplaſtre d'ammoniac,euphorbe,tere- benthine,propolis,galb.bdel.opop.& ſemblablcment d'huyle de ſaulge,roſmarin,de pyrethre,& autres fem- blables,extraictes par quinte-eſſence,leſquelles ſont bien plus à louer que les autres,d'autant que d'iceiles les vertus ſont plus pures, & leur action plus prompte ſans comparaiſon, que celles qui ne ſont tirées par quinte eſſence,parce qu'elles ſont de tenuë & ſubtille ſubſtance, & penetrent fort profondement, & reſol- verté de, uent & roborent les parties nerueuſes. Semblablement on fera des fomentations d'herbes diſcutientes & buyi., . reſolutiues , comme racines & fueilles d'hiebles, ireos, graine de laurier, genevre, & ſemence de fœnü- quinte-eſſºn- grec, anis, fenoüil, ſaulge, roſmarin, camomille, melilot, fueilles du ſureau, & leurs ſemblables : & les ce. faut faire cuire en vin & en huyle, & de ce ſoit faite fomentation. Auſſi cette emplatire eſt fort loüee des anciens pour reſoudre, & ſeder la douleur, auec ce qu'elle attire les eſpines & os pourris 2Z. Seminis v,- Auicenne ticæ mundatae, ſpumz boracis, ſalis ammoniaci , radicis ariſtolochiae rotundae, colocynthidos, terebenth. loué cette Venetx an. 3.x. fœnugr. piperis longi, xylobalſami , thuris, myrrhae, adipis caprilli, gummi pini an.3. v. emplaſtres cerœ fb. 6. lactis ficus ſilueſtris 3. iij. ß. Il faut liquefier les choſes ſeiches auec quantité ſuffiſante d'huy le de lis & bon vin , & le tout incorporé enfemble toit fait emplaſtre , & en ſoit appliqué deſſus l'os Iſchion. Autre 2.Sinapiaceto acerrimo diſſoluti 3 ij.fermenti acris 3.6.pulueris hermodactillorum 5. ij. mellis com- munis 3.iij terebent.3.iiij.oleilaur & de ſpica an.3 ij.far. fen.3.J.É. terræ formi.cum ouis fb.j. foliorum lau- ri, ſaluiæ, rutx, roriſmarini, an. m. 6. verm. terreſt.praep.fb.6. La rerre de fourmis & leurs œufs, & les vers cuiront à part, auec les herbes hachées auec vin blanc, puis coulécs, & en icelle colature on adrouſtera les autres choſes ſelon l'art : & de ce ſoit appliqué ſous l'os Iſchion, comme deſſus. Autre. 2/.. Radicis enulae campanz,ſigilliSalomonis,bryoniæ,biſmalux an 3.ij.coquantur complexè & piſtentur, & paſſentur per ie- taceum, addend.farinx fœnugreci & hordei an.3.j. olei liliorum & camomilla an. 3.iij.terebenth.3 iiij. ce- ræ quantum ſufficit, fiat cataplaſma. Il reſoût & appaiſe la douleur , & attire la natiere du profond à la ſuperficie. Autre. 2.Radicis ſigilli beatx Mariœ 3.vj.emplaſtri diachylonis albi 3.iiij.croci diſſoluti in aqua vitæ 3.ij.terebenthinae 5.j.olei de ſpica nardi quantum ſufficit : fiat emplaſtrum, applicetur ſuper alutam ca- lidè.I'ay appliqué pluſieurs fois de la ſeule racine de ſigillnm beatæ Mariæ en roüelles ſur toute la hanche, † a ſedé toſt la douleur cauſée de matiere froide. Autre.2/.. Ceræ citrinx & terebenthinx abieti. an.3.1j. , undantur ſimul invaſe duplici : & vbi refrixerint, adde pulueris hermodactillorum j. ſ.florum camomillæ, Éxtérienes iridis Florentix an. 3. iij. fpicr nardi, florum thymi an.3.i. interioris cinamomi electi & ſeminis naſtuitij ſºiº Par an, 5.ij. croci 9.iiij malaxentur ſimul manibus axungia porci vetere non ſalita vnctis, & fiat maſſa empla *** ſtri. Et ſi par ces remedes on ne peut ſeder la douleur, alors faut venir aux plus forts, comme appliquer deſſus grandes ventouſes auec grande flamme pour attirer l'humeur du profond à la ſuperficie, puis appli- quer veſicatoires, à fin que l'on faſſe vacuation manifeſte de l'humeur contenu à la partie. • 2/.. Cantharidum, quibus detracta ſunt alae 3 ij.aſtaphidis agriz 3.iij. ſinap.3.j.ſ. fermenti accerrimi 3. ſ. veſîcatoire Ces choſes ſoient incorporées enſemble, & ſoit fait veſicatoire. | Autre. Prenez l'interieur de l'eſcorce de viorne,le poids de deux eſcus,& appliquez au deſſous de la dou- leur. Les vlceres faits par les veſſies ſeront tenus longuement ouuerts, à fin de vacuer & tirer l'humeur con- ioint en la partie. Si la cuiſſe tombe en arrophie, on y procedera en la maniere que nous auons cy-deuant declaré,traittant des accidens des fractures & luxations. Et ſi pour tous ces remedes le pauure gouteux ne trouue allegement de ſon mal, il faut venir à l'extreme remede par le commandement d'Hyppocrate , qui Aphor. éos dit, que ceux qui ſont affligez de douleur diuturne en l'Iſchion , la cuiſſe ſe luxe, & deuiennent tabides, li": º . & clochent à perpetuité, ſi on ne les cauteriſe. Auſſi celſe commande qu'on vlcere la peau aux vieilles Cº4º ºº4º douleurs ſciatiques en trois ou quatre lieux, auec cauteres : car toutes telles douleurs,quand elles ſomt en- uieillies, à grande peine peuuent eſtre guaries ſans bruſleures : & on a veu pluſieurs qui ont 1 ecouuert ſanté apres l'application des cauteres. Parquoy pour ſeder l'extreme douleur, & prohiber les accidens , predits, on appliquera trois ou quatre cauteres actuels ou potentiels, au tour de la jointure de l'Iſchion, les faiſant profonder en la chair l'eſpeſſeur d'vn doigt (plus ou moins, ſelon que le malade ſera gras ou maigre ) ſe donnant garde de toucher les nerfs. Et pour bien faire , le Chirurgien doit tenir les vlceres longuement ouuerts, à fin de donner iſſue à la matiere conjointe, qui a eſté de long-temps retenue en la partie affectée. qui ſe fera par le moyen de petites boulettes faites d'or au d'argent, gentiane, ou de cire fondue, aucc pou- Autre vtil;. dre de vitriol ou de mercure, ou d'autre matiere catheretique. té des cante- Or les cauteres profitent pareillement, à cauſe qu'eſchauffans la partie, auſſi ils eſchauffent, & diſſoluent res. les •+ + • -m-ºv- m-" *-1» 1 L v.-s. av-ºw av- a x Hv- E-ca -• • •7 v-uv- -* -av-vv-lu-v- Je 1es huemeurs froids, & ſubtilient les gros & viſqueux, & les attirent dehors pour eſtre euacuez par les ex- A cremens que iettent les vlceres : & auſſi que les ligamens ſe reſerrent par les cicatrices,& la partie affectée demeure puis apres fortifiée. Annotation au ieune Chirurgien : c'eſt qu'il faut faire flechir & eſtendre la cuiſſe malade de celuy qui aura vne ſciatique, de quelque cauſe que ce ſoit, de peur que le ligament car- tilagineux, qui lie les os enſemble, ne s'enfle au dedans la jointure, & que les os ne ſe conioiguent enſemble, & ſe faſſe vne Enchyloſis. -, | De la goute grampe . C H A P. XXIX. Deſcription. A Goute grampe eſt vne eſpece de conuulſion, faite d'vne matiere fiatulente, par le moyen de laquelle ſouuentesfois le col, les bras, & iambes, ſont par vne grande force retirées, ou Cauſe pour- eſtenduës : cauſant vne extreme douleur, non toutesfois de longue durée. La cauſe d'vn tel quoy elle $ maleſt vne vapeur craſſe & lente, qui eſt entre les membranes des muſcles. Qui vient plu- vient pluſtoſt - ſtoſt de nuict que de iour, à raiſon que la chaleur naturelle & eſprits ſe retirent au centre du de nuičt. corps, qui fait que la matiere ſlatulente s'eſleue, & fait tenſion aux parties, où s'introduit la goute grampe. Prognoſtic. C ure. Auſſi quelquesfois vient à ceux qui nagent en eau froide, qui les fait noyer, pour l'impuiſſance qu'ils ont, ne pouuans nager, demeurans immobiles, parce que par la frigidité de l'eau, le cuir eſt eſpefſi & retrait, & les pores ſont clos; de ſorte qu'il ne ſe peut faire euaporation de ladite matiere flatulente, mais au con- traire elle s'augmente par l'eau froide.Ceux qui ſont addonnez à yvrongnerie, oiſiueté, & pareſſe pour B les cruditez qu'ils amaſſent, ſont le plus ſouuent éprits de cette maladie. Pour la cure, faut tenir bon re- gime & trauailler moderément, & roborer les parties où tel mal aduient,qui ſe fera par frictions longues, auec linges chauds, eau de vie, en laquelle ou aura infusé fueilles de ſauge, romarin, thym, ſariette, la- uande, cloux de girofles, gingembre, ou autres ſemblables diſcutiens & reſolutifs. Et pour ceder la dou- leur, lors que la goute grampe occupe quelque partie, promptement elle ſera appaisée par friction, ou par extenſion, ou flexion, ou par cheminer. Fin du dix-huičtieſme Liure des Goutes. ## T A B L E DES CHAPITRES du Dix-neufiéme Liure, de la Groſſe Verole. C E S CRIPT l O N de la Verole Chapitrej Des cauſes de la Verole. Chap. ij | En quel humeur le virus verolique eſt enraciné. Chap. iij # Signes de la Verole. Chap. iiij ZGV 2 E* ºNs Du prognoſtic. Chap. v 9uelles choſes il faut ſauoir c entendre pour entrer en la cure de la Verole. Chap. vj Les moyens de curer la Verole. Chap. vij Lamaniere de preparer le bois de gajac. Chap. viij La ſeconde maniere de curer la verole parfrictions. Chap. ix De l'eſlection.preparation & mixtion de l'argent-vif. - Chap. x La forme d'executer ladite friction. Chap. xj D Le temps de la friction. Chap. xij - - / • - - - - - T)e la troiſieſme curation par ceroines ou emplaſtres , visaires de la friftion. Chap. xiij - - La quatrieſme maniere de curer la verole. Chap. xiv Cure des vlceres de la verge. Chap. xv En quoy differe la gonorrhée de la chaude-piſſe. Chap. xvi De l'erection & tenſion continuè du membre genital. Chap. xvij Des chaudes-piſſes, & differences d'icelle . Chap. xviij Du prognoſtic des chaudes-piſſés. Chap. xix Sommaire de la cure de la gonorrhée. Chap. xx N Curation 4 | 4 43 curation Generale de la chaude-piſſe. - Chap. xxj. curation particuliere de la chaude-piſſe. | | Chap. xxij Des carnoſitex qui s'engendrent au conduit de l'vrine. · · Chap. xxiij Des ſignes des carnoſitex A" | | Chap. xxiiij Duprognoſtic des carnºſitex, & de la cured'icelles. Chap xxv Cure particuliere des carnoſſtex , , , , , , , , Chap. xxvj De quels remedesilfaut vſer,ſîleſditescarmofitextiennent de la verole , enſemlbe de leur curation. | | | Chap. xxvij Des remedes couuenables pour cicatriſer les vlceres apres l'ablation des carnoſitex Chap. xxviij · - T'es bubons, ou poulains veneriens. - Chap. xxix Des tophes ou nodus venans du virus verolique. | Chap. xxx Des cauſes pourquoyl'os s'altere & pourrit, c> des ſignes pour le bien cºgnoiſtre. Chap. xxxj Des moyens de proceder à la ſeparatian des os carieux. Chap. xxxij · Des cauteres actuels & potentiels. Chap. xxxiij . Du mal qui aduient des cauterres actuels induèment appliqueK, c9 quels remedes il faut appliquer apres l'vſage d'iceux. Chap. xxxiv T)e la potion vulneraire. - - Chap. xxxv T'es dartes ou ſciſſures ſerpigineuſes. · Chap. xxxvj De la maladie venerienne, ou groſſe Verole , qui ſuruient aux petits enfans. Chap. xxxvij. - | T'eſcription de l'eau theriacle. - . Chap. xxxviij De la puanteurd'haleine, des aiſſelles , & des pieds, & de la ſueur vniuerſelle. . Chap. xxxix De la ſurdité des oreilles. | Chap. xl · # Z 5' - # •A V L E c T E V R. ; - - º - - • - - E n'ay voulu laiſſer en arriere à parler de la Groſſe verole $ Et pour ce faire, i'ay pris la plus grande part de ce qu'en pource ie n'ay voulu changer ſa methode & maniere de practiquer, à raiſon que ie n'euſſe ſceu mieux faire : & l'ay inſeré en ce preſent Liure pour deux raiſons : La premiere, afin que le ieune Chrirugien ne deſiraſt la methode de guarir cette maladie en ce preſent œuure : La ſeconde,pour - le faire renaiſtre, ſi poſſible m'eſtoit, pour la preud'hommie du perſonna- • ge, & bonne amitié que nous auions enſemble dés nos ieunes ans. " - I! à$ auoit eſcrit deffunct Thierry de Hery, Chirurgien demeu- . # $ rant à Paris : lequel en a autant bien traicté qu'aucun de " ceux que i'ay peu lire, † en auoient parlé deuant luy. Et , - - - -- º ... , º · • · • · . " " | , L E DIx-NEvF IESME LIvRE, · TRAICTANT DE LA GROSSE # vERoLE, DITE MALADIE v E NERIE N N E, & des accidents qui aduiennent à icelle. . - - - . - 4, - · PAR A M B R OISE PAR E D E LA VA L AV MA INE, Conſeiller, & premier Chirurgien du Roy. t . Deſcription de la Verole ». CH A P 1 T R E I. Diuers noms E s FR A N ç o 1 s momment cette maladie, la maladie de Naples , & les Neapoli- de la mala- $º) tains, le mal di Franceſe : le Geneuois, lemal dit Bronſuſe : les Eſpagnols, la bouez: die vene- W4 les Allemans, Françouſe : les Latins , pudendagra. Tous leſquels noms ont eſté ainſi 2'J67/2726-V- # impoſez ſelon le plaiſir des nations : mais pour ne faillir , ie ſuis d'aduis que ſi le François en eſt vexé, que l'on l'appelle la maladie du.François : & ſi c'eſt le Neapo- litain, la maladie du Neapolitain : & ainſi des autres nations. Et ne faut eſtre cu- - N>ºiſt rieux des noms, pourueu que l'on entende la choſe par eux ſignifiee, Verole eſt vne Verole eſt maladie causée par attouchement, & principalement de compagnie charnelle, auec qualité occulte , com- § #.. mensant le plus ſouuent Par vlceres des parties honteuſes, puſtules en la teſte , & en autres parties ex- ſ§ i. ii. terieures, infectant auſſi les parties internes, auee douleurs nocturnes extremes à la teſte , eſpaules, ·uers aeei- jointures , & autres parties. Et par ſucceſſion de temps fait des nodofitez, alteration, & caries aux os» dens con- les liquefiant , comme ſi c'eſtoit metal fondu, laiſſant les parties charneuſes d'autour ſouuent en leur en- ioints en- tier : enſemble cauſe pluſieurs autres & diuers accidens, comme corruption totale des parties, ſelon l'in- ſemble-. temperature & cachexie des corps, & la diuturnité du temps que le malade en ſera épris. Car aucuns, perdent vn œil, & ſouuent les deux, ou vne bonne portion des paupieres , & les malades demeurent Accidens de apres eſtre curez, hideux à regarder, ayant les yeux éraillez : autres perdent l'ouie, autres le nez : autres la verole , ont le palais troüé, auec deperdition d'os, qui eſt cauſe de les faire parler Renaud : autres ont la bouche torſe, comme renieurs de Dieu : autres perdent le cultiueur du champ de nature humaine, de façon qu'ils demeurent apres ſteriles : & les femmes y laiſſent la moytié, & quelquesfois dauantage, de leurs parties genitales , qui fait qu'elles ſont laiſsées,comme inhabiles d'auoir la compagnie des hommes & à d'aucuns par vn reliqua d'vne chaude-piſſe,ſe procrée des carnofitez en la verge,qui fait que iamais ne peuuent piſſer que par le benefice d'vne ſonde,& ſouuent meurent par vne ſupreſſion d'vrine,oud'vne gangrene à la ver- ge. Autres demeurent impotens des bras ou jambes,cheminans tout le cours de leur vie à potences. Autres demeurent envne contraction de tous leurs membres,de maniere qu'il ne leur reſte que la parole,qui eſt le plus ſouuent en criant & lamentant,maudiſſans l'heure qu'ils ont eſté engendrez.Autres demeurent aſthma- tiques & hectiques,auecvne fiévre lente,& meurent tabides & deſſeichez : aucuns deuiennent lepreux : au- trés ont des vlceres putrides chancreuſes & corroſiues à la gorge, & autres, parties du corps aucuns ont vne cheute de poil,dicte alopecie,ou pellade:autres des dartres ſquameuſes aux pieds & mains:il ſe concrée à d'aucuns des boutons & puſtules dans le conduit de l'vrine, qui s'exulcerent & enfiamment, & ſe tume- fient,de façon que les malades ne peuuent vriner,puis la gangrene & mortification ſuruiennent qui fait,que Vifargent, pour leur ſauuer la vie,leur conuient entierement couper la verge ſi on n'y remedie.Aucuns ſont vexez d'e- antidote pilepſie,autres des fiux de ventre,iettans les matieres ſanguinolentes & corrompuës. Et pour le dire en vn d'humeur mot, on peut voir la verole compliquée de toutes eſpeces & differences de maladies, leſquelles ne ſe peu- vervlique-. uent guarir ſans ablation du virus verolique, auec ſon alexipharmaque, qui eſt le vif argent , que l'on peut comparer à vn furet, faiſant ſortir le connin hors de ſon terrier. - - º · Des cauſes de la Verole . C H A P. : I I. Deux cauſes tasse - de la verole. , N73 # L ya deux cauſes de laverole. La premiere vient par vne faculté ſpecifique & occulte ,. la- quelle n'eſt ſuiette à aucune demonſtration : on la peut toutesfois attribuer à l'ire de Dieu. ## - 4 lequel a permis que cette maladie tombaſt ſus le genre humain, pour refrener leur laſciueté ſeraii d #ll# & desbordée concupiſcence. La ſeconde, eſt pour auoir eu compagnie d'homme ou de paillards. 57 º femme ayant ladite maladie, laquelle ſe prend à cauſe que l'homme aura à la verge quelques Comment la vlceres de verole ou chaude-piſſe, ou la femme à ſa matrice : ou qu'elle aura vne chaude-piſſe (qu'el- verole ſe les appellent fleurs blanches ) ou de la ſemence recentement receuë de quelque verolé : & par le contact ſº Prend par de la verge, la mucoſité & ſanie virulente retenuë aux rugoſitez du col de ſa matrice, s'imprime aux le coit. poroſitez de la verge, cauſant vlceres malins, ou chaude-piſſe. Puis le virus pullulera cheminera par les veines, arteres & nerfs aux parties nobles ; ainſi que l'on void le feu épris à vne corde d'arquebuze* & le foye ſe reſſentant de tel vice , ſouuent par ſa faculté expultrice , chaſſe ledit virus aux aines » & fait apoſtemes , appellées bubons ( vulgairement poulains ) leſquels s'ils ne iettent leur gourme & retournent au dedans Par deliteſcence, ce venin infecte la maſſe du ſang , dont s'enſuit la # ToutcsfO1s | , De la groſſe Verole. 44S C Toutesfois elle peut aduenir par autre cauſe, comme par la reception de l'haleine infectée d'vn verolé, ou verolée, baiſant pluſieurs fois vn enfant : ce qui n'eſt hors de raiſon. Car par la reception des vapeurs cor- rompuës, le virus ſe peut imprimer au corps de l'enfant , attendu ſa delicateſſe & rarité puerile Pareille- ment pour auoir extrait & receu vn enfant d'vne femme verolée, les matrones en peuuent eſtre enrachée, d'autant que par les poroſitez de leurs mains, le virus ſe communique aux veines & arteres, & d'icelle par tout le corps ; Comme Monſieur le Coq, Docteur Medecin à Paris, teſmoigne auoir veu au traicté qu'il a fait, de ligno ſancto non permiſcendo. Auſſi par experience on void , que gens de toutes complexions, ſexe, ſoient enfans, adoleſcens, hommes en aages, conſiſtans, ſolides, & robuſtes,couchans auec autres infectez de cette maladie,ſans aucune compagnie charnelle s'en treuuent attaints & épris. Il ne faut pas en attendre moins de celuy qui couchera au lict d'vn verolé, ſi la ſueur ou ſanie ſortant de quelque vlcere, infecte les draps & couuerture, eſtans imbus de ce venin : à cauſe que nos veines & arteres attirent l'air, mettant en nos corps la qualité maligne des excremens imprimez aux linceuls. Autant en ſera-il de manger & boire aux vaiſſeaux où ils auront beu & mangé : car de leur bouche il y laiſſent vne ſaliue ſanieuſe, contenue en- tre leurs dents,laquelle eſt veneneuſe en ſon eſpece, ainſi qu'aux lepreux,ou que la baue d'vn chien enragé en la ſienne. Semblablament les enfans alaictant nourrices verolées en ſont infectez:attendu que le laict n'eſt que ſang blanchy, lequel eſtant infecté du virus,& l'enfant en eſtant nourry, en prend les meſmes qualitez. D'autant que nous retenons de la nature dequoy nous ſommes nourris. Souuent auſſi l'enfant ayant la ve- role,la donne à ſa mere nourrice : car par la grande chaleur & vlcere qu'il a en ſa bouche,& par les vapeurs qui s'eſleuent de ſon corps, il imprime au mammellon , qui eſt poreux , laxe, & rare, le virus qui ſubit ſe communique par tout le corps, qui premierement & le plus ſouuent ſe monſtre au mammellou. En cét endroit ie veux bien reciter cette hiſtoire. Vne honneſte & riche femme pria ſon mary qu'il luy permiſt d'eſtre nourrice d'vn ſien enfant : ce qu'il luy accorda,pourueu qu'elle print vn autre nourrice pour la ſoulager a nourrir l'enfant. Icelle nourrice auoit la verole, & la bailla a l'enfant, & l'enfant à la mere,& la mere au mary, & le mary à deux autres petits enfans, qu'il faiſoit ordinairement boire & manger, & ſou- uent coucher auec luy, non ayant connoiſſance qu'il fuſt entaché de cette maladie. Or la mere conſiderant que le petit enfant ne profitoit aucunement, & qu'il eſtoit en cry perpetuel, m'enuoya querir pour connoi ſtre ſa maladie, qui ne fut difficile à iuger : d'autant qu'il eſtoit tout couuert de boutons & pnſtules,& que les tetins de la nourrice eſtoient tous vlcerez : pareillement ceux de la mere, ayant ſur ſon corps pluſieurs boutons : ſemblablement le pere, & les deux petits enfans, dont l'vn eſtoit aagé de trois, & l'autre de qua- tre ans. Lors declaray au pere & à la mere qu'ils eſtoient tous entachez de la verole,ce qui eſtoit prouenu par la nourrice : leſquels i'ay traicté, & furent tous guaris, reſte le petit enfant qui mourut , & la nourrice eut le foüet ſous la cuſtode, & l'eut eu par les § n'euſt eſté de crainte de des-honnorer la maiſon. C H A P. II I. O M B 1 E N que ſelon aucuns, la cauſe antecedante de cette maladie ſe fait indifferemment des quatre humeurs : toutesfois il me ſemble que le fondement, & la cauſe materielle , premiere & principale d'icelle, eſt vne matiere pituiteuſe, groſſe & viſqueuſe , alterée & viciée par ce virus. lequel conſequemment altere & corrompt les autres humeurs, ſelon la preparation qu'ils auront à la receuoir. Et pour probation que cevirus eſt fondé en l'humeur pituiteux, c'eſt que par l'éuacuation qui ſe fait de cét humeur, ſoit par le flux de bouche, ou de ventre, ou par l'vrine, ſueurs, & en toutes tem- peratures, ſoit coleriques, ſanguines, ou melancholiques , ladite verole eſt guarie : ce que l'on void par experience. Auſſi que les paroxyſmes & mouuemens des douleurs ſe font la nuict plus que le iour,parce que lors la matiere eſt en ſon rut ou mouuement, faiſant diſtenſion au perioſte, membranes , & autres parties nerueuſes, & retourne tous les iours en meſme maniere que fait vne fiévre quotidienne, cauſée d'humcur pituiteux.Auſſi l'on void que les choleriques, ſanguins,& melancholiques ne peuuent eſtre guaris que par l'éuacuation de l'humeur pituiteux, & ſont tous, ou la pluſpart, des accidens ſuiuans cette maladie, cauiez d'humeurs froids. Pareillement les malades ſe ſentent bleſſez auec choſes froides, & aidez & guaris par choſes chaudes, ſoit par decoctions, onguens, emplaſtres, parfums, & autres remedes,pris tant par dedans que par dehors. D'abondant en toutes puſtules ou vlceres,on trouue vne dureté en la racine,encore qu'el les apparoiſſent exterieurement billieuſes ou ſanguines : car les ayant ouuertes, on les trouuera farcies d'v. ne matiere gypſeuſe & blanche, ou vne pituite craſſe, ou vn pus viſqueux : auſſi les parties froides & ſper- matiques en ſont plus affectées que les chaudes. Les exoſtoſes ou nodus, ne ſont procreés que d vne pi- tuite craſſe & viſqueuſe. Aufſi les vlceres ne peuuent eſtre curez, que le corps ne ſoit vacué, & principa- lement par ſueur : parquoy ſi la matiere eſtoit chaude, & ſeiche, ſeroit pluſtoſt entretenuë par tels remedes, que guarie. Pareillement on void que ladite verole eſt guarie par remedes chauds & ſecs,comme par la de- En quel humeur le virus verolique eſt enraciné. D coction de gajac, d eſquine, ſalſe-pareille,& vif-argent,& autres choſes prouoquans la ſueur. 'De la Pelade. La Pelade ſe fait d'humeur ſereuſe introduite ſous le cuir, qui corrode la racine des cheueux. On con- noiſt ladite pelade quand on veid deperdition de poil à la teſte , barbe, & ſourcils. Elle eſt pluſtoſt curée par l'onction, que par la diette. Rondelet eſcrit que pour faire renaiſtre le poil, faut prendre vne taupe, & la faire boüillir, & en frotter la partie. D'auantage cette maladie ſe cache au corps vn an, ſans demonftrer quelquesfois ſignes apparens, ce que ne font les maladies cauſées d'intemperature ehaude. Parquoy ces choſes conſiderées, on peut conclurre que la baſſe & fondement du virus verolique eſt l'humeur pitui- teux : toutesfois elle peut eſtre compliquée auec autres humeurs , comme il appert aux tumeurs contre nature , leſquelles ſe treuuent peu ou point , qui purement & ſimplement ſoient faires d'vn ſeul humeur, mais celuy qui domine en la tumeur, prend la denomination , comme nous auons dit au tricté des Tumeurs COIltIC I]1[llrC. "- Signes de la Verole . C H A P. IV. O R s que la verole eſt recente, il s'apparoiſt vlcere à la verge, ou à la vulue,tumeurs aux aines, chaude-piſſe,iettant quelquesfois ſan1e puante & fort fetide, laquelle prouient des paraſtates, ou des vlceres qui ſont au conduit de la verge : ils ont auſſi douleurs aux jointures, teſte, eſpaules,& SºS autres parties, auec vne laſſitude des bras & jambes , de façon que les malades diſent qu'illeur ſemble auoir eſté battus de baſtons, ne pouuans cheminer , ny porter leurs mains ſur la teſte, ſinon auec P p grande Si le poulais m e iette ſa gourme , eſt cauſe de ve . role. Autre cauſe de verole. Eſpece de cauſe de ve- role admira- ble. L'enfant peut döner la ve- role à ſa me- réº, Hiſtoire me- morable. Ceux qui ſont enta- chez de ve-, role ne peu- uent prºfiter. Le fbndemêt de cette ma- ladie eſt à ſa pituite viſ- queuſe cr froide. Premiere raiſon, Sc«onde. Troiſieſme. 9) uatrieſm e & cinquieſ- 7776 . La pelade. Sixieſme, Source des chaudes-piſ- C 6'4 . 44o Le LIX-neufIeme L1ure, - Chapellet de bouttons. Signes cer- tains de la vervle. Signes deve- rple inuete- rée, Pourquoy les verolez ſont plus tourmé- tez la nuict que le iour. - Signes deve- role curable. Signes incu- vables. Les iennes ſont fort ſu- iets à rece- tueir la vero- le. Hazard ſur ceux qui ha- bitent auee femmes ve- rolées. . Differences des goutes veroliques cr vulgai- 7"éºJ. Nota. grande difficulté. Il leur ſuruient inflammation à la bouche, & tumeur aux amygdales , qui les garde de bien parler,& aualler leurs viandes,& meſme leur ſaliue : auſſi ils ont puſtules & boutons à la teſte, & par tout le corps & ſouuent vn chappellet autour du front,cheute de poil(dite a)opecie, ou pelade ) à la teſte, ſourcils & à la barbe, auec amaigriſſement de tout le corps , & grandes inquietudes. - Il faut icy noter, que tous ces ſignes ne ſuruiennent pas à chacun malade, mais à aucuns d'iceux. Les plus certains ſont, quand le malade a quelque vlcere malin aux parties honteuſes, calleux, dur , & difficile: & encore que les vlceres ſoient conſolidez, & qu'il y reſte certaine dureté, principalement à la verge, cela denonce la verole à curer, & apparoiſſent tumeurs aux aines, qui s'en retournent dedans le corps ſans ſe ſuppurer. Et lors qu'il ſuruient aucun des ſignes ſuſdits, il faut 1uger qu'ils ont la verole : toutesfois il faut bien noter que pluſieurs ont ſignes euidens de la verole, ſans qu'ils ayent vlceres à la verge, ny bubons aux aines, ne chaude-piſſes , neantmoins qu'en telles parties le plus ſouuent s'apparoiſſent les premiers ſi- gnes : mais ont quelques vlceres ou puſtules en autres parties, leſquelles ne peuuent eſtre curées,quelque diligence qu'on y puiſſe faire, ſi ce n'eſt par le benefice du vif-argent. Lors qu'elle eſt inueterée, les dou- leurs ſont fixes & arreſtées, auec tophes ou nodus, carie & pourriture aux os de la teſte, ou aux bras, & au deuant des iambes : auſſi ils ont des tumeur« noüeuſes,remplies de matiere dure,en maniere de chaſtaignes, ou comme vn nerf ou tendon pourry, qui ſont fort enracinées : & apres eſtre ouuertes, degenerent en di- uerſes eſpeces d'vlceres ; à ſçauoir, putrides & corroſiues, & autres ſelon la diuerſité des corps. Les dou- leurs vexent plus les malades la nuict que le iour : ce qui aduient, pource qu'eſtans tenu chaudement, icel- le chaleur eſmeut l'humeur : ioint que le virus verolique s'attache le plus ſouuent à l'humeur pituiteux,le- quel la nuict a ſon mouuement : partant il s'eſleue & diſtend le perioſte, & autres parties nerueuſes, qui eſt cauſe auec l'acrimonie du virus, faire de grandes douleurs. Qu'il ſoit vray, les pauures verolez au matin, B apres auoir crié toute la nuict, commencent à ſe repoſer : parce que ledit humeur pituiteux commence à s'abbaiſſer, & quitter place au ſang, qui a ſa domination au matin. On peut icy adiouſter autre raiſon, c'eſt que le malade ne trouuant occaſion de parler la nuict à aucuns, & voir choſes diuerſes, ſon eſprit eſt atten- tif du tout à ſa douleur. Du Prognoſtic. C H A P. V. I cette maladie eſt reſcente auec peu d'accidens,comme puſtules,&quelques petites douleurs mo- biles,& que le corps ſoit ieune & de bône habitude, & que le temps ſoit commode:côme le Prin- temps,la cure ſe fera facilement. Mais à l'oppoſite celle qui eſt inueterée auec grand nombre d'ac- cidens, comme douleurs de teſte, nodus, & carie au os, pareillement vlceres cacoëthes en corps fort extenuez, debiles, & qui auront eſté par diuerſes fois penſez par empiriques, ou bien par perſonnes methodiques,qui n'auront rien oublié ſelon l'art à executer : à quoy toutesfois la maladie n'aura voulu ce- der par ſa grande malice, de façon que le virus ſera plus fort que les remedes, & auſſi lors que le malade eſt fort emacié , ſec & hectique ( pour la conſommation de l'humidité radicale ) lors ſera du tout incurable. Parquoy à tels faut ordonner cure paliátiue, toutesfois faut vſer de grande prudence en prognoſtiquant, pour n'encourir mauuaiſe reputation : parce que l'on en a veu pluſieurs que l'on eftimoit ne deuoir iamais · recouurer ſanté,auoir eſté guaris,car Dieu & Nature font ſouuent choſes admirables. Les ieunes qui ſont de texture mollaſſe, rare,& delicate, ſont plus diſpoſez à receuoir tels virus, que ceux qui ſont de contrai- res temperatures & non preparsz à receuoir tel venin. Comme nous voyons en temps de peſte, que tous ceux d'vne maiſon en ſeront morts,& qu'aucuns conuerſeront auec eux iour & nuict, voire à ieun ou faouls, C quine prendront aucun mal : ce qui appert ſouuent en aucuns qui abiteront auec femmes infectées, & ne prendront la verole,là où les autres qui n'en auront tiré qu'vne ſeule pauure dragme la prendront. Et quant aux douleurs dites goutes, elles different de celles qui ſont vulgaires, car les vulgaires ont certaines perio- des & paroxyſmes, & celle de la verole ſont preſque continuelles. En outre, les gouttes vulgaires demeu- rent quelquesfois, non ſeulement cinq ou ſix ans ou plus, cachées en vn corps : mais auſſi toute la vie d'vn homme, viuant de bon regime, ſans qu'il s'en rèſſente, & toutesfois les enfans yſſans de luy en ſeront affli- gez : ce qui n'eſt pas ainſi de celles de la verole. Car on les void ordinairement ou ſouuent guarir auec tou- tes leurs racines, ſans iamais recidiuer de pere en fils. Dauantage, les goutes qu'on appelle naturelles, oc- cupent les iointures, & y cauſent des nodus, dedans leſquels on trouue vne matiere pierreufe & gypſeuſe, & celles de la verole occupent pluſtoſt le milieu des os, les rendans carieux & pourris : s'il y a vlceres à la verge, ſont difficiles à guarir, & apres les auoir cicatriſez , s'il demeure dureté au lieu, telle choſe infailli- blement monſtre le malade auoir la verole. Quant au reſte du prognoſtic, la verole du temps preſent eſt beaucoup moins cruelle & plus aiſée à guarir,qu'elle n'eſtoit du temps paſſé de ſon premier commencement: car elle s'adoucit de iour en iour cuidemment.Les Aſtrologues eſtiment la cauſe de cecy prouenir de ce que les influences du C1el,qui ſemblent auoir premieremét caufé telle maladie ſemblent auſſi par laps de temps, & contraires reuolutions eſtre affoiblies:tellement qu'il y a apparence,qu'auec le temps elle ſe perdra,com- me fit la Mentagre,qui luy reſſcmble en pluſieurs accidens & qui affligea beaucoup les Romains ſous le re- gne de l'Empereur Tibere & la Lichene,qui ſous Claude ſon fucceſſeur moleſta,non ſeulement l'Italie,mais auſſi toute l'Europe. Mais les Medecins ayment mieux attribuer la cauſe de tel adouciſſement, à l'inuention D d'vne infinité d'excellens remedes,que pluſieurs gens de bon eſprit ont cherché diligemment pour oppoſer à vn mal ſi cruel. Quc puis-je dire dauantage du prognoſtic ? C'eſt que pluſieurs ayant gaigné la verole, ſu- bit l'appetit venerien eſt quaſi comme eſteint,& la verge ſe rend mollaſſe, & tombent en vne triſteſſe : puis peu à peu le mal accroiſt, accompagné de pluſieurs & diuers accidens, comme nous auons dit. A ceux qui ont les humeurs ſubtils, ſuruient la pelade, & autres vlceres malins & cacoethes. A quelques-vns ſuruien- nent des dertres & fentes aux mains & anx pieds, qui procedent d'vne pituite ſalée. Lors que la verole eſt inueterée, les douleurs ſont fixes, & ont des nodoſitez, & le plus ſouuent dertres aux mains ou aux pieds, & ont vne couleur pkombine, & peſanteur de tout le corps, & ſont chagrins & melancholiques. . Quelles choſes il fautſçauoir& entendre pour entrer en la cure de la verole . " C H A P 1 T R E V I. A L I E N afferme que toute curation de maladie ſe fait par vne de ces trois parties de Medecine # curatoire ; à ſçauoir, par diette, Chirurgie, ou pharmatie, ou la pluſpart d'icelles enſem- 728\ ble. Or en cette peruerſe & maligne maladie , toutes les trois ſont neceſſaires : car comme la pharmatie a beſoin de diette & de Chirurgie , auſſi la Chirurgie a beſoin de diette & de phar- Trois manit- res pour gua. rir totºtes 777A l adies. macie. De la groſſe Verole. 447 macie. Et partant il faut que le Chirurgien rationelaye la connoiſſance de trois choſes, en l'ignorance deſ- quelles giſt le defaut de curation de toute maladie , c'eſt à ſçauoir, l'eſſence, cauſe,& accidens de la maladie. . Auſſi la diuerſité des temperatures, tant generales que particulieres, auec les remedes & medicamens pro- pres pour la curation d'icelle eſt neceſſaire.Car ſans la connoiſſance & methodique adminiſtration d'iceux, ne ſe peut faire curation ſice n'eſt par cas d'auanture. Donc pour bien curer cette maladie, il faut connoi- ſtre les choſes naturelles, & les dependances d'icelles, pour la varieté des corps & parties bleſſées : car il faut que le Chirurgien methodique ſçache que les hommes d'habitude dure & robuſte, comme laboureurs, nautonniers, forgerons, chaſſeurs, crocheteurs, poſtillons, & autres telles gens de grand trauail, endure- ront medicamens violents & euacuations plus fortes,que les autres qui ſont d'habitude & complexion mol- le & delicate, comme femmes, eunuques,ou chaſtrez, & ieunes enfans & ſedentaires.Auſſi ſelon la tempe- Faut diner- rature de chacun malade, faut diuerſifier les remedes, comme les perſonnes qui ſont de complexion chole-ſºfº lº *- rique, ſanguine, demandent autre forme de curer que les pituiteux & melancholiques. Car encore que le # # fondement de la verole (comme nous auons dit ) ſoit vne alteration de l'humeur pituiteux : ſi eſt-ce qu'il # # s'enſuit vice & corruption des autres, pour la temperature des corps, & abondance des humeurs. Mais il y #º C'- a vn tas de coquins, impoſteurs & maquerelles, qui taictent tous malades d'vn ſeul onguent, ou d'vne de- - coction de gajac auec vin,ou ſans iceluy;adiouſtant quelquesfois medicamens purgatifs,& font vne infinité de fautes, dont les pauures verolez demeurent eſtropiez & languiſſans toute leur vie. A ſçauoir, fi au com- mencement de la verole, comme il aduIent, quelqu'vn aura vlcere à la verge , ou à la vulue, pour auoir eu compagnie d vn verolé, ou verolée, s'il faut promptement purger & ſaigner ? Monſieur Rondelet defendde non purger & ſaigner, de peur de retarder le venin verolique à ſortir hors, & oſter la connoiſſance pour quelques temps : mais il faut attirer le venin dehors, par fomentations & lauemens, bains, & eſtuues, em- plaſtres de Vigo cum mercurio,onguent vif-argentez appliquez aux aines & entre-feſſon,decoction de ga- jac donnée en portion,afin de chaſſer le venin verolique hors,& luy obtundre ſa malice:telles choſes le plus ſouuent gardent la verole de venir.Auſſi qu'il nous eſt commandé des anciens, de non purger ny ſaigner au commencement des piqueures & morſures des chiens enragez,& autres beſtes venimeuſes,de peur d'attirer le venin du dehors au dedans.Parquoy c'eſt mal fait de purger & ſaigner au commencement de la verole. - • Le moyen de curer la Verole, enſemble du bois de gajac. CH A P. VII. L v s 1 E v R s ont cherché & experimenté diuers remedes pour la curation de cette mala- 6) uatre ma- die, mais auiourd'huy de tous elle ſe pratique en quatre manieres. La premiere, par decoction nieres pour 2 de gajac. La ſeconde, par onctions. La troiſiéme, par emplaſtres, auſquels entre le furet, que tuarir la vs- *i'appelle argent-vif. La quatriéme, par parfums. La premiere qui ſe fait par decoction de ga-rºlº. jac, n'eſt pas ſeure, ce qui eſt manifeſte par l'experience : car il n'eſt ſuffiſant pour eſteindre ce virus, mais ſeulement pour pallier : parce qu'il eſchauffe, attenue, prouoque les ſueurs & vrines, deſſeiche & conſomme les humiditez ſuperfluës : & ſemble qu'il guariſſe, veu que pour quelque temps appaiſe les douleurs, & autres accidens. Mais tous ſes effects ſont imbeciles , & ne fait vacuation que du plus ſubtil Effects du par les ſueurs : mais l'argent-vifa toutes les actions du gajat, & ſans comparaiſon plus grande puiſſance º rºjº. & vertu : car outre ce que l'on voit par experience qu'il eſchauffe, attenue, inciſe, diſſoult, reſoult & deſ- ſeiche, il prouoque ſueurs, vrine flux de bouche, & ventre,par leſquelsnon ſeulement les humeurs ſubtils, mais auſſi les gros ( ſiege principal de cette maladie)ſont euoquez & tirez dehors. Or apres l'vſage de la decoction du gajac, on voit quelquesfois retourner les nodus & pluſieurs douleurs, leſquelles ſont cauſées - par les reliques des humeurs plus lents, eſpés & viſqueux , delaiſſez au profond des parties , leſquelles le vif-argent chaſſe & tarit entierement. - - Quant à l'eſlection du bois de gajac, celuy eſt le meilleur qui a le troncaſſez gros, auec vne couleur tan- Eleaion du née, tendante à noirceur, & qui eſt recent & gommeux, & de bonne odeur, fort peſant, auec ſaueur acre, galac. & quelque mordication, ayant l'eſcorce fort adherante au bois : ſa faculté eſt d'eſchauffer,rarefier,attenuer, Faculté du attirer & prouoquer ſueurs & vrines, & outre à quelque choſe de propre contre le virus verolic. Et faut gajac. icy noter qu'en iceluy bois y a trois facultez : la premiere eſt en l'eſcorce : la ſeconde eſt en la partie d'a- Trois ſuk- pres, qui eſt exterieure & blanchaſtre : la troiſiéme eſt le dedans, ce que l'on appelle le cœur, qui eſt le ſtance ſont noir,toutes leſquelles doiuent eſtre conſiderées.Car la premiere ſubſtance, qui eſt l'eſcorce, eſt plus ſeiche, ºes au au moyen dequoy, quand il eſt beſoin de fort deſſeicher, on vſera d'icelle : la ſeconde eſt moins ſeiche, par-º dega- ce qu'elle eſt aucunement plus gommeuſe, non toutesfois comme la troifiéme, qui eſt le dedans : pource qu'elle a plus d'humidité gommeuſe, au moyen dequoy peut moins deſſeicher. Et pource és corps delicats ſubſtance d humides, & de rare texture,où il eſt beſoin, pour la conſeruation des choſes qui leur ſont naturelles, moins gajac} A4 deſſeicher.L'vſage de la deuxiéme ou troiſiéme ſera plus propre,& à ceux qui de leur nature ſont robuſtes, s§l. il faudra d'autant plus deſſeicher, & partant l'vſage de l'eſcorce leur ſera propre auec les autres ſuſdits Troiſiéme, meflez ſelon qu'il ſera beſoin. Or quand ie parle icy de l'eſcorce dudit bois, il faut entendre qu'elle ne ſoit trop vieillc, noire vermouluë ou pourrie : qui ſe fait, à cauſe que ſouuent le bois eſt demeuré en chanteir au bord de la mer, dont l'eſcorce ſe ſera alterée & pourrie, auſſi que les mariniers mettent le bois au fond º # la de leur nauire, ou ſouuent reſide vne eau puante & infecte : joint que d'autres eaux ſales & ordes tombent # ef1?"º d'enhant deſſus, & ce leplus ſouuent par la longue eſpace de temps. or eſtans les nauires arriuez au port, "*" le diſtribuent, & le vendent à la liure. Les Apothicaires voulant conſeruer leur poids, le mettent en leur caue 2 où il demeure bien fort long-temps : qui fait que ladite eſcorce encore qu'elle fut toute recente, ſe chanſit & Pourrit , voire ſous icelle deux ou trois doigts dudit bois. Et partantie conſeille n'ordonner l'eſ- corce, ny du bois qui eſt trois doigts proche d'elle. La premiere La maniere de preparer la decočtion de gajac. CH A P. V II I. T Premierement il le faut raper, & pour liure d'iceluy,adiouſter huict,dix ou douze liure d'eau C l' de riuiere , plus ou moins, ſelon que l'on verra eſtre neceſſaire, ſuiuant les indications predi- #. ºtes & le faut laiſſer infuſer par l'eſpace de vingt-quatre heure,& l'eau ſera quelque peu chaude # dus & ſpecialement l'hyuer,afin qu'il s'amolliſſent mieux,& penetre en ſa ſubſtance ſolide.Cela fait la gajac. decoction doit eſtre faite pour le mieux in balneo Mariæ,afin d'cuitervn empyreume,ceſt à dire impre ſpreſ- ſion ignée : qui s'acquiert par boüillir fimplement deuant le feu. Autres le font en vn pot de terre plom- bé deuant le feu : & faut garder que rien ne s'enfuye par deſſus, pour l'euaporation & la deperition qui ſe P p 2 ſeroic 448 Le Dix-neufiéme Liure, fl me faut rien meſler auec le ga- j4c. La ſeconde decoction du ſajac. Doſe de la decočtion. Moyens de prouoquer la ſueur. Le moyen" d'eſſuyer le malade. Combien il faut vſer de la decoction de ga as, eroit de ſa vertu.Cela fait,ſoit conſommé à la moitié,tierce,ou quarte partie,ſelon qu'il ſera requis.Aucuns A y meſlent en le cuiſant certains ſimples pour cuider rendre ſon action meilleure:comme lors que l'on doute qu'il y aye quelque partie affectée, y meſlent ſimples, qui ſpecialement ont eſgard à icelle, leſquels operent comme en leur propre ſubiect,& ſeruent comme de vehicule,pour y conduire la faculté de ladite decoction. Autres mettent medicamens purgatifs:mais quant à moy ie ſerois d'aduis(ſauf meilleur iugcmčt) n'y meſler aucun ſimple,parce qu'il n'eſt bon faire deux vacuations enſemble, comme prouoquer la ſueur,& purger le ventre:car ſi le mala de ſué beaucoup,le ventre ne peut fiuer:auſſi s'il a flux de vétre,ne peut ſuer, parce que ces deux mouucmens ſont contraires:parquoy ne doiuent eſtre faits enſemble, d'autant que le medicament purgatif tire de la circonference vers le centre, & la ſueur tout au contraire. Et tel eſt l'aduis de pluſieurs grands perſonnages,& doctes Medecins.La premiere decoction faite, coulée & paſſée,l'on remettra auec le marc du bois ja cuit autant d'eau ſans le laiſſer plus tremper, parce qu'il eſt aſſés maceré, puis on le fera boüillir comme la premiere, en laquelle on peut adiouſter à la fin vn peu de cannelle pour l'aromatiſer, & roborer l'eſtomach,car en ce faiſant, on ne luy peut oſter ſa vertu : & d'icelle decoction le malade en vſera à ſes repas,& entre iceux s'il a ſoif. Ie laiſſe icy à d'eſcrire qu'auparauant que le malade prenne de ladite deco- ction, doit eſtre purgé & ſaigné,ſelon l'aduis du docte Medecin, & s'il en eſt beſoin : pareillement qu'il ſoit en vne chambre bien chaude en Hyuer,& qu'il ne ſorte nullement dehors:& ſi c'eſt en Eſté, ne laiſſera d'al- ler quelquesfois à ſes affaires. La doſe ou quantité de ladite decoction eſt de cinq à ſix onces,plus ou moins bien peu tiede, afin qu'elle ſoit pluſtoſt reduite de puiſſance à effect, & que par ſa froideur actuelle l'eſto- mach n'en fut bleſſé:& apres que le malade ſera couuert mediocrement, afin qu'il ſue : & où a grande diffi- culté ſuer oit, la ſueur luy ſera prouoquée par le moyen de bouteilles de terre remplies d'eau chaude,miſes à la plante des pieds:& autour des parties douloureuſes,on luy appliquera veſſies à demy remplies de ladite decoction chaude : d'abondant deuant de le mettre au lict,on luy frottera tout le corps auec linges chauds, afin d'ouurir les pores,attirer & ſubtilier les humeurs. Quand il aura ſué par deux heures ou enuiron,ſelon ! que les forces le permettront, on luy eſſuyera premierement les parties oppoſites des douleurs,ſi aucunes y en a:puis doucement les dolentes,pour crainte d'attirer dauantage d'humeurs. Cela fait, ſe rafraiſchira en ſon lict,euitant le froid, & deux heures apres il pourra diſner de bonnes viandes, & en petite quantite ſelon ſa nature & couſtume,& la puiſſance de ſa bourſe.Puis enuiron cinq ou ſix heures apres diſner, prendra de la decoction, & ſera mis au lict comme deſſus. Et où le malade auroit à deſdain ſe mettre deux fois le iour dedans le liét,ou qu'il fuſtaucunement foible,il ſe pourra tenir chaudement ſans ſecoucher.Car encore qu'il ne ſue (les pores eſtans ouuerts) ne laiſſe pourtant à ſe faire grande exhalation des vapeurs & eſprits veni- meux & corrumpus, comme il eſt bien à croire : veu que ceux qui couchent auec gens infectez de telle ma- ladie gaignent bien la verole par la reception des vapeurs venimeuſes. Il faudra qu'il continue les choſes ſuſdites,tant que l'on verra eſtre vtile pour la curation de cette maudite & deteſtable maladie.Par interualle il ſera tres-expedient qu'il vſe de quelques purgations,lpendant qu'il prend ladite decoction,ou des clyſte- res de quatre cinq ou ſix iours pour nettoyer les inteſtins & premieres veines des excremens recuits & deſſeichez par la chaleur. La diette de gajac eſt fort propre, principalement pour la cure des nodus, d'au- tant qu'elle conſomme l'humidite ſuperflue, & matiere viſqueuſe imbue aux os. Or il faut icy noter qu'au- cuns empiriques donnent la decoction laxatiue, & font ſuer tout enſemble,ce qui eſt contre le precepte des anciens.Car à celuy qui ſue beaucoup,le vétre ne peut fluer:& s'il a le flux de vétre,ne pourra ſuer.Parquoy on ne doit enſemble purger, & faire ſuer, d'autant que ce ſont deux mouuemens contraires, comme i'ay dit cy-deſſus. Car la purgation attire de la ci conference vers le centre, & la ſueur tout au contraire. L'vſage de ladite decoction durera ſix ſepmaines, plus ou moins, ſelon la grandeur de la maladie, & temperament du malade, & le temps de l'année. Il faut bien auoir égard à bailler de ladite decoction diſcrettement,& à quelques-vns moins, comme à ceux qui ont grande chaleur au corps, & qui ſont emaciez, & qui ont des ſquammes & defedations du cuir eſtant ſec & aride, qui demonſtre vne grande aduſtion, & quaſi incinera- tion de toute l'habitude du corps, de peur qu'ils ne ſoient rendus ladres. Mais au contraire, il les faut plu- ſtoſt humecter & rafraichir, tant par dedans que par dehors, auec bains, onguens, ſans que le furet y entre, , & autres choſes pour temperer la trop grande chaleur & ſiccité. Apres l'auoir ainſi temperée, faut venir à Regime de ceux qui vſent de la decočtion du gajac. La chairper- miſe à ceux qui font la diette. Temps de ſuer. la friction, & non à la decoction : toutesfois on luy en peut donner vn peu qui ſoit aqueuſe deuant la fri- ction, pour touſiours d'auantage l'humecter, Lors que le malade prend de la decoction, vſera de viandes de bon ſuc en quantité mediocre : confiderant que la trop grande diette aux maladies longues eſt perilleuſe. Or il eſt ainſi que cette maladie eſt des plus longues, & leur faiſant vſer d'vne trop eſtroite diette, ils de- uiennent emaciez & hectiques : & s'ils ont vlceres,ſe rendent quelquesfois rebelles & incurables. Parquoy le Chirurgien ne doit chauſſer tous malades à vne forme, comme leur donner ſeulement trois ou quatre onces de pain (encore biſcuit) dix ou douze pruneanx : mais vſeront pluſtoſt de chair roſtie, ou bouillie, ſelon qu'il ſera neceſſaire, comme ieunes moutons, veaux, chevreaux, connins de garenne,poulettes faiſan- dées, alloüettes graſſes, merles, & leurs ſemblables : parce que le ſuc de telles viandes eſt meilleur, pour la ſimilitude qu'il a auec nous, que cettuy de pruneaux. leur pain doit eftre de froment bien leué & bien cuit, ny trop tendre, ny trop dur. Leur boire ſera de la ſeconde decoction de gajac : & ſi le malade eſtoit trop debile, on luy donnera du vin non trop fort ny fumeux, mais petit & delicat, principalement apres le pre- mier traict de ladite decoction.Et quant au dormir,ill'éuitera promptement apres le diſner, & ſouper,par- ce que tel dormir rempliſt le cerueau de vapeurs,augmentant les douleurs. Faut euiter toutes paſſions d'eſ- prit, à cauſe qu'elles enflamment les eſprits : à quoy luy ſeruira beaucoup paſſer le temps à quelque choſe joyeuſe, comme deuiſer,joüer des inſtrumens muſicaux , auſſi lire choſes facecieuſes. Il faut extremement fuir Venus, pour la debilitation des parties nerueuſes. Pluſieurs au lieu de gajac vſent de l'eſquine, qui eſt vne racine d'vn certain jonc , croiſſant aux Indes, fort noüeuſe, rare, peſante lors qu'elle eſt recente , & fort legere quand elle eſt vieille, laquelle legereté demonſtre n'eſtre bonne : ayant perdu ſa vertu, elle eſt ſans odeur, dont quelques-vns tiennent qu'elle eſt ſans qualité. Preparation de l'eſtuine. - Il faut la diuiſer en petites pieces rondes, & la faire cuire en eau de fontaine, ou de riuiere, & d'icelle en boiuent les malades, le matin & ſoir. Elle doit eſtre cuite trois fois. La ſeconde & troiſiéme decoction ſe doit faire auec moindre quantité d'eau que la premiere, ou doit boüillir plus long-temps que la premiere, l'ayant fait pluſtoſt tremper l'eſpace de douze heures. - L'ordonnance eft telle. 2/.. radic.china in taleos diuiſr 3 ij.aquæ fontis fb xij.infundantur per xij.horas, & decoquantur ad con- ſumptionem tertix partis : & de cette decoction en faut prendre le matin, la quantité de ſix onces a chaque prinſe vn peu tiede, & ſuer dedans le lict. La ſeconde decoction ſoit faite de la meſme racine, qui aura eſté bouillie : | A LVC 13l grolie V CIOIC, 44 9 2. boüillie : le patient en peut boire en ſes repas, & entre ſes repas. Aucuns la font encore rebouillir,pour en faire vne tierce decoction qui ne peut auoir grande vertu. De la ſalſe-pareille ſe fait meſme decoction que de l'eſquine. Le gajac, l'eſquine, & la ſalſe-pareille, & autres prouoquans la ſueur , ne le font ſeulement par leur chaleur,mais par leur qualité & tenuite de ſubſtance fondant, pouſſée par vn peu d'aſtriction. La ſeconde maniere de curer la verole parfriction. C H A P. IX. A ſeconde maniere, qui eſt l'onction ou friction eſt la plus certaine & ncceſſaire à la cure de cette maladie, non toutesfois en toutes les eſpeces & diſpoſition d'icelle, n'y en tout temps. Car où la maladie ſeroit inueterée, faite d'vn humeur lent, gros, viſqueux , & adherant aux parties ſolides, comme nodoſitez aux os , lors tant s'en faut que la friction immediatement en c7S\SNC2N tel cas ſoit commode, que meſme on pourroit tuer le malade, ſi auparauant on n'auoit amolly, digeré & preparé l'humeur, auec les emplaſtres de Vigo : mais quand elle eſt recente auec douleurs mo- biles, & pluſieurs puſtules & vlceres à la gorge,& parties honteuſes,on ſe paſſera de telles choſes,principa- lement ſi on connoiſt la matiere eſtre preparée. Et ſe faut garder de mettre le malade plethorique a la La friéiien certain re- mede. Quelle pre- . paraticn doit preceder las friction, deuant que le corps ſoit bien purgé des excremens, afin qu'il ne ſoit fait plus grande attraction, friction. que ne peut eſtre euacuée par la ſueur. Qu'il ſoit vray, on a veu pluſieurs, qui apres les onctions ont eu grandes douleurs, & leur ſont ſuruenus des nodus, n'en ayant iamais ſenty auparauant , parce que la ma- tiere la plus ſubtile auoit eſté reſoluë, & la craſſe eſtoit demeurée,& auoit eſté attirée aux parties exterieu- res, & non éuacuée. Dont apres les choſes vniuerſelles, faut venir à la friction , laquelle ſera continuée tant qu'il ſuruienne flux de ventre, & auec ce l'haleine du malade ſera fetide, & les genciues enflées, & la langue. Telle choſe monſtre que la pituite eſt enflammée. Parquoy faut ceſſer la friction , & changer des linceuls, & de chemiſe de peur que le malade n'ait trop grand flux de bouche. , • - De l'éleétiou, preparation, & mixtion de l'argent-vif CH A P. X. º$$ E meilleur eſt clair, ſubtil, blanc & fiuide : & celuy qui eſt terne, non fluide, eſt meſlé auec du $ # plomb, & falſifié. Or pour le bien nettoyer, on le fera paſſer au traners d'vne peau de mou- s© ton, & en preſſant penetrera au trauers de ladite peau par ſa ſubtilité, & y laiſſera ſa ſubſtan- ^>by ce groſſe & plombine : puis on le fera boüillir en vinaigre auec ſaulge, roſmarin, thym,camo- Tº mille, melilot : ap1es ſera derechefcoulé : & eſtant ainſi preparé,on le pourra meſler auec les onguons & emplaſtres. Et pour le bien eſtendre,le faut † agiter & battre en vn mortier,afin de le ſeparer en parties tenuiſſimes, § luy oſter le moyen de ſe reünir en ſon premier corps:& pour mieux ce faire, on adiouſtera vn peu de ſoulphre & ſublimé,comme dirons cy-apres. Le plus ſouuent on le meſle aux » axunges de porc, auſquelles on peut adiouſter oleum terebenthinae, nucis moſcatae, cariophyllorum, ſal- uiz. Si auec icelle maladie il y auoit leucophlegmatie, il faut adiouſter remedes chauds, attenuans, inciſifs, & deſiccatifs au medicament,dont la friction ſera faite, & lors qu'il faudra penetrer iuſques en la ſubſtance des os. Au contraire ſi c'eſt à vne temperature bilieuſe, & que l'on voit les humeurs chauds & tenus preſts à s'enflamber, nous y adiouſterons medicamens moins chauds, attraétifs & reſolutifs.Auſſi quand l'on ver- ra des nodoſitez, ſcirrhes, ou reſiccation generale de tout le corps , on y meſlera des remolitifs & hume- ctatifs. Or pour donner conſiſtance à tels linimens, i'ay accouſtumé y adiouſter pour liure, quatre, cinq, ou ſix moyeufs d'œufs durcis, & par tel moyen le medicament acquiert vne bonne conſiſtance. Exemple du medicament de Vigo. 24.axungia porcitb.j. olci camom. anet. mafi. & lauri an 3 j. ſtyracis liquidae 3.x. radicum enulz campanx parum contritæ,radicum ebuli an.3.iij.pulu.euphoribij 3.f.vini odoriferi fb.j.bul- liant omnia fimul vſque ad conſumpt.vini,deinde colentur,cui colaturz adde litharg auri 3.vj.thuris maſti- ches an.3.vj.reſinz pini3.j. f.terebenthinz Venetae3.j.argentiviui 3. iv. ceræ albz 3.j. ſ,. liquefactis oleis cum cera incorporentur omnia fimul, fiat linimenturº ad vſum.Autre. 2/.. argenti viui preparati 3.vj.ſubli- mat.5.6.ſulphur.viui 3.6.axungiae porcifal. expertis.fb.j. vitellos ouorum ſubcinerib. coctor. iij. olei tere- benth. & laurini an. 3.ij. fiat linimentum vt artis eſt. Le moyen de le faire ſera en cette maniere : Premiere- ment vous pulucriſerez ſubtilement le ſublimé & le ſoulphre : puis mettez vne portion de vif-argent, enſem- ble vn peu d'axunge, puis vn morceau de moyeux d'œuf, en remuant le tout fort diligemment , & le tout eſtant bien incorpore, adiouſterez encore autant de vif-argent, d'axunge & d'œuf, juſques à ce que tout ſoit bien incorporé, & ſur la fin adiouſterez vos huyles en agitant le tout enſemble l'eſpace d'vn iour : par ainſi aurez vn onguent de bonne conſiſtance,duquel i'ay pluſieurs fois vſé auec bonne & heureuſe iſſue : La- dite axunge doit cuire auparauant auec les herbes neruales, comme ſaulge, romarin, thim , marjolaine,la- uande , & autres aromatiques, ſelon qu'on pourra recouurer, l'axunge par telle cuiſon , eſt rendue plus ſubtile & confortatiue des parties que la verole offenſe. Les onguens ſe font pour attirer la matiere viru- lente du dedans au dehors par les pores du cuir, par ſueur & par inſenfible tranſpiration : parquoy ils doi- uent eſtre relaſchans, rarefactifs, & attractifs. L'axunge de porc y eſt fort propre, parce qu'elle relaſche, amollit, & reſoult facilement le vif-argent. L'huyle laurin, d'aſpic, & rue, y ſont pareillement bonnes, à cauſe qu'elles rarefient, digerent, & ſedent les douleurs. La terebentine y eſt auſſi fort commode, à rai- ſon qu'elle ſuffoque & eſteint le vif-argent, eſchauffe moderement, digere, euacue, & robore les parties nerueuſes. Le vif-argent eſt le vray antidote de cette maladie, parce qu'il la cure en quelque ſorte qu'il ſoit appliqué : il émeut les ſueurs, deſſeiche à cauſe de la tenuité de ſes parties. C'eſt le furet & le vray ale- xitere de ce cette maladie & accidens , pourueu que le Chirurgien en ſçache vſer methodiquement.S'enſuit vn onguent pris de la practique de Rondelet, au traicté de la verole, propre pour feder les douleurs de te- ſte & des jointures. Or il ſede les douleurs en eſchauffant la matiere verolique, en la fondant & euacuant par ſueurs » par flux de bouche, & fiux de ventre. 2/.. quatuor vnguentorum calid. an. q. ſaxungiz porci, oleilaurini, anethi, irini an.3. ij. olei de ſpica 3.j. argenti viui3. vj.terebentina lotæ in aqua vitæ 3.iij.fiat vnguentum. S'il y a des nodus, on appliquera deſſus cét emplaſtre. 2/.. emplaſtri de Vigo cum mercurio duplicato 3.iv. pul.euphorbij, & iris an.j.j. le tout malaxé auec terebentine lauee en eau de vie , & ſoit aPpliquée ſur les nodus. P P 3 - l4 - Signés du b5 vif argent. Le moyen pour bien eſtendre le vif-argent. Le medica- ment de Vigo, Les onguems chauds ſont AMartia e um, Aragan. Arippa, Dialtkea- 4 ) -' LV LVlX"llULll1C1I1U L lUl1 C » Les lfeux propres pour la friction. Le lieu plus ſenr pour frotter les TVerolez. AMtre lieu pour faire frichion, Les parties auſquelles on doit faire la friction. La forme d'executer ladite friction. C H A P. X I. | M( 2S r A N T donc le corps & les humeurs preparez auecmedicamens doux & benings, tant ſy- # , rops concoctifs, que medecines purgatiues & ſection de veines, s'il y auoit plenitude, inflam- $9 mation generale ou particuliere, ou autres indications,pour leſquelles auras recours au Mede- #S) $ cin ;le patient ſera mis en vn lieu chaud naturellement, ou par artifice, exempt de tout vent #ºSNSNR froid, lequel (penetrant par les portes, feneſtres, ou ſemblables ouuertures) eſt en ce cas fort pernicieux & nuiſible, pource qu'il peut penetrer, & faire leſion aux parties nerueuſes, & auſſi diminuer & deprauer l'action des medicamens. Et en cecy pluſieurs faillent grandement, leſquels autant l'Hyuer comme l'Eſté, frottent les patiens en vne grande chambre commune où tous vents peuuent tranſpîrer. Et pource, quand ladite friction ſe fera, ſera bon auoir linceuls & couuertures eſtendues à l'enuiron dn feu en forme de demy-pauillon, pour en toutes ſortes ſe garder de l'air froid.Mais ie n'ay trouué choſe meilleure ny plus propre à cecy, que de faire en la chambre vne petite chambrette, où deux perſonnes puiſſent de- meurer, & au deſſous faire quelque petit poiſle , ou enfermer vne partie d'vne grande chambre , & icelle eſchauffée mediocrement, y frotter le patient, ſans qu'il puiſſe ſortir aucun vent : & là demeurera aſſis (ſi bon luy ſemble ) trop plus long-temps, & auec moindre faſcherie qu'il n'euſt fait deuant le feu : & ſi aura la chaleur vniuerſellement & eſgalement par tout le corps : où s'il euſt eſté deuant le feu, il ſe fut bruſlé , d'vn coſté, & morfondu de l'autre, qui ſont mouuemens & choſes contraires à ceux que demandons.Auſſi, ou le patient ſeroit debile, ne pouuant endurer la chaleur du feu, ou eſtre debout, ou ne voudroit s'expo- ſer nud deuant ceux qui le traitteroient (comme entre autres font les femmes honneſtes & honteuſes ence cas ) eſtant couché dedans le lict, on pourra luy frotter les parties les vnes apres les autres. Comme ayant preſenté vn bras hors le lict, & luy auoir frotté les articles d'iceluy auec l'onguent preparé, au deſſus, ou aupres d'vn petit feu de charbon, mis dans vn rechaud, ou paele rougie,pour rectifier l'air, & pour donner entrée aux medicamens, on luy enueloppera d'eſtoupes, ou de cotton cardé, de compreſſes de linges, d'v- ne fueille de papier noir, ou autre ſemblable : puis on le bandera & remettra dedans le lict , en faiſant au- tant a l'autre bras : pareillement des articles des jambes, & des autres parties. Le temps de la friction. C H A P. X I I. $# A friction ſe fera le matin lors que la concoction & digeſtion ſera parfaite, & l'eſtomach & # \ ) x $#, inteſtins deſchargez, afin qu'il ne ſe faſſe ſubuerſion d'icelle, & diſtraction des operations de # nature. Mais où nature ſeroit debile, le patient pourroit vne heure deuant ſa friction, pren- # dre quelque gelée, moyeufd'vn œuf, ou ſix raiſins de Damas, les pepins eſtans oſtez, ou quel- - 3WS que conſommé, & autre choſe ſemblable de facile digeſtion, & en petite quantité, pour n'em- peſcher nature à la concoction d'iceux, Puis faudra commencer ladite friction aux articles ſeulement, com- me des mains, couldes, eſpaules, pieds, & genoux. Mais où le patient ſera fort, & où ſera beſoin eſmou- uoir, on en pourra appliquer aux emonctoires des parties nobles, & le long de l'eſpine dorſale, auec pro- uidence & diſcretion , euitant ſur toute choſes les parties nobles (comme nous auons predict en nos indi- cations ) afin de ne faire comme ces mal-heureux, leſquels frottent indifferemment tout le corps, depuis la plante des pieds iuſques à la ſommité de la teſte.Et en ces frictions faut côſiderer la ſituation des ſympto- mes : comme pour exemple ; Si les parties ſuperieures ſont plus affectées, la friction ſera plus copieuſe en icelles, & ainſi des inferieures : mais il faudra premierement frotter les parties moins dolentes, pour ne remplir d'auantage les parties plus affectées. Pareillement faut noter que tout ainſi comme les trop douces frictions ne font ſuffiſante ouuerture des pores : auſſi les trop fortes ſont cauſe de les ſerrer, faiſant douleur, commotion, & attraction en la partie : parquoy fera meilleur les faire mediocres, & nous arre- ſter principalemét ſur la vertu & force du patient,eſtant cette indication la premiere & principale entre les autres. Il y a encore vne autre choſe, à laquelle il fant ſur toutes autres auoir eſgard,qui eſt cauſe de tous les maux & recidiues,qui ſuruiennent aux affligez de cette maladie:c'eſt la quantite des remedes,& nombre des frictions : laquelle ( auec la parfaite connoiſſance & gradation des temps de la maladie, & de la tem- perature des corps, & parties ) fait la medecine coniecturale & deuinereſſe, & y ſont tous methodiques & rationels bien empeſchez. Ie vous laiſſe donc à preſuppoſer, comme vn tas de vieilles, & autres empiri- ques pourront limiter la quantité d'iceux ? Et ne m'eſmerueille plus ſi l'on void, par experience, vn nombre infiny de gens perdus à iamais. Suiuant donc nos indications tant de fois repetées, il faut auec methode & raiſon en approcher le plus que nous pourrons, & ſçauoir quand nous ceſſerons leſdites frictions. Ioint qu'il n'eſt poſſible exactement d'eſcrire le nombre d'icelles, ou quantité des medicamens. Il ne faut donc comme nos empiriques en donner ( ſelon leur recepte )aux vns quatre, aux autres cinq , aux autres fix, ny plus, ny moins, à l'vn comme à l'autre, pource qu'ils n'ont qu'vne forme pour chauſſer vn chacun : mais faut pour la grandeur & qualité de la maladie, & la nature des corps, les appliquer en continuant iuſques à ce que l'on connoiſſe ſuffiſante eduction des humeurs veneneux, ſoit par flux de bouche,de ventre,ſueurs, vrines, ou reſolutions inſenſibles : qui ſe connoiſtra par la deſiccation des puſtules , & vlceres , ſedation des douleurs, & autres accidens communs à telle malidie. Et où nous verrions qu'és corps ſolides & ro- buſtes nature ne voudroit par la maniere des frictions ſuſdites s'eſmouuoir, i'ay practiqué en aucuns, qu'il eſtoit bon les frotter ſur la fin deux fois le iour, vne aumatin, & l'autre au ſoir, enuiron cinq ou ſix heures apres le diſner ( parce que lors la digeſtion ſera acheuée ) & ay trouué qu'elles faiſoient trop plus d'a- ction,que ne feroient trois par trois diuers iours : comme au contraire és corps delicats, & de temperatures rares, i'ay laiſſé maintesfois ( par meſme prouidence ) vn iour entre deux frictions, voire deux, ou trois,de crainte que par les frequentes ne ſe fiſt trop grande reſolution des eſprits, & fut par conſequent nature ren- dué ſi imbecille (laquelle eſt principale agente en cecy ) qu'elle ne peut nous ayder à expugner & chaſſer hors ce qui luy eſt eſtrange & nuiſible. Et faut noter qu'és dernieres frictions, ſpecialement quand ils com- mencent à cracher, les corps ſont tellement preparez à cauſe des precedentes, qu'vne fera plus que deux au commencement. Pour cette cauſe ayant touſiours les indications deuant les yeux, faut conſiderer la nature & la force des corps, & s'il eſt poſſible ne point donner plusd'vne friction, lors qu'on verra nature eſmeuë, ſoit par flux de bouche, de ventre, ou autre des ſuſdits, & ſeroit trop plus ſeur les faire à diuerſes fois, ſui- La quantité »les remedes ne ſe peut eſcrire. Signes pour connoiſtre la ſuffiſance des friciions. fntermiſſion des friâions. uant Gal. en ſon liureTe vene ſeéiione, où il dit, que ſi la maladie eſt grande, & la vertu foible, il faut tirer Hiſtoire. du ſang , non à vne fois, mais à pluſieurs, Auſſi Maſſe raconte vne hiſtoire d'vn qui eſtoit tout maraſiné & C L)e la groſle Verole. 45 I & deſſeiché auec extremes douleurs, lequel il penſa, eſtant quaſi deploré d'vn chacun : & dit qu'apres l'auoir fait frotter par quelques fois, il le laiſſoit refociler & reprendre ſes forces par aucuns iours : & ainfi continua par ſi long temps, qu'il fut frotté trente-ſept fois , & fut guary. l'en ay veu traitter à aucuns de mes compagnons,& fait frotter pluſieurs,quinze,ſeize ou dix-ſept fois(laiſſant quelques interualles)& par apres eſtre guaris.Autant s'en doit faire és corps reſoults & debiles : prenant toutesfois garde que les fri- ctions ne ſoient par trop imbecilles,& en ſi petit nombre que la cauſe ne fuſt fuffiſamment touchée:car par art & ayde des medicamens,ſe procure vne criſe, par le moyen de laquelle nature aydée &domtnatrice,ex- pelle & chaſſe le venin par les euacuations ſuſdites; de ſorte qu'eſtant la criſe parfaicte,il s'enſuit vraye & entiere curation. Les ſignes de ladite criſe ſont inquietudes telles, que debout ny couché,les patiens ne ſe peuuent contenir boire ny manger:& ſont auec perpetuelles laſſitudes,quaſi iuſques à ſyncope:toutesfois le pouls bon,fort&eſgal:il leur furuient des eſpreintes,iettans par leurs ſelles quelque matiere ſanguinolente & viſqueuſe:puis au bout d'vn iour ou deux,que Nature commencera à expeller,& ſe deſchargeant euacuer la cauſe du mal,autant ſe diminuent tels accidens,& ſentent allegement de toutes douleurs. Mais pour n'e- ſise les remedes ſuffiſans, la criſe demeure imparfaicte, & laiſſe touſiours quelques reſtes de ferment, qui pourra corrompre toute la maſſe,& engendrer recidiues de la maladie, dont s'enſuiuront accidens pire que les premiers:&eſt cauſe qu'aucunesfois demeure caché ce leuain en vn corps,ſix mois,vn an,deux ans,&pius. Auſſi pareillement il faut bien ſe donner de garde que les medicamens ne ſoient trop violents, ou indiſcret- tement appliqnez, pour les grands accidens qui ont de couſtume d'en aduenir:comme i'ay veu en pluſieurs, qui par telles fautes eſtoient tourmentez & affligez en pluſieurs & diuerſes ſortes : les vns ( pour la trop grande violence des medicamens qui auoient colliqué,& conſumé l'humeur radical)eſtoient deuenus rabi- des : Aux autres ſuruenoient vlceres ſordides,& putrides en la bouche, qui mangeoient & rongeoient vne bonne partie d'icelle & de la langue : quelquesfois ſe degeneroient iuſques en gangrene & mortificarion, dont aucuns ſont morts miſerablement : A aucuns la langue s'eſt tellement enflée, qu'elle rempliſſoit tou- te la bouche, ne pouuant manger, qui eſtoit cauſe de leur mort.Es autres la colliquation eſtoit telle, qu'vn mois apres leur fluoit la bouche, & jettorent continuellement humidité par icelle. S'enſuit auſſi aucunesfois vne deperdition &deprauation grande de l'action des muſcles,qui font le mouuement de la mendibule infe- rieure, en ſorte qu'aucuns ſont demeurez ſans iamais ouurir la bouche que bien peu. Autres ont perdu les dents auec deperdition de la maſchoire : qui eſt choſe admirable, que par l'ignorance & afnerie de tels co- quins, tant de perſonnes ſans occaſion languiſſent,ou miſerablement periſſent : attendumeſme que pour la cognoiſſance qu'ont auiourd'huy gens rationels(plus que iamais) tant de la maladie que des remedes,il eſt poſſible de les curer plus ſeurement, & auec moindre violence. Lors qu'on craint le flux de bouche tro grand apres deux ou trois frictions, faut purger le malade, ſelon l'aduis de Rondelet. Semblablement il ne faut touſiours continuer les frictions,iuſques à ce qu'il ſe faſſe flux de bouche,ou de ventre,parce qu'il y en a pluſieurs à qui iamais il n'aduient, encore qu'on les frottaſt infiniment(à quoy ayde beaucoup la prepara- tion precedente des humeurs:)& à beaucoup d'iceux(traictez methodiquement)ayde nature par les reſolu- tions inſenſibles,ou flux d'vrine,auec quelque petit flux de ventre incitéde nature,ou par art:& me ſuis fort bien trouué en tel cas de leur faire vſer apres par quelques iours d'vne decoction de gajac le matin,aucune- ment laxatiue pour la nature de l'humeur. Et ſi le corps eſt plein ou abondant en humeur cras, lent & viſ- queux, i'y adiouſte du vin blanc parmy. Meſme ie l'ay veu auſſi preparé auec vin ſeul, profiter à des gens» voire bilieux & maraſmez. S'il furuient dyſenterie apres les frictons, il faut bailler clyſtere, auſquels yen- tre bonne quantité d'axunge de porc, afin de tenir & adoucir l'acrimonie du medicament qui a cauſé la dy- ſenterie. Aufſi le laict en tel cas eſt ſouuerain, delayé auec theriaque recente. #- iDe la lroiſieſme curationpar ceroines , ou emplaſtres, vicaire de la friction. C H A P 1 T R E X I II. ', O v R c E que pluſieurs abhorrent le nom, & l'vſage de la friction faite auec leſdis onguents° N4 on a practiqué l'admotion des ceroines , ou emplaſtres, leſquelles ſont vicaires, & tiennent 42 les lieux des frictions : excepté ſeulement qu'elles ſont plus tardiues:& non ſeulement doiuent $ eſtre pratiquées & viſitées en ce faict, celles qui ſont deſcrites par de Vigo, mais auſſi (com- me auons dit des frictions)celles qui ſont compoſée,de choſes plus ou moins anodines, emol- liente,inciſiues, reſolutiues, ou deficcatiues, pour la nature des ſymptoines ou accidens, auſſi des humeurs qui doiuent eſtre vacuez, & autres indications ſuſdictes, ſans oublier l'argent vif pour alexipharmac con- tre le venin, cauſe de la maladie, par vne tranſpiration inſenſible par ſueurs & flux de bouche : elles miti- gent les douleurs & reſoluent les nodus & autres duretez.Au lieu de l'emplaſtre de Vigo on peut vſer de cette-cy.2/. Maſſa emplaſtri de meliloto & oxycrocei an. ib. 6.argenti viui extincte 3. vj. oleo laurino & de ſpica, reducatur ad forman empl. Leſdites emplaſtres,ſont de grand effect pource que demeurans con- tinuellement ſur les parties, leur action eſt auſſi continuelle : & doiuent eſtre appliquées, ſpecialementaux recidiues, & où les humeurs ſont gros, viſqueux & adherans aux parties profondes & difficiles à eradi- quer, parce qu'elles beſongnent & font leur action plus lentement, & auec moindre violence, que ne font les frictions : de ſorte que nous ſommes maintesfois contrains ſur la fin de l'vſage deſdites emplaſtres don- ner quelques frictions, pour inciter nature à plus prompte euacuation. Nous les auons auſſi quelquesfois appliqué à des matures, où les humeurs eſtoient tellement Preparez qu'au bout de deux ou trois iours clles auoieut faict action ſuffiſante, pour la conſomption de la cauſe de la maladie:& falloit les oſter, autrement euſſent fait colliquation, & les meſmes accidens que nous auons dit de la friction violente, & trop copieu- ſe : pource faut auoir meſme iugement à les oſter comme nous auons dit en la fraction. Les emplaſtres ſe doiuent eſtendre ſur du cuir vniment, & les appliquer à l'enuiron des articles,& meſmes lieux des frictions. Les autres couurent tout le bras depuis la main iuſqu'à l'eſpaule & les jambes depuis le deſſus du genoüil iuſqu'à l'extremité des doigts : mais à l'endroit des articles ie vondrois eſtendrel'emplaſtre vn petit plus eſ- pés. Et faudra les y laiſſer iuſques à ce que nature aydée par le moyen de la criſe ſuſdite, faſſe eduction ou euacuation des humeurs corrompus de ce venin, comme nousauons deduit parlant des frictions. Et faut auſſi augmenter ou diminuer ſuiuant les intentious fuſdites. Et où en l'vſage d'icelles ſuruiendra prurit ou demangeaiſon, lors faudra leuer les emplaſtres, & fomenter les yeux auec vin chaud , yadiouſtant flores chamaem.melitoti, roſarum, & ſemblables pour reſoudre ce qui eſt cauſe dudit purit : lequel ceſſé, fau- dra les y remettre.Auſſi pour euiter ledit prurit pourrez couurir les emplaſtres de quelque taffetas, ou lin- ge delié, appellé creſpe, afin de garder qu'ils ne s'attachent, ou adherent au cuir pour empeſcher la tranſ. piration, Les effeôts d'iceux emplaſtres ſont tels que des frictions, & font criſe quelquesfois par reſolution Signes de la criſe. Criſe impar- fai3e. Il me faut tcuſivurs at- tendre flux de bouche ots de ventre apres la ſri- čtion. Vicaires des frictions. - Pp 4 inſen- L'vtilité des emplaſtres. Voy le chap. 2 8. de la cemp. des me- dicamens. 9)tuamd il faudra leuer les empla- ſtres. 4 S ! LC LV1X-I1Clll1CIIlC LUUIC, inſenſib'e, flux d'vrine, flux de ventre : mais le plus ſouuent par flux de bouche, qui eſt bien plus certain. - Donc au moyen de l'operation faite par l'application des emplaſtres,& auſſi de la friction ( incitant le flux de bouche ſuſdit ) ſont procreez vlceres virulens & fordides par l'acrimonie des humeurs malins & cor- rompus de ce venin adherant aux parois de la bouche, qui fait eroſien, & s'augmente autant, comme l'hu- meur acre continuellement paſſant les abbreuue. Ét pour empeſcher leur augmentation. & le grand fiux de bouche, faudroit vſer ſouuent de clyſteres remollitifs ſeulement pour empeſcher les humeurs des parties inferieures de ne monter aux ſuperieures: qui ſeroit cauſe d'augmenter le flux ſans vtilité , ſpecialementau commencement d'iceluy, & lors que les humeurs ſe commencent à eſmouuoir & ſe fondre.Aucuns pour la meſme intention donnent au malade medicamens purgatifs à l'heure du mouuement des humeurs, afin de les cuacuer par les ſelles, & euiter leſdits vlceres de la bouche, qui n'eſt toutesfois la voye plus certaine. La curation de tels vlceres eſt differente des autres, parce que nullement doiuent eſtre reprimez, ou reper- Cure des vl- cutez, encore que ſoient enflammez : mais peuuent eſtre temperez auec gargariſmes anodyns, pour leur di. ceres de bou° mînuer l'ardeur & defendre par ce frequent lauement, que les humeurs gros & viſqueux (adherans aux che. parties internes de la bouche ) n'augment les vlceres : à quoy eſt bon l'vſage de la decoction d'orge, laict Diºerº far- de vache tiede tenu dedans la bouche, auſſi mucilages ſem. malua , alth. pſyllij, lactuca , lini, extractz in gariſmes aqua hordei, maluz vel parietarix , leſquels tenus en la bouche, adouciſſent les vlceres & cmpeſchent les ºº humeurs d'y adherer. Pour le commencement il ſe faut garder d'y appliquer choſes fort deterfiues, parce # de la que la pluſpart des medicamens deterſifs ont quelque acrimonie qui pourroit cauſer douleur : & ſi les vl- 0MChºé'. ceres eſtoient nets & detergez, pourroient par cette acrimonie de tels remedes eſtre irritez dauantage. Et pource faudra au commencement & pendant le flux ſe contenter de l'vſage des choſes ſuſdites : empeſchant que la ſordicie & corruption n'augmente : pourueu toutesfois que leſdits vlceres ne fuſſent trop violens car où par la vehemence des medicamens : ou deprauation de nature, le flux ſeroit extreme, & rendroit la bouche & les ioues ſi tumefiées, que par trop grande replexion les eſprits ne peuſſent reluire,il ſe pourroit enſuiure vne gangrene, comme aucunesfois aduient. En ce cas nous ſommes contraints de laiſſer la propre curetpour ſuruenir aux accidens : & pource faire nous vſons de medicamens refrenans, comme eſt de co- ctum hordei, plantag ſolani, polygoni, burſæ paſt. &c. cum ſyr. roſ. violar.nymphaeae,cydoniorum,berbe- ris, granatorum, &c. Auſſi comme ſont mucilag & decocta ſem. lactucae, pſyllij, cydoniorum, plantag. cu- cumerimelonum papaueris albi, hyoſciami albi, & c. in aquis hor. roſ.plantag ſolani, nympharœ,caprifoli), &c. Faut pareillement faire eſtuues ſeiches, auec choſes chaudes, deſiccatiues & roborantes,afin qu'eſtans les ſueurs prouoquées par l'ouuerture des pores, le trop grand mouuement de nature ſoit retiré.Lors donc qu'on verra le flux diminuer, l'on pourra adiouſter auec les gargariſmes ſuſdits quelque peu de ſyr. ex roſ- ſiccis,mel. roſ. diamorun, dianucum,& ſemblables pour doucement deterger.Et ou on voudroit deſſeicher, les vlceres, on pourra les toucher auec eau alumineuſes, ou eau alkemides corrigée & adoucie, & comme celle qui aura ja operé ( qui eſt bleue ) eau de ſublimé, ou autre faite auec choſes deſiccatiues, leſquelles en peu de temps les deſſeicheront : joint que lors on pourra vſer de gargariſmes deficcatifs auec quelque Fºrtº dºſie- aſtriction:adiouſtez auec les eaux predites, ex roſ. plantagine, ſolano, polygono, burſa & virga paſt. cyno- catifs é vl- gloſſo, les ſimples qui s'enſuiuent, balauſt. roſa rub. myrtilli, ſumach, alumen, acacia, berberisrgalla ma- º** licorum, & ſemblables.Il faut noter que le flux de bouche ne ceſſera iamais iuſques à ce que les viceres des che. genciues & de la langue ſoient coſolidées,& cicatriſées.Partant elles ſeront touchées de l'eau de ſublime, ou de celle qui aura ſeruiauxOrfévres,qui ont puiſſance d'arreſter la putrefaction & corroſion.Pendant le flux, il faut reſtaurer & nourrir les patiens auec viandes propre, leſquelles ſeront liquides, & de bon ſuc,& de facile concoction : attendu lors qui ne leur eſt poſſible de maſcher : & que nature eſt debile, & diuertie Alimens pr•. ailleurs à l'expulſion de ce qui eſt eſtrange: ioint auſſi la grande teſolution qui s'eſt faite des vertus, tant pres pour par les grandes douleurs precedentes, inquietudes nocturnes, comme pendant le flux de bouche, entre au- ceux qui ont tres ils pourront vſer d'œufs molelets, potages faits auec moyeux d'œufs, orges mondez,conſommez(faits fux de bou- auec extremitez de veau, & quelque volaille ſans ſel ) gelée, eſpreinte, coulis, & ſemblables : deſquels ils ºº , vſeront peu, & ſouuent, ayans à chacune fois laué & néttoyé la bouche. Pareillement vſeront de decoction de gajac, aromatiſé cum cinamomo, ou de vin vieil bien meur, clairet & ſubtil, auec eau d'orge : ſi on veut 4 leur d§ vn boire plus nourriſſant, pour autant qu'ils ne mengent rien de ſolide, on pourra leur faire tremper de la mie de pain blanc bien leué auec du vin predit,puis l'exprimer pour meſler de la !ubſtance du pain auec le vin qui le rendra plus nourriſſant, & luy diminuera ſon acrimonie : autrement faire treniper du Breuuage de pain chaud auec du vin par l'eſpace d'vne nuict, puis les faire diſtiller in balneo Marix : le commencement ºin diſtillé de la liqueur qui ſortira ſera quelque peu forte ; mais l'autre ſera douce : & dicelle pourras meſler parmy ſon vins qui le reforcilléra, & nourrira.Auſſi ou pour les grandes euacuations le patient ſeroit fort debile, ou ſyncopiſeroit, on luy pourroit donner à ſentir bon vin baſtard, maluoiſie, hipocras, eau roſe, vinaigre roſat, & autres telles choſes, pour reſtaurer les eſprits : toutesfois faut obſeruer la nature du patient, & s'enquerir diligemment ſi en ſanté il les a appetez ou non,pource qu'autrement telles choſes luy pourroient pluſtoſt nuire qu'ayder les ayant en horreur. Sur toutes choſes ne faut negliger ſon ventre, & où il s'en durciroit, doit vſer de clyſteres,leſquels ſeront doux & lenitifs : parquoy eſt bon auoir l'aduis du Medecin. - " La quatrieſme maniere de curer la Veroleparparfums. CH A r. XIV. Reprobation L faut à preſent parler de l'vſage des parfums, qu'aucuns on dit eſtre la troiſieſme ou qua- des parfums. N% trieſme voye generale de curer ladite maladie venerienne, laquelle 1e n'approuue beau- \42 coup pour les accidens qui en aduiennent, parce qu'ils bleſſent le cerueau, poulmon, ss & demeurent les malades parfumez auec vne haleine puante toute leur vie : auſſi que plu- ſieurs en les traictant iont tombez en ſpaſme , tremblement de teſte & iambes, en 2po- plexie, ſurditez , & ſont morts Pour la mauuaiſe vapeur & qualite du ſoulphre & vif argent, dont ledit cinabre eſt compoſé , qui bleſſe le cerueau & autres parties nobles. Parquoy ie conſeille n'en #º #º vſer vniuerſellement, ny par le nez, ny par la bouche : mais bien particulierement pour deſſeicher quel- #. que vicere cacoethe, ou quelque nodus & douleur fixe, qui n'auroient peu eſtre curez par les autres ## es Par- moyens : car veritablement leſdits parfums ont puiſſance par le moyen du vif argent d'attenuer, inciſer & reſoudre ce qui pourroit auoir reſté particulierement en quelque partie. Ceux qui en vſent vniuerſelle- ment, font poſer les pauures malades ſous vn Pauillon couuert & clos de toutes parts, auquel y a vn vaiſ- ſeau plein de braiſe, ſous laquelle iettent leur cinabre, & les fricaſſent & parfument comme font les ma- reſchaux à quelque cheual morueux : & continuent par tant de iours leſdits parfums, qu'ilvoyent º# le l1x A B C $ - De la groſſe Verole. 4 5 3 A flux de bouche. Or la matiere principale & fondement des parfums, eſt le cinabre, qui eſt compoſé de ſoul- phre & argent vif : on adiouſte auec luy rad. ireos Flor. thus, olib. mirrh. iunc odorat. aſſam odoratam, maſt. terebenthin. & theriac. leſquels ont puiſſance d'empeſcher la trop grande diſſolution de nature, & de corriger la feteur , & mauuaiſe qualité du vif-argent. On peut faire auttes parfums apres auotr vſé le vif-argent, qui ſe fera ainſi. Il faut faire fondre du plomb,puis lors qu'il ſera preſque refroidy il faut meſler l'argent-vifenſemble, puis ſera redigé en poudre, adiouſtant antimonium, aloes, maſtic, vitriol, auripig. benjoin en pouldre & auec terebenthine, ou en forme de trochiſques.Autre. 2Z. Cinnabaris 3. j. ſtyracis rubri & calamitæ, nuc. moſcata an 3.iij. benjoin 3.ſº. excipe terebenthinâ, fiant trochiſci pondere 3. ij. ad vſum dictum. La terebenthine y eſt miſe pour lier les autres choſes qui ſont ſeiches : pour auſſi faire fu- mée, on y adiouſte ſemblablement des gommes. On parfume les vlceres cacoethes cauſées de la verole, apres qu'elles ſont mondifiées,& non auparauant. Exemple d'vn parfum pour les vlceres.2/.. Cinnabaris 3 j. benjoin. mirrhae, ſtyracis, olibani, opopanicis an.3.É. maſtic. macis, thuris an.3.ij. excipiantur tereben- thinâ, & fiat fumigium. Autre pour deſſeicher les vlceres humides.2A. Cinnabaris 3.j. benjoin, ſtyracis, olibani, opopanacis an. 3. ß. maſti. thuris an. 3. # nucis cupreſſi & corticis granatorum an. 3. ſ. tereben- C1 thinz communis quantum ſufficiat : fiant trochiſci pro fumigio. Et ſeront leſdits parfums continuez tant qu'il ſera beſoin. - Caration des ſymptomes, ou accidens de la maladie venerienne, ou verole », » & premierement des vlceres de la verge_ . C H A P 1 T R E XV. à4 L ſe fait à la verge vlceres calleuſes & malignes,& celles qui naiſſent ſur le glan le ſont moins NN4 que celles qui naiſſent ſur le prepuce, & ſont rebelles aux medicamens communs aux vlceres | Nàſ2 faites par autre cauſe, & ſouuent ſe terminent en gangrene, en ſorte que pluſieurs y perdent =s la teſte de la verge , voire tout le corps, comme auons dit cy-deſſus, faute de recourir à l'alexipharmaque,qui eſt le vif-argent. Toutesfois ie ſuis d'aduis que l'on commence premie- rement aux remedes communs & propres à la curation des vlceres : car toutes vlceres qui viennent à la verge par le coit, ne ſont pas veroliques. Mais apresauoir vſé de pluſieurs remedes, & que l'on voye l'vl- cere cheminer, & ne voulant ceder à nul medicament, alors on doit venir à ceux auſquels entre le furet, pour obuier que le venin n'occupe toute l'habitude du corps. Les remedes que l'on doit appliquer, faut qu'ils ayent faculté d'obtondre l'acrimonie de ce virus, comme ce collyre de Lanfranc. 2&. Vini albi fb.j. aqua roſar. & plant. an. p.j. auripig. 3. ij. virid. aeris 3.j. aloès, myrrh. an. 9.j. terantur ſubtiliſ, & fiat collyrium.Auſſi on les pourra toucher d'eau de ſublimé, ou d'eau fort qui aura ſeruy aux orfevres, dite eau bleue : ou bien on appliquera vn peu de poudre de mercure , ou de noſtre egyptiac : & pour prouoquer la cheute de l'eſcarre, on vſera de baſilicon & beure frais. Tels medicamens acres ſeront appliquez auec diſ. cretion, de peur de gangrene & mortification, qui ſouuent vient à cette partie. Et Qù la pertinacité & re- bellion de ladite vlcere viendroient de la vehemence du virus verolique, en ſorte § ne vouluſſent ceder aux remedes ſuſdits, alors faut faire friction aux aines, perineum, & auſdites vlceres, auec les onguents preſcrits pour la friction. Anſſi on pourra faire parfums, comme nous auons dit cy-deſſus : ce faiſant, on vera la malice & acrimonie de l'humeur eſtre abbatué,les duretez amollies,& les vlceres quaſi ſe deſſeicher & mondifier & conſolider. Or quelquesfois apres la curation & cicatriſation deſdites vlceres, en aucuns s'enſuiuent ſignes apparens de la verole, comme douleurs nocturnes, puſtules, leſquelles ne ſont apparuës auparauant la curation deſdites vlceres, parce que le virus auoit iſſue par icelles, & eſtans cloſes, le virus ſe manifeſte"par les autres voyes : à telles faut vſer de la friction vniuerſelle. Icy ie veux aduertir le ieune Chirurgien, que s'il aduient qu'apres auoir renuerſé & découuert le gland pour penſer les vlceres qui naiſ- ſent entre le prepuce & le balanus, le prepuce ne peut plus retourner en ſon lieu. Ce qui aduient auſſi ſou- uent à quelque folaſtre ieune marié, trouuant la partie genitale vn peu anguſte & fort eſtroitte, voulant entrer au champ de bataille, comme par force, découure le gland, & renuerſe en haut le prepuce, de façon que ſouuent ne ſe peut rabattre pour couurir le gland. Il ſe fait vne inflammation & gangrene. Donc pour ſauuer la vie dudit combattant, il conuient entierement couper le cultiueur du champ de nature humaine. Librement ie confeſſe y auoir eſté autresfois bien empeſché, mettant fomentation, cataplaſmes, & em- plaſtres reſolutifs & relaxatifs, pour tout cela ie n'auançois rien, au contraire la tumeur & douleur s'aug- mentoit. Eſtant à Milan deuiſant auec vn vieil Chirurgien , il me dit qu'il falloit baſſiner le petit ventre & parties genitales d'eau fort froide, & eſpreindre toute la verge auec la main, aſſez fort : par ces choſes les parties ſe retirent au dedans, & fleſtriſſent, puis faut tirer le prepuce en ſon lieu, ce que i'ay fait pluſieurs fois auec heureuſe iſſuë. Et ſi la tumeur du prepuce eſt ſi grande que ces remedes n'y euſſent point de lieu, alors faudroit faire des ſcarifications tout autour. Car par icelles les vents fe reſoluent, & le prepuce ſe relaſche , qui fait qu'apres on le peut plus facilement reduire. En quey differre la Gonorrhée de la chaude-piſſe . C H A P. X V I. #é , E, V,º #A, 57 èNM37/NWN 2-2 º % $ NN- V c v N s ont iuſques icy penſé, que la chaude-piſſe euſt quelque choſe de commun auec la gonorrhée des anciens : mais elles ſont fort differentes l'vne de l'autre,comme tu pourras voir par ce traicté. Car la gonorrhée eſt vn flux de ſemence inuolontaire, decoulant de toutes les parties de noſtre corps aux parties genitales, cauſé par la reſolution & paralyſie de la faculté retentiue d'icelles parties, comme dit Galien à la fin du liure 6. zºe locis affeéii , ou bien de trop grande abondance de ſang & matiere ſeminale dedans le corps, qui ne ſe tournant point en graiſſe & habitude du corps, prend ſon cours vers les parties genitales. Au contraire , la chaude piſſe ou ar- deur d'vrine, eſt vne ſanie qui ſort par la verge, de couleur iaunaſtre, quelquesfois verdeyante, autres- fois ſanguinolente, approchant de la qualité d'vn pus non bien cuit & de mauuaiſe odeur, auec vne acri- monie qui le plus ſouuent ronge & vlcere le canal de l'vrine, faiſant erection de la verge & des parties genitales auec douleur : pource qu'en ladite erection ſe fait vne contraction comme par vn ſpaſme parti- culier, teſmoins les patiens qui diſent ſentir comme vne corde qui leur tire la verge contre-bas : & telle choſe ſe fait au moyen d'vn eſprit flatueux qui remplit le canal ou le nerf cauerneux, & toute la ſubſtance du membre viril.A cauſe de laquelle repletion ſe fait vne diſtenſion de la verge. Outre leſquels - accidens vlcere dit prepuce plns dangereux que de la verge. Collyre de Lanfräe ſin- gulier pour telles vlceres, Le moyen d'appliquer tels medica- f72enf, Choſe digne d'eſtre notée, D5t eſt faits la ſemence. Gal. au liu. de loc. aljecf. 454 Le Dix-neufiéme Liure, accidens, lors que le conduit eſt vlceré, le patient vrinant ſent vne griefue douleur : pource que l'vrine A La cbaude paſſant par les vlceres, les mordique & poingt. Or le flux de ladite ſanie continue quelquesfois deux ou piſſe conti- trois ans & plus : qui nous fait croire que la chaude piſſe n'a rien de commun auec la gonorrhée, comme nue long. nous monſtrerons cy-apres, deſcriuant les parties qui principalement ſont affectées. Aucc ce qu'il eſt im- temps, poſſible que la ſemence pût ſortir hors du corps par vn ſi long-temps, qu'elle ne fut cauſe que le corps de- uint languide, debile, &affoibly (attendu que la ſemence eſt faite d'vn ſang bening , prouenant de toutes les parties du corps ) dont la mort s'enſuiuroit, comme dit l'autheur des definitions. Ce qui eſt auſſi aisé à connoiſtre en ceux qui ont eu cinq ou ſix fois la compagnie d'vne femme, voire moins, le corps deſquels ſe trouue fort debile & abbatu, & à quelques-vns tout aſſoupy. Parquoy faut conclurre que la ſanie que l'on jette aux chaude-piſſes, ne procede du ſuc bon & dedié à la generation de la ſemence humaine ; mais pluſtoſt que c'eſt vn humeur virulant, acre, viſqueux, & corrumpu. - De l'erection & tenſion continuë du membre genital. C H A P. XVII. @ E s accidens s'appellent en Latin priapiſnus, & satyriaſis : & ſont deux noms fignifians deux choſes de diuerſes eſpeces. Car le premier aduient ſeulement aux hommes, & eſt vne ten- - fion du membre viril ſans aucun appetit charnel : le ſecond aduient aux hommes, & femmes S ) accompagné d'vn deſir furieux. Outre cela, le premier eſt ſans effuſion de ſemence, le ſe- cond auec effuſion, d'où vient que ſi toſt que l'habitation a eſté auec la femme, incontinent il ceſſe. Mais au premier rien moins, qui eſt cauſe qu'il s'augmente de telle façon que fil'on n'y prenoiſt bien toft, ſuruient vne mort cruelle , ou conuulſion inſupportable. L'vne & l'autre procede d'vne exceſſiue chaleur, & dilatation des arteres , d'abondance de vents qui rempliſſent le nerf caue du membre genital, pour auoir mangé trop de viandes venteuſes, & autres cauſes. Si cela aduient à vne fem- me, au lieu de la tenſion elle ſent en ſes parties genitales vn prurit, ardeur, & douleur, accompagné d'vn deſir intollerable de Venus, & eſt contrainte de porter ſouuent la main pour ſe frotter. , Pour curer l'erection, ſoit appliqué ſur les reins vn cataplaſme fait de morelle, jombarbe, pourpié lai- ctues, iuſquiame,nenuphar, ciguë, pilez enſemble, & appliquez ſur leſdits reins, & ſur l'entrefeſſon. Faut boire de l'eau froide, & vfer de viandes ſemblables. Maintenant nous retournerons à parler des cauſes & differences de la chaude-piſſe. Des cauſes de la Chaude piſſe, & difference d'ice/e_. C H A P. XVIII. # A Chaude-piſſe vient de trois cauſes : à ſçauoir, de trop grande replection, de trop grande inanition,& de contagion. Celle qui ſe fait par replection,eſt cauſée d'vne trop grande abon- dance de1ang, ou pour auoir eſté à cheual, ayant le Soleil à dos, ou pour auoir vsé de vian- des chaudes, acres, diuretiques, & fiatueuſes, qui cauſent tenſion & chaleur, dont s'enſuit inflammation des parties genitales : qui eſt cauſe de faire fluer non ſeulement la ſemence, Situation des mais auſſi les humeurs ſur leſdites parties, principalement ſur les glandes proſtates ſituées au commence- glandes pro- ment du col de la veſſie, là où finiſſent & deſinent les vaiſſeaux ſpermatiques : ou pour s'eſtre trop long- ſtates. temps abſtenu de la compagnie des femmes en ceux qui ont de couſtume d'en vſer : & deſquels l'excretrice de telles parties eſt debile, ne s'en pouuant desfaire de ſoy-meſme : de tant que telle matiere ſupprimée ſe corrompt,& venant à ſortir fait ardeur & douleur par acrimonie de chaleur eſtrange. Or ces proſtates puis apres s'apoſtement, & leur ſanie qui decoule auec vne certaine corroſion, le long du canal de la verge, y fait quelque vlceres, au moyen deſquels l'vrine qui eſt acre, paſſant par deſſus, les mordique & corrode d'auantage : choſe qui cauſent aux patients vne grande douleur, qui meſme continue quelque temps apres auoir vriné : auſſi en l'erection de la verge ſe fait vne contraction (comme deſſus a eſté dit ) qui prouient de l'inflammation & de l'eſprit flatueux, qui remplit le nerfcauerneux , par laquelle replection la verge ſe Chaude-piſſe groſſit & allongit. Celle qui ſe fait par inanition, aduient peur auoir trop & intempeſtiuement vſé de l'ac- # #* colade amoureuſe : car tels excez & autres ſemblables tariſſent l'humidité huyleuſe & naturelle de cette §mi .. glandule, laquelle conſommée, l'vrine de ſon acrimonie bleſſe & offence la verge, cauſant vne cuiſon & chaude-piſ chaleur contre nature en cette partie, qui ſe ſent principalement en vrinant,dont eſt appellée piſſe-chaude. ſe faite par Celle qui vient de contagion, ſe fait pour auoir eu la compagnie de ceux qui en ſont infectez, ſoit homme contagion. ou femme,pour auoir habité auec celle qui peu auparauant auroit receu la ſemence de l'homme contaminé , • dudit mal, ou qui auroit ſes purgations blanches, quelque vlcere dans les parties honteuſes, quelque ma- tiere procedante de la verole, ou quelque eſprit veneneux & virulent, qui s'inſinuant és parties genitales, les infecte, & quelquesfois tout le corps. Car (comme Galien monſtre au troſiéme liure, De lecis affectis) chap. 5. qui eſt-ce, qui ſans le voir, croiroit que par la piqueure d'vn ſcorpion, le corps peut eſtre ſi fort bleſſé, at- tendu la petite quantité de venin qu'il introduit dedans le corps, & qui neantmoins a ſi grande puiſſance, qu'il fait mourir celuy qui en eſt picqué. D'auantage,void-on pas que par vne petite picqueure de mouſche à miel, ou d'vne gueſpe, ou d'vn frelon, aduiennent douleurs, tumeurs, & inflammations tres-grandes ? Et combien que telles picqueures ne ſoient que ſuperficielles,leur venin toutesfois peut communiquer ſa ma- lice iuſques aux parties nobles. En cas ſemblables ſe peut faire que la vapeur du virus de la ſemence, ou d'autres humeurs corrompues , ſoient communiquez aux parties genitales, principalement aux proſtates, La chaude- leſquels reçoiuent non-ſeulement la ſemence, mais les autres humeurs, qui ſe putrefians cauſent apoſtemes piſſe ſouuent & vlceres, deſquelles ſort vn fetide & virulent, que les hommes jettent par la verge, & les femmes par le ameine la col de la matrice. Quelquesfois auſſi vne partie de ladite fluxion tombe ſur les teſticules & ſur le perineum, verolº, & ſe meſme ſur la verge, qui cauſe en icelles parties le plus ſouuent des gangrenes, & des vlceres caues & fiſtu- Pºtºr** leux. D'abondan ſe peuuent eſleuer d'iceluy virus, quelques vapeurs corrompuës & veneneuſes, qui ſont #ºtº portées aux parties nobles par les veines, arteres, & nerfs, dont bien ſouuent procede la verole. - • : . ' r ! Chaude piſſe de repletion. - - # - D4 D " De la groſſe Verole. 45 5 - - - - - Du prognoſtic des chaude-piſſes. C H A P. X IX. 4 A chaude-piſſe ne ſe doit negliger, pource que pluſieurs pernicieux accidens en aduiennent § (comme nous auons dit)& en quelques-vns eſt incurable, qui iette perpetuellement vne ſa- # nie virulente, laquelle fait § vne entiere ſuppreſſion d'vrine, à cauſe que les pro- # ſtates & tout le col de la veſſie s'enflent & enflamment tant par le coit, que par l'vſage des 5a7º3S viandes chaudes & vaporeuſes,ou par trop grand exercice, comme eſt celuy de la poſte : auſſi par le changement des Lunes : de laquelle ſuppreſſion la mort s'enſuit aucunesfois : ainſi que n'agueres i'ay veu aduenir à vn quidam, qui ayant porté vne chaude-piſſe dix ans & plus, la garda iuſques à la mort, Cét homme apres auoir fait quelques excez violents, ne failloit incontinent d'eſtre pris d'vne ſuppreſſion d'v. rine, au moyen de laquelle ne pouuoit vriner ſans le benefice d'vne ſonde qu'il portoit toûjours auee luy. Or ne pouuant vn iour la mettre iuſques dans la veſſie, m'enuoya querir pour le faire piſſer : ce que ie ne peux faire, ores que i'employaſſe tous les remedes à moy poſſibles, qui fut cauſe de ſa mort : laquelle ad- uenuë, ie priay ſa femme me permettre l'ouurir: ce que volontiers elle m'acorda. Ie trouuay ſa veſſie toute pleine d'vrine, & fort eſtendue, les proſtates groſſes, enflées, vlcerées, & toutes pleines de pus ſemblable à celuy qu'il iettoit pendant ſa maladie. Parquoyi'oſe conclure, que ce pus qui vient des chaude-piſſes, eſt fait dedans la ſubſtance des glandes proſtates, & non des reins, ce qu'aucuns ont eſtimé,& voulu affirmer. Ie ne veux neantmoins icy nier que les reins ne s'apoſtement & ſe conſument entierement, iettans ſembla- blement grande quantité de pus, toutesfois les accidens ne ſont pareils à ceux des chaude-piſſes. Les vieil- les chaude-piſſes eſt vne verole particuliere : partant pour ſa cure faut le furet. Or l'vlcere qui eſt au col de la veſſie & à la verge, eſt facile à diſcerner d'auec celuy qui eſt au corps d'icelle, parce que s'il eſt en la veifie, la ſanie ſera meſlée auec l'vrine, & y aura de petites membranes ou filamens, l'odeur en ſera fetide & acre , & n'aura le patient ſi grande douleur : & notez, que ie dy ſi grande, pource que lors qu'il y aura vn vlcere aux proſtates ou conduit vrinal, toûjours on ſent douleur à l'extremité de la verge, pource qu'en toutes extremitez le ſentiment eſt toûjours plus aigu & exquis, & principalement à la verge, & ſi aucc ce, le pus ſort deuart l'vrine ſelon Galien,liure ſixieſme, chapitre ſixieſme Te locis affeétis. Or ayant amplement diſcouru des ſignes & differences, tant de la gonorrhée, que de la chaude-piſſe, il conuient, maintenant traiter des remedes concernans la guariſon de l'vn & l'autre mal,& commencer à la gonorrhée - ſi - - - L Sommaire de la cure de la Gomorrhée , C H A P. XX. #0 L faut appeller vn docte Medecin qui purge & ſeigne le malade, s'il en eſt beſoin, & qui luy @ ordonne ſon regime, luy defendant (ſi telle gonorrhée vient d'abondance exceſſiue de ſang ſ & matiere ſeminale ) toutes choſes qui engendrent grande quantité de ſang , augmentent la # ſemence, & prouoquent à coit : ſemblablement l'vſage du vin, s'il n'eſt petit & auſtere,l'ad- º uertiſſant de fuir la frequentation des femmes, meſmement de les voir en peinture, ou autre- ment repreſentées , nommément celles à qui le malade porte quelque affection. L'exercice mediocre leur eſt bon , baigner en eau froide, dormir peu, & appliquer ſur les lumbes, & autour des parties genitales, vnguentum roſatum refrigerans & nutritum : puis par deſſus vn grand linge trempé en oxycrat, & ſouuent les renouueller, comme il eſt dit cy-apres. Car ſi elle eſt cauſée par debilitation de la faculté retentrice des parties genitales, fingulierement pour auoir trop vſé de l'acte venerien, il faut vſer des choſes robora- tiues & aſtringentes : & ſur tout éuiter les femmes, voire les mettant du tout en oubly, iuſques à ce que les malades ſoient reſtaurez & entierement guaris. Il te ſuffira de ces remedes generaux pour la curation de la gonorrhée, attendu qu'amplement la guariſon d'icelle eſt traitée dans les doctes commentaires des Mede- cins & Chirurgiens, tant anciens que modernes : & auſſi que ma principale intention eſt, de te donner ſeu- lement les remedes de chaude-piſſe : la curation de laquelle, tant generale que particuliere, ſera cy-apres deduite. . - •-• -- - -- " -- • •-- »-- –-e Curation generale de la Chaude-piſſe . C H A P. XXI. A cure ſera changée ſelon la diuerſité des cauſes & accidens. Pour les choſes vniuerſelles, faut que le patient tienne bonne maniere de viure, & qu'il éuite toutes choſes qui échauffent le ſang, principalement tous alimens flatueux , diuretiques, violens exercices : qu'il ſoit pur- gé & ſaigné, principalement ſi le mal procede de repletion. Il doit fuir l'habitation des femi- mes, ſi ladite chaude-piſſe n'eſtoit venuë de defaut de coit : il ne ſe doit coucher ſur vn hct de plume, mais ſur vn matelats, ou vne molle paillaſſe, ſur leſquels on mettra vn drap en pluſieurs dou- bles à l'endroit de la region des reins, & s'il luy eſt poſſible, ne doit dormir ne coucher aucunement ſur le dos. Il mangera ſes viandes plutoſt boüillies que roſties, cuites auec ozeille,laictuë, pourpié, & quelque quantité d'orge mondé, & des quatre ſemences concaſſées. Pour ſauce, fe doit contenter de jus de citron, d'oranges, grenades, ou de verjus. Il s'abſtiendra de vin, en lieu duquel vſera d'eau d'orge, tifane, de bouchet, potus diuinus, ou bien de l'hipocras d'eau auec vn bien peu de canelle. Au matin prendra quatre heures auant que manger, vn orge mondé, auec lequel aura cuit vn petit noüet plein des quatre ſemences froides concaſſées, vn peu de graine de pauot blanc, pource qu'il rafraiſchit, adoucit, & deterce. Pareil- lement vſera quelquesfois du ſyrop de guimauues, ou de capilli veneris : par fois d'vne demie once de caſ- ſe ſeule, a laquelle auſſi de fois à autre on pourra adiouſter vne dragme de rheubarbe, ou demie dragme en poudre, ſelon l'exigence du cas, ou bien de ſes pillules.2/.. Maſſae pillul. ſine quib. 9.j. rhei electi 3. ß. camph. g. iiij. cum terebenth, formentur pillulx ſeptem deuorandz poſt primum fomnum.Semblab'ement Ia terebenthine de Veniſe ſeule, ou auec rheubarbe en poudre, ou auec huyle d'amendes douces recente- ment tirée & ſans feu, ou auec dudit ſyrop de capilli veneris, eſt vn remede ſouuerain & ſigulier : parce qu'elle a vne tres-grande vertu d'adoucir & mondifier : & qu'elle ayde grandement la vertu expultrice à pouſſer hors la matiere virulente & infectée contenue aux proſtates : conſideré auſſi, qu'à caute de ſon amertume, elle eft fort contraire à pourriture : outre leſquelles vertus elle a eſgardauſli par vne proprieté ecculte ſur les reins, & les autres parties dediées à l'vrine : ce qui ſe connoiſt tant par ſon effect, que par J'odeur qu'elle delaiſſe en l'vrine apres que l'on en a vſé. La chaude- piſſe eſt incu. rable à an . CMM2J , Bel exemple d'vne reten- tien dºvrine venºit d' vme, chaude-piſſrz , . - " , # La ſanie vi- rulente des chaude-piſſet viêt des pro- ſtates , nos des reins. L'Autheur appelle le vif- argent, furet , parce qu'il eſträge &rfait ſortir la verole hors de ſa taniere. ! - - - -- - " Cure de Ge- norrhée. - Autre cure. Ét Cure de la chaude piſſe de repleviow ; º | » •s #t - º :'ia rereben- . thine de Ve- miſe excellèt remede à la chaude Piſſe, Icelle par proprieté oc- culte ayde à la chaude- piſſe. . 456 Le Dix-neufiéme Liure, Le moyen dé rebenthine potable. Sedatif de doulou &r ardeur. Remedes pro. pres pour mettre par dehors aux chaudes-piſ- ſer, Deco#ion mondificati- #vº, Jniečtion de- ſicatiue. D'où proce- dent les car- . noſitez. Carnoſitez calleuſes. Et s'il y auoit quelque patient, comme il s'en trouue, qui ne peut aucunement prendre en bolus ladite *endre la te- terebenthine (en la façon que l'on la baille ordinairement ) il eſt aisé de la rendre potable en la detrem- pant dans vn mortier auec vn peu de jaune d'œuf, & de vin blanc, l'ayant premierement lauée auec ptiſane: ce que i'ay ſçeu d'yn Apothicaire, qui cachoit ce moyen de la rendre potable comme vn grand ſecret que ie n'ay voulu oublier à eſcrire : parce que ie ſçay que peu de perſonnes penſent que l'on la puiſſe faire aisée à boire, attendu ſa glutinoſité & eſpeſſeur. Semblablement la lexiue faite de paille de feve, eſt excellente pour mondifier les reins & vaiſſeaux ſpermatiques & vreteres. La quantité ſera de deux ou trois onces, auec vne dragme de miel roſat,ou autre ſemblable,pris deux heures au matin deuât mâger.La lexiue de ſar- ment fait le ſemblable,donnée auec ſuccre roſat. Celle qui vient d'inanition, ſe guarira par iniections graſ- ſes, huyleuſes & remolientes : & par breuuages & applications de choſes de meſme effect, ſuiuant les cau- ſes qui ont engendré le mal. De celle qui vient de contagion , nous en allons traicter amplement : te pouuant aſſeurer que l'on a veu par les remedes ſuſdits grand nombre de malades de chaude-piſſe re- couurer guariſon : neantmoins, afin que nous n'oublions rien de ce que nous auons delibcré de traicter. ayans fait les choſes vniuerſelles , nous viendrons aux particulieres. Curation particuliere de la Chaude-piſſe . C H A P. XXLI. N \A742 $QN T premierement nous faut commencer à ſeder la douleur, & diminuer l'inflammation tant que # # nous pourrons, en faiſant vne injection dans la verge, de la decoctioa qui s'enſuit 2/. ſem. # pſyllij, lactucar, papaueris albi , plant. cydoniorum, lini, hyoſcyami albian.3. ij. detrahantur S4 $ mucores in aquis ſolan. plant. & roſarum quantum ſufficit, trochiſcorum , albi de Rafis cam- , - 7 phoratorum pulueriſatorum 3.j. miſce ſimul, ſeruetur pro iniectione. Cette ordonnance cy- deſſus eſcrite, te ſeruira pour vn formulaire que tu pourras diuerſifier, l'augmentant ou diminuant ſelon la neceſſité, & te conduiſant toufiours auec raiſon. Ladite iniection a puiſſance d'appaiſer la douleur,pource qu'elle eſt refrigerante, & par ſa viſcoſité lenit & adoucit le canal de l'vrine,le defendant de l'acrimonie & mordacité des humeurs & des matieres virulentes. On doit vſer de ladite iniection tiede:en lieu de laquel- le on pourra auſſi vſer de laict venant de la vache,ou bien peu tiedimeſmement de laict-clair,ou petit laict. Le laict eſt fort propre à faire iniection, ou à boireaux chaudes-piſſes & ardeurs d'vrine,pour la vertu qu'il a de rafraiſchir & deterger :& auſſi pource qu'il paſſe aisément eſtant fort ſubtil & d'eſſence tenuë. Parde- hors ſera fort bon de faire onction de caratum Galeni 1efrigerans, addita camphora, ou de ceratum ſantali- num, ou Comitiſſ. ou de nutritum, ſus la region des reins, des lumbes,& du perineum ; meſmes en frotter le ſcrotum, & toute la verge. Mais auant que d'vſer deſdits onguens, ou ſemblables, les faut faire fondre ſur le feu, & prendre garde de ne les faire beaucoup chauffer, afin qu'ils ne perdent leur faculté de refri- gerer, qui eſt noſtre principale intention. Ladite onction faite conuient appliquer par deſſus quelques lin- ges trempez en oxycrat,compoſé ex aquis plantaginis, ſolani, ſemperuiui , roſarum, & ſeniblables. En ce, s'il aduenoit que le patient euſt vne grande douleur en vrinant, & apres auoir vriné (ce qui eſt preſque or- dinaire ) il ſera bon que le malade piſſe en vn vaiſſeau plein de laiét tiede, y trempant ſa verge pendant le temps qu'il rendra ſon vrine : & au defaut de laict, faudra prendre de l'eau tiede : par ce remede tu appai- ſeras vne grande partie de la cuiſeur. La douleur mitigée par ces moyens , tu commenceras à mondifier les vlceres de la verge par vne iniection telle. 2Z. Hydromelit. ſimp1. #. iiij. ſyrupi roſati de ſiccis, & de ab- ſinth. an 3. ß. fiat iniectio, ſeruetur ad vſum. Et où il ſera beſoin de plus grande deterſion, tu adiouſteras à l'iniection vn peu d'Egyptiacum, ce que i'ay fait pluſieurs fois : dont , graces à Dieu, l'iſſue a eſté bonne. I'ay veu auſſi grandement profiter en cette intention, la decoction qui s'enſuit. 2Z. Vini aldi odoriferi fb.É. aquarum plantag. & roſarum an.3. ijauripigmenti 9.j. ß. viridis œris 9.j. aloës ſuccotrini 3.6.pulueriſen- tur pulueriſanda, & bulliant ſimul, ſeruetur decoctum pro iniectione. Il te faudra diminuer & augmenter la force des ingrediens, ſelon que verras eſtre neceſſaire. Les vlceres mondifiez, il conuient vſer de deſicca- tion pour les mener à cicatrice, deſſeichant l'humeur, & corroborant les parties qui ont eſté imbues & re- laxées par la longue & grande fluxion : pour à quoy remedier , la decoction ſuiuante eſt bien conuenable. 2%. aqua fabrorum fb.j. pſidiarum & balauſtiarum, nucum cupreſſi conquaſſat. an. 3.ij. ſyrupi roſati, & de abſinth.an.3.j fiat decoétio, ſeruetur pro iniectione. De cette decoction en faut jetter fouuent dedans la verge auec vne ſyringue, & continuer iuſques à ce qu'il ne ſorte Pius de ſanie, lors tu pourras eſperer le patient eſtre guary. Reſte maintenant à parler des accidens qui prouiennent d'aucunes chaudes-piſſes, qui ' ſont des carnoſitez procreées au canal de l'vrine,dont pluſieurs ſont tourmentez : & à cauſe de ce tombent fouuent en vne retention d'vrine, & meurent. ſ- NN N Des carnoſitez qui s'engendrent au conduit de l'vrine apres aucunes chaude piſſes. C H A P 1 T R E XXl I l. #'H v M E v R virulent qui ſort des glandes proſtates, & paſſe continuellement par le canal de $ la verge, erode par ſon acrimonie & vlcere en quelques endroits le conduit de la verge des hommes, & aux femmes le col de la matrice. Quelquesfois en ces vlceres s'engendre vne - chair ſuperflue, ainſi que nous voyons aduenir aux vlceres exterieurs, laquelle empeſche c^sNéº quelquesfois que la ſemence & l'vrine ne paſſent aisément par leur voye ordinaire, dont aduiennent grands accidens. Parquoy faut diligemment prendre garde auſdits vlceres, mettant en tout de- uoir de les guarir. Et pour ce faire, conuient ſçauoir en premier lieu s'ils ſont recents ou inueterez ; a rai- ſon qu'ils ſont de tant plus faſcheux à guarir, que plus durs & calleux, meſme que la pluſpart deſdites car- noſitez a ja pris cicatrice. - - - Des ſignes des carnoſitez, CH A P. XX IV. $f# E s carnofitez ſont conneuës par la ſonde, qui ne peut paſſer librement par le conduit de l'vrine, $#º ains trouue autant de fois reſiſtance qu'il y a de carnoſitez : pareillement par la difficulté que le #$ patient a en vrinant. L'vrine ſort grandement deliée , fourchue , ou de trauers : quelques- fois ne vient que goute à goute, auec grandes eſprcintes : de façon que le plus ſouuent le patient Vrination Jourchuë. voulant B, A •. | • • • De la groſſe Verole 4 57 | | A voulant vrin er,eſt contraint d'aller à la ſelle, comme ceux qui ont vne pierre en la veſſie : d'auantage,apres aueir piſsé, demeure vne portion de l'vrine derriere les carnoſitez : auſſi fait la ſemence apres le co1t, en ſorte que le patient en tel cas eſt contraint de comprimer le haut de ſa verge pour faire ſortir leſdites ma- tieres. Aucunesfois eſt aduenu à quelques-vns vne entiere ſuppreſſion d'vrine, qui leur a causé en vne telle Iſchºrie extenſion de la veſſie, qu'il en enſuiuoit vne grande inflammation , & quelques apoſtemes en diuers lieux, causée de dont l'vrine regorgeant en haut, puis apres ſortoit par pluſieurs endroits, ſçauoir , à l'enuiron du ſiege, carnoſité par le perineum, les bourſes, le penil, & les aines , ainſi que i'ay veu à pluſieurs, qui çſt vn mal du tout incurable. Du prognoſtic des carnoſitez, & de la cure d'icelles. C H A P. XXV. o R s qu'il yaura commencement de carnoſité, le pluſtoſt qu'il ſera poſſible la conuiendra Ce qui rend curer : car elle croiſtreit de iour en iour , & ne ſeroit aucunement guariſſable par natu-ººº !º re, La ſuppreſſion entiere de l'vrine & les accidens cy-deſſus eſcrits, monſtrent aſſez la diffi-# culté de ſa guariſon : joint auſſi que les remedes ſont mal-aiſez à y appliquer : neantmoins te ifficile, gouuernant tant en general qu'en particulier, ainſi que nous t'enſeignerons,tu pourras parue- nir à la fin par toy pretenduë. Flippocrate dit , que ceux qui ont tubercule ou carnoſité en la cauité de la B verge , ſont guaris par la ſuppuration & eruption du pus. d5r le temps plus propre pour les curer,eſt le Printemps, & puis l'Hyuer : toutesfois ſi la maladie preſſe li Aph. 32 on aura égard au temps.En faiſant la curation , le patient ſe doit garder de l'acte venerien , car par ice- # ion - luy les reins, les vaiſſeaux ſpermatiques, glandes proſtrates, & toute la verge s'enflent, eſchauffent,& par f6f44.# conſequent attirent de toutes les parties ſuperieures , dont aduient que ſont enuoyées pluſieurs ſuperfiui. § 4747'- tez aux parties bleſsées, qui empeſchent la guariſon. Pourſuiuant la curation deſdites carnoſitez il te con-, ſi . uient garder de trop vſer en la voye de l'vrine de remedes acres & corroſifs : pource que la ſenſibilité de ce ii'.ſt bºn de conduit eſtant par iceux offencée pourroit eſtre causé de grands accidens. Il ne faut auoir peur ſi de fois faire ſouuent à autre vient quelque flux de ſang deſdites carnoſitez : car c'eſt vne choſe fort conuenable ( s'euacuant vne ſaigner les portion de la matiere coniointe) qui meſme ſoulage la partie, & empeſche le mal de grandir , attendu carnoſitez, que le ſang eſt cauſe de la carnoſité. Pource n'aduenant de ſoy-meſme ledit flux de ſang , ce ſera fort bien fait de le prouoquer diſcretement par la ſonde. ^ Cure particuliere des carnoſite{. CH A P. XXVI. Iles carnofitez ſontvieilles & calleuſes, il les faut amollir par fomentations , cataplaſmes, Mortifica- )Z# linimens, emplaſtres, & ſuffumigations. Cette fomentation te ſeruira de forme.2/.. Rad. tion des car- $ altheae, & lilior. albor. an-3. iv.rad. bryonix,& fœniculi an.3.j. É. fol.mal.viol.par. & mer-noſitez cal- 3 $ cur. an.m. ſ. ſem. lin. fœnug. am.3. ß. caricas ping. num. vij.flor. camom. melil. an.p.j.con-lºuſet. >< $ tundantur contundenda , incidenda incidantur, bulliant omnia in aqua com. & fiat fortus cum ſpongiis fœmellis & mollibus. Du marc de la fomentation, tu pourras faire vn cataplaſme ainſi qu'il s'enſuit. Prædicta materialia colentur, piſtentur, & paſſentur,adde axung.porci, vng. baſilic, an. 3.ij. fiat cataplaſ. Tu vſeras de ce cataplaſme apres la fomentation. Entre ladite fomentation & application du cataplaſme, tu pourras te ſeruir du liniment ſubſequent, ou d'autre à pareille fin. 22. vng. dialthez Agrip. an.3.j. É. œſipi humidi, & auxung. humanæ an.3.j, butyri recentis , olei lil. & tamom. 5. vj. li- quefiant ſimul, addendo aquae vitae , 3.j. fiat linimen. duquel tu frotteras par dehors l'endroit où tu penſes eſtre les carnoſitez. Tu y pourras auſſi appliquer emplaſtres tendans à ce meſme but , que tu ordonneras ainſi que tu verras eſtre bon de faire : mais ſi tu te veux contenter de l'emplaſtre de de Vigo cum mercurio, tu le pourras faire : car ie t'aſſeure qu'il emporte l'honneur ſur tous autres, pour remollir & dégaſter telles //7*rcl4- duretez, pourueu qu'il ſoit fidellement diſpensé. # propre A cette meſme intention, tu pourras vſer de la ſuffumigation,& euaporation qui s'enſuit.Il te faut pren- # amvllir dre vn morcéau d'vne meule de moulin (car nous vſons de cette pierre au lieu de celle que les anciens ont Suffumiga- - nommé Pyrités) ou groſſes briques , & les ayant bien eſchauffées dans le feu, ſes mettras dans vn baſſin de ti pºur ra- cuiure, ou vn petit chauderon ſous vne chaire percée : puis le malade eſtant aſſis ſur icelle, comme s'il vou-meliir & re- loit aller à ſes affaires, tu verſeras ſur leſdites pierres de bon vinaigre, & de l'eau de vie meſlée enſemblé- ſoudre. ment par parties égales , & garniras ladite chaire ſi bien à l'entour,que la vapeur ne ſe perde , ains qu'elle ſoit portée droit contre le mal. Pour encore mieux faire, tu pourras vſer de ce tonneau, dedans lequel le patient ſera nud, & aſſis au milieu ſur vn ais pertuisé à l'endroit des parties genitales. Puis y aura vn chau- deron entre ſes iambes, où l'on poſera les pierres eſchauffées:& par la petite feneſtre marquee B. tu arrou- ſeras leſdites pierres de la liqueur ſuſdite, la fumée de laquelle le patient receura commodement ſur la par- D tie affectée : mais il faut que ledit patient ſoit bien clos, & couuert dedans le tonneau , marqué A , de Peur que la vapeur ne ſe perde, & que la petite feneſtre ſoit pareillement bien cloſes. L'emplaſtre e de Vigo -- . Qq Tonneau 458 Le L)ix-neufIeme Liure, Tonneau propre pourreceuoir vnefumigation. Au 2. liu. Telle euaporation penetre , inciſe , diſcute , liquefie, à Glauc. mollit & reſout grandement toutes durctez ſcirrheuſes, traitant de teſmoin Galien z. à Glaucon. la curation des ſcirrhes, •h. 5. De quels remedes il faut vſerſi leſdites carnoſitez tiennent de la verole, enſemble- de leur cure_ . CHA P. XXV I I. · A 1 s s'il y a ſoupçon que leſdites duretez & carnofitez ſoient causées de quelque humeur tenant de la verole, il faut que le malade faſſe diette, & vſer de decoction de gajac, luy frot- tant les aines , tout le perineum , & la verge, d'vn onguent propre à la verole : car autre- # ment on perdoit ſa peine & ſoh temps. Pendant qu'il ſera en ſueur, on luy fera tenir entre Nb ſes iambes vne bouteille remplie d'eau boüillante, ou vne brique chaude, & bien enueloppée de linges, arrouſez en vinaigre, & eau de vie : pource qu'au moyen de ces pierres s'eſleuera vne vapeur & chaleur, qui auec l'onguent de verole, amollira & fondra l'humeur cauſant leſdites carnoſitez : ce que i'ay pratiqué en pluſieurs,auec tres-bonne iſſuë:Apres auoir par ces moyens ainſi amolly leſdites carnoſitez, il les faut conſumer,auec remedes qui ont puiſſance de ce faire.Et ſi on cognoiſt qu'elles ſoient calleuſes,& ayét pris cicatrice(qui ſera aisé à voir,parce que d'elles ne ſortira aucune humidité ſuperfiuë)alors les con- uient eſchorcher & rompre auec vne söde ouverge de plomb,ayât vn doigt pres de ſon extremité,pluſieurs aſperités,comme vne lime ronde,& l'ayant paſsée dans la verge outre les carnoſitez,le patient ou le Chirur- gien la tirera,repouſſera & retournera de coſté & d'autre tant de fois qu'il verra à ſon aduis eſtre neceſſaire Pour comminuer leſdites carnoſitez, laiſſant fluer apres aſſez bonne-quantité de ſang,afin de deſcharger la signes de partie on pourra auſſi vſer de quelques ſondes propres pour tel effect,dedans leſquelles yaura vn fil d'argët carnoſité & à l'extremité d'iceluy vne petite rondeur qui ſera trenchante & caue vers le bout de la ſonde,afin qu'elle calleuſe. ſe ioigne contre,pour la mettre ſans violence dedans la verge,à l'endroit des carnoſitez: & lors on pouſſera Lº ºyº ladite verge de contre la ſonde, tant & ſi peu que l'on voudra : car l'ayant ainſi pouſsée,on la retire tant de ºvºrºrº fois qu'on veut. Ce faiſant on pince & comminué de ladite carnoſité, tant qu'il ſemble eſtre bon pour vne ºſº fois.je te puis aſſeurer que i'en ay fait de belles cures.La cannule marquée a, eſt ſemblablement vtille pour #" tel effect.Son vſage eſt tel:Il faut mettre en la verge,& fes ouuertures marquées b,b,ſeruent pour couper & " comminuer les carnoſitez,lors qu'elles ſont poſsées dedans,parce qu'elles ſont trenchantes : & alors on doit tourner la cannulle, & comprimer des doigts l'endroit de la verge où ſont les carnoſitez. Sondes &9 Cannules propres à couper c comminuer les carnoſitex Poudre ſin- guliere # Apres faudravſer de la poudre ſuiuante, laquelle eſt prompte à conſumer leſdites carnoſitez & excroiſ- les carnoſ- ſances de chair és parties honteuſes,tant à l'homme qu'à la femme, ſans notable douleur.2/.herbz ſabinz f672L , - - - in C • •* ". De la groſſe Verole. 459 A , \. in vmbra exſiccatx 3.ij.ochrx,antimonij,tuthiæ præparatæ an.5.É. fiat † ſubtilis,vt alchol. Il faut ap- pliquer ladite poudre auec la ſuſdite cannule, & auec vne petite verge d rgent ( qui ſera de la proportion de la cauité de ladite cannule)au bout de laquelle tu auras lié vne petite piece de linge delié de ladite can- nule,eſtant mis la feneſtre contre mont,à fin que ladite poudre ne tombe au conduit de l'vrine. Tu addreſ- ſeras ladite feneſtre ſur la carnafité : car en pouſſant adec ladite verge, tu pouſſeras hors de ladite cannule la poudre : puis apres tu retireras ladite cannule, ayant retourné la feneſtre de l'autre part de la carnoſité, afin de ne rapporter en ladite feneſtre la poudre, ains qu'elle demeure ſur la carnoſité.le plus long-temps qu'il ſera poſſible : & s'il † douleur,il conuient vſer de l'iniection ſuiuante, pour adoucir la douleur,& fuir l'inflammation. Vſage de la cannule fe- meſtrée. .ſuccor.portul.plantag.ſolani & ſemperuiui an.3.É.albumina ouor.num.vj. agitentur diu inmortario plumbeo : & tiede ſera jetté en la verge par vne ſeringue. Tu pourras au lieu de cette-cy vſer de l'iniection que nous auons cy deuât eſcrite au Chapitre de la cure particuliere de la chau- de-piſſe.Il ſera beſoin auſſi mettre par dehors au long des parties genitales, quelques remedes repercuſſifs pour empeſcher la douleur & inflammation. On peut pareillement vſer des remedes qui ont faculté de di- minuer & conſumer les carnoſitez,entre leſquels les ſuiuans ſont fort excellens.2Z.Viridis aeris,auripigmen- ti,vitrioli Romani,aluminis rochz,an. 3.ij. Toutes ces choſes ſoient infuſes en tres-ſort vinaigre, & entre deux pierres de marbre ſoient diligemment menées,& reduites en poudre tres-ſubtile, & puis ſoient miſes au Soleil d'Eſté.Derechefces choſes ainſi ſeichées,ſoient encore infuſes de vinaigre,&menées côme deuant, iuſques à ce qu'il n'y ait aucune aſperité,& derechef les mettre au Soleil, iuſques à ce qu'elles viennent en ſubtile poudre, & que toute l'acrimonie de ces medicamens ſoit eſteinte : ce qui ſe pourra faire en huict iours.Cela fait.2Z.Olei roſacei.3.iiij.litharg.3.ij.ſoient cuittes au feu,iuſques à ce que l'emplaſtre acquiere conſiſtance de corps ferme:puis oſté du feu,adjouſtez de la poudre predite 3. ij. & ſoit meſlé aucc l'eſpatu- onguentfort le,& mis ſur le feu,iuſquesà ce que le medicament acquiere dureté,tant qu'vne chandelle de cire,ou verge # de plomb y tienne & s'y puiſſe bien adherer,& que meſme ne tombe eſtant maniée des doigts:& de ce re- # carneſi- mede vſent les Chirurgiens de Montpellier.Apres la ſupputation de la carnoſité,on vſera de i'onguent ſui- tez. uant,qui a puiſſance de les mundifier,& conſumer la chair excroiſſante. - onguent pour les carnoſtex. prenez ceruſede Veniſe 3.iij.camphre 3.j.tuthie preparée auec eau roſe 3 .6.litharge d'or lauée 3.vj.an- | timoine crud ſubtilement puluerisé, § par le cicotrin 3. j. trochiſques blancs de Rhaſis 3.ij. maſtic, oliban,aloes hepatic,ſubtilement pulueriſez an.9.ij.huyle roſat tant qu'il ſuffiſe pour faire onguent. Il faut broyer tout en vn mortier de plomb,auec vn pilon auſſi de plomb,& qu'il ſoit long-temps broyé : ſe don- nant garde de le faire en vn mortier de bronze,ou autre metail,de peur qu'il n'acquiere vne acrimonie, & ne cauſe inflammarion , ou autres accidens qui pourroient arriuer, comme on a veu. De cét onguent en oindrez la candelette enuiron deux trauers de doigrs, & le reſte ſera oingt de l'onguent ſuiuant. Prenez onguent roſat de Galien,laué en eau roſe,onguent blanc de Rhaſis,camphre, & pomade fimple an. 3 6.in- corporez enſemble dans le ſuſdit mortier de plomb,& en vſez par interualle pour oſter la cuiſeur : pareille- ment on fera iniection de laict Faut noter qu'en l'application dudit onguent, 1l ne faut vſer de bougies or- dinairement,comme aucuns,leſquels apres auoir piſsé, promptement en remettent d'autres , penſans bien faire:parce que le plus ſouuent il s'en enſuit tumeur en la verge, & infiammation , qui contraint le Chirur- gien de differer l'vſage:& partant ie me contente d'en vſer vne fois en vingt-quatre heures,ſpecialement la nuict. Et pour mieuxfaire,& abreger la cure, il eſt beſoin de faire ſortir du ſang de la carnoſité auec vne ſonde, à fin de deſcharger la partie, & auſſi que le medicament puiſſe plus librement faire ſon operation, On peut auſſi vſer d'autres chandelles de cire, dont la meſche ſera faite exprés de fil bien fort & delié, de Nota. peur qu'elles ne ſe rompent,mais il faut qu'àl'endroit qu'elles toucheront leſdites carnoſitez, elles ſoient formées & embouties de la compoſition qui s'enſuit.2/...Emplaſtri nigri vel diachylonis ireati3.ij.pul. ſab. ochrz,vitrioli Romani calcina.pul.mercur.an.3.É.omnia liqueſcant ſimul ad vſum dictum.Ledit remede ſe- ra augmenté de ſes forces, ou diminué, ſelon que le Chirurgien cognoiſtra eſtre neceſſaire. Pendant que l'on vſera des ſuſdits remedes,faut ſoigner que le malade ſecoüe bien ſa verge,& qu'il s'efforce qu'il ne de- meure pas vne goute d'vrine au conduit apres qu'il aura piſsé : car il n'en ſçauroit demeurer ſi peu , qu'il - n'empeſchel'action des ſuſdits remedes. · .. • Des remedes conuenables pour cicatriſer les vlceres apres l'ablation des carnoſitez. C H A P 1 T R E XXVIII. tt ' à PR E s que par remedes la carnoſité ſera conſommée,ce qu'on peut cognoiſtre quand le pa- Signº.ºº 2 tient piſſera librement & à l'aiſe, & auſſi gros qu'il auoit accouſtumé auant qu'il fuſt malade: carnºſité . ſemblablement lors qu'en mettant la ſonde dans le conduit, on ne ſent aucun empeſchement, conſommée. - # il faut adonc deſſeicher & cicatriſer l'vlcere : ce que l'on pourra faire auec telle & ſemblable " iniection, qui a grande vertu de deſſeicher & cicatriſer ſans grande mordication. 2Z. Aquæ fabror. fb.É.nucis compreſſi,gallarum,cort granat.an. 5. j.aluminis rochz 3. É. bulliant omnia ſimul ſecun- dùm artem, fiat decoctio proiniectione. - De laquelle on vſera iuſques à ce que l'on n'apperçoiue aucune humidité ſanieuſe ſortir hors de la verge. Pareillement pour deſſeicher dauantage, & auancer la cicatriſa- tion , ſera bon d'vſer de cette poudre, laquelle deſſeiche ſans nullê douleur & mordication. Prenez pierre calaminaire lauée,coquilles d'œuf bruſlées,corail rouge,eſcorce de grenade, le tout mis en poudre ſubti- lement,puis ſoit appliqué ſur les vlceres auec chandelles de cire,ointes d'onguent deſiccatif, rouge, ou au- .. , . tre ſemblable. Pour meſme effect, on vſera de verges ou ſondes de plomb,les plus groſſes que le patient Sintºli", pourra endurer, & icelles mettre dedans la verge iuſques ſur leſdits vlceres, les ayant premierement frot- rem ede des tées,de vif-argent,& les y tenir iour & nuict,le plus long-temps que le patient pourra. Elles ont vertu de # de deſſeicher,cicatriſer,& dilater le conduit de l'vrine,ſans aucune douleur : & gardent que les parois des vl- # assu- ceres ne ſe touchent. Ie te pourrois encore eſcrire vn grand libelle de remedes tendans à pareil but que §. ceux-cy deſſus eſcrits : mais ſçachant bien que le Chirurgien expert les peut changer & varier par raiſon, «omme le mal le requiert,ceux cy te ſeruiront d'exemple. Q q 2 Der | 46o Le Dix-neufiéme Liure, •' r " : . - - - Des bubons ou poulains veneriens. C H A P. XXIX. · # · - ES V E L Q v E s F o 1 s le virus verolique ſe communique au foye , & ſi la vertu expultrice eſt la Generatien #à plus forte,le reiette aux aines,q i ſont ſes emonctoires, d'où s'enfuiuent apoſtemes , appellées # # #)$ poulains la pluſpart deſquels ſont engendrez d'humturs froids,lents & viſqueux comme il ap- ºſ - cu poulains. $# pert par la tumeur dure,blanche,& de petite douleur, eſtant tres-difficile à curer qui eſt vne au- §on,outre celles que nous auons alleguées au chapitre troiſieſme qui monſtre que le virus de la ve1o- le eſt principalement fondé en l'humeur pituiteux. Quelquesfois auſſi il y en a d'autres faits d'humeur chaud,bilieux,& acre,aucc grande inflammation & douleur,qui ſouuent degenerent en vlceres virulens & corroſifs:& aucuns d'iceux ſont accidens Precedans la verole : comme ceux qui ſe tournent & cachent par deliteſcence aux parties internes. Il y en a d'autres qui ne ſont accidens de la verole : mais ſont maladies à part, qui ſe peuuent curer ſans les remedes propres à la curation de la verole, comme iournellement ap- pert : & pource eſtans comparez aux autres bubons veneriques, ils ſe peuuent appeller ſimples, & non compliquez. - - - - - caratis des Pour la curation,il ne faut vſer de reſolutifs,craignant qu vne partie ſeulement ſe reſolue » & l'autre de- § v - meure au dedans auſſi ne faut iamais vſer en tel cas de repercuſſifs : donc on appliquera medicamens atta- neriques. ctifs & ſuppuratifs, propres à la nature de l'humeur » à ſçauoir, plus chauds aux tumeurs œdemateuſes & ſcirrheuſes,qu'aux ſanguines & bilieuſes.Auſſi ſeront diuerſifiez ſelon les corps rares & delicats. L'appli- cation des ventouſes agrande efficace:car elles ont puiſſance d'attirer l'humeur du dedans au dehors auſſi faut ſubit y appliquer vn medicament emplaſtique : ſomme,il faut conduire la cure par ſuppuratifs:& apres Quels peu- la fuppuration faite,l'apoſteme ſera ouuerte par cautere potentiel,ſi elle eſt causée d'humeur froide,car par lain il faut leur chaleur & douleur,ils aideront à cuire le reſte de l'humeur : joint que par l'ouuerture la matiere ſera # mieux euacuée,& ne faudray mettre aucune tente,mais ſeulement des plumaceaux. On traitera l'apoſteme actuel. par remedes emolliens & ſuppuratifs,en mundifiant l'vicere & apres le malade ſera ſaigné & purgé,s'il eſt beſoin,& non auparauant que la ſuppuration ſoit faite. Si on fait l'ouuerture auecques la lancette, on la fera en trauers,ſelon le ply de l'aine, parce qu'en pliant la cuiſſe contre le ventre, les lévres de l'vlcere ſe couchent l'vne ſur l'autre,& l'agglutination eſt mieux faite,& nydemeure tant de difformite quand la cica- trice eſt faite. Des exoſtoſes, tophes ou nodus venans du virus verolique .. C H A P. XXX. Es tumeurs dures, & exoſtoſes ou nodus ſont engendrées de pituite & melancholie craſſe, froide, & viſqueuſe , laquelle ne ſe peut diſſoudre que par remedes chauds, qui ont faculté d'amollir & fondre ledit humeur:& outre les indications communes des ſcirrhes , faut y ap- pliquer le vifargent auec les remedes propres. Exemple.2/.. emplaſtri filij Zachariæ,& cero- nei,an.3.iij.euphorbij3.6.emplaſtri de Vigo 3.ij. ceroti hyſopi deſcriptione Philagrij 3. j.ar- genti viui extincti 3.iiij.vt dictum eſt,& fiat emplaſtrum : extendatur ſuper alutam ad vſum. Cependant le - malade doit tenir bon regime,& par tels moyens ſera guary,pourueu que les os ne ſoient point intereſſez: º car s'ils eſtoient carieux & pourris, les ſuſdits remedes n'auroient plus de lieu. Et faudra faire neceſſaire- - ment apertion en deſcouurant l'os,ſoit auec raſoir,cautere potentiel ou actuel lequel eſt en ce cas meilleur & plus certain , à cauſe qu'il conſomme vne certaine virulence imbue en l'os, & ayde à la cheute de l'os Choſe digne corrompu. Il ſera de figure du tophe que l'on veut cauteriſer,ſoit rond,quarré,ou long I'ay de couſtume d'«ſtre notée. auparauant l'application deſdits cauteres actuels, couper la chair de deſſus auec vn raſoir , a fin de fa1re moindre douleur par le cautere:parce qu'auparauant que la chair fuſt bruſlée,la douleur ſeroit trop grande, pour la longitude du temps que l'on ſeroit à la bruſler deuant que deſcouurir l'os. Or ne ſera icy hors de propos traitter de la carie des os. Matiere des nodus- La cauſe pourquoy l'os s'altere & pourrit , des ſignes pour le cognoiſtre . C H A P 1 T R E XXX l. A ſolutiou de contiuuité faite aux os,eſt nommée au ſixieſme de la Methode par Galien Ca- tagma.La carie ſe fait en eux,pource qu'ils ſont froiſſez,fendus,percez,fracturez, luxez , apo- ſtemez, & deſcouuerts de leur chair. Quand donc il ya deperdition de ſubſtance de la chair qui les couuroit,ils s'alterent alors, & le ſang & leur propre nourriture ſe deſſeiche par l'air exterieur qui les touche , que les os nuds ne peuuent longuement endurer ſans qu'il s'alte- rent.Auſſi quand vne playe eſt de longue durée, la ſanie croupiſſant deſſus s'imbibe en leur ſubſtance , & les pourrit.Pareillement par l'application des choſes onctneuſes & oleagineuſes,& autres medicamens hu- mides,& ſuppuratifs,à cauſe qu'ils rendent la playe ſordide & maligne : puis la chair des parties voiſines s'eſchauffe & ſuppure,& la boüe defluante ſur l'os l'enflamme auec ſon perioſte:à cauſe dequoy ils tombent ſouuent en fiévre. Pour dire en bref,les os peuuent ſouffrir tous les inconueniens dont la chair eſt vexée: partant ſe peuuent carier & pourrir.Daifantage,Galien nous a laiſſé par eſcrit , que ſouuentesfois l'inflam- mation commence aux os.Sur ce quelques vns pourront obiecter, que les os ne peuuent auoir pulſation, des vlºres attendu qu'ils n'ont ſentiment aucun.Car les anciens ont eſcrit, que le pouls fignifie mouuement des arte- é ſº res auec douleur. Ce que ie confeſſe:mais ie reſpons auſſi,que la membrane qui les couure, & les arteres au liu des & nerfs qui entrent en leurs cauitez, ont vn exquis ſentiment : & que quand leſdites arteres ſe meuuent, † eſtans eſchauffées de l'os malade,elles cauſent douleur à la membrane qui l'enueloppe : tellement que les " " patiens diſent ſentir vne douleur pulſatiue au profond des os, ce que l'on cognoiſt manifeſtement à la douleur des dents. L'alteration & pourriture des os eſt aucunesfois cogneue a l'œil : ſçauoir eft quand Moyen * l'os eſt deſcouuert : car lors on void qu'il y a mutation en ſa couleur naturelle,quand au lieu d'eſtre blanc» #. il ſe trouue liuide,iaunaſtre,ou noir:pareillement on la cognoiſt au toucher de la ſonde, quand on y trou- ' ue aſperité & inegalité,& en la pouſſant on entre en ſa ſubſtance,comme en vn bois pourry : car l'os ſain doit eſtre ſolide:& non mol. Neantmoins de ce ſigne n'en faut faire vne regle certaine, pource que quel- º ſºiººt quesfois i'ay veu l'os ayant eſté longuement deſcouuert, deuenir alteré, & tellement dur, que la trepa- º ſº ne, ou autre inſtrument, ne pouuoit entrer dedans qu'auec peine. Auſſiladite alteratiou & pourriture ſe ſolution de eontinuité en l'os. Hip. au liu. · De la groſſe Verole. 46 I A ſe peut cogn oiſtre par la ſanie , qui ſort de l'vlcere, laquelle eſt plus ſubtile & claire, que celle qui coule - d'vn autre vlcere eſtant en la chair. Meſme eſt moins viſqueuſe, & plus puante, que celle qui ſort de la chair,des nerfs,des tendons,& des membranes Dauantage , en l'vlcere ſe trouuera touſiours qu elque chair molle , baueuſe, & ſpongieuſe : pareillement l'vlcere ſera mal traittable, & rebelle à clorre & cicatriſer: l combien toutesfois que par la longue continuation des medicamens deſiccatifs,& aſtringens, on y induiſe | uelquesfois cicatrice:mais toſt apres l'vlcere s'ouure & renouuelle, à raiſon que nature ne peut faire bon l, § engendrer vne chair loüable ſur l'alteration & carie de l'os,car c'eſt choſe contre nature, & . r• partant elle doit eſtre oſtée le pluſtoſt qu'il ſera poſſible. Des moyens de proceder à la ſeparation des os carieux. C H A P. XXXII. R il ne ſuffit au Chirurgien cognoiſtre que l'os ſoit alteré & corrompu : mais il'conuient auſſi { qu'il ſçache fil'alteration eſt ſuperficielle,ouprofonde, afin de diuerſifier les medicamens & les # #!) inſtrumens pour donner iſſuë à la ſanie, qui peut eſtre en la ſubſtance de l'os : & pour ce faire, CN faut ſeparer l'os alteré & pourry. Le moyen de ce faire, eſt de corriger leur corruption en mun- Moyens dé | difiant l'vlcere, afin que la ſanie ne tombe ſur l'os,& qu'elle le rende humide. Pareillement le deſſeichant cºrriger la bien fort,tant par medicamens,que par caateres potentiels,ou actuels : car par ce moyen on le rend exan- º#Pºiºn gue,ſans nourriture & vie. Celſe liure 8.chap.2.veut qu'on perfore les os vermolus & alterez , en quelque ô5, endroit que ce ſoit,iuſques à la partie ſaine & entiere, qui eſt quand il en ſort vn peu de ſang : puis appli- quez dedans les trous,cauteres actuels faicts en maniere de poinçons,afin que l'os deuienne tout ſec:toutes- Sq4 S / # C, # B fois il ſe faut garder de trop profonder les poinçons,de peur qu'ils ne touchent ſur l'os vif,& par cette ma- :: : niere on fait ſeparer l'os alteré,pourry & vermolu, & par ce moyen on le rend exangue & ſans nourriture. , Ce qui ſe peut monſtrer par l'exemple des arbres,eſquels les fueilles tombent,à cauſe que le ſuc:par lequel #l elles ſont adherantes aux branches, eſt deſſeiché, dont aduient que les fueilles n'ayans plus d'humité & : vie,ſe ſeparent de l'arbre verd & vif, qui eſt la cauſe pourquoy elles tombent : ainſi conſumant l'humidité t# des os,on leur oſte la vie,qui eſt cauſe de les faire ſeparer. A cauſe dequoy les poudres appellées Catag- Poudret pro- matiques ſont propres pour aider à ſeparer l'os qui ſera alteré ſuperficiellement. 2/.. pulaloes, cretz com- Prº pourfai- buſt.pompholygos an.3.ij.ireos Florentiae,ariſtol.rotund.myrrh.ceruſ.an.3.j. pul. oſtreorum combuſtorum re ſeparer 3.6.terantur ſubtiliſſimè,fiat puluis. Icelle peut eſtre appliquée ſeule,ou auec miel roſat, & vn peu d'eau de les os, appel- vie auſſi on peut appliquer de cét emplaſtre, qui a faculté d'aider nature à extraire les os fracturez, & de # #c nettoyer la ſanie groſſe & viſqueuſe des vlceres. 2.cerx nouz,reſinx pini, gummi ammoniaci & elemi an. # 4 a 5.vj.terebenthina 3.iiij.pul.maſt.myrrhz an.3.6 ariſtolochix rotundx,ireos Florentiae, aloës, opopanacis, #. - euphorbij,an.3.j.olei roſati quantum ſufficit,fiat emplaſtrum ſecundùm artem. L'euphorbe fait tomber les eſquilles des os , comme dit Dioſcoride liure 3. chapitre 8. Auſſfl'emplaſtre de betonica a pareille vertu. Autre.2L. olei cariophill.3.ſº.camph-3.ij.miſceantur ſimul in mortario , & vtere. Et ſi l'alteration ne peut eſtre oſtée par les remedes ſuſdits,on peut vſer de trepanes exfoliatiues,& autres, rugines deſcrites aux pla- yes de teſte , lors que la carie eſt en vn grand os, & fort ſolide. Meſmes tu te pourras ſeruir de la trepane c perforatiue,dont tu as le pourtraict cy-deſſous, en pertuiſant l'os carieux en pluſieurs endroits de ſa carie, & en profondant iuſques à ce qu'il en ſorte comme vne humidité ſanglante:& ce pour donner air & tranſ- piration:afin auſſi que la vertu des remedes puiſſe mieuxconfumer l'humidité ſuperfluë. Les os ſe trôüents raclent , liment, ſcienti, coupent, & bruſlent. Trºpane perforatiue auec deux poinčtes en triangle, & la petite cheuille, ' 7: . pour luy ſeruir à l'emmancher. · / Autre trepane à cette intention:mais faiſant plus grande ouuerture, propre pour les gros os grandement carieux , de laquelle les poinctes ſont quadrangulaires ou ſexangulaires, comme tu peux voir par cette figure ſubſequente. - Trepane dont les poinčtes ſont quadrangulaires & ſexangulaires. Dauantage, ſi la carie eſt fo t profonde, & l'os ſolide(comme ſe fait ſouuent par alteration de l'air ex- terieur)alors il faut couper les os corrompusauecques les inſtrumens deſcrits aux playes de teſte, deſquels tu oſteras la corruption,frappant d'vn maillet deſſus,lequel doit eſtre de plomb, afin de moins eſtonner la partie : puis tu oſteras les fragmens & eſquilles auec petites pincettes. Le figne pour cognoiſtre que l'on aura oſté la carie,eſt quand au deſſusd'icelle l'os ſera trouue plus ſolide, & quand auſſi on verra ſortir du ſang. Q q 3 2Des Commenf 02 cognoiſtra la carie oſtée, 462 Le Dix-neufiéme Liure, Pourquoy les cauteres ačfuels ſont à propoſer aux poten- tiels, - - - Caureres po- arntiel,. : Des cauteres actuels ou potentiels. CHA p. X X X I I I. T ſi ces inſtruments predits n'auoient lieu : à cauſe de la trop grande corruption , il conuien- $ droit vſer des cauteres actuels ou potentiels, entre leſquels ie priſe plus les actuels : parce S9 que leur action eſt plus ſoudaine , & plus ſeure , & ne bruſlent qu'où ils touchent , ſans A, offenſer les parties proches. Ioint qu'ils ſont ennemis de toute pourriture, parce qu'ils con- JS ſomment, & deſſeichent l humidité eſtrange, imbuë en la ſubſtance des os : & corrigent l'in- temperature froide & humide, ce que ne peuuent faire les potentiels. Toutesfois nous ſommes ſouuent contrains d'vſer d'iceux , pource que les malades abhorrent le fer ardent, pour leur delicateſſe effeminée, & auſſi pour la coüardiſe & timidité des Chirurgiens. or l'action des potentiels eſt tardiue, & ne bruſle Pas ſeulement 1'endroit où ils ſont appliquez : mais auſſi pendant qu'ils ſont eſchauffez par la chaleur nati- relle de la partie , ils agiſſent & impriment leur qualité ignée tout doucement, & plus loin : & aux corPs cacochymes, quelquesfois cauſent inflammation, gangrene , & mortification, Ce que i'ay veu, à mon grand regret : toutesfois nous ſommes ſouuent contrains d'en vſer, pource que les patiens abhorrent ſou- lientesfois le fer ardent. Les potentiels ſont comme eau forte, eau de vitriol, huyle feruente , ſoulphre fondu & boüillant, & autres ſemblables. En l'application deſquels eſt requiſe au Chirurgien grande diſ- cretion & habilité. Car il y a danger que par faute d'induſtrie & dexterité, il touche d'iceux quelque par- tie de la chair ſaine : qui ſeroit cauſe d'exciter grandes douleurs & inflammation » choſe grandement à . craindre. Quant aux actuels ils ſont faits en tant de ſortes, que le recit en ſeroit trop long pour la diuerſ- 8 té des formes, qui ne peut eſtre limitée, & encores moins eſcrite, à cauſe qu'il les faut diuerſifier ſelon la grandeur du mal, & figure des os carieux, toutesfois ie propoſeray icy quelques pourtraits de ceux qui ſont maintenant plus vſitez pour leſdites caries : deſquels aucuns ſont cultelaires, les autres punctuels,les autres oliuaires , & d'autre figure. Diuerſitex des cauteres actuels, deſquels pourras vſer à ta commodité. F$7aNu , A Autrei -------- -- De la groſſe Verole. 46 3 A - Autres cauterês. Ceſtuy fuyuant eſt propre auxnodus de la Verole, qui ſont au crane, lors qu'on veut emporter la chair qui couure l'os : pour cette cauſe eſt fait caue & trenchant, de figure triangulaire, & quadrangulaire, & ſeparé en trois, pour en vſer à ta commodité Ceux qui s'enſuiuent, auront lieu ſi l'os carieux eſt profond , en ſorte qu'on puiſſe toucher ſans bruſler les bords & lévres de l'vlcere, qui ne ſe fait ſans grande douleur : pource eſt-il plus ſeur & doux d'vfer de , cannule de fer , par laquelle l'on fera paſſer le cauterre actuel iuſques ſur la carie, en la façon qui s'enſuit, ſans que la chaiy ſente notable action du feu. - Cauteres actuels auec cannules. - Dumal qui aduient des cauteres actuels induëment applique{,quels remedes il faut mettre_ apres l'vſage d'iceux. CH A P. XXX I V. . Mg L te faut icy noter, que ſi leſdits cauteres ſont mal appliquez , c'eſt à dire, trop ſouuent, g|$2 ºº qu'ils ſoient laiſſez trop long-temps ſur l'os, il s'enſuit grand inconuenient, c'eſt que des ca res à(2 par leur exceſſiue chaleur & ſeichereſſe, non ſeulement eſt conſommée l'humidité ſuper- actuels in- s fiuë de l'os carieux ; mais auſſi l'humeur ſubtantifique , qui doit faire ſeparation de la ca- deuëment. S rie, & induire chair , & ouuerture entre l'os carié & le ſain, qui demeure deſſus. Par- *Pºli2ue* quoy l'application deſdits cauteres ſe fera tant que le Chirurgien verra eſtre neceſſaire , & ſelon que la carie ſera grande & profonde , les tenans deſſus , iuſques à ce que l'on verra ſortir quelque ſanie aucunement ſpumeuſe , par les poroſitez de l'os carieux. Ce faiſant , on aydera à na- ture à exfolier, ſeparer , & jetter hors l'os corrompu: Ie te veux bien icy aduertir de ce que tu dois obſer- Q. q. 4 4lCI Le danger Choſe digwe d'eſtre notée. 464 Le Dix-neufiéme Liure, uer ſoigneuſement en cauteriſant les caries des os, nommément ſi elles ſont profondes, comme en la cuiſ- ſe , & autres parties fort charnues. C'eſt qu'auant l'appoſition d'iceux, il te faut bien coutirir les parties d'entour de la playe ou vlcere : pource que le ſang ou humeur contenu en la playe , auquel on donne che- min,eſtant eſchauffe par le feu ſortant hors,fait autant d'impreſſion de bruſleure ſur la chair, que feroit de l'huyle boüiliante.Apres la cauteriſation,on doit pour ſeparer les os,& faire cheoir les ſquammes, y appli- Les medica- quer deux ou trois fois de noſtre huyle,cy-deuant nommé oleum catellorum, feruente. Et combien qu'el- "ºnº le y ſoit fort propre, ie n'approuue qu'on en applique ſouuent : pource que de ſa ſubſtance oleagineuſe, º ſubtille,& humide,elle pourroit derechefoffenſer 1 os ſain,qui eſt ſous l'os carieux.Or l'os eſt plus ſec que 4143 04A nul autre partie de noſtre corps : parquoy les medicamens cras, onctueux & humides, luy ſont contraires. Dauantage,par meſme raiſon la chair qui eſt prochaine des os,d'autant qu'elle eſt de nature plus feiche, & approchante de la temperature deſdits os,requiert auſſi medicamens plus ſecs:au contraire d'autant qu'el- le en eſt loin, deſire medicamens deſiccatifs. Parce il conuient vſer de ladite huyle auec diſcretion : mais obſervation quelquesfois auſſi faudra esbranler doucement les os pour ayder nature à les ſeparer ſans les tirer & arra- neceſſaire au cher par violence,ſi on ne les void eſleuez en haut,& ne tenir quafi point. Et fi le Chirurgien eſt indiſcret chirurgien. iuſques à tirer l'os carié,deuant que nature ait fait couuerture ſur celuy qui eſt fain,il ſera cauſe qu'il ſe fe- La chair ra nouuelle alteration. Pource que le Chirurgien doit bien noter ce paſſage,'lequel n'eſt de petite conſe- nºuuellemº quence. Outre-plus,quand nature aura jetté & exfolié l'os carieux,il ſe faut bien garder d'appliquer deſſus - engendrée_ eſt molle comme for- mage_ . En quel cas la potion vulneraire a lieu. quelques medicamens corroſifs, de peur de conſumer la chair que nature aura produite deſſus : laquelle eſtant nouuellement engendrée,eſt molle comme formage nouuellement coagulé,à cauſe qu'il n'ya gueres que le ſang y eſt concret & pris:pourtant ſe faut donner garde de la conſumer par medicamens acres. Car auec le temps elle s'endurcit,& ſe forme en maniere de petits grains de grenade,en laquelle on void la ſa- nie rougeaſtre,polie,égale,glutineuſe,non fetide,& puis blanche.Ce fait ſeront deſſus appliquées des pou- dres capitales de faculté deſiccatiue,ſans aucune mordication, comme celle de racine d'ireos de Florence, d'aloes laué,& maſtic,myrrhe,farine d'orge,& ſemblables : & conduire la playe à cicatrice, diuerſifiant les remedes,comme le mal le requiert. Les eſquilles des os vallent mieux qu'elles tombent par nature,que par medicamens,ou par inſtrumens qui les ſeparent:car les choſes qui ſont tirées par vne force ſubite,laiſſent des ſinuofitez ſemblables aux fiſtules.Or les osſe ſeparent par le moyen d'vne carnoſité qui croiſt deſſous, puis on doit mettre vn medicament deſiccatif,& aſtringent ſans eroſion, de peur de conſumer la chair nou- uellement engendrée,laquelle eſt molle:à cauſe qu'il n'y a gueres que le ſang eſt concrée, pource qu'il eſt fait comme le formage nouuellement figé,& coagulé.. Pareillement les membranes ſuppurées & pourries ne doiuent eſtre tirées par force, d'autant qu'elles ſont attachées aux parties ſaines, & les tirant & arra- chant par force,ou qu'on y applique des medicamens acres & corroſifs,on induit douleur & inflammation, & quelquesfois conuulſion,& autres pernicieux accidens parquoy faut laiſſer faire à nature, qui les jettera & les ſeparera auec le temps.Car le vif chaſſe le mort. De la potion vulneraire . C H A P. XXX V. ' R ſi l'alteration de l'os & conſolidation des playes ſont repugnans aux remedes ſuſdits, faut C ordonner au patient potion vulneraire. Ce que i'ay ſouuentesfois fait auec heureuſe iſſuë, pource que nature fait choſes admirables, aydée par telle potion. Car nous voyons ſouuent aduenir que les playes,& vlceres, qui de leurs premiers commencemens ſembloient eſtre des plus legeres,deuiennent auec le temps ſi rebelles, qu'il n'eſt poſſible, quelque diligence & in- duſtrie qu'on y employe,les amener à raiſon & coſolidation par les remedes ordinaires:ſoit à cauſe de leur malignité & cacoethie,ſoit à raiſon qu'iceux remedes communs & ordinaires ſont repugnans à l'alteration, & conſolidation deſdites playes,vlceres , & fiſtules. Parquoy les anciens en tel cas ont inuenté & ordonné certaines potions,qui à cette occaſion ont eſté appellées Vulneraires, à raiſon de leurs merueilleux effects, pour la guariſon des playes,vlceres,& fiſtules deſeſperées. Car telles potions, bien qu'elles ne vuident les humeurs par le bas,fi ſont-elles conuenables à nettoyer les playes & vlceres de toutes les humeurs ſuper- fluës,à purifier le ſang de toutes les impuritez à recoler les os briſez,& guarir les nerfs.bref, à ayder natu- re en telle façon,qu'en peu de temps les playes ſont incarnées & cicatrisées , meſme quelquesfois ſans ap- pliquer autre remede. Ce confideré,il m'a ſemble bon d'en dire quelque choſe, d'autant principalement que leur vſage ayant eſté approuué anciennement, eſt pour le iourd'huy preſque du tout aneanty & negli- gé par les Medecins & Chirurgiens,choſe grandement dommageable au public.Car ſi la guariſon de telles playes & vlceres inueterées,eſt la deterſion & regeneration de la ſubſtance perdue,quelles choſes les pour- roient mieux faire que celles par la vertu miraculeuſe deſquelles le ſanghumain eſt tellementmundifié,que d'iceluy comme de matiere competente & bien diſposée,la chair & ſubſtance perdue eſt promptement re- parée & la partie rendue en ſa premiere vnionrQue ſi les vlceres fiſtuleux,les chancresvlcerez,les paſſions D arthritiques & autres ſemblables maladies,par vſage de viaudes ſalées,eſpicées,acres, & ſubtiles, comme d'aulx,d'oignons,mouſtarde,bref,par quelques excés en boire & manger, s'aigriſſent & enfiamment, pour- quoy par viandes & medicamens contraires ne ſe pourront-ils amener à quelque raiſon ? Or à fin que les ieunes Chirurgiens ſe puiſſent aider de tel remede, ie me delibere preſentement d'en deſcouurir & déplo- yer le threſor : dont les ſimples ingrediens de telles compoſitions ſont. La ſccbieuſe. La ſerpentaire- L'aigremoine. Le chou rouge. Le ſenicle. L'armoyſ . Les capillaires. Le ſcordion. Le bugle. La preu enthe. L'herbe Robert. L'herbe à chat. La piloTeile. La centaurée. Le pied du coulon. le pantapbylon. La pimpinelle. L'herbe dicte langue de ſerpent. Le plantain. Le mille pertuis. La betoine. Le petum ou Necotiane. La garence. la tenaiſie. Les ſºmmitex de chanvre. Zylmaria. La carpentaire. Le ſoucy. Les ſ mmitex des ronces. Tuſſilago. L'oſmonde Reyale. Fenouil. Le cyclamen. Dens Leonir. La toute-bonne. Le macif. Les conſoldes grande & petite. L'Ariſtolochie. La vémucine. La veronique. L'herbe dite langue de chien, Le (hardon beniſt. La caryophillate. La gentiane. L'berbe au Turc. Les trois fleurs sordiales. De tous cesfimples,le Chirurgié choiſira ceux que bon luy ſemblera eſtre propres aux parties vlcerées, CQIIlIIlC - De la groſſe Verole. 465 | comme auons dit au traicté des vlceres particulieres , & ſelon la ſaiſon & le tem du patient,& ſelon l'eſpece & proprieté de la maladie. Ie puis aſſeurer les potio ou de decoctions d'icelles,ſoit en vin blanc ſimple ou en vin miellé, eſtre par l'experience que i'en ay par pluſieurs fois faite,tres-vtiles à purifier & mondifier le ſang,& nettoyer les vlceres ſanieux & v§ , & dyſenteriques à prohiber la pourriture, & diſſiper les humeurs ſuperflus, à exfolier les os, à di§ ſang des meurtriſſeures & contuſions, chaſſer tous corps eſtranges, & faire autre merueilleux § 1ll corps humain. Parquoy de crainte que le ieune Chirurgien ne ſe perde en ſi grand jardin d'herbes deſſuſ- dites, i'en preſenteray deux exemples,à l'imitation deſquels il pourra dreſſer toutes ſes autres Potions vul- neraires.Prenez bugle,petum,ou Necotiane,tuſſilago,vlmaria,dicte Royne des prez,ſenicle, aigremoine,de trois ſortes de plantain,des conſoldes,prunella,verueine,armoyſe,dent de Lyon, caryophylata fommitez de ronces de chacun demy poignée, herbe Robert, aluine blanche ou Romaine , fenoüil verd, chou rouge,de chacun vne poignée:le tout ſera mondé & laué,puis mis cn vn pot neuf & plombé,en huict liures de vin blanc,& demie liure de miel crud,puis le tout boüillira in balneo Marix:& ne doiuent leſdites herbes y eſtre plus d'vne heure & demie, de peur que leur vertu ne ſe diſſipe, & ſoit renduë de mauuais gouſt:Puis ſera paſsée,coulée,& miſe en petite bouteille bien bouſchée:de laquelle potion le malade pren- dra trois onces pour chaſque priſe au matin, trois heures auant le repas. Les ſuſdites decoctions peuuent eſtte aromatisées de cannelle,pour donner meilleur gouſt au malade Autre. 2Z. Sanicula ,buglar,ſcabioſæ, betonicx,ſcordij& nepitae an-m.f.vuarum.mundatar.ſem.hyperici,& carduibenedicti an.3.j. trium florum cordialium.an.p.ij.coquantur completè in fb.viij.aqua communis,poſtea in fine adde viniaibi fb. ij mellis Narbonenſis fb.j.fiat decoctio lento igne,vel in balneo Mariæ:paſſentur per manicam Hippocratis, adden- do cinnamomi 3.f.detur manè tribus horisante prandium ad # iij. Meſme de celle liqueur on peut vſerès iniections,fiſtules,& en lauer les vlceres,& mettre des ſuſdites herbes dans les potages des malades,de tant que le ſuc d'icelles peut eſtre dit medicament alimenteux.Et puis aſſeurer auoir faict choſes merueilleuſes par longvſage deſdites potions,és fiſtules de la poictrine & ventre inferieur,& autres parties,où les autres remedes ordinaires n'auoient ſçeu obtenir la parfaicte guariſon : ayant touſiours eu eſgard, ſuiuant le bon veillard Guidon,de n'en vſer au commencement és playes recentes, à cauſe que telles herbes ſont chaudes & aperitiues,& partant eſchauffent & ſubtilient le ſang,le faiſant fiuer en la partie bleſſée.Parquoy apres que la ſuppuration ſera faite,& qu'il ne reſte plus qu'à deterger & incarner, & l'inflammation paſſée, ſera tres-vtile & expedient d'en vſer. ps , ſelon le temperament ns qui ſeront faictes de jus » racines ou Des dartres ou ſciſſures ſerpigineuſes. C H A P. XXXV I. Né E s T E maintenant à traicter des ſciſſures ou creuaſſes,leſquelles ſuzuiennent le plus ſouuent 9)uel lieu N% apres la curation de la verole. Le lieu qu'elles occupent le plus,ſont les palmes des mains,& ocsupent le ) -, plantes des pieds. Elles ſont causées d'humeur pituiteux ſalé, ou de cholere, rendue aduſte plus ſouuent \ # par l'intemperie chaude de la maſſe ſanguinaire,ou de quelque reliquat & portion du ferment les dartres. - de ce virus,lequel eſt enuoyé auſdites parties.Or quant à leur curation,elle eſt difficile,prin- Prºgnoſtic. cipalement quant elles ſont inueterées,à cauſe que les parties ſe ſont habituées à receuoir tel humeur ſiel- les ſont recentes,elles ſeront moins difficiles à guarir. Les recentes ſont cognues Par vne rougeur accom- cure de, pagnée d'vn grand prurit,& le cuir eſt plus gros,eſpais , & aride que de couſtume : celles qui lontinuete- dartres. rées,outre les ſignes predits,il y a des duretez ſquameuſes,& furfureuſes,de ſorte qu'en les frottant rude- ment,on en voit ſortir des eſcailles en maniere de farine de ſon. Quant à la curation, pour les choſes vni- uerſelles,il faut auoir eſgard au vice du foye,ordonnant le regime,purgations,bains,ventouſes, cornets. Et Remede pour quantaux topiques,ſi elles ſont recentes,on vſera d eau deſiccatiue,& de tenue ſubſtance,comme cette-cy. icelles, 2.Aquæ roſar.Pariet.an.3.jaqua alum.3.ij.chalcit.3.ij.alum.3.iij. pul ſublim. 9. iiij fiat lenta & minima ebullitio in balneo Maria. On augmentera la force de cette eau par le ſublimé,ou ſera diminuée ſelon qu'il ſera neceſſaire.2/. olei de tartar.3 ij.ſapo communis #. iiij.milce , & fiat vnguentum ad vſum. Autre de merueilleux effect.2/.. Sublimati pulueriſati 3.ij. aluminis rocha 5.j. albumina ouorum fortiter agitato- rum quantum ſufficiat,applicetur ſuper partem affectam : interim vtatur decoctogajaci. Si elles ſont inue- terées,il les faut ramollir par decoctions emollientes, attenuatiues & inciſiues , & par linimens » onguens, emplaſtres de meſme faculté puis y proceder auec parfums , comme de ceſtuy qui s'enſuit.2É. pul. cinab. 3.ij.ladani,aſſx odorat.ſtirac,calamitæ an3.ſ.olibani,maſtan3 iij.olei tart & theriacx quant ſuffifiant CIO- chiſci : deſquels on pourra vſer,la doſe de demie once par chacune fois ou enuiron : & faut que l'on faſſe receuoir le parfum ſeulement à la partie,ſans que la fumée ſoit communiquée à la bouche, nez, yeux , ou oreilles. Pareillement ce remede eſt fort propre pour frotter les mains. Prenez cendre de grauelée, & en faites capitel dâs vne chauſſe d'hippocrats,& en iceluy faut diſſoudre de la preſſure,& battre aſſez longue- ment en vn mortier,& de ce en faut frotter les mains. Autre.24. vnguentienulati.3 iij fugitiui # ij. Reſinae pini3.j. ceruſx3 ſ argentiviui.5.iiij ſucci'citri & lapathiacut an # # incorporentur ſimulifiat linimentum quoilliniatur pars.Si on y adiouſte demie dragme de ſublimé,laué & preparé comme celuy des farsil ſera de grande efficace.Autre. Prenez alum bruſlé,& ſubtilement puluerise , & incorporé auec blanc d'œuf & de ſuc de citron,& vn peu d'aloés deſtrempé en oxymel ſcillitic. - De la maladie venerienne, ougroſſe verole qui ſuruient aux petits enfans. C H A P I T R E XXXV II. §\# OvvENT on voit ſortir les petits enfans hors le ventre de leur mere,ayans cette maladie, & Les petits - $N')# toſt apres auoir pluſieurs puſtules fur leur corps ; leſquels eſtans ainſi infectez, baillent la # WA712- $ verole à autant de nourrices qui les allaictent : aucuns prennent la verole de leur nourrice, # # ve- &$ , parce qu'icelle maladie, comme auons dit, eſt contagieuſe. Or on voit peu ſouuent les #- ** enfans naiz auec cette maladie, receuoir guariſon : mais ceux qui l'acquierent par tetter poiuent gua- où autrement eſtans ja grandelets, ſont quelquesfois guaris. Le moyen de paruenir à la curation riſon. eſt de faire vſer à la nourrice de l'eau theriacale que deſcrirons cy-apres, l'eſpace de vingt iours, ou plus, tant pour s'exempter de cette maladie, que de rendre ſon laict alimenteux & menicamenteux : & lors qu'elle donnera à tetter àl'enfant, n'oublera lauer & eſſuyer le bout de ſon tetin , afin que le virus | ſortant 466 · Le Dix-neufiéme Liure, ſortant par la vapeur de la bouche du petit enfant ne s'imprime en ſonmammelon par les trous où paſſe le laict. Et quand aux petits enfans,on leur frottera ſeulement les puſtules d'vn onguent bien peu vif argen- tin,comme vnguentum enulatum cum mercurio,ou autres ſemblables & ſera puis apres enueloppé en vne couche ou linge, lequel ſera premierement parfumé des parfums cy-deſſus mentionnez, & ſera tenu foit chaudement. Or telles choſes ſe doiuent faire par eſpauletées, c'eſt à dire petit à petit, & non par conti- nuation,de peur qu'il ne leur vienne mal à la bouche.Auſſi s'il yauoit quelques vlceres en la bouche, on les touchera des eaux cy-deſſus mentionnées,les corrigeant, ayant eſgard à la delicateſſe de l'enfant. Aucuns ont eſté guaris par ces moyens : autres auſſi ſont morts non par le vice du medicament, mais pour la gran- deur de la maladie. Dauantage ſi l'enfant a pris la verole de ſa nourrice,la faut changer, & luy en bailler vne autre qui ſoit ſaine,autrement ne pourroit iamais eſtre guary , pource qu'il ſeroit touſiours nourry du ſang infecté du virus verolique. - Deſcription de l'eau theriacale_. C H A P. XXXV II I. E c 1 p E raſuræ interioris ligni ſancti gummoſ.fb.j.polypodij quercini 3.iiij.vini albi dulcedi- nis expertis fb.aquz fontanx puriffimz fb.viiij. aquarum cichorij & fumariæ an.3.iiij.ſeminis iu- # niperi,hederz & baccar laur.an.3.ij.caryophii & macisan.fi.corticis citri ſaccharo cond. conſer- $ 42S ux roſarum,anthos,cichor bugloſ.borrag.an.3.É. conſerux enulx campanae, theriacz veteris & mithridan.3.ij.fiat omnium deſtillatio in balneo Mariæ , modo ſequenti. Ean the- riacale. Le moyen de faire la diſlillation. Vous infuſerez le gajac en la moitié de voſtre vin & eaux,l'eſpace de douze heures : & le reſte de vos in- grediens en l'autre moitié dudit vin & eaux, en concaſſant ceux qui peuuent eſtre concaſſez, ſeront mis à part en infuſion l'eſpace de ſix heures puis mettez tout enſemble, afin qu'ils ſe puiſſent fermenter : laquelle fermentation ſe fera en vne ou deux groſſes bouteilles de verre,les laiſſant boüillir(eſtans bien eſtoupées) en vn grand chauderon plein d'eau chaude,l'eſpace de cinq ou fix heures. Le tout eſtant bien fermenté & confit enſemble,ſera mis en vn alambic de verre, & en ſera fait diſtillation , de laquelle eau en donnerez 3 iiij. pour chaſque priſe,laquelle ſera aromatisée d'vne 3. de cannelle, & d'vn 9. de diamargariton,ad- jouſtant 3.6. de ſuccre pour la rendre plus agreable. La nourrice en pourra vſer ſans ſe mettre au lict : car elle a vertu,par vne proprieté,d'obtundre ce virus & fortifier les parties nobles.Auſſi la nourrice en läuera ſon mammelon apres que l'enfant l'aura allaicté. JAutre eau theridcale. Eau theriacale composée par Rondelet,qui prouoque les ſueurs en la verole inueterée, & cure les dou- leurs,baillée auec les autres ſuiuantes,&dit en auoir fait vſer auec heureux ſuccez.2/.theriaca veteris fb,ij. acetoſæ m. iij. radicum graminis 5 iij. pulegij, cardui benedictian.m.ij. flor. chamxmeli. p.ij.temperentur omnia invino albo & dittillenturin vaſe vitreo,& aqua ſeruetur vſui,de laquelle on baille deux onces auec trois onces d'eau de vinette & bugloſe,& cecy ſe doit faire lors que le malade s'en va au lict.Cette eau cure les douleurs,baillée ſeule ou auec decoctiond'eſquine ou de bardane : ſi c'eſt vn pituiteux, en lieu de l'eſ- quine on prendra la decoction de gajac:car à cauſe de ſa ſubſtance ſubtille elle penetre bien toſt,& expel- le les matieres cauſant les douleurs. - - De la puanteur d'haleine, des aiſelles, des pieds, & de la ſueur vniuerſelle ». C H A P I T R E XXXIX. A puanteur d'haleine vient de pluſieurs cauſes,comme à ceux qui ont eſté frottez,emplaſtrez, & principalement parfumez de vif-argent:ou pour la pourriture des dents & genciues,ou vl- cere des poulmons , ou par vne indigeſtion d'eſtomach, ou pour l'obſtruction & corruption : des os colatoires,ou pour auoir mangé,ails,ognons, choux,vieil fromage, & autre choſe de - mauuais odeur. Les boſſus ont volontiers l'haleine puante, à raiſon que l'air qu'ils inſpirent, eſt trop long temps retenu dedans leur thorax courbé,qui fait que leur haleine eſt puante. ' , La puanteur des aiſelles vient parce que le lieu eſt concaue, non perſpirable, qui fait que les ſueurs ne s'exhalent & ne perſpirent : & partant acquierent pourriture & mauuaiſe odeur , comme la ſenteur d'vn bouc : c'eſt pourquoy l'on dit qu'ils ſentent le boucquin,ou l'eſpaule de mouton. Ordinairement la plante des pieds eſt de mauuaiſe odeur, parce qu'il en ſort vne ſueur, laquelle n'eſt tranſpirée, à cauſe de la grande eſpaiſſeur du cuir qui eſt calleux & dur. La puanteur de la ſueur ſortant de tout le corps,vient de la corruption d'humeurs, & principalement aux rouſſeaux tauelez. Il y en a pluſieurs qui ſe ſont abuſez,voulans perdre cette mauuaiſe ſenteur leſquels ſe frottans les aiſſelles & plantes des pieds de choſes odoriferantes,ſe ſont rendus plus puants. Car d'au- tant que les choſes odoriferantes ſont chaudes, d'autant plus elle fondent les vapeurs, eſquelles la feteur d'vn qui ſe conſiſte,qui eſt cauſe qu'elle apparoiſt d'auantage:ce qu'on void par experience. ray ſouuenance que ie frotto# la penſois vn Prince de quelque maladie, & le ſeruiteur de l'Apothicaire auoit les pieds puants, de façon plante de, ººº le ſentoit lors qu'il entroit en la chambre.Il s'apperceut qu'on le fuyoit pour cette puanteur,& pour pieds de V remedier,il ſe frotta le deſſous des pieds de quantité de muſc:dont au lieu de cacher & eſteindre cette fe- muſc. teur,il l'augmenta de telle façon,qu'il parfumoit toute vne chambre où il entroit, d'vne odeur ſi forte & ſi puante,qu'on ne la pouuoit endurer:qui fut cauſe qu'il fut chaſſé & banny entierement de la maiſon dudit Seigneur.Or pour la cure,elle ſera diuerſifiée ſelon la diuerſité des cauſes. La cure palliatiue ſe fera en ſe frottant les aiſſelles & les pieds d'eau alumineuſe, ou autre decoction aſtringente, qui aura vertu de con- denſer & reprimer cette exhalation puante. Hiſtoire , De A - D tſſt,ºlº # ººº ##mº #ºtº « | gitºººº # #oui ! · tutuuº #miſ . ily1puit miiui,0Jlºl titºt fttrtigut #intment tifold,qui énnges 0 Tentlestou epeicht lºtt, # #guiº : ) • Krººst.; # jºeles7 #rt ºu ºttº n à tttêt , a éy ; De la groſſe Verole. 467 0\ " Dt la ſurdité des oreilles. CH A P. XL. Queſtion problematique. eA ſauoir qui eſt la cauſe de ſurdité. : s A - s T-ce point que la membrane qui eſt au cxcum foramen,faite du nerf de la cinquieſme con- E# $ iugaiſon,eſt rompue,ou empeſchée de quelque humeur tombé deſſus:Ou diſlocation des pe- 1 , , ,/ / $, - # tits oſſelets,appellez Incus,Malleolus & Stapes : & que les cauſes peuuent eſtreinternes , ou externes Internes comme quelque fluxion tombée aux oreilles, qui fait apoſteme , dont s'en- \@ gendre vlcere hyperſarcoſe,ou chair ſupercroiſſante:Ou de l'excrement ou ſorditie, qui con- tinuellement ſe fait en nos oreilles,faute d'eſtre nettoyées , & s'accumule & deſſeiche en forme de petites pierres, qui eſtouppent le conduit auditif ou d'yngrain prouenant de la petite verole, ainſi qu'ºn vºi, ſouuent les verolez vexez de la groſſe verole,perdre l'oüye pour vne grande douleur de teſte.Ou auſſi vient de la premiere conformation,& hereditairement, ainſi qu'a remarqué Fernel au liure5.chap.6. lequel fait mention d'vn Senateur, qui ayant vne femme bien ſaine, engendra tous ſes enfans ſourds & muets : de la- quelle choſe on ne peut donner raiſon. De cauſe externe : Eſt-ce point d'vn grand bruit de tonnerre , de groſſe cloches,ou d'artilleries, ainſi qu'on veoit ſouuent les canoniers perdre l'oüye tiransles groſſes pie- ces,pour la grande agitation de l'air qui rompt ladite membrane, & déplace & renuerſe leſdits oſſelets du lieu naturel de façon que l'air implanté aux reſſorts anfractuoſitez,ou petits labyrinthes contenus en la ca- uite maſtoïde(nommée d'aucuns Tabourin)le malade oit vn bruit & tintamarre aux oreilles, duquel bruit il y a pluſieurs & diuerſes differences A ſçauoir,sibilus ou ſifflement,qui eſt fait d'vne vapeur ſubtile : Tin- nitus,ou tintement, fait d'vn cours & abondance d'humeur pituiteux : sonitus Bombus, ou bourdonnement, causé d'vn humeur cras,& viſqueux:& s'ilya vn bruit comme d'vn eau coulante d'vn moulin en bas , mon- ſtre vne agitation d'humeur meſlé parmy la vapeur:Stºepitus,ou eſtonnement,fait d'vne grande commotion; esbranlement,ou eſcouſſe du cerueau:ou pour eſtre tombé & auoir receu quelque coup ſur la teſte:ou d'vn air froid,qui auroit entré aux oreilles & refroidyle cerueautou quelques noyaux de ceriſes,ou autre corps eſtranges. Or la ſurdité cauſe de grandes faſcheries aux malades pour la diuerſité des ſons qui perpetuel- lement les tourmentent : qui ſe fait à cauſe que l'air naturel implanté aux anfractuoſitez du Tabourin eſt empeſché. Seconde queſtion problematique. •A ſçauoir, pourquoy les ſourds parlent d'vne autre façon qu'auparauant qu'ils fuſſent ſourds. - · Eſtrce point parce que les nerfs de la cinquieſme coniugaiſon ont communication auec ceux de la ſixié- me,qu i ſont les nerfs reeurrents(appellez nerfs de la voix)leſquels deſcendans en baillent de petites rami- fications au poulmon,magazin de l'air,qui eſt matiere de la voix, qui fait deprauation de la parole, & ſem- ble que les malades parlent ayant la teſte dedans vn potºTous leſquels accidents ſeront guaris par leur con- traire,tant que poſſible ſera : toutesfois,celle qui vient hereditairement eſt incurable, comme celle qui eſt faicte parla diſlocation des trois petits oſſelets, ou par la ruption de la membrane, qui eſt tenduë ſur l'en- trée de la cauité dicte Tabourin : ſemblablement,celle qui ſuruient par vne ſupercroiſſance de chair, ſi elle eſt profonde, ne ſe peut guarir. Fin du Dix-neufieſme liure, de la groſſe Verole & de ſes accidens. é$ $ $ $ $é$c#sé#sic#sc#té#a T A B L E D E S C H A P I T R E S D V vingtieſme Liure, traictant de la petite Verole, & de la Lepre. E S cauſes de la petite verole & rougeollé. Chapitre jº De la cure de la petite verole & rougeolle. Chap. ij. U© 4 Quelle partie fant preſeruer de la verole, - Chap. iij. # %Der vers. Chap. iv. Cure des vers. Chap. V. Despoulx, morpions, & cirons. Chap. - vj. Briefue deſcription de la lepre ouladrerie. Chap. vij. Des cauſes de lepre. (.. :) - Chap. viij. Des ſignes qui monſtrent la preparation de lepré. Chap. ix. Signes qui monſtrent la lepre eſtre confirmée. Chap. X. Du prºgnoſtic de la lepre. Chap. | xj- De faire ſeparer les ladres d'auec les ſains. Chap. xij. De la cure de ceux qui ſont preparez à la lepre. Chap. xiij. De la lepre des Grees , di#ie du vulgaire , Mal S. Main, qui eſt vne rvngne. Chap. xiv. L E - Hiſtoireà. occaſion de ce traitté. Deſcription de la petite verole &3° rougeolle. Differexces de la verole & rougeolle. Signes que la vercle &r rougeolle doiuent ſor- tir. Hiſtoire de . la petite verole. Autre hi- ſtoire. V I N GT I E S M E L I V R E, TRAICTANT DE LA PETITE V E R O L E, R OV G E OLLE, ET V E RS des petits Enfans, & de la Lepre. PAR AMB RoIsE PAR E DE LAvAL Av MAINE Conſeiller, & premier Chirurgien du Roy. Des cauſes de la petite Verole, & Rougeolle . C H A P. L o v R c E que la petite Verole & Rougeolle ſont comme les poſtes,Herauts, & Meſſagers de la peſte prouenans auſſi du vice de l'air, & de la corruption m'a ſemblé bon d'en eſcrire icy quelque choſe, afin que par ce traicté le ieune Chirurgien ſoit plus amplement & parfaictement inſtruit en cette maladie peſtilente. - Donc pour commencer à la deſcription de la petite verole, & rougeolle: Ce ſont petites puſtules & taches qui apparoiſſent à la ſuperficie du cuir, faites de ſang impur & autres humeurs vicieux,iettez par la force de la ver- tu expulſiue.Les anciens tiennent qu'elles ſont engendrées de quelque reſte 22vzºrza du ſang menſtruel , duquel l'enfant ayant eſté nourry au ventre de la mere, en retient encore apres,quelque portion & malignité , laquelle en grand chaud ou ſaiſon Auſtrale venant à s'exciter & bouillonner auec tout le reſte de la maſſe ſanguinaire, s'eſpand, & ſe monſtre par l'habitude de tout le corps. Qu'il ſoit vray , on voit peu de perſonnes qui ne l'ayent vne fois en leur vie : & meſmes elles peuuent venir aux grands ainſi qu'aux petits enfans, d vne grande ferueur & ebullition de ſang , & autres humeurs vitieux , & auſſi par contagion de l'air peſtiferé : dequoy l'experience iournelie nous faict foy. Or la verole differe de la rougeolla, ainſi que la boſſe du charbon : d'autant que la verole eſt faicte de mariere plus craſſe & viſqueuſe , ſçauoir ſanguine & pituiteuſe, que la rougeolle, qui ſe fait d'vne matiere plus chaude & plus ſubtile, ſçauoir bilieuſe : parquoy la rougeolle ne laiſſe pour marque de ſoy, ſinon taches comme de pulces, par tout le corps, autresfois rouges, autresfois verdes ou noires : mais la verole s'eſleue en puſtule poinctue & blanchiſſante, argument de meſlange de pituite auec ſang. Da- B des humeurs : outre plus qu'en la peſte s'engendrent des vers à pluſieurs, il uantage, la verole eſt plus eſleuée en poincte s au contraire la rougeolle ne ſort gueres hors du cuir, mais eſt plus large : toutesfois au commencement que l'vne & l'autre ſortent , comme du premier, ſecond , & tiers iour, il eſt difficile de les diſtinguer l'vne de l'autre, parce qu'elles ſont en leur commencement Preſque ſemblables : & depuis le ſecond ou tiers, ou quart iour la verole croiſt & ſe blanchit auant qu'el- le vienne en crouſte : au contraire, la rougeolle demeure rouge a la ſuperficie du cuir, & ne croiſt point en tumeur. D'auantage la verole pique & fait demangeaiſon, & la rougeolle ne pique & ne demange point : parce que l'humeur n'eſt pas ſi acre ny mordicant , ou parce qu'eſtant plus ſubtil il s'exhale plus ai- sément. Les malades ont vnegrande ſternutation lors qu'elles veulent ſortir, à cauſe que les vapeurs pu- trides montent des parties inferieures au cerueau. Outre plus ils ont fiévre continuë, auec douleur tres- grande au dos, prurit & demangeaiſon au nez, auſſi douleur & peſanteur de teſte auec vertigine, comme ſi tout tournoit, defaillance de cœur, nausée & vomiſſemens, mal de gorge , la voix en roüée, douleur de poictrine , courte haleine, auec grand battement de cœur. Dauantage, ils ont les yeux flamboyans» laſſitude de tout le corps, vrines rouges & troubles, reſveries : toutes leſquelles choſes, ou la plus grande part d'icelles , aduiennent au commencement de la verole & rougeolle. Quant au preſage que l'on peut faire de ces deux maladies ſi ſemblables d'origine, on peut aſſeurément dire, qu'en icelles il y avne qua- lité tellement veneneuſe & contagieuſe,que meſmes auec les humeurs & parties charneuſes, elles rongent . & gaſtent les os,comme fait la groſſe verole : ce que ie n'ay pas veu ſeulement en l'année 1568. mais plu- ſieurs autresfois par le cours de l'aage,qu'il a pleu à Dieu me donner iuſques à preſent. Et pour vous en # -onner vn notable exemple , i'ay bien voulu deſcrire ceſtuy cy(qui eſt l'vn des plus eſmerueillables que l'on ſçauroit voir)d'vne petite fille aagée de quatre à cinq ans, fille de Claude Pique, Relieur de liures du Roy,demeurant rue S Iacques à Paris,laquelle ayant eſte malade de la petite verole enuiron vn mois sº nature n'ayant pû ſurmonter le poiſon,luy ſuruindrent apoſtemes ſur le ſternon, & aux jointures des eſ- paules,dont la matiere virulente rongea & ſepara entierement tous les os du ſternon, & les epiphyles des os adiutoires auec bonne portion de la teſte de l'omoplate : ce que n'ay-eu ſeul, ains auec moy Monſieur Myron,à preſent Conſeiller,& premier Medecin du Roy, Docteur Regent en la faculté de Medecine à Pa- ris,& Iean Doreau Chirurgien de Monſieur le Comte de Brvane : en la preſence deſquels i'ay veu & anator misé ladite fille,en laquelle ay trouué ce que i'ay dit cy-deſſus Roulin Marie, marchand Lunetier demeur rant pres le Palais,me fit apporter ſa fille aagé de quatre ans deux mois,qui auoit eu tout le corps couuºº de puſtules de la petite verole, ayant les os des bras & jambes apoſtumez, pourris & fracturez, accºmº Pagnée de fiévre ardente Ie ne luy voulu aucunement toucher, le lendemain elle deceda On voit auſſi 3 Pluſieurs grande portion des genciues carieuſes & pourries, auec grande feteur : telle corruption ſe fait de vapeurs putredineuſes qui s'eſleuent des parties interieures a la bouche, & meurent preſque tous,quel- que diligence qu'on leur ſçache faire. On voit dauantage par la diſſection des corps qui en ſont morts, - que De la petite Verole & Lepre. 469 i A que leſdites maladies laiſſent le plus ſouuent vne merueilleuſe intemperature aux parties du dedans,comme au foye,à la rate, & aux inteſtins, dont s'enſuit à pluſieurs hydropiſie, phtiſie, enroüeure de voix , courte Grandt haleine, flux de ventre, auec vlceres aux inteſtins , & par conſequent la mort » ſelon que ces puſtules ont cidens 2 . rauagé par ces parties interieures, de meſme furie que l'on les voit aſſeoir ſur la peau. Et quant aux parties ite verols. externe , elles laiſſent non ſeulement deformité, principalement au viſage, à cauſe des puſtules & vlceres, A et qui paſſans la ſuperficie du cuir ººt profondé en la chair, deſquelles ſont demeurées des laides cicatricest §ais auſſi quelquesfois elles gaſtent & font perdre le mouuement des jointures : & Principalement des couldes, poignets, genoux, & du pied.Aucuns enont du tout perdu la veuë, ainſi qu'a fait le seigneur de Guymenay, & vne infinité d'autres : auſſi quelquesvns ont perdu Roiiye, autres le fleurer, par excroiſſance §irfuruenuë aux conduits, tant des oreilles que dunez, apres les puſtules ſorties, comme elles font §n tous les endroits du corps, tant par dehors que par dedans( ainſi que nous auons demonſtré Par cy-deuant ) leſquelles empeſchent les conduits des oreilles & du nez. Bref ie puis dire que toutes les apoireme- qui aduiennent aux petits enfans ayans eu la verole ou rougeole, deſquelles ils n'auront pas eſté purgez à ſuffiſance pour la deſcharge de nature, tiennent de la malignité & veneroſité de l'humeur | que fait leſdites maladies, & partant ſont fort malaiſées à guarir.Et pour le dire ºnvn mot,la petite vero- le & rougeole n'eſtans pas bien purgée, cauſentd'auſſi diuers & faſcheux accidens, que fait la groſſe verole. De la Cure de lapetite verole & rougeole ». c H A r. II. A cure d'icelles ſera diuerſifiée ſelon que l'humeur participera de la peſte, on n'aura aucune de l communication auec icelles ; Car ſielles ſont peſtilentes, & aux enfans qui encore tetent, on # * fera vſer à la nourrice de choſes qui contrarient au venin, comme nous dirons en la cure de #t eſti- l'enfant peſtiferé, afin d'empeſcher que le venin n'aille ſaiſir le cœur. Et faut tenir l'enfant en " chambre chaude, où le vent n'entre point , & l'enueloper de drap d'eſcarlate, ou d'autre drap rouge, c'eſt à dire, en faire les cuſtodes & couuerture de ſon lict , auquel on le fera tenir , le couurant * mediocrement iufques à ce que la verole ou rougeole ſoit ſortie du tout.Auſſi faut que la nourrice mange en ſes potages, pourpier, laictuë, vinette, chicorée, bourrache : & qu'on mette vn noüet d'orge-mundé. Elle euitera du tout les viandes chaudes, comme ſaleures, paſtiſſeries , eſpeceries , & le vin , s'il n'eſtoit bien trempé d'eau, de peur de rendre ſon ſang trop chaud, qui eſchaufferoit dauantage celuy de l'enfant parquoy en lieu d'iceluy, elle boira ptiſane cuitte auec raifins & racine devinette. Et faut qu'elle prenne les medicamens en lieu de l'enfant, comme ſi elle-meſme auoit cette maladie : & partant on luy ordonne- ra ſon regime & maniere de viure, & medecines qui ſoient en quantité conuenables & proportionnées à " . elle, & en qualité propres à l'enfant, afin de rendre le laiét medicamenteux : car il prend neceſſairement la - C # & nature de ce que la nourrice a pris,ainſi que nous auons prouué parcy-deuant : & partant le laict Diette peur la nourriréa : d'icelle ſupplée au defaut des remedes qu'il deuroit prendre luy-meſme par dedans : & pour le dire en vu |! mot, elle tiendra le regime qu'on a accouſtmé de tenir aux fiévres peſtilentes. Il ne faut donner boüillie & à l'enfant, ou on luy en donnera en bien petite † Et s'il eſt ſevré & ja grandelet, il n'vſera pareille- d ment de chair, iuſques à ce que la fiévre ſoit paſſée & grandement diminuée, & que la verole ſoit du tout pu mangeº t: " ſortie : mais il mangera orge-mondé fort liquide, ou laict d'amandes, ou potage de poulets cuits auec les # l'enfant Cº • herbes ſuſdites, panades, gelée, coulis, pruneaux & raiſins de Damas. Pour ſon boire, vſera de ptiſane, ſevré. f, - faite auec orge-mondé, racines de dent de chien , & de vinette , vn nouet des quatre ſemences froides, s pruneaux & raiſins de Damas, auec pouldre d'yuoire & de corne de Cerf : & auec icelle entre les repas on • pourra meſler du ſyrop violat, & non roſat, ny autre aſtringent, depeur d'arreſter l'humeur, & l'empeſ- Du boire. cher de ſortir hors. Le dormir de l'enfant doit eſtre moderé, & non trop profond, de peur de retirer les Du dormir matieres au centre du corps, & augmenter la chaleur de la fiévre Il ne faut ny purger ny ſaigner ( sil n'y # 2: auoit grande plenitude,ou quelque complication de maladie, comme vne pleureſie, ou ophtalmie,ſquinan- § # cie,&autres ſemblables>ſi ce n'eſt en la declinaiſon , ou bien le premier ou ſecondiour au plus tard de la §é, maladie, de peur d'interrompre le cours de nature : mais on ſe contentera de donner quelqueclyſtere, ou : , boüillon de mauues,violettes de Mars,bourrache ou ius de pruneaux, & raiſins au matin.Et aux enfans plus - grandelets, quelque bolus de caſſe, pour amollir le ventre, & aider nature à jetterhors les humeurs pour- ris & corrompus, qui cauſent la verole ou rougeole,ce qui ſe fait volontiers au troiſieſme ou quatrieſme iour, plus ou moins, ſelon la diſpoſition du corps & l'humeur preparé à ſortir hors,ou ſelon l'air ambiens; : . & alors faut prouoquer la ſueur par remedes qui ouurent les porres,& ſubtilient les humeurs, & les faſ- : ! ſent ſortir par ſueur, de peur que la matierevirulente ne demeure au dedans du corps, & ſoit cauſe de la Hiſtoira , mort des malades. Ce que i'ay veu depuis peu de temps en ça auec maiſtre Richard Humbert, Chirugien D iuré à Paris,endeux filles, lvne aagée de quatre ans, l'autre de dix-ſept : auſquellesapres leur mort auons | trouué les parties interieures toutes couuertesde boutons crouſteux, & tous ſemblables à ceux qui ſont au dehors. Or s'il aduenoit que le ſangſortiſt par le nez, ne faut penſer que la matiere de la petite verole ſe Du flux du puiſſe touſlours parfaitement euacuer par iceluy : car i'ay veu ſouueotesfois qu'au quatrieſme & cinquieſ-ſant par le me iour ſuruenoit grand flux de ſang par le nez aux malades, & toatesfois pour cette vacuation la verole ne nez. laiſſoit à ſortir en grande abondance, tellement que le corps en eſtoit tout couuert. Et pource ne faut ar- reſter ledit flux s'il n'eſtoit trop impetueux,& qu'on cogneuſt les forcc& abbatuës,à quoy alors on procede- ra, comme nous dirons.Et pºur retourner à la ſueur : pour la prouoquer ſera vtile la potion faite de dece- ction de figues ſeiches,lentilles eſcorcées, ſemence de citron, de fenoüil, d'ache, perſil, & les racines de re- . - liſſe, & leurs ſemblables auec raiſins de Damas & dactes or quetelles choſes ſoient bien propresa faire rºti » ſade. † la verole & rougeole,il apert,parce que la decoction ſeule des figues prouoque grandement la ſueur, rifique. auſſi elle adoucit & abſterge doucement. Les ſemences de fenoiiil & autres mentionnées,euurent les pores pour donner iſſue aux humeurs : les lentilles empeſchent que la gorge & autres parties internes ne ſoient eſpriſes de boutons de la verole, pource qu'elles ont vne aſtriction benigne, & ſeruent auſſi pour engarder le flux de ventre:on les y met eſcorcées,parce que l'eſcorce eſt trop aſtringente:les dactes y ſont miſes pour roborer l'eſtomachila ſemence de citron,pour defendre le cœur, & la regliſſe pour adoucir la gorge & em- peſcher l'enroüeure,joint auſſi quelle ayde à prouoquer la ſueur.Et de ces ſimples on fait des doſes grâdes ou petites, ſelon la qualité & force des malades,&la vehemence de la maladie,& ſes accidens.La ſueur ſera pro- uoquée loing du repas, tant par choſes interieures qu'exterieures. Et faut enueloper l'enfant en vn linceul Temps de mouillé en la ſuſdite decoction chaudement, & exprimé bien fort : ce qui ſe peut bien faire, non ſeulement ſueur. aux enfans, mais auſſi aux grands.Dauantage la decoction de millet,figues & raiſins auec ſuccre prouoque la , R T fueur. . A 47 o Le Vingtiéme Liure, 3'eux. Le mez. La gorge. Poulmcms. On doit cou- per le, bout ös de la petite 7 e rclc cſt ans Jº, j tir ez. Pourccrriger , les accident. Des yeux ve Polez. Des cicatri- ſ€3 0tg 773ar. qnes qui de ºmetirem,t au cuir. Pour effacer leseicatrices. ſueur. Outre-plus on peut appliquer aux parties exterieures veſſies, ou eſponges, ou cailloux chauds.Auſſi , eſt bon eſuentiller le viſage, pendant que le malade ſue, auec vn eſuentoir,afin de corroborer la chaleur na- turelle, & engarder que le malade ne tombe en defaillance de cœur par la chaleur & ſueur:ce faiſant la ver- tu eſt mieux conſeruée, & par conſequent les ſuperfiuitez ſortent mieux par les pores du cuir,& par le cra- cher & moucher. Pareillement on fera ſentir au malade vinaigre & eau roſe auec vn peu de camphre & au . tres ſenteurs qui ont vertu de rafraiſchir : ce qui ſert encor pour defendre le dedans du nez de la verole. — guelles partiesfautpreſeruer de Verole . CH A P. III. N T R E les parties du corps qui ſont fort ſubiettes à eſtre gaſtées & perdue de ladite verole, $ les yeux,le nez,la gorge,les poulmons & inteftins y ſont fort enclins,dont quelquesfois la mort $ s'enſuit ; parquoy il y faut remedier tant que poſſible ſera. Et premierement pour ſuruenir aux yeux qu'ils ne ſoient gaſtez, au commencement on doit mettre autour des paupieres eau roſe, - verjus,auec vn peu de camphre,ou faire vne decoction de ſumach,berberis,eſcorce de grenade aloé auec vn peu de ſaffran.Le jus de grenades aigres eſt bon à cette intention.Auſſi on peut mettre touuent dedans les yeux,des blancs d'œufs & eau roſe battus enſemble. pareillement du laict de femme& eau roſe, autant d vn que d'autre,& les renouueller ſouuent. Et pour le dire en vn mot,les choſes froides & qui re- pouſſent ſont bonnes:neantmoins ſi on voit les yeux fort tumefiez & rouges,il ne faut vſer de ſimples reper- cuſſifs,mais ils ſeront meſlez auec choſes abſterſiues,& qui ayent faculte de corrober la veue, comme l'eau, d'euphraſe,fenouil,&autres ſemblables.Et lors qu'il y a infiammatió&rougeur,il ne faut que le maladevoye grâde clarté,ny choſes rouges,de peur d'augmêter la douleu1&inflammatiô.Etquâd laverole eſt en ſon eſtat, qui ef ſon plus grand mal,& qu'il y a grande chaleur & rougeur auxyeux,adonc on doit vſer de remedes deſiccatifs&rcſolutifs,doux & benings,& ayans vertu de roborer la veue,comme ſont aloé,tuthie,antimoine lauez,eau de fenoüil,d'euphraſe,ºr de roſes. Pour defendre le nez,on doit faire ſentir au malade vinaigre, & eau roſe auecvn peu de camphre,ou verjus & vinaigre,& en moüiller ſouuent le nez auecvn moucboir :& aux parties ſupcrieures on doit appliquer des remedes repercuſſifs cy-deſſus mentionnez.Pour defendre la gorge, & que la reſpiration ne ſoit empeſchée, on fera des gargar1 mes d'oxycrat,ou duvin de grenades ai- gres,& en conuient maſcher, & tenir des grains ſouuent en la bouche : ou des nouets faits de pſylli m, de coing&autres choſes froides& aſtringentes.Quant eſt des poulmös,pour les defendre& empeſcher a courte haleine,le malade vſera ſouuêt de ſyrop de iuiubes,ou violat,ouroſat,ou de pauotbläc,oude grenades,oude nenuphar,&autres ſemblables Et quâd la verole ou rougeole ſont du tout ſorties dehors,il ne faut tât tenir la chambre cloſe ny ſi chaude comme on faiſoit:ains alors quandala verole,la faut ſuppurer puis l'ouurir,la deſſeicher, & faire tomber les crouſtes. Mais la rougeole ne ſe ſuppure point, on la fait reſoudre & ſeicher ſeulement. On ſuppure la ve róle auec beurre frais,ou auec vne fomentation faite de figues,racines de gui- mauues,oignons de lys,ſemence de lin,& leurs ſemblables.Et quant les grains de verole ſont meurs, on les doit couper avec ciſeaux,ou autrement ouurir auec vne a guille d'or ou d'argent,de peur que labone & ſa- nie ne face eroſion a la chair de defous, & que puis apres n'y demeurent des petites foſſettes & cicatrices caucz qui eſt choſe laide, principalement en la faſſe. Or apres qu'elles ſont ouuertes,il les conuient deſſei- chcr, puis les faire tomber,qui ſe fera auec onguent roſat, auquel on adiouſtera ceruſe,litharge, aloes ſub- tilement pulueriſé auec vn peu de ſaffran : ce qui non ſeulement deſſeiche,mais auſſi aide nature à engendrer chair. Et pource,on peut diſſoudre de la farine d'orge,& de lupins deſlayez auec eau roſe, & auec vn linge bicn delit on en oingt les parties malades. Aucuns les greſſent de coine de lard vn peu boüillie auec eau & v1n puis reſpandent deſſus de la farine d'orge,ou de lupins, ou toutes les deux enfembles : les autres pren- nent du miel venant de la ruche, auecfarine d'orge,& oignent les boutôs pour les ſeiche r& faire tomber,& quand ils ſont du tout ſcichez,pour les auancer de ſe preparer.ils mettent de l'huyle roſat,on violat,ou d'a- médes douces,tie de,ou de la creſme.Apres que la verole eſt ſortie,il ſuruient vn grand prurit&demangeai- ſon & par ſe trGp gratter quelqut sfois aduièt grandes eſcorcheures & vlceres parce que le grattereſt cauſe de faire attraction à la partie,&y cauſervlceres,dont les cicatrices ſont puis apres laides, & la face difforme: parquoy ſi c'eſt vn enfant qui ſoit malade il luy faudra lier les mains, & fomenter les lieux du prurit, de la decoction de guimauue,orge,lupin,&ſel.Et quâd le cuir eſt eſcorché il y faut appliquer del'onguêt dit albû Raſis camphré;y adiouftant vn peu d'aloes en poudre &de cinabre,ou de deſiccatif rouge,ouaurtes ſembla- bles remedes.Que ſi la verole s'eſt iettée aux yeux,nonobſtant quelque deffence qu'on ait peu faire,premie- rement il faut defendre la trop grande clarte, & la veue des choſes rouges, & y appliquer des collyres,les diuerſifiant ſelon la diuerſité des accidens.Et faut bien auoir eſgard à la grande tumeur & inflammation qui y ſuruient quelquesfois : comme l'on voit à pluſieurs enfans le mal eſtre ſi grand qu'ils perdent la veuë, & meſmes à aucuns les yeux ſe creuent & ſortent du tout hors de la teſte, à quoy le Chirurgien pouruoira,& y remediera tant qu'il luy ſera poſſible. Tareillement s'il ſuruient des grains de verole dedans le nez, qui deuiennent en crouſtes & vlceres, on y applique1a remedes propres,les y adaptant autc des tentes de linges ou de coton. Auſſi le plus ſouuent en la bouche & au gauſier y viennent eſcorcheures, auec enroüeure de voix , & grande difficulté d'aualler viandes : & poury remedier,il la conuiemt gargariſer auec eau d'orge & de plantain, ou de cerfueil, auſquelles on diſſoudra du ſyrop roſat & diamorum : auſſi le malade tiendra ſouuent en la bouche ſucre roſat, ou diatragacantha froid, ou pillules blanches, ſucre candy, alphenic, & diaireos. Et quant aux cicatrices ou marques qui demeurent au cuir, pour le oſter il faut auoir eſgard en quelle partie elles ſont : car fi c'eſt au viſage, & qu'il y ait grande tuberoſité, il les conuient couper auec ciſeaux, ce que i'ay ſouuentes fois fait : auſſi on y appliquera de l'onguent cit1in recentement faite,ou de la pommade, ou ce liniment. 2. amyli tricicei & amygdalarum exorticatarum an. 3.j. 4. gummi tragacanthi 3. 6. ſeminis, melonum, fabarum ſiccarum excorticatarum,far. hord.an. 3 iij. pulueriſentur omnia ſubtili- ter, deinde incorporentur cum aqua roſacea,& fiat linimentum : duquel en faut oindre la face auec vne plu- me, & le laiſſer toute la nuict, & le lendemain la lauer auec eau de ſon de fourment Le laict virginal y eft pareillement propre. La graiſſe d'oye ou de canard,ou de poulaille, eſt porpre pour lenir & adoucir l'aſpe- 1 ité du cuir, comme l'huyle de lys Le ſang de liéure tout chaud, appliqué ſouuent,eſt ſouue rair pour rem- plir les cauitez & faire le « uir eſgal, & corrige la noirceur qui de meure és cicatrices : pour cét effect auſſi * , SSNE · vre coine de la 1d chaude eft propre,frottant c'icelle la partie.Pareillement l'eau diſtillée de fleurs de féves & de 1acines de lys, eſ ſinguliere pour effacer & polir les cicatrices.auſſi l'eau diſtilée de racines de canne & de coqucs dœufs, & meſme l'huyle d'œuf& pluſieurs autres rcmcdcsſcmblables. N. - • '- 79t * À ( De la petite Verole,& Lèpre. 471 2De certains animaux monſtrueux qui naiſſent contre nature aux corps des hommer, - femmes , & petits enfans. - % O v T ainſi qu'au grand monde il y a deux grandes lumieres, ſçauoir le Soleil & la Lune,auſſi au corps humain il y a deux yeux qui l'illuminent, lequel eſt appellé Microcoſme, ou petit pourtrait du grand monde accourcy , qui eſt composé des quatre Elemens comme le grand S \ ( \ monde,auquel ſe font des vents,tonnerres,tremblemens de terre,pluye,rosée,vapeurs, exha- $ º^ ^" lations,greſles,eclipſes,inondations d'eaux,ſterilité,fertilité,pierres,montagnes,fruicts,&plu- ſieurs & diuerſes eſpeces d'animaux. Auſſi ſe fait-ille ſemblable au petit monde, qui eſt le corps humain. Exemple des vents.Ils ſe voyent eſtre enclos és apoſtemes venteuſes,& aux boyaux de ceux qui ont la cho- lique venteuſe,& pareillement en aucunes femmes, auſquelles on oyt le ventre bruire de telle ſorte , qu'il ſembley auoir vne grenoüillere , leſquels ſortans par le ſiege rendent bruits comme coups de canonades. Et encore que la piece ſoit braquée vers la terre,neantmoins touſiours la fumée du canon donne contre le play,. nez du canonnier,& de ceux qui ſont proches de luy.Exemple des pluyes & inondations d'eaux:cela ſevoit #unn aux apoſtemes aqueuſes,& au ventre des hydropiques.Exemple du tremblement de terre:telle choſe ſe voit d, terre. au commencement des accez des fiévres , où les pauures febricitans ont vn tremblement vniuerſel de tout Eclipſes. le corps.Exemple de l'eclipſe:cela ſe voit aux ſyncopes ou defaillance de cœur,& aux ſuffocations de la ma- Pierres. trice.Exemple des pierres:on les voit à ceux auſquels on en extrait de la veſſie , & autres parties du corps Fr« icºn Exemples des fruicts:combien en voit-on qui au viſage ou autres parties exterieures du corps, ont la figure. d'vne ceriſe,d'vne prune,d'vne corme,d'vne figue,d'vne meure ? La cauſe dequoy a eſté touſiours referée à B la forte imagination de la femme conceuante ou enceinte,eſmeuë de l'appetit vehement,ou de l'aſpect, ou d'vn attouchement d'iceluy à l'improuiſte : comme meſme de ce qu'on en voit naiſtre d'aucuns ayans en quelque endroict du corps la figure & ſubſtance d'vne coine de lard,d'autres d'vne ſouris,d'autres d'vne eſ- creuiſſe,d'autres d'vne ſolle,& d'autres ſemblables.Ce qui n'eſt point hors de raiſon,ehtendu la force de l'i- magination ſe joignant auec la vertu conformatrice,la molleſſe de l'embryon prompte , & comme vne cire molle à receuoir toute forme,&que quand on voudta eſplucher tous ceux qui ſont ainſi marquez,il ſe trou- uera que leur meres auront eſté eſmeues durant leur groſſeſſe de quelque tel appetit ou accident. Où nous - - remarquerons en paſſant,combien eſt dangereux d'offenſer vne femme groſſe, de luy monſtrer & ramente- , t . uoir quelque viande,de laquelle elle ne puiſſe auoir la ioüiſſance promptement,voire & de leur faire voire , des animaux ou pourtraits d'iceux difformes & monſtrueux.En quoy i'attens que quelqu'vn m'obiecte que ie ne deuois donc rien inſerer de ſemblable en mon liure de la generation. Mais ie luy reſpons en vn mot que ie n'eſcris point pour les femmes.Retournons à noſtre propos.Exemple des montagnes:on les voit aux boſſus,& a ceux qui ont des loupes groſſes & enormes Exemple de ſterilité & ſeichereſſe : on le voit aux Mºntent . hectiques,qui ont la chair de leur corps preſque toute conſommée. Exemple de fertilité : oh la cognoit à Serili#. ceux qui ſont fort gras,feſſus,& ventrus,tant qu'ils creuent en leur peau, force leur eſt de demeurer touſ- Ferlilité jours couchez ou aſſis pour ne pouuoir porter la groſſe maſſe de leur corps. Exemple des animaux qui ſe procréent en nos corps,à ſçauoir,pouls,punaiſes,& morpions,& autres que deſcrirons à preſent. Monſieur - Houlier eſcrit en ſa practique, qu'il traittoit vn Italien tourmenté d'vne extreme douleur de teſte, dont il 4ºiºº mourut.Et l'ayant fait ouurir,luy fut trouué en la ſubſtance du cerueau vn animal ſemblable à vn Scorpion, *iſº comme tu vois par cette figure. P's5f5 . - #ºquelcomme penſe ledit Houlier,s'eſtoitengendré pourauoir continuellement ſenty du baſilic.Ce qui º fort vray-ſemblable veu que Chryſippus,Diºphanes & Pline ont eſcrit, que ſi le baſilic eſt broyé entrº . dºux Pierres, & exposé au soleil, d'iceluy maiſtravn ſcorpion. Monſieur Fernel eſcrit d'vn ſoldat , lequel # eſtoit fort camus,tellement qu'il ne ſe pouuoit moucher aucunement, ſi bien que de l'excrement retenu & " le. Pºurry s'engendrerent deux vers velus & cornus de la groſſeur d'vn demy doigt,leſquelles le rendirent fu- ºux Parl'eſpace de vingt iours,& furent cauſe de ſa mort.Tu en vois la figure. Depuis n'agueres vn ieune homme auoit vne apoſteme au milieu de la cuiſſe,partie externe, de laquelle ſortis cét animal,lequel me fut apporté par Iacques Guillemeau Chirurgien ordinaire du Roy , qui diſoit l'auoir tiré:& l'ay mis dans vne phiole de verre, & a demeuré vif plus d'vn mois ſans aucun aliment. La ſigure t'eſt icy repreſentée. - Hiſtoire, #s §s$^ - | - F r z Monſieur ; . · 472 Le Vingtiéme Liure, H : ſfeire. Mönſieur Duret m'a affirmé auoirietté par la verge apres vne longue maladie , vne beſte viuante ſembla- A ble à vn clouporte,que les Italiens appelient Porceleti,qui eſtoit de couleur rouge : comme tu vois Par ce pourtraict. - - - _ - Monſieur le comte Charles de Mansfeld,n'agueres eſtant malade d'vne grande fiévre continuë à l'hoſtel º d§ ietté par la vergevne certaine matiere ſemblable àvn animal dont la figurc t'eſt icyrepreſentée · e - -, - n ſe fait pareillement en la matrice des femmes,beaucoup de formes d'animaux(qui ſouuent ſe treuuent auec les moles & enfans bien formez)comme grenoüilles,crapaux,ſerpens,lezars,harpies.Nicole Florentin les compare à chat-huans,& dit deuoir eſtre appellées beſtes ſauuages. Les harpyes ont eſté appellées des anciens, freres Lombars, parce que telles choſes aduenoient aux femmes de Lombardie, & qu'elles naiſ- ſoient en vne meſme matrice comme les enfans bien formez, qui a donné occaſion de les nommer freres G0urd0n vterins,par vne meſdiſance d'vne perſonne que l'on hayt. Or les femmes du Royaume de Naple y ſont fort §h.1s. ſujettes, à cauſe de la mauuaiſe nourriture qu'elles prennent, leſquelles de tous temps ont mieux aymé auoir le ventre de bureau que de velours:c'eſt à dire,manger fruits,herbages, & autres choſes de mauuais ſuc,qui engendrent tels animaux par putrefaction, que mangerviandes de bonne nourriture , pour eſpar- gner pour eſtre braues & bien accouſtrées. Monſieur Ioubert eſcrit de deux Italiennes, l'vne femme d'vn Au liure des Frippier,& l'autre Damoyſelle,qui dans vn meſme mois accoucherent chacune d'vn part monſtrueux:celuy errº P°- de la Frippiere eſtoit petit reſſemblant à vn rat ſans queue, l'autre de la Damoyſelle eſtoit gros comme vn fº chatils eſtoient de couleur noire:& au partir de leurs matrices,tels monſtres grimperent en haut contre la paroy de la rouelle du lict,& s'y attacherent fermement. Lycoſthenes eſcrit,que l'an 1494 vne femme de Cracouie,en vne place nommée Sainct Eſprit, enfanta vn Lyºººººº enfant mort,qui auoitvn ſerpent vifattaché à ſon dos,quirongeoit cette petite creature morte : comme tu º ſº Prº- vois par cette figure. diges. Nieole Flo- rentim. Hiſt liui.de Leuinius en raconte vne merueilleuſe hiſtoire en cette façon. Ces années paſſées vne femme vintvers § moy pour me demander conſeil:laquelle ayant conceu d'vn marinier, le ventre luy commença à enfler de tur.ch.s. telle ſorte,qu'on penſoit qu'elle ne deuſt iamais porter à terme.Le neufiéme mois paſsé, elle enuoye que- rir la Sage femme:& auec grands efforts,premierement accoucha d'vne maſſe de chair ſans forme, ayant à chacun coſté deux anſes longues d'vn bras,qui remuoit & auoit vie comme les eſponges.Apres luy ſortit de la matrice vn monſtre ayant le nez crochu,le col long, les yeux eſtincelans, vne queuë aiguë, les pieds fort agiles. Ie t'en repreſente la figure, J S) | # = %77Z7Zzzz2 z , 7ſ V> - 7f/ (! 'ſ . #ſ º ºw \ $IT | | l ·! ,º # § %a (" > - \ ºl uhhh # # º , t" \ \ i Si toſt que ledit monſtre fut ſorty,il commença de bruire,& remplir toute la chambre de ſifflemens,cou- rant çà & là pour ſe cacher. Sur lequel les femmes ſe jetterent,& le ſuffoquerent auec des oreillers. A la fin la pauure femme toute laſſe & rompuë,accoucha § enfant maſle, tant bourelé & tourmenté par ce monſtre, qu'il mourut ſi toſt qu'il eut receu Bapteſme. Hiſtºire. .. Cornelius Gemma,Medecin de Louuain, en vn liure qu'il a fait depuis peu de temps, intitulé De nature diuiniº charatieiiſmis , raconte vne hiſtoire admirable d'vne ieune fille de ladite ville, aagée de quinze ans, | De la petite Verole, & Lepre. 47 3 A du corps de laquelle apres douleurs infinies,ſortirent pluſieurs choſes eſtranges par haut & par bas. Entre leſquelles elle rendit par le ſiege auec les excremens, vn animal vif,long d'vn pied & demy , plus gros que le poulce,repreſenrant ſi bien vne vraye & naturelle anguille,qu'il n'y auoit rien à redire, fors qu'il auoit la queue fort peluë:comme tu peux voir par le pourtraict cy-deſſous,ſemblable à celuy que ledit Gemma à mis en ſon Liure. Maiſtre Pierre Barque,Chirurgien des bandes Françoiſes,& Claude le Grand, Chirurgiens demeurans à Hiſtoire, Verdun,n'agueres m'ont affirmé auoir pensé la femme d'vn nommé Gras-bonnet,demeurant audit Verdun, laquelle auoit vne apoſteme au ventre:de laquelle ouuerte ſortit auec le pus grand nombre de vers , gros comme les doigts,ayans la teſte aigué, leſquels luy auoient rongé les inteſtins , en forte qu'elle fut long- temps qu'elle iettoit ſes excremens fecaux par l'vlcere,& à preſent eſl du tout guarie. Antonius Benenius,Medecin de Florence,eſcrit qu'vn quidam, nommé Iean Menuſier , aagé de quarante Hiſtoire. ans,auoit preſque vne aſſiduelle douleur de cœur, pour laquelle auoit eſté en danger de mort. Et pour y obuier,t ut l'opinion de plûfieurs Medecins de ſon temps,ſans toutesfois en auoir receu aucun allegement. | B Quelque temps apres s'addreſſa vers luy ayant conſideré ſa douleur, luy donna vn vomitoire, par lequel is tta grande quantité de matiere pourrie & corrompue,ſans toutesfois appaiſer ſa douleur. Derechefluy ordonna vn autre vomitoire , au moyen duquel li vomit grande quantité de matiere : enſemble vn ver de grandeur de quatre doigts,la teſte rouge,ronde & de groſſeur d'vn gros poids,ayant le corps plein de poil follet,la queue fourchue en forme de croiſſant,enſemble quatre pieds,deux au deuant,& deux au derriere: comme tu vois par cette figure. Figure d'vu ver ietté par vomiſſement. : Ie dis encore qu'aux apoſtemes il ſe trouue des corps fort eſtranges , comme pierre, croye,ſablon, char- bon,coquilles de limaçon,eſpices,foin,cornes,poil,& autres choſes,enſemble pluſieurs & diuers animaux, tant morts que viuans.Deſquelles choſes la generation(faite par corruption & diuerſe alteration)ne nous doit eſtonner beaucoup,ſi nous conſiderons que comme Nature feconde a mis proportionnément en l'ex- cellent Microcoſme toute ſorte de matiere,pourfe faire reſſembler & eſtre comme image viue de ce grand monde : auſſi elle s'ésbat à y repreſenter toutes ſes actions & mouuemens, n'eſtant iamais oiſiue quand la matiere ne luy defaut point. - - C "-- Des vers qui s'engendrent és boyaux. CH A P. IV. - 2 E s vers ſe font d'vne matiere groſſe, viſqueuſe cx cruë , laquelle ſe corrompt en l'eſtomach, Generation - N, $ puis deſcend és inteſtins : & veu qu'elle n'eſt pas bien chylifiée , c'eſt a dire façonnée par la des vers. $ premiere concoction qui ſe fait en l'eſtomach,elle ſe pourrit du tout : & pour ſa vilcoſité, qui ia fait adherer à iceux , ne la peuuent ietter hors le ventre,dont y eſtant retenue, ſe putrefie C éyčNNº dauantage : dequoy ſont produits & engendrez des vers par l'action de la chaleur, qui puis auſe effi- apres viuent d'icelle:laquelle eſtant conſumée,ſi on ne leur baille promptement vne autre matiere pour les nourrir & ſaouler, ils ſe promenent par les inteſtins, cauſans grandes douleurs aux malades , & montent quelquesfois iuſques en l'eſtomach,& les iette t'on par la bouche, & aucunesfois paſſent par les trous du palais,& ſortent par le nez. Ce que i'ay veu pluſieurs fois. Il ya trois eſpeces & differences des vers, à ſçauoir de ronds & longs : larges & longs, & de petits & It y a trois greſles.Les premiers ſont nommez des anciens Teretes, c'eſt à dire ronds en longueur.Les ſeconds ſont dits differences Tæniæ,parce qu'ils ſont longs & larges en forme d'vne bande.Les tiers ſont appellez Aſcarides,pource que de vers. tels communement ſont ſautelans.Il y a d'autres differences des vers, priſes des couleurs , comme rouges, Differèce de . blancs,noirs,gris,citrins,& quelques-vns trouuez cornus & velus,ayans la teſte d'vn chabot.En aucuns ma- vers ſelon les lades s'en procrée grand nombre,qu'ils iettent tous les iours par le ſiege, & ſont menus comme filets ou couleurs. D poils & tels ſont volontiers de couleur blanche:ce ſont ceux que nous auons appellez Aſcarides. La diuer- ſité des couleurs ſe fait ſelon la cauſe des humeurs pourris non pas que des vers les vns ſoient engendrez de cholere,autres de melancholie,autres de pituite,comme lesMedecins Grecs ont eſtimé car la melancho grand, un. lie & cholere ſont humeurs pour le regard de leurs qualitez du tout ineptes à la generation des vers. Mais gueur des parce que parmy la ſubſtance chyleuſe ou pituiteuſe,dont ils font engendrez , il y a quelque meſlange des ,, humeurs,de là vient la diuerſité des couleurs és vers. Or les longs, & larges,ou plats,tiennent quelques-Hiſtoire . fois tout le long des inteſtins, & tels ſont comme vne ſubſtance mucqueuſe & glaireuſe : & veritablement i'en ay veu vn qui ſortit hors d'vne femme,& eftoit ſemblable à vn ſerpent, de longueur de plus d'vne toi- ſe.Dequoy ne ſe faut émerueiller,veu que les anciens eſcriuent en auoir veu de toute la longueur des inte- ſtins, qui eſt ſept fois la longueur de noſtre corps, parce que les boyaux de chacun homme ont telle lon- Hiſtoire " gueur:& le ſçay pour l'auoir veu,& monſtré quelquesfois aux Eſcholes de Medecine de cette ville, faiſant diſſections anatomiques publiques Dauantage Iean Vuier,Medecin tres-docte du Duc de Cleues, eſcrit en ſon liure de l'impoſture des Diables,qu'vn villageois ietta vn ver de huict pieds & vn doigt de long, lequel auoit la gueule preſque ſemblable à vn bec de Cane,comme tu vois par cette figure. ciemre. R r 3 Figure 4-7 4- Le Vingtieſme Liure, Figure d'vn ver ayant la teſte comme vne Cane. a#/ % | 7 | " NN\NNNN ". $NN \. NNNN\ $ N Monſieur Valeriola,Medecin d'Arles,au liure de ſes Obſeruations , diſcourant doctement ſur les cauſes B de la generation des vers,dit en auoir veu en la ville d'Arles ayant neuf pieds & plus de long Et tout ainſi que les vers ſont differens les vns des autres,auſſi il y a diuerſité des lieux où ils ſe procréent:car les ronds | & longs s'engendrent volontiers és inteſtins greſles, les autres aux gros , & principalement les petits vers l animal capillaires,& iamais en l'eſtomach car nul animal ne fe fait en la concoction de la viande : mais ſeulement en la diſtribution és boyaux, apres qu'elle a commencé à eſtre corrompue en l'eſtomach, eſquels boyaux elle ſe corrompt & pourrit dauantage , & de là naiſſent des vers. Quelquesfois ils s'engendrent dés que l'enfant eſt au ventre de la mere,à cauſe de la mauuaiſe nourriture qu'il prend d'elle, & auſſi à cauſe qu'ils " ne vuident lors rien par le fondement : dont aduient que de la retention de tels excremens s'engendrent vers,comme qnelques vns ont noté de la ſentence d'Hippocrate, au liure quatrieſme De morbis, ſur la fin. Et pour le dire en vn mot,ils s'engendrent en tous aages,& principalementaux crapuleux,goulus,& à ceux qui viuent de mauuaiſe nourriture,comme de fruicts cruds,formage & laictage. Signes des Or pour cognoiſtre en quels endroits du corps ſont les vers, il faut entendre que lors qu'ils ſont aux in- #n- teſtins ſuperieurs,les malades ont vne douleur d'eſtomach auec appetit canin & depraué, c'eſt à dire,qu'ils ,eſtin, treſ deſirent à manger diuerſes viandes,& grande quantité : parce que leur nourriture eſt conſumée & mangée les- par les vers,& tombent ſouuent en defaillance de cœur,à raiſon du conſentement & ſympathie de l'orifice du ventricule & eſtomach,qui a ſentiment tres-exquis auec le cœur Dauantage,ils ſentent vn prurit & de- mangeaiſon au nez,& ont l haleine puante,à cauſe de la corruption des viandes en l'eſtomach, dont les ex- halations montent en haut , qui fait pareillement qu'ils ſont fort aſſommeillez, & treſſaillent en dormant. Outre-plus,ils ont quaſi touſiours vne petite fiévre lente,auec toux ſeiche,les yeux conhillans, & ſouuent signes des changement de couleur au viſage.On cognoiſt les longs & larges , quand on void aux ſelles des excremens longs & ſemblables à ſemences de melons ou coucourdes : les autres,à ſçauoir les Aſcarides, ſe cognoiſſent par le Nu ne ſe fait en l'eſtomach. larges. prurit & demangeaiſon qu'ils font au ſiege:ainſi que morſure de fourmis , par vn teneſme, & deſcente du sisºº *4 gros boyau.La raiſon de tous cesſymptomes eſt telle le ſommeil de ceux qui sôt inquietez des vers eſt tur- carides. bulent, iuſques à crier en dormant,quand les vapeurs excitées par le remuement des vers, & enuoyées au Raiſon des cerueau, ſont chaudes ſubtiles,& acres : comme au contraire le ſommeil eſt profond lors que telles vapeurs ſ7"fº" ſont froides & groſſieres ils ſongent en dormant manger & aualler,ou bien grincent les dents, à cauſe que les vers lors deuorans le chylus enuoyé du ventre aux inteſtins excitent ſemblable ſentimët & imagination en eux lors qu'ils dorment : ils ont vne toux ſeiche par le conſentement des parties qui ſont dediées á la reſpiration,auec celles qu'on appelle naturelles,deſquels vapeurs putrides ſont eſleuées,qui venans à heur- ter contre le diaphragme,l'irritent à excretion comme pour ietter quelque choſe nuiſible:leſquellesvenans à monter a l'orifice de l'eſtomach,partie fort ſenſible de noſtre corps,excitent vn ſanglot,ou ſyncope, ſelon qu'elles ſont ſubtiles,groſſieres ou acres & venans à s'eſleuer vers la teſte, excitent vne demangeaiſon des narines,& esbloüiſſement à la veuë.Ceux qui ſont grands ſont pires que les petits,les rouges plus mauuais que les blancs,les vifs que les morts,& les bigarrez que ceux qui ſont d'vne ſeule couleur,de tant qu'ils de- monſtrent plus grande pourriture.Et lors qu'il y en a grand nombre,ils demonſtrent d'autant grâde quan- tité de pourriture. Ceux qui ſortent auec le ſang,ſignifient mal, parce qu'ils demonſtrent que les inteſtins ſont offencez d'eroſion:car quelquesfois ils les rongent,de façon qu'ils ſortent hors des inteſtins, & ſe diſ- perſent en pluſieurs endroits du ventre,& ſont cauſe de lamort des pauures malades. Ainſi eſcrit Iacques Houlier,& Manard en ſes Epiſtres,liure troiſieſme,chapitre cinquante-quatre,des maladies internes, qu'on a veu quelquesfois des vers ſortir par les aines,s'eſtans eux-meſmes fait le chemin par eroſion. Quand les enfans ont des vers,& ne peuuent auoir haleine qu'à peine,& ſont moites , c'eſt ſigne que la mort eſt à la porte.Dauantage,au commencement des fiévres aigues, ſi les verds ronds & longs ſortent en vie, c'eſt ſigne que la fiévre eft peſtilente,demonſtrant qu'ils ne peuuent endurer tel venin : & encore s'ils ſont morts, ils donnent à cognoiſtre dauantage qu'il y a plus grande corruption & venenoſité. - De la cure des vers CH A P. V. Viax des qu'il faut euiter. De la beiéil- lie. O v T E l'intention de la cure eſt, faire ſortir les vers vifs ou morts hors du corps d'autant qu'ils ſont de ce genre de choſes qu'on dit eſtre du tout contre Nature. Il faut euiter toutes viandes qui engendrent corruption,comme fruicts cruds, formages, laictages, & le poiſſon, & generalement toutes choſes de difficile digeſtion , & de facile corruption. La boüillie %$) eſt bonne aux enfans, à cauſe qu'ils ont beſoin d'vne nourriture humide, de groſſeur con- •-7- · laict, non de trop difficile digeſtion : leſquelles conditions ſont trouuées en la boüillie, pourueu que la farine de froment ne ſoit ciüe, mais cuite auparauant au four, afin qu'elle ne ſoit tant viſ- queuſe & groſſiere , & auſſi afin que le laict ne cuiſe pas ſi longuement , parce qu'il faut que pour donner cuiſſon : De la petite Verole,& Lepre. 475 A cuiſſon à la farine,le laict cuiſe ſemblablement long-temps, en quoy il perd ſa bonté, parce que le cuiſant beaucoup,ſa ſubſtance aqueuſe ſe conſume par le feu,& engendre gros ſang, comme il ſe fait par la boüil- lie,lors que la farine n'eſt cuitte auparauant:car il perd en cette façon la ſubſtance de maigue & de beur- re,y reſtant ſeulement la formageuſe,groſſe,viſqueuſe,& de difficile digeſtion, & par conſequent peſante, & faiſant obſtruction aux premieres veines & au foye : qui ſouuentesfois cauſe qu'il s'engendre des vers à l'enfant,& des pierres,& autres mauuais accidens,pour n'eſtre ladite farine cuitte,& le laict trop cuit : par- quoy ceux qui ont des enfans,y prendront garde,ſi bon leur ſemble. Et ne ſert de rien alleguer que par Eelle anne- experience quotidienne , on voit pluſieurs enfans qui mangent boüillie ſans que la farine ſoit cuitte , ſe ration. porter bien : car ie dy que cela ſe fait pluſtoſt d'aduenture,ou de bonne nature, que de la bonté de cette nourriture. On doit donner ſouuent à mangeraux malades de bonne viandes,de peur que les vers ne piquent & ron- gent les inteſtins:& veu que tels animaux ſont ſouuent engendrez de pourriture, il faut purger le malade, & corriger icelles par remedes eſcrits cy-apres en la peſte, Et pour les faire mourir & fortir promptement, le ſyrop de chicorée,ou de limons,auec rheubarbe, & vn peu de ſuccre, & theriaque ou mithridat, eſt vn ſingulier remede pourueu qu'il n'euſt fiévre coniointe,ou en lieu de ce, on pourra vſer de la medecine qui s'enſuit. 2Z cornu cerui.puluer.raſ.eboran.5.j.ſº.ſeminis tanac.contra vermes an.3.j.fiat decoctio pro parua doſitin colatura infunde rhubar.optimi 5.j.cinnam.9.j.diſſolue ſyrupi de abſinth. 5. 6. fiat doſ detur manè trib.hor.ante paſtum. - Outre-plus,l'huyle d'oliue priſe par la bouche fait mourir les vers, comme auſſi l'eau de corrigiole don- Corrigi née à boire auec du laict:toutes choſes ameres les tuent. Mais deuant que d'vſer d'icelles , il faut donner # vn clyſtere de laict auec miel & ſuccre, auquel on ne doit mettre huyle ou graiſſe, ny choſes ameres, de # f-'º- peur de les renuoyer contre-mont:parce que les choſes douces les attirent,& les ameres les repouſſent.D'a- - uantage, tu noteras qu'il faut touſiours donner & meſler choſes douces auec les ameres, à fin que par la douceur, les vers attirent ce qui les pourra faire mourir. Et partant faut donner l'eſpace de deux ou trois iours du laict ſuccré au malade , puis apres y meſler choſes ameres, comme ſemences de centaure, aloes, rue,abſinte,& leurs ſemblables.Auſſi la corne de Cerfa grande vertu contre les vers,& en doit-on bailler La carne de tant à boire qu'à manger,à ſçauoir la mettant en poudre,& la faiſant boüillir en eau , laquelle on donnera Cerfeſº Prº- a boire au malade:auſſi on en mettra cuire vn petit noüet auec la viande. Pareillement le theriaque donné º ººº aboire en boüillon,tué les vers.Le pourpié eſt ſemblablement bonen potage, ou en decoction & breuua-"" ge,& le faut faire boüillir en eau , & en faire boire aux petits enfans, & aux grands, on le pourra donner auec du vin.Le ſemblable eſt de la chicorée & de la menthe.Auſſi aïzoon minus , & les ſebeſtes ſont pro- pres,en faiſant vne decoction d'iceux,& en donnant à boire deuant le repas auec vn peu de ſuccre.On don- nera aux enfans à manger de la poudre de la ſemence contre les vers dedans leur boüillie, ou auecvne pomme bien cuitte.Dauantage on pourra faire ſuppoſitoires,comme cettuy. Prenez du corail qui tire ſur le blanc , des racleures d'yuoire, de la corne de Cerf bruſlée, & d'iris, de chacun deux ſcrupules,du miel blanc,deux onces & demie, & de l'eau de corrigiole, autant qu'il en faut pour incorporer le tout enſem- ble,& faites ſuppoſitoires : dont on en appliquera tous les iours vn qui ſoit du poids de deux dragmes aux enfans,& plus peſant aux grands.De tels ſuppoſitoires faut principalement vſer , lors que ceux deſquels le malade eſt tourmenté,ſont du genre de ceux que l'on appelle Aſcarides, parce qu'eſtans attachez & logez dans le boyau appellé Droit,ils peuuent par tèl remede eſtre promptement tirez. Quant aux petits enfans Cataplaſme qui ne peuuent rien prendre par la bouche, il leur faut appliquer ſur le nombril cataplaſmes faits de pou- º les dre de cumin,incorporée auec fiel de bœuf,& farine de lupins,abſinthe,auroſne, & tenaſie, fueilles d'arti- * chaud,ruë,poudre de colocinthe,ſemence de citron,aloës,perſicaria,mentaſtrum,fueilles de perſiquier,co- ftamer,zedoaire,ſauon mol.On applique telles choſes non ſeulement,ſur le nombril, mais ſur tout le ven- tre,& fur l'eſtomach : toutesfois on y doit meſler des aſtringens, de peur de le trop relaſcher,comme ſont huyle de myrtilles,de coings,maſtic,& autres ſemblables. Outre-plus, on leur peut appliquer ſur le nom- - bril vn gros oignon, lequel on creuſera , & ſcta rem ply d'aloès & theriaque, puis on le fera cuire ſous la braiſe:& le tout chaud,piſté auec amendes ameres,& fiel de bœuf.Dauantage, on leur pourra faire empla- # ſtres de choſes ameres,comme ceſtuy. Prenez du ſuc d'abſinthe, & du fiel de bœuf, de chacun deux onces. # "# adiouſtant de la colocynthe huict dragmes : le tout ſoit broyé & meſlé enſemble, & incorporé auec farine #. de lupins,& de ce ſoit fait emplaſtre qui ſera appliqué ſur le nombril de l'enfant. Ou on pourra faire on- guents & linimens de ſemblables matieres pour leur frotter le ventre. Les pillules communes ſont pareil- lement fort bonnes à en faire emplaſtres pour appliquer ſur le nombril. Et pour les faire encore pluſtoſt debuſquer & ſortir hors,faut oindre le ſiege du malade de miel & de ſuccre, parce qu'ils fuyent l'amertu- me, & courent à la douceur : & partant ſortent pluſtoſt du ventre. Pareillement faut prendre des meſmes Les ver, vcrs,& les faire ſeicher ſur vn« peſle de fer fort chaude, puis les pulueriſer, & en donner à boire auec vin, mort, pri, en ou autre breuuage, & promptement mourront. Auſſi le jus de citron en petite quantité donné à boire breuuages dans vne cuillier auec huyle d'amendes ameres, ou huyle d'oliue. D'abondant, on pourra faire bains con- chaſſent les tre les vers,comme le ſuiuant Prenez de l'abſinthe & noix de galle autant qu'il en faudra, faites boüillir le viſ . Remede con- tre les vers Suppºſitoire. , , tout en eau , & mettez l'enfant dans icelle, & le lauez chaudement. Finalement on peut baigner l'enfant dans l'eau,en laquelle on aura fait boüillir des fueilles de peſcher & d'abſynthe.ce qui eſt principalement propre contre les vers qui ſont appellez Aſcarides.Or en toute cette curation, faut auoir égard que le mal des vers eſt ſouuent compliqué auec maladie plus grande & principale,comme auec fiévre aigue & arden- te,aucc fux de ventre,& ſemblables accidens,eſquels cas,ſi pour exemple,vous donniez incontinent femen Les choſes contra,ou theriaque vieille,myrrhe,ou aloës , vous augmenteriez l'ardeur de la fiévre , & flux de ventre, ameres au- d'autant que les choſes ameres ſont contraires à la guariſon de ces deux accidens : comme au cas pareil » ſi gmentent la ayant égard au fiux de ventre,par lequelles vers ſont reiettez,vous ordonnez du corail,pourpié, farine de ºº lentilles,vous rendez la fiévre plus difficile à guarir,de tant que toutes choſes aſtringentes & ſeiches ren- dent la matiere de la fiévre plus contumace. Parquoy il faut eſtre diligent à conſiderer ſi la fiévre eſt de- pendante des vers,ou bien ſi elle eſt çauſe propre,comme eſtant fiévre premiere,propre, eſſentielle , & non ſymptomatique : & touſiours ordonner medicamens qui combattent la maladie principale : autrement on Peut choiſir medicamens qui combattent l'vn & l'autre:comme laxatifs , & quelque Peu amers cn la fiévre & vers amers, & quelque peu aſtringens en vers joints auec flux de ventre. 476 Le vingtième Liure, "- - Des ponx. Prºgnoſtic. Pline. Curation, Vif-argent, ennemy mor- tel des poux, mºrpions, cr «irons . Petras de Argillata li. 5. traicté 2 . «hap. 2. Paul Argin. liure 4.ch. I. Auiceuue. Galien. Chap.12. La Lepre c3- tient trci ; genres de ' maladies. Des Poux, Morpions, & Cirons. C H A P. V I. E s trois ſortes d'animaux ſont engendrez de grande multitude d'humeurs & humiditez cor- $é rompuës, faite d'vne portion craſſe & viſqueuſe de la ſueur, laquelle s'amaſſe & s'arreſte aux % meats des pores du vray cuir. Les poux ſont appellez en Latin Pediculi , pour la multitude de $ leurs pieds , & excitent vne maladie, que les Latins appellent Morbus pedicularis. Ils naiſſent * par tout le corps,principalement és lieux chauds & humides,comme ſont les aiſſelles, aux ai- nes,à la teſte,pour la multitude du poil:& voit-on communément qu'ils s'engendrent à l'entour du col.par- ce qu'il y a vne emunctoire accompagnée de pluſieurs grands vaiſſeaux, par leſquels ſortent pluſieurs hu- miditez ſuperflues, pour l'abondance des ſueurs. Les petits enfans y ſont forts ſujets, à raiſon qu'ils cra- pulent & engendrent beaucoup d'excremens.Il ne faut negliger cette maladie : car pluſieurs perſonnes en ont eſté trauaillées,& en ont perdu la vie,comme Herode Roy de Iudée,Sylla Dictateur de Rome, le Poëte Aleman,Acaſtus fils de Pelias,Pherecydes Theologien,Calliſthenes Olynthien,Mutius Iuriſconſulte,Eunus, qui fut le premier qui ſuſcita la guerre des cerfs en la Sicile , & Antiochus. Ils ſe peuuent engendrer par toutes les patties de noſtre corps,meſme dans la maſſe du ſang, comme teſmoigne Pline en pluſieurs lieux, au liu.7.chap.5 1.liu.t1.chap.33. - La curation de ce mal conſiſte en trois poincts. Le premier eſt d'ordonner le regime de viure deſiccatif, & euiter les viandes qui engendrent mauuais ſuc,& principalemenr les figues & chaſtaignes,& faut vſer de viandes ameres.Le ſecond de purger l'humeur que le Medecin verra eſtre de beſoin. Le troiſieſme eſt, ra- refier le corps par bains,auſquels encrera de la ſtaphiſagre,gentiane,aluine,rué,marrubium,& autres herbes ameres. Apres le bain,ou frottera le corps d'vn onguent faict d'axunge de porc en laquelle l'on fera boüil- lir les herbes ſuſdites:puis il ſera meſlé ſoulphre vif ſubtilement puluerisé,ſtaphiſagre,orpiment, aloës , & vif argent,lequel eſt propre contre les poux,morpions,& cirons : puis on reiterera le bain & leſdits reme- des, tant qu'il ſera beſoin. Des Morpions. Les Morpions ſont fort adherans à la peau,ſibien qu'on ne les peut qu'à peine arracher. Par leurs morſu- res ils penetrent le cuir iuſques dedans la chair, & meſmes aux paupieres des yeux , qui cauſe vn extreme prurit & dema ngaiſon,& comme eſcrit Celſe,liu.6. par la grande friction s'y fait defluxion , qui vient à ga- ſter & corrompre la veue:tant eſt inſupportable ledit prurit, comme i'ay veu d'vne femme qui ſe lauoit les yeux de bien fort vinaigre.Or ils ſont engendrez d'vne matiere plus ſeiche que les Poux,qui fait qu'ils ſont auſſi plus plats,& moins nourris. La cure ſera ſemblable à celle des Poux. 7Des Cirons. - Les Cirons ſont petits animaux,touſiours cachez ſous le cuir, ſous lequel ils ſe trainent, rampent, & le rongent petit à petit,excitans vne faſcheuſe demangeaiſon & gratelle.Ils ſont faits d'vne matiere ſeiche,la- quelle par defaut de viſcoſité, eſt diuisée & ſeparée, comme petits atomes viuans. - Cure. Les Cirons ſe doiuent tirer auec eſpingles ou aiguilles:toutesfois il vaut mieux les tuer auec onguens & decoctions faites des choſes ameres & ſalées. Le remede prompt eſt le vinaigre , dans lequel on aura fait boüillir du ſtaphiſagre, & ſel commun. - JAutre. Prenez axunge & vif-argent, auec vn peu de ſublimé & aloès,& ſoit fait onguent, lequel eſt excellent entre tous les remedes pour tuer les poux, cirons & morpions. - Autre liniment. 2Z. ſtaphiſagrix tritx 3 6.aloes 3.ij aceti ſcillitici,& olei amygdalarum amararum an. 3.ij.oleifraxini, & ſucci geniſtx an.3 6.cum ſucco athanaſix,fiat inſtar mellis pro litu partium affectarum.L'eau marine auec le ſoulphre,& du fiel de bœuf meſlez enſemble,y ſont auſſi fort ſinguliers.Le bon-homme de Guidon, trai- cté 6.doct. 1. chapitre 3.promet qu'vne ceinture de laine portée ſur la chair , frottée d'onguent vif argen- tin, tue entierement & fait mourir les Poux , de quelque eſpece qu'ils ſoient,& en quelque partie que l'on - applique. Briefue deſcription de la Lepre ou Ladrerie . C H A P. VII. E s T E maladie eſt appellée des Grecs elephantiaſis , parce que les malades ont leur peau aſ- pre,ſcabre,ridée & inegale,ainſi que les Elephans : ce qui eſt dit à cauſe de la grandeur de la 77 maladie. Quelq'ies Chirurgiens ſuyuans l'opinion des Arabes,luy ont attribué ce nom de Le- \>Mg)ſ pre(mais improprement,d'autant qu'il ſignifie vne eſpece de ſcabie , ou galle, & vice du cuir, à>>#3V) appellé du commun peuple,le mal S.Main)duquel nous vſerons auſſi & le retiendrons pour le pret.nt comme eſtant fort commun & vſité. Donc nous dirons premierement, que Lepre ou Ladrerie(ſelon paulus AEgineta)eſt vn chancre vniuerſel de tout le corps Auicenne l'appelle Maladie vniuerſelle, laquelle corrompt la complexion,forme ou figure des membres. Galien dit,que c'eſt vne maladie tres-grande, pro- uenant de l'erreur de la vertu digeſtiue & ſanguificatiue du foye, par lequel erreur & defaut, la vertu aſſi- milatiue de la chair eſt grandement deprauée & changée. Le meſme Galien,liure deuxieime,à Glaucon,de- finie cette maladie,effuſion de ſang trouble & groſſier,contenu és veines par tout le corps, & habitude d'i- celuy. Outre,Lepre eſt dicte maladie tres-grande,à cauſe qu'elle participe d'vn virus veneneux corrompant les membres & la beauté du corps car qu'elle participe de venin,il eſt aise à cognoiſtre, c'eſt qu'il n'eſt pas neceſſaire que tout ceux qui en tout leur corps ſont melancholiques ſoient ladres. Elle contient les trois genres de maladies,& premierement elle eſt de mauuaiſe complexion, à fçauoir , chaude & ſeiche au com- mencement,& en fin l'ebullition & ardeur paſsée & eſuanoüie,froide,& ſeiche : qui eſt la cauſe Immediate de lepre confirmée.Elle eſt de mauuaiſe compoſition,pource qu'elle corrompt la forme & figure des mem- bres : auſſi elle fait ſolution de continuité,qui eſt maladie commune- | º A)fſ --" D | De la petite Verole & Lepre. 477 A F B C Des cauſes de Lepre . C H A P. V I II. $ E s cauſes de la Lepre ſont trois,à ſçauoir,primitiue,antecedente,& coniointe. La cauſe pri- Cauſe pri- mitiue eſt doublesà ſçauoirl, celle qui eſt introduite au ventre de la mere, comme lors que §, # , quelqu'vn eſt engendré au temps des menſtrues,ou qu'il a eſté faict de la ſemence d'vn pere Lepr.. ou mere lepreux , & partant on la peut aſſeurément dire eſtre vne maladie hereditaire : car vn ladre engendre vn ladre, veu que la ſemence ou geniture prouient de toutes les parties du corps : partant les parties principales eſtans viciées,& la maſſe du ſangalterée,corrompuë & infectée, pource il eſt neceſſaire que la ſemence le ſoit auſſi,dont celuy qui eſt engendré, eſt infecté. Pareillement cette maladie peut venir d'autres cauſes,à ſçauoir,pour faire ſa demeure en lieux maritimes , où l'air eſtant couſtumierement eſpais & nebuleux , rend par ſucceſſion de temps telle toute l'habitude de noſtre corps, Et pocrate ſelon le dire d'Hippocrate. Que quel eſt l'air,tels ſont les eſprits,tels ſont nos humeurs:ou pour l'habitude p - des lieux & pays trop chauds,dont noſtre ſang deuient aduſte & bruſlé:ou lieux trop froids,dont il deuient eſpais,tardif & congelé:ainſi voyons-nous en quelque partie d'Allemagne beaucoup de ladres, & en Afri- que & Eſpagne,plus qu'au reſte du monde,& en noſtre Languedoc,Prouence,& Guyenne, plus qu'au reſte de la France : ou pour communiquer & frequenter auec les ladres, & coucher auec eux, pource que leur ſueur & exhalation des vapeurs qui ſortent hors de leurs corps,ſont veneneuſes. Ainſi eſt de leur halaine, & de boire aux verres,& autres vaiſſeaux auſquels ils auront beu : car de leur bouche ils y laiſſent vne ſa- liue ſanieuſe contenue entre leurs genciues,& contre les dents,laquelle eſt veneneuſe en ſon eſpece, ainſi que la baue du chien enragé eſt en la ſienne.Pour cette cauſe les Magiſtrats leur enioignent ne boire qu'en leur baril:& à la mienne volonté que tous les ladres le fiſſent,à celle fin qu'ils n'euſſent occaſion d'infecter perſonne par ce moyen.Or icy ſe peuſt eſmouuoir vne queſtion, à ſçauoir, ſi vne femme peut auoir com- Aſrauoir ſi pagnié d'homme lepreux,ſans qu'elle ſoit infectée:ce qui eſt poſſible , ſi bien toſt aptes ſes mois coulent, * le ceit 4a d'autant que Nature fe purge & nettoye par tels fiux mais au contraire, l'homme à tard & difficilement ſe º ſºº peut ſauuer qu'il ne ſoit lepreux, s'il a compagnie d'vne femme lepreuſe, ou qui recentement ait habité º auec vnlepreux,& qu'elle ait encor quelque portion de la matiere ſpermatique,demeurée aux rugoſitez du º" col de ſa matrice,pource que l'homme eſt apte & prompt à receuoir le virus ou venin lepreux,à cauſe que laverge virile eſt fort ſpongieuſe & rare , au moyen dequoy reçoit facilement le virus, eſleué des vapeurs de la matiere ſpermatique,qui eſt communiquée aux eſprits par les veines & arteres,& aux membres prin- cipaux & de là en toute l'habitude du corps,ainſi qu'on voit communément que la groſſe verole ſe prend par tel acte. Or les lepreux defirent grandement le coit principalement lors que leur maladie eſt en ſon commencement & en eſtat, à cauſe qu'ils ſentent grande chaleur eſtrange aux parties internes de leurs ºº corps,& partant bruſlent du deſir de dame Venus:mais tel deduit leur eſt fort contraire, d'autant que par # iceluy les eſprits & chaleur naturelle ſe reſoluent,dont la chaleur eſtrange eſt fort augmentée,& les bruſle eſtre # dauantage.Auſſi cette maladie peut aduenir pour auoir vsé de viandes trop ſalées,eſpicées & acres,groſſes & craſſes,comme chair de porc,d'aſne,d'ours:auſſi de pois,feves,& autres legumes, laictages , poiſſons, & ſemblables,tant alimens que medicamens qui generalement engendrent ſang cacochyme & melancholique, aduſte, & bruſlé:auſſi par trop crapuler , & boire de vins trop forts : pareillement grand trauail aſſiduel, ſoing & ſollicitude,vie miſerable,& en perpetuelle crainte:leſquelles choſes font vne intemperature chau- de & ſeiche,qui engendre vn ſangmelancholique,feculent,aduſte, & bruſlé par vne chaleur immoderée, lequel de la maſſe ſanguinaire venant à s'eſpandre aux parties exterieures, change toute l'habitude du corps, & depraue ſa forme ou figure. Autre cauſe de lepre peut éſtre aſſignée ſur la retention des ſuper- fluitez & excremens melancholiques, comme des hemorrhoides, flux menſtruel, groſſe & petite verole, rougeolle,vieilles vlceres,fiévres quartes,oppilation de ratelle, exceſſiue chaleur du foye. Or il faut icy entendre, que la cauſe de la lepre par la retention des ſuperfluitez , ſe fait à cauſe que le ſang corrompu n'eſt naturellement euacué,dont il regorge par tout le corps,& corrompt le ſang qui doit nourrir tous les membres:parquoy la vertu aſſimilatiue ne peut bien aſſimiler,pour la corruption & vice du ſuc, dont la le- pre eſt causée.Les choſes antecedentes ſont les humeurs preparez à ſe bruſler & corrompre, & conuertir Cauſe ante- en melancholie,par vne chaleur aduſte & du tout eſtrange à Nature:car és corps poſſedez de telle chaleur, ºre-. les humeurs par aduſtion ſont aisément tournez en atra bilis:laquelle par long-temps venant à s'enuenimer & corrompre,donne commencement & eſſence à la ladrerie.Les coniointes, ſont les humeurs ja pourris & veneneux,ja eſpandus par l'habitude,qui alterent & corrompent tout le corps par vne intemperature froi- Cauſe con- de & ſeiche,contraire au principe de vie,dont la mort s'enſuit:car noſtrevie conſiſte en chaleur & humidité ioin#. naturelle. - - Par Un maag-. La melan- cholie ſup- primée engë - dre la lepre. - - desſignes qui monſtrent la preparation de lepre- . | CH A P. IX. #ETTE maladie eſt cogneuë par les ſignes,& accidens qui s'enſuiuent : pource que chacune ma- , ladie a ſes propres accidens qui la ſuiuent,comme l'ombre fait le corps. Et entre les ſignes,au- | cuns ſignifient : la preparation , les autres l'effect,lequel a quatre temps , à ſçauoir commence- #ment,accroiſſement,eſtat,& declinaiſon.Le commencement eſt,quand le virus touche les mem- - bres interieurs,dont leurs actions ſont diminuées & affoiblies L'accroiſſement , lors que le vi- commence- rus apparoiſt au dehors,& les ſignes & accidens ſe multiplient & accroiſſent. L'eſtat eſt,quand les membres met de lepr•. commencent à s'vlcerer. La declinaiſon eſt,que la face eſt hideuſe à regarder, & que les extremitez des Accroiſſe- doigts tombent,& alors les ſignes ſont populaires,& cogneus à vn chacun.Or les ſignes qui demonſtrent la ment. ,preparation ou diſpoſition à la lepre,ſont mutation de couleur naturelle en la face, comme goutteroſe,ſa-#ſtºf- - phyrs,cheute de poil,grande alteration,tant de iour que de nuict,l'haleine forte & puante , & vlceration à #ſº la bouche,mutation de voix,& vngrand deſir de l'acte Venerien. #» à la Leprº Signes qui monſtrent la lepre eſtre ja confirmée . C H A P. X. # V 1 v A N T la doctrine des anciens, il faut examiner toute la teſte, & principalement la face du malade en laquelle apparoiſſent les propres ſignes & les plus veritables,pource que la face eſt mol- le & rare,& en icelle le cuir de tenue ſubſtance : au moven dequoy l'humeur melancholique & aduſte y eſt facilement cogneu,faiſant leſion à icelle pluſtoſt qu'aux autres parties exterieures. Premierement † - aut 478 Le Vingtieſme Liure, I Premier ſi. gne de la lepre pre- ſente. 7, Des ſourcils Cr du der- riere des oreilles. Des oreilles. 4 Du front. 5 Du regard. 6 Des marines. faut regarder la teſte,& ſçauoir ſiles malades ont vne alopecie,c'eſt à dire, cheute de poil, aſſez ſemblable A à celle,à laquelle ſont ſubiects naturellemét les renards, & regeneration de cheueux greſles,courts & ſub- tils: qui ſe fait,pource que l'action de nature en l'habitude des poils,eſt corrompue par le defaut d'alimens propres,& partant il eſt neceſſaire qu'ils tombent. Adiouſte que les humeurs & vapeurs enuoyées & ſuſ- citées des parties naturelles & inferieures d'vn ladre,en haut,ſont ſi aduſtes, que de leuracrimonie ils ron- gent la racine des poils,& aliment qui pourroit eſtre enuironicelle, de ſorte qu'iceux ne peuuent aucune- ment ſubfifter. Et à cauſe de l'imbecilité de la partie , ils reuiennent plus deſliez & greſles : pareillement on leur arrachera des cheueux & de la barbe,& des ſourcils , & verra-on ſi auecques leur racine on arra- chera quelquc portion de chair : car telle choſe ne ſe fait que par pourriture & corruption du ſuc alimen- taire.Pour le ſecond ſigne,faut taſter du doigt les ſourcils, & derriere les oreilles, ſçauoir s'ils ont des tu- bercules granuleux;c'eſt à dire,grains ronds, & durs,à cauſe qu'en la lepre la vertu aſſimilatiue defaillant fait que le nourriſſement venant aux parties ne ſe peut aſſimiler entierement & parfaictement:parquoy ar- reſté & comme conglobé en lieu eſtroit,comme derriere les oreilles,de ſa propre craſſitie & terreſtrité, il demeure granuleux : laquelle choſe appert,& ſe monſtre principalement au viſage, & aux parties deſnuées de chair,& tel ſigne eſt fort certain.Dauantage,ils ont les oreilles rondes,pour la conſomption de leurs lo- bes & parties charmeuſes par defaut d'aliment ſuffiſant,groſſes,eſpeſſes,& tuberculeuſes,à cauſe de la craſ- ſité & terreſtrité de l'aliment:qui affluë à la partie,ce que nous mettrons pour le troiſieſme ſigne. Pour le quatrieſme,ils ont le front ridé comme vn Lion,dont aucuns ont appellé cette maladie,Morbus leoninus.Et telle ſiccitéviét de toute l'habitude du corps:auſſi voyons nous l'eſcorce d'vn vieux cheſne,&la face de nos vieilles gés,eſtre toute pleine de rides Le cinquieſme,ils ont leregard fixe & immobile,à cauſe que les muſ- cles faiſans le mouuemét de l'œil,deſſeichez par faute d'humidité,qui les rédgliſsäs &lubriques,sôt moins prompts à ſe mouuoir.Et les yeux ronds:car les yeux de ſoy,& de leur propre ſubſtance,ſont preſque r6ds. Or ce qui fait qu'ils apparoiſſent plats par deuant,& tendans en poincte par derriere, vient de la concur- rence & figure des muſcles & graiſſe qui les enuironne. Parquoy iceux conſommez par faute de nourritu- re,ou par l'acrimonie de l'humeur qui leur eſt enuoyé,ce n'eſt de merueille, ſi comme deſnuez de leur ve- ſtement,ils ſe monſtrent ronds.Pareillement ils ont les yeux rouges, enflammez, & luiſans comme ceux des chats,à cauſe de l'ardeur des eſprits,& humeurs acres & aduftes : & vrayement le temperament des ladres eſt fort ſemblable à celuy du chat,ſçauoir ſec & melancholique,côme auſſi les mœurs,ence qu'ils ſont ma- licieux comme eux.Le ſixieſme,ils ont les narines larges par dehors,& eſtroites par dedans,à cauſe de l'ali- ment terreſtre,groſſier &melancholique,lequel pouſsé du dedâs en l'extremité des narines,les eſleue en tu- meur par dehors:dôt s'enſuit que pour l'eſpeſſeur dudict humeur,leur cauité interieure ſe môſtre moindre, & comme bouchée.Icelles narines ſont pareillemêt corrodées,croufteuſes & vlcerées,dont ſouuent en ſort du ſang,& le ſeptum cartilaginoſum corrodé & conſumé,& ſont veus eſtre camus,d'autant que toute lafa- ce eſt tumefiée,imbue & enflée de mauuais ſuc : ce qui auſſi peut proceder de l'acrimonie de l'humeur qui , corrode les os qui font l'eminence du nez,ou font contraction d'iceux ou dedans, dont pour la cauité ap- parente ils deuiennent camus.Le ſeptieſme, ils ont les lévres fort groſſes, eſleuées, & les genciues ordes, puantes & corrodées,à cauſe des vapeurs acres, dont les dents ſont deſcharnées. Le huictieſme,ils ont la langue enflée & noire.pour meſme cauſe que leurs narines : car comme l'air extremement chaud de l'Afri- C que par reſolution de la portion plus ſubtile,eſpeſſit les humeurs attirez en l'extremité des lévres des hom-\ mes de ce pays : ainſi la chaleur interieure des ladres fait le ſemblable des humeurs pouſſez au dehors vers cette partie,laquelle outre ſe monſtre renuersée à faute d'appuy,pour ſouſtenir vn tel faix d'humeurs. Ont - deſſus & deſſous des tubercules,ou petites.glandulettes,ou grains,comme on voit aux pourceaux ladres,& les veines de deſſous apparoiſſent groſſes & variqueuſes.La cauſe eſt,que la langue eſt vn corps ſpongieux parquoy il eſt aisément imbu des humeurs qui regnent par tout ie corps. Et pour le dire en vn mot,ils ont toute la face tumefiée & couperosée de couleur rouge,obſcure,lucide,& les yeux flamboyans,hideux,& eſ- pouuantable à regarder,comme Satyres:laquelle choſe procede de la cachexie & mauuaiſe habitude de tout le corps.Or la couleur du cuir eſt vn ſigne tres-certain des humeurs qui abondent & dominuent au corps: partant veu que l'humeur melancholique qui cauſe la lepre,eſt gros & aduſte, il s'enſuit que la couleur du cuir & principalement de la face,ſoit liuide & plombine. Ce qu'il faut entendre de ce qui apparoiſt le plus ſouuent:car autrement la couleur à quelques ladres tend ſur le iaune,à autres ſur le blanc,ſelon qu'eſt l'hu- meur qui en iceux regne.Car ainſi la pluſpart des Medecins font trois eſpeces de ladrerie : rouge ou noira- ſtre,faicte de ſang,ou melancholie naturelle:iaunaſtre faicte de colere:blancheaſtre faicte de pituite,le tout bruſlé & recuit par la chaleur non naturelle Le 9.leur haleine eſt fort puante, & generalement tous les ex- cremens qui ſortent de leurs corps,ſentans la ſauuagine qui commence ja à ſe pourrir , pour le venin con- ceu en leurs humeurs. Le dixieſme ils ont la voix enroüée,& outre qu'ils parlent du nez : ce qui aduient à cauſe que leurs poulmons,nerfs recurrens,& muſcles du larynx,ſont offenſez & imbus de la matiere viru- lente,& qu'ils ont la cauité du nez bouchée:la trachée artere,comme toutes les parties du corps, fort reſ- ſeichée trop aſpre & inegale,ainſi que l'on voit aduenir à ceux qui ont largemét beu des vins trop chauds, forts,& puiſſans pour laquelle meſme cauſe ils ont grande difficulté de reſpirer,ſur la ſeichereſſe des muſ- 7 Des le vres cr gen iues. 8 De la lägue. Eſpeees de la drerie. 9 De l'halei- 22é*. 1O De la voix. cles ſeruans à la reſpiration, L'onziéme eſt,qu'ils ont morphea,& defedation vniue ſelle de leur peau , & I I De la defe. dation du cuir,dartres c5 giãdules. * ' I2 De l'ardeur du corps & des pü #ions. l 3 Des m uſcles conſumez. l'ont pareillement creſpie comme vn oye maigre deſplumee,à ſçauoir aſpre aride, & inegale:icelle ſe ridât & grillant par l'aduſtion & ſiccité interieure des humeurs , de meſme façon qu'vn cuir au feu ou au Soleil. Auſſi ont pluſieurs dartres & vilaines galles,deſquelles ſouuentesfois ſortent des crouſtes,comme eſcailles de carpe,ou autres poiſſons,& ont auſſi pluſieurs glandules : leſquelles choſes procedent à cauſe des hu- meurs alterez & corrompus & principalement de la malice du gros ſang melancholique & aduſte, pour n'eſtre bien élaboré par l'œuure de nature,& regy par la faculté nutritiue & partât il ſe procrée vne chair craſſe,ſcyrrheuſe,dure,aſpre,& inégale.Dóc veu qu'en cette maladie il y a grand erreur en la faculté nutri- tiue,& par côſe quent en l'aſſimilatiue:de là s'enſuit que l'alimét n'eſtant bié élabouré,ne peut eſtre changé ny aſſimilé.Et par tel defaut il eſt neceſſaire que ces tubercules ſe faſſent en la chair,& qu'elle ſoit dure, & toute la peau aride inegale,& de mauuaiſe couleur,& vlcerée en pluſieurs endroits,tât a cauſe de la craſſitie & terreſtrite:que pour j acrimonie d'iceux:& ceſtuy-cy doit eſtre bien noté entre tous les ſignes. Le 12. ils ſentent par fois grande ardeur & punctions par tout le corps,comme ſi on les piquoit d'aiguilles qui ſe fait à cauſe d'vne vapeur maligne qui s'eſleue des parties interieures,& eſt retenuë ſous la peau, & ne peut li- brement ſortir,pource que le cuir eſt fait gros,denſe,& eſpés,par l'aduſtion des humeurs pourris partant la vertu expulſiue eſt continuellement ſtimulee à ietter hors les vapeurs acres & rnordicantes.Le 13.eſt,qu'ils ont vne emaciation ou amaigriſſement,& conſomption des muſcles qui ſont entre le poulce & le doigt in- dex:non point ſeulemét,pource que la faculté nut, itiue a defaut d'alimés pour nourrir leſdits muſcles(car tel defaut eſt general par tous les muſcles du corps)mais pource qu'iceux,comme le Tenat, ayans vne emi- nence manifeſte,la depreſſion & emaciation,cóme choſe eſtrange & inaccouſtumée, eſt pluſtoſt remarquée - I CI1 / | - - - © - ( - - | - - .• • - - · De la petite Verole, & Lepre. 479 en iceux & pour cette raiſon ils ont les eſpaules protuberentes en forme d'aiſles,à cauſe de la conſomption & emaciation de la partie interieure du muſcle trapeze. Le quatorziéme ils ont vne ſtupeur ou diminution de la faculté ſenſitiue, à cauſe que les nerfs ſont remplis d'humeurs melancholiques, gros & terreſtres : qui fait que l'eſprit animal ne peut reluire & eſtre porté par iceux aux parties qui en ont beſoin, dont s'enſuit ftupeur.Veritablement ie me ſuis ſouuent trouué à l'eſpreuue des ladres, & entre tous les ſignes digne d'e- ſtre bien notez, cettuy-cy m'eftoit commun, c'eſt que les ayant picquez d'vne aſſez groſſe & longue épingle au gros tendon qui s'attache au talon qui eſt ſenſible par deſſus les autres, & voyans qu'ils n'en ſentoient rien, bien que i'euſſe pouſſe l'aiguille fort auant, ie conclus que veritablement ils ſont ladres. Or pourquoy ils perdentainſi le ſentiment, le mouuement leur demeurant entier, la cauſe eſt que les ne1fs qui ſont diſſe- minez au cuir, ſont Plus affectez, & ceux qui ſont aux muſcles , ne le ſont tant, & pource quand on les pi- que profondement, ils ſentent la picqueure, ce qu'ils ne font à la ſuperficie du cuir.Le quinziéme, auec ce qu'ils n'ont point ou peu de ſentiment en leurs extremitez, & icelles tombent principalement en la decli- naiſon,à cauſe que la faculté expultrice iette les humeurs pourris qui la † loing qu'elle peut des parties nobles, dont vient que l humeur melancholique eſtant de ſubſtance groſſe accompagnée du vi- rus lepreux, opîle les nerfs , de façon que l'eſprit ſenſitif ne peut peut penetrer & reluire iuſqu'aux extre- mitez, leſquelles ſont loing de la chaleur naturelle:joint que depuis que l'vne des principales facultez man- que en vne partie, les autres la deſdaignent, & n'y reluiſent aſſez ſuffiſamment pour la ſympathie qu'elles ont les vnes auec les autres, & par ainſi la partie tombe en totale mortification. Le ſeiziéme, ils ont ſonges & idées en dormantfort épouuantables : car quelquesfois il leur eſt aduis qu'ils voyent des diables,ſerpens, & manoirs obſcurs, ſepulchres, corps morts, & autres choſes ſemblables, leſquelles impreſſions ſont fai- tes au ſens commun, à cauſe des vapeurs fuligineuſes de l'humeur melancholique, qui montent au cerueau, ainſi que nous voyons auſſi aduenir à ceux dui eſtans mordus de chiens enragez , tombent en hydrophobie. Pour le dixſeptiéme, nous mettrons, qu'ils ſont quaſi tous cauteleux, trompeur#, & furieux ſur le commen- cement, & increment de leur maladie,à raiſon de l'aduſtion des humeurs,à laquelle dauantage la ſiccité fert d'aiguillon : mais en l'eſtat & declinaiſon de la maladie,ils deuiennent cauteleux,trompeurs & ſoupçonneux, à cauſe qu'ils ſont deffians deux-meſmes, à raiſon de la melancholie, qui froide & ſeiche, les rend ineptes à executer toutes choſes,ſoit du corps ou d'eſprit : d'où vient que craignans toutes choſes voire les plus aſſeu- rées, ils taſchent touſiours à preuenir & ſuppléer par malice, ce qu'ils ſçauent,leur defaillir d'eſprit & d'ad- dreſſe : qui eſt la meſme cauſe pourquoy les vieilles gens, les malades,& femmes ſont ſur tous ſubiets à tels vices. Ils deſirent aufſi grandement la compagnie des femmes,& principalement au temps de l'accroiſſement & eſtat de leur maladie , à raiſon de la chaleur eſtrange qui les bruſle au dedan3 : mais en la declinaiſon ils abhorrent tel deduit, parce que leur chaleur naturelle eſt preſque exhalée & eſteinte Cela peut auſſi pro- uenir de la craſſitie de leurs humeurs, leſqueis outre qu'ils ſont terreſtres, ſont dauantage embroüillez d'vn eſprit flatulent, excité & promené dedans la maſſe ſanguinaire par la chaleur non naturelle. Le dixhuictié- me,leur vrine eſt eſpaiſſe comme celles des iumens,& quelquesfois ſubtile,pour languſtie des vaiſſeaux par où paſſe l'vrine,par leſquels le plus ſubtil s'euacue : icelle eſt auſſi quelquesfois blafarde,& de couleur cen- drée, & fetide, comme tous les autres excremens. Le dixneufiéme, ils ont le ſang fort gros, aduſte , & de couleur noiraftre & plombine, & fi on le laue, on le trouuera arentileux en ſa profondité pour la grande aduſtion. Le vingtiéme eſt,qu'il ont le pouls debile & lâguide,à raiſon que le cœur & faculté pulſatiue re- fidente en iceluy, eſt tellement opprimée des vapeurs fulgineuſes qui s'eſleuent de leurs humeurs groſſiers & melancholiques,qu'elle ne peut librement battre. Or nous auons pluſieurs autres ſignes de ladrerie, cofn- me dureté de ventre, à raiſon de l'ardeur du foye : rots frequents, à cauſe de la fragilité de l'eſtomach, caü- ſée de l'humeur melancholique qui regorge en iceluy : frequente ſternuation,pour la plenitude du cerueaui mais entre tous,cettuy leur eſt fort frequent, c'eſt que pour leur viſage & tout leur cuir apparoiſt touſiours onctueux , à raiſon de l'ardeur & chaleur non naturelle, qui diſſoult & liquefie toute la graiſſe qui eſt ſous la peau, dont elle ſemble toute arrouſee. Ce qui ſe connoiſtra, ſi on leur iette de l'eau nette ſur la peau : car l'on verra icelle ne s'arreſter en aucun lieu par faute de priſe. Or des ſignes ſuſdits, les vns ſont vniuoques ; c'eſt à dire, qui demol ſtrent veiitablement la lep1e:les autres ſont equiuoques ou communs, & ſuruenans à d'autres maladies qu'à icelle lepre, toutesfois ſeruent glandement a la connoiſtre. Et pour concluſion , ſi toutes ces choies-la, ou la pluſ part, ſont trouuc es, elles demonſtrent veritablement la ladrerie parfaicte. -1 - - - * - C H A P. XI. bºzſ)ſ # A Lepre eſt vne maladie hereditaire & contagieuſe, quaſi comme la peſte, & du teut incura- #-SN, ble, comme auſſi ſouuent eſt la peſte. Cette contagion eſt fi grande qu'elle vient aux enfans # rNZ des enfans, & encore plus loing, dequoy l'experience fait foy. Or elle eſt incurable,parce que P72 ( ( comme nous auons dit ) c'eſt vn chancre vniuerſel de tout le corps, car ſi vn chancre qui eſt en vne ſeule partie d'iceluy, ne reçoit aucune curation, comment ſe pourra guarir celuy qui Du prognoſtic de Lºpre- N#N occupe vniuerſellement tout le corps ? Auſſi elle ne ſe peut guarir, parce que le mal eſt plus grand que re- mede aucun qu'on ait iuſques à preſent pû trouuer & inuenter. Outre-plus, il faut eſtimer que lors que les ſignes apparoiſſent au dehors, le commencement eſt long temps auparauant au dedans , à raiſon qu'elle ſe fait touſiours pluſtoſt aux parties interieures qu'exterieures : toutesfois aucuns ont la face belle , & le cuir poly & liſſé, ne donnant aucun indice de Lepre par dehors; comme ſont les ladres blancs,appellez Cacots, Cagots,& Capots, que l'on trouue en baſſe Bretagne, & en Guyenne vers Bordeaux, où il les appellent Ga- bets : és viſages deſquels, bien que peu ot point des ſignes ſus alleguez apparoiſſent, fi eſt-ce que telle ar- deur & chaleur eſtrange leur ſort du corps,ce que par experience i'ay veu : quelquesfois l'vn d'iceux tenant en ſa maiſon l'eſpace d'vne heure vne pomme freſche, icelle apres apparoſſoit auſliaride & ridée,que ſi elle euſt eſté l'eſpace de huict iours au Soleil. Or tels ladres ſont blancs & beaux , quaſi comme le reſte des hommes, à cauſe que leur ladrerie conſiſte en matiere pituiteuſe, laquelle reſſeichée par aduftion, eſt faite attabilaire, ſi que retenant touſiours ſa couleur blancheaſtre , apporte toutesfois tels inconueniens, aux actions de ceux qu'elle poſſede, leſquels nôus auons cy-deſſus mentionnez des vrais ladres & defcouuerts. Dauantage on voit qu'en cette maladie les trois vertus & facultez du corps ſont corrompuës & viciées : car premierement l'animale precedente du cerueau, eſt alteree & changée, ce qui eſt conneu par les imagina- tions & ſonges terribles, & eſpouuantables, & par la difficulté du ſentiment & mouuement qu'ont les ma- la des : la corruption de la vitale eſt auſſi conneuë par la voix & la difficulté d'halaine & puanteur d'icelle, & par le pouls tardif& depraué : le vice de la naturelle ſe connoiſt, parce que le foye ne fait ſangnification, & par les excremens de tout le corps procedans du foye, parquoy nous pouuons conclurre que les trois membres principaux patiſſent en la Lepre. - De ! ... « De la ſtufeur cu diminatiº de la faculté ſenſitiae. - , 1 5. .. Du ſentim# des extremi . tez. I 6. Des ſonges . cºr imagina- tiens eſp cu- uantables. 17 De la caute- le , furie 6 deſir du coit. Du deſir du coit. 18. De l'vrine. I 9. . De la quali- té du ang. 2 O. Dw pouls. - La peau des ladres appa- reiſt oniiueu- ſe, Lepre hert- ditaire. La lepre eſt premiere- ment au de- dans qu'au dehors. Des iadres blancs. Les trois fa- cultez ſont deprauées aux ladrºu. 48o Le XX.Liu. de la pet.Ver. & Lepre. De faire ſeparer les Ladres de la conuerſation & compagnie des ſains C H A P 1 T R E XI I. 2 R ayant conneu par les ſignes ſuſdits, que quelqu'vn ſera eſpris de Lepre ja confirmée, & cou- Q) ſiderant le danger qu'il y a de conſeruer auec telle gens, les Magiſtrats les doiuent faire ſepa- a rer & enuoyer hors de la compagnie des ſains,d'autant que ce mal eſt centagieux quaſi com- Pour1uoy me la peſte, & que l'air ambiant ou enuironnant , lequel nous inſpirons & attirons en nos l'halaine corps, peut eſtre infecté de leur haleine, & de l'exhalation des excremens quiſortent de leurs des ladres vlceres:8& l'homme ſain conuerſant auec eux,l'attire;ce qu'avant fait il luy altere & infecte les eſprits,& par •ſº dange- conſequêt les humeurs,dont apres les parties nobles ſont ſaiſies, qui cauſent la lepre.Et pour cette occaſion, reuſe. il eſt bon & neceſſaire de les faire ſeparer,comme i'ay dit : ce qui ne repugne point aux ſainctes Eſcritures. º - Car il eſt efctit que le Seigneur fit ſeparer les lepreux hors de l'oſt des enfans d'Iſrael. Auſſi au Leuit eſt *** commandé le ſemblable, & eſt ordonné pour les connoiſtre, qu'ils ayent les veſtemens deſchirez,& la teſte nue,& ſoient couuerts d'vne barbute,& appellez ſales & ords : mais auiourd'huy on leur baille des cliquet- tes & baril, afin qu'ils ſoient conneus du peuple.Neantmoins je conſeille que lors qu'onles voudra ſeparer, Ataub. «. on le faſſe le plus doucement & amiablement qu'il ſera poſſible,ayant memoire qu'ils ſont ſemblables ànous: Luc. ;. où il plairoit à Dieu,nous ſeriös touchez de ſemblable maladie,voire encore plus griefue.Et les faut admo- Mare. I. neſter que combien qu'ils ſoient ſeparez du möde,toutesfois ils ſont aymez de Dieu en portant patiamment Luc. 17. leur Croix. Qu'il ſoit vray,Ieſus-Chriſt en ce monde a bien voulu communiquer & verſer auec les lepreux B leur donnant ſanté corporelle & ſpirituelle : car il eſt eſcrit qu'vn lepreux s'enclina deuant Ieſus-Chriſt, diſant, Seigneur ſi tu veux tu me peux nettoyer, & Ieſus eſtendant ſa main le toucha, & luy dit. Ie le veux, ſois net:& incontinent ſa lepre fut nettoyée.Outre-plus eſt eſcrit que Ieſus vne autre fois guarit dix ladres. 4 # JN De la cure pour ceux qui ſontpreparez à la lepre . C H A P. XIII. Leprs en ſon S)º L nous faut maintenant parler de la cure, toutesfois ſeulement pour ceux qui ſont preparez 4 eommence- N$ Mº tomber en tel deſaſtre & diſpoſition, c'eſt qu'il leur conuient euiter toutes choſes qui eſchauf- ment eſt cu- % fent & bruſlent le ſang , & generalement contrarier à toutes celles que nous auons dictes cy- rable, deſſus pouuoir procéer la lepre, & qu'ils vſent de viandes qui engendrent bon ſuc & aliment, leſquelles deſcrirons cy-apres au regime de la peſte : & ſeront purgez,faignez,baignez,& cor- nettez ſelon l'aduis d'vn docte Medecin, afin de refrener l'intemperature du foye, & par confequent de tout : le corps. Valeſien de Tarente, conſeille qu'on leur oſte les teſticules, dequoy ie ſuis auſſi d'aduis : car par D'oſter les te # ! J. - • - - - - - - - l'inciſion & amputation d'iceux, l'homme eſt mué en temperature feminine, & par ainfi en complexion fficules aux ."! - - - - - -- i§." froide & humide, laquelle eſt contraire à la chaleur & feichereſſe de la lepre : partant le foye eſt refroidi, & par conſequent ne bruſle les humeurs qui ſont cauſe premiere d'icelle maiadie. Or quant à la cure de la lepre confirmée, il n'y en a point, comme nous auons dit, encor qu'on donne des ſerpens à boire & à man- ger, & qu'on ſaigne, ventouſe,cornette & baigne les malades, ou qu'on vſe de pluſieurs & diuers autres re- medes. Il eſt vray que par ce moyen on peut pallier & repouſſer l'humeur au dedans, afin qu'ils ne ſoient C conneus : ce que ie ne voudrois conſeiller de faire, de peur qu'ils n'abuſaſſent les femmes, & euſſent con- uerſation auec les ſains : mais pour les faire viure plus longuement, ie leur conſeilleray toufiours qu'ils ſe faſſent chaſtrer pour les raiſons ſuſdites, & auſſi afin qu'on en puiſſe perdre plus facilement la progenitu° re. Maintenant nous parlerons ſommairement de la lepre des Grecs. De la lepre eonfirmée. - De la lepre des Grecs, dičte du vulgaire Mal Sainct Main, qui eſt vne rongne- . CH A P I T R E XI V. O N G N E eſt vne aſperité du cuir, ou vne vlceration legere conjointe auecvn rurit, cauſée # d'vne pituite nitreuſe & ſalée, & de melancholie qui ſe pourrit ſous le cuir, & eft tres-difficile $ à guarir. Pour la curation il faut eſtre purgé & ſaigné, euiter toutes viandes de haut gouſt qui enflamment le ſang. On baignera le malade par diuerſes fois,& l'on mettra dedans le bain cho- ſes romolliantes : au partir du bain tout le corps du malade ſera frotté de beurre frais afin de les crouſtes & amollir l'aſperité du cuir. En apres on retournera au bain,& dans iceluy feront appliquez pluſieurs cornets auec ſcarifications, pour euacuer le ſang contenu entre cuir & chair. Et quel- ques iours apres ſera frotté le corps de l'onguent quis'enſuit. 24. oleiiuniperi 3. ij. oleinucum.3.j. olei tartari albi.3.j.vitrioli Romani, ſalis communis, ſulphurisviui an.3.iij.terebenthina lota in ſucco limonum 3.ij lithargyri 3.É.cerz modicum : fiat vnguentum. Or ce medicament ſera de plus grande efficace, ſi on y adiouſte deux onces de vif-argent, & deux dragmes de ſublimé, & aura grande vertu, appliqué apresle bain. Car le bain amollit & ouure les pores, & par conſequent le fait penetrer plus fort. D - •Autre- Prenez racines d'enula campana 3.iv. cuites en fortvinaigre, puis pilées & paſſées par l'eſtamine, adiou- ftez ſoulphre vif 3. ſi ius delimon 3.ij. beurre frais 3.iv. & de ce ſoit fait onguent. Si la rongne eſt rebelle àguarir,les parties malades ſeront frottées de l'vnguent Enulatum cumMercurio, - •A4tYê. Prenez axunge de porc 3. iv. ſouphre vif3.j. ſel ſubtilement puluerisé, terebenthine lauée vne once & demie, & de ce ſoitfait onguent. Dt5 Dartref, Les dartres ſont aſperitez du cuir, comme petites enleueures auecgrande demangeaiſon, quijettent vne matiere ſereuſe. Pour les remedes topiques, Hippocrate au liure Te morbis mulierum, recommande le vinai- gre où l'on aura fait tremper de la pierre ponce, ou ſouphre vif Pareillement l'huyle de fourment extraite ſur vne enciume auec vne paëſle toute rouge, & en frotter la dartre tant de fois que l'on connoiſtra eſtr; guarie : l'eau de ſublimé aura pareille vertu, ou l'eau forte quiaura ſeruy aux orfevres. Fin du vingtiéme liure , de la petite Verole, Rougeole, & Lepre- . - - - TA BL E ". - - | 48 1 # # # # # # # # # # # # # # # # # # # # # # # #º#º TABLE DES CHAPITR E S du Vingt-vniéme Liure, des Venins. SNèſº>sQ()42 oVR 2 Vor l'Autheuraeſcrit des veninº Chapitre j - $ſ2 Queſtion. Chap. ij QN4 $ % LAutre queſtion. . - Chap. iij SNNſ. \ N) Z LA ſauoirſi les animaux viuans de beſtes venimeuſesſont veni- SN #sS()% , meux,& ſîen enpeut manger ſans danger. Chap. iv $N%7| |)N<24 -S\ Des ſignes des veni ms engenera/ Chap. v $N % &7 L'opinion d'aucuns reprouuée . Chap. vj 2> Q)N) Pourſe donnergarded'eſtre empoiſonné Chap. vij | -- · T Remedes prompts contre les poiſons. Chap. viij Des Diuerſions. Chap. ix Dès venins en parttculier. - Chap x De la corruption de l'air. (#':) Chap. xj Pronoſtic des venins engeneral. Chap. xij Pronoſtic du venin des beſtes. Chap. xiij Des beites venimeuſes. Chap. xiv Chap. xv De la cure vniuerſelle ». - - La cauſe pourquoy les chiens deuiennent pluſtoſt enraget, que les autres beſtes. Chap xvj Signes pour cognoiſtre le chien enragé. - Chap. xvij Signes pour cognoiſtre vn homme auoireſté mordu d'vn chien enragé Chap.xviij Des accidens qui viennent à ceux auſquels le venim du chien enragé a commencéd'eſtre impri- mé aux parties nobles. Chap. xix Pronoſtic. I Chap. xx Cure de la morſure du chien enragé. - Chap. xxj De la cure de ceux qui ſont tombe{ en hydrophobie ».. Chap. xxij | De la morſure & piqueure de la vipere . Chap. xxiij Du ſerpent appelé coule ſang. Chap. xxiv Duſerpent nommépourriſſeur Chap. xxv Du Baſilic. - Chap. xxvj (.'.) Chap. xxvij De certains ſerpenseſtranges De la ſalemandre_x Chap. xxviij Chap. xxix De latorpille , De la morſure d'aſpics. Chap. xxx De la morſure de couleuure . Chap. xxxj De lamorſure du crapaut. Chap. xxxij De lapiqueure du ſcorpion. . | r Chap. xxxiij De la morſure & piqueure des mouches & chenillés Chap. xxxiv De la morſmre des araignées. - Chap. xxxv Des mouches cantharides. . Chap. xxxvj De la mouſche nommée bupreſte » Chap. xxxvij De la ſang-ſuè ou ſucce-ſang. - / Chap. xxxviij De la murenc . - (. ) Chap. xxxix De la piqueure d'vne viue_ . - | Chap. xl De la piqueure de la tareronde ou paſtenaque » Chap. xlj De la venenoſité du liévre marin. Chap. xlij Du venin du chat. 3 . Chap. xliij De la venenoſitéde certaines plantes. Chap. xliv Du Bezahar. Chap. xlv Des metaux & mineraux venimeux. l Chap. xlvj De la proprietédel'argent vif Chap. xlvij Diſcours de la Licorne, contenant les Chapitres. xlviijiuſques à lxv Ss LE | V I N GT-VNIESME L IVR E, ' TRAICTANT DES VENINS ET MoRsvR E DE CHIENS E N R A GE Z, | E T A v T R E s M o R s v R E s E T P 1 Q v E v R E s de beſtes veneneuſes. | PAR A M BR OISE PAR E D E LA v A L AV MA INE, • Conſeiller, & premier Chirurgien du Roy. B Pourquoy l'Autheur a eſcrit des Venins. CHA P. I. 7 I N Q_ choſes m'ont incité de colliger des anciens ce petit traitté des venins: | dont la premiere eſt,afin d'inſtruire le ieune Chirurgien des remedes qu'il doit vſer pour promptement ſuruenir aux affligez , attendant le ſecours du docte Medecin. La ſeconde , afin qu'il puiſſe auoir vraye & exacte cognoiſ- ſance de ceux qui pourroient eſtre empoiſonnez , pour fidellement faire º, rapport à Iuſtice, lors qu'il en ſera requis. La troiſiéme, auſſi afin que ceux L qui ſont reſidensaux champs, comme les nobles & peres de familles, ayans VS ) \ . 2, 27 mes œuures puiſſent ſecourir leurs pauures ſubjets,où ils ſeroient piquez ou //N x %7 mordus des beſtes venimeuſes, ou des chiens enragez,& autres beſtes.La.4- SS 7ſè># S afin que chacun ſe puiſſe preſeruer d'eſtre empoiſonné , & ſuruenir aux ac- (27 (J- Q s S é#ſº \N cidens. La 5. eſt le deſir que iay touſiours eu & auray toute ma vie,de ſe rir Bonne affe- - - #º.,* à mal faire,comme aucuns mal-veillans me pourroient taxer : ains ie deſirerois que les inuenteurs des poi- * ſons fuſſent auortez au ventre de leurs mer pour §onc entrer n matiere , nous commencerons ". par la diuiſion des venins en general , puis nous pourſuiurons vne chacune eſpece en particulier. Et dirons premierement,que venin ou poiſon eſt vne choſe laquelle eſtant entrée ou appliquée au corps humain, ala vertu de le combatre & vaincre : tout ainſi que le corps eſt victorieux de la nourriture qu'il prend iournel- lement , qui ſe fait par qualitez manifeſtes, ou par proprietez occultes & ſecretes. Le Conciliateur au liure Que c'eſt que qu'ii a fait des venins dit,que tout venin pris dedans le corps,de toutes ſes proprietez eſt du tout contraire venim. à la viande , de laquelle nous ſommes nourris. Car comme la viande ſe conuertit en ſang , & rend toutes les parties ſemblables aux membres, leſquels principalement elle nourrit, ſe mettant au lieu de ce qui con- tinuellement s'écoule de noſtre corps,ſe reſout & conſemme : Auſſi le venin tout au contraire tranſmue le corps & les membres qu'il touche, en vn autre particuliere & venimeuſe. Donc ne plus ne moins que tous animaux, & tous fruicts que la terre produit, ſe pouuant conuertir en aliment, ſi nous les mangeons ſe tournent en nourriture : auſſi à l'oppoſite les choſes venimeuſes priſes dedans le corps, rendent tous les membres de noſtre corpsvenimeux : car comme tout agent eſt plus fort que le patient , auſſi le venin par ſa plus grande force ſurmonte noſtre ſubſtance, & la conuertit en ſa nature venimeuſe : par meſme raifon que le feu par ſa tres-grande chaleur conuertit ſoudainement la paille à ſoy & la conſomme. Et pource les an- ciens grands inquiſiteurs des choſes naturelles, on dit que le venin tuë les hommes, d'autant qu'il corompt la temperature & complexion de leurs corps. à Dieu & au public, auec proteſtation deuant Dieu de ne vouloir enſeigner C Or tous venins & poiſons procedent de l'air corrompu, ou des foudres & tonnerres,& leurs eſclairs.Ou D D'où procede du naturel des beſtes, plantes & mineraux : Ou par artifice, & ſublimations des meſchans, traiſtres , em- dent les ve-poiſonneurs,& parfumeurs:deſquelles choſes ſe prennent les differences. Car tous venins ne font pas leurs mins. effects d'vne meſme ſorte, & ne procedent leſdits effects d'vne meſme cauſe:car aucuns operent par l'excez des qualitez elementaires, deſquels ils ſont compoſez : autres operent par leur proprieté ſpecifique ou ſc- crette : dont aucuns tuent pluſtoſt, les autres plus tard. Auſſi tous venins ne cherchent premieremçntle cœur pour luy nuire, mais nuiſent à certains membres : comme l'on voit les cantharides qui offenſent la veſſie , la cigue le cerueau, le liévre marin les poulmons, la torpille qui engourdit & ſtupefie les mains de ceux qui touchent ſeulement les rets où elle eſt priſe. Autres bleſſent autres parties , puis apres le coeur- Comme l'on voit les medecines qui confortent le cœur, comme le ſaffran, autres le cerueau,comme ſtecas, autres l'eſtomach, comme la cannelle , & autres parties. Il y auſſi des venins qui operent par qualitez manifeſtes, & par qualitez ſpecifiques tout enſemblc,comme l'euphorbe,lequel jaçoit que par ſa force ve- nimeuſe qu'il a de l'excés de ſa chaleur, il infecte toutesfois auſſi par ſon autre force, qui procede de ſa z.u, co - vertu ſpecifique : ce qui ſe cognoiſt par le theriaque,la propre vertu duquel eſt de ſurmontertoutes poiſons §l§, qui°Pºrent de leur vertu occulte,lequel eſt de tres-grande efficace contre l'euphorbe.Que ſi ledit euphor- du c§. be nuiſoit de ſa ſeule exceſſiue qualité, tant s'en faut que le theriaque qui eſt de ſoy fort chaud , luy fuſt gien contraire , que pluſtoſt il entretiendroit ſa force & nuiſance , ce qui ne fait. Les venins qui operent par leur vertuſpecifique, ne le font pas, parce qu'ils ſont chauds, froids, ſecs,ou d'humidité exceſſiue : mais c'eſt Parce qu'ils ont ce naturel particulier des influences celeſtes, contraires à la nature humaine. Pource tels venins pris en bien petite quantité, ſont neantmoins d'vne force ſi maligne & tant cruelle, que # • • - questo1s - .. Des Venins. | 483 , -→ - - . A quesfois en vne heure ou moins ils tuent.Les venins ne tuent pas ſeulement pris par la bouche, mais auſſi appliquez exterieurement.Semblablement les beſtes ne tuent pas ſeulement par leurs morſures, piqueures oueſgratigneures:mais auſſi par leur baue,regard,ou par le ſeul attouchement,ou par leur haleine , ou par manger & boire de leur ſang,ou parleur cry & ſifflements,ou par leurs excremens. • - ! - • : ſ - - -- 2ueſtion. .. , * | C H A P. II. - O M M E ſe peut faire que le poiſon baillé en petite quantité, ou la piqueure d'vne beſte veni- meuſe,monſtre ſes effects en ſi peu d'heure par toutes les actions du corps,tant animales, que vi- $ tales & naturelles,fait enfier tout le corps, comme vne beſte que l'on veut eſcorcher qu'on aura ſoufflée ? Et comment auſſi ſe peut faire que la contre-poiſon puiſſe rabattre vne telle vertu at- tendu qu'il eſt impoſſible qu'vne petite portion de liqueur ſe tranſporte à tant de parties.Galien dit,que la ſubſtance du poiſon & contre-poiſon n'eſt point diſtribuée par le corps,mais ſeulement la qualité d'iceluy. Toutesfois les Philofophes tiennent que nulle qualité ne peut eſtre ſans corps. Nous dirons que ces qua- litez ſont tellement diſtribuées par tout le corps, qu'il n'cſt pas neceſſaire 1que la petite portion du poiſon ſoit partie en tant & tant de parts(car il ſeroit impoſſible ) mais il faut entendre que quant & quant que ce peu de poiſon eſt entré dedans le corps,le venin gaigne & conuertit en ſa propre ſubſtance, ce qui de prime face luy vient au deuant,ſoit le ſang qui eſt és veines & arteres, ſoit du phlegme dedans l'eſtomach & au- B ºs humeurs,oués boyaux,dont puis apres s'aide à gaigner le reſte du corps : ainſi qu'vn Capitaine vou- lant liurer vne ville entre les mains d'vn ennemy,tache d'attirer le plus d'hommes qu'il peut, pour ſe ſeruir au iourdonné.Le poiſon donc par ce moyen que i'ay dit,commence à s'eſpandre par les veines , arteres, & nerfs,& ainſi ſe communique au foye,au cœur & au cerueau,meſme conuertit en ſa nature tout le corps Et quant eſt du contre-poiſon,pour autant qu'il eſt pris en aſſez grande quantité, eſtant entré dedans l'eſto- mach,où il s'eſchauffe,il efleue des vapeurs,leſquelles eſparſes par tout le corps,combattent par leur vertu la force du venin.C'eſt pourquoy le contre-poiſon pris en trop petite quantiténe peut vaincre le poiſon, à tauſe que les vapeurs ne ſont ſuffiſantes pour eſtre enuoyées en tant d'endroits, & partant il faut que le contre-poiſon ſoit plus fort que le poiſon,afin de ſurmonter & vaincre le venin du poiſon. Exemple. •t , - º - Il faut que le contrepoi- ſon ſoit plus •- , fort que le eAutre queſtion. CH A P. I I I. à S ç A v o 1 R s'il eſt poſſible de donner des poiſons qui faſſent mourir les hommes à certain temps prefix,comme d'vn mois,plus ou moins ? Theophraſte dit que neantmoins qu'il y a des venins qui tuent pluſtoſt,autres plus tard,toutesfois qu'il eſt impoſſible de pouuoir donner vn terme prefix,comme aucuns penſent. Car ce que les venins tuent, ou pluſtoſt ou plus tard, 'il ne procede,ſelon les Medecins,de leur propre naturel & force, mais de ce que la nature de celuy qui l'aura pris reſiſte plus ou moins aufdits venins : ce que l'experience monſtre, car il eſt certain qu'vn meſme venin d'vn meſme poids & meſme quantité baillé à diuerſes perſonnes de diuerſes natures, tuera les vns dedans vne heure,les autres dedans quatre, autres dedans vn iour", & à d'aucuns ne portera grande nuiſance : ce qu'on experimcnte tous les iours aux medecines laxatiues : car ſi diuerſes perſonnes prennent vne meſme medecine,de meſme poids,quantité,& qualité, en aucuns elle monſtrera ſubit ſon ef- fect,en aucuns tard,en aucuns fera bien petite operation,en d'autres grande,és autres point du tout,en au- - cuns purgera ſans faſcherie,en autres auec grand trauail & douleur : Ce qui ne procede d'autre cauſe que de la diuerſe & diſſemblable temperature des malades,laquelle ne ſe peut ſi parfaictement cognoiſtre,qu'on puiſſe ſçauoir iuſques à quand la chaleur naturelle ait puiſſance de reſiſter au venin. Il procede auſſi de ce qu'aucuns ont les arteres larges ou fort ſerrées. Car le venin ayant trouué les chemins & conduits larges, non ſeulement il penétre legerement, mais auſſi aisément il paſſe auec l'air, qui continuellement entre en noſtre corps pour flabeller & refrigerer le cœur. - LA ſcauoirſ les animaux viuans de beites venimeuſes, ſont venimeux, & ſi on en peut manger ſans danger C H A T. IV. D § , E s Canards,les Cicoignes,les Herons,les Paons,les Cocqs d'Inde, & autres poulailles man- - : -^ -- . ,- _ - - , gent & viuent de crapaux,viperes,aſpics,couleuures,ſcorpions,araignes, chenilles, & autres beſtes venimeuſes. Sçauoir,ſi tels animaux ayans mangé tellesbeſtes, puis mangez des hom- mes,les peuuent infecter & empoiſonnertMatthiole dit, que tous les modernes qui ont eſcrit des venins , tiennent aſſeurément que tels animaux mangez ne peuuent aucunement nuire, au contraire nourriſſent le corps ne plus'ne moins que les autres qui n'auront mangé telles viandes veni- meuſes, parce que les animaux conuertiſſent en leur nature les viandes venimeuſes. Laquelle raiſon & opinion,encore qu'elle aye grande apparence que ce venin ſe digere & ſe conuertiſſe en la ſubſtance de ces animaux qui en viuent ordinairement: toutesfois ie croy qu'il ne s'enfuit pas que la chair faicte de tel ali- ment venimeux,mangée des hommes,ne porte quelque nuiſance;& croy que ſi on en mangeoit ſouuent el- le pourroit cauſer pluſieurs maladies,& en fin la mort.I'ay pour teſmoins Diofcoride & Galien , qui aſſeu- rent le laict,qui n'eſt autre choſe que le ſang deux fois cuit,tiré des beſtes qui paiſſent la ſcamonée , l'elle- bore,ou le tithymal , eſtre merueilleuſement laxatif,ſi on en boit. Pareillement on voit quaud les Mede- cins veulent purger vn enfant eſtant encore à la mammelle , donner des medecines laxatiues aux nourrices, pour rendre leur laict medicamenteux, & purgatif Ce que i'ay veu de recente memoire, qu'vne nour- rice malade, les Medecins luy ayant ordonné vne medecine laxatiue, & l'enfant l'ayant apres tettée auoir le cours de ventre,& eſtoit-on bien empeſché de l'arreſter, & fut on contraint luy bailler vne autre nour- rice, attendant le temps que la medecine euſt-du tout fait ſon operation. Dauantage on voit les griues ayans mangé de la graine de genéure,que leur chair s'en reſſent.Auſſi les poulailles ayans mangé de l'aluy- ne,leur chair eſt amere,& s'ils ont mangé des ails,le ſentent ſemblablement.Les moulues &autres poiſſons, ayans eſté prins auec les ails,ils ſentent ſi fort que pluſieurs n'en peuuent manger : neantmoins qu'on les ſalle,fricaſſe,ou qu'on les faſſe boüillir, retiennent toufiours l'odeur & ſaueur des ails. Auſſi les connins ayans eſté nourris de pouliot & de genéure leur chair s'en reſſent , retenant l'odeur & gouſt plaiſant. Au . contraire, s'ils ſont nourris de choux, & de ſang de bœuf ( comme on fait à Paris ) difficilement on en S s z peut | | ----- . - poiſon. Pourquoy lé venin tué pluſtoſt, ºu plus taºd. 9)ueſtion. Matthiole. Credence de l'Autheur. Galien. Hiſtoire me- morable. 484 Le Vingt-vniéme Liure, Liu. 2. des ſimples. peut manger,à cauſe qu'ils retiennét le gouſt de choux.Ie diray encore dauantage, que les Medecins comr mandent de nourrir les chévres, vaches & aſneſſes d'herbes propres, quand ils veulent faire boire leur laict aux hectiques,ou à d'autres malades ce que Gal. dit qu'il n'ignore Point » que les chairs des animaux ſont alterées & fumées par la viande & nourriturc qu'ils prennent. Or pour le dire en vn mot,ie ſuis d'ad- uis qu'on ne mange de tels animaux qui auront deuoré les beſtes venimeuſes, ſi ce n'eſtoit long-temps apres,& que premierement le venin n'euſt eſté elabouré & digeré , & tranſmué en autre qualité par le be- nefice de la chaleur naturelle des animaux qui lesauroient mangés : car on voit des morts ſubites aduenir, dont la cauſe eſt incogneue aux hommes,qui peut eſtre pour auoir mangé de telles beſtes, dont l'vn peut eſchapper,& l'autre mourir. Cela ſe fait pour la preparation & diſpoſition des corps qui reçoiuent & re- pugnent au venin. - - - Les ſignes des venins engeneral. C H A P. V. $# o v s dirons les ſignes des venins en general, puis nous pourſuiurons vne chacune en parti. $! % culier. Nous cognoiſſons vn homme eſtre empoiſonné par quelque façon que ce ſoit, quand (|# il ſe plaint d'vne grande peſanteur de tout le corps, qui fait qu'il ſe deſplaiſt en ſoy-meſme: quand de l'eſtomach 1l luy monte quelque gouſt horrible à la bouche,tout autre que les vian- des communes ne font, quelques mauuaiſes qu'elles ſoient : quand la couleur de la face ſe · change,maintenant liuide,tantoſt citride,& de toute autre couleur eſtrange & difforme:quand il ſent nau- Venin par froprieté oc- culte. sée & volonté de vomir : quand il a inquietude de tout le corps, & qu'il luy ſemble que tout tourne c'en- B deſſus-deſſous. Nous cognoiſſons ledit venin prins,agir de toute ſa ſubſtance & proprieté occulte,quand ſans apparence de grande & inſigne chaleur,ou froideur,le malade tombe ſouuent en defaillance de cœur, auec vne ſueur froide,à raiſon que tel venin n'a point pour obiect aucune certaine partie, contre laquelle de certaine affection & quaſi comme par chois il agiſſe, comme font les cantharides contre la veſſie, & le liévre contre les poulmons. Mais comme ce venin agit de toute ſa ſubſtance & forme ſecrette : ainſi à guerre ouuerte il oppugne la forme & eſſence de la vie,qui giſt en la faculté vitale,qui eſt au cœur.A pre- , ſent nous faut declarer particulierement les ſignes des veninstqui operent par leurs qualitez premieres & Venins qui •perent par qualitez manifeſtes. Venins froid . Gilb. Angl. Hiſtoire . JPremier liu. des tempera. 277 º72ſ. manifeſtes. Les venins ou poiſons qui operent par leurs qualitez manifeſtes,cauſent leurs propres accidens,deſquels ils monſtrent leurs ſignes apparens.Car ceux qui ont vne chaleur exceſſiue , ſubit ils enflamment la langue & le goſier,l'eſtomach,les inteſtins,& generalement toutes les parties interieures, auec grande alteration & inquietude,& ſueur continuelle.Et fi auec leur chaleur exceſſiue ils ont vne force corroſiue, & putrefactiue, comme l'arſenic,le ſublimé,reagal,verd de gris,l'orpiment,& autres ſemblables,ils cauſent en l'eſtomach, & aux boyaux,des ponctions intolerables,& grandes ventoſitez,leſquelles on oyt ſouuent bruire dedans le , ventre,& ont vne ſoif intolerable.Apres ces accidens ſuruiennent ſouuent vomiſſemens auscſueurs,tantoſt ' chaudes,tantoſt froides,& defaillance de vertus,puis la mort. - Signes des venins froids. - - Les venins qui ſont d'vne exceſſiue froideur,cauſent aux malades vn ſommeil profond,que ſouuent on ne les peut eſueiller qu'à bien grande peine:aucunesfois ils eſtourdiſſent tellement le cerueau,que les malades ſont contraints faire pluſieurs mouuemens deſordonnez,tant de la bouche que des yeux,& des bras &iam- bes,comme s'ils fuſſent yures,ou inſenſez,d'abondant il leur ſuruient vne grande ſueur froide,&ont la cou- leur du viſage liuide,& jaunaſtre,& fort hideuſe à voir,& ont tout le corps ſtupide & endormy,& s'ils ne ſont bien toſt ſecourus,ils meurentileſquels venins ſont comme cigue,pauot,morelle,iuſquiame, mandra- . C gore, & autres ſcmblables. signes des venins ſecs. Les venins ſecs ont preſque touſiours la chaleur pour compagne,auec vne certaine humidité : car neant- moins que l'on die que le ſoulphre ſoit chaud & ſec, toutesfois il ya vne humidité pour congreger ſa for- me,comme toutes autres choſes composees requierent:mais on donne aux choſes la qualité qui domine en elles.Les venins ſecs rendent la langue aride,& la gorge ſeiche,auec vne ſoif non extinguible ; c'eſt à dire, qui ne ſe peut appaiſer. Le ventre ſe reſſerre,& les autres parties interieures, ainſi que le parchemin fait deuant le feu.A cette cauſe l'vrine ne ſort qu'à grande difficulté : tous les membres deuiennent ſecs & re- tirez,& les malades ne peuuent dormir:leſquels venins ſont comme litharge,ceruſe,plaſtre,eſcaille d'airin, limeure de plomb, antimoine preparé, & autres ſemblables. Signes des Jenins bumides. - Les venins humides cauſent vn perpetuel ſommeil,flux de ventre,auec relaſchement de tous les nerfs & jointures : tellenient que quelquesfois les yeux ſortent hors de la teſte. Il s'enſuit auſſi ſouuent vne pourri- ture des mains,pieds,nez,oreilles,& vne ſoif extreme , pour la chaleur qui prouient de la grande pourri- ture,puis la mort s'enſuit.Aucuns tiennent qu'il ne ſe trouue point de poiſon humide,parce qu'il eſt impoſ- ſible de trouuer d'humiditez iuſques au quatrieſme degré.Toutesfois le contraire ſe verifie par l'exemple de celuy qui dornant de nuict fut mordu d'vn ſerpent,ainſi que Gilbertus Anglicus recite , & mourut:ſon | valet au matin le tirant par le bras le penſant reſueiller,toute la chair dudit bras pourrie tomba, les os deſ- | nuez de chair : ce qui ne peut eſtre aduenu que par l'exceſſiue humidité du venin qui eſtoit aux dents & baue du ſerpent.Auſi Hippocrate a bien dit,que la diſpoſition de l'année eſtant pluuieuſe & humide,ſujette au vent de midy,il eſt aduenu par cette humidité veneneuſe & corrompue,qu'en aucuns la chair des bras & des jambes pourrietomboit en pieces,& les os demeuroient nuds & deſnuez d'icelle:non ſeulemët à d'au-, cuns la chair ſe trouuoit pourrie,mais auſſi la propre ſubſtance des os:d'où on peut conclurre qu'il y a des, , venins d'vne humidité ſi exceſſiue, qu'ils peuuent faire mourir les perſonnes par l'entiere putrefaction des membres:ce qu'on voit aduenir à la verole,tant groſſe que petite , & aux charbons & anthrax peſtiferez. Et quand tels & pareils ſignes apparoiſſent, il ſera facile les combattre par leurs contraires : encore que l'on ne cognoiſſe le venin particulierement.Il n'y a point de ſignes certains des venins qui operent par p1o- Prieté ſpecifique ou occulte, parce qu'ils ont cette nature de l'influence du Ciel, qui ne s'émeut iamais à faire ſa propre action,ſans que l'obiect de ſon contraire ſe preſente : & partant on ne les cognoiſt que par experience , ſans en pouuoir donner aucune raiſon , comme la Torpille qui ſtupefie le bras de celuy qui la touche,le Liévre marin qui gaſte les poulmons,les Cantharides qui bleſſent la veſſie,la piqueure de la Viue qui cauſe gangrene & autres accidens. Ce que nous dirons cy-apres. - L'opinion. - | DeS Venins. | 485 L'opinion d'aucuns, reprouuée v. C H A T. V I. : E v x errent grandement qui diſent que le venin des beſtes venimeuſes eſt froid, parce que ceux | qui en ſont mordus,ou piquez , ſubit deuiennent froids,& que les ſerpens (comme craignans le # froid quand l'hyuer s'approche)ſe cachent és cauerues ſous terre ou ſous les pierres, qui eſt le naturel des Viperes,où quelquesfois on les trouue ſi ſurpriſes de froid , qu'elles demeurent tou- tes amorties & immobiles, comme ſi elles eſtoient gelées. Or veritablement la froidure de ceux qui en ſont mordus ou piquez, ne procede pas de la froidure du venin : mais de ce que leur chaleur naturelle ſe retire des parties exterieures aux interieures,pour ſecourir le cœur,& auſſi qu'elle eſt ſurmontée & eſiein- te parle venin : & ne faut conclurre que tous ſerpens ſoient froids, parce qu'on les trouue en Hyuer en leurs trous tous comme immobiles & comme morts. Cela ne procede ſinon que leur chaleur naturelle eſt retirée en leur centre,pour reſiſter à l'air ambiens qui eſt froid. Pour ſe donner garde d'eſtre empoiſonné. · CH A P. V I I. A maniere de ſe donner garde d'eſtre empoifonné eſt fort difficile : car les meſchans empoiſon- neurs & parfumeurs,qui ſecrettement baillent les poiſons,conduiſent leur trahiſon & leur meſ- ! % chanceté ſi finement, qu'ils trompent les gens les plus experts , & de meilleur iugement qu'on ºS ſçauroit trouuer. Car ils oſtent l'amertume des v-nins, & les meflent auec choſes douces : ainſi ils leur font perdre leur mauuaiſe odeur par la mixtion des choſes odorantes & parfums. Auſſi la poiſon doºnée auec faulſes appetiſantes eſt fort dangereuſe,d'autant qu'elle eſt auallée auidement,& plus diffici- lement vomie. Et partant ceux qui craignent d'eſtre empoiſonnez , comme ſouuent aduient aux Prelats & Beneficiers pour auoir leur deſpoüille ſe doiuent garder de toutes viandes appa eillées ( par gens ſuſpects) auec ſaulſes, qui ſont fort douces, ou fort ſalées, ou aigres, & generalement toutes celles qui ſont de haut gouſt. Pareillement eſtans bien alterez ne doiuent boire à grands traicts , ne manger goulument: mais bien conſiderer le gouſt de ce qu'ils mangent & boiuent Dauantage ils doiuent manger des choſes qui rompent toute la force du venin deuant toutes viandes : & principalement vn boüillon gras faict de bonnes viandes. Semblablement doiuent prendre au matin vn peu de mithridat, ou theriaque, auec vn peu de bon vin ou maluoiſie , ou des fueilles de ruë, auec vne noix & figues ſeiches , qui eſt vn ſingulier remede. Et où quelqu'vn auroit ſoupçon d'auoir pris quelque poiſon par la bouche, ne faut dormir en tel cas : car la force du venin eſt quelquesfois ſi grande & ſi forte ennemie de nature, qu'elle execute ſon pou- uoir , que ſouuent elle monſtre tel effect en nos corps que faict le feu allumé en la paille ſeiche. Car ſou- uent aduient, que ceux qui ſont empoiſonnez, deuant que pouuoir auoir ſecours des Medecins & Chis rurgiens,meurent. Donc ſubit il ſe doit faire vomir en prenant de l'huyle & eau chaude:en lieu de l'huy- le on fera fondre du beurre,& le prendre auec eau chaude,ou decoction de graine de lin,ou fenugrec, ou , Remedes , quelque boüillon gras. Car telles choſes font ietter le venin hors par le vomiſſement : joinct qu'elles laſ- º eºn- chent le ventre,& par telles euacuations le venin eſt vuidé hors, & ſon acrimonie amortie. ce qu'on voit º " Pºi- par experience,que lors que nous voulons appliquer des cauteres potentiels,ou veſiccatoires,ſi la partie eſt " oincte de choſes huyleuſes,tels remedes acres ne pourront vlcerer la partie. Dauantage , le vomiſſement profite,non ſeulement parce qu'il euacue le venin:mais auſſi,que ſouuent il manifeſte, ou par l'odeur, ou Pat ſa couleur,ce qui aura eſté prins.Et auſſi par tels moyens on pourra auoir recours aux remedes contra- I12 IlS 2 ll VCf)1n. - Apres auoirvomy,ſi on a coniecture que la poiſon ſoit deſcendue au boyaux,on pourra vſer de clyſteres acres,pour euacuer ce qui pourroit eſtre demeuré & attaché contre les inteſtins. Et où le malade ne pour- roit vomir, il luy faut faire prendre des purgºtions propres, qui reſiſtent aux venius : comme eſt l'agaric, l'aloes,la petite centaure, la rheubarbe, & autres choſes ordonnées par le docte Medecin. L'on doit vſer puis apres de clyſteres compoſez de caſſe, de boüillon gras , auec ſuif de mouton, ou beurre , ou laict de vache, & mucilages de lin,& pſylij,ou de coings, afin que la poiſon n'adhere contre les boyaux , comme on a accouſtumé de donner aux dyſenteries. Par leur onctuoſité & viſcoſité,ils amortiſſent l'acrimonie du venin qui peut adherer contre les boyaux, & defendent les parties ſaines , qu'elles ne ſentent la force du venin. Ils ſont bon pareillement quand le venin a vlceré les parties interieures. Pour cette cauſe le laict beu en grande quantité , apres le vomiſſement, & baillé par clyſteres, eſt vn remede tres-ſingulier, parce qu'il rompt la force du venin , & ſouuent le guarit. Il faut icy noter, qu'on deit touſiours commencer à tirer le venin par la voye où il aura entré. Comme s'il a eſté baillé par odeur, pour faire eſternuer : ſi par le boire ou manger,par vomiſſement : ſi par le ſiege,par clyſteres : ſi par le col de la matrice,par ſyringuer: choſe digne ſi par morſures,ou piqueures,ou eſgratigneures, par remedes qui l'attirent au dehors, comme nous dirons deſtre n - cy-apres. - tée . Des diuerſions. · C H A P. V III. Mºº7 E s diuerſions ſont bonnes & neceſſaires,à cauſe que non ſeulement empeſchent que levenin # n'aille au cœur,mais au contraire, elles l'attirent du dedans au dehors, & partant les ligatu- # res fortes faites au bras,cuiſſes &jambes,ſont bonnes.Auſſi les grandes ventouſes auec gran- - # de flambe,appliquées ſur pluſieurs parties du corps.Pareillement le bain d'eau chaude, auec #rk,S des herbes contraires aux venins,comme l'auroſne,le calament,rue,bethoine, moulaine blan- che,marrubin,poulliot,laurier,le ſcordium,l'ache,ſcabieuſe,menthe,valerienne, & autres ſemblables.Ainſi les eſtuues ſeiches,& y faire ſuer longuement le malade, prenant touſiours indication de ſa force & vertu- Or ſi le patient eſt grand Seigneur,en lieu de bains & eſtuues , il ſera mis dedans le ventre d'vn bœuf, ou d'vne vache ou d'vn cheual,ou mulet, afin de le faire ſuer, & attirer par ce moyen le venin au dehors : & quand ils ſeront refroidis,il ſera mis dedans vn autre,& fera-on toutes choſes neceſſaires & requiſes en tel cas,& tout par le conſeil du docte Medecin,s'il ſe peut trouuer. S s 3 Des 4 o O Le v 111gl-vIlIeIIIc L1u1c, Matthiole. Hiſtoire de deux Char- lafans. - Des Venins en particulier. C H A P. IX. P R E s auoir diſcouru ſommairement des choſes vniuerſelles des venins , maintenant il nous faut venir aux particulieres,commençans à l'air,puis aux morſures,& piqueures, & eſgratigneures des # beſtes venimeuſes,puis aux plantes & mineraux. Les beſtes venimeuſes ſont aſpics, crapaux, vipe- res,dragons,ſcorpions,liévres marins,paſtenaques,viues,torpedes,araignées,cantharides, bupreſtes,chenil- les de pin, ſangſues, & infinité d'autres. Or leſdites beſtes ne tuent pas ſeulement par leurs piqueures & morſures,ou eſgratigneures, mais auſſi par leur baue,haleine,eſcume,regard,cry,& ſifflement,veue,& par leurs autres excremens. Auſſi celles qui ſont mortes d'elles-meſmes,ou pour peſte,ou fouldre,ou rage.Il y a auſſi des venins artificiels,& ſi cruels, que ſi on en met ſur vne ſelle de cheual,font mourir celuy qui aura eſté quelque temps deſſus:& autres,que ſi on en frotte les eſtriers,percent les bottes de ceux qui ont les pieds dedans : deſquels venins les Turcs & autres Barbares vſent ſouuent en leurs fleches & dards,pour faire mourir leurs ennemis, & les cerfs & au- tres beſtes ſauuages qui en ſont frappées:qui eſt vne choſe difficile à croire,veu que le venin appliqué à la ſelle & aux eſtriers,n'a touché à la chair nuë:toutesfois cela ſe peut faire:car pour toucher les rets où ſera prins le poiſſon nommé Torpede,les mains demeurent ſtupides,& fait mourir l'homme, comme auons dit cy-deſſus.Ainſi le Baſilic pour ſon ſeul regard , & par ſon cry fait mourir les hommes, & tuë toutes autres beſtes venimeuſes,qui ſont pres où il fait ſa demeure. Ie diray dauantage, que le meilleur vin eſt poiſon, 7 parce qu'il oſte le ſens & entendement,& ſuffoque, & ſemblablement toutes autres bonnes viandes , lors qu'on en prend en trop grande quantité. - | De la corruption de l'air C H A P. X. $$ 'A 1 R eſt venimeux & corrompu par certaines vapeurs meſlées auec luy , comme par vne - % grande multitude de corps morts , non aſſez toſt enſeuelis en la terre, comme d'hommes & « cheuaux,& autre faiſans vne vapeur putredineuſe. Ce qui aduient ſouuent apres vne grande bataille, ou apres vn grand tremblement de terre, lequel ſort dehors, qui auoit eſté retenu s par long-temps aux entrailles de la terre , & par faute d'auoir eſté eſuenté , il a acquis vne pourriture,laquelle eſt diſpersée en l'air,& la tirant en nos corps,il nous empoiſonne:comme par vne ſeu- le inſpiration d'vn peſtiferé,on prend la peſte. Il y a encore d'autres cauſes de la corruption de l'air, que nous dirons cy-apres au liure de la peſte. Il y a pareillement du venin en l'air,qui accompagne les tonner- res,fouldres,& eſclairs,lequel tuë ceux qui en ſont frappez,ou à grand peine en peuuent-ils eſchapper, qui ſe fait par vne certaine venenoſité ſulphurée,ce qu'on cognoiſt aux corps qui en ſont touchez. Et ſi les be- ſtes mangent celles qu'il aura tuée,elles meurent & enragent. Et quant au feu du fouldre , il eſt plus chaud que nul autre feu:parquoy à bon droict il eſt appellé le feu des feux:à cauſe qu'il a vne chaleur tres-vehe- mente,& plus ſubtile que l'air:ce qui ſe void , qu'il fond le fer d'vne pique ſans bruſler le bois, ainſi fond l'or & l'argent dedans vne bourſe ſans l'endommager.Et partant il ne ſe faut eſmerueiller s'il fricaſſe,briſe, & comminue les os à ceux qu'il touche. Auſſi l'eſclair eſteint & ſuffoque la veue à ceux qui le regardent. Le tonnerre par ſon grand bruit & tintamarre tue les enfans au ventre de leurs meres.Ce qui ſe prouue par Herodian en la vie des Empereurs. Sur Martia noble Dame Romaine Tomba du Ciel de la foudre ſoudaine : Sans que ſon corps fuſt bleſ é & atteint , Son enfant fut dedans é, corps efteint. Pareillement rend les hommes ſourds,& fait pluſieurs autres choſes grandes & admirables, qu'il eſt im- poſſible aux hommes d'en donner raiſon : & partant nous pouuons dire, qu'aux fouldres & tonnerres il y a quelque diuinité. Ce qui ſe peut prouuer par Dauid,Pſeaume cent quatriéme,qui dit : et foudre & feu font prompt à ton ſeruice , - Sont les Sergents de ta haute Iuſtice. L'air pareillement eſt enuenimé par parfums & odeurs, & par l'artifice des traiſtres empoiſonneurs & parfumeurs,lequel nous conuient attirer,pour la conſeruation de noſtre vie:car ſans luy ne pouuons viure. Or nous l'attirons par l'attriction qui ſe fait des poulmös & des parties pectorales dediées à la reſpiration, & par le nez,és ventricules du cerueau.Pareillement par la tranſpiration qui ſe fait és petits pores,ou per- tuis inſenſibles de tout le corps,& auſſi des arteres eſpandues au cuir.Ce qui ſe fait tant pour la generation de l'eſprit de vie,que pour rafraiſchir & fermenter noſtre chaleur naturelle. A cette cauſe s'il eſt enuenimé, il altere nos eſprits, & corrompt auſſi les humeurs, & les conuertit en ſa qualité venimeuſe, & infecte toutes les parties nobles,& principalement le cœur : & alors il ſe fait vn combat entre le venin & Nature, laquelle ſi elle eſt plus forte, par ſa vertu expulſiue, les chaſſe dehors par ſternutations & vomiſſemens, ſueurs,& flux de ventre,ou par autres manieres , comme par fiux de ſang,ou par les vrines, Au contraire, ſi le venin eſt plus fort, Nature demeure vaincue, & par conſequent la mort s'enſuit, auec griefs & di- uers accidens, ſelon la nature & qualité du venin. Or le venin prins par l'odeur eſt merueilleuſement ſu- bit,parce qu'il n'a que faire d'aucun humeur qui luy ſerue de conduite pour entrer en noſtre corps, & agir en iceluy. Car la vapeur eſtant ſubtile eſt facilement portée auec l'air,que nous attirons & expirons. Et ſi quelqu'vn me vouloit objecter,que par vne torche ou caſſole on ne peut empoiſonner , attendu que le feu purifie & conſomme le venin,ſi aucun y en auoit : Reſponſe , neantmoins que le feu ſoit eſpris en vne allu- mette ſulphrée,la flamme eſt tres-puante , ſentant le ſoulphre. Semblablement le feu eſtant eſpris au bois d'aloès, ou genévre, ou en autre bonne ſenteur, ne laiſſe à ſentir vne odeur plaiſante & bonne. Or ſi on veut voir l'experience,ie mettray ſur le bureau le Pape Clement, Oncle de la Reyne mere du Roy, qui fut empoiſonné de la vapeur d'vne torche enuenimée. Matthiole ſur ce propos parlant des venins , dit, qu'en la place de Senes il y auoit deux Charlatans Theriacleurs : l'vn des deux auoit empoiſonné vn œillet, le- quelil bailla à fleurer à ſon compagnon,& l'ayant ſenty,ſubit tomba en terre roide mort. Dauantage, vn quidam de recente memoire,ayant odoré vne pomme de ſenteurs enuenimée, ſubit le viſage luy enfla , & eut vne grande vertigine,de façon qu'il luy ſembloit que tout tournaſt c'en deſſus deſſous , & perdit pour quelque temps la parole & toute cognoiſſance, & n'euſt eſté qu'il fut promptement ſecouru par ſternuta- soires & autres choſes,il fut allé auec le Pape Clement. Le vray alexitere de ces parfnms enuenimez, e# C B - es Venins. 487 J - - D A de non iamais les odorer,& fuirtels parfumeurs comme la peſte,& les chaſſer hors du Royaume de France, & les enuoyer auec les Turcs & Infideles. Prognoſtic des renins en general. CH A P. X I. L y a pluſieurs ſortes de venins , auſſi ils ont diuerſité d'accidens : car il eſt impoſſible que tous accidens qui ſuruiennent aux poiſons;ſuiuent à vn certain poiſon. Car autrement c'euſt eſté choſe ſuperflue aux Autheurs de traitter chacun poiſon à part, & des remedes particu- liers de chacun. Donc on ne treuuera point qu'vn ſeul & meſme venin cauſe vne exceſſiue chaleur d'eſtomach,de ventre,de foye,veſſie,reins,qu'il faſſe venir le hocquet,qu'il faſſe trem- bler & fi ,ſſonner tout le corps,qu'il oſte la parole,qu'il faſſe conuulſion,qu'il rende le pouls languide,qui empeſche la reſpiration,qui rende la perſonne toute endomie & aſſoupie, qui cauſe vertigine ou tourne- ment de teſte,qui esbloüiſſe la veue,qui eſtrangle,qui altere, qui faſſe fiux de ſang, qui cauſe la fiévre, qui retienne l'vrine,qui prouoque continuel vomiſſement,qui # rougir le malade,qui le rende liuide, paſle, inſensé,qui le faſſe ronfier & peter,perdre toute force,& pluſieurs autres accidens, que les venins particu- lierement font. Et quand ces accidens ſuruiennent aux empoiſonnez, il eſt difficile de bien cognoiſtre quel eſt le venin qu'on aura pris Il eſt vray que les venins chauds tuent pluſtoſt que les froids, parce que la cha- leur naturelle les reduit plus promptement de puiſſance à leur effect, qu'elle ne fait les froids. Galien dit qu'il ſe peut engendrer en nos corps vne ſubſtance approchante du venin Ie dis que tel venin eſt bien diffi- cile d'eſtre cogneu. Prognoſtic du Venin des beftes. C H A P. XI I. ORNEL1vs Celſus,& tous les anciens Medecins,tiennent que toutes morſures & eſgratigneu- res, piqueures & baue des animaux participent de quelque mauuaiſe qualité, toutesfois les vnes plus,& les autres moins.Les plus ſont celles qui ſont faictes de beſtes venimeuſes,comme d'aſpics,viperes,couleuures,& autres ſerpens,baſilic,dragon,crapaux, chien enragé, ſcorpion, araignes,mouſches à miel,gueſpes, & vne infinité d'autres. Les moins venimeuſes ſont celles qui ſont faites d'autres animaux moins venimeux,comme le cheual,le ſinge,le chat,le chien non enragé, & pluſieurs autres:leſquels,encore qu'ils ne ſoient venimeux,leurs morſures ſont toutesfois plus douloureuſes & difficiles à guarir,que les playes ordinaires faites d'autres cauſestce que aduient, parce qu'ils ont en leur ſaliue ou baue,quelque choſe contraire à noſtre nature,laquelle induit vne mauuaiſe qualité enl'vlcere, la rendant plus douloureuſe,& rebelle aux remedes:ce que non ſeulement nous apperceuons en telles mor- ſures,mais auſſi aux eſgratigneures des beſtes qui ont des ongles,comme les lions,les chats,& autres.Aucûs ne veulent excepter de cette condition de morſure,celle des hommes,affermás icelle participer de quelque venenoſité,principalement des rouſſeaux piquotez de marques tannées,noires, & autre couleur, qu'ils ont par tout le corps,& encore plus s'ils ſont cholerez. Quant à ceux qui ne ſont de tel temperament,on peut tenir leur morſure n'eſtre participante d'aucune venenoſité,à raiſon de leur ſaliue, laquelle on voit par ex- perience eſtant appliquée és petits vlceres » les guarir, Parquoy la difficulté qui vient de guarir la morſure qu'aura fait vn homme non roux,vient à raiſon de la meurtriſſeure qui ſe fait au moyen dès dents, qui ſont mouſſes & non tranchantes,leſquelles ne peuuent entrer dedans la chair, ſinon en eſcachant & contuſant, comme ſe font les coups orbes,& les playes faictes auec des pierres ou baſt6s,ou autres ſemblables,leſquel- les on voit eſtre plus difficiles à guarir,que celles qui ſont faictes auec glaiues tranchans.Et pour retourner à noſtre propos,nous dirons qu'entre les beſtes que nous auons dit eſtre les plus venimeuſes, il s'en trouue peu qui ſoient de tardiue operation : mais elle font communément mourir ſoudainement ceux qui en ſont mords ou piquez. Surquoy faut obſeruer que les venins iettez par les animaux vifs, ſont plus forts & vio- lens que de ceux qui ſont morts,d'autant qu'ils ont vne chaleur naturelle,qui leur ſert de vehicule pour les conduire au corps.Auſſi outre ce,la tenuité de la ſubſtance fait que le venin en eſt plus haſtif. Dauantage,il y a des beſtes qui ont le venin ſi dangereux:qu'il fait mourir vne perſonne en moins d'vne heure,comme ſont les aſpics,baſilics,& crapaux.Les autres n'ont leur venin ſi furieux,dönans induces deuz ou trois iours,& quelquesfois plus,deuant que faire mourir la perſonne,comme la couleuure & autres.Ou- tre leſquelles il y en a qui donnent encore plus long eſpace de vie,comme le ſcorpion & araignes. Bref,il y a certains venins, leſquels eſtans entrez au corps de l'homme , voire en petite quantité, y operentd'vne ſi grande violence & promptitude,que fait le feu en la paille ſeiche,tellement que l'on n'y peut remedier par aucune maniere,à eauſe que la vertu du venin eſt plus grâde que le remede n'eſt fort:& partât alors ils ren- uerſe,conuertit & tranſmue promptement les eſprits & humeurs en ſon naturel.Car tout ainſi que lesvian- des que nous mangeons,ſe conuertiſſent en noſtre nature:auſſi au contraire,telsvenins eſtans dedans noſtre corps,rendent tous les membres infectez,non moins que l'air peſtilent eſtât receu par vne ſeule inſpiration d'vn homme peſtiferé.De cette malignité aduient qu'aucuns ont vne grande inquietude, & meurent furieux & enragez.Au contraire,on en voit d'autres qui ſont fort aſſoupis & endormis, & deuiennent enfiez com- me hydropiques.Outre ces choſes,faut entendre, que le lieu & le temps auquel les beſtes venimeuſes ſont nourries,donnent plus ou moins de vigueur à leur poiſon. Car celles qui ſont nourries aux montagnes & 1ieux ſecs,ſont plus dangereuſes que celles qui ſont nourries és lieux froids & mareſcageux. Auſſi toutes morſures de beſtes venimeuſes, apportent plus de danger en Eſté qu'en Hyuer.Dauantag celles qui ſont affamées,ou ont eſté irritées,ſont plus dangereuſes que les autres,& leur venin eſt plus pernicieux a jeun, qu'apres qu'elles ont mâgé.Pareillemêt les ieunes,& qui ſont amoureuſes,c'eſt à dire,en rut,ſont plus mali- gnes que les vieilles,& que celles qui ne ſont en rut.Auſſi on tient que le venin des femelles eſt plus dange- reux que celuy des maſles.Plus les piqueures & morſures des beſtes venimeuſes qui mangent les a tres be- ſtes veneneuſes(côme les couleuures qui mangêt les crapaux,& les viperes qui mangét les ſcorpiós & arai- gnes,& les cantharides & bupreſtes) ſont beaucoup plus pernicieuſes que les autres qui n'en mangét point. «Orl'impreſſion ſubite,ou la reſiſtence au venin,aduient le plus ſouuent ſelon que le venin eſt de ſubtile , ou de groſſe ſubſtance,ou que la complexion & temperature de ceux qui ſont mords ou piquez,eſt chaude ou froide,forte ou debile.Car ceux qui ſont de temperature chaude,ont leurs veines & arteres plus groſſes & dilatées,comme nous auons dit par cy-deuant, & par conſequent tous les conduits du corps plus ouucrts, qui fait que le venin paſſe & entre promptement iuſques au cœur : ce qui ne ſe fait ſi ſubitement à ceux qui ſont de téperature froide,& qui ont les veines & arteres plus ſerrées,& par côſequent le venin ne penetrº 5 s 4 fi - ^ ] • - -- - - Li. des lieºx affectez rhap.5. Des morſures & piqneures qui , ont fort venimeuſes Pourquoy venin de l'. nimal vif eſt plus dange- reux que lors qu'il eſt f72ort. A aucuns venins eſf impoſſible d'y remedſer. Selon le lieu auquel les beſtes veni- «weuſe. maiſ- ſent leur ve- min eſt plus 0g /7701773 fort cr violent. Pourquoy ceux qui , 5t mords cà ?i- quez,meurèt plu iſt ou plus tard les vns que le4 º14l ré3 • | 488 Le V1ngt-vn1eme Liure, Deux indi- cations pour curer la mor- Jure & pi- queure des beſtes veni- meuſes. Premiere in. dication. Remedes pour le com- y77e17ſe77)é /7f des morſu- res é pi- queures. Anthorité pour l'apºli- cation du theriaque . Experience. Remedes pour les ve- mims. On peut ſuc- rervne playe venimeuſe ſans danger, pourueu qu'on faſſe ce qu'il fant faire- . ſi toſt, qui fait qu'ils meurent plus tard : non plus ne moins que nous voyons aduenir ſouuentesfois par les Medecines laxatiues, qu'on donne aux malades, que deux dragmes de rheubarbe feront plus à vn, que qua- tre à vn autre, pour la diuerſité des complexions de ceux qui la prennent. Dauantage , les venins ne peu- uent tant nuire à ceux qui ont mangé & beu, qu'à ceux qui ſont à jeun,à cauſe que par les alimens, les vei- nes & arteres,& les conduits du corps eſtans remplis,& les eſprits fortifiez, cela garde que le venin n'agit ſi fort & promptement,qu'il feroit ſi le malade n'auoit mangé ny beu. Et voilà les raiſons pourquoy ceux qui ſont mords ou piquez,meurent pluſtoſt ou plus tard les vns que les autres , ayans eſté empoiſonnez de beſtes venimeuſes.Or ſi le venin opere par qualité occulte,le prognoſtic & la cure en ſont fort difficiles:& alors faut auoir recours aux alexiteres,qui ont auſſi vne proprieté incogneue, & principalementau theria- que,pource qu'en ſa compoſition il y entre des venins chauds,froids,ſecs,& humides , & pourtant il reſiſte à tous venins,& principalement aux naturels,comme des beſtes,plantes & mineraux, & non aux artificiels, deſquels à la mienne volonté que iamais homme n'euſt mis la main à la plume pour en eſcrire, & n'euſſent iamais eſté inuentez, afin que nous n'euſſions à combattre que les naturels des beſtes , pource qu'on s'en peut mieux garder,que de ceux qui ſont faits par la malice des traiſtres , meſchans, bourreaux , empoiſon- neurs & parfumeurs. Cure de la morſure & piqueure des beſtes venimeuſes. C H A P. XI l I. # meules par tous moyens, qui conſument le venin,afin qu'il n'entre dedans le corps,& ne corrom- # pe les parties nobles ; deſquelles tout venin de ſon naturel ne demande que la mort & deſtru- --* ?) ction. Et ſi par nonchalance,ou ignorance,les remedes propres ſont delaiſſez & intermis au com- mencement certainement en vain ſeront appliquez en autre temps,principalement ſi la matiere venimeuſe a deſia ſaiſi les parties nobles. Donc pour commencer cette cure, les anciens nous propoſent deux indica- tions,à ſçauoir,vacuation de l'humeur virulent & venimeux,& alteration d'iceluy. Or comme ainſi ſoit qu'il y ait deux manieres de vacuation,à ſçauoir,par voye vniuerſelle ou interieure, & par particuliere ou exte- rieure,nous commencerons à la particuliere,declarans les remedes topiques, propres pour attirer & abbat- tre le venin,combien que la commune opinion d'aucuns eſt qu'il faut commencer aux choſes vniuerſelles: ce qui me ſemble ne deuoir eſtre aucunement obſerué és maladies externes,comme playes,fractures, luxa- tions,& aux morſures & piqueures des beſtes venimeuſes, eſquelles la premiere choſe que l'on doit faire, eſt de prcceder incontinent aux topiques,puis auoir egard aux choſes vniuerſelles, comme regime , purga- tion,breuuages,ſaignée,& autres telles choſes,ſelon qu'il en ſera beſoin. Parquoy en cette maladie,la pre- miere choſe que l'on fera ſera d'appliquer promptement medicamens conuenables ſur la morſure ou pi- queure:& ſur tout eſt fort conuenable dc lauer incontinent la playe d'vrine,ou d'eau ſalée,ou d'eau de vie, ou en lieu d'icelles,de bon vin,ou vinaigre,& y diſſoudre du theriaque le plus vieil qu'on pourra trouuer, frottant aſſez rudement la partie : & faut que le lauement ſoit le plus chaud que le malade le pourra endu- rer:puis le laiſſer deſſus:& alentour de la playe du charpy trempe en icelle mixtion. Or aucuns tiennent, qu'il ne faut appliquer ledit theriaque ſur la morfure , pource (diſent-ils qu'il repouſſe le venin au dedans mais(ſaufleur reuerence)leur opinion eſt renuersée par authorite,raiſon, & experience, comme ie diray en mon liure de la Peſte.Par authorité: Galien au liure des Commoditez du theriaque. aa Piſonem , commande en donner par dedans & par dehors,pour les morſures & piqueures venimeuſes, leſquelles(dit-il)il guarit, ſi on en vſe deuant que le venin ait ſaiſi les parties noble,. par raiſon, pource qu'en ſa compoſition il y en- tre de la chair de Vipere,qui eſt vn 1crpcnt venimeux, qui par ſa ſimilitude attire le venin , ainſi que le Ma- gnés attire le fer,& l'ambre le feſtu : & l ayant attiré,les autres medicamens qui entrent en ſa compoſition, reſoluent & conſument ſavirulence & venenoſité: & eſtant pris par dedans, il defend le cœur, & autres parties nobles,& fortifie les eſprits. Quant à l'experience,ie puis aſſeurer auoir pensé pluſieurs,ayans eſté mords & piquez de beſtes venimeuſes,qui par le benefice du theriaque ont tous receu guariſon, pourucu que(comme i'ay aduerty cy-deſſus ) on les ait traittez auparauant que le venin euſt ſaiſi les parties nobles. Partant on pourra aſſeurément vier de theriaque,ou en lieu d'iceluy on prendra du mithridat, lequel a pa- reillement grande vertu pour cét effect. Dauantage, pour faire la vacuation deſſuſdite, les remedes doiuent eſtre de tenuë ſubſtance, tant ceux qu'on applique dehors , que ceux qu'on prend par dedans, à cauſc qu'ils penetrent le corps promptement, pour dompter & abbatre la malice du venin. Et partant les ails, oignons, porreaux ſont vtiles, pource qu'ils ſont vapoureux,fumeux & de tenue ſubſtance : pareillement la rue, le ſcordion, le dictamnus, cen- taurea minor,praſſium,roquette, laict de figues non meures, & autres ſemblables : auſſi la bugloſſe ſauua- ge entre toutes les herbes , a vertu contre les morſures de tous ſerpens, & a eſté nommée Viperine, & ce pour deux raiſons:l'vne,pource qu'elle porte la graine ſemblable à la teſte d'vne Vipere : & l'autre à cauſe qu'elle guarit la morſure d'icelle,pillée & appliquée par dehors,& par dedans priſe auec du vin , le ſerpo- # L faut promptement & ſans delay remedier à la morſure & piqueure des beſtes enragées & veni- •) A let a la meſme vertu. Et neantmoins que le venin ſoit chaud,ſi eſt-ce que les remedes ſuſdits ſont conuena D bles,parce qu'ils reſoluent la ſubſtance dn venin, & le conſument & euaporent. Toutesfois on aura égard à la qualité de l'humeur,pour l'alterer s'il eſt beſoin,comme nous aduertirons cy-apres, Outre-plus,l'ap- plication des ventouſes,& cornets,auec grande flambe, & profondes ſcarifications eſt profitable, ſi le lieu ) permet de ce faire.Auſſi eſt bon de fomenter & lauer promptement la partie de fort vinaigre,le plus chaud que l'on pourra endurer : ou on prendra de l'eau & du ſel, & de ce on en frottera la playe aſſez rudement ou meſme de l'vrine du patient,comme nous auons dit. Pareillement la mouſtarde delayée en vrine ou vi- naigre eſt propre.Dauantage ſera bon faire ſuccer le lieu par quelque perſonne de baſſe condition,moyen- nant qu'il ait laué ſa bouche de vin auquel on aura diſſout du theriaque ou mithridat, & apres auec huyle commune.Auſſi faut prendre garde qu'il n'ait vlcere en la bouche , de peur que le venin ne s'y imprime fa- cilement. Les ſangſues ſont pareillement propres pour cét effect. On pourra auſſi mettre ſur la playe le cul des poulailles,& entre autres, des poules qui pondes, parce qu'elles ont le cul plus grand & plus ou- uert : ou en lieu d'icelles,prendre des coqs ou poules d'Inde , parce qu'elles ont plus de vigueur d'attirer que les communes, & leur faut mettre vn grain de ſel dedans le cul,& leur clorre le bec, & l'ouurir par in- terualles,& ſi elles meurent en remettre d'autres. Si on veut , on pourra fendre leſdite volailles toutes vi- ues, leſquelles d'vn diſcord naturel reſiſtent au venin, parce que les poulailles ſont de nature fort chaude. Qu'il ſoit vray,elles mangent & digerent les beſtes venimeuſes,comme crapaux,viperes , aſpics , ſcorpions, & autres : & conſomment pareillement les plus ſeiches graincs qui ſoient, meſmes des petites pierres & - ſablon. * - ,- 1Des Venins. . 489 - ſablon.Parquoy appliquez deſſus ont grande force d'attirer le venin : ou en lieu d'icelles, on prendra des petits chiens ou chatonst quels eûansfendus, ſeront appliquez tous chauds ſur la playe & ſur les ſcarifi- cations,les y laiſſant iufques à ce qu'ils ſoient refroidis, puis on en remettra d'autres, tant qu'il en ſera be- ſoin. Outre toutes ces choſes, l'application des cauteres eſt grandement à loüer pour abbatre & conſom- mer la malignité du venin:mais en ce cas,l'actuel eſt plus excellent que le potentiel, d'autant que l'action du feu conſomme le venin plus promptement,& fait que la playe demeure plus longuement ouuerte. Mais ils doiuent eſtre appliquez deuant que le venin ait ſaiſi les parties nobles:car autrement ils ne pourroient en rien profiter,ains donneroient faſcherie en vain au pauure malade:& s'il craint le feu, on vſera du poten- tiel.Et apres l'application d'iceux faut promptement faire cheoir l'eſcarre , afin de donner plus ſubite iſſuë au venin.Partant l'eſcarre eſtant faite,on fera des ſcarifications deſſus , penetrantes iuſques à la chair viue: - - - : • - - - promptement puis on y appliquera des choſes onctueuſes,comme beurre & axunge.Et deſſus la playe & parties voiſines, #ſ» on vſera d'emplaſtres attractiues faictes de gommes,comme galbanum, de terebenthine, poix noire, poix §. graſſe meſlée auec jus de porreaux & oignons, & autres ſemblables. Et lors que l'eſcarre ſera tombée on appliquera de l'onguent baſilicum,auquel on adiouſtera poudre de mercure , qui en ce cas a grande effica- ce,d autant qu'elle attire la ſanie & viruléce du profond de la playe & ne la permet reclorre:ce qui eſt bien neceſſaire,car on la doit tenir longtemps ouuerte,afind'euacuer la matiere venimeuſe. Et pour ce faire,on on doit re- appliquera de l'eſponge,ou racines de gentiane,ou d'hermodactes,ou quelques medicamens aeres, comme §r l'§ egyptiac,ou Poudre de mercure meſlée auecalum cuit,ou vn peu de poudre faite de cautere potentiel. Et lenguement ne faut oublier à meſler touſiours auec les onguents vn peu de theriaque ou mithridat,ou jus d'hypericon, ouuert. ou de nepeta,& autres ſemblables, qui ont vertu d'attirer & reſoudre le venin , & d'abſterger & nettoyer l'vlcere.Toutesfois ſi on voyoit qu'il y euſt trop grande chaleur,douleur,& acuité, laquelle contraint 1'hu- midité de faire ebullition qui ſe tourne quelquesfois en virulence & pourriture , gangrene, mortification, alors faut laiſſer la propre cure pour ſuruenir aux accidens.Et voilà quant à l'euacuation particuliere, qui ſe doit faire es morſures & piqueuresvenimeuſes. - Faut faire - - — De la cure vniuerſelle . C H A P. X I V. V A N T à l'euacuation vniuerſelle, il faut obſeruer que l'on ne faſſe ſaignée, & que l'on ne donne medecine laxatiue,ny clyſtere,ny vomitoire,ny bains, ou autres fudatoirs, qu'il n'y ait pour le moins trois iours paſſez apres la morſure faite:auſſi que le patiét euite le coit,de peur #2 de faire commotion & perturbationaux humeurs,& eſprits,& que le venin fuſt par ces moyês ^ ^ plus promptement porté au cœur : mais quand la matiere venimeuſe ſera eſparſe, & l'acuité diminuée,alors telles euacuations pourront eſtre faites,& non autrement.Mais pour tous medicamens inte- rieures, ſuffira vſer de contre-poiſons au commencement,comme de toutes ſortes de theriaque, mithridat, · & autres ſemblables choſes:leſquelles eſtans contraires aux venins,changent & alterent tout le corps : non - pas qu'il faille entendre que leur ſubſtance penetre & paſſe tout le corps, (car il eſt impoſſible qu en ſi peu , de temps vne ſi petite quantité de matiere,qu'on donne pour côtre-poiſon,puiſſe paſſer vne ſi groſſe maſ- ſe dc noſtre corps)mais elle s'eſ pand,& enuoye ſes vertus & qualitez:comme iournellement nous voyons que quand nous auons pris des pillules,neantm8ins que leur ſubſtance,ou matiere demeure en l'eſtomach, leur vertu eſt eſpandue iuſques au cerueau,& par tout le corps. On en peut autant dire d'vn clyſtere, qui eſtant dans les inteſtins,a puiſſance d'attirer les humeurs du cerueau.On yoit auſſi cét effect és medecines, qui attirent par leur vertu iuſques au dedans des jointures,& de toutes les parties du corps.Et pour le dire reſpandent en vn mot,les contre-poiſons operent en nos corps,pour combattre le venin, & le chaſſer & vaincre ſavi- # tout le rulence,ainſi que le venin fait pour exercer ſa tyrannie,& ſaiſir le cœur touterfois il faut bien noter,que la , p . contre-poiſon doit eſtre plus fort que la poiſon,afin qu'elle domine : & partant en faut vſer en plus grande quantité que n'eſt le venin,à ce qu'elle ſoit plus forte à le vaincre & chaſſer Et en faut donner deux fois fe iour,continuant tant que l'on verra le venin eſtre amorty,& les accidens ceſſez. Et cecy eſt non ſeulement profitable pour l'euacuation de la poiſon,mais auſſi pour fortifier les parties nobles. Or outre les choſes ſuſdites,faut auoir égarda alterer l'humeur:ce que nous auons dit eſtre la ſeconde indication qu'on ſe doit propoſer en la cure preſente. Ce qui ſe fera en changeant vne qualité contraire par vne autre contraire. Exemple,ſi le patient ſent vne vehemente chaleur au lieu où eſt la morſure,ou en tout le corps, alors il fau- dra appliquer remedes refrigerans : au contraire s'il ſent froidure , remedes calefactifs & ainſi des autres qualitez.Cecy te ſuffiſe pour le regard des Venins,& de leur cure en general:il en faut traitter maintenant en particulier. Et premierement nous commencerons aux morſures des chiens enragez. Temps poàr donner les remedes ga- 276774/4A7• Comme les remedes ſe Alteration de l'humeur venimeux. La cauſe pourquoy les Chiens deuiennent pluſtoſt enrage(que les autres beſtes. , C H A P 1 T R E X V. - - E L A aduient,parce que de leur nature ils ſont preparez & enclins à telle diſpoſition:& pour-º ºſes ce auſſi qu'ils mangent quelquesfois corps morts, charongneux, & autres choſes pourries & ºº,º % pleines de vers,& boiuent des eaux de ſemblable nature:auſſi par vne trop grande melancho- chiens de- # lie d'auoir perdu leur maiſtre , dont courent çà & la pour le trouuer, delaiſſans le manger & # C'/2- * boire,dequoy s'enſuit ebullition de leur ſang,qui puis apres ſe tourne en melancholie, & puis # ºh ºo. -en rage.Dauantage,pour deux autres cauſes contraires.la premiere,par la trop grande chaleur la ſeconde, # ,. ſimpl. par l'extreme froidure Comme l'on voit que le plus ſouuent ils enragent és iours caniculaires , & en Hy- & c.ii ii ',. uer durant les grandes gelées.Ce qui aduient parce que les chiens ſont de leur nature froids & ſecs,& par ſimpl.ſmble conſequent ils ont beaucoup d'humeurs melancholiques,leſquels en telles ſaiſons chaleureuſes ſe tournét ſtre d'opi- aisément en humeurs atrabilaires paraduſtion, comme en Hyuer par conſtipation de cuir, & ſuppreſſion uion centrai d'excremens fuligineux,qui leur cauſent vne fiévre continuë grandementardente,& vne phreneſie & rage. * ººººº Le grand froid de l'air augmente ſemblablement leur chaleur du dedans, laquelle eſtat 1epouſſées augmen le #- -te & allume les humeurs preparez à telle rage & pourriture:leſquels ſont d'autant plus dangereux , que ne # #ſt Pouuant ſortir & euaporer par les pores & pertuis du cuir(qui pour lors ſont du tout fermez) ils demeu- # à §i" rent dedans,& font alors les meſmes accidens que fait la grande chaleur de l'Eſté Auſſi deuiennent enragez eſt # Cr pour vſer de viandes tropchaudes,qui leur eſchauffent leur ſang, & leur cauſent fievre, Puis la rage : lem #.. blablementauſſi pourauoir eſté mords d'autres chiens,ou loup,ouautres animaux enragez. Si · - - - - - - - - - gnes 49 C> Le Vingt-vnieme Liure, -5- - • • - - -- –- - - A - - h - - - #. « - . ' L - X I. - a Signes pour cognoiſtre le c inſtre enrage CH A r. xv - - - , n • - 1 - - - Mg o R s qu'il voit de l'eau,il tremble,& la craint,& a vne horripilation;c'eſt à dire,que le poil | , luy dreſſe.Il a les yeux rouges & fort flamboyans,& renuerſez,auec vn regard vehement,fixe cºl & horrible,regardant de trauers. Il porte ſa teſte fort bas, & la tourne de coſté. Il ouure ſa gueule,& tire ſa langue qu'on voit liuide & noire,halette, & jette grande quantité de bane eſcumeuſe,& pluſieurs autres humiditez decoulent de fon nez. Il chemine en crainte,tantoſt à dextre,tantoſt à ſeneſtre,comme s'il eſtoit yvre,& tombe ſouuent en terre.Lors qu'il voit quelque forme, | | teſt il court à l'encontre pour l'aſſaillir,ſoit que ce ſoit vne muraille ou vn arbre, ou quelque animal qu'il ren- VlIU$ Les tbiens contre.Les autres chiens le fuyent,& le ſentent de loing:& s'il s'en trouue quelqu'vn pres de luy,ille flatte, Iné: enragez ſont & luy obeyt,& taſche à ſe defrober & fuyr de luy, encore qu'il ſoit plus grand & plus fort. Il ne boit ny fttà fuis de ceux mange:il eſt du tout muet,c'eſt à dire,qu'il n'aboye point, a les oreilles fort pendantes, & la queue retirée ( . qui ne le söt entre les cuiſſes.il regarde de trauers,& plus triſtement que de couſtume:il mord également beſtes & gens, #º peint. tant domeſtiques & familiers qu'eſtrangers, & ne cognoiſt aucunement ſon maiſtre , ny la maiſon où il a I,, " eſté nourry:parce que l'humeur melancholique luy trouble tous les ſens.Ce qui aduient pareillement aux ! l tt hommes qui ſont vexez de tel humeur melancholique:carils tuent quelquesfois leurs peres,meres,femmes, | u ou enfans, & ſouuentesfois eux-meſmes. - · - - " ! - - - - - - - A. - Les ſignes pour cognoiſtre vn homme anoireſfémordu d'vn chien enragé. . , - C H A P 1 T R E X V I I. L eſt fort difficile de cognoiſtre du commencement quád quelqu'vn a eſté mords d'vn chien en- B # # ragé ou non:parce que la playe faite par la morſure,n'afflige au commencement le malade , non $ # 2) plus qu'vne autre playe,au contraire de celles qui ſont faictes par morſures ou piqueures des au- | | 925è) tres beſtes venimeuſes car ſubitement on y ſent vne extreme douleur, & la partie s'enfiamme & enfle,& ſuruiennent grands & diuers accidens,ſelon la diuerſité de la malignité du venin,comme nous di- Leveninfait rons cy-apres.Donc nous conclurons,que le venin fait par la 1age ne ſe monſtre pas au commencement, & par la rage qu'il n'ait premierement ſaiſi & alteré les parties nobles. Parquoy ſi on doute au commencement que la j ne ſe monſtre morſure ne fuſt faite d'vn chien enragé , on le pourra veritablement cognoiſtre en moüillant du pain au · Pºº ºº ººº- ſang, ou en la ſanie de la playe,que l'on donnera à vn chien affamé : & s'il le refuſe à manger,meſme qu'il • "º deſdaigne le fairer,cela demonſtre que la playe eſt faite d'vn chien enragé:au contraire,s'il le mange il n'e- ſtoit point enragé.Dauantage pluſieurs ont eſcrit, que ſi on donne le pain ainſi trempé à vne poulaille, & 1 Experience qu'elle le mange,elle mourra dans VIl 1OllI Oll enuiron,ſi le chien eſtoit enragé. Mais pour certain,i'ay fait 1 faicte par telle experience , & ſçauois veritablement que le chien eſtoit enragé par les ſignes predits , toutesfois les | # Authºur. poulailles ne mouroient point apres auoir mangé dudit pain. Parquoy l'eſpreuue du pain donné aux chiens | eſt plus certain , pource qu'ils ont vn ſentiment exquis de flairer naturellement, qui fait qu'ils ſentent l'o- , - deur du ſang ou ſanie de la Playe faite d'vn chien enragée,& pource aucunement n'y touchent. - - ( Des accidens qui viennent à ceux auſquels le venin du chien enragé eſt commencé d'eſtre # impriméaux parties nobles. C H A P. XV I I I. r # - v commencement le malade deuient fort penſif, & murmure entre ſes dents : il reſpond ſans pro- \: pos, & deuient cholere plus que de couſtume : il penſe voir en doimant vne infinité de choſes fantaſtiques, & finalement tombe en vne maladie nommée des Grecs, Hydrophobia , c'eſt à dire, crainte d'eau. - Les ſignes que la rage eſt du tout confirmée aux parties nobles. Puis apres que le venin s'eſt dauantage augmenté,& ja du tout châgé l'œconomie'ou harmonie des par- ties nobles,alors la vertu imaginatiue,& toute raiſon & memoire, & autres ſens ſe perdent : & par conſe- quent le malade deuient fol & inſensé,& ne cognoiſt aucunement ſes familiers amis, & domeſtiques, & ſe deſchire,& eſgratigne,& mord ſoy-meſme,& les premiers venus qu'il peut attraper : qui ſe fait à cauſe des vapeurs & fumées melancholiques qui montent au cerueau,& alterent & corrompent le téperament d'ice- luy:parquoy la raiſon eſt perdue,enſemble tous les autres ſens,dont le pauure malade eſt incité à courroux, & à mordre.Semblablement il a ſouuent des mouuemens & treſſaille mens inuolontaires,& contractionsde Vn homme nerfs:qui ſe fait à cauſe de la ſiccité vehemente,prouenant du venin chaud & ſec,qui bleſſe le temperament º8º des nerfs qui ſont diſſeminez és muſcles , & auſſi qui leur conſomme l'humidité ſubſtantifique. Pareille- # "# ment le patient a vne grande ſeichereſſe en la bouche, & la langue aride & ſeiche, auec vne ſoifintolera- #º ble,toutesfois ſans appetit de boire,pourtant que deſia ſon corps a pris vne affection contraire à ſes actions D aueun appe- naturelles,dont il aduient qu'il ne deſire les choſes qui naturellement appaiſe la ſoif Plus il a la face & les § #. yeux rouges,& grandement enflambez,& pareillement tout le corps,à cauſe de l'extreme chaleur & ſiccité prouenant du virus veneneux & malin.Il s'imagine qu'il voit & oit des chiens, & veut pareillement japper & mordre.qui ſe fait parce que le venin du chien enragé change & altere toute la temperature del'homme en toute ſa complexion & ſimilitude:en ſorte que tous ſes fens,pensées,paroles & viſions,& geºlement, toutes ſes actions ſont deprauées par l'humeur melancholique & veneneux,eſpandu és ventricules ducer- ueau,lequel leur change l'eſprit;tellement que le malade penſe voir & ouir des chiês,voire croit luymeſ- me eſtre chien,duquel auſſi il enſuit la voix enroiiée,parce qu'il jappe,abboye,crie & hurie comme chiens, ſans honte & reſpect de ſon honneur,au grand eſpouuantement de ceux qui ſont preſer % qui l'oyêt.L'en- roiieure vient par la grande ſeichereſſe, qui a deſſeiché la Trachée artere , & les inſtrt .,ens de la voix. Il P6t4y t, fuit grandement la lumiere,à cauſe que l'humeur melancholique, qui eſt obſcur & tenebreux, eſt contrai- º * § § § § d § ſ »ir r 2 11 ſl, à vnir l'ea 1, ^ » craint les :qui fait que le malade deſire les tenebres qui luy ſont ſemblables. Il craint auſſi à voir l'eau(en- choſes luy-cºrºººººº ſoit vn remede fort vtile pour rafraiſchir ſon extreme chaleur & ſiccité)ou quand il regarde en Jantes, vn miroir,il luy eſt aduis & s'imagine qu'il voit des chiens, & que ce ſouuenir luy fait auoir cette crainte. Pour cette cauſe il craint l'eau & toutes choſes tranſparentes & luyſantes,ayans quelque reuerberation : & quand il les voit,il crie & tremble,de peur d'eſtre encore mords:dont vient qu'il tombe,& ſe veautre en ter- _ -- Tre, Pour ſe cuider couurir d'icelle. Et telle choſe ſe fait, à cauſe que les vapeurs alterées & corrompuës penetrent | - Des Venins. 49 I A enetrent par les yeux,& eſtans paruenus à l'eau ou miroir,ou autres corps ſèmblables, par leur reuerbe- p p y p » P ration luy repreſentent des choſes.Or ils diſent que celuy qui eſt mord d'vn chien enragé,s'imagine touſ- jours voir le chien duquel il a eſté mordu,la crainte duquel luy fait ainſi fuir & craindre l'eau. Àutres di- ſent cela aduenir,à cauſe que par la rage,le corps tombe en vne extreme ſiccité, qui le fait fuir l'humidité, comme ſon contraire.Rufus dit que la rage eſt vne eſpece de maladie melancholique Or nous ſçauons eſtre choſe propre à tous melancholiques, d'auoir quelque choſe particulierement en crainte : par l'Aphoriſme vingt-cinquiéme de la Section ſixiéme.Mais principalement ils craignent toutes choſes luyſantes , comme l'eau,les miroirs à cauſe qu'ils cherchent les tenebres,pource qu'à icelles les inuite leur humeur noir, ob- ſcur & tenebreux.Il a vne ſueur froide,& ſort de l'vlcere vn virus eſcumeux,fetide, virulent, & erugineux, c'eſt à dire,de couleur de roüilleure d'airain:qui aduient par l'extreme chaleur & acuité de l'acrimonie du virus qui adhere en la partie, laquelle fait ebullition& pourriture. Auſſi on trouue l'vlcere quelquesfois aride & ſec.L'vrine eſt le plus ſouuent claire & ſubtile,à cauſe que les colatoires des reins ſont fort reſſer- rez & eſtreſſis,pour la chaleur & ſiccité du venin : auſſi quelquesfois eſt fort eſpeſſe & noire, qui ſe fait, à cauſe que la vertu expultrice chaſſe tant qu'elle peut par les vrines l'humeur melancholique,qui a eſté cor- rompu par le venin.Pareillement elle eſt aucunesfois totalement ſupprimée & retenue par la ſiccité du vi- , rus,& des matieres craſſes,viſqueuſes & gluantes,dont ſe fait totale obſtruction des parties dediées à l'vri- ne.Bref,le pauure malade eſt tellement tourmenté par ces accidens,qu'en la fin vaincu de douleur & de tra- uail à faute de manger & boire,il meurt furieux & enragé. Mais lors que du commencement & deuant que le venin ait entré au corps,& gaigné les parties nobles)on adminiſtre les remedes propres, les malades ne B faillent à guarir,& peu de perſonnes ſont morts,auſquels on ait diligemment pourueu. C fait long ſejour;mais ſi elle eſt eſſuyée,& le lieu promptement laué d eau ſalée ou d'vrine, Prognoſtic. C H A P. X IX. Néz N ne ſe peut bien garder de la morſure des chiens enragez,attendu qu'ils ſont touſiours par- ) my les hommes,au moyen dequoy on eſt en plus grand danger d'eux,que de toutes autres be- 4 ſtes venimeuſes en leurs morſures.Et d autant que le chien eſt domeſtique & familier à l'hom- # me pendant qu'il eſt ſain, d'autant luy eſt-il ennemy depuis qu'il eſt ſorty de ſa nature ac- - couſtumée,qui ſe fait parvne rage.Or le virus qui eſt en ſa baue,eſt chaud & ſec,malin,vene- Le venin du neux & contagieux,tellement qu'il communique la meſme affection à celuy qu'il mord ( ſi on n'y pouruoit chien enragé de bonne heure)ſoit vn homme,ou vne autre beſte:& ſon venin eſt tant ſubtil, que facilement penetre par eſt chaud & les pores du cuit:& eſtant attiré par les arteres,par le continuel mouuement d'icelles, il eſt conduit au de- ſ*. meurant du corps.Parquoy on peut conclure,que le venin de ſa rage a la vertu,non ſeulement de faire en- "A rager ceux qu'il mord,mais auſſi ceux auſquels il aura jette ſon eſcume, ou baue contre leur peau, ſi elle y La baue fait elle n'y fera au- enrager. cun mal. Ét faut icy entendre que toute morſure de chien enrage ne nuit pas également, & ne tuë pas en meſme temps,ainſi qu'auons cy-deſſus demonſtré du venin des beſtes venimeuſes. Car ſelon la diſpoſition de l'air chaud ou froid,& la vehemence duvenin , & le lieu & profondeur de la morſure & la diuerſite des forces de ceux qui ſont mordus,& la cacochymie & mauuaiſe habitude,c'eſt à dire,ſeló que leurs humeurs ſont ja preparez à eſtre pourris,ou qu'ils ont leurs conduits eſtroits,ou plus larges, de là vient que les ac- cidens apparoiſſent pluſtoſt ou plus tard. Car aucuns viennent quarante iours apres la morſure, autresfois ſix mois,voire vnan,& aux autres plus tard ou pluſtoſt,comme nous auons dit cy deuant. Pluſieurs apres auoir eſté mords deuiennent epileptiques,puis demoniaques & enragez. Ceux qui ſont tombez en hydro- phobie,iamais ne guariſſent:toutesfois Auicenne dit,qu'encores y a eſperance , pourueu qu'ils ſe cognoiſ- ſent en vn miroir : car on voit par cela que le venin n'a encore du tout occupé les facultez animales : & ceux-là ont beſoin d'eſtre violentement purgez,comme nous dirons cy-apres.Aece raconte d'vn Philoſophe Hiſtoire » mordu d'vn chien enragé,lequel voulant d'vn grand courage reſiſter à ce mal d'hydrophobie, vint au bain, / - où l'apparence d'vn chien ſe preſentant deuant luy(car il auoit cette viſion, comme les autres frappez de ſemblable maladie)& ayant longuement pensé en ſoy-meſme : Qu'y a-il,entre vn chien & vn bain ! Apres ces paroles il entra dedans le bain,& en beut ſans auoir peur,dont il ſurmonta le mal , & guarit. Quand le Signes de malade ſe veautre contre la terre , comme les chiens,c'eſt ſigne de mort prochaine, parce que telle choſe mºrt pre- demonſtre que l'humeur melancholique,virulent & veneneux,eſt en grande abondance,& eſt commnniqué chaine . ' par tous les membres.Auſſi quand le patient a la voix enroüée,c'eſt vn tres-mauuais ſigne,pource que telle Les hommes choſe demonſtre qu'en laTrachée artere il y a quelque aſperité par ſiccité de virus venimeux. En ſomme, peuuent ſtre quand les parties nobles ſont ſaiſies du venin,il n'ya plus eſperance de guariſon Les hommes peuuent eſtre ſºrPr# de la ſurpris de la 1age ſans eſtre mords de chiens enragez car tout ainſi que les humeurs ſe bruſlent, cauſans vn º /º#. chancre ou ladrerie,pareillement la rage peut aduenir,& princiPalement aux melancholiques. Dauantage, #. %. les morſures des beſtes comme Viperes,& autres animaux venimeux , ne cauſent tels accidens comme cel # beſte les des chiens enragez,parce qu'elles font mourir,deuant que les accidens ſuſdits puiſſent venir.joint anſſi enragée . que la qualité d'iceux venins eſt diuerſe.Plus,les grandes playes faictes par morſures de chiens enragez, ne ſont fi dangereuſes que les petites, pource que par vne grande playe ſort beaucoup de ſang & de ſanie qui enacue le venin. Cure de la morſure du Chien enragé. CH A P. X X. ſe O v s auons dit par cy-deuant, qu'aux picqueures & morſures des beſtes venimeuſes, il fal- loit vſer de prompts & ſubtils remedes, afin que le venin n'entre dedaus le corps, & ne cor- rompe les parties nobles. Et s'ils ſont obmis au commencement , en vain ſeront appliquez en autre temps. Ainſi qu'arriua à Balde,grand Iuriſconſulte,ſe ioüant auec vn ſien petit chien , qui Hiſtoire de eſtoit enragé, duquel eſtant tant ſoit peu mordu en la léve , ne ſçachant qu'il fuſt enragé, negligea ſa Bºlº Iuriſ- morſure, & quatre mois apres mourut furieux & enragé, & n'y eut nul remede qui le peuſt ſauuer, pour º/º- ne l'auoir pris d'heure. Donc pour preuoir à tel accident,tout ce que nous auons declaré cy-deſſus en la cure generale des beſtes venimeuſes,tant pour l'euacuation de l'humeur virulent,que pour l'alteration d'i- celuy,doit eſtre pareillement obſeiué en la morſure des chiens enragez. Et partant,ſi quelqu'vn cognoiſt qu'il eſt mords d'vn chien enragé, il s'efforcera d'attirer le venin par tous nioyens, comme par ventouſes, cornets,ſcarifications,ſangſuës, applications de volailles, & autres animaux, & par medicamens propres à ce faire,qui preſentement ſeront declarez. Et ſi la playe eſt grande , il la faut laiſſer ſaigner le plus † - CI2 492 - Le Vingt-vniéme Liure, Faut tenir telles playes long temps . 0º tºerfef. / Les remedes poig»ans & attractifs ſont fort loisez pour attirer le venin. Autre reme- de approuué d'Aëtius. Remede ex- cellent. Hiſtoire . Aätres re- medes qu'on peut prendre par dedans. Se plonger en la mer n'eſt remede cer- tain contre la rage . l'ſage de l'antimoint. Moyen de faire boire5 l'eau au | malade . ſera poſſible,afin que le venin ſorte auec le ſang. Et là où elle ne ſtra aſſez grande , on y pourra faire des ſcarifications,ou y appliquer cauteres actuels : & ſera tenue ouuerte pour le moins iuſques à ce que qua- rante iours ſoient paſſez i'ozeille pilée & appliquée ſur la morſure, & le boüillon d'icelle pris par la bou- che,eſt de grande vertu. Ce qu'Aëce nous a laiſſé par eſcrit,diſant auoir cogneu vn vieillard Chirurgien,le- quel n'vſoit d'autre remede pour curer telles morſures. De ma part, ie conſeille de Prendre promptement de l'vrine,& en frotter aſſez rudement la playe,& y laiſſer vn linge trempé deſſus. Auſſi la mouſtarde bien delayée en vrine,ou vinaigre,eſt propre à cét effect.Pareillement tous remedesacres,poignans,& fort atti- rans.Autre.Prenez roquette boulue & pilée auec beurre & ſel , & l'appliquez ſur la morſure. Autre. Pre- nez farine d'orobe,miel,ſel , & vinaigre, & ce ſoit tout chaud appliqué deſſus.Autre. La fiente de chévre bouluë en fort vinaigre,& appliquée.Autre. Prenez ſoulphre ſubtilement puluerisé, & incorporé auec ſa- Iiue d'homme , & l'appliquez deſſus.Autre. Prenez poix noire fondue auec ſel , & vn peu d'euphorbe, & l'appliquez deſſus.Autre.Le poil du chien enragé, appliqué deſſus la playe tout ſeul, avertu d'attirer le ve- nin par quelque ſimilitude:ce qu'on a pluſieurs fois experimenté ,ainſi que fait le Scorpion, eſtant eſcaché & mis ſur la picqueure d'iceluy.Aucuns Autheurs ont laiſsé par eſcrit,que ledit poil de chien,bruſlé & pul- uerisé,& donné à boire auec du vin,preſerue de la rage-Autre. Prenez froment maſché cru, & l'appliquez ſur la morſure. Autre. Prenez des febues, & les mettez vn peu ſous les cendres chaudes, puis les pelez & fendez, & les appliquez deſſus. - Il fautfaire boüillir du lapathum acutum,& de la decoction en lauer & fomenter la playe, puis y laiſſer l'herbe pilée deſſus auſſi en faut donner à boire de la decoction au patient. Il afferme auoir fait de grandes cures auec ce ſeul remede : & dit que cette decoction fait beaucoup piſſer : qui eſt vne choſe excellente à cette maladie.Autre.Prenez betoine,fueilles d'ortie,& ſel commun,broyez-les, & appliquez deſſus. Autre. Prenez vn oignon commun,fueilles de rüe,& ſel,broyez-les enſemble, & appliquez deſſus. Or entre tous les remedes,le theriaque eſt ſingulier, comme il a eſté dit, le faiſant diſſoudre en eau de vie, ou en vin, & en frottant aſſez rudement la playe,tant qu'elle ſaigne. Puis y faut laiſſer dedans du charpy imbu en icelle mixtion:& par deſſus la playe, y appliquer des ails ou oignons , pilez auec miel commun & terebenthine: & tel remede eſt excellent par deſſus tous ceux que i'ay veu par experience. Et pour la probation de mon dire, i'allegueray icy vn hiſtoire de l'vne des filles de Madamoiſelle de Gronc, natiue de cette ville de Pa- ris, laquelle fut mordue d'vn chien enragé, au milieu de la jambe dextre , où le chien imprima ſes dents bien profondement en la chair : laquelle fut guarie par le moyen du theriaque, ſans que iamais luy ſuruint aucun mauuais accident : lequel theriaque ie meſlois dans les medicamens deterſifs, & autres, iuſques à la fin de ſa guariſon. Or de vouloir icy declarer tous les autres que i'ay pensé de telles morſures , ce ſeroit vne choſe trop prolixe:& partant cette hiſtoire ſuffira pour le preſent , pour inſtruire chacun à remedier à tel accident. Il faut promptement manger vn ail,auec vn peu de pain puis boire vn peudevin : & c'eſt vn ſouuerain re- mede,à cauſe que l'odeur,& la grande chaleur ſpiritueuſe qui eſt aux ails, prohibe que le venin de la mor- ſure n'offenſe les parties nobles.Autres commandent de manger du foye roſty du chien qui a mordu, ou du foye de bouc:ce que ie n'ay eſprouué.Autre remede. Prenez vne dragme de ſemence d'agnus caſtus, auec vin & beurre,& en ſoit donné à boire.Autre.Prenez pouldre d'eſcreuiſſes bruſlées, & la delayez en vin , & en donnez à boire.Autre.Prenez racine de gentiane deux dragmes,eſcreuiſſes de riuiere bruſlées au four,& puluerisées trois dragmes,terre ſigillée quatre dragmes. La doſe ſera vne dragme auec eau, en laquelle on aura fait boüillir quantité d'eſcreuiſſes,& en ſoit donné à boire comme deſſus. Aucuns ſe ſont plongez en la mer apres eſtre mords de chiens enragez, qui n'ont laiſsé d'eſtre ſurpris de la rage, ainſi que teſmoigne Ferrand Pouzet,Cardinal,en ſon liure des Venins:partant ne s'y faut fier:mais pluſtoſt aux remedes approu- uez des anciens & modernes Medecins & Chirurgiens. Il eſt vray que la confidence que peut auoir le ma- lade aux remedes, & au Chirurgien, ſert beaucoup en cette cure : au contraire, l'effroy & la crainte nuiſt beaucoup,& accelere la rage.Partant il faut touſiours bien aſſeurer le patient de ſa parfaicte guariſon. Or il faut entendre,que le venin du chien enragé,ou la ſaliue d'vne Vipere,ou la baue d'vn crapaut, & d'autres beſtes venimeuſes,n'enueniment pas en touchant ſeulement,mais faut que le venin entre dedans, tellement que ſi à l'heure on l'eſſuye, ne pourra faire aucunmal. De la cure de ceux qui ſont ja tombez en Hydrophobie, & neantmoins ſe- recognoiſſent encore en vn miroir. C H A P 1 T R E XXI. É vx auſquels levenin n'a encore occupé les facultez animales, il les conuient grandement pur- ger par medecines bien fortes. Et en cela il me ſemble que l'antimoine ſeroit profitable, d'autant $ qu'il prouoque la ſueur,flux de ventre,& vomiſſement. Car ce ſeroit grande folie bailler en tel $ cas medicamens legers,quand le venin eſt fort malin,& ja imprimé aux parties interieures. Sem- blablement les bains leur ſont bons,pour leur prouoquer la ſueur : la ſaignée ne doit eſtre faicte, de Peur d'attirer le venin du dehors au dedans. Auſſi il faut qu'ils vſent ſouuent de theriaque ou mithridat. En ce temps-là pareillement leur faut faire boire de l'eau,& la bailler aux malades dedans quelque vaiſſeau cou- uert,de peur qu'ils ne lavoyent, pour les raiſons ſuſdites. · - Du regime de ceux qui ont eſté empoiſonnex & mords des chiens enragex, & des picqueures c morfures des beſles venimeuſes. Le malade doit demeurer en lieu chaud,& en air bien clair,de peur que le venin ne ſoit chaſſé au dedans par le froid,& auſſi afin que les eſprits ſoient recreez, & eſmeus du centre à la circonference par le moyen de la clarté:Auſſi on doit parfumer la chambre de choſes odoriferantes. Semblablement il doit manger au commencement viandes acres & ſalées,côme ails,oignons,porreaux,eſpiceries,jâbons de Majence,& leurs ſemblables,& boire b6 vin,& ſans eau,à raiſon que telles choſes ſont fort vapoureuſes & pleines d'eſprits, qui reſiſtent au venin,& ne permettent que ſa vertu ſoit eſpanduë au corps, & ne ſe ſaiſiſſe des parties no- bles.Pareillement on doit vſer de viandes craſſes & viſqueuſes,parce qu'elles font obſtruction,& eſtoupent les conduits , & parties vuides: auſſi en faut pluſloſt manger que trop peu, à cauſe que l'inanition accroiſt la malignité des humeurs qui eſt choſe côtraire aux playes venimeuſes toutesfois il y faut tenir mºiºs . - E • i - 493 " , T)es Venins. · A Et cinq ou ſix iours apres onïſſera\ôites viandes, & en lieu d'icelles, on vſera de temperées, & plu- ſtoſt humides que ſeiches leſquelles ſeront eſleues ſelon qu'on les ordonne aux melancholiques & mettra- on en leurs potages racines aperitiuesſquelles ont vertu de faire vriner. on leur tiendra le ventre aſſez laſche & s'il y a repletion de ſang leur en ſera tiré,non au commencement, mais cinq ou ſix iours apres la morſure faicte,pour les raiſons qu'auons deuant dictes. Pour le boire au repas , on vſera de vin mediocre- §nt trempé,à ſçauoir cinq ou ſix iours apres la morſure,ou d'oxymel,ou de fyrop De acetºſitate eiori,auec eauboüllie:& entre le repas,de juleP faict en cette maniere. Prenez demie once de jus de limons, & au- tant de citrons,vin de grenades aigres deux onces,eau de petite ozeille, & eau roſe,de chacune vne once, §u de fontaine boüillie tant qu'il ſera beſoin,& ſoit fait julep.Il faut que le malade éuite le dormir , iuſ- ques à ce que la force duvenin ſoit amortie & conſommée:car par le dormir , le ſang & les eſprits ſe ICt1- rent au centre du corps,& par ce moyen le venin eſt porté aux parties nobles. Auſſi on luy doit faire vſer de choſes qui reſiſtent aux venins,comme limons,oranges citrons,racines de gentiane, angelique, tormen- tille,pimpinelle,verbene,chardon beniſt, bourrache,bugloſe,& autres ſemblables : & generalement toutes viandes qui engend.ent bon ſuc,comme veau,chévreau,mouton,perdrix,poulailles,& autres ſemblables. De la morſure & picqueure de la Vipere, & deſes accidens. t22=èsY0 o v s les remedes qui ont eſté cy-deuanteſcrits des morſures des chiens enragez,peuuent pa- reillement aider à toutes morſures & picqueures des autres animaux venimeux. Toutesfois on trouue des particuliers remedes pour chacune morſure & picqueure. Ce que dirons le plus ſuccinctement qu'il ſera poſſible. C H A P. XXI I. 3-#%N) Les Viperes ont entre leurs genciues, certaines petites veſſies pleines de venin, qui s'im- primét incontinent au lieuoù elles font ouuerture.Les patiens ſentent douleur grandement poignante en la partie,laquelle promptement s enfle bien forr,voire tout le corps,ſi on n'y donne ſubit remede. Il ſort de la playe yne ſanie craſſe & ſanguinolente & autour d'icelle,il ſe faict des veſſies,comme celles des bruſleures & évlcere corrode & mange la chair.Auſſi les malades ſentent inflammation au foye, & aux genciues : & tout le corps deuient fort aride & ſec de couleur paſle & blafarde,& ontvne ſoif inextinguible. Ils ſentent parfois grandes tranchées au ventre,& vomiſſement pluſieurs humeurs choleriques & tombent ſouuent en ſyncope,& ont hocquets,comme vne conuulſion d eſtomach,auecvne ſueur froide,& la mort s'enſuit, s'ils ne ſont ſecourus deuant que le venin ait ſaiſi les parties nobles. Matthiole dit auoir veu vn paiſan,qui fau- chant vn pré,auoit par fortune coupé vne Vipere par le milieu:& iceluy print le tronçon de la teſte, l'eſti- mant morte. Aduint que la teſte ſe courbant contre ſa main , le mordit aſprement au doigt : & ſucçant la playe,pour cuider attirer le ſang qui ja auoit eſté enuenimé)il mourut ſur le champ.Or ie veux icy reciter vne autre hiſtoire,afin de touſiours inſtruire le ieune Chirurgien. Le Roy Charles eſtant à Mont-pelier, ie fusmords d'vne Vipere au bout du doigt Index, entre l'ongle & la chair, en la maiſon d'vn Apothicaire, nommé de Farges,lequel diſpenſoit alors le theriaque, auquel ie demanday à voir les Viperes qu'il deuoit mettre en la compoſition. Il m'en fit monſtrer aſſez bon nombre,qu'il gardoit en vn vaiſſeau de verre , où i'en prins vne,& fus mords d'icelle voulant voir ſes dents,qu'ils ont enla mandibule ſuperieure de ſa gueu- le,couuerte d'vne petite membrane,en laquelle elle garde ſon venin, lequel s'imprime (comme i'ay dit en la partie,incontinent qu'elle ya faict ouuerture. Et ayant receu cette morſure, ie ſentis ſubit vne extreme douleur,tant pour la ſenſibilité de la partie,qu'à cauſe du venin:alors ie me ſerray bien fort le doigt au def- ſus de la playe,afin de faire ſortir le ſang,& vacuer le venin,& garder qu'il ne gaignaſt au deſſus Pus de- manday du vieil theriaque , lequel delauay auec d'eau de vie, en la main de l'vn des ſeruiteurs dudit de Farges,& trempay du cotton en la miſture,& l'appliquay ſur la morſure : & apres peu de iours ie fus guary ſans aucun accident,auec ce remede ſeul. En lieu de theriaque,on peut aſſeurément vſer de mithridat. On peut pareillement vſer de tous remedes poignans,& fort attirans,pour obtundre la malice du venin.Com- me la ſquille,cuitte ſous la cendre,ou des ails & pourreaux pilez,& appliquez deſſus. Autre. Prenez farine d'orge delayée auec vinaigre,miel,ciottes de chevre, & appliquez deſſus en forme de cataplaſme. Autre. . Tout promptement on doit lauer & fomenter laplaye auec vinaigre,& ſel,& vn peu de miel. Galien dit au liure de la theriaque à Piſon, que l'on attire le venin d'vne morſure de Vipere, yappliquant vne teſte de Vipere ſur la playe : autres y mettent la Vipere entiere bien pilée. Du Serpent appellé Coule-ſang. CH A P. XXI I I. · E Coule-ſang a eſté ainſi appellé, pour autant que le ſang coule par tous les conduits du corps, qui en a eſté mordu. C'eſt vn petit ſerpent comme vne Vipere, ayant les yeux fort ardans, & ſa peau fort luiſante. Auicenne dit qu'il a le dos marqueté de taches noires & blanches, & le col fort eſtroit, & la queue foºt menue. Lesaccidens qui ſuiuent ſa morſure, c'eſt que la partie de- uient noire,à cauſe que la chaleur naturelle eſt eſteinte par la malice du venin,lequel luy eſt ennemy mor- tel, puis vn mal de l'eſtomach & du cœur, qui facilement ſe reſſentent du venin, ennemy capital deſdites parties,& principalement en maladie veneneuſe,ainſi que nous voyons aduenir en la Peſte, laquelle eſt ſui- uie incontinent par les vomiſſemens,qui ne ſe font pour autre cauſe,que pour la mauuaiſe diſpoſition qu'ils ſentent. Il s'enſuit auſſi grand flux de ventre,qui ſe faict,tant à cauſe de l'eſtomach debile, qui ne peut faire ſon deuoir,que pour autant que les veines eſparſes par les inteſtins laiſſent couler le ſang, L> lequel meſlé par les viandes non digerées,eſt cauſe de ce flux de ventre. Et dauantage,le ſang ſort par le nez. par la bouche, oreilles,ſiege,par la verge,vulue,& par les coings des yeux,& des genciues,leſquelles ſe pourriſſent, & les dents tombent. D'abondant,vne difficultéd'vriner & # vniuerſelle,puis la mort. Les re- ie,ou dutout la couPer,s'il eſt poſſible, puis vfer de medes ſont de ſcarifier promptement & bruſler la part remedes attractifs propres aux venins. \ T'c Figure L'ina ni tie accroiſt la ma ignité du venin. Il me fau# ſaigner ad r0/7J/7Jº/2ſº- ment. choſes qui reſiſtent aux veuius. Remedes ge- /2e/'44X. Actidºs qui viennent à ceux qui ont eſté mords des Viperes, Hiſtoire x Autre hi- ſtoire de l'Autheur, Autre hi. ſtoire de l'Autheur. tigature vn peu au deſſus de la mors ſure. Auicennn - / | 4 9 4 LC LV1X-IlCUlI1CIIlC L1UlſC, - Figure du Serpent nommé Coule-ſang. A C C C º \ c # - \ 1 lullti, , Vu !1 à [| #ſſ,$Kyſa ! aAs $ $ # # º SSSNNNNNN N e$ N$ \ Du Serpent nommé Pourriſeur. CH A P. X X IV. ſºg E Pourriſſeur a eſté ainſi nommé, pour autant que la partie de ceux qu'ila mordus, eſt ſu- bitement ponrrie pour la malignité de ſon venin. Il eſt ſemblable au Coule-ſang, reſte qu'il eſleue ſa queue en haut, & l'entortille comme vn pourceau fait la ſienne. -1 Pauſanias eſcrit que le Roy d'Arcadie fut bleſsé par vn Pourriſſeur, & dit que ce ſerpent #527EºR) eſt de couleur cendrée,ayant la teſte large,le col eſtroit, le ventre gros, & la queue cour- bée, & chemine obliquement en la maniere des Cancres, ayant des taches ſeparées les vnes des autres, riolées, piolées, c'eſt à dire, de diuerſes couleurs, comme vn tapis velu. Les accidens que cauſe ſa mor- B ſure, ſont grande douleur, qui eſt faicte à cauſe de ſon venin bruſlant & pourriſſant , entre tous autres Aete. venins, puis vne cheute vniuerſelle du poil. Aëce adiouſte dauantage encores pluſieurs autres : comme flux de ſang par la playe, & peu apres vne ſanie puante, & grande enfleure en la partie. Voila comme par la malignité de ce venin pourriſlant, non ſeulement les eſprits ſont vaincus, mais auſſi tout le corps, comme ſi le feu yauoit paſsé. Ainſi que nous voyons aduenir en temps de peſte, chaud & humide, où il appert apoſteme peſtiferé & charbons , & au- tres pourritures. Et quant aux remedes, ils doiuent eſtre ſemblables, comme ceux que nous auons eſcrit de la Vipere. Nisandre, Figure du Serpent nommé Pourriſſeur. % | % º| $ %) # à $ (, 2K3$ | - (ſ/ 2 % 7. # ſ | [! § % Du Baſilic. C H A P. XXV. Nicandre. @ N T R E tous les Serpens, le Baſilic eſt le plus venimeux, comme eſtant meſme le venin des Gal.li autres. Nicandre dit : que lors qu'il ſe traiſne, tous les autres le fuyent , & luy quittent la # # place eſtans comme aduertis par ſon ſifflet, tant de l'heure de ſon arriuée que de ſon deput. # 9 Galien dit, que le Baſilic eſt vn ſerpent jaunaſtre, ayant la teſte munie de trois petites emi- - - 5 $ nences , ou enleueures, marquetée de taches blanchaſtres , en forme de couronne, & pour cette cauſe a eſté nommé Roy des Serpens. Par ſa morſure & ſon ſifflet , & toucher, fait mourir tous au- Solin tres animaux. Dauantage, ſon venin eſt ſi cruel , que ſi on le regarde trop attentiuement, tue ceux qui - le regardent. Solin eſcrit que le corps mort du Baſilica encores de grandes vertus : pource ceux de Perga- me l'ont achepté à grand prix, pour empeſcher les Araignes de faire leurs toiles dedans le temple d'Apol- lon , & les oiſeaux d'y faire leurs nids, eſtant pendu audit temple. Eſtant mort, nulles beſtes ſentants l'o- deur de ſa charongne, n'oſent le toucher pour le manger : & ſi par fortune ils en mangent, ils meurentſu- Lucain. bitement, non ſeulement pour auoir mangé de ſon corps, mais pour auoir mangé des beſtes mortes par D ſa morſure. Pour ces raiſons Lucain eſcrit. Le Baſilic tout ſeul regnant par le ſable, où ſifflant il ſe rend à tout autres effroyable : Tºlus qu'vn autre venin le ſien eſt dangereux, · Pline liu. 3 - ui chacun va chaſſant du regard de ſes yeux. - # * , n fait mourir les herbes & arbriſſeaux par où il paſſe, non ſeulement par ſon toucher, mais auſſi par ſon haleine. Pline dit qu'en Egypte y a vne fontaine nommé Nigris , pres de laquelle y a vn animal petit , & mal-aisé de ſes membres, qui eſt la mort du genre humain. Il eſt de longueur de douze doigts, & eſt or- né par la teſte, comme vn diademe, d'vne tache blanche : ſon corps eſt jaunaſtre, Lors qu'il rampe , il leue la partie de deuant de ſon corps, & la porte droite, ne s'aydant à cheminer que de celle de derriere L, telette , La region Cyrenaique le produit. Pline dit que la Belette eſt ſon ennemie mortelle,& qu'elle le fait mou- ennemie mer. rir de ſa ſeule haleine : qui eſt que la bonne Nature n'a iamais voulu laiſſer vne telle peſte, ſans vn contra : relle du Ba- re, qui eſt la Belette, laquelle a autant de force contre le Baſilic,que luy meſme a contre les hommes.Auſſi ſi kic. que le Lion, combien qu'il ſoit hardy & furieux entre tousles animaux, craint toutesfois le Coq , qui eſt - VI1C - Ae « - #- Des Venins, 495 t,: A vne beſte ſans force & reſiſtance à comparaiſon. Eraſiſtrate dit , que le lieu de la morſure du Baſilic tout ſoudain deuient jaune comme or, & le corps tout enflé, & que la chair des muſcles tombe par morceaux Erafſtrate. toute pourrie : & baille contre ſon venin vne dragme de caſtorée à boire, auecduvin ou du ſuc de pauot. Les accidens Aëce dit eſtre vne choſe ſuperſluë, que d'eſcrire aucun remede contre ſa morſure , d'autant que la ſubite qui prouien- diſſolution des eſprits eſtant faite, il eſt impoſſible de donner remede à temps. #ſe La figure du Baſilic eſt telle. Descenainsſerpens eſtranges. CHAP. XXVI. #A N Lºon Afriquain eſcrit en ſon liure d'Afrique, qu'à Callicut on trouue des ſerpens d'e- ſtrange façon, eſtans de la hauteur d'vn gros pourceau, ayans la teſte plus groſſe & plus hi- ſ deuſe, & quatre pieds,eſtans fort dommageables aux habitans. Il y en a qui ſont ſi venimeux, # quº Par leur morſure la perſonne tombe ſubitemét morte Et ſi quelqu'vn auoit tué vne de ces • « º beſtes,le Roy le feroit mourir,comme s'ilauoit tué vn homme. Le Roy & les habitans du pais ..ºº ont vne folle opinion de ces beſtes, eſtimans qu'ils ſont les eſprits de Dieu, diſant que ſi ainſi n'eſtoit , ils auſſe. n'auroient la puiſſance de mettre vn homme à mort par leur ſimple morſure : de ſorte que ces animaux C ont ce credit de ſe promener parmy la ville, cognoiſſantbien ceux qui ne les craignent pas, auſquels ne font aucun mal. Combien (dit-il) que de ſon temps il ſoit aduenu que par vne nuict l'vn de ces animaux Hiſtoire entra dedans vne maiſon , où il mordit neuf perſonnes, que l'on trouua au matin roides mortes , & fort enflées. Et nonobſtant cela,ils ne lajſſent les auoir en grande admiration;tellement que ſi en allant en quel- que voyage ils rencontrent vne de ces beſtesils les reputent de bon-heur,eſperans de cela que leurs affaires & entrepriſes ne peuuent venir qu'à bonport. Il dit plus, qu'au Royaume de Senegua , y a des ſerpens longs de deux pas & plus, & n'ont aiſles ne pieds : mais ils ſont ſi gros , qu'ils engloutiſſent vne chévre entiere ſans la deſmembrer : croyez-le ſi vous voulez. ' - •----- -- *- De la salemandre . | . · CHAP. XXV I I. , » - 2 A Salemandre ne fait ſeulement mourir les perſonnes par le venin de ſa morſure, comme les autres ſerpens venimeux mais auſſi infecte de ſa baue les fruicts & les herbes paroù elle paſ- ſe, & d'vne certaine humeur eſpeſſe,qui luy ſort de tout le corps,comme vne ſueur,au grand danger de ceux qui mangent deſdites herbes,côme on a veu par experience en pluſieurs, qui en ſont morts. Parquoy ne faut trouuer eſtrange, ſi aucuns modernes on dit , qu'aucunes maiſons eſtoient entierement peries pour auoir beu de l'eau des puits,dedans leſquels vne Salemädre eſtoit par fortune tombée ſans y penſer : car ſi elle grimpe ſur vn arbre, elle infecte tout le fruict , & fait mourir tous ceux qui en mangent, de la qualité froide & humide de ſon venin, n'eſtant enrien differente de l'aco- Aëce liu.1 3 nit. Aëce dit, que ceux qui auront auallé du venin de la Salemandre,il ſort de leurs corps taches blanches, puis noires, leſquelles ſe pourriſſans, font tomber le poil de tout le corps. On remedie à leur venin par vomiſſemens & clyſteres, en donnant auſſi du theriaque & mitridat. Auicenne ordonne meſmes remedes D qu'on donne contre l'opion, parce qu'ils ſont tous deux de nature froide : & pour l'alexitaire propre à tel venin, c'eſt la terebenthine, le ftorax,la graine d'ortie, & les fueilles de cypres. Dioſcoride dit la Saleman Liº 1o. dre eſt vne eſpece de lezart de diuerſes couleurs:& eſt folie de dire qu'eile ne ſe bruſle point au feu. Pline *** *7 dit qu'elle eſt ſi froide, qu'elle eſteint le feu au toucher ſeulement comme la glace : ce qu'elle fait miſe ſur les charbons, comme on feroitvne carbonnade qu'on y voudroit roſtir. Toutesfois Matthiole dit qu'eſtant iettée au milieu d'vne grande flamme, ſubit eſt conſommée : c'eſt, dit il, grande folie vouloir croire que le feune la peut conſommer, & qu'elle en vit comme le Cameleon de l'air. La Salemandre eſt noire , ſe, mée de grandes taches jaunes : en figure d'eſtoiles 496 Le vingt-vniéme Liure, La figure de la Salemandre. A 1-4 «ax#Z// # $ D .0 \ §N N * $ )S88 $ | W | | Elle a vne vertu chaude , corrofiue & vlceratiue : on en vſe aux medicamens, comme des cantharides, à faire veſſies, pour nettoyer & conſommer les matieres coniointes en quelque partie exterieure du temps aux lepreux. - - De la Torpille . ^- - CH A P. XXV I I I. % A Torpille eſt ainſi nommée , à cauſe qu'elle rend les membres endormis. Elle vit aux riua- ges fangeux, de chair des autres poiſſons qu'elle prend par fineſſe : car eſtant cachée dans le limon, elle rend les poiſſons qui s'approchent d'elle, tellement endormis, eſtourdis & immo- biles, quelle les prend, & en joüit à ſon plaiſir : non ſeulement a cette vertu contre les poiſſons, mais auſſi contre les hommes. Car ſi vn homme luy touche auec vne verge , elle luy endormira le bras : auſſi fait-elle aux peſcheurs qui l'ont priſe en leurs rets. Ce que teſmoigne Pline, liure xxxij. Chap. j. Ce qui eſt confirmé par le docte Seigneur du Bartas au cinquieſme liure de la Sep- maine, par ſes vers. La Torpille, juiſfait qu'elle porte en ſon flanc, Vn hyuer inſenſible, vn peſtifere ſang, S #AQ $ N)' \ J,S2 º . 8 Vn incogneu panot, vne haleine cruelle, · · · # roidit tous les corps qui s'auoiſinent d'elle : erſe traiftreuſement ſur les prochespoiſſons, Ie neſgay quels venins, ie ne ſçay quels glaçons. Dont l'eitrange vertu s'eſpande parlerondes. N'arrefteſeulement leurs troupes vagabondes : •Ains meſine endort leurſens, puisſe paiſ de leurs corps ; Dont les membres gelez ſont & morts & non morts. La figure de la Torpillet'eſt icy repreſentée Figure de la Torpille. | Fi Des Venins. 497 De la morſure d'Aſpic. CH A r. X X IX. 2 A Playe de l'Aſpic eſt petite comme la picqueure d'vne aiguille, & ne fait aucune enfleure. #x Les accidens qui aduiennent apres la morſure,ſont, que les malades ſe ſentent toſt apres la # veue troublée, & pluſieurs douleurs par le corps aſſez legeres , & ſentent douleur a l'eſto- # mach : & la peau du front ſe ride, & le malade clinotte touſiours les yeux , comme s'il auoit vouloir de dormir & toſt apres,& le plus ſouuent dedans trois iours, autres en huict heures, meurent en conuulfion , ſi on n'y donne ºrdre. Le maſle fait deux piqueures & la femelle quatre , comme font les viperes. Or le venin de l'Aſpic fait congeler le ſang és veines & arteres : & partant faut donner, pour contrarier à iceluy,choſes calefactiues, & de tenue ſubſtance, comme eau de vie,en laquelle on aura diſſout theriaque ou mitridat & autres ſemblables auſſi on en appliquera dedans la playe, & fera-t'on eſ. chauffer le patient par bains,frictions,& ambulations, & autres ſemblables. Lors que la partie morſe de- uient purpurée,noire ou verdoyante,telle choſe demonſtre que la chaleur naturelle eſt ſuffoquée & eſtein- te par la malignité du venin alors la faut amputer s'il eſt poſſible, & que les forces le permettent, De Vigo en ſa practique de chirurgie,dit auoir veu a Florence vn Charlattan Triacleur , lequel pour mieux vendre ſon theriaque, ſe fit mordre à vn aſpic,de laquelle morſure il mourut en quatre heures Matthiole ſembla- blement le recite,& dit,qu'ils eſtoient deux Charlattans,dont l'vn habloit & harangoit mieux que l'autre, pour mieux faire valoir ſes denrées : lequel conceut vne enuie mortelle contre ſon compagnon : parquoy trouua moyen de luy changer ſon aſpic, qui auoit ja perdu ſa virulence par la longue nourriture, & l'ayant oſté de ſa caſſole,y en mit vn autre recentement pris & tout affamé.Dont aduint que ce habladour penſant que ce fuſt le ſien,ſe fit mordre au tetin,ainſi qu'il auoit de couſtume.& print apres de ſon theriaque,lequel ne luy ſeruoit qu'à donner couleur pour abuſer & tromper le peuple,qui voyant cette beſte le mordre ſans en reſſentir aucune offenſe,couroit apres luy,eſtimant ſon theriaque fouuerain. Mais le pauure Charlattan trompé par ſon compagnon,qui luy auoit changé ſa beſte priuée & alterée de ſon venin, en moins de qua- tre heures laiſſa la vie:& les accidens qui luy ſuruindrent,furent qu'il perdit la veuë,& tous ſes autres ſensi ſa face deuint liuide,& la langue fort noire,& eut grand tremblementde rous ſes membres,auec ſueur froi- de,& defaillance de cœur,puis la mort, & cc en la preſence des aſſiſtans, & ſubit le meurtrier gaigna au pſed.Matthiolus dit,que ces Charlattans triacleurs,pour tromper le peuple à mieux vendre leur theriaque, prennent aſpics & viperes, long temps apres le printemps , lors qu'ils ont jetté le plus dangereux de ieur venin:puis les apriuoiſent par viandes non accouſtumées,& leur font changer en partie la nature venimeu- ſe:& apres ce les font mordre dedans de gros morceaux de chair, afin de tirer leur venin enclos envne pe- tite membrane qui eſt entre leur dents & genciues:puis il leur font remordre ſur l'heure quelque compoſi- tion, qui leur eſtoupe les conduits par lequel le venin a de couſtume de ſortir : tellement qu'apres qu'elles mordent, leur morſure n'apporte aucun danger. Et par ce moyen ces larrons & pipeurs de Charlattans ſe font admirer au ſimple peuple,auquel ils vendent leur theriaque falſifié,bien & cherement.Chriſtofle l'An- dré en ſon liure intitulé. Oecoiatrie, dit qu'aux Iſles d'Eſpagne ya grande multitude de ſerpens,aſpics & autres beſtiaux veneneux,contre la morſure deſquels iamais le theriaque ne peut ſeruir : & par experience on a trouué ce remede tres-excellent.Prenez des fueilles de thapſus barbatus,caryophyllata , giroflier rou- ge,autant d'vn que d'autre:faites-les boüillir en fort vinaigre, & vrine d'homme bien ſain, & en fomentez la partie. Et ſile venin a eſté ja long-temps gardé,faut que le malade boiue quatre doigts de ladite deco- ction à jeun,deux heures deuant manger.Ledit autheur iure Dieu,que tel remede eſt bien experimenté, & qu'il s'oſeroit bien faire mordre au plus dangereux aſpic,ſans en receuoir aucun mal. De la morſure de Couleuure . C H A P. XXX. 2 VA N T eſt de la morſure de la Couleuure,ie produiray icy vne hiſtoire : Le Roy eſtant à Mou- S)2 ſ] lins,Monſieur Ie Févre Medecin ordinaire du § Iacques le Roy , Chirurgien ordinaire %UFA) dudit Seigneur, & moy, fuſmes appellez pour medicamenter le cuiſinier de Madame de Caſtel- 2S é pers,lequel en cueillant en vne baye de houblon,pour faire vne ſalade, fut mords d'vne couleu- ure ſur la main, & ſucça le ſang de la playe, dont toſt apres la langue s'enfla ſi fort, qu'il ne pouuoit qu'à bien grande peine parler,ny eſtre entendu. Dauantage tout le bras iuſques à l'eſpaule, s'enfla & bourſouf- fla grandement,de façon qu'on euſt dit qu'on l'auoit ſoufflé : & diſoit le patient y ſentir vne extreme dou- leur,& tomba en nos preſences deux fois en defaillance de cœur : comme eſtant mort, & auoit la couleur du viſage & de tout le corps jaunaſtre & plombine. Nous voyans tels accidens diſions la mort eſtre pro- chaine : neantmoins il ne fut laiſsé ſans ſecours:qui fut,luy lauer la bouche de theriaque deſtrempé en vin blanc,puis luy en fut donné à boire auec eau de vie. Et ſur ſon bras bourſoufflé, ie luy feis pluſieurs ſca- rifications aſſez profondes, & meſmement ſur la morſure, & laiſſa ſuffiſamment fiuer le ſang ( qui n'eſtoit qu'vne ſeroſité)puis apres furent lauez d'eau de vie, en laquelle i'auois fait diſſoudre du theriaque & mi- thridat. Et apres le patient fut posé dans vn lict bien chaudement,& le fait-on ſuer, le gardant de dormir, de peur que le venin ne ſe retiraſt auec la chaleur.naturelle au cœur. Et veritablement le lendemain tous les accidens furent ceſſez,& fuſt toſtapres guary deſdites ſcarifications. Toutesfois l'vlcere de la morſure fut tenue longuement ouuerte,y appliquant touſiours du theriaque auec les autres medicamens.Ainſi ledit † receut entiere & parfaicte guariſon. Et te ſuffiſe de cette hiſtoire pour preuoir à la morſure de la Couleuure. | 7 - De la morſure du Crapaut. C H A P. XXX I. A• # NcoRE que les Crapaux n'ayent des dents neantmoins ne laiſſent d'empoiſonner la partie,qu'ils # mordent de leurs babines,& genciues, qui ſont aſpres & rudes, faiſans paſſer leur venin par les #% conduits de la partie qu'ils mordent.Auſſi iettent leur venin par leur vrine,baue, & vomiſſement N ſur les herbes,& principalement ſur les fraiſes,dont ils ſont fort frians.Et ne ſe faut eſmerueiller, ſi apres auoir pris tel venin , les perſonnes meurent de mort ſubite, dont en cét endroit ne veux laiſſer en derriete vne hiſtoire, que depuis peu de iours vn homme d'honneur m'a recité : Deux marchands eſtans à vne diſnée pres de Toulouſe,s'en allerent au jardin de leur hoſte cueillir des fueilles de ſauge, leſquelles T t 3 IIl1TCRlt Accident. Le vemin de l'Aſpic eſt roid. Hiſtoire. . Hiſtoire re. cente ºr me- mcrab e d'v- me morſure de Couleu- #47"º. Cure d'icelle morſure. : Cemment les Crapas x impriment leur venin- Hiſtoire. Accident. 498 Le Vingt-vnieſme Liure, Moyen de faire ſortir les crapaux hors deterre. Les accidens outre les pre. cedens qui aduiennent du venin des crapa M.X'. Le vemin du crapaut eſt froid & hu- mide , pour- riſſant les humeur . Hiſtoire de Rondelet. Pline dit que leur rate crcœur reſi- ſtent contre leur venin. Deſcription du Scorpion. En la queuë giſt levenin. Scorpions aiſlez. Pline liu. 8. chap.19. Difference des ſcorpiös. Les accidens qui aduien- /2ey2t 4 Cºff3' qui ſont pic- quez des ſcorpions. mirent en leur vin ſans eſtre lauée:& deuant qu'ils euſſent acheué de diſner, perdirent la veuë, ayans pre- A mierement vne vertigine,tellement qu'il leur ſembloit que la maiſon tournaſt s'en deſſus deſſous, & tom- berent en ſpaſme & defaillance de cœur,ayans les lévres & la langue noire, & balbutioient , & auoient le regard hideux & de trauers,ayans vne ſueur froide auec grands vomiſſemens,& enferent bien fort,& peu apres moururent, dont l'hoſte & generalement tous ceux de la maiſon furent bien fort eſtonnez. Et toſt apres la Iuſtice les ſaiſit,& les mit en priſon,leur mettant ſus auoir empoiſonné les deux Marchands. Et les ayans tous interrogé ſur le crime qu'on leur impoſoit de les auoir empoiſonnez, dirêt qu'ils auoient man- gé & beu des meſmes viandes,reſte qu'ils n'auoient mis de la ſaulge en leur vin. Adonc le Iuge fait appel- ler vn Medecin,pour ſçauoir ſi on pouuoit empoiſonner la ſaulge:& dit que oüy,& qu'il falloit alleraujar- din,pour ſçauoir ſi on pourroit apperceuoir quelque beſte venimeuſe:qui peut auoirietté ſon venin deſſus. Ce que veritablement on trouua,qui eſtoit grand nombre de crapaux gros & petits,leſquels eſtoient logez en vn trou ſous la ſauge, aſſez profondement en terre, & les feit-on ſortir en foüillant & iettant de l'eau chaude autour de leur demeure. Et là fut conclu que la ſauge eſtoit empoiſonnée, tant par la baue que de l'vrine des crapaux,& par leur vapeur venimeuſe,& l'hoſte auec ſa famille abſout.Et partant nous recueil- lerons par cette hiſtoire, qu'on ne doit manger aucunes herbes, ny des fraiſes , que premierement elles n'ayent eſté bien lauées:& auſſi que l'exhalation,morſure , baue & vrine des crapaux ſont fort venimeuſes Pareillement il ſe faut bien garder de dormir aux champs, ayant la bouche pres de quelque trou, où les" crapaux,& autres beſtes venimeuſes font leur demeure,de peur d'attirer leur venin en reſpirant, qui pour- roit eſtre cauſe de la mort du dormant.Auſſi faut éuiter de manger des grenoüilles au mois de May, à cauſe que les crapaux frayent auec elles.Ce qu'on voit à l'œil au mois de May aux mareſts & autres lieux où elles habitent. Il y en a de petits,qui ſont quelquesfois auallez des bœufs & vaches auec les herbes qu'ils paiſ- ſent:& toſt apres il leur ſuruient vne telle enfleure de tout le corps,qu'ils en creuent le plus ſouuent.Or ce venin n'eſt ſeulement dangereux pris par dedans,mais auſſi eſtant attaché au cuir par dehors,ainſi qu'il ad- uient lors qu'ils jettent leur venin quand on les tue ou autrement. Parquoy il faut promptement eſſuyer & lauer le lieu d'vrine , ou d'eau ſalée,ou autres choſes qui ont eſté cy-deſſus declarées aux morſures des chiens enragez. Les accidens qui aduiennent de leur venin,iont que le malade deuient iaune, & tout le corps luy enfle,en ſorte qu'il ne peut auoir ſon haleine,& halette comme vn chien qui a grandement cou- . ru:parce que le diaphragme(principal inftrument de la reſpiration)ne pouuant auoir ſon mouuement natu- rel:redouble incontinent,& fait haſter le cours de la reſpiration & expiration.Puis luy viennentd'abondant vertigines,ſpaſme,defaillance de cœur, & apres,la mort, s'il n'eſt promptement ſecouru. Ce qui aduient non à raiſon de la qualité de leur venin,lequel eſt froid & humide, mais de ſa malignité particuliere, la- quelle pourrit les humeurs. Or d'autant que ce venin eſt ennemy mortel de toute ſa ſubſtance, il le faut combattre tant par qualitez manifeſtes, que par antidotes ou contrepoiſons : qui ſe fera par vomiſſemens (principalement ſi le venin eſt donné par boire ou manger ) par clyſteres, & toutes choſes chaudes & de ſubtilles parties,comme bon vin,auquel on aura diſſout theriaque ou mithridat, & autres choſes qu'auons par cy-deuant declarées aux morſures des chiens enragez.Auſſi les bains,eſtuues,& grand exercice ſont à loüer,afin de diſſoudre,ſubtilier,& vacuer l'humeur venimeux. Rondelet en l'hiſtoire des poiſons dit, que le crapaut eſt veſtu d'vne groſſe peau dure & mal aisée à percer & rompre,parce qu'il ſe gonfle & enfie,ſe rempliſſant d'air,au moyen dequoy il reſiſte aux coups:peu ſouuent mord, mais il iette vne vrine & haleine venimeuſe à ceux qui le fentent,demeurans enflez par tout le corps,& bien-toſt meurent. Il dit auoir veu vne femme,qui mourut pour auoir mangé des herbes ſur leſquels vn crapaut auoit halené & jetté ſon ve- nin.Les meſchans bourreaux empoiſonneurs en font pluſieurs venins,leſquels il faut pluſtoſt taire que dire. Iceluy a la veſſie fort grande,où il garde quantité d'vrine,qu'il jette contre ceux qui l'aſſaillent.Les alexi- taires & contrepoiſons ſont,boire du jus de Betoine,de Plantain,& Armoiſe : pareillement le ſang de Tor- tué,auec farine , & reduit en pillules, puis deſtrempé auec du vin.Pline dit, que leur rate & cœur reſiſtent contre leur venin.L'opinion du vulgaire eſt fauſſe,penſant qu'on trouue dedans leur teſte vne Pierre nom- mée crapaudine,bonne contre le venin. - | a vn aiguillon , & aucuns en ont deux, leſquels ſont creux remplis de venin froid , par leſquels ils iettent leur venin dedans la playe qu'ils picquent. Il a de chaque coſté cinq jambes forchues en maniere de tenailles : les deux de deuant ſont beaucoup plus grandes que les au- tres, faictes en maniere de celles d'vne eſcreuiſſe. Il eſt de couleur noiraſtre, comme de couleur de ſuye : il chemine de biais : il s'attache ſi fort auec le bec & pieds contre les perſonnes, que bien difficile- ment on le peut arracher. Aucuns ont des aiſles ſemblables à celles des ſauterelles qui mangent les bleds, qui ne ſont trouuez en France:& iceux volent de region en autre,ainſi qu'on void des fourmis volans. Ce qui eſt vray-ſemblable,parce que les payſans de caſtille (ainſi qu'eſcrit Matthiolus)en labourant la terre, trouuent ſouuent en lieu de fourmiliers, vne bien grande quantité de ſcorpions, qui s'y retirent l'hyuer- Pline eſcrit qu'en Ethiopie y a vn grand pays deſert pour raiſon des ſcorpions , qui n'y ont laiſſé ny gens ny beſtes. les anciens font pluſieurs eſpeces & differences de ſcorpions, leſquels ſont diſtinguez ſelon les diuerſitez de couleurs , comme iaunes, roux, cendrez , verds , blancs, noirs : lesvns ayans des aiſles, les autres point. Ils ſont plus oumoins mortels,ſelon les regions où ils habitent, comme en la Toſcane & en Scythie ſont fort venimeux : en autre regions comme en l'Iſle de Pharo & à Trente, leur picqueure n'eſt venimeuſe, & n'en aduient aucun mauuais accident. Il furuient inflammation en la partie offensée, auec grande rougeur,dureté,tumeur,& douleur, laquelle ſe change , à ſçauoir, tantoſt chaude, & tantoſt froide : auſſi accroiſt intempettiuement,& par interualle ceſſe , Puis toſt apres accroiſt : pareillement le ma- lade a vne ſueur & friſſonnement,comme ceux qui ont la fiévre,& a vne horripilation,c'eſt à dire, que les cheueux luy dreſſent. Il ſent auſſi des punctions parmy le corps,comme ſi on le picquoit auec aiguilles,& grande quantité de vents par le ſiege : il a volonté de vomir & aller à ſes affaires, & n'y peut toutesfois al- ler,& tombe en defaillance de cœur, fiévre continuë , & deuient enflé, & ſi on ne luy donne ſecours, la mort s'enſuit.Antonius Beniuenius , au liure 1.chap.56. dit auoir eu vn ſeruiteur, lequel fut picqué d'vn ſcorpion,& tout ſubit luy ſuruint vne ſueur froide comme glace : fnt preſerué de la mort en beuuant du theriaque diſſout en vin. Digicoride liure 2.chaP. 1o.dit que le ſcorpion terreſtre crud, eſcaché ou broyé, - - & • * - .. ' t : De la picqueure du Scorpion terreſtre . C H A P. XXXI I. s E Scorpion eſt vne petite beſte , ayant le corps en ovalle, & a pluſieurs pieds, & la queuë longue, faite en maniere de patenoſtre s, attachées bout à bout, l vne contre l'autre,la derniere plus groſſe que les autres, & vn peu plus longue, à l'extremité de laquelle il y D Des Venins. 49 9 A & mis ſur la picqueure,oul'huyle d'iceluy,eſt ſon vray alexitaire.On le mange auſſi roſty & bruſlé pour ce meſme effect,dequoy l'experience fait foy. Autre remede. Prenez laict de figuier,& inſtillez en la playe,tel remede guarit promptement.Autre.Prenez calament broyé,& appliquez deſſus:auſſi la farine d'orge incor- porée en decoction de rue,& appliquée deſſus.Et pour remede excellent, il ſe faut ietter dedans vn bain & ſe faire tres-bien ſuer.Pour ſeder la douleur promptement,il faut piler des eſcargots auec leur coquille,& les appliquer deſſus la picqueure.Auſſile ſoulphre vifpuluerisé,& incorporé auec terebenthine:eſt ſouue- rain remede. La ruë pillée, & appliquée deſſus, eſt bonne. Auſſi pour vn ſingulier remede on y applique l'herbe nommée ſcorpioides,dont on a pris le nom. Autre remede. Racine de couleurée boulue, & pilée auec vn peu de foulphre.Autre Les aulx pilez,ſoulphre & huyle vieille meſlez enſemble, & appliquezdeſ- ſus.Autre. L'agaric puluerisé ou en decoction,cure leur picqueure. - pour les chaſſer il faut faire ſuffumigation de ſoulphre,& galbanum.L'huyle auſſi faite d'iceux appliquée remede qui aux troux où ils habitent,garde qu'ils n'en peuuent ſortir.Autant en fait le jus de raifort. Et pour les gar- chaſſent le, der qu'ils n'approchent & picquent perſonne,il ſe faut frotter de jus de raifort,ou d'aulx:car par ce moyen ſcorpionr. iamais n'approchent de celuy qui s'en ſera frotté. Pluſieurs autres remedes ont eſcrit les anciens, mais ie n'ay pris que ceux qu'on peut aisément recouurer,& ſont grandement loüez par deſſus tous autres. Cure ». Antidote. De la morſure & picqueure des mouſches & chenilles. C H A P. XXX I II. $ºg Es abeilles ou autres les gueſpes,les freſlons,les bourdons,les taons, apres auoir fait ouuer- La picqueure # ture au cuir,les vnes par leur morſure,les autres par leur picqueure,cauſent vne grande dou- # # # leur, pour la malignité du venin qu'elles jettent èn la playe, laquelle toutesfois n'eſt pas n'eſt touſ- $ # touſiours mortelletvray eſt que ſe jettans icelles beſtes en grand nombre ſur vn homme,elles iours mor- %a7EWES le peuuent tuer : car on en a meſme veu mourir les cheuaux. Ceux qui en ſont inopinément telle . offenſez,pour la grande douleur qu'ils ſentent,eſtiment que ce ſoit quelque autre beſte venimeuſe. Et pour cette cauſe il eſt bon de ſçauoir les ſignes & accidens de leur pointure. C'eſt qu'ils cauſent grande dou- leur,laquelle demeure iuſques à ce que leurs dents ou picquerons ſoient oſtez,& le lieu deuient prompte- ment rouge,& enflé à l'entour,& s'y forme vne veſſie, pour cauſe de la virulence qu'elles jettent,ayans fait ouuerture du cuir.Pour la curation, il faut promptement ſuccer le lieu le plus fort que l'on pourra , pour cure . oſter leurs dents & aiguillonst& fi par ce moyen ne peuuent eſtre extraites, faut inciſer le lieu(ſi la partie le permet)ou prendre cendres,& leuain,& huyle,incorporez enſemble,& l'appliquer deſſus. Autre reme- de.. Il faut mettre la partie en eau chaude,& la baſſiner par † de demie heure ou plus,& apres lauer la playe d'eau ſalée.Autre. Le creſſon pilé,& appliqué deſſus ſede la douleur, & reſout l'humeur contenu en la tumeur.Autant en fait la fiante de bœufdetrempée en huyle & vinaigre , & appliquée aſſez chaude deſſus. Autre, Féves machées & appliquées deſſus,ſedent pareillement la douleur. Auſſi fait la perle pilée auec oxycrat. Aucuns commandent prendre leſdites mouſches, & les eſcacher & en frotter le lieu , & les Les mouſ- laiſſer deſſus,ainſiqu'on fait aux picqueures de ſcorpions.Autre. Faut prendre vinaigre , miel, & ſel,& le ches reme- plus chaud qu'on pourra en frotter le lieu,& y laiſſer vn linge en double deſſus.Autre. Prenez ſoulphre vif dient à lenr puluerisé,& incorporé en ſaliue d'homme,& appliquez deſſus. Autre.Laict de figues non meures,incorpo- venim. ré auec du miel,eſt auſſi vn ſouuerain remede.On peut eſtre aſſeuré ſur tous remedes,du theraique(que Ga- lien approuueau liure Te theriaca ad?iſonem) le diſant eſtre le plus ſalubre remede dont on puiſſe vſer aux h picqueures & morſures des beſtesvenimeuſes,comme i'ay dit cy-deſſus. Pour garder que leſdites mouſches # ſ #f° ne mordent & picquent,il ſe faut oindre le corps de jus de mauue incorporé auec huyle, & pour les chaſſer # d'! bien-toſt,il faut faire parfum de ſoulphre & d'aulx. Galien dit que la gueſpe a cette malice, que voyant # vne vipere morte,elle s'en vatremper ſon aiguillon au venin d'icelle,& de là(dit-il) les hommes ont appris à empoiſonner les fieſches.Les chenilles rouſſes & velues,appellées en Latin,Multipedes, engendrent gran- de demangeaiſon,rougeur & tumeur au lieu qu'elles mordent,où ſeront attachées,ou eſcachées : & celles qui ſeront nourries és pins encores plus. Les oignons pilez auec vinaigre eſt vn ſingulier remede pour appliquer au lieu, & pareillement les autres remedes qu'auons eſcrit aux morſures & picqueures des Cº* mouſches. " . - | De la morſure des Araignes. C H A P I T R E XXXIV. #rs E s Araignes ourdiſſent leur toile de diuerſes façons, & yfont vn petit trou, dans lequel font Difrancet. à touſiours en embuſcade ,'pous attraper & prendre les mouſches & mouſcherons, deſquels el- : les ſe nourriſſent. Il y en a de pluſieurs eſpeces.L'vne eſt appellée Rhagion, laquelle eſt ronde» & de couleur noire,comme vn grain de raiſin , dont elle porte le nomielle a la bouche au mi- lieu du ventre, & les jambes courtes,& faict meſme douleur,que le ſcorpion. Il y en a vne au- tre eſpece nommée Loup,pource qu'elle ne chaſſe ſeulement aux mouſches communes,mais auſſiaux abeil- les & aux taons,& generalement à toutes petites beſtioles qu'elle peut attraper en ſa toile. La troiſieſme eſpece eſt appellée Formillon,pource qu'elle reſſemble à vne grande formis,& eſt noire, & a le corPsmº- ueté de certaines petites eſtoiles luiſantes,& principalement vers le dos.La quatrieſme eſpece eſtaPPellée # Matthiolus Dyſderis,& eſt ſemblable aux mouſches gueſpes,reſte qu'elle n'a nulles aiſles, & eſt de cou leur aucunement rouge,laquelle ne vit que d'herbes. Or les anciens tiennent que leur morſure eſt fort ve- Acciden«. nimeuſe, & que le venin eſt froid, parce que les accidens qui en prouiennent font grandes ventoſitez au ventre,& froideur des extremitez,& au lieu de leur morſure,le malade ſent vne ſtupeur,& grande refrige- cura . ration,& avne grande horripilation.Il faut lauer la playe promptement de vinaigre le plus chaudqu'onle pourra endurer Pareillement faut piler des aulx & oignons,& les appliquer deſſus, ou bien de la fiente de chévre fricaſſée. en vinaigre.Semblablement eſt bon qu'on prouoque la ſueur ſoit par bains,eſtuues » ouau- trement.Et ſur tout le theriaque eſt excellent,tant donné par dedans,qu'appliqué par dehors. T t 4 D4f ( 5 O2 Le Vingt-vniéme Liure, Hiſtoire d'v- 3 %. ne femme picquée d'v- S ne Viue. Remede de Dioſcoride. Liure. 3. Liu.9.ch.48. Oppian.** Rendelet au liure des poiſſons, De lapicqueure d'vne Viue . C H A P. X xx IX. - V 1 s n'agueres,la femme de Monſieur Fromager Greffier aux Requeſtes du Palais fut picquée % d'vne viue au doigt medicus : & peu de temps apres il s'enfia bien fort auec grande rougeur. $ 2 & peu de douleur. Elle voyât que la tumeur s'augmentoit iuſqu'à la main,craignoit qu'il ne luy # ſuruint vn tel accidët,qui de n'agueres pour vn cas ſemblable eſtoit aduenu à vne ſienne voiſi- * ne,vefue de Monſieur Bragelonne,Lieutenant particulier au Chaſtelet de Paris,pourauoir eſté ainſi picquée:dont luy eſtoit ſuruenu(pour ſa negligence)vne gangrene & mortificatiô totale du bras,& en fin mourut miſerablement.Or eſtant arriué vers Madame Fromager, & ayant entendu la cauſe de ſon mal, promptement ie luy appliquay ſur le doit,& ſemblablemét ſur la main, vn cataplaſme fait d'vn gros oignon cuit ſous la braiſe,& du lenain, auec vn peu de theriaque. Et le lendemain matin ie luy fis tremper toute ſa main en de l'eau aſſez chaude, afin d'attirer le venin au dehors,& apres ie luy fis pluſieurs ſcarifications ſu- perficielles autour du doigt : puis luy appliquay des ſan-ſues ſur leſdites ſcarifications, leſquelles tirerent ſuffiſamment du ſang : & apres i'appliquay du theriaque diſſout en eau de vie, & le lendemain trouuay ſon doigt & ſa main preſque toute deſenfiée,& ſans nulle douleur:& quelques iours apres fut entieremêt gua- rie. Autant en auois-ie fait n'agueres au Cuiſinier de Monſieur de Souſſy,Treſorier de l'Eſpargne, lequel ſe picqua ſemblablement d'vne Viue, dont tout le bras eſtoit enflé & enfiammé iuſqu'à l'eſpaule, & en bref fut pareillement guary. Ces hiſtoires ſeruiront aux jeunes Chirurgiens, quand ils ſe trouueront à l'en- B droit de pareilles picuqueres.Dioſcoride eſcrit que pour remedier à la picqueure faut appliquer la Viue fen- due par la moitié,ou de l'aluyne, ou de la ſauge,ou du ſoulphre incorporé auec du vinaigre. L'on a trouué depuis quelque temps, que le foye de la Viue appliqué promptement ſur la playe eſt vn tres-prompt & in- faillible remede contre ſon venin, il faut,ſi toſt qu'on ſe ſent piqué,ouurir la playe par vne petite inciſion, pour donner iſſuë au ſang, & apres la frotter aſſez fort auec ledit foye & l'appliquer deſſus : ce remede eſt ſi certain contre cette piqueure qu'il n'en arriue aucun accident, non plus qu'à vne autre ſimple piqueure d eſpingle , d'eſguille ou d'eſpine, & s'eſprouue iournellement par ceux qui manient ce poiſſon. Piqueure de la Tareronde ou Paſtenaque_ . CHA P. X L. M( E c E eſcrit, qu'apres la piqueure de la Tareronde,s'enſuit vne douleur continuelle,& vnen- # dormiſſement de tout le corps,& aucuns en meurent promptement auec conuulſion.Pline dit W. qu'il n'y a rié plus execrable,que l'aiguillô lenleué ſur la queue de la Paſtenaque,lequel eſt de grandeur de cinq poulces.Il fait mourir les arbres qui en ſont picquez par la racine.Il dit da- ** uantage,que l'aiguillon eſt bon pour la douleur des dents,quandl'on en ſcarifie les genciues: & reduit en pouldre auec hellebore blanc les fait tomber ſans douleur.Ce poiſſon eſt bon à manger,hors- mis la teſte & la queuë.Aucuns de ces poiſſons ont deux aiguillös,autres vn ſeul,leſquels ſont pointus,garnis de dents des deux coſtez,comme dents de ſcie ſe tournant vers la teſte.Oppian eſcrit,que l'aiguillon eſt plus venimeux que les fleſches des Perſes enuenimées, lequel garde ſon venin, encore que le poiſſon ſoit mort, C & n'eſt,dit-il,ſeulement venimeux aux animaux,mais auſſi aux arbres & plantes. Les dents & aiguillons de ce poiſſon , ont efté renuersées par nature vers la teſte, afin qu'elles entrent & percent plus aisément, & mal-aisément ſortent, pource qu'en les tirant on les tire à contre-poil. Et s'il en picque quelque poiſſon, il le tient enferré comme d'vn hameçon. Rondelet dit, que ſes aiguillens ſont au milieu de la queue. Il faut qu'il en y ait pluſieurs ſortes : car i'ay eu & gardé en mon cabinet vne queuë d'vne Paſtenaque, qu'vn Gentil-homme de Bretagne m'a donnée, longue de cinq pieds & plus, au commencement de laquelle naiſ- ſent & ſont attachez deux aiguillons,& eſt toute ſemée de petites boucles ſemblables à eſtoilles fort aiguës. Les peſcheurs ſubit qu'ils ont pris ce poiſſon , luy oſtent les aiguillons de peur qu'il ne les bleſſe deſonve- nin,& lors qu'ils en ſont picquez, ils l'ouurént & prennent le foye, & l'appliquent ſur la playe; auſſi eſtant bruſlé & mis en cendre,& posé ſur la playe, eſt la vraye contre poiſon de ſon venin.Elle vit en lieu fangeux pres des riuages de la mer,& vit des poiſſons qu'elle prend de ſon aiguillon.La figure cſt comme vne raye, ainſi que tu vois par cette figure. Figure dupoiſſon, nommé Paſtenaque . | 2Df ) 1_)es VeninS. , 5o3 A - -- - | De la venenoſité du Liévre Marin. C H A P. X L I E Liévre Marin eſt appellé de Pline, maſſe, ou piece de chair ſans forme : AElian le compare à vn Limaçon hors ſa coquille.Il eſt fort veuimeux par le teſmoignage de tous les Anciens, & partant il eſt bon de le cognoiſtre,pour ſe garder d'en vſer en viandes,& auſſi le ſentir,ou le regarder par trop, & pour en vſer contre ſon venin meſme. Il n'aiſt en la mer, & aux, eſtangs de la mer, principalement fangeux. Il eſt de couleur de poil de Liévre de terre.A la teſte il a vn trou par lequel il jette hors vne chair mucqueuſe,laquelle il retire quant il veut. Il vit dans l'eau limoneuſe d'ordure & vi- îenie. Paulus AEgineta, Acce, Pline, Galien, Nicandre, diſent qu'il eſt ſi venimeux, que ſi vne femme groſ- ſe le regarde, elle vomira, puis auortera. Les hommes qui ont beu de ſon poiſon, comme dit Dioſcoride, ont douleur de ventre, & retention d'vrine, & s'il aduient qu'ils vrinent, leur vrine ſera rouge & ſangui- nolente. Ils ont vne ſueur puante ſentant le poiſſon. Ils vomiſſent de la cholere meſlée auec du ſang.Aë- ce dit qu'ils deuiennent jaunes par tout le corps. La face s'enfle, & les pieds ; & principalement le mem- bre genital, qui eſt cauſe que l'vrine ne peut couler. Galien dit que le liévre marin bleſſe & vlcere le poul- mon. Son alexitere & contre-poiſon eſt le laict d'aſneſſe, & du vin cuit, ou de la decoction de fueilles de mauues. Ce liévre marin eſt bon à faire tomber le poil. La figure t'eſt icy repreſentée, prinſe au liure des poiſſons de Rondelet. Auſone en ſes Epigrammes luy fait prendre vn chien, mais il falloit que ce chien fuſt bié pres ou qu'il ne couruſt gueres viſte:car ce laidanimal ne ſe remue gueres plus prôptement qu'vn lima- çon Ce que le docte Scaliger,en ſon Hypercritique, diſcourtaſſez amplement,au iugement qu'il fait d'Au- ſone, à quoy ie renuoye le Lecteur curieux Or ie ne me veux pas conſtituer Iuge entre l'vn & l'autre, leur differend n'eſtant pas de ma profeſſion : mais ie puis dire qu'vn ſerpent, vne couleuure, & pluſieurs autres animaux mal faiſans ont les mouuemens preſque auſſi tardifs, & toutesfois ils ne laiſſent de mordre, pic- quer & tuer les hommes , les chiens & les cheuaux en les ſuprenant : & lors on peut dire, ce me ſemble, & principalement vn Poëte, à qui il eſt permis d'abuſer des ſens & des paroles, que le ſerpent ſans ſe res muer a pris vn homme , vn cheual, ou vn chien : encore qu'ils couruſſent bien fort, & en ces figures,anti. thetes, & contrarietez bien accordantes, conſiſte vne des grandes graces de la Poeſie. - " Figure du Liérvre Marin. Du venin du Chat. CHA P. XL II. E s Chats n'infectent ſeulement par leur ceruelle, mais auſſi par leurpoil, haleine,& regard: # car jaçoit que tout poil aualé ſans y penſer,puiſſe ſuffoquer la perſonne en eſtoupant les con- duits de la reſpiration,toutesfois le poil du Chat eſt dangereux par ſus tous autres.leur halei- $ ne eſt infecte d'vne poiſon tabifique. Et dit Matthiole auoir cogneu aucuns, prenans plaiſir " aux Chats,qui n'euſſent iamais dormy ſans en auoir quelques-vns couchez aupres d'eux, de l'haleine deſquels longuement attiré auecl'air, ils deuindrent pthiſiques, & enfin miſerablement mouru- rent. Les Chats auſſi offenſent de leur regard, tellement qu'aucuns voyant ou oyans vn Chat tremblent, & ont vne peur grande, qui ſe fait par vne antipathie venant de l'infiuence du Ciel. Matthiole eſcrit qu'eſtant en Alemagne,ſoupant en bóne compagnie en vn poiſle,en temps d'Hyuer,l'hoſteſſe cognoiſſant le naturel de l'vn des conuiez enferma vn petit chat (qu'elle nourriſſoit) dedans vn coftre audit poiſle , de peur que ce perſonnage le voyant ne ſe courouçaſt : mais encore qu'il ne viſt ny oüiſt le chat,peu de temps apres auoir attiré l'air infect de l'haleine du chat,ſa temperature ennemie des chats en eſtant irritée,commença à ſuer & pallir,& en tremblant crier (non ſans grande admiration de tous)qu'il y auoit vn chat en quelque coing dudit poiſle,alors on mit le chat hors de la maiſon. Or le chat infecte auſſi ceux qui mangent de ſa ceruelle, & ſont tourmentez de grande deuleurs de teſte,& quelquesfois en deuiennent inſenſez. Pour les guarir, il les faut faire vomir, & le vray alexitere eſt le muſc donné à boire demy ſcrupule auec de bon vin , & reite- rer ce remede tant qu'on verra eſtre beſoin.Ie diray dauantage,que le chat eſt vne beſte pernicieuſe aux en- fans du berçeau,parce qu'il ſe couche ſur leur viſages, & les eſtouffe, parquoy il s'en faut bien donner garde. — De la venenoſité de certaines plantes. CHA P. XL II I. - | Sy g P R E s auoir diſcouru de la venenoſité des animaux, à preſent il nous conuient eſcrire de - $ %\s-4# celles d'aucunes plantes, les accidens qui aduiennent à ceux qui en auront Pris , & com- #A\N, mencerons à l'Apium riſus. L'Apium riſus,autrement appellé Sardonia,eſpece de ranunculus, %\ # rend les hommes inſenſez, induiſant vne concluſion & diſtenſion des nerfs, telle que les lé- - * vres ſe retirent,en ſorte qu'il ſemble que le malade rie,dont eſt venu en prouerbe, Ris Sardo- nien,pour vn ris mal-heureux & mortel : fon bezahar,ou contrepoiſon eſt le ſuc de meliſſe. Le ſuc,fruict ou ſubſtance de Napellus tuë ſon homme en vn - en trois au plus tard,meſmes fi parantidote & contre- Poiſons Paul. AEgien. Aece. Pline Galien. Nicandre. Liure de la theriaque à Poiſom, Marthiele». Hiſtoire. } Apium riſº Napellu eſt chaud au 4° degré. 5 C4 Le vingt-vnieme Llure, Tels vrnins ſont premie- rement deſ- crits par Matthiole, ſur le 6. li- ure de Dioſ- coride,&rpar Leuimius au liure des Ve- mins. - Solanum m7a- micum, froid au 4 degré. Dioſcoride. Iuſquiame » froide au 4 degré. Auicenne-. Châpig , cns° Moyen de manger en ſaureté les chãpignoms. • \ Ephemerum. Mädragore. Pauot noir. poiſons exhibez en temps & lieu on en reſchappe,le malade tombe en fiévre hectique,ou en chartre,ou en A mal caduc,comme dit Auicenne:c'eſt dequoy les Barbares empoiſonnent leurs fieſches. Les accidents qu'il induit ſont tels:Incontinent les lévres s'enflamment,& la langue s'enfle en ſorte qu'elle ne peut demeurer en la bouche,ains ſort dehors auec grande hideur, les yeux auſſi s'enflamment & ſortent hors la teſte : les malades tombent en vertiginoſitez & defaillance de cœur, ils ne peuuent mouuoir ny bouger les jambes, tant ont les cuiſſes foibles & debilitées:d'ailleurs ils ont le corps enflé & terny, tant eſt grande la maligni- té de ce poiſon.Son Bezahar eſt vn petit animal comme vne ſouris, qui s'engendre pres la racine dudit Na- pellus, ſeiché & pris en breuuage du poids de deux dragmes : ou à faute de ce , la graine de raue ou de na- ueaux miſe em breuuage,oignant le corps d'huyle de Scorpions. Matthiole liure quatrieſme de Dioſcoride, dit, que toute la plante du Napellus eſt tres-pernicieuſe & veneneuſe mais la racine eſt plus cruelle que toutes les autres parties tellement que tenue quelque eſpace de temps dedans la main,iuſques à ce qu'elle s'y eſchauffe,fait mourir celuy qui la tient. Ie ſçay,dit-il,des bergers eſtre morts pour auoir pris imprudemment vne tige de Napellus,pour leur ſeruir de broche à ro- ſtir des petits oyſeaux. Le Dorycinium & Solanum manicum,oumortale,ont accidens aſſez ſemblables. Le Dorycnium baillé en breuuage,donne vn gouſt comme du laict à celuy qui en a beu, induit ſanglots continuels, charge la lan- gue d'humiditez, fait ietter le ſang par la bouche, & par en bas vne certaine matiere baueuſe, tout ainſi qu'on voit és dyſenteries & caqueſangues. Son Bezahar, ſont toutes ſortes de poiſſons à coquille, ſoient cruds ou roſtis : les langouſtes auſſi & eſcreuiſſes de mer y ſont bonnes , & le boüillon où elles ont cuit. Quant à la racine de Solanum manicum priſe en breuuage auec vin au poids d'vne dragme, il cauſe des vi- ſions aſſez plaiſantes:mais ſi on redouble le poids,ou qu'on en prenne trois dragmes, elle rend la perſonne inſensée : & qui en prendroit quatre,elle feroit mourir,comme eſcrit Dioſcoride. Le Bezahar eſt ſembla- ble à celuy du Dorycinium La Iuſquiame induit vne alienation d'eſprit telle que ſi on eſtoit yure, vn tour- nement de corps tel que les malades ſe diſtordent les membres,auec tremblement. Sur tout ce ſymptome en ce venin eſt inſigne , c'eſt que les malades ſortent tellement hors du ſens, que l'imagination en eux troublée, ils penſent qu'on les foüette par tout le corps, begayant de voix, & bramans comme aſne, puis henniſſans ainſi que cheuaux, comme eſcrit Auicenne. Son Bezahar ſont les Piſtaches mangées en bonne quantité. Auicenne loüe le theriaque & le mithridat, & boire du vin pur, auſſi de l'aluyne & de la ruë, & du laict. - Des champignons,les vns ſont veneneux de leur nature ; ſçauoir ceux qui rompus changent incontinent de couleur,& le corrompent ſubit(à cette cauſe Auicenne diſoit que les champignös pers & verds eſtoient venimeux :)les autres,bien que de leur nature ne ſont tels, ſieſt-ce que pris en trop grande quantité, en- gendrent en nous accidens mortels.Vrayementie ne puis qu'eſmeu de compaſſion de la pluſpart des hom- mes,qui pouſſez d'vne troPgrande friandiſe,ne ſe peuuent ſaouler de cette ſemence mortelle : ie ne puis, d'y-je, que ie n'enſeigne le moyen comment on pourra appreſter les champignons ſans qu'ils faſſent mal, ſçauoir,les faiſant cuire auec Poires ſauuages : au defaut deſquelles on pourra vſer de poires domeſtiques, pourueu qu'on prenne de celles qui ſont plus aſpres, ſans regarder ſi elles ſont freſches ou ſeichées au So- leil:& non ſeulement les poires,mais auſſi les fueilles & eſcorces du poirier, tant ſauuage que domeſtique, y ſont bonnes : ainſi accouſtrez les faut jetter au priuez, & partant ne feront nul mal. Car la vraye contre- poiſon du champion, c'eſt le poirier. Tous les champignons en general eſtranglent & eſtouffent ceux qui en mangent : mais ceux qui ſont veneneux en outre rongent les boyavx, gonflent & enflent l'eſtomach, donnent pointures,ſanglots,tremblemens,oppreſſion d'arteres,defaillance de cœur,ſueurs froides, & fina- lement la mort. La raiſon de tous ces accidens eſt,que tous champignons ſont naturellement fort froids & humides,& meſmes fort viſqueux & gluans:c Ir pour parler à la verité de leur eſſence,ils ne ſont autre cho- ſe ſinon vne pituite excrementitielle de la terre, ou des arbres ſur leſquels ils naiſſent : de là vient que ſi on en prend en quantité , ils ſurmontent & ſuffoquent la chaleur du corps,& eſtouffent la perſonne. Leur bezahar eſt l'ail mangé tout crud, comme dit le Conciliateur de Albano : ou bien auſſi le vinaigre, d'au- tant que par la tenuite de ſa ſubſtance, il a vertu d'attenuer & inciſer les humeurs gluans & viſqueux, qui engendrez en nous par l'vſage des champignons, cauſent ſuffocation, comme dit Galien ſur la ſect.5. des Epidemies. ceux qui ont pris de l'Ephemerum,que quelques-vns nomment Cholchicon,ou bulbe ſauuage, ſentent vne demangeaiſon generalement par tout le corps, tout ainſi que qui ſe ſeroit frotté d'ortie ou d'eſquille ſentent vn rongement d'inteſtins, auec grande peſanteur & ardeur d'eſtomach : mais quand le mal s'aug- mente,on vuide par le bas des racleures de boyaux meſlées auec du ſang. Le bezahar eſt le laict de femme: d'aſneſſe,ou de vache,pris tiede. La mandragore priſe en quantité exceſſiue eſt venimeuſe, & de ſa racine, & de ſon fruict:elle aſſoupit les ſens,elle rend les hommes laſches, triſtes & eſlancez, mornes, & ſans au- cune force, & fait que les patiens apres auoir bien crié, & s'eſtre bien tourmentez, s'endorment en toute, telle ſorte & habitude de corps que la force du venin les aura rencontrez & ſurpris:de façon que les Me- decins en vſoient anciennement lors qu'on vouloit bruſler ou couper vn membre, Pour oſter le ſentiment de douleur, Quant aux pommes d'icelles, elle peuuent eſtre mangées eſtans meures, & deſnuées de leurs pepins de dedans ſans danger:mais les mangeant verdes,& auec leurs grains, elles ſont mortelles , & cau- ſent des accidens mortels. Car en premier lieu, elles engendrent vn feu, & vne ardeur qui bruſle toute la partie ſuperficielle du corps : le malade a la bouche ſi ſeiche, qu'il eſt contraint de demeurer touſiours à gueule-bée pour attirer l'air froid , & qui n'y donne prompt remede mourra en ſpaſme. Son bezahar eſt manger trois iours durant du refort auec du pain & du ſel, comme eſcrit le Conciliateur. Il faut faire eſternuer le malade : ce mal ſe cure en baillant à boire de la graine de coriandre, ou de pouliot auec eau chaude. L'odeur faſcheuſe du ſuc de Pauot noir, qu'on appelle Opium , fait qu'il eſt mal aisé à meſler parmy le boire ſans qu'on s'enapperçoiue, tout ainſi qu'on fait de la Mandragore : entendu principalement qu'il ne fait mourir la perſonne, ſi l'on n'en prend grande quantité : mais de tant qu'il y a danger pour l'ignorance des Medecins ou Apothicaires qui en peuuent ordonner plus qu'il ne faut,l'on le cognoiſtra,pource que par ſa frigidité inſigne,il induit vn ſommeil tres-profond, auec vn prurit & demangeaiſon & friſſon ſi grand, que ſouuent le malade en eſt excité de ſon profond ſommeil:au reſte,ils tiennent touſiours les yeux fermez ſans mouuoir. Ce trauail cauſe vne ſueur puante qui diſtille goutte à goutte : tout leur corps eſt paſle & tranſy, & ont les lévrcs enflammées, & leur void-on relaſcher la mandibule d'en-bas : il iettent vn ſouffle froid & lent, & lors qu'on leur verra les ongles ternis,le nez tors, & que les yeux leur enfonceront, c'eſt ſigne qu'ils ſont Prochains de mort. Le bezahar eſt le Caſtoreum donné à boire en poudre iuſques à deux dragmes auec du vin. 2Dt Des Venins. . # C - - - 7De la ciguë. La ciguë priſe en bre uuage cauſe vertigines,troublant l'entendement,tellement qu'on diroit les malades eſtre enragez:offuſque la veué,elle prouoque hoquets,rend les extremitez toutes gelées, cauſe , onuulfion: la Trachée artere ſerrée & eſtoupée, ils meurent comme ſi on les eſtrangloit. Parquoy il faut faire vomir promptement le malade,& luy bailler clyfteres.Cela fait,il luy faut faire boire de bon vin tout pur, ou mal- uoiſie,ou hippocras,à fin d'eſchauffer les parties interieures,& meſmes trois ou quatre doigts d'eau de vie. Matthiole ſur le liure ſixieſme de Dioſcoride, dit auoir cogneu leſdits accidens par experience à vn Vigne- ron,cultiuant ſesvignes auec ſa boüe, qui par fortune arracha des racines de cigue, cuidant que ce fuſſent racines de paſtenades, leſquelles il fit cuire en ſa maiſon,& les mangea à ſouper auec ſa femme ; apres ſou- per ils s'en allerent coucher.A la minuict eſtans réueillez,couroient çà & là par la maiſon , ne voyant gou- te,comme fols &enragez,ſe heurtans la teſte contre les parois,tellement qu'au matin ils eſtoient tous meur- tris,& les paupieres des yeux groſſes,monſtrans vne hideuſe face.Les voiſins m'appcllerent pour les guarir, & m'eſtant enquis des domeſtiques de ce qu'ils auoient mangé à leur ſouper,ie trouuay qu'ils auoient man- gé des racines de ciguë en lieu de paſtenades.Car ie me tranfportay en la vigne , où on me monſtra le lieu d'où le Vigneron auoit tiré leſdites racines:on en trouua d'autres,qui commençoient à produire des fueil- les.Ce qu'ayant confideré,ie reuins ſubit vers les malades,auſquels moyennant l'aide de Dieu,ie fis retour- ner en peu de temps leur premiere ſanté,& entendetnent. Petrus Aponenfis eſtime fort en ce cas vn breu- uage fait de deux dragunes de theriaque auec de decoction de dictam,ou de racine de gentiane aucc duvini & affirme que c'eſt le vray antidote contre la cigue. - De i'Aconit. * L'Aconit eſt vne herbe,qu'aucuns appellent Luparia , parce qu'elle tue les Loups. Elle croiſt en Acones, dont elle a pris le nom,qui eſt vn village des Peryandis. Matthiole dit, qu'on en trouue en abondance aux montagnes de Trente:les payſans d'alentour,l'appellent vu paria,parce qu'outre qu'elle tue les Loups,elle tuë auſſi les Renards. Semblablement les chiens,chats, & tous autres animaux qui en mangent : elle tue les rats & ſouris de ſa ſeule odeur.Auicenne l'appellesirangulator Leoparai,parce qu'elle eſtrangle les Leopars. Dioſcoride dit,que les Scorpions touchez de ſa racine,demeurent tous eftourdis,& meurent:& meſlée par- my la chair,tue les Sangliers,Loups,& Pantheres, & generalement toutes autres beſtes ſauuages. Les fieſ- ches trempées dedans ſon jus,leurs bleſſeures ſont mortelles. Les perſonnes qui auront pris de l'Aconit, en beuuant ou mangeant,ſentent vn gouſt aſlringent,& aucunement doux,mais apres cette aſpreté & dou- ceur,ils ſentent vne certaine amertume ce qu'eſcrit Aëtius.Il cauſe vertigine,& perturbation de l'eſprit. Il fait venir les larmes aux yeux.il cauſe grande pefanteur d'eſtomach, & au ventre , & fait peter ſouuent. I1 induit tremblement de tout le corps auec grande enfleure, comme ſi on eſtoit hydropique. Pline eſcrit au liure 27. chapitre 3. que ſon venin eſt vne poiſon fi fubite, que ſi on touche les parties honteuſes des ani- maux femelles,il les fait mourir le mefme iour.Son principal antidote eſt de promptement vomir. Le Con- ciliateur,& Petrus de Abano,ordonnent de la Saraſine,ou de l'Ariſtoloche longue. Matthiole dit,que s'il y a du venin dedans le corps il ſe combat contre luy,ayant fait rencontre de pareil:& donne ſeulement ce com- bat quand il trouue le venin dedans les parties nobles. C'eſt miracle que deux venins mortels eſtans de- dans vn corps,l'vn amortit I'autre,tellement que la perſonne demeure ſauue. Or cette herbe eſt figurée en Matthiole,lequel dit auoir ſes fueilles ſemblables au concombre,& n'en a que quatre pour le plus,& aucu- nement velues,& heriſsées,& pleines d'aiguillons,ſemblablement les queuës. Sa racine eſt reluiſante com- me albaſtre quand elle eſt recente,& de groſſeur d'vn doigt,large au commencement, puis peu à peu finiſ- ſant en pointe courbée noüeuſe,reſſemblant à la queüe d'vn Scorpion. Sa tige eſt longue d'vn empau. Au ſommet ayn heaume ſemblable à celuy d'vn homme d'armes (pour monſtrer qu'il eſt armé enuers tous & contre tous animaux)où eſt encloſe ſa ſemence,contenant vn cruel venin,mortel,& diabolique.Par vnc oc- culte & indicible cauſe. La figure duquel eſt telle. 7De l'n'f. Il y a ſemblablement des arbres venimeux, # l'Yf,& le Noyer : les cheuaux, bœufs & vaches qui mangent des fueilles de l'Yf,& les hommes qui dorment deſſous le plus ſouuent meurent.Les accidens qu'il cauſe,ſont flux de ventre,vn froid par tout le corps, & vn eſtouffement à l'endroit de la gorge. )Ce quiad- uient non ſeulement à cauſe de la froideur,mais auſſi par vne particuliere nature, & malignité, cachée en luy:laquelle auſſi particulierement pourrit les humeurs,& eſcorche le dedans des boyaux. Sa contie-poi- ſon eſt ſemblable à celle de la ciguë. Nicandre ordonne à boire de bon vin pur. - - V v 2D4 Hiſtoire de la ciguë re • citée de Matthiole . Petrus Apo- menſis. Auicenne . Dioſcoride-» •athil- 5o6 e LeVingt-vniéme Liure, Dt4 "Noytr, En ſen liure " Le Noyer eſt ſemblablement venimeux comme §º# que Greuin dit auoir experimenté ſans y des venins. penſer. Car ayant dormy longtemps ſous vn noyer en plein Eſté, il ſentit tout le corps refroidy, auec vngrand mal de teſte,qui luy dura cinq ou fixiours. On peut vſer contre ſon poiſon de choſe ſemblable que contre l'Yf. Du Bezahar. . C H A P. XLIV. 'A v T A N T qu'en parlant des ſignes de chacun venin à part, nous auous nommé ſonantido- te Bezahar, il faut ſçauoir que veut dire ce mot. Vrayement venin n'eſt autre choſe que ce qui deſtruit la vie : parquoy les antidotes & contre-poiſons ont eſté appellez par les Ara- bes en leur langue Bezahar, c'eſt à dire en leur barragoüin, Conſeruateur de vie. De là eſt venu que tous antidotes & contre-poiſons, par excellence ont eſté appellez Bezardica, d'vn Que c'eſt que Bezahar. nom emprunté des Arabes : parce que telle contre-poiſon eſtant venue d'Arabie, & de Perſe, a eſté cogneuë & celebrée par leurs eſcrits,ſans que les Grecs en ayent fait aucune mention.Mais entre tous ceux de oſtre téps,en a fort diſtinctement entédu parlé vn Medecin du Vice-Roy des Indes pour le Roy de Por- tugal,nommé Garcia du Iardin, en l'hiſtoire qu'il a composée des Aromates & Simples naiſſans és Indes. Garcia de Au pais de Perſe(die-il)& en quelque region des Indes,ſe void vne eſpece de Bouc,appellé en langue Per- Horto. ſique,Pazain,(dont la pierre,à proprement parler,doit eſtre appellée Pazar du mot Pazain,qui ſignifie Bouc: Où ſe trou mais nous d'vn mot corrompu l'appellons Bezar)pour la pluſpart en couleur,de hauteur moyenne,au ven- ue le Beza-tricule duquel ſe concrée cette pierre appellée Bezar,en forme de preſure,toufiours augmentant & groſſiſ- har. fant entour vne paille, en forme de tuniques d'oignon couchées l'vne ſur l'autre, de ſorte que la premiere lame leuée, celles de deſſous ſe monſtrent touſiours claires & reſplandiſſantes de plus en plus, qui eſt vn ſigne entreautres de bonne & legitime pierre Bezahar. Cette pierre ſe void de pIuſieurs formes & figures, mais ordinairement elle ſe rencontre de figure de gland,ou de noyau de datte, de couleur de ſang, tantoſt .. de miel,tantoſt de jaune paillesmais † la pluſpart de verd-brun , comme nous voyons és pommes qu'on Deſcription. appelle Mala inſana,ou leschats qui font la ciuctte.Cette pierre n'a point de cœur,ou noyau au milieu,mais eſt caue en iceluy,pleine d'vne poudre,qui a meſme vertu & ſubſtance que la pierre : Au reſte elle eſt liſſe & douce,& telle qu'on la peut aiſement rapper comme l'albaſtre, meſme qu'elle ſe fond eſtant long-temps en l'eau.Du commencement elle eſtoit aſſez commune & de vil Prix , parce que les marchands de ces pais de deça trafiquans en Perſe,& és Indes, en Pouuoient recouureraisément : mais depuis ſa force eſtant co- gneue,elle a eſté plus rare & chere,de tant que par Edict des Roys du pais, il a eſte defendu devendreau- Le moyen de cun Bouc aux marchands de dehors, que premier il n'euſt eſte tué , & ſa pierre portée au Roy. L'vn des le cºgneiſlre. moyens d'eſprouuer cette Pierre ſi elle eſt legitime ou non (car on en apporte par deça pluſieurs adulte- vſage . " rées & fauſſes, qui fait que l'on n'adiouſte foy à la vertu du Bezahar tant ſinguliere ) a eſté dit cy-deſſus. L'autre eſt qu'on la comprime auec les doigts,apres on la fait boufer de vent comme le cuir de buffle : car ſi on s'apperçoit que l'air & vent paſſe OlltTC » elle eſt tenue pour fauſſe & adulterée. Ils en vſent à noſtre exemple,non ſeulement contre les poiſons & venins,mais auſſi contre les morſures des beſtes veneneuſes. Les plus riches du pais ſe purgent deux fois l'an,19auoir en Mars & en Septembre:cinq iours continus apres, ils prennent pour chaſque iours dix grains de cette pierre macerez en eau de roſe : & par tel remede ils diſent la ieuneſſe & force des membres leur eſtre conſeruce : quelques-vns en prennent iuſques à trente grains, mais les plus ſages n'approuuent point ſi grande doſe. Ledit Autheur Garcia, dit auoir couſtume d'cn vſer heureuſement aux maladies melancholiques inueterées,comme en la galle, lepre, demangeaiſon, impetigine:& par meſme raiſon penſe qu'elle ſeroit fort propre contre la fiévre quarte,& dit ſçauoir pour vray que la poudre de cette Pierre : eſtant miſe ſur les morſures des beſtes venimeuſes, deliure prompte- ment de danger , & auoir mcſmc force ſur les charbons de la peſte, iceux eſtans ouuerts, ſçauoir qu'elle chaſſe entierement le venin peſtilent. Et d'autant(dit-il)qu'és Indes la verole & rougeole, & herbes ſont fort frequents, & tres-dangereux & mortels , nous en donnons fort heureuſement par chacun iour vn ou deux grains dans l'eau roſe. - - - - - voila ce que Garcia du Iardin eſcrit de la generation & effects de la pierre Bezahar, non point pour l'auoir leu ou ouy dire , mais(comme il aſſeure ) pour l'auoir veu & experimenté. Matthiole chap.73. du commentaire ſur le 5.liure de Dioſcoride,dit auoir ſouuentesfois éprouué,que cette pierre eſt plus exqui- ſe contre tous venins , que tous autres ſimples medicamens, voire que le theriaque meſme, & tous autres contrepoiſons. Abdalanarach en eſcrit ainſi : I'ay vcu la pierre appellée Bezahar , entre les mains des fils d'Almixama,gardien de la loy de Dieu, pour laquelle il bailla en échange vne magnifique maiſon, & preſ- que vn Palais qu'il auoit à Cordube. Toutes leſquelles choſes ainſi expliquées , il ſera aisé au Chirurgien iuger de tel & tel venin, par les ſignes d'vn chacun d'iceux mentionnez , & en faire rapport en Iuſtice lors qu'il ſera appellé. - - - - Le Roy dernierement decedé,eſtant en ſa ville de Clermont en Auuergne,vn Seigneur luy apporta d'Eſ- #. pagne vne pierre de Bezahar , qu'il luy affermoit eſtre bonne contre tous venins » & l'eſtimoit grandement. du'Bezahar 9" eſtant lors en la chambre dudit Seigneur Roy,il m'appella » & me demanda s'il fe pouuoit trouuer quel- faire par le quº certaine & ſimple drogue,qui fuſt bonne contre toute poiſon,où tout ſubit luy reſpons,que non,diſant §- qu'ilyauoit pluſieurs ſortes & manieres de venins,dont les vns Pouuoient eſtre prins pardedans,les autºs ment du Roy par dehors.Ie luy remonſtre que les venins ne font leurs effects d vne meſme ſorte, & ne procedent leſdits charles Ix. effects d'vne meſme cauſe:car aucuns operét par l'excez des qualitez clementaires, deſquelles ils ſont cont- Matthiole poſez.Autres operent par leur propre qualitéſpecifique,occulte & ſecrette,non ſubiecte à aucune raiſon,& narre vne ſelon la diuerſité d'iceux falloit contrarier:comme s'ils eſtoient chauds, eſtoient guaris par remedes froids, ſemblable & les froids par remedes chauds,& ainſi des autres qualitez. Ledit Seigneur qui apporta la pierre, voulut # #. outre mes raiſons ſouſtenir qu'elle eſtoit propre contre tous venins. Adonc ie dy au Roy, qu'on auoit # # bien moyen d'en faire certaine experience ſur quelque coquin qui auroit gaigné le pendre : lors prompte- vºulu faire ment enuºyº qº Monſieur de la Trouſſe,Preuoſ de ſon hoſte , & luy demanda s'il auoit quelqu'vn qui eſpreuue pour euſt merité la corde. Il luy dit qu'il auoit en ſes priſons vn Cuiſinier,lequel auoit deſrobé deux plats d'ar- le big public gent en la maiſon de ſon maiſtre, où il eſtoit domeſtique, & que le lendemain deuoit eſtre pendu & d'vn antid,- eſtranglé. Le Roy luy diſt qu'il vouloit faire experience d'vne Pierre qu'on diſoit eſtre bonne contre tous re, ch. 9. venins , & qu'il ſceuſt dudit Cuiſinier, apres ſa condemnation, s'il vouloit prendre quelque certaine poi- liu. 4 ſur ſon, & qu'à l'inſtant on luy bailleroit vne contre-poiſon, & que où il eſchapperoit, il s'en iroit la vie . Piºſºriºº fauue : ce que ledit Cuiſinier tres - volontiers accorda , diſant qu'il aimoit mieux encore mourir de C Ues Venins. - 5 o7 A de ladite poiſon en la priſon , que d'eſtre eſtranglé à la veuë du peuple. Et toſt apres vn Apothicaire ſer- uant,luy donna certaine poiſon en Potion,& ſubit de ladite pierre de Bezahar. Ayant ces deux bonnes dro- gues en l'eſtomach,il ſe print à vomir,& bien toſt aller à la ſelle, auecques grandes épreintes, diſant qu'il auoit le feu au corps,demandant de l'eau à boire,ce qui ne luy fut refusé. Vne heure apres, eſtans aduerty que ledit cuiſinier auoit prins cette bonne drogue,ie priay ledit Seigneur de la Trouſſe me vouloir permet- tre l'aller voir , ce qu'il m'accorda, accompagné de trois de ſes archers : & trouuay le pauure cuiſinier à quatre pieds,cheminant comme vne beſte,la langue hors la bouche, les yeux & toute la face flamboyante, deſirant touſiours vomir,auec grandes ſueurs froides:& iettoit le ſang par les oreilles, nez, bouche,par le ſiege, & par la verge. Ie luy feis boire enuiron demy ſextier d'huyle , penſant luy aider & ſauuer la vie, mais elle ne luy ſeruit de rien,parce qu'elle fut baillée trop tard,& mourut miſerablement,criant qu'il luy euſt mieux vallu eſtre mort à la potence.Il veſcut ſept heures ou enuiron. Et eſtant decedé,ie feisouuertu- re de ſon corps en la preſence dudit Seigneur de la Trouſſe,& quatre de ſes archers,où ie trouuay le fonds de ſon eſtomach noir,aride, & ſec, comme ſi vn cautere y euſt paſsé, qui me donna cognoiſſance qu'il auoit auallé du ſublimé,& par les accidens qu'il auoit pendant ſa vie. Et ainſi la pierre d'Eſpagne,comme #º le monſtre,n'eut aucune vertn.A cette cauſe,le Roy commanda qu'on la jettaſt au feu : ce qui t fait. \ Des metaux & mineraux venimeux. C H A P. X L V. ſ 2a7@4.2 E s metaux & mineraux viennent de la terre & des fournaiſes:aucuns ſont veneneux, comme - $ arſenic,ſublimé,plaſtre,ceruze,litharge, verd de gris, orpigment, limeure de fer & d'airain, #ſ,/ aymant,reagal,chaux,& autres.Ceux qui ont pris du ſublimé, ſubit la langue & le goſier leur $U i EZ2 deuiennent ſi aſpres,que s'ils auoient pris du jus de cormes vertes, laquelle aſpreté ne ſe peut e7S\SNC2N oſter par nuls gargariſmes lenitifs,ſinon qu'auec grande difficulté & longueur de temps. Car ſubit qu'il eſt deſcendu enl'eftomach,il s'attache contre;pour cette cauſe,il le ronge & vlcere peu de temps apres. Il cauſe vne ſoif inſatiable,& des angoiſſes indicibles. Il ſuruient enfleure à la langue,defaillance de cœur,ſuppreſſion d'vrine difficulté de reſpirer,trenchées au ventre & enl'eſtomach intolerables,auec vne contorſion des membres ſi grande,que ſi on n'y remedie promptement , les pauures empoiſonnez meurent, les inteſtins & eſtomach rongez & percez,& de couleur noire;comme ſi vn fer ardant y euſt paſsé. Les pa- tiens jettent le ſang par les oreilles,nez,bouche,par la verge,& le ſiege:& i'atteſte auoir veu au pauure lar- ron cuiſinier,cy-deſſus mentionné,tous les accidens ſuſdits.On guar1t ceux qui en ont aualé,& tous autres venins corroſifs,par meſmes remedes,qui ont eſté cy-deſſus baillez à ceux qui ont pris des cantharides. Le verd de gris eſtoupe ſi fort les conduits de la reſpiration, qu'il eſtouffe ceux qui en aurontaualé. On Verd de gris les guariſt comme ceux qui auront pris de l'arſenic : le bain pareillement leur eſt profitable. La litharge beue,cauſe vne peſanteur d'eſtomach & du ventre,empeſche d'vriner, & rend le corps enflé & liuide:on y remedie faiſant vomir le malade , puis ſubit luy donnant de la fiente ſeiche de pigeon, dela- yée en bon vin. Petrus Aponenſis commande de boire de l'huyle d'amandes douces, & manger des figues ſeiches. Il eſt pareillement bon leur bailler clyſteres relaſchans & humectans, & leur frotter le ventre de beurre frais, ou huyle de lys. - - L'eſcaille d'airainieſtant beuë,cauſe flux de ventre,& grand vomiſſement, qui prouient des pointures & z'eſcaille douleurs de l'eſtomachiſon contre-poiſon eſt de faire vomir promptement le malade,puis apres le faire bai- d'airain. C gner dans vn bain où l'on aura mis grande quantité d'eſcargots, & luy frotter le thorax & le ventre de beurre & huye de lys,& luy donner clyſteres relaxans & humectans. - L'aymant rend fols ceux qui en ont pris : ſon contre poiſon eſt l'or ſubtilement puluerisé, & la pierre L'*ymanr- d'eſmeraude beuz auec bon vin,& clyſteres de laict & huyle d'amandes douces. La limeure de plomb & merde de fer font grands tourmens pareillement à ceux qui en auront pris par Limeur, d, dedans:leur contrepoiſon eſt boire grande quantité de laict,& beurre frais fondu,ou huyle d'amandes dou- plomb &r ces tirée ſans feu,& leur donner clyſteres relaſchans & humectans, & continuer ces remedes iuſques à ce merde de que les douleurs & tranchées ſoient paſſées. fer. Le reagal pour eſtre de nature fort chaude & ſeiche, induit ſoif & eſchaufaiſon , & ardeur par tout le Reagal. corps,auec telle conſommation de toutes les humiditez, qu'encores que l'on ſauue la vie aux patiens par prompts & ſouuerains remedes,ſi demeurent-ils toutesfois perclus de leurs membres par vehemente reſic- cation, & contraction de toutes les jointures : ſon alexitere eſt l'huyle de pignolat, donné promptement iuſques à demie liure,& puis vomir.apres donner à boire du laict,& en faire clyſteres, & nourrir le malade de boüillons gras. La chaux viue & orpigment,que les Grecs appellent.Arſenicum,pris en breuuage rongent l'eſtomach, & chaux vihe les inteſtins,auec grandes douleurs ils cauſent vne ſoifintolerable,auec vne aſperité de gorge,difficulté de & orpigmët reſpirer, ſuppreſſion d'vrine & dyſenterie, il faut remedier auec toutes choſes, qui ont vertu d'eſteindre , leur acrimonie,& qui ſoient relaxans & humectans:comme le ſuc de guimauue,mauue,violiers de Mars,de- coction de graine de lin,beüillons gras,& generalement toutes choſes cy-deſſus mentionnées auxremcdes D des cantharides. Il eſt fort difficile pouuoir remedier àl'eau forte,de laquelle les orfevrés ſeparent l'or de l'argent, parce ºf** que tout ſubit elle bruſle la gorge & l'eſtomach. Il faut remedier comme à la chaux & erpigment. - La ceruze cauſe hocquets & la toux,& rend la langue ſeiche, & les extremitez du corps froides & ſtupi- ***** des , & les yeux clinottent toufiours : & ſouuent en plein iour il ſemble au malade qu'il voit quelque fan- toſme:leur vrine eſt noire,& ſouuent ſanglante,s'ils ne ſont promptement ſecourus,ils ſuffoquent & meu- rent. Les remedes,ſelon Aëce & Auicenne,eſt de leur faire boire de la ſcammonée,auec eau miellée, & au- tres choſes qui ont vertu de les faire beaucoup vriner. Il ne faut oublier à les faire fouuent vomir, & leur donner clyſteres humectans & relaſchans. / Le plaſtre s'endurcit comme pierre en l'eſtomach,& ceux quien ont aualé eſtranglent,parce qu'il reſſerre Plaſtrº-. les conduits de la reſpiration. On les guariſt comme ceux qui ont mangé des champignons. Auicenne dit • qu'il y faut remedier comme à ceux qui ont pris de la ceruze. Et ſi le ventre eſt conſtipé , on leur baillera clyſteres compoſez d'huyle,& de graiſſe de canard,& leur oindrc le ventre d'huyle de lys & de beurre. De l'arſenlc & ſubiimé. L4 litharte. Petrus Apo- menſis. | V V 2 De - 5o8 Le Vingt-vniéme Liure, - - De la proprieté de l'Argent-vif C H A P. XLV I. Ceux qui 'Argent-vifa eſté ainſi nommé parce qu'il repreſente l'argét en couleur,& auſſi pource qu'il tiennent le $ eſt quaſi en vn perpetuel mouuement,& ſemble qu'il ſoit vif. Il y a grande contrarieté entre #. #" - les Anciens qui ont eſcrit du vif-argent.Les vns tiennent qu'il eſt chaud,comme Galien liu.4. Ch04f44. des Simples, Haliabas en ſa ſeconde practique,chapitre cent quarante huict. Rhaſes au3.ad « Almenſor Ariſtote 4.Meteor.Conſtantin,Iſaac, Platearius, Nicolas Maſſa. Or veritablement ils ont tous raiſon ſur ce qui eſt dit,que l'on prend indication,des remedes qui aydent & qui nuiſent. Da- uantage,il eſt d'vne ſubſtance ſi tenue,qu'il penetre les corps metalliques fort durs , & les diſſoult, & fait autres actions de chaleur,comme d'attenuer,inciſer,penetrer,ſubtilier,reſoudre,ſeicher,prouoquer ſueurs, flux de ventre,vrines,flux de bouche:& non ſeulement vacue les humeurs ſubtils,mais auſſi le gros, cras & viſqueux,ce qu'on voit à l'œil aux verolez,qui en vſent par les fictions,ou par emplaſtres.Leſquelles choſes 4ueñº tien- § peuuent faire que par medicamens chauds,& de ſubtile ſubſtance,ce que fait l'argent-vif Autres di- # ſent qu'il eſt extremement froid,& humide,d'autant qu'il ſtupefie &appaiſe toutes douleurs eſtant appliqué mide . aux onguens & emplaſtres refrenant les ardentespuſtules,phlegmoneuſes,& choleriques Dauantage pour ſa grande humidité il amollit les tumeurs dures, & diſſout celles qui font faites par concretion : ce qu'on voit aux tophes & nodus des os. Auſſi ceux qui en ont eſté frottez, ou pris par parfums, ont leur haleine puante,qui eſt vn ſigne qu'il pourrit par ſon exceſſiue humidité,les humeurs qu'il trouue en l'eſtomach , & parties voiſines. . - J- - - Auie.nn. D'abondant, Auicenne ameine vn exemple d'vn finge,lequel ayant beu de l'argent-vifmourut, & l'avaat Matthiol .. ouuert,on trouua du ſang coagulé autour du cœur.Semblablement Matthiole ſur le commentaire de Dio- ſcoride , chapitre vingt-huictieſme , dit que le vifargent fait mourir les perſonnes qui en prendroient en - trop grande quantité,par ſon exceſſiue froideur & humidité,parce,dit-il,qu'il congele le ſang, & les cſprits #ºi* º - vitaux de toute la ſubſtance du cœur. ce qui a eſté cogneu de Petrus Aponenſis par cette hiſtoire, qu'vn #" ** Apothicaire ſurpris d'vne fiévre tres ardente,tourmenté d'vne ſoifintolerable, & troublé de ſon entende- menſis. ment,allant çà & là,vint en ſa boutique cherchant quelque breuuage pour ſe deſalterer:par fortune il prit la boite du vif-argent,& en beut grande quantité,en lieu d'eau:cela fait, il s'en retourna coucher, où peu d'heure apres il mourut.Ses ſeruiteurs ayans trouué grande quantité de vif-argent ſorty par le fondement, appellerent les Medecins, pour ſçauoir la cauſe de la mort, qu'ils eſtimoient vn grand miracle. Leſquels commanderent d'apporter la boite du vif argent, laquelle trouuant vuide, ils cogneurent la cauſe de la mort aduenue à l'Apothicaire. Dauantage,le corps mort & ouuert,trouuerent encore dedans l'eſtomach & inteſtins, enuiron vne liure d'argent-vif, & du ſang congelé autour du cœur. Qui eſt cauſe pour prouuer le vif-argent eſtre extreme- ment froid,pour raiſon de ladite coagulation.Autres le diſent froid, pource qu'il eſt fait de plomb, & autre matiere froide,ce qui ne s'enſuit pas:car la chaux viue eſt faite de cailloux,& pierres froides,neantmoins eſt shaude & cauſtique. , Paracelſe,liure quatrieſme de la nature des choſes,dit le vifargent eſtre chaud au dedans, & froid aude- hors:c'eſt à ſçauoir qu'eſtant tel comme il vient de la mine,qu'il eſt froid, mais quand il eſt preparé par art, que ſa frigidité eſt oſtée,& que ſa chaleur,qui eſt au dedans,ſe manifeſte en ſorte qu'il ſert de teinture à la tranſmutation des metaux.C'eſt vne regle generale des Alxemiſtes,que tous metaux ſont froids en leur de- hors,à cauſe de la partie aqueuſe,laquelle y predomine:mais au dedans ils ont vne grande chaleur,laquelle apparoiſt lors que la froideur ſe ſepare auec l'humidité, par le moyen du meſme ſujet qu'elles ont, à ſca- uoir l'humidité,deuiennent cauſtiques par la calcination. - Autres tien. Aucuns ont opinion qu'il eſtveneneux,neantmoins l'experience monſtre le contraire:ce que pluſieurs do- nent qu'il eſt ctes perſonnages teſmoignent Marianus Santus Baralitanus,homme fort experimenté en la Chirurgie,trai- veneneux ctant zºe caſa & offenſione , dit auoir veu pluſieurs qui en ont auallé ſans aucune incommodité ou leſion. Et Marianus pour confirmation de ſon dire , raconte vne hiſtoire d'vne femme, à laquelle il afferme auoir veu prendre Samrus. pour quelque intention,à pluſieurs & diuerſes fois,vne liure & demie de vif-argent,qu'elle rejettoit par le Paracelſe. #. ſiege ſans aucun dommage Meſmes il dit,qu'en l'Iliaque paſſion(dicte Miſerere mei, maladie mortelle)plu- m'appreuue ſieurs eſtoient eſchappez prenant trois onces d'argent vif auec de l'eau ſimplement. Ce qui aduient,d'au. eette quai, ººº » dit-il, que par ſa ponderofité il deſtournel'inteſtin,& pouſſe lamatiere fecale endurcie en bas : ainſi # d qu'auons eſcrit cy-deuant parlans de la colique. Dauantage,il afferme autres auoir eſté guaris de la colique, gent-vif en prenant trois onces de vif-argent. - Antonius Antonius Muſa dit,qu'il a de couſtume en donner à boire aux petits enfans eſtans deniy morts , àl'occa- Muſa , au ſion des vers.Ce qui eſt encore approuué par Auicenne, où il dit que pluſieurs en boiuent ſans en eſtreau- traicté des cunement endommagez. Auſſi ledit Auicenne l'ordonne pour la teigne des petits enfans : & meſme en ſes metaux onguents pour la rongne.Semblablement on voit ordinairement les bonnes femmes de village en frotter la º , teſte de leurs petits enfans,eſtant mixtionné auec beurre,ou graiſſe de porc, pour faire mourir leurs poux. ºº ºhºp.de Matthiole dit,qu'aucuns en donnent pour le dernier remede aux femmes qui ne peuuent accoucherie pro- # #. teſte que i'en ay fait aualler vne liure à vn petit & ieune chien,qui le rejetta par le ſiege, ſans reſſentir au- *attºiºſº , . Toutes leſquelles choſes me font juger iceluy n'eſtre venimeux. - voilà ce que i'ay peû recueillir des Autheurs, tant anciens que modernes. Et ne nous faut arreſter aux diſputes, mais à l'action & faculté d'iceluy, choſe plus neceſſaire que toutes diſputes qu'on en peut faire. Et quant à ſes actions & facultez,nous le voyons eſtre le vray alexitere & contrepoiſon de la groſſe Facultez du verole, & propre aux vlceres malings de quelques genres qu'ils puiſſent eſtre ; de façon qu'il conſom- ºf-ºtº me la virulence & malignité qui eſt en eux , plus que nuls autres remedes operans par leurs qualitez premieres. Specialement ſi on en frotte vne lamine de plomb, comme l'enſeigne le bon vieillard Guidon, & qu'on l'applique ſur l'vlcere en le bandant proprement, ramollit les bords deſdits vlceres, eſtant continuée ameine l'vlcere à cicatrice , ce que i'ay cogneu par diuerſes fois. Ce qui eſt auſſi confirmé par Galien , lequel l'appreuue pour les vlceres malings, & pour les chancres. Meſmes nous voyons par experience, que le plomb ( lequel aucuns diſent venenenx, parce que l'argent-vif eſt fait de luy) peut demeurer long temps en noſtre corps ſans faire aucune corruption : comme l'on peut cognoiſtre en ceux qui ont eu des coups d'arquebuſe , la balle demeurer aux parties charneuſes par l'eſpace de trois, quatre , voire dix ans, & deſcendre du haut en bas ſans faire aucune putrefaction ou nuiſance à natu- oal.7.cata- re , qui demonſtre n'auoir nulle venenoſité, mais pluſtoſt quelque choſe de familier auec noſtre natu- top. re. Galien ne dit pas que le plomb ſoit veneneux,mais diºgº l'eau contenuë long temps és canaux , de ' : plomb Guidon. - 47 - , - Des Venins. 5 O 9 A plomb,pour le limon qui s'y attache, cauſ« dyſenteries & fiux de ventre , ce que feroit bien l'airain ou le A cuyure. Thierry de Hery recite cette hiſtoire. Ces iours paſſez ie fus enuoyé querir pour viſiter vn enfant en la # de maiſon d'vn Docteur en Medecine,lequel auoitvne parotide, (qui eſt vne apoſteme aux enuirons des oreil- # # les)auec grande tumeur & inflammation,douleur,pulſation, & tels ſignes ſignifient generation de º verole, bien Au moyen dequoy nous aduiſaſmes qu'il ſeroit bon y appliquer vn medicament anodyn, ce qui fut fait & experimenté au premier remuement de l'emplaſtre,ſe trouua grande diminution de la tumeur, & de tous les autres acci- en la chi- dens,dont nous fuſmes esbahis,parce que nous auions deliberé ce iour,ou le lendemain,y faire ouuerture. rurgie-. A la ſeconde fois ſe trouua ſans inflammation,pulſation,ny douleur,& apparente diminution de la tumeur, & ſentoit l'enfant la partie eſtre quaſi toute deſchargée.Au troiſieſme appareil, i'apperceu dedans le cata- plaſme du vif-argent,parquoy nous enquerans d'où pouuoit proceder cela,trouuaſmes qu'vn ſeruiteur,au- quel on auoit commandé faire ce medicament ( faute de curioſité) l'auoitmeſlé auec vn onguent eſtant au mortier, auquel y auoit de l'argent vif Toutesfois cét enfant fut guary quatre ou cinq iours apres, ſans ſuppuration, ny aucun accident. - - - Autre hiſtoire dudit de Hery. Quelque temps apres vne Damoiſelle fut affligée d'vne femblable maladie, Autre hi-. laquelle non ſeulement luy comprenoit le derriere des oreilles,mais auſſi vne partie de la gorge, & quaſi ſtoire dudit toute la ioué.Nonobſtant quelque diligence, nous ne ſçeuſme tant faire que nature vouluſt tendre à aucune de Hery, euacuation,& auoit vne telle douleur,que iour ny nuict ne pouuoit repoſer : quoy voyant, ie raconte aux - Medecins l'hiſtoire precedente,leſquels furent d'aduis qu'onadiouſteroit du vif argent aux emplaſtres, ce qui fut fait,& la Damoiſelle ſentit amelioration de ſa douleur,& peu de iours apres la tumeur fut entier2- ment reſolue.Voilà deux hiſtoires que ie croy eſtre vrayes.L'onguent où entre le vif argent guariſt la ron- gne,appellée duvulgaire,mal ſainct Main ( ſuppléeapres auoir fait les choſes vniuerſelles , comme purga- tions,ſaignées,bains)ce que les autres medicamens ne peuuent faire.Ie tiens que l argent-vifeſt l'antidote de la verole(auſſi fait Rondelet)& de ſes accidens,& la guar1ſt en quelque ſorte qu'elle ſoit : parce qu'il eſ- meut les ſueurs,& deſſeiche la cauſe de ſa ſubſtance:ce que ne font point les autres medicamens, au moins que i'aye pû cognoiſtre. - Or quelques-vns tiennent qu'il reſout & diſſipe la vertu des nerfs, comme l'on voit quelques-vns qui en ont eſté frottez pour la verole,auoir vn tremblement des membres:il eſt vray quand on en vſe indiſcrette- - - ment & ſans raiſon,qu'il en pourra eſtre cauſe. Autant en aduiendra-il aux doreurs & fondeurs de plomb, & à ceux qui ſont aux miniers:car par l'indue & aſſiduelle reception des vapeurs , il ſe fera non ſeulement vacuation des humeurs malings & corrompus, mais auſſi reſolution & conſomption des eſprits & humidi- tez radicales,leſquelles reſoluës ſpecialement des parties nerueuſes , il s'enſuit vn tremblement quelques- - g fois perpetuel,non par la malice du vif argent,mais par l'indue application & mauuais vſage. Eſtant eſteint # r auec axunge de porc, qu'on en oigne vne liſiere de drap , puis qu'on l'applique à nud en ceintureau milieu # # du corps,il chaſſe les poux,puces,punaiſes,& morpions : & tue les vers contenus au ventre, & principa- ſes § lement ſi on en frotte le creux du nombril.Si on en frotte le lieu où habitent les punaiſes & morpions , il §, & les fait mourir,& empeſche que plus n'y retournent. Or il y a deux eſpeces d'argent-vif naturelle & arti- autres - ficielle:de la naturelle il s'en treuue coulant par les veines & cauitez de la terre, comme on voit en diucrs mines. lieux:& auſſi il ſe treuue entre les metaux,& aux vouſtes des fodines d'argent.De l'artificielle,il s'en fait de Deux eſpeces minion,auſſi de ratiſſeures de marbre,comme eſcrit Vitruue. Il eſt vray-ſemblable qu'il s'en pourroit tirer d'argentvif. de tous metaux par artifice, & principalement du plomb,& du Cinabre. Telles eſpeces & differences ſe Viº,º peuuent cognoiſtre par leur couleur fufque & noiraſtre,par leur ſubſtance lente & eſpeſſe, qui en coulant # # laiſſe veſtige gras, comme excrement de plomb. Le meilleur de tous eſt celuy qui eſt pur,clair, ſubtil, & º blanc.Et pour le purifier de ſon plomb,& autres excremens, & le rendre bon & tres-ſubtil, il le faut faire boüillir,en vinaigre,auec ſaulge,roſmarin,thym,lauande , ou le faire aualler à vn chien vne liure à la fois: puis l'ayant rejetté par le ſiege,le cueillir,& derechef le faire vn peu boüillir audit vinaigre. Cela fait, on peut dire eſtre vn maiſtre Iean,qui fait choſes grandes,& quaſi miraculeuſes, pourueu qu'on le ſçache bien . manier à luy faire ſauter le baſton.Car à peine ſe trouue-il homme,qui ſe puiſſe vanterd'entendre ſa natu-ºf**gº re & vertu en tot.t & par tout.Les Alchemiſtes ont ſi grande opinion de ce maiſtre Iean,que la pluſpart d'i- # par ceux l'ont couru à force d'or & d'argent, pour cuider l'arreſter, & toutesfois n'en ont encore ſçeu venir à # # bout.Les riches en ſont deuenus pauures,pour l'auoir ſoufflé,& les pauures,idiots,inſenſez,& tous deſchi- Vé MºAJ/7e rez.Il n'a plus grand ennemy que le feu, lequelle fait monter en haut, encore qu'il ſoit fort peſant , & auſſi luy fait quitter l'or ſon plus grand amy qu'il ait point. - Diſcours de la Licorne ». CH A P. x LV II. A R c E que pluſieurs s'eſtiment bien aſſeurez,& munis contre la peſte, & toutes ſortes de poi- ſons & venins,par le moyen de la corne de Licorne ou Monoceros priſe en pouldre, ou en infu- l'Autheur. ſion:i'ay pensé faire choſe agreable & profitable au public,ſi par ce diſcours i'examine cette opi- Deſcription nion tant inueterée,& toutesfois fort incertaine. Premierement on entend par ce mot de Licor- de la Licor- ſte naiſſante en fort loingtain pays,ayant vne ſeule corne au front, qui eſt priſe comme choſe mi-ºc-. raculeuſe contre tous venins,& fort eſtimée des Roys,Princes, & grands Seigneurs, & meſme du vulgaire. Les Grecs l'appellent Monocero,& les Latins vnicornis. Et de pouuoir dire & aſſeurer à la verité quelle eſt cette beſte, il eſt fort difficile, meſme qu'aucuns doutent que ce ſoit vne choſe fauſſe & controuuée par le vulgaire,laquelle auec le temps ſoit venuë en opinion , & que quelqu'vn en peut auoir eſcrit, ſoit par ſim- plicité ou delectation,voulant emplir ſes liures de choſes merueilleuſes & extrauagantes, ſe ſouciant bien peu ſi elles eſtoient vrayes,ou fauſſes De fait la deſcription de ladite Licorne porte auec ſoy vne doute ma- nifeſte,veu que les vns diſent que c'eſt vne beſte incogneuë & eſtrange,& qu'elle naiſt aux indes, les autres pinions tou- en Ethiopie,d'autres és terres Neufues, les autres és deſerts : dont on peut coniecturer(comme dit André ºhºt !**- Marin Medecin tres-docte de veniſe,au liure qu'il a fait de la fauſſe opinion de la Licorne) que ce peu de ſº * cognoiſſance que l'on en a eu iuſques à preſent en noſtre Europe,comme d'vne choſe eſtrange, a eſté don- la Licorne>. née par gens Barbares,leſquels,comme il appert, n'ont pû dire autre choſe, ſinon qu'elle naiſt és deſerts, & qu'elle eſt folitaire, & hante les lieux inacceſſibles, & partant que c'eſt vne choſe qui ſe voit fort rare- ment. Qui demonſtre aſſez, que ccs gens là n'en ſçauent rien au vray , & qu'ils n'en parlent que par opi-, nion, & par oüy dire. Intention de Z TNN nc,vne bc • " Varieté d'o- - - - v v ; C H A F. -- -" - 5 I o Levingt-vniéme Liure, Les premiers Autheurs qui ont eſcrit de la Licor- me , pru re- 200/77/77eZL, Cteſias. | AElian parle douteuſemëe de la Licor- 776.'• Differenoº de la figure. Varieté des autheurs en la deſcripti5 de la corne de Licorne . Confuſion en l'experience. Ce qui fait douter des vertus de la corne de Li- d'07'776 J. Choſe diffi- sile à croire. Philoſtrate «h. 1.liure 3. Promeſſes bmpºſſibles. -- Ce que l'on 7ſoit en la de dicace de l'Amphi- theatre de Diocletian. Dens de Ro- hart priſe pour corne de LicorneL. La Licorme me peut eſtre priſe vine . Impoſture de vendre tant de corne de Licorne . AEneas Silnius, - -- -- CH A P 1 T R E XL V I I I. y# mez,& n'en faiſoit-on pas grand cas. Car le premier qui en a eſcrit (comme on peut voir en # Pline,au liure 8.chapitre 21.)fut Cteſias,duquel Ariſtote en ſon liure 8.de ſon hiſtoire des Ani- $ maux,chap.28 parle comme d'vn Autheur peu croyable. Or touchant AElian , il ſemble qu'il en $ doit auoir parlé à la verité, comme ne faiſant profeſſion que de parler des animaux : & toutes- fois l'on voit qu'il eſt en doute,en parlant touſiours en ces termes,on dit,ils difent,on entend. Et parce que tous les Autheurs qui en ont eſcrit iufques à preſent, en ont tous parlé diuerſement. Et de fait, comme ils ſont differens en la deſcription des lieux,où naiſt ladite Licorne,ainſi ſont-ils en la forme d'icelle. Les vns diſent qu'elle reſſemble àvn Cheual,les autres à vn Aſne,les autres à vn Cerf les autres à vn Elephant,autres à vn Rhinoceros', autres à vn Léurier d'attache ; Bref, chacun en dit ce qu'il en a oüy dire , ou ce qu'il luy plaiſt de controuuer. Les vns en font deux eſpeces, d'autres trois. Il y en a qui diſent qu'elle a la corne du pied entiere comme celle d'vn Cheual,autres fendue comme celle d'vne Chéure, autres comme d'vn Ele- phant,comme Pline,& AElian. Or leſdits Autheurs ne diſcordent pas ſeulement pour le regard des lieux de la naiſſance,ny de la forme de ladite Licorne,mais auſſi en la deſcription de la corne d'icelle. Car les vns la figurent noire,les autres de bay obſcur,& qu'elle eſt blanche en bas,& noire en haut.Vn autre dit que vers le haut elle tire ſur le pourpre,vn autre qu'elle eſt polie , & d'autres que depuis le haut iuſques en bas elle eſt rayée tout à l'entour comme vne coquille de limaçon,par vn artifice tres-beau.Plus les vns la deſcriuent moins large,les autres plus longue. Concluſion, tous different, tant les anciens que les modernes : mefmes ils ſe ſont trouuez confus en l'experience de pluſieurs cornes pretendues de Licornes, qui ſe trouuent és threſors des Rois & Princes Chreſtiens, en ce que leſdites cornes ne ſe ſont trouuées toutes propres à vn meſme vſage:mais en certaines choſes ils ont trouué vray ce qu'en on dit les anciens, & en beancoup d'au- tres,non. Et ce qui en fait douter dauantage,ce ſont les promeſſes exceſſiues,& incroyables,que quelques- vns mettent en auant des vertus de cette corne contre la peſte,le ſpaſme,mal caduc, contre la fiévre quar- te,la morſure des chiens enragez,viperes,& picqueures de ſcorpions,& contre tous venins. Et pour le fai- re croire aux Princes : ils diſent qu'il n'eſt beſoin en prendre par la bouche , comme l'on fait de la theria- que,& autres alexiteres preſeruatifs , mais qu'il ſuffit que cette corne ſoit tenuë ſeulement à l'oppoſité du lieu où ſera le venin & que ſubit le venin ſe deſcouure.Et pour faire croire ces miracles, ils ſe veulent pre- ualoir de quelques teſmoignages des anciens,que les Rois d'Indie faiſoient faire des taſſes de certaines cor- nes,où perſonne qu'eux ne beuuoit,& par ce moyen ils s'aſſeuroient d'eſtre exempts de toutes maladies in- curables, & que le iour qu'ils auoient beu dans ces taſſes,ils ne deuoient craindre aucun venin , ny autres aduerfitez. Bref, vne infinité d'autres promeſſes impoſſibles , leſquelles d'autant qu'elles excedent toute creance humaine,d'autant donnent ellss occaſion à ceux qui ont quelque peu d'eſprit, de tenir pour faux, tout le reſte qui en a eſté dit & eſcrit, CH A P 1 T R E XL I X. - "- g V E L o v E s-vns pourroient penſer, veu la conformité de ces deux noms, Rhinoceros, & , Monoceros,c'eſt à dire Licorne,que ce fuſt tout vn. Mais ſi cela eſtoit vray, il n'y auroit deſia # plus de douts qu'il ne fuſt des Licornes, d'autant qu'il eſt tout certain, que le Rhinoceros a , eſté veu pluſieurs fois aux ſpectacles publiques des Romains. Que ſi c'eſt vn autre animal bytN different comme il eſt à preſuppoſer, il ſourd vne autre difficulté plus grande. Car parm tant d'animaux que l'on menoit de toutes les parties du monde és merueilleux ſpectacles de Rome, il ne ſe trouue point que l'on y ait iamaisveu vne ſeule Licorne. Et quand l'Amphitheatre de Diocletian fut dedié, l'on y mena pareillement de tous coſtez vn bien grand nombre d'animaux fort eſtranges, & ne lit-on point u'il ſe ſoit fait iamais vne plus grande recherche,qu'au temps de Gordian.Car voulant triompher des Per- § celebrer la feſte ſeculiere pour cette année glorieuſe qui eſtoit mil ans apres l'edification de Rome, que Philippe premier Empereur Chreſtien ſon ſucceſſeur a depuis encore celebré,il y fit conduire des Ours, des Lions,des grands Cerfs,des Rhinoceros,Taureaux lauuages,Sangliers,Chameaux,Elephans, Tigres, El- lens,Porcs-épics,Ciuettes,Crocodiles,Cheuaux ſauuages & marins,appellez Hippopotames,& autres innu- merables animaux cruels & farouches,dont la plus part ſe trouue és deſerts d'Égypte : & és Iſles loingtai- nes:entre leſquels fut grand merueille que la Licorne ne fut point amenée auec les autres animaux. Quand Gordian voulut triompher de : Perſes,la Licorne n'y eſtoit,& ne precedoit tous les autres animaux à cauſe de ſa rareté,ſi elle ſe trouue comme l'on dit,en ces coſtez-là. Qui me fait croire que la Licorne ſe trouue bien rarement.Et ſemble, à voir cette varieté d'opinions entre les Autheurs qui en ont eſcrit,attendu auſſi les promeſſes exceſſiues & incroyables(comme a eſté dit)d'AElian,& autres, que ce ſoit vne choſe fabuleu- ſe.Cétargument auſſi pris des triomphes des Empereurs ſeroit par moy mal conduit, & ne conclurroit pas s'il n'eſtoit approuué,comme ie fais apres au 7.chap.de ce traicté par l'authorité de Pauſanias,que Monoce- ros & Rhinoceros ſont diuers animaux. Parquoy ce ſeroit alleguer faux contre moy qu'il y euſt des Licor- nes en ces triomphes,pource qu'on y veit des Rhinoceros,qui ſont autres animaux que la Licorne.veu que le Rhinoceros a deux cornes,l'vne au nez, & l'autre ſur le dos , au dire de Pauſanias : & la Licorne n'en a qu'vne, comme monſtre le nom Monoceros. / C H A P 1 T R E L. V c vN s ſont d'opinion, que la corne que l'on monſtre pour corne de Licorne,eſt vne dent 3 de Rohart, qui eſt vn poiſſon de mer. Autres diſent que l'on ne peut iamais prendre viue # la Licorne. D'autres diſent en auoir veu vne troupe comme l'on void icy les moutons.Par- tant ces choſes conſiderées, le Lecteur en croira ce qu'il voudra. Et quant à moy, ie croy - que la Licorne n'a encores eſté deſcouuerte, ou pour le moins bien rarement, & que ce n'eſt qu'vne impoſture de vendre tant de cornes de Licorne, que l'on fait à croire, comme l'on en peut tirer de grandes soniectures de ce que ie diray cy-apres. AEneas Siluius Picolomini, quia eſté depuis Pape Pie ſecond,en ſoaliure de l'Aſie,chapitre dixieſme,eſcrit de l'authorité d'vn Nicolas Venetien , que vers la # d'Aſie B \Des Venins. 5 Ii : A d'Afie, en vne prouince nommée Marcino entre les montagnes de l'Indie, & de Catay, il ſe trouue vn ani- mal , qui a la teſte comme vn porc , la queuë comme vn beuf, de couleur & grandeur d'vn Elephant, auec lequel il a vne perpetuelle inimitié , portant vne ſeule corne au front, d'vne coudée de long, laquelle eſt fort prisée en ces regions là , pour eſtre ( comme ils diſent ) bonne contre tous venins. Marc Paul Veni- tien en teſmoigne de meſme, lequel a demeuré long-temps au ſeruice du grand Cham de Tartarie, où il a faict pluſieurs voyages loingtains en Indie : & entre les autres choſes dignes de memoire , il a eſcrit qu'au Royaume de Baſine, où les gens ſont du tout barbares & brutaux, la Licorne ſe trouue , qui eſt vne beſte ſans proportion, peu moindre qu'vn Elephant , ayant la teſte ſemblable à vn pourceau, & fi peſante que touſiours la tient baſſe , & courbée. Elle ayme à demeurer à la † , ayant vne ſeule corne au milieu du front, de couleur noire , & longue de deux coudées. Aloyſius Cadamuſtus en ſa nauigation chap. 5. dit qu'en vne certaine region des terres neufues l'on trouue des Licornes, que l'on prend viues. Louys de Berthame , Eſpagnol, en ſon voyage d'AEthiopie, & mer rouge , eſcrit auoir veu en la Mecque, cité prin- cipale de l'Arabie, dedans le Serrail du Roy, deux Licornes, l'vne ſemblable à vn cheual de trente mois, & l'autre à vn poulain d'vn an, ayant chacune vne corne au front, l'vne de trois braſsées de long,& l'autre de deux ayant, la couleur d'vn cheual bay, la teſte de Cerf, le col court, peu de crins, les jambes menues, l'ongle fenduë comme vne chévre. Pline dit que la corne de Licorne eſt noire, ſolide, & non creuſe par le dedans. Solinus & certains autres Autheurs la deſcriuent de couleur de pourpre, & non noire. Or pour le deſir que i'ay toufiours eu de ſçauoir la verité touchant ce que l'on pourroit ſouhaitter de la Licorne, ſçachant que Louys Paradis Chirurgien natif de Vitri en partois, à preſent demeurant en cette ville de Pa- ris, auoit long temps voyagé, ie le priay me dire s'il n'auoit point veu de Licornes. Il me dit qu'il en auoit veu vne en Alexandrie d'Egypte, & vn Elephant au logis du Gouuerneur de la ville, que le Preſtre- Iean enuoyoit au grand Seigneur, de grandeur d'vn grand lévrier d'attache, non ſi greſle par le corps. Son poil eſtoit de couleur de Caſtor, fort lisé, le col greſle, petites oreilles, vne corne entre les deux oreilles fort liſsée, de couleur obſcure bazanée, de longueur d'vn pied de Roy ſeulement, la teſte courte & ſeiche, le muffle rond, qu'aſi ſemblable à celuy d'vn veau , les yeux aſſez grands, ayant vn regard fort farouche, les jambes ſeiches , les pieds fendus comme vne biche , la queue ronde & courte comme celle d'vn cerf. Elle eſtoit toute d'vne meſme couleur, fors vn pied de deuant, qui eſtoit de couleur jaune. Son manger eſtoit de lentilles, pois , féves, mais principalement de cannes de ſuccre. Ce fut au mois d'Auril mil cinq- cens ſoixante & treize. Il s'enquit par vn truchement de ceux qui auoient amené ladite Licorne, s'il y auoit beaucoup de pareils animaux en cette prouince. On luy fit reſponſe qu'oüy, & que c'eſtoit vn ani- mal fort furieux , & tres difficile à prendre, principalement lors qu'il eſt en rut , & que les habitans du pais le craignent plus que nul autre animal feroce. Ledit Paradis affirme, qu'ils luy monſtrerent vn frag- ment de corne de Licorne, qui eſtoit comme de couleur du dedans d'vne piece de Rheubarbe fraiſchement rompuë. Albert eſcrit auoir veu vne corne de Licorne, & meſme maniée de ſa main propre, large en ſa baſe d'vne palme & demie , & en diametre large de dix pieds ſans aucune raye, & au demeurant ſemblable à vne corne de Cerf Et par la proportion de cette longueur & groſſeur ſi nous conſiderons la grandeur de la teſte qui doit produire & ſouſtenir vne ſi demeſurée corne,& venans par là à coniecturer quel doit eſtre tout le corps, nous ſerons contrains de confeſſer, que cét animal doit eſtre auſſi grand qu'vngrand Nauire, & non comme vn Elephant. Quant à moy ie croy que cette corne doit eſtre quelque corne, os, ou areſte de quelque monſtre marin merueilleuſement grand. Munſter, lequel (comme dit Matthiole ) n'a iamais veu de Licornes qu'en peinture, dit, icelles eſtre ſemblables à vn cheual, mais à vn poulain de trois mois, ayant les pieds non ſemblables à ceux d'vn Elephant mais fendus comme ceux d'vne chévre : au reſte por- tant vne corne eſleuée au front, noire & longue de deux ou trois coudées. Quant à la beſte, elle eſt de couleur d'vne Belette, ayant la teſte comme vn Cerf, le col non pas fort long , & garny de peu de crins, pendant ſeulement d'vn coſté , les jambes greſles & minces, les cuiſſes heronnieres , fort couuertes de poil. Toutesfois Cardan , contrediſant à tous deux , dit, cette beſte porter au milieu du front vne corne longue non de deux ou trois coudées, mais de deux ou trôis doigts ſeulement. André Theuet en ſa Coſ- mographie, de l'authorité & recit d'vn Sangiac , Seigneur Turc, fait mention d'vne Licorne veuë par ledit Seigneur, grande comme vn taureau de cinq ou ſix mois, portant vne ſeule corne droit au ſommet de la teſte, & non au front, ainſi que l'on dit des autres , ayant les pieds & jambes peu differentes des aſnes de noſtre Europe, mais le poil long, & les oreilles ſemblables à celles d'vn Rangifere. Garcias ab Horto, Medecin fort celebre du Viceroy d'Indie, dit qu'au promontoire du Cap de bonne eſperance , l'on a veu vn animal terreſtre , lequelauſſi ſe plaiſoit d'eſtre dedans la mer , ayant la teſte & la perruque d'vn cheual, & vne corne longue de deux palmes , qui eſt mobile, laquelle il tourne à ſon plaiſir, tantoſtà dextre tantoſt à ſeneſtre, en haut & en bas. Cét animal , dit-il , combat entre les Elephans tres cruellement. La corne d'iceluy eſt fort recommandée contre les venins. André Theuet en ſa Coſmographie, dit qu'il s'en trouue vne autre en Ethiopie , preſque ſemblable, nommée Camphur, en l'Iſle Moluque, qui eſt amphibie,c'eſt à dire viuant en l'eeu & en la terre, comme le Grocodile. Ceſte beſte eſt de grandeur d'vne Biche, ayant vne corne au front, mobile de longueur de trois pieds & demy, de groſſeur comme le bras d'vn homme, plein de poil autour du col, tirant à la couleur griſaſtre. Elle a deux pattes comme celles d'vne Oye, qui luy ſerûent à nager, & ſes autres deux pieds de deuant comme ceux d'vn Cerf ou Biche : & vit de poiſſon. Il y en a quelques-vns qui ſe ſont perſuadez que c'eſtoit vne eſpece de Licorne, & que ſa corne eſt fort ri- che , & excellente contre les venins, la figure de laquelle te ſera icy repreſentée. vv 4 Figure. Marc PAul Venitien. Licorne ayit la teſte ſem- blable à vn pourceau. . Lisornes pri- ſes viues. Deux Licora mes veaès en la Mecque dedans le Serrail du Roy. Opinion de Pline_, Louys Paraà dis Chirur- gien. corne de Li- . rorne veue par Albert. opinion de l'Autheur. Opinion de . Munſter. Opinion de Cardan. André The- f48f. Garcias ab Herto, Camphar. Crocodile. JDeſcription du Cams phur. 5 I 2. Le vingt-vniéme Liure, - º - • · 3 : . Idatz 4ga, Orateur de Soliman. Philoſtrate, liu.3.chºP.l- Apolloniut. Tyan effM. Reſponcefort ſubtile-. • T)iſcord des Autheurs. Louys de , Barthame . Figure du Camphur, animal amphibie. E- A vNN -$ # T4 \ º♂ \ \WW\ - Wr,- º \W \ \ \N VW \ º « à$\NN\N N à$N Or il y a pluſieurs autres animaux'marins qui n'ont qu'vne ſeule corne, & beaucoup d'autres animaux terreſtres : car on a veu des cheuaux, chévres, & daims, pareillement des taureaux, vaches & aſnes,auoir vneſeu le corne. Parquoy Monoceros ou Vnicorne, eſt vn nom qui conuient à tout animal qui n'a qu'v- ne ſeule corne Or conſiderant la varieté des Eſcriuains , & des cornes qui ſont toutes differentes les vnes des autres , l'ont peut croire veritablement qu'elles ſont de diuerſes beſtes engendrées en la mer, & en di- uei ſes contrées de la terre. Et pour la renommée des vertus qu'on attribne à la Licorne, chacune nation ſe plaiſt a luy donner le nom de Licorne. C H A P 1 T R E L I. D A T z A G A, Orateur de Soliman, atteſte auoir veu en l'Arrabie deſerte, des Licornes # courantes ça & là à grands troupeaux Quant à moy,ie croy que c'eſtoient pluſtoſt des Daims, SN (| $ # Oll Chévres de ce pais là, & non des Licornes. Philoſtrate en la vie d'Apollonius Tyaneus, ,©2 . # chap. 1.liu. 3. dit, qu'aux mareſts voiſins du fleuue Phaſis ſe trouuent des Aſnes ſauuages, º2 PX ^ º portant vne corne atI front, auec laquelle ils combattent furieuſement comme taureaux: de laquelle corne les Indiens font des taſſes qui guarentiſſent l'homme de toutes ſortes de maladies le iour qu'il y a beu , & s'il eſt bleſsé ce iour là, il ne ſent aucune douleur. Dauantage, il peut paſſer par le tra- uers d'vn feu ſans ſe bruſler nullement Meſme il n'y a venin ny poiſon beu, ou autrement pris , qui luy ·puiſſe nuire : & que pour cette cauſe il n'y a que les Rois qui boiuent dans leſdites taſſes : de faict que la chaſſe deſdits Aſnes n'eſt permiſe qu'aux Roys du pais : de ſorte que l'on dit, qu'Appollonius Philoſophe graue, regarda curieuſement ceſte beſte ſauuage , & auec grande admiration conſidera ſa nature. Quoy voyant Damis, luy demanda s'il croyoit ce qu'on diſoit de la vertu deſdites taſſes : Ie le croiray , dit il, quand i'entenderay que le Roy de ce pais ſera immortel Reſponſe que ie delibere d'oreſnauant faire à tous ceux qui me demanderont, ſi ie croy ce que l'on dit des vertus de la corne de Licorne. - - C H A P 1 T R E L I I. O 1 N D R E n'eſt la contrarieté des Autheurstouchant le naturel de ladite Licorne. Car Pline au lieu cy-deſſus allegué,la dit eſtre la plus furieuſe de toutes les beſtes : meſmes qu'elle hur- # le fort hideuſement, & que iamais on ne la prend viue. Cardan la dit pareillement eſtre fort cruelle,comme naiſſant és lieux deſerts d'Ethiopie en terre orde,& entre les crapaux & beſtes 7º venimeuſes Geſnerus dit, que le Roy d'Ethiopie en l'Epiſtre Hebraïque qu'ila eſcrite au Pon- tife de Rome dit , que le Lion craint infiniment la Licorne , & que quand il la void, il ſe retire vers quelque gros arbre , & ſe cache derriere ledit arbre. Lors la Licorne le voulant frapper , fiche ſa corne bien auant dans l'arbre & demeure là priſe, & lors le Lion la tué : toutesfois il aduient aucunesfois autre- ment. Autres au contraire la diſent fort douce, benigne, & d'vne mignotiſe la plus grande du monde,pour- ueu que l'on ne l'offenſe point. Louys de Barthame en ſes nauigations cy-deſſus alleguées, eſt de cette opt- I]100» C D Des Venins. 5 I 3 # - des Elephants ſe peuuent amollir & cſtendre comme les cornes debœuf. A nion, niant les Licornes eſtre cruelles, comme en ayant veu deux enuoyées d'Ethiopieau Soudan,qui les fai- ſoit nourrir en la Mecque, ville de l'Arrabie heureuſe (où eſt le ſepulchre de Mahomet) enfermées en cer- tains treillis, qui n'eſtoient nullement farouches. Thenet dit auoir voyagé en ces regions là, & s'eſtre en- quis diligemment des habitans, n'auoir toutesfois iamais ſceu rencontrer homme qui cn euſt veu, ou qui cuſt Peu rapporter quelque certitude de la figure & nature de cette beſte. 9thodit auoir veu & manié à Rome, au magaſin du threſordes Papes, vne corne de Licorne, qui eſtoit luiſante & Polie comme ynoire, & qu'il fut fort eſmerueillé de la voir ſi petite : ſe prenant à rire , d'autant qu'elle n'auoit à grand peine que deux palmes de longueur, on luy dit que par le trop grand & frequent vſage de l'auºir maniée elle eſtoit deuenue ainſi petite. Il y en a auſſi vne qui eſt gardëe par grande ſin- gularité dans le chœur dugrand Temple de Straſbourg laquelle eſt de longueur de ſept pieds & demy,enco- re qu'on en a coupé furtiuement le bout de la pointe, laquelle ſans cela, §roit encore plus longue. Elle eſt Par le bas de la groſſeur d'vn bras,& va entortillant comme vn cierge qui eſt tords,&s'eſtend §rs la poin- teen forme de Pyramyde , eſtant de couleur noiraſtre par dehors, comme vn blanc ſaly pour auoir eſté ma- nié, & par dedans elle eſt blanche comme yuoire , ayant vn trou au milieu comme pour mettre le petit doigt, qui va toyt au long Les cornes qui ſe monſtrent aux Feſtes ſolemnelles publiquement à Veniſe au Temple de ſainct Marc, different de cette là en grandeur,couleur & figure,tellement qu'il n'ya nulle con- formité entre-elles Pareillement en l'Eglife de Sainct Denys en France il y a, à ce qu'ondit, vne corne de Licorne qui en groſſeur , longueur & figure, ſe rapporte aucunement à ceile de Strasbourg. Or ſi leſdites cornes ne ſont de vrayes Licornes , de quelles beſtes ſont-elles dira quelqu'vn. Theuet a opinion , que telles cornes ne ſont que dents d'Elephants, ainſi crenelées & miſes en œuure : car ainſi dit-il,les deſniai- ſeurs qui ſe trouuent en Leuant,vendent les roüelles des dents de Rohart,pour cornes de Licornes,les creu- ſent & alongent à leur aife. Et à la verité cette corne de Licorne eſtant bruſlée, rend & reſpire ſemblable odeur que l'yuoire. Et afin que cette façon de contrefaire ne ſemble impoſſible ; Cardan dit que les dents ". % # % % | // % % | Louys Paradis, Chirurgien natif de Vitry en Partois, duquel i'ay faict mention cy deuant, dit auoir veu Otho. La corne de Licorne gar- dée à Straſ- bourg. Les cornes de Licorne que l'on monſtre à Veniſe. Demande. Reſponſe Dent de Ro- h art. Les dents des Elephans ſe peuuent a- molir ér eſtendre. en Alexandrie d'Egypte deux aiguilles.appellées les aiguilles de Ceſar,hautes &grandes à merueilles,neant- # de moins chacune toute d'vne piece : & tient-on pour vray qu'elles ſont de pierres fondnës. Hors ladite ville "?* | enuiron huict-cens pas, il y a vne Colomne, qui s'appelle la Colomne de Pompée de merueilleuſe groſſeur - - : -- - Les ti & hauteur, tellement que c'eſt tout ce que peut faire le plus fort homme, de ietter vne pierre ſur le ſom- # met d'icelle.La groſſeur eſt telle,que cinq hommes ayans les bras eſtendus ne la pouroient entourer:neant- - - - - - - - - - /'º, moins on dit qu'elle eſt d'vne piece, & de diuerſes couleurs de pierres, comme noire,griſe,blanche, incar- nate,& dit-on qu'elle eſt auſſi de pierres fonduës, que fi ainfi eſt, que de telle matiere on ait peu conſtruire leſdites aiguilles, & colomne, qui empeſchera que l'on ne puiſſe contrefaire les cornes de Licornes ? CH A r 1 T R E L III. A v s A N 1 A s eſcrit, que le Rhinoceros a deux cornes, & non vne ſeule : l'vne ſur le nez,aſ- #? petite, mais fortaiguë. Parcela apparoit que ce ne peut eſtre la Licorne, laquelle n'en doit ros. * auoir qu'vne,comme teſtifie ſon nom Monoceros. On dit qu'il reſſemble à l'Elephant & quaſi ſtature , ſinon qu'il a les jambes plus courtes , & les ongles des pieds fendues , la teſte comme vn pourceau,le corps armé d'vn cuir eſcaillé & tres-dur, comme celuy du Crocodille, reſſemblant aux bºr- Fºur des d'vn cheual guerrier. Feſtus dit, que quelques-vns penſent que ce ſoit vn bœuf ſauuage d # - / /4/ ſez grande,de couleur noire & de groſſeur & longueur decelle d'vn buffle,non toutesfois creu. Deſcription 2 ſe dedans,ny tortuë,mais toute ſolide,& fort peſante:l'autre luy ſort en haut de l'eſpaule,aſſez du Rhinere- 5 1 4 Le Vingt-vniéme Liure, Figure du Rhinoceros armé de toutes pieces. Du Bartas en la Sep- maine . $ $ TO 34 ! Q#$ # X# # s$ $? #>$# ! #2 $ # C H A P 1 T R E L I I I I. N D R E" Baccy dit, qu'il y a des Medecins Portugais,qui ont demeuré long-temps és terres Neufues pour rechercher les choſes rares & precieuſes, leſquels afferment qu'ils n'ont iamais peu deſcouurir de la Licorne,ſinon que les gens du pais diſent que c'eſt ſeulemét vne corne de Rhinoceros,& qu'elle eſt tenuë au lieu de Licorne,& côme preſeruatif côtre tous venins.Tou- - tesfois Pline eſcrit particulieremét en ſon l.8.ch.2o.que le Rhinoceros eſt vne eſpece d'animal cruel, different de la Licorne, & dit que du temps de Pompée le Grand il fut veu vn Rhinoceros,qui auoit vne corne ſur le nez.Or le Rhinoceros eſtant merueilleuſement ennemy de l'Elephât,il aiguiſe ſa corne con- tre vn rocher,& ſe met en bataille contre luy valeureuſement,comme vn taureau,& demeure vainqueur, & tué l'Elephant : duquel combat Saluſte du Bartas en ſon 6. iour de la Sepmaine faict mention par ces vers: Mais cét eſprit ſubtil , ny cét enorme corps 2De ſon armé muſeau le dangereux eſtoc : Ne le peut guarentir des cauteleux efforts puis venant au combat, ne tire à l'aduanture, Du fin Rhinoceros, qui n'entre one en bataille, 1a rsideur de ſes coups ſur ſa curaſſe dure : Conduit d'aueugle rage,ains pluſîoſt qu'il aſſaille JAinr choiſit,prouident,ſous le ventre vne peau, L'aduerſaire elepbant , aſſile contre vn roc Sgi ſeule craint le fil de l'eſguisé couſteau. Figure du Combat du Rhinoceros contre l'Elephant. - - --— ===%E% 22- S$ NN 2% , - ' l % / l ſtſº (# \ l | † | ll !, # 1 2 " | SSN NN Al 4/2 $ N " % / } \ ! | l' | |4'! # S$7\$ ,/ ºº # # # % § A | † #% #)$ # "- \ # # $ | $ - N ) \! § | º N§ I| + %e | $ à A)eS VeninS, 5 I 5 T- - -- - - C H A P 1 T R E L V. L ſe trouue és Indes pluſieurs ſortes d'animaux, ayans vne ſeule corne , comme vaches & tau- reaux , cheuaux, aſnes, chévres, daims, Monoceros : autres ayans deux cornes , & plus. Et Il y a plu- pour la renommée des vertus que l'on attribuë à la Licorne , il eſt vray ſemblable, que chacu-ſieurs beſtes l ne nation ſe plaiſt à luy donner le non de Licorne, comme auons dit cy deſſus. Theuet tome. 2. és Indes qui liu. 23. chap. 2. dit, qu'en la Floride ſe trouue des grands Taureaux, que les Sauuages appellent Butrol, º'º 7*'vne qui ont les cornes longues ſeulement d'vn pied , ayant ſur le dos vne tumeur, ou boſſe comme d'vn Cha- ſººººrnº meau le poil long par deſſus le dos, de couleur fauue, la queue comme celle d'vn Lion.Cét animal eſt des Butrol. plus farouches qu'on ſçache trouuer, à cauſe dequoy iamais ne ſe laiſſe appriuoiſer, s'il n'eſt deſrobé & rauy petit à ſa mere. Les Sauuages ſe ſeruent de leur peau contre le froid : & ſont ſes cornes fort eſtimées, cornes d'i. . pour la proprieté qu'elles ont contre le venin : & partant les Barbares en gardent à fin d'obuier aux poiſons celuy contr* & vermines qu'ils rencontrent allans par pays. les poiſons. - ---- · Figure du Taureau de la Floride_.. - : C H A P 1 T R E LVI - . — - SN # N l'Arabie pres la mer Rouge, il ſe trouue vne autre beſte, que les ſauuages appellent ; Pi- Deſcription SN º#, raſſoipi, grande comme vn mulet , & ſa teſte quaſi ſemblable, tout ſon corps velu en forme du piraſſoipi P$), dVn Ours ,vn peu plus coloré, tirant ſur le fauueau,ayant les pieds fendus comme vn Ceyf, , À Cétanimaladeux cornes à la teſte fort longues, ſans rameures , haut eſleuées, qhi aPPro* Les cornes - $º chent des Licornes, deſquelles fe ſeruent les ſauuages, lors qui ſont bleſſez ou mo§ des # # beſtes portant venin,les mettans dedans l'eau par l'eſpace de ſix ou ſept heures, puis apres font boire la- ſeruant # dite eau au patient. Et voicy le pourtraict tiré du cinquiéme liure de la Coſmographie d'André Theuet. tre les ve- Les ſauuages l'aſſomment , quand ils la peuuent attrapper , puis l'eſcorchent & la mangent. | nins, - ' ! " - - -- - - - J = - J-4v-• V 111gt-v1l1eIIIe l alUlIC2 Lnfin# MAJ• Purel mer. ueilleux. Induſtrie des mari- niers. Dents de l'Elephant de mer. •. Figure du Piraſſoipi, eſpece de Licorne . - m , - - C H A P 1 T R E L V I I. 2 E c T o R Boetius au liure qu'ila eſcrit de la deſcription d'Eſcoſſe, dit que l'animal, duquel C cy-apres ſuit l'effigie, ſe nomme Elephant de mer,& eſt plus gros qu'vn Elephant,lequelha- bite en l'eau & en la terre, ayant deux dents ſemblables à celle d'vn Elephant, par leſquelles lors qu'il veut prendre ſon ſommeil,il s'attache & pend aux rochers,& dort ſi profondement • 7 T V , T. que les mariniers l'apperceuans, ont le loiſir de prendre terre, & de le lier auec des groſſes coides en pluſieurs endroits. Puis meinent vn grand bruit, & luy iettent des pierres Pour le reſueiller : & lors taſche à ſe ietter comme de couſtume auec grande impetuoſité en la mer. Mais ſe voyant pris ſe rend tellement paiſible, que l'on n'en peut failement ioüyr : ils l'aſſomment & en tirent la graiſſe , puis l'eſcor- chent pour en faire des corroyes : leſquelles, parce qu'elles ſont fortes, & ne pourriſſent, ſont fort eſti- mées, encores plus ſes dents, que par artifice ils dreſſent & creuſent, & les vendent pour corne de Licor° ne , comme on fait celles du Rohart & de l Elephant. - Figure d'vn Elephant de Mer. CH A P. M. Jes venins. - -- * " - | 5 l 7 A --.-v-"" —i - C H A P 1 T R E LV I I I. - , , - - § L ſe voit au goulfre d'Arabie vn poiſſon nommé Caſpilly, armé d'aiguillons, dont il en a vn N $) ſ$% au milieu du front comme vne corne,long de quatre pieds, fort aigu. Iceluyvoyant venir la !ºſ#º Baleine, ſe cache ſous les ondes, & choiſit l'endroit plus aisé à bleſſer, qui eſt le nombril; # # 4y. & la frappant il la met en telle neceſſité, que le plus ſouuent elle meurt de telle bleſſeure #*** & ſe ſentant touchée au vif, commence à faire vn grand bruit, ſe tourmentant , & battant les ondes, eſcumant comme vn verrat, & va d'vne ſi tres-grande fureur & roideur, ſe lentant pres des abois de lamort, qu'elle culbute & renuerſe les nauires qu'elle rencontre , & fait tel naufrage, qu'elle les enſeuelit au profond de la mer. Ledit poiſſon eſt merueilleuſement grand & fort, & lors que les Arabes le veulent prendre, ils font comme au Crocodile, ſçauoir eſt auec vne longue & forte corde , au bout Il eſt pris d, de laquelle ils attachent vne piece de chair de Chameau, ou autre beſte : lors que ce poiſſon aperçoit la tel artifiee proye, il ne faut à ſe ietter deſſus, & l'engloutir., Or eſtant l'hameçon auallé, & ſe ſentant picqué, il y a 1º.º Crº- plaiſir àluy voir faire des ſaults en l'air & dedans l'eau : puis eſtans las, les Arabes le tirent à coups de º fieſches, & luy donnent tant de coups de leuier,qu'ils l'aſſomment : puis le mangent, & gardent ſa plus giande corne, pour en vſer contre les venins , ainſi que les autres font des çornes de Licornes. Figure du poiſſon nommé Caſpily - --1 - C H A P 1 T R E L IX & N D R E"Theuet en ſa Coſmographie, dit, que courant fortune en l'occean és coſtes d'A-Deſcription # frique,viſitant la Guinée & l'Anopie,il a veule poiſſon cy-apres repreſenté ayant vne corne du #ºiſſº , % ſur le front en maniere d'vne ſcie, longue de trois pieds & demy, & large de quatre doigts, ººº ºº 2 ayant ſes pointes de deux coſtez fort aiguës. Il ſe combat furieuſement de cette corne. tif N# Ceux de la Guinée l'appellent en leur iargon Vletif Defunct Monſieur le Coq, Auditeur en Curioſité de la chambre des Comptes à Paris,me donna vne corne dudit poiſſon,qu'il gardoit en ſon ca- l' ur. binet bien cherement : lequel ſçachant que i'eſtois curieux de rechercher les choſes rares & monſtrueuſes, Deſcription defira qu'elle fuſt miſe en mon cabinet, auec mes autres raretez. Laqite corne eſt longue de trois pieds & de la corne demy, peſant cinq liures ou enuironr,ayant cinquante & vne dent, aiguës & trenchantes, longues du tra- dudit Vletif. uers d'vn poulce & demy, eſtans icelles dents vingt cinq d'vn coſté, & vingt fix de l'autre. Cette corne en ſon commencement eſt large d'vn demy-pied, ou enuiron, allant touſiours en diminuant iuſqu'à ſon extre ririfeſti- mité, où elle eſt obtuſe, ou mouſſeuſe, eſtant platte & non ronde, comme les autres cornes, Le deſſus eſt # . de couleur comme d'vne Sole & le deſſous aucunement blanc & fort poreux. Il s'en trouue d'autre moin- § dres & plus petites, ſelon l'aage du poiſſon. Pluſieurs eſtiment ledit animal eſtre vne Licorne marine, & marine Er- s'en ſeruent contre les morſures & picqueures de beſtes venimeuſes, comme l'on fait de la corne de Licor- rearpopulai«. ne. Le populaire l'eſtime eſtre vne langue de Serpent , qui eſt choſe fauce. - - | re-'. Q> X x · Figure • - 4 - 5 I 5 Le v Ingl-v1ueIIue Liure , Poiſſon reſ- ſemblant par la teſte au Porc ſan- glier. Erreurpopu- laire . D'où vient la repata- rion de ls Licorne . Auariee, Figure du Poiſſon nomméVletif, eſpece de Licorve de mer C H A P 1 T R E , L X. # E s N E R v s dit, qu'en la mer Oceane naiſt vn poiſſon, ayant la teſte d'vn Porc ſanglier, lequel eſt - de merueilleuſe grandeur, couuert d'eſcailles, miſes par grand ordre de nature , ayant les dents ca- nines fort longues , trenchantes & aiguës, ſemblables à cellesd'vn grand Porc ſanglier » leſquelles on eſtime eſtre bonnes contre les venins, comme la Licorne. / Figure dupoiſſon ayant la teſte d'vn Porcſanglier Ainſi voit-on comme chacune nationpenſe auoir la Licorne, luy donnant pluſieurs vertus, propriº ººº excellentes mais ie crois qu'il y a plus de menſonge que de verité.Or qui a eſté cauſe de la:ePº . #ºº de la Licorne, ç'a eſté ceſte proprieté oculte,que l'on luy a atribué de preſeruer de peſte & de tºº ſortes de venins.Tellement que quelques-vns voyans que l'on en faiſoit ſi grand cas,pouſſez d'auariº Ont ººººnt certains fragmens de quelques cornes, diſans, & aſſeurans que c'eſtoit de la vraye Licorne ; cºuſe de l'im tºutesfois le plus ſouuent ee n'eſt autre choſe que quelque pieces d'yuoire, corne, ou dent de quelqº be- pºſture des ſte marine , ou pierre fondue, Parl . auiourd'huy à tous lesapothicaires de la France il n'y a celuy ºº § - - VOll C. D $ A_A \ \> V W.-Jl1ll l ©. - ) 1 9 A vous die & affeure auow àe  Licorne, & de la vraye, & quelquesfois en aſſez bonne quantité. Or com- B ment ſe pourroit-il faire veu que pluſpart des eſcriuains diſent , que le naturel de la Licorne eſt de de-marchaxd, meurer aux deſerts,& és lieux inacceſſibles, & s'eſloigner ſi fort des lieux frequentez, que c'eſt quaſi vne de LicornL, choſe miraculeuſe d'en trouuer quelquesfois vne corne , qui peut auoir eſté apportée par les inondations Difficultf des eaux, iuſqu'aux riuages de la mer , & ce quand l'animal eſt mort ? qui eſt toutesfois vne choſe encore rrande de douteuſe : car la peſanteur de la corne la feroit pluſtoſt aller au fond. Mais c'eſt tout vn, poſons qu'il s'en ºº trouue quelquesfois vne,comment ſeroit-il poſſible que ces trompeurs en fuſſent tous fi bien fournis Ace- # de la cognoiſt-on qu'il y a bien de l'impoſture. Et certes n'eſtoit l'authorité de l Eſcriture Saincte, à laquelle #- nous ſommes tenus d'adiouſter foy, ie ne croyrois pas qu'il fuſt des Licornes , Mais quand i'oy Dauid au § i - Pfalme 22.verſet 22.qui dit,Deliure-moy Seigneur,de la gueule du Lyon , & deliure mon humilité des cor- ſter foy à nes des Licornes:lors ie ſuis contraint de le croire. Pareillement Eſaye chap. 34 parlant de l'ire de Dieu l'Eſcriture contie ſes ennemis,& perſecuteur de ſon peuple,dit.Et les Licornes deſcendront auec eux, & les Taureaux sainae . auec les puiſſans.I'alleguerois à ce propos vne infinité de paſſages de l'Eſcriture Saincte, comme le chapi- tre vingt-huictieſme du Deuteronome,le trente-neufiéme chapitre verſ. 13.& 13.de Iob,les Pſalmes de Da- uid,28.77.8o.& pluſieurs autres,fi ie ne craignois d'attedier le Lecteur. Il faut donc croire qu'il eſt des Li- cornes,mais elles n'ont pas les vertus qu'on leur attribuë. -/ - C H A P 1 T R E L XI. E L A donc ſupposé , ſçauoir eſt qu'il ſe trouue quantité de cornes de Licornes, & que chacun Queſtià toa- en ait, ſçauoir ſi elles ont telles vertus & efficaces contre les venins & poiſons qu'on leur attri- chant les bue ? Ie dis que non. Ce que ie prouueray Par experience, authorité & raiſon. Et pour com- vertus pre- mencer à l'experience, ie puis aſſeurer, apres l'auoir eſprouué pluſieurs fois, n'auoir iamais co-tenduès de gneu aucun effect en la corne pretendue de Licorne. Pluſieurs tiennent, que ſi on la fait tremper en l'eau, la Licorne-. & que de cette eau on face vn cercle ſur vne table,puis que l'on mette dedans ledit cercle vn ſcorpion,ou Reſponſe . Araignée,ou vn Crapaut, que ces beſtes meurent, & qu'elles ne paſſent aucunement par deſſus le cercle, voyre que le Crapaut ſe creue. Ie l'ay experimenté,& trouuay cela eſtre faux & menſonger:car leſdits ani- IIl1llX paſſoient & repaſſoient hors du circuit du cercle,& ne mouroient point. Meſmement ne me conten- Experiencé tant pas d'auoir mis vn Crapaut dedans le circuit de l'eau, où la Licorne auoit trempé, par deſſus lequel il trouuée * paſſoit & repaſſoit : ie le mis tremper en vn vaiſſeau plein d'eau,où la corne de Licorne auoit trempe, & le fauge . laiſſay en ladite eau par l'eſpace de trois iours,au bout deſquels le Crapaut eſtoit auſſi gaillard que lors que ie l'y mis. Quelqu'vn me dira,que poſſible la corne n'eſtoit pas de vraye Licorne.A quoy ie reſpons que obieäie». celle de ſainct Denys en France, celle du Roy, que l'on tient en grand eſtime, & celles des Marchands de Reſponſe . Paris,qu'ils vendent à grand prix,ne ſont donc pas vrayes cornes de Licornes : car ;'a eſté de celles-là que i'ay fait eſpreuue.Et ſi on me veut croire, que l'on vienne à l'eſſay comme moy, & on cognoiſtra la verité contre le menſonge. Autres tiennent que la vraye Licorne eſtant miſe en l'eau ſe prend à boüillonner, fai- Autre expe- ſant eſleuer petites bulles d'eau comme perles. Ie dis que cela ſe fait auſſi bieh auec cornes de bœuf, de rience. chévres,de mouton,ou autres animaux,auec dents d'Elephant,teſtes de pots,tuilles,bois,bol armene, & ter- re ſigillée:& pour le dire en vn mot,auec tous autres corps poreux Car l'air qui eſt enclos en iceux, ſort par les poroſitez,pour donner place à l'eau : qui cauſe le boüillonnement ; & les petites bubes qu'on void eſleuer en l'eau. Autres diſent que ſi on en faiſoit aualler à vn pigeon ou poulet , qui euſt pris de l'arſenic, ſublimé,ou autre venin,qu'il n'en ſentiroit aucun mal. Cela eſt pareillement faux, comme l'experience en fera foy. Autres diſent,que l'eau,en laquelle aura trempé ladite corne,eſteint le feu volage, appellé Herpes - miliaris. Ie dis que ce n'eſt pas la vertu de la corne , mais la ſeule vertu de l'eau, qui eſt froide & humide, - contraire au mal,qui eſt chaud & ſec. Ce qui ſe trouuera par effect, en y appliquant de la ſeule eau froide - ſans autre choſe. Et pour prouuer mon dire, il y a vne honneſte Dame, Marchande de cornes de Licornes Hiſtoiregen- en cette ville,demeurant ſur le pont au Change,qui en a bonne quantité de groſſes & de menue, de ieunes tille & bien & de vieilles. Elle en tient touſiours vn aſſez gros morceau,attaché à vne chaiſne d'argent, qui t, empe or- a propos» dinairement dans vne aiguiere pleine d'eau, de laquelle elle donne aſſez volontiers à tous ceux qui luy en demandent. Or n'agueres vne pauure femme luy demanda de ſon eau de Licorne : aduint qu'elle l'auoit toute diſtribuée,& ne voulant renuoyer cette pauure femme, laquelle à iointes mains la prioit de luy en donner pour eſteindre le feuvolage qu'auoit vn ſien petit enfant , qui occupoit tout ſon viſage : en lieu de . l'eau de Licorne,elle luy donna de l'eau de riuiere en laquelle nullement n'auoit trempé la corne de Licor- * ne. Et neantmoins ladite eau de riuiere ne laiſſa pas de guarir l'enfant. Quoy voyant cette pauure femme, , -- dix ou douze iours apres vient remercier Madame la marchande de ſon eau de Licorne , luy diſant que ſon Eau # # enfant eſtoit du tout guary. Ainſi voilà comme l'eau de riuiere fut auſſi bonne que l'eau de ſa Licorne : & uitre # toutesfois elle vend ladite corne pretenduède Licorne,beaucoup plus chere que l'or , comme on peut voir #" par la ſupputation.Car à vendre le grain d'or fin onze deniers pite, la liure ne vaut que ſept vingts huict §bien eſcus ſol : & la liure de corne de Licorne contenant ſeize onces,contient neufmille deux cens ſeize grain5: la Licorne ſe & la liure à dix ſols le grain,la ſomme ſe monte à quatre vingts douze mille cent ſoixante ſols , qui ſont vend plus quatre mil ſix cens huict liures,& en eſcus,mil cinq cens trente ſix eſcus ſol. Et me ſemble, qu'à ce prix la cher que l'or. Autre. Antre. D bonne femme ne vend pas moins ſa Licorne, que fit vn certain Marchand Tudeſque , lequel en vendit vne Hiſtoired'vn piece au Pape Iules troiſiéme,douze mille eſcus,comme recite André Baccy, Medecin de Florence , en ſon Tudeſque liure de la nature de la Licorne Mais laiſſons ces bons Marchands , reuenons à l'experience. On dit da- %" vendit uantage que la corne de Licorne ſué en preſence du venin. Mais cela eſt impoſſible, parce que c'eſt vn effect de la #- procedant de la vertu expultrice. Or ladite corne eſt priuée de telle vertu. Et ſi on l'a veue ſuer, cela a eſté # Pape , par accident,veu que toutes choſes polies,comme le verre,les miroirs,le marbre, pour quelque peu d'hu- #.. •- midité qu'ils reçoiuent,meſme de l'air exceſſiuement froid & humide, ou chaud & humide, apparoiſſent rience. p ſuer:mais ce n'eſt vraye ſueur. Car la ſueur eſt vn effect d'vne choſe viuante. Or la corne de Licorne n'eſt point vne choſe viuante,mais pour eſtre polie & freſche,elle reçoit vn terniſſement de l'air froid & humi- de,qui la fait ſuer Autres diſent,que la mettant pres le feu, elle rend vne odeur de muſc : auſſi que l'eau où Autre expe- # 2 llI2 †rs deuiendra laictueuſe & blancheaſtre.Telles choſes ne ſe voyent point,comme l'experien-riºnº . CC 1C LIlOIl1tIC- Xx 2 CHAPITRE | --J-.- -R-Jw * V 11 5 -- v * 11-1 * - A-» M. V.-M. 1 V 2 PreRue faire par autho- rité. Hippocrate. Galien. Ariſtote_x Oryx. Chriſtofle l'André en ſon liure de l'Oecotatrie. Corne de Cerf. Rondelet. La corne de Licorne m'a mon plus de vertu que la corne de cerf, eu de l'Tuoire. Dºnt d'Ele- phant pour les pauures. Reſponſe de Monſieur Duret tou- chant la Li- 4'0V/?e_'. Opinion de Monſieur Chappelaiw touchant la Licorne. Couſtumie- 76'777ent on laiſſait trem- per vn mor- ceau de Li- rcrne dans la Coupe du Roy. x Reſpöſe d'v» homme bien aduisé. Belle ſimi- litude. Hardieſſe de l'Autheur, accöpagnée de bonne ^U0- lonté. Pourquey les Medecins or- donnent de à la Licorne. ^ C H A P 1 T R E L X l I. VA N T à l'authorité,il ſe trouuera la pluſpart des doctes gens & bien experimentez Medecins, qui aſſeureront cette corne n'auoir aucune des vertus que l'on luy attribué. S'il faut commencer aux Anciens,il eſt certain qu'Hippocrate, ny Galien, qui toutesfois ſe ſont ſeruis de la corne de - Cerf,& de l'Yuoire,n'ont iamais parlé de cette corne de Licorne,ny meſme Ariſtote, lequel ne- antmoins au chap.2.du liure 3.des parties des Animaux , parlant de ceux qui n'ont qu'vne corne, fait bien mention de l'aſne Indien,& d'vn autre nommé Oryx,ſans faire aucune mention de Licorne, combisn qu'il parlc en ce lieu des choſes de moindre conſequence. Or s'il faut venir aux Modernes , Chriſtofie l'André, Docteur en Medecine, en ſon opuſcule de l'Oecoiatrie eſcrit ce que s'enſuit. Aucuns Medecins font vn grand cas de la corne d'vne beſte,nommée Monoceros,que nous appellons vulgairement la Licorne, & di- ſent qu'elle guarantit de venin,tant priſe par dedans,qu'appliquée par dehors.Ils l'ordonnent contre le poi- ſon,contre la peſte,voire deſia creée au corps de l'homme,& pour le dire en vn mot,ils en font vn alexite- re contre tous venins.Toutesfois eſtant curieux de ſi grandes proprietez qu'ils attribuent à ladite corne,ie l'ay bien voulu experimenter en plus de dix,au temps de peſtilence:mais ie n'en trouuay aucun effect loüa- ble,& me repoſerois auſſi toſt ſur la corne de Cerfou de Chévre,que ſur celle de la Licorne. Car elles ont. vne vertu d'abſterger & mondifier:partant elles ſont bonnes à reſſerrer les genciues fleſtries & molles.Da- uantage,leſdites cornes eſtans bruſlées & données en breuuage, apportent merueilleux confort à ceux qui ſont tourmentez de flux dyſenteriques. Les Anciens ont laiſsé par eſcrit que la corne de Cerfredigée en cendre,eſt vne plus que credible medecine à ceux qui crachent le ſang,& à ceux qui ont coliques,iliaques paſſions,nommée Miſerere mei, & comme choſe de grande vertu, la meſlant aux collyres pour faire ſeicher les larmes des yeux. Voilà ce que ledit l'André a eſcrit de la corne de Licorne. Rondelet dit,que toutes cornes en general n'ont ny ſaueur , ny odeur,ſi on ne les bruſle. Parquoy ne peuuent auoir aucune efficace en medecine,ſi ce n'eſt pour deſſeicher. Et ne ſuis point ignorant, dit-il,que ceux qui tiennent telles cornes pour leur profit,ne donnent à entendre au peuple , qu'elles ont grandes & ineſtimables vertus,parantipathie de chaſſer les ſerpens & les vers,& de reſiſter aux venins. Mais le croy, dit-il,touchant cela,que la corne de Licorne n'a point plus grande efficace, ny force plus aſſeurée , que la corne de Cerf,ou que l'Yuoire : qui eſt cauſe que fort volontiers en mefmes maladies, i'ordonne la dent d'Elephant aux pauures,& aux riches celle de Licorne,parce qu'ils la deſirent,s'en propoſans heureux ſuc- cez.Voilà l'aduis de Rondelet, lequel indifferemment en practiquant pour meſmes effects en lieu de la Li- corne ordonnoit non ſeulement la corne de Cerf ou dent d'Elephant,mais auſſi d'autres os. Ie me ſuis enquis de Monſieur Duret, pour la grande aſſeurance que i'auois de ſon haut & tant celebre ſçauoir,quelle opinion il auoit de la corne de Licorne: il me reſpondit qu'il ne penſoit icelleauoir aucune vertu contre les venins ce qu'il me confirma par bonne,ample & vallable raiſon, & meſme me dit, qu'il ne doutoit de le publier en ſon auditoire, qui eſt vntheatre d'vne infinité de gens doctes , qui s'y aſſemblent ordinairement pour l'ouyr. - Ie veux bien encore aduertir le Lecteur, quelle opinion auoit de cette corne de Licorne feu Monſieur Chappelain,premier Medecin du Roy Charles IX.lequel en ſon viuant eſtoit grandement eſtimé entre les C gens doctes.Vn iour luy parlant du grand abus qui ſe commettoit en vſant de la corne de Licorne,le priay (veu l'authorité qu'il auoit à l'endroit du Roy noſtre maiſtre , pour ſon grand ſçauoir & experience) d'en vouloir oſter l'vſage,& principalement d'abolir cette couſtume qu'on auoit de laiſſer tremper vn morceau de Licorne dedans la Coupe où le Roy beuuoit,craignant le poiſon. Il me fit reſponſe que quant à luy,ve- ritablement il ne cognoiſſoit aucune vertu en la corne de Licorne : mais qu'il voyoit l'opinion qu'on auoit d'icelle eſtre tant inueterée & enracinée au cerueau des Princes , & dupeuple , qu'ores qu'il l'euſt volon- tiers oſtée, ilcroyoit bien que par raifon n'en pourroit eſtre maiſtre. Ioint,diſoit-il, que ſi cette ſuperſti- tion ne profite , pour le moins elle ne nuit point, ſinon à la bourſe de ceux qui l'achetent beaucoup plus qu'au poids de l'or,comme a eſté monſtré cy-deuant. Lors ie luy repliquay , que pour le moins il en vou- luſt donc eſcrire,afin d'effacer la fauſſe opinion de la vertu, que l'on croyoit eſtre en icelle. A quoy il reſ- pondit, que tout homme qui entreprend d'eſcrire choſe d'importance, & notamment de refuter quelque opinion receuë de long-temps, reſſemble au Hibou, ou Chat-huant : lequel ſe monſtrant en quelque lieu eminent,ſe met en bute à tous les autres oyſeaux qui le viennent becqueter,&luy courent ſus à toute reſte» mais quand ledit Hibou eſt mort,ils ne s'en ſoucient aucunement.Ainſi rapportant cette ſimilitude à luy, il me dit que de ſon viuant il ne ſe mettroit iamais en bute,pour ſe faire becqueter des enuieux & meſdiſans, qui entretenoient le monde en opinions ſi fauſſes & menſongeres,mais il eſperoit qu'apres ſa mort on trou- ueroit ce qu'il en auroit laiſsé par eſcrit.Conſiderant donc cette reſponſe qu'il me fit lors, joint auſſi qu'on n'a rien apperceu de ſes eſcrits depuis ſa mort , qui fut il y a enuiron onze ans,ou plus, ie m'expoſe main- tenant à la butte qu'il refuſa pour lors.Que s'il y a quelqu'vn qui puiſſe m'aſſaillir de quelque bon traict de raiſon ou d'experience, tant s'en faut que ie m'en tienne offensé, qu'au contraire ie luy ſçauray fort bon gré, de m'auoir monſtré ce qu'oncques ie n'ay peu apprendre des plus doctes & fignalez perſonnages qui furent & ſont encore en eſtime,pour leur doctrine ſinguliere , ny meſme d'aucun effect de noſtre Licorne. Vous me direz;Puis que les Medecins ſçauent bien & publient eux-meſmes,que ce n'eſt qu'vn abus de cet- te poudre de Licorne, pourquoy en ordonnent-ils* C'eſt que le monde veut eſtre trompé, & ſont con- traints leſdits Medecins bien ſouuent d'en ordonner, ou pour mieux dire, permettre aux patients d'en vſer , parce qu'ils en veulent. Que s'il aduenoit que les patients , qui en demandent, mouruſſent ſans en auoir pris, les parens donneroicnt tous la chaſſe auſdits Medecins, & les deſcrieroient comme vieille monnoye. CHAPITRE Des Venins. 52 I # E N o N s maintenant à la raiſon.Tout ce qui reſiſte aux venins,eſt cardiaque,& propre à corro- C H A P I T R E $ borer le cœur. Rien n'eſt propre à corroborer le cœur, ſinon le bon air & le bon ſang : pour au- tant que ces deux choſes ſeulement ſont familieres au cœur,comme eſtant l'officine du ſang arte- riel,& des eſprits vitaux.Or eſt il que la corne de Licorne n'a aucun air en ſoy,ny aucune odeur, ou bien peu, eſtant toute terreftre,& toute ſeiche. Dauantage , elle ne peut eſtre tournée en ſang, parce qu'elle n'a ny chair,ny ſuc en ſoy:qui eſt cauſe qu'elle n'eſt chylifiée,ny par conſequent ſanguifiée. Il s'en- ſuit donc qu'elle n'a aucune vertu pour fortifier & defendre le cœur contre les vemins. Voire , mais, dira quelqu'vn,en tant d'opiates, electuaires, & epithemes que l'on fait pour le cœur, qu'ya-il de tel quicon- tienne en ſoy vn bon air»Si à ſçauoir eſt,les conſerues de bourache,bugloſſe,violiers de Mars, de roſes, de fleurs de roſmarin,la confection d'alxermes,le mithridat,le theriaque,l'ambre,le muſc,la ciuette, le ſaffran, le camphre,& ſemblables,leſquels meſme l'on delaye en bon vin & fort vinaigre,ou en eau de vie,pour ap- pliquer ſur le cœur,ou pour donner en breuuage. Toutes leſquelles choſes ont en ſoy, & rendent de ſoy vne odeur,c'eſt à dire vn air ou exhalation fort ſoüefue, benigne, & familiere à la nature & ſubſtance du cœur,en tant qu'elles peuuent engendrer,multiplier,eſclaircir,& ſubtilier les eſprits vitaux, par ſimilitude de leur ſubſtance aërée,ſpirituelle & odorante. Ouy,mais au bol d'Armenie,en la terre ſigillée,en la corne de Cerf,en la raclure d'yuoire & de corail,n'ya-il rien de ſpiritueux & aèré ? Non certes * Pourquoy donc B ſont-ils mis entre les remedes cardiaques ? Pource que de leur faculté & vertu aſtringente fondée en la terreſtrité de leur fabſtance,ils ferment les conduits des veines & arteres,par leſquelles le venin & air pe- ftilent pourroit eſtre porté au cœur.Car ainſi ſont ils ordonnez profitablement au flux de ſang, & vuidan- ges immoderées.Ils ſont donc appellez Cardiaques, non pas que de ſoy & par ſoyils fortifient la ſubſtance du cœur par aucune familiarité ou ſimilitude,mais par accident, parce qu'ils bouchent le paſſage à l'enne- my,l'arreſtant en chemin à ce qu'il ne ſe iette dedans la citadelle de la vie. CH A P 1 T R E L XI V. V A N D aux Perles & autres pierres precieuſes, ie ſuis de l'aduis de Monſieur Ioubert Me- decin ordinaire du Roy,lequel au chap. 18.d'vn traicté qu'il a eſcrit de la peſte,dit ainſi. Ie ne ſçay que ie dois dire touchant les pierres precieuſes, que la plus grand part des hommes eſti- # ment tant,veu que cela ſemble ſuperſtitieux, & menſonger d'aſſeurer qu'il y a vne vertu in- z S* croyable & ſecrette en elles,ſoit qu'on les portes entieres ſur ſoy,ou que l'on vſe de la poul- ^dre d'icelles. Or icy ne veux je encore oublier à mettre en meſme rang l'or potable, & les chaiſnes d'or, & doubles Ducats,qu'aucuns ordonnent mettre aux reſtaurans pour les pauures malades : attendu qu'il y a auſſi peu d'aſſeurance qu'en la Licorne,voire moins Car ce qui n'eſt point nourry, ne peut bailler nourri- ture à autruy.Or il eſt ainſi que l'or n'eſt point nourry-Parquoy il ſemble que ce ſoit vne piperie de luyat- tribuer la vertu nutritiue,ſoit qu'il ſoit reduit en forme potable,qu'ils appellent, ou qu'il ſoit boüilly auec des reſtaurans. or on me dira qu'apres auoir fait boüillir des eſcus,ou autres pieces d'or aux reſtaurans,ils ne ſeront de meſme poids qu'ils eſloient auparauant : Ie le confeſſe mais ce ne ſera que l'or ſoit en rien di- minué par l'ebullition,ains quel'excrement qu'auront accueilly les pieces d'or,pour auoir eſté long-temps maniées ou portées du peuple,voire desverolez, ladres, & vieilles harangeres,pourra eſtre demeuré dans les reſtaurans.D'abondant il y a encore vne grande piperie,que les bons maiſtres quinteſſentieux font pour faire leur or potable,qu'ils diſent mettre aux reſtaurans,c'eſt que d'vne chaiſne de trois ou quatre cens eſ- cus paſſée par l'eau forte,en deſroberont quinze ou vingt eſcus, qui fera diminution d'autant de poids, & font accroire aux niais,que ledit or eſt diminué par l'ebullition. Qui pourra ſe garder de ces bailleurs de baliuernes, affronteurs & larrons , ce ſera bien faict. - C H A P 1 T R E L XV. )ſ# E c Y me fait ſouuenir du pied d'Hellend,duquel pluſieurs font fi grand cas,ſpecialement luyat- #(# | tribuans la vertu de guarir de l'Epilepſie. Et m'eſtonne d'où ils prennent cette aſſeurance,veu que $ tous ceux qui en ont eſcrit , ne font que dire, On dit, on dit : ie m'en rapporte à Geſnerus, & à Apollonius Menabenus. Et quand ce ne ſeroit que la miſere de l'animal, qui tombe ſi ſouuent en Epilepſie (dont les Allemandsl'appellent Hellend, qui fignifie miſere)& neantmoins ne s'en peut guarantir, encore qu'il ait toufiours ſon ongle quant & quant ſoy : il me ſemble que cela eſt ſuffiſant pour reuoquer en doute les vertus qu'on luy attribuè. Voilà ce quime ſemble de la corne de Licorne , & ſi quelqu'vn en peut deſ- couurirdauantage,ie le prie en faire part au public,& prendre mon eſcrit en bonne intention. | | | Xx 3 RE P L IQVE Preuue faite par raiſon. La Licorne n'a point d'odeur my de ſuc. Obiection. Reſponſº. Demande, Reſponſe . É)ueſtion. Reſponſe . A quoy ſer- uent le bcl d'Armenie & terre ſf. gilléeL. Des perleséº pierres pre- cieuſes, ſui- · uant l'opini5 de Ioubert. L'or potable, & l'or mis de dans les reſtaurans abus. È' or ne ſe diminuë paº ebullition Du piéd d'Hellend. Pourquoy cét animal eſt appellé Hel- lend. Doute de la vertu du pied d'Helº lend. r# D AMBROISE PARE, PREMIER CHIR V RG IEN D V R O Y , eA L A R E W P O N W E FA / C T E C O N T R E ſon Diſcours de la Licorne . soùhait de S\%è>S\! ÉGA$ \ſ)'Av o i s ſouhaitté diſcourant de la Licorne, que s'il y auoit quelqu'vn qui l'Autheur. s$N/%> N)/ pierres, les viues eſtincelles de la verité viendroient à paroiſtre, qui pour- %->NIÉ \Y%/)AC'roient exciter vne lumiere ſi grande de tout ce fait en nos eſprits, qu'on SS N/4J N\ $ n'auroit plus occaſion d'en douter. Ce mien ſouhait m'eſt en partie aduenu. $NS - N%#>$y Car il s'eſt trouué quelqu'vn qui controllant mes eſcrits, m'a voulu deſdire # - % Q 42A , en ce pointduquel toutesfois les raiſons ne me ſemblent ſi fortes, que pour %/\S\ ſ, v"A Av" cela ie doiue quitter mon party pour prendre le fien, ainſi que i'eſperemon- 4N->- N)T)/ ſtrer repliquant ſur vne chacune d'icelles : laiſſant à part ſes animoſitez, leſ- #/NN+7(NNS quellcs i'eſtime luy eſtre eſchappées, plus pour zele qu'il porte à ce qu'il penſe eſtre la verite,que pour opinion qu'il puiſſe auoir de moy,autre que d'homme de bien,& ſtudieux du profit pi blic. - - Premiere Sa premiere raiſon eſt,Qu'il faut bien que la Licorne ait de grandes vertus,veu que tous les Sages demeurent en- raiſºn du tre-eux d'accord, des admirables proprietexd'icelle. et que partant il faut acquieſcer à leur authorité : attendu qu'il *ſPºnt vaut mieux faillir aucc les sages,que bien opiner contre leur opinion. Ie nie la premiere partie de cette raiſon,at- º,ºiſºr tendu que comme i'ay monſtré en mon precedent diſcours, Meſſieurs Rondelet, Chappelain, & le docte ** Licºr-Duret ne foºt point plus grand cas de la corne de Licorne,que d'autre corne quelconque : & toutesfois ces #. i, trois là ſont fages & clair-voyans en medecine. . • - - - - - - - - Rondelet, Quant à la ſeconde partie,ie dis tout au contraire,que i'aymeroismieux faire bientout ſeul que de faillir c§ non ſeulementauec les ſages,mais meſme auec tout le reſte du môde Car l'excelléce de la verité eſt ſi gran- é puret,tou. de,qu'elle ſurpaſſe toute la ſapience humaine,qui bien ſouuent n'eſt armée que de brauade n'eſt enfiée que chant la Li. de vent,n'eſt parée que d'apparence & vanité:parquoy la ſeule verité doit eſtre cherchée, ſuiuie & cherie. c0r77º_». La ſeconde raiſon eſt, Que le long temps qu'il y a que la Licorne eſt vn vſ4ge, monſtre bien icelle eſtre bonne. Ie Excellente replique que le long temps n'eſt pas ſuffiſant pour prouuer la corne de LicoIne auoir les vertus qu'on luy de la verité attribuë. Car telle vogue n'eſt fondée qu'en opinion, & la verité(comme il dit luy-meſme)depend de la º ºſº choſe,& non des opinions.Parquoy rien ne ſert de m'alleguer les Papes,Empereurs,Roys, & éotentats, qui "ºº" ont mis la corne de Licorne en leurs threſors car ils ne ſont d'eux-meſmes Iuges competans,de la proprie- # l . té des choſes naturelles & ceux par les yeux deſquels ils ont veu, ont eſté ou louches, ou conniuens, de André Ma- leur auoir monſtré ou laiſsé voir le noir pour le blanc. Parquoy à bon droict,André Marin,Medecin exccl- , - lent de Florence,au diſcours qu'il a fait de la fauſſe opinion de la Licorne, s'eſmerueille comment iuſques de Aºedecin. icy il ne s'eſt trouué encore Medecin,ou autre tant amateur de ſon Prince, qui l'ait retiré de cét erreur, la banniſſant de ſes cabinets,comme vn abus & tromperie manifeſte:concluant que ce precieux ioyau n'eſtoit propre qu'aux baſteleurs & impoſteurs,& malſeant aux Medecins,qui ont des remedes plus aſſeurez, & ap- prouuez pour combattre les maladies malignes , veneneuſes, & peſtilentes. Quant à ce qu'il dit , Qu'il y a des Licornes,& que la ſaintie Eſcriture le teſmoigne. Ie reſponds que quicon- que penſe alleguer cela contre moy,monſtre qu'il a grande enuie de quereller.Car qui eſt-ce qui croit cela mieux que moy*Qui eſt ce qui le monſtre mieux ?l'en cite cinq paſſages de la ſaincte Eſcriture dedans mon diſcours de la Licorne. Ie croy donc qu'il ya touſiours eu,& qu'il y a encore des Licornes, non ſeulement en la terre , mais auſſi en la mer : mais que leurs cornes ayent les vertus qu'on leur attribué contre les vc- nins & peſtilences,c'eſt le poinct que i'attendois.lequel toutesfois n'a eſté touché que par vne ſimple aſſer- tion,ſans aucune demonſtration,raiſon,ou authorité ancienne. Car de dire qu'elle profite contre la peſte, Pource qu'elle refroidit,cela cſt fuir & quitter le combat de la proprieté occulte,de laquelle toutesfois eſt noſtre principale queſtion.Or quand ainſi feroit qu'elle agiroit par qualité manifeſte, il la faudroit ordon- ner en quantité raiſonnable,& principalement à la vehemence de l'ardeur furieuſe & peſtilente,c'eſt à di" Bonne com- re Par onces ou quarterons-Car trois ou quatres grains qu'on ordonne communément, n'ont non plus de paraiſºn. vertu(ce que dit Monſieur Duret , de bonne grace parlant de la Licorne) que qui ietteroit quatre grains d° mil dans la gueule d'vn aſne bien affamé. C'eſt pourquoy ie voudrois bien empeſcher les Apothicaires de l* vendre ſi cher afin que les Medecins euſſent commodité de l'ordonner en plus grande doſe , & que les ma- lades euſſent moyen de la porter auec plus de profit en leurs corps, & moins de domma§ de leur bourſe. Cela, n'eſt-ce me rompre l'eſprit de ce que ie n'ay que faire comme l'on me reproche ? ðar Dieu a recotn- mandé à vn chacun le ſalut & Profit de ſon prochain : & certes les Apothicaires meſmes ( i'entens les plus anciens & experimentez , interrogez par moy)m'ont confeſsé auoir honte de la vendre ſi § veu qu'ils n'ont iamais apperceu plus grand effect en elle qu'és autres cornes communes des vulgaires § Tou- tesfois qu'ils ſont contraint la vendre ainſichere,parce qu'ils l'achetent chcrcme t, Or l'achetent-ils che- rcmcnt, à raiſon du bruit qu'on luy a donné à tort & ſans cauſe. B C D Venons -, =-=- " © Des Venins. 523 venons maintenant aux raiſons par leſquelles il penſe deſtruire ma principale demonſtration, laquelle A par mocquerie il appelle mon Achis. Mon Achilles donc eſtoit tel : rien n'eſt bon à corroborer le ca ur, ſinºn le bon air & le bon ſang : La corne de Licorne n'a air ny odeur en ſoy, eſtant toute terreſtre & toute ſeiche. Dauanta- ge elle ne peut eſtre tournée en ſang , a'autant qu'elle n'a en ſoy , ny cbaiºny ſu,. Parquoy elle »'a vertu à corroborer le cœur.La premiere propoſition,dit-il,eſt fauſſe & ridicule : ſa raiſon eſt, car tels remedes atteratifs fortifient le cœur par qualité manifeſte & elementaire, ou occulte & formelle , & toutesfois n'ont ny bon air , ny habilité à eſtre Retli ou en ſang Ie replique & dis au contraire, prenant le meſme exemple qu'il a pris, pour le battre de # # ſes armes meſmes,que la faculté des herbes & ſimples qui entrent és apozemes, n'eſt point communiquée # à l'eau par laquelle eſt faicte la decoction,finon par diſtraction du ſuc,ou humeur & vapeur deſdits ſimples: #- autrement s'il n'y auoit que la qualité muée qui ſe communique à l'eau ſans ſubſtance,c'eſt à dire,ſans hu- ſition. meur ou vapeur,comme cognoiſtrons-nous la decoction de pourpié à ſa noirceur,la decoction de pſyllium à ſa viſcoſité,la decoction de chicorée à ſa ſaueur & amertume, l'infuſion de rheubarbe à ſon odeur, la ſa- ueur y eſt,& s'y remarque manifeſtement : l'odeur donc auſſi y eſt. Car tout ce qui a ſaueur & odeur, la s , ſaueur y eſt, le ſuc donc ou humeury eſt : l'odeur y eſt,la vapeur donc y eſt. Car qu'eſt-ce autre choſe ºu eſt-ce odeur, qu'vne vapeur, ou pluſtoſt fumée ? - qu'odeur. quant au corail,corne de Cerf & ſemblables,ie confeſſe qu'ils n'ont non plus d'air & de ſuc, que la cor- ne de Licorne,mais auſſi ie ne les tiens pas pour vrais cardiaques:d'autant qu'ils ne fortifient point le cœur en combattant contre les venins, ains ſeulement ou en reſſerrant les conduits qui vont au cœur par leur vertu aſtringente:ou en beuuant & tariſſant la ſeroſité veneneuſe,qui affadit le cœur & l'eſtomach par leur B ſeiche terreſtrité, faiſant l'vn & l'autre,non par ſimple infuſion en quelque eau, mais par aſſomption de leur propre corps en pouldre. - , Mais c'eſt aſſez repliqué ſur la refutation pretenduë de la premiere propoſition de mon Achilles venons Replique ſur à la ſeconde. Ie difois que la corne de Licorne n'a air ny odeur en ſoy. cela, dit-il,eſt contraire aux principes la refutation de Phyſique. Car cbaſque corps elementaire eſt mixte,ºeſt à dire , meſlé des quatre elemens ; parquoy à la corne il y a de la ſeconde de l'air. - - - - - - propoſition. - Pour repliquer ie dis,que les choſes en Medecine ne ſe meſurent & confiderent que par les ſens & effects. ººº Bien donc que par diſcours de raiſon nous comprenions que le poyure, gingembre, & graine de paradis choſes ſe me- | ſont compoſez des quatre Elemens(c'eſt à dire)de chaud,froid,ſec, & humide : toutesfois les Medecins n'y # en - recognoiſſent que du chaud & du ſec,pource qu'ils ne font en nous principalement que des effects de cha- Medecine. leur & ſeichereſſe:ainſi nous nions la corne de Licorne eſtre aërée, parce qu'elle ne produit les effects des corps aerez,c'eſt à dire,de vapeur,fumée,& odeur. Quiconque trouuera de l'air en la corne de Licorne , il tirera de l'huyle d'vn mur. Ces deux poincts de mon Achilles vuidez , le reſte des raiſons contraires n'eſt pas difficile à refuter. Car pour prouuer que la corne de Licorne ſe peut tourner en ſang,;il allegue, 9ue Cºtºº.ººº les cbiens viuent a'os. Ie dis au contraire que les chiens ne viuent pas d'os, mais bien de la moüelle ou ſub- paraiſon eſt ſtance medulleuſe,qui eſt cachée dedans les cauitez inſignes,ou poroſitez de l'os oraux cornes de Licor-" foible. . nes,que nous voyons rapper tous les iours,ya-il rien de moüelleux ? Non plus , & encore moins qu'en la p1erre ponce. - v . N'eſt pas auſſi plus pertinent ce qu'il adiouſte : S)ue comme les chiens viuent d'os, auſſi les Auftruches de fer. C L'on ſçait auiourd'huy aſſez par experience & inſpection iournaliere,que cette opinion de la vieille hiſtoire naturelle,eſt choſe fabuleuſe.Car bien que l'Auſtruche deuore le fer,ſi ne le digere-elle pas : le lendemain, on le trouuera parmy ſes excremens telle qu'elle l'a pris. Ie puis dire en verité , auoir donné des clefs & | . cloux de fer à des Auſtruches à aualler,que le lendemain on les trouuoit auec leurs excremens,ſans eſtre en rien diminuez. Pour voir donc touſiours les petits enfans aualler les noyaux de ceriſes, & pepins de raiſin, dirons nous qu'ils les digerent & s'en nourriſſent ? - Il dit , Que le Roy a refusé cent mille eſcus de la corne de Licorne qui eſt à ſainſi Denys. Il eſt bien poſſible que pour ſa grandeur & magnificence il en ait autant refusé, mais ſi crois-je que ſi le Roy l'auoit en tel eſtime, qu'elle ſeroit miſe en plus ſeure garde que d'vn ſimple Clerc, qui la fait voir indifferemment à vn chacun pour vn grand blanc.Que ſi elle auoit telle vertu qu'on luy attribue,elle ne fuſt pas entiere,& croy qu'elle euſt eſté limée & rappée, pour ſuruenir à la neceſſité des maladies de tant de Roys qui ont tenu le ſceptre de France.Ces raiſons ont induit André Marin au lieu ſus-allegué,à penſer que telle corne ne fuſt pas natu- relle,ains artificielle,fabriquée par la main de quelque ingenieux maiſtre,qui par certaine mixtiö l'a contre- faicte aupres du naturel. Ce qui eſt prouué par Diofcoride,liu.4.chap 7 1.fueillet 52.qui dit que faiſant cui- Commentºº re la racine de Mandragore auec yuoire l'eſpace de ſix heures, elle le mollifie tellement qu'on en peut ai-Pº ſºſºf" sément faire ce qu'on voudra. Pareillement Cardan dit, que les dents des Elephans ſe peuuent amollir & *** eſtendre,comme les cornes de boeuf & de telles piperies ſe trouuent à Mets & à Strasbourg,& en pluſieurs autres lieux. Parquoy ie trouue bon ce que dit l'aduerſaire ; 9ge les Medecins deuroient admoneſter le Magi- ſtrat de l'abus qui ſeroit en la Licorne , & non pas moy. I'euſſe deſire qu'ils m'euſſent deliuré de cette peine, & D m'eſmerueille comment ils ont tant attendu. Ie ſçay toutesfois que Monſieur Cappel,Docteur regent en la faculté de Medecine,tres-ſçauant & homme de bien, auoit ja commencé à en faire vn diſcours, pour oſter 1'abus qui y eſtoit : mais voyant le mien ja imprimé, il ſe deſiſta du ſien. I'ay auſſi entendu ſouuent , que tres-ſtauant Monſieur l'Affilé Docteur en Medecine(aſſez cogneu pour ſa vertu & doctrine)autrefois auoit maintenu en érvertueux. pleines eſcoles, que la Licorne n'auoit rien des proprietez cachées qu'on luy attribue, ſeulement qu'elle opiniºn de- auoit vertu de deſſeicher au premier degré,comme toute autre eſpece de corne. Pluſieurs autres Medecins, Mºſºr voire la plus part d'entr'eux ont meſme opinion,& ce que i'en ſçay , ie ne l'ay appris que d'eux principale- lafilé Me- ment, & premierement du docte Duret. - decin , tºu- Parquoy cette mienne opinion accordante auec celle de tant de gens de bien & de ſçauoir, ne doit eſtre chant la Li- tenue pour monſtrueuſe,puis qu'elle n'eſt ny nouuelle,ny extraordinaire,ny erronée , ny pour cela ne doit 4T97'776-A- point eſtre reputée & peinte côme monſtre,ainſi que Gabbe l'Aduerſaire,voulât tirer en risée la deſcription des monſtres que i'ay inſeré en mes œuures. Monſieur Rondelet premier Medecin de noſtre temps , n'a-il pas fait pourtraire pluſieurs môſtres?& toutesfois persöne n'a dit qu'il l'euſt fait pour amuſer les petits en- fait peindre fans,mais bien pour repreſenter à l'œil ce que l'on ne pourroit ſi bien eſcrire,& comprendre ſans le pour- des menſtres. traict. Geſnerus & Belon ont fait le ſemblable, & toutesfois perſonne ne leur a mis cela à blafme. Ie croy Geſnerus cr que l'Aduerſaire n'a pas voulu ſeulement taxer les figures des môftres, mais auſſi toutes les autres qui ſont Bººº. .. , en mes œuures, en nombre de plus de trois cens ſoixante & quinze : pour leſquelles effigier & tailler en º planche, i'ay deboursé liberalement du mien plus de mille eſcus, & penſe que ceux qui s'en mocquent : ne l'Autheur: voudroient auoir ſoulagé le public d'vn ſeul eſcu de leur bourſe. Comment que ce ſoit, ces figures-la ſont telles,qu'elles profitent beaucoup à pluſieurs Chirurgiens, pour le maniement & vſage de pluſieurs inſtru- mens neceſſaires à la guariſon des maladies. Qui me fait croire que telle mocquerie eſt partie de meſme X x 4 animoſité | Prºpoſiti5 de l'Autheur, l Autre cöpa- raiſon moins valable e, Cappel Me- decin , höme Rondelet a º -- 524 Le XXI. Liure, Des Venins. Modeſtie de l'Autheur. Intention de l'Autheur. animoſité que celle qui eſt à la fin du liure de l'Aduerſaire,par laquelle il dit que ie me ſuis fait traduire le A liure fait par Iordanus, de peſie. I'appelle Dieu à teſmoin ſi iamais i'y penſay, & ne l'ayveu en Latin , ny en François. Et quand ie l'aurois fait, ie n'euſſe oublié à le nommer honorablement, comme i'ay fait tous les hauteurs deſquels i'ay peu apprendre & tirer quelque profit, ainſi que i'ay demonſtié euidemment par la table que i'ay dreſsée de leurs noms au commencement de mes œuures. Voilà ce que i'ay voulu repliquer ſur les raiſons contraires. Ce que ie prie mon Aduerſaire prendre en bonne part, & eſtimer que ce que i'en fais, eſt plus pour maintenir la vcrité, que pour le deſdire. Carie penſe que de ſa part ce qu'il en fait, n'a eſté que pour m'inſtruire & le public : & de ma partie me repute tres-heureux d'apprendre de tout le monde, & de vieillir touſiours en apprenant Seulement ie le prie, s'il a enuie d'oppoſer quelque contredits à ma replique , qu'il quitte les animoſitez , & qu'il traicte plus douce- ment le bon'vieillard Il eſt bien ſeant aux ieunes gens, pour faire preuue de leur eſprit , eloquence & do- ctrine, de diſcourir des poincts problematiques librement : & aux gens de mon aage , de s'arreſter telle- ment à la verité, que l'on ne s'en departe aucunement, pourueu que l'vn & l'autre ſe faſſe ſans pique, riote bl aſme, & offenſe de ſon prochain. * • Fin du Vingt-vniéme Liure, des Venins. 8 # 83%3 -8 %3 8368- - •4:33 # T A B L E D E S CHAPITR E S du Vingt-deuxiéme Liure, de la Peſte. # Es cRIPTIoN de la Peſte. Chapitre j (. Cauſes diuines de la Peſte. Chap. ij % Cauſes humaines, ou naturelles, & ſemences generales de la Peſte, # # priſes de la corruption de l'air. Chap. iijc ^ 7De l'alteration des humeurs, quiſe fait principalement par la ma- miere de viure. Chap. iv Signes ou preſages de la Peſte,aduenir pris de la corruption de l'air Chap. V Signes de Peſte, pris de la corruption qui eſt en la terre. Chap. vj La cure preſeruatiue, & premierement de l'air, du viure, & de la maiſon. Chap. vij Deſcription d'eaux cordiales, electuaires, opiates, pilules, & autres remedes à prendre par la bouche,preſeruatifs & curatifs de la Peſle. Chap. viij Remedes particuliers, ou choſes qu'on applique par dehors. Chap. ix Choſe que l'on doit obſeruer outre les precedentes pour la preſeruation.Chap. x L'office des Magiſtrats & Officiers publics,qui ont la charge de la police.Chap. xj Comment on doit proceder à l'eſlection des Medecins, Chirurgiens & Apothicaire, pour medicamenter les peſtiferex Chap. xij Ce que doiuent faire ceux qui ſeront eſleuxà preſent a medicamenter les peſtiferex, D Chap. xiij Signes de la Peſte preſente. Chap. xiv Signes mortels de la Peſte. Chap. xv Signes par leſquels on peut cognoiſtre que le malade eſt infecté de la Peſte venant du vice de l'air c9 mon des humeurs. · Chap. xvj Signes que le malade eſt infecté de la Peſte prouenant de la corruption des humeurs, Chap. xvij Du prognoſtic ou augure. Chap. xviij Comment ſe fait la fiévre peſtilentielle. Chap. xix Comment -, m=-=-- | 52 5 Comment le malade ſe doit retirer du lieu infect,ſabit qu'il ſe ſent frappé de Peſle. Chap. XX - T)e laſituation cs habitation de la maiſon du malade de T'eſte,& moyen d'y recti- fier l'air. Chap. xxj Tu manger du malade. Chap. xxij Du boire du malade. Chap. xxiij Medicamens alexiteres. - Chap. xxiiij Epithemes ou fomentations pour corroborer les parties nobles. Chap. xxv Si la ſaignée &9 purgation ſont neceſſaires au commencement de la maladie peſti- lente. Chap. xxvj Medicamens purgatif . * Chap. xxvij . Des accidens & complications des maladies qui aduiennent aux peftifereK, & pre- mierement de la douleur de teſte. Chap. xxviij De la chaleur de reins. Chap. xxix Accidens de pe fte. Chap. xxx T>es eruptions & puſtulles, appellée pourpre. Chap. xxxj De la cure des eruptions. Chap. xxxij Del'apoſteme peſtiferée, appellée bubon, ou boſſe. " Chap. xxxiij De la cure de l'apoſteme peſtiferé, - Chap. xxxiv Deſcription du charbon peſtiferé,& de ſes cauſes ſignes & marques.Chap. xxxv Prognoſtict des apoſtemes & charbons peſtiferex , Chap. xxxvi De la cure du Charbon peſtiferé. / | Chap. xxxvij Du prurit & demangeaiſon qui vient autour de l'vlcere, & de la maniere de pro- duire la cicatrice. Chap. xxxviij T)e pluſieurs euacuations qºiſe font outre les precedentes, c premierement de la ſueur. Chap. xxxix Tu vomiſſeuent. Chap. xl Du cracher es bauer. Chap. xlj De l'eſternuer & moucher. Chap. xlij De l'eructation ou roučtement, c9 du ſanglot. Chap. xliij TDe l'vrine. , Chap. xliv Du flux menſtruel. Chap. xlv TDes hemorrhoides. Chap. xlvj Pour prouoquer le flux de ventre. Chap. xlvij Pourarreſter le flux de ventre. Chap. xlviij De l'euacuation faicte par inſenſible tranſpiration. Chap. xlix De la curation des enfans eſpris de la Peſte. Chap. 1 Diſcours des incommoditexde la Peſte, & duſouuerain remede. Chap. lj Epilogue, ou concluſion de ce diſcours. Chap. lij L E | VINGT-DEVXIE M E LIVRE, TRA IC TANT D E L A P E S T E. PAR A M B R O I S E PA R E' DE LA VA L AV MAINE, Conſeiller, & premier Chirurgien du Roy. Deſcription de la Peſte . CHA P. I. B E s T E eſt vne maladie venant de l'ire de Dieu, furieuſe, tempeſtatiue,ha- ſtiue,monſtrueuſe,& eſpouuantable,contagieuſe,terrible,appellée de Galien beſte ſauuage,farouche & fort cruelle,ennemie mortelle de la vie des hônes & de pluſieurs beſtes,plantes,& arbres Les anciens l'ont appellée Epidemie, quand la corruption venoit de l'air,qui promptement faitmourir pluſieurs en vn inſtant, & en meſme region : auſſi ont-ihs appellez Endemie vne maladie qui eſt propre & familiere en certains pays, comme les eſcroüelles en Eſpa- gne,le goüetron en Sauoye,la lepre en Guyenne vers Bordeaux les malades de laquelle on appelle Gabets,& en la baſſe Bretaigne Cacots,& ſont nómez ladres blancs, & ainſi d'autres maladies qui regnent és autres prouinces. Or la peſte eſt ſouuent accompagnée de tres - cruels & pernicieux accidens qui - ſourdentiournellemét auec elle:comme fiévres,bubons,c harbons,pourpre, cacots la- flux de ventre,delire,freneſie,& douleur mordicatiue d'eſtomach,palpitation de cœur,peſanteur,& laſſitu- dres blancs. de de tous les membres,sómeil profond,& les ſens tout hebetez. Aucuns ont vne chaleur interne bruflante, Accidens. & ſont froids au dehors auec inquietude,difficulté de reſpirer,vomiſſemens frequens,flux de ventre,flux de ſang par le nez,& par autres parties du corps,appetit perdu,grande alteration,la langue ſeiche,noire & ari- de,le regard haue & hideux,la face paſle & plöbine,& quelquesfois rouge & enfläbée,tremblement vniuer- ſel,crachemét de ſang,puanteur des excremés,& pluſieurs autres accidens qui ſe font ſelon la pourriture & alteration de l'air peſtiferé,& de la cacochimie de ceux qui en ſont frappez. Neantmoins tous ces accidens ne ſe trouuent pas touſiours à vne fois, ny entoutes perſonnes,mais en aucuns s'en apperçoiuent pluſieurs, aux autres peu:voire à grand peine voit-on deux malades infectez de ceſte peſte les auoir ſemblables,mais C , , diuers les vns des autres,ſelon les effects qu'elle produit. Ce qui prouient de la diuerſité du venin de la ca- ººº cochymie,& complexion des malades,des années & ſaiſons, & des parties qu'elle aura ſaiſies. Auſſi qu'elle # n'eſt pas touſiours d'vne meſme ſorte,mais diuerſe l'vne del'autre : qui a eſté cauſe quel'on luya donné di- me ſorte. uers noms,à fçauoir fiévre peſtilente,caqueſangue coqueluche,ſuette,trouſſe-galant boſſe,carbon,pourpre, & autres , que deduirons cy-apres. Or l'eſſence de ce venin peſtiferé eſt incogneu & inexpliquable, dont nous pouuons dire la peſte eſtre vn quatriéme genre de maladie. Car ſi elle eſtoit vne intemperature ſimple, elle ſeroit chaude ou froide,ou humide,ou ſeiche, ou composée d'icelles : lors auec medicamens contra- Diffººººº rians, par leur ſeule qualité chaude,froide,ſeiche,humide,oumixionnées enſemble,feroit guarie. Si c'eſtoit * ſº incommoderation, c'eſt à dire de mauuaiſe compoſition,elle ſeroit enindeue conformation,ou figure,ou en ºººº nombre,ou en magnitude,ou en ſituation. Si c'eftoit auſſi ſolution de continuité,ce ſeroit eroſion,cótuſion, #º, inciſion,perforation,morſure,picqueure,& ruption, toutes leſquelles choſes ſeroient guaries par les reme- des eſcrits des anciens : mais elle vient non ſeulement d'vne ſimple corruption , mais auſſi d'vne contagion d'air peſtiferé indicible & incogneuë,qui imprime ſur vn corps ja preparé le carractere de ſon venin. Or,me dira quelqu'vn:Côment ſera-il poſſible à vn Chirurgien pouuoirguarir cette contagion par vraye methode, attendu que ſa cauſe ne peut eſtre cogneue » A quoy faut reſpondre, qu'il faut ſuiure le mouuement dena- ture, lequel ayant en horreur la qualité venimeuſe,qui premierement ſaiſit le cœur , taſche & s'efforce de D chaſſer & pouſſer dehors les matieres que le venin a corrompu, leſquelles entretiennent le mal , & dont s'engendrent fiévres peſtilentitlles, carboncles, bubons, pourpre,&autres accidens, au grand ſoulagement des parties nobles : tellement que ſi le tout ( ou la plus grande partie ) peut eſtre ainſi pouſsée dehors ſans rentrer au dedans , le patient peut eſchapper du danger. Parquoy le Medecin & Chirurgien, qui ſont mi- niſtres & coadiuteurs de nature,n'ont autre choſe à faire que pourſuiure tels mouuemens : comme en pro- uoquant les ſueurs & vomiſſement dés le commencement , & par choſes qui fortifient le cœur, vſant de tous remedes eſprouuez contre la putrefaction & venenoſité. En ſomme il faut munir le cœur par antido- tes, & attirer au dehors la matiere conioinčte , & pouruoiraux accidens, & diuerſifiant les remedes ſelon la nature d'iceux. Voila ce qu'il me ſemble de la deſcription de la Peſte, laquelle n'eſt iamais vniuerſelle,ny d'vne meſme ſorte, comme nous auons dit cy-deſſus. - - -- - Des cauſes diuines de la Peſte . CH A P. I I. # 'E s T vne choſe reſoluë entre les vrais Chreſtiens,auſquels l'Eterncl a reuelé les ſecrets de ſa Sapien- Amôs 3. -- ce,que la Peſte & autres maladies,qui aduiennent ordinairement aux hommes, procedent de la main A ies 17. de Dieu ainſi que le Prophete nous enſeigne : Quelle aduerfité ſera en la cité, que le Seigneur n'aye fait? Ce que nous deuons en tout temps ſoigneuſement mediter pour deux raiſons : La premiere eſt, pour re- cognoiſtre que ce que nous auoirs de vie, ſanté , mouuement & eſtre, procede directement de la Purº - bonté | | | De la Peſte. 527 A bonté de Dieu,qui eſt le pere des\urnieres, afin que par ce moyen nous luy rendions graces de ſes benefi- ces.L'autre eſt,que la cognoiſſance des afflictions, qui nous ſont enuoyées de Dieu, nous achemine à vne droite intelligence de ſa iuſtice ſur nos pechez, afin qu'à l'exemple déDauid nous nous humilions ſous ſa º º * main puiſſante,pour garder que noſtre ame ne peche par impatience : auſſi qu'eſtans releuez de deſeſpoir, # nous inuoquions ſa Majeſté pour nous deliurer de tous maux par ſa miſericorde. Voiſà comme nous ap- 3.9. prendrons de chercher & en Dieu & en nous,au Ciel & en la terre,la droicte cognoiſſance des cauſes de la peſte,de laquelle nous ſommes viſitez; & comment par la Philoſophie diuine nous ſommes inſtruicts, que iDieu eſt le principe & cauſe des cauſes moyennes,ſans laquelle les ſecödes cauſes & inferieures ne peuuét produire aucun effect,ains ſont conduites & addreſsées par la volonté ſecrette & conſeil priué d'iceluy,qui s'en ſert comme d'inſtrumens,pour accomplir ſon œuure,ſelon ſon decret & ordonnance immuable. Pour- tant il ne faut attribuer ſimplement la cauſe de la peſteaux choſes prochaines, à l'exemple des Lucianiſtes, Naturaliſtes,& autres infidelles:mais il nous faut conſiderer, que tout ainſi que Dieu par ſa toute-puiſſan- ce a crée toutes choſes,hautes,moyennes & baſſes,auſſi que par ſa ſageſſe il les conſerue,modere, encline - où bon luy ſemble:meſme ſouuent change le cours naturel d'icelles,ſelon ſon bon plaiſir.Voilà pourquoy Reromie 1d. le Prophete nous exhorte:N'apprenez point les voyes des Gentils, & ne craignez point les fignes du Ciel, les cººſºº comme les Gentils les craignent.Et ne faut que nul ſoit ſi hardy & plein de rage,de vouloir attacherDieu, ºfºriº qui eſt la ſouueraine cauſe de toutes choſes,aux cauſes ſecondes & inferieures, & à ſes creatures, ou à la º # premiere diſpoſition que luy-meſme a baillée,& ſeroit rauir à Dieu ce tiltre de Tout-puiſſant, & luy oſter #irſans # la liberté de plus rien changer & diſpoſer autrement qu'il n'a fait du commencemét,comme ſi l'ordre qu'il # a eſtably le tenoit ſubiect & lié ſans qu'il peuſt rien innover. Car quelque ordre ou diſpoſition que Dieu #. . aye mis en Nature,en la reuolution des ſaiſons,au mouuement des Aſtres & Planettes, il eſt plus que tres- certain, qu'il n'eſt point lié ny ſubjet à creature quelconque : ains beſongne & fait ſes œuures en toute li- berté,& n'eſt aucunement ſubjet de ſuiure l'ordre qu'il a eſtably en nature:mais s'il veut punir les hommes · à cauſe de leurs pechez,afin de leur monſtrer ſa iuſtice , ou les combler de biens , pour leur faire ſentir ſa bonté paternelle,il change ſans difficulté cét ordre quand bon luy ſemble,& le fait ſeruir à ſa volóté,ſelon qu'il voit eſtre bon & iuſte.Car tout ainſi qu'au commencement de la creation du monde, par le comman- dement de Dieu,la terre produit verdure,arbres fruictiers, la mer ſes poiſſons : la lumiere auſſi eſclairoit auant que ces deux grands luminaires, le Soleil & la Lune,fuſſent creez, pour nous apprendre que c'eſt le Tout-puiſſant,qui par ſoy-meſme a fait toutes choſes:auſſi depuis que le gouuernemêt des creatures a eſté aſſigné au Soleil,& aux Planettes,deſquels la terre,& ce qu'elle contient reçoit aliment & nourriture, nous ſçauons comme ce grand Dieu a changé le cours naturel d'iceux,pour le bien & profit de ſon Egliſe. C'eſt - ce que nous liſons,que le Seigneur alloit deuant les Iſraëlites par iour en colomne de nuée, pour les con- Exod5 13. duire par la voye,& de nuict en colomne de feu pour les eſclairer.En cette meſme façon le Soleil & la Luz ne furent arreſtez,& changerent leur cours à la priere de Ionſué.Aſſi par la priere d'Helie,il ne pieut point Ioſué 1o. l'eſpace de trois ans & ſix mois.Par ces exemples donc il appert clairement, que Dieu diſpoſe de ſes crea- # #7* tures ſelen ſon bon plaiſir,tant pour ſa gloire que pour le ſalut de ceux qui l'inuoquent en eſprit & veri- #. S. té.Or comme le Seigneur ſe ſert de ces choſes inferieures pour eſtre miniſtres de ſa volonté,& teſmoigna- # §" ges de ſa grace à ceux quile craignent, auſſi elles luy ſeruent de herauts & executeurs de ſa iuſtice, pour - punir les iniquitez & offences des pecheurs,& contempteurs de ſa Majeſté. Et partant,pour le dire en vn r,, ê mot,c'eſt la main de Dieu , qui par ſon iuſte iugement, darde du Ciel cette peſte & contagion , pour nous #ieu enuoy chaſtier de nos offenſes,& iuiquitez,ſelon la menace qui eſt contenue en l'Eſcriture.Le Seigneur dit ainſi: #. Ie ferayvenir ſur vous le glaiue executeur,pour la vengeance de mon alliance,& quand vous ſerez raſſem- - - Wº- blez en vos villes, ie vous enuoyeray la peſtilence au milieu de vous, & ſerez liurez en la main de l'eniſe- ..... . my.Qu'on liſe auſſi ce qu'eſt eſcrit en Habacuc,chapitre 3.Le Seigneur des armées dit : Voicy, i'enuoye ſur # 25, eux l'eſpée,la famine,& la peſte. Semblablement Dieu commanda à Moyſe ietter en l'air certaine poudre " 9. en la preſence de Pharaon,afin qu'en toute la terre d'Egypte,les hommes & autres animaux fuſſent affligez - d'apoſtemes peſtilentielles,ylceres,& plufieurs autres maladies.ce que Dauid a confirmé, diſant que Dieu ºſº 7* ennoya en Egypte des Mouſches, qui deuorerent le pays, & des Grenoüilles quiles deſtruirent, & donna leurs fruicts aux Chenilles , & leur labeur aux Sauterelles : & gaſta leur vigne par greſle, & leurs figuiers ſauuages par la tempeſte & liura leurs iumens à la greſle,& leurs troupeaux à la foudre.Puis adiouſte qu'il dreſſa voye à ſon ire,& n'eſpargna de les mettre à mort,& liura leur vie à la peſte. Pareillement au Deute- ronome,Moyſe menace les tranſgreſſeurs de la loy de Dieude pluſieurs maledictions,& entre autres de pe- . ſte,apoſtemes,enfleures,& maladies ardentes.Or le ſeul exemple de Dauid nous monſtre l'execution de ces Soixante & menaces terribles,quand Dieu pour ſon peché,fit mourir de peſte ſeptante mille hommes,ainſi que l'Eſcri- dix mille ture teſmoigne au 2.liure des Roys,chapitre 24.Le Prophete Gad fut enuoyé à Dauidauec commandement º º de Dieu : Ie t'offre trois choſes,eſly l'vne d'icelles,& iele feray.lequel veux-tu ? Ou que ſept ans de famine de peſte. viennent ſur la terre ou que par l'eſpace de trois mois tu fuyes deuant tes ennemis,& qu'ils te pourſuiuent *** Ou que par trois iours la peſte ſoit ſur la terre : Là deſſus Dauid prie de cheoir pluſtoſt entre les mains de Dieu,qu'entre celles des hommes:d'autant,dit-il,qu'il eſt miſericordieux.Et quelqu'vn pourra dire que ce peuple n'auoit pas merité la mort pour l'offenſe de ſon Roy. On peut reſpondre qu'il eſloit encore plus meſchant que luy.Car il le reſerua pour la gloire de ſon ſainct Nom. Nous liſons pareillement,que le Sei- gneur Punit l'idolatrie & profanation de ſon! ſeruice par le fleau de la peſte. Car voicy comme il parle: Deut. 28. " Pource que tu as violé mon ſainct lieu en tes infametez & abominations, ie le briſeray auſſi, mon œil ne l'eſpargnera Point , & n'en auray point de pitié:car la troiſieſme partie mourra de peſte. Concluons donc Hip.chap. 2 que la peſte,& autres maladies dangereuſes, ſont teſmoignages de la fureur diuine ſur les pechez, idola- § tries & ſuperſtitions qui regnent en la terre, comme meſme vn autheur profane eſt contraint de confeſſer prºgnoſtic.. qu'ily a quelque choſe de diuin aux maladies. Et pourtant lors qu'il plaiſt au Seigneur des Seigneurs, & Createur de toutes choſes,vſer de ſes iuſtes iugemens,nulle de ſes creatures ne peut euiter ſa fureur eſpou- uantable,voire meſme Ciel & terre en tremblent,ainſi que Dauid nous enſeigne : Pſeau, 68. \ Les Cieux fondirent en ſueur : - La terre trembla de la peur ZDe ta face terrible. Que ſera-ce donc de nous pauures humains, qui nous eſcoulons comme la neige ? Comment pourrons- nous ſubſiſter deuant le feu de l'ire de Dieu,veu que nous sômes foin & paille,& que nos iours s'éuanoüiſ. ſent comme vapeur de fumée?Apprenons,apprenons de nous conuertir de nos voyes mauuaifes a la pureté du ſeruice de Dieu:& ne ſuyuons point l'exemple des fols malades,qui ſe plaignent de la chaleur & altera- tion de la fiévre,& cependant reiettent la medecine,qui leur eſt preſentée pour les guarir de la cauſe de la maladie. Sçachons que c'eſt icy le principal antidote contre la peſte,#que la conuerſion & amendement de f)0S - Principal 4mtidote cj- 1 re la peſte, - 528 Le Vingt-deuxieme Liure, Pſean.6. Dieu me veut que negli- #ion : les re- medes natu- rels. Eccleſ38. Cauſes. L'air corrö- pu prepare nos corps à corruption. Les poiſſons peuuent eſtre infectez de peſte- . Hiſtoire de Padoue. La peſte des plantes eſt appellée Si- deration. Hiſtoire. ' Autre hi- ſtoire d'Em- pedoeleu. nos vies.Et tout ainſi que les Apothicaires font du theriaque de la chair du Serpent,Pour la morſure veni- meuſe:auſſi de la cauſe de nos maladies, c'eſt à ſçauoir de nos pechez,tirons le remede & guariſon, en re- gardant vers le Fils de Dieu Ieſus-Chriſt noftre seigneur:lequel ne guarit pas ſeulement le corps de ſes in- firmitez & maladies,mais nettoye l'ame de tout peché & ordure;& à l'exemple de Dauid, gemiſſons & re- cognoiſſons nos pechez : prians ce bon Dieu de cœur & de bouche,comme il s'enſuit : 7Nº vueille pas , 6 Sire » Me reprendre en ton ire Moy qui t'ay irrité , & c. Voilà la premiere & principale conſideration que tous Chreſtiens doiuent cognoiſtre en recherchant les cauſes diuines de la peſte,& le preparatifqu'il faut prendre pour la guariſon de telle maladie. Et outre ce, ie conſeille au Chirurgien de ne vouloir auſſi negliger les remedes approuuez par les Medecins anciens & modernes:car combien que par la volonté de Dieu telle maladie ſoit enuoyée aux hommes,ſi eſt-ce que par ſa ſaincte volonté les moyens & ſecours nous ſont donnez pareillement de luy , pour en vſer comme d'in- ſtrumens à ſa gloire,cherchans remedes en nos maux meſmes en ſes creatures, auſquelles il adonné certai- nes proprietez & vertus pour le ſoulagement des pauures malades. Et veut que nous vſions des cauſes ſe- condes & naturelles,comme d'inſtrumens de ſa benediction ;autrement nous ſerions bien ingrats, & meſ- priſerions ſa beneficence.Car il eſt eſcrit,que le Seigneur a donné aux hommes la ſcience de l'art de Mede- cine,pour eſtre glorifié en ſes merueilles.Et partant nefaut negliger tous autres moyens,que deſcrirons cy- apres. Il reſte maintenant rechercher les cauſes & à raiſons naturelles}de cette peſte. Des cauſes humaines, ou naturelles, & ſemences generales de la peſte priſes de la corruption de l'air. C H A T. I l I. Es cauſes generales & naturelles de la peſte ſont deux,à ſçauoir l'air infecté & corrompu, & l'alteration des humeurs viciez,en noſtre corps:& preparez à prendre la peſte & air peſtilent. 7 Ce qui eſt prouué par Galien,qui dit que les humeurs de noſtre corps ſe peuuent pourrir, & 57 % acquerir venenoſité.Or l'air ſe corrompt lors qu'il y a excez és ſaiſons de l'année, letquelles - - º© ne tiennent leur conſtitution naturelle, qui ſe fait parce que preſque toute l'année auta eſté humide,à cauſe des pluyes & groſſes nuées.L'Hyuer pour la plus grande partie n'aura eſté froid : ny pareil- lement le Printemps tiede ou temperé, comme il a de couſtume:auſſi qu'en Automne on void en l'air fiam- bes ardentes,eſtoilles courantes,& comettes de diuerſes figures,leſquelles choſes ſont produites des exha- lations ſeiches.De meſme ſi l'Eſté eſt chaud,& que les vents n'ayent ſoufflé ſinon du Midy, & encore ſidou- cement,qu'à peine on les aura peu ſentir : & quelquesfois auſſi on a veu que les nuées eſtoient pouſſées du Midy au Septentrion.Telles conſtitutions de ſaiſons ſont eſcrites par Hippocrate,au liure des Epidemies,li- ure premier,& au troiſiéme liure des Aphor.leſquelles ſans doute rendent l'air du tout peſtiferé : car alors par ſon intemperature il diſpoſe à pourriture les humeurs ſereux de noſtre corps,& par ſa chaleur non na- turelle les bruſle & enflamme : toutesfois toutes conſtitutions non naturèlles n'engendrent pas touſiours la peſte,mais pluſtoſt autres maladies epidemiales.Quelquesfois l'air peſtilent, qui eſt attiré au corps par vne ſeule inſpiration d'vn peſtiferé,rend tous les membres infectez. Dauantage, l'air ſe corrompt par certaines vapeurs meſlées auec luy, comme nous auons dit cy-deuant comme par grande multitude de corps morts, non aſſez toſt enſeuelis en la terre,comme d'hommes,cheuaux & autres choſes faiſans vne vapeur putride& charongneuſe,qui infecte l'air;ce qui ſouuent aduient apres vne bataille,ou de pluſieurs hommes peris par naufrage,puis iettez par les flots de la mer au riuage:ou quâd la mer a ietté pluſieurs poiſſons & beſtes,lors que les riuieres font grandes inondations ſur la terre,& les rauiſſent en la mer,dont ils meurent, n'eſtâs pas accouſtumez de viure en l'eau ſalée.Or la mer laiſſe quelquesfois grande quantité de poiſſons à ſec, quand les gouffres ou ouuertures de la terre,faictes par le mouuemêt d'icelle,s'empliſſent d'eau,ou quâd le flot de la mer laiſſe les grands poiſſons eſtans ſortis du profond d'icelle:ainſi que de noſtre têps vne Baleine fut pu- trefiée en la coſte de la Toſcane,qui amena la peſte par tout le pays.Or lespoiſſons,bien que raremét coin- me dit Ariſtote au 8.de l'hiſtoire des Animaux,peuuent eſtre infectez par les mauuaiſes exhalations eſſeuées de la terre,qui eſt au deſſous l'eau,& paſſans par dedans icelle:auſſi peuuent ſentir la contagion de l'airam- biens,lors qu'ils ſe mettent ſur l'eau.Et pour ces deux cauſes, il ſe fait que la peſte eſtant en quelque pays, les poiſſons ſont trouuez morts en grand nombre,principalement és eſtangs,lacs , & riuieres, qui ſont peu agitées,que l'on appelle eaux dormates:ce qui ne ſe fait en la mer;car par ſon grand mouuemêt impetucux, & par ſa ſelſitude,n'eſt ſuiette à peurriture:& partant les poiſſons qui ſont en icelle,ne reçoiuêr l'infection peſtilente,comme ceux des eaux dormantes. Outre-plus l'air eſt infecté des meſchantes vapeurs de quel- ques lacs,eſtangs bourbeux & mareſcageux,eaux croupies és maiſons où il y a des égouts & conduits ſous la terre,qui ne s'eſcoulent point,& ſe corrompent en Eſté,eſleuans certaines vapeurs par vne exceſſiue cha- leur du Soleil.Comme l'on trouue par eſcrit qu'à Padoue il y auoit vn puits que l'on auoit longuement tc- nu couuert:puis ayans eſté deſcouuert,qui fut en Eſté,il en ſortit vne grande exhalation putride , tellement que l'air circonuoiſin fut du tout corrompu,dont proceda vne peſte merueilleuſe,qui dura fort l6g-temps, & de laquelle bien grand nombre de peuple mourut.Pareillement l'air exterieur eſt corrompu par certaines exhalations,fumées,& ſouſpirs des vapeurs pourries & infectées,enfermées és entrailles de la terre, ayans eſté long-temps retenuës, croupies & eſtouffées és lieux tenebreux & profond d'icelle, qui viennent puis apres à § par vn tremblement de terre.Par le tremblement de la terre,les eaux ſentent le ſoulphre , ou autre matiere metallique & ſont chaudes & troublées:cela ſe fait des exhalations de la terre par le fecoue- ment ou esbranlement d'icelle.Es temps deſquelles l'on oyt ſouuent diuerſes voix, comme gemiſſemens de ceux qui meurent aux batailles, & auſſi diuers cris d'animaux. Semblablement on voit ſortir de terre Plu- ſieurs animaux,comme crapaux,couleuures,aſpics, viperes , & autres vermines. Et par leſdites exhalations ainſi ſorties, l'air eſtant infectéi, infecte pareillement non ſeulement les hommes & autres animaux , mais auſſi les plantes, fruicts & grains , & generalement toute leur nourriture : d'autant que comme l'eau trou- blée & puante ne laiſſe viure le poiſſon qui eft dedans, auſſi l'air malin & peſtiferé ne laiſſe viure les hom- mes : mais altere les eſprits, & corrompt les humeurs, & finalement les faict mourir, & meſmement les beſtes & plantes,comme nous auons dit. Dauantage on a veu quelques-vns creuſans la terre pour fai- re des puits,ſentirvne vapeur fi puante & infecte , qu'ils mouroient promptement Et encore n'agueres és faux-bourgs Sainct Honoré de cette ville de Paris,moururent cinq hommes, ieunes & forts, en curant vne foſſe,où l'eſgout du fiens des pourceaux eſtoit de long temps croupy,& retenu ſans aucune exhalation , & fut-on contraintemplir de terre ladite foſſe,pour l'eſtouper promptement,&obuier à plus grands accidens. Semblable | -- YDe : - A - . n - la Peſte, 5 2 9 ſemblable choſe a eſté dés long-temps obſeruée par Empedocles Philoſopbe : lequel voyant qu'il y auoit vne ouuerture de terre entre les môtagnes,laquelle cauſoit la peſte pour les mauuaiſes vapeurs qui en ſor- toient,la fit boucher,& par ainſi chaûa la peſte du pais de Sicile. On a cognu combien cecy eſtoit vray par la corruption aduenue des corps morts au chaſteau de Pene,ſur la riuiere de Lorauquel lieu l'an 1562 au mois de Septembre,pendant les troubles premiers aduenus à cauſe de la religion, fut jetté grand nôbre de corps morts dedans vn puits profond de cent braſſées ou enuiron,duquel deux mois apres s'eſleua vne va- peur puante & cadauereuſe,qui s'eſpandit par tout le pais d'Agenois,& lieux circonuoiſins, iuſques à dix îieues à la ronde,dont pluſieurs furent infectez de la peſte. Dequoy ne ſe faut eſmerueiller veu meſmes que les vents ſoufflans,pouſſent les exhalations & fumées pourries d'vn païs en autre:dont auſſi on y voit pro- uenir la peſte,comme auons dit cy deuant en la 1.Apologie.Or ſi quelqu'vn vouloit obiecter : diſant que ſi la putrefaction de l'air eſt cauſe de la peſte,il s'enſuiuroit par neceſſité qu'en tous lieux où il ya charon- gnes,eſtangs,mareſcages,ou autres lieux putrides,la peſte y ſeroit touſiours, à cauſe que l'air reçoit facile- ment putrefaction,auſſi que toute putrefaction,quand elle eſt entrée au corps par inſpiration, engendreroit la peſte : laquelle choſe neantmoins eſt contre l'experience , comme l'on voit en ceux qui habitent & fre- quentent és lieux putrides,comme és poiſſonneries,eſcorcheries,cimetieres,hoſpitaux,cloaques, & tanne- ries,auſſi és laboureurs'qui manient & meuuent les fiens pourris & corrompus par putrefaction,&ceux qui curent les latrines,& pluſieurs autres choſes ſemblables.A cela faut reſpondre,que la putrefaction de la pe- ſte eſt bien differente de toutes autres putrefactions,pource qu'il y a vne malignité cachée & indicible , de laquelle on ne peut donner raiſon,non plus que de l'aymant qui tire leifer,& pluſieurs autres medicamens, qui attirent & purgent certaines humeurs de noſtre corps.Pareillement la malignité occulte qui eſt en cette B putrefaction peſtiferée,n'eſt point aux autres choſes corrompues de corruption ordinaire, leſquelles tou- tesfois en temps de peſte ſe tournent facilement en ſemblable malignité:tellemét que toutes les apoſtemes & fiévres putrides, & autres maladies procedantes de putrefaction , en temps de peſte ſe tournent facile- ment en telle corruption extraordinaire,& du tout eſtrange. Et partant en telle conſtitution de temps , il fait bon éuiter les lieux infects,& la frequentation des peſtiferez,de peur que par la vapeur &exhalation de l'air corrompu nous ne ſoyons infectez, combien qu'auſſi il n'eſt pas neceſſaire que tous céux qui attirent l'air peſtiferé prennent la peſte,car on ne la peut prendre qu'il n'y ait quelque preparation & diſpoſition:ce que l'experience iournaliere demonſtre.Auſſi Galien le declare au liure des differences des fiévres, dilant que nulle cauſe ne peut produire ſon effect, ſans que le corps y ſoit apte & preparé, autrement tous ſe- roient infectez de meſme cauſe;neantmoins par continue frequentation des lieux & perſonnes enuenimées Hiſloi-e, Obieſiio", Reſponſe, Galirn. de tel venin, on peut acquerir vne diſpoſition & preparation à receuoir icelle peſte : car combien que le bois verd ne ſoit diſposé à bruſler,ſi eſt-ce que pour eſtre long-temps au feu,il bruſle. Partant ie conſeille de ſe preſeruer touſiours, & euiter les lieux & perſonnes peſtiferées : car le venin pris par l'odeur des va- peurs venimeuſes eſt merueilleuſement ſoudain , & n'a affaire d'aucun humeur qui luy ſerue de conduite pour entrer en noſtre corps,& agir en iceluy, comme nous auons dit par cy-deuant. Car leſdites vapeurs eſtans ſubtiles,ſont facilement attirées auec l'air dedans les poulmons,& d'iceux dedans le cœur (domici- le de la vie)puis paſſent par les arteres, & d'icelles ſe communiquent par tout le corps : gaſtans premiere- ment les eſprits,puis les humeurs, & en la fin la ſubſtance meſme des parties. Or quand nous parlons de l'air peſtilent,nous ne voulons pas qu'il ſoit eſtimé ſimple & élementaire : car eſtant ſimple, iamais il n'ac- quiert de pourriture,mais par addition & meſlange des vapeurs Pourries eſparſes en luy. Parquoy veu que l'air qui nous enuironne,& eſt contigu,eſt perpetuellement neceſſaire à noſtre vie, & que ſans luy nous ne pouuons viure,il faut que ſelon ſa diſpoſition, noſtre corps ſoit en pluſieurs & diuerſes manieres alteré, à cauſe que continuellement nous l'attirons par l'attraction qui ſe faict des poulmons és parties pectorales dediées à la tranſpiration, & pareillement par la tranſpiration qui ſe faict par les pores & petits pertuits inſenſible de tout le corps,& des arteres eſpandues au cuir ce qui ſe fait tant pour la generation de l'eſprit de vie,que pour rafraiſchir noſtre chaleur naturelle.A cette cauſe, s'il eſt immoderément chaud, froid,hu- mide,ou ſec,il altere & change la temperature du corps en ſemblable conſtitution que la ſienne. Mais entre toutes les conſtitutions de l'air,celle qui eſt chaude & humide eſt fort dangereuſe : car telles qualitez ſont cauſe de putrefaction,ainſi que l'experience nous fait voir és lieux où le vent marin en Eſté exerce la tyran- . nie,eſquels vne viande,tant ſoit-elle fraiſche,ſe corrompt & pourrit en moins de demie heure. Semblable- ment nous voyons que l'abondance des pluyes engendre beaucoup de vapeurs,leſquelles lors que le Soleil ne les peut reſoudre & conſumer, alterent & corrompent l air,& le rendent idoine a la peſte. Mais il faut icy ncter que la pourriture qui vient des corps morts des hommes,.eſt plus pernicieuſe aux hommes, que celle des autres animaux auſſi celle des bœufs aux bœnfs,des cheuaux aux cheuaux,des porceaux aux por- ceaux,ainſi des moutons & autres animaux:ce qui prouient pour la ſympathie &concordance qu'ils ont les vns aux autres,comme on voit qu'en vne famille & perſonnes qui ſont de ſemblable temperament, ſi I'vn eſt épris de peſte, elle ſe communique ordinairement à tous. Toutesfois on a veu auſſi pour eſcorcher des bœufs,& autres beſtes mortes de peſte,l'eſcorcheur mourir ſubitement , & le corps d'iceluy deuenir tout enflé. Le tonnerre & eſclairs par ſon grand bruit & tintamarre eſmeut ſi vehementement l'air, qu'il fait renforcer la pefte. Or pour conclurre des effects diuers de l'air,nous dirons, que ſelon qu'il eſt diuers & diſſemblable,auſſi il rend diſſimilitude d'affections & differens effects, meſmes és eſprits , leſqucls il rend gros & hebetez,ou ſubtils & aigus:& pour le dire en vn mot,l'air a cmpire ſur tous les hommes,& autres animaux, plantes, arbres, & arbriſſeaux. De l'alteration des humeurs , qui ſe fait principalement par la maniere de viure. C H A P 1 T R E I V. à PR È s auoir ſuffiſamment declaré les cauſes de l'alteration de l'air qui nous enuironne,& que $,3nous inſpirons par neceſſité,vueillons ou non : maintenant il nous faut declarer la cauſe de la % corruption des humeurs de noſtre corps.Or nos humeurs ſe corrompent & tournent en pour- # riture par vne trop grande plenitude ou obſtruction,ou intemperature:ou malignité de matie- 4 • "re , qui ſe fait principalement par la mauuaiſe maniere de viure:& de là procedent les cauſes principales de corruption,par leſquelles tels corps ſont ſoudainement frappez de peſte:car apres auoir beu des vins pouſſez & corrompus,& des eaux mauuaiſes & putrides,comme celles qui ſont bourbeuſes & ma- reſcageuſes,dans leſquelles ſe dégorgent les égouts puants & corrompus,ſans qu'iceux ayent aucun cours: eſquelles auſſi on aura jetté quelque ordure, & laué le linge, & jetté les excremens des peftiferez,com- me eſt vn égout de l'Hoſtel-Dieu de Paris : où apres auoir mangé meſchantes viandes, comme grains - - Y y pourris 7 L'air ſimple iamais n'ac- quiert pour- ritture. Double at- traétion de l'.air. Chaleur cº humidité, La peſte sommunique plus aisémée és animaux de meſme eſpece, cr . complexion, Cauſes de la corruptio de mes humeurs. 53o Le Vingt-deuxiéme Liure, º · - Les mauuai- ſes viandes cauſent ma- ladies. Rondelet en ſa practique. Cauſe de la malarnitéć- pourriture des playes. Autre vent : meridional pere de pu- " trefaction. La Coquelu- che. La Suette- Aurre di 4'e Trouſſe-ga- la md. pourris,herbes,fruicts ſauuages,& autres alimens alterez, & non accouſtumez, comme on fait par vne gran- de famine, & aux villes & places aſſiegées ( ce que ie ſçay pour y auoir eſté ) tellement que par neceſſité les hommes ſont contraints de manger la viande des porceaux, comme on a veu en l'an 1566, à cauſe de la cherté, faire du pain d'auoine, féves, pois, lentilles, veſſe, glan, racine de feugere , & dent de chien : auſſi manger troncs de choux, & autres choſes ſemblables : apres, dy-je, telle maniere de viure, ſuruient ordi- nairement vne peſte. car telle nourriture engendre obſtructions & pourriture d'humeurs, dont s'enſuiuent galles, apoſtemes, vlceres & fiévres putrides, qui ſont preparatifs à la peſte : à quoy auſſi aide grandement la perturbation des eſprits & humeurs, comme de crainte, frayeur, faſcherie, ou autre cauſe : car telles cho. ſes changent l'œconomie de toute l'habitude du corps. Et comme és iours caniculaires on veoit, que par la grande chaleur & ebullition, la lie eſt leuée en haut, & meſlée parmy le vin : ainſi la melancholie, & autres humeurs, eſtans meſlez & partroublez,infectent le ſang,& le diſpoſent à pourriture & venenoſité, doat la peſte eſt ſouuent procrée, & autres pourritures : ce que n'agueres nous a eſté manifeſte en pluſieurs de ceux qui furent bleſſez à la bataille pres S.Denys, les playes deſquels degeneroient en grandes pourritures, accompagnees de fiévre putrides, & autres grands accidens : & preſque tous mouroienttant d'vne part que d'autre, voire encore que leurs playes fuſſent petites, & en lieux du corps non dangereux : & auſſi qu'ils fuſſent traictez de toutes choſes neceſſaires, tant à leur maniere de viure, qu'autres choſes. Dont pluſieurs affirmoient, & philoſophoient, que c'eſtoit à raiſon de la poudre à canon, & des boulets empoiſonnez. Ce qui me ſemble n'eſtre vray, ainſi que i'ay amplement diſcouru au traicté des playes faites par arquebuzes,& autres baſtons à feu, tant parauctorité, raiſon,qu'experience. Dauantage les pourritures & autres accidens ne venoient ſeulement aux playes faites par baſtons à feu , mais auſſi à celles qui eſtoient faites par autres armes, comme d eſpées, de piques, de lances, & autres. Partant il me ſemble ſous correction) que les ac- cidens ne venoient par la malignité de la poudre a canon, & moins des boulets qu'on diſoit eſtre enueni- mez, mais pluſtoſt à cauſe de l'ebullition du ſang & des autres humeurs ſe broüillans & meſlans enſemble, tant pour l'extreme cholere & effroy de l'apprehenſion de la mort, qu'on void ſi proche, & principalement auſſi pour la conſtitution & pourriture de l'air. Et qu'il ſoit vray, vn iour ou deux qu'on tiroit du ſang aux malades pour ſuruenir aux accidens, il ſe trouuoit de couleur non rouge, mais du tout changé de ſa nature; à ſçauoir, blanc, ou verdoyant comme ſanie des apoſtemes, qui demonſtroit eſtre du tout corrompu. Ioint auſſi que lors qu'on faiſoit ouuerture des corps morts, on trouuoit preſque à tous des apoſtemes aux par- ties interieures, cornme au foye & aux poulmons , qui ſe faiſoit pour la pourriture acquiſ par le brouille- ment du ſang, & principalement de l'air ambiens altere & corrompu, & non par la poudre a canon, ny les boulets, que aucuns tenoient eſtre empoiſonnez. Maintenant nous deſcrirons les ſignes & preſages de la peſte à aduenir, pris de la corruption de l'air. Les ſignes ou preſages del. Peſte à aduenir,pris de la corruption de l'air CH A P. V. #s 8 V A N D les ſaiſons de l'année ne gardent leu qualitez & temperatures naturelles, & ſont fort J' # immoderées, a ſçauoir quand on void le temps fort pluuieux & Auſtral, & l'Eſté fort chaud & que le vent Auſtral dure long-temps ſans pluye, & que I'on void au C1-l cometes & eſtoilles ardentes, qui voltigent & partent de leurs places, tant qu'il ſemble qu'elle tombent auec abon- dance de tonnerres, & autres choſes que nous auons par cy-deuant dit Auſſi , ſi on void gran- de quantité de chenilles,& autres vermines,qui broutent & rongent les fueilles & gettons des arbres,& les fruicts eſtre venimeux,& les oiſeaux laiſſer leurs nids,voire leurs œuf, & leurs petits, & pluſieurs femmes enceintes auorter (qui ſe fait pour la vapeur venimeuſe de l'air peſtilent, lequel eſtant inſpiré par la mere, eſtouffe l'enfant par ſa malignité ennemie de nature :) Si ces choſes,dy-je,ſont véue,on peut veritablement preſager & dire que les cauſes & ſigne de corruption ſont preſens,& qu'ils nous menacent de la peſte.Tou- tesfois il faut icv entendre que telles choſes apparentes en l'air ne ſont point propres cauſes de la peſte,mais que telles impreſſions aerientes ſont engédrées des exhalations & vapeurs de la terre,leſquelles en fin infe- ctent l'air,dont la peſte procede : car l'air ſe corrompt par les vapeurs putrides, eſleuées des entrailles de la terre,pour les corruptions qui ſont en icelle,comme de corps morts,égouts,eaux croupies,& autres cauſes u'auons declarées cy-deuant,deſquelles le Soleil par ſa vertu attire en la moyenne region de l'air en temps § chaleurs.Et pour ce il ne ſe peut faire,qu'à cauſe de l'air eſtant ainſi cerrompu, ne s'enſuiuêt di- ucrs effects ſelon la diuerſité de la corruption. Et de la s'engendrent pluſieurs maladies Epidemiales,c'eſt à dire,populaires,ou vulgaires,ainſi que l'an 151o.ſuruint vne maladie par tout le Royaume de France,tant és villes qu'és villages,nommée par le commun Coqueluche:parce que quant aucuns eſtoient eſprits de cette maladie,ils ſentoient grande douleur en la teſte,enſemble en l'eſtomach,és reins,& és jambes,& auoient fic- vre continuë,auec delire & freneſie:& lors qu'on les purgeoit ou ſaignoit,on abbregeoit leurs iours.Et d'- celle mourut vn bien grand nombre d'hommes,tant riches que pauures.Auſſi l'an 1528.ſuruint vne autrema D ladie en Angleterre,& aux baſſes Allemagnes,qui fut nommée du peuple, la Suette, pource que les patiens auoient vne bien grande ſueur par tout le corps,auec grand friſſon, tremblement, & palpitation de cœur, accompagnée de fiévre continue, & mouroient en peu de iours, & cette maladie tua auſſi vn bien grand nombre de perſonnes. Pareillement l'an 1546. regna en la ville du Puy en Auuergne, vne autre maladie nommée du peuple,Trouſſe-galand,pource que peu de ceux qui en eſtoient eſprits,eſchappoient,ains mou- roient en deux ou trois iours ou moins,& pluſtoſt les robuſtes que les debiles,& les riches que les pauures. Au commencement les patiens auoient grande peſanteur de tout le corps, auec vne extreme douleurde te- ſte, & fiévre continué,& perdoient toute cognoiſſance, & faiſoient tous leurs excremens inuolontairement ſous eux, & auoient grand delire, de ſorte qu'il les falloit lier & attacher. Que ſi aucuns eſchappoient, leurs cheueux tomboient, & ladicte maladie eſtoit fort contagieuſe. L'année ſuiuante vint en ladite ville vne autre plus grande peſte,accompagnée de bubons & charbons, qui fit auſſi mourir vn grand nombre de peuple, ce que i'ay bien voulu icy annoter, afin que le Chirurgien prenne garde à la grande diuetſité & malignité de cette maladie peſtilente pour y obuier, l'aduertiſſant davantage, qu'en certains temps aduien- nent pluſieurs autres maladies populaires, comme fiévres putrides,flux de venrre,rheumes,toux, freneſies, ſquinancie, plureſies, peripneumonies,optalmies, apoplexies, lethargies, pourpre, rougeole, petite ve1ole, galles anthrax ou charbons, & autres puſtulles malignes, leſquelles prennent en meſme temps. Partant la peſte n'eſt pas touſiours,ny en tout temps d'vne meſme ſorte,mais diuerſe l'vne de l'autre : qui a eſté cauſe qu'on luy a donné diuers noms, ſelon les effects & accidens qu'elle produict : ce qui pronient princi- palement pour la diuerſité du venin qui eſt en l'air. Car ainſi qu'il § de la vie aux animaux, auſſi eſt-il cauſe des maladies, & de la mort d'iceux, pource que ſans iceluy l'animal ne peut eſtre, ne # Inc1IIlCS A De la Peſte. 5 3 I # ' : | < #. A meſmes vn bien peu de temps : d'autant qu'il eſt du tout neceſſaire qu'il ſoit attiré par la reſpiration des poulmons,lequel eſtant pourry & attiré en la ſubſtance du co ur,abat toutes les forces du corps,& fait mou- rir pluſieurs animaux pour la neceſſité qu'ils ont de reſpirer.Parquoy lors que l'air pourry & peſtifere exerce ſa tyrannie,il tue non ſeulement le genre humain : mais auſſi les beſtes de la terre,& les oyſeaux du Ciel. Et pour le dire en vn mot,tel air peſtilent eſt ſi furieux,qu'il renuerſe,diſſipe,altere,briſe, & corrompt l'harmo- nie naturelle & temperature de tous animaux ; ainſi qu'vn certain foudre & tonnerte liquefie & con1ume l'argent d'vne bourſe ſans la gaſter. Pareillement fait ſortir le vin des tonneaux,ſans qu'on puiſſe apperce- uoir aucune ouuerture : auſſi fond le fer d'vne pique ſans toucher au bois : comminue & briſe les os du corps ſans aucune apparence en la chair : qui ſe fait par vne vertu indicible, de laquelle on ne peut donner raiſon. Combien qu'Ariſtote, liure 3. des Meteores,chap. I. ayant pour reſolution de ces queſtions fait di- uiſion des foudres en ceux qui ſont plus participans de terreſtrité, & en ceux qui retiennent plus de la na- ture & ſubſtance de la flamme, & qui ſont plus ſubtils : dit cela aduenir, parce que tels foudres de leur ſubtilité penetrent aisément au trauers des corps rares & poreux, comme ſont le bois, le cuir , la chair, & peau,ſans les offenſer : mais qu'au trauers des denſes & ſolids,ils ne peuuent paſſer ſans effort & violen- ce, dont vient que pour la reſiſtence qui leur eſt faite au paſſage ils les rompent & fracaſſent. Ce que meſ- me apres Ariſtote a confirmé Pline , liure 2- chap. 5 I. & Seneque liure 2. de ſes Queſtions naturelles : ainſi eſt-il de la peſte,qui deſtruit & corrompt toute l'œconomie de nature. - Desſignes de la peſte à venir, pris de la corruption qui eſt en la terre. C H A P. V I. - E s ſignes de la peſte à aduenir, pris de la corruption de la terre,ſont que l'on void ſortir d'icelle s abondance de champignons ou potirons,& le froment produire yuraye,& autre choſe contre leur * naturel.Auſſi que ſur icelle apparoiſſent grandes trouppes de petits animaux,comme araignes,che- nilles,papillons,cigales,hannetons,mou1ches,& mouſcherons,ſcorpions,eſcargots,limaçons,ſau- terelles,grenoüillettes,vers,& autres ſemblables,qui ſe procréent de pourriture:parcillement les beſtes ſau- uages laiſſent leurs cauernes & cachots : auſſi en ſortent pluſieurs autres,comme taulpes,crapaux, viperes, couleuures,lezards,aſpics,crocodilles,& autres de pluſieurs & diuerſes eſpeces:toutes leſquelles beſtes ſor- tent pour la faſcherie de la vapeur putride & veneneuſe qui eſt contenue és entrailles d'icelle, de laquelle meſme la pluſpart de telle vermine ſe fait:ioinct auſſi qu'on les trouue quelquesfois mortes en grand nom- bre, ce que ne trouuera faſcheux à croire celuy qui conſiderera que Dieua diſtribué aux animaux quelque choſe particuliere,pour demonſtrer & predire non ſeulement la peſte à aduenir mais auſſi le changement du temps,comme pluye,vcnt,greſle,tempeſte,le Printemps,l'Eſté,Automne,& Hyuer, & autres choſes ſembla- bles:& ce tant par geſtes,chanſons,cris,que par trouppes & arriuées,ſorties de la terre,laiſſans leurs petits, & fuyans en autre region,comme nous auons dit : leſquelles choſes viennent de leurs ſens exterieurs & oc- culte conuenauce de leurs corps auecl'air. Et ſi quelqu'vn demande autre cauſe, ie le renuoyeray au grand Architecteur , duquel les threſors de ſcience & ſageſſe ſont cachez, & nous les manifeſtera quand bon luy ſemblera. Or ces vapeurs pourries,leſquelles nous auons dit chaſſer les beſtes de leurs cauernes, s'eſleuent en l'air,& cauſent groſſes nuées,& tombent quelquesfois ſur les fruicts,& les corrompent,dont ceux qui en mangent ſont eſpris de la peſte.Elles n'infectent ſeulement les fruicts,mais auſſi font mourir les arbres,& les beſtes,comme boeufs,vaches,cheuaux,pourceaux,moutons,poulailles,& autres volatilles,côme nous auons dit.Sur quoy tu dois obſeruer, que les beſtes à quatre pieds ſont pluſ oſt ſaiſies & frappées de cette peſte, que les hommes,parce qu'elles paiſſent les herbes imbues des exhalations putrides de la terre,& partant on ne les doit faire paiſtre que le Soleil n'ait premierement conſommé la rose e,s'il eſt poſſible.Qu'il ſoit vray, on a veu vn payſan de la Beauſſe auoir eſté accusé en Iuſtice d'eſtre ſorcier,parce que ſes brebis ne mouroiét point,& toutes celles de ſes voiſins periſſoient.Sur quoy eſtant interrogé deuant les Iuges il fit reſponſe,que iamais il ne permettoit que ſon beſtail ſortiſt hors,que premierement le Soleil n'euſt conſommé la roſée,& que pluſieurs petites beſtioles qui eſteient ſur ies herbes ne fuſſent retirées dedans la terre.& dit que quel- quesfois il l'auoit declaré à aucuns de ſes voiſins:ce qui fut trouué vray,& fut abſout pour les raiſons,ſuſdi- tes.Or pource qu'il eſt fait icy mention des beſtioles qui nuiſent aux trouppeaux qui paiſſent,nous declare- rons icy en paſſant,qu'il ya vne petite beſtiole ſemblable à la cantharide,trouuée aux herbages, qui enfle ſi fortvn bœuf quand il l'a mangée,qu il creue & pour cette cauſe eſt nommée de Pline,Bupreſtis. Du moyen deſepreſeruer en temps de peſte,& premierement de l'air,du viure,& de la maiſon. C H A P 1 T R E V I I. N>@ P R E s auoir deſcrit la Peſte,& declaré les cauſes,ſignes & preſages par leſquels on peut conie- $\ cturer qu'elle doit aduenir : maintenant nous faut dire comment on s'en doit preſeruer, d'autant # que la precaution doit preceder la curation d'icelle. Or veritablement le plus ſouuerain 1cmcde que ie puiſſe enſeigner auec tous les anciens,eſt s'enfuir toſt & loing du lieu infect,& ſe retirer en air ſain,& retourner bien tard, ſi on le peut faire. Et où il ne ſera poſſible, faut obſeruer deux choſes en general : la premiere, eſt rendre le corps fort pour reſiſter à l'infection de l'air : la ſeconde, moyenner que j'air infect ne ſoit aſſez fort pour imprimer en nous ſon venin : qui ſe fera en le corrigeant par qualité con- traire, comme s'il eſt trop chaud, par choſes froides, & ainſi des autres qualitez. Le corPs reſiſtera 211 venin, s'il eſt net & fortifié, par remedes propres, comme par bon regime, purgation, & ſaignée s'il en eſt beſoin. Auſſi faut euiter la grande varieté des viandes : & celles qui ſont fort chaudes & humides , & principalement celles qui ſe corrompent aisément, & ne faut manger patiſſeries, n'yurogner , ou ſe trop ſaouler, mais on ſe leuera de table auec appetit. Pareillement faut que les viandes ſoient de bon ſuc , & faciles à digerer : car les bons alimens pris auec vne mediocrité en temps & lieu ; engendrent bonnes hu- meurs, qui ſont cauſe de ſanté, & par conſequent preſeruatifde peſte. Auſſi il faut prendre moyen exer- cice aumatin, & au veſpre auant le repas, & en lieu non ſuſpect d'air peſtiferé: pareillement auoir bon ventre,ſoit par art, ou par nature : auſſi faut fortifier le cœur & autres parties nobles par choſes cordiales, comme epithemes, linimens,emplaſtres,eaux,pillules pouldres, tablettes,opiates , parfums , & autres que dirons cy-apres. Dauantage faut eſlire vn bon air & loing des lieux fetides : car le bon air ayde beaucºuPà la conſeruation de la ſanté d'vn chacun, & recrée les eſprits & toutes les vertus au contraire l'air obſcur & de mauuaiſe odeur nuit merueilleuſement, parce qu'il engendre pluſieurs maladies fait Perdre l'aPPºº rend le corps languide & mal coloré, & eſtouffe le cœur,& pour le dire # vn mot, il abrege la º# V 2, V \ " \ L *<= L'air eſº cauſe prin- cipale de ſanté,ou ma- ladie. Raiſon de l'action des foudres- Les beſtes ſentent dr monſtrent le changement des temps- Hiſtoire d'vn pay- ſan, accusé d'eſfre ſor- cier. Plin.liu. 3 •. chap.4. Cirò,longè, tardè. Maniere de viure. De l'exerci- ſº, - 1De l'air. 132 Le Vingt-deuxiéme Liure, vent de Bize, qui vient du Septentrion eſt bon , pource qu'il eſt froid & ſec : au contraire le vent Auſtrai, qui vient du midy eſt tres dangereux,parce qu'il eſt chaud & humide,qui debilite le corps,& ouure les con- duits; qui fait que le venin penetre plus facilement au cœur. Et celuy d'Occident eſt ſemblablement in- ſalubre, à cauſe qu'il tient beaucoup du meridional. Et pour cette cauſe, on fermera les feneſtres de la maiſon du coſté qu'ils frappent,& on ouurira au matin celles qui qnt regard vers le Septentrion & Orient, ſi d'auenture la peſten'eſtoit de ce coſté-là : & ſe faut donner garde que nulle mauuaiſe vapeur n'ente de- Il faut faire dans. Puis apres on fera du feu par toutes les chambres, & on les parfumera de choſes aromatiques,com- du feu, & me d'encens,myrrhe benjoin,ladanum,ſtyrax,rofes,fueilles de myrte,lauande,roſmarin, ſaulge,baſilic, far- parfumer la riette ſerpolet, marjolaine, genets, pomme de pin, petites pieces de bois de pin, de genévre,& ſa graine, maiſon. cloux de girofle, cyſelets de Cypre, & autres ſemblables choſes odoriferantes. Et de cette meſme fumée faut parfumer les habillemens. On dit auſſi, qu'il eſt bon en temps de peſte de nourrir vn bouc en la mai- ſon où on habite, & le tient-on pour vn ſingulier remede contre la contagion du mauuais air : pour ce que la vapeur du bouc avant remply le lieu où il habite, empeſche que l'air peſtiferé n'y trouue place : laquel- le raiſon peut auſſi ſeruir au conſeil de parfumer les habits de bonnes ſuffumigations. Et me ſemble (ſauf meilleur iugement) qu'elle peut auſſi eſtre employée à ce qu'on dit,qu'vn homme à ieun eſt plus apte à eſtre pris de la peſte, qu'vn qui aura mangé, non pas à ſatieté, mais mediocrement. Car auec ce que par le manger Nature fortifiée , chaſſe plus aisément d'elle la poiſon & venenofité : auſſi du manger & boire ſe peuuent porter par toutes les poroſitez du corps des vapeurs , qui les empliſſans occuperont les vacuitez que l'air peſtilent prendroit. Toutesfois quand eſt du bouc, le vulgaire dict vne autre raiſon, c'eſt qu'vne Hiſtoire d'A. mauuaiſe odeur chaſſe l'autre. Cette raiſon eſt ſemblable à celle que Alexandre Benedictus recite, à ſça- lexandre Be uoir qu'vn Medecin de Scythie fit ceſſer la peſte, laquelle prouenoit de l'air, faiſant tuer tous les chiens medictu,en & chats,qui eſtans eſpars par les rues emplirent l'air de leur vapeur putride:& par ce moyen promptement ſon liure de la peſte ceſſa. Pource(dit-il)que telle pourriture changea la nature de l'air,lequelauparauant eſtoit perni- vent de Se- ;tentrivn cö- traire à la Peſte. A leun on prèd pluſtoſt la peſte. la poſte. cieux aux hômes:ce qui ſe fait pour la diſſimilitude des choſes,& qu'vn venin chaſſe l'autre Onne doit ſortir #º Pour de la chambre en temps de peſte,que deux heures apres le Soleil leué,afin qu'ilait purifié l'air par la clairté ſortir. & chaleur,& principalement quand l'air eſt trouble & nebuleux & en païs de fondrieres, & enuironné de montagnes. Et faut auſſi ſe garder des grandes aſſemblées de peuple, & principalement des danſes, d'au- tant que le corps eſtât eſchauffé & laſsé,& que les conduits ſont ouuerts,alors faut qu'on tire grande quan- tité d'air pour la refrigeration du cœur,& partant s'il eſt infecté nous donne la peſte par l'haleine & ſueur. Que ſi quelqu'vn voyage audit temps de peſte causée du vice de l'air, & que la ſaiſon de l'année ſoit fort chaude,il doit pluſtoſt cheminer la nuict que le iour, parce que la peſte aſſaut & prend plus facilementdu- rant la chaleur & ſplendeur du Soleil, qui ſubtilie, eſchauffe,& rarefie l'air, & qui outre ouurant le cuir i) ſe faut rend noſtre corps plus acceſſible à receuoir l'air peſtiferé. Partant la nuict eſt plus ſalubre,àcauſe que l'air #arder de la eſt plus froid & eſpés;toutesfois il ſe faut garder de la plaine Lune, pource qu'en ce temps-là, la nuiét eſt pleine Lune plus tiede & dangereuſe , ainſi que l'experience le monſtre : confideré meſme que les bois coupez en icelle ºn temps de ſont plus ſubiects à pourriture,comme experimentent à leur dam ceux qui en font baſtir.la raiſon de ce eſt, peſte. que la Lune eſtant humide,remplit (lors principalement qu'elle eſt pleine ) les corps d'humidité ſuperflue, dont ſuruient pourriture Or pour retourner à noſtre propos:le plus leur remede de preſeruation,pour ceux qui ne bougent du lieu peſtilent, eſt qu'auant que ſortir de la chambre & apres quelques promenades, ils ne ſortent ſans auoir defieuné : pour autant que les parties nobles du corps (auſquelles le venin s'attache principalement ) n'eſtans encores ſouſtenuës par les viandes, ne peuuent pas ſe deffendre comme ſi elles eſtoient fortifiées : ioinct auſſi que les veines & arteres non encores remplies de nouueau aliment,attirent & laiſſent plus facilement entrer le venin,lequel trouuant place vuide,ſe rempare des parties nobles,& prin- cipalement du cœur. Parquoy ceux qui auront accouſtumé de deſieuner au matin , mangeront du pain, & #ºſi - beurre frais ſalé,& quelque carbonnade,& autres bons alimens : & boiront du meilleur vin qu'il leur ſera A qui les poſſible recouurer.Les ruſtiques & gens de trauail pourront manger quelque gauſſe d aulx oueſchallottes, aulx ſont º du pain & du beurre,& de bon vin,s'ils en peuuent fournir afin de charmer la broüée, puis s'en iront à éons. leur œuure,en laquelle Dieu les auraappellez.Les aulx ſont ſouuerains aux ruſtiques & villageois,& à ceux qui ont accouſtumé d'en vſer : auſſi à ceux auſquels ils n'engendrent point de douleur de teſi , & ne leseſ- chauffent par trop,à raiſon que le temperament de ceux-là eſt plus robuſte, & leur ſang mo .,s aisé à s'en- flammer : au contraire ils nuiſent aux delicats,comme femmes,enfans,& choleriques,& à ceux qui viuenten oiſiueté,& qui ont le ſang aisé à s'enflammer:partant à iceux les aulx ſeroient poiſon au lieu qu'ils ſont me- decine aux ruſtiques, auſquels tels remedes ainſi forts ſont propres, & ont eſté inuentez par bonne raiſon, pource qu'ils contrarient du tout au venin,a cauſe qu'ils ſont remplis d'vne tres grande vapeur ſpiritueuſe, De l'eau qu'ô laquelle ſuffoque altere,corromp,& chaſſe le venin hors du corps Quant à l'eau,de laquelle on doitvſer en doit vſer e» ºP* peſtilent.il faut auoir eſgard ſi la peſte prouient du vice de l'air car alors ne faut vſer d'eau de pluye, teps de teſte. Pººº que l'air dont elle prouient eſt infecté, partant alors ſera meilleur de boire de l'eau des puits fort profonds : au contraire,ſi le vice vient de la terre,on vſera de l'eau de ciſterne,& de fontaine:& faut attendre à en boire iuſques à ce que le Solcil l'ait purifié par ſes rayons : & ſi on craint qu'elle ſoit vitiée, on la cor- rigera,la faiſant vn peu boüillir,ou la ferrer auec acier,ou or,ou argent chaud, ou par mie de pain roſtie ou Preuue de la non roſtie.Or à fin que tu la puiſſes mieux eſlire,tu la pourras eſprouuer en trois manieres, à ſçauoir, par la bonne eau. veuë,le gouſt,& l'odeur : quant à la veue,elle ſe doit monſtrer claire & nette,& à la bouche de nulle ſaueur, ny qualité aucune : auſſi ne doit point auoird'odeur.Outre plus,celle qui ſera toſt eſchauffée & toit refroi- die,eſt plus legere,& par conſequent meilleure : & pour la faire encore plus excellente, la faut faire vn peu boiiillir : ie dy vn peu car l'eſtant trop elle deuientamere & lalée. Deſcription d'eaux cordiaWes,elečtuaires,opiates, pilules, & autres remedes à prendre » par la bouche, preſeruatifs & curatifs de la Peſte . C H A P I T R E V I I I. 7 E v x qui n'ont accouſtumés & abhorrent à manger au matin , prendront quelque medica- * ment contrariant au venin, & entre tous l'eau Theriacale eſt tres-excellente, de laquelle, - apres s'eſtre habillé,& ayant rendu ſes excremens , & fait quelque exercice il conuient boire C, vn doigt la meſlant auec bon vin,& d icelle auſſi on s'en lauera les mains & la face, & pareil- $ee# 2 lement la bouche & les oreilles,& on en tirera auſſi vn peu par le nez.Carelle côforte le cœur, 2XSZ7&N) chaſſe le venin loin d'iceluy,& n'eſt ſeulement vtile pour precautiô,mais auſſi eſt propre pour la curatió,à prendre prôptement qu'on ſe ſent frappé,parce qu'clle prouoque grâdement la ſueur,& partât chaſſe y'ertu de l'eau thcria- *ale. À C D -,-- De la Peſte. 5 3 3 : : · | - - - - | A chaſſe le venin des parties internes aux externes : & la doit-on faire au mois de Iuin, attendu que les her- bes en iceluy temps lont en leur grande vigueur & force. .. La compoſition eſt telle. 2/.. Radicum gentia- Deſcriptien nar,cyper,tormentillx,dictamni , enula campanx an. 5.j. foliorum tapſi barbati, cardui benedicti, morſus d'icelle. diaboli , pimpinellæ,ſcabiofr,oxalidis agreſſis minoris an m.f. ſummitatum rutae p j. baccarum myrti3.j. roſarum purpurcarum,florum bugloſſi,boraginis & hypericonis an. 3. j.mundentur omnia,piſtentur & ma- cerentur xxiiij.horarum ſpatio in vini albi aut maluatici,aqua roſarum & oxalidis an.lib.j.deinde reponan- t urin vaſe vitreo,& addatur theriaca & mithridatij an. 3. 6. fiat diſtillatio in balneo Mariæ. Et l'eau eſtant diſtillée on la mettra en vne phiole de verre,&derechef on yadiouſtera croci 3.j.terra ſigillatx,boli Arme- nix,ſantali citrini,raſuræ eboris,limaturæ cornu ceruiiunioris prope caput aſſumpti an. 3.ſ. Puis on eſtou- pera la phiole,& la laiſſera-on fermenter au Soleil par l'eſpace de huict ou dix iours, & ſera gardée:& lors qu'on en voudra vſer,on en prendra deux doigts en vn verre, plus ou moins, ſelon la force & vigueur des tt #. : : | - - perſonnes.On en peut bailler aux petis enfans qui encores tettent,& à ceux qui ſont ja ſevrez, & aux fem- mes groſſes:& afin qu'elle ſoit plus gracieuſe & facile à boire,on la peut faire paſſer par la chauſſe d'hippo- cras,lors qu'on la voudra prendre,yadiouſtant vn peu de ſuccre,& canelle concaſsée. Autres prennent au Raeinº?re- matin pour precaution,de la racine d'enule campane,ou zedoar,ou angelique , en les maſchant & tenant en ſºrº. la bouche. Les autres prennent de la racine de gentiane pilée,le poids d'vn eſcu, & trempée la nuict en vin blanc , & en boiuent deux doigts au matin à jeun:les autres prennent du vin d'aluyne : autres vſent de con- ſerue de roſes,de bugloſe,de chicorée,violettes de Mars,fenoüil doux : autres prennent de la terre ſigillée, ou de la corne de Cerf ratiſsée le poids d'vn eſcu,dedans vn œufmolletauecvn peu de ſafran,puis boiuent B deux doigts de vin:aucuns prennent de l'eau de vie,& y meſlent de bon vin blanc,du bol d'Armenie , racine de gentiane,tormentille dicte ſemence de genévre,cloux de girofle,macis, canelle,ſafran, & autres fembla- bles,les faiſant diſtiller in balneo 8 arix.On pourra auſſi vſer de cette eau cordiale, qui a tres-grande ver- tu°2/...Radicis ariſtolochix longa & rotundae,tormentillar,dictamni an.3.iij,zedoarix 3.ij. ligni aleës,ſantali Eau cordia- citrini an.3.j.foliorum ſcordij,hypericonis,acetoſx,rutæ,ſaluiæ,an.3.f.ſeminis iuniperi,baccarum lauri an. le de grande 3.iij.ſeminis citri3.j.caryophillorum,macis,nucis moſcata an.3.ij.maſtiches,olibani,boli Armeniæ,terræ ſi- efficace. gillatx,raſurx eboris,cornu cerui an.3.j.croci 9.j.conſerux roſarum,forum bugloſſi & nenupharis, theria- cæ veteris an.3.j.camphura 3 ſ8.aquae vitæ fb.ſ3.vini albifb ij.ſ.fiat diſtillatio in balneo Marix.Cette eau ſe- ra reſeruée en vne phiole de verre bien bouſchée,pour en vſer au matin,comme de l'eau cy-deſſus nommée . Theriacalc,la quantité de deux dcigts en vn verre:elle eſt auſſi de merueilleux effect. Pareillement cét ele- ctuaire eſt profitable pour preſeruer. - 2Z.Theriacx optimar 3 iij.radicis tormentillæ,ſeminis iuniperi & cardui benedictian.3.j-6.boli Armenicx Eleâuaire prxparatx 3. ſ. pulueris § de gemmis & diamarg.frigidi,raſuræ cornu cerui, coralli rubrian.3.j. fort profita- - cum ſyrupo de corticibus & acetoſitate citri.miſce,& fiat electuarium liquidum in forma opiatae.De cette ble pour compoſition en faut prendre tous les matins la groſſeur d'vneaueline, auec vn peu d'eau de rofes, ou d'en- Prºſºrner. diue,chardon benit,ou ſcabieuſe,ou de ceriſes,ou autre eau cordiale:ou en lieu d'icelle vn peu de bon vin. 9h ** **- Auſſi l'opiate ſuiuante eſt bonne & excellente,de laquelle on peut faire tablettes. 2& Radicis gentianx & º # angelicz,zedoariz,enulx campanx an.3.ij.ſeminis citri & acetoſx an.3.É.corticis citrificci, cinamomi,bac-" la peſte. , C º lauri & iuniperi,crocian.9.j.conſeruae roſarum & bugloſſi an 3.j.ſacchari optimi quantû ſufficit:for- mentur tabella ponderis 3.É.velfiat opiata cü xquis partibus conſerux bugloſſi & mellis anthoſati,illa om- nia arida excipiendo.Si vous les laiſſez en tablettes,on en prendra vne au matin,& les petits enfans & fem- mes groſſes demie; & conuient demeurer deux heures apres ſans manger ny boire,ſi on ne vouloit aualler vn peu de vin incontinent apres les auoir priſes.Si vous en faictes opiate,la doſe ſera comme des ſuiuantes. Böne opiate. 2/...Radicum valerianz,tormentillae,dictamni,foliorum rutae an5 ſ croci, macis, nucis moſcatx an.3.É. boli Armenix præparatæ 3.iiij.conſerux roſarum & ſyrupide limonibus an. quantum ſufficit, fiat opiata ſatis li- - quida.Autre.2.Radicum ariſtolochia vtriuſque,gentianæ,tormentillæ,dictamni an.3.j.É.zinziberis 3.iij fo- #º epi4- lior.rutae,ſaluix,mentæ,pulegij,an.3.ij.baccarû lauri & iuniperi,ſem citri ad.9.iiij.macis,nucis moſcatae,ca- " ryophyllorum,cinnamomi an.3.ij xyloaloes,& ſantali citrini an.5.j.thuris maſculi,maſtiches,raſuræ eboris, cornu cerui an.9.ij.croci 3.6.boli Armeniae,terrae ſigillatae,coralli rubri,margaritarum elvctarû an.3.j.con- ſerua roſarum,bugloſſi & nymphaez,theriacæ optimae &veteris an.3.j.ſacchari albiſſimi fb.j.adde ſub finem confectionis alkermes 3.ij.caphuræ in aqua roſarum diſloluta 3.j.fiat opiata ſecundùm aitem.La doſe ſera Cºnſº ai- demie dragme ou vn ſcrupule,ou dix grains ſelon les perſonnes. Et apres l'auoir priſe, on peut boire vn *** fºr* doigt ou deux de bon vin,ou quelque eau cordiale.Le theriaque & mithridat fidelement compoſez ſont les principaux de tous les remedes,& les plus approuuez, en yadiouſtant pour vne demie once de chacun ou enuiron, vne once & demie de bonne conſerue de roſes, ou de bugloſe,ou viole,& la peſanteur de trois eſcus de bon bol Armene preparé, puis le tout bien battu & incorporé,en faire conſerue, de laquelle on vſera aumatin deux heures deuant le repas,la groſſeur d'vne auelaine.Et faut entendre que le bon theriaque Choix de ne doit eſtre recent que de quatre ans,ne plus vieil que de douze ans, & qu'il laiſſe ſa ſaueur longuement ºº4º D en la bouche:eſtant nouueau il eſt propre aux choleriques , & eſtant vieil il conuient aux vieux , & à ceux ſelon le qui ſont de temperature froide,comme les pituiteux & melancholiques:à cauſe de la vertu refrigeratiue de "º l'opium, qui entrant en la compoſition du theriaque, retient ſa pleine force pour quelques premieres an- nées : en fin par la fermentation eſtant rabatue, faict que toute la compofition demeure plus chaude. La confection d'alxermes eſt ſemblablement bonne,tant pour preſeruer,que donnerà ceux qui ſont ja frappez de venin. Auſſi la rheubarbe tenue en la bouche,& maſchée au matin, la groſſeur d'vne auelaine , auec vn clou de girofle,eſt preſeruatiue. Pareillement cette compoſition eſt profitable pour preſeruer quand on va Cºmpºſitiºn en vn lieu ſuſpect.2Z.corticum citri & mali aurei ſaccharo conditorum an. 3.j conſerux roſarum & radicis Prºſºrºri- bugloſſi an.3.iij.ſem.citri 3.iij.ſemaniſi&fœniculian.5.6 radicis angelicx 9iiij.ſacchariroſati quantû ſuf "# A ficit fiat conditum coopertum foliis aureis,quo vtatur ex cochleari,vt dixi,in exitu domus ou % granorum #_* pini mundatorum & piſtatorum,infuſarum in aqua roſarum & ſcabioſx per ſex horas an.3.ij.amygdalarum poſition. excorticatarum in aquis prxdictis fb.ſº.corticum citri & mali aurei ſaccharo conditorum an. 3.j. ß. radicis angelicx 9.iiij.miſce ſecundùmartem ad formam panis marſici vel confectionis alterius , & teneat fruſtu- lum frequenter in ore.Pareillement en ce cas ces tablettes ſont profitables.2/.radicis dictamni,tormétillar, Tablettes valerianæ,enulx campanx,eryngijan.3.6.boli Armenicx,terrx ſigillatx an. 9.j.caphurx,cinnamomi,ſemi- Prºſº nis oxalidis agreſtis,zedoarix an.3.j.pulueris electuarijdiamargarit.frigidi 9.ij.conſeruae roſarum,bugloſſi, º corticis citri conditi,mithridatij,theriacx an.3.j.ſacchari optimi diſſoluti in aqua ſcabioſœ & cardui bene- Pilules de dicti quantum ſufficit:fiant tabellz ponderis,3.j,vel3.ſ. on prendra de ces tablettes tous les iours à jeun, † #a, deux heures deuant le repas, comme deſſus eſt dit. outre plus, les pillules de la compoſition de Rufus # ſont fort approuuées des doctes Medecins,pource qu'on les a trouuées de grand º, & dit ledit º† Medecins. ' Y y 3 q 53 4 Le Vingt-deuxiéme Liure, L'eau d'o- zeille reſiſte à la peſte,. - Le matin propre aux •uaruations. Remede ſin- gulier duRºy Mithridates. La rué en- memie aux femmes groſſes, Remedes manuels. L'eſponge eſt propre pour contenir les ckoſes aro- matiques. Pommes de ſenteurs pour l'Eſté. Pommes de ſenteurs pour l'Hyuer- Poudres aro- matiques. Autrefoudre aromatique. que iamais ne ve d perſonne en auoir vsé, qui n'ait eſté preſerué de peſte, pourueu que les parties nobles A n'euſſent eſté ja grandement infectées. La compoſition deſdites pillules eſt telle. 2. aloes hepaticx 3.É. ammoniaci electi 3.iij myrrha 3.ij.É.maſtiches 5 ij.crocig.vij.contundantur omnia , & incorporentur cum ſucco mali citrijaut ſyrupo de limonibus , & fiat maſſa. Laquelle on gardera bien enueloppée dedans vn cuir : & lors qu'on en voudra vſer,on en formera vne pillule ou deux, qu'on prendra au matin deux heures ou trois deuant le repas,ou bien le poids de demy eſcu ou d'vn eſcu,ſelon la volonté d'vn chacun. Et apres les auoir priſes,on peut prendre deux doigts de bon vin ou d'eau d'ozeille, laquelle a pareillement grande vertu contre le venin peſtiferé,à cauſe qu'elle eſt de tenuëſubſtance, & garde de putrefaction par ſon ace- tofité:meſmes on a trouué par experience,qu'à celuy qui en auroit mangé deuant qu'vn ſcorpion le morde, il n'aduiendroit aucun mal.Et quant à la faculté des choſes qui entrent en la compoſition deſdites pillules, l'aloes nettoye & purge,la myrrhe reſiſte à pourriture,le maſtic robore & fortifie, & le ſafran reſiouit les fa- cultez : partant nous conclurrons qu'elles ſont de merueilleux effeét, comme la raiſon & experience lede- monſtre. On les peut donner en potion,comme le meſme Autheur faiſoit. JAutres pitiules pour meſme effrét , bien experimentées. 2/. aloés 3.j,myrrhz 3.ſº.croci orientalis 9.j.agarici trochiſcati 3.j.rhabarbari electi pulueriſati 3j.cin- namomi electi 3.ij.maſtiches 3.j. 6 ſeminis citri g.xij. pulueriſentur omnia vt decet,& cum ſyrupo capillo- rum veneris fiat maſſa.Laquelle on gardera bien enueloppée dedans du cuir , & en prendras comme deſſus, plus ou moins,ſelon qu'il ſera neceſſaire. Et ſi leſdites pillules eſtoient trop dures, on les amolira auec du -- ſyrop de limons,ou autres ſemblables à cét effect. Ces pillules qui s'enſuiuent ſont pareillement de grande operatió.2.aloès lotæ 3 ij.croci 3.j,myrrha 3.É.ammon.diſſin vino albo 3.j,mell.rof.zedoarix,ſantal.rubr. an.3.j.boli armen.prxp.3.ij.coralli rubri 3.f.caphurx ſcr.ſ.fiant pillula ſecundùm artem. La doſe pour ſe preſeruer eſt en prendre tous les matins vne,& ſi on ſe veut purger,on en prendravne dragme au matin,qui eſt le temps le plus propre à faire les euacuations,à raiſon que le ſang domine,& eſt en ſa force & vigueur, auſſi que les vertus ſont reparées par le repos de la nuict,& que la digeſtion eſt faite. Ceux qui ont le flux des hemorrhoides exceſſif,ne doiuent vſerd'aucunes pillules où il entre de l'aloës, de peur d'augmenter le flux,& le faire trop grand & impetueux.D'abondant,les Anciens eſcriuent, qu'apres la mort du Roy Mithri- dates on trouua par eſcrit de ſa propre main, en ſon cabinet entre ſes choſes plus precieuſes, que ſi quel- qu'vn prend deux noix de noyer ſeiches nô moiſies,deux figues,vingt fueilles de rue,& déux ou trois grains de ſel,pilez & broyez enſemble,& en mange la groſſeur d'vne aueline,puis ſoudain auale vn peu deyin,& ce deux heures auant que prendre le repas , ceſtuy iour celuy qui en aura pris, ne peut eſtre en danger de prendre aucun venin.Outre-plus ce remede eſt ſingulier à ceux qui ont eſté mords ou picquez de quelque beſte veneneuſe,à cauſe de la rue principalement : toutesfois les femmes groſſes n'en doiuent yſer aucune- ment,de peur de nuire à leur fruict,principalement pour le reſpect de la ruë, qui eſtant chaude & ſeiche au troiſieſme degré purge violemment l'amary,& fait couler les mois promptement : dont eſtant ſubſtraite la nourriture à l'enfant,il eſt neceſſaire qu'ilmeure. On eſlira les remedes cy-deſſus mentionnez au gouſt de chacun , & les changera on par fois, de peur que nature n'en faſſe habitude , & auſſi pour la diuerſité des temperamens,& fi on n'en trouue de l'vn,on prendra de l'autre. - Des remedes particuliers , ou choſes qu'on appliqueparle dehors. C H A P. IX. r3# V T R E les choſes cy-deuant eſcrites à prendre par le dedans ne faut encor negliger de tenir en la main quelques choſes aromatiques , aſtringentes, & pleines de vapeurs, leſquelles ayent pro- # prieté de chaſſer cét air peſtiferé, & empeſcher qu'il ne trouue place en aucune partie de noſtre corps : auſſi qu'elles ayent vertu de roborer le cerueau , & autres membres principaux, leſquels eſtans fortifiez,confortent pareillement toute l'habitude du corps:comme font la rue,la meliſſe, roſmarin, ſcordium,ſauge,abſinte,cloux de girofle,muguette,ſafran , racine d'angelique, racine de liueſche, qui apa- reille vertu,& autres ſemblables, leſquelles on fera tremper vne nuict en fort vinaigre & eau de vie, & en prendra-on de toutes enſemble la groſſeur d'vn œuf,enueloppée en vn mouchoir,ou en vne eſponge trem- pée & imbuë en ladite eau car il n'y a rien qui contienne plus les vertus & eſprits des choſes aromatiques & odorantes que fait l'eſponge, & partant on en doit pluſtoſt vfer que d'autre matiere, ſoit pour flairer au nez,ou pour appliquer ſur le cœur,pour faire epithemes & fomentations. Or telle choſe odoriferaotes ſe" ront diuerſifiées ſelon que l'air ſera chaud ou froid : comme pour exemple, en Eſté vous prendrez vne cſ- ponge trempée en bon vinaigre roſat autant d'vn que d'autre , canelle & cloux de girofle concaſſez, y ad- iouſtant vn peu de ſafran,& la tenez enuelopée en ſa main dedans vn mouchoir,& ſentez ſouuent,ou faites ainſi. 24.abſinthijm 6. caryophill.numero x.radicis gentianx & angelicx an.3.ijaceti & aqux roſarani.ij. theriacx & mithridatij.an.5.j. Le tout ſoit pilé enſemble, pnis enueloppé en vn mouchoirauecvne petite eſponge:laquelle gardera que la liqueur ne tombe. On peut auſſi enfermer telles choſes en des boettes de bois odoriferant,comme de genévre,cedre, cyprés, leſquelles ſeront troüées en pluſieurs endroits, &te- nuës pres la bouche en les flairant ſouuent. Auſſi en pareil cas ſera bon de faire des pommes de ſenteurs, comme cette-cy. 2/ Santali citrini,macis,corticum citri,roſarum,foliorum myrtian.5.ij benioin,ladani,ſty- racis an.3.É.cinnamomi,croci an.9.ijcaphurx & ambrx an 9.j.algalix,moſci an. gr. iij. cumaqua roſarum infuſionis tragacanthi,formetur pomum. Autre.2/.. roſarum rubrarum,florum nympharx,violar. an.3.j.ſan- talorum omnium,coriandri,corticis citrian.3.8.caphurx 5.j. pulueriſentur omnia, & cum aqua roſarum & tragacantho fiat pomum. En Hyuer vous pourrez vſer d'vne telle pomme.2/.. ſtyracis, calamitr, benioin an.3.jmoſci,algalix an.3.j.caryophillorum,lauandulr,cyperian.3.ij.radicis ireos Florentix & calamiaro- matici an.3.ij.ſ,.ambrae griſex 3.iij. gummi tragacanthi diſſoluti in aqua vitæ & roſarum quantum ſufficit: fiat pomum. On peut pareillement porter ſur ſoy des poudres aromatiques , comme d'ambre, ſtyrax , iris de Florence,noix muguette,canelle,macis,cloux de girofle,ſafran,benjoin,muſc , camphre, roſes , violet- tes de Mars, ſquinant, marjolaine, & autres ſemblables, & les ſentir au nez. Et de ces ſimples , on en pourra faire des composées,comme cette-cy. 2Z. radicis ireos Florentiæ 3.ij.cyperi, calami aromatici ro- ſarum rubrarum an.3.6.caryophyllorum 5.É.ſtyracis calamitx 3.jmoſci gr viij. miſce,& fiat puluis in ſac- culo. 24. radicis ireos Florentix 3.ij.roſarum rubrar.ſantali albi,ſtyracis calamita an. 3.j. cyperi. 3 j. cala- mi aromatici 3.j. maioranae 3.ſ3.caryophyllorum 3. iij. lauandulae 3.5. coriandri 3 ij. moſci boni 9, É. la- dani,benioini an.3.j.nucis moſcatæ , cinnamomi an. 3.ij. fiat puluis ſubtilis, concludatur ſacculo. Dauan- tage on portera ſur la region du cœur ſantal citrin,macis, clouxde girofle, canelle, ſafran,& theriaque* le B Des Venins. 53 5 # l. k, - : *. le tout concaſsé,incorporé,& arrouse de vinaigre bon & fort,& eau roſe en Eſté, en Hyuer de bon vin oti maluoiſie.Tous ces remedes ainſi forts,& qui ont vne grande vertu aromatique & vaporeuſe , pleins d'eſ- prits ſubtils, font au corps de merueilleux effects , fortifient les parties principales, ſtimulans la vertu ex- pulſiue à chaſſer le veuin hors,& prohiber qu'il n'entre dedans:ae contraire l'odeur puante cauſe vne nau- sée ou volonté de vomir,& defaillance de cœur. Parquoy ceux qui conſeillent en temps de peſte de pren- dre l'odeur des retraicts & autres lieux infects,font mal,& contre l'opinion d'Hippocrate,comme nous de- monſtrerons cy-apres.Or il ne ſuffit pas ſeulement porter preſeruatifs ſur ſoy, mais on ſe pourra lauer tout le corps de vinaigre , auquel on aura fait boüillir graine de genévre,laurier , racine de gentiane, ſouchet, hypericon,& autres ſemblables,& y deſtremper du theriaque ou mithridat.Or le vinaigre eſt contraire aux venins tant chauds que froids , & garde de pourriture, d'autant qu'il eſt froid & ſec, qui ſont deux choſes contraires & repugnantes à la putrefaction : ce que l'experience monſtre : car en iceluy on garde corps morts, chairs,herbes,fruits,&autres choſes,ſans qu'elles ſe pourriſſent.Et ſi quelqu'vn veut obiecter que ie vinaigre n'eſt vtile à ſe lauer le corps,à cauſe qu'il feroit obſtructions des pores & empeſcheroit la perſpi- ration ce qui eſt fort conuenable à pourriture)il doit auſſi conſiderer qu'on ne le met ſeul,& que ſes qua- litez froides & ſeiches ſont corrigées par les autres choſes meſlées auec luy. Et partant eſt bon d'en vſer, comme nous auons dit,& qui ne ſe voudra lauer tout le corps, pour le moins on ſe frottera les aiſſelles & la region du cœur, les temples, les aines, & parties genitales, parce qu'elles ont grand conſentement au cœur, & à toutes les parties nobles : parquoy ſeront frottées & lauées de ce lauement, ou d'autre fait de bonnes ſenteurs,ou de cét onguent.2Z.Olei roſati 3.iiij.olei de ſpica 3.ij.pulueris cinnamomi, caryophillo- rum an. 3.j.É. aſſœ odorat 3.6.moſci gr.vj.theriacœ 3.ſº.terebenthinae Veneta 3.j. 6. ceræ quantum ſufficit, fiat vnguentum molle.On peut pareillement mettre és oreilles vn peu d'huyle de maſtic,ou de ſauge,ou de cloux de girofle, ou autres ſemblables, y delayant vn peu de muſc ou deciuette. - D'aucunes choſes que l'on doit obſeruer outre les precedentes pour la preſeruation. • C H A P 1 T R. E X. QMag N cét endroict ie veux bien encore declarer aucunes choſes, leſquelles pourroient nuire à 2N$ vn chacun, & le rendre plus idoine à prendre la peſte : partant auſſi eſt bon pour la preſerua- R$ tion de les obſeruer. Et ſur toutes autres choſes faut euiter la frequentation des femmes, # $ # d'autant que paricelles les forces & vertus ſont diminuées, & les eſprits ſe reſoluent & af- #rs$ foibliſſent, principalement toſt apres le repas, pource qu'on debilité l'eſtomach, & par ce moyen te fait crudité,de laquelle procede corruption,& autres infinis accidens:parquoy on peut conclur- re que Dame Venus eſt la vraye peſte,fi on n'en vſe auec diſcretion.Auſſi ſe faut garder de viure en oiſiueté, & manger & boire ſans diſcretion:car telles choſes engendrent auſſi obſtructions & des humeurs vicieux, dont ceux qui font tels excez,ſont plus ſujets à prendre la peſte. Si les femmes ſont reglées de leurs fleurs, cela les preſerue beaucoup:auſſi ſi elles ſont retenuës,cela leur peut grandement nuire, parce qu'en temps de peſte elles ſe corrompent facilement parquoy elles doiuent prendre garde à les prouoquer,comme nous declarerons cy-apres.Pareillement ceux qui auront viels vlceres, fiſtules & galles , ne les feront cicatriſer en temps de peſte,mais pluſtoſt en feront de nouuelles,afin que par icelles,comme par vn eſgout de tout le corps,le venin,fi aucun y en auoit en nous,ſe puiſſe euacuer ſans s'y accroupir aucunement.Auſſi ceux qui ont flux de ſang par le nez,ou par hemorroïdes,le laiſſeront fluer,ne l'eſtancheront s'il n'eſtoit exceſſif Bref en temps de peſte ne faut retenir aucun humeur vicieux dedans le corps, ny pareillement faire trop grande euacuation. Outre-plus on ſe doit garder audit temps d'achepter choſes , eſquelles l'air peſtilent ſe peut couuer aisément & garder,comme en chamvre,lin,licts où auront couché les peſtiferez,fourrures,habille- mens de draps,de laine,tapiſſeries,& autres ſemblables. D'auantage,il ne faut faire ſa demeure pres les ci- metieres(& principalement pres de ceux eſquels les corps morts ne ſont enterrez profondement , comme ordinairement on faict à S Innocent,de façon que quelquesfois les chiens les deterrent & mangent)ny pres des voiries,eſcorcheries,poiſſonneries,tanneries,teinturiers,chandeliers,frippiers, reuendeurs, peauſſiers, couroyeurs,& tous lieux où on fond les metaux : ny ſouffrir fiens pres ſa maiſon , & principalement celuy des porceaux,my cloaques,eaux croupies & charogneuſes,& ſemblables choſes infectes & puantes D'auan- tage,ne faut aller aucunement à la ſelle és retraits où on iette les excremens peſtiferez, auſſi faut éuiter la frequentation de ceux qui hantent les malades de peſte,comme les Medecins, Chirurgiens , Apothicaires, Barbiers,Preſtres,gardes, ſeruiteurs , & foſſoyeurs qui enterrent les corps morts de peſte:car iaçoit qu'vn homme n'ait la peſte,neantmoins venant de l'air peſtiferé,la peut porter auec ſoy en ſes habillemens. Ce qui eſt cogneu par experience:que ſi on demeure quelque temps en la boutique d'vn parfumeur,ſortant de là on ſent le parfum,bon ou mauuais,à raiſon que l'exhalation & vapeur du parfum s'eſtend parmy l'air qui eſt alentour,lequel entre en nos habillemens, & par ce moyen baille l'odeur qu'il a receu des drogues du parfumeur:auſſi.l'air peſtiferé fait le ſemblable, partant faut euiter telles § Finalement il faut auoir égard aux choſes appellées non naturelles,deſquelles nous auons ja parauant touché aucunes, & adionſte- rons encores,qu'il fauteuiter de ſe courroucer grâdement:car par la cholere il ſe fait grande ebullition du ſang & des eſprits,& dilatation des ouuertures & conduits,& par ce moyen l'air peſtillent en tel cas engen- dre promptement la fiévre peſtilente,ce qu'on a veu aduenir ſouuent. Au contraire, il ſe faut tenir ioyeux en bonne & petite compagnie,& par fois oüir Chantres & inſtrumens de Muſique, & aucunesfois lire , ou oüir lire quelque lecture plaiſante,& principalement de la ſaincte Eſcriture.Dauantage,il fauteuiter le trop veiller la nuict,les grands & exceſſifs mouuemens,l'ardeur du Soleil,la faim & ſoif parce que telles choſes eſchauffent les eſprits,& cauſent la fiévre ephemere,de laquelle prouient ſouuent la peſtilentielle. Que di- ray-je plus c'eſt que ſi quelqu'vn eſt contraint de faire ſa reſidence en vne maiſon ou chambre d'vn peſti- feré, il la faut auparauant parfumer & tout reblanchir auec de la chaux. Car le venin peſtiferé & conta- gieux s'attache longuement aux parois, º- - Y y 4 Dé Ablution '- de tout Vr corps. Vertu du vinaigre. Ablution particuliere. onguêt pour frotter les parties ge- nitales. Purgation des femmes. Des vlceres, fiſtules , & galles. Habitations à fuir. Il faut eui- ter ceux qui hantem t le malader- : 536 LeVingt-deuxiéme Liure, De l'offce des Magiſtrats & officiers publics, qui ont la charge de la police- . C H A r 1 r R E X I. E s Magiſtrats doiuent faire tenir les maiſons & ruës nettes,& n'y ſouffrir fiens, ny autres or- dures,& faire porter les beſtes mortes,& autres immondices loing de la ville, & les enterrer profondement : auſſi faire tenir les riuieres, puits & fontaines nettes de toute impureté: pa- reillement defendre expres de ne vendre bleds corrompus,& chair infecte aux boucheries,ny poiſſons alterez & corrompus. Ils doiuent defendre les eſtuues & bains,à raiſon qu'apres Faut fuyr qu'on en eſt ſorty,la chair & toute l'habitude du corps en eſt ramollie,& les pores ouuerts , & partant la les eſluue,. vapeur peſtiferée peut entrer promptement dedans le corps, & faire mourir ſubitement : ce qu'on a veu aduenir pluſieurs fois. Ils doiuent chaſſer & tUer les chiens & chats,de peur qu'ils n'apportent la peſte des De, chin, maiſons aux autres,pource qu'ils peuuent manger le reſte des malades peſtiferez,ou leurs excremens,& par é chats. ce moyen peuuent prendre la peſte,& la porter ailleurs : toutesfois rarement en ſont malades, pource que leur temperament n'y eſt point diſposé. Ils feront viſiter les malades par Medecins, Chirurgiens,& Apo- thicaires gens de bien,experimentez,& fçauront ceux qui ſeront peſtiferez,& les feront ſequeſtrer les en- uoyans aux lieux eſtablis pour les faire traicter, ou bien les feront enfermer en leurs maiſons(ce que tou- tesfois ie n'approuue pas,mais pluſtoſt leur defendre la conuerſation des ſains) & les enuoyeront penſer & alimenter à leurs deſpens,s'ils ont dequoy;& s'ils ſont pauures aux deſpens des deniers communs de la vil- B le, Auſſi ne doiuent permettre que les Citoyens mettent en vente aucuns meubles de ceux qui ſont morts § § de peſte. Ils doiuent fermer les portes de leurs villes non encor entachées du venin, pour obuier que les bles des pe- voyageurs venans de quelque lieu infect ne leur apportent la peſte : car ainſi qu'vne brebis galleuſe peut ſtiferez. infecter tout vn troupeau,auſſi vn peſtiferé peut infecter toute vne ville. D'auantage,ils doiuent faire pen- dre vne nappe ou autre ſignal aux feneſtres des maiſons où aucuns ſeront morts de peſte. Il faut auſſi que les Chirurgiens,& ceux qui conuerſent auec les peſtiferez,portent vne verge blanche en la main lors qu'ils iront par la ville,à fin qu'ils faſſent retirer le peuple arriere d'eux. Pareillement ils ferontenterrer prom- ptement les corps morts , parce qu'ils ſe corrompent & pourriſſent plus en vne heure, que ne feront en trois iours ceux qui ne ſont morts de peſte,& d'iceux s'eſleuent certaines vapeurs putrides par exhalation fort fetide,voire plus fans comparaiſon, que lors qu'ils viuent , pour l'abſence de la chaleur naturelle qui tenoit en bride,& temperoit la pourriture : & de faict , on void que les corps morts de peſte ne ſont man- gez d'aucun animal,meſme les corbeaux ny touchent point,& s'ils en mangeoient, ils mourroient ſubite- ment. Car combien que vrayement les eſprits des corps morts ne ſe communiquent pas ſi aisément com- me des viuans,à cauſe de l'exſpiration & tranſpiration perdue,ſi ſont-ils plus pernicieux. Dauantage,pour De tenir f0f4fe5 choſes Mºtte5, De m'achs- Signe de cognoiſtre qu'vn homme eſt mort de peſte, c'eſt que toute la charnure de ſon corps eſt fort mollaſtre, ce #º qui eſt cauſe de la putrefaction : car bien que cette molleſſe fuſt auſſi le malade eſtant vif, toutesfois à cauſe de la pourriture augmentée,elle eſt auſſi augmentée, principalement apres que la vie & chaleur naturelle eſt eſteinte. Dont cognoiſſant tant par les fignes deſſus dits, que par ceux qui auront precedé en la mala- die,qu'vn homme ſera mort de peſte,on le doit enterrer en vn lieu à ce deſtiné le pluſtoſt que faire ſe pour- zefu puri- ra, comme nous aºons dit Or pource qu'entre toutes les choſes qui peuuent rectifier l'air, le feu eſt le fie l'air. plus requis & ſingulier,on imitera en cecy Hippocrate,lequel(ainſi que les Anciens nous ont laiſsépar eſ- crit)fit ceſſer vne grande & merueilleuſe peſte en la ville d'Athenes en faiſant faire grands feux la nulct par les maiſons,& auſſi parmy les ruës de la ville,& autour d'icelle,& ietter ſur la braiſe choſes odoriferantes, comme genévre,terebenthine , geneſt, & ſemblables choſes rendans grande fumée aromatique, & par ce moyen la peſte ceſſa : parquoy les Citoyens luy firent eriger vne ſtatue d'or au milieu de la place, & par Hiſtoire de eux fut adoré comme vn Dieu & conſeruateur du pays , ce que iamais n'auoit eſté fait à aucun. Outre * "º plus Leuinus Lemnius au liure z. zoe occultis nature miraculis,chap.1o. dit que la peſte eſtant à Tournay , les de Purifier ſoldats pour y preuoir,mettoyent de la poudre à canon ſans boulet dedans les pieces d'artillerie, qu'ils de- #. #.. laſchoient la nuict,& ſur le poinct du iour : ainſi par ce ſon violent & odeur fumeuſe, la contagion de l'air rillerie. fut corrigée & chaſsée, & la ville deliurée de la peſte. Partant les Magiſtrats pour bien s'acquiter de leur charge enuers la Republique feront auſſi toutes choſes neceſſaires pour preſeruer leur ville : Que diray-ie plus C'eſt qu'ils doiuent auoir l'œil ſur certains larrons,meurtriers & empoiſonneurs,plus qu'inhumains, qui graiſſent & barboüillent les parois & portes des bonnes maiſons,de la ſanie des charbons & boſſes,& autres excremens des peſtiferez:à fin de les infecter,pour puis apres auoir moyen d'entrer dedans, piller & deſrober,voire eſtrangler les pauures malades en leur ličt:ce qui a eſté fait à Lyon l'an 1565.O Dieu que tels galands meritent grande punition exemplaire. Ce que ie laiſſe à la diſcretion deſdits Magiſtrats, qui ont charge de la police. - Comment on doit proceder à l'eſlection des Medecins, Chirurgiens,& Apothicaires pour medicamenter les peſtiferez. CH A P. XI I. Digreſſion #$ v A N T aux Medecins,Chirurgiens, & Apothicaires, leſdits Magiſtrats eſliront gens de bien & ſur la faute # # experimentez pour ſecourir le pauure peuple, non par le ſon de trompette, faiſans proclamer c0/77/77MMf # (pour auoir bon marché d'vne mauuaiſe marchandiſe)que s'il ya aucuns Compagnons Barbicrs des Magi- $ & Apothicaires, qui veulent penſer les peſtiferez, qu'ils ſeront pour cela receus Maiſtres. O ſtrats- Dieu ? quels bons Maiſtres : en lieu de guarir,ils font le plus ſouuent par leur imperitie ouurir le Ciel&la Terre, parce(peut eſtre)qu'ils n'auront iamais veu ny cogneu vn ſeul malade de cette maladie : parquoy ils ſeront cent fois plus à craindre que les brigans & meurtriers guettans par les bois & chemins; parce qu'on les peut éuiter & chercher vn autre chemin:mais le Chirurgien eſt cherché du pauure peſtiferé, qui tend la gorge, eſperantauoir ſecours de celuy qui luy oſte la vie. Que s'ils prennent quelques Medecins & Chirurgiens experimentez , ce ſera par fauſſes promeſſes ou par violence, menaçant de les chaſſer à iamais de leurs villes. Ie vous laiſſe à penſer,Meſſieurs,comme les pauures malades peuuent eſtre bien traittez,ſi on fuit ceux ceux qui ſont ordonnez pour les medicamenter y ſont employez par cette force & violence puisl'accident qui ont aſſi Pºſsé » ſont caſſez de leurs gages : & voila les pauures Medecins,Chirurgiens, Apothicaires, & Barbiers à ſi, au §e- blanc, leſquels ayans cette marque d'auoir eſté conſtituez à penſer les peſtiferez,ſont fuis apres de tout le ſtifar ez monde comme la peſte meſme,& ne ſont plus appellez à l'exercice de leur art : puis leurs Compagnons les voyans •rº . . 1. - - - > De la Peſte. 5 3 7 \ • A gnent cent mille fois plus que la Peſte , ny veulent aller : car c'eſt vne grande peſte a l'homme de n'auoir -- D voyans apres quaſi mendier leur vie,doutans de tomber puis apres en tel deſaſtre de pauureté - qu'ils crai- - - - - - - - - Moyens d'a• point d'argent pour ſecourir la pauure vie. Partant ie ſupplie Meſſieurs les Magiſtrats qu'ils eſliſent(com- # de me i'ay dit ) gens bien experimentez pour ſecourir les malades peſtiferez , & leur donnent vne pen-ſcauoir pcwr ſion honneſte : non ſeulement pendant la neceſſité, mais toute leur vie. Adonc ne faudra nulle trompette: penſer les mais au contraire les plus experimentez ſe preſenteront volontairement au ſeruice d'eux, & de leurs feſtiferex. citovens. ce que doiuentfaire ceux quiſeront eſleu{ àpenſer & medicamenterles peſtiferez, - C H A P. XIII. REMIEREMENT il faut qu'ils conſiderent qu'ils ſont appellez de Dieu à cette vocation pour exercer la Chirurgie : partant ils doiuent aller d'vn grand courage ſans aucune crainte, ayant ferme foy que Dieu nous conſerue & oſte la vie ainſi & quand il luy plaiſt : toutesfois (com- me i'ay dit cy-deuant)ne faut negliger ny meſpriſer les remedes preſeruatifs , ou autrement nous ſerions accuſez d'ingratitude, veu que Dieu nous les a donnez, ayant tout faict pour le - mme. Doncques les Chirurgiens qui ſeront appellez pour medicamenter les malades de pe- ſte , ſe feront purger & ſaigner s ils en ont beſoin , afin de rendre leurs corps nets, & non diſpoſez à pren- dre ce venin : puis apres ſe feront deux ouuertures ( s'ils n'auoyent quelque vlcere qui coulaſt)auec cau- requiſes à teres potentiels : l'vne au bras droit vn peu au deſſous du muſcle Epomis, l'autre trois doigts au deſſous ceux qui b4 du genouil ſeneſtre partie externe : car veritablement on a cogneu par experience que ceux qui auoyent te l. p.7 telles ouuertures,n'ont eſté ſujets à prendre la peſte,& n'ont receu aucun mal,combien qu'ils fuſſent iour-ſtiferez. nellement auec les pcſtiferez. Pareillement ils le laueront bien fouuent tout le corps auec cctte eau , la- . quelle a grande vertu aromatique,& eſt fortpleine d'eſprits vapoureux & ſubtils,& du tout contraire à tel venin. 2/...aqua rolarum,aceti rofati aut ſambucini,vini albi aut maluatician.fb. vj.rad enu a campana , an- gelicx gentianz,biſtortz,zedoaria an.3.iij.baccarum iuniperi & hederae an.3.ij.ſaluix, roriſmarini, abſyn- thij,rutz an.m.j.corticis citri 3.6.theriacar,mithridatijan.3.j.conquaſſanda conquaſſentur, & bulliant lento De igni,& ſeruentur ad v1um. \- - - .7 On ſe lauera tout le corps de cette eau auec vne eſponge,la faiſant vn peu tiedir. Et meſme conuient en lauer la bouche , & en tirer vn peu par le nez , auſſi en mettre quelque petite quantité dedans les oreilles. Ils doiuent pareillement porter &poſer ſur la region du cœur vn ſachet ou epitheme,ſemblable à ceux que nous auons deſcrit cy-deuant.A ce propos lean BaptiſteTheodoſe en la ſeconde de ſes Epiſtres medecina- les,eſcrites à Athanale Medecin Florentin,dit eſtre vtile qu'on porte de l'arſenic ou autre poiſon ſur la re- gion du cœur,afin qu'il accouſtume le cœur,au venin,& que par ainſi il en ſoit moins offensé,d'autant que tous venins cherchent le cœur. Toutesfois tu noteras ſur ce propos ce que nous en auons dit auparauant Leurs habillemens ſeront de camelot,ſarge d'Arras,ſatin,taffetas,ou ſemblables.Et s'ils n'ont la puiſſance,il* cauti - auront du marroquin,ou treilly d'Alemagne,ou autre belle toile noire, & non de drap, hy de frife, ou de #. # fourrure,de peur que le venin n'y ſoit referué,& qu'ils puiſſent porter la mort aux ſains.Ils changeröt ſou- peſtiferé. uent d'habits,chemiſes,& de linceux,ſi leur commodité le porte,& les parfumerót en fumée de choſes aro- - matiques:& lors qu'ils approcheront des malades,ſe garderont de prendre leur haleine,& l'odeur de leurs excremens,& pareillement de le couurir de leurs habillemens ou couuerture,ny manger & boire auecques eux,ou la reſte qu'ils auront touché de la bouche.Puis,il leur conuient deſieuner de bon matin:& s'ils ab- horrent le manger,comme font aucuns, en lieu d'alimens ils pourront prendre quelques medicamens pre- 1eruatifs,deſquels nous auons cy deuant rait mention:& lors qu'ilsapprocheront du malade, ils tiendront en leur bouche vn clou de girofle,ou vn peu de canelle,ou de racine d'angelique, ou graine de génevre,ou autres choſes alexiteres,pour occuper,& emplir les ſpatiofitez vuides,& ainſi la vapeur peſtiferée ne pour- 12 trouuer place pour s'y loger.I'allegueray 1cy pour exemple,du danger qu'il ya de hanter les infectez , ce qui m'aduint vne fois allant penſer vn peſtifere qui auoit vn bubon peſtiferé en l'aine dextre,& deux grâds charbons au ventre:pres duquel eſtant arriué,ie leuay de deſſus luy le drap & la couuerture,dont apres me vint ſaiſir vne odeur tres-fetide,prouenant tant de la ſueur de ſon corps,que de l'exhalation putride du cou- lement de la boüe de ſon apoſteme & de ſes charbons:& lors ayant eſte englouty de cette vapeur , ie tom- . bay ſubitement a terre comme mort, ainſi que font ceux qui ſyncopiſent, c'eſt à dire,à qui le cœur defaut, Hiſtoire aa. mais ſans aucune douleur,ny mal de coeur,fignc manifeſte que la ſeule faculté animale eſtoit offensée Puis uenueà l'au- toſt apres m'eſtant releué,il me ſembloit que la maiſon tournaſt s'en deſſus deſſous , & fut contraint d'em-theur viſität braſſer vn des pilliers du lict où eſtoit couché le malade,autrement ie fuſſe tombé derechef Et ayant quel- vn feſtiferé. que peu de temps repris mes eſprits,i'eſternuay dix ou douze fois auec telle violence, que le ſang me ſortit par le nez : qui fut cauſe,à mon opinion(ſaufmeilleur iugement)que la vapeur peſtiferée ne me fit aucune impreſſion orie laiſſe au Lecteur a philoſopher ſi la mort ne s'en fuſt pas enſuiuie, n'euſt eſté la force de la vertu expultrice de mon cerueau , veu que tous mes ſens & principalement la faculté animale, me de- faillirent en vn moment, qui ſont les inſtrumens de l'ame. Pour ces choſes ie conſeille tant aux Medecins qu'aux Chirurgiens meſmes à tous ceux qui frequentent ceux qui ſont infectez de cette pernicieuſe mala- die, qu'ils ſe gardent, tant qu'il leur ſera poſſible,de receuoir leur haleine & vapeur de leurs excremens, ' tant gros que liquides & vapoureux auſſi qu'ils deſieunent les matins,ou Prennent quelque contrepoiſon, auparauant que de les aller voir,afin de mieux ſe munir contre le venin peſtiferé. Et pour concluſion , on obſeruera toutes choſes que l'on cognoiſtra eſtre profitables ou nuiſibles en cette maladie peſtilente, afin de les ſuiure ou euiter ſelon qu'il en ſera beſoin, recognoiſſant toutesfois que la Preſeruation giſt Plus en la prouidence diuine, qu'au conſeil du Medecin ou Chirurgien. Quelles ºf447- cuations ſont Eau.preſer- uatiue. ſachers pourla regii du cœur. Conſeil de l'Autheur. Des ſignes de lapette preſente-. C H A P. X I V. Lvs EvRs deſirent ſçauoir les ſignes de la peſte preſente,afin d'y pouruoir de bône heure,pource $, qu'ordinairement on y eſt deceu,& le cómun peuple ne le cognoit iamais,iuſques à ce ºu il ſente - quelque douleur & apoſtemes aux emunctoires,ou quelques taches ſur le corps ou † .7 trop tard,parce que pluſieurs meurent deuant que telles choſes apparoiſſent:parquoy ne faut touſiourº §cide mais faut prendre indication,qu'en la peſte,le coeur auquel giºla vi° ! eſt † t- - -- 538 Le Vingt-deuxiéme Liure, 1 Signe de p•ſte presête. 2.. Signe. · 3. Sig oe. 4- Signe. 5.Signe. 6. Signe. 7. Signe. Pourquoy és fiévres peſti- lentielles le dedās bruſle, 6 le dehors eſt froid. 3. Signe. 9. Signe. Pourquoy les feſtiferez s5t quelquesfois endormis. 1 •. Signe. L'vrine des peſtiferez ſemble lciaa- bio. 1 1.Signe. 12.. Signe- En la pefe on voit grä- de m ltiºude d'accidens. lement aſſailly, & endure plus que tous les autres membres, dont les ſignes pris de luy ſont plus certains que de nulle autre partie principale. Parquoy les malades frappez de peſte ont ſouuent defaillance de cœ ur,& tombent comme eſuanouys. Le pouls eſt quelquesfois remis,& par fois trop frequent, & princi- palement la nuict Ils ſentent des punctions & demangeaiſons par tout le corps, & principalementaux na- rines, comme piqueures d'eſpingles, qui procedent de la vapeur maligne , montant des parties inferieu- res à la ſuperficie du corps , & à la tefle. Ils ont ſemblablement la poictrine chaude & ardente, auec gran- de palpitation & battement de cœur , diſans ſentir grande douleur ſous le mammelon du tetin ſeneſtre, auec courte haleine,& grande d1fſ culté de reſpirer : & halettent comme vn chien qui a grandement eou- ru, à cauſe que le Diaphragme, principal inſtrument de la reſpiration , ne pouuant auoir ſon mouuement naturel , redouble incontinent , & auance le cours de la reſpiration & expiration. Pareillement, ils ont toux & douleur d'eſtomach, enfieure des flancs ou coſtez : pource qu'à cauſe de la debilité de la chaleur naturelle, ſe multiplient beaucoup de ventoſitez, qui ſont cauſe de ladite extenſion : voire que le ventre en eſt quelquesfois ſi fort enflé, qu'on diroit eſtre vne eſpece d hydropiſie,nommée Tympani.e. Dauanta- ge, ils ont nausée, ou appetit de vomir , c'eſt a dire, que l'eſtomach leur bondit, qui vient à raiſon qu'il a connexion auec les parties nobles, & ſe reſſent du venin mortel de tout le corps : autres ont grands vo- miſſemens & frequents, iettans vne cholere jaune & auchnesfois verde ou noire, correſpondante aux ſelles en varieté de matiere & couleur : & à aucuns ſort le ſang tout pur en grande abondance, non ſeule- ment par le vomiſſement : mais auſſi quelquesfois par le nez par le ſiege , & par la verge, & aux femmes par leur matrice : & ceux-là ne paſſent gueres le troiſieſme iour, tant eſt grande l'acrimonie du venin. Au- cuns ont grande froidure aux parties exterieurts,mais neantmoins fentent vne extreme chaleur & ardeur merueilleuſe au dedans.Or la cauſe pour laquelle nous voyons qu'es fievres peſtilentielles le dedans bruſ- le, & le dehors eſt froid, c'eſt pource qu'il y a inflammation en quelque partie profonde du corps, en ſor- te que toute la chaleur auec le ſang & les eſprits eſt attirée comme d'vne ventouſe , par les parties inte- rieures enfiammées,dont les parties exterieures apparoiſſent froides,& alors la face ſe monſtre hideuſe,& eſt veuë de couleur plombine & liuide;les yeux ardens, eſtincellans , rouges, & comme pleins de ſang,ou d'autre couleur,& larmoyans. Le tour des paupieres eſt liuide & noir, comme ſi elles auoient eſté battues & meurdries,& ont la face hideuſe à voir,& tout le corps jaunaſtre, tellement qu'ils ne reſſemblent point à eux-metmes,de façon qu'on les decognoiſt,& telle chole ſignifie la mort proche. Aucuns ont la fiévre ſi tres-ardente,qu'elle cauſe vlceres au profond de la gorge, & autres Parties de la bouche, auec vne ſeiche- reſſe qui rend la langue aride & ſeiche,liuide & noire, accompagnée d'vne alteration & chaleur ſi grande qu'ils ſe diſent bruſler comme s'ils eſtoient dedans vn feu, auec vne extreme douleur de teſte, qui le plus ſouuent les fait reſuer;de ſorte qu'ils ne peuuent iamais repoſer ny dormir & tombent en vne fureur cruell le,comme frenetiques,s'enfuyans tous nuds,ſe lettants és puits,riuieres : & par les feneſtres, ſe precipitans de haut en bas. Au contrair ,ils ſont quelquesfois en vne ſi grande reſolution de tous les membres, qu'ils ne ſe ſçauroient ſouſtenir,& auſſi ſont au commencement tant endormis,qu'on ne les peut eſueiller,pource que la chaleur de la fiévre fait eſleuer à la teſte des vapeurs groſſes,creues , & froides, leſquelles abondent au corps : ce qui aduient communément lors que la matiere de la boſſe,ou le charbon ſe fait,ou petites ta- A B «hes & eruptions eſparſes au cuir,qui ſouuent s'apparoiſſent à leur reſueil, accompagnées d'vne ſueur fort C puante. Or leſdites exhalations & fumées acquierent ſouuent acrimonies, & ſont quelquesfois ſi mordan- tes,qu'elles gardent les malades de dormir,& leur incitent grande douleur de teſte, qui les fait tomber en - reſuerie,puis freneſie, manie & rage :Parquoy la varieté de ces derniers ſignes & accidens ne procede que de la diuerſité du venin peſtiferé,& des temperatures des malades. Qu'il ſoit vray, nous voyons en certai- nes ſaiſons ce venin exercer diuerſement ſa tyrannie, voire en toutes temperatures, & extraordinairement & également à pluſieurs & de tous aages & temperamens , comme nous auons cy-deuant monftré de la ſuette,trouſſe-galland,coqueluche,& autres maladies epidemiales. Quant eſt de la diuerſité de temperatu- res, ceux qui ſont de complexion chaude, comme les ſanguins & choleriques, ſont vexez bien ſouuent de fiévres bien ardantes,& tombent ſouuent en furie : au contraire, les melancholiques & pituiteux ſont tant aſſoupis & endormis,qu'à peine on les peut reſueiller. Les vrines ne ſont pas toufiours,ny en tous, trou- uées d'vne meſme couleur & conſiſtence : car quelquesfois elles ſont trouuées ſemblables à celles des ſains,à ſçauoir belles en couleur,& bonnes en leur ſubſtance,à raifon que la fiévre faict plus ſon effort de- dans les arteres,qu'és veines contenantes le ſang, duquel procede l'vrine , veu que le foye le plus ſouuene ne ſouffre ſi fort en vne fiévre peſtilente, que les autres parties,& ſur toutes le cœur , meſmement quand il n'y a point de tumeur apparente aux aines,où cela ſe fait:pource que les humeurs contenus aux vaiſſeaux, jaçoit qu'ils ſoient en chemin,& comme in fieri d'eſtre viciez & entachez de ce venin , ce neantmoins ils ne ſont point pourris ne corrompus:cette corruption eſtant vrayement ja parfaicte en la ſubſtance des eſprits (ſupposée que telle peſte eſt de celles qui ont leur cauſe & origine de la malignité de l'air ) & d'iceux n'a- yant encores paſsé & coulé dans les humeurs : car ſi la pourriture eſtoit ja imbue en iceux, ils en donne- roient certain teſmoignage par les vrines, qui ſont certains & propres ſignes des affections des humeurs contenus aux veines.Et partant ne deuons point eſtimer que cela aduienne ( comme aucuns ont pensé ) à raiſon que Nature comme eſpouuantée,& fuyant la malignité de ce venin,n'oſe aſſaillir la maladie. Aucuns ont les vrines fort diſſemblables des ſains , deſquels nous parlerons cy-apres. Pareillement aucuns iettent par le ſiege vne matiere fort fetide,liquide,ſubtile gluante,& de diuerſes couleurs:ce que declarerons auſſi. Il y en a d'autres qui ont l'appetit depraué, ou du tout perdu, tellement qu'on en a veu qui ont demeuré trois ou quatre iours ſans manger,ce qui procede d'vne douleur mordante & poignante, qui eſt en l'eſto- mach,laquelle prouient des vapeurs veneneuſes enuoyées à iceluy. Et pour le dire en vn mot, on veit en cette pernicieuſe pefte vne grande bande & multitude de pluſieurs eſpeces de ſymptomes & accidens con- fus,ſoudre iournellement,qui ſe font ſelon la pourriture & alteration de l'air, & la cacochymie & mauuai- ſe temperature de ceux qui en ſont frappez, Parquoy faut bien icy noter, que tous ces ſignes & accidens ne ſe trouuent pas touſiours en vne fois ny en toutes perſonnes mais à aucuns, s'en apperçoiuent pluſieurs, à autres peu,voire à grande peine voit-on deux hommesinfectez de cette contagion, auoir ſemblables acci- dens:& qui plus eſt,il y en a aucuns à qui ils apparoiſſent ſubit,& dés le commencement, & les autres plus tard. Et de tous ces ſignes , il y en a qui ſont totalement mortels, autres moins mauuais, & d'autres am- bigus. " ! . Sigmes D - De la Peſte | 539 -, •- "- - - va Signes mortels de la peſte . C H A P. X V. - $º2 E s ſignes mortels , & qui demonſtrent le cœur eſtre ſaiſi, ſont fiévres tres-ardentes & conti- Difficulté # nues, la langue aride & ſeiche, de couleur noire, & quand les malades ont grande difficulté a'inſpiration # d'inſpirer, tellement qu'ils ont plus de peine à attirer l'air qu'à le rendre : qui ſe fait pour la # vehemente chaleur qu'ils ont au corps, & ont vne ſoif ſi grande, qu'on ne la peut eſteindre. %i75 /S) Autres ont veilles continuelles, dont s'enſuit reſuerie & alienation d'eſprit , & ſouuent meu- rent comme furieux & enragez. Aucuns ont vne contraction & conuulſion de tous les mem- bres, defaillances frequentes de cœur,accompagnées de hocquets, & tombent ſouuent en ſyncope. Autres ont vne palpitation ou tremblement de cœur, qui eſt vn mouuement manifeſte de la vertu expultrice, qui d s'efforce de repouſſer le venin qui luy eſt du tout contraire & mortel. Le pouls pareillement ſe meut haſti- cauſe de uement & exceſſiuement ſans meſure, qui monſtre que la faculté vitale eſtgrandement enflammée, & alors # * les malades ſont en grandeagitation & inquietude,c'eſt à dire ſe remuent çà & là,ſans qu'ils ſe puiſſent tenir peſtifere à requoy & en repos,& ont appetit centiouel de vomir, qui prouient de la venenoſité de la matiere,laquel- le ſe communique au cœur , & a l'orifice de l'eſtomach : & le vomiſſement eſt puant, & de matiere verde comme jus de pourreaux, & quelquesfois de couleur noire ou rouge:auſſi aucunesfois eſt de ſang tout pur, comme nous auons dit , & ont ſueur froide, la face liuide, hideuſe & noire, & le regard eſgaré. Ils ont ſemblablement grand treſſaillement , fremiſſement, & aiguillonnement entre cuir & chair, baaillement & eſtendue de membres, tournans les yeux en la teſte, parlent enroiié & begaye, voire quelquesfois dés les premiers iours,& ne ratiocinent pas, & quand on parle à eux,ils ne reſpondent à propos. Ils ont la langue fort aride & ſeiche:liuide ou noire, qui ſe fait des exhalations putrides qui l'eſchauffent & deſſeichent,leur cauſant des eſcorcheures en la bouche. Outres plus, aucuns ont les vrines liuides ou noire, & troublées, Vrines mºr - comme groſſe lexiue,& yvoit-ondes nuées liuides,& de diuerſes couleurs,comme verdoyante,plombée ou § peſti- noire,qui eſt vn vray ſigne mortel.Auſſi quand on voit vn cercle par deſſus, comme greſſe ou toiles d'arai- §. gnées iettées les vnes ſur les autres.Si les malades ont charbons,& la chair d'iceux eſt noire & ſeiche,com- me vne chaleur bruſlée& les parties prochaines liuides,les boſſes,charbons & taches retournans au dedans & n'apparoiſſans plus au dehors,flux de ventre cholerique, qui ne donne aucun allegement au malade, fort fetide,liquide,ſubtil,gluant,& de diuerſe couleur,comme noire,verdoyante,reſſemblante à verd de gris &de tres mauuaiſe odeur , auec grande quantité de vers, qui denote grande corruption & pourriture aux hu- meurs : s'ils ontvn eſblouyſſement qui vient par l'imbecillité & defaut des eſprits, & de toute l'œconomie cauſe duri de nature qui ja commence à chanceler : ſi la chaleur naturelle ſe retirant au dehors, fuyant ce venin, ſardonis- eſmeut vne ſueur fort puante , & les yeux du malade s'enfoncent pour l'abſence de ladite chaleur, accompagnée du ſang, & eſprits : ſi le bout du nez eſt retors auec vn ris ſardonic ; c'eſt à dire , vn ris forcé, qui ſe fait pour la retraction des fibres diſſeminez aux muſcles de la face , deſſeichez par l'abſence du ſang & de l'eſprit animal : ſi auſſi les ongles noirciſſent , comme approchant d'vne mortifica- tion : puis ſuruiennent ſanglots & conuulſion vniuerſelle pour la reſolution des nerfs , ſi qu'en fin la pauure chaleur naturelle demeurant ſuffoquée & eſteinte, indubitablement la mort s'enſuit. En tous ces Ne faut abâ° fignes ne faut ſaigner, mais bailler choſes cordiales aux malades, & les recommander à Dieu. Neantmoins § § ie prie les Chirurgiens de ne laiſſer & abandonner les pauures malades, encore qu'ils euſſent tous ces peſtiferez, fignes mortels, mais touſiours s'efforcer à faire ce que l'art commande : car Nature fait quelquesfois meſme en ſi- choſes merueilleuſes contre l'opinion des Medecins & Chirugiens, ainſi que i'ay demonſtré cy-deſſus en gnesmortels. mon liure des playes d'arquebuſes. Or pour conclufion , la diuerſité de ces accidens vient pour la diuerſi- . té du venin, & des temperamens, & de l'air ambiens : & tant plus on trouuera des ſignes & accidens ſuſdits, tant plus les pauures peſtiferez ſont proches de la mort : mais ſivn ou deux apparoiſſent ſeulement, il n'eſt pas ncceſſaire qu'ils meurent : joinct auſſi que pluſieurs de ces ſignes ſont communs à d'autres malades - - r - - - Des ſignes par leſquels on peut cognoiſtre que lemalade eſt infecté de la Peſte- venant du vice de l'air, & non des humeurs. C H A P 1 T R E X V I. @) N c o R E que nous ayons amplementdeclaré les fignes de la peſte preſente, ſi eſt-ce que Deux ſortes # conſiderans qu'il y a deux ſortes de peſte, pour la diuerſité des cauſes : l'vne prouenante de peſte. # du vice del'air, l'autre de la corruption des humeurs, nous auons bien voulu ſpecifier R) les ſignes qui ſont propres à l'vne & à l'autre, commençans par celle qui vient du vice de f,N l'air Dont les ſignes par leſquels on pourra connoiftre, ſont tels à ſçauoir, qu'elle eſt En la peſte 4\N plus maligne & contagieuſe; & les hommes meurent en plus grand nombre & plus ſu- faite de l'air bitement:car pluſieurs faiſans leurs actions accouſtumées ſe promenans par les Temples les kommes & ruës ſans aucune contagion apparente meurent en peu d'heures, voire promptement ſans ſentir aupara- meurent ſu- uantaucune douleur : parce que l'air corrompu par ſa virulence gaſte promptement les eſprits, & ſuffoque bit, & en le cœur d'vn feu caché. Dauantage , les malades ne ſont ſi tourmentez d'inquietudes , & ne ſe jettent grand nºº- point cà & là, pource que la force naturelle eſt du tout proſternée & abbatuë : & partant ils ont con- *. tinuelle defaillance de cœur, & à pluſieurs ne ſuruiennent bubons, ou autres puſtulles, ny aucun flux de ventre, à cauſe que le venin peſtiferé abbat tellement les forces & le cœur qu'ils ne peuuent chaſſer d'eux Signes pris aucune choſe nuiſible, qui eſt cauſe de la mort ainſi ſubite. Leur vrine eſt ſemblable à la naturelle, parce des vrinº. qu'il n'y a point de vice aux humeurs, d'autant que les vrines demonſtrent certainement le vice qui eſtaux humeurs, comme ila eſté declaré cy-deuant. - | Kºrº - I •A · - figner S4O LeVingt-deuxième Liure, -, - - - —— A Signes que le malade eſt infecté de la peſte, prouenant de la corruption des humeurs, H A P 1 T R E XV I I. # o v s auons par cy-deuant declaré les cauſes de la corruption des humeurs de noſtre corps, la- quelle ſe fait comme d'vne trop grande plenitude, ou par obſtruction des vaiſſeaux des viſceres ou entrailles,causée par humeurs eſpais & viſqueux, ou par intemperature , ou malignité de ma- tiere,toutes leſquelles choſes ſe font par mauuaiſe maniere de viure:Il faut maintenant declarer les ſignes , par leſquelles on peut cognoiſtre vn chacun humeur dominant eſtre infecte & corrompu, afin de contrarier à iceluy. Quand donc on verra la couleur de tout le corps eſtre plus jaune que de couſtu- me,cela demonſtre que le corps abonde en cholere : ſi elle eſt plus liuide & noire , en melancholie : ſi elle eſt plus blanche,en pituite, ou phlegme : & ſi elle eſt plus rouge , & que les veines ſoient fort enflées, il abonde en ſang : auſſi les apoſtemes & puſtules tiennent ſemblablement la couleur de l'humeur qui cauſe | icelles pareillement les excremens,comme voumiſſemens,les ſelles & vrines auſſi le malade eſt fort aſſoupy & endormy,cela demonſtre la pituite:au contraire , s'il a veilles, demonſtre la cholere. Semblablement la nature de la fiévre demonſtre l'humeur qui abonde : car la fiévre tierce demonftre la cholere , la quarte la melancholie,la quotidienne la pituite, la continue , le ſang. Le temps le demonſtre pareillement : car au Printemps le corps accumule plus de ſang,en Eſté plus de cholere, en Automne de melancholie, en Hyuer - de pituite qui domine en cette ſaiſon.Apres s'enſuit le païs,lequel s'il eſt temperé,le ſang abonde : s'il eſt chaud & ſec,la cholere : s'il eſt froid & humide la pituite. Dauantage, l'aage le demonſtre : car les ieunes B En quels abondent plus en fang,& les vieux en phlegme. Finalement l'art & maniere de viure : car ceux qui cuiſent ºeſtiers on les metaux,& fabriquent ouurages metalliques,comme Mareſchaux,Serruriers,Orfévres, Affineurs, Fon- •ºguiertplus deurs de lettres,abondent plus en cholere:lesſedentaires,eſtudians & peſcheurs en pituite Voilà les obſer- ºr uations qu'on doit auoir pour cognoiſtre vn chacun humeur dominant en noſtre corps, afin de le purger bilieux. quand il en ſera beſoin. Or pour desboucher les orifices des vaiſſeaux , tant du foye , que de la rate & des reins,les medicamens doiuent auoir faculté & puiſſance d'inciſer,penetrer,attenuer,& deterger : ce que ie laiſſe à faire à Meſſieurs les Medecins. Et faut icy noter,que communément les humeurs ſe pourriſſent en temps de peſte,dont ſe font non ſeulement des fiévres continués,mais auſſi des intermittentes,c'eſt à dire, qui laiſſent le malade vn iour ou deux,plus ou moins ſans fiévre,puis l'aſſaillent dere chef, comme font les fiévres tierces & quartes:ce qui ſe fait ſelon la diuerſité de la pourriture de l'humeur dôt elles ſont faites, signes de comme nous auons dit par cy-deuant. Pareillement on les peut cognoiſtre par les accidens : comme ſila ſ'humeur peſte eſt en l'humeur cholerique,elle occit la plus grand part des hommes,& meurent promptement:&ont *hºerique vomiſſemens aſſiduels de couleur jaunaſtre,& flux de vétre,auec extremes donleurs & deſirs perpetuel d'al- lcr à la ſelle , parce que la cholere pique & vlcere les boyaux : auſſi ont vne inappetence , & tout ce qu'ils boiucnt & mangent,leur ſemble amer. S'ils ont quelques eruptions ou tumeurs contre nature , elles ſont trouuées auec peu d'enfieure,& de couleur citrine.Quand elle eſt aux groſſes humeurs, & au ſangaduſte, clle occit plus tard,& les malades ont grandes ſueurs,flux de ventre de diuerſes couleurs,& principalemét ſanguinolentes,& jettent fouuent le ſang pur:ils ont communément bubons & charbons, ou eruptions par tout le corps,auec grandes tumeurs enflammées,fiévres continues,delires,& l'haleine puante. Lors qu'elle eſt à l'humeur pituiteux,ils ont laſſitudes de tous les membres,& tout le corps bien fort appeſanti, & ſont C grandement endormis & aſſoupis,& à leur reſueil ont vn tremblement vniuerſel de tout le corps,qui ſe fait pour l'obſtruction des conduits clos aux eſprits:& s'il y a quelques bubons,charbons, ou eruptions, elles ſont laxes & de couleur blanchaſtre, & difficiles à ſuppurer. Et quand l'humeur melancholique en eſt vi- tié,les malades ſont fort attriſtez,ayans grande peſanteur & douleur de teſte , & ont le poulx petit & pro- fond & la couleur de leur apoſteme,voire de tout le corps, plombée & noire : car chacun humeur donne ſa couleur au cuir. Or qui demonſtre encor les humeurs eſtre corrompus, c'eſt que les vrines des malades ſont troublées,& ſemblables à celles des jumens : auſſi quelquesfois ſont veucs noires auec vn ce cle ver- doyant, qui ſignifie grande pourriture eſtre aux humeurs : car il eſt impoſſible que les humeurs puiſſent eſtre corrompus,que les vrines ne le ſoient. Aucuns ont grande ſoif, les autres nulle,parce que la pituite putride abonde a l'orifice de l'eſtomach,& luy change ſon temperament, & le rend languide auec Inappc- tence.Semblablement aucuns ont fiévre grandement ardente, & ſe diſent brufler au dedans : ce neantmoins les parties exterieures ſont trouuées quelquesſois fort froides. Que ſi la peſte prouient du vice de l air & des humeurs compliquez,comme ils tont le plus ſouuent , on ne les peut bien diſtinguer , & les ſignes ſont tort confondus enſemble. Cauſe de la ſ$ corruption 'des bumeur5. $ $ A Hip liure des ºunacurs. Du Prognoſtic. C H A P I T R E XV I I I. $ ! R o c N o s T 1 Q v E R eſt predire les choſes à aduenir, qui ſe ſait par la cognoiſſance de la N4 maladie , & de ſes accidens, & principalement de la temperature & dignité de la partie D $% malade, & action d'icelle : parquoy pour ce faire , ſera bien ne ceſſaire uue le Chirurgien SN aye cognoiſſance de l'Anatomie, & aye veu pluſieurs malades : car ainſi faiſant prognoſtic, ' ſa S & deduiſant bien au parens & amis du maladc, les accidens qui peuuent aduenir cn la ma- ladie , acqucrra honnenr & profit. Toutesfois quant a la peſte nous diſons qu'il n'y a point de iuge- ment certain de la vie , ou de la mort : car cette deteſtable , abcminable & traiſtreſſe maladie a ſes mou- # uemens Pº interualles inegaux &incertains, & eſt quelquesfois tant haſliue & fallace, qu'elle tue l'hom- # # me,ſans qu'on y puiſſe prendre garde,ce qu1 aduient à aucuns en dix, quinze,ou 24 heures,ou beaucoup feſte. moins.Et tel venin eſt quelquesfois ſi violent, qu'incontinent qu'on reçoit le ſoufflement ou haleine du - peſtiferé,on voit ſubit s'eſleuer puſtules & ampoulles au cuir,auec douleur acre, comme ſi on eſtoit mords d'vne mouſche à miel. Et par la violence de ce venin ſi prompt & ſubit, ceux qui ſont frappez, ſont plu- ſtoſt morts qu'ils n'ont penſé à mourir,& meſmes en beuuant mangeant,& vacquant à leurs affaires , tom- bent morts en cheminant par les rues & Temples,ce qu'auons veu n'agueres,le Roy eſtant à Lyon.Quel- Hiſtoire. quesfois auſſi les accidens ſe relaſchent,& ſemble que le malade ſe doiue bien porter, faiſant bonne che- re : ce qui aduint à vne des Damoiſelles de la Royne,nommée la Mare, le Roy eſtant au Chaſteau de Rouſ- ſillon,laquelle fut frappée de cette peſte,ayant vn bubon en l'aine,qui s'en retourna au dedâs,& le troiſié- ne iour diſoit ne ſentir aucun mal,fors qu'vne difficulté d'vrine(à cauſe de l'inflammation qui occupoitles parties Moyens de bien progno. ſtiquer. Il n'y a foint _ m=- A MDe la Peſte. S 4 I partiesdediées à l'vrine)ſe pourmenant par la chambre,auec bonne ratiocination:toutesfois ce iour meſme rendit l'eſprit à Dieu qui fut cauſe de nous faire promptement debuſquer dudit lieu.Et partât les Medecins & Chirurgiens ſont le plus ſouuët deceus en telle maladie:car aucuns meurét pluſtoſt,les autres plus tard, perſonne - ſelon que le venin eſt violêt & fort,& pour le dire en vu mot,en cette maladie il n'y a point d'heure,de iour, " eſt exempt ny de temps prefix.Outre-plus on voit par experiéce que gés de toute nature,ſexe,& diuerſes cóplexions, de peſte. ſoient enfans,adoleſcens,ou hommes en aage confiſtant,foibles ou robuſtes,ieunes ou vieux,yurögnes,cra- puleux,& ceux qui font abſtinence en leur viure, tant oiſeux que ceux qui trauaillent , riches ou pauures, iroys,Roynes,Princes,Princeſſes,Papes & Cardinaux, ſont tous ſujects à eſtre pris de la peſte : neantmoins Le Par, P.- on voit que les ieunes choleriques & ſanguins , qui ſont de temperament chaud & humide, y ſont plus fu- lagiu, mou. jets que les vieux , qui ſont de temperature froide & ſeiche, pource que le ſang ne s'enflamme pas ſi toſt: rut de peſte, auſſi que l'humidité d'iceux,dont s'engendre la corruption,eſt exhalée,& aucunement conſumée. Mais les De quelle , humeurs des ieunes ſe corrompent pour legere occaſion,& par conſequent reçoiuent la vapeur veneneuſe, ºPºrature laquelle facilement eſt attirée & penetre au centre du corps, qui eſt de telle temperature chaude & humi- & aage les de,& partant diſposée à receuoir inflammation & pourriture, à cauſe qu'ils OIlt les veines & arteres plus # de larges,& par conſequent tous les conduits du corps : dont il aduient que l'air peſtilent trouuant les pores #u ouuerts, entre dedans plus facilement auecques l'air attiré par le continuel mouucment des arteres. Da- # uantage la peſte venant de l'air,prend pluſtoſt les ieunes que les vieux, parce qu'ils ont les pores plus ou- uerts que n'ont les vieux. Pareillement ceux qui ſont hors des maiſons, ſont alors pluſtoſt eſpris que ceux qui demeurent dedans.Et quand la peſte vient de la corruption des humeurs,elle n'eſt pas tant contagieuſe que celle qui vient du vice de l'air.Mais les pituiteux,melancholiques,& gens aagez ſont en plus grâd dan- ger de mort,lors qu'ils ſont frappez d'iceluy venin,venant de cauſe corporelle, parce qu'il ne ſe peut bien exhaler & ſortir hors à cauſe de la cloſture,ou condenſation de leurs conduits & pores du cuir.Auſſi ceux qui ſont cacochymes & remplis d'humeurs vicieux,ſont plus prompts & diſpoſez à en eſtre infectez, & en plus grand danger que ceux qui ſont de bonne temperature:tout ainſi qu'vn fagot ſec eſt pluſtoſt allumé du feu,& bruſlé qu'vn verd,ainſi ſont ils preparez,de meſme façon que le ſoulphre eſt preparé à prédre le feu. Et par ainſi voit-on communément,qu'en temps de peſte,nulles ou peu d'autres maladies apparoiſſent,d'au- tant qu'elles ſe tournent facilement en icelle,& lors qu'elles commencent à regner, la peſte auſſi commen- ce à ceſſer. Donc comme vn homme cacochyme eſt plus diſposé à eſtre frappé de peſte : auſſi au contraire ſte ne courèt vn homme bien temperé difficilement en peut eſtre frappé.Car combien que le feu ſoit violent,neantmoins gueres autres il demeure amorty & vaincu,quand il ne trouue contre quoyagir. Semblablement vn homme bien ſain & maladie . nettoyé de mauuaiſes humeurs,bien tard & a grand peine eſt malade de cette peſte:& où il en ſeroit eſpris, ceux qui vs clle ne pourroit luy faire telle nuiſance,comme aux autres qui ſont remplis de mauuaiſes humeurs : toutes-ſont gueres fois on obſerue que ceux qui ont fiévre quarte,&chancres vlcerez,auſſi les punais,ladres,verolez,eſcroüel-ſubjets à leux,teigneux,& ceux qui ont fiſtules,& vlceres carieuſes coulantes, ne ſont fort ſubjets à prendre la peſte: auºir la parce qu'ils ne ſont ſeulement cacochymes,mais demy pourris, & leur cacochymie ne permet ſouuent en- peſte- . trer la peſte en leurs corps, quaſi comme ſi elle leur eſtoit vn alexitere contre le venin peſtiferé. Les fem- mes enceintes ſont fort ſubjectes à eſtre priſes de la peſte,à cauſe de la grande abondance d'humeurs ſuper- Pourquey en temps de pe- C fus & corruptibles qui abondent en elles pour le defaut de leurs purgations, joinct auſſi qu'elles ont tous leurs conduits fort ouuerts:& quand elles ſont frappées de cette maladie & font leurs enfans,elles meurent preſque toutes;dequoy l'experience fait foy. Auſſi les filles auſquelles le flux menſtruel commence à fluer, Des filles ſont fort ſubjectes à prendre ce venin,comme auſſi les petits enfans,parce qu'ils ſont lanuleux, c'eſt à dire, 6 petits ena mols & tendres,& de rare texture,joinct qu'ils viuent deſreiglément.Le menu peuple ſouffreteux , & ceux fans. qui habitent és maiſons ordes,& qui en tout temps viuent ordement,& qui ne change point d'habits,d'au- tant qu'ils approchent plus prés de la putrefaction, s'acquierent vne diſpoſition & conformité gande à la peſte,& partant ſont pluſtoſt aſſaillis que ceux qui viuent au contraire.Outre-plus ceux qui en cette mala- die ont ſommeil profond,meurent quaſi tous , à cauſe de la craſſitude des vapeurs qui montent au cerueau, leſquelles nature ne peut vaincre.Auſſi ceux qui ont la reſpiration fort puante outre leur couſtume meurent tous:pource que la pourriture eſt du tout confirmée en la ſubſtance du cœur,& aux poulmons.Or pluſieurs meurent ſubitement de la peſte,à cauſe que le venin ſaiſit le cœur, & inſtrumens qui ſeruent à l'inſpiration & expiration, leſquels eſtans ſerrez & comprimez à cauſe de l'inflammation qui eſt aux poulmons , au dia- phragme , & aux muſcles du larinx, laquelle fait que le pauure malade eſt ſubit eſtranglé & ſuffoqué par faute de reſpiration.Auſſi ſi les boſſes,charbons,puſtules & eruptions,qu'on appelle pourpre, qui viennent couleur des à la ſuperficie du cuir,ſont de couleur noire,ou verte,ou violette,ou liuide,peu en reſchappent,parce qu'ils tumeurs. demonſtrent mortification de la chaleur naturelle. Quand le bubon apparoiſt premier que la fiévre, c'eſt Il eſt bon que bon ſigne,caril demonſtre que le venin eſt moins furieux,& que nature a eſté maiſtreſſe, & qu'elle a eu vi- lº bºn º?- ctoire,l'ayant jetté & chaſſé hors:au contraire,s'il apparoiſt apres la fiévre, cela vient de l'impetuoſité du paroiſſe de- venin,lequel domine : partant eſt vn ſigne pernicieux, & le plus ſouuentmortel,qui demonſtre nature eſtre º *** gaignée & abbatuë.D'abondant au decours de la Lune,les malades meurent pluſtoſt, ou pour le moins leur " mal & accidens s'augmententiparce que les vertus ſont plus debiles,joinct auſſi que les humiditez de noſtre corps abondent dauantage.Or que les vertus de noſtre corps ſoient plus debiles au decours de la Lune, la ºº3º/ cauſe eſt,que la vigueur des facultez cöſiſte en chaleur.Or eſt-il qu'au decours de laLune,les corps sôt plus º ſ# froids & humides pour la defectuoſité de la Lune,qui eſt la cauſe pourquoy ſur la fin du mois les femmes # foibles ont reglément leur flux:car lors le ſang eſtant plus humide,eſt plus prompt à couler,& noſtre chaleur eſtât #. moindre ne peut retenir vn tel cours,comme elle ſouloit, eſtant fortifiée & guidée de la vertu de la Lune, # a plus de lumiere,& par conſequent de chaleur,eſtant pleine, qu'en decours : comme tres-bien dit Ari- ote au liu.7.7De biſtoria animal.chap.2.Auſſi faut noter que ſil'air peſtiferé eſt ſubtil comme bize,il eſt plus •dangereux & contagieux,& tue pluſtoſt que lors qu'il eſt gros & nebuleux Qu'il ſoit vray,lors que la peſte eſt en cette ville de Paris, elle n'eſt ſi dangereuſe que lors qu'elle eſt en Prouence & en Gaſcogne : qui ſe fait à cauſe que l'air de cette ville eſt plus gros & nebuleux:& eſt tel,tant à raiſon de la ſituation, que de la Egrande multitude du peuple,& excremens des beſtes,boucheries,cuiſines,latrines,& autres cauſes, qui font sſleuer pluſieurs groſſes vapeurs, leſquelles eſtans attirées des poulmons ne permettent que l'air peſtiferé sntre ſi legerement au profond de noſtre corps.Outre les cauſes de mort cy deſſus alleguées, nous voyons LSluſieurs perſonnes mourir par faute d'eſtre promprement ſecourus, parce qu'il y en a bien peu qui vueil- ent Prendre conſeil de bonne heure, & parauant que le venin ait ſaiſi le cœur, & que pluſieurs accidens *he leur ſoient deſia ſuruenus " Or le cœur eſtant ainſi il y a peu d'eſperance de ſanté , ce que toutesfois l | Sn attend ordinairement : d'autant qu'il eſt tres difficile de cognoiſtre la peſte dés le commencement, # -Sarce que les accidens ne ſont pas touſiours ſemblables , comme nous auons deſia dit : parquoy pluſieurs - 1cdecins & Chirurgiens y ſont abuſez,tant experts puiſſent-ils eſtre dont ne ſe faut eſmerueiller ſi le pro- Z z gnoſtic 2 . , - - - -- ! - Pourquoy 542 LeVingt-deuxiéme Liure, La crainte , pent donner la Peſte . Ce venin pe - , ſtilent con- uertit les humeurs en ſa qualité •oeneneuſe. Signes de , Nature mai- ſtreſſe . Signes pour cognoiſtre la fiévre , peſtilente, Rondelet en Japractique. La faculté vitale ſe monſtre foi- ble en toute peſte . Fiévres pe- ſtilentes , tierces , quartes &r quotidiènes. Il faut ſur tout prcndre quelque ale- xitere pour defendre que le venin ne ſaiſiſſe le ſ Œtir, gnoſtic de cette maladie ne peut eſtre certain.Qui plus eſt,elle eſt fi deteſtable & eſpouuantable qu'aucuns A de la ſeule apprehenſion meurent,parce que la vertu imaginatiue ou fantafie a ſi grande ſeigneurie en nous (ainſi que i'ay eſcrit en mon liure de l'Anatomie du corps humain ) que le corps naturellement luy obeit en pluſieurs & diuerſes ſortes, lors qu'elle eſt fermement arreſtée en quelque imagination.Donc en crainte & peur,beaucoup de ſang ſe retire au cœur,qui eſtouffe & ſuffoque du tout la chaleur naturelle, & les eſ- prits,la rendant plus foible pour reſiſter au venin dont la mort s'enſuit : au contraire, il aduient quelques- fois que ceux qui frequentent ordinairement les peſtiferez,n'en reçoiuent aucun mal, parce qu'ils n'appre- hendent rien.Pour concluſion:on voit communément que tous ceux qui en ſont frappez, ne meurent pas, combien qu'ils n'ayent receu grand ſecours,& ceux qui vſent de bons antidotes, ou choſes contrariantes à tel venin,ne laiſſent ſouuent à eſtre pris & mourir. Bref quand on en reſchappe,on peut bien dire que c'eſt vne choſe plus diuine que humaine,veu qu'on eſt ſouuent incertain de la cauſe. Partant nous deuons eſti. mer que telle choſe ſe faict par la volonté de Dieu,auquel,quant illuy plaiſt faire ſonner ſa trompette pour nous appeller,on ne peut reſiſter,ny euiter le partement par aucun artifice humain. C H A P, XIX. E v A N T que venir à la curation de cette maladie peſtilentielle, il nous conuient premiere- ment declarer comment ſe faict la fiévre en icelle:C'eſt que quand la perſonne a attiré cétair peſtilent par inſpiration faite par le nez & la bouche : au moyen de ſ'attraction que font les poulmons,& autres parties dediées à ce faire, & auſſi vniuerſellement par les pores & petits - trous du cuir,& cauitez des arteres & veines,qui ſont diſſeminées par iceluy,lequel aireſtant attiré & conduit en toute la maſſe ſanguinaire,& aux humeurs,qui ſont plus apres à receuoir tel venin,les conuertit en ſa qualité veneneuſe,& comme ſi c'eftoit chaux viue, ſur laquelle on jettaſt de l'eau, s'eſleue vne vapeur putride, qui eſt communiquée aux parties nobles, & principalement au cœur,lang& eſprits, lequel boüillonne dedans ſes ventricules, dont ſe fait vne ebullition appellée fiévre, qui eſt con muniquée par tout le corps par le moyen des arteres; voire iuſques en la ſubſtance des parties les plus ſolides, qui ſont les os,les eſchauffant ſi fort comme s'ils bruſloient,faiſans diuerſes alterations ſelon la diuerſe tempe- rature des corps,& nature de l'humeur où la dite fiévre eſt fondée:& lors ſe fait vn combat entre le venin, & nature , laquelle ſi elle eſt plus forte,par ſa vertu expultrice le chaſſe loing des parties nobles, & cauſe par dehors ſueurs,vomiſſemens,fiux de ſang,apoſtemes aux emunctoires, charbons, ou autres puſtules & eruptions par tout le corps:auſſi flux de ventre,flux d'vrine,euacuations par inſenſible tranſpiration, & au- tres que declarerons cy-apres.Au contraire,ſi le venin eſt plus fort que la vertu expultrice,nature demeure vaincue,& par conſequent la mort s'enſuit. Or pour cognoiſtre que la fiévre eſt peſtilentielle,c'eſt que dés le premier iour qu'elle commence,les forces ſont proſternées & abbatues ſans aucune cauſe qui ait prece- dé auparauant:car ſans grande euacuation faicte , les panures malades ſont tant debiles & affoiblis, qu'on eſtimeroit qu'ils auroienteſté vexez de quelque grande maladie,& pluſieurs ſentent mordication à l'orifice de l'eſtomach,&grande palpitation de cœur,& ont ſommeil profond, & les ſens de l'entendement hebt- tez. Ils ſentent auſſi grande chaleur au dedans de leurs corps, & les parties exterieures ſont trouuées froi- des,de façon que ceux qui ne ſont experimentez en telle maladie ſont facilement deceus,eſtimans qu'il n'y a nulle fiévre,pource que les pouls & vrine des malades ne ſont gueres changez; & toutesfois ils ont gran- de inquietude & difficulté de reſpirer,& ont leurs excremens fort fetides, & autres griefs accidens, & le plus ſouuent le troiſieſme iour ont reſuerie & grand flux de ventre & vomiſſemens,auec vne extreme ſoif, & n'ont point d'appetit.Partant il faut prendre garde qu'aucuns de ces ſignes ſont touſiours preſens, & les autres viennent lors qu'il y a quelque partie offensée : comme s'il y a difficulté de reſpirer, cela demonftre que les parties pectorales ſont offensées,& quant le delire vient,cela ſignifie qu'il y a vice au diaphragme, & au cerueau, qui ſe fait quand la matiere du charbon ſe putrefie prés d'icelles parties, ou en icellesmeſ- mes. Or en toutes ces choſes l'imbecilité des forces eſt commune, & les affections du cœur pareillement, veu que ce venin peſtiferé eſt contraire à noſtre nature, & qu'il infecte principalement le cœur, fontaine de vie.Et combien que cette fiévre ſurpaſſe en malignité les autres quine participent point du venin peſti- feré,ſi eſt-ce qu'elle eſt auſſi diuerſe comme icelles:car quelquesfois elle a ſes exhalations comme la tierce, autresfois quarte,autresfois quotidienne , ſelon la diuerſité de l'humeur qui eſt principalement affectée:ce qu'on cognoiſt par les interualles,c'eſt à dire,l'eſpace interposé entre les accez. Pareillement elle eſt dite ſimple, quand la quantité veneneuſe conſiſte ſeulement à l'eſprit vital, & que les humeurs ne ſont encores corrompus Elle eſt dite composée, ou compliquée, quand ladite qualité eſt fourrée és eſprits & aux hu- mcurs en toute la ſubſtance du corps,auec charbons,boſſes & pourpre. Auſſi il y a d'autres differences & diuerſitez d'icelles,qui ſe cognoiſſent par les vrines,excremens,habitude vniuerſelle du corps, temperature d'iceluy:auſſi par les accez,la chaleur,le pouls,& autres.Donc ſelon que la fiévre tiendra la nature de tier- ce,quarte,quotidienne,ou continue,faudra diuerfifier les remedes pour la curationd'icelle : ce que ie laiſſe à Meſſieurs les Medecins. commentſe faict la févre peitilentielle . comment le malade ſe doit retirer du lieu infect, ſubit qu'ilſe ſent frappé depeſte . C H A P 1 T R E XX. Y A N T amplement deſcrit la peſte & tous ſes ſignes & accidens, & la maniere de s'en pre- # ſeruer,il faut maintenant traicter de la cutatió,en laquelle il faut auoir eſgard ſur toutes cho- ſes,de prendre incontinent quelque alexitaire pour contrarier au venin:mais pour l'ordre de demonſtration,& enſeignement,nous declarerons premierement la cure vniuerſelle,commeſ- - çant par le lieu auquel celuy qui ſe ſent frappé,doit habiter.Et partant il eſt bon, que le mala- de ſe retire iubit en quelque lieu prochain,où l'air ſoit bien ſain,& faut auoir cela en ſinguliere recôman- dation:car en ce gift vne grande partie de la cure,parce que l'air eſt vne des choſes premieres & plus neceſ- ſaires pour la conſeruation de noſtre vie:veu que vueillons ou non,& en quelque lieu que ce ſoit, il nous conuient l'attirer au dedans du corps, & le jetter au dehors par le moyen des poulmons,& imperceptibles ouuertures des petites arteres,qui ſont diſſeminées en noſtre cuir, & de là ſe communiquent aux grandes arteres, leſquelles l'enuoyent au cœur fontaine de vie, & derecheficeluy le diſtribue par tout le corps, quaſi de mcſme façon que cette portion d'air qui entre par les nariIles, laquelle eſt promptement elaborcº en la ſubſtance du cerueau Et pour cette cauſe il eſt tres-neceſſairc d'eſlire vn bon air au malade, contr4- riant à la cauſe de la peſte,afin que pluſtoſt & plus ſeurément il ſoit guaranty. - D! - De la Peſte. 5 4 3 \ A # | ! | #: 1 | "i - - -""- De la ſituation & habitation de la maiſon du malade de peſte, & moyen dy rectifier l'air. CH A P 1 T R'E X XX I. $ VA N D la peſte vient de l'intemperature de l'air, on ne ſe doit tenir en lieu haut eſleué : mais $ # en lieu bas enuironné d'air froid,eſpés & mareſcageux,& ſe tenir caché dans les maiſons:& par- W KX# $ tant ceux qui ſont priſonniers, & les Moynes & Nonnains enfermez en leurs cachots & Con- É2S é uents,ſont plus ſeurement,& hors de la portée du canon peſtiferé, que ceux qui habitent en au- tre lieu:toutesfois il ne ſe faut tenir tant enfermé qu'on n'ouure quelquesfois les portes & feneſt res au vêt contraire à celuy d'où vient l'air peſtilent,afin que l'air frais & bon y entre le matin & le ſoir,pour purifier - la maiſon des exhalations & vapeurs qui y ſont tenuës,& le corrompent dauantage,s'il n'eſt eſuenté & fia- bellé:& ſur le midy ſeront cloſes & fermées.Outre-plus lors qu'il ne fait vent,comme on void aux grandes chaleurs,il faut eſmouuoir l'air autour du malade auec vn eſuentoir,ou auec vn grand ſac de toile,dans le- ºº d. quel on porte la farine au moulin.Et faut qu'il ſoit trempé en eau & vinaigre, & posé ſur vn gros & long rafraijchir baſton,puis l'agiter fort : car par cette agitation on rend vne tres-grande refrigeration par toute la cham- l'air. bre, ainſi que l'experience le monſtre. Or fi la peſte vient du vice des vapeurs de la terre, on ſe logera és lieux mediocrement hauts & bien aërez:& pour le dire en vn mot,on fera toutes choſes qui peuuent con- trarier à l'intemperature de l'air peſtilent, de quelque cauſe que la peſte ſoit procrée. Auſſi conuient faire - changer tous les iours de chambre & linceux aux malades,s'ils le peuuent commodément faire:principale- ment quand ils ont ſué,de peur que les ordures que nature a jettées, ne ſoient attirées par les pores & ar- teres,qui ſontdiſſeminées au cuir,qui ſuccent & attirent l'air indifferemment,ſoit bon,ou mauuais : ſembla- - blement faire du feu en la chambre,principalement la nuict,afin de rendre l'air plus purifié des vapeurs no- ... . - cturnes,& de l'exhalation & expiration du malade,& de ſes excremens. Parquoy il couchera vne nuict en !Jºur faire vne chambre,& l'autre nuict en vne autre.En quoy on doit auoir égard à la diſpoſition du temps : car aux du feu en la grandes & extremes chaleurs,il n'y faut faire grand feu,de peur d'augmenter la chaleur de l'air,ny pareille- chambre du ment vſer de parfums forts & odoriferans, parce que telles choſes augmentent la fiévre & la douleur de "#. teſte , d'autant qu'en tel temps noſtre chaleur naturelle eſt languide, & les eſprits & humeurs boüillent & et a # bruſlent parquoy il faut pluſtoſt vſer de choſes qui rafraichiſſent,que de celles qui eſchauffent. Partant en #, . Eſté il faut arrouſer la chambre d'eau froide meſlée en vinaigre, & eſpandre fueilles de vigne, qui auront ſ,, qui eſ- trempé en eau froide,canes,ou roſeaux,aubeſpine,ioncs,fueilles & fleurs de nenuphar , peuplier , rameaux chauffent. de cheſne,& leurs ſemblables:leſquels ſeront renouuellez ſouuent, comme auſſi l'agitation de l'air auec le ſac cy-deuant dict doit eſtre reiterée quand il en ſera beſoin. Pareillement ont attachera autour du lict du ornement malade des linceux gros & neufs & non fort blancs(pource que la blamcheur diſſipe la veüe,& augméte la du lici. douleur de teſte)leſquels ſeruiront de cuſtodes,& les faut arrouſer ſouuêtesfois d'eau & de vinaigre,ou eau roſe,ſi le malade eſt riche. On pourra tendre en la chambre pluſieurs linceux de toile neuue, trempez en oxycrat,qui luy ſeruiront de tapiſſerie. Et faut que le iour il ſoit en peu de clarté , & au contraire la nuict auec grande lumiere, pource que par la grande clarté du iour les eſprits ſe diffipent & affoibliſſent , & par conſequent tout le corps:& par la lumiere de la nuict ils ſont reuoquez au dehors.Auſſi on fera bruſler par Parfum con- fois bois de geneſt,de genévre,freſne,& tamarix,mis en petites pieces,eſcorces d'orenges,citrons , limons, tre le venin- pclures de pommes de court-pendu,cloux de girofle,benioin,gomme Arabique,racine d'iris,myrrhe prenât de chacun tant qu'on voudra Et ſeront concaſſez groſſement,& mixtionnez enſemble, & jettez ſur vn reſ- chaud plein de braize,& ce ſoit reiteré tant qu'il ſera beſoin : mais entre tous,le bois & graine de genévre ont grande vertu contre le venin, ainſi que les anciens ont laiſſé par eſcrit, ce qu'on cognoiſt auſſi par ef- fect carafors qu'on en bruſle,ils chaſſent tous ſerpens veneneux qui ſont autour.Le freſne a ſemblablement vertus de grande vertu : car nulle beſte veneneuſe n'oſe approcher ſeulement de ſon ombre, tellement qu'vn animal bois de veneneux ſe mettra pluſtoſt dedans le feu, que d'approcher ou paſſer par deſſus le bois de freſne, comme freſne. monſtre Pline,& dit le ſçauoir par experience,liu.16.chap.13.Pareillemêt le parfum ſuiuant eſt doux &amia- ble Il faut faire fort chauffer des pierres de graiz,& les mettre dedans des chauderons,puis on verſera deſ- ſus du vinaigre,auquel on aura faict boüillir de la ruë,ſauge,roſmarin,graine de laurier , genévre, noix de cipres,& leurs ſemblables,ce faiſant il s'eſleuera vne groſſe vapeur & fumée qui rectifiera l'air , & donnera bonne odeur par toute la chambre.On pourra auſſi vſer d'autres en autre façon,dôt la matiere pourra eſtre Parfums de plus craſſe & viſqueuſe afin qu'en bruſlant elle puiſſe rendre plus grande fumee,comme ſont ladanum.mir-mariere rhe,maſtich,reſine,terebenthine,ſtyrax calamite,oliban,benjoin, ſemences de laurier, genévre,pommes de creſſe & pin,cloux de girofle:& peut-on piler auec iceux de la ſauge,roſmarin,marjolaine, & leurs ſemblables: afin viſiºnſ . qu'auec les gommes la fumée & vapeur dure plus long-temps. òn pourra pareillement faire aux riches, Cºººº chandelles,torches & flambeaux , meſlant auec la cire des pouldres de ſenteurs composées des choſes de ſ- odorantes. ſuſdites.On fera auſſi ſentir aux malades choſes douces aromatiques, afin de corroborer l'eſprit animal:car la bonne odeur recreeé & conforte les parties nobles : au contraire la mauuaiſe prouoque le vomir, & fait venir defaillance de cœur:tellement qu'ils pourront tenir en leurs mains vne eſponge trempée en eau roſe, vinaigre roſat cloux de girofle,& vn bien peu de camphre concaſſez & l'odorer ſouuent ou faut vſer de l'eau Eanſingu- ſuiuante,laquelle eſt bien odoriferante & fort finguliere pour tel effect. 2/. Ireos fior.3.iiij. zedoariæ,ſpi liere pºur ca nardi an.5.vj.ſtyracis calamitæ,benjoin,cinnamomi,nucis moſcatæ,cariophyllorum an.3 j.ſº.theriaca ve- odorer. teris 3.6. Ces choſes ſeront groſſement puluerisées & trempées en quatre liures de bon vin blanc pa r l'eſ- pace de douze heures,deſſus des cendres chaudes,puis les ferez diſtiller en alambic de verre. En cette eau Autre eau: faudra tremper ſouuent vne eſponge, laquelle ſera miſe en vn mouchoir, ou en vne boëtte , & flairer ſouuent. Autre. %.aqua roſar. & aceti roſati ana3.iv.camph.g.vj.theriac 3. ß. Faites diſſouldre le tout enſemble , & le mettez en vne phiole de verre, & le faictes ſentir ſouuent au malade ou vne eſponge ou mouchoir imbus en cette mixtion. Auſſi on pourra à cette intention vſer de ce noiiet, lequel eſt de bonne odeur & bien experimenté. 2%. roſar.p.ij.ireos Florentie 3.6.calamiaromatici, cinnamomi, cariophyllor. an.3 ij.ſtyracis calamitæ,benjoin.an.3.j.É.cyperi 3.f.reducantur in puluerem craſſiorem,& fiat nodulus in- ter duas ſyndones Ledit noüet doit eſtre de la groſſeur d'vn eſteuf , & le faut laiſſer touſiours tremper en · huict onces de bonne eau roſe,& deux onces de vinaigre roſat, & le baillerez ſouuent à odorer au malade. Nous deuons bien obſeruer, que ſelon la diuerſité de temps il faut diuerſifier les parfums : car en Eſté ne faut vſer de muſc,ciuette,ſtyrax, calamite, benjoin,iris,ny pareilles odeurs fortes, pour les cauſes que Faut diuer- nous allons dictes cy-deſſus : mais en Hyuer l'air eſtant froid & humide, gros & nebuleux, on en ſſier les par- peut vſer. D'auantage il faut noter,que les femmes ſujettes à ſuffocation de la matrice, & les febricitans, jims. & ceux qui ont grande douleur de teſte , ne doiuent vſer de parfums & odeurs fortes, mais de dº# Z Z 2 Nouët. 544 Le Vingt-deuxiéme Liure, & benings, afin qu'ils ne leur puiſſent aucunement nuire : partant ils pourront vſer d'eau roſe & vinaigre, A & bien peu de camphre, & cloux de girofie concaſſez. Du regime, & maniere de viure du malade, & premierement du manger C H A P 1 T R E XX II. La diete té- N cette maladie peſtilente la maniere de viure doit eſtre refrigerante & deſſeichâte & ne fiº muë & ſub- $ tenir vne diete fort tenue mais au contraire eſt neceſſaire que les malades ſe nourriſſent aſſez tile eſt per- - copieuſement de bons alimens:ce que pluſieurs doctesMedecins approuuent & tiennent que micieuſe aux la maniere de viure tenue eſt dommageable aux peſtiferez,à cauſe de la grande reſolutiô d'eſ- Feſtiferez. prits & debilitation des forces naturelles, qui eſt faicte par icelle maladie, & fait communé- ment troubler le cerueau, rendant les malades frenetiques ; joinct auſſi qu'ils ſyncopiſent ſouuent : pour à quoy obuier,faut vfer de grande & ſubite reparation par alimens de bonne ſubſtance : ce que lexperience .. nous a enſeigné:car ceux qui en cette maladie ont vsé d'vne maniere de viure aſſez ample, ſont pluſtoſteſ- 9)uelles º chappez que les autres auſquelson a fait tenir diete ténué:& partant on y prendra garde. D'auantage faut # f** éuiter les viandes douces.h umides craſſes & viſqueuſes,& celles qui ſont fort tenues.parce que les douces - s'enflamment promptement,les humides ſe pourriſſent,les craſſes & viſqueuſes font obſtruction, & prouo- quent les humeurs à pourriture : celles qui ſont de ténue ſubſtance ſubtilient trop les humeurs & leseſ- chauffent & enflamment,& font eſleuer vapeurs chaudes & acres au cerueau, dont la fiévre & autres acci- B dens s'accroiſſent.Parquoy les viandes ſalées & eſpicées,mouſtarde,ails,oignons & ſemblables, & genera- lement toutes choſes qui engendrent mauuais nourriſſement, ne ſont propres. D'auantage les legumesſe- ront pareillement euitez,parce qu'ils ſont venteux, & cauſent obſtruction : toutesfois leur boüillon n'eſt à Du pain que rºjetter,parce qu'il eſt aperitif & diuretique.On vfera doncques de la maniere de viure qui s'enſuit Et pre- doit manger mierement le pain ſera bien leué & bien cuit,& vn peu ſalé,& de bon fourment,ou de meteil,& qu'il ne ſoit le malade trop raſſis ne trop tendre,mais moyen entre deux. On vſera de chair qui engendre bon aliment & facile à de peſte, digerer,& laiſſe peu d'excremens:comme ſont ieunes moutons,veaux,chévreaux,lapreaux,poulets,hetour- deaux,perdreaux,pigeonneaux,griues,aloüettes,cailles,merles,tourterelles, francolins, Faiſans, & genera- lement tous oiſeaux ſauuages qu'on a accouſtumé de manger, excepté ceux qui viuent és eaux : tous leſ- quels ſeront diuerfifiez ſelon le gouſt, & la puiſſance de la bourſe du malade. Et faut que le malade maſ- che fort ſes viandes : pource que lors qu'elles ſont bien maſchées, elles ſont à demy cuites & preparées,& vilité d, Par ainſi les vapeurs montent moins au cerueau. La ſaulce d'icelle ſera verjus , vinaigre,jus de limons, choſes ace- orenges,citrons,grenades aigres,eſpinevinette,groſelles rouges,& verdes, jus d'ozeille champeſtre & do- teuſes en meſtique. Or toutes choſes aceteuſes ſont fort loüées, parce qu'elles irritent l'appetit, & reſiſtent à la Peſte. chaleur & ebullition de la fiévre putride, & gardent que la viande ne ſe corrompe en l'eſtomach : auſſi contrarient à la putrefaction du venin & pourriture des humeurs : mais ceux qui ont mauuais eſtomach, ou yice aux poulmons , en vferont moins que les autres, ou ſeront corrigées auec ſuccre & cannelle. Et quelquesfois auſſi le malade pourra bien manger quelques viandes boüHlies auec bonnes herbes, comme laictué,pourpié,ſcariole,bourrache,ozeille,houbelon,bugloſſe,creſſon,pimpernelle,ſourcie, cerfueil,tour- mentille,quintefueille,ſcabieuſe,ſemences froides,orge & auoine mondez,& leurs ſemblables, auec vn peu G de ſafran,qui pareillement en tel cas eſt ſouuerain, d'autant qu'il corrige le venin. Les potages ne ſont à loüer, ſi ce n'eſt en petite quantité, à cauſe de leur grande humidité ( auſquels on fera cuire racines & ſe- Les potages ºººººs aperitiues leſquelles ont vertu de prouoquer l'vrine & deſopiller ) ny pareillement les choſes graſ- n, ſont p - ſes & oleagineuſes,parce qu'elles s'enflamment promptement.Les capres ſont bonnes, à cauſe qu'ellesai- pres aux guiſent l'appetit & deſopilent,& doiuent cſtre bien deſſalées & mangées au commencement du repas,auec malades de vn bien peu d'huyle d'oliue & vinaigre : on en peut pareillement vſer en potages. Les oliues priſes en peti- peſte. . te quantité ne ſont auſfi à reietter. Aux iours maigres, ſi le malade eſt ſcrupuleux, & friand de poiſſon(ce que ie n'approuue,pource qu'il eſt facile à ſe corrompte & engendrer mauuais ſuc)il en pourravſer : mais on luy eſlira les moins nuiſibles,comme ſont les ſaxatiles, c'eſt à dire, viuans en eau claire, où il y a force grauier,pierres & rochers : auſſi ceux qui ſont friables,c'eſt à dire,aiſez à ſe comminuer & froiſſer, comme truittes,brochets,gardons,perches,dars, loches, eſcreuiſſes principalement eſtouffées en laict, tourtues & autres ſemblables. Quant aux poiſſons de mer,il pourra vſer de dorades,rougets,gounauds, merlus, ccle- rins,ſardines fraiſches & non ſalées,mulots,merlangs,eſperlants,aigrefins,turbots, & leurs ſemblables,leſ- . quels ſeront cuits en eau & vinaigre,& bonnes herbes. Auſſi les œufs pochez en eau mangezauec jus d'o- zeille,& autres cy-deſſus mentionnez leur ſeront propres. L'orge mondé auquel on mettra graine de gre- nades aigres, eſt pareillement fort excellent en tel cas, pource qu'il eſt de facile digeſtion & de bonne nourriture auſſi qu'il rafraiſchit,humecte,deterge & laſche vn peule ventre. On y pourra adiouſter de la orge uendé graine de pauot & ſemences de melons,ſi la fiévre eſt grande : toutesfois aucuns ne le peuuent digerer, & A qui l'orge leur cauſe vne nausée & douleur de teſte,& à tels ne leur en ſera baillé aucunement, mais en lieu d'iceluy, mendé n'eſt on leur donnera panades , ou pain gratté auec boüillon de chapon, auquel on fera boüillir les herbes cy- bon. , deſſus mentionnées auec des ſemences froides. D Quant aux fruicts,le malade pourra vſer de raiſins deſſeichez & confits entre deux plats auec eau roſe & ſuccre,pruneaux de damats aigrets, figues, ceriſes aigrettes, pommes de court-pendu,poires de bonchrc- ſtien,& autres tels bons fruicts.Et apres le repas,on luy donnera coings cuits ſur la braiſe ou cotignac , ou conſerue de roſes,de bugloſe,violettes,bourrache,& leurs ſemblables,ou cette poudre cordiale.2Z.corian- dri præparat. 3.ij.margar1tarum electarum,roſarum,raſuræ eboris,cornù cerui an.3.f.carabes 9. ij. cinna- momi 9.).& oſiis de corde cerui 9.É.ſacchari roſati 3.iiij.fiat puluis.vtatur poſt paſtum.Si le malade eſt fort debile,on luy donnera de la gelée faite de chapon &veau,y faiſant boüillir eau d'ozeille,de chardon benit, bourrache,& vn peu de vinaigre roſat,cannelle,ſucre,& autres choſes qu'on verra eſtre neceſſaires la noict Poudre cor ne faut eſtre degarny de quelques bons preſſis & boüillons(y adionſtant vn peu de jus de citron ou degre- dia le, nades aigres)leſquels en cette maladie ſont plus à loüer que le coulis à cauſe qu'ils sôt trop eſpais,font ob- La gelée eſt ſtruction aux veines meſaraiques & capillaires du foye,& cauſent ſoif pour la tardiueté de leur diſtribution comme pro- &donnét peine à l'eſtomach de les cuire,lequel(côme auſſi le cœur &autres mëbres nobles)a aſſezd'autres pre pour les empeſchemens à vaincre ſon ennemy Il n'eſt auſſi impertinent tenir & faire preparer le reſtaurant qui s'en- malades de- ſuit,afin de n'ennuyer le malade d'vne ſorte de viâdes,mais le recréer aucunemét en diuers vſages d'alimés: biles. non que par ce moyen on luy vueille rechercher & conciter vn appetit,mais le fortifier,& cependât le con- tenter en quelque façon, & luy donner courage de reſiſter à ſa maladie : partant on pourra vſer de cet- Fºſfaurant, tuy-cy. Prenez conſerue de bugloſe , bourraches , violettes de Mars, nenuphar & cichorée, de chacun deux Vſage de Pciſſon. ) · De la Peſte. | 545 $ A deux onces,pouldre d'electuaire de diamargaritum froid & diafragacant froid, trochi ues de camphre,de chacun trois dragmes, ſemence de citron,chardon beniſt, & aceteuſe, racine de dictamne , & tormentille, de chacun deux dragmes,eau de decoction d'vn ieune chappon ſix liures,meſlée auec fueilles de laictue ace- teuſe, pourprié, bugloſe, & bourrache, de chacun demie poignée. Le tout ſoit mis en vn alambic de verre auec la chair de deux poulets & deux perdrix : ſoit faicte diſtillation à petit feu. Puis ſera pris demie liure de la diſtillation predicte,auec deux onces de ſuccre blanc & demie dragme de cannelle : ces choſes ſoient paſſées par la manche d'hyppocras; & que le malade en boiue quand il aura ſoif,ou qu'il vſe de ceſtuy ſui- uant. Prenez vn viel chappon & vn jarret de veau,deux perdrix hachées,canelle entiere deux dragmes : le tout mis en vn vaiſſeau de verre bien eſtouppé ſans aucune autre liqueur , & ſoient faits boüillir au bain Marie,iuſques à ce qu'ils ſoient parfaictement cuits, ou en vn vaiſſeau d'eſtain,qui t'eſt repreſenté en la pa. ge ſuiuante, lequel ſe cloſt à vis, de façon,que nulle vapeur ne peut ſortir dehors,& propre pour fairere- ſtaurans,& potions vulneraires,& decoctions de gaiac,ſalſepareille,& eſquine,&generalement toutes cho- ſes qui ſe doiuent cuire,au bain Marie. Car par ce moyen la chair ſe cuit en ſon propre jus,ſans que le feu y porte dommages puis le jus ſoit exprimé dedans des preſſes propres a telle choſe, duquel en ſera donné vne once ou plus pour chacune fQis auec vn peu d'eaux cordiales, comme eau de bourra- che, de violettes,de bugloſe,de ſcabieuſe, de roſes, ou de conſerue d'icelles, & du trianſa- tal,diamargaritum frigidum,deſquelles on en diſſoudra, & en ſera donné ſouuent au mala- de, à ſçauoir, de trois heures en trois heures, plus ou moins, ſelon que le malade le pourra digerer, & que la fiévre & autres accidens le §$ permettront:car ſelon que la fiévre ſera gran- $ de ou diminuée, il faudra diuerſifier les ali- \ , † # mens, tant en quantité qu'en qualité Or on | , ,!|||#! // ordonne les reſtaurans,coulis,& preſſis,& eau de chair à ceux qui ont l eſtomach debile, & ne peuuent cuire les viandes. Outre-plus, il eſt bon de manger ſouuent en petite quantité confitures aigrettes,comme prunes,ceriſes,& autres dont nous auons fait mention cy-deſ- - / . - - - § |jſſſſſſſſſſſſ #º ſus.Et faut du tout éuiter les confitures dou- W # : car , ( comme nous auons dit cv- \†# ces : car , ( . s dit cy-deſſus) · W # # toutes choſes douces promptement s'enflam- - \ |T llllljlllllffi # ment en noſtre corps,ſe tournans en cholere, # & ſouuent engendrent obſtruction au foye & º,N, #u - à la ratelle. Et faut icy noter,qu'il n'y a point de maladie qui debilire tant nature que fait la peſte.Parquoyil faut donner à manger au ma- - lade peu & ſouuent, ſelon qu'on verra eſtre d - # neceſſaire,ayanteſgard à la couſtume,à l'aage. à s= º temps,à la region,& ſur toutes choſes à la - vertu du malade, afin que le venin qui a eſté # chaſsé & expulsé aux parties exterieures, ne # ſoit derechef attiré au dedans par inanition. # Conſideré auſſi que la putrefaction veneneuſe #--- corrompt,altere,& diſſipe les eſprits vitaux, & naturels,leſquels doiuent eſtre ſouuent re- NN ſtaurez par manger & boire, comme nous $ t'auons deſia aduerti cy-deuant : toutesfois il \W faut prendre garde que par trop marger on - # ne charge le malade de matiere ſuperfluë, | | | partant en ce on tiendra mediocrité.Et quand - " - l'appetit ſera venu,il ne faut differer de don- / - ner à manger & à boire, tant pour les cauſes / ſuſdites,qu'auſſi de peur que l'eſtomach ne ſe % rempliſſe d'humeurs acres, bilieuſes, & ame- / res, dont s'cnſuiuent pluſieurs extorſions & l#ſſſſ///////// - NN \ | mordications en iceluy,inquietude, & priua- # tion de ſommeil,retention des excremens,leſ- N | quels auſſi font faicts plus acres & mordi- \"|IIIIII# cans. Dauantage,faut auoir eſgard de donnet - ||| en Hyuer plus à manger qu'en Eſté, à cauſe que la chaleur naturelle eſt plus grande.Plus, ceux qui ſont de complexion froide, & qui ent debilité d'eſtomach,vſeront moins de choſes refrigerantes,ou ſeront corrigées auecques autres choſes chaudes,comme canelle,cloux de girofle,muguette,macis,& autres. Outre-plus,ceux qui ont grand flux de ventre,doiuent vſer de jus de grenades,tant au manger qu'au boire. Et l'ordre de prendre les viandes,c'eſt que les liquides & de facile digeſtion, ſeront priſes deuant les ſolides, & plus difficiles à digerer.Et ce te ſuffiſe du manger du malade. A preſent il nous faut traitter du boire. - Autre ré - ſtauranfs Les choſes douces ſont contraires A. aux fé- ºUrºf4x, Quantité de manger rº - glée. · 546 LeVingt-deuxiéme Liure, Maniere de , faire oxymel. J'yfocras d eau. yrat de a- cetºſîtate » citri, Autre iulep. Du peré, p 5- me ce ruoi e_º (5 uiere . Oxycrat c 5- - Po, é. Autre iulep. Pour eſtan- cker une ex treme fouf. Celſe liure ;. ewap. 7. Oxycrat cö- f/7tt/7. En quel cas il eſt requis au fabrici. tant peſtife- ré de boire » t'in. Le malade , de peſte ne doit endurer la ſoif. Breuuage , Du boire du peſtiferé malade . C H A P 1 T R E XXI I I. I le malade a grande fiévre ardante, il s'abſtiendra entierement de vin s'il ne luy ſuruientde- faillance de cœur : mais en lieu d'iceluy il pourra boire de l'oxymel fait comme s'enſuit : ſ7 vous prendrez la quantité que voudrez de la meilleure eau que pourrez recouurer, & pour ſix liures d'eau y mettrez quatre onces de miel, & le ferez boüillir en l'eſcumant iuſques à la ` conſomption de la troiſieſme partie : puis ſera coulé, & mis en quelque vaiſſeau de verre : puis on adiouſtera trois ou quatre onces de vinaigre : & ſera aromatisé de canelle fine. l'areillement pour- ras vſer de l'hippocras d'eau fait en cette ſorte. Prenez vne quarte d'eau de fontaine, fix onces de ſuccre, deux dragmes de canelle,& le tout enſemble coulerez par vne mâche d'hippocras,ſans aucunement le faire boüillir & s'il n'eſt aſſez doux au gouſt du malade, vous y pourrez adiouter dauantage du ſuccre enſemble, vn peu de jus de citron, & lors meſmement qu'il demande à boire. Le ſyrop de acetoſitate citri emporte le prix entre tous les autres contre la peſte Il pourra auſſi vſer du julep qui s'enfuit entre les repas auec eau boüillie, ou eau d'ozeille,de laictues, ſcabieuſe,& bugloie,de chacune egale portion : comme, Prenez jus d'ozeille,bien purifié demie liure,jus de laictuès auſſi bien purifié quatre onces, ſuccre fin vne liure : clarifiez le tout enſemble, & le faites boüillira perfection,& le coulez, v adiouſtant ſur la fin vn peu de vi- naigre,& en vſera comme deſſus eſt dit & s'il n'eſt agreable au malade en cette ſorte,vous le pourrez faire en la maniere ſuiuante.Prenez quatre onces dudit julep clarifié & coulé, & le meſlez auec vne liure deſdites eaux cordiales,& les ferez boüillir enſembles 3.ou 4.boüillons,& eſtant hors du feu y iettez vne dragme de ſantal citrin , & demy dragme de canelle concaſſée : ce faict le coulerez par vne manche d'hyppocras, & eſtant froid,le baillerez à boire au malade auec jus de citron, comme deſſus. Ceux qui ont accouſtumé de boire du pe ré,ou du pommé,ou de la ceruoiſe,ou biere,le pourront faire,pourueu que la biere ſoit bonne, claire & deliée , & le peré & pomme faict de pommes & poires aigres, qui ſoyent bien purifiées : car s'ils eſtoient gros & troubles,non ſeulement engendreroient mauuaiſes humeurs, mais auſſi glandes cruditez & inflations à l'eſtomach , & pluſicurs obſtructions dont la fievre ſe pourroit augmenter, & par conſequent faire mauuais accidens; parquoy ie conſeille n'en vſer aucunemét, ſi le malade ne le deſiroit,& fuſt accouſtu- mé à boire tels breuuages. Pour eſtancher la grande ſoif,& contrarier a la matiere putiide & veneuſe, on donnera à boire au malade de l'eau & vinaigre faicts côme ſenſuit.Prenez deux liures d'eau de fôtaines,trois onces de vinaigre blanc ou rouge quatre onces de ſuccre fin,de,x onces de ſyrop de roſes : le tout ſoit faict bouillir vn petit boüillon , & en toit donné à boire au malade. Ce julep ſuiuant eſt pareillement propre pour donner à ceux qui ſont fort feb11citans, lequela vertu de rafraiſchir le cœur,& retient en bride la fu- reur du venin,& garde les humeurs de pourriture.Prenez demie once de jus de limons, & autant de citrons, vin de grenades aigres deux onces,eau de petite ozeille,& eau roſe, de chacune vne once, eau de fontaine boüillie,tant qu'il ſera beſoin,& ſoit faict julep,duquel en ſera vsé entre le repas Aure.Prenez ſyrop de ci- trons & de groiſelles rouges, appellées ribes,de chacun vne once,eau nenuphar quatre onces, eau de fon- taine,huict onces,& de ce ſoit fait julep a boire comme deſſus. Autre. Prenez ſyrop de nenuphar, & fyrop aceteux ſimple,de chacun demie once:ſoient diſſouts en cinq onces d'eau de petite oxeille,& vne liure d'eau de fontaine & de ce ſoit faict julep.Et ſi le malade eſtoit ieune,& de temperature chaude,& l'eſtomach bon, il pourra boire de bonne eau froide venant d'vne claire & viue fontaine,à grands traicts,afin d'eſt indre ſon extreme ſoif,& la vehemente fureur & ardeur de la fiévre.Ie dy à grands traicts,pource que s'il beuuoit peu & fouuent,iamais ſa ſoif ne pourroit eſtre eſtanchée,ny la chaleur diminuée,mais pluſtoſt ſeroient augmen- tées. Ce que nous cognoiſſons par l'exemple du mareſchal, qui voulant eſchauffer le fer, arrouſe ſon feu auec vne eſcouuette,& parce la vertu du feu en eſt renduë plus chaude & ardente:& lors qu'il le veut eſtein- dre il iette bonne quantité d eau deſſus, qui fait que le feu en eſt ſuffoqué & du tout eſleint:auſſi le pauure febricitant alteré d'vne extreme ſoif lors qu'on luy donne vn grand traict d'cau fraiſche,on luy ſuffoque pºr ce moyen ſa vehemente chaleur,& deſir de boii e. Et en telle extreme ſoif ne faut renir meſure du boire:& ' où le malade vomira apres,Il n'y aura pas grand danger:& cecy eſt meſme approuué de Celſe qui dit qu'a- pres que l'eau froide aura refrigeré les parties interieures,il la conuient vomir:ce que toutesfois aucuns ne font pas,mais en vſent comme de medicarnent Dauantage le malade tiendra eu ſa bouche ces trochiſques. 2.ſeminis.pſyllij.3.ij.ſeminis cidoniorum 3.j.& É.ſaccaricandi in aqua roſarum diſſolut.3.j.miſce,fiât tro- chiſci ſupinis ſimiles, teneat ſemper in ore. Ces trochiſques humectent grandement la bouche du malade. Auſſi pour appaiſer la ſoif, on pourra faire tenir en la bouche vn morceau de melon, ou concombre, ou courge,ou quelques fueilles de laictues,ou d'ozº ille,ou pourpié trempé en eau froide,& le renouueller ſou- uent. Il pourra pareillement y tenir des leſches de citron vn peu ſuccrées & aſpergées d'eau roſe : ſembla- blement auſſi des grains de grenades aigres. Outre plus,le vinaigre mixtionné auec eau,ainſi qu'on le pre- pare dedans les galeres pour boire,refroidit & garde de pourriture,fait paſſer & deſcendre l'eau parles par : ties,diſſipe les obſtructions,& eſtanche merueiileuſement la ſoif par la vertu de ſa froideur & acidité:auſſiil reſiſte & amortit beaucoup l'ebullition des humeurs,qui cauſèt la fiévre putride Pareillemét les ſyrops ſui- uans ſont propres, comme aceteux,nenuphar,violat,de papauere,de limons,citrons,de ribes, berberis,& de grenades.L'vn d'iceux ſera battu & mixtionné auec eau boüillie,& en ſera donné à boire aux malades,cö- D me i'ay cy deſſus dit,moyennant qu'ils n'ayent toux,ny crachats de ſang,ou le ſanglot,ou !'eſtomach debile: car alors on doit du tout fuir telles choſes aceteuſes. Or encor que 1'aye cy-deuant defendu le vin,i'enten- dois que le malade fuſt ieune robuſte & euſt fiévre ardente:mais s'il eſtoit viel & debile,& de temperature pituiteuſe,& euſt accouſtumé de boire touſiours vin,auſſi qu'il euſt paſsél'eſtat de ſa maladie,& n'euſt fiévre trop grande ny ardante,il peut boire à ſes repas vin blanc ou clairet fort trempé ſelon la force du vin,&la diuerſité des chaleurs du temps. Et ce n'eſt à reietter:car il n'y a rien qui conforte pluſtoſt les vertus,& qui augmente & reuerifie les eſprits que fait le bon vin,& partant en tel cas en faudra donner : & à la fin de la table on luy dönera quelque petit vin vermeil,verdelet & aſtringent,afin qu'il ferme & ſerre l'orifice de l'e- ſtomach,& repouſſe les viandes au profond,auſſi qu'il abbate les fumées qui montent à la teſte. Et pour ce faict,on donnera pareillementvn peu de sotignat,conſerue de roſes,ou quelque pouldrecordiale.Et noteras que le malade ne doit endurer la foif, & partant gargariſa ſouuent ſa bouche d'eau & vinaigre,ou vin & eau,& en lauera pareillement ſa face, & ſes mains : cartelle lotion reſiouyt & fortifie les vertus.Si le malade a flux de ventre,il boira de l'eau ferrée,auec quelques ſyrops aſtringens auſſi le laict boüilly,auquel on aura eſteint ces cailloux par pluſieurs fois,luy ſera fort vtile. Quant à ceux qui ont la langue ſeiche & raboteuſe, pour le flux & toutes les parties de la bouche deſſeichées,pour la leur rafraiſchir & addoucir,on leur fera lauer ſouuét de ventre . la bouche d eau mucilagineuſe faicte de ſemence de coings & de pſylliunu,auec eau de plantain & de roſes» & ) B • De la Peſte. 547 & vn peu de camphre : puis apres l'auoir lauée & humectée, il la faut nettoyer auec vne ratiſſoire , puis l'oindre d'vn peu d'huyle d'aumandes douces tirée ſans feu, meſlée auec du ſyrop violat. Et s il ſuruenoit quelques vlceres en la bouche,on les touchera d'eau de ſublimé,ou eau forte, qui aura ſeruyaux orfévres: auſſi on fera des gargariſmes & autres choſes neceſſaires. - Election de la bonne eau. Il y a pluſieursmalades,& auſſi des ſains,qui iamais pour leur breuuage ne veulent & ne peuuent boire , autre breuuage que la ſeule eau.A cette cauſe vouloir m'a pris en cét endroit monſtrer par eſcrit la bonne eau remarquée par les anciens:& eſt bien neceſſaire la cognoiſtre, veu que noſtre vie conſiſte la plus grand part en l'vſage d'icelle.Car c'eſt le principal breuuage,joinct que le pain que nous mangeons , en eſt peſtri, L'eau de .. & la pluſpart des viandes appreſtees & cuittes. Or la meilleure eſt celle de pluye qui tombe en Eſté, & pluye eſt la gardée en vne bonne ciſterne.Apres eſt celle des fonraines,qui deſcend des montaignes,& decoule par de- meilleure- dans les pierres & rochers.Puis l'eau des puits,ou celle qui ſort au bas d'vne montagne. Celle de la riuiere eſt pareillement bonne, priſe au fil courant d'icelle entre deux eaux. Celle des eſtangs ou marais eſt mau- uaiſe,& principalement celle qui ne court point eſt tres-pernicieuſe & peſtilente,à cauſe qu'en icelle naiſ- ſent pluſieurs animaux venimeux,comme couleuures,crapaux,vers,& autres. Celle de neige & de glace eſt auſſi mal ſaine,à cauſe de ſa grande froideur & terreſtrité.Et quant à l'eau des puits & des fontaines,laquel- le eſt touſiours ou le plus ſouuent trouuée bonne,ſa bonté ſera cogneuë, ſi elle n'a aucune ſaueur , odeur, B ny couleur,neantmoins bien claire comme l'air ſerain.Elle doit eſtre tiede en Hyuer,& froide en Eſté,facile à eſchauffer & ſubite à refroidir, en laquelle les pois & les féves,nauets, & autres ſemblables choſes cui- ſent facilement. Et ceux qui en vſent, ont la voix claire , & la poitrine ſaine, & le teint du viſage beau & clair,& la plus legere trouuée au poids eſt la meilleure. Des medicamens alexiteres, c'eſt à dire contrepoiſons, qui ont vertu de chaſſer le venin peſtiferé. C H A P 1 T R E * X X I V. A 1 N T E N A N T il eſt temps que nous traictions de la propre curation de cette maladie pe- . peſte eſt ſtilente,laquelle eſt fort difficile,à cauſe de la diuerſité & fallace de pluſieurs accidens qui la # 2 ſuiuent : tellement que le Medecin & Chirurgien à grande difficulté peuuent-ils iuger & co- cognoiſtre du gnoiſtre fi le malade eſt frappé de peſte,veu meſmement que quelquesfois il n'aura qu'vne pe- comm.nce- - tite fiévre,à raiſon que ce venin ne ſera imprimé en humeur chaud,& partant il ne ſe diſper- ment. ſe , & ne ſe fait apparoiſtre certainement, dont aduient que le peſtiferé meurt promptement ſans aucune cauſe manifeſte ou ſigne quelconque. Parquoy en temps de peſte il ne faut prolonger le temps cherchant les vrais ſignes de cette maladie : car bien fouuent on ſeroit deceu , & le venin tuera bien toſt le malade, ſi C § ne maſte luy donner promptement ſon alexitere ou contrepoiſon. A cette cauſe lors qu'on verra la fié- vre à quelqu'vn en temps de peſte, il faut preſuppoſer qu'elle eſt peſtilentielle, attendu meſmement que tant que l'influence venimeuſe de l'air durera, tout l'humeur ſuperflu eſt facilement enuenimé. Or pour Il faut cem- commencer la curation,aucuns ſont d'aduis de faire la ſaignée, les autres de donner purgation, & les au- mencer la tres de donner incontinent quelque contrepoiſon : mais conſiderant la vehemence de cette maladie , la di- *** P* le • uerſité & fallace des accidens qui la ſuiuent,auſquels faut ſubuenir en contemplant la principale partie,qui medicament eſt la matiere veneneuſe & du tout ennemie du cœur, nous ſommes d'aduis, que le plus expedient eſt de " donner premierement & ſubitement au malade quelque medicament alexitere & cardiaque : ou contrarier & reſiſter au venin,non entant qu'il ſoit chaud ou froid , ſec ou humide, mais commc ayant vne proprieté occulte : car ſi c'eſtoit vne intemperature ſeule ou compliquée, elle pourroit eſtre curée auec medicamens contrarians par vne ſeule qualité , ou miſtionnez ſuiuant les remedes eſcrits & approuuez des anciens & modernes:mais nous voyons que par tels remedes communs & methodiques, tel venin ne peut eſtre vain- cu:parquoy nous ſommes contraincts pour la curation venir aux medicamens qui operent par vne proprie- té occulte,qui ne peuuent eſtre expliquez par raiſon:mais cogneus par ſeule experiéce,comme ſont lesale- Deux ſort xiteres ou antidotes,c'eſt à dire remedes dediez contre les venins.Or il y en a deux ſortes : l'vne qui arreſte #, & röpt la vertu du venin par ſa proprieté cachée ou particuliere,de laquelle on ne peut döner raiſon;l'au- tre le jette hors du corps,à ſçauoir par vomiſſement,flux de ventre,ſueur, & autres vacuations que dirons cy-apres:leſquels eſtans contraires aux veninsschangent & alterent tout le corps, non pas(comme dit Iac- ques Greuin en ſon liure des Venins)qu'il faille entendre que leur ſubſtance penetre & paſſe tout le corps. D Car il eſt impoſſible qu'en ſi peu de temps,& ſi peu de matiere qu'on donne pourcontrepoiſon, puiſſe paſſer vne ſi groſſe maſſe de noſtre corps.Mais eſtât en l'eſtomach,là il s'eſchauffe.puis s'eſleuét certaines vapeurs, ººººº leſquelles ſe communiquent par tout le corps,de telle ſorte,ſouſtenu d'icelles il côbat par ſa vertu la force l'alexitere du venin en quelque part qu'il le rencontre,le maiſiriſant & le chaſſant hors non ſeulemét par ſa ſubſtan- #"" ce,mais par renuoy de ſes vertus & qualitez comme iournellement nous voyons,que quand nous auôs pris "º des pillules,ou quelque medecine laxatiue,combien que leur ſubſtance ou matiere demeure en l'eſtomach, leur vertu eſt eſpanduë en toutes les parties du corps. On en peut autant dire d'vn clyſtere, qui eſtant de- dans les inteſtins a puiſſance de faire reuulſion des humeurs du cerueau. Autre exemple. Comme nous vo- Galliu.2. de yons de l'emplaſtre de de Vigo cum mercurio,qui liquefie & chaſſe le virus verolique, tant par fueurs , fiux com.med.ſe- de ventre,que flux de bouche, ſans que la ſubſtance du mercure entre aucunement dedans les parties inte- cundàm lº- rieures du corps:pareillement les alexiteres operent en nos corps , en combattant & chaſſant la virulence º*. de venin.Mais auſſi que la morſure d'vnevipere, ou picqueure d'vn ſcorpion , ou d'autre befte veneneufe, vne bien petite quantité de leur venin fait en peu de temps grande mutation au corps, à cauſe que leur qualité s'eſpand par toutes les parties, & les altere & conuertit en ſa nature, dont la mort s'enſuit , ſi on n'y met remede : & pareillement vne petite quantité de contrepoiſon donné en temps & heure abbat la malice du venin,ſoit appliqué par dehors,ou donné par dedans Toutesfois il faut icy noter, que l'alexi- lexiteres. tere doit eſtre plus fort que le venin,afin qu'il domine & le chaſſe hors,& en ſera donné deux fois le iour: ,4 /4.A'II6'7'c"J. & partant il en faudra vfer en plus grande quantité,que n'eſt preſupposé eſtre le verin, afin qu'il le domi- ne. Auſſi n'eſt-il pas bon en vſer trop grande quantité, de peur qu'il ne bleſſe la nature du corps , enco- re qu'il fuſt maiſtre dn venin; partant on y tiendra mcdiocrité, & en ſera contiſtué iuſqt'à ce qu'on ver- ra les acc.dens diminuez, ou du tout ceſſez. Or les alexiteres ou contre-poiſons ſont ſouuent sfois # 7 Z 4 Vne - _ - A. - 6\uitité de ^ - t- 548 Le Vingt-deuxiéme Liure, Le theriaque cºrmethridat ſont bons par dedans cr par dehors. Val.Max.li. 9- chap. 2.• Obiection. Reſtonſe. Vertu du camphre. Pour faire ſiter. Hiſtoire. Hiſtoire. Decočtion pour prouo- d'vne partie de venins meſlez auec autres ſimples en quantité bien accommodée (comme on void en la compoſition du theriaque , qu'il y entre de la chair de vipere)afin qu'ils ſeruent de vehicule ou conduite pour les mener la part où eſt le venin dedans le corps,pource qu'vn venin cherche ſon ſemblable, comme auſſi font toutes choſes naturelles.Dauantage il ſe trouue des venins qui ſont contrepoiſons les vns des au- tres,voire vn venin contre ſon ſemblable,comme on void le ſcorpion propre contre ſa piqueure. Mais en- tre tous les alexiteres du venin peſtiferé, ſont principalement le theriaque & methridat, leſquels on a co- gneu reſiſter à la malice du venin, en fortifiant le cœur, & generalement tous les eſprits, non ſeulement pris par dedans,mais auſſi appliquez par dehors,comme ſur la region du cœur, & ſur les bubons & char- bons, & vniuerſellement par tout le corps,parce qu'ils attirent le venin vers eux par vne proprieté occul- te(ainſi que le Magnes attirt le fer,& l'ambre le feſtu, & les arbres & herbes tirent de la terre ce qui leur eſt familier)& l'ayant attiré l'alterent, corrompent & mortifient ſa virulence & venenofité : ce qui eſt bien prouué par Galien au liure des commoditez du Theriaque : joint que tous les anciens ont tenu pour reſo- lu qu'en la compoſition d'iceux y a vne choſe merueilleuſe & conuenable à la forme de l'eſprit vital. De- quoy nous a faict foy le Roy Mithridates, inuenteur du Methridat, lequel en ayant pris par long vſage ne ſe peut faire mourir par poiſon, pour ne tomber entre les mains des Romains ſes ennemis mortels Et quant au theriaque, Galien afferme qu'il peut guarir de la morſure d'vn chien enragé, eſtant pris aupara- uant que le venin ait ſaiſi les partiesnobles.Et ſi quelques-vns me vouloyent mettre en auant, que le the- . riaque & methridat, & pluſieurs autres medicamens alexiteres de la peſte , ſont chauds , & qu'elle com- mence le plus ſouuent par fiévre ardente & continue, & que partant tels remedes la pourroient augmen- ter,& qu'eſtant augmentée,nuiroient pluſtoſt aux malades,qu'ils ne leur profiteroient. A cela ie reſpons & confeſſe qu'ils ſont chauds : mais d'autant qu'ils reſiſtent au venin eſtans baillez & admis par proportion conuenable, peuuent plus aider que nuire à la fiévre, à laquelle ne faut auoir tant d'eſgard qu'à ſa cauſe. Vray eſt que quand la fiévre eſt fort grande, il les faut meſler auec choſes refrigerantes, comme trochiſ- ques de camphre(lequel meſme preſerue le corps de pourriture, & pource eſt commodement meſlé ez an- tidotes contre la peſte)ſyrop de limons,citrons,nenuphar, eau d'ozeille, & autres ſemblables, & au reſte ne choiſir vn metridath ou theriaque trop vieille : ains du moyen aage, comme de quatre ans : ou recent, comme de deux : car ainſi elle n'eſchauffera pas tant. Or la quantité dudit thetiaque & methridat ſe doit diuerſifier ſelon les perſonnes : car les forts & robuſtes en pourront prendre la quantité d'vne dragme ou plus : les moyens, demie : & quant aux enfans qui tettent encore, nous en parlerons cy-apres. Quand le malade aura pris ledit theriaque ou autre alexitere, faut qu'il ſe pourmene quelque eſpace de temps , non pas toutesfois comme aucuns font, leſquels incontinent qu'ils ſe ſentent frappez de peſte, ne ceſſent de cheminer tant qu'ils ne ſe peuuent ſouſtenir : ce que ie n'approuue, veu qu'ils debilitent par tropna- ture, laquelle eſtant ainſi,debilitée, ne peut vaincre ſon ennemy peſtiferé , partant on ne doit point faire ainſi, mais y proceder par mediocrité. Et apres que le malade ſe ſera pourmené, il le faut mettre dedans vn lict chaudement,& le faire bien couurir, & luy appliquer des pierres chaudes aux pieds, ou bouteilles remplies d'eau chaude,ou des veſſies, & le faire tres-bien ſuer : car la ſueur en tel cas eſt vne des vrayes purgations des humeurs qui cauſent la peſte,& les fiévres putrides, ſoient chaudes ou froides. Toutesfois toute ſucur n'eſt pas profitable,comme il appert parce que George Agricola, excellent Medecin au pays d'Alemagne, a eſcrit en ſon liure de la Peſte , où il aſſeure auoir veu vne femme de Miſne, ayant la peſte: fuer le ſang par la teſte & la poictrine l'eſpace de trois iours,& ce nonobſtant elle deceda. Auſſi Antonius Beniuenius Medecin Florentin,au liure 1.chap. 4. dit auoir cogneu vn homme aſſez robuſte , aagé de trente ſix ans , lequel tous les mois ſuoit le ſang par les pores du cuir : lequel fut guary par ſection de veine. Or pour retourner à noſtre propos, ce qui s'enſuit eſtant pris interieurement, ſera bon pour prouoquer la quer laſueur ſueur. %. Rad,chinx in talleolas diſſectæ 5.j. ß. gaiaci #. ij. corticis tamariſci 3.j.rad. angelica 3.ij. raſurae Eau excel- lente contre la pºſte, Autre eau. ſ nd le dormir nuit au malade de peſie. cornu cerui 3.j.baccarum iuniperi 3.iij. Le tout ſoit mis dans vne phiole de verre,tenant de cinq à ſix pin- tes,& ſoient miſes dans ladite phiole quatre pintes d'eau de riuiere,ou d'vne claire fontaine, & ſoit eſtou- pée,& laiſſée en infuſion toute la nuict ſur les cendres chaudes , & le lendemain ſoit boüilly in balneo Ma- ria :& au cul du chauderon ſera mis du foin ou feurre, de peur que ladite bouteille ne touche au fonds, & que par ce moyen elle ne ſe rompe. L'ebullition ſe fera iuſqu'à la conſomption de la moitié, qui ſe pour- ra faire en ſix heures puis ſoit paſſé par dedans la chauſſe d'hippocras, & apres repaſſé auec ſix onces de ſuccre roſat,& vn peu de theriaque,& d'icelle eau eſtant vn peu chaude, en ſera donné plein vn verre, ou moins a boire au malade pour le faire ſuer. D'auantage on pourra aſſeurément prendre la poudre ſuiuan- te,laquelle eſt fort ſinguliere.2.Foliorum dictamni,rutæ, radicis tormentillae,betonicx, an.3.É. boli arme- nica præparatx 3 j. terræ ſigillatæ 3.iiij. myrrha an.3.6. croci orientalis 3.j. maſtiches 3. ij. Le tout ſoit puluerise ſelon l'art,& ſoit faite poudre,de laquelle on baillera au malade vne dragme diſſoute en eau ro- ſe,ou de vinette ſauuage:& apres auoir pris ladite poudre,il ſe pourmènera,puis s'en ira coucher, & ſe fera ſuer , ainſi qu'auons dit. Pareillement cette eau eſt tres-excellente. 2Z. Radicum gentiana & cyperi an. 5.i1j.cardui benedicti,pimpinellx.an.m.j. ß oxalidis agreſtis & morſus diaboli an. p. ij. baccarum hederx & iuniperi an.3.ſ3.florum bugloſſi,violarum,& roſarum rubrarum en. p.ij. Le tout ſoit mis en poudre groſ- ſement , puis le ferez tremper en vin blanc,& eau roſe, par l'eſpace d'vne nuict ſeulement , & apres on y adiouſtera boii Armenicx. 3.j. theriacæ. 3.ſº. Cela fait, on diſtillera le tout au bain Marie, & on le gar- dera en vne phiole de verre bien boulchée : & lors qu'on en voudra prendre, on y mettra vn bien peu de cannelle & ſafran : & ſi le malade eſt delicat , comme ſont les femmes & enfans, on y mettra du ſuccre. La doſe ſera de ſix onces aux robuſtes,aux moyens trois,& tux delicats deux , plus ou moins, ſelon qu'on verra eſtre neceſſaire. Et apres l'auoir Prile , on ſe pourmenera & fuera comme deſſus. Les eaux theria- cales & cordiales cy deſſus mentionnces , ſont auſſi de merueilleux effects pour cette intention, & en faut prendre quatre , cinq , ou ſix doigts en vn verre. Semblablement celle qui s'enſuit, eſt bien approuuée. A.Oxalidis agreitis minoris m.vj.rtitx p.j.piſtentur & macerentur in aceto xxiiij. horarum ſpatio, adden- do theriacx 3.iiij.fiat diſtillatio inbalneo Mariæ. Et incontinent que le malade ſe ſentira frappé, il en boira quatre onces,plus ou moins,ſelon ſa vertu,puis ſe pourmenera & ſuera, comme il a eſté dit cy-deſſus. Le temps de faire ceſſer la ſueur eſt, ou qu'elle ſe refroidiſſe, ou qu'on ne la peuſt plus endurer par foibleſ- ſe,ou autrement : alors faut eſſuyer le malade auec linges vn peu chauds. Et note, qu'il ne faut iamais Pro- uoquer à la ſueur, l'eſtomach eſtant plein : car par ainſi la chaleur eſt diſſipée, ou pour le moins reuo- quee du ventricule en l'habitude du corps,dont s'enſuit crudité. Dauantage, faut garder le malade de dor- mir pendant qu'il ſuera,& principalement au commencement qu'il ſe ſent frappé & atteint de ce mal:parce que noftre chakur naturelle & eſprits en ce faiſant ſe retirent au profond du corps, & partant le venin que Nature taſche à chaſſer hors,eſt porté au cœur,& autres parties nobles auec iceux, & pour cette cau° ſe faut que le malade fuye grandement le dormir : ce qui ſe fera en l'entretenant de pºleºº # all3IlE , De la Peſte. 5 49 A faiſ nt des comptes pour le faire rire,s'il peut. Et pour ce faire luy dire & aſſeurer que ſon mal n'eſt rien, & qu'il ſera bien toſt guary:pareillement on fera bruit en la chambre,ôuurant les portes & feneſtres. Et ſi Peur rarde; pour tout cela il vouloit dormir,on luy fera des frictions aſpres,& luy liera les bras, & iambes aſſez eſtroi- le malade tement auſſi on luy tirera les cheueux par derriere le col & le nez, & les oreilles. Dauantage,on diſſoudra de dormir. du caſtoreum en fort vinaigre & eau de vie,& on luy en appliquera dedans le nez & les oreilles. Ainſi on procedera par toutes manieres ſelon la grandeur du mal & qualité des perſonnes, afin que le malade ne dorme,& principalement le premier iour,iuſques à ce que Nature aidée par les remedes, ait ietté le venin du dedans au dehors par ſueur,vomiſſement , ou autrement. Donc ne ſuffit defendre ſeulement le premier iottr,mais auſſi iuſques à ce qu'ils ayent paſsé le quatrieſme, pendant leſquels ne leur ſera permis de dor- mir que deux ou trois heures pour iour,plus ou moins,ſelon la vertu:car en ce faut tenir mediocrité(com- me on doit faire en toutes choſes ) & conſiderer que par trop veiller les eſprits ſe diſſipent, dont ſouuent Incommodi s'enſuyt grande debilitation:& Nature eſtant proſternée & abbatuë,ne peut vaincre ſon aduerſaire:partant tez de § le Chirurgien y aura eſgard : car fi les ſains ſont attenuez & affoiblis par veilles, combien plus ſe trouue-vºitier. ront mal ceux qui ſont malades,leurs forces eſtansja abbatuës & diminuées Or pour conclure noſtre pro- . pos, apres que le malade aura bien ſué, il le faut eſſuyer, & changer de draps, & ne mangera de deux ou trois heures apres : mais pour conforter les vertus, on luy pourra donner vn morceau d'eſcorce de citron confit,ou de la conſerue de roſes,ouvne petite roſtie trempée en bon vin,ou vn mirabolan confit,ſi le ma- lade eſt riche. . l -- - —- B · Des Epithemes oufomentations pour corroborer les parties nobles. CH A P 1 T R E XXV. N T R E les alexiteres peuuent eſtre referez aucuns remedes locaux, c'eſt à dire, qu'on ap- Faculté det $ $ plique par dehors,comme epithemes cordiaux & hepatiques, deſquels faut vſer dés le com- pitheme . " $'. mencement (toutesfois apres auoir faict quelques euacuations vniuerſelles, s'il eſt beſoin) $y , pour munir les parties nobles, en roborant leurs vertus, afin qu'ils repouſſent les vapeurs # NSNR malignes & veneneuſes loing d'icelles. Les epithemes doiuent auoir double faculté , à ſça- uoir d'eſchauffer,& refroidir. Leur froidure ſert pour refrigerer la grande chaleur eſtrange,& leur chaleur eſt cordiale, parce que les medicaments cordiaux plus communement ſont chauds : & partant ils ſeront changez,& diuerſifiez ſelon l'ardeur de la fiévre, & doiuent eſtre appliquez tiedes auec vne piece d'eſcar- late ou vn drapeau en pluſieurs doubles,bien delié,ou vne eſponge,deſquels ſeront faites fomentations, & laiſſez moüillez ſur la region du cœur & du foye,pourueu que le charbon ne fuſt en ce lieu la:pource qu'il ne faut appliquer ſuriceux aucuns medicamens repercuſſifs. Tu pourras faire leſdits epithemes ſelon les ºº des formulaires qui s'enſuyuent.%. aquarum roſarum,plantaginis & ſolani an.3 iiijaquz acetoſz, vini grana-º" torum & acetian3.iij.ſantali rubri& coralli rubri pulueriſati an. 3.iij.thetiacz veteris # 6. caphurz 9.ij. croci 9.j caryophyllorum 3.6.miſce & fiat epithema.Autre epitheme fort aisé à faire. 2/. Aquarum roſa- rum & plantaginis an.5.x.aceti roſati 3.iiij.cariophyllorum,ſantali rubri,& coralli rubripulueriſati,& pul- ueris diamargariti frigidian.5.j.6.caphura & moſchian.9j fiat epithema.Autre epitheme. 2.Aquarum ro- ſarum & meliſſœ an.3.iiij.aceti roſati 3.iij.ſantali rubri 3 j.cariophyllorum 3.6.croci9.ij.caphurx 9.j boli C Armeniz,terrz ſigillatx,zedoarix an.3.j fiat epithema. Autre. 2.Aceti roſati & aquae roſarum an. fb.ſº.ca- phurx 3.6.theriacx & mithridatijan.5j fiat epithema. Autre. 2.Aquarum roſarum,nenupharis, bugloſſi, . * acetoſx,aceti roſatian.fb.ſi.ſantali rubri,roſarum rubrarum an.3.iij fiorum nenupharis,violarix, caphurx º ººº an.3.6.mithridatij & theriacz an.3.ij. Toutes ces choſes ſeront pilées & incorporées enſemble:puis quand composé. il faudra en vſer, on en mettra dans quelque vaiſſeau pour eſtre vn peu eſchauffé, & on en fomentera le cœur & le foye, comme deſſus. Aſcauoirſi la ſaignée & purgation ſont neceſſaires au commencement de la > maladie peſtilente_ . - CH A P 1 T R E XXV I. Y A N T muny le cœur de medicamens alexiteres,on procedera à la ſaignée & purgation,s'il opiniâs con- # eſt beſoing : en quoy il y a grand different entre les Medecins, deſquels aucuns commandent !tºire de la la ſaignée, les autres la defendent. Ceux qui la commandent, diſent que la fievre peſtilente ſºsº ér eſt commnnement engendrée au ſang pour la mafignité du venin : lequel ſang ainfi alteré & # corrompu pourrit les autres humeurs,& partant concluent qu'il conuient ſaigner. Ceux qui ## D la defendent,diſent que le plus ſouuent le ſang n'eſt point corrompu, mais que ce ſont les autres humeurs, # cr A% & partant concluent qu'il les conuient ſeulement purger. Quant à moy, conſiderant les differences de Pe- purgation. ſte que i'ay declarées par cy-deuant, à ſçauoir, que l'vne prouient du vice de l'air, & l'autre de la corru- ption des humeurs, & que le venin peſtiferé s'eſpand dedans les conduits du corps, & de là aux parties principales,comme on void par les apoſtemes,qui apparoiſſent tantoſt derriere les oreilles, tantoſt aux aiſ- ſelles,ou aux aines,ſelon que le cerueau le cœur, & le foye ſont infectez : duquel venin procedent auſſi les charbons & eruptions aux autres parties du corps, qui ſe font à cauſe que Nature ſe deſcharge,& jette hors ledit venin aux emonctoires,conſtitués pour receuoir les excremens des membres principaux. En tel cas il me ſemble qu'il faut que le Chirurgien aide Nature à faire ſa deſcharge où elle pretend, ſuiuant la doctrine d'Hippocrate,& qu'il ſuiue le mouuement d'icelle,qui ſe fait des parties interieures aux exterieu- res : parquoy ne faut en telle choſe purger ny ſaigner,s'il n'y a grande plenitude, de peur d'interrompre le mouuement de Nature,& de retirer la matiere veneneuſe au dedans : ce qui eſt ordinairement cogneu en ceux qui ont commencement de bubons veneriens : car lors qu'on les purge ou ſaigne, on eſt ſouuentes- ſois cauſe qu'ils ne viennent à ſuppuration, & que la matiere virulente ſe retire au dedans, dont la verole . s'enſuit. Parquoy au commencement des bubons , charbons, & eruptions peſtiferées , causées ſeulement Hipp.aph 21- du vice de l'air, ne faut purger ny ſaigner, mais ſuffira de munir le cœur & toutes les parties nobles de "** Medecines alexiteres , qui ont vertu & proprieté occulte d'abattre la malignité du venin tant par de- dans que par dehors,par où elle Pretend faire ſa deſcharge. Et note ce que i'ay dit du vice de l'air , Parce - que 55 o Le Vingt-deuxiéme Liure, Ne faut pur- ger ny ſai- gner en peſte qui vient de l'air. Obſ ruation de l'Au- theur. Obſeruation de la ſai- gnée en la Coqueluche. que l'on void ordinairement, que ceux que l'on ſaigne & purge en tel cas, ſont en grâd peril de leurs per- A ſonnes:pource qu'ayant vacué le ſang & les eſprits contenus auec luy,la contagion Prouenante de l'air pe. ſtiferé,eſt plus prôptement portée aux poulmons & au cœur,& eſt rendue plus forte,& partant elle exerce pluſtoſt ſa tyrannie.Semblablement le corps eſtant eſmeu par grandes purgations,il ſe fait promptement re- ſolutions des eſprits,à cauſe que la chair de toute l'habitude du corps ſe liquefie & conſume par vne gran- de vacuation.Sur quoy ie te veux bien aduertir de ce que i'ay obſerué au voyage de Bayonne, que i'ay fait auec mon Roy en l'an 1565.c'eſt que ie me ſuis enquis des Medecins,Chirurgiens,& Barbiers de toutes les villes où nous auons paſsé,eſqueîles la peſte auoit eſté, comme il leur eſtoit aduenu d'auoir ſaigné les pe- ſtiferez : leſquels m'ont atteſté que preſque tous ceux qu'on auoit ſaignez & grandement purgez, eftoient morts,& ceux qui n'auoient eſté ſaignez ny purgez,eſchappoient preſque tous qui fait eſtre vray-ſemblable que la peſte venoit du vice de l'air, & non de la corruption des humeurs. Semblable choſe auoit deſia eſté auparauant obſeruée en la maladie nommée Coqueluche, comme i'ay eſcrit cy-deuant car alors qu'on pur- geoit & ſaignoit ceux qui en eſtoient eſpris,tant s'en faut qu'on les fiſt eſchaPPer,que meſme on leur abre- geoit leur vie,& en mouroient pluſtoſt. Or celle choſe a eſté cogneuë par experience : à ſçauoir apres la mort de pluſieurs:toutesfois il y a quelque raiſon en ce qu'aucuns ont obſerué, lors que la peſte venoit du vice de l'air,les bubons & charbons le plus ſouuent apparoiſtre auparauant la fiévre.Donc veu que l'expe- rience eſt jointe auec la raiſon,il ne faut indifferemment, comme l'on fait communément auſſi-toſt qu'on void le malade frappé de peſte,luy ordonner la ſaignée,ou quelque grande purgation:ce qui a eſté par cy- deuant bien ſouuent cauſe de la mort d'vne infinité de perſonnes. Toutesfois s'il y auoit grande repletion ou corruption d'humeurs,au commencement de la douleur & tumeur du bubon & charbon peſtiferé,ſup- B En quel tsps Posé auſſi qu'il n'y euſt que bien peu de matiere conjointe. Nature eſtant encor en rut, c'eſt à dire,en ſon il faut pur- #er. Hipp. apk. 2 2. liu. z. •phor. 1o. liu.4- mouuennent d'expeller ce qui lamoleſte,alors on doit donner medicament grandement purgeant,pour jet- ter hors l'abondance & plenitude dé la matiere veneneuſe contenue aux humeurs,& en toute l'habitude du corps : & ce ſuiuant l'Aphoriſme d'Hippocrate, qui dit, que toutes maladies qui ſont faictes de plenitude, ſont curées par euacuation:Puis en vn autre lieu, il nous enſeigne qu'il faut donner medecineaux maladies violentes & tres-aiguës,voire le meſme iour,ſila matiere eſt turgente:car en telle choſe il eſt dangereux de retarder.Or ſi la matiere eſt turgente en quantité,qualité & mouuement,faut tirer vne reſolution , qu'en la • p eſte causée du vice de l'air auec plenitude de ſang & d'humeurs,la ſaignée & purgation y ſont neceſſaires. Parquoy les medicamens hypercathariques,c'eſt à dire, qui font operation effrenée par proprieté occulte, comme alexiteres reſiſtans au venin,ſont propres pour eſtre baillez au commencement de ce mal, pourueu que Nature ſoit aſſez forte:car à ceux qui ſont conſtituez au hazard de leur vie,& au dâger de mourir,vaut mieux tenter de donner vn fort remede,que de laiſſer le malade deſpourueu de tout ayde,eſtant à la miſeri- V. Celſe liu.3. corde de l'ennemy,qui eſt l'humeur peſtilent:ce qui eſt auſſi approuué de Celſe,qui dit, que d'autant que la chap.7. peſte eſt vne maladie haſtiue & tempeſtatiue,faut promptement vſer de remedes,meſmesauec temerité Par- quoy faut conſiderer ſi le malade peſtiferé a vne fiévre ardante & grande repletion aux conduits, & que la vertu ſoit forte:qui ſe peut cognoiſtre lors que les veines ſont fort pleines & eſtendues, les yeux & la face grandement enflammez,auſſi que quelquesfois a crachement de ſang,auec grande pulſation des arteres des temples,douleur au goſier,difficulté de reſpirer,eſpoinçonnement par tout le corps,auec tres-grande peſan- C De quel coſté teur & laſſitude,les vrines eſtant rougeaſtres,troubles,& eſpeſſes.En tel cas faut ſaigner promptement,pour la ſaignée doit eſtre faicte. Le dormir muit apres la ſaignée. aider nature à ſe deſcharger,de peur qu'il ne ſe faſſe ſuffocation de la chaleur naturelle,pour la trop grande abondâce de ſang,comme lameſche s'eſteint envne lampe,lors qu'il y a trop d'huyle:adöc tu ouuriras plu- ſtoſt ſa veine bafilique du coſté ſeneſtre que du dextre,à cauſe que le cœur &la ratelle en cette maladie sôt fort affectez:& tireras du ſang en abondance,ſelon que verras eſtre neceſſaire,prenant indication ſur toutes choſes de la force & vertu du malade.Et garderas que tu ne faſſes la ſaignée pendant qu'il y aura friſſon de fiévre,parce que la chaleur naturelle & les eſprits ſont retirez au dedans, & alors les parties externes ſont vuides de ſang,&ſi on en tiroit lors,on debiliteroit grandement les vertus.Auſſi pendant que tu ſaigneras le malade,tu luy feras tenir vn grain de ſel en la bouche ou de l'eau froide, & luy feras ſentir du vinaigre,du- . quelauiii luy frotteras le nez,la bouche,& les temples,de peur qu'il ne tombe en ſyncope. Dauantage,il ne doit dormir toſt apres la ſaignée : car par le dormir , le venin & chaleur naturelle ſe retirent au centre du corps,& augmentent la chaleur eſtrange, dont la fiévre & autres accidens accroiſſent. Or il faut icy noter qu'en telle repletion la ſaignée ſe doit faire autrement en fiévre peſtilente ſimple,qu'en celle qui eſt accom- Pºgnée d'vn bubon ou charbon:car s'il y auoit l'vn au tous les deux conioincts auec la fiévre grande & fu- rieufe, alors il faudroit ouurir la veine plus proche de l'apoſteme ou charbon , & ſelon la rectitude des fi- @ brºs,afin que par icelle le ſang ſoit tiré & euacué plus directement pour autant que toute retraction & re- uulſion de ſang infect vers les parties nobles eſt defenduë de tous bons Autheurs Medecins & Chirurgiens. Polons donc pour exemple,que le malade ait vne grande repletion,laquelle ſurpaſſe la capacité desveines & les forces naturelles,ce que les Medecins nomment ad vaſ,& ad vires, & qu'il ait vn apoſteme peſtiferé ou vn charbó és parties de la teſte & du col,il faut que la ſaignée ſoit faicte de la veine cephalique ou media- D Pourquoy on ne,ou de l'vn des rameaux d'icelle,au bras qui eſt du coſté malade Et où telles veines ne pourront apparoi- ſaigne le ſtre pour eſtre ouuertes à cauſe de la grâde quantité de graiſſe,ou autrement,faut ouurir celle qui eſt entre pied ou main le poulce & le ſecond doigt,ou vne autre prochaine & plus apparente, mettant la main du malade en eau c/J f4/M. Gal au liure De ſangui- nis miſſione chaude : car la chaleur de l'eau fait enfler la veine, & attire le ſang du profond aux parties exterieures du corps.Et ſi l'apoſteme eſt ſous les aiſelles ou aux enuirós,faut auſſi tirer du ſang de laveine Baſilique,ou me- diane au deſſus de la main.Et ſi la tumeur s'apparoit aux aines,on ouurira laveinePoplitique,quieſt au milieu du jarret,ou la veine Saphene,qui eſt au deſſus de la cheuille du pied de dedans,ou vn autre rameau le plus apparent qui ſoit ſur le pied,& touſiours du coſté meſme de l'apoſteme,mettant auſſi le pied en eau chaude Pour la cauſe deſſuſdite.Et ſera tiré du ſang ſelon que le malade ſera jeune & robuſte,ayant les veines fort enfiées,& autres ſignes cy-deſſus mentionnez,leſquels s'ils apparoiſſent tous,ou la plus part d'iceux,ne faut Pourtant craindre d'ouurir la veine:ce qui ſe doit faire deuant le troiſieſme iour,à cauſe que cette maladie Peſtilente vient promptement en ſon eſtat,voir quelquesfois en vingt quatre heures.Et en tirant le ſang,tu conſidereras les forces du malade,luytouchant le poulx,ſile Medecin n'eſt preſent : car Galien dit, que le Pouls monſtre infailliblement la vertu & force du malade.Donc il le faut toucher & auoir égard à ſa muta- tion & inegalité:& s'il eſt trouué lent & petit,alors on doit ſoudainement ceſſer & clorre la veine, ou faire la ſaignée a deux ou trois fois ſi la force manque.Il faut bien icy obſeruer,qu'aucuns par vne timidité tom- signes pre- bent en ſyncope deuant qu'on leur ait tiré vne palette de ſang parquoy il faut cognoiſtre les ſignes de ſyn- ºſºrº de cope:qui fe fera par vne petite ſueur qui commence à venir au front,& mal de cœur,comme volôté de vo- ſyncope en la ſaignée. mir,& bien ſouuent d'aller à la ſelle,baillement & changement de couleur les lévres deuenans palles : & le ſigne infallible,comme i'aydit,eſt le pouls qui ſera trouué lent & petit.Et lors que tels ſignes •rr # 3ll V. $ De la Peſte. 5 5 1 . A faut mettre le doigt ſur le pertuis de la veine,tant que le malade ſoit plus aſſeuré,& luy donner vne roſtie de pain trempé en vin,ou quelque choſe ſemblable.Et apres la ſaignée ainſi faite, on ne laiſſera de donner promptcment à boire au malade quelque alexitere ayant vertu & puiſſance de vaincre la malignité du vc- nin & le chaſſer hors,comme pour exemple, du theriaque ou methridat diſſout auec eau d'ozeille ſauuage, ou de l'eau theriacale, ou autres ſemblables que nous auons cy-deuant deſcrits. Or c'eſt aſſez parle de la ſaignée,venons maintenant à la purgation. -@- - • Des medicamens purgatifs. C H A p I T R E XXVII. I on void que la purgation ſoit neceſſaire par les intentions ſuſdictes, on y procedera comme Indication, · la choſe le requiert,c'eſt à ſçauoir,en conſiderant que c'eſt icy vne maladie violente,laquelle qu'il faut a beſoin de remedes prompts pour combattre & vacuer la pourriture des humeurs hors du ſuiure , tou- corps,& les faut diuerſifier ſelon qu'on cognoiſtra l'humeur pechant:auſſi en prenant indica- chant les tion du temperament du malade,de l'aage,couſtume,pais,ſaiſon de l'année, ſexe,air ambiens, Purgations & pluſieurs autres choſes ſemblables,qu'on verra eſtre neceſſaires, & principalement de la vertu. Pattant, en la Pºſte. ſi on void qu'il ſoit neceſſaire que le malade ſoit purgé,& qu'il ſoit fort robuſte, on luy donnera vne dra- gme de theriaque,auec ſix grains,voire dix grains de ſcammonée en poudre.On peut ſemblablement bail- ler des pillules faites ainſi.2Z.theriacx & mithridatijan.3.j ſulphuris viui ſubtiliter Pulueriſati 3. 6-dia- Pihul , gredi g.iiij.fiant pillulae. Autre pillules. 2/.Aloës 3.iij.myrrhæ,croci an.3.j.helleborialbi,azari an.ſcr.iiij. - cum theriaca veterifiat maſſa,capiat ſcr.iiij.pro doſi,tribus horis ante paſtum. Les pillules de Rufus,dont autr, nous auons parle cy-deuât,ſont propres pour döner aux moins forts & robuſtes pour vn remede gracieux, J• deſquelles faut prendre vne dragme en pillules ou potion. Les Anciens ont fort loüé l'agaric,parce qu'il attire les humeurs de tous les membres,& a vertu approchante du theriaque,parce qu'il renforce le cœur, De la verta & le purge de tout venin:on en peut donner deux dragmes aux robuſtes,vne aux mediocres , & demie aux de l'agaric. delicats.Et par ainſi ſelon la force du malade,en ſera donné en trochiſque & bien preparé. Et vaut mieux qu'il ſoit baillé en decoction qu'en ſubſtance,parce que quelquesfois il n'eſt pas bien eſleu & preparé,que s'il eſt bien eſleu & preparé, on le peut dire eſtre vne medecine diuine contre la peſte causée par le vice des humeurs,de laquelle pluſieurs experiences ont eſté faictes.Quelques-vns approuuent & recommádent fort l'antimoine,alleguans pluſieurs experiences qu'ils ont veu.Toutesfois parce que l'vſage d'iceluy eſt re- prouué par Meſſieurs de la faculté de Medecine,ie me deporteray d'en rien eſcrire en ce lieu.Maintenât ve- nons aux autres remedes deſquels on vſe principalement lors que le vice giſt en l'intemperature de l'air,& non des humeurs, leſquels ont la vertu d'eſmouuoir les ſueurs : & quel remede en tel cas eſt le premier & plus excellent entre tous autres:or entre tous les remedes celuy qui s'enſuit eſt de me rueilleuſe vertu : & l'ay entendu de Meſſire Matthias Rholder,Chancelier de Monſeigneur le Duc George,Comte Palatin,hom- hi me de bien & d'honneur,demeurant à schimeten,lequel m'a puis n'agueres eſcrit qu'on a eſté fort vexé de # ids peſte en Allemagne,& le plus grand & ſingulier remede qu'ils ayent peu trouuer(par le moyen d'vn docte #ur Medecin)eſtoit prendre vne braſsée d'herbe nommée Armoiſe, & de la cendre d'icelle on faiſoit de la le- § § xiue auec vne quarte d'eau pure,puis on la faiſoit boüillir & conſumer ſur le feu dedans vn vaiſſeau de ter Gecrges re plombé,iuſqu'à ce qu'elle delaiſſaſt vne matiere eſpeſſe comme ſel,& de ce on faiſoit trochiſques chacû palatin. de la peſanteur d'vn florin d'or:& lors qu'on ſe ſentoit frappé de peſte,on faiſoit diſſoudre l'vn deſdits tro- Trochiſques chiſques,oudeux,ou plus ou moins,ſelon la force & âge des malades,auec quatre ou cinq doigts de bô vin de lexiue de ou maluoiſie:puis ſe pourmenoyent apres l'eſpace de demie heure, & ſe mettoyent dans le lict & ſuoyent cºdres d Ar- deux ou trois heures plus ou moins,ſel6 que la force & vertu des malades eſtoit grande;auſſi vomiſſoient ºiſ#f#* & alloient à la ſelle comme s'ils euſſent pris de l'antimoine & par ce remede, ceux quien ont vsé aupara-ſº uant que le venin euſt ſaiſi le cœur,ſont preſque tous eſchappez : ce que i'ay experimenté depuis en cette # ville de Paris,auec bonne iſſuë.Les anciens ont fort loüé l'Armoiſe priſe par dedans & dehors , contre la # Anti- - \ - -- " / v * - _ > - - - - /770122&. morſure des ſerpens : & partant eſt à loüer donnée à la peſte. Auſſi il m'a eſté aſſeuré par Maiſtre Gilbert "§t.ré Eroüard Docteur en Medecine à Montpelier,que luy eſtant en Sicile,Medecin du Vice-Roy d'icelle Prouin- Er§rd ce,entra en familiarité & amitié auec vn Nauarrois,qui auoit ſeruy auec grande reputation la Religion de Docteur en Malte l'eſpace de quarante ans lequel eſtant à Rhodes,en l'hoſpital de ladite Religion, pour penſer les pe- Medecine à ſtiferez,à la grande inſtance & priere d'vn Patron de Nauire Raguſois,malade de peſte,auroit eſté côtraint Montpelier. luy permettre de boire vn grâd plein verre de ſaumure d'anchois,pource que ledit malade diſoit cela eſtre Vertu •dmi vn ſingulier remede contre la peſte:auquel breuuage ayant ſuccedé vne grãde chaleur,le malade ſe trouua º º ſans fiévre,& entierement guery:& aſſeuroit ledit Nauarrois auoir donné depuis ce remede à pluſieurs qui ſaumar4 ont eſté guaris Dauantage,ledit Eroüard m'a aſfirmé, qu'ayant ouy ce recit,il en a fait l'experience à plu- ſieurs , & meſme en a donné à deux enfans de Monſieur de la Terraſſe, Maiſtre des Requeſtes du Roy, qui eſtoient malades de peſte,& ont eſté guaris. De l'effect duquel remede luy ayant demandé quelle raiſon il en pourroit donner,ilm'allegua que la peſte n'eſt autre choſe qu'vne eſpece de putrefaction & corruption inſigne,à laquelle les medicamens grandement deſſeichans ſont propres & vtiles : & partant le ſel(comme eſtant fort excellent à garder toutes choſes fubiectes à corruption)à force & vigueur de conſumer l'indici- ble putrefaction où le venin peſtilentiel eſt attaché.Or il faut icy noter au jeune Chirurgié,qu'il ne faut at- tribuer ce remede aux anchois,mais du tout à la ſalſitude.Aucûs prénent le poids d'vne dragme de ſemen- ce d'hiebles miſe en infuſion cn vin blanc,qui fait preſque ſemblable effect que l'antimoine , ce que ie ſçay § Par experience:Autres prennent vne dragme de ſemence de rué pilée,y meſlans le gros d'vne febue de the-prgre peur riaque,& donnent cela à boire au malade auec quatre doigts de maluoiſie.Il y en a auſſi aucuns qui prénent euacuasion. vne poignée de fueilles & ſommitez de geneſt,& les pilent auec demy-ſeptier de vin blanc, & le donnentá boire,& toſt apres les malades vomiſſent,aſſellent,& ſuent:ce que i'approuue,d'autant qu'on void par expe- rience, que ceux qui ſont mordus de beſtes veneneuſes,lians du geneſt deſſus la morſure, ont gardé que le venin ne paſſe plus outre:pareillement on en donne à boire, pour garder que le venin ne ſaiſiſſe Je coeur. Autres vſent de racines de Enula campana gentiane,tormentille , graine d'eſcarlate & de genévre, limure d'yuoire & de corne de Cerf,prenans de chacun d'iceux à la volonté,à ſçauoir demie dragme pour l'ordi- naire,& le tout concaſsé,& mis en infuſion en vin blanc & en eau de vie par l'eſpace de vingtquatre heures ſur les cendres chaudes,coulent le tout,&d'icelle colature endonnét trois ou quatre doigts,plus ou moins, au malade de peſte,ſelon qu'il eſt beſoin:puis on le met dedans le lict,& on le couure bien.Icelle meſlange prouoque beaucoup la ſueur,& chaſſe le venin,d'autant qu'elle eſt cordiale , & a vne grande euaporation - ſpiritueuſe joinct qu'elle eſt alexitere,comme on peut voir par ſes ingrediens. Auſſi la potion ſuiuante a | eſté experimentéc auec heureux ſuccez,& eſt principalement propre pour les ruſtiques. - - PrcncZ Semence-' 552 Le Vingt-deuxiéme Liure, Autre brou- »sage propre, principale- /pge/2/* 4tt.A: ruſtiques. Autre reme- de bon cº• •pprouué. Des fueilles de laureole. La poudre de /72 ºrcf4re t0n- tre la Peſte. Hipp.Aph. 6. liu.l. Acciden, de la teſte. Cauſe de la douleur de teſte. Cure de la douleur de teſte. Vt ilité de , l'arterio- f omie.. Hip.aph.1o. liu.4. Jiiſfoire . Prenez mouſtarde acre(& non faite de mouſt ) demie once, deſlayez-là en vin blanc & vn peu d'eau de vie,& y meſlez le gros d'vne febue de theriaque ou mithridat , puis l'ayant beue, ſe faut promener & ſuer, comme deſſus eſt dit.Pareillement le remede ſuiuant leur ſera conuenable. Il faut prendre vn gros oignon, & le creuſer,& y mettre du theriaque ou methridat demie dragme auecvinaigre, & faire cuire le touten- ſemble,puis l'exprimer:& de ce on en baillera à boire au malade auec eau d'ozeille ou de chardon beniſt, ou autre eau cordiale,ou de bon vin:puis on le fera promener tant & ſi peu qu'il ſeta beſoin,& apres on le mettra dans vn lict pour ſuer,comme deſſus:ou on fera comme s'enſuit. Prenez teſte d'ail la quantité d'vne noix aſſez groſſe,vingt fueilles de rue,& autant d'eſclaire,qu'on appelle en Latin Chelidonium maius : pilez tout auec vin blanc,& vn peu d'eau de vie,puis exprimez & en beuuez cinq ou fix doigts. Aucuns prennent du jus d'eſclaire,& de mauues,tirez auec quatre doigts de vinaigre,qu'ils boiuent auec deux doigts d'huyle de noix,puis ſe promenent aſſez longuement,& toſt apres vomiſſement, & leur ventre s'ouure, & vont à la ſelle:& par ce moyen ſont guarantis. Autres vſent de fueilles de laureole deſſeichée , le poids d'vn eſcu, plus ou moins ſelon la vertu du malade,leſquelles ils trempent deux iours dedans du vinaigre, & en don- nent à boire:cela les fait ſuer,vomir & aſſeller,& par ce moyen chaſſe le venin:qui eſt vn remede plus com- mode lors que le vice eſt aux humeurs,comme auſſi ſont les ſuiuans. Matthiole au liure de la verole , dit que la poudre de mercure donnée auec vn peu de ſuc de chardon beniſt,ou electuaire de gemmis, chaſſe la peſte deuant qu'elle ſoit confirmée,en faiſant vomir,ſuer,& aſſeller. Outre plus ledit Matthiole conſeille de donner de la couperoſe diſſoulte en eau roſe,le poids d'vn eſcu aux peſtiferez.parce qu'elle fait vomir, ſuer,& aſſeller:& par ce moyen chaſſe le venin.Autres donnent de l'huyle de ſcorpions en petite quantité, ou auec vin blanc,laquelle prouoque grandement le vomir , & peut attirer & vacuer auec ſoy le venin pe- ſtiferé:& mefmement en frottent la region du cœur, & les arteres des temples & du poignet. Et d'autant que ce venin peſtilent eſt ennemy mortel de nature,d'autant le faut il combattre tant pat qualitez manife- ſtes,que par antidotes.Or telles grandes euacuations ne ſont loüées pour cure reguliere , mais irreguliere, & ne ſont auſſi à rejetter,pource qu'ils diuertiſſent & vacuent l'humeur veneneux , tant par le ventre, vo- miſſement,que par ſueurs. Et ne faut vſer de medecines trop debiles en maladie ſi cruelle & forte , pource qu'elles ne font gueres d'action, ains ſeulement eſmeuuent les humeurs ſans les euacuer , dont ſouuent les fiévres s'augmentent.Et partant ſi on cognoift que tels remedes purgatifs n'ayent fait ſuffiſamment leur de- uoir,tu les dois reiterer & augmenter:car(comme nous auons dit)aux fortes maladies il faut vſer de forts & ſouuerains remedes toutesfois ſe faut donner de garde que la medecine ne ſoit trop forte, parce qu'elle ſterneroit & abbattroit les vertus,leſquelles ne pourroient batailler en vn meſme temps contre deux,à ſça- uoir,contre la medecine & le venin:& par ainſi on pourroit empeſcher le mouuement de nature à jetter le venin hors : partant ſur toutes choſes la vertu & force du malade doit eſtre recommandée. Et pour cette cauſe ie conſeille que les remedes ainſi forts & violents ne ſoient donnez qu'aux forts & robuſtes, comme laboureurs,mariniers,crocheteurs,chaſſeurs & autres de forte complexion,ſi ce n'eſt en petite quantite. Et apres auoir vsé de medicamens laxatifs,il faut donner des choſes qui roborent l'eſtomach, & repouſſent le venin du cœur,& appaiſent l'agitation des humeurs, comme la compoſition d'alkermes, ou autres choſes cy-deſſus mentionnees au chapitre des Alexiteres. - Des accidens & complications des maladies qui aduiennentaux peſtiferez : & premierement de la douleur de teſte . C H A P 1 T R E XXV I I I. L nous conuient à preſent traitter des accidens, qui le plus ſouuent aduiennent en cette de- teſtable maladie,& de la correction d'iceux, comme ſont douleur de teſte & de reins, erup- tions & puſtules faictes au cuir;apoſtemes,charbons, flux de ventre, & vne infinité d'autres: & commencerons par la douleur de teſte, laquelle eft fort commune en cette maladie. Car ſi - le venin eſt rauy au cerueau, & que nature ne l'ait peu expeller, adoncaduient en iceluy , & en ſes membranes inflammation, laquelle venant principalement à ſaiſir & occuper la partie anterieure, le ſens commun & imagination ſe troublent : ſi c'eſt au milieu, il ne ratiocine point : & ſi c'eſt en la par- tie poſterieure, il perd ſa memoire , dont le plus fouuent, par faute d'y remedier, le malade tombe en delire, freneſie, manie , & rage : laquelle ne vient ſeulement à cauſe de la qualité chaude, mais par vne particuliere malignité du venin. Or cette douleur ſi grande & extreme prouient d'vne trop grande & abondante quantité de ſang , & de certaines vapeurs putrides, qui montent des parties inferieures à la te- ſte. Qu'il ſoit vray,on leur voit la face & les yeux fort enflammez,rouges, & larmoyans, auec grande pe- ſanteur & chaleur de toute la teſte : partant il faut ſoigneuſement ſubuenir à tel accident. Donc pour la curation,il faut premierement ouurir le ventre par clyſteres, & apres ſaigner de la veine cephalique , du coſté auquel ſera la plus grande douleur. Et ſi pour cela la douleur ne ceſſe,alors on inciſera les arteres des temples,& on tirera du ſang ſelon la vehemence du mal,& la vertu du malade. Et ne faut differer à ou- urir telles arteres des temples,& tirer du ſang,pour crainte qu'apres on ne peut eſtancher le ſang, à cauſe de leur mouuement(qui eſt ſyſtolé & diaſtolé, c'eſt à dire,contraction & dilatation)car veritablement ie l'ay faict pluſieurs fois, & n'y trouue non plus de difficulté à l'eſtancher que des veines joint auſſi, qu'au lendemain on trouuoit l'ouuerture auſſi-toſt conſolidée qu'és veines parquoy ne faut craindre à inciſer leſ- dites arteres :& vous puis aſſeurer qu'on void grand eſſect du ſang qui eſt vacué par icelles,voire cent fois Plus que des veines, qui demonſtre bien que la matiere putride & vaporeuſe eft plus contenue en icelles qu'és veines.On pourra ſemblablement prouoquer la ſaignée par le nez, ſi on voit que nature y tende : car elle profite grandement aux obſtructions & inflammations du cerueau , & de ſes membranes , & peut par icelle eſtre vacué beaucoup de ſang pourry & corrompu : car par telle vâcuation,on voit delires,& fiévres ardantes allegées & du tout guaries : ce qui eſt auſſi prouué par Hippocrate diſant qu'à celuy qui a grande douleur de teſte,la boué,eau,ou ſang decoulant par la bouche, & par le nez,ou par les oreilles, guarit la maladie. Parquoy faut que le Chirurgien ayde à nature à ietter hors ce qui luy nuit : à quoy elle paruien- dra en faiſant que le malade s'efforce a moucher , & gratter auec l'ongle le dedans de ſon nez, ou qu'il ſe picque auec ſoye de porc,& qu'il tienne ſa teſte en bas, afin d'ouurir quelque veine de laquelle la matiere conioincte ſe peut euacuer. Quelquesfois à aucuns le ſang s'eſcoule de ſoy-meſme, parce qu'il eſt chaud, ſubtil , & bilieux , auſſi que nature veut faire ſa criſe : ce que i'ay veu aduenir à Monſieur de Fontaine, Cheualier de l'ordre du Roy (ſa Majeſté eſtant à Bayonne ) lequel auoit vne fiévre continue, & peſtilente, accompagnée D lDe la Peſte. 553 , A accompagnée de pluſieurs chaºons en diuerſes parties du corps,& fut deux iours ſans ceſſer de ſaigner par Hiſtoire. le nez : & par ieeluy ñux ſa fiévre ceſſa auec vne tres grande ſueur:& toſt apres ſes charbons ſuppurerent, & Moyen d'ar- fut par moy pensé,& par la grace de Dieu guary.En tel cas faut laiſſer couler ledit fiuximais ſi on voyoit que reſter l'hº- nature fuſt deſreiglée & iettaſttrop de ſang par la vuidance duquel les forces s'affoibliſſent tropiadonc il doit morthºgº eſtre arreſté tant par ligatures fortes,faictes aux bras & iambes, application de ventouſes ſous les mammel- | les,& ſur les parties honteuſes,ou ſous les aiſſelles,eſtoupes ou eſponges imbués en oxycrat, ou quelques au- , tre liqueur froide,& appliquées froides & reiterées ſouuent.Pareillement on luy fera tenir en la bouche eau froide,dedans le nez du cotton, du ſaulx,ou quelque reſtrainctif fait de poil d'entre les cuiſſes,ou ſous la gor- ge du liéure,bol armene, terre ſigillée ineorporée auec ius de plantain & centinode,ou autre ſemblable, & le ſituer en lieu frais, & qu'il puiſſe attirer l'air à ſon aiſe, Et pour retourner à noſtre propos, apres la ſaignée» ſi la douleur perſeueroit & qu'on viſt les veilles eſtre grandes , de façon que le pauure malade ne peuſt dor- mir ny nuict ne iour,à cauſe des vapeurs putrides qui ont eſchauffé & deſſeiche le cerueau,alors il faut vſer de remedes qui prouoquent le dormir & ayent faculté de refroidir & humecter : leſquels ſeront adminiſtrez tant par dedans que par dehors. Et pour Exemple. On pourra donner à manger au malade orge mondé , fait auec eau de nenuphar & d'ozeille , de chacun deux onces, opium ſix ou huict grains , des quatre ſemences froides & du pauot blanc , de chacun demie Pººr Proº- once. En ſes potages on mettra laictues , pourpié , ſemence de pauot , & des ſemences froides concaſ- 1º le dor- ſées. On luy pourra auſſi donner vne pillule de cynogloſſa , dans laquelle y entre de l'opium. Semblable- # d ment on luy pourra faire prendre vn peu de diacodion ſine ſpeciebus. Et pour ſon boire, eaux de laictués § # e cy- & de nenuphar, auſquelles on aura fait boüillir ſemence de Pauot, à ſçauoir demie once d'iceluy auec trois g40I/A. * onces deſdites eaux, ou vne once & demie de ſyrop de nenuphar ou de pauot, auec trois onces de la de- coction de laictues, ou la potion ſuiuante.2%. Lactucarum recentium m j.fiorum nenuphar. & violan.p.ij. caput vnum papaueris albi contuſum cum ſeminib. pondere 3. ij. liquiritix , paſſul.an. 5.j.É. fiat decoctio : in colatura diſſolue diacodij ſine ſpecieb. 3.j. fiat potio larga danda hora ſomni. Outre plus on doit vſer de clyſteres dormitifs pour refroidir la vehemente chaleur qui eſt au centre du corps , faits en la maniere qui clyſtere dor- s'enſuit. 2Z. Decoctionis hordei mundati quartaria iij olei violati nenupharis an. 3. ij. aqux plantaginis & mitif portulacx, vel ſuccorum 3.iij caphuræ gr.vij. album ouor.iij. fiat clyſter. Et quant aux choſes qu'il conuient faire par dehors , il faut raſer le poil, & appliquer ſur toute la teſte de l'oxyrrhodinum, qui eſt huile & vi- naigre miſtionnez enſemble, & luy laiſſer deſſus vn linge en double trempé, lequel ſera renouuellé & re- mouillé ſouuent. Pareillement on appliquera poulmons de veau, ou de mouton recentement tirez de la beſte,ou vn coqviffendu en deux,& le renouuellera-on ainfi qu'on verra eſtre beſoin. Semblablement on ap- pliquera des ventouſes derriere le col & ſur les eſpaules ſans ſcarification,& auec ſcarification.Auſſi on fera des frictions & ligatures aux bras & jambes, afin de diuertir & euacuer vne partie de la matiere. Outre- plus, luy ſera fait vn frontal en cette maniere. %. olei roſati & nenupharis an. 3. ij. olei papaueris 3. É. opij 3.j. aceti roſati. 3.j. caphuræ. 3. ß.Ces choſes ſoient incorporées enſemble,& ſoit fait vn frontal,lequel Frontal. doit eſtre reiteré par fois : & ſeront continuées ces choſes ſeulement iuſqu'à ce que la vehemente inflamma- tion ſoit paſſée; de peur de trop refrigerer le cerueau.Auſſi on luy fera ſentir au nez fleurs de pauot,iuſquia- me,nenuphar,mandragore ; broyez auec vinaigre & eau roſe,& vn peu de camphre enueloppez enſemble en vn mouſchoir : & ſoient tenus aſſez longuement contre le nez , afin que l'odeur ſe puiſſe communiquer au dormi c cerueau, & par ce moyen ſoit prouoqué le dormir. On luy peut pareillement appliquer cataplaſme ſur le #.º. front à ces meſmes fins,comme peut eſtre le ſuiuant 24. mucilaginis ſeminis Pſyllij & cydoniorum in aqua §. roſarum extractx 3.iij. farinx hordei # iiij. pulueris roſarun rubrarum,florum nenupharis,violarum an, 3. ß. ſeminis papaueris & portulacx an. 3.ij. aquæ roſarum & aceti roſati an. 3. iij. fiat cataplaſma : & l'appli- quez tiede ſur le front,& meſme ſur toute la teſte.Autre. 24.Succorum lactucae,nenupharis,hyoſciami,portu- lacae.an. ft. R. roſarum rubrarum pulueriſatarum,ſeminis papaueris,an. 3.ſº. olei roſati 3.iij. aceti 3.ij. farinæ hord. quantum ſufficit : fiat cataplaſma ad formam pultis,ſatis liquida . - Apres l'inflammation appaisée , on fera des fomentations reſolutiues, à fin de reſoudre quelque humeur contenu au cerueau & en fes membranes. Et en ceſt endroit noteras , que pluſieurs ſont deceus aux grandes Combien douleurs de teſte causées par inflammation qui commandent de ſerrer & lier tres-fort la teſte pour appaiſer nuiſt trºp la douleur:car tant s'en faut que cela y profite,qu'au contraire l'augmente, par ce qu'au moyen de cette aſtri- ſºfºº étion,le mouuement des arteres eſt empeſché:deſquelles l'vſage,qui eſt d'euentiller & rafraiſchir le corps,tant #" par attraction de l'air qui nous auoiſine,que par expreſſion d'excremens chauds & fuligineux,eſt de beaucoup de #s. empeſché & aboly:outre plus ſerrent & compriment les ſutures ou iointures des os du crane,& en ce faiſant gardent que les vapeurs & fumées ne ſe peuuent euaporer. Et partât ſont cauſe d'accroiſtre vne extreme dou- jeur& chaleur,fiévre, reſuerie,& autres grands accidens,voire quelquesfois iuſqu'à faire ſortir & creuer les yeux hors de la teſte,& eſtre cauſe de la mort des pauures malades : ce que i'atteſte auoir veu, ainſi que i'ay efcrit en mon liure des playes de la teſte humaine.D'auantage, aucûs ſont ſi endormis & aſſommez,qu'ils ne ſe peuuent aider : partant il leur faut mettre dedans le nez choſes odorantes , & qui ayent vertu de les faire eſternuer,à fin que la faculté animale ſoit aiguillonnée & excitée à ſe defendre: & s'ils ne ſe peuuent aider, il D leur faut ouurir la bouche par force,pour leur faire aualler quelque aliment ou medicament. Odeurs pour prouoquer le · · De la chaleur des reins. C H A P. XXIX. #ſi A R E 1 L L E M E N T pour dauantage diminuer la chaleur des reins, on appliquera deſ- \$3 ſus de l'ongent refrigerant de Galien recentement faict, y adiouſtant blancs-d'œufs tres- Refrigerant #) #§ battus , à fin que ſon humidité ſoit plus longuement gardée : & le faut renouuel- # de Galien, ler à chaſque quart d'heure, & l'eſſuyer quand on en mettra d'autre : ce que l'on fera iuſ- - qu'à quatre fois : car autrement eſtant eſchauffé en la partie, il ne refrigereroit pas, mais #0à\5% pluſtoſt augmenteroit la chaleur. Auſſi on pourra vſer du remede ſuiuant. 2%. Aquarum roſarumfb.I.ſucci plantaginis 3.iiij.albumina ouorum iiij.olei roſacei & nenupharis an.3.ij. aceti roſati 3. iij. miſce ad vſum. Les reins eſtans frottez de l'vn deſdits onguens , on appliquera deſſus fueilles de nenuphar - recentes ou autres ſemblables herbes refrigerantes, puis apres vne ſeruiette trempée en oxycrat,& eſprein- te & renouuellée ſouuent. Auſſi le malade ne couchera ſur licts de plume:ains luy ſera mis par deſſus vn ma- zelas, ou vne paillaſſe d'auoine , ou vn gros linceul de toile neuue ployé en pluſieurs doubles, ou de ca- melot, de peur que la plume n'augmente dauantage la chaleur des reins,& º# de tout lé º# 2 Il 554 Le Vingt-deuxiéme Liure, onguent On pourra auſſi appliquer ſur la region du cœur vn medicament refrigerant & contrariant au venin, com- A pour frotter me ceſtuy ſuiuant. la region du 2Z. vnguenti roſati #. iij. olei nenupharis 3. ij. aceti roſati & aquæ roſa.an.3.j theriaca 3.j.croci. 3. É. 6'02/41". Leſdites choſes ſoient incorporées & fondues enſemble, & ſoit fait onguent mol, lequel ſera eſtendu ſur vne piece d'eſcarlate, ou ſur du cuir , & appliqué ſur la region du cœur. Autre. 24. theriaca optima 3. j. ſ . ſucci acidi citri & limonis an. 3. ſ. coralli rubri , ſeminis roſarum rub. an.5.ſº. caphurae , croci an. g. iiij. Pluye artiſi- incorporentur omnia ſimul : fiat vnguentum vel linimentum. D'abondant on fera pleuuoir par artifice, en cielle. faiſant decouler de l'eau de quelque haut lieu dans vn baſſin, & qu'elle faſſe tel bruit qu'elle puiſſe eſtre en- tendue du malade. Et auſſi luy faudra frotter doucement les mains & pieds , euitant tout bruit en la cham- bre , de laquelle on tiendra les portes & feneſtres cloſes, à fin qu'elle ſoit rendue plus obſcure : auſſi ſera rafraiſchie auec les choſes predites, euitant toufiours les odeurs chaudes,pour - ce qu'elles nuiſent beaucoup à la douleur de teſte , cauſée de matiere chaude. - c Accidens de peſte. C H A P X X X. Accidens de #L y a vn accident de peſte appellé Caque-ſangue,qui eſt vn fiux de ventre qui vlcere & corro- # appellé # de les inteſtins, tellement que par les ſelles on voit ſortir comme vne raclure de boyaux, & du #ºº- | ſang tout pur ou boüe, ou autres matieres purulentes, auec vne extreme douleur, qui irrite le . # . | malade d'aller ſouuent à la ſelle , & n'y peut rien faire , ou bieu peu, encore eſt ce auec bien Curioſº é de º grandes eſpreintes, & ce qu'il jette eſt fort puant, & de diuerſe couleur, comme rouſſe, iauna- l'Auiheur. ſtre, verte, cendrée, noire, voire le ſang tout pur. Ce que i'ay veu plufieurs fois aduenir, meſme au Camp d'Amiens , où pluſieurs moururent de tel flux, lequel eſtoit fort contagieux, & principalement à ceux qui alloient aux priuez apres eux, ou pour y auoir jetté tels excremens. Si que voulât ſçauoir le lieu d'où cette grande quantité de ſang pouuoit ſortir, ie fis ouuerture de quelques-vns apres leur mort, & trouuay la bou- che des veines & arteres mezaraiques ouuertes , & tumefiées la part où elles aboutiſſent dedans les inte- curioſité de ſtins , en forme de petits cotyledons de groſſeur d'vn petit pois, deſquels lors que ie les preſſois, le ſang Monſieur le ſortoit à veuë d'œil : & par là ie connus les voyes, par leſquelles le ſang eſtoit ietté par les ſelles. Monſieur Grand. le grand Medecin ordinaire du Roy, qui eſtoit auec moy au camp par le commandement du Roy Henry defunct, en ſauua pluſieurs : & entre autres remedes leur faiſoit boire du laict de vache, ferré, & auſſi en faiſoit ſouuent jetter par le ſiege, pour corriger & addoucir l'acrimonie de l'humeur. De la Coqueluche. Autre acci- Il y a vn autre accident de peſte, appellé Coqueluche , ainſi dit, parce que ceux qui en eſtoient eſprins, dent de peſte ſentoient vne extreme douleur de teſte, & a l'eſtomach , aux reins ; & aux jambes, auec fiévre continue, § é C & ſouuent auec delyre & freneſie, & lors qu'on les purgeoit ou ſaignoit, on a conneu leur auoir abbregé queluche. leurs iours. - - •- La Suette. Il y a vn autre accident appellé la Suette, qui a eſté en Angleterre, & aux baſſes Allemagnes, ainſi nom- mée, parce que les patiens auoient vne bien grande ſueur vniuerſelle auec grand friſſon, tremblement, & c palpitation de cœur, accompagnée de fiévre continue, & mouroient en peu de iours : & tua vn bien grand nombre de peuple. - Trouſſe-galand. Autre acci- Il y a vn autre accident , appellé Trouſſe-galand , qui a eſté au Puy en Auuergne , ainſi nommé , parce dent de peſte, que ceux qui en eſtoient eſprins , mouroient en deux ou trois iours, & pluſtoſt les robuſtes que les foibles appellé, & debiles, & les riches que les pauures, auec fiévre continue, delire & frenefie, & mouroient comme en- Trouſſe gº- ragez, en ſorte qu'il les falloit lier & attacher. Si quelqu'vn reſchappoit, tout le poil luy tomboit : & cette land. maladie eſtoit fort contagieuſe. Des eruptions & puſtules appellées pourpre. C H A P. XXXI. Av c v N s aduiennent eruptions au cuir , ſemblables à morſures de pulces ou de punaiſes* auſſi ſont quelquesfois eſleuées,comme petits grains de mil, ou de petite verole qu'on voit aux enfans. Et lors qu'elles ſont trouuées en grande quantité, c'eſt bon ſigne : au contraire non. Auſſi ſelon la vehemence du venin,& la matiere dont elles ſont procreées, ſont veuës de diuer- ſes couleurs, à ſçauoir rouges, citrines, tannées, violettes, azurées, liuides, ou noires. Les vul- gaires les appellent le tac, les autres le pourpre, pource qu'elles ſont ſouuétesfois trouuees à la ſimilitude de Diuers noms graine de pourpre : autres les appellent Lenticules. parce qu'elles ſont veuës quelquesfois cóme petites len- Deſcription des eruptiós. des eru- tilles.Auſſi aucuns les nomment papillots,à cauſe qu'elles ſe manifeſtent tantoſt au viſage,tantoſt aux bras & D ptions. iambes, voltigeans de place en place comme petits papillots volans : & quelquesfois occupent tout le corps» non ſeulement la ſuperficie du cuir, mais penetrent plus profondement dedans la chair, principalement lors qu'elles ſont faictes de groſſe matiere aduſte.Aucunes ſont trouuées grandes & larges, occupans preſque tout vn bras,ou vne iambe, ou la face, comme vn eryſipele, & partant diuerſifient ſelon que l'humeur peche La cauſe des en quantité ou en qualité. Et ſi elles ſont de couleur pourprée, noire, ou violette , auec defaillance de COºlll » eruptions. & s'en retournent ſans cauſe manifeſte, c'eſt vn ſigne infaillible de mort. La cauſe deſdictes eruptions eſt la Differences fureur de l'ebullition du ſang, faicte par l'humeur malin & veneneux. Elles viennent communement auec la de pourpre. fiévre peſtilentielle , & quelquesfois deuant que la boſſe ou charbon ſoient apparus , quelquesfois auſſi lºgºſtie apres : qui alors demonſtrent vne grande corruption d'humeurs au corps: car outre l'expulſion de la matie- mortel. re de la boſſe, ou du charbon, ladite corruption eſt ſi abondante, qu'elle ſe demonſtre aux autres lieux du corps , dont le plus ſouuent le pauure peſtiferé meurt. Quelquesfois auſſi ſont trouuées ſeules, à ſçauoir - ſans boſſe ny charbons, alors qu'elles ſont rouges ſans eſtre accompagnées d'autres mauuais accidens » ne Sººent le ſont mortelles. Elles apparoiſſent communément au troiſieſme ou quatrieſme iour, & quelquesfois plus # tard : auſſi ſouuentesfois ne ſont apperceuës qu'apres la mort du malade, à cauſe que l'ebullition des hu- # # meurs faite par la pourriture n'eſt du tout eſteinte : & partant la chaleur qui reſte, excitée de pourriture, § 7 iette des excremens au cuir, qui fait ſortir les eruptions. Ou pluſtoſt parce que nature fur le dernier combat ayant monſtré quelque effort plus grand (comme eſt la couſtume de toutes choſes qui tirent à leur fin ) que d'ordinaire s'eſt dépeſtrée ſur l'inſtant de la mort de quelque portion de l'humeur peſtilent | - VCIS De la Peſte. 555 n t -- A vers le cuir : tellement toutesfois qu'affoiblie de tel effort elle ſuccombe ſous le faix & malignité du reſte - de la matiere. De la cure des eruptions. CH A P. XXXII. O v R la curation des eruptions il faut ſe garder ſur tout de repouſſer l'humeur au dedans: Hipp, Aph & partant faut euiter le froid, pareillemet les medecines laxatiues, la ſaignée, & le dormir §" \% profond, parce que telles choſes retirent les humeurs au dedans, & partant pourroient in- . $ terrompre le mouuement,de nature , laquelle s'efforce de ietter hors ce malin humeur : mais # au contraire faut ſuiure nature la part où elle tend , c'eſt à dire , donner yſſue aux humeurs où elle veut faire ſa deſcharge , par remedes qui attirent le venin au dehors & principale- ment par ſueurs. Et pour encore ayder nature à repouſſer le pourpre hors,faudra donner au malade vn once de ſyrop de limons ou de grenades, auec deux onces d'eau cordiale, comme de meliſſe ou ſçabieuſe, y ad- iouſtant vne demie dragme de theriaque ou mithridat. Auſſi pour attirer le venin au dehors, on mettra au- tour du col, ſous les aiſſelles , & aux aines , eſponges trempées & exprimées en vne decoction d'herbes re- ſolutiues , comme lauande , laurier, ſaulge , roſmarin , & ſemblables : car ſi les eruptions ne ſortent, il y a danger que le venin ne ſuffoque le cœur, ou qu'il ne faſſe vn fiux de ventre mortel. Et pour obuier à tels ac- cidens, ie mettray icy ſur le bureau vn remede ſingulier que i'ay trouué de grand & excellent effect(princi- palement quand la vertu expultrice eſt foible, & le cuir trop dur, & reſſerre, de ſorte que le pourpre ne peut eſtre ietté hors, mais demeure ſous le cuir, y faiſant petite tuberoſitez) qui eſt vn onguent, duquel i'ay guery (par la grace de Dieu,) pluſieurs verolez. Cognoiſſant qu'en la verole , y auoit vu certain venin qui ne ſe Diuers acel- peut dire ny eſcrire, non plus que celuy qui cauſe la peſte, non que ie vueille dire qu'elle ſoit maladie epi- dens de la demiale, dependant des aſtres, ny de l'inſpiration de l'air , mais de Dieu , qui par ce moyen punit les of- vºrºlº fences des hommes & femmes, & par ſpecial du peché de luxure, ce qu'on void en ce qu'elle prend le plus ſouuent ſon commencement par contagion des parties genitales, principalement pour habiter auec hommes ou femmes infects ou ſoüillez de venin verolique, lequel traine auec ſoy vn bien grand nombre d'accidens, ainſi que faict celuy de la peſte,comme ſont puſtules malignes & corroſiues,qui commencement aux parties honteuſes, puis apres ſe manifeſtent à la teſte & au front, & par toutes les parties du corps:puis vlceres à la bouche & parties honteuſes,& autres qui les mangent & rongent iuſques aux os : en apres leur ſuruiennent apoſtemes dure aux os,appellées nodus,ou gouttes noüées,auec extreme douleurs,& principalement la nuict, qui paſſionnent & font quaſi deſeſperer les pauures verolez : & quelque temps apres leur aduient pourriture aux os, & le plus ſouuent ſans enfleure ou tumeur exterieure apparente, dont les vns perdent les yeux,autres le nez, les autres le palais, qui eſt cauſe qu'ils parlent regnaut : à aucuns la bouche deuient torſe, comme à vn renieur de Dieu,& bien ſouuent deuiennét ladres,& ont infinis accidens. Et pour le dire en vn mot, ce virus venerien rend le plus ſouuent le pauure verolé impotent de tous ſes membres, & finalement produit vne fiévre hectique,qui apres l'auoir rendu tout ſec,n'ayant plus ſur le corps que la peau,le c6fine miſerable- ment à la mort. Tous leſquels accidens ne peuuent eſtre appaiſez ny curez par aucun remede, fors que par - - les onctions & emplaſtres vif-argétées,ou parfums cinnabariſez, qui ſont les vrais alexiteres de cette deſta- le Vif ,* ble verole,ainſi que le theriaque & mithridat ſont dutout contraires au venin peſtiferé. Parquoy cognoiſſant 4º eſtle. que par le moyen du vif-argent, cette verole ſe curoit, i'ay voulu ſemblablement experimenter la friction #- vniuerſelle pour attirer le venin deſdites eruptions au dehors par ſueurs,auec l'onguent propre à curer la § verole,conſiderant que le vif-argent eſt la vraye contrepoiſon à la verole,& qu'il eſt de tres-ſubtile ſubſtan- ce : auſſi qu'il liquefie les humeurs gros & viſqueux,& les rend mobiles auec le theriaque & les autres me- dicamens qui entrent en la côpofition de ceſt onguent, & ſtimule la vertu expulſiue à ietter hors du corps, & abbatre par ſa faculté occulte le venin peſtiferé cóme il faict au virus verolique,à ſçauoir tant par ſueurs, que par inſenſible tranſpiration, vomiſſemens, flux de ventre,flux d'vrine : & par puſtules euoquées au cuir par flux de bouche (ſpecialement à ceux qui ſont diſpoſez à cracher)& autres euacuations.Parquoy voyant ! que nature tendoit à ſe deſcharger du venin par leſdites eruptions & puſtules purpurées, i'en ay faict frotter quelques-vns, comme s'ils euſſent eu la verole:toutesfois auparauant leur faiſois donner vn clyſtere, puis l'ayant rendu, leur donnois à boire quatre doigts d'eau theriacale, l'eſtomach eſtant vuide, à fin de prouo- quer la ſueur, pour faire mieux ſortir les humeurs, & cependant corroborer le cœur. Et au lieu de I'eau vſage de la theriacale, on pourra vſer de la decoction de gajac, d'autant qu'il eſchauffe, & ſeiche, prouoque la ſueur, & decºaion ds reſiſte à la pourriture. Et pour le faire plus vigoureux, on mettra en ladite decoction vn peu de vinaigre, à gajac. fin de le rendre de plus ſubtile ſubſtance : ce faiſant reſiſtera dauantage à la putrefaction, & meſmement ſi le corps eſt pituiteux. Or quant à l'onguent il ſe fera ainſi. 2Z. axungiz ſuillae fb.j. coquatur aliquantulum cum foliorum ſaluiae, thymi, roriſmarini an.m. É. poſtea coletur, & in ea extinguatur argenti viui, quod prius in aceto ebullierit cum prxdictis herbis.3. v.ſalis ni- tri 3.iij. theriacx & mithridatij. an. 3. ß. terebenthinæ Venetx, olei de ſcorpionibus & laurini an.3. iij. vi- tellos ouorum ad duritiem coctos numero vj. aquae vitae.3. iij. / Le tout ſoit incorporé en vn mortier, & ſoit faict onguent, duquel on frottera le corps du malade, & 6)uelles par- principalement les aiſſelles & les aines, euitant la teſte, les parties pectorales, & l'eſpine du dos : puis ſoit § i enueloppé en vn drap chaud, & mis dedans le lict & couuert , & qu'il ſue deux heures ou plus : & doit-on uent eſtre mettre autour de ſon lict des draps rouges , & qu'il les regarde aſſiduellement & attentiuement. Car par ce frottées de regard la matiere veneneuſe eſt attirée du dedans au dehors , puis il ſera eſſuyé legerement , à fin que le l'onguét vif- medicament produiſe dauantage ſon effect, & ſera mis en vn autre lict, s'il y a commodité : puis on luy argenté. donnera quelque boüillon de chapon, ou des œufs mollets, ou autre bons alimens : & faut derechef rei- terer la friction iuſques à ce qu'on voye que leſdites eruptions ſoient ſorties & eſteintes, qui ſe fait en deux ou trois iours.Que s'il aduient flux de bouche ne le faudra empeſcher. Et quand on void que le pourpre eſt Romi, A6f• du tout ſorty, & les ſueurs paſſées encor eſt ilbon de donner choſes diuretiques, c'eſt à dire,prouocatiues # d'vrine, parce que ſouuent on void leſdites eruptions eſtre euacuées par telle deſcharge. Outre-plus ſeroit reſolutifs du bon pour les riches,en lieu de ceſt onguent, fendre le ventre d'vn cheual, ou mulet,& oſter les entrailles, & venin. mettre le malade nud ayant la teſte dehors, & qu'il y demeure iuſques à ce qu'il cómence à ſe refroidir,puis qu'il ſe remette ſubit dans vn autre, & reitere tant de fois qu'on verra eſtre neceſſaire : & telle choſe eſt fort loüée des anciens, à cauſe que la chaleur naturelle de ces beſtes attire merueilleuſement le venin, tant par ſueur que par inſenſible tranſpiration : ce qu'on a cogneu par experience, comme dit Matthiolus au Proé- me ſur le ſixieſine liure de Dioſcoride, où il declare que le Seigneur valentin, nepueu du Pape Alexan- Hiſtºire. dre fixieſme, eſchappa par ce moyen de la mort, encor qu'il fut empoiſonné : car voulant empoiſonner A A a 2 ' CGVt21I1S Onguent vifargenté. 556 Le Vingt-deuxiéme Liure, certains Cardinaux en vn feſtin, s'empoiſonna ſoy-meſme, & pareillement Monſieur ſon Oncle le Pape A ſans y penſer. - De l'apoiteme peſtiferée, appellée bubon ou boſſe. CH A P. XXXI II.' R poſons le cas que nature ne s'eſt peu deſcharger par aucuns moyens & remedes ſuſdits,mais pluſtoſt par vne apoſtene faite aux emunctoires,laquelle d'aucuns eſt appellée bubon peſtiferé, d'autres la boſſe, d'autres la peſte, ou fusée, & de Galien beſte ſauuage & farouche; & aux au- tres parties du corps, charbon, anthrax, & carboncle. Nous dirons que la boſſe eſt vne tumeur qui en ſon commencement eſt de forme longuette & mobile, & en ſon eſtat ronde ou pointue, & immobile, fixe & attachée fort profondement aux emonctoires, comme du cerueau à la gorge , du cœur aux aiſſelles du foye aux aines, & eſt faite de matiere plus craſſe & viſqueuſe que le charb6, lequel eſt faict Signes. d'vne matiere plus acre, bouillante & furieuſe faiſant eſcarre où il s'arreſte. Au commencement que la flu- xion de la boſſe ſe fait, les malades diſent ſentir à l'emunctoire comme vne corde tenduë, ou vn nerf dur auec douleur poignante ; puis la matiere s'aſſemble comme vne glande, & à peu, & en brieftemps s'engroſ- ſit & s'enflamme, & eſt accompagnée d'autres accidens deſſus mentionez. Si la tumeur eſt rouge & ſe groſſit peu à peu, c'eſt bon ſigne. Celle qui eſt liuide & noire, & tardiue à venir, eſt dangereuſe. Auſſi il y en a qui viennent promptement & d'vne grande furie, & ne tiennent la forme commune, c'eſt à dire, qui ſubitement deuiennent enflammées auec grande tumeur & douleur intolerable , & telles ſont communément mortel B les. On en a veu auſſi qui tenoient de la couleur du cuir naturel, & ſembloient eſtre vne tumeur œdema- teuſe, qui toutesfois faiſoient mourir le malade, auſſi toſt que celles qui eſtoient de couleur noire ou plom- bée : parquoy il ne s'y faut fier. Gelau liure de Theriaca ad Piſonem, Prognoſtie. De la cure de l'apoſteme peitiferée. C H A P. XXXIV. # ſur [ # N appliquera deſſus promptement vne ventouſe auec grande flamme, ſi elle n'eſtoit telle, #" N# comme celle qu'auons dict cy deſſus, à ſçauoir, auec grande infiammation, & douleur into- % lerable, & auec grande tumeur. Auſſi on doit premierement oindre le cuir d'huile de lis à % l'endroict où on appliquera ladite ventouſe, afin de le rendre plus laxe, & que par ce moyen ,$,%ſ elle faſſe plus grande attraction, & ſera reiterée de trois en trois heures : & y demeurera à PSA^Nº* chacune fois vn quart d'heure plus ou moins ſelon la vertu du malade, & la vehemence de la matiere, à fin d'attirer le venin des parties nobles au dehors, & auſſi aider nature à faire ſuppuration plus ſubite, ou reſolution : qui ſe fera en appliquant deſſus vn tel liniment. Liniment. %. Vnguenti dialthea 3.j.É. olei de ſcorpionibus 3.É.mithridatij diſſoluti cum aqua vitæ 3.j. Ce liniment #ºmºtiºns a vertu de relaxer le cuir, & ouurir les pores, & faire exhalation de quelque portion de la matiere peſtife- Vºſº réc, qui a eſte attirée par la ventouſe. On peut auſſi en lieu d'iceluy faire des fomentations remollitiues, di- ſcutientes & reſolutiues, & autres remedes attractifs & ſuppuratifs, que deſcrirons cy apres. D'auantage, on doit faire vn veſiccatoire au deſſous de laboſſe, non au deſſus, ce que i'ay faict pluſieurs fois auec heureuſe C Exemple des † Comme pour exemple, ſi l'apoſteme eſtoit à la gorge, ſera appliqué ſur l'eſpaule & du coſté meſme:& veſiccatoires !º# eſt ſous l'aiſſelle, au milieu du bras partie inrerne & ſi elle eſt aux aines, au milieu du plat de la cuiſ- ſimples. ſe, afin de donner prompte iſſue à vne partie du venin & le departir en deux : dont par ce moyen la partie, - où premierement s'aſſembloit le venin en l'apoſteme, ſera plus deſchargée. Or pour faire ampoulles ouveſ- ſies, les choſes ſuiuantes ſont propres, à ſçauoir, tithymal, bathracium, autrement nommé ranunculus, ou apium riſus : auſſi le ranunculus, ou bulboſus, perſicaria, pes leonis, autrement nommé pommellée, vitis al- ba, vel bryonia, & principalement par deſſus tcus la moyenne eſcorce de viburnum appelle viorne, auſſi , l'eſcorce de tapſus barbatus, ou flamme (laquelle eſt ainſi nommée des anciens, parce qu'elle eſt cauſtique, & faict veſſies,& enflamme la partie) & autres ſemblables Simples. Et où ne pourras trouuer deſdits reme- des, comme on fait difficilement en hyuer, tu vſeras de ceſtuy composé, lequel on peut faire en tout temps, 2%. Cantharidum pul. piperis, euphorbij, pyrethri.an. 5. iij. ſinapi. 3.j. aceti parum. I'y adiouſte peu de vinaigre, d'autant qu'il abbat la vertu des cantharides. Et en vne extremité, qu'on ne peut recouurer tels remedes, faut prendre huyle feruente, ou eau boüillante, ou vne chandelle flambante, voire vn charbonat- dant, qui fera vne veſication telle qu'on deſirera. Et apres que les veſſies ou ampoulles ſeront faites, illes - faut ſubit couper, & laiſſer les vlceres long-temps ouuerts, en mettant deſſus fueilles de choux rouge, bet- te, ou poirée, cu de lierre, amorties en eau chaude, & les oindre auec huyle & beurre fcais. Aucuns appli- quent des cauteres pour faire leſdictes ouuertures , mais les veſſies ſont beaucoup plus à loüer, parce que parauanr que les eſcarres fuſſent cheutes, le malade pourroit mourir. Et faut entendre, que les ouuertures faictes par les viſiccatoires ſeruent beaucoup pour euacuer promptement le venin (ce qui a eſté experimen- té par pluſieurs fois) parce que le venin peſtiferé peche plus en qualité qu'en quantité. Et ſur l'apoſteme ſe- cataplaſm, ront appliquées des fomentations, comme nous auons dict cy-deſſus : puis on vſera de ce remede, qui a attraaf vertu d'attirer la matiere au dehors. 24.Cxpam magnam,excaua & imple theriaca cum foliis rutx : deinde - coque ſub cineribus calidis,poſtea contunde cun pauco fermento & axungia ſuilla ad quantitatem ſufficien- tem : & ce ſoit appliqué chaud ſur la boſſe , & le faudra renouueller de ſix en ſix heures. Autre attractif. # , %. Radicum biſmalur & liliorum an.lib 6 ſeminis liai,fœnug rci & ſinapi an 3 6 theriaca 3j ficuspin- fort. " gues numero x. axungiz ſuilla quantum ſufficit : fiat cataplaſma ſecundùm artem Autre cataplaſme 2/. Ca parum & aliorum ſub cineribus coctorum an.3.iij. contunde cum fermenti acris 3.j addendovn- guen. baſilicomis 3.j.theriac.3j.mithrid.3.f.axungix ſuilla veteris 3 j cantharid. pulueriſatarum 9.jſterco- ris columbini 3.ij. Le tout ſoit piſté & meſlé enſemble, & ſoit fait cataplaſme. Autre la vieille preſure eſt fort acre & chaude , & par conſequent attractiue, meſlée auec vieil leuain, & vn peu de baſilicum. On en peut faire d'autres ſemblables , deſquels on vſera iuſqu'à ce qu'il y aura ſuffiſante attraction, & que la boſſe ſoit fort eſleuée en tumeur : mais ſi on void que des le commencement il y euſt tres-grande inflammation & douleur extreme, comme il ſe fait bien ſouuent, & principalement aux charbons, en tel cas ſe faut garder d'vſer de tels remedes ainſi chauds & attractifs, & de ceux auſſi qui ſont fort emplaſtiques & viſqueux, leſ- quels condenſent & opilent les pores du cuir, ou reſoluent, conſument & ſeichent l'humeur ſubtil , qui pourroit eſtre canſe d'aider à ſuppuration : pareillement augmentent la douleur & la fiévre, & attirent trop grande quantité d'humeurs chaudes , dont le venin s'en fait plus grand & dangereux , rendant la ma- tiere plus rebelle , la tournant pluſtoſt à corruption qu'à maturation : parquoy ſouuent s'enſuit douleur CXIICII1C De la Peſte. | 557 A extreme cauſant ſpaſme, gangrene , & par conſequent la mort ſubite. Donc en tel cas tu euiteras tels re- medes , & en appliqueras des froids & temperez, à fin de diminuer la grande ferueur & ebullition de fang : ce faiſant nature ſera aidee , dont la ſuppuration ſe fera mieux. Et de telle ſorte ſont les cataplaſmes faicts de fueilles de iuſquiame & ozeille cuitte ſous la braiſe, auſſi la pulte de Galien, & autres que de- clarerons cy-apres. On a veu des malades de peſte, leſquels ont eu ſi grande apprehenſion de la mort, que d'vn grand cou- rage & conſtance eux meſmes ſe ſont tirez la boſſe auec tenailles de mareſchal. Autres l'ont couppée en plu- ſieurs endroits,la cernans tout autour : les autres ont eſté ſi aſſeurez, qu'eux-meſmes ſe ſont appliquez fers ardans,& ſe ſont bruſlez pour donner iſſuë à l'humeur peſtiferé:ce que ie n'approuue. Car la malignité peſti- lente n'eſt pas comme la morſure & picqueure des beſtes venimeuſes parce que le veninºvient du dedans, & non du dehors, comme en la morſure & picqueure des beſtes venimeu1es. Et telles cruautez ſi violèntes ac- croiſſent pluſtoſt la douleur & chaleur de la fiévre,empirent & augmentent la venenoſité,& pour cette cau- ſe abbregent leur vie. Parquoy tu te contenteras en tel cas de remedes relaxans & ouurans les pores du cuir, & euacuans par reſolution & inſenſible tranſpiration vne porti6 du venin. Et de tels t'en donneray pluſieurs Fomëtation, bien approuuez & promptement parables , comme ſont ceux qui s'enſuiuent. 24. radicum biſmalux & li- reſolution & liorum an. 3. vj.florum camomillæ & melil.an. m.É. ſeminis lini 3.6.foliorum rutæ m.É. Le tout ſoit bouilly, relaxatine. puis coulé, & en cette decoction ſoit trempé vn feutre, ou vne eſponge, & ſoit faite fomentation aſſez lon- guement. Autre remede.2/.. micam panis calidi,& aſperge aqua theriac.vel aqua vitæ cum lacte vaccino,vel caprillo,& tribus vitellis ouorum. Le tout ſoit incorpore & appliqué deſſus chaudement auec des eſtouppes. B Autre.2%.fermenti acris ex ſecali 3.iiij.baſiliconis 3.ij.vitellos ouorum numero iij. oleililiorum.3.ij.theria- cx 5.j. Le tout ſoit meſlé & appliqué comme deſſus. Autre.2.diachilonis communis & baſiliconis an. 3.ij. olei liliorum 3.j ß. ſoient liquefiez & fondus enſemble, & ſoit appliqué comme deſſus. Et lors que l'on verra que la boſſe ſera ſuppurée (ce qui ſe peut connoiſtre à la veuë & au tact) d'autant que la tumeur eſt eſleuée aucunement en poincte ou pyramide, & le cuir blanchy & delié, & au ſentiment du toucher on trouue l'en- fleure obeiſſante aux doigts auec inondation molette, & la bouè va de lieu en autre : pareillement les acci- Signes de la dens ſont grandement diminuez, comme douleur pulſatile & les eſlancemens & inflammations , alors qu'on boue faite. void telles choſes, il faut faire ouuerture par lancette,ou cauteres potentiels ou actuels : mais les potentiels ſont plus à loüer en tel cas,s'il n'y auoit grande inflâmation,parce qu'ils attirent le venin du profond à la ſu- perficie,& dönent plus ample iſſue à la matiere. Et ne faut attendre que Nature faſſe ouuerture d'elle meſme, de peur que la boüe eſtant faite,ne s'eſleue quelque vapeur veneneuſe, qui ſe cómuniqueroit par les arteres, & nerfs au cœur,& autres parties nobles. Parquoy l'ouuerture ſe doit faire par la main du Chirurgien, & n6 Ne faut at- par nature. Aucuns commandent faire l'ouuerture deuant que la ſuppuration ſoit faite,& apparente , diſant tendre que qu'il la faut ouurir entre le verd & le ſec. Toutesfois ie vous puis aſſeurer, que ſi l'apoſteme n'eſt aſſez matu- l'ouuerture rée,on eſt cauſe d'induire grande douleur,&infiâmation,& accroiſſement de fiévre:qui eſt ſouuent cauſe d'vne ſe face par gangrene,ou de rendre l'vlcere malin; ce que i'ay veu aduenir ſouuentesfois. La ſuppuration ſe faict volon-mºurº tiers en dix ou douze iours,plus ou moins,ſelon la malignité de l'humeur, & qu'elle ſera traictée : auſſi ſelon la partie affectée. Or apres l'ouuerture faicte, on doit encor vſer de medicamens ſuppuratifs & remollitifs tant qu'il ſera beſoin, pour toufiours ayder Nature à ſuppurer & amollir, mondifiant neantmoins l'vlcere & cauité d'iceluy par onguens deterſifs,que declarerós cy-apres traictans des charbons. Mais ſi on voyoit que Vſage de vg- la boſſe ou tumeur retournatt au dedans,alors on doit appliquer ventouſes auec ſcarificatiós,& autres reme- touſes ſur la des plus forts & attractifs bien acres,voire iuſques aux cauteres actuels ou potentiels. Dauantage, comme bºſſe. i'ay dit en tel cas, il eſt beſoin de faire ouuerture ſous la boſſe, auec veſiccatoires,afin d'euacuer quelque partie du venin pendant que l'éſcarre faicte par les cauteres,tôbera. Pareillement autour des boſſes & char- bons on fera des ſcarifications, & y ſera appliqué plufieurs ſangſues, & reiterées par pluſieurs fois,afin d'at- tirer,& vacuer l'humeur conioinct à la partie. Or que telles ouuertures ſeruent,meſines ſoient neceſſaires à deſcharger la partie du venin qui la moleſte, & par conſequent tout le corps, on le void iournellement par experience en ceux qui ont la verole : car cependant qu'ils ont quelques vlceres ouuerts,& qu'ils fluent,les pauures verolez n'ont point de douleur, ou en ont bien peu, & ſubit qu'ils ſont clos , leur douleur vient & s'augmente, à cauſe que le virus venerien n'a plus d'iſſue. Si on voyoit que la peſte ou le charbon fuſſent ma- lins & enflammez & de couleur verdoyante ou noire (comme l'on voit principalement en ceux qui ſont faicts d'humeur melancholique bruſlé , qui eſt le pire humeur de tous, parce qu'il eſt froid & ſec, & par aduſtion eſt faict gros & rebelle aux remedes, & partant eſt difficilement vaincu par Nature) & qu'auſſi on viſt qu'il y euſt grand danger de gangrene & mortificatió en la partie, alors il faudroit vſer de medicamens repercuſſifs autour & non deſſus, afin de prohiber que la fluxion ne s'augmentaſt par troA\& que la partie Temps d'v- ne receuſt tant d'humeurs, que la chaleur naturelle fuſt ſuffoquée & eſteinte,& que la mat\ {e veneneuſe ne ſerº reper- remontaſt au cœur, alors on appliquera autour des medicamens repercuſſifs, leſquels ſero\ renouuellez ºſſº ſouuent : & en ce faiſant on laiſſe la propre cure pour ſuruenir aux accidens. Exemple de repercuſſif . 2Z. pomum granatum acidum : coque in aceto: poſtea contunde cum vnguento roſvel populeone recenter facto : & ce ſoit appliqué autour du charbon ou boſſe, & renouuellé ſouuent. Autre. 2. ſucci ſemperuiui, portulacx, acetoſr,ſolani an.3.ij. aceti 3.j. albumina ouorum numero iij. olei rqſ & nenuphar.an. 3.ij. ß. ces choſes ſoient agitées, & appliquées comme deſſus. Et ſi on veoit que la boſſe ou charbon fuſſent fort vene- neux & de mauuaiſe couleur, auec trop grande multitude de matiere, & qu'il y euſt danger de gangrene , & mortification, il faut faire deſſus & aux enuirons pluſieurs & profondes ſcarificatiôs (ſi la partie le permet) afin d'ättirer, la deſcharger, & euacuer le venin,& la trop grande multitude des humeurs qui ſuffoquent & eſteignent la chaleur naturelle de la partie, afin que plus facilement puiſſent auoir air , euitant touſiours les grands vaiſſeaux,côme nerfs,veines & arteres, de peur de ſpaſme & flux de ſang.lequel en tel cas eſt difficile Le ſang eſt à eſtancher, à cauſe que le lieu eſt grandement enflammé,& que les parties voiſines ſont tant eſchauffées de difficile a e- la malice de l'humeur,& auſſi pour le deſir que Nature auec ſa vertu expultrice a de ſoy deſcharger : ce qui ſºººeher ** faict que ſouuentefois on ne peut eſtancher le ſang de ſorte que le malade meurt entre les mains du Chirur- nflamatioos gien : ce que i'atteſte auoir veu aduenir pluſieurs fois : parquoy tu y prendras garde. Or tu dois ſçauoir que peſtilentts. telle euacuation faite du lieu affecté profite à merueilles:car par ce moyen Nature ſe decharge par le meſme lieu où elle a faict amas du venin,pour eſtre euacué:partant tu laiſſeras couler la quantité du ſang que tu co- gnoiſtras eſtre beſoin, prenant touſiours indications de la vertu du malade, qui pourra principalement eſtre cogneué par la force du pouls, & autres indices,qu'auons par cy-deuant eſcrits. Auſſi on fera des fomenta- tions relaxantes, remollitiues, & reſolutiues, pour toufieurs euaporer & donner iſſue au venin, A Aa 3 . Extmple 558 Le Vingt-deuxiéme Liure, Exemple d'vne fomentation remollitiue & reſolutiue. 2É. radicis althçx,liliorum & enulx campana an.fb.j.ſeminis,lini & fœnugr.an.3.j.ſeminis fœniculi,aniſi an.5.É. foliorum ruthx, ſaluiæ,roriſm.an.m.j flor.camon.meliloti an.m.iij bulliant omnia ſimul: fiat decoctio profotu ſecund.artem. De cette decoction on en fomentera la partie aſſez longuement auec feutres , ou eſ- autres beſtes ponges ou linges au defaut d'eſponges. On pourra auſſi prendre vne poulaille, & principalement vne poulle propres pou, ººººº qui ponde, afin qu'elle ait le cul plus ouuert , ou vne groſſe poulle d'Inde, & leur faudra plumer appliquer ſur le cul,mettre dedans deux ou trois grains de ſel profondement : afin que l'acrimonie du ſel irritant le boyau i# # # cuillier, le leur ſènne touſiours ouuert, & leur tenir le cul deſſus la boſſe ou charbon (apres auoir fait charbºns. - premierement des ſcarifications ſuperficielles) iuſques à ce qu'elles meurent : puis eſtant mortes on y en re- mettra d'autres en nombre de cinq ou ſix , ou dauantage , par l'eſpace de demie heure , ſi le malade le peut ſouffrir, leur ſerrant par fois le bec, afin qu'elles attirent plus viuement le venin. Cette attraction faite par le cul de poulaille attire plus ledit venin que ne fait la ventouſe, par ce qu'on tient qu'elles ont vne contrarieté naturelle contre le venin, comme il ſe peut prouuer,par ce qu'elles mangent & digerent des beſtes veneneu- ſes,comme crapaux, viperes, couleuures, aſpics & autres ſerpens, ſans qu'elles en reçoiuent aucun mal. On peut pareillement prendre leſdites volailles, ou pigeons, ou petits chiens & chats nouuellement nez fendus tous vifs , & les y appliquer tous chauds, & lors qu'on connoiſtra qu'ils refroidiront,on y en remettra d'au- tres: ſemblablement poulmons de mouton ou de veau, appliquez tout ſubit eſtant tirez hors de la beſte.Car par cette chaleur moderée & naturelle de ces beſtes, ſe fait attraction familiere du venin,& la partie malade eſt par ce moyen deſchargée & fortifiée: & faut mettre ſubit ces beſtes mortes profondement en terre, ou $)ue c'eſt que les bruſler, de peur que les chiens & chats ne les mangent & apportent le venin aux maiſons. Et ſi on voyoit gangrene. que la boſſe ou charbon tendiſſent à vne gangrene, qui eſt preparation de mortification, alors on doit faire pluſieurs ſcarifications profondes , toutesfois euitant les grands vaiſſeaux ( comme i'ay dit ) laiſſant fluer du ſang,ainſi que verras eſtre neceſſaire,afin d'aleger la partie,&apres feras ablution d'eau ſalée,vinaigre,& eau de vie,auec leſquelles diſſoudras egyptiac,methridat,ou theriaques car telle ablution a tres-grande vertu de corriger la pourriture gangreneuſe,& garder que le ſang ne ſe coagule, & deterger la virulence de l'humeur imbu au lieu infect tendant à pourriture. Et où on connnoiſtra que la gangrene ne voulut obeyr à tels reme- des, alors faut venir aux plus forts qui ſont les cauteres actuels ou potentiels , parce qu'aux fortes maladies Le cauture il faut vſer de grands & forts remedes. Et en tels cas les cauteres actuels ſont plus excellens que les poten- actuel eſt tiels , à raiſon que leur action eſt plus ſubite & plus contraire au venin , & laiſſent meilleure diſpoſition à la preposé au partie. Apres la cauterization, promptement on ſcarifiera l'eſcarre iuſques à la chair viue, afin de faire ex- pºtentiel haler quelque vapeur, & donner iſſuë à quelque humeur contenu en la partie. Et ne faut attendre que l'eſ- #º carre tombe de ſoy-meſme,mais on appliquera remedes pour la faire tomber, comme ceſtuy. 2/. Mucilagi- Volailles & Contrarieté des poulailles & du venin. # nis,althxx,ſeminis lini,an.3.ijbutyri recentis vel axungiæ porci 3.j.vitellos ouorum numero iij.incorporen- Mundifica ' tur ſimul & fiat linimentum. Auſſi on peut vſer de beurre frais, ou ſein de porc, huyle roſat, auec moyeux tifs. d'œufs puis apres la cheute de l'eſcarre, tu vſeras de mondificatifs : comme %. Succi plantaginis, clymeni & apijan.3.iij.mellis roſati 3.iiij.terebenthina Venetz 3.v.far.hord.3.iij pulueris aloës 3.ij. olei roſati 3.iiij. theriacx 3.6. fiat mundificatiuum ſecundùm artem. Autre 2Z. Vnguenti AEgyptiaci & baſiliconis 3.ij. pul. mercurij. 5.6. incorporentur ſimul, fiat vnguentum. Autre. 2Z. terebenth.Venetx 3.iiij.ſyrupi de roſis ficcis C & de abſinthio an.3.j.pulueris aloes,maſtiches,myrrhx, far.hor.an.3.j. mithridatij. 3. É. incorporentur ſimul Deterſiffort. fiat medicamentum. Ou on vſera d'vn tel,qui eſt approprié aux vlceres depaſcents,putrides,virulens & gan- greneux.24. Auripigmenti rubri 3.j calcis viux,alumnis vſti,corticum granatorum an 5 vij. thuris, gallarum an.5.iij ceræ & olei quantum ſufficit: fiat vnguentum. Ceſtuy onguent eſt fort deterſif,& conſomme la chair onguent pourrie, & deſſeiche l'humidité virulente,qui eſt mere nourrice de pourriture gangreneuſe. Pareillement en Egyptiac. , lieu de ceſtuy on fera de l'egyptiac fortifié,lequel auſſi corrige la chair pourrie,& conſomme celle qui croift * par trop, dauantage obtund & eſteint l'humeur virulent qui eſt en la partie, qui cauſe ſouuentesfois tres- grande douleur, & eſt excellent par deſſus tous autres remedes pour tel effect : d'autant qu'en ſa compoſi- tion n'entre huyle ny cire,leſquelles choſes rompent la force & acrimonie des medicamens acres, qui ſont propres à tels vlceres. La force de ces medicamens deterſifs ſera diminuée ou augmentée ſelon qu'on verra long-temps l'vlcere eſtre ſordide,& putride, & ſelon la nature du temperament de tout le corps & de la partie. Et faut #- tenir l'vlcere ouuert le plus longuement qu'on pourra: car on a veu aucuns,deſquels la boſſe & les charbons § d, ia ayans jetté beaucoup de matiere, ſembloient eſtre du tout guaris , & toutesfois bien - toſt apres ils mou- boſſe, roient : & partant on tiendra l'vlcere long-temps ouuert, & confortera-l'on continuellement le cœur auſſi on donnera au malade par fois quelque petite medecine , afin de purger & rectifier les humeurs mauuaiſes, pourries & veneneuſes. Il faut tenir \ | "- Deſcription du charbon peſtiferé, & de ſes cauſes, ſignes & marques. C H A P I T R E X X X V. Cauſe du $2# H A R E o N peſtiferé eſt vne petite tumeur ou puſtule maligne , feruente & furieuſe, faite d'vn charbon pe- (; # ſang gros & noir, corrompu en ſa ſubſtance , par tranſmutation de ſang loüable, de façon que le ſtiferé. $# plus ſouuent ne peut eſtre regy ne gouuerné par Nature, parce qu il peche en vne qualité mali- gne qui luy eſt inuincible. Il eſt de figure ronde & aiguë , & en ſon commencement n'eſt point plus gros qu'vn petit grain de miel,ou vn pois,adherant fort contre la partie immobile,tellement que le cuir de deſſus ne ſe peut enleuer de la chair de deſſous:& croiſt promptement ainſi que fait la boſſe,& quelques- fois plutoſt, aucunesfois plus tard,ſelon que la matiere eſt plus ou moins furieuſe, auec grande chaleur, ar- Signes. deur , & douleur lacinante & poignante , comme poinctes d'aiguilles, laquelle eſt tres-cuiſſante & intolera- ble, principalement vers le ſoir & la nuict plus que le iour , & plus lors que la concoction ſe fait en l'eſto- Pourquoy le mach, que quand elle eſt faite : & au milieu apparoiſt vne petite veſſie , en laquelle ſemble eſtre contenue charion eſt quelque ſanie : & ſi on l'ouure & qu'on deſcouure le cuir, on trouue deſſous de la chair bruſlée & noire, ainſi appellé. comme ſi vn charbon ardent y auoit eſté appliqué, & pour cette cauſe les anciens l'ont appellé Charbon. Et la chair d'entour eſt trouuée de diuerſe couleur , comme l'on void en l'arc-en-ciel, à ſçauoir, rouge, brune, perſe,violette,plombée & noiraſtre, auec ſplendeur ou lueur eſtincellante, comme poix noire, embraſée & enflâmée,ayant pareillement fimilitude à vne pierre nommée Eſcarboucle,dont auſſi aucuns luy ont attribué ce nom. Les vulgaires les appellent clouds,parce que la matiere d'iceux cauſe douleur ſemblable, comme fi w VQ De la Peſte 559 " : : A vn clouà eſtoit fichè à la partie.l\ y a aucuns charbons qui prennent leur commencement d'vn vlcere crou- ſteux,ſans puſtule, & de couleur noire, comme ſi on y auoit appliqué vn cautere potentiel,ou vn fer ardant, qui croiſt auſſi ſubitement,& quelquesfois plus tard,ſelon que la matiere eſt plus ou moins maligne, comme nous auons dit. Tous leſquels charbons peſtiferez ſont touſiours accompagnez de fiévre continué, & autres - accidens fort cruels : & ſemble au malade qu'il a vne grande charge de plomb ſur la partie charbonniere:& | qu'elle ſoit eſtroictement liée (& veritablement ie le ſçay pour l'auoir ſenty en mon corps) qui ſe faict à cau- ſe de la corruption & ſuffocation des eſprits,& de la chaleur naturelle de la partie,en laquelle eſt le charbon, dont ſouuentefois s'enſuit defaillance de cœur,inquietude,alienation d'eſprits,& furie & gangrenne,& mor- tification, & par conſequent la mort,non ſeulement de la partie, mais auſſi de tout le corps, ainſi qu'on void auſſi ſouuent aduenir à l'apoſteme peſtiferé. Et à la verité on peut dire,que le charbon & la boſſe ſont com- Differiee de me couſins germains,leſquels ne vont gueres l'vn ſans l'autre,& la matiere d'iceux ne differe ſeulement, ſi- l "ieſ & non celle de la boſſe eſt plus craſſe & viſqueuſe,& celle du charbon plus acre, boüillante,furieuſe & ſubtile, charbon. faiſant eſcarre au lieu où il ſe fied, ainſi qu'auons declaré cy-deſſus. Prognoſtic des apoſtemes & charbons peitiferez. C H A P. XXX V I. V c v N s n'ont qu'vn charbon, les autres pluſieurs,& ſe jettent par toutes les parties du corps. Il eſt meil- Il aduient à aucuns qu'ils auront le charbon & la boſſe deuant la fiévre,& n'ont autre mauuais leur que les # accidents,qui eſt vn bon ſigne : car cela demonſtre que nature a eſté forte (comme nous auons ºhºréºns & $ dit cy-deſſus) & qu'elle a jetté le venin au dehors deuant que le cœur en fuſt ſaiſy.mais quand º# *fº- ils apparoiſſent apres la fiévre,c'eſt mauuais ſigne : car cela ſignifie que les humeurs ſont alterez # #. & corrompus,& que le cœur meſme en eſt ſaiſi, d'autant que la fiévre ayant ſon propre ſiege au cœur, ſe re- #" 42 ſpand d'iceluy,côme d'vn centre à toute la circonferéce du corps. Si le malade n'eſt point troublé d'entende- q - ment du cómencement iuſques au ſeptiéme iour, c'eſt bon ſigne. Lors que la boſſe & le charbon s'en retour- .. nent,c'eſt vne choſe le plus ſouuent mortelle,ſpecialemét quand mauuais accidens ſuruiennent apres. Pareil- #º //y0r- ment quâd ils ſont ſuppurez,& ſe deſſeichent ſans cauſe raiſonnable,c'eſt ſigne de mort. Les charbôs qui ſont fêl5, faicts de ſang,font plus grâd eſcarre,que ceux qui ſont faicts d'humeur cholerique,d'autant que le ſang eſt de plus groſſe ſubſtance : partant occupent & prennent plus grâde quantité de chair que ne fait l'humeur chole- rique,qui eſt plus ſuperficiel ainſi que voyons aux eryſipeles. I'ay veu des charbons qui de leur eſcarre occu- poient preſque la moitié du dos,les autres les deux clauicules tirant vers la gorge,& auoient rongé ſi fort les Des grands parties ſubiacentes,que l'on pouuoit voir la trachée artere deſcouuerte; autres occupoient la moitié des mu- charbons. ſcles de l'Epigaſtre, & l'eſcarre cheute on voyoit à l'œil le Peritoine deſcouuert : ce qui eſt aduenu à moy-,, - meſme d'vn charbon que i'ay eu au ventre,duquel la cicatrice m'eſt demeurée de la grandeur de la palme de L # la main. Et lors qu'ils ſont ainſi grands & enormes,le plus ſouuét ſont mortels. Il y a des charbons & boſſes #. # qui commencent ſous le menton , puis la tumeur s'augmentent peu à peu iuſques aux clauicules, & eſtran- #é glent le malade. Semblablement il y en a aux aines, qui occupent grande partie des muſcles du ventre : mais boſſes dange- la plus dangereuſe apoſteme, eſt celle qui ſe fait ſous les aiſſelles : d'autant qu'elle eſt plus proche du cœur. rºſes. " Il y en a auſſi qui ſont enormes,grands & hideux à regarder,& de tels le plus ſouuent le malade meurt, ou la partie demeure meheigné, y reſtant apres la conſolidation vne tumeur elephantique, & quelquesfois ſon action eſt du tout perduë : ce que i'ay veu pluſieursfois. Dauantage aucunesfois pour la grande pourriture de la matiere,la chair laiſſe les os deſnuez , & les jointures & ligamens ſe trouuent tous reſolus , tant eſt la porriture chaude & humide.Les charbons jettent vne ſanie virulente, tres-puante, d'eſtrange nature, qui fait l'vlce corroſif & ambulatif, pourry & corrompu, & le plus ſouuent ſe procréent pluſieurs veſſies aux par- ties voiſines, leſquelles apres s'aſſemblent toutes en vne, & jettent ſanie en petite quantité, principalement ceux qui font faicts de cholere, à cauſe de la ſiccité de la matiere bruſlée, qui fait eſcarre, & tard ſe conuer- tiſſent en bonne boue ou ſanie loüable, parce que la matiere eſt bruilée, & non pourrie,par l'actiuité exceſſi- ue de l'inflammation & corroſion. Outre plus, la tumeur de la boſſe & du charbon eſt quaſi touſiours rebel- le,& tres-difficile à eſtre reſolue ou ſuppurée, pour la malignité de leur nature. Et quand ils ne ſuppurent Pregnºſtic par aucuns medicamens, & que la tumeur demeure de couleur noire, & ſi on veut attenter à les ouurir, qu'il mortel. n'en ſorte qu'vne ſeroſité noiraſtre, & le plus ſouuent nulle humidité : de mille malades ainſi affectez à pei- ne en reſchappe vn ſeul. Ce que i'ay plufieurs fois remarqué, penſant les peſtiferez à l'Hoſtel Dieu de Pa- ris. Il y a des charbons, auſquels quand ils ſont ouuerts, on trouue vne chair molle & ſpongieuſe, qui ne ſe peut corriger : car quand on en conſume quelque portion, il en reuient dauantage : & tels ſont mortels, par- ce qu'ils ne cedent aux remedes, ce que i'ay veu ſouuentesfois à mon grand regret. Dauantage aucuns ſont faicts d'vne ſi grande corruption d'humeurs,& ſi malings, que les membres tombent en mortification, telle- ment qu'on void le pied ſe ſeparer de la jambe,& le bras de l'eſpaule.Auſſi autour d'aucuns charbons & boſ- ſes, ſe font petites veſſies, comme s'ils auoient eſté piquez d'orties, ou comme celles qu'on void aux herpes chartons milliaires, leſquelles ſont procreées de vapeurs exhalantes de matieres conjoinctes & arreſtées en la partie gangrenºux, que nature jette hors, Telles veſſies ne preſagiſſent pas neceſſairement la mort : mais ſi la petite charbonnie- re deuient bourſoufflée & de couleur purpurée ou verdoyante, plombine & noire , & qu'autour l'on trouue des ampoulles ſemblables à celles des bruſlures, & que le malade die n'y ſentir plus de douleur, ſoit que l'on le picque,coupe ou bruſle,c'eſt ſigne non ſeulement de gangrene, mais de mortification totale, & que la chaleur naturelle eſt ſuffoquée & eſteinte par la malignité du venin. Outre plus, i'ay eſté curieux eſtant à l'Hoſtel-Dieu de Paris, ayant veu des malades de peſte, auſquels s'eſtoient apparues quelques tumeurs aux emunčtoires,leſquelles le lendemain n'apparoiſſoient aucunement,dont les malades mourroient, de chercher à la partie la cauſe de la mort : & veritablement, i'ay trouué à aucuns, ayant fait inciſion aſſez profonde , la chairy eſtre bruſlée,côme ſi vn cautere actuel y auoit paſſé. Les boſſes & charbós ne ſont iamais gueres ſans Les teſſes ér fiévre,laquelle eſt plus grande,lors qu'ils ſe font aux emunctoires, & aux parties nerueuſes, qu'aux charneu- charbons ra- ſes:toutesfois ceux qui ſont de bonne temperature, ayans les vertus & facuitez fortes, ont la fiévre moindre, rement ſont & pareillement tous les autres accidens. Les charbons n'occupent pas ſeulement les parties externes, mais ſans Âévr°. auſſi quelquesfois les internes, & quelquesfois les deux enſemble. Si interieurement le cœur en eſt ſaiſi ſans aucune apparence exterieure, la vie eſt deſplorée & briefue, & les malades meurent ſouuent en man- geant, beuuant & en cheminant. Si le poulmon ou le diaphragme & autres parties dediées à l'inſpiration & cbarton, expiration en ſont occupées , le malade meurt en vingt-quatre heures ou moins, parce qu'il eft º Par mortels. A A a 4 3\ltC Charbons ambulatifs 4f46'C &70/10/7, 56o Le Vingt-deuxiéme Liure, • faute de reſpiration.Si le cerueau en eſt aſſailly,s'enſuit freneſie & rage,puis la mort.Si le venin ſe jette ſur les A parties dediées à l'vrine,le malade meurt par faute d'vriner. Ce qui aduint au Chaſteau de Rouſſillon à vne , Damoiſelle de la Royne,de laquelle auons parlé cy-deſſus.Auſſi ſi le charbon ſe jette en l'eſtomach, cela eſt Hiſtoire. Compaſſion des Dames. Moyen de cognoiſtre les eruptions ou pourpre, le malade eſtät /779/f, -- Le charbon cauſe dou- leur, fiévre, & mort. Cataplaſme anodyn & ſuppuratif, pou J° LV/7g charbăniere influxion. De la ſca- bieuſe. De l'œufen- tier. Racine de raifort. mortel:ce qui ſuruint au Gouuerneur des Dames de l'Hoſtel-Dieu de Paris, lors que i'eſtois audit lieu pen- ſant les malades. Or iceluy eſtoit vn Moyne ieune, haut, droit,fort & puiſſants de l'Ordre de ſainct Victor,au- quel ſuruint vne fiévre continué, & auoit la langue aride, ſeiche & raboteuſe, de couleur noire , à cauſe de l'extréme chaleur de la fiévre & de la vapeur putride,qui montoit des parties interieures à la bouche(car ſelon le dire du vulgaire, quand vn four eſt bien chaud , la gueule s'en reſſent) & tiroit la langue hors la bouche comme vn chien qui a longuement couru , & auoit vne extréme alteration , deſirant perpetuellement boire auec grande defaillance de cœur,& appetit continuel de vomir, & mourut au troiſieſme iour en conuulſion vniuerſelle de tous ſes membres Les Danes voyans le pauure de Moyne depeſché en fi brieftemps,& conſide- rans les accidens qui furent ſi cruels,affirmoient qu'il auoit eſté empoiſonné:dont Meſſieurs les Gouuerneurs dudit Hoſtel-Dieu,ayans eſté aduertis,commanderent que le corps du Moyne fuſt ouuert,pour en ſçauoir la verité. Et pour ce faire furent appellez vn Medecin,& vn Chirurgien auec moy,& l'ayant ouuert,nous trou- uaſmes au fond de ſon eſtomach vn veſtige ſemblable à celuy que laiſſe vn cautere potentiel auec vn eſcarre ou crouſte de largeur d'vne ongle, & le reſte de l'eſtomach fort retiré & bien dur. Alors tous d'vn conſente- ment promptement concluſmes, qu'il auoit eſté empoiſonné du ſublimé ou arſenic, veu l'eſcarre laquelle penetroit bien profondement. Et ainſi que ie recouſois le corps d'iceluy, i'apperceus pluſieurs petites taches noires,ſemées ſur ſon corps: & lors ie rappellay la compagnie pour contempler leſdites taches , leur diſant & affirmant que c'eſtoit du pourpre : mais le Medecin & Chirurgien me dirent que c'eſtoient morſures de pulces , ou punaiſes : ce que ne voulus aucunement accorder , parce qu'il y en auoit en grande quantité. Et B pour verifier mon dire, ie prins vne eſpingle , la pouſſant aſſez profondement dans le cuir en pulſieurs en- droits, & leuay en haut, puis le coupay auec ciſeaux, & fut trouuée la chair de deſſous bien fort noire. Pa- reillement nous conſideraſmes la couleur liuide du nez, des oreilles,& des ongles, meſmes de tout le corps, plus noire qu'elle n'a couſtume d'eſtre aux morts d'autres maladies,& principalement le viſage changé, tel- lement qu'il eſtoit quaſi impoſſible de le pouuoir recognoiſtre. Adonc changerent d'opinion, & feiſmes rap- port que le Moyne eſtoit mort d'vn charbon peſtiferé, & non d'autre poiſon. . " De la cure du peſtiferé CH A P, XXXVII. O v s auons dit par cy-deuant qu'au charbon y auoit grande inflammation & extreme dou- ,) leur, qui entretient & augmente la fiévre, & autres griefs accidens, leſquels affoibliſſent & # abbatent les vertus, ce que ſouuentesfois eſt cauſe de la mort des pauures malades : & cela prouient de la putrefaction & corruption qui ſe fait de la ſubſtance du ſang corrompu, & de la venenoſité d'iceluy. Parquoy il faut que le Chirurgien ait eſgard à contrarier à la cauſe d'icelle douleur , & n'applique deſſus le charbon remedes forts chauds & attractifs,ny fort emplaſtiques & viſqueux,cóme nous auons dit du bubon,parce qu'ils empeſchent quelque exhalation du ve- nin, eſchauffent & opilent trop, dont les tumeurs ſont rendues plus rebelles à ſuppuration. Et partant il vſera de relaxatiſs, qui ouurent les pores & contrarient à la vehemente chaleur du venin , & ſuppurent : ce qui ſe C fait rarement, à cauſe que la partie charbonniere eſtant roſtie de chaleur eſtrange , jette vn morceau de chair nommé eſcarre , & apres eſtre cheute, demeure en vlcere caue , ſordide, & de difficile curation. Donc pour le commencement on fomentera le lieu d'eau chaude & d'huyle, en laquelle on mettra vn peu de theria- que,y laiſſant deſſus eſtoupes ou laine # , ou du cotton : ou en lieu de telle choſes , on vſera d'vne deco- ction faicte de guimauues, oignons de lys, ſemence de lin, figues graſſes, huyle d'hypericon,afin de rarefier le cuir, & attirer la matiere au dehors : puis le lendemain on y appliquera ce cataplaſme. - 2/. foliorum acetoſa & hyoſcyami an. m.ij. coquantur ſub cineribus calidis, poſtea piſtentur cum vitellis ouorum numero iiij. theriacæ 3.ij. oleililiorum 3. iij. farinae hordei quantum ſufficit : fiat cataplaſma ad for- mam pultis ſatis liquidz. Tel cataplaſme ſede la douleur, reprime l'inflammation & ſuppure , & ce faiſant fortifie les forces du malade. Autre. 24 radicum althzx & liliorum an.3.iiij. ſeminis lini 3. ß. coquantur completè, & colentur per ſetaceum, addendo butyri recentis 3.j. 6. mithridatij3.j. farinx hordei quantum ſufficit : fiat cataplaſma vt decet. Les cataplaſmes ſuiuans ſont propres pour attirer la matiere veneneuſe, & ayder nature à faire ſuppuration, lors que la fluxion n'eſt grande. 2. radicis liliorum alborum , caepa- rum, fermenti an. 3. É. ſeminis ſinapi, fimi columbini, ſaponis mollis an.3.j. limaces vj. cum teſtis , ſacchari optimi, theriacx & mithridatij. an. 5. ſº. piſtentur omnia, & incorporentur ſimul cum vitellis ouorum , & fiat cataplaſma, lequel ſera appliqué vn peu chaud ſur le charbon. Et te puis aſſeurer que d'iceluy veras vn effect merueilleux pour ſuppurer & attirer la matiere virulente du dedans au dehors. Autres. 2. vitellos ouorum numero vj ſalis cômunis pulueriſati 3.j. olei liliorum & theriacx an, 5 ß. farina hordei quantum ſufficit, fiat cataplaſma. Et en lieu d'iceux, on vſera du medicament ſuiuant. %. diachylonis parui 3.iv. vn- guenti baſiliconis 3.ij. olei violarum #. f. fiat medicamentum. Pluſieurs Autheurs ont loué à grand mer- ueille la ſcabieuſe broyée entre deux pierres, & mixtiônée auec vieil oing, jaulnes d'oeuf, & vn peu de ſel pour faire ſuppurer le chaibon.Auſſi l'œufentier meſlé auecques huyle violat & farine de fourment,appaiſe la douleur & ſuppure. Dauantage la racine de raifort coupée en petites pieces,& appliquée ſur les charbons & apoſtemes peſtiferées, & renouuelée ſouuent,attire grandemét le venin.Et pour eſt inde la grande infiam- mation,on pourra pareillemét appliquer ſur les boſſes & charbós,cataplaſmes faicts d'eſcargots ou limaçons auec leur coquille ſubtilemët pilez & broyez,y adjouſtant du theriaque ou mithridat , & renouuellé ſouuent, eAutre. Prenez vers de terre tant qu'il ſera beſoin,comme vne bonne poignée, & les y appliquez deſſus , eſtant mis dedans vn petit linge bien delié, fait en maniere de ſachet. eAutre, Prenez grenoüilles hachées & pilées, & les appliquez deſſus. eAutre. Prenez eſcreuices broyées & pilées ſubtilement auec leur coquille. / - Autrt. - "- | De la Peſte. 56 I : i, - Autre. Prenez huiſtres auec leur cequille & leur eau, & les pilez & appliquez deſſus. Tels animaux ainſi ap° pliquez ſedent la douleur , & eſteignent la grande ferueur & inflammation, & attirent à nerueille le venin peſtiferé. Si on abhorre ceſdits animaux, en lieu d'iceux on vſera ſur toute la partie charbonniere enflam- mée & embrasée, de remedes froids & humides, comme fueilles d'ozeille, juſquiame, mandragore, ciguë, morelle, plantain , & autres ſemblables, de chacun vne poignée : & ſeront appliquez auec leur jus, & re- nouuellez ſouuent, & continuez ſeulement tant que la grande douleur, ferueur & ebullition de l'inflam- mation ſera eſteinte. Que ſi quelqu'vn dit que tels remedes extremement froids pourroient repercuter le oiiettios. venin du dehors au dedans, & ſuffoquer la chaleur naturelle de la partie par leur extreme froideur : à cela Reſponſ. il eſt aisé de reſpondre, que l'intention pourquoy on les applique, eſt pour ſeder la douleur & eſteindre - l'impetuoſité & ferueur de la grande inflammation, qui fait augmentation de la fiévre, auſſi pour euiter la gangrene & mortification de la partie, comme nous auons dit. Auſſi le jus de l'herbe nommée Tuſſilago,ou Iu de Tuſſi- Paſd'aſne , eſteint pareillement l'inflammation des charbons : comme auſſi fait l'herbe nommêe Morſus lage - diaboli , piſtée & appliquée deſſus. I'ay ſouuent vsé du remede ſuiuant pour rebouſcher & abbattre la #º dia- grande ferueur & douleur, & ayder nature à faire ſuppuration. Prenez quatre onces de ſuye, qui eſt adhe- f• rante contre les parois de la cheminée, deux onces de gros ſel,& les pulueriſez ſubtilement,y adiouſtant des moyeufs d'œufs, tant que le tout ſoit en forme de boüillie, & ce ſoit appliqué vn peu tiede ſur le charbon. Cauteri{a- Dauantage ne faut obmettre à l'augmentation du charbon de cauteriſer la poincte, ſi elle apparoiſt noire, tiºn de la auec huyle feruente ou eau forte : car par ladite cauteriſation on abbat & foudroye le venin, & appaiſe- Pº dº on la grande douleur, & autres accidens : & te puis aſſeurer que ie l'ay fait plufieurs fois auec bonne & sharbon. heureuſe iſſue, & puis bien aſſeurer qu'elle ne fait grande douleur , à cauſe qu'on ne touche que la poin- cte du charbon, qui eſt le commencement d'eſcarre quaſi inſenſible. Et apres l'auoir cauterisée on con-- tinuera les remedes ſuſdicts iuſques à ce que l'on verra que l'eſcarre ſe ſeparera d'autour , comme vn cer- cle, qui eſt lors vn bon preſage ſignifiant que nature eſt forte, & qu'elle domine ſur le venin. Et apres que l'eſcarre ſera du tout hors, on vſera de remedes deterſifs, doux & benings, comme ceux qu'auons deſcrits cy-deſſus au chapitre de l'apoſteme peſtiferé,les diuerfifiant ſelon la nature de l'vlcere & de la partie & tem- perature des malades : car aux delicats, comme femmes, enfans, & ceux qui ont le cuir mollet & fort rare, faut vſer de remedes plus doux & moins forts, qu'à ceux qui ſont robuſtes, leſquels ont la chair & le cuir - plus dur, & les pores plus ſerrez. Auſſi cependant qu'il y aura dureté & tumeur en la partie charbonniere, Iuſques à on doit touſiours continuer les medicamens ſuppuratifs, remollirifs & deterſifs , afin de touſiours ayder na- quand on ture à jetter l'humeur ſuperflu entierement dehors,à cauſe qu'il y a double indication,c'eſt à ſçauoir d'amollir doit vſer de & ſuppurer l'humeur ſuperfiu qui eſt autour de la partie, & finalement mondifier & tarir celuy de l'vlcere. ſuppuratif . Duprurit & demangeaiſon qui vient autour de l'vlcere, & de la maniere de - produire la cicatrice. - C H A P 1 T R E XXXVIII.' · s E s parties d'entour de l'vlcere le plus ſouuent s'eſcorchent ſuperficiellement par le moyen cauſe du (de petites Puſtulles vlcereuſes ſituées ſans ordre, auec punction, ardeur,& prurit aigu & poi- prurit. gnant. Or la cauſe peut venir du dedans, & auſſi du dehors : du dedans par vne ſanie aiguë à 8 mordicante reſudante de l'vlcere, qui arrouſe les parties voiſines, prouenant du virus ve- neneux , qui eſt communément en l'humeur cholerique, ou phlegume ſalé : de la cauſe exte- , , rieure : par opilation des remedes deſquels on a longuement vsé, qui ferment & bouſchent ºº les pores , & eſchauffent la partie. Et pour la cure d'iceluy, on doit fomenter la partie de choſes diſcu- tientes & remollitiues,& par ablutió d'eau bleuë(qui eſt eau forte eſteinte,& ayant ja ſeruy aux orfevres ) - ou alumineuſes ou eau de chaux, ou ſaulmure, & ſemblables choſes., Or veritablement les vlceres faits par les charbons ſont fort difficiles à eſire conſolidez, par ce que la ſanie eſt aiguë & corroſiue, tantoſt craſſe, tantoſt ſubtile, joinct que la figure de l'vlcere eſt quaſi toufiours ronde. La cauſe d'ielle ſanie eſt le ſang aliené & changé du tout de ſa nature, par l'exceſſiue chaleur & corruption : & auſſi à cauſe que la partie a receu vne bien grande intemperiture par le vice de l'humeur. Quant à ce que la figure ronde de l'vlcere c # eſt difficile à conſolider, cela ſe fait à cauſe que la ſanie ne ſe peut bien euacuer, laquelle par ſa trop longue de # # demeure acquiert vne chaleur & nitroſité ou acrimonie, qui par l'attouchement des parois de l'vlcere aug" conſolidatiä. mente la cauité, à cauſe qu'elle ronge la chair d'autour, & puis l'entour ſe borde & deuient calleux & dur, dont apres ne peut eſtre conſolidée que premierement on ne l'ait oſtée : cat les poroſitez de la chair ainſi calleuſe & dure , ſont ſerrées & eſtreintes, & ne permettent que le ſang puiſſe penetrer pour faire genera- tion de chair. Semblablement les bords eſleuez par excroiſſance de chair repugnent à la conſolidation, comme eſtant choſe ſuperfluë: parquoy les faut couper & conſumer, ſoit par fer, ou par medicamens. Et - apres auoir rendu l vlcere applany & ſans tumeur, & remply de chair, on vſera de medicamens cicatriſatifs, - leſquels ont puiſſance de condenſer & endurcir la chair, & produire peau ſemblable au cuir : deſquelles en y a de deux manieres: l'vne de ceux qui n'ont aucune eroſion, mais ont grande vertu aſtringente & deſicca- tiue, comme ſont efcorces de grenades,eſcorce de cheſne,tuthie,litharge, os bruſlez, ſquamme d'airain, noix de galle noix de cypres,minium,pompholyx lauée,antimoine,bole armene, coquille d'huiſtres bruſlées & la- uée,& la chaux lauée par neuf fois & pluſieurs metaux. Les autres ſont preſque ſemblables à ceux qui ron- gent & conſument la chair : mais il faut qu'il ſoient appliquez en bien petite quantité, comme ſont vitriol laué, alum cuit, & autres ſemblables. Or l'alum cuit ſur tous les cicatriſatifs eſt fingulier pour ſa vertu de- # # ſiccatiue & aſtringente,rendant la chair ferme & dure,laquelle eſt molle & ſpógieuſe,& arrouſée d§-# # té ſuperfluë,& partant il ayde à faire le cuir ſolide & dur. Toutesfois les remedes ſeront diuerſifié ſelon les catriſatifs temperamens : car aux enfans & femmes, & generalement à ceux qui ont la chair molle & delicate, on en - vſera de moins forts qu'aux temperatures robuſtes & ſeiches,de peur qu'au lieu de faire le cuir,on en corro- daſt la chair.Et apres auoir fait la cicatrice, pourueu qu'elle demeure en telle maladie touſiours laide & hi- deuſe à voir , à cauſe de la grande aduſtion qui a bruſlé la partie,comme ſi le feu d'vn charbon ardent y auoit paſſé : Ie ne puis encor paſſer, que ie ne deſcriue quelque moyen pour l'embellir, car le plus ſouuent elle de- meure rouge, liuide, ou noire, eſleuée & raboteuſe : ce qu'on fera principalement en la partie, où le malade defire ladite cicatrice eſtre moins apparente. - Exemple. 562 Le Vingt-deuxiéme Liure, | Exemple pour vnir le cuir qui demeure inegal. : -, Prenez vne lame de plomb frottée de vif-argent , & la liez deſſus la partie eſtroittement. Et pour ren- dre le cuir blanc, il faut prendre de la chaux viue lauée par neuf fois, afin qu'elle ait perdu ſon acrimonie, Huyle de puis ſera incorporée auec huyle roſat, & ſoit fait onguent. Autre. Prenez deux liures de tartare, c'eſt à dire, 1471AE74?, lye de bon vin,qui adhere contre les tonneaux , & ſoit bruſlée & miſe en poudre , puis on la mettra dans vn couure-chef de toile mediocrement deliée, laquelle ſera pendue en vne caue humide, & on mettra vn vaiſ- ſeau deſſous pour receuoir la liqueur,laquelle diſtillera goutte à goutte,& d'icelle la cicatrice en ſoit frottée sueur d'œuf aſſez longtemps. Semblablement la ſueur des œufs appliquée ſouuent deſſus la cicatrice , oſte grandement frais, la rougeur qui demeure en icelle. L'onguent citrin recentement fait a pareille vertu , comme auſſi l'empla- • Onguent ci- ſtre de § , lequel fera pareillement fait de nouueau. Outre-plus , les trois compoſitions ſuiuantes ſont # bien approuuées 2Z. axungix ſuillx nouies lotx in aceto acerrimo 3. iv. cinabrij, ſucci citrij, & aluminis vſti # an.3. ß. ſulphuris viui ignem non experti 3.ij. caphura 9. ij. pulueriſentur , deinde incorporentur omnia ſi- rf//º. Linimët ex- mul, & fiat vnguentum. Il ſubtilie le cuir,& efface grandement les taches. Autre. 24. olei hyoſcyami & olei cellent pour leminis cucurbitz an.3.j.olei tartari 3.6.cerx albx 3 iijliquefiant iſta ſimul lento igne,deinde adde ſpermatis | blanchir le ceti 5. vj. remoueantur prædicta ab igne, donec infrigidentur , poſtea addes trochiſcorum alborum Rhaſis cuir. pulueriſatorum 3.iij. caphur.3.j. tandem cum mali citrij ſucco omnia diligenter miſce : & fiat linimentum. Autre.2/.. radicis ſerpentariæ 3.j. bulliat in aqua communis fb.j. ad dimidias , deinde adde ſulphuris viui ignem non experti , & aluminis crudi pulueriſati an.3.j. poſtea colentur prædicta & addatur caphurx 3.j. B ſucci hyoſcyami 3.j. 6. On gardera cela en vn vaiſſeau de plomb ou de verre : & quand on en voudra vſer, faut tremper des pieces de linge les appliquant ſur la partie. On peut vſer deſdits medicamens pour oſter la rougeur & principalement du viſage, les appliquant deſſus au ſoir, & les y laiſſant toute la nuict, puis au matin on ſe lauera d'eau de ſon vn peu tiede. - De pluſieurs euacuations qui ſe font, outre les precedentes, & premierement de la ſueur. C H A P 1 T R E XXXIX # Y A N T parlé des euacuations qui ſe font par l'apoſteme peſtiferé,par les charbons & autres # eruptions du cuir , il nous reſte de preſent à parler de celles qui ſe font par ſueur, vomiſſe- , mens, fiux de ſang par le nez, ou hemorrhoides, & par les mois aux femmes, auſſi par le flux de ventre & autres, afin que par telles euacuati6s on ayde encores nature à expeller le venin Faut conſi- >% # du dedans au dehors,& principalemêt que celuy qui n'eſt encores paruenu iuſques au cœur, derer le che- * S n'y puiſſe aller aucunement. Et en telles euacuations le Chirurgien aura eſgard où nature eſt min où send couſtumiere à faire ſa deſcharge, & auſſi où elle tend à faire ſa criſe : toutesfois icelles euacuations ne ſont f24/4/'é, pas toufiours critiques, mais ſymptomatiques, ou accidentaires, comme nature n'ayant touſiours puiſſance de faire bonne concoction comme elle deſireroit , à cauſe de la malignité de la matiere, qui eſt alterée Mºyen d * corrompuë, & du tout contraire aux principes dont nous ſommes compoſez. Et pour commencer à la prouoquer la ſueur, ſi nature tend à ſe deſcharger par icelle,elle ſera prouoque en faiſant coucher le malade en vn lict bien ſueur. chaud & bien couuert : & luy mettant cailloux chauds, bouteilles ou veſſies de porc ou de bœuf r'emplies d'eau chaude, ou eſponges trempées en quelque decoction chaude, & puis eſpreintes, & faiſant ce qu'auons dit cy-deuant pour prouoquer la ſueur. Les Anciens nous ont laiſsé par eſcrit,que toutes ſueurs ſont bonnes " aux maladies aiguës, pourueu qu'elles ſoient faites aux iours critiques, & ſoient vniuerſelles & chaudes, & parauant fignifiees en iour demonſtratif : mais en telle maladie de peſte ne faut attendre la criſe, comme nous auons dit,mais ayder nature à chaſſer ſubitement le venin hors par tous moyens où on verra que nature s'en- clinera le plus. Le malade donc ſuera vne heure ou deux,plus ou moins, ſelon qu'on verra eſtre neceſſaire. Du vomiſſement. C H A P. XL. Mcyent de # V ssi le vomiſſement purge les humeurs, ce que les medecines fortes ne peuuent bien faire,& prouoquer le #\ par le moyen de cette euacuation l'humeur veneneux eſt jetté le plus ſouuent hors. Parquoy ſi "U01/31/'. #-\i4 §u e§ § deſcharger par iceluy, on luy aydera en donnant à boire au malade demi liure \ d'eau tiede, quatre onces d'huyle d'oliue, vne once de vinaigre,& vn peu du jus de raifort, puis toſt apres luy faiſant mettre en la gorge vne plume d'oye imbué en huyle, ou vne petite bran- che de roſmarin, ou mettra les doigts au profond de la gorge, pour ſe prouoquer à vomir. Autre vomitoire. Prenez eau de ſemence de lin , laquelle ſoit mucilagineuſe , & en faut boire vn verre d'icelle eſtant vn peu D Autre vo- 2# tiede. Autre. Prenez de la decoction de raifort ou de ſa ſemence , & ſemence d'arroche, de chacun trois 6'. dragmes, demie once d'oxymel, & autant de ſyrop aceteux, & en faut donner à boire au malade en bonne quantité vn peu tiede Autre. Prenez ſix onces d'oximel de Galien, & deux onces d'huyle commune, & ſoit donné tiede. Or ſi nature n'eſt facile à ſe deſcharger par le vomiſſement, ne la faut contraindre : car eſtant fait par vehemence, il cauſe diſtenſion aux fibres nerueuſes de l'eſtomach,& abbat les vertus,& quelquefois - rompt quelque vaiſſeau aux poulmons,dont s'enſuit flux de ſang,qui abbrege la vie du malade. Parquoy en #. tel cas ne faut prouoquer le vomir, mais pluſtoſt l'eſtomach ſera corroboré par dehors de ſachets faicts de mét eſt dan- roſes,abſynthe, ſantaulx (ce que deſcrirons plus amplement cy-apres)& par dedans de jus de coings,ouber- gereux. beris, & bons boüillons,& autres choſes qui corroborent l'eſtomach. | Du cracher & bauer C H A P. XL I. Pour proue- # A R cracher & bauer ſe faict auſſi grande euacuation : ce qu'on void par experience à plu- quer le cra- # # # ſieurs qui ont eu apoſtemes aux coſtez , nommée Pleureſie , alors que la ſuppuration eſt fai- cher & ba- # # te, la ſanie eſt jettée par la ſubſtance rare & ſpongieuſe des poulmons, & de là conduite par la ſ56'/, ' ' " " trachée-artere en la bouche. Et quant au bauer, il eſt bien manifeſte que les pauures verolez ſe Purgent par iceluy, comme auſſi par le cracher. Or on pourra prouoquer le cracher & bauer auec maſtica- - toires De la Peſte. 563 ::: h A toires faits de tacines d'iris, & de pyrethre, maſtic, & autres ſemblables : auſſi en tenant dedans la bouche - & gargariſant, mucilage de ſemence de lin. - De l'esternuer & moucher. C H A P. X L I I. - - v s s 1 par eſternuer & moucher, Nature euacué ſouuent ce qui luy eſt ſuperflu ou nuiſible, %\ $ quand le cerueau de ſon propre naturel, ou par artifice ſe deſcharge par le nez, ce qu'on void $# *, º manifeſtement en ceux qui ont le cerueau fort humide, comme petits enfans, & vieilles gens, # leſquels ſe purgent fort par cét endroit. La cauie d'iceux eſt interieure ou exterieure : interieu-Sternutatoi- ' re, comme vne matiere pituiteuſe ou vapoureuſe qui moleſte le cerueau, pluſtoſt toutesfois à '* l'eſternuer qu'au moucher : exterieure comme lors que le Soleil donne droit dedans le nez, où alors qu'on y met vne plume, ou autre choſe ſemblable, ou quelque poudre mordicatiue, comme hellebore, euphorbe, poiure, mouſtarde, ou autre ſemblable ſternutatoire : Cºf alors par le benefice de la faculté naturelle expul- trice, le cerueau s'aſtreint & ſerre pour jetter ce qui luy nuit : & cela procede principalement de la partie anterieure d'iceluy. Or ladite ſternutation ſe fait auec ſon bruit, à raiſon que les matieres paſſent par lieux anguſtes & eſtroits qui ſont les colatoires ou les os cribleux , qui ſont au nez. Et ne ſe doit procurer en grande repletion : ſi les choſes vniuerſelles n'ont procede, de peur de faire trop grande attraction au cer- ueau, qui pourroit cauſer apoplexie, vertigine, & autres mauuais accidens. De l'eruétation ou roučtement, & du ſanglot. C H A P. X L II I. A v A N r A G E il ſe fait quelque vacuation par l'eructation,ou rouétement,& par le ſanglot. Erudatio». # Quant à l'eructation elle prou1ent des ventofitez contenues en l'eſtomach, jettées par la fa- · cuité expultrice d'iceluy, leſquelles ſont procrees par indigeſtion, c'eſt a dire, faute de con- # coction, comme pour auoir pris trop de viandes ou breuuages, ou pour auoir vse de cho- # ſes vaporeuſes , comme pois , fèves , chaſtaigues , nauets raues , paſtenades, carrotes , vin , nouueau, & leurs ſemblables : ou par faute de dormir , & generalement par toutes choſes qui corrompent ou empeſchent la vertu concoctrice , ſelon la diuerfite deſquelles l'odeur de l'eructation ſe- - ra diuerſe,à ſçauoir douce ou fetide,amere acide,poignante,ou d autre qualité. Si le rouctement eſt doux, & Prognºſtis- ſe fait ſeulement deux ou trois fois,cela eſt bon : au contraire, s'il eſt Puant & reitere par pluſieurs fois,cela eſt mauuais ; car c'eſt ſigne que la vertu digeſtiuº eſt corrompuë. Et pour y fubuenir,s'il vient en trop grande abondance, il faut faire vomir le malade : que ſi c'eſt par intemperature de l'eſtomach, il ſerà corrigé par le conſeil d'vn docte Medecin. Quant au ſanglot ou hocquet , c'eſt vne contraction & extenfion des fibres ner-Sº"glºt ºn ueuſes de l'eſtomach, qui ſe fait pour expeller & jetter hors certaines vapeurs qui luy nuiſent. Les cauſes hocquet. d'iceluy ſont inanition ou repletion ou certaines vapeurs Prouºnantes de quelque putrefaction qui eſt en la capacité de l'eſtomach , ou comme le plus ſouuent attache obſtinément aux tuniques, ou portées en iceluy de quelques boſſes , charbons, ou autres apoſtemes & vlceres putrides, qui ſont és autres parties, ou pour auoir mzngé choſes fort aigres & aigues, comme vinaigre, fortes eſpiceries, & autres ſemblables , qui mor- dent & piquent l'eſtomach. S'il vient apres vne grande vacuation , ſoit naturelle, ou artificielle , ou ſuruient Pregnoſtic en la playe, ſpecialement ſi elle eſt en la teſte, dont la ſanie tombant en l'eſtomach, procrée ledit ſanglot, & du ſanglot. qu'il continué,c'eſt choſe perilleuſe. Auſſi s'il vient apres le vomir, c'eſt mauuais ſigne : que fi apres iceiuy le ſpaſme ſuruient,cela eſt mortel. Or pour y remedier, il faut confiderer la cauſe : car s'il vient par repletion, on y remediera par euacuation : au contra#e , ſi par vacuation ou inatition, on y procedera par repletion : #" s'il prouient par vapeurs eſleuées de putrefaction, il faut donner du tºeriaque : & autres choſes alexiteres le ſanglot. qui contrarient à la pourriture, qu'auºns declarées cv-deuant : & fi c'eſt de choſes aigres & aiguës,il faudra vſer de remedes qui contrarient à icelles , & ainſi des autres. - De l'vrine. C H A P. XL IV. # , v r R E euacuation ſe fait par l'vrine, & grandes maladies ſe terminent par icelle, ccmme , ^v #N# voyons quelquesfois aduenir aux verolez , auſquels l'onction vif-argentée, n'ayant pû procu- ,! # rer aucun flux de bouche, furuient flux d'vrine, & guariſſent : comme auſſi ſouuent aduient en ' /$#º\$ aucunes fiévres, & pluſieurs autres maladies. Or l'vrine ſera prouoquée par les remedes diu- $#l#2t retiques eſcrits en mon Liure des Pierres : toutesfois il ſe faut bien donner garde d'en vſer de trop forts s'il y auoit inflammation à la veſſie , à cauſe que l'on feroit fiuer d'auantage les humeurs, cho- - ſe qui la pourroit gangrener, & accelerer la mort du pauure malade. Donc en ce cas ſi ſera plus expedient de diuertir par ſueurs ou autre maniere. v- - Du flux menſtruel. C H A P. XL V. A R E 1 L L E M E N r ſi on void aux femmes que Nature ſe vueille deſcharger par le flux # menſtruel, on leur aydera par remedes qui le prouoquent, tant pris par dedans , qu'appli- #. liu. quez par dehors. Ce que l'on doit prendre par la bouche, ſont eſcorce de cane de caſſe ra- §, . //2f6- # tiſſée , eſcorce de racine de meurier, ſafran , agaric , noix muguette , ſauinier , racine de D. Diſcori- # boüillonblanc, paſtel diagrede, & pluſieurs autres. Et s'il eſt queſtion d'vſer de Plus forts, de liure 3• r2ſEission prendra racine de thitymal , antimoine, & cantharides ( toutesfois en petite quantité ) Nath syl- leſquels prouoquent grandement tel flux.Auſſi on fera frictions & ligatures aux cuiſſes & jambes , appli- uius liure cation de ventouſe ſur le plat des cuiſſes , apertion de la veine Saphene , ſangſuës appliquée à l'orifice du col dº mºi . de la matrice, peſſaires, nouets, clyſteres, bains, fomentations faites de choſes odoriferantes, qui eſchauf-º ?º fent,ſubtilient,& inciſent la groſſeur des humeurs, & ouurent les orifices des veines qui ſont eſtoupées , par # ºJſ- obſtruction, comme ſont racines de bouillon blanc, guimauue, iris, perſil,fenoil,bruſcus,fueilles & fleurs de che mille pertuis,aſperges,roquette,baſilic,meliſſe,cerfueil,armoiſe,mente,pouliot,ſarriette,roſinarin,rue, thym, hyſſope,ſauge,bayes de laurier & de genévre,gingembre,clous de girofle,poivre, muguette,& autres ſembla- bles, qu'on fera boüillir, & en receuoir la vapeur au col de la matrice, par vn entonnoir dedans vne chaire - Percçe » 564 Le Vingt-deuxieme Liure, '- - . percée , ou faudra ſaire bains vniuerſels : on en pourra faire des particuliers, auſquels la femme ſe mettra A #ſſºrº - ſeulement les jambes iuſques au deſſus du genoüil, & s'y tiendra le plus longuement qu'il luy ſera poſſible. 4ºre pºſ- Ou bien vſera de peſſaires,comme ceux qui s'enſuiuent.2E*Theriacæ & mithridatijan.5.6.caſtorei,& gum- ſaire. mi ammoniaci an.3.j. miſce cum bombace in ſucco mercurialis tincta, & fiat peſſarium. | | Autre. 2Z. Radices petroſelini & fœniculi ſub cineribus coctas, deinde contuſas cum pul. ſtaphyſ. pire- Autrepeſſai- thri , croco & oleo lilior. & de ce ſoit fait vn peſſaire en forme de ſuppoſitoires ou noüets, qui ſeront en- re plu, fºrt uelloppez en linge tiſſu , en maniere d'vn ſac de longueur de quatre ou cinq doigts , ou plus. , Autre 2. que les pre Pul. myrrhæ & aloès an.3.j.fol. ſabinx, nigellar, artemiſ. an.3.ij. rad.helleb. nigri 5.j. croci9.j. cum ſucco cedens. mercur.& melle comm.fiat peſſarium cum bombace. Autre plus fort.24.Succi rutx & abſinth. an.3.ij.myr- rhæ, euphorb. caſtorei, ſabinx,diagridij,terebinth.galbani,theriac.an.3.j.fiat peſſarium ſecundùm artem. Ces peſſaires ſeront liez & attachez auec du fil, lequel pendra aſſez long, afin de le retirer du col de la matrice quand on voudra. - Remede de .. Auſſi le Chirurgien doit confiderer que ſi le flux eſt trop exceſſif, le faut eſtancher , qui ſe fera en plu- fºx me»- ſieurs manieres : premierement par alimens qui eſpeſſiſſent le ſang, auſſi par la ſaignée faite aubras, par ap- º.ººº plication des ventouſes ſous les mammelles par frictions & ligatures faites au bfas, appoſition de peſſaires, exceſſif emplaſtres, & autres medicamens froids & aſtringens poſez ſur la region des lumbes.Et faut que la femme ſoit ſituée en lieu propre, non couchée ſur la plume, de peur que par icelle le ſang ne fuſt eſchauffé d'auanta- ge, Et ſera bon auſſi vſer de cette iniection pour arreſter tel flux, 2É, Aqux plantag & fabr.an.fb.j.nnc. cup. gallar. non matur.an.5.ij.berb.ſumach.balauſt.vitrioli Rom.alumi. rocha an.3.ij.bul.omnia ſimul, & fiat de- , Pºurquºy coctio : de laquelle en ſera faicte iniection en la matrice. Et faut que le Chirurgien ſe gouuerne ſagement, B *4ºtheur a tant à la prouocation que reſtriction, de peur qu'il n'y commette erreur : parquoy en ce cas doit prendre le # º conſeil d'vn docte Medecin , s'il luy eſt poſſible; ie dy s'il luy eſt poſſible , parce qu'il s'en trouue peu qui †" vueillent viſiter les pauures peſtiferez : choſe qui m'a incité d'amplifier cét eſcrit, pour inſtruire les ieunes f10/75, - - - - 10775 Chirurgiens à mieux penſer ceux qui ſeront malades de peſte. Des Hemorrhoides. C H A P. XL V I. Pour preuo- $? - §)2I on connoit que Nature ſe voulut deſcharger par les Hemorrhoides, elles pourront eſtre quer les he $ $ prouoquées par frictions & ligatures aſſez fortes faites aux cuiſſes & aux jambes, appli- morroides. $ cation de grandes ventouſes , auec grande flambe ſur le plat du dedans des cuiſſes : auſſi & on mettra des choſes chaudes & attractiues ſur le ſiege, comme fomentations, & oignons cuits ſous les cendres , pilez auec vn peu de theriaque. Dauantage on frottera les veines *hemorroidales de linges rudes, ou auec fueilles de figuier: ou oignon crud, ou fiel de bœu5 incorporé auec vn peu de poudre de colocynthe. Pareillement y ſeront appliquées ſangſuës preparées, & bien choiſies, & pour le dernier la lancette, ſi les veines font aſſez ſorties hors du ſiege, & enfiées & plei- nes de ſang : toutesfois ſi le flux n'eſt reiglé, mais exceſſif, il ſera eſtanché par les remedes qu'auons decla- rez pour arreſter le flux menſtruel. - C Pour prouoquer le flux de ventre. C H A P. X L V I L. ), L ſe fait ſemblablement vacuation de l'humeur peſtilent par le flux de ventre, à ſçauoir l # quand Nature de ſon propre mouuement, ou par l'ayde des medicamens laxatifs, purge # & jette hors les excremens & humeurs contenus au ventre , & en toute l'habitude du # corps , à ſçauoir par flux diarrheique , lientherique & dyſenterique. Et pour bien diſ- $ cerner vn flux d'auec l'autre , il faut voir les ſelles du malades : & s'il iette humeurs )) liquides , ſinceres, c'eft à dire d'vne ſorte, ou eſpece, comme de pituite ſeule, cholere - #é) 24 ou melancholique, & en grande quantité ſans vlceration aucune des inteſtins & douleur grande, tel flux eſt appellé diarrheique, c'eſt à dire, humoral. Flux lientherique eſt lors que les inteſtins ne retiennent point deuëment les viandes, mais deuant qu'el- les ſoient bien cuites en l'eſtomach,elles decoulent creuës, & telles qu'elles ont eſté mangées. Tel flux vien- de la debilité de la vertu retentiue de l'eſtomach, pour vne trop grande abondance d'humeurs, ou de la de- bilité de la concoctrice d'iceluy pour vne trop grande frigidité. Flux dyſenterique, eſt lors qu'il y a vlcera- tion aux inteſtins , auec grandes douleurs & tranchées, qui ſe fait d'vne corruption d'humeurs , principale- ment d'vne cholere bruſlée,laquelle corrode la tunique des inteſtins , dont s'enſuit que le ſang ſort tout pur par le ſiege. Or en cette abominable maladie peſtilente ſuruient à aucuns grand & exceſſifflux de ventre par D lequel quelques-vns iettent vne matiere liquide, ſubtile, glutineuſe, & eſcumeuſe, reſſemblant quelquesfois à greſſe fondué, à cauſe de la chaleur putride,qui liquefie & corrompt les excremens, & empeſche la con- coction , dont les ſelles ſont quelquesfois veues de diuerſes couleurs, comme rouſſes, violettes, iaunaſtres, verdes , noires, cendrées , ou d'autre couleur, dont ſort vne feteur intolerable, comme auſſi de leur ſueur & haleine, qui prouient d'vne chaleur putredineuſe engendrée d'humeurs tenues choleriques , & acres par pourriture, dont eſt grandement irritée la vertu expulſiue à execretion. Et quelques fois auſſi s'y trouue Pourquoy les quantité de vers, qui demonſtrent pareillement grande pourriture des humeurs.Et quand l'humeur eſt ar- excremés des dant & bruſlant, il irrite Nature a letter non ſeulement les excremens & humeurs , mais auſſi le ſang tOUt p iij § Pur , dont la mort s enſuit Ce que i'ay veu aduenir au camp d'Amiens à pluſieurs ſoldats forts & puiſſans. fetides. Et veritablement ie fis diſſection de quelques-vns apres leur mort, pour connoiſtre d'où cette quantité de Hiſtoires. ſang ainſi pur pouuoit ſortir,& trouuay la bouche des veines & arteres Meſaraiques ouuertes & eſleuées,ou - tumefiées la part où elles aboutiſſent dâs les inteſtins en forme de petits cotyledons, deſquels lors que ie les signes pour comprimois, le ſang ſortoit tout Pur. Or quelquesfois ce vice n'eſt qu'aux gros inteſtins , quelquesfois ſeu- tonnoiſtre lement aux greſles, & aucunesfois aux gros & greſles : partant le Chirurgien prendra indication du lieu quels inte- où le malade dit ſentir contorſions & douleurs. Car ſi ce n'eſt qu'és greſles ou menus , la douleur ſera ſtins ſont af- vers l'eſtomach : au contraire, ſi c'eſt aux gros, la douleur ſera vers le petit ventre au deſſous du nom- fººtex bril. Donc ſi le mal eſt aux inteſtins greſles, on baillera remedes par la bouche : Au contraire ſi c'eſt aux gros , faut proceder par clyſteres : & ſi l'affection eſt en tous, faut y remedier par haut & par bas. Et pour ces cauſes, le Chirurgien rationel prendra indication de la diuerſité du flux de ventre , & des accidens qui ſe preſenteront : comme ſi on void que le malade ait tenelmes & grandes eſpraintes ( qui eſt vn ſigne que Nature ſe veut deſcharger Par le ventre) on luy aydera par medicamens pris par la bouche comme demie Differences # de flux de "l'ex71yé I. Diarrhée. 2. Ltenterie. # 3 Dyſenterie OIlCC - De la Peſte. 565 t,! A once de hiere ſimple auee deux onces d'eau d'abſinthe, en y adiouſtant vne dragme de diaphœnicum, ou autres ſemblables : auſſi à cetteintention les clyſteres apportent grand profit , pource qu'ils purgent les ſu- perfluttez des inteſtins , diſſipent les ventoſitez, appaiſent les douleurs, & en tirant les ordures contenues aux boyaux , par conſequent ils attirent auſſi par ſucceſſion des parties ſuperieures » & meſmement des vei- nes & diuertiſſent des parties nobles. Exemple d'vn clyſtere, pour irriter la vertu expultrice à ietter dehors les ſuperfluiiez. . Florum maluz , violariz, mercurialis an. m. j. ſeminis lini 3.f. fiat decoctio ad fb.j. in qua diſſolue clyſfert. confectionis hamech, diaprunis ſolutiui an. 3.f. theriaca 3. iij. olei violati & liliorum an.3.j. ſ. mellis violati 3. ij. fiat clyſter, lequel ſera reiteré, s'il eſt beſoin : toutesfois s'il y a vlcere aux boyaux , ou veines, ouuertures, ou lientherie, ou diarrhée, ce clyftere ſeroit mauuais,comme auſſi les ſuppoſitoires aigus. Autre. %. Decoctionis communis clyſteris fb.j. in colatura diſſolue catholici& caſſiz an. 3. fi. mellis anthoſati Astrº tºyº 3. j. ſacchari rubri 3.j. 6. oleiviolarum 3. iij. fiat clyſter. Autre plus fort.2Z. Decoctionis clyſteris commu- ſtere. nis fb.j. in colatura diſſolue hierx 3. ſº. catholici & diaphoenici an 5. ij. mellis anthoſati 3. j.f. olei anetini & chamemelinian.3.j. ß. fiat clyſter. Si le Chirurgien eſtoit en quelque lieu, où il ne peut trouuer vn Apo- thicaire , ny ſyringue, ny chauſſe à clyſtere, ou que le malade ne peuſt, ou ne vouluſt prendre clyſtere (com- me aucuns font ) alors il pourra faire ſuppoſitoires , ou noüets , forts ou debiles, ſelon, qu'il verra eſtre beſoin pour accomplir ſon intention. Aiitrr, Exemple d'vn ſuppoſitoire, pour irriter la vertu expulirice des boyaux. 2/. Mellis cocti 3.j. hierx picrx & ſalis communis an 3. ſ. & de ce ſoit fait vn ſuppofitoire On en peut auſſi faire de ſauon de longueur d'vn doigt, & de groſſeur moyenne : & auparauant qu'on les applique on les doit huyler ou engratſſer, à fin qu'ils entrent au ſiege plus aisément,& à moindre douleur. Exemple a'vnplufort ſuppoſitoire. 2Z. Mellis 3. iij. fellis bubuli 3.j. ſcammonijpulueriſati, euphorbij, colocyntidisan.3. É. & de ce ſoient Autre ſup- faits ſuppofitoires. Les noüets ont meſme vſage que les ſuppoſitoires, & ſeront pareillement faits forts,ou § debiles ſelon qu'il en ſera beſoin.Exemple. 2.Vitellos ouorum numero iij. fellis bubuli & mellis an.3.f. Desnouets, ſalis communis 5. É. Le tout ſoit battu & incorporé enſemble , & de ce ſoient faits noüets, mettant des choſes predites dedans vn linge, en quantité d'vne groſſe aueline, le faut lier & mettre dans le fondement. Si on veut qu'ils ſoient plus forts, on y adiouſtera vn peu de poudre d'euphorbe ou colocynthe. Pour nrreſter le flux de ventre. C H A P. XLV III. I on cognoit le flux de ventre eſtre trop grand, & la vertu affoiblie , & que tel mal vinſt de l'affection de tous les inteſtins, alors le faut arreſter : à quoy on procedera par remedes baillez tant par la bouche que par clyſteres, de peur que la vie du malade ne ſorte par le ſiege : parquoy on donnera à manger aux malades de la bouillie faite de farine de fourmentauecvne decoction Bciiillit, d'eau en laquelle on aûra fait boüillir vne grenade aigre , berberis, bol d'Armenie, terre ſel- lée, & ſemence de pauot , de chacun vne dragme. - Prenez amandes douces cuites en eau d'orge , en laquelle on aura fait eſteindre des carreaux d'acier ou Autre toiit. de fer ardant, puis pilez-les en vn mortier de marbre, & les faites en forme de laict d'amandes, & yad- lie. iouſtez vne dragme de poudre de diarrhodon abbatis, à fin que l'accrimonie de l'humeur cholerique ſoit adoucie, & l'eſtomach corroboré. Autre remede de merueilleux effect, lequel ie tiens de feu Monſieur Cha- pelin , premier Medecin du Roy , qui l'auoit comme grand ſecret de defunct ſon pere, & proteſte luy en auoir veu ordonner auec vntresbon ſuccez. 2Z. Boli Armen.terrz figill. lapis harmat.an. 3.j. picis naualis Poudre de .j. É. coralli rub. mar. electar. cornu ceruivſti & losi in aqua plantag. 9.j. ſacchari roſat. 3.ij. fiat pul. de grand eſºff. aquelle le malade en prendra plein vne cuiller deuant le repas, ou bien auec le iaune d'vn œuf Chriſtophle l'André en ſon Oecoiatrie loüe grandement la fiente de chien qui ait rongé par trois iours des os. On vſera , de ce remede en prenant plus ou moins ſelon que le flux ſera grand ou petit Pareillement on peut faire manger deuant le repas de la chair de coings ou meſmes des coings cuits ſous la cendre, ou en compoſte,ou conſerue du fruict de cornalier, & berberis confit, & quelquesfois auſſi vn myrabolan,ou vne noix muguet- te roſtie pour corroborer l'eftomach. Il faut ſemblablement que le malade mange de bonnes viandes & de facile digeſtion, & pluſtoſt roſties que boüillies. Dauantage, il conuient concaſſer vne grenade aigre auec ſon eſcorce,& la faire cuire en eau ferrée : & d'icelle en bailler à boire, ou de l'eau en laquelle on aura fait boüillir vne pomme de coings, neffles, cormes, ou meures de ronces, & autres ſemblables : car telle choſes aſtreignent & conſomment beaucoup d'humiditez ſuperflués du corps. On peut pareillement vſer de ſyrops Remedesex- cyrdeſſus eſcrits, comme de citrons, ribes, iulep roſat, & autres donnez auec eau ferrée. L'eſtomach ſera terieuremis pareillement frotté exterieurement d'huile de maſtic, de noix muguette, de coings, de myrrhe , & autres ºppº ( ſemblables. Auſſi on peut mettre ſur iceluy la crouſte d'vn gros pain tiré vn peuauparauant du four, trem-ſºº- pée en vinaigre & eau roſe , ou vn cataplaſme fait de decoction d'eau ferrée, roſes rouges, ſumach, berbe- mºh. ris, myrthilles, chair de coings, maſtic, farines de féves & miel roſat. Or ſi on void que le malade jette des vers, on y procedera ainſi qu'il ſera declaré cy-apres, à fin de les faire mourir, & jetter hors du ventre. Auſſi on pourra vſer de clyſteres anodins, abſterſifs, conſolidatifs, reſtrictifs & nutritifs, ſelon qu'on verra eſtre beſoin, & premierement , lors que le malade ſent grande douleur de tranchées & contorſions au ventre, afin de refraiſchir l'acrimonie des humeurs, on pourra donner vn tel clyſtere. 24. Lact. hyoſ.fo-clyſtere liorum acetoſae, portulacæ. an. m.j. florum violarum & nenuph. an. p.j. fiat decoct. ad fb.j. in colatura diſ- anodin, ſolue caſſiæ fiſtulae 3. vj. olei roſati & nenupharis an.3.j. ß. fiat clyſter. Autre anodin propre pour vne douleur aigué & poignante és inteſtins. 2/. Roſarum rubrarum , hordei mundati & ſeminis plantaginis, an. p.j. fiat decoctio : in colatura adde alei roſati 3. ij. vitellos ouorum numero ij. fiat clyſter. B B b LAufrº s66 Le Vingt-deuxième Liure, •Autre clyſtere refrigerant. A #. Decoctionis caponis, cruris vituli & capitis veruecis vnà cum pelle f5. ij. in quibus coquantur folio- rum violarum, malua , mercurialis & plantaginis an. m.j. hordei mundati 3.j. quatuor ſeminum frigidorum maiorum an 3. ſ. in colaturæ ib. 6. diſſolue caſſix recenter extractz 3.j. olei violati 3.iv. vitel. ouorum ij. ſacchari rubri 3.j. fiat clyfter. eAutre clyſtere anodin. Remedes 2%. Foliorum camom. meliloti & anethi an. p.j. radicis biſmalua 3.j. fiat decoctio in lacte, & in colatu. pour les vl- ra adde mucilaginis ſeminis lini & fœnugrxci extractz in aqua malux 3.ij. ſacchari rubri 5.j. olei camzme- reres des in- li & anethi an. 3.j. 6. vitellos ouorum ij. fiat clyſter. Il faut garder longtemps tels clyſteres, afin qu'ils puiſ- teſtins. ſent mieux appaiſer la douleur. Lors qu'on verra aux excremens comme des raclures de boyaux (qui eſt vn ſigne infaillible qu'il y a des vlceres és inteſtins) alors il faut bailler des clyſteres deterſifs & conſolidatifs, comme ceux-cy. Exemple d'vn clyſtere deterſif. 2L. Hordei integri p.ij. roſ. rubr. & flor. camomilla , plantag.apij an. P.j. fiat decoctio : in colatura diſ- ſolue mellis roſati & ſyrupi de abſinthio an.3.j. ß. vitellos ouorum numero ij. fiat clyſter. Exemple d'vn clyſtere pour conſolider les vlceres aux inteſtins. 13 2Z. Succi plantaginis, centinodix & portulacz an. 3. ij. boli Armenica , ſanguinis draconis,amili an.3.j. ſeui hircini diſſoluti 3 iij. fiat clyſter.Pareillement le laict de vache vn peu boüilly auec plantain & ſyrop ro, ſat, eſt ſouuerain remede aux vlceres des inteſtins. Et ſi on void (comme i'ay dit) que le flux fuſt trop im- petueux,& que le malade fuſt debile, alors on luy donnera clyſteres aſtringens. Exemple d'vn clyſtere aſtringent. Aatre c'y- 2Z. Caudx equinx, plantaginis, poligoni an. m. j.fiat decoctioin lacte vſtulato,ad quartaria iij. & inco- ſtere. latura adde boli Armenicæ, terrx ſigillatae, ſanguinis draconis an 3. ij. albumina duorum ouorum, fiat clyſter. Autre. 2Z. Succorum plantaginis, arnogloſſi, centinodix , portulacx, depuratorum reſidentiafa- cta quantum ſufficit pro clyſtere, addendo pulueris boli Armenicæ,terrx ſigillatæ,ſanguinis draconis an.5j. olei myrthini & roſati an. 3: ij. Si le ſang ſort tout pur par les inteſtins, il faut vſer de plus fort aſtringens: & pource ie loüe beaucoup les decoctions faictes d'eſcorces de grenades, noix de cyprés , roſe rouges, ſu- mach, & quelque portion d'alum & de coupe-roſe bouillies en eau de mareſchal , & de ce ſoient faits cly- ſteres ſans huyle, ou autres ſemblables. On doit auſſi fomenter le ſiege d'vne decoction aſtringente. Mais il faut noter que tels remedes fort aſtringens ne doiuent eſtre baillez , que premierement on n'ait purgé le malade, parce qu'ils arreſteroient les humeurs corrompus, qui ſont la principale cauſe de cette maladie,& les empeſcheroient d'eſtre vacuez, & ſeroit-on canſe de la mort du malade, mais ſeront baillez apres qu'il aura eſté ſuffiſamment purgé,auffi qu'on cognoiſtra les forces affoiblies & abbatuës,& le ventre fort lubrique. - Si le malade eſt fort debile, & ne peut prendre alimens par la bouche, on luy pourra bailler clyſteres nutri- C Clyſteres tifs, comme 24.Decoctionis caponis pinguis & cruris vituli coctorum cum acetoſa , bugloſſo, borragine, nºriºſº pimpinella , & lactuca 3.x. velxij. in qua diſſolue vitellos ouorum numero iij. ſacchari roſati & aqux vitz an. 5. j.butyri recentis non ſaliti 3, ij. fiat clyfter. - - De l'euacuation faite par inſenſible tranſpiration. - . C H A P 1 T R E X L I X. Cauſes d'in- ! t E venin peſtiferé ſe peut quelquesfois exhaler & euacuer par inſenſible tranſpiration, qui ſe ſenſible trä- fait par le moyen de la chaleur naturelle, laquelle agit perpetuellement en noſtre corps ſoit ſºration, en dormant ou en veillant, & fait inſenſiblement exhaler les excremens du corps auec les eſ- Effects # - # prits par les poroſitez du cuir:ce qui ſe peut bien cognoiſtre aux tumeurs & apoſtemes contre 97af14 Vº forfº, , $ Nature, meſme y ayant ja de la boue faite, leſquelles bien ſouuent nous voyons ſe reſou- * dre par le ſeul benefice de Nature, ſans ayde d'aucuns medicamens. Parquoy lors que Natu- re eſt forte, elle peut auſſi ietter quelquesfois le venin peſtiferé au dehors par inſenſible tranſpiration, voire encore qu'il y euſt ja quelque tumeur, & humeur amaſsé & cueilly en quelque partie de noſtre corps : car rien n'eſt impoſſible à nature forte, aydée de la liberté des conduits de tout le corps. De la curation des enfans eſpris de la Peſte. - C H A P I T R E L. a ov R c E que les petits enfans malades demandent diuerſe & autre curation que celle § des grands, nous auons reſerué d'en traicter à part, tant de ceux qui tettent que de ceux qui ſont ſevrez. Partant pour commencer au regime de l'enfant qui tette, il faut que ſa nourri- - | | º . # ce l'obſerue pour luy , tout ainſi que ſi elle-meſme auoit la peſte Et le regime conſiſte és ſix # # # $ # choſes non naturelles, c'eſt à dire, qui ſont hors de nature & eſſence de la perſonne, comme pris d . #º , ſont l'air, le mouuement & repos, dormir & veiller, manger & boire, repletion & vacuation de la ſuperfluité des excremens, & les mouuemens & accidens de l'ame. Leſquelles choſes (quand on en vſe auec moderation, c'eſt à dire en qualité & quantité, & ſelon que la maladie de l'enfant le requiert ) ren- dent le laict de la nourrice profitable à la ſanté de l'enfant : car comme l'enfant ne prend que du laict, auſſi quand il ſera rectifié & moderé ſelon que la maladie le requiert, il nourrit non ſeulement l'enfant , mais auſſi il combat contre la maladie, comme ayant en ſoy deux qualitez, vne qui nourrit,& l'autre medicamenteuſe : parquoy le laict ſuccé par l'enfant ſupplée le lieu de ſon regime. Pareillemét on fera que l'enfant obſeruera le regime en ce qu'il pourra,comme de ne trop dormir ou veiller,& de la vuidange des excremens,& des choſes qu on Reg'mes des |. w- De la Peſte. 567 A qu'on vetra eſtre beſoin d'appliquer par dehors, comme linimens, emplaſtres, ſomentations, & autres.Or que le laict de la nourrice ſoit medicamenteux , on le void ordinairement en ce que le iour qu'elle aura Le lai# de · , pris quelque medecine laxatiue , le ventre de l'enfant ſe laſche ſubitement, voire quelquesfois ſi fort,qu'on la nourrice eſt contraint changer de nourrice pour allaicter l'enfant ( de peur qu'il n'euſt trop grand fiux de ventre, qui ſºmºdie• luy pourroit nuire & le faire mourir ) iuſqu'à ce que ſon laict ſoit retourné à ſon naturel : mais ſi l'enfant "º eſt opiniaſtre, & ne veut prendre vne autre nourrice, alors faut ſupporter quelque choſe de l'alteration du laict, pluſtoſt que le laiſſer mourir de deſpit & de faim,par faute de tetter. Et pour retourner à noſtre pro- pos, il faut que la nourrice vſe de remedes propres contre la fiévre, comme potages & viandes qui re- frenent la chaleur & fureur de l'humeur feruent , afin que ſon ſang qui eſt matiere de ſon laict , ſoit rendu medicamenteux. Et pour cette cauſe , elle ne boira aucunement de vin pour quelque temps : & doit lauer ſouuent le bout de ſa mammelle d'eau d'ozeille ou de ſuc d'icelle deſlayé auec ſuccre roſat, & vſera des re- medes qui ſeront declarez cy-apres. - " Outre plus , l'enfant prendra vn ſcrupule de theriaque deſlayée au laict de ſa nourrice, ou en bouillon Alexiteres d'vn poulet,ou quelque eau cordiale : auſſi on luy en frottera par dehors la region du coeur, & les emunctoi- des enfans res,& les poignets : pareillement on luy en fera ſentir au nez & à la bouche,le deſlayant en vinaigre roſat,& qui tettent. eau roſe,& vn peu d'eau de vie,afin de touſiours ayder Nature à chaſſer & abbattre la malice du venin. Les enfans fevrez & ja grandelets peuuent prendre medicamens par la bouche , car comme ainſi ſoit que Des enfans leur eſtomach digere bien plus groſſes viandes que laict, & que le foye en faict du ſang, ils pourront pa-ſevr . reillement reduire vne petite medecine de puiſſance en ſon effect. Parquoy on leur baillera à aualler du the- riaque la quantité de douze grains deſlayez en quelque eau cordiale,auec vn peu de ſirop de chicorée,ou mix- tionnez en conſerue de roſes,ou en quelque boüillon de chappon, ou en autre maniere qu'ils pourront pren- , dre. Et faut bien auoir eſgard en quelle quantité on ordonnera ledit theriaque : car s'il n'eſt donné en pe- tite quantité aux enfans, il leur excite la fiévre, & eſteint leur chaleur naturelle. On leur pourra ſemblable-Autre Ale- ment donner vn boüillon de chappon, auec lequel on aura faict cuire petite ozeille, laictue, pourpié,ſemen-xitere- ces froides,auec vne once de bel armene, & autant de terre ſigillée enueloppée dedans vn linge, puis les eſ- preindre,& leur en donner ſouuêt auec vne cuillier Sur ce,il faut noter,que le bol d'armenie,& la terre ſigillée ont grande vertu de conforter le coeur, & empeſcher que le venin ne l'infecte : & ce par vne proprieté oc- culte que l'on a cogneu par la ſeule experience. Auſſi Galien affirme, que le bol d'Armenie a cette proprieté contre la peſte, qu'en vn inſtant ceux qui en vſent, ſont preſeruez & guaris pourueu que les parties nobles ne ſoient ja grandement infectées. Dauantage, il ſera bon de leur prouoquer la ſueur, car par icelle la matiere Gal. as 7. putride eſt ſouuent euacuée, ioinct qu'il y a en eux grande abondance de fumée & vapeurs.Partant elle pour- chap. du 9. ra eſtre prouoquée en leur donnant à boire vne decoction faicte de ſemences de perſil,raiſins de Damas, fi- des ſimpla . gues, racines d'ozeille,auec vn bien peu de ſafran, & corne de cerfou d'yuoire rapée.A ces meſnes fins au-Mºyens de cûns baillent de la Licorne, mais on ne ſçait encore que c'eſt,ioinct que la corne de cerf & l'yuoire peuuent º** faire plus grand effect, pareillement pour prouoquer la ſueur, on pourra vſer d'eſponges trempées en deco- " ction ou de ſaulge,roſmarin,lauande,laurier,camoinille, melilot, & mauues,puis les eſpreindre & les mettre aux coſtez, aux aines & ſous les aiſelles chaudement : ou en lieu d'icelles on prendra veſſies de porc à demy pleines de ladite decoction, leſquelles faut changer incontinent qu'elles ne ſeront aſſez chaudes, & les con- tinuer iuſques à ce que la ſueur ſorte en abondance.Et ſe faut bien garder de faire trop ſuer les enfans,parce qu'ils ſont de facile reſolution, & ſe deſſeichent en peu de temps , & tombent promptement en defaillance de la vertu, à laquelle il faut touſiours auoir l'œil. Et pendant qu'ils ſuent, il leur conuient eſuentiller la fa-Medioerité ce auec vn eſuântoir,afin qu'ils puiſſent aſpirer l'air froid,doux & ſuaue,pour fortifier la vertu,laquelle eſtant de ſuer aux fortifiée, pourra mieux ietter la ſueur hors. Auſſi leur faut faire ſentir vinaigre mixtionné auec eau roſe, en enfans. laquelle on aura diſſout vn peu de theriaque. Et apres qu'ils auront ſuffiſamment ſué , ils ſeront eſſuyez, & apres on leur donnera à manger vn peu de conſerue de roſes, auec poudre de corne de cerf & yuoire,& boi- ront de l'eau de bugloſe auec vn peu d'ozeille, tant pour rafraiſchir, que pour touſiours preſeruer le cœur. Et où l'enfant apres auoir pris les alexiteres ne ſueroit, ne faut pourtant auoir deſeſpoir de la cure,parce que nature ne laiſſe à faire ſon profit des antidotes & contre-poiſons qu'on luy aura donné. Et s'il leur ſurue- De la boſſe noit quelque tumeur aux emunctoires , ou charbons en quelque partie, on leur y fera promptement vne fo- é charéons mentation de choſes qui amoliiſſent & relaſchent le cuir, & qui attirent moderement : puis on vſera de ſup- ſºº puratifs propres,comme limaces pilées ſubtilement auec leurs coquilles,moyeux d'œufs,auecvn peu de the- * enfans. riaque : ou bien on leur fera vne pulte de farine,d'huile,d'eau,& iaunes d'œnfs,& autres choſes propres,& on conduira le reſte de la cure le plus doucement qu'il ſera poſſible, ayant eſgard à leur ieuneſſe & delicateſſe. Et s'il eſt beſoin de les purger, on leur pourra donner vne dragme de rheubarbe en infuſion, ou trois drag- De la pur- mes de caſſe,ou vne once de ſyrop roſat laxatif ou demie once de ſyrop de chicorée composé auec rheubar-gation des Jbe : ou cette medecine qui s'enſuit.24.rhab. electi pul.5.j. infunde in aqua cardui benedicti cum cinnamomi enfans. 9.j. in colatura diſſolue catholici 5 ij. ſyrupi roſati laxatiui 3.iij. fiat parua potio.Or toutes ces choſes ſe doi- uent faire par le conſeil d'vn docte Medecin s'il eſt poſſible de le recouurer. Et quant au reſte de la cure,elle #D ſ, parfera ainſi qu'auons declaré par cy-deuant,ayant eſgard à leur nature tendre & delicate. : # il ! | B Diſcours des incommoditez que la peſte apporte entre les hommes, & du ſouuerain remede. C H A P I T R E L I. #'A x cy deſſus remonſtré ſur les cauſes de la peſte,qu'eſtans vn des fleaux de l'ire de Dieu,nous La peſte eſt # ne pouuons ſinon tomber en toute extremité de maux, quand l'enormité de nos pechez a prouo-lºvn des # qué ſa bonté à retirer ſa main fauorable de nous, & nous enuoyer vne telle playe : il me ſuffira fºux de † donc pour la fin, de rememorer quelques incommoditez , ou pluſtoſt à vray dire, horribles ca- DieM. - lamitez qui aduiennent en la ſocieté humaine pour cette dangereuſe maladie, afin que ſelon les moyens humains que Dieu a ordonné pour y pouruoir , nous ſoyons par la grandeur du mal plus enclins à chercher & vſer des remedes qui nous en peuuent preſeruer. Confiderons donc, qu'auſſi-toft que la Pe- ſte eſt en quelque Prouince, tous commerces de marchandiſe, dont les hommes ont beſoin de s'entretenir par ayde reciproque des vns & des autres,viennent à eſtre interrompus & delaiſsés:car nul ne ſe veut hazarder de venir rien apporter au lieu où eſt la Peſte, de peur de perdre ſa vie. De là s'enſuit que les viures vien- nent bien toſt en grande cherté , & en fin à defaillir du tout, meſmement aux villes où il y a grand peu- ple , qui a accouſtumé de viure au iour la iournée, ſans faire prouifion, car les marchands allans ça & là Pour en apporter, ne peuuent non ſeulement entrer aux villes ny villages , mais † en ſont dechaſſez B B 2. Par - 568 Le Vingt-deuxiéme Liure, Les Magi- ſtrats absëts de leur iuriſ diction , la iuſtice teſſe. Y 565. Hiſtoire. - Vn ſigne de # pu- mition de Dieu. Pm commodi- te{des loge- tes faičtes pres Lyon. HMſtoire ob- ſeruée par l'Auteur. Au liure des Hiſtoires prodigieuſes. Ačtes horri- bles des ma- lades de pe- ſte. Hiſtoire. par armes, & à coups d'hacquebutes, arbaleſtes, & de pierres, pour ne les laiſſer approcher, tant que quel- A quesfois ils ſont tuez & maſſacrez inhumainement, au lieu du ſecours qu'on leur deuroit donner en leurs ' neceſſitez. De la vient que les autres n'y veulent aller , & eux qui ſouloient ſubuenir à ce que leur ville, ne tombaſt en defaut de viures , & autres choſes , ſont contraints d'endurer la famine auec leurs concitoyens. Souuent les enfans ſont contraints d'enterrer leurs peres & meres, les peres & meres leurs enfans, les ma- ris leurs femmes, & les femmes leurs maris ( qui leur eſt vn grand creue-coeur ) pour ne trouuer perſonne qui les vueille enterrer. Souuent auſſi on laiſſe les corps ſans les enterrer, deſquels s'eſleuent vapeurs putre- dineuſes, qui renforcent la peſte.Outre-plus, les plus opulents, meſmes les Magiſtrats & autres qui ont quel- que authorité au gouuernement de la choſe publique, s'abſentent ordinairement des premiers, & ſe retirent ailleurs , de ſorte que la Iuſtice n'eſt plus adminiſtrée,n'y ayant perſonne à qui on la puiſſe requerir : & lors tout s'en va à confuſion, qui eſt vn mal des plus grands qui ſçauroit aduenir à vne Republique, & dont les meſchans ameinent bien vne autre peſte : car ils entrent és maiſons , & y pillent & deſrobent à leur aiſe im- punément , & coupent le plus ſouuent la gorge aux malades, voire aux ſains meſmes, afin de n'eſtre cogneus & accuſez apres. Qui en voudra des exemples bien recents, il en pourra ſçauoir des habitans de Lyon , au voyage que le Roy y a fait.Auſſi en cette ville de Paris ſe ſont trouuez des gens, qui auec l'aide de tels mai- ſtres ayant fait entendre qu'vn quidam leur ennemy auoit la peſte , ſans neantmoins qu'il euſt mal quelcon- que, le iour qu'il deuoit parler de ſon procez, ou faire quelque acte où ſa preſence eſtoit requiſe,le firent ra- uir & emporter à l'Hoſtel Dieu, par la force de ces galands, quelque reſiſtance qu'il y peuſt faire,eſtans plu- ſieurs contre vn : & ſi de fortune il imploroit l'aide & miſericorde du peuple qui le voyoit , les larrons & meurtriers l'empeſchoient, & crioient encore plus fort que luy afin qu'il ne fuſt entendu : ou bien ils don- noient à entendre que le mal l'auoit rendu furieux & demoniaque, pour faire fuir chacun d'aupres,& cepen- B dant eurent moyen de le pouſſer audit Hoſtel-Dieu,& le faire lier & coucher auec les peſtiferez où quelques ; iours apres il mourut tant de deſplaiſir,que de l'air infecté,ayant eſté ſa mort auparauant vendue & acheptée à beaux deniers contans. Ie n'ay que faire de deduire icy au long ce que l'on ne ſçait que trop,c'eſt à ſçauoir que les villes delaiſsées deuiennent champeſtres, iuſques à voir l'herbe croiſtre par les rues, les laboureurs delaiſſans leurs maiſons & les fruicts ſur la terre, laquelle demeure en friche, les troupeaux ſont eſgarez & eſperdus par les champs : les hommes s'entre-rencontrans fuyent arriere les vns des autres, figne de grande punition de Dieu. Ie me contenteray d'adjouſter icy que cette maladie rend par tout l'homme ſi miſerable, & infortuné, que ſi toſt qu'il eſt ſoupçonné, ſa maiſon ( qui luy eſtoit lieu le plus ſeur & le plus libre ) luy ſert d'vne crûelle priſon : car on l'enferme dedans ſans qu'il puiſſe ſortir, ny que perſonne y ſoit admiſe pour le ſecourir. Si cependant quelqu'vn de ceux qui ſont ainſi reſſerrez & enfermez ſe menrt, il faut que les autres qui ſont là dedans, voyent quelquesfois durant long-temps cét horrible ſpectacle d'vn corps remply de ver- mine & pourriture, auec vne grande puanteur charongneuſe, qui fait renforcer l'infection & venenoſité de l'air , qui puis apres fait redoubler la peſte , & eſt ſouuent cauſe de la mort de tous ceux qui ſont en la mai- ſon, & ſi on ſe retire aux champs,la meſine crainte & horreur y eſt,& ſe trouue en tout chacun qui les voit,& plus encore , d'autant qu'on a moins d'amitié ou cognoiſſance. Tout eſt clos & fermé aux villes,villages,& bourgades, voire les maiſons propres ſont clauſes à leurs maiſtres, tellement que ſouuent on eſt contraint de faire quelque logette aux champs, arriere de toute conuerſation & cognoiſſance : comme on faiſoit à Lyon ſur le Roſne, là où les malades s'eſtans retirez, le chaud du iour les eſtouffoit,& le froid de la nuict les mor- fondoit, & leur amenoit d'autres mortelles maladies. Et qui plus eſt, n'a-on pas veu eſdites loges que le c pere & la mere eſtans griefuement malades , ne pouuant ayder à leur enfant, le virent ſuffoquer & man-, ger aux mouſches Gueſpes, & la mere cuidant le ſecourir, ſe leuer, puis tomber morte entre l'enfant & le mary ? Plus, on n'eſt recogneu des vaſſaux , ſubiects, ou ſeruiteurs qu'on ait : chacun tourne le dos, & perſonne n'y oſeroit aller : meſine le pere abandonne l'enfant, l'enfant le pere : le mary la femme, & la femme le mary : le frere la ſœur, & la ſœur le frere : voire ceux que nous penſons les plus intimes, & fea- bles amis, en ce temps nous abandonnent, pour l'horreur & danger de cette maladie. Et s'il y a quelqu'vn qui meu de pieté & charité Chreſtienne, ou pour la conſanguinité vueille s'auancer pour ſecourir & viſiter vn malade , il n'aura apres parent ny amy qui le vueille frequenter ny approcher. Qu'ainſi ſoit, on a veu à Lyon, lors qu'on apperceuoit ſeulement és rues les Medecins, Chirurgiens & Barbiers eſlens pour penſer les malades , chacun courir apres eux à coups de pierres pour les tuer comme chiens en- ragez , diſant qu'il falloit qu'ils n'allaſſent que de nuict , de peur d'infecter les ſains. Combien de pauures femmes groſſes , ſans eſtre aucunement malades de peſte ( pource qu'en tel temps toutes autres maladies ſont ſuſpectes ) ont eſté pour le ſeul ſoupçon delaiſsées & abandonnées à leur enfantement, dont eſt proue- nuë la mort des meres & des enfans ? Ie puis veritablement dire auoir trouué aux mammelles d'vne fem- me morte de peſte ſon enfant tettant encore le venin mortel, qui le deuoit tuer bien toſt apres. Si la nour- rice d'vn enfant vient à deceder, encore que ce ne fuſt de la pefte, il ne s'en trouuera point d'autre, pour le ſoupçon qu'on a qu'elle ſoit morte de peſte, tant eſt cette maladie effroyable & eſpouuantable : que ſi toſt que quelqu'vn en eſt ſurpris, il ne trouue ſecours de perſonne, ains attent ſeulement la mort miſerable. Qu'il ſoit ainſi, entre vne infinité d'autres exemples que l'on envoit ordinairement, nous liſons qu'vneieu- ne femme , ſon mary eſtant mort & deux de ſes enfans, ſe voyant frappée,commença à s'enſeuelir elle-meſ- me, & fut trouuée à demy enſeuelie , ayant encore le fil & l'aiguille entre ſes mains. Outre-plus vn hoſhme : fort & robuſte ayant la peſte, eſt allé au cemetiere , & en ſa preſence a faict faire ſa foſſe, & auant qu'elle fuſt paracheuée, il mourut ſur le bord.Au contraire il en y a qui ont eu telle apprehenſion de la mort, eſtans frappez de cette maladie peſtilente, que pour ſe ſecourir eux-meſmes, ſe ſont appliquez des fers ardans ſur la boſſe, ſe bruſlans tous vifs. Autres auec tenailles l'ont arrachée ſe penſans guarantir. Auſſi aucuns par la ferueur & rage de cette maladie ſe ſont iettez dedans le feu, autres dans les puits, aucuns és riuieres, autres ſe ſont precipitez par les feneſtres, autres en leurs extremes douleurs ſe ſont heurtez la teſte contre la muraille iuſqu'à en faire ſortir la ceruelle, ce que i'ay veu : autres auſſi ſe ſont tuez eux-meſnes à coups de dague ou de couſteau. Lucrece Poete Latin a remarqué , la peſte auoir eſté autresfois ſi furieuſe au pays d'Athenes,que pluſieurs ſurmontez de la vehemence de la maladie ſe precipitoient dedans l'eau. On racon- te que la peſte, il y a enuiron quatre vingts-ans, auoit de telle rage couru par la Gaule Lyonnoiſe, que les femmes principalement ſans apparence d'aucun mal en leur corps , ſe iettoient dans leurs puits, ſurmon- tées de la fureur de telle maladie. Et à ce propos m'a eſté aſſeuré, que depuis n'agueres vn Preſtre de la Pa- roiſſe ſainct Euſtache en cette ville de Paris , eſtant malade de la Peſte en l'Hoſtel Dieu; de furie ſe leua du lict,& prit vne dague,de laquelle il frappa pluſieurs des pauures malades couchez dedans leur lict, & entua trois : & n'euſt eſté qu'il fut apperceu & empoigné du Chirurgien dudit Hoſtel (qui receut de luy vn coup de dague dedans le ventre, le voulant ſaiſir,dont il cuida mourir)il en euſt occis autant qu'il en euſt trouué: mais ſi toſt qu'il fut retenu, & que cette furis diminua , il rendit l'eſprit. Vn autre cas non moins º# - - 6: - - i)e la Peſte. . 569 eſt aduenu à Lyon,tué Merciere,ou la femme d'vn Chirurgien nommé Amy Baſton (qui eſtoit mort de peſte) ſix iours apres eſtant eſpriſe de la meſme contagion, tomba en reſuerie, puis en freneſie, & ſe mit à la fene- Autre hi- ſtre de ſa chambre, tenant & tourmentant ſon petit enfant entre ſes bras : ce que voyans ſes voiſins l'admo-ſtºire. neſtoient de ne luy faire mal : mais au lieu d'auoir eſgard à leur aduertiſſement, le iette incontinent en terre, puis toſt apres elle s'y precipita : ainſi la mere & l'enfant moururent. Il y a vne infinité d'autres ſemblables oººººfºir exemples, leſquels ſi ie voulois raconter iamais la matiere ne me defaudroit:mais tant y a que le tout aduient pluſtoſt les le plus ſouuent aux malades, par faute qu'on n'oſe conuerſer, ny eſtre à l'entour d'eux pour les ſecourir : ce #, qui ne ſe fait aux autres maladies, meſme en lepre : car en icelle les malades ſon ſecourus, mais en cette-cy § on eſt dechaſsé de ſes parens & amis,voire de ſa propre maiſon,comme nous auons dit:de quoy ſe faut d'au- • | : : tant moins eſmerueiller,que l'on ſçait la charité des hommes eftre auiourd'huy tellement refroidie, que ceux meſmes qui ont toute liberté, encore qu'ils ayent or & argent pour ſatisfaire, ne peuuent en temps de peſte auoir ſecours d'autruy. En cét endroit , ie ne veux paſſer ſous ſilence , ce que recite le bon vieillard Guidon, Hiſtoire de qu'en l'an mil trois cens quarante & huict, vint vne peſte & mortalité, dont ceux qui en eſtoient eſpris,mou- Gºidon. roient en trois iours ou en cinq au plus,& eſtoit ſi contagieuſe, que non feulement en conuerſant enſemble, mais auſſi en regardant l'vn l'autre,ſe prenoit, & les perſonnes mouroient ſans ſeruiteurs,& eſtoient enterrez ſans Preſtres, & mouroient de iour en iour vn ſi grand nombre de peſtiferez,que ne pouuant ſuffire à les en- terrer, on eſtoit contraint de faire de grandes foſſes aux cemetieres,& les ietter dedans à monceaux, les vns morts,les autres eſtans encore en agonie. Le pere ne viſitoit l'enfant,ny l'enfant le pere,ny la femme le mary, ny le mary la femme,comme auons dit cy-deſſus:toute charité eſtoit mort,& eſperance abbatue. Cette mau- dite peſtilence fut quaſi par tout le monde,& n'en laiſſa preſque la quarte partie.Elle fuſt fort honteuſe,& non profitable aux Medecins & Chirurgiens, leſquels n'oſoient viſiter les malades de peur d'eſtre infectez : ioint auſſi que tous les remedes ne profitoient en rien:car tous ceux qui eſtoient frappez de cette peſte mouroient. En aucunes contrées du pays ont eſtimoit que les Iuifs euſſent enuenimé le monde , & à cette cauſe on leur couroit ſus,& les aſſommoit.Les autres cuidoient que ce fuſſent les pauures Manchets,pour laquelle occaſion eſtoient chaſſez. Les autres en ſoupçonnoient les Nobles, & pource n'oſoient aller par le monde. Et finale- ment les portes des villes furent gardées, & ne laiſſoit-on entrer perſonne dedans s'il n'eftoit bien cogneu. Et ſi quelques-vns auoient pouldre ou onguents , l'on penſoit que ce fuſſent poiſons,qui eſtoit cauſe qu'on Ie eroy quº leur faiſoit aualler. Ladite peſte dura ſept mois ſans ceſſe. Voilà ce que le bon homme Guidon en eſcrit,cho- , eſtoient les ſe à la verité de grande remarque, touchant l'ire de Dieu. gueux. Epilogue ou concluſion de ce diſcours de la Peſte, cn Ar. LII === R ie m'aſſeure que le Lecteur qui aura appris en ce petit traicté le moyen de s'en preſeruer, & meſme ſans danger viſiter & ſecourir ſon prochain , ne meſpriſera point mon labeur, combien que, ſi faire ſe pouuoit , i'aymerois beaucoup mieux qu'il ne fuſt beſoin à perſonne s'en ayder, & que la ſerenité de l'air par la bonté de noſtre Dieu fuſt touſiours telle, que la peſte perdiſt ſon A nom & ſes effects.Mais puis que cela prouient par l'iniquité des hommes,laquelleſe perpetue auec eux tout le cours de leur vie, en receuant patiemment tout ce qu'il plaiſt à Dieu nous enuoyer, nous ſuiuions auſſi ſa volonté, quand nous apprendrons & vſerons des remedes, (ſelon qu'en toutes choſes il en a mis la proprieté & vertu, pour ſeruir à l'vſage de l'homme, ) tant à la nourriture du corps , qu'à la conſeruation · & recouurement de la ſanté d'iceluy. Et d'autant plus que ce mal eſt grand, d'autant faut-il recourir prom-L. vray & ptement au remede, qui eſt ſeul & general : c'eſt que grands & petits de bonne heure implorions la miſeri-ſºu# corde de Dieu par confeſſion & deſplaiſance de nos forfaicts, auec certaine deliberation & propos de nous remede con- amander, & donner gloire au nom de Dieu, cherchant en tout & par tout de luy obeyr & complaire , ſui- tre la peſte. uant ſa ſaincte parole, ſans eſtriuer à l'encontre de luy par nos deſordonnées paſſions, comme nous auons faict & faiſons iournellement.Et s'il luy plaiſt encore apres cela nous battre de ces verges-là,ou de quelques autres ſelon ſon conſeil eternel , faut l'endurer patiemment , ſçachant que c'eſt tout pour noſtre profit & amendement : & cependant s'entre-aider des remedes qu'on pourra trouuer, ſans s'abandonner ainſi les vns les autres, par vne extreme barbarie & inhumanité, Croyons que le mal ſeroit boucoup moindre,ayans ayde & conſolation les vns des autres. Le Turc le fait , & nous Chreſtiens de nom , n'en tenons compte,& I - l ſe faut ſi- abandonnons nos freres affligez : comme ſi nous penſions en cette ſorte eſchapper des mains de Dieu. courir l'vn Helas ! où nous pourrons - nous cacher que ne ſoyons trouuez ? Recognoiſſons pluſtoſt auec le Pſalmiſte : l'autre. Si ie prens les aiſles de l'aube du iour, & que i'habite aux dernieres parties de la mer, là auſſi ta main me Pſalm. 139. conduira, & ta dextre m'empoignera. Croyons que quand nous pourrions euiter la mort de ce coſté- là ( ce qui ne peut eſtre ) il y a cent mille morts plus honteufes & miſerables pour nous attraper ailleurs & confondre de corps & d'ame pour eſtre tourmentez à tout iamais. Parquoy ayans nos cœurs remplis de charité, il nous faut retourner à luy, d'autant qu'il eſt plein de clemence & benignité, preſt à nous ſoula- ger en nos tribulations, & eſt tout bon, & nous ayme comme ſes enfans : & quand il luy plaira, il retourne- ra toutes nos afflictions en noſtre ſalut, voire mieux que nous ne ſçaurions ſouhaiter ou imaginer. De là prenons cette reſolution ferme de nous aſſujettir & renger paiſiblement à ſa bonté & ſaincte volonté : qui eſt la regle de toute ſageſſe, à laquelle nous deuons conformer toutes nos cogitations & actions, voi-Bºn alexi- là vn tres-bon onguent alexitere pour addoucir noſtre peſte , & vn remede ſalutaire pour appaiſer nos mur-# mures, & nous impoſer filence, & vn arreſt certain pour faire ceſſer le procez que nous intentons couſtu- mierement contre ſa iuſtice diuine, quand il nous chaſtie plus rudement qu'il ne nous ſemble bon & pro- fitable au iugement de la chair & non de l'eſprit. Parquoy apprenons à nous captiuer & brider noſtre ap- petit, eſtimans que Dieu fait toutes choſes par poids, & meſure : & quoy qu'il nous enuoye peſte, fa- mine, ou guerre, & autres infinies calamitez, il ne fait rien qui ne ſoit bon & droict. Et quand il luy plai- ra nous retirer de ce monde, de là naiſtra noſtre heur & felicité,veu que cette vie traine auec ſoy vne infini- té de trauaux & miſeres où nous ſommes preſques abyſmez de choſes caduques & tranſitoires. Et par cette mort nous ſommes appellez à la pleine fruition du royaume celeſte , comme par vn heraut & ambaſſade en- uoyé du Ciel. Si vn Roy par vn meſſager appelloit vn pauure & miſerable à ſoy pour le faire participant de ſon royaume, quel plaiſir & ſoulas receuroit-il ? A plus forte raiſon deuons nous eſtre ioyeux quand Dieu par la mort nous enuoye ce meſſager quinons guide à luy,pour heriter ſon Royaume eternel & bien-heureux. Veu donc que l'eſchange eſt tel , nous auons matiere de conſolation, la mort nous eſtant cét heureux meſ- ſager, lequel nous faict paſſer de ce monde au Ciel, de cette vie miſerable à la vie eternelle, de mal-heur ºn felicité , d'ennuy en lieſſe, de miſere en proſperité , qui nous doit grandement conſoler, & tollir toute - - B B b 3 occaſion ere côWtr6 la peſte, 57o Le Vingt-deuxiéme Liure, occaſion de lamenter, quand il plait à Dieu nous appeller & enuoyer la mort , laquelle il a ſouffert pour A noſtre redemption. Et par tel argument de reſiouyſſance Ezechias deſire la mort , non qu'il fuſt deſpité con- tre Dieu : mais eſtant ennuyé des facheries & tourmens du monde , il deſiroit d'en ſortir, pourueu toutes- fois que Dieu s'y accordaſt. Carnoftre vie eſt comme vne garniſon en laquelle Dieu nous a mis, nous enjoi- Il ne fººt gnant y demeurer iuſques à ce qu'il nous appelle, & nous licentie pour en ſortir auec certaine foy & aſſeu- ºº * rance qu'il n'eſt pas venu en ce monde ſouffrir & eſtre mis en croix que pour la redemption des pecheurs, & # # non des iuſtes , comme il a dit ( d'autant qu'vn homme ſain n'a que faire de Medecin. ) Donc il ſe faut hu- 1'6 4/716 € - - - - enfermée milier, & auoir ferme fiance qu'il nous pardonnera toutes nos fautes, pourueu que nous luy addreſſions nos prieres du profond de noſtre cœur, & de droite & ardente affection , croyans que luy-meſme adit qu'il ne vouloit la mort du pecheur, mais ſa redemption. Eſaie dit qu'il mettra nos pechez de riere le dos, voireau profond de la mer , & n'en aura iamais de recordation. Ces choſes conſiderées nous ne deuons craindre la mort,n'eſtant en ce monde que comme en maiſon empruntée,de laquelle il nous faut deſloger quand il plaira au Seigneur, auquel elle appartient. Que ſi le partement de ce monde eſt vne entrée à vie, qu'eſt ce de ce monde ſinon vn ſepulchre ou tombeau ? Et comme les mariniers deſirent vn bon port, auſſi deuons nous de- Iob 14 ſirer de ſortir de cette grande mer de miſere & calamité, pour aller au port du ſalut où tout mal ceſſera, & n'y aura orage ne tourmente, mais toute ioye & repos. Iob dit que l'homme nay de femme eſt de peu de " iours & remply de miſeres, qui ſort hors comme la fleur, & eſt coupé, & s'enfuit comme l'ombre, & n'ar- souuent on reſte point. Autres comparent cette vie à vne fumée ou vapeur d'vne bouteille d'eau qui s'eſleue entemps meurt auant de pluye. Autres à vne nacelle eſtant au milieu de la mer agitée çà & là des vents & des ondes, heurtant que ſortir de contre les rochers,qui ſouuent ſe perd aux gouffres & abyſmes profondes. Et par ainſi il faut mettre en la matrice la protection de Dieu la grace de noſtre ame, qu'il nous a donnée pour eſtre reunie à ce corps lequel ſera glorifié en la reſurrection vniuerſelle de tous les morts. Et pour concluſion, ſi nous rapportons le tout au conſeil de Dieu, nous aurons dequoy nous conſoler au milieu des plus grandes angoiſſes & deſtreſſes qui nous pourroient aduenir : lequel nous prions de bon cœur, & de ferme & viue foy, qu'il nous pardonne nos pechez, leſquels ſont cauſe de cette maladie peſtiferée & autres, croyant que c'eſt le vray antidote contre la peſte. Car Ieſus-Chriſt voulant guarir le Paralytique luy dit , Tes pechez te ſont pardonnez : - monſtrant & declarant par cela, que la cauſe & racine de ſa maladie procedoit de ſon † , & que pour en auoir la fin , il falloit que l'ire de Dieu fuſt appaisée, & qu'il luy fut propice & fauorable par la remiſſion de ſes pechez. Ainſi donc nous implorerons ſa grace d'vn cœur ardant, ayant fiance qu'il nous gardera & * defendra, nous donnant ce qui nous eſt neceſſaire, tant au corps qu'à l'ame. Que s'il luy plaiſt nous appeller, il ſera noſtre Redempteur & nous ayant retiré de ce labyrinthe & gouffre de tous maux & miſeres, il nous introduira en l'heritage de ſa gloire, pour l'amour de ſon cher Fils noſtre Sauueur Ieſus Chriſt, auquel ſoit gloire eternelle : Ainſi ſoit-il. Fin du vingt-deuxième Liure traittant de la Peſte. # # # # #'#é# # # # # # # # # #º#éº# # # #:# # c A D V E R T I S S E M E N T D E L A V T H E V R. (ſt 'A VTH E VR a fait cette petite admonition pour $ le ieune Chirurgien, ſe trouuant quelquesfois aux # lieux où il n'y a T'reſtres, ny autres gens d'Egliſe à la § mort des pauures peſtiferez,. Comme i'ay veu le Roy | -- Charles eſtant à Lyon, pendant la grande mortalité, · où l'on enfermoit aux bonnes maiſons vn Chirurgien pour medica-, menter ceux qui eſtoient pestiferez , ſans pouuoireſtre ſecourus d'au- cunes perſonnes pour les conſoler à l'extremité de la mort : & ledit | Chirurgien ayant eſté inſtruié# de cette petite admonition, pourra ſeruir à la neceſſité d'vn plus grand (lerc que luy. Et ne veux i) paſſer les bornes de ma vocation : mais ſeulement ayder aux pauures peſiifereX en leur extremité de la mort. - L4 De la Peſte 571 l'! , La mort eſt la peur des riches. Le deſir des pauures. La ioye des ſages. " \- | La crainte des meſchans. $à Fin de toutes miſeres, º\ Et commencement de la vie eternelle. † Bien-heureuſe aux eſleus, Et mal-heureuſe aux reprouuex: --- -- . - "umnltlntllllllllllllltlll " tºººtttººººººººtttttttttt #º#º# # # # # # # # # # # # # # # # # # T A B L E - D E S C H A P ITR E S | Du vingt-troiſiéme Liure, traittant des moyens &artifice d'adjouſter ce qui defaut. E moyen d'auoir vn a il artificiel. - v ' , Chapitre j Le moyen de contre-faire vn nez par artifice. . Chap. ii , La maniere d'accommoder les dents artificielles. Chap. iij Le moyen d'adapter vn inſtrument au palais pour rendre la parole mieux formée. Châp. iv · Le moyen de ſecourir à ceux qui auroient la langue coupée, & les faire parler. Chap. v Le moyen de reparer le vice de la face défigurée. Chap. vj De l'oreille perduë. · · Chap. vij D De ceux qui ſont voutez ayans l'eſpine courbée. Chap. viij De ceux qui iettent leur vrine inuolontairement, & le moyen de ſecourir à ceux qui ont la verge perdue. - Chap. ix L'artifice de mettre vn poulcier ou doigtier. - Chap. x Du vice dont le malade est appellé Varus, & Valgus, & des jambes trop greſles. Chap. xj Les moyens d'accommoder des mains, bras & jambes artificielles, au lieu des membres ex- tirpez. Chap. xij Le moyen de faire aller droict vne perſonne qui ſerqit boiteux à raiſon de l'accourciſſement de la jambe , • " - Chap. xiij B B b 4 L E partie de Chirurgie. L E . V INGT-TROISIE M E LIVRE, T R A I C T A N T D E S M O Y E N S ET A R T IF IC ES D'A DIO V ST E R C E qui defaut naturellement, ou paraccident. Par A M B R o 1 s E PARE de Laual au Maine, Conſeillier, & premier Chirurgien du Roy. P R E F A c E. - - - - -. Le moyen d'auoir vn œil artificiel. C H A P. I. N(l, A R cy-deuant nous auons amplement deſcrit au liure des Tumeurs, Playes, Vlceres , #, Fractures, & Diſlocations, les trois poincts auſquels s'exercent les operations de Chirur- gie , qui ſont , joindre le ſeparé, oſter le ſuperflu, & ſeparer le continu Reſte maintenant en brefle quatriéme, qui eſt d'adjouſter ce qui défaut naturellement, ou par accident. Or 2, pour entrer en matiere,ſans dauantage s'amuſer à diſcourir & prefacer,nous voyons ſouuent à R2 les yeux ſe creuer,ſortir de la teſte,ou bien deuenir emaciez,à raiſon de quelque coup ou in- flammation. Partant où tel accident aduiendroit apres la curation de l'vlcere, on pourra adapter dans l'or- bite vn œil fait par artifice, comme ceux-cy figurez, qui ſont ſeulement pour l'ornement du malade. Yeux artificiels, deſquels t'eſt demonſtré le deſſus c9 le deſſous qui ſeront d'or eſmaillé, & de couleur ſemblable aux naturels. - Et s'il aduenoit qu'on ne puſt loger cet œil artificiel dedans l'orbite , on pourra encore en faire vn autre, tel que tu vois par cette figure, fait d'vn fil de fer applaty, plié & couuert de velours ou taffetas , ayans ſon extremité plate, afin qu'il ne - bleſſe, & l'autre extremité ſera couuerte de cuir façonné, & - le peintre luy donnera par ſon artifice figure d'œil. Cela fait, on le poſera ſur l'orbite. Or ledit fil ſe peut eſtendre & reſſer- rer comme fait celuy que les femmes ont à tenir leurs che- ueux. Il ſera paſſé par deſſus l'oreille , autour de la moitié de la teſte. Dadjouſter ce qui defaut. 573 | A B # Il aduient ſouuent aux petits enfans vne maladie, dite Strabiſmus, qui eſt vne diſtorſion contrainte auec inegalité de la veue, nous.les appellons en François , Louches ou bigles. Le plus ſouuent telle maladie ad- uient (comme nous dirons plus amplement au liure de la Generation ) pour auoir mal ſitué le berceau de l'enfant, ſoit de nuict ou de iour, le mettant à coſté de la lueur: qui fait que pour voir ladite lueur il eſt con- traint de retourner ſes yeux à coſte d'icelle, eſtant touſiours deſireux de la regarder : ou bien pource que la nourrice eſt louche,qui fait que l'enfant la contrefait. Or poſons le cas, que quelque petit enfant fuſt louche, ayant la veue torſe,ou par vice de la nourrice,ou autrement.Paul AEginete au liure 3.chapitre 22.nous a laiſ- sé vn moyen propre pour y remedier & redreſſer la veue, lequel n'a eſté prattiqué d'aucun de noſtre temps, que i'aye pû ſçauoir : C'eſt qu'il veut que l'on faſſe vn faux viſage en forme de maſque , lequel doit eſtre fi bien proportionnè & accommodé ſur le viſage de l'enfant, qu'il ne le bleſſe aucunement : & toutesfois il faut qu'il ſoit fi iuſte, que le iour n'y puiſſe entrer par les entre-deux , craignât que ledit enfant ne tournaſt ſa veuë vers le iour. Tel faux viſage ou mafque aura ſeulement deux petits trous droit au milieu de l'œil, afin que le iour y puiſſe reluire : ce qui ſera cauſe que l'enfant n'apperceuant autre lumiere & clarté que par les trous, tiendra ſa veue touſiours fichée en cet endroit, de ſorte, que l'œil s'accouſtumera à demeurer droict & arreſté, reprenant vne nouuelle habitude, & laiſſant celle qu'il auoit acquiſe regardant de coſté. Ledit faux viſage ſera fait de matiere la plus legere que l'on pourra, & ne doit couurir le viſage plus bas que le nez laiſſant la bouche à deſcouuert, afin que l'enfant puiſſe à toute heure tetter ou manger : attendu qu'il doit demeurer continuellement ſur ſon viſage : pour lequel tenir plus commodément, il ſera attaché par le derriere de la teſte auec quatre petites attaches , deux de chaſque coſte, comme on peut voir par ce pour- traict. Pourtraict d'vn maſque,par lequel la veuë eſt redreſſe. $ $ S§ - \ - $. N#- | SS# W(«A = | | $N Sses 4 Au lieu de ce maſque on pourra pareillement vſer de beſicles faites de corne, que l'on adaptera ſur du cuir, & ſeront poſées lur les yeux: au milieu y aura vn petit trou, par lequell'enfant pourra voir , & ad- dreſſer ſa veuë. Les beſicles ſont marquées par BB, & la piece de cuir par A. Les courroyes par leſquelles D ſont attachées, par CC. Figure des beſicles, x | - - - le , 574 Le Vingt-troiſiéme Liure, : Le moyen de contre-faire vn nez par artifice. C.H A P I T R E I I. A R E 1 L L E M E N T le nez peut eſtre du tout coupé , ou portion d'iceluy , & ne peut ia- mais eſtre rejoint, parce qu'vnion ne peut eſtre faite aux membres organiques, ce qui eſt prouué par Hippocrate. La raiſon eſt, qu'vne partie de noſtre corps pour eſtre rejointe & # conſolidée , a beſoin de receuoir nutrition , vie & ſentiment des membres principaux, au contraire des greffes qui ſe reprennent au tronc des arbres. Parqucy il faut que celuy qui J2 aura perduſon nez, en faſſe faire vn par artifice, ſoit d'or, ou d'argent,ou de papier & linges colez, de telle figure & couleur qu'eftoit le ſien : lequel ſera lié & attaché par certains filets derriere l'occi- put, ou à vn bonnet. Et d'abondant s'il aduenoit (comme ſouuent ſe fait) qu'auec le nez on emportaſt por- tion, ou toute la lévre ſuperieure, ie t'ay bien voulu donner les figures afin d'ayder à l'ornement du patient, lequel s'il portoit barbe en pourra faire adapter, ainſi qu'il en ſera neceſſaire. vnion ne ſe S> J'auroit fai- 3 ques. Pourtraicts de nez. Façon nou- Il s'eſt trouué en Italie vn Chirurgien , qui par ſon artifice refaiſoit des nez de chair en cette maniere. uelle de re- C'eſt qu'il coupoit entierement les bords calleux ou cicatriſez du nez perdu, comme l'on fait aux becs de faire les ne{: liévre, puis faiſoit vne inciſion tant grande & profonde qu'il eſtoit neceſſaire, au milieu du muſcle dit Bi- ceps , qui eſt l'vn de ceux qui flechit le bras: puis ſubit faiſoit poſer le nez en ladite inciſion, & bandoit ſi bien la teſte auec le bras,qu'il ne pouuoit vaciller ça ne là:& certains iours apres, qui eſt ordinairement ſur le quarantiéme iour , cognoiſſant l'agglutination du nez auec la chair dudit muſcle , en coupoit tant qu'il en falloit pour la portion du nez qui manquoit : en apres la façonnoit de ſorte, qu'il rendoit le nez en figure, grandeur & groſſeur qu'il eſtoit requis, & traittoit cependant la playe du bras, comme les autres lors qu'il y a deperdition de ſubſtance : & durant leſdits quarante iours faiſoit vſer à ſon malade de panade, preſſis, & autres viandes faciles à tranſgloutir, & quant aux remedes deſquels il vſoit, eſtoient de quelques baumes Hiſtºire agglutinatifs Nous auons de ce teſmoignage d'vn Gentil-homme nommé le Cadet de ſainct Thoan, lequel ayant perdu le nez , & porté long-temps vn d'argent, ſe faſcha pour la remarque, qui n'eſtoit ſans vne ri- sée,lors qu'il eſtoit en cópagnie.Et ayant ouy dire, qu'il y auoit en Italie vn maiſtre refaiſeur de nez perdus, s'en alla le trouuer,qui le luy refaçóna en la maniere que deſſus,côme vne infinité de gens l'ont veu depuis, · non ſans grande admiration de ceux qui l'auoient conneu auparauant ayant vn nez d'argent. Telle choſe n'eſt impoſſible, toutesfois me ſemble fort difficile & onereuſe au malade,tant pour la peine de tenir la teſte Telle choſeſ liée long temps auec le bras , que pour la douleur des inciſions faictes aux parties ſaines, coupant & eſle- C fait ainſi uant portion de la chair du bras pour former le nez : ioinct auſſi qu'icelle chair n'eſt de telle temperature ny , qu'on ente les ſemblable à celle du nez, & pareillement eſtant agglutinée & repriſe, ne peut iamais eſtre de telle figure & ſanuºgeaux couleur que celle qui eſtoit auparauant à la portion du nez perdu : auſſi les creux des narines ne peuuent eſtre tels, comme ils eſtoient premierement. - La maniere d'accommoder les dents artificielles. C H A P. II I. , Incommºdi- v E L Q v E s-F o 1 s par vn coup orbe ou autrement, les dents de deuant ſont rompués : ce qui té qu'appor - fait que puis apres le patient demeure edenté , & défiguré auec deprauation de ſa parole, Par- tent les dents $A# quoy apres la cure faicte , & que les genciues ſeront endurcies , luy en faut adapter d'autres dos perdues. ou d'yuoire, ou de dents de Rohart qui ſont excellentes pour cét effet faictes par artifice, leſ- quelles ſeront liées aux autres dents proches , auec fil commun d'or ou d'argent, comme nous apprend HiP- pocrate au liure De articulis, ſect2, ſent.25. De ces choſes tu en as icy les figures. D Figure | 576 Le Vingt-troiſiéme Liure, Inſtrument pour ayder à parler à vn patient, lequel auroit portion la langue coupée. L'vſage eſt tel ( A) eſt la partie ſuperieure , qui doit eſtre d'eſpeſſeur enuiron d'vn teſton & demy, laquelle il tenoit entre les dents de deuant , nommées inciſiues, non qu'elle ſortiſt hors, mais ſembloit qu'il n'euſt rien en ſa bouche. (B ) la partie inferieure plus ſubtile : eſpaiſſe d'vn teſton , ſeulement la tenoit iuſtement contre l'extre- mité du reſte de la langue eſtant au droict du filet ou liga- ment de la langue : & ce qui eſt vn peu concaue interieu- rement ( qui eſt la troiſieſme portion dudit inſtrument) marqué par (C) la tenoit deſſous en fa ſituation toute platte. Et quant au filet que tu vois , c'eſtoit pour pendre ledit inſtrument au col. ( D ) eſt la partie exterieure dudit inſtrument. - Degriptiºn , 9 º,º puis aſſeurer qu'apres auoir recouuré ledit inſtrument, & la maniere d'en vſerſ qui fut parle du moyen de Monſieur le Tellier, Medecin tres-docte, demeurant à Bourges, i'en ay veul'experience à vn ſtrument. ieune garçon , auquel on auoit coupé la langue, lequel neantmoins par ſebenefice dudit inſtrument,pro- feroit ſi bien ſes mots, qu'on le pouuoit entendre entierement, ou tout ce qu'il vouloit dire & expliquer.Et de ce chacun en faſſe l'eſpreuue, lors qu'on ſe trouuera à l'endroit pour ce faire - - Le moyen de reparer le vice de la face défigurée. CHA P. VI. NM $ L aduient quelquesfois par vne brufleure de poudre à canon, charbon peſtiferé ouautre occafion, que la face demeure extremement hideuſe à voir, de façon que le malade # eſt grandement eſpouuantable. A ceux-là donc, il faut bailler vn maſque fait ſi propre- ment qu'ils puiſſent conuerſer auec les hommes. Auſſi peut-on reparer le vice des levres \ qui auront eſté amputées par vn coup d'eſpée ou d'vn charbon peſtilent,ou par vn chan- 2)) cre qui aura occupée telle partie,les dents demeurans deſcouuertes apresl'auoir extirpés 47 - S.«ryT, % ce qui eſt difforme à voir. A tels on doit reparer ce qui defaut au plus pres du naturel Par le moyen d'vne lévre d'or eſmaillé, de couleur du viſage, laquelle ſera attachée à vne petite calotte » ou Pluſtot à la face : que nous auons heureuſement pratiquée & enfeignée cy-deuant au chapitre du chancre. De l'oreille perduë. C HA P. VII. ſ Evx qui auront faute d'oreilles, ſoit par le defaut de nature, ou par accident , comme - † playe, ou par vn charbon peſtiferé, ou par morſure de beſte, ou par autre maniere, ſi 'oreille n'a eſté du tout emporté , & qu'il en ſoit reſtébonne portion on doit trouuer le car- tilage auec vne petite porte-piece, & y faire des trous, tant qu'ilſera neceſſaire. Apresla cicatriſation deſdits trous, on attachera vne oreille artificielle : & où l'oreille auroit eſté du tout amputée,on y en appliquera vne artificielle de papier collé,ou cuirboüilly, façonnêe de bonne† » comme tu vois par cette figure. Et ſera tenuë auec petits liens autour de la teſte : où le mala- de laiſſera croiſtre ſes cheueux longs,ou portera vne calotte.Auſſi lors qu'il y a eugrande quantité du cra- º Pºrdu2 faudra porter vn bonnet de cuir boüilly pour reſiſter aux iniures externes, ainſi que i'ay par cI° deuant eſcrit aux playes de teſtes. Figure d'vne oreille artificielle. - B C Dadjouſter ce qui defaut. 577 # : - De ceux qui ſont voutez, ayant leſpine courbée. CH A P. V II I. - ' ) V E L Q v E s - v N s & principalement les filles , parce qu'elles ſont plus mollaſſes , deuiennent boſſues , pource que leur eſpine n'eſt pas droicte,mais en arc, ou en figure de S. & tel accident leur aduient parce que quelquesfois par cheute ou coups, ou quelque vice de ſe ſituer , comme nous auons amplement monſtré au liure des Luxations. Ou pareillement parce que les folles meres, ſubit qu'elles voyent leurs filles ſe pouuoir tant ſoit peu tenir debout, leur apprennent à faire la re- uerence , les faiſant baiſſer l'eſpine du dos, de laquelle eſtant encore les ligamens laxes , mols & glereux, en ſe releuant pour la peſanteur de tout le corps, dont l'eſpine eſt le fondement comme la carine d'vne na- uire , ſe conſtourne de coſté & d'autre, & ſe ploye en figure de la lettre S. qui fait qu'elles demeurent tor- tues & boſſues, & quelquesfois boiteuſes. Auſſi pluſieurs filles ſont boſſues & contrefaictes pour auoir en leur ieuneſſe par trop ſerrè le corps.Quil ſoit vray,on void que de mille filles villageoiſes,on n'en trouue pas vne boſſue : à raiſon qu'ils n'ont eu le corps aſtraint & trop ſerré. Parquoy les meres & nourrices y doi- uent prendre exemple. Pour reparer & cacher tel vice , on leur fera porter les corcelets de fer deſlié, leſ- quels ſeront troüez afin qu'ils ne poiſent pas tant, & ſeront ſi bien appropriez & embourrez qu'ils ne bleſ- ſeront aucunement, & ſeront leſdits corcelets changez ſouuentefois ſi le malade n'a accomply ſes trois di- menſions, & à ceux qui croiſſent, les faudra changer de trois mois en trois mois, plus ou moins, ainſi que l'on verra eſtfe neceſſaire : car autrement en lieu de faire vn bien, on feroit vn mal. La figure du corcelet eſt telle. • Corcelet pcur dreſſer vn corps tortu. , %%# 7 Q) # 7 # § 4# † %| o, | ºè - ſſ6 o 9o § O # o# , \. é e 2/6 De eeux qui iettent leur vrine inuolontairement , & le moyen de ſuruenir à eeux qui ont la verge perdue. ſ C H A P I T R E I X. #S ) T r ^ s º v R , E , eſt lors que l'vrine diſtille inuolontairement goute à goute : ce qui aduient $# par le defaut de la vertu retentrice & deprauation de l'expulſiue, comme auons dit en ſon lieu. #^ Ceux qui ont telle indiſpoſition, ſont en grande peine. Et pour ſes ſoulager, 1'ay inuenté cét " inſtru ment, lequel eſt de fer blanc de la figure d'vne brayette, & contient en ſa cauité enuiron " vn poſſon. Il ſe doit mettre en la brayette du malade, à laquelle il ſera attaché auec vne aiguil- lette par l'anneau qui t'eſt aſſez apparent. Et le malade poſera l'extremité de ſa verge dans la cauité mar- quée C. en laquelle y a vne piece auſſi de fer blanc , enfoncée aſſez profondement, tant pour ſouſtenir le bout de la verge, que pour garder & empeſcher l'vrine de ſortir hors , meſmes en cheminant B. monſtre la dite piece. A D. monſtrent le corps dudit inſtrument, à ſçauoir A. la partie anterieure, & D. la poſte- rieure. Figure d'vn inſtrument qui peut eſtre dit reſeruoir de l'vrine. CC ç Cetix : Cauſe de ^V0R fI1rº E72 l'eſp.ne. s78 Le Vingt-troiſiéme Liure, Ceux qui ont entierement perdu la verge virile iuſque au ventre, ſont en peine lors qu'ils veulent vriner A & ſont contraints s'accroupir commes les femmes. Ie leur ay inuenté cette Canule, laquelle on peut faire de bois , ou de fer blanc, ou d'autre matiere, de longueur & groſſeur d'vn doigt, & caue. A. C. monſtrent le corps & longueur de ladite Canule. B. l'extremité ſuperieure, qui eſt plate & plus large que le corps. D. la partie externe d'icelle extremité. Il s'appliquera par ſa partie ſuperieure platte contre le conduit de l'y- rine, laquelle paſſera au trauers, & ainſi pourra vriner debout ſans s'accroupir. Figure dudit inſtrument ou Canule pour ceux qui ont perdu la Verge, qu'on peut nommer Vretere. L'artifice de mettre vn poulcier ou doigtier. CH A P. X. $ſ& O R s qu'vn nerf ou tendon ſont entierement coupez , l'action qu'ils faiſoient ſe perd, & par- #$ tant la partie demeure manque à flechir ou eſtendre, & quelquesfois peut eſtre aydée par l'ar- tifice du Chirurgien. Ce que i'ay fait à vn Gentil-homme qui eſtoit à Monſeigneur le Con- & neſtable, lequel receut vn coup de coutelas le iour de la bataille de Dreux pres la jointure de la main dextre partie externe, de ſortes que les tendons qui eſleuent le poulce, furent du tout coupez, dont ledit poulce apres la conſolidation de la playe demeura fiechy au dedans de la main ſans ſe pouuoir leuer, ſi ce n'eſtoit par le benefice de l'autre main : mais ſubit ſe retournoit à reflechir , comme auparauant, qui eſtoit cauſe que le Gentil-homme ne pouuoit prendre ny tenir eſpée, dague , lance, picque, ny autres armes. Or voyant ſa main eſtre quaſi inutile & priuée du maniement des G ººº º armes, il me pria luy couper le poulce, ce que ie ne luy voulus accordel : mais au contraire ie luy fis faire "sº vn inſtrument de fet blanc , dans lequel il mettoit ſon poulce. Ledit inſtrument eſtoit attaché par deux la- nieres à deux petits annelets ſur la jointure de la main, ſi dextrement, que le poulce demeuroit eſleué : & par ainſi le Gentil-homme pouuoit tenir eſpée, picque, lance, & autres armes. La figure t'eſt icy repreſentée Hiſto're, Figure d'vn poulcier de fer blanc pour tenir le poulce eſleué. · Du vice des jambes dont les malades ſont appellez Vari & Valgi, & des iambes trop greſles. C H A P 1 T R E X I. - cauſe du # L m'a ſemblé bon d'eſcrire vn vice dont le patient ſelon la diſpoſition eſt nommé en Latinrºu, D v•e dont le # # ſçauoir eſt quand le pied eſt tourné vers le dedans : & ce vice vient quelquefois dés le ventre de la º º $ * º mere : laquelle pendant ſa groſſeſſe s'eſt tenué trop longuement aſſiſſe les iambes croisées : ou pour- oººº # ce que la mere a tel vice : ou pour la mauuaiſe figure qu'aura tenue la nourrice enuers l'enfant pour ne l'a- # ºu a - uoir tenu bien droit, ou pour auoir preſſé & tourné le pied contre la figure naturelle Car les os despetits , , ,ati , enfans nouuellement nez ſont fort mols.Au contraire, quand le pied eſt tourné vers la partie exterieure, on i , nomme le patient qui a tel vice valgus qui ſe fait auſſi de meſme cauſe : & l'vn & l'autre vice eſt nommé du ceſ'tt e pour vulgaire pied bot : & n'aduient pas ſeulement aux pieds , mais aux genoüils pareillement. Pour remedier ruaire les à tels vices, & reduire les os en leur lieu, il les faut pouſſer en leur ſituation naturelle. Et faut icy noter,que ( * . · ſi le malade eſt Varus, il faut pouſſer le pied, & le tenir comme ſi on le vouloit rendre Valgus.Au contraire, s'il eſtoit valgus,le faut pôuſſer comme ſi on le vouloit rendre varus & les y faut tenir aſſez long-temps,afin que les os puiſſent demeurer en leur deüe ſituation. Car où l'on ſe contenteroit de remettre ſeulement les os en leur place, ils retourneroient en leur premier vice. Parquoy il faut dauantage les pouſſer, & les y faut tenir , tant par bandages & compreſſes appliquées au lieu vers lequel tend le vice, comme auſſi par petites botines propres à ce faire,leſquelles ſeront de l'eſpeſſeur d'vn teſton,faites de cuir boüilly, & fendues par le deuant & ſous le pied , afin qu'elles s'ouurent mieux pour y mettre le pied, & ſeront liées & attachées com- modément : & y ſera appliqué ce remede, qui en tel cas eſt excellent, - 2.Thuris, D'adjouſter ce qui defaut. 579 # ! # * #s l# D 2/.Thuris, maſtiches, aloes, boli Armenix an. 3.j.aluminis rocha, reſinz pini ſiccx ſubtiliſſimè pulue- riſatorum an. 3.iij. far volatilis3. j.É. albumina ouorum q.f. fiat medicam. On y peut adiouter de la there- benthine, de peur qu'il ne ſe deſſeiche trop. Il faut icy noter qu'on ne doit aucunement faire cheminer les S)uand on enfans vares & Valges, que premierement les jointures ne ſoient bien affermies, de peur qu'ils ne ſe deſ doit faire boitent derechef. Et lors qu'on voudra les faire marcher, on leur baillera des ſouliers aſſez hauts comme # las des demies botines, & lacez par le deuant, ou attachez à vn petit crochet, & qu'ils ſoient de cuir aſſez # &° ſolide, à fin de tenir toufiours les os fermes ſur leur jointure,& qu'ils ſoient contraints d'y demeurer : & Algºta faut faire que la ſemelle ſoit plus haute du coſté où le vice eſt enclin, à ſe tourner,à fin de le faire renuer- ſer du coſté qu'il ne ſera neceſſaire comme tu vois par cette figure. Pourtraitt de deux petites Botines, l'vne ouuerte, & l'autre cloſe. Les moyens d'accommoder des mains, bras & jambes artificielles , au lieu de ceux qui auront efté coupez. A - C H A P 1 T R E X I I. NMAneceſſité nous a contraints à chercher les moyens d'imiter Nature, & ſupplier au defaut , des membres déperdus, comme tu verras aux membres artificiels. Les figures & pourtrais 2 des mains, bras & jambes qui s'enſuiuent, repreſentent les mouuemens volontaires d'auſ- -3 }ſi pres qu'il eſt poſſible à l'art d'enfuiure Nature. Car flexion & extenſion ſe peuuent faire #par bras & jambes artificiellement faictes ſur ces pourtraicts: leſquelsj'ay Pº grande prie- - #dre recouuert, dvn nommé le petit Lorrain, serrurier demeurant à Paris » homme de bon L, petitLor- eſprit, auec les noms & explication de chacune partie deſdicts poutraicts , faites en Propres termes : & rain , inge- mots de l'artiſan: afin que chacun Serrurier ou Horlogeur les puiſſe bien entendre, & faire bras ou jambes nºuss . artificielles ſemblables , qui ſeruent non ſeulement à l'action des parties coupées » mais auſſi à la beauté & rier. - ornement d'icelles, comme on peut cognoiſtre & voir par les figures ſuiuantes. • , CC c 2 Pourtraiſi 58o Le Vingt-troiſiéme Liure, Pourtraict de la main artificielle. A Deſcription de la main defer. 1 Pignons ſeruans à vn chacun doigt, qui ſont de la piece meſme des doigts : adiouſtez & aſſemblez dedans le dos de la main. 2 Broche de fer qui paſſe par le milieu deſdicts pignons, en laquelle ils tour- IlCIlI. 3 Gaſchettes pour tenir ferme vn chacun doigt. 4 Eſtoqueaux , ou arreſts deſdittes gaſ- chettes , au meilleu deſquelles § cheuilles pour arreſter leſdictes gaſ- chettes. 5 La grande gaſchette pour ouurir les quatre petites gaſchettes qui tiennent B les doigts fermez. 6 Le bouton de la queiie de la grande gaſchette, lequel ſi on pouſſe, la main S Ol1l1I1I2. 7 Le reſſort qui eſt deſſous la grande gaſchette ſeruant à la faire retourner en ſon lieu, & tenant la main fermée. 8 Les reſſorts de chacun doigt, qui rame- NN nent & font ouurir les doigts d'eux- ) ) meſmes, quandils ſont fermez. ') 9 Les lames des doigts. %/ - \! #$ La figure ſuiuante te monſtre le dehors de la main, & le moyen de l'attacher au bras & à la manche du pourpoint. D'adjouſter ce qui defaut. 581 Le bracelet de fer pour la forme du bras. L'arbre mis au dedans du grand reſſort pour le tendre, Le grand reſſort qui eſt au coude, lequel doit eſtre d'acier trempé : & de trois pieds de longueur ou plus, Le roquet. - La gaſchette. Le reſſort qui poſe ſur la gaſchette,& arreſte les dents du roquet. Le clou à viz pour fermer le reſſort. - Le tournant de la hauſſe dé l'auant-bras, qui eſt au deſſus du coude, La trompe du gantelet fait à tournant auec le canon de l'auant-bras qui eſt à la main ; leſquels ſeruent à faire la main prone & ſupine t c'eſt aſçauoir prone vers la terre, & ſupine vers le Ciel. Autre pourtraitt. D'vne main faicte de cuir boüilly, ou papier colé, les doits tenans vne plume pour eſcrire,propre à celuy qui auroites la main du tout coupée & amputée (le malade mettant ſon moignon dedans le plus auant qu'il pourra) laquelle s'attache à la manche du pourpoinct par certains trous que tu vois en la figure. $> (º m) º»aº [ Semblablement quand à quelqu'vn par vne playe les tendons & nerfs de deſſus la main ſeront coupez,qui fait que le malade ne peut leuer la main, demeurant quaſi inutile : elle ſera tenue eſleuée par cét inſtrument fait de fer blanc , couuert de taffetas,ou autre choſe, & ſera poſé ſous la main joignant la premiere jointure des doigts : puis attaché par deſſus le carpe. Cela fait, que la main demeure droite, de façon que le malade s'en ayde par le moyen dudit inſtrument, qu'on peut nommer Dreſſe-main. Le bout decét inſtrument qui eſt rond, ſe doit mettre contre la premiere jointure des doigts, & l'autre bout contre le Carpe, & ſera ſerré par les liens fort ou peu ſerrez, ainſi qu'il ſera neceſſaire. - Figure du dreſſe- main. Pourtraict 582 Le Vingt-troiſiéme Liure, | 12: # - la jambe, miſe au deuant dugenouil. )) d) Pourtraict des iambes artificielles. Deſcription de la iambe de bois. o Le lien par lequel on tire l'anneau de la gaſchette, pour plier la jambe. § Le cuiſſot auec les cloux à viz , & les trous deſdits cloux pour eſlargir ou eſtendre ſur la cuiſſe qui ſera dedans. 2 La pomme pour poſer & appuyer la main deſſus, & ſe tourner. 3 Le petit anneau qui eſt au deuant de la cuiſſe , pour dreſſer & conduire la jambe où l'on veut. 4 Les deux boucles de deuant, & celle de derriere, pour tenir & attacher au corps du pourpoint. , Le petit fonds au bas,dedans lequel ſe met la cuiſſe iuſques à deux doigts pres du bout. " A ſeruant auſſi à faire la beauté & forme de la ! jambe. B 6 Le reſſort pour faire mouuoir la gaſchette qui ferme la jambe. 7 La gachette qui tient le baſton de la jam- be droit & ferme, de peur qu'il ne renuerſe. 8 L'anneau auquel eſt attachée vne corde pour tirer la gaſchette, afin que le baſton ſe puiſſe plier, lors que l'on ſe fied, & que l'on eſt à cheual. 9 La charniere pour faire ioüer & mouuoir 1o vn petit eſtoqueau ou arreſt pour garder que la gaſchette ne paſſe outre le cuiſſot : car ſi elle paſſoit outre, le reſſort ſe romproit, & ' l'homme tomberoit. 11 La virolle de fer, dedans laquelle le ba- ſton eſt inſeré. L'autre virolle au bout du baſton, qui porte la charniere à faire mouuoir le Pied. Vn reſſort pour faire remettre & rejetter le pied en ſa place. L'arreſt qui ſera au reſſors pour rejetter le pied en bas. Iambe reueſtue, Lames pour la beauté du genouil. La greue pour la beauté & forme de la jambe. Le gras pour acheuer la forme de la jambe. Lames pour former le coup de pied. Figure d'vne iambe de bois pour les pauures. Deſcription de la figure de la jambe de bois pour les pauures. a a Repreſente l'arbre de la jambe. b b Les deux fourchons pour inſerer la cuiſſe , dont le plus court ſe doit mettre dedans jambe. · c c Te monſtre le couſinet, lequel ſe met pour ſupportet mol- lement le genouil ſur la rondeur de l'arbre. d d Sont les courroyes auec boucles tranſuerſantes en deux en- droits les fourchons de la cuiſſe pour la ſerrer & tenir entre iceux. • 4 Par e, t'eſt marquée la cuiſſe, afin de t'enſeigner la poſition d'i- celle ſur la jambe de bois. e Figure D'adjouſter ce qui defaut. 583 - $ N - Le moyen de faire aller droict vne perſonne qui ſeroit boiteux , à raiſon de l'accroiſſement de la jambe, | #l, # ) | - - 2 E> -- A # Figure d'vne bande pour ayder à leuer le pied. l^ ) - D'abondant, il aduient ſouuent, que pour auoir receu quel- que coup d'eſpée, ou autre inſtrument trenchant aux tendons, & nerfs de la jambe, le malade apres la conſolidation ne peut qu'à bien grande peine marcher & leuer le pied , le trainant en arrie- re, comme eftant à demy paralytique. Pour remedier à cét acci- dent, le malade aura vn chauſſon au pied auquel ſera attachée vne bande marquée par A A , icelle faite de toile large de trois doigts, laquelle ſera fendue au milieu de la jambe , afin qu'elle paſſe aux coſtez du genoüil , attachée fermement aux œillets du pourpoint , afin de tenir le pied eſleué lors que le malade che- mine. La figure eſt telle. \ C H A P. - # par quelque accident la jambe demeuroit courte, dont le malade ſeroit boiteux : A tel ſymptome faudra vſer de cét inſtrument, dit potence à ſiege, laquelle eſt faicte de tel artifice, que l'on pourra facilement aller droict & bien à l'aiſe, eu eſgard à la grandeur de l'inconuenient : de laquelle poten- ce 1e t'ay voulu donner le Pourtraict accommodé à la perſonne,tant par deuant que par derriere. C Figure d'vn homme boiteux ſitué ſur vne potence de grand artifice, laquelle i'ay recouuert de Maiſtre Nicolas Picard Chirurgien de CMonſeigneur le Duc de Lorraine. $ # $ - Z - 6 , % # % ## 7'2 =â # # \% é| 243 |\% # % *_º % 22,| | - - # % #%1|| # #| V% #||| # \% \| 3 / :% é%|% | 4 = # 23 ES |#5 $ 4E =i %. - a - > ^#$ |à E =ès* | ºſ "#= llº á% #= | Il A Monſtre l'arbre de la potence, lequel eſt de bois. B Le ſiege qui eſt de fer, lequel embraſſe la cuiſſe le long du Ply de la feſſe. C C c 4 L ll(2 P llZ- Il | / , C L'arc 584 Le Vingt-troiſiéme Liure, L'arc-boutant qui ſouſtient ledit ſiege. - - - L'eſtrier de fer,ſur lequel eſt posée la plante du pied, lequel eſt crochu, afin de tenir le pied ſujet- L'arc-boutant dudit eſtrier. vn fer à pluſieurs pointes pour tenir la potence qu'elle ne gliſſe. La croix de la potence, laquelle ſe met ſous l'aiſſelle. . Ceux qui auront perdu leurs cheueux, pour auoir eu la tigne, pelade, ou d'autre cauſe , auront vne fauſſe perruque. Auſſi les femmes qui auront leurs cheueux argentez , de peur d'eſtre eſtimées vieilles por- teront, de ratepenades, deſquelles à preſent elles ſe ſçauent bien accouſtrer & farder , pour ſouuent dece- uoir les hommes. Et auſſi pour ſe monſtrer plus grandes qu'elles ne ſont , portent des patins à la façon des femmes Italiennes, & d'Eſpagne. Elles font auſſi plufieurs autres choſes pour tromper les hommes, queiene veux icy deſcrire, de peur d'encourir leur mauuaiſe grace. - Fin du vingt-troiſiéme Liure, traittant d'adioufterce qui defaut naturellement ou par accident. 48,3 . # TABLE DES CHAPITRE S - -, Generation. $ # O VRQVO r les parties generatiues ſont accompagnées de grand plaiſir. •$ $ # De quelle qualité eſt la ſemence dont eſt engendré le maſle & la femelle. N # Pourquoy les femelles des Beſtes brutes, apres eſtre empreintes, ne deſirent plu de s'accou- - pler aux maſles. Chap. iij. # $ # La maniere d'habiter & faire generation. Chap. iv. Les ſignes que la femme aura conceu, & eſt groſſe d'enfant. Chap. v. Comment la matrice ſe reſſerre ſi toſt que la ſemence y eſt jettée & retenuë, Chap. vj. c De la generation du nombril. Chap. vij. " Des vaiſſeaux qui ſont au nombril de l'enfant. Chap. viij. du vingt-quatriéme Liure de la Chapitre j. Chap. ij- De l'ebullition des ſemences à lamatrice, & des trois ampoulles qui ſont les lieux des trois membres princi- paux, à ſçauoir, le foye, le cœur, & le cerueau. Chap.ix- De la troiſieſme ampoulle où la teſte ſe forme. Chap. x. De l'Ame. Chap. xj. Des excremens naturels, & de ceux que iette l'enfant en la ma ice de ſa mere. Chap. xij- Comme l'enfant eſtant à terme, s'efforce de ſortir bors du ventre de ſa mere, & de ſa natiuité. Chap. xiij. De la ſituation de l'enfant au ventre de la mere. Chap xiv. Du temps commode ou incommode de la nat,uité de l'enfant. - Chap. xv. Les ſignes de la femme de bien toſt enfanter. Chap. xvj. Ce qu'il faut faire à l'enfant ſubit qu'il eſt nay. Chap.xvij. De la maniere d'extraire l'arriere-faix apres l'enfantement. Ghap. xviij- Ce qu'on doit bailler a l'enfant par la bouche deuant que luy donner à tetter. Chap.xix. De l'eſle:lion d'vne bonne nourrice. Chap.xx. De quelle qualité doit eſtre choiſie la nourrice. Chap. xxj. De l'aage de la nourrice, Chap. xxij. De # du corps de la nourrice. (.'.) Chap. xxiij. D Des mœurs de la nourrice. Chap.xxiv. Des mammelles, & de la poictrine de la nourrice. Chap. xxv. De la nature du laict de la nourrice. Chap.xxvj. De la diſtance du temps que la nourrice a enſanté, & du ſexe deſon enfant. Chap. xxvij. Du regime de la nourrice. Chap. xxviij. Comme l'on doit accouſtrer la boüillie du petit enfant. , Chap. xxix. En quel temps il faut ſevrer l'enfant. Chap. xxx. Les ſignes pourcognoiſtre ſi l'enfant eſt viuant ou mort au ventre de la mere. Chap.xxxj. De la maniere de bienſituer la femme pour luy extraire l'enfant. Chap.xxxij. De la maniere de tirer les enfans hors le ventre de la mere, tant morts que vinant. Chap,xxxiij. Ce qu'il faut faire à la femmeſubit qu'elle eſt accouchée. Chap. xxxiv. Ce qu'il faut faire anx tetins de la nouuelle accouchée. Chap.xxxv. Des cauſes de la difficulté d'enfanter. Des cauſes de l'auortement des femmes. Des moyens de ſuruenir à l'enfant, la mere morte. De la ſuperfetation, c'eſt à dire, conception reiterée, ou ſurengendrée. Chap. xxxvj. Chap. xxxvij. Chap xxxviij. Chap. xxxix. De · Table. 585 'A Delamºl engendrée en la matrice, appellée des femmes, mauuais germe, Chap. xl. Des ſignes pour cognoiſtre vnemole d'auec vn enfant. Chap. xlj, Cure de la mofe, Chap. xlij. De la ſterilité, qui eſt defaut d'engendrer aux hommes. Chap. xliij. De la ſterilité & fecondité des femmes. Chap. xliv. - Les ſignes de la matrice intemperée. Chap. xlv. De la precipitation ou peruerſion de la matrice. (.') Chap. xlvi. Cure de la precipitation de la matrice. Chap. xlvij. Comme il faut ſituer la femme lors que la matrice eſt tombée. Chap. xlviij. De la membrane appellée Hymen. 9hap. xlix. Hiſtoire memorable de Iean Vuier, de la membrane appellée Hymen. Chap. l. De Phimon. Chap. lj. De la ſuffocation de la matrice, appellée des femmes le mal de la mere,& des cauſes. Chap. lij. Les ſignes que toſt la femme aura ſuffocation de matrice. Chap. liij. Les ſignes pour cognoiſtre ſi vne femme eſt morte, ounon, par vne ſuffocation de marrice. Chap. liv. Les differences de ſuffocation de matrice. Chap. lv. Les ſignes pour cognoiſtre ſi la ſuffocation vient par la ſemence retenue & corrompue, & non ºu ſang - menſtruel. Chap. lvj. B Cure de la ſuffocation de la matrice. Chap. lvij. Du flux menſtruel des femmes. * Chap. lviij. Pourquoy Nature a faitt que la femme a vn flux menſtruel. (.') Chap. lix. La cauſe des menſtrues aux femmes. - Chap. lx. Les cauſes pourquoy le flux menſtruel eſt retenu aux femmes. Chap. lxj. Les ſ# #º que les menſtrues ſont retenues, & les maladies & accidens qui en aduiennent. Chap. lxij. Des §pour prouoquer le flux menſtruel aux femmes. Chap. lxiij. Les ſignes que les mois veulent couler auxfemmes & filles. Chap. lxiv. Les accidens qui viennent aux flux du ſang menſtruel immoderé. Chap. lxv. Le moyen d'arreſter le flux menſtruel exceſſif. Chap. lxvj. Les remedes #º qu'on doit appliquer en la matrice pour eſtancher le flux de ſang immoderé. Chap. lxvii. Duflux # #.fleurs blanches. " Chap. lxviij. Cauſes des fleurs blanches. Chap. lxix. Cure du flux muliebre ou fleurs blanches. Chap. lxx. 2Des pales couleurs. (.'.) Chap. lxxj. cºº battement de cœur. - | Chap. lxxij. ZBourſoufleure. Chap. lxxiij. ' Appetit corrompu & depraué. Chap. lxxiv. Nausée & vomiſſement. Chap.lxxv. Friſſons & rigueurs. (.".) Chap. lxxvj. Des ſouſpirs , gemiſſemens & ris. Chap. lxxvij. Reſueries. - Chap. lxxviij. De l'euanouiſſement. Chap. lxxix. · De la fiévre erratique. Chap. lxxx. Soif & alterations. (-'à Chap. lxxxj. Du veiller. Chap.lxxxij. Cure. Chap. lxxxiij. Des hemorroides qui naiſſent au col de la matrice. Chap. lxxxiv. Des verrués qui viennent au col de la matrice. Chap. lxxxv. De thym eſpece de verrué. Chap. lxxxvj. Res Rhagadies & condilomes. Chap. lxxxvij. Du prurit de la matrice. Chap. lxxxviij. De l'hydropiſie de la matrice. (.'.) Chap. lxxxix. De l'inflamation de la matrice. - Chap. xc. . P Des pierres & ſables contenu en lamatrice. Chap.xcj. Du col de lamatrice trop large, trop ouuert c trºp lubrique. Chap. xcj- De la relation du gros inteſtin qui ſe fait aux femmes. - Chap. xcuj. De la relation & enfleure du nombril qui ſe faitt aux enfant. Chap. xciv. De la douleur des dents des petits enfans. * Chap. xcv. L E IN M E L I V R E , T R A I C T A N T D E LA G E N E R ATI ON DE L HOMME, recueilly des Anciens & Modernes. , Par AM B R o 1 s E PARE de Laual au Maine, Conſeillier, & premier Chirurgien du Roy. P R E F A c E. Gal. au 14. , E I E v le Createur de toutes choſes : au commencement du monde, par vn conſeil liu de l'vſa- # 2 X2 ( # indicible & prudence ineſtimable; a creé non ſeulement en l'eſpece humaine, mais sºdº Par- # 22$ · NNNV) auſſi en toutes eſpeces d'animaux,deux ſexes:l'vn maile,l'autre femelle : leſquels par IIº5. $E25z $3,, certains allechemens de volupté ſe conioindroyent enſemble pour la generation de # # W leur ſemblable, à cauſe de la condition ineuitable de mort à tous indiuidus ani- # # 6 \ maux, que la volonté diume leur auoit ordonnée. En cette conionction voluptueuſe ($\@)/{!y l'homme & la femme, principalement au ſacré Mariage, jettent leurs ſemences.leſ- » < \ $ quelles jointes l'vne auec l'autre,ſont receüs & conſeruées en la matrice de la fem- 6)u'eſt-te • - 2 me. Or la ſemence eſt vn humeur eſcumeux , plein d'eſprit viuifiant, qui la faict que la #. boüillonner & accroiſtre en la matrice : & ſont leſdictes ſemences, la matiere & la forme naturelle de l'en- 77747/2C6 /7/4- - - - - - - r - - - - §" fant, faict du ſangle plus pur de la maſſe ſanguinaire.La virile eſtant jettée en la matrice , ſe fait principe & cauſe effectiue de la generation de l'animal. Icelle ſemence doit eſtre blanche, ſplendide & claire : gluti- neuſe, globulente, & l'odeur de ſureau, ou de palme, & appetée des mouſches, deſcendante au fond de l'eau : car ſi elle nage deſſus, elle ſera infeconde. ºſº .. Or la plus grande partie d'icelle vient du cerueau, mais le total procede de tout le corps vniuerſel, & de # *" chacune partie, tant ſolide que molle. Car c'eſt choſe manifeſte que ſi ellene venoit de tout le corps les par- rps. ties de l'enfant n'en pourroient eſtre faictes, parce qu'il faut que toutes les parties ſoient faictes de leur ſem- blables. Et cecy eſt prouué par la ſimilitude ou ſemblance des enfans aux peres & meres,& parl'imbecillité de certains membres:car ſi le pere ou mere ont le cerueau ou foye,poulmon,eſtomach,ou autre partie debile, l'enfant le plus ſouuent tient de cette debilité,& meſme eſt ſubject à certaines maladies hereditaires, tant du corps que de l'eſprit. Or il faut icy entendre, que lors que les anciens ont dit la ſemence venir de toutes les parties du corps,il ne le faut entendre de la matiere : car elle eſt tirée de la maſſe ſanguinaire, mais auec icelle l'eſprit animal, vital, naturel, & les idées de la vertu formatrice d'vne chacune des parties ſont tirées de Gal. de vſº tout le corps en general, & parties d'iceluy. Et qu'il ne ſoit ainſi, nous voyons ceux auſquels on a coupé vn part lim. 14. bras ou vne jambe, ou autre partie, auoir toutesfois des enfans bien formez.Or la ſemence attize & allume ehap. 1. le deſir d'habiter,& cauſe vn plaiſir delectable,& principalement à l'emiſſion d'icelle,de crainte que l'homme, de ſoybraue & fier, ne deſdaignaſt vn acte tel que ſemble l'accouplement charnel, & par ce moyen ne ſe ſouciaſt de perpetuer ſon nom à la poſterité par lignée procreée de ſon corps, & de peur que la ſemence Galibid. ne fuſt jettée en autre lieu qu'en la matrice. Èt afin que la generation fut faicte, les maſles ayans compagnie ****° ' de la femelle, les parties genitales de l'vn & de l'autre s'eſtendent de toutes parts : aux maſſes la verge,pour jetter droict la ſemence en la capacité de la matrice : & aux femelles, le col de la matrice, qui pour la rece- uoir s'ouure & eſlargit, & ſe tient droict pour auſſi vuider ſa ſemence,qui eſt enuoyée par les vaiſſeauxſper- matiques aux teſticules, tant de l'homme que de la femme : leſquels vaiſſeaux font pluſieurs retours,reuolu- tions & replis comme capreoles de vignes, afin que dans ces entortilleures & anfractuoſitez le ſang & eſprit enuoyez aux teſticules ſoient cuits & digerez par ſi long chemin,& partant elabourez & blanchis enſubſtan- ce ſeminale : & ſe terminent ces dernieres entortilleures aux teſticules, qui ſont de ſubſtance rare, laxe & Gal. chap.3. ſpongieuſe, receuans cét humeur qui ja a commencé d'eſtre cuit aux vaiſſeaux , & l'acheuent de cuire en de vſu part plus grande perfection, luy donnant les qualitez, forme & eſſence requiſe pour la generation de l'animal. Or la ſemence eſt rendué blanche par la faculté des teſticules qui ſont blancs. Le maſle jette la ſemence hors de ſon corps, & la femelle dedans le ſien , par les vaiſſeaux ſpermatiques qui ſont implantez dans la ca- paeité interne de ſa matrice. - - Pourquoy les parties generatiues ſont accompagnées d'vn grand plaiſir. C H A P I T R E P R E M 1 E R. Gal. an liu. 14 de vſu part chap 9. # V s * G * des parties generatiues eſt accompagné d'vn tres - grand plaiſir, & aux animaux qui - #º ſont en la fleur de leur aage,certaine rage & cupidité furieuſe procede dudit vſage : ce que natu- #$re a ordonné , afin que l'eſpece demeure à iamais incorruptible & eternelle, par la multiplication º de ſes indiuidus : & partant Nature a voulu que les animaux fuſſent aiguillonnez d'vn ardeur & enuie extreme de ſe coupler enſemble, & qu'à ce deſir fuſt conjoincte vne grande & cbatouilleuſe volupté, «fin d'autant qu'ils u'ont Point de raiſon, ils fuſſent neantmoins par l'aiguillon du plaiſir, incitez à ſe mettre €f1 De la Generation. 587 *. A en deuoir pour conſevwer & maintenir leur genre & eſpece. Pline dit que tous animaux ont certains temps limitez de charger & porter leurs petits, toutesfois l'homme ſeul n'a aucun temps ny terme prefix Liu.7. ch.1 ou definy, mais vient au monde en tout temps. Outre que Nature a donné aux parties genitales vn grand ſentiment, plus aigu & vif qu'à nulle autre partie, par le moyen des nerfs qui ſont † partant nul ne ſe doit eſmerueiller pourquoy à leur action elles ſentent plus grande delectation & plaiſir. Or d'abondant " il y a vne certaine humeur ſereuſe ſemblable à la ſemence, mais plus liquide & ſubtile, contenue dedans les proſtates, qui ſont deux glandules ſituées au commencement du col de la veſſie,& aux femmes au fond de la matrice par les vaiſſeaux ſpermatiques. Icelle humeur a vne petite acrimonie picquante,& aiguillonnante, auec vn petit prurit & demangeaiſon, qui irrite les parties à faire leur action, en donnant volupté & plaiſir, parce qu'elle eſt accompagnée de grande quantité d'eſprits qui s'eſchauffent & deſirent à ſortir hors. Et pour exemple, comme lors qu'il y a en vne partie de noſtre corps quelques humeurs aigres ou acres accumulées . ſous lecuir , qui chatoüillent & demangent, elles inuitent à ſe gratter, & en ſe grattant on en a vn grand plaifir. Ainſi les parties genitales qui ont vn plus grand ſentiment que celles de la peau , eſtant aiguillon- Hipp liu de nées de cét eſprit, ſentent vn plus grand plaiſir, principalement à l'heure du coit. Pareillement lors que la genera- ' ladite humeur ſort auec la ſemence, on ſent vn extreme & incomparable plaiſir & volupté : & telle choſe a tion. eſté faicte par dame Nature, de peur que la ſemence ne fuſt jettée hors la matrice pour le deſir qu'elle a Gal. iºiº. à faire generation Dauantage cette humeur outre qu'elle donnent enuie de s'aſſembler, & s'aſſemblant don- *** ne vn grand plaiſir, elle arrouſe & moüille le canal de l'vrine contre l'acrimonie dicelle : Autrement qui conſidereroit le conduit du champ de nature humaine, & les immondices qui paſſent par iceluy, & ſes deux voiſins le boyau cullier & la veſſie, iamais l'homme ne voudroit s'accoupler auec la femme : de l'autre co- ſté, ſi la femne auoit eſgard au mal, qu'elle doit auoir de porter l'enfant neuf mois en ſon ventre, & l'extre- me douleur d'enfanter , iamais ne deſireroit d'auoir compagnie d'homme. Nonobſtaut tout cela , il y a des hommes qui vſent intempeſtiuement du coit , pour l'appetence excitée par la memoire du plaiſir & de la vo- lupté, & n'eſtant detenue de la ratiocination,enflamme & allume le ſang & les eſprits,leſquels eſchauffez ex- citent ce plaiſir lubrique, tellement que pluſieurs en vſent ſans reigle & immoderénent : bien ſouuent au lieu de ſemenee jettent vn humeur demy-cuit & ſanguinolent, voire le ſang tout pur, dont la mort s'enſuit: car la concupiſcence & l'appetit deſordonné ſont ſi grands , que bien ſouuent il contraignent Nature de ſortir hors de ſes bornes & limites. Or il aduient quelquesfois difficulté d'vriner pour auoir trop vsé du Choſe digne coit, pour la conſomption de cette humeur glaireuſe , dont les parties dediées à l'vrine ont eſté trop deſſei- à nºter. chées : à tels pour les faires vriner, faut jetter de l'huile auec la ſyringue dedans la verge. Et pour retourner à noſtre propos, pour bien habiter auec les femmes, il faut que la verge de l'homme ſoit bien fermement . tendué, afin que la ſemence par ſon canal ſoit jettée au loing dedans la matrice : & eſtoit neceſſaire qu'à l'emiſſion d'icelle, ledit canal demeuraſt fort droict & fort large,afin que promptement & ſans intermiſſion, elle fuſt jettée au profond de la matrice : car ſi elle tardoit en chemin elle ſe refroidiroit,& par euaporation Gal.liu. 11, de ſes eſprits ſeroit rendue infeconde. Or la verge ſe dreſſe par le moyen du ſang & eſprits flatulens,& pour de vſu part. cette cauſe eſt composée d'vne partie nerueuſe, ſpongieuſe & caue : la matrice a vne faculté propre d'attirer ch.I. & 3- la ſemence du maſle à elle par ſon conduit ou emboucheure : & par deux autres conduits qui ſont ſes cor- nes (où ſont les vaiſſeaux ſpermatiques ) eſt iettée la ſemence de la femme en la cauité de ſa matrice : leſ- quelles cornes ont eſté faites pour tirer la ſemence de ſes propres teſticules, leſquels ſont fort petits, & beaucoup moindres que ceux des hommes : à cette cauſe ne ſont ſi chauds ne vigoureux, & ainſi leur ſemen- ce eſt plus froid & humide que celle de l'homme, & partant meſlée auec celle de l'homme, ſe tempere : auſſil'orifice de la matrice s'ouure à l'emiſſion de ſa ſemence,pareillement afin que celle de l'homme entre en ſa cauité : & iamais la conception ne ſe fait, que les deux ſemences, ne concourent enſemble en vn meſine inſtant, & que la matiere ne ſoit bien diſposée, & que les deux ſemences de l'vn & de l'autre ne ſoient bien elabourées par bonne concoction. Et s'il y a plus grande quantité & qualité plus vigoureuſe de ſemence de l'homme , il ſe fera vn maſle : au contraire, ſi la ſemence de la femme ſurmonte celle de l'homme tant en lamais la quantité qu'en vertu, il ſe fera vne fenelle : car comme vne grande lumiere obſcurciſt la petite, pareille-ººº ment la vertu eftant plus forte & plus grande des ſemences,la moindre cede toutesfois, & en la femme il y a * # eniture , tant pour engendrer maſle que femelle. Qu'il ſoit vray, il y a pluſieurs femmes qui n'ont eu de # eurs premiers maris que des filles ſeulement,leſquelles depuis eſtans remariées à d'autres maris, n'ont faict (7072C0A476772 ? que des fils. Et auſſi meſnes les maris, deſquels les femmes ne faiſoient que des filles,& eſtans remariez à enſemble. d'autres femmes , on engendré des maſles : & autres qui ne faiſoient que des maſles, on engendré des fil- Ily a en l'hā. les eſtant remariez à d'autres femmes. Et pour le dire en vn mot, tant en la femme qu'en l'homme eſt conte- me & en la nuë ſemence maſculine & feminine. Toutesfois il faut entendre,qu'il ne ſe produit pas touſiours en vn hom- femme ſe- me, vne ſemence pour engendrer vn fils, ny auſſi pour faire vne fille : mais cela varie ſelon la varieté de º # l'aage & façon de viure : ce qu'on void preſque ordinairement,ainſi eſt-il de la femme. Parquoy nul ne ſe culine & fe- doit eſmerueiller, de ce qu'vn meſme homme auec vne meſme femme, engendrent tantoſt vn enfant maſle " & tantoſt vne femelle. D -- De quelle qualité eſt la ſemence dont eſt engendré le maſle & la femelle. C H A P 1 T R E I I. # L eſt certain que la ſemence plus chaude & plus ſeiche engendre le mafle, & la plus froi Hip ºu li.de )de & humide la femelle : car il y a beaucoup moins de vertu au froid qu'au chaud : ainſi ºº** P% l'humidité eſt de moindre efficace que la ſiccité: & c'eſt pourquoy la femelle eſt plus !ºſº # tard formée que le maſle. En la ſemence giſt la vertu creatiue & formatrice. Exemplesen #( $yne graine de melon, potentiellement eſt le tronc , les branches, les fueilles, les fleurs, | i - A U# ) le fruict, la forme,la couleur, l'odeur, la ſaueur, & ſemence : ainſi eſt-il de toutes autres . : $ $ > #ſemences. Ce qu'on cognoiſt auſſi aux greffes entées ſur ſauuageons , retenans la na- · ture du fruict de l'arbre , d'où ils ſon tirez. Semblablement quand la ſemence du pere , ſurmonte celle de la mere lors l'enfant reſſemble au pere : & quand celle de la femme, ſurmonte celle de l'hommê , l'enfant reſſemble à la mere. Toutesfois on void le plus communément les enfans reſſembler Plus ºu L'imagin,. pere qu'à la mere, pour la grande imagination & ardeur qu'a la mere en la copulation charnelle : tel-ti, , cauſe de lement que l'enfant attire la forme & couleur de ce que ſi fort elle cognoiſt & imagine en ſon enten- la îmilitud« dement : comme il aduint de la Royne d'Ethiopie , laquelle en la copulation de ſon mary , imaginant deÂgºre. - Vne • - 588 Le Vingt-Quatriéme Liure, vne couleur fort blanche , enfanta vn fils blanc. Telle choſe ſe peut encores prouuer par l'artifice de A Iacob, qui mit des verges de diuerſes couleuis dans l'eau , au temps de la conjonction de ſes brebis : ce qui ſera cy - apres declaré plus au long parlant des monſtres. Il aduient auſſi quelques-fois, mais rarement , que l'enfant ne reſſemble à pereny à mere : mais à quelques-vns de leurs parens , comme à leur pere & mere , grands & ayeuls : parce que naturellement la vertu des ayeuls eſt fichée & enracinée aux cœurs de ceux qui engendrent. En quoy Nature reſſemble à vn peintre , qui pourtraict vne choſe au naturel , s'efforçant de faire reſſembler les enfans aux parens le plus qu'il luy eſt poſſible. Les enfans ne - reſſemblent ſeulement à leurs pere & mere de corſage ( comme en ce qu'ils ſont grands ou petits, gros *º*º. ou deliez , camus ou boſſus , boiteux ou tortus ) de parler , & de maniere de cheminer : mais auſſi re- #. tiennent les maladies, auſquelles leſdits pere & mere ſont ſubjets, qu'on appelle hereditaires, comme n il ſe void aux lepreux, gouteux , epileptiques , lapidaires, ſplenetiques , aſthmatiques , & autres ſembla- H tpp.au liu. bles : parce que la femence ſuit la complexion & temperament de celuy qui engendre , CIl ſorte qu vn homº- # me & vne femne bien temperez produiront vne ſemence bien complexionnée. Au contraire s'ils ſont regions cº intemperez , produiront vne ſemence mal complexionnée , & non propre pour engendrer vn enfant ſain «es eaux & de bonne habitude, ſuiuant la ſentence de Catulle. Vn chacun touſiours ſuit l'origine & ſemence de ſa nature propre. Parquoy celuy qui ſera gouteux, lepreux, ou en autre diſpoſition ſuſdite : s'il s'engen- dre vn enfant, à grand peine pourra - il euader qu'il ne ſoit ſujet aux maladies du pere & de la mere : ce que toutesfois n'aduient pas touſiours , comme l'experience le monſtre , ainſi que i'ay eſcrit au liure des Goutes. Car on void pluſieurs eſtre vexez de Gouttes & d'autres maladies , deſquelles les pere & me- re n'auoient eſté malades : & d'autres n'en eſtre iamais affligez , deſquels toutesfois les pere & mere en D ci tieat eſtoient grandement tourmentez. Laquelle choſe ſe fait par la bonté de la ſemence de la femme, & tem- º ºſ perature de ſa matrice, corrigeant l'intemperature de la ſemence virile, tout ainſi que celle de l'homme #º peut corriger celle de la femme. De la vient qu'on void ſouuent par experience des enfans n'eſtre point p ſent aux 5ºº ºº ſujets à autres maladies hereditaires , encores que leurs pere ou mere fuſſent ſubjects à telles , enſºns. indiſpoſitions : laquelle correction ſi elle defaut à la ſemence du pere ou de la mere à grand peine les enfans peuuent - ils eſchapper qu'ils ne ſoient ſujects auſdites maladies , qui ne ſe peuuent parfaictement guarit, quelque grande diligence qu'on puiſſe faire : parce qu'elles ont pris leur habitude auec les principes de la generation de l'enfant. - - Plutarque au liure intitulé , pourquoy la iuſtice Diuine differe quelques fois la punition des ma- lefices , dit que Heſiode conſeille de n'engendrer point enfant quand l'on a eſté aux obſeques & funerailles des trépaſſez, nais bien apres auoit eſté en quelque magnifique banquet, & comedies ioyeuſes,car combien que la ſemence & geniture reçoiue non ſeulement la bonté ou malice de la matrice : mais auſſi elle transfe- re la ioye, la triſteſſe, & ſemblables affections en la procreation des enfans, les faiſans gays, ioyeux & gail- lards, ou melancholiques, ſelon la compoſition de la ſemence, & de la vertu imaginatiue. Pourquoy les femelles des beſtes brutes, apres eſtre empreintes, ne deſirent plus de s'accoupler aux maſles. C H A P I T R E I I I. Ariſt prcbl. 'E ST qu'elles s'addreſſent ſeulement à ce qui s'offre , & qui eſt preſent en leur chaleur & 7. 4 t, de la rut, n'ayant aucune recordation du plaiſir apres eſtre empreintes : meſmes abhorrent le coit # aprcs la conception : parce que leur imagination ne leur eſt donnée de nature que pour leur ( *J4/7/ºll C. eſpece, & non pour la volonté & delectation. Or les maſles les vont chercher lors qu'elles - ſont en rut , à cauſe qu'il s'efleue de leur matrice vne certaine exhalation vaporeuſe, qui s'épat d en l'air , & les maſles ſentant cette odeur entrent en amour , qui fait qu'ils defirent s'accou- - pler enſemble. Le contraire eſt aux femmes : car elles deſirent pour la delectation, & non ſeulement Pourquºy la pour l'eſpcce, & auſſi qu'elles abondent en ſang qui les eſchauffe, quand elles s'en recordent, & que ſººº º , la vertu imaginatiue procedante du cerueau , & la concupiſcible, ou deſireuſe , du foye ( qui eſt l'vne # des plus principales cauſes d'habiter ) s'en reſſentent , ayans recordation de ce plaiſir delicieux cºufler. qu'elles ont receu au coit : & faut entendre , que la vertu concupiſcible ou deſireuſe , comman- La concupſ d° à la vertu expulſiue du cœur, lequel lors enuoye la chaleur aux parties genitales par les arteres, cence conſi & le foye par les veines, & icelle chaleur accompagnée d'eſprits vapoureux font enfler & tendre les ſte au fye parties genitales, tant aux hommes qu'aux femmes , puis par le coit la ſemence eſt expulsée. Les be- Ariſt ea ſes ſtes ſauuages ſont grandement furieuſes quand elles demandent les femelles : ainſi nous voyons le Cerf ººººººs eſtant en rut, bramer & crier apres les biches : auſſi les aſnes en deuiennent à peu pres enragez, parce que leur membre ſort alors fort eſchauffé d'vn deſir des femelles : & tel deſir de s'accoupler les diſpoſe à | telle ire & fureur , mais auſſi apres l'accointance des femelles , ſont rendus doux & paiſibles. Or commei'ay - dit cy - deſſus, il y a vne tres-grande delectation en la copulation du maſle & de la femelle, parce que c'eſt vn acte ſi abject & immonde, que s'il n'eſtoit accompagnée d'vn tel plaiſir delicieux , tous animaux natu- rellement le fuyroient & l'auroient en horreur , ce qui cauſeroit en bref la conſommarian des eſpeces : mais nature s'exerçant volontiers en telle voluptueufe titillation, fait que chacune eſpece eſt conſeruée, & de plus en plus eſt augmentée. •. - Les choſes neceſſaires à la generation. - Potºr 4cc07/2- . - - A - - - - - - - plir l'affe Trois choſes ſont neceſſaires à la generation : la premiere, l'excrement humide & benin, qui vient la venerien, il plus grande part du cerueau : la ſeconde , ventoſitez pleines d'eſprits vitaux , qui procedent du cœur , qui eſt requis cauſe diſtenſion & erection des parties genitales : la troiſieſme eſt vne concupiſcence & appetit naturel, le- trois chºſes : quel prend ſa ſource du foye : de là s'épand par les parties genitales. D'abondant faut que l'obiect plaiſe , & ººº ºº ſoit deſiré tant de la part de l'homme que de la feinme : ſi l'vne de ces choſes manqucnt , les perſonnes tºſité # hu- ſont impuiſſantes. 77,44, J • • º | L4 | V>e la Generation. | 589 . A - La maniere d'habiter & faire generation. 'H o M M E eſtant couché auec ſa compagne & eſpouſe, la doit mignarder,chatoüiller, careſſer & Ce ch.eſt pris eſmouuoir, s'il trouuoit qu'elle fuſt dure à l'eſperon : & le cultiueur n'entrera dedans le champ de de Gºrdon Nature humaine à l'eſtourdy, ſans que premierement il n'aye fait ſes approches , qui ſe feront en la liu 7. ch.14. baiſant, & luy parlant du jeu des Dames rabbatuës , auſſi en maniant ſes parties genitales, & petits lequel , i'ay mammelons,afin qu'elle ſoit aiguillônée & titillée tant qu'elle ſoit eſpriſe des deſirs du maſle(qui eſt lors que exprimé le ſa matrice luy fretille)afin qu'elle prenne volonté & appetit d'habiter & faire vne petite creature de Dieu & # # que les deux ſemences ſe puiſſent rencontrer enſemble : car aucunes femmes ne ſont pas ſi promptes à ce jeu # que les hommes, Et pour encore auancer la beſongne , la femme fera vne fomentation d'herbes chaudes, # poſº cuites en bon vin ou maluoiſie, à ſes parties genitales , & mettra pareillement dedans le col de la matrice vn peu de muſc & ciuette:& lors qu'elle ſentira eſtre aiguillonnée & eſmeue, le dira à ſon mary : donc ſe join- dront enſemble,& accompliront leur jeu doucement , attendant l'vn l'autre, faiſant plaiſir à ſon compagnon. quand les deux ſemences ſeront jettées, l'homme ne doit promptement ſe deſioindre, afin que l'air n'entre en la matrice,& n'altere les ſemences,& qu'elles ſe mixtionnent mieux l'vne auec l'autre, & ſubit que l'hom- me ſera deſcendu,la femme ſe doit tenir coy,& croiſer & † les cuiſſes & jambes, les tenant doucement rehauſſées,de peur que par le mouuement & ſituation decline de l'amarry, la ſemence ne s'eſcoule hors,pour leſquelles meſmes raiſons il faut qu'elle ne parle, ne touſſe,ny eſternuë, & qu'elle dorme promptement apres s'il luy eſt poſſible. Ainſi Dieu donna à l'homme la femme pour ſon ayde & compagne & mit à l'vn & à l'au- tre vne vertu d'amour,& vn deſir d'engendrer lignée,ayant preparé en eux vne humeur & eſprit inflatil,auec inſtrumens conuenables à tel vſage. Et à celle fin que l'vn ne dedaignaſt l'attouchement de l'autre, il B adiouſta en eux certains allechemens & façons de faire attractiues,auec vn appetit&mutuel embraſſement, afin que quand il conuiendroient, il leur aduint de receuoir vn ſouëf & delicieux plaiſir. Car de vray ſi cela n'eſtoit infus de nature en toutes eſpeces d'animaux, de pouruoir à la poſterité & tendre à generation : veri- tablement tout le genre humain periroit & viendroit à neant & ne pourroit longuement ſubſiſter. Puis donc que telle affection eſt ſi forte & difficile à dompter, Dieu a permis à ceux qui ne peuuent moderer leurs con- noitiſes,& qui ſont deſpourueu du don de continence,le lict de mariage:afin qu'ils puiſſent ſe contenir de- dans les bornes d'iceluy , & ſe point contaminer par vne paillardiſe çà & là vagabonde. •- Les ſignes que la femme aura congeu, & eſt groſſe d'enfant. C H A P. V. # E s ſignes par leſquels la femme ſera aſſeurée d'auoir conceu, ſont premierement ſi elle a eu signes de #$ autresfois enfans , elle prendra garde quand la ſemence ne luy ſera point ſortie de ſa matrice Conception, #A, apres la copulation:car ſi elle eſt retenuë elle ſera aſſeurée d'auoir conceu: pareillement ſi elle ſent lors que les ſemences ſont ioinctes,vn petit friſſon,& horripilation, ou heriſſonnement en tout le corps : & telle choſe ſe faict à cauſe que la matrice ſe comprime, & ſon orifice ſe ' cloſt pour retenir les ſemences : ainſi que par fois nous ſentons à la fin qu'auons piſſe, qui ſe fait par la contraction de la veſſie, à cauſe de l'air qui ſubit s'introduict pour remplir aucunement ce qui eſt vuide;auſſi s'elle a ſenty quelque petite douleur autour du nombril & petit ventre,fi elle eſt fort endormie, & C ſi la compagnie de l'homme ne luy plaiſt comme auparauant : ſi ſa face eſt decolorée, entre blanche & paile , c'eſt ſigne de conception. Aucunes quelques temps apres la conception ont des taueleures en la fa- ce, les yeux enfoncez, & le blanc d'iceux liuide : autres ont douleur de teſte auec vn vertigo , leur ſemblant que tout tourne deſſus deſſous, pour la conturbation des eſprits animaux cauſee des vapeurs qui s'eſleuent au chef du ſang menſtruel retenu, & le terme de ſes fleurs retenu, au lieu de les auoir, ſes tetins s'endurciſ- ſent & luy cuiſent : à raiſon du ſang qui les diſtend & amplifie. Adohc peut eſtre aſſeurée d'eſtre groſſe d'en- fant : joint que ſur les trdis ou quatre mois le mouuement de l'enfant les rend certaines & aſſeurées : & lors que l'enfant eſt ja parfaict, & commfence à ſe mouuoir,le laict ſort des mammelles. Autres ſont rechignées, § , & deſplaiſantes à elles-meſmes , tant pource que les efprits ſont obſcurcis des vapeurs ſuſcitées de bas en haut, que pour le fardeau non accouſtumé dont tout le corps eſt appeſanty, aucunes ont mal de dents, defaillance de cœur, appetit depraué, auec nauſée, dicte des anciens Pica, faiſant qu'el- les deſdaignent les bonnes viandes, & quelquesfois appetent choſes contre nature, comme charbons , ter- re, cendres , vieux harens pourris , fruits verts & aſpres , poivre, & autres eſpiceries, boire vinaigre, & autres ſemblables , le tout ſelon la qualité & ſaueur des humeurs qui regorgent de l'amary au ventricule. ,Or quelquesfois tel appetit depraué dure iuſques à ce que la femme ait enfanté : & auſſi ſouuent ceſſe lors que l'enfant eſt plus grand, qui conſomme teut le ſuperflu tant bon que mauuais. Les femmes vefues & - autres filles, qui ne ſont groſſes , ſont remediées en leur prouoquant leurs mois (car ceſſant la cauſe ceſſe l'effet ) leſquels en vain on combat & taſche à guerir pendant que leur cauſe eſt entretenué: mais aux fem- mes groſſes on ne le doit faire , de peur de les faire auorter, acte inhumain & damnable. Autres ont tel mal le plus ſouuent trois mois apres,& ſe rengregent lors que les cheueux viennent àl'enfant,& principalement D quand c'eſt vne fille. Dauantage, communément au ſecond mois il ſuruient retention des fleurs : parce que d'autant que l'enfant agrandit, auſſi plus attire - t'il de ſang pour ſa nourriture que de couſtume, le quel eſt employé en trois parties, de la premiere deſquelles, plus pure, l'enfant ſe nourriſt. La ſeconde, qui eſt moins pure, eſt enuoyée aux mammelles de la femme à faire le laict pour la nourriture de l'enfant quand il ſera né. La troiſiéme, qui eſt la moins pure que les deux autres, demeure en la matrice, faiſant Le ſaºz des ce qu'on appelle le giſte ou arriere-faix ſeruant de lict & couſſin, attendu que dedans iceluy l'enfant na-º eſtant ge, & y eſt ſupporté, puis jetté deuant & apres l'enfantement. Autres ſentent leur vrine plus chaude & º.º ardente que de couſtume , & en outre rougeaſtre : car à cauſe de la retention des mois, la bouche de la # matrice eſt eſchauffée, & par conſequent la veſſie qui luy eſt au deſſous, conjoincte par certains petits fila- ployé en trois mens, par leſquels la plus ſubtile & ſanieuſe portion du ſang reſide dans icelle, qui pour cette cauſe fait # l'vrine teinte de rougeur, comme monſtre Hippocrau liu.1.7De morbis mulierum. Autres ont grande douleur aux reins &aux aines,&par interualles ſentent trenchées au ventre. Item ſi les veines de la poictrine & celles De l'vrine qui ſont ſur les mammelles, ſont plus enfiées que de couſtume : meſme les mammelles s'enflent & durciſſent des_femmes dés le ſecond mois, & leur cuiſent vn peu, à raiſon du ſang qui monte : auſſi leurs papilles & mammelons vºſº deuiennent rougeaſtres ou noiraſtres , auec petits tubercules ſemblables à porreaux, tout le corps s'ap- peſantiſt, le ventre s'enfle, parce que l'enfant prend croiſſance. Partant les coſtes & lumbes ſe dilatent , & par ſucceſſion de temps les mammelles rendent du laict qui eſt quand l'enfant eſt ja parfaict, acheué, & commence à ſe mouuoir : & lors qu'ils ſont ſur les derniers mois, ſentent grande peſanteur aux hanches, · • - - D d la Les femmes groſſes ſont choleres. - 59o Le Vingt-Quatriéme Liure, la face maigriſt, les yeux, le nez, la bouche agrandiſſent , & ſes parties genitales ſe tumefient. Item toutes A les veines de ſon corps ſont fort pleines de ſang , principalement celles des cuiſſes & des jambes, & autour de leur nature, & ſont trouuées ſouuent variqueuſes, dilatées & entortillées, & quelquesfois de pluſieurs reuolutions circulaires jointes enſemble pour la ſuppreſſion du ſang : dont s'enſuit grauité & peſanteur de tout le corps, qui fait qu'elles ne peuuent cheminer qu'à bien grande peine,principalement quand elles ſont proches d'accoucher. Hipp. Aphor. 41.lib. 5. dict , que pour prouuer ſi la femme eſt groſſe, il luy faut faire boire de l'ydromel fait auec eau de pluye,quand elles s'en va coucher : ſi elle eſt groſſe ſentira des tranchées, pourueu qu'elle ne ſoit accouſtumée à tel breuage. Comment la matrice ſe reſerre ſi toit que la ſemence y eſt jettée & reteniie. - C H A P I T R E V I. - O R s que les deux ſemences ſeront ainſi receues en la matrice, l'orifice interieur d'icelle ſe reſſerre fermement & eſtroitement , afin qu'elles ne retombent : & quand la matrice a pris & re- La ſemence tenu les deux ſemences meſlées enſemble ( dont celle du maſle eſt nourrie de celle de la femelle, du maſſe ºſº ! qui luy eſt plus familiere que le ſang , parce que chaſque choſe plus facilement eſt nourrie & »ourrie de augmentée de ce qui luy eſt ſemblable ) ſe coagulent & adherent contre les parois de la matrice, & par ſa celle de la chaleur naturelle ſont eſchauffées ſubit & ſi fort, qu'à l'entour ſe concrée vne petite peau ſubtile ſemblable femme. à celle qui ſe fait ſur du laict non eſcremé, ou d'vne toile d'araignées, de façon que le tout eſt fait comme vn B œuf abortif, c'eſt à dire qui n'a encore ſa coquille ferme & dure. Or à l'entour ſon vus des filamens entre- Premiere lacez enſemble, auec vne ſubſtance glutineuſe & glaireuſe, de couleur rouge, & aucunement meſlée de gros peau ou ſang noir, & au milieu ſe manifeſte vn peu le nombril, duquel eſt produicte ladite taye : & à la verité i'on membrane. peut auoir cônoiſſance de beaucoup de choſes des enfans au ventre de la mere,en faiſant couuer vingt œufs à vne ou pluſieurs poulles , les caſſant tous les iours l'vn apres l'autre en vingt iours : car en ce temps-là le poulet eſt parfaict, & a vn nombril. Ladite pellicule eſt nommée ſecondine ou chorrion, & des vulgaires arriere-faix, ou le lict de l'enfant, & icelle eſt faite des les ſix premiers iours, ſelon Hippocrate, & ne ſert Liure de la point ſeulement à contenir les deux ſemences enſemble enfermées , mais auſſi à attirer leur aliment par les Nº* orifices des veines & arreteres, qui ſe termine en la matrice par où eſt expurgé le ſang menſtruel, Pour la l'enfant. purgation vniuerſelle de la femme en téps oportun:& iceux orifices ont eſté appellez des Grecs Cotyledons, & des Latins Acetables , & reſſemblent aux petites eminences ou appendices, qui ſont aux extremitez des seches : aux femmes ſont peu apparens,par leſquels eſt ladite ſecondine attachée & liées de toutes parts à la matrice, pour la conſeruation & augmentation deſdites ſemences. Les anciens ont laiſsé par eſcrit, que la bouche de la matrice des femmes enceintes eſt tant reſerrée, que depuis la conception iuſques à l'accou- chement, la pointe d'vn poinçon n'y ſçauroit entrer : toutesfois on peut monſtrer que le contraire eſt verita- ble : teſmoin la ſuperfetation, à ſçauoir, engendrer derechef ſur vn engendrement, laquelle choſe ne ſe fe- roit, ſi la matrice ne s'ouuroit. Dauâtage on voit jetter ſouuent aux femmes groſſes grande quantité d'aquo- ſitez, & autres excremens hors la matrice, qu'on ne peut dire venir ſeulement du col,qui n'a pas aſſez de ca- C pacité pour contenir tant de matiere. Plus la femme groſſe ayant affaire à ſon mary, jette ſa geniture hors: & ſi elle ne s'ouuroit elle ne pourroit en decouler. Ité il y a des femmes qui ont leurs fleurs eſtant encein- tes, qui ne peuuent venir que du dedans de la matrice par l'ouuerture de certaines veines acetabulaires ou cotyledons, auſquelles l'enfant n'eſt pas attaché par ſa ſecondine ou arriere-faix. Car s'il venoit par icelles meſmes, il s'enſuiuroit auortement. Ce qui ne ſe fait, & ce ſang paſſager n'empeſche & n'offence non plus l'enfant enueloppé en ſes mébranes, que font leurs fleurs blanches, & autres matieres putrides,qui ſont pro- #ºſſºº duites & faites deſdites membranes. Il peut bien eſtre toutesfois (ce qui n'eſt pas pourtant neceſſaire ) que # lors nature ſe deſcharge immediatement par quelques veines du col de la matrice, comme elle faict auſſi par # les hemorrhoides , & par le nez, lieux plus mal à propos, que le col de la matrice, voire meſme l'on a veu " telles deſcharges aduenir par vomiſſemens de ſang, & par les tetins au temps pre.ix , que les fleurs dotuent couler, choſes admirables en telles diuerſions & vacuations,qui ſe font par Nature,& non imitables par ar- & tifice du Medecin. Dauantage, il s'eſt veu que la femme eſtant groſſe de deux enfans,la matrice s'ouure quel- quesfois pour en ietter vn mort, comme à elle eſtrange, ſans que le vifſorte qu'à ſon terme prefix. De la generation du nombril. C H A P. V I I. R en chacun de ces orifices des veines & arteres, dits cotyledons , la femme ayant conceu, il s'engendre vn autre vaiſſeau nouueau, qui eſt vne veine, au droit de la veine , & vne arte- re au droit de l'artere : ces vaiſſeaux nouueaux ſont attachez par vne membrane ſubtile & deſliée, qui par dehors eſt eſtendué à l'enuiron de tous leſdits vaiſſeaux, & cohere ou adhe- D re à iceux. Cette membrane ſert auſdits vaiſſeaux de rempart, de ligature & couuerture, qui les attache enſemble, & ſe redouble auec les deux autres, pour couurir le boyau ou vmbilic faict de la veine & arteres vmbilicales, iuſques au pertuis de l'vmbilic de l'enfant. Or chacun de ces vaiſſeaux nouueaux commence vis à vis des emboucheures de ceux de la matrice, appellez cy - deſſus Cotyledons, & ſont bien petits & deliez comme ſont les dernieres racines d'vn arbre planté en terre : mais eſtans 'auancez vn peu, ils s'accouplent deux à deux : tellement qu'il s'en fait de deux vn, puis derechef ils s'aſ- ſemblent, à ſçauoir veine auec veine , artere auec artere : & cela va touſiours en continuant & augmen- \ tant enſemble , iuſques à ce que finalement tous les petits vaiſſeaux ſe rapportent & finiſſent en deux Diuine eon- grands vaiſſeaux vmbilicaux, qui entrent au corps de l'enfant par le pertuis du nombril. Et icy Galien remplation admire la grandeur de Dieu & de Nature , qu'en ſi grand nombre de vaiſſeaux , conduit & menez par ſi grande eſpace de chemin , iamais l'artere ne s'adiouſte à la veine, ny la veine à l'artere , mais chacune d'icelles connoiſt le vaiſſeau de ſa propre eſpece , & à celuy-là s'addreſſe & ſe ioint : ſubit que les veines - _ ſont paſſées outre le nombril, elles ſe joignent enſemble, & d'icelles en eſt veu vne ſeule, qui entre en la , partie caue du foye de l'enfant , & l'artere ſubit qu'elle y eſt entré , ſe fourche en deux , qui deſcendent aux coſtez de la veſſie, & s'inſerent aux deux arteres iliaques, & ſont couuertes, eſtans dedans le corps de l'enfant, du peritoine, qui les lie aux parties où elles paſſent. Les veines & arteres nouuellement engendrées, faites de cotyledons, ſont comme les racines, d'vn arbre, & la veine & artere vmbilicale ſont comme le gros tronc, pour attirer le nourriſſement, & viuifier la ſemence, dont l'enfant eſt faict : car nous viuons comme les plantes, & apres comme les beſtes brutes au ventre de la mere. La ſeconde tunique eſt appellée - 1 Amnios \)e la Generation. 59I : : : l' 5 A Amnios ou agnelette, qui enueloppe de toutes parts la ſemence. Or ces membranes ſont fort deliées ref- ſemblans au commencement à petites toilettes d'araignées & ſont les vnes ſur les autres,& en pluſieurs lieux secondetiis & endroits ſont vnies & attachées enſemble par certains filets ſubtils: , qui vont eſpars les vns entre les au- meur ou tres, & ainſi ſe fortifient : comme vne corde ou tiſſu de poil, de laine, ou de fil , qui acquiert grande force membrane. ar complication des choſes aſſemblées, combien que chacune d'icelle ſeparément ſoit fort foible.Et tel-ºººpella ie choſe eſt à reſpondre à ceux qui voudroient demander comme il eſt poſſible , que leſdites membranes ne # les ſe rompent, quand la femme groſſe dance & ſaulte, & auſſi que l'enfant ſe 1emue quelquesfois viºlentement # au ventre de ſa mere : car eſtans leſdites membranes liées & entrelacées elles ſe fortifient eſtans enſemble, Gal.liu § comme par l'exemple d'vn tiſſu,comme nous auons dit,& ne ſont ſeparées les vnes des autres,& ne trouue-on vſ . rien entr'elles, à ſçauoir ſueur ne vrine. Nature toutesfois ne les a voulu faire ſi fortes qu'elles ne ſe rom- pent à l'heure que l'enfant veut ſortir & naiſtre. Or le contraire de cela eſt tant enraciné en l'opinion de plu- iieurs, qu'il eſt impoſſible leur pouuoir oſter, mais pour ce faire ie les reuoyeray au liure de Nature, c'eſt qu'ils ouurent vne femme morte, groſſe d'enfant, & alors ils pourront voir & cognoiſtre la verité, s'ils veulent ouurir les yeux : ce que i'ay voulu faire ſans croire au credit d'autruy. -- Des vaiſſeaux qui ſont au nombril de l'enfant. ' C H A P. V III. v c v N s de nos deuanciers ont eſcrit qu'au nombril il y auoit cinq vaiſſeaux,à ſçauoir, deux Trois valſ. veines & deux arteres, & le conduit appellé vrachus: mais quant à moy,iamais ie n'en ay ſceu ſeaux vmbi. trouuer que trois,à ſçauoir la veine vmbilicale, qui eſt fort ample, de façon qu'on y mettoit ai-licaux. sément le fer d'vne aiguillette: & deux aurtes, leſquelles ne ſont fi groſſes à beaucoup pres: Et - telle choſe a eſté ainſi faicte , parce qu'il falloit plus de ſang à l'enfant pour ſa norriture & augmentation que d'eſprit vital. Or ces veines & arteres (dont eſt conſtitué le nombril, qui eſt fait le 9. Le nombril iour eſtans enſemble ſe redoublent & entortillent, & font certains noeufs comme la ceinture d'vn Cordelier: de l'enfant & ceſdits nœuds ainſi anfractueux n'ont eſté faits ſans grande vtilité, qui eſt afin que le ſang conduit au eſt fºrmé le corps de l'enfant fuſt arreſté, & ceſſaſt vn petit ſon cours, afin qu'il fuſt plus parfaictement elaboré, cuit 9 * & digeré ainſi qu'il ſe fait aux vaiſſeaux ſpermatiques , dits Eiaculatoires, c'eſt à dire, ſeruans à darder & ietter la ſemence , auſſi leſdits vaiſſeaux vmbilicaux ont eſté faicts de longueur de plus de demie braſsée L'enfant pour la raiſon predicte : tellement qu'à d'aucuns enfans on trouue ledit nombril entortillié vne ou deux fois prend ſon autour du col, & autresfois autour de leurs jambes. L'enfant, comme auons dict , reçoit ſon aliment & vie nourriſſemët au ventre de la mere par l'vmbilic , & ne prend aucun aliment par la bouche : auſſi n'a-il aucun vſage des par ſon nom- yeux, nez, oreilles, ny du ſiege, pendant qu'il eſt au ventre de ſa mere. Dauantage il n'a beſoin de l'office du bril,ainſique cœur : car le ſang ſpirituel luy eſt enuoyé par les arteres ymbilicales aux arteres iliaques, & d'icelle à toutes fait lefruit · les autres arteres, par leſquelles l'enfant reſpire : & partant l'air n'eſt pas porté des poulmons au cœur, mais par ſa queuë du cœur aux poulmons , tellement qu'il ne trauaille point en la generation du ſang , ny des eſprits vitaux, # 4Z ar le benefice des poulmons. Car ces choſes eſtans ja elaborées, cuites & digerées par la mere,ſont portées §i, toutes les parties de l'enfant, lequel ne doit encore eſtre appellé enfant, tant que toutes ſes parties ſoient §a, bien formées & figurées,& que l'ame y ſoit introduicte,nais ſeulement ſera appellé Genitura, ou Embryon au liure de ou pullulant, ou naiſſant ou meuriſant , ou fœtus. _ • la generati3 De l'ebullition des ſemences en la matrice , & des trois ampoulles , qui ſont les lieux des trois membranes principaux, ſºauoir , le foye , le ca ur, & le cerueau. C H A P 1 T R E : IX. V x ſix premiers iours ſe font les vaiſſeaux nouueaux , qui naiſſent des orifices des veines & ar- teres,appellez cy-deſſus cotyledons comme certaines fibres par toute la ſemence,laquelle boult Temps de # touſiours dedans leſdites membranes, & le neufiéme iour eſt formé l'vmbilic. Or il faut icy e n- formation tendre, que ces vaiſſeaux produits des cotyledons font pareille ouuerture à la ſecondine,qu'à la matrice : par leſquelles ouuertures paſſe grande quantité de ſang & d'eſprits dedans les petites §. veines qui ſont tiſſues & entrelacées autour de ladite ſecondine, & dedans la ſemence, tant pour la nourri- ture & augmentation de l'embryon, comme pour la conformation des membres principaux. Les eſprits donc & le ſang meſlez auec la ſemence , qui deſia auparauant bouilloit, & boult touſiours de plus en plus, font comment ſe eſleuer trois petites ampoulles ſemblables à trois petites bulles ou veſſies reſſemblantes à celles qui s'eſleuent font les trois en l'eau agitée par la pluye : & icelles ampoulles ſont les lieux où ſeront formez le foye, le cœur, & le cer- ampoullis. ueau : auparauant qu'icelles ſoient eſleuées, la ſemence eſt toufiours appellée ſemence, & non encore fœtus D ou pullulant. Le quatriéme iour apres que la veine vmbilicale eſt faicte, elle ſucce par les cotyledons,le ſang plus gros, L. premiere & de plus grand norriſſement , lequel à cauſe de ſa groſſeſſe ſe coagule aisément au lieu où ſe doit engen- § le foye ſe drer le foye:eſtant acheué & parfaict, il eſt admirable en ſa grandeur , pour laquelle dés le commencement à §e. comparaiſon des autres membres, il ſe peut aisément remarquer. Or en outre il peut auſſi eſtre dit admirable en ce que, ce dont il a perfection & croiſſance, n'eſt qu'vne effuſion de ſang, dont il eſt appellé Parenchyma. Il s'engendrent en ſa partie boſſue vn gros tronc de veine,qui eſt la veine caue, laquelle inſerée eſtend ſes ra- meaux par toute la ſubſtance du foye, puis apres dreſſe deux rameaux, dont l'vn va aux parties ſuperieures,& l'autre aux inferieures,qui ſe ramefient & diſtribuent en toutes leurs particules pour leur formation & nour- riture:& cela fait la vertu formatrice ayant la matiere, dreſſe ſes delineamens pour faire le meſentere, les in- teſtins, eſtomac , ratelle , & tous autres membres nutritifs, & les rend parfaicts ainſi qu'il appartient - l'artere vmbilicale ſucce pareillement le ſang arterial desarteres cotyledoines, qui eſt tres-chaud,& fort ſpi-Lº ſeconde, rituel : duquel en cette ſeconde ampoulle ſe forme le cœur, qui eſt de ſubſtance charneuſe, ſolide & eſpeſie, ººººº ainſi qu'il appartient au membre le plus chaud dé tous les autres : en la ſubſtance duquel Nature formatrice prend ſa ſor*. fait deux ventricules, l'vn à dextre,l'autre à ſeneſtre. Au droit ventricule ſe vient inſerer le tronc de la veine " · caue, & icelle apporte la nourriture au cœur. Au ventricule ſeneſtre ſe fait vn tronc d'artere, qui pareille- ment ſe duiſe en deux : l'vn moindre monte aux parties ſuperieures, & l'autre plus grand aux inferieutes, leſquelsſe ramefient & ſe diſtribuent par toutes les parties pour les viuifier. D D d 2 Dc 592 Le Vingt-quatriéme Liure, De la troiſiéme ampoulle où la teſte ſe forme. C H A P. , X. $ P R E s la production des parties deuant dictes la plus grande partie de la ſemence eſt pouſ- # sée en la troiſieſme ampoulle, de laquelle le cerueau eſt fait, & n'eſt fait de ſang comme les % autres bubes & autres parties : mais eſt faict de la ſeule ſemence, comme auſſi ſont les os,car- tilages, veines & arteres, nerfs,ligamés, pannicules, la peau exterieure. Toutes icelles parties - # ſont faites de la ſeule ſemence,& partant ſont appellées,membres ſpermatiques:leſquels tou- >Y*®S tesfois ſont nourris de ſemence : car depuis qu'ils ſont formez,prennent aliment meſme auec les charneuſes,comme le foye,le cœur,les poulmons,les muſcles,qui ſont nourris de ſang Et apres le cerueau formé,ſont adiouſtées & formées toutes les autres parties de la teſte: autour de laquelle eſt fait vn couuercle, lequel par ſucceſſion de téps ſe deſſeiche & eſt fait oſſeux.Or du cerueau & de la moüelle de l'eſchine proce- dent les nerfs, qui ſont diſtribuez par toute les parties du corps, qui ont beſoin de mouuement & ſentiment. La teſte (comme ſiege des ſens, rempart de raiſon & ſapience, de laquelle comme d'vne fontaine ſortent di- uerſes operations eſt ſituée ſur tout le corps, afin que l'eſprit animal regiſſe, gouuerne,& diſpoſe de tout ce que nature a ordonné ſous icelle:& pour le dire en vn mot, en icelle ſont côtenuës les facultez de l'ame qui vtilité des , ºnt choſes ſublimes & obſcures,ſi bien que leur exellence ſurmonte la capacite de noſtre entendement.Puis ſi de ſouſ ainſi que les architectes, maçons, & charpentiers, ayans ietté le premier fondement d'vne maiſon, ou dreſsé nir le corp,. la carine d'vn nauire, edifient & baſtiſſent le reſte du baſtiment:auſſi Nature par bonne raiſon, apres auoir cmforma- RºS tion & ma- $ # tiere du cer- $ ſM€AJf4, - Conformatiö du crane. baſty ces trois principes,fait les os,qui ſont cóme fondement des autres parties : & ainſi ſont-ils mis au deſſus B & au deſſous cóme muraille & rempart. Les premiers formez ſont les os des Iſles:& entre iceux les vertebres: puis apres toutes les autres parties, Nature fabrique auec vn indicible, admirable,& incóparable artifice, les bras & les iambes,& au dedans du corps les creux & canaux : & en la teſte fait ſept trous,à ſçauoir, deux aux oreilles,deux aux yeux,deux au nez,&vn pour la bouche,& aux parties inferieures,vn pour le fiege,vn autre pour le canal de la veſſie, & aux femelles vn pour leur matrice,ſans lequel ne pourroient eſtre appellées, me- Soit veu La- res:puis nature couure tout le corps de cuir lequel elle polit,comme font les ouuiers leurs derniers ouura- § ges. Or de cognoiſtre comme Nature fait parfaictement toutes ces choſes, cela excede l'intelligence humai- pifice de ne. Apres ce noble ouurage, appellé des anciens Mycrocoſme, ainſi parfaictement baſty, Dieu luy infond & Dieu. tranſmet l'ame,de laquelle nous parlerons cy-apres le plus ſuccinctement qu'il ſera poſſible. Or au ſoixantiéme jour l'enfant comence à ſe mouuoir & auoir vie : mais la mere ne le peut apperceuoir en,t so. Pour eſtre encore trop debile. En iceluy temps l'ame raiſonnable eſt eſtimée entrer au corps de l'enfant. Ce Χ § que ſainct Auguſtin prouue par le teſmognage de Moyſe. Si quelqu'vn dit-il frappe vne femme enceinte, & crée, cr eſt à qu'elle en auorte, ſi l'enfant eſt ja formé,qu'il en perde la vie:mais s'il n'eſt encore formé,qu'il ſoit condamné l'inſtant de a amende pecuniaire. Par laquelle ordonnance il denote clairement que l'ame n'eſt point à l'enfant, qu'il ne la fºrmation ſoit entierement formé de tous ſes membres. Et pour ceſte cauſe il ne faut point croire que l'ame ſoit deriuée * Fenfant d'Adam,ou des peres & meres,mais qu'à chacun moment elle eſt creée & infuſée diuinement.Auſſiles moles & faux germes,& autres choſes monſtrueuſes, encore qu'ils ſe meuuent, & qu'il ſemble qu'ils ayent quelque vie, ſi eſt-ce toutesfois qu'ils ne tiennent rien de l'ame raiſonnable, mais ſeulement de la faculté de la matri- ce,& de l'eſprit generatif,qui ſont en la ſemence & au ſang menſtruel , & par iceux meſmes ils reçoiuent ac- - croiſſement & vie au ventre de la mere, & non de l'ame raiſonnable. De l'Ame. C H A P. XI. S. Auguſt. 'A M E eſt vn eſprit diuin, inuiſible,immortel, reſpandu en toutes les parties du corps infuſe # # par la puiſſance de Dieu le Createur ſans aucune vertu de la ſemence genitale,quand les mem- # 6 l4 bres ſont deſia formez & figurez au ventre de la mere,qui eſt le 4o.iour au maſle (d'autât que |y. ſa chaleur eſt plus grande,& ſa matiere plus vigoureuſe)&à le 5e.la femelle,quelquesfois plus 5 toſt,quelquesfois plus tard:toutesfois à l'inſtant qu'elle eſt infuſe, elle ne peut encore faire les perations, à cauſe qu'en l'enfance les organes, ou inſtrumens ne ſont encore capables pour luy ſeruir : mais auec le temps,& à meſure que leſdits organes ſe parfont(& que le corps croiſt , alors elle com- mence à agir en ces operations:leſquelles à la verité,manquent quand iceux organes ne ſont en bonne diſpo- Pourquoy fition. or ils peuuent eſtre vitiez dés la premiere conformation, comme à ceux qui ont le ſommet de la teſte l'ame ſe eſleué en pointe,comme l'auoient Terſités Grec, Triboulet & Tonin : tels n'ont iamais bonne ratiocination, mºnſtre vi- & partant ſont naturellement fols, à raiſon que les ventricules du cerueau,& autres organes ſont anguſtes & #ſº preſſez, partant l'ame ne peut faire ſes œuures. Pareillement iceux organes peuuent eſtre vitiez par mauuais fonciions. regime, comme par trop boire & s'enyurer, ou par vne fiévre chaude qui aura causé vne phreneſie, ou autre accident : par autre intemperature,côme à ceux qui par trop grande humidite du cerueau tombent en lethar- gie : ou auoir receu quelque coup ſur la teſte, ou par autres choſes ſemblables fortuites aduenues, ou par la faute de la ſage femme en tirant de force l'enfant, qui naturellement preſente la teſte , ou de la nourrice en donnant mauuaiſe conformation ou fituation aux os tendres & delicats, dont ſeroit venu empeſchementés ,. cor , organes & inſtrumens de l'ame. Or Dieu a diſtribué apres la creation & infuſion d'icelle certains dons par- §. c ticuliers à vn chacun, à meſure& proportion:àl'vn de prophetie,à l'autre l'expoſition des Eſcritures ſainctes, aux autres d'eſtre conſtituez Roys, Princes,& grands Seigneurs : aux vns de ſuiure la Médecine, aux autres d'embraſſer les loix : à quelques-vns de nauiger ſur la mer, aux autres de labourer la terre , aux autres de ſeruir d'aydes aux maçons, & aux autres choſes : de ſorte que les vns ſont ſubtils , les autres groſſiers , & s'addonnént à choſes diuerſes : ainſi ont les autres animaux leurs diuerſes proprietez & natures,ſelon que la ſapience infinie ordonne, & qu'il luy plaiſt : & ne faut que nul conteſte contre ſon Createur. Et ne faut eſtimer qu'elle ſoit vne partie de la diuinité, & que Dieu l'aye crée de ſon eſſence, comme le pere lenfant ſelon le coips, ce ſeroit grand blaſpheme. Car il s'enſuiuroit, que la nature de Dieu ſeroit ſujette à muta- tion & paſſion:ce qui n'eſt pas. Mais d'autant que l'ame eſt immortelle, & qu'apres cette vie,elle eſt neceſſai- rement ſujette au bien ou mal : nous pouuons dire en cét endroit, qu'il n'eſt pas licite ny poſſible à l'homme de ſçauoir le ſecrets des choſes que Dieu fait par ſa prediſtination:& partant l'ignorance en eſt doctº,& l'aP: petit de les ſçauoir vne eſpece de rage : pource que ſi nous attentiôs de † entrer en ſon confeil ſacré & eternel, ce nous ſeroit vn abyſme pour nous engloutir. Gardons-nous donc ſur toutes choſes de ce #ºº! aux rocher auquel on ne peut heurter ſans malencontre. Car la choſe formée dira-elle à iceluy qui l'a formées Rºm.chap.3. Pourquoy m'as-tu fait ainſi : Le potier de terre n'a-il point de puiſſance d'vne maſſe de terre † Vſl Va111call G! U)e la Generation. | 5 93 --=- l r. - - : - C tie principale, & plus exellente de l'homme, crée de Dieu, vn eſprit par lequel non ſeulement nous ſen- A vaiſſeau à honneur , & vn à des honneur ? Or ce n'eſt icy de ma vacation, rendre la cauſe de tels hauts ſe- crets de Dieu, lequel a voulu que fuſſions curieux , non de les ſçauoir & comprendre, mais ſeulement de les admirer en toute humilité : & partant ie ne veux ny ne puis entrer plus auant au cabinet du Conſeil Pri- ué & ſacré de Dieu t mais ie diray que la bonne ame contemne les choſes elementaires, c'eſt à dire , corpo- relles & ſenſibles, & priſe les choſes hautes & celeſtes pour contempler la beatitude eternelle, laquelle ſor- tie du corps, ſe peut dire heureuſe,eſtant hors de toute ignorance & de tous maux,& en eſtat de demeurer à iamais en repos : l'entends l'ame de ceux qui par la grace de Dieu ſont faits dignes & capables de telle con- De#ntion de dition & felicité. Cette ame eſt l'entelechie, ou perfection interieure, donnant mouuement,& cauſant l'action l' ame naturelle & volontaire; eſt la vraye forme de l'homme appellée l'eſprit celeſte , d'eſſence ſuperieure , in-ººº ºº corporée , inuiſible, intellectuelle & immortelle, extraicte comme de l'idée de la diuinité, diuinement com- # a . /i. muniquée & tranſmiſe en l'homme exterieur : laquelle tout ainſi qu'elle eſt viue,auſſi donne-elle au corps vie # & mouuement, quand elle eſt conioincte & vnie à iceluy: c'eſt le receptacle d'illumination diuine , atterdu # que par lapreſence d'icelle, le corps ne meurt point, cree par puiſſance de Dieu , qui n'eſt point corporelle, que teiiede- ny compoſée d'aucune matiere, faicte pour viuifier le corps humain , & le conduire à toute œuure de vertu ſcriptio, eſt & piete , à l'honneur de ſon Createur, & à l'ayde de ſon prochain. Dauantage, outre ce qu'elle eſt vn eſprit apprºſe par inuiſible, eſpanduë par toutes les parties du corps , elle eſt toutesfois toute entiere en vne chacune partie ººº ººº- d'iceluy,& vne en ſoy, ayant pluſieurs facultez, puiſſances, vertus,& operatiós en diuerſes parties du corps, ſte s, # comme imaginer,entendre,iuger,rememorer,& regir les nouuemens volótaires : elle void,oyt,odore,gouſtes # # & ratiocine : de ſorte que nous voyons qu'elle contient le Ciel & la terre, ſans , u'ils s'y entrempeſchent : le -5 VI U - - - - - - - - - hes. paſſé & le preſent, ſans qu'ils s'entre-nuiſent : infinis lieux , perſonnes, villes, ſans qu'il y ait preſſe en noſtre #n, de , B entendement. Que les choſes grandes y ſont ſelon leur grandeur, les petites ſelon leur petiteſſe, les vnes & Mer y liu. les autres toutes entieres, en elle toute entieres,& non partie d'elles, ou en vne partie d'elle ſeulement. Da- de la Religi3 uantage, plus elle ſe remplit, & plus elle eſt capable, plus elle loge de choſes & plus en appete-elle, & plus Chreſtienne, grandes elles ſont, & plus propre eſt-elle à receuoir les tres grandes. S'enſuit donc que cette ame, qui eſt ººº# ?º- en quelque façon infinie, ne peut eſtre vn corps & d'autant moins le peut elle eſtre,que logeant tant de cho-º # ſes & ſi grandes en elle,elle loge ſoy-meſme en vn ſi petit corps.Derechef,comme mille lieux diuers ſe trou # 6 uent en elle ſans tenir place, auſſi ſans changer de place ſe trouue elle en mille lieux, & non par ſucceſſion de 4/0707- temps, ny par interualles, mais bien ſouuert tout en vn moment. Exemple: commande à ton eſprit d'aller en Conſtantinople: à l'heure meſme de reuenir à Rome,& derechef à Paris ou à Lyon : commande luy de paſſer le trauers de l'Amerique ou le circuit de l'Afrique: il fait tout ce chemin en vn inſtant,& entant que tu com- mandes, il y eſt, & premier que l'ayes r'appellé, en eſt reuenu. Selon leſquelles operations elle obtient plu- _ . ſieurs noms. Elle eſt appellée ame, pource qu'elle anime, & viuifie le corps. Elle eſt dicte eſprit, pource Piººº qu'elle aſpire au corps. Elle eſt appellée raiſon, pource qu'elle iuge & ſepare le vray d'auec le faux, Elle eſt de l'ame. dicte pensée parce qu'elle recolle les choſes paſſées. Elle eſt dicte courage , pour l'operation de la volon- té.Elle eſt dite ſens, parce qu'elle ſent les choſes ſenſibles: & dauantage elle eſt inuiſible, intactible, & de nature intellectuelle. Et pource auſſi qu'elle eſt incorporée, n'occupe point de lieu par extenſion corporelle, & eſtant de ſimple nature, ne croiſt ny diminué: car elle n'eſt point plus grande en vn grand corps qu'en vn petit, ny plus petite en vn petit qu'en vn grand : & eſt auſſi grande en ſa nature dés le commencement de la vie d'vn petir enfant, qu'elle ſera iamais, ſelon la diſtinction qui ſera cy apres touchée. L'ame eſt vne par- Autres defi- nitions tons, mouuons, & viuons, mais auſſi voulons & entendons habitant au corps comme en vn domicille pour • auoir priuauté, regir & gouuerner la vie de l'homme, donner vigueur aux membres, rendre les organes ou - - - inſtrumens exterieurs propres & vtiles à leurs actions, non ſeulement és choſes qui concernent la vie cor- porelle, mais auſſi la vie ſpirituelle & eternelle. e Autre definition. L'ame eſt vn eſprit orné de raiſon & d'intellect (comme eſcrit Moyſe en ſon liure de la creation du mon-1lyº trºis de) laquelle eſt celeſte & diuine, & n'a rien de conuenance auec noſtre corps terreſtre : mais il luy ſert ſeu- º de lement d'habitation, auquel il faut qu'elle demeure iuſques au temps qu'il plaira à Dieu la r'appeler. Or il º"" y a trois manieres de corps qui ont ame, par laquelle ils viuent : le premier & le plus imparfaict eſt celuy " des plantes : le ſecond, des beſtes : & le tiers, des hommes. Les plantes viuent par l'ame vegetatiue , qui eſt cauſe de trois chcſes à ſçauoir, nourrir, croiſtre & engendrer : les beſtes par l'ame ſenſitiue : & les hommes outre ces deux, par l'ame raiſonnable & intellectuelle. Les beſtes qui ont l'ame ſenſitiue, ont pareillement les actions de l'ame vegetatiue, qui eſt és plantes : mais l'ame humaine qui eſt intellectuelle, emporte toutes les perfections & vertus des autres : & partant tout ainſi que l'ame vegetatiue donne vie aux plantes, & les fait croiſtre, auſſi fait l'ame intellectuelle au corps humain : & cóme les beſtes ont mouuement & ſentiment par l'ame ſenſitiue, qui eſt en elles, auſſi l'ame intellectuelle (au moyen de la portion ſenſitiue, par laquelle elle participe auec les beſtes) donne ſentiment & mouuement au corps humain : mais par deſſus ces deux · portions,elle a la ratiocination,qui eſt la vraye cognoiſſance des choſes , laquelle procede d'vne lumiere di- uine, & par ſpecial priuilege a eſté faite à l'Image & ſemblance de Dieu. Et y a diſſerence entre l'ame & l'eſprit.Car l'ame eſt commune à toute choſe ayant vie, comme nous auons dit cy deſſus:mais l'eſprit eſt im- mortel & ſuſceptible de raiſon & ſcience,& eſt ſeul propre &particulier à l'homme. Et pour conclure , l'ame humaine a toutes les trois puiſſances ſuſdites non ſeparément , mais vnies en vne ſeule. Or pource que nous auons dit cy-deſſus que l'ame a pluſieurs facultez, puiſſances , vertus, & operations en diuerfes parties du corps, il ſeroit beſoin de dire de chacune en particulier : mais laiſſans cela à ceux qui voudront philoſopher plus amplement, nous nous contenterons, pour acheuer ce diſcours, de patler ſeulement du Sens commun, de la fantaſie, de la ratiocination, & de la memoire. Du Sens commun. Les sens commun, eſt ce qui reçoit les images & formes à luy offertes , & apportées par les cinq ſens ex- terieurs, & diſcerne les objects d'iceux,c'eſt à dire,qu'il comprend & reçoit les operations,eſpeces,ou ſem- blances des choſes materielles, qui ont eſté receües par les cinq ſens exterieurs, leſquels ſont ſeulement comme meſſagers au ſens commun,pource qu'il n'y a rien en l'entendement ou ſens commun , qui premiere- ment n'ait eſté aux ſens exterieurs: &partant le ſens commun nous eſt donné pour receuoir les actions des ſens exterieurs. Car l'œil ne cognoit point le blanc, ou noir : partant ne peut diſcerner les couleurs, y la Les aſiions - langue ce qu'elle gouſte, ny le nez ce qu'il odore , ny l'oreille ce qu'elle entend : ny la main ce qu elle des ſens ex- DD d 3 touche 594 Le Vingt-Quatriéme Liure, touche & parle, ſoit chaud ou froid : parce que telles actions appartiennent au ſens commun , qui iuge terieurs ap- l'œil auoir veu blanc , rouge ou noir , ou auoir veu vn homme ou vn cheual ou autre choſe materielle, Partiennent comme vn chaſteau ou nauire , ou autres choſes ſemblables : & nonobſtant qu'on ne les voye plus , on ºº º" aura neantmoins connoiſſance que la choſe eſtoit blanche ou noire, grande ou petite, ou auoir ſenty vne #n, des odeur ſi elle eſt bonne ou mauuaiſe, ou apres auoir gouſté vne choſe douce ou amere, ou auoir ouy vn ſon ſens exte- gººº OUl † ou parlé ou touché vne choſe ſi elle eſt chaude OU1 froide : Cd I tOlltCS les actions des ſens §r§ exterieurs finiſſent au ſens commun comme à leur centre , ainſi que d vn cercle toutes les lignes viennent de ſ com- la circonference finir au centre, qui eſt le poinct commun, comme il te peut eſtre demonſtré par cette petite 777f4/3. figure. - Et pour cette cauſe eſt appellé iceluy Sens commun & prince de tous les ſens exterieurs, Sen5 com7777 # pource qu'il en vſe comme de ſes ſeruiteurs en diuers negoces & manieres, iugeant & diſ- # cernant les choſes qui luy ont eſté offertes & portées. Et pour concluſion, l'intention de Na- ture a eſté ſeulement que les ſens exterieurs ne receuſſent ſinon que ſuperficiellement les ob- t'Xf67/e/475. - - - - - jects, comme vn miroir fait non pour autre fin , ſinon que pour les preſenter au ſens commun, comme à leur centre, prince & ſeigneur : afin de les diſcerner & communiquer à l'ame,le ſiege duquel, ſelon Auicenne & Auerroes. eſt en la partie anterieure du cerueau, l'aitant le ſens commun eſt com- me vn receptacle vniuerſel des ſens exterieurs. De la Phantaſie ou Imagination. º Qºººº1º Apres le Sens commun vient l'imagination,appellée des Grecs Phantaſia, à cauſe que d'icelle viennent les *ºntºſºe idées & viſions qu'on appelle Fantaſie, laquelle n'a point d'arreſt , ſi ce n'eſt en dormant encore le plus ſou- uent eſt occupée en fongant & reſuant pluſieuis choſes qui n'ont eſté & iamais ne ſeront.JIceluy ſens a gran- de ſeigneurie en nous, tellement que le corps naturellement luy obeyt en pluſieurs & diuerſes choſes, lors qu'il eſt fort arreſté en quelque imagination. Qu'il ſoit vray, les hiſtoires font mention qu'Alexandre le Macedon eſtant à diſner, ſon harpeur Timothée ioüant ſur ſa harpe vn aſſaut de guerre luy fit abandonner la table, & demander ſes armes , & alors qu'il changeoit & adouciſſoit ſon ieu, raſſeoir : & par telle ad- miration d'harmonie de ſes ſons forts & concitez, ſes eſprits demeurans vaincus, eſtoient contraints y obeyr, le rendant audacieux, tranquille & ioyeux , ſelon la mutation du ſon de ſa harpe. Dauantage, cette imagi- T*º- nation donne effroy & peur, lors qu'on void quelqu'vn en quelque peril eminent.Exemple,lors qu'vn certain #" * Tu c dançoit ſur vne corde en cette ville de Paris les pieds dans vn baſſin , pluſieurs le voyans en peril de - ſe rompre le col, bras & jambes, trembloient de peur , l'oſans bonnement regarder. Pareillement quel- quesfois cette vertu imaginatiue fait cheoir la perſonne de deſſus quelque Planche, ou quelque lieu haut, pour la grande apprehenſion & timidité qu'elle a de tomber : & partant auec les choſes deuant dites, nous auons encore beſoin d'vne plus haute faculté, pour ſçauoir diſcerner ſi les choſes imaginées, veuës , ouyes, & ſenties par dehors ſont bonnes ou mauuaiſes. Et pour cette cauſe Nature nous a donné autre puiſſance, siege de la qui diſcerne le bien & le mal , à cauſe de quoy elle eſt appellé,raiſon,ou cogitation,que declarerons bientoſt. faculé ima- Or cette faculté imaginatiue a ſon ſiege, pareillement aux ventricules anterieures du cerueau, auec le ſens ginatiue. commun , mais le ſens commun eſt ſitué (comme nous auons dict) en la partie anterieure deſdits ventricu- Hiſtoire. les, & l'imaginatiue plus derriere. Ra ſon, - - - De la Ratiocination. # Apres l'Imagination, eſt la faculté nommée raiſon, qui git en l'entendement, laquelle eſt comme vne lam- |Z1072 e l e/2 " pe prouenante de la puiſſance de Dieu, pour conduire toutes nos deliberations, & moderer noſtre volonté, la princpale † eſt la principale partie de l'ame > laquelle peut raticioner , compoſer & diuiſer, & iuger en dernier partie de reſſort, & pour cette cauſe a eſté nommée des Anciens lutellectuelle, qui eſt vne puiſſance ſupreme, non l'ame. ſubjecte à aucun organe ou Inſtrument , ne choſe corporelle , mais au contraire, en toutes ſes actions eſt li- bre & penetrante iuſqu'aux profonditez des choſes : ſe treuue ſans bouger en mille lieux, trauerſe les mers, penetre les cieux , perce iuſques aux abyſmes de la terre,& faict vne infinité d'œuures admirables que nous ne pouuons connoiſtre, qui ſe font par vn haut ſecret caché en la Sapience Diuine, qui ne peut tomber en la petiteſſe de noſtre entendement humain. Parquoy nous les deuons admirer. Car l'homme n'eſt pas propre- ment ce que nous voyons , mais bien l'ame & l'eſprit, lequel nous ne voyons pas, qui a le corps pour ſon logis. En ſomme, icelle ſeule inuente le vray, iuge le faux, & diſtingue ce que de l'vn ou de l'autre s'enſuit, ou repugne, en rapportant les circonſtances des choſes veues & imaginées, les comparant les vnes aux autres , & ainſi diſcerne ia choſe ſe deuoir faire ou non. Et pour concluſion cette ratiocination nous eſt plus que neceſſaire, & eſt vn grand bien à vn homme de n'eſtre trop ſoudain à faire ou parler, ſans que premie- rement Raiſon ait diſcouru & diſcerné le bien d'auec le mal. Car pluſieurs ſe laiſſent aller par leur ſubite apprehenſion , n'attendans le iugement de raiſon pour penſer , & diſcourir aux circonſtances particulieres: tendemët eſt par ce moyen tombent en pluſieurs inconueniens dont puis apres s'en repentent. Le ſiege de ladite Ratioci- - nation eſt au ventricule moyen, teſmoin Galien au 3. liure de Placitis , comme la plus haute & ſeuere forte- reſſe de toute la teſte, à cauſe de ſa principauté. - Memoire. De la Memoire. º ** Apres la Ratiocination deſcrite, nous faut parler de la Memoire , laquelle comme fidelle tutrice retire & * garde ce qui a eſté aux trois veutricules du cerueau receu & eiabouré. Et pour cette cauſe à bon droict elle a eſté des anciens accomparée au greffe,auquel(comme apres vn procés debatu) ce qui eſt decreté, eſt enre- giſtré : car par meſme raiſon, ce qui a eſté longuement en doute & controuerſe, par la ratiocination, & apres conclu & arreſté en l'eſprit, eſt à la fin imprimé en la Memoire, afin qu'il ſoit reuoque, & qu'on s'en puiſſe ayder quand il ſera requis & neceſſaire. Quil ſoit vray, que vaudroit d'auoir tant de conceptions en ſon eſ- prit , & tant de diuerfitez, ſi elles n'eſtoient en quelques lieux gardées ? Et pour cette cauſe le grand Archi- tecteur, facteur de toutes choſes , curieux de noſtre perfection, nous a donné ce fingulier remede prompt & commode, contre l'ignorance & oubliance des choſes , qu'à l'ayde de la Memoire, nous pouuons de ce que nous auons veu ( comme des choſes enregiſtrées ) rememorer & des apprehendées ratiociner. Aucuns Philoſophes appellent la Memoire le threſor de Science : de là vient que Sapience eſt fille de Memoire & d'experience : d'autant que la Memoire eſt vn cabinet de tout ce que nous apprenons, & voyons. Le ſiege & domicile d'icelle eſt au ventricule poſterieur, ſitué au Cerebelle, moins humide & plus ſolide que nulle a lltTC Le ſiege de la Mermoire. A D De la Generation. 595 A autre partie du cerueau ; pour cette cauſe apte, & idoine à receuoir les choſes, qui ont eſté aux trois ventri- cules receues & elabourées. Et outre toutes ces choſes , l'Ame a encore ſix autres facultez, par leſquelles Six autres chaſque partie de noſtre corps eſt conſeruée : la premiere attractrice, qui attire ſon aliment : la ſeconde re-facultez na- tentrice, qui le retient : la tierce concoctrice, qui le cuit : la quatriene aſſimilatrice, ou generatrice, & au-tarelles ds gmentatrice, c'eſt à dire, qui le rend ſemblable à la partie : la cinquiéme expultrice, qui jette hors les excre- l'ame. mens qui pechent en quantité ou qualité, ou tous les deux enſemble , & toutes les choſes qui luy ſont con- traires, comme le fer d'vne fleſche, vne bale, vhe eſquille d'os, & autres choſes eſtranges. La ſixiéme ſepara- trice, qui ſepare les choſes qui doiuent eſtre ſeparées : exemple, comme le laict dans le ſang , ou le pus ou les humeurs de la maſſe ſanguinaire, comme la cholere qui eſt enuoyée à la folicule du fiel, la melancholie à la ratte, l'vrine à la vefſie, & autres choſes qui ſe font par le benefice de Nature. Des excremens naturels, & de ceux que jette l'enfant en la matrice de ſa méte, - - - ! " C H A P 1 T R E XI I. #s$é Ev A N T que d'eſcrire par quels conduits l'enfant eſtant au ventre de ſa nºre, iette ſes excre- # $ mens, il m'a ſemblé bon de propoſer au ieune Chirurgien ceux qui ſont naturels. Donc on ap- ©ue c'eſt pelle excrement ce que Nature ſepare d'auec le pur & net. Et d'iceux y a pluſieurs genres : le 2ººtie 4 premier eſt de la premiere digeſtion, laquelle ſe fait en l'eſtomach, qui eſtant pouſsé par les in- # teſtins, ſort par le fondement. Le ſecond procede du foye,& comprend deux eſpeces: à ſçauoir la cholere,de laquelle vne partie eſt enuoyée du foye au kyſtis fellis, pour irriter la faculté expultrice a jetter la matierè fecale à ſortir par les inteſtins, l'autre ſemblable à megue & ſerofité s'en va du foye par les gran- des veines auec le ſang pour luy ſeruir de vehicule à couler ça & là : quoy fait,1euoqué & chaſsé par N ture ſort pai l'vrine 6& ſueur. L'autre eſpece eſt l'humeur melancholic, lequel eſt attiré par la rate : ſe nourriſſant Gal.devſu du meilleur d'iceluy, & iettant le reſte, partie à la bouche de l'eſtomach, afin d'irriter l'appetit par ſon acri- partium. monie, partie aux inteſtins Le dernier ſe fait à chacune partie du corps, par la derniere digeſtion propre à chacune d'icelles, & eſt pouſsé hors du corps, partie par tranſpiration inſenſible, & quelquesfois par ſueur par les pores du cuir partie auſſi par certains paſſages,& conduits propres à chacunes deſdites parties : com- me ſur toutes autres aduient au cerueau, lequel ſe purge par pluſieurs canaux, comme par le nez,par la bou- che,de ce troſiéme excrement:qui deſcend par les trous du palais, pas les auçeilles, par les commiſſures du crane, par les yeux : & tous ces excremens ſe doiuent purger tous les matins, encore qu'en autre temps du iour cela ſe peut auſſi faire : & ſi quelques vns ſont par trop longtemps retenus, il faut remedier aux cauſes de leur retention, tant par regime, que par medecine. Il y a bien d'autres excremens, leſquels ne ſont natu- rels, deſquels ſi tu veux auoir la connoiſſance, voy le traicté de la Peſte. L'enfant eſtant au ventre de ſa mere, commence à vriner ſoudain que toutes ſes parties ſont formées, par le conduit de l'Vmbilic nommé Vrachus, mais aux derniers mois, prochains de ſa natiuité, le dit Vrachus ſe fer- - me, comme auons dit, & alors l'enfant maſla vrine par la verge,la femelle par le col de la veſſie. Cette vrine Ilyad'au- C ſe conſerue au c les autres excremens, à ſçauoir, la ſueur, & les ſeroſitez, & autres ſuperfluitez du ſang men-ºº. ſtruel, qui ſeruent pour ſupporter plus facilement l'enfant nageant en icelles : &lors que le temps eſt venu #" d'enfanter, il rompt les membranes , & adonc leſdites aquoſitez ſortent, & lors les matrones prediſent que /)4f1476, bien toſt la femme accouchera , puis que les eaux s'ecoulent : & ſi l'enfant ſort promptement auec l'expul- ſion d'icelles (ou ſubit apres) l'enfantement ſera heureux : car par l'humidité deſdites eaux, le col de la ma- trice, & autres parties ſont rendués plus lubriques,laxes,gliſſantes ou coulantes,qui fait que plus facilemnt le col de la matrice ſe dilate & ouure. Et ſi l'enfant retarde à ſortir apres qu'elles ſont iſſuès , la femme enfan- tera auec vne tres-grande difficulté, parce que l'enfant demeure à ſec, & auſſi que la matrice, & le col d'icel- le ſe reſſerrent. Les matrones rendent bon teſmoignage de cela : car quand la mere a perdu en abondance, & tout à coup ſes eaux,long temps auparauant que l'enfant ſe preſente au coronnement de la partie honteu- ſe, elles ſont contraintes (à l'exemple & imitation de Nature) oindre le col de la matrice de choſes onctueu- ſes & oleagineuſes. Or ledit enfant ne jette aucune matiere fecale par le fondement, eſtant au ventre de ſa L'enfant mere, ſi ce n'eſt lors que la femme eſt preſte d'accoucher, & qu'il aye rompu les tayes. La raiſon eſt qu'il ne eſtant au prend point d'aliment par la bouche, & auſſi que ſon eſtomach ne fait encore ſon office,dont rien n'eſt tranſ ººtrº dº ſº porté aux boyaux, & luy eſtant enuoyé vn ſang pur & digeré,il n'y a nulle ſuperfiuité fecale. Qu'il ſoit vray, # i'ay veu des enfans naiſtre à terme,leſquels n'auoient aucune ouuerture au ſiege, iceluy eſtant clos d'vne pe- # 47- tite peau,de laquelle ayant fait apertion,tout ſubit en ſortoit des excremens : dont nous conclurons que l'en-§ # fant ne jette autre excrement au ventre de ſa mere, fors la ſueur & l'vrine, parce qu'il eſt nourry de ſang be- auſſi ne §tu nin & loüable, & non de ſang menſtruel, vilain & corrompu, comme aucuns ont pensé & eſcrit. Or il faut rien par le icy noter , que leſdites aquoſitez ſont en la capacité de la matrice encloſes dans les membranes, eſquelles ſiege. l'enfant nage entierement,& ne ſont ſeparées de l'enfant,comme on voit aux chévres,brebis, chiens& autres D beſtes : ce que i'ay bien obſerué pluſieurs fois. - - - Les ſignes que la femme aura conceu vn maſle, ou vne femelle. Si elle eſt groſſe d'vn fils, la femme eſt plus diſpoſe & gaillarde en toute ſa groſſeſſe, & a la couleur plus Hip.aph, vermeille,l'œil gay, vif,& le tein plus net & plus clair que d'vne fille. Parce que le fils eſtant plus chaud de 42 lib. ;. ſon temperament, redouble la chaleur de la mere,la femme aura meilleur appetit, elle ſent ſon enfant,mou- uoir dedans trois inois & demy, & d'vne fille plus tard : ſon ventre eſt pointu, toutes ſes parties droites ſont plus habiles à tous mouuemens : & dit-on que le premier pas qu'elle fait eſtant debout, eſt du pied droict & eſtant aſſiſe quand elle ſe veut leuer, met pluſtoſt la main droite ſur le genouil droit pour s'appuyer L'œil dextre eſt plus mobile, le tetin droit en groſſit pluſtoſt, & le mouuement de l'enfant eſt plus au coſté droit: le contraire eſt d'vne fille. Ces ſignes aduiennent, le plus ſouuent,comme les Anciens & modermes ont re- marqué.L'enfant maſle eſt plus excellét & parfait que la femelle,teſmoin l'authorité & préeminence que Dieu , luy a donné, le conſtituant ſur la femme comme chef & Seigneur. Plufieurs tiennent que les maſles ſe font par la vertu du teſticule droit , parce qu'il eſt plus chaud & plus ſolide , à cauſe de quoy il rend vne ſemence plus chaude & ſeiche, & plus ſpiritueuſe : partant plus idoine à engendrer mailes. Et c'eſt pourquoy les pa- ſteurs, lors qu'ils veulent auoir des maſles de leur betail, lient le teſticule gauche au taureau, belier,bouc, & autres maſles, qui doiuent ſaillir les vaches, cnévres, brebis, & autres. Outre ces belles raiſons , on void par experience, que des hommes à qui on amputé le teſticule dextre, n'engendreront des enfans maſles. Et par la ſeule vertu & volonté de Dieu les maſles & femelles ſont en- : D D d 4 gendrés | 596 Le Vingt-Quatriéme Liure, gendrés ainſi qu'il luy plaiſt en ordonner : & me ſemble que les maris ne ſont ſages ſe courroucer contre A feurs femmes & compagnes, pour auoir fait des filles : car il n'eſt en la puiſſance de l'homme ny de la fem- Cauſe de l', ffort de l'enfant pour ſeruir. # que le col de ſa matrice ( qui eſt rond, eſtroit & nerueux ) ſe dilate & eſlargiſſe grandement pour faire paſ- pleurs venât ſage à l'enfant, & auſſi que les os des hanches ſe ſeparent de l'os ſacrum, afin qu'eſtás dilatez, toutes les au- au monde. tres parties ſe puiſſent plus facilemét ouurir.Or que leſdits os ſe defioignent&ſe ſeparent,il eſt aisé à croire L enfante- & à prouuer ; car c6ne ſeroit-il poſſible qu'vn enfant eſtant à terme, ou deux gemeaux s'entretenans, joints ment ſe fºº eaſemble peuſſent paſſer par cette petite voye eſtroitte, ſans que leſdits os ne fuſſent diſioints l'vn d'auec º, l'autre ? Ôr veritablement ie le ſçay , pour auoir ouuert des femmes, ſubit apres auoir rendu leur fruict, #º auſquelles i'ay trouué entre les os des hanches & os ſacrum, diſtance à mettre le doigt entre deux.Dauan- #a - tage, i'ay remarqué, eſtant appellé aux accouchemens des femmes, ayant la main ſous leur croupion, auoir § sa ouy & ſenty vn bruit de crepitation ou croquement deſdits os, pour la ſeparation qui s'y faiſoit : & meſme 477/4/73, i'ay entendu de pluſieurs femmes honorables, que quelques iours vn peu deuant que d'accoucher, apperce- uotent auec douleur certains bruits deſdits os qui croquetoient enſemble. Dauantage , les femmes qui ont recentement enfanté ſe plaignent fort auoir douleur en la region de l'os coccyx ou (aude, qu'ils, appellent les Reins : & icy ie conclus ( ſauf meilleur iugement que le mien ) que leſdits os commencent à s'entr'ouurir, uelquesfois deuant l'enfantement, principalement à l'heure que l'enfant ſort, & eſt Inis ſur terre. Mais ve- ritablement les os des hanches & Pubis s'ouurent & ſeparent les vns des autres , en ſorte que pluſieurs fem- Bourde Ita- mes ( faute que Nature ne les a puis apres bien rejoints)ſont demeurées boiteuſes. Et quant à ce qu'on dit, lienne con- qu'en Italie on rompt l'os Pubis aux ieunes filles (afin que lors qu'elles auront des enfans, accouchent plus uaincuë de facilement) c'eſt vne choſe fauſſe & menſongere: car encore qu'on les euſt rompus, il s'y feroit vn callus, faux. comme il ſe fait touſiours aux fractures des os , dont puis apres l'enfantement ſeroit rendu plus difficile. Il y a des hommes ſi fermes en leurs opinions, qu'encore qu'on leur fiſt toucher au doigt, & voir à l'œil la verité du contraire de ce qu'ils maintiennent, ſi eſt - ce toutesfois que iamais ils ne ſe voudront departir de ce qu'ils auront conçeu & engraué en leur eſprit : en quoy ils ſe monſtrent , ou merueillement amou- reux d'eux-meſmes s'ils aiment mieux leurs opinions que la raiſon : ou fort ennemis de la poſterité, ſi co- noiſſans la verité, veulent toutesfois icelle eſtre cachée & ignorée Sainct Auguſtin n'a point fait de diffi- culté de compoſer luy-meſme vn liure de ſes Retractations. Pareillement Hippocrate eſcrit, comme font les - excellens hommes, & qui ſe tiennent aſſeurez de leur grand ſçauoir, qu'il a eſté deçeu à recognoiſtre la ſu- Celſe. ture de la teſte d'auec la fracture. Certes, comme eſcrit Celſe, les petits & foibles eſprits, parce qu'ils n'ont rien, ne ſe peuuent auſſi rien oſter : mais il eſt bien ſeant à vn genereux, eſprit, de confeſſer & aduoüer plai- nement ſa vraye faute , & principalement encore qu'on l'enſeigne à la poſterité pour le bien public , afin que nos ſucceſſeurs ne ſe trompent en meſme façon que nous auons eſté. Or qui me fait tenir ce propos, eſt que iuſques icy i'auois maintenu & par parole & par eſcrit, les os Pubis ne ſe pouuoir ſeparer & entr'ouurir aucunement en l'enfantement : toutesfois il m'eſt apparu du contraire le premier iour de Fevrier , mil cinq cens ſeptante-neuf, par l'anatomie d'vne femme, qui auoit eſté penduë quinze iours apres eſtre accouchée de laquelle ie vis la diſſection, & trouuay l'os Pubis ſeparé en ſon milieu d'enuiron demy doigt, és preſences de Maiſtre Claude Rebours, Docteur Regent en la faculté de Medecine, de Maiſtre Iean d'Amboiſe, Coin- . teret, Du Bois , Dionneau , Pineau, Larbaleſtier, Viart, tous Chirurgiens iurez à Paris : & meſme nous veiſmes l'os Iſchion ſeparé de contre l'os Sacrum. Qui ne le voudra croire, ie le renuoyeray au liure de Na- ture, laquelle fait des choſes que noſtre intelligence n'eſt pas capable d'entendre : & principalement ces os s'ouurent & ferment à l'enfantement. De la ſituation de l'enfant au ventre de la mere. C H A P 1 T R E X I V. Diuerſeſ- # # N ne peut bien deſcrire la vrayeſituation de l'enfant au ventre de ſa mere : car veritablement tuarion de s , ie l'ay trouuée diuerſe, tant aux femmes mortes qu'aux viues : aux mortes en diſſecant prom- # fant en % ptement apres qu'elles auoient jetté le dernier ſouſpir:aux viues lors que i'ay eſté appellé pour Vferu4. me d'engendrer vn maſle ou vne femelle quand ils veulent. comme l'enfant eitant à terme, s'efforce de ſortir hors du ventre de ſa mere, & de ſa natiutté. C H A P 1 T R E X I I I. ' % vAN D l'enfant eſt venu à ſon tcrme prefix, il a lors affaire de plus grand nourriſſement qu'au- # parauant, & n'en pouuant tirer par le nombril tant qu'il en a beſoin, cela eſt cauſe que par vne grande impetuoſité il cherche a ſortir hors, donc il ſe meut, & rompt les membranes qui le ſouſtiennent : & fi elles eſtoient ſi durent qu'elles ne peuſſent ſe rompre, il les faudroit fendre - & deſchirer auec les doigts, pour donner libre iſſue aux eaux & à l'enfant, que la matrice ne peut plus louſtenir , s'en ſentant offencée & intereſſée : adonc elle s'ouure, & par icelle ouuerture l'enfant ſentant l'air entrer, le pourſuit, & s'efforce de ſortir hors la teſte deuant : alors ſe fait la natiuité naturelle de l'enfant, non ſans douleur de ſon corps tendre & delicat eſtant preſſé, dont en pleurant il fait ſon entrée és calamitez de la vie humaine : Semblablement la mere enfante auec vne extreme douleur, parce qu'il faut % les deliurer, Nature ne pouuant faire ſon deuoir,ayant la main en leur matrice,trouuois quel- R quesfois la teſte de l'enfant en bas : autresfois en haut , & les pieds premiers, autresfois les S) ſeſſes autresfois les mains & les pieds enſemble. Et faut icy noter, que le petit fœtus ou embryon, eſt touſiours trouué en figure ſpherique : mais alors que l'ame y eſt infuſe, & à meſure qu'il croit, il ſe deſueloppe, & eſtend ſes membres, & prend autre figure, comme tu vois par ces figures ſuiuantes. Autresfois De la Generation. 597 SNS •w \N • S$ $ $ N $ U h- autresfois le dos , autresfois le ve > comme tu vois par la figure ſuiuante. autresfois vn ſeul pied º ~); și ſă Žć "G ! 5 2 ) 5-3 5D...$2 „a ſº- -2 &3 ·2; & · 3 · 5 · v^ § 5 § § &5 ! &-> # # ! # Autresfois # s98 Le Vingt-Quatriéme Liure, amm 2lium. #, . s#. Atº entt de # # ( 4,3 qu4 peperit l'g) Hipp.lib.de re humaine. . Arſt en ſes Autresfois les pieds eſcartez l'vn de l'autre : au- tresfois vn ſeul bras, eſtant l'enfant hermaphro- dite , comme tu vois par cette figure. \ \N § #à N 2 -- ( \ % %- --- # # % #é\| #/y# # #\l #ll # % #ſſº è # % } N N ſſg V22 # à# \$ N \ Aucuns iumeaux , dont l'vn d'iceux vient la teſte A premiere , & l'autre les pieds , comme tu peux voir par cette figure. S, * • - - (o> •S> > S - (A%77yy | _ $ #s$ # A % $S $ $ $ $$ $ $ . N $ $ # à S $ Pa #\ $ ſé| a \ \ St Aux femmes mortes, lors que l'enfant eſtoit encore fort petit , ie les ay trouué en figure ronde, ayans la teſte ſur les genouils , & les deux mains par deſſus , & les talons contre les feſſes , qui ſemble eſtre la plus vraye & naturelle ſituation de l enfant : dauantage , ie proteſte en auoir trouué vn (ayant ouuert la c mere promptement eſtant decedée ) ſitué de ſon long, la face vers le Ciel , & encore viuant, ayant les mains iointes : & partant nul ne peut donner reigle certaine de la ſituation des enfans au ventre de leurs meres. Du temps commode ou incommode de la natiuité de l'enfant. A^iſt. cap.4. - - • _ • _ r - • , 12 de generat. f,º# O vs animaux ont certains temps limité de charger & porter leurs petits, mais ! homme ſeul # n'a aucun temps prefix,ains vient au monde en tout temps:ainſi les vns naiſſent à ſept mois,les # autres à huict, les autres à neuf, qui eſt le plus commun, les autres à dix, voire au commence- ment de l'onziéme.Maſſurius dit, que Lucius Papyrius condamna par arreſt vn ſubſtitué ſur le rapport de la mere du Poſthume, inſtitué heritier, qu'elle diſoit auoir porté treize mois apres la mort du teſtateur:tant y a qu'il n'y a aucun terme certain & definy à porter les enfans. L'en- V •x^ * • \sº "l --• C H A P. X V. fant naiſſant à ſix mois ne peut viure,à cauſe que ſes membres & tout ſon corps n'ont point encore toute leur perfection,au ſeptiéme il peut viures ce que l'experience nous monſtre, & toutesfois au huictiéme ne viuent iamais, ou rarement. Maiſtre Nicole du Haut - pas , en ſon Liure de la Contemplation de la nature humai- ne, dit que la raiſon ne ſe doit rapporter à l"Aſtrologie, & tient que le huictieſme mois n'eſt critique com- du Haut pas me le ſeptiéme, ou le neufiéme, ou le onziéme, & que le huictiéme eſt attribué à Saturne, ennemy des vies & naiſſances : où s'iis viuent, ſeront tout les cours de leur vie valetudinaires. Les enfans qui naiſſent au hui- Contempla- ctiéme mois, ne viuent gueres , & ſont appellez genitures de la Lune, pource que la Lune eſt planette froi- D ººººººtº-de, & par ſa grande froideur preſſe le fruict, de façon qu'en brefil meurt. Toutesfois la vrayeraiſon de- pend de ce que l'enfant, touſiours ſur le ſeptiéme mois s'efforce de ſortir hors, ce qu'il fait heureuſement, & auec aſſeurance de vie ſans autre accident s'il eſt fort & puiſſant de nature. Que ſi au contraire il eſt foi- ble & flotiet, non ſeulement il ne peut ſortir , mais en outre eſtant dauantage debile par le combat & effort qu'il a fait en vain pour ſortir, a beſoin quaſi d'eſtre comme recuit & retenu de l'vterus iuſques à deux ou trois mois apres, ne ſortant que ſur le neufiéme ou dixiéme mois, pour cependant recueillir & ramaſſer ſes forces. Que s'il ſort vn mois apres, ſçauoir ſur le huictiéme mois, il eſt eſtimé mal-heureux, & ſans eſpe- l'enſant n'eſt rance de longue vie, pource qu'il n'a eu aſſez de temps à reparer & ramaſſer ſes debiles forces attenuées par le conflict,pour ſortir naturellement au ſeptiéme mois. Note toutesfois que ſi la femme eſt forte & gail- larde, qu'elle peut heureuſement enfanter au huictiéme mois : de ſorte que l'enfant meſme ſera vital, comme teſmoigne Ariſtote des femmes d'Egypte , & Auicenne des femmes d'Eſpagne. En la naiſſance de l'enfant on peut dire auſſi cecy eſtre vne choſe fort admirable, & qui ſurpaſſe l'entendement humain : car l'orifice de la matrice tout le temps que la femme eſt groſſe,eſt tellement clos, que ſeulement la pointe d'vne eſprou- uette , ou d'vne aiguille n'y peut entrer, ſi ce n'eſt qu'il ſe faſſe vne ſuperfetation , ou que Nature ſe deſchar- ge de grande quantité de ſang & d'eau qui ſont en la matrice : & au contraire, au temps de l'enfantement, s'ouure & s'eſtend de façon que l'enfant eſtant ſorty,ledit orifice ſe reſſerre incontinent apres par vnetres- grande prouidence de Nature,laquelle ne ſe peut exprimer : & pour ce nul ne doit eſtre ſi hardy & audacieux de s'enqueſter, comme telle choſe ſe fait : car ſi on entreprend de paſſer outre, & d'eſplucher par le menu COIIlIIlC De la Generation · 599 À comme tellechoſe ſe fait, on demeurera condamné & conuaincu de n'auoir cogneu la puiſſance de Dieu, ny la foibleſſe de ſon eſprit. Communément les femmes ſont plus trauaillées à leur premier enfantement Prouidsnet qu'aux autres, & tant plus qu'elles ont enfanté,trauaille moins que la premiere fois : & parce ie leur con- * Nºtºrº. ſeille d'vſer d'vn onguent emollient comme cettuy, quelque temps deuant l'enfantement. 24. ſpermatis ceti 3.ij.olei amygdalar. dulcium 3.iv. cerz. albz & medullx ceruinar an.5.iij. axung.anceris & gall.an. 3. j. terebenthinx Venetz 3. ij fiat vnguentum, duquel en ſeront frottées les cuiſſes & le ventre de la femme groſſe : & tout autour de ſes parties genitales : dauantage, pourras ſemblablement porter vne maniere de li- gature faite de peaux de cuir de chien deliée, laquelle ſera frottée de l'onguent ſuſdit,qui luy aydera à ſup- porter l'enfant. Plus quand elle ſera ſur neufiéme mois, faut qu'elle ſe baigne par pluſieurs fois dans vn L'enfante- bain, auquel auront bouilly herbes emollientes. Or l'enfantement naturel eſt, quand la teſte vient la pre- ment natu- miere,& ſuit ſes eaux : l'autre qui eſt moins bon & facile, eſt quand il vient les pieds deuant : tous les autres rel. ſont tres-difficiles. Parquoy ie veux icy aduertir les matrones, que là où elles connoiſtront que l'enfant ne Enfantemens viendra point en ces deux manieres,mais le dos premier, ou le ventre, ou les mains & pieds enſemble, ou vn ºnºrº Nº bras,ou en autre figure, qu'elles ayent à les tourner & les tirer par les pieds dehors : & ſi elles ne ſe ſentent* aſſez experimentées, qu'elles appellent les Chirurgiens exercez en cét affaire. Car comme ſeroit-il poſſible à la Nature les ietter hors eſtans ainſi fituez, ſi ce n'eſtoit d'auanture petits auortons leſquels pour leur pe- titeſſe, Nature pourroit ainſi facilement mettre hors. s B Les ſignes à la femme de bien-toſt enfanter. C H A P. XV I. E s ſignes ſont, qu'elle ſent douleur au deſſous de l'vmbilic, & aux aines,& eſt ladite dou- Signes d'en- leur communiquée aux vertebres des lombes, & principalement lors que les os des han-fantºmºnº # ches ſe ſeparent de contre los Sacrum, & los de la queüe ſe recule en arriere : leurs cuiſſes Pº #2 ) & parties genitales ſe tumefient , & leur font grande douleur : dauantage il leur ſuruient #: vn tremblement vniuerſel de tout le corps,tel qui ſe fait au commencement des accez des fiévres : plus leur face rougit, à cauſe que le ſang s'eſchauffe & boüillonne, parce que Na- ture s'ayde de toutes ſes forces à mettre hors l'enfant, lequel s'eſmeut vehementement, & le ſang ainſi eſ- chauffé & eſmeu, ſort auec portion des aquoſitez premier que l'enfant. Et ſi tels ſignes ſe demonſtrent, ſois aſſeuré qu'en brief la femme enfantera : & partant qu'on luy prepare tout ce qu'elle aura beſoin pour tel- affaire, & principalement à la bien ſituer en vn lict en figure moyenne,à ſçauoir non du tout à la renuerſe ny aſſiſe, mais aucunement le dos eſleué, afin qu'elle puiſſe mieux reſpirer, & auoir force à mettre l'enfant hors. Dauantage , faut qu'elle ait les jambes courbées, & les talons vers les feſſes, & les cuiſſes eſcartées l'vn de l'autre, & quelle s'appuye cótre vne buche de bois poſée au trauers de ſon lict, ayant vn peu les feſſes eſle- uées. Aucunes accouchent debout eſtans appuyées des bras ſur le bord du lict, ou d'vn banc : autres en vne Aurºnes chaire propre à cela,laquelle ne doit pas eſtre plus haute de la terre, que de deux pieds. L'vtilité de cette # eſtre chaire n'eſt à meſpriſer, parce que la femme groſſe y eſt ſituée eſtant renuersée ſur le dos, de ſorte qu'elle a # ſon inſpiration & expiration libre : auſſi que l'os Sacrum & l'os Caudae ſont en l'air , n'eſtans aucunement § § preſſez, qui fait que leſdits os ſe defioignét & ſeparent plus aisément. Pareillement l'os Pubis, à cauſe que § #. c les cuiſſes ſont eſcartées l'vne de l'autre, ioinct auſſi que la ſage-femme beſongne plus à l'aiſe, eſtant aſſiſe , . deuant la femme groſſe. L'on mettra vn oreiller au doſſier de la chaire , & quelques linges, où les cuiſſes ſeront appuyées, afin que la femme groſſe ſoit plus à ſon aiſe. | P v * - • • - v • La figure de la chaire t'eſt icy rprſentée. Or faut bien ſe garder de mettre la fem-Aduertiſſe- me aux peines de trauail, deuant que les fi- ment aux gnes ſufdits precedent : car deuant iceux le matronet. trauail eſt faict en vain, & en ſont les pau- ures femmes plus moleſtées & debiles , quand ce vint à mettre hors l'enfant à bon eſcient , à cauſe qu'elles n'ont tant de for- ce & vertu, lors que l'expulſion de l'enfant ſe . doit faire. Eſtant la femme en trauail d'en- fant, le tout venant bien , faut laiſſer fai- re Nature , & la ſage - femme : toutesfois faut commander à la femme (lors qu'elle aura des ondées & tranchées ) qu'elle s'eſ- preigne le plus qu'elle pourra , luy cloüant le nez & la bouche , & vne matrone luy Moyen d'ay- preſſe les parties ſuperieures du ventre en deràlafem- pouſſant l'enfant en bas : car telle choſe ayde ººſ" grandement à les faire accoucher, n'eſtans ſi f74 vexées des tranchées ou ondées : comme i'ay ſouuentesfois experimenté en pluſieurs fem- mes , où i'ay eſté appellé pour leur ayder à accoucher.Si le trauail eſt long & laborieux (à cauſe que les vuidanges ſont ſorties long-. temps auant l'enfantement, & que la matri- ce demeure à ſec) faut faire ce qui s'enſuit. 24. butyri recentis fine ſale in aqua artemiſ, loti 3. ij. mucag. ſeminis lini, ficuum, & ſe- minis alth. cum aqua ſabin. extract.an. 3. 6. olei liliorum 3.j.fiat liniment. ex quo obſte- trix liniat frequenter collum vteri : ou huyle d'amédes douces, ou graiſſe d'oye,au d'autre ſemblable, afin de les lubrifier & relaſcher. ctam an.3.j. 6. ſacchar. alb. ad Pond. "# â$ \. 6oo Le Vingt-quatriéme Liure, Remedes ex- perimentez pour ietter l'enfant,l'ar- riere-faix Féfé/7f4, Comment faut entêdre l'enfant eſtre heureux qui maiſt eveſſé. Cauſe des tranchées. obſeruation qu'on doit auoir à la ligature du mombril. fiat pulu. ſubtiliſſ.ſumat 3.iv. cum decocto ſeminis lini : celeriorem enim & faciliorem partum fatit : tum minori A moleſtia poteſt hic puluis daricum vino albo tenui. Dauantage la ſage-femme ( quand le trauail eſt ainſi faſcheux) pourra oindre ſa main de ce liniment, & en mettre § lecol & parties voiſines de la matrice,2/.. olei de ſemin lini. 3 j ß. olei moſcelini 3. f, gall. moſcatae 5.iij.ladani 3.j. fiat linimentum. Plus on fera eſternuer la femme cum puluere piperis, vel tantillo bellebori albi, in mares immiſſa.Plus pour haſter la femme d'accoucher, la ſemence de lin , pilée auec eau d'armoiſe & de ſabine ſert grandement, ou ce re- mede. 2ſ. Cortic. caſſi. fiſt. concaſſ 3. ij. cicer. rubro. m. ß. bulliant cum vino albo , & cum aqua ſufficienti, addendo ſub finem ſabinx 3. ij. & fiat decoct. in. coll. pro vna doſi : adde cin.an. 5. 6.croci g vj. fiat potio: apres elle tachera à eſternuer auec ſternutatoires : quoy faiſant la femme auec moins de trauail enfantera. Quelquefois les enfans naiſſans apportent autour de la teſte vne partie de la membrane agnelette, princi- palement quand les parties genitales de la mere par s'efforcer d'enfanter,& par le benefice de Nature ſe ſont ouuertes & eſlargies, & que l'enfant ſort quand &quand les eaux : &alors les matrones preſagent que l'en- fant eſt heureux, parce ( diſent-elles ) qu'il eſt né coeffé. Veritablement ie ſuis d'auec elles, & encore ie dis dauantage, que la mere eſt auſſi bien-heureuſe, à cauſe que l'enfant eſt ſorti aſſez librement : quand l'enfan- tement eſt laborieux, les enfans n'apportent iamais cette membrane ſur la teſte , car elle eſt arreſtée au paſſa- ge, ainſi q'vne couleuure voulant laiſſer ſa peau, paſſe par vn lieu eſtroit pour eſtre deſpouillée : ainſi le ſem- blable ſe fait à l'enfant laiſſant ſa coëffe au ventre de ſa mere. On baillera à la femme ſubit apres l'enfante- tement deux ou trois cuillerées d'huile d'amandes douces tirées ſans feu auec vn peu de ſuccre. Autres pren- nent deux jaunes d'œufs auec ſuccres, autres prennent de bon hippocras : autres vn conſommé, ou de la ge- lée. Ainſi on diuerſifiera telles choſes ſelon le gouſt, & la neceſſité qu'il faudra pour alimenter l'accouchée, & garder les tranchées, leſquelles viennent à cauſe que les veines ſe deſgorgent du ſang ſuperflu qui eſtoit retenu à cauſe de l'enfant, & eſtant gros & bourbeux comme lye, s'amaſſe de toutes parts, & accourt par les veines & arteres en la matrice , laquelle il penetre difficilement, & par grande violence le rejette comme inutile , qui la refroidit, & enfie. Auſſi leſdites tranchées ſon ſouuent causées du vent, qui entre au corps & capacité de la matrice, faute d'auoir ſerré les cuiſſes, & lié le ventre de l'accouchée comme il falloit. Ce qu'il faut faire à l'enfant ſubit qu'il eſt nay. C H A P 1 T R E XVII. RS R E M 1 = R E M E N r eſtant ſorty du ventre de la mere, la ſage-femme doit ſubit tirer l'ar- §riere-faix, s'il luy eſt poſſible, & s'il eſt beſoin mettra ſa main dans la matrice de la femme pour #|l'extraire & mettre hors, autrement ſortiroit apres auec grande difficulté, parce que la matrice ,Nºl & toutes les autres parties ſe reſſerrent incontinent que l'enfant en eſt hors. Cela fait, l'enfant " doit eſtre ſeparé d'auec ſon arriere-faix en luy liant le nombril d'vn filet double, à diſtance du ventre de la largeur d'vn poulce, & non plus : & la ligature ne doit eſtre trop ſerrée, de peur que la partie · qui eſt outre la ligature : ne tombe pluſtoſt qu'il n'eſt beſoin : ne auſſi trop laſche, de peur que le ſang ne fue Pourquoy on laue l'enfant ſi toſt qu'il eſt né. » Cheſe digne d' eſtre bien notée aux f7341/0/945, Le vulgaire appelle cette maladie, le c%äcre blanc. des vaiſſeaux vmbilicaux, auſſi que l'air n'entre dedans le ventre de l'enfant. Et apres eſtre lié, il doit eſtre coupé deux doigts deſſous la ligature,auec vn raſoir ou ciſeau bien tranchant,& puis appliqué ſur vn linge en double,trempé en huile roſat ou d'amendes douces pour ſeder la douleur : & apres cela, aubout de quelques iours, ce qui eſt coupé tombera auec la ligature. Aduertiſſement aux ſages-femmes : c'eſt que la portion du nombril, apres l'auoir lié & coupê demeure pendante, qui ſe meurt peu à peu, en fin tombe en gangrene, puis en mortification. Les ſages-femmes le couchent communément contre la chair nuë du ventre de l'enfant dont il s'enſuit grandes tranchées pour la froideur de ce qui eſt mortifié : à cette cauſe il faut l'enuelopper de linges ou cotton , iuſques à ce qu'il ſoit tombé. Or pluſieurs matrones coupent incontinent le nombril apres l'auoir lié,ſans attendre que l'arriere-faix ſoit hors : mais celles qui enttendent mieux ces choſes,diffe- rent iuſques à ce qu'elles ayent tiré ledit arriere-faix hors la matrice. Cela fait, l'enfant doit eſtre nettoyé d'huile roſat, ou de myrtilles, pour luy oſter la craſſe & excrement qu'il apporte deſſus ſon cuir : auſſi pour clorre les pores, afin qu'apres ſon habitude en ſoit renduë plus ferme.Aucuns les baignent en eau chaude & vin aſtringent, puis les huylent des huiles ſus-nommées, ou bien ſe contentent de macerer & faire bouil- lir dans le vin,duquel ils doiuent baigner l'enfant des roſes rouges,ou fueilles de myrtils,y adiouſtans vn peu de ſel, & font cela par cinq ou ſix iours, afin de nettoyer ſon corps , & reſoudre les meutriſſeures & grands foulemens qu'il a eu en ſortant hors du ventre de ſa mere. Il luy faut pareillement manier les doigts les vns apres les autres, eſtendre & flechir ſes jointures des bras & jambes, voire par pluſieurs ou diuersiours,afin de chaſſer quelque humeur ſuperfiu qui pourroit eſtre en ſes jointures. Et ſi on voit qu'il y ait quelque vice aux os, il les faut habiller, ſoit qu'ils ſoient hors de leur place, ou fracturez , leſquels ſeront reduits & re- dreſſez par la main du Chirurgien. - Dauantage, faut auoir efgard ſi ſes conduits ſont eſtoupez par quelque petite membrane ( qui ſe fait à d'aucuns) cóme aux oreilles, nez, bouche, verge, fondement & à l'orifice du col de la matrice aux femelles: & ſitelle choſe ſe trouue,leront deſtoupez par l'artifice du Chirurgien : puis on y appliquera tentes, peſſai- res, & quelque linge entre deux, de peur que les parties, qui auront eſté coupées, ne ſe rejoignent derechef. Antonius Beneuenius,Medecin Florentin au liu, 1.cha.3o.dit auoir veu deux enfans maſles, leſquels eſtans venus ſur terre auoient le ſiege fermé:dont l'vn eſtoit clos d'vne chair& mourut,l'autre d'vne membrane, la- quelle fut incisée &guarit : pareillement aucuns dés leur naiſſance n'on point le bout du gland percé, mais il eſt au deſſous,où la figure du gland finit. Ils ne peuuent vriner droict en deuant, ſans renuerſer la verge contre-mont : ils ne peuuent pareillement engendrer, parce que la ſemence ne peut eſtre lancée ne iettée droict au champ de nature humaine. Dauantage, cette defectuoſité cauſe vne difformité. Galien en l'intro- duction , & aux Diffinitions medicinales, appelle cette affection Hypoſpadias. La curation ſe fera en trenchant le bout du gland, à l'endroit de ſa couronne le plus proche du trou qu'il ſera poſſible. Auſſi quelques-vns ont ſix doigts à chaque main, autres ont les doigts des pieds & des mains ioincts enſemble, le vulgaire appelle tel vice Patte d'oye : autres ont vn ligament fous la langue qu'on appelle le Filet, lequelles garde de tetter ou quand ils ſeront deuenus grands, il les fait balbutier à cauſe qu'il tient la langue liée contre la mandibulein- ferieure:tous leſquels vices ſeront aydez par la main du Chirurgien.Semblablement faut prendre garde s'ily a quelque excrement blanc ſemblable à de la craye, qui adhere contre les parties internes de la bouche, & ſur tout la langue , qui vient à cauſe de leur intemperature, qui pareillement les garde de tetter, & par faute - - de C V)e la Generation. , 6c ! A de les nettoyer,il s'engendre ſouuent des vlceres,voire iuſqu'à la gorge, qui ſont cauſe de leur mort. Or pour remedier, faut prendre huyle d'amandes douces tiré ſans feu, miel commun, ſucre fin, & auec vn peu de lin- ge lié au bout d'vn petit baſton , luy ſeront frottez doucement les lieux , où il ſera beſoin : telle mixtion ne doit eſtre trop eſpeſſe ne liquide : elle deterge & fait tomber la ſordicie. Auſſi luy en peut-on donner quel- quesfois la quantité d'vne petite cuillerée, pour luy laſcher le ventre lors qu'il ſera conſtipé, & cecy appaiſe la toux s'il en y a,ſede la douleur des trenchées:pareillement nourrit,de ſorte qu'on peut dire telle mixtion eſtre medicamenteuſe & alimenteuſe : parce que Nature ſe delecte par grande volupté, d'attirer les choſes douces, qui luy ſont familieres de leur nature. Ie diray dauantage , qu'aucuns enfans nouuellement nez ont · les paupieres priſes auec le cil , & quelquesfois auec la conionctiue & cornée, leſquelles ſont ſeparez auec inſtrumens propres, ſe gardant de toucher à la cornée, à l'endroit du trou de la pupille : & apres en auoir faift ſeparation, on mettra dedans les yeux & aux parties voiſines, blanc d'œuf batu auec eau roſe, & tien- dra-on la paupiere ouuerte, mettant quelque petit linge delié entre le cil des yeux trempe en ladite nixtu- re , de peur qu'elle ne ſe reagglutine, & ſouuent on leur ouurira les yeux , puis apres on leur appliquera quelque collyre deſiccatif pour produire la cicatrice. Que diray-ie plus ? c'eſt comme nous auons dit : que quelquesfois on trouue aux enfans nouuellement nez, entre le cuir & le crane, vne aſſez grande tumeur mo- laſſe, parce que la ſage femme aura tiré la teſte par violence , ou par quelque contuſion, ou par grande abondance d'aquoſitez, qui ſeront ſorties du cerueau par les ſutures qui ne ſeront encores iointes enſemble comme on void en hydrocephalos , Pour la cure,il faut faire ouuerture auec la lancette , & euiter le muſcle temporal : puis fraicter la playe comme il eſt requis. D'auantage les enfans ſouuent apportent du ventre de leurs meres pluſieurs taches & macules dictes vul-cur, r gairement Seings , dont les vnes ſont plattes & eſgales au cuir, autres ſont eſleuées en tumeur : aucunes ont #, du poil, & d'icelles les vnes ſont noiraſtres , tirant ſur la couleur plombine , mais la plus part d'icelles ſont Des ſeings ºu rouges : autres ſon eſleuées en petite tumeur ronde, ſemblables à verruës : autres de diuerſes formes, qui marques des ſont ſurnommées de figures qu'elles repreſentent, comme ceriſes, fraiſes, meures, figues, raifins, melons enfans. - abricots, & autres, leſquelles ne peuuent eſtre effacées pour quelque choſe qu'on y faſſe. Si par fois elles ſont comme fleſtries & obſcurcies neantmoins quand le temps des fruicts qu'elles repreſentent vient, c'eſt à dire, quand ils entrent en vigueur, & en leur ſaiſon , leſdites taſches reuerdiſſent & ſe colorent comme , auparauant.Or c'eſt vne choſe merueilleuſe, que l'imagination, outre la forme qu'elle imprime ſur le petit Simºde Prº- enfant, puiſſe laiſſer vne diſpoſition ſujette à certaines ſaiſons, de ſorte que ces taches ſuyuent la ſigure des uanchier en choſes qu'elles repreſentent : ie dy que c'eſt vne choſe admirable, veu l'abſence de l'imagination generatiue # com ſur de ces taches, apres la parfaite formation de l'enfant. Il ne faut pretendre en parler , comme ſi nous en # ſçauions ce qui eſt : & ne peut-on , à mon aduis,dire autre choſe, ſinon que la vertu formatrice rend ſou- 477/36ls ple & obeiſſante la matiere ſuſceptible d'infinies formes, à la varieté & multiplicité de ſes impreſſions : tel- , , , , lement qu'elle la diſpoſe à receuoir la condition de la ſaiſon & conſtitution du ciel, en laquelle leſdites ta- . . ches ont eſté produites. Telles choſes ſont grandement difformes & hydeuſe à voir, & principalement " -- , -- quand elles ſont au viſage , & s'eſpandent tellement qu'elles couurent ſouuent par ſucceſſion de temps vne - , , , ! bonne partie de toute la face. Or telles marques (ce me ſemble ) viennent à raiſon que les mois couloient Cauſes'dus, encore vn peu à la femme, ou bien qu'il en reſtoit quelque portion contre les parois de la matrice, lors que "º C le mary a eu ſa compagnie , & qu'elle a conceu : fi que les ſemences ſe meſlans auec tel ſang, il teint & bail- le couleur à quelque partie de l'enfant. - Les femmes diſent que cela prouient d'auoir eu enuie de manger quelque viande ou fruicts pendant leur groſſeſſe, ou qu'on leur aura ietté au ſein ou au viſage quelque choſe. Cela m'eſt bien difficile à croire : tou- tesfois ie croy bien que la forte imagination a grand puiſſance à eſnouuoir les humeurs, & qu'elle imprime en elles la figure des choſes imaginées, aisément ſur chacun indiuidu, puis le met en œuure en leur ſang (comme nous dirons cy-aptes parlans des enfans monſtrueux,faits par la vertu imaginatiue.)Mais que j'e§ fant ja formé puiſſe receuoir telles marques par vn defir de manger quelque viande , ou qu'on aye ietté au- cunes choſes ſur elles , c'eſt choſe difficile à croire. : ' ' , · · . - Aucunes de ces taches ſont curables, les autres non , principalement celles qui ſont fort grandes, ou qui ſont aux léures , nez , & palpebres, Et celles qui ſont comme verrues à raiſon qu'elles participent de quel- que mauuaiſe qualité,laquelle s'irrite les voulant curer,ne doiuent eſtre aucunement touchées:ca r'participans d'vne humeur melancolic, facilement eſtans irritées ſe tourneroient en chancre, appellé des vulgaires 2\oli metangere. Celles qui ſe peuuent curer ſont petites, & en partie qui peuuent permettre d'eſtre oſtées: ce qui ſe fera prenant vne aiguille enfilée , laquelle ſera paſſée au trauers de la tache, à ſçauoir deſſous le cuir, à fin de le leuer en haut pour couper toute la marque qui eſt imprimée en iceluy : & la playe qui reſte- ra, ſera traictée ainſi qu'il appartient.Aucuns m'ont fort loüé telle choſe. C'eſt qu'appliquant par pluſieurs fois du ſang menſtruel de la femme, ou bien quelque petite portion de l'arriere faix , guariſſoit les marques rouges qui ne ſont eſleuées en tumeur. Celles qui ſont mediocrement larges & eſleuées en tumeur , ayasus, poil comme vne taulpe où ſouris , ſeront liées ſelon leur largeur & groſſeur, paſſant vne aiguille au trauers de leur racine en trois ou quatre endroits, plus ou moins, qui eſt le moyen de les faire tomber, n'ayant plus de nourriſſement & vie, & apres eſtre tombées, l'vlcere qui reſtera ſera guary : & s'il reſtoit quelque chair à conſommer , ſe fera commodément auec AEgyptiac , poudre de mercure , & autre. Ou bien ſi on craint qu'elles reuiennent, la racine n'eſtant oſtée , ſera cauterisée, auec vn peu d'huile de vitriol, ou,d'eau fort, Outre ceſdites marques appellées ſeings , il s'en trouuent d'autres qui ſont de couleur liuide,tirant ſur le violet , qui occupent les parties de la face , & principalement les léures , faifant tumeur molle, laxe, rare, ſans douleur, ayant aux enuirons pluſieurs veines variqueuſes. Icelle tumeur lors que les enfans crient, & les plus aagez ſe mettent en cholere, s'enfie d'vn eſprit flatulent, & pour lors eſt de couleur di- uerſe ſemblable à celle de creſte de coq d'Inde. Le cry & cholere paſſée , la tumeur s'abbaiſſe & eſuanouit demeurant comme auparauant, & à telle tumeur ne faut mettre la main. Pregnºã « ', desſting . · • De la maniere d'extraire l'arriere-faix apres l'enfantement. • CH A P I T R E X V I I I. - # A R R I E R *-r A 1 x a eſté ainſi appellée du vulgaire , parce qu'il vient apres l'enfant, & qu'il eſt vn Diuers nºms à # autre faix à la femme : des autres eſt appellé le Lict, par-ce que l'enfant y eſt couché & enucloP- de l'arriers- # pé,& y demeure : des autres la Deliurance,par-ce qu'eſtant hors,la femme eſt entierement deliuree: faix. & autant qu'il yaura d'enfans, autant y aura d'arriere faix ſeparez l'vn de l'autre, choſe aux matrones† - - - - E E e 'cltre 6o2 Le Vingt-Quatriéme Liure, # | re-faix ne d'eſtre bien nottée. Ce qui nous eſt demonſtré par experience, en celles qui ayans enfanté auiourd'huy , & A mis hors leur arriere-faix ayans deux enfans , lors qu'elles viennent à enfanter , quelque temps apres jet- tent vn autre arriere-faix. Or iceluy deineure ſouuent dans la matrice apres l'enfantement pour pluſieurs & diuerſes cauſes : comme par l'imbecilité de la vertu de la femme pour auoir eſté trop agitée & trauaillée de douleurs , pendant le trauail de ſon enfantement, ou que le col de la matrice,& aut1es parties voifines ſe ſeront ſi fort enflées, par long & mauuais trauail , que l'iſſue ſe ſera fermée, en ſorte qu'il ne peut eſtre jetté hors. Dauantage peut demeurer,à raiſon qu'il eſt entortillé & reployé dedans la matrice,ou s'il eſt demeuré à ſec, à cauſe des eaux qui auront efté euacuées pluſtoſt qu'il n'eſtoit beſoin : parquoy les voyes ne ſont ſi Cauſes qui gliſſantes & coulantes : ou qu'il eſt encore attaché à la matrice,par la liaiſon & emboucheures des veines & *mpºſººt arteres qu'on nomme Cotyledons:ce qui ſe fait volontiers aux femmes qui auortent.Car tout ainſi que nous 4".º- voyons les fruicts des arbres,leſquels ne ſont encore en parfaicte maturité,plus difficillement tôber que ceux qui ſont du tout meurs,& alors qu'ils ſont en parfaicte maturité,tomber d'eux-meſmes : ainſi eſt il de l'arrie- refaix, lequel ſe ſepare de contre la matrice, quand l'enfant eſt à ſon terme prefix, & y demeure au contraire quand l'enfantement ſe fait deuant le temps & de force. D'auantage quelquesfois aduient (ce que i'ay veu) qu'il ne peut nullement eſtre tiré dehors, pource qu'il ſera demeure trop long-temps en la matrice, & que la femme ſe ſera tenue deſcouuerte : de façon que l'air ſera entré en ladite matrice & qui aura eſté cauſe de faire grandement enfler le col & corps d'icelle. Et là où il ne ſeroit ſeparé de ſoy-meſme, & demeureroit en la matrice, il ſuruiendroit à la mere pluſieurs accidens, comme ſuffocation de matrice, ne pouuant auoir ſon haleine , au Inoyen de la putrefaction qui ſe fait en peu de temps, parce qu'il s'eſleue pluſieurs vapeurs cor- suſfºcation rompues & putrides, qui montent au cœur & au cerueau. Parquoy ladite mere tombe ſouuentesfois en de- a amarry faillance de cœur, & quelquesfois eſt ſuffoquée, & rend l'eſprit : pour cette cauſe le faut extraire ſubit que B à raiſon de l'enfant eſt ſorty,en le tirant par le nombril , appellé petit boyau.Et où il ne pourroit eſtre ainſi extrait, faut l arriere- ſituer la femme comme ſi on vouloit tirer l'enfant mort ou vif, lors que nature de ſoy ne le peut faire:Et lors fº retenu la ſage femme mettra ſa main doucement dans la matrice, oincte d'huyle, ou de quelque axunge, & ſuiura ledit nombril, qui luy ſeruira de guide pour prendre l'arriere-faix, & le ſeparera, s'il eſt encor adherant con- tre le fond de la matrice auec les doigts , le tournant de coſté & d'autre : & le tirera hors tout doucement. & non par violence, comme font les folles & idiotes matrones,de peur de tirer quand-& quand le corps de la matrice, & la deprimer de ſon propre lieu , dont puis apres pluſieurs accidens aduiennent, & ſouuent Hipp Aph. la mort. car le tirant rudement, on peut rompre & dilacerer quelques veines, arteres ou fibres,& ligamens 6. l. 5. nerueux, où ladite matrice eſt liée & attachée, dont le ſang ſort : & eſtant ſorty de ſes propres vaiſſeaux, , ſe corrompt & putrefie, cauſe inflammation , apoſteme, gangrene, & par conſequent la mort : ou pour le moins(pour auoir tiré & rompu les ligaments)aduient que la matrice tombe entre les jambes de la femme Remedes qui luy eſt vne peine & douleur ineſtimable , dequoy nous parlerons cy-apres. Et ſi la ſage-femme trouue propres à en tirant l'arriere-faix quelque thrombus ou ſang caillé , il faut qu'elle le tire hors , & auſſi qu'il ne demeure expeller hors aucune portion dudit arriere-faix : quelquesfois la femme le iette quelque temps apres par ſa nature en º"iere- pourriture,qui ne ſe fait ſans grands accidens.On ayde à l'expulſion d'iceluy par ſternutations & fometations faik, faictes au col de la matrice de choſes aromatiques, & par iniections des choſes glaireuſes & remollientest d'auantage les ſenteurs fetides ſeront adminiſtrées par la bouche, & autres choſes qui prouoquent les mois, & principalement vne decoction faite de artemiſia, & baccis lauri, auec vin miellé , ou demie dragme de . · poudre de ſauinier donnée à aualler à la patiente : ſemblablement les cheueux de la femme bruſlez & pulue- riſez ſont profitables , les luy faiſant boire auec du vin. - ſort auec l'enfant Ce qu'on doit bailler à l'enfant par la bouche deuant que luy donner à tetter. CH A P 1 T R E XIX. N doit frotter la bouche & le palais de l'enfant, auec vn peu de theriaque & de miel, ou | d'huyle d'amâdes douces tirées ſans feu,luy tenant la teſte eſleuée, afin qu'il en aualle quelque peu: car alors ſortent de ſa bouche quelques humiditez,& quelquesfors cela eſmeut l'eſtomach % à vomir les ſurperfluitez qui y ſont, leſquelles eſt bon de mettre hors : car non ſeulement on " " penſe que l'enfant aye des ſuperfluitez à la bouche,palais & gorge, mais il eſt à croire qu'il en a encore plus en l'eſtomach, & meſme aux inteſtins.Parquoy eſt bon de bailler les choſes ſuſdites deuant que de faire tetter, de peur que le laict ne ſe meſle auec telle ordure,& ſoit corrompu,& qu'il ne s'eſleue quel- ques vapeurs mauuaiſes au cerueau qui pourroyent beaucoup nuire à l'enfant. Or que l'enfant nouuellement nay n'apporte du ventre de ſa mere beaucoup de ſuperfluitez , on le void oculairement par les excrements qu'il jette des inteſtins auparauant qu'il ait iamais tetté ny pris aucunes choſes par la bouche, qui ſont de diuerſes couleurs, à ſçauoir citrines , verdes , noire comme encre & autres couleurs. Parquoy pour vuider - telles ſuperfluitez des inteſtins, & garder qu'elles ne cauſent des tranchées eſtans retenues, il eſt beſoin donner à l'enfant vn peu de ſyrop de roſes laxatif, ou de theriaque, ou miel, le gros d'vn poix chiche , ou demy cuillerée d'huyle d'amandes douces tirée ſans feu , auec vn peu de ſuccre & eau de vie. Et auant que l'enfant tétte, il ſera bon luy faire rayer vn peu de laict en la bouche, afin que les fibres de l'eſtomach s'exer- cent peu à peu à tirer le laict. Pourquoy on baille de la theriaque & miel aux en- fans nouue- aux ne(. $? ſ ,/ - De l'eſlection d'vne bonne nourrice. C H A P. XX. # L faut à preſent parler de l'eſlection d'vne bonne nourrice pour allaicter & alimenter l'en- # fant, qui ſe fera toutesfois de la propre mere, s'il eſt poſſible, pluſtoſt que d'vne eſtran- # gere : car puis qu'il eſt ainſi , que l'enfant eſtant au ventre de la mere, eſt nourry du ſang # d'icelle, & que du ſang eſt faict le laict aux mammelles : veritablement le laict de la mº, # # # # # re ſera plus propre que nul autre, parce qu'il eſt plus ſemblable à la ſubſtance dont il # $ $l eſtoit nourry dedans le ventre de ſa mere : Toutesfois ne luy donnera à tetter dés les pre- - miers iours apres qu'elle ſera accouchée,iuſques à ce qu'elle ſoit bien purgée de ſes vuidanges, & cependant - ſe fera tetter par quelques-vns , afin que ſon laict ſoit purifié. Car és premiers iours elle eſt encore eſmue | | & alterée, à cauſe de l'enfantement auſſi que ſon laict a demeuré longtemps croupy, aux mammelles, .2 dont il pourroit eſtre trop eſpés & cailleboté, & aucunement alteré & corrompu, ainſi que par ſa ſubſtan- ce groſſiere , qualité exceſſiuement chaude , & couleur citrine,eſt aisé à iuger : toutes leſquelles alterations : , ne De la Generation. 6o3 A ne prouiennent au laict que de la douleur qu'a enduré la mere en l'enfantement. Parquoy les femmes qui veulent eſtre nourrices de leurs enfans, ſe doiuent aux premiers iours faire tetter par quelque pauure fille, L'aecouchée afin que le laict mauuais ſoit euacué, & le bon ſoit de nouueau engendré : & par ainſi en quelque temps que ne doit ſºº- la mere ſera mal diſpoſée, ne doit allaicter ſon enfant iuſques à ce qu'elle ſoit bien reſtituée en bonne § dain allai- ſition, & bien purgée de ſes vuidanges, de peur d'infecter l'enfant : & ne luy ſoit communiquée ſemblable éter ſon en- - diſpoſition qu'auroit la mere, comme fiévre,flux de ventre, & autres : qui ſeroit cauſe de le faire mourir, ou # ,s luy imprimer quelqne grande maladie, comme tranchées & epilepſie, apoſtemes, & autres indiſpoſitions: #. /3/©- § meſmes les mœurs de leurs nourrices, joinct qu elles les peuuent changer à d'autres enfans, ce qu'on a veu iiuité s Et pour ce ie ſuis d'aduis, & conſeille aux meres d'allaicter & nourrir leurs enfans, non ſeulement à raiſon l:# qu'ils ne changent de nourriſſement, mais auſſi d'autant qu'elles en ont plus grand ſoin & ſolicitude.Marc Mars Aure- •. Aurele Empereur Romain dit, que les femmes doiuent nourrir & allaicter leurs enfans, afin qu'elles ſoient le Emperew meres entieres,& non imparfaictes : Car la femme eſt moitié mere pour l'enfanter, & moitié pour la nourri- Romain. ture de ſon fruict,de maniere que la femme ſe peut appeller mere entiere, lors qu'elle a enfanté & nourry ſon enfant du laict de ſes propres mammelles. Car les nourrices n'aiment les enfans d'autruy que d'vne amour ſuppoſsé, & pour vn loyer mercenaire. Mais les meres les nourriſſent par vne amitié,& grande affection na- turelle:Parquoy elles nourriront leurs enfans elles meſmes ſi elles peuuent,& que leurs maris le veulent ſouf- B frir.Et s'il aduient que la mere ne vueille ou ne puiſſe nourrir ſon enfant, alors on luy choiſira vne bonne I1OUlI'I1CC, De quelle qualité doit eſtre choiſie la nourrice. C HA R. XXI. - \# O v R bien choiſir vne bonne nourrice, faut qu'elle aye enfanté deux ou trois enfans, d'au-pº.ººº #, tant que les mammelles qui ont eſté pleines, ont les veines & arteres qui ſont en icelles, plus ! # groſſes & dilatées partant contiendront du laict dauantage & puis faut conſiderer les choſes # 0/7/1© qui s'enſuiuent, à ſçauoir, l'aage,l'habitude du corps,les mœurs, la forme des mammelles & " # mammelons, la nature du laict,la diſtance du temps qu'elle a enfanté, le ſexe de ſon dernier - : -- # enfant, qu'elle ne ſoit point enceinte, & qu'elle ſoit ſaine,ſans aucun ſoupçon de lepre ou de verole : pource que c'eſt vne reigle infallible, que du laict que l'enfant tette depend toute la ſanté corpo- relle de la vie de l'enfant. - , " # De l'aage de la nourrice. CHA P. XXII. -/ # Anourrice ne doit eſtre plus jeune que de vingt-cinq ans, ne plus vieille que de trente cinq, #ººl , $ par-ce que l'eſpace de temps qui eſt trente-deux, eſt l'aage de vigueur, d'autant qu'il eſt plus # de # , temperé & plus ſain que les autres aages,par-ce qu'il n'abonde tant en ſuperfiuitez d'humeurs: , # # d'autant auſſi que le corps ne croiſt plus,d'autant eſt-il plus abondant en ſang mais au deſſous #. %S de ving-cinq ans le corps croiſt encores, parquoy elle n'a pas le nourriſſement, ny le ſangſi º parfaict:& depuis trente cinq ans les mois ceſſent à beaucoup,ou bien elles en ont peu:& par- tant cela monſtre qu'elles ont moins de nourriſſement ; & moins de bon laict pour aillaicter l'enfant. - De l'habitude du corps de la nourrice. CH A P. XX II I. # L faut que la nourrice ſoit de bonne habitude, & bien ſaine, bien quarrée de poitrine , & bien Examen de # croisée d'eſpaules, ayant bonne &viue couleur, ny trop graſſe, ny trop maigre, ſa chair non la nourriss. # mollaſſe, mais ferme, afin qu'elle ſoit plus robuſte à veiller & trauailler à l'entour de l'enfant, # & qu'elle ne ſoit rouſſe, auſſi qu'elle aye le viſage beau.Et qu'elle ſoit brunette , parce que le º laict eſt meilleur que d'vne blanche : car les brunes ſont de temperature plus chaude que les blanches : partant la chaleur digere, & cuit mieux l'aliment. dont le laict eſt rendu beaucoup meilleur. Ce Pºrquºy lº qui ſe prouue par Sexte Cheroenſe, lequel au liure de la nourriture des enfans dict, qu'ainſi que la terre enfans tien- noire eſt plus fertile que n'eſt la blanche : de meſme la femme brunette porte tonſiours le laict plus ſubſtan- º des tieux.On doit regarder à ſa teſte ſi elle n'a point de tigne, ou autre mal : ſi auſſi elle a les dents gaſtées, & ſi #. - elle a l'haleine forte : qu'elle n'aye point d'vlcere ſur ſon corps, ou quelques autres indiſpoſitions, comme § pluſtoſt de race de gouteux ou lepreux : dauantage qu'elle ſoit habillé honeſtement. que de leurs peres & me- 7'(ſ, D Des mœurs de la mourrice. C H A P. , XXIV. L L E doit eſtre diligente & non fetarde à tenir l'enfant nettement , chaſte, ſobre,joyeuſe, chantant & riant à l'enfant, l'aimant comme le ſien meſme, & plus s'il eſt poſſible : auſſi faut $ qu'elle parle & profere bien ſa parole,d'autant que l'enfant appréd à parler par ſa mere nour- $ rice : ſemblablement qu'elle ſoit ſage, & bien morigenée : car l'enfant ne tire tant du naturel - M » # de perſonne, apres celuy de pere & de mere, que de ſa nourrice, à raiſon du laict qu'il tete : 5 zg5 K$ ce qui eſt conneu par experience des petits chiens qui ſeront allaictez d'vne Louue ou d'vne Lyonne , leſquels ſeront plus furieux, hardis & mauuais. Au contraire on appriuoiſe les petits Lionceaux - & Leopars, les faiſant nourrir de laict de chevre ou de vache. Dauantage les petits agnelets qu'allaicteravne # chevre : auront leur laine plus dure : au contraire les chevreaux qu'allaicte vne brebis, auront leur poil mol : l'agneau qui aura teté vne chevre,n'aura pas ſeulement la laine plus rude, mais auſſi ſera plus farouche que ne porte ſon naturel. Platon admoneſte les nourrices de ne compter pas indifferemment toutes ſortes de fa- bles aux petits enfans, de peur que leur ame dés ce commencement s'abbreuue de folie, & de mauuaiſe opi- - nion. Et auſſi conſeille ſagement le Poëte Phocylides, quand il dit, Phocylides - Zbés que l'homme eſt en ſa premiere enfance, Poet6. Monfirer luy faut du bien la connoiſſance. Pourquoy ie conſeille qu'on regarde bien à eſlire vne nourrice,& qu'elle ne ſoit gloute,ne addonnée au vin : non ſeulement patce que pluſieurs s'eſtans endormies allaictans l'enfant, l'ont § de leurs mammelles : ce que i'ay veutrop ſouuent aduenir en cette ville de Paris : mais parce que quaſi auec le laict les mœurs & EE e 2 V1CC$ 4 6o4 Le Vingt-quatriéme Liure, vices de la nourrice influent dans les enfans.Dauantage elle ne doit que rarement coucher auec les hommes, La nourrice pour pluſieurs raiſons : car premierement le coit trouble ſon ſang par conſequent le laict : ſecondement il di- ne doit cou-minue la quantité du laict : parce qu'il prouoque les fleurs , en diuertiſſant par le moyen du coit le ſang des º * mammelles à la matrice, qui eſt l'vne des principales cauſes qui altere & corrompt le laict : car le coiteſ- º ººººº meut le ſang menſtruel, le fait ſortir & changer de ſituation : tiercement il engendre mauuaiſe odeur au laict & qualité vitieuſe, telle que nous ſentons exhaler des corps de ceux qui ſont en rut & eſchauffez en l'amour & acte venerien : la quatrieſme raiſon, c'eſt que le coit eſt quelquesfois cauſe d'engroſſir la nourrice, dont il aduient double inconuenient , l'vn à l'enfant qu'elle nourrit , l'autre à l'enfant qu'elle a dedans le ventre : car le meilleur ſang abandonne les mammelles , eſtant attiré à la matrice pour nourrir & augmenter l'enfant qui eſt conceu : & le pire ſe retire aux mammelles, duquel eſt faict le laict pour la nourriture de l'enfant nouriſſon:lequel ſe corrompt & diminué. Parquoy l'enfant qui eſt au ventre de la nourrice, ne prend ſuffiſante nourriture , & l'enfant qui eſt au dehors, en prend de mauuaiſe. Les petits enfans ſe delectent à veoir choſes belles & luiſantes, c'eſt pourquoy ils regardent volontiers le feu & les chandelles allumées, & autres, choſes qui flamboient : & à oüyr paroles flateuſes, & qui les mignardent, tellement que les plus criarts & difficiles à appaiſer ſe taiſent oyans chanter, & pleurent lors / qu'on preſente deuant leurs yeux choſes laides & hideuſes. Parquoy quand quelque femme vieille, laide, & ridée porte vn petit enfant entre ſes bras, ſi toſt qu'il la void, treſſault tout pleurant : au contraire, là où ſera quelque belle femme & propremement habillée qui s'approchera , lors l'enfant luy tendrales bras,pour aller vers elle. Parquoy il ne faut qu'vne nourrice ſoit triſte ny melancholique, mais belle, gaillarde, chap- tant volontiers, bien habillée, & qu'elle aime ( comme il a eſté dit ) ſon nourriſſon comme le ſien propre. Des mammelles, & de la poictrine de la Nourrice. CH A P. XXV. Pourquoy les L L E doit auoir la poictrine large, & les mammelles aſſez groſſes, & non laſches & pendan- mammelles tes, moyennes entre dures & molles : car celles qui ont vne moyenne fermeté,digerent mieux deiuent eſtre le laict de leur chaleur naturelle , laquelle eſt touſiours plus forte en vne chair ferme, pleine fermes & de veines & arteres, apparentes par dehors, qu'en vne chair laſche & mollaſſe : celles qui ont moyennemit e) L # vne moyenne groſſour, comprennent le laict ſuffiſament pour le nourriſſement de l'enfant: groſſes. & celles qui ſont dures & ſerrées , ont le laict quaſi eſtouffé : parquoy il fluë difficilement quand l'enfant le ſucce & tire. D'abondant l'enfant imprime le bout de ſon nez à la mammelle : la trouuant trop dure ſe fache, & ne veut tetter , & quelquesfois en deuient camus : & auſſi les molles & laſches n'on point la ver- tu lactifiante aſſez forte. Pareillement les bouts des mammelles ne doiuent eſtre cachez ne retirez au dedans, parce que l'enfant ne les pourroit ſuccer qu'à bien grande peine : ny trop gros, à raiſon qu'ils rempliroient la bouche de l'enfant , qui ſeroit cauſe qu'il ne pourroit bien aualler. - De la nature du laict de la nourrice. C H A P. XXV I. ' Cinq choſes # N faict iugement du bon laict , à la quantité ou ſubſtance, à la qualité, à la couleur , à l'o- pour cegnoi- Q # deur, au gouſt : à la quantité, le peu de laict outre qu'il ne ſuffit pas pour nourrir l'enfant, ſtre le bon 2 auſſi ne peut-il pas eſtre guere bon,par-ce qu'il demonſtre le temperament trop chaud& trop laict , % ſec : auſſi trop grande quantité n'eſt pas bonne, tant pour la nourrice , que pour l'enfant, de $antité %ſ, crainte qu'il ne ſe caillebotte & corrompe aux mammelles : toutesfois il vaut trop-mieux Qualité. º* qu'il y en ait trop que trop peu, car elle en peut eſpancher quelque quantité deuant qu'en #. donner à l'enfant. De la ſubſtance , le laict qui eſt entre ſubtil & gros & blanc, ſignifie que la vertu lacti- ºl4/' fiante a pleine domination en la digeſtion du laict, & par conſequent que le laict en eſt tres-bon. Or pour Gºuf#. - - - - J. • - #… le cognoiſtre il en faut tirer de la mammelle vne goutte deſſus l'ongle & s'il coule & s'eſpand ſans branſler ſtre le bon l'ongle,ceſt figne qu'il eſt aqueux,non ſuffiſant pour nourrir : au contraire s'il ne coule point en baiſſant l'on- laict. gle, il eſt trop gros & gluant : mais s'il demeure ferme ſans incliner l'ongle, & en la panchant il coule tout Probation du bellement , c'eſt ſigne qu'il eſt bon. On peut iuger le laict pareillement eſtre bon par ſa couleur, parce que bon laict., ledit laict n'eſt autre choſe qu'vn ſang blanchy : & celuy qui eſt fait d'vn ſang temperé, eſt tout blanc,& #ºulºr dº celuy qui eſt d'autre couleur, ſe doit reietter : car s'il tire ſur le brun, c'eſt ſigne qu'il eſt procrée de ſang º º melancholique : & s'il eſt verdoyant, ſignifie aduftion:& s'il eſt aucunement citrin, c'eſt ſigne qu'il eſt chole- # rique : & s'il eſt rubicond, c'eſt ſigne que la vertu digeſtiue lactifiante eſt debile. Icy nous deuons bien ad- § § l, mirer la prouidence de nature, d'auoir ainſi tranſmué le ſang en couleur blanche par la vertu lactifiante des latčt # mammelles:car ſi elle ſe fuſt oubliée (ce que iamais n'a fait)de laiſſer couler le ſang en ſa ſubſtance & cou- blanc. leur rouge,la femme nourrice euſt eu en horreur de voir ainſi eſpandre ſon ſang & auſſi cela euſt eſté odieux à l'enfant de le ſuccer pur & rouge de la mammelle : ioinct que nous n'euſſions point eu beurre ny fourmage. Pareillement les aſſiſtans euſſent abhorré de voir la bouche de l'enfant, & tetins de la mere ſanglants : bref Dieu à fait toutes ſes œuures par vne tres-grande ſageſſe. C'eſt ce que chante ce grand Prophete du Ciel: En tout ſe void ta grand vertu parfaičie, Iuſqu'à la bouche aux enfans qu'on allaičier Et rends par là confus & abbatu Tout ennemy , qui nie ta vertu. Pſalm. 8. Et quand à l'odeur, elle doit eſtre douce & ſuaue & non autre : car s'il eſtoit de mauuaiſe odeur comme § d'eſchauffaiſon, c'eſt ſigne de chaleur ſuperfluë, & de ſangaduſte, comme volontiers on voit celuy des fem- laičt. mes rouſſes : s'il ſent l'aigre, il demonſtre l'humeur melancholique : & quant au gouſt, il doit eſtre ſuccré, & Gouſt du bon ne faut pas qu'il ſoit amer ny ſalé , ny aigre, ny ſtyptique, c'eſt à dire de haut gouſt, comme verjus. laict. L': C D | De la Generation. 6o5 # # #, A 40, # | De la diſtance du temps que la nourrice a enfanté, & du ſexe de ſon enfant. C H A P 1 T R E X X V I I. A nourrice doit eſtre cinq ou ſix iours apres qu'elle a enfanté, deuant que donner à tet- ter à l'enfant, pour les raiſons qu'auons dictes cy-deſſus : auſſi d'autant qu'elle demeure long-temps au lict ſans faire nul exercice : parquoy ſe fera tetter, ou foy-meſme ſe tettera f$) auec vn inſtrument de verre que nous declarons cy-apres, & apres en donnerons le pour- # traict. Si la nourrice a enfanté vn maſle dernier, ſon laict eſt plus à loüer , parce qu'elle | a ſon ſang plus élabouré, & par conſequent moins excrementeux, de ſorte que le laict qui en ſera engendré ſera meilleur : car l'enfant maſle eſtant au ventre de ſa mere, l'eſchauffe de ſa chaleur naturelle plus qu'vne femelle : ce qui fe cognoiſt par experience, en ce que la femme groſſe d'vn maſle ſe porte mieux couſtumierement,ioinct auſſi qu'elle eſt mieux colorée : auſſi faut que la nourrice aye porté ſon enfant à terme,car l'auortement faict de cauſe interne,demonſtre qu'il ya quelque vice au corps. Du regime de la nourrice, & comme elle doit coucher l'enfant. C H A P I T R E X X V I I I. # N doit auoir ſoin du regime de la nourrice , ſoit au manger & boire, dormir & veiller, % exercice & repos, & les diuerſifier ſelon la difpoſition & habitude de l'enfant : comme s'il eſt trop chaud , doit vſer de regime refrigerant, & ainſi des autres temperatures : & vſera % des viandes de bon nourriſſement, en quantité meſurée, & doit euiter le mauuais air & s'ab- º ſtenir de coucher nuec les hommes pour les raiſons ſuſdites : elle euitera toutes viandes qui ºssº eſchauffent le ſang, comme eſpiſſeries, patiſſeries, ſaleures, mouſtarde, vins forts & ſans eau, & ſur tout auſſi la çholere, & toutes choſes qui bruſlent le ſang Toutes nourrices doiuent vſer de medio- cre exercice, & plus s'exercer les parties hautes que les baſſes, à fin que l'attraction y ſoit plus forte. Quand la nourrice couche l'enfant en ſon petit berceau, ſa teſte doit eſtre miſe plus haute que le reſte du corps , à fin que par telle fituation les ſuperfluitez du cerueau deſcendent plus aiſément vers les parties baſſes, Et le faut lier & bander en ſon petit grabat de ſi bonne façon, que le col & ſon dos ſoyent aucu- nement courbez. Et pour luy faire venir le ſommeil, le bercera doucement d'vn mouuement égal, & non point fort. Car le fort & inegal eſmeut le laict qui eſt en l'eſtomach , empeſche la digeſtion, trouble & eſtonne le cerueau, & ſouuent le faict vomir , & pour l'engarder d'eſtre courbé, il eſt bon de le coucher droitement ſur ſon dos, & non ſur les coſtez : principalemen; durant le temps qu'il tette, & n'vſe point en- cores de viandes ſolides, & n'eſt pas encores fortifié, ny ſes os aſſez endurcis : par-ce que l'eſpine du dos eſt le ſouſtenement de tout le corps comme la carine de toute la nauire, & eſt plus ſeur que tous les autres os, ſur leſquels l'enfant s'appuye en dormant, comme ſus vn fondement qui eſt fort. S'il eſtoit couché ſur les co- ſtez, l'vn coſté ne pourroit ſouſtenir l'autre, parce que les coſtes ſont encores bien menuës, laxes & mol- Ies : & partant il y auroit danger, couchant longuement l'enfant deſſus l'vn des coſtez, d'encourir en con- torſion de l'eſpine du dos & deuenir boſſus : par-ce que les coſtes ſont ployables à cauſe de leur molleſſe, & les ligaments qui les lient, ſont encores laxes & mols, comme nous auons dict. Pendant donc le temps que l'enfant tette, & iuſques à ce que les dents commencent à ſortir, & n'vſe de nourriſſement plus ſolide que le laict, il doit eſtre couché ſur ſon dos : mais lors que ſes membres deuiennent plus forts, & ſes os plus durs, doit eſtre couché tour à tour ſur vn coſté, puis ſur l'autre, & quelquesfois ſur le dos & tant plus il ſe fortifiera & croiſtra, tant plus ſera couché ſur les coftez. Il faut auſſi que la nourrice aye eſgard à la ſitua- tion de l'enfant, qu'il aye la lumiere de ligne droite, autrement il ſeroit louche. La raiſon eſt, que noſtre , laiºt d'vnefemme accouchée d'vn maſle eſt meilleur. De l'exercice de la mour- rice. On doit cou- cher l'enfant ſur le dos, pendanr qu'il tette, Comment l'enfant doit oeil eſt vne ſubſtance de ſa nature pellucide & lumineuſe : dont aduient que pour ce reſpect il cherche tou-eſtre ſitué ſiours la lumiere, abhorrant les tenebres, comme chacune choſe naturellement ſe delecte de voir, & cher- cher ſon ſemblable, & fuit ſon contraire. Parquoy ſi d'ordinaire l'enfant eſt tellement ſitué dans ſon berceau qu'il n'aye la lumiere oppoſite directement à ſoy, il eſt contraint de la chercher à coſté: dont aduient que ſe virant & contournant de coſté il prend vn ply, lequel il ne peut aiſés aiſſer par apres : pour laquelle meſme raiſon les nourrices inſtruictes par experience des inconueniens 1 -}es ont veu ſuruenir, couurent la teſte de leurs nourriſſons couchez dans le berceau d'vn archet d'oſier & vn linge par deſſus, à fin que la veué de l'enfant ſoit arreſtée, laquelle autrement ſe contournant vers tous les obiects circonuoiſins, luy rendoit la veué farouche, eſgarée, & louche. - La nourrice louche ne peut regarder ſon enfant ſinon que de coſté : de là vient que l'enfant comme en toute ſa ſubſtance, ainſi en ſon œil eſtant fort humide, par accouſtumance d'eſtre ainſi regardé, prend ai- ſément le ply de regarder de coſté, lequel par apres il ne peut bonnement delaiſſer. La raiſon eſt qu'és yeux des louches les muſcles qui trauaillent le plus ſont les deux qui ameinent les yeux vers le petit ou grand an- le. Ceux-cy donc, ou ceux-là par le premier ply & continué d'action s'eſtans fortifiez & comme endurcis § toute partie en nous par ſon action ſe rend plus robuſte) les deux autres muſcles antagoniſtes, c'eſt à dire, qui leur ſont aiſément tirez, & tout l'œil tourné vers l'angle grand ou petit, ſelon que la nourrice ſera louche de cette façon ou d'autre : auſſi que par le mouuement continuel le muſcle s'eſchauffe. Et par conſequent le nerf inſeré en iceluy ſe dilate (comme le propre de la chaleur eſt d'ouurir & dilater les con- duits) dont aduient que l'eſprit premier autheur du mouuement, lequel s'eſpand tant d'vn coſté que d'au- tre indifferemment,s'inſere ez parties leſquelles il trouue les plus ouuertes,faiſant en icelles principalement le mouuement.Ainſi voyons nous les enfans deuenir gauchers, lors que s'exerçans touſiours de la main ſe- neſtre, la dextre demeure oiſiue, laquelle par meſme moyen eſt moins nourrie,& par conſequent plus foible. Que ſi vn homme ja faict, & ayant accomply ſes trois dimenſions, s'accointant d'vn boiteux, prend & re- tient ie ne fçay quoy du boiteux : pourquoy le ſemblable ne ſe fera-il aux enfans,deſquels la chair molle & delicate eſt prompte à toutes mutations & inflexions ? Or iaçoit que la nourrice ne ſoit louche, toutesfois ce vice vient aux enfans hereditairement , ainſi que l'on void aduenir és boſſus & boiteux , comme nous auons dit cy-deſſus. E E e 3 C9f/7E/16' vis à vts de la lumiere. La nourrice ne doit eſtre louche. 6o6 Le Vingt-quatriéme Liure, On doitfaire cuire la fari- ne pour faire la bouillie. Temps pour demmer la bouillie à l'enfant. - Remede con- tre les tren- chées, Le temps de ſevrer l'en- fant. Il ſe faut bien donner garde de ſe- vrer trop toſt les enfans. Comme l'on doit accouſtrer la boüillie du petit enfant. · CH A P. X X I X. E$e A boüillie eſt bonne aux petits enfans, à cauſe qu'ils ont beſoin d'vne nourriture humide, de / #$ groſſeur conforme au laict,non trop de forte digeſtion,leſquelles conditions ſont trouuées en #, la boüillie , pourueu que la farine de forment ne ſoit crue : laquelle on doit mettre dans vn $ % \37 - - - # É, pot de terre neuf, & le mettre dans vn four, & qu'il y demeure tant que le pain met à cuire, #S a fin qu'elle ne ſoit tant viſqueuſe & groſſiere, &auſſi que le laict ne cuiſe pas longuement, - rtsº C parce qu'il faut que pour donner cuiſſon à la farine , le laict cuiſe ſemblablement long-temps en quoy il perd ſa bonté, parce que le cuiſant beaucoup, ſa ſubſtance aqueuſe ſe conſomme par le feu, & engendre gros ſang, comme il ſe fait par la boüillie, lors que la farine n'eſt cuitte auparauant, car il perden cette façon ſa ſubſtance de maigue de beurre : il en reſte tant ſeulement la fourmageuſe , groſſe, viſ- queuſe, & de difficile digeſtion, & par conſequent peſante, & faiſant obſtruction ez premieres veines & au foye, qui ſouuent cauſe qu'ils ont des tranchées, & qu'il s'engendre des vers, à l'enfant, & des pierres, & autres mauuais accidens, pour n'eſtre ladite farine cuite, & le laict trop cuit. Parquoy ceux qui ont des enfans, y prendront garde ſi bon leur ſemble. Et ne ſert rien d'alleguer que par experience quotidiane on void pluſieurs enfans qui mangent bouillie ſans que la farine ſoit cuitte, & ſe portent bien : car ie dy que cela ſe fait pluſtoſt d'aduenture, ou de bonne nature, que de la bonté de cette nourriture. Or on ne luy doit donner boüillie de dix ou de douze iours apres eſtre nay.Meſme Galien liu.1.De ſanitate tuenda,veut que les enfans ſoient ſeulement nourris de laict , tant que l'on connoiſtra la nourrice en auoir ſuffiſamment pour fournir de nourriture à l'enfant à meſure qu'il croiſtra. Et encore il y a des enfans qui ne la veulent prendre de deux ou trois mois & plus:& ſe contentent du laict, & où on leur en veut bailler, la reiettent:au- tres la prennent pluſtoſt,qui ſe faict pour la diuerſité de leur nature indicible à eſcrire. Que s'il aduient que les enfans ayent le ventre conſtipé,il faut prendre vne dragme d'aloës,ellebore blanc & noir,de chaſcun quin- ze grains , & le tout puluerisé & meſlé auec ſuffiſante quantité de fiel de bœuf, & mettre tel remede ſur du cotton comme vne boüillie & de la grandeur de lapaume de la main, & l'appliquer vn peu tiede ſur le nom- bril. Tel remede a pareillement faculté de faire ſortir les vers. Que s'il leur ſuruient des trenchées cauſées de cruditez (ce qui ſe connoiſt lors qu'ils crient& pleurent fort,& ſe tournent d'vn coſté & d'autre ) il leur faut appliquer fur le ventre de la laine auec ſuif, trempée en huyle de camomille vn peu chaude. Or quel- quesfois aduient que l'enfant eſtant ja grandelet, ayant ſes dents inciſiues,mord ſa nourrice,dont puis apres eſt en grande peine , à cauſe de l'vlcere qui y demeure,& pour la curation d'iceluy,doit la nourrice lauer ſon tetin auec de l'eau alumineuſe : & parce que le bout de ſa mammelle demeure douloureux , eſtant preſſé de ſes habillements, aura vn inſtrument de plomb faict en la maniere d'vn chapeau, lequel ſera percée au bout de pluſieurs petits troux, dans lequel mettra le bout de ſon tetin , afin que ſon laict puiſſe s'eſcouler , & la ſanie de ſon vlcere, ioinct que le plomb eſt propre pour la curation deſdits vlceres. J . A Figure d'vn inſtrument pour mettre le bout dutetin vlceré d'vne nourrice. appaiſer leurs enfans, à ſçauoir de leur repreſenter la tette : de les bercer : de les chanter : & leur changer de linges, & couches, $) Or il ne faut les bercer trop fort,mais bellement, à fin que le laict qui eſt en l'eſtomach, par la grande agitation ne ſe trouble & cor- rompe, ny pour meſme raiſon, les faire ſauter trop bruſquement. Il eſt bon que les enfans crient quelquesfois : car par ce moyen le poulmon & la poitrine s'eſlargiſſent dauantage : & la chaleur na- turelle s'en rend plus forte, & auſſi que le cerueau ſe purge par le nez , yeux, & par la bouche en pleurant , mouchant, & crachant: mais auſſiie ne loue pas les laiſſer fort crier, de peur qu'ils ne rompent le procés du peritoine , & que puis apres il leur falluſt couper les teſticules pour curer leurs hargnes, qui feroit puis apres degenerer les maſles en nature feminine. Les dents des enfans leur commencent à ſortir au ſeptieſme mois, ou vn peu plus tard & quand elles commencent à ſortir, ont vn prurit ou demangeaiſon aux genciues , qui cauſe qu'ils mordent le mammelon de leur nourrice. En quel temps ilfaut ſevrer l'enfant. CH A r. xxx #ſ# V E L q v E s-v N s ſont ſevrez à dixhuict mois, les autres à vingt , & le commun eſt à deux ans , parce qu'ils ont leurs dents, par leſquelles nature ſemble demander quelque # autre nourriture que le laict & boüillie : auſſi qu'ils appetent & deſirent des viandes plus , groſſes & ſolides que le laict,& y prennent plaiſir, & les mangent leur eſtans baillées en ſuffiſante quantité, de ſorte qu'il ne leur eſt plus beſoin de laict, ny de boüillie, laquelle, s'ils en mangeoient ordinairement, ſe corromproit auec la chair & les autres viandes : tou- tesfois on ne peut certainement deſigner ne limiter le temps legitime du ſevrement , pour la diuerſité du temps de la ſortie des dents , ne l'enuie de leur puiſſance de manger les viandes : car nous voyons que les dents ſortent pluſtoſt aux vns qu'aux autres. Parquoy faut borner le temps de ſevrer l'enfant,par la ſortie d'i- celles:& ceux à qui elles mettent plus long-temps à ſortir, doiuét pareillement tetter plus long-temps,& plus tard eſtre ſevrez:& ceux à qui pluſtoſt elles ſortét,ſeront auſſi pluſtoſt ſevrez:pour autant que l'intention pour laquelle nature à produit les déts,eſt le briſemét & maſtication des viandes, pour les preparer,& rendre plus faciles à la digeſtion. Et auſſi ſemble que quâd elles ſont ſorties,nature incite l'eſtomach de l'enfant à appeter le nourriſſement,qui ſe doit maſcher & briſer par icelles, partant elles ne ſont produites ſans cauſe,& ne leur faut bailler aucune viande,que premierement leur dents ne ſoient ſorties:car ſi pluſtoſt on les ſevre,Auicenne dit que cela ſeroit cauſe de pluſieurs maladies, pour la mauuaiſe digeſtion & corruption qui s'enſuiuroit. - A Au ſurplus, les nourrices ont quatre moyens de faire taire, & C qu1 De la Generation. . - 6o7 # A qui pourroit eſtre cauſe de mort. Les deux ans accomplis, ou pluſtoſt, ſi on void que l'enfant aye affection de prendre autre viande que le laict, & s'il la maſche & digere bien, & lors que nous verrons qu'ordinaire- ment il appete & demende à manger de la chair, ou autres bonnes viaandes plus ſolides que le lâict,& auſſi u'il s'en degouſte, nous deuonscroire que cela ne luy vient pas d'vne volonté ou fantaſie, mais d'vn inſtinct e Nature , qui raiſonnablement l'incite à cela : pourquoy lors on le doit aſſeurément ſevrer, & luy donner viandes plus ſolides que le laict & bouillie. Les enfans qui tetent trop long-temps,en ſont rendus effeminez, laſches & mols. Auſſi ſi on void le contraire, qu'il n'aye point enuie de viandes ſolides, & n'y prend plaiſir, & les maſches & aualle contre ſon cœur, encore qu'il euſt deux ans, & ſes dents, nous le laiſſerons encor ſans le ſevrer : parce que la viande priſe contre ſon gré, ne ſe digere pas bien , & corrompt non ſeulement aux enfans , mais à toutes perſonnes , dont s'enſuiuent pluſieurs maladies , comme nous auons dit. D'auan- Moyen de ſº- tage faut auoir eſgard à la diſpoſition de ſon corps pour ſçauoit s'il eſt temps de le ſevrer : car s'il eſt mala- vrer l'en- dif, comme tantoft ſain, tantoſt malade, lors on ne le doit ſevrer, parce qu'il ne mange pas ſuffiſamment, fant. à cauſe de ſa debilité : & lors qu'on le voudra ſevrer, la nourrice ne luy donnera ſa mammelle tant ſouuent qu'elle auoit de couſtume, & ainſi peu à peu ſera ſevré, & mettra deſſus ſon tetin quelque choſe amere, comme aloès , ou eau en laquelle on aura faict tremper colocynthes ou abſinthe , ou autre choſe ſembla- ble, ou bien vn peu de mouſtarde, & barboüillera entierement ſa mammelle de ſuye trempée en eau, à fin de la faire hair à l'enfant. Que diray-ie plus ? C'eſt que quand les enfans ſont fort galleux à la teſte & au corps, & rendent beaucoup de morve & baue, & quand ils vont ordinairement bien à la ſelle, c'eſt ſigne qu'ils ſe porteront bien quand ils ſeront deuenus grands, parce qu'ils ſe purgent de leurs ſuperfiuitez : au contraire ceux qui n'ont point ces choſes, ne ſont hors de danger de pluſieurs maladies, quand ils ſeront en plus grand aage : & ſi telles ſuperfluitez tombent ſur le dos , aucuns en deuiennent boſſus, courbez, & Signes d'en contrefaicts. Or apres auoir ainſi deſcrit ce qu'il faut faire à l'enfant nouuellement nay, voire iuſques à eſtre fant vital. ſevré : maintenant nous retournerons à declarer les ſignes pour cognoiſtre quand il eſt mort au ventre de ſa mere. Les ſignes pour cognoiſtre ſi l'enfant eſt mort au ventre de ſa mere. C H A P I T R E XXXI. N peut ſçauoir ſi ledict enfant eſt viuant ou mort dedans le ventre de ſa mere par les ſignes qui sion : s'enſuyuent. Et premierement faut ſçauoir ſi l'enfant ne ſe remue plus : ce qu'on ſçaura tant par #" | l'interrogation de la mere, qu'en poſant la main ſur ſon ventre, & auſſi en peut-on auoir con- § | -- jecture quand les eaux aurôt eſté eſcoulées : & ſi l'arriere-faix eſt ſorty,lors infailliblement on mort. %ï$us2N pourra juger l'enfant eſtre mort : ce que i'ay veu, eſtât appellé pour deliurer la femme de Pier- re Cœurly, maiſtre des Chapelets, demeurant à Paris rue Galande, où eſtant arriué ie veis ſon arriere faix hors, adonc conneu l'enfant eſtre mort : i'appellay les matronnes , & leur demanday, ſi à leur aduis l'enfant Toutesfois eſtoit mort : elles me firent reſponſe qu'elles l'auoient encores n'agueres apperceu ſe mouuoir Ie leur de- #. quantes manday derechef combien de temps il y auoit : elles reſpondirent qu'il y auoit enuiron ſix heures : alors ie §ue4'arri - conneu que ces bonnes femmes ne diſoient verité : attendu que toutesfois & quantes que l'arriere-faix ſort faix ſort de deuant l'enfant, le plus ſouuent ledict enfant eſt mort,àcauſe qu'il ne reſpire que par l'artere vmbilicale,pre- uantl'enfät. nant l'eſprit des orifices de celles de la matrice,appellez cotyledons : dont en eſtant l'arriere-faix ſeparé, nul ºn peu pre- eſprit n'eſt plus enuoyé à l'enfant : & ainſi ie fey prognoſtic à toute la compagnie l'enfant eſtre mort; neant- ſager eſtre moins ne laiſſay promptement à deliurer la mere : ou mon dire fut aueré en la preſence de pluſieurs hono- * rables Dames. D'auantage, quand la mere ſent plus grande peſanteur de ſon enfant qu'elle n'auoit de cou- , ſtume, c'eſt ſigne que l'enfant eſt mort : & la raiſon de ce eſt, que l'eſprit n'y eſt plus & qu'il n'eſt regy par les facultez naturelles, dont n'eſtant plus ſouſtenu, il ſe monſtre & ſent plus peſant.Ainſi voyons nous touſ- jours vn mort peſer plus qu'il ne faiſoit eſtant vif: pour laquelle meſme cauſe vn homme à jeun peſe plus que celuy qui aura pris vne moderée refection. Outre plus, ſi quand la mere ſe tourne çà & là , l'enfant tombe ſur la partie plus decliue,comme vne maſſe ou pierre, pareillement ſi la mere eſt fort vexée & tour- mentée de griefves douleurs vers ſon vmbilic,& parties genitales,& a vouloir d'vriner, & aſſeller auec #º Le vifchaſſe des eſpreintes,à cauſe que Nature ſe veut deſcharger de ſ'enfant mort,quine luy eſt plus naturel.Car c'eſt vn § axiome ou reigle veritable que touſiours le vif chaſſe le mort, d'autant que la choſe morte n'a rien de com-mort tuë le mun auec celle qui eſt viue. Or ce qui allie & tient les choſes en vnion, c'eſt la cómunauté & ſimilitude : ainſi vif voyons-nous aux vlceres que la chair viue pouſſe & jette celle qui eſt purulente & ſanieuſe, & és ſphace- les que l'os vif chaſſe hors les eſquilles de la portion de celuy qui eſt mort & pourry. Pareillement en paſ- ſant la main ſus ſon ventre & parties genitales, on les ſent aucunement refroidies : joinct auſſi que la mere ſent froideur dedans ſa matrice, & telle choſe ſe fait par l'extinction de la chaleur vitale dudit enfant. Da- uantage il ſort certaines humiditez,& autres ex cremens fort fœtides hors la matrice, & ſon haleine eſt auſſi D fort puante : ce qui ſe fait volontiers au deuxieſme ou troſieſme iour au plus pres que l'enfant eſt mort, & tombe ſouuent en ſyncope ou eſuanoüiſſement. Telles choſes ſe font à raiſon des vapeurs ou fumées putri- des & corrompuës, qui s'eſleuent de l'enfant mort, & de ſon arriere-faix, qui ſont communiquées au cœur & au cerueau. Et icy noteras, que l'enfant mort eſtant en la matrice de ſa mere,ſe corrompt plus en vn iour qu'il ,. ds ne feroit en quatre, ou plus, s'il eſtoit hors de ladite matrice, d'autant que c'eſt vn axiome approuué par Ga- Occaſion lien au liure De tumoribus. Que toutes choſes chaudes & humides retenués en vn lieu pareillement chaud & humide ſe corrompent & putrefient, principalement ſi le lieu eſt eſtroit, par faute du benefice de tranſpira- tion.Auſſi peut on coniecturer par la couleur de la face qui ſe trouue changée, apparoiſſant comme plom- bine ou tendante à liuidité : au moyen dequoy la femme ainſi empeſchée d'vn enfant mort en ſon ventre eſt . hideuſe à voir, a les mammelles ramollies, & ſon ventre grandement enflé & dur plus qu'il n'eſtoit aupara- - uant : duquel ſigne la raiſon eſt de notable contemplation. Car en toutes choſes pourries vne chaleur eſtran- ge & exceſſiue vient à dominer & s'augmenter,par l'action de laquelle les humiditez du corps pourry vien- nent à ſe reſoudre en vapeurs & vento#ez , qui tenans plus de lieu que ne faiſoient les humidirez ( comme ainſi ſoit que ſelon l'opinion des Phyſiciens d'vne portion d'eau par reſolution il s'en fait dix d'air)font en- fler la choſe pourrie, comme journellement nous voyons au corps de ceux qui ſont noyez : & és parries gan- renées, (leſquelles nonobſtant que par l'action de la chaleur putredineuſe nous voyons exhaler vne groſſe , † de vapeur, deuiennent neantmoins plus enflées que de couſtume) Et de tous ces ſignes quand pluſieurs # ſe trouuent en vne perſonne & en vn meſme temps pourras juger certainement que l'enfant eſt mort , au eſtre tiré ſus contraire non. Et notes que toutes ces choſes cogneues & conſiderees, le Chirurgien doit faire diligence § - - E E e 4 d'aider - pourriture. , 6o8 Le Vingt-quatriéme Liure, d'aider à la mere le pluſtoſt qu'il ſera poſſible, & faut qu'il ſoit bien inſtruict à telle œuure à cauſe qu'elle requiert vne ſinguliere prouidence & experience : car s'il faut à faire ſon deuoir , ſouuent il tue la mere & l'enfant s'il eſt vif : & qu'il connoiſſe s'il peut beſongner ſans danger de mort de la mere, pour euiter ſcan- dale qui ſe fera en conſiderant les forces & vertus d'icelle, en taſtant ſon pouls, ſçauoir s'il eſt debile ou grandement changé outre le naturel. Et d'auantage , faut contempler la face, comme nous auons dict,ſça- uoir ſi elle eſt grandement changée du naturel, & ſi elle a le nez & les extremitez froides auec ſueurs pa- reillement froides, & qu'elle tombe ſouuent en ſyncope, auſſi ſi elle a perdu preſque toute cognoiſſance : & ſi tels ſignes apparoiſſent, on doit prognoſtiquer la mort eſtre prochaine : parquoy la faut laiſſer à Nature, & - la recommander à Dieu : toutesfois apres bon prognoſtic faict au mary & au parens de la patiente, le Chi- Mº# rurgien auec leur ferme reſolution & volonté, doit s'efforcer de la deliurer, parce qu'il vaut mieux tenter Pº".ºſºr vn remede incertain auec eſperance, que laiſſer le malade en vn deſeſpoir tout aſſeuré:car tant qu'il reſte vne ºſ" ſcintille de N§ aydée peut faire des choſes incroyables au recit. Mais auſſi au contraire, ſi la vertu f030y'!, - - - - - - - - - eſt forte, illuy faut ayder en diligence à expeller l'enfant par potions, bains, ſuffumigations faictes de cho- ſes fœtides priſe par le nez & par la bouche, & de choſes aromatiques & delectables priſes par les parties d'en bas, ſternutatoires, vomitoires, & linimens, peſſaires, faicts de poudre de ſabine, d'ariſtoloche, pou- A 6)uel doit dre d'ellebore blanc, fiente de pigeon, incorporez auec miel mercurial, appliquez tant par dedans que par eſtre l'air. dehors la vulue. De la maniere de bien ſituer la femme pour luy extraire l'enfant. CH A P. XXXII. Situation de la femme. § ) T ſi telles choſes ne profitent, faut beſongner par œuure manuelle,& inſtrumens propres, | | -- # en la maniere qui s'enſuit. Premierement rectifieras l'air de la chambre ſçauoir eſt, s'il eſt | froid l'eſchaufferas, & s'il eſt trop chaud le refroidiras : cela faict, faut ſituer la mere, en # la poſant pres le bord du lict, & la coucher à l'enuers ayant les feſſes aucunement eſleuées ( ſur quelque carreau dur, ou autre choſe ſemblable, & qu'elle ſoit renuersée, toutesfois en ,l figure moyenne, c'eſt à ſçauoir, qu'elle ne ſoit du tout couchée ny courbée, comme nous " auons dit cy-deſſus,à fin qu'elle puiſſe mieux auoir ſon inſpiration&expiration plus libre, & que les ligamens de la matrice ne tendent point tant que ſi elle eſtoit couchée du tout à la renuerſe. Auſſi luy faut courber les jambes ayant les talons aſſez pres des feſſes, & les lier auec vne grande & large bande . de toille,ou autre choſe,laquelle poſeras premierement par deſſus le col, & au trauers des eſpaules de ladite femme en maniere de croix S. André : Puis derechefcroiſeras ladite bande à chacun pied , & la tourneras autour des jambes & cuiſſes, leſquelles ſeront eſcartées l'vne de l'autre, en rapportant enore ladite liſiere par deſſus le col, & le faut lier & attacher ſi ferme que ladite patiente ne puiſſe ſe mouuoir çà nylà,ainſi qu'on lie ceux auſquels on extraict la pierre de la veſſie. Et feras en ſorte qu'elle aye les talons appuyez contre le 2 Comme doit bout du lict,& la feras tenir par deſſous les aiſſelles & cuiſſes par bons ſeruiteurs tellement qu'en tirantl'en- eſtre la main fant, ſon corps ne ſuyue : car enfuyuant & obeiſſant on ne pourroit faire l'extraction. Cela faict, faut preu- #" dre vn drap chaud en double, & le poſer ſur les cuiſſes de ladite patiente, afin que l'air exterieur ne bleſſe la gien, matrice,& que l'operation ſoit plus honneſte, à cauſe des aſſiſtans, puis faire oindre toutes ſes parties geni- tales auec choſes onctueuſe, afin de les rendre plus gliſſantes & coulantes, pour plus facilement extraire l'enfant : ayant le Chirurgien ſes ongles rongnez,& qu'il n'aye aucun anneau en ſes doigts,pour garder qu'il ne faſſe leſion aux parties où il touchera. De la maniere de tirer les enfans hors le ventre de la mere, tant morts que viuans. CH A P. XXXIII. E Chirurgien ayant ainſi ſitué la femme, mettra la main doucement ſans aucune violence dans la matrice : ce faiſant cognoiftra en quelle ſituation & figure ſera l'enfant, & s'il eſt ſeul ou accompagné. Et posé le fait qu'il fuſt tourné ſelon nature, ayant la teſte au cou- \ | ronnement : pour deuëment l'extraire par art, faut doucement le repouſſer contre-mont, | & chercher les pieds, & les tirer pres le couronnement : ce faiſant tourneras facilement , l'enfant : & alors qu'auras attiré ainſi les pieds, en faut tirer vn hors,& le lier au deſſus du - * talon, en maniere de laqs courant, auec vn ruban ſemblable à ceux dont les femmes lient ºº leurs cheueux, ou autre ſemblable,puis remettras ledit pied ainſi lié dans la matrice : ce faict chercheras # 4" l'autre pied,& l'ayant trouué, le tireras hors, & alors tireras le lien où l'autre pied eſt attaché : & ſe doit-on - bien donner garde s'il y auoit deux enfans, de tirer vne jambe de chacun en vne fois : car par ce moyen on beſongneroit en vain, & ſeroit-on cauſe de la mort de la mere, & des enfans s'il eſtoient viuans. Or pour ne s'abuſer,& les bien diſcerner l'vne de l'autre, c'eſt qu'apres auoir tiré l'vn des pieds hors de la matrice,il ſera lié au deſſus du talon,& alors le faut remettre en la matrice : comme auons dict : car il occuperoit la voye, & engarderoit que le Chirurgien ne pourroit mettre ſa main pour chercher l'autre, puis ſuiura la ligature, laquelle le conduira au pied lié: & l'ayant trouué, coulera ſa main iuſqu'aux aines, & de là cherchera l'autre cuiſſe, & auſſi la jambe,laquelle quelquesfois eſt trouuée derriere le dos, voire ſur ſon col : &l'ayant trou- ſement pour uce, amenera hors ledit pied non lié, puis tirera le lien,à fin d amener les deux pieds enſemble pour extraire le Chirurgië l'enfant : & apres qu'il les aura ainſi attirez hors la matrice, il les tirera joincts également enſemble,& peu à # #. peu, ſans violence tirera ! enfant † à ce qu'il ſoit dehors, & pendant ce, faut comprimer le ventre de la /72e3. mere comme nous auons dit cy-deſſus, & qu'elle tienne ſon haleine par interualle, en formant le nez & la bouche, & qu'elles s'eſpreigne tant que poſſible luy ſera & faſſe autres choſes', qu'auons predict. Et l'enfant eſtant ſorty, faut ſubit pareillement tirer l'arriere-faix. Au reſte quand le Chirurgien aura tiré l'enfant de cette façon par les pieds, & l'aura amené dehors iuſqu'aux faux du corps : ſe faut bien donner garde de pourſuiure le reſte de l'extraction du corps, les deux bras eſtans couchez de leur long, ſur les deux coſtez: ains faut que l'vn deſdits bras ſeulement ſoit ainſi ſitué, & l'autre ſera repouſsé en haut le long du col par deſſus la teſte:car autrement Nature eſtant deliurée de cette groſſeur de l'enfant,feroit que les os & orifice de l'amarry promptement ſe rejoindroient, & eſtans rejoints, la teſte puis apres ne pourroit paſſer, & par ainſi pourroit l'enfant eſtre eſtranglé, la teſte duquel demeureroit dedans, ſi on ne le tiroit par force, "† les CI'OCIlCtS Bonaduertiſ. - , • : » . - • - C , De la Generation. 6o9 A crochets ſous le menton, ou dans la bouche, ou orbite des yeux : mais s'il aduenoit (ce qui ſe fait pluſieurs fois ) que l'enfant euſt les mains au couronnement , ou ja hors les parties genitales, iamais on ne doit ten- dre ny eſſayer à l'extraction par icelles, veu qu'il viendroit la teſte ployée auec les eſpaules : ce faiſant on ſeroit cauſe de faire grande leſion à la mere , & à l'enfant s'il auoit vie. I'ay eſté appellé quelquesfois à ex- traire des enfans morts que les matrones (ſoy diſans ſages-femmes ) s'eſtoient efforcées le tirer par vn des bras, lequel elles auoient par cette violence, causée d'intemperie, fait gangrener & mortifier, & par confe- quent fait mourir l'enfant, de ſorte meſme qu'on ne le pouuoit remettre dans la matrice pour la grande tumeur tant des parties genitales de la femme, que du bras de l'enfant, tellement que de neceſſité il fal- loit amputer. Or le moyen de ce faire, eſt couper tous les muſcles auec le raſoir, le plus pres de l'eſpaule qu'il eſt poſſible, toutesfois en obſeruant que parauant l'inciſion l'on tire la partie charneuſe en haut : puis faut couper l'os auec tenailles inciſiues, afin que la chair couurant l'extremité de l'os, ne faſſe leſion aux fant eſtant parties genitales : puis cela fait, faut chercher les pieces du petit enfant, & l'extraire hors, comme auons par § cy deuant declaré,s'il eſt poſſible. Et là où ledit enfant mort ſeroit fi gros naturellement, ou par accident§r de tumefié par la putrefaction , en ſorte qu'il ne peut aucunement eſtre extrait premierement que laiſſer mou- la mere. rir la mere » faudroit par tous moyens diminuer la groſſeur dudit enfant, & s'il aduenoit qu'il euſt la teſte au couronnement, la faudroit repouſſer en haut s'il eſtoit poſſible, & le tirer par les pieds comme auons dit : & où il ne ſeroit poſſible le repouſſer, & que l'enfant fut mort, il ſera tiré par des crochets ſembla- *•- B bles à ceux-cy : te donnant bien garde de bleſſer la femme par iceux, leſquels mettras dedans les yeux, ou en la bouche, ou ſous le menton. La methode de couper le bras à l'en- M †) M P=s | =sE,,] M | #, #,# , #,º "t #s $NM , ♂ lºlº4: sxNÈ E º € TT:# l] | º# #: V \ \ \ \ # # :::: # # # - : $ s $ $N #s$ | (# ! C # #::: - - - - - - # Et où la teſte del'enfant viendroit la premiere droict au commencement, & neantmoins que la femme ne M. - # peuſt accoucher, à raiſon qu'icelle eſt enorme en groſſeur que les Grecs appellent 2Macrophyſocephale, à cauſe # :- qu'elle eſt remplie de ventoſitez, ou aquoſitez, que les Grecs appellent Hydrocephale : alors ſi on void la fem- phaſe. lt:i :, - 4 : II - l » - - - Hydrocepha- #u ' me eſtre en vn extreme trauail , & qu'on cognoiſſe l'enfant eſtre mort, faut faire inciſion aux ſutures du Cra-# :# ne,pour euacuer ce qui eſt contre Nature, & le tirer par pieces s'il eſt beſoin. Auſſi ſi le Thorax eſt pareille- ment trop gros, le faut vuider, puis le tirer piece à piece. - / J. Couſteau courbé propre pour couper le ventre de l'enfant mort, eſtant dans le corps de la mere. # - # N$ lJ(#' - ----- ----- NNNNNNNNNNNS f#l) N$è r:ſt s, , , D # º Et file ventre eſtoit auſſi trop enfié,ce qui ſe fait par hydropiſie,ou ventoſitez, y ſera faite inciſion auec vn Mºyen de ti- #! petit couſteau courbé : ſemblable à cette figure que tu as cy-deſſus, lequel tiendras entre les doigts, en le po-rer la teſts. sº, ſant dedans la matrice,puis vuideras les entrailles : & ce faiſant,les aquoſitez s'eſcouleront, & ainſi ſera l'en- r# - fant plus facilement tire. Or ſi la teſte de l'enfant demeure ſeule (ce que i'ay veu à mon grand regret ) alors 'a faut poſer la main ſeneſtre dans la matrice,l'ayant premierement oincte d'huyle de lys, ou de beurre frais, & # chercheras la bouche de l'enfant,en laquelle mettra les doigts, & de ta main dextre couleras vn crochet au rº , long de la ſeneſtre, & le mettras dedans la bouche, ou l'œil, ou ſous le menton, puis la tireras hors, s'il t'eſt #: poſſible. Et au lieu deſdits crochets, tu te pourras ayder de ces deux inſtrumens, que i'ay pris au liure de la # Chirurgie Françoiſe de Monſieur d'Alechamps, qui ſont propres à tel effect, à raiſon qu'ils peuuent empoi- : gner vn corPs rond comme la teſte de l'enfant. # 4 |! - : : | Inſtru , - 61o Le Vingt-quatriéme Liure, - Inſtruments dicts Pieds degriffons, propre pour extraire la teſte d'vn enfant demeurée dans le ventre de la mere. I'ay dit , qu'on le tirera , s'il eſt poſſi- ble , parce qu'eſtant demeurée ſeule, tourne en la matrice à cauſe de ſa ro- tondité , en ſorte qu'a bien grande pei- ne elle peut eſtre tirée, ſi on ne preſſe le ventre de la mere par le haut, & aux deux coſtez, àfin que la teſte de l'enfant - ne tourne çà ny là. A - // ||Illllllll lillºllllllllllWlW #f ce qu'il faut bailler à lafemme ſubit qu'elle eſt accouchée, & ce qu'il luy conuient faire. CH A P 1 T R E XXXIV. i , L faut garder que la femme recentement accouchée, ne reçoiue aucun air froid par ſa $ matrice : car eſtant vuide & vague apresl'enfantement, facilement eſt remplie de ventoſ- | |tez, leſquelles la refroidiſſent,diſtendent & tumefient, & bouſchent les orifices des coty- | ledons, qui empeſche ſes vuidanges, dont s'enſuit apres ſuffocation de matrice, & de tres- | grandes tranchées & douleurs, fiévres, & autres griefs accidens, & ſouuent la mort Et N, pour obuier à cela , & à fin auſſi que les parties diſtantes ſe puiſſent mieux rejoindre,il Pourquoy on " faut qu'elle aye les cuiſſes croisées les vnes ſur les autres.Dauantage, on luy comprimera § le ventre d'vne bande aſſez large , pour prohiber que l'air froid n'entre en ſa matrice : joint auſſi qu'icelle d'vnefemme ligature aidera beaucoup à exprimer le ſang imbu en icelle:cela fait, on donnera à l'accouchée vn preſſis de eſtant recen- chappon, on vn chaudeau où il y aura du ſafran, & vn peu de poudre de duc ou vne roſtie auec de bon hip- tement ac- pocras,ou moyeux d'œufs auec ſucre candy, à fin de reſtaurer les vertus,& engarder les tranchées.Aucuns rouchée. donnent des boüillons, & moyeux d'œufs,auec ſucre & canelle : autres des coulis & preſſis,& autres choſes fort nourriſſantes : & en cela on peut grandement faire faute. Car peut eſtre que la femme aura bien diſné ou ſoupe vn peu auparauant qu'accoucher : de ſorte qu'elle n'aura beſoin de telle nourriture, puis qu'elle à aſſez de viandes en l'eſtomach encore creües & non cuittes. Car ce n'eſt bien fait de mettre crud ſur crud,& decharger l'eſtomach, lequel s'en affoibliroit pluſtoſt que d'en eſtre fortifié, & par conſequent tout le corps. Mais on luy pourra bien donner à boire,& non à manger,iuſques à ce que la digeſtion ſoit faite, pour euiter la fiévre & autres accidens,& la faut nourrir comme vne perſonne qui aura la fiévre laquelle elle a commu- nement,iuſques à tant que la douleur & autres accidés ſoient paſſez,& qu'elle ſoit bien purgée.Ce qui ſe peut faire en huict ou dix jours, plus ou moins, ſelon qu'elle ſera bien gouuernée : apres elle doit eſtre bien nour- D rie. Or ſi la femme eſtoit famelique,ſubit apres ſon enfantement , on luy donnera choſes nourriſſantes cy- deſſus mentionnées. On ne peut faillir de donner promptement de l'huyle d'amandes douces tirée ſans feu, auec ſucre candi,à fin d'humecter & adoucir la gorge, qui aura eſté eſchauffée & alterée : pource que l'ac- couchée aura grandement crie, pour les extremes douleurs qu'elle aura eu en l'enfantement : non pas que cette huyle aille juſqu'à la matrice,où eſt la cauſe de telles douleurs de tranchées, mais parce qu'elle eſt re- ceué dedans les boyaux, elle ſert comme de fomentation linitiue à la matrice, qui eſt voiſine des boyaux, & fait vuider plus facilement les ſuperfluitez contenues en iceux. Car pluſieurs femmes trauaillent longuement en accouchant, & crient à gorge deſployée, lequel cry aide grandement a enfanter à raiſon que par le cry, les muſcles du ventre, enſemble ceux de la poitrine & le diaphragme ſont preſſez, au moyen dequoy la ma- trice eſt contraincte par la compreſſion, & par ce moyen elle ſe deſcharge plus aiſément. Autant en font celles qui ont fait leurs enfans ſans mary, lors qu'elles accouchent aux lieux où elles n'oſent crier : parce qu'elles retiennent leur haleine , & s eſpregnent comme lors que nous voulons aller vuider noſtre ventre- On doit mettre ſubit quela femme qui eſt accouchée(principalement en temps d'Hyuer)l'arriere-faix ſur ſon ventre:& en Eſté,on prendra la peau d'vn mouton noir,lequel ſera eſcorché tout vif, ou tout ſubit luy ayant coupé la gorge, & ſera appliquée toute chaude ſur le ventre & ſur les reins. Les feneſtres & portes de ſa chambre & cuſtodes de ſon lict ſeront cloſes & fermeés, & la laiſſera-on repoſer ſans bruit : & cinq ou ſix heures apres que la peau de mouton y aura eſté miſe, ſera oſtée, puis luy faudra oindre le ventre de l'on- guent qui s'enſuit 24. Sperma ceti 3.ij olei amygd. dulci.hyperican.3.j.ſ.ſeui hirc. 3.j.olei myrt 3 ij. cerx noua quantum ſuff. fiat vnguentum ad vſum , duquel en ſera vsé deux fois le iour : & ſus le nombril ſera appliqué vn petit emplaſtre de Galbanum , au milieu duquel y aura vn peu de ciuette & muſc, & fera-on en ſorte que la ſenteur d'icelle ne vienne au nez de l'accouchée : puis ſur tout le ventre ſera appliquée cette toille Gautier. Faut garder l'accouchée d'air froid. - %. Cerz | * - De la Generation. 6 II / , A 2Z.Cerx nouz 3.iiijſpermat.cet.3.j.f.terebenthinx venetæ in aqua roſar.lota 5.ij.olei amygd dulc.& hy- Teile Gau? peric.an.3.j. olei maſt. & myrt.an.3.j.6.axung cerui 3.j. É. liquefiant ſimul auferendo ab igne,impone telam º ex cannab.ad magnitudinem ventris : ladite toile ſera appliquée ſur le ventre. Prenez limaçons rouges vne liure, fleurs de roſmarin trois quarterons, le tout trenché & haché me- Autre reme- nu enſemble, puis le mettez en vn pot de terre plombé & bien luté, & ſoit enſeuely en du fient de cheual § tien ex- par quarante iours : & apres faut exprimer & mettre la liqueur en vne phiole de verre bien bouchée , & cellent. poſée par trois ou quatre iours au Soleil, & d'icelle liqueur on en frottera le ventre de la nouuelle accou- chée : ces remedes gardent le ventre d'eſtre ridé & martelé. Or ſi la femme eſt grandement oppreſsée de , tranchées : on luy donnera de cette poudre 24.Aniſ.cond. 3. ij. nucis moſc. cornu cerui vſt.an.5.j.6.nucleor. • dacty.3.iij.lig.aloes,cinnamo.an. 3.ij. fiat pul.ſubtiliſcap.5.j.cuin vino alb.calid.Autre.2.Rad.conſoiidae ma- ior.3.jſ nucleor perſnucis moſcata an 9.ij.carabe 9. ſ ambr, griſgr.iiij. fiat pul.cap.5.j.cum vino albo. Si la Remedesſin- femme eſtoit febricitante , on luy donnera auec vn boüillon de chappon.Auſſi ſeront appliquez petits ſa- guliers pour ' chets de toile,où il y aura du mil, ou de l'auoine fricaſſée en vin blanc : & tous chauds on les appliquera ſur les tranchéer le ventre, & ſur les parties genitales de la femme , & meſmement aux reins. - * Les cauſes des Tranchées. Ies cauſes des Tranchées aux nouuelles accouchées ſe font, quand le ſang gros & feculent comme lye , de vin , s'amaſſe de tous coſtez, & court aux veines & arteres de la matrice, qui la refroidit & enfle, lequel ſang penetre difficilement, & par grande violence eſt rejetté comme inutile. Et auſſi leſdites tranchées ſe . peuuent pareillement faire par le vent qui ſera entré promptement dans le corps de la femme apres l'enfan- tCIIlCI}t, Ce qu'ilfaut faire aux tetins de la nouuelle accouchée. C H A P I T R E XXXV. $ L faut oindre les tetins de ce liniment , à fin de faire fuiMe laict lors qu'il vient en trop grande abondance,& le faire euacuer par la matrice à celles qui ne deſirent eſtre nourri- ces. 2%. Olei roſar.myrt.an.3.iij.aceti roſa. 3.j. incorpor. ſimul. De ce en ſeront frottées Remedes º, , les mammelles trois ou quatre fois le iour,puis on aſpergera deſſus de la poudre de myr- poarfaire. \ tils , & quelques iours apres on vſera de cét emplaſtre. tarir le lai# 2Z.Pul.maſt.nuc.moſca.an.3.ij.nucis cupreſ.3.iijboli Arm.terræ ſigilan.3.ſº.ſang.drac. 3.ij.myrt.balauſt.an.3.j.ſº.ireos flor.3.ſ8.olei myrtini.3.iij.tereb.Ven.3.ij.cera noua quant. #. ſuff.fiat emplaſt.molle. La berle,le creſſon, & les fueilles de buys boüillies en vrine & : vinaigre, eſt vn fingulier remede pour faire fuir le laict des mammelles. Autre. Prenez fange trouuée au #º fond de l'auge des couſteliers ou eſmouleurs,meſlée auec huyle roſat,& ſoit appliquée tiede ſur les mammeſ- # C les : tel remede ſede la douleur & inflammation , & chaſſe le laict en peu de temps. Auſſi le liere terreſtre, peruanche ſauge boüillie, enſemble en oxycrat,& de telle decoction en ſeront fomentées les mammelles, ad- . jouſtant des roſes & alum de roche.Auſſi lye de vin vermeil auec vinaigre , & appliquée deſſus les mam- Remed.tia # melles. Autre Eau diſtillée de pommes de pin non meures, appliquée deſſus auec linges. Autre bien ap- approuué # prouué : Cigué pilée & fueilles de courges recentes, appliquées comme deſſus.Autre remede tres-aſſeuré: pour faire #: Prenez oxyrrodinum, c'eſt huyle roſat & vinaigre,miſtionnez enſemble,fueilles de ſauge, ache,rué, cerfueil, fuir le laia : hachées bien menuës, le tout miſtionné enſemble, & appliqué ſur les mammelles vn peu tiede,& renou- des mam- # uellé par trois fois le iour. Pareillement on appliquera des ventouſes au plat des cuiſſes & des aines, & au melles. # deſſus de l'vmbilic , leſquelles ont grande vertu d'attirer le laict des mammelles en la matrice, & le jetter # hors, pour-ce qu'en ce lieu il y a des veines de la matrice, qui communiquent auec celles deſdites mammel- Il faut ºp- , les. Semblablement l'accouchée ſe fera tetter par vne grande perſonne, ou par des petits chiens, iuſques Pºººº # à tarir tout ſon laict : & faut ſouuent faire cela, à fin qu'il ſoit tiré auparauant qu'il ſoit parfaictement cuict, # : incraſſé & imbu d'auantage és glandules des mammelles. Et où elle ne voudra, ou que l'on ne peut trouuer # 67E « aucun pour ſe faire ainſi tetter, elle meſme le pourra faire par cét inſtrument de verre, dedans lequel méttra 0 J' le bout de ſon tetin, & de l'autre ſuccera de ſa bouche : ainſi tirera ſon laict, tant & ſi peu qu'elle voudra. : | - Inſtrument propre à tirer le laict des mammelles des femmes, nommé Tetine. En lieu : - d'iceluy on peut vſer d'vne bouteille de verre, l'ayant chauffée, puis ſubit • mettre le bout du tetin en l'emboucheure d'icelle. . - D Apres que l'accouchée ſera bien purifiée de ſes vui- Bains danges (qui eſt le plus communément en trois ſepmaines » • • apres l'enfantement,& qu'elle n'aura fiévre,ny autre acci- dent)ſera baignée deux fois,auſquels bains on fera boüil- lir les herbes qui s'enſuiuent : maiora, menth.ſal.roriſar- temiſ agrim. puleg fior. camom. melilot.aneth. an.m. iiij. l'eau ſera de riuiere , ou d'vne claire & viuefontaine : le lendemain on fera vn ſemblable bainsauquel on adiouſte- ra ce qui s'enſuit. 2ſ. Far. fab.& auen.an. fb.iijfari.orob. lup & glandan. fb.j. alum. rocha.3.iiij ſal, comm. fb.ij. gall nucum cupreſan.3.iij.roſrub.m.vjgaryophil. nucis † omnia # communi, & fiat ſaccul. cum panno lineo,& fiat balneum, in quo frequéter extin- -- 2 ! ctum ſit ferrum candens, & ladite † ſe tiendra # en ce bain tant qu'elle voudra puis en ſortât,ſera poſée au # # - lict chaudement,& prendra vn peu d'eſcorce de citron,ou ann, vne petite roſtie trempée en hyppocrassou vn peu de bon vin , & endurera la ſueur tant qu'il luy plaira. Le Voyez le r. lendemain on luy fera des fomentations ſur les parties genitales , de choſes aſtringentes & reſſerrantes. liu chap.1. Exemple %. Gall. nucum cupreſſ cort granatan.3. † maior. thymian.m ſ, alum. racha & ſal. ºººº # A - COITl, Diſtillation || | •] | , 6 1 2 Le Vingt-quatriéme Liure, - - com.an.5.ijbulliant in vino auſtero, & fiar decoctio pro fotu ad vſum dictum. Diſtillation excellente Pour A appaiſer & affermir les tetins, & autres parties trop relaſchees & mollaſſes. 2É. Catyophyl. nucis moſc.nu- cun cupreſſ. an.3.j.6.maſt. 5 ij.alum roche 5j ß. gland. corticis quercini an. fb. B. roſarun rubrarum m.j, cort gran 3.ij.terra ſigillatæ 3.j cornu cerui vſti 3.15. myrt.ſang.drac.an.3.j.bol.Arm.3.ij ireos Flor. 3 j.ſun- mach.berber.hyper.an.m.É. conquaſſent. omnia , & macerentur ſpatio duor. dierum in lib. j. aqux roſar. & lib. ij. prunorum ſylueſt. meſpillo.pomo.querc.& lib.É. aqua fabr. & 3. iiij. aceti fortifſ poſtea fiat diſtillat. lento igne,& ſeruetur vſui:de laquelle on fomentera les parties trop relaxées,& les tetins deux fois le iour, & ſera laiſsé ſur la partie vne portion de feutre imbu en icelle, ou eſtoupes de lin. On peut pareillenen: faire vn cataplaſme de farine d'orge & de feves, de galand,& bol armene,deſtrempez & cuits en ladite eau, - diſtillée en forme de pulte : tout cela accomply , la femme pourra coucher auec ſon nary, pour refaire vne autre petite creature de Dieu. Des cauſes de la difficulté d'enfanter. C H A P. X X XV I. - Cauſes de A difficulté d'enfanter prouient quelquesfois de la mere , & quelquesfois de l'enfant : De la difficulté mere,à cauſe qu'elle eſt trop graſſe,ou trop maigre,tropjeune ou trop vieille, ou trop debile d'eafanter & foible, comme pour auoir eu vn grand flux de ſang qui luy ſera ſorti par la matrice,ou par de par la quelque autre lieu , ou autres maladies qui auront eſté cauſe de proſterner & debiliter na- B 77Jc'r€. ture en ſorte qu'elle n'a force ſuffiſante pour enfanter : auſſi celle qui accouche deuant le terme, enfante difficilement, ainſi qu'vn fruict ( comme vne pomme ou poire, ou autre ) n'e- ſtant en maturité tient ferme & fort par ſa queu, & lors qu'il eſt en ſa parfaicte maturité, tombe pluſtoſt & plus facilement de l'arbre : ou que la femme eſt jeune, qui ne ſçait encore ſe ſituer & endurer les dou- leurs : ou auſſi parce que l'enfant eſt mort, au moyen dequoy pour ſortir il ne s'aide aucunement : ou pour l'ignorance de la matrone qui n'eſt experte à ſon office : ou que la femme aura quelque vice en la matrice,ou au col d'icelle,comme s'il eſt trop clos, qui vient quelquesfois par le vice de la premiere conformation,que Nature n'y a fait ample ouuerture, y laiſſant vne defectuoſité qui ne permet les parties s'eſtendre & aggran- dir, pour donner paſſage à l'enfant. Auſſi il y a aucunes femmes qui ont le col de leur matrice dur & caileux: & tel vice peut venir de quelque playe,vlcere,apoſteme,ou par vne combuſtion,douleur,inflation,rhagadies, varices,& autres indiſpoſitions: ou par vn accouchement difficile qui aura dilaceré les parties gemitales : ou Par ignorance,qui vient le plus ſouuent des matrones qui de leurs mains ſans raiſon auront faict tel excez: ce que i'ay pleuſieurs fois veu, ſi qu'apres l'vnion faite il ſe faiſoit vne cicatrice & calloſité, & lors qu'elle reiteroit à faire enfant, & l'heure venue d'enfanter, la partie ne ſe pouuoit eſtendre ſuffiſamment : & en tel * cas, ſi on ne donne ordre à couper ladite cicatrice & calloſité, la mere & l'enfant periront. Pareillement la • difficulté d'enfanter prouient par l'air froid, qui comprime les parties,ou par vne exceſſiue chaleur,qui pro- ſterne les forces : auſſi vne grande crainte garde la femme d'enfanter, comme voir des hommes en ſa preſen- ce ou quelque femme qu'elle abhorre de voir : ou quand l'arriere-faix vient le premier, lequel accouche- ment eſt appellé Filius ante patrem, qui eſt choſe tres-dangereuſe : ſemblablement quand l'arriere-faix ſe ſepare,& depart trop ſubitement de contre la matrice, il ſe fait vne grande effuſion de ſang qui l'occupe,& la rempliſſant ainſi outre meſure, qui empeſche auſſi que la vertu expulſiue ne peut jetter l'enfant dehors qu'a- uec tres-grande difficulté ainſi qu'on void quand la veſſie eſt trop pleine d'vrine qu'on ne peut piſſer:dauan- tage,quand il y a quelque corps eſtrange auec l'arriere-faix,comme vne mole , ou autre mauuais germe, ou ſable : ce que i'ay veu à deux femmes où ie fus appellé pour extraire leurs enfans morts : ie proteſte auoir Enfantemët trouué en leur arriere-faix du ſable , la peſanteur d'vne liure & plus , ſemblable à celuy qu'on trouue d'vne fille à * la riuiere. Plus la difficulté d'enfanter vient quelquesfois pour le trop bas aage , comme auoir conçeu neuf ans. a douze ou à treize ans , ou moins (comme Sauonarola eſcrit auoir eſté veue vne fille de neuf ans groſſe Par 2 & 15. d'enfant, qui eſt choſe rare, attendu qu'en cét aage les vaiſſeaux ſont encores petits & anguſtes. Sainct 1.Epiſt.63 Auguſtin eſcrit auſſi, qu'vn garçon de l'aage de dix ans engroſſa ſa nourrice, lequel continuoit à coucher • -" auec elle. ) Le vice vient quelquesfois à cauſe du defaut de l'enfant, parce qu'il eſt trop gros, ou qu'il vient Allueraſ . de trauers, ou les feſſes premieres, ou les mains & pieds enſemble, ou qu'il eſt mort, & grandement en- - flé, qu'auec luy a eſté engendré vne mole ( qui eſt vne maſſe de chair , de laquelle parlerons cy-apres ) ou que l'enfant eſt monſtrueux, comme ayans deux teſtes : ou qu'il yaye deux jumeaux joints enſemble : ou quand ils ſont pluſieurs, comme trois, ou quatre, ou plus ( ainſi qu'eſcrit Albucraſis auoir veu vne femme qui en eut ſept d'vne ventrée) ou parce que l'enfant n'a fuiuy aſſez toſt les eaux, pource qu'eſtans vacuées il demeure à ſec, & que la matrice s'eſt reſſerrée, & toutes les autres parties : parquoy ledit enfant ne peut ! ſortir hors qu'auec vne tres-grande difficulté. L'enfantement ſe cognoiſtra eſtre difficile, quand les eaux ſont eſcoulées long-temps deuant que l'enfant ſorte. Si les douleurs viennent de loing à loing, bien languides, 9º ºº pavce que les cotyledons ſe rompent à peine, de façon que l'arriere-faix ne ſe peut ſeparer qu'à la longue. Pº de ſºges Si vn flux de ſang par la matrice a precedé long-temps auparauant. Et à toutes ces choſes le Chirurgien femmes. bien expert renediera autant qu'il luy ſera poſſible, ſelon ſon art : & les matrones expertes pareillement . (deſquelles le nombre eſt tres-petit) parce qu'elles ne veulent apprendre des Medecins & Chirurgiens pour les conduire à mieux ſecourir les femmes en leur enfantement, qui eft cauſe d'vn grand mal. Or pour faire qu'vn 'enfantement ſoit bon , il faut que l'enfant vienne à terme , & ſuiue les eaux, & qu'il ſorte la teſte premiere.& en cela eſt requis grâde force,à la mere & à l'enfant & conſeille que celles qui trauaillent beau- coup à enfanter, lors qu'elles ſeront ſur le terme , qu'elies ſe baignent en vn demy-bain , auquel on aura fait bouillir racines, ſemences,& herbes remollitiues , & qu'on leur oigne le ventre , & le col de la matrice, & toutes les parties voiſines, de choſes relaxantes, comme huyle d'amandes douces, graiſſe de geline, oye, & leurs ſemblables. Pareillement on leur donnera vn clyſtere aigu, pour vacuer les excremens abondants, & , , afin qu'elle s'efforce par les eſpreintes qu'elle aura du clyſtere,& auec celles de l'enfant ce faiſant,actouchera Lieu commo- toſt, & plus facilement, ce que i'ay veu pluſieurs fois D'auantage, ce doit eſtre pluſtoſt en vne grande chai- de pour ae- re percée propre à ce faire,'que dedans le lict : à raiſon que les os qui ſe doiuent ouurir à l'heure de l'enfan- coucher, tement, ſe dilateront plus facilement, parce que la femme ne ſera couchée deſſus. , > • • ) - , , ^ " ' - ' . - - - J • - . · s . \ , : - • - , • • » , - º Y , , , > 2Des De la Generation. 6I3 - - •-a- - M•A- - º - Des cauſes de l'auortement des femmes. C H A P. XXXVI I. , La difference entre auortement & Effluxion. Auortement, c'eſt quand l'enfant eſt ja tout Différence • formé & a receu vie.Effluxion c'eſt quand les ſemences premieremét conglutinées enſem- entre auorte- # l ' ble par quelques iours,ſoudainement s'eſcoulent, & en ſortèt quelques mébranes & cail- ment & # # lebots de ſang concret,& chair ſans forne,que les matrones appellent faux germe , dont effluxion. # les femmes ſont fort tourmentees & vexées de douleurs & trenchées Or l'auortemét des - | femmes vient deuant le terme, par nature inſtincte & contrainte d'enfanter Par quelque # cauſe & violence contre nature, & tel enfantement eſt appellé auortif ou auortementsles nt pluſieurs,comme grand flux de ventre,ſtrangurie,ou ardeur d'vrine,auec grandes eſprein- - tes,grandes toux,vomiſſements violents,ou trop grand trauail & agitation,comme courir,danſer,ſauter,tom- ber de haut,ouleuer quelque peſant fardeau, ou cheuaucher vn cheual trottier,ou aller en coche,ou quelque couporbe donné contre le ventre parce que tels mouuements deſreiglez rompent & relaſchent leſdits li- §s de la matrice.Auſſi les choſes qui compriment le ventre de la mere,comme font les beſtes,& choſes · # ! B ſemblables,quiempeſchent que l'enfant ne peut prendre croiſſance naturelle : de ſorte que les meres auortét» . º . § les enfans contraincts ſortir deuant le terme deu,au moyen de la leſion qui leur eſt faicte.Auſſi toutes #ººººººſºº - choſes qui font que les veines,arteres,& ligamens de l'arriere-faix ſe relaſchent, & rompent par quelques ef- dauortemët fort : pareillement par la trop grande frequentation des hommes : auſſi le bruit de foudre & tonnerre & de ſont eſcrites j'artillerie,& le ſon des groſſes cloches font auorter,& pluſtoſt les ieunes que les vieilles, parce que le corps ! # des ieunes eft plus tendre,plus delicat,& plus rare,& le corps des vieilles plus robuſte & plus denſe Dauan- # Aſe- tage il vient auſſi de trop jeuſner,ou à cauſe de trop grand flux de ſang:mais ſi l'enfant eſt encore petit,com- - §d'vn mois ou deux, le danger n'eſt ſi grand,à cauſe qu'en tel temps il n'a affaire de grande nourriture.Da- uantage,ſi la femme eſt long-temps malade,ſera cauſe de la faire auorter, parce que le ſang ſe conſommet parquoy ledit enfant eſt contraint de ſortir par faute d'aliment , qui ne luy eſt enuoyé en ſuffiſante quantité ny qualité : Auſſi peut venir par troP prendre grande quantite de viandes.car par icelles eſt ſuffoquée, & ſon aiiment corrompu,à cauſe que le trºP boire & manger fait que la digeſtion eſt mal faicte, & par conſequent la maſſe du ſang ſe corrompt, dont l'enfant doit eſtre nourry & alimenté; Auſſi pour auoir mangé viandes corrompués & de mauuais ſuc 3 car ſouuent les femmes groſſes ſont degouſtées,& ont vu appetit inſatiable , & depraué de manger viandes eſtranges & mauuaiſes choſes, qui ſe fait le plus ſouuent enuiron le troiſieme mois qu'elles ont conceu : lequel appetit vient à raiſon de certaines humeurs viſqueuſes, aigres , froides, & . d'vne pituite qu'elles ont en l'eſtomach,ou entre les membranes d'iceluy, dont l'enfant eſt infecte. Ainſi au- cunes deſirent manger des charbons,craye,tºrre» herbes, fruicts non meurs,harencs,& autres poiſſons cruds. & chair,papier , plaſtre, poiure ? & autres eſpiceries , boire du vinaigre , ayant en haine toutes bonnes vian- des, lequel appetit ainſi depraué • augmentº lors que les cheueux commencent à venir à l'enfant : & aucu- nes qui ont vn tel deſir d'en manger , quelquesfois auortent, & ſont en danger de leur vie. Les femmes Pourquoy leu C § en cela reſiſter & dompter cette mauuaiſe affection : toutesfois ſi on cognoit qu'elles ayent vn ſi # grand vouloir & enuie d'en mäger leur faut permettre,encore que telles choſes leurs ſoiét contraires, pour-ſes deſirent ueu qu'elles ne leur apportent troP grand dommage & preiudice : car ſouuent elles digerent telles choſes manger cho- §e , & les tranſmuent en aliment, ſans qu'elles en reſſentent aucun mal ny dommage en leur corps. Da-ſºs ºſtramses. uantage, l'auortement ſe peut faire par l'vſage des bains & eſtuues, parce qu'elles mollifient & lubrifient, & - relaſe#ent les ligamens de la matrice , & auſſi que Par la chaleur des bains, la chaleur interne de tout le - corps eſt bien fort augmentée,& l'enfant ſentant icelle,qui luy eſt eſtrange ne la peut ſouffrir, tellement qu'il § ſes efforts de ſortir hors de la matrice. Les femmes groſſes qui ſans cauſe manifeſte auortent au deuxieſ- j: - § ou troiſieſme mois, tombent en cét inconuenient parce qu'elles ont les cotyledons, c'eſt à dire, les bou- # ches & orifices des vaiſſeaux de leur matrice, pleins de flegme cras & gluant,& partant l'enfant ne peut eſtre # §nu à cauſe de ſa peſanteur, & ſe rompent & deſchirent, parce qu'ils ſont oincts & moüillez de phlegme - #x gliſſanr. Auſſi peut venir auortement par trop grande ioye , ou par vn grand deſir qu'elle auroit de manger : # quelque choſe, ou par deſpit & faſcherie qu'elle aura,ne ſe pouuant venger, & faire ce qu'elle deſire, ou par gº vne grande peur par la mutatiº trop ſubite qui ſe fait au corps. Or voila les cauſes qui font auorter les fem- 4º4f. l # - §s Dauantage ſi les mammelles de la femme groſſe ſont dures & pleines : puis ſubit diminuent, c'eſt ſigne ºct ;.. # d'auortement car de la nous ſignifie,qu'il y a defaut d'aliment cópetant & ſuffiſant pour l'enfant : car comme # :: º eſt enſeigné en l'Anatomie, il y a des veines communes aux mammelles & à l'amarry, leſquelles ſors qu'el- # : # les ont peu de ſang, les mammelles fruſtrées de leur enuitaillement ordinaire, deuiennent plus greſles que de ſea. P. 54- ººº ! couſtume : dont s'enſuit que par faute de nourriture ſuffiſante, l'enfant meurt, ou cherchant dehors ce qu'il Par #as :# ne trouue dans le corps de la mere, rompt violentemét les membranes dont il eſt enueloppé,& ſort deuant le 98. ſaa. - #º D temps legitime en lumiere,auſſi ſi la femme porte deux enfans, & quel'vne de ſes mammelles fietriſſe & di- # - minué, c'eſt ſigne que l'enfant qui eſt de ce colté-là eſt mort, ou bien en grand danger. Les femmes endurent # plus grande douleur en auortant, que lors qu'elles accouchent à terme, & ſont en plus grand peril, d'autant # que ce qui ſe fait contre Nature, eſt plus grief & mauuais, que ce qui ſe fait naturellement. Il auient ſou- # uent aux femmes, qui ne portent au commencement leurs enfans à terme, qu'elles font les enfans ſuiuans cº cn ce meſme temps. Parquoy cela aduenant, on aura recours au Medecin à rechercher les cauſes, & euiter (cº toutes les choſes qui font auorter. Cét emplaſtre eſt vtile appliqué ſur les reins 2Z. Labd.3.ij. galang3.j.nu- # cis moſca. nucis cupreſ boli Arm. terrae ſigill. ſang. drac.balauſt. an.5.6.acac.pſidior.hypociſt. an§ Emplaſtre # myrrhx an.5 ij gummi Arabici 3j tereb. Vener.3 j picis naual. 3.j.ſ ceræ quant ſuff fiat emplaſtrum ſ§ aſtringene # dun artem , extendatur ſuper alutam ad vſum : s'il ſuruenoit chaleur & prurit aux lieux où il auroit eſté # #º # ! · appliqué, par le moyen dudit emplaſtre, il ſera oſté, & appliquera-on l'onguent roſat, infrigid. Galeni ou l, #. $ - de celuy qui s'enſuit #. Olei myrt; cidon & maſtic. an.3.j.hypcciſt, acac.boli Arm ſang drac.an.3.j.ſan- dal, citrini3 iiij cera quantum ſufficit, fiat vnguentum ſecundum artem. Quelques femmes § # enfans dix ou onze mois , parce qu'il a eſté engendré de grande quantité de ſemence à cette cauſe a eſté unia (ſt fait grand, fort, & vigoureux , quifºit que pour ſa nourriture il faut qu'il demeure plus longtemps en la # # mat ce. Car vn gros fruict n'eſt ſi toſt meure qu'vn petit : Auſſi vn enfant menu & greſle dés † tion foºru y ou premiere conformation, & qu'il ſoit chaud & ſec de ſa complexion, a aſſez de neuf§ § § vn femme fois de ſept pour ſa maturité, où à vn autre en faudra dix , onze & douze, auſſi voidon § les porte enfant filles venir iuſques au bout du neufieſme mois, & les fils naiſtre au Commencement & § du mois : plus de neuf Car la complexion chaude ſert beaucoup à la prompte maturité,& la froide & humide eſt plus §y " la quand àl'enfant, lequclſelonſa complexion & corpulence qui en procede, ſejourne plus ou moins en la # - FF f matrice | -.. | : 614 Le Vingt-quatriéme Liure, matrice attendant ſa maturité. A cecy ayde grandement la matrice : car elle eſt de temperature chaude ou A froide : la chaude ayde à cnyte le fruict pluſtoſt,& la froide plus tard. •' - • 3 Des moyens de ſuruenir à l'enfant, la mere morte. ' ! CHAP. XXXVII I. $ R s'il aduenoit que la femme groſſe d'enfant fuſt en agonie, ou aux efforts de la mort, qui ſe $ peut cognoiſtre par les ſignes cy deuant declarez , faut que le Chirurgien ſe trouue preſt & ap- # pareillé à ouurir ſubit la femme , apres le dernier ſouſpir de la mort, à fin de ſauuer l'enfant s'il $# ſ# eſt poſſible, & ne faut auoir confidence à la baillonner & tenir ſa bouche & parties genitales ou- uertes pour donner air & eſprit à l'enfant eſtant dans le ventre de ſa mere, & encore inuolué dedans les membranes, veu que ledit enfant eſtant au ventre de ſa merei n'a ſon air que par les mouuemens de l'arte- re vmbilicale. Or la mere decedée , ſes poulmons ne font plus leur action, qui eſtoit attirer l'air exterieur L'enfant ne par la bouche, & le conduire par la trachée artere aux poulmons , & d'iceux au cœur par l'artere venale, peut prendre & du cœur par la grande artere aux arteres de la matrice , & d'icelle par les cotyledons, qui ſont au cho- aucun air, rion ou arriere-faix,à l'vmbilic de l'enfant par l'artere vmbilicale, & de la aux arteres iliaques,puis au cœur, encore que, & d'iceluy à toutes les parties de l'enfant. Parquoy la mere eſtant decedée, tous ces mouuemens ceſſans, ºººº & quelque baillonnage & ouuerture qnel'on ſceuſt faire tant à la bouche qu'ez parties genitales de la mere, # col de d l'enfant ne ſçauroit plus receuoir ny attirer aucun air : tellement que le mouuement naturel,du cœur dudit # enfant ceſſeroit en bref,apres que la mere auroit rendu l'eſprit , de ſorte que ſi toſt qu'elle aura ietté le der- #º" nier ſouſpir, il la faut ouurir en diligence , & ne ſe fier aucunement auſdites ouuertures. Et quand à l'ou- Moyen de uerture pour extraire l enfant , elle doit eſtre commencee pres le cartilage nommé xiphoide, ou pomum gra- ſauuer l'en- natum, en leuant le cuir & muſcles du ventre , & le peritoine en figure d'eſcuſſon, en euitant bien de faire fant la mere apertion des inteſtins : puis ſubit on inciſera la matrice la leuant en haut , de peur qu'en faiſant l'inciſion /770rfe, on ne touche du raſoir à l'enfant,lequel trouueras nager aux aquoſitez ſuſdites,& ſouuent le nombril entour- tillé au col, ou aux bras & jambes. Faicte l'ouuerture, ledit enfant ne ſe meut pas touſiours pour l'oppreſ- ſion & debilitation & faute des eſprits & vertus qu'il n'aura peu receuoir à ſuffiſance, à cauſe du decez de la mere. Parquoy de prime face, ſemble aux aſſiſtans qu'il n'aura nulle vie : ce que cognoiſtras veritable- ment, en touchant & taſtant ſon vmbilic , auquel ſentiras pouſſer & batre l'artere vmbilicale, s'il y a vies auſſi que ſi toſt qu'il aura ſenty l'air, il mouuera tout en vn coup aucuns de ſes membres. Or ſi tu cognois que les vertus & force ſoient debiles, faut bien euiter de lier & reparer l'vmbilic d'auec l'arriere-faix, à cauſe que ledit enfant peut attirer & receuoir chaleur , & quelque reſte d'eſprits contenus encore audit ar- riere-faix : parquoy le poſeras ſus le ventre de l'enfant,& le laiſſeras iuſques à ce que la chaleur ſoit exhalée: par ce moyen ſeras cauſe d'augmenter ſes vertus,& par conſequent d'allonger ſa vie: mais là où ledit enfant ſeroit fort,alors pourra lier ſubit ledit vmbilic, comme nous auons dit cy-deſſus, & au reſte laiſſer l'enfant à ce qu'ilfaut Dieu & aux femmes, qui luy feront ce que nous auons eſcrit. Et s'il aduenoit,comme quelquesfois il ſe faît, faire lors que que par la violence d'auoir attiré l'enfant , on euſt dilaceré les parties genitales de la mere, & que des deux la ſage fem- trous il ne s'en fuſt fait qu'vn, alors il faudra faire quelques poincts d'aiguille, pour reünir ce qui ſeroit me a dilace- contre nature ſeparé, & traicter la playe ſelon l'art : & lors que tel accident aduient c'eſt vn grand deſaſtre º & ºmpº à la pauure femme, par ce que ſi elle reuient à eſtre groſſe apres, & que ſon heure ſoit venuë d'enfanter, C le perheum. ſ . parties genitales ne ſe peuuent plus aſſez ſuffiſamment dilater, pour donner paſſage à l'enfant à cauſe de la cicatrice : parquoy on eſt contraint la couper vn peu, puis la dilacerer, à raiſon que l'vnion ſe fait mieux , ou autrement la femme ne pourroit iamais accoucher , ce que i'ay fait a deux de cette ville de Paris. Or ie m'eſmerueille comme aucuns veulent affermer auoir veu des femmes, auſquelles pour ex traire leurs enfans, l'on auroit inciſé le ventre , non ſeulement vne fois, mais pluſieurs : car telle choſe par raiſon m'eſt du tout impoſſible à croire, attendu que pour donner iſſue à l'enfant, il faudroit faire vne grande playe aux - muſcles del'Epigaſtre, & pareillement à la matrice, laquelle eſtant imbue de grande quantité de ſang , & y faiſant vne diuiſion ſi grande,il y auroit vne tres grande hemorrhagie,dont la mort s'enſuiuroit. D'auanta- ge apres auoir conſolidé la playe, la cicatrice ne permettroit apres à la matrice de ſe dilater pour porter en- fant. Il y a èncores d'autres accidens qui en pourroient aduenir,& le pis,vne mort ſubite à la mere : & par- tant ie ne conſeilleray iamais de faire tel œuure , où il y a ſi grand peril, ſans nul eſpoir, en parlant humai- nement, Toutesfois l'on m'a aſſeuré qu'vn nommé maiſtre Vincent Barbié de Hericy, pres Fontaine-bleau, a faict cette pereilleuſe operation auec heureuſe iſſue,la femme que l'on dit auoir eſté incisée,& ledit M. Vin- cent ſont encore auiourd'huy viuans, tant de gens d'honneur,dignes de foye me l'ont aſſermé,iuſques meſmes à me dire auoir veu faire l'operation,& extraire l'enfant, que ie ne veux ny oſe les meſcroire. Mais cela eſtât, i'oſe bien dire que ce n'eſt vn vray miracle de nature, c'eſt à dire l'infinité & et ernelle puiſſance de Dieu qui allonge, accourcit, & retarde les iours de l'homme quand bon luy ſemble, ainſi qu'il fit iadis les mouue- mens du Soleil, & non vn effect de la dexterité , prudence & ſcience d'vn Barbier de village : Partant nous D deuons loüer & benir ſon nom, &le prier humblement en toutes nos operations , qu'il nous vueille aſſiſter de ſa grace, à fin que les œuures de noſtre main puiſſe tourner au ſalut des humains affligez, & à la gloire de ſon Sainct nom. De la superfetation, c'eſt à dire, conception reiterée, ou ſurengendrée. C H A P I T R E XXXIX. % v A N D la femme a deux ou ttois ou pluſieurs enfans, & chacun d'iceux ſont diſtincts, & ſeparez, ayans chacun leur arriere-faix ,il y a ſuperfetation, mais s'ils ſont trouuez enue- , loppez en vn ſeul, ſeront engendrez par vne grande quantité de ſemence, & non par ſu- perfetation , ce qui ſe prouue par les raiſons qui s'enſuiuent Galien au liu. Des facultez na- turelles , & au liure De ſemine, nous enſeigne que tout ainſi qu'apres que nous auons pris noſtre repas , l'eſtomach vient à ſe retirer de telle ſorte, que comme auec les deux mains il tient de tous coſtés enuironnées les viandes qui ſont au dedans, pour peu qu'il y en ait, afin de les cuire & alterer pour la generation du chyle, de ſorte que leſdits aliments ne peuuent eſtre esbranlez nà & là pour la corn- preſſion faicte par le ſuſdict eſtomach ( Galien entend de l'eſtomach des perſonnes ſaines , non malades : 2 iDe meſme veut-il eſtre faict en la matrice, apres l'eiection de la ſemence de l'hommc & de la femme- Belle compa- raiſon. 1 616 Le Vingt-quatriéme Liure, femme auoir conçeu vne mole ſans compagnie d'homme : parquoy principalement la cauſe de la mole eſtre A la ſemence de l'homme : qui fait fermenter celle de la femme, comme la preſure, le fourmage : ou le leuain, Fernel. la paſte.Ce que Fernel a apprins d'Hppocrate, & de la pluſpart des bons autheurs,quitiennét que mole n'eſt faite ſans la ſemence virile, mais plus de feminine, & d'vne grande quantité de ſang menſtruel contenu aux vaiſſeaux de la matrice, lequelauec la grande quantité de la ſemence feminine corrompt & ſuffoque la viri- • e le, empeſchant que la vertu formatrice ne faſſe ſon action, laquelle ſe fait par vne bonne temperature, & au rºººol- contraire eſt corrompue par vne immoderation : & telle opinion eſt la plus raiſonnable ; car telle mole ou mole ne ſe maſſe de chair ne s'engendre en l'vterus à la façon des vers d'vne ſimple chaleur, & d'vn humeur eſpais & peut engºn- viſqueux, mais en outre des deux ſemences de l'homme & de la femme, par le moyen de l'eſprit generatif, drer ſans la ce qui eſt aisé à connoiſtre par les membranes, deſquelles elle eſt enueloppée par les ligamens auec vn fœtus ſemence vi. formé , qui ſe void quelquesfois attaché à icelle par ſuperfetation, par accroiſſement , & par le mouuement rile. tremblotant. Or par mauuaife quantité ou qualité des ſemences n'eſt ſeulement faite vne mole , mais auſſi enfans imparfaicts & monſtrueux, voire quelquesfois des animaux,& autres choſes monſtrueuſes, dont nous parlerons cy-apres. Et ſi on tenoit qu'vne mole peuſt eſtre engendrée ſans ſemence d'homme, aucunes fem- mes pourroient par la couurir leur impudicité, ce qui ne ſe fait iamais. . - - - -* • .. : ' • º - – . | Des ſignes pour connoiſtre vne Mole d'auec vn enfant. C H A P. XLI. N void en vne mole quaſi tous les ſignes des femmes groſſes d'enfant. Les ſignes du com- # mencement de mole, ſont douleur poignante au ventre , comme de cholique : le ventre s'enfle plus ſubit & plus fort que d'vn enfant, & ſera plus dur. Pareillement la mole eſt plus difficile à porter qu'vn enfant, parce qu'elle eſt contre nature, & comme vne choſe # . - & %, ſans eſprit & vie, & l'enfant eſt ſelon nature, ayant vne ame diuine. Les mammelles s'en- mentpetit ! VA à flent au commencement ; mais en fin demeurent mollaſſes & flaiſtries, & diminuent, pour- #ſ§ - ce que nature en vain y enuoyeroit du laict veu qu'il n'y a point d'enfant pour l'allaicter & nourrir : d'a- ,omme les uantage le nombril ne ſort hors , comme lors qu'il y a enfant. Deuant le troiſiéme mois on y trouue eſponges at- mouuement, toutesfois fort obſcur, petit, & comme tremblotant : ce qui n'eſt trouué à vn enfant. Or tachées con- combien que la mole ſe meuue, & qu'il ſemble y auoir quelque vie, neantmoins elle ne tient point cet- tre les ro- . te vie de l'ame raiſonnable, mais ſeulement de la faculté de la matrice, & de l'eſprit generatif, qui giſt cººé cº- aux ſemences, & au ſang menſtruel, leſquelles choſes nourriſſent & entretiennent & donnent forme à #ºuu l'enfant pour quelque temps : mais puis apres ſa formation, Dieu luy tranſmet l'Ame, qui eſt vne inſpi- #.. ration de l'eſprit diuin, laquelle diſtingue l'homme des beſtes , & le rend immortel, ce qui defaut à la §e mole, car elle a ſeulement vie vegetatiue comme les plantes. Auſſi l'enfant en ſon temps a ſon mouue- mole eſt bien ment different, parce qu'il ſe meut de coſté dextre & ſeneſtre, ce qui n'aduient en vne mole ſans compreſ- different à ſion, & la comprimant à dextre eſt pouſsée à ſeneſtre, & du coſté ſeneſtre au dextre, & retourne en meſme celuy d'vn lieu d'où elle auoit eſté pouſſée : au contraire de l'enfant, qui pour l'heure qu'on le pouſſe ne ſort de ſa place. enfant. Pareillement quand la femme ſe tourne en ſon lict, elle la ſent tourner de coſté & d'autre auec vne peſan- teur comme ſi c'eſtoit vne boule. Dauantage tout le corps de la femme deuient mollaſtre & emacié, c'eſt à dire amaigry & ſec, principalement les cuiſſes & iambes , leſquelles s'enflent vers le ſoir, de ſorte que la femme ne ſe peut bien ſouſtenir deſſus,à cauſe de la debilité de la chaleur naturelle, qui commence à defail- lir aux parties plus eſloignées du cœur : auſſi le ventre eſt fort enfié,& ſemble que ce ſoit hydropiſie, exce- pté qu'il eſt plus dur, & ne rend point de ſon de tabourin lors qu'on frappe deſſus. Telle enfleure de ventre prouient de ce que le ſang menſtruel qui tombe dans l'vterus, n'eſt point employé en nourriture, mais s'ac- cumule ainſi peu à peu.Auſſi le nombril ne ſort dehors, comme quand il y a enfant Pareillement en la mole iamais les fleurs ne coulent, comme il ſe fait quelquesfois à la femme groſſe d'enfant, ſi ce n'eſt à d'aucunes, à qui aduiennent grandes vuidanges, qui les allegent fort de la peſantur de leur ventre.Aucunesfois la mo- le eſt tant adherante, & attachée contre les parois de la matrice, & aux orifices des vaiſſeaux (qu'auons par cy-deuant nommez Cotyledons) que iamais n'en peut eſtre ſeparée : partant la pauure femme la porte quel- Hiſtoire. quesfois ſix ou ſept ans, & meſme toute ſa vie La femme de Guillaume Roger, Maiſtre potier d'eſtain de- meurant rue S.Victor, agée de cinquante ans & plus, a porté vne mole dixſept ans ou enuiron, & le 27 iour de Iuillet 1574 eſtant decedée, ſon mary m'appella pour ouurir le corps, où ie trouuay ſa matrice n'eſtant au- cunement attachée & liée, ſinon que par le col d'icelle matrice, & bien peu par l'omentum : n'ayant qu'vn ſeul teſticule du coſté droit, aſſez large, mol & fieſtry. Et quant aux cornes de ladite matrice, n'eſtoient au- cunement apparentes, ſinon que bien peu du ſuſdit coſté. Elle ne receuoit aucuns vaiſſeaux ſinon que par ledit col, leſquels eſtoient fort apparents en la ſuperficie. Telle matrice eſtoit de groſſeur de la teſte d'vn grand & puiſſant homme. L'ayant ſeparée toute entiere, ie la feis porter à mon logis pour la decouper, & ſçauoir ce qui eſtoit contenu en icelle:ce que ne voulus faire ſans auoir compagnie de doctes Medecins & Chirurgiens, les noms deſquels s'enſuiuent: Monſieur de Mazille,Conſeiller & premier Medecin du Roy,Monſieur Alexis, premier Medecin de la Royne de France, Monſieur vigor premier Medecin de la Royne Regente, Monſieur de S. Pont premier Medecin de la Royne de Nauarre, Meſſieurs le Févre, Brouet, Medecins ordinaires du Roy, Meſſieurs Violaines, Geraume, Mareſcot, Rauin, Milot, Haurin, Riollan, Luſſon, Docteurs Regens en la faculté de Medecine : Cointret, Chirurgien du Royau Chaſtelet de Paris, & premier de la Royne : le Brun, & Guillemeau, Chirurgiens iurez à Paris : en la preſence deſquels ie feis ouuerture de ladite matrice, la- quelle nous trouuaſnes en ſa ſubſtance & propre tunique ( l'autre qui vient du peritoine eſtant au reſte ſaine & entiere)toute ſcirrheuſe & ſi extremement dure , qu'à bien grande peine le couſteau, bien trenchant qu'il fuſt, y pouuoit entrer : & eſtoit icelle matrice d'eſpeſſeur de trois doigts & plus. Au milieu & capacité d'i- Cauſe de l'enfleure de ventre en la mole. #º celle fut trouuée vne chair ſemblable à vne retine de vache, de groſſeur de deux poings, n'eſtant adherante " aux parois d'icelle, ſinon qu'en certains endroits, eſtant fort denſe & grumuleuſe : en la ſubſtance de laquel- | le eſtoient infiltrez des corps eſtranges, comme atheromes, cartilages & os : & fut conclu de tous, que le | commencement de telle chair auoit eſté vne mole , prenant nourriſſement & accroiſſement comme les · , · loupes qui aduiennent en quelque partie de noſtre corps : laquelle auec le temps s'eſtoit tournée en -4 ° ſcirrhe , & ſemblablement toute la ſubſtance de la matrice. Dauantage nous trouuaſmes vne tu- Mole peſanre ºeur au milieu du col de la matrice , de groſſeur & rondeur d'vn bien gros œuf de poulle d'Inde, § dure en toute ſa ſubſtance , meſlée de cartilages & os , occupant du tout le col d'icelle, & principale- . é demy- men la bouche interieure de la matrice , dicte vulgairement le couronnement, de ſorte que rien n'y pou- quarteron uoit entrer ny ſortir. Le tout eſtoit de peſanteur de neuf liures demy quarteron. Ie la garde en mon cabi- net, comme choſe monſtrueuſe Lors que cette femme viuoit, elle ſentoit grande § au ventre, l'a- - - yant De la Generation. 6 17 A yant dur & grand à merueilles, comme ſi elle euſt eſté groſſe de pluſieurs enfans,ſi bien que quelques Mede- cins voyans le temps legitime d'enfanter, l'auoient traictée comme hydropique , toutesfois ne ſçeurent rien gaigner ſur l'enfleure de ſon ventre : quelquesfois auſſi elle auoit ſupreſſion d'vrine l'eſpace de deux ou trois iours, & lors n'vrinoit ſinon qu'auec grande douleur : pareillement elle eſtoit quelquesfois ſept ou huict iours ſans aller à la ſelle, pour la compreſſion de inteſtins que faiſoit cette enorme maſſe. Et par interuale comme de trois mois en trois mois, elle auoit de grandes vuidanges, leſquelles ne pouuoient ſortir de la ca- pacite de la matrice,attendu (comme nous auons dit) qu'elle eſtoit remplie & exactement cloſe , fermée & eſtoupée : mais telles vuidanges ſortoient par les vaiſſeaux dont les filles ſe purgent de leurs mois, & aucu- nes femmes groſſes. Au reſte pour l'enormité remarquable de telle mole, ie t'eaay bien voulu icy repreſen- la figure , l'vne entiere, & l'autre eſtant ouuerte. - Figure dela matrice entiere. E3 • • C A Monſtre le corps de la matrice. : B Le teſticule. C Le col de ladite matrice, auquel la petite tumeur eſtoit contenuë. D L'extremite du col de la matrice ſeparé, enſemble les vaiſſeaux par leſquels ladite matrice eſtoit IlOUII'T1C. V E Le lien, FFF Les vaiſſeaux eſpandus. Figure de la matrice ouuerte. A A Monſtrent le deſ. ſus du corps de la matrice. B B B L'eſpeſſeur du corps de la matri- CC, C La mole. D D La cauité en la2 quelle ladite mole e- ſtoit contenuë. |\ 2 3 © #à | \ \N N NxSS F F F 3 Rambert 618 Le Vingt-quatriéme Liure, Hiſtoire Rambert Dondonay Medecin,en ſes obſeruations medecinales chapitre 49. dict s'eſtre trouué vn mole à A vne vefue, laquelle eſtoit preſque de longueur d'vn pied,large de demy pied, & eſpeſſe de quatre doigts. | Auſſi il aduient à quelques-vnes,qu'elles ne la portent qu'vn mois ou deux,ou plus,ou moins : & alors qu'el- le eſt jettée hors, les femmes la nomment mauuais germe. Il s'en eſt trouue autresfois deux ou trois ſepa- | rées l'vne de l'autre. Autresfois il s'en eft veu de deſliées & attachées auec vn fœtus bien formé , comme º raconte valeriola de la femme qui jetta vne mole qu'elle auoit porté douze mois à laquelle eſtoit lié vn fœtus de quatre mois, auquel ladite mole fit tort, luy oſtant ſa nourriture,& ne pouuoit auoir aſſez de place Hiſtoire pour aller au terme de ſa maturité. Or c'eſt choſe toute aſſeurée que cette mole, comme vne meſchante & cruelle beſte, tue touſiours le fœtus auec lequel elle eſt liée. Il me ſouuiét auoir ouuert vne femme, laquelle mourut parce qu'elle auoit vne mole de la groſſeur d'vn œuf d'Oye, que nature vouloit ietter hors , & ne Auicenne pouuant elle demeura,& ſe pourriſt, dont la mort s'enſuiuit. Auicenne dit,que la femme a des douleurs côme ſi elle vouloit accoucher & ietter vne maſſe de chair ſans forme. Autres ne iettent que ſeules ventoſitez ſor- tans par le col de la matrice auec bruit & ſon , qui a eſté cauſe qu'on dit telles femmes auoir accouché d'vn pet. Or pour concluſion, quand la femme penſe eſtre groſſe & qu'on void paſſer le temps,d'enfanter, faut conclurre que ce n'eſt enfant,& partât faut remedier à faire ietter hors,s'il eſt poſſible,ce qui eſt contrenature. - Prognoſtic. Telle eſt La mole adhere quelquesfois ſi eſtroictement aux cotyledons de la matrice,qu'elle ſe rend ſociable à icel- º le, en ſorte qu'elle n'en peut eſtre ſeparée, qui eſt cauſe qu'elle y demeure toute la vie de la femme. Hippo- E crate appelle mole, mole viuante. Le plus ſouuent eſt attachée legerement, & parce elle tôbe au trois, qua- tre, cinq, ou ſixieſme mois. Hippocrate appelle telle molle , auortante : il aduient quelquesfois qu'il n'y en a qu'vne,& quelquesfois auſſi pluſieurs qui ſont moins dangereuſes qu'vne toute ſeule. Souuent on trouue des moles auec des enfans, quelquesfois y ſont attachées , autresfois non. - Cure de la mole lors qu'elle n'eſt pas encore trop groſſe. C H A P 1 T R E X L I I. siluius li, . N,N XG ( ' O N donnera à la femme choſes qui prouoquent les fleurs, & qui font ietter Tarriere- # $ # faix , & l'enfant mort , § † les trochiſques de myrrhe, les hermodactes, ques. #$ & autre ſemblables : les parties eſtant touſiours premierement fomentées de choſes re- º, 2º laſchantes & remollientes : pareillement diete tenue , ſaignée, bains, & le tout ordonné • * . par le Medecin docte & experimenté:& s'il aduenoit que la mole fuſt deſliée & deſlachée f de contre la matrice,& que Nature ne la peuſt ietter hors,le Chirurgien ſituera la femme en meſme ſituation qu'à l'extraction de l'enfant , & fera tant qu'il la mettra hots & la prendra auec cét inſtrument nommé Pied de Griffon, lequel s'ouure eſtant dans le corps de matrice. Pied de Griffon pour extraire la mole. C Extračiion •- de la mole. Or il faut entendre que ſans inftrumens ou ne ſçauroit tirer hors la mole, ſi elle eſt trop groſſe à cauſe de ſa rondeur, parce qu'il n'y a aucune priſe, & lors qu'on la veut prendre de la main, elle tourne en la matrice Hiſtoire. comme ſi c'eſtoit vne boule : pourquoy faut comprimer le ventre d'vne part & d'autre, comme nous auons dit cy-deſſus de la teſte de l'enfant eſtant demeurée ſeule en la matrice.Apres l'extraction d'icelle, la femme ſera traictée ainfi que ſi elle eſtoit accouchée d'vn enfant. Or il ſe peut faire que la mole & les enfants morts Autre hiſtoi-dans le ventre de la mere, ſortent deux-meſmes par pourriture:ce qui ſe peut prouuer par Albucraſis chapi- 7'€. tre 76.liure deux, qui dit auoir veu vne femme,au ventre de laquelle y auoit vn enfant mort, & neantmoins ayant conçeu & deuenue groſſe d'enfant mourut pour la ſeconde fois. Or long temps apres il luy aduint vnº apoſteme en l'vmbilic, & s'enfla iuſques à ce qu'eſtant ouuert commença à ietter de la boüe : tellement qu'il fut appellé pour y remedier , & ne peut conſolider ny raffermir l'ouuerture, bien qu'il l'euſt traictée long- temps : pour-ce il mit ſur le lieu quelque emplaſtre fort attractiue,dont à la fin ſortit vn os dequoyil fut fort esbahy, veu qu'au ventre il n'y a nul os. Recherchant la cauſe, & penſant à part luy,il trouua que c'eſtoit des os de l'enfant mort. La cauſe de la maladie eſtant ainſi conneue au vray, & ſçachant le moyen qu'il y falloit remedier,il tira pluſieurs os. La femme ſe portant mieux a veſcu long-temps apres , mais par l'ouuerture ſortoit touſiours quelque peu de boüe. Semblablement François Rouſſet (homme docte & bien eſtimé en- tre les Medecins de Paris) en ſon liure de l'enfantement Ceſarien eſcrit, que Louyſe Poupart femme de maiſtre Nicolas Seuin ( dit Champ caſté) ietta ſon enfant mort , premierement les parties plus moles, par le col de fa matrice : les os ſe deſmirent la dedans auec le temps, & percerent la matrice ſur le derriere vers le gros inteſtin , de ſorte qu'elle commença peu à peu à les vuider par le ſiege allant à ſes affaires, & entre au- tres,vn os de la jambe,& ayant long-temps languy,elle mourut. Elle fut ouuerte par Maiſtre Florent Philip- pes,& Michel Picard, leſquels ne trouuerent leans qu'oſſemens pourris, & principalement ceux de la teſte, auec grande admiration d'auoir peu tant ſubſiſter en cette pourriture. Pareillement De la Generation. - i · 619 A Pareillement ledit Rouſſet fait mention d'vne femme de Bruxelle, laquelle n'auoit ſçeu accoucher. Les chairs & parties molles de l'enfant eſtant vuidées en pourriture par embas,les os, ſe ſentoient craqueter (ce qu'on remarquoit à la main) ſous l'epigaſtre ſans guere empeſcher les 3ctions de la femme pour eſtre-defia la troiſieſme année qu'elle portoit cette charge de cimetiere en ſon ventre, ce qai ne pouuoit eſtre ſans àuoir percé la matrice, laquelle neantmoins eſtoit guarie,comme il falloit bien : parce qu'il n'en fortoit point de bouë par embas, & auſſi qu'elle eſtoit reglée.Auſſi ledit Rouſſet recite d'vne femme nommée Catheriue des Fiefs, Dame d'Onſy pres Milly laquelle porta vn enfant mort en fon ventre quinze moisselle ietta lés parties molles par le col de la matrice, & les os demeurerent dedans. Enfin elle mourut , eſt fut ouuél'èé psr Luc Champenois,& Iacques Dazier,Barbiers à Milly,es preſences desſieurs de Verteauy& la Gaignere,auec plu-*é ſieurs autres & fut trouué en icelle force boue, & point de matrice, & tous les os d'vn enfant, quelques vns tous pourris,les autres entiers. Et entre iceux l'vne de ſes clauicules ayant ja pprcé &'corrodé lè peritoine $ les muſcles du ventre, il ne reſtoit plus que le cuir qu'il n'apparuſ dehors pathexoſtéſeneſtre deſia tout liuide, lequel auoit long-temps eſté pris pour vn ſcirrhe de ratte. Il recite pluſieurs auttes hiſtoires que l'on peut lire dans ſon liure de l'enfantement Ceſàrien. # ºlºnizº ! " 1 - :: 2n2 t . :: : i , - - ------ 2 -- . · · º : 2 , , , • i i1 .271.3 -# ! . . » . , ' > • , .' : ... · :* - • • . *- --- - , - l' --- -- | De la ſterilité, qui eſt defaut d'engendrer aux hommes de leur impuiſſance de " , ' ! " .*. º * - froïàure & malefice.º- $ - vt \ : \ > * - C H A ' P i T R Eº XL I I I. º ! , · · · | # # . - · ', i , " 0 " | " " , iti - l - » : p ) -- .. , · · - s * s cauſes de la ſterilité aux hommes ſont plufieurs , à ſçauoir, qnand leur ſemence eſt ºop chaude ou trop froide, trop ſeiche,ou trop humide & fiutde, qui fait qu'elle s'eſcoule ſubit de }la matrice, comme celle des vieilles genssº des ieunes qui ſont en trop basaaget ou à cauſe du trop frequent coit, qui rend la ſemence iddébile,indigeſte & corrompue, & partant paur - engendrer, il faut pat quelque temps s'abſtenir du coit , de ſorté qu il ne faut aſſaillit ſon eſ- *esT = º pouſe trop ſouuent : car ce faiſant la ſemence n'a loiſir d'eſtre bien cuitte, elabousee & par- faicte, dont elle n'eſt feconde à generation : car toute ſemence n'eſt pas conuenable à faire enfans, il y faut deux conditions neceſſaires : l'vne qu'il y en ait en bonne quantité , l'autre qu'elle ſoit bien cuite, & digeſte, eſpeſſe, & gluante , & pleine d'eſprit fretillans Cés deux choſes manquent à ceux qui retournent trop ſou- uent. Et ceux qui vont mediocrement,font amas de ſemente qui ſe rend parfaicte en bonté. Pareillement la femme de ſon coſté amaſſe beaucoup de ſemence , qui la chatouille & la faict deſirer la compagnie de ſon mary plus beaucoup que quand il la cognoiſt ſouuent : ce qu'on void par experience , quand le mary a eſté en vn long voyage, la femme deuiendra ſoudain groſſe, pourueuqu'il ait gardé loyauté à ſa compagnie , la- uellel'ayant attendu auſſi longuement, en eſt friande & affamée : ſi qu'au reuoir apres long-téps ſemblent faire l'amour comme le iour des nopces, où il ſe fait vn combat auec grande effuſion de ſang blanchy;qui eſt la matiere de faire petites creatures de Dieu : & lors que la ſemence de l'homme eſt trop chaude ou froide,la féme le pourra bien juger la fentant fort chaude & aere,ou trop froide & aqueuſe,laquelle eſt jettée tardiuement : au contraire de la chaude qui eſt jettée promptement. Que ſi telle ſemence n'eſt du tout in- feconde, du moins elle engendrera pluſtoſt vne femelle qu'vn maſle. Semblablement apres l'inciſion de la pierre , quelques-vns demeure ſteriles. Pareillement pour auoir receu quelque playe derriere les oreilles, ui aura coupé certains rameaux des veines & arteres jugulaires ; laquelle ſection apres eſtre cicatrisée, † cette voye ſolide par la cicatrice , de façon que la matiere de la ſemence ne peut deſcendre , & priue les teſticules de la communication du cerueau: de ſorte qu'ils ne peuuent receuoir d'iceluy ny l'eſprit animai,ny la matiere, dont le reſte de ſa ſemence eſt debile & en trop petite quantité, & par conſequent infeconde. Les hommes chaſtrez ne jettent point de ſemence , à cauſe que les teſticules leur manquent : ny auſſi ceux a qui on les a tors & conprimez par violence, parce que la voye de la ſemence elt bouchée par vn callus, qui fait qu'elle ne peut eſtre jettée hors : toutesfois ils iettent l'humeur viſqueux contenu aux glandes proſtatés, & le jettans ſentent plaiſir. Pareillement par pluſieurs indiſpoſitions de la verge, aduient ſterilité à l'homme, comme ſi elle eſt trop courte ou par trop enorme,ſoit en groſſeur,ou longueur , qui bleſſe la femme , & luy prouoque quelquesfois flux de ſang principalement aux jeunes, dè ſorte qu'elles ne peuuent.jetter leur ſe- mence : car en lieu d'auoir plaiſir & delectation elles ſouffrent douleur. Or ſi le vice vient de la trop grande longueur de la verge , il leur faut bailler vn bourrelet, à fin qu'elle n'entre fi profondement, & ſera de telle groſſeur qu'il ſera beſoin,à ce que la femme ne ſente douleur. D'auantage, ſterilité vient parce que la verge eſt tortue,pour la briefveté du ligament (qu'on appelle le filet) qui la tient,de ſorte qu'en l'erection d'icelle elle ne ſe tient droicte,mais coutbée,de façon qu'il ne ſe peut faire intromiſſion.Semblablement il ſe trouue quelques-vns qui n'ont point le trou au bout de la verge, mais ils l'ont deſſous, à cauſe dequoy ils ne peu- uent engendrer, parce que cette imperfection les empeſche de jetter la ſemence droict en la matrice. Auſſi D par vne paralyſie particuliere de la verge peut venir ſterilité,qui ſe connoiſtra faiſant tremper les parties ge- nitales en de l'eau froide, & ſi elles ne ſe retirent , c'eſt ſigne qu'il y a paralyſie à la partie : càr en telles ma- ladies les parties ne ſe retirent point : mais demeurent touſiours laxes & molles, & y a quelquesfois peu de Autre duaht Rouſſet. . • .. v Cauſes de ſterilité. Ioubert. L'inciſion' des veines qui ſont der- riere les oreilles cau- ſent ſterilité " . · · · · 1 Syluius liura de la gen«- , ration, Gourden, ſentiment : joinct que la ſemence ſort ſans que la verge ſe dreiſe,ſans nul plaiſir , & les teſticules ſont froids V, au tact. Bref, les cauſes de l'impuiſſance d'engendrer viennét ou de defaut de ſuffiſante & bonne nourriture, comme on void és ectiques,emaciez & cachectiques ;ou d'intemperie, comme en ceux qui ſont trop chauds ou trop froids, ou de vice de conformation. On peut aider à ceux qui ſont de nature trop froide,en leur or- donnant electuaires chauds de diaſatyrion & diatriü piperum : auſſi de viandes telles qu'il s'enſuit, à ſçauoir, pigeonneaux, perdreaux, levraux, hairondeaux , œufs frais & mollets, teſticules & creſtes de coq : auſſi le membre genital d'vn taureau , & teſticule de ſanglier, ont tres-grande vertu : ris cuit auec laict de vache, adjouſtant ſaffran, canelle , clou de girofle, muguette, poivre , aſperges cuites auec vn bouillon mangée auec beurre frais , & poudre de duc. Auſſi nauets & raues cuits en bouillon gras auec vn peu de poivre, marrons, truffes, porreaux, oignons , ciboulles, muguettes, menthe, roquette, pignons, piſtages, ſatyrion, erynge & perſil. Et pour dire en vn mot toutes viandes, qui engendrent cſprit venteux, & boiront d'vn vin genereux, ou hypocras, ou maluoiſie, & tout en quantité mediocres. Pour les remedes exterieurs , Prenez huyle de ſuzeau, en laquelle ferez infuſer des fourmis, & en frotterez les reins & parties genitales. Autre. Prenez œufs de fourmis,& les faites boüillir en huyle de camomille, & y mettez poudre de ſemence F F F 4 de - 62o Le Vingt-quatriéme Liure, de ciboules de roquette,d'euphorbe, &caftoreum, cire tant qu'il ſuffira, & ſoit fait onguent,duquel en frot- A - terez comme deſſus. Si la femme eſt froide au deduit, elle ſe frottera le col de ſa matrice , d'ambre, ciuet- · te, & muſc. L'homme pareillement ſe frottera la verge de poudre de pyrethre, de poivre, mixtionnez auec miel : & cecy eſchauffera la matrice trop refroidie. Retournons ſur nos brisées. Cette derniere cauſe eſt bien difficile à curer, principalement fi elle giſt en defectuoſité, Il y a d'autres defauts & maleficesés pat- ·ties genitales aux hommes, qui ſe font par incantation, qui les rend infeconds, comme leur auoit noué l'ai- guillette,& fait autres charmes que ie ne puis dire ny eſcrire, par la vertu defquels eſt reftrainte fi fort la Cecy ſºrpaſſe t'eſprit de l'Autheur. Diuerſes cauſes de ſte- rilité, La genera- tion é for- mation de l'enfant. prtd ſon ori- gine de deux choſes. Galien fait mention de cét humeur ſalſugineux l. 14-tch. 19. de vſu part. vertu naturelle d'engendrer, qu'il leur eſt du tout impoſſible pouuoir ſeruir de maris aux femmes pour cet- tain temps, qui a eſté autresfois cauſe que les mariages ons eſté ſeparez. Qu'il ſoit vray , les Canoni- ſtes ont eſtably loy ſur ce fait, ayant dreſsé vn tiltre particulier , des froids » maleficiez, impotens, & en- ſorcelez. Il ne faut douter qu'il n'y ait des ſorciers qui noüent l'aiguillette à l'heure des eſpouſailles, pour empeſcher l'habitation des mariez, deſquels ils ſe veulent venger meſchantement pour ſemer diſcor- de, qui eſt le vray meſtier & office du diable, Or pour vray , ſainct Auguſtin, entre les moyens de nui- re qu'il a remarqué eſtre aux ſorciers,il ſpecifie les ligatures ºu ſeptieſme traicté ſur l'Euangile de ſainct Iean, & noüer l'aiguillette eſt vne eſpece de ligature. Il ſera icy apres plus amplement deduit de ces ſorciers, parlant de l'art Magique. - - - - - - - - - - - - - A- — De la ſterilité & fecondité des femmes. CH A P. XLIV. l3 N# E s femmes ſont dictes ſteriles ;lors qu'elles ne peuuent monſtrer le talent de mariage, & de- meurent ſans lignée (qui eſt contre leur deſir ) pour rendre leur nom immortel : ou bien cela fait # quand la voye de la ſemence eſt bouchée, ou le col de la matrice eſt trop eſtroict de nature, par · le defaut de la vertu formatrice : ou quelquesfois eſt clos d'vn membrane appellée Hymen, dont nous parlerons cy-apres ou par accident, com ue par quelque tumeur ſcirrheuſe, ou par vn vlcere, qui a fait cicatrice, qui ne permet l'intromiſſion de la verge : auſſi par quelques vertues ou ſciſſures,& rhagadies: ou que la matrice eſt trop lubrique & dilatée : ou que ſes mois ſont retenus, ou qu'ils fiuent dereglément & immoderément, qui font couler la ſemence auec le ſang : ou par vn flux muliebre,qui vient du vice de la matrice,ou de tout le corps.Tels accidens viennent à cauſe que la matrice eſt trop chaude, à raiſon dequoy reſout,& diſſipe la ſemence,& la bruſle.Telle chaleur ſe connoiſt aux femmes hommaſſes & viragines,bar- buës , hautaines & felonnes, qui ont voix groſſe,leſquelles ſentent des chatoüillemens & titillations vene- uiennes en leurs parties honteuſes, auec ardeur & grand prurit , & ont leurs mois auec peine & en petite quantité, & quelquesfois point : d'autant que leur grande chaleur diſſipe le ſang. La ſterilité vient auſſi par trop grande † qui congele & aſtraint la ſemence qu'elle aura receuë. Telle intemperature ſe co- noiſt en ce que la femme n'a aucun deſir du deduit de Venus : au contraire le fuit & abhorre du tout ; elle n'a ſes fleurs que bien peu, encores toutes aqueuſes & blaffardes : auſſi elle ſent vne ſtupeur aux lumbes, & cuiſſes, & en toutes les parties genitales La matrice trop humide corrompt & ſuffoque la ſemence, & ne la ç peut tenir, à cauſe de ſa grande lubricité, & la laiſſe incôtinent eſcouler. Les fignes ſont peſanteur aux lum- bes & parties genitales,& a ſes fleurs en abondâce, & toutes aqueuſes & blancheaſtres. La matrice trop ſei- che conſomme & deuore la ſemence, & ne ſe peut agglutiner, à raiſon de ſa trop grande ſeichereſſe & den- fité, Pareillement la femme trop maigre ne peut conceuoir ſi elle n'eſt engraiſsée : auſſi le trop boire d'eau froide & manger fruicts cruds & non meurs, parce qu'ils rendent le corps froid & plein de ſuperfiuitez in- digeſtes,qui font obſtruction. Pareillement pour vſer des choſes narcotiques, parce qu'elles empeſchent que la ſemence ne peut eſtre jetté, mais demeure concrette & glacée, & encores qu'elle ſoit jettée x ne pourra eſtre generatiue, parce que l'eſprit, & la chaleur ſout aucunement eſteints, c'eſt à dire, ſans vie, auſſi que les orifices des veines & arteres de la matrice appellez Cotyledons ſont bouchez,tellement que les mois ne peur uent aucunement couler. D'auantage, quand l'homme eſt trop gras feſſu,ou la femme, ou tous les deux en- ſemble, cela eſt cauſe de ſterilité : parce que les parties genitales ne peuuent joindre & conuenir enſemble pour le trop de la graiſſe qui enfle le ventre,voire quelquesfois de demy pied,ou plus,& auſſi que le ſang eſt employé en la graiſſe,& partant ils engendrent moins de ſemence & de ſang menſtrual.Car la Generation & formation de l'enfant prend ſon origine de deux choſes : la premiere eſt de la ſemence de l'homme & de la femme : la ſeconde, eſt du ſang menſtrual, & eſprits qui donnent forme de matiere & nourriture à l'enfant eſtant au ventre de ſa mere : & partant ceux qui ſont ainſi gras appetent moins Venus,& bien à tard en vſent ſemblablement le grand trauail exceſſif,& le trop jeuſner,longues veilles,& grandes euacuations,parce qu'el- les conſument le ſang & les eſprits.Les femmes palles & maigres,& qui ſont brunettes ſont plus chaudes & plus auides de la compagnie de leurs maris que les graſſes & rouges de viſage : parce qu'elles ont leurs par- D ties genitales imbués d'vn humeur ſalſugineuſe, acre, & mordicante, qui les titille & aiguillonne, & pource demandent d'eſtre arrouſées & humectées du ſuc veneric : mais celles qui ſont graſſes & rouges de viſage, pourautant qu'elles ſont plus humides, & par conſequent leur ſemence plus aqueuſe & plus froide, ſont moins ardentes à l'acte venerique. La multitude de poils qui ſont autour des parties honteuſes, tant de l'homme que de la femine, monſtrent ſonuent la fecondité ou infecondité. Et pour le dire en vn mot, Hippo- crate liure. 1. zºe morbis mulierum remarque quatre cauſes generales : pour leſquelles les femmes ſont ſteri- les & inhabiles à engendrer : ou pource qu'elles ne peuuent receuoir, comme les non perforées, la ſemence virile,pource que l'ayans receué elles ne la peuuent conceuoir, ou pource que l'ayant conceuë, ne la peuuent porter & retenir : pource que l'ayans retenuë ne la peuuent nourrir, Quelques femmes portent pluſieurs enfans, ce qui ſe verifie par ces hiſtoires. Monſieur Ioubert homme d'honneur & de grande condition (& à qui les Chirurgiens ſont grandement redeuables pour plufieurs liures qu'il a mis en lumiere de la Chirurgie) recite deux hiſtoires, leſquelles i'ay tirées de ſon liure de mot à mot. Madamoiſelle de Beauuille auoit vne garce belle & gaillarde : de laquelle ſon mary ſembloit eſtre amoureux.Elle pour s'en desfaire plus honne- ſtement, la marie. Cette garce de la premiere groſſeſſe fait trois enfans,dequoy la Damoiſelle print fantaſie que ſon mary y auoit participé : ne ſe pouuant perſuader , qu'vne femme d'vn ſeul homme peuſt conceuoir tel nombre d'enfans,dont elle redouble ſa jalouſie : & quoy qu'on luy ſçeuſt remonſtrer le contraire , print à diffamer & hayr d'auantage la pauure garce, Aduint que la Damoiſelle fut groſſe de là à quelque temps: eſtant groſſe elle enfanta neuf filles. Ce qu'on interpreta eſtre d'vne punition de Dieu, afin qu'elle euſt hon- te de ſa calomnie, puis qu'on luy pouuoit obiecter vne plus grande faute, comme d'auoir paillardé auec plu- ſieurs : car elle ſouſtenoit toufiours opiniaſtrement que d'vn homme on ne pouuoit conceuoir au plus haut, que deux enfans,comme l'homme n'a que deux genitoires,& la femme deux mammelles.Ainſi fort honteuſe craignant la diffame & condamnation par ſa propre ſentence, fut tellement tentée du mauuais eſprit, #. la GOIlClll4t - De la Generation. . 62 I :$ # #r | . " # : # : A conduit à ce deſeſpoir de faire noyer les huict de ſes filles,& n'en retient qu'vne : ayant la choſe ſecrette en- tre la ſage femme& vne chambriere, à laquelle fut donnée cette maudite commiſſion Mais Dieu, qui pre- ſerua le petit Moyſe de ſemblable meſchef, voulut que le mary reuenant de la chaſſe rencontra la cham- briere : & deſcouurant le fait preſerua les filles innocentes de mort : & les feit nourir au deſceu de la merqe & au bapteſme furent toutes nommées d'vn nom,à ſçauoir Bourgue : comme auſſi la neufieſme que la mere s'eſtoit reſeruée. Puis quand elles furent grandelettes les fiſt venir en ſa maiſon toutes habillées d'vne eſtof- fe & ſemblable façon, ayant auſſi fait habiller de meſme celle de la maiſon. Eſtans miſes enfemble dedans vne chambre,il y fait venir ſa femme,accompagnée de parens communs & familiers amis : & luy dit qu'elle appellaſt Bourgue. A cette appellation chacune des neufreſpondit. Dequoy la mere bien eſtonnée & plus encor de les voir ſemblables l'vne à l'autre,tant de face, contenance & voix que d'habits : fut confuſe en elle meſme : & ſoudain le cœur luy dict que c'eſtoient ſes neuf filles : & que Dieu auoit preſerué les huict qu'el- le auoit exposées, & cuidoit eſtre mortes Dequoy le mary l'eſclaircit mieux , luy reprochant deuant toute la compagnie ſon inhumanité : & remonſtrant, que ce pouuoit eſtre aduenu pour la confondre de la mau- uaiſe opinion qu'elle auoit touſiours eu de luy à l'endroit de cette garce. Voila à peu prés comme on le reci- te.Autre hiſtoire preſque ſemblable,eſt le faict des Pourcelets de la ville d'Arles en Prouence,d'ou eſt ſortie la noble maiſon des Pourcelets,leſquels furent ainſi nommez, parce que la chambriere qui portoit noyer les huict,eſtant rencontrée du mary, diſoient que c'eſtoient Pourcelets qu'elle alloit noyer,d'autant que la truye " n'en pouuoit tant nourrir. Et en memoire de cela ils furent nommez Pourcelets : & ont vne truye pour ar- moiries. On dit que ce fut par l'imprecation d'vne pauure femme qui demandoit l'aumoſne à la Dame de la maiſon,ladite femme eſtant enuironnée de plufieurs ſiens petits enfans. Ce que la femme luy reprocha,com- B me procedante de laſciueté,& d'eſtre trop addonnée aux hommes. Lors la pauure femme qui eſtoit femme de bien, fit cette imprecation (comme l'on dit ) qu'icelle Dame peuſt engroſſer d'autant d'enfans qu'vne truie fait de petits , & qu'il aduint ainſi par le vouloir de Dieu, pour monſtrer à la noble Dame quil ne faut imputer à vice ce qui eſt d'vne grande benediction. Ainſi pluſieurs hiſtoires teſmoignent que la femme ir- regulierement porte grand nombre d'enfans. A Paris au cimetiere S Innocent au 9 pilier de la grande gal- lerie, prés le S. Eſprit eſt attaché vn Epitaphe en pierre tel qui s'enfuit, Cy giſt honorable femme Yollande Bailly jadis femme d'honorable homme Denys Capel , Procureur au Chaſtelet à Paris, qui treſpaſſa le 17. d'Auril,le 38an de ſon aage,le 42. de ſon veufage, laquelle a veu, ou a peu voir deuant ſon treſpas deux cens quatre vingts enfans iſſus d'elle. Bodin liure 5. de,la Republique,recite que Iuſtin eſcrit,que Herotimus Roy de Parthe auoit ſix cens enfans pour la pluralité des femmes qu'il auoit & aimoit. Car pour faire des enfans, il faut auoir l'object, la volonté,& la puiſſance,& que les ſemences ſe rencontrent,& ſoient retenues iuſques au temps prefix en la matrice. - - - - ". Les ſignes de la matrice intemperée. C H A P. XL V. E s ſignes qui demonſtrent la matrice trop chaude , ſont que les mois ſortent en petit , quantité, vne bonne partie de leur matiere eſtant reſolué par inſenſible tranſpiration , à | cauſe de l'actiuité de la chaleur, le ſang eſt gros & noir , comme ainſi ſoit que le propre de la # chaleur eſt d'eſpaiſſir par reſolution des parties les plus tenues; & de noircir par aduſtion, $ & coule auecacuité & douleur,la femme deſire l'acte venerien, auec prompte expulſion de º la ſemence accompagnée d'vne cuiſeur & mordacité, apres eſtre jettée au parties par où elle aura paſsé,à cauſe de l'acrimonie chaleureuſe.Les ſignes de la matrice froide ſont que les mois ſont ſup- primez,ou ſont rares & en petite quantité & de couleur blaffarde,& de tardiue expulſion,à cauſe que le pro- † de la froideur eſt de retenir,comme au contraire de la chaleur de pouſſer hors : le pareil ſe peut dire en a ſemence, laquelle par telles femmes eſt jettée auec peu de plaiſir & delectation, & le linge ſur lequel ſera tombée ſe laue legerement, à cauſe que telle ſemence n'eſt point eſpeſſe & corpulente, ains † & de nature d'eau. Le ſigne de la matrice trop humide, eſt vne grande humidité coulante du col d'icelle, qui cau- ſe qu'elle ne peut retenir la ſemence de l'homme : s'il † qu'elle la retienne & engendre enfant, elle auorte facilement, principalement quand l'enfant commence à croiſtre. Les ſignes que la matrice eſt trop ſeiche,ſe monſtrent par la petite quantité de ſes mois, &jette peu de ſemence, & deſire volontiers l'acte ve- nerien pour eſtre humectée, & lubrifiée, & le col de la matrice eſt ſuject aux rhagadies, fiſſures & prurit (deſquels accidens parlerons cy-apres) à cauſe que par le defaut d'humidité (le propre de laquelle eſt de lier & agglutiner les parties l'vne auec l'autre)il endure aisément ſolution de continuité de ſa ſubſtance , tout ainſi que nous voyons la terre deſſeichée par l'ardeur du Soleil,ſe fendre & entr'ouurir en plufieurs en- droits. La femme engendre volontiers ſur le poinct qu'elle ceſſe à jetter ſes fleurs (tant parce qu'elle eſt bien nettoyée,& partant apte à bien conceuoir, qu'auſſi à cauſe que l'vterus eſt encore ouuert, qui † qu'il peut Autre biº ſtoire. Hiſtoire. * Hiſtoirf. Signes que la matrice eſt trop chaude. Signes que la matrice eſt * trop hamide. Le temps que aisément receuoir la ſemence de l'homme,& meſme que les bouches & cotyledons des veines qui aboutiſſent lºfºmºn- en iceluy,ſont encores entr'ouuertes, qui fait que l'vterus en ſa capacité interieure, aſpre, inegal, & comme gendre vo- raboteux,retirent commodément la ſemence receuë)ou lors qu'elles luy veulent venir; car elles s'y arreſtent D par lavertu de la ſemence:combien que lors y ait danger que le ſang venant pour ſon commencement à cou- ler en grande abondance ne noye & ſuffoque la ſemence virile. Auſſi quelques vnes engendrent pendant qu'elles coulent encore,qui n'eſt pas ſans danger, que le fœtus ne s'en reſſente, de quelque marque ſur ſon corps & eſt ſujet à plufieurs maladies, voire quelquefois à lepre, principalement ſi telles femmes ſont caco- chymes,mal-ſaines,& valetudinaires : autrement le ſang d'vne femme ſaine eſtant ſain & loüable, ne pourra communiquer aucun vice ny ſeminaire de maladie à l'enfant, ſinon, ( peu eſtre ) de plethore & repletion. Or il ſe trouue quelques femmes,l'orifice de l'vterus deſquelles ſe referme auſſi toſt que leurs mois ont commen- cë à couler, ſçauoir le premier ou ſecond iour paſsé, de ſorte que par apres elle ne peuuent receuoir la ſe- lontiers. mence virile. Et à telles femmes, ſi elle veulent auoir enfans. Ariſtote commande de ſe joindre & habiter 4º *7 - - - ", • • • - - - - - auec leurs maris lors que leurs mois coulent,car autremét n'en pourront elles iamais auoir:qui eſt vn poinct * fort remarquable & digne de conſideration.Pour reuenir à noſtre premier poinct : auſſi quand l'homme a les reins vlcerez, il decoule quelquesfois duſangauec la ſemence , qui peut pareillement eſtre cauſe de donner , quelque tache à l'enfant,ainſi que fait le ſang menſtruel de la femme.Or la femme peut engendrer depuis le uatorzieſme an iuſques au cinquantieſme,& l'homme depuis le douzieſme iuſques à ſoixante dix. Toutes- § touchant cét article,il ya grande varietè ſelon la diuerfité de l'air, du temperament de la propre & ſpe- ciale nature d'vn chacun en particulier,des humeurs, de la maniere de viure : dont vient que Pline liu.7. cha- pitre 14.eſcrit, que Maſiniſſa Roy de Numidie,ayant paſsé l'aage de quatre-vingts ans, engendra vn enfant: Hiſtoire. choſe meſme qu'il afferme de Cato Cenſorius. Outre entre les femmes, la Romaine Cornelia a 62 ans #uoir - CIlf2I)te - - « / - 622 Le Vingt-quatriéme Liure, Lin...deser- ſoixante-ſept ans, icelle meſme en ayant ja eu à ſoixante & ſoixante & vn. Monſieur Ioubert, tres-docte Me- reurspºpu- decin,dit,qu'en Auignon,la femme d'vn Tailleur d'habits, nommé André, ſeruiteur de Monſieur de Ioyeuſe, laires continua de faire des enfans à l'aage de ſoixante & dix ans. De la precipitation ou peruerſion de la matrice, c'eſt à dire, tombée ou renuersée hors - de ſon lieu naturel. - CHAP1TR E XLVI. 9)ue c'eſt que precipitation d'amarry. lieu, comme eſtant ſon fond relaſché vers l'vn des flancs & coſtez, ou dedans ſon col, ou qu'vne grande partie d'icelle ſort du tout hors d'iceluy.Hippocrate,autraicté des maladies des femmes,dit, qu'on aveu ſortir la matrice hors du corps iuſques aux cuiſſes, voire ſelon ºEE duë n'a pas grand ſentiment,mais les lieux auſquels elle eſt attachée ſont fort ſenſibles. Les cauſes,ſignes & accidens de ce mal,ſont ou la relaxation, ou ruption des ligamens qui lient la matrice,& cauſes de la tiennent en ſon lieu naturel, Or ils ſe relaſchent ou röpent le plus ſouuent apres vn enfantement violent, precipita- ou par l'imprudence des matrones,qui tirent la matrice auec l'arriere-faiz par trop grande force,ce que i'ay tion, veu aduenir plufieurs fois : auſſi par vne vehemente extenſion, lers que la femme eſt groſſe d'enfant,en eſten- dant du linge,leuant les bras en haut,ou leuant de terre vn peſant fardeau,ou autres choſes ſemblables : pa- reillemêt par vn grand effort de crier, ou par vne toux violente,par teneſme(c'eſt à dire grandes eſpreintes à s'efforcer d'aller à la ſelle,ou delpiſſer :)auſſi cheutes,coups orbes donnez contre le ventre, ou cheuaucher La ruention vn cheual allant trop dur:auſſigrandes ſternutations,dācer,ſauter de haut en bas les jambes feparées l'vne de § l'autre.Auſſi la retention dé l'haleine par defiuxion de quelque matiere pituiteuſe,accompagnée de quelques precipite l'a- ventoſitez,qui relaſchent & humectent les ligamens de la matrice, ou paralyfie d'iceux, & toutes choſes qui marry. compriment violentement le draphragme,& les muſcles de l'epigaſtre: auſſi pour auoir enfanté ſouuent, car l'enfant peſât au ventre la fait relaſcher & deſcendre en bas pour auoir receu air froid,comme pendantl'en- fantement,ou du flux menſtruel,ou pour s'eſtre long-temps tenue ſur vne pierre froide,ou pour auoirvne vio- lente expulſion de l'enfant,ou fauſſe geniture comme vne mole.Ariſtote chap.2.liu.7.de l'hiſtoire des animaux, remarque vne autre cauſe fort notable de la cheute de l'vterus : A pluſieurs femmes ( dit il)l'vterus tombe pour le deſir qu'elles ont de s'accoupler aux hommes,de ſorte que leur amarry ne peut eſtre remis en ſa pla- Signes. ce que par le remede de la conception. Les ſignes que la matrice eſt deſcendue, c'eſt que la femme ſent dou- leur aux parties eſquelles la matrice eſt liée & attachée,à ſçauoir,aux fiancs,aux lumbes,& àl'os ſacrü,& ſent au col de ſa matrice vnetumeur auec les doigts:&ſi elle eſt dauantage relaſchée, on la voideſtre ſortie hors la nature de la femme,comme vne chair rouge en forme doüalle & diuerſe en quantité,ſelon la grandeur de la relaxation : & aura la femme difficulté d'aſſeller & vriner.par-ce que ladite matrice comprime l'inteſtin droit, & le col de la veſſie : enſemblement la femme ſent en ſa nature vne peſanteur & lgrande faſcherie, & Prºgnºſtie, I'empeſche de cheminer,& de faire le jeu de venus. La recente ou nouuelle relaxation de la matrice en vne jeune femme eſt curable, au contraire non : ſi elle tombe par paralyſie des ligamens, elle eſt difficile à guarir, & ſi elle tombe par pourriture,eſt du tout incurable : ſi elle eſt fort deſcendue entre les cuiſſes, ellene peut eſtre reduite, & ſe corrompt par l'air ambient, s'vlcere & putrefie par le continuel attouchement de l'vrine & matiere fecale, & auſſi par la compreſſion & contuſion du fray des cuiſſes. I'atteſte auoir veu & medica- #* menté vne jeune femme, à qui ſa matrice tomboit hors de ſa nature la groſſeur d'vn gros œuf de poulle, & " auoir eſté guarie, & porté depuis des enfans, & ſa matrice n'eſtre iamais retombée . Cure de precipitation de la matrice. CHA P. XLVII. - - Les ventou- # # $é I la matrice eſt eſleuée en haut, elle ſera aydée par les remedes que deſcrirons cy-apres ſes reſtituent $% GN # en la ſuffocation de la matrice : & fi elle eſtoit relaſchée du cofté droit, faut † lamaryen S 2 , ventouſes au coſté ſeneſtre : & ſi elle eſtoit peruertie au ſeneſtre, on les appliquera au dex- ſon lieu. º$ tre : & ſi elle eſtoit tombée en bas , & peu ſortie hors le col d'icelle, il faut faire ſituer la # femme en ſorte qu'elle aye les feſſes fort eſleuées en haut, & les cuiſſes croisées l'vne ſur º>SS éV% l'autre,& appliquer des ventouſes ſur le nombril & petit ventre : puis eſtant reduite enſon lieu, on fera des iniections au col de la matrice de choſes aſtringentes, & fort deſiccatiues, parfums fetides, receus par le col de ladite matrice, & par la bouche & le nez:d'autres,faits de choſes odoriferantes. Si elle eſt endurcie, la faut eſtuuer de vinaigre tiede, puis la ſaulpoudrer de ſel fort menu. Or ſi la matrice tombe grandement entre les cuiſſes de la femme, & n'a peu eſtre reduit par les moyens ſuſdits : on y remediera par autre voye, tant en la ſituation qu'en remede. - - - •- comme ilfaut ſituer la femme, lors que la matrice eſt grandement tombée hors la nature de la femme. C HA P 1 T R E XLVIII. # #| L faut ſituer la femme à la renuerſe,les feſſes & cuiſſes eſleuées en haut,ainſi que ſi on luy vou- #| loit extraire ſon arriere-faix ou enfant, puis oindre le col de la matrice,&tout ce qui eſt ſorty | hors,auec huyle de lis ou beurre frais, graiſſe de geline, ou autres ſemblables puis ſera reduitte | en ſon lieu,en pouſſant auec les doigts tout ce qui eſt ſorty dehors non tout à vn coup,mais peu * à peu, auec vn linge delié : & pendant qu'elle ſera ainſi pouſsée, la femme retirera ſon haleine * , tant qu'elle pourra & ſubit qu'elle ſera reduite, faut eſſuyer de linges deliez l'onctuoſité qu'on y auoit appli- quée, afin que les parties ainfi oinctes ne ſoient laiſsées lubriques : car par ainfi la matrice pourroit facile- -- ,-- ,- InCIlt - enfanté.Valeſius deTarenta,liure 6.chapitre 12.afferme auoir veu vne femme, qui eut vn enfant en l'aage de A H A precipitation ou peruerſion de la matrice aduient, quand elle eſt de hors de ſon propre Aétius, auſſi groſſe qu'vn œuf d'Autruche, qui ne peut eſtre le ſeul col,ſans que teut le | corps n'y ſoit deuallé,renuersé & retourné comme vn ſac.Or cette maſſe de chair deſcen- B De la Generation. 623 e :: # #! ſs ! # # |! : A ment tomber derechef. Cela fait on fomentera toutes les parties genitales de la femme d'vne decoction faite de choſes aſtringentes comme ceſte-cy.2%. cortic. granat.nuc.cupreſgall.alum.roch.caud equi.ſumach. berber. cum aqua fabror. fiat decoct. pro fotu : & de ces choſes en ſera faite pareillement poudre, laquelle on aſpergera deſſus, & ſera mis vn peſſaire dedans le col de la matrice de groſſeur mediocre , de longueur de huict à neufdoigts, plus ou moins ſelon la nature de la femme. D'auantage on y en appliquera d'autres de figure d'oualle , fait de liege couuert de cire, pour le rendre plus liſſe, au bout duquel y aura vn lien pour tirer quand on voudra. On en fait pareillement d'autres, faicts en rond comme en cercle, qui ſont auſſi fort propres, & ne ſortent hors comme ceux qui ſont de figure d'oualle. Fomenrati# conſtringëte, Les figures te ſont icy repreſentées. Figures des Peſſaires en figure oualle. A Le corps du Peſſaire. B Le lieu, lequel doit eſtre attaché à la cuiſſe. Cela fait, la femme ſe tiendra en repos huict ou dix iours, & aura les feſſes hautes, & les jambes croysées. Pareillement on luy appliquera ſur les flancs des ventou- ſes aſſez grandes, à fin de faire tenir la matrice en ſon lieu : & s'il aduenoit pour auoir eſté trop long-temps de- ſcenduë & exposée à l'air, qu'elle fuſt fort refroidie, il la faut fomenter d'vne decoction chaude & carminatiue, pour reſoudre les ventoſitez, cóme cette-cy.2/.. fol. alth. ſalui. lauand. roriſmarini, & artemiſ flor. camom. melil. an.m. É. ſeminis aniſi foenic. an.3.j. coquantur omnia completè in aqua & vino & fiat decoctio ad vſum. Pareil- lement ne faut oublier à luy donner des clyſteres, pour jeſter hors les excremens des inteſtins, à fin que la matri- ce aye meilleure place à ſe tenir en ſon lieu : & pareille- ment faire en ſorte que la veſſie ſoit touſiours vuide , au- tremét l'vterus eſtant ſitué au milieu d'icelle, & du boyau - cullier, par la côpreſſion & plenitude & l'vn & de l'autre, ſeroit touſiours repouſsé dehors. Poſons le cas que la matrice n'euſt peu eſtre reduite par tous ces moyens, D & fut vlcerée & putrefiée, les anciens commandent l'amputer : mais premierement veulent qu'on la lie , & qu'on coupe ce qui eſt neceſſaire, puis la cauteriſer & paracheuer la cure ſelon l'art. On a veu des femmes à qui toute la matrice auoit eſté extirpée, & neantmoins ont ſurueſcu long-temps apres. Ce que teſmoigne Paulus au liure ſus-allegué : & de recente memoire Ioannes Langius , Medecin du Comte Palatin, au liure Hiſtoire, fecond de ſes Epiſtres medecinales, Epiſt.39. dit qu'en ſa preſence vn Chirurgien nommé Carpus, extirpa la ,- matrice d'vne femme de la ville dite Bononie : ce qui fut fait heureuſement, & ſans la mort de la femme. Paul.liu.6. Hiſtoire. D'auantag Antonius Beneuenius Medecin de Florence, au traicté De mirandis morb.cauſis,chap.I2.dict, qu'il r fut appellé par vn Medecin nommé Vgolius pour guarir vne femme,à laquelle ſa matrice tomba par pieces \ " toute corrompuë,& toutesfois depuis a veſcu dix ans. Auicenne & Auenzoar portent ſuffiſant teſmoignage, v, que la femme peut perdre toute ſa matrice, & toutesfois luy demeurera la vie. \ Hiffoire d'vne femme à qui la matrice fut extirpée le iour des Roys 1571. | # Vne femme aagée de vingt cinq à trente ans , ſaine & bien reglée de ſes purgations terines, comme Hiſtoiri, elle diſoit, & reputée fort honneſte & de bonne vie, ſe maria pour la ſeconde fois en l'an 157I. n'ayant eu enfans de ſon premier mariage. Peu apres la copulation , eut ſignes de conception : toutesfois auec progrés de temps, ſentant vne peſanteur és parties baſſes ſi faſcheuſe pour la douleur, retention d'vrine , & autres : accidens, qu'elle ne la pouuoit plus endurer , s'en deſcouurit à vn Barbier Chirurgien, ſon voifin & amy, nommé Chriſtofle Mombeau, demeurant aux faux-bourgs S.Germain des Prez, lequel ainſi qu'il me rappor- ta, voyant vne enfleure au perinée, ſuiuant le jugement de ſon art, appliqua embrocations & cataplaſmes de decoction d'herbes, & autres remedes anodyns & remollitifs, par le moyen deſquels la douleur ceſſa. Mais - apparut 624 Le Vingt-quatriéme Liure, Cette ſanie apparut à la lévre interleure de la partie honteuſe , vne ouuerture comme d'abſcez rompu, par laquelle ſor. A eſoi, de la ººVºº longue eſpace de temps, ſanie, tantoſt rougeaſtre , tantoſt jaunaſtre , tantoit blafarde. Cependant mcle ſuppu- º peſanteur ne ſe perdoit point, ains s'augmentoit,& vint à telle conſequence que l'an 1573 & les dtllICS rée. enſuiuans iuſques au iour de la cheute, ſi la malade ſe vouloit tourner au lict , elle ne pouuoit aisément ſans mettre les mains au ventre pour ayder à ſupporter ce faix du coſté qu'elle ſe vouloit tourner : & lors encor ſentoit-elle comme vne boule tombant à plomb , de quelque coſté que l'inclination du corps ſe fiſt. De- bout,ou aſſiſe,ne pouuoit vriner, n'aller à ſes affaires, ſans ſouſleuer vers le Diaphragme auec les mainsledit faix. Marchant, auoit grandiſſime difficulté de mouuoir les jambes, & penſoit auoir touſiours quelquecho- ſe entre deux qui l'empeſchaſt. Quelquesfois auſſi de l'année, ſe renouueloit ledite ouuerture,& iſſue de ma- tiere : & lors ſentoit douleurs de tefte & es autres membres , defaillemens de cœur , degouſtemens, vomiſ. ſemens, ſuffocations, tant qu'en fin vaincue de mal & impatiente le vingt-ſeptieſme Decembre dernier, ſans promeſſe de certaine & aſſeurée guariſon , fut perſuadée par vne femme empirique de prendre de l'an- L'antimoins timoine. Dont la violence fut telle , qu'apres auoir pluſieurs fois vomy auec grands efforts, & fait pluſieurs produit des ſelles d'eaux ſentit(penſoit elle) fon fondement relaſché. viſitée par vne ſienne anie fut conſeillée d'appel- effects mer- ler l'aide des Chirurgiens , parce que ce qui ſortoit, ne luy ſembloit eſtre le boyau cullier, mais autre choſe ueilleux. partant de ſa nature. Ie fus donc appellé le ſixieſme iour de Ianuier dernier, & M.Iacques Guillemeau, Chi- rurgien iuré à Paris, enſemble maittre Antoine du vieux , maiſtre Barbier Chirurgien demeurant aux Faux- bourgs ſainct Germain des Prez,voiſin de ladite malade. Et apres auoir tout bien conſideré,aduiſaſnes pour le meilleur , qu'il falloit extirper ce qui paroiſſoit, attendu la couleur noire , puanteur, & autres ſignes de ſubſtance pourrie. Si commençaſmes à tirer peu à peu par deux diuers iours, ſans douleur, vn corps qui fut juge de meſſieurs Alexis Gaudin, Medecin ordinaire du Roy,& premier de la Royne, P.le Févre, auſſi Mede- , cin ordinaire du Roy, & de Madame la Princeſſe de la Roche ſur-Yon , De-Violaines Docteur en l'Vniuer- ſité de Paris , & nous Chirurgiens , eſtre le corps de la matrice, à raiſon que fut trouue l'vn des teſticules, & vne groſſe membrane reſtant d'vne mole qui s'eſtoit apoſtumée , creuée & vuidée , comme dict eſt. Apres l'extirpation de cette partie, la malade ſe trouua mieux. Il y auoit neuf iours deuant l'extirpation, qu'elle n'auoit eſté à ſes affaires , & quatre iours qu'elle n'auoit vriné : ce qu'elle fit depuis reglément, ſe trouuant fort bien par l'eſpace de trois mois, au bout deſquels luy ſuruint vne pleureſie , auec vne grande . fiévre continue, dont elle mourut. Eſtant aduerti qu'elle eſtoit decedée, deſireux de ſçauoir ce que Nature auoit baſty au lieu de ſa matrice,en fis ouuerture : & n'y trouuay point de matrice, ains en ſon lieu vne cal- loſité dure, que Nature auoit machiné durant les trois mois de ſi peu qui en reſtoit, pour taſcher à refaire ce qui eſtoit perdu. Hiſtoirs. D'auantage François Rouſſet en ſon liure de l'enfantement Ceſarien, recite certaines hiſtoires des fem- mes, auſquelles on a veu tomber entierement leurs matrices. Entre autres dit, que feue Madame Blanca- fort l'aiſnée,ayant de long temps peu à peu la matrice precipitée: de ſorte qu'elle ne la pouuoit plus reduire ny ſupporter, voyant qu'elle commençoit à ſe pourrir,l'alla trouuer à Montargis, pour la penſer ou condui- re à Paris : mais elle luy tomba en chemin, & ne laiſſa neantmoins de paſſer outre , & ne luy fut pour cela fait autre choſe qu'vn lauement de vin & de roſe, par Felie Chirurgien , qui à ſon dire n'apperçeut au lieu ou Autre hi- ſouloit eſtre la matrice,qu'vne vacuité. Semblablement ledit Rouſſet fait mention de Perrine Boucher,vieil- ſtoire. le chambriere, chez maiſtre François Quarré, Aduocat à Montargis, laquelle pour auoir eu pluſieurs accou- chemens violens , auoit de long-temps vne precipitation de matrice, qui peu à peu s'augmenta tant qu'elle ne la pouuoit plus remettre, en fin ſe gangrena, & tomba d'elle meſme en cuidant vriner, dequoy ſont plu- ſieurs teſmoins monſieur Contuge Medecin, & maiſtre Iean de Beauuais, Chirurgien de Montargis : dont elle ne daigna garder le lict, & veſcut trois ans apres bien ſaine, ſinon que depuis elle eſtoit ſubiecte à ſe tenir couuerte par embas, autrement ſentoit douleur de colique. Finalement iceluy Rouſſet abſent, eſtant icelle morte de fiévre continue, & ayant desja eſté inhumée , fut à ſon retour deterrée par permiſſion de Iuſtice , à ſa ſolicitation, L'ouuerture fut faite par Felie Chirurgien , és preſence dudit ſieur Contuge Mede- cin & de la ſage-femme,& autres & n'apperçeurent entre la veſſie & le gros boyau,au lieu où deuoit eſtre la matrice , rien qu'vn lieu vuide tout cicatrisé : & eſtoit à la verité , l'ouuerture par laquelle elle prenoit le froid cauſant douleur de colique. B De la membrane, appellée Hymen. C H A P. XL IX. Le; # A R E 1 L L E M E N r il ſe trouue quelquesfois en aucunes vierges vne membrane à l'orifi- # # ſ, ce du col de la matrice, appellée des anciens Hymen, qui empeſche d'auoir la compagnie de # ob-3 l'homme, & fait la femme ſterile. Or le vulgaire (voire pluſieurs gens doctes)cuident & eſtiment qu'il n'y a nulle vierge qui n'aye ladite membrane, qu'ils appellent la porte virgi- nale : mais ils s'abuſent » pource que bien rarement on la trouue, & proteſte (compoſant mon Anatomie ) l'auoir recherchée à pluſieurs filles mortes à l'Hoſtel. Dieu de Paris, aageés de trois ou quatre, cinq, & iuſques à douze ans , & iamais ie ne l'ay peu apperceuoir, fors à vne fille aagée de dixſept ans, qui eſtoit accordée en mariage : & ſa mere ſçachant que ſa fille auoit quelque choſe qui pouuoit l'empeſcher d'eſtre appellée mere:me pria la voir,ce que ie fis,& luy trouuay vne membrane nerueuſe de l'eſpeſſeur d'vn parchemin fort delié, qui eſtoit au deſſus de Nyinphes, immediatement pres le conduit par où les femmes piſſent, deuant l'entrée de l'orifice du col de la matrice , ayant vn petit trou au milieu, par où ſes mois ſe pouuoient eſcouler. Et ayant veu ladite membrane ainſi peu eſpeſſe, la coupay promptement auecque des ciſeaux, & donnay à la mere conſeil de ce qu'il reſtoit pour parfaire la guariſon:& luy enchargeay expreſſément qu'elle mit entre les deux parties des plumaceaux, ou vne groſſe tente, de peur que l'vnion de ce qui auoit eſté coupé, ne ſe priſt derechefl'vn auec l'autre : peu apres fut mariée, & euſt enfant. Vn iour deuiſant de cette matiere auec Monſieur Alexis (premier Medecin de la Royne)homme d'honneur, & eſtimé entre les gens doctes, ie luy dis que i'auois fait pluſieurs ſections des filles, tant à l'Hoſtel-Dieu de Paris, qu'autre part, & que iamais n'auois veu cette membrane, fors vne fois, comme i'ay dit cy-deſſus , lequel me dit que veritablement elle fe trouue rarement, & que Realdus Columbus liure 2. en Auicanºº li auoit eſcrit ce qui s'enſuit. Il ſe trouueau deſſous des Nymphes en aucunes vierges, non en toutes,vne mem- 3 f#º brane appellée des anciens Hymen, laquelle quand elle s'y trouue (toutesfois ſetrouue rarement) empeſche *rºi# *- l'entrée de la verge de l'homme, & a vn pertuis par lequel ſes mois coulent. Dauantage dit, qu'il l'a ſeule- cap. I. ment trouué à deux petites fillettes, & vne fois à vne plus grande. Auicenne dit, qu'au col de la matrice y a vn tiſſu de veines , arteres, & filamens nerueux tres-ſubtils, qui procedent de toutes les parties d# C0l2 ſerué l'Hi- f20877s : \De la Generation. " . 625 - • A col,leſquelles ſont rompues au premier coit venerique,dont ſouuent le ſang en ſort.Almenſor eſcrit le con- duit des pucelles eſtre eſtroït & ridé, & en ſes rides y auoir des veines & arteres tres-ſubtiles, entrelacées, leſquelles ſe rompent à la defloration & extenſion des rides.Voyla ce que les ſudits Autheurs nous ont laiſ- sé par eſcrit. Les matrones tiennent pour vne choſes vraye qu'elles peuuent connoiſtre vne fille vierge, d'a- uecque celle qui a eſté depucelée, parce qu'elles diſent trouuer vne ruption d'vne taye, qui ſe rompt au pre- mier coit,& ſouuent à leur rapport les Iuſticiers,donnét iugement,& la ſe commettent grands abus par leſdi- tes matrones. Qu'il ſoit vray, i'en ay interrogé pluſieurs pour ſçauoir où ils treuuent ladite taye : l'vne diſoit tout à l'entrée de la partie honteuſe : l'autre au milieu, & les autres tout au profond, au deuant de la bouche de la matrice : les autres diſent qu'elle ne peut eſtre veue qu'apres le premier enfantement. Et voila comme La membra. ces ſages-femmes accordent leurs vielles. Or on trouue ce pannicule Hymen rarement , & lors qu'on le ne Hymen trouue, on le peut dire eſtre contre nature : parquoy ne faut faire regle certaine, ny vniuerſelle. Le ſang eſt contre na- qui ſort, n'eſt à cauſe de la rupture de l'Hymen, mais vient à raiſon des rugofitez du col de la matrice, ture. ui n'ont encore eſté eſtendues & deprimées, & à cette premiere entrée ſe defioignent & ſeparent, & ſe † rupture de certaines petites veines & arteres,leſquelles deſcendent par la ſuperficie interne du col de la matrice,ſe rompans ou s'ouurans, ne pouuans ſouſtenir cette extenſion ſans douleur & ffux de ſang,lors que la fille n'a accomply ſes dimenſions : mais ſi la fille pucelle eſt en aage ſuffiſante, eſtant mariée auecque vn homme qui aura la verge propotionnée au col de ſa matrice, n'aura aucune douleur, ny flux de ſang eſtant depucelée. Dont il eſt aisé à entendre , combien grandement ſont abuſez les habitans de Fez, cité princi- hoſe di pale de Mauritanie en Afrique : deſquels la couſtume és nopces eſt telle(comme raconte Leon l'Africain li- # # ure 3. de ſon Hiſtoire d'Afrique : ) Si toſt ( dit il ) que l'eſpoux & l'eſpouſe ſont paruenus en la maiſon, # 4672 s'enferment tous deux en vne chambre,où ils demeurent cependant que le feſtin s'appreſte,& y a vne femme i l'Afri- dehors,attendant iuſqu'à tant que le mary aye defioré l'eſpouſe , tend vn petit linge moüillé du ſang de l'eſ- cain, Iean pousée à la femme qui eſt à la porte l'attendant , qui tenant ce drapeau entre les mains, s'en va criant à Vvier. ceux qyi ſont inuitez à haute voix,que la fille eſtoit pucelle : parquoy on les fait banqueter. Mais ſi de mal- heur elle n'eſtoit trouuée n'ayant ietté le ſang, elle eſt renduë par le mary au pere & à la mere, qui en reçoi- uentvne grande honte,auec ce que les inuitez s'en retournent l'eſtomach creux ſans donner coup de dent. Mais le cas ſe rencontrant tel que l'auons d'eſcrit cy deſſus , ils ſeront bien deceus. Et partant ne faut con- clurre, comme aucuns veulent, que la fille au premier coit , qui ne iette le ſang par le col de la matrice, ne ſoit pucelle, pareillement auſſi celle qui en iette le ſoit : parce qu'aucunes par les meſchantes maquerelles & impudentes, qui ont accouſtumé vendre filles pour pucelles , ſe font contrefaire cette taye, par le moyen de certaines iniections d'eaux aſtringentes, puis mettent profondement au col de leur matrice vne eſponge imbué en ſang de quelque beſte, ou en rempliſſent quelque petite veſſie, comme la veſſie où eſt contenu l'humeur cholerique aux moutons , ou autres beſtes qu'on appelle la veſſie du fiel , & alors que l'homme vient auoir compagnie d'elles, font les reſſerrées, crians comme ſi on les depucelloit, ou qu'on leur fit vne douleur extreme : & en l'acte , ledit ſang qui en eſt exprimé, coule dehors, & le pauure badelo- , ry, doux de ſel, penſe auoir eu la creme, où il n'aura eu que le fonds du pot, voire que de ces pucelles en ſera quelquesfois yſſu de petites creatures, qui ſe degenerent en hommes ou femmes. Ioinct auſſi que ces pucelles ſont fardées comme vn ſepulcre blanchy, qui eſt poly par dehors , & dedans remply de pourri- ture & puanteur comme les boettes des Apothicaires, peintes par dehors auec or & azur, & dedans pleines de poiſon : Ainſi eſt-il de ces putains affetées qui baillent la verole , & ſont cauſe que les pauures amoureux tranſſis meurent miſerablement arides & ſecs.Partant garde le heurt qui pourra. - Hiſtoire memorable de Iean Vvier, de la membrane appellée Hymen. C H A P I T R E L. E A N vvier Medecin du Duc de Cleues, en ſon Liure de l'impoſture & tromperie des diables, cta ,s. . des enchantemens & ſorceleries,recite qu'il y auoit vne fille en Chambourg,laquelle auoit vne - taye forte & dure, nommée Hymen, qui empeſcha que ſes menſtrues, lors qu'elles, luy ſuruin- drent, ne pourent eſtre vacuées : & pour la regurgitation du ſang qui remontoit en haut, auoit le ventre † enflé & tendu, & auoit de grandes & extremes douleurs, comme ſi elle euſt deu. enfanter. Alors les matrones furent mandées , leſquelles la virent auoir le ventre ainſi dur & tendu, & des Retention'de douleurs ſi extremes,que d'vn commun accord elles dºnt qu'elle eſtoit groſſe d'enfant, encores que la pau-mois priſe ure fille leur contrediſt auec grands ſermens, & affermaſt n'auoir iamais eu connoiſſance d'homme : & dit pour groſſeſſe. qu'il fut appellé,lors que les femmes né luy pouuoient plus rien faire, & qu'elles en deſeſperoient,à raiſon des douleurs inſupportables, leſquelles auoient deſia duré trois ſepmaines, ſans luy donner repos ne iour nenuict, auec quelques ſuppreſſions d'vrine, veilles perpetuelles, & Perte d'appetit. Incontinent qu'il fut arriué,il reconneut la partie malade,où il trouua l'orifice du col de la matrice clos & eſtoupé par vne taye, tellement qu'il n'en pouuoit rien ou peu ſortir : & s'enquit de ſon aage, qui eſtoit de vingt & vn an , & que iamais n'auoit eu ſes fleurs:lors conneut cette tumeur ne proceder ſinon d'vne ſubite deſcharge & fiuxion de - fang,vers la region de l'vterus & vaiſſeaux d'iceluy : parquoy appella vn Chirurgien,& luy commanda fai- car, d, re vne ouuerture à ladite taye, & peu a peu en ſortit bien huict liures de ſang coagulé, noir , & ja com- l'Hymen. mencé à ſe pourrir , & l'euacuation de ſang faite, trois iours aPres fut du tout guarie. Pour cette cauſe ie conſeilleray toufiours aux peres & meres , qui auront la connoiſſance que leurs filles ayent ladite Hymen, u'ils la faſſent couper, s'il n'y auoit ſuffiſante ouuerture à expurger leurs fleurs, pource que quelques vnes pour ſemblable cauſe ſont mortes par faute que le ſang menſtrual n'auoit iſſue. Hiſtoireme- morable.' —1 De Phimon. C H A P. L I. @ſil H 1 M o N eſt vne indiſpoſition des femmes, qui n'ont point la nature percée, quelques-foi* # de leur naiſſance , & auſſi quelquesfois par accident. Cét empeſchement eſt aucunesfois enl'orifice du col de la matrice : autresfois aux aiſles, & quelquesfois en l'eſpace qui eſt $ entre-elles : or pource que les bords ſont pris & attachez, telles choſes prohibent la con- A 7 # ception, & flux menſtrual. Si le paſſage eſt du tout bouché : pour la curation, faut que la 202eN$5è\R: main du Chirurgien y beſogne, en coupant & extirpant ce qui empeſche, s'il eſt poſſible, y appliquant vn peſſaire que les Grecs appellent Priapiſcum, ſemblable à la verge de l'homme, ou vne canule de plomb, oinčte d'vn medicament ProPre. G G g DE 626 Le Vingt-quatriéme Liure, De la ſuffocation de la matrice, appellée des femmes le mal de mere, & deſes enfans, C H A P 1 T R E L II. é)ue c'eſt que ſuſfocation d'amarry. \ſ V F F o c A T 1 o N de matrice eſt ablation de libre inſpiration & expiration qui vient, # ou pource que l'vterus gonffie & s'enfle, & pource qu'il eſt rauy & emporté en haut par vn mouuement forcé , & comme conuulſif, à cauſe de la plenitude de ſes vaiſſeaux. L'vterus ſe gonffle & s'enfle pource que quelque ſubſtance pourrie & corrompue en iceluy ſe reſout en vapeur & ventoſitez de la retention des menftruës , ou de la corruption de la ſemence, #º qui ſe putrefient en icelles, ou de ventofitez : ce qui ſe peut connoiſtre, parce que la femme aura grands de la matri- ſouſpirs, vertigines , ſcotomies , douleurs de teſte, nausée, rots , & grands bruits aux inteſtins. Or de la C6'. ſemence de la femme retenuë au vaiſſeaux ſpermatiques, ou ja reſpandue en la matrice , oü autour de ſeste- ſticules, ſeſleuent certaines vapeurs corrompuës , leſquelles ſont communiquées au foye, au cœur, & au cerueau, dont s'engendrent de tres-cruels accidens, approchans quelquesfois de ceux qui ſont mords de Pºººººº chiens enragez, ou picquez de quelque beſte venimenſe. Les accidens qui viennent en la ſuffocation de la ºccidenº ſºnt matrice, ſont plus grands & cruels pour la ſemence retenué, que ceux qui viennent pour la retention des #. menſtrués, à cauſe que d'autant que la ſemence eſt plus parfaicte demeurant en ſa diſpoſition naturelle, B retenuë que auſſi de tant plus deuienr-elle maligne & peruerſe, eſtant alienée d icelle , & changée en qualité contraire des fleurs. de forte que lors qu'elle eſt corrompuë, la pourriture en eſt plus maligne, plus ſubtile & penetratiue que du ſang menſtrual , dont les accidens ſont plus grands & plus veneneux , ce qu'on void aduenir au vinaigre: Cauſes & Car d'autant que le vin eſt meilleur , d'autant auſſi en eſt le vinaigre plus fort & aigu. Or les accidens ſuſdits differences de aduiennent peu ſouuent aux femmes mariées, ayans la compagnie de leurs maris , mais aux ieunes vefues ſuffocation qui ſont nourries d'alimens copieux , & oifiues. La matrice par les mois retenus, ou par la ſemence, ou d'amarry quelques autres mauuaiſes humeurs ou ventoſitez, ſe peruertit & ſe meut de ſon ſiege, & ſituation naturel- le, quelquesfois ſe retire en haut, & quelquesfois à coſté dextre ou ſeneſtre, ou s'eſtend en largeur, pour la plenitude des vaiſſeaux qui paruiennent en icelle. Car les veines, arteres, & autres vaiſſeaux eſtans fort remplis, s'eſtendent en profond & en large, & alors ils ſe fond plus courts, & partant ſe retire vers leur ori- gine , qui eſt la veine caue, & grande artere , adonc retirent la matrice ſemblablement à eux, & s'il la ti- rent également, lors elle ſemble monter en haut vers l'eſtomach & de diaphragme : & s'illa tirent inégale- ment, lors s'encline en deuant, & en derriere, & à dextre & à ſeneſtre vers les flancs, ou à la ſeule region de l'os pubis, & alors la veſſie & l'inteſtin droit ſont agreuez de douleurs, & enflez : & pour le dire en vn ººſººisme mot, tout lieu vers lequel le corps de la matrice ſe retirera & affaiſſera. Or il faut icy noter, que combien deſtre bien que la matrice s'eſleue en haut, ſi ne faut-il pour cela penſer les accidens ſus-nommez prouenirlpar la ſeule 770f66, tumeur & compreſſion qu'elle fait aux parties ſuperieures ( à ſçauoir vers l'eſtomach & diaphragme) ou inégalement vers d'autres parties : pource que ce n'eſt le corps de la matrice , encore que les femmes diſent qu'il leur ſemble monter iuſqu'à la gorge, les voulant eſtouffer & eſtrangler : mais ce ſont certaines vapeurs, qui ſont eſleuées d'elles ou de ſes vaiſſeaux qui montent , comme nous auons dit , aux parties ſuperieures veu qu'vne femme ayant en ſon ventre vn enfant ja grandelet, ou vn autre qui ſera hydropique, & vn autre avant l'eſtomach fort remply de viandes, ne tombera ſoudainement par aucune de ces choſes en priuation du benefice de reſpiration , ainſi qu'il ſe fait en la ſuffocation de la matrice. Parquoy on ne peut vrayement conclure , que la ſuffocation ſe faſſe, parce que la matrice s'eſleue en tumeur, mais par les vapeurs qui s'eſle- uent vers les parties ſuperieures. Ce qui ſe peut encore prouuer par vne autre raiſon : c'eſt que la ma- trice d'vne femme n'eſtant groſſe, eſt fort compacte, dure , & ſerrée , & de groſſeur ſeulement d'vne groſ- ſe poire de certeau, & ſi trouue-on bien petite cauité : & partant faut conclure que ce n'eſt ladite ma- trice, qui tant ſe groſſit, & s'eſleue en haut , qu'elle puiſſe oſter la reſpiration, mais les vapeurs putri- Cauſes de la des, commenous auons dit. Autres accidens aduiennent pour la ſemence & les mois retenus, & ſont variºré des diuers, ſelon la quantité & qualité des matieres : car ſi la cauſe eſt froide & venteuſe, elle refrigere tout le ººº corps, tellement que la reſpiration & le pouls des arteres ne peuuent eſtre apperceus par le ſens , & fi la ma- ſupºreſſiº des § eſt groſſe , elle cauſe conuulſion : & ſi elle eſt d'humeur melancholique, elle engendre triſteſſe : par leſ- #º quelles choſes eſt euident, que la matrice eſt premierement bleſsée, auſſi par compaſſion l'eſtomach, le - cœur par vne palpitation , le foye & le cerueau. Or le cerueau eſt bleſsé par douleur de teſte, qui ſouuent eſt auec rougeur de toute la face , & des yeux , auec ſcotomie & vertigine, c'eſt à dire, qu'il ſemble que tout tourne c'en deſſus deſſous, qui ſe fait par vne putredineuſe vapeur eſleuée au cerueau, perturbant entiere- ment les eſprits, inſtrumens des facultez animales , dont aduient vne reſuerie , tantoſt de vertu apprehen- ſiue, tantoſt de la raiſonnable, & ſouuent la femme parle à part-ſoy en reſuant, declarant tant ce qu'elle doit pluſtoſt taire que dire, & quelquesfois demeure toute ſtupide & eſtonnée. Aucunes ont vn tres-long ſommeil , appellé des Grecs caros, dont elles ſont ſourdes & muettes, & ne reſpondent rien quand on les - appelle hautement : aucunesfois elle entendent bien , mais elles ne peuuent reſpondre, & tels ſont les La reſicca- ſignes de la ſuffocation de l'vterus. Les cauſes ſont refrigeration de l'amarry, corruption de ſemence, ou º***-- autre humeur ſeminal & groſſier : les mois ſupprimez, trop grande vacuation de la matrice, par laquelle #º l'vterus reſſeiché ſe tourne vers les parties humides , & tire de la teſte & de tout le reſte du corps : ce quiad- C4° - - - • - - - - ti on uient meſne aux femmes groſſes,lors que ou par faute d'aliment, l'amarry eſt trop reſſeiché ou trop eſchauf- fé par trauail : outre quelques-vns tiennent, que par appoſition de choſes odorantes miſes au nez, l'amarry monte en haut, & induit telle ſuffocation. Et pour concluſion, en la ſuffocation de la matrice, les vapeurs putredineuſes montent quelquesfois iuſqu'au diaphragme, aux poulmons & au cœur, qui fait que la fem- · me ne peut reſpirer ny expirer, leſquelles vapeurs ne ſont ſeulement portées par les veines & arteres, mais auſſi par les ſpiracles occultes qui ſont au corps. Et ſi leſdites vapeurs montent iuſqu'au cerueau , cauſent epilepſie, catalepſie ( qui eſt quand tout le corps demeure roide & froid, & en meſme figure qu'il eſtoit au- parauant que tomber en tel mal, les yeux ouuerts, ſans voir, & ſans ouyr (lethargie, apoplexie, & ſouuent la mort. Or pour le dire en vn mot, la matrice a ſes ſentimens propres eſtans hors la volonté de la femme, de maniere qu'on la dit eſtre vn animal, à cauſe qu'elle ſe dilate & accourcit plus ou moins, ſelon les diuer- ſitez des cauſes : Et quand elle deſire, elle fretille, & ſe meut faiſant perdre patience & touteraiſon à la pauure femme, luy cauſant vn grand tintamarre. Dts — A NK2 ou d'vne : poſteme faicte en la matrice, ou fieurs blanches , & autres mauuaiſes humeurs, "N \De la Generation. 627 : Les ſignes que toſt la femme aura ſuffocation de matrice. CH ArP. LIII. # fe,& dit ſentir monter quelque morceau ou autre choſe qui luy cloſt le goſier, auec grand # battement de cœur:la matrice & ſes vaiſſeaux s'enflent à quelques-vnes,qui les gardent de | % à ſe dreſſer debout, mais ſe couchent courbées ſur le ventre, pour auoir moindre douleur, # mettant la main deſſus , preſſant & s'efforçant , pour empeſcher que la matrice ne mon- =* te, comme elles cuident qu'elle monte, ce qu'elle ne fait : mais comme nous auons dit, ce ſont les vapeurs putredineuſes. La patiente eſt fort decolorée & deuient paſle & iaunaſtre, ne ſe pouuant te- # A femme auparauant que ces accidens aduiennent, ſent monter de ſa matrice vne tres- palpitatiº» | grande douleur iuſques à la bouche de l'eſtomach & au cœur, & luy ſemble qu'elle eſtouf- du cœur. Ce qui fait penſer que nir debout, pource que les jambes & vertus luy defaillent : partant tombe en terre & ſe laiſſe aller comme ſi lamatrice elle eſtoit morte : & plufieurs perdent tout ſentiment & mouuement, & le pouls eſt tant petit qu'on ne le ſent mente. . aucunement, de façon qu'on eſtimeroit qu'elles fuſſent mortes,toutesfois elles ne le ſont pas, combien que la reſpiration ne nous apparoiſſe, qui eſt action inſeparable de vie : bref, les ſymptomes apparoiſſent diuers,ſe- lon que la vapeur eſleuée de l'vterus,heurte maintenât ces parties,& maintenant celles-là.Car ſi telle vapeur donne vers le diaphragme, & parties thorachiques, elle cauſe vne reſpiration briefue & frequente & comme abolie : ſi elle donne vers le cœur , induit ſyncope : ſi vers le cerueau, elle ameine auec ſoy quelquesfois vne fureur auec babil, quelquesfois ſtupidité, endormiſſement, auec taciturnité non accouſtumée , le tout ſelon la nature de l'humeur bilieux ou groſſier & melancholic,dont la vapeur eſt eſleuée.Mais il n'y a rien plus ad- mirable qu'à quelques vnes cette affection commence par vn ris, à autres par pleurs, à autres par tous deux enſemble. A ce propos Monſieur Houlier raconte, que les deux filles du Preſident de Roüen, qui eſtoit de ſon temps, lors qu'elles commençoient à entrer en paroxyſmes de ce mal,eſtoient ſurpriſes d'vn ris,qui leur duroit vne & deux heures, leſquelles on ne pouuoit arreſter, ny par leur faire peur & terreur, ny par honte & adnonitions, de ſorte que tancées par leurs parens, reſpondoient n'eſtre en leur puiſſance de ſe garder de rire. Autres tombent en extaſe, qui eſt vn euanoüiſſement ou rauiſſement des eſprits, comme ſi l'ame eſtoit ſeparée du corps. Autres diſent que c'eſt vn ſommeil , par lequel les forces, facultez & puiſſances de l'ame ſont enſeuelies, en ſorte qu'il ſemble que l'on ſoit mort. Les ſignes pour connoiſtre ſi vne femme eſt morte ounon par vne ſuffocation de matrice. C H A P I T R E L I V. *A v r A N T que pluſieurs femmes, non ſeulement du temps paſſé, mais auſſi de fraiſche memoire eſpriſes de cette maladie, ont eſté portées en terre pour mortes, qui toutesfois ne l'eſtoient; I'ay pensé qu'il ſeroit plus que tres-neceſſaire de donner ſignes demonſtratifs de mort ou de vie en tel accident. Premierement donc, cela ſe connoiſtra par application d'vn miroir bien net & poly au nez & à la bouche, pource que la vapeur de la reſpiration en cel- les qui reſpirent, l'obnubile, couure & tache d'vne petite vapeur, & le ternit : & ſi telle cho- ſe apparoit, c'eſt vn tres-certain figne de vie. Auſſi pourra-on encore le connoiſtre en luy appliquant vne plume tres-mole, comme de duuet, ou vn petit floccon de laine cardée, qui par le mouuement puiſſe teſti- fier la reſpiration. Toutesfois ces ſignes ſont ſouuent trompeurs, & non du tout aſſeurez : parquoy plus ſeu- rement on peut connoiſtre, s'il y a encore quelque reſte de vie en la femme par les medicamens ſternuta- toires , comme poſant prés le nez de l'ellebore ou du pyrethre, ou bien les ſoufflant dans le nez, lors qu'ils ſont reduits en poudre. Or encore que nulle reſpiration apparoiſſe , ſi eſt-ce pourtant qu'il ne faut conclure la femme eſtre morte : car elle peut encore auoir vne petite chaleur qui luy reſte au centre du corps par le benefice de laquelle elle eſt conſeruée:& cette petite chaleur n'a pas grand beſoin de la reſpiration de la poi- ctrine, ny de l'action des poulmons pour ſa conſeruation, (c'eſt à dire refrigeration, ventilation & nutrition) tout ainſi que tous autres animaux froids,leſquels en Hyuer ſe cachent en terre ſi auant qu'ils ne peuuent reſ- pirer,& toutesfois ſont entretenus de tranſpiration du cœur & des arteres : ainſi ſe faict-ilà la femme.Siluius eſcrit qu'aucunes ont eſté par trois iours eſuanouyes, & penſoit-on qu'elles fuſent mortes, parce qu'elles ne reſpiroient nullement, & auoient tous autres ſignes de mort, à ſçauoir n'ayans nul ſentiment, mouuement,ny chaleur partant en telle diſpoſition ne ſe faut haſter les enſeuelir, & moins ouurir leurs corps, de peur d'en- courir vne calomnie. Ainſi que de ce ſiecle eſt arriué à vn grand Anatomiſte : ie dis grand & celebre,du- quelles liures reparent auiourd'huy les eſtudes des hommes doctes, lequel eſtant pour lors reſident en Eſ- pagne, fut mandé pour ouurir vne femme de maiſon, qu'on eſtimoit eſtre morte par vne ſuffocation de ma- trice. Le deuxiéme coup de raſoir qu'il luy donna , commença ladite femme à ſe mouuoir, & demonſtrer par autres ſignes qu'elle viuoit encore, dont tous les aſſiſtans furent grandement eſtonnez : ie laiſſe à penſer au Lecteur comme ce bon Seigneur faiſant cét œuure fut en perplexité, comme on cria Tolle apres luy, telle- ment que toat ce qu'il peut faire, fut de s'abſenter du pays : car ceux qui le deuoient excuſer, c'eſtoient ceux qui luy couroient ſus : & eſtant exilé, toſt apres mourut de deſplaiſir : qui n'a eſté ſans vne grande perte pour la Republique. Or i'ay bien voulu reciter cette hiſtoire, afin d'inſtruire touſiours le ieune Chirurgien eſtre diſcret à ſe garder qu'il ne tombe en tels accidens : & faut noter que l'on peut connoiſtre la mort de la femme, par l'eſcune qui luy ſort de la bouche, - - Des differences de ſuffocation de la matrice. C H A P. L V. R il y a pluſieurs differences de ſuffocation de la matrice , qui ſe font ſelon la grandeur & difference de la cauſe efficiente, parce que les accidens ſont plus grands ou plus petits : car % aucunes femmes ſentent, ſe remuent & ratiocinent, mais elles ont vne defaillance de cœur & de reſpiration par interuale : auſſi aucunes ſe remuent d'vn mouuement inuolontaire ( comme les epileptiques)remuent les bras & les jambes auec grincemens de dents, par la conuulſion des muſcles des temples » les autres ſont ſurpriſes, comme auons dit, d'vn tres- · profond ſommeil ( dit des Grecs Caros ) comme ſi elles eſtoient apoplectiques, tous les ſentimens & mou- G G g 4 - UlCIIlCIl $ Hiſtoire priſe de Houlier. La reſpira- tion n'eſt me- ceſſaire pour la vie. Hiſtoire d'v- me femme ou. uerte n'eſtät f/507/6, Caros pro- fond sümeil. —x x - | 628 Le Vingt-quatriéme Liure, mouuemens defaillans.Les autres au contraire crient & rient,& ne font que parler:& apres que les cauſes de ^ ce mal ſont ceſsées , reſoluës , & vacuées, alors le corps commence à s'affermir , & la rougeur venir au viſage, & les mandibules à s'ouurir : & à pluſieurs d'icelles s'eſcoule quelque humeur de leur matrice, & à quelques - vnes il s'éuacué dehors vne groſſe ſemence, voire en grande quantité, auec trauail & plaifir, ainſi que ſi elles eſtoient en l'acte venerien, principalement à celles à qui les matrones titillent le col de leur matrice:& alors que les matieres ſont eſcoulées,la matrice ſe relafche peu à peu,& tous les accidens ceſſent. - Les ſignes pour connoiſtreſ la ſuffocation vient par la ſemence retenuë & corrompué, & non du ſang menſtrual. C H A P I T R E L V I. # 'E s T que tout ſubit leur ſuruient vne difficulté de reſpiration : puis toſt apres priuation d'i- # celle : la femme retire les jambes en haut, & ſent quelque choſe eſtre eſleuée de la matrice # à la bouche de l'eſtomach, & au cœur, comme nous auons dit , ſi la femme eſt addonnée à # l'homme, & qu'elle s'en ſoit ja dés long-temps retenué, ou bien que ce ſoit vne fille vier- # $ 7 ge, ſucculente & ſanguine, vſant de viandes chaudes, humides & venteuſes , & qu'elle ſoit B - à oifiue, & auec irritation d'homme, appetant Venus , & les mois luy ſont ſupprimez, cela demonſtre que la ſuffocation vient de la ſemence retenuë. Les accidens qui viennent aux hommes par la ſemence retenué, ſont moins fafcheux qu'aux femmes , parce qu'ils diſſipent par le trauail la plus grande part de la corruption. Aecidens de la ſemence retenue. La cure de la ſuffocation de la matrice. ' C HA P. LVII. # A ſuffocation precedente de la matrice, pource que c'eſt vn grief & pernicieux acci- $ | dent, ſe veut ſecourir promptement , voire en negligeant pour l'heure la cauſe d'icelle. $. Donc que la femme ſubit ſoit ſituée ſur l'eſpine du dos, ayant vn peu le thorax eſleué | | afin qu'elle expire plus librement, & que promptement on luy deſtache les lacets de ſa # poitrine, & qu'on l'appelle à haute voix par ſon nom , criant à ſes oreilles, qu'on luy ti- | re le poil des temples, & de derriere le col , ou pluſtoſt celuy des parties honteuſes, afin =4M que non ſeulement elle ſoit eſueillée, mais dauantage que par la douleur excitée en bas, la vapeur qui monte en haut & fait la ſuffocation, ſoit retirée & rappelée en bas par reuulſion , auſſi luy faut lier les bras & jambes de liens douloureux, enſemble qu'on la frotte rudement auec gros linges, aſ c - pres & rudes, auec douleur, trempez en vinaigre & ſel. Dauantage on luy appliquera vn peſſaire à la ma- Peſſaire. trice ſemblable à cettuy-cy. 2/. ſucci mercur. & artemiſan.3 ij. in quibus diſſol. pul. benedict.3. iij. pul. º º rad. enul. campa. galangae minoris , an 3.j.fiat peſſar. puis luy faut oindre la plante des pieds d'huyle laurin, #. ou autre ſemblable : apres on luy appliquera vne grande ventouſe ſur le petit ventre au deſſous du nom- da. bril auec grande flambe, auſſi luy en ſeront appliquées au plat des cuiſſes, c'eſt à dire, aux parties inte« rieures , pres les aines, afin de retirer la matrice en ſon lieu , & faire reuulfion des matieres qui cauſent ce mal, S'il eſt beſoin ſera fait parfum en la matrice auec choſes fort odorantes : mais premierement faut tenir le col de la matrice ouuert, afin que le parfum puiſſe mieux entrer dedans, qui ſera fait auec vn in- ſtrument fait en façon de peſſaire, pertuisé en pluſieurs lieux, à la bouche duquel y aura vn petit reſſort qui le pourra tenir ouuert , tant & ſi peu que l'on voudra : & ſera attaché par deux liens à vne bande cein- te au milieu du corps de la femme, lequel ſera faict d'or ou d'argent, ou de fer blanc, le pourtraict duquel eſt icy donné. - Situation de la malade. Peſſaire pour tenir le col de la matrice, ouuert par le benefice d'vn reſſort. Pourtrai# \De la Generation 629 : # - Pourtraict d'vn Pot pour receuoir les parfums au col de la matrice. |//\Wº Les matieres des parfums odoriferans ſont; Cinamo. Mºiºrº des $ #-º calam.aromat xylaloes, ladanum, benioin, thym, piper, parfums •do- # caryophil , lauan. calament. artemiſ puleg alipta moſc. riferans. † gall. moſmuſ amb. iuncus odoratus, & autres ſemblables, \ qui par leur grande vertu aromatique attirent la matrice ) en ſon lieu , & conſument les ventoſitez putredineuſes. Et faut garder que ladite fumée n'entre point aux narines ; | au contraire luy faut faire vn parfum de choſes puantes, - Maniere des qu'elle receura par le nez & par la bouche, comme Galba- - num, ſagapenum , ammoniacum , aſſa fœtida , bitumen, # ſºi oleum gagatae , huile de ſoulphre & de petrole : auſſi des " chandelles de ſuif recentement eſteintes, plumes de per- drix , becaſſes, & de tous autres oiſeaux, poil d'homme, de bouc, de vache, draps, feutres , vieilles ſauattes de ſoulier, ongles, & cornes de beſtes, pouldres à canon & ſoulphre vif bruſlez, & autres choſes ſemblables, afin que cette puante vapeur contraigne la matrice d'aller en bas : d'autant que la matrice, d'vn inſtinct naturel & peculieré faculte , fuit les choſes puantes , & ſe plaiſt aux choſes odoriferantes. Or quand on dit qu'il faut vſer de parfums faicts de choſes puantes,cela ne ſe doit entendre des corps des animaux cadauereux,& des eaux des eſgouts de la voi- rie, & autres choſes ſemblables, parce que de leur vapeur putredineuſe pourroient infecter le malade & les aſſiſtans. Semblablement on prouoquera le vomir, en mettant vne plume d'oye fort profondement en la gorge,ou les cheueux meſme de la malade,apres on luy donnera qninze grains de poyure noir pilez auec hydromel,ou bon vin, qui eſt le ſe- | cret d'Auicenne : pareillement on luy peut donner vne de- Sºrºt d'A- mie drachme de theriaque diſſout en vne once d'eau d'ab- *** ſinthe, trois heures auant le paſt. Autre remede bien ap- prouué : Vne goute d'huyle de genets miſe ſur la langue : Autre remede. Prenez demie drachme de caſtor, diſſout en vin blanc,ou boüillon de chappon, & luy en donnez a boi- - re. Pareillement luy ſera ietté profondement dans le col de ſa matrice,theriaque diſſout auec eau de vie,& luy en ſera donné vne ou deux cuillerées : & dans les orei- les & nez on luy mettra deux ou trois goutes d'huyle de ſauge de quinte-eſſence. On la fera eſternuer, en luy mettât dans les narines de la poudre d'hellebore, ou de poiure, ou autre ſemblable,afin de reſueiller l'eſprit vital & animal,qui en tel cas eſt comme endormy & aſſoupy. Dauantage,on fera des iniections carminatiues Inieaions dans le ſiege &matrice, faictes de decoction de calamenthe,armoiſe, lauande,pouliot, camomille, melilot,& carminati- autres ſemblables : outre plus on fera ſuppoſitoires; & peſſaires de ladanum,gingeumbre, galla moſc.theria- ues. que,mithridat, ciuette, muſc : auſſi d'huyle de girofle, anis, ſaulge, roſmarin, & autres ſemblables, extraictes par quinte eſſence. Dauantage on pourra vſer de clyſteres, comme cettuy-cy. 2Z. rad. enulz. campa.ireos. ebul. ariſtoloch. an.3.j. ſol. abſinth. artemiſ matricar. puleg origan.an. m. j baccar. lauri & iunip. ſambuc. an.p.j.ſem.rutae,cumini,ammonios an.3.ij. florum ſtœchad. roriſm.ſaluiae, centaur.minor.an.p.ij.fiat decoctio, cape de colat.fb.j. in aqua diſſolue mellis anthoſ.ſacch. ſacch.rub, & bened. an.3.j. diacath.5 ij. olei aneth. & nard.an.3.j.É. fiat clyſt. Dauantage on leur pourra appliquer cette emplaſtre ſur le ventre. 2/.. maſſ. emplaſt. Emplaſtre. oxycroc. & de melil. an. 3. iij. olei nard. quant. ſuff. ad malaxand. fiat emplaſt. extendatur ſuper alutam , & applicetur reg.matricis. Et ſi la femme eſt mariée, le paroxyſme eſtant ja paſsé, & la femme eitant reſueillée, qu'elle aye compagnie de ſon mary , car telle choſe ſurpaſſe tous autres remedes : & ſi c'eſt vne femme groſ- ſe qui ſouffre ſuffocation, de ce remede aura grand & prompt ſecours, & ſeur : car des autres aydes n'en doit vſer qu'auec grande prudence & conſeil du docte Medecin, de peur d'auorter, & en lieu de la compagnie de - ſon mary, la ſage-femme doit oindre ſes doigts auec huyle nardin,ou de muguette, ou de clou de girofle, ou lºmâion . d'aſpic, meſlez enſemble, auec muſc & ambre gris, & ciuette, & quelques poudres ſubtiles & aromatiques, & les appliquer au profond du col de la matrice : & en frottant qu'elle titille ledit col de l'orifice d'iceluy, & qu'elle l'eſchauffe premierement de quelque linge Et toutes ces choſes ſe feront,afin que la ſemence cor- rompuë,ou autres humeurs venimeux, ou ventoſitez (qui ſont cauſe de ſes maux) ſe puiſſent reſoudre,& s'eſ- couler hors,afin qu'eſtans euacuées, la matrice puiſſe deſcendre, & que ſoudain la femme reuienne à conua- leſcence de ſa ſuffocation, & en ſa premiere ſanté : qui ſe connoiſtra, les ioües commençant à rougir, & les mandibules à s'ouurir, & les yeux à s'eſleuer, & le pouls à ſe manifeſter, & la femme aura connoiſſance des aſſiſtans, & commencera à ſe reſiouyr, & autres ſignes de reconualeſcence. Quelquels vns tiennent pour vn signes de c3- grand ſecret de frotter l'vmbilic de ſuc exprimé d'vn ail cuit, meſlé auec vn peu d'aloé. La fleur eſt fonde- ualeſcence de ment ou preparatif à la ſemence & au fruict de chaſque plante. Pour cette cauſe on appelle fleurs les purga- la ſuffoqua- tions menſtruales de la femme, d'autant qu'elles precedent communément, & ſont comme preparatifs à leur tion. fruict qui eſt l'enfant, dont il s'enſuit que les femmes ne peuuent auoir enfant deuant qu'auoir les fleurs. Or icy faut entendre que la femme eſt froide & humide plus que l'homme, & engendre plus de ſang qu'elle ne Peut conſommer à la nourriture de ſon corps, principalement depuis l'aage de douze ans, auquel terme elle a faict la plus part de fon accroiſſement : alors cömence le ſang eſtre ſuperflu, & n'eſtant tout employé à la nourriture des parties, il s'amaſſe peu à peu autour de la matrice , & quand il y en a ſuffiſante quantité, la vertu expultrice le jette dehors comme choſe inutile. Car le fang qu'elle jette tous les mois , n'eſt que la Philoſophi portion de tout le ſang la plus crue & indigeſte, & non pas comme pluſieurs ont pensé, infecte & de mau-§ # uaiſe & pernicieuſe qualité, & n'eſt à reprouuer que de ſa crudité, pourueu que la femme ſoit ſaine & gail- b , de, larde : & parce qu'elle abonde grandement en ſang, Nature a ordonné que la portion moins digette s'eſcou- Erreurs po- leroit tous les mois. pulaires. G G g 3 DM4 63o Le Vingt-quatriéme Liure, Du flux menſtruel des femmes. CH A P. LVIII. Raiſon du E s femmes appellent leur flux de ſang par la matrice, Mois,parce que quand elles ſont ſai- mot de flux nes, elles s'euacuent par tel flux quaſi tous les mois : les autres appellent leur temps , parce de ſang que qu'il coule touſiours,ou le plus ſouuent en certain temps : autres le nomment Sepmaines, à ont les fem- cauſe que ce flux a accouſtumé de fiuer en quelques-vnes qui ſont principalement oiſiues & /776J. - # gourmandes, par ſept iours : autres apellent leurs purgations, pource que par tel flux ſe 2ºzºsSsà purge tout le corps : les autres l'appellent fleurs rouges, & celles qui ſont blanches, fleurs Siluius liu blanches, parce que tout ainſi que la fleur precede le fruict des plantes, pareillement les femmes ne conçoi- des moi - uent point ou rarement , que leurs mois n'ayent coulé. Et pource aucuns ſont en doute, ſi vne fille eſtant meure & apte à receuoir l'homme , & qu'elle n'aye encore eu ſes fleurs , peut conceuoir : de ma part i'eſtime que difficilemét cela ſe peut faire.Car puis que ce qui ayde à la conception defaut,& que la matrice eſt deſti- tuée de l'humeur dont il faut que l'enfant ſoit nourry,côme ſe pourroit-il faire que la conception ſe parfiſt? La conce- Ce qui ſe peut prouuer Par la ſimilitude des arbres & plantes qui iettent leurs fleurs, auſquels le fruict n'eſt ption ne ſe point denié,& nul arbre qui fleurit n'eſt ſterile:mais bien tout arbre qui eſt priué de ſa fleur,eſt infertile.Ainſi faict ſans les filles qui ne iettent encore leurs flux,ne peuuent engendrer & deuenir groſſes:mais celles qui ſont d'aagé, flux men- conçoiuent & font des enfans tant que leurs mois durent, toutesfois il ſe peut faire , mais rarement, que les ſtruel. filles conçoiuent ſans auoir iamais eu leurs fleurs, à cauſe qu'il s'amaſſe en leur matrice autant de ſang qu'il y a de couſtume d'en reſter à celles à qui leurs fleurs coulent. Or ſi les femmes & filles ſont ſaines, elles s'éua- cuent tous les mois,comme nous auons dit : toutesfois il faut entendre que cela ne ſe fait pas ordinairement à toutes femmes tous les mois, ne touſiours auſſi en vn mois, mais en aucunes plus ſouuent,en autres plus ra- rement : car il y a des femmes qui les ont trois fois en vn mois, qui ſe fait pour la grande multitude de ſang, à cauſe de leur habitude & ieuneſſe,& deſir d'habiter auec les hommes, les autres ne les ont que de # de deux § deux mois,plus ou moins Dauantage,aucunes les ont à la nouuelle Lune,les autres au defaut,& tel- # #º le choſe ſe fait pour la diuerſe complexion & temperature qu'elles ont des vnes aux autres, à ſçauoir plus " chaudes ou froides,& pour pluſieurs autres cauſes qui ſeroient longues à eſcrire.Car pour le dire en vn mot, celles qui ont les veines amples, le foye grand, qui prennent beaucoup de viandes & bien nourriſſantes, qui ſont ſedentaires & oyſiues, qui dorment beaucoup , & viuent en pays & air pluuieux, & auſtral, qui vſent de bains d'eaux douces,ou de legeres frictions incontinent apres le repas.Les ieunes & brunettes ont leurs mois en plus grande abondance:comme au contraire, en moindre quantité l'ont celles qui ont les veines eſtroittes & peu apparentes,les bien charnuës & graſſes(d'autant que la ſuperfiuité de l'aliment ſe conuertit en corpu- lence & greſſe)les mollaſſes & blancheaſtres(parce qu'elles ont le cuir plus rare, & partant endurent plus de diſſipation de leur ſubſtance, que les brunes qui ont le cuir plus denſe & ferme) & qui ſont ſubiettes à quel- que autre euacuation & couſtumieres de ietter du ſang,ſoit par les hemorrhoides,ou autre endroit du corps, quant aux ieunes, elles ont leurs mois en la nouuelle Lune,& les vieilles au contraire en pleine Lune, ou de- Pourquoy la croiſſante.La raiſon eſt telle,la Lune eſt vne planette qui ſeigneurie & eſmeut les corps, de la vient que pour vieille Lune la diuerſité du cours d'icelle, la mer s'enfle,fluë, & refluë, les os s'empliſſent de mouelle, & les plantes d'hu- purge les midité:parquoy les ieunes qui ont beaucoup de ſang, & ſont plus fortes & gaillardes, ſont aisément eſmeuës, #. voire au premier quartier & croiſſant de la Lune nouuelle : mais les vieilles, d'autant qu'elles ont moins de " ſang,requierent vne Lune plus forte & vigoureuſe,parquoy ne ſont eſmeuës à auoir leurs mois, ſinon en plei- ne Lune, ou decroiſſance , en laquelle le ſang amaſsé par la plenitude & vigueur de la Lune paſsée, eſt aisé- ment incité à couler & fluer , raiſon que i'ay tirée du texte d'Ariſtote du 4.De generatione animalium. - - • - -" Pourquoy Nature a faict que la femme a vn flux menſtrual. C H A P. L I X. # R Nature a fait que la femme a vnfiux menſtrual : car pour autant que Dieu l'a creée pour N# eſtre compagne à l'homme,& auſſi pour luy ſeruir de ſujet & champ fertile à la generation des % indiuidus:ila eſtè auſſi ſoigneux de la nourriture du petit enfant conçeu, & formé en la ma- 2 trice de la femme:auſſi a composé la femme de téperament froid & humide,à ce qu'elle peuſt amaſſer ſuffiſante quantité de ſang ſuperflu, appellé ſang menſtrual, non ſeulement pour la 4 nourriture de ſon corps,mais auſſi pour s'en ſeruir à nourrir l'enfant,& luy donner accroiſſe- llya des , ment tout le temps qu'il y ſeroit:meſmement pour d'iceluy ſang conuerty en laictés mammelles, donner ali- femmes qui ment quelque eſpace de temps à l'enfant eſtant ſorty du ventre de la mere. Qu'il ſoit vray,ce ſang menſtrual #º. § commence à paroiſtre aux femmes,que lors qu'elles ſont capables d'eſtre mariées & porter enfans, qui eſt #. en l'aage de quatorze,quinze & ſeize ans, & ceſſe à celles qui approchent de quarante & cinquante ans. quante 477J• - La cauſe des menſtruès aux femmes. CH A P. L X. # o v R c E que les femmes ſont de temperature froide,au reſpect des hómes, auſſi le nourriſ- p - 4 ſement ne ſe peut ſi toſt conuertir en bon ſang de façon que la plus grande partie demeure in- W2 digeſte,& ſe conuertit en méſtrués,deſquelles la femme, ſaine ſe purge & nettoye,ie dis ſaine # expreſsement:car aucunes femmes malades en ſont exemptes.Or on peut affirmer qu'aucunes ), femmes abondent cent fois plus en ſang que l'hôme:qu'il ſoit vray,depuis treize ou quatorze 7E @ ans iuſques à cinquante,& quelques-vnes iuſques à ſoixante, elles iettent tous les mois gran- de quantité de ſang : & quelques-vnes, meſme encore qu'elles ſoient groſſes d'enfant, auſquelles faut abon- - dance de ſang pour ſa nourriture & croiſſance, eſtant au ventre de ſa mere. Dauantage, il ſe trouue des fem- Le lº# #, mes groſſes qui auortent, ſi elles ne ſont ſaignées, & diſent qu'elles ſuffoqueroient § ne l'eſtoient. Plus vn ſang blä- quandl'enfant vient ſur terre,la mere iette grande quantité de ſang : & encore apres l'eſpace de dix ou douze # iours , & encore pendant cette § ſang monte aux mammelles, & ſe conuertit en laict , qui n'eſt #. qu'vn ſang blanchy lequell'enfant ſucce & tette iour & nuict:& iuſques à ce qu'il ſoit vn peu grandelet, ſou- fiante qui eſt u°nt la nourrice eſt contrainte d'eſpandre ſon laict, ouſe faire tetter à vn autre. Et lors que ! enfant eſt ag- § mim. grandy & plus fort, d'autant auſſi ſuccera-il dauantage du laict des mammelles, voire que iour & nuict en melles, peut tirer demie liure ou plus, & neantmoins plufieurs nourrices ne laiſſeront d'auoir leurs fleurs tous les mois : & pour ces cauſes on peut vrayement dire que la femme a beaucoup plus de ſang que l'homme , mais B 1]OllS \De la Generation. | 63 I A nous retournerons le fueit, & dirons qu'vne drachme de ſang d'vn homme vaut mieux que deux liures de celuy d'vne femme, parce qu'il eſt plus cuit & digeré, & plus ſpirituel. Parquoy l'homme ayant vne cha- leur plus vigoureuſe, tourne aisément & promptement en ſubſtance de ſon corps tout l'aliment qu'il prend: & s'il y a quelquc ſuperfiuite par le moyen d'icelle chaleur,il la diſcute & diſſipe promptement par inſenſible tranſpiration: mais la femme au côtraire eſt plus froide, partant appete & prend plus d'aliment qu'elle ne peut cuire pource amaſſe beaucoup d'humeur ſuperflu, lequel pour l'imbecillité de ſa chaleur, elle ne peut reſou- dre par inſenſible tranſpiration : de la vient que la femelle eſt ſubjecte aufiux menſtruel, & non le maſle. - - Les cauſes parquoy le flux menitruel eſt retenu aux femmes. C H A P 1 T R E L XI. E s cauſes de la retention & ceſſation ſont plufieurs, comme par maladies aiguees, ou longues, Tout ce qui par triſteſſe,peur,faim,ou grands trauaux & veilles, ou pour eſtre groſſe d'enfant, ou d'vn mole, deſſeiche ou autre mauuais germe, & flux de ventre, ou par hemorrhoides , ou flux de ſang par le nez, ou peut retenir par la bouche, ou d'autres parties : auſſi pour eſtre trop ſouuent ſaignées, par ſueurs, auſſi vlce- * mºi . " res fluants en grande quantité, par multitude de galles au cuir, par fiévres quartes longues, par aage, comme vieilleſſe , par eſtre nourrice d'enfant, & autres, pour le dire en vn mot, par toutes choſes qui deſſeichent & euacuent le corps. Pareillement les menſtrues ſont fupprimées,parce que le ſang eſt trop gros & glutineux, lequel ne peut ſortir par l'orifice des veines : auſſi pour auoir mangé grande quantité de fruicts cruds,& non meurs, & auoir beu eau froide, comme font volontiers les femmes : auſſi ſont ſupprimées pour quelque vice de la matrice,côme quelque intemperature,ou apoſteme,vlcere, ou pour cloſture de ſon orifice par vne calloſité ou excroiſſance de chair faicte par playe ou vlcere ou quelque membrane née & adherante à la bouche de la matrice,ou pour y auoir trop jetté de certaines eaux aſtringentes , pour faire que le col de leur matrice fuſt plus petit & eſtroit : toutes leſquelles choſes bouchent la matrice , que nous auons par cy- deuant appellé Hymen, qui font que les menſtrues ne peuuent couler & le ſang eſt contrainct regurgiter en la maſſe ſanguinaire,qui cauſe plufieurs maladies & accidés voire ſouuent la mort. Dauantage aucunes fem- Famen mes ayans perdu leurs fleurs,ou iamais n'ayans eu le cours d'icelles,degenerét en nature virile, & ſont appel- hommaſſas. lées hommaſſes, & des Latins viragines, parce qu'elles ſont robuſtes,audacieuſes , & ſuperbes, & ont la voix , §. d'homme & deuiennent veluës & barbuës,à raiſon que ce ſang qu'elles perdent chacun mois eſt retenu, ce ſeci.87, qui eſt prouué par Hyppocrate diſant qu'en Abdere, Phaétuſa femme de Pytheas,au commencement qu'elle Hiſtoire. fut mariée,porta enfans,mais quelque temps apres ſon mary eſtant exilé pour quelque delict perdit ſes fleurs, à raiſon dequoy luy ſuruindrent des douleurs & rougeurs aux articles. Et cela luy eſtant ſuruenu, ſon corps changea en homme, deuenant velue & barbuë, ſa voix eſtant rude & aſpre, puis il adiouſte : Le ſemblable auſſi aduint en Thaſo , à Namyſia, femme de Gorgippus. Telles femmes ou filles ſont naturellement plus fortes & de temperature chaude & ſeiche, de ſorte qu'elles peuuent aisément diſſiper par inſenſible tranſpi- ration les ſuperfiuitez de leur nourriture à la façon des hommes , & en outre ſont ſteriles. Les ſignes & prognoſtic que les menftruès ſont retenuès,& les maladies & accidens, qui en aduiennent. CH A P. L XI I. V A N D les mois ſont retenus par obſtruction des veines & arteres qui ſont à la matrice & col 3 d'icelle,dediées à expulſer tel ſang,alors il ſe fait pluſieurs maladies & accidens comme ſuffe- º cation de matrice, dont nous auons parlé cy-deſſus, les mammelles de la femme deuiennent enflées & dures,& les parties genitales;auſſi douleur de teſte, defaillance de cœur & ſouuent J". - palpitation d'iceluy,inflämation à la matrice,fiévre,apoſteme,chancre, digeſtion debile,hydro- piſie,nausee, vomiſſement cóme aux femmes groſſes,ſi que pluſieurs le cuident eſtre : dauantage aucunes ont vne ſtrangurie, c'eſt à dire ne peuuent rendre leur vrine que goutte à goutte , à cauſe que la matrice eſtant remplie, preſſe & ferme quaſi la veſſie qui luy eſt au deſſus : ou bien ſi elles vrinent librement leur vrine eſt eſpeſſe , noiraſtre, ou rougeaſtre, pour vne partie du ſang retenu coulant par icelle , comme ra- conte Galien au liure De atra bile. Il y a des femmes qui lors qu'elles viennent ſur le poinct que leurs mois veulent couler, ſentent de grandes douleurs aux reins, & trenchées au ventre, à cauſe que leur ſang eſt fort groſſier , qui fait qu'il penetre difficilement par les veines & arteres. Les femmes ſe peuuent purger de leurs mois non ſeulement par la matrice, mais auſſi par vomiſſemens,par les vrines,par les hemorrhoides. Ie ſçay que ma femme eſtant fille au lieu d'auoir ſes fleurs par le lieu deſtiné de nature,les rendoit par le nez l'eſpace D d'vn an entier:dauantage la femme de Pierre le Févre vendeur de fer,demeurant à Chaſteaudun,les rend par les mammelles auec telle quantité, que tous les mois elle gaſte trois ou quatre ſeruiettes.Auſſi Rembert Do- . donay Medecin de l'Empereur Ceſar en ſes obſeruations Medecinales liure 1. chap. 15. dit auoir veu vne Hiſtoire» fille aagée de ſeize ans, laquelle iettoit ſes fieurs par les yeux , comme gouttes de ſang, en maniere de lar- mes : autres ont auſſi difficulté de reſpirer , triſteſſe ſans cauſe raiſonnable, manie, principalement quand les mois ſont retenus , ou la ſemence ( comme nous auons dit ) quelques-vnes deuiennent podagriques, la cou- leur du viſage liuide, bouffie, blaffarde, & difforme, pareillement tout le corps, & deuiennent flaſques & languiſſantes, appetit perdu , phthiſie, epilepſie , paralyſie , apoplexie : & outre toute cela vn inſatia- ble appetit de Venus, parce que toutes les parties de la matrice ſont titillées & eſmeuës du ſang fi putre- fiant, qui y eſt retenu. Or ces choſes aduiennent principalement à celles qui ſont oyſiues, & qui viuent copieuſement de viandes, multiplians & eſchauffans le ſang & qui ont faict ceſſation du coyt, & d'en- fanter , auſſi eſtans couſtumierement auec les hommes , deſquels maux, lors qu'il y en a quelqu'vn ja pre- ſent, ou preſt de s'engendrer, il leur faut ayder à prouoquer leurs menſtrués par les choſes propres & de- diées à ce faire, comme nous declarerons bien toſt. Or à la femme groſſe, combien que ſes mois luy Prognoſtic. ſoient longuement ſupprimez : toutesfois iamais ne luy apportent tel accident ( ou c'eſt bien bien rarement) Hºp au.li. parce que de la plus pure partie d'iceux l'enfant eſt nourry en la matrice,& le reſte qui eſt plus gros, & non º mala- gueres corrompu, s'y garde pour ſupporter l'enfant, & ayder à ſ'expulſer hors quand l'heure eſt venuë d'en- º 1ºº fanter , qui ſe fait par vne grande prouidence de Dieu, & de nature. Les femmes qui conçoiuent ne ſont # 441X tant ſujettes aux maladies de la matrice , que celles qui ne conçoiuent , parce que la femme eſtant #, ſet groſſe, ſes vaiſſeaux ſe rempliſſent, puis apres ſe purge mieux de ſes menſtruës : Quelquesfois il s'en- §. gendre des vents en la matrice, qui l'enflent & durciſſent, & leurs fleurs ſont retenués, de façon que la - G G g 4 femme - • P , 632 Le Vingt-quatriéme Liure, - • femme penſe eſtre groſſe & ne l'eſt pas : & quelquesfois fait des vents par le col de la matrice comme par le A ſiege. La femme ayant ſon fiux, a l'appetit perdu, & mange peu, comme dit a eſté par cy-deuant : parce qu'en ce temps-la Nature peine & trauaille plus à ietter ſes menſtrués qu'à digerer l'aliment , & fi elleman- geoit comme de couſtume , la viande ne pourroit eftre digerée ; à cette cauſe nature prudente en toutes ſes actions abhorre les viandes. Auſſi la femme ayant ſes fleurs, a la couleur palle : par-ce que durant tel flux la chaleur naturelle ſe retire des parties exterieures, aux interieures, pour ayder à expeller tel flux, laquel- le abſente de la face cauſe telle couleur palle. Et faut noter que la ſuppuration du ſang menſtrual retenu ze ſang ſe dans les veines : quelquesfois ſe conuertit en matiere purulente. Ce qu'Hippocrate a eſcrit au liure des pourrit dans maladies des femmes, dont nous pouuons colliger ce qu'on dit vulgairement eſtre faux, que la ſuppura- les veines. tion n'eſt iamais ſans apoſteme & vlceres. Galien ſur le commentaire du troiſieſme liure des Epidemies, La fºmºº faict mention d'vne femme qui pour la ſupreſſion de ſes fleurs deuint maigre & fort extenuée, palle & Pº º ridée, à raiſon de l'impurité du ſang corrompu, laquelle il guarit, & luy fit reuenir ſes mois par frequen- ſº# tes ſaignées. Antonius Beneuenius au liure I. chap.41. dit qu'vne femme eſtoit tourmentée d'vne grande º"ſ* §ui§eſte, à cauſe que ſes mois eſtoient retenus, & les ayans vomis, ſa douleur de teſte fut ceſſée. - - Des moyens pour prouoquer le flux menſtrual aux femmes. CH A P. LXII. cecy eſt pris de Siluius li- S parquoy pour ſa cure demande euacuation de la matiere qui fait la repletion, & ſe fera en va- ure des mois - l) cuant le ſang , ouurant les veines ſaphenes : mais où il y auroit fort grande plenitude en tout le corps , faudroit premierement ouurir celles des bras, à fin de n'en attirer trop à la Les peſſaires $ matrice qui ſeroit cauſe d'y faire plus grande obſtruction : pareillement l'application des ne ſont pro- sº ſangſues au col de la matrice eſt vtile : auſſi les peſſaires, principalement aux femmes & non prº pour les aux filles, car à icelles par honneur & honte virginale les ſuffumigations ſont plus propres que les peſſaires: filles. onguens, ltnimens,emplaſtres, huyles, cataplaſmes appoſez au col de la matrice,ligatures,frictions aux cuiſ- ſes & aux jambes, ventouſes appliquées pres les aiſnes,'& ſur le plat des cuiſſes, clyſteres, parfums, pris per ambotum , faicts de choſes aromatiques, fomentations , ſternutations, equitation , ſauter, cheminer, & autre grand exercice : auſſi ſur tout la compagnie de leurs maris, s'ils ne ſont maleficiez. D'auantage on peut faire receuoir auec vn entonnoir, & cét inſtrument posé dans le col de la matrice, cette euaporation faicte de baies de laurier, genévre, pouliot, thym, aſſa odorata , & autres choſes odoriferantes. Et fi c'eſt vne fille, l'euaporation ſuſdite eſt conuenable : auſſi vn petit de cotton trempé en jus de ſabina oud'aluine ou petite centaure, ou bien trempé en fiel de bœuf, & appliqué au col de la matrice en forme denoüet eſt vn ſingulier remede. Les herbes & autres choſes qui prouoquent les mois, vt folia & flores hypericonis, , endiuia, chico. radices fœniculi,aſparagi,bruſci,petroſel.berula,baſilic.meliſſa, betonica, allia, cepz, criſta marina, cortex caſſix fiſtula , calament.orig.puleg-artemifia,thymus, hyſſop. ſaluia maiorana, roſmar. marru- bium, ruta,ſabina,tithymallus, crocus, agaricus, fiores ſambuci,bacc.laur.hedera,ſcammo.cantharidpyreth. c euphor. Les aromatiques ſont ammo. cinam. iuncus odorat. calamus aromat. cyperus.gingiber, nux moſcat. cariophyl. galanga, piper, cubeb.amb. moſc. ſpica nardi, & autres. Et de toutes ces choſes on en peut faire bouillons,bolus,potus,pillules,opiates, ſyrops,apozemes,deſquelles choſes on aura recours au docte Mede- cin : toutesfois ie te donneray cét exemple d'apozeme, pource qu'il eſt fort cxperimenté. . Folior. & florum dictamni an.p. ij. pimpinel. m. ß.omnium capil. an.p.j. artemiſ. maior.thimi, origan, m.6.rad rubix maior. petroſ fœniculan.3.j.É. rad. pxonix, biſtort.an. 3.ſº.cicer. rubror. ſeminis pzoni.feni- cul.an.3.É.fiat decoct.in aqua ſufficien. ad fb.j. addendo cinam. 5.iij. in colat. diſſol. ſyrup.de artemiſ & hyſº Les gains ſopan.3.j diam abbat.5.j.paſſentur per manicam hipp.cum 3.ij. nucleor. dact. cap.3.iiij. pro doſmane.Auſſi ſudorifiques on en peut faire bains,parfums, fomentations, iniections,onguent, linimens : peſſaires, ſuppoſitoires,noüets, aident à fai- & autres. Exemple d'vn peſſaire : Prenez galbanum, ammoniac,& autres ſemblables remollitifs leſquels ſe- re couler les ront mis en patte auec vn pilon dans vn mortier chaud, & en formez peſſaires , leſquels ſeront oincts d'huy- /700/6, le de iaſnin , ou d'euphorbe, ou de fiel de boeuf, ou de jus d'armoiſe, & d'autres herbes, qui auront ver- tu de prouoquer les mois, mixtionnez auec ſcammonée miſe en pouldre : & ſeront leſdits peſſaires de lon- gueur de fix doigts, plus ou moins, ſelon la corpulence de la femme, & de groſſeur d'vn gros poulce , & enueloppez en lingetlair tiſſu, & ſeront attachez (& principalement les noüets) auec fil,afin qu'on les puiſ- ſe retirer aisément lors qu'on en voudra remettre d'autres. On en pourra pareillement faire de miel cuit, y adiouſtant des pouldres propres, comme ſçamonée & euphorbe, & ne faut pas que tels peſſaires demeu- rent long-temps, de peur qu'ils n'exulcerent la partie. Parquoy iceux retirez de bonne heure,faudra fomen- ter l'orifice de l'amarry de vin blanc, auquel auront cuit du pouliot ou matricaria. Et icy noteras que ſiles mois ſont ſuprimez par la cloſture de l'orifice de la matrice, ou par inflammation, ou autre mauuaiſe diſ- poſition ou chaleur qui aye eſpeſſi le ſang, ne faut vſer de remedes qui eſpeſſiſſent ou eſchauffent trop, mais qui refroidiſſent & humectent, autrement on eſchaufferoit d'auantage : cela ſera conneu par la couleur & D habitude de la malade. Auſſi il faut remedier à tels vices deuant que venir aux remedes qui prouoquent les mois : car autrement on redoubleroit l'inflammation, y attirant d'auantage de ſang : & s'il y a quelque ex- croiſſance de chair, ou calloſité faicte par playe ou vlcere, qui bouſche le col de la matricé, ou quelque membrane née à la bouche d'icelle, ou à l'orifice de ſon col, il faudra premierement oſter les callofitez, & couper les membranes. - Hyp de na- tur.mul e, choix de Or il faut icy obſeruer vn poinct fort remarquable, c'eſt que quand nous voudrons nous efforcer par art #.. & moyens ſouſnommez à faire auoir les mois aux femmes : il faut choifir le temps propre,ſçauoirle decours ſage de ces de la Lune en celles qui ne les ont iamais eu, ou le temps auquel ils ont de couſtume de couler à celles § qui ont ja pluſieurs fois auparauant eu leſdicts mois. Car ainſi nous aurons auec l'art & medicamens, Na- ture & couſtume aidante à noſtre intention. De-là vient que nous voyons tant ſouuant les Medecins ſe tra- uailler en vain à prouoquer les mois aux femmes : car de penſerl les faire couler en temps indeu, ou deuant & apres le temps qu'ils auoient couſtume de les auoir, c'eſt peine perdue : comme ainſi ſoit que les medi- camens n'ont aucune force ſans l'aide de nature. D'auantage apres l'vſage de tels remedes, ne faut enuoyer les femmes aux eſtuues, ny leur faire vſer d'autres choſes qui prouoquent les ſueurs, ſi ce n'eſt que les mois ſoient arreſtez, à raiſon de l'eſpeſſeur, craſſitie, & glutinoſité du ſang : car autrement les ſueurs diuertiſ- ſent la matiere ailleurs , empeſchans par ce moyen le flux menſtruel. II ſe faut bien garder de donner choſe qui prouoque les mois des femmes groſſes, de peur de les faire auorter, qui ſeroit vn acte damnable & in- humain comme auons dict cy-deuant. •* Lff - De la Generation. 633 : femmes par les veines & arteres, naiſſans des vaiſſeaux ſpermatiques, finiſſans leur orifice dedans le fond & - -- l- —I- - La ſignes que les mois veulent couler aux femmes & filles. CH A P, LXI V. - A femme aura les mammelles groſſes & endurcies : auſſi eſt titillée & incitée à venus : elle #S a pareillement vn grand prurit aux parties interieures du col de la matrice : parce que le N , ſang eſt lors eſchauffé, deuient acre, & ſe putrefie s'il n'eſt euacué à heure deue. Auſſi tou- # tes les parties genitales ſont eſchauffées & tumefiées : toutesfois ſi la matiere des fleurs eſt #zº%S froide, elle n'appete venus, ne s'y delecte, & ſent en ſa matrice ſtupcur , auec vn decou- | | - D lement d'aquofitez blaffardes : & ſi l'humeur choleric domine,la couleur dudict flux ſera jaul- ne : & ſi c'eſt le ſang, ſera rubiconde & vermeille : auſſi ſi c'eſt la melancholie , ſera gros, noir & plombin. Aux filles qui ſont au quatorzieſme an, leurs fleurs commencent à ſortir, à autres à treize, à autres à dou- ze : alors leurs tetins ſe groſſiſſent, poignent, & demangent, & la voix ſe mue plus groſſe, & ſont incitées à Venus, & ont douleur aux lumbes, & aux parties genitales, femblablement à la tette, auec vomiſſement de S, 2 SN . Signes que les fleurs cä- /7/4 *, 4 C/4f à cholere,on de phlegme,ou tous les deux enſemble : & le ſang de leurs fleurs eſt ſemblable à la laueure d'vne ſortiraux chair ſanglante, parce qu'il eſt encore indigeſte,& non cuit, à cauſe de leur tendre ieuneſſe, & partant eſt ſe- filles. reux, aqueux,& blaffard. Et lors qu'elles ſont ja meures & capables d'vn mary,depuis qu'on attend trop à les marier, encores qu'elles rendent leurs fleurs en leurs temps , on void toutesfois qu'elles ſont tourmentées griefvement d'vne defaillance de cœur, & ſuffoquation de matrice , principalement quand elles deuiennent amoureuſes, & ſentent vne chaleur en leurs parties genitales qui leur demangent , titillent & chatoüillent, qui leurs cauſe de ietter leurs ſemences elles ſeules:laquelle demeurant aux vaiſſeaux ſpermatiques,ou en la matrice, ſe corrompt, & ſe tourne en venin (comme auons dit) d'où prouient qu'il s'eſleue des vapeurs pu- tredineuſes aux parties nobles,& en la maſſe ſanguinaire qui altere le ſang,& faict qu'elles ont vn battement & defaillance de cœur, gemiſſent & ſouſpirent,à cauſe que la faculté expultrice eſt incitée à ietter hors cette ſemence ſuperfluë & corrcmpué, & ſont penſiues & chagrineuſes, & fort degouſtées, ayans vne deprauation d'appetit, dit Pica, ne peuuent dormir,ont la couleur palie & jaunaſtre baſanée bouffie, & tout le corps ſem- blablement, de ſorte qu'elles ſemblent pluſtoſt mortes que viues , & ſouuent meurent hydropiques, languiſ- ſantes, ou maniaques. Donc pour obuier à tels accidens, ie conſeille aux parens & amis de la filie, eſtant en aage & maturité qu'ils la marient à vn homme qui ait dequoy payer : afin qu'il n'abuſe les marchâts : & eſtant ainſi mariée reprendra ſa couleur viue & naturelle,& le teint clair,poly,& delicat,& ſon corps retournera en tierement en ſa bonne habitude. Les filles villageoiſes n'ont point ces accidens , ou bien rarement, à raiſon u'elles n'ont les obiects, & muguets, comme celles des villes : & auſſi qu'elles ne mangent & boiuent ſem- blables viandes tant en quantité qu'en qualité : ioinct pareillement qu'elles trauaillent beaucoup , qui leur faict oublier le deſir des hómes : & encor le cas aduenant qu'elles euſſent retention de leur ſemence, le bon air & le grand trauail aſſidu qu'elles prennent , conſomme & tarit cette matiere ſpermatique, corrompue & venimeuſe, tant par ſueur que par inſenſible tranſpiration. Que diray-je plus? C'eft qu'il ſe trouue des filles ſi ſucculentes,abondantes grandement en ſang,qu'iceluy regorge aux mammelles , & 1e conuert,t en laict, & le peuuent faire rayer comme font les nourrices, à cauſe que les mammelles ont vne vertu lactifiante : ce qui ſe peut prouuer par Hipp. qui dit que fi la femme n'eſt point groſſe & n'a point enfante, a du laict, c'eſt ſi- mammelles eſtans exangues & blanches conuertiſſent ce ſang menſtruel qui y regorge,en humeur ſemblable à elles en couleur. Semblablement Valeſcus de Tarante Medecin , dict auoir veu vne fille laquelle n'auoit ſes mois, auoir du laict aux mammelles. Icy ne ſera hors de propos ce que Cardan dit auoir veu à Gennes vn Siluius liaré des mois. Accidës qui viennent aux femmes faurc d'auoir leurs fleurs. Les remedes • auons cy- deuant de- . clare K luy ſeront auſſi faits. Les filles peu« f4. /0f 4t404r dte l»ict aux c gne que ſes mois ſont ſuppriméz : & ſur le cómentaire de cét Apho, Galien dit pour ce que les glandules des º Aph 39.5. Antoine Bu- nommé Antoine Buſe aagé de tréte ans, lequel auoit du laict en ſes mammelles aſſez ſuffiſamment pour nour- ſe auoir du rir vn enfant,& ne couloit pas ſeulement, mais le faiſoit rayer ainſi que faict vne nourrice de ſes manmelles, la a aux Ledict Valeſcus de Tarante Medecin,affirme qu'on a veu vn homme (ſa femme eſtant decedée) allaicter ſon enfant & le nourrir : qui eſtoit vne choſe admirable. Ce qui eſt confirmé par Ariſtot.liu.3. chap.4.lors qu'il parle du laict des hommes : parquoy ne faut pas toufiours conclurre qu'vne fille ayant du laict aux mammel- les ſoit groſſe, ou qu'elle ait enfanté,veu qu'vn homme auſſi en peut bien auoir. La raiſon eſt, que le laict 2 ſon origine & cauſe efficiente de l'action de la ſemence virile : comme il ſe peut prouuer de ce que quelques hommes en ont,& de ce qu'ordinairement les femmes n'en ont point,qu'elles n'ayent c5ceu par la reception de l'action de la ſemence du maſle. Parquoy les filles maſculiniſantes, comme dit Hippocrate aux liures de Tieta, c'eſt à dire, qui ſont de nature forte & virile, ayans pareillement la ſemence virile, peuuent auoir du laiôt ſans auoir eu connoiſſance d'homme, auſſi bien que les hommes maſles en peuuent auoir, comme de- duict Cardan expliquant l'Aphoriſme ſus-allegué. Or maintenant nous retournerons à noſtre propos, & di- rons que pendant que les femmes ont leur fiux,elles ſentét le corps peſant & mal-aiſé: aucunes iettent beau- coup de ſang,les autres peu,ſelon leur téperature,& les alimés dont elles ſont nourries & l'exercice qu'elles font,& pareillement ſelon leur aage. Celles qui les ont couſtumierement en petite quantité, ce ſont les graſ- ſes,à cauſe qu'elles ont les veines eſtroittes,& par conſequent peu de ſang,lequel s'employe à la graiſſe(com- me auons dit cy-deſſus.) A peu de femmes leurs purgations s'eſmeuuent tous les mois ſans y faillir, mais à D pluſieurs il ſe fait intermiſſion. Celles qui ont leur flux tout à la fois à ſçauoir,quatre ou cinq iours luyuans, font plus heureuſes, & ſe portent mieux que celles à qui il vient peu à peu, & à pluſieurs iours. - - - - - •- Les accidens qui viennent au flux de ſang menſtruelimmoderé. C H A P. LXV. $Mg O N T appetit perdu, toute concoction debile, & refrigeration de tout le corps, & les ver- # tus proſternées , decoloration & amaigriſſement, enfieures aux jambes, hydropiſie, fiévre # hectique, defaillance de cœur, conuulſion, ſpaſme , & quelquesfois la mort bien ſoudaine. # Si le flux eſt faict par humeur chaud & acre, ſera fetide & de mauuaiſe odeur & couleur, # eſtant touſiours accompagne d'vne fiévre,& ſouuent vlceres aux genciues,& autres parties de º2 la bouche:la langue ſera aride & ſciche, pour les vapeurs putrides & malignes qui montent en haut, & pour ces cauſes faut y preuoir par les moyens qui ſeront dicts § Les menſtruës fluent aux coſtez de la matrice : mais aux vierges & femmes groſſes (ſi l'enfant eſt ſain) les mois fluent par les rameaux de la veine & artere hypogaſtrique, qui ſe rejettent & ramifient au col de la matrice. Ce qui aduient quand le ſang peche en quantité ou qualité, ou tous deux enſemble, ou par coit exceſſif, ou par ce que la verge vi- vle eſt trop enorme en grandeur & groſſeur , ou l'imbecillite de la vertu retentrice des vaiſſeaux , & la mammelles. Prognoſtic. Par quels vaiſ caux les femmes groſ- force ſes & filles iett ent leur mois. 634 Le Vingt-quatriéme Liure, Signes pour cognoiſtre de quelle part ſert le ſang. Alimens pro- $ pres à eſtan- $ cher vn flux de ſang ex- «eſſif. Zs boire. Le dormir eſt ſalubre pour vn flux de ſang. Onguent. Iniection. Peſſaires Le flux ſera cogneu par eroſion s'il coule goutte à goutte. Flux men- ſtrual. force de l'expultrice. Quelquesfois auſſi ledit flux exceſſif vient apres vn enfantement, coulant des cotyle- A dons,ou orifices des vaiſſeaux, où eſtoit attaché l'arriere-faix contre les parois de la matrice. Dauantage autresfois vient du col de la matrice pour auoir eſté trop violentement dilatée à l'iſſue de l'enfantement, de façon que telles veines & arteres ont eſte par tel effort dilacerees & rompues Il vient auſſi de l'vſage des medicamens acres & aperitifs comme de peſſaires. Or tel flux ſe cognoiſtra ( s'il vient de la matrice) par-ce qu'il ſera plus gros & plus noir, & qu'il ſort par trombes & caillons , & s'il vient du col d'icelle il viendra autrement. Tel fiux vient auſſi par vne criſe, lequel ne faut promptement reſtreindre : ny pa- reillement quand il y a au corps trop grande abondance de ſang. - - »- Les moyens d'arreſter le flux menſtrual exceſſif CH A P. LXVI. ,ſi R E M 1 E R E M E N T par la maniere de viure , à ſçauoir manger & boire alimens, qui ont # vertu d'engroſſir & eſpeſſir le ſang , car tout ainſi que ledict fiux eſt continué & augmenté 3 par choſes chaudes & de tenuë ſubſtance auſſi eſt il arreſté par choſes froides, ſtiptiques groſſes, & aſtringentes,comme ſont orge mondé cuit auec ris, gigouteaux de veau, tru- , meaux de bœuf, pieds de mouton , de veau, chappons cuits auec ozeille, pourpié, verjus | -- de grain, laictué, renoüee, plaintain, bource de paſteur : ſuc de prunelles , ia ſommité de ronces , eſpine vinette, ſumac & autres ſemblables : ſi on ne peut trouuer del'vn, on prendra de l'autre. La corne de cerf bruſlée & lauée,donnée à boire auec eau aſtringente eſt propre pour arreſter ledit flux,enſem- ble le fiux de ventre,s'il y en auoit : auſſi ſang de dragon,terre ſigillée, bol fin, pierre hematiſte, coral, ſubtilement pulueriſez , & donnez à boire auec les eaux aſtringentes ou ferrées. .. On peut donner ſalades d'oranges, citrons, limons , auec ſuccre & eau roſe. Pareillement eſt vne choſe ſinguliere bouillir du laict ferré auec acier,puis cuit auec farine de fourment, ou amydon,ou d'orge, ou de feves,ou de ris,pareillement coings,cormes,nefles,& corniolles. Le boire ſera eau cuitte & ferrée par pluſieurs fois,puis mixtionnée aued- ques ſyrops,côme de roſes ſeiches,aceteux,de grenade,myrtille,de coings,ou vieille côſerue de roſes. Il faut euiter le vin, ſi les vertus le peuuent porter & la couſtume : ſi non il faut qu'il ſoit petit, gros, & aſtringent, & trempé en eau ferrée. Sur tout faut euiter le coit : auſſi le trauail, la deſcente des degrez, les dances, par- ce que non ſeulement elles eſmeuuent le ſang, mais lauſſi l'attirent enbas : ſemblablement le courroux,l'air chaud : & partant en Eſté la chambre ſera rectifiée par choſes ſroides. Le dormir eſt ſalubre : auſſi par ſe- ction de veines aux bras , application de ventouſes ſous les mammelles, & à coſté du nombril , ſans oublier pareillement les frictions & ligatures douloureuſes faites aux parties ſuperieures. Que ſi tel flux eſt cauſé d'vn humeur bilieux , acre & ſereux , il faudra premierement auoir eſgard à ce ſymptome par medicamens qui ayent vertu de purger la bile & les ſeroſitez : quels ſont la rheubarbe, les myrabolans, les tamarins , les ſe beſtes, le ſyrop de roſes laxatif. - \ :- Les remedes particuliers qu'on doit appliquer en la matrice pour eſtancher le flux de ſang immoderé. CH A P. LXV II. N peut appliquer onguens, iniections & peſſaires. Exemple d'vn onguent duquel en ſera frot- tée la region des reins.2L. Olei maſtic. & myrr. an. 3.ij. ſucci roſar. rubrar.3.j.pul.maſt3.ij. nucum cupreſſi, olibani, myrtill. an.3.ij.bol.armen.terrx ſigil. an.5.É. cerx alb. quant, ſuff. fiat vngnentum ad vſum. Et apres qu'on en aura frottè les reins on mettra vne ſeruiette deſ- ſus trempée en oxycrat : & ledict remede ſera reiteré ſouuentesfois. Exemple d'vne injection - ºf qu'on jettera en la matrice. 24. Aqu. plantag, & roſar. aq burſ. paſt. & centinod an. fb.É. cortic. querc. nuc. cupreſſ gal. non maturaran.5.ij. berber ſumac, balauſt alum. roch. an.3.j. fiat decoct. de laquelle en ſera faite injection auec vne aſſez groſſe ſeringue, tenant bonne quantité d'injection, qui aura en #º vn bouton , craignant de bleſſer les parois du col de la matrice , laquelle t'a eſté figurée cy-deſſus. • Aucuns tiennent que les limaçons à coquille bien broyez,& appliquez ſur le nombril, arreſtent le flux im- petueux menſtruel.Les coings cuits ſous la braiſe, incorporez auec poudre de myrtils & bol Armene, appli- quez dans le col de la matrice,profitent grandemët en forme de peſſaire. Exemple d'vn autre peſſaire.% Pul. gall. immatur.combuſt.& in aceto extinct. 3. ij. amo.5.ſº.ſang drac.pulu. radic. ſymphit. ſumac. maſt. ſucci acac cornu cerui vſti,coloph myrr.ſcoria ferran.3.j.camph.3.ij.miſce,& incorporentur omnia ſimulcum ſuc- co centinod. ſemperuiui,ſolani,hyoſcy. nenuph.plantag. an. quantum ſuff. fiat peſſar. L'on doit pareillement faire application de choſes froides par dehors ſur les reins, cuiſſes & autour des parties genitales, comme oxycrat, vnguent roſat , & autres ſemblables , comme nous auons dict cy-deſſus. Or ſi le flux venoit par eroſion, & que la matiere d'iceluy euſt vlceré le col de la matrice, on appliquera laict d'aſneſſe auec orge mundé , ou mucilages aſtringens , comme pſyliij, cydoniorum, gummi tragachant. & arab. & autres ſem- blables. - - Du flux muliebre , ou fleurs blanches. CH A P. L XV I II. v T R E le flux naturel il s'en faict vn autre, appellé flux muliebre, parce quil eſt propre # & particulier aux femmes , qui leur eſt à d'aucunes vne longue & continuelle diſtillation, & % quaſi ſans douleur, qui vient de la matrice : & par icelle ſe purge l'abondance des ſuperflui- @ tez de tout le corps , ainſi que quelquefois ſe fait par les reins : aux autres il ſe faict parin- terualle, & eſt tel flux fort douloreux , principalement lors que la matrice eſt vlcerée. Or ,/Vè ] L/AE à cedit flux eſt different du flux menſtrual, de la Gonorrhée ou flux de ſemence, de la chaude- piſſe, & de ce"uy qui ſort des vlceres de la matrice, Quand à la purgation menſtruale, le ſang loüable en peu de iours fiue autant qu'il en doit eſtre vuidé : mais au flux muliebre, le ſang qui ſort eſt corrompu, & de couleur quelquesfois rouge , qui eſt vne ſanie de ſang meſme quelquesfois ſereux & liuide, autresfois blanc & eſpais comme vn colis d'orge-mondé, autres-fois jaunaſtre , causé le plus ſouuent de ſang phleg- matique.Qu'il ſoit vray, tel fiux aduient plus ſouuent aux femmes phlegmatiques & qui on la chair mol. laſſe, qu'aux autres, & eſt nommé d'elles , fleurs blanches. - O / T D - De la Generation 635 , or le flux de la Gonotthee ou de ſemence, eſt beaucoup different : il eſt toufiours blanchaſtre, & porte A ſubit vn amaigriſſement & grande foibleſſe, auec vne mauuaiſe couleur à tout le corps, encore qu'au ſortir il excite quelque petite titillation de volupté. Les femmes le jettent ſouuent par leur matrice , laquelle ma- tiere eſt crue & ſereuſe , & ſort en petite quantité , non aſſiduellement ny tous les iours , mais ſeulement par interualle, & n'eſt nullement puant ny acre. Jceluy aduient aux femmes luxurieuſes, & aux vefues qui ſe ſont long-temps abſtenu du coit. La matiere ſanieuſe purulente & blancheaſtre, qui ſort des vlceres de la matrice, eſt auſſi differente des fleurs blanches. Car les fleurs blanches ſont plus liquides, ſereuſes, & aqueuſes : & auſſi moins blanches & moins fetides : joinct auſſi qu'elles fluent en plus grande quantité, que le pus qui vient és vlceres de la ma- trice. Dauantage eſdits vlceres il y a douleur, en ſorte que la femme ne peut endurer l'habitation de ſon mary, & aux fleurs blanches ne ſent nulle, ou petite douleur. Le flux de la chaude-piſſe prouient d'vne virulence venerienne, qui flué inceſſament comme les fleurs blanches , mais d'vne matiere plus eſpeſſe, tantoſt blancheaſtre, tantoſt rougeaſtre, ou verdoyante, acre ou corrodante, & puante qui toſt excite vlcere aux parties honteuſes , qui deſcend des vaiſſeaux ſpermatiques» & non des veines, qui font ffuer les menſtrues & fleurs blanches. Tel fiux de chaude-piſſe ne ceſſe point à la venue du ſang menſtrual , mais il perſeuere deuant, & auec luy, & apres : au contraire des fleurs blanches, qui ceſſent à l'eruption des mois,& quelque peu de temps apres. Le flux de chaude-piſſe fait douleur & cui- ſon, eſt puant , & coule quelquesfois en grande quantité, & eſt de couleur verdoyante ou jaunaſtre Aux hommes fait eriger la verge, qui leur cauſe grande douleur , principalement en piſſant : ce quine ſe fait au flux des fleurs blanches. Or la matiere de tels flux ſera cogneue par la couleur, comme ſi c'eſt cholere , ou pituite, ou melancholie, les linges ſeront teints de l'humeur qui abonde en iceluy : ſi c'eſt ſang pur , faut eſtimer que tel flux vient par eroſion ou par debilitation des vaiſſeaux de la matrice ou de ceux de ſon col. Rarement tel flux ſe fait de matiere ſanguine, ſçauoir lors ſeulement que les femmes ſont groſſes , ou que leurs mois ſont arreſtez : car en lieu de ſang menſtrual ſort vn excrement ſereux , lequel rougit aucunement ainſi que feroit vne eau teinte & meſlée de quelque peu de ſang : Fort rarement ſe fait auſſi tel flux d'humeur melancholic , ou s'il ſe fait eſt incontinent excité vn cancer en l'vterus : quelquesfois la matiere qui ſort de quelque vlcere caché dans l'vterus,abuſe le Medecin & Chirurgien,penſant que ce ſoient fleurs blanches & muliebres,toutesfois ces deux affections ſont aisées à diſtinguer:car la matiere qui fiue d'vn vlcere eſtant pu- rulente eſt plus craſſe, fetide & blanche,& en moindre quantité que celle qui prouient du flux muliebre. En outre telles femmes ne peuuent endurer la compagnie de l'homme ſans grande douleur, ſi principalement l'vlcere eſt au col de l'amarry : mais en ſon corps non. Madamoiſelle de Chalange de Bretagne, ayant quel- ques fleurs blanches vint à Paris pour auoir conſeil des Medecins,& eſtre deliurée de ce flux, eſperant qu'a- pres en eſtre guarie elle auroit des enfans. Or quelques iours apres il luy ſuruint vne grande douleur de co- ſté,accompagnée d'vne fiévre. Meſſieurs le Grand, Duret, & Rebours Docteurs en Medecine furent appel- lez, eſtans aſſemblez fut conclud qu'elle auoit vne pleureſie coniointe d'vne peripneumonie. En ce temps-là elle auoit ſes fleurs,neantmoins luy fut ordonné vn clyſtere & la ſaignée, qu'elle refuſa tout à plat. Le iour d'apres qui eſtoit le ſeptiéme iour, & parce que les accidens croiſſoient , elle fut ſaignée. Monſieur Duret la venoit voir deux fois le iour,&dit que s'il luy ſuruenoit douleur de teſte auec prurit,qu'elle mourroit:& que cela aduenant il ſe feroit tranſport de la matiere des poulmons , à la teſte. Le iour ſuiuant la douleur & de- mangeaiſon de teſte luy ſuruiendrent, & peu d'heures apres mourut. Quatre ou cinq iours apres, Monſieur Rebours, Viard, & moy nous ouuriſmes vn Preſtre,lequel mourut d'vne pleureſie & peripnumonie ;auquel c ſuruint vne douleur de teſte:nous voulûmes voir ſi le prognoſttic cy-deſſus auoit lieu,&s'il ſe ſeroit fait trans- lation de la matiere du pleura au cerueau. Apres auoir ouuert le crane nous le trouuaſme tout remply de pus, entre la Pie-mere & le cerueau, comme en la Damoiſelle ſuſdite. Cauſes des fleurs blanches. C H A P. LXI X. º2 E s cauſes des fieurs blanches viennent ſouuent par la debiliation de la concoction de l'eſto- #s mach, ou de tout le corps, & de grande triſteſſe, ou pour autoir vsé trop de viandes crues & , phlegmatiques. Le cours de ces fleurs, combien qu'elles ſoient blanches, conſerue le corps en ſanté, pourueu qu'iceluy ſoit moderé, à ſçauoir, qu'il ne ſoit trop grand ny trop petit, & n'aye nulle acrimonie:autrement tel flux engédre debilitation & laſſitude vniuerſelle de tout -- z . le corps, couleur palle, l'appetit abbatu, atrophie ou amaigriſſement de tout le corps , tri- ſteſſe, qui ne ſe peut appaiſſer pour la vergogne du decoulement d'vn tel flux, tumeurs œdemateuſes aux $S2 jambes , & fait à d'aucunes deſcendre la matrice en bas, ce que nous auons par cy-deuant appellé, precipi- tation de la matrice. Tel flux empeſche la conception, parce qu'il corrompt la ſemence , ou la contraint de ſortir en s'eſcoulant: auſſi quelquesfois acquiert vne acrimonie, pour auoir demeuré cinq ou ſix mois ſans eſtre euacuée, lequel s'apoſteme au corps de la matrice ou au col d'icelle,& acquiert pourriture, laquelle eſt Flux de la Gonorrhée ou ſemence. Flux des vl- ceres de la matrice. Flux de la chaude piſſe, Hiſtoire. Braue pro- gnoſtis, Pregnoſtic. - ſouuent jetté hors,qui cauſe vlceres putrides & chancreux- A aucunes femmes ſe font apoſtemes aux aines & . hanches, qui ſont ſouuent cauſe de leur mort, & le plus ſouuent pour ne s'eſtre monſtrées & declarées aux Medecins & Chirurgiens en temps opportun, pour honte & vergogne qu'elles ont à monſtrer leur mal.A ce propos Montanus recite cette hiſtoire, qu'vne fois entre autrés, il fut appellé pour voir vne noble Damoiſel- le d'Italie, laquelle auoit des fleurs blanches, & ayant cogneu ſon mal, luy ordonna qu'elle ſe fiſt ſeringuer, & deterger ſa matrice:ce qu'ayant entendu ladite Damoiſelle tomba en ſyncope, & pria ſon mary de non ia- mais l'appeller. Et partant les maladies de la matrice ſont difficiles à connoiſtre, & difficiles à curer : car la matrice reçoit la plus grande part des ſuperfluitez de tout le corps, tant pource qu'elle eſt partie debile, que pource qu'elle eſt ſituée en bas', & apluſieurs vaiſſeaux qui aboutiſſent en ſoy, & dauantage eſt naturel- lement ſujette à purgations & fiuxions. - - Cure du flux muliebre, ou fleurs blanches. CHA P. LXX. - \# flux muliebre rouge, il faut ſaigner & faire les autres choſes qui ont eſté declarées pour arreſter -4ll . $ le flux menſtrual immodere ; & au blanc, ou d'autre couleur,faut purger par remedes propres: $N. comme s'il eſt causé de cholere, par medicamens propres à icelle, & ainſi des autres humeurs. Les remedes ſeront changez & diuerfifiez ſelon la cauſe d'celuy fiux, lequel faut laiſſer couler quelque peu de temps, afin que la matrice » & tout le corps ſe purge des humeurs ſuperabondans. Les bains "† ulphurez, * º * Autrehiſtoi- 7º, Saignés. Bains artiſi• ciels. 636 Le Vingt-quatriéme Liure, ſulphurez, ou bitumineux, ou ferrez, ſont propres à celuy qui eſt cauſe de pituite, ou en lieux d'iceux faut faire vne decoction d'herbes chaudes aromatiques & deſiccatiues, de laquelle ſera fait baing, jettant dedans pluſieurs pierres & cailloux ardàns,& quelque portion d'alum,afin de le rendre plus aſtringent. Et le remede plus excellent que l'on tient, c'eſt de boire des eaux minerales de Spa au Liege , ou de Plombiere, leſquels ont vertu admirable de tarir les fleurs blanches & chaudes-piſſes. Toutesfois ſe faut bien garder d'arreſter trop toſt tels flux par medicament repercuſſifs & aſtringens, de peur de faire réuoy de cette matiere au foye qui ſeroit cauſe d'hypropiſie,ou quelque fiévre,ou apoſteme,ou maladie au cerueau,ouchancre à la matrice, ou autres accidens : dont apres les choſes vniuerſelles deuement faites,on vſera de remedes qui auront puiſ- ſance d'aſtraindre,nettoyer & ſecher la matrice,& le col d'icelle,auec injections,peſſaires,parfums,& autres. Exemples d'vne decoction & iniection deterſiue & deſiccatiue. 2Z. Flor. abſint. agrimon. centinod. burſ. paſtor. an m.É. bulliant ſimul, & fiat decoct.in qua diſſol.mellis roſ.3.ij.aloes,myrt.ſalis nitrian.3.j & fiat iniectio. La femme ſera ſituée en vn lict,auquel ſera vn matelas,& a ura quelque oreiller ſous ſes feſſes,en ſorte que le col de la matrice ſoit eſleué en haut & apres auoir faict l'iniection, pour la faire demeurer quelque temps, on fera croiſer les cuiſſes & jambes de la malade,les ſer- rant l'vne contre l'autre, & flechies vers les feſſes : & ſi on veut plus aſtreindre & ſeicher, on adiouſtera cho- ſe propre à ce faire,comme ſuccus acacix,gall.virid.cortex gr.alumen. roch. vitriol. roman.bouillis en eau de Remedes mareſchal & vin noir & auftere. On peut ſemblablement faire des peſſaires ayans ſemblable vertu. Or ſi les pour l'vlcere matieres qui ſortent de la matrice, ſont fort fetides & puantes,& de mauuaiſe couleur , elles ſignifient qu'il de l'amary. y a vlcere putride:alcrs on doit vſer des remedes qui ont puiſſance de corriger tel vice,comme Egyptiac(du- quel i'ay fait mention en mon traicté des †) diſſoult en lexiue ou vin noir, y adjouſtant vn peu d'eau de vie,& faire tout autre choſe neceſſaire en tel cas. Dauantage aucunes bonnes Dames diſent qu'el- les ont leurs fleurs blanches (qui eſt vne gonorrhée ou chaude-piſſe) jettans grande quantité de matiere pu- rulente,commme au flux muliebre, auſquelles le Chirurgien,outre les autres ſuſdits remedes pourra ayder:& s'il connoiſt que ledit flux ou vlcere fuſſent cauſe de la verole, alors faudroit faire ſuer & bauer ladite Dame, ou autrement ne pourroit guarir. Pareillement ſera posé en ſa matrice vn inſtrument en forme de peſſaire, ayant certains petits trous en ſon extremité, afin que les matieres s'eſcoulent, & n'acquierent acrimonie, & que la matrice ſoit vn peu eſuentillée, & aucunement refroidie par le benefice d'vn reſſort qui-le tiendra ou- uert. Maintenant il nous faut traicter des palles couleurs. Des palles couleurs. C H A P. LXX I. 9)uand les O v s auons dict cy-deuant que le ſang menſtrual commence à apparoiſtre aux filles ja filles cömen- # meures, commençans à ſentir leur cœur, & deuenir amoureuſes , & eſtre capables d'eſtre cent à auoir # mariées, & porter enfans, qui eſt en l'aage de quatorze, quinze, & ſeize ans : qui eſt lors leurs mois. ſg que le ſang s'eſchauffe & boüillonne dedans les veines , & monte aux mammelles, qui les # font enfier & durcir. Semblablement le poil follet commence à apparoiſtre autour de leurs $>>>RNS parties genitales, qui lors ſont chaudes & tumefiées : leur voix ſe muë & deuient plus gra- ue : elles ſentent douleur à la teſte, auec vomiſſement de cholere & pituite. Le ſang de leurs fleurs vientà ſortir goutte à goutte,, ſemblable en couleur à la laueur de chair ſanglante, parce qu'il n'eſt encore bien cuit, Le ſang mé- à cauſe de leur tendre ieuneſſe, qui fait qu'il eſt ſereux, aqueux & blaffard. on void aduenir de grands ac- # cidens par la retention de leurs fleurs, & encore plus grands, ſi par l'irritation de la copulation charnelle ieunes filles elles ne rendent leur ſemence. Car eſtant retenue ſe corrompt & acquiert venenoſité, d'où procedent les eſt blaffard. palles couleurs. Or à d'aucunes le ſang menſtrual ne s'eſcoule, à cauſe que les vaiſſeaux, à ſçauoir veines & Cauſe de re- arteres, ſont anguſtes & eftroits, & encore non deſtoupez : fi que ne pouuant ſortir regorge en la maſſe tention des ſanguinaire qui s'altere & corrompt, faute d'eſtre euacué, & toute l'habitude du corps ne peut eſtre bien /770/4. nourrie, dont ſe fait Leucophlegmatie, qui fait le corps tout bouffy, & la couleur du viſage baſanée & bla- Accidens farde : c'eſt pourquoy on les appelle palles couleurs. Dont enſuiuent pluſieurs maladies & accidens, com- me battement de cœur, bourſoufleure, appetit corrompu, nausée, vomiſſemens, friſſons, rigueurs, ſouſpirs, vomiſſemens, ris, reſueries , eſuanouiſſemens, fiévres lentes & erratiques, veilles & autres accidens. - - r - • - -4- - - A- Du battement de cœur. C H A P. L XXII. Cauſe du ©Z E battement de cœur vient des grandes cruditez de l'eſtomach , & des obſtructions du lbattement # foye & ratelle , dont s'amaſſent grande quantité d'humeurs groſſiers & vaporeux , deſquels de cœur. # s'eſleuent pluſieurs flatuoſitez melancholiques, qui enuironnent le cœur, meſmes ſont con- tenus au pericarde, qui cauſe le battement : qui n'eſt autre choſe qu'vne concuſſion du cœur, pour mieux ſecoüer , & comme vne eſcouſſe qu'il prend pour mieux faire ſauter & bondir 2 ssê loing de ſoy telle venenoſité & ordure,ſautelant par l'effort de la faculté expultrice,que Na- ture luy a donnée comme à partie tres-noble pour ſe depeſtrer & deſuelopper d'vn nuage ſi odieux. Pour y Curt. donner ordre, faut prendre de l'eau theriacale, ou de l'eau de meliſſe, ou de bugloſſe, où l'on aura diſſout vn peu de theriaque. - - - - - - •m- De bourſoufleure. CH A P. LX X II I. Que c'eſt que ? ,?,g O v R s o v r L E v R E eſt ce que les Grecs appellent Cachexie , c'eſt à dire, mauuaiſe beurſoufleu- 76'. # habitude, en laquelle la charnure des parties qui ſont autour des os, eſt remplie d'aquo- é<è&? ſitez & de ventoſitez, & le cuir eſt laſche & mollaſſe, & de mauuaiſe couleur, comme en- # tre blanc & verdaſtre, & tout le corps las & debile , ne ſe pouuant ſouſtenir, accompagné à d'vne courte haleine. Ce mal eſt comme auant-coureur d'hydropiſie. Cette diſpoſition " vient à cauſe que le foye ne fait bien ſa ſanguification pour eſtre refroidy,& ſa chaleur natu- relle comme noyée & eſtouffée en l'abondance du ſang qui luy remonte de l'amarry : comme la lumiere A B D de - - - - - - #. d'vne lampe, qui eſt amortie par effuſion de trop d'huyle. Vient auſſi d'vne dureté de rare, à laquelle les vier- 1'8, ges ſont ſuiectes , à cauſe qu'elles ne ſe purgent point par leurs fleurs, comme auſſi par mauuaiſe nourriture, . C4re. de trop boire de l'eau froide, ou manger fruicts cruds, & autres viandes de pareille nature. Pour la cure faut prouoquer les mois. - Df De la Generation. : 637 -- - - - - De l'appetit corrompu & depraué. C H A P. L XX I V. E s filles qui ont les palles couleurs , ont l'appetit non moins corrompu que les femmes pies groſſes:lequel accident les Latins nomment Pica,ou Malacia, c'elt à dire,langueur,laſcheté, - & moleſſe,par laquelle deſgouſtées de ce qui leur eſt preſenté,appetent toute autre choſe, meſmement du tout eſtrange & aliené de Nature. Car aucunes mangent le plaſtre, cendre, terre,charbons,farine,ſel, eſpiceries, & autres choſes non propres à manger : boiuent vi- - naigre tout pur , ce qui les rend ainſi desbauchées, & deſcontenancées, tant pource que E=E2I leur ſang eſt corrompu par ſuppreſſion, que pource qu'elles ſe nourriſſent mal : qui fait o u le qu'elles ne peuuent auoir ny ſang , ny eſprits,ny force valide. Telle affectiongiſt en l'orifice de l'eſtomach # » lequel appette alimens ſemblables aux humeurs qu'il contient, & deſquels il s'eſt faict diſſipation Car nour- d'appeiit. riture n'eſt autre choſe que repletion de ce qui s'eſt vuidé. Dont tels appetits eſtranges viennent aux filles qui ont leurs mois retenus, qui regorgent à l'eſtomach, & y enuoyent vapeurs ſemblables, ou humeurs, ou excremens corrompus. Comme s'il y a quelque humeur melancholic naturel , efpandu à l'eſtomach , la fille aura appetit de choſes aigres : ſi celuy meſme deuient aduſte, deſirera viandes ſeiches ſemblables aux ſuſdi- tes. Or le ſang menſtrual tient beaucoup de l'humeur melancholic, & aisément ſe tourne en iceluy, qui eſt cauſes que ſouuent elles appetent choſes ſallées : pource que tel humeur de ſa nature eſt groſſier, faculent, cure. ord, & immonde. Pour la cure, il faut prouoquer les mois & vomiſſemens, qui ſont cauſes de tels accidens. vomitoires. Le vomiſſement ſera prouoqué auec decoction tiede de graine de raue, & eau tiede, auec huyle , & autres ſemblables vomitoires. De nausée & vomiſſement. C H A P. LXX V. A nausée & vomiſſement vient de meſme cauſe que l'appetit depraue & degouſtement, à ſçauoir cauſe dº de l'vſage de mauuaiſes viandes, & de la regurgitation des excremens menſtruaux, ou des vapeurs nausée. putrides eſleuées d'iceux en l'eſtomach. Partant il faut purger l'humeur qui eſt attaché en l'orifice Cure de interieur du ventricule, ou adherant contre les tuniques d'iceluy, auec piilules ou potion de rheu-nausée. barbe, ayant premierement donné quelque breuuage propre pour inciſer & attenuer l'humeur auec ſyrop aceteux ou oxymel. D'auantage faut prouoquer le vomiſſement, qui guarira iceluy vomiſſement par euacua- tion de la matiere, qui de qualité maligne irritoit la faculté excretrice à excretion par en haut : mais en vain toutesfois,ou pour le moins ſans grand & ſuffiſant effect. Que ſi tel vomiſſement ſe rend effrené & impe- tueux, faut appliquer vne ventouſe vn peu plus bas que l'eſtomach , à fin de l'arreſter : meſmes faut frotter & lier les extremitez. # # 1W - - - Des friſſons & rigueurs. CH A P. L XXV I. E s filles ne pouuans auoir leurs mois, quelquesfois ſentent des friſſons & rigueurs ou horreurs Canſe des aux lumbes,& par toute l'eſpine du dos, & au derriere de la teſte. Ce qui leur aduient de la ma- # &» trice refroidie par les mois retenus nouuellement , & non encore corrompus : parce que la ma- rigueurs. trice qui eſt membraneuſe & nerueuſe, communique facilement ſa froideur vniuerſellement au * pannicule charneux,mais principalement aux lumbes,& à toute l'eſpine du dosstant pource que telles parties ſont fort ſenſibles, que pource qu'elles ſont tres froides, attendu qu'elles ſont nerueuſes, mem- braneuſes, & oſſeuſes. & en outre fort voiſines & contigués à la partie , c'eſt a dire à l'amarry, où ſe fait la corruption du ſang menſtruel. Tels accidens ſe peuuét corriger par application de linges chauds,& onction d'huyle laurin, ou autre ſemblable,ou auec eau de vie, & frotter toute l'eſpine du dos.Il ſera bon de donner à boire de l'hippocras, ou maluoiſie, ou de l'eau de vie où l'on aura diſſout vn peu de theriaque, & vn peu de e quinte-eſſence de muguette ou clou de girofle. - - Des ſouſpirs, Gemiſſemeus, & Ris. - C H A P. LXXV I I. - #ºQ47 E s mois retenus, à la longue ſe conuertiſſent en excrement melancholique, principalement cauſe des $) 5e aux filles qui ſont de tel temperament,qui leur cauſe vne triſteſſe,chagrin,ſouſpirs frequens, ſouſpirs. # pour la compreſſion du Diaphragme à raiſon du ſang retourné au foye plus plein que de Cauſe des # couſtume, & des vapeurs eſleuées : des pleurs & gemiſſemens, à raiſon des vapeur melan- º É$# choliques qui oppriment le cœur. I'ay veuvne bien grande Dame qui pleuroit ſouuent fans ºſº cauſe, & s'enfermoir en ſa chambre pour mieux plorer. Autres ſe prennent à rire ſans aucu- - - - ne occaſion, ce qui aduenoit à deux filles que ie ne veux icy nommer : Car eſtans ſubjectes à vne ſuffocation 4ººrehiſtºi* d'amarry, à raiſon des mois arreſtez, ordinairement vne ou deux heures deuant que l'accez les prinſt,elles ſe * mettoient à rire ſi effusément, que ny les remonſtrances amiables , ny la honte & crainte de leur parens ne les pouuoient deſtourner & engarder. Mais eſt bien plus admirable le faict d'vne certaine Dane qui en pareil * accident eſtoit ordinairement ſurpriſe de reſuerie, ris , pleurs , contraction des yeux, & autres ſymptomes contraires les vns aux autres,comme raconte Houlier en ſon traitté de la ſuffoquation vterine. Pour obuier à tels accidens,faut leur prouoquer leurs mois,& les purger : auſſi qu'ils ayent compagnie joyeuſe, & qu'on joüe d'inſtrumens de muſique. - - - Des Reſueries, CHA P. LXXV III. #EE# O N ſeulement la regurgitation du ſang menſtrual , mais auſſi les vapeurs, les mois retenus, Cºſ** #i eſleuées iuſqu'au cerueau , par les veines & arteres, quelquesfois infectent tellement le cer reſueries. ueau de leur puanteur & malignité , que ſa ſubſtance en eſt eſtourdie & abrutie, & ſes fonctions abolies & deprauées , ou corrompués , non ſeulement en imagination, mais auſſi en memoi- re & ratiocination : dont ſuruiennent plufieurs ſortes de reſueries, non ſeulement pour la di- uerſité des parties du cerueau engagées,mais auſſi pour la diuerſité de la pourriture : qui faict que # telles H H h CIIlIIlCS 638 Le Vingt-quatriéme Liure, • | femmes & filles, les aucunes rient ſans occaſion, autres ſont triſtes qui ne ceſſent de plorer , comme nous A auons dict cy-deſſus, autres furieuſes qui ſe veulent eſtrangler , & ſe jettent dedans les puits, ou par les fene- Cura. ſtres : autres ſe tuent de coups de couſteau, autres gazouillent & babillent , reuelans ce qu'elles deuroient taire,& font des mouuemens extraordinaires. La guariſon depend de l'euacuation de la cauſe. Hippocrate commande de ſaigner & purger,&appliquer ventouſes ſur le plat des cuiſſes, &ſur les eſpaules,faire ligature aux extremitez , ouurir les hemorrhoides auec ſangſues. De l'Euanoiiiſſement. C H A P. LXXIX. Aſsº E s filles s'euanoüiſſent ſouuent par l'eſleuation des vapeurs puantes & pourries, excitées de #. ai # leurs mois retenus:deſquelles le cœur affailly & infecté tombe en ſyncope c'eſt à dire,grande 777e/9f, 5 R" #A defailláce des vertus vitales,&par conſequét des animales,qui faict que leſdites filles demeu- Definition de s© # rént immobiles ſans aucun ſentiment,ſans voir,ouyr,parler,ſans pouls,que bien obſcur,& ſans ſyncope. rè:49S reſpiration. Pour les faire reuenir, il les faut aſſeoir en figure moyenne à fin qu'elles puiſſent Cure, - mieux reſpirer, laſcher leurs habillemens, frotter les cuiſſes & jambes contre bas auec lin- ges aſpres & rudes, leur donner vn air libre,& fairez prouoquer le vomiſſement : il leur faut bailler à boire vn peu de theriaque ou methridat, diſſoult en quelque eau cordiale : & faire ſentir choſes puantes, & par embas choſes odoriferantes, & arrouſer la face d'eau roſe, vinaigre, & eau de vie. D'auantage , leur faut tirer le poil de derriere le col , & auſſi les oreilles & le nez, & les pincer violentement, pour reſueiller les eſprits. De la fiévre Erratique, CH A P. LXXX. Au liure des = A Fiévre qui eſt excitée par la ſuppreſſion des mois aux filles, ne garde aucun ordre, mais ém aladies des | | prend à heure & iours certains, ſelon que le ſang menſtrual regorge au cœur & au foye, vierges. \ | & que ledit ſang s'eſmeut. C'eſt pourquoy Hippocrate l'appelle Planettes , c'eſt à dire, Er- = All ne s'enflamme qu'à peine,de ſorte que telle matiere meſlée parmy le ſang des jeunes filles, eſt cauſes des mouuemens inegaux,& deſreglez de la fiévre qui en prouient,faiſant ce que le feu fait en bois verd, flamme d'vn coſté,& fumée de l'autre. Ioinct que leur ſang eft fort crud,tant à raiſon de l'aage, que de Bonne com- la façon de viure deprauée, ſe nourriſſans de laictages, fruicts cruds , & eau froide, qu'auſſi à raiſon de la paraiſon. ſuppreſſion non naturelle d'iceluy ſang. De la ſoif& alteration. - CHA P. LXXXI. A ſoif aux vierges prouient de leurs mois ſupprimez : la chaleur & ſeichereſſe ſont les Cauſes de l deux cauſes de la ſoif, à ſçauoir, defaut d'humidité, & excez de chaleur. L'autre cauſe ſoif. 65 46 M4 peut eſtre leur boire exceſſif d'eau froide : car l'eau par ſa crudité & peſanteur s'arreſte long-temps aux hypocondres,& y engendre obſtructions & cruditez,qui ſont cauſe que le # boire peut penetrer au foye. Ces cruditez croupiſſantes où e les ſont arreſtées, ſe pour- (l riſſent & de cette pourriture s'eſleuent vapeurs putrides & acres, ſe tournent auſſi en phle- - gme ſalé, qui rempliſſant l'orifice de l'eſtomach(où eſt le ſiege & ſentiment de l'alteration) faict quaſi ſemblable ſoif à celle qui tourmente les hydropiques. Effects de pourriture. - - Du veiller. CHA P. LxxxII. # #* veilles procedent de certaines vapeurs corrompues, qui montent au cerueau, qui ſont pertur- bation d'eſprit, reſverie, melancholie, epilepſie,& autres mauuaiſes † tout par alte- #º ration , qui en fin induit & apporte alienation à la ſubſtance du cerueau. Or ces accidens ſuſdits - Il6 ſuruiennent ſeulement, mais pluſieurs autres, comme dureté de rate, apoſteme au meſentere, rupture de veine aux poulmons : phytiſie, enfleure de jambes, peſanteur, laſſitude vniuerſelle, obſtructions, douleur de teſte, & autres maladies procedentes de l'amas des humeurs vicieux , qui corrompent toute la maſſe ſanguinaire, qui fera que le ſang menſtruel qui en ſortira, reſſentira de la corruption de l'humeur qui aura eſté engendré &meſlé : lequel paroiſtra bilieux, pituiteux, ſereux , melancholic , ou autre, ſelon la diuerſité de la corruption conçue en la maſſe ſanguinaire,& d'vne inflammation engendrée dedans les veines, qui y ſera ſuPpurée, comme auons dit cy-deſſus. - Cure. · CH A P. LXXX III. #E poinct ſouuerain pour remedier à tous ces accidens, eſt de prouoquer les fleurs : pour # laquelle choſe executer, on appellera vn docte Medecin qui ordonnera la ſaignée ( à fin ſé de deſcharger Nature d'vne partie de ſon fardeau) & des purgations, ainſi qu'il verra eſtre neceſſaire. Apres les purgations, ſera vtile faire prendre choſe aperitiues & inciſiues , à - # fin de deſtouper les obſtructions : comme ſont les ſyrops d'armoiſe, capilli veneris, & au- cz-z Ss^ tres ſemblables, auec decoction d'hyſſope, ſabine, racine d'eringium, dit en François Pani- cault, & de garance. Auſſi la conſerue de fleurs de ſoulcy eſt ſinguliere, priſe par trois matinées, auſſi gros ventouſes qu'vne noix commune. Pareillement la decoction de la racine de perſil, fueille d'hyſſope aromatisée de appliquées canelle. Semblablement faut appliquer ſur le plat des cuiſſes , ventouſes ſans ſcarification. On fera pa- # le plat reillement fomentation aux parties genitales, d'herbes à chat, matricaire, armoiſe, thim, origan, agri- # Paume , ſabine & autres ſemblables. On fera auſſi parfums aux parties genitales, faicts de poiure, gin- ' gembre, clou de girofle, muſc, ciuette, noix muguette. Puis il faut que la malade chemine, ſaulte, trauaille dance» - Saignée. Purgation. D VDe la Generation. 639 dance, monte & deſcende ſouuent, qu'elle tire de l'eau d'vn puits,& autres exercices,ſi elle les peut ſuppor- ter,ſans que par iceux ſe falle plus grande irritation des matieres amaſsées & ſupprimées,ny que les douleurs & autres accidens mentionnez ſe reſueillent & enaigriſſent d'auantage. Plus luy conuiendra faire des fri- ctions aux cuiſſes & jambes, auec linges rudes au matin. Il faut faire ces remedes au commencement des Lunes nouuelles,ou autre temps auquel les femmes ou filles malades auoient ou pouuoient auoir leurs pur- gations, autremement on trauailleroit en vain. Les filles villageoiſes ne ſont ſubiectes aux palles couleurs, & aux ſuſdits accidents, à raiſon qu'elles tra- Fri3iont aux cuiſſes&» jambes. Pourquoy lee filles des vil- uaillent beaucoup,& ne mangent tant de diuerſitez de viandes , comme celles des villes : auſſi qu'elles ſont lages ne ſont toufiours en plein air, lequel faict diſſipation & digeſtion de la ſubſtance ſuperflue de tout leur ſang par in-ſubiettes aus ſenſible tranſpiration : qui faict qu'elles ne ſentent point ou peu les incommoditez de leurs fleurs arreſtées palles cou- Des Hemorrhoides qui naiſſent au col de la matrice. C H A P I T R E L X X X l V. 4, O v T ainſi qu'il ſe faict des hemorrhoides au ſiege, ainſi ſe faict-il au col de la matrice, leſ- quelles ſont extremitez des orifices des vaiſſeaux des rameaux des veines:qui viennent de la veine caue,deſcendante à l'entour du propre orifice de la matrice & du col d'icelle, par leſ- quelles les vierges & femmes groſſes ſe purgent de leurs mois : d'autant qu'en elles l'ori- fice ou bouche de la matrice,eſt fermée aux femmes groſſes à raiſon de l'enfant conceu, au- quel les cotyledons reſeruent le ſang pour ſa nourriture : &aux vierges , parce qu'elles n'ont point encoreſté ouuertes. Ces extremitez des veines quelquesfois ſe groſſiſſent & ferment, ſans jetter ſang, &quelquefois auſſi ſont ouuertes, & jettent vn gros ſang noiraſtre, comme font les hemorrhoides du fiege, ſans ordre ny periode auec douleut. Partant tel flux eſt appellé Hemorrhoidal, & non menſtrual,encore que tel ffux ſorte par meſnes veines. Elles viennent apres les inflammations,& Rhagadies de la matrice.Elles ſont cognuës par l'effuſion du ſang qui coule, non par temps certain, comme fait le fiux menſtrual, mais par in- terualle & ſans ordre. - Cure. La cure eſt ſemblable à celle du ſiege, qui eſt d'appaiſer la douleur par fomentations faictes de ſemence de lin, de guimauues, fueilles de bouillon blanc : par liniments faicts d'huyle de pauot, de nenuphar, d'a- mandes douces, battues long-temps en vn mortier&pilon de plomb, adjoutant vn jaune d'œuf auecvn peu d'opium. - - - - Des verruès qui viennent au col de la matrice. CHA P. LXXXV. V col de la matrice ſe font des verrues de pluſieurs ſortes : aucunes ſont eminentes contre - la peau,ou lévres de la partie honteuſe , fort peu releuées,calleuſes, tuberculeuſes, & noira- - 4 ſtres, ayans la baſe large. Les Grecs les ont appellées cMyrmecia, c'eſt à dire, fourmillieres : parce qu'au froid elles font douleur , comme ſi vn fourmy les mordoit. Les Arabes les nom- * ment Verrués morales , parce qu'elles ſont groſſes comme vne meure , & qu'elles ſont com- posées de pluſieurs eminences petites, comme vne meure de ſes grains. Il y en a d'autres nommées acro- chordon,qui ſont eminences calleuſes, & qui ont la racine greſle, & la teſte groſſette, de ſorte qu'on diroit eſtre vn nœud de corde, pendu à vn filet : les Latins les appellent Verrues penſiles. Autres ſont appellées Porales, parce qu'elles ont la teſte diuiséºen pluſieurs parties , comme la teſte d'vn pourceau : elles ſont longuettes & creuaſsées par deſſus , deſquelles ſort du ſang en grande quantité apres la compagnie de l'hom- me, ou ſi la femme chemine, ou fait grand exercice. Pour le prognoſtic, toutes les verruës ſont engendrées d'vn humeur pituiteux & melancholique, enuoyé de toutes les parties du corps , parce que cette partie eſt leurs. Document comme vn cloaque, où ſont enuoyez tous les excremens du corps. Nota, qu'en toutes ces verrues s'il y a pour le ieune douleur, n'y faut toucher de medicamens acres,parce qu'elles ſont faictes d'humeur malin , & qu'elles ſe Chirurgien. pourroient tourner en chancre : parquoy les faut pallier. Si elles ne ſont douleureuſes, on les pourra lier, Folſº1. ou couper, ou appliquer cauſtiques,à fin d'oſter leur racine, & qu'elles ne repullulent : ce qui ſe fera auec huyle de vitriol, ou eau forte, ou eau de ſublimé, ou par telle eau.2.Aqua plantaginis 3. vj virid.aris 3.ij. alum. rochar.3. ij. ſalis comm. 3.j. vitrioli Romani & ſublimati an. 3. ß. terantur omnia ſimul, & reſeruetur , aqua ad vſum dictum. - H. De Thym, eſpece de verruë qui vient au col de la matrice. C H A P I T R E LXXXV I. H , M naiſt aux aiſles du col de la matrice, ou dedans le col meſme , qui eſt vne eſpece de S# verrué auec aſperitez creuacées,ſemblable à la teſte du thym. Les Arabes les nomment ver- - $ # ruës porales, parce que la teſte eſt diuisée en pluſieurs parties , comme la teſte d'vn pourreau f% % # $# en ſes filets. Il y en a deux eſpeces, vn petit, & l'autre fort grand, qui s'appelle Ficus, ou Fie, # # $ & du populace, le mal ſainct Fiacre. L'vn eſt malin, & l'autre benin & gracieux. Le benin eſt vne petite chair eſtroitte par embas, & large par en haut, auec deux eminences peu apparen- tes blancheaſtres ou rougeaſtres, ſans douleur. Le malin eſt plus grand, plus dur, plus aſpre ou raboteux, de couleur liuide,fungueux, auec vne douleur poignante,comme poinctes d'aiguilles. Tous deux s'indignent au toucher,& jettent grande quantité de ſang eſtans coupez ou irritez, principalement apres la compagnie de l'homme, ou que la femme aye cheminé , ou faict quelque grand exercice. Cure. Ils doiuent eſtre deſſeichez par remedes ſecs & aſtringens : auſſi les lier & couper. Ceux qui ſont malins & douloureux , les faut pallier , & n'y toucher, de peur qu'il n'y ſuruienne vn chancre : on pourra mettre le ſpeculum matricis, à fin de voir plus aisément. " H H h 2, Diuert - - -- . 64o Le Vingt-quatriéme Liure, Diuers pourtraicts de ſpeculum matricis. A Demonſtre la vis qui le cloſt & ouure. B B B Les branches qui doiuent eſtre de longueur de huict ou neuf doigts. Ils doiuent eſtre de grandeur & longueur † l'aage de la femme : & lors que tu voudras appliquer l'vn d'iceux,feras ſituer la femme en elle façon,comme nous auons dit cy-deſſus à l'extraction de l'enfant mort, duquel ie t'ay baillé le pourtraict. Or celles qui ſe pourront lier , ſe lieront par vn inſtrument propre, deſ- crit au chapitre de la relaxation de l'vuule, & ſeront ſerrées de iour en autre, tant que la verruë ſera tom- bée : donc pour les cures ſeront liées, coupées & cauterisées, afin de leur oſter leur racine , & qu'elles ne repulullent : ce qui ſera auec huyle de vitriol, ou eau forte , ou de capitel, dont nous faiſons nos cauteres potentiels.Auſſi cette eau a grande puiſſance de les conſumer & deſſeicher iuſques à leur racine. 24. aquar D Eau excel- plant. an.3.vj.virid.aer. 3 ij. alum. rocha 3. iij. ſalis communis 3 f. vitriol. Roman & ſublimat. an.3.f. om- lente pour nia ſimul terantur & bulliant, & prendra-t'on garde que telle choſe cauſtique & bruſlante ne touche qu'au oſter les ver- lieu qu'on veut oſter, s'il y auoit quelque vlcere, on y remediera comme a eſté dict. Quelque perſonna- vues ge m'a affirmé que la bouſe de bœuf chaudement appliquée y adjouſtant des fueilles ou poudres de ſaui- nier , fait mourir les verruës qui ſont au col de la matrice : A l'eſpreuue auſſi ſont les cantharides incorpo- rées aux onguents, font tomber les verrués, & cors qui naiſſent entre les orteils. Ie ſçay d'aſſeurance que les verrues qui viennent aux mains, ſont guaries, y appliquant du pourpié pilé auec ſon jus : autant en ſont les feuiles & fleurs du ſoucy. - - Des Rhagadies & condylomes. CH A P. LXXXVII. 2 H A G A D 1 E s ſont vlceres creuacez , faits d'vn humeur acre & ſalé , qui faict quel- # quesfois contraction & ſtricture du col de la matrice, comme l'on void qu'vn parchemin - # ſe ſerre & gredille, lors qu'on le met trop pres du feu, en ſorte que ſouuent oa n'y ſgau- $ §) roit mettre qu'à grand difficulté le bout du doigt : ce mal ne vient ſeulement au col de la #à matrice , mais au ſiege & à l'extremité du prepuce, & à la bouche : qui empeſche le malade de l'ouurir, de parler, & maſcher, & ſouuent on eſt contraint de faire ſection. Pour la curation, il faut º# C, S Que c'eſt que Rhagadies. - De la Generation. 64I A les medicamens acres, mais faut amolir & fort humecter la partie auec fomentations, linimens cataplaſ- ' mes, emplaſtres, & y mettre ſouuent le ſpeculum matricis, & peſſaires, à fin d'agrandir & dilater ce qui eſt trop dut & ſerré, puis faire cicatrice aux vlceres creuacez. Condylomes ſont eminences ridées, & com- Condylomº me excroiſſance de chair, qui ſont meſmes les rugoſitez du col de la matrice, ou les muſcles du ſiege, auſ- ſont eminena quels il y a pluſieurs replis ſerrez les vns contre les autres, principalement lors qu'elles ſont enflammées & # ridées endurcies. On les cognoit à la veuë & au toucher du doigt. Les remedes froids & relaxans ſont bons, * comme huyles d'œuf , & de ſemence de lin, de chacun deux onces battués longuement en vn mortier de plomb,& de ce en ſoit appliqué deſſus : s'il y auoit inflammation , on y adiouſtera vn peu de camphre, & fe- ra-on autres choſes que le Chirurgien verra eſtre neceſſaires. - - - Duprurit de la matrice. C H A P. LXXXV III. / $Y O v v E N T il fe fait vn prurit ou demangeaiſon au col de la matrice , principalement aux # femmes aagèes, qui leur donne grand tourment, & y portent ſouuent la main pour ſe grat- ) $ cer & frotter, qui les garde de repoſer. Depuis n'agueres, vne femme eſtant vexée de ce mal, 3 ne pria luy enſeigner quelque remede, & me dict qu'elle eſtoit ſouuent contrainte d'y met- tre des cendres du foyer, pour eſteindre ce prurit : ie luy enſeignay qu'elle fiſt des iniections - d'egyptiac diſſoult en eau marine, & autres-fois en lexiue, & auſſi qu'elle apliquaſt peſſaires ou groſſes tentes faites d'eſtouppes imbues en ladite iniection : & par ce moyen certains iours apres en Tel prurit B fut totalement guarie. Ledit prurit vient auſſi ſouuent au Scrotum & autour du ſiege des hommes vieux, vient de pis qui prouient d'vne pituite ſalée : & lors que tel humeur tombe aux yeux , les malades ſont en grande pei- tuite ſalée ne. Pareillement les menſtrués retenuës eſchauffent la matrice, engendrent le prurit, & incitent à ſe grat- ter , & auſſi à l'acte venerien. Lors qu'il aura grande inflammation , on fera iniection de pourpié, morel- le, plantain : iuſquiame; & renouuellez ſouuent, D'abondant on y peut appliquer eſponges ou linges en forme de peſſaires trempez audit ius. Or il ne vient ſeulement particulierement, mais auſſi en tout le corps, accompagné d'vne petite grattelle : & pour ſecourir à tels accidens, faut ordonner regime au malade , ten- dant à froideur & humidité : pareillement il le faut baigner , ſaigner , corneter auec ſcarification faites auec flammettes. Pareillement on doit faire frotter vniuerſellement tout le corps de cét onguent, & les faire ſuer au lict. 2/.. axung.porc. recent. fb.j. 6 ſaponis nigri, vel gallic. ſalis nitri, aſſat. tartar. ſtaphi- ſa, an.3.j. 6. ſulph. viui 3.j. argenti viui 3. ij. acet.roſat. 3.iiij. incorporent. omnia ſimul, & fiat liniment.ſe- cundum artem, duquel le corps du malade ſera frotté tant de fois qu'il ſera beſoin. On a par pluſieurs fois experimenté vnguentum enulatum cum mercurio, lequel a grande puiſſance de guarir le prurit. & ſeicher les gratelles qui viennent au corps, ou en quelque partie d'iceluy. Autres vſent de ceſtuy %. alum. ſpumae nitri, ſulphuris viui an. 3. vj ſtaphiſagrix 3.j.in aceto roſat.omnia diſſol. addendo butyri recentis quant. ſuff. fiat linim. duquel en ſoit faict onction. - Hiſtoirs. 2A.3 SW2 Autre de grand effett. C , 2. lapathi acuti enulæ an.3.j. contundantur & macerentur in aceto; & paſſentur per ſetaceum, adden- do olei roſati 3. iij.ſal.'comm.3.j.myrrha 5.ij. litargyri 3.j.É. cerœ quantum ſuff fiat linim. Et où ledit prurit ne ceſſe, faut y adiouſter argentum viuum vel ſublimatum. - - De l'hydropiſie de la matrice. CH A P. L XXXIX. A M A T R 1 c E ſe remplit d'eau comme font les autres parties du corps : & telle repletion ſe peut appeller hydropiſie vterine, laquelle repreſente vne fauſſe groſſeſſe. Cette eau eſt en- | gendrée en la matrice , ou bien y eſt enuoyée des autres parties , comme du foye, ratte, ou # de la grande veine caue. Elle s'engendre en la cauité de la matrice, principalement apres les S auortements:ainſi que dit Hippocrate au Liure des maladies des femmes, qu'elle vient quand *º la ratte eſt pleine d'eau. Ce qui aduient quand durant les fiévres continues, la femme eſt fort alterée , & boit beaucoup , comme Fernei enſeigne par l'hiſtoire d'vne femme hydropique, laquelle tous les mois » quelque iours apres ſes purgations, vuidoit cinq ou ſix baſſins d'eau citrine par le col de ſa ma- trice , & de là ſon ventre ſe deſenfloit. Ladite eau vient auſſi ſouuent du cerueau , comme ſont les fleurs blanches. La curation ſe fera par le Medecin. De la paralyſie de la matrice. D La paralyſie vient des humiditez ſuperfluës, qui laſchent & rendent la matrice molaſſe, r idée &froide au toucher : ioint qu'elle n'a aucun deſir au coit , & ne retient aucunement la ſemence. La cure ſe fera auec · remedes chauds, ſecs , & aſtringens , ordonnez par le docte Medecin. -- --- -- - - De l'inflation de la c_WMatrice. C H A P. X C. A Matrice quelquesfois s'enfie de telle ſorte, qu'il ſemble la femme eſtre groſſe d'enfant. Telle enfleure vient d'vne multitude de vents contenus en la matrice, & vient ſouuent apres vn accouchement , faute de s'eſtre ſerrée le ventre apres eſtre accouchée. Ces vents ſortent ſouuent par la bouche, & par le col de la matrice auec bruit, comme par le ſiege. # Ils ſe reſoluent en appliquant ſur le ventre fiente de vache, de chévre : ou de brebis , auec anis, cumin, & fenoiiil , fricaſſe auec maluoifie, ou hippocras. Auſſi par clyſteres carmi- natifs faits de vin de maluoifie, ou hippocras auec eau de vie, & huyle de noix : par ſa- chets appliquez ſur le ventre, faits de choſes carminatiues, ſemblablement par fomentations faites de ruë, armoiſe, herbe à chat , pouliot , camomille, melilot, calament , origan, & leurs ſemblables, boüillis en eau & vin : pareillement l'emplaſtre de baccis lauri, application de grandes ventouſes ſur le nombril, ſans ſcarification. La femme boira du vin ou maluoiſie : vſera de viande de bon ſuc, pluſtoſt roſties que boüil- lies : apres le repas vſera de dragée carminatiue. - * - H H h ; Drs 642 Le Vingt-quatriéme Liure, Des pierres & ſables contenus en la Matrice. - CH A P. XCI. Lne faut douter,que tout ainſi qu'il ſe fait des pierres en la veſſie : il ne s'en faſſe auſſi en la ma- trice, à cauſe des humeurs, groſſes craſſes, viſqueuſes & eſpeſſes, & obſtruction en la partie. Si donc les mois ſont trop retenus par l'obſtruction des cotyledons, la bouche de la matrice cloſe & fermée, plufieurs humeurs muſqueuſes s'accumulent, & accroiſſent en la matrice, s'incraſſent, & de plus en plus s'endurciſſent & conuertiſſent en ſable, grauelle, puis en pierre. Les ſignes ſont que la femme ſent de grandes douleurs , ayant touſiours volonté de jetter ces ſables ou pierres, & a ſouuent des eſpreintes comme ſi elle vouloit accoucher. Neantmoins elle ne laiſſe à auoir ſes fleurs tous les mois , non par la cauité de la matrice, mais par les veines qui ſe rendent au col d'icelle par où les femmes groſſes & les filles ſe purgent. - - Cure. Il faut vſer de clyſteres , fomentations , & linimens remollitifs & relaxatifs pour rendre la bouche de la matrice plus ouuerte. Et lors que la femme aura grandes eſpreintes , & que Nature s'efforce jetter les pierres dehors l'on ſituera la femme à la maniere de l'extraction de la pierre de la veſſie, puis l'on mettra les deux doigts dedans le fondement le plus auant qu'on pourra, & de la main dextre faut preſſer le petit ventre, à celle fin d'attirer & jetter la pierre hors , s'il eſt poſſible. - Du col de la Matrice fermée. . Pluſieurs femmes ne ſont encores ouuertes en leurs parties honteuſes, appellées en Latin Imperforate, & * en François, non encores troüées ou percées. Cela leur peut prouenir naturellement , ou par accident : & peut aduenir au commencement de l'orifice du col de la matrice,ou au millieu,ou au profond. Le ſpeculum en fera foy, & l'appoſition des doigts. - - - - - Du col de la matrice, trop large, trop ouuert, & trop lubrique. C H A P 1 T R E XCII. O R s que le col de la matrice eſt trop large & dilaté, ſoit par nature,ou par accident,comme $ par vn enfantement laborieux,cela eſt cauſe de la ſterilité parce qu'il ne ſe peut reſerrer pour garder la geniture.Lors qu'il eſt trop eſtroit,garde que le cultiueur n'entre au champ de natu- re humaine,pour y jetter ſa ſemence:ce qui eſt cauſe de la ſterilité.Auſſi quand les parois du col de la matrice ſont calleux & durs,à raiſon de quelque playe ou vlcere d'vne cicatrice de- >SN$à laiſsée:tellement qu'apres auoir receu la ſemence,ils ne ſe peuuent vnir ny joindre pour la te- nir : au contraire la laiſſent eſcouler , qui eſt vne des cauſes que les putains n'engendrent point : Ou s'il eſt eſtoupé de quelque membrane ou carnoſité, ou verrues, ou condylomes, ou fermé, & non encore ouuert: bref, mal diſposé d'vne infinité d'autres accidens , comme de prurit, inflammation, chancre, vlcere, ſcir- rhe, rhagadies, apoſtemes,& autres tels defauts, ou par le conſentement de la matrice , ou des parties voi- ſines. Nous parlerons cy-apres de tous ces vices.Auſſi quelquesfois le col de la matrice eſt tellement lubri- que,mol & humide, qu'il ne donne aucun chatoüillement au cultiueur, & cette humidité eſteint la ſemen- , ce, qui eſt cauſe que la femme ne peut conceuoir. Or cette humidité vient ſouuent de tout le corps , ou de la matrice ſeulement. Cure. La cure ſe fera par remedes vniuerſels & particuliers , par fomentations, peſſaires, injections, parfums, leſquels ſe feront en cette ſorte. Prenez balauſtes, eſcorce de grenades, noix de cypres, & de galles, alum de roche, roſes rouges,menthe,de chacune deux onces,encens,maſtic,bol Armene de chacun vne once:faites le tout boüillir en bon vinaigre,& en faites receuoir la vapeur par l'inſtrument, dont la figure t'eſt repreſen- tée cy apres. Pareillement la fomentation qui s'enſuit eſt tres-vtile. Prenez ſumac, alum, plantain, gomme. Arabic, ſel commun,balauſtes, eſcorce de grenades,noix de cyprès, & noix de galle, de chacun deux onces: faites le tout boüillir en gros vin noir iuſqu'à la conſomption de la tierce partie,& les parties genitales de la femme ſeront fomentées & eſtuuées, & au dedans y mettrez vne petite eſponge, linge, ou cotton trempé en ladicte decoction:& continuerez les remedes tant que verrez la partie eſtre ſuffiſament r eſtrecie. De la relaxation du gros inteſtin qui ſe fait aux femmes. C H A P. XCIII. D Q v E L Q v E s femmes, pour s'eſtre trop efforcées à leurs enfantemens , le gros inveſtin eſt re- laſche & ſort hors : & cette indiſpoſition eſt fort frequente auſſi aux enfans, qui leur prouient d'vn humeur pituiteux, qui abbreuue les trois muſcles,à ſçauoir le Sphincter,& les deux qui le retirent & tiennent en haut. Pour la curation, le faut premierement lauer & fomenter d'vne Cauſe de la decoction, où auront bouilly herbes chaudes & reſolutiues,comme ſauge,roſmarin, lauande, relaxation thim , & leurs ſemblables, s'il n'y auoit grande inflammation : puis de choſes aſtringentes , commme de du boyaux. roſes , myrtils , eſcorce de grenade , noix de cyprés, de galles , auec vn peu d'alum, & ſaumure, ou vri- "ne d'enfant : puis on le ſinapiſe,c'eſt à dire,ſaupoudre d'vne poudre fort ſubtile, faite de choſes aſtringentes, & non mordicantes: apres ſera reduit en ſon lieu en le pouſſant au dedans. Pareillement eſt vne choſe ſin- guliere,prendre vne douzaine de limaçons rouges les mettant dans vn pot , & les ſaupoudrer de ſel & alum , De la rela- de chacun demy once, les remuans dans le pot,& les laiſſer mourir : & de la liqueur,qui demeurera, en ſera xation du appliqué auec cotton ſnr l'inteſtin qui ſort dehors. Pareillement aucunes femmes ont vne grande tumeur au nombril. nombril,parce que le peritoine eſt relaxé,& ſouuent rompu,au moyen dequoy,l'omentum,& ſouuent auſſi les 9ºſººº inteſtins y tombent,ou des ventoſitez; ce qui vient & procede par la trop grande diſtenſion du ventre, pour bril #º auoir porté enfans, & s'eſtre grandement eſpreinte à les mettre hors Les ſignes que les inteſtins ſont deſcen- # dus, c'eſt que la tumeur eſt douloureuſe,& lors qu'on preſſe deſſus pour les remettre au dedans,font bruit & 'inteſtin & grougoulent, comme il ſe fait aux hernies inteſtinales : ſi c'eſt l'omentum, la tumeur ſera molle auec peu §m, de douleur,& lors qu'on le repouſſe au dedans , ne fait aucun bruit : & ſi la tumeur eſt faite de º# c1 Prius De la Generation. 643 A eſprits flatulens, elle ſera molle, & la preſſant fera quelque bruit, & ſubit retourne. Or ſi la tEmeur eſt fort grande, elle ne ſe peut guarir ſi on ne coupe le peritoine, ainſi qu'on fait aux hernies, I'ay veu des pauures femmes & hommes aux portes des temples, auſquels les inteſtins eſtoient hors du ſiege , de la groſſeur d'v- ne bien groſſe boule : neantmoins alloient, beuuoient & mangeoient bien, & faiſoient toutes autres actions, d'autant que la matiere fecale auoit libre entrée & iſſuë. De la relaxation & enfleure du nombril, qui ſe fait aux enfans. C H A P 1 T R E. X C IV. - # V E L q v E s F o 1 s aduient auſſi aux enfans nouuellement nez, que leur nombril eſt tu- Cauſes. V4 mefié de groſſeur d'vn œuf, qui procede pour auoir eſté mal coupé, ou lié, ou pour quelques # humeurs & aquoſitez qui y ſont amaſſées, ou de trop crier pour les tranchées : quelquesfois auſſi apportent cette tumeur du ventre de la mere , accompagnée d'vne apoſteme, à laquelle $ ie conſeille au ieune Chirurgien ne toucher pour y faire ouuerture : car eſtant faicte les in- - teſtins ſortent. Ce que i'ay veu aduenir pluſieurs fois, & meſmement à l'enfant de defunct Monſieur de Martigues,lequel auoit eſpousé Madame de la Laual,qui eſtoit de la maiſon de Lautrec:dont le Chirurgien nômé Maiſtre Pierre de la Roque,fut en grand danger de ſa perſonne : & n'euſt eſté Monſieur d'E- ſtampes,& m6dit ſieur de Martigues,les ſeruiteurs luy euſſent coupé la gorge,eſtimâs que la mort eſtoit ſur- uenuë à l'enfant par la faute dudit Chirurgien. Et encores depuis n'agueres telle choſe eſt aduenuë à l'enfant de Iean Gourmont,Tailleur d'hiſtoires,demeurant à l'Arbre ſec,ruë S.Iean de Latran,en l'Vniuerſité de Pa- ris , lequel m'enuoya querir pour faire ouuerture audit vmbilic : ce que ie refuſay, & luy dis qu'il mourroit bien ſans moy. Trois iours apres l'apoſteme ſe creua d'elle-meſme, & les inteſtins ſortirent, dont il mourut. Hiſtoirè, - -T- De la douleur des dents des petits enfans. | C H A P 1 T R E XCV. # E s petits enfans ont auſſi vne grande douleur de dents, principalement quand elles per- Cauſes. # cent les genciues,& ſortent hors : ce qui aduient communement à ſept mois,quelquesfois - #. | - - # pluſtoſt, ou plus tard : & quand elles veulent ſortir, leur font douleur auec vn prurit, de- # # mangeaiſon & piqueure aux genciues, ayans ſouuent flux de ventre, fiévre, epilepſie, ſpaſ- #, me,qui leur cauſe quelquesfois la mort. Les ſignes qu'elles veulent ſortir ſoht, que la nour- , | rice ſent la bouche de l'enfant plus chaude que de couſtume, & les genciues leur ſont en- * fiées, & les joües : auſſi ſont plus criards, & ne peuuent dormir : le prurit & demangeaiſon C ſe connoit, parce que l'enfant met ſouuent les doigts en la bouche, pour les cuider frotter, & baue fort : la douleur vient à raiſon que la pointe de la dent rompt & perce la chair de la genciue, qui eſt ſenſible & tendre. Pour remedier à la douleur, faut que la nourrice ſoit traictée comme ſi elle auoit la fiévre, & ne fe- ra teter l'enfant tant que de couſtume, mais luy fera boire julep Alexandrin, ou ſyrop de limons, ou de gre- nade, auec eau boüillie, pour luy eſtancher ſon extreme ſoif, & le rafrefchir : toutesfois il ne luy faut rien mettre en la bouche qui ſoit actuellement froid, de peur du retardement d'icelles, mais choſes douces & le- nitiues, afin de dilater la genciue, & appaiſer la douleur : parquoy la nourrice frottera ſouuét de ſes doigts les genciues, & auec huyle d'amendes douces, ou beurre fiais, ou miel & ſucre, ou de mucilages de ſemen- ce de pſyllium, guimauue, coings extraicts en decoction de petitoire : & par dehors on appliquera vn cata- plaſme de farine d'orge, laict, huyle roſat, moyeux d'œuf : dauantage on luy frottera ſouuent les genciues de ceruelle de liévre roſtie, ou boüillie, à cauſe qu'ell e relaſche, & a vne proprieté occulte d'aider à faire ſortir les dents, ce que l'experience monſtre : auſſi eſt propre la ceruelle de cochon. On leur baille volon- tiers vn baſton de recliſſe trempé en bon miel, ou en lieu d'iceluy, vn hochet auquel eſt enchaſsé vne dent . de loup, dont ils frottent leurs genciues : & par ce moyen l'enfant prend plaiſir, d'autant que lors que ſes . dents veulent ſortir, il ſent vn prurit & demangeaiſon aux genciues, & les frottant les rarefie & ſubtilie, & : . # † cette cauſe les dents ſortent pluſtoſt. Les nourrices font adjouſter au hochet de petites ſonnettes, qui º eur ſeruent à joüer; & folaſtrer auec eux. Or ſouuentesfois tels remedes ne profitent de rien, à raiſon que " * la genciue eſt fort dure, qui eſt cauſe que les dents ne la peuuent percer, dont s'enſuit pour la tenſion d'i- · • celle, que les enfans ont extremes douleurs , dont s'enſuit la fiévre, & autres accidents ſuſdits, & en fin la D mort. Et pourcc ie ſuis d'aduis que le Chirurgien faſſe vne inciſion ſur la genciue, & ce ſur la dent, pour luy ouurir le paſſage, à fin qu'elle ſorte plus aisément. Ce que i'ay faict à mes enfans, en preſence de Mon- fieur le Févre Medecin ordinaire du Roy, & de Madame la Princeſſe de la Roche ſur-Yon, & de Meſſieurs ſi Haurin, Courtin, Docteurs Regens en la faculte de Medecine à Paris, & de lacques Guillemeau, Chirurgien #º ordinaire du Roy, & Iure à Paris : meſme aucunes nourrices , de leur inſtinct naturel, deſchirent le deſſus # . de la genciue auec leur ongle, à fin de faire voye aux dents qui veulent ſortir. Or il ne ſera hors de propos reciter cette hiſtoire : Monſeigneur de Neuers m'enuoya querir pour anatomiſer ſon fils mort, aagé de huict mois ou enuiron, auquel n'eſtoit pércé aucune dent. Ayant diligemment regardé qui pouuoit eſtre cauſe de ſa mort, n'en fuſt trouuée aucune,ſinon qu'il auoit les genciues fort dures,groſſes & enfiées,& les ayant cou- pées par deſſus, trouuay toutes les dents preſtes à ſortir, pour le peu d'aide qu'on y euſt faict en coupant la genciue : ce qui fut conclud des Medecins preſens & demoy , que la ſeule cauſe de ſa mort eſtoit, que Na- ture n'auoit eſté aſſez forte pour percer la genciue, & pouſſer les dents dehors, à raiſon que pour l'aage qu'il auoit elles eſtoient trop dures, & plus meſme qu'elles ne doiuent eſtre à vn plus aagé qu'il n'eſtoit. Signm. Cure, " -- - - Experience de l'Autheur Fin du vingt-quatrieſme Liure, traittant de la Generation. · HHh 4 : TABLE : 644 —r # T A B L E D E S C H A P ITR E S DV LIVRE DES MONSTRES. 4 E s cauſes des Monſtres. Chap.j Exemple de la gloire de Dieu. Chap. ij \ Exemple de l'ire de Dieu. Chap. iij \ Exemple de la trop grande quantité de ſemence. Chap. iv # Des femmes qui portent pluſieurs enfans d'vne ventrée. Chap. v Des Hermafrodites ou LAndrogynes, c'eſt à dire, qu'en vn meſme corps S, 27lIW eſt trouué deux ſexes. Chap. vj B Hiſtoires memorables de certaines femmes qui ſont degenerées en hommes. Chap. vij Exemple du defaut de la quantité de la ſemence. Chap. viij Exemple des monſtres qui ſe font par imagination. Chap. ix Exemple de l'anguſtie ou petiteſſe de la matrice. Chap. x Exemple des monſtres qui ſe font, la mere s'eſtant trop longuement aſſiſe, ayant eu les cuiſſes croisées, ou pour s'eſtre bandée trop le ventre durant qu'elle eſtoit groſſe. Chap. xj Exemple des monſtres qui ſont engendrez, la mere ayant receu quelque coup, ou cheute, eſtant groſſe d'enfant Chap. xij Exemple des monſtres qui ſe font par maladies hereditaires ou accidentales. Chap. xiij Exemple des monſtres faits par maladies accidentales. Chap. xiv Des pierres qui s'engendrent au corps humain. . Chap. xv De certaines choſes eſtranges que nature expelle par ſon incomprehenſible prouidence. Ch.xvj De pluſieurs choſes eſtranges. Chap. xvij Exemple des monſtres qui ſe font de pourriture & corruption. Chap. xviij Exemple de la commixtion & meſlange deſemence. Chap. xix Exemple de l'artifice des meſchans gueux de l'hoſtiere. Chap. xx L'impoſture d'vne beliſtreſſe feignant auoir vn chanchre en la mammelle. Chap. xxj L'impoſture d'vn certain maraut qui contrefaiſoit le ladre. Chap. xxij D'vne caignardiere feignante eitre malade du mal de ſainčt Fiacre, & luy ſortoit du cul vn long & gros boyau fait par artifice. Chap. xxiij D'vne groſſe garce de Normandie, qui feignoit auoirvn ſerpent dans le ventre. Chap.xxiv Exemple des choſes faites par les demons. Chap. xxv De ceux qui ſont poſſedez des demons, quiparlent en diuerſes parties de leurs corps.Ch.xxvj Comme les demons habitent ez carrieres. Chap. xxvij Comme les demons nous peuuent deceuoir. Chap. xxviij Exemple de pluſieurs illuſions diaboliques. , Chap. xxix De l'art magique. - Chap.xxx Des certaines maladies eſtranges. Chap. xxxj Des noüeurs d'aiguillette. Chap. xxxij p Des Incubes & Succubes. - - Chap. xxxiij Des monſtres marins. Chap. xxxiv Des monſtres volatiles. Chap. xxxv Des monſtres terreſtres, Chap. xxxvj Des monſtres celeſtes. - - Chap.xxxvij uAbraham ortelius, du theatre de l'Vniuers. - Chap. xxxviij - A VINGT-CINQVIE ME LIVRE, T R AICT ANT DES MONST R ES E T P R O D I G E S. T'ar AMB R o1 sE PAR E , de Laual au Maine, (bnſeiller&º premier Chirurgien du Roy. B P R E F A C E. O N s T R E s, ſont choſes qui apparoiſſent outre le cours de Nature (& ſont le plus Les noms des ſouuent ſignes de quelque mal-heur à aduenir)cóme vn enfant qui naiſt auec vn ſeul Autheurs,du | bras, vn autre qui aura deux teſtes, & autres membres, outre l'ordinaire. Prodiges, teſmoignage ) ſont choſes qui viennent du tout contre Nature, comme vne femme qui enfantera deſquels i'ay vn ſerpent, vn chien, ou autre choſe du tout contre Nature , comme nous monſtre-recºilly º* rons cy-apres par pluſieurs exemples d'iceux monſtres & prodiges : leſquels i'ay re- #é UVQE l) ()$ | cuellis auec les figures de pluſieurs autheurs : comme des Hiſtoires prodigieuſes, de P"éº $# @ S - Pierre Boiſtuau, & de Claude Teſſerant, de ſainct Paul, ſainct Auguſtin , Eſdras le Prophete : & des anciens Philoſophes; à ſçauoir , d'Hippocrate , Galien, Empedocles, Ariſtote, Pline, Ly- coſthene & autres qui ſeront cottez ſelon qu'il viendra à propos. Les mutilez , ſont comme aueugles, bor- gnes. bouſſus, boiteux , hermaphrodites, ou ceux qui ont ſix doigts à la main, ou aux pieds , ou moins de cinq , ou joints enſemble , ou les bras trop court, ou le nez trop enfoncé, comme ont les camus , ou les lé- ures groſſes & renuersées, ou les parties genitales cloſes, comme quelques filles pour cauſe de l'hymen, ou chair ſupernaturelle, ou quelques taſches ou verruës, ou louppes, ou autre choſe contre nature. Des cauſes des CWMonſtres. C H A P 1 T R E P R E M I E R. E s cauſes des monſtres ſont pluſieurs. La premiere eſt, la gloire de Dieu. La ſeconde, ſon ire. Treize • La troiſieſme la trop grande quantité de ſemence. La quatrieſme, la trop petite quantité. La ſes de mon- cinquieſme, l'imagination. La fixieſme, l'anguſtie ou petiteſſe de la matrice. La ſeptieſme, l'aſ-ſtre . fiete indecente de la mere, comme ſi eſtant groſſe, elle s'eſt tenuë trop longuement aſſiſſe les '. cuiſes croisées ou ſerrées contre le ventre. La huictieſme, cheute , ou coups donnez contre le ventre de la mere eſtant groſſe d'enfant. La neufvieſme, maladies hereditaires,ou accidétales. La dixieſme, pourriture ou corruption de la ſemence. L'onzieſme, mixtion ou meſlange de ſemence. La douzieſme, l'ar- tifice des meſchans beliſtres de l'hoſtiere. La trezieſme, les Demons ou Diables. - Exemple de la gloire de Dieu. C H A P. I I. $ L eſt eſcrit en ſainct Iean d'vn homme qui eſtoit né aueugle. lequel ayant recouuré la veuë par la D, l'aneugle grace de I E s vs-CH R 1 s r , fut interrogé de ſes Diſciples , ſi le peché de luy, ou de ſes parens, ni, eſtoit cauſe qu'il euſt eſté ainſi produit aueugle dés le iour de ſa natiuité. Et I e s v s C H R 1 s T leur reſpondit : que luy, ne ſon pere, ne ſa mere, n'auoient peche : mais que c'eſtoit à fin que les oeuures de Dieu fuſſent magnifiées en luy. , Exemple de l'ire de Dieu. CH A P. I I I. ſ ' . | | L y a d'autres creatures qui nous eſtonnent doublement , parce qu'elles ne procedent des | | cauſes ſuſdites , mais d'vne confufion d'eſtranges eſpeces, qui rendent la nature non ſeu- | lement monſtrueuſe, mais prodigieuſe : c'eſt à dire, du tout abhorrente & contre nature, comme ſont ceux qui ont la figure d'vn chien, la teſte d'vne volaille, quatre cornes à la teſte, quatre pieds de bœuf, & les cuiſſes deſchiquettées, la teſte d'vn Perroquet, & deux # panaches ſur la teſte, & quatre griffes, & autres formes que tu pourras voir par pluſieurs & diuerſes figures, cy-apres depeintes à leur reſſemblance. - Il eſt certain que le plus ſouuent ces creatures monſtrueuſes & prodigieuſes procedent , du iu-Chap. J. lin gement de Dieu,lequel permet que les peres & meres produiſent telles abominations pour le º# 4.Moyſe. qu ils 646 Le Vingt-cinquiéme Liure, qu'ils font en la copulation, comme beſtes brutes, où leur appetit les guide, ſans reſpecter le temps ou A A autres loix ordonnées de Dieu & de Nature, comme il eſt eſcrit en Eſdras le Prophete, que les femmes , ſoüillées de ſang menftruel engendreront des monſtres.Pareillement Moyſe defend telle conionction au Le- uitique chapitre 16. Auſſi les anciens ont obſerué par longues experiences, que la femme qui aura conçeu durant ſes fleurs,engendrera enfans lepreux,tigneux gouteux,eſcroüelleux, ou ſujets à mille maladies : d'au- tant que l'enfant conceu durant le flux menſtruel, prend nourriture & accroiſſement eſtant au ventre de la mere d'vn ſang vicieux,ſale & corrompu, lequel auec le temps ayant enraciné ſon infection , ſe manifeſte,& fait apparoiſtre ſa malignité : aucuns ſeront tigneux , autres gouteux, autres lepreux, autres auront la petite verole ou rougeolle, & autres infirmitez de maladies. Concluſion, c'eſt vne choſe ſale & brutale d'auoir af- faire à vne femme pendant qu'elle ſe purge. Leſdits anciens eſtimoient tels prodiges venir ſouuent de la Pure volonté de Dieu, pour nous aduertir des malheurs dont nous ſommes menacez de quelque grºnd de- ſordre , ainfi que le cours ordinaire de Nature ſembloit eſtre peruerty en vne mal heureuſe engeance. L'Ita- lie en fit preuue aſſez ſuffiſante, pour les trauaux qu'elle endura en |. guerre qui fut entre les Florentins & les Piſans, apres auoir veu à veronne l'an 1254. vne jument qui poulina vn poulin qui auoit vne teſte d'hom- me bien formée, & le reſte d'vn cheual, comme tu vois par cette figure. Figure d'vn poulain ayant la teſte d'homme. #aé Autre preuue. Du temps que le Pape Iules II. ſuſcita - ,)i,º tant de mal-heurs en Italie, & qu'il euſt la guerre contre | S-. # 2 # # L. le Roy Louys XII. 1512. laquelle fut ſuyuie d'vne ſanglan- te bataille donnée prés de Rauenne, peu de temps apres on veid naiſtre en la mſeme ville vn monſtre ayant vne corne à la teſte, deux aiſles, & vn ſeul Pied, ſemblable à celuy d'vn oyſeau de proye : à la jointure du genouil vn œil : & participant de la nature de maſle & de femelle, comme tu vois par ce pourtraict. ) Des Monſtres. 647 s - - -- Exemple de trop grande quantité de ſemence. C H A P. IV. \ lé# I P P o c R A T E ſur la Generation des # Monſtres, dit, que s'il y a trop grande 2 abondance de matiere , il ſe fera grand Chap.8.de nombre de portées , ou vn enfant mon-§ # ſtrueux , ayant des parties ſuperfluës & Die» inutiles ; comme deux teſtes, quatre bras, quatre jambes , ſix doigts és mains & pieds, ou autres chap.124. : choſes : au contraire, ſi la ſemence defaut en quantité, lib. quelque membre defaudra, comme n'auoir qu'vne main, point de bras , ou de pied, ou de teſte, ou autres parties • defaillantes. Sainct † dit , que de ſon temps il naſquit en Orient vn enfant qui auoit le ventre en haut, toutes les parties ſuperieures doubles, & les inferieures ſimples : car il auoit deux teſtes & quatres yeux, deux poictrines & qnatre mains, & le reſte comme vn autre | homme, lequel veſquit aſſez long temps. Caelius Rho- diginus à eſcrit au liu. de ſes Antiques leçons , auoir veu en Italie deux monſtres, l'vn maſle & l'autre femelle, leurs corps bien parfaicts & proportionnez, reſte la duplica- tion de la teſte : le maſle mourut peu de iours apres # Il2- tiuité , & la femelle, de laquelle tu vois icy le pourtraict, La mºntre veſquit vingt-cinq ans apres, qui eſt contre le naturel des ne viu§ | - monſtres, leſquels ordinairement ne viuent gueres, pour- gueres. 'ai, tiNN ce qu'ils ſe deſplaiſent, & melancholient de ſe voir ainſi en opprobre de tout le monde, ſi bien que leur vie eſt briefue. Or il faut icy noter que Licoſthene eſcrit vne choſe merueilleuſe de ce monſtre femelle : car reſeruée la duplication de la teſte, Nature n'y - auoit rien obmis; ces deux teſtes(dit il) auoient meſme deſir de boire & manger, & dormir, & la pa- Il n'eſt bien c role ſemblable, comme eſtoient meſmes toutes les affections. Cette fille alloit d'huis en huis cher- que les mon- cher ſa vie, & luy donnoit-on volontiers pour la nouueauté d'vn ſi eſtrange & nouueau ſpectacles # toutesfois elle fut deſchaſſée à la longue de la Duché de Bauiere, parce (diſoit on ) qu'elle Pourroit § gaſter le fruict des femmes groſſes, pour l'apprehenſion, & idées qui pourroient demeurer en la vertu imaginatiue, de la figure de cette creature ainſi monſtrueuſe. Figure de deux filles gemelles, ioinctes c> Figure d'vn homme, du ventre duquel vnies parles parties poſterieuret. ſortoit vn autre homme. -" 648 Le Vingt-cinquiéme Liure, L'an de grace 1475. furent engendrées pareillement en Italie en la ville de Veronne deux filles con- A jointes par les reins, depuis les eſpaules iuſques aux feſſes : & parce que leurs parens eſtoient pauures, elles furent portées † pluſieurs villes d'Italie, pour amaſſer argent du peuple, qui eſtoit fort ardent de voir ce nouueau ſpectacle de Nature. En cette meſme année Charles Duc de Bourgongne occupa par armes la Duché de Lorraine. Vne grande partie de Cracouie fut miſe en cendre par vn violent embraſement. Le Royaume d'Eſpagne diuisé entre Ferdinand le grand Roy d'Eſpagne , & Alphonſe Roy de Portugal. Ce monſtre fut ſuiuy de pluſieurs autres effects qu'il ſemble auoir preſagiez. L'an 153o. on a veu vn homme de cette ville de Paris, du ventre duquel ſortoit vn autre homme bien formé de tous ſes membres , reſeruée la teſte, & cét homme eſtoit aagé de quarante ans ou en- uiron, & portoit ainſi ce corps entre ſes bras, auec ſi grande merueille, que le monde s'aſſembloit à grandes troupes pour le voir, la figure duquel t'eſt icy repreſentée au vif. En Piedmond en la ville de Quiers, diſtante de Thurin enuiron de cinq lieuës ., vne honneſte Dame accoucha d'vn monſtre le dix ſeptiéme iour de Ianuier à huict heures du ſoir, cette preſente année 1 578. la face eſtant bien proportionnée en toutes ſes parties. Il a eſté monſtrueux aux reſte de la teſte, en ce qu'il en ſortoit cinq cornes approchantes à celles d'vn belier, rengées les vnes con- tre les autres en haut du front, & au derriere vne longue piece de chair pendante le long du dos, en maniere d'vn chaperon de Damoiſelle. Il auoit autour de ſon col vne piece de chair double cou B chée en la maniere d'vn collet de chemiſe tout vny,les extremitez des doigts reſſenblans aux griffes de quelque oyſeau de proye,les genoux aux jarrets. Le pied & la jâbe droicte eſtoient d'vn rouge fort haut en couleur. Le reſte du corps eſtoit de la couleur d'vn gris enfumé. On dit qu'à la naiſſance de ce mon- ſtre qu'il ietta vn grand gry, qui eſtonna tellement la § & toute la compagnie , que l'effroy qu'ils en eurent leur fit quitter le logis. Cette nouuelle eſtant venuë iuſques à Monſieur le Prince de Piedmont, pour le deſir qu'il auoit de le voir, l'enuoya querir, en la preſence duquel pluſieurs en fi- rent diuers iugemens. La figure t'eſt icy repreſentée apres le naturel. C Ce preſent Monſtre que voyez cy-depeint comme vne aurre Meduſe, a eſté trouué dedans vn œuf, ayant la face & viſage d'vn homme, tous les cheueux de petits ſerpenteaux tous vifs & la barbe à la mode & façon de trois ſerpens qui luy ſortoit hors du menton, $% *& # N) N $ # & fut trouué le quinziéme iours du rnois de Mars dernier paſsé # 1569. chez vn Aduocat nommé Baucheron à Authun en Bourgon- â gne, par vne chambriere qui caſſoit des œufs pour les mettre au % beurre, entre leſquels cettuy-cy eſtoit : lequel eſtant caſsé par elle, $ % \ veid ſortir ledit monſtre, ayant face humaine, les cheueux & bar- / # $2 be de ſerpens, dont elle fut merueilleuſement eſpouuantée. Et fut Suš 3-42ZA2M.l>>S baillé de la glaire dudit œuf à vn chat, qui en mourut ſubitement. Dequoy eſtant adfierty Monſieur le Baron de Senecey Cheualierde l'Ordre, s'eſtant fait apporter ledit monſtre, ill'enuoya au Roy Charles, qui pour lors eſtoit à Mets. Figure Des Monſtres 649 C teſtes, deux bras, & quatre jambes, lequel j'ouury & n'y trouuay qu'vn cœur , ie le garde en ma - A - . » - - Figure d'vn enfant ayant deux teſtes - Figure de deux gemeaux n'ayans deux bras, c> quatre iambes. qu'vne ſeule teſte. L'an mil cinq cens quarante ſix, à Paris vne femme groſſe de ſix mois enfanta vn enfant ayant deux maiſon comme choſe monſtrueuſe : partant l'on peut dire que ce n'eſtoit qu'vn enfant. Ariſtote dit, # #º que s'il eſt trouué qu'vn monſtre ayant deux corps joincts enſemble ait deux cœurs, on peut verita- # au # blement dire que ce ſont deux hommes ou deux femmes : autrement s'il eſt trouue n'auoir qu'vn cœur de gener. a• auec deux corps, ce n'eſt qu'vn homme ou qu'vne femme.. Car ſi le cœur qui eſt la ſource de la vie, nimal. eſt vnique, il s'enſuit qu'il n'y peut auoir qu'vne vie, & s'il n'a qu'vne vie, il n'y a auſſi qu'vne ame. Auſſi les affections de tels monſtres qui n'ont qu'vn cœur, tant du corps que de l'ame, comme il ſe eut voir par exemple au Chapitre quatriéme cy-deſſus, ne ſont pas ſeulement ſemblables, mais en ef- fect ſont meſmes : qui eſt vne preuue certaine qu'il n'y a qu'vne ame. Au contraire, quand il y a deux cœurs, la diuerſité des affections ſe void, comme en ces deux filles qui eſtoient jointes par le front, dont le pourtrait ſe void cy-deſſous. Or la cauſe de ce monſtre pouuoit eſtre, faute de matiere en quan- tité, ou vice de la matrice qui eſtoit trop petite, parce que Nature voulant créer deux enfans, la trouuant trop eſtroitte, ſe trouua manque, de façon que la ſemence eſtant contrainte & ſerrée, ſe vint lors à coaguler en vn globe, dont ſe formerent deux enfans ainſijoints & vnis enſemble. L'an mil cinq cens ſoixante neuf, vne femme de Tours enfanta deux enfans gemeaux, n'ayans -# # Pº# ſſſ77- > - - icnt : anatomiſez Dar mai - D qu'vne teſte, leſquels s'entre-embraſſoient : & me furent donnez ſecs, & ſez par maiſtre niers ſont en René Ciret, maiſtre Barbier & Chirurgien, duquelle renom eſt aſſez celebre par tout le pays de Tou-# poffºſſió de raine, ſans que ie luy donne autre loüange. ' - l'Autheur. · I I i Figure 65o Le Vingt-cinquiéme Liure, Figure de deux filles gemelles , leſquelles s'entretenoient par le front. Sebaſtien Monſter eſcrit auoir veu deux filles l'an mil quatre cens nonante-cinq , au mois de Sep- tembre pres deVvormes, auvillage nommé Briſtant, leſquelles auoient deux corps entiers & bien for- mez, mais leurs fronts s'entre-tenoient enſemble; ſans que par artifice humain on les pûſt ſeparer, & s'entre touchoient preſque du nez : & veſquirent iuſques à dix ans,& lors en mourut vne, laquelle fut oſtée & ſeparée de l'autre, & celle qui demeura viue mourut bien toſt apres, quand on † ſa ſœur morte d'auec elle, pour la playe qu'elle auoit receuë de la ſeparation : La figure deſquelles t'eſt icy deſſus repreſentée. - Figure de deux enfans monſtrueux, n'agueres nez à Paru. - L'an mil cinq cens ſeptante, le vingtiéme iour du mois de Iuillet, à Paris ruë des Grauillers, à l'en- ſeigne de la Cloche, naſquirent ces deux enfans ainſi figurez, remarquez par les Chirurgiens pour maſle & femelle, & furent baptiſez à Sainct Nicolas des Champs, & nommez Louys & Louyſe. Le re auoit nom Pierre Germain, dit petit Dieu, de ſon meſtier ayde à maçon, & leur mere, Matthée ernelle. 7 Figure · Des Monſtres. | 651 ". Figure de deux filles ioinctes enſemble, Pourtraits d'vn Monſtre ayant n'agueres nées en la ville du - · deux teſtes,l'vne de maſle, Pont de Sée, pres & l'autre de fe- Angers. melle. è % S': # | º A" \NS $s) ) Le Lundy dixiéme iour de Iuillet, mil cinq cens ſoixante & douze, en la ville du Pont de Sée, pres d'Angers, naſquirent deux enfans femelles, leſquels veſquirent demie heure, & receurent bapteſme, & eſtoient bien formez, fors qu'vne main ſeneſtre n'auoit ſeulement que quatre doigts & eſtoient con- joincts enſemble en leurs parties anterieures, à ſçauoir depuis le menton iuſques à l'vmbilic, & n'a° uoient qu'vn ſeul nombril & vn ſeul cœur, le foye diuiſé en quatre lobes. Caelius Rhodiginus, chap. troiſiéme, liure vingt-quatriéme de ſes Antiques leçons, eſcrit qu'il fut produit vn monſtre à Ferare en Italie, l'an de grace, mil cinq cens quarante, le dix-neufiéme iour de Mars, lequel lors qu'il fut enfanté, eſtoit auſſi grand & bien formé, que s'il euſt eu quatre mois accom- plis, ayant le ſexe feminin & maſculin, & deux teſtes, l'vne de maſles & l'autre de femelle. Cette an- née fut toute remplie de prodiges, & de miſeres qui les enſuiuirent. - A Milan naſquit vn veau auec deux teſtes parfaites, jointes enſemble par l'occiput. Le vingt-ſixiéme Decembre , en pluſieurs lieux d'Allemagne fut veuë deuant le iour vne eſtoille dedans le corps de la Lune, de laquelle en yſſirent deux le lendemain qui rendoient vne tres-grand2 lumiere. - Le cinquiéme Ianuier vn enfant monſtrueux naſquit en Allemagne, auec deux teſtes tournez vers le dos, deſquelles les faces oppoſées l'vne auec l'autre s'entreregardoient d'vne contenance farouche, D & pleine de menace. Vne Comette parut, & le Soleil ſouffrit vne tres-grande Eclipſe, le ſeptiéme d'Auril. Il y eut de grandes & cruelles guerres en cette année. Pluſieurs tremblemens de terre, tant en Allemagne qu'ailleurs, auec tres-grandes ruines. L'Egliſe Cathedrale de Prague, ville Capitale de Boheme, auec le Palais Royal, furent entierement bruſlez. •! Les principaux effects de la reuolte des Gantois executez par le commandement de Charles cin- uiéme. L'Eſté fut tres-ardent & ſec, auec vne tres-grande diſette d'herbages & legumes & autres neceſſi- tez. Tous leſquels mal-heurs, & pluſieurs autres qui arriuerent en cette année, ſemblent auoir eſté predits par ces monſtres. Car tout ainſi qu'en la compoſition parfaitte de l'indiuidu de tous les ani- | . maux, telles formes ſont monſtrueuſes, extraordinaires & horribles à voir : ces accidens le ſont de • meſme aux Eſtats, Citez & Republiques qui en reçoiuent les afflictions. . . - l I i 2 Figure 652 Le Vingt-cinquiéme Liure, Figure dvn enfant maſle ayant quatre Figure d'vn homme ayant vneteſle bras & quatre iambes. au milieu du ventre. -\{ | # -# NN- s N $ § - Iouinianus Pontanus eſcrit que l'an mil cinq cens vingt-neuf, le neufiéme de Ianuier, il fut veu en Allemagne vn enfant maſle ayant quatre bras & quatre jambes, duquel tuvois icy le pourtraict. L'Eſté pluuieux extraordinairement perdit vniuerſellement tous les biens de la terre. La mefme année que le #and Roy François fit la paix auec les Suiſſes, naſquit en Allemagne vn monſtre ayant vne teſte au milieu du ventre : iceluy veſquit iuſques à l'aage d'homme : icelle teſte pre- - noit aliment comme l'autre. Pourtrait de deux enfans monſtrueux, auſquels vn ſºul ſexe feminin ſe manifeſie. Fevrier mil cinq cens ſeptante-deux, en la Paroiſſe au lieu des petites Bordes, vne femme nommée Cypriane Gir accoucha de ce monſtre , lequel veſquit iuſqu§ Pimanche enſui de Viabam , ſur le chemin r iour de ºnde, femme de hartrc5 : hand Labourº * Le dernie de Paris à 9 Iacqucs MaIC •' / Figure Des Monſtres. 653 Figure d'vn cochon monſtrueux né à Mets en Lorraine, - - seSN2 T A A N è - SN M\' - S222 -, - †A$ #-- - SN sNN X--- $ = > , Nul #25 $ | | | | | ," 2x N # 7 JIIIIm Nuuſſſ % | $ NNNN N $ | "- \ ) | - //A(ſ2 / "7 2 |) - 77 ) $ \ 7t # xº / s " u . ) § † § % | , - A. - 7/ 5- '/ $ N%/ % ^ º N\% 4 /ll4 ||||| l|||||||IÈN, | |, | | -- W) | % jlll |! / / tllltl \llt N\ \ | # # . l# | | V. , - , \ \ - N | | | - * - - ! B # llll s-/ / - - - zS>NS $ - L'an 1572. le lendemain de Paſques à Mets en Lorraine, dans l'Hoſtellerie du Sainct Eſprit, vne truye cochonna vn cochon ayant huict iambes, quatre oreilles, la teſte d'vn vray chien, le derriere du corps ſeparé iuſques à l'eſtomach, & depuis joinct en vn, ayant deux langues ſituées au trauers de la gueule, & auoit quatre grandes dents, ſçauoir eſt, autant deſſus que deſſous, de chacun coſté, leurs ſexes eſtoient mal diſtinguez, de façon qu'on ne pouuoit connoiſtre s'ils eſtoient maſles ou femelles: ils n'auoient chacun qu'vn conduit ſous la queuë , la figure duquel t'eſt icy demonſtrée par ce pour- trait, lequel puis n'agueres m'a eſté enuoyée par Monſieur Bourgeois Docteur en Medecine, homme de bpn ſçauoir, & bien experimenté en icelle, demeurant en ladite ville de Mets. Des femmes qui portent pluſieurs enfans d'vne ventrée. C H A P 1 T R E V. - E commun accouchement des femmes eſt d'vn enfant, toutesfois on void (comme le cauſe de la nombre des femmes eſt grand) qu'elles accouchent ſouuent de deux, que l'on appelle pluralité gemeaux, ou beſſons : il y en a qui en accouchent de trois , quatre , cinq, ſix , & plus. d'enfant. Empedocles dit, que lors qu'il y a grande quantité de ſemence, il ſe fait pluralité d'en- fans. Autrès, comme les Stoïques, diſent qu'il s'engendre pluſieurs enfans, pource qu'en la matrice il y a pluſieurs cellules, ſeparations & cauitez, & quand la ſemence eſt eſpanduë en icelles , il ſe fait pluſieurs enfans : toutesfois cela eſt faux : car en la matrice de la femme il ne ſe trouue qu'vne ſeule cauité, mais aux beſtes, com- me chiennes, pourceaux, & autres, il y a pluſieurs cel- lules, qui eſt cauſe qu'elles portent pluſieurs petits. Ari- ſtote a eſcrit , que la femme ne pouuoit § d'vne portée plus de cinq enfans : ce qui eſt aduenu en vne ſer- uante d'Auguſte Ceſar, laquelle d'vne portée accoucha de cinq enfans, qui ne veſquirent que bien peu de temps nó plus que la mere. L'an mil cinq cens cinquante quatre à Berne en Suiſſes la femme de lean Gelinger Docteur enfanta pareillement d'vne portée cinq enfans , trois maſles, & deux femelles. Albucaſis dit cſtre certain d'vne Dame qui en auoit fait ſept : & d'vne autre, la- quelle s'eſtât bleſſée auorta de quinze bien formez, Pline chap. 11. liure7.fait mention d'vne qui auorta de douze. Le meſme autheur dit, que l'on a veu au Peloponeſe ( auiourd'huy la Morée ) vne femme qui accoucha qua- tre fois, à chaque portée de cinq enfans , deſquels la · pluſpart veſquirent. D'Alechamps en ſa Chirurgie En ſa chi- Françoiſe, chapitre nonante-quatre fueillet 448. dit, rurgie Fran. qu'vn Gentil-homme nommé Bonauenture SauelliSie- # nois luy a affermé qu'vne ſienne eſclaue , qu'il entre- tenoit , fit ſept enfans d'vne portée , † quatre furent baptiſez. Et de noſtre temps , la femme d'vn Gentil-homme Sieur de Maldemeure, qui eſt vne mai- ſon entre Sarte & Maine Patroiſſe de Seaux , pres Chambellay, eut la premiere année qu'elle fut mariée edux enfans , la ſeconde année trois, la troiſieſme qua- tre , la quatriéme cinq , la cinquiéme ſix , dont elle mourut : Il y a vn deſdits ſix § viuant, qui eſt au- II i 3 iourd'huy # - •- - - © • / Li - - 654 Le Vingt-cinquiéme Liure, iourd'huy fieur dudit lieu de Maldemeurc. A Beaufort en vallé pays d'Anjou, vne ieune fernme, fille de A feu Macé Chauniere, accoucha d'vn enfant, & huict ou dix iours apres d'vn autre qu'il luy fallut tirer hors le ventre, dont elle mourut. Martius Cromerus au liure 9 de l'Hiſtoire de Pologne, eſcrit qu'en la Chºſºººº Prouince de Cracouie,vne Dame fort vertueuſe & de grande & ancienne maiſon,qui ſe nommoit Mar- # gueritc , femme du Comte Virboſlaüs, accoucha le 2 o.iour de Ianuier 1269. d'vne ventrée de trente-ſix porta #. enfans vifs. Franciſcus Picus Mirandula eſcrit,qu'vne femme en Italie, nommée Dorothée, accoucha fans. en deux fois de vingt enfans, à ſçauoir, de neuf en vne fois, & vnze à l'autre, laquelle portant vn ſi grand fardeau,eſtoit ſi groſſe qu'elle ſouſtenoit ſon ventre,qui luy deſcendoit iuſques aux genoüils, auec V1)C grande bande, qui la prenoit au col & aux eſpaules,comme tu vois par ce pourtrait. Mais de toutes ces portées ou enfantemens, il n'y en a point qui approche de la meruelle de la Comteſſe de Flandres, laquelle par vne iuſte permiſſion & vengeance de Dieu , conceut & accoucha d'vne ſeule portée, ainſi que pluſieurs Hiſtoriens nous ont laillé par eſcrit, de trois cens ſoixante & cinq enfans, autant qu'il y a de iours en l'an. - - - Fauſſe opi- Or quant à la raiſon de la multitude des enfans, quelques vns du tout ignares de l'Anatomie ont | nion teuchāt voulu perſuader,qu'en la matrice de la femme il y auoit pluſienrs cellules & ſinus, à ſçauoir ſept, trois ººº au coſté droict pour les maſles, trois au coſté gauche pour les femelles, & le ſeptiéme droit au milieu "#a pour les §. : meſme que ce menſonge a eſté authoriſé iuſques la , que quelques-vns par gemeaux. apres ont affermé vne chacune de ces ſept cauitez eſtre derechef diuiſée CIl dix autres : & de là ils ont tiré la raiſon de la multitude des enfans d'vne ventrée, de ce que diuerſes portions de la ſeméce eſtoient B écartées & receuës en pluſieurs cellules: mais telle choſe n'eſt appuyée d'aucune raiſon, authorité ny ve- rité, ains eſt contraire au ſens & à la veuë, bien qu'Hippocrate ſemble auoir eſté de cette opinion au liure De natura pueri,mais Ariſtote liure 4 chapitre 4. De gener.animal. penſe que les iumeaux ſe font, ou pluſieurs enfans d'vne ventrée, de meſme ſorte qu'vn ſixiéme doigt en la main, à ſçauoir par la re- dondance de la matiere, laquelle eſtant en grande abondance, ſi elle vient à ſe diuiſer en deux, il ſe fait des iumeaux. Il m'a ſemblé bon qu'en cet endroit ie deſcriue des Hermaphrodites, à cauſe qu'ils vien- nent auſſi de ſuperabondance de la matiere. Des Hermaphrodites ou Androgynes, c'est à dire, qui en meſme corps ont deux ſexes. C H A P I T R E V I. E s Hermaphrodites ou Androgynes ſont des enfans qui naiſſent auec double membre Deſtription ſe ſſ N# ,- des herma- J$a $ # genital, l'vn maſculin, l'autre feminin, & partant ſont appellez en noſtre langue Fran- frodites. " -- • çoiſe hommes & femmes. Or quant à la cauſe, c'eſt que la femme fournit autant de Androgyne #ſemence quel'homme proportionnément, & pource la vertu formatrice, qui touſiours #. # tâche à faire ſon ſemblable, à ſçauoir de la matrice maſculine vn maſle, & de la femi- ér femme,čr nine, vne femelle, fait qu'en vn meſme corps ſont trouuez quelquesfois les deux ſexes, c femme & que l'on nomme Hermaphrodites : deſquels il y a quatre differences, à ſçauoir Hermaphrodite maſle, ºº qui eſt celuy qui a le ſexe de l'homme parfait, & qui peut engendrer, & a au perinaeum ( qui eſt le lieu # entre le ſcrotum & le ſiege) vn trou en forme de vulue, toutesfois non penetrant au dedans du corps, r§ & d'iceluy ne ſort vrine ne ſemence.La femme Hermaphrodite, outre ſa vulue qui eſt bien compoſée, par laquelle elle jette ſa ſemence & ſes mois, a vn membre viril, ſitué au deſſus de ladite vulue, pres le penil, ſans prepuce: mais vne peau deliée, laquelle ne ſe peut renuerſer ne retourner, & ſans aucune e- rection, & d'iceluy ne ſort vrine ny ſemence, & ne s'y trouue veſtige de ſcrotum , ne teſticules. Les Les Loix Hermaphrodites qui ne ſont nyl'vn ny l'autre, ſont ceux qui ſont du tout forclos, & exempts de gene- pºur le her- neration,& leurs ſexes du tout imparfaits, & ſont ſitucz à coſté l'vn de l'autre & quelquesfois l'vn deſ- ##. ſus & l'autre deſſous, & ne s'en peuuent ſeruir que pour jetter l'vrine. Hermaphrodites maſles & fe- # # melles, ce ſont ceux qui ont les deux ſexes bien formez, & s'en peuuent ayder & ſeruir à la generation: anciens & & à ceux-cy les loix anciennes & modernes ont fait & font encore eſlire, duquel ſexe ils veulent vſer, ººººº auec deffence ſur peine de perdre la vie de ne ſe ſeruir que de celuy duquel ils auront fait eſlection,pour # les inconueniens qui en pourroient aduenir. Car aucuns en ont abuſé de telle ſorte, que par vn vſage #. § mutuel & reciproque, paillardoient de l'vn & de l'autre ſexe: tantoſt d'homme , tantoſt de femme , à diſcerner les cauſe qu'ils auoient nature d'homme & de femme, proportionnée à tel acte, voire comme deſcrit Ari- hermaphro- ſtote, leur tetin droit eſt comme celuy d'vne homme, & le gauche comme celuy d'vne femme. Les #n en ſes Medecins & Chirurgiens bien expers & bien aduiſez, peuuent connoiſtre quel ſexe les Hermaphrodites §iſ doiuent tenir de maſle ou femelle, ou s'ils peuuent vſer des deux ou de pas vn. Et telle choſe ſe con- bermaphro- noiſtra aux parties genitales, à ſçauoir, ſi le ſexe feminin eſt propre en ſes dimenſions, pour receuoir la dites prºbl , verge virile,& ſi par iceluy fluent les menſtruës, pareillement par le viſage,& ſi les cheueux ſont deliez # # ou gros : ſi la parole eſt virile ou greſle, ſi les tetins ſont ſemblables a ceux des hommes ou des femmes: # ſemblablement ſi toute l'habitude du corps eſt robuſte, ou effeminée, s'ils ſont hardis ou craintifs, & cbap... aux autres actions propres & familieres aux maſles, ou aux femelles. Et quant aux parties genitales qui appartiennent à l'homme, faut examiner & voir s'il y a grande quantité de poil au penil & autour du ſiege : car communément, & quaſi touſiours les femmes n'en ont point au ſiege. Semblablement faut bien examiner ſi la verge virile eſt bien proportionée en groſſeur & longueur,& ſi elle ſe dreſſe, & d'icelle ſort ſemence: qui ſe fera par la confeſſion de l'Hermaphrodite, lors qu'il aura eu la compagnie de femme : & par cet examen on pourra veritablement diſcerner & connoiſtre l'Hermaphrodite maſle & femelle, ou ceux qui ſeront & l'vn & l'autre, ou qui ne ſont ny l'vn nyl'autre. Et ſi le ſexe de l'Her- maphrodite tient plus de l'homme que de la femme, il doit eſtre appellé homme : & ainſi ſera il de la femme. Et ſi l'Hermaphrodite tient autant de l'vn que de l'autre, il ſera appellé Hermaphrodite hom- me & femme, comme tu peux voir par ce pourtrait. Pourtrait Des Monſtres. 655 A - » - - Pourtrait d'vn Hermaphrodite hom- Figure de deux Hermaphrodites, eſtans me & femme. ioincts dos à dos, l'vn à l'autre. % - S # à f | # à é D. # â24## 4 s L'an mil quatre cens quatre-vingt & ſix, on vid naiſtre au Palatinat aſſez pres de Heidelberg , en vn bourg nommé Rhebarchie, deux enfans gemeaux s'entretenans, & joints enſemble dos à dos, qui eſtoient C Hermaphrodites, comme on les peut voir par ce pourtrait. Figure d'vn Monſtre ayant quatre bras & quatre pieds, cs deux natures de femme. - #º) t M 2 ſ% - $s>7 % | NS/ $ 323 4 gaa ")N/$ # - - - - - # # "N( $ #. à N» $ $ =#/ Le iour que les Venitiens & Geneuois furent recon- # # ) Q S# $ = ciliez, naſquit en Italie ( comme raconte Boiſteau) vn =#2 ) W NsF# $ - - - - $S N) ) º N$ , monſtre qui auoit quatre bras & quatre jambes, & n'a- -* -1)! >7 \ # N uoit qu'vne teſte, auec la proportion gardée en tout le - - †\,$ # q prop - 1 )$W , = # \ reſte du corps , & fut baptizé, & veſquit quelque temps - Q) % •- .. S° apres. Iacques Ruef, Chirurgien de Surich, eſcrit en E - - - # - =3| auoir veu vn ſemblable, lequel auoit deux natures de - - "] - - - i> $ - 2 \ femme, comme tu peux voir par ce pourtrait. E= # #/\ E S\% - # $ # # # ) / # 7 $ )'4 % -#/$ $e #A (#( \ - S S È= S 3 $ $ * #sE $ ' #N$ $ $ á A$ \s S # NS - Hiſtoires memorables de certaines femmes qui ſont degenerées en hommes. CHA P. VII. # M A T v s Luſitanus recite, qu'il y eut en vn bourgnommé Eſgucina,vne fille appellée Marie Pateca, 'aquelle eſtant ſur le temps que les filles commencent à auoir leurs fleurs, au lieu deſdites fleurs,luy ſortit vn membre viril, lequel eftoit caché dedans auparauant,& ainſi de femelle deuint maſle:par- quoy , tie fut veſtue de robbe d'homme, & ſon nom de Marie fut changé en Emmanuel. Depuis il traficqua long-temps és Indes,où ayant acquis grand bruit & grandes richeſſes, à ſon retour ſe maria : toutesfois cet Autheur ne ſçait s'il eut enfans, vray (dit-il) qu'il demeura toufiours ſans barbe. - I I i 4 Antoin6f | " 656 Le Vingt-cinquiéme Liure, Autrehiſtoi- re ſemblable. Autre hi- ſtoire, le Roy Charles re- gn4ht. Cardinal de Lenoncourt. Pline liu. 7. abap 4. Antoine Loqueneux Receueur des Tailles pour le Roy à ſainct Quentin, n'agueres m'a affirmé auoir veu A vn homme au logis du Cygne à Rheims, l'an ſoixante, lequel ſemblablement on auoit eſtimé eſtre fille, iuſ- ques en l'aage de quatorze ans: mais ſe iouant & folaſtrant,eſtant couché auec vne châbriere, ſes parties ge- nitales d'homme ſe vindrent à deuelopper: le pere & la mere le connoiſſant eſtre tel, luy firent par authorité de l'Egliſe changer le nom de Ieanne à Iean,& luy furent baillez habillemens d'hôme. Auſſi eſtant à la ſuit- te du Roy, à Vitry le François en Champagne i'y vid vn certain perſonnage nommé Germain Garnier,auciis le nommoient Germain Marie, parce qu'eſtant fille on l'appelloit Marie , ieune homme , de taille moyenne, trappe, & bien amaſſé portant barbe rouſſe, aſſez eſpaiſſe, lequel iuſqu'au quinziéme de ſonaage auoit eſté tenu pour fille, attendu qu'en luy ne ſe monſtroit aucune marque de virilite,& meſme qu'il ſe tenoit auec les filles en habit de femme. Or ayant atteint l'aage ſuſdit, comme il eſtoit aux champs, & pourſuiuoit aſſez viuement ſes pourceaux qui alloient dedans vnbled,trouuant vn foſſe le voulut affranchir:& l'ayant ſauté à l'inſtant ſes genitoires vindrent à ſe deſuelopper, & la verge virile s'eſtans rompus, leſquels auparauant eſtoient tenus clos & enſerrez ( ce qui luy aduint ſans douleur ) & s en retourna larmoyant en la maiſon de ſa mere,diſant que ſes trippes luy eſtoient ſorties hors du ventre,laquelle fut fort eſtónée de ce ſpectacle. Et ayant aſſemblé des Medecins & Chirurgiens, pour là deſſus auoir aduis, on trouua qu'elle eſtoit homme, & non plus fille:& tantoſt apres en auoir fait le rapport à l'Eueſque, qui eſtoit le defunct Cardinal de Lenon- court,par ſon authorité,& aſſemblée du peuple,il receut le n6 d'homme:& au lieu de Marie(car il eſtoit ainſi nommé auparauant)il fut appellé Germain, & luy fut baillé habit d'homme,& croy que luy & ſa mere ſont encore viuans. Pline liu.7. chap.4. dit ſemblablement qu'vne fille deuint garçon, & fut confinée pour cette #ºſº" cauſe en vne Iſle deſerte & inhabitée par arreſt des Aruſpices. Il me ſemble que ces deuineurs n'auoient oc- deuineurs. Nature tend touſtours à perfection. Hiſtoire. caſion de ce faire, pour les raiſons cy deſſus alleguées : toutesfois ils eſtimoient que telle monſtrueuſe B choſe leur eſtoit mauuais augure & preſage, qui eſtoit la cauſe de les chaſſer & exiler. La raiſon pourquoy les femmes ſe peuuent degenerer en hôme,c'eſt que les femmes ont autant de caché dedans le corps,que les hommes deſcouurent dehors:reſte ſeulement qu'elles n'ont pas tant de chaleur,ny ſuffiſance pour pouſſer de- hors , ce que par la froidure de leur temperature eſt tenu comme lié au dedans. Parquoy ſi auec le temps, l'humidité de l'enfance qui empeſcheroit la chaleur de faire ſon plein deuoir, eſtant pour la pluſpart exha- lée,la chaleur eſt renduë plus robuſte,acre,& actiue,ce n'eſt choſe incredible,qu'icelle principalement aydée de quelque mouuement violent,ne puiſſe pouſſer dehors ce qui eſtoit carhé dedans. Or comme telle meta- morphoſe a lieu en Nature, par les raiſons & exemples alleguez : auſſi nous ne trouuons iamais en hiſtoire veritable, que homme aucun ſoit deuenu femme, pource que Nature tend touſiours à ce qui eſt le plus par- fait, & non au contraire faire que ce qui eſt parfait, deuienne imparfait. Exemple du defaut de la quantité de la ſemence. C H A P I T R E V I I I. I la quantité de la ſemence (comme nous auons par cy-deuant dit ) manque, pareillement quel- que membre defaudra auſſi, plus ou moins. De là viendra que l'enfant aura deux teſtes & vn bras, l'autre n'aura point de bras : vn autre n'aura ny bras jambes, ou autres parties defaillantes, com- me nous auons dit cy-deſſus : l'autre aura deux teſtes , & vn ſeul bras, & le reſte du corps bien accom- lv. - P #an 1573. ie vis à Paris à la porte de Sainct André des Arts, vn enfant monſtrueux aagé de neufans, na- tif de Parpeuille,village trois lieuës pres de Guiſe(ſon pere ſe nommoit Pierre Renard & ſa nere qui le por- toit, Marquette) qui n'auoit que deux doigts à la main dextre, & le bras eſtoit aſſez bien fomié depuis l'eſ- paule iuſques au coulde, mais depuis le coulde iuſques aux deux doigts eſtoit fort difforme. Il eſtoit ſans jambes, toutesfois luy ſortoit hors de la feſſe dextres vne figure incomplette d'vn pied , apparence de qua- tre orteils : de l'autre feſſe ſeneſtre en ſortoit du milieu deux doigt, l'vn deſquels reſſembloit preſque à la verge virile. Lequel t'eſt demonſtré au vray par cette preſente figure. Figure d'vn enfant monſtrueux, par le defaut de la ſemence en deuë quantité Lan Des Monſtres. 657 A L'an mil cinq cens ſoixante deux, premier iour de Nouembre,naſquit à Ville-Franche de Beyran en Gaſ Hiſtoir, . congne ce preſent monſtre ſans teſte , lequel m'a eſté donné par Monſieur Hautin, Docteur Regent en la , Faculté de Medecine à Paris, duquel monſtre tuvois icy la figure, tant anterieure que poſterieure, & m'a - affirmé l'auoir veu. - Figure d'vn Monſtre femelle ſans teſte. Choſ fort monſtrueuſe, ' U0ſy" Uné femme ſans teſte . |! B & # # - % - $\$ # % $ \s é - SN Na - º2 - \ % #$ | é # l •ºs Figure d'vn Monſtre ayant deux teſtes, Figure d'vn homme ſans deux tambes, & vn ſeul bras. - brau. C i On a veu depuis quelque temps en ça à Paris vn homme ſans bras, aagé de quarante ans ou enuiron, 'Hiſtºire fort & robuſte, lequel faiſoit preſque toutes les actions qu'vn autre pouuoit faire de ſes mains : à ſçauoir merusilleuſe auec ſon moignon d'eſpaule, & la teſte ruoit vne coignée contre vne piece de bois, auſſi ferme qu'vn autre homme euſt ſceu faire auec ſes bras. Pareillement faiſoit cliquetter vn foiiet de chartier,& faiſoit pluſieurs autres actions : & auec ſes pieds , mangeoit, beuuoit, & iouoit aux cartes & aux dez , ce qui t'eſt demon- ſtré par ce pourtrait : à la fin fut larron , voleur & meurtrier, & executé en Gueldres, à ſçauoir pendu , - Puis mis ſur la rouë. - - Semblablement de recente memoire, on à veu à Paris vne femme ſans bras, qui tailloit & couſoit 2& stº, 2, faiſoit 658 Le Vingt-cinquiéme Liure, Ariſtote, Hippocr. & Emped. La Uërfté imaginatiue fait receuoir aux enfans pluſieurs fr- //s6.5. Moyſe 3o. chap. Hiſtoire. Damaſcene. Hippocr. Preceptes pour les fem- mes qut en- gendrent. La femmse me peut faire nuiſance à bien former ſon enfant qu'en la con- ception & éö- formation. Hiſtoire. faiſoit pluſieurs autres actions.Hippocrate au liure 2. des Epidimies,eſcrit que la femme d'Antigenes accou- A cha d'vn enfant tout de chair, n'ayant aucun os, neantmoins auoit toutes les parties bien formées. C H A P. IX. Exemples des Monſtres qui ſe font par imagination. . Es anciens qui ont recherché les ſecrets de Nature , ont enſeigné d'autres cauſes des enfans | monſtrueux,& les ont referez à vne ardente & obſtinée imagination, que peut auoir la femme Q #, cependant qu'elle conçoit, par quelque object, ou ſonge fantaſtique de quelques viſions no- $ $ # cturnes, que l'hôme ou la femme ont ſur l'heure de la conception.Cecy meſme eſt verifié par 23 #>/# l'authorité de Moyſe, où il monſtre comme Iacob deçeut ſon beau pere Laban, & s'enrichit de ſon beſtial,ayant fait peler des verges,qu'il mit dans l'abreuoir, afin que les chevres & brebis regardans ces verges de couleurs diuerſes, formaſſent leurs petits marquetez de diuerſes tâches: parce que l'imagination a tant de puiſſance ſur la ſemence & geniture, que le rayon , & charactere en demeure ſur la choſe enfantée. Qu'il ſoit vray, Heliodore eſcrit, que Purſina, Reyne d'Ethiopie, conceut du Roy Hydaſpes, tous deux Ethiopiens, vne fille qui eſtoit blanche, & ce par l'imagination qu'elle attira de la ſemblance de la belle Andromede, dont elle auoit la peinture deuant ſes yeux,pendant les embraſſemens deſquels elle de- uint groſſe. Damaſcene, autheur graue, atteſte auoir veu vne fille velue comme vn Ours , laquelle la mere auoit enfantée ainſi difforme & hideuſe, pour auoir trop attentiuement regardé la figure d'vn ſainct Iean ve- ſtu de peau auec ſon poil, laquelle eſtoit attachée au pieds de ſon lict , pendant qu'elle conceuoit. Par ſem- B blable raiſon Hippocrate ſauua vne Princeſſe accuſé d'adultere , parce qu'elle auoit enfanté vn enfant noir comme vn More, ſon mary & elle ayant la chair blanche , laquelle à la ſuaſion d'Hippocrate fut abſoute, pour le pourtrait d'vn More ſemblable à l'enfant,lequel couſtumierement eſtoit attaché à s6 lict.Dauantage, on void que les connins & paons qui ſont enfermez en des lieux blancs , par vertu im2ginatiue engendrent leurs petits blancs. Figure d'vn Monſtre fort hideux,ayant Figure d'vne fille veluë, & d'vnen- les mains & pieds de bœuf,& au- fant noir,faits par la vertu imaginaire. f/6.5 choſes fort monſtrueuſes. -% 4 $ # N 47 NS N \) / ) $ / N % A $N N\ \ R % \ $ \ \NV(#&\ $ |$ Q%4N \ \ ) \ &\ $V ) (38 \ ù | $ (S l' N \ $ $S- #%! $ § - SRS §) $! $l () $# | $W $\l' # - Et partant faut que les femmes , à l'heure de la conception, & lors que l'enfant n'eſt encore formé (qui eſt de trente ou trente-cinq iours aux maſles , & de quarante ou quarante-deux, comme dit Hippocrate liure De natura pueri, aux femelles ) n'ayent à regarder, ny imaginer choſes monſtrueuſes : mais la formation de l'enfant eſtant faite , jaçoit que la femme regarde ou imagine attentiuement choſes monſtrueuſes, tou- tesfois alors l'imagination n'aura aucun lieu , pource qu'il ne ſe fait point de transformation depuis que l'enfant eſt du tout formé. - En Saxe en vn village nommé Stecquer, fut né vn monſtre ayant quatre pieds de bœuf,les yeux, la bou- che, & le nez ſemblables à vn veau, ayant deſſus la teſte vne chair rouge, de forme ronde : vne autre par derriere, ſemblable à vn capuchon de Moyne, les cuiſſes dechiquetées, comme tu vois par cette figure cy- deſſus peinte. : z L'an mil cinq cens dix-ſept en la Parroiſſe de Blois - le Roy dans la foreſt de Biévre, ſur le chemin de Fontaine-bleau, naſquit vn enfant ayant la face d'vne grenoüille, qui a eſté veu & viſité par Maiſtre Iean Belangier , Chirurgien en la ſuitte de l'Artillerie du Roy, és preſences de Meſſieurs de la Iuſtice de Harmois. A ſçauoir honorable homme Iacques Bribon, Procureur du Roy dudit lieu, & Eſtienne Lar- dot , Bourgeois de Melun, & Iean de Vitry, Notaire Royal à Melun,& autres: le pere s'appelle Eſme Petit, & - Des Monſtres. 659 A & la mere Magdelaine Sarboucart. Ledit Belanger, homme de bon eſprit ? deſirant fçauoir la cauſe de ce monſtre, s'enquit au pere d'où cela pouuoit proceder, lequel luy dit , qu il eſtimoit que fa femme ayant la fiévre, vne de ſes voiſines luy conſeilla pour guarir ſa fiévre, qu'elle priſt vne grenouille viue en ſa main, & qu'elle la tinſt iuſques à ce que ladite grenoüille fuſt morte : la nuict elle s'en alla coucher auec ſon marys ayant toufiours ladite grenoüille en ſa main, ſon mary & elle s'embraſſerent , & con$ºut . & par la vertº imaginatiue ce monſtre auoit eſté ainſi produit, comme tu vois par cette figure. - Figure prodigieuſe d'vn enfant ayant la face de G renouille. )# Si 2:# 2>SS 2 $ Ngwº "» s | -º§s # # ? , $ - - % - % HSH % % $ - % - *, % . - - # N # ( - | -E2- - S, ve# #=- 2 22 = SN-X.z- =s- Exemple de l'anguſtie & petiteſſe de la matrice. C H A P. X. p#= Il L ſe fait auſſi des Monſtres pour la detreſſe du corps de la matrice, comme l'on void, que lors Raiſon par # #| qu'vne poire attachée à l'arbre , poſée en vn vaiſſeau eſtroit deuant qu'elle ſoit accruë , ne peut ſimilitude. A# † prendre croiſſance complette : ce qui eſt auſſi conneu aux Dames, qui nourriſſent des ieunes | # chiens en petits paniers ou autres vaiſſeaux eſtroits , pour les garder de croiſtre. Pareillement # la plante naiſſant de terre trouuant vne pierre, ou autre choſe ſolide à l'endroit où elle vient, deuient tortué, groſſiſſant en vne partie, & demeurant greſle en l'autre : pour meſme cauſe les enfans ſor- tent du ventre de leurs meres, monſtrueux & difformes. Car Hippocrate dit, qu'il eſt neceſſaire qu'vn corps Hip. liu. de qui ſe meut en lieu eſtroit, deuienne mutile & manque. Empedocle & Diphille ont attribué ſemblablement la geniture. cela à ſurabondance, ou defaut & corruption de la ſemence, ou à l'indiſpoſition de la matrice: ce qui peut Cauſes º eſtre veritable par la ſimilitude des choſes ſenſibles,eſquelles fi la matiere qu'on veut fondre n'eſt bien cuit- Monſtres,ſe- te, purifiée & preparée, ou que le moule ſoit raboteux , ou autrement mal ordonné la medaille, ou effigie # Empede- qui en eſt faite, eſt defectueuſe , hideuſe & difforme. CH4J. Exemples des monſtres qui ſe font, la mere eſtant tenuë trop longuement aſſiſe, ayant eu les - cuiſſes croiſées , ou pour s'eſtre bandé & ſerrée trop le ventre durant qu'elle eftoit groſſe. CH A P. XI. S4R quelques-fois auſſi il aduient par accident, que la matrice eſt aſſez ample naturellement, toutes- ces enfant ) fois la femme eſtant groſſe , pour s'eſtre tenue quaſi touſiours aſſiſe pendant ſa groſſeſſe, & les cuiſ-ſont apptlleº **ſes croiſées, comme volontiers font les Couſturiers, ou celles qui trauaillent en tapiſſeries ſur leurs pieds boſs & genoüils, ou s'eſtre bandé, & trop ſerré le ventre, font des enfans courbez, boſſus & contrefaits, aucuns " botes. ayans les mains & les pieds tortus , comme tu vois par cette figure. - Figure --** - … -- .. , 66o Le Vingt-cinquiéme Liure, Figure d'vn enfant qui a eſté preſſe au ventre de ſa moe, ayant ks mains &%° pieds t0/tl45, - º é#, ssé --#- $ j ſſſ S$ SE # -# $ $ - - --#!#- $ , $A B Zº N --$ Pourtrait d'vn prodige & enfant petrefié, lequela eſté - s trouué au cadauer d'vne femme en la ville de Sens le ſei- c ziéme iour de May, mil cinq cens octante-deux, elle eſtant aagée de ſoixante-huict ans, & l'ayant porté en ſon ventre par l'eſpace de vingt-huict ans. Ledit enfant eſtoit quaſi tout ramaſſé en vn globe, mais il eſt icy pourtrait # & tiré de ſon long, afin # mieux faire voir l'entiere fi- - ure de ſes membres, horſmis vne main qui eſtoit de- ectueuſe. Cecy ſe peut confirmer par Matthias Cornax, Mede- cin de Maximilian Roy des Romains, lequel recite que luy-meſme aſſiſta à la diſſection du ventre d'vne femme, laquelle auoit porté en ſa matrice ſon enfant l'eſpace de quatre ans. Auſſi Egidius Hertages Medecin à Bruxelles, fait mention d'vne femme qui a porté en ſes flancs treize ans reuolus, le ſquelette d'vn enfant mort Ioannes Lan- gius, en l'Epiſtre qu'il eſcrit à Achilles Baſſarus, teſmoi- ne auſſi d'vne femme qui eſtoit d'vn Bourgappellé Eber-P 7 - x , $ $ $ N s# # - > - - 4#$ $ Ns ach, laquelle rendit les os d'vn enfant, qui eſtoit mort # # # | "S en ſon ventre dix ans auparauant. # # # _^ % 222 . W\V 2 ( - \ § \ \ - - \ • - Q^. # \ . , ' | i ! $ # # NN 44: $# # $ / 2 . \ # 4 # # #. 223 ) \ - Exemple i Des Monſtres. 66 I -- - • • - - - - , 4- - - - - - Exemple des CMonſtres qui ſont eugendrez , la mere ayant receu quelque coup ou cheute» eſtant groſſe d'enfant. CH A P. , XII. 'A v A N r A G E quand la mere reçoit quelque coup ſur le ventre, ou qu'elle tombe de haut en bas , les enfans en peuuert auoir les os rompus , desboitez & torturez, ou receuoir autre vice , comme eſtre boiteux, boſſus, & contrefaits, ou pource que l'enfant deuient malade au ventre de ſa mere , ou que les femmes nangent,ou defirent manger, ou qu'elles abhorrent de voir toſt aprº5 qu'elles ont conçeu, ou que l'on aura jetté quelque choſe entre leurs tetins, conne vne ceriſe,Prunesgrenouille, vne ſouris ou autres choſes qui peuuent rendre les enfans monſtrueux. — Exemplº des monstres qui ſe font par les maladies hereditaires. C H A P 1 T R E XIII. 2 V s s 1 pour les indiſpoſitions , ou compoſitions hereditaires des peres & meres, les en- -# fans ſont faits monſtrueux & difformes : car il eſt aſſez manifeſte , qu'vn boſſu, voire telle- # ment boſſu, que les deux boſſes deuant & derriere, a quelques-vns ſont ſi fort eſleuées, que la teſte eſt à moitié cachée entre les eſpaules, ainſi que la teſte d'vne tortuë dans ſa coquille. Vne femme boiteuſe d'vn coſté, faict ſes enfans boiteux ſemblables à eile : autres eſtans boi- - teuſes des deux hanches, font enfans qui le ſont auſſi , & qui cheminent cannetant. Les ca- Balbutier mus font leurs enfans camus : Autres balbutient : autres parlenr en bredouillant , auſſi leurs enfans bre- # § douillent : Et où les peres & meres ſont petits, les enfans en naiſſent le plus ſouuent nains, ſans nulle autre begayer, ue deformité, à ſçauoir : quand le corps du pere & de la mere n'ont aucun vice en leur conformation : Au-peuuant bien tres font leurs enfans bien maigres , à cauſe que le pere & la mere le ſont : Autres ſont ventrus & fort proferer la feſſus , quaſi plus gros que longs, parce qu'ils ont eſté engendrez d'vn pere ou d'vne mere , ou de pere parole.. , & mere enſemble gros & gras , ventrus & feſſus. Les gouteux engendrent des enfans gouteux , & les la- Bredouiller, pidaires ſujets à la pierre : auſſi fi le pere & la mere ſont fols , le plus ſouuent les enfans ne ſont gue- c'eſt dire . res ſages : pareillement les epileptiques engendrent des enfans qui ſont ſubjets à l'epilepſie. Or tou- # tes ces manieres de gens ſe trouuent ordinairement , qui eſt choſe qu'vn chacun peut voir, & connoi- #- ſtre à l'œil la verité de mon dire : partant ie n'ay que faire d'en parler d'auantage. Auſſi ne veux-ie § eſcrire que les ladres engendrent des enfans ladres : car tout le monde le ſçait. Il y a vne infinité d'au- proferée. tres indiſpoſitions des peres & meres , auſquelles les enfans ſont ſujets, voire meſines qu'ils retiennent des mœurs, de la parole, de mines & trongnes , contenances & geſtes, iuſques au marcher & cracher de leurs peres & meres. Toutesfois de ce ne faut faire reigle certaine : car nous voyons quelquesfois des peres & meres auoir toutes ces indiſpoſitions , & neantmoins leurs enfans n'en retenir aucune choſe : parce que la vertu formatrice a corrigé ce vice. - Exemple des choſes monſtrueuſes qui ſont aduenues en maladies accidentales. ' C H A P 1 T R E X I V. E v A N T ſainct Iean d'Angely, vn ſoldat nommé Franciſque, de la compagnie du Capi- Hiſtoire ad- N# taine Muret, fut bleſsé d'vn coup d'arquebuze au ventre, entre l'vmbilic & les Ils : la bale mirable. W# ne luy fut tirée , parce qu'on ne la pouuoit trouuer , au moyen dequoy il eut de grandes & # extremes douleurs : neuf iours apres ſa bleſſure,jetta la bale par le ſiege, & trois ſepmaines $ # apres fut guary : il fut traicté par maiſtre Simon Crinay, Chirurgien des bandes Françoiſes. Autre hi- # Iacques Pape, Seigneur de S. Aubam aux Baronniers en Dauphiné fat bleſsé à l'eſcarmou-ſºººemº- che de Chaſenay, de trois coups d'arquebuſe , penetrans en ſon corps, dont il y en auoit vn au deſſous du " le. nœud de la gor,e, tout proche la canne du poulmon, paſſant prés la nucque du col, & la bale y eſt en- core à preſent : au moyen dequoy luy ſuruindrent pluſieurs grands & cruels accidens, comme fiévre, gran- de tumeuralentour du col : de ſorte qu'il fut dix iours ſans pouuoir rien aualer , fors quelques boüillons li- quides, & nonobſtant toutes ces choſes a recouuré ſanté, & eſt à preſent encore viuant, & fut pensé par maiſtre Iacques Dalam , Chirurgien fort expert , demeurant en la ville de Montelimar en Dauphiné. Ale-Liu ,.d.ſn xandre Benedict eſcrit d'vn villagoîs , qui fut bleſsé d'vn coup de traict au dos , & fut tiré, mais le fer de-Hiſtoire A. meura dedans le corps, lequel eftoit long de deux doigts en trauers , & eſtoit barbele aux coſtez. Le Chi-mato.ch.9. rurgien l'ayant long-temps cherché ſans le pouuoir trouuer , ferma la playe , & deux mois apres ce fer ſor- tit par le ſiege. Dauantage audit chapitre dit , qu'à veniſe vne hle aualla vne aiguilles laquelle deux ans Autr, hi- apres elle jetta en vrinant , couuerte d'vne matiere pierreuſe , amaſsée alentour de quelques humeurs ſtoire. gluans.Ainſi que Catherine Parlan, femme de Guillaume Guerrie,Marchand Drappier, homme d'honneur, demeurant à la ruë de la Iuifuerie à Paris, alloit aux champs en trouſſe ſur vn cheual , vne aiguille de ſon tabouret entra dedans ſa feſſe dextre, de ſorte que l'on ne la peuſt tirer dehors. Quatre mois apres elle m'enuoya querir, ſe plaignant que lors que ſon mary l'embraſſoit, elle ſentoit en l'aine dextre vne grande douleur picquante,à raiſon qu'il preſſoit deſſus. Ayant mis la main ſur la douleur , trouuay vne aſperité & dureté, & fis en ſorte que luy tiray ladite aiguille toute enrouillée, Cecy doit bien eſtre mis au rang des choſe : monſtrueuſes, veu que l'acier qui ett peſant , monta conti e-mont, & paſſa au trauers des muſcles da · • .. la § ſans faire apoſtume. - KKk · Des 662 Le Vingt-cinquiéme Liure, ll Des pierres qui s'engendrent au corps humain. CH A P. XV, Aiguille en- §r-#ï#'A N mil cinq cens ſoixante-ſix, les enfans de Maiſtre Laurens Collo, hommes bien experimentez porée en vne $ $ en l'extraction des pierres, en tirerent vne de groſſeur d'vne noix, au milieu de laquelle fut trou- pierre. º uée vne aiguille , dequoy couſtumierement les couſturiers couſent. Le malade ſe nommoit Pierre Cocquin demeurant en la rue Galande, prés la place Maubert à Paris , & eſt encore à preſent viuant. La pierre fut preſentée au Roy en ma preſence, auec ladite aiguille que leſdits Collos m'ont donnée pour mettre en mon cabinet , laquelle ie garde, & ay encores de preſent en ma poſſeſſion , pour memoire de choſe ſi monſtrueuſe. - me couſtu- L'an mil cinq cens ſeptante, Madame la Ducheſſe de Ferrare, enuoya querir en cette ville Iean Collo pour §ie, extraire vne pierre de la veſſie d'vn pauure Patiſſier, demeurant à Montargis, laquelle peſe neuf onces, de aux pau , groſſeur d'vn poing , & de figure comme tu vois icy le pourtraict, & fut tirée en la preſence de Monſieur fit teus les Maiſtre François Rouſſet, & Maiſtre Ioſeph Iauelle, hommes ſçauans & bien experimentez en la Medecine, frais pour la Medecins ordinaires de ladite Dame : & fut ſi heureuſement tirée, que ledit Patiſſier guarit : toutesfois peu eure dudit de temps apres luy vint vne ſuppreſſion d'vrine au moyen de deux petites pierres qui deſcendirent des reins Patiſſier. qui boucherent les pores vtereres, & furent cauſe de ſa mort. Ladite Da- Figure d'vnepierre extraičte à vn Patiſſier de Montargis. L'an mil cinq cens ſoixante & ſix,le frère dudit Iean Collo, nommé Laurens fit pareillement en cette ville de Paris extraction de trois pierres eſtans en la veſſie, de groſſeur chacune d'vn bien gros œuf de poulle,de couleur blanche,peſans les trois, douze onces & plus , à vn ſurnommé Tire- vit, demeurant à Marly , lequel pource qu'il auoit Ceux qui ont dés l'aage de dix ans quelque commencement deſ- vne pierre à dites pierres en la veſſie, tiroit ordinairement ſa la veſſie, ont verge, dont fut nommé Tire-vit : car la vertu ex- touſieurs vn pultrice de la veſſie, voire de tout le corps, s'effor- - # çoit à jetter hors ce qui luy nuiſoit, & pour-ce luy l'extremité cauſoient vn certain aiguillennement à l'extremité d'icelle verge(comme ſe faict ordinairement à ceux qui ont quelque ſable, ou pierre aux parties de- diées à l'vrine)ce que i'ay eſcrit plus amplemét en mon liure des Pierres. Icelles furent preſentées au Roy, eſtant pour lors à ſainct Maur des foſſez : on en caſſa vne auec vn marteau de Tapiſſier , au mi- lieu de laquelle en fut trouuée vne autre, reſſem- blante à vn noyau de peſche , couleur tannée, leſ- dits Collos m'ont donné les ſuſdites pierres pour mettre en mon cabinet , comme choſe monſtrueu- ſes, & les ay fait pourtraire au plus prés du vif, de la verge. ainſi que tu peux voir par ces figures. Figure de trois Pierres extraičtes à vne fois ſans interualle de temps, de la veſſie d'vn appelléTire-vit, l'vne deſquelles eſt brisée. --ſ % A^ %22 \ $ º, \. # D'auantage ie puis † que ſ'en ay trouué dedans les reins des corps morts, de plufieurs figures § Fra»- † de cochons,de chiens & autres diuerſes figures, ce qui nous a eſté laiſſe par eſcrit des anciens. Mon- fotſe. ſieur d Alechamp recite en ſa Chirurgie, qu'il a veu vn homme auoir vne apoſteme ſur les lumbes, laquelle L e r.des apres la ſuppurationsdegenera en fiſtule, par laquelle il jetta à diuerſes fois pluſieurs pierres, venans du rein, Epidemies. & enduroit le trauail du cheual & des chariots. Hippocrate eſcrit de la chambriere de Dyſere, aagée de ſoi- Hiſtoire. xante ans, qui auoit des douleurs comme ſi elle euſt deu accoucher, tellement qu'vne femme luy tirt de ſa Liu , ch. de matrice vne pierre aſpre & dure,de la grandeur, groſſeur,& figure d'vn peſon de fuſeau. Iacques Hollier,Do- ººº- cteur Regent en la faculté de Medecine à Paris,eſcrit qu'vne femme, apres auoir eſté tourmentée d'vne diffi- tiº du cœur. culté d'vrine par l'eſpace de quatre mois, en fin mourut : laquelle ayant eſté ouuerte, furent trouuées ea la ſubſtance du cœur deux aſſez groſſes pierres,auec pluſieurs petites apoſtemes, eſtans les reins & les pores - Vrctcres» Des Monſtres. 663 A vreteres,& la veſſie ſains & entiers.L'an 1558.fut appellé par Iean Bourlier,maiſtre tailleur d'habits,demeu- B rant rue ſaina Honoré pour luy ouurir vne apoſteme aqueuſe qu'il auoit au genouil,en laquelle trouuay vne #º pierre de la groſſeur d'vne amende,fort blanche, dure & polie & guarit, & encores eſt à preſent viuant. Vne Hiſtoires Dame de noſtre Cour fut longuement & extremement malade,ſentant douleur au ventre , auec grandes eſ- preintes, & cependant eſtoit pensée par pluſieurs Medecins, leſquels ignoroient le lieu de la douleur. On m'enuoya querîr, pour ſçauoir ſi ie pourrois connoiſtre la cauſe de ſon mal. Par l'ordonnance des Medecins ie luy regarday au ſiege & à la matrice, auec inſtrumens propres à ce faire,& pour tout cela ne peux connoi- ſtre ſon mal. Monſieur le Grand luy ordonna vn clyſtere, & en le rendant jetta vne pierre par le fiege, de la ... , . roſſeur d'vne noix : & tout ſubit ſes douleurs & autres accidens ceſſerent, & depuis s'eſt bien portée.Sem- Hiſtoire. blable choſe eſt arriuée à la Dame de S. Euſtache demeurant au carrefour de la rue de la Harpe. Le Capitaine Auguſtin, Ingenieur du Roy,m'enuoya querir auec Monſieur Violaine,Docteur,Regent en la Hiſtoire. faculté de Medecine, & Claude Viard, Chirurgien Luré à Paris, pour luy extraire vne pierre qu'il auoit ſous Pierres tron- la langue,de longueur de demy-doigt,& groſſe d'vn tuyau de Plume. Il en a encore vne, qu'on ne peut bien uées ſous la encore deſtacher. Or pour le dire en vn mot, les pierres ſe peuuent engendrer en toutes les parties de no-langue- ſtre corps, tant interieuresqu'exterieures. Qu'il ſoit vray, on en void eſtre engendrées aux jointures des ge-ºº noux. Antonius Beniuenius Medecin Florentin,au liure I. chapitre 24. dict, qu'vn nommé Henry Alleman, #" jetta vne pierre de la groſſeur d'vne auelaine, en touſſant. - touſſant. De certaines choſes eſtranges que Nature repouſſe par ſon incomprehenſible prouidence. C H A P 1 T R E. XV I. #) N T o N 1 v s Beniuenius Medecin de Florence, eſcrit qu'vne certaine femrhe aualla vne ai- Hiſtoire d'v- $ guille d'airain , ſans auoir ſenty aucune douleur l'eſpace d'vn an : lequel eſtant paſsé luy ſur- ne aiguille A# uint grande douleur au ventré, & pour ce eut l'opinion de pluſieurs Medecins touchant cette amallé . ' \ -, douleur,ſans leur faire mention de cette aiguille qu'elle auoit auallé : toutesfois aucun ne luy # #2t ſceut donner allegement : & veſquit ainſi l'eſpace de deux ans : lors tout à coup par vn petit trou prés le nombril, ladite aiguille ſort, & fut guarie en peu de temps. Vn Eſcholier nommé Chambelant, Hiſtoire, natif de Bourges, eſtudiant à Paris au College de Preſle, aualla vn eſpy d'herbe nommé Gramen, lequel ſor- tit quelque temps apres, entre les coſtes tout entier , dont il cuida mourir : & fut pensé par defunct Mon- ſieur Fernel , & Monfieur Huguet, Docteurs en la faculté de Medecine. Il me ſemble que c'eſtoit forfaict à Nature d'auoir expulsé ledit eſpy de la ſubſtance des poulmons, & auoir fait ouuerture à la membrane pleu- retique, & aux muſcles qui ſont entre les coſtes , & neantmoins il receut gueriſon,& croy qu'il ſoit encore viuant. Cabrolle Chirurgien de Monſieur le Mareſchal d'Anville, n'aguerès m'a certifié que François Guil- Hiſtoirs. lemet Chirurgien de Sommieres petite ville, qui eſt à quatre lieües prés de Montpelier, auoit pensé & guery vn berger, auquel des voleurs auoient faict aualler vn couſteau de longueur de demy-pied, duquel le man- che eſtoit de corne, de groſſeur d'vn poulce, qui fut l'eſpace de ſix mois en ſon corps,ſe plaignant de gran- des douleurs qu'il ſentoit & deuint hectique , ſec, & emacié, en fin luy ſuruint vne apoſteme au deſſous de l'aine, jettant grande quantité de pus fort puamt & infect, par laquelle en preſence de la Iuftice fut tiré ledit d couſteau, lequel Monſieur Ioubert, Medecin celebre à Montpellier, garde en ſon cabinet, & l'a monſtré à # # pluſieurs, comme vne choſe admirable, monſtrueuſe & digne de grande memoire. Iacques Guillemeau, # Chirurgien Iuré à Paris m'a affermé auoir veu ce couſteau au cabinet dudit ſieur Ioubert, pour lors eſtant à §. Montpellier. Monſieur de Rohan auoit vn fol nommé Guion, qui aualla la poincte d'vne eſpée tranchante, Hiſtoire, de longueur de trois doigts ou enuiron, & douze iours apres la jetta par le ſiege, & ne fut ſans luy aduenir de grands accidens, toutesfois il en eſchappa : il y a des gentils-hommes de Bretagne encore viuans qui la luy virent aualler. On a veu auſſi à certaines femmes l'enfant eſtant mort dans leur matrice , les os ſortir par l'vmbilic & la chair par pourriture eſtre jettée par le col de leur matrice, & par le ſiege, s'eſtant fait abſcés» ce que deux Chirurgiens celebres & dignes de foy m'ont certifié auoir veu à deux diuerſes femmes. Pa- reillement Monſieur d'Alechamps en ſa Chirurgie Françoiſe, recite qu'Albucraſis auoit tractée vne Dame de meſine choſe, dont l'yſſué fut bonne ayant recouuré ſa ſanté, toutesfois elle ne porta plus d'enfant depuis. Semblablement eſt vne choſe bien monſtrueuſe de voir vne femme, d'vne ſuffoquation de matrice eſtre trois iours ſans ſe mouuoir, ſans apparence de reſpirer, ſans apparente pulſation d'artere : dont quelques-vnes ont eſté enterrées viues, penſans leurs amis qu'elles fuſſent mortes. Monſieur Fernel,eſcrit d'vn certain ado- leſcent, lequel apres auoir pris grand exercice, commença à touſſir iuſques à tant qu'il euſt jetté vne apo- ſteme entiere de la groſſeur d'vn œuf, laquelle eſtant ouuerte fut trouuée pleine de boüe blanche, enuelop- pé en vne membrane. Iceluy cracha le ſang par deux iours, auec vne grande fiévre, & toutesfois reſchappa. Autre hi- L'enfant d'vn Marchand drappier, nommé de Pleurs, demeurant au coin de la rué neufue noſtre Dame de ſºir. Paris, aagé de vingt-deux mois, aualla vne piece d'vn miroir d'acier, qui deſcendit en la bourſe, & fut cauſe de ſa mort. Eſtant decedé fut ouuert en la preſence de Monſieur le Gros, Docteur Regent en la faculté de Medecine à Paris, homme de tres grand ſçauoir, & l'ouuerture faicte par maiſtre § , Chirurgien pour lors de l'Hoſtel Dieu : ce qu'ayant entendu, curieux de la verité, ie m'en allay parler à la femme dudit de Pleurs,laquelle m'affirma la choſe eſtre vraye,& me monſtra la piece du miroir qu'elle portoit en ſa bour- fe, qui eſtoit de telle figure & grandeur. - - Autre hi- ſtoire. Figure d'vne piece de miroir qu'aualla vn enfant aagé de vingt-deux mois, · ' · . qui fut cauſe de ſa mort. • • • -*:; Y, " " . . Valeſcus de Tarante Medecin, en ſes obſeruations medecinales & exemples rares, Autre bi- s dit qu'vne ieune fille venitienne aualla vne aiguille en dormant de la longueur de ſtoire. $ | quatre doigts, & dix mois apres la ietta par la veſſie auec l'vrine. - L'an 1578. au mois d'Octobre, Tiennette Chartier, demeurant à ſainct Maur les ... . Foſſez,femme vefue aagée de quarante ans, eſtant malade d'vne fiévre tierce vomiſt Hiſtoire. au commencement de ſon accez grande quantité d'humeur bilieux , auec lequel elle reietta trois vers,qui eſtoient velus,& du tout ſemblables en figure,couleur,longueur,& groſſeur à chenilles, ſinon qu'ils eſtoient plus noirs, leſquels depuis veſquirent huict iours & plus, ſans aucun aliment Et furent "- iceux apportez par le Barbier dudit S.Maur à Monſieur Milot Docteur & Lecteur des eſcholes en Medecine, Autre hi- qui Penſoit lors ladite Chartier,lequel me les monſtra.Meſſieurs le Févre, le Gros,Mareſcot, & Courtin Do- ſtoire. K K k 2 &teurs 664 Le Vingt-cinquiéme Liure, cteurs en Medecine, les ont auſſi veus. Ie ne puis encore paſſer que ie ne recite cette hiſtoire priſe aux Chro- niques de Monſtrelet,d'vn franc-Archer de Meudon prés de Paris,qui eſtoit priſonnier au Chaſtelet pour plu- ſieurs larcins, pour raiſon deſquels il fut condamné d'eſtre pendu & eſtranglé : il en appella en la Cour de Parlement, & par icelle Cour, fut dit qu'il auoit eſté bien iugé & mal appellé. En meſme iour fut remonſtré au Roy par les Medecins de la ville, que pluſieurs eſtoient fort trauaillez & moleſtez de pierre, colique paſ- ſion, & maladie de cofté, dont eſtoit fort moleſté ledit Franc-Archer, & auſſi deſdites maladies eſtoit fort moleſté Monſeigneur de Boſcage, & qu'il ſeroit fort requis de voir les lieux où leſdites maladies ſont con- crées dedans les corps humains, laquelle choſe ne pouuoit eſtre mieux ſceue qu'en inciſant le corps d'vn homme viuant : ce qui pouuoit eſtre bien fait en la perſonne d'iceluy franc-Archer, qui auſſi bien eſtoit preſt de ſouffrir la mort : laquelle ouuerture fut faicte au corps dudit franc-Archer, & dedans iceluy quis & re- gardé le lieu deſdites maladies, & apres qu'ils eurent eſté veus, fut recouſu, & ſes entrailles remiſes dedans: & par l'ordonnance du Roy fut bien pensé, tellement que dedans quelques iours il fut bien guery, & eut ſa remiſſion, & luy fut donné auec ce argent. Ee Roy Loys. - - - - De pluſieurs choſes eſtranges. CH A P. X X I I. L E x A N D R E Benedict recite en ſa practique, auoir veu vne femme nommée Victoire, la- quelle auoit perdu toutes ſes dents, & eſtant deuenue chaulue, autres dents luy reuindremt toutes en l'aage de quatre-vingts ans. Antonius Beniuenius Medecin, au liu.I. chap. 83.faict mention d'vn nommé Iacques de Latron, lequel eſtant decedé luy fut trouué le cœur tout cou- uert de poil. Eſtienne Teſſier , maiſtre Barbier Chirurgien demeurant à Orleans, homme de bien & experimenté en ſon art, m'a recité que depuis peu de temps auoit pensé & medicamenté Charles Verignel, ſergent demeurant à Orleans, d'vne playe qu'il auoit receue au jarret, partie dextre, auec inciſion totale de deux tendons qui flechiſſent le jarret, & pour l'habiller luy fit fiechir la jambe, en ſorte qu'il couſt les deux tendons bout à bout l'vn de l'autre, & le ſitua & traicta ſi bien,que la playe fut conſolidée ſans eſtre demeuré boiteux : choſe digne d'eſtre bien nottée au ieune Chirurgien, à fin que lors qu'il luy viendra entre ſes mains telle choſe, il faſſe le ſemblable. , Que diray-je d'auantage ? C'eft que i'ay veu pluſieurs guaris,ayans des coups d'eſpées,de fleches,d'arque- buſes,au trauers du corps : d'autres des playes à la teſte,auec deperdition de la ſubſtance du cerueau autres auoir les bras & les jambes emportées de coups de canon,neâtmoins receuoir guariſon : & d'autres quin'a- uoient que de petites playes ſuperficielles,quel'on eſtimoit n'eſtre rien, toutesfois mouroient auec grands & cruels accidens. Hippocrate au cinquieſme des Epidemies , dict auoir arraché ſix ans apres vn fer de fleche concluſion. qui eſtoit demeuré au profond de l'aine,& ne rend autre cauſe de cette longue demeure,ſinon qu'il eftoitde- meuré entre les nerfs,veines,& arteres ſans en bleſſer vne ſeule. Et pour concluſi6ie diray auec Hippocrate (pere & Autheur de la Medecine) qu'aux maladies il y a quelques choſes de diuin, dont l'homme ne ſçauroit donner raiſon. Ie ferois icy mention de pluſieurs autres choſes môſtrueuſes,qui ſe font aux maladies,n'eſtoit que ie crains d'eſtre trop prolixe, & repeter vne choſe trop de fois. 1. Liu. 66. Ch.Autre hi. ſtoire. Exemple des Monſtres qui ſe font par corruption & pourriture. C H A P. XVIII. O 1 s r E A v en ſes Hiſtoires prodigieuſes eſcrit, que luy eſtant en Auignon,vn artiſan ouurant Hiſtoire - - - - - - #. vn cercueil de plomb d'vn mort, bien couuert & ſoudé , de façon qu'il n'y auoit aucun air, fut Bapt ſte mordu d'vn ſerpent qui eſtoit enclos dedans,la morſure duquel eſtoit ſi veneneuſe, qu'il culda Leon, # mourir, L'on peut bien donner raiſon de la naiſſance & de la vie de cét animal,c'eſt qu'il fut en- gendré de la pourriture du corps mort. Crapaut Baptiſte Leon eſcrit pareillement, que du téps du Pape Martin cinquieſme,fut trouué en vne grande pierre trouué au ſolide vn ſerpent vifénclos,n'y ayant aucune apparence de veſtige,par lequel il deuſt reſpirer.En cét endroit mºlicº !'vne ie veux reciter vne ſemblable hiſtoire. Eſtant en vne mienne vigne pres le village de Meudon, où ie faiſois $º! !" rompre de bien grandes & groſſes pierres ſolides,on trouua au milieu de l'vne d'icelles vn gros crapautyif, #. & n'y auoit aucune apparence d'ouuerture, & m'eſmerueillay comme cét animal auoit peu naiſtre , croiſtre, §" & auoir vie.Lors le Carrier me dit, qu'il ne s'en falloit eſmerueiller, parce que pluſieurs fois il auoit trouué de tels, & autres animaux au profond des pierres, ſans apparence d'aucune ouuerture. On peut auſſi don- ner raiſon de la naiſſance & vie de ces animaux,c'eſt qu'ils ſont engendrez de quelque ſubſtance bumide des pierres, laquelle humidité putrefiée produit telles beſtes. | Exemple de la commiftion & meſlange de ſemence. C H A P I T R E X I X. - | L y à des monſtres qui naiſſent moitié de figure de beſtes,&l'autre humaine,ou dutout retenans des animaux, qui ſont produicts de Sodomites & Atheiſtes, qui ſe joignent & desbordent con- tre nature auec les beſtes,& de là s'engendrent pluſieurs monſtres hideux, & grandementhon- teux à voir, & à en parler : toutesfois la deshonneſteté giſt en effect,& non en paroles, & eſt lors que cela ſe faict, vne choſe fort mal-heureuſe & abominable, & grande infamie & abo- Nature taſ mination à l'homme ou à la femme ſe meſler & accoupler auec les beſtes : dont aucuns naiſſent demy-hom- che touſtours mes & demy beſtes. Le ſemblable ſe faict, ſi beſtes de diuerſes eſpeces cohabitent les vnes auec les autres, à faire ſon * cauſe que, Nature taſche touſiours à faire ſon ſemblable : comme il s'eſt veu vn agneau ayant la teſte ſemblable d' vn porc, parce qu'vn verrat auoit couuert la brebis : car nous voyons meſmes aux choſes inanimées,com- me d vn grain de froment, venir non l'orge, mais le froment : & du noyau d'abricot, venir vn abricotier , & non le pommier, parce que Nature garde toufiours ſon genre & eſpece. Impieté abo- - minable des tº# Sodomites. - - *- Figurt 665 L'an 1493.vn enfant fut conçeu & engendré d'vne femme & d'vn chien ayant depuis le nombril les parties ſuperieures ſemblables à la forme & figure de la mere, & eſtoit bien accomply, ſans que Nature y euſt rien obmis : & depuis le nombril auoit toutes les parties inferieures ſemblables auſſi à la C forme & figure de l'animal, qui eſtoit le pere, lequel (ainſi que Volateranus eſcrit ) fut enuoyé au Pape qui regnoit en ce temps là.Cardan liure 14.chap.64 de la varieté des choſes, en fait mention. #º - - - - - - - ºrdan Cœlius Rhodiginus en ſes Antiques Leçons, dit qu'vn Paſteur nommé Cratain en Cybare, ayant § exercé auec vne de ſes chevres ſon deſir brutal, la chevre chevreta quelque temps apres vn cheureau Rhod. gui auoit la teſte de figure humaine,& ſemblable au paſteur:mais le reſte du corps ſembloit à la chevre. Figure d'vn Cochon ayant la teſte, pieds & mains d'homme, & lereſte de Cochon. L'an onze cens & dix, vne - truye en vnbourg du Lie-ºº ge cochonna vn cochon, ayant la teſte & le viſage d'vn homme , ſemblable- ment les mains & les pieds, & le reſte comme vn co- chon. SRS s X#*-- s, Ns $ r, i* Hiſtoire mvsrueilleuſe. 666 Le Vingt-cinquiéme Liure, L'an 1564. à Bruxelles, au logis d'vn nommé Ioeſt Diekpert, demeurant ruë Vvarmoesbroeck, * vue ttuye cochonna ſix cochons, deſquels le premier eſtoit vn monſtre ayant face d'homme , en- ſemble bras & mains, repreſentant l'humanité, generalemenr depuis les eſpaules : &les deux † & le train derriere de pourceau, ayant la nature de truye ; il tettoit comme les autres , & veſquit deux iours, puis fut tué auec la truye, pour l'horreur qu'en auoit le peuple : duquel monſtre tu as icy le pour- traict , qui t'eſt repreſenté le plus naturellement qu'il eſt poſſible. Pourtraictprodigieux d'vn monſtre Chien, ayant la teſte ſemblable à vne volaille. L'an 1571. à Anuers la femme d'vn compagnon Imprimeur, nommé Michel, demeurant au lo- gis de lean Mollin Tailleur d'hiſtoires, à l'enſeigne du pied d'or, à la Cameſtrate, le propre iour S.Tho- mas ſur le dix heures du matin, accoucha d'vn monſtre repreſentant la figure d'vn vray chien, excepté qu'il auoit le col fort court, & la reſte ne plus ne moins qu'vne volaille, toutesfois ſans poil : & n'eut point de vie , parce que ladite femme accoucha auant terme : & à l'heure meſme de ſon enfantement, cét eſpouuantable monſtre iettant vn fort horrible cry(choſe eſmerueillable) la cheminée du logis cheur par terre, ſans aucunement offenſer quatre petits enfans qui eſtoient à l'entour du foyer : & parce que c'eſt vne toute recente, il m'a ſemblébon d'en donner icy le vray pourtraict. Louys Cellée eſcrit auoir leu en vn autheur approuué, qu'vne brebis conçeut & aignela d'vn Lyon: choſe monſtrueuſe en nature. Figure a'vn Aigneau monſtrueux. NIſſſſſſï, C · Le 13. iour d'Auril mil cinq censſe- tante-trois, vn Aigneau naſquit en vn † nommé Chambenoiſt, Fauxbourg de Sezanne, en la maiſon de Iean Pou- let, meſureur de ſel, & ne fut connu en cét Agneau vie, ſinon qu'il fut veu re- muer bien peu : Sous les oreilles yauoit vne emboucheure approchant de la for- me d'vne lamproye : la figure duquel eſt telle que tu vois icy repreſentée. "--- • * - · - - Figure Des Monſtres. 667 Figure d'vn Aigneau ayant trois teſtes. Cette année preſente mil cinq cens ſeptante ſept, naſquit vn Aigneau au village nommé Blandy,vne lieuë Hiſtoire. & demie pres de Melun,ayant trois teſtes en vne : Celle du milieu eſtoit plus groſſe que les deux autres, & Ariſtote, quand vne deſdites teſtes belloit,les autres faifoient le ſemblable. Maiſtre Iean Bellanger Chirurgien,demeu- rant en la ville de Melun,affirme l'auoir veu, & meſme en a faict pourtraire la figure, laquelle a eſté criée & venduë par cette ville de Paris,auec Priuilege,auec deux autres monſtres, l'vn de deux filles jumelles, & vn autre ayant la face d'vne grenoüille, qui a eſté cy-deuant figuré. Il y a des choſes diuines cachées & admirables aux monſtres,principalement ceux qui aduiennent du tout contre nature : car à iceux les principes de Philoſophie faillent,partant on n'y peut aſſeoir certain iugement. Ariſtote en ſes Problemes dit, qu'il ſe faict des monſtres en nature, à cauſe de la mauuaiſe diſpoſition de la matrice, & cours de certaines conſtellations. Ce qui aduint du temps d'Albert, en vne metairie en laquelle vne vache feit vn veau demy homme : dequoy les villageois ſoupçonnans le paſteur, l'accuſerent en juge- ment,pretendant le faire bruſler auec ladite vache : mais Albert pour auoir fait pluſieurs experiéces en Aſtro- nomie, connoiſſoit (diſoit-il) la verité du fait, & dit cela eſtre par vne ſpeciale conſtellation : de ſorte que le paſteur fut deliure & purgé de l'impoſition de tel execrable crime. Ie doute fort ſi le jugemêt du ſeigneur Le iugement Albert eſtoit bon. Or ie delaiſſe icy à eſcrire de pluſieurs autres monſtres engendrez de cette farine, enſem- des Aſtrolo- ble leurs pourtraits, leſquels ſont ſi hydeux & abominables,non ſeulement à voir,mais auſſi à en ouyr parler gº eſt fors que pour leur grande deteſtation ie n'en ay rien voulu dire, ny les faire pourtraire. Car (comme dit Boiſteau apres auoir recité pluſieurs hiſtoires ſacrées & prophanes, qui ſont toutes remplies de griefves peines ſur les paillards) que doiuent eſperer les Atheiſtes & Sodomites, qui ſe joignent, contre Dieu & Nature (comme i'ay dit cy-deſſus) auec les beſtes brutes ? A ce propos S. Auguſtin dit,la peine des paillards eſtre de tom- douteux. Ieremie Io. .. Dieu n'eſ# point ſuies aux aſtres. ber en aueuglement, & deuenir enragez apres qu'ils ſont delaiſſez de Dieu , & ne voir point leur aueugle- Liure des ment, ne pouuans eſcouter bon conſeil, prouoquans l'ire de Dieu contr'eux. Exemple de l'artifice des meſchans gueux de l'hoſtiere. CH A P. XX. r> rº #l, res puant & infect,lequel il auoit attaché à ſon pourpoint, le tenant appuyé d'vne fourchette contre ** fon cofté, & cachoit ſon bras naturel derriere ſon dos, couuert de ſon manteau, afin qu'on eſtimaſt que le bras du pendu eſtoit le ſien propre, & crioit à la porte du Temple qu'on luy dônaſt l'aumoſne en l'hon- neur de S. Antoine. Vn iour de Vendredy ſainct, le monde voyant ainſi le bras pourry, luy faiſoit aumoſne, ... penſant que ce fuſt veritablement ſon bras. Le coquin ayant par longue eſpace de temps remué ce bras, en . fin, il ſe deſtacha & tomba en terre, où tout ſubit le releuant, fut apperceu de quelques-vns auoir deux bons bras ſans celuy du pendu,alors fut mené priſonnier, puis condamné à auoir le foüet,par l'ordonnance du Ma- giſtrat, ayant le bras pourry pendu à ſon col, deuant ſon eſtomach,& banny à iamais hors du pays. L'impoſture d'vn beliſtreſſefeignant auoir vn chancre à la mammelle. CH A p. XXI. & potelée cagnardiere , demandant l'aumoſne à la porte d'vn Temple vm Dimanche , laquelie fei- Épheſes. # 'A y ſouuenance eſtant à Angers, 1525. qu'vn meſchant coquin auoit coupé le bras d'vn pendu, enco* Hiſtoire» - - - D » r 4 - - - - _ - • - N mien frere nommé Iean Paré Chirurgien demeurant à Vitré, ville de Bretagne veit vne groſſe Com telle impo- gnoit auoir vn chancre à la mammelle, qui eſtoit vne choſe fort hideuſe à voir, à cauſe dvne grande quan- § tité de boüe,qui ſembloit en decouler ſur vn linge qu'elle auoit deuant ſoy. Mondit frere contemplant ſa cpnnur. - - K K k 4 face, 668 Le Vingt-cinquiéme Liure, Malice inge . nieuſe. Confeſſion du ladre & condamna- tion, face, qui eſtoit d'vne viue couleur,monſtrant eſtre bien ſaine,&les parties d'autour ſon chancre vlceré blan- ches,& de bonne couleur,& le reſte de ſon corps bien habitué, jugea en ſoy-meſme que cette garce ne pou- uoit auoir chancre eſtant ainſi graſſe potelée, & goulue,s'aſſeurant que c'eſtoit vne impoſture : ce qu'il de- nonça au Magiſtrat(dit en ce pays-là l'Aloué)lequel permit à mondict frere la faire mener en ſon logis pour cognoiſtre plus certainement l'impoſture. Elle donc y eſtant arriuée, il luy deſcouurit toute ſa poictrine,& trouua qu'elle auoit ſous ſon aiſſelle vne eſponge trempée &imbue de ſang de beſte & de laict meſlez enſem- ble,& vn petit tuyau de ſureàu,par lequel cette mixtion eſtoit conduite par des faux trous de ſon chancre vlceré,decoulant ſur le linge qu'elle auoit deuant ſoy,& par cela cogneut pour certain que ce chancre eſtoit artificiel. Alors print de l'eau chaude, & fomenta la mammelle, & l'ayant humectée,leua pluſieurs peaux de grenoüilles noires, vertes, & jaunaſtres,miſes les vnes ſur les autres,collées auec bol armene & blanc d'œuf, & farine,ce que l'on ſçeut par ſa confeſſion : & les ayant toutes leuées on trouua le tetin ſain & entier,& en auſſi bonne diſpoſition que l'autre. Cette impoſture deſcouuerte » ledit Aloue la fit conſtituer priſonniere, & eſtant interrogée,con feſſa l'impoſture,& dit que ç'auoit eſté ſon gueux qui l'auoit ainſi accouſtrée : lequel ſemblablement feignoit auoir vne vlcere grand & enorme à la jambe : ce qui ſembloit eſtre vray par le mo- yen d'vne ratte de bœuf qu'il poſoit le long & autour de la jambe, attachée & feneſtrée bien proprement, auec vieux drapeaux aux deux extremitez : de façon qu'elle ſembloit eſtre plus groſſe deux fois que la natu- relle : & pour faire la choſe plus monſtrueuſe & hideuſe à voir, faiſoit pluſieurs cauitez en ladite ratte,&par deſſus jettoit de cette mixtion faicte de ſang & de laict, & ſur tous ſes drapeaux , ledit Aloué fit chercher ce maiſtre gueux , larron,impoſteur, lequel ne pût eſtre trouué , & condamna la pute à auoir du fouët, & la bannit hors du pays : qui ne fut ſans eſtre auparauant bien eſtrillée de coups de fouet de cordes nouées, B ainſi qu'on faiſoit en ce temps-là. »- L'impoſture d'vn certain maraut qui contrefaiſoit le ladre. CHA P. XXII. - #S | N an apres vint vn gros maraut qui contrefaiſoit le ladre,& ſe mit à la porte du Temple, deſ- - #| ployant ſon orifian,qui eſtoit vn couure-chef, ſur lequel poſa ſon baril & plufieurs eſpeces ſ\# de petite monnoye:tenant en ſa mais dextre des cliquettes,les faiſant cliquetter aſſez haut:ſa - # %$º) face couuerte de gros boutons , faits de certaine colle forte,& peinte d'vne façon rougeaſtre \, $M . 4 & liuide,approchant à la couleur des ladres, & eſtoit fort hideuſe à voir:ainſi par compaſſion chacun luy faiſoit aumoſne. Mondit frere s'approcha de luy , & luy demanda depuis quel temps il eſtoit ainſi malade : il luy reſpondit d'vne voix caſsée & rauque, qu'il eſtoit ladre dés le ventre de ſa mere, & que ſes pere & mere en eſtoient morts,& que leurs membres leur en eſtoient tombez par pieces. Ce ladre auoit certaine liſiere de drap, entortillée autour de ſon col , & deſſous ſon manteau, de ſa main ſeneſtre ſe ſerroit la gorge à fin de ſe faire monter le ſang à la face, pour la rendre encore plus hideuſe & défigurée, & auſſi pour faire ſa voix enroüée,qui ſe faiſoit par l'anguſtie & ſtricture de la trachée artere, ſerrée par la lifiere. Mondict frere eſtant ainſi à deuiſer auecluy, le ladre ne peut ſilong-temps demeurer qu'ilne deſſer- raſt ſa liſiere,pour reprendre vn peu ſon haleine:ce que mondict frere apperceut,& par ainſi eut ſoupçonque ce fut quelque fauſſeté & impoſture. Parquoy s'en alla vers le Magiſtrat, le priant luy vouloir tenir la main, pour en ſçauoir la verité : ce que volontiers luy accorda, commandant qu'il fut mené en ſa maiſon pour eſ c prouuer s'il eſtoit ladre. La premiere choſe qu'il fit,ce fut de luy oſter la ligature d'autour du col, puis luy la uer la face auec de l'eau chaude,& par icelle tous ſes boutons ſe deſtacherent,& tomberent, & la face de- . meura viue & naturelle ſans nul vice Cela faict, il le faict deſpoüiller nud,& ne trouua ſur ſon corps aucun ſigne de lepre,tant vniuoque qu'equiuoque. Le Magiſtrat eſtant aduerty de ce le fit conſtituer priſonnier , & trois iours apres fut interrogé:où il confeſſa la verité (qu'il ne pouuoit nier) apres vne longue remonſtrance que luy fit le Magiſtrat,luy mettant deuant les yeux,qu'il eſtoit vn larró du peuple, eſtant ſain & entier pour trauailler.Ce ladre luy dit,qu'il ne ſçauoit meſtier autre que de contrefaire ceux qui ſont trauaillez du malS. Iean, S. Fiacre,S. Main. Bref qu'il ſçauoit contrefaire pluſieurs maladies, & qu'il n'en auoit iamais trouué de plus grand reuenu que de contrefaire le ladre,alors fut condamné,d'auoir le fouet par trois diuers Samedis, ayant ſon baril pendu au col deuant ſa poictrine, & ſes cliquettes derriere ſon dos:& banny à iamais hors du pays,ſur peine de la hart. Quand ce vint au dernier Samedy le peuple crioit à haute voix au Bourreau.Boute, boute monſieur l'officier,il n'en ſent rien, c'eſt vn ladre:dont à la voix du peuple, monſieur le bourreau s'a- charna tellement à le fouetter, que peu de temps apres il mourut, tant pour le fouet dernier, que pour luy auoir renouuellé ſes playes par trois diuerſes fois, choſe qui ne fut grandement dommageable pour le pays , Les vns demandent à loger & eſtre à couuert au ſoir : & les ayans par pitié mis au dedans ouurent les portes,& donnent entrée à leurs compagnons, leſquels pillent , & ſouuent tuent ceux qui les ont hebergez ainſi vn homme de bien ſous bonne foy ſouuent ſera tué, & pillé de tels meſchans, ce qu'on a veu plu° ſieurs fois. Autres s'enueloppe la teſte de quelque meſchant drapeau, & ſe couchent dedans le fient en certains lieux où le monde paſſe, demandans l'aumoſne auec vne voix baſſe, & tremblante, comme ceux qui ont vn commencement de fiévre : & ainſi contrefaiſans eſtre bien malades, le monde en ayant pitié leur donne, & " cependant n'ont aucun mal. ©. | Ils ont vn certain jargon par lequel ils ſe connoiſſent& entendent les vns les autres, pour mieux deceuoir le monde, & ſous ombre de compaſſion on leur donne l'aumoſne, qui les entretient en leur meſchanceté & impoſture. Les femmes feignent eſtre groſſes,voire preſtes d'accoucher, poſans vn oreiller de plume ſur le ventre,de- mandant du linge, & autres choſes neceſſaires pour leurs couches, ce qu'encores n'agueres i'ay deſcouuert en cette ville de Paris. -, • -8 , Autres ſe diſent icteriques, & auoir la jauniſſe, ſe barboüillans tout le viſage, bras, jambes & poictrine, auec de la ſuye delayée en eau : mais telle impoſture eſt aisée à deſcouurir, regardant ſeulement le blanc de leurs yeux : car c'eſt la partie du corps où ladicte jauniſſe ſe monſtre premierement : autrement, leur frot- tant le viſage auec vn linge trempé en eau, leur fallace eſt deſcouuerte. Certes, tels larrons, beliſtres,& im- poſteurs,pour viure en oyſiueté,ne veulent iamais apprendre autre art,que telle mendicité : qui à la verité eſt vne eſchole de toute meſchanceté:car quelles perſonnes ſçauroit-on trouuer plus propres pour exercer mac- querellages, ſemer poiſon par les villages & ville, pour eſtre boute-feux, pour faire trahiſons,& ſeruir d'eſ- pions,pour deſrober, brigander, & manier toute autre meſchante practique ? Car outre ceux qui ont eſté meutriers d'eux-meſmes, & qui ont cauterizé & ſtigmatizé leurs corps, ou qui ont vsé d'herbes, & dro- gues pour rendre leurs Playes & leur corps plus hydeux, il s'en eſt trouué qui ont deſrobé des petits enfans, Des Monſtres 669 A & leur ont rompu les bras & jambes, creué les yeux,coupé la langue, preſſé & enfoncé la poictrine, diſans que la foudre les auoit ainſi meurtris, pour (les portans parmy le monde ) auoir couleur de mendier , & attrapper dèniers. , - « - - - # Autres prennent deux petits enfans, & les mettent en deux paniers ſur vn aſne, crians qu'ils ont eſté ex- poliez, & leur maiſon bruſlée. Autres prennent vne pance de mouton, l'aproprians ſur le bas du ventre diſans eſtre rompus & greuez , & qu'il les conuient tailler, & amputer leurs teſticules. Autres cheminent ſur deux petites tablettes, qui peuuent voltiger,& faire ſoubresſauts autant qu'vn bon baſteleur. Autres feignent venir de Ieruſalem, rapportans quelques bagatelles pour reliques, & les vendent aux bonnes gens de village.Autres ont vne iambe pendue à leur col. Autres contrefont eſtre aueugles , ſourds, impotens, cheminans à deux potences , au demeurant bons compagnons. - •- • Que diray-ie plus ? C'eſt qu'ils departent les Prouinces , pour en certain temps rapporter tout au com- voyageri, mun butin , feignant faire voyage à S, Claude , S. Main , S. Maturin , S. Hubert, à noſtre Dame de Lorette, Ambaſſº- en Ieruſalem , & ſont ainſi enuoyez pour voir le monde, & apprendre, par leſquels ils mandent de ville deurs des en ville aux gueux leurs compagnons en leur jargon, ce qu'ils ſçauent de nouueau, & qui concerne leur &º # • - faict , comme quelque maniere de faire nouuellement inuentée pour attraper monnoye, -" : . ' Puis n'agueres vn gros maraut feignoit eſtre ſourd, muet,& boiteux : toutesfois par le moyen d'vn in- ſtrument d'argent qu'il diſoit auoir eu en Barbarie ( marqué toutesfois de la marque de Paris ) il parloit de, façon qu'on le pouuoit entendre. Il fut apperceu eſtre impoſteur , & fuſt mis és priſons de S. Benoiſt, & par la priere de Monſieur le Baillif des pauures, i'allay anſdites priſons pour viſiter ledit maraut auec com- pagnie, & feiſmes rapport à Meſſieurs du Bureau des pauures de Paris, comme s'enſuit. Nous Ambroiſe Paré, Conſeiller,& premier Chirurgien du Roy,Pierre Pigray, Chirurgien ordinaire de ſa Majeſté, & Claude Viard Chirurgien à Paris, certifions ce jourd'huy par la priere du Procureur des pau- ures, auoir veu & viſité és priſons de S. Benoiſt vn quidam, lequel n'a voulu dire ſon nom, aagé de quarante ans ou enuiron, ſur lequel auons trouué vne tierce partie de l'oreille dextre perdue, qui luy a eſté coupée. Semblablement vne marque ſur l'eſpaule dextre, qu'eſtimons auoir eſté faicte par vn fer chaud. D'auantage contrefaifoit vn grand tremblement de iambe, iceluy diſant prouenir par vne deperdition de l'os de la cuiſſe, qui eſt vne choſe fauſſe, d'autant que ledit os y eſt tout entier : & ne paroiſt aucun figne parquoy puiſſions dire iceluy tremblement venir d'aucune maladie qui auroit precedé, mais prouenir d'vn mouue- ment volontaire. Item, auons viſité ſa bouche ( à raiſon qu'il nous vouloit ſuader ſa langue lny auoir eſté tirée par la nucque du col, impoſture grande, & qui ne ſe peut faire ) mais auons trouué ſa langue en- tiere, ſans aucune leſion d'icelle , ny des inſtrumens ſeruans à ſon mouuement : toutesfois, quand il veut parler, il vſe d'vn inſtrument d'argent, lequel ne peut en rien y ſeruir, ains pluſtoſt nuire à la prolation Item, dit eſtre ſourd, ce qui n'eſt pas à raiſon que l'auons interrogé : ſçauoir qui luy auoit couppé l'oreil- le, il nous a reſpondu par ſignes, qu'on luy auoit couppé auec les dents. Apres que leſdits Seigneurs du Bureau eurent receu ledit rapport par vn crocheteur, ils firent apporter le venerable impoſteur à l'Hoſpital S. Germain des Prez, & luy fut oſté ſon inſtrument d'argent. La nuictil paſſa par deffus la muraille, qui eſt aſſez haute, & de là s'en alla à Roüen, cù il vouloit vſer de ſon impoſtu- re, laquelle fut deſcouuerte, & eſtant apprehendé, fut foüetté, & banny hors la Duché de Normandie, ſur peine de la hart : & de ce m'en a aſſeure Monſieur le Bailly des pauures de cette dite ville. - - - - c D'vne caignardierefeignante eiiremalade du maldeſainct Fiacre,& luyſortoit du cul vn long & gros boyau fait par artifice. C H A P 1 r R E X XIII. ^ # té, me pria vn iour l'accompagner au village de Champigny, deux lieuës prés de Paris , où il # auoit vne petite maiſon, où eſtant arriué , cependant qu'il ſe promenoit en la court, vint # vne groſſe garce,en bon poinct,luy demandant l'aumoſne en l'honneur de monſieur S.Fiacre, # & leuant ſa cotte & chemiſe, monſtra vn gros boyau de longueur de demy-pied & plus, qui $ luy ſortoit du cul : duquel decouloit vne liqueur ſemblable à de la boüe, d'apoſteme qui cette garce, luy donnant pluſieurs coups de pied ſous le ventre, tellement qu'il l'atterra, & luy fit ſortir le boyau hors de ſon ſiege, auec ſon & bruit, & autre choſe : & la contraigit luy declarer l'impoſture : ce qu'elle fit, diſant que c'eſtoit vn boyau de bœuf noué en deux lieux, dont l'vn des nœuds eſtoit dans le cul, & eftoit ledit boyau remply de ſang & de laict meſlez enſemble, auquel elle auoit fait pluſieurs trous à fin que cette mixtion decoulaſt:& derechef connoiſſant cette impoſture, luy donna pluſieurs autres coups de pied deſſus le ventre, de ſorte qu'elle feignoit eſtre morte. Lors eſtant entré en ſa maiſon pour appeller quelqu'vn de ſes gens, feignant enuoyer querir des Sergens pour la conſtituer priſonniere : elle voyant la porte de la court ouuerte, ſe leua ſubit en ſurſaut, ainſi que ſi elle n'euſt point eſté battuë, & ſe print à courir,& iamais plus ne fut veuë audit Champigny.Et encore de fraiſche memoire vint vne vilaine Cagnar- diere, priant Meſſieurs du Bureau des pauures de Paris, qu'elle fuſt miſe à l'aumoſne, diſant que par vn mau- Hiſtoire. uais enfantement ſa matrice luy eſtoit tombée , qui eſtoit cauſe qu'elle ne pouuoit gaigner ſa vie. Alors Meſſieurs la firent viſiter par les Chirurgiens commis à cette charge,& trouuerent que c'eſtoit vne veſſie de bœuf, qui eſtoit demie pleine de vent, & barboüillée de ſang, ayant attaché le col d'icelle veſſie profon- | denent au conduit de ſa matrice bien proprement, par le moyen d'vne eſponge qu'elle auoit miſe à l'ex- tremité d'icelle veſſie, laquelle eſtant imbué s'enfle & groſſit, qui eſtoit cauſe de la faire tenir, de façon · qu'on ne luy pouuoit tirer que par force, & ainſi marchoit ſans que la dite veſſie peuſt tomber. Ayant deſ- : couuert l'impoſture, Meſſieurs la firent conſtituer priſonniere, & ne ſortit des priſons que premierement- le bourreau n'euſt bien carillonné ſur ſon dos, & apres fut bannie à iamais hors de la ville de Paris. 322 o N s 1 E v R Flecelle Docteur en la faculté de Medecine,hommeſçanant &bien experimen- Hiſtºirt. ſ - luy auoit teint & barboüille toute ſes cuiſſes,enſemble ſa chemiſe deuant & derriere,de façon que cela eſtoit Impoſture fort vilain& des-honneſte à voir.L'ayant interrogée combien il y auoit de temps qu'elle auoit ce mal,elleluy deſcouuertè - fit reſponce qu'il y auoit enuiron quatre ans : alors ledit Flecelle contemplant le viſage & l'habitude de tout par Flacelle ſon corps,cogneut qu'il eſtoit impoſſible(eſtant ainſi graſſe & feſſué) qu'il peuſt ſortir telle quantité d'excre- Mºdºsim. mens,qu'elle ne deuint emaciée , ſeiche, & hectique : alors d'vn plein ſaut ſejetta de grande cholere ſus "- - 67o Le Vingt-cinquiéme Liure, ,- •- •-rs. - D'vnegroſſe garce de Normandie qui feignoit auoir vn ſerpent dans le ventre, - - C H A P I T R E XXIV. Autre hiſtoi- - r6, A N 156r. vint en cette ville vne groſſe garce feſſuë , potelée, & en bon poinct, aagée de trente ans, ou enuiron, laquelle(ſe diſoit eſtré de Normandie, & s'en alloit par les bonnes maiſons des Dames & Damoiſelles , leur demandant l'aumoſne , diſant qu'elle auoit vn ſer- , pent dans le ventre, qui luy eſtoit entré eftant endormie en vne cheneuiere : & leur faiſoit mettre la main ſus ſon venrre , pour leur faire ſentir le mouuement du ſerpent, qui la rou- º geoit & tourmentoit iour & nuict, comme elle diſoit : ainſi tout le monde luy faiſoit au- - - moſne par vne grande compaſſion qu'on auoit de la voir, joinct qu'elle faiſoit bonne pippée. Or il y eut vne Damoiſelle honorable&grande aumoſniere qui la print en ſon logis , & me fit appeller (enſemble Monſieur Hollier Docteur Regét en la faculté de Medecine & Germain Cheual , Chirurgien iuré à Paris)pour ſçauoir s'il y auroit moyen de chaſſer ce dragon hors le corps de cette pauure femme:& l'ayant veue,Monſieur Hol- lier luy ordonna vne medecine qui eſtoit aſſez gaillarde (laquelle luy fit faire pluſieurs ſelles)tendant à fin de faire ſortir cette beſte,neantmoins elle ne ſortit point. Eſtans derechef aſſemblez nous concluſmes que - ie luy mettrois vn ſpeculum au col de la matrice : & partant fut posée ſur vne table, où ſon enſeigne fut deſployée , pour appliquer le ſpeculum , par lequel ie feis aſſez bonne & ample dilatation, pour ſçauoir ſi . on pourroit apperceuoir queue ou teſte de cette beſte : mais il ne fut rien apperceu, excepté vn mouuement, B volôtaire que faifoit ladite garce par le moyen des muſcles del'epigaſtre:& ayant conneuſon impoſture.nous nous retiraſmes à part, où il fut reſolu que ce mouuement ne venoit d'aucune beſte, mais qu'elle le faiſoit par l'action deſdits muſcles. Et pour l'eſpouuanter & connoiſtre plus amplememt la verité,on luy dict qu'on La garce s'en reiteroit à luy donner encore vne autre medecine beaucoup plus forte, à fin de luy faire confeſſer la verite # # du fait,& elle craignant reprendre vne ſi forte medecine eſtant aſſeurée qu'elle n'auoit point de ſerpent , le adieu à ſon ſoir meſme s'en alla ſans dire adieu à ſa Damoiſelle, & voila comme l'Impoſture fut deſcouuerte. Six iours hoſteſſe. apres ie la trouuay hors la porte de Mont-Martre ſur vn cheual de baſt, jambe de ça jambe de là, qui rioit à · gorge deſployée,& s'en alloit auec des chaſſe-marées, pour auec eux(comme ie croy)faire voler ſon dragon, & retourner en ſon pays. Ceux qui contrefont les muets, replient & retirent leur langue en la bouche : auſſi ceux qui contrefont le mal ſainct Iean, ſe font mettre des menottes aux mains, ſe veautrent & plongent en la fange, & mettent du ſang de quelques beſtes ſur leur teſte,diſans qu'en ſe debattans, ils ſe ſont ainſibleſſez & meurtris: eſtans tombez par terre,ils remuent les bras & les jambes,le debattent de tout le corps , & met- tent du ſauon en leur bouche pour ſe faire eſcumer ainſi que font les epileptiques en leur accés. Autres font vne certaine colle auec farine delayée, & la poſent ſur tout le corps, criant qu'ils ſont malades du malſainſt ) Main. Or long-temps y a que ces larrons impoſteurs ont commencé le train d'abuſer le peuple, car ils eſtoient ja dés le temps d'Hippocrate en l'Aſie, comme il eſcrit au liure de l'air & des eaux : partant il les faut deſcouurir tant qu'il ſera poſſible,& les deferer au Magiſtrat , à ce que punition en ſoit faite ainſique l'enormite du cas le requiert. Exemple des choſes monſtrueuſes faites par les Demons & Sorciers. C, C H A P. XXV , L y a des ſorciers, enchanteurs,empoiſonneurs, venefiques meſchans, ruſez, trompeurs, | leſquels font leur ſort par la paction qu'ils ont faite auec les Demons,qui leur ſont eſcla- ues&vaſſeaux.Et nul ne peut eſtre ſorcier que prennierement il n'aye renoncé à Dieu ſon Createur & Sauueur,& prins volontairement l'alliance& amitié du Diable,pour le rcco- gnoiftre & aduouer,au lieu de Dieu viuant & ſe ſoit donné à luy.Or ce n'eſt que par vne infidelité & defiance des promeſſes & aſſiſtance de Dieu , que cette maniere de gens de- uiennent ſorciers ou par meſpris,ou pour vne curioſité de ſçauoir choſes ſecrettes & futu- res : ou eſtans preſſez d'vne grande pauureté aſpirans d'eſtre riches. Or nul ne peu nier, & n'en faut douter, qu'il n'y ait des ſorciers:car cela ſe preuue par authorité de pluſieurs Docteurs & expoſiteurs tant vieux que modernes,leſquels tiennent pour choſe reſoluë,qu'il y a des ſorciers & enchanteurs,qui par moyens ſubtils, diaboliques & incogneus,corrompent le corps,l'entendement la vie,& la ſanté des hommes & autres crea- tures,comme animaux,arbres,herbes,l'air,la terre,& les eaux.D'auantage l'experience & la raiſon nous con- traignent le confeſſer:parce que les loix ont eſtibly des peines contre telles manieres de gens.Or on ne fait point de loy d'vne choſe qui ne fut veuë,n'y connue,car les droits tiennent les cas & crimes qui ne furent iamais veus ny apperceus pour choſes impoſſibles,& qui ne ſont point du tout.Deuant la Natiuité de lEsvs- CH R 1sT,il s'en eſt trouué,& bien longtemps auparauant, teſmoin Moyſe, qui les a condamnez par le com- mandement expres de Dieu,en Exod.chap.2 2.au Leuit.19. Ochoſias receut ſentence de mort par le Prophete, D pour auoir eu recours aux ſorciers & enchanteurs. Les Diables troublent l'entendement aux ſorciers par diuerſes & eſtranges illufions , de ſorte qu'ils cui- dent auoir veu,ouy, dit & fait ce que le Diable leur repreſente en leur fantaſie, & qu'ils ſeront allez à cent lieuës loing voire meſme autres choſes qui ſont du tout impoſſibles, non ſeulement aux hommes, mais auſſi aux Diables : ce neantmoins ils ne ſeront bougez de leur lict,ou autre place.Mais le Diable puis qu'il a puiſ- ſance ſur eux,leur imprime tellement en la fantaſie les images des choſes qu'il leur repreſente, & qu'il leur veut faire accroire comme vrayes,qu'il ne peuuent penſer autrement qu'il ne ſoit ainſi,& ne les ayent faites, & n'ayent veillé cependant qu'ils dormoient. Telle choſe ſe fait aux ſorciers pour leur infidelité & meſchan- - ceté,& pource qu'ils ſe ſont donnez au Diable,ont renoncé à Dieu leur Createur. - º º Nous ſommes enſeignez par l'Eſcriture ſaincte, qu'il y a des eſprits bons & mauuais,les bons ſont ap- aux Hebr. pellez Anges,& les mauuais Demons ou Diables. Qu'il ſoit vray,la loy eſt baillée, par le miniſtere des An- Pourquoy'les Mommes ſe font ſorciers. Bodin en ſa republique. # # , ges D'auantage il eſt eſcrit,Nos corps reſſuſciteront au ſon de la trompette à la voix de l'Archange. Chriſt # # dict que Dieu enuoyera ſes Anges qui recueilliront les Eſleus des bouts du Ciel.Il ſe peut pareillement proú- lob. 1.6. uer qu'il y a des eſprits malins appelles Diables. Qu'ils ſoit ainſi, en l'hiſtoire de Iob, le Diable fit deſcen- dre le feu du Ciel,tua le beſtial,ſuſcita les vents,qui esbranlerent les quatre coings de la maiſon,&accable- rét les enfans de Iob.En l'hiſtoire d'Achab,il y auoit vn eſprit de méſonge en la bouche des faux Prophetes. Le " Des Monſtres. 67 1 # | # rº * lil, 4 x # # i#r. - # D Le Diable mit au cœur de Iudas de trahir Ieſus-Chriſt. Les Diables qui eſtoient en grand nombre dedans 1 Rois à t, le corps d'vn ſeul homme, s'appelloient Legion, & obtiendrent permiſſion de Dieu d'entter és porceaux, lº leſquels ils precipiterent en la mer. Il y a pluſieurs autres teſmoignages de la ſaincte Eſcriture, qu'il y a des Marc. 13 . Anges & des Diables. Dés le commencement Dieu crea vne grande multitude d'Anges : pour citoyens du 9.34.1• t • Ciel , qui ſont appellez eſprits diuins , & demeurent ſans corps, & ſont meſſagers & executeurs de la vo- ---- lonté de Dieu leur Createur , ſoit en Iuſtice ou miſericorde, toutesfois ils s'eſtudient au ſalut des hommes: s . au contraire des malings Anges , appellez Demons ou Diables, qui de leur nature taſchent touſtours à nui- . » re au genre humain par machinations, faulſes illuſions, tromperies, & menſonges : & s'il leur eſtoit permis à d'exercer leur cruauté à leur volonté & plaiſir, veritablement en bref le genre humain ſeroit perdu & ruiné,. mais il ne le peuuent faire qu'entant qu'il plaiſt à Dieu leur laſcher la main. Leſquels pour leur grand orgueil furent chaſſez & dejettez hors de Paradis, & de la preſence de Dieu, dont les vns font en l'air, les autres en l'eau qul apparoiſſent deſſus,& aux riues,les autres ſur la terre, les autres au profoud d'icelle,& demeureront ainſi iuſques à ce que Dieu vienne iuger le Monde : aucuns habitent aux maiſons ruinées, & ſe transforment en tout ce qui leur plaiſt. Ainſi qu'on void aux nuées ſe former des figures de pluſieurs & diuers animaux,& autres choſes diuerſes,à ſçauoir Centaures,ſerpens, rochers, chaſteaux,hommes & femmes,oiſeaux,poiſſons, & autres choſes : ainſi les Demons ſe forment tout ſubit en ce qu'il leur plaiſt , & fouuent on les void trans- former en beſtes, comme ſerpens, crapaux, chats-huantes, huppes , corbeaux , boucs, aſnes, chiens, chats, loups , taureaux, & autres : voire ils prennent des corps humains vifs ou morts, les manient , tour- . mentent & empeſchent leurs œuures naturelles : non ſeulement ils ſe tranſmuent en hommes, mais auſſi en Anges de lumiere : ils font ſemblant d'eſtre contraints, & qu'on les tient attachez à des anneaux, mais vne telle contrainte eſt volontaire & pleine de trahiſon. Iceux Demons defitent & craignent, aiment & deſdai- gnent; ils ont charge & office de Dieu pour exiger les peines des malefices, & pechez des meſchans, comme ilſe peut prouuer, que Dieu enuoya en Egypte exploit par mauuais Anges : ils hurlent la nuict,& font bruit Nat.,s comme s'ils eſtoient enchaiſnez : ils remuent bancs, tables, traitteaux, bercent les enfans,ioüent au tablier 28. • 4 4 2 fueillettent liures, comptent argent & les oit on promener par la chambre, ouurent portes, feneſtres,jettent Pſam78.º vaiſſelle par terre , caſſent pots & verres , & font autre tintamarre : neantmoins on ne void rien au matin Pierre de hors de ſa place , ny rien caſſé , ny portes ou feneftres ouuertes. Ils ont pluſieurs noms , comme Demons, Ronſard en cacodemons, incubes, ſuccubes , coquemares , gobelins, lutins, mauuais Anges, Sathan, Lucifer, pere de ſes Hymne# menſonge, Prince des tenebres, legion , & vne infinité d'autres noms, qui ſont eſcrits au liure de l'impo- iture des Diables , ſelon les difterences des maux qu'ils font , & és lieux où ils ſont le plus ſouuent. - - •- - - •- - De ceux qui ſont poſſedez des Demons qui parlent en diuerſes parties de leurs corps, C H A P 1 T R E XXV I. E v x qui ſont poſſedez des Demons, parlent la langue tirée hors la bouche, par le ventre par les parties naturelles, & parlent diuers languages incognus. Ils font trembler la terre # tonner, eſclairer, venter : deſracinent & arrachent les arbres, tant gros & forts ſoient-ils; à ils font marcher vne montagne d'vn iieu en autre, ſouſleuent en l'air vn chaſteau, & le re- mettent en ſa place : faſcinent les yeux & les esbloüiſſent, en ſorte qu'ils font voir ſouuent * ce qui n'eſt point. Ce que i'atteſte auoir veu faire a vn ſorcier, en la preſence du deffunct Roy Charles neufieſme, & autres grands Seigneurs. Paul Grillant eſcrit de ſon temps auoir veu à Rome paulGrillat | bruſler vne femrne ſorciere qui faiſoit parler vn chien. Ils font encores autres choſes que dirons cy-apres | Sathan pour enſeigner aux plus grands ſorciers la ſorcelerie, entre-meſle les propos de la ſaincte Eſcriture, & des Saincts Docteurs pour † du poiſon auec du miel, qui a touſiours eſté & ſera l'aſtuce de Sathan. Les ſorciers de Pharaon contrefaiſoient les œuures de Dieu. Les actions de Sathan ſont ſupernaturelles & incomprehenſibles, paſſans l'eſprit humain & n'en peut-on rendre raiſon non plus que de l'ainant qui atti- : re le fer, & fait tourner l'aiguille. Et ne ſe faut opiniaſtrer contre la verité, quand on void les effects , & - qu'on ne ſçait la cauſe,ains pluſtoſt confeſſer la foibleſſe de noſtre eſprit, ſans nous arreſter aux principes & - raiſons des choſes naturelles, qni ſont manques, lors que nous voulons examiner les actions des Demons & . enchanteurs. Les malins eſprits ſont les executeurs & bourreaux de la haute Iuſtice de Dieu , & ne font Leuit. 2. rien que par ſa permiſſion. Pourquoy il nous faut prier Dieu, qu'il ne permette point que ſoyons induits à chap. 4°. mal par les tentations de Sathan, & qu'il nous donne la force d'y reſiſter. Dieu a menacé par ſa Loy d'exa- miner les peuples qui ſouffriroient viure les ſorciers & enchanteurs. C'eſt pourquoy ſainct Auguſtin au li- ure de la Cité de Dieu dit, que toutes les ſectes qui iamais ont eſté , ont decerné peine contre les ſorciers, excepté les Epicuriens.Auſſi Iehu fit jetter la Royne Iezabel, par les feneſtres de ſon chaſteau parce qu'elle eſtoit ſorciere, & apres la fit manger aux chiens. - - - i - #-- 1--- Comme les Demons habitent és carrieres. CH A P. XXVII. V eſprits veſtus comme ceux qui beſognent aux mines , courent cà & là, & ſemble, qu'ils ne veulent trauaillent » encores qu'ils ne bougent, auſſi diſent qu'ils ne font mal à perſonne, ſi on ne ſe eſtre moe,, # mocque d'eux : ce qu'aduenant, ils ietteront quelque choſe contre le moqueur, ou l'endom- que{. mageront de quelque autre choſe. Auſſi n'aguiere que 1'eſtois en la maiſon du Duc d'Aſ-#ruit des - ' cot, vn ſien Gentil-homme nommé l'Heiſter, homme d'honneur, & qui a la plus grande º * 1 part de la charge de ſa maiſon, m'aſſeura qu'en certaines mines d'Allemagne (joinct auſſi que d'autres l'ont " | | | l, - - - O v Y s Lauater eſcrit que les Metaillers affirment que l'on void en certaines mines, des Les demont | | l eſcrit,) on oyoit des cris fort eſtranges, & eſpouuantables, comme vne perſonne qui parleroit dedans vn pot, trainant chaiſnes aux pieds, touſſant & ſoupirant, tantoſt lamentant comme vn homme que l'on ge- hene, autresfois vn bruit d'vn grand feu qui craquette, autresfois coups d'artilleries laſchées de bien loin, tabourins, clerons, trompettes , bruit de chariots & cheuaux, cliquets de foüets, cliquetis de harnois, pic- ques, eſpées, hallebardes, & autres bruits ; comme il ſe fait aux grands combats : auſſi vn bruit, comme lors charmer les qu'on veut baſtir vne maiſon, oyant esbaucher le bois , bruire le cordeau , tailler la pierre , faire les mºy§ l'enuë- | les & autres, & cependant l'on ne void rien de tout cela. Ledit Lauater eſcrit, qu'en Dauans, pais desGri , ni,dr ſons , il y a vne mine d'argent, en laquelle Pierre Briot , homme notable, & Conſul de ce lieu là a # t[aualligI Le diable nous peut 672 Le Vingt-cinquiéme Liure, , trauailler ces années paſſées, & en a tiré de grandes richeſſes. Il y auoit en icelle vn eſprit , lequel prin A les aureilles. cipalement le iour du vendredy, & ſouuent lors que les metailliers verſoient ce qu'il auoit tire dedans Hiſtoire. des cuues , faiſoit fort de l'empeſché, changeant à ſa fantaſie les metaux des cuues en autres. Ce Conſul ne s'en ſoucioit pas autrement quand il vouloit deſcendre à ſa mine , ſe fiant que cét eſprit ne luy pouuoit ' faire aucun mal , ſi ce n'eſtoit par la volonté de Dieu. Or il aduint vn iour que cét eſprit fit beaucoup plus de bruit que de couſtume, tellement qu'vn metailler commença à l'injurier & luy commander d'aller au gi- bet & en ſon enfer, auec maudiſſons : lors cét eſprit print ce metailler par la teſte : laquelle il luy tordit en telle ſorte, que le deuant eſtoit droitement derriere, & n'en mourut pas toutesfois,mais veſquit longuement depuis, ayant le col tors,conneu familieremét de pluſieurs qui viuent encore,& quelques années apres mou- #- rut. Il eſcrit beaucoup d'autres choſes des eſprits que chacun peut lire en ſon Iiure. Ledict Louys Lauater, que. au liure ſuſdit : dit auoir ouy dire & affirmer à vn homme prudent & honorable, Baillifd'vne Seigneurie dependante de Surich , qu'vn iour d'Eſté de grand matin , allant ſe promener par les prez , accompagné de ſon ſeruiteur, il veid vn homme qu'il connoiſſoit bien ſe meſlant meſchamment auec vne iument, dequoy eſtant grandement eſtonné, il retourna ſoudainement & vint frapper à la porte de celuy qu'il pen- ſoit auoir veu. Or il trouua pour certain que l'autre n'auoit bougé de ſon lict : & ſi ce Baillif n'euſt di- ligemment ſceu la verité, vn bon & honneſte perſonnage euſt eſté empriſonné & geſné. il recite cette hi- ſtoire , à fin que les Iuges ſoient bien aduiſez en tel cas. - Comme les Demons nous peuuent deceuoir. B C H A P I T R E XXV I I I. Artifice des R iceux demons peuuent en beaucoup de manieres & façons tromper noſtre terrienne lour- diables &r deſſe, à raiſon de la ſubtilité de leur eſſence, & malice de leur volonte : car ils obſcurciſſent illuſions. les yeux des hommes auec eſpaiſſes nuées,qui brouillent noſtre eſprit fantaſtiquement,&nous 7 trompent par impoſtures ſataniques,corrompans noſtre imagination par leurs bouffonneries & impietez. Ils ſont docteurs de menſonge, racines de malice,& de toutes meſchancetez à l" nous ſeduire & tromper , & preuaricateurs de la verité : & pour le dire en vn mot , ils ont vn incomparable artifice de tromperies, car ils ſe tranſmuent en mille façons , & entaſſent au corps des perſonnes viuantes mille choſes eſtranges , comme vieux panneaux , des os, des ferremens , de cloux , eſ- pines, du fiel, des cheueux entortillez, des morceaux de bois, des ſerpens, & autres choſes monſtrueuſes leſquelles ils font ſouuentesfois ſortir par le conduit de la matrice des femmes : ce qui ſe fait apres auoir esbloüy la veue , & alte é noſtre imagination, comme nous auons dit. Aucuns ſont nommez Incubes, & les autres Succubes. Incubes , ſont Demons , qui ſe transforment en guiſe d'hommes , & ont copulations auec les femmes ſorcieres. Succubes, ſont Demons qui ſe tranſmuent en guiſe de femmes : & telle habita- tion ne ſe fait pas ſeulement en dormant, mais auſſi en veillant. Ce que les ſorciers & ſorcieres ont con- En la cité de feſſé & maintenant pluſieurs fois, quand on les executoit à mort.S. Auguſtin n'a pas du tout niè que les Dia- Die*,*** bles transformez en forme d'homme ou de femme, puiſſent exercer les œuures de Natnre, & auoir affaire * 3 chap. 15 auec les hommes & femmes pour les allecher à luxure , tromper,& deceuoir, ce que les anciens n' ont # d,- point ſeulement experimenté, meſme de noſtre temps cecy eſt arriué en plufieurs prouinces, à diuerſes nier, liu. 15 perſonnes, auec leſquelles les Diables ont eu affaire ». transfigurez en homme & en femme. Iacobus Ruerpff. enſes liures, De conceptu & generatione hominis, teſmoigne que de ſon temps vne femme perduë eut affaire auec vn eſprit malin la nuict , ayant façe d'homme , & que ſubit le ventre luy enfia , & penſant eſtre groſſe, tomba en vne ſi eſtrange maladie , que toutes ſes entrailles tomberent, ſans que par aucun artifice de Me- Hiſtoire decin , ny de Chirurgien, elle peut eſtre ſecourue. Il eſt eſcrit le ſemblable d'vn ſeruiteur Boucher : le- ºº *** quel eſtant profondement plongé, en vaines cogitations de luxure, fut eſtonné qu'il apperceut ſubit de- be. uant luy vn Diable en figure de belle femme , auec lequel ayant eu affaire, ſes parties genitales commen- cerent a s'enflammer, de façon qu'il luy ſembloit auoir le feu ardant dedans le corps, & mourut miſerable- ment. Or c'eſt vne choſe abſurde à Pierre de la Pallude, & Martin d'Arles , ſouſtenir , qu'au giron de la femme les Diables laiſſent couler de la ſemence d'vn homme mort, dont vn enfant peut eſtie engendré, ce qui eſt manifeſtement faux : & pour reprouuer cette vaine opinion , ie diray ſeulement que la ſemence qui eſt faite de ſang & eſprit , laquelle eſt apte pour la generation , eſtant peu ou rien tranſportée, eſt incon- tinent corrompue & alterée, & par conſequent ſa vertu du tout eſteinte, parce que la chaleur & eſprit du Cauſe de cœur & de tout le corps en eſt abſente, ſi bien qu'elle n'eſt plus temperée, ny en qualité, ny en quantité. ſterilité. Pour cette raiſon les Medecins ont iugé l'homme qui auroit la verge virile trop longue eſtre ſterile, à cauſe que la ſemence eſtant c ſcoulée par vn ſi long chemin, eſt ja refroidie auant qu'elle ſoit receuë en la matrice. , Auſſi quand l'homme ſe deſioinct de ſa compagne trop ſubit, ayant iette ſa ſemence, elle peut D eſtre alterée de l'air qui entre en la matrice , qui cauſe qu'elle ne produit aucun fruict. Ainſi donc l'on peut cognoiſtre combien Albert le Scoliaſte a lourdement faiJy, lequel a eſcrit que ſi la ſemence qui tombe en terre eſtoit remiſe en la matrice , il ſeroit poſſible qu'elle conceuroit.Autant en peut on dire de la voiſine d'Auerroës , laquelle ( comme il dit ) l'auoit aſſeuré par ſerment, qu'elle auoit conceu vn enfant de la ſe- mence d'vn homme qu'il auoitietté dans vn bain, & s'eſtant baigné en iceluy elle en deuint groſſe. Auſſi il ne nous faut nullement croire que les Demons, ou Diables , qui ſont de nature ſpirituelle , puiſſent con- : noiſtre charnellement les femmes : car à l'execution de cét acte, la chair & le ſang ſont requis , ce que les #ie. eſprits n'ont pas. D'auantage, comme ſeroit-il poſſible que les eſprits qui n'ont point de corps, puiſſent *** eſtre épris de l'amour des femmes, & qu'ils puiſſent engendrer en icelles ? & auſſi où il n'y a point de par- Grande menterie de la voiſine d'Auerrvès - - - • - - - - - - - - - - , :2 ties generantes, il n'y a auſſi point de conionction, & où il n'y a viande, ne breuuage, il n'y a point de ſe- < | mence : auſſi là où il n'a eſté neceſſaire auoir ſucceſſion & repeuplement, la nature n'a point baillé le deſir \ • - - - d'engendrer. D'auantage, les Demons ſont immortels & eternels : qu'ont-ils donc neceſſité de cette ge- Il n'eſt poſſi- neration, puis qu'ils n'ont affaire de ſucceſſeurs,d'autant qu'ils ſeront touſiours ; Encore n'eſt- il en la puiſ- ble à Sathan ſance de Sathan , ny à ces Anges , d'en créer de nouuelles, & ſi ainſi eſtoit, depuis que les Demons ſont de réer nou- creez qu'ils euſſent peu en engendrer d'autres, il y auroit bien de la diablerie ſur les champs. Or quand à #ºº moy, ie croy que cette pretendue cohabitation eſt imaginaire, procedente d'vne impreſſion illuſoire de - Sathan. - - - Exemple Des Monſtres | 673 l · A- T- Exemple de pluſieurs illuſions diaboliques. CHAP. XXIX. , T à fin qu'on ne penſe que l'artifice du Diable ne ſoit ancien, il a encores eſté praaiqué de noſtre temps, en ſemblables ſortes, comme pluſieurs ont veu, & beaucoup d'hommes à doctes ont eſcrit d'vne fort belle ieune fille à Conſtance, laquelle auoit nom Magdaleine, $ ſeruante d'vn fort riche citoyen de ladite ville : cette fille publioit par tout que ſe Diable VE/f# vne nuict l'auoit engroſſée : & pour ce regard les Poteſtats de la ville la firent mettre en h - - - - ô priſon, pour entendre l'yſſue de cét enfantement.L'heure venuë de ſes couches, elle ſentitº oſe#ri^ les trenchées & douleurs accouſtumées des femmes, qui veulent accoucher : & quant les matrones furent #. lais preſtes de receuoir le fruict,& qu'elles penſoient que la matrice ſe deuſt ouurir,il commença à ſcrtir du Corps accroire ſor- d'icelle fille,des cloux de fer,des petits tronçons de bois,de verre,des os,pierres,& cheueux,des eſtouppes,& tir du corts, pluſieurs autres choſes fantaſtiques & eſtranges,leſquelles le Diable par ſon artificey auoit appliquées,pour humain, deceuoir & embaboüiner le vulgaire populace, quiadiouſte legerement foy en preſtiges & tromperies. Boi- ſtuau affirme, qu'il produiroit pluſieurs autres hiſtoires ſemblables,tecitées non ſeulement des Philoſophes, , mais des Eccleſiaſtiques : leſquels confeſſent que les Diables par la permiſſion de Dieu, ou pour punition de nos pechez,peuuent ainſi abuſer des hommes & des femmes:mais que de telle conjonction il ſe puiſſe engen- drer quelque creature humaine,cela n'eſt pas ſeulement faux, mais contraire à noſtre religion, laquelle croit qu'il n'y eut oncques homme engendré ſans ſemence humaine , reſerué le Fils de Dieu. Meſmes comme di- ſoit Caſſianus, quelle abſurdité , repugnance, & confuſion ſeroit-ce en Nature , s'il eſtoit licite au Diable de conceuoir d'hommes,& les femmes d'eux : combien depuis la creation du monde iuſques à preſent, les Diables euſſent produit des monſtres par tout le genre humain , iettans leur ſemence dans les matrices des beſtes, creans ainſi par les perturbations de ſemence vne infinite de monſtres & prodiges ? A- - - De l'art magique. C H A P. XX X. l# 'A v A N T A G E l'art Magique ſe fait par le meſchant artifice des Diables. Or il y a de plu- Necroman- \$ ſieurs ſortes des Magiciens : aucuns font venir à eux les Diables, & interrogent les morts, ciens. W# leſquels ſont nommez Necromanciens : autres Cheiromanciens,parce qu'ils deuinent par cer- Cheiromanº - tains lineamens qui ſont és mains : autres Mydromanciens, parce qu'ils deuinent par l'eau: ciens. $ # autres Geomanciens, parce qu'ils deuinent par la terre : autres Pyromanciens, qui deuinent ºº- ÈKNº par le feu : autres Aéromanciens , ou augures, ou prognoſtiqueurs de la diſpoſition future, #z - parce qu'ils deuinent par l'air, ſçauoir eſt par le vol des oiſeaux, ou par tourmentes, orages, tempeſtes & #º vents. Tous leſquels faux, Prophetes,deuins, malefiques, & enchanteurs,ne font que tromper & abuſer les #º incredules, qui vont au recours à eux, qui ſur tous autres ſont couſtumierement opprimez de perpetuelle AEman . pauureté & diſette , parce que les Diables les engouffrent en vn abyſme d'obſcurité, leur faiſant accroire eien . menſonge eſtre verité , par illufions & fauſſes promeſſes interturbées & inſenſées, qui eſt vne folie & inſup- Les Magi- portable bourbier d'erreur, & facetie. Il faut du tout fuir ces hommes, & les chaſſer loin de ceux qui ciens ſont t cognoiſſent & ayment la vraye Religion, comme fit anciennement Moyſe par le commandement de Dieu. touſiours Iean de Marconuille en ſon liure, du recueil memorable d'aucuns cas merueilleux aduenus de nos ans, eſcrit Pºé . -; - - " - - - malheureux- d'vne diuinereſſe, ſorciere de Boulongne la Graſſe en Italie, laquelle apres auoir long-temps exercé ſon art Hiſtoi diabolique, tomba en vne griefue maladie, dont elle finit ſes iours. Quoy voyant vn Magicien, qui ne l'auoit #" iamais volu quitter pour le pr9ffit qu'il tiroit du viuant d'elle de ſon art : il luy mit vn certain poiſon ve- - nefique ſous les aiſelles, tellement que par la vertu de ce poiſon , elle ſembloit eſtre viuante, & ſe trouuoit aux compagnies , comme elle auoit accouſtumé, ne ſemblant en rien differer d'vne perſonne en vie, fors la couleur qui eſtoit exceſſiuement palle & bleſme. Quelque temps apres il ſe trouua vn autre Magicien à Boulongne , auquel il prit fantaſie d'aller voir cette femme pource qu'elle auoit grand bruit, à raiſon de ſon Art : lequel eſtant arriué à ce ſpectacle, comme les autres pour la voir ioüer, tout ſubit s'eſcria, diſant: ue faites-vous icy, Meſſieurs ? Cette femme que vous eſtimez qui faſſe ces beaux ſoubreſauts, & jeux de paſſe paſſe deuant vous, n'eſt qu'vne puante & orde charongne morte : & tout ſoudain elle tomba en terre morte, de ſorte que le preſtige de Sathan, & l'abus de l'enchanteur fut manifeſté à tous les aſſiſtans. Lan- Epiſlre41. gius en ſes Epiſtres Medecinales , raconte d'vne femme poſſedée d'vn mauuaisleſprit, laquelle apres auoir eſté affligée d'vne cruelle douleur d'eſtomach, eſtant delaiſſée par les Medecins, ſubitement vomit des cloux fort longs & courbez,& des aiguilles d'airain empaquetées auec de la cire, & des cheueux : & en la meſme Epiſtre il eſcrit,que en l'an mil cinq cens trente-neufau village nommé Tugueſtag,vn certain laboureur nom- mé Vvlrich Nenzeſſer, apres auoir enduré vne cruelle douleur au fianc, luy ayant eſté faicte ouuerture d'vn choſis eſtra- raſoir, ſortit vn clou d'airin : toutesfois ſes douleurs augmenterent de plus en plus, & d'impatience ſe cou-ges trouuées pa la gorge : & ayant eſté ouuert on luy trouua dans l'eſtomach vn morceau de bois , long & rond, quatre ºdaºleºrps couſteaux d'acier, deſquels aucuns eſtoient aigus, les autres dentelez en maniere de ſcie, & enſemble deux d'vn homme ferremens aſpres, leſquels ſurmontoient la longueur d'vne demie coudée , auec vne groſſe pelotte de che-º parla- ueux.Il eſt vray-ſemblable que toutes ces choſes ſe ſont faites par l'aſtuce du diable qui deceuoit les aſſiſtans # du dias par leur veué. Encor depuis † i'ay veu faire à vn impoſteur & enchanteur , en la preſence du Roy # pire Charles I X. & de Meſſeigneurs les Mareſchaux de Montmorency , de Rets, & le Seigneur de Lanſac,& de # la · Monſieur de Mazile, premier Medecin du Roy, & de Monſieur de ſainct Pris , valet de Chambre ordinaire preſence du du Roy , pluſieurs autres choſes qui ſont impoſſibles aux hommes de faire ſans l'aſtuce du diable,qui deçoit Roy,é de noſtre veue,& nous fait apparoiſtre choſe fauſſe & fantaſtique : & de faict ledit impoſteur confeſſa librement pluſieurs. au Roy, que ce qu'il faiſoit eſtoit par l'aſtuce d'vn eſprit lequel auoit encor temps de trois ans à eſtre en ſes #ºº liens, & qu'il le tourmentoit fort : & promit au Roy , ſon temps venu & accomply, qu'il ſeroit homme de # bien. Dieu luy vueille donner la grace : car il eſt eſcrit. Tu n'endureras point viure la ſorciere. Le Roy § - Saiil fut cruellement puny, pour s'eſtre addreſſé à la femme enchantereſſe. Moyſe pareillement a comman- - dé à ſes Hebrieux » qu'ils miſſent toute peine d'exterminer d'autour d'eux les enchanteurs. L L l 7De 674 Le Vingt-cinquiéme Liure, / • De certaines maladies eſtranges. C H A P. VIII. # R pour contenter l'eſprit du Liſeur, de l'impoſture des diables, & de leurs eſclaues magiciens, # 40• malefiques, enchanteurs, & ſorciers,i'ay recueiily ces hiſtoires de Fernel, telles qu'il s'enſuit. Il #- y a des maladies leſquelles ſont enuoyees aux hommes par la permiſſion de Dieu, & ne peu- §i. uent eſtre guaries par les remedes ordinaires, leſquelles pour cette raiſon ſont dites outre-paſ- ſer le cours ordinaire des maladies, dont les hommes ont accouſtumé d'eſtre tourmentez. Ce qui ſe peut aiſement prouuer par l'Eſcriture ſaincte meſme, laquelle nous fait foy, que pour le peché de Da- uid il ſuruint vne telle corruption d'air, que la peſte trencha le filet de la vie à plus de ſoixante mille perſon- nes. Nous liſons auſſi en la meſme Eſcriture, qu'Ezechias fut tourmenté d'vne tres-griefue maladie. Iob re- Les mala- ceut tant d'vlceres ſur ſon corps , qu'il en eſtoit tout couuert : ce qui leur aduint par la permiſſion de ce dies viennét grand Dieu , lequel gouuerne à ſon vueil ce monde inferieur, & tout ce qui eſt contenu en iceluy. Or tout par la per-: ainſi que le diable,capital & iuré ennemy de l'homme nous afflige ſouuent (par la permiſſion de Dieu toutes- º'ſſiº* fois)de grandes & diuerſes maladies : ainſi les ſorciers trompeurs & meſchans, par ruſes & fineſſes diaboli- DitM. ques,tourmentent & abuſent vne infinité d'hommes:les vns inuoquent & adiurent ie ne ſçay quels eſprits par murmures,exorciſmes,imprecations,enchantemens & ſorcelleries : les autres lient à l'entour du col, ou bien portent ſur eux par autre façon quelques eſcritures, quelques characteres, quelques anneaux, quelques ima- ges & autres tels fatrats : les autres vſent de qeelques chants harmonieux & danſes. Quelques fois ils vſent de certaines potions,ou pluſtoſt poiſons,ſuffumigations,ſenteurs,faſcinations, & enchantemens. Il s'en trou- ue leſquels ayans braſſé l'image & repreſentation de quelqu'vn abſent, la tranſpercent auec certains inſtru- mens, & ſe vantent d'affliger de telle maladie qu'il leur plaira, celuy dont ils tranſpercent la repreſentation, encore qu'il ſoit bien eſloigné d'eux,& diſent que cela ſe fait par la vertu des eſtoilles,& de certaines paroles qu'ils bourdonnent en perçant telle image, ou repreſentation faite de cire.Il y a encore vne infinité de telles forfanteries, qui ont eſté inuentées par les forfantes, pour affliger & tourmenter les hommes, mais 1l me faſ- che d'en parler dauantage. Il y en a qui vſent de tels ſortileges,qui empeſchent l'homme & la femme de con- ſommer le mariage,ce qu'on appelle vulgairement noüer l'eſguillette.Il y en a qui empeſcnent que l'hôme ne rende ſon vrine,ce qu'ils appellent cheuiller.Il y en a auſſi qui rendent par leurs ſorcelleries,les hômes ſi mal- habiles à ſacrifier à Venus, que les pauures femmes qui en ont bien affaire, penſent qu'ils ſoient chaſtrez, & plus que chaſtrez.Telle canaille n'afflige pas ſeulement les hómes de pluſieurs & diuerſes ſortes de maladies: mais auſſi pendars & ſorciers qu'ils ſont, lancent des diables dedans les corps des hommes & des femmes, # Ceux qui ſont ainſi tourmentez des diables par les ſorcelleries de ces forfantes, ne different en rien des ſim- . # ples maniaques,ſinon qu'ils diſent des choſes merueilleuſement grandes. Ils racontent tout ce qui s'eſt paſsé parauant,encore qu'il fut bien fort caché & inconneu, fors qu'à bien peu de gens. Ils deſcouurent le ſecret de ceux qui ſont preſens,les iniurians & blaſonnans ſi viuemét, qu'ils ſeroient plus que ladres s'ils ne le ſen- toient : mais incôtinent qu'on parle de la ſaincte Eſcriture,ils ſont tout eſpouuantez,ils tremblent & ſont fort faſchez. N'agueres vn quidam par les grandes chaleurs de l'Eſté, ſe leua de nuict pour boire, lequel ne trou- uant aucune liqueur pour eſtancher ſa ſoif prend vne pomme qu'il aduiſe : & incontinent qu'il eut mordu de- dans il luy ſembla qu'on l'eſtrangloit : & deſia comme aſſiegé d'vn malin eſprit caché en cette pomme, il luy ſembloit au milieu des tenebres voir vn grand chien fort noir qui le deuoroit :lequel eſtant puis apres guary, nous conta de fil en eſguille tout ce qui † eſtoit arriué. Pluſieurs Medecins luy ayans touché le pouls,ayans recogneu la chaleur extraordinaire qui eſtoit en luy, auec vne ſeichereſſe & noirceur, iugerent qu'il auoit la fiévre, & d'autant qu'il ne repoſoit aucunement, & qu'il ne ceſſoit de reſuer, le iugerent hers du ſens. Il y a Hiſtaire d'vn quelques années qu'vn ieune Gentil-homme par interualle de temps tomboit en certaine conuulſion, tantoſt §- ayant le bras gauche ſeulement, tantoſt le droict,tantoſt vn ſeul doigt,tantoſt vne cuiſſe, tantoſt toutes deux, til-homme tantoſt l'eſpine du dos, & tout le corps ſi ſoudainement remué & tourmenté par cette conuulſion,qu'à grande tourmenté difficulté quatre valets le pouuoient tenir au lict. Or eſt-il qu'l n'auoit aucunement le cerueau agité ny d'vn démon. tourmenté,il auoit laparole libre, l'eſprit nullement troublé, & tous les ſens entiers', meſmes au plus fort de telle conuulſion. Il eſtoit trauaillé deux fois le iour pour le moins de telle conuulſion:de laquelle eſtant ſorty fl ſe portoit bien horſmis qu'il ſe trouuoit fort las & rompu, à cauſe du tourment qu'il auoit ſouffert Tout Medecin bien aduisé, eut peut iuger que c'eſtoit vne vraye epilepſie,ſi auec cela les ſens & l'eſprit euſſent eſté troublez,Tous les plus braues Medecins y eſtans appellez, iugerent que c'eſtoit vne conuulſion de fort prés approchante à l'epilepſie, qui eſtoit excitée d'vne vapeur maligne,encloſe dedans l'eſpine du dos,d'où telle vapeur s'eſpanchoit ſeulemétaux nerfs, qui ont leur origine d'icelle eſpine,ſans en rien offencer le cerueau. Tel iugement a eſté aſſis de la cauſe de cette maladie, il ne fut rien oublié de tout ce que commande l'Art» •A pour ſoulager ce pauure malade : Mais en fin nous fiſmes tous nos efforts, eſtans plus de cent lieues eſloignez de la cauſe dé telle maladie. Car le troiſiéme mois ſuiuant on deſcouturit que c'eſtoit vn diable , qui eſtoit autheur de ce mal, lequel ſe declara luy-meſme parlant par la bouche du malade,du Grec & du Latin à foi- Les Mede- ſon, encore que ledit malade ne ſceuſt rien en Grec. Il deſcouuroit le ſecret de ceux qui eſtoient preſens, & cins iniurie( principalement des Medecins, ſe mocquant d'eux, pource qu'auec grand danger il les auoit circonuenus, & par les de- qu'auec des medecines inutiles ils auoient preſque fait mourir le malade. Toutes & quantesfois que ſon pe- f/70/45• re le venoit voir,incontinent que de loing il l'apperceuoit,il crioit, faites-le retirer, empeſchez qu'il n'entre, *- ou bien luy oſtez la chaine qu'il porte au col : car comme Cheualier qu'il eſtoit, ſuiuât la couſtume des Che- - ualiers François, il portoit le Collier de l'Ordre, au bout duquel eſtoit l'image de ſainct Michel. Quand on liſoit quelque choſe de la ſaincte Eſcriture deuant luy, il ſe heriſſonnoit, ſe ſouſleuoit , & ſe tourmentoit bien plus qu'auparauant. Quand le paroxiſine eſtoit paſsé,le pauure tourmenté ſe ſouuenoit de tout ce qu'il auoit dit, ou fait, s'en repentant, & diſant que contre ſon vueil il auoit ou fait ou dit cela. Ce Demon con- traint par les ceremonies & exorciſmes, diſoit qu'il eſtoit vn eſprit, & qu'il n'eſtoit point damné pour aucun forfaict. Eſtant interrogé quel il eſtoit, ou par quel moyen, & par la puiſſance de qui il tourmentoit ainſi ce Gentil homme, il reſpondit qu'il y auoit beaucoup de domicilles où il ſe cachoit, & qu'au temps qu'il laiſſoit repoſer le malade, il en alloit tourmenter d'autres : Au reſte qu'il auoit eſté jetté au corps de ce Gentil-homme par vn quidam qu'il ne vouloit nommer, & qu'il y eſtoit entré par les pieds, ſe rampant pieds au iuſques au cerueau,& qu'il ſortiroit par les pieds quand le iour pactionné entr'eux ſeroit venu.Il diſcouroit corps du Gë- de beaucoup d'autres choſes , ſelon la couſtume des demoniacles , vous aſſeurant que ie ne mets cecy en § ieu, comme vne choſe nouuelle : mais afin qu'on cognoiſſe que quelquesfois les diables entrent dedans nos corps, & qu'ils les bourrelent par tourmens inaudits : quelques fois auſſi ils n'entrent point dedans, mais agitent les bonnes humeurs du corps, ou bien enuoyent les meſchantes aux Principales parties » § † remplillent Le demon entra par les C D Des Monſtres. | 675 A rempliſſent les veines de ces meſchantes humeurs,ou en bouchent les conduits du corps, ou bien changent le baſtiment des inſtrumés, d'où il arriue vne infinité de maladies. Les diables ſont cauſe de toutes ces cho- Les ſorcierº ſes, mais les ſorciers & meſchans hommes ſont ſerfs & miniſtres des diables. Pline eſcrit que Neron de ſon §es temps a trouué les plus fauſſes magies & ſorcelleries qui ayent point eſté. Mais qu'eſt-il de beſoin mettre en de diablet. auant les Ethniques,attendu que l'Eſcriture teſmoigne qu'il y en a eu, comme il appert de ce qui eſt eſcrit de la Pythoniſſe, de la femme ventriloque, Nabuchodonoſor Roy des ſorciers, & enchanteurs de Pharaon, & meſine de Simon Magus du temps des Apoſtres ? Le meſme Pline eſcrit qu'vn nommé Demarchus ſe chan- gea eh loup, ayant mangé des entrailles d'vn enfant ſacrifié. -" Homere eſcrit que Circé changea les compagnons d'Vlyſſe en pourceaux. Pluſieurs Poëtes anciens eſ- criuent, que tels ſorciers faiſoient paſſer les fruicts de champ en champ, & de iardin en iardin. Ce qui ne ſemble eſtre fabuleux, d'autant que la Loy des douze Tables conſtitue & ordonne certains ſupplices à tels - charlatans & forfants. Or tout ainſi que le diable ne peut bailler les choſes vrayes, leſquelles il ne pourroit º ſorcin créer, ains baille ſeulement quelques vaines eſpeces d'icelles,par leſquelles il offuſque l'eſprit des hommest # des Ainſi aux maladies ne peut-il donner vne vraye & entiere guarifon,ains vſe ſeulement d'vne fauſſe & pallia- # # f442 tiue cure. I'ay veu auſſi la jauniſſe diſparoiſtre de la ſuperficie du corps en vne ſeule nuict, par le moyë d'vn # 4 certain petit breuet qui fut pendu au col de l'icterique. I'ay veu pareillement les fiévres eſtre guaries par oraiſons, & certaines ceremonies, mais elles retournoient apres bien plus mauuaiſes. Il y en a encore bien d'vn autre tonneau : car il y a des façons de faire,que nous appellons ſuperſtitions, d'autant qu'elles ne ſont fondées ſur aucune raiſon ou authorité, ſoit diuine ou humaine : ains ſur quelque reſuerie de vieilles. Ie B vous prie,n'eſt-ce pas vne vraye ſuperſtition de dire que celuy qui porte les noms des trois Roys qui vindrét adorer noſtre Dieu,à ſçauoir,Gaſpar,Melchior & Baltazar,eſt guary de l'epilepſie ? Ce que toutesfois les re- medes bien approuuez ne font pas ordinairement; comine peut eſtre l'eſſence de ſuccinum, ou ambre meſlé auec conſerue de piuoine, donnée au malade tous les matins la groſſeur d'vne noiſette. Que les dents ſont guaries, ſi cependant qu'on dit la Meſſe, on profere ces paroles, os non comminuetu ex eo. Qu'on appaiſe les vomiſſemens par certaines, ceremonies ſçachant ſeulement le nom du patient. I'ay veu quelqu'vn qui arre- ſtoit le ſang de quelque partie du corps que ce fuſt,bourdonnât ie ne ſçay quelles paroles.Il y en a qui diſent ces mots, De latere eius exiuit ſanguis & aqua. Combien y a-il de telles manieres de guarir les fiévres ? Les vns tenans la main du febricitant diſent AEquè facilis tibi febris bec ſit, atque 2Marie Virgini, (briſti partus. Les autres diſent en ſecret ce beau Pſalme, Exaltabote Deu meu Rex. Si quelqu'vn ( dit Pline) a eſté mordu d'vn Scor- pion, & qu'en paſſant, il le die en l'oreille d'vn aſne, il eſt incontinent guary. Voilà de belles manieres de uarir. Or tout ainſi que par telles paroles ils guariſſent, auſſi par de ſemblables & ſuperſtitieux eſcrits gua- riſſent-ils. Comme pour guarir le mal des yeux, il y en a qui eſcriuent ces deux lettres Grecques, », a,& les enueloppent en vn linge, puis le pendent au col. Pour le mal des dents ils eſcriuent, strigiles falcéſque den- tate, dentium dolorem perſanate. Il ſe trouue auſſi de grandes ſuperſtitions aux applications externes. Comme ceſtuy-cy d'Apollonius, à ſçauoir ſe ſcarifier les genciues auecques la dent d'vn homme qui a eſté tué pour guarir le mal des dents : comme faire des pillules du crane d'vn hôme pendu, contre la morſure d'vn chien enragé. Comme ils diſent que l'epilepſie eſt guarie pour manger de la chair d'vne beſte ſauuage, qui aura eſté tuée du meſne fer qu'aura eſté tué vn homme.Comme ils diſent auſſi que la fiévre quarte eſt guarie, ſi on boit du bon vin où aura trempé vne eſpeée de laquelle on a coupé le col d'vn homme. Si cela eſtoit vray, l'eſtat du bourreau de Paris luy vaudroit mieux qu'il ne fait. Ils diſent auſſi, que pour guarir la meſme fiévre C quarte, il ne faut que mettre les rogneures de ſes ongles dedans vn linge, les lier au col d'vne anguille viue, & la ietter incontinent en l'eau. Pour guarir la ratelle (diſent ils) il ne faut que mettre deſſus icelle la ratte d'vne beſte, & faut que le Medecin die qu'il fait la medecine à la ratte. Pour guarir de la toux il ne faut que cracher dedans le bec d'vne grenoüille rouge, & la laiſſer incontinent aller. La corde dequoy on a pen- du quelqu'vn, liée à l'entour des temples,guarit le mal de teſte. C'eſt vn plaiſir que d'entendre telle maniere de faire la medecine, mais entre autre, cette-cy eſt gentille, qui eſt de mettre ce beau mot, Abracadabra, en vne certaine figure qu'eſcrit Serenus pour guarir de la fievre. C'eſt vn autre beau traict, de dire que la Serentt3. fueille de Cataputia tirée par haut, fait vomir, & tirée par embas, faict deſcharger le ventre. Et qui plus eſt, ils ont eſté ſi impudens,que de feindre qu'il y auoit quelques herbes dediées & conſacrées aux diables,côme Gatin au «; recite Galien d'vn certain André & Pamphile. Ie n'aurois iamais faict ſi ie voulois m'amuſer à rapſodier § " vne miliace de telles ſuperſtitieuſes ſornettes, & n'en euſſe tant mis en auant, ſinon pour donner aduis à § beaucoup qui s'y abuſent, de plus n'y croire,& les prier de reietter toutes telles ſottiſes & s'arreſter à ce qui eſt aſſeuré, & partant d'habiles & galands hommes approuué & receu en la Médecine, ce que faiſant, il en reüſſira vn bien infiny au public: d'autant qu'apres l'honneur de Dieu, il n'y a rien qui doiue eſtre plus pre- cieux à l'homme que ſa ſanté. Et ne faut aucunement ſe fier aux hómes, qui ont laiſſé les naturels moyens,& vertus données, que Dieu a miſes aux plantes, animaux & mineraux, pour la curation des maladies, & ſe ſont iettez dans les filets des eſprits malins, qui les attédent au paſſage. car il ne faut point douter,que puis qu'ils ne ſe fient aux moyens que Dieu a ordonné, & qu'ils abandonnent cette reigle vniuerſellemét eſtablie dés la creation du monde, que les eſprits malins ne ſe ſoient mis en peine de les y tenir, leur donnant entre D deux vertes vne meure,a fin qu'ils ſe fient plus librement par ce moyen à la vertu des paroles & characteres, & autres badinages & piperies, ainſi que les ſorciers, & pluſieurs en ſont venus iuſques à dire qu'ils ne ſe ſoucient qui les guariſſe, & fut-ce le diable d'enfer, qui eſt vn prouerbe indigne d'vn Chreſtien : car l'eſcri- ture Sainctes le defent expeſſement. Il eſt certain que les ſorciers ne peuuent guarir les maladies naturelles, ny les Medecins les maladies venuës par ſortileges. Et quand à quelques Empiriques qui curent les playes ſimples par ſeule application de linges ſecs ou trempez en eau pure, & quelquesfois les guariſſeut, pour cela ne faut croire que ce ſoit enchantement ny miracle, comme penſent les idiots & la populace mais par le ſeul benefice de Nature, laquelle guarit les playes, vlceres, fractures, & autres maladies : Car le Chirurgienne fait que luy aider en quelque choſe, & oſter ce qui empeſcheroit,comme douleurs , fluxion , inflammation, apoſteme, gangrene,& autres choſes qu'elle ne peut faire,comme reduire les os fracturez & luxez, boucher vn grád vaiſſeau pour eſtancher vn flux de sång,extirper vne loupe : extraire vne groſſe pierre dela veſſie,oſter vne chair ſuperflué, abatre vne cataracte, & vne infinité d'autres choſes que Nature de ſoy ne peut faire. Pline. Apollonius. Grande ſu- perftition. - Des Incubes & Succubes ſelon les Medecins. CH A P. XXXII. E s Medecins tiennent que Incubus eſt vn mal où la perſonne penſe eſtre opprimée & ſuffoquée de quelque peſante charge ſur ſon corps, & vient principalement la nuict : le vulgairº dit que c'eſt vne vielle qui charge & comprime le corps, & l'appelle Chaude poulet. La cauſe cſt !º Plus L L I 2 , ſouuent Cauſes. * Des Monſtres. 677 A Du temps que Mena eſtoit Gouuºeur d'Egypte, ſe promenant dumatin ſur la tiue duNil, il vid ſortir vn homme hors de l'eau iuſqu'à la ceinture, la face graue, la cheuelure jaune, entremeſlèe de quelques cheueux gris, l'eſtomach, le dos , & les bras bien formez, & le reſte de poiſſon. Le tiers iour d'apres, vers le poinct duiour,vn autre mouſtre appparut auſſi dehors l'eau auec vnviſage de femme:car la douceur de la face, les longs cheueux & les mämelles le monftroient aſſez, & demeurerent ſi longtemps deſſus l'eau que tous ceux de la ville les virent l'vn & l'autre à leur aiſe. Qui ſera curieux de s'inſtruire plus amplemen§ ces monſtres, liſez Pline, liure ». Oppian en ſon Poëme des poiſſons & entre les recens François Maſſ§ en ſes Commentaires ſur Pline, & Blaiſe de Vigenere, vn des grands ornemens de noſtre ſiecle,enſes An - tations ſur Philoſtrate. - Rondelet, en ſonliure des poiſſons eſcrit,qu'on aveu vn Monſtre marin en la mer de Nortvegue, auquel ſi toſt qu'il fut prins, chacun donna le nom de Moine, & eſtoit tel comme tu le peux voir par ce pourtraict. ètè# -# LX $ # # # [, - # # | VK # % 2 % -4 X # | 2 | à {È N # S# 4 % %#% , 7AS # l# Figure d'vn Monſtre marin,reſſemblant à vn Eueſque, veſtu de ſes habits Pontificaux. Vn autre Monſtre deſcrit par ledit Rondelet, en façon d'vn Eueſque veſtu d'eſcailles, ayant ſa mitre & ſes ornemens Ponti- | ficaux , comme tu vois par cette figure , lequel a eſté veu en Po- $ longne , l'an 1531. comme deſcrit Geſnerus : mais vn autre Mon- S ſtre ſe trouue bien merueilleux, nommé Zitiron, ou Gendarme de N mer, duquel s'enſuit la defcription. - $ Du Gendarme de mer, autrement dit Zitiron. s àiC - (% | zitiron ſelon Iſidore,eſt vn Monſtre marin, que le vulgaireap- >? pelle Gendarme,ou Soldat de mer,ce Monſtre eſt puiſſant & fort # f) au poſſible, repreſentant quaſi la forme d'vn homme armé, à cau- 3$ #$ ſe dequoy on luy a donné le nom de Gendarme, ſa teſte eft cou- (é, uerte d'vn cuir fort dur & eſpais, de forme preſque ſemblable à à# l'habillement de teſte de nos Gendarmes , que l'on appelle caſ- # que ou ſalade. Il a comme vn eſcu ou bouclier pendu au col,at- #! taché à de groſſes veines, & des nerfs tres-forts, qui s'eſtendent | de ſon col iuſques ſur les eſpaules. Il eſt de figure triangulaire, fort long & large à proportion , caué par dedans, & releué en dehors, #§ au reſte, & ſi dur qu'à grand peine le peut-on per- cer d'vn coup de traict : cét eſcu luy couure tout l'eſtomach, ne plus ne moins qu'vn homme combattant ſe couure de ſon bou- clier. Il a deux bras forts & robuſtes , les mains biſulgues : c'eſt à dire, diuiſées en deux, tout de meſme que ſi tous les doigts eſtoient joincts en deux ſeulement , auec ce, il ſe defend furieuſe- ment, & frappe ſi fort ce qu'il attaint , que mal-aisément peut-il eſtre pris:& encore eſtant pris, il eſt fi difficile à tuer, que l'on eſt contraint de l'aſſommer à coups de marteau & de maillets , de- puis l'eſtomach en bas il finit en poiſſon eſcaillé auec vne ſeule queuë. LLl 3 Figure % - # # | 4vº 4 [! # 678 Le Vingt-cinquiéme Liure, Figure d'vn Monſtre marin, ayant la teſte d'vn Ours, & les bras d'vn Singe. v\1 \ ),ºs N\!) S X\ ' \ N - - 5 -- - * % 777777Zzz ZZS K% . - %#itrº !# "- ºmrſſ IT • - I - l. #MS$, $àa fíſº $s , // 32 - A *- lº #º : § < N # Hieronymus Cardanus enuoya ce monſtre icy à Geſnerus, lequel auoit la teſte ſemblable à vn Ours, les bras & les mains quaſi comme vn Singe, & le reſte d'vn poiſſon, & fut trouué en Macerie. En la mer Tyrrhene, prés la ville de Caſtre, fut prins ce monſtre ayant la forme d'vn Lyon, cou- uert d'eſcailles, qui fut preſenté à Marcel pour lors Eueſque, lequel apres la mort du Pape Paul III. ſucceda au Papat. Iceluy Lyon jettoit vne voix ſemblable à celle d'vn homme , & auec grande admi- B ration fut amené en la Ville, & toſt apres mourut, ayant perdu ſon lieu naturel, comme nous teſmoi- , s,. gne Philippe Foreſtus au liure ;. de ſes Chroniques, duquel la figure eſt telle. Figure d'vn Lyon marin couuert d'eſcailles. SS5 $ 52 # L'an mil cinq cens vingt-trois, le troiſiéme iour de Nouembre, fut veu vn Monſtremarin à Rome, de la grandeur d'vn enfant de cinq ou ſix ans, ayant la partie ſuperieure humaine iuſques au nombrº, horſmis les oreilles, & l'inferieure ſemblable à vn poiſſon. Image d'vn Monſire marin ayant figure humaine. Figure Des Monſtres. 679 Figure hideuſe d'vn diable de mer. - Geſnerus fait mention de ce Monſtre marin, dont il auoit recouuré le pourtrait d'vn Peintre qui l'auoit veu en Anuers au naturel, ayant la teſte hideuſe, auec deux cornes & longues oreilles, & tout le reſte du corPs d'vn Poiſſon, hors les bras qui approchoient du naturel, lequel fut pris en la mer Illyrique, ſe jettant hors du riuage.taſchant à prendre vn petit enfant qui eſtoit pres d'iceluy, & eſtant pourſuiuy de pres par les Mariniers qui l'auoient apperceu, fut bleſſé de coups de pierres, & Peu apres vint mourir au bord de l'eau. Figure d'vn Cheual de mer. S = C$ #B\º RN " , \ -- : =A ,l/ § Ce Monſtre marin ayant la teſte & les crins, & le deuant d'vn Cheual, fut veu en la mer Oceane : la fi- gure duquel fut apportée à Rome au Pape, pour lors regnant. Figure d'vn Veau marin. - // | ///// " N\ @ / / / / 7 " #rº ayll # 4 ſºsº - - l - - - / - - Olaus Magnus dit auoir eu ce Monſtre marin d'vn Gentil-homme Anglois &auoir eſté pris pres le riua- ge de Bergue,là où ordinairement il habitoit. Et encore depuis peu on en fit preſent d'vn ſemblable au Roy Geſnerun. Olaut Ma- gnu. defunct, qu'il fit nourir aſſez longtemps à Fontaine-bleau, lequel ſortoit ſouuent hors l eau, puis s'y remet- Charles ». toit.Auſii eſt-il amphibie car il reſpire & aſpire l'air,dort ſur terre,& y fait ſes petits, mais d autant qu'il ne Roy de Fran- ſçauroit viure longtemps hors de l'eau & qu'il y prend ſa nourriture , on le met au nombre des poiſſons, & ce. de la pluſpart des Nations eſt nommé Veau marin. Rondelet liu. 16.de Piſcibl appelle Veau de la † - ne,en diſtinction de celuy de la mer Mediteranée, qui eſt quelque peu diſſemblable de cettuy-cy pour le re- gard de l'habitude du corps ſeulement.car au reſte ils ſe rapportent entierement l'vn à l'autre. Les Grccsl'ont aommé çazy , à cauſe de ſon mugiſſement , qui luy a donné le nom de Veau de mer parmy nous- - J. L l 4 Figure 68o Le Vingt-cinquiéme Liure, Figure d' vne Truye marine. Ce Monſtre marin, «2 , s comme dit Olaus, 2 # - fut "† Incr » $N/h-AAA24 pres l'Iſle de Thy- # r len , ſituée vers le ASEES=5#ès llſſIII UUIT!llu) IIIIIIIL 1I1I1H $-2iSse \N !ºf,S Rondelet en ſon liure des poiſſons inſectes , c'eſt à dire, qui ſont de nature moyenne entre les animaux baille ces deux figures, l'vne appellée Panache de mer, parce qu'elle repreſente les panaches qu'on porte au chapeau : les peſcheurs pour la fimilitude qu'elle a au bout, du membre viril, l'appellent vit-volant : eſtant vifil s'enfle , & ſe rend plus gros, eſtant priué de vie deuient tout fieſtry & mollaſſe, il reluit de nuict com- me vne eſtoille. \ Pline eſcrit qu'en la mer on trouue non ſeulement des figures des animaux qui ſont ſur la terre : mais auſſi Pline liure de pluſieurs choſes inanimées : ie croy quant à moy que ce pourtrait eſt la grappe de laquelle il parle : car 6.chºP. av. par tout le deſſus repreſente vne grappe de raiſin qui eſt en fleur, eſt longue comme vne maſſe informe, pendante d'vne queuë. Les figures deſquelles te ſont icy repreſentées. - · , , , | 682 Le Vingt-cinquiéme Liure, Figure de deuxpoiſſons, l'vn comme vn panache, & l'autre comme vne grappe de raiſin. $ -- NN E, E" # L- - # # En la mer de l'Iſle Eſpagnole, aux terres neuues , ſe trouuent pluſieurs poiſſons monſtreux. En- .. tre leſquels Theuet liure 21. chap. 12. tome 2. de ſa Coſmographie , dit en auoir veu vn fort rare, a , qu'ils nomment en la langue du pays, Aloës, & ſemblable à vne Oye, ayant ſon col haut eſleué, la teſte faicte en pointe, comme vne poire de Bon-chreſtien, le corps comme celuy d'vne Oye , fans eſcailles, ayant ſes quatre nageoires ſous le ventre : & diriez à levoir ſur l'eau , eſtre vne Oye, faiſant le plonget permy les ondes de la mer. - La mer Sarmatique, qu'on dit autrement Germanique orientale , nourrit tant de poiſſon in- cogneus à ceux qui habitent és regions chalereuſes, & tant monſtreux que rien plus. Entre au- tres. il s'en trouue vn tout ainſi fait qu'vn limaçon : mais gros comme vn tonneau , ayant les cornes -- - - quaſi - - 684 Le Vin gt cinquiéme Liure, I'en ay vn'en mon cabinet que l'on m'a donné que ie garde pour memoire, Pourtraitt du Hoga, poiſſon monſiueux. -S. -> -= e^ - LèS - : •4 2N | N.- - 2* <2zzzzA '. - •\ à Figure d'vn autre poiſſon volant fort monſtrueux. Il ſe trouue en la Mer de ſi eſtranges & diuerſes ſortes de coquilles , que l'on peut dite que Nature , chambriere du grand Dieu, ſe joué en la fa- brication d'icelles, dont ie t'ay fait pourtraire ces trois, qui ſont dignes de grande contem- plation , & admiration , dans leſquelles il y a des poiſſons, conme limaçons en leurs co- quilles : leſquels Ariſtote liure 4. de l'Hiſtoire des Animaux, nomme Cancellus, eſtanscom- pagnons de poiſſons couuerts de cocques, & de teſt dur, & ſemblables aux langouſtesnaiſ- ſans à par ſoy. B Rondelet en ſon liure de l'Hiſtoire des poiſſons , dit, qu'en Languedoc ce poiſſon ſe nomme Bérnard l'Ermite : il a deux cornes longuettes, & menuës, ſous leſquelles il a ſes yeux , ne les pouuant retirer au dedans comme font les can- cres, mais touſiours apparoiſ- ſent aduancés au dehors : ſes pieds de deuant ſont fendus & fourchus, leſquels luy ſeruent à ſe defendre, & à porter en ſa bouche. Il en a deux autres c courbez & pointus, deſquels il s'ayde à cheminer. La fe- melle fait des œufs , leſquels on void pendre par derriere COImm]C petites patenoſtres en- filées, toutesfois enueloppêes, & liées par petites membranes. Elian au liure 7. chap. 13. en eſcrit ce · qui s'enſuit. Cancellus naiſt tout nud, & ſans coquille, mais apres quelque temps il en choiſit de propres pour y faire ſa demeure quand il en trouue de vuides, comme celle du pourpre, ou de quel- que autre trouuée vuide, il s'y loge : & eſtant deuenu plus grand, en ſorte qu'il n'y peut plus tenir(ou lors que nature l'incite à frayer) il en cherche vne plus grande où il demeure au large & à ſon aiſe: ſouuent il y a combat entr'eux pour y entrer, & le plus fort jette le plus foible, & joüit de la place.Le meſme teſmoigne Pline, liu.9. Pourtraits de diuerſes Coquilles, enſemble du poiſſon qui eſt dedans icelles, dit Bernard l'Ermite. Pourtrait —i - Des Monſtres. 687s - Pourtraict de deux Coquilles vuides. $ # Pourtraict de Bernard l'Ermite nud. - - -\ • » - - Il y a vn autre petit poiſſon nommé Pi- nothere, de la ſorte d'vn Cancre, lequel ſe tient & vit touſiours auec la Pine, qui eſt cette eſpece de grande coquille, qu'on appelle Nacre, demeurant touſiours aſſis comme vn portier à l'ouuerture d'icelle, la tenant entr'ouuerte iuſques à ce qu'il y voye entrer quelque petit poiſſon, de ceux qu'ils peuuent bien prendre, lequel mordant le Nacre ferme # coquille, puis tous deux grignottent & mangent leur proye enſem- b blement. •° 1De la Lamie. Rondelet au troiſiéme liure des poiſſons, chapitre onze, eſcrit que ce poiſſon ſe trouue aucu- nesfois ſi merueilleuſement grand, qu'à peine peut eſtre trainé par deux cheuaux ſur vne charette. Il mange (dit - il) les autres poiſſons , & eſt tres-goulu, voire deuore les hommes entiers : ce qu'on à cogneu par experience. Car à Nice & à Marſeille on a autresfois pris des Lamies, dans l'eſtomach deſquelles on a trouué vn homme entier tout armé. l'ay veu ( dict Rondelet)vne La- mie en Xaintonge, qui auoit la gorge ſi grand, qu'vn homme gros & gras aisément y fut entré: tellement que ſi auec vn baillon on luy tient la bouche ouuerte, les chiens y entre aisément pour ... manger ce qu'ils trouuent dedans l'eſtomach. Qui en voudra ſçauoir dauantage, liſe Rondelet, au ##º liure allegué. Pareillement Corradus Geſnerus en ſes hiſtoires des animaux, fueillet 15 I. ordre 1o. §. confirme ce que Rondelet en a eſcrit : & dit dauantage, s'eſtre trouué des chiens tous entiers dans La figure des l'eſtomach de ladite Lamie, ayant fait ouuerture d'icelle : & qu'elle a les dents aiguës, aſpres & dents eſt groſſes. Rondelet dit auſſi qu'elles ſont de figure triangulaire ; decoupées de deux coſtez, comme # vne ſcie, diſposées par ſix rangs : le premier duquel ſe monſtre hors de la gueulle, & tendant v# rang$. ( M M m 2 C - 688 Le Vingt-cinquiéme Liure, · le deuant : celles du ſecond ſont droictes, celles du troiſiéme, quatriéme, cinquiéme, ſixiéme ſont A courbées vers le dedans de la bouche pour la pluſpart. Les Orfevres garniſſent ces dents d'argent, les appellans dents de ſerpent. Les femmes les pendent au col des enfans, & penſent qu'elles leur font grand bien quand les dents leur ſortent, auſſi qu'elles les gardent d'auoir peur. I'ay ſouuenance d'a- uoir veu à Lyon en la maiſon d'vn riche Marchand vne teſte d'vn grand poiſſon, lequel auoit les dents ſemblables à cette deſcription : & ne ſceus ſçauoir le nom de ce poiſſon Ie croy à preſent que c'eſtoit la teſte d'vne Lamie. I'auois proposé de la faire voir au defunct Roy Charles, qui eſtoit fort curieux de voir les choſes ſerieuſes & monſtrueuſes : mais deux iours apres que ie voulus la faire apporter, il me fut dit quele Marchand, ſa femme, & deux de ſes ſeruiteurs eſtoient frappez de la peſte, qui fut cauſe qu'il ne la vid point. - La figure de la Lamie t'eſt icy repreſentée, que i'ay tiré du liure de Rondelet, & Geſnerus. ^@ | sy ſ 2 - - $N) - B - - - -§) #%#'%ll3 2 % $ QNS NS SN NW S$ 1 D C Pline. Pline chapitre trente, liure neufen ſon Hiſtoire naturelle nomme ce poiſſon Nautilus, ou Nauti- Mºillº cu : auquel eſt grandement à conſiderer, que pour venir au deſſus de l'eau, ſe met à l'enuers, remon- # * tant peu à peu, pour eſcouler l'eau qui ſeroit en ſa coquille, afin de ſe rendre plus leger à nauiger, " comme s'il auoit eſpuiſé la ſentine de ſon nauire. Et eſtant au deſſus de l'eau, il recourbeàmont deux de ſes pieds, qui ſont joints enſemble, auec vne pellicule fort mince pour luy ſeruir de voile, ſe ſer- uans de ſes bras, comme d'auirons, tenant touſiours ſa queuë au milieu, en lieu de timon : & va ainſi ſur la mer, contrefaiſant les fuſtes & galleres. Que s'il ſe ſent auoir peur, il ſerre ſon equipage, & rem-p plit ſa coquille d'eau en la plongeant, & ainſi s'en va au fond. Deſcription de la Baleine. Nous abuſons aucunement du mot de monſtre pour plus grand enrichiſſement de ce Traitté, nous mettrons en ce rang la Balaine, & dirons eſtre le plus grand monſtre poiſſon qui ſe trouue en la mer, de longueur le plus ſouuent de trente-ſix coudées, de huict de largeur, l'ouuerture de la bouche de dix-huict pieds, ſans auoir aucunes dents, mais au lieu d'icelles, aux coſtez des maſ- choires a des lames , comme de corne noire, qui finiſſent en poils ſemblables à ſoye de pourceau, qui ſortent hors de ſa bouche, & luy ſeruent de guide pour monſtrer le chemin , afin qu'elle ne ſe heurte contre les rochers. Ses yeux ſont diſtans l'vn de l'autre de quatre aulnes, & plus gros que la teſte d'vn homme : le muſeau court, & au milieu du front vn conduit, par lequel elle attire l'air, & jette vne grande quantité d'eau, comme vne nuée, de laquelle elle peut remplir les eſ- quifs, & autres petits vaiſſeaux, & les renuerſer en la mer. Quand elle eſt ſaoule, elle brame & crie ſi fort, qu'on la peut ouyr d'vne lieuë Françoiſe, elle a deux grandes aiſles aux coſtez, deſquel- les elle nage, & cache ſes petits quand ils ont peur, & au dos n'en a point : ſa queuë eſt # à celle Nºuv - — , \ Des Monſtres. 689 4.' ºs #s p> à ce\s du Dauphin , & remuant emeut ſi fort l'eau , qu'elle peut remplir vn eſquif : elle eſt couuer- # te de cuit noit, & dur - Il eſt certain par l'anatomie, qu'elle engendre ſes petits vifs, & qu'elle les $ allaicte, car le maſle a des teſticules & membre genital, & la femelle vne matrice & mammelles. Elle #s , ſe prend en certain temps d'Hyuer en pluſieurs lieux, meſmement à la coſte de Bayonne, prés vn pe- # tit village diſtant de trois lieuës ou enuiron de ladite ville, nommé Biarris : auquel fus enuoyé par le %zz commandement du Roy (qui eſtoit lors à Bayonne) pour traicter Monſeigneur le † de la Roche #i ſur-Yon, qui y demeura malade : où i'appris le moyen qu'ils vſent pour ce faire , conformément à ce #g # que i'en auois deſia leu au liure que Monſieur Rondelet a eſcrit des Poiſſons, qui eſt tel : Contre ledit village il y a vne montagnette, ſur laquelle dés long temps a eſté edifié vne Tour tout expres pour y faire le guet, tant le iour que la nuict, pour deſcouurir les Balaines qui paſſent en ce lieu, & de là on f les apperçoit venir tant par le grand bruit qu'elles font, que pour l'eau qu'elles ſortent par vn conduit | - qu'elles ont au milieu du front : & l'apperceuans venir, ceux qui ſont au guet ſonnent vne cloche, au 1 ſon de laquelle promptement tous ceux du village accourent equippez de tout ce qui leur eſt neceſſai- re pour l'attraper. Ils ont pluſieurs vaiſſeaux & nacelles, dont en d'aucuns il y a des hommes ſeule- ment conſtituez pour peſcher ceux qui pourroient tomber en la mer : les autres dediez pour combattre, & en chacun ily a dix hommes forts & puiſſans pour bien ramer & pluſieurs autres dedans, auec dards | barbelez, qui ſont marquez de leur marque pour les reconnoiſtre, attachez à des cordes, & de tou- B tes leurs forces les jettent ſur la Baleine, & lors qu'ils apperçoiuent qu'elle eſt bleſſée, qui ſe connoiſt pour le ſang qui en ſort, ils laſchent les cordes de leurs dards, & la ſuiuent afin de la laſſer, & pren- dre plus facilement, & ainſi l'attirent au bord,dont ils ſe reſioüiſſent & font godechere,& la partiſſent entre eux, chacun ayant ſa portion ſelon le deuoir qu'il aura fait : ce qui ſe connoiſt par la quantité des dards qu'ils auront jetté, & ſe ſeront trouuez, leſquels demeurent dedans, & les connoiſſent à leur marque. Or les femelles ſont plus faciles à prendre que les maſles, pource qu'elles ſont ſoigneu- ſes de ſauuer leurs petits, & s'amuſent ſeulement à les cacher, & non à s'eſchapper. La chair n'eſt rien , eſtimée, mais la langue, pource qu'elle eſt molle & delicieuſe, ils la ſallent : ſemblablement le lard, lequel ils diſtribuent en § de Prouinces, qu'on mange en Careſme auec des pois : ils gardent la graiſſe pour bruſler & frotter leurs batteaux, laquelle eſtant fonduë ne ſe congele iamais. Des la- mes qui ſortent de la bouche, on en fait des vertugales, buſques pour les femmes, & manches de cou- ſteau, & pluſieurs autres choſes : Et quand aux os, ceux du pays en font des cloſtures de jardins : & des § , des marches & ſelles pour ſe ſeoir en leurs maiſons. I'en fis apporter vne que ie garde º en ma maiſon, comme vne choſe monſtrueuſe. Figure d'vne Balaine priſe, & le deſpart d'icelle. \ - - -;ºs # # fºrzº = -7 agº # # !t $e - :,ºº - vaiº | A | / | 1 | | - - # #RNWN2 $2$ 4) # # † , j • - - '/ l |h # l - ) | ' #4 (# #(# #! #WuAºl # gº #º ::* # a 2 % aº , Za +$èsS s 2 =- # #= s &âl= -èS ->" ->.T,-- - ------- - - - sesS - Des * Tr Le Vingt T ºnquiéme Liure, ----- | T- * 44onſtres *erreſtres, 9 º A P. xx XV I. $< N D R E" T » tOme Pºcmier liure quatre chapitre ºnze dit qu'en l'Iſle de # º , on Void vne be c qui s'appelle Huſpalin * Sºſſe comme # tort monſtrueuſe * 9ue les Et 1opiens ti # Pºu rouge ººme eſcarla§ c , les Pieds ronds & plats ſa » Puis la mangent apres l plus delicate & aisée à digerer. -- A , º9ºPs de baſton » afin de rendre ſa chair Figure a'une beſle 776 mméc Huſalin. - - Ca- limatiq, & - Cangypu , P OD1- hob, de Benga, & autres † §. par † § - - - i C / - 1 Au Royaume de Camota, #. de là le fleuue † Giraffe : cét † & ſubtil à - 'Inde inter - Germains occ - - iron vne toile, • " • ſont en l'In appellée des l eſt long d'cnui ui ſoit ſous D ragan qui ſe trouue la beſte pp biches. Son col e #leuées que beſte q / CCT , 1C - s à nos » • - haut éleuée uchetée que # † , & de † d'autant qu'il les § an poſſible. Elle † 3T9U1- de leſte . eillement • • •º les jarrets, a p I ard, qui a # - iffere par i ne paſſe point les j / ne celle du I eopi §beſte eſt ſiſ - merueil,& d & eſt ronde , qui ne p | & taI>né. comn dalis. Cette be erts d - l1Ct) C C irant entre blanc 5 de Canna leopaIdalis. is & deſerts du le Ciel Sa queuë de taches tiran donner le nó de r les bois & de ſieurs endroits, - hes Grecs de luy iſle voir , ſe cachant pa aſche à gagner en pluſieut liſtoriographes - ſouuent ſe laiſle voir , - homme, elle t 'eſt la à quelques Hiſtoriog e bien peu ſo 'elle void vn homme, ellet lle eſt,c'e ment a que d'eſtre priſe, que bie dés auſſi-toſt qu'e reſte priſe qu'e llC3 ant que iſſent point. Et diue à ſa courſe. Au re tites cornes long tiagc attan bcſtcs J)C repai u'elle eſt [ 1I(lIIl iſli dcux petites n'eſt vs où autres be la prend,parce qu'e ſa teſte apparoiſſent ur : vne lance pays ou au finalement on la p - ui viue. Sur - / il tout autour : - bran- - 1S I1Il1 n autre qt nnées de po fueilles & au pied ma à gouuerner, qt roičtes & enuiro *l- --- vit auſſi de fue itre I 3. beſte la plus douce X> leſquelles ſont aſſcz d Elle ſe paiſt d'herbe , & liure onze , chapitre 13 'vn pied, ou enuiron, leſq leue la teſte en haut. figure André Theuet, liu d'vn p § haute lors qu # Cl) in, choſe qu'atteſte & fig. - t p :, • • • !- i C pa1Il , pont ! & aiine bien le p - es d'arbres, & - - aphie. § premier de ſa Coſmograp [ • -* - $ É Figure Des Monſtres. | 695 Figure du Giraffe. \ |! \S\ - \ V | | - W s\ \ ! : Luy-meſme, tome 1. chap. 1o en ſa Coſmographie, dit, que du temps qu'il eſtoit ſur la mer rou- ge, arriuerent certains Indiens de terre ferme qui apporterent vn Monſtre de la grandeur & propor- tion d'vn Tygre, n'ayant point de queuë , mais la face toute ſemblabl: à celle d'vn homme bien for- mé, fors que le nez eſtoit fort camus , les mains de deuant comme d'vn homme, & les pieds de der- riere reſſemblans à ceux d'vn Tygre, tout couuert de poil bazanné. Et quant à la teſte, oreilles, col & bouche, comme homme, ayant les cheueux bien peu noirs & creſpelus, de meſme que les Mores qu'on void en Affrique. C'eftoit la nouueauté que ces Indiens apportoient pour faire voir l'honneſte- té & courtoiſie de leur terre, & nommoient cette gentille beſte Tanacth, laquelle ils tuent à coups de Heſches, puis la mangent. - F,gure º9o Le Vingt- Ci iém F, nquié e Liure, "gºre de la beſle Tanafih & 54 . $ - f, - C< " - -- ( - R. N'a #ſe : 4-./ # % $#3# #>ſ e - 0 º Sºº ©% 22N # >f G & 4u & # 1.\ :\'ANS - " S# # é - jº)42, $ 4- # # # | #llº #$S # # #$# - N - F -" ( $ 7 - Le meſme Theuet en ſa Coſmographie, tom.º. chap. 13. dit, qu'en Amerique ſe trouuevne beſte nommée des Sauuages Haiit, fort difforme, & eſt preſque incroyable qu'il en ſoit de telle quinel'au- roit veuë. Elle peut eſtre de grandeur à vne groſſe Guenon, ayant ſon ventre aualé & fort proche de ' terre, quoy qu'elle ſoit debout : ſa face & teſte ſont preſque ſemblables à celles d'vn enfant, Ce Haiit eſtant pris, iette de grands ſouſpirs, ne plus ne moins que feroit vn homme atteint de quelquegrande & exceſſiue douleur. Elle eſt de couleur griſe, n'ayant que trois ongles à chacune patte, longs de quatre doigts faits en forme d'arreſtes de carpe, auec leſquelles § qui ſont autant ou plus tran- chantes que celle d'vn Lyon, ou autre beſte cruelle, elle monte ſur les arbres, où elle fait plus ſa reſi- dence qu'en terre. Elle a la queuë longue ſeulement de trois doigts. Au reſte, c'eſt vn cas eſtrange que iamais homme ne ſçauroit dire l'auoir veue manger de choſe quelconque, quoy que les Sauua ges en ayent tenu long-temps dedans leurs loges, pour voir ſi elles mangeroient quelque choſe, & diſoient les Sauuages que ſeulement elles viuoicnt du vent. - Figure 698 Le Vingt-cinquiéme Liure, Cauſes du changement des couleurs du Chame- leon. A Pourtraict du Chameleon. W $ $ SZN N %) % B On trouue cét animal nommé Chameleon en Afrique, & eſt faict comme vn lezard, ſinon qu'il eſt plus haut de iambes : d'auantage il a les flancs & le ventre enſemble comme les poiſſons: auſſi a-ildes areſtes ſur le dos comme on void aux poiſſons : il a le mufle comme vn petit cochon la queuë fort lon- gue, qui va touſiours en appointant, ſes ongles fort aigus, & marche auſſi peſanment qu'vne tortuë, & a le corps rude & eſcaillé comme vn Crocodille, il ne ferme iamais l'œil, & ne bouge point la pru- nelle. Au reſte, c'eſt vne choſe amirable de parler de ſa couleur : car à toutes heures, principalement quand il s'enfle, il la change : qui ſe faict à cauſe qu'il a le cuir fort delié & mince, & le corps tranſ. parent : tellement qu'il faict de deux choſes l'vne, ou qu'en la tenuité de ſon cuir tranſparent eſt aisé. ment repreſentée, comme en vn mirouër, la couleur des choſes qui luy ſont voiſines (ce qui eſtle plus vray ſemblable :)ou que les humeurs en luy eſmeus diuerſement ſelon la diuerſité de ſes imagina- tions, repreſentent diuerſes couleurs vers le cuir , non autrement que les pendans d'vn coq d'Inde, eſtant mort il eſt paſle. Matthiole dict que ſi on luy arrache l'œil droict quand il eſt en vie, il nettoye les taches blanches qui ſont ſur la cornée, meſlé auec du laict de chévre, ſi on ſe frotte de ſon corps le poil tombe, ſon fiel digere & oſte les cataractes des yeux. l'ay obſerué cette deſcription enceluyque c i'ay en mon logis. ' Des Monſtres celeſtes C H A P. XXXVII. 2 E s anciens nous ont laiſſé pareſcrit que la face du ciel a eſtétant de fois defi gurée de co- Sº# metes barbuës, cheueluës , de torches, flambeau, colomnes, lances, boucliers, batailles # # # de nuées, dragons, duplication de Lunes & Soleils, & autres choſes. Ce que ie n'ay vou- # # lu obmettre pour accomplir ce liure des Monſtres : & pource en premier lieu ie produi- #º ray cette hiſtoire figurée aux hiſtoires rodigieuſes de Boiſtuau, lequel dit l'auoirtirée de Lycoſthene. L'antiquité,dit-il n'a rien experimenté de plus prodigieux enl'air que la Comere horrible de couleur de ſang qui apparut en Vveſtrie, lé 9. iour d'Octobre 1528. Cette Comete eſtoit ſi horrible & eſpouuantable qu'elle engendroit ſi grand terreur au vulgaire,qu'il en mourut aucuns de peur:les au- tres tomberent malades. Cette eſtrange Comete dura vne heure & vn quart,& commença à ſe produire du coſté du Soleilleuant , puis tira vers le midy : elle apparoiſoit eſtre de longueur exceſſiue, & ſi eſtoit de couleur de ſang : à la ſommité d'icelle on voyoit la figure d'vn bras courbé, tenant vne grande eſpée en la main, comme s'il euſt voulu frapper. Au bout de la pointe il y auoit trois eſtoilles : mais elle qui eſtoit droitement ſur la pointe, eſtoit plus claire & luyſante que les autres. Aux deux coſtez des rayons de cette Comete, il ſe voyoit grand nombre de haches, couſteaux, eſpées colorées de ſang parmy leſquel- les il y auoit grand nombre de faces humaines hideuſes, auec les barbes & cheueux heriſſez, comme la voyez par cette figure. - - En ce temps le Turc fit des tres grandes & ſanglantes incurſions ſur les Chreſtiens.Et Charles de Bourbon prit Rome, dont l'hiſtoire eſt aſſez commune & eſcrite ailleurs. - ", : | - " . . " Figure Des Monſtres | 699 \ Figure d'vne Comete admirable veuë en lair. Ioſephe & Euſebe eſcriuent qu'apres la Paſſion de Ieſus - Chriſt, la miſerable deſtruction de la ville de Hieruſalem fut ſignifiée par pluſieurs ſignes, & meſme entre les autres, vne eſpouuantable Co- mete en forme d'eſpée luiſante en feu,la- quelle apparut bien l'eſpace d'vn an ſur le temple : comme demonſtrant que l'ire diuine ſe vouloit vanger de la nation Iu- daïque, par feu, par ſang, & par famine. Ce qui aduint, & y eut vne ſi calamiteuſe # , ſ# U#ll# #A - famine, que les meres mangerent leurs ' #|$ , ropres enfans : & perirent en la Cité du- •! I7 U11 2 P P p #! † # rant le fiege des Romains plus de douze 4 ( § %> A= - - / | |! # |2 % (Z) A- cens mille Iuifs & en fut vendu plus de # N quatre vingts dix mille, - ,# - - } S- â. - $ A>ºE2 S - #-3AS | e V" à Les Cometes ne ſont iamais apparués ſans produire quelque mauuais effect, & laiſſer vn ſiniſtre euene ment. Le Poete Claudian : | - oncques au ciel (omete on n'a peu voir , Que quelque mal ne nous faſſe apparoir. - Les Aſtronomes ont diuiſé les corps celeſtes en deux bandes : l'vn$ appellée eſtoilles fixes & arreſtées, Diuiſion de: que l'onvoit bluetter ou eſtinceller au Ciel, comme s'ils fuſſent feux embraſez. Les autres ſont errantes, # celeſtes appellées planettes, qui ne bluettent point, & ſont au nombre de ſept, ayant chacune ſon Ciel, cercle rond, # ou eſtage. Leurs noms ſont Saturne, Iupiter,Mars,Sol,Venus,Mercure,& Lune. Les eſtoilles ſont corps ſphe- s§lanet- riques apparens & luiſans, compoſez de ſimple & pure matiere, comme le Ciel, & nul n'en ſçait le nom-te . bre, ny les noms, fors que Dieu. Or leſdites planettes font leurs cours par le zodiaque(qui eſt vn des prin- 6)ue c'eſt que cipaux & le plus grand cercle du Ciel , & la vraye route du Soleil ) qui trauerſe ou enuironne biaiſement le 2odiaque. Ciel, la nuict & le iour , à fin que toutes les contrées de la terre iouyſſent alternatiuement des quatre ſaiſons de l'année, par le moyen du Soleil qui ſans ceſſe monte & deualle eſclairant & nourriſſant en l'eſpace d'vn - an tout le rond de la terre. Il eſt le chariot & fontaine de la lumiere des corps celeſtes,qui ne ſont que com- * Soleil. me petits ruiſſeaux dont il eſt la ſource : parquoy eſt nommé Roy des Eſtoilles, & le plus grand de tous les corps celeſtes. Il eſt de trois cieux ou eſtages au deſſus de la Lune : marche au milieu de ſix planettes, ſi # elles s'approchent de luy , pour n'empeſcher ſa route, elles ſe retirent à l'eſcart au plus haut de leurs epicy- #. cles : puis luy paſſé,elles deuallent au plus bas,pour l'accompagner & accoſter'comme les Princes font leur # Roy. Et lors ayant fait leur deuoir s'arreſtent, & d'vne reuerence honteuſe reculent en arriere , deſcendans • au fond de leurs epicycles pour contempler, comme de loing,la face de leur Seigneur. Et quand il s'appro- che en reculant elles regaignent le haut de leurs epicycles pour aller au deuant de luy : de ſorte que le ſen- tans à quatre ſignes prés, elles font ſemblant de l'attendre, puis luy ayans faict la bien venuë marchent de-$ºrnº. uant luy vn peu à l'eſcart,pour ne donner empeſchement à ſa carriere & courſe naturelle. Celle qui eſt nom-º mée Saturne, par l'eſtimation des Aſtronomes, eſt quatre vingts dix fois ou enuiron plus groſſe que toute la #º - - - - - -- - La l.4ºº. terre,de laquelle elle eſt loing de plus de trente ſix millions de lieues Françoiſes La grandeur de celle nom- - - N N n 2, mée En quele- | 7oo Le Vingt-cinquiéme Liure, ciste du Soleil. Effects & vertu du Soleil. Viteſſe du Soleil. Les douXe ſignes du C tel. mée Iupiter, eſt eſtimée nonante & dix fois plus groſſe que le diametre de la terre, en eſt eſloignée de A plus de vingt-deux millions de lieués. La planette de Mars eſt auſſi groſſe que la terre , & eſt eſloignée d'i- celle de trois millions cinquantequatre mille deux cens quatre lieuës. La Lune ſignifie mois, parce que tous les mois elle ſe renouuelle : elle eſt eſloignée de la terre de octante mille deux cens treize lieuës:elle eſt plus eſpeſſe & obſcure que les autres eſtoilles attachées à ſa ſphere qui la porte par certains\mouuemens, tours & retours eſtans limitez, creée de Dieu pour remarquer aux hommes les temps & § , & beſongner par ſa lumiere & mouuement és corps inferieurs. - - Le globe du Soleil eſt preſque ſept mille fois plus grand que la Lune. Ptolomée & autres Aſtronomes ont trouué par inuentions geometriques qu'il eſtoit cent ſoixante & ſix fois plus grand que toute la terre : il viuifie tous les animaux , non ſeulement ceux qui ſont ſur la terre, mais auſſi ceux qui ſont au profond des eaux. Le Seigneur du Bartas l'appelle peſtillon continuel , fontaine de chaleur, ſource de clarté, vie de l'v- niuers, flambeau du monde, & ornement du Ciel. D'auantage le Soleil fait ſon tour du Ciel au tour de la terre en vingt-quatre heures, & cauſe les commoditez & aggreables reuolutions du iour & de la nuict, pour le ſoulagement & contentement de l'homme & de tous animaux. · Que le Lecteur conſidere & adore icy l'admirable ſageſſe & puiſſance du Createur, en la grandeur, viteſ- ſe continuelle, incroyable rapidité, lueur & chaleur immenſe, conionctions & mouuemens contraires en vn ſinoble corps que celuy du Soleil, qui en vne minutte d'heure faict pluſieurs milliers de lieuës, ſans qu'on l'apperçoiue bouger, & n'en recognoit-on rien qu'apres qu'il eſt fort auancé en ſa courſe. Qui plus eſt, la moindre eſtoille eſt dix-huict fois plus grande que toute la terre.Cecy ſoit dit non ſeulement,pour vne gran- de ſpeculation , mais à la loüange du Createur, & pour humilier l'homme qui fait tant de bruit en la terre, qui n'eſt rien qu'vn poinct au regard de la machine celeſte. Outre plus, il y a au Ciel douze ſignes,à ſçauoir Aries, Taurus, Gemini, Cancer, Leo, Virgo, Libra, Scorpius , Sagittarius , Capricornus, Aquarius, Piſces, L'vſage des tous leſquels ſont differens. L'vſage d'iceux eſt que par leur conionction auec le Soleil, ils augmentent ou ººº{º ſignes diminuent la chaleur d'iceluy, à ce que par telle varieté de chaleur ſoient produittes les quatre ſaiſons de du Ciel. Autheurs qu'il faut li- re pour ap- prendre l'A- ſtronomie. Pline. ", l'annëe, la vie & conſeruation ſoit donnée à toutes choſes. Les Cieux ſont vne quinte-eſſen ce des quatre elemens faicts de rien, c'eſt à dire, ſans matiere. Hola, ma plume arreſte-toy, car ie ne veux ny ne puis en- trer plus auant au cabinet ſacré de la diuine Majeſté de Dieu : qui en voudra ſçauoir d'auantage, liſe Ptolo- mée, Pline , Ariſtote, Milichius, Cardan, & autres Aſtronomes, & principalement le Seigneur du Bartas, & ſon interprete, qui en ont tres-doctement & diuinement eſcrit au 4. iour de la ſepmaine , où l'on trouue- ra pour ſe contenter : & confeſſe en auoir retiré les choſes cy-deſſus mentionnées, pour inſtruire le ieune Chirurgien à la contemplation des choſes celeſtes. Et icy chanterons auec ce grand Prophete diuin, Pſal. 19 Les cieux en chacun lieu - La puiſſance de Dieu Racontent aux humains ce grand entour eſpars Publie en toutes parts L'ouurage de ſes mains, Et au Pſeaume viij. Et quand ie voy & contemple en courage Les cieux , qui ſont de tes doigts haut ouurage Eſtoilles, Lune, & Signes differens, - Que tu as faicts & aſſis en leurs rangs : Alors ie dis à moy , ainſi comme Tout esbay. & qu'eſt-ce que l'homme , D' auoir daigné de luy te jouuenir , Et de vouloir en ton ſoin le tenir ? D'auantage ie ne veux laiſſer à eſcrire choſes monſtrueuſes & admirables qui ſe ſont faictes au Ciel : & premierement Boiſtuau eſcrit en ſes Hiſtoires prodigieuſes, qu'en Sugolie ſituée ſur les confins de Hongrie, il tomba vne pierre du Ciel auec vne horrible eſclattement, le ſeptieſme iour de Septembre 15 14. de la pe- ſanteur de deux cens cinquante liures, laquelle les Citoyens ont faict enclauer en vne groſſe chaiſne de fer, au milieu de leur temple, & ſe monſtre auec grande merueille à ceux qui voyagent par leur Prouince, choſe merueilleuſe que l'air ait peu ſouſtenir telle peſanteur. Pline eſcrit que durant les guerres de Cimbres,furent ouys dans l'air des ſons de trompettes & clairons, auec grands cliquetis d'armes, Auſſi il dit dauantage,que durant le Cóſulat des Marius, il apparut des armées au Ciel,dont les vnes venoienr d'Orient les autres d'Oc- cident, & ſe combattirent les vnes contre les autres longuement, & que celles d'Orient repouſſerent celles d'Occident. La meſme choſe a eſté veuë l'an 1535.en Luſalie vers vn bourg nommé Iuben,ſur les deux heures apres midy. D'auantage l'an 155o. le 19. Iuillet au pays de Saxe, non fort loin de la ville de Vvitemberg, fut D veu en l'air vn grand Cerf, enuironné de deux groſſes armées, leſquelles faiſoient vn grand bruit en ſe com- batant, & à l'inſtant meſme le ſang tomba ſur la terre comme vne forte pluye : & le Soleil ſe fendit en deux pieces,dont l'vne ſembloit eſtre tombé en terre. Auſſi auant la priſe de Conſtantinople, il apparut vne † armée en l'air,auec vne infinité de chiens & autres beſtes.Iulius Obſequens dit,que l'an 458.en Italie,il pleut de la chair par gros & petits lopins,laquelle fut en partie deuorée par les oiſeaux du Cielauant qu'elle tom- baſt en terre, & le reſte qui cheut en terre demeura long-temps ſans ſe corrompre, ny changer de couleur, ny d'odeur. Et qui plus eſt, l'an 989, regnant Otton Empereur troiſieſme de ce nom, pleut du Ciel du froment en Italie, l'an 18o. il pleut du laict & de l'huyle en grande quantité, & les arbres fruictiers porterent du fro- ment. Lycoſthenes raconte,qu'en Saxe il pleut des poiſſons engrand nombre,& que du temps de Louys Em- pereur,il pleut trois iours & trois nuicts durant du ſang : & que l'an 989. il tomba vers la ville de Veniſe neige rouge comme ſang : & que l'an 1565. en l'Eueſche de Dole , il pleut du ſang en grande quantité. Ce qui aduint la meſme année au mois de Iuin en Angleterre. Or non ſeulement ſe font des choſes monſtrueu- ſes en l'air, mais auſſi au Soleil & en la Lune.Lycoſthenes eſcrit, que durant le ſiege de Magdebourg,du temps de l'Empereur Charles cinquieſme, ſur les ſept heures du matin, il apparut trois Soleils, deſquels celuy du milieu eſtoit fort clair, les autres deux tiroient ſur le rouge & couleur de ſang , & apparurent tout le iour auſſi ſur la nuict apparurent trois Lunes.Le meſme eſt aduenu en Bauiere 1554. Et ſi au Ciel s'engendrent tel- les nouuelles, nous trouuerons la terre produire d'autant ou plus admirables & dangereux effects. L an 54*. toute la terre trembla, & meſme le mont Etna vomit force flammeſches dont la plus grande part des villes & villages, & biens de Sicile furent embraſez. CHA P. · Des Monſtres 7or : R # # : f, ! f) •. » CH A P I T R E X X X V III- · B R A H A M Orthelius au theatre de l'vniuers eſcrit, qu'il y a en Sicile vne montagne bruſlan- te nommée AEtna : de cette montagne ont eſcrit pluſieurs Philoſophes & Poetes : parce que continuellement elle jette feu & fumée, laquelle a plus de trente lieues d'Italie de hauteur, & Fa{ellur. plus de cent lieues de circuit par en bas : commº Fazellus eſcrit, qui l'atres-bien regardée, & EPN auec non moindre curioſité deſcrite.Par deſſus ette continuelle flamme qui ne s'eſtent point, - • elle iette aucune fois telle quantité de feu, que tout le pays circonuoiſin en eſt totalement gafté & bruſlé. - . Mais cóbien de fois cela eſt venu, nos predeceſſeurs ne l'ºnt pas couché par memoire,neantmoins ce que les Autheurs en ont eſcrit , nous le raconterons, icy briºm ent, & ſelon le dire de Fazelle. L'an de la fonda- Grand c3- s tion de la ville de Rome 35 °. cette montagne vomitº de feu , que par les braſiers & charbons qui en ſor- b ſi #ti tirent furent bruſlez pluſieurs champs & villages , # *ns a pres aduint le ſemblable ? 37 ans apres cecy, par le fºu elle degorgea & jetta tant de cendres chaudes qu 'ºicts, & couuertures des maiſons de la ville de Ca-vomy de la tana, fituée au pied de cette montagne,de la peſarºi °elles furent ruinées.Elle feit ſemblablemeut grand ººntagne dommage du temps de l'Empereur Caligula : & #res ' l'an. 254 le premier iour de Feurier, l'an 169. elle *** . abbatit par le feu continuel qui en ſortoit, pluſie"hers & c uſa tel tremblement de terre que la grande ' - Egliſe de la ville de Catana en fut demolie & aº & l' ºueſ ue auec les preſtres, &gens qui y eſtoient pour lors, furent aſſommez & froiſſez : l'an 132°mier 1 our, le Iuillet ayant faict nouuelle ouuerture, Tremblemit abbatit & ruina par ces flammes & † qui : dui . , pluſieurs Egliſes & montagnes ſituées "" à l'entour de ladite montagne:elle fit tarir pluſitºines jetta d , lans la mer pluſieurs batteaux qui eſtoient à terre, & au meſme inſtant ſe fendit encore en tlrc iºs de telle impetuoſité qu'ellelrenuerſa & jetta enl'air pluſieurs rochers,voire auſſi des foreſts & e , jettan t & vomiſſant telfeu par ces quatre con- duicts infernaux, qu'il decouloit de ladicte montag s, col nme ruiſſeaux bruyans, ruynant & abba- tant tout ce qu'il rencontroit, ou luy faiſoit reſiſtance : le pais circonuoifin fut couuert de cendres ſor- - tans hors de ceſdites gueules ardentes au ſommet de la sagne , & beaucoup de gens en furent eſtouf- - fez, de maniere que leſdites cendres qui eſtoient d'odeur l' gé e furent tranſportées du vent qui ſouffloit · alors du Septentrion , iuſques à l'Iſle de Malthe, qui eſt d§ : 16o. lieuees Italiques de cette montagne - là. L'an 1444. ſe demenoit derecheffort terriblement, en vomla mt feux & cailloux. Apres ce temps-là elle Träſport des ceſſa entierement de jetter feu ny fumée, tellement qu'on l'eſtimoit totalement eſteinte, & ne deuoir plus cendres du bruſler : Mais ce beau temps-là (par maniere de dire) eſtoit bien toſt paſsé. Car l'an 1 536. le 22. de Mars #,;º elle recommença à vomir force flammes ardentes , qui abattirent tout ce qu'elles recontrent en chemin. iuſqu'à Mal, l'Egliſe de S. Leon ſituée dedans la foreſt tomba par le tremblement de la montagne, & incontinent apres " elle fut tellement embraſée du feu,qu'il n'en reſte plus rien,ſinon vn monceau de pierres bruſlées.Tout cecy eſtoit vne choſe bien horrible. Mais ce n'eſt encore rien au prix de ce qui eſt aduenu depuis en l'an mil cinq Tremblemët cens trente ſept, le premier iour de May. Premierement, toute l'Iſle de Sicile trembla douze iours durant " "* apres il fut ouy vn horrible tonnerre, auecvn eſclat bruyant, tout ainſi que les groſſes artilleries, dont plu- ſieurs maiſons ſe dementirent par toute cette Iſle. Cecy dura enuiron l'eſpace d'onze iours, apres cela elle ſe fendit en pluſieurs & diuers endroicts : deſquelles fentes & creuaſſes ſortit telle quantité de flammes de feu, , qui deſcendirent de ladite montagne, qu'en l'eſpace de quatre iours ruinerent & mirent en cendres tout ce qu'il y auoit à quinze lieuës à la ronde,voire auſſi pluſieurs villages furent entierement bruſlez & ruinez.Les habitans de Catana, & pluſieurs autres abandonnans leurs villes s'enfuirent aux champs. Vn peu de temps apres le trou qui eſt au ſommet de la montagne jetta trois iours conſecutifs telle quantité de cendres , que non ſeulement cette montagne en fut couuerte, mais qui plus eſt s'eſpandit & fut chaſsée du vent iuſques aux extremitez de cette Iſle,voire outre la mer iuſques en Calabre.Certaines nauires voguans en la mer pour aller de Leſſine à Veniſe, diſtant de cette Iſle de trois cens lieues Italiques, furent entachées des cendres ſuſdites. Voicy ce que Fazellus eſcrit en langue Latine de ces hiſtoires tragiques, mais beaucoup plus au Rong. Il y a enuiron trois ans que les nouuelles viendrent à Anuers que ladite montagne auoit grandement éndommagé le pays par ſes feux. En cette Iſle furent jadis pluſieurs villes magnifiques , comme Syracuſe, Agrigente,& autres, pour le preſent Meſſine & Palerne y ſont les principales. Marc Paul Venitien au 2. liure , . des pays Orientaux chap. 64 dit que la ville de Quinſay eſt la plus grandville du monde, & qu'elle a cent 2ºſº milles d'Italie de circuit, où il y a douze mille ponts de pierre, ſous leſquels les vaiſſeaux & maſt eſleuez peu- uent paſſer. Elle eſt en mer commeveniſe. Il affirme y auoir ſejourné : ce que i'ay recueilly de l'interprete de Flammes Saluſte du Bartas en ſon quatrieſme iour de la Sepmaine, fuillet cent ſoixante-ſix. .. | . . ſorties des Il aduint pareillement choſes admirables és eaux. Car on a veu ſortir des abyſmes & gouffres de la mer, gouffres de groſſes flammes de feu au trauers de l'eau, choſe fort monſtreuſe, comme ſi grande quantité d'eau ne ſuffo-mer. quoit le feu : en cela Dieu ſe monſtrent incomprehenſible comme en toutes ſes œuures. Lucio Maggio enſºn diſcours du tremblement de terre dit qu'on a veu par vn tremblement de terre l'eau de la mer s'eſchauffer de telle ſorte, qu'elle fit fondre toute la poix autour des nauires qui eſtoient pour lors à la rade, iuſques à vºir les poiſſons nagers ſur l'eau quaſi tous cuits, & moururent infinies perſonnes & beſtes par l'extreme cº*- leur. Pareillement on a veu en mer calme en vn moment les nauires abyſmer, à raiſon qu'elles paſſoient ſur quelques abyſmes, où l'eau eſt morte & inpuiſſante de ſouſtenir faix. Dauantage en la mer il y a des rochers de pierre d'aimant, que ſi les nauires paſſent trop pres, à cauſe du fer, elles ſont englouties & perdues au . profond de la mer. Somme il ſe trouue d'eſtranges & monſtrueuſe choſes en la mer , ce qui eſt prouué par ce grand Prophete Dauid , qui dict : " , , \ " . • ' , ' , Pſeaume 1o4. - " , - *. En cette mer nauires vont erranter, • i : -2... • - Puis la Balaine horrible Monſtre & grand, Tas formé qui bien à l'aiſe y noiie, Et à ſon gré par les ondes ſe ioue, - Fin du vingt-quatriéme Liure traittant des Monſtres & prodiges, +1 , , - º N N n 3 , TABLE # # B V IN GT - SIXIE'ME L IV R E, T R AICTA NT DE L A FA CV LTE ET VERT V DES MEDICAMENS SIMPLE S, enſemble de la compoſition & vſage d'iceux. T'ar AMB RoI sE PAR E , de Laual au Maine, (bnſeiller& . premier Chirurgien du Roy. t - - P R E F A c E. N TRE les choſes que nous appellons ſalubres, & autres temedes concer- nans tant la ſanté de l'homme , que la gueriſon des maladies , les medica- W7 mens ont le premier lieu. leſquels comme dit Salomon , Dieu a produit de la \ terre, & l'homme ſage ne les meſpriſera. Car certainement il n'y a rien qui Eccleſ 35, appaiſe & oſte ſi toſt, & quaſi comme auec miracles, les grandes maladies, que les medicaments. Pour autant, diſoit Herophilus, qu'iceux deuëment ap- pliquez, eſtoient les mains de Dieu, comme auons dict cy-denant. Auſſi les }SSN2 MMedecins premiers ont eſté reputez & tenus comme diuins, à raiſon dela co- gnoiſſance des vertus & facultez des remedes & medicamens : laquelle en la Medecine eſt ineſtimable & plus que neceſſaire, tant en la precaution des maladies, qu'à la curation d'icelles : & comme dit Ga- - - - ·- :- - - Galien. lien il ſaut ſçauoir les facultez des medicamens, auant qu'entreprendre la curation des maladies. un, 2ue c'eſt que medicament, & la difference d'entre medicament & aliment. - CH A P I T R E P R E M I E R. # E D : c A M E N T eſt la choſe qui peut alterer Nature en vne qualité, ou pluſieurs, & n'eſt Defaitie». point conuertit en ſa ſubſtance : au contraire d'aliment, lequel n'altere point ou peu na- 9º eſt ture, & ſe conuertit en la ſubſtance de noſtre corps. Toutesfois medicament & aliment º" ſont pris & vſurpez par comparaiſon du corps, qui eſt medicamenté, ou alimenté en ſorte - * qu'vn me dicament peut eſtre aliment à vn,& medicament à l'autre : comme par exemple, l'ellebore eſt aliment à la caille, & medicament aux hômes: auſſi la ciguë eſt aliment à l'cſtourneau, & oiſon à l'Oye, pareillement l'herbe appellée Ferule eſt aliment à l'aſne, & eſt venin à toutes autres - § cheualines. Et ne ſe faut esbahir ſi ces choſes ſont aliment à telles beſtes : car il faut eſti- Hiſtoir*. mer qu'elles ſont conuenables à leur nature. Ce qui peut auſſi aduenir aux hommes par accouſtu- mance & long vſage, deſquels eſt faicte naturelle habitude. Et de cecy les hiſtoires anciennes font foy,eſquelles nous liſons qu'aucuns ont eſté nourris de venins, comme la fille qui fut enuoyée à Ale- xandre le Grand, laquelle auoit eſté nourrie de napel, & autres venins, & par longue practique en auoit faict nature & habitude,de ſorte que ſon haleine eſtoit poiſon mortelle aux hommes. Parquoy neſe faut donner merueille,ſi les medicamens ſont aucunesfois conuertisen aliments:ce qu'on void auſſi iournellement aux poulailles & cocqs, leſquels mangent ſerpens, crapaux & autres choſes venimeu- ſes ſans dommages : meſme que la Cicogne & pluſieurs autres animaux s'en nourriſſent,& leurs petits. Diuiſions des medicaments ſelon leur matiere & ſubſtance. C H A P. II. - Vx entrailles & veines de la terre, & és abyſmes des eaux, eſt cachée & enſeuelie la ſu- Richeſ de ſ\ perbité des richeſſes de ce monde, comme or, argent, & autres mineraux, enſemble, la terre & # pluſieurs pierres precieuſes accompagnées de diuerſes proprietez ſingulieres. Auſſila ** ) - • • - » - • ' - - V • ſuperficie de la terre, eſt reueſtuë d'vne infinité d'arbres, herbes, & arbriſſeaux où ilya vne conſideration infinie à contempler leur grand nombre & varieté en leurs racines, fueilles, fruicts, De quelles fleurs,gommes, odeurs,ſaueurs, & couleurs,diuerſité de leurs grandes vertus qu'elles ont pareillement choſes ſont . ſont produits ſur icelle innumerables animaux differés la plufpart entr'eux,A quoy la bonté de ce grand pris #- Architecte ſe manifeſte infiniment deles auoir données à l'homme, tant pour ſon contentement & plai- # 47 ſir, que pour le nourrir & medicamenter. Et par ainſi à bon droict les anciens on dit tous les medica- mens eſtre pris des beſtes, des plantes, de la terre, de l'eau & de l'air. N Nn 4 Des 7o4 Le XXVI Liure de la faculté •º ". Plantes, Terre Esté, Effects de chaleur. Éffuâs de froideur. Des beſtes, totales & entieres, parties & excremens d'icelles. Des beſtes totales : car aucunes fois A on vſe d'vn renard, d'vn petit chien, heriſſon, grenoüille, limaçon,vers de terre,cancre,& autresſortes A* de beſtes. Des parties des beſtes que l'on prend,comme foye de loup,foye de bouc poulmon de renard, l'os du cœur de cerf, l'os coronal de l'homme, graiſſe, ſang,chair, moelles, teſticules de caſtor dontilſe fait le caſtoreum, & autres parties. Des excremens d'icelles ou eſtans comme excremens,cornes, ongles, oil, plumes,cuir, fiel, vrine, fiente,ſaliue, miel, œufs,cire, laict, laine,ſueur, & autres ſemblables : ſous equel genre auſſi ſont contenus ſpecialement les excremens de certains animaux, comme les perles,le muſe, la ciuette, l'œſipus, & l'ambre, ſperma ceti, & autres. Des Plantes, ſoyent arbres, arbriſſeaux, ou herbes entieres, ou parties d'icelles. Entieres, comme ſouuent l'on vſe de cichorée, guimaulues, maulues, plantain, & autres. Des parties des plantes,com- me racines, moüelle, bois, eſcorce, jettons, caule, fueille, fleurs, ſemences, fruict, ſuc, ou jus, larme, gomme, mouſſe. - - De la terre,leſquels ſont ou ſortes & eſpeces de terre, ou pierres , ou metaux.Les ſortes & eſpeces de terre, bolus armenus, terra ſigillata,cimolia, creta, argilla, &c. Les pierres : ſont pumex,pyrites, ou marchaſita auri, argenti, æris, &c. marmor, magnes, gypſum, calx viua, lapis ſpecularis, &c.Les me- taux & matieres metalliques : ſont or, argent, eſtain,cuiure, fer, acier antimonium, ceruſſa, ſuphur, cinnabrium , lithargyro, auri,argenti, tuthia vulgaris,pompholix vera, aerugo, alumen, vitreolum vtrumque, ſalis genera, arſenicum vtrumque, &c. : B De l'eau douce ſont prins medicaments , comme de l'eau de pluye, fontaine, fleuue, auec tout cequi * naiſt en icelle, comme lenticula aquatica, acorus vulgaris, nymphaea, ſiſymbrium. De l'eau ſalée ſont pris le ſel, l'aleyonium, omnia coralla,onnes teſta piſcium , vt oſſa ſapia , ſpongiæ. Del'eau meſlée de douce & ſalée ſont pris l'herbe androſaces, qui ontaſsée & enracinée ſur quelque pierre ou teſt & co. quille de poiſſon,flotte ſur l'eau douce és lieux où elle ſe meſle auec la ſalée,comme és emboucheures du Nil,és eſtangs de Frontignan & cap de Sete. De telle eſpece d'eau auſſieſt pris l'aſphaltum, comme il ſe void és eſtangs de la met morte en Iudée, & en cette fontaine de Languedoc à Beau-regard, que les habitans du lieu nomment en leur vulgaire Fons de la Pege. De l'air ſont pris la manne,laquelle pour ce reſpect eſt appellée par Galien,miel aërien, & toute autre eſpece de roſsée qui peut eſtre en vſage medicinal tât pour le reſpect des vertus qu'elle reçoit du Soleil, duquel elle eſt attirêe,& de l'air,que des herbes & plantes,ſur leſquelles elle tóbe & s'aſſied. Diuiſions des medicamens ſimples ſelon leurs qualitez & effečts. C H A P I T R E III. , Ov s ceſdits medicamens ſimples ont vne ou pluſieurs des quatre facultez, leſquelles # nous deduirons à preſent. - C - Premiere faculté C La premiere faculté,qui eſt commune àtoutes les autres,& quaſi fondemét prouenant º immediatement des quatre premieres qualitez des elemens, qui ſont, Chaleur, Froideur, Humidité, Siccité, eſt ou ſimple, ou composée, ſelon ce qu'vne ou deux de ces quatre premieres qua- litez excedent & ſurpaſſent les autres en la temperature du medicament : comme tu peux voir parcette table. rD'eſchauffer, } Refroidir, j Humecter, \Seicher. ſ† ſeicher, Eſchauffer humecter, 4 Refroidir ſeicher, lRefroidir humecter, reſchauffe, l ſubtilie, ' rarefie, digere, Chaleur ſuppure 2 pouure les conduits. \-immoderée | deſſeiche, j enflamme , 3 boruſle, | faict mordication , t dont s'enſuit Simple Composée de deux qualitez ioinctes, comme. ſºciee ſattraction, : tubrification, . # conſomption, # eſcharre, \mortification. ſ | cond enſe, .. faict c bſtruction. congele » 1 \ immoderée & • { ſtupefie, mortifie. - Froideur < moderée {# igere, Humidité Et compoſition des medicamens. 7o5 rHumecte - rModerée J Lubrifie - - - < Addoucit Hutnidité { Glutine. Faict obſtruction l. , , iImmoderée &exceſſiue# § principalement ſi l'humidité eſt flatueuſe. Deſſeiche. Mediocre & Rarefie. Attenuë. •- Siccité Faict conſtriction, - Exceſſiue d Contraction, Fiſſures & furfurations. ſiccité, Les effects d'icelles qualitez, comme Galien eſcrit au 5. des Simples ſont diſtinguez & mis par or- dre certain, que nous appellons degrez, à fin de les appliquer aux maladies, en certaine meſure & pro- portion, comme Galien dit au premier des alimens : car à maladie chaude au ſecond degré, conuien- nent remedes froids en pareil degré. Et partant tous medicamens ſimples ſont, Chauds COIntmencemcnt † · · • - Froids - - - econd · · · · . Humides #- # † # "#- # degrez. Secs ' 2 I1Il quatrieſme La chaleur premier obſcure & inſenſible , Froideur , ſecond degré eſt manifeſte & apparente, Humidité troiſiéme vehemente, Siccité. quatriéme tres-immoderée & exceſſiue. Comme pour exemple de chaleur diſtinguée† leſdits degre2 : l'eau tiede eſt temperée : celle qui eſt vn petit plus chaude eſt au premier degré, ſi elle a deſia chaleur apparente, au 2. ſi elle a chaleur vehemente, au 3. degré : ſi elle bruſle, elle eſt chaude au 4. degré. Ainſi peut-on entendre de froi- deur, humidité, & ſiccité. Donc nous deduirons les medicamens ſimples ſelon leur degré de chaleur, froideur, humidité, & ſiccité. • - Medicamens ſimples chauds au degré & ordre. - "Premier. Anethum Abſinthium Sarcocolla. Altaea Troiſieſme. Amygdala dulcia Abrotonum, praeſertim vſtum, Beta Agnus Braſſica Aniſum Chamaemelum Aſarum Ladanum Ariſtolochia Semen lini Chamaedrys Saccharum Calamintha Eruum fiue orobus Cinnamomum Vinum nouum : car le vieil ſelon qu'il eſt de Iris plus ou moins d'années, eſt chaud au 2. ou Iuniperus 3. degré. Hyſſopus Second. Origanum Ammoniacum Sagapenum Apium Ruta hortenſis Artemiſia Opopanax Chamaepytis Galbanum D Crocus Bryonia Fœnum graecum Ammi. Ficus Quatrieſme. Maſtiche Allium Marrubium Cepa Mel Euphorbium Meliſſa Naſturtium Myrrha Pyrethrum Nux moſcata. Sinapi Pix arida, comme auſſi Pix liquida, qui a ſembla- Tithymali bles facultez, ſinon que cette-là eſt plus propre Chelidonium minus pour les corps & parties plus robuſtes : cette- Anacardi cy pour les delicates. Scilla Sal Saluia Thus Ruta ſylueſtris, comme toutes plantes ſauuages, que nature produit d'elle-meſme, ſurpaſſe en vigueur de meſmes qualitez & facultez, celles qui en meſme eſpece viennent par art & main d'hommc, Medica 7o6 Le XXV I. Liure de la faculté Chaleur. Medicamens ſimples froids , au degré & ordre. Premier. Atriplex Cotonea Hordaeum Malua Pyra Pruna - Roſa * Viola. - - Second. Acacia Cucurbita Cucumis Mala granata acida : car les grenades qu'on ap- pelle douces, ou vineuſes , ſont temperées, comme celles qn'on appelle Dulcoacida, qua- ſi comme meſlées de doux & acide, qu'on ap- pelle aigre doux, ſont froides au premier de- IC. Plantago Poligonon Sumach Solanum hortenſe : car celuy qu'on appelle Som- niferum, pour qu'il rend les hommes inſenſez ſtupides & endormis , eſt preſque auſſi froid que le Papauer , de ſorte qu'on ne le peut rendre dans le corps ſans dommage, ains ſeu- ement doit eſtre appliqué par dehors. Troiſieſ7700s Hyoſcyamus Semperuiuum Mandragora Solanum mortiferum ſ2uatrieſine Cicuta Opium - Le Pauot de quelque eſpece que ce ſoit, excepté celuy qu'on appelle Corniculatum. Medicamens ſimples humides au degré & ordre. Premier. Bugloſſum Viola Malua , Rapum Second. Ammoniacum Lactuca Cucurbita Cucumis Melones Portulaca. Medicamens ſimples & ſecr, au degré & ordre- Premier. Braſſica Thus Chamaemelum Sarcocolla Crocus Faba Fœnum graecum Hordaeum. Second. Artemiſia Balauſtia Orobus Lens Mel Maſtiche Sal Anethum Myrra Pix arida Plantago Nuxmoſchata. Troiſieſme. Abrotonum vſtum Abſinthium Acetum Aloë Cuminum Galla Chelidonium maius Chamaepitys - Myrtus Marrubium Milium Oryganum Bryonia Sanguis draconis | Sabina. - Quatrieſme. Piper, Allium. Naſturtium Sinapi Euphorbium. Ces qualitez ſuſdites monſtrent les effects & operations tantja dites, que pluſieurs autres (leſquelles ie delaiſſe à la Phyſiologie) par ſoy-meſme & de leur propre nature , laquelle ils retiennent touſiours en leur vray effect : toutesfois elles ont autres operations qui ne ſont pas de leur nature, ainſi ſont faictes par accident : par ainſi nous les appellons accidentales. Ce qui ſera manifeſté par les exemples ſuyuans. La chaleur externe rafraiſchit les parties interieures par accident, pource qu'icelle ouure les pores, en ſorte qu'en ſuant, la chaleur yſſante auec l'humeur, delaiſſe, deſtituë, refrigere les parties internesz & à cauſe de ce la concoction eſt plus imbecille, & l'appetit moindre. Icelle meſme humecte par acci- dent en fondant & liquefiant, ce qui auoit eſté congelé & arreſté par le froid : car ainſi on dit ques Venus humecte. Le froid Et compoſition des medicamens. 7o7 : : A Le froid ſemblablement, non de ſa propre nature : mais accidentale, eſchauffe : ce qu'onvoid en Lefioid, hyuer par le froid exterieur, qui cloſt les pores, & empeſche l'expiration & yſſuë de la chaleur na- turelle, laquelle retenuë & repouſſée au dedans fait bonne concoction : qui eſt cauſe que l'appetit eſt plus grand en Hyuer, qu'en Eſté. Semblablement ceux qui manient la neige, ſentent puis apres vne chaleur tres grande pour la meſme raiſon. Iceluy froid auſſi ſeiche par accident en repouſſant la matiere humide tombant en vne partie. Il deſſeiche auſſi par trop grande congelation & compreſ- ſion de lamatiere humide ainſi que nous voyons tous les iours, que par l'induë application des reme- des repercuſſifs en matiere pituiteuſe, craſſe & viſqueuſe,on endurcit l'humeur, & fait on vn ſcirrhe. Siccité & humidité, à cauſe que ſont qualitez plus paſſiues, qu'actiues, n'ont pas leurs operations siceité & ſi manifeſtes & apparentes que le chaud & froid, ains ſont comme materielles au regard d'icelles. hºmiººº De la ſeconde faculté des Medicamens. C H A P. IV. S#: # A ſeconde faculté des medicamens eſt celle qui enſuit les effects des qualitez premieres : $ $j & eſt. #-s-4 - rRarefier ſ† *, B | Attirer Repouſſer | Ouurir | Fermer 4 \ De chaleur { Attenuer Defroideur.3 Incraſſet - - l Adoucir, ou | Exaſperer polir i Embouſcher & faire empla- UDeterger. U ſtique. Amollir - Endurcir Du midité { lDe ſtaté{ \ Laxer. Tendre. Ainſi nous appellons medicament attractif, qui a vertu d'attirer : au contraire repercuſſif, qui peut repouſſer. § rarefactif, qui ouure les pores : & au contraire condenſatif, qui les ferme. Pareille- ment detergeant , ce qui eſt viſqueux : & emplaſtique, faiſant plus ſolide ce qui eſt trop fluxile. Et conſequemment les autres remollitifs, laxatifs, tenſifs, attenuans, & autres, deſquels parlerons plus amplement cy-apres, en les declarant particulierement auec aucuns de la troiſieſme faculté, de la- quelle faut dire à preſent. - C De la troiſieſme faculté des Medicamens. C H A P. V. A troiſieſme faculté, eſt pour la pluſpart produire des effects de qualitez premieres & ſecondes : aucunesfois par complication de deux, aucunesfois d'vne ſeule : ſouuentes- fois auſſi elle ne ſuit ny la premiere ny la ſeconde faculté, mais elle a vne proprieté & qualité indicible, cognuë par la ſeule experience. Les effects & operations d'icelle facultéſont, incarner, glutiner, cicatriſer, ſeder dou- leurs , mouuoir , prouoquer , ou arreſter vrines, laict, ſemence, menſtruës, ſueurs , vomiſſemens, & autres ſemblables operations. Par complication de deux facultez prouiennent, incarner par ſiccité & deterſion, agglutiner, cica- triſer, par ſiccité & aſtriction : Prouoquer ſueurs, vrines , menſtruës, ſemences, le laict, par chaleur & tenuité. Faut entrendre au contraire, pour icelles arreſter. D'vne ſeule qualité de la premiere faculté prouient, ſeder douleur ( que l'on dit proprement, & ſelon la premiere eſpece des anodyns, non de la ſeconde, qui eſt par euacuation de la matiere dolorifi- que : py de la troiſieſme, qui eſt par ſtupefaction du ſentiment) ſçauoir par chaleur immoderée. Prouo- quer le ſommeil par froideur ſimple, ou froideur humide. - - Prouoquer vomiſſement ne tient le rang des effects deſſudits, ains eſt à raiſon d'vne proprieté oc- D culte, laquelle a eſté miſe & infuſe de nature à l'agaric, & autres medicamens, qui peuuent inciter à vo- mir : & pour ce faire ſont nez, comme tous les autres medicamens purgatifs, deſquels diront prom- ptement en la quatrieſme faculté. · De la quatricſme faculté de CMedicamens. • C H A P. VI. A quatrieſme faculté differe des precedentes, à cauſe qu'elle ne depend d'icelles, ny prºprittz. n'a aucune qualité manifeſte:ny elementaire pour faire ſon action : mais par vne pro- - prieté & vcrtu occulte, monſtre ſon effect en vne partie plus qu'en l'autre, ou purge # vn humeur pluſtoſt que l'autre : ce qui ſe connoiſt ſeulement par experience comme # ja eſt dict du medicament vomitif. Et pourtant les mcdicamens de cette quatriéſme - faculté, ont les noms des parties que plus elles aident entre les autres. Cephaliques ou capitales, c'eſt à dire, de la teſte : tels ſont betoine, marjolaine, ſaulge, ſtœchas, rolmarin. - Pulmoniques pour le regard des poulmons, comme regliſſe, amandes douces, iris, tragacanth, enula campana & autres. Cordiaux, 7o8 Le XXVI. Liure de la faculté Cordiaux, pour le cœur, comme cinamome, eſcorce de citron, ſaffran, bugloſſe, coral, iuoyre, A & atltICS. Stomachiques, qui ont eſgard au ventricule & eſtomach, ſont poyure, gingembre , noix muſca- de, menthe, anis, maſtic , & autrcs. Hepatiques , qui aident le foye , ſont abſinthe, eupatoire , agrimoine, ſpica nardi, chicho- rium, ſantal, &c. « A spleniques, qui font leur operation à la ratte, ſont thymus, flos geniſta , ceterach, epithymus cortex tamariſci, cortex radicum caPParis. - - Ceux qui ont eſgard aux reins ou les nephritiques, ſont radices apij, aſparagi, fœniculi, bruſci : ſemina quatuor frigida maiora, terebenthina , Plantago , ſaxifraga, &c. Arthritiques, qui regardent les iointures , ſont ceux-cy, chamaepitis, herba paralyſis, enula cam- Mºdiº pana, calamenthum, hermodactyli, # Entre ceux-cy peuuent eſtre racomptez les medicamens purgatifs, qui ne purgent pas les humeurs §- de noſtre corps par leur chaleur, froideur, ſiccité ou humidité : mais de tout leur temperament force tie qu'àl'au- & vertu ſpeciale ou occulte, iaçoit qu'ils ayent eſté mis auec ceux de la troiſieſme faculté : car ils be- {rf. ſongnent au corps humain, par proprieté ſpecifique, & ſouuent plus en vne partie qu'en l autre : comme pour exemple, l'agaric tire plus le phlegme des lointures de la teſte, que des autres. La rheu- barbe eſt plus propre à purger le foye & reins qu'autres parties Les hermodates tirent principale-B - ment des iointures, & ainfi des autres.La contemplation entiere des purgatifs que ie laiſſe à ceux qui Deux facal- du tout s'exercent en icelle, Pourtant qu'elle n'appartient à la Chirurgi. - , airaires Or des medicamens ſuſdits aucuns ont vne faculté ſimple , autres en ont pluſieurs , autres en ont en ºnmºſº deux contraires , comme ſenſiblement nous connoiſſons par les ſaueurs contraires qui en gouſtant # ſe manifeſtent, ainſi qu'apert en la rheubarbe, laquelle en la ſuperficie ſe monſtre amere & chaude, simples é & puis monſtre à la fin vne aſtriction de ſa ſubſtance terreſtre & craſſe. Et pour raiſon que par les alim. ſaueurs les facultez & effects des medicamens ſont certainement conneus , eſtans ſimples & attiedis, appliquez ſur la langue, afin que le ſens du gouſt (iuge deſdites ſaueurs) en puiſſe iuger, nous di- rons à preſent des ſaucurs, Des Saueurs. C H A P. VII # que A v E v R, ſelon Ariſtote & Theophraſte, ainſi que Galien le recite au premier liure des Simples, eſt vne concoction d humidité en ſiccité, faicte par le benefice de chaleur, laquelle eſt cogneuë eſtant appliquée ſur la langue bien diſpoſée, par le moyen du nerf c de ladite langue, & d'vne ſaliue mediocre. Les differences des ſaueurs ſont neuf. Trois - #$3 chaudes, qui ſont, acre, amere, & ſalée.Trois froides, ſçauoir eſt, acide, acerbe, au- ſtere.Trois tcmperées, qui ſont, douce, oleeuſe, inſipide ou fade. Toutes leſquelles prouiennent de concoction : laquelle eſt plus grande aux ſaueurs que nous appcllons chaudes : plus petite en celles que nous diſons froides : mediocre és temperées. Parquoy Nature tient fort ſouuent & plus commu- nément tel ordre en la concoction des ſaueurs, ſi que ptemierement ſe monſtre & apparoilt la ſaueur acerbe, la choſe eſtant encores du rout cruë, puis auec quelque concoction eſt faicte l'auſtere : apres en ſuiuant l'acide, puis l'acide par concoction plus grande eſt faicte douce ou oleeuſe, laquelle auec chaleur augmentée eſt tournée en ſalée, & de ſalée faicte amere : iuſques à tant que par vne chaleur exceſſiue & trop grande, finalament eſt faicte l'acre, qui tient entierement la nature du feu : à cette cauſe c'eſt la fin des ſaueurs, & miſe au dernier degré de concoction. De chacune ſaueur dirons par- ticulierement, commençans aux froides. Difference. Saueurs froides. S4MeMy 46'6/- be L'acerbe eſt froide & terreſtre, moins aqueuſe que l'acide , de craſſe ſubſtance. Elle rafraiſchit, eſpaiſfit, condenſe, aſtraint, repouſſe, principalement en la ſuperficie. Elle ſe connoiſt és eſcorces Acide. de grenade, noix de galle, tan, & noix de cyprés. L'acide eſt aqueuſe, froide, ſubtille, ſans chaleur naturelle. Elle inciſe, attenuë, mord, purge, deliure obſtructions : & ſe manifeſte en toute eſpeſce d'ozeille, vinaigre, ceriſes, eſpine-vinette » & autres. L'auſtere eſt prochaine quant au temperament & effects, à l'acerbe : car l'acerbe conſiſte en ſubſtan- ce terreſtre & froide. Icelle receuant mutation & auancement, eſt augmenté, ou de la ſeule chaleur- ou de chaleur & humidité : & icelle ou aërée, ou aquée, ou de la ſeule humidité. Si les ftuicts acer » bes, qui tels ſont deuant leur maturité, ſont augmentez de la ſeule chaleur, ils paſſent en ſaueur dou - ce, comme les chaſtaignes. S'ils ſont augmentez de la ſeule humidité, & icelle craſſe, d'acerbe ils paſ- En quºy dif ſent en faueur auſtere : car ces deux ſaueurs acerbe & auſtere ſont en pareil degré de frigidité : ſeule- #.#. ment l'acerbe eſt plus terreſtre, l'auſtere eſt plus humide. Que ſi la frigidité perſiſtante, les fruicts ſont ' augmentez en humidité,& icelle tenuë,ils paſſeront en ſaueur acide. Que ſi enſemble ils ſont augmen- tez de chaleur & d'humidité aquée, ils paſſeront en faueur douce ou bien ſaueur oleeuſe, ſi auec la cha- leur l'humidité qui ſuruient eſt aërée.Dequoy il a eſté bon donner aduertiſſement , à fin d'entendre par quels moyens les corps ſauoureux d'acerbes qu'ils ſont au commencement, deuiennent en fin doux par les moyens d'auſterité, acidité & ſaueur oleeuſe, ſelon qu'ils ſont augmentez de chaleur & humi- dité ſimple ou compliquée: dont il eſt aisé à entendre que la ſaueur auſtere deſſeiche moins que l'acerbe: au reſte reſtreint & reſſerre,agglutine,refraiſchit. Elle ſe monſtre és cornoilles, neffles, pommes, poires de bois, & autres fruicts cruds,& non encores meurs. Auſters. Saurnrs Et compoſition des medicamens. 7o9 # --, •- ". - - . : * Saueurs temperées. · · · · . - L 'inſipide ou fade, improprement appellée ſaueur, eſt froide & aqueuſe, Elle eſpaiſſit, coagule, l»ſipide fait contraction des pores & des orifices des veines, reſtreint, eſteint la chaleur, & ſouuent rend ptde. le membre ſtupide. L'on la connoiſt en vne choſe qui n'a aucune ſaueur notable, qui ſe puiſſe diſec- rner : comme l'eau ſimple. - - L'oleuſe, chaude, humide, aëreuſe. Elle humecte, laſche, amollit .. lubrefie , comme huyle, oleuſe beurre, axunge , mouëlle,& autres ſemblables. .. , , ! • : La douce, chaude , aëreuſe & temperée.Elle laue, polit , cuit, digere, ſuppure, laxe, appaiſe Douce. les douleurs : comme ſuccre, miel, manne, amandes douces , laict, & les autres. : - * / - - Saueurs chaudes. } - La ſalée chaude, aſtringente, moins terreſtre que l'amere, fait contraction des poroſitez , re Salée. ſtreint, preſerue les corps de putrefaction, deſſeiche ſans apparence de grande chaleur, digere, deterge, ſerre. Toutes eſpcces de ſel, ſalpeſtre, ſel.nitre, ſel ammoniac, ſel gemme, ſel commun eau ſalée, & ſemblables qui retiennent la ſaueur ſalée. - - - L'amere, chaude, & terreſtre & deſſeichante, purge, deterge la ſanie des vlceres, & les humeurs Amere. . ſuperfius du corps , ouure les poroſitez, & orifices des veines, ſubtilie, inciſe les groſſes humeurs, - B prouoque menſtruës & hemorrhoides. Elle ſe monſtre en aloë , fiel, abſinthe, ſuye, gentiane, · centaure petit, fumeterre , & autres ſemblables, - - L'acre chaude & fubtile de nature du feu , eſchauffe, attire , ſeiche, deterge, inciſe , attenuë 4* digere, purge, prouoque les vrines & menſtruës, ſueurs : conſume, liquefie , fait veſſies & eſcha- res , cauteriſe & bruſle. Aulx , oignons , ſquilles , pourreaux , poivre , mouſtarde , pyrethre, ſemblable, repreſentent la ſaueur acre. - | • - Outre le iugement des ſaueurs , l'on peut auſſi connoiſtre les medicamens par les autres ſens sens exte- naturels exterieurs, comme par l'Attouchement, la Veuë, l'Oüye, & le Flair : par leſquels quel- rieurs. quesfois nous iugeons, de leur bonté ou malice en l'election : ſouuentesfois auſſi de leurs qualitez | actiues, combien que le iugement en ſoit beaucoup incertain. · L'Attouchement iuge des choſes rudes, ou polies & douces à la main : Dures ou molles, tendres L'Attouche. & gluantes : Lubriques & gliſſantes, ou arides & ſeiches : Chaudes, ou froides : Humides ou ſei- ment. ches : Peſantes ou legeres. | - " . - - ) - . - - " - . La veuë iuge des couleurs par vne ſplendeur eſtant és corps : pour laquelle diſtinguer les yeux Lav . ſont ordonnez : De là nous eſtimons vn bon ſené qui tire le noir verdoyant, & n'eſtimons le blan- . - cheaſtre. Toutesfois quant aux qualitez premieres des medicamens : le iugement pris de la cou- .. · leur eſt fort fallacieux : Car tous medicamens blancs comme neige, ne ſont froids : ains aucuns . chauds : comme la chaux : les autres froids.Auſſi les medicamens rouges ſont en partie chauds, com: me chalcantum calciné.Autresfois, comme roſes rouges. Parquoy d'icelle nous ne ferons grand compte pour le iugement des medicamens. - - · · , | - Le flair diſcerne l'odeur bon du mauuais, & les qualitez chaudes qui ſe trouuent és euaporations Leflair. des medicamens qui ont odeur : car entant qu'ils ont odeur, ils ſont chauds, veu que tout odeur eſt chaud. · · · , · · · , : L'oüye iuge des ſons, moyennant l'air exterieur. Icelle pour l'election du medicament, diſcerne les L'ouye. choſes pleines des vuides, comme les baſtons de caſſe noix d'Inde, pierres d'aigles, & autres. : Nous auons iuſques à preſent declaré en general les facultez des medicamens, premiere, ſeconde, troiſieſme, quatrieſme : & la connoiſſance & iugement d'icelles : à preſent faut deſduire en particu- lier aucunes facultez & vertus de la ſeconde & troiſieſme faculté, à raiſon que pour le reſpect de telles facultez les medicamens viennent, & ſont en vſage iournalier, & ordinaire entre les Chirurgiens, commençans aux medicamens repercuſſifs, ayant toutesfois, premierement & en bref, touché la façon de les preparer. - - Encore ne veux-je oublier à deſcrire les choſes odoriferantes,dont les Chirurgiens vſent en la com- poſition des medicamens, auparauant que parler de la façon de les preparer ; c'eſt à ſçauoir, muſc, am- bre gris, ciuette, lignum aloës, oſſa odorata, galanga, ſpica nardi, macis, ſtyrax, calamite, clou de gi- rofle, ſouehet , iris de Florence, camphre, fleurs de lauande, de roſmarin, de camomille, de melilot, thym, fleurs d'oranges, marjolaine, mente, hyſſope, & pluſieurs autres. .. ! - - - O O o De la 71o Le XXVI.Liure de la faculté De la façon de preparer les Medicamens. C H A P I T R E V I I I. fBronze, r fLa choſe que l'on pile. fQui eſt, les reduire en | Fer , | | La force & maniere qu'on doit piler , | †" frappant ou # Plomb, | le temps & eſpace. - # broyant ce que l'on^ Verre, }c ! La ſituation. Piler # dans vn mortier ! Bois, l derant. | Ce qu'ony adiouſte rBenins. n auec pilons qui ſont, | Marbre,& l | La conſiſtance en laquelle on doit ou de \ autres. U U laiſſer la choſſe pilée. Qui eſt ſeparer ce - Eſcorce de Tillet, - Ayant égard qu'il y a meſme raiſon à l - ui eſt net & delié \Parchemin , cribler qu'à piler, & pource les choſes qui Cribler )d'auec ce qui eſt ſa- {Soye de cheual , {veulent eſtre pilées deliés , demandent le & groſſier, ce qui ('Taffetas, & Lin- ('eſtre paſſées auſſi par vn crible delié, & au ſe faict auec crible ge COIltIalIC. Qui n'eſt autre choſe ſinon démeſ- ( Seul )Surquoy on( D'amollir. Diſſoudre )ler & ramollir vn medicament qui )auec li-$ Peut com- eſtoit de conſiſtence dure & ſolide, ) queur V prendre la ce qui ſe faict, ou forme. Fondre. Qui n'eſt autre choſe que conſommer - Au Soleil. l'humidité,laquelle eſt §{ - Ayant égard au medica- Deſſeicher geable & ſuperfluë , ce qui ſe faict, ou Au feu IIlCIlI. B. Ayſez à Laict , rSur l'infuſion on peut prendre Qui eſt temperer les medica-) La liqueur,) vinaigre, | adiouſter la nutrition, Infuſer {§ apres qu'ils ſont §}§ autres ſe l huyle, | qui eſt augmentation ment pilez , conſiderant. infuſent en Neau. < du medicament , l'a- Vne heures,deux | breuuant petit à petit, en Preparer les - , Le temps { heure, vn iour, j le remuant. medicamens plus , ou moins. \. n'eſt autre choſe qu'ar- fAuec mixtion ) ſ Les mettre plus facil.ment en tificiellemét ouldre eſtanr trop gluantes ou les rendre N'eſt autre choſe #| § , les rendre plus ſub- Propres a< conſommer l'humi- & ce | tiles. Acquerir quelque qualité Imcttrc en Brufler ) dité qui eſt en iceux, ou < ignée , diminuer leur force, laquel- vſage , Ou ce qui ſe faict, ou pour | le eſtant acre s'addoucit , com- és compoſi- me eſprit Gal. libr. 4. des Sim- tions, à fin ples chap. 9. les deſguiſer en autre qu'ils ſoient Uſans mixtion2 couleur. ou plus - fN'eſt autre choſe ( Feu n CAugmenter leurs facultez qui ſont fis,º que faire boüillir en 1 cuiſans auec eux ceux qui ont plus de faculté | quelque liqueur vn | ce qui l & vertu. medicament , ou ſe fait l Amoindrir leurs facultez. Cuire < bien luy faire con-< > ou { Oſter vne mauua ſe qualité | ſommer , quelque | | pour | Faire que pluſieurs ſimples cuits enſemble de Ce qui pour les partie de ſon humi- diuerſes facultez, ſe produiſe vne certaine ver- dité, qui ſe faict ou - tu. Donner telle conſiſtence que deſirons gar- Vau LSoleil J \-der, & les conſeruer longuement. A rMetaux rEt pour les bien lauer, les faut ) Ayſez à Pierres | mettre en poudre tres-deliée, à meſler rDu) Parties , fin qu'en toute leur ſubſtance | Couleur. ſ# eſt vne | res ) d'anim. ) l'eau Puiſſe penetrer,& la chan- eſpece de | Sucsde- | ger tant de fois qu'elle n'ayt purgation , Uſeichez. Caucune qualité du medicament ! - & nettoye- ſ'en yOdeur. | ment, quiſe leſquelles faut fondre, Puis les \. LaueR faict pour ietter en vn vaiſſeau plein d'eau, | oſter quel- Reſines, l & les remuer : puis les laiſſer llC 1IIlITlOIl- Gom- { repoſer iuſqu'à ce que tout | Saueur. D dice és cho- | mo {mes, A- le gras vienne au deſſus : & le - \-ſes, ou (les ('xunge, | reïterer iuſqu'à ce que l'eau Huyles. ' ne retienne aucune qualité, \ ſoit en - Salutai- \ fCS» J Des Et Compoſition des medicamens 711 *- Des medicamens repercuſſifs, ou repouſſans. C H A P. IX. Eo1cAMENs repercuſſifs, ou repouſſans ſont froids, & de gtoſſes parties. Sous ce nom de - repercuſſifs, nous entendons auſſi les aſtringents & roboratifs , pource qu'ils ſemblent re- * pouſſer , empefchant la fluxion des humeurs tombans & coulans en quelque partie. Or tels ſont ils ou de ſoy, & de leur propre nature, ou par accident , & ſans qualitez & - effects propres. . - De ceux qui ſont repercuſſifs de leur propre nature, les vns ſont aqueux & humides ſans aucune aſtriction , pourtant ſont debiles : les autres terreſtres & aſtringents : deſquels les vns ſont chauds, les autres froids, qui ſont forts, & proprement appellez repercuſſifs : & d'iceux les vns ſim- ples & les autres compoſez. - Medicamens repercuſſifs de leur propre nature aqueux & humides, repouſſans ſeulement d'vne qualité Aqueux & froide,ſont Lactuca,portulaca,ſonchus, lenticula paluſtris,vmbilicus veneris, cucumis, melones , cucurbita , hum ues jim, ſemperuiuum vtrumque , aqua communis. On peut auſſi adiouſter à ceux-cy, Poma mandragora , folanum , ples. hyoſcyamus & ſuccus papaueris : leſquels refrigerent grandement, & pourtant les faut oſter auant que les parties où ils ont eſté appliquez deuiennent liuides. . Les terreſtres aſtringents froids, proprement appellez Repellents'ou repercuſſifs, ſont, Plantago, folia vi- Plantes. tium,capita roſarum, quercus,cupreſſus, rubus, oxyacantha, thus, cauda equina. B Fructus ſorborum, cornorum, meſpilorum,cydoniorum, myrtillorum, nuces cupreſſi, nuces aliæ virides, Fruiéts. gallx, glandes, ſumach. omnes fructus immaturi. - - Omphacium, acetum, vinum auſterum, ſuccus granatorum acidorum, acacia, ſuccus berberis, ſuccus cy- Ius. - , doniorum, hypociſtis. Malicorium,cortex quercus, cytrini, balauſtia. Eſcorces & : Farina hordei, fabarum, panici, auenae, milij, orobi, admixta ſuccis ad modum pultis. # - : Bolus armenus, ſanguis draconis,ceruſa, lithargyros,terra ſigillata, cimollia, creta, argilla, magnes plum- Farines. r bum, coralla, marcaſitae omnes , antimonium, ſpodium , pompholyx verax, omnis terra ſpecies, & autres tels Metaux. , medicamens repercuſſifs ſimples. r | - Les compoſez. ſont , Oleum roſaceum , omphacinum, myrtillorum , papaueris , cydoniorum , nenu- Huyles. pharis. vnguentum roſatum, album Rhaſis, caphuratum, emplaſtrum diachalciteos diſſolutum in aceto & oleo Vnguents. roſato, deſiccatiuum rubrum, populeum. : - - - - N 1 Emplaſtrum nigrum ſiue triapharmacum deſcriptione Gal. emplaſtrum contra rupturam, de ceruſa , pro Emplaſtret, •. EIlat T1CC. - - Tous ces medicamens repercuſſifs froids ont plus grande efficace , quand ils ont quelque tenuité de ſub- -- ſtance adiointe, ſoit par leur nature, ſoit par mixtion : Comme pour exemple, fouuent on adjouſte aux autres - # # repercuſſifs de craſſe ſubſtance , † camphre, & autres de parties ſubtiles , à fin de mieux penetrer & - #- ſeruir, comme de chariot, à porter la ſubſtance terreſtre & aſtringente iuſques au dedans. - Les repercuſſifs terreſtres aſtringents chauds, ſon abſinthium, centaurium, gentiana, eupatorium , ſabina, Herbes, C coriandrum, mentha, lauri folia. •* Graine de Paradis, cardamomum, calamus aromaticus, aloé, ſpica, crocus, nux moſcata, cinnamomum , Co fortans * · ſuccinum , &c. - & aromati- - Sal, alumen, vitriolum, ſulphur, &c. ques Metaux. Oleum abſinthij, maſtichinum, nºrdinum, coſtinum, cerotum ſtomachicum Galeni, ſantalinum, empla- ſtrum diachalciteos. i* • Repercuſſifs par accident, ſont ligatures, compreſſes, aſtelles,cauteres, ſaignées, ventouſes, frictions dou- Repercuſſift loureuſes és parties oppoſites : & autres ſemblables remedes que proprement on appelle reuulſifs. - para e uent. L'vſage de repercuſſifs, eſt pour repouſſer l'humeur coulant d'vne partie à l'autre, & appaiſer l'intempera- L'vſageſ ture chaude:car ſouuent par le flux des humeurs eſt engendré douleur, fiévre,apoſteme,vlcere malin, gangre- ne, mortifications & autres accidens. Tels medicamens repercuſſifs, faut premierement appliquer à la maladie , confiderant la temperatu conſidera- re & complexion du corps , & nature de la partie affectée. Car toutes parties ne peuuent pas ſouſtenir & tion. endurer meſmes repercuſſifs , comme nerueuſes , ſpermatiques , & autres telles parties froides. Ioint qu'à d'aucunes en tout, il ne faut vſer de repercuſſifs : comme aux emonctoires du foye, du cœur , & du cerueau, afin de ne renuoyer la fluxion en vne partie principale & premiere. Auſſi tous corps ne peuuent pas endu- rer meſmes repellents : car femmes chaſtrez, & autres telles gens delicats , ou aagez ne ſouffriront medi- camens ſi fort froids, que feront les corps robuſtes, chauds & forts. Des maladies auſſi aucunes demandent repercuſſifs,autres non. Car cacochymie & plenitude ne requierent tels medicamens , que l'euacuation vni- uerſelle n'aye precedé. Pareillement matiere veneneuſe, craſſe, acre, & en multitude, ne demande repercuſ- ſifs,comme bien le declare Monſieur Maiſtre Iacques Hollier, Docteur en Medecine , en ſon Liure de la ma- Huyles. D tiere de Chirurgie : ny pareillement la matiere qui eſt accompagnée de grande & intolerable douleur : non plus que celle qui fiuë par vne excretion critique : car en tel cas au contraire , il faut vſer de medicamens attractifs & paregoriques. - Or les maladies qui demandent repercuſſifs, quelquesfois ſont grandes; parquoy en icelles ne ferez rien de petits remedes , comme de laictue en grande inflammation , autres ſont petites , ou mediocres, eſ- . quelles ne faut vſer de forts repercuſſifs : car s'il ſont trop fots, le cuir eſt reſſerré, l'humeur congele, la fiu- xion & inflammation accroit, de ſorte que bien ſouuent la matiere s'endurcit en ſcirrhe, comme nous dirons cy-apres ſelon Galien. < - Des medicamens attractifs. C H A P. X. - | EDIcAME NT attractif ou attirant contraire au repouſſant, ou repercuſſif,que les Grecs appellent Definition, %l# Helctique,eſt de chaude & tenue ſubſtance:par laquelle il attire au dehors & à la circonference, § ce qui eſt au dedans du corps bien profond & auant : & ce, ou par vne qualité manifeſte , ou'par * vn don & proprieté de nature,ou d'vne qualité accidentale & acrimonie. Medicamens attractifs de leur Propre nature & qualité manifeſte ſont ſimples, ou compoſez. - | O O o 2 Les 712 | Le XXVI Liure de la Faculté Les reſolutifs compoſez ſont, oleum amygdalarum amararum, iuniperinum , laurinum, de ſcorpionibus, irinum , coſtinum, nardinum , terebenthina , de croco , cannabinum , raphaninum , è cucumere agreſti, vlpinum , rutaceum, philoſophorum , de lateribus, de euphorbio, de tartaro, de petroleo, de Kerua ſiue ricinium. Fientes, Vnguentum agrippae, martiatum , aragon, enulatum. Huyles. Emplaſtrum de vigo ſine additione & cum additione, oxicroceum,diachalciteos, diſſolutum in oleo dige- onguenºs. rente ad formam cerati. Emplaſtres. Les rarefactifs conuiennent à l'accroiſſement & vigueur d'vne tumeur ſuperficielle,en lieu mol,& matiere L'vſage chaude & humide : auſſi en vne matiere venteuſe. Les diaphoretiques doiuent eſtre appliquez à l'accroiſ- ſement des tumeurs, en y adjouſtant quelque aſtringent , de peur que par trop digerer ils n'attirent & augmentent la fluxion. A la declination deſdites tumeurs, les faut appliquer ſans mixtion aucune à vn corps Racines. Les ſimples ſont Bryonia, allium, cepa, porrum , ariſtolochia, hermodactyli, cyclamen , lilium , ſigillum A beatz Marix, arum, aſarum, aſphodelus,gentiana,pyrethrum. Herbes. .. Ruta, ſabina, calamentum, omnes tithimalorum ſpecies, viſcum, abrotonum, anagallis, vrtica , ranuncu- * lus, ſtruthio, & autres telles plantes acres. - Gonºmes. Ammoniacum,bdellium, galbanum, opopanax,ſagapenum euphorbium, aſphaltum, &c. - Metat4x. Calx viua , cinis è fxce vini vel aceti, ſulphur , ſal ammoniacus, & omnes ſalis ſpecies , auripi- gmentum. · - Huyles & Oleum vetus & multorum annorum, Adeps leonis,vrſi, canis,anſeris, viperar:axungia porci vetuſtate acris, graiſſes. aut attritu rotarum. - Les compoſez ſont oleum de ſpica, phyloſophorum,de terebenthina,de croco, de ſcorpionibus,rutaceum vulpinum, laurinum, anethinum, de vitriolo. Onguents. vnguentum agrippa,aragon, ſeu auxiliare, martiatum, enulatum, theriaca, mithridatium. Emp'aſtres. Emplaſtrum de melilotho, diachylon magnum, & paruum, oxycroceum, diuinum. Attractifs Ceux qui attirent d'vn don de nature & familiarité de ſubſtance, ſont magnes, argentum viuum , pzonia , par #º ſuccinum omnia alexipharmaca, c'eſt à dire, qui repugne aux venins : & theriaca medicamenta, c'eſt à dire, #f qui contrarient aux morſures des beſtes : & omnia purgantia medicamenta. par puiſ f.- Ceux qui attirent Par qualité accidentale, attirent ou par putrefaction , ou autrement. - dion. | Par putrefaction attirent ſtercus columbinum , caprinum, vaccinum, humanum , & omnes aliz ſtercorum Attractifs ſpecies,fermentum, caſeus vetus , &c. par qualitex Ceux qui attirent par autres qualitez, ſont,cucurbutulz, ſanguiſuga ſyringa, frictio aſperior & durior, ſu- meſlées. ctus , dolor,vincula aſtrictoria, cauteria. B Ces medicamens attractifs ne doiuent ny bruſler, ny reſoudre. Les trop acres , faut attremper d'huy- le roſat, ou par medicamens doux. Les debiles, faut renforcer d'huyle laurin, chaux-viue, & autre plus forts. Ceſdits attractifs ſeruent à tirer le venin à la peau : ou s'il y a quelque choſe peſtiferée & vitieuſe au milieu du corps, ils la tirent ailleurs. Ils aident à maturer les abſcés critiques. Ils rendent la vie aux parties tabides & emaciées, & rechauffent celles qui ſont trop refrigerées. Ils eſpuiſent la ſanie vitieuſe des mauuais vlceres, & playes de nerfs.Ils eſleuent & tirent dehors les eſquilles d'os, cloux, eſpines, ſagettes. Ils euacuent les reſtes de phlegmons plus endurcis. Ils ſuruiennent aux morſures, tant des beſtes, que des hommes. Des medicamens reſolutifs. - CHA P. XI. Difference $2,2 E D 1 c A M E N T reſolutif eſt celuy qui par ſa chaleur & tenuité de ſubſtance ouure les des reſoluiif. ) A , pores, attenue, diſſipe, & fait euaporer & exhaler par inſenſible tranſpiration les humeurs, # & autres matiere inutiles & ſuperfiues és parties où elles ſont arreſtées. D'iceluy y a deux eſpeces : car l'vn eſt rarefactif, l'autre reſolutif, que les Grecs appellent Diaphoretique Le - $ # rarefactif par chaleur mediocre, peu de ſiccité & ſubtile ſubſtance, ouure & amollit la $# # peau, & donne ſortie à ce qui eſtoit retenu : pourtant peut eſtre dit anodyn, car il excede bien peu le temperé. Le diaphoretique par chaleur plus grande que ſe rarefactif , diſſipe inſenſiblement ce c \ qui eſt arreſté & impacte en vne partie; & aucunes-fois a plus grande chaleur qui l'attractif, ſelon le corps où il doit eſtre appliqué : car aucunes-fois l'attractif appliqué a vn corps dur pourra eſtre reſolutif : où s'il eſtoit appliqué à vn autre, il attireroit dedans au dehors. Les rarefactifs , que nous pouuons appeller reſo- lutifs, debiles, ſont fimples ou compoſez. A | Herbes. Les ſimples ſont, biſmalua cum toto , parietaria , adianthum, mercurialis, ebulus,valeriana , roſmarinus, ſaluia , thymus. Fleurs. Camomilla, melilotum, anethum. semences & Farina hordei, tritici, ſeminis lini, fœnugrxci , nigellx, furfur. farines d'i- Adeps gallinx, anſeris, anatis, cuniculi , vitulinus. celles. Mettallica ferè omnia, niſi acria ſint. - Metaux. Les compoſez ſont, oleum camomillae, anethinum , liliorum, catellorum,lumbricorum , Keiri, de vitellis Huyles. ouorum , tritici, amygdalarum dulcium. onguents & Vnguentum dealthara » emplaſtrum diachylum,ireatum. Em§l,ſire Les diaphoretiques ou digeſtifs, ſemblablement ſont ſimples, ou compoſez. Racines. Les ſimples ſont,ariſtolochia,enuls campana, iris,cepa,ſigillum Salomonis, ſigillum beatz Mariz,bryonia, panis porcinus, draculus, acorus,aſphodelus. Herbes. Origanum , mentha, pulegium, ſabina, ſerpyllum, calamenthum,hyſſopus,vrtica, artemiſia, lauandula, chamæpytis. - 8emences. Aniſum, fœniculum, cuminum , piper, nux moſcata,coriandum, baccx lauri & iuniperi. D Farines. Farina fabarum, lupinorum, orobi , milij, frumenti, furfur, mica panis. Acetum tepidum, oxycratum, vinum vetus, aromaticum, mel, aqua vitæ, muria. Adeps tauri, equi, leonis, canis, hirci, butyrum, & alijadipes. Ju4. Medulla cerui, cruris bouis, arietis, & c. Graiſſes. Ammoniacum galbanum,opponax, ſagapenum, myrrha, bdellium,thus,terebentina, pix nigra, ladanum, Moelles. ſtirax , calamita benioinum, &c. Gommes. Stercus caprinum, columbinum , cininum, bubulum, & alix ſtercorum ſpecies. qui Et compoſitions des medicamens. 713 A qui a la peau dure, & quand l'humeur eſt froid & craſſe, caché au profond du corps, où à peine les medica- mens peuuent imprimer leurs vertus & effects. Toutesfois il faut auoir # aux parties où l'on applique reſolutifs. Car au foyê , à la ratte, ventricule, & autres telles parties , ne faut appliquer reſolutifs & relaxa- tifs, ſans y adjouſter quelque adſtringent, comme choſes aromatiques : en partie ſtupide & peu ſenſible,faut Ne faut a mettre diaphoretiques plus fortes:és autres plus ſenſibles,comme à l'œil & parties nerueuſes, plus doux.Auſſi pliquer r#- en matiere froide & craſſe, faut vſer premierement de remedes inciſifs,attenuants, apres des emolliens, pour # ifs aux petit à petit venir aux diaphoretiques : car autrement le plus ſubtil ſe reſoudroit , & ce qui eſt cras & eſpais parties no- s'endurciroit. D'auantage, que la partie eſt tellement oppreſsée de fluxion, qu'il y a danger de gangrene & bles ſans mortification , il faut § les reſolutifs, & venit à la ſcarification , comme doctement l'eſcrit Monſieur aſtringens. Maiſtre Iacques Hollier,Docteur en Medecine, en ſon liure de la matiere de Chirurgie, lequel il nous à laiſsé Hºllier. au grand auancement & illuſtration dudit art. - - - Tes ſuppuratifs. C H A P. XI I. E D 1 c A M E N T Suppuratif eſt celuy qui par ſa conſiſtence emplaſtique fermant les pores,& - empeſchant la tranſpiration, augmente la chaleur naturelle en ſubſiltence ou quantité,& non # c'eſt que en qualité : à raiſon dequoy ladite chaleur fortifiée conuertit & tranſmuë le ſang, & autres uppuratif matieres ſuperflués , en boue & ſanie. Il eſt de nature chaude & humide, ſemblable & pro- | portionnée à la temperature & chaleur naturelle de la partie où il eſt appliqué: de confiſtence emplaſtique, à fin de retenir la chaleur naturelle, de peur qu'elle ne s'exhale ou diſſipe.Et par Natur, du cette conſiſtance emplaſtique il eſt different des medicamens emollients ou malactiques , deſquels cy-apres ſu§. nous parlerons : car s'ils eſtoient emplaſtiques, ils pourroient ſuppurer. Or il y a deux ſortes de ſuppuratifs: Diſſerence Les vns ſont ſuppuratifs de leur propre nature , les autres par accident.Ceux qui ſuppurent de leur Propre des ſuppura- nature, ſont ſimples, ou compoſez. - tifs. Les ſimples ſont, radix liliorum, cepa, allium, biſmalua, bugloſſum, malux omnes. - Biſmaluz, maluz folia & ſemina, branca vrſina, ſenecio , violz, bugloſſum, parietaria,crocus , caules. Racinet. | Ficus, & paſſulz mundatae, earümque decoctum . Herbes. Farina tritici, farina volatilis , farina hordei excorticati, lolij, ſeminis lini, fœnugrzci. Frttič#f. Galbanum , ammoniacum , ſtyrax pinguis » ladanum , viſcum aucupatorium , thus, pix, cera, re- #. ſina, ſarco colla. Adepsſuillus, vitulinus,vaccinus,caprinus,butyrum,vitellus dui,œſipus humida. Graſſes. Stercus ſuillum,columbinum,caprinum,pueri, Fiantes. Les compoſez ſont, Oleum liliorum,lumbricorum,de croco,&c. Huyles. Vnguentum baſilicon. r . Onguents. Emplaſtrum diachylon communesmagnum,& de mucilaginibus. Emplaſtres. Les fuppuratifs par accident, ſont tous ceux qui ont vne conſiſtence emplaſtique rcomme bien ſouuent l'on º# void que les medicamens repercuſſifs, à raiſon de leur ſubſtance craſſe, ſuppurent, tel eſt vnguentum de bo- par accidit. lo, nutritum,& autres. Auſſi ceux qui par refrigeration ferment les pores, comme l'ozeille : laquelle eſtant appliquée eſt fort ſuppuratiue : car retenant la chaleur naturelle au dedans, & aydant icelle à inciſer les hu- - meurs, fait proptement ſuppuration. Breftous medicamens chauds, ayans quelque humidité, s'ils ſont meſlez L'ºſºtº auec des emplaſtiques, ils ſuppurent : moyennant qu'ils ne ſoyent trop reſolutifs & deterſifs. Nous vſons de ſuppuratifs aux grands phlegmons, leſquels n'auons peu empeſcher par repercuſſifs, ny reſoudre auſſi aux - grandes contuſions & playes contuſes. . Des medicamens emollients, ou remollitifs. CHA P 1 T R E. XI I I. E D 1 c A M E N r remollitif, eſt celuy qui par ſa chaleur plus grande que celle des ſup- Que c'eſt que puratifs;au reſte,ſans aucune humidité,ou ſiccité manifeſte & apparente,amollit les corps medicament endurcis. Parquoy differre du ſuppuratif parce que le ſuppuratif peut eſtre chaud du pre-"ºf mier au ſecond degré, ou plus, † la temperature du corps où il eſt appliqué, agiſſant plus par abondance de chaleur moderée, que par qualité & acrimonie d'icelle. L'emol- lient au contraire eſtant plus robuſte en chaleur,agite plus par qualité d'icelle : temperé - au relte en humidité & ſiccité: jaçoit que nous auons aucuns remollitifs chauds au pre- mier degré, & ſecs au ſecond & troiſieme. Les medicamens emollients ſont ſimples, ou compoſez,de biles ou forts. Racines. Herbes. Semences és Les debiles ſont radix liliorum alborum,cucumeris agreſtis,althza. - fruicts. Folia maluae,biſmalux, liliorum,anethi ſummitates,viola,brancha vrſina,ſemen malux, biſmaluz, lini, fœ- Parties des nugrzci,caricx pingues,paſſulae mundatz. beſtes. Pedum, capitum, inteſtinorum veruecinorum decoctum. Graiſſes des Adeps ex iunioribus & caſtratis, domeſticis fœminis animalibus. Adeps ſuillus,vitulinus,hœdinus,capri-*ſº, ºſ# nus bubulus, vulpinus,gallinaceus,anſerinus,anatinus,olorinus,efficaces : Ex anguillis & piſcibus fluuiatili- # & poiſ- bus,debiles : ad omnia mediocris, humanus,butyrum, lana ſuecida,cera pinguis,vitellus oui. /9J. Medulla ex oſſibus, ceruina, ouilla,caprina. Moiielles. Les compoſez ſont oleum fimplex in quo coctz fuerint herbz mollientes,liliorum,chamzmelinum, amyg- dalarum dulcium. \ Emollients Les forts emollients,acetum,adeps taurinus, vrſinus,ceruinus, leonius,pardalinus,apri,equi ſeuum. forts. Pinea,picea, abietina, terebenthina. Anmoniacum,bdellium, ſtyrax,galbanum,ladanum,propolis,opopanax,vnguentum de althza. Reſines é» Emplaſtrum diachylon commune & magnum, de mucilaginibus,ceroneum,oxycroceum,Ioannis de Vigo. gommes. Nous vſons de medicamens remollitifs aux tumeurs ſcirrheuſes,qui ſe font ſouuent és fins des muſcles, quel- Vſage des quesfois au milieu des muſcles, ſouuentesfois és glandes , és viſceres, & lévres obords des vlceres, d'vne medicamens matiere craſſe,froide & viſqueuſe: comme ſont la pituite, & le ſuc melancholique. Mais le tumeurs fai-remºllufº ctes de cét humeur ſont touſiours chancreuſes: & pour cette cauſe ſont rédues plus malignes par l'vſage des O O o 3 emollients 714 Le XXVI. Liure de la Faculté emollients. Au contraire, celles qui ſont faictes de pituite, demandent ſeulement emollients.Toutesfois en A l'vſage deſdits emollients,faut auoir eſgard à trois choſes. La premiere eſt qu'il faut cognoiſtre combien le vice eſt grand,afin d'appliquer remede ſuffiſant : Secondement,faut diſtinguer les natures des parties : Tier- cement, faut colliger artificieuſement comme il faudra amollir : s'il faudra point adiouſter quelque medica- -- , ment qui deterge & inciſe auec les emollients : car aucuns ſcirrhes ſont incurables, comme celuy qui n'a point de ſentiment,& qui a causé deſia deperdition de poil en la partie où il eſt Il faut icy noter,que ſi la partie eſt grandement intemperée d'intemperature froide,& que la chaleur natu-* relle fuſt languide, elle ne pourroit reduire les remedes de puiſſance en effect. Pour donc augmenter icelle chaleur,on poſera pres vn eſtuffe de fer, en laquelle ſera mis vn carreau de fer ardent, puis ſera cloſe : Et par ce moyen la chaleur ſera gardée longuement. - A Monſtre le corps de l'eſtuffe. B Le carreau de fer. A,- C Le couuercle. Des deterſifs, ou mondificatif . CHA P. XIV. Definition de # E D 1 c A M E N r, deterſif, ou mondicatif,eſt celuy qui par vne tenuité de ſubſtance accompa- deterſif gnée de ſiccité, nettoye & purge vn vlcere de deux ſortes d'excremens : deſquels l'vn eſt gros & C eſpais, appellé sordes,vulgairement dit boué : qui eſt tiré du profond des vlceres au dehors, par $ les qualitez dudit mondificatif L'autre eſt ſubtil & aqueux,appellé des Grecs jcbor : lequel eſt · deſſeiché par la ſiccité du mondificatif Et pourtant dit Hpipocrate, que tout vlcere doit eſtre li mondifié. Des medicamens mondificatifs, les vns ſont ſimples,les autres compoſez : les vns forts les autres # * d§. Les ſimples ſont,ou amers,ou doux,ou acides, - - - - Racine . Ceux qui ont ſaueur amere,ſont gentiana,ariſtolochia,iris,enula campana, ſcilla ſerpentina. Herbes. Centaurium, minus,abſinthium,marrubium, perforata, abrotonum, apium, chelidonium, ruta, hyſſopus, ſcabioſa,artemiſia,eupatorium,aloe. - Senteurs. Fumus terrae, hedera terreſtris, & lixiuium factum ex cineribus horum, lupini, orobus, amygdala, amara, faba. Gomamges- Terebenthina, myrrha,maſtiche,ſagapenum, galbanum,ammoniacum. Excremen95 Fella animalium,ſtercus caprinum,vrina bene cocta. - # | Squamma gris, xs vſtum,zrugoſcoria,zris,antimonium calx,chalcitis,miſyſory,alumen , . - L, mºndiſ - º doux, ſont viola, roſa, melilotum , ficus pingues,dactyli,vux paſſae,liquiritia, aqua hordei, aqua mul- #. ſa,vinum dulce mel,ſaccharum,ſerum lactis,manna thus,&c. - Les mondſ - Les acides ſont, omnes acetoſx ſpecies, capreoli vitium,acetum,& C2tCT2 acida. - catifs acides. Les compoſez ſont, ſyripus de abſinthio, de fumaria,de marrubio, de eupatorio , artemiſia, acetoſus, li- xiuium. Oleum de vitellis ouorum, oleum terebenthinz, oleum de tartaro. vnguentum mundificatiuum de apio apoſtolorum, puluis mercurialis,&c . - L'vſage des Nous vſons des medicamens mondificatifs, pour en purgeant les vlceres caues, donner moyen à nature D mºdificatifs. d'engendrer chair, & les remplir : mais en l'vſage d'iceux , faut auoir premierement égard à tout le corps : car il eſt ſain,ou plethorique,ou cacochyme.Secondement, de la partie laquelle eſt humide ou ſeiche,plus ou moins, ſelon ſa temperature,& ſon lieu, de ſentiment aigu, ou hebeté : d'auantage,aucunes-fois elle reçQit quelque vice eſtrange, comme callus, fluxion chaude,douleur, quelque mauuais ſuc ou pourriture, ou quel- que autre mauuaiſe qualité. Finalement faut conſiderer ſi l'vlcere eſt recent,& puis n'agueres faict, inueteré & vieil. Car ſelon la diuerſité de telles conſiderations faut diuerſifier les remedes, tant en qualité qu'en quan- tité,augmentée ou diminuée.Car ſi le doux & mediocre eſt quelquesfois changé en acre, & plus deſſeichant. Auſſi à vn vlcere trop ſec & douloureux conuiennent medicamens liquides : à vn trop humide faut appliquer poudres & medicamens de conſiſtence ſeiche : & faut ainſi changer les remedes debiles ou forts,ſecs ou hu- mides,durs ou mols,ſelon la diſpoſition des vlceres. Des - | Et compoſitions des medicamens 715 | matiere s'enſuit. - - rºr.A •s Des medicamens ſarcotiques. C H A P, XV. · ED1cAMENT ſarcotique, c'eſt à dire, regeneratif de chair, eſt celuy qui par vne ſiccité aide # Nature à r'engendrer chair en vlcere caue, ja bien net & mondifié : ce qui eſt faict d'vn ſang mediocre en quantité,& non pechant en qualité:car pour parler proprement à la verité,nous n'auons point de medicamens qui puiſſent proprement eſtre appellez ſarcotiques,mais ceux qu'on nomme de ce nom,ſont ſarcotiques par accident : à cauſe que ſans eroſion deſſeichent <, & mohdifient les excremens, qui empeſchent l'œuure de Nature. Car du nourriſſement propre pour la generation de la chair,prouiennent deux excremensil'vn & ſubtil,appellé des Grecs Ichor, & des Latins Sanies:l'autre eſt gros & eſpais,appellé des Grecs Rypos,& des Latins serdes.Or du premier, la playe, eſt rendue humide:& de l'autre, qui eſt gros & eſpais,ſordide. Parquoy toute playe qui re- quiert quelque repletion,deſire medicament ayant double qualité,ou vertu : car d'autant que la playe eſt hu- mide,demande deficcation : & d'autant qu'elle eſt ſordide,demande abſterſion. Auſſi d'autant que la playe eſt plus profonde, deſire leſdits medicamens de ſubſtance plus liquide, à fin que leſdits medicamens tou- chent au fonds de la playe. Et ſeront diuerſifiez ſelon la temperature de la partie : car ſi la partie eſt humi- de, ils ſeront moins deſiccatifs : au contraire ſi elle eſt ſeiche, ils ſeront plus deſiccatifs. D'auantage ils ſe- ront diuerſifiez ſelon la diuerſité des complications & diſpoſitions des maladies qui accompagneront la playe. Et pourtant nature en la regeneration de chair , eſt comme ſeule ouuriere & cauſe efficiente : le ſang dont la chair eſt faicte, eſt la cauſe materielle : le medicament tient lieu de cauſe adiuuante & coefficiente : car le medicament par vne deterſion & deſiccation mediocre ſans chaleur grande, en oſtant tous empeſche- mens à nature, prepare la matiere pour eſtre promptement tournée en ſang Tel medicament, comme dit Galien au cinquieſme des Simples,doit eſtre ſec au premier degré ſeulement : afin qu'il ne conſomme le ſang & nourriture de la partie vlcerée : ce qu'il faut entendre en vn corps mol & temperé. Car ſi l'vlcere eſt trop humide, ou le corps trop dur, il ne faut pas ſeulement vn medicament ſec au premier degré, mais iuſques au ſecond & troiſieſme. Parquoy tels medicamens fort deſiccatifs ſont premierement appellez mondificatifs , ſecondement ſarcotiques. Medicament ſarcotique eſt ſimple, ou composé : bening & doux,ou fort & acre. | N, Definition de ſacotique. Intention de la curation des vlceret. Sarcotiquet Les ſimples ſont ariſtolochia vtraque, iris,acorus, dracunculus,aſarum,ſymphitum maius,omnia ſymphyti ſimples. genera, betonica,ſanicula,millefolium,lingua canis,verbena,ſcabioſa,pimpinella,hypericon,ſcordium,planta- go » rubia maior & minor, & eorum ſucci. Terenbenthina lota & non lota, reſina pini, gummi Arabicum, ſarcocolla, maſtiche, colophonia , manna thuris, aloé cortex eiuſdem , olibanum, myrrha, &c. - Mel , vinum, ſanguis draconis. Lithargyros auri, ſpodium, pompholix,tuthia,plumbum vſtum lotum,ſcoria ferri, &c. - Les compoſez ſont, oleum hypericonis, oleum ouorum, maſtichinum, & cxtera olea quæ balſami nomine appellantur. - vnguentum aureum, emplaſtrum de betonita, vulgo de ianua, emplaſtrum gratia Dei, emplaſtrum nigrum. o - le cortices. Metallica. Sarcotiquet compoſez. Olea ſeu balſama. Vnguenta. Emplaſtres. iNous vſons des ſarcotiques quand l'vlcere eſt ja mondifié, & ſans douleur aucune ſans fluxion,ſans phleg-L'vſage des mon,ſans calloſité & intemperie. En l'vſage deſquels faut conſiderer la temperature du corps, & de la par-ſarcotiquet. tie affectée : car quelquesfois vne partie non trop ſeiche de ſa nature, demande medicament fort ſarcotique, & plus deſſeichant qu'vn autre plus ſeiche, à raiſon de quelque accidentt comme pour exemple , le balanus veut eître plus deſſeiché que le prepuce, jaçoit qu'il ſoit de temperature moins ſeiche, à raiſon qu'il eſt la voye de l'vrine. Ainſi faut cognoiſtre la nature des parties, & cognoiſtre quand le medicament eſt trop our moins ſarcotique. Car le moins & trop ſarcotique laiſſe l'vlcere ſordide : l'vn, à cauſe qu'il deſſeiche peu ; l'autre à cauſe de l'acrimonie qui irrite fluxion , ce qu'il faut diligemment entendre, à fin d'approprier le medicament tel qu'il conuient au corps & à la partie. -4 - • Des medicamens epulotiques ou cicatriſatifs. CH A P. XV I. E D 1 c A M E N r epulotique ou cicatriſatif, c'eſt à dire qui engendre cuir, eſt celuy qui par ſa ſiccité & aſtriction,ſans mordication aucune , deſſeiche, aſtreint, & condenſe la chair en ſub- ſtance calleuſe, approchant à la nature du cuir : & nous appellons cela cicatrice. Neantmoins cicatriſer en vlcere, eſt ouurage propre de nature,comme engendrer chair, Parquoy vn medi- cament eſt appellé epulotique à cauſe qu'il aide nature à produire vne peau ſemblable au cair, en conſommant les humiditez,condenſant & eſpaiſſiſſant la chair. Et pour cette raiſon, il doit eſtre plus deſiccatif que le ſarcotique. D'iceluy on faict trois eſpeces. La premiere, eſt du vray epulotique, quand il deſſeiche & aſtreint. La ſeconde, du medicament acre & mordant, lequel pour conſumer & oſter la chair ſuperfiué, eſt appellé Epulotique, lequel appliqué en petite quantité, fait cicatrice, & principalement aux corps durs. La troiſieſme, eſt du medicament qui deſſeiche ſans aſtriction. Deſquelles trois eſpeces la Ariſtolochia longa & rotunda, gentiana, iris,centaurium maius, pentaphyllon,ſymphytum maius, chamæ- drys, betonica, cauda equina , eupatorium, verbenaca, plantaginis & ſymphyti folia. Gallae,myrti baccar, glandes & earum calices, balauſtia, cupreſſi nuces. Malicorium, cortex quercus, cortex tamaricis, cortex ligni aloës, acacia, colophonia, ſarcocolla, ſanguis draconis, ladanum. Lithargyros auti & argenti , cerufa , plumbum vſtum , alumen vſtum , tuthia , ſquamma xris, & ferri , & eorum ſcoria , aerugo, flos xris, xs vſtum & lotum , vitreolum vſtum & lotum , ſulphur viuum, chryſocolla, coralla, bolus armena, terra ſigillata , cineres oſtreorum , licifis, oſſa vſta & ſiccata , caries lignorum. Vnguentum diapompholygos,vnguentum album Rhaſis, deſiccatiuum rubrum. Emplaſtrum de ceruſa, de betonica , diachalciteos, emplaſtrum nigrun. Nous vſons des epulotiques quand l'vlcere eſt preſque plein, & quaſi égal à la peau. Mais en l'vſage d'iceux, faut auoir égard au corps mol ou dur. Car les medicamens qui ſont catheretiques au corps delicats & mollets,aux durs,ſont cicatriſa- tifs. Faut auſſi ſe donner garde que le corps ne foit plethorique,ou cacochyme : car cela regarde la cicatri- ce. D'auantage,faut aduiſer que l'vlcere preſt à cicatriſer , ne ſoit entretenu,ou du vice de quelque partie, C Q o 4 COIIlII1G neÂnition . d'epulotique. Eſpeces d'e- pulotiques. Racine. Fleurs & fruicts. Eſcorces. Mefahx. Oguenti. Emplaſtres. L'vſage des epulvtiques. 716 Le XXVI. Liure de la Faculté comme du foye, de la ratte, des poulmons, ou autres : ou d'vne varice ; car tel vlcere ne ſe pourra cicatri. ſer, ſi les cauſes qui empeſchent la cicatrice, ne ſont premierement oſtées. Finalement les bords calleux en vn vlcere, retardent la cicatrice, s'ils ne ſont amollis ou coupez. Il faut oſter ces empeſchemens auant qu'entreprendre faire cicatrice,& accommoder medicament deſiccatiftel,qu'il ne faſſe cicatrice caue, car il excederoit la meſure : ny trop haute, car il ſeroit trop peu deſſeichant,ains égale : parquoy ſera bien propor- tionné tant au corps qu'à la partie. Des medicamens agglutinatif . CH A P. X.VII. 9ue c'eſtque #,\! # E D 1 c A M E N T colletique, c'eſt à dire, agglutinatif , tient le moyen entre les ſarcotiques & ci- colletique.  # catriſatifs:car il eſt moins deſiccatifque le cicatriſatif,& deſſeiche plus que le ſarcotique,à ſçauoit # | iuſques au 2. degré. Iceluy par ſa ſiccité & aſtriction ſans aucune deterſion, joint & aſſemble les = parties diſtantes & ſeparées, & aide en ce Nature : laquelle ( comme auons dit ) eſt premiere, & quaſi ſeule operatrice, tant à regenerer chair & cuir , comme à glutiner. Diuiſion, Les medicamens agglutinatifs, tant foibles que forts, ſont tels par ſoy , ou de leur propre nature, ou par accident. Herbes. Les agglutinatifs de leur propre nature ſont, Plantaginis ſpecies, conſolida vtraque, bugloſſa , millefo- lium , verbena, pimpinella, piloſella, cauda equina, ſemperuiuum, telephium, ſeufaba inuerſa, ſanicula,st- A tractilis, folia quercus, & dracunculi, ſalix,ebulus, ſambucus,pentaphyllon : cortex pini, cortex vlmi,cortex , palmae, cortex quercus. Eſcorees. Aqua vitis, aqua è folliculis vlmi, ſuccus calaminthz, vinum auſterum. luº. Terebinthina , myrrha, ſanguis draconis, bolus armenus, terra figillata , omnia denique qux ſapore ſunt Gommes, & acerbo. Metaux. Il y a d'autres glutinatifs ayans lieu de medicamens, qui empeſchent fluxion, & aſtreignent la pir- tie, comme ſuture, ou couſtures ſeiches, ligatures , repos de la partie, compreſſes, & autres tels aggluti- natifs par accident. - rvſue du Nous yſons des glutinatifs és playes recentement faites & ſanglantes, & pour cette cauſe les Grecs les glutinatiſ. ont appellez Enaimes. Or non ſeulement les agglutinatifs ſont appliquez és playes nouuelles , mais auſſi és vlceres malings & vieils,és fiſtules & ſinuofitez , à raiſon qu'ils empeſchent la fiuxion quiſe pourroit faire és bords & lévres de l'vlcere. En l'vſage d'iceux faut conſiderer ſi la peau eſt entiere ou non. Car les playes ſont de difficile curation , qui ont ſouffert perdition de la peau : au contraire celles qui ont la peau entiere, Conſidew- reçoiuent facile gueriſon. Pareillement ne faut obmettre en l'vſage particulier deſdits glutinatifs,les conſ- derations du ſexe, du corps mol ou dur, de l'vlcere vieil ou nouueau, grand ou petit : car ſelon icelles faut Glutinatifs. tions. - - - - diſtinguer & approprier les remedes. l' Des medicamens cauſtiques & corroſifs. CH A P. XV III. " . 9)ue c'eſt que E D 1 c A M E N r pyrotique,c'eſt à dire, cauſtique & corroſif, eſt celuy qui par ſa ſubſtance acre, c pyrotique. mordante & terreſtre vient à corroder ſuperficiellement,ou fondre,liquefier & pourrir profonde- ment:ou bruſler & manger la peau & chair, & penetrer au dedans des corps durs & calleux. Et Trou eſpeces pourtant on fait trois differences de pyrotiques. Les vns ſont appellez Catheretiques, c'eſt à dire, de medica- corroſifs, à cauſe qu'ils mangent & corrodent la chair ſurcroiſſante ſuperficiellement en vn vlcere, ou autre mens cauſti- eminence du cuir,qui ſont les foibles & debiles pyrotiques.Les autres ſont Septiques,c'eſt à dire,putrefactifs, ques. autrement auſſi dicts veſiccatifs,qui pourriſſent la chair au dedans,& eſleuent le cuir en veſſies : leſquels ſont plus fort que les premieres.Les tiers ſont eſcarotiques, c'eſt à dire,faiſans crouſtes & eſcarre par leur qualité ardente,ignée & terreſtre : nous les nommons ruptoires, ou cauteres potentiels, qui ſont les tres-forts.Tou- tes leſquelles differences ne ſont que du plus ou moins en chaleur. Car bien ſouuent il aduient quel'vn fait l'operation de l'autre : aucunesfois à raiſon de la complexion de la partie, quelquefois pour la quantité & longue demeure du temps. catberati- Les Catheretiques ou corroſifs ſont ſpongia vſta,alumen vſtum & non vſtum,vitreolum vſtum,calx medio- ques. criter lota,ætugo,calcanthum,ſquamma xris, oleum de vitriolo, trochiſci andronis, phaſionis,aſphodelorum, Simples vnguentum aegyptiacum vnguentum apoſtolorum,puluis mercurij, arſenicum ſublimatum. Compoſe{. Les Septiques ou veſiccatifs ſont radix ſcillz,bryonix, ſigillibeatæ Marix, bulboſa, radix ranunculi,panis $ººººººº porcini, apium riſus, lac tithymalorum, lac fici, euphorbium, anacardus, ſinapi cantharides,arſenicum ſubli- veſiccatifi matum : leſquelles corrompent la temperature de la partie, & y attirent humiditez eſtranges. Les Eſcharotiques ou cauſtiques ſont,calx viua, fxx vinicremata , & prxcipuè aceti,ignis, adquem refe- haroti- - - - - - - - - # runtur omnia cauteria actualia dicta & potentialia, deſquels parlerons cy-apres. • D Vſage. Nous vſons des medicamens corroſifs és corps delicats, & maladies qui ne ſont trop rebelles. Et partant d'autant qu'ils ſont moins acres & mordant,sd'autant ſont ils de plus grande operation , à cauſe qu'ils cau- ſent moindre douleur. Des putrefactifs & eſcharotiques nous vſons és corps plus durs & maladies plus grandes : comme és vlceres calleux, fiſtuleux putrilagineux,humides, difficiles à guerir. Mais des eſcharoti- ques parriculierement es chancres, charbons,hemorrhagie,& à pluſieurs autres maladies. Toutesfois en l'v- ſage d'iceux faut tenir bon regime,& maniere de viure , auec abſtinence de vin , & auoir grande prudence à les appliquer : pour raiſon des grands ſymptomes & accidens qui s'en enſuiuent : comme extremes dou- leurs, ſyncopes,defaillance de cœur, fiévre, inflammations exceſſiues,gangrene, mortification, & ſouuent la morr. Il y a grandes commoditez de cautere, tant actuel que potentiel : comme de corroborer la partie, la commodité. deſſeicher, corriger ſon intemperature, obtondre & hebeter la ventofité & § autres pluſieurs vtilitez leſquelles ſont deſcrites par Auicenne. - - - -- - Des medicamens anodyns. CH A P. XIX. # de $ (# v A N T que parler des medicamens anodyns,faut premierement declarer la nature de la douleur, à 0V4l6f4)'• fin de mieux deduire les anodyns.Douleur doncques eſt vn ſentiment triſte & faſcheux,faict ou par vne alteration ſubite, ou par ſolution de continuité : dont s'enſuit que trois choſes ſont requi- ſes pour faire douleur. La premiere eſt les cauſes efficientes : qui ſont deux , alteration ſubite , & ſolution - - - - | -- 9 Et compoſition des Medicamens. 717 \ - A ſolution de continuité. Secondement, que la partie où ces cauſes s'attache ſoit ſenſible. Tiercement, qu'il ſe faſſe apprehenſion de ladite alteration ou ſolution de continuité. Autrement ſi l'on n'apperçoit point les cauſes du douleur, nonobſtant la ſenſibilité de la partie, douleur ne ſe fera point. A cette cauſe dit Hippo- $s te duobus doloribus , eumdem locum ſimul occupantibus , maior minorem obſcurat , à raiſon de l'apprehenſion de- ſtournée du tout vers la plus grande douleur. L'alteration ſubite eſt faicte de chaleur , froidu1e, ſiccité, & humidité. De chaud & froid eſt faite douleur tres-forte : de ſiccité,mediocre : d'humidité preſque nulle,ou aſſoupie:car l'humidité ne faict point tant de douleur de ſa qualité,que de ſon abondance.La ſolution de con- tinuité eſt faicte tant de ſes qualitez conjoinctes auec matiere,que des cauſes externes,comme contuſion, in- ciſion, & les autres. Douleur donc eſt ſymptome tres-grand du ſens de l'attouchement, qui accompagne preſque toutes maladies, & bien ſouuent nous contraint laiſſer la propre cure d'icelles, pour eſtre premie- rement appaisé & al'egé : ce que nous faiſons tant en oſtant & addouciſſant ces cauſes efficientes , que he- - betant la ſenſibilité de la partie. Qu'il ſoit vray , ſi les medicamens peuuent obuier aux cauſes de douleur , ou ſtupefier le ſentiment du tact, ils ſeront appellez anodyns, deſquels nous faiſons trois differences. Les vns ſont curatifs des maladies, anodyns generalement dicts. Les autres propres anodyns. Les tiers ſont ſtu- pefactifs ou narcotiques, - Les premiers ſont tout medicamens contrarians aux caufes des maladies,& oſtans toute alteration : com- Liu.a. Aph, Doulenr, Diſſerencé des anodynt. - - - - Premiere, # 'me en intemperie chaude l'huyle roſat,oxycrat, & autres ſemblables , ſont anodyns , & oſtent la cauſe de # douleur en intemperie froide, huyle laurin,huyle nardin, huyle de caſtoreum: en ſeiche intemperature,mix- º, - - - - - - - - (t : tion d'eau & d'huyle, baing d'eau douce.Bref,tous medicamens qui curent les maladies,ſont anodyns, prins largement : auſſi tous medicamens purgatifs , phlebotomie , ſacrifications , cauteres actuels & potentiels, ventouſes, clyſteres , & autres quand en oſtant la multitude & abondance des matieres, allegent & aneantiſ- ſent la douleur. B Les propres anodyns ſont de deux ſortes : les vns ſont temperez,n'excedans en aucune qualité : les autres ººſºº ſont chauds & humides au premier degré,approchans fort des temperez. d'anodyns Les temperez ſont ceux qui n'ayans aucune qualité exceſſiue, gardent la chaleur naturelle en ſon entier " ſans la diminuer ny augmenter, appaiſent douieurs,& conuiennent à toutes intemperatures. D'iceux on en trouue bien petit nombre,comme des alimens temperez. Entre iceux on prend huyle ſimple , huyle d'aman- des douces,moyeux d'œufs,& les ſemblables. Les ſecond anodyns, propres, chauds & humides au premier degré , corroborent la chaleur na- turelle, à fin qu'elle puiſſe mieux abbatre la cauſe de douleur : rarefient, euacuent , extenuent,di- . - gerent, tant humeurs eſpais & viſqueux, que les ventofitez vaporeuſes & froides, qui n'ont iſſuë de ſortie , COIllIIlC, Flores chamameli , meliloti , aneti, crocus. - | Oleum chamæmelium,anethinum , oleum lini, oleum ex ſem. althea , oleum lumbricorum, oleum ouo- Fleurt. rum,ex tritico. - Huyles. Butyrum, lana ſuccida, ſuillus adeps, vitulinus, gallinaceus, anſerinus, humanus, ex anguilla, cuniculo,& - aliis : lac muliebre & vaccinum. - Mucilago ſeminis lini, fœnugrzci,althez,malua,aut earum decoctio. Item decoctio liliorum,violarix ca- Graiſſes. pitis pedum & inteſtinorum arietis & hoedi. Les ſtupefactifs ou narcotiques improprement dits anodyns , ſont froids iuſques au quatrieſme degré, Matilagesé, C par leur froidure extreme empeſchent que l'eſprit animal ne peut venir iuſques à la partie : partant oſtent de§. le ſentiment d'icelle, & par conſequent fapprehenſion qui ſe pouuoit faire : finablement viennent à endor- Troiſieſme · mir & ſtupefier la partie où ils ſont appliquez. Et ſont comme hyoſcyamus,circuta,ſolanum furioſum,man- eſpece. :: " dragora,papauer,opium,philonium & les ſemblables. Ligatures extremes, & compreſſions, oſtent auſſi le Narcotiquet. *- ſentiment d'vne partie, comme quand il faut amputer vn membre : parquoy elles ſeront miſes au nombre des anodyns impropres. L'vſage de premiers anodyns, eſt manifeſte en la curation de chacune maladie par ſon contraire. Nous Vſage. vſons des ſeconds en toute douleur qui ſe peut ranger,à fin d'euiter fluxion, inflammation , fiévres, & autres Caution . ::: accidens. Mais où la douleur eſt extreme & trop vehemente,qui ne veut obeir aux vray anodyns, il faut ve- | nir aux narcotiques, puis qu'il n'y a autre remede : non pas ſeulement apres auoir vsé des anodyns , mais » - auſſi du commencement de douleur trop grandes,quand le mal ne permet vſer des anodyns. Toutesfois il ne faut appliquer narcotiques ſans y meſler du † ou mirrhe, ou caſtoreum , autrement il ſeroit dange- ,- reux : comme auſſi la continuelle application d'iceux eſt perilleuſe & dommageable. Car par fcelle la par- tie deuient liuide ; pour l'extinction de la chaleur naturelle : & conſequemment ſe tourne en mortification ou eſthiomene. Or aux douleurs extremes de grandes inflammations , & phlegmons, gangrenes , ne faut : º vſer ny de vrays anodyns, ny des ſtupefactifs : car ils ne pourront appaiſer telle douleur : mais des premiers, à ſçauoir , de phlebotomie, purgation, & ſacrification de la partie dolente , & que dolor ſi medicina doloris : comme nous auons dit au traicté de Gangrene & Mortification. D D'abondant nous auons quelque medicamens purgatifs eſtans appliquez par dehors, comme ceux que Aë- tius Tetrab. t.chap.35.nous a laiſsé par eſcrit,comme tu verras par ces exemples. - Epithemata purgantia. - %. pulpx colocynth ſeminis erucx,rutx ſylueſtris,elaterij grani cnidij, lathyridum expurgatarum,galbani, nitri rubri,ceræ,ſingul. 3. iiij. opopanacis 3. ij. terebenthinae 3. vj.terenda terito,& taurino felle paulatim ir- rigato,donec aptè imbibantur, Deinde circa vmbilicum apponito vſque ad pubem & ventrem inferius du- cet : ſi verò fundo ſtomachi applicabis, vomitum excitabit. : - Aliud. - 2Z elaterij 3. iij. colocynthidis, ſcammonæ, ſquammz aeris, radicis agreſtis cucumeris, lathyridum anº 3. j.'aut pro lathyride tithymali ſuccum terito & cribrato,& cum oleo plurimum ſalis habente,ſubigito: ma- - ^ gnam deinde pilam è lana confectam, hoc medicamento illitam,cuicunque parti volueris applicabis, vmbili- co(inquam) aut lumhis. # Compoſitio olei & vnguenti purgantis. ". 24. fellis taurini 3. j.grani cindijviridis 3.iiij.ſucci lupinorum viridium 3. ij. euphor.3.j. pulpa colocynt- ,- tantundem,vulpini adipis recen.3.ij.adipis viperx 3.j. 6. ſtercoris muris 3. iiij. ſubci pxonia , caſtor. ſingul. 3 iiij. olei liguſtrini 3.vj. olei antiqui 3.j.fiat vnguentum vel oleum.Purgat abſque moleſtia, & prater § » - Vt1l1t2tC3 718 Le xxVILiure de lafaculté vtilitates etiam mentis delirio confert, menſura verò quæ ad vſum aſſumitur , maxima eſt , cochlearia duo:- nam quibuſdam & vnum ſufficit. Illinitur vmbilicus, & inregra purgatio ſubſequitur: qua ſi plus œquo exu- perauerit, ſpongia vino tepido imbuta & expreſſa ventrem fouebis,& confeſtim ſiſtetur. Hypoglottides,c'eft a dire,ſublinguales,que l'on tient en la bouche,comme fueilles de vinette, roüelles de citron trempées en eau roſe & ſucre, grenade,ou orenge,berberis confit,ou autres ſemblables,qui ont puiſſance de rafraiſchir & humecter la langue & toute la bouche. - - T De la compoſition des medicamens, & de leur vſage. - C H A P. XX. V s Q v E s icy auons declaré tant en general qu'en particulier,les facultez & effects des» # medicamens ſimples : leſquels il faut cognoiſtre auant qu entreprendre les compoſez : # Qu'il ſoit vray, vn Architecte & edificateur doit premier cognoiſtre les matieres qui luy $#ſont neceſſaires à maſſonner & dreſſer ſon ouurage. Ainſſvn Chirurgien voulant compo- | ſimples qui entrent en ſa compoſition. Laquelle auons voulu declarer auant que donner la maniere de compoſer leſdits medicamens. - Compoſition donques eſt mixtion des medicamens diuers en effects & vertus , faicte # 2.des par le Medecin.A cette cauſe les medicamens ayans pluſieurs ſubſtances,comme la rheubarbe,ainſi que nous # 4.de auºns dit, l'aloë, la roſe, & l'abſinthe, ſont dits ſimpless au regard des compoſez artificiellement : jaçoit " garder ſa qu'ils ſoient bien compoſez par l'ouurage de Nature. Ainſi pluſieurs compoſitions ſont appellées ſimples , ſanté. comme oxymel ſimplex,oxyſaccharum ſimplex,& autres,pour la comparaiſon des plus compoſez. Nous vſons des medicamens compoſez , pour cauſe que les ſimples n'ont touſiours contrarieté ſuffiſante Vſage. en pareil degré aux maladies, & qu'il faut augmenter ou diminuer la force de l'vn ou de l'autre. D'auantage pour la complication des maladies, & des indications ſommes contraints meſler medicamens ſimples : car la nature du corps ou de la partie ſouuent demande autres medicamens, que les maladies. Qu'il ſoyent vray , pour les indications contraires nous donnons medicamens compoſez,qui ſeruent à tous les deux,en augmen- tant celuy qui eſt de plus grande importance,& diminuant l'autre. Quartement la compoſition des medica- • mens a eſté inuenté, afin de changer leur couleur,ſaueur & odeur. Les autres vſages & cauſes de la compo- # ſ* § des medicamens ſimples, ont eſté bien doctement eſcrit par Monſieur Maiſtre Iacques Syluius , en ſa methode de compoſer les medicamens auec l'election d'iceux : à cette cauſe le pourras veoir. Des medicamens compoſex, - Des medicamens ſimples cy-deſſus eſcrits , les anciens ont fait diuers compoſitions & remedes topiques & particuliers, commun tant au Medecin qu'au Chirurgien : deſquels nous faut parler. Telles compoſitions ſont clyſteres,ſuppoſitoires,noüets, paſſaires, huyles,linimens,onguents,emplaſtres,ceroüennes,pultes,calta- • plaſmes, fomentations,embrocations,epithemes,veſicatoires, cauteres ou ruptoires,collyres,errhines,ſternu- tatoires,maſticatoires, gargariſmes, dentifrices, ſachets, ſuffumigations & parfums , inſeſſions & baings. La maniere de les eſcrire & ordonner je declareray particulierement & le plus briefuement que faire ſe pourra commençant aux plus ſimples vniuerſels & plus neceſſaires, apres que i'auray deduit les valeurs , figures & pourtraicts des meſures & poids , deſquels nous vſons communément à diſpoſer & proportionner les medi- camens les vns auec les autres. Des poids & meſures, & de leurs figures. CHA P. XXI. il O v r poids depend d'vn commencement,& quaſi eſleuement : car tout ainſi que les corps #. ont leur commencement de quatre corps ſimples, que nous appellons Elemens, eſquels il ſe ) peuuent reſoudre : Ainſi tous poids ſont compoſez d'vn grain, qui eſt comme element des au- Graius , en # 4 } tres poids : auſquels ils ſont terminez. Ledit grain doit eſtre entendu d'orge, non trop ſec ny poids medi )$# humide, & chancy, ains bien nourry , & mediocrement gros : de tels dix grains eſt faict vn cinal. obole,ou demyſcrupule : de deux oboles ou vingt grains,vn ſcrupule,puis de trois ſcrupules, ou ſoixante grains eſt composée la dragme ; de huict drachmes,l'once; tant que de douze onces nous faiſons la liure medicinale, qui eſt preſque le plus haut poids duquel nous vſons communément : & ſe peut reſoudre en drachmes, ſcrupules, oboles, & finalement engrains, outre leſquels n'eſt poſſible deſcendre plus bas. Pour eſcrire ces poids, nous vſons de certaines lettres & figures qui s'enſuiuent. La liure eſt ſignifiée par ft. l'on- ce par cette figure 3, comme la drachme en telle 3. auſſi le ſcrupule ſainſi 9. l'obole eſt eſcrit par ſes pre- mieres lettres obol.le grain ſemblablement par g. le manipule par m. le pugile par p. le nombre par n. la moitié de chacun deſdits poids eſt figurée par É. miſe apres leſdits poids comme demie fb. ſ. demie 3. É. & ainſi des autres. Telles ſont les figures des poids & meſures : mais en diſpenſant medicamens nous vſons au- cunesfois d'vn poids,& de l'autre non : parquoy faut entendre que les herbes vertes & ſeiches ſont diſpen- sées par m. ou p. les ſeiches que l'on peut pulueriſer, par 3.5. ou p. dre le mot de Les racines n ſ3. 5. p. m. Les eſcorces | | 3. 3. Les ſemences > | 3. 3. Les fruicts par { # p. 3. 5. 9. Les fleurs | | p. m. 3. 3. Les legumes J Up. 5. 3. Tous autres medicamens,tant ſecs que liquides, ſont diſpenſez & eſcrits par fb. 3.3.9. obol. g. deſquels poids tous medicamens bien diſpenſez des anciens ſont ſeulement eſcrits. Ces choſes entenduës , faut deſ- crire les manieres de diſpenſer & ordonner medicamens compoſez: & pour ce faire commencerons aux cly- ſteres, comme los plus coinmuns & plus neceſſaires. 1 - - Des A \ſer vn medicament à ſa neceſſité,doit entendre que c'eſt que compoſition, & la nature des 1 Et compoſition des medicamens. 719 : rt ,:: ſ - 0 #: #.. '-, | -- # Des Clyſteres. CH A P. XXIII. - • A $: L r s r E R E , c'eſt a dire, ablution ou lauement , eſt vne injection appropriée au ſiege & 9)se c'eſt qus aux inteſtins en premiere intention : car autrement ſont auſſi faicts & donnez des clyſteres clyſters. tant pour le ventricule, ratte » reins , veſſie , amarry , meſentere, & autres parties voiſines, , que meſme pour la teſte, de laquelle ſouuent par clyſtere acre eſt faicte revulſion de la ma- tiere en bas, comme il ſe practique iournellement, & non ſans heureux ſuccez, en l'apo- - à plexie : de ſorte qu'il n'y a aucune.partie qui ne reſſente quelque profit du clyſtere, mais les vnes plus les autres moins. Il y a pluſieurs eſpeces ou differences : car ou il eſt remollitif, ou pur- atif, ou anodyn, ou aſtringent , ou deterfif, ou ſarcotique, ou epulotique, ou nutritif Toutes leſquel- es differences ſont composées & faites des parties des plantes , des parties des beſtes , ou des medica- mens compoſez, tant reſolutifs qu'autres » ſelon les intentions du compoſant. Les parties des plantes ſont Matiere, racines, ſemences, fueilles, fleurs, fruicts, gommes, jus, mucilages. Les parties des beſtes ſont, iaunes & au- bins d'œufs, miel,poulet, chappon, viel coq vené & preparé, la teſte & pieds de mouton, laict clair, tripes, ſuif de bouc, axunge : toùtes leſquelles parties tant de beſtes que de plantes , on fait cuire & boüillir , & en la decoction l'on meſle & deſtrempe les medicamens laxatifs, & autres tant ſimples que compoſez. Quel- quesfois ſans mixtion de medicamens compoſez ſont faits clyſteres ſeulement d'huyle, comme d'huyle de noix pour la colique : de laict clair, de decoction de Pieds , teſte & tripes de mouton, potage de pois chi- ches, & d'orge. La quantité du chyſtere eſt aucunesfois grande , autresfois plus petite , ſelon les temperatures & com- plexions , & ſelon les intentions. Aucuns Peuuent endurer grande quantité, les autres moindre , aux en- fans debiles, femmes groſſes conuient moindre quantité. Auſſi où le ventre eſt fort ſerré & dur, en vne colique, dyſenterie, lienterie , & autres affections du ventre inferieur , faut que la quantité du clyſtere ſoit plus petite. Au contraire, où l'on voit ſeulement eſmouuoir le ventre ; faut plus grande quantité : toutes- fois la quantité de la decoction communement eſt d'vne liure & demie, d'vneliure, ou tout au moins de trois quarterons : mais le plus ſouuent nous laiſſons la quantité au jugement de l'Apothicaire, diſant ſeu- lement, quant. ſuff. Il faut que le clyſtere ſoit tiede, plus ou moins, ſelon que les patiens le peuuent endurer, de peur que s'il Lº qualité. eſtoit froid, il n'offenſaſt les inteſtins & autres parties voiſines , qui ſont nerueuſes & froides de leur naturel: & d'auantage faut en faire l'iniectionpeu à peu & doucement,de peur que pouſsé d'impetuoſité,& tout à coup, il ne chaſſe les flatuofitez ( qui ordinairement ſont contenues en la capacité des inteſtins ) en haut, & par ce moyen n'excite des trenchées intolerables. Pour donner le tout à entendre, faut à preſent venir à deſcrire les exemples de chacune difference des clyſteres. - 2Z. Maluz, violarum,biſmaluz.branca vrſina an m.j. radicis altheae & liliorum alborum an. 3.j. paſſula- clyftere re- rum & ficuum pinguium an. 3.6. fiat decoctio ad fb.j. in qua diſſolue caſſix, butyri recentis an.3.j. violati mollitif . iij. fiat clyfter. - 3 Les § laxatifs ſont faits de quatre ſortes de medicamens, de la decoction de medicamens laxatifs , huyles & miel, ou autre qui ait vertu d'irriter. La decoction eſt quelquesfois propre à tirer les humeurs que l'on veut purger, comme pour tirer les humeurs froids & viſqueux, elle ſe fera ainſi. 2Z. Saluix,origani,abrotoni,camomillx & meliloti an.m.É.ſeminum aniſi, fœniculi, cumini an. 3.iij. ſemi-' nis carthami 3.ij.fiat decoctio, in qua diſſolue diaphœnici & hierz ſimplicis ana. 3.É. olei anethi & chamzm, ana. 3.j.É. mellis anthoſati & ſacchari rubri ana.3.j. fiat clyſter. "- Autre 24.Vini albi gener.fb.j.bul.ad conſumpt.medieta in quain diſſſachar.rubri 3.ij.iterum parum adden- do vitell.ouor.num. ij & fiat clyſter. Pour purger & tirer l'humeur colerique & bilieux, il ſera fait en cette maniere. 2/.. Quatuor remollientium, parietariae, cichorij , endiuia ana m. 6. ſeminum quat. frigidorum maiorum ana 3.iij.hordei integri p. j fiat decoctio. In colatura diſſolue caſſiz 3.j. olei violati & mellis 1 oſati ana 3. ij. fiat clvſter. - § tirer & purger l'humeur melancholique, l'on fera tel clyſtere. - 2Z. Fumiterrœ , centaurij minoris , mercurialis ana m.j. polypodij quercini, folliculorum ſenz ana 3. iij. ſeminis agni caſti, thymi, epithymi ana 3. ij. fiat decoctio, in qua diſſolue confectionis hamech 3. 6. caſſix recens extractz 3. iij. olei violati & liliorum ana 3. 6. ſacchari rubri & mellis violati ana 3.j. ſalis com- mun1s 3. J. Tels #asies ne ſeruent ſeulement à euacuer les humeurs ſuſdites, mais auſſi ſouuent contrarient aux in- Clyſteres cor- temperatures : comme le premier & le dernier alterent les intemperies froides : le ſecond conuient aux in- re#iſe d'in- temperatures chaudes. temperature. Les medicamens laxatifs qui ſont mis aux clyſteres ſont doux , ou forts. Les forts comme confection ha- mech , benedicta , diaprunis ſolutiuum, diafœnicum ſont meſlez à par ſoy iuſques à 3. vj. ou 3.j. tout au plus, ſelon la nature du patient facile ou difficile à eſmouuoir. Les debiles & benins, comme catholicon , caſſia , hiera ſimplex,de 3 vj. iuſques à 3.j. 6.3.ij. au plus, ſelon les indications. Et tels medicamens l'on diſſout le plus ſouuent en decoction commune de clyſteres , qui eſt faite de quelques remollitifs auec fieurs de camo- mille & ſemence d'anis. Le clyſtere anodyn eſt fait ſans medicamens laxatifs des medicamens anodyns , deſcrit en cette IIlaIl1CT6*. - 2/.Florum chamzmeli,meliloti,anethi ana p.j. radicis biſmaluz 3.j. fiat decoct. in lacte, colatura adde mu- cilaginis ſeminis lini & fœnugrzci extractæ in aqua malux 3. ij. ſacchari albi 3. ij. olei camomilla & anethi ana 3.j. vitellos duos ouorum, fiat clyſter. Tels clyſteres faut garder long temps , afin qu'ils puiſſent mieux appaiſer les douleurs. Aſtringent, vn clyſtere aſtringent eſt fait de choſes aſtringentes en la façon que s'enſuit. - . 2/.. Caudz equinx , plantaginis, polygoni ana : fiat decoctio in lacte vſtulato ad quart. iv. col- laturz adde boli armen1 & ſangui. draconis ana 3. ij. olei roſati 3. iij. albumina duorum ourum , fiat clyſter. † tels clyſteres nous vſons en vne dyſenterie, apres que les groſſes matieres ſont euacuées & nettoyées, Nutritiſi. ' ou en flux exceſſif des hemorrhoides. Les clyſteres ſarcotiques , epulotiques deterſifs, ſont faits de medica- - mens deſcrits en leurs propres chapitres, pour ſeruiraux vlceres des gros inteſtins. Les clyſteres nutritifs ſont faits de la decoction de poulets , chappons , vieils coqs cuits iuſqu'à pourriture & fort expreſſion # mouellGe Et compoſition des medicamens 721 Figure d'vn inſtrument proprepour ſe donner ſoy-meſme vn clyſtere. $ - = < = - E= - Des Suppoſitoires noiiets, & peſſaires. C HA P. XXIII. V P r os 1 T o 1 R E eſt vne maniere de tente (ayant le temps paſsé eu figure de gland , dont encore pour le iourd'huy elle retient le nom de glans)qui ſe met au ſiege,afin d'irriter le muſ- # cle Sphincter à l'expulſion des excremens contenus és inteſtins. Ceux que l'on fait de preſent ^, S n'ont figure de gland, mais pluſtoſt de peſſaires : car on les faict ronds & longs en forme de - chandelle de cire, d'où vient que le vulgaire de Languedoc les appelle Candelettes. Ils ſont doux, ou mediocres , ou forts. Les doux mediocres ſont faicts de poudres laxatiues , comme de hierre, ſel , & miel. Les forts ſont compoſez des poudres de ſcammonée, euphorbe, colocinthe, & ſem- : blables, auec miel, ou jus d'herbes acres, ou fiel de beſtes. Quelquesfois ils ſont faicts de ſauon, ſouuent auſſi é des troncs de porée, ou de ſa racine, aucunesfois d'vn lardon. :- Pour compoſer vn ſuppoſitoire faut mettre pour vne once de miel , vne drachme de ſel, ou de pouldre -- irritant & laſchant, comme il eſt facile à connoiſtre par les exemples. . Mellis cocti 3.j. hierx picrx & ſalis communis an.3.É. fiat ſuppoſitorium longum quat.digitor. Suppoſitoire . 2/.. Mellis cocti #.j. pulueris colocynthidos 9.f. ſalis gemma 9.j. fiat ſuppoſitorium. mediocre. Nous vſons de ſuppoſitoires, quand le patient pour ſon imbecillité ne peut pas endurer clyſteres, com- Vſº3º # : me és fiévres ardentes , ou quand les malades ne veulent prendre clyſtere , auſſi quand on ne rend point le ºr clyſtere qu'on a pris : finalement és affections froides de la teſte , qui endorment les malades, nous vſons L* communément de ſuppoſitoires forts & aigus, afin d'exciter la vertu expultrice du muſcle Sphincter, eſtant - aſſoupie par telles maladies : ou bien quand la maladie de ſon naturel eſt telle, qu'elle eſt euidemment of- | -' fensée par l'vſage des clyſteres, comme en l'Enterocele, en laquelle ſi le boyau eſt remply de clyſtere, il :,. preſſe dauantage le peritoine : & de ſa grauité tombe plus aisément par la partie relaxée ou deſchirée, dans : D le ſcrotum. - x Les Noüets, que l'on appelle en Latin Noduli, ont meſme vſage que les ſuppoſitoires, & fouuentesfois Noiitt. -- ſont prins pour ſuppleer le defaut, tant des ſuppoſitoires , que des clyſteres , quand on eſt en lieu où l'on #. n'en peut pas fournir. Et pourtant les Noüets ſont faicts des medicamens que l'on peut par tout facilement trouuer : ſçauoir eſt, de jaunes d'oeufs meſlez auec vn peu de ſel & de beurre, aucunesfois fiel & miel, & le tout lié en vn linge mediocrement delié , à la groſſeur d'vne auelaine , laiſſant du fil de quelque longueur au bout, afin que quand on les mettra dans le ſiege, ils ſe puiſſent retirer quand on voudra. Vous le pouuez ordonner en cette maniere. - 2Z. vitellum vnius oui, cui adde ſalis modicum, fellis veruecis & mellis an. 3.f. butyri 3.iij. miſce, fiant noduli filo appenſi. r Les temps propres à prendre tant ſuppoſitoires que noüets, eſt le matin auant diſner , comme des clyſte- res : car à telles heures nature a couſtume de reieter les excremens. Si on eſt contraint d'en vſer apres diſ- ner, que ce ſoit pour le moins quatre heures apres le repas. Peſſaire eſt plus gros que ſuppoſitoire, & eſt approprié à la matrice , lequel eſt fait de cotton ou ſoye, Des Peſſai- ou linge & laine peignée , en laquelle on a mis quelque medicament pcur mettre au col de la matrice : le-res. - quel eſt fait ou pour les vlceres du col de la matrice, ou pour prouoquer ou arreſter les menſtrues, ou pour la ſuffocation de la matrice, & purger les excremens d'icelle. Parquoy ils ſont faicts de gommes, ius , ſe- mences, herbes, racines , appropriées aux intentions que nous voulons, & incorporées en conſiſtance em- plaſtique & ſolide , pour les mettre en figure d'vn doigt dedans la matrice : mais on a couſtume de les lier au bout, comme appert par les exemples. P P p 2Z. Myrrha, # 722 Le XXVI.Liure, de la Faculté 2/. Myrrhz, aloës an. 3.j. ſabinx, ſeminis nigella , artemiſia an. 3. ij radicis ellebori nigri 3.j. croci9.j. A Peſſaire pro- cum ſucco mercurialis & melle fiat peſſarium filo alligatum coxae. uequant les 2É. Maſtiches, thuris an.5.ii). aluminis, roſar.rubr. nuc. cupreſſi an. 3.ij. ladani, hypociſtidos , ſumach. 7770L3, myrtillan.3.iij fiat peſſarium cum ſucco arnogloſſa , & cotone. - Peſſaire pour A l'exemple de ceux-cyon pourra faire d'autres peſſaires pour amollir, aſtreindre, mondifier , incarner, #º les cicatriſer les vlceres du col de la matrice,leſquels faut prendre au ſoir quand on ſe couche,& les faut garder Vſage. ſix ou ſept heures. Or les peſſaires ſe font non ſeulement des poudres des medicamens receuës & abbreu- uées de quelque ſuc, comme portent les exemples cy-deſſus mentionnez, mais auſſi des fimples poudres re- ceuës en vn ſachet de linge rare, delié & farcy d'vn peu dé cotton pour le faire enfler & bouffer en iuſte Vſage. groſſeur De telle forme de peſſaire nous pourrons commodément vſer contre la cheute & precipice de l'a- Pour la ſuffo.marry. L'exemple proposé par Monſieur Rondelet en ſon liure des medicamens internes, eſt tel. cation de 2Z. Benjoini, ſtyrac garioph. an. 5.j gallæ moſcatæ 3. 6. moſchijg. vj. fiat puluis exceptus bombace, im- la matrice. ponatur in vterum. Des Huyles C H A P. - XXI V. # V r L E proprement dite, eſt celle qui eſt tirée des oliues meures,ou non meures : mais abu- . fiuement elle eſt prinſe pour toute liqueur fiuxile, onctueuſe & aérée, de laquelle on fait B #" # trois eſpeces, La premiere eſt des huyles faites par expreſſion, tant des fruicts que des ſe- mences broyées & caſsées,afin d'en faire ſortir par expreſſion ce qui eſt oleagineux. Aucu- # nesfois ſans feu : comme huyle d'amandes tant douces qu'ameres : huyle de noix tant peti- ZvU $ tes que grandes : huyle de kerua, ou palma Chriſti : leſquelles auſſi ſe peuuent tirer auec feu. Aucunesfois ſeulement auec feu : comme huyle de lin, de laurier,de nauette,de chaneuy & autres telles ſemences. La maniere de les faire trouueras au troiſiéme de Meſué, où il parle des huyles. Seccnde eſ- La ſeconde eſpece, eſt des huyles composées des medicamens ſimples auec l'huyle, afin d'imprimer & pece laiſſer en l'huyle la vertu des medicamens, & ſe fait en trois manieres. La premiere eſt par decoction des racines, fueilles & ſommitez , fleurs, fruicts , ſemences, gommes, beſtes entieres cuittes auec du vin , ou eau, ou jus , en huyle commun , omphacin, ou autres , ſelon nos intentions , iuſques à la conſomption du- dit vin & eau : ce qui ſe connoiſtra, ſi vne goutte de telle huyle jettée dans le feu ne crepite point & ne pe- tille auec bruit. Or telle compoſition ſe faict, à celle fin que l'huyle ſe puiſſe mieux & plus long-temps gar- , der ſans crainte de corruption, de laquelle ſemble bailler occaſion l'eſtrange matiere d'eau ou de vin meſlé | auec icelle Quelquesfois on fait tremper & macerer les fruicts , ſemences, & autres ingrediens, par quel- que eſpace de temps auant que les faire cuire. Et la coction ſe doit faira en double vaiſſeau , afin qu'elles ne retiennent vne qualité du feu, que nous appellons Empyreume. Ainſi ſont faictes oleum coſtinum , ruta- ceum, de croco, cydoniorum, myrtillorum , maſtichinum , de euphorbio, vulpinum , de ſcorpionibus, & autres telles huyles cuittes auec le feu. La ſeconde maniere ſe fait par maceration , quand on met trem- per par quelque eſpace de temps les medicamens ſimples en huyle : quelquesfois ſur les cendres chaudes: C quelquesfois en fiente de cheual, ou au Soleil, afin que par cette chaleur moderée l'huyle puiſſe retenir la vertu des medicamens macerez. La troiſiéme maniere eſt faite par inſolation, quand en Eſté l'on laiſſe au Soleil fieurs des herbes miſes tremper en l'huyle, afin que ladite huyle eſtant eſchauffée de la chaleur amia- ble du Soleil , puiſſe prendre les facultez & effects deſdites fleurs : & de ce nombre ſont, huyles de roſes , de camomille , d'aneth , de lis, de nymphæa , de violes, & autres leſquelles pourras voir en Meſué, afin d'ap- prendre la compoſition & vertu, comme des autres cy-deſſus. Troiſiéme La troiſiéuie eſpece appartient aux Alchymiſtes, laquelle eſt faicte par reſolution en diuerſes manieres, & eſpece a vertus & effects merueilleux : quand par chaleur,ſoit du Soleil,ſoit du feu, ſoit de putrefaction, vne liqueur huyleuſe eſt tirée. Or l'extraction de ladite liqueur eſt faicte en deux manieres, l'vne per aſcenſum,l'autre Per deſcenlum,ainſi qu'ils appellent. Per aſcenſum ſont faictes huyles auec alembic,& receptoire, eſchauffez ou en cendres,ou arene,ou limature de fer, afin de faire monter en haut la vapeur & exhalation des medicamens . contenus au dedans, laquelle par refrigeration du ſommet de la chapelle & alembic deſcend au receptoire & telle liqueur eſt la partie la plus tenue & ſubtile qui ſoit eſdits medicamens : ce qu'ils appellent reſolution en ſes elemens, & extraction de l'humidité ſubſtantifique de la matiere. Ainſi eſt fait oleum philoſopho- rum, qui eſt deſcrit au troiſiéme Liure de l'antidotaire de Meſué : auſſi oleum ſulphuris , qui eſt de tres- grande efficace & vertu , & preſque toutes les nobles & bonnes compoſitions, qui vulgairement ont le nom de Baume. Aucunesfois eſt faite telle ſublimation à la vapeur de l'eau , qu'ils appellent balneum Ma- Per deſcen- riae. Per deſcenſum, ſont faictes huyles, quand la liqueur ne monte en la chapelle, ains deſcend en vne cor- ſum, nue, en la maniere que s'enſuit. Il faut emplir vn vaiſſeau de terre, bien plombé, qui ait le col eſtroit : de tailleures menues du bois, ou autres medicamens gras, duquel nous voulons auoir huyle, & les bien diſpo- D ſer audit vaiſſeau par ordre : puis appliquer au col d'iceluy vne lamine de fer,ayant pluſieurs trous & Pertuis, & la luter au col tant dudit vaiſſeau, que d'vn autre vaiſſeau de verre , qui doit receuoir ladite huyle,lequel faut mettre en terre : puis faut eſchaffer l'eſpace de deux heures ou plus,le vaiſſeau deſſus contenant les me- dicamens que l'on veut diſtiller, & par ainſi diſtillera huyles dedans le vaiſſeau enterré:telle diſtillation,com- me auons dit,eſt faite per deſcenſum,c'eſt à dire,par deſcente contraire à la precedente. Plus ample doctrine de telles ſortes de diſtiller tu trouueras en Philippe vlſtade enſon liure du Ciel des Philoſophes , & au pre- mier liure de la matiere de Chirurgie,chapitre des Reſolutions. Auſſi Meſué la deſcrit ; parlant de l'huyle de genévre ainſi ſe peut tirer l'huyle du bois de genévre,de gajac,du freſne,du bois de roſmarin,& pluſieurs au- tres,de vertus & effects merueilleux en la curation des maladies. Semblablement, eſt tirée par reſolution, huyle d'œufs, de froment,& de mouſtarde:toutes fois elles ſe peuuent tirer par expreſſion comme la premiere Autre façon eſpece. Il y a vne autre façon d'extraire telles huyles per deſcenſum,quand on met le vaiſſeau contenant me- de tirer | dicamens,decliue & panche en lieu frais,comme en la cauetainſi eſt tirée huyle de myrrhe,huyle de tartre,& lhuyle per de vitriol. Or faut noter,qu'en l'extraction de la quinte-eſſence des vegetables,c'eſt a dire,qui ont faculté de *ſºſº croiſtre ou de diminuer,comme ſont les herbes,l'humidité ſubſtantifique eſt tirée la premiere,mais des mine- · raux eſt tirée la derniere,laquelle eſt pure & nette,ſemblable à l'huyle. Il y a d'autre ſubſtance excrementeu- ſe qui ſe tire, mais elle n'a tels effects que la ſubſtantifique, laquelle ſurpaſſe toutes autres facultez de medi- . camens bien ſouuent, outre toute opinion commune. - Vſage Nous vſons des huyles, afin que la vertu penetre au profond , ou afin que l'huyle puiſſe addoucir la gº. ſubſtance des choſes que l'on meſle auec ladite huyle Toutesfois faut entendre, que quand on fait huyles froides composées auec huyle commune, il faut prendre de l'huyle omphacin, c'eſt à dire, tirée d'oliues VertcS » Per aſcen - ſum. Et compoſition des medicamens. 723 - •: A vertes, & non meures, comme l'huyle roſat. Auſſi quand on veut faire huyles chaudes, comme huyles des Philoſophes, ou benedicta , il faut prendre de l'huyle douce & bien meure, ou vieille, ou d'infuſion de roſmarin & ſemblables. . - Des Linimens. C H A P. XXV. - -- $ I N 1 M E N r eſt compoſition externe, moyenne entre huyle & onguent : ayant plus de con-9)ue c'eſt que ſiſtance que l'huyle, pource qu'en ſa compoſition outre l'huyle, il reçoit beurre, axunge, & ºnºment ſ# choſes ſemblables : leſquelles eſtans refrigerées, acquierent & retiennent quelque conſi- · ſtance, qui eſt cauſe que pour eſchauffer, meurir & appaiſer douleur, le liniment eſt plus propre que les huyles ſeules, pource qu'il s'attache mieux, & a plus de priſe ſur la partie, & ne s'écoule ſi aisément, & moins que l'onguent : lequel eſt ainſi appellé, à cauſe qu'il lenit & addoucit les parties rudes & exafperées , & appaiſe les douleurs. Les eſpeces de linimens ſont priſes de leurs effects : car aucuns ſont refrigerans,autres eſchauffans, aucuns humectans, quelques-vns maturatifs,& ainſi des autres, ſelon les indications des maladies. La matiere & ingrediens des linimens ſont huyle , axun- ge,ſuif,beurre: ou ce qui a conſiſtance d'huyle,comme ſtyrax liquide,terebenthine, mucilages de fœnugrec & guimauues,moelle,laine ſuccide, & autres. Quelquesfois on y adiouſte quelques poudres de racines, ſemen- ces,fleurs,eſcorces, mineraux,& autres,mais en petite quantite,afin que le liniment retienne touſiours ſa con- ſiſtance liquide : auſſi on y meſle bien peu de cire,pour relier vn petit, & retenir les huyles ou axunges. On en peut faire des autres medicamens tant ſimples que compoſez, declarez cy-deuant , ſelon l'exigence , & neceſſité, & complication des maladies. Les exemples donneront tout à connoiſtre. 2/.. Olei amygdalarum amararum , liliorum an.3.j. axungix anatis & gallina an. 3. ß. butyri fine ſale 3.j. Liniment eſ. mucilaginis ſeminis althear, & fœnugraeci, extractx in aqua hyſſopi an. 3.6.addendo pulueris croci & ireos ehauſſant, an.3.j. fiat linimentum. attenuant, , 24 Olei amygdalarum dulcium 3.ij. axungiz humanx 3. É. mucilaginis ſeminis malux extractz in aqua # ºsº parietarix 3.É. fiat lininentun addito croco. # # Ainſi pourras faire autres linimens à cét exemple, plus ou moins forts ou debiles, des remedes ja deſcrits. # l14f• Les linimens ſe peuuent appliquer à toutes les parties du corps, tant pour eſchauffer,refrigerer humecter gº. & deſſeicher, que pour digerer, maturer, amollir,appaiſer douleurs à cauſe qu'ils adherent d'auantage, & ne coulent p.sn toſt que les huyles. Toutesfois en la compoſition de linimens, faut confiderer la partie où l'on les veut appliquer : car fi la partie a quelque conduit, meat ou ſinuoſité comme l'oreille, il faut que le li- niment ſoit plus liquide , & ait plus grande quantité d'huyle. S'il faut qu'il adhere ſur la partie où il eſt ap- pliqué, faut y mettre plus de graiſſes ou axunges, & autres chofes qui ont conſiſtance. Aucuns veulent met- Differente rre difference entre les linimens & onguens : à cauſe qu'aux linimens ne faut mettre cire comme aux on- entre onguie guens, leſquels certainement s'abuſent : car il y a des onguens où il n'y entre point de cire , comme entre & lintment. les autres l'Egyptiac , non plus que tous † ſont preparez pour les les gangrenes & vlceres putrides, pource qu'à telles maladies, toutes choſes graſſes, comme huyle, graiſſe , reſine, cire ſont fort contraires: en lieudeſquelles entre en l'Egyptiac le miel & verd de gris, tant pour donner cbnſiſtance à l'onguent, que pour le rendre deterfif. - Eſpectte ---- - -- •-- -- • - Des Onguents. CH A P. XXV I. # E s onguents ont plus de conſiſtance & ſont plus fermes que les linimens, & de plus grands Diference # effects : ainſi nommez, à cauſe que les parties où l'on les applique, ſont oinctes & engraiſsées des onguens, Les differences d'iceux ſont priſes en partie de leurs effects, à cauſe qu'ils eſchauffent, refri- # gerent,deſſeichent,humectent, mondifient, confortent les parties, conſument la chair, faiſans cicatrices, & autres choſes ſemblables : en partie de leurs couleurs , & des aoins des inuen- *º teurs,comme album Rhaſis, deſiccatiuum rubrum : en partie auſſi du nombre des ſimples deſ- quels ils ſont faits,comme vnguentum tetrapharmacum, que communement on nomme baſilicum, & triphar- macum, que l'on dit nutritum:& de pluſieurs autres tels accidens,ſont faites les differences deſdits onguens, comme le plus ſouuent ils retiennent le nom du principal ſimple qui entre en la compoſition d'iceux : ainſi - nous diſons vnguentum de lithargyro, de minio, diapompholigos, & les autres ſemblables. Ils ſont faits L4 //ºatie/'é d'herbes,racines,ſemences,fruicts,des parties des beſtes, des metalliques,& quelques corps terreſtres Les ius des ongueny. & autres humiditez , ſont conſommées en cuiſant, comme aux huyles : les heibes & parties d'icelles ſont Puluerisées,ſi elles font ſeiches,tout ainſi que les metalliques & corps terreſtres:ſi elles ſont vertes, elles ſont cuittes, exprimées,& puis leur jus conſommé en decoction. Les gommes & refines aucunesfois ſont pulueri- sées, autresfois ſont diſſoutes & fondues,ou par feu,ou par quelque liqueur conuenable. La cire ſe fond auec l'huyle ſur le feu.Or pour compoſer onguens on a accouſtumé garder telle proportion,que pour vne once de pouldre,on y mette deux onces de cire, & huict onces d'huyle : toutesfois puis que la cire n'eſt miſe aux on- † que pour leur donner conſiſtance, il vaut mieux laiſſer la quantité de cire au iugement de celuy qui les ait : joint qu'il faut auſſi moins y adioulter de cire en Eſté qu'en Hyuer : à cauſe que la chaleur de l'Eſté deſ - ſeichant dauantage la compoſition totale de l'onguent,luy donne plus de conſiſtance. Telle eſt la reigle des communs practiciens pour ordonner des onguens, laquelle entendras mieux par exemple. - | 24. Oleiroſati 3.iv. pilorum leporis,boli armeni, terrx ſigillatæ an. 3.j. balauſtiorum, & gallarum an. 5. ſ.9ºººº tritis quae terenda, & ſimul mixtis, addita cera quod ſufficit, fiat vnguentum. percuſſif &r Ainſi promptement à ta neceſſité pourras compoſer onguens à cét exemple : mais ſouuent on en fait d'au- #. tre fa4on:car il y a trois manieres de compoſer onguens : la premiere eſt celle qui eſt faite ſans feu,en piſtant § # ſeulement au mortier : ainſi eſt fait vnguentum nutritum La ſeconde,quand auec feu nous fondons en l'huy-, de comre- le la cire, ou autre telle graiſſe : puis quand tout eſt fondu, nous meſlons les poudres en meſme proportion ſeronguens. que celle cy-deſſus. En cette façon l'on compoſe vnguentum aureum , baſilicon , diapompholigos , deſicca- tiuum rubrum, & enulatum. La troifiéme maniere eſt de piſter axunges auec le herbes, puis les cuire en- ſemble & les couler, car la colature eſt onguent. Et pour facile intelligence, ie te donneray la deſcription des ſuſdits onguens, & la maniere de les faire. T | N t PT . .. M - " 24, Lithargyri auri triti & loti fb. 6. olei roſati fb. j aceti roſatf 3.iv. & fiat vnguentum. Vnguentum Vous prendrez premierement voſtre litharge, & la mettrez en vn mortier, y adiouſtant vn peu d'huyle, nutritum. · : P P p 2 afin - - - 724 Le XXVI. Liure, de la Faculté Pnguentum 4f4765457. Vnguentums tetraphar- f/04ſ/º/72, Vnguentum diapompho- l7gos. Vnguentum deſiccatif4/4/79 rubrum. Vnguentum tnulatum. Ynguentum albi Rhaſis. Vnguentum de althea. - s Les racines, & les morceaux de ſcille , & les ſemences de lin, ſeront miſes en infufion chacun à part, en Vnguentum populeonis. ' Vnguentum apoſtolorum. Vnguentum cmitiſſa. afin qu'elle s'eſpaiſſiſſe, la remuant auec vn pilon, puis adiouſterez autant de vinaigre, en remuantiuſque A à ce qu'ils ſe ſoient incorporez enſemble : & continuerez à 1etter tantoſt vn peu de voſtre huyle, puis du vinaigre, iuſques à ce que l'onguent ſoit rendu en bonne forme & conſiſtance. Et ſi tu veux faire de cet on- guent l'emplaſtrum nigrum, tu feras conſommer petit à petit tout ton vinaigre, & lots l'emplaſtre viendra noir & luiſante. 2. Cerz citrina 3. vj olei boni fb.ij. tereb. 3.ij. reſinz,colophoniz an. 3.j. f. olibani , maſtiches an.3.j, croci 5 j. fiat vnguentum. - En premier lieu, terez fondre voſtre cire,auec vne grande portion de l'huyle, puis vous adiouſterez la re- fine & colophone rompue par petit morceaux : & eſtans fondués : oſterez le tout du feu, & adiouſterez vo- ttre terebenthine : cela eſtant à demy refroidy, mettrez l'oliban & maſtic pulueriſez , & ſur la fin le ſafran diſſout ou deſtrempé auec le reſte de voſtre huyle. Le tetrapharmacum eſt ainſi appellé, parce qu'il eſt composé de quatre ſimples, ſçauoir cire, reſine, poir, & ſuif de taureau, egalement meſlez & fondus. 24. Refinz, picis nigrx, cera an.3 ij.É.olei veteris oliuarum matur.f5.j.ſ.aut fb.j. Si durius id eſſe vis, fiat vnguentum, aucuns l'appellent baſilicum. Faites fondre auec l'huyle la cire coupée par petits morceauxpuis,adiouſterez la reſine & poix:& le tout eſtant fondu aurez voſtre onguent. - 2.É. Olei roſati 3.ix.cerx albx 3.iij. ſucci ſolani hortenſis3.iv.ceruſſx lotz 3.jpompholigos, plumbi vſti& loti, olibani puri an. 3.6.fiat vnguentum. - En l'huyle ſera fondue la cire à petit feu, puis eſtant oſtée du feu, adiouſterez vos ſuſdits ingrediens, & les broyerez long temps en vn mortier de marbre, verſant petit à petit du ſuc : & ce qui ne ſera incorporé, vous le ſeparerez. %. Lapidis calaminaris, terra ſigillatz an.3.ij.lithargyri auri, cerufſæ an.3.jf. camphorz 3.6. cerz # ijf. olei roſati & violarum an.3.iij fiat vnguentum. Vous ferez fondre la cire auec l'huyle, & eſtans refroidis vous meſlerez vos poudres, remuant auec vne ſpatule de bois, adiouſtant ſur la fin le camphre diſſout auec vn peu d'huyle roſat, ou eau de roſes. %. Radicis enulz campanr coctz cum aceto, & piſtatz vt decet, f5. fi. axungiz porci, olei communis § 3. j.fi.argenti viui extincti, & terebenthinz lotæ an.3.j.ſalis communis pulueriſati 3. ij. incorporenturyt CCCt. Vous prendrez vos racines cuittes, & paſsées par l'eſtamine, leſquelles ferez cuire auec voſtre axunge à petit feu , en remuant touſiours, puis ſoudain ietterez voſtre ſel , & huyle & cire, le tout meſlé enſemble: cela fait, ſera oſtée du feu la compoſition : à laquelle eſtant froide, adiouſterez le vif-argent eſteint auec vn Peu d'axunge & terebenthine. 2/. Olei roſati 3.ix.ceruſx albar 3.iij.cerae alba 3.ij.confice ſic. La ceruſe ſera bien puluerisée, ſur laquelle jetterez l'huyle & la cire, que vous meſlerez enſemble chau- dement, puis longuement battrez le tout enſemble , iufques à ce que le meſlange vous enſemble bien arfaict. 2Z. Radicis althex fb.j.ſeminis lini, fœnugrxci an.fb. 6. ſcillz 3.iij. olei communis fb.ij. cerz fb.f. tere- benth,galb.gummi hederx an.3.j.colophonia & reſan.3.iij. cinq liures d'eau l'eſpace de trois iours, puis on les fera boüillir iuſques à la conſomption chacun de trois onces : cela fait on en tirera les mucilages, que l'on fera cuire auec huyle, adiouftant la cire taillée en petits C morceaux : puis l'oſtant du feu mettrez le galbanum diſſout en vinaigre meſlé auec la terebenthine, enſemble la gomme de lierre, colophone & refine, reduits en poudre : ou bien ferez fondre voſtre colophone & re- ſine, auec la cire & huyle,qui ſeront mieux. - 2/.. Ocul.populi arb.fb.j. 6 folio paupauer.nig.mandrag folior.rubiz hyoſcya.vermic.lactucx,ſemperuiui, folior. violar. cimbalaris , folior. nominati cortali, naſcentis in figul. & muris an. 3. É. Cordus & Fernelius itemque Nicolaus dozent les fimples iuſques à trois onces chacun adipis ſuilli recentis expertis ſalis fb.ij° vini boni fb. j.fiat vnguentum. - .° Les fueilles des violes & œillets de peuple ſeront pilées en vn mortier de marbre auec les axunges, puis ſeront miſes en vn pot,& laiſsées l'eſpace de deux ou trois mois,attendant que les autres herbes ſoient enleur vigueur, leſquelles eſtans cueillies, ſeront hachées & piſtées comme les ſuſdites, puis meſlees enſemble, & fera le tout mis en vn lieu tiede l'eſpace de nuict iours, adiouſtant vne liure de vinaigre fort : cela fait on fe- rera le tout cuire iuſques à la conſomption de l'humidité,qui ſe connoiſtra lors que l'on en iettera vn peu deſ ſus le feu, & s'il fait bruit, c'eſt ſigne qu'il y a encore quelque humidité:laquelle eſtant conſommée, ledit on- guent ſera paſsé par vn gros linge, en exprimant bien fort le marc des ſuſdites herbes. 2/.. Terebenthinx, cerx alba , reſinz an. 5.xiv. opopanacis & floris zris (ſeu viridis zris : car flos zris ne ſe prend pas icy proprement pour ces petits † qui comme ſcintilles ſaillent de l'airain, lors que les mareſchaux l'abbreuuent d'eau pour le rafraiſchir : mais il ſe prend pour le verd de gris, quieſtfort propre contre les vlceres malins, contre leſquels tout cét onguent eſt preparé)an.3.ij. ammoniaci 3. xiv. ariſtolo- D chix longz, thuris maſc.an.3.vj. myrrhz & galbani an.3.iij.bdellij5.vj lithargyri 5.ix. oleifb.ij fiatvn. U16ºIltllIIl. $ La litharge doit eſtre nourrie auec3.ij. d'huyle, l'eſpace de 5.heures, en apres cuitte à petit feu iuſques en forme de miel , en remuant , afin qu'elle ne ſe bruſle : à laquelle eſtant hors du feu, adiouſterez la cire fondue auec le reſte de l'huyle,enſemble la reſine:puis le tout eſtant refroidi, mettrez les gommes diſſoultes en vinai- gre,& cuittes,incorporées auec la terebenthine, ou bien les adiouſterez en pouldretcela fait les poudres d'a- riſtoloche, myrrhe & encens ſeront incorporées : & par ainſi voſtre onguent , y adiouſtant ſur la fin,foris zris bien ſubtilement puluerisé. Encore que par cy-deuant la deſcription de l'Egyptiac ſoit miſe, ie n'ay voulu faillir la mettre en ce lieu. - '2L, Floris xris, aluminis t ochae,mellis communis an.3.iij.aceti acerrimi 3.v ſalis communis 3.jvitrioli Ro: mani#. 6.ſublimati pulueriſ3.ij. bulliant omnia ſimul, & fiat vnguentum vt artis eſt. I'ay adiouſté le ſublimé our luy donner plus de force, lequel tu pourras diminuer ou oſter ſibon te ſemble. 2#. Corticum medianorum caſtanearum, corticum medianorum arboris glandium, & glandium, myrtillo- rum, caudx equina , corticum fabarum, acinorum vuarum, ſorborum ſiccorum immaturorum, meſpillº rum immaturorum , radicum chelidoniz, foliorum prunorum ſylueſtrium an. 3.j.fi. aquæ plantaginis ib.viij cerz noux 3. viij. S. olei myrtillorum fb.ij.ſ . En apreste faut eſpandre dru & menu la poudre des choſes qui s'enſuiuent. - - - - #. Puluetis Et compoſition'des medicamens. 725 ? - À %. Pulueris corticis mediani caftanearum, corticis mediani glandium, corticum medianorum arboris glandium , id eſt quercus, gallarum an.3.j. cineris oſſium cruris bouis , myrtillorum , acinorum vuarum, ſorborum ſiccorum an.3.6. trochiſcorum de carabe 3.ij. fiat vnguentum. Premierement vous ferez vne decoction en l'eau de plantain , des ſimples concaſſez qui s'enſuiuent, com- me cortex medianus arboris quercinae , acini vuarum, radix chelidoniae,meſpilla ſorba, cauda equina,ſemen myrtillorum,pruni ſylueſtris folia,cortices fabarum,cortices mediani glandium,caftanearum cortices & gal- la:leſquels ſimples eſtans bien cuits,ſeront laiſſez en infuſion l'eſpace de deux heures,& ladite decoction ſera paſsée & ſeparée en neuf portions: & auec vne des ſuſdites portions la cire eſtant fondue auec l'huyle de myrtils,ſera lauée en continuant telle ablution ſept fois:cela fait,& l'ayant bien égoutée,de ſorte qu'il ne re- fte aucune goutte de la decoction,auec la cire & l'huyle, la ferez fondre, adiouſtant les poudres qui s'enſui- uent,comme oſſium cruris bouis,ſcorticum mediorum arboris quercinz, & mediorum corticum glandium, - corticum mediorum caſtanearum, gallarum , ſorborum, meſpillorum, ſeminum myrtillorum, acinorum vua- rum,& ſur la fin trochiſcos de carabet& par ainſi aurez voſtre onguent fait ſelon l'art. - Vngaentum 2%. Olei abſinthij, maſtichis, de ſpica & roſati an.3.ſ. pul abſinthij, roſar. maioranz , mentha an.3.j. prºtemabe. garyophyllorum , cinnamomi, maſtichis, galanga an.3.j. pulueriſentur pulueriſanda , & cum ſufficien- ti quantitate cerœ fiat vnguentum molle , de quo vngatur ſtomachus calidè per horam ante paſtum, con- tinuando. - - Nous vſons des onguens,afin qu'ils demeurent & s'arreſtent en la ſuperficie,ſans couler,& auſſi afin qu'ils ºzº- ne penetrent trop au dedans:pour cette raiſon ils ſont moyens entre les linimens & emplaſtres : & bien ſou-** uent nous prenons onguens pour linimens,vſant indifferemment de l'vn & de l'autre. * Onguent de Hedrus eſcrit par Galien,propre aux morſures des beſtes enragées & à toutes morſures, Liº 1 de la ſoit d'hommes ou autres animaux, auſſi aux ragadies du fondement : on en fait pareillement des peſſaires º# º remollitifs. - - - # 2/. Cerz albz fb.ij.ceruſx,lithargyri aurei an. fbj.myrrhz,& medullz cerui an.5.ijthur.3.j.olei fb.ſ. La "*" maniere de le faire eſt telle:il faut cuire la litharge auec huyle iuſques à bonne conſiſtance : cela fait il faut ietter la cire & ceruſe,& les mouuoir:& lors qu'ils ſeront vnis,& n'adhereront point aux doigts,oſtez-les du feu,& y mettez la moüelle, puis quand ils ſeront refroidis on y adiouſtera la myrrhe , & le thus , ſubtile- ment pulueriſez, & ſera gardé tel onguent pour en vſer aux diſpoſitions ſuſdites. Liu 3. de la Autre medicament de Galien,propre aux morſures des chiens enragez,& aux picqueures des nerfs & ten- somp. des dons,il prohibe que telles playes ne ſe peuuent glutiner ny cicatriſer. Il ſe fait ainſi Prenez vne liure de poix medicamens graſſe,trois onces d'opopanax,cuits en fort vinaigre,huyle de lis, axunge de porc fort vieille, & ſoit fait engeneral. onguent. Il dit que l'huyle de mouſtarde eſt ſi acre, que la mettant ſur les playes recentement fermées, elle a vertu de les faire ouurir, & partant elle eſt bonne auſdites playes faites des beſtes eſtranges, & aux ponctions des nerfs & tendons. - - - - - Des Ceroiiennes& Emplastres. C H A P. XXVII gE s Ceroüennes & emplaſtres ont fi grande affinité en leur compoſition, que ſouuentesfois Affinité à àN) , on eſcrit l'vn pour l'autre , tout ainſi que les linimens & onguens , leſquels on confond cerciienne é» )K# quelquesfois l'vn auec l'autre : à cette cauſe nous diſtinguerons bien peu les ceroiiennes emplaſtre. # , des emplaſtres:car la difference eſt bien petite. Ceroüenne eſt vne compoſition plus dure & Ceroiienne. K$y $ ſolide que les onguens,& plus molle que les emplaſtres,laquelle a ſon nom de la cire qu'elle .. >SS& y reçoit, pour donner conſiſtance & arreſter l'huyle, Les differences ſont priſes aucunesfois Differentes. des parties où elles ſont appliquées,comme ceratum ſtomachicum, autresfeis de leurs effects, comme ce- ratum refrigerans Galeni : ſouuentesfois des ſimples, deſquels iſs ſont compoſez , comme ceratum ſantali- num, ainſi des autres. La propre matiere des ceroüennes eſt la cire neufue, & les huyles accommodées aux parties & maladies : de ſorte que linimens & onguens ne different aucunement des ceroiiennes, s'ils reçoi- uent de la cire en leur compoſition, comme vnguentum roſaceum, s'il reçoit de la cire, ſera appellé ce- roüenne, non onguent. - Les ceroüennes qui ſont compoſez de racines, gommes, & metaux, ſont pluſtoſt appellez emplaſtres que compoſition. ceroüennes, comme le ceroüenne pour la hergne, communément appellé Emplaſtrum contra rupturam. Da- uantage,ſouuentesfois s'il y a douleur ou inflammation en vne partie, nous faiſons ceroüennes des emplaſtres liquefiez en huyle,de peur que la ſubſtance trop ſolide,dure & peſante de l'emplaſtre, ne bleſſe la partie do- lente par ſa grauité,& n'augmente l'inflammation,empeſchant la perſpiration d'icelle par ſa ſolididé.Et pour- tant delaiſſans la maniere de compoſer leſdits ceroüennes, dirons des emplaſtres. Emplaſtre eſt vne compo- Emplaſtré. ſition faite de toute ſorte de medicamens, principalement gras & ſecs, aſſemblez & amaſſez en vn corps eſ- # - - - - - b pais & viſqueux,dur & ſolide,adherant aux doigts. Les differences des emplaſtres ſont autant manifeſtes que Differences. celles des onguents. Qu'il ſoit vray elles ſont priſes bien ſouuent d'vn principal medicament qui entre en la ' compoſition,comme diachylons de meliloto,de baccis lauri,diachalciteos ſiue palmeum,de betonica ſiue de ianua Aucunesfois de leurs effects, comme diuinum,gratia Dei , apoſtolicum , contra rupturam. Quelques- fois auſſi de la couleur,comme emplaſtrum nigrum,griſeum,& autres telles differences,leſquelles connoiſtras à leur nom commun & vulgaire. La matiere des emplaſtres eſt prinſe des parties des plantes,des metalliques,& corps terreſtres principale- Compºſitiºn. ment, & des parties des beſtes:deſquels les vns laiſſent ſeulement leurs vertus, comme le vin, vinaigre, eau & tous ius liquides des herbes:les autres ſeruent principalement pour donner conſiſtance ferme aux empla- - ſtres,comme la litarge(laquelle,ſelon Galien,eſt la principale matiere à faire emplaſtres)la cire , l'huyle, & Aux liures les reſines. Les autres ſont mis aux emplaſtres,non ſeulement pour ſeruir de matiere,mais auſſi pour donner de la #- leurs vertus & effects,comme les gommes,quelques metalliques,parties des beſtes & reſines,comme la tere- # #… benthine pour digerer,mondifier & deſſeicher. Or des emplaſtres aucuns ſont faits ſans coction, les autres # parricu. auec coction. Ceux qui ſont fait ſans feu, incontinent ſont deſſeichez , & ne ſont aucunement viſqueux. lur. Ils ſont faicts de farine & poudre, meſlées & incorporées auec ius, ou autre choſe humide. Tels emplaſtres doiuent pluſtoſt eſtre appellez onguent durs,ou cataplaſmes qu'emplaſtres. Qu'ainſi ſoit, par decoction ſont faits les vrays emplaſtres, laquelle eſt aux vns plus longue, aux autres plus briefue, ſelon que les in- grediens la peuuent endurer de leur nature & ſubſtance : parquoy il eſt fort vtile connoiſtre ceux qui por- tept grande decoction ou petite. Donc la methode & moyen de faire les emplaſtres, c'eſt que les racines, ººº bois,fueilles,tiges, fleurs, ſemences ſeiches & puluerisées, ſont miſes preſques toutes les dernieres, lors #" que l'emplaſtre eſt quaſi cuite , ou qu'elle eſt ja hors du feu, ou autrement leur vertu s'euapporeroit. empleſtres. \- PP p ; Toutesfois 726 Le XXVI, Liure, de la Faculté Toutesfois ſi quelques-vnes de ces choſes entrent en la compoſition lors qu'elles ſont fraiches & encore A , verdes, ou illes faudra faire cuire en quelque liqueur, puis les paſſer & meſler auec les reſte : ou bien ſi elles ont du ſuc, on le tire apres les auoir pilées : & ſe ſert-on de ſuc pour cuire les autres choſes , & les fait-on du tout conſommer, n'y laiſſant rien que la vertu & faculté, comme l'on peut voir en l'emplaſtre de ianua, , ou betonica,ou gratia Dei : ce qu'on obſerue auſſi és mucilages : vray eſt qu'à cauſe de leur viſcoſité,ils ne ſe conſomment pas tant que les ſucs. Quant au miel & huyle,il en demeure encore beaucoup , encore que l'emplaſtre ſoit parfait. Et quant aux ſucs ſolides & endurcis, comme l'aloes , l'hypociſtisº, l'acacia , & au- tres ſemblables, ſi quelqu'vn entre en la compoſition de l'emplaſtre, & s'il eſt encor recent & frais,il le fau- dra ſeulement diſſoudre & détremper en quelque liqueur propre à noſtre intention : lequel neantmoins il faudra faire conſommer à force de cuire, autant que le meſler en la compoſition , ou bien faire cuire toute la , compoſition,iuſques à la conſomption de l'humidité des ſucs. Les gommes,comme galbanum, opopanax,ſa- gapenum,ammoniacum,& autres,ſe doiuent diſſoudre en vinaigre , eau de vie,ou autre liqueur : puis doiuent eſtre coulées,& cuites iuſques à la conſomption deſdites liqueurs, & conſiſtance emplaſtique,& ſeront miſes § aux emplaſtres ja du tout cuittes. Et eſt à noter que pour bien auoir la quantite & poids des gommes, il les ſeiches és faut premierement diſſoudre & couler, & les faire cuire, à cauſe des petits éclats de bois, & autres ordures emplaſtres, qui ſe trouuent le plus ſouuent. Dauantage le Chirurgien doit auoir égard en quelle liqueur il les fait diſ- ſoudre : car le vinaigre fait de bon vin fort & puiſſant, eſt de trop plus grande vertu,pour ſubtilier & pene- , • trer , que celuy qui eſt fait de petit vin bruſc, rude & aſpre. 1 . Les autrès gommes qui ſont plus ſeiches,ſont miſes en poudre, & meſlées à la fin des emplaſtres : les me- talliques, comme aes vſtum,chalcitis,magnes,bolus armena,ſulphur,auripigmentum: & les autres qui ſe peu- Moyen de , fºire entrer · · · uent pulueriſer,doiuent eſtre mis à la fin,ſi d'auanture on ne veut obtondre & refrener leur trop grande for- . - ce par longue dccoction.Ainſi eſt fait des reſines, de la poix , de la terebenthine , laquelle doit eſtre miſe · · apres la cire,ſans ſentir aucune coction,ou bien petite : les graiſſes ſont meſlées ſur le feu. La litarge auec , ' l'huyle doit eſtre cuitte à conſiſtance, ſi l'on veut que l'emplaſtre deſſeiche ſans mordication. La ceruſe pourra bien endurer tant longue decoction,mais elle ne rendra l'emplaſtre blanc : tout ne plus ne moins que la litarge d'argent ne donne tant belle couleur aux emplaſtres que la litarge d'or. Finalement tel ordre tu garderas en la decoction des emplaſtres. La litharge ſera cuitte à conſiſtance, le ius ou mucilages ja con- ſumez,puis on y adiouſtera les graiſſes , en apres les refines ſeiches, les gommes, la cire, la terebenthi- - ne, & à la fin les poudres. La parfaicte coction des emplaſtres eſt cogneue par la conſiſtance craſſe, dure, · Signes que glutineuſe & adherante. Ce qui eſt euident, quand en prenant quelque portion de l'emplaſtre, icelle je- º"?!ºſº froidie, ſoit par l'air ou eau froide, ou marbre, elle ne vient à adherer aux doigts. Dauantage, quand ſºraººfººº tout eſt bien meſlé, & la paſte de l'emplaſtre eſt bonne & bien amaſsé , difficile à rompre & mettre en · IIlOl CC d llX . " - - - La quantité des medicamens que l'on veut meſler pour faire emplaſtre ne ſe peut deſcrire, ains eſt eſti- mée par vne coniecture artificieuſe, ayant égard aux medicamens qui donnent confiftance & glutinofité: puis à la coction parfaicte on connoiſt ſi l'emplaſtre eſt trop mol ou trop dur. La cire n'entre point aux em- plaſtres eſquels il y a du ladanum : car il ſert de cire. Dauantage, ſi la compoſition d'vn emplaftre reçoit quelques medicamens emplaſtiques, la cire ſera diminuée : au contraire , ſi les autres ſont tous liquides, l'on augmentera la cire en telle quantité qu'elle puiſſe donner conſiſtance emplaſtique. Le temps auſſi & l'air , varient la quantité de la cire, & pourtant ſera bon laiſſer la quantité de la cire au iugement de l'operateur, , eſcriuant ſeulement, cera quantum ſufficit. Des onguens , on peut faire emplaſtres, en y adiouſtant ou · - - cire , ou reſines ſeiches , ou autre choſe dure & ſolide. Aucuns veulent, que pour vne poignée des medica- C mens groſſement pulueriſez, on y mette vne once, ou once & demie d'huyle , ou autre liqueur mais de ce- cy ne s'en peut donner precepte certain , ains tout giſt en l'examen & conſideration des emplaſtres ja com- poſez des Anciens, eſquels ſe faut diligemment exercer, pour bien bien entendre la maniere d'ordonner em- Emplaſtrum plaſtres A cette raiſon nous deſcrirons le plus communs. - - - - - - - - § % Olei chamameli,anethi,de ſpica,liliorum an.3.ij.olei de croco 3.j pinguedinis porcina ib.j.pinguedi- merc§rio. nis vitulinx fb.6.euphorbij.5v.thuris 3.x. olei laurini 3.j.É. ranas viuentes n.vj. pinguedinis viperx 3. ij.6- lumbricorum lotorum in vino 3.iij. 6.ſucci ebuli, enulae an.3.ij. ſcheenanti,ſtœcados, matricariae an.m.ij.vi- ni odorifieri fb.ij.lithargyri auri fb.j. terebenthina clarae 3.ij. ſtyracis liquidae 3.j.É. argenti viui extincti, fiat Deſ de vif emplaſtrum.Pour † d'ingrediens, on y met iv.3. de vif-argent,& ſouuent l'on le multiplie pour eſtre ladite emplaſtre de plus grand effect. Les vers doiuent eſtre lauez auec eau de fontaine, puis auec vn . peu de vin , afin de leur oſter toute la terre qu'ils pourroient auoir : eſtans ainſi lauez,on les fera tremper au vin qui entre en cette compoſition,& les grenoüilles toutes viues ſeront adiouſtées;& le tout boüilly enſem- ble,iuſques à la conſomption de la tierce partie, puis ſera miſe l'herbe appellée matricaria , incisée, auſſi le .. v : ſchœnanthe, contus , & le ſtoechas, & derechef on fera cuire le tout iuſques à la conſomption d'vne liure. Telle decoction ſera cuitte à perfection,& qu'elle ſoit claire,puis ſera laiſsée refroidir,puis coulée & gardée, attendant que la litharge aye eſté nourrie l'eſpace de xij.heures auec huyle de camomille,aneth,de lis,de ſa- fran,enſemble les axunges de porc,de veau,& de vipere(en lieu de l'axunge de vipere,on prendra de faxunge humaine)laquelle litharge ayant eſté nourrie,ſera cuitte bien lentementipuis oſterez le tout du feu,& adiou- - ſterez vn carteron de la ſuſdite decoction:en apres ſera miſe ſur le feu , afin que l'humidité en ſoit conſom- Autres font née & continuerez iuſques à ce qu'ayez mis toute la decoction & notez qu'vne partie de lhuyle d'aſpic ſera #" gardée pour mettre à la fin de ladite decoction, afin que l'emplaſtre aye meilleur odeur. Cela fait,lors adiou- §t, §ute ſterez ſuccos ebuli & enula campanz,faiſant le tout cuire iuſques à leur conſomption,puis(l'ayant oſté hors la decoction. du feu)adiouſterez le thus,euphorbium , & de la racine blanche tant qu'il ſera beſoin, puis mettrez l'ar- gent vif eſteint auec la terebenthine,& huyle d'amandes ameres,& le ſtyrax,l'huyle laurin & de ſpica,en re- * \ * ^ muant tout iuſques à ce qu'il ſoit froidipuis en ferez magdaleons. Le vif-argent ſera incorporé,eſteint,com- · · · ) · me dit eft, auec l'emplaſtre, ſur le marbre auec les mains. Annotation au ieune Chirugien, que tous les on- | | | guents auſquels entre du vif-argent, on le doit eſteindre auec vn peu d'axunge ou huyle viſqueuſe, º ' comme de lin,ou terebenthine, puis apres l'incorporer auec le medicament, eſtant preſque du tout refroidy, ' autrement il s'euaporeroit en fumée , ou ſe reüniroit en corps comme deuant qu'il fuſt eſteint:laquelle cho- ſe eſt bien à noter, principalement comme à l'emplaſtre de Vigo, & autres. Cerati œſy- %, croci 3. ij. 6.bdellij maſt ammoniaci, aloès, ſtyrac liquidae an.3.6 cera ft. f. tereb.g. vi. medullae pi ex pb#- crurisvacca , adipis anſeris an#.j. œſypi, vel axung gall ſi deſit, 3.ix. olei nard quantum ſatis ad magda- gris. leones formandos, expreſſionis ſcilla 3.j.ſS.olibani 3,ſ$. ſepivitulini 3.j.l'œſipus, ſepum , adeps & medullas auec la cire ſeront fondus enſemble : & eſtant le tout refroidy, adiouſterez l'ammoniac diſſout en vne de- mie once d'vne decoction faite de fœnugrec & de camomille, & en vne once & demie de ſuc de ſcille, fai- ſant conſommer l'humidité : puis mettrez le ſtyrax & terebenthine , & remuant touſiours , lors adiouſterez ' - - ' ! le argent. Et compoſition des medicamens. 727 , À le bdellium, origan , maſtic, aloés, mis en poûdre : le tout eſtant bien incorporé auec huyle de nardinum en formerez magdaleons. - 24.terebent. fb. 6. refina fb.j. cera alba 3. iv.maſtic.# j fol.verb.bet.pimpin anim.j. Les herbes verdes & Emplaſtrum • Principalement leurs ſommitez, ſeront hachées & broyées en vn mortier de marbre , puis ſeront cuittes en de gratia bon vin rouge & odoriferant, iufques à la conſomption de la tierce partie , & en la colature aAiouſterez Dei. voſtre cire taillée en petits morceaux pour la faire fondre : & l'humidité conſommée , mettrez la reſine , & le tout eſtant refrigeré, adiouſterez le maſtic bien puluerise, le malaxant entre vos mains pour le mieux 1ncorporer. - 3%. ſucci beton. plantag.apijan.fb.j. ceræ, picis, reſina , terebent.an:ft.ſ. fiat emplaſt. Les ſucs ſeront mis Emplaſtrum auec la cire pour la liquefier & fondre, leſquels ſeront conſommez iuſques à la confomption de trois parties, de ºnuºſº puis adiouſterez la reſine, poix, leſquels eſtans fondus, ſeront paſſez tous chauds : adiouſtant puis apres la * betonica. terebenthine, apres en ſeront faits magdaleons. - - #. croci, picis communis (ou pluſſoſt naualis, laquelle à la verité ſemble plus propre en ce cas , de tant ºſº que tel onguent eſt preparé pouramollir, diſcuter, & euoquer la douleur des jointures) coloph.cerae an. 3 j. ** terebenth.galb. ammo. thuris, myrrhae, maſtic. an.3.v. B. Vous ferez lentement fondre la cire, adiouſtant la Poix & colophone,puis mettrez vos gommes diſſoutes comme il appartient,& meſlées auec la terebenthine, & le tout eſtant oſté du feu, mettrez le thus & la myrrhe l'vn apres l'autre, & ſur la fin le ſafran bien pulue- risé, puis en formerez magdaleons auec huyle de vers. - ". 34. olei communis fb.ij. ceruſae ſubtiliſſ fb.j. Si tu veux faire ton emplaſtre plus blanche, ne faut mettre #º que 3.ix.d'huyle. Vous ferez cuire voſtre emplaſtre petit à petit, mettant tout enſemble, en remuant juſques « ceruſa. à ce qu'il aye conſiſtance d'emplaſtre. - 2.litharg triti , aceti fortiſſimi an. fb.ſº. olei antiqui f5.j. fiat emplaſtrum. La litharge ſera nourrie auec Emplaſtrum B l'huyle l'eſpace de neuf heures , la faiſant cuire à petit feu , iuſques à ce qu'il ſoit eſpais, puis adioulterez Tripharma- voſtre vinaigre petit à petit, vous donnant de garde qu'il ne ſe bruſle, & ferez tout boüllir, iuſques à la ººm ºn mi- conſomption d'iceluyvinaigre. Icelle emplaſtre eſt dite triapharmacum , à raiſon qu'elle eſt composée de s" • trois ſimples. *. " %. olei veteris f5.iij.axungiae veteris ſine ſale fb.ij. lithargiri tritifb.iij. vitrioli 3.iv. L'huyle & la lithar-Emplaſtrume ge ſeront miſes enſemble, afin de la nourrir, l'eſpace de douze heures , puis ſera cuitte ayant quelque con- palmeumſ- ſiſtance, adiouſtant l'axunge, & faut touſiours remuer auec vne ſpatule de palme, ou en lieu d'icelle , avec ! diachal- vne racine de canne ou baſton de ſaux, & eſtant cuitte à perfection, & oſtée du feu, adiouſterez voſtre vi-" • triol bien puluerisé. - - - • • #. picis naualis, aloés an.3.iij. lithargiri, cerœ, colophonix, galbani, ammoniaci an. 3.ij.viſci quercini Emplaſtrum 3.vj. gypſi viti, vtriuſque ariſtolochiz an.3.iv. myrrhæ , thurisan. 3. vj terebenthina 3.ij. pulueris vermi-#." num terreſtrium, gallarum, vtriuſque conſolida, boli Armenix an. 3.iv. ſanguinis humanifb.j. fiat empla- pturam. ſtrum : lequel ſi vous voulez faire bonne conſiſtance, adiouſterez olei myrtillorum , vel maſtiches fb. ß. ſi- non que tel apres ſa compoſition ſera de mauuaiſe paſte. Le moyen de bien faire cét enplaſtre eſt tel. Pre- nez vne peau entiere d'vn belier, laquelle coupperez en petits morceaux, & ſera cutte en cent liures d'eau & vinaigre, iuſques à ce qu'elle ſoit renduë comme vne colle ou gelée : en laquelle diſſoudrez viſcus quer- . cinum , adiouſtant la cire taillée en petites pieces, enſemble la poix rompuë en petits morceaux : & ſi vou- lez adiouſter de l'huyle, le ferez : puis adiouſterez le galbannm, ammoniac diſſout en vinaigre : puis meſlez , auec la terebenthine : en apres ſeront incorporez la litharge, gypſum , le bol , l'atiſtoloche , & la conſolde» · les vers , & le ſang , & ſur la fin la myrrhe, le thus, colophone , & l'aloës , ſans faire aucune interpoſition N de remuer, puis afin que le tout ſoit mieux incorporé , on battra long temps l'emplaſtre en vn mortier auec C vn pilon chaud. #- : - • • • %, mucag ſeminis lini, radicutn althez, fœnugræci & mediani corticis vlmi an.3.iv. oleililiacei , camo- # melini, anethini an.3.j.ſ. ammoniaci, opopanacis, ſagapeni, an.5.f. croci 3.ij. cera noua fb.j 3.viij tere- #º- benthina 3.ij. fiat emplaftrum. - . . " - - Fernel ne doſe la cire que iuſques à vingt dragmes, voulant au reſte la doſe des autres ingrediens , eſtre ſemblable à celle qui eſt icy ordonnée. Les mucilages & la cire coupée en petits morceaux , ſeront miſes auec les huyles, & ſeront conſommées , en remuant auec vne ſpatule de bois : Puis ſeront adiouſtées les gommes diſſoutes, & meſlées auec la terebenthine, puis apres metrez le ſafran bien Puluerisé . . %. olei roſati, myrt. vnguent populan.3.iy.pingued.gall. 3.ij. ſepi caſtrati, ſepivaccinian.3.vj pingued. porcinz 3.x ceruſx #.iv.minij 3.iii.terebent. 3 iv eerz quant fatis, ſi opus fuerit fiat emplaſtrum velcera- tum molle. - · · La litharge, ceruſe, & minium, chacun à part ſeront reduits en poudre ſur le marbre , les atrouſant d Vn Emplaſirum peu d'eau roſe, afin que le plus ſubtil ne s'euapore : puis ſeront incorporez auec huyle roſat.myrtil, les inet- de minio. tant ſur le petit feu,iuſques à ce qu'ils ayent acquis la conſiſtance de miel Cela fait adiouſterez les axunges, & la ferez cuire iuſques ce qu'elle deuienne noire : lors ſubit mettrez le ſepum caſtratum & vaccinum, leſ- quels eſtans fondus , oſterez le tout du feu, adiouſtantl'vnguentum populeonis, & s'il y a beſoin de cire, en adioufterez, puis formerez vos magdaleons. - -- - - . . .. - TM7 24. § puri & pulueriſa# xj oleiirini , aneth, chamæmelini ah. 3 viij. mucilaginis ſeminis lini, # D fœnugræci & radicis althex, & § & vuarum paſſarum, ſucci ireos,& ſcillx, cefypi, ichthyo- collae an.5.xij,ß terebenth.3.iii. reſina pini, cerx flaux an.3.ii. fiat emplaſtrun. . - , - - • J La litharge doit eſtre nourrie auec l'huyle, auant que la mettre ſur le feu , Pºis eſtre cuitte à petit feu, iuſques à ce qu'elle deuienne eſpeſſe : apres faut mettre petit à petit les mucilagºs iuſques à la conſom- ption : apres le ius de ſcille & iris ſoient meſlez auec ledit euiplaſtre , auſſi le nucilage de ichthyocols : 8 r iceux eſtans conſumez, faut faire fondre la cire & la refine, & hors du feu ſoit miſe la terebenthine, & oeſypus. - - - - • • •» #- des emplaſtres ; eſt afin que plus de temps ils puiſſent demeurer ſur les parties où ils ſont appli- # quez,& que leur vertu ne ſe puiſſe ſi toſt exhaler : ioint que l'on les Peut garder long temps. - - Des cataplaſmes & pultes CH A p. XXV II I. iere d - Maftere des $,22 E s cataplaſmes ont grande ſimilitude auec les emplaſtres , dits imProPrement , à cauſe qu'ils peu- cataplaſmes # uent eſtre eſtendus ſur linges ou eſtoupes, & adherer aux parties comme emplaſtres. Ils ſont faicts •: * de racines, fueilles, fruicts, fleurs, ſemences des herbes, ius d'icelles , huyles , axuºgº ! mouel- les, farines, ſines deſquels les vns ſont cuits, les autres cruds Ceux qui ſont cuits ſºnº † - PPP 4 CTbcS 728 Le XXVI. Liure, de la Faculté herbes cuittes à pourriture, puis paſsèes par vn ſaſſet, en y adiouſtant l'huyle ou axunge. Les cruds A ſont faicts des herbes pilées, ou ius d'icelles meſlées auec huyle » farine, & autres Poudres accommodées ou à la maladie, ou à la partie, ſelon l'intention du compoſiteur. La quantité des medicamens ingrediens n eſt point determinée, ains eſt laiſsée au iugement & eſtimation des fimples que l'on veut meſler en vne conſiſtance molle & eſpaiſſe, laquelle doit eltre viſqueuſe, ſi nous voulons maturer : & au contraire, ſi nous voulons digerer : la choſe ſera manifeſte des exemples , leſquels nous mettrons, apres auoir deſcrit Vſage° leur vſage. - - - Nous vſons des cataplaſmes en la curation des maladies pour appaiſer douleur , cuire & digerer tumeurs contre nature,reſoudre ventoſitez. Ils doiuent eſtre chauds moderément, & de parties ſubtiles, afin que me- diocrement ils attirent. L'vſage eſt ſuſpect & dangereux , où le corps n'eſt pas purgé, à cauſe qu'ils attirent à la partie ja affectée : auſſi ne faut vſer d'iceux, quand la matiere que l'on veut digerer eſt groſſe, & terreſtre : car ils reſoudroient le ſubtil, & laiſſeroient le gros : ſinon, en cas que leſdits cataplaſmes fuſſent meſlez des choſes non ſeulement diſcutientes, mais auſſi reſoluantes. ºſº - 2º. Medullae panis ib. fi. decoquatur in lacte pingui, cui adde olei camomillz 3.f. axungiz gallinz #j. º .. fiat cataplaſma. - *"ºf Y. Radicis althez ;. iij.foliorum malux, ſenecionis an. m.j. ſeminis lini, fœnugræci an.5.ijficuspingues num.vj decoquantur in aqua, & perſetaceum tranſmittantur, addendo olei liliorum 3.j farinz hordei j.ij. Reſolutif axungiz porcina 3j.ſ fiat cataplaſma. - - - - - - 2%. Farinx fabarum & orobi an, 3 ij pulueris camomillz & meliloti an. 3 iij olei irini & amygdalarum z, matiere, amºrºrum an. 5.j ſucci rutx 3 5.fiat cataplaſma. - - - - - ai#erºn & º pultes ne different des cataplaſmes, ſinon à raiſon qu'elles ſont faites des farines cuittes en huyle & #e d,, eau, ou miel ou beurre, ou axunge. L'on fait pultes pour la maturation des tumeurs contre nature, de farine pultes. d'orge , ou de froment, & de laict ferré, principaleinent aux affections des parties internes, pour deſſei- cher & aſtreindre, & lors ſont faites de farine de riz, ou de lentilles,ou d'orobus auec vinaigre:ou pour mon- difier, & en tel cas ſont faites de miel, farine de féves, de lupins, en y adiouſtant de l'huyle vieille, ou autre huyle chaude,its fairez reſolutiues. Dauantage, l'on fait pultes pour appaiſer douleur, & lors ſont faictes de laict : Les exemples feront le tont manifeſte. Pºlº maº- %. Farinx tritici 3. ij. micx panis puriſſimi, 3.iij.decoquantur in lacte, & fiat pulticula. "41JfEº• 3.. Farinz hordei & fabarum an.3.ij.farinz orobi 5.iij. decoquantur in hydromelite, addendo iis quart.1 olei amygdal. maturarum 3.ij. fiat pulticula. Nous vſons des pultes au commencement des maladies, aux douleurs & maturations des tumeurs contre nature, eſtans tant és parties internes qu'externes. Quelquesfois nous vſons d'icelles pour tuer & occire les vers : telles ſont faires de farine de lupins, cuitte en vinaigre & en fiel de bœuf, & decoction d'abſinthe, A , & generalement de toutes choſes ameres. » Des fomentations. CH A P. XXIX. Leſinition. >S # O M E N T A T 1 o N s eſt vne euaporation ou eſtuuement, faite principalement pouramol- #, lir, relaxer & appaiſer douleur, des medicamens relaxans, emolliens, & anodyns, afin , que par ſa chaleur elle puiſſe incontinent échauffer, digerer, & maturer. Icelle eſt ſeiche, , ou humide. La ſeiche ne differe point des ſachets : deſquels nous dirons cy-apres, partant icy nous n'en dirons rien, mais ſeulement traitterons de l'humide, laquelle eſt faite de meſ- à me matiere que l'embrocation, ſçauoir eſt, d'herbes , racines, ſemences, fleurs emollientes, relaxantes, & digerantes, cuittes en eau & vin : & differe ſeulement de ladite embrocation, quant à la ma- niere d'appliquer. Les racines de guimauues, mauues , de lis.Les ſemences de mauues, guimauues, perſil, ache, de lin, fœnugrec. Les fieurs de camomille & melilot, figues, leſquelles choſes ſont miſes en telle quantité qu'il conuient , & ſont cuittes en eau, vin ou lexiue, en plus grande quantité ou moyenne, ſelon que la partie & maladie requiert, aucunesfois iuſques à la conſomption de la moitié, quelquesfois iuſques à la troiſiéme partie, ce que connoiſtras par les exemples. Fomentation 2. Radicis biſmalux & liliorum an. 3.ij.ſem.lini, fœnugr. cumini 5. iij. fior. camom. meliloti & ane- emolliente & thi an.p j. ſummitatum origani m. 6. decoquant. in arquis partibus aqua & vini, aut ij. partibus aqua & vna "ſº vini, aut in lixiuio cineris ſarmentorum , ad tertix partis conſumptionem, & fiat fotus. - A cét exemple pourras eſcrire autres fomentations à autre vſage, ſelon ta neceſſité. Vſage. . Or nous vſons des fomentations auant qu'vſer de cataplaſines ou onguents, afin d'ouurir les pores , re- laxer les parties, & ſubtilier l'humeur, de ſorte que la voye ſoit preparée aux autres remedes. Elles ſont fai- tes en toutes parties du corps : Mais ne faut vſer d'icelles ſinon apres la purgation du corps, de peur qu'elles n'attirent dauantage d'humeur & ſang à ſoy, qu'elles ne puiſſent digerer. L'application & maniere d'vſer deſdites fomentations eſt telle.Aucunesfois l'on trempe d'vne eſponge femelle (car telle eſt plus liſſe & dou- ce pour ſon egalité que l'eſponge maſle)en ladite decoction chaude,ou feutres, ou linge, puis eſt eſpreinte & · appliqu4e iuſques à ce qu'elle eſt refroidie,& derechef eſt trempée,& ſnuuentesfois appliquée Aucunesfois l'on emplit à demy de la fomentation chaude vne veſſie (laquelle principalement eſt appliquée aux coſtez) ou vne bouteille, afin que la chaleur ſoit gardée plus longuement en la partie : auec telle caution toutesfois, que telle bouteille, ſoit d'airain ou de terre, ſoit enueloppée de quelque choſe molle & douce, comme laine - ſarge catdee, ou autre ſemblable matiere, de ſorte que ledit vaiſſeau , ny de ſa grauité, ny de ſon aſperité H'Pº n'offence la partie dolente, comme admoneſte Hippocrate au 2.De dieta in acutis. Des Embrocations. C H A P. XXX. NS> M B R o c A r 1 o N , ſelon les Grecs , ou irrigation , ſelon les Latins, eſt vn arrouſement . 2 $ quand d'en haut,à la fimilitude de la pluye,l'on laiſſe diſtiller quelque decoction ſur quelque # partie, principalement aux affections de la teſte, enuiron la ſuture coronale, tant pource que S,22 par les ouuertures manifeſtes de telle ſuture, la vertu du medicament eſt portée plus aisé- # ment au dedans qu'auſſi pource que le crane enuiron ce quartier eſt plus mince qu'en aucun 2IDN NSN autre endroit. La decoction conuenable à faire embrocation, eſt faite de racines, fueilles, fleurs,leumences fruicts,& autres ſemblables medicamens choiſis ſelon nos intentions,leſquelles ſont cuits en liure & demie,ou en deux liures d'eau & de vin.iuſques à la conſomption de la moitié, ou de la tierce † " - Aucune5f0 Difinition. $2 Et compoſition des medicamens. 729 A # ſ 1 - Aucunesfois on fait embrocations de lexiue & ſaumures deſſeichantes pour les maladies froides du cerueau: - - ſouuentesfois auſſi elles ſont faites d'huyle ſeule,ou de vinaigre auec huile,ſi c'eſt pour la teſte:vn exemple ' .. ſeul ſuffira pour t'en donner la connoiſſance. Embrotation 2Z.Foliorum plantaginis & ſolani an m.j. ſeminum portulacx & cucurbitae an.3.ij. myrtillorum 3. j.flo- repercuſſiur. rum nymphzx & roſarum an.p.ſ. fiat decoctio ad fb.j. ex qua irrigetur pars inflammata. Pour repercuter G lien § auſſi pourra eſtre faite embrocation d'huyle roſat auec vinaigre. Nous vſons des embrocations, afin que la liures des partie la plus ſubtile puiſſe penetrer auec l'air qui eſt attiré par les arteres : au moyen dequoy la partie eſt ſimples, euentilée, & aucunement rafraichie, qui eſt cauſe que telles embrocations ont plus de lieu aux maladies froides que chaudes, La maniere d'en vſer eſt , quand ou pour la crainte du flux de ſang , ou pour vn os rompu, nous ne voulons défaire la ligature, ains eſpreignons de haut vn linge, ou du cotton trempè en de- coction, ou huyle conuenable à noſt re propos, ſur la ligature : car le coup eſt rompu par les bandes. Aucu- nesfois nous imbibons le linge ou cotton , & en touchant la partie nous faiſons embrocation. Toutesfois pour en parler à la verité, telle choſe merite pluſtoſt le nom de Fomentation humide,que d'Embrocation: comme l'etymologie du mot Grec le monſtre euidemment. Des Epithemes. C H A P. XXX I. 2é#, P 1 T H E M E eſt vne compoſition appropriée ſeulement aux parties nobles des deux ventres Definition, \ % inferieurs, ſemblable à fomentation, & peu differente d'Embrocation. Les Pratticiens l'ap- pellent Humectation ou Irrigation, laquelle eſt faite des eaux ou ius & poudres appropriées au foye,au cœur,& au thorax,auſquels on adiouſte du vin plus ou moins,ſelon que l'affection froide ou chaude le requiert. Car lors qu'il faut eſchauffer , on adiouſte dauantage de vin, - comme en la ſyncope prouenante de quelque grumeau de ſang, de corruption de ſperme, de venin froid pris par la bouche:le contraire ſe doit prattiquer és fiévres:Aucunesfois de la maluoiſie,aucunes- fois du vinaigre. Les herbes & autres medicamens ſimples, conuenables aux parties internes, ont eſté deſ- cris au chapitre de la quatriéme faculté des medicamens : on vſe toutesfois le plus ſouuent des poudres ele- ctuaires compoſez,comme d'electuarium triaſantali pour le foye,diamargariti pour le cœur. En la compo- ſition des epithemes,les practiciens vſent de telle proportion, pour vne liure de ius & eaux,ils mettent vne once, ou vne once & demie de poudres,y adiouſtant quelquesfois vinaigre iuſque à demie once : & de la maluoiſie ou du vin iuſques à vne once : ce que connoiſtras par l'exemple ſuiuant. - 2/.. Aquz roſarum,bugloſſa & borraginis an.3.iv. ſucci ſcabioſx 3.ij. pulueris electuarij,diamargariti fri- Epitheme gidi 3 ijcorticis citri ſicci 3j coralli,raſura eboris an.5.6. ſeminis citri & card. benedictian. 5 ij 5.croci & pour le cœMr. moſchi ang.v. addendo vini albi 3.j. fiat epithema pro corde. - Vſage Nous vſons d'iceux, tant pour le foye que pour le cœur, & tout le thorax és fiévres hectiques ardentes, |gº, (eſquelles fiévres hectiques & ardentes,plus opportunément ſont appoſez les epithemes ſur le thorax, & re- gion des poulmons,que ſur le cœur:car les poulmós ainſi refrigerez,eſchauffent moins l'air attiré:& faut que tels epithemes ſoient compoſez de choſes humides & froides, pour par icelles contemperer l'ardeur de la fiévre,qui deſſeiche par trop le corps)afin de refrigerer ou eſchauffer,ou conforter leſdites parties.Aucunes- fois nous en vſons pour garder & preſeruer le cœur des exhalations veneneuſes eſleuées de quelque partie, comme gangrenes, ſphaceles, & mortifications. La maniere d'appliquer tels epithemes, eſt de tremper & moüiller ſouuent linge delié, ou cotton, ou ſantal, principalement quand c'eſt pour le coeur, & l'epithemer aſſez chaud & en eſtuuer les parties. Tels remedes,comme tous les autres topiques,ne ſont appliquez, ſinon apres les choſes vniuerſelles faites. ** 4 * s$ A - - Des Ruptoires, ou cauteres potentiels. CH A P. , XXX II V P T o 1 R E eſt vn cautere potentiel, lequel par ſa vertu cauſtique bruſle & fait eſcar- Definition. re. On les applique pour faire ouuerture à quelque partie, comme pour faire vacuation , # deriuation,reuuiſion,& attraction des humeurs. Dauantage, ſeruent aux piqueures , & mor- Pºſage des s)NS3 ſures des beſtes venimeuſes; & aux apoſtemes veneriques,& bubons, & charbons peſti-º # $2, $ lentiels, s'il n'y a grande inflammation,parce que l'ouuerture faicte par iceux eſt beaucoup S>-783º5@º à loüer (ainſi que i'ay eſcrit au traicté de la Peſte) d'autant qu'ils obtondent & attirent le. venin du profond à la ſuperficie , & donnent ample iſſue à la matiere conioincte : ſemblablement ſont fort propres aux apoſtemes pituitèuſes & phlegmatiques, pource que par leur chaleur ils aydent à cuire l'humeur froid & crud,mal-aisé à ſuppurer, & aux autres apoſtemes où il y a crainte de flux de ſang:à couper les vei- nes variqueuſes,& pareillement à conſommer chairs ſuperfluës & pourries, trouuées dedans les loupes, & faire cheoir les bords calleux des vlceres, & autres choſes qui ſeroient longues à reciter. Or les matieres deſdits cauteres,ſont calx viua, cendre de cheſne, de grauelée, tithymal, pommelée, de figuier, de tronc de La matiere des canteres D choux,de febues,de ſarment de vigne & autres ſemblables : pareillement des ſels, comme ammoniac, alkali axungia vitri,nigra,ſal nitrum,vitriol Romain,& autres ſemblables. Et de toutes les choſes on en fait vn ſec qui ſera fort corroſif ſelon la quantité & qualité des choſes dont ils ſeront composées, lequel par ſa chaleur eſt cauſtique, faiſant eſcarre & crouſte , comme vn fer ou charbon ardant, & partant fait ouuerture en conſommant & erodant le cuir, & la chair où on les applique. le d Prenez chaux viue trois liures, laquelle ſera eſteinte en vn ſeau de lexiue de Barbier: & apres que ladite # (7 ſ} 4 lexiue ſera raſſiſe, on la coulera : & dedans icelle on mettra ſein de verre, & cendre de grauelée , † chacun # 0a deux liures, ſel nitre,& ſel ammoniac, de chacun quatre onces : leſdites choſes ſe doiuent puluerifer groſſe-§. ment, puis il les faut faire vn peu boüillir, & les laiſſer infuſer par l'eſpace d'vn iour & d'vne nuict , en les remuant par pluſieurs fois : puis faut paſſer leſdites choſes par dedans vne groſſe toile en double, afin que nulle choſe terreſtre y ſoit adiouſtée,, & eſtant ce capitel clair, comme pure eau, ſera posé en vn vaiſſeau de cuiure,comme vn baſſin à Barbier. Puis on le fera boüillir promptement,& auec grande flamme, en le re- muant touſiours, † que le ſel n'adhere contre le baſſin, & lors que ledit capitel ſera conſommé à moitié, il y faut jetter du vitriol en poudre deux onces (afin que les eſcarres tombent pluſtoſt)& laiſſer le baſſin ſur le feu iuſques à ce que toute l'humidité ſoit preſque conſommée, alors faut tailler la terreſtrité du ſel qui ſe fait du capitel, & en former les cauteres gros & petits, longs, ronds quarrez, & de telle figure que voudras, auecquelque inſtrument de fer chaud & non froid , comme d'vne ſpatule ou autre ſembla- ble & les fauttoufiours tenir ſur le feu, iuſques à ce que l'humidité ſoit preſque conſommée puis § - 1tS · 73o Le XXVI Liure de la Faculté - - * leſdits trochiſques ou cauteres dedans vne fiole de verre, & ſera bien eſtoupée , en ſorte que nul vent n'y A Antºes. . puiſſè entrer , puis en vſeras à ta commodité. §. Prenez vn fagot de tronc de féves auec les coſſes, & deux fagots de tronc de choux , quatre iauelles de ſarment de vigne, & en faites cendres, leſquelles mettrez en vn ſeau d'eau de riuiere, & laiſſerez infuſer par l'eſpace d'vn iour & vne nuict, les remuant ſouuent : puis apres adioûterez bonne chaux viue deux liures, ſein de verre demie liure , cendre grauelée deux liures,ſel nitre quatre onces : le tout ſera mis en pou- dre, & les laiſſerez encore infuſer deux ou trois iours, en les remuant par pluſieurs fois : puis on paſſera le capitel par vne toile en double, ou en vne chauſſe d'hippocras , tant que le capitel ſoit fort clair, & le ferez conſumer ſur le feu, comme il a eſté dict , ſur la fin que verrez l'humidite preſque conſommée, vous adiouterez deux ou trois onces de vitriol & le tiendrez toufiours ſur le feu , iuſques à ce que peu d'hu- midité apparoiſſe , puis formerez tels cauteres de telle groſſeur & figure que voudrez , comme il a eſté dit cy-deſſus. Et notez derechef qu'en les cuiſant, vous empeſcherez auec vne ſpatule que le capitel n'adhe- re contre le baſſin , & le garderez , comme a eſté dit. Autre Prenez de la cendre de vieil bois de cheſne noüeux en bonne quantité, non pourry, & en faites lexiue,la- | • quelle ferez derechef repaſſer par autres cendres dudit bois, à fin de rendre ladite lexiue plus forte, & *z , fera-on cela par trois ou quatre fois : puis en icelle on fera eſteindre chaux viue, & de ces deux choſes ſera - fait capitele, duquel on fera bons cauteres, car cette cendre eſt chaude au quatrieſme degré: & pareille- ment les pierres dont on fait la chaux, par leur cuiſſon ſont ignifiées & chaudes auſſi au quatrieſine degré. Ie diray plus que i'ay faict des cauteres de la ſeule cendre de bois de cheſne, voire qui operoient prompte- ! ment & vigoreuſement. Prenez demy boiſſeau de cendres communes , & les calcinez toutes ſeiches iuſques à ce qu'elles deuien- nent blanches, & de ce en ſoit fait capitel pour cauteres, leſquels trouuerez eſtre bons. Et pour ſçauoir ſi . le capitel ou lexiue eſt aſſez forte, faut qu'vn œuf nage deſſus. º*** Prenez de cendres faites de troncs de féves iij. liures, chaux viue, cendre grauelée , cendres de bois de # cheſne fort cuittes an. fb.ij. Puis leſdites choſes ſeront miſes en vn ſeau de lexiue faite de cendres de cheſ- Au . ne , & les remuer fort : puis les laiſſer infuſer l'eſpace de deux iours. Apres on les fera paſſèr par quelque vaiſſeau propre, lequel ſera percée au fonds en pluſieurs endroits , y ayant mis quelque bouchon de paille: à fin que le capitel puiſſe mieux paſſer,& ſe rendre plus clair. Et faut le repaſſer par trois ou quatre fois,à fin qu'il prenne la qualité des ingrediens , & faut de neceſſité qu'il ſoit biºſ clair, & qu'il n'y reſte aucune ter- reſtrité. Apres le faut metre en vn baſſin de cuiure, & le faire tant #oüillir ſur le feu qu'il demeure eſpais, & ſubit qu'il commencera à s'epaiſſir, faut augmenter le feu ſous ledſt baſſin : & la matiere eſtant aſſez con- gelée, on formera les cauteres comme l'on voudra , puis ſeront gardez comme deſſus, pour en vſer à lane- ceſſité. * , - - Ces iours paſſez ie me ſuis trouué auec vn Philoſophe,grand extracteur de quinte-eſſence : où noustom- baſmes en propos ſur les cauteres potentiels, lequel me dit en ſçauoir des plus excellens que iamais furent, & que leur operation ſe faiſoit en peu de temps, ſans douleur, ou bien peu,auſſi que leurs eſcarres eſtoient mollaſſes & humides,& qu'il ne failloit,pour les faire tomber,y faire aucunes ſçarifications.Alors ie le priay c bien affectueuſement m'en vouloir donner la deſcription,à quoy il me reſpond qu'il ne le pouuoit faire : par- ce que c'eſtoit l'vn de ſes plus grands ſecrets,mais qu'il m'en donneroit quand i'en aurois affaire:ſubit le prie m'en donner vn,ce qu'il fiſt, lequel toſt apres i'appliquay ſur le bras de l'vn de mes ſeruiteurs pour en faire -preuue, ie proteſte à Dieu, qu'il ne fut qu'enuiron demye heure qu'il ne fiſt vn vlcere à y mettre le doigt, & profond iuſqu'à l'os & n'eſtoit ledit cautere que de la groſſeur d'vn pois, lequel laiſſa ſon eſcarre mol- . le & humide, comme ledit extracteur m'auoit dit. Quand ie conneu par experience tel cffect, ſubit m'en retourne trouuer le maiſtre quintenſſencieux,& le priay derechef quoy qu'il me couſtaſt, m'en donner la deſ- cription deſdits cauteres, enſemble la maniere de les faire : dequoy il me refuſa tout à plat, & de tant que ie me monſtrois affectionné à auoir fon ſecret, de tant plus il faiſoit le renchery, en fin ie luy dy que ie luy donnerois du velours pour faire vne paire de chauſſes Quoy ouyilaccorda ma priere, à la charge que iamais ne le dirois à perſonne , & auſſi que ne l'eſcrirois en mon liure, me reprochant que i'eftois trop liberal de communiquer mon ſçauoir , à quoy ie luy reſpons, que ſi nos deuanciers euſſent fait cela , nous ſçaurions peu de choſes. Ces propos finis ie luy fis bailler le velours,& me donna la deſcription & la maniere de faire ſes cauteres,à la charge que ie ne le dirois à perſonne,ny pareillement l'eſcrirois:ce que ie luypromis de pa- role, & non de volonté, parce que tel ſecret ne doit eſtre enſeuely en la terre,pour l'excellence deſdits cau- . teres,qui eſt qu'ils operent ſans douleur,pourueu que la partie ſur laquelle on les veut appliquer ſoit exem- , pte d'inflammation ou douleur & laiſſent leur eſcarre aſſez molle & humide,principalement appliquez aux corps mollaſſes,comme femmes & enfans, ce quaucuns des autres ne font,au moins que i'ay pû encore deſ- couurir, & n'a eſté faute de diligence, m'enqu'eſtant ſoignieuſement de tous les Chirurgiens de cette ville, leſquels ſe vantent chacun pour ſoy auoir la pierre philoſophale des cauteres,mais pas-vn d'eux ne m'a vou lu tant fauoriſer que me departir cette pierre philoſophique, disåt que leurs peres & freres la leur auoient laiſſée,comme vn heritage paternel : ioint auſſi que ſi ie ſçauois ce grand ſecret, ie ne faudrois de le deſcrire en mon liure,& partant ſeroient fruſtrez de leurs chers & bien-aimez cauteres:mais ie ſçay que ie leur feray laiſſer priſe & qu'ils viendront à meſpriſer leur grand ſecret , lors qu'ils auront cogneu par experience l'ex- cellence de ceux du Philoſophe. Or il nous faut à preſent deſcrire les ingrediens , & la maniere de former leſdits cauteres, à fin que tous les Chirurgiens, non ſeulement de Paris, mais de toute l'Europe, puiſſent ſe- courir les malades qui en auront beſoin. A iceux ie donneray le nom de cauteres de velours, à raiſon qu'ils ne font douleur principalement quand ils ſeront apppliquz ſur les parties exemptes d'inflammation & dou- Cauteres de voleurs. leur comme i'ay dit, & auſſi que ie les ay recouurez par du velours. Prenez cendre de goſſeaux de feves,©> en lieu deſquelles l'on prendra les troncs , cendre de bois de cheſne bien cuitte, de chacun trois liures - eau de riuiere ſix quartes , vne liure de cendre grauelée, quatre onces d'alum de glace en poudre, que l'on mettra en vn chauderon, puis l'on remuera le tout enſemble : cela fait , on y metra vne pierre de chaux viue , de la peſanteur de quatre liures, & y eſtant eſteinte, faut derechefbroüiller & meſler tout par plu- ' ſieurs fois, laiſſer leſdites choſes par l'eſpace de deux iours , en remuant ſouuent, afin de faire le capitel (ou lexiue) plus forte. Cela fait, ferez le tout vn peu bouillir, afin que par l'ebullition la qualité ignée demeure au capitel, puis coulerez le tout au trauers d'vne groſſe nappe ou charier , & cette colature la faut ietter ſur leſdites cendres deux ou trois fois, à fin que ledit capitel en prenne la vertu ignée, puis on le ferabouillir dedans vn baſſin de Barbier, ou en vn vaiſſeau de terre plombé, à grand feu faict de charben, iuſques à ce que le tout ſoit reduit en matiere terreſtre , ou ſel. Or voicy le ſecret & moyen • de bien faire tous cauteres potentiels : C'eſt qu'il ne faut tenir ledit ſel tant ſur le feu, que ſon humidité ſoit du tout tarie, de peur de conſommer du tout l'humidité : partant on l'oſtera de deſſus le feu ayant ,. »l, CnÇ0IC Et compoſition des medicamens 731 A encore quelque certaine humidité,puis ſeront formez cauteres,gros petits, ronds, longs,ſelon la volonté de " celuy qui les formera:puis ſubit apres ſeront mis en vne ou pluſieurs fioles de terre renforcées,bien bouchées & eſtoupées, de peur que l'air ne les reduiſe en eau:& ſeront leſdits cauteres gardez en lieu chaud & ſec,& non humide, de peur qu'ils ne ſe fondent & reduiſent en eau , pour en vſer quand il ſera beſoin. Et ſi quel- . qu'vn me vouloit obiecter n'auoit tenu promeſſe audit extracteur, que ne le dirois à perſonne, nv que les eſ- crirois : Ie luy, reſpons que puis qu'il me les auoit vendus , qu'ils eſtoient miens : & partant ie penſe ne luy faire tort.Au contraire, luy & moy auons fait choſe qui ſeruira au public. 4 Icy i'ay bien voulu deſcrire la maniere de ſaire la poudre de Mercure , qui pour ſon excellence a eſté d'aucuns nommée poudre Angelique, laquelle fais en cette maniere. ( - - La maniers La maniere de faire de la poudre de Mercure & Eau-fort. de faire la poudre de 24.autipig citrini,flor.xris an.3ij.ſalis nitri fb.j.É. alum rochx fb.ij. vitriol. Romani fb.iij. Merct4Fe - Ces choſes ſoient pilées & bien puluerisées , apres miſe en vne retorte de verre ou terre, y adiouſtant vn recipient de verre fort grand & bien luté : puis la retorte ſoit miſe ſur le fourneau, en faiſant petit feu au commencement, & ſoit le tout diſtillé en fortifiant le feu petit à petit , tant que le recipient deuienne vn peu rouge & que le tout ſoit diſtillé. Et de cette diſtillation en eſt faicte l'eau-fort. 24 Argenti viui fb.fi.aqua fortis, fb.j. ponantur omnia in phiala, & fiat puluis, vt ſequitur. Vous prendrez vn pot de terre aſſez grand , dans lequel mettrez voſtre matelas ou fiole , où ſeront conte- nus voſtre argent-vif, & eau fort, & entre l'eſpace de la fiole & le pot, faut mettre des cendres, tellement B que voſtre fiole ſoit toute enſeuelie dedans excepté le col : puis tout autour & contre le pot, ſeront mis cen- dres & charbons ardans , & par ainſi ferez boüillir & euaporer voſtre eau-fort, ſans craindre que la fiole ſe rompe, & l'eau eſtant toute euaporée,ce que connoiſtrez qu'il ne ſortira plus de fumée , vous laiſſerez tout refroidir : puis tirerez voſtre fiole des cendres , au fond de laquelle trouuerez voſtre Mercure calcine de couleur de vermillon,lequel ſera ſeparé de toute autre ſuperfluité blanche, iaune ou noire : car la blancheur qui ſe concrée en haut eſt le ſublimé, lequel demeurant auec la poudre, la rendroit douloureuſe. Iceluy eſtant ſeparé,le pulueriſeras : puis les mettras en vn vaiſſeau d'aitin ſur les charbons ardans , le remuant auec vne ſpatule l'eſpace d'vne heure ou deux, car par ce moyen il perd vne partie de ſon acrimonie ou mordacité, qui fait qu'il n'eſt ſi douloureux en ſon operation. - · Eau-fort. Poudre de M6Ygf4Y8* Des Veſiccatoires. C H A P. XXXIII. E s 1 c c A T o 1 R E ou Rubifiant ſelon les Latins , ſelon les Grecs Phenigme, eſt vn on- Deſinition. guent, ou cataplaſme, ou emplaſtre, faict de medicamens acres, qui a faculté d'attirer hu- N# meurs du profond au dehors, & exulcerer la peau & faire veſſies, dont il retient le nom, la Matiere. )# matiere a eſté ja deſcrite au chapitre des cauſtiques, laquelle eſt prinſe des medicamens Sep- , S , § tiques, comme mouſtarde,anacarde,cantharides , euphorbe,racine de fcilles, bryonia, & les $ $º *" autres,leſquels on incorpore auec miel ou terebenthine, ou leuain, ou quelques gommes . & reſine, pour en faire onguent,cataplaſme ou emplaſtre. Parquoy la compoſition des veſiccatoires n'eſt differente de celle des onguens durs ou mols : à cette cauſe vn exemple ſuffira. - • 24.Cantharidum, euphorbij, finapian. 3. 6. mellis anacardini 5 j. modico aceti & fermento q. ſatis ſit excipiantur, & fiat veſiccatorium. - * Quelques anciens choiſiſſent pluſtoſt l'eau fimple que le vinaigre,pour receuoir & incorporer tel medica- Vſagi. ment : ſoit diſant auoir trouué par experience que la vertu de la mouſtarde s'abaſtardit par le meſlange du vinaigre , ce que meſme nous eſt authorisé par Galien & Oribaſius. Nous vſons de ces remedes és affections longues, quand les autres remedes n'ont profité aſſez, & princi- palement és douleurs de teſte, hemicranies,epilepſies,à la ſcyatique,aux gouttes,auſſi aux morſures & poin- ctures des beſtes veneneuſes, & charbons peſtiferez, & pluſieurs autres maladies longues & rebelles à au- # tres remedes : on en vſe auſſi pour reſtituer la vie & vigueur à la partie ja preſque morte,par reuocation de chaleur & eſprits vitaux à icelle , pour lequel effect faut que tels veſiccatoires ſoient vn peu plus doux : de ſorte qu'ils ne bruſlent ſinon en cas qu'ils ne demeuraſſent trop long-temps ſur la partie. Le moyen d'vſer des veſiccatoires eſt, que deuant que de les appliquer ſur la partie on y faſſe friction , afin que les pores d'i- celle eſtans ouuerts, la vertu du medicament penetre plus aisenent, & la chaleur languide, & comme aſ- ſoupie en icelle ſoit regalliardie & eſueillée. 4- - - - - - - »- - - - - · · · · - Des Collyres. C H A P. XXXIV. - | | - º - - - - - • • • • Definition, O L 1 Y R E eſt vn medicament approprié aux yeux, fait de medicamens bien ſubtilement ſi , pulueriſez,que les Arabes diſent comme Alcohol.Aucunesfois collyre eſt dit improprement, º pour quelque medicament liquide côposé des poudres,& quelques liqueurs qui s'appliquent _. - à autres parties.Les collyres ſont faits de trois ſortes:les vns ſont humides proprement appel- Difference, #7 lez collyres:& les autres ſont ſecs,leſquels on confond auec les trochiſques:les autres ont eſ- à paiſſeur & conſiſtance de miel ouliniment,partant de ceux là nous ne traitterons que l'vſage, Wſºzº Les liquides ſeruent principalement pour les coins des yeux,ſçauoir eſt,le grand & le petit canthus. Ceux qui ſont comme onguens, feruent à la prunelle des yeux. Ceux qui ſont ſecs, ſont mis en poudre pour les ſouffler dedans : quelquesfois ſont meſlez auec des liqueurs ou ius pour en faire collyre humide. Les trois ſortes de collyres ont diuers vſages , & ſont appliquez ſur diuerſes parties,ſelon la diuerſité de l'intention du Chirur- gien:car les liquides rafraiſchiſſent mieux , eſtans appliquez aux angles des yeux, mais ceux qui ont plus ferme conſiſtance : demeurent plus long-temps ſur la partie , & par conſequent font mieux leur operation. Les collyres humides ſont faicts de ius, mucilages des herbes, liqueurs, fleurs, ſemences, metalliques, parties des beſtes, comme•fiel, & autres tels medicamens repercuſſifs, reſolutifs, deterſifs, anodyns, ou autres, ſelon que les affections & maladies des yeux le requierent. Aucunesfois ſont faicts des liqueurs ſeu- les, comme de ius & eaux diſtillées. Souuentesfois l'on meſle medicamens mis en poudre ſubtile, ou autre collyre ſec, qui n'eſt autre choſe que trochiſque auec ius ou eau diſtillée, ou aubins d'œuf Les poudres ſont meſlées comme à deux drachmes ou plus, les eaux iuſques à quatre ou cinq onces ou plus, mais pour les yeux cela ſuffit. Pour les autres parties, comme pour faire injection à la verge,l'on fait collyres en # - * grande La matiere des collyres, - a * ! 732 Le XXV ILiure de la Faculté - grande quantité, comme iuſques à vne liure. Les collyres arides & ſecs,ſont faicts de pouldre bien ſubti- A lement puluerisées & incorporées auec quelque ius, dont ne ſemblent eſtre differens des trochiſques Qu'il ſoit vray,le collyre blanc de Rhaſis, eſt appellé auiourd'huy trochiſque, & eſt gardé auec les trochiſ- , ques. Or les poudres corroſiues ne ſont appliquées en forme de collyre , ains en forme de liniment, & ſont meſlées auec graiſſe ou huyles : les exemples feront le tout manifeſte. # #. aqua plantaginis & roſarum an, #.ij. albumen vnius oui bene agitatum,miſce : fiat collyrium. Collyre ano- # aqua roſarum & violarum an. 3.iij trochiſcorum alborum Rhaſis cum apio 3.ij.fiat collyrium. dyn. | 24. Decoctionis fanugrxci 3.iiij mucilaginis ſeminis lini 3.ij. ſacchari candi 5 j croci 9j. fiat colly- Autre. l'1UlIIl, Collyre. 2Z. Thuris , myrrhz an. 9.ij. tuthia præparatx & antimonijlotian. 3.ij. cum ſucco chelidoniz : fiat col- lyrium ſiccandum in vmbra. Deterſf 2Z. Fellis perdicis aut leporis 5. fi. ſucci fœniculi 3.j. ſacchari cand.5.ij. ſyrupo roſato excipiantur, & Vfage. fiat collyrium. Nous vſons des collyres aux vlceres,playes, fiſtules,ſuffuſions,inflammations,& autres maladies des yeux. Les collyres liquides penetrent pluſtoſt que les autres : partant ſont fort neceſſaires à repercuter & appai- ſer douleur. Les autres ſont arreſtez plus long temps aux yeux : & par ainfi operent dauantage. Des Errhines & Sternutatoires. CH A p. XXXV. 3 Definition. R R H 1 N E s ſont medicamens appropriez au nez, à fin d'expurger le cerueau, & tirer les % excrements d'iceluy par le nez : ou pout nettoyer & deterger ceux qui ja ſont adherans & | attachez au nez, comme il aduint aux polypes, ozenes, & autres vlceres d'iceluy. Ces errhi- ºN nes ſont ou liquides, ou ſecs, ou de conſiſtance emplaſtique. Les liquides, que les Latins # nomment caputpurgia, ſont faicts aucunesfois des ius des herbes, comme des ius de poree, ' choux, marjolaine, anagallis,hyſſope, meliſſe, ou des eaux d'icelles, meſlées ou cuittes auec u vin, ou quelque ſyrop, comme oxymel ſcilliticum, ſyrupus de hyſſopo, ſyrupus roſatus ou mel anthoſa- tum. Souuentesfois ſont faits des poudres de poyvre, pyrethre, marrubium , nigella romana , caſtoreum, myrrhe, ellebore blanc,euphorbe , cyclamen , & autres poudres meſlées en petite quantité : comme à vne drachme ou vne drachme & demie, ſelon la violence du medicament, auec les ius ſuſdits depurez, ou les eaux diſtillées des meſmes herbes. Le tout te ſera manifeſté par deux exemples ſuyuantes, attirer les 1: %. Succi beta , maiorana & braſſica an.3.j. depurentur & modicè bulliant cum vini albij.ij oxyme- ex'grt/7761715 litis ſcilitici #. 6. fiat errhinum. - - - §. , Quelquesfois quand il eſt queſtion de faire plus forte attraction du cerueau, l'on peut adioufter ou faire - diſſoudre en la decoction de l'erhinum quelque medicament purgatif, comme l'agaric, le diaphœnicum, ſené , cartami, & autres ſemblables , dont eſt venué la diſtinction des errhines en ceux qui tirent la pitui- La matiere des errhines. Errhine pour Errhine pour la pi. nite. xemple proposé par Monſieur Rondelet, eſt tel. 2/.. Radicum pyrethri , ir1d. an.3.j. puleg. calam orig.an. m j. agarici trochiſ 5.iij. florum anthos & ſtœchados an. p.j. fiat decoctio in.fb.j. colat. diſſol. mellis anthoſ. & ſcill.an.3.iiij. fiat caputpurg, Toutesfois le cas eſcheant qu'il faille que les purgatifs entrent en la compoſition de l'erthine, il ſera meilleur d'vſer d'iceux ſimples, comme d'agaric, turbith, colocynthe , & ſemblables, que des compoſez, comme diaphoenicum , & ſemblables : car ceux-cy rendent la decoction plus eſpaiſſe, & par conſequent mal habile, à paſſer par les conduits & os ſpongieux qui menent au cerue , faiſant en outre obſtruction · au nez, & empeſchant la liberté de la reſpiration. 2/. succi betz 3.j. aqux ſaluiz & betonicx un, # ij f. pulueris caltorij 9.6.pipetis & pyrethri an 9j. fiat caputpurgium. Les errhines ſecs, que les Latins apellent sternutatoria, à cauſe qu'ils prouoquent l'eſternuement, ſont faicts des poudres ſeulement bien pulueriſées. Les pouldres ſont ſemblables aux precedentes ou autres aromatiques, leſquelles ſont faictes & meſlées en petite quantité, laquelle cummunément ne monte point à plus de deux drachmes.2%. maioranae, nigella , garyophillorum , zinziberis an. 9. j acori, pyrethri & panis por cini an.9.6.euphorbij9.j.terantur diligenter , & in nares mittantur aut inſufflentur. Les errhines ayans conſiſtance emplaſtique, que les Larins appellent, Naſalia, ſont faicts des poudres Exemple ſuſdites , gommes malaxées auec quelqu'vn des ius des herbes cy-deſſus declarées, incorporées auec tercº benthine & cire, à fin qu'ils ayent conſiſtance dure, & qu'on en puiſſe faire maſſe, de laquelle on faiter- rhines en figure de pyramide, ſelon les cauitez internes du nez. - 24 maioranx ſaluir, nigella an 9. ij piperis albi , garyophyllorum , galangr an. 9, j. pyrethri, cº Vſage. phorbijan. 9.j. 6.panis porcini, ellebori albi an.9.j. terantur, & in puluerem redigantur, deinde cum terebenthina & cera, & quantum ſatis fit , incorporentur, fiântque naſalia pyramidis figura, Nous vſons des errhines aux longues maladies du cerueau , comme en epilepſie, aueuglement des yeu# apoplexie, letargie, conuulſion, & odorat perdu , mais faut que les purgations vniuerſelles ayent precedé auparauant, de peur que par l'eſternuement, & ſemblable émotion du cerueau, pour deietter ce qui luy nuiſt, il ne ſe faſſe attraction plus grande d'humeurs d'vn corps impur & cacochyme vers iceluy. Les li- Sternuta- toire. (ſ Tips propre quides doiuent eſtre attirez par le nez ou coulez dedans le nez iuſques à demie once. Et lors faut qº le pour les Er- patient tienne de l'eau en ſa bouche , à fin qu'en attirant l'errhine, il ne puiſſe repaſſer portion dudit erthi- rbines. ne en la bouche, & de là aux poulmons. Les ſecs doiuent ettre ſoufflez dedans les nazeaux, auec vnetuyºu de plume, ou autre choſe. Les emplaſtiques ſont mis dedans les nazeaux eſtans liez d'vn fil : à fin qu'ils ſe puiſſent retirer quand on voudra, Le temps propre pour vſer d'errhines en general, eſt le matin, le patient eſtant à jeun.Apres l'vſage d'iceux , ſil'ont ſent quelque demangeaiſon & mordication au nez, il faudra ietter ou attirer en iceluy laict de femme, ou huyle violat. L'vſage des errhines attractifs eſt nuiſible à ceux qui ſont ſujects à mal des yeux : on attire en iceluy laict de femme, ou huyle violat L'vſage des errhi- nes attractifs eſt nuiſible à ceux qui ſont ſujects à mal des yeux, & qui ont vlceres aux naſeaux, comme il aduient ſouuent en la groſſe verolle, auquel cas il ſera plus expedien t d'vſer de gargariſmes, qui faſſentdi- uerſion des yeux. D(! te, bile & melancholie, ſelon que le medicament diſſout en iceux a vertu d'atirer vn humeur, ou autre :le- C - - Et compoſition des medicamens. 733 , A — —º -- •- Des Apophlegmatiſmes ou Maſticatoires. C H A P. XXXVI. $ P o P H L E G M A r 1 s M E s ſelon les Grecs , ou Maſticatoires ſelon les Latins, ſont rnedi- Dºfinition. # camés,leſquels eſtans tournez dedans la bouche,& maſchez quelque eſpace-de temps,tirent à, #$) N par le palais les excremens pituiteux,ou autres humeurs nuiſans au cerueau. Iceux ſont faits #N@N4 en quatre manieres.La premiere eſt,quand on incorpore les medicamens propres à maſcher, % à Né auec miel ou cire,& en fait-on trochiſques ou pillules, leſquelles on donne à maſcher. La ZºsÉ*ºs ſeconde eſt, quand on couure & lie les medicamens en vn petit ſachet de ſandal ou autre linge deſlié pour les maſcher. La troiſieſme maniere eſt, quand on tient la decoction des medicamens acres long-temps en la bouche.Aucunesfois l'on ne meſle point les maſticatoires, ains prend-on vn ſimple me- dicament acre & faiſant cracher,à la groſſeur d'vne petite noix, pour maſcher & tourner par la bouche, comme maſtic,pyrethre. La matiere des maſticatoires eſt prinſe des medicamensacres, comme de poyvre, mouſtarde, hyſſope, gingembre, pyrethre , & autres medicamens ayans acrimonie : entre leſquels il faut choifir ceux principalement qui n'auront aucune ſaueur , ny gouſt mal-plaiſant , afin que plus longuement & ſans deſdain ils puiſſent eſtre tenus en la bouche.Toutesfois on en fait des medicamens acerbes, com- me de fruict de berberis , raifins , noyaux de prunes ou ſeriſes : leſquels eſtans tournez quelque temps en la bouche & comme maſchez, ne tirent guere moindre quantité de pituite que les medicamens acres. Ce B qui me ſemble aduenir pluftoſt à raiſon du mouuement & agitation qui eſt faict en la bouche , que d'vne qua- lité manifefte. La quantité deſdits medicamens, eſt communément d'vne demie once, iuſques à vne once, ou vne once & demie. Ce que connoiſtras par les exemple ſuiuantes. . %.Pyrethri, ſtaphiſagrix an3.j.f. maſtiches 3.f. puiueriſentur & inuoluantur ſacculo pro maſtica-Maſties- - tOI1O. - toire. 24.zinziberis , ſinapi an. 3.j. euphorbij. 9.ij. piperis 3. ſº. excipiantur melle, & fiant paſtilli pro maſti-Autres. catorio. 2/.. Hyſſopi, thymi, origani, ſaluia an. p.i. decoquantur in aqua pro collutione oris. 2/.. zinziberis,gariophillorum an. 5. j. pyrethri , piperis an. 3. ß. ſtaphiſagrix 3.ij. maſtiches 3. É. exci- piantur, fiant paſtilli pro maſticatorio. Vſage. Nous vſons des maſticatoires és maladies vielles du cerueau, obfuſcation de la veuë, ſurditez , puſtules qui ſont à la teſte & à la face.Aucunesfois auſſi pour deriuer les excremens qui coulent par le nez, princi- palement quand il y a quelque vlcere en iceluy, comme au contraire ils ſont fort nuifibles à ceux qui ont vlceres en la bouche ou au goſſier,& à ceux qui ont les poulmons ſujets à vlceres,inflammations & fiuxions. Car en tel cas les errhines ſont plus vtiles pour deriuer la matiere par le nez : d'autant que combien que l'humeur pituiteux attiré du cerueau par la force du maſticatoire, ſoit purgé & mis hors en crachants toutesfois on trace & apprend-on vn chemin à l'humeur , lequel aisément il ne peut de laiſſer ny oublier par apres : de ſorte que meſme en dormant, ſuiuant ſon cours ordinaire, il vient à tomber & fleur ſur telles parties, ou naturellement, ou par accident, imbecilles. Le temps commode pour en vſer eſt le matin, quand C le corps eſt purgé des autres excremens. Apres auoir vſé des maſticatoires , faut lauer ſa bouche d'eau tie- de, ou de ptiſane, ou quelque autre liqueur, afin d'oſter la mauuaiſe ſaueur qui peut eſtre de reſte du ma- ſticatoire. % $ N# $ % %, ſ La maniere des maſtica- toiret. Temps. Des Gargariſmes. C H A P. XXXV I I. - #sR A r G A R 1 s M E eſt vne liqueur appropriée au lauement de la bouche & de toutes les parties Pºmiiiº $ º d'icelle, tant pour empeſcher fluxion & inflammation , que pour curer vlceres de la bouche,& - $ appaiſer douleurs. Les gargariſines ſont compoſez en deux manieres : La premiere eſt, quand Deux ſorte: , on fait cuire racines, feuilles, fleurs, fruicts , & ſemences ſeruans à noſtre intention.La deco-*s"zºiſ ' ction eſt faicte en eau ſeule, ou eau & vin blanc, ou en gros vin rouge & ſtyptique, ou en pti-" ſane, ou laict clair , decoction pectorale : le tout ſelon la diuerſité de noſtre intention, qui eſt ou de repouſ- ſer, rafraiſchir , & empeſcher l'inflammation, comme en mal de dents,qui ſe fait : ou de digerer, comme en mal de dents, qui eſt ja fait : ou de mondifier, comme en vlceres de bouche : ou de ſeicher & aſtreindre, comme quand il eſt queſtion de fermer iceux vlceres ja parauant mondifiez. L'autre maniere de compo- Materiaux. ſer gargariſmes eſt ſans decoction, quand nous faiſons gargariſmes, ou auec les eaux diſtillées ſeule- ment , ou meſlées auec ſyrops, ou auec mucilage, ou auec du laict de vache, ou laict clair de chévre, bien paſſe & coulé , Aucunesfois on meſle, tant auec la decoction, que les eaux & mucilages, miel roſat, oxy- • r mel ſimple , dianucum, diamorum , hiera picra, oxyſacchara , ſyrop de roſes ſeiches, fyrop aceteux, & D autres ſyrops ſelon nos intentions ſuſdites : alum, balauſtes, myrrhe, thus, gingembre, poyvre, canelle, L'amertume roſes ſeiches, & autres. Iuſques là meſme, que quelquesfois en la decoction des gargariſmes, nous y n'eſt propre faiſons entrer medicamens propres à attirer les humeurs du cerueau, comme le pyrethre , la carthame, la en gargariſ- racine de turbith , & autres propres à tirer la pituite, moyennant qu'ils n'ayent aucune amertume en ſoy: * qui eſt cauſe que ny l'agaric, ny la colocynthe, n'ont lieu en cette compofition. La quantité de la totale li- queur d'vn gargariſme, doit eſtre comme de demie, iuſques à vne liure : on y met des ſyrops, ou autre tel- le compoſition, iuſques à deux onces. Les pouldres ſont miſes en bien petite quantite, comme iuſques à trois drachmes : d'alum on y met iuſques à fix drachmes:les mucilages faits de deux drachmes des ſemences mucilagineuſes. Les exemples feront le tout aſſez clair & facile. -- -" 2- , Gargariſme aitringent & repercuſsif. 2Z. Plantaginis, polygoni, oxalidis an. m. j. roſarum rubrarum p. 6. hordei p.j. fiat decoctio ad 3. viij. Gargariſine in qua diſſolue ſyrupi myrtillorum 5. vj dianucum 3. É. fiat gargariſma. · anoayn. † , meliloti,anethi an. p.j. roſarum rubrarum p. ß. paſſularum mundatarum & ſicuum an. paria iij. decoquantur in æquis partibus vini albi & aquæ ad 3. vj. addendo mucilaginis ſeminis lini & fœ- nugrxci an.3.j. fiat gargariſma. -- Gargariſme Mondificatif 2Z.Aquz plantaginis, aqux liguſtri & abſinthijan.3.ij. mellis roſati colati 3. vj. ſyrupi roſarum ſiccarum Vſage. & de abſinthio an. 5. vj fiat gargariſma. - - Q_Q q Nous 734 | Le XXVI Liure,dela Faculté Poudre pour blanchir les dents. Vſage. Definition. Differences. Figure des ſachets. Dº(es. - - • • Nous vſons des gargariſmes au matin & à jeun,apres les purgations vniuerſelles,tant pour deterger, re- A froidir,repercuter,attirer,que Pour appaiſer douleurs, & autres intentions. Aucunesfois on les prend tous froids,principalement quand il ſe fait quelque diſtillation d'humeur acre & ſubtil : autresfois on les fait tie- dir, ſelon les indications que nous auons tant des maladies que du temps. - -- - - -r r- - • • - Des Dentifrices. CHAP. XXXV I II. º E N T 1 F R 1 c E s ſont medicamens compoſez , ſeruans aux dents , dont ils rêtiennent le nom,pour les nettoyer & blanchir : ils ſont faits en plufieurs manieres. Les vns ſont ſecs, les autres humides.Quant aux ſecs,les vns ſont en façon d'opiate, les autres en poudres ſei- ches groſſement puluerisées. Les humides ſont faits par diſtillation : La matiere des deux, # premiers eſt faite des medicamens detergeans & deſſeichans, comme coralla, cornu cerui, 3rSZSY3 osſæpie, alumen, cryſtallus,pumex,ſal nitrum, myrrha,thus,balauſtiz , glandes , omnes te- ſtx pucium : leſquels aucunesfois on bruſle : & apres ſont mis en poudre, ſouuentesfois ſont pulueriſez ſans vſtion (comme l'os ſepir, pource qu'eſtant bruſlé il exhale vne odeur fetide & mal-plaiſante) en y adjou- ſtant quelques medicamens aromatiques pour donner odeur aux autres, comme cinamomum, cloux de gi- rofle , noix muſcade, & autres ſemblables, l'on fait dentifrices ſecs. Si telles poudres ſont incorporées ou auec quelque ſyrop ou oxymel ſcilliticum , ou quelque mucilage de gomme Arabique & de tragacan- tha, l'on fera opiates ſeruantes à dentifrices, leſquelles aucunesfois ſont figurées en pyramides longues d'vn doigt, rondes ou quarrées, pointues au bout , & ſeiches,pour ſeruir de dentifrices. Auſſi ſouuentesfois l'on B fait cuire racines emollientes auec du ſel , ou de l'alum , & apres ſeicher au four dentifrices : Les humi- des ſont faits des herbes deſſeichantes miſes en alembic, pour diſtiller auec aucuns des medicamens ſecs, & aſtringens cy-deſſus deſcrits. Les exemples donneront à connoiſtre la quantité des medicamens ſeruans à dentifr1ces. \ 2Z. Lapidis ſpongix, pumicis, & cornu cerui vſtian. 3.ij. coralli rubri & cryſtalli an.3.j. aluminis & ſalis vſti an.5. j. ſ. cinnamomi & caryophyllorum, roſarun rubrarum pulueriſatarum an. 9.ij. fiat puluis pro dentifricio. Autre.2%. Oſſis ſepix 3.6 maſtic coralli rubri vſti an.3.ij.cornu cerui vſti 3.j.6.aluminis carbonis,roriſna- rini an.3. j, cinnamoni 3 ij. fiat puluis. Autre. 24. Odis ſepiae,aluminis & ſalis vſti an.3.j.cryſtalli,glandium,myrrhae,thuris an.9.ii. corticis grana- torum macis, cinnamomi an. 9i. fiat puluis, qui excipiatur mucagine gummi tragacantha,& formentur py- ramides longx ſiccanda pro dentifricio. - 24.Radicis malux iunioris & biſmaluæ an.3.ii. coquantur in aqua ſalſa aut aluminoſa, deinde ficcenturin furno pro dentifricio. - 2Z.Salis 3.vi.aluminis 3.iii.thuris, maſtichis, ſanguinis draconis an.3. É. aquz roſarum 3. vi. diſtillenturin alembico vitreo pro dentifricio. - Les Dentifrices ſeruent à polir les dents,mondifier, nettoyer, & conformer. Aucunesfois on en vſe aux re- frigerations & douleurs d'icelles,ſouuentesfois auſſi és vices de la bouche & genciues corrodées. Le temps c de les appliquer eſt le matin,ou deuant & apres le repas.Les anciens ſans artifice faiſoient des dentifrices de bois de lantiſque pour affermir les dents tremblantes : ce qui ſe practique encores iournellement en Langue- doc,ou tel bois eſt frequent, & dont on en apporte en Cour pour les Seigneurs. A meſme effect pourroit ſer- uir le myrrhe & tout autre bois aſtringent : noſtre vulgaire ſe ſert en cette intention des corces de fenouil, & ſans raiſon,veu qu'en telle plante n'y a aucune aſtriction. Parquoy ne peut eſtre choiſie ſinon pour l'odeur agreable qui eſt en elle, & pour bien ſimplement ſe curer les dents. Dentifrice humide bien experimenté •- - - - - - - - - - - - - -- Des Sachets. - C H A P. XXXIX. A c H E T eſt vne compoſition de medicamens ſecs & pulueriſez mis en vn petit ſac , dont il retient le nom : & ſemble telle compoſition eſtre ſeulement vne fomentation aride & ſei- $è# che, comme nous auons dit au Chapitre des fomentations. Les differences des ſachets ne ' $ ſont priſes que des parties auſquelles ils ſont appliquez. Ceux qui s'appliquent à la teſte # doiuent eſtre faits en maniere de bonnet ou coiffe. Les ſachets pour l'eſtomach doiuent s9º aûoir la figure d'vne cornemuſe. Pour la ratte ils ſont faits en forme de langue de bœuf: & ainſi ſont appropriez au foye, au cœur,à la poictrine, ſelon les figures des parties. La matiere des ſachets le plus ſouuent eſt priſe des ſemences entieres fricaſsées en vne paeſle,ou miſes en poudre : quelquesfois on y D adiouſte racines,fleurs,fruicts,eſcorces,poudres cordiales,& autres medicamens ſecs, & qui ſe peuuent met- tre en poudre, conuenables aux affections des parties où nous le voulons appliquer. La quantité des poudres n'eſt pas limitée,ny certaine en tous ſachets, quelquesfois elle eſt plus grande, quelquesfois plus petite ſelon les parties eſquelles nous voulons mettre ſachets. Icelle doit eſtre obſeruée aux Autheurs qui ont ordonné ſachets : eſquels ie la trouue de trois onces, iuſques à ſix onces & demie. Aucunesfois l'on ordonne herbes ſeiches & fleurs par manipules ou pugiles : & là giſt la conſideration de la bonne & deuë quantité des pou- dres. Le reſte ie delaiſſe à plus curieuſe inquiſition : venons aux exemples, Sachet pour conforter l'eſtomach. - | 2/. Roſarum rubrarum p.i. maſtichis 3. ſ. coralli rubri 3.iii. ſeminis aniſi & fœniculi an. 3.ii. nu- cis moſcatx 3. i. ſummitatum abſinthii. & menthx an.mi.tritis omnibus fiat ſacculus interbaſtatus pro ventriculo. Sachets és affections froides du cerueau. , 2/.. Furfuris macri p. i.millii.3.i. ſalis 3.ii.roſarum rubrarum, florum roriſmarini, ſtœchados,cariophyllo- rum an. 3.ii.foliorum betonicæ & ſaluix an.m.ſ.tritis omnibus fiat cucupha interſuta & calefacta fumo thu- tis & ſandaracæ exutorum , capiti apponatur. , t : ! : - - - Sacbet Et compoſition des medicamens 735 C Sachet pour le cœur. 2Z. Florum boraginis, bugloſſx & violarum an.p. ij. corticis citri ſicci, macis , ligni aloés, raſurx ebo- ris an. 3.j. oſſis de corde cerui , croci an. 9. ij. foliorum meliſſa m. 6. pulueris diambra 3. 6. contritis om- nibus fiat ſacculus è ſerico pro corde, irrorandus aqua ſcabioſae. Nous vſons des ſachets à conforter tant les parties nobles, le cerueau, le cœur, & le foye, que le ven- tricule, la ratte, la poictrine , & parties du ventre inferieur. Souuentesfois auſſi nous en vſons pour diſ- cuter & diſſiper les ventoſitez, comme les coliques & pleureſies, qu'on appelle baſtardes , à flatu. Iceux faut couldre en preſſes interbaſtatoires : les pouldres eſtans eſpanchées ſur du cotton,afin qu'elles ne pan- chent plus en vn endroit qu'à l'autre.Aucunesfois nous arroſons leſdits ſachets de vin, ou des eaux diſtil- lées : autres fois non de la ſubſtance,mais de la fimple vapeur du vin, ou eau diſtillée & verſée ſur vne paël- le de fer, toute rouge de feu : autres-fois nous les eſchauffons auec parfum , ou les fricaſſons en la poeſle. Les ſachets du cœur, doiuent eſtre faicts de ſoye cramoiſie ou ſandal : pour ce (diſent-ils) que telles ma- tieres ſont teinctes en eſcarlatte : de laquelle la graine nommée alkermés , reſioüit le cœur : les autres de linge bien delié : aucunesfois l'on les fait de taffetas comme les bonnets. Vſage, Des Suffumigations & Parfums. CH A P. XL. - A R F v M eſt vne euaporation des medicamens humides, viſqueux aucunement, & gras. Il Definition. y a deux manieres de parfums & fumigations : les vns ſont ſecs , les autres humides : les Differences $% ſecs ſont faits en deux ſortes : les vns ſont faits en trochiſques, les autres en pillules. La 3§res. # matiere d'iceux doit eſtre graſſe & viſqueuſe, afin qu'en bruſlant elle puiſſe rendre fumée, # comme ladanum, myrrha, maſtiche,pix, cera,reſina,terebenthina, caſtorium,ſtyrax,thus,oli- . - banum , & les autres gommes , leſquelles on peut meſler auec pouldres conuenables à nos intentions : car elles ſeruent de matiere à incorporer leſdites poudres en trochiſques ou pillules. Aucuns vſent ſeulement des pouldres, ſans y adiouſter autre matiere craſſe : mais le parfum d'icelles n'eſt tant long ny de tel effect que quand elles ſont meſlées auec gommes,par le moyen deſquelles,outre cela, les ingrediens * ſont bien mieux incorporez l'vn auec l'autre. Les pouldres peuuent eſtre miſes ez parfums d'vne demie on- ce 1uſques à vne once, plus ou moins : toutesfois la quantité du tout eſt delaiſſée au iugement du compoſant. Parfum deſſeichant & confortant le cerueau. 24.Sandaracae, maſtiches & roſarum an. 3.j. benjoini , galanga , an. 3. iij. terebenthina excipiantur, fiant trochiſci, quibus incenſis ſuffumigantur tegumenta capitis. Autres pour dureſſes des nerf . t _ 2%. Marcaſſitæ 3. ij.bdellij, myrrhæ,ſtyracis an.3.j.6. cera & terebenthina quantum ſatis ſit, fiant for- mula pro ſuffumigio. - Autre pour les reſtes de la verole. 2.Cinnabaris #.ij.ſtyracis & benjoinian.3.j.cum terebenthina fiant trochiſci pro ſuffumigio per embotum Nous vſons des parfums aux grandes obſtructions du cerueau, vlceres des poulmons, à la toux ja vieille en aſthme, douleurs de coſtez,aux affections de la matrice, & autres affections des parties du corps.On par- fume aucunesfois tout le corps , pour la curation de la verole, & eſmouuoir ſueurs : aucunesfois vne partie ſeule qui a quelque relique de ladite verole, & tels parfums ſont faits de cinnabre , qui a grande quantité d'argent-vif. La maniere de parfumer eſt, que la fumée ſoit receuë de l'emboucheure large d'vn entonnoir, qu'ils appellent Embotum , & expire ſeulement par le petit ſouſpirail, afin que la fumée ne ſoit diſſipée, & ſoit ſeulement aſſiſe ſur la partie affectée que l'on veut parfumer. Ainſi faut faire à la matrice, & aux oreil- les. Aux parfums tant du cerueau que du thorax , faut ouurir la bouche, & prendre la fumée tant auec la bouche que par le nez : outre faire tenir au deſſus de la teſte vn grand voile en forme de paeſle, afin que la fumée plus ramaſſée en ſoy, face dauantage d'impreſſion & d'operation. Les humides ſont faits aucunes- fois de decoctions d'herbes , ſouuentesfois d'vn ſeul medicament fimple que l'on fait boüillir auec huyles ardentes , ou quelques marcaſſites auſſi ardentes, leſquelles on fait eſteindre en vinaigre , vin, eau de vie , & autre telle liqueur , afin que ſoit leuée vapeur & fumée humide. Nous vſons de tels parfums aux affections ſcirrheuſes, qnand nous voulons eſteindre, penetrer, inciſer, deſſeicher, & reſoudre. La maniere de l'or- donner eſt telle. - 24.Laterem vnum ſatis craſſum aut marcaſſitem ponderis ib. j incandeſcat ſuper carbones ignitos, dein- de extinguatur in aceto acerrimo, effundendo interim paucan aquam vitx , fiat ſuffumigatio pro parte lab orante. Les parfums faits de decoction d'herbes & autres medicamens, ſont peu differens des fomentations hu- . mides : car quand à la compoſition, n'y a aucune difference, mais l'application des fomentations humi- des n'eſt telle que des fumigations : parquoy me contenteray de bailler ſeulement vn exemple d'vne fumi- ation humide. 2/.Abſinthij, ſaluiæ , ruta , origani an. p.j. radicis bryoniz & aſari an.3.6. ſeminis finapi & cumini an. Suffumiga- Parfums humides, 3.ij. decoquanturin duabus partibus aquae , & vna vini albi pro ſuffumigio auris cum emboto. tion pour l'o- Il y a de telles ſuffumigations humides vniuerſelles & pour tout le corps , que nous appellons eſtuues ſei- reille. ches, deſquelles nous parlerons cy-apres. • - - Des inſeſſions ou demi-baings. C H A P. XL I. ainſi appellé,à cauſe qu'il faut que le patient ſoit aſſis ſur la decoction des herbes. Inſeſſion eſt Definition. peu differente de fomentation humide , car elle eſt faite de meſme matiere, ſçauoir de la de- coction d'herbes , racines , ſemences , fruicts : mais la quantité de la decoction eſt plus grande Q Q q 2 CS - N s E s s 1 o N, ou ſemicupium,n'eſt autre choſe qu'vn demy-baing des parties du ventre inferieur, | y p w 736 Le XXVI.Liure, de la Faculté és inſeſſions,qu'aux fomentations : toutesfois nous ne deſcrirons icelle quantité,ains,la laiſſerons auiugement A de l'operateur, diſant ſeulement, pro ſemicupio, ou pro inſeſſu : neantmoins il y faut mettre grande quantité d'herbes & racines que l'on veut cuire , comme iuſques au 6.ou 7. manipules. Vn exemple ſeul te monſtreta le tout - Inſeſſion pour vne affection des reins. %. Malux & biſmalux cum toto an. m. j. 6, betonicx, ſaxifragix, parietaria an. m.j. ſeminum melonis milij ſolis, alkekengi an.3.iij.cicerum rubrorum p. ij. radicis apij, graminis , fœniculi, eryngijan.3j.de- coquantur in ſufficienti quantitate aquæ pro inſeſſu. Nous vſons des inſeſſions és affections des reins, de la veſſie & de ſon col, de la matrice & de ſon col du ſiege & ventre inferieur , quand le patient pour ſon imbecillité ne peut endurer le bain , qui luy pourroit faire trop grande reſolution d'eſprits. La maniere d'en vſer eſt telle : Faut remplir des ſachets de la reſi- dence de la decoction , & faire aſſeoir le patient ſur leſdits ſachets : mais faut ce temps pendant couurir la teſte de peur qu'elle ne ſoit remplie de fumées & vapeurs. Aucunesfois l'on fait aſſeoir le patient en la de- coction iuſques au nombril, que nous appellons ſemicupium ou demy-bain , à raiſon que toutes les par- ties baſſes ſont baignées & eſtuuées. Reſte maintenant eſcrire des bains tant naturels qu'artificiels, afin que l'vſage & artifice d'iceux ſoit entendu comme des autres cy-deſſus. - -" Des Bains. CH A P. XLII. Definition. E s bains ne ſont autre choſe que fomentations vniuerſelles de tout le corps, ſeruans tant Gal.au li.1. à garder la ſanté d'iceluy (comme Galien monſtre au liure De ſanitate tuenda) qu'à la curi- de ſan twen. tion de la plus part des maladies : remedes fort communs & familiers aux Medecins an- ciens , tant Grecs que Latins , ſur tous les autres remedes topiques & externes:car outre leur vſage & profit(qui eſt d'euacuer les excremens, & autres humeurs pourris arreſtez à --, = @ la peau, d'appaiſer douleurs, laſſitudes, & corriger toutes intemperatures du corps) en la Vtilitez. s=s=ºE curation des fiévres & en la plus part des autres maladies,ſont le dernier refuge,de grande Differences. ayde & effects merueilleux. Outre ce ils ſont delectables aux hommes : parquoy d'iceux la connoiſſance eſt fort vtile & neceſſaire. L'on fait deux differences de bains, les vns ſont naturels, les autres artificiels. Les Galau liu naturels ſont ceux qui de leur propre nature ſortent tels ſans ayde ou artifice externe, & ont quelque quali- des alimen*- té medicamenteuſe. Car l'eau qui de ſon naturel doit eſtre ſans qualité apparente, ſi d'auanture elle paſſe par les minieres des corps metalliques, ou prés d'icelles, promptement elle reçoit impreſſion des qualitez &cf- fects deſdits metalliques. A cette cauſe toute telle eau, ainſi que Galien dit au premier liure. Deſamiiut tuenda, a vne vertu commune qui eſt de deſſeicher : mais particulierement l'vne eſchauffe grandement & deſſeiche : l'autre deſſeiche, aſtreint & refrigere. Leſdites eaux ſont chaudes, tiedes ou bouillantes, ſelon qu'elles paſſent prés ou loing des matieres allumées ſous terre, deſquelles retiennent & empruntent la ver- tu, à cauſe qu'elles paſſent par les minieres pleines de feu, & faiſans leurs cours par icelles, acquierent cha- leur actuelle ſans autre artifice : laquelle eſt de grande admiration , d'où ſe concrée telle chaleur ſous la terre Ralert.de où manifeſte feu n'apparoiſt : auſſi qui l'allume, qui l'entretient & nourrit par ſi long-temps ſans s'eſteindre § des Aucuns Philoſophes voulans donner raiſon naturelle, diſent que le feu s'allume ſous terte par les rayons eaux chau- du Soleil, les autres diſent que c'eſt par la penetration des foudres ; autres que c'eſt par l'air vehemente- des. ment eſmeu , comme dehors du caillou eſt tiré le feu par attrition. Mais outre ces raiſons humaines, la cauſe principale doit eſtre referée à la grande prouidence du grand Architecte, facteur de toutes choſes, qui a voulu manifeſter ſa puiſſance, voire iuſques aux entrailles de la terre. Iaçoit qu'aucuns veulent que telles eaux ſoient eſchauffées par le moyen du ſouphre, qui entre les corps metalliques retient plus la nº- ture du feu, comme auſſi on luy attribuë la cauſe du feu perpetuel, qui des tout temps ſort de la montagº Raiſºº de Sicile nommé AEtna, ainſi qu'auons parlé cy-deuant, & ſelon que deſcriuent les Poétes & Hiſtoriens à fº *** cette cauſe les eaux ſortans ainſi chaudes retiennent, principalement la vertu du ſoulphre Les autres te- preſent en la qualité de l'alum ou du ſel nitre, ou de bitumen, ou chalchantum. Et telles eaux tant chau- des que froides ſont conneuës par ſaueur , odeur , couleur, & le limon qui adhere auxcanaux : auſſi par ſeparation artificielle des parties terreſtres deſdites eaux d'auec les ſubtiles : Comme en faiſant bouillir l'eau dudit baing , comme ſi tu voulois faire cauteres, laquelle eſtant conſommée tu connoiſtras par leſdites par- ties terreſtres qui demeureronr, la nature du baing. Comme s'il eſt ſulphuré, leſdites parties terreſtres : ſentiront le ſoulphre : s'il eſt alumineux , auront le gouſt d'alum , & ainſi conſequemment des autres. D'a- uantage , par les effects & aydes qu'elles donnent aux maladies , leſquelles declarerons particulierement, commençans aux ſulphurées. ' - Baings ſul- Les eaux ſulphurées eſchauffent grandement, deſſeichent,reſoluent, ouurent, attirent du dedans au dehors phure (. elles nettoyent la peau des galles gratelles, & dartres : ſont profitables au prurit,aux vlceres, defluxions de - articles & gouttes:elles remedient au mal de la cholique, de la ratte endurcie : inutiles au reſte pour boire,à Alumineux cauſe de leur mauuaiſe odeur & ſaueur, & nuiſantes au foyè. Les alumineuſes, quant à leur ſaueur, ont vne grande ſtypticité & aſtriction, partant deſſeichent grandement.Leur chaleur n'eſt tant manifeſte : toutesfois quand on en boit, elles laſchent ſort le ventre.ce qui ſemble aduenir à raiſon d'vne nitroſité & chaleur Elles detergent & repriment les fiuxions, & les menftruës ſuperfluês des femmes : conuiennemt aux douleurs des dents,aux vlceres corroſifs & apoſtemes cachées & latentes,tant des genciues que d'autre partie de la bouche Nitreux Les falées, & nitreuſes ſont manifeſtes de leur ſaueur : elles eſchauffent, deſſeichent, aſtreignent, detergºnº -" . reſoluent, extenuent, reſiſtent à la putrefaction, oſtent les ecchymoſes, elles profitent aux gratelles wlce- Biºiºº reuſes, & vlceres malins : & toutes tumeurs laxes : telle eſt l'eau de la mer. Les bitumineuſes, eſchauffent continuellement, reſoluent, & par longue eſpaee de temps emolliſſent les nerfs : elles ſont toutesfois diuer- Cuivreux. ſes & variables, ſelon les eſpeces & diuerſitez de bitumen,qui impriment leurs qualitez eſdites eaux.Les eaux qui retiennent la qualité de l'airain ou cuiure, eſchauffent, deſſeiehent,detergent , reſoluent, inciſent & aſtrer gnent : elles aident grandement contre les vlceres corroſifs,fiſtules, dureſſes des paupieres, des yeux & cot- rodent les carnoſitez tant du nez que du fiege.Les ferées refrigerent, deſſeichent, & grandement aſtreigne , FºG , à cette cauſe ſont profitables aux apoſtemes, durtez & tumeurs de la ratte, debilité d'eſtomach, ventricule, - flux d'vrinesflux de menſtrues,intemperies chaudes du foye,& des reins:telles ſont aucunes de Luques en Itº- Plombe ( lie. Les plombées, refrigerent, deſſeichent & retiennent toutes les autres qualitez du plomb. Telles ſont cel- 9Pſº , les qui paſſent par les canaux du plomb. Ainſi faut iuger des eaux gypſeuſes, ou ayans la nature de # - - leſquelles C Yºt compoſition des medicamens 737 À leſquelles ont les meſmes effects que les corps par où elles paſſent. Les ſuſdites eaux chaudes aydent gran- |"º, # dement contre les maladies froides & humides, paralyfies, ſpaſmes, rigueurs des nerfs,tremblement , pal-%ºse des #: pitations, goutes froides, inflations de membres, hvdropiſies, iauniſſe procedant d'humeur viſqueux , dou # leurs de coſtez, coliques, douleurs nephritiques , à la ſterilité des femmes, à la ſuppreſſion des mois d'icel-* ands. les, à la ſuffocation de la matrice , aux laſſitudes ſpontanées, aux defedations du cuir, dartes, morphées, galles , gratelles, à la lepre,& autres maladies prouenantes d'obſtruction faicte d'humeur viſqueux & froid, a raiſon qu'elles prouoquent ſueurs : mais icelles faut euiter és natures choleriques, & es intemperatures chaudes du foye : car elles pourroient cauſer cachexie & hydropiſie, par la mauuaiſe complexion acquiſe - au foye , pour l'vſage deſdites eaux. Les froides ſont fort conuenables aux intemperatures chaudes Vſage des #: tant de tout le corps que des parties d'iceluy : & ſont pluſtoſt prinſes au dedans, qu'appliquées au dehors.f#. Elles confortent grandement & roborent les parties internes relaxées : comme la vertu retentrice du ven- tricule, des inteſtins, des reins, de la veſſie,& des autres parties du ventre inferieur. Et pourtant elles corri- gent les exceſſiues chaleurs du foye,le remettant à ſa naturelle temperature, & grandement le corroborent: elles arreſtent flux de ventre,dyſenteries,flux des menſtrues, flux d'vrine,gonorrhées,ſueurs immoderées,flux de ſang , & guariſſent beaucoup d'autres maladies cauſées par imbecilité des parties dudit ventre infe- . rieur Entre leſquels ceux du Liege,& de Spa, & de Plombiere pris par dehors & par dedans, ont meſne - effect, faiſant d'vne meſme main pluſieurs offices ſans rien gaſter : veu que ces eaux ſont tellement pota- bles , que ceux du pays en vſent ordinairement en leurs potages, & breuuages ſans mal receuoir. - On fait des baings artificiels à l'imitation des naturels, pour ſuppléer le defaut d'iceux , en y mettant Baings arti- B Pouldre des deſſuſdits mineraux , comme ſoulphre, alum , ſel nitre, bitumen. Aucunesfois on fait chauffer ſicul,. fer, cuyure, or,argent, iuſques à rougeur, & les fait-on eſteindre pluſieurs fois en eau commune ou de pluye Pour en donner à boire aux patiens. Et telles eaux retiennent ſouuent la vertu du metal qui a eſté eſteint en icelles, comme lon void par les effects, tant és dyſenteries qu'es autres excretions immoderées des hu- meurs bons & ſuperflus aux corps humains, quand elles debilitent nature. Outre ceux cy, il y a d'autres ſortes de baings artificiels, deſquels les vns ſont faits d'eau ſimple ſeulement ſans autre mixion : les autres Baings d' ſont faicts auec decoction de quelques medicamens. Les baings d'eau ſimple, doiuent eſtre tiedes & me- # é4l4 diocrement chauds Car l'eau eſtant ainſi tiede,humecte,relaſche amollit les parties ſolides trop ſeiches,du- §i•. 3• res & tenduës, ouure les pores par vne chaleur accidentale,digere,attire,& reſoult les excremens tant fuligi- de sanit. - neux qu'autres acres & mordants,arreſtez entre cuir & chair. Auſſi eſt fort commode aux combuſtions impri- tuend. •t mées ſur le corps & viſage par inſolations,c'eſt à dire trop grandes ardeurs du Soleil, & aux laſſitudes,par le Gal au liu. : moyen deſquelles les parties ſimilaires ſont deſſeichées. Dauantage ſoit que nous ſoyons eſchauffez, ou re-º. de lº #. fr gerez ou deſſeichez, ou qu'ayons nauſée,ou quelque autre intemperie, & que le corps demande quelque ** : euacuation,nous trouuons manifeſtement grands ſecours aux baings d'eau tiede,& peuuét ſeruir de frictions, #. ou d'exercice.Car ils apportent au corps mediocrité du temperament:ils augmentent la chaleur & la vertu, - & auec ſueurs viennent à diſcuter ventoſitez. Partant ſon conuenables aux fiévres hectiques, & à la decli- . #. nation de toutes les fiévres : ioinct qu'outre les commoditez ſuſdites ils prouoquent le repos & dormir, ainſi Gal li de le # - que dit Galien. Mais pour autant que l'eau ſeule ne peut longuement adherer au corps, on y meſle de l'huy- comp.desme. : l' te d'oliue pour la faire demeurer plus longuement.Et iceux bains ſont grandement louez pour ceux qui ſont dic.particu- :- ' de temperature chaude & ſeiche auſſi ſont profitables aux inflammations des poulmons, & aux pleuretiques, lieri. #:' c Parce qu'ils appaiſſent la douleur,& aident à ſuppurer & ietter les crachats, pourueu qu'ils ſoient faits apres • les choſes vniuerſelles pource que s'ils eſtoient pris auant la purgation & ſaignée,ils ſeroient fort dangereux, Vſage des :: à raiſon qu'ils pourroient cauſer fluxion ſur les parties affligées.Le baing, dit Galien, eſt adminiſtré ſans dan- baings artifs #: ger aux maladies, quand la matiere eſt cuite & digerée : ils ſont vtiles aux fiévres ardentes causées de chole- ciels - #: re , Parce qu'ils refrigerent & humectent, & auſſi qu'ils euacuent portion de la cholere. Pour tels effects ſont ill. choiſies les eaux de pluye:puis celles de riuiere non limoneuſe,en apres celles de bonnes fontaines:le dernier : rang tiennent les eaux de paluds & eſtangs : car il faut que l'eau pour le baing, que nous appellons aqux dul- #. cis,ſoit legere , & de ſubſtance tenue&ſubtile. Les baings d'eau trop chaude ou froide n'ont pas tel vſage, ' ! " wx mais Pluſtoſt apportent vne incommodité:car ils ſerrent & ferment les pores du corps & par conſequent re- :: tiennent les excremens & autres humeurs à la peau. Les autres baings artificiels ſont faits de meſme matie- Matim. | re que les fomentations humides:parquoy aucuns d'iceux ſont relaxatifs:les autres ſedatifs des douleurs:les # # autres mondificatifs & deterſifs:les autres prouoquent ou arreſtent les menſtrues des fºmmes,& ainſi des au- ° #t $ tres. Les relaxatifs ſont faits de la decoction & permixtion des medicamens remollitifs,& reſolutifs deſcrits #: Par cy-deuant,mis en grande quantité. On y adiouſte aucunesfois du vin, quelquesfois de l'huile, quelques- # # fois du beurre frais, du laict;diceux nous vſons aux ſuppreſſions d'vrine,& douleurs nephritiques,& contra- # ctions de nerfs , & habitudes des corps hectiques. Car par medicamens relaſchans, l'aridité du cuir eſt cor- 5 ! rºgée:& par les humectans,qui peuuent penetrer & enuoyer leur humidité graſſe & aërée,iuſques au dedans #: - du corps ja rarefié & ouuert par la tiedeur du bain,arrousée & nourrie comme d'vn gras & fertillimon. Les *ººdyns, qui allegent ou diminuent douleurs, ſont faits de medicamens anodyns & temperez, auſquels on # adiouſte quelquesfois des medicamens relaxans,autresfois des forts reſolutifs, & les fait on cuire en eau & #. Vº, Principalement és douleurs de coliques prouenans de pituite vitrée, ou de ventoſitez groſſes encloſes diocrité # ººVentre. Nous vſons de tels baings pour les douleurs du ventre inferieur, des reins,de la matrice & de l'in- # - ſ · teſtinLum colon. Toutesfois ne faut que le malade ſue en iceux , mais ſeulement qu'il y nage quelque eſpace |g- de temps , iuſques à ce qu'il ſente ſa douleur allegée, de peur de proſterner d'auantage la vertu ja affoiblie Par deuleur. Les deterſifs ſont faits de medicamens mondificatifs & deſſeichans. Quelquesfois nous vſons des re*mollitifs meſlez auec legers deterfifs,où il y a quelque dureté à la peau, ou que les crouſtes & eſcailles de la galle , & autre vice du cuir, ſont dures exceſſiuement, pour venir par apres aux forts deterſifs & de- - ficcatifs. Ils ſont fort requisés affections du cuir, galles, gratelles, prurit, morphées, & autres telles de feda- , tions du cuir : *pres leſquels,pour troiſieſme baing,faut faire decoction de choſes deſſeichantes & aſtringen- | . tes legerement , pour corroborer la peau & habitude du corps, à ce qu'elle ne ſoit deſormais ſi prompte & ,-" ouuerte à receuoir nouuelles fluxions, & que le mal ne retourne comme auparauant. On fait aucunesfois º2 - - - - - - - - - - º d'autres baings compoſez & meſlez enſemble des deſſuſdits, ſelon les indications compliquées. Les baings # , * aPProPriez aux femmes , ſont faits des medicamens appropriez à la matrice,ſelon les intentions, com- # 4/00- • me de Prouoquer ou arreſter les mois d'icelles. Vne,ſeule deſcription d'vn , ſeruira pour toute deſcription # iauii (, de baing - A2l.Azf4 l J l O - : 5r # 1 1:1: - - - - - - V, - - - - - - de la Meth. | #. rad, liliorum alborum & biſmalux an. fb. ij malux , parietariz , violan.'m. vj.ſeminis lini, fœ- & au liu ;. | nugrœci & biſmalua an. fb.j. fior. chamaemeli, meliloti & anethi an. p. vj. fiat decoctio in ſufficienti aqux de cauſpuiſ. # quantitate , cui permiſceto oleililiorum & lini, an. fb.ij. vini albi fb. vj. fiat baleneum, in quo diutius na- Gal. 11 de la , tet aeger. - Metk. Q Q q 3 Les 738 Le XXVI. Liure, de la Faculté Les baings tant naturels qu'artificiels, ſont remedes fort loüables & ſains,s'ils ſont prins en temps deu,& A quantité & qualité conuenable,comme tous autres remedes 5 mais s'ils ne gardent telles regles, ils nuiſent grandement. Car ils excitent horreurs,friſſons & douleurs,denſitè de la peau,debilitent les facultez de noſtre corps,& apportent pluſieurs autres dommages. Parquoy faut auoir eſgard aux confiderations cy-apres eſcri- tes. Premierement auant qu'entrer au baing, faut qu'il n'y ait aucune partie principale debile : Car telles parties debiles attirent & reçoiuent promptement les humeurs fondus & liquefiez par le baing, veu que les voyes ſont ouuertes. Secondement, faut qu'il n'y ait abondance & multitude d'humeurs cruds aux pre- mieres veines : car tels humeurs par le baing ſeroient diſperſez par tout le corps. Parquoy il eſt fort bon que les purgations vnjuerſelles ,& vacuations deſdits humeurs, precedent auant qu'entrer au baing Et non ſeulement telles §. vniuerſelles ſont neceſſaires auant le baing, mais auſſi les excretions, tant de l'vrine que d'autres excremens. Apres telles purgations, tant vniuerſelles que particulieres, faut que la vertu & force du patient ſoit ſuffiſante , tant pour entrer & demeurer aubaing, que pourſe tenir ſans manger, & à jeun. Tiercement, faut que tel baing ſoit adminiſtré, ſans friſſon, à cauſe qu'il pourroit cauſer vne fiévre. Temps. Le temps commode pour ſe mettre au baing eſt apres le Soleil leué, à jeun : ou ſix ou ſept heures apres le Les reigles repas,ſi d'auâture on veut vſer deux fois le iour des baings.Car ſi la viande eſtoit encore aux premieres veines, 1º fººº ou au ventricule, elle ſeroit attirée auant ſa parfaicte coction : à raiſon de la chaleur dubaing, qui eſchauffe- 4º * roit toutes les parties du corps, dont elles ſeroient plus promptes à attirer l'aliment encores crud. Aucuns baing. . eſliſent la partie de l'année commode pour leſdits baings,le Printemps & fin de l'Eſté : autres vn iour beau & clair, ny froid, ny venteux, ny pluuieux.Ainſi la diſpoſition & vertu du corps, & les temps confiderez, faut entrer bien chaudement aubaing, dans lequel ne faut boire ny manger pour les cauſes ja dites : fi d'a- uanture, pour le regard des forces, l'on ne prend vn peu de pain,ou quelques raiſins,ou quelque orange, ou grenade pour la ſoif Le temps d'y demeurer ne ſe peut dire,ny eſcrire. Aucuns toutesfois veulent qu'il ſoit d'vne demie heure juſques à vne heure : mais ne ſe faut fier à cela, ains auoir eſgard à la vertu. Car il ne faut que le patient demeure au baingiuſques à l'extreme debilité & foibleſſe : à raiſon qu'és baings eſt faite gran- Le ſortir du de reſolution des eſprits & de l'humeur ſubſtantifique.Au ſortir du baing faut eſtre diligemment couuert,& ſe baing- mettre au lict pour y ſuer , & euacuer par ſueurs quelques excremens attirez à la peau par la chaleur du baing. Apres la ſueur diligemment nettoyée, faut faire ou frictions legeres, ou deambulations: puis ſe nourrir de viandes de bon ſuc, de facile digeſtion & diſtribution : car la vertu concoctrice du ventricule à eſté affoiblie par le baing. La quantité deſdites viandes ſera moderée, quand elle ne fera peſanteur à l'eſto- mach. Finalement apres les baings fauteuiter la compagnie des femmes : car le coit, outre l'imbecillite • acquiſe du baing,abbat grandement les forces & vertus tant de tout le corps, que principalement des par- ties nerueuſes. Ceux qui ſe baignent pour dureſſe, ou retreciſſement de nerfs, ou pour appaiſſer les douleurs d'iceux doiuent frotter & entourer les parties malades de la fange du baing : car par ce moyen la vertu du baingèſt conſeruée plus longuement en la partie,& reçoit-on plus grand profit en ſe frottant & induiſant la partie d'icelle fange,que ſi on vſoit du ſeul baing Ces reigles icy diligemment obſeruées, & gardées,l'vſa- ge des baings eſt d'vn effect diuin & merueilleux, comme il à eſte predit : & non ſeulement telles reigles ſont à garder en vſant des baings, mais auſſi en prenant les eſtuues, deſquelles nous parlerons, pourl'affinité & vſage commun qu'elles ont auec le baing : joinct auſſi que les anciens vſoient des eſtuues ſeiches &baings - l'vn apres l'autre , & le tout auoit le nom de Baing, comme il eſtoit facile à connoiſtre par les liures dela - Methode de Galien. - • Des Eſtuues. CH A P. XL I II. E s Eſtuues ſont ſeiches, ou humides. Les ſeiches ſont faites auecvne euaporation d'air chaud 5 & ſec : qui en eſchauffant tout le corps ouure les pores d'iceluy & eſmeut ſueurs.On peutex- citer & faire telle euaporation d'air chaud & ſec en pluſieurs manieres : communément & pu- $ bliquement eſt faicte, tant en cette ville , qu'en autre lieu où ſont eſtuues publiques, auec vn $ fourneau vouſté, ſous lequel on fait grand feu, afin que ledit fourneau eſtant eſchauffé, puiſſe - Maniere de 2,y,sé à faire telle euaporation. Toutesfois chacun en peut faire particulierement auec telle induſtrie fair**ſº & artifice. On peut mettre en vne cuue des pierres de grais, rouges & ardentes, entre leſquelles ſera aſſis nud le patient bien couuert, & l'exhalation ſeiche deſdits grais eſtant ainſi encloſe en ladite cuue, eſchauf- Not4. fera & efmouuera ſueurs : toutesfois de peur que les grais ne bruſlent la cuue, les faut poſer ſur tuilles ou la- mes de fer. Et dauantage,faudra auoir diligemment eſgard au patient, & l'entreuoir de fois à autre : car il eſt | aduenu quelquesfois,qu'iceux par nonchalance des aſſiſtans ou gardes,eſtans delaiſſez ſeuls,venansſubitement à s'eſuanoüir par trop grande diſſipation des eſprits,causée par la chaleur de l'eſtuue,& tombans ſur les pier- res ardentes,ont eſté retirez demy-morts & bruſlez. Aucuns prennent telles eſtuues ſeiches en vn four, apres qu'on a tiré hors le pain : mais elles font fort incommodes,à cauſe que le malade n'y peut pas demeurer à ſon aiſe. Les eſtuues humides ſont faites auec vne vapeur ou fumée chaude & humide : telle vapeur ſe fait par decoction de racines , feuilles, fleurs & ſemences des herbes, leſquelles on fait boüillir auec eau ou vin, ou tous les deux enſemble, en vne marmite bien cloſe & lutée , & l'ebullition & vapeur de telle decoction eſt conduite par tuyaux & canaux de fer blanc, leſquels s'inſerent en vne cuue ayant deux fonds, dont le ſecond eſt troüé & percé en pluſieurs endroits, afin que ladite vapeur ait ſortie de toutes parts, & puiſſe eſchauffer & ouurir lcs pores du corps pour ſuer. La cuue ſera bien garnie de couuertures par deſſus : le patient auſſi ayant la teſte couuerte,& hors de la cuue,s'aſſeoira ſur vne petite felle dans ladite cuue, & ſuera à ſa volonté auec telle chaleur qu'il luy plaira.Car la chaleur eſt moderée par le benefice d'vn trou eſtant au haut des tuyaux, ſequel on deſtoupe lors que la chaleur eſt trop grande, autrement non : telle vapeur eſt fort plaiſan- te à ſentir, & donne plaiſir en ſuant, comme tu peux voir par cette figure. Differences, - Eſtuues hu- mides. } · - Figure B | Et compoſition des medicamens. 739 Figure d'vne Cuue à double fond auerſes tuyaux & marmite, propre pour receuoir les eſtuues humides. $ . # - B \ |||| †llº y ( ë # ! # - | - - WN | . W (/ $\(( \ ſa | ) $) !{A=A4: - lllllllll IIIIIII | # = - ) $< ( : 4% )| | -- - Si l'on n'atels tuyaux, on peut faire telles eſtuues humides, ainſi qu'il s'enſuit. Faut faire cuire les herbes - - en vn chauderon, puis les mettras aux pieds du patient, en la cuue, eſtant bien couuerte par deſſus : & pour exciter vapeur humide, faut mettre pierre de grais ardente dans le chauderon : car elle boüillira en la de- coction, & excitera grandes vapeurs humides qui eſmouueront ſueurs. - " , - Des fards pour decorer & embellir la face des femmes. C C H A P 1 T R E. X L IV. 2 T E 1 L E s femmes qui ſe fardent pour leur plaiſir & delices , ie ne leur voudois donner S# aucun aide : mais bien à celles qui ſont honneſtes, fuyans les marques de vieilleſſe & de Hip.aù com - # turpitude, deſirans euiter l'indignation de leurs maris : & à icelles ces moyens qui s'enſui-§ # uent s'addreſſent ,pour pallier leurs rides & couleur mauuaiſe. Or la couleur du viſage du liure des demonſtre la bonne temperature ou mauuaiſe, & la domination des humeurs : car cha- humeurs. - S cun humeur donne ſa teinture au cuir, & principalement à celuy de la face. Car ſi la cho- lere domine, la couleur ſera jaunaſtre & citrine : ſi le phlegme, blaffarde : ſi la melancholie, plombine, ou li- uide : & ſi le ſang, la couleur ſera vermeille. Il y a autres choſes qui donnent la couleur au cuir , & luy changent ſa couleur naturelle : telles ſont les choſes exterieures, comme le Soleil, le froid , luxure , triſteſſe, peur,veilles,jeunes,douleur,longues maladies,l'vſage de mauuaiſes viandes & breuuages, comme vinaigre & mauuaiſes eaux, au contraire, les bonnes viandes & le bon vin aydent à faire bonne couleur, à raiſon qu'elles engendrent bon ſuc. Si telles turpitudes prouenoient par les humeurs pechans en quantité & qualité , faut purger & ſaigner. Et ſi tel vice prenoit ſa ſource de quelque intemperature des parties principales , il fau- droit premierement icelles roborer : ce qui ſe fera par l'aduis du docte Medecin. Maintenant nous vien- - drons aux remedes particuliers : qui ont faculté de pallier les rides, & blanchir le cuir. Premierement on Lauement 5à} lauera la face en eau diſtillée des fleurs de lis, ou féves, ou nenuphar, ou laict de vaches pareillement di- #rº aº P ſtillé bien auec eau d'orge ou d'amydon , de riz, delayez en eau tiede : & la face en eſtant lauée ſera deſ Pºrººf ºr ſeichée, puis oincte des ongueus que dirons cy-apres : car tels lauemens detergent & preparent la face à 5# receuoir l'action d'iceux onguens, comme fait la lexiue alumineuſe au poil , lors que l'on le veut noircir. rº Apres auoir detergé & preparé la face on vſera des remedes qui s'enſuiuent, leſquels ont faculté d'embel- '. lir, de tendre le cuir, & effacer les rides : comme. % gummi tragacanthz conquaſſ 3.ij. diſtemp. in vaſe vitreo cum fb.ij. aquz communis. Icelle gomme ſe fondra, & l'eau demeurera blanche. % lithargyri aurian. ij. ceruſx & ſalis communis an. #. 6. aceti, aquz plantaginis an. 3.ij. caphura 3.6. Faut faire tremper la litharge & ceruſe en vinaigre l'eſpace de trois ou quatre heures à part, le ſel & cam- phre en l'eau que prendrez, puis les faut diſtiller le tout à part par le filtre : & apres eſtre diſtillez, à meſure - que vous en vſerez, les meſler. - - % lact vaccin. fb.ij. aurant. & limon.an. n.iv. ſacchar. albiſſ. & alum roch.an. 3.j. diſtillentur om- Eau de laia # nia ſimul. devache. L'on mettra les citrons & oranges par petites pieces, puis ſeront infuſées dedans le laict, & adjou- » ſtant voſtre ſuccre & alum , le tout ſera diſtillé in balneo Mariz. Cette eau eſt excellente pour tenir le † net & frais embellir la face : lors qu'on ſe couche on mettra linges qui en ſeront imbus ſur 2 I3CC. Autre eau fort excellente pour rendre le teint clair & beau. Faites diſtiller limaçons de vigne, & jus de limons , fieurs de boüillon blanc, de chacun quantité egale puis y ſoit adiouſté autant d'eau , contenue dedans les bourſettes de l'orme, & en foit vſé comme auons dit. | - Q_Q q 4 Autrê 1Èt compoſition des medicamens 741 v vn baſton âe bois, iuſques à ce qu'ils acquierent vne conſiſtance de beurre, puis oſtez-les hors de deſ- ſus le feu, & gardez cette meſlange pour vous en frotter le viſage au ſoir, apres l'auoir laué de ſon, ou de mie de pain blanc. - - —l- De la Goute-roſe. C H A P. XLV. Definition. 7 A 1 N r E N A N T nons parlerons d'vne rougeur eſtrange, qui ſe fait au nez & aux joués, | # & quelquesfois par tout le viſage auec tumeur, & quelquesfois ſans tumeur : aucunesfois P - # auec puſtules & crouſtes, qui ſe fait pour certaines humeurs ſalées & aduftes. La goute- rognoſtir. # roſe feſt plus grande en Hyuer qu'en Eſté, parce que le froid cloſt les pores , & partant la % matiere ne ſe peut euacuer : mais eſt tenue ſous le cuir, qui fait qu'elle requiert vne acrimo- | $ $ nie & mordacité, faiſant eſleuer des boutons & crouſtes, rendant la couleur du viſage, plombine. Cetºe maladie éſt difficile, & ſouuent impoſſible à curer. Cuye generale. Pour la cure generale, il faut que le malade euite le vin, s'il n'eſt bien trempé, & generalement toutes choſes qui eſchauffent le ſang , & qui ſont vaporeuſes, auſſi toute chaleur & froideur exceſſiue : pareille- ment que le malade aye le ventre laſche, ſoit par art,ou par nature. Il ſera ſaigné de la veine baſilique, puis de celle du front, & de celle du nez : & ſeront ſemblablement appliquées ſang-ſues en pluſieurs lieux de la B face, auſſi ventouſes auec ſcarification ſur les eſpaules. Cureparticuliere. Si le mal eſt inueteré, on commencera la cure par choſes emollientes, puis on vſera des onguents qui s'enſuiuent , leſquels ſeront changez à la diſcretion du Medecin preſent, les diuerſifiant ſelon que le mal ſera petit ou grand. - Bon & eè Exemple. 2. ſucci citri3. iij. ceruſœ quantum ſufficit ad inſpiſſandum przdictum ſuccum, argen- § ti viui 3. 6. extincti cum axung. porci , & cum 5. É. ſulphur. viui, incorporentur ſimul, & fiat vn- per - - u entum. : 8 24.boracis 3.ij. far. cicer.& fab an.3.j.ſº.camph.3.j.& cum melle & ſucco cepx fiant trochiſci.Quand on en voudra vſer ſeront deſtrempez en eau roſe ou de plantain , & en ſera applicqué deſſus le lieu auec linge delié, & laiſſez deſſus la nuict, les renouuellant ſouuent. Autre. 2. vng citrini, recent. diſpenſ 3. ij. ſulph viui #. É. & cum modico olei ſemini. cucur. & ſuc. : limon, fiat vng quoillinatur facies hora ſomni : le lendemain ſera lauée la face auec eau roſe, blanchie auec du ſon. - :: Autre. Faut faire boüillir du vinaigre bien fort,auec du ſon & eau roſe, & en ſera appliqué comme deſ* :: ſus : ledit vinaigre eſteint la rougeur. - L. Autre.34 ceruſœ & litharg. auri,ſulph. viui pulueriſ an. 3. 6, ponantur in phiala cum aceto & aqua roſat. . D'icelle compoſition en faut appliquer auec linges,& les y laiſſer toute la nuict, puis ſeront oſtez , & ſera la- - ueé la face auec eau de ſon : d'iceluy remede on vſera § d'vn mois,plus ou moins. | Autre.2%. ſang.taur.fb.j.butyri recent.fb.É. † noter que ladite eau eſt trouble & puan- te au commencement : mais quelques iours apres Vient claire , & perd ſa puanteur. •- Autre Faites boüillir du ſon en vinaigre & eau de nenuphar, & diſſoudrez du ſoulphre & vn peu de cam- a phre,& de ce en tremperez linges qui ſeront mis ſur le viſage au ſoir. . Pour deſſeicher les puſtules ou ſaphirs. #l 24 alb. ouorum num.ijaquz roſar.3.jſ ſucci plantaginis & lapathi acuti an. 3.f. ſublimat.3.j. incorp. in l',º IIlOI t • InarInOr. , ! - # - Pour les lentilles. - | Touchez les lieux auec eau forte. Autre.Faites tremper vn ou pluſieurs œufs en fort vinaigre iuſques à ce qu'ils ſoient mols, incorporez auec ſemence puluerisée en forme d'onguent,& en frottez les lentilles,tant que la peau s'éſleue. - -- 2Zaxungiz porci decies in aceto lota 5 iiij.argenti viui 3.j. alum ſulphur. viuian.5. j, piſtentur omnia diu in mortario plumbeo,& fiat vnguentum. L'argent-vif ne ſe doit mettre qu'à la fin. - 2Z. radic. lapathi acuti & aſphod an.3.ij. coquant, in aceto ſcillitico, poſtea piſtentur & paſſentur , ad-4* - den do auripigmenti3-ij.ſulphur.viui 3.x. incorporentur, & fiat vng.duquel en ſera mis ſur les puſtules pour .'ſ- D les deſſeicher. - . 34. rad. lilior.ſub cinerib.coct. 3. iij piſtis & paſſatis adde butyri recent. & axung. porci lotæ in aceto an. Autre. 5.j ſulphur.viui 3.iij. camph.9.ij.ſucci limon.quant ſuff malax. ſimul, & fiat vnguentum. - , =/. lact.virg fb.ſalum.3.6.ſulphur. viui 3 j.ſucc.limo.3.vj. ſal. comm. 5. É. diſtillentur omnia inalemb. vi Autre. trec>.Et d'icelle eau on vſera comme deſſus. - 2%. ſucci lapat.acuti,plantag & aſphodelo.an.3.j. É. olei vitell ouor.3. j. tereb. venetæ 3. ß.ſucci limonum 5 iiialuminis combuſti 3.i. argent viui extincti 3.i olei liliorum 3. É. piſtentur omnia in mortario plumbeo, add endo ſub finem argent. viu. ne mortario adhaereat. Autre. Prenez eau de nenuphar, de plantain, de morelle, de chacun deux onces, vinaigre fort vne once & demie, eſteignez dedans cinq ou fix coquilles d'œufs toutes rouges venans du feu, &les y laiſſez trem- per & ramollir, comme à ſe rediger en poudre , puis coulez le tout , & verſez dedans vne bouteille - † , en laquelle tremperez vn petit noüet plein d'vne dragme & demie de ſoulphre vif, ſubtilement :: " puluerisé. ' - - Autre Prenez ſoulphre vne once, ceruſe lauée deux dragmes, os de ſeiche,camphre de chacune vne drag- me,jus de limons de chacun demie liure, jus d'oignons deux onces, triturez ſubtilement, & incorporez auec le jus,oignez-en la face au ſoir allant au lict,& au matin lauez la auec decoction de ſon. Et au cas que les pu- - ſtules ou boutons ne vouluſſent ceder aux remedes,il faut appliquer des veſicatoires, non faits de canthari- - des,à fin d'attirer du profond le ſang aduſte & bruflé, qui cauſe leſdites puſtules, - Autre. Aºtrº. # · 2 | Autrê 742 Le XXVI. Liure, de la Faculté Autre bien approuué. 2/. ſulphuris viui ignis expert.3.ij.6.zinziberis optimi 3.j. peperis nigri 3.ij.fiat puluis ſubtiliſſimus & in- corporetur cum 3.iiij. pommacei optimi. Faut oindre la partie rouge & boutons le ſoir,& le lendemain ma- tin lauer ledit onguent auec de l'eau qui aura eſté tiede dans la bouche. Pour oſter les ſaphirs du viſage. Prenez ſuc d'oignon, pilé auec ſel, ou autrement pilé auec moyeux d'œufs. Pour amortir les dartres. Fueilles d'ellebore pilées auec vinaigre, ou laict de figuier tout ſeul, ou laict de tithymal, ou mouſtarde diſſoute auec vinaigre fort , auec vn peu de ſoulphre. Autre.Prenez coupe-roſe,ſoulphre & alum,de chacun vne drachme,& les faites tremper en fortvinaigre, puis ſoient paſsées par vn linge , & en ſoit appliqué deſſus. Autre. prenez vn oeuf , & le faites tremper en fort vinaigre, auec coupe-roſe & ſoulphre vif mis en poudre, puis paſſez,& en vſez comme deſſus. Si les herbes ou dartres ſont au viſage, l'eau de ſublimé eſt exellente, auſſi l'alum incorporé auec blanc d'œuf, & vn peu de jus de citron, auſſi fait l'aloés deſtrempé B auec oxymel ſcillitic. Or il faut icy noter,qu'à cauſe que les ſuſdits remedes ſont aucunement corroſifs, rendans le cuir aſpre & ſcabre pour l'adoucir & polir, on vſera de ce liniment. 2/...terebenthinz Venetx , tam diu lotx vt acrimoniam nullam habeat , butyri ſalis expert.an. 3. f. olei vitell. ouor.3.i. axung. porci in aqua roſar.lot.3.ſº.cera parum, vt inde fiat linimentum ad vſum. On peut auſſi vſer des autres remedes cy-deſſus mentionnez, qui ont pareille vertu. Pour affermir les dents,& les tenir nettes & blanches que nos Dames de la Cour vſent. Prenez eau commune & eau roſe , de chacune quatre onces , deux drachmes d'alum de roche, cuit & ſubtilement puluerise, canelle entiere demie drachme, mettez l'alum & la poudre dedans vne phiole de verre auec les eaux, puis expoſez la phiole ſur les cendres chaudes, faictes le boüillir iuſques à la conſom- ption de la tierce partie des eaux : eſtant refroidie, frottez-en vos dents au matin aucc vn linge net. Pour affermir les dents qui lochent & branſlent. Faut vſer de toutes choſes qui aſtreignent , ſoit en gargariſme ou opiate. La decoction de berberis,ſu- mach,balauſtes , alum , vin de grenades , meſlé auec eau roſe, & verjus , eſt ſingulier remede pour reſerrer & affermir les genciues. La maniere de faire noircir le poil. CH A P. , XL V I. |L faut premierement lauer la teſte ou la barbe de lexiue, en laquelle on mettra vn $ peu d'alum de roche, à cauſe qu'icelle lexiue prepare le poil à mieux receuoir la tein- # ture, conſumant la graiſſe qui peut eſtre aux cheueux ou barbe. Les remedes parti- #| culiers pour noircir le poil doiuent eſtre aromatiques & cephaliques , & vn peu ſty- # ptiques, à fin que par leur aromaticité ils corroborent la vertu animale, & que par leur # ſtypticité ils aſtreignent : auſſi doiuent eſtre de ſubtile ſubſtance pour penetrer iuſques à * la racine du poil. - - Il faut prendre vne pierre de chaux-viue peſant vne liure & demie, & la mettre dedans vne terrine, auec aſſez grande quantité d'eau : & quand ladite chaux ſera deſteinte, il la faut remuer auec vn baſton, & paſ- ſer ladite chaux & eau par vn ſaſſet dedans vn autre vaiſſeau, & quand la chaux ſera raſſiſſe, il faut ietter toute l'eau,& y en remettre de fraiche autant & plus qu'à la deſteindre, & la remuer comme à la premie- re fois : & faut laiſſer ſeicher ladite chaux,tant qu'on la puiſſe mettre en poudre : & prendre de ladite chaux cinq quarterons : & la mettre en poudre,& demie liure de litharge ſubtilement puluerisée:& le tout paſ- ſer enſemble par vn ſaſſet. Pour en faire paſte aſſez liquide, faut prendre vne poignée de ſauge franche,la concaſſer & mettre dedans vn pot de terre,auec vne pinte d'eau,& la faire conſumer iuſques à la tierce par- tie,& paſſer par vn linge : & de ladite decoction ferez voſtre paſte , de laquelle vous frotterez le lieu que voudrez noircir, & lairrez ladite paſte l'eſpace de quatre ou cinq heures : apres lauerez le lieu auec de l'eau tiede en laquelle on aura mis du ſon. 2É. ſulphur. vitrioli, gallar.calcis viux, lith. an.3.ij. ſcoria ferri 3. 6, pulueriſentur omnia ſubtil. & cum aqua communi incorporentur, vt inde fiat maſſa : de laquelle on frottera les cheueux s'en allant cou- cher , puis on mettra vne compreſſe deſſus auec vne coëffe , & le matin ſeront deſueloppez de la- dite paſte. 2Z.calcis lotx 3.i. litarg. vtriuſque 3. ß. & cum decočto gallarum, cort. nucum, fiat maſſa addendo olei camom. 3.ii. - 2Z. litarg. aur. 3.ii. ciner.clauellat. 3.i. 6. calc.viux 3.i. diſſol. omnia cum vrina hominis donec acquirat conſiſtentiam vnguenti,de quo vngantur capilli. 2/.. calcis lotæ 3.iiii. litharg. vtriuſque an. 3 ii. cum deçocto ſaluiæ& cortic. granat. fiat paſta ad formam pultis ſaltis liquida : de laquelle on ſe frottera les cheueux ou barbe s'en allant coucher , & le lendemain ſe lauera de vin & eau. La chaux ſe doit lauer en cette ſorte : Vous prendrez vne liure de chaux que vous ietterez en cinq ou ſix pintes d'eau commune, laquelle y demeurera l'eſpace de vingt-quatre heures, puis oſterez voſtre eau parin- clination,en adiouſtant d'autre eau : & pour la troiſieſme fois en lieu d'eau commune, mettrez de la deco- ction de ſauge & galles,qui y demeurera l'eſpace de vingt-quatre heures, puis ſera oſtée par inclination , & par ainſi aurez voſtre chaux lauée. - Autre. Autre. Autre, Moyen de la . uer la chaux. Autrč Vºt compoſition des medicamens. 743 uAutre remede ſingulier ^- - Le jus de l'eſcorce de noix vertes, comme l'on peut connoiſtre par les mains de ceux qui cernent les noix l, nouuelles, qui en ſont noircies pertinacitement. Ce qui aduient d'vne aſtriction coniointe , auec vne tenuité # ' de ſubſtance:laquelle faict que ſon aſtriction deſcende au profond, & ſe diffuſe de toutes parts, & l aſtriction empeſche que ſa teinture ne ſe puiſſe effacer qu'à grande peine, auec drogues tant ſoient elles aſtringentes. c_Autre de merueilleux effečt. - - - Prenez de la chaux viue, la laiſſez eſteindre toute ſeule en lieu humide, & d'icelle prenez trois onces* plomb bruſlé ſans eſtre laué, mis en poudre deux onces , litharge d'or puluerisèe quatre onces, le tout ſera mis dedans vn mortier de plomb, & auec eau ſera fait comme vne pulte : & de ce en feras frotter les che- ueux, puis mettre vn bonnet ou coiffe qui ſera laiſsé la nuict , & au matin ſe faut frotter la teſte auec linges chauds, & cette matiere tombera toute en poudre. - 3%. plumbi vſti 3j.gall.non perfor.cortic.nuc.an. 3.iij terra ſigill. ferreta Hiſpan.an. 3.ij. vitr. Rom. 3. vj. Autre ſal gem.3.j.É.caryoph.nuc.moſc.an. 3j.ſalamm.aloes an. 3. ß. fiat pulu.ſubtil. Leſdites poudres ſeront trem- pées par trois iours naturels dans de bon vinaigre, apres il faut le tout diſtiller par l'alambic, & de l'eau en ivſer comme il appartient. - • • ' , ! | B 24. fior.geniſt.ſtœcad cardamoan. 3.j lupin.conquaſſ. raſura buxi, cort. citri,radic.gentian. & berber.an. 3.j.ſº.cum aqua nitri, fiat lenta decoctio, de laquelle on lauera ſes cheueux par pluſieurs iours. - - 4 --- - - - - " • ' ' - - -- - - # - - 1 # Pour faire les cheueux blonds. : s Pſilothra , 0/4 Depilatoires pour faire choir le poil · · , . ! - - - · C H A P I T R E , XLVII. , , . | . - - * - , • \ - - 2 E c 1 P. calc.viu.3.iij.auripig. 3.j. La chaux ſera eſteinte en eau commune: puis on adiouſtera N% l'orpiment en poudre,auec quelque choſe odoriferante.La maniere d'en vſer eſt, que l'on ne $$ doit tenir ſur la partie,ſinon que l'eſpace de bien peu de temps, autrement il bruſleroit : & $2 auſſi deuant que l'appliquer, faut fomenter la partie d'eau chaude, & faut que ledit Depila- $ toire ſoit appliqué chaudement, & eſpais comme boüillie : on connoiſtra l'effect en frottant - A-» XKK la partie legerement auec eau chaude, & le poil tombera : & s'il auoit eſcorché la partie, on # - * vſera de l'onguent roſat, ou autre ſemblable. - - º - . - - - - - : Autre. 2.calc.viux,auripigm.citr.an.3.j.amyli,ſpumae argent.an. 3.ſ. terantur & incorporentur cum aqua communi,& bulliant ſimul. Or le ſigne de parfaicte cuiſſon eſt, que l'on mette vne plume d'oye, & elle ſera ſubit deſplumée. , , - » . ' - · · . Autre. Prenez chaux viue & orpiment autant d'vn que d'autre, ſoit le tout puluerisé & mis en vn noüet, C lequel ſera trempé en eau, & de celuy on frottera la partie, puis paſſant le doigt par deſſus , le poil tombera. Moyen d'en vſer. - - ----- ' • ' ' , - . " , • • • • - · · · · Autre maniere. . - ! " " > " - V. - - Prenez vneliure de chaux viue, & demie liure d'orpin iaune, mettez le tout en poudre ſubtilement, & , uand vous en voudrez vſer, en prend :ez telle quantite que voudrez : & auec de l'eau èn ferez paſte mollaſ- - · ſe, laquelle mettrez ſur la partie que veudrez depiler, & pour ſçauoir quand l'action dudit Depilatoire ſera #r : faite, vous lauerez la partie auec vn peu d'eau tiede, & verrez que le poil tombera. . v Ie ne puis encore paſſer que ne deſcriue certaines eaux pour lauer les mains & viſage, voire tout le corps, : & pour faire ſentir bon les linges & autre choſes. .. · · À , , ' , , . * " ' · · Eau de lauande. . " - - # ;. : . : ) - • , • '... • • • • # 3%. fior. lauand. fb.iv. aqua roſ & vinialbi an. fb.ij.aqux viux #. iv, miſceantur omnia ſimul , & fiat di- # ſtillatio in balneo Marix. On le peut faire ſans diſtiller, mettant infuſer des fleurs de la lauande en vne fiole m: • de verre au Soleilauec eau pure,ou au bain Marie, en y adiouſtant vn peu d'huyle d'aſpic, ou vn Peu de muſc. # " ! Eaux de cloux de girofles, # ! 19 2%. caryoph.3.ijaquz roſarum fb.ij.macerent.ſpatio xxiv.hor.& diſtill. in balneo Mariæ. # C. Eau de ſenteur. . 24. menth. maior. hyſſopi ſaluia , roriſ.lauand. an.m. ij. rad. ireos 3. ij. caryoph cino. nuc. moſc. an. 3.f$. - " limo.num.iv. macerentur omnia in aqua roſar. xxiv: hor. omnia diſtillentur in balneo Marix , addend° mc2ſci 9. ij. º ' Fin du vingt ſixiéme Liure, de la faculté (/9° compoſition des Medicamens. $ # - - T A B L E 744 # § T A B L E D E S CHAP1T R E S du vingt-ſeptiéme Liure, des Diſtillations. # VE c'eſt que Diſtillation, & combien de ſortes ou # manieres il y a de diſtiller. Chap.j · La matiere & forme des fourneaux. - Chap. ijE # Des vaiſſeaux pour diſtiller. Chap.iij 8333- - i - 2 %7# W. - P > - 2 % | / A % 1 - - N - " ' , # ^ \/% sé, (º \ | 2 )# /% - N, %ſo Vſ " | ©S | | =S 5 Z # s # eA#S=S ºC $2 ao lllſlllll) \= $ - é - # Hippocrate, Medecin, à Hiſtanes , Gouuerneur d'Helleſpont, Salut & ioye. d'Helleſpont, - # G #NE O v R † tes lettres, que tu dis eſtre de la part du Roy, reſcry - luy , & le pluſtoſt . ! decin, #e)º - - - - - # º # # que faire ſe pourra, que i'ay des viures, des veſtemens, & des maiſons à ſuffiſance, & de tout d'Hipp.au- (º#} ce qui eſt neceſſaire à la vie. Dauantage qu'il ne m'eſt licite d'vſer des richeſſes des Perſans, dit Hyſtanet. ny de ſecourir & deliurer de maladies les barbares qui ſont ennemis des Grecs. Aye ſoin de ta ſanté D - La | Des Diſtillations. 763 - C La figure de ce grand Hippocrates. # $ È ( ) Hº p) # \ - l) I. l, le 4 l . : $ # # $ S N - • L | | | ! •. | $# º) º# A* * U - | - WJ, h/ 1 ) Tel fut d'Hippocrates le port & le viſage : . D De quel ſºauoir il fut, de quelle nation, Comme il ſe comporta en ſaprofeſſion, Les liures qu'ila faits en donnent teſmoignage. Ce n'eſt rien que de voird'Hippocrates l'image, jl faut voir ſes eſcrits, les lire & contempler, Conferer auec ceux qui en peuuent parler, . eAfin de les entendre, & les mettre en vſage. -T S S s 4 - | APHO 764 Aphoriſmes d'Hippocrate. # # ººº ººººººººººººººº # # # # # # # # # # # # # # A P H O R I S M E S D' H I P P O C R A T E, appartenans à la Chirurgie LAphoriſme en vn mot, qui autant ſignifie Que dccret ou extraict, ou ſentence choiſie. 27. 6. - E v x qui ont dans le corps de la boiie croupie, #//# Ou entre cuir & chair quelque abondance d'eau, A\# S'ils ſont cauteriſez, ou taillez au couſteau, K$# Et deſchargez à coup, ils en perdent la vie. 3 I. 6. Ceux qui ont mal aux yeux treuuent allegement, Par boire du vin pur , par bain, ou par ſaignée, Par fomentation deuëment ordonnée, Ou apres auoir beu quelque medicament. 38.6. Il eſt beaucoup meilleur de ne mettre la main A ces chancres cachez, qu'vſer de Chirurgie : Car ceux qui ſont penſez en meurent tout ſoudain : Ceux qui ne le ſont point, ſont plus long-temps en vie. 5 f. 6. La goute qui les pieds engourdit & eſtonne, Se meut le plus ſouuent au Printemps & Automne. 29. 6. Iamais la goute és pieds les chaſtrez ne moleſte, Ny faute de cheueux au deuant de la teſte. 49. 6. De la goute des pieds le feu qui bruſſe & ard, Dedans quarante iours s'eſteint pour le plus tard. * 66. 5. C'eſt ſigne de grand mal ſi en vne bleſſeure, Qui eſt grande & maligne, on ne voit point d'enfleure 67.J. La tumeur qui eſt molle, eſt fort bonne & loüable : Mais celle qui eſt dure, eſt mauuaiſe & damnable. 2 5. 6. / Quand l'Eryſipelas r'entre dedans le corps, - Tout va mal : & tout bien, quand il reſſort dehors. ) 19.7. Quand l'Eryſipelas vient autour de l'os nu, Et deſcouuert de chair, pour ſuſpect eſt tenu. 2o. 7. A l'Eryſipelas s'il ſuruient pourriture, Ou ſuppuration, c'eſt vn mauuais augure. 2 I. 6. Si à gens furieux des varices ſuruiennent, Ou flux de ſang par bas, à raiſon ils reuiennent. 2 I. 7. Si à l'vlcere aduient flux de ſangcopieux, Pour la force du poulx, cela eſt dangereux. 26.2. Il vaut mieux que la fiévre apres le ſpaſme aduienne, Que le ſpaſme à l'accez de la fiévre ſuruienne. 4. 6. Les vlceres polis autour de labordure, Sont à cicatriſer de mauuaiſe nature. 18. 6. Quand le foye eſt navré, le cœur ou la veſſie, L entre - deux trauerſant, l'eſtomach, le cerueau, Voire tant ſeulement quelque menuboyau, Si le coup eſt profond, c'eſt pour perdre la vie. - 45. 6. Aux vlceres qui ont vn an ou dauantage, L'os neceſſairement ſe Pourrit & dechet : La C - 766 Reigles Chirurgiques J') Galien au I. comment.du li. d'Hipp.d # Medecin,dit. 1 que ledit Hip a eſcrit aucunesfois ſi obſcuremët , que pour l'im - 1erpreter il requeroit plaſtoſt vne diuination qu'vne ſci- b) B ence Ce grand Hippocrates doit ſon nom & ſa gloire ($ • eA Claude Galien, icy repreſenté, Car ſans luy ſes eſcrits , pourleur obſcurité, - Demeuroient incogneus, & n'en fuſt plus memoire. C A N O N S E T R E I G L E S Chirurgiques de l'Auteur. 1 8 Ce n'eſt autre choſe practique Le flux de ſang vient par chaleur, Sinon l'effect de Theorique. Et eſt repouſsé par froideur. 2. 9 La parole ne guarit point, La picqueure des nerfs deſire Mais le remede mis à poinct. Subtil medicament qui tire. P) 3 - / vn remede experimenté - - - - Vaut mieux qu Vn nOullCall InllCIltC. La playe ouurant vn grandvaiſſeau, Le navré conduit au tombeau. j Où il y a contufion, Procure ſuppuration. - 6 Selon qu'onvoid la maladie, Il faut que l'on y remedie. 7 . Sil tombe quelque os du palais, Danger ya d'eſtre punais, IO Au mal de pied, ou jambe, ou cuiſſe Le lict eſt ſalubre & propice. I I Toutes medecines mordantes Aux vlceres ne ſont nuiſantes. I 2 - Pour bien luxation curer, Tenir faut, pouſſer & tirer. l 4 La gangrene qui eſt ja grande, Rien que le couſteaune demande. I 3 Le monſtre eſt vne creature, Contre les regles de nature. la º . Des Rapports. - 769 . # A qui nous donnent à entendre par raiſon, que le crane eſt rompu : mais Par les ſens iceluy meſme ſe connoiſt eſtre romPº » quand en preſſant les doigts deſſus, on ſent au tact l'os eſtre eſleuë ou enfoncé outre le natu- rel. Pareillement ſe connoiſt au ſens de la veuë, lors qu'il eſt denué , & qu'on fraPPe deſſus auec vne ſonde de fer , & qu'il ſonne caſſé, comme ſi l'on frappoit ſur vn Pot de terre felle & rompu : voilà les ſignes § demonſtrent le cerueau eſtre offenſé & le crane fracturé. On peut Prognoſtiquer & rapporter † bleſſé, lors qu'il a du tout perdu ſa raiſon & memoire, ou s'il deuient du tout mu§ , ayant les yeux tene- breux , & ſe veut jetter hors du lict, ne ſe pouuant au reſte nullement mouuoir : ayant la fievre continué, la langue noire & ſeiche , & les lévres de la playe arides, ne jettent aucune choſe , ou bien peu, & § elle eſt de couleur blafarde, comme d'vne chair ſalée, ou qu'il ait apoplexie, freneſie, ſpaſine, paralyſie TC- tenant ſon vrine, & autres excremens, on les laiſſe couler inuolontairement. Si tels ſignes apparoiſſ§ § ton rapport que bien toſt le malade mourra. Les ſignes que la trachée artere, & l'œſophague ſont coupez. Cela ſe reconnoiſt au ſens de la veuë, auſſi le bleſſé perd la parole, & ne peut plus boire ny manger, parce que chacune partie coupée ſe retire, l'vne en haut, l'autre en bas, & toſt apres la mort s'enſuit. Les ſignes que la playe penetre dans le Thorax. C'eſt que par la playe on void ſortir de l'air, auec vn ſifflement, & le malade a peine à reſpirer, principale- ment quand il y a grande quantité de ſang tombé ſur le diaphragme, lequel il jette par la bouche encrachanti B la fievre ſuruient & puanteur d'haleine, à cauſe que le ſang ſe pourrit & conuertit en vne ſanie fetide , & le malade ne peut demeurer couché que ſur le dos,& a ſouuent volonté de vomir, & s'il reſchappe le plus ſou- uent ſa p'aye degenere en fiſtule, & meurt tabide & ſec. - Les ſignes du poulmon vulneré. C'eſt qu'il ſort par la playe vn ſang ſpumeux, auec toux & grande difficulté de reſpirer, & douleur aux coſtez. Les ſignes que le cœur eſt bleſſé. C'eft qu'il ſort par la playe grande quantité de ſang , auec vn tremblement vniuerſel de tout le corps, le poux languide & fort petit, la couleur paſle, ſueur froide auec ſyncope, & les extremitez fort froides,& toſt la mort s'enſuit. - Les ſignes du diaphºne C'eſt que le malade ſent vne grande peſanteur au lieu vulneré, & a perturbation de raiſon, & vne tres- grande difficulté d'halener, toux & douleurs aiguës, & les flancs ſe retirent contre-mont : ſi tels ſignes appa- roiſſent, fais rapport de mort hardiment. Les ſignes que la veine caue & grande artere ſont vulnerées. C'eſt que le malade meurt promptement, à cauſe de la ſubite & grande vacuation qui ſe fait du ſang & eſprit qui rempliſſent le ventre inferieur outhorax, faiſant ceſſer l'action des poulmons & du cœur. | Les ſignes que la moëlle de l'eſpine du dos eſt bleſſée, C'eſt que le malade ſubit tombe en paralyſie on conuulſion, & le ſentiment & mouuement des parties in- ferieures ſe perd & les excremens, comme la matiere fecale & vrine, ſont jettez inuolontairement , ou du tOLlt rCtCIlUlS. - Les ſignes que le foye eſt vulneré. C'eſt qui ſort grande quantité de ſangpar la playe, & le bleſſé ſent vne douleur poignante, qui s'eſtend iºſques à la cartilage ſcutiforme, & le ſang decoulant dedans le ventre ſouuent ſe pourrit, & cauſe de per- nicieux accidens, & le plus ſouuent la mort. - • 1 - Les ſignes que l'eſtomach eſt vulneré C'eſt que le manger & boire ſortent par la playe, & vomit ſouuent pnre cholere & ſang , il ſuruient ſueurs & refroidiſſemens des extremitez, & la mort toſt apres aduient. Les ſignes que la ratelle eſt vulnerée, C'eſt qu'il ſort par la playe vn gros ſang noir,& le malade eſt grandement alteré, & a douleur au coſté ſe- neſtre : & fi le ſang decoule dans le ventre, ſouuent ſe pourrit, dont pluſieurs accidens ſourdent, & ſouuent la mort les ſaiſit. Les ſignes que les inteſtins ſont vulnerez. C'eſt que le malade ſent vne grande contorſion & douleur au ventre, & la matiere fecale ſort par la playe ſouuent, & grande quantité de boyaux ſortent par icelle hors le ventre. es ſignes aue les roigno /167"62C » | Les ſignes que gnons ſont vulnerez C'eſt que le malade a difficulté d'vriner, & jette du ſangauec l'vrine, & douleur aux aiſnes, verge & teſti- cules. Les ſignes que la veſſie eſt vulnerée, & les pores vreteres. C'eſt que le malade ſent douleur aux flancs, & les parties du penil ſont tendues, & fi il jette l'vrine ſanglan- te, & quelquesfois meſme par la playe. - Les ſignes que la femme aſon amary vulneré C'eſt que le ſang ſort par ſes parties honteuſes , & a preſque ſemblables accidens que ceux qui ont la veſie vulnerée. T T t Les Les ſignes que l'os eſf rompu. Les ſignes mortels. 77o Le Vingt-huictiéme Liure, Les ſignes que les nerfs ſont picquez , ou à demy-coupez. C'eſt que le malade ſent vne douleur vehemente au lieu bleſse, & auſſi que promptement luy ſuruient inflammation , fluxion , fiévre, apoſteme, & conuulſion, & quelquesfois auſſi gangrene & mortification de la partie ; dont ſuruient la mort, ſi le malade n'eſt bien & promptement ſecouru,'comme i'ay eſcrit cy- deuant parlant des playes des nerfs. - Apres auoir baillé les ſignes pour connoiſtre les parties de noſtre corps vulnerées, à fin d'en faire rapport en Iuſtice : pour plus grande & facile intelligence m'a ſemblé bon de donner le formulaire de ces quatre Rapports : dont le premier ſera de rapporter de neceſſité de la mort du bleſsé : le ſecond ſera douteux de la mort ou de la vie : le troiſieſme du mehain, c'eſt à dire, de l'impotence d'vne partie bleſſée : le quart, de pluſieurs parties bleſſées enſemble. Selon leſquels formulaires tu en pourras faire d'autres, ainſi que connoi- ſtras par les ſignes cy-deſſus eſcrits, telles ou telles parties du corps eſtre vulnerées. Exemple a'vn rapport, de neceſſité concluantà la mort. Ie A. P. ce iourd'huy par l'ordonnance de Meſſeigneurs de la Cour de Parlement, me ſuis tranſporté en la ' maiſon de tel , ruë S. Germain , à l'enſeigne de S.Lequel i'ay trouué giſant au lict, ayant vne playe à la te- ſte , partie feneſtre , ſituée ſur le temporal , auec fracture & embarreure d'aucunes parties dudit os, les deux membranes eſtans rompues, ſont enfoncées en la ſubſtance du cerueau. Au moyen dequoy ledit tel a perdu toute connoiſſance de raiſon , auecques vne conuulſion, le poulx fort petit, & ſueur froide : au re- ſte, tant degouſté , qu'il ne boit ny mange. A cauſe dequoy certifie que bien toſt mourra, teſmoing mon B ſeing manuel cy mis le, &c. Exemple d'vn rapport douteux de la mort. Ie tel , &c. par le commandement de Monſieur le Lieutenant Criminel, ſuis allé en la maiſon de N. le- quel i'ay veu giſant au lict , ayant trouué ſur ſon corps vne playe faicte d'vn inſtrument trenchant , ſituée au milieu de la cuiſſe dextre , de grandeur de trois doigts ou enuiron, penetrante tout outre, auecques in- ciſion de veines & arteres : à raiſon dequoy eſt ſuruenu vn bien grand fiux de ſang, qui luy a proſternë & ab- batu les forces. Au moyen dequoy tombe ſouuent en defaillance de cœur, & toute la cuiſſe eſt grandement tumefiée & liuide , dont pluſieurs pernicieux accidens s'en pourroient enſuiure : parquoy ie dy que ledit tel - eſt en grand danger de mort. Et tout ce certifie eſtre vray, teſmoing mon ſeing manuel cy mis le, & c. Exemple d'vn rapport de mehain ou impotence. Ie tel, &c. par le commandement de Monſieur le Procureur du Roy, me ſuis tranſporté en la maiſon de Monſieur, &c. rue S. Pierre aux Bœufs, pour viſiter vn tel, &c. ſur lequel i'ay trouué vne playe à la jointure du jarret dextre, de grandeur de quatre doigts ou enuiron, auecques inciſion des cordes ou tendons qui plient la jambe, enſemble inciſion de veines, arteres, & nerfs.Au moyen dequoy eſt ledit tel en danger de mort, pour les accidens qui en telles playes viennent le plus ſouuent, comme extreme douleur , fiévre,in- flammation, apoſteme, conuulſion, gangrene,& autres. Parquoy à ledit tel beſoin tenir bon regime, & eſtre bien & deuement penſé & medicamenté & où il eſchappera de la mort , à iamais demeurera impotent de la partie, Et tout ce certifie eſtre vray , teſmoin mon ſeing manuel cy mis le iour, &c. mil, &c. Exemple d'vn rapport d'vn homme blsſé de pluſieurs coups, & en diuerſes parties du corps. . | Nous ſoubs ſignez Chirurgiens, ce iourd'huy vingt-vnieſme &c. par le commandement de Meſſeigneurs de la Cour de Parlement, ſommes allez au logis de tel, ruë S.Denys, à l'enſeigne de Saincte Catherine, pour viſiter vn nommé, &c. Gentil-homme des ordonnances du Roy, ſur lequel auons trouué cinq playes La premiere ſituée à la teſte, au milieu de l'os coronal, de grandeur de trois doigts ou enuiron , penetran- te iuſques à la ſeconde table , dont luy auons tiré trois eſquilles dudit os. ltem vne autre playe au trauers de la ioue, partie dextre, comprenant depuis l'oreille iuſques au milieu du nez: à cauſe de ce à eſté neceſ- ſaire luy faire quatre poincts d'aiguille. Item, vne autre playe au milieu du ventre, de grandeur de deux doigts, ou enuiron, penettrant en la capacité d'iceluy : ſortant par ladicte playe vne partie de l'omentum, de groſſeur de demy-eſteuf, qu'auons trouuè liuide, & toute deſtituée de chaleur naturelle : parquoy a eſté beſoin lier & coupper ce qui eſtoit ſorty dehors. Item , vne autre playe ſituée ſur le metacarpe de la main ſeneſtre, de grandeur de quatre doigts ou enuiron, auecques inciſion de veines, arteres, nerfs & ten- dons, & portion des os. Au moyen dequoy, ledit tel demeurera apres la guariſon, mehaigne de la main, & a beſoin de tenir bon regime, garder la chambre, & eſtre bien & deuëment pensé & medicamenté : & diſons qu'il n'eſt hors du danger de la mort. Et tout ce certifions eſtre vray, teſmoints nos ſeings manuels cy mis le iour; &c. Autre rapport d'vn corps mort , faict en la preſence de Meſieurs ie Lieutenant Criminel, & Procureur du Roy, au Chaſtelet de Paris, & du Commiſſaire Bazin. Rapportez par nous ſoubs-ſignez,que ce iourd'huy en la preſence de Meſſieurs le Lieutenant Criminel & Procureur du Royau Chaſtelet de Paris, nous auons veu & viſitè le corps mort de noble homme, &c. ſur lequel auons trouué vne playe faicte d'eſtoc, pres la mammelle ſeneſtre, longue & large de deux doigts ou enuiron, tranuerſant le corps de part en part, paſſant tout au trauers du cœur Plus vne grande playe faitie d'eſtoc ſur la iointure de l'eſpaule du bras ſeneſtre, longue de quatre doigts ou enuiron, large de trois» profonde iuſques à ladite jointure, auec inciſion des nerfs & ligamens , veines & arteres dudit lieu. Plus vne grande playe faicte auſſi d'eſtoc ſous l'aiſſelle ſeneſtre, longue & large de quatre doigts ou enuiron, pro- fonde iuſques au dedans & creux de ladite aiſſelle, auec inciſion des veines, arteres, & nerfs. Plus deuxau- tres playes faictes auſſi d'eſtoc ſituées en la poictrine, vn peu plus bas que la mammelle ſeneſtre , longues & larges d'vn poulce ou enuiron, & profondes iuſques en la capacité du thorax. Plus vne autre grande playe faite d'eſtoc , fituée prés la mammelle dextre, longue & large de quatre à cinq doigts, profonde ſeule- ment iuſques aux coſtes. Plus vne autre petite playe pres ladite mammelle dextre , penettrant auſſi ſur les coſtes. Plus vne autre playe faite de taille ſur le coulde dextre, grande de trois doigts ou enuiron, & large C Des Rapports. 771 # ' , : - -- large de deux » Profonde iuſqu'aux nerfs & ligamens de la iointure dudit coulde Plus vne autre playe fai- čte pareillement d'eſtoc au flanc dextre, longue & large d'vn poulce ou enuiron, & peu profonde. Plus vne autre playe faite auſſi d'eſtoc à la main dextre, ou doigt nommé Medicus, auec inciſion totale de l'os de la premiere iointure, penetrant le metacarpe. Pour raiſon de toutes leſquelles playes , certifions mort ſubite luy eſtre aduenuë. Fait ſous nos ſeings manuels, le Dimanche 7. Aouſt 1583.Ambroiſe Paré, Iean Cointeret,& Iean Charbonnel. C H A P 1 T R E I I. ! Rapport à4é#$ſ M,Z A moüelle de l'eſpine du dos eſtant comme vn ruiſſeau coulant du cerueau, eſt faite pour d'vn coup or- # la diſtribution des nerfs qui doiuent donner ſentiment & mouuement à toutes les parties be qui aura $#6ſ ſituées au deſſous de la teſte : & lors que ladite moüelle eſt bleſſée, ſuruiennent pluſieurs répu & 6277- #S & pernicieux accidens , & ſelon iceux le Chirurgien fera ſon rapport. A ſçauoir,ſi les bras # # $ & mains du malade ſont ſtupides , & paralytiques, ſans pouuoir remuer, & auſſi qu'en les # º2ºNS & picquant ou ſerrant le malade ne ſente rien, c'eſt ſigne que les nerfs qui ſortent de la 5.6.7. # en las vertebre du col ſp6t offenſez Semblablement quand tels accidens ſe trouuent aux cuiſſes, jambes, & aux mºue de pieds, auec refroidiſſement, & que le malade laiſſe ſortir ſes excremens inuolontairement ſans les ſentir, ou l'eſpine. qu'ils ſoient retenus du tout : cela monſtre, que les nerfs qui ſortent des vertebres, des lumbes, & os ſacrum, ſont offenſez, & que tous ces accidens prouiennent à cauſe que la faculté animale ne peut relui- re par les nerfs, dont s'enſuit reſolution , & par conſequent difficulté de ſentir & mouuoir aux parties, où ils ſont diſtribuez : qui fait que le muſcle de la veſſie & ſiege ne font plus leur action naturelle, qui eſt d'ou- urir & fºrmer. Et fi tels ſignes apparoiſſent , fais ton rapport que bien toſt ton malade mourra, & principa- HiPPº* Prº lement s'il a difficulté de reſpirer. Rapport d'vnefemme groſſe ayant eſté bleſſée au ventre. Ie, tel par le commandement de Monſieur le grand Preuoſt de l'Hoſtel, me ſuis tranſporté en la ruë Sainct Honoré, en la maiſon de Monſieur M. où i'ay trouué vne Damoiſelle nommée Marguerite, giſante au lict, ayant vne grande fiévre , conuulſion, & flux de ſang par ſa nature : à raiſon d'vne playe qu'elle a receuë au ventre inferieur, ſituée trois doigts au deſſous du nombril , partie dextre : laquelle penetre en la capa- cite d'iceluy , ayant bleſſé & percé ſa matrice , au moyen dequoy eſt accouchee deuant ſon terme prefix, d'vn enfant maſle , mort, bien formé de tous ſes membres , lequel enfanta auſſi receu le coup à la teſte, penetrant iuſques à la propre ſubſtance du cerueau. Et pour ce ladicte Damoiſelle en bref mourra , ce que tout certifie eſtre vray, teſmoing mon ſeing manuel cy mis , &c. I'ay bien voulu nettre ce Rapport , à fin d'inſtruire le ieune Chirurgien à faire rapport à Meſſieurs de la Iuſtice en tel cas, ſi l'enfant eſt formé de tous ſes membres, ou non, à fin qu'ils donnent tel iugement qu'ils verront eſtre neceſſaire : pour ce que la punition doit eſtre plus grande ayant fait auorter vne femme, l'enfant eſtant bien formé, à raiſon que l'ame y eſt infuſe, que s'il n'eſtoit encore accomply de tous ſes membres : car lors l'ame n'eſt encore entrée au corps. Ce que i'ay monſtré cy deuant parlant de l'Ame, de l'opinion de Moyſe & de S Auguſtin, diſant Exode , 1. que ſi quelqu'vn frappe ou pouſſe vne femme enceinte, & qu'elle en auorte, ſi l'enfant eſt ja formé, qu'il s.Au so, en perde la vie, mais s'il n'eſt encore formé, qu'il ſoit condamné à amende pecuniaire. © - Exemple d'vn rapport d'vn enfant eſtouffé. Il y a grande apparence que le petit enfant mort aura eſté eſtouffé par ſa nourrice , qui ſera endormie ſur luy en l'allaictant,ou autrement par malice:ſi le dit enfant ſe portoit bien,& ne ſe plaignoit de rien au pre- cedent , s'il a la bouche & nez pleins d'eſcume:s'il a le reſte de la face non palle & blaffarde,mais violette,& comme de couleur de pourpre : ſi ouuert, eſt trouué auoir les poulmons pleins comme d'air eſcumeux. Exemple d'vn rapport d'vn corps mort par tonnerre & fouldre. Il peut eſcheoir qu'on ſoit en doute ſi vn corps trouué mort par la campagne, ou ſeul en vne maiſon, eſt mort de fouldre ou autrement. Parquoy eſtant appelle par Iuſtice pour en faire rapport;conclurras par ces ſignes qu'il eſt mort de fouldre. C'eſt que tout corps frappé & mort de fouldre ſent vne odeur faſcheuſe & ſulphurée, qui fait que les oiſeaux & chiens n'en oſent approcher, encore moins gouſter, la partie frap- pée de fouldre fouuent demeure entiere ſans apparence de playe, & neantmoins les os ſe trouuent commi- nuez & briſez dedans : que s'il aduient qu'il y ayt playe apparente, ſubit qu'on la touchera , on la ſentira ſans comparaiſon plus froide que le reſte du corps, comme dit Pline : pource que ſubit la ſubſtance ſpiri-Liu.2.ch.54, tueuſe touchée, eſt diſſipée par le vent tres-ſubtil & violent, que la fouldre chaſſe & pouſſe touſiours deuant ſoy : auſſi la fouldre laiſſe toufiours certaine marque de bruſleure, pource que nulle foudre n'eſt ſans feu, ſoit en bruſlant ou en noirciſſant. Or comme ainſi ſoit que tous animaux frappez de fouldre tombent de l' autre coſté , le ſeul homme ne meurt point du coup,s'il ne tombe ſur la partie frappée de fouldre ou s'il n'eſt tourné par force du coſté dont la fouldre vient. L'homme qui en veillant eſt frappée de fouldre, de- meure les yeux fermez : au contraire ils luy demeurent ouuerts s'il eſt foudroyé en dormant , comme dit Pline. Philippe de Comines a laiſſé par eſcrit, que les corps frappez de fouldre ne ſont point ſubiects à corruption comme les autres : & que partant les anciens n'auoyent de couſtume les bruſler ny enterrer. Car ainfi que le ſel garde de corruption les corps qui ſont ſalez : ainſi le ſoulphre que la fouldre charge & porte quand & ſoy entretient long-temps les corps en leur eſtre ſans pourriture, pour la chaleur ignée & ſeichereſſe toute contraire à la pourriture. Pline au liu. meſme. V, Pour faire rapport infaillible. Qu'vn corps ſoit mort de peſte, c'eſt qu'on trouue vne grande molleſſe en tout le corps, à cauſe d'vne putrefaction indicible,laquelle durât la vie rendoit le corps fort laſche& mollaſſe,& apres la mort elle s'aug- mente encore dauantage, comme eſtant venuë à ſa perfection.Auſſi tels corps ſe rendent pourris & puants ſubitement. D'auantage, à pluſieurs apres la mort apparoiſſent bubons , jcharbons, & pourpre,qui eſtoient cachez dedans le corps:à raiſon que la chaleur putredineuſe,qui s'engédre par la pourriture, pouſſe & † T T t 2 QIS 772 Le Vingt-huictiéme Liure, - hors de la peau les excremens,deſquels ſont faits les bubons,charbons, & pourpres. Plus on void la couleur A du nez,des oreilles, & des ongles, plus noire , & meſmement tout le corps, qu'elle n'a accouſtumé d'eſtre aux morts d'autres maladies. Semblablement le viſage eſt fort hideux à regarder , & à bien grande peine le peut-on reconnoiſtre, & qu'en peu de temps le corps ſe corrompt & pourriſt, accompagné d'vne puan- teur cadauereuſe, & principalement en temps chaud. Si telles choſes ſe monſtrent, fais ton rapport que le mala de eſt mort de peſte. · Autre rapport d'vn trouué mort & bleſſé, ou noyé, ou pendu , apresſa mort. Semblablement le Chirurgien peut eſtre appellé pour faire rapport d'vn corps mort , ayant des playes , penetrantes dans le corps, & autres non, pour ſçauoir s'il les à receues eitant vif ou apres la mort. Donc ſi les playes luy ont eſté faites pendant qu'il viuoit, elles ſeront trouuees rouges, & ſanguinolentes,& les lévres d'icelles tumufiées & plombines. Au contraire, ſi on les luy a données apres la mort , elles neſe- ront rouges, ſanglantes, ny tumefiées , ny liuides. Parce que les corps eſtant mort, nature ceſſe toutes ſes œuures , & n'enuoye plus de ſang ny eſprits aux lieux vulnerez : & partant le Chirurgien fera ſon rapport, que les playes auront eſté données pendant la vie , ou apres la mort ſelon les ſignes qu'il trouuera. Pa- Si vn a eſté reillement fi le Chirurgien eſt appellé pour faire rapport d'vn corps mort pendu, ſçauoir s'il a eſté pendu pendu vifou vif ou mort S il a eſté pendu vif, le veſtige du cordeau à la circonferenee du col ſera trouué rouge, liui- f/2.0/f. de & noiraſtre, & le cuir d'autour amoncelé replié & ridé , pour la compreſſion qu'aura faict la corde : & quelquesfois le chef de la trachée artere rompu & laceré, & la ſeconde vertebre du col hors de ſa place. Semblablement les bras & jambes ſeront trouuées liuides & toute la face : à raiſon que tous les eſprits tout à coup ont eſté ſuffoquées : Auſſi pareillement 1l ſera trouué de la baue en la bouche, & de la morue yſſant du nez, la enuoyée tant par expreſſion du poulmon eſchauffé & ſuffoqué, que par la commotion conuulfi- ue du cerueau , de meſme qu'en l'epilepſie. Au contraire , ſi le perſonnage a eſté pendu eſtant mort , on ne trouuera les choſes telles, car le veſtige du cordeau ne ſera rouge ne liuide, mais de couleur des autres par- Si vn a eſté ties du corps, à cauſe qu'apres la mort, la chaleur ny eſprit, ne ſang ne courent plus aux autres parties bleſ- #u sées , pareillement la teſte & le thorax ſont trouuez pleins de ſang. Dauantage, ſi le Chirurgien eſt appellé vifou mort. Pour faire rapport d'vn corps mort tiré hors de l'eau , pour ſçauoir s'il a eſté noyé vif ou jetté en l'eau mort. Les ſignes qu'il aura eſté jetté vif, ſont qu'on trouuera l'eſtomach , & le ventre remplis d'eau,& ſort dunez quelque excrement morueux , & par la bouche eſcumeux & baueux , & le plus ſouuent ſaignera du nez. D'abondant il aura l'extremité des doigts & front eſcorchez , à raiſon qu'en mourant il gratte le ſable au fonds de l'eau , penſant prendre quelque choſe pour ſe ſauuer , & qu'il meurt comme en furie & rage. Au contraire, s'il a eſté jetté en l'eau mort,il n'aura aucune tumeur en l'eſtomach ny au ventre, parce que tous les conduits ſont affaiſſez & eſtoupez, & qu'il n'inſpire plus, & auſſi n'aura morue au nez, ny baue en la bou- che,ny veſtiges aux doigts ny au front. Parquoy,ſelon ces ſignes, le Chirurgien pourra faire rapport fidelle- ment des corps morts trouuez en l'eau , s'ils ont eſté jettez morts ou viuans Et quand aux corps morts qui s'eſleuent ſur l'eau , c'eſt adonc qu'ils ſont ja cadauereux & remplis d'air qui les fait eſleuer ſur l'eau comme vne veſſie remplie de vent. Or quant à faire rapport fi vne perſonne eſt morte de venin ou non,on le pourta faire par les ſignes cy deſſus eſcrits au liure des Venins. Exemple du rapport de ceux qui auront eſté en danger d'eſtre eitouffezpar la - vapeur & fumée de feu de charbon. Hiſtoire de Le 1 o. de Mars 1575.ie fus appellé auec Monſieur Greaulme, Docteur Regent en la faculté de Medecine, deux ſerui- en la maiſon de Monſieur du Hamel , Aduocat en la Cour de Parlement à Paris pour viſiter & faire rapport teurs qui de deux ſiens ſeruiteurs , l'vn Clerc, & l'autre Palefrenier, leſquels on eſtimoit eſtre morts, parce que ou- euiderent tre ce qu'il n'y auoit aucune apparence de poulx en eux , ils auoient vne froideur vniuerſelle de tout le º * corps, ſans parler, & ſans mouuoir aucunement : ayans au reſte la face teinte de couleur plombine; de # # fait que lors que ie les pinçois, ou tirois le poil rudement, ils n'en ſentoient rien , tellement que tous les aſſi- "" ſtans les eſtimoient eſtre morts. Mais la diſpute eſtoit ſur la façon de mort : car ledit du Hamel diſoit iceux auoir eſté eſtouffez, autres penſoient qu'il ſe fuſſent meurdris l'vn l'autre : autres philoſophoient iceux auoir eſté ſurprins d'apoplexie. Ie demanday s'ils auoient point faict du feu de charbon : à quoy vn chacun me reſpondant n'en ſçauoir rien ;ledit du Hamel preſte l'oreille à ce prepos, & s'auança luy meſ- me de chercher en leur eſtude ( qui eſtoit fort petite & bien cloſe) où il trouua ſous la table vne grande Remedescon- terrine,où il y auoit encore grande quantité de charbon, non du tout bruſlé. Quoy veu, fut de tous conclu trarians aux & arreſté que la cauſe de tel deſaſtre ne prouenoit d'ailleurs, que de la fumée maligne du charbon ardent, accidens qui qui les auoit ainſi aſſoupis & eſtouffez. Parquoy leur ayant posé la main ſur la region du cœur, & tant par proºiennent la chaleur qui y reſtoit encore aſſez manifeſte, que par le petit battement qui s'y apperceuoit, ayant conneu ººººººur iceux eſtre encore en vie,fut aduisé de les ſecourir promptement. Pour à quoy paruenir, on leur fit par arti- º,º" fice ouurir la bouche ( qu'ils tenoit fort cloſe,& les dents ſerrées) en laquelle, tant auec vne cuillier qu'auec D ardent. vne ſyringue, on jetta de l'eau de vie rectifiée, en laquelle on auoit fait diſſouldre de la hiere & theriaque, pour la leur faire aualler : lors ils commencerent à ſe mouuoir, & jetter certains excremens pituiteux,tant par la bouche , que par le nez , puis commencerent à raller , comme l'on oit choux boüillans dans vn pot. Adonc on leur fit aualler des medicamens vomitoires,& bonne quantité d'oxymel, leur battant de la main & genoüil aſſez rudement ſur le dos, vers la derniere vertebre d'iceluy & premiere des lombes, auquel lieu reſ- pond l'orifice du ventricule,ſe retournant en la partie poſterieure : à fin que tant par la vertu de ces vomi- toires, que par la conuulſion de l'eſtomach , ils fuſſentcontraints à rendre gorge, ce qui aduint, & jetterent du phlegme viſqueux & de couleur jaune, auec ſang ſpumeux. Pareillement leur fut jetté auec vn tuyau de Huyle de plume d'oye dedans le nez,de la poudre d'euphorbe, à fin de ſtimuler la vertu expulſiue du cerueau à ſe deſ- menthe tirée charger,& par ce moyen toſt apres eſternuerent, & ietterent grande quantité de morue par le nez : à quoy par eſſence ils furent encore dauantage eſmeus par l'huyle de menthe, tirée par quinte-eſſence , leur en eſtant frotté le ſingulieré en palais,voire iuſqu'a la gorge & goſier d'vne plume,de laquelle l'ampam auoit eſté graiſſé de quelques gout- **eident tes de ladite huyle. Au reſte leur fut pourueu par frictions faites au bras,cuiſſes, & jambes, le long de l'eſ- pine du dos.Auſſi par clyſteres acres & forts, par le moyen deſquels ſe deſchargea leur ventre copieuſement, & lors cómencerent à parler,& reuenir à ſoy,& à boire & manger& retourner à leur naturel peu à peu : en l'execution de toutes leſquelles choſes fuſmes merueilleuſement bien aidez par Iacques Guillemeau Chirur- gien juré à Paris,& maiſtre Iean de S. Germain maiſtre Apothicaire à Paris, nomme de bien & ſecourable des malades. Sur l'apres-diſnée furent appellez Monſieur Thibaut,& Monſieur Hautin,Docteurs Regens en ", la Des Rapports 773 . J -" • * "- À la faculté de Medecine (hommes doctes tant enla Medecine qu'en la Chirurgie ) pour conſulter auec nous de ce qui reſtoit à faire : leſquels ayans de poinct en poinct approuué tout ce que nous auions fait, furent *aduis auec nous de leur Pouruoir quant au reſte, par cardiaques reſtauratifs & confortatifs d'eſprits, pour uruenir aux Parties tant vitales qu'animales manifeſtement offensées. Le reſte de la conſultation-fut cou- ommé ſur la recherche de la cauſe d'vn tel effect : car que les hommes puiſſent eſtouffer de la fumée du Hiſtoire de charbon allumé, ce n'eſt choſe fort nouuelle, alleguans auoir leu dans Fulgoſe,liure ». chap.12. Volaterran au 'Empereur liure 23. dans Egnatius, que Iouinian Empereur ſe haſtant pour aller à Rome, en temps d'hyuer, ſe ſentant las Ioºººn- & trauaillé du chemin, s'arreſta pour loger en vne petite bourgade , nonmée Dadaſtanes , qui eſt entre Gala- ,tie & Bithynie , où il coucha en vne chambre nouuellement baſtie & enduite de chaux, ou l'on auoit fait bruſler force charbon pour ſeicher ladite chambre, fut ſur la minuict eſtouffé de la vapeur dudit charbon, le huictieſme mois de ſon Empire,qui eſtoit le trentiéme de ſon âge,& le 2o.iour d'Aouſt. Mais icy ne nous faut tant ſoucier de la preuue des anciens, attendu que de recente memoire en la maiſon de Iean de Begine, mai- ſtre Orfevre à Paris, demeurant ſous la tournée du Pont au change, moururent trois de ſes ſeruiteurs, pour - auoir fait du feu de charbon en vne petite chambre où il n'y auoit point de cheminée : & qui en voudroit faire recherche,on trouueroit grand nombre de telles hiſtoires. Quant aux cauſes, celles-cy furent miſes en Hiſtoire ſem- auant : Aucuns eſtimerent tel accident ſe faire ſeulement par la vapeur du charbon allumé,laquelle encloſe bi§ §- en vn lieu non ventilé , donne à celuy qui la reçoit tels ou preſque ſemblables accidens, comme fait la nueà paris. vapeur du vin nouueau, ſçauoir douleur de teſte & vertiginoſitez. Car ces deux vapeurs ont puiſſance de Les remedes B bien toſt remplir l'origine des nerfs, & faire grandes conuulſions , parce qu'elles ſont chaudes, & de ſub-cºrarianº à ftance eſpaiſſe. Et partant Hippocrate parlant des accidens qui prouiennent de la vapeur du vin , a hardi- # accidens ment Prononcé ces mots. Si ebrus quiſpiam de repentè obmutuerit, conuulſus mortur, niſijebre corripiatur, aut mſi #. # vocem recuperit tunc cùm crapule ſoluuntur. Si quelqu'vn ayant fort beu,iuſques à s'eſtre enyure, perd la parole C à couP, & ſoudainement : ſi la fievre ne luy ſuruient, ou s'il ne recouure la parole à l'heure qu'il peut & doit charbon. auoir cuué, dormy & digeré ſon vin , il meurt par conuulſion.Autant en peut on dire de la vapeur du char- bon occupant le cerueau de ces deux malades, leſquels ſoudainement faits muets, immobiles & inſenſibles comme yurongnes,fuſſent morts, ſi par remedes chauds mis en ſyringues par la bouche, & le nez, on n'euſt . " attenuél'eſpaiſſeur de la vapeur, & excité la faculté expultrice pour jetter hors ce qui luy nuiſoit. Et com- bien qu'il ſemble de prime-face, que par l'inſpiration de la vapeur maligne le poulmon fut bleſsé plus que toutes autres parties , toutesfois le plus grand mal qui en aduint aux poulmons en ce cas-cy , venoit Principalement pour la connexion & mutuelle amitie & accord qu'il a auec le cerueau, lequel eſtoit grande- ment offensé : car ces deux malades tout ſubit furent faicts muets,priuez de ſens & de mouuement,choſe qui aduient au malade, quand la premiere origine des nerfs eſt occupée de quelque matiere eſtrange que ce - ſoit , & non pas quand les poulmons ſont offenſez. Et tout ainſi que les apoplectiques ne meurent ſinon que Pourquoy Par faute de reſpirer, combien que le poulmon en ſoy ne ſoit offensé : ainſi de cette maladie ces deux mala-§ le des fuſſent morts faute de reſpirer,non pour vice du poulmon, mais pour le cerueau & nerfs bleſſez, qui don- §- nent à tout le corps mouuement & ſentiment, & principalement aux Inſtrumens de la reſpiration. Les autres ques, eſtimoient que telle choſe pouuoit aduenir, non du vice du cerueau,mais par defaut de l'eſprit vital, lequel n'eſtant plus porté du cœur au cerueau, à cauſe des conduits du poulmon bouſchez, ne pouuoit plus fournir de matiere à l'eſprit animal. Parquoy, diſoient-ils, ces ieunes hommes mouroient ſuffoquez par faute de re- ſPiration , ſans laquelle vie eſt nulle : car outre ce qu'en tel cas le cœur ne ſe pouuoit deſcharger des excre- mens fuligineux, le poulmon reſtant bouſché de cette craſſe & eſpaiſſe fumée de charbon, l'inſpiraion ne ſe faiſoit bonnement, de tant qu'elle ſe fait d'air ambient : qui pour faire ce qui eſt requis, ſçauoir eſt temperer l'ardeurdu cœur, doit auoir quatre conditions : la premiere, qu'il ſoit attiré en competente quantité : la ſe- conde, qu'il ſoit frais de qualité : la tierce, qu'il ſoit de conſiſtance tenue & ſubtile : la quarte, qu'il ſoit de ſubſtance douce & benigne. Or toutes ces quatre conditions defailloient pour lors à l'air,qui eſtoit attiré par ces deux ieunes hommes : car premierement il n'eſtoit en quantité competente, de tant qu'en cette petite eſtudesſi peu qu'il y en auoit, eſtoit deuoré par le feu de charbon allumé, comme celuy d'vne ventouſe par la chandelle flamboyante : ſecondement il n'eſtoit frais de ſa qualité,ains eſchauffé, & comme ignifié par l'ar- deur du feu allumé : tiercement,iln'eſtoit de conſiſtance tenuê ains craſſe & eſpaiſſe, eſpaiſſi par le meſlange & permixtion des vapeurs groſſieres du charbon.Car telle eſt la nature de l'air & de tous autres corps tenus de leur nature d'eſtre aisément alterez , & receuoir promptement la forme de tous corps qui les abordent. Quartement,il n'eſtoit de ſubſtance douce & benigne : ains maligne,à cauſe que le charbon eſt fait de bois allumé en vne foſſe en terre, & eſtouffé, eſtant eſteint en ſa fumée meſme, comme entendent ceux qui ont hanté les charbonnieres. Or toutesfois pour conclurre quelque choſe ſur ces opinions qui ſemblent aucu- nemét differentes,tous deux auoient raiſons pertinentes de ſe maintenir en leur aduis. Car pour le moins il eſt tout euident que les conduits qui ſont communs des parties pectorales au cerueau, éftoient bouſchez de la craſſitie & eſpaiſſeur de telle vapeur charbonniere, dont aduenoit que les vnes & les autres parties eſtoient mal-affectées : comme ainſi ſoit que telles parties, ny autres quelconques de noſtre corps , ne puiſſent de- D meurer en leur integrité ſans l'aide de l'autre,pour la grande colligeance & intelligence qu'à tout le corps en ſºy,& en ſes parties Parquoy les arteres carotides & ventricules du cerueau & bronchie du poulmon eſtant ainſi eſtoupées, l'entrée au cerueau eſtoit déniée à l'eſprit vital, & l'iſſuë à l'eſprit animal, dont s'enſuiuit le defaut de toutes les facultez neceſſaires à la vie. Rapport des Filles, ſi elles ſont vierges 0/4 /20/3. Or quand à faire rapport ſi vne fille eſt pucelle ou non, cela eſt fort difficile , toutesfois les matrones tiennent pour choſe aſſeurée , qu'elles le peuuent connoiſtre , parce qu'elles diſent trou- uer vne ruption d'vne taye, qui ſe rompt au premier combat venerique. Mais i'ay icy deuant mon- #n ſtré au liure de la Generation chapitre 5e. que de vingt mille femmes on ne trouue cette taye, Par- # - - - - - - » - A tant nos matrones ne doiuent eſtre crues pour leur imperitie : la preuue giſt en l'experience , & à fr0n4t46 Ty/247 la grandeur ou anguſtie du col de la matrice , mais elles y peuuent eſtre bien deceuës & trom- en auoir, &r pées. Car ſelon la grandeur du corps, & de l'aage de la fille, l'ouuerture ſera plus grande ou plus ſi.il.y.ſi Petite : parce qu'vne grande fille doit auoir ſon ouuerture plus grande qu'vne petite Car toutes les elle eſt con- parties de noſtre corps ſe doiuent rapporter les vnes aux autres : vne aagée de quinze ans l'aura plus tre nature. grande que celle douze Ioubert eſcrit qu'à la ville de Lectoure en Gaſcogne , vne fille enfanta à neuf ans, & eſt encore viuante , nommée Ieanne du Perie , qui fut mariée à videau Beché , en ſon viuant Receueur des amendes pour le Roy de Nauarre audit lieu , qui eſt argument qu'aucunes filles , ſont Plus aſpres à auoir la compagnie de l'homme à neuf ans, qu'autres à quinze , à raiſon qu'elles ont leur - T T t 3 OllllCIt !)T6 774 Le Ving-huictiéme Liure, Aphor. 39. liu. 5. Liu.4. hi. ſtoire des animaux. chap. 2o. Liu "i .. de ſubtilttate. Hiſtoire. Toute na- tion a eſté ſoigneuſe de la ſepulture des morts. Les Ethio- piensfatſotèt leurs ſepultu- ouuerture plus ample. Auſſi celle qui aura mis quelquesfois ſon doigt bien profondement au col de ſa A matrice pour quelque prurit qu'elle y auroit, ou y auroit mis quelque peſſaire ou nodulus, à cauſe de la retention de ſes mois, ou autre diſpoſition , 6& que par ce moyen ſon ouuerture luy fut trouuée plus grande, ſeroit-elle pour cela moins pucelle ; nenny : parce qu'il n'y aura difference entre y auoir mis vn peſſaire, ou le doigts ou autre choſe de la groſſeur dela verge virile, qui puiſſe remarquer ces differee- ces : parquoy il me ſemble qu'on ne peut à la verité , iuger du pucelage d'vne fille. D'auantage, les matrones ny Chirugiens ne peuuent iuger vne fille n'eſtre pucelle, à laquelle oa trouuera auoir du laict aux mammélles : Car Hippocrates dit qu'vne femelle ſans eſtre groſſe, ou auoir enfanté, peut auoir du laict, ſi ſa purgation naturelle eſt empeſchée. Sur le commentaire de cét Aphoriſme Galien dit pour- ce que les glandules des mammelles eſtans exangues , conuertiſſent le ſang menſtruel quiyregorge » en humeur ſemblable à elles en couleur par leur vertu lactifiante. Semblablement Ariſtote dit, que l'on void à quelques hommes du laict aux mammelles qu'on peut ſuccer & eſpandre. Cardan dit auoir veu à veniſe vn nommé Anthoine Buſſe, aagé de trente ans, lequel auoit du laict en ſes mammelles aſſez ſuffiſamment pour nourrir vn enfant, & ne couloit pas ſeulement, mais le faiſoit rayer, ainſi que fait vne nourrice de ſes mam- melles. Ces choſes conſiderées, il me ſemble qu'on ne peut veritablement iuger du pucelage d'vne fille : par tant les Magiſtrats y doiuent bien aduiſer,& plus encores les Medecins & Chirurgiens à ce deputez,dont s'il y a faute,le tout en eſt plus ſur eux qui en ont mal rapporté, qu'aux Iuges qui en donnent ſentence. Rapport de l'impuiſſance tant de l'homme que de la femme. Souuent il ſe fait des procez pour ſeparer les mariages, parce que la femmetient que ſon mary eſt im- puiſſant, ne faiſant pas la beſongne de la maiſon : l'homme dit qu'il ne tient à luy, & que ſa femme n'eſt pas aſſez percée, en ſorte qu'il ne peut entrer au cabinet priué, & partant le defaut ne procede pas deſon B impuiſſance. § deſſus les Iuges ordonnent viſitation eſtre faite tant de l'vne que de l'autre des parties, par Medecins, Chirurgiens,Matrones,Preſtres de l'Officialité.Apres auoir veu & diligemment viſité leurs parties dediées à generation,& ſi on leur trouue defectuoſité en leurs dimenſions : à ſçauoir , en largeur , longueur, groſſeur: profondité, & ſituation : & on trouue leſdites parties en leur integrité, le rapport en ſera faict à Meſſieurs de la Iuſtice,leſquels pour eſtre mieux aſſeurez,ordonnent derechef que leſdits mariez coucheront enſemble en la preſence deſdits Medecins,& autres cy-deſſus nommez,pour ſçauoir s'ils pourront accomplir le jeu de venus.Or il me ſemble que telle eſpreuue n'eſt bien aſſeurée,& que ledit jeune ſe peut pas accomplir en la preſence de tant de gens que l'on craint, & auec vne femme qnel'on n'aime point. Ioint que telle action ne depend ny de noſtre eſprit,ny de noſtre corps,ny de noſtre volonté : de ſorte que les parties deſtinées à telle action, n'obeiſſent à noſtre volonté comme les autres membres. Car quelque aſſeurance que tout homme ſe puiſſe promettre,ſi confeſſera-il qu'il n'eſt en ſa puiſſance de ſe faire paroiſtre capable du mariage en la pre- ſence de tant de compagnie,&,comme i'ay dit auecvne femme que l'on n'ayme point, pour le different qu'ils ont enſemble : veu pareillement que telles actions requierent d'elles-meſmes vne aſſeurance & vn ſecret, & vne amitié entre l'homme & la femme. Parquoy cela depend de la conſcience de la femme pluſtoſt que de la probation du congrez, pour les raiſons alleguées. Exemple d'vn rapport d'vn lepreux confirmé. Nous Chirurgiens jurez à Paris, par l'Ordonnance de Monſieur le Procureur du Roy,de Chaſtelet,donnée Me 28. iour d'Aouſt mil cinq cens quatre vingt & trois, par laquelle auons eſté nommez pour faire rapport, C ſçauoir ſi G. P. eſt lepreux. Partant l'auons examiné comme s'enſuit. Premierement auons trouué la couleur de ſon viſage couperoſée, blafarde & liuide, & pleine de ſaphir : auſſi auons tiré, & arraché de ſes cheueux, & du poil de ſa barbe & ſourcils, & auons veu qu'à la racine du poil eſtoit attaché, quelque petite portion de chair. Es ſourcils, & derriere les oreilles, auons trouué des petits tubercules glanduleux, le front ridé; ſon regard fixe & immobile, ſes yeux rouges,& eſtincellans, les narines larges par dehors, eſtroictes par de- dans, quaſi bouſchées auec petites vlceres crouſteuſes, la langue enfiée & noire au deſſus & au deſſous auons trouué petits grains, comme on void aux pourceaux ladres, les genciues corrodées, & les dents deſ- charnees, & ſon haleine fort puante, ayant la voix enroüée, parlant du nez. Auſſi l'auons veu nud, & auons trouué tout ſon cuir creſpy & inegal, comme celuy d'vne oye maigre plumée & en certains lieux pluſieurs dartres. D'auantage, nous l'auons piqué aſſez profondément d'vne aiguille au tendon du talon, ſans l'auoir à peine ſenty. Par ces ſignes tant vniuoques qu'equiuoques, diſons que ledit G. P. eſt la- dre confirmé. Parquoy ſera bon qu'il ſoit ſeparé de la compagnie des ſains, d'autant que ce mal eſt conta- gieux. Le tout certifions eſtre vray , teſmoings nos ſeins manuels cy mis le ſixieſme May mil cinq cens-qua- tre-vingts & trois. N e Aubre rapport d'vn ſoupgonné eſtre lepreux. | Nous ſoubs-ſignez Chirurgiens iurez à Paris, par le commandement de nos Seigneurs de la Cour de D parlement, certifions auoir veu & viſité diligemment, par toutes les patties du corps, maiſtre Iacques , &c. pour faire rapport ſur la diſpoſition & ſanté de ſon corps : ſçauoir principalement s'il y a en luy aucun ſoup- çon , ſigne tant vniuoque qu'equiuoque, de la maladie appellée vulgairement Ladrerie, lequel auons trou- ué en couleur de tout le corps, groſſeur, charactere, & actions , pur & net de ladite maladie. Fait ſous nos ſeings le vingt-quatrieſme Aouſt mil cinq cens octante trois. De la façon d'embaumer les corps morts. 'A , bien voulu adiouſter à cét Oeuure ce petit enſeignement d'embaumer les corps morts,pour le ieune Chirurgien à fin qu'il fuſt accomply de tout ce qui eſt à faire enuiron le corps humain, tant vif que mort.Car bien à peine s'eſt-il trouué nation, tant barbare fuſt-elle qui n'ait eu ſoing d'embaumer les corps morts, non pas meſme les Scythes, qui ſemblent en barbarie auoir ſurpaſſé le reſte des hommes. Car iceux, comme raconte Herodote liure quatrieſme de ſon Hiſtoire, n'en- terrent point le corps de leur Roy, que premierement ils ne l'ayent mis en cire, apres auoir curé le ventre & nettoyé, puis remply de cyprés concaſſé, d'encens, & de graine de perſil, & d'anis, & en apres recouſu. De cette meſme choſe les Ethiopiens ſe ſont monſtrez curieux, faiſant leurs ſepultures de verre, en cette ſorte : Apres qu'il auoient vuidé & deſcharné les corps de leurs amis ºts de verre.defuncts : ils les accouſtroicnt & liſſoient de plaſtre, ſur lequel ils iettoient apres vne peinture qui approchoit Des Rapports. 775 · 2 3 A approºhºº levif tant qu'il leur eſtoit poſſible. Et ce faict, ils enfermoient le corps ainſi peint & plaſtré dans vne colomne de verre creux, le corps ainſi enchaſsé, paroiſſoit au trauers le verre, ſans rendre mauuaiſe odeur , ſans deſagréer aucunement , encores qu'on n'y conneuſt qu'vne peinture morte. Les plus proches parens les gardoient chez eux-l'eſpace d'vn an , en luy faiſant offrandes & ſacrifices, & au bout de l'an le tranſportoient & alloient planter és enuirons de la ville, comme eſcrit Herodote liure troiſieſme. Mais ce † & curioſité eſt entré plus auant dans le cœur des Egyptiens, que d'aucune autre nation. Dont ils ont merité grande loüange s'eſtans monſtrez tant affe- ctionnez à la memoire de leurs peres, que pour la conſeruation d'icelle , ils eſtoient couſtumiers d'embaumer les corps entiers d'iceux en vaiſſeaux de verre, diaphanes & tranſparans, & les mettre en lieu le plus § & eminent de leurs maiſons, pour en auoir la memoire touſiours repreſentée deuant les yeux : & leur ſerui1 d'aiguillon & ſtimule § , pour enſuiure & imiter les bonnes parties & vertus d'iceux, à fin de ne degenerer, & forligner de leurs naturels & bonne inclination. Et d'auantage, ſeruoient iceux corps ainſi embaumez, de † gages & aſſeurance de leur foy, ſi bien que s'il eſtoit aduenu , qu'aucun Egyptien euſt affaire de quelque groſſe ſomme d'argent, il ne failloit point de la trouuer à emprunter vers ſes voiſins ſur le gage d'vn corps de l'vn de ſes ayeulx : ſe tenans tous aſſeurez les crediteurs,que moyennant tel gage le debiteur manqueroit pluſtoſt de vie que de foy, tant ils auoient à cœur de tirer tel gage. Et ſi la fortune faiſoit, & le mal heur fuſt ſi grand, B qu'aucun s'oubliaſt de tant en ſes neceſſitez, que de ne vouloir, ou ſçauoir trouuer moyen de retirer ſon gage, il tomboit en tel deshonneur & infamie, qu'il n'euſt pas eſté bon à manger aux chiens , & ne ſe fuſt oſé monſtrer en public : car on luy faiſoit la huée, comme l'on faict à vn loup , ou chien enragé & de liberté tomboit en ignomineuſe ſetuitude, comme ayant deſaduoüé & renoncé ſa race & origine. Ce qui eſt teſmoigné par Claude Paradin en la Preface du liure qu'il a faict des alliances ge- nealogiques des Roys & Prince de Gaule. D'auantage comme eſcrit Herodote, iceux Egyptiens rcco- gnoiſſans cette vie eſtre de peu de durée, au regard de celle que nous auons à viure apres la ſeparation du corps d'auec l'ame, eſtoient fort negligens à baſtir maiſons pour eux loger , mais au reſte † fiques à edifier Pyramides, deſquelles ils ſe vouloient ſeruir pour leurs ſepulchres, que pour le baſtiment d'vne qui fut entrepriſe par Chéopes l'vn de leurs Roys, trauailloient cent mil hommes l'eſpace de chacun trois mois par le temps de vingt ans : laquelle auoit de profondeur cinq ſtades, & eſtant de for- me quarrée, auoit en chacun front huict cens pieds de large & autant de haut, eſtant chacune pierre le plus ordinairement de trente pieds fort bien ouurée , comme raconte Herodote liu. 2. Or de- uant qu'enfermer les corps dans ces tant ſuperbes ſepulchres, ils les pourtoient auec pompe magni- fique vers les ſaleurs & embaumeurs , qui eſtoient offices bien ſalariez du peuple. Ils l'embau- moient de drogue aromatiques, puis ils couſoient les inciſions , & refermoient le tout : cela fait, ils ſalloient tres-bien le corps, & couuioient le ſalloir iuſques à ſoixante & dix iours , leſquels C reuolus , ils retournoient prendre le corps, lequel laué & nettoyé , le lioient de bandes faites d'vn drap de ſoy , collées auec certaine gomme : alors les parens reprenoient le corps , & luy faiſoient faire vn eſtuy de bois moulé en effigie d'homme, dans lequel ils l'eſtuyoient ; & voila comment ils embaumoient les riches. De cette meſme curioſité nos François eſmeus & incitez, font la pluſ- part embaumer les corps des Roys & grands Seigneurs : Ce que Chreſtiennement comme toute autre choſe , ils ont euidemment tiré tant du nouueau que du vieil Teſtament & façon ancienne de faire des Iuifs : car il eſt dit au nouueau Teſtament , que loſeph acheta vn linceul, & que Ni- codeme apporta vne mixtion de myrrhe & d'aloës, iuſqu'au poids ou enuiron de cent liures, de la- quelle, auec autres odeurs aromatiques , ils embaumerent & enſeuelirent le corps de Ieſus Chriſt ( comme la couſtume des Iuifs eſtoit d'enſeuelir leurs morts embaumez, qui eſtoit ſigne de cette incor- ruption qu'ils eſperoient en la reſurrection des morts ) ce que meſme depuis eux oulurent faire les Maries. Ce qu'ils auoient appris de leurs peres anciens. Car Ioſeph au vieil Teſtament commanda à ſes Medecins d'embaumer ſon pere. Or pour bien embaumer vn corps, premierement il faut vuider toutes les entrailles & viſceres, re- ſeruant le cœur particulierement, à fin de l'embaumer & mette à part, ainſi qu'il ſera aduiſé par les amis du deffunct : il faudra pareillement vuider le cerueau, apres auoir coupé le crane, ainſi qu'on faict és diſſections & anatomies. Ce faict, il faut faire des inciſions profondes & † és bras, dos, feſſes, cuiſſes, iambes, & principalement à l'endroit des grandes veines & arteres , à fin d'en faire D ſortir le ſang qui ſe corromproic, & pareillement auſſi d'y plonger des pouldres : cela fait , il faut exactement lauer tout le corps auec vne eſponge imbuë d'eau de vie, & fort vinaigre , dans lequel auront boüilly abſinthe, aloë, pommes de coloquintes, & ſel commun & alum : en arres faudra rempli1 leſdites inciſions, & toutes les ouuertures , & les trois ventres, de choſes qui s'enſuiuent aſſez gloſſement pulueriſées. 2Z. pul. roſar. camo. melil. balſami, menthae, aneth. ſaluiae, lauand. roriſ. maior. thymi, abſinth. cyperi, calam. aromat.gen ireos, Flor. aſſae odoratae, cariophyl. nuc moſc. ci- namo ſtyrac. calam.benjoin, myrrhæ, aloës, ſandal omnium. Et apres les inciſions ſeront couſuës: puis faut oindre tout le corps de terebenthine liquefiée auec huyle de camomille & de roſe, y ad- iouſtant, ſi bon ſemble, huyles aromatiques , tirées par quinte eſſence, puis au reſte ſera en tout ſaupoudré auec portion des pouldres deſſus dictes, en fin ſera enueloppé d'vn linceul , & apres de toile cirée, & pour fin de tout l'appareil, ſera mis en vn cercueil de plomb bien ioint & ſoudé, rem- ply de bonnes herbes aromatiques ſeiches. Et ſi le Chirurgien eſtoit en quelque lieu où il ne peuſt recouurer les ſuſdites pouldres, comme en quelque place aſſiegée, il ſe contentera des ſuiuantes. 2Z. calcis ext. ciner. communis aut querc. Au reſte le corps eſtant en tout & par tout laué de vi- naigre, ou de lexiue en lieu de vinaigre, telles choſes conſerueront le corps vne bonne eſpace de temps, pourueu que ne ſoit en temps de grande chaleur, & qu'il ne ſoit ſitué enlieu chaud & humide : ce que i'ay fait quelquesfois. TT t 4 Qui S. Ie4n 1 Q. 39 • Geneſ 5e. a 776 Le Moyen d'embaumer Qui eſt cauſe qu'à preſent les Roys, Princes, & grands Seigneurs n'eſtans bien embaumez & vui- ^ dez , & lauez d'eau de vie & de vinaigre, ſaupoudiez de choſes grandement aromatiques, ncant- moins tout.cela, en cinq ou ſix iours, plus ou moins, ſentent ſi mal qu'on ne peut endurer eſtre au lieu où ils ſont, & eſt-on contraint les enfermer en plomb ? Cela aduient, parce qu'ils ne ſont longue- | ment gardez en ſaumure auec leſdites choſes aromatiques, comme anciennement on faiſoit, & auſſi par la grande multitude de gens qui entrent pour voir, le grand nombre de torches & luminaires eſtans iour & nuict, cela eſchauffe ſi fort l'air, que le corps n'ayant eſté imbu de choſes qui gardent la pour- riture, cela fait qu'en peu de iours ſe corrompent & pourriſſent, & de leur pourriture s'eſleue vne va- peur puante & cadauereuſe, qui offenſe grandement ceux qui la ſentent. Parquoy ma façon de bien & deuëment embaumer & garder les corps morts fort long-tem ps, c'eſt qu'apres les auoir vuidez comme deſſus, il les conuient poſer en vn vaiſſeau de bois bienioint, remply de fort vinaigre, auquel on aura fait boüillir ſel & herbes aromatiques, ameres, comme aluine, ruë, aloës, coloquintes : puis adiou- ſter eau de vie deux ou trois quartes, & laiſſer tremper le corps en cette miſture l'eſpace de vingt iours apres le faut mettre debout, & laiſſer en lieu ſec & non humide : le vinaigre garde de pourriture, d'au- tant qu'il eſt froid & ſec, qui ſont deux choſes repugnantes à putrefaction : ce quel'experience monſtre- Car en iceluy on garde les herbes, fleurs, fruicts, & autres choſes, ſans qu'elles ſe pourriſſent. Ie pro- teſte auoir vn corps, lequel me fut donné par le Lieutenant Criminel, apres auoir eſté executé il y a vingt-einq ans & plus, que i'anatomiſay, & leuay preſque tous les muſcles du corps de la partie dex- B tre ( afin que lors que ie veux faire quelque inciſion, voyant les parties de recente memoire : que ie ſois plus aſſeuré en mes œuures) la partie ſeneſtre laiſſée en ſon entier : toutesfois afin de le mieux con- ſeruer, ie le picquay d'vn poinçon en pluſieurs endroits, afin que la liqueur penetraſt au profond des muſcles, & autres parties : & void-on encore entiers les poulmons, cœur, diaphragme, eſtomach, ra- Poil é on- telle, reins, & ſemblablement le poil de la barbe, de la teſte, & d'autres parties, voire les ongles leſ- gles croiſſent quels i'ay apperçeus euidemment croiſtre, apres les auoir par diuerſes fois rongnez. Par ces miracles apres la mort en la nature (tels osé-ie les appeller, puisque les corps priuez de leur ame & ſubſtance, qui eſt le ſang, pouſſent encore leurs excremens, à ſçauoir le poil & les ongles) ayant finy mon œuure, i'ay eu auſſi eſgard à l'ordre tenu en la pourſuite d'iceluy. Car ayant declaré ce qui eſtoit neceſſaire pour la conſer- uation de ce corps eſtant en vie, & pour le remettre en vigueur, y ayant quelque alteration : c'eſtoit bien raiſon auſſi que la fin de ce Diſcours fuſt du corps mort, & des moyens de le conſeruer en ſon entier ſans pourriture, & ſans employer des frais ſi exorbitans que faiſoient jadis les Roys (par trop ſcrupu- leux)d'Egypte, qui employoient toutes les drogues aromatiques que l'Orient produit, pour embau- mer leurs corps, & dreſſoient des baſtimens admirables, pour leur ſeruir de ſepulture. · FIN DES OEVVREs DE M. AMBROISE PARE" Conſeiller, & premier Chirurgien du TK gy. · Labor improbus omnia vincit. - D A P O L O G IE | ----- A P O L O G I E E T T R A I C T E CONTENANT L ES VOYAGES F A I C T S E N D I V E R S L I E V X, T'ar A MB R o 1 s E PAR E , de Laual au Maine , Conſeiller &' premier Chirurgien du Roy. N) E R I T A E L E M E N T ie n'euſſe mis la main à la plume pour eſcrire de telle ma- Dequoyl'ad- © tiere , n'euſt eſté que quelqu'vn m'a taxé & injurié impudemment , & meſpriſé par uerſaire ac- )$ haine & affection particulere, plus que de bon zele qu'il deuoit auoir au public , de ºſe l'Au- ma maniere de lier les veines & arteres , eſcriuant ce qui s'enſuit. CMalè igitur cº theur. nimium arroganter, inconſultus & temerarius quidam vaſorum vſtionem poſt mortui mem- # bri reſetiionem , à veteribus omnibus plurimùm commendatam , & ſemper probatam , dam- # ſ46,'«. nare auſus eſt : nouum quendam deligandi vaſa modum , contra veteres omnes medicos fine - ratione , experientia, & iudicio, docere cupiens , nec animaduertit maiora multà pericula, ex *)NS ipſa vaſorum deligatione (quam acu partem ſanam profundè transfigendo ) adminiſtrari vult imminere, quàm ex ipſa vſlione. Nam ſi acu neruoſam aliquam partem, vel neruum ipſum pupugerit, dàm ita nouo & inuſitato modo, venam abſurdè conatur conſtringere, noua inflammatio neceſſariô conſequetur, à quo, conuulſio , & à con- uulſione cita mors. Quorum ſymptomatum metu, Galenus non antè tranſuerſa vulnera ſuere audabat ( quod tamen minus etat periculoſum) quàm maſculorum aponeuroſes denudaſſet. Adde quàd forcipes , quibus poſt ſettionem iterum carnem C dilacerat , càm retračia verſus originem vaſa ſe poſſe extrahere ſomniat : non minorem adferant dolorem , quam igntta ferramenta admota. Quàd ſi quis tunc laniatum expertus incolumis euaſerit, is Deo optimo maximo , cuius beneficentia, crudelitate iſta & carnificina liberatus eſt, maximas gratias habere, & ſemper agere debet. Qui eſt à dire. Mal doncques & trop arrogamment, indiſcrettement & temairement vn certain perſonnage a voulu condamner & blaſiner la bruſleure des vaiſſeaux, apres l'amputation d'vn membre corrompu & pourry , fort loüée & re- commandée des Anciens, & touſiours approuuée : nous voulant & deſirant monſtrer & enſeigner ſans rai- ſon, ſans iugement & experience vne nouuelle maniere de lier les vaiſſeaux, contre l'opinion de tous les an- ciens Medecins : ne s'eſtant pas donné de garde ny aduiſe , qu'il ſuruient beaucoup plus grands perils & ac- cidens de cette nouuelle façon de lier les vaiſſeaux (laquelle il veut eftre faite d'vne aiguille perçant profon- dement la partie ſaine) que de la bruſleure & vſtion deſdits vaiſſeaux. Car ſi par l'aiguille on picque quelque t partie nerueuſe, voire meſme le nerf, quand il veut par ce moyen nouueau & invſité, lourdement contrain- dre la veine en la liant, neceſſairement il s'enſuiura vne nouuelle inflammation, de l'inflammatiou la conuul- * ſion, de la conuulſion la mort, pour crainte deſquels accidens, Galien n'a iamais osé coudre les playes trans- uerſales (ce que toutesfois eſtoit moins dangereux ) deuant que deſcouurir les aponeuroſes des muſcles. Ioinct que les pincettes auec leſquelles, apres la ſection, derechef il deſchire la chair, pendant qu'il penſe Reſpºſ de pouuoir tirer dehors les vaiſſeaux qui ſe ſont retirez vers leur origine, n'apportent moins de douleur que les ***. fers ardans. Et ſi quelqu'vn ayant experimenté cette façon nouuelle de cruauté , en a eſté guery, celuy-là doit rendre graces à Dieu à tout iamais, par la bonté duquel il eſt rechappé de telle cruauté, ſentant plus ſon bourreau que Chirururgien methodique. O quels beaux mots ? pour vn homme ancien qui ſe dit ſage , & docteur. Il ne ſe ſauuient pas que ſa barbe blanche l'admoneſte de ne dire aucune choſe indigne de ſon aage, D & qu'il doit deſpouiller & chaſſer hors de ſoy toute enuie & rancune conceue contre ſon voiſin. Or mainte- nant ie luy veux prouuer par authorité, raiſon & experience que leſdites veines & arteres ſe doiuent lier. u Authoritez. Quant aux authoritez , ie viendray à celle de ce grand perſonnage Hipp. lequel veut & commande guarir A. tie i, les fiſtules du ſiege par ligature, tant pour abſumer la calloſité que pour euiter l'hemorrhagie. #ui§ · Galien en ſa methode parlant du flux de ſang faict par cauſe externe, duquel voicy les paroles C'eſt (dit- ſiege. il) le plus ſeur de lier la racine du vaiſſeau, laquelle i'entens eſtre celle qui eſt plus pres , ou du foye, ou A chap.3. du cœur. liu j . - Auicenne commande de lier la veine & l'artere apres l'auoir deſcouuerte vers ſon origine. Liu4fueil. Guy de Cauliac parlant de la playe des veines & arteres, enioint au Chirurgien de faire la ligature du # 3• - 0Ct. I. C.3. vaiſſeau. Au li 3.c. 4. Monſieur Holier parlant du flux de ſang, commande expreſſement de lier les vaiſſeaux. de ſa matiere Calmethée au chap. des Playes des veines & arteres, traicte vn tres-ſeur moyen d'arreſter le flux de ſang §. Chirurgie par ligature du vaiſſeau. Playes c. 12. Celſe duquel ledit Medecin a la plus grand part rapſodié ſon Liure, recommande expreſſément de lier les Au liu 26. vaiſſeaux au flux de ſang,ſuruenant aux playes, comme remede tres-facile& plus ſeur. du 5. liu. Veſalius en ſa Chirurgie, veut que l'on lie les vaiſſeaux au flux de ſang. Iean 778 Apologie, Au ch.4 du Iean de vigo, traittant de l'hemorrhagie aux playes recentes, commande de lier la veine & l'ar- A 3 liu. tCTC. - - - Au liu. I. Tagaut, traittant les moyens d'arreſter vn flux de ſang , commande de pinſer la veine ou l'artere auec vn # bec de Corbin ou de perroquet, puis la lier auec vn fil aſſez fort. » #." Pierre de Argillata de Boulongne, diſcourant du flux de ſang , & de la maniere de l'arreſter donne vn qua- #u aiété trieſme moyen expreſſément qui 1e fait par ligature du vaiſſeau 2 - , chap. , 1. Ioannes Andreas à Cruce , Venitien , fait mention d'vne methode d'arreſter le flux de ſang par ligature du liu. 1. vaiſſeau. D'Alechamp, commande de lier les veines & arteres. Au liu. 1. Or voila, mon petit bon-homme, des authoritez qui vous commandent lier les vaiſſeaux. Quant aux rai- ſect. 1. c. 16. ſons ie les veux debattre. - - pºt ;.$º L'hemorrhagie n'eſt pas tant à craindre (dites-vous)à la ſection de l'epiploon,à celle des varices, & inci- ºººº fion des arteres temporales, qu'apres l'amputation d'vn membre. Or vous meſmes commandez, qu'en cou- de # pant les varices, l'on arreſte le flux de ſang par ligature du vaiſſeau. Le meſme vous commandez parlant de # la ſuture auec l'amputation & ſection de la coeffe alterée del'air ambient ; voicy vos paroles : Apres cela, il gefu .76. faut aduiſer à la coeffe,cºr s'il y en a quelque partie gaſtée, pourrie, corrompuë,ternie, & noiraſtre, premie- Au liure .. ment l'ayant liée, de peur du flux de ſang: & le reſte. Vous ne dites pas, apres auoir cauterisée, mais à dire chap. de la vray, vous auiez les yeux fermez , & tous les ſens hebetez , lors que vous auez voulu meſdire d'vne ſi ſeure ſuture. methode, & que ce n'eſt que par ire & mauuaiſe volonté. Car il n'y a rien qui aye plus de puiſſance de chaſſer la raiſon de ſon ſiege que la cholere & l'ire : Ioint que comme l'on vient à bruſler la partie amputée, le plus ſouuent quand l'eſcarre vient à cheoir il ſuruient vn nouueau flux de ſang comme i'ay apperceu plu- ſieurs fois,n'ayant encore eſté inſpiré de Dieu, d'vn fi ſeur moyen lors que i'vſois du feu. Que ſi vous n'auez Au chap. de trouué ou entendu cette methode aux liures des Anciens , vous ne la deuez ainſi fouler aux pieds, & parler bruſleure li. ſiniſtrement d'vn qui toute ſa vie a preferé le profit du public au ſien particulier. N'eſt-il pas plus que rai- 2 fueil.166 ſonnable de ſe fonder au dire d'Hippocrate, de l'authorité duquel vous vous ſeruez, qui eſt telle : que ce que 4º liº !: le medicament ne guarit point, le fer le fait, & ce que le fer n'amende point, le feu l'extermine ? C'eſt vne fueil ;. # choſe qui ne ſent point ſon Chreſtien,de bruſler tout du premier coup ſans s'arreſter aux plus doux remedes, # comme vous meſmes eſcriuez, parlant des conditions requiſes au Chirurgien pour bien guarir,lequel paſſage § vous empruntez d'ailleurs : car ce qui ſe peut faire doucement ſans feu eſt bien plus recommandable qu'au- Hip. Aph.6. trement.N'eſt-ce pas vne choſe que toute l'Eſchole tient comme vn axiome, qu il faut touſiours commencer liu. 1. au plus aiſez remedes ? & s'ils ne ſont ſuffiſans , l'on viendra aux extremes,ſuiuant la doctrine d'Hippocrate. Au liu. de Galien recommande tant au lieu preallegué,de traitter les malades toſt, ſeurement,& auec le moins de dou- Arte parua leur que faire ſe pourra. Venons maintenant à la raiſon. - # or eſt il qu'on ne ſçauroit appliquer les fers ardans, qu'auec vne extreme & vehemente douleur en vne 7'67» partie ſenſible exempte de gangrene, qui ſeroit cauſe d'vne conuulfion,fiévre, voire ſouuent de mort. Et da- uantage ſeroient apres les pauures patiens long temps ſans eſtre guaris, à raiſon que par l'action du feu il ſe fait eſcharre,qui ſe fait de la chair ſujette, laquelle eſtant tombée il faut que nature regenere vne autre chair nouuelle, au lieu de celle qui aura eſté bruſlée : joint que l'os demeure nud & deſcouuert,& par ce moyen y reſte le plus ſouuent vn vlcere incurable. Encore y a-il vn autre accident : c'eſt que ſouuent l'eſcharre tom- bée,la chair n'eſtant bien regenerée, le ſang en ſort autant ou plus qu'auparauant : & quand on les aura liez, Au 5. de la la ligature ne tombera que premierement la chair ne les ayes recouuerts. Ce qui eſt prouué par Galien, di- Metho. ſant que les medicamens eſcharotiques qui engendrent crouſtes, toutesfois & quantes qu'ils tombent,delaiſ- ſent la partie plus nuë que ſa naturelle habitude ne requiert. Car la generation de crouſte prouient des parties ſujettes & qui ſont ſituez alentour, demy-bruſlées, par maniere de dire. Parquoy d'autant que la par- , Paroles de tie eſt bruſlée,d'autant perd elle ſa chaleur naturelle. Or dites-vous, quand il eſt neceſſaire d'vſer de medi- ººººº/airº camens eſcharotiques ou de ferremens ardens, c'eſt quand le flux de ſang eſt concité par eroſion, ou quelquer gangrene ou putrefaction. Or eſt-il ainſi qu'aux playes recentes il n'y a nulle gangrene ny putrefaction : Ergo, les caute1es n'y doiuent eſtre appliquez. Et lors que les Anciens ont commandé de mettie les fers ar- dans en la bouche des vaiſſeaux, ce n'a ſeulement eſté pour arreſter le ſang, mais principalement pour corri- ger la malignité ou pourriture gangreneuſe qui pourroit gaſter les parties voiſines. Et faut icy noter que ſi i'euſſe conneu tels accidens venir qu'auez declaré en voſtre Liure, pour tirer & lier les vaiſſeaux , iamais ie n'euſſe eſté trompé deux fois, & n'euſſe voulu laiſſer à la poſterité par mes eſcrits , telle maniere d'arreſter le flux de ſang: mais ie l'ay eſcrit apres l'auoir veu faire,& fait pluſieurs fois auec heureux ſuccez. Voila ce qui peut aduenir de voſtre conſeil inconſideré, & ſans examiner & s'arreſter ſur la facilité de lier leſdits vaiſ- Propoſitiö de ſeaux. Car voicy voſtre but & propoſition, Lier les vaiſſeaux apres l'amputation eſt vn remede nouueau, di- l'aduerſaire. tes-vous : donc il n'en faut vſer : c'eſt mal argumenter pour vn Docteur. Quant à ce qu'il faut ( dites-vous) vſer de feu apres les amputations des membres, pour conſommer & tarir la putrefaction qui eſt commune aux gangrenes & mortifications : cela à la verité n'a point de lieu, d'autant que la practique eſt d'amputer toufiours la partie au deſſus de ce qui eſt mortifié & corrompu, com- me eſcrit & commande Celſe, de faire l'amputation ſur ce qui eſt ſain, plutoſt que de laiſſer quelque choſe Au liu.5.ch. de corrompu. Ie vous demanderois fort volontiers, ſi lors qu'vne veine eſt coupée à trauers, & qu'elle s'eſt 26 & au liu. retirée fort auant vers ſon principe, vous ne feriez point de conſcience de bruſler, iuſques à ce qu'euſſiez 7. ch. 33. trouué l'orifice de la veine ou artere, & s'il n'eſt pas plus facile auec vn ſeul bec de Corbin de pincer & tirer le vaiſſeau & lier ? En quoy vous monſtrez apertement voſtre ignorance, & qu'auez voſtre ame ſaiſie d'vne A" chap. de grande animoſité & cholere. Nous voyons prattiquer tous les iours auec heureux ſuccez, ladite ligature du lº compeure, vaiſſeau apres l'amputation d'vne partie, ce que ie veux maintenant verifier par experiences & hiſtoires , de liu.2. ceux à qui ladite ligature a eſté faite, & perſonnes viuantes. Experience. Hiſtoire me° Le ſeizieſme iour de Iuin mil cinq cens quatre-vingts deux, en la preſence de Maiſtre Iean Liebaud, Do- table. cteur en la Faculté de Medecine de Paris, Claude viard, Chirurgien Iuré, Maiſtre Mathurin Huron, Chirur- † de Monſieur de Souuray, & moy, Iean Charbonnel, Maiſtre Barbier , Chirurgien à Paris , bien entendu la Theorique & prattique de Chirurgie, a fort dextrement amputé la jambe ſeneſtre à vne femme , trauail- léº il y auoit plus de trois ans d'vne extreme douleur, à cauſe d'vne grande carie qui eſtoit aux os Aſtragal- Ciboide, grand & Petit Focile,& par toutes les parties nerueuſes , d'où elle ſentoit des douleurs intolerables iour - - • • Et Voyages. 779 À B C P le ſang fort impetueuſement, de façon que les remedes communs pour l'eſtancher n'y ſceurent ſeruir i'y fus iour & nuict. Elle s'appelle Marie d'Hoſtel,âgée de vingt-huict ans,ou enuiron,femme de Pierre Herué, Eſ- cuyer de cuiſine de Madame la Ducheſſe d'vzez, demeurant ruë du verbois,par de là S. Martin des champs, operation à l'enſeigne du Chef S. Iean, à laquelle ledit Charbonnel coupa ladite jambe à quatre grand doigts au deſ fait par ſous du genoüil, & apres qu'il eut incisé la chair, & ſcié l'os, ilpinça auec le bec de Corbin la"eine, puis charbonel. l'artere, puis les lia : dont ie proteſte à Dieu(comme la compagnie qui y eſtoit le pourra teſnoigner ) qu'en toute l'operation qui fut ſoudainement faite,il n'y eut pas vne palette de ſang perdué , & conmanday audit Charbonneld'en laiſſer couler dauantage, ſuiuant le precepte d'Hippocrate , qu'il eſt bon en toute playe & vlcere,meſme inueterée,de laiſſer fluer le ſang, par ce moyen la partie eſt moins ſujette à l'inflammation. Le En la ſent.7. dit Charbonnel continua de la traicter & medicamenter,laquelle a eſté guarie en deux mois, ſans que iamais du liure des il ſoit ſuruenu aucune hemorrhagie ou flux de ſang,ny autre mauuais accident : & vous eſt allée voir en vo- Vlares. ſtre logis, eſtant toute guarie. - - - Autre hiſtoire de recente memoire, d'vn Chantre de Noſtre Dame,nommé Monſieur Poulain , qui ſe rom- Autre hi- pit les deux os de la jambe,qui eſtoient briſez en pluſieurs eſclats,de façon qu'il n'y auoit nulle eſperance de ſtoire. le guarir. Pour obuier à la gangrene & mortification,& par conſequent à la mort, Monſieur Helin, Docteur Regent en la Faculté de Medecine,homme d'honneur,& de bon ſçauoir, Caude Viard , & Simon Pierre,Chi - rurgiens jurez à Paris,hommes bien excercez en Chirurgie,& Balthazar de Leſtre, & Leonard de Leſchenal, Maiſtres Barbiers,Chirurgiens, auſſi bien experimentez és operations de Chirurgie,fuſmes tous d'aduis pour obuier aux accidens predits,luy faire entiere amputation de la jambe, vn peu au deſſus des os rompus & eſ. Operation clattez,& des nerfs,veines,& arteres dilacerées. L'operation fut dextrement faite par ledit Viard , & le ſang #" eſtanché par la ligature des vaiſſeaux en la preſence dudit Helin,& de Monſieur Tonſard , grand vicaire d§ - Noſtre Dame,& fut continuellement pensé par ledit Leſchenal,& ie l'allois voir par fois.Il fut heureuſement guary ſans l'application des fers ardans, & chemine gaillard ſur vne jambe de bois. - Autre histoire. · L'an mil cinq cens quatre vingts & trois, le dixieſme iour de Decembre, Touſſain Poſſon, natif de Roin- uille, à preſent demeurant à Beauuais pres Dourdan, auoit la jambe toute vlcerée, & tous les os carieux & pourris, me pria que pour l'honneur de Dieu 1e luy euſſe à couper la jambe, pour la grande douleur qu'il ne pouuoit plus tolerer.Apres eſtre preparé,luy fis couper la jambe à quatre doigts pres la rotule du genouil, par Daniel Poulet l'vn de mes ſeruiteurs, pour l'apprendre & enhardir à faire telle œuure, là où il ſia bien dextrement les vaiſſeaux pour eſtancher le ſang, ſans application des fers ardans, en la preſence de 1acques Guillemeau,Chirurgien ordinaire du Roy,& Iean Charbonnel, Maiſtre Barbier,Chirurgien à Paris. Et pen- dant la cure,a eſté veu & viſité par Meſſieurs Laffilé & Courtin , Docteurs Regens en la Faculté de Medecine à Paris. Ladite operation fut faite en la maiſon de Iean Gohel hoſtelier , demeurant à l'enſeigne du cheual blanc en Greue.Ie ne veux oublier icy à dire que Madame la Princeſſe de Montpenſier, ſçachant qu'il eſtoit pauure,& qu'il eſtoit entre mes mains,luy donna de l'argent pour payer ſa chambre & ſa nourriture. Il a eſté bien guary , Dieu mercy, & s'en eſt retourné en ſa maiſon auec vne jambe de bois. Autre histoire. Vne gangrene ſuruint à la moitié de la jambe,à vn nommé Nicolas Meſnager,âgé de ſoixante & ſeize ans, Gangrene demeurant rue S. Honoré, à l'enſeigne de la Hotte, laquelle luy ſuruint de cauſe interne, & fut on contraint ſuruenuë de de luy amputer la jambe pour luy ſauuer la vie : & fut amputée par Anthoine Renaud Maiſtre Barbier, Chi-ººº- rurgien à Paris, le ſeizieſme iour de Decembre, mil cinq cens quatre vingts & trois , en la preſence de Meſ- cedentes ſieurs le Fort,& la Nouë,Chirurgiens jurez à Paris Et le ſang fut eſtanché par la ligature des vaiſſeaux, & eſt à preſent guary, & ſe porte bien cheminant auec vne jambe bois. V. Autre hiſtoire. Vn paſſeur d'eau , au port de Neſle, demeurant pres Monſieur du Mas Controlleur des Poſtes , nommé Hiſtoire. Iean Bouſſereau , à qui vne arquebuſe ſe creua en la main,qui luy briſa entierement les os, & dilacera toutes les autres parties, en ſorte qu'il fut beſoin & neceſſaire luy faire amputation de la main deux doigts au deſ- ſus du carpe. Ce qui fut fait par Iaques Guillemeau, à preſent Chirurgien ordinaire du Roy , qui demeuroit Operation pour lors auec moy. L'operation fut pareillement faite dextrement, & le ſang eſtanche par la ligature des faite par vaiſſeaux , ſans les fers ardans. Il eſt encore a preſent viuant. Guillemeau. - - - • eAutre hiſtoire. Vn Marchand groſſier demeurant ruë S. Denys,à l'enſeigne du gros Tournois nommé le Iuge, lequel tom-operation ba ſur la teſte, où il fe fit vne playe pres le muſcle temporal, où il eut vne artere ouuerte, de laquelle ſortoit # f41/76'f4/'. appellé,où ie trouuay Meſſieurs Raſſe,Cointaret, viard,Chirurgiens jurez à Paris, pour eſtancher le ſang, où promptement ie pris vne aiguille enfilée, & luy liay l'artere, & depuis ne ſaigna, & fut toſt guary : teſmoin en ſera Monſieur Rouſſelet n'agueres Doyen de voſtre Faculté qui le traictoit auec nous, Autre hiſtoire Vn Sergent du Chaſte let,demeurant pres S.André des Arts, qui eut vn coup d'eſpée à la gorge,au pré aux Autre ope- Clercs, qui coupoit tout en trauers la veine jugulaire externe, ſubit qu'il fut bleſsé poſa ſon mouſchoir ſur la ration. playe , & me vint trouuer en ma maiſon, & lors qu'il oſta ſon mouchoir le ſang jailliſſoit d'vne grande impetuoſité : ſubit liay la veine vers ſa racine , par ce moyen fut eſtanché , & guary , graces à Dieu. Et ſi on euſt ſuiuy voſtre maniere d'eſtancher le fang par les cauteres, ie laiſſe à penſer s'il fut guary , ie croy qu'il fuſt mort entre les mains de l'Operateur. Si ie voulois reciter tous ceux auſquels on a lie les vaiſſeaux pour arreſter le ſang , leſquels ont eſté guaris ie n'aurois de long-temps fait, & me ſemble que voilà aſſez d'hiſtoires alleguées pour vous faire croire,que l'on eſtanche ſeurement le ſang des veines & arteres, ſans appliquer les cauteres actuels. Du Bartas. Celuy-là qui contre l'experience · ZN'eſt digne du diſcours d'vne haute ſcience. 782 Apologie, v _ & ſes enſeignemens qu'ils venoient tels : mais il luy fut reſpondu par vn Conſeiller , qu'il reſſembloit à l* ^ queux ,ui rendoit le couſteau aiguisé & preſt à couper, ne le pouuant faire elle-meſme : & luy allegua de* vers d'Horace , que Fungebatur vice cotis, acutum TReddere que ferrum valet, exors ipſa ſecandi. Or voilà , mon petit maiſtre , ma reſponſe à vos calomnies : & vous prie, ſi vous auez l'ame bonne, de vouloir ( pour le public) reuoir & corriger voſtre liure le pluſtoſt que vous pourrez , pour ne tenir les ieunes Chirurgiens en cét erreur par la lecture d'iceluy, où vous les enſeignez d'vſer des fers ardans apres l'amputation des membres, pour eſtancher le ſang , attemdu qu'il y a vn autre moyen non fi cruel , & plus ſeur & aisé : ioinct que ſi aujourd'huy apres vn aſſaut de ville où pluſieurs ſoldats ont eu bras & jambes rom- pués & emportées de coups d'artilleries, ou de coutelas, ou d'autres machines pour eſtancher le ſang : vous falloit vſer de fers ardans,il faudroit pour ce faire vne forge & beaucoup de charbon pour les chauffer , & auſſi que les ſoldats vous auroient en tel horreur pour cette cruaute, qu'il vous aſſommeroient comme vn veau, ainſi que jadis fut l'vn des premiers Chirurgiens de Rome : Ce qu'on trouuera eſcrit cy-deſſus au chap. 3. de l'introduction de Chirurgie liure 1. Or de peur que les ſectateurs de vos eſcrits ne tombe en tel inconuenient, ie les prie ſuiure la methode cy-deſſus dite, laquelle ay monſtrée eſtre vraye & certaine , & approuuée par authorité, raiſon, & experience. - Le voyage de Tourin, 1536. Auantage ie veux icy monſtrer aux Lecteurs les lieux & places où i'ay peu apprendre la Chirurgie , B pour touſiours mieux inſtruire le ieune Chirurgien. Et premierement, en l'an mil cinq cens trente ſix, le grand Roy François enuoya vne grande armée à Thurin, pour reprendre les villes & chaſteaux qu'auoit pris le Marquis du Guaſt, Lieutenant general de l'Empereur : où Monſieur le Conneſtable, lors grand Mai- ſtre, eſtoit Lieutenant general de l'armée, & Monſieur de Monte-jan Colonnel general des gens de pied, - duquel lors i'eftois Chirurgien. Vne grande partie de l'armée arriuée au pas de Suze, trouuaſmes les enne- \ Retraicte des mis qui tenoient le paſſage, & auoient fait certains forts & tranchées, de façon que pour les faire de- " buſquer & quitter la place , il conuint combattre, où il y eut pluſieurs tuez & bleſſez, tant d'vne part que d'autre : mais les ennemis furent contraifits ſe retirer & gagner le Chaſteau, qui fut en partie par le Capi- taine le Rat , qui grimpa auec pluſieurs ſoldats de ſa compagnie ſur vne petite montagnette,là où ils tiroient à plomb ſur les ennemis, il receut vn coup d'arquebuſe à la cheuille du pied dextre où tout ſubit tomba en terre : & alors dit, A cette heure le Rat eſt pris. Ie le penſay, & Dieu le guarit. Nous entraſmes à foule en , la ville , & paſſions par ſur les morts, & quelques-vns ne l'eſtans encore, les oyons crier ſous les pieds de nos cheuaux , qui me faiſoient grande compaſſion en mon cœur. Et veritablement ie me repenty d'eſtre par- ty de Paris, pour voir ſi piteux ſpectacle. Eſtant en la ville, i'entray en vne eſtable pour cuider loger mon cheual & celuy de mon homme, là où ie trouuay quatre ſoldats morts, & trois eitoient appuyez contre la muraille , leur face entierement defigurée,qui ne voyoient, n'oyoient, ny ne parloient, & leurs habillemens Hiſtoire. flamboyoient encore de la poudre à canon qui les auoient bruſlez. Les regardant en pitié , il ſuruint vn vieil ſoldat qui me demanda s'il y auoit moyen de les pouuoir guarir,ie dis que non, ſubit il s'approcha d'eux & leur coupa la gorge doucement & ſans cholere. Voyant cette grande cruauté, ie luy dis qu'il eſtoit vn mau-9 uais homme. Il me fit reſponce, qu'il prioit Dieu, que lors qu'il ſeroit accouſtré de telle façon,qu'il ſe trou- ' uaſt quelqu'vn qui luy en fiſt autant, afin de ne languir miſerablement. Et pour venir ſur nos brisées, les en- ne mis furent ſommez de ſe rendre , ſe qu'ils firent , & ſortirent ſeulement la vie ſauue, le baſton blanc au poing : dont la plus grande partie s en alla gaigner le chaſteau de Villane, où il y auoit enuiron deux cens Eſ- pagnols.Monſieur le Conneſtable ne le voulut laiſſer en arriere,afin de rendre le chemin libre. Ce Chaſteau eſt aſſis ſur vne petite montagne,qui donnoit grande aſſeurance à ceux de dedans, qu'on ne pourroit aſſeoir l'artillerie pour les battre,& furent ſommez de ſe rendre,ou qu'on les mettroit en pieces:Ce qu'ils refuſerent tout à plat, faiſant reſponſe qu'ils eſtoient autant bons & fideles ſeruiteurs de l'Empereur, que pouuoit eſtre Braue reſpö- Monſieur le Conneſtable du Roy ſon maiſtre. Leur reſponſe entenduë, on fit de nuict monter deux gros ca- ſºº ſºº- nons à force de bras auec cordages par les Suiſſes & Lanſquenets:où le mal-heur voulut qu'eſtans les deux dats. . canons aſſis, vn canonnier mit par inaduertance le feu dedans vn ſac plein de poudre à canon , dont il fut bruſlé, enſemble dix ou douze ſoldats, & en outre les flamme de la poudre fut cauſe de deſcouurir l'artille- rie,qui fit que toute la nuict ceux du chaſteau tirerent pluſieurs coups d'arquebuſes à l'endroit où ils auoient peu deſcouurir les deux canons , dont tuerent & bleſſerent quelque nombre de nos gens. Le lendemain de grand matin on fit batterie, qui en peu d'heure fit breche. Eſtant faicte, demanderent à parlementer auec . nous : mais ce fut trop tard pour eux : Car cependant nos gens de pied Frânçois, les voyans eſtonnez, mon- terent à la breche, & les mirent tous en pieces, excepté vne fort belle ieune & gaillarde Piemontoiſe, qu'vn grand Seigneur voulut auoir pour luy tenir compagnie de nuict , de peur du loupgarou. Le Capi- taine & Enſeigne furent pris en vie, mais bien toſt apres pendus & eſtranglez ſur le creneaux de la porte de la ville , afin de donner exemple & crainte aux ſoldats Imperiaux, de n'eſtre ſi temeraires & ſi fols, de vouloir tenir telles places contre vne fi grande armée. Or tous les ſuſdits ſoldats du chaſteau, voyans ve- nir nos gens d'vne tres-grande furie , firent tout deuoir de ſe defendre, tuerent & bleſſerent vn grand nombre de nos ſoldats à coups de piques, d'arquebuſes , & de pierres : où les Chirurgiens eurent beau- coup de beſongue taillée. Or i'eſtois en ce temps-la bien doux de ſel , ie n'auois encore veu traicter les conſeil de playes faictes par arquebuſes , pour le premier appareil. Il eſt vray que i'auois leu en Iean de Vigo, liure de Vigo. premier des playes en general , chapitre huictiéme, que les playes faictes par baſtons à feu participent de venenoſité , à cauſe de la poudre , & pour leur curation commande les cauteriſer auec huyle de ſambuc toute boüillante, en laquelle ſoit meſlé vn peu de theriaque : & pour ne faillir parauant qu'vſer de ladite huyle, ſçachant que telle choſe pourroit apporter au malade extreme douleur, ie voulu ſçauoir premiere- ment que d'en appliquer, comme les autres Chirurgiens faiſoient pour le premier appareil, qui eſtoit d'ap- pliquer ladite huyle la plus boüillante qu'il eſtoit poſſible dedans les playes, auec tentes & ſetons : tellement que ie pris la hardieſſe de faire comme eux. En fin mon huyle, me manqua, & fus contraint d'appliquer en Experience ſon lieu vn digeſtiffaict de jaune d'œuf, huyle roſat, & terebenthine. La nuict ie ne peus bien dormir à §. mon aiſe, craignant par faute d'auoir cauterisé, de trouuer les bleſſez où i'auois failly à mettre de ladite hardy. huyle , morts empoiſonnez, qui me fit leuer de grand matin pour les viſiter , où outre mon eſperance trou- Heureux uay ceux auſquels i'auois mis le medicament digeſtif, ſentir peu de douleur , & leurs playes ſans inflamma- ſucce(. tion ny tumeurs,ayant aſſez bien reposé la nuict.les autres où l'on auoit appliqué ladite huyle bouillante,les trouuay febricitans, auec grande douleur & tumeur aux enuirons de leurs playes. Adonc ie me deliberay de - nc Punition exemplaire. 4 | \ - Et Voyages. , 783 •, # •: | u \ ! #l A ne iamais plus bruſlerainſi cruellement les pauures bleſſez d'arquebuſades. Eſtant à Thurin trouuay vn Chi- rurgien quiauoit le bruit par deſſus tous de bien traicter les playes faites par arquebuſes, en la grace du- quel trouuay façon de m'inſinuer pour auoir la recette qu'il appelloit ſon baume, dont il traictoit les playes d'arquebuſes , & me fit faire la cour deux ans auant que pouuoir tirer ſa recepte En fin auec dons & pre- Recepte d'vn ſens me la donna , qui eſtoit faire boüillir dans de l'huyle de lys, des petits chiens nouuellement naiz, & baume ex- des vers de terre preparez » auec de la terebenthine de Veniſe.Alors ie fus bien ioyeux, & mon cœur aſ- cellent pour ſouuy d'auoir entendu ſon remede, qui ſe rapportoit au mien que i'auois trouué par cas fortuit. voilà com- lº plºº me i'appris à traicter les playes faites par arquebuſes,non pas par les liures.Mondit Seigneur le mareſchal de d'arquebu- Monte-jan demeura Lieutenant general pour le Roy en Piemont,ayant dix ou douze mille hommes en garni- ſon par les villes & chaſteaux , leſquels ſe battoient ſouuent à coups d'eſpée, & d'autres baſtons, & meſme à coups d'arquebuſes, & s'il y auoit quatre bleſſez i'en auois touſiours les trois,& s'il eſtoit queſtion de couper vn bras ou vne jambe , ou trepaner , ou reduire vne fracture ou diſlocation, i'en venois bien à bout. Mon- dit Seigneur le Mareſchal m'enuoyoit tantoſt d'vn coſté tantoſt de l'autre, pour penſer les ſoldats ſignalez qui s'eſtoient battus tant aux autres villes qu'a Thurin , de ſorte que i'eſtois touſiours par les champs de co- ſté & d'autre. Monſieur le Mareſchal enuoya querir à Milan vn Medecin qui n'auoit pas moins de reputa- tion que defunct Monſieur le Grand , pour bien faire la medecine, pour le traicter d'vn flux hepatique,dont à la fin il en mourut. Le Medecin fut quelque temps à Thurin pour le traicter & eſtoit ſouuent appellé pour viſiter les bleſſez , où touiours m'y trouuois, & conſultois auec luy , & quelques autres Chirurgiens, & lors qu'auions reſolu de faire quelque œuure ſerieuſe de la Chirurgie, c'eſtoit Ambroiſe Paré qui y mettoit la main, là où ie le faiſois promptement & dextrement & d'vne grande aſſeurance, de ſorte que l, dit Mede- cin m'admiroit , me voyant ſi adextre aux operations de Chirurgie , veu le bas aage que i'auois. Vn iour de- uiſant auec mondit Seigneur le Mareſchal, luy dit. seignor, tu bas vn chirurgico giouane di anni, ma egli è vecchio diſapere e di eſperiantia, guarda lo ben e, perchè egli ti fara ſeruicio & honore. Teſmoigna- ge de la dex- C'eſt à dire, Tu as vn ieune Chirurgien d'aage, mais il eſt viel de ſçauoir & experience, garde-le bien terité de car il te fera ſeruice & honneur. Mais le bon homme ne ſçauoit pas que i'auois demeuré trois ans à l'Hoſtel l'Autheur. Dieu de Paris,pour y traicter les malades. En fin Monſieur le Mareſchal mourut de ſon flux hepatique.Eſtant mort, le Roy enuoya Monſieur le Mareſchal d'Annebaut pour eſtre en ſa place, lequel me fit cét honneur de me faire prier de demeurer auecluy, & qu'il me traitteroit autant bien ou mieux que Monſieur le Mareſchal de Monte-jan.Ce que ie ne voulois point, pour le regret, que i'auois d'auoir perdu mon Maiſtre qui m'ay-j . moit intimement , & moy luy pareillement.Ainſi m'en reuins à Paris. Voyage de Marolle, & de baſſe Bretagne. 1543. E m'en allay au camp de Marolle auec defunct Monſieur de Rohan , où le Roy François eſtoit en perſon- ne, & eſtois Chirurgien de la compagnie dudit Sieur de Rohan. Or le Roy fut aduerty par Monſieur d'E- ſtampes gouuerneur de Bretagne, que les Anglois auoient fait voile pour deſcendre en la baſſe Bretagne : & le prioit de vouloir enuoyer pour ſecours Meſſieurs de Rohan, & de Laual, attendu que c'eſtoient les Sei- gneurs du pays, & que par leur faueur ceux du pays pourroient repouſſer l'ennemy , & garder qu'il ne print terre.Ayant receu cét aduertiſſement, ſa Majeſté depeſcha leſdits Seigneurs pour aller en diligence au ſecours de leur patrie, & leur fut donné à chacun autant de pouuoir comme au Gouuerneur, de façon qu'ils eſtoient tous trois Lieutenans du Roy. Ils prindrent volontiers cette charge, & partirent prompte- ment en poſte, & me menerent auec eux iuſques à Landreneau, là où nous trouuaſmes tout le monde en armes, le toxin ſonnant de toutes parts, voire à cinq ou ſix lieuës autour des havres, à ſçauoir, Breſt, Conquet, Crozon , le Fou, Doulat, Laudanec, chacun bien muny d'artillerie, comme canons , doubles canons, baſtardes , mouſquets, paſſe-volans, pieces de campagne, couleurines, ſerpentines, baſiliquès, ſacres, faulcons, fauconneaux , flutes, orgues, arquebuſes à croc. Somme que toutes les aduenuës eſtoient bien munies de toutes ſortes & façon d'artilleries , & pluſieurs ſoldats tant Bretons, que François, pour em- peſcher que les Anglois ne fiſſent leur deſcente : ainſi qu'ils auoient delibere au partir d'Angleterre. L'armée de l'ennemy vint iuſques à la portée du canon, lors qu'on les apperceut voulant aborder en terre, on les ſalüa à coups de canon , & deſcouurirent nos gens de guerre, enſemble noſtre artillerie. Ils voltigerent ſur la mer, ou i'eſtois bien ioyeux de voir leurs vaiſſeaux faiſans voile, qui eſtoient en bon nombre & en bon or- dre, & ſembloit que ce fuſt vne foreſt qui marchaſt ſur la mer. Ie veis auſſi vne choſe dont ie fus bien eſmer- ueillé qui eſtoit que les balles de bien groſſes pieces, faiſoient de grands bons, & trottoient ſur l'eau comme elles font ſur la terre. Or pour le faire court, nos Anglois ne nous feirent point de mal & s'en retourne- rent en Angleterre ſains & entiers,& nous laiſſant en paix : nous demeuraſmes en ce pays là en garniſon,iuſ- ques à ce que nous fuſmes bien aſſeurez que leur armée eſtoit rompuë. Cependant les gens d'armes s'exer- çoient ſouuent à courir la bague,autresfois combattoient à l'eſpée,d'armes,en ſorte qu'il y en auoit touſiours quelqu'vn qui auoit quelque chinfreneau, & touſiours auois quelque choſe à m'exercer. Monſieur d'Eſtam- pes pour donner paſſe-temps & plaiſir à meſdits Seigneurs de Rohan & de Laual,& autres Gentils-hommes, faiſoit venir aux feſtes grande quantité de filles villageoiſes pour chanter des chanſons en bas Breton,où leur harmonie eſtoit de coater comme grenoüilles, lors qu'elles ſont en amour. Dauantage leur faiſoit dancer le triori de Bretagne & n'eſtoit ſans bien remuer les pieds & feſſes. Il les faiſoit moult bon oüir & voir. Au- tresfois faiſoit venir les luitteurs des villes & villages, où il y auoit prix : le ieu n'eſtoit point acheué qu'il n'y euſt quelqu'vn qui euſt vn bras ou jambe rompuë, ou l'eſpaule, ou hanche démiſe. Il y eut vn petit bas Breton bien quadraturé, feſſu & materiel , qui tint long temps le berlan , & par ſon aſtuce force en ietta cinq ou ſix par terre. Il ſuruint vn grand Datiuo Magiſter d'eſchole, qu'on diſoit eſtre l'vn des meilleurs luit- teurs de toute la Bretagne : il entre en lice, ayant oſté ſa longue jaquette, en chauſſe & en pourpoint , & eſtant pres le petit homme, il ſembloit que s'il euſt eſté attaché à ſa ceinture il n'euſt pas laiſſé de courir.Tou- · tesfois quand ils ſe prinrent collet à collet, il furent long-temps ſans rien faire, & penſoit-on qu'ils demeu- reroient eſgaux en force & aſtuce : mais le petit feſſu ſe jetta en ſurſaut & d'emblée ſous ce grand Datiuo, le chargea ſur ſon eſpaule, & le jetta en terre ſur les reins tout eſtendu comme vne grenoüille , & alors tout le monde commença à bien rire de la force & aſtuce du petit feſſu. Ce grand Datiuo euſt grand deſpit d'a- uoir eſté ainſi jetté par terre par vn ſi petit hommet : il ſe releua tout en cholere,& voulut auoir ſa reuanciies Ils ſe prindrent derechef collet à collet, & furent encore vn bien long-temps à leurs priſes ne ſe pouuant mettre par terre : enfin ce grand homme ſe laiſſa tomber ſur le petit, & tombant mit ſon coulde au creux de l'eſtomach, & luy creua le cœur, & le tua tout mort. Et ſçachant luy auoir donné le coup de la mort, re- print ſa longue jaquette,& s'en alla la queue entre les jambes, & s'eclipſa , voyant que le ceeur ne reuenoit V V V 2 point Mort du Mareſchal de Mºnte- Les Anglois ſe retirerent. Dances des flles villa- geoiſes. Luitteurs. Le petit Bre- ton excellent luitteur. Le petit Bre- ton occis. 784 - Apologie, Otuttertf4re faite de ſon corps par l'Autheur. Addreſſe de l'Autheur. Hiſtoire. point au petit homme, pour vin,vinaigre, ny autres choſes qu'on luy preſentaſt Ie m'approchay de luy, taſtay A le poulx qui ne battoit nullement, alors ie dis qu'il eſtoit mort. Adonc les Bretons qui aſſiſtoient à la luitte, dirent tout haut en leur baragouyn , Andraxe menraquet enes rac vn bloa ſo abeudeux henelepe bar«an gouremon enel ma moa engoufium , c'eſt à dire , Cela n'eſt pas du jeu. Et quelqu'vn dit que ce grand Datiuo eſtoit cou- ſtumier de ce faire, & qu'il n'y auoit qu'vn an qu'il auoit fait le ſemblable à vne luitte. Ie voulus faire ou-- uerture du corps mort , pour ſçauoir qui auoit eſté cauſe de cette mort ſubite : ie trouuay beaucoup de ſang eſpandu au thorax & au ventre inferieur, & m'efforçay de connoiſtre quelque ouuerture du lieu d'où pou- uoit eſtre ſortytelle quantité de ſang, ce que ie ne ſceu, pour quelque diligence que ie ſceu faire. Or ie croy que c'eſtoit per ZDiapedeſin , ou Anaſtomoſin , c'eſt à dire, par l'ouuerture des bouches des vaiſſeaux , ou par leurs poroſitez. Le pauure petit luitteur fut enterré. Ie prins congé de Meſſieurs de Rohan, de Laual, & § Monſieur de Rohan me fit preſent de cinquante doubles ducats , & d'vne hacquenée, & Mon- ſieur de Laual d'vn courtaut pour mon homme , & Monſieur d'Eſtampes, d'vn diamant de valeur de trente " eſcus : & ie m'en reuins en ma maiſon à Paris. - Voyage de Parpignan. 1543. º velque temps apres Monſieur de Rohan me mena en poſte auec luy au camp de Parpignan: eſtant là les ennemis firent vne ſortie, & vindrent encloüer trois pieces de noſtre artillerie, là où ils furent repouſ- ſez Tuſques pres la porte de la ville. Ce qui ne fut ſans qu'il y euſt beaucoup de tuez & bleſſez , entre les au- tres Monſieur de Briſſac ( qui lors eſtoit grand maiſtre de l'artillerie) qui receut vn coup d'arquebuſe à l'eſ- paule. S'en retournant à ſa tente tous les bleſſez le ſuiuirent , eſperans eſtre penſez des Chirurgiens qui le deuoient penſer. Eſtant arriué à ſa tente & poſé ſur vn lict, la balle fut cherchée par trois ou quatre Chi- B rurgiens les plus experts de l'armée, leſquels ne la peurent trouuer, & diſoient eſtre entrée dedans le corps. En fin il n'appella, pour ſçauoir ſi 1e pourrois eſtre plus habile qu'eux , pour ce qu'il m'auoit connu en Pié- mont. Incontinent ie le fis leuer de deſſus ſon lict , & luy dis qu'il ſe mit en meſme ſituation qu'il eſtoit lors qu'il fut bleſſé. Ce qu'il fit, & print vn jauelot entre ſes mains, tout ainſi qu'alors il auoit vne picque pour combattre. Ie poſay la main autour de ſa playe , & trouuay la balle en la chair , faiſant vne petite tumeur ſous l'omoplate : l'ayant trouuée, ie leur monſtray l'endroit oû elle eſtoit, & fut tirée par M. Nicole Lauer- naut, Chirurgien de Monſieur le Dauphin , qui eſtoit Lieutenant du Roy en cette armée : toutesfois l'hon- neur m'en demeura pour l'auoir trouuée, Ie vis vne choſe de grande remarque : c'eſt qu'vn ſoldat donna en ma preſence vn coup de halebarde ſur la teſte de l'vn de ſes compagnons, penetrant iuſques à la cauité du ventricule ſeneſtre du cerueau , ſans qu'il tombaſt en terre. Ceſtuy qu'il frappa , diſoit qu'il auoit entendu l'auoir pippé au dez , & auoit tiré de luy vne grande ſomme d'argent , & eftoit couſtumier de pipper. On m'appella pour le penſer : ce que ie fis, comme par acquit , ſçachant que bien toſt il deuoit mourir. L'ayant penſe, il s'en retourna tout ſeul en ſa loge, où il y auoit pour le moins deux cens pas de diſtance : ie dis à vn de ſes compagnons qu'il enuoyaſt querir vn Preſtre pour diſpoſer des affaires de ſon ame, il luy en bailla vn qui l'accompagna iuſques au der- nier ſouſpir. Le lendemain le malade m'enuoya querir par ſa gougue habille en garçon pour le penſer: ce que ie ne voulus, craignant qu'il ne mouruſt entre mes mains. Et pour m'en deffaire, ie luy dis qu'il ne fal- loit leuer ſon appareil que le troiſiéme iour, d'autant qu'il mourroit ſans plus y toucher Le troiſiéme iour il me vint trouuer tout chancelant en ma tente, accompagné de ſa garce, & me pria affectueuſement de le C penſer, & me monſtra vne bourſe où il y pouuoit auoir cent ou ſix vingts pieces d'or, & qu'il me conten- teroit à ma volonté. Pour tout cela neantmoins ie ne laiſſois de differer à leuer ſon appareil , craignant qu'il ne mourut ſur l'heure. Certains Gentils-hommes me prierent de l'aller penſer : ce que ie fis à leur re- queſte , mais en le penſant il mourut entre mes mains en conuuiſion. Or ce Preſtre l'accompagna iuſques à la mort , qui ſe ſaiſit de la bourſe, de peur qu'vn autre ne la print, diſant qu'il en diroit des Meſſes pour ſa pauure ame. Dauantage il s'empara°de ſes hardes , & de tout le reſte. I'ay recité cette hiſtoire com- me choſe monſtrueuſe, que le ſoſdat ayant receu ce grand coup ne tomba en terre, & ratiocina iuſque à la mort. Toſt apres le camp fut rompu pour pluſieurs cauſes : l'vne, que nous fuſmes aduertis qu'il eſtoit entré quatre compagnies d'Eſpagnols dans Parpignan : l'autre, que la peſte commençoit fort à noſtre camp : & nous fut dit par gens du pays, qu'en brefil ſe feroit vn grand desbordement de la mer, qui nous , pourroit tous noyer : & le preſage qu'ils en auoient eſtoit vn bien grand vent marin , qui s'eſleua de ſorte qu'il ne demeura vne ſeule tente qui ne fuſt rompuë & renuerſée par terre, quelque diligence & force qu'on y peut mettre : & les cuiſines eſtans toutes deſcouuertes , le vent eſleuoit les pouſſieres & ſables qui ſaloient & ſaulpoudroient nos viandes, de façon qu'on n'en pouuoit manger, & nous les falloit faire cuire en pots & autres vaiſſeaux couuerts. Or nous ne decampaſmes pas de ſi bonne heure, qu'il n'y euſt beaucoup de charrettes & charretiers , mulets , & muletiers , ſubmergez en la mer auec grande perte de bagage. Le camp rompu , ie m'en reuins à Paris. P> - Voyage de Landreſy. 1 5 44. L# Roy François leua vne grande armée pour enuictuailler Landreſy. De l'autre coſté, l'Empereur n'auoit pas moins de gens, voire beaucoup plus : à ſçauoir , dix-mille Allemans , dix-mille Eſpa- gnols , ſix mille Vvalons, dix-mille Anglois, & de treize à quatorze mille cheuaux. Ie veis les deux armées proches les vnes des autres à la portée du canon, & penſoit on qu'ils ne ſe partiroient iamais ſans donner bataille. Il y eut des fols Gentils-hommes qui ſe voulurent approcher du camp de l'ennemy : il leur fut tiré des coups de paſſe-volans, aucuns demeurerent ſur la place, autres eurent les bras & jambes empor- portées. Le Roy ayant faict ce qu'il deſiroit, qui eſtoit auoir renuictuaillé Landreſy , ſe retira auec ſon ar- V mée à Guiſe , qui fut le lendemain de la Touſſaincts, mil cinq cens quarante-quatre, & de là , ie m'en re- * uins à Paris. Voyage de Boulongne. 1 5 4 5. qu'ils auoient, à ſçauoir Monlambert, le petit Paradis, Monplaiſir, le Fort de Chaſtillon, le Portet,le Fort Dandelot. Vn iour allant par le champ pour penſer mes bleſſez,les ennemis qui eſtoient en la Tour d'Ordre, tirent vne piece d'artillerie , penſans tuer des hommes d'armes qui eſtoient arreſtez pour deuiſer enſemble- - Aduint- - - P† de temps (pres nous allaſmes à Boulongne, où les Anglois voyans noſtre armée, quitterent les forts - Et Voyages 785 A Aduint que la balle paſſa fort pres de l'vn d'iceux, qui le renuerſa par terre, & penſoit-on que ladite balle luy eult touche : ce qu'elle ne fit nullement : mais ſeulement le vent de ladite balle au milieu de ſa taſſette, qui fit telle force, que toute la partie exterieure de la cuiſſe deuint liuide & noire, & ne ſe pouuoit ſouſte- . nir qu'à bien grande peine. Ie le penſay & luy fis pluſieurs ſcarifications pour euacuer le ſang meurtry qu'auoit fait le vent de ladite balle , & des bons qu'elle fit ſur terre tua quatre ſoldats demeurans tous morts en la place. Ie n'eſtois pas loing de ce coup, de façon que i'en ſenty aucunement l'air agite, ſans me faire aucun mal, que d'vne peur qui me fit baiſſer la teſte aſſez bas , mais la balle eſtoit ja bien loing. Les ſoldats ſe mocquerent de moy d'auoir peur d'vneballe qui eſtoit ja paſſée. Mon petit maiſtre, ie croy que . , ſi vous euſſiez eſté là , que ie n'euſſe eu la peur tout ſeul, qu'en euſſiez eu voltre part. Que diray plus ? Bl de Monſieur le Duc de Guiſe, François de Lorraine, fut bleſſe deuant Boulongne d'vn coup de lance, qui au # de "- # deſſus l'œil dextre, declinant vers le nez, entra & paſſa outre de l'autre-part, entre la nucque & l'oreille Guiſe. # d'vne ſi grande violence, que le fer de la lance auec portion du bois fut rompu , & demeura dedans, en ſorte qu'il ne pût eſtre tiré hors qu'à grande force, meſme auec des tenailles de mareſchal. Toutesfois nonobſtant cette grande violence, qui ne fut ſans fracture d'os , nerfs, veines & arteres, & autres parties, mondit Seigneur par la grace de Dieu fut guary. Ledit Seigneur alloit toufiours guerroyer à face deſcou- uerte : voilà pourquoy la lance paſſa outre de l'autre-part. . Voyage dAllemagne. I 5 5 2 . E m'en allay au voyage d'Allemagne l'an 1552.auec Monſieur de Rohan Capitaine de 5o. hommes d'armes, où i'eſtois Chirurgien de ſa Compagnie , ce que i'ay dit cy-deſſus. En ce voyage Monſieur le Conne- ſtable eſtoit General de l'armée : Monſieur de Chaſtillon, depuis Admiral, eſtoit chef& Colonnel de l'in- fanterie , ayant quatre regimens de Lanſquenets ſous la conduite des Capitaines, de Recrod, & Ringraue, ayans chacun deux regimens, chaque reginent eſtoit de dix enſeignes, & chacune enſeigne, de cinq cens hommes. Et outre ceux cy eſtoit le Capitaine Chartel, lequel conduiſoit les trouppes que les Princes Pro- teſtans auoient enuoyées au Roy. Cette infanterie eſtoit fort belle, accompagnée de quinze cens hommes d'armes, auec la fuitte chacun de deux Archers , qui pouuoient faire quatre mille cinq cens cheuaux , & outre deux mille cheuaux legers, & autant d'arquebuſiers à cheual , deſquels eſtoit General Monſieur d'Au- malle, ſans le grand nombre de nobleſſe qui y eſtoit venuë pour ſon plaifir. D'abondant le Roy eſtoit ac- compagné de deux cens Gentils-hommes de ſa maiſon, auſquels commandoit le ſieur de Boiſy , & l'autre le - ſieur de Canappe , & pareillement de pluſieurs Princes. A ſa ſuitte y auoit encore pour luy ſeruir d'eſcorte les gardes Françoiſes & Eſcoſſoiſes, & Suiſſes, montans à ſix cens hommes de pied : & les compagnies de monſieur le Dauphin, meſſieurs de Guiſe , d'Aumalle, & du Mareſchal ſainct André, qui montoient à quatre cens lances, qui eſtoit vne choſe merueilleuſe de voir vne ſi belle compagnie, & en cet equipage le Roy en- tra dans Toul & Mets. Ie ne veux laiſſer à dire qu'il fut ordonné que les compagnies de Meſſieurs de Rohan, du Comte de Sancerre , de Iarnac ( qui eſtoient chacune de cinquante hommes d'armes ) cheminoient ſur les aiſles du camp ; & Dieu ſçait comme nous auions diſette de viures : & proteſte à Dieu que par trois di- uerſes fois ie cuiday mourir de faim , & n'eſtoit faute d'argent » car i'en auois aſſez : & ne pouuions auoir viures que par force, à raiſon que les payſans les retiroient dedans les villes & chaſteaux. Vn des ſeruiteurs Hiſtoi du Capitaine-enſeigne de la compagnie de Monſieur de Rohan, alla auec d'autres pour cuider entrer en vne oure. Egliſe, où les payſans s'eſtoient retirez, penſant trouuer des viures par amour ou par force : mais entre les autres ceſtuy-là fut bien battu, & s'en reuint auec ſept coups d'eſpée à la teſte : le moindre penetroit la ſe- conde table du crane, & en auoit quatre autres ſur le bras, & vn ſur l'eſpaule droicte, qui coupoit plus de la moitié de l'omoplate ou paleron. Il fut rapporté au logis de ſon maiſtre, lequel le voyant ainſi navré, & qu'auſſi deuoit on partir le lendemain dés la poincte du iour, & n'eſtimant pas qu'il deut iamais guarir, fiſt cauer vne foſſe, & le vouloit faire ietter dedans, diſant qu'auſſi bien les payſans les maſſecreroient & tue- roient. Meu'de pitié, ie luy dis qu'il pourroit encore guarir s'il eſtoit bien pensé : pluſieurs Gentils-hom- charité de mes de la compagnie le prierent de le faire mener auec le bagage, puis que i'auois cette volonté de le pen- l'Autheur. ſer : ce qu'il accorda, & apres que ie l'eu habillé, fut mis en vne chatrette ſur vn lict , bien couuert & bien accommodé, qu'vn cheual traiſnoit. Ie luy fis office de Medecin, d'Apothicaire, de Chirurgien, & de Cui- ſinier : ie le penſay iuſques à la fin de la cure , & Dîeu le guarit : ſi bien que tous ceux de ces trois compa- gnies admiroient cette cure. Les hommes d'armes de la compagnie de Monſieur de Rohan, la premiere mon- ſtre qui ſe fiſt, me donnerent chacun vn eſcu, & les archers demy eſcu. Voyage de Danuilliers.. 1 5 j 2. - V retour du camp d'Allemagne, le Roy Henry aſſiegea Danuilliers, ceux du dedans ne ſe vouloient Hiſtoire. º rendre. Ils furent bien battus : & la poudre nous manqua , ce pendant tiroient touſiours ſur nos gens. lf5 Il y eut vn coup de couleurine qui paſſa au trauers de la tente de Monſieur de Rohan , qui donna contre la jambe d'vn Gentil-homme qui eſtoit à ſa ſuitte , qu'il me fallut paracheuer de couper , qui fut ſans appli- quer les fers ardans. - Le Roy manda querir de la poudre à Sedan : eſtant arriuée on commença la batterie plus grande qu'au- parauant , de façon qu'on fit breche. Meſſieurs de Guiſe & le Conneſtable eſtans à la chambre du Roy, º luy dirent , & conclurent que le lendemain il falloit donner l'aſſaut , & eſtoient aſſeurez qu'on entreroit # dedans : & falloit tenir cela ſecret , de peur que l'ennemy n'en fut aduerty & promirent chacun de n'en hi - ! parler à perſonne. Or il y auoit vn valet de chambre du Roy, qui s'eſtant couché ſous ſon lict de camp Affétre bi- pour dormir, entendit qu'on auoit reſolu donner le lendemain l'aſſaut. Subit reuela à vn certain Capi- ſtoire. taine, & luy dit , que pour certain le lendemain on donneroit l'aſſaut, & l'auoit entendu du Roy , & - pria ledit Capitaine de n'en parler à perſonne : ce qu'il promit, mais ſa promeſſe ne tint pas, & de ce pas # s'en alla le declarer à vn Capitaine, & ce Capitaine à vn autre Capitaine, & des Capitaines à quelques-vns :: de leurs ſoldats, diſans touſiours, N'en dites mot. Cela fut ſi bien celé, que le lendemain du grand matin, ou voyoit la plus grand part des ſoldats, auec leurs rondaches & leurs chauſſes couppées au genoüil, pour mieux monter à la breche. Le Roy fut aduerty de ce bruit qui couroit parmy ce camp, qu'on deuoit donner l'aſſaut : dont il fut eſmerueillé , attendu qu'ils n'eſtoient que trois en cét aduis, qui auoient promis l'vn à l'autre n'en parler à perſonne. Le Roy enuoya querir monſieur de Guiſe, pour ſçauoir s'il n'auoit parlé - de cét aſſaut : il luy iura & affirma qu'il ne l'auoit declaré à perſonne. Autant en dit Monſieur le Conneſta- ble , lequel dit au Roy qu'il falloit expreſſément ſçauoir qui auoit declaré le conſeil ſecret , attendu qu'ils n'eſtoient que trois. Inquiſition fut faite de Capitaine en Capitaine, en fin on trouua la verité : car | ; V V v 3 l'vn 1 " . 786 Apologie, 9)ue c'eſt de reueler les ſecrets des Princes. Le Roy de Natharre pria l'Au- theur de le ſuiure. Hiſtoire de gens deſeſpe- re{. Prinſe du chaſteau le Comte. Les noms des Princes qui eſtoient au ſiege de Mets. N9t4, , ç'en-deſſus-deſſous. Apres cela le camp ſe rompt, & m'en retournay à Paris. Ie ne veux encore oublier à - l'vn diſoit, ça eſté tel qui me l'a dit : vn autre autant : tant que l'on vint au premier , qui deélara l'auoirap. A pris du valet de chambre du Roy, nommé Guyard, natif de Blois, fils d'vn Barbier du defunct Roy Fran- çois Le Roy l'enuoya querir en ſa tente, en la preſence de Monſieur de Guyſe, & de Monſieur le Conneſta- ble, pour entendre de luy, d'où il tenoit, & qui luy auoit dit qu'on deuoit donner cét aſſaut Le Roy luy dit, que s'il ne diſoit la verité, qu'il le feroit pendre. Alors il declara qu'il s'eſtoit mis ſous ſon lict pen. ſant dormir : l'ayant entendu l'auoit dit à vn Capitaine qui eſtoit de ſes amis , afin qu'il ſe preparaft auec ſes ſoldats, d'aller des premiers à l'aſſaut. Alors le Roy conneut la verité, & luy dit que iamais ne s'en ſet- uiroit, & qu'il auoit meritè le pendre, & que iamais plus il ne ſe trouuaſt à la Cour. Mon valet de cham- bre s'en alla auec ce bonnet de nuict, & couchoit auec vn Chirurgien ordinaire du Roy, nommé maiſtte Louys de la coſte ſainct André : la nuict ſe donna ſix coups de couſteau, & ſe coupa la gorge, ſans que le- dit Chirurgien s'en apperceuſt iuſques au matin, qu'il trouua ſon lict enſanglanté , & le corps mort aupres de luy. Dont il fut fort eſmerueillé de voir ce ſpectacle à ſon reſueil , & eut peur qu'on dit qu'il fut cauſe de ce meurtre. Mais ſubit fut deſcharge , connoiſſant la cauſe, qui fut par deſeſpoir, d'auoir perdu la bonne amitié que luy portoit le Roy. Ledit Guyard fut enterré. Et ceux de Danuilliers , lors qu'ils virent la breche raiſonnable pour entrer dedans, & les ſoldats preparez à l'aſſaut, ſe rendirent à la diſcretion du Roy. Les chefs furent priſonniers, & les ſoldats renuoyez ſans armes. Le camp rompu, ie m'en retour- nay à Paris auec mon Gentil homme, auquel i'auois coupé la jambe : ie le penſay, & Dieu le guarit. lele renuoyay en ſa maiſon , gaillard, auec vne jambe de bois , & ſe contentoit, diſant qu'il en eſtoit quitte à bon marché , de n'auoir eſté miſerablement bruſlé pour luy eſtancher le ſang , comme eſcriuez en voſtre li- ure, non petit maiſtre. - A Voyage de Chaſteau le cmt . I 5 5 2. Velque temps apres , le Roy Henry fit leuer vne armée de trente mille hommes , pour aller faire le de 3 gaſt à l'entour de Hedin. Le Roy de Nauarre qu'on appelloit pour lors Monſieur de Vendoſme, eſtoit chef de l'armée , & Lieutenant du Roy. Eſtant à Sainct Denys en France, attendant que les compagnies paſ- ſoient , il m'enuoya querir à Paris pour aller parler à luy, eſtant là, me pria (ſa priere m'eſtoit commande- ment ) de le vouloir ſuiure à ce voyage : & voulant faire mes excuſes, diſant que ma femme eſtoit au lict malade, il me fit reſponſe, qu'il y auoit des Medecins à Paris pour la traitter , & qu'il laiſſoit bien la fienne qui eſtoit d'auſſi bonne maiſon que la mienne, me promettant qu'il me traitteroit bien : & deſlors fit com- mandement que ie fuſſe conché en ſon eſtat. Voyant cette grande affection qu'il auoit de me mener auec luy, ie ne l'oſay refuſer. Ie l'allay treuuer au Chaſteau le Comte , trois ou quatre lieues pres de Hedin, là où il y auoit des ſoldats imperiaux en garniſon , auec nombre de payſans d'alentour. Il les fit ſommer de ſeren- dre : & ils firent reſponce : qu'il ne les auroit iamais que par pieces, & qu'il fit du pis qu'il pourroit,& eux feroient du mieux à ſe defendre. Ils ſe fioient en leurs foſſez qui eſtoient pleins d'eau : & en deux heures, auec grand nombre de faſcines, & certains tonneaux, on fit chemin pour paſſer les gens de pied, quandil faudroit aller à l'aſſaut , & furent battus de cinq canons, & fit-on breſche aucunement ſuffiſante pour y entrer , où ceux de dedans receurent l'aſſaut bien viuement, & ne fut ſans tuer & bleſſer grand nombre de nos gens de coups d'arquebuſes , de piques , & de pierres. En fin quand ils ſe virent forcez, ils mirent le feu en leurs poudres & munitions , qui fut cauſe de bruſler beaucoup de nos gens , d'entreux ſemblable- ment , & furent preſque tous mis au fil de l'eſpée. Toutesfois quelques-vns de nos ſoldats en 2uoient prins vingt ou trente , eſperans en auoir rançon. Cela fut ſceu & arreſté par le Conſeil, qu'il ſeroit crié à ſon de C trompe parmy le camp , que tous ſoldats qui auoient des Eſpagnols priſonniers, euſſent à les tuer, ſur pei- ne d'eſtre pendus & eſtranglez. Ce qui fut fait de ſang froid. De là nous nous en allaſmes bruſler pluſieurs villages, dont les granges eſtoient toutes pleines de grain , à mon tres-grand regret, Nous nous en allalmes iuſques à Tournahan , où il y auoit vne bien groſſe Tour, où les ennemis ſe retiroient, mais il n'y fut trou- ué perſonne : tout fut pillè , & fit-on ſauter la tour par vne mine, auec la poudre à canon , qui la rennerſa eſcrire , que le lendemain que Chaſteau le Comte fut pris, Monſieur de Vendoſme enuoya vn Gentil-homme ſignalé deuers le Roy, pour luy faire rapport de tout ce qui s'eitoit paſsé, & entre autres propos dit au Roy, que i'auois grandement faict mon deuoir à penſer les bleſſez , que ie luy auois monſtrè dix-huict balles que i'auois tirees des corps des bleſſez : & qu'il y en auoit encore bien dauantage que ie n'auois pas peu trouuer ny tirer , & luy dit plus de bien de moy , qu'il n'y en auoit la moitié. Alors le Roy dit, qu'il vou- loit que ie fuſſe à ſon ſeruice, & commanda à Monſieur de Goguier , ſon premier Medecin, qu'il euſt à m'eſcrire, qu'il me retenoit à ſon ſeruice pour l'vn de ſes Chirurgiens ordinaires , & que ie l'allaſſe trouuer à Rheims dedans dix ou douze iours. Ce que ie fis, là où il me fit cét honneur de me commander que i'euſſe à demeurer aupres de luy, & qu'il me feroit du bien. Alors ie le remerciay bien humblement de l'honneur qu'il luy plaiſoit me faire de m'appeller à ſon ſeruice. Voyage de Mets. -1 ; 5 2- A 'Empereur ayant aſſiegé Mets auec plus de ſix vingts mil hommes, & au plus fort de l'hyuer, comme chacun ſçait dé recente memoire : & y auoir en la ville de cinq à ſix mil hommes, & entre autres ſept Princes : à ſçauoir , Monſieur le Duc de Guiſe, Lieutenant du Roy , Meſſieurs d'Anguien, de Condé, de Montpenſier, de la Roche ſur-Yon , Monſieur de Nemours , & pluſieurs autres Gentils-hommes, auec vn nombre de vieux Capitaines & gens de guerre , leſquels faiſoient ſouuent des ſaillies ſur les ennemis(com- me nous dirons cy-apres) ce qui ne ſe faiſoit ſans qu'il en demeuraſt beaucoup tant d'vne part que d'au- tre. Nos gens bleſſez mouroient quaſi tous , & penſoit-on que les drogues dont ils eſtoient penſez , fuſſent empoiſonnées. Qui fut cauſe que Monſieur de Guiſe, & Meſſieurs les Princes firent tant qu'ils manderent au Roy , que s'il eſtoit poſſible , on m'enuoyaſt vers eux auec des drogues, & qu'ils croyoient que les leurs fuſſent empoiſonnées, veu que de leurs bleſſez peu réchappoient. Ie croy qu'il n'y auoit aucune poiſon , mais les grands coups de coutelas, & d'arquebuzes, & l'extreme froid en eſtoient cauſe, Le Roy fit eſcrire à Monſieur le Mareſchal de Sainct André, qui eſtoit ſon Lieutenant à verdun , qu'il trouuaſt moyen de me faire entrer à Mets par quelque façon que ce fuſt. Le Seigneur Mareſchal de Sainct André, & Monſieur le Mareſchal de vieille-ville, gaignerent vn Capitaine Italien, lequel leur promit m'y faire entrer , ce qu'il fit : & pource, eut quinze cens eſcus, Le Roy ayant entendu la promeſſe qu'auoit fait le Capitaine Italien , m'enuoya querir , & me commanda de prendre de ſon Apothicaire, nommé Daigue, tant & telles drogues que ie verrois eſtre neceſſaires pour les bleſſez aſſiegez : ce que ie fis, ºnt - - qu'vn Et Voyages. 787 , A qu'vn cheual de poſte en pouuoit porter. Le Roy me donna charge de parler à Monſieur de Guiſe, & aux #. princes & Capitaines qui eſtoient à Mets. Eſtant arriué à verdun,quelques iours apres Monſieur le Mareſchal cºmiſſion de #s de Sainct André me fit bailler des cheuaux pour moy & pour mon homme , & pour le Capitaine Italien, le- l'Autheur # quel parloit fort bon Alleman , Eſpagnol , & Vvalon, auec ſa langue maternelle. Quand nous fuſmes à #s huict ou dix lieuës prés de Mets, nous n'allions plus que de nuict : & eſtant pres du camp, ie vis à plus d'v- . . " . ne lieue & demie, des feux allumez autour de la ville, ſi qu'il ſembloit quaſi que toute la terre ardoit, & #: m'eſtoit aduis que nous ne pourrions iamais paſſer au trauers de ces feux ſans eſtre deſcouuerts, & par con- | ſequent eſtre pendus & eſtranglez, ou mis en pieces, ou payer groſſe rançon. Pour vray dire, i'euſſe bien - & volontiers voulu eſtre encores à Paris pour le danger eminent que ie preuoyois. Dieu conduit ſi bien no- ſtre affaire, que nous entraſmes en la ville à minuict, auec vn certain ſignal , que le Capitaine auoit auec vn autre Capitaine de la compagnie de Monſieur de Guiſe : lequel Seigneur i'allay trouuer en ſon lict, qui me receut de bonne grace, eſtant bien ioyeux de ma venue. Ie luy fis ma legation de tout ce que le Roy m'a- uoit commandé luy dire. Ie luy dis que i'auois vne petite lettre à luy bailler, & que le lendemain ie ne ferois faute la luy donner. Cela fait, commanda qu'on me donnaſt logis, & que ie fuſſe bien traicté, & me dit que ie ne failliſſe le lendemain me trouuer ſur la breche, où ie trouuerois tous les Princes & Seigneurs, & plu- ſieurs Capitaines : ce que ie fis, & me receurent auec vne grande ioye, me faiſans cét honneur de m'em- braſſer , & me dire que i'eſtois le bien-venu : adiouſtans qu'ils n'auoient plus peur de mourir, s'il adue- noit qu'ils fuſſent bleſſez. Monſieur le Prince de la Roche ſur-Yon fut le premier qui me feſtoya,& s'enquit de moy ce qu'on diſoit en la Cour, de la ville de Mets. Ie luy dis tout ce que ie voulus. Puis ſubit me pria L- d'aller voir l'vn de ſes Gentils-hômes,nommé Monſieur de Magnane,à preſent Cheualier de l'Ordre du Roy, . & Lieutenant des gardes de ſa Majeſté, lequel eut la jambe rompue d'vn eſclat de canon.Ie le tiouuay au lict, Hiſtoire. ſa jambe ployée & courbée, ſans aucun appareil deſſus,parce qu'vn Gentil homme luy promettoit guariſon, en ayant ſon nom & ſa ceinture, auec certaines paroles:& le pauure Gentil-hôme pleuroit,& crioit de dou-^ leur qu'il ſentoit,ne dormant ne iour ne nuict,il y a voit quatre iours ; alors ie me mocquay fort de cette im- poſture, & fauſſe promeſſe. Promptement ie racouſtray & habillay fi dextrement ſa jambe, qu'il fut ſans douleur , & dormit toute la nuict : & depuis fut, graces à Dieu, guary : & eſt encores à preſent viuant, fai- ſant ſeruice au Roy. Ledit Seigneur de la Roche ſur-Yon m'enuoya vn tonneau de vin, plus gros qu'vne pi- - pe d'Anjou,en mon logis, & me fit dire, que lors qu'il ſeroit beu, il en enuoyeroit d'autre. C'eſtoit à qui me : traitteroit, me faiſant tous bonne chere. Cela fait, Monſieur de Guiſe me bailla vne liſte de centains Capitai- nes & Seigneurs, & commanda de leur dire ce que le Roy m'auoit donné en charge : ce que ie fis : qui eſtoit faire ſes recommandations, & vn remerciement du deuoir qu'ils auoient fait, & faiſoient à la garde ·.. de ſa ville de Mets,& qu'il le reconnoiſtroit. Ie fus plus de huict iours pour acquitter ma charge, parce qu'ils eſtoient pluſieurs. Premierement à tous les Princes & autres, comme le Duc Horace , le Comte de ia Martigues, & ſon frere Monſieur de Bauge, les Seigneurs de Montmorency & Danuille, à preſent Mareſchal # de France,Monſieur de la Chappelleaux Vrſins,Bonniuet,Carouge, auiourd'huy gouuerneur de Roüen,le Vi- , , daſme de Chartres,le Comte de Lude,Monſieur de Biron,à preſent Mareſchal de France, Monſieur de Râdan, :" la Rochefoucault, Bordaille, d'Eſtrez le ieune, Monſieur de Sainct Iean en Dauphiné, & pluſieurs autres qui ſeroient trop longs à reciter : & meſmes à pluſieurs Capitaines qui auoient tous bien fait leur deuoir , à la #.; defenſe de leurs vies & de la ville. Ie demanday puis apres à Monſieur de Guiſe,qu'il luy plaiſoit que ie fiſſe - des drogues que i'auois apportées : il me dit que ie les departiſſe aux Chirurgiens & Apothicaires, & princi- º palement aux pauures ſoldats bleſſez, qui eſtoient en grand nombre à l'Hoſt # Dieu : ce que ie fis : & puis i aſſeurer que ne pouuois aſſez tant faire que d'aller voir les bleſſez, qui m'enuo,'oſent querir pour les viſiter & C penſer. Tous les Seigneurs aſſiegez me prierent de ſolliciter bien ſoigneuſement ſur tous les autres, Mon- Eleſſeure de il ſieur de Pienne, qui auoit eſté bleſſé ſur la breche,d'vn éclat de pierre d'vn coup de canon, à la temple, auec Monſieur de - fracture & enfonceure de l'os. On me dit que ſubit auoir receu le coup, tomba en terre comme mort & ietta Pienne. # le ſang par la bouchc, par le nez, & par les oreilles, auec grands vomiſſemens, & fut quatorze iours ſans : pouuoir parler ny ratiociner:auſſi luy ſuruindrent les treſſaillemens approchans de ſpaſme , & eut tout le vi- ſage enflé & fort liuide. Il fut trepané à coſté du muſcle temporal, ſur l'os coronal. Ie le penſay auec au- Monſieur de tres Chirurgiens, & Dieu le guarit, & auiourd'huy eſt encore viuant, Dieu mercy. L'Empereur faiſoit faire Pienne tre- la batterie de quarante doubles canons, où la poudre n'eſtoit eſpargnée iour ny nuict. Subit que Monſieur pané & gua- de Guiſe vid l'artillerie aſſiſe & braquée pour faire breche, il fit abbattre les maiſons les plus proches pour !y. remparer, & les poultres & ſoliues eſtoient arrengées bout à bout, & entre deux des faſcines, de la terre, des licts & balles de laine : puis on remettoit encore par deſſus autres poultres & ſoliues , comme deſſous. Or al beaucoup de bois des maiſons des faux bourgs qui auoient eſté miſes par terre, ( de peur que l'ennemy ne '... ſe logeaſt au couuert, & qu'ils ne s'aidaſſent du bois)ſeruit bien à remparer la breche. Tout le monde eſtoit # empeſché à porter la terre pour la remparer iour & nuict. Meſſieurs les Princes , Seigneurs & Capitaines, Les Princes #: . Lieutenans, Enſeignes, portoient tous la hotte, pour donner exemple aux ſoldats & citoyens à faire le ſem-portent la blable:ce qu'ils faiſoient,voire iuſques aux dames & damoiſelles,& ceux qui n'auoient des hottes s'aidoient hotte. de chaudrons, panniers , ſacs, linceuls, & tout ce qu'ils pouuoient pour porter la terre : en ſorte que l'enne- D my n'auoit point ſi toſt abbattu la muraille , qu'il ne trouuaſt derriere vn rempart plus fort. La muraille eftant tombée, nos ſoldats crioyent à ceux de dehors, Au regnard,au regnard,au regnard,& ſe diſoient mil- le injures les vns aux autres.Monſieur de Guiſe fit defenſe ſur peine de la vie,que nul n'euſt à parler à ceux de dehors, de peur qu'il n'y euſt quelque traiſtre qui leur donnaſt aduetiſſement de ce qu'on faiſoit dedans la ville La defenſe faite, ils attacherent des chats viuans au bout de leurs piques,& les mettoient ſur la murail- Brebr. le & cryoient auec les chats miaut,miaut. veritablement les Imperiaux auoient grand deſpit d'auoir eſté ſi long-temps à faire breche auec grandc deſpenſe, qui eſtoit large de quatre vingts pas,pour entrer cinquante hommes de front, où trouuerent vn rempart plus fort que la muraille. Ils ſe iettoient ſur les pauures chats, & les tiroient à coups d'arquebuzes comme l'on fait au papegaul. Nos gens faiſoient ſouuent des ſorties, par le commandement de Monſieur de Guiſe. vn iour deuant il y auoit preſſe à ſe faire enrooller,entre ceux - qui deuoient ſortir,& principalement la ieune nobleſſe,menez par Capitaines experimentez,de maniere que c'eſtoit leur faire vne grande faueur de permettre de ſortir & courir ſur l'ennemy, & ſortoient touſiours en nombre de cent ou de ſix vingts bien armez , auec rondaches, coutelas , arquebuſes, & piſtolets,piques,per- tuiſanes , & halebardes, leſquels alloiènt iuſques aux tranchées les réueiller en ſurſaut. Là où l'alarme ſe # donnoit en tout leur camp, & leurs tabourins ſonnoient,plan, plan,tati,ta,ta,ta, ti,ta,tou, touftouf. Pareil- ' - #• - lement leurs trompettes & clairons ronfloient & ſonnoient boute ſelle , boute-ſelle , boute ſelle , mon- * te à cheual, monte à cheual, monte à cheual, boute-ſelle, monte à caual, à caual. Et tous leurs ſoldats . - crioyent à l'arme, à l'arme, à l'arme, aux armes, aux armes, aux armes, à l'arme aux armes , à l'arme aux armes à l'arme, comme l'on fait la huée apres les loups : & tous diuers langages, ſelon les,nations , & les - V V v 4 voyoit on 7 88 Apologi pOlOgIe, voyoit-on ſortir de leurs tentes & petites loges, drus comme fourmillons, lors qu'on deſcouure leurs four- millieres, pour ſecourir leurs compagnons qu'on égoſilloit comme moutons. La cauallerie pareillement venoit de toutes parts au grand gallop, patati, patata, patati, patata, pata, ta, pata,ta,pata, ta, & leur tardoit bien qu'ils ne fuſſent à la meſlée,oùles coups ſe departoient, pour en donner & en receuoir. Et quand les no- . . ſtres ſe voyoient forcez, ils reuenoient en la ville toufiours en côbattant, & ceux qui couroient apres eſtoient repouſſez à coups d'artillerie , qu'on auoit chargée de cailloux, & gros carreaux de fer de figure quarrée & triangle. Et nos ſoldats qui eſtoient ſur ladite muraille, faiſoient vne eſcopeterie, & pleuuoir leurs bal- · · les ſur eux comme greſle , pour les renuoyer coucher , où pluſieurs demeuroient en la place du combat : & nos gens auſſi ne s'en reuenoient tous leur peau entiere, & en demeuroient touſiours quelques-vns pour la diſme , leſquels eſtoient ioyeux de mourir au lict d'honneur. Et là où il y auoit vn cheual bleſsé , il eſtoit eſ- corché, & mangé par les ſoldats : c'eſtoit en lieu de bœuf& de lard.Et pour penſer nos bleſſez, c'eſtoit à moy à courir. Quelques iours apres on faiſoit autres ſorties,qui faſchoient fort les ennemis,pource qu'on les laiſ- ſoit peu dormir à ſeureté. Monſieur de Guiſe fit vn ſtratageme, ou ruſe ſtratagente de guerre : c'eſt qu'il en- uoya vn payſan qui n'eſtoit pas trop habille homme, auec deux paires de lettres,vers le Roy, auquel il donna dix eſcus, & promeſſe que le Roy luy en donneroit cent, pourueu qu'il luy baillaſt ſes lettres. En l'vne il luy mandoit que l'ennemy ne faiſoit nul ſemblant de ſe retirer, & à toutes forces faiſoit vne grande breſche : qu'i1 eſperoit la bien garder,iuſques à y employer ſa vie,& celle de tous ceux qui eſtoient dedans & que ſi l'ennemy euſt auſſi bien aſſis ſon artillerie en vn certain lieu qu'il nommoit, à grande difficulté l'euſt-on peu garder qu'il n'euſt entré dedans, attendu que c'eſtoit le lieu le plus foible de toute la ville, mais bien teſt il eſperoit de le bien remparer, en ſorte qu'on n'y pourroit entrer. L'vne de ces lettres luy fut couſuë en la doubleure de ſon pourpoint,& luy fut dit qu'il ſe donnaſt bien garde de le dire à perſonne : & luy en fut donnée vneau- tre,là où mondit Seigneur de Guiſe mandoit au Roy,que luy & tous les aſſiegez eſperoient de bien garder la ville,& autre choſe que ie laiſſe icy à dire. Il fit ſortir ce payſan la nuict, & incontinent apres il fut pris par vn corps de garde, & mené au Duc d'Albe, pour prendre langue de ce qu'on faiſoit en la ville ; & luy fut de- mande s'il auoit des lettres:il dit qu'ouy, & leur en bailla vne : & l'ayant veuë, luy fut demandé par ſerment, s'il n'en auoit point d'autres : dit que non : lors fut foüillé, & luy fut trouuée celle qu'il auoit couſue à ſon pourpoint , & le pauure meſſager fut pendu & eſtranglé. Lettres ºm: Leſdittes lettres furent communiquées à l'Empereur, lequel fit appeller ſon Conſeil, là où il fut reſolu ºº * puiſque on n'auoit peu rien faire à la premiere breſche, que promptement l'artillerie ſeroit menée à l'endroit #" qu'on eſtimoit le plus foible, là où ils firent grands efforts à refaire vne autre breche, & ſappert nt & mine- # rent la muraille, & taſchoient à ſurprendre la Tour d'Enfer, neantmoins ils n'oſerent venir à l'aſſaut. Le Duc Conſeil. > - - - - #- d'Albe remonſtra à l'Empereur que tous les iours les ſoldats mouroient, voire au nombre de Plus de deux § 5ue cens , & qu'il y auoit auſſi peu d'eſperance d'entrer en la ville, veu le temps & le grand nombre de gens de d'Albe à guerre qui y eſtoient. L'Empereur demanda quelles gens c'eſtoient qui ſe mouroient, & ſi c'eſtoient Gentils- l'Empereur. hommes, & hommes de remarque. Luy fut fait reſponſe, que c'eſtoient tous pauures ſoldats.Alors dit qu'il Reſponſe de n'y auoit point de danger qu'ils mouruſſent , les comparant au chenilles, ſauterelles & hannetons , qui *ººººº mangent les bourgeons & autres biens de la terre, & ques'ils eſtoient gens de bien, ils ne ſeroient en ſon camp pour ſix liures par mois,& partant qu'il n'y auoit nul danger qu'ils mouruſſent. Dauantage, diſoit qu'il ne partiroit iamais de deuant la ville qu'il ne la priſt, par force ou par famine, quand il deuroit perdre toute ſon armée : à cauſe du grand nombre de Princes qui y eſtoient enfermez, auec la plus grand part de la no- bleſſe de France , deſquels il eſperoit retirer au quadruple de ſa deſpence, & iroit encore vne fois à Paris pour viſiter les Pariſiens, & fe faire Roy de tout le Royaume de France. Monſieur de Guiſe, auec les Princes Capitaines, & ſoldats,& generalement tous les citoyens de la ville, ayans entendu l'intention de l'Empereur qui eſtoit de nous tous exterminer, aduiſerent à tout ce qu'ils auoient à faire : & depuis ne fut permis aux ſoldats & citoyens & meſmes aux Princes & Seigneur de manger marée fraiche ny venaiſon , pareille- ment aucunes perdris , beccaſſes, aloüettes, francolins, pluuiers, & autres gibiers, de peur qu'ils euſſent ac- quis quelque air peſtilent qui nous euſt peu donner vne contagion : mais auroient à ſe contenter de l'amo- nition , à ſçauoir, du biſcuit, bœuf, vaches ſalées, lards, ceruelas, jambons de Mayence : ſemblablement poiſſons , comme moluës, merlus, ſaulmons, alouſes, tonnine, baleine, anchois, ſardines, harancs. Auſſi pois,féves,riz,ails olgnons, pruneaux,fourmages, beurre, huyle, & ſel, poyvre, gingembre, maniguet, & au- tres eſpiceries pour mettre en nos paſtiſſeries : principalement des cheuaux, qui ſans cela auroient vn tres- mauuais gouſt. Pluſieurs citoyens ayans des jardins en la ville,y auoient enterré groſſes raues, nauets,carrot- tes, & porreaux, qu'ils gardoient bien cherement, pour l'extreme neceſſité de la faim. Or toutes ces muni- tions eſtoient diſtribuées par poids, meſure, & iuſtice, ſelon la qualité des perſonnes, parce que nous ne ſça- uoins pas combien de temps le ſiege dureroit. Car ayant entendu de la bouche de l'Empereur , qu'il ne par- tiroit iamais de deuant Mets, qu'il ne l'euſt priſe par force ou par famine; les viures furent retranchez , en ſorte ce que qu'on diſtribuoit à trois ſoldats, eſtoit baillé pour quatre , & defenſe à eux de vendre le reſte qui pouuoit demeurer de leur repas, mais permis de le donner à leurs goujats. Et ſe leuoient touſiours de table auec appetit , de peur qu'ils fuſſent ſubjects à prendre medecine. Et auparant nous rendre à la Grande reſo- - - •- , / - - lution # mercy des ennemis , auions deliberé de manger les aſnes, mulets, cheuaux , chiens » chats, rats , voire # nos bottes & collets, & autres cuirs qu'on euit peut amollir & fricaſſer. Generalement tous les a#gº deli- Mtts, berent de valeureuſement ſe defendre, auec toutes machines de guerre : à ſçauoir de braquer & charger l'artillerie ( à la pentiere de la breſche ) de boulets, cailloux, clouds de charrette, carreaux, & chaiſnes de fer ; Auſſi toutes eſpeces & differences d'artifices de feu, comme boettes, bariques, grenades , pots , lan- ces, torches, & fusées, cercles entourez de chauſſes-trappes, fagots bruſlans. Dabondant eau boüillante, & plomb fondu, & poudre de chaux viue, pour leur creuer les yeux. Auſſi auoit-on reſolu de percer les mai- ſons de coſté & d'autre, pour y loger des arquebuziers pour les battre en flanc, & les haſter d'aller, ou » les faire du tout demeurer. Pareillement on euſt donné commiſſion aux femmes de dépauer les rues , & leur 1etter par les feneſtres des miches de ſainct Eſtienne, buſches, tables, treteaux, bancs, & eſcabel- les, qui leur euſſent effondré la ceruelle. Dauantage, il y auoit vn peu plus auant vn gros corps de garde remparé de charrettes & paliſſades, tonnes, tonneaux, & bariques remplis de terre, pour ſeruir de ga- bions » entrelardez de fauconneaux & faucons, pieces de campagne, arquebuzes à croq, & arquebuzes & Piſtolets , & artifices de feu,qui leur euſſent rompu jambes & cuiſſes, de façon qu'ils euſſent eſté battu en - teſte » en flanc, & en queue : & où ils euſſent forcé ce corps de garde, il y en euſt eu d'autres aux carres des rººs 2 de cent pas en cent pas, qui euſſent eſté autant mauuais garçons, ou plus que les premiers : & n'euſt eſté ſans faire beaucouP de femmes vefues, & orfelins. Et ſi la fortune euſt tant voulu c§ nous, qu'ils | euſſent fendu & romPus nos corps de gardes, il y euſt eu encore ſept gros hoſts & bataillons ordonnez en quarré & en triangle pour combattre tous enſemble, accompagnez chacun d'vn Prince, pour leur donner bardieſſe A B C Et Voyages. 789 A hardieſſe de mieux combatre iuſques au dernier ſouſpir, & mourir tous enſemble. Dauantage ils eſtoient tOuS reſolus, que chacun porteroit leurs threſors, bagues, & ioyaux,& leurs meubles les meilleurs & plus ri- ches, & plus beaux , pour les bruſler en la grande place , & les mettre en cendres, de peur que les ennemis ne s'en preualufſent, & en fiſſent trophée. Pareillement il y auoit gens qui euſſent eu charge de mettre le feu,& bruſler toutes les munitions, enſemble d'effondrer aux caues tous les vaiſſeaux a vin : autres de met- tre le feu en chacune maiſon pour bruſler nos et,nemis , & nous enſemble. Les Citoyens l'auoient ainſi tous accordé, pluſtoſt que de voir le couſteau ſanglant ſur leur gorge, & leurs femmes & filles violées, & prendre à force par les Eſpagnols, cruels & ir humains. Or nous au1ons certains priſonniers que Monſieur de Guiſe renuoya ſur leur foy , auſquels l'on auoit fait tacitement conceuoir noſtre derniere volonté & deſeſpoir , leſ- quels eſtans arriuez en leur camp,ne differerent de la publier:qui fut cauſe de refrener la grande Impetuoſité l - & volonté des ſoldats, de plus vouloir entrer dans la ville pour nous couper la gorge, & s'enrichir de no- - ſtre pillage. L'Empereur ayant entendu cette deliberation de ce grand guer ier Monſieu de Guiſe, m,t de - l'eau en ſon vin , & refrena ſa grande cholere , diſant qu'il pourroit entrer dans la ville , ſans faire vne reſoldat ne bien grande boucherie & carnage s & eſpandre beaucoup de ſang, tant des defendans que des aſſaillans, va à la & fuſſent morts enſemble, & à la fin n'euſt ſceu auoir autre choſe que des cendres. Et qu'apres on eult pû guerre que dire, que c'euſt eſte vne pareille deſtruction, que celle de la ville de Ieruſalem , faite iadis par Titus & veſ Pºur le pil- paſian. L'Empereur donc ayant entendu noſtre derniere 1eſolution , & voyant le peu qu'il auoit auancé par ºzº. . ſa batterie , ſappes & mines , & la grand peſte qui eſtoit en tout ſon camp, & l'indiſpoſition du temps , & la neceſſité de viures & d'argent & que ſes ſoldats le desbandoient, & par grandes trouppes s'en alloient : con- clud en fin ſe retirer , accompagné de la cauallerie de ſon auant garde , auec la plus grande part de ſon ar- tillerie , & de la bataille. Le Marquis de Brandebourg fut le dernier qui deſlogea, ſouſtenu de quelques ban- des d'Eſpagnols , de Boémiens , & ſes compagnies d'Allemans , & y demeura apres vne iournée & denie, au grand regret de Monſieur de Guiſe, lequel fit ſortir de la ville quatre pieces d'artillerie , qu'i fit tirer fur luy à tort & à trauers, pour le halter d'aller : ce qu'il fit bien toſt , auec toutes ſes troupes. Eſtant à vn quart de lieuë de Mets, fut épris d'vne frayeur, cragnant que noſtre cauallerie ne luy donnaſt ſur la queuë: qui fut cauſe qu'il fit mettre le feu en ſes pouldres de munition , & laiſſer quelques pieces d'artillerie, & - beaucoup de bagage qu'il ne ſceut faire mener , pource que l'auant garde & la bataille , & les gros canons auoient rompu & effondré les chemins. Noſtre gendarmerie vouloit à toutes forces ſortir de la ville pour - · luy aller donner en queue : mais Monſieur de Guile ne le voulut iamais permettre : ains au contraire, leur Guiſe reſſ l' dit qu'on leur deuoit piuſtoſt applanir les chemins , & leur faire des ponts d'or & d'argent pour les laiſſer #" aller, reſſemblant au bon paſteur & berger , qui ne veut perdre vne ſeule de ſes ouailles. Voila comme nos eaſteur. chers & bien aymez Imperiaux s'en allerent de deuant Mets, qui fut le lendemain de Noel,au grand conten- tement des aſſiegez,& loüange des Princes, Seigneurs , Capitaines & ſoldats, qui auoient enduré les trauaux de ce ſiege l'eſpace de deux mois. Toutesfois ils ne s'en allerent pas tous, 1l s'en falluſt plus de vingt mil qui eſtoient morts, tant par l'artillerie & coups de main , que de la peſte , du froid , & de la faim ( & de deſ- - pit & grand rage qu'ils ne pouuoient entrer en la ville pour nous couper la gorge, & en auoir le pillage ) & auſſi moururent grand nombre de leurs cheuaux , deſquels ils auoient mangé la plus grand part, en lieu de bœuf & de lard. On alla où ils auoient campé, où l'on trouua pluſieurs corps morts_non encore enter- C rez, & la terre toute labourée , comme l'on void le cimetie1e Sainct Innocent, durant quelque grande mor- talite. En leurs tentes, pauillions,& loges, y auoient laiſſé pareillement pluſieurs malades : auſſi boulets, ar- mes, charrettes, chariots, & autres bagages, auec vn grand nombre de pains de monition, gaſtez & pou ris par les neiges & pluyes:encore les ſoldats n'en auoient pas que par meſure & compas.Et ſemblablement laiſ- ſerent grande prouiſion de bois, du reſte des maiſons qu'ils auoient demolies & abbatues des villages à deux & trois lieuës d'alentour. Pareillement pluſieurs aurres maiſons de plaiſance , appartenans aux Ci- toyens, accompagnées de iardins & beaux vergers,remplis de diuers arbres fruictiers. Auſſi ſans cela ils fuſ- '• ſent tous tranſis & morts du froid, & euſſent eſte contrains de leuer pluſtoft le ſiege. Mondit ſeigneur de Guiſe fit enterrer les morts, & traicter leurs malades. Pareillement les ennemis laiſſerent en l'Abbaye de S. Arnoul beaucoup de leurs Soldats bleſſez , qu'ils n'eurent moyen de faire enmener, Mondit Seigneur de Guiſe leur enuoya à tous viures à ſuffi auce, & me commanda , & aux autres Chirurgiens , de les aller : Monſieur de e . - - - - - - # # penſei & medicamenter : ce que nous faiſons de bonne volonté,& croy qu'ils n'euſſent fait le ſemblable en- - uers les noſtres ( parce que l'Eſpagnol eſt tres cruel , perfide & Inhumain, & partant ennemy de toutes na- tions ( Ce qui ſe preuue pas Lop z Eſpagnol , & Benzo Miianois, & autres qui ont eſcrit l hiſtoire de l'A- · merique & Inde Occidentale , ieſquels ont eſté contraints confeſſer, que la cruauté, auarice , blaſphemes & meſchanceté des Eſpagnols, ont du tout aliené les pauures Indiens de la region que leſdits Eſpagnols diſoient tenir. Et tous eſcriuent qu'ils valent moins que les Indiens idolatres , par le cruel traictement fait auſdits Indiens. - Et quelques iours apres enuoya vn trompette à Thionuille vers les ennemis, qu'ils euſſent à renuoyer que- rir leurs bleſſez en bonne ſeu ete : ce qu'ils firent auec charettes & chariots, mais non à ſuffiſance. Mon- P ſieur de Guiſe leur fit ballier charettes & chartiers pour les aider à conduire audit Thionuille. Noſdits char- - tiers eitans de retour, nous rapporterent que les chemins eſtoient tous pauez de corps morts, & n'en rame- - nerent iamais la moitié car ils mouroient en leuss charettes : & les Eſpagnols les voyans eſtre aux traicts de la mort, auparauant qu'ils euſſent ietté le dernir ſouſpir, les iettoient hors leurs charettes, & les enſeueliſ- ſoient en la bone & lange , ditant qu'ils n'auoient nulle commiſſion de remener les morts. D'abondant noſ- dits chartiers diſo ét auoir trouué par les chemins beaucoup de charettes eunbourbées, chargées de bagages, qu'ils n'oſoient renuoyer querir, craignans que ceux de Mets ne leur couruſſent ſus. Ie veux encore re- tourner à la cauſe de leur mortalité , qui eſtoit principalement de la faim, peſte & du froid : car la neige La cauſe de eſtoit ſur la terre plus de hauteur de deux pieds, & eſtoient logez en des cauernes ſous terre , couuertes la morialué d'vn peu de chaume ſeulement Neantmoins chacun ſoldat auoit ſon lict de camp, & vne couuerture tou- des Impe- te ſemée d'eſtoilles luiſantes & brillantes, plus claire que fin or : & tous les iours auoient draps blancs, & riaux. logez à l'enſeigne de la Lune, & faiſoient bonne chere quand ils auoient dequoy : & payoient ſi bien leur hoſte des le ſoir , que le matin ils s'en alloient quittes, ſecouant les oreilles. Et ne leur falloit nul peigne pour deſtacher le duuet & la plume de contre leurs barbes & cheueux : & trouuoient touſiours nappe blan- che,perdans de bons repas par faute de viandes, Auſſi la plus grande part n'auoit bottes ny bottines,pantou- fies,chauſſes,ny ſouliers:& pluſieurs aimoient mieux n'en auoir point que d'en auoir, pource qu'ils eſtoient touſiours en la fange iuſques à my jambes,& à cauſe qu'ils alloient nuds pieds, nous les appellions les Apo , de l' ſtres de l'Empereur Apres que le camp fut entierement rompu, ie diſtribuay mes malades entre les mains # Empe- . des Chirurgiens de la ville , pour les paracheuer de penſer : puis ie prins congé de Monſieur de Guiſe & t'f4r. m'en reuins deuers le Roy , qui me receut auec bon viſage, lequel me demanda comme i'auois pû entrer - / - - · en Les Apoſtrer | 79o Apologie, La mort du en la ville de Mets. Ie luy racontay entierement tout ce que i'auois fait. Il me fit donner deux cens eſcus,& A cent que i'auois eu aupartir ; & me dit qu'il ne me laiſſeroit iamais pauure. Alors ie le reunerciay tres-hum- blement, dubien & de l'honneur qu'il luy plaiſoit me faire. Voyage de Hedin. I 5 [ 3• 'Émpereur Charles fit aſſieger la ville de Theroüenne, où Monſieur le Duc de Sauoye eſtoit General de toute l'armée. Elle fut priſe d'aſſaut,où il y euſt de nos gens grand nombre de tuez,& de priſonniers. Le Roy voulant preuoir que l'ennemy ne vint auſſi aſſieger la ville & chaſteau de Hedin , enuoya Meſſieurs le Duc de Boüillon, le Duc Horace, le Marquis de Villars, vn nombre de Capitaines , & enuiron dix-huict cens ſoldats, & pendant le ſiege de Theroüenne, leſdits Seigneurs firent fortifier ledit chaſteau de Hedin, de façon qu'il ſembloit eſtre imprenable. Le Roy m'enuoya vers leſdits Seigneurs pour les ſecourir de mon art, ſi d'auanture ils en auoient affaire. Or toſt apres la priſe de Theroüenne , nous fuſmes aſſiegez de l'ar- mée. Il y auoit vne viue & claire fontaine à la portée de noſtre canon , où il y auoit enuiron quatre-vingts ou cent goujats & putains de nos ennemis, qui eſtoient autour pour puiſer de l'eau. I'eſtois ſur vn ram- part regardant aſſeoir le camp : & voyant cette multitude de faineants autour de ladite fontaine, ie priay Monſieur du Pont,Commiſſaire de l'artillerie,de faire tirer vn coup de canon à cette canaille: il m'en fit grand refus , me remonſtrant que toute cette maniere de gens ne vaudroit point la poudre qu'on y dependroit. Derechef ie le priay de braquer le canon, luy diſant, que plus de morts moins d'ennemis, ce qu'il fit par ma priere: & de ce coup en furent tuez quinze ou ſeize, & beaucoup de bleſſez. Nos ſoldats firent ſaillies ſur les ennemis, où il y en eut beaucoup de tuez & bleſſez de coup d'arquebuſes & de main, tant d'vne part que d'autre : & nos ſoldats faiſoient ſouuent des ſaillies ſur les ennemis , auparauant que leurs tranchées fuſſent faites, là où i'eus beaucoup de beſongne taillée, de façon que ie n'auois repos nyiour ny nuict , à penſer les bleſſez. Et diray cecy en paſſant, que nous en auions mis beaucoup en vne groſſe tour, couchez ſur vn peu de paille : & leurs oreillers eſtoient des pierres : leurs couuertures eſtoient leurs manteaux, à ceux ui en auoient. Lors que la batterie ſe faiſoit, autant de coups que leurs canons tiroient, les malades di- § ſentir douleur en leurs playes , comme ſi on leur euſt donné des coups de baſton : l'vn crioit la teſte, l'autre le bras, & ainſi des autres parties, & à pluſieurs leurs playes reſaignoient, voire en plus grande abondance qu'à l'heure qu'ils furent bleſſez, & lors c'eſtoit à moy à courir pour les eſtancher. Mon petit Maiſtre, ſi vous euſſiez eſté là, vous euſſiez eſté bien empeſché auec vos fers ardans. Il vous euſt fallu beau- coup de charbon pour les rougir , & croy qu'on vous euſt aſſommé comme vn veau pour cette cruauté. Or par cette tempeſte diabolique de l'echo de cette machine canonique, & grande & vehemente agitation de la colliſion de l'air retentiſſant aux playes de ces bleſſez, pluſieurs mourroient : & d'autres, par ce qu'ils ne pouuoient repoſer, à cauſe des clameurs & cris qu'ils faſoient iour & nuict , & auſſi faute de bons aliments & autres traittemens neceſſaires aux bleſſez. Or, mon petit Maiſtre, ſi vous euſſiez eſté là, vous euſſiez bien pû leur ordonner de la gelée, reſtaurans, coulis, preſſis, panade » orge mondé , amandes, blanc-manger, pruneaux, raiſins de damas , & autres viandes propres aux malades , voſtre ordonnance euſt eſté ſeulement accomplie en papier, mais à l'effect ils n'euſſent ſceu autre choſe auoir, que de la chair de vieilles vaches empreintes, qui furent priſes autour de Hedin pour noſtre munition, ſalées & demy-cuites, en ſorte que qui la vouloit manger, il la falloit tirer à force de dents, comme font les oyſeaux de proye leur viande. Ie ne veux laiſſer leurs linges dont ils eſtoient penſez , qui eſtoient ſeulement relauez tous les iours, & ſeichez au feu, partant endurcis comme parchemin. Ie laiſſe à penſer comme leurs playes ſe deuoient bien porter. Il y auoit quatre groſſes putains de † , à qui fut donnée la charge de blanchir le linge, qui s'en ac- quittoient à coups de baſton , & auſſi qu'elles n'auoient l'eau à commandement ny moins le ſauon. Voilà comme les pauures malades mourroient par fautè d'alimens, & autres choſes , ceſſaires. Vn iour nos enne- mis feignirent de nous donner vn aſſaut general, pour attirer nos ſoldats ſur la breſche, afin de reconnoiſtre noſtre contenance : tout le monde y courut , nous auions grande prouiſion de teu d'artifice, pour defendre la breſche. Vn Preſtre de Monſieur le Duc de Boüillon print vne grenade, penſant la jetter ſur les ennemis, & y mit le feu plutoſt qu'il ne deuoit : elle ſe creua , & le feu ſe mit en nos artifices, qui eſtoient en vne maiſon pres la breſche, qui nous fut vn merueilleux deſaſtre , pource qu'il bruſla beaucoup de pauures ſol- dats : meſme ſe print en la maiſon, & euſſions eſté tous bruſlez , n'euſt eſté le ſecours qu'on fit pour l'eſtein- dre. Il n'y auoit qu'vn ſeul puits là où il y euſt de l'eau en noſtre chaſteau , qui fut preſque tout tary , & en lieu d'eau , on prit de la biere pour l'eſteindre. Puis apres euſmes grande diſette d'eau : & pour boire le reſte qui demeura, il la nous falloit paſſer au trauers des ſeruiettes. Or l'ennemy voyant cette foudre & tem- peſte de ces artifices , qui jetterent vne merueilleuſe flamme & tintamarre, eſtimoient que nous euſſions mis le feu expres pour la deffenſe de noſtre breſche pour les bruſler, & que nous en auions bien d'autres. Cela leur fit prendre autre opinion de nous auoir par autre voye que par aſſaut : il firent des mines , & ſapperent la plus grande partie de nos murailles : tellement que cela eſtoit pour renuerſer entierement noſtre chaſteau s'en deſſus-deſſous : & lors que les ſappes furent acheuées de faire, & que leur artillerie tiroit, tout noſtre chaſteaubranſloit ſous nous, comme vn tremblement de terre qui nous eſtonna fort. Dauantage, ils auoient braqué cinq pieces d'artillerie, qu'ils auoient aſſiſes ſur vne petite colline, pour nous donner à dos, lors que fuſſions allez pour la deffence de la breſche. Le Duc Horace eut vn coup de canon à vne eſpaule , qui luy emporta le bras d'vn coſté & le corps de Due ra l'autre , ſans que iamais il ſceuſt dire vne ſeule parole. Cette mort-là nous fut vn grand deſaſtre , pour le rang qu'il tenoit en cette place. Monſieur de Semblablement Monſieur de Martigues eut vn coup de boulet qui luy perça les poulmons : ie le penſay, Martigues bleſſé. comme ie diray cy-apres. Alors nous demandaſmes à parlementer, & fut enuoyé vn trompette vers le Prin- ce de Piedmont, pour ſçauoir quelle compoſition il luy plaiſoit nous faire. Sa reſponſe fut , que tous chefs, comme Gentils-hommes, Capitaines, Lieutenans, Enſeignes, ſeroient pris à rançon,& les ſoldats ſortiroient ſans armes : & que s'ils refuſoient ce beau & honneſte party, le lendemain nous deuions eſtre aſſeurez qu'on nous auroit par aſſaut ou autrement. Le conſeil fut tenu, où ie fus appellé, pour ſçauoir fi ie voulois figner comme pluſieurs Capitaines, Gentils-hommes, & autres, que la place fuſt rendue. Ie fis reſponſe, qu'elle n'eſtoit pas tenable, & que ie le ſignerois de mon propre ſang , pour le peu d'eſperance que i'auois que l'on peuſt reſiſter aux forces des ennemis, & auſſi pour le grand defir d'eſtre hors de cét enfer & grand tourment car ie ny dormois ny iour ny nuict, pour la grande quantité des bleſſez , qui pouuoient eſtre en nombre de deux cens. Les morts rendoient vne grande putrefaction, eſtans entaſſez les vns ſur les autres comme fagots, n'eſtans point couuerts de terre,à cauſe que nous n'en auions pas. Et ſi i'entrois en vn logis il y auoit des ſol- dats qui m'attendoient à la porte lors que i'en ſortois pour en Penſer d'autres : c'eſtoit à qui m'auroit , & me Porto 1ent Et Voyages. 79 I À portoient cºmme vn corps fainct, ne touchant du pied en terre malgré les vns des autres, & ne pouuois ſa- tisfaire à ce grand nombre de bleſſez : ioinct que ie n'auois ce qui m'eſtoit neceſſaire pour les medicamenter. Car il ne ſuffit au Chirurgien faire ſon deuoir enuers les malades, mais il faut que le malade faſſe le ſien ; & les aſſiſtans & les choſes exterieures , teſmoin Hippocrate, Aphoriſine premier. Or ayant entendu la re- ſolution de la reddition de noſtre place : ie conneu que noſtre affaire n'alloit pas bien : & de peur d'eſtre conneu, ie donnay vn ſaye de velours, vn pourpoint de ſatin, vn manteau d'vn fin drap, paré de velours, à vn ſoldat qui me donna vn meſchant pourpoint tout deſchiré & dechiqueté d'vſure , & vn collet de cuir bien examiné,&}vn meſchant chappeau,& vn petit manteau:ie barboüillay le collet de ma chemiſe,auec de l'eau, où i'auois deſtrempé vn peu de ſuye Pareillement i'vſay mes chouſſes auec vne pierre à l'endroit des ge- noüils,& au deſſus des tallons,comme ſi elles euſſent long temps eſté portées:i'en fis autant à mes ſouliers,de façon qu'on m'euſt pluſtoſt prins pour vn ramonneur de cheminée que pour vn Chirurgien de Roy Ie m'en allay en cét equippage vers Monfieur de Martigues,où ie le priay, qu'il fit en ſorte que ie demeuraſſe aupres de luy pour le penſer , ce qu'il m'accorda bien volontairement : & auoit auſſi grande enuie que ie demeuraſ- ſe aupres de luy, que moy-meſme. Toſt apres les Commiſſaires qui auoient charge d'eſlire les priſonniers, entrerent dedans le Chaſteau.le dixſeptieſme iour de Iuillet,mil cinq cens cinquante trois : où ils firent pren- dre Meſſieurs le Duc de Boüillon,le Marquis de Villars,de Roye,le Baron de Culan, Monſieur du Pont,Com- miſſaire de l'artillerie , & de Martigues , & moy auec luy (par la priere qu'il leur en fit) & tous les Gentils- hommes qu'ils peurent reconnoiſtre pouuoir payer quelque rançon, & la plus grande part des ſoldats & Chefs des Coinpagnies, ayans des priſonniers tant & tels qu'ils voulurent. Apres les ſoldats Eſpagnols entrerent par la breſche, ſans aucune reſiſtance : les noſtres eſtimoient qu'ils tiendroient leur foy & leur compoſition, qu'ils auroient la vie ſauue : ils entrerent dedans d'vne grande fu- rie pour tout tuer , piller & ſaccager : ils en retindrent quelques vns eſperans en auoir rançon, leur lierent les coüillons auec leurs cordes d'arquebuſes,qui eſtoient jettées par deſſus vne pique, que deux tenoient ſur leurs eſpaules, puis tiroient ladite corde par vne grande violence & derifion, comme s'ils euſſent voulu fai- re ſonner vne cloche, leut diſant qu'il falloit qu'ils ſe miſſent à rançon,& dire de quelles maiſons ils eſtoient, & s'ils voyoient n'en auoir aucun profit,les faiſoient mourir cruellement eptre leurs mains:ou toſt apres leurs parties genitales tomboient en gangrene & en totale mortification. Et les tuerent tous à coups de dagues, & leur coupoient la gorge. voilà leur grande cruauté & perfidie : s'y fie qui voudra. Or pour retourner à mon propos, eſtant mené du Chaſteau en la ville auec Monſieur de Martigues, il y eut vn Gentil-homme de Monfieur de Sauoye, qui me demanda ſi la playe de Monſieur de Martigues ſe pourroit guarir : ie luy dis que non , & qu'elle eſtoit incurable. Promptement s'en alla le dire à Monſieur le Duc de Sauoye. Or ie penſois bien qu'il enuoyeroit des Medecins & Chirurgiens, pour viſiter & penſer mondit ſieur de Marti- gues : cependant ie fis vn diſcours en mon ame , ſi ie deuois faire le niaiz , & ne me donner à connoiſtre eſtre Chirurgien, de peur qu'ils ne me retinſſent, pour penſer leurs bleſſez, & qu'en fin ie fuſſe conneu eſtre Chirurgien du Roy, & qu'ils ne me fiſſent payer vne groſſe rançon. D'autre coſté , ie craignois que ſi ie ne me monſtrois eſtre Chirurgien,& auoir bien pensé le Seigneur de Martigues, qu'ils ne me coupaſſent la gor- ge : tellement que ie prins reſolution, de leur faire paroiſtre qu'il ne mourroit pas , par defaut d'auoir eſté bien pensé & ſecouru Toſt apres voicy arriuer plufieurs Gentils-hommes , accompagnez d'vn Medecin & Chirurgien de l'Empereur, & de ceux dudit Seigneur de Sauoye, auec ſix autres Chirurgiens ſuiuans l'ar- mée, pour voir la bleſſeure dudit Seigneur de Martigues, & ſçauoir de moy comme ie l'auois pensé & me- dicamenté. Le Medecin de l'Empereur me dit, que i'euſſe à declarer l'eſſence de la playe, & comme ie l'auois'traictée. Or toute l'aſſiſtance auoit l'oreille fort attentiue,à ſçauoir ſi la playe eſtoit mortelle ou non. Ie commence à leur diſcourir, que Monſieur de Martigues regardant par deſſus la muraille, pour reconnoi- ſtre ceux qui la ſappoient, receut vn coup d'arquebuſe au trauers du corps, où tout ſubit ie fus appellé pour le penſer : 1e vis qu'ils jettoit le ſang par la bouche, & par ſes playes. Dauantage, il auoit vne grande diffi- culte de reſpirer, & expirer : & iettoit le vent par leſdites playes, auec vn ſifflement, en ſorte qu'il euſt pû eſteindre vne chandelle, & diſoit auoir vne tres grande douleur poignante, à l'entrée de la bale. Teſtime & croy que ce pouuoient eſtre quelques eſquilles qui piquoient les poulmons, lors qu'ils faiſoient leur ſiſto- lé & diaſtolé. Ie luy mis le doigt dedans, où ie trouuay que l'entrée de la bale auoit rompu la quatrieſme coſte en ſon milieu & des eſquilles que ladite bale auoit pouſſées au dedans,& la ſortie auoit ſemblablement rompu la cinquiéme coſte,auec des eſquilles qui auoient eſté chaſſées du dedans au dehors. I'en tiray quel- ques-vnes,& non toutes, à cauſe qu'elles eſteient trop profondes & adherantes. Ie mis à chacune playe vne , tente,ayant lat eſte aſſez groſſe,attachée par vn filet,de peur que par l'inſpiration,ne fuſſent attirées en la ca- pacité du thorax : ce qu'on a conneu par experience, au detriment des pauures bleſſez. Car eſtans tombées dedans,on ne les peut retirer,qui eſt cauſe qu'elles engendrerent vne pourriture, comme choſe eſtrange à na- ture.Leſdites tentes furent ointes d'vn medicament,fait de iaune d'œuf & terebenthine de Veniſe,auec vn peu d'huyle roſat. Mon intention y mettant leſdites tentes, eſtoit d'arreſter le ſang, & pour garder que l'air exte- Aphoriſ 1, d'Hippocr. Perfidisé cruauté des Eſpagnols. rieur n'entraſt dans la poitrine,qui euſt peu refroidir les poulmons, & par confequent le cœur. Leſdites ten-: tes y eſtoient miſes auſſi, afin de donner iſſué au ſang reſpandu dedans le thorax. Ie mis ſur les playes vne grande emplaſtre de diachalciteos,en laquelle i'auois fait fondre de l'huyle roſat & vinaigre,afin d'euite l'in- flammation : puis apres ie mis de grandes compreſſes, trempées dedans de l'oxycrat, & le banday non pas fort, afin qu'il reſpiraſt à ſon aiſe. Cela fait, ie luy tiray cinq palettes de ſang de la veine baſilique du bras droit , afin de faire reuulſion du ſang, qui decouloit de ſes playes dans le thorax , ayant premierement prins - - • - - e" T-. - indication des parties bleſſées, & principalement des vertus, confiderant ſa ieuneſſe, & ſon temperament ſanguin. Toſt apres alla à ſes affaires, & par ſes vrines & ſelles jetta grande quantite de ſang. Et quant à la douleur qu'il diſoit ſentir à l'entree de la bale, comme s'il euſt eſté piqué d'vn poinçon, cela ſe faiſoit, à cauſe que les poulmons, par les mouuemens, battoient contre les eſquilles de la coſte rompue. Or les poulmons ſont couuerts d'vne tunique venant de la membrane pleuretique, eſtant tiſſuë des nerfs de la ſixieſme coniugaiſon du cerueau, qui eſtoit cauſe de la douleur qu'il ſentoit. Pareillement auoit vne grande difficulté de reſpirer & expirer, qui prouenoit du ſang eſpandu en la capacité du thorax , & ſur le diaphragme, principal inſtrument de la reſpiration , & de la dilaceration des muſcles , qui ſont entre chacu- ne coſte, qui aydent auſſi à faire la reſpiration & expiration , & pareillement à cauſe que les poulmons eſtoient vulnerez & rompus, & dilacerez par la bale, qui a fait, qu'il a touſiours craché vn ſang noir & Pourry en touſſant. - La fiévre le print toſt apres qu'il fut bleſsé,auec deffaillance de cœur. Ladite fiévte me ſembloit proue- des vapeurs putredineuſes eſleuées du ſang. qui eſt hors de ſes vaiſſeaux, qui a decoulé & decoulera encore. La playe du poulmon eſt agrandie, & agrandira, parce qu'il eſt en perpetuel mouuement, ſoit en dormant, ou en veillant,& ſe dilate,& comprime, pour attirer l'air au cœur,& ietter les vapeurs fuligineuſes dehors. - Par La playe du poulmon pourquoy . s'aggrandit. . 792 Apologie, Prognoſtis de mort. Gräde teme° rité d'vn im - poſteur Eſ- nol. #. fai- te à l'Au- theur. Hiſtoire d'vn impo- ſteur Eſpa- gnol. Gal.de de- cretu, & , Hipp.de lo- Cſ4 affectis. Belle anno- tation au Chirurgien. Par la chaleur eſtrange eſt faicte inflammation : puis la vertu expulſiue s'efforçant à jetter par la toux ce qui A luy nuit : Car le poulmon ne ſe peut purger qu'en touſſant, & en touſſant la playe ſe dilate touſiours , & agrandit dauantage, dont le ſang en ſort en grande abondance, lequel ſang eſt attiré du cœur par la veine artereuſe, pour leur donner nourriture, & du cœur de la veine caue. Son manger ettoit de l'orge- mondé, des pruneaux auec du ſucre , autresfois de la panade : ſon boire eſtoit de la ptiſane. Il ne ſe peut tenir couché que ſur le dos : qui demonſtre auoir grande quantité de 1ang eſpandu en la capacitè du thorax, & s'eſpanchant au long de l'eſpine, ne comprime tant les poulmons, comme il faict eſtant couché ſur les coſtes, ou aſſis. Que diray-ie plus ? c'eſt que mondit Seigneur de Martigues, depuis qu'il fut bleſſé , iamais n'a ſceu re- poſer vne ſeule heure, & a touſiours jetté ſes ſelles & vrines ſanguinolentes. Ces choſes confiderées , Meſ- ſieurs , on ne peut faire autre prognoſtic, ſinon qu'il mourra en briefs iours , qui auec mon grand regret. · Ayant acheué mon diſcours, ie le penſay comme i'auois accouſtume. Ayant deſcouuert ſes playes, les Me- decins & Chirurgiens, & autres aſſiſtans preſens , conneurent la verité de ce que ie leur auois dit. Leſdits Medecins ayans touche le pouls , & conneuſes forces quaſi proſternées & abbatues, conclurent auec moy, qu'en peu de iours il mourroit. Et de ce pas s'en allerent tous vers mondit Seigneur de Sauoye, où ils dirent que ledit Seigneur de Martigues mourroit en brief temps. Il leur fit reſponſe que poſſible s'il euſt eſté bien pensé, il en euſt peu reſçhapper. Alors tous d'vne voix dirent : qu'il auoit eſté tres-bien pen- sé, & ſolicité de tout ce qu'il appartenoit, pour la guariſon de ſes playes , & ne pouuoit eſtre mieux : & qu'il eſtoit impoſſible de le pouuoir guarir, & que ſa playe eſtoit mortelle de neceſſité. - Alors Monſieur de Sauoye monſtra eſtre fort deſplaiſant, & pleura,& leur demanda derechef,ſi pour cer- tain ils le tenoient tout pour deploré. Ils reſpondirent que ouy. Là ſe preſenta vn impoſteur Eſpagnol, qui promit ſur ſa vie qu'il les gueriroit, & s'il failloit à le guarir , qu'on le miſt en cent pieces, mais qu'1l ne vou- loit auoir nuls Medecins, ny Chirurgiens, ny Apothicaires auec luy : & ſur l'heure ledit Seigneur de Sauoye * dit aux Medecins & Chirurgiens,qu'ils n'allaſſent aucunement voir ledit Seigneur de Martigues.Auſſi m'en- uoya vn Gentil-homme defendre ſur peine de la vie, de ne toucher aucunement à Monſieur de Martigues:ce que ie luy promis faire. ' De quoy.ie fort ioyeux , voyant qu'il ne mourroit pas entre mes mains : & com- manda à cét impoſteur , de penſer ledit Seigneur de Martigues, & qu'il n'y auroit autres Medecins ny Chi- rurgiens que luy. Il arriua bien-toſt apres vers ledit Seigneur de Martigues, & luy dit : Sefior caualero, el ſeñor ZDuque de saboya me ba mandado, que venieſſe à curar voſtra beriua , yr os iuro à Dior que antes de'ocho dias yo'os baga ſubir à cauallo con la lanſa, en puiio con'tal que noayo que yo qu'os toque. Comereis y · beberis todas comidas que fuerent de vofiro guéto, y yo hare la dieta por y.m. y defio os de yeis aſſeguirar ſobre de mi. yo beſanado muchos que tunian mayores que la voſtra. C'eſt à dire, Seigneur Cheualier, Monſieur le Duc de Sauoye m'a commandé de te venir penſer de ta bleſ- ſure. Ie te iure Dieu » que deuant huict iours ie te feray monter à cheual , la lance au poing , pourueu qu'il n'y ait que moy qui te touche. Tu mangeras & boiras toutes viandes qui ſeront à ton gouſt : ie feray diete pour toy , & de ce tu te dois aſſeurer ſur ma promeſſe. I'en ay guary pluſieurs, qui auoient de plus grandes playes que la tienne. Et les Seigneurs luy reſpondirent. Dieu vous en donne la grace. Il demanda vne chemiſe dudit Seigneur de Martigues, & la mit en petits lambeaux , qu'il poſa en croix, marmottant & barbotant certaines paroles ſur les playes : & l'ayant habillé,luy permit manger & boire tout ce qu'il voudroit , luy diſant qu'il feroit diette pour luy : ce qu'il faiſoit ne mangeant que ſix pruneaux, & ſix morceaux de pain pour repas, ne beuuant que de la biere. Neantmoins deux iours apres ledit Seigneur de Martigues mourut : & mon Eſpanol le voyant en agonie s'eclipſa , & gaigna le haut, ſans dire à Dieu à perſonne : & croy que s'il euſt eſté attrappe, il euſt eſté pendu & eſtranglé , pour la faqſſe promeſſe qu'il auoit faicte à Monſieur le Duc de Sauoye, & à pluſieurs autres Gentils-hommes. Il mourut ſur les dix heures du matin & ſur l'apres-diſnée, ledit Seigneur de Sauoye renuoya des Me- decins & Chirurgiens, & ſon Apothicaire, auec quantité de drogues pour l'embaumer. Ils vindrent ac- compagnez de pluſieurs Gentil-hommes & Capitaines de l'armée. - Le Chirurgien de l'Empereur s'approcha de moy, & me pria bien affectueuſement d'en faire l'ouuerture: ce que ie refuſay , luy remoſtrant que ie ne meritois pas de porter ſon eſtuy apresluy : il me pria derechef que ie le fiſſe pour l'amour de luy , & qu il l'auroit fort agreable. Ie voulu encore dauantage m'excuſer, que puis qu'il n'auoit cette volonté de l'embaumer, qu'il donnaſt cette charge à vn autre Chirurgien de la compagnie. Il me fit encore reſponſe qu'il vouloit que ce fuſt moy, & où ie ne le voudrois faire, que ie m'en pourrois bien repentir. Connoiſſant cette ſienne affection, de crainte qu'il ne me fit quelque deſplaiſir, prins le raſoir , & le preſentay à tous en particulier, leur remonſtrant que ie n'eſtois bien ſtile a faire telle opera- tion : ce qu'ils refuſerent tous. - - Le corps posé ſur vne table, veritablement ie me propoſay de leur monſtrer que i'eſtois Anatomiſte, leur -, declarant beaucoup de choſes, qui ſeroient icy trop longues à reciter. Ie commençay à dire à toute la com- . pagnie, que i'auois tenu pour aſſeuré que la bale auoit rompu deux coſtes, & auoit paſsé au trauers des poulmons,& qu'on trouueroit la playe fort agrandie, parce qu'ils ſont en perpetuel mouuement, ſoit en dor- mant , ou en veillant, & par ce mouuement, la playe ſe dilacere dauantage : Auſſi qu'il y auoit grande quan- tité de ſang reſpandu en la poitrine, & ſur le diaphragme : & des eſquilles des coſtes fracturées, que l'en- D trée de la bale auoit pouſsées en dedans , & la ſortie les auoit pouſſées en dehors. Or veritablement tout ce que ie leur auois dit, fut trouué en ce corps mort. • L'vn des Medecins me demanda par où pouuoit paſſer le ſang , pour eſtre jetté par les vrines, eſtant con- tenu au thorax. Ie luy fis reſponſe , qu'il auoit vn conduit manifeſte : c'eſt que la veine Azygos ayant nour- ry toutes les coſtes, ſon reſte deſcend ſous le diaphragme, & du coſté gauche, ſe conjoint auec la veine emulgente, qui eſt la voye, par laquelle la matiere de la pleureſie, & la boué des empyemes, ſe vuident manifeſtement par les vrines & par le ſiege : comme on void pareillement, le laict pur des mammelles des femmes nouuellement accouchées, deſcendre par les veines mammillaires, & eſtre vacué en bas par le col de la matrice , ſans ſe meſler auec le ſang : & telle choſe ſe faict (comme par vn miracle de Nature ) par ſa vertu expulſiue, & ſequeſtrice. Ce qui ſe void par experience, de deux vaiſſeaux de verre appellez Monte- vins, que l'vn ſoit remply d'eau, & l'autre de vin clairet, & ſoient poſez l'vn ſur l'autre, à ſçauoir celuy qui ſera remply d'eau, ſur l'autre remply de vin , on void à l'œil le vin monter au haut du vaiſſeau au tra- uers de l'eau, & l'eau deſcendre au trauers du vin, & aller au fonds du vaiſſeau, ſans meſlange des deux. Et ſi telle choſe ſe faict ainſi exterieurement & apertement , au ſens de noſtre veue, par choſes inanimées , il faut croire de meſme en noſtre entendement , que Nature peut faire paſſer la bouë , & le ſang , ayant eſte hors de ſes vaiſſeaux , voire au trauers des os, ſans qu'ils ſoient meſlez auec le bon ſang. - Noſtre diſcours finy, i'embaume le corps, & fut posé en vn cercueil. Apres cela le Chirurgien de l'Empe- ICllI Et Voyages. 793 , : A reur me tira à part,& me dit que fiie voulois demeurer auec luy,qu'il me traicteroit bien, & qu'il m'habil- leroit tout à neuf : auſſi qu'il me feroit aller à cheual. Ie le remercieray bien fort, de l'honneur qu'il me fai- Braue reſs ſoit, & luy dis que ie n'auois aucune enuie de faire ſeruice aux eſträgers & ennemis de ma patrie, alors il ponſe. me dit que i'eſtois vn fol,& que s'il eſtoit priſonnier comme moy, qu'il ſeruiroit vn diable,pour eſtre mis en liberté.En-fin ie luy dis tout à plat , que ie ne voulois point demeurer auec luy. Le Medecin de l'Empereur s'en retourna vers ledit ſeigneur de Sauoye, où il declara la mort dudit ſei- gneur de Martigues » & luy dit qu'il eſtoit impoſſible à tous les hommes qui ſont au monde de le pouuoir guarir : & luy confi rma encore, que i'auois fait tout ce qui eſtoit neceſſaire de faire, & le pria de me reti- rer à ſon ſeruice, & luy dit plus de bien de moy, qu'il n'y en auoit. Ayant eſté perſuadé me prendre à ſon ſeruice, il donna la charge à vn de ſes Maiſtres d'Hoſtel, nommé Monſieur du Bouchet, me dire que ſi ie voulois demeurer à ſon ſeruice, qu'il me traicteroit bien : ie luy fis reſponſe, que ie le remerciois bien humblement, & que i'auois deliberé de ne demeurer auec nul eſtranger. Cette mienne reſponſe entenduë par le Duc de Sauoye,il ſe cholera aucunement,& dit qu'il me falloit euuo- yer aux Galeres. - Monſieur de Vaudeuille , Gouuerneur de Graueline, & Colonnel de dix ſept Enſeignes de gens de pied, le pria de me donner à luy , pour le penſer d'vn vieil vlcere qu'il auoit à vne jambe, il y auoit ſi ou ſept ans. Monſieur de Sauoye luy dit, pour ce que ie valois, qu'il en eſtoit content : & que ſi ie luy mettois le feu à la jambe,que ce ſeroit bien fait. Il luy reſpondit que s'il en apperceuoit quelque choſe, qu'il me feroit couper la gorge. B # toſt apres ledit ſeigneur de Vaudeuille m'enuoya querir par quatre hallebardiers Allemans de ſa garde,leſquels m'eſtonnerent bien fort, ne ſçachant où ils me menoient : ils ne parloient non plus François que moy Allemand. Eſtant arriué à ſon logis, il me dit que i'eſtois le bien venu, & que i'eſtois à luy, & que ſi toſt que ie l'aurois guari de cét vlcere, qu'il auoit à vne jambe qu'il me donneroit mon congé ſans prendre aucune rançon de moy. Ie luy dis que ie n'auois nul moyen de payer aucune rançon. Lors il fit appeller ſon Medecin & Chirurgien ordinaire pour me monſtrer ſa jambe vlcerée. L'ayant veue & conſiderée, nous retiraſmes à part en vne chambre, où ie commença à leur dire, que ledit vlcere eſtoit annuel,n'eſtant ſimple,mais compliqué , à ſçauoir de figure ronde & oſtraqueuſe, ayant les bords durs & calleux,caue & ſordide,accompagné d vne groſſe veine variqueuſe, qui perpetuellement l'abreuuoit. D'a- bondant,d'vne groſſe tumeur & intemperature phlegmoneuſe,& douloureuſe en toute la jambe,en vn corps de temperature fort cholerique : comme le poil de ſa barbe, & ſon viſage le demonſtroit. La methode de le guarir (ſi guarir ſe pouuoir) eſt qu'il falloitcommencer aux choſes vniuerſelles,à ſçauoir à la purgation. & à la ſaignée, & à ſa maniere de viure : qu'il n'vſaſt nullement de vin, ny de viandes ſalées, & de haut gouſt, & generalement de celles qui eſchauffent le ſang.Apres, qu'il falloit commencer la cure , en faiſant pluſieurs ſcarifications autour de l'vlcere : & couper totalement les bords calleux, & donner vne figure lon- gue ou triangle. Car la ronde ne ſe peut que difficillement guarir, comme les Anciens ont laiſsé par eſcrit. ce qu'on void par experience. Cela fait il falloit mondifier la ſordicie, & chair pourrie de l'vlcere,qui ſe fe- roit auec de l'onguent egyptiac, & par deſſus vne compreſſe trempée en jus de plantain & de morelle &oxy- crat, & falloit bander ſa jambe, commençant au pied , & finiſſant au genoüil , & n'oublier à mettre vne petite compreſſe ſur la veine variqueuſe, afin qu'il ne fiuat rien de § auſdits vlceres. Dauantage qu'il ſe tint à repos ſur le lict, ce qui eſt commandé par Hippocrate,qui dit que ceux qui ont mal aux jambes ne ſe doiuent tenir debout, ny aſſis, mais couché. Et apres ces choſes faites, & l'vlcere bien mondifié, on luy appliqueroit deſſus vne lamine de plomb,frottée & blanchie de vif argent. voila les moyens, par leſquels ledit ſeigneur de Vaudeuille pourra guarir de ſon vlcere. Tout cela trouuerent ils bon. Lors le Medecin me laiſsât auec le Chirurgien,s'en alla vers le ſeigneur de Vaudeuille,luy dire, qu'il s'aſſeuraſt que ie le pour- rois guarir,& luy dit tout ce qu'auois deliberé de faire pour la guariſon de ſon vlcere, dont il fut fort io- yeux. Il me fit appeller,& me demanda ſi i'auois opinion que ſon vlcere ſe peuft guarir : ie luy dis qu'oüy, pourueu qu'il fuſt obeyſſant à faire ce qu'il falloit : il me fit promeſſe , qu'il feroit entierement tout ce que ie voudrois luy faire ordonner, & que fi toſt que ſon vlcere ſeroit guari, qu'il me donneroit liberté de m'en retourner,ſans payer aucune rançon, Alors ie le fuppliay venir à vne meilleure compoſition auec moy, & luy remonſtrant que le temps me ſeroit trop long pour seſtre en liberte iuſques à ce qu'il fut entierement guary, & que dedans quinze iours i'eſperois faire que ſon vlcere ſeroit diminué de plus de la moitié, & ſe- roit ſans douleur, & que ſon Chirurgien & Medecin paracheueroient facilement de guarir ce qui en re- fteroit : il s'accorda, & dés lors ie pris vn peu de papier pour prendre la grandeur de ſon vlcere, que ie luy baillay,& en retins autant par deuers moy. Ie le priay qu'il me tint promeſſe lors qu'il connoiſtroit beſon- gne faite. Il me jura foy de Gentil-homme,qu'il le feroit : adonc ie me deliberay de le bien penſer , ſelon la methode de Gal. qui fut qu'apres auoir oſté les choſes eſtranges de l'vlcere, & qu'il ne reſteroit que reple- tion de chair,ie ne le penſerois plus qu'vne fois le iour : & trouuoit cela bien eſtrange : & pareillement ſon D Medecin, qui eſtoit bien doux de ſel, lequel me vouloit perſuader auec le malade,de le penſer deux ou trois fois le iour.Ie les priay qu'ils me laiſſaſsét faire,& que ce que i'en faiſois n'eſtoit pour allonger la cure,au con- traire, pour l'aduancer,pour le deſir que i'auois d'eſtre en liberté : & qu'il regardaſt en Gal.au 4. liure de la compoſition des medicamens ſelon ſes genres, qui dit , que ſi vn medicament ne ſeiourne long-temps ſur la partie,il ne profite ſi bien côme lors qu'il y eſt laiſsé long-temps:choſe qu'aucûs Medecins ont ignoré,& ont pensé qu'il eſt mieux de remuer les emplaſtres. Et cette mauuaiſe couſtume eſt tant inueterée & enracinée, que les malades meſmes accuſent ſouuent les Chirurgiens de negligence,qu'ils ne changent plus ſouuent les emplaſtres : mais ils ſont deceus.Car comme auez entendu & leu en pluſieurs lieux de mes œuures, les qua- litez de tous corps qui s'entre-touchent,agiſſent l'vne contre l'autre : & tous deux patiſſent quelque choſe, fuſt l'vne d'icelles beaucoup plus forte que l'autre:au moyen dequoy lefdites qualitez s'vniſsét,& familiariſent auec le temps,combien qu'elles ſoient de beaucoup differentes : de maniere que la qualité du medicament s'vnit,& quelquesfois deuient ſemblable à celle du corps,qui eſt choſe fort vtile. Parquoy doit-on beaucoup loiier celuy qui premiera inuenté de n'vfer ſi ſouuent de nouuelles emplaſtres, d'autant qu'on a conneu par experience cette inuention eſtre bonne. Opinion de l'Autheur de t'vlcere du ſe gneur de Vandeuille, Gal au.4- liu. de la compoſdes medic. Dauantage , dit qu'on fait encore grande faute, d'habiller ſouuent les vlceres , les eſſuyant bien Pourquºy il fort : car on oſte non ſeulement l'excrement inutile, qui eſt la boue ou fanie des vlceres, mais auſſi la ma- ne faut ſou- tiere dont eſt faite la chair. Parquoy pour les raiſons ſuſdites, il n'eſt beſoin de ſi ſouuent penſer les vls uent remuer Cer eS. des cmpla- Ledit Seigneur de vaudeuille voulut entendre, ſi ce que i'alleguois de Galien eſtoit vray, & comman ſtres. da audit Medecin d'y regarder, & qu'il le vouloit ſçauoir : il fe fit apporter le Liure ſur la table, où mon dire fut trouué veritable,& lors ledit Medecin demeura fort honteux , & moy bien ioyeux. ral : § X X x edi 794 Apologie, Monſieur de Baugé pri- ſonnier,ven- du trente eſcus. Le Conneſta- ble bleſſé au dot. ledit seigneur de vaudeuille ne deſira plus d'eſtre pensé qu'vne fois le iour : de façon que dedans les quinze A iours ſon vlcere eſtoit preſque tout cicatrizé.La compoſition entre nous faite, ie commençay à me refiouyr. Il me faiſoit manger & boire à ſa table , lors qu'il n'y auoit point de plus gens de bien que luy & moy. Il me fit donner vne grande eſcharpe rouge : qu'il me commanda de porter. Ie puis dire que i'en eſtois autant ioyeux,comme vn chien à qui on baille vn tribar, de peur qu'il n'aille aux vignes manger les raiſins. Le Medecin & Chirurgien me menoient parmy le camp, pour viſiter leurs bleſſez où ie prenois garde que faiſoient nos ennemis : ie recogneu qu'ils n'auoient plus de groſſes pieces de batterie, mais ſeulement vingt- cinq ou trente de campagne. Monſieur de vaudeuille tenoit Monſieur de Baugé priſonnier, frere de Monſieur de Martigues qui mou- rut à Hedin. Ledit ſeigneur de Baugé eſtoit priſonnier au Chaſteau de la Morte au bois, appartenant à l'Em- pereur, lequel auoit eſté pris à Therouenne, par deux ſoldats Eſpagnols. Or ledit ſeigneur de vaudeuille l'ayant enuiſagé,concluoit deuoir eſtre quelque Gentil-homme de bonne maiſon : & pour s'en aſſeurer da- uantage il le fit deſchauſſer , & voyant ſes chauſſes & pieds nets, auec la petite chauſſette bien blanche & deliée, cela le confirma dauantage en ſon opinion, que c'eſtoit vn homme qui pourroit payer quelque bonne rançon. Il demanda auſdits ſoldats,que s'ils vouloient trente eſcus de leur priſonnier, qu'il les baille- roit preſentement : ce qu'ils accorderent volontiers,parce qu'ils n'auoient pas moyen de le garder, & moins de le nourrir : joint qu'ils ne ſçauoient ſa valeur : partant liurerent leur priſonnier entre les mains dudit ſieur de Vaudeuille : lequel ſubit par quatre ſoldats de ſa garde l'enuoya audit Chaſteau de la Motte au bois , auec autres priſonniers, Gentils-hommes des noſtres. Le ſeigneur de Baugé ne ſe vouloit deſcouurir qu'il eſtoit,& endura beaucoup,eſtant au pain & à l'eau,& couchant ſur vn peu de paille. Ledit ſeigneur de Vaudeuille,apres la priſe de Hedin,enuoya vers ledit ſeigneur de Baugé,& autres priſonniers, comme la pla- ce de Hedin auoit efté priſe,& la liſte de ceux qui auoient eſté tuez,& entre les autres Monſieur de Marti- gues : & lors que ledit Seigneur de Baugé entendit ſonner à ſes oreilles,que ſon frere Monſieur de Martigues eſtoit mort, il commença à s'eſcrier,pleurer & lamenter. Ses Gardes luy demandoient pourquoy il faiſoit tant & de ſi piteuſes lamentations , il leur declara que c'eſtoit pour l'amour de Monſieur de Martigues ſon frere. Ayant entendu cela, le Capitaine du Chaſteau , depeſcha ſoudain vn homme, pour annoncer à Mon- ſieur de vaudeuille, qu'il auoit vn bon priſonnier : lequel ayant receu cette bonne nouuelle, s'en reſiouit grandement,& le lendemain m'enuoya auec quatre ſoldats & ſon Medecin, au Chaſteau de la Motte au bois, pour ſçauoir ſi ſon priſonnier luy vouloit donner quinze mil eſcus de rançon, & qu'il le renuoyeroit li- bre en ſa maiſon & que pour le preſent il ne demandoit qu'vne reſponce de deux Marchands d'Anuers qu'il nommeroit, Ledit de vaudeuille me perſuadoit, que ie fiſſe accorder cela à ſon priſonnier. Voila pour- quoy il m'enuoya au Chaſteau de la Motte au bois, & commanda au Capitaine du Chaſteau de le bien trai- čter, & mettre en vne chambre tapiſsé : auſſi qu'on renforçaſt ſa garde, & des lors on luy fit bonne chere à ſes deſpens. - La reſponce dudit ſeigneur de Baugé , fut, que de ſe mettre à rançon il ne pouuoit, & que cela de- pendoit de Monſieur d'Eſtampes ſon oncle, & de Madamoiſelle de Breſſure ſa tante, & qu'il n'auoit nul moyen de payer telle rançon. Ie retournay auec mes # vers ledit ſeigneur de Vaudeuille, & luy fis la reſponce de ſondit perſonnier : lequel me dit,que poſſible ne ſortiroit-il à fibon marché ce qui fut vray: car il fut découuert. Et auſſi-toſt la Royne de Hongrie, & Monſieur le Duc de Sauoye, manderent audit ſeigneur de vaudeuille que ce morceau eſtoit vn peu trop gros pour luy,& qu'il euſt à leur enuoyer,(ce qu'il fit) & qu'il auoit aſſez d'autres priſonniers ſans ceſtuy-là. Il fut mis à quarante mileſcus de rançon ſans les autres deſpens. M'en retournant vers le ſieur de Vaudeuille, ie paſſay par ſainct Omer, où ie veis leurs groſſes pieces de batterie,dont la pluſpart eſtoient eſuentées & rompuës. Ie repaſſay pareillement par Theroüenne, où ie ne veis plus pierre ſur pierre,fors vn veſtige de la grande Egliſe. Car l'Empereur fit faire commandement aux villageois,à cinq ou ſix lieuës d'alentour, qu'ils euſſent à vuider & tranſporter les pierres, en ſorte qu'à pre- ſent on y charie par deſſus la ville,comme l'on fait auſſi à Hedin,ſans nulle apparence de Chaſteau & forte- reſſe. voila le malheur qu'apportent les guerres. Et pour retourner à mon propos,toſt apres mondit ſeigneur de Vaudeuille ſe porta bien de ſon vlcere, & peu s'en falloit qu'il ne fuſt entierement guary, qui fut cauſe qu'il me donna congé, & me fit conduire auec paſſe port,par vn trompette,iuſques à Abbeuille : là où ie pris la poſte, & m'en allay trouuer le Roy Henry mon maiſtre à Auſimon , qui me receut auec allegreſſe & de bonne grace. - Il enuoya querir Meſſieurs de Guiſe,le Conneſtable,& d'Eſtrez,pour entendre de moy ce qui s'eſtoit paſsé à noſtre priſe de Hedin,& leur en fis fidele rapport : & les aſſeuray que i'auois veu les groſſes pieces de bat- terie qu'ils auoient menées à S. Omer. Dont le Roy fut ioyeux , parce qu'il craignoit que l'ennemy ne vinſt plus auant en France. Il me fit donner deux cens eſcus pour me retirer en ma maiſon : & moy fort ioyeux d'eſtre en liberté,& hors de ce grand tourment & bruit de tonnerre de la diabolique artillerie, & loing des ſoldats,blaſphemateurs & renieurs de Dieu. le ne veux icy laiſſer à dire qu'apres la priſe de Hedin, le Roy fut aduerty que ie n'auois eſté tué, & que i'eſtois priſonnier , ſi que ſa Majeſté fit eſcrire à ma femme, par Monſieur de Goguier ſon premier Medecin, qu'elle ne fuſt point en peine de moy que i'eſtois ſain & ſauf D Dieu mercy, & qu'il payeroit ma rançon. Bataille de S. Quentin. 1 557. Pres la Bataille de Sainct Quentin , le Roy m'enuoya à la Fere en Tartenois vers Monſieur le Ma- reſchal de Bourdillon , pour me faire donner paſſe-port par le Duc de Sauoye, pour aller penſer Monſieur le Conneſtable , qui auoit eſté grandement bleſsé d'vn coup de piſtolet au dos , dont il cuida mourir, & eſtoit demeuré priſonnier entre les mains des ennemis. Mais iamais le Duc de Sa- uoye ne voulut conſentir que i'allaſſe vers ledit fieur le Conneſtable , diſant qu'il ne demeureroit ſans Chirurgien, & qu'il ſe doutoit bien que l'on ne m'y enuoyoit pas ſeulement pour le penſer , mais auſſi pour luy bailler quelque aduertiſſement, & qu'il ſçauoit que ie ſçauois bien faire autre choſe que la Chirurgie, & qu'il me connoiſſoit pour auoir eſté ſon priſonnier à Hedin. Monſieur le Mareſchal de Bourdillon aduertit le Roy du refus qu'auoit fait le Duc de Sauoye. Au moyen dequoy ſa Majeſté eſcriuit audit Seigneur de Bourdillon, que ſi Madame la Conneſtable enuoyoit quelqu'vn de ſa maiſon qui fut habille homme, que ie luy baillaſſe vne lettre, & que verbalement i'euſſe auſſi à luy dire de bou- che ce que le Roy & Monſieur le Cardinal de Lorraine m'auoient donné charge. Deux iours apres il arriua vn valet de chambre dudit ſieur le Conneſtable, qui luy portoit des chemiſes & autres linges, auquel - mondit Et Voyages. 795 s , º, : ; : 14 •!, 7 • eſtoient grandement puantes & pleines de vers, auec gangrene & pourriture, tellement qu'il me fallut joüer des couſteaux , pour amputer ce qui eſtoit gaſté , & ne fut ſans couper bras & jambes, & auſſi en trepaner A mondit ſeigneur le Marefchal fit donner paſſe-port pour aller vers ledit ſeigneur Conneſtable. Ie fus fort joyeux, & luy baillay ma lettre, & luy fis ſa leçon de ce que deuoit faire ſon Maiſtre eſtant priſonnier. Ie penſois eſtant deſchargé de ma legation, m'en retourner vers le Roy. Mais ledit ſeigneur de Bourdillon me pria de demeurer à la Fere auec luy, pour penſer vn bien grand nombre de bleſſez qni s'y eſtoient retirez apres la bataille, & qu'il reſcriroit au Roy la cauſe de ma demeure : ce que ie fis. Les playes des bleſſez pluſieurs. Or on ne trouuoit aucuns medicamens, à la Pere , parce que les Chirurgiens de noftre camp auoient tout emporté. Ie deſcouuray que le chariot de l'Artillerie eſtoit demeuré à la Fere, & n'y auoit-on encore touché.Ie dis audit ſeigneur le Mareſchal, qu'il me fiſt deliurer vne partie des drogues qui eſtoient dedans : ce qu'il fit, & m'en fut donnée la moitié ſeulement pour vne fois , & cinq ou ſix iours apres il me fallut prendre tout le reſte,encore n'y en auoit-il pas à moitié pour penſer le grand nombre des bleſſez : & pour corriger & arreſter la pourriture, & tuer les vers qui eſtoient en leurs playes, ie les lauois d'Egyptiac diſſoult en vin & eau de vie, & leur faiſois tout ce que ie pouuois, mais nonobſtant toutes mes diligences, il en mourut beaucoup. Il ſe trouua à la Fere des Gentils-hommes † auoient charge de trouuer le corps mort de Monſieur de Bois-Dauphin l'aiſné, qui auoit eſté tué en la bataille : ils prierent les vouloir accompagner au camp pour le choiſir, s'il eſtoit poſſible,entre les morts : ce qui eſtoit impoſſible, attendu que les corps eſtoient tous enfondrez par pourriture, & deuiſagez. Nous viſmes plus de demie lieuë autour de nous, la terre toute couuerte de corps morts, & n'y de- meuraſmes gueres , pour la grande puanteur cadauereuſe, qui s'eſleuoit des corps, tant des hommes que des cheuaux : & croy que nous fuſmes cauſe de faire eſleuer de ces corps vne ſi grande quantité de groſſes mouſches, qui s'eſtoient procrées de l'humidité des corps morts & de la chaleur du Soleil, ayant le cul verd & bleu, qu'eſtans en l'air elles faiſoient ombre au Soleil. On les oyoit bourdonner à grand merueil- le, & croy que c'eſtoit aſſez pour cauſer la peſte au lieu où elles s'aſſirent. (Mon petit Maiſtre, ie voudrois qu'euſſiez eſté là côme moy,pour diſcerner des odeurs,& pour auſſi en faire rapport à ceux qui n'y ont eſté.J Or m'ennuyant fort en ce pays là, ie priay Monfieur le Mareſchal de me donner congé de m'en aller , & auois peur de demeurer malade pour le trop grand trauail & puanteur des bleſſez, qui mouroient quaſi tous, quelque diligence qu'on y peût faire.Il fit venir des Chirurgiens pour paracheuer a traicter les bleſſez , & m'en allay auec ſa bonne grace.Il eſcriuit vne lettre au Roy,de la diligence que i'auois faite enuers les pau- ures bleſſez.Puis ie m'en reuins à Paris , où ie trouuay encore beaucoup de Gentils-hommes qui auoient efté bleſſez, & s'y eſtoient retirez apres la bataille, Voyage du camp d' Amiens. I 5 58. E Roy m'enuoya à Dourlan, & me fit conduire par le Capitaine iGouaſt , auec cinquante hommes d'ar- Ruſe de mes, de peur que ie fuſſe pris des ennemis : & voyant que par chemin eſtions touſiours en allarmes, ie l'Antheºr fis deſcendre mon homme , & le fis eſtre maiſtre pource coup là Car ie montay ſur ſon cheual qui por- toit ma malle, & alloit bien du pied s'il euſt fallu gaigner le haut, & pris ſon manteau & chapeau , & luy baillay ma monteure, qui eſtoit vne belle & petite haquenée. Mon homme eſtant deſſus, on l'euſt pris pour mon maiſtre, & moy pour monſieur ſon valet. Ceux de Dourlan nous voyans de loin, penſoient que fuſſions ennemis, & nous tirerent des coups de canon. Le Capitaine Gouaſt, mon conducteur, leur fit ſignes auec ſon chappeau,qui n'eſtoient ennemis : tellement qu'ils ceſſerent de tirer , & entraſmes à Dourlan auec vne grand'joye. Ceux de Dourlan auoient fait vne ſortie ſur l'ennemy cinq ou ſix iours auparauant, leſquel tuerent & bleſſerent pluſieurs de nos Capitaines & bons ſoldats , & entre les autres le Capitaine S. Aubin, vaillant comme l'eſpée,que Monſieur de Guife aimoit fort , & pour lequel principalement le Roy m'enuo- yoit-là,lequel eſtant en accez de fiévre quarte , voulut ſortir pour commander à la plus grande partie de ſa compagnie. Vn Eſpagnol voyant qu'il commandoit, apperceut eſtre vn Capitaine, & luy tira vn coup d'ar- quebuſe tout au trauers du col. Mon Capitaine S.Aubin penſoit de ce coup eſtre mort, & de la peur, ie pro- teſte à Dieu qu'il perdit ſa fiévre quarte,& en fut du tout deliuré. Ie le penſay auec Antoine Portail Chirur- gien ordinaire du Roy,& pluſieurs autres ſoldats, les vns mouroient, les autres réchappoient , quittes pour vn bras,ou vne jambe,ou perte d'vn œil,& ceux-là diſoit-on eſtre quittes à bon marche : eſchappe qui peut. Lors que les ennemis euremt rompu leur camp,ie m'en retourna qui eſtoit plus aiſe en ſa maiſon, que moy à la guerre. Voyage du Havre de Grace. I563. y à Paris.Icy ie me tais de mon petit Maiſtre, E† ie ne veux laiſſer à parler du camp du Havre de Grace. Lors qu'on faiſoit les approches pour aſſeoir l'artillerie, les Anglois qui eſtoient dedans,tuerent quelques-vns de nos ſoldats, & pluſieurs pion- niers qui gabionnoient, leſquels (lors qu'on les voyoit eſtre tant bleſſez qu'il n'y auoit nulle eſperance de gariſon)leurs compagnons les deſpoüilloient, & les mettoient encores viuans dedans les gabions , & leur ſeruoient d'autant de remplage. Les Anglois voyans qu'ils ne pourroient ſouſtenir vn aſſaut, par ce qu'ils eſtoient fort atteins de maladies, & principalement de la peſte, ſe rendirent bagues ſauues. Le Roy leur fit bailler des vaiſſeaux pour s'en retourner en Angleterre, bien joyeux d'eſtre hors de ce lieu infecté de peſte.Il en mourut la plus grand'part & porterent la peſte en Angleterre,& depuis n'en ont eſté exempts. Le Capi- taine Sarlabons, maiſtre de camp, y fut laiſsé en garniſon , auec fix Enſeignes de gens de pied, leſquels n'a- uoient nulle peur de la peſte : & furent bien jo ſtre, ſi vous y euſſiez eſté, vous euſſiez fait comme eux. Voyage de Roüen 1562. yeux d'y entrer, eſperans y faire bonne chere.Mon petit Mai- - . R quand à la priſe deRoüen,ils firent mourir beaucoup des noſtres deuant l'aſſaut, & à l'aſſaut le len- demain meſme qu'entraſmes en la ville,i'en trepanay huict ou neufqui auoient eſté bleſſez à la breſche, de coups de pierre. Il y auoit vn air ſi'malin,que pluſieurs mouroient,voire de bien petitebleſſeures,de façon qu'aucuns eſtimoient qu'ils auoient empoiſonné leurs bales. Ceux de dedans diſoient le ſemblable de nous: car encore qu'ils fuſſent bien traictez de leurs neceſſitez dedans la ville, ils ne laiſſoiêt point de mourir com- me ceux de dehors Le Roy de Nauarre fut bleſsé quelques iours deuant l'aſſaut d'vn coup de boulet à leſ- « ) XX x z Pawle Hiſtoire de •la bleſſeurs du Roy de Nauarre. º 796 Apologie, paule.Ie le viſitay & ayday à le penſer auec vn ſien Chirurgien nommé maiſtre Gilbert, vn des premiers de Montpellier,& autres.On ne peut trouuer la bale,ie la cherchay bien exactement : i'apperceu par coniecture qu'elle eſtoit entrée par la teſte de l'os du haut du bras,& qu'elle auoit coulé en la cauité dudit os , qui fai- | ſoit qu'on ne la pouuoit pas trouuer.La plus grand'part la diſoient eſtre entrée & perdue dedans le corps. Monſieur le Prince de la Roche-ſur-Yon,qui aymoit intimement le Roy de Nauarre, me tira à part, & s'en- quiſt ſi le coup eſtoit mortel : ie luy dis que ouy,parce que toutes les playes faites aux grandes joinctures , & principalement les playes contuſes.eſtoient mortelles,ſelon tous les autheurs qui en ont eſcrit. Il s'enquit des autres ce qui leur en ſembloit, & principalement audit Gilbert : qui luy dit auoir grande eſperance que le Roy ſon Maiſtre guariroit,& fut ledit Prince bien joyeux. Quatre iours apres,le Roy &la Royne Mere, Mon- conſultation ſieur le Cardinal de Bourbon ſon frere,Monſieur le Prince de la Roche-ſur-Yon, Monſieur de Guiſe, & au- pour le Rºy tres grands perſonnages,apres que nous euſmes pensé le Roy de Nauarre, voulurent faire faire vne conſul- de Nauarre tati6 en leurs preſences,où il y auoit plufieurs Medecins & Chirurgiés.Chacun en dit ce qui luy en ſembloit, ºººº & n'y eut pas vn d'iceux qui n'euſſent bonne eſperance (diſoient-ils) que le Roy guariroit,& moy perfiſtois **" touſiours au contraire.Monſeigneur le Prince de la Roche-ſur-Yon,qui m'aymoit, me retira à part, & me dit que i'eſtois ſeul contre l'opinion de tous les autres, & me prioit de n'eſtre opiniaſtre contre tant de gens de bien.Ie luy reſponds,que lors que ie connoiſtrois bons ſignes de guariſon,je changerois mon aduis. Pluſieurs conſultations furent faites, ou iamais ie ne changeay de parole, & prognoſtic tel que ie l'auois fait au pre- mier appareil, & diſois touſiours que le bras tomberoit en gangrene : ce qu'il fit, quelque grande diligence qu'on y peut mettre,& rendit l'eſprit à Dieu le 18. iour de ſa bleſſeure. Monſieur le Prince de la Roche-ſur- Yon ayant entendu la mort dudit Roy,enuoya vers moy ſon Chirurgien & Medecin nommé le Févre, à pre- ſent Medecin ordinaire du Roy & de la Royne Mere, me dire qu'il vouloit auoir la bale,&qu'on la cherchaſt à quelque endroit que ce fuſt.Alors ie fus joyeux, & leur dis que i'eſtois bien aſſeuré la trouuer bien toſt. Ce que ie fis en leurs preſences, & de pluſieurs Gentils-hommes. Elle eſtoit tout au beau milieu de la caui- té de l'os du haut du bras.Mondit ſeigneur le Prince l'ayant, la monſtra au Roy, & à la Royne, qni tous di- rent que mon prognoſtic s'eſtoit trouué veritable.Le corps fut mis repoſer auChaſteau Gaillard, & ie m'en retournay à Paris,où ie trouuay pluſieurs malades qui auoient eſté bleſſez à la breche de Roüen, & princi- palement des Italiens, leſquels me deſiroient fort pour les penſer : ce que ie fis volontiers. Il y en eut plu- ſieurs qui guarirent, les autres moururent. Ie croy, mon petit Maiſtre,que fuſtes appellé pour en penſer quelques-vns, pour le grand nombre qu'il y auoit. Voyage de la bataille de Dreux. 1562. Mort du Cö- E lendemain apres la bataille donnée à Dreux , le Roy me commanda d'aller penſer Monſieur le Com- te d'En, te d'Eu, qui auoit eſté bleſsé d'vn coup de piſtolet à la cuiſſe dextre, pres la jointure de la hanche, & auoit fracaſse & brisé l'os femoris en pluſieurs eſclats, dont pluſieurs accidens luy ſuruindrent, puis la mort, qui fut à montres-grand regret. Le lendemain que ie fus arriué, ie voulus aller au camp ou s'e- ſtoit donnée la bataille pour voir les corps morts, ie veis à vne grande lieuë d'alentour la terre toute couuerte : on auoit eſtime de ving-cinq mille hommes,ou plus : tout cela fut depeſché en moins de deux - heures. Ie voudrois mon petit Maiſtre, pour l'amour que ie vous porte , qu'y euſſiez eſté pour le racon- ter à vos eſcholiers & à vos enfans. Cependant que ie fus à Dreux,ie viſitay & penſay grand nombre de Gentils-hommes, & pauures ſoldats, & entre les autres beaucoup de Capitaines Suiſſes. l'en penſois quatorze eſtans en vne ſeule chambre, tous bleſſez de coups de piſtolets, & d'autres inſtrumens à feux dia- boliques, & n'en mourut pas vn de quatorze. Monſieur le Comte d'Eu eſtant mort ie ne fis grand ſejour à Dreux. Il vint des Chirurgiens de Paris , qui faiſoient bien leur deuoir vers les bleſſez, comme Pigray, Cointeret, Hubert, & autres & ie m'en retournay à Paris où ie trouuay beaucoup de Gentils hommes bleſſez qui s'y eſtoient retirez apres ladite bataille, pour eſtre penſez de leurs bleſſures , où ne fus ſans en voir pluſieurs. Voyage de la bataille de UMontcontour. 1569. Monſieur le Endant la bataille de Montcontour, le Roy Charles eſtoit au Pleſſis lez Tours, où il entendit l'auoir gai- Comte de gnée. Il ſe retira grand nombre de Gentils-hommes,& ſoldats, en la ville & faux-bourgs de Tours,bleſ- Mansfeld ſez, pour ſe faire penſer & medicamenter. Où le Roy & la Royne Mere me commanderent faire mon de- bleſsé. uoir auec les autres Chirurgiens, qui lors eſtoient en quartier, comme Pigray, du Bois, Portail,& vn nommé Siret, Chirurgien de Tours, homme bien entendu en la Chirurgie, eſtant alors Chirurgien de Monſeigneur frere du Roy : & pour la multitude des navrez,n'eſtions gueres a repos,ny les Medecins pareillement. Mon- ſieur le Comte de Mansfeld, Gouuerneur de la Duché de Luxembourg, Cheualier de l'Ordre du Roy d'Eſpa- gne, fut grandement bleſsé à la bataille, au bras ſeneſtre d'vn coup de piſtolet, qui luy rompit grande partie de la jointure du coulde,& s'eſtoit retiré à Bourgueil pres de Tours.Eſtant là,il enuoya vn Gentil-homme vers le Roy, le ſupplier bien affectueuſement luy vouloir enuoyer l'vn de ſes Chirurgiens pour le ſecourir de ſa bleſſeure. Le Conſeil fut tenu quel Chirurgien ſeroit qn'on y enuoyeroit.Monſieur le Mareſchal de Montmo- rency dit au Roy & à la Royne,qu'il ſeroit bon de luy enuoyer ſon premier Chirurgien,& leur remonſtra que ledit Seigneur de Mansfeld auoit eſté vne grande partie cauſe du gain de la bataille. Le Roy dit tout à plat, qu'il ne vouloit que i'y allaſſe,& vouloit que ie demeuraſſe pres de luy. Adonc la Royne Mere luy dit que ie ne ferois qu'aller & venir, & falloit auoir eſgard que c'eſtoit vn Seigneur eſtranger qui eſtoit venu de la part du Roy d'Eſpagne, pour ſon ſecours. Et ſur ce il me permit y aller, pourueu que ie reuinſſe bien toſt. Apres cette reſolution il m'enuoya querir, & pareillement la Royne Mere, & me commanderent d'aller trouuer le- dit Seigneur Comte de Mansfeld,la part où il ſeroit,pour luy ſeruir en tout ce que pourrois faire pour la gua- riſon de ſableſſeure. Ie l'allay trouuer accompagné d'vne lettre de leurs Majeſtez. L'ayant veuë,il me receue de bonne volonté,& deſlors donna congé à trois ou quatre Chirurgiens qui le penſoient, qui fut à mon tres- \- grand regret, parce que ſa bleſſeure me ſembloit eſtre incurable. Or audit Bourgueil s'eſtoient retirez plu- ſieurs Gentils-hommes qui auoient eſté bieſſez à ladite bataille: ſçachans que Monſieur de Guiſe y eſtoit,quf - auoit eſté auſſi fort bleſsé d'vn coup de piſtolet au trauers d'vne jambe, bien aſſeurez qu'il auroit de † e Rin- Chirurgiens pour le penſer, & auſſi qu'eſtant debonnaire & fort liberal, il les aſſiſteroit d'vne grande partie Comte Rin- - - - - - - - - - - graue. de leurs neceſſitez. Ce que veritablement il faiſoit volontiers, tant pour leur manger & boire, qu'autres ne- Monſieur de ceſſitez : & de ma part ie les ſoulageois & aidois en mon art,autant qu'il m'eſtoit poſſible:les vns mouroient, Baſſºmpier- autres guariſſoient, ſelon leurs bleſſeures. Le Comte Ringraue mourut, qui auoit vn coup à l'eſpaule ſembla- re bleſsé ble à celuy qu'euſt le Roy de Nauarre deuant Roüen. Monſieur de Baſſompierre, Colonnel de douze cens ) cheuaux \ ' Et Voyages. 797 s A cheuaux fut ſemblablement bleſsé de pareil coup, & endroit, que celuy de Monſieur le Comte de #. Mansfeld que ie penſay , & Dieu le guarit. Dieu benit ſi bien mon œuure, que dans trois ſepmaines ie $ . les remenay à Paris , où fallut faire encore quelques inciſions au bras dudit Comte de Mansfeld, pour ex- , traire les os qui eſtoient grandement fracaſſez, rompus & carieux. Il guarit par la grace de Dieu, & me fit ': vn honneſte preſent, de ſorte que ie me contentay bien fort de luy, & luy de moy, comme il m'a fait pa- le roiſtre depuis. Il eſcriuit vne lettre à Monſieur le Duc d'Aſcot comme il eſtoit guari de ſableſſeure, & auſſi # Monſieur de Baſſompierre de la ſienne,&pluſieurs autres que i'auois penſez apres la bataille de Montcon- #. tour,& luy conſeilloit de ſupplier le Roy de France mon bon Maiſtre,me permettre d'aller voir Monſieur le l# Marquis d'Auret ſon frere. Voyage de Flandres. - : onſieur le Duc d'Aſcot ne fit faute d'enuoyer vn Gentil-homme vers le Roy, accompagné d'vne lettre , pour le ſupplier humblement , luy faire tant de bien & d'honneur, que de permettre & com- mander à ſon premier Chirurgien venir voir Monſieur le Marquis d'Auret ſon frere,qui auoit receu vn coup d'arquebuſe pres le genouil , auec fracture d'os : il y auoit enuiron ſept mois, que les Medecins & Chirur- giens de par delà eſtoient bien empeſchez à ſa guariſon, Le Roy m'enuoya querir, & me commanda d'ailer voir ledit ſeigneur d'Auret, & le ſecourir en tout ce que ie pourrois pour la guariſon de ſa bleſſeure. Ie luy dis que i'y employerois tout le peu de ſçauoir qu'il auroit pleu à Dieu me donner Ie m'en allay donc, conduit par deux Gentils-hommes, au Chaſteau d'Auret, qui eſt à vne lieuë & demie de Monts en Hainaut, où eſtoit ledit Marquis. Subit que ie fus arriué, ie le viſitay : & luy dis, que le Roy m'auoit commandé de le venir voir , & penſer de ſa bleſſeure.Il me dit qu'il eſtoit bien joyeux de ma venue, & eſtoit grandement tenu au Roy, de luy auoir fait tant d'honneur de m'auoir enuoyé vers luy. Ie le trouuay auec vne groſſe fiévre, les yeux fort enfoncez auec vn viſage moribond & jaunaſtre, la langue ſeiche & aride, & tout le corps fort emacié & maigre , la parole baſſe comme d'vn homme fort pres de la mort : puis trouuay ſa cuiſſe fort enflée, apoſtumée, & vlcerée, jettant vne ſanie verdoyante, & fort fetide.Ie le ſonday auec vne ſonde d'argent. Par icelle trouuay vne cauité pres l'aine, finiſſant au milieu de la cuiſſe, & d'au- tres autour du genoüil , ſanieuſes & cuniculeuſes : auſſi certaines eſquilles d'os les vnes ſeparées,les autres non : La jambe eſtoit fort tumefiée & imbue d'vn humeur pituiteux, froid & humide & flatulent ( de ſorte que la chaleur naturelle eſtoit en chemin d'eſtre ſuffoquée& eſteinte) & ladite jambe courbée & retirée vers les feſſes : le croupion vlceré de la grandeur de la palme de la main : & diſoit y ſentir vne extreme cui- ſeur & douleur,& ſemblablement aux reins, de façon qu'il ne pouuoit aucunement repoſer iour ny nuict, & n'auoit nul appetit de manger, mais de boire aſſez. Il me fut dit que ſouuent tomboit en defaillance de cœur, & quelquesfois comme en epilepſie : & auoit ſouuent volonté de vomir, auec vn tremblement tels, qu'il ne pouuoit porter ſes mains à ſa bouche. Voyant & conſiderant tous ces grands accidens , & les ver- tus grandement abbatuës, veritablement i'eu vn tres grand regret d'eſtre allé vers luy , parce qu'il me ſem- · bloit qu'il y auoit peu d'apparence qu'il puſt reſchapper. Toutesfois pour luy donner courage & bonne C eſperance, ie luy dis que bien toſt le mettrois debout,par la grace de Dieu,& l'aide de ſes Medecins & Chi- rurgiens. L'ayant veuie m'en allay promener en vn jardin, ou ie priay Dieu , qu'il me fiſt cette grace, qu'il , guariſt,& qu'il beniſt nos mains,& les medicamens,à combattre tant de maladies compliquées. Ie diſcou- : ru en mon eſprit les moyens qu'il me falloit tenir pour ce faire. On m'appella pour diſner : i'entray à la : cuiſine,là où ie veis tirer d'vne grande marmite demy mouton, vn quartier de veau »trois groſſes pieces de # ' boeuf,& deux volailles,& vn bien gros lopin de lard,auec force bonnes herbes : alors ie dis en moy meſme, que ce boüillon de marmite eſtoit ſucculent, & de bonne nourriture.Apres le diſner, tous les Medecins & #- Chirurgiens aſſemblez, nous entraſnes en conference en la preſence de Monſieur le Duc d'Aſcot, & quel- #! ques Gentils-hommes qui l'accompagnoient. Ie commencay à dire aux Chirurgiens, que ie m'eſmerueillois grandement comme ils n'auoit fait des ouuertures à la cuiſſe de Monſieur le Marquis , qui eſtoit toute apo- ſtumée,& que la bouë qui en ſortoit, eſtoit grandement fetide & puante, qui demonſtroit y eſtre de long- temps croupie,& que i'auois trouué auec la ſonde, carie d'os,& des eſquilles qui eſtoient ja ſeparèes. Ils me Reſponſe des firent reſponſe, que iamais ne l'auoit voulu conſentir, & meſme qu'il y auoit prés de deux mois qu'on Chirurgiens n'auoit pû gaigner à mettre des draps blancs en ſon lict, & meſme n'oſoit on qu'à peine toucher à la i, couuerture, tant il ſentoit de douleur. Los ie dis que pour le guarir , il falloit toucher autre choſe que & la couuerture du lict. Chacun diſt ce qu'il luy ſembloit de la maladie dudit Seigneur, & pour concluſion, ft le tenoient tout deploré. Ie leur dis qu'il y auoit encor quelque eſperance, pour ſa ieuneſſe, & que Dieu #! & Nature font quelquesfois des choſes qui ſemblent aux Medecins & Chirurgiens eſtre impoſſibles. Ma • conſultation fut que tous ces accidens eſtoient venus par le coup du boulet donné par la joincture du ge- . * . noüil, qui auoit rompu les ligamens, tendons & aponeuroſes des muſcles, qui lient ladite joincture, en- Conſultatiº # D ſemble l'os femoris : auſſi nerfs, veines,& arteres,dont s'en eſtoit enſuiui douleur,inflammation,apoſteme,& de l'au- l, :: vlcere,&qu'il falloit commencer la cure par la maladie , qui eftoit cauſe de tous les ſuſdits accidens qu'il theur. auoit, à ſçauoir faire des ouuertures pour donner iſſue à la ſanie retenué entre les ſpacioſitez des muſcles, & |%- en leur ſubſtance (ſemblablemet aux os) laquelle cauſoit vne grande corruption en tcute la cuiſſe, dont les vapeurs en eſtoient eſleuées & portées au cœur,qui cauſoient ſyncope & la fiévre & de la fiévre vn feu vni- 'uerſel en tout le corps, & par conſequent deprauation de l'œconomie. Pareillement leſdites vapeurs eſtoient communiquées au cerueau, qui cauſoient l'epilepſie & tremblement, & à l'eſtomach nausée,& l'engardoit faire ſes fonctions, qui ſont principalement de digerer & cuire les viandes, & le conuertir en chyle : leſ- quelles n'eſtans pas bien cuites, il s'engendre des cruditez & obſtructions qui font que les parties ne ſont nourries, & par conſequent le corps deſſeiche & maigriſt , & pource auſſi qu'il ne faiſoit nul exercice. Et quant à l'oedeme de ſa jambe, cela eſtoit prouenu à cauſe du defaut de l'aliment, & de la chaleur naturelle arreſtée en toute la cuiſſe, & auſſi faute qu'elle ne ſe pouuoit mouuoir. Car toute partie qui n'a ſon mouue- ment, dèmeure languide & atrophiée : par ce que la chaleur & eſprits n'y ſont point enuoyez ny attirez, dont enſuit mortification:& que pour refociller & engraiſſer le corps,il falloit faire des frictions vniuer- ſel]es auec des linges chauds, en haut, en bas,à dextre, à ſeneſtre, & en rond, afin d'attirer le ſang & eſprits du dedans au dehors , & reſoudre quelques vapeurs fuligineuſes detenues entre cuir & chair:partant les par- ties ſeront puis apres nourries & refaites ( commeli'ay dit cy-deuant au liure 1o. traictant des playes d'ar- quebuſes)& les failloit laiſſer lors qu'on verroit au cuir chaleur & rougeur,de peur de reſoudre ce qu'on au- roit attiré, & par conſequent le rendre encore plus maigre.Or quant à l'vlcere qu'il auoit ſur le croupion, qui eſtoit venu pour auoir eſté trop long-temps couché deſſus, ſans ſe remuer : qui a eſté cauſe que les eſ- prits n'ont pû reluire. Au moyen dequoy ſe ſeroit fait inflammation, de l'inflammation, apoſteme, puis l'vl- X X x 3 CCTC # i ', Pourquoy vne partie deutent at- trophiés. 798 Apologie, cere,voire auec deperdition de ſubſtance de la chair ſujette, auec vnetres-grande douleur, à cauſe des nerfs A qui diſſeminent en cette partie Qu'il falloit pareillement faire tant qu'on le mit en vn autre lict bien mol, & luy bailler chemiſe & draps blancs : antrement toutes les choſes qu'on luy pourroit faire, ne luy ſerui- roient de rien à cauſe que ces excremens & vapeurs de la ſanie retenuë ſi long-temps en ſon lict, ſont at- tirée par le ſyſtolé & diaſtolé des arteres,qui ſont diſſeminées par le cuir, & font que les eſprits s'alterent, & acquierent vne mauuaiſe diatheſe ou qualité & corruption:ce qui ſe void de quelqu'vn qui couchera en vn lict là où vn verolé aura couché & ſue,lequel prédra la verole par les vapeurs putrides qui ſeront imbues & demeurées aux draps & couuertures.Or quant à ce qu'il ne pouuoit aucunemenr dormir , & eſtoit quaſi en atrophie, c'eſtoit à raiſon qu'il mangeoit peu , & ne faiſoit ſon exercice, & qu'il eſtoit vexé de grandes dou- leurs. Car il n'y a rien qui abbatte & proſterne plus les vertus,que la douleur. La cauſe qu'il auoit la langue aride & ſeiche, qui eſtoit la vehemence de la chaleur de la fiévre, par les vapeurs qui montent de tout le corps à la bouche. Car comme on dit en commun prouerbe , quand on chauffe bien vn four, la gueule s'en reſſent. Ayant diſcouru des cauſes & accidens,ie dis qu'il falloit les guarir par leurs contraires , & premiere- ment appaiſer les douleurs , faiſant des ouuertures à la cuiſſe pour euacuer la boué retenue, ne l'euacuant tout à coup,de peur que par la grande euacuation ſubite, ſe fiſt vne reſolution d'eſprits, qui pourroit gran- dement debiliter le patient, & abbreger ſes iours. Secondement,auoir égard à lagrande tumeur & froideur de la jambe,craignant qu'elle ne tombaft en gangrene,&qu'il luy falloit appliquer vne chaleur actuelle,par- La chaleur ce que la potentielle ne pourroit reduire l'intemperie de potentia ad actum.A cette cauſe, qu'il falloit y appli- potentielle quer autour des briques chaudes,ſur lefquelles on jetteroit vne decoction faite d'herbes neruales cuites en n'eſtoit ſuffi-vin & vinaigre,puis enueloppées en quelque ſeruiette, & aux pieds vne bouteille de terre remplie de ladite ſante de re- decoction, bouchée & enueloppée en quelques linges.Auſſi qu'il luy falloit faire des fomentations ſur la º º cuiſſe & toute la jambe,d'vne de coction faite de ſaulge,roſmarin,thym,lauande,fleurs de camomille& meli- #. lot, roſes rouges cuittes en vin blanc,& lexiue faite de cheſne,& vn peu de vinaigre,& demie poignée de ſel. en # Cette decoction a vertu de ſubtilier,attenüer, inciſer reſoudre, tarir & ſeicher , l'humeur gros & viſqueux. §is. Leſdites fomentations ſe feront longuement,afin que la reſolution ſoit plus grande:car eſtant ainſi faites lon- guement,on reſout plus qu'on n'attire,à cauſe qu'on liquefie l'humeur contenu en la partie,on rarefie le cuir, & la chair de muſcles.Tiercement qu'il falloit appliquer ſur l'vlcere du croupion vne grande emplaſtre faite de l'onguent deſiccatif rouge,& l'onguent comitiſſx,parties égales incorporées enſemble,à fin de luy appaiſer ſa douleur & deſſeicher l'vlcere:auſſi luy faire vn bourrelet de duuet, qui portaſt le croupion en l'air, ſans eſtre appuyé deſſus.Quartement,pour rafraiſchir la chaleur des reins,on luy appliqueroit deſſus de l'onguent refrigerant de Galien recentement faict,& par deſſus des fueilles de nenuphar recente. Puis vne ſeruiette trempée en oxycrat,eſpreinte & renouuellée ſouuent.Et pour la corroborati6 du cœur, on appliqueroit deſ- E,uillo, d, ſus vn medicament refrigerant fait d'huyle de nenuphar & longuent roſat,& vn peu de ſaffran,deſſus en vi- la grande º5º roſat & theriaque,eſtendus ſur vne piece d'eſcarlatte.Pour la ſyncope qui procedoit de la debilitation ma§ des forces naturelles,faiſant auſſi troubler le cerueau,falloit vſer de bons alimens ſucculents, comme œufs - mollets,raiſins de damas confits en vin & ſucre,auſſi panade faicte de boüillon de la grande marmite (de la- quelle i'ay parlé cy-deuant) auec blács de chapon,aiſles de perdrix hachées bien menu,& autres viandes ro- fties,faciles à digerer,côme veau,chevreau,pigeonneaux,perdreaux,griues,& autres ſemblables.La ſaulce ſe- roit orenge,verjus d'ozeille,grenades aigres:& qu'il en pourroit pareillement manger de boüillis auec bônes herbes,comme ozeille,laictué,pourpié,cichorée,bugloſe,ſoucy,& autres ſemblables.La nuict il pourroit vſer d'orge mundé,auec jus d'ozeille & nenuphar de chacun deux onces,auec quatre ou cinq grains d'opium, & des quatre ſemences froides concaſsées de chacune demie once,qui eſt vn remede aliméteux & medicamen- teux,qui le prouoquera à dormir.Que ſon pain ſeroit de meteil,& ne ſeroit trop raſſis ny tendre. Et pour ſa grande douleur de teſte il faudra couper ſes cheueux,& la froter d'oxyrrhodinum,vn peu tiede,& y laiſſer vn linge double trémpé dedans.On luy fera pareillement vn frontail d'huyle roſat,& nenuphar,& de pauot,& vn peu d'opium,& vinaigre roſat,auec vn peu de câphre,& renouuellé par fois.D'auantage on luy fera ſentir au nez fleur de juſquiame,&nenuphar broyez auec vinaigre,&eau roſe,auec vn peu de cáphre, enueloppez en- ſemble en vn mouchoir,lequel ſera tenu longuemét contre le nez,à fin que l'odeur ſe puiſſe cómuniquer au cerueau, & ſeront ces choſes continuées ſeulement iuſques à ce que la grande inflammation & douleur ſoient paſsees,de peur de refrigerer par trop le cerueau.D'abondant on fera pleuuoir par artifice, en faiſant decoulerde l'eau de quelque haut lieu dans vn chauderon,& qu'elle faſſe tel bruit que le malade le puiſſe en- Pourquoy ne pouuoit dor- mair. tendre,par ces moyens luy ſera prouoqué le dormir.Et quant à la retraction de ſa jambe,qu'il y auoit eſpe- rance la redreſſer, lors qu'on auroit fait vacuation du pus, & autres humeurs contenuës à la cuiſſe, qui par leur extenſion(faicte par repletion)ont attiré la jambe,laquelle ſe pourroit redreſſer,en luy frottant premie- remét toute la jointure du genoüil,auec vnguentü de althea,& huyle de lys,& vn peu d'eau de vie:& par deſ- ſus de la laine noire auec ſon ſuc.Pareillement en mettant ſous le jarret vn oreiller de plume, ployé en dou- ble,& peu à peu on luy fera eſtendre la jambe.Lequel mien diſcours fut bien approuué des Medecins & Chi- rurgiens.L a conſultation acheuée,nous en allaſmes vers le malade,& luy fis trois ouuertures à ſa cuiſſe, deſ- quelles ſortit vne grande quantité de boue & ſanie,& dés l'heure luy tiray quelque petite eſquille d'os , & ne voulu laiſſer ſortir trop grande abondance de ladite ſanie, de peur de trop debiliter ſes forces. Deux ou Le malad, trois heures a pres ie luy fis faire vn lict pres le ſien où il y auoit de beaux draps blancs , puis vn homme fort dormit tojt le poſa dedans,& fut joyeux d'auoir eſté tiré hors de ſon lict ſale & puant. Toſt apres il demanda à dormir, apres aºir ce qu'il fiſt pres de quatre heures:où tout le monde de la maiſon commença à ſe reſioüir , & principalement eſté posé en Monſieur le Duc d'Aſcot ſon frere.Les iours ſuiuans ie luy faiſois des iniections au profond & cauitez des draps blancs. vlceres faites d'Egyptiac diſſout tantoſt en eau de vie , & autresfois en vin. I'appliquois pour mondifier & ſeicher les chairs ſpongieuſes & mollaſſes des compreſſes, au fond des ſinuofitez, tentes de plomb.canulées, afin de touſiours donner yſſue à la ſanie,& par deſſus vne grande emplaſtre de diachalciteos,diſſout en vin. Pareillement ie bandois ſi dextrement,qu'il n'auoit nulle douleur:laquelle ſedée, la fièvre commença fort à ſe diminuer.Alors ie luy fis boire du vin,trempé mediocreinent d'eau, ſçachant qu'il reſtaure & viuifie les vertus.Et toutes les choſes que nous arreſtaſmes en la conſultation furent accomplies ſelon le temps & or- Liberalité dre,& ſes douleurs:la fiévre ceſsée, il commença touſiours à ſe mieux porter , & donna congé à deux de ſes ºé Chirurgiens & v de ſes Medecins de § 'eſtions pl isauec luv. or fvd - d.ie i - Chirurgiens,& a vn de ſes Medecins de taçon que nous n eſtions plus que trois auec luy or 1 y demeuray en Marquis. ºron deux mois,& ne fut ſans voir pluſieurs malades,tant riches que pauures, qui venoit à moy de trois & quatre lieués à l'entour. Il faiſoit bailler à manger & à boire aux neceſſiteux : tous leſquels il me recom- mandoit,& prioit qu'en faueur de luy,ie les ſecouruſſe. Ie proteſte que ie n'en refuſay vn ſeul, & leur faiſois à tous ce qu'il m'eſtoit poſſible, dont il eſtoit joyeux. Lors que ie veis qu'il commençoit à ſe bien porter, ie luy dis qu'il failloit auoir des violes & violons, & quelque farceur pour le reſioüir : ce qu'il fiſt. En vn mois nous fiſmes en ſorte qu'il ſe pouuoit tenir en vne chaire, & ſe faiſoit porter & promener en ſon iardin, & D Et Voyages. - 799 A & à la porte de ſon chaſteau pour voir paſſer le monde. Les villageois de deux ou trois lieuës d'autour,ſça- chans qu'on le pouuoit voir,venoient aux feſtes chanter & danſer,maſles & femelles,peſle-meſle,en reſioüiſ- ſance de ſa bonne conualeſcence, eſtans tous ioyeux de le voir, & n'eſtoit ſans bien rire & ſans bien boire. Il leur faiſoit touſiours donner vne barique de biere,& beuuoient tous à tirelarigot à ſa ſanté.Et les citoyens de Monts en Hainaut, & autres Gentils-hommes voiſins le venoient voir, par vne admiration , comme vn homme ſortant du tombeau : & dés lors qu'il commença à ſe porter bien , il ne fut plus ſans compagnie : & comme l'vn ſortoit,l'autre y entroit pour le viſiter,ſa table eſtoit touſiours bien couuerte.Il eſtoit grandement aimé de la Nobleſſe,& du commun peuple, tant pour ſa liberalité qu'à cauſe de ſa beauté & honeſteté, ayant leregard doux,& la parole gracieuſe,en ſorte que ceux qui l'auoient enuiſagé eſtoient contrains de l'aymer. Les principaux de la ville de Môts vindrent vn Samedy,pour le ſupplier que i'allaſſe à Monts,où ils auoient bonne volonté de feſtoyer,& me faire bonne chere pour l'amour de luy.Il leur dit qu'il me prieroit d'y al- ler:ce qu'il fiſt. Mais ie luy fis reſponſe que ce n'eſtoit pas à moy a qui il falloit faire tant d'honneur, ioint auſſi qu'ils ne me ſçauroient donner meilleures viandes que les ſiennes. Et derechef me pria bien affectueu- - ſement d'y aller, & que ie fiſſe cela pour l'amour de luy:ce que luy accorday. Le lendemain donc ils me vin- -- • drent querir auec deux chariots : & eſtans arriuez à Monts, trouuaſmes le diſner preſt, & des principaux de la ville auec leurs femmes , qui m'attendoient auec bonne deuotion. Nous nous miſines à table, & me mi- rent au haut bout, & beuuoient tous à moy, & à la ſanté de Monſieur le Marquis d'Auret, diſant qu'il eſtoit bien heureux & eux pareillement, de m'auoir recouuré pour le mettre ſus, & conneu en cette compagnie B qu'il eſtoit grandement honoré & aymé. Apres le diſner ils me ramenerent au chaſteau d'Auret, où Mon- ſieur le Marquis m'attendoit en grande deuotion, pour luy raconter ce que nous auions faict en noſtre ban- quet : ie luy dis, que toute la compagnie auoit beu pluſieurs fois à ſa ſanté. En fix ſepmaines il commença à ſe ſouſtenir vn peu ſur des potences : & à ſe bien fort engraiſſer, & prendre vne viue & naturelle cou- leur. Or il luy print volonté d'aller à Beaumont, qui eſt la demeure de Monſieur le Duc d'Aſcot, & ſe fiſt porter en vne chairé à bras par huict hommes de relais. Et les payſans des villages par où nous paſſions, ſçachans que c'eſtoit Monſieur le Marquis, ſe battoient à qui le porteroit, & nous contraignoient de boire: mais ce n'eſtoit que de la biere, & croy que s'ils euſſent eu du vin , voire de l'hipocras , ils nous en euſſent donné de bonne volonté, tant ils ſe monſtroient ioyeux devoir ledit Marquis, & prioient tous Dieu pour luy. Eſtant arriué à Beaumont tout le peuple vint au deuant de nous, luy faire la reuerence, & prioient Dieu qu'il le beniſt, & le tinſt en bonne ſanté. Nous entraſines au chaſteau où il y auoit plus de cinquante Gentils-hommes, que Monſieur le Duc l'Aſcot auoit mandez pour venir faire bonne chere auec Monſieur ſon frere : & fut trois iours entiers ſa table couuerte. Apres diſner les Gentils-hommes couroient la bague, ſe battoient à l'eſpée d'armes,& ſe reſiouiſſoient grandement de voir Monſieur d'Auret : parce qu'ils auoient entendu que iamais il ne pourroit partir du lict & guarir de ſa bleſſeure : i'eſtois à table touſiours au haut on taſchoit bout, là où tout le monde beuuoit carous à luy & à moy penſans m'enyurer , ce qu'ils ne ſçeurent ; car ie ne faire enyurer beuuois que comme i'auois accouſtumé. Quelques iours apres nous en retournaſmes, & pris congé de ma- l'Autheur, dame la Ducheſſe d'Aſcot laquelle tira vn diamant de ſon doigt, qu'elle me donna en reconnoiſſance d'auoir en demon- bien pensé ſon frere, & eſtoit le diamant de la valeur de plus de cinquante eſcus. Monſieur d'Auret ſe por-ſº !º C toit toufiours de mieux en mieux,& cheminoit tout ſeul autour de ſon iardin ſur des potences.Ie luy deman- # # day congé par diuerſes fois, pour m'en reuenir à Paris, luy monſtrant que ſon Medecin & Chirurgien fe- " " roient bien ce qui reſtoit à faire à ſa bleſſeure.Et pour commencer toufiours à m'eſloigner de luy, ie le priay qu'il me permiſt d'aller voir la ville d'Anuers, ce qu'il m'accorda bien volontiers, & commanda à ſon Mai- ſtre d'Hoſtel m'y conduire, accompagné de deux pages. Nous paſſaſmes par Malignes & Bruxelle,là où les principaux de la ville prierent ledit Maiſtre d'Hoſtel,qu'au repaſſer il leur fiſt entendre & qu'ils auoient vo- lonté de m'y feſtoyer , comme auoient faict ceux de Monts. Ie le remerciay bien humblement , leur diſant que ce n'eſtoit à moy à qui appartenoit tel honneur.Ie fus deux iours & demy pour viſiter la ville d'Anuers, où aucuns marchands connoiſſans le Maiſtre d'Hoſtel, le prierent leur faire ceſt honneur que de nous don- ner à diſner ou ſouper, c'eſtoit à qui nous auroit, & eſtoient tous fort ioyeux d'entendre la bonne diſpo- ſition de Monſieur d'Auret, me faiſant plus d'honneur que ie ne demandois. En fin nous reuinſmes trouuer Monſieur le Marquis, faiſant bonne chere : & cinq ou ſix iours apres ie luy demanday congé .. qu'il m'accor- da auec grand regret (ce diſoit-il) & me donna vn preſent honneſte, & de grande valeur, & me fit recon- duire par ſondit Maiſtre d'Hoſtel, auec deux pages, iuſques en ma maiſon à Paris. Ie me ſuis laiſsé dire, que les Eſpagnols ont depuis ruiné & demoly ſon chaſteau d'Auret, ſaccagé,pillé, & bruſlé toutes les maiſons & villages à luy appartenans, à cauſe qn'il n'a voulu eſtre de leur meſchant par- ty, en leurs aſſaſſinats & ruyne du Pays bas. Voyages de Bourges. I 552 . E Royauec ſon camp ne demeura gueres à Bourges, que ceux de dedans ne ſe rendiſſent, & ſortiſſent L† bagues ſauues. Ie ne ſçache rien digne de memoire , fors vn garçon de cuiſine de la bouche du Roy , lequel s'eſtant approché des murailles de la ville, auparauant que l'on euſt fait la compoſition , cria à haute voix, Huguenot, Huguenot,tiré-là, tiré-là, Ayant le Bras leué, & la main eſtendue,vn ſoldat luy per- ça la main tout outre d'vn boulet. Ayant receu ce coup', il me vint trouuer pour le penſer. Monfieur le Con- neſtable voyant ce garçon ayant ſa main toute ſanglante, & tout eſploré, luy demanda qui l'auoit bleſsé. Alors il y eut vn Gentil-homme, qui ayant veu donner le coup, dict que cela luy eſtoit bien employê, parce qu'il crioit , Huguenot , frappé-la, donné-là. Alors ledit Seigneur Conneſtable dit que cét Huguenot eſtoit bonarquebuzier,& auoit l'ame bonne, parce qu'il eſtoit vray-ſemblable,que s'il euſt voulu tirer à la teſte,il euſt encores fait plus aisément qu'à la main. Ie penſay ledit cuiſinier, qui fut malade. Il guarit , mais auec impotence de la main :& depuis ſes compagnons l'appellerent Huguenot : il eſt encor viuant. Bataille de Sainč# Denys. 1 567. - • T quant à la bataille de S. Denys, il y en eut pluſieurs de tuez tant d'vne part que d'autre. Les noſtres E† ſe retirerent à Paris pour ſe faire penſer, enſemble les priſonniers qu'on auoit pris, dont i'en penſay vne grande partie. Le Roy me fiſt commander (par la priere de madame la Conneſtable ) d'aller en ſa maiſon pour penſer Monſieur le Conneſtable, qui eut vn coup de piſtolet au milieu de l'eſpine du dos: dont tout ſubit perdit le ſentiment, & mouuement des cuiſſes & jambes, & ſes excremens retenus, ne pou- uantietter l'vrine, ny rien par le fiege, à raiſon que l'eſpine medullaire, de laquelle naiſſent les nerfs ( pour bailler ſentiment & mouuement aux parties inferieures) fut brisée, rompue, & dila cerée par la vehemen- ce de la bale. Il perdit pareillement l'entendement & ratiocination , & en peu de iours il mourut. : : X X X 4 Les 8oo · Apologie, Les Chirurgiens de Paris furent long-temps empeſchez pour traicter les ſuſdits bleſſez. Ie croy, mon pe A tit Maiſtre , que vous en veiſtes quelques-vns. Ie ſupplie ce grand Dieu des victoires, que iamais ne ſoyons employez en tel melencontre & delaſtre. Voyage de Bayonne 1 564. # R ie dis encore dauantage, que i'ay faict le voyage auec le Roy à Bayonne, où nous NN# auons eſté deux ans & plus à circuir preſque tout ce Royaume : où en pluſieurs villes & #) % villages, i'ay eſté appellé en conſultation de diuerſes maladies aucc defunct Monſieur 4 Chapellain premier Medecin du Roy , & Monſieur Caſtellan, † de la Royne Mere, homme d'honneur , & tres-ſçauant en la Medecine & Chirurgie, Faiſant ce diligence de voyage, ie me ſuis touſiours enquis aux Chirurgiens, s'ils auoient remarqué quelque choſe rare en l'Autheur. Hiſtoire. Autre hi-- ſtoire. leurs practiques, à fin d'apprendre quelque choſe de nouueau : eſtant à Bayonne, il aduint deux cho- ſes de remarque pour les ieunes Chirurgiens. La premiere , c'eſt que ie penſay vn Gentil homme pour 8 P - - - Eſpagnol , lequel auoit vne apoſteme grande & enorme à la gorge. Il vint pour ſe faire toucher au p q pouer - - deffunct Roy Charles , des eſcroüelles. Ie fis ouuerture de ſon apoſteme, où il ſe trouua grande quantité de vers tous groiiillans, gros comme la pointe d'vn fuzeau, ayans la teſte noire, & auoit grande quantité de chair pourrie. Dauantage, il auoit ſous la langue vne apoſteme nommée Ranula, qui l'empeſchoit de proferer ſes mots, & de maſcher & aualler ſes viandes. Il me pria à jointes mains , la luy ouurir, s'il ſe pouuoit faire ſans peril de ſa perſonne : ce que ie fis promptement, & trouuay ſous ma lancette vn corps ſolide, qui eſtoient cinq pierres ſemblables à celles qu'on tire de la veſſie La plus groſſe pouuoit eſtre d'vne petite amande, & les autres comme petites féves longuettes, qui eſtoient en nombre de cinq. En cette apoſteme eſtoit contenu vn humeur glaireux de couleurjauna- ſtre, en quantité qui ne pouuoit entrer en quatre cuilliers d'argent. Ie le laiſſay entre les mainsd'vn Chirurgien de la ville, pour paracheuer d'eſtre guary. Monſieur de Fontaine, Cheualier de l'Ordre du Roy, eut vne grande fiévre continuë, peſtilente, accompagnée de pluſieurs charbons en diuerſes parties du corps, lequel fut deux iours ſans ceſſer de ſaigner du nez, & ne le pouuoit-on eſtancher : & par iceluy flux la fiévre ceſſa, auec vne tres-grande ſueur, & toſt apres les charbons ſuppuretent : & fut par moy penſé, & par la grace de Dieu, guary. I'ay publié cette Apologie,a fin que chacun connoiſſe de quel pied i'ay marché touſiours :& nepen- ſe qu'il y ayt homme ſi chatoüilleux,qui ne prenne enbonne part ce que i'ay dit,puis que mondiſcours eſt veritable,& quel'effect monſtre la choſe à l'œil, laraiſon m'eſtant garand contre toutes calomnies. Fin de l'Aoplogie & Voyages LE : | ; T R E NT I E SME L IV R E, T RA I CT ANT DES FIEVRES • E N G E N E R A L E T E N P A R T I C V L I E R, Tar A MB RoI sE PA R E , de Laual au Maine, (bnſeiller&' premier Chirurgien du Roy. Trouué dans les manuſcripts de l'Autheur, & adiouſté en cette nouuelle Edition. P R E F Ac E eA V L E CTE VR M y L E c T E v R, l'auois bien preueu que le traicté des fiévres dont ) i'auois autresfois fait voir quelque eſchantillon,donneroit occaſion à plu- ſieurs de reprendre&blaſmer mon deſſein,en ce que ie t'aſchois d'inſtrui- re les Chirurgiens en vne maladie qui n'eſt point de leur gibier, qui ne touche en aucune façon l'object de la Chirurgie, qui eſt hors l'eſtenduë d'icelle,& qui appartient proprement au Medecin.On ſçait aſſez ce qui eſt 9# arriué ſur ce ſujet, ſans que ie m'eſtende dauantage,ou à reſpondre à leurs l'Eſchole ( N» raiſons, ou à m'excuſer de mon deſſein. l'ay trouué bonne la cenſure de v§ de $a l'eſchole de Medecine de Paris, comme eſtant celle qui nourrit & eſleue Paris. Ts>7 les plus beaux eſprits qui ſoient en la Medecine,qui diſtribuë la # la • . vraye doctrine d'Hippocrate & de Galien , & pour mon particulier , qui m'a enſeigné & donné ce peu de ſçauoir que ie deſire communiquer aux autres Mais ie n'ay pûiamais gouſter la reprimande de quelques-vns, qui pour auoir plus d'enuie à ma reputation, que de bonne vo- L'Atheu, lonté de ſeruir au public, m'ont chargé de calomnie, accusé de plagiaire, & ſans oüyr mes raiſons, & :'eſt ſerui prendre en bonne part mes deſſeins,condamné d'ignorance & de temerité.Pour la premiere,ie ne ſuis du conſeil de point ſi amateur de moy-meſme,& ſi eſclaue de mes perfections que ie ne confeſſe ignorer beaucoup #. de choſes en la Medecine,que pour beaucoup de difficultez ie n'aypris l'aduis de quelques Medecins - plus ſçauans que ie ne ſuis, que ie ne me ſois ſervy de leur conſeil & de leur labeur,& que ie n'aye pro- fité beaucoup en leur conference & communication. Mais pour la temerité, ie leur prie de croire que ie n'en ſuis non plus coulpable, qu'eux ne le croyent eſtre en la cenſure qu'ils font de mes intentions. Loiiangé de D Car pour dire laverité, ce n'eſt nyl'ambition de paroiſtre docte,nyl'enuie que i'ayde ietter de la pouſ-# de - * » - - - l'Autheur ſiere aux yeux des Medecins que i'ay entrepris ce diſcours des Fiévres : c'a eſté ſeulement le deſir de § profiter au public, de déraciner beaucoup d'abus qui ſe ſont gliſſez dans la practique des Chirurgiens diſcours. qui ſont hors des grandcs villes, & de rendre vniuerſellement le Chirurgien plus propre & plus in- ſtruit de ſeruir & ſoulager les Medecins preſens , & d'aduertir les abſens plus ſoigneuſement & exacte- - ment des accidens qui arriuent aux § Car il eſt tres-aſſeuré que le Chirurgien ayant quelque legere & ſuperficielle cognoiſſance des fiévres peut plus commodément que ne ſçauroient faire les gar- des & aſſiſtans des malades,aduertir le Medecin de l'eſpece de la fiévre, & des accidens qui peuuent Eneasdene- luruenir. Meſme en l'abſence du Medecin, & en cas de neceſſité preſſante & vrgente, il peut donner ceſſité le chi- quelque allegement, empeſcher les inflammations des parties nobles, & deſtourner par quelque reme-ººº ºº de fait à propos & tiré par l'indication des effects & des cauſes des fiévres , les ſymptomes qui iettent # le bien ſouuent les malades dans le peril de la mort. Et veritablemeut les fiévres eſtans des accidens qui § accompagnent ordinairement ou le plus ſouuent, les diſpoſitions contre nature que la Chirurgie en- qui apparti- treprend de guerir, comme ſont les tumeurs, les playes, les vlceres, les fractures & les luxations, voire nenºº Chº meſme que les fiévres entretiennent leſdites maladies, & les empeſchent de guerir, & que pareillement #nu · le plus ſouuent leſdites fiévres ne ſuruiennent que par la douleur & autres accidens des ſuſdites mala-# 67 - - - / - - - de tét Of%- dies qui entretiennent lcs fiévres tandis qu'elles ſubſiſtent. On peut par là reconnoiſtre que la connoiſ-ure. ſance — 8o2 Preface au Lecteur. ſance des fiévres & de leurs cauſes eſt tres-neceſſaire au Chirurgien. Ie demanderois volontiers à ceux qui blaſment ſi opiniaſtrement mon deſſein que deuiendra vn Chirurgien lequel ſera appellé à vn ma- lade febricitât qui aura eſté bleſſé à la teſte,& qu'il trouuera en de grands vomiſſeméts & en vn ſaigne- ment de nez Comment connoiltra il que ledit vomiſſement & ſaignement de nez viennent de la fiévre & non de la playe, s'il ignore tout à fait la nature de la fiévre & qu'il ne ſçache que ces accidens peu- uent auſſi bien venir de la fiévre que de la bleſſeure ? Il ne ſçauroit iamais s'éclaicir de cette diffi- culté ſans cette connoiſſance, & ne pourra en aſſeurance traicter la playe & en faire ſon prognoſtic ſans cette lumiere. C'eſt ce qui m'a induit à reuoir de nouueau mon premier traicté des fiévres,& à l'ac- #º " commoder à la capacité des Chirurgiens.Ie ne pretens pas par iceluy de les rendre capables d'entre- #. prendre leur curation ? Elle doit eſtre entierement reſeruée aux Medecins nos Maiſtres : mais ie deſire 'Medecin, faire en ſorte qu'vn Chirurgien ne ſoit point ſurprins pour les accidens qu'elles apportent , & qu'il puiſſe eſtre capable de ſeruir le Medecin qui ne peut eſtre preſent à la curation. Et de fait, que l'on remarquera que ie ne donne icy aucuns preceptes ny enſeignemens du pouls ou battement des arteres, des ſignes & indications qui ſont priſes des vrines & des excremés du ventre,des vomiſſemens,rigueurs, ftiſſons, tremblemens, & autres changemens qui accompagnent les fiévres, ſans la connoiſſance deſ- quels il eſt impoſſible de les guerir ſeurement, promptement & doucement. Mais ie laiſſe cela aux ce qui eſt Medecins, me reſeruant ſimplement à traicter ce qui eſt de la Nature, Difference, Signes, Curation, & traité en cét Mitigation des ſymptomes des fiévres, ce que i'eſtendray vn peu plus au long que ie n'ay fait par cy- B º" denant, mabriefueté ayant eſté cauſe que les Nouices en la Chirurgie n'ont peu receuoir le profit de Diuiſon de mon Oeuure tel qu'ils ſe propoſoient. Or afin que nous gardions quelque methode en ce diſcours, qui ciioºuure oſte l'obſcurité & la difficulté du ſujet que nous traictons, nous le diuiſerons en deux parties : Dont la premiere parlera de la Nature, difference, cauſes, ſignes, & curation des fiévres, tant en general qu'en particulier : L'autre donnera quelques aduis ſur les ſymptomes & accidens d'icelles : tant afin d'adoucir leur faſcherie & importunité, que pour en ſoulager le malade qui ſe trouue quelquesfois plus incommodé des ſymptomes que des fiévres meſmes. Mais deuant que paſſer outre, ie veux que l'on voye tout mon deſſein racourcy dans la figure ſuiuante pour ſeruir non ſeulement d'indice à tout l'ou- urage, mais auſſi pour ayder la memoire & le iugement de ceux quivoudront lire mon diſcours. TABLE oV INDICE DE ToVT cE DIscovRs des Fiévres. | rDefinition. chap. 1. | Cauſes. chap. 2. | Signes. chap. 3. C ſEn general touchant le" Curation en general. - | chap.4. La premiere parle ; | Moyens pour les guerir. U chap. 5. Ce diſcours des fiévres J | deux parties | - 1 lEn particulier {Des differences. chap. 6. U La ſeconde parle des ſymptomes des fiévres. Voy le ſecond Diſcours. LE A C dité qu'elle n'aye eu auſſi auec ſoy quelque fruict & quelque douceur. Car nous obſeruons apres Hippocrate D R EMIER E PAR TIE D E S F I E'V R E S EN G EN E R AL ET EN PA R T I C VL IE R. La definition de Fiévre. C H A P 1 T R E P R E M I E R. 'E s r choſe tres-aſſeurée qu'entre toutes les maladies les fiévres ſont les plus communes & les plus faſcheuſes. Il n'y a ſi petit mal pour peu de temps qu'il dure, qui ne ſoit accompagné de la fiévre,, & ſi nous voulons croire à quelques vns, per 65 ºrdinai ſonne ne meurt ſans fiévre, non pas meſme ceux qui meurent de mort violente. Fiévre, "# Elle eſt quelquesfois ſinaturelle qu'elle accompagne quelques-vns toute leur vie, §u , p . comme l'on dit qu'il arriue aux lyons;les autres vne fois tous les ans, & ce, au iour riodique . de leur naiſſance, comme on raconte d'vn certain Poete nommé Antipater , & d'vn La fiévre autre appellé Iean l'Architecte. C'eſt vn mal tres-importun, pource que par iceluy offence toutes sſº teutes les parties de noſtre corps exterieures & interieures ſont affligées, d'où s'en- les parties dº ſuit leſion & deprauation de toutes les operations. Outre que par la vehemence d'iceluy les eſprits qui "?* ſont communs inſtruments de toutes nos actions ſont manifeſtement offenſez, ou en leur qualité pour eſtre trop eſchauffez & ſubtiliſez, ou en leur quantité pour eſtre promptement diſſipez par l'ardeur de la fiévre, ou en leur ſubſtance pour eſtre corrompus par l'infection des vapeurs pourries qui ſortent des humeurs que font les fiévres putrides. En ſorte que c'eſt vn mal tres-pernicieux , veu meſme qu'il a ſon ſiege en la partie la plus noble que nous ayons, qui eſt le cœur. Ie diray toutesfois que comme la nature n'a point donné à la vipere devenin qu'il ne luy ait donné pareillement ſon antidote, auſſi que la fiévre n'a point tant d'incommo- La fiévre & Galien, qu'il eſt quelquesfois à ſouhaitter d'auoir la fiévre, qu'elle guerit de pluſieurs maladies, quelle # criſe vient par voye de criſe & de ſoulagement, & qu'elle oſte des incommoditez que peut eſtre l'art de Medecine # ne pourroit deſraciner. Mais certes ce bien icy eſt ſi rare & fi peu ordinaire , que quand il arriue il donne , # meſme de l'apprehenſion, & feroit-on volontiers des ſacrifices comme anciennement à Rome à la fiévre, afin qu'elle n'euſt point à venir, ou à s'en retourner promptement. Or en quelque façon que la fiévre arriue, ſa connoiſſance eſt tres-neceſſaire, c'eſt pourquoy nous deuons trauailler diligemment en cét eſtude, & nous efforcer à ſon eſclairciſſement, afin que le ieune Chirurgien en tire profit. Nous auons dit que cette doctrine a deux parties , l'vne qui explique l'eſſence & la nature de la fiévre, & l'autre † regarde les accidens. La premiere eſt double, generale & particulier. Pour la ge- Diuiſion de nerale, elle conſiſte à expliquer la definition de la fiévre, ſes cauſes, ſes ſignes, & ſa curation. Pour la particu- . premieres liere, elle ſera expliquée cy-apres. C'eſt vne maxime des Philoſophes, que les choſes generales & vniuer-partie de ce ſelles vont touſiours deuant les particulieres, & que la connoiſſance de celles-cy depend immediatement de diſcours celles-là : ne plus ne moins que les indiuidus dependent des eſpeces, & celles-cy des genres. C'eſt pourquoy Le general il eſt tres à propos pour eſclaicir ce Traicté, de commencer au general des fiévres, & voir auant que paſſet va deuant : outre qu'elle eſt ſa definition. le particuli- Ie ne veux point icy rechercher curieuſement les noms de la fiévre Grecs & Latins, veu qu'ils ſeruent for lier. peu à l'intelligence de la fiévre, & point du tout à l'inſtruction du Chirurgien. Ie me contenteray d'apporter Deſinition de ſa definition, ou deſcription la plus propre & exacte que i'ay peu tirer des meilleurs Autheurs. La fiévre donc # n'eſt autre choſe qu'vne intemperie chaude & ſeiche, excitée & enflammée au cœur , & du cœur commu- E§ation niquée à tout le corps par les veines & arteres. En cette definition le mot d'intemperie eſt mis pour le genre, de lette acf. afin que nous conuenions que la fiévre eſtant vne intemperie, par corſequent que c'eſt vne maladie des par- nition. ties ſimilaires, & non point des organiques; outre auſſi que par ce mot d' ntemperie on diſtingue la fiévre La fiévre eſt des maladies qui ſont appellées communes,pour eſtre propres des parties ſimilaires & organiques. Pour la inºpºriº, premiere difference, nous auons dit que c'eſt vne intemperie chaude & ſeiche, afin de diſtinguer la fiévre des 1º autres imtemperatures, ſoit ſimples, ſoit composées, qui ont leur nature diuerſe de celle de la fiévre. Ie ſçay que quelques-vns ont eſtimé l'intemperature qui fait la fievre; eſt ſeulement chaude & non ſeiche , fondez ſur quelques paſſages d'Hippocrate & de Galien mal entendus. Mais il n'y a point d'apparence de les croi- re, veu que ces deux grands perſonnages ont eſcrit le contraire, & qu'il eſt impoſſible qu'vne notable cha- leur,telle que l'on void aux fiévres, ſoit ſans ſeichereſſe. L'autre difference eſt compriſe en ces mots Excitée L. ſigne de au cœur, par leſquels on donne à entendre quel eſt le ſiege & le lieu de la fiévre. Il eſt tres certain que l'i-l.#. ſi dée ou eſpece du mal conſiſte en la partie affectée , & en la diſpoſition qui eſt contre nature : mais c'eſt la le cœur partie affectée principalement qui fait diſtinguer les maladies les vnes des autres. Par exemple, par où pen- La partie di. ſons-nous que la Phreneſie, la Pleureſie,& l'Ophthalmie ſoient diſtinguées les vnes des autres ? Ce n'eſt pas # les par l'inflammation, car toutes ces trois ſont inflammations , mais par la partie malade , car la Phreneſie eſt maladie . vne infiammation des membranes du cerueau, la Pleureſie eſt auſſi inflammation de la membrane qui enue- - lope 8o4 Premiere Partie, lope les coſtes : & l'Ophthalmie pareillement eſt vne inflammation, mais de la membrane de l'œil,qui s'ap- A pelle conjonctiue.La fiévre donc eſt bien vne intemperie chaude & ſeiche, mais qui n'eſt pas reſſerrée & atta- chée à vne ſeule partie, ains qui eſt excitée premierement au cœur, & de là communiquée à tout le reſte du cºrps. La fiévre ſi Par où nous apprenons premierement, que la fiévre n'eſt pas vne maladie particuliere, & propre d'vne ſeule maladie ge-pattie, generale & vniuerſelle à tout le corps; & en ſecond lieu, qu'elle ne pourroit eſtre communiquée à tout le nerale. corps, ſi elle n'eſtoit allumée en vne parie noble & principale, comme eſt le cœur, qui à vne ſympathie & communication manifeſte auec tout le corps, tant par les arteres qui naiſſent de luy, que par les veines qui luy ſont enuoyées du foye.voila ce qu'on peut briefuement dire pour l'explication & intelligence de la defini- tion de la fiévre, n'eſtant point beſoin de s'amuſer à vne quantfté de queſtions que l'on fait ſur ce ſuject, leſ- quelles ſont bonnes pour l'eſchole, mais ne ſeruent de rien en la practique. - Des cauſes generales de la Fiévre. C H A P. II. S)uatre gen- - - - - # §ſ )# I º N. que l'on ait accouſtumé de mettre quatre genres de cauſes lors qu'il eſt queſtion d'exami- Les maladies : $ ner l'eſſence des choſes : ſi eſt-ce qu'en l'expoſition des maladies , on obmet touſiours la cauſe m'on point de formelle & la finale, d'autant qu'elles ſeruent de peu de connoiſſance. On ſe contente donc de par- B cauſe finale ler de l'efficiente , & de la materielle. Pour l'efficiente, c'eſt celle qui a preſque tout pouuoir, & par laquelle La cauſe effi- l'intemperie chaude & ſeiche, qui eſt le genre de la fiévre, eſt engendrée. Or on peut dire generalement ciente de la que tout ce qui augmente la chaleur de noſtre corps, iuſques à ce poinct qu'elle puiſſe empeſcher les opera- #a•e tions d'iceluy, eſt la cauſe efficiente de la fiévre. Galien auliure premier des differences des fiévres, chapitre à 5. chefs. troiſieſme, rapporte cette cauſe à cinq chef principaux, au mouuement, à la pourriture, à la retention & ſuppreſſion Le me - des excremens, à l'attouchement & voiſinage d'vne chaleur externe & eſtrangere , au meſlange de quelque ſubſtan- ment cauſe ce chaude parmy la noſtre interieure. Par le mouuement, on entend celuy qui eſt violent & exceſſif, tant de de la fiévre. l'eſprit, que du corps. Celuy du corps eſt ou actifvolontaire & prouenant de nous, comme luitter, courir,joüer à la paume:ou paſſif, & qui nous eſt donné par vne cauſe externe , comme pour auoir eſté en carroſſe, ou auoir L'oiſiueté picqué vn cheual faſcheux & violent. Celuy de leſprit eſt ſoing, vehemente apprehenſion, faſcherie,corroux, cauſe la fié- & autres ſemblables paſſions de l'ame, lors qu'elles nous tiennent fort ſouuent, & fort long-temps. Mais il ne faut pas icy s'abuſer ; & penſer que le ſeul mouuement excite la fiévre ; car nous voyons par experience, que le repos qui eſt ſon contraire, apporte ſouuent la fiévre : car ceux qui auoient de couſtume de s'exercer, s'ils viennent à s'adonner à l'oiſiueté , par accident tombent en fiévre , tant parce que les excremens qu'ils ſouloient diſſiper par l'exercice retenu dans le corps ſe pourriſſans aisément, l'eſchauffent outre meſure : Fourriture qu'auſſi pource que leur chaleur naturelle ſe fait contre nature, pour n'eſtre plus eſuentée par l'exercice mo- cauſe de la deré, ainſi qu'elle ſoulois auparauant. La ſeconde cauſe efficiente des fiévres , eft la pourriture ou putreſattien, fiévre. qui g'eſt autre choſe qu'vne corruption causée par vne chaleur eſtrange & externe en vne humeur enfermé & non eſuenté, comme nous voyons ſouuent aduenir aux phlegmons & eryſipeles, auſquels par conſequent les fiévres ſont annexées & conioinctes. Cette cauſe eſt propre des fiévres putrides, c'eſt pourquoy nous Troiſieſme remettons en ce lieu là à en parler plus particulierement & amplement. La troiſieſme eſt la retentien & ſup- cauſe de la preſſion des excremens, qui ont de couſtume d'eſtre vuidez & pouſſez hors de nos corps, non ſeulement par vne fiévre euacuation manifeſte & ſenſible à la veue, comme ſont les mois des femmes, & les hemorrhoides des hom- mes; mais auſſi par vne euacuation qui ne ſe void point, & que nous appellons inſenfible tranſpiration qui ſe fait par les pores du cuir : Cartel excrement principalement s'il eſt acre & fuligineux, comme des hommes bilieux, retenu & entaſsé dans le corps, ne pouuant expirer pour la denſité du cuir, ou pour la conſtipation des pores d'iceluy , excite promptement des fiévres,ou ephemeres, ou putrides. La quatrieſme eſt l'atronche- ment & voiſinage d'vne chaleur externe, comme du feu, des medicamens cauſtiques, des rayons du Soleil, d'vn corps febricitant auec lequel nous auons couché, & principalement s'il eſt d'vn temperament picrochole ou attrabilaire. La cinquieſme cauſe des fiévres,eſt la priſe ou meſlange de quelque ſubſtance chaude parmy la noſtre interieure, ſoit qu'icelle ſubſtance chaude ſoit medicamenteuſe, ſoit qu'elle ſoit alimenteuſe. Ainſi voyons-nous ſouuent qu'vne medecine de ſcamonée,ou de rheubarbe, donne la fiévre à celuy principalement qui a le foye chaud.Le ſemblable faitl'vſage du miel & duſucre és corps des ieunes hommes,d'autant qu'en iceux les choſes douces s'enflamment aisément,& ſe tournent en bile : ce que plus euidemment font les eſ- pices, & toutes autres choſes aromatiques , ameres, acres, ou ſalées ; comme auſſi les vins qui ſont forts & puiſſans. Voila les cinq cauſes efficientes des fiévres, qui ont eſté tres-doctement expliquées & traictées par Galien, & du depuis confirmées par tous les Medecins qui l'ont fuiuy. Reſte à parler des cauſes materiel- La cauſ les, eſquelles conſiſte la nature de la fiévre, & fur leſquelles elle eſt placée & fondée, comme en ſon propre materielle ſubject. Ces cauſes icy ſont de trois ſortes, comme eſtant rapportées à noſtre corps qui eſt baſty & conſtitué de des fiévres. trois diuerſes ſubſtances , de la ſpiritueuſe ou aérée , de la liquide ou bumoralle & de la ſolide. Car l'intemperie D chaude & ſeiche qui fait la fiévre, venant à s'attacher à l'vne de ces trois ſubſtances eſt triple, fait vne fiévre differente & conforme à la naturede la ſubſtance, qui reçoit cette intemperie, à laquelle elleſert comme de Cauſe mate- matiere & de propre ſuject. Par exemple , ſi l'intemperie s'attache à la ſubſtance ſpirituelle ou aérée, il s'en- rielle de la gendre vne fiévre vrayement ſpirituelle, c'eſt à dire, qui eſt propre des eſprits de noſtre corps, & qui pour ne fiévre Ephe- durer qu'vn iour naturel eſt appellée Ephemere,ou Diaire Si le feu s'enflamme en la ſubſtance bumoralle,la fiévre A72éyé. ſera vrayement bumoralle, comme ayant pour matiere & ſubject les humeurs du corps. Que ſi la chaleur s'al- ºſº lumeen la ſubſtance ſolide du corps , il ſe fera vne fiévre hečiique, ainſi nommé 'elle eſt ſtable & fiévre hu- # # - » *. - pectique, a mmee pource qu'eIIe eit Itable # difficile à guerir, comme les choſes qui ont pris leurs habitudes. C'eſt pourquoy nous concluons, que com- c#. la me ily a cinq cauſes efficientes des fiévres cy-deſſus ſpecifiées , auſſi y a-il trois cauſes materielles ; à ſçauoir, fiévre becii- les eſprits, les humeurs, & les parties ſolides de noſtre corps. que. "UI'6º• La 4 cauſe de la fiévre. La 5. cauſe. Des Signes des fiévres engeneral. CH A P. II I. # N c o º F que la connoiſſance des fiévres appartienne au ſeul Medecin, & qu'il n'y ait rien de # # plus difficile en la medecine que le traicté des ſignes, ſi eſt-ce que ie ne laiſſeray pas d'en parler vn º petit mot en paſſant : & taſcheray d'en dire quelque choſe ſi vulgairement & groſſiement, que le Chirurgien pourra s'en informer mediocrement , & en tant qu'il a en beſoin , pour le ſoulagement des malades 8o6 Premiere Partie, c'eſt vne maladie, que le Chirurgien le doit faire par les Indications priſes des choſes naturelles, non naturelles A & contre nature. Leſquelles choſes toutesfois, afin de les racourcir ſe peuuent & ſe doiuent rapporter à trois - Indications principales,ſçauoir à celle qui eſt priſe de la maladie, à celle qui eſt puisée de ſa cauſe . & à celle #º qui eſt priſe des forces du malade. Par la premiere nous apprenons que la fiévre ainſi que les autres maladies, dication. ſe doit guerir par ſon contraire, eſtant vn axiome tres-certain en la doctrine d'Hippocrate & de Galien, que tout contraire ſe guerit par ſon contraire. Or eſt-il que nous auons eſcrit cy-deſſus que la fiévre eſtoit vne intemperie chaude & ſeiche, par conſequent il faut pour guerir la fiévre vſer de remedes rafraiſchiſſans & humectans. Donc la premiere Indication nous apprend, que le Chirurgien qui voudra entreprendre à gue- rir la fiévre, generalement parlant, ne doit ſe ſeruir que des remedes qui rafraiſchiſſent & qui humectent, eſtant impoſſible d'oſter la chaleur que par les choſes rafraiſchiſſantes, & de corriger la ſeichereſſe que par Seconde In° celles qui moüillent & humectent. Pour la ſeconde Indication, elle eſt priſe des cauſes du mal, lequel ne peut ºiº , eſtre guery ſi ce n'eſt en retranchant ſa cauſe, eſtant tres-veritable l'axiome des Philoſophes, que l'effect La cauſe # ceſſe , ſa cauſe eſtant oſtée. Il faut toutesfois icy obſeruer qu'il y a des fievres telle qu'eſt l'ephemere & # diaire, qui perſiſtent encore que leurs cauſes ſoient oſtées : & c'eſt pourquoy cette Indication n'a lieu #. #- qu'aux fiévres, qui ont leurs cauſes preſentes, & qui ſont en mouuement, qui fomentent & entretiennent ºr fois non. le mal Par leur preſence & par leur action , & qui donnent commencement , progrez & entretien par leur 6)u'eſt ce effect réel & actuel auſdites fiévres. Lors que telles cauſes ſe preſentent,alors le Chirurgien par cette ſecon- qu'il faut de Indication doit recourir à leur retranchement, afin de coupper le mal en ſa racine : veu que ce ſeroit faire la cau- vn abus de le vouloir oſter tandis qu'on laiſſeroit en force & en vigueur le principe & l'agent de ſa genera- ſº ººº Prº tion. Partant toutesfois & quantes qu'il y aura vne cauſe preſente, il faut commencer la curation de la fié- ſente. vre par le retranchement de cette cauſe , quoy faiſant on oſtera tout enſemble & la cauſe de la fiévre, & la fiévre meſme ſans autre plus grand appareil. Que s'il n'y a point de cauſe preſente en la fiévre , comme il arriue à l'hephemere causée par l'ardeur du Soleil, laquelle perſiſte hors la preſence d'iceluy , alors il ne faut point s'amuſer à cette Indication , mais il faudra ſeulement combattre par remedes rafraiſchiſſans & humectans l'intemperie chaude & ſeiche de la fiévre. Mais s'il arriue qu'en partie la fiévre ſoit faite, en par- tie qu'elle ſe face, c'eſt à dire que ſi la cauſe de la fiévre n'y eſt plus, mais qu'vne autre pareille cauſe vien- ne à entretenir la meſme fiévre , il faut premierement'oſter cette derniere cauſe , & puis il faudra com- battre la fiévre faite de la premiere cauſe abſente par la voye de la premiere Indication , ie veux dire par Troiſiéme les remedes qui rafraichiſſent & humectent. Paſſons à la troiſieſme Indication, laquelle ſe prend des forces lnº , du malade : icelle n'eſtant rien que le deſſein qu'a le Chirurgien de maintenir la vertu du febricitant, & ººgºº luy donner la force de reſiſter au mal iuſques à la fin, par le moyen de la bonne nourriture. Par cettein- # ** dication on ordonne vn regime de viure contraire à la fiévre, & à ſes cauſes, mais qui eſt conforme & pro- cº troi- portionné au temperament, à l'aage, & à la couſtume du febricitant : & ſouuent nous faiſons tel eſtat de ſtim, Indica- cette Indication que nous laiſſons là les deux autres pour embraſſer cette-cy: Car comme nous auons dit tion eſt pro- ailleurs, le plus ſouuent nous laiſſons la propre cure & principale de la fiévre , qui eſt le retranchement de fitable aux la cauſe, pour ſuyure cette Indication, & nous employer à la conſeruation de la force & vertu du febri- 45/765, citant Par exemple, au commencement des accez de la fiévre, en prenant Indication de la maladie : il n'y a rien ſi contraire que le manger : veu qu'il augmente la matiere de la fiévre : toutesfois s'il aduenoit que les forces du malade fuſſent ſi debiles , que le malade ne peut reſiſter à l'effort de l'accez , alors prenant Indi- cation des forces, & non d'autre choſe, il faudroit nourrir le malade & luy donner à manger , encore bien que la matiere de la fiévre s'en d'euſt augmenter. - - " Deuant que finir ce chapitre, il faut obſeruer deux choſes : la premiere , que les deux premieres Indica- tions quelquesfois s'accordent enſemble, quelquesfois elles ſont contraires entr'elles : ſi bien que l'Indica- tion qui oſte la cauſe de la fiévre, augmente l'intemperie de la fiévre.Au premier cas la choſe eſt bien aisée, - Les deux pre- mieres Indi- cations quel- quesfois ſe contrar tent. , - 1 - - - - - - V. Qu'eſt-ce qu'ā l'intemperie de la fiévre qui eſt chaude & ſeiche, il faut rafraiſchir & humecter , eu pareillement eſgard à fait quand la cauſe materielle de la fiévre, qui eſt la bile auſſi chaude & ſeiche, il ne faut faire autre choſe que rafraiſ- cela aduient chir & humecter.Mais lors que deux Indications ne s'accordent pas, comme és fiévres pituiteuſes & melan- choliques, alors il faut prendre Indication de la choſe qui preſſe le plus & qui apporte plus de peine, ou de peril au malade , ne negligeant pas tout à fait neantmoins l'autre Indication. En vn mot, il faut s'addreſſer premierement & principalement au plus neceſſaire & plus vrgent , & puis apres à ce qui preſſe le moins. L'autre choſe à obſeruer eſt , pour la ſeconde Indication , que nous auons dit eſtre priſe du retranchement L* ºſº de la cauſe. Or ce retranchement ne ſe peut faire par vn ſeul remede, mais par diuers moyens , à cauſe pour eſtre *- qu'il n'eſt pas queſtion d'vne ſeule cauſe en la fiévre, mais de plufieurs, comme nous auons donné à enten- # dre cy deſſus.Par exemple l'eſtoupement des pores & conduits du cuir, & la ſuppreſſion de l'excrement acre & uerſité de re. fuligineux qui ſe fait par ces pores, ſont oſtez par les medicamens relaſchans, reſolutifs & digeſtifs, la §, , pourriture par ceux qui euacuent, cuiſent, contemperent , attenuent, inciſent & ouurent , ſ'obſtruction des pourquoy. vaiſſeaux, ſi elle eſt faite par humeurs craſſes, lentes & froides, par ceux qui eſchauffent puiſſamment & qui inciſent & attenuent : ſi elle eſt causée d'humeurs bilieuſes par ceux qui rafraiſchiſſent, & ainſi des autres, comme nous dirons au progrez de ce Traicté, en la cure de chaſque fiévre en particulier. Des moyens deſquels on ſe ſert à guerir les fiévres. C H A P. V. Inſtrument L faut parler en ce chapitre des infirumens ou remedes qui peuuent ſeruir à obtenir la fin pour guerir. des trois indications , que nous auons expliqué au chapitre precedent. Car ce n'eſt pas ou de dire qu'il faut ſe ſeruir de remedes froids pour eſteindre la fiévre,qu'il faut couper la cauſe de la fiévre par ſon contraire, & qu'il eſt neceſſaire de reſtablir & conſeruer les for- ' ces du malade; il faut ſçauoir par quels inſtrumens ou moyens nous pouuons venir à la fin Trois ſortes de ces deſſeins. Or ces inſtrumens ſont trois, autant qu'il y a de ſortes de remedes en la d'inſtrumës. º= partie de Medecine, qu'on appelle Therapeutique, ſçauoir la Diete, la (hirurgie,& la Phar- Six choſes n5 macie. La Diete n'eſt autre choſe que l'ordre & la reigle qu'on doit garder, non ſeulement au boire & manger, naturelles mais auſſi en l'vſage des ſix choſes que les Medecins appellent non naturelles,qui ſont l'air, le boir & le manger,le dormir & le veiller,l'exerciie & le repos,la moderation aux affections & paſſions de l'ame,& l'excretion,& retention, 94 " car il ne faut rien faire que rafraiſchir & humecter , comme il arriue aux fiévres bilieuſes : car eu eſgard à Du Traicté des Fiévres. 8o7 | - " - - - - - - A ou repletion & inanition.Par la chirurgie nous entendons les operations de la main,qui ſeruent à la gueriſon des fiévres. Et par la Pbarmacie l'vſage des medicamens ſoit purgatifs, ſoit alteratifs, qui doiuent eſtre employez à la cure des meſmes fiévres. - - - - - Pource qui eſt de la diete des fiévres nous pouuons definir en general qu'elle doit eſtre refraiſchiſſante La diete des & humectante tant que faire ſe pourra, ayant éſgard à la nature du malade , à ſon aage » à ſa couſtume, & fº au pais où il eſt. Et afin de particulariſer cette regle, & rendre noſtre doctrine plus claire & intelligible, ., . nous diſons que l'air que hument les malades doit eſtre froid & humide : que ſi la ſaiſon ne le permet, il faut # #º la preparer par l'art de medecine , arrouſant la chambre du malade d'eau fraiſche , ſemant par iceile des # fueilles de violiers de Mars, de vigne & de laictués, de fleurs de nenuphar & de roſes,& choſes ſemblables: humide. d'autant que par ce moyen l'air eſtant rendu froid & humide, imprime à tout le corps les meſmes qualitez: Les viandes & bien d'auantage au poulmon & au cœur, aufquels il eſt porté directement par la reſpiration , ce faiſant des febrici- on modere l'intemperie chaude & ſeiche de la fiévre par la premiere Indication , qui eſt de guerir le mal tan,. par ſon contraire. Pareillement la qualité des viandes doit eſtre froide & humide pour les meſmes raiſons, Le boire des prenant garde que telles viandes ſoient aisées à cuire , & de bon ſuc, & qu'on en donne en telle quantité fabricitan . qu'elle ſuffiſe à entretenir les forces & la vertu du malade, & en temps où elles puiſſent touſiours profiter, & ne nuire iamais. Les meilleures viandes & plus commune des febricitans ſont bouillons , iaunes d'œufs , gelée, pruneaux cuits, pommes cuittes, orges mondez , & autres viandes legeres , faciles à digerer, & qui ne chargent point l'eſtomach. Le boire des febricitans doit eſtre de l'eau bouillie, de la ptiſane faite auec regliſſe, orge & choſes ſemblables, & quelquesfois de l'eau meſlée auec quelque ſyrop rafraichiſſant & hu- mectant, comme eſt le viclat,& de nenuphar.Galien au neufieſme de la Methode , recommande l'eau froide pour la fiévre, mais auec certains dioriſmes & precautions qu'on peut aller voir à loiſir dans le meſme Au- theur.Pour le vin il leur doit eſtre defendu, ſur tout s'il eſt puiſſant, genereux, fort, fumeux & groſſier.Pour ce qui eſt des veilles & duſommeil, elles doiuent eſtre moderées, en ſorte toutesfois que le ſommeil ſoit Le ſommeil plus long que les veilles : Car encore bien que les veilles rafraiſchiſſent d'auantage les parties interieures,& neceſſºire . ie ſommeilles exterieures, à cauſe que par les veilles la chaleur s'eſpand au dehors, & par le ſommeil ſe * /º- retire au dedans.Si eſt-ce toutesfois qu'à cauſe de beaucoup de biens & commoditez que le ſommeil ap- #ſº porte à l'eſprit & au corps, comme d'aider la coction , reſtablir les eſprits, fortifier les puiſſances de l'a- # #. me & du corps, eſteindre la ſoif, arreſter les vomiſſemens, la toux & le flux de ventre , humecter le cer- # vtile ueau & tout le corps, à cauſe dis-je d'vn plus grand bien le ſommeil des febricitans doit eſtre plus long que §. les veilles.Quand à ce qui eſt de l'exercice du corps ou du repos , il eſt tres-aſſeuré que l'exercice eſchauffant tans. & les humeurs & les eſprits, que le repos eſt à preferer, & qu'il doit eſtre recommandé aux febricitans, puis qu'il rafraiſchit & humecte, blaſmant la façon de faire de Prodicus & Herodicus , & de leurs ſecta- teurs,leſquels par l'exercice de luiter & de courir qu'ils faiſoient faire aux febricitans, les tuoient pluſtoſt que de les guerir. / ' · . Les paſſions & perturbations de l'ame ne ſont aucunement vtiles aux febricitans, au contraire le repos & La ioye vtile la tranquilité de l'Eſprit leur eſt neceſſaire, oſtant par ce moyen le trouble des humeurs & des eſprits, qui * la fiévre, ſuruient par l'excez des paſſions, telles que ſont la cholere, la ialouſie, le chagrin, la triſteſſe & le deſeſ- Spauoir ſi la poir, la ioye moderée par accident, car par icelle le ſang ſe retirant du cœur, qui eſt le ſiege de la fiévre,és #a parties du corps, & principalement aux exterieures, elle eſt cauſe que le cœur ſe rafraiſchit aucunement, §" & par conſequent diminué l'intemperie chaude de la fiévre. Il n'y a point de paſſion qui fut plus propre §nte aux fiévres que la crainte, laquelle rafraiſchit les humeurs & les eſprits,fi ce n'eſt qu'elle apporte beaucoup ſuite § de plus grands accidens auec elle : & de faict , nous liſons que pluſieurs perſonnes par crainte & frayeur la fiévre. ſubite & non preueuë , ont perdu tout à faict la fiévre par vn extraordinaire rafraiſchiſſement du cœur & des parties contenués en iceluy, causé de l'excez de cette frayeur. Ce que i'adiouſte pour donner à enten- dre qu'il ne faut pas pour eſteindre la fiévre vne petite crainte , & telle qu'elle arriue communement : mais qu'il faut vne frayeur extraordinaire & exceſſiue, qui ait non ſeulement le pouuoir de faire retirer le ſang , les eſprits & la chaleur des parties exterieures vers le cœur, mais auſſi de rafraiſchir la chaleur du cœur, ſans l'eſteindre neantmoins tout à fait , en quoy on deſcouure la difficulté & le peril de ce remede. Le dernier article des choſes non naturelles qu'on doit obſeruer pour la fiévre eſt la retention & euacua- La retention tion ; la retention des choſes vtiles & profitables au corps , & l'euacuation des excremens & ſuperfluitez nui- & euacua- ſibles.Ie ne m'eſtens point d'auantage au denombrement de telles choſes, ie diray ſeulement que ſi les ex- tion. cremens du ventre, les vrines , les ſueurs, &c. ſont retenus trop long temps au corps du febricitant qu'ils augmentent la fiévre, & la diminuent quand ils en ſont euacués en temps & lieu, & en quantité ſuffiſante: comme au contraire , s'il ſuruient au febricitant vne euacuation d'humeurs froides au lieu des chaudes, il ſent la fiévre s'en augmenter : & trouue que ſes forces s'abbattent, s'il luy arriue vne euacuation des cho- ſes qui doiuent eſtre retenues au corps, & qui luy ſont vtiles & neceſſaires. I'ay rapporté en mon inſtru- ction de Chirurgie chap.16.ce fixieſme chef des choſes non naturelles à la Repletion & à l'Inanition , & en ay particularisé les eſpeces & differences , leſquelles peuuent eſtre rapportées en ce lieu , & accommo- dées à noſtre intention. C'eſt pourquoy ie n'en diray rien d'auantage, & paſſeray à l'autre inſtrument de la Therapeutique, qui eſt la Chirurgie. Quand nous parlons icy de la chirurgie , nous n'entendons pas parler de toutes les operations de la comment la main qui luy appartiennent, mais de celles ſeulement qui peuuent ſeruir à combattre & guerir la fiévre, chirurgie eſt telie qu'eſt principalement la ſaignée. Non pas que la ſaignée conuienne directement & proprement à la neceſſaire fiévre , mais indirectement ſeulement, & par accident. Le propre de la ſaignée n'eſt pas de rafraiſchir & pºur guerir la d'humecter, mais de vuider le corps & d'euacuer le ſang , à quoy à la verité ſuccede le rafraiſchiſſement , fiévre , par la diminution qu'on fait & du ſang , & de la chaleur qui l'accompagne. Elle peut toutesfois conuenir La ſaignée en à la fièvre, par le moyen d'vne de ſes cauſes, qui eſt la plenitude , laquelle ne peut eſtre oſtée plus pro- # prement, promptement & ſeurement que par la ſaignée. Pour toutes ces raiſons , & pour deſtourner quel- # quefois les fluxions qui ſe font ſur les parties nobles en la pluſpart des fiévres, & auſſi pour donner air & § #. vent à la chaleur qui eſt eſtouffée dans le corps,comme pareillement pour deſgager les obſtructions, & fiévres. Pour beaucouP d'autres cºmmoditez qu'apporte la ſaignée au corps, elle eſt tres propre & tres neceſſaire aux fiévres, en forte qu'il ſeroit preſque impoſſible de les guerir, ſi ce n'eſtoit par ſon moyen. Et voilà prin- cipalement l'operation Pour laquelle la Chirurgie eſt vtiles aux fiévres, bien qn'on ſe ſerue encore de quel- ques autres , mais moins puiſſantes & moins profitables, comme ſont l'application des ſangſuës, les ſca- rifications faires aux iambes, vſuelle en Egypte, Eſpagne, & quelques lieux d'Italie, les v§ouſes & les 4ººº- COTI] etS appliquez ſur les eſpaules , & preſque ſur tout le corps , auec, ou ſans ſcarification & mouſchetu- # la re Les ſynapiſmes, veſiccatoires & cauteres, & autres choſes ſemblables, leſquelles ſont employées à la srurgie - r - - ' vtiles à la guariſon des fiévres, mais auec bien peu de ſuccez. fiévre. Y Yy 2 I'aurois Repletion 3 inanition. 8O8 Premiere Partie, l'aurois beaucoup à diſcourir ſur le troifieſme inſtrument qui conuient aux fiévres, qui eſt la Pbamscie, La Pharma-ſinon que ie me reſerue au particulier des fiévres. Nous dirons toutesfois en general que la Pharmacie 3 cte fournit de beaucoup de moyens à employer pour la gueriſon , qu elle prend des medicamens f2I1t pugetſ qu'alteratifs, teaucºup de qu'Aſe donne ou nterieurement ou exterieurement, ſoit pour tout le coips , ſoit pour quelqu'vne de ſes partier. ºº * Les lauemens ou clyſteres, les breuuages purgatifs, les emetiques ou vomitoires, les bolus, les pillules fiévres. ſeruent à oſter la cacochymie, & à purger le corps de beaucoup de ſuperfiuitez , qui nourriſſent & entre- | *# *** tiennent la fiévre. Les iuleps & apozemes rafraiſchiſſans & humectans , les epithemes » fomentations, lini- # lur,- mens, bains, onguens, combattent directement les cauſes de la fiévre, & ſon intemperie chaude & ſeiche. - #- er Les Alexipharmaque & Cordiaux corrigent la malignité des humeurs , donnent de la force & de la vigueur - Les Cardia- au cœur & parties nobles , & reſiſtent à la pourriture qui ſe meſle d ordinaire parmy les fiévres. Bref, il ques. n'y a rien en la Pharmacie qui ne puiſſe ayder à la gueriſon des fiévres , s'il eſt bien meſnagé par vn docte & iudicieux Medecin, qui ſçait meſme tirer profit des poiſons & vcnins pour l'vtilité & ſalut des malades. - La difference des Fiévres. C H A P. V I. La diuiſion NcoRE bien que les Philoſophes ayent accouſtumé de faire ſuiure la diuiſion des choſes apres des fiévres - _ - - - - * \ - - # C€ leur definition : ſi eſt-ce toutesfois que ie me ſuis reſerué à parler de la difference des fiévres en 1 - - - : ,- 1* lieu & psur- ce lieu, & en rapporter toutes les eſpeces, afin d'auoir l occaſion & le moyen de parler de quºy. º chaque eſpece de fiévre tout d'vne ſuitte, & ſans interruption d'autre matiere. Or les Mede- Diſcorde des ,llé cins n'ont pas touſiours eſté bien d'accord lors qu'il a fallu aſſigner les eſpeces & differences Medecins en des névres : C'eſt pourquoy Galien reprend les Anciens pour auoir grandement erré en ce ſuject; les vns ºf" pour auoir mis moins de differences de fiévres qu'il n'y en a, les autres pour auoir rapporté celles qui ſont º, accidentelles au lieu des eſſentielles : & les autres pour auoir ſupposé au lieu des differences vtiles & neceſſai- #º res , celles qui ſont purement inutiles & ſans profit. De faict, que nous apprenons que les vns ont pris la § # difference des fiévres de leur inuaſion, diſant que les vnes prennent ſans friſſon, les autres auecfriſſon : Quel- uaſion. ques-vns les ont priſes en l'eſſence ou condition de la nature de la fiévre, aſſeurant que des fiévres les vnes 2.be la eha- ont vne chaleur aiguë & mordante au toucher, les autres vne chaleur douce , quelques-vnes qui paroiſſent leur qui les douces, & qui ſe font ſentir peu apres aigres & mordantes : & quelques autres en fin qui ſemblent aigres accompagne & aigues, & qui deuiennent douces à la main. Il y en a qui prenent la difference des fiévres de l'intention # Pº- de leur chaleur, appellant les vnes bruſlantes, & les autres tiedes & debiles : & bien les diuiſent ſelon le§ , ſº de la cidens & qualitez qui accompagnent ladite chaleur. Par exemple , ils appellent les vnes ſeiches & ſalées, les ºººººr , autres venteuſes & horribles à voir, ils en nomment quelques autres humides, rouges,paſles, liuides, malignes, ve- # " " neneuſe, peſtilentes, populaires, lentes, aigues, contagieuſes, & ainſi des autres. Bref, pluſieurs croyent que la di- º/7J. § pa te ſtinction des fiévres doit eſtre priſe des humeurs dont elles ſont faictes, & Par conſequent que les vnes ſont meurs ſanguines , les autres bilieuſes , les autres pituiteuſes ou phlegmatiques & quelques autres melancboliquet. Mais D'où eſt priſe pour dire la verité de toutes ces differences, il n y en a pas vne qui ſoit ſans reprehenſion , veu qu'elles la vraye di- ſont en partie ou ſuperflués , ou deffectueuſes , ou inutiles, ou de peu de confideration. - uiſion des Nous auons dit cy-deſſus que la difference des fiévres , ſelon Galien , doit eſtre priſe duſubject ou matie- fievres. re où elles s'allument dans noſtre corps , qui ſont les eſprits, les bumeurs , & les parties ſolides, d'où il re- - 4ºº eſpeces ſulte trois genres de fiévres , que l'on appelle ſpirituelle ou ephemere, humorale & hectique ; la premiere deſ. de fievres quelles s'allume aux eſprits : la ſeconde aux humeurs : la troiſieſme aux parties ſolides, & n'y a aucune ſeulement. autre difference de fiévres qui ne puiſſe eſtre rapportée à l'vne de ces trois, comme nous verrons en la ſuit- - te de ce diſcours. I'adiouſteray toutesfois pour plus grand eſclairciſſement de cette doctrine, & pour nous | accommoder à la capacité des ieunes Chirurgiens, pour l'inſtruction deſquels nous auons ramaſſé ces pre- ceptes des œuures des milleurs Autheurs de la Medecine, que toutes les fievres ſont ordinaires ou extraor- Fiévres or- dinaires. I'appelle ordinaires celles qui ſont communes & vulgaires , & n ont rien que les accidens COIIl - dinaires é muns qui les accompagnent & ſouuent & frequemment, ſans ſoupçon d'vne cauſe plus cachée, ou d'effects extraordi- prodigieux & eſtranges. Les extraordinaires ſont celles qui ont quelque choſe par de-là les communes , ſoit naºreº , en leur cauſe, on en leurs effects, ou en leurs accidens , ou en quelque autre choſe qui les accompagne , Fiérº ºrº- comme ſont les fiévres peſtilentes , les epidemiques , la ſueur d'Angleterre , les purpurées, &c. Pou les # ordinaires elles ſont eſſentielles ou ſymptomatiques : les eſſentielles ſont ainſi appellées à cauſe de leur origine Fiévres eſ qui vient d'elles meſmes, & non en ſuite d'vn autre mal , comme d'vne inflammation de quelque partie , ſentielles & § que font les ſymptomatiques. Or ces fiévres eſſentielles ſont de trois eſpeces, ephemeres , bumorales cº- mptomati- - - - - # | hečtiques, deſquelles nous allons parler particulierement commençant aux ephemeres. - Ephemeres. chap.7. - ſEſſentielles, & ſont 3.3 Humorales. chap.8. Hcctiques. chap.34. ſOrdinaires,& c'eſt ou% - | Les fiévres ſont , ou# iSymptomatiques. chap.35. lExtraordinaires. chap. 36. Pes Fiévres en particulier , & premierement de la Fiévre Ephemere. C H A P 1 T R E. V I I. La fiévre # º * # * aºoi Parlé des fiévres en general » il faut deſcendre au particulier d'icelles, & commencer ephenere. #\#à celle qui eſt la moins perilleuſe,& de moindre durée, c'eſt l'ephemere ou iournaliere ainſi appellée, #$ pource que de ſa nature elle parfaict ſon cours & ſon temps en vn ſeul accez , qui ne dure pas dauantage que vingt-quatre heures , qui eſt l'eſpace d'vn iour naturel » ce qui a pareillement faict ^ - qu'elle A Du Traicté des Fiévres. 8o9 º,, : - | C quelle l'vrine donne cognoiſſance, & non des eſprits qui ſont les propres ſubiets des fiévres ephemeres. u'elle ait eſte nommée diaire, qui vaut autant à dire chez les Latins qu'ephemere chez les Grecs,& iournaliere Appellatiºns aux François. Cy deuant nous i'auons appelléeſpirituelle ou ſpiritueuſe, d'autant qu'elle s'allume aux eſprits de la fiévre du cœur , qui luy ſeruent de ſubiect & de matiere. On la peut donc definir vne intemperature chaude & ſei- # cbe allumée aux eſprits vitaux, par l'eſpace de vingt-quutre beures ſeulement, Son temps eſt fort court , parce # qu'eſtant allumée aux eſprits, comme en vne matiere tenuë, ſubtile & fort aisée à diſſiper : elle ne peut ſub- P - ſiſter dauantage, ne plus ne moins que nous voyons que le feu ſe prend à la paille , ou à quelque autre matiere deIiee & ſubtile, s'eſteint incontinent & eſt de fort peu de durée. Sa cauſe eſt touſiours externe, Les cauſes de & vient de dehors,appellée pour ce ſubiect des Medecins Procatbartique, c'eſt pourquoy elle eſt fort diuer-ºphººrº ſe, bien qu'elle ſe puiſſe rapporter à quatre chefs principaux , ſçauoir premierement aux choſes de dehors, ſont quatre. qui touchent le corps exterieurement , ſecondement aux choſes qui entrent dans le corps:tiercement aux choſes qui apportent paſſion & alteration à l'eſprit, ou au corps , ou enſemble à l'vn & à l'autre , en quatrieſme lieu aux ſymptomes & accidens çontre nature.Au premier poinct ſe rapporte l'air chaud & eſtouffant , l'air troP P,emiere froid & trop ſec, les bains d'eau froide ou alumineuſe,qui pour eſtouper les pores du cuir eſchauffent les eſ cauſe de l'e- prits par accident. Au ſecond appartiennent les alimens & les medicamens chauds & acres, le vin, les eſpices phemere. & choſes ſemblables, meſme les alimens bien temperez , mais pris en trop grahde quantité & ſans meſure. La ſeconde Le troiſieſme comprend tous les mouuemens & changements naturels, comme la faim, la ſoif, la laſſitude,ire, cauſe. . fureur,triſteſſe, longues veilles,&c. Le quatrieſme regarde principalement la douleur, qui pour eſtre vn ſym-* troiſſeſ- ptome tres ordinaire, ne laiſſe pas pour cela d'eſchauffer grandement les eſprits, & introduire en iceux vne #. intemperie chaude & ſeiche.En vn mot, toutes les cauſes nommées cy-deuant communes à toutes les eſpe-† quatrieſ- ces de fiévres peuuent exciter la fiévre ephemere, excepté la pourriture ou putrefaction qui eſt reſerueé ſeu- lement pout la generation des fiévres putrides.Le bubon meſme, c'eſt à dire l'inflammation & phlegmon Le tuton eſt des glandules, ioint auec vne vlcere manifeſte, & prouenant d'vne cauſe manifeſte, excite cette fiévre diaire: cauſe de l'e- Comme au contraire, s'il eſt ſans vlcere prouenant de cauſe latente & interieure : comme d'inflammation phemere. & autre vice de partie noble , cerueau , cœur & foye,excite vne autre eſpece de fiévre, & pire que la diai- re, comme eſcrit Hippocrate en l'Aphoriſme 55.du liure4. où il dit, Les fiévres qui ſuruiennent aux tumeurs Aphoriſme des glandules ſur toutes malignes, execepté les diaires. Lequel Aphoriſme toutesfois n'eſt pas vray en tout & º'Hippºcrate partout; comme il eſt aisé à cognoiſtre par les bubons qui ſuruiennent ſouuent aux enfans, & par les bu-4ºººſº Pº bons veneriens,leſquels bien qu'ils ſoient ſans vlcere manifeſte, ſont toutesfois ordinairement ſans fiévre touſiours dangereuſe, aduertiſſement que doit bien noter le ieune Chirurgien. # , de l Les ſignes communs de la fiévre ephemere , ſont chaleur douce , halitueuſe & ſuaue à l'attouchement : # # le poux viſte & frequent quelquefois grand & fort , quand la diaire eſt cauſée de courroux & de fureur : au-§ co - tresfois petit lors qu'elle eſt causée de faſcherie, triſteſſe, faim, froid, crudité, au reſte eſgal & bien reglé. muns. Les ſignes tres-certains & pathogonomoniques ſont , ſi la fiévre eſt ſuruenuë non lentement,& peu à peu,mais signes cer- ſubitement & inopinément de quelque cauſe externe & euidente, ſans que le malade aye eſté premierement tains. degouſté,ſans auoir ſenty vne laſſitude ſpontanée, ſans profond ſommeil, oſcitation & baillement, ſans , grande douleur, ſans iactation du corps & inquietude , ſans horreur & grand friſſon, bref ſans aucun autre - faſcheux ſymptome. Ie ne fais point icy mention des vrines pour les cauſes que i'ay dites cy-deuant, & auſ-Vrines pºur- ſi à raiſon que le plus ſouuent en ces fiévres icy les vrines ſont ſemblables à celles des ſains , outre qu'en ſi 4ººº peu de temps que leſdites fiévres durent, il ne ſe peut faire grand changement de la maſſe du ſang, de la- # Cy-deſſus i'ay dit que cette fiévre n'a qu'vn accez, lequel dure vn iour de ſa propre nature , combien'qu'il #. s'eſtende quelquesfois iuſques à trois ou quatre iours, & alors elle ſe change facilement & degenere en fie-§ pu- vre putride, ſi quelque erreur ſuruient , ou par le defaut du malade , ou par quelque autre choſe exterieure : tride. Elle deſigne & ſe termine ou par inſenſible tranſpiration, ou par vne moiteur & ſueur naturelle, douce & ccmment non fertide ou puante, en ſorte qu'elle ne laiſſe apres elle aucun ſymptome, ny accident de ceux qui ont ac- elle ſe termi- couſtumé d'accompagner les fiévres, ou de leur ſuruiure. 7767. - L'ordre de la cure de ces fièvres eſt double,general ou commun , en particulier à chaque fievre. La cu- La curation re generale conſiſte és ſix choſes non naturelles,qu'on doit ordonner par la voye de contrarieté à la cauſe #º deſdites fievres. En premier lieu , les bains d'eau tiede & naturelles ſont tres-vtiles, pourueu que le mala- # §. #. de ne ſoit point plethorique , plein d'excremens, ou autrement ſubject à catharrhes & defiuxions : pource § #. qu'en fondant & liquefiant les humeurs, & en relaſchant les parties , on ſeroit cauſe d'exciter ou augmen- ſie en ſix ter le catharre : c'eſt auſſi pourquoy en tel accident on doit euiter les frictions & onctions faites auec les chef . huyles tiedes, qui d'ailleurs ſont fort vtiles à ces fievres, principalement quand elles ſont cauſées par tra- uail exceſſif , par adſtriction des pores , & par les bubons. Que la nourriture ſoit rafraiſchiſſante & hu- mectante, faicte de viandes legere, de bon ſuc, & aisées à cuire & diſtribuer. Pour le boire on peut don- Le vin en la ner de petit vin, & bien trempé, d'autant qu'il rafraiſchit , prouoque les vrines & les ſueurs, humecte & fiévre ephº- fortifie l'eſtomach, & recrée les eſprits. Qu'on ſe donne toutesfois bien garde de le donner lors qu'il y º aura douleur de teſte, & quand la fiévre ſera excitée de courroux, & d'vn bubon , car principalement # # •ſt en ce dernier cas il faut retrancher tout à fait le vin, iuſques à tant que l'inflammation ayant paſſé ſon eſtat # # • vienne en ſa declinaiſon. - - º • # Pour la cure particuliere, il faut tenir pour regle aſſeurée qu'à chaſque cauſe qui aura excité la fiévre, §par- il eſt neceſſaire d'oppoſer ſon contraire pour remede, comme au trauail le repos , aux veilles le dormir , à ticuliere. la cholere & faſcherie toutes choſes plaiſantes & agreables, propos ioyeux & recreatifs , au bubon la cura- tion de l'vlcere dont il aura eſté excité, en apres celle du bubon, & en fin celle de la fiévre. Ie ne parle point icy,ny de la ſaignée, n'y de la purgation, d'autant que la fiévre eſtant courte,ſans peril , ſans l'impure- . té du ſang & des humeurs, tels remedes generaux ſeroient icy hors de ſaiſon. - De la Fiévre humorale , & de ſes differences, C H A P. V III. $OvR eſclaircir les differences des fiévres, il eſt beſoin de s'arreſter au precepte de Galien, La diference $# qui nous aduertit que la fiévre ayant ſon ſiege dans le cœur,elle ne peut auoir plus de diffe- des i#vres N'% rences qu'il y a de parties dans iceluy. Or eſt il que dans le cœur nous n'y conſiderons que priſe des par- $ trois parties,ſçauoir le corps & la ſubſtance du cœur,les humeurs qui ſont contenués dans ice- ties du cœur. luy,& qui ſeruét à le nourrir:& en fin les eſprits vitaux,qui ſont continuellemët engédrez en- - iceluy. Partant il ne peut y auoit plus de trois genres de fiévre,dont la premiere eſt allumée, cóme il a eſté dit dâs la propre ſubſtance du coeur:la ſecôde aux humeurs d'iceluy:& la troiſiéme aux eſprits: Y Y y Nqus ./ 1 8I2 · l'remiere Partie, - De la cure de la Synoque ſimple. C H A P. X I. Trois parties Gas de la Thera peutique. eſ\©7 A Therapeutique ayant trois parties, la diete, la chirurgie & la Pharmacie. Il faut qu'en la gueriſon de toutes les maladies on ait recours à vn ou à pluſieurs de ces chefs ? comme nous ferons dores-en-auant en la cure de toutes fiévres, les remedes deſquels ſeront pris K de ces trois chefs enſemble. Le regime de , lK$/# .. Et Pºur cºmmencer à la synoque ſinple, le dis que le genre deviure doit eſtre rafraiſchiſ- § 2ºzeN$& ſant & humectant,tenu & leger, afin de ne ſurcharger les malades qui ont plus de ſang qu'il se fiévre. ºn en faut. C'eſt pourquoy on doit ſe contenter de boüillons faicts au veau & à la volaille, aſſaiſonnez d'her- bes rafraiſchiſſantes , comme laictuë,pourpié, ozeille, bugloſſe, concombre en la ſaiſon. On peut auſſi don- sçauoirſ º des œufs fraiz bien mollets, des jus de pruneaux, de la gelée faicte auec le jus de citron , & non auec le i§ eſ vin,ſans beaucoup de canelle. Pour le boire on ne donnera point de vin , mais de la ptiſane ſeulement, ou de bonne. l'eau boüillie auec orge & chiendent. Galien au neufieſme de la Methode chapitre 4. conſeille de donner de ceux à qui l'eau froide & crue, tant que les malades en voudront & pourront boire. A laquelle opinion pluſieurs Me- l'eau cruë eſt decins ne s'accordent pas pour les accidens qu'on en a veu arriuer. Car on a reconneu que l'eau froide eſtoit mºiſſºlº grandement contraire à ceux qui ont peu de ſang & de chair, qui ont les viſceres bouffis ou enflez, ou pleins d'obſtructions causée par des humeurs craſſes, viſqueuſes ou pituiteuſes, & qui ont l'eſtomach & les parties nerueuſes, grandement foibles & dilicates.A ces perſonnes icy l'eau froide donnée ſans meſure & ſans re- gle apporte l'hydropiſie, difficulté de reſpirer, tremblement de membres, conuulfions, lethargies & autres `Ceux à aui P. - - - » | | - # # violens accidens, ſur tout quand telles gens ne ſont pas accouſtumez à boire de l'eau. Que s'il s'en trouue profite qui ayent accouſtumé ce breuuage , & qui ayent les entrailles bonnes & vigoureuſes , l'eſtomach bon & fort, & grande quantité de ſang dans les veines, à ceux-cy on peut leur laiſſer boire de l'eau froide, pourueu que - ce ne ſoit point au commencement , ny en l'accroiſſement de la fiévre, mais en ſa vigueur & lors que les ſi- gnes de coction apparoiſſent. Car pour lors l'eau froide fortifie tellement les parties ſolides, & recrée telle- ment la chaleur naturelle,qu'elle en cuit mieux les humeurs,retenant les bonnes, & chaſſant les mauuaiſes & ſuperflué,ſoit par le vomiſſement, ſoit par les ſelles ſoit par les ſueurs. La ſaignée Pour les remedes pris de la chirurgie, la ſaignée tient le premier lieu, ſur tout en cette fiévre où il eſt que- § ſtion de plenitude. Or eſt-il que par la voye des contraires, la plenitude du ſangne ſe peut mieux guerir que en cette ſié- par l'euacuation d'iceluy , à quoy la ſaignée a eſté inuenté par l'art de Medecine;outre que par accident elle "U7'º, profite grandement à rafraiſchir le ſang & les eſprits, & à rendre la liberté aux conduits qui ſont eftoupez ou bouchez.Voilà pourquoy le but principal en cette fiévre eſtant deſtine à oſter premierement la plenitude du corps, & à diminuer le ſang, & puis apres à ouurir les paſſages,à attenuer les choſes eſpaiſſes,à inciſer les gluantes, à prouoquer la tranſpiration, à eſteindre la ferueur de la fiévre, & à fortifier les parties du corps S'il faut ſai- foibles & abbatuës par l'oppreſſion des humeurs. On a reconneu qu'il n'y auoit rien de plus excellent à tous gºer iuſques ces effects,que de tirer promptement du ſang en cette maladie , non vne fois ſeulement, mais deux ou trois à ºpºmº fois,ſelon lavehemence du mal,la force du malade, & le degré de la plenitude que l'on obſerue en luy.Galien au lieu cy-deſſus allegué,ordonne la ſaignée iuſques à defaillance de cœur, & preſque iuſques à l'eſuanouiſ- ſement,pour quelque nombre de raiſon:qu'il propoſe tres-iudicieuſement. Toutesfois cela eſt ſi perilleux,& apporte telle eſpouuante au malade & aux aſſiſtans, outre beaucoup d'accidens qui en peuuent ſuruenir, & deſquels Galien meſme fait mention, que le plus ſeur eſt de conſeruer touſiours les forces du malade,& tirer Flux de ſang pluſtoſt du ſang cinq & ſix fois par interualle, que d'en oſter vne ſeule fois ſi profuſément. L'on a obſerué p l " en cette fiévre,que ceux qui n'ont pas tiré du ſanghardiment, ont precipite quelquesfois les malades à des demeſure& fiux de ſang par le nez fi deſmeſurez & exceſſifs , qu'ils en ont pensé perdre la vie. Car la nature ſe trouuant par fois grandément irritée , ſoit par l'abondance, ſoit par l'acrimonie des humeurs, ou autrement, s'oublie tellement, qu'au lieu d'vne criſe,elle faict vne hypercriſie, & en lieu d'vne euacuation iuſte & moderée , faict vn desbordement deſreglé & pernicieux. Remedes Quant aux remedes Pharmaceutiques,il eſt beſoin premier que de ſaigner,ſi le ventre eſtoit ſerré,de donner Pº* vn lauement emolient , lequel on pourra continuer tous les iours, afin de rabattre beaucoup de fumées , ra- #. fraiſchir le dedans, & vuider beaucoup d'ordures qui s'amaſſent tOUlS les iours de la nourriture que i'on Iuleps. prend. Pluſieurs preſcriuent des juleps & epozemes rafraiſchiſſans & aperitifs, preparez auecvne decoction de chiendent,de cichorée ſauuage,d'ozeille,endiue,laictuë,pimpernelle blugloſſe, bourache, capillaire, orge, ſemences froides, fleurs cordiales,& de nenuphar,en y adiouſtant les ſyrops violat, de nenuphar,de limons, de cichoree fimple, aceteux ſimple, de pommes ſimple, & autres de pareille qualité. Epithemes. . On ordonne auſſi des epithemes, partie ſur le cœur, partie ſur les hypochondres, afin d'eſteindre la fer- sºuana ii ueur du ſang,& empeſcher que pareille intemperie ne s'attache trop fixement au cœur,& aux autres viſceres. j,ut purger. On ſe doit donner garde de purger au commencement de cette fiévre,mais on doit attendre que les ſignes de coction apparoiſſent aux vrines,& aux excremens, & pcur lors on peut donner des medicamens doux & be- · nins,comme eſt la caſſe, le tamaris,& le ſené de Leuant,auec les ſyrops de cichorée, ou de pommes compo- ſez ; ou bien on donnera le lenitif, ou le catholicon double de rheubarbe , fuyant tant qu'il ſera poſſible les purgatifs,où il y entre du diagrede & ſcammonée. Ie n'approuue point les vomitifs en cette fiévre,& n'en ay iamais veu aucun bon effect; ils ne ſeruent qu'à troubler la nature, & tourmenter le malade, & ne vuident Vomitifs rien de la cauſe conjoincte.Ie ne mets point icy en ligne de compte beaucoup d'autres medicamens, comme ºſº les orges mondez,les juleps pour dormir,les opiates tablettes & poudres cordiales,les linimens, frontaux & paſtes confortatiues, auecvn nombre infiny d'alexiteres & alexipharmaques, deſquels on a de couſtume d'a- muſer les malades ; car la fiévre n'eſtant pas perilleuſe d'elle meſme , elle n'a pas beſoin de tant d'appareils, qui en outre ont quelquesfois plus de monſtre que d'effect. Il entend Il y a quelques recens,qui apres Nicolas de Florence conſtituent vne fiévre ſynoque ſimple, engendrée de Pºrter de la bile & de l'agitation des plus chaudes humeurs du corps,ſans toutesfois aucune pourriture. Ce que iene º# #º- crois pas neantmoins trop aisément, veu que ſi cette fiévre ſe faict de la bile, il eſt neceſſaire qu'elle ait pa- *** reils redoublemens qu'ont les autres qui en ſont faites,& qu'elle ait des periodes de trois en trois iours.Il eſt plus vray-ſemblable que telle fiévre ſe fait du ſangle plus ſubtil,qui quelquesfois eſt appellé de quelques- vns bile, à cauſe de ſa ſubtilité, & de ſon eſcume ; mais à n'en mentir point ce n'eſt que pur ſang, & qui par- tant ne peut faire de fiévre autre que ſynoque ſimple ſanguine. - r / Dčs ^! Du Traicté des Fiévres 813 $ > - - - - Des Fiévres putrides en general, & de leurs differences, C H A P, XI I. # v A º r que de parler des synoques putrides, il nous faut eſclaircir quelque difficultez, · ſans le ſquelles on ne ſçauroit comprendre ce que c'eſt que fiévre putride,ny comfnent elle ,)) ſe fait, ny meſme en quelle façon elle differe des autres.Voila pourquoy nous dirons quel- l%que choſe d'elles en general,de leurs cauſes,fignes& curatiô,afin puis apres de l'appliquer . . $au particulier de la Synoque putride.Il y a eu grand debat entre quelques Autheurs an- 9º'il y a dº V§ DuTraicté des Fiévres. 815 - ! A & qui fait les obſtructions auſſi faut-il par fois rafraiſchir, deſſeicher,inciſer,deterger, fortifier Mais comme B Le premier, eſt qui faut oſter les cauſes euidentes & manifeſtes, s'il s'en trouue quelqu'vne qui puiſſe aug- · meilleure trempe.En fin, il faut corriger l'intemperie du corps & des humeurs, oſier la pourriture, reſtablir §. toutes ces choſes ne peuuent eſtre faictes toutes à la fois, il faut ſuiure le conſeil que Galien donne à l'on- ce qui ,tait zieſme de la Methode chap. 16. qui eſt qu'en la reſolution & analyſe des cauſes, ce qui eſt le dernier trouué dernier en cº doit eſtre mis le premier en execution lors qu'il eſt queſtion de la cure des malades. C'eſt donc ce qu'il faut ºiºn ºſº faire en la cure des fiévres putrides , il faut commencer à oſter la cauſe qui a eſté trouuée la derniere en or- le premier en dre de la generation d'icelles : par exemple, il faut euacuer la matiere qui fait l'obſtruction. Car ſi la fièvre # ne peut eſtre oſtée tandis que la pourriture demeure, qui eſt la vraye & propre cauſe ; & ſi la pourriture ne # peut ceſſer, tandis † l'euentilation eſt empeſchée, & ſi l'euentilation ne peut eſtre libre tandis que l'ob-# ſtuction perſeuere il faut conclurre qu'auant toutes choſes,il faut oſter les cauſes qui empeſchent la tranſpi-mais auſſi ration, qui eſt l'obſtruction ou conſtipation. Or l'obſtruction eſtant en partie faicte, en partie ſe faiſant tous qu'elle ne ſe les iours,ce ſeroit trauailler en vain qui voudroit oſter l'obſtruction qui eſt deſia faicte, deuant que d'empeſ-faſſe de nou- cher celle qui ſe doit faire tous les iours.Car encore bien qu'on taſche de vuider les humeurs qui font l'ob- *** ſtruction,meſme quand on oſteroit tout à faict l'obſtruction ; ce n'eſt toutesfois rien d'auancé, puis que l'on n'mpeſche pas que les humeurs n'affluent derechefpour continuer l'obſtruction. C'eſt pourquoy il faut s'ar- reſter à cette maxime,que pour commencer la gueriſon des fiévres putrides,il faut deuant toutes choſes oſter l'humeur ſuperfluë qui eſt propre à faire l'obſtruction : car ce faiſant on empeſche qu'il ne ſe faſſe aucuñe obſtruction dans le corps. Voicy donc ſix ou ſept chefs qu'il faut obſeruer en la cure des fiévres putrides. Sept choſes à - - - - - - obſeruer en menter le mal. En ſecond lieu, il faut preſcrire vn regime de viure propre & conuenable, ſuffiſant d'entrete- # des nir les forces, & ne fomenter pas le mal. Tiercement , il faut retrancher la cauſe antecedente en euacuant les févres pu- humeurs ſuperflues, & vitieuſes par les voyes conuenables ; ſçauoir par la ſa ignée, ou par la purgation, ou trides. par les deux enſemble. Quatrieſmement , il faut deſgager les obſtructions s'il y en a, & procurer par toutes La premiere. ſortes de remedes propres & conuenables, la tranſpiration & l'euentilation des humeurs. En cinquieſme La ſeconde. lieu, il faut corriger les indiſpoſitions du corps & des parties nobles qui engendrent tous les iours de nou-º troiſiéme. uelles humeurs vitieuſes, ou qui corrompent les bonnes. En ſixiſme lieu, ſi la matiere d'elle meſme ne chaſſe # - - - - - f,ºtº/j7767 les mauuaiſes humeurs, il faut les euacuer, ou bien ſi faire ſe peut les corriger & les ramener à quelque La cinquieſ- les parties en leur premier eſtat, & rendre à celles qui ſont debilitées & affoiblies leur premiere force & vi- La ſixieſme. gueur. Mais il faut icy obſeruer deuant que venir à l'euacuation des humeurs vitieuſes qu'il faut preparer La ſptieſme tant le corps que les humeurs. La preparation des humeurs ſe faict en attenuant & ſubtiliſant ceux qui ſont La prepara- eſpais, detergeant ceux qui ſont lents, & inciſant ceux qui ſont viſcides & gluans. Ie ne mets point icy tion des hu- en controuerſe, s'il faut eſpaiſſir ceux qui ſont trop liquides & tenues, i'en laiſſe la deciſion à ceux qui en º ont fait des liures entiers. La preparation du corps ſe fait en oſtant & ouurant les obſtructions, & ren-# #4- dant tous les conduits du corps tant manifeſtes qu'inſenſibles, tant internes qu'externes, ouuerts , libres, # & tranſpirables. C'eſt pourquoy en vain en vne fiévre causée d'obſtruction interne, ordonne-t'on choſes ſage des #. qui eſmeuuent les ſueurs & les vrines. Car par ce moyen on euacue l'humeur crud de la cauité des veines dorifiques,ér & entrailles en l'habitude & ſuperficie du corps, auquel lieu par defaut de chaleur ſuffiſante , il ne ſe peut diureiiqu . iamais cuire qu'à tres-grande peine & en fort long-temps ? là où ſi on l'euſt laiſsé à l'entour des entrailles, 6)uand eſt- il eut peu ſe cuire aisément, facilement & en peu de temps, à cauſe de la chaleur puiſſante qui reſide em ce qu'il eſt ces lieux-là : Qui eſt l'occaſion pour laquelle Galien au liure quatrieſme de la conſeruation de la ſºté? & ºfiºle de auliure premier à Glaucon defend fort ſagement de tirer du ſang à ceux qui ont des cruditez au veflricule #º & veines de la premiere region du corps, d'autant que par telle euacuation, le ſang qui ſouuent eſt bon & # loüable, tant en quantité qu'en qualité des grandes veines, eſt euacué & tiré, & celuy qui eſt crud, cor- # ſ/3f4• rompu & pourry, eſt attiré du véntricule dans les grandes veines & vers les parties nobles. Que ſi la " fiévre putride eſtoit causée non d'obſtruction interne, mais de la conſtipation du cuir , pour lors les medicamens qui purgent ſont inutiles » d'autant qu'ils attirent l'humeur peccante de la ſuperficie au dedans & centre du corps : en ce cas-là il faut donc ſe ſeruir des ſudorifiques & diuretiques. Toutes- fois il faut noter que ſi l'euacuation que nous taſchons faire par digerens & ſudorifiques n'eſt ſuffiſante pour euacuer toute l'humeur, qu'en tel cas il ſera vtile d'vſer de medicamens purgatifs & diuretiques comme au contraire lors que la crudité des humeurs qui ſont en la premiere region du corps,ſera cuitte,di- gerée & mitifiée, il ſera tres-neceſſaire non ſeulement de purger par en bas , auecques potions & clyſteres; mais auſſi de prouoquer les ſueurs & les vrines. - . Quiconque voudroit icy ſpecifier par le menu tous les remedes qui ſont neceſſaires, & vtiles aux fiévres L'vtilité de putrides , auroit beſoin de faire vn diſcours plus long que celuy que nous auons entrepris pour toutes les la ſaignée. fiévres d'autant qu'il n'y a ſorte de medicament qui ne puiſſe y eſtre approprié, à cauſe de la grande diuerſi- - D té d'indications que nous auons dit deuoir eſtre priſes en la cure de ces fiévres. Il euſt eſté auſſi bien à - propos de mettre icy en queſtion ſi la ſaignée eſt neceſſaîre à toutes les fiévres pourries ; Car comme il eſt tres-certain qu'elle conuient à celles qui ſe font du ſang pourry , & auſſi à celles qui ſe font des autres hu- meurs, & qui ſont continués; De meſme peut-on douter ſi elle eſt vtile aux fièvres intermittentes, qui ont leur ſiege non dans le ſangny dans les grands vaiſſeaux, mais dans les autres humeurs non alimenteuſes, & dans les petites veines eſparſes par la premiere region. Mais ie remets cette difficulte lors que nous parle- rons de la cure des fiévres intermittentes en particulier. - - / De la fiévre Synoque. C H A P. XV. % $ Y deſſus nous auons rapporté la difference qu'ilyauoit entre la ſynoque fimple, & la ſynoque Definition de ſ# putride , & nous auons dit que celle-cy eſtoit fiévre continué, excitée de la pourriture du ſang qui eſt la ſynoque $# contenu dans les grands vaiſſeaux ſituexentre les aiſnes & les aiſſelles. Or ce ſang, qui ſe pourrit eſt patride. ^ moderé & composé d'vne eſgale permiſtion, & meſlange des quatre humeurs ;ce que ie dis afin comme elle qu'on la reconnoiſſe des autres fiévres continuës, leſquelles ont cela de propre, que ſi le ſang n'eſt moderé,& diſſere des eſgalement meſlé des autres humeurs , ont des ſenſibles redoublemens,& exacerbations,ou tous les iours, ou autres con- de deux l'vn , ou de trois l'vn , ſelon qu'il y a en la maſſe du ſang vne humeur qui excede & ſurabonde, ainſi tinués., que nous dirons cy-apres.Mais lors que le ſang eſt proportionné d'vne eſgale partie des autres humeurs,pour catefiévre lors cette fiévre n'a aucuns redoublemens ſenſibles; ſi ce n'eſt lors que les vapeurs putrides qui s'eſleuent de M2 4 # ce ſang , s'euaporent plus ou moins, ce qui fait & produit trois degrez de fiévre, qui ſont comme autant de # differences d'icelle, ſçauoir l'homotone ou acmaſtique, l'epacmaſtique, & la parasmaſtique, deſquels nous auons " - parlé 816 N. Premiere Partie, parlé cy-deſſus au chapitre de la ſynoque ſimple.Quelques Autheurs ont voulu nier,qu'il y ait aucune fievit A Trois ſºrtes ſynoque putride,d'autant (diſent-ils) que le ſang ne peut enflammer & pourrir , qu'il ne ſe tourne inconti- ent,& degenere ou en bile,ou en atre-bile,ce qui fait indubitablement changer l'eſpece de la fiévre, Mais de fiévre ſy- I1 #.67f pour toute reſponce, ie les renuoye à Galien au huictieſme de la Methode,ºh3 au ſecond des differences des q fiévres chap.2.& 11.& au troiſieſme des Criſes,ch.4 auſquels lieux ils pourront voir q'ie Galien admet ccttc vns ont dau- .. ! - - - - - - § fiévre pour deux ou trois raiſons qui n'ont point de repartie. - v févre. Les cauſes de cette fiévre ont eſté expliquées cy-deſſus au chapitre treize, là où nous auons dit que ce- cauſes de la ſtoit ou la conſtipation , ou l'obſtruction, leſquelles eſtoient cauſe que la pourriture ſe mettoit dans le ſang, ſynoque pu- principalement en celuy qui eſt moins pur & net. On pourroit icy s'enquerir s'il eſt poſſible de ſubſiſ§ iride. .. , auec la pourriture du ſang qui nous ſert de nourriture, & commentil ſe peut faire qu'eſtant vne fois pour- $fº ſº lº ry, il puiſſe ſe corriger &ſreuenir en grace & en faueur auec la nature. A cecy ie reſpons que iamis tout le ſang ne ſe pourrit ſi ce n'eſt par vne extréme ou inſigne pourriture , de laquelle il n'y a point dip- ſang ſe pour° ºº pel, pour eſtre icelle tout à fait ennemie de noſtre vie : Mais toutesfois & quand que la pourriture ſemet g,mais non pas toutes les parties du ſang Car iceluy eſtint //7e/7f. - - • / Voy Fernel dans les veines, elle pourrit à la verité tout le ſang - composé de trois autres humeurs, & en outre d'vne certaine ſeroſité : En premier lieu, la partie plus pron. au li.4 de la ** - - - - - - parth ch.é. pte & plus preſte à ſe pourrir reçoit la pourriture, & puis en ſuite les autres parties les vnes apres lesad- Le ſang de- tres , ſelon qu'elles ont plus ou moins de diſpoſition : Et ainſi la pourriture s'introduit auſang , & y demeu- quoy compo- re iuſques à ce que toutes les parties du ſang plus diſposées à pourir ayent eſté conſommées & diſſipées, - & la fiévre entierement eſteinte : Cependant la partie du ſang la meilleure, & qui pour n'auoir pas eu de J€ • 9°mmº !º diſpoſition à la pourriture ne s'eſt point infectée auec les autres, demeure & perſeuere enſon entier pour h C'eſt pourquoy nous reſpondrons aux difficultez proposées, quetou- ſºº P"9 conſeruation & entretien de la vie. ſººº tes les parties du ſang ne ſe pourriſſant pas, il en reſte quelqu'vne ſaine & entiere quiſert de nourritureà - signes de noſtre corps. . - ſg Pour les ſignes de cette fiévre, ce ſont les meſmes qui ſe trouuent en la ſynoque ſimple, mais envn degré b # plus emrinent & excellent. La cbaleur eſt plus acre, le poux plus grand, vehement, & frequent qu'en la fimple Le poule ſynoque, outre qu'il eſt inegal & dereglé,a cauſe, comme nous auons dit au chapitre treize, que ſa tontra- Le vrimes ction eſt plus legere que ſa dilatation. Les vrines en cette fiévre ſont rouges, eſpaiſſes, troubles, ſans ſedi- Progneſtie. ment & puantes. Breftous les accidens & ſymptomes ſont plus violents qu'en la ſimple ſynoque Auſſieſt- Cours de elle bien plus perilleuſe, ſur tout lors que dés le commencement il ſuruient vn cours de ventre, carilabbat ºrºdan- tellement les forces,que la nature ne ſe peut rendre la maiſtreſſe du mal. Il eſt vray que ſi ce cours de ventre venoit à cauſe d'vn grand amas d'humeurs, il pourroit accourcir la fiévre , pourueu qu'il ne fuſt de longue gereux. La durée de r - _ _ » • - _ - • • I ' -- 1:-- --- : - cette fiévr durée, mais s'il vient de la malignité des humeurs, pour l'ordinaire il apporte la mort Au reſte cette fiévre # quelquesfois ſe termine au quatrieſme iour, bien que rarement, le plus ſouuent c'eſt au ſeptieſne,& ce, ou par cours de ventre , ou par flux d'vrine, ou par ſueurs, ou par vomiſſemens, ou par flux de ſang mais cela Criſe duſ- xieſine iour P*** - - - - - - ſuſi ét,." n'arriue point que dés le quatrieſne iour on n'ait apperceu des ſignes de coction dans les ſelles & dans les AMacules vrines.Que ſi apres auoir veu les ſignes de coction au quatrieſme iour, il ſuruenoit quelque criſe au ſixieſme, rouges & il faut la tenir pour ſuſpecte & pour imparfaicte, qui ameine apres elle, ou la recidiue,ou la mort Nous vo- purpurées , yons quelquesfois que cette fiévre ſe termine par vne quantité de macules & de taches rouges qui apparoiſ- Rougeºlles & ſtnt par tout le corps, & ſont cauſe que l'on l'appelle pour lors , pemphygodes purpurée, ou fiévre de pºurpre, verollet qui eſt s,rdinairement fort pereilleuſe, & qui ne ſe termine gueres que dans la ſeconde ou t:oiſieſme ſepmai- ne. A ' enfans cette fiévre eſt ſouuent accompagnée de rougeolles , & veroles. - C - - De la cure de la Synoque putride. C H A P. XV I. ºé o v s auons dit vne partie de ce qu'il faut faire pour la cure de cette fiévre en celle de la |$ ſynoque ſimple, & au chap. 14.Qui eſt que la principale intention conſiſte à oſter la cauſe, & Indications tuerir A - - - - - ##º 5 à moderer l'excez de la chaleur. Premierement donc à cauſe que c'eſt le ſang qui peche icy,il conſipºn |$ faut l'euacuer & le diminuer, & en ſuitte combattre les cauſes par leurs contraires : par } exemple la conſ^pation des pores du cuir , doit eſtre deſgagée par les medicamens quiou- 6 #º urent,qui desbouchent, & qui rarefient. Semblablement on doit oſter l'obſtrutiion , ſçauoir čomment on celle qui ſe fait de l'abondance des humeurs par leur euacuation, & celle qui ſe fait par la craſſitie d'iceux s deſtage l'ob- par les remedes qui attenuent. En ſomme le viure doit eſtre tout à faict refrigerant & humectant, au reſte fort 4ruéiiom. tenué, & qui pour la plus part conſiſte en boüillons de poulets & de chair de veau, que meſme nous alterons **giº* auec herbes d'ozeille, de laictuë & de pourpié. Car la chaleur naturelle eſtant affoiblie, & par la violence de de # la fiévre, & par les remedes qu'il conuient faire ne pourroit cuire beaucoup de viandes. La boiſſon ſera d'eau #aſ d'orge, de ſirop violat trempé de beaucoup d'eau, dejulep alexandrin, ſi principalement il ſuruient quelque pect. grand flux de ventre,comme il aduient ſouuent en cette fiévre, fuyant tant que faire ſe pourra le vin, que ie ne conſeille meſmes pas de boire au declin de la fiévre, de peur de reſchauffer le foye & le ſang qui n'eſt pas encore bien remis de la premiere chaleur. Quelques-vns trouuent bon d'en donner ſur le declin, afin deſ- mouuoir les ſueurs, mais ie le trouue vn peu dangereux, à cauſe qu'en ces violentes fiévres continuês, on n'eſt D pas ſans ſoupçon d'inflammation aux parties nobles. Ie trouue meilleur auec Galien de donner l'eau froide librement & liberalement, mais auec les cautions cy-deuant obſeruées. La ſaignée Mais la curation principale de cette fiévre, ſelon l'opinion de Galien en l'onzieſme de la Methode ! cº ſº º conſiſte en la phlebotomie, car le ſang eſtant tiré, la plenitude eſt oſtée, d'où il s'enſuit que l'obſtruction eſt tex en cette deſgagée, & par conſequent la pourriture. Or comme ainſi ſoit qu'en cette fiévre, il n'y a pas ſeulement fiévre. vice de la matiere par la pourriture du ſang, mais auſſi excez en la temperature par la vehemence de la chº leur : de la vient que la phlebotomie ne remedie pas ſeulement à la pourriture, comme nous auons dit, mai* auſſi à l'intemperie chaude. Car le ſang (auquel conſiſte toute noſtre chaleur ) eftant euacué fait exhaleraucc . Iuy les excremens a cres & fulgineux , qui pour eſtre ſupprimez & retenus au corps augmentoient fort l'ar- deur de la fiévre. En outre en ſa place du ſang euacué, les vein es attirent beaucoup d'air froid pour euiter le v uide que la nature abhorre : d'où vient le rafraichiſſementde toute l'habitude du corps; meſme à pluſieurs gner iuſques par le moyen de la phlebotomie il ſuruient yn benefice de ventre, ou bien les ſueurs ſortent en abondancº à lipothy- choſes fort ſouhaitables en certe eſpece de fiévre. Ce qui a eſmeu Galien à dire qu'il falloit icy ſaigner iu1- 27aie. ques à lipothymie , ce que nous n'auons pas toutesfois approuué cy-deſſus, loüant d'auantage l'opinion de coméien de ceux , qui aduenant le cas que le malade euſt beſoin de grande euacuation de ſang, departent par Pº- phereſe, icelle vacuation, oſtant du ſang par interualles, tant de fois que les forces du malade le penuent /ois il faut ſaigner. ſouffrir aisément , & que la grandeur du mal le deſire. Il eſt à la verité impoſſible de dire l a quantité du # qu ! S'il faut ſai- 8 I 8 Premiere Partie, l'accez auſſi de la fiévre retourne de nouueau, & dure iuſques à ce que ladite matiere ſoit diſſipée & reſoute: A & ainſi par periode la fiévre a des repriſes & des intermiſſions, qui font que pour ce ſubjet elle eſt nommée évre intermittente. - Letſignes qui Par ce diſcours nous apprenons que les fiévres continués doiuent eſtre diſtinguées des intermittentes fºnt cºgnoi- par deux ou trois ſignes. Premierement, en ce que depuis leur commencement iuſques à la fin & guariſon ſºººº entiere, elles tiennent conſtamment le malade ſans aucun relaſche , là où les intermittentes, apres auoir # * fait vn accez de douze ou de quinze heures, plus ou moins, donnent vne intermiſſion manifeſte de quelques #ºº heures ſans tenir aucunement le malade.secondement, la continué eſt diſtinguée de l'intermittente par la di- Le premier. uerſe façon de ſurprendre le malade. Car la continue ſurprend ſubitement le febricitant, ſans enuoyer de- Le ſecond, uant ny friſſon, ny horreur, ny rigueur , ſinon peut-eſtre qu'au premier commencement il peut y auoir quel- que inegalité au corps. Mais l'intermittente vient peu à peu, & enuoye toufiours pour meſſagers, & auant- coureurs ou vn friſſon ou vn tremblement,auec des pandiculations,baaillemens,reſtreciſſemens des parties, paſleur au viſage, liuidité ou terniſſeure aux ongles, & autres tels accidens Bref , la continue preſſe & tient Le troiſieſ ſon homme outre les vingt-quatre heures , & perſeuere iuſques à ce qu'elle ſe termine & quitte du tout le malade. La où l'intermittente apres quelques heures comme i'ay dit , finit ſon accez ou inſenſiblement ou ſenſiblement, & manifeſtement par vomiſſemens, ſueurs ou autres euacuations. Eſpeces des Auant que finir ce Chapitre, ie veux donner les eſpeces des fiévres continues & des intermittentes, & di- fiévres conti- re les marques par leſquelles on les peut diſtinguer les vnes d'auec les autres. Pour les continués nous en nués , & des auons de quatre eſpeces, la ſjnoque, la tierce continué, la quotidiane çontinuë, & la quarte continué : la ſynoque ººº- ſe faict quand le ſang ſe pourrit, comme nous auons demonſtré cy-deſſus. La tierce continué ſe fait quand # continuë la maſſe du ſang qui ſe pourrit a en ſoy plus de bile que des autres humeurs.La quotidiane continuë s'engen- B eſt de §. dre quand il y a en la maſſe du ſang plus de pituite,que des autres humeurs, La quarte continué vient quand eſpeces. en la maſſe du ſang la melancholie ſurmonte. Mais,me direz vous, ſi telles fiévres ſont continues, pourquoy ia 1. eſt la les nommez-vous tierce, quotidiane , quarte à la mode des intermittentes ? Elles ſont appellées continuës, ſynoque. parce que pour le voiſinage & commerce qu'a la matiere dont elles ſont excitées auec le cœur, elles conti- La ... eſt nuent touſiours ſans aucune intermiſſion,iuſques à la fin & terminaiſon generale de toute la maladie. Mais tierce. elles ſont auſſi appellées l'vne tierce, l'autre quarte, l'autre quotidiane , pource qu'eſtant excitées d'vn ſang L* 3, eſt ou plus bilieux,ou plus melancholique, ou plus pituiteux, elles donnent quelque redoublemens & exacerba- #º tions, & ſemonſtrent plus violentes & ardentes,ou de trois en trois,ou de quatre en quatre iours,ou de iour #º en autre, donnant au reſte quelque relaſche & remiſſion,mais non pas intermiſſion abſoluë, és iours & heures iDifficulté re. d'entre-deux.En quoy elles ſemblent retenir quelque choſe du mouuement des intermittentes,ſelon qu'en la 0/4t6'. matiere pourrie qui les fait, il y a plus de bile, melancholie ou pituite. Or afin que tu reconnoiſſe ces qua- tes eovti- tre ſortes de fiévres continues les vnes d'auec les autres , tu te reſouuiendras que la ſynoque ne ſurprend ſi- nuè,commèt non ceux qui ſont de bonne nature & d'vn temperament bien reiglé & moderé, qui ont abondance de bon elles ſe reco- ſang, & qui ont vne bonne habitude de corps.Au reſte,elle tient touſiours eſgalement ſont homme, non ſeu- gnoiſent les lement ſans intermiſſion,mais auſſi ſans remiſſion & exacerbation manifeſte. Les tierces, quartes, & quotidianes #º.º continuës,ſe connoiſſent par les cauſes qui peuuent accumuler & engendrer bile, melancholie, ou pituite en #a la maſſe du fang, ou bien par les effects de telles humeurs, & par leurs exacerbations, qui ſont que les titrtes de fiévres in- continués les ont de deux 1ours l'vn , les quartes de trois l'vn, & les quotidianes tous les 1ours, §. Quant aux fiévres intermittentes , il y en a de trois eſpeces, la tierce qui ſe fait de la bile, la quarte qui comment vient de l'humeur melancholique ou atrabilaire,& la quotidiane de la pituite. Elles ſont diſtinguées entr'el- c elles ſont les,en ce que la tierce ne prend que de deux iours l'vn , la quarte de trois l'vn , & la quotidiane tous les iours. diftinguées Nous allons taſcher d'apporter les raiſons de ces intermiſſions periodiques au Chapitre ſuyuant. entr'elles. 777e . Pourquoy les accez des Fiévres intermittentes retourment à certains iours,ſauoir des 2uotidianes tous les iours, des Tierces de trois en trois, des Quarte de quatre en quatre iours. C H A p. XV I II. 'E N T R E P R E N s en ce Chapitre l'explication d'vne queſtion non moins profitable que plaiſante ; que ie fais d'autant plus volontiers que ie recognois la cauſe d'icelle n'e- La cauſe des ſtre moins obſcure, & controuersé en l'eſprit des Medecins , que ſon effect eſt manifeſte # #. & ſenſible és corps des pauures febricitans , qui en endurent les accez. Car à commen- ſcure & § cer par Galien le premier de tous, luy-meſme a confefsé pleinement & apertement, qu'il chée. ignoroit la cauſe de la certitude des accez des fiévres intermittentes.Ses paroles ſontcou- - chées à ce propos au Chapitre 8.du troiſieſme liure des iours Critiques. Quelle eſt la cauſe ( dit-il ) que des maladies aiguës les accex ſe font de trois en trois iours , & des longues de quatre, en quatre , ou tous les iººrº , il n'eſt pas aisé à trouuer, & n'eſt pas maintenant neceſſaire de le dirs. Quelques-vns qui ſont venus depuis D Galien ont dit, que cela procedoit d'vne certaine qualité incognuë & proprieté occulte qui eſt en chaque Proprieté ee-humeur,& qui la faict mouuoir en tel & en tel iour, ny pluſtoſt, ny plus tard.Mais de recourir à vne proprieté culte,refuge occulte, c'eſt pluſtoſt fuyr le trauail d'vne curieuſe induſtrie,que de rechercher la verité du faict.Car qui eſt- º Pºſſeux ce qui ne pourra par ce moyen ſoudre toutes ſortes de queſtions les plus difficiles ? mais pour cela nous ne & ignorans. ſerons pas eſclaircis, ny reſouls de ce que nous auons à tenir de telles propoſitions.C'eſt pourquoy pour par- uenir à la reſolution de celle qui ſe preſente, prenans vn autre chemin ; Nous dirons premierement que c'eſt qu'accex , & qu'elles cauſes font l'accez , pour de là tirer des principes propres pour l'intelligence & conclu- ſions de ce que nous pretendons. Definition Accex donc n'eſt autre choſe ſinon vn effort de nature, irritée pour ſe defaire & depeſtrer de l'humeur º'aeeez. qui luy eſt faſcheux & moleſte. Car l'humeur chaud & pourry , recluz en quelque lieu que ce ſoit hors des veines, tant qu'il eſt à recoy & de repos n'agite & ne trouble le corps aucunement : mais lors que quaſi com- me forcené, il vient à s'eſmouuoir de là par impetuoſité de nature irritée,ill'esbranle diuerſement. Car pour accommoder cecy aux fiévres intermittentes, poſons le cas, comme il peut aduenir, que le meſentere ſoit le foyer de la fiévre ;.l'humeur bilieux l'a enuoyé ou accumulé peu à peu, ſe pourrit au bout de quelque temps, tant à cauſe de l'obſtruction que de l'impreſſion de la pourriture laiſsée en ce lieu par le premier & prece- dent accez : dont eſchauffé & comme fomenté par la chaleur putredineuſe ſe gonfle & enfle , de ſorte que ne pouuant plus tenir en ſon lieu & tas accouftumé , il s'eſpand par les parties membraneuſes & fen- ſibles du meſentere, donnant vn effroy & horreur à tout le corps , pour le conſentement & ſympathie qu'ont 82o Premiere Partie, ) Des Fiévres faictes de la bile, & premierement de la Tierce intermittente, vray & legitime. C H A P I T R E XIX. # E L o N noſtre diuifion cy-deſſus rapportée , apres les fiévres pourries qui ſe font du ſang vien- § #s ſont nent celles qui s'engendrent de la bile, ou de la cholere, deſquelles nous auons dit que les vnes $ſ§è) $ eſtoient intermittentes, & les autres continués. Entre les intermittentes ſont la vraye tierce, & §)$ la tierce baſtarde : Entre les continuës la cauſonide & la tierce continuë. Partant ſelon cét ordre, * " il faut parler en ce Chapitre de la tierce qu'ils appellent veram & exquiſitam, non pas à cauſe Deſinition de qu'elle prend de trois iours l'vn, car la baſtarde fait le meſme, mais à cauſe qu'elle eſt faicte de l'humeur §"§ bilieuſe, pure & ſimple ſans mixtion ou meſlange d'aucune autre. Donc la fiévre tierce vraye legitime, vraye. eſt celle qui ſe faict de deux iours l'vn, à cauſe d'vn amas de bile qui ſe pourrit hors des grands vaiſſeaux. En quoy nous remarquerons premierement, que cette fiévre eſt intermittente ; ſecondement qu'elle vient deux iours l'vn ; tiercement, qu'elle ſe faict d'vne bile pourrie : & finalement, que la cauſe materielle de cette humeur Elles eſt in eſt hors de grands vaiſſeaux. Or elle ſe faict intermittente pour trois raiſons,par le ſinathriſme, ainſi que par- termittºntº lent les Grecs, par la pourriture, & par le mouuement de la matiere. Le ſynatbriſme, eſt vn amas d humeur Pº#." contre nature qui ſe faict en la partie, laquelle eſt le foyer de la pourriture : & cét amas ne vient qu'à #. cauſe que ladite partie ſe remplit, ou en receuant des autres parties ce qui leur eſt nuiſible par ſa debi# #- ou en attirant à elle par quelque douleur ou chaleur eſtrangere qui luy ſuruient. Cét amas eſtant ain- De la tierce vraye. La nature le chaſſer , ſoit par ſa quantité, ſoit par ſa qualité. De ſorte qu'vne de ces conditions manquant, iamais la eſt eſguillon- fiévre ne ſe faict intermittente. Quand donc la bile s'amaſſe en quelque partie, qu'elle s'y pourrit, & que née Pº. la nature vient à s'efforcer à l'expulſer hors de là, comme vne choſe nuiſible, la fiévre intermittente s'engen- deux raiſº. dre, laquelle ne prend que de deux iours l'vn, à cauſe que comme nous auons dit cy-deſſus, il n'y a pas ſi *ſº*" grande quantité debile en noſtre corps, que de ſang & de pituite Laquelle raiſon doit ſuffire, ſi ce n'eſt ſe faict cette º§ qua - orps, q r ,: p - q - » fiévre. qu'on vueille recourir aux proprietez occultes , & dire que le propre de la bile eſt de ſe mouuoir de deux §pl, des iours l'vn , comme le propre de l'aymant eſt d'attirer le fer; & que de ce mouuement l'on n'en peut pas ren- propriete(ee-dre raiſon, non plus que du flux & reflux de la mer, du mouuement de l'eguille marine vers le Nort, & de cultes. la vertu des medicamens purgatifs , qui purgent par election certaines humeurs pluſtoſt que les autres, ou bien de la proprieté de quelques venins qui bleſſent certaines parties, & non pas d'autres, comme le lié- La cauſe des vre marin le poulmon, & les cantharides la veſſie, ſelon que diſcourt l'Autheur de la Theriaque. Soit donc venins oc- que nous referions la cauſe du mouuement de la bile, qui ſe faict de deux iours l'vn , à vne proprieté occul- cultes. te & inconneuë , ſoit que nous la rapportions à la quantité de l'humeur ; Il eſt certain que lors que nous * voyons vne fiévre intermittente qui prend de deux iours l'vn, que nous pouuons aſſeurer qu'elle ſe faict de Deux ſorte la bile. Mais comme ainſi ſoit qu'il y a deux ſortes de bile, l'vne naturelle, & l'autre contre nature. Il faut exa- de bile, & miner laquelle des deux faict la vraye fiévre tierce intermittente. Nous appellons la bile naturelle, non le quelle des ſang bilieux, mais cette quatriéme humeur de la maſſe du ſang, qui pour ſa tenuité, chaleur & ſeichereſſe, & de* fº pour la reſſemblance qu'elle a auec la bile excrementeuſe, s'appelle vulgairement bile ou humeur bilieuſe, la- # quelle s'engendre dans le foye de la partie du chyle la plus chaude & la plus ſubtile, eſtant de ſa nature ame- #. re, & iaune en couleur, c'eſt pourquoy onl'appelle bileiaune. La meilleure portion & la plus vtile de cet- elle ſe faict º humeur, ſe meſle auec le ſang dans les grandes & petites veines , l'autre portion eſt portée dans la veſſie #li# § du fiel, & de là enuoyée dans l'inteſtin duodenum par les conduits cbolidoques pour ayder à chaſſer les gros bile- excremens des inteſtins. Pour ce qui eſt de la btle non naturelle, il y en a de quatre ſortes, leſquelles ie paſſe guatre ſor- ſous ſilence, pour n'eſtre pas celles qui font la fièvre tierce legitime mais ſeulement celle que nous auons ap- tes de bile , pellé non naturelle. Cette bile icy venant à s'amaſſer en quantité à l'entour du foye, du meſentere, pancreas, non naturel-& autres parties voiſines qui ſont dans la premiere region du corps, par traict de temps elle vient à s'eſ- le Fiévre chauffer & à ſe pourrir, & en fin à exciter la fiévre tierce intermittente. Que ſi ladite bile n'eſtoit pas ſeu- º * lement contenuë dans les petites veines de la premiere region : mais auſſi dans les grandes veines de la ſe- 13/J6'• conde region du corps , alors la fiévre qu'elle exciteroit ne ſeroit pas intermittente mais continuë, pour les opinion de raiſons que nous auons rapportées cy-deſſus au chapitre 17. Il eſt vray que Galien n'a pas eſté de noſtre Galten aduis touchant le ſiege de cette fièvre intermittente, ne voulant pas que l'humeur fuſt amaſſé dans les pe- Voy Fernel. tites veines de la premiere region, mais dans les petits vaiſſeaux de la troiſiéme region, ou habitude du & Houlier. corps, pour quelques raiſons qu'il en apporte, leſquelles toutesfois ſe tronuent legeres, miſes en compa- raiſon auec celles qui combattent pour vne opinion , que l'on peut voir deduite dans les œuures des bons Medecins de noſtre temps, n'eſtant pas à propos que ie les tranſcriue icy , d'autant que nous n'auons que cauſes effi- des Chirurgiens à enſeigner, pout leſquels ce que i'ay rapporté peut ſuffire. - éaces de la Pour les cauſes efficientes de cette fiévre, nous diſons en general, que ce ſont toutes celles qui peuuent en- tierce. gendrer, augmenter, ou eſchauffer l'humeur bilieuſe : Comme ſont la ieuneſſe , l'Eſté chaud & boüillant, la conſtitution de l'air chaude & ſeiche, les veilles, les grands exercices, le long vſage des choſes calefacti- - ues & deſiccatiues, ſoit de medicamens, ſoit d'alimens : exceſſiue abſtinence , de manger auec trauail, Cauſes pri- ſoing & faſcheries ; leſquelles cauſes proprement ſont dictes primiiiues. Les antecedentes ſont grande abon- mitiº & dance de bile ou cholere , la temperature de tout le corps ou du foye ſeulement tendant à chaud & ſec. Les º coniointies, ſont le ſynatbriſme, conculcation ou amas & putréfaction d'humeurs choleriques dans les petits # vaiſſeaux de la premiere region du corps & auſſi ſelon Galien hors des grands vaiſſeaux en toute l'habitude ' du corps, -- '- Desſignes de la fiévre tierce, où il s'agit de la rigueur & de l'horreur. CH A P 1 T R E XX. $ N T R E les ſignes des fiévres intermittentes, l'horreur, la rigueur , ou le friſſonnement auec la fioideur ou refroidiſſement tiennent le premier lieu. C'eſt pourquoy il eſt bon auant que de paſſer outre , de dire vn petit mot de ces ſignes icy , afin d'inſtruire le Chirurgien à ne ſe troubler point de ces accidens, qui le plus ſouuent ſuruiennent aux playes dangereuſes & mortelles. Comme les fiévres intermittentes ne ſe font point ſans la pourriture des humeurs, auſſi n'attaquent-el- Signes des fiévres inter- - º}, 8) #03tffênfé5, (3 Le mouue- - ment des hu- X EZ meurs neceſ- ſaire pour - - - - - # les point ſans que les humeurs pourries s'eſmeuuent , & ſe jettent ſur les parties ſenſibles du corps : comme fiévre. ſont les membraneuſes & nerueuſes ; Ce mouuement icy ſe faiſant ſur des parties grandement ſenſibles , & - - " Par ſi faict , il vient à ſe pourrir, eſtant pourry la nature vient à le mouuoir pour eſtre excitée & aiguillonnée à B | Du Traicté des Fiévres. 82 I A par vne humeur acre, picquante, & eſchauffée donne le reſſentiment, ou de l'homeur, ou de la rigueur , ou du ſimple refroidiſſement, eſtant tres-veritable que ces trois choſes ne different entr'elles que ſelon le plus Cauſe de \ & le moins. Car le refroidiſſement ſe faict lors que l'humeur eſt en moindre quantité, qu'elle eſt moins acre l'horreur & & mordante, & qu'elle ſe meut aſſez legerement. L'horreur au contraire eſt excitée par vne grande abon- de la ri- dance d'humeurs aſſez acres, & picquantes , & agitées ou eſmeues aſſez fermement. Pour la rigueur, elle #º" : º - ſuruient par vne grande quantité d'humeurs , grandement eſchauffées & poignantes, & violemment eſ- #. meuës. La rigueur n'eſt donc autre choſe qu'vne concuſſion ou esbranlement inegal de tout le corps, & principa- #& lement de tous les muſcles , auec vn reſſentiment de froid douloureux , qui eſt excitée par la vertu expultrice, laquelle §i taſche à ſe deſgager d'vne quantité de matiere acre, mordante & violemment eſmeuë par les parties du corps les plus eſt fait. - ſenſibles,ce pendant que la chaleur naturelle faict vn reflux des partier exterieeres aux interieures. L'horreur eſt moin- Rigueur , dre que la rigueur, auſſi elle n'esbranle que la peau & le cuir , & ne donne qu'vn reſſentiment de froid ſans eomme elle douleur, pour eſtre excitée par vn humeur moins picquante, & plus legerement agitée. En vn mot, la ri. eſt prºduite. gueur ſemble eſtre propre des fiévres bilieuſes, pource que la bile pour eſtre acre, picquante & aisée à eſ- Pº * mouuoir, irrite la nature plus violemment que les autres humeurs. , L'horreur eſt propre pour des fiévres me # lancholiquest& le refroidiſſement des pituiteuſes : à cauſe que c'eſt vn humeur plus douce & plus peſante, # f46: ou difficile à eſmouuoir. Par ce diſcours on remarquera, que ſelon la quantité, la qualité & le mouuement de # # l'humeur qui fait la fièvre, on a les reſſentimens differens , longs ou courts , doux ou violens, encore que L. § quelques-vns ne rapportent pas cela aux humeurs, mais aux fumées & vapeurs qui s'eſleuent des humeurs propre des pourries , & qui vont frapper & attaquer le coeur. fiévres bi- Cecy preſupposé, diſons que les ſignes de la fiévre tierce intermittente, vraye & legitime eſt horreur, com- lieuſes. me quand en Hyuer apres auoir vriné on treſſaut; rigueur forte & poignante, comme ſi l'on ſentoit quel-ºººrrºr. que choſe aiguë qui poigniſt par tout le corps , à cauſe de l'acrimonie de la bile pouſſée & portée violem- #º* • ment au commencement de l'accez par les membranes & corps ſenſible : la chaleur deuient acre des le # //Jº- B commencement, pour eſtre le feu allumé comme en bois ſec. Le poulx eſt grand, ſubit & eſgal, la langue # #. eſt ſeiche, l'vrine rouge, enflammée, tenué ou ſubtile. .. Les accidens ſont veilles continuelles, ſoif deme- § putniteus- ſurée , fureur ou delire, promptitude à ſe cholerer pour la moindre occafion, comme pour ouyr parler, ou ſ . autre petit bruit : iactation & agitation de tout le corps , que les Grecs appellent Aliſme ; inquietudes, intermitten- maux de cœur & d'eſtomach , nausées , vomiſſement d'humeurs iaunes & ameres , tranchées par fois tes dans le ventre & douleurs importunes, à cauſe du mouuement de la bile. Telles fiévres ſe terminent Aliſme.. auec grandes. ſueurs , à cauſe du mouuement de la bile. Elles viennent à gens choleriques & bi- Pregnoſtic. lieux, aux ieunes, aux maigres, & en eſté. L'intermiſſion d'icelles eſt pure , & ſans aucun reliquat de Intermiſſion fiévre, iuſques à tant que l'accez ſuiuant reprenne, à cauſe que la matiere bilieuſe qui donnoit l'accez à eſté º#º# par la vehemence & concuſſion d'iceluy toute diſſipée, à cauſe de ſa tenuité & ſubtilité : ce qui n'aduient # aux fievres quotidianes, d'autant qu'elles laiſſent apres l'accez toufiours quelque inegalité, moleſtie & pe- # ſanteur du corps, à cauſe de la peſanteur & tardiueté de la pituite, qui n'a peu eſtre tout à faict reſoulte & euaporée Les accex de cette fiévre durent quatre , cinq , ſix, huict , onze , douze, quinze , dix-huict L, attez de heures & prennent en ſorte que le premier & le fecond accez ſont plus doux , le trois & le quatre tres- combien àe violens ; & les autres qui ſuiuent vont touſiours en diminuant, ſoit de violence, ſoit de durée. Le Septieſ- durée. me accez éſt la fin de cette fiévre, laquelle eſt ſans peril & danger, pourueu qu'il ne ſoit commis aucun - erreur ny du coſté du Medecin , ny de la part du malade. Celle qui ſuruient en eſté eſt tres-courte, celle Pourquoy. - - qui vient en Hyuer eſt plus longue, d'autant qu'en cette ſaiſon la bile ne peut point eſtre ſi pure qu'elle plº lºngue C n'ait quelque meſlange d'vne autre humeur : outre que la tranſpiration ne ſe faict pas ſi bien en Hyuer qu'en **9º- Eſté , à cauſe que les pores du cuir ſont reſſerrez par la rigueur du froid. Le commencement de cette, - fiévre eſt auec rigueur, l'eſtat auec ſueur. Que s'il ſuruient des vlceres au nez, à la bouche, ou aux lévres, Excrations c'eſt ſigne que la fiévre ſe termine : car par cét accident on deſcouure & on apperçoit la force de la nature critiques. qui peut ietter la matiere morbifique du centre & interieur du corps , à l'exterieur & à la ſuperficie : outre qu'en cét effort il ſe faict euacuation de la cauſe conioincte. Or telles vlceres n'apparoiſſent pas en la de- Vlceres de la " . clinaiſon de toute fiévre tierce, mais ſeulement en celles eſquelles la bile, cauſe de cette fiévre, eſt conte- bouche pºur- • • nue ou pouſsée de quelqu'autre partie de la premiere region du corps dans le ventricnle : Car de là la plus quoy ſiniſſent i *. tenue & ſereuſe portion d'icelle, portée par la continuité de la tunique interieure, à la bouche & aux lé- # a - vres excite aisément des vlceres en ces parties là. Bref, nous auons deux Aphoriſmes d'Hippocrate qui ſer- Aphoriſmes - uent au prognoſtic de cette fiévre. Le premier eſt le 43. du 4. liure , où il dit que les fiévres qui ne ſont # d'Hippocr. : termittentes , & qui ont des redoublemens de trois en trois iours ſont dangereuſes : mais que celles qui ſont intermit- pour cette tentes ſont ſans peril. L'autre Aphoriſme eſt le 59. de la meſme Section, où il aſſeure que les fiévres tierces ex- fiévre. - quiſes ceſſent pour le plus au ſeptieſme accex, Il dit pour le plus, d'autant que ſelon que la matiere eſt plus ſub- **pº tile & en moindre quantité, il arriue que cette fiévre ſe termine au troiſiéme ou quatriéme accez.Au reſte il * # deux faut prendre ces deux Aphoriſmes d'Hippcrate auec vn grain de ſel, c'eſt à dire , auec cette diſtinction, #º que ce qu'il dit eſt vray, pourueu, comme nous auons dit cy-deuant, qu'il ne ſe faſſe aucune faute, ny de la ppocr- tf ! part du malade, ny de la part de ceux qui le traittent & le ſolicitent. Ie diray vn mot en paſſant contre les #" . " Apothicaires , leſquels ne ſe laſſent iamais de donner des remedes aux malades qu'ils traittent en tout temps Apothicaires ! º D & à toutes les heures, ſans ſe ſoucier de ce que dit ou ordonne le Medecin, Pourueu qu'ils debitent leurs indiſerett. r# drogues , & qu'ils faſſent aualler force iuleps aux malades , & qu'ils leur trempent les hypochondres auec : # leurs epithemes, cela leur ſuffit , ſans ſe ſoucier ſi c'eſt en temps & en ſaiſon ; mais que tels Apothicaires - « apprennent la leçon que leur faict Galien , qui les appelle au premier liure des iours Critiques chap. 11. & : º ennemu de la nature, & ennemis du malade. Galien ayant obſerué au premier ad Glauc. chapitre 9. qu'vn ma- - lade de la fiévre tierce eſtoit mort tabide, pour auoir vsé du bain hors de ſaiſon , par l'aduis de quelqu'vn - qui ſe ſeruoit d'vn meſtier qu'il ne ſçauoit pas. Ce que ie dis, afin que les Chirurgiens que ie taſche d'in-Adºi aº ſtruire , ne faſſent iamais rien à l'eſtourdie & ſans raiſon , & qu'aux choſes douteuſes & de conſequence , ils Chirurgiens ,* prennent touſiours l'aduis des Medecins. De la cure de la fiévre tierce legitime. C H A P. XXI. : #$ E ne veux point icy m'embroüiller d'vn nombre infiny de remedes , tant externes qu'internes, Les remedes | - | # qui ont eſté mis en auant par les medecins qui ont ſuiuy le methode des Arabes : eſtant choſe ſi des Arabes confuſe & ſi difficile à pratiquer , qu'il y a plus de peril en cette grande varieté de remedes en nombre - qu'en la grandeur du mal, C'eſt pourquoy ie traicteray de la gueriſon de cette fiévre, & des autres le infºy. # Plus ſimplement qu'il me ſera poſſible, afin de ne troubler point le iugement du ieune Chirurgien, & de Z Z z 3 • Q6 822 Premiere Partie, ne fatiguer point les malades d'vn nombre preſque infiny de remedes que l'on leur ordonne communément A au grand detriment de leur coups & de leur bourſe. Il faut en premier lieu ordonner le regime de viure ſur les ſix choſes non naturelles, qui ſeront eſtablies pout rafraiſchir & humecter le plus qu'il ſera poſſible , à cauſe que l'humeur bilieuſe qui faict cette fiévre, eſt la plus chaude & ſeiche de tout ce qui eſt en noſtre corps. C'eſt pourquoy il faudra faire que le malade reſpi- re vn air froid & humide : ce qui ſe fera eu Eſté arroſant la chambre d'eau fraiſche, & la parſemant d'her- #ººº bes & de fieurs rafraiſchiſſantes.Il faut luy donner pour nourrituretoutes choſes refrigerantes & humectan- Regime de viure. # tes, en tant qu'il les pourra cuire , comme laictué, ozeille , courge , concombre , poirée, maulue, orges / - - - - - - - - # , mondez , bouillons clairs, & non preſſez, aſſaiſonnez de verjus , ou de ius de citron. Il vſera de vin bien # §eil trempé , petit, tenu & en petite quantité, & ce lors ſeulement que l'humeur aura commencé d'eſtre cuite: §le car au commencement il n'en faut aucunement vſer, mais en la declinaiſon il ſera permis d'en vſer plus liberalement, pourueu toutesfois qu'il ne ſoit ny fort, ny vieil. En quoy on peut rePrendre l'erreur de ceux qui croyent que le vin vieii eſt plus ſain , & qui pour ce ſujet le recommandent aux malades febricitans. Mais ils deuroient ſe mettre deuant les yeux que le vin vieil eſt tout vineux , qu'il a fort peu de parties aqueuſes & ſereuſes, qu'il eſt peſant, de parties craſſes & difficiles à diſtribuer , que par conſequent peut faire plus de ſang , peut eſchauffer dauantage les entrailles par la longue demeure qu'il y faict, & a de cou- ſtume de reſſerrer le ventre & le rendre pareſſeux. Mais pour le dire ſainement, il ſeroit tres à propos de defendre toutes ſortes de vins tandis que cette fiévre continuë, de peur d'entretenir ſon foyer, & cepen- # dant faire vſer au malade de quelque boiſſon rafraiſchiſſante & aperitiue, preparée auec quelque raci- f4/7f. " ne ou ſyrops violar, de limons, de pommes ſimples, de capillaires, de ceriſes , & autres de ſemblables Le temps de effects. , Quant au temps propre pour nourrir le malade, il ſe faut donner garde le iour de l'accez, de luy B nourrir leſ - bailler à manger plus tard que trois ou quatre heures auparauant ledit accez ; de peur que la chaleur de la bricitant fiévre (le propre de laquelle eſt de corrompre toutes choſes, comme le propre de la chaleur naturelle eſt . de cuire & conſeruer ) rencontrant les viandes encore crués en l'eſtomach , ne les corrompe, putrefie & .. .. tourne en ſuc bilieux : augmentant par ce moyen la matiere de la fiévre, prolongeant l'accez, & en ou- | tre reuoquant la nature qui eſt occupée à la concoction & expulſion de l'humeur morbifique, pour s'em- ployer à la conccction des viandes priſes , pour leſquelles raiſons on s'abſtiendra auſſi de donner aucune nourriture audit febricitant durant tout ſon accez , & attendra-on à le nourrir qu'il ſoit tout à faict hors de º4ºº fiévre. Toutesfois, cette regle ſe doit entendre lors que la vertu du malade eſt forte & vigoureuſe; autre- #" ment ſi la nature eſtoit debile, & qu'il priſt des foibleſſes au malade, il faut non ſeulement le nouri de #. uant l'accez , mais auſſi en l'accez, mais il faudroit que ce fut legerement, & que ce qu'on luy donneroit l'acce(; fuſt en petite quantité. .. Pour le breuuage, il faut luy defendre, tandis que dure le friſſon ; en la chaleur on 1.mt de ne luy doit point defendre, au contraire il faut inuiter ceux qui boiuent peu, à prendre quelque grand traict boire ., de ce qui luy aura eſté ordonné pour ſon breuuage. Remedes. Pour ce qui eſt des remedes pris tant de la Pbarmacie, que de la cbirurgie , il eſt bon à la ſortie de chaſ- que accez de donner quelque lauement en partie rafraiſchiſſant, en partie laxatif, afin d'eſteindre les reſtes de la chaleur allumée dans les reins & dans le ventre, & auſſi afin d'euacuer l'humeur qui aura eſté esbran- Cºſºrº lée par la violence de l'accez ayant obſerue pluſieurs fois qu'il ſort par le moyen de tels lauemens, des biſ- ſinées entieres de bile iaune, & eſcumante des les ſecond & troiſième accez, ce qui addoucit grandement #º * la furie de cette fiévre & accourcit ſes accez on faict vn lauement auec decoction de maulues, guymau- clyſtere ues , violiers de mars, apparitoire, laictues , pourpié , concombres mis par tranches & ruelles, fueilles C de vignes en la ſaiſon, fleurs de nenuphar, vn peu de fenoüilverd : on delaye dedans vne liuretrois onces de miel violat, & autant d'huyle violat, ou de beurre frais, vne once de ſucre rouge, & de lenitif, & don- ne-on ce clyſtere à la ſortie de l'accez, comme dit eſt Que ſi les malades ſe trouuoient trop laſche & fi- tiguez apres leur fiévre, on peut remettre ledit lauement au iour de l'intermiſſion , ou le matin ſi la ſaignée • , • ne l'empeſche ou ſur l'apreſdiſnée. Souuent on fait les clyſteres auec decoction de prunes, iuiubes, violes, De la ſaignée 9º3°, ſon, & choſes ſemblables , quelquesfois auec le petit laict ſeulement. Il y a vne grande controuetſe & purgation. entre les autheurs , ſçauoir s'il faut ſaigner ou purger dés le commencement : pour moy i'ay veu en monieu- Fraäique , ne age, & l'ay remarqué en mon premier traicté des fiévres , que dés le commencement de la fiévre, apres ancienne & auoir conſideré ſi les forces du malade le permettoient qu'on le purgeoit, principalement quand les hu- contraire à urs eſtoient furieux & mobiles, & ce auec diaprunis ſimple, caſſe fiſtulaire mundée, decoction de vio- la. mouuelle. , mirabolans citrins, ſyrops violat, roſat, de grenades, oxyſaccara : & on ne ſaignoit, ſelonle pre- cepte de Galien, qu'apres le troiſiéme accez. Et encore n'eſtoit-ce que ceux où il y auoit plethore au corps & plenitude des vaiſſeaux pour euentiler & rafraiſchir la maſſe des humeurs : autrement il n'eſtoit loiſible de faire vacuation de ſang , d'autant qu'on croyoit que c'eſt luy qui eſt le frein de la cholere, c'eſt à dire, ce qui l'adoucit, & qui meſle auec icelle, par ſa douceur & vapoureuſe benignité empeſche qu'elle ne ſe mon- Il faut ſai- ſtre ſi furieuſe, & violente. Mais maintenant ie voy que les plus celebres Medecins,ſoit qu'ils ayent eſte faits gner dés le ſages par l'erreur des autres, ſoit par † propre experience, & par les beaux effects qu'ils ont veu reuſſir º de la ſaignée, ſaignent dés le commencement, non vne ſeule fois, mais apres les trois premiers accez aux # ſa trois iours de l'incermiſſion, & ne purgent leurs, malades qu'apres le quatriéme accez. Et de fait que c'eſtoit ſaigner apres mal ordonné que de differer la premiere ſaignée apres le troiſieme accez. Car comme ainſi ſoit que cette le roiſiéme fiévre au plus tard ſe termine en ſept accez : certes ſi on attend que le troiſiéme accez ſoit paſsé,la fiévre acce(. ſera en ſon eſtat. Or Hippocrate defend de rien mouuoir en l'eſtat par l'Aphoriſme 29. de la 2.ſect, de crai - te que la nature, qui lors ſeulement trauaille à la concoction de la maladie, ne ſoit retirée & desbauchée La purgatiz. de ſon entrepriſe. Donc ſelon la violence du mal & le temperament du malade, on pourra ſaigner deux ou trois fois dés les premiers accez aux iours d'intermiſſion, & apres le quatriéme on purgera doucement & benignement auec caſſe , tamarins, rheubarbe , ſenné de leuant , mirabolans citrins, & ſyrops violat, de ' pommes composées, & de cichorée auſſi composé, reiterant le meſme medicament apres le cinq ou ſixiéme Purgation accez , afin d'eſpuiſer le ventre d'vne quantité d'humeurs qui y regorgent. I'ay obſerué que ceux qui pur- cauſant vne geoient auant le quatriéme accez, ou qui vſoient de remedes vn peu forts & violens , d'vne fiévre tierce double tierce. ſimple, faiſoient vne double tierce : c'eſt pourquoy il faut ſe faire ſage, & eſtre vn peu plus retenu à la purga- Bain. tion que n'eſtoient pas nos anciens. Sur le declin de la fiévre, il eſt bon de faire vn bain d'eau douce aucc $ºdº#ques. fueille de vignes , de ſauls, de laictues & ſemblables refrigerans. Et meſme apres les purgations generº- Diuretiques. les prouoquer les ſueurs par l'vſage du vinblanc & tenu bien trempé : & les vtines par decoction d'ache & d'aneth, r- . - » 1 -. » - Du Traicté des Fiévres. 823 º, De la fiévre tierce baſtarde, de ſes cauſes,ſignes & cure. C H A P. XXI I. # 'A v r R E fiévre intermittente qui ſe faict de bille eſt la tierce baſtarde, ainſi appellée , 4 - cauſe qu'elle ne ſe faict pas comme la precedente de bile pure & ſimple, mais de bile meſlée X4 auec quelque autre humeur, & auſſi à cauſe qu'elle ne garde pas toutes les qualitez, repre- $ ſentation & idée de la tierce legitime. Elle en a bien quelque choſe de ce que l'vne & l'au- # tre ont leurs redoublemens de deux iours l'vn ; mais chacune d'elles à certauns ſignes , par ZºNs^ leſquels elles ſemblent conſtituer diuerſes eſpeces de fiévre, de forte qu'elles ne § pas entre elles par l'ordre & par le temps de leur accez & periode, mais par quelques autres accidens qui vien- nent de la condition de la matiere qui fait ces deux ſortes de fiévres. Or ayant diſcouru de la condition de - - la tierce legutn e , il faut parler icy de la bafiarde, afin d'apprendre quelle ſera leur difference, & comme ſelon icelle il faudra traicter les malades qui ſeront atteints de cette tierce baſtarde. L'vne & l'autre fiévre, cauſe mate- à la verité ſe font de bile , mais la legitime ſe faict de bile pure & ſimple; & la baſtarde ſe faict de bile rielle de la meſlée auec quelque autre humeur, en ſorte toutesfois qu'elle excede & ſurmonte l'humeur auec laquelle ºrº *** elle eſt meſlée, autrement la fiévre ne ſeroit pas tierce, mais garderoit le mouuement de l'humeur qui y ſº predomineroit. Or cette mixtion ſe faict ou de labile auec la pituite tenue ou craſſe, ou auec la melancho- # lie , ſi c'eſt auec la pituite, il ſe faict vne fiévre que les Arabes appellent choleram maioris fame, cholere plus # 'le fiévré > p 3 1 q pp - P"* battarde. ordinaire & plus remarquable , ſi c'eſt auec la melancholie, il s'en faict vne autre que les ineſmes Arabes nomment choleram minoris fame, cholere moins ordinaire & moins remarquable, d'autant que la premiere arriue fort ſouuent , & la derniere fort rarement. Les ſuſdits Medecins Arabes enſeignent que cette pre- miere º évre baſtarde maioris fame , comme ils appellent , ſe fait ou lors que la bile citrine ou paſle eſt meſlée auec la pituite aqueuſe & tenuë, ou lors que la bile vitelline eſt meſlée auec la pituite craſſe : Sem- Doctrine des blablement ils diſent que la derniere fiévre baſtarde s'engendre ou quand la bile eſt meſlée auec l'humeur Araººs em- melancholique naturelle, ou quand elle eſt meſlée, auec l'humeur melancholique atrabilaire, & ſelon tou-ºrº tes ces diuiſions , ils iugent de la longueur ou de la briefueté, de la violence ou de la douceur de la fiévre. Mais certes cette doctrine eſt tellement embrouillée, & il eſt ſi difficile de iuger de toutes les differences de ces cauſes, que ie ne veux y engager l'eſprit du ieune Chirurgien, de peur de luy donner plus de trou- ble que de lumiere. C'eſt pourquoy ie me contenteray de parler de la fièvre tierce baſtarde appellée maio- Definitien de ru fame, comme plus ordinaire, & qui ſe faict du meſlange de l'humeur bilieuſe auec la pituiteuſe : & qui la fiévre ba- pour ce ſubiect peut eſtre definie fiévre qui a des actez & intermiſſions de deux iours l'vn, pour eſtre engendrée ſºrdº d'humeur bilieuſe meſlée auec la pituite qui ſe pourrit hors des grands vaiſſeaux. Il n'eſt point queſtion de ſçauoir ſi - cette bile eſt citrine, vitelline, porracée, ou ærugineuſe, & en quelle partie du corps ces diuerſes ſortes de bile ſe peuuent engendrer. Il faut tenir pour conſtant que c'eſt bile contre nature, laquelle plus elle ac- La malighi- quiert de degrez de chaleur , plus elle ſe rend maligne, & apporte de plus ſiniſtres accidens ; ſi bien que fi té de l'hu- la fievre a vne mediocre vehemence & violence, ce ſera vn ſigne que l'humeur bilieuſe qui la faict a acquis meur rend vn degré de chaleur contre nature mediocre : que ſi les ſymptomes ſont violens , ce ſera la marque d'vn de- cette fiévre gré de chaleur exceſſif Pour ce qui eſt de la pituite qui eſt meſlée auec la bile , on la recognoiſtra ſi le fe-maligne bricitant auec vn temperament chaud & ſec, & en ſon ieune aage, aura demeurée en oyſiueté, ſe ſera rem- Cºmme ônt , ply de beaucoup de viandes, de fruicts cruds, & en vn mot aura amaſsé beaucoup d'excremens & de crudi- # # tez. Et par la longueur de la fiévre on remarquera aisément ſi ladite pituite eſt en grande ou petite quantité, #. & auſſi par la longueur & lenteur des friſſons. Car ſi la fiévre n'a ſes accez que ſeize ou dix-huict heures, # # & que les friſſons ſoient violent & aigus, c'eſt ſans doute qu'il y aura peu de pituite, d'autant que la fiévre belle remar- approche fort pres de la condition de la tierce legitime : mais fi les accez ſont de vingt-quatre , trente, ou que. trente-ſix heures, & que le friſſon ſoit long & lent ; c'eſt ſigne qu'il y a beaucoup de pituite, dautant que la i'ierce eſten- fiévre s'eſloigne fort de la nature de la tierce legitime. En quoy nous remarquerons que la fiévre baſtarde, dºé - qui a fes accez plus longs que dix-huict heures s'appelle Teriiana extenſa , tierce eſtendue , plus ou moins **º{.* , ſelon que l'accez s'eſtend ou à vingt, ou à vingt cinq, ou à trente, ou à trente-ſix heures. Car il eſt tres- # aſſeuré que cette fiévre a des accez quelquesfois de trente , de trente ſix, ou de quarante , meſme de dauan- # #. tage ſelon la quantité & la craſſitie de la pituite qui y eſt meſlée. Or cette fiévre commence pluſtoſt auec # horreur qu'auec vn friſſon violent; ſa chaleur eſt plus douce & moins mordicante, & qui s'eſpand plus dif # quels téps ficilement par tout le corps qu'en la tierce legitime, le malade n'eſt point tant alteré, ny ne vomit point elle » egne lé des matieres ſiameres. Il ſent vne peſanteur de corps, douleur à l'eſpine du dos, bouffement à l'eſtomach plus. . ' auec deſgouſt. L'accez paſſe douze heures,& s'eſtend quelquesfois iuſques à trente, & dauantage, comme ceux qui y enſeigne Galien au commentaire troiſiéme du premier des Epidemies, & au commentaire 2. du ſixiéme li- ſont enchnº ure. Les accez ſe terminent non par des grandes ſueurs, mais par des moiteurs. Elle eſt plus frequente en - Automne qu'en autre ſaiſon , & attaque les ieunes hommes qui par vne vie deſreglée , amaſſent grande quantité d'excremens & de cruditez, elle ſurprend auſſi ceux qui viuent en oyſiueté, les hommes gras & re- . ) . Plets , ceux qui crapulent & qui vſent des bains mal à propos, rarement ſe termine-elle au ſeptiéme accez mais va iuſques au quartorziéme, voire meſme dure quarante iours , tantoſt deux mois, tantoſt trois mois , quelquesfois ſix mois, & lors qu'elle dure ſi long temps elle apporte en fin ou vne dureté de.ratte, ou vne Prognoſtic. "- hydropiſie, ou quelque vice notable des entrailles. Souuent elle ameine des coliques furieuſes, leſquelles Coliques de- - º - degenerent en quelque paralyſie imparfaicte, ou des bras ou des cuiſſes , mal à ce que l'on dit familier & generantes en commun à quelques prouinces de ce Royaume. Cette fiévre eſt de difficile gueriſon , mais toutesfois ſans paralyſie. peril, puis qu'elle eſt intermittente, s'il n'arriue quelque faute en la traictant. Toutesfois elle eſt plus dan- gereuſe , que la tierce legitime, à cauſe de la diuerſité des humeurs qui la font , leſquels rendent les ma- ladies faſcheuſes & contumaces , comme enſeigne Hippocrate, & Galien au premier des Epidemies, Com- ment. 3. article 2;. - : -- '' , ' Pour la cure de cette fiévre, elle n'eſt point autre que celle qui conuient à la tierce legitime, ſinon qu'il La cure de , ne faut pas tant rafraiſchir, mais au contraire eſchauffer doucement & moderement, inciſer puiſſamment cette fiévre. l'humeur peccante, attenuer, cuire, vuider & fortifier les entrailles. Les clyſteres deterſifs tous les iours Clyſtere. ſont tres-vtiles, dans leſquels on doit meſler les ſimples qui diſſipent les vents & flatuofitez, qui rempliſſent les inteſtins de ceux † trauaillez de cette fiévre, s'engendrans de la pituite qui eſt attenuée par l'ar- deur de la fiévre.Dés le commencement il faut auſſi ſaigner pour eſteindre l'empireume des entrailles, & La ſaignééi ce pluſieurs fois pour aller au deuant de la pourriture, & empeſcher la continuelle generation des mauuai- - ſes humeurs. Il ne faut pas ſe perſuader que la pituite empeſche ce remede , elle le modere bien , mais de l'empeicher tout à faict, nullement; veu que le feu, qui eſt en la pituite, eſt auſſi bien feu que celuy qui eſt - n - 1Z Zz 4 €il #. #. à La baſtar dé en quoy elle dijere d« la legitime. - : , gº -- : 8 Partie, 24 Premiere - - + - en la bile. En quelque ſubiect que ſe met la pourriture, l'intemperie chaude l'accompagne, laquelle s'eſteint A Purgation par l'euaporation, qui ſe faict fort commodement par la ſaignée. Ayant oſté tout ſoupçon d'inflammation frequente. aux parties nobles, on viendra purger le corps doucement & ſouvent auec apozemes aperitifs & relaxatifs de Vomitifs : fenné, agaric, rheubarbe, electuaire lenitif, & autres medicamens benins. Il y en a qui trouuent bon de 1º é donner des vomitifs au commencement des accez; mais il faut premierement que ce ſoient vomitifs doux # & benins & non violens, tels que ſont les metalliques & en ſecond lieu il les faut donner lors que la coction ApoKemes. " paroiſt dans les vrines, autrement i'ay touſiours trouue qu ils ne profitoient de rien , & qu'ils debilitoient grandement l'eſtomach, qui apres cuiſoit moins bien les viandes , & par conſequent engendroit quantité de mauuaiſes humeurs, & donnoit occaſion au foye d'en faire de meſme, puis que c'eſt vne maxime en Me- decine que la ſeconde coction ne corrige iamais la premiere. Ie donnerois icy des formules d'apoxemes ape- ritifs, inciſifs & laxatifs, deſquels il faut entretenir le malade durant vne ſi grande longueur de temps , mais d'autant que cette longueur de temps donne aſſez de loifir au Chirurgien de conſulter les Medecins ſur les diuers incidens de cette fiévre, ie les remets auſdits Medecins, auſſi qu'il eſt impoſſible qu'vn Chi- Le chirur rurgien puiſſe auoir la cognoiſſance & la ſcience d'vne fi grande diuerſité de remedes, telle qu'elle eſt ne- gien ne peut ceſſaire d'eſtre practiquée en ce mal, afin de n'ennuyer point le malade d'vn ſeul genre de medicament. #auoir les Que le Chirurgien ait ſoin ſeulement de bien nourrir le febricitant, & vn peu plus largement qu'en la tier- formules des ce legitime ;afin qu'il ait des forces de refiſter iuſques à la fin du mal. Apres donc les premiers accez rºmedeº , ( durant leſquels on ne nourrira les malades que de viandes legeres & liquides ) on pourra donner les iours Rºgº** de l'intermiſſion quelque viande ſolide, aisée à digerer vne fois le iour ſeulement, comme ſont les poul- "L'/E41'6, lets, chapons, perdris, veau, mouton. Ayant touſiours pour maxime de ne nourrir point le malade du- rant l'accez (s'il n'auoit quelque foibleſſe extraordinaire) mais trois ou quatre heures auant l'accez, & à Breuuage la fin de l'accez. Les anciens donnoient pour breuuage l'eau miellée, qu'ils appelloient mulſam , qu'ils aro- d'eau m el matizoient d'hyſope ou de ſpicnar , les recens ſe ſeruent de l'eau ſuccrée ou de l'oyſaccara , quelquesfois B lée. d'eau d'orge aſſaiſonnée de racine de fenoüil & de ſemence d'aniz. Les plus delicats ſe ſeruent d'hipocras d'eau, les autres de decoction de regliſſe, racine d'ozeille, & de cichorée ſauuage , bref on peut s'accom- moder aucunement au gouſt des malades , & leur faire changer de boiſſon lors qu'ils ſeront ennuyez de quelque vne. Il ne faut pas leur permettre toutesfois de boire du vin iuſques au declin de la fiévre, & que # def- les ſignes de coction apparoiſſent. Apres les purgations on n'oubliera pas ny les ſudorifiques ny les diu- sudorifiques retiques, & à la fin de tout le bain d'eau douce. diuretiques. · De la Fiévre ardente, eſpece de fiévre tierce continué. C H A P. XXII I. Fiévre appel ! P R E s les fiévres de bile intermittentes, viennent les continués, entre leſquelles eſt rar- lée des Grecs dente bilieuſe, que les Grecs appellent cauſon excitée de bile, mais bien plus ardente que . cauſus & des ,24 celle qui faict la tierce continué commune, de laquelle nous parlerons au chapitre ſuiuant. François fé- vSr4 Parquoy ſi la maſſe ſanguinaire bilieuſe, c'eſt à dire, qui a en ſoy plus de bile que d'autre ºU7é # - • N3 humeur , conçoit en ſoy ſi grande inflammation qu'elle tienne touſiours le cœur aſſiegé, Ens # f- S elle faict la vraye cauſanide, c'eſt à dire, fiévre ardente, qui differe en cecy ſeulement de # la fiévre tierce continue commune, qu'elle n'a point de trois en trois iours d'exacerbation manifeſte, c§ la ains marche toufiours d'vne perpetuelle conſtance & eſgale ardeur. Au reſte elle eſt auſſi quelquesfois C ſtard. excitée de phlegme ſalé , & faict vne eſpece de cauſus moins propre, qu'on appelle, cauſus baffard , ou non ceux qui legitime, qui n'eſt pas fi vehement que le premier. Cette fiévre ſuruient aux ieunes en Eſté, & à ceux qui ſant ſubiets à ſont de temperament chauds & ſecs, & qui font meſtier de trauailler exceſſiuement. Les ſignes du cauſus pa- cette fiévre tbognomoniques, c'eſt à dire propres & perpetuels, ſont fiévre vehemente (à cauſe qu'il eſt excité de l'hu- signes pathe-meur bilieuſe, qui d'ordinaire s'enflamme le plus aisément & furieuſement ) & laſſitude vlcereuſe, comme ſi º on eſtoit piqué d'aiguillons par tout le corps : ce qui vient à cauſe de l'acrimonie de l'humeur bilieuſe & te- #. nué , qui pique les parties ſenſibles de noſtre corps Les fignes accompagnans cette maladie que l'on appel- cauſes fort le aſſidens & non perpetuels , ſont la langue ſeiche, & pour ce fort aſpre, noire à raiſon de l'aduſtion, dou- remarqua- leur de ventre mordicante & tormineuſe, prouenante d'vne fluxion de bile tenue, ſanieuſe & ichoreuſe, bles deiection ſouuent paſle & liquide pour l'abondance de la matiere crué, acre & tenue là pouſsée par la vehe- cauſu qui a mence de la maladie.Lors que le ſiege du cauſus eſt le foye ou le ventricule, alors la ſoif eſt grande & exceſ- ſon ſiege au ſiue, à cauſe de l'ardeur & ficcité detout le corps, ſi principalement la bile qui fait le cauſu eſt amaſsé en fºyes ſºfau lieu & partie, d'où ſe peut proprement exciter la ſoif, comme en la bouche & orifice ſuperieur du ventri- cauſuu. cule, au ventricule meſme , ou aux poulmons , quelquesfois au pilore, ou orifice inferieur de l'eſtomach,& # dans l'inteſtin appellé ieiunum, les veilles ſont grandes par le defaut d'humidité benigne & vaporeuſe qui #… cauſe le ſommeil & delires à cauſe du mouuement de la bile vers le chef,fi principalement le ſiege d'icelle eſt é aſpre. *! poulmon, & lors ſans doute la langue eſt aſpre & noire , ils ne reſpirent qu'à peine, & halenent vn eſprit #ale§ment. chaud & bruſlant , haletans toufiours à bouche ouuerte.La bouche eſt inceſſamment amere pour la continui- Amertume té de la tunique interieure du ventricule qui eſt commune à la langue. Cette maladie eſt fort aiguë , & qui de bouche. tue en peu de temps, d'où vient qu'à bon droict elle eſt appellée à Montpellier trouſſe-galand : Partant dés le Fiévre trou- commencement il faut que le Chirurgien pour ſon honneur, & pour s'exempter de calomnie , expoſe aux ſºtºlº , aſſiſtans le danger où eſt le malade : Car ſi les accidens ſuſnommez ſe monſtrent grands dés le commence- º#*"., ment de cette maladie, s'il ſuruient vne petite ſueur au front ou aux clauicules,ſi le malade amaſſe les floc- # # cons de ſa couuerture vers luy, s'il iouë fort des doigts ſi les extremitez luy deuienent froides, ſi la mala- ' die a ſes exacerbations & redoublemens à iours pairs , ſi les vrines ſont tenues, noires, cruës & en petite quantité, ſi le ventre eſt retenu, ou bien ſi és dejections il y a indice de colliquation, ſi la ſoif n'eſt ſi grande qu'elle doit eſtre, eu eſgard à l'ardeur de la fiévre , ſi goutte à goutte illuy fiuë vn peu de ſang par le nez, on peut aſſeurément predire la mort , ſans autrement entreprendre à guarir tel malade.Toutesfois s'il y a eſpe- caration. rance de ſanté, il faut que la curation conſiſte en deux choſes, ſçauoir eſt en la diete, & és medicamens. Pour Diete é en la diete faut confiderer trois choſes, c'eſt à ſçauoir , la quantité des alimens & la vertu du malade, le irelle trou temps de la maladie,& la qualité de la fiévre.Il faut cognoiſtre la vertu du malade pour la garder & conſer- pºints à com- uer : car c'eſt celle qui chaſſe la maladie , partant il ne conuient donner ſi grande quantité d'alimens qu'elle ſiderer. ne les puiſſe cuire, ny pareillement en donner ſi peu qu'elle defaille, & qu'elle ne ſoit aſſez forte. Et quant Le 1. au temps de la maladiesfi elle eſt en'la vigueur ou pres d'icelle, il faut donner peu d'alimens ou rien du tout, Le 2. pource que c'eſt diuertir nature de ſon intention : car elle ne peut cuire les alimens, & enſemble contrarier Le 3 . à la maladie Outre plus faut conſiderer la qualité de la maladie : car la fiévre, veu que c'eſt vne maladie chaude & ſeiche, requiert alimens froids & humides, non enclins à putrefaction , comme laictué , pourPié, | - - ozeille, | ( t - - - ^--- º •? Du Traicté des Fiévres. 825 - s A ozeille , orge-mondé, & autres ſemblables. Le boire doit eſtre d'eau d'orge-mondé, auec ſyrop violat ou * de limons, eau boüillie, d'hipocras d'eau, ou eau panée , donnant à boire au malade tout ſon ſaoul & à Boire fan , ſon plaiſir : & quand à la chair & viandes ſolides, ie ne ſuis pas d'aduis qu'on en donne, ou bien que ce ſoit lºoºl & à s en tres petite quantité, & que la chair ſoit cuite auec herbes refrigerantes cy-deſſus mentionnées, & priſe plaiſir .. s auecius d'oranges, limons, citrons, grenade, ou verjus de grain. Que fi pour le ſouſtenir on eſt contraint # # de luy donner de la gelée, qu'elle ſoit faicte ſans expreſſion, & diſtillation , & outre ſans canelle & vin, eſtre interdi- euitant les ſalines & eſpiceries, & autres choſes contraires. Il faut faire en ſorte que le malade reſpire l'air # é? le plus frais qu'il ſera poſſible ſi ce n'eſt en hyuer, braſſant & verſant de l'eau de puits d'vn verre en autre, Fafen de car de là il ſera rafraiſchy, & en outre endormy par le doux murmure de l'eau, que le paué de la chambre gaia. - ſoit ſemé de roſes, de fueilles de vignes, de laictue, de nenuphar, pourpié , & autres trempées en eau ro- Moyens de ſe, vinaigre, ou eau de puits tres-froide : arangeant dauantage par la chambre , des branches de ſaules verds rafraiſehir. - qu'il faudra changer ſouuent : qu'il aye touſiours en ſa main des fueilles de laictuës, ou de vigne, ou des pieces de courge ou concombre, meſme à la plante des pieds : qu'on luy plonge les pieds & les mains dans | de l'eau froide en laquelle y ait vn peu de vin pour faire penetrer l'eau qu'on le remuë de lict & de draps, , d'heure en heure, pourueu toutesfois que le temps de criſe ne ſoit proche : Car lors on luy nuiroit grande- ment en le rafraiſchiſſant & remuant. La ſaignée doit eſtre faicte ſouuent & en bonne quantité, non ſeule- ment des bras, mais auſſi des pieds quand le malade eſt en delyre , ou qu'il eſt proche d'y tomber , comme auſſi és femmes qui n'ont pas leurs reiglemens ordinaires, ou qui ne les ont pas ſuffiſamment : & aux hom- mes pareillement qui ont hemorrhoydes arreſtées, pourueu que la vertu, l'aage & autres circonſtances deſ- quelles nous auons parlé en la phlebotomie le permettent. Les epithemes ſur la region du foye, ſeront faicts tes epithe- auec huyle roſat, de coings, de nenuphar, & autres refrigerans, & ce en la vigueur ou declinaiſon de la mes. - maladie. On n'obmettra pas les fronteaux, faits d'oxyrrhodinum , huyle de nenuphar, aubins d'œufs & oxy- Fronteaux. erat & leurs ſemblables, & que le malade tienne ſouuent en la bouche, eau froide, ou eau d'orge, ou B des fueilles d'ozeille trempées en eau froide, ou bien des ceriſes ſeiches , aigrettes auſſi trempées en eau. Il conuient auſſieuacuer la matiere auecdyſieres emolliens & rafraiſchiſſants, tels que ſont ceux que l'on pre-º%ſiºrº pare auec le ſerum lactis, auec decoction de violles, maulues & autres ſemblables. En tels clyſieres tu diſ- ſoudras pluſtoſt du ſuccre que du miel, & de l'huyle violat, pluſtoſt que du commun , pour touſiours curer la chaleur.Pour les purgatifs on donnera de la caſſe nouuellement mondée , de tamarains, de diaprunis fim- Medicamens ple, de la decoction de roſes & violes, des ſyrops de capilli veneris, de violles , de nenuphar, de cichorée, purgºtiſt. - d'endiues,& de leurs ſemblables (ayant eſgard aux obſtructions du foye ) toutes les autres purgations ſe- ront faictes de Rheubarbe infusée en decoction de tamarins, endiue, laictué, ſcariole, & autres qui rafraiſ- Aduerriſſº- chiſſent ſans adſtriction ſont fort vtiles. Combien qu'il faille preſcrire le moins dc medicamens purgatifs ment ſur les 'qu'on pourra, à cauſe qu'ils ſont tous chauds & acres, & par conſequent contraires à la fiévre ardente. ºººººns Êarquoy en lieu d'iceux,il ſeroit fort bon de purger le malade auec laict d'aneſſe cuit, ou pour le mieux auec #ºſ . le ſerum de laict, car l'vn & l'autre a proprieté de purger les ſerofitez bilieuſes, & eſt fort humide, ſans #" Ls ſaignée. - aucune acrimonie, & ſans flatuoſité par le benefice de la cuiſſon. # laict d'aneſ- –- ſe. De la fiévre tierce continuë. C H A P. X X IV. O 1 c Y la derniere des fiévres qui ſe font de la bile, de laquelle nous auons peu de choſes à De la fiévre # dire, à cauſe de ce qui a eſté dit de la nature & curation du tauſus ; on peut comprendre ce qui #. # eſt de l'eſſence & de la curation de cette fiévre tierce continuë, y ayant peu de difference entre differe de l'vne & l'autre, en ſorte que Galien meſme à peine les diſtingue-il au liure ſecond des criſes, l' aen . i MN ) chapitre fix. Cette fiévre donc n'eſt autre choſe, qu'vne fiévre continué qui a des redoublemens ma- sa deſinition. nifeſtes , & des ſenſibles remiſſions de deux iours, l'vn, produite d'vne bile pure, qui ſe pourrit dans les vaiſſeaux eſloi- Comme elle gnex du cœur. Lors donc que la bile contenué dans ces vaiſſeaux vient à ſe pourrir , ſi la nature ne peut la s'engendre. chaſſer en l'habitude du corps, elle la vomit & dans les grands vaiſſeaux, & au cœur meſne , d'où il arriue qu'il ſe fait vne fiévre continuë periodique, laquelle a deux accez ou redoublemens d'autant plus ſenſibles, comme auſſi des remiſſions d'autant plus aisées à remarquer, que l'humeur qui ſe pourrit eſt eſloigné du cœur. Lors donc que cette bile de deux iours accourt au foyer où la pourriture s'attache , elle s'eſchauf cauſe des , , -- fe aisément, & allume vne chaleur remarquable, laquelle vient à ſe diminuer vn peu à meſure que cette bile redoublemis. - qui accourt ſe conſomme, mais elle ne ceſſe point tout à fait que ladite bile ne ſoit tout à fait conſommée : c'eſt pourquoy la fiévre eſt continue, & à cauſe du lieu où la bile ſe pourrit eſloignée du cœur, ladite fiévre Pourquoy elle a des redoublemens & des remiſſions manifeſtes. Pour la bile qui fait cette fiévre, elle eit moins acre & en eft continuë. moindre quantité que celle qui faict la fiévre ardente, & au reſte n'eſt pas fi proche du cœur, eſtant tres-ve- Condition de ritable que tant plus l'humeur qui ſe pourrit eſt proche du cœur, plus donne-il de chaleur & de violence de la bºle qui fiévre. Que ſi l'on me demande comment ie recognoiſtray vne fiévre ardente d'auec la fiévre continue,ie reſ !ºſ# pons que la fiévre ardente bruſle aſſiduellement les febricitans d'vne pareille chaleur, ſans auoir de ſenſibles #º #: , redoublemens ou remiſſions de deux iours l'vn : là où la tierce continuë a des remiſes bien douces , & a des #º- :: D redoublemens remarquables de iour à autre, par conſequent negarde pas vne pareille chaleur de ſon com- Ce :: mencent iuſques à ſa fin, Au reſte tous les accidens & ſymptomes ſont moins violens en la tierce continuë , Luſigne . - qu'en la fiévre ardente , la ſoif & les veilles moindres : elle eſt plus longue & moins perilleuſe & ne ſe ter- L §gnoſti. : mine que vers le 14. iour ;elle s'attache à ceux meſines qui ſont ſubiects au cauſus, ſçauoir aux ieunes, bi- que - lieux, d'vn temperament chaud & ſec, en l'Eſté pluſtoſt qu'en autre temps, à ceux qui trauaillent beaucoup, Ceux qui y : qui veillent , qui ont beaucoup de ſoin, qui ſe laiſſent tranſporter à la cholere , qui s'expoſent à l'ardeur du ſºnt ſuiºtº - | Soleil , & qui vſent de viandes chaude & acres, & boiuent des vins forts, ieuſnent beaucoup ou ont amaſsé de la bile de longue main, qu'ils auoient accouſtumé de vuider en certaines ſaiſons. La cure de cette fiévre La enre. eſt preſque meſme qu'au cauſus, le viure ne doit pas eſtre ſi rafraiſchiſſant & humectant ; l'on peut nourrir le malade plus liberalement aux iours de remiſſion. Les remedes doiuent eſtre meſurez à proportion que ce mal approche plus ou moins de la fiévre ardente. Il ne faut point eſpargner la ſaignée, les lauemens , les La ſaigrés. purgatifs, les alteratifs, les corroborans, les epithemes, frontaux & autres remedes ſe rapportans à ceux / que nous auons ſpecifiez au chapitre precedent. Bref le cauſus & la tierce continué differant ſeulement du plus ou du moins , doiuent auſſi eſtre traictez par remedes qui ſoient differens du plus & du moins ſeule- ' ment. Ie diray pour concluſion que la fiévre que les Autheurs'appellent ſynoque bilieuſe, ſe rapporte à cette Synºque 4º- fiévre icy continué, d'autant qu'elle ſe faict du ſang qui ſe change & ſe tourne en bile, elle a neantmoins !ºſº vne chaleur vn peu plus douce que les fiévres qui ſont faictes de la bile pure qui ſe pourrit. Et voilà ce que nous auons a dire des fiévres bilieuſes. - ', JDts DuTraicté des Fiévres. 827 -( A eftant refroidy,tout noſtre corps eſt pareillement refroidytd'ou vient que les humeurs froides ont leur mou- uement en iceluy, leſquelles auparauant eſtoient aucunement tenuës par la chaleur : les doubles tierces au contraire , commencent & ſurprennent le matin , & deuant midy. La brieuete & douceur de l'accez & grande ſueur,ſont ſignes que la fiévre eſt briefue & ſalutaire, ſi cela aduient l'humeur eſtant ja cuit. La curation conſiſte en deux chôſes, ſçauoir eſt, en regime & medicamens. Le regime doit eſt tenu & inciſif, principales l'air clair, chaud & ſec moderement. Les alimens ſoient pain bien cuit, chaudeaux faicts de poulailles cuits de la ra- auec racines de perſil, ozeille, petit hou, ſemences froides, & autres ſemblables. On peut manger poulets, tion de la mouton,perdris, & petits oyſelets,poiſſons d'eau douce roſtis,œuſs mollets. Les fruicts ſoient raiſins, pru-quotidiane. neaux,amandes,dactes. Le breuuage ſoit petit vin blanc, trempé auec eau cuitte : l'exercice moderé eſt tres-Region de bon, comme auſſi les frictions de tout le corps; le dormir eſt commode s'il eſt faict aux heures deuës, & qu'il viºrº ſoit proportionné aux veilles.Quant aux affections de l'ame,il faut que le malade ſe reſioüiſſe,& qu'il prenne touſiours bonne eſperance de ſa ſanté. A l'heure de l'accez les pieds & les jambes du malade ſoient miſes en Fomenta- eau tiede,en laquelle aura cuit camomille,anet,melilot,marjolaine,ſauge,roſmarin.Les medicamens alteratifs tion. ſont ſyrops digeſtifs,oxymel:tels que ſont les ſyrops d'abſinthe,de menthe, des deux & cinq racines,auec de- Medicamens coctions de camomille,calamente,melilot,anet,& leurs ſemblables, ou auec decoctions communes. Les me-alteratifi. dicamens purgatifs, ſoient diaphoenicum, electuaire,diacarthami,hiera picra, pullules aurées, agaric,turbith, Medicamens deſquels on fera potion auec eau de mente,meliſſe,hyſſope,ſauge,fonouil, ſcariolle: Aucuns ſeront donnez en purgatifs. forme de bolus auec ſucre, ſelon que le docte Medecin conſiderera eſtre moins moleſte & faſcheux au malade. Enuiron l'eſtat de la maladie, il faudra auoir eſgard au ventricule,& principalement à l'orifice d'ice- luy d'autant qu'il eſt le ſiege principal de la pituite, qui faict cette fiévre quotidiane. Parquoy de deux iours corrobora : Indications B l'vn il ſera bon de l'oindre d'huyle de camomille auec vn peu de vin blanc. Il ſera bon auſſi de le decharger tif,. par vomiſſement auec le ſuc de raue,& force oxymel, ou auec decoction de ſemence ou racine d'azarum , ou Vomiſſemit. de camomille,auec ſyrop aceteux, & ſur le commencement de l'accez,lors que nature commence à s'eſmou- Remede em* uoir. Pour vne quotidiane inueterée, que l'on n'aura peu guarir par remede communs & vſitez, il n'y a rien ?"1º Pº ſi propre que de donner demie drachme entiere de Theriaque vieille,auec ſucre en forme de bolus, ou bien # # diſſoute auec vn peu d'eau de vie. 726 f/7f46fé7€éf• Que dirons-nous de laſaignée, eſt elle neceſſaire en la cure des quotidianes les Autheurs Grecs n'en font La ſaignée aucune mention , ne ſemblant pas eſtre à propos de rafraichir vn corps par la ſaignée, qui tombe malade # § pour eſtre trop rafraiſchy. Les Arabes ſont d'vn autre aduis,& eſtiment qu'il eſt à propos quelquesfois, lors ,ſ bºn , en qu'on apperçoit quelque plenitude detirer vn peu de ſang, tantoſt du bras droict, lors que le temps & la ſai- cette fiévre. ſon eſt chaude & boüillante, tantoſt du bras gauche quand le temps eſt froid. Pour moy i'ay appris des meilleurs Medecins de Paris,qu'à cauſe de la pourriture, & de cette chaleur eſtrangere qui s'introduit dans Il faut ſai- les humeurs,que ce n'eſt pas mal faict d'euenter par fois la vaine, principalement lors que nous obſeruons gner- que les vrines ſont eſpaiſſes & rouges, que nous voyons que la fiévre s'augmente & s'aigrit,& que nous crai- gnons quelques grands & violens ſymptomes , qui peuuent eſtre cauſe de quelque ſiniſtre accident à la vie - - - du malade. En cecy il faut s'en rapporter à la prudence du ſage Medecin , qui apres auoir bien pesé & balan- La quotidia- cé toutes les circonſtances , qui ſe trouuent & au temperament naturel du malade, & aux conditions de la " baſtards. fiévre,peut on preſcrire,ou obmettre ce remede. Pource qui eſt de la quotidiane baſtarde, nous en dirons vn mot au Chapitre vingt-ſept. C - De la Fiévre Quotidiane continuè. C HA P. XXV I. - Comme la A fiévre quotidiane continuè eſt vn peu plus frequente que n'eſt pas l'intermittente : & qua nt co§ au reſte elle ne differre point auec elle,ſoit en ſa cognoiſſance , ſoit en ſa curation. Toute la diffe- quotidiane rence qu'il y a entre ces deux fiévres, c'eſt en leur foyer, celuy de la continue eſtant dans les differe de grands vaiſſeaux, & celuy de l'intermittente dans les petits vaiſſeaux, au fond du ventricule, aux ſ'intermit- inteſtins,meſentere,& autres parties adjacentes de l'abdomen , d'où il arriue que la chaleur de ºº l'intermittente eſt moindre que celle de la continuè. Au reſte tu cognoiſtras la continué par les meſmes indices Signes de la que l'intermittente, te reſouuenant toufiours qu'elle n'a ny accez ny friſſon, ny intermiſſion; & qu'entre tou-* tes les fiévres continues, il n'y en a point qui ait plus de reſſemblance auec ſon intermittente que cette-cy , D'autant que l'intermittente a ſi peu d'interualle & d'intermiſſion , que durant ce repos meſme il ſemble que la fiévre perſeuere touſiours,ſi bien que Galien meſme auec tous les anciens Grecs ont douté ſi cette fiévre La curation. intermittente n'eſtoit point continué, comme tu pourras apprendre du Chap.4. du liu. 2. des Differences des fiévres de Galien. La façon de guerir cette fiévre continuë eſt diuerſe ſelon la diuerſité des temps de la ma-Minoratifs. ladie. C'eſt pourquoy au cotnmencemenr il ſera tres à propos de laſcher le ventre auec vn clyſtere, ou quel- que medecine douce,bien que ie voye la pluſpart des Medecins d'a preſent reculer la purgation iuſques apres Laſaignée. la ſaignée. Doncques apres le clyſtere,il faut penſer à la ſaignée, s'il y a iuſte occaſion de ce faire,comme ſi la fiévre eſt grande,ſi le poux eſt haut & eſleué,ſi les vrines ſont eſpaiſſes & rouges, s'il y a quelque eſtouffemét, P ſi les forces le peuuent porter, toutefois quoy que ce ſoit, il ne faut pas baucoup tirer de ſang à la fois, mais Minoratif . partir & diuiſer l'euacuation à deux ou à trois fois. Deux iours apres la ſaignée,il faut donner vn minoratif pour touſiours ſoulager la nature, la deſchargeant d'vne partie de ſon faix : ce qui ſe faict à commandement - auec vne decoction propre contre la pituite en laquelle on diſſoudra du catholicon ( & non de la caſſe,qui eſt Caſſe enne- ennemie du ventricule & de cette maladie, à cauſe de ſon humidité ) & quelque peu de diaphoenicum.Car le mie du ven- catholicon, bien qu'il ſoit propre à purger la bile, ſi eſt-ce que diſſout en quelque decoction attenuante & in-º cidente purge auſſi la pituite.En apres il faudra cuire la maſſe de l'humeur pituiteux par deterſifs , incidens, #º & aperitifs : le miel roſat coulé & l'hydromel detergent,inciſent & ouurent : l'oxymel tant ſimple que com- # posé, le ſyrop aceteux,de byzantiis,capilli veneris,de duabus & quinque radicibus. En fin faut donner vne # 0/3 bonne & paſſablement forte purgation pour purger, la matiere, ainſi comme dit eſt preparée. On obſeruera toutefois, que ſi la chaleur de la fiévre eſt vehemente & acre, on doit contemperer les ſyrops cy-deſſus nom- mez auec de plus benins & moins eſchauffans, tels que ſont les ſyrops d'endiue ſimple & composée, l'eau d'endiue, deborache,de capillaires,& autres de meſme facultez.Au reſte, ſouuienne-toy en cette fiévre touſ cerrobora- jours de roborer le ventricule,ce qui ſe fera commodement auec le mithridat. En cette fiévre il faut fuyr l'v- tifs neceſſai- ſage immoderé des potages, coullis,& chauſes ſemblables, d'autant qu'elle humectent trop le ventricule, & res empliſſent la teſte de vapeurs, pour laquelle meſme raiſon il faut nourrir le malade de chair ſolide , de beſtes de moyen aage: car celle des ieunes eſt pleine d'humidité muſqueuſe & excrementitielle. D6 • © - j De la fiévre Epiale, & de la Lypirie. CH A P. XXVII. 4 O v s auons remarqué cy-deuant,ce me ſemble, que la pituite naturelle, douce ou inſipide 828 Premiere Partie, A Cauſe mate- eſtoit cauſe de la fiévre quotidiane intermittente exquiſite & legitime, laquelle nous auons rielle de la expliquée au Chapitre 25. Il reſte maintenant à demonſtrer que les autres eſpeces de pi- l#" tuite non naturelle,telles que ſont la ſalée, l'accide, & la vitrée font l'autre eſpece de fievre p§us ) quotidiane illegitime OUl baſtarde : Mais nous auons deux ſortes de cette fiévre baſtarde ; l' vne de fiévre ba- plus douce & moins faſcheuſe, qui eſt engendrée de la pituite ſalée ou accide ;l'autre plus ſtarde. importune & facheuſe,qui ſe faict de la pituite vitrée.Pour la premiere qui ſe faict de la ſalée ou accide, nous La premiere n'en dirons autre choſe, à cauſe qu'icelle approche fort de la condition & nature de la quotidiane legitime, fiévre baſtar- c'eſt pourquoy il faut fort peu d'indications & de remedes. Qu'on ſe remette ſeulement deuant les yeux de, que la pituite acide ſe faict par vne vehemente froideur, la ſalée par vne chaleur eſtrangere , la douce & inſipide Differences par vne froideur mediocre, que l'acide excite la faim, la ſalée la ſoif,& la douce le ſommeil : & que l'acide de la pituite, demande des medicamens qui la puiſſent cuire & adoucir , & la ſalée des purgatifs qui la chaſſent hors du & ſes effeits. - - s qui la pu - - - .r.-- > qui la - corps : ce faiſant il ſera aisé d'appliquer les remedes de la quotidiane legitime à la quotidiane baſtarde, qui ſera faite ou de la pituite acide, ou de la ſalée. - La ſeconde Pour l'autre fiévre baiiarde qui ſe faict de la pituite vitrée, elle eſt nommée Epiale du nom Grec, qui ſi- #..ſ.p- gnifie chez les Latins.Algorem, c'eſt à dire froideur vebemente, telle qu on la reſſent en cette fiévre. Or elle pellée Epiaie. eſt definie fiévre quotidiane baſtarde , laquelle apporte au corps vn reſſentiment de grande fioiaeur , & de peu de Sadefinition. chaleur, engendrée de la pituite vitrée qui ſe pourrit en partie. Par cette definition nous apprenons premierement , Cauſes de , qu'il y a en cette fiévre vn inégal ſentiment, d' autant que les parties tout enſemble ont froid & chaud , B l' gºººº de mais le froid eſt violent, & la chaleur eſt douce & moderée. Car cette fiévre eſtant engendrée de la pituite la chaleur vitrée, laquelle eſt l'humeur la plus froide & la plus humide de tout le corps, il aduient qu'a cauſe de cette # grande froideur les parties du corps reſſentent le froid, & à cauſe que ladite humeur ſe pourrit,les meſmes #r parties reſſentent du chaud,mais le chaud eſt moindre que le froid , à cauſe qu'il n'y a qu'vne petite portion §'où de l'humeur vitrée qui ſe pourrit, le reſte eſtant ſans pourriture demeure froid & humide , d'où vient ce eue s'engen, grand reſſentiment de froid. Nous dirons en ſecond lieu , que l'humeur vitré s'engendre ennoſtre corps, ou à dre. cauſe des alimens qui ſont grandement froids & pituiteux, ou à cauſe de la chaleur naturelle qui eſt foible Pourquoy elle & languide, mais cette humeur ne peut s'y engendrer en grande quantité, pource qu'vne froideur telle qu'il eº en petite en faudroit pour amaſſer vne grande quantité de cette humeur vitrée , eſteindroit tout à faict la chaleur na- 3ºº , turelle. Or tandis que cette humeur ainſi amaſsée dans le corps ne ſe remué point, & ne s'eſmeut point,elle commel'hu- n'apporte point de grande froideur aux parties, d'autant que les parties ſont accouſtumées à la ſentir : mais /72e/41° Ui t 7'6'6' - - A - - - - lors qu'elle vient & à ſe porter & à ſe mouuoir par les parties ſenſibles; c'eſt lors qu'elle apportele reſſenti- ſ** § § inſupportable ſans aucune fiévre , ſi cela aduient ſans qu'elle ſe pourriſſe; mais fi elle ſe vient à pourrir, alors elle excite la fiévre. Finalement nous pouuons apprendre par la definition ſuſdite, que c mm, la cette humeur ſe peut pourrir ou en partie, ou totalement & entierement. Que ſi elle ſe pourrit entierement, elle § E ,- aPporte vne fiévre vrayement quotidiane, dont la gueriſon eſt fort peu differente de celle que nous auons le ſe fa# apportée cy-deuant.Si elle ſe pourrit en partie, elle engendre la fiévre Epiale, & voila la cauſe du ſentiment C l'Epiale eſt inégal qui eſt au corps durant l'accez de cette fiévre : car la portion d'humeur qui n'eſt pas pourrie cauſe le rare , ſes ſi-froid,la portion qui eſt pourrie enuoye des vapeurs chaudes par tout le corps, qui donnent la cognoiſſance de gnes. la fiévre. Elle arriue à la verité tres-rarement, & le commencement de ſon accez eſt par des baaillemens, friſſon violent,petit poux & tardif, vrines cruës & aqueuſes : l'accez arriue tous les iours , s'eſtend quelque- Prºgnoſtic. fois iuſques à vingt-quatre heures , quelquefois moins : mais touſiours il eſt plus rude que celuy des quoti- dianes legitimes,& apporte des ſymptomes & accidens plus violens. Sa curation. .. Pour la cure, il faut meſme regime de viure qu'aux legitimes, ſinon qu'il faut qu'il ſoit vn peu plus eſ- La ſºgº chauffant, attenuatif& inciſif. il ne faut nullement parler icy de la ſaignée, de peur que la pituite ſe ren- º # dant plus tenace & viſqueuſe, n'apporte vne fiévre tres-longue & tres-difficile à guerir.ll ſe faut ſeruir de Medicºmº medicamens qui eſchauffent & qui inciſent commençant toutesfois par les plus legers,pour puis apres ve- nir aux plus forts. Du commencement donc on donnera le ſyrop aceteux, l'oxymel, auec les decoctions de bourrache,bugloſſe,betoine,les cinq racines aperitiues,calament, origan, & autres.En apres on donnera l'o- xymel composé & ſcillitique,leſyrop d'hyſſope,de bizance, de deux & de cinq racines, qu'on diſſoudra dans vne apozeme preparé auec hyſſope,calament,origan, thim, ſtœchas, abſinthe, racines d'enula campana, d'i- Purgation. ºº & autres de pareille vertu.Ayant ainſi preparé les matieres, il faudra venir à la purgation, afin de vuider ce qui aura eſté bien cuit & preparé, & ce auec diaphoenic, diacortami,les deux hieres ou pillules conuena- Alteratif bles. Cela fait,derechef il faut recourir aux alteratifs, afin d'eſchauffer & d'inciſer, & puis apres aux purgatifs, n'obmettant pas par interuaile l'vsage des clyſteres ou ſuppoſitoires vn peu acres. Bref on recommande les Eſtuues ſei- eſtuues ſeiches , lors que les ſignes de coction apparoiſſent, leſquelles on peut preparer auec menthe,origan, D ches,& cöme roſinarinscalament ſerriette,thim, ſtœchas & autres qu'on fera bouillir dans quatre portion d'eau de riuie- il faut les re, & vne de vin blanc.Par le moyen de ce remede,la pituite craſſe & eſpaiſſe eſt attenuée,& puis apres eua- préparer & cuée par les ſueurs,mais que le malade ne s'en ſerue qu'à jeun, & apres auoir purgé le ventre, ou auec vn s'en ſeruir purgatifle iour precedent,ou auec quelque clyſtere. Il ſera bon ſortant des eſtuues de frotter le corps aſſez Frictions. doucement,& principalement le long de l'eſpine du dos, que l'on frottera auec huyles de jaſmin , de camo- Linimens. mille,d'aneth, de nard,de noix muſcade,& autres ſemblables. Apres cela qu'on donne au malade vne dragme de trium pipereon, ou diacalamenthe, ou methridat,ou theriaque,ou de quelque opiate vſuelle qu'il prendra en bol, ou bien delayée auec vn peu de vin blanc. Fiévre Lypi- Deuant que de finir ce Chapitre, ie diray vn mot de la fiévre que les Grecs ont appellée Lypirie, pource Ffg, qu'il ſemble que la chaleur defaille en icelle. A la verité ie me trouue bien empeſché à quelle ſorte de fié- vres ie la dois rapporter, voyant les Arabes eſtre contraires tout à faict aux Autheurs Grecs,ceux-cy la rap- portant à vne grande inffammation,ceux-là à vne pituite craſſe & viſqueuſe. Pour moy, apres auoir bien eſ- La Lypirie pluché les raiſons des vns & des autres , ie trouue qu'il y a deux ſortes de fiévre Lypirie , l'vne propremenr eſt dººtl. ainſi appellée, & l'autre appellée improprement & par reſſemblance. Celle qui eſt proprement appellée Definition de Lypirie , eſt celle des Grecs , qui eſt vne fiévre continué , causée par l'inflammation vehemente de quelque la premiere partie interieure , ou par vne ferueur deſmeſurée d'humeurs chaudes , bouillantes & malignes , en laquelle les parties eſpece, interieures bruſlent cependant que les exterieurs demeurerent toutes froides. Ce qui arriue pource que la chaleur du dedans attire à ſoy côme vne ventouſe la chaleur des parties externes.Or telle fiévre n'appartiët nullemët aux fiévres pituiteuſes,c'eſt pourquoy il n'eſt point beſoin d'é döner icy la guerisó,il faut les reſeruer pour les ſymptornati Du Traicté des Fiévres. 829 A fymptomatiques , qui ſuiuent l'infiammation de quelque partie noble. .. Il faut ſeulement parler de celle - que nous auons dit eſtre improprement appellée Lypirie , & ce pour reſſemblance qu'elle a auec la Preceden- L'autrèeſpe te, qui eſt en ce que le dehors demeure froid , tandis que le dedans brufle. Car eſtant engendrée d'vne pi- ce de Lyperie tuite eſpaiſſe & viſqueuſe » la chaleur & les vapeurs ſont tellement retenues & ſuffoquees , qu'elle ne Ses cauſes &- peuuent s'eſtendre à l'exterieur : d'où il arriue qu'on ſent de la chaleur au dedans du corps, mais au dehors ſes ſignes. on y ſent du froid. Les autres veulent qu'elle ſe faſſe d'vne pituite moins eſpaiſſe, qui ſe pourriſſant au cen-$º ºration. tre du corps y allume le feu ; mais qui enuoye à l'exterieur ſi peu de fumées & de vapeurs, qu'elles n'ont #** pas la force d'echauffer beaucoup, ny long-temps les parties , c'eſt pourquoy elles demeurent touſiours # froides. A cette fiévre icy ie ne cognois point d'autre curation que celle de l'Epiale & des autres quotidia- # nes, Le regime de viure eſt de meſme façon , les purgations pareilles , les alteratifi de meſme vertu. Les # Autheurs qui en ont traicte ordonnent le ſyrop aceteux , & l'oxymel, pour preparer la matiere , y meſlant Diuretiques. toutesfois les choſes qui fortifient & corroborent l'eſtomach, comme le ſyrop des roſes ſeiches & de ber Clyſteres. beris. Apres cela ils purgent le corps auec l'aloe , la hiere , & la rheubarbe. Par fois ils ordonnent le Eſtuues. vomiſſement, vne autrefois les diuretiques , le plusſouuent des clyſteres acres & forts. Bref ils gardent le #ri#iº meſme ordre qu'en l'Epiale , & font prendre au malade les eſtuues ſeiches , les ſueurs, les frictions, on ºº ctions, opiates & antidotes qui ont eſté ſpecifiez cy-deſſus. Ce qui doit ſuffire pour la concluſion des fié- Antidotes. vres pituiteuſes. B Des fiévresfaictes de l'humeur melacholique, & premierement de la 2uatre inermtittente vraye. - Les fiévres C HA P. XXV III. melancholi- l4ºſ. E s dernieres fiévres humoralles ſont celles qui ſe font de l'humeur melancholique , leſquelles Deux ſortes ſont diuerſes ſelon que ladite humeur eſt diuerſe, eſtant vray qu'il y en a vne qui eſt naturelle, d'humeur froide & ſeiche, & l'autre contre nature, chaude & ſeiche , appellée communément Atra-ººº- bile. Quoy que ce ſoit , les fiévres melancholiques ſont ou intermittentes , ou continuè : les ?* - intermittentes viennent de quatre en quatre iours , ou de cinq en cinq , de ſix en ſix , de ſept # en ſept, ou autre tel interualle. Celles qui viennent de quatre en quatre iours ſont appellées quartes inter-§li. mittentes ; celles qui viennent de cinq en cinq , de ſix en ſix, &c. ſont appellées du nom du iour qu'elles ques arriuent, ſçauoir quintaines, ſextaines , očtaines , nonaines, qu'on dit en Latin quintanas ,ſextanas , ſeptanas, Les quartes očianas, nonanas, &c. deſquelles nous dirons vn mot cy apres. .. Parlons des vrayes fiévres melancholiques intermitien- intermittentes, que l'on appelle quartes ; & en premier lieu de celle qui eſt vraye & legitime, & puis au tº - Chapitre ſuiuant nous parlerons de la baſtarde ou illegitime. Fiévresquin. La fiévre quarte intermittente legitime a ſon accez le quatrieſme iour , & a deux iours de remiſſion , ou # & - pluſtoſt d'intermiſſion : & s'engendre de l'humeur melancºolique maturelle qui ſe pourrit dans les petites veines, #. - où il s'amaſſe peu à peu & de longue-main. Chacun ſçait que la maſſe du ſang eſt composée de quatre diuer- de auartes $ ſes humeurs, qui ſe rapportent aux conditions & qualitez de quatre Elemens , ſçauoir de la bile, qui pour # de eſtre chaude & ſeiche repreſente lefeu , du ſant qui ſe rapporte à l'air pour eſtre chaud & humide,de la pi la quarte le- | tuite, qui conuient à l'eau par ſa froideur & humidité, & de l'humeur melancholique, qui par ſa ſeichereſſe & guime º - froideur repreſente la terre. Or comme de ces quatre humeurs, il n'y a que le ſang qui ſoit grandement fa-L* maſſe du : - milier à noſtre nature, & tres-propre à la nourrir & fomenter, auſſi il ſemble que les veines ayent eſté fai- ſang , & ſa ctes expres pour le receuoir & le retenir; & qu'il y a eu des receptacles pour retirer les autres humeurs, de ºP # peur qu'ils ne ſe rendiſſent les plus puiſſans dans les veines. Et de faict , que quelques-vns ont voulu dire #" º ·. - que teſtomach eſtoit le receptacle de la pituite;mais paſſant celle-cy ſous filence,à cauſe qu'elle ne s'eſloigne #.i. # pas beaucoup de la douceur & de la trempe du ſang ; Nous dirons que la veſſie du fiel a eſté faicte pour re. . la pituite. •:. ceuoir labile, & en decharger les veines, comme nous auons diſcouru cy-deuant parlant des fiévres bilieu- , eluy de la :: ſes : & que la ratte a eſté miſe au corps pour retirer l'humeur melancholique, pour en purger, nettoyer & bile. « ! purifier le ſang, & pour empeſcher en fin qu'il ne vint trop à s'augmenter dans les veines. Cette humeur La rate re- •. ! donc ainſi attirée à la ratte,par la foibleſſe de la chaleur naturelle, ou par la quantité de viandes propres à ººPºº ºº l- engendrer vn tel ſuc,vient quelquefois à s'amaſſer & croupir à l'entour de ladite partie, dans le petites vei Juc melan- , , ne meſeraiques,dans le pancreas,l'omentum, & autres parties voiſines ; ou en fin ſe pourriſſant il vient à ex- cholique. citer cette fiévre icy de quatre en quatre iours , ſoit par vn proprieté occulte ou ſecrette, ſoit pour les cau- # fgF #' ſes & raiſons que nous en auons rapportées cy-deuant , parlant des accez & periodes des fiévres intermit- § . tentes. Doncques la cauſe conioinéte de cette fiévre eſt l'humeur melancolique naturelle, qui ſe pourrit hors La cauſe des grands § dans les petits,qui ſont ou en la premiere region du corps , comme dit eſt, ou eſt l'habi- coniointe de tude d'iceluy comme à voulu Galien. Les cauſes antecedentes ſont abondance d'humeurs melancholiques, la quarte. regorgeantes & redondantes par tout le corps. Pour les primitiues , ce ſont les choſes qui multiplient & Les eauſes engendrent le ſuc melancolique, comme le long vſage des legumes, pain bis & bruſlé, chairs ſalées, com- º , D me de bœuf, chévre, cerf, vieils liévres, vieil fromace , choux , gros vins , bref les viandes terreſtres & º ºſº | de gros ſuc , froides & ſeiches, comme propres à engendrer l'humeur melancholique. # : Les ſignes de la vraye quarte ſont pris de trois choſes, ſçauoir eſt, des naturelles , non naturelles , & contre # §i, . nature. Des naturelles, pource que la temperature froide & ſeiche , l'aage de la vieilleſſe , ceux auſſi qui § choſes , ſont froids & graſſets, ayans les veines petites & cachées , & la ratte imbecile & enflée ſont affligez de tel- naurelles. : , le fiévre. Des chauſes non naturelles pource qu'en temps d'Automne cette eſpece de fiévre eſt fort frequente, signes pris non ſeulement pource que l'Automne eſt froid & ſec , & par conſequent propre à faire amas de l'humeur des chºſes • melancholique: mais auſſi à cauſe que par l'aduſtion de l'Eſté paſsé, les humeurs les plus tenuës & liquides nºn naturel- | ayant eſté couſommées, le reſte demeure eſpaiſſy,deſſeiché,& reduit à vne conſiſtence terreſtre. Bref en tout les. . 1º temps froid & ſec,aux regions froides & ſeiches,aux corps froids & ſecs ordinairement cette fiévre s'engé. La cr4f/2fé - dre, ſi principalement à cela eſt coniointe vne façon & condition de viure triſte , penible & faſcheuſe , # #. - pleine de crainte & anxieté, Et veritablement entre les paſſions de l'ame la triſteſſe & la crainre ſont tres- # §. | propres à engendrer cette fiévre, veu meſme qu'Hippocrate nous a laiſsé par eſcrit en l'Aphoriſme 23.du 6. cbolie. º iiure quela triſteſſe & la crainte eſtoient ſignes aſſeurez des maladies melancholiques. Quant aux ſignes signes pris · pris des chauſes contre nature ; premierement c'eſt qu'au commencement de l'accez, quant la matiere ſe pu- des chºſes , trefie,il ſuruient horreur ou rigueur tres-labourieuſe,tout ainſi que ſi l'on auoit les os froiſſez , ſecondement, cºntre mºtº º c'eſt que la maladie ſe fait recognoiſtre par ſon inuaſion, qui reuient le quatrieſme iour, & que le mal eſt " ·yº ^ A A A a froid Du Traicté des Fiévres 831 A il faut digerer & diminuer la matiere par ſyrops d'epitheme, de ſcolopendre, de capilli veneris, de eupa- torio, auec eaux decoctions de houblon, bourrache, bugloſſe, & ſeurs ſemblables. On peut faire quei- que ſyrop magiſtral de pommes de reinette, ou court-pendu , de bugloſſe, bourrache, capillaires,& autre 4 & le rendre purgatifauec bon ſené de Leuant, qui eſt comme l'alexipharmaque de l'humeur melancholi- # #e - † , & en purger le malade deux fois la ſepmaine.Ce qu'il faut continuer opiniaſtrement , pour auoir rai- Lºſ de on de ce mal opiniaſtre. Ie proteſte auoir eſté cauſe de la gueriſon de pluſieurs, qui auoient eſté long- ſené en ces temps vexez & trauaillez de ladite fiévre, donnant à boire au commencement de leur accez, & à la decli-ſiévre . maiſon de la maladie trois doigts d'eau de vie, auec vn peu de theriaque diſſoute en icelle, leſquels remedes Remede eſtoient baillez ſelon les forces du malade , & les indications cy-deſſus mentionnées , le tout apres auoir vsé empirique. des remedes generaux & particuliers, pour la preparation de l'humeur melancholique; Car pour en parler à la verité, la fiévre quarte inueterée ne peut eſtre guerie, ſi le corps n'eſt grandement eſchauffé par alimens & medicamens. Parquoy en tel cas, ie trouue bon ce que pluſieurs diſent auoir heureuſement practiqué ; Vin blane. ſçauoir de donner au matin du vin blanc à boire, dans lequel par l'eſpace d'vne nuict auront trempé fueil-Linimenr. les de ſauge. C'eſt auſſi choſe vtile ſur le commencement de l'accez, d'oindre toute l'eſpine du dos d'huyles propre à eſchauffer les nerfs, telles qui ſont l'huyle de rué , de noix muſcade, de poivre, de vers,y met- tant quelque peu d'eau de vie; car telles onctions valent non ſeulement à mitiger la vehemence de l'horreur, mais auſſi à eſmouuoir les ſueurs. Medieam3# De la Fiévre quarte intermittente baftarde. - | C H A P. XXIX. | | N T R E les fiévres de l'humeur melancholique, eſt la fiévre quarte intermittente illegiti- La quarte $ me & baſtarde, ainſi appellée à cauſe qu'elle ne ſe faict pas comme la precedente de l'hu-ºſtarde & $, meur melacholique naturelle, pure & fimple : mais bien ou d'icelle humeur meſlée & pourquoy # # adulterée de quelque autre humeur, telle qu'eſt la pituite ou la bile, où de l'humeur me- #" "º | , lancholique contre nature, qui s'appelle Atrebile.De quelque façon qu'on le prenne,elle É€. - a ſes accez comme la precedente de quatre iours l'vn,c'eſt à ſçauoir,apres deux iours d'in- * termiſſion vn iour d'accez,& ce d'autant que quelque mixti6 qu'il y puiſſe auoir, l'humeur melancholique y predomine touſiours.Or on obſeruera diligemment, que la fiévre quarte legitime eſt touſ La quarte iours plus longue que la baſtarde,d'autant qu'entre toutes les humeurs,il n'y en a point de plus rebelle, & de vraye plus plus difficile à preparer & mitiger que l'humeur melancholique:ſibié que là où cette humeur ſe trouue pure ºxº qºe , & ſimple, & ſans meſlange d'aucune autre humeur, il y a plus de peine à la dompter & à la preparer; la où la baſtarde. s'il y a quelque autre humeur meſlée parmy cette humeur là, l'adoucit & l'empeſche d'eſtre ſi rebelle. Donc Pittai ſi la pitiuite ſe trouue meſlée parmy l'humeur melancholique, la fiévre n'en ſera pas ſi longue : mais elle ſera # # auſſi plus longue que ſi ladite humeur melancholique eſtoit adulterée de l'humeur bilieuſe;à raiſon que la pi- ſuc # tuite eſt bien plus difficile à cuire, mitiger & adoucir que la bile, laquelle faict les maladies bien plus cour- cholique. tes que ne faict pas la pituite. On peut en outre recognoiſtre la qualité, & condition de l'humeur qui eſt Le mºyen de meſlée auec la melancholique, par les ſignes que nous auons rapportez en la fiévre tierce, & en la fiévre recognoiſtre quotidiane. Car ſi parmy les ſignes de la fiévre quarte, nous en recognoiſſons quelques-vns qui ſoyent pro le meſlange pres , ou de la fiévre tierce, ou de la fiévre quotidiane , nous pouuons dire en aſſeurance, que c'eſt la bile dºumeurs. ou la pituite qui eſt meſlée auec la melancholie, outre qu'auec cela nous pouuons recognoiſtre , & par le temperament du malade, & par ſon genre de viure , & par la ſaiſon, & par la conſtitution de l'air, & par l'aage meſme du malade, ſi c'eſt bile ou pituite qui ſe meſle auec la melancholie. Certes quand ie ſonge Bclle expli. qu'Hippocrate dit au liure z. des Aphoriſmes aphor. 25. que les fièvres quartes qui arriuent l'Eſté ſant courtes , cation d'vn que telles qui viennent l'Automne ſant longues, & celles qui viennent proche de l'Hyuer ſont encore plus longues. Ie #?ºriſmº me perſuade qu'il a voulu donner à entendre que les fiévres quartes qui ſe font de la mixtion de la bile qui º* regne en Eſté, ſont plus courtes que les autres,que celles qui ſe font en Automne,tiennent du meſlange de " la pituite, & par conſequent qu'elles ſont plus longues que celles qui ſe font en Eſté,mais auſſi plus cour- tes que celles qui ce font en Huyuer, auquel temps le ſuc melancholique domine dauantage. Ce qui ſoit dit D.la ta- pour plus claire intelilgence,du tout ce que nous auons rapportée cy-deſſus des fiévres quartes taiiardes in-j .#.it. termittentes, qui s'engendrent de la mixtion de quelques humeurs auec la melancholique. Reſte à parler de latreble. de celle qui ſe fait de l'atrebile ou humeur melancholique contre nature. Or cette humeur ſe faict double- La genera. ment, premierement du ſuc melancholique qui ſe bruſlant & pourriſſant outre meſure , deuient mordant , tion de l'hu- acre, malin & grandement noiraſtre :ſecondement de la bile iaune ou vitelline, qui venant à ſe bruſler ſe mºrºtrº- conuertit premierement en bile porracée, puis apres en erugineuſe , & en fin enbile atre & noire. Cette ºº humeur auſſi bruſlée acquiert vne grande & inſigne acrimonie, & vne vertu corroſiue ſi remarquable que double. li versée & eſpandue ſur la terte, elle la fermente & la faict comme bouillir & efleuer. Galien compare cette # - humeur à la lie du vin bruſlée ,ou à vn fer rouge & ardant de feu , & le ſuc melancholique au fer qui n'eſt §- chaud nyardant, & à la lie de vin qui n'eſt point bruſlée.Toutesfois & quâtes donc que cette humeur atrabi- gnes de l'a- laire s'amaſſe en trop grande quantité hors des grands vaiſſeaux, & qu'elle vient à ſe pourrir, elle excite vne §ebile. fiévre quarte intermittente baſtarde, bien plus violente & ardente, bien plus maligne & perilleuſe que tou- signes. tes celles que nous auons eſcrit cy-deſſus. Tous les accidens qu'elles apportent ſont plus violens, & ſes accez approchent fort en vehemence de la fiévre cauſonide, la langue eſt ſeiche, aride & noire, l'alteration grande & demeſurée,l'eſprit extrauagué ordinairement,le ventre eſt bouffy & douloureux, les veilles ſont La turation importunes, & le peu de ſommeil qui vient eſt accompagné de grandes reſueries & de fonges eſpouuanta- obſeruation bles les entrailles ſont eſchauffées outre meſure, le foye & la rate bruſlans & ardans : breftous les ſympto- pour les mes ſont grands & conſiderables , & donnent apprehenſion ou que quelque inflammation interieure ſe faſſe, qº * Otl † foye & la rate ſe deſſeichent ou s'endurbiſſent, en ſorte qu'ils cauſent vne hydropiſie ou dyſenterie #. 1I1OTtCliC. · · · - - - - - - º * Pour ce qui eſt de la cure de la fiévre quartebaſtarde, ſi elle ſe faict du meſlange du ſuc melancholique, # auec l'humeur bilieuſe ou pituiteuſe,il faudra la traitter comme la vraye & legitime, ayant toutesfois eſgard iuleps , #i- 'à l'humeur qui ſera meſlé auec la melancholique,y appropriant les remedes propres & conuenables, ſçauoir themes. à la bile, ceux que nous auons ſpecifiez en la cure de la tierce, & à la pituite ceux dont nous auons parlé Le demy en la cure de la fiévre quotidiane. Mais quand à ce qui eſt de la quarte faicte de l'humeur atrabilaire , il faut bºin.. . preſque vne contraire curation, s'empeſchant tant qu'il eſt poſſible d'vſer ny d'alimens ny de medicamens ! ** chauds. Toutes choſes doiuent eſtre rafraiſchiſſante & humectantes : la ſaignée doit eſtre frequente & clair. , : º A A A a 2 des 832 Premiere Partie, . - des bras & des pieds; les purgatifs doiuent eſtre doux & benins : les iuleps & apozemes aperitifs doiuent A eſtre ſans chaleur manifeſte; les Epithemes ſont grandement vtiles pour rafraiſchir & humecter, & detrem- per cette mauuaiſe humeur , & la rendre plus ſouple & obeiſſante aux medicamens purgatifs : le demy bains d'eau tiede aux iours d'intermiſſion ſont tres-excellens : le petit laict Pris en grande quatité , eſt v remede ſouuerain, principalement ſi on faict bouillir dedans vn peu de fumetere. Bref il faut vne gran- de prudence à traitter les malades de cette fiévre, laquelle de meſme que les Carcinomes demande pluſtoſt à eſtre flattée qu'irritée. - - Des Fiévres Qujntaine , Sextaine , očtaine, & c. C H A P. XXX. %A\ # # E metrouue bien empeſché touchant la cognoiſſance de ces fiévres icy intermittétes,pour Hippºcrate S# #), | ne ſçauoir preſque à quel genre de fiévreie le dois rapporter. Eſtant au reſte ſi rares & fi le premier a \ # | peu vſitées que peu de Medecins les récontrent.Le premier toutesfois qui les a obſeruées, parlé des fié- N % | & qni nous en a laiſſé quelque choſe par eſcrit, c'eſt Hippocrate au liurer de Epimedies : #" & en ſuite quelques Medecins ſont venus , dont les vns ont dit qu'ils auoyent veu des A §i e/2- fiévres quintaines, les autres des ſextaines, les autres des ſeptaines, očtaines, Nonaines, & ainfi re de fiévres de quelques autres pareilles, dont toutefois ils ont parlé ſi legerement, qu'ils ne nous B ſe rapportent ont rien laiſſé d'aſſeuré par eſcrit, ſoit de leurs cauſes, ſoit de leurs curations. Quelqnes-vns d'eux ſe ſont celles-cy, perſuadez , que ce n'eſtoit point vn genre de fiévre diſtinct & ſeparé des autres , mais que c'eſtoient fiévres Fiévres er- erratiques, tantoſt Ephemeres,tantoſt quotidianes, tantoſt tierces,ſelon la condition de l'humeur qui les faiſoit rº7º & qui eſtant amaſſé en petite quantité n'apportoit que peu d'accez D'autres ont voulu dire que c'eſtoient fié- º" vres compliquées, taotoſt d'vne Ephemere auec vne quarte, tantoſt d'vne tierce auec vne quotidiane, dont /, A. - - - - - - • # l'on n'obſeruoit pas bien les accez ny les periodes. Bref il y en a qui ont creu que tout ainſi qu'aux choſes monſtrueu- naturelles il y a des monſtres & des prodiges, auſſi parmy les maladies & les fiévres, il y en a de monſtrueu- ſes. ſes & prodigieuſes, deſquelles on ne ſçauroit rendre raiſon, ſi ce n'eſt qu'on recouruſt aux cauſes vniuerſelles, Eſtranges & aux conſtellations du Ciel,qui ſelon ſes diuerſes influences produit diuerſitez d'effects,leſquels les hom- effeas de mes admirent ſans en cognoiſtre la raiſon. Pour moy i'ay trouué bon de rapporter ces fiévres icy aux me- l'humeur lancholiques, à cauſe des eſtranges effects que produit cette humeur,laquelle comme vn Protée ſe change melancoli- en mille & mille façons, & produit des accidens ſi diuers & fi prodigieux, que quelques-vns n'ont point que, faict de difficulté de dire qu'il y auoit quelque choſe de diuin en iceiles : meſme qu'Ariſtote en ſes Proble- mes, & au liure de la diuination par les ſonges, aſſeure que tous les grands perſonnages qui ont paru & eſclatté, ſoit en la guerre,ſoit en la poéſie, ſoit aux ſciences, ſoit aux diuinations, ont eſté touchez de cette humeur melancholique. Et veritablement nous voyons vne ſi grande difference, & varieté entre ceux que Hypºchon. nous appellons hypochondriaques, bien qu'ils ſoyent affligez d'vne maladie de melancholie,qu'il faut croi- driaques de re & confeſſer qu'il y a quelque choſe d'extraordinaire en cette humeur, Ie me ſuis mille fois eſtonné com- diuerſes eſ ment vn melancholique s'eſtime Roy, Empereur , riche, heureux, ſçauant, qui ne l'eſt pas, & vn autre qui C peces , l'eſt , s'eſtime ignorant, pauure, malheureux, & de baſſe condition. Tel croit auoir les forces de ſouſte- Ces fº nir le ciel auec le doigt, & vn autre ſe perſuadera qu'il n'aura pas la force de ſe mouuoir. Toutes ces mer- # ueilles font que i'ay creu pouuoir rapporter toutes ces fiévres periodiques extraordinaires au mouuemét de choliques. l'humeur melancholique ou attrabilaire qui ne s'ammaſſant pas touſiours en ſuffiſante quantité, & n'acque- rant pas pareillement vne ſuffiſante qualité putredinale, pour exciter la fiévre de quatre en quatre iours, quelquesfois elle le fait de cinq en cinq , tantoſt de ſix en ſix , tantoſt de ſept en ſept, plus ou moins, ſelon que le corps ſe trouue diſposé à engendrer peu ou prou de cette humeur, & ſelon que l'humeur ſe trouue Elles ſe peu- diſposée & preſte à receuoir pourriture. Que s'il y a quelqu'vn qui n'approuue mes raiſons, il luy ſera loi- ºent rappº" fible de remettre ces fiévres icy au rang des erratiques & inconſtantes, deſquelles Galien a tres-doctement ** *** " & tres-iudicieuſement parlé à la fin du ſecond liure des differences des fiévres, les paroles duquel ie veux # i, rapporrer pour eſclairciſſement de cette matiere. Les fiévres, dit-il , qui n'ont point d'ordre acquierent ce #. lien tou- deſreiglement , par l'erreur qu'on commet au regime de viure. Auſſi le ſang quand il ſe pourrit , je change grande- chant le deſ * & paſſe en vne autre nature, comme nous auons expliqué cy-deuant vne portion du ſang ſe change en bile reglement ' iaune , vne autre en la bile noire. or eſt-il ſelon que les humeurs ſe changent dans le corps des malades à meſme de periode temps auſſi les accex, & periodes des fiévres ſe dhangent, comme pareillement à cauſe des fautes que l'on commet au des fiévr s. boire & au manger, leſquelles fautes changent les actex. Partant à tous les changemens & fautes notables que le malade faict , il eſt neceſſaire ou que les accex anticipent , ou qu'il s'en faſſe de nouueaux tous diffèrens des autres, d'où vient la varieté des periodes. l'oicy vne autre raiſon de ce changement, c'eſt qu'à meſme temps qu'il y a vne bu- D - meur en quelque partie du corps qui commence à ſe pourrir, à meſme temps il y a vne autre humeur differente qui re- gorge ou en quelque autre partie du corps ou bien meſme en tout le corps : d'où le plus ſouuent à cauſe de la complication ou | - confuſion des accex & redoublemens incogneus au Medecin, il ſemble que les periodes ſont ſans ordre & reglement, te qui n'eſt pas toutesfois. L'ordre ne ſe changeant iamais , que lors que les humeurs qui font la fiévre changeant de mature, & ſont conuertu en d'autres humeurs,ou bien lors qu'il arriue que l'on commet des fautes au regime de viure. Voyla à peu pres ce qu'à dit Galien pour le changement des accez que nous pouuons approprier à ces fiévres cy-deſſus nommées. Bien qu'à vray dire, il n'eſt beſoin de ſe mettre tant en peine pour leur intelligence , veu qu'elles arriuent ſi rarement, & qu'elles donnent en outre loiſir de conſulter les Medecins ſur leur gue- riſon Or pour l'ordre qu'il faut y apporter lors qu'elles arriuent, ie defire que l'on conſidere ſeulement, ſi elles ſe font ou de ſuc melancholique naturel,ou de l'humeur atrabilaire ; ſi c'eſt du premier, il faudra les traitter comme les fiévres quartes intermittentes legitimes ; ſi c'eſt du dernier, elles ſeront traictées com- me la quarte intermittente, qui ſe faict de l'atrebile. C'eſt pourquoy il leur faudra des remedes rafraiſchiſ- ſans & humectans. Au reſte Hippocrate dit qu'entre les fiévres qui auoient cours en Thaſos,durant la troi- . ſieſme conſtitution de l'air qu'il raconte au premier des Epidemies , il n'y en auoit point de pire que les $uintaines quintaines , car ſoit qu'elles arriuaſſent auant la phtifie , ſoit qu'elles vinſſent apres, elles apportoient la mºrtºlles mort. Ceux qui voudront ſçauoir quelle opinion a eu Galien de ces fiévres , qu'ils aillent voir ſon com- Telles fiévres ſont rares. Curation d'icelles. - mentaire troiſieme ſur le premier des Epidemies,article neux, deuf & dixſept. , " ' , ^ u', · · · , , * • , , , : - - , · " . - - º ! t - • ' • , , " : . » : · · - · · · • ::] ) .. ! " . :" ! - 1 • • • • - " º - " , 1 . . - , • , • · · · · · · · · · · -- : - : - - * .. ' eº3 · · · · - i- -' : • * # * - (* Dg - * N > 4 - du Traicté des Fiévres. 833 - " : A.-.--- ſ, * _ - - De la Fiévre 9aarte continuë. CHA r. xxxl. •rº - P R E s les fiévres quartes intermittentes , vient la quarte continué,laquelle eſt fort rare,pour Pourquoy la # le peu de melancholie qui s'amaſſe dans les veines au regard des autres humeurs. Eile ſe co-quarte con- #(gnoiſt par les meſnes ſignes que l'intermittente,ſi non qu'elle a ſon exacerbation de quatre en tinue ſe voit # quatre iours ſāns friſſon ny horreur, & ſa remiſſion ſans ſueur. - cette fiévre quelques ſignes de pourriture mais , fort obſcurement. Ny le poulx meſme n'eſt ſi leger,frequent & inégal qu'és autres fiévres ; my l'vrine n'eſt ſi rouge ny enfiammée, bien qu'elle ſe monſtre On peut bien remarquer en rº Signes- - plus eſpaiſſe. La cauſe d'icelle eſt l'abondance du ſuc melancholique en la maſſe du ſang, laquelle prouient cauſet. de l'infirmité de la rate, qui ne faict pas deuément ſon deuoir d'attirer ſuffiſamment ledit ſuc melancholi- - que, deuant que le ſang paſſe dans la veine caue. Il faut icy ſaigner comme és autres fiévres apres auoir saignées. . donné vn clyſtere auparauant. Pour laquelle choſe artificiellement executer, il faut choiſir & ouurir la chºix de veine du bras gauche, qui a plus de communication auec la ratte, à l'entour de laquelle la plus part de la veine pºur matiere de cette fievre eſt ſouuent amaſſée. Quoy faict,trois ou quatre tours apres ſans ſe haſter dauanta- laſagnée . ge ( d'autant que cette fiévre eſt longue, & non ſi aiguë due les autres continue ) il faudra donner quelque º" doux medicament,& lenitif, comme de caſſe & de catholicon, auec decoction de mercuriale, ou de laict douce. clair, ou de paſſules, polipode & ſené : que ſi l'ardeur eſt grande apres auoir encor ſaigné vne fois, nous vſerons des ſirops de fumeterre , de acetoſitate citri, meſme nous y adiouſterons les eaux de pareille facul- té ; comme de violes , de pourpié , de courges , de bugloſſe, bourroche, & en ceux qui ont vn tempe- · rament bilieux, de cichorée & d'endiue. Or il faut notter que cette fiévre comme elle eſt rare, auſſi eſt- elle tres dangereuſe, au contraire de la quarte intermittenté, ſi bien que peu en reſchappent, & principa- sirops. . Vſage de ſi- rops cöpoſe(; Prognoſtic. lement les vieilles gens. C'eſt pourquoy il faut par tous moyens regarder à entretenir les forces du mala- Vſage du de, ce qui ſe fera en permettant l'vſage du bon vin, tenuë & odoriferant , comme vin de maluoiſie, vſant vin de reſtaurans & condits, qui ſe font de conſerue de bugloſſe, de bourroches, des violles, de capillaires, condits. de cichorée, auec poudres de diamargaritum frigidum , & de gemmis.On peut auſſi donner des potions Potions cor- cordialſes qui ſe feront de confection d'alkermes , auec eau de violles, de bourroche, ſirop de violles , ou diaſtet. bien ſirop de nenuphar & de pauot, ſi le malade ne peut dormir. Les confitures de ceriſes, de peſches , & Lº cºnſº autres fruicts que nous auons accouſtume de confire en Eſté, ſont fort propres à telle maladie, Au reſte ſur # l'eſtat & declinaiſon de ce mal , pluſieurs loüent l'vſage des choſes acres,comme mouſtarde, poiure & vian- des ſalées, d'autant que le ſel inciſe & attenuë les excremens, qu'il deſſeiche, ramaſſe & fortifie les facul- Vſage des ' choſes ſalées. Vomiſſement tez, ce que toutesfois ie n'approuue pas beaucoup.Cette fiévre fort heureuſement ſe peut terminer par vo- § miſſement d'humeurs noires. non en toutes perſonnes, mais en ceux auſquels le vaiſſeau appellé vas breue no . (qui va de la cauité de la ratte, à l'orifice de l'eſtomach pour en repurgeant la ratte exciter l'appetit,& ro• L'vſage du borer le ventricule par le moyen du l'acidité de ſuc melancholique ) eſt fort grand & ample. Autrement la vas breue. ratte ſe purge mieux par embas, la matiere eſtant portée de la veine ſplenique au tronc de la veine porte, Par qºllº & de là incontinent en la veine meſanterique. Elle ſe purge auſſi par les veines hemorroides,qui naiſſent de voyes ſe pur- la veine ſplenique,& auſſi par les reins & vrines par le moyen de l'artere meſanterique. I'ay oublié vn poinct qu'il faut toutesfois bien noter, pour la curation generale de toutes les fiévres continuës,c'eſt qu'en icelles, ge ' l'humeur melancholi- :'147 C il faut que la façon de viure ſoit bien plus exquiſe & tenué qu'és intermittentes ; & principalement ſi auec §le de vi- ce qu'elle ſont continues, elles ſont aiguës,c'eſt à dire qu'elles doiuent auoir leur eſtat & criſe au ſeptieſme, §table iour : iuſques la que ſur le point de l'eſtat & de la criſe, il ne faut que tres-peu ou point nourrir le malade pour les fé- de peur de reuoquer la nature de ſon mouuement & excretion des humeurs morbifiques , pour l'occuper vres conti° & l'empeſcher en la cuiſſon des viandes. Si que peu à peu du commencement iuſques à l'eſtat, nous dimi- nuës. . nuions toufiours l'ordinaire de la nourriture : & au contraire l'eſtat paſsé, nous l'augmentions touſiours oºſºrº peu à peu comme nous l'auions auparauant diminué. Souuienne-toy auſſi de ne donner eau froide aux fiévres côtinués,ſi la fiévre n'eſt fort ardéte,& ſi les ſignes de côcoction n'ont precedé,& ſi les parties né ſont exemptes de phlegmon ou infiammation;autremét tu permettras au malade d'en prendre tant qu'il en pour- ra porter; voila ce que i'auois oublié pour le general des fiévres contenués. - nué, & dis qu'outre celle que nous vendſfsd'expliquer,il y en a vne autre qui ſe fait de l'atrebile, iaquelle eſt Ie reuiens à la quarte conti- touchant l'eau froide & cruë. Quarre ſ'0/2- inuë faite de tres-perilleuſe & tres-dangereuſes,eſtant preſque impoſſible qu'vne humeur ſi chaude & maligne, puiſſe §. s'amaſſer au corps ſans l'inflammation de la ratte ou de quelque autre partie. A cette fiévre icy , il faut ſaigner hardiment des bras & des pieds , pour empeſcher qu'il ne ſe faſſe quelque phlegmon, faut fuir la purgation au commencement comme vn poiſon, mais la faudra remettre au temps que la matiere ſera ,. .. , cuite & preparée. .. Qu'on ſe donne garde d'vſer de remedes chauds , mais de toutes choſes refrigerantes la ſºignº & humectantes. Le laict clair , les epithemes & fomentations , les bains & demy bains d'eau tiede ſont excellens. Bref on traicte les malades de ce mal , comme ceux qui ſont affligez d'vne maladie grande- D ment chaude, & qui eſt produite par les humeurs grandement acres & violens. &> : Et cecy ſuffiſe pour la cu-, ration des fiévres melancholiques, enſemble de toutes les fiévres humoralles ſimples, tant intermittentes que continués. . - - - | Des fiévres humorales composées, & premierement de l'Hemitritée. C H A P I T R E XXXI I. temps, & ont leur ſignes ſi confus qu'on ne le peut preſque recognoiſtre. S. - e pliquée. •- •- - # O v s avons cy-deuant diuisé les fiévres bumoralles en ſimpler & composées : Pour les ſimples, elles La diuiſion on eſté expliquées aſſez copieuſement & prolixement. Il reſte donc à parler des composées. Or des fiévres par les compo ées ie n'entens pas ſeulemët celles qui ſont compliquées,mais auſſi les confuſes,i'appelle composées. # compliquées,celle, qui concourent tellement enſemble,& ſont en ſorte aſſemblées, que la nature de 99eſt cº4º chaque fiévre, les fignes, & les ſymptomes peuuent eſtre aisément diſtinguez & recogneu Mais les confuſes ſont tellement meſlées enſemble, qu'elles commencent à meſmé temps, finiſſent à meſm Or la compliquation ( car il faut parler de celle là, deuant que parler de la confuſion ) ſe fait en diuerſes façons : premierement lors qu'vne fievre com- g)u'eſt-reque fiévre confu- fiévre putride, ſe meſle auec vne fiévre non putride , comme quand l'Ephemere ſe meſle auec la ſynoque combien ily pourrie ; ou vne fiévre pourrie auec l'hectique ; ſecondement , lors qu'vne fiévre pourrie ſe meſle auec a de ſorte de · vne autre pourrie ; & ce, auec des fièvres qui ſoient de meſme eſpece, ou qui ſoient de diuerſes eſpeces, º) A A a a 3 Quand complicatiö. N-" - Du Traicté des Fiévres. 8 ss A durer 15. ou 16.'heures,ſins doute le meſme iour vers les 4 heures l'accez de la quotidiane reuiendra, & par ainſi ce iour là le malade aura deux redoublemens : l'vn de tierce ſur le matin , l'autre de quotidiane , ſur le foir : Mais auſſi le iour ſuiuant il n'aura ſur le ſoir que l'accez de la quotidiane, à cauſe que la tierce donne trefue d'vn iour:& que ſon accez ne doit reuenir que le 4 iour de la maladie de ce malade, auquel ſur le ma- tin il aura ledit accez de tierce,& ſur le ſoir celuy de quotidiane, le propre de laquelle eſt de r uenir tous les iours:& voila l'ordre que tient cette fiévre bemetmitée, ſi ce n'eſt que les accez peuuent anticiper ou retarder Elea des an- de quelques heures comme nôus auons dit, que font les accez des fiévres intermittentes : voire meſme que ticipationsör les redoublemens de ces deux fiévres peuuent tellement l'vn anticiper & l'autre retarder, qu'ils ſe rencon- retardement 4 trent en meſme temps & en meſme heure, ce qu'arriuant à cauſe de cette confuſion , il eſt difficile de les bien Elle eſt ap- : - ! diſtinguer l'vne d'auec l'autre, ce que tu peux voir ingenieuſement expliqué dans Galien au liur. 2. des diffe- pellée horri- - A- rences des fiévres, chap.7. Au demeurant tu remarqueras qu'Hippocrate & Galien ont appellé cette fiévre que • &r - horriſique,à cauſe desſrigueurs & horreurs qu'elle apporte en ſes redoublemens. ce qui aduient d'autât qu'elle pourquºy. n'eſt pas composée de deux fiévres continues, car ſi elle en eſtoit composée elle n'auroit pas de ſi ſenſibles exacerbations : elle n'eſt pas auſſi meſlée de,deux intermittentes, veu que ſi cela eftoit, elle ne,ſeroit pas con- tinuë,mais auroit neceſſairement quelque ſenſible & manifeſte intermiſſion. Le iour que la ſeule quotidiane apparoit,il ne ſuruient en cette fiévre aucune horreur,mais ſeulement au iour que la tierce & quotidaine vien- ' nent : auquel iour le malade eſt grandement trauaillé, tant à cauſe de ce double accez , que ce que la natu- re eſt deſia laſsée & fatiguée de l'accez precedent.Ie n'oublieray pas à remarquer que la demy tierie, propre- La demi- ment appellée , eſt double, l'vne vraye & legitime, l'autre illegitime & baſtarde. En la legitime il y a eſgale por- tierce eſt, tion des humeurs qui ſe pourriſſent, à ſçauoir , bilieuſe , &. pituitéuſe : En la baſtarde la portion de ces double B deux humeurs eſt inegale,car ou labile eſt en plus grande quantité, ce qui fait que les accideus & ſignes de Lº legitime. la tierce ſont plus apparens & ſenſibles: ou bien elle eſt la moindre & en plus petite doſe, & pour lors la ***ººrdº fiévre quotidiane ſe fait bien mieux remarquer que ne fait pas la tierce. - - Par ce diſcours nous apprenons que la cauſe materielle de cette fiévre eſt en partie la pituite qui ſe pourrit La cauſe dans les grands vaiſſeaux, & en partie la bile qui ſe pourrit dans les petits, l'vne & l'autre humèur, au reſte à mºrerielle de cauſe qu'elles ont des qualitez contraires, s'amaſſent dans les corps par des cauſes contraires ; la sile, par ce cette fiévre. qui eſt chaud & ſec, & la pituite, par ce qui eſt froid & humide. Partant cette fiévre arriue principalement #. # d. durantl'Automne,& aux hommes qui viuent en oifiueté,& qui vſent d'alimens pituiteux, comme auſſi a ceux º"º" - - qui ſont d'vn temperament froid & humide, & qui vſent de nourriture grandement chaude & ſeiche. Elle - arriue ordinairement aux regions qui ſont chaudes & humides, & dit-on qu'elle eſt fort commune & ordi- - | naire à Rome,& en la coſte d'Afrique. Elle s'accompagne toufiours de tres-mauuais & ſiniſtres acciden , car Accidens & • · outre ces mouuemens horrifiques & inegaux , elle apporte de grandes incommoditez à l'eſtomach & aux ſymptomes • parties nerueuſes : ſouuent elle iette les malades dans de profonds aſſoupiſſemens,qui ſont comme lethargi- . - ques, vne autre fois elle donne des veilles importunes, des reſueries,des nausées , des vomiſſemens , des foi- - bleſſes de cœur,vne langue ſeiche & aride, vne ſoif demeſurée L'on recognoiſt cette fiévre d'auec les autres En qucy elle , , - en ce qu'elle eſt continue, pleine d'horreurs, de diuers redoublemens & de tres-violents ſymptomes : vn iour diffoe des - elle eſt ſans horreur auec le ſeul refroidiſſement des extremitez, l'autre iour elle eſt auec horreurs & autres autres Ééº - mauuais accidens, ſi bien qu'elle à vn iour meilleur l'vn que l'autre. Quand il arriue des ſueurs en cette fiévre, º d'ordinaire elles n'apportent rien de bon,ſoit à cauſe que les forces ſont debilitées & abatuës, ſoit à cauſe de º* la quantité d'humeurs crues, qui ſe recontrent au febricitant.Les vrines ſont cruës, tenuës,vne fois ſans cou- # 5 leur, vne autre fois fort troubles, & toufiours ſansſediment , ou auec vn ſediment mauuais , le poulx eſt fre- # - C quent & inégal, bref elle n'eſt point ſans donner ou de la douleur ou vne peſanteur de teſte, ou vn aſſoupiſ- ſement, ou autres accidens dangereux. Hippocrate met cette fiévre entre les maladies aiguës & longues : entre Prognoſſie. les aiguës, à câuſe ou qu'elle apporte bien toſt la mort, ou que la tierce dont elle eſt composée, ſe finit bien toſt,ſi bien qu'il ne demeure plus que la fiévre continuë, quotidiane, qui dure encore quelque temps:apres il , la met pareillement entre les maladies longues & chroniques , d'autant qu'elle dure iuſques à vn mois, voire sa durée, meſme iuſques à deux & à trois, ſi elle paſſe outre clle apporte d'ordinaire la fiévre hectique, qui eſt ſans re- mede & ſans eſpoir de ſalut. Il eſt vray que pour l'ordinaire elle eſt plus longue que la tierce, & plus courte que la quotidiane, de laquelle toutesfois elle approche fort lors qu'elle eſt produite par vne grande quantité de pituite, car ſelon qu'elle a plus ou moins de cette humeur, auſſi eſt elle plus ou moins longue.Tu obſerue- En quelle fié- ras que quand il y a eſgale portion en cette fiévre de bile & de pituite, elle ſaiſit auec peu d'horreur qui ſem- vre l'horreur ble eſtre moyenne entre la rigueur & le refroidiſſement ; mais lors qu'il y a plus de bile que de pituite, alors eſt grand ou l'horreur eſt violente, non ſans eſtre meſlée de rigueur,laquelle eſt incontinent ſuiuie d'vne chaleur ardente, petit, de ſoif,de veilles, de vomiſſemens bilieux, de cours de ventre, & autres ſignes qui accompagnent les fiévres tierces. Que ſi la pituite eſt en plus grande quantité que la bile , l'horreur eſt douce, le refroidiſſement des Blººſ*º- extremitez ſenſible,la chaleur tarde à venir,les accez ſont longs,& accompagnez des ſignes des fiévres quo- perilleuſe. tidianes : finalement quoy que s'en ſoit, c'eſt vne fiévre tres-perilleuſe, & pour la pluſpart du temps mor- telle ;tant à cauſe de la violence de la maladie & des ſymptomes qui abatent les forces du febricitant, qu'à cauſe que ces fiévres icy ne ſont preſque iamais exemptes de quelque inflammation des parties nobles , ou à tout le moins de quelque diſpoſition inflammatoire, comme remarque Galien aux Epidemies. La cure de B.ti. obſer- cette fiévre femble eſtre double,pour eſtre composée de celle qui conuient à la quotidiane, & de celle qui eſt § D propre à la tierce. A celle-cy l'vſage des medicamens rafraiſchiſſans & humectans eſt plus profitable que des curation. attenuatifs,inciſifs; & aperitifs, tout au contraire à l'autre, en laquelle il faut pluſtoſt attenuër,inciſer,ouurir, deterger & euacuer les mauuaiſes humeurs, que rafraiſchir & humecter. En ſorte que ſelon cette regle, lors , qu'il y a autant dè bile que de pituite,il faut auoir eſgard eſgalement, & à la tierce, & à la quotidiane par des medicamens qui ayent la force & la vertu de remedier à l'vne & à l'autre : mais ſi la bile ſurpaſſe, il faut :: . auoir plus d'eſgard à la tierce qu'à la quotidiane : au contraire s'il y a plus de pituite que de bile, il faut ſon- - ger pluſtoſt à la quotidiane qu'à la tierce. Partant pour ce qui concerne le regime de viure, il faut qu'il ſoit refrigerant, humectant,deterſif,attenuatifpar alimens de bon ſuc & de bonne nourriture prenant garde que le iour que la ſeule quotidiane arriue, on peut nourrir vn peu plus liberalement, mais plus eſcharcement le iour que la tierce & la quotidiane ſuruiennent. Il faut auſſi bien prendre garde que l'on ne donne pas la nourriture ſur l'heure de l'accez pour les raiſons que nous auons dites cy-deuant. Il n'eſt pas à propos que ces alimens ſoient ſolides, mais liquides afin qu'ils en ſoient plus aisément cuits,digerez, & diſtribués. Tou- -- tesfois ſur le declin de la fiévre on pourra vn peu ſe licentier & donner quelque choſe de ſolide au febrici- § tant. Il ne faut point icy parler de donner de vin, à cauſe qu'il ayde à augmenter la ferueur des entrailles, & # vin •uſ. : donne à bon eſcient à la teſte,qui n'eſt que trop chargée d'excremens en cette maladie.On fera donc vſer au ble. 4 | malade de quelque decoction de racines pour ſon boire ordinaire, en y meſlant le ſirop aceteux ſimple , le Breuuage or, é iulep roſat, le ſuc des limons, ſirop d'eſcorce de citron, de ceriſes aigrettes, de berberis & autres : quant dinaire. l*: - A A A a 4 2UX :> ") Regime de ºL/1f47€. Alimens li- 836 Premiere Partie, · Exemple de - aux medicamens, les clyſteres ſont tres-vtiles qu'on preparera auec maulues, mercuriale,'laictûë, apparitoire, Clyſteres. eſpinars, fleurs de canomille, melilot, ſemence de fenoüil & de cumin,& diſſoudra-on dedans miel , ſuccre rouge, lenitif, catholicum & choſes ſemblables : ſelon la chaleur que le febricitant ſentira aux lombes & aux reins,on pourra faire plus ou moins rafraiſchiſſans leſdits clyſteres.Ayant ainſi preparé le corps,il faudra Saignée. venir à la ſaignée, laquelle quoy qu'on en die, ne doit point eſtre icy eſpargnée,afin d'empeſcher l'inflamma- Purgations. tion des parties nobles & diminuer la pourriture. C'eſt pourquoy elle ſera faicte pluſieurs fois des deux bras & des deux pieds par remiſes toutesfois & interualles, afin de n'abatre les forces du malade & eſteindre la chaleur naturelle. Durant ces interualles là ; il faudra purger le corps , car c'eſt ſans doute qu'il y a grande A quel iour • - 1 - - - - - - - # - il faut p - quantité d'excremens dans la premiere region du corps qui a beſoin qu'on les chaſſe par purgatifs benins grr. & ſouuent reiterez. Il faudra donc tantoſt recourir à la ſaignée pour efteindre le feu & la flamme de la fié- Les altera- vre, tantoſt à la purgation pour expulſer les charbons qui entretiennent ce feu. Mais qu'on ſe ſouuienne de tif}. donner les purgatiſt és iours où il y a moins d'accez,& aux autres iours on donnera des alteratifs , comme iu- Fomentat 5s. leps, apozemes,& potus ſans oublier les fomentations, epithemes, vnguens, linimens, huyles & cataplaſmes. Vomitifs. Il y en a qui approuuent les vomitifs, en cette fiévre, mais il faut y apporter vne grande precaution : Car s'il y a quelque diſpoſition infiammatoire aux entrailles,ils ne peuuent eſtre que tres pernicieux ; que s'il n'y a aucun ſoupçon d'inflammation, on en peut bailler quelque benin, principalement à ceux qui vomiſſent, ou qui ont ſans ceſſe des enuies de vomir, & ce le iour où le malade eſt trauaillé de l'accez de la tierce : & cecy ſuffiſe pour ce qui eſt des fiévres hemitritées. - - - De la double & triple Tierce, double Quotidiane, double & triple Quarte. - CH A P 1 T R E XXXII I. Fiév Ovs allons expliquer en ce Chapitre les fiévres composées de fiévres de meſme nature & eſpe- #" ce,qui ſuyuent celles qui font composées de fiévres de diuerſes eſpeces,telle qu'eſtl'hemitritée. #. eſpe- N# # Or en la compoſition de ces fiévres de meſme eſpece, quelquesfois il ne s'y en recontre que Cº• - # deux,quelquesfois il ny en a que trois, Par exemple, en la double tierce il n'y en a que deux,en la Deſinition de X J3 # # triple tierce,il y en a trou:comme pareillement en la double & triple quarte.Nous auons donc icy à ces fiévres. 3yNsº>>NS expliquer trois fiévres doubles,ſçauoir, la double tierce,la double quotidiane,& la double quarte, & Double tier- Puis apres deux fiévres triples, qui ſont la triple tierce, & la triple quarte. Nous appellons double tierce vne fiévre º& ſºdº#- compu ee de deux tierces, qui ſe ſont d'vne bile qui ſe pourrit en deux diuers lieux hors des grands vaſſeaux. Tou- # d tesfois & quant doncque qu'il y à deux foyers de bile au meſentere qui prennent feu l'vn apres l'autre, pour # * lors il arriue deux fiévres, leſquelles,à cauſes qu'elles prennent de deux iours l'vn,on appelle double tierce;par turct. exemple qu'auiourd'huy vn des foyers de la bile excite vne fiévre ſur les dix heures.du matin , laquelle ne doiue finir que ſur les dix heures du ſoit,ſi le meſme iour l'autre foyer s'allume ſur les 3.ou 4. heures du ſoir, ou bien.le lendemain à quelque heure que ce ſoit , ſans doute on obſeruera vne fiévre composée de deux tierces , laquelle peut auoir deux redoublemens en vn°iour ; par exemple, ſi l'vne prend le matin à dix heures & l'autre le ſoir à quatre heures ; ou bien vn ſeul redoublement tous le ioprs , ſi la ſeconde fiévre Par exemple ne prend pas le meſme iour que l'autre,mais ſeulement le lendemain. Il eſt vray qu'il y a quel- ques Autheurs qui apportent en cecy quelque diſtinction, & diſent, que fi ces deux fiévres tierces prennent - à meſme iour,on ne les doit pas appeller doubles tierces, mais deux tiertes ſimplement; que ſi elle prennent à Cºmme elle diuers iours,c'eſt alors que l'on les doit nommer doubles tierces.,Combien au reſte que la double tierce prenne ºſſº * tous les iours,à la façon de la quotidiane,ſi ya-ilbien de la difference, d'autant qu'elle a tous les ſignes qui # accompagnent vne fiévre bilieuſe : elle vient auec rigueur,elle ſe termine par ſueur ; les accidens qu'elle ap- *" Porte ſont ſeichereſſe & amertume de bouche,grande alteration,veilles,vomiſſemens de matieres bilieuſes & ameres,agitations, inquietudes,& les autres que nous auons ſpecifiez en la fiévre tierce intermittente. Ie ne m'eſtens pas d'auantage à rapporter les ſignes de la double tierce,veu que celuy qui recognoiſtra la ſimple tierce · intermittente, cognoiſtra incontinent la nature de cette-cy.Ie diray ſeulement que la double tierce, qui afflige deux fois tous les iours eſt fort rare, & que celle qui vient tous les iours eſt aſſez frequente & commune ; bien que les accez n'arriuent pas toufiours, ny à meſme temps, ny à meſme heure. - - L•. double · Pour la double quotidiahe elle arriue tres-rarement, & ne l'ay peu encore iamais obſeruer, elle ſe ſaitt au † reſte de la pituite qui ſe pourrit en deux diuers foyers, qui faict qu'elle prend deux fois en vingt-quatre heures. Car ſi #º " par exemple la premiere fiévre s'allume à quatre heures du ſoir, & l'autre à quatre heures du matin, on a deux accez en 24.heures, & s'il arriue ce faiſant que le malade ne ſe trouue point ſans fiévre , la ſeconde ſur- la double prenant deuant que la premiere quitte, & la premiere reuenant pour la ſeconde fois, deuant que la ſeconde quotidiane ait quitté. Ce que ie deſire qu'on entende de la fiévre quotidiane, qui a ſes accez eſtendus & prolongez iuſ- ques à dix-huict heures comme il arriue le plus ſouuent, non de celle qui auroit tant ſeulement ſept ou huict Signes. heures d'accez. Quant aux ſignes de la double quotidiane, il ſont les meſmes que ceux de la quotidiane inter- mittente, c'eſt pourquoy ie n'en diray rien dauantage. - - Doublequar- Reſte la double quarte qui ſe fait de l'humeur melancholique, laquelle ſe pourrit dans deux diuers endroits du corps te,é ſa deſ - bors de grands vaiſſeaux. Cette fiévre icy eſt aſſez ordinaire, & trauaille le malade deux iours conſecutifs, ne 7ºtti04. luy en laiſſant qu'vn de bon. Car ſi la premiere quarte prend ce iourd'huy à ſix heures du ſoir, la ſeconde Ses ſignes. - - - - - - - - # §, prendra le lendemain peut eſtre à meſme heure , ſi bien qu'on aura deux iours conſecutifs mauuais : le troi- ce , & ſa ge. ſieſme ſuiuant ſera bon,& ſans fiévre,& puis en ſuitte il en viendra deux mauuais. Ces ſignes au reſte ne ſont neration. point autres que ceux de la ſimple quarte intermittente. Signes. Voila pour les fiévres composées doubles de meſme eſpece : Entre les triples eſt premierement la triple tierce, Exemple ap- laquelle eſt produite & engendrée de la bile qui ſe pourrit en trou foyers aux lieux diuers du corps, hors des grands Pºrº par vaiſſeaux toutefois. Or cette fiévre icy a trois redoublemens en l'eſpace de deux iours;c'eſt à ſçauoir vn ſeul Galien. redoublement en vn iour, & deux redoublemens l'autre iour. Galien au liure 2. des Criſes Chapitre 9. faict mention d'vn ieune adoleſcent, qui eſtoit trauaillé de cettè ſorte de fiévre : ffl commenta , dit-il, à auoir la fiévre vers les cinq heures du matin auec vn friſſon fort court , ſur le veſpre il ſua vn peu : vers lis ſept beurcs de - nuict , deuant que la premiere fiévre fut tout à faiét eiieinte , vne autre fièvre le reprit , auec vn friſſon auſſi fort | court , en apres it ſua vn peu : le lendemain vers les dix beures il eut vn nouueau redoublement , & puis ſua la nuict ſuiuante. Derechef le troiſieſme iour la fiévre le prit par anticipation à deux heures du matin, auec friſſon deuant qoe Jugement l'accex du iour precedent fuſt tout à faiit eſteint. voila ce qu'en dit Galien, lequel s'eſtend bien au long , pour de- admirable monſtrer que c'eſtoit vne fiévre composée de trois tierces, & que ce n'eſtoit point vne hemitritée, comme * ººn quelques-vns penſoient. Ce qu'il remarqua ſi exactement, qu'il prit garde que tous les accez de cette Y- triple , ^- A - •! Du Traicté des Fiévres. | 837 V, -, , "- : - A triple tierce anticipoient iuſques au ſeptieſme periode,& que de là en auant ils commencerent à retarder, & puis à diminuer grandement : ſi bien que le malade qui n'auoit point eſté iuſques à ce temps là ſans fiévre, commença à auoir deux heures entieres d'intermiſſion. Tu peux voir ce Chapitre là de Galien pour plus grande intelligence des fiévres composées & compliquées, par lequel auſſi tu apprendras par quels ſignes on peut venir à la cognoiſſance de la triple tierce, & laquelle des trois fiévres doit finir la premiere. Reſte la triple quarte, laquelle ſe faict toutesfois & quant que l'humeur melancholique ſe pourrit en trois diuers De la triple endroits du corps hors de grands vaiſſeaux. Les ſignes de cette fievre ſont de prendre tous les iours, mais auec les quarte, ſa marques qui ſont propres de la fiévre quarte ſimple, par leſquelles elle eſt aisément diſtinguée & de la quo-cºrºº tidiane,& de la double tierce.Or ce qui eſt cauſe que cette fievre ſe multiplie ainſi, c'eſt quelquefois auſſi l'v-ºgº la ſage deſreiglé des choſes qui augmentent l'humeur melancholique:quelquefois auſſi l'vſage des medicamens #. trop chauds, comme de la Theriaque que l'on donne au commencement des fièvres quartes. Car ces medica- # mens icy n'ayant pas la faculté de cuire ou d'euâcuer l'humeur morbifique, ils l'agitent ſeulement & la iettent §que d'vn lieu en l'autre,d'où viennent les diuers foyers.Ainſi Galien remarque au liure des Predictions chap. 2. §iſile. qu'vn certain Philoſophe Peripateticien nommé Eudemus , eſtant trauaiilé d'vne fimple quarte intermitten- te,par l'aduis de quelque Medecins prit de la Theriaque, auant que la matiere fuſt cuite & preparée , laquel- le fit qu'il tomba en vne triple quarte, laquelle par apres Galien guerit par l'vſage meſme de la Theriaque, qu'il donna à propos lors que la matiere fut preparée. Lors donc que toutes choſes ſont cruës , ſi on don- ne des medicamens qui eſchauffent beaucoup,d'autant qu'ils ne peuuent reſoudre les humeurs par les ſueurs , ils l'agitent ſimplement & en tranſportent vne partie qui çà qui là ſi bien qu'il arriue qu'au lieu d'vn ſeul foyer qu'il y auoit, il s'en faict & deux & trois, d'où puis apres il s'engendre autant de fiévres. Si nous n'auions parlé de la curation des fiévres en particulier, il faudroit icy faire vn grand diſcours pour Curation la cure de ces fiévres composées.Mais qui entendra bien ce que nous auons dit iuſques icy , il n'aura pas beau- coup de peine de trouuer les indications neceſſaires à la gueriſon de celle que nous traittons en ce Chapi- tre,veu que la compoſition ne change,ny les indications , ny les remedes, mais les mondifie ſeulement ; entant qu'il faut auoir plus d'eſgard à conſeruer les forces du malade en ces fiévres composées , que non pas aux ſimples, d'autant qu'il n'a pas eſté relaſché, & qu'il eſt plus aigrement & violemment trauaillé. Quiconque donc voudra guerir les a oubles & les triples tierces, qu'il recoure aux remedes preſcrits à la ſimple tier- ceintermittente; qui voudra guerir les doubles quotidianes, aille chercher les remedes ordonnez à la ſim- ple quotidiane intermittente : brief, qu'on ait recours au remedes de la ſimple quarte intermittente, ſi on veut guerir les doubles & les triples quartes. Neantmoins ie donneray cet aduertiſſement, qu'il faut auant que Aduertiſſº- de ſonger aux remedes recognoiſtre ſi la double & la triple tierce, ſi la double quotidiane, ſi la double & ment neceſ- triple quarte ſe font de la bile naturelle, ou contre nature, de la pituite naturelle, ou contre nature , du ſuc melan- ſaire # cholique naturel, ou de l'humeur atrabilaire : car ſelon cette diuerſité, il faudra recourir aux remedes de la # ſ'$ tierce vraye ou baſtarde, de la quotidiane vraye ou baſtarde, de la quarte vraye ou baſtarde : veu que nous # ſ0f/j• auons appris par cy-deuant que la curation des fiévres vrayes,eſt grandement eſloignée en quelques-vnes de posees. la curation des baſtardes. •- •- •-• •- Des Fiévres confuſes. C H A P. XXXIV. E n'ay que trois mots à dire en ce Chapitre, veu que la doctrine des fiévres confuſes de- Fiévres con- pend de celle des composées, que nous auons expliquées aſſez copieuſement au Chapitre fuſes. precedent. Nous appellons fiévre confuſe, celle qui eſt engendrée de la pourriture de diue ſes Leur dtfini- humeurs enſemble peſle-meſlées, & confuſes en vn meſme lieu, mau qui ne laiffent pas de garder leur !º , propre nature. Les compoſées ſe font bien de la pourriture de dinerſes humeurs : mais ny ces # | humeurs là ne ſont point confuſes & peſle-meſlees enſemble,ny ne ſe pourriſſent point en # # >-_-. vn ſeul lieu,mais en diuers foyers ; d'où il arriue auſſi que les ſignes & les ſymptomes des " posees, composées ſont saiément cógnus & diſtinguez, là où ceux des confuſes ſont confus, & tellement joints & liez par enſemble, qu'on ne les ſçauroit ny recognoiltre,ny diſtinguer.I'ay dit au reſte, que telles humeurs encore bien qu'elles ſoient retenuës en vn meſme lieu, ne laiſſent pas que de conſeruer leur propre nature , qui eſt par exemple de la pituite,de s'eſmouuoir tous les iours, & de donner des refroidiſſemens au commencement La nature de la fiévre qu'elle produit ; de la bile de s'eſmouuoir tous les trois iours, & de donner des friſſons, de la des humeurs- melancholie de ſe mouuoir le quatrieſme iour,& d'apporter des horreurs. Ce que i'ay bien voulu adiouſter, Hºrºſlº- afi» de donner la difference qu'il y a entre les fiévres confuſes , & les fiévres intermittente baſtardes, que quel-# # · ques-vns ont voulu mettre au rang des confuſes, veu qu'elles s'engendrent de deux diuerſes humeurs qui ſe # pourriſſent,& en meſme temps & en meſme lieu. Mais comme i'ay dit, les humeurs qui font les confuſes gar- - dent chacune leur naturel, d'autant qu'elles ne ſont pas ſi bien meſlées qu'elles ne faſſent qu'vne nature, ains ſeulement ſont confusément miſes en meſme lieu : de ſorte que cela n'empeſche pas qu'elles ne gardent touſiours & leur nature & leurs proprietez ; mais les humeurs qui font les fiévres baſtardes, ſont ſi exacte- ment meſlées, & mixtionnées entr'elles,qu'elles ne font qu'vne nature, & ne reçoiuent qu'vne forme : c'eſt pourquoy auſſi elles ne font qu'vne ſeule fiévre. · · · - - - Quelques autres veulent que les fiévres confuſes ſoient produites de deux occaſions,comme de l'inflamma- Opinion de tion de deux diuerſes parties, laquelle fait deux fievres continués. Que ſi pareillement le poulmon par exem- loubert. ple eſt trauaillé d'vn eryſipelle,& le foye d'vn phlegmon,ils diſent qu'alors il,ſuruient deux fiévres confuſes, l'vne bilieuſe causée par l'eryſipele du poulmon, & l'autre ſanguine engendrée par le phlegmon du foye : Mais tous cela eſt de peu d'importance pour la pratique : Car ſoit que ce ſoient fiévres confuſes, ou fiévres composées,pourueu qu'on recognoiſſe la qualité de l'humeur qui ſe pourrit,il eſt aisé d'inuenter & de trouuer les remedes propres à les guerir. - -- • - | De la Fiévre heiiique, de ſes differences, cauſes, ſignes & •ure º . . | C H A P. XXXV. · L : # N noſtre diuifion des fiévres,nous auons dit qu'il y en auoit de trois ſortes, rhephemere, l'bumorale, & Ethymºlaie Y. l'heétique ; Nous auons expliqué iuſques icy l'ephemere & les humorales : partant il ne nous reſte plus #º #i que la fiévre heſiique, laquelle eſt ainſi appellée, ou pource qu'elle eſt ſtable & difficile à guerir & que. . oſter, comme les choſes qui ont pris leur habitude : Car le mot Grec #s ſignifie babitude; ou pource qu'elle u .. ! • ** occupe N Lau "T · DuTraicté des Fiévres. 839 4 comme les anguilles priſes en eau pure & bien aſſaiſonnées, les tortuës, les eſcreuiſſes, les limaçons & gre- noüilles.Le laict d'aſneſſe pris chaudement,& corrigée auec vn peu de ſel,de ſucre roſat,miel,fenouil,ou anis, Le Laia de peur qu'il ſe corrompe ou aigriſſe en l'eſtomach, ou bien le laict de femme ſuccé de la mainmelle, ſont d'aſneſſe pre- fort recommandez en cette maladie,le tout pris iuſques à demie liure. Qu'il trempe lon vin auec quelque peu paré. d'eau de laictué, de pourpié, ou de nenuphar, & auec beaucoup de celle de bugloſſe, tant pource qu'elle hu- #° ºº ºº mecte grandement, qu'auſſi qu'elle a la vertu ſpeciale de reſiouyr & recreer le cœur , la fubſtance duquel eſt femme. fort § en cette maladie, & telles ſont les choſes qu'il conuient prendre au dedans. Vertu de • Celles qui ſe doiuent appliquer par dehors ſont les onctions,les bains, les epithemes,les clyſteres.Les onéiions #. de bu- #e ſont diuerſes,ſelon la diuerſité de l'indication, priſe des parties ſur leſquelles il les faut appliquer. Car ſur le # •ſa, j " dos & ſur toute l'eſpine Galien y faict des onctions des choſes froides & aſtringentes moderénent, c'eſt à l'eſpine du # ! dire, qui puiſſent roborer les parties, & empeſcher la colliquation d'icelles, & non boucher le paſſa- do,. # ge à l'inſenſible tranſpiration, ce qui rendroit la chaleur beaucoup plus acre. Tels ſont les linimens qu'on - peut faire d'huyle roſat, de nenuphar,de coings auec vn peu de cire,s'il vient à propos. Les parties pectora ouétion pour #: les au contraire doiuent eſtre oinctes de choſes moyennement rafraiſchiſſantes & relaſchantes:ie dy moyen- les parties • nement rafraiſchiſſantes, d'autant que le froid eſt tout à faict leur ennemy : le dis auſſi relaſchantes , à raiſon peâorales. l - que les aſtringentes apporteroient vne difficulté de reſpirer,& de monuoir librement les muſcles du thorax. - Telles ſont les onctions qui ſe peuuent faire d'huyle violat, de ſaules, d'huyle de ſemence de laictué,de pauot , caution : de nenuphar,y meſlant de l'huyle d'amandes douces,pour temperer l'adſtriction & frigidité qu'ils pourroient touchant l'a- # auoir. Sur tout que l'on ſe garde que l'Apothicaire par auarice au lieu de ces huyles recentement tirées , ne uaricº des *. vous en ſuppoſe de vieilles, rancides & ſalées ; car au lieu de rafraiſchir vous eſchaufferiez,comme ainſi ſoit Apothicai- . B que le vin,le miel,& l'huyle par l'aage acquierent vne chaleur exceſſiue.Au defaut de bonnes huyles,nous les * oindrons de beurre premierement laué diligemment en eau de violles & de morelle. L'vſage de telles on- ctions eſt de rafraiſchir, humecter & conforter les parties, & ſe doiuent faire matin & ſoir, quand le malade s'ira coucher, deuant & apres le bain. - º, s Qant aux bains,nous les ordonnons,ou pour ſimplement humecter,& lors ſuffira le bain d'eau tiede, dans Bains de laquelle on pourra ietter fleurs de violles, de nenuphar,fueilles de ſaule,& orge mondé : ou pour non ſeule- deux ſ§s, ment humecter, mais auſſi relaſcher les parties qui ſont tendués de ſiccité & aridité hectique , & outre leur 1. Bain. # apporter quelque meilleure habitude,à ce qu'elles deuiennent mieux refaictes & nourries,& lors on y pourra 2. Bain. #l auſſi meſler la decoction d'vne teſte & tripes de mouton,& enſemble quelque quâtité de beurre.Au reſte l'ap- | 1 pareil d'vn bain pour les hectiques doit eſtre de plus grand artifice, que le vulgaire des practiciens ne penſe. L'artifice eſt tel.Il faut auoir trois baignoires : la premiere ſera d'eau douce moderément chaude, & ce pour Artiſiee fºrt ouurir les pores du cuir : la ſeconde ſera d'eau tiede pour ſimplement humecter,l'eau penetrant aisément par notable du les pores du cuir : la troiſieſme d'eau froide pour rafraiſchir, fortifier & adſtraindre les parties, & leur faire bain pour les arder l'humidité receue,de peur qu'elle n'exhale ; il faut demeurer quelque peu de temps dans le ſecond,& hectiques, † peu dans le troiſieſme.Toutesfois ceux qui n'auront les moyens,ou qui ſe faſcheront de tranſporter leurs corps ainſi ſucceſſiuement de baignoire en autre, pourront accomplir toutes ces trois intentions en vn meſ- me bain, luy donnant l'eau plus chaude au commencement, puis y mettant tant d'eau froide qu'il y en ait ſuf- fiſamment pour rendre le tout tiede : enfin vuidant par vne fontaine qu'il y aura au dehors de la baignoire, tant de cette eau tiede qu'empliſſant le reſte d'eau froide, le tout ſoit rendu entierement froid. Ie trouuerois Choſes à ob - C bon que deuant que plonger le malade dans le premier bain, qu'on luy fiſt receuoir non par la bouche, mais j§s par le reſte de tout le corps la vapeur de l'eau chaude.Le moyen ſeroit,que tenu ſur la gueule de la baignoire que d'entrer par trois ou quatre hommes, & au deſſus enueloppé & couuerc de toutes parts d'vn linge horſmis la teſte, il dans le bain. receut ladite vapeur pour eſtre plus pleinement par apres dans le bain humecté,le corps eſtant ainſi rarefié & laxé. Or il faut qu'il ait pris & cuit quelques viandes deuant que d'entrer dans ce bain, afin que par la Il ne faut en . -* chaleur dudit bain l'aliment ja cuit ſoit attiré aux parties, & en toute l'habitude du corps : car d'y entrer l'e- trer au bain : ſtomach vuide & à ieun, il ſe feroit trop grande diſſolution des forces du corps. Le regime donc qu'il con- à ieun. uiendra tenir deuant que d'entrer dedans , doit eſtre tel : que le iour de deuant ſur le matin on luy donne vn Rºgººº clyſtere remollient,afin que les excremens qui ont couſtume d'eſtre retenus dans les inteſtins par l'intemperie º # en- # ! . ſeiche ſoient euacuez : qu'on le faſſe diſner par apres ſur les neuf heures luy donnant viande de ſolide nour-""" riture : qu'il ſouppe ſur les quatre heures, mais moins & de viandes aisées à cuire : vne heure apres minuict - qu'il prenne la decoction d'vn poulet,ou vn orge mondé ; ou deux œufs mollets, dans leſquels on mettra vn # peu d'eau roſe & de ſuccre au lieu de ſel,quatre ou cinq heures apres qu'il entre dans le bain, à la façon que : - dit eſt:En apres au ſortir du bain qu'on le nettoye & frotte doucement auec linges mols & deliez apres qu'il - ::: ſoit oinct à la mode cy-deuant deſcrite; puis qu'il repoſe & dorme dans le lict deux ou trois heures, ſi poſ-º1º il faut #l - ſible eſt : à ſon réueil qu'il boiue de la ptiſane, & qu'il prenne des potages de facile digeſtion : à ſon ſou- faire ſortant • - - - - - - • - • " • - b - : --, - du bain. #5 per qu'il boiue du vin, & qu'il ſe nourriſſe de viandes plus ſolides : Le matin qu'on luy redonne Vn or- #º- ge mondé, ou autre viande de pareille eſtoffe : en apres qu'il r'entre dans le bain à la mode ſuſdite. Ce luy ſera tres-profitable qu'il vſe ainſi artificiellement du bain de dix en dix iours, & ce par l'eſpace de trois | i iours continus. Que ſi le malade eſt ſubiect à quelque crudité d'eſtomach de ſorte qu'il ne puiſſe endurer le # P b ains ſans danger , & de ſyncopé & d'autres accidens, il luy conuiendra roborer & fortifier le ventricule #º ; ; a ueclinimens d'huyle de coings , d'abſynthe & de maſtic, ou bien luy appoſer vne crouſte de pain aſper- #r gée de poudre de roſes,de ſandal,& de girofle,& de vin odoriferant ſur la region du ventricule,& par derrie- ,: re enuiron le treizieſme vertebre du dos, où par l'intelligence de l'Anatomie nous entendons reſpondre la :: bouche de l'eſtomach. - - | : Les epithemes luy doiuent eſtre appoſez ſur le foye & ſur le cœur, afin de temperer l'ardeur acre d'icelles choſ noia- : parties,& corriger leur ſiccité par vne humidité raiſonnable:c'eſt pourquoy tels epithemes ſe preparent auec ble. - choſes froides & humectantes,mais plus humectantes que froides, d'autant que ce qui eſt fort froid couppe 2 & ferme paſſage à l'humidité : à cela ſont propres les eaux de bugloſſe & de violles iuſques à vn quarteron, * auec quelques goutres de vin blanc. Mais ceux qui ſe font d'orge mondé, de ſemence de courge, de pompons, - ou de concombres, iuſques à trois drachmes de chacune en la decoction , en y meſlant par forte agitation de Epithemes. - I'huyle de violles, ou d'amendes douces, ſont plus excellens que tous les autres. Le moyen d'appliquer ces epithemes , eſt de plonger des drapeaux dedans, & les appliquer ſur le cœur, & ſur les hypochondres, les changeant d'heure à autre à meſure qu'ils eſchaufferont ſur la partie. , Quant aux clyfieres,d'autant que pour l'imbecillité de la faculté coQſoctrice, pluſieurs excremens s'amaſ- - ſent és corps des hectiques, il ſera vtile d'en vſer ſouuent tout le long de la maladie : on les preparera de la decoction d'herbes,fleurs & ſemences refrigerantes & humectantes, ſans y diſſoudre autre medicament que Ia caſſe auec le ſucre, huyle violat, ou de nenuphar,& autres ſemblables. Mais auſſi d'autant qu'a la fiévre he- ctique,quand elle eſt fort aduancée, ſuruiennent des flux de ventre fort pernicieux,qui ſont ſignes & "a# C Clyſteres. O N D T IE D IS C O V R S D E S F I E V R E S T O V C H A N T L E V R S S Y M P T O M E S. B De la diuiſion des ſymptomes, & ſuite de ce Diſcours. CH A P 1 T R E. I. L n'y a point de maladies qui ne ſoyent ſuiuies & accompagnées de quel- ques ſymptomes, tout ainſi que le corps eſt ſuiuy de ſon ombre. Mais en- } tre toutes les maladies,il n'y en a point qui en ait de plus frequés, de plus " violens, & de moins ſupportables que les fiévres , d'autant , qu'eltant #s maladies vniuerſelles , & communes à tout le corps, elles peuuent en tous endroicts d'iceluy produire de mauuais accidens. C'eſt pourquoyce 3 n'a pas eſté ſans raiſon, que nous auons diuisé le traicté des fiévres en deux parties, la ſeconde deſquelles nous auons deſtinée à l'explicationde leurs ſymptomes. Car encore bien qu'iceux n'ayent aucune propre indi- cation, & qu'ils ſe diſſipent & s'eſuanoüiſſent à meſure que les fiévres Les ſympto- - ceſſent & finiſſent, ce qui ſemblenous perſuader qu'ilne leur faut autres me remedes que ceux qui ſont ordonnez aux fiévres.Si eſt ce toutesfois qu'ils ſont quelquefois ſi violens, c point d' ndi- ſi faſcheux & inſupportables aux febricitans,qu'ils obligét les malades à demâder quelque ſoulagement, C4f/0/2, & forcent le Medecin de leur trouuer & appliquer des remedes. Outre qu'il eſt tres-conſtant & aſſeuré que les ſymptomes quelquesfois ſont cauſes de nouuelles maladies,bien qu'ils ne ſoyent que les cfeds Symptomes, d'icelles : mais ils ſont effett des premiers maladies & ſont cauſes de quelques maladies ſecondes qu'ils #." excitent , par exemple, le delire n'eſt qu'vn effect de l'intemperie chaude & ſeiche de tout le corps ; nouuelles mais ſi ce delire perſeuere, il apporte la phreneſie,& eſt cauſe d'vne inflammation qui ſe faict au cer- maladies. ueau,qui eſt vne nouuelle maladie. D'autant doncques que les febricitans ſe plaignent plutoſt des ſym- ptomes que de la maladie, & auſſi afin d'empeſcher leurs mauuais effects, i'ay trouué à propos de don- ner quelques remedes pour leur ſoulagement, que toutesfois ie modereray tellement, qu'ayant eſgard aux ſymptomes , ie ne laiſſeray pas touſiours de buter premierement, & principalement à la cure Il y a trou & § des fiévres, dont ils ſont accidens & effects. Or afin de garder quelque ordre en ce ſorte de hm diſcours, nous prendrons celuy des ſymptomes , que les Medecins apportent en la Pathologie , qui symptomes des fiévres $ # fort frequens ſ, & violens. ptomes. eſt, qu'ils diuiſent les ſymptomes en trois chefs, ſçauoir, I. En ceux qui appartiennent à l'action lesée, # 2. En ceux qui dependent de l'ametrie des excremens. 3. En ceux qui ſuiuent la ſimple affeiiion dn leſée. corpi. Nous pareillement , & à leur exemple , parlerons des ſymptomes des fiévres qui appat- tiennent à l'atiion lesée, tels que ſont la douleur , les veilles, l'aſſoupiſſement & ſommeil profond.lede- lire, la conuulſion, la paralyſie;l'esblouiſſement de la veuë , la ſurdité, la difficulté de reſpirer,latoux,la dif D ficulté d'aualler, le degouſt, la nausée, le ſanglot , le vomiſſement, la ſoifdeſreglée,la lypothimie & ſyncºpe Symptomes En ſecond lieu nous ferons mention des ſymptoi es qui ſuiuent l'ametrie des excremens ; comme º.º - ſont, le flux de ventre, la dureté de ventre, la ſuppreſſion d'vrine, le flux exceſſif d'vrine, les ſueurs im- #- moderées, & le flux de ſang. En troiſieme lieu nous ranconterons les ſymptomes qui appartiennent s§e, à la ſimple affettion du corps, telle qu'eſt la iauniſſe,la ſeichereſſe & noirceur de la languela jroideur des de la ſimple extremitez du corps, l'exceſſiue chaleur, la tenſion des hypochondres. Voilà l'ordre quc nous tien- ºffrétion du drons, duquel tu vois le racourciſſement en la table ſuiuante. corps. | Du Traicté des Fiévres. 843 ,# | B fLa douleur. Chap. 2. Les veilles. Chap. 3. - - L'aſſoupiſſement & ſommeil profond. Chap.4 Le delire. Chap. 1. - La conuulſion. Chap.6. - ſDe l'action lesée tels , La paralyſie. Chap.7. - que ſont L'ébloüiſſement de la veuë. Chap. 3. La ſurdité. Chap. 9, La difficulté de reſpirer. Chap. 1o. La toux. Chap. 1 1. La difficulté d'aualer. Chap. 12. Le degouſt. Chap. 13. La nausée. Chap. 14. Le ſanglot. Chap. 15. Le vomiſſement. Chap. 16. La ſoif deſreglée Chap. 17. | \ La lypothimie & ſyncope. Chap. 18. Les ſymptomes des { " - fiévres ſont pris ou rLe flux de ventre. Chap.19. - l La dureté de ventre. Chap. 2o. - - - La ſuppreſſion d'vrine. Chap. 2 I. - De l'ametrie des § 3 Le flux exceſſif d'vrine. Chap.22. cremens tel que ſont l Les ſueurs immoderées. Chap. 23. - ( Le flux de ſang Chap. 24. ſLa iauniſſe. Chap. 25. | La ſeichereſſe & noirceur de la langue. Chap. 26, De la ſimple affeâi6} La froideur des extremitez. Chap. 27. du corps telsque ſont l L'exceſſiue chaleur. Chap.28. - \. - ULa tenſion des hypochondres. Chap. 29. Des ſymptomes, de l'aétion lesée : Et premierement de la Douleur. C H A P 1 T R E I I. N r R E tous les ſymptomer des fiévres, il ny en a point de ſi frequent & de plus impor- La douleur tun que la pouleur, c'eſt pourquoy nous la mettons icy au premier rang. Or la douleur eft vn ſym- $ qu'apporte la fiévre eſt principalement, ou à la teſte ou à l'eſtomacb, ou au ventre; ou aux º aſ- " " l $ lombes, ou aux cuiſſes & aux iambes. Pour la douleur de teiie peu de febricitans en ſont # dou $ # E# exempts, & s'attache particulierement aux temples, au front, & au deuant de la teſte. leur de #e » ] #s /3 | Celle qui vient au ſommet & derriere de la teſte ou à l'entour des oreilles venant plu-#, ſes =*ſtoſt d'autre cauſe que non pas de la fiévre. Au reſte la fiévre donne la douleur de teſte, cauſrs. par le moyen des fumées & vapeurs qui ſortans du foyer de la fiévre contenués dans la premiere ou ſeconde region du corps ſont portées au cerueau par les veines & arteres & autres conduits. Quand cette douleur eſt legere, elle ne merite pas que l'on faſſe autre remedes que ceux que l'on donne pour la fiévre : Mais ſi elle eſt importune & violente apres les clyſteres & la ſaignées , on pourra faire quelques remedes topi- ques frottant les temples & le front d'oxyrrhodin , preparé auec huyle roſat, & la 7. ou 8. partie de vinai- gre, ou bien on prendra quatre once d'eau roſe , vne once de feuilles de ſaule ou de fleurs de violles & de nenuphar, ſix drachmes de vinaigre roſat, le blanc d'vn œuf , qu'on agitera & meſlera enſemble,pour - faire vn frontal à mettre ſur leſdictes parties. Que ſi les choſes ne ſuffiſent à appaiſer la douleur, on peut Embroca- raſer la teſte, & la frotter ſouuent dudit oxyrhodin , ou mettre deſſus vn linge trempé en eau de roſe, de * plantin, de betoine , de morelle & autres de pareilles vertus. Quelques-vns aiment mieux ſe ſeruir de cét onguent preparê auec deux onces d'huyle violat & de nenuphar, vne once & demie d'huyle tirée de la ſe- mence de courge, vne once de ſuc de laictue & de morelle, auec vn peu de cire pour luy donner eorps. Que file malade ne peut endurer les choſes liquides ny moüillées,on luy fera ce frontal ſec , prennant fleurs de nenuphar & violles de chacune deux drachmes , vne drachme & demie de fleurs de chamomille & de melilot, vne drachme & demie de graine d'ozeille, de pourpié, & de laictuës, deux ſcrupules de graine de pauot blanc & de pſyllium, fleurs de roſes de Prouins 3. drachmes, qu'on meſle le tout en poudre pour enfermer en vn ſachet de tafetas de iuſte grandeur bien picqué à mettre ſur le front & ſur les temples, apres qu'on l'aura arrousé du coſté qu'il doit toucher la chair d'eaux de pourpié, de laictuës, d'ozeille, de vio- digerer les, de nenuphar, de morelles & autres ſemblables, le liant ferment, afin d'empeſcher d'autant plus # les fumées de monter au cerueau : d'autres prennent feiiilles ſechées de mariolaine,de ſauge, de meliſſe, & . 7º/0f/47º, • de botoine de chaſcune 2 ou 3. drachmes; du calamus aromatique, ſouchet & galanga menuë de chacune '. vne drachme noix muſcade, macis, ſchœnante , graine d'alkermes , & roſe rouges de chacune demie , drachme, ils reduiſent le tout en poudre , dont ils font vn frontal , qui ſert à digerer & reſoudre les fu- - mées, qui ne viennent pas d'humeurs ſi boüillantes & eſchauffees. La douleur eſt quelquesfois ſi opiniaſtre - qu'il faut venir aux ventouſes ſacrifiées , & ſans ſacrification qu'on applique ſur les eſpaules, & qu'on rei- Les venteu, tere pluſieurs fois, ou bien aux veſicatoires , qui par l'extraction qu'ils font, donnent air aux fumées enfer- ſes, · - ſ - \ oxyrrhodin. Onguent. , Frontal ſeo | en forme de | ſachet. Bandeau ſec mées dans le cerueau, & en tirent en outre bonne quantité de ſeroſitez. Si cela n'y fait rien , les iuleps ſom- Veſicatoires. - | niferes ſont excellens, veu que par le ſommeil qu'ils apportent ils rafraichiſſent puiſſemment le cerveau & luleps. ſom- - hebetent la chaleur & furie des vapeurs les plus bouillantes : de ces iuleps icy nous en parlerons cyapres niferes, · au chapitre des veilles immoderées. • | Vè, f B B B b 2 Ie - / - - - ' . 844 Seconde Partie, La cardial le viens à la douleur d'eſtomach, que les Grecs appellent cardialgiam, qui eſt excitée de quelque humeur A gie ou dou- acre piquante , laquelle bleſſe & offenſe l'orifice ſuperieur de l'eſtomach , que les Medecins appellent leur, ººſtº- g•pêi. .. | Cette douleur eſt grandement ſenſible , & apporte quelquefois auec elle la nausée, le ſanglot, "º & ſº le vomiſſemêt à cauſe que la partie affligée eſt grandemét nerueuſe,c'eſt pourquoy les febricitans ſe plaignent catºſes. ſouuent au Medecin de cette douleur. Il faut à cét accident icy les choſes qui peuuent hebeter l'acrimonie # refri- de l'humenr, & qui peuuent la rafraiſchir, tels que ſont les ſyreps violat, de limons ; de grenades, de ber- # beris, de agreſta, qu'on prendra ſeuls ou delayez en eau ou decoction d' endiue, de ſchariole, d'ozeille, de cichorée ſauuage, de pourpié, de laictué ou bien dans l'eau de decoction d'orge, des quatre ſemences Cenſerues froides,grandes ou petites,de fleurs de violles,de bugloſſe,de bourroche de nenuphar.On peut auſſi ordonner ' les conſerues de nenuphar,de violle,de roſes, de bugloſſe ; comme pareillement quelques poudres qui puiſſent Pouldres. - - - - - - - - 0/444/ | boire les ſeroſitez bilieuſes qui ſont dans le ventricule; ſans toutesfois eſchauffer comme ſont la poudre de coraux, de perles preparées, de raclure de corne de cerf & d'yuoire, de coriandre , de ſpodium, & autres Tablettes. de pareilles vertus, deſquelles on pourra meſme preparer des tablettes auec ſuccre diſſout en eau de bu- Opiates. gloſſe & de laictué, ou des opiates ſtomachales. Nous en dirons d'auantage au chapitre du vomiſſement, & de la ſyncope. - - Souuent il ſuruient aux febricitans das douleurs de choliquer, qui ſont excitées ou par humeurs acres & eſ- #. #. # chauffées, ou bien de quelques vents & fiatuoſitez qui erret & vaguent par les inteſtins. A ces premiers, 47 • . - - - - - que il faut toutes choſes refrigerantes; comme clyſteres,iuleps, apozemes,epithemes,linimens. On prepare les Les cauſes. clyſteres auec le laict clair , feuilles de vignes, de laictuë, de pourpié, de fleurs de nenuphar , de concombre cyſie # coupée par tranches,de ſemences froides; ou delayé dedans le miel violat,l'huyle violat,caſſe mondée: quel- quefois quand les douleurs ſont violentes,ſyrops de pauot,pillules de cynogloſſe,theriaque recente,camphre B Narcotiques & autres. Les iuleps & apozemes ſont faicts d'herbes, de fleurs, & de ſemences rafraiſchiſſantes, on delaye Iulepls , dedans les ſyrops de limons, de violles, de nenuphar, de pauot appellé diacodion. On donne auſſi par fois Lº, ºº le petit laict en grande quantité cuit & clarifié; ou bien quelques emuliſions rafraiſchiſſantes. Les epithemes # doiuent continuellement eſtre appliquées ſur le ventre faits d'eaux de morelle , d'ozeille, de bugloſſe , de # plantain, de roſes, meſlées auec vinaigre roſat, & quelques poudres adſtringentes , pour conſeruer les forces Demy §. du foye & de la ratte. Les linimens ſe font d'huyles de nenuphar, roſat , violat , omphacin, cerat , ſantalin , §d à onguent roſat de Meſué, auec vn peu de vinaigre roſat. Que ſi cela ne profite, on donne le demy bain ma- la cholique tin & ſoir, qui eſt vn excellent remede contre les choliques d'humeurs bilieuſes. Que ſi ces douleurs ſont venteuſe. excitées par des ventoſitex, on fera des clyſteres deterſifs & reſolutifs preparez auec maulues , aigremoine , Clyſteres. ſon, orge, betoine, fleurs de camomille & de melilot; ſemence de lin, de fœnugrec, de fenoüil, d'anis, de Fomenº figues graſſes : delayant dedans miel mercurial ou d'anthos, electuaire lenitif, diaphenic , ſuccre rouge, auec huyles de camomille, de noix , de rue & autres. On applique auſſi ſur le ventre fomentations faictes de decoction des quatre emollients, de betoine, de mariolaine , de calament , de fleurs de camomille & me- Sachets. lilot , de ſemence d'aneth & de fenoüil, qu'on fait cuire dans moitié eau & moitié vin blanc. On fait auſſi Huyle & li- des ſachets de millet , d'auoine fricaſſée, de ſon, de paritoire auſſi fricaſſée auec beurre frais. Les huyles aimens. de rue, de iaſmin,de camomille, de lin, de noix muſcade ſeruent à faire les liniment. On fait auſſi des Poudres. poudres à prendre par la bouche auec coriandre, fenoüil , perles preparées, canelle, poudres de l'electuai- re de gemmis,diarrhodon abbatis que le malade prend à certaines heures du iour. De la dou- Les douleurs des lombes & de la region renale prouiennent de la grande chaleur qui eſt contenué dans la leur des lom- - bes & de ſes l'oxyrrhodin pour frotter les lombes, l'oxycrat appliqué auec des lignes ; les linimens de ſuc de laictue & de - | cauſes. blanc d'œuf, de populeum , & de cerat de Galien , auec les ſucs de morelle , de ioubarbe , & vn peu de Oxyrrhodin, camphre. On fait fomentations, auec eau de laictue , plantain , morelle,roſes, pourpié, vinaigre roſat & Oxyºrat camphre. On met ſus le malade vne piece ou de maroquin, ou de camelot ou de bougran , eſtoffes qui ºº ne retiennent que bien peu la chaleur. Autres font mettre ſur les lombes , ou feuilles de vigne , ou tran- *"º ches de melons & de concombres. On donne des iuleps ou emulſions rafraichiſſantes , & des orges mgn- # dez : Vn grand remede, ce ſont les c lyſteres emolliens & rafraiſchiſſans & doucement purgatifs, afin d'o- ciyier ſter d'alentour des reins vne quantité d'ordures qui croupiſſent ordinairement dans le ventre,& qui eſtant vne fois eſchauffées apportent ces importunes douleurs de reins. pe la dou- La douleur de cuiſſes & de iambes, eſt ſouuent bien importune aux febricitans, qui ſe ſentent auoir les leur des cuiſ os comme briſez, à peine peuuent ils ſe remuer, & meſme endurer que la couuerture du lict les touche : ſes & iam- autrefois ils ont des iactations , & agitations faſcheuſes pour ne pouuoir trouuer aucune bonne place. Or bes. ces douleurs viennent quelquefois de l'ardeur de la fiévre, qui enflamme les eſprits & les humeurs qui ſont Iaétations eſparſes parmy les parties cutanées & muſculeuſes : autrefois elles arriuent par l'effuſion d'vne humeur ſe- º ºſº reuſe, acre & bilieuſe qui ſe iette ou dans les eſpaces vuides des muſcles, ou ſur le perioſte, qui eſt la ººº membrane qui enueloppe les os. Pour les agitations , iactations & alyſme, elles prouiennent ou des eſprits leurs. enflammez qui ſe iettent ça & là , ſelon qu'ils ſont pouſſez & chaſſez par l'ardeur de la fiévre, ou bien d'vne Remedes des • / 1 » - - - - - A | • - iactations & ºlºº d'humeurs bilieuſes chaudes & acres , qui pour eſtre dans les veines ou à l'entour des entrailles , §. toutesboüillantes & furieuſes, cherchent vn plus grand lieu que celuy où elles ſont enfermées & trop ſer- D rées, d'où vient,qu'elles preſſent le diaphragme, le cœur & les poulmons, ce qui fait que la maladie eſtouf- fe, & ne peut trouuer de place à ſon aiſe. A ces iactations, ie ne trouue point meilleurs remedes que ceux Fričtions, li- qui ſont ordonnez à la fiévre, les ſaignées frequentes, les clyſteres reiterez , les fomentations, les iulePs , nimen5. & quand le mal le permet, les purgations , vomitifs & autres. Aux douleurs des membres,principalement §ati3s. des cuiſſes & des iambes, on faict des frictions douces, des linimens auec huyle d'amandes douces , de ne- Lauemens de nuphar , roſat , violat , y adiouſtant tant ſoit peu de celle de lis & de camomille, pour reſoudre & ouurir. iambes. On faict des decoctions partie refrigerantes , partie reſolutiues, pour fomenter auec bons lignes les parties | Sangſuès, dolentes. On fait des lauemens de pied & des iambes auec eau tiede ſimplement, ou auec decoctions de camomille, de melilot, de nenuphar , de feüilles de vigne , de laictué , & autres ſemblables. On deſ- Iuleps ſom- charge auſſi les iambes , par l'application d'vne quantité de ſangſuës; brefon fait ſachets, linimens, bains , miferes. onguents,fomentations,leſquels n'ont pas quelquefois tant de force qu'aura quelque iuleps ſomnifere,qui Par - ſommeil qu'il apportera, appaiſera tout d'vn coup telles douleurs. grande artere, & la veine caue deſcendante, à cauſe du ſang qui boult dedans ; à ces douleurs on ordonne C DuTraictédesFiévres , 845 s A - - , •- - - , Des veilles immoderées. · - C H A P I T R E I I I. [ - » - - - ,ziS, I L y a choſe qui apres la douleur abbate les forces d'vn febricitant , ce ſont les lon- Cauſes des longues veil- gues veilles & immoderées, qui quelquefois viennent de la violence des douleurs , quel- ºf quefois d'vne grande ſeichereſſe de cerueau , qui eſt causée par des humeurs ou vapeurs chaudes & ſeiches. Les veilles que la douleur apporte ſont oſtées par les meſmes reme- des qui aſſoupiſſent la douleur : Celles qui viennent de feichereſſe du cerueau , doi- uent eſtre empeſchées par remedes contraires , c'eſt à dire par ceux qui rafraiſchiſſent Frontaux, & humectent. On, fera donc des frontaux auec huyle roſat , eau roſe , vinaigre roſat , & vn blanc d'œuf meſlez enſemble ; ou bien auec'conſerue de betoine , de nenuphar » de violes , de roſes, Iuleps. & l'onguent populeum. Il faudra rafraichir la chambre du malade auec herbes rafraichiſſantes, & l'ar- roſer d'eau froide , il faudra faire tomber de l'eau de haut en vn baſſin , afin que le petit bruit & murmu- : re qu'elle fera, induiſe le malade à dormir. Que les iuleps & apozemes ſoient rafraichiſſans & humectans, Syrops. - & pour ce on le preparera auec decoction de laictue, pourpié, ozeille , bugloſſe , bourroche , ſemences - froides grandes & petites : fleurs de violles & de nenuphar ; dilayant dedans les ſyrops de nymphea , de , pauot , pourpié , de courge, dans 3.ou 4. onces de decoction, on pourra mettre vne once, dix drachmes, B ou vne once & demie de diacodion pour chaque choſe qu'on donnera ſur les dix heures du ſoir. Lors qu'on caution donnera des Iuleps hypnotiques, on ne mettra pas des topiques à l'entour de la teſte, il ſe faut contenter pour les topi° des vns ou des autres, de peur de trop aſſoupir le malade. Les topiques plus doux ſont huyle violat, de ne- ques. nuphar, de courge, les ſucs de laictué, de cichorée, d'ombilic de venus, de morelle. L'huyle de pauot, TºP 1*. le ſuc de iuſquiame, ou de mandragore, l'opium ſont plus dangereux. On prepare des boüillons ſomni- feres , auec force laictues qu'on fait boüillir dedans, 4.5. 6.8. teſtes de paûot blanc , plus ou moins ſe- lon les forces du malade, & la continuité des veilles, & tels bouillons ſont excellens & de grand profit. Galien confeſſe que l'vſage des laictues Juy oſtoit les douleurs de teſte, & luy apportoit le ſommeil : Quel-Laiauts. ques vns preparent vne eſponge hypnotique, comme remede tres-aisé & ſouuerain-; ils font bouillir des feuil- les de laictues, de pourpié, de morelle, de lentille aquatique , d'ombilic de venus, de chacune z. poi- gnées , feuille de ſaulie & de vigne, de iuſquiame, de mandragore, & de pauot blanc vne poignée de cha- * cune, ils prennent vne liure de ladicte decoction , & y adiouftent 4. onces de ſuc de laictuês, & vn drac- Boiéillons, - me d'opium. Cela fait, ils font tremper & macerer 2. ou 3. fois vn eſponge qu'ils font ſeicher à l'ombre. # 7l4P• Quant ils s'en veulent ſeruir, ils la trempent dans ladicte decoction , & la font ſentir toute tiede au febri- #re l citant ou bien luy appliquent aux temples & ſur le deuant de la teſte, ils font auſſi grand eſtat d'vne em- ſomniferes. : • plaſtre hypnotique , qu'ils font auec vne once & demie de racine de mandragore , vne demie once de graine : de pſyllium & de coriandre preparée, deux drachmes de teſte de pauot blanc, demie drachme d'opium , & 2 meſlent & amoliſſent le tout auec huyle de nenuphar, & de pauot, & en font vne emplaſtre. Mais pour - dire la verité , ie ne trouue pas beaucoup de ſeurté à ces remedes exterieurs , & ne le voudrois ordonner luleps ſont à C qu'à céux qui abhorrent les iuleps , leſquels ie prefere aux autres remedes pour contrarier non ſeulement preferer aux aux veilles,mais auſſi à la fiévre qui excite les veilles.Mais d'autant qu'il n'eſt pas à propos de donner touſ-repiques. : iours des hyponitiques , il faut recourir ſouuent aux bains des pieds & des iambes , qu'on peut faire ou | Bains des : l'eau tiede ſeulement , ou auec la deçoction de feüilles de ſaulle, laictue, nenuphar, maulues, violes, te pieds. , de pauot blanc , pourpié, morelle, chair & ſemence de courge, dans laquélle quelquefois on peut adiouſter #. vn peu de vinaigre blanc. : i- # : / - , De l'aſſoupiſſement & ſommeil trop profond. ' - :: C H A P. I V. A : ,- : t X dA. Aſſoupiſſement eſt contraire aux grandes veilles, & tous deux ſont contre nature : voire meſ- # • | | # me que l'aſſoupiſſement quelquefois ſuruíent aux febricitans en ſuite des grandes veilles , apres cauſes de · . #l© leur auoir ordonné trop inconſidérement les narcotiques & ſomniferes; mais nous ne par- l'aſſoupiſſe- 4 ſlz. lons point de cét aſſoupiſſement là, ne croyant pas qu'il y ait aucun ſage & prudent Mede-* # " cin qui faſſe cette faute, il n'y a que les empiriques & ignorans , qui pour n'auoir aucune # D cognoiſſance, ny de la maladie, ny du temperament, & des forces du malade peuuent ietter les febricitans .. # en ce danger. Nous parlons donc de l'aſſoupiſſement qui ſuruient aux fiévres, qui ſe recognoiſt en ce que les # de : malades ſe reueillent à peine, & eſtans reſueillez retombent au ſommeil tout incontinent. Tel ſommeil con- #º #- tre nature eſt excité de quelques mauuaiſes & malignes vapeurs qui ſe congelent aucunement dans le cer- § §auſa. (t. ueau, & s'y eſpaiſſiſſent en partie; cependant que celles qui ſont les plus tenues,deliées & legeres ſe diſſipent § ſo- # tout à faict Il y a des fiévres qu'on appelle ſoporeuſes, à cauſes qu'elles apportent touſiours auec elle de grands poreuſes. , aſſoupiſſemens :& cela vient de ce que y ayant quantité de pituite à l'entour des entrailles , l'ardeur de la fie- - ure Venant à la fonde & liquefier, enuoye grande abondance de vapeurs craſſe & eſpaiſſes au cerueau, leſ- - quelles Par apres ſe reſſoudent & conuertiſſent en humeurs qui apportent l'aſſoupiſſement. Quand on voit Remede . , - ces grands aſſoupiſſemens , il faut reſueiller le febricitant, tantoſt auec les choſes qui puiſſent eſchauffer les eſprits animaux engourdis & gelez, tantoſt auec celles qui reſueillent la pareſſe de la vertu expultrice, tantoſt auec elles qui attenuent, inciſent & euacuent la pituite qui abreuue le cerueau. C'eſt pourquoy on agitera · le malade çà & là, on luy fera des frictions fortes & dures, que l'on continuera long-temps, on parlera ſou- # · uent à luy , on luy fera des ligatures douloureuſes au bras & au deſſus des genoux , on le pincera, on luy tire- # - •! rales cheueux , on le ventouſera auec ſcarifications profondes,on luy mettra des veficatoires en diuers endroits, Veſicatoires. entre les eſpaules, derriere les oreilles, & au ſommet de la teſte. On luy donnera des clyfieres acres, & pic- Clyſteres. quans. On luy mettra du caſtoreum diſſoult auec fort vinaigre dans les narines, ſans oublier les ſternutatoi- siérnuiatoi- º & maſticatoires. L'on loue fort en cette extremité la confection dicte Anacardina, diſſoute auec vinaigre res. ſcillitique. Si tout cela ne profite, à peine trouuera-on d'autres remedes. Q) B B Bb 3 Dg 846 Seconde Partie, Du delire & reſuerie. C H A P. V. L y a deux ſortes de delire & de reſuerie ; l'vne qui eſt eſſentielle , & qui vient de l'inflam- ire d \ - - - - J- #. º # mation des membranes du cerueau ; & l'autre n'eſt que ſymptomatique. Nous n'entendons Cauſes du | point parler de la premiere , mais ſeulement de la ſeconde , qui eſt excitée par des va- delire. º § & fumées chaudes & acres , qui ſont enuoyées au cerueau des parties inferieures Delire & ſes où eſt allumée la fiévre. Ce delire icy quelquefois n'eſt que paſſager , & paroit durant la vi- differences gueur des accez des fiévres intermittentes : Autrefois il eſt fixe & permanent. & pour lors il eſt à craindre Cure qu'il n'ameine la phreneſie, Au reſte il eſt par fois gay & joyeux : quelquefois ſerieux & ſeuere, & pour lors ººſteres : il eſt plus à craindre ; car c'eſt ſigne qu'il ſe faict de vapeurs beaucoup plus noires & plus acres. Quand nous ſº voyons que la reſaerie des febricitans perſeuere, il faut promptement recourir aux remedes.On aura donc re- cours aux clyfieres acres, aux frictions, aux ligatures des cuiſſes, aux bains des pieds & des iambes, à la ſaignée gatures. Bains. - - A Saignée du le pieden ! eau, que les Arabes recommandent comme vn remede tres propre a ce mal. Cependant onne pied. negligera point les topiquer;comme fiontaux rafraiſchiſſans & humectâs,embrocations auec oxyrhodin ſur toute Fronteaux. la teſte qu'on raſera auparauant, les ventouſes ſur les lombes & ſur les eſpaules auec ſcarification, lesſangſuit, Enbrocatiös. la ſaignée des vaines des temples,l'ouuerture de l'artere qui eſt tout contre les oreilles, les cochets ou ieunes Vºntouſes, coqs blancs fendus en deux par le dos, & appliquez tous chauds ſur la teſte trois heures durant ; les poul-B Jamtſºés , mons tous chauds des ieunes agneaux ou cheureuils tuez tout ſur l'heure,pareillement appliquez ſur la teſte, ſºgºº ºº & infinité d'autres remedes. Ie loue grandement entre les principaux les choſes qui font dormir, tant à cau- #. ſe que d'ordinaire les veilles accompagnent le delire, que pour autant que le ſommeil eſt ſouuerain refrigºn. Sommiferes. . mnifer tif du cerueau. De la Conuulſîon & Iecfigation. CH A P. VI. - A Iečiigation qui vient aux fiévres eſt vn tremblottement & treſſaillement que l'on ſent au poulx # du malade, qui monſtre que le cerueau qui eſt l'origine des nerfs eſt attaqué, & en outre menacé -- 2 # t, 6 •\: Iaſtigation. de quelque conuulſion. Or cét accident auſſi bien que la conuulſion qui ſuruient aux fiévres ne vient pas à cauſe de quelques ventoſitez ou humeurs crues & pituiteuſes qui occupent les par- Conuulſion , ties nerueuſes, mais de l'ardeur & trop grande ſeichereſſe deſdites parties , qui eſt introduite é ſes cau- par la fiévre & par les humeurs meſmes acres & mordantes qui ſont cauſe de la fiévre. Mais il faut remar- ſes, quer qu'à proprement parler , cette conuulſion icy n'eſt qu'vne image de la vraye conuulſion, autrement nousy chercherions des remedes en vain, veu que la vraye conuulſion qui vient de la deſiccation des partiesnerueu- conuulſion ſes eſt tout à faict mortelle. Cét accident icy donc parlant proprement, n'eſt qu'vn treſſaillement & trem- incurable. blottement des parties nerueuſes, causé & excité par la ſeichereſſe que la fiévre apporte : c'eſt pourquoy prt- - mierement il faut tacher à vuider vne partie des humeurs morbifiques qui entretiennent la fiévre, & empeſ- Remedes. cher qu'elles ne ſoient tranſportées au cerueau ; Or cela ſe faict commodément aucc clyſteres vn peu actes , G * clyſteres tels que nous en auons ordonné au delire , enſemble la ſaignée des pieds, apres celle des bras qu'on aura ` Saignée. faict à raiſon de la fiévre. En ſecond lieu il faut rafraiſchir & humecter le cerueau, qui eſt la ſource & l'origi- Tºpiques ne des parties nerueuſes : à cela conuiennent les frótaux, les embrocations , les linimens & vnguens ſur la teſte apres eſtre rasée , les juleps rafraiſchiſſans & humectans, les orges mondez,les hypnotiques,mais doux & non violens, de peur de quelque ſiniſtre accident. Bref, il faudra venir aux remedes qui deſtournent , & Remedes re-ſeruent de reuulſion, & qui peuuent fortifier le cerueau. A ceux-cyſe rapportent les frictions, les ligatures, uulſifs. les ventouſes & ſcarifications, les veſiccatoires, les poulettes, & les poulmons des animaux fraiz tuez aP- pliquez ſur la teſte. Quelquesfois ces conuulſions icy repreſentent les Épileptiques, & pour lors ou elles ſont mortelles pour la pluſpart, où elles durent tout du long de la vie, I'ay veu les malades qui pour auoir eu des Conaulſions conuulſions dans les fiévres peſtilentes,ont eſté ſubjets toute leur vie aux conuulſions epileptiques, nonobſtant tou- ºPilºPtique*- te ſorte de remedes internes & externes, iuſques aux cauteres des bras,& à la nuque du col. De la Paralyſie. C H A P. VII. 'E s T accident icy eſt rare, mais qui arriue toutesfois comme i'ay ouy dire en quelques pro- # uinces de la France & de l'Allemagne, oû il eſt aſſez familier. Il ne ſuruient pas aux fiévres violentes & aiguës, mais aux longues & ch roniques ; & ſi il ne vient pas directement de la fiévre, mais de la colique qui ſuruient auſdites fiévres longues. Car vne quantité de bile eſ- chauffée & ardente s'amaſſant dans les veines du meſentere, & à l'entour de la veſſie du fieb · eſe de la - » ſi elle n'eſt euacuée par le benefice de la nature ou des medicamens » & qu'elle ne puiſſe # alyſie. conſommée par la longueur de la fiévre,elle croupit dans les petites veines, où peu à peu s eſchauffant 8 [c - bruſlant, elle tache à trouuer quelque iſſuë , ce que ne pouuant faire par les veines du meſentere, à cauſe des grandes obſtructions qui y ſont, elle ſe iette de furie ſur les membranes de l'abdomen, qui ſont parties gran- dement ſenſibles, là oû elle excite des douleurs intolerables qui reſpondent au bas ventre , & qui aPPoº- rent par interualles tantoft des vomiſſemens bilieux, tantoſt des deſcharges de ventre porracées & erºgº neuſes. En fin par traict de remps, apres pluſieurs remedes alteratifs & purgatifs ces douleurs s'appaiſent; mais il arriue qu'vne portion de l'humeur eſt portée par la continuité des membranes iuſques à l'eſpine dº • dos, laquelle doucement & peu à peu ſe coule & s'inſinuë iuſques à la moëlle par les petits trous des veº bres,où elle bouche les nerfs & les eſtoupe,empeſchant que les eſprits animaux ne puiſſent auoir accez,d'où ions. il s'enſuit vne paralyſe imparfaicte : toutesfois d'autant qu'il n'y a que le ſeul mouuement qui eſt empeichº le ſentiment demeurant en ſon entier. A cét accident icy il ne faut des remedes qui ſoyent grandement eſ- chauffans, il faut doucement & benignement purger le corps,& auec clyſteres & auec purgatifs : o"† - - a1rç, Catéſe de la colique bi- 'teteſe /7J . - —º- - - A •- / Du Traicté des Fiévres. 847 -- º faire des linimens le long de l'eſpine du dos,auec huyles qui rarefient & diſſipent ſans beaucoup de chaleur, de peur de faire fondre quelque humeur craſſe & pituiteuſe,ou l'attirer en ces parties là des lieux plus eſloi- / gnées, qui feroit vne vraye & parfaicte paralyſie. En ſe contentant de ces petits remedes là , où on trouue que quelque temps apres la nature trouue moyen de ſe deffaire de ſes mauuaiſes humeurs, & redonne le mouuement au malade. De l'Esbloiiiſſement des yeux. f C H A P 1 T R E V I I I. º l'aueuglement ou cecité qu'ils nomment répa•ais : & la tromperie de la veué quand elle prend mes de la vn object pour vn autre, qu'ils appellent a«géeaaw : la premiere diminuë la veué, la ſeconde veuë. l'oſte tout à faict, & la troiſieſne la depraue & rend autre qu'elle ne deuroit. Or l'esblouiſ- ſement eſt aſſez familier durant & apres les fievres : Il ſuruient quelquefois vn critique durant la fiévre , qu'ils appellent ax•reôuo• , & eſt auant - coureur ou d'vn vomiſſe- * ment, ou d'vne hemorrhagie critique. Apres les fiévres, la veuë demeure quelquefois Esbleuiſſe- trouble, particulierement lors que le febricitant a eſté atteint au cerueau ou de reſuerie, ou de veilles in-mê*ºritique- portunes, ou de grande douleur de teſte : ſouuent auſſi cela arriue à cauſes des grandes euacuations de ſang, cauſes de ou d'autres matieres. Quoy que ce ſoit , le plus ſouuerain remede en cecy eſt le bon regime de viure , & l'esbloüiſſe- les bonnes viandes que l'on donne aux febricitans ; Car c'eſt le moyen de faire de bons eſprits, de les aug # menter, & de fortifier meſme les yeux ainſi que les autres parties. Le bon vin repare les eſprits, & les reſ-§. ueille & clarifie quand ils ſont aſſoupis, pareſſeux, ou obſcurcis ; Il faut donc attendre que le temps, aidé Collyres. de ces bonnes viandes, fortifie le cerueau, & reſtabliſſe les eſprits animaux. Il ne ſera pas cependant hors de propos de faire quelques collyres pour les yeux, auec decoction où les eaux deſtillées de fenoüil, de rué, de chelidoine, d'euphraiſe, de verueine, d'aſperges, de betoine, de raues , de pimpernelle , d'ache, de marjolaine, de paritoire, de roſmarin, de canelle, de bois d'aloés,de ſentaux, yadiouſtant vn peu de miei, d'aloës, de tutie, de ſafran, & choſes ſemblables. De la Surdité. C H A P. IX. p©. Estrois ſymptomes qui ſuruiennent à l'oüye, il n'y en a point qui vienne plus ordinaire- Trois ſympto- # ment durant les fiévres que la ſurdité imparfaicte, que les Grecs nomment daeuxé a , les mes de l'oiye. : Latinsſadaſtritatem, qui eſt proprement entendre dur Or cela vient d'vne vapeur bilieu-cauº; de la ſe, qui eſtant porté au cerueau, ſe iette ſouuent ſur les organes de l'oiiye, par leſquelles ſurdité N# la bile a accouſtumé de ſe deſcharger , comme teſnoignent les ſaletez qui viennent aux * oreilles. Cét accident icy quelquefois eſt paſſager , quelquefois il eſt permanent, & ſou- cure. uent il eſt accompagné de quelque tintouin des oreilles, qui incommode fort les malades. A ce mal icy, il Flux deven- n'y a rien de meilleur que prouoquer s'il y a moyen le cours de ventre, puis qu'Hippocrate a dit aux Apho-ºrº ſfº la riſmes, qué le fiux de ventre bilieux eſtoient arreſtez par la ſurdité qui ſuruient; & qu'au contraire laſuraité ſº eſt oſtée toutesfois & quant qu'il ſuruient vn flux de ventre bilieux. Ce qui nous donne aſſez à cognoiſtre que quand l'humeur bilieuſe eſt arreſtée, il s'en fait vn tranſport au cerueau ; ce qui n'arriue pas quand la- dite humeur prend ſon cours par le ventre. Au reſte, ſi auec la ſurdité il y a douleur d'oreille grande & vio- Douleur d'o- lente, il faut ſouuent attendre queique ſuppuration; par fois la douleur ſe reſoult auec medicamens, com reille. me ſachets & fomentations qu'on fait auec herbes emollientes, camomille , melilot, aneth, ſemence de Fomëtatiös. fenouil qu'on fait bouillir dans le laict. On ſe contente auſſi de mettre dans l'oreille vn peu d'huyle d'aman- des douces ou ameres , vn peu de laict, vne decoction de peu de coloquinte, du coton muſqué , & autres telles choſes qui en partie ſont anodynes, en partie reſolutiues. | De la difficulté de reſpirer. C H A P. X. E n'eſt pas de la diffnoée, ou difficulté de reſpirer que nous parlerons , qui eſt excitée ou Deux ſortes # par vne humeur craſſe & viſqueuſe , qui occupe la trachée artere & le poulmon ; ou qui de diſpnoſe. vient de l'inflammation des parties qui ſeruent à le reſpiration. Mais de celle qui arriue or- dinairement de quelque matiere qui petille à l'entour du foye & de la ratte, & qui par ce moyen preſſe le diaphragme & les poulmons. Ou bien de celle qui vient de la chaleur du cœur, que les poulmons ne peuuent ſuffiſamment eſuenter, ny rafraiſchir, tant il y a de fumées enfermèes & reſerrées à l'entour de luy. En cette premiere il faut recourir aux clyſteres emolliens, refrigerans & vn peu Remedes. laxatifs, afin de rafraiſchir les humeurs qui bouillent, & en vuider touſiours quelque partie, l'attirant vers clyſteres. les parties baſſes; Il ſe faut auſſi ſeruir d'epithemes & linimens refrigeratifs ſur les deux hypochondres. Epithemer. On ſe ſeruira pareillement de iuleps & apozemes refrigerans & humectans afin par toutes ſortes de moyens lulºpº. d'oſter la ferueur de ces humeurs, & brider leur furie. A la † vient de la chaleur du cœur des parties thorachiques, il faut mettre des epithemes ſur le cœur auêc eaux de morelle,de roſes, d'endiue, de charbon beniſt , de ſcabieuſe, d'ozeille, de plantin, & pareilles autres. On fera des linimens ſur toute la stconde q. poictrine , auec huyle de † , violat,pauot , ou de peur que ces huyles ne s'enflamment ſi on les met-pneée, & ſes toit toutes ſeules, on pourra ſes meſler auec les ſucs depurez de pourpié, de laictué, d'ombilic de Venus, remºdes. - & vn peu de camphre. Il eſt beſoin que le malade reſpire vn air froid; c'eſt pourquoy s'il n'eſt tel, on le 4º ſººº preparera auec aſperſion d'eau froide, ou de roſes, d'herbes & fleurs refrigerantes , & de bonne odeur, difficulté nourriſſant cependant le malade de viandes legeres, & luy donnant à boire fraiz. Au reſte c'eſt touſiours # lé - vn tres-mauuais accident des fiévres , quand la reſpiration eſt empeſchée, & que le febricitant ſe ſent #" 1 eſtouffer,ſur tout quand ce ſymptome vient de l'imbecillité des forces , car c'eſt ſigne que la vertu animale §. · ne peut mouuoir à eſleuer les muſcles du thorax , à cauſe de la penurie & paucité de la chaleur naturelle , | 1 | # & des eſprits, auſſi ne ſuruient-il qu'à ceux qui ſont proches de la mort. " ) - , BB B b 4 D? - | la dſpnoée. | L y a trois ſymptomes de la veuë, l'esblouiſſement, que les Grecs appellent éuê»vaaia , Trois ſymptº 848 Seconde Partie, - De la Toux. C H A P. X I. # L y a vne ſorte de toux qui arriue vn peu deuant les accez des fiévres intermittentes, qui | prouient des vapeurs de la matie1e morbifique qui commence à s'efmouuoir , mais qui ſe paſſe à meſure que par l'ardeur de l'accez leſdites vapeurs ſont conſommées; c'eſt pourquoy il ne faut point s'arreſter à cette toux là,mais ſeulement à celle qui dure apres Toux deuant les acce{: La toux & les accez, & qui trauaille ceux qui ont deux fiévres continués. Or cette toux icy eſt fort & les maux ( $ faſcheuſe & incommode, pource qu'elle apporte la douleur de teſte telle qu'il ſemble 4º º?- #$ $ $ # qu'on la fende, qu'elle empeſche le ſommeil, qu'elle trauaille le poulmon,& apporte op- porte. - preſſion & difficulté de reſpirer,& d'auantage qu'elle fait redoubler la fiévre, aiguiſant # ** la chaleur des poulmons par l'effort continuel qu'elle apporte. La cauſe de cette toux icy, ou c'eſt l'intempe- Tous ſeiche rie chaude & ſeiche des organes qui ſeruent à la reſpiration, ou quelque refroidiſſement qu'à reſſentyle ' malade, ſoit à la teſte, ſoit à la poitrine , qu'il découure quelquefois mal à propos. C'eſt pourquoy cette toux icy eſt aride & faſcheuſe, ſur tout quand elle eſt frequente; car ſi elle ne vient que par interualles, & qu'elle ! ne ſoit pas ſi aigre, elle peut ſeruir à quelque choſe, comme dit Hippocrate en l'aphoriſme ;4 du quatrieſme La ou co,- liure ; c'eſt à ſçauoir à la ſoif des malades qu'elle adoucit : Car comme dit Galien , par l'effort & le mouue- # ment qu'elle apporte elle attire l'humidité des parties voiſines, qui ſert à arrouſer & la bouche & les parties qui ſont à l'entour de la trachée artere. Mais ſi la toux eſt aigre, il faut y pouruoir par quelques remedes, c'eſt à ſçauoir par ceux qui humectent & rafraiſchiſſent, ſoit qu'on les tienne à la bouche,ſoit qu'on les aual B Remede de le doucement & lentement, ſoit qu'on les prenne en forme de breuuage.On ſe peut donc ſeruir de ſynops vio- la toux lat, pauot, nenuphar, de pommes ſimple,de regliſſe, de iujubes, ou pris à part, ou meſlez enſemble, ou dila- yez dans quelque decoction de violles, de laictué, de pourpié, ſemences froides grandes & petites, regliſſe Syrops. orge,& autres, On fait auſſi des tablettes de ſucre roſat, de tragacanthe, de racines de guymaulues. On b donne des conſerue de roſes,de violettes, de nenuphar, de pas d'aſne, de pauot rouge, & ſemblables. Il ya #º quantité d'autres remedes à latoux, mais c'eſt à celle qui eſt excitée de la pituite du cerueau qui diſtille dans Conſerues, : A l - • • • • . - - - - la poictrine; de laquelle nous ne faiſons point icy mention. • De la difficulté d'aualler. CH A P. X II. Cauſes de la #42X . O 1 c , vn'accident qui eſtonne grandement les malades, quand ils ſentent que les viures ne difficultéd'a !)\# peuuent preſque paſſer, & qu'ils ſe perſuadent qu'il y a quelques choſe en l'œſophage qui les tualler. veut ſuffoquer & eſtouffer. C'eſt pourquoy il faut auoir quelques remedes pour les ſoulager promptement.Ce ſymptome icy arriue par vne vapeur eſpaiſſe, ou humeur pituiteuſe qui tom- 2 4 bant du cerueau , ou eſleuée de l'eſtomach s'attache à l'oeſophage, & peu à peu par l'ardeur de la fievre s'y endurcit : ſi bien que partie à cauſe de ſa viſcoſité, parti : à cauſe de ſa grande ſti- chereſſe, elle eſtoupe & eſtrecit en ſorte le paſſage,que le febricitant a peine d'aualler. Il faut donc à ce mal Rºmºdº partie deterger & nettoyer partie humecter & amollir. Ce qui ſe faict auec les ſyrops violat, de iujube, ſucre Syrops. . candi, ſuc de regliſſe, vinaigre,verjus, on peut faire vn gargariſme auec regliſſe recente, orge, betoine, ſauge, C Gargariſmes hyſſope, marjolaine , figues graſſes, ſemence d'anis, dans lequel on dilaye vne once de ſyrop aceteux ſimple pour quatre ou cinq onces de decoction.Quelques-vns en font vn plus aise, auecdecoction d'orge ſeulement, Difficulté de & ſyrop de grenade , miel roſat , ou oxymel. , Au reſte il y a vne difficulté de reſpirer qui ſuruknt reſpirer mor- aux fiévres où il n'y a point de remede : Elle vient de la luxation des vertebres du col excitée par la conuul- telle. ſion des nerfs deſdites vertebres, ou d'vne grande foibleſſe & imbecillité du malade : en ce cas il ne faut eſ- perer que la mort, veut que la conuulſion qui vient de la ſeichereſſe eſt mortelle, & lors que les forces du malade manquent, les remedes n'qnt plus de lieu. - - : . : Du degouſt & appetit perdu. C H A P. XIII. 2 L y a deux accidens touchant le gouſt;l'vn eſt le goufi depraué, lors que la langueiuge autre- ment des ſaueurs qu'elle ne deuroit; l'autre eſt l'appetit perdu ou inappetence, par laquelle le ma- Deux accidës # lade perd tout à faict la volonté de manger. Pour le premier, quand il n'eſt point accompagné du #.. # degouſt, c'eſt vn vice de la langue ſeulement ; ou de ſa tunique qui l'enueloppe, pour eſtreim- Cauſe du buë & arrosée ou de quelque mauuaiſe vapeur, ou de quelque humeur corrumpue. Cette hu- §u# d§ra- meur icy eſtant eſmeuë par l'humidité des viandes & du breuuage penetre iuſques au nerf qui eſt eſpandu par - la chair & par la membrane de la langue, & communique ſa qualité & ſa ſaueur à la viande, ſçauoir,l'amºr: f{0 tume quand l'humeur eſt bilieuſe, la fadeur & ſaueur inſipide quand elle eſt pituiteuſe, la ſaline quand éeſt vne pituite ſalée, & ainſi des autres ; ce qui trompe le malade , d'autant qu'il penſe que telles ſaueurs vien- D nent des viandes, & non pas des humeurs dont ſa langue eſt abbreuuée. A cét accident icy, il faut ſouuent lauer la bouche auec eau & vin, ou auec du vinaigre ou verjus, ſuc de limon, d'orenge, decoction d'orge , & Remedes. autres ſemblables. Mais quand le goujt eſt depraué auec vn grand degouſt & inappetence alors le vicen'eſt pas Cauſes du ſeulement à la langue & au palais de la bouche , mais auſſi S eſtend iuſques au ventricule qui eſt abbreuué de degouſt quelque humeur peccante, laquelle aſſoupit tout à faict l'appetit, ou eſt alteré de quelque chaleur eſtrangere & extraordinaire. A ceux cy on doit permettre l'vſage des choſes qu'ils demandront à manger , pourueu Remedes qu'elles ne leur ſoient point tout à faict contraire, ſuyuant en cela le conſeil d'Hippocrate, qui en l'Aphoriſ- pour le de- me 38. du 2. liur. dit que les alimens deſirez, bien que pires à la ſanté, ſont à preferer, à ceux qui ſont meil- gouft leurs,mais qui ſont en degouſt au mâlade. Au reſte,ſi cette inappetence vient de quelques mauuaiſes humeurs contenuës au ventricule , il faut les purger doucement & nettoyer l'eſtomach de telles ordures, autrement# ne faut pas eſperer que l'appetit reuienne. Mais ſi ce n'eſt qu'à cauſe de la chaleur eſtrangere du ventriculeil Regime de faut ſe ſeruir de remedes rafraiſchiſſans, & qui ſoient acides , afin que leſdits medice mens penetrent mieux » viure, tels ſont le jus de citron , d'orange & de grenades, le verjus,les ceriſes aigrettes, le vinaigre roſat, & autrº Cependant attendant que l'appetit vienne, il faudra nourrir le malade de viandes liquides & aisée à prendre # à # , comme jaunes d'oeufs mollets,boüillons,jus de chair de perdris,de veau, & de volaille, & de a gelce. Du Du Traicté des Fiévres. 849 - » 4 # : Des Nausées & enuies de Vomir. · C H A P. XI V. - 'E N v 1 E de vomir quelquefois ſuit le grand degouſt,c'eſt à ſçauoir, quand le malade à tel. Nausée le horreur des viandes, que fi toſt qu'il les ſent, le cœur luy ſouſleue, quelquefois elle eſt ſans - , grand degouſt, ſeulement apres auoir pris quelque choſe, il ſuruient des efforts de vomir, ſans toutefois rien vuider & rejetter. Cét accident eſt excité par quelque humeur vitieuſe, qui ses cauſes. #$ pour ſa quantité ou qualité picote l'eſtomach , l'irrite & le force à ſe deſcharger de ce qui ºzºsS, luy eſt nuiſible. Cette humeur vitieuſe quelquefois nage dans la cauité du ventricule, quel- quefois elle eſt fixement attaché à ſes tuniques ; c'eſt pour lors que l'eſtomach s'efforce ſi ſouuent ſans aucun effect de la mettre hors. La pourriture eſt quelquefois ſi grande dans le corps,comme par les fiévres Naumée en peſtillentielles & malignes, qu'il arriue des nausées perpetuelles, à cauſe des vapeurs putrides qui vont la pºſt.. frapper l'orifice ſuperieur de l'eſtomach. A cette nausée icy maligne, il faut les choſes acides rafraiſchiſſan- - tes, qui puiſſent empeſcher ou corriger la pourriture. Quelques-vns recourent à la Theriaque, & autres me- Remedes. dicamens chauds , que ie n'approuue point, d'autant qu'ils augmentent la fiévre & par conſequent entre- Nausée des tiennent la pourriture. Pour l'autre nausée qui vient des humeurs attachées au ventricule, il faut les nettoyer humeurs, & les euacuer, on bien par vomitifs; ou bien par purgatifs. Que ſi l'eſtat de la fiévre ne le permet, on peut #º- donner quelques poudres, tablettes ou opiates pour ebiber, abſorber & conſommer les humiditez ſuper- ſiccatiuet. flues du ventricule. On prend de la coriandre macerée pluſieurs fois dans le vinaigre vne once & demie, vne once de ſemence d'anis & de fenouil , de l'eſcorce de citron confit trois drachmes, deux drachmes de coral rouge bruſlé & laué neuf fois auec eau roſe, vn ſcrupule de canelle & de maſtich , perles preparées demie drachme, crouſte de pain bruſlé vne once, auec quantité ſuffiſante de ſucre roſat, on fait vne pou- dre dont le malade prend vne bonne cuillerée auant le repas. Que ſi le malade l'ayme mieux en tablettes †º il ſera aise de le contenter ou luy en faiſant exprez,ou luy faiſant vſer de celles de ſentaux, ou iarrhodon. Du Sanglot & Hocquet. CH A P. X V. L n'y a pas grande difference entre la nausée & le ſanglot, veu que c'eſt auſſi vn effort ſans effect de l'expultrice du ventricule : mais le ſanglot eſt vn mouuement conuulſif, & qui #º trauaille bien plus le ventricule que ne fait la nausée : d'auantage , par le ſanglot & hocquet #. le ventricule ſe reſſerre en ſoy-mefme & tire en bas l'œſophage , au contraire en la nau # sée le ventricule ſe relaſche & ſe renuerſe , comme pour monter vers l'œſophage.La cau- du AE. ſe du hocquet eſt double, la repletion & l'inanition. La repletion quand il y vn humeur acre cauſes du " #s # #º & mordant attaché fixement aux tuniques du ventricule, que la nature taſche de chaſſer hocquet. & mettre hors. L'inanition, lors que les tuniques du ventricule toutes deſſeichées par l'ardeur de la fiévre, ſe Repletion. Inanition. Cure du hoe- quet qui vët de replstion. retirent & font ce mouuement de conuulſion. Si le hocquet vient de la premiere cauſe, il faut premierement he- beterl'acrimonie de ces humeurs auec juleps & apozemes rafraiſchiſſans, preparez auec decoction de nenu- phar, de bugloſſe, de violettes,de roſes, de pourpie, ou auec emulfions faites de quatre ſemences froides grandes & petites,diſſoudant dedans ſyrops violat,de nenuphar, de grenade,de agreſta, de pourpié,& de pa- uot, faiſant cependant des fomentations auec herbes, fleurs, & ſemences de pareille vertu. En ſecond lieu, il faut taſcher de vuider ces mauuaiſes humeurs, ou auec vomitifs, ou auec purgatifs. Quelquesfois il n'eft Ventouſe au pas hors de propos ſi le hocquet perſeuere d'appliquer vne ventouſe ſur la region de l'eſtomach, ou bien an ºº terieurement, ou poſterieurement vers l'onzieſme,douxieſme ou treizieſme vertebre. Quant au bocquct qui # du hoc- vient de l'inanition, encore bien qu'il ſoit incurable, ſi ne faut-il pas laiſſer de donner au malade des reme- quet qui viët - - / - - - - a'inamition. des humectans, & des alimens de pareille vertu. Les fiévres malignes & peſtilentielles , par les vapeur pu- Sanglot en trides qu'elles enuoyent à l'orifice ſuperieur de l'eſtomach apportent auſſi le ſanglot, auquel pour remedes l, peſte. conuiennent ceux que nous auons rapportée à la nausée, qui viennent pareillement des fiévres malignes. Il y Sanglot qui a vne autre eſpeces deſanglot qui vient de l'inflammation du cerueau,ou du foye,& ce par le conſentement & ſuit l'inflam- ſympathie qu'il y a entre toutes ces parties par le benefice des nerfs, & pour lors il ne faut pas tant auoir eſ tion. ard à l'eſtomach, qu'au cerueau & au foye, leur ordonnant des remedes qui ſerucnt à guerir l'inflammation §. parties. - - - » -- • Du Vomiſſement. C H A p. X V I. - La differencè $e A nausée & le vomiſſement ne different que de plus ou du moins , ſelon leur cauſe, & non pas § #$ ſelon leur effett , veu qu'vn petit vomiſſement n'eſt pas vne grande nausée. Il eſt certain & du vomiſ- | qu'il y a telle cauſe qui peut faire la nausée, qui ne peut faire le vomiſſement , parce qu'elle n'eſt ſé zent. pas aſſez forte : c'eſt pourquoy la nausée eſt moindre que le vomiſſement. Ie ne veux point m'e- Cauſes du S ſtendre à expliquer les cauſes du vomiſſement , veu qu'elles ſe peuuent aſſez entendre parce vomiſſ mét. - » qui a eſté dit au chapit. de la nausée,ie diray ſeulement que les humeurs qui cauſent le vomiſſe-ºſſºmºnº † ſont chaudes & fluides quelquesfois froides, lentes & pituiteuſes. Pour les chaudes elles º peuuent eſtre aisément euacuées par le vomiſſement qu'il n'eſt pas beſoin d'arreſter dés ſon commencement, Le #- de peur de faire jetter l'humeur ſur quelque partie noble : mais s'il perſeuere trop long temps, de peur qu'il porte # n'affoibliſſe trop le malade, & n'empeſche qu'il ne puiſſe prendre nourriture, & par ainſi qu'il ne le precipite miſſment. à la mort ; il faut apporter tous les artifices qu'on pourra afin de l'arreſter. Les ſyrops propres à cét effect ſont Syrops. de berberis,de grenade, de coins, de acetoſitate citri, de coral, de agreſta : on fera des poudres auec les perles Foudres. preparées, le ſpodion, les coraux,les ſentaux,les cinq fragmens precieux,le bol armene, la terre ſigillée, l'eſ sucs. corce de citron,le naſtich,le ſang de dragó,& autres.Le ſuc de ribes & de berberis,le fuc de grenade,'a chair Tºº7º. de coins & de nefles, la conſerue de roſes rouges ſont de grand effect. Exterieurement les linimens d'huyle ro-º# ſat, de cerat ſantalin,d'huyle de maſtich, de coins,ſont vtiles.Quelques-vns font des ſachets de poudres aſtrin- #º gentes qu'ils appliquent ſur l'eſtomach, d'autres ſe contentent d'vne roſtie de pain, ou d'vne eſponge # arrosée de vin ou de vinaigre. Si le vomiſſement eſt excité par des humeurs pituiteuſes, il faut premierement §. les inciſer & attenuer, pluſtoſt que de taſcher à les euacuer par vomitifs, ou purgatifs. Cependant interieure-terieurs. Jent on donnera oxymel & le ſyrop acetueux, auec decoction de menthe, d'abſynthe, de roſes , d'aneth, Remedes ex- -- d'eſcorce terieurs. DuTraicté des Fiévres. 85I ' 'ºn A -- - - - " . # ! Des Symptomes qui ſuiuent l'Ametrie des excremens : Et premierement du flux de ventre. C H A P 1 T R E X IX. # - P R E s les ſymptomes de l'action lesée, viennent ceux qui appartiennent à l'ametrie des ex Lºftux de , cremens. Entre leſquels eſt leſlux de ventre, qui eſt vn accilent fort commun des fiévres , º # # quelquefois vtile & profitable, quelquefois tres-mauuais & pernicieux. Celuy qui eſt touſ- # 2 iours mauuais eſt le lienterique, qui vient de boire trop, ou de quelque malignité qui par les # LAK # fiévres peſtillentielles & malignes diſſout les forces de l'eſtomach & des inteſtins. A ce flux §te- *- S de ventre icy , il faut tant qu'on peut fortifier l'eſtomach & les inteſtins tant par les remedes rique mau- Interieurs qu'exterieurs. On faict des poudres auec les choſes qui aſtreignent & fortifient, uau. comme ſpodium, ſantaux,bol armene, ſang de dragon, perles preparées,coraux , & autres. On donne des Remedes au r, opiates auec la conſerue de roſes, le maſtic, la chair de coins, le rhapontic, les mirabolans ; exterieurement ſtux lienteri- : on faict des linimens auec huyles de myrtilles, de maſtich, de coings , on applique des emplaſtres à l'eſto- # : r ' mach de maitich & de cotignac, on faict de ſachets & fomentations de choſes aditringentes & corroborati- # # ues. Que ſi tout cela ne profite, on recourt aux choſes qui prouoquent le ſommeil, lequel comme dit Hip- #. pocrate auliure de victu in acutis, arreſte toutes ſortes de fluxions. L'autre flux de ventre qui eſt vtile eſt Le ſommeil. B humoral , ou diarrhoique, par lequel les mauuaiſes humeurs ſont euacuées. Mais afin qu'il ſoit profitable, pre- L.jiux diºr- mierement, il faut qu'il ſuruienne à la fin des fiévres, lors que les humeurs ſont cuites & domptées par la na- rhoique ér : ture;ſecondement, il faut qu'il ſoit moderé, veu que toutes choſes qui ſont ſans meſure ſont ennemies de la na- ſes conditions ture. De là nous apprenons qu'il ne faut pas touſiours arreſter le cours de ventre ; car ce ſeroit bien ſou- pour eſtre uent enfermer le loup dans labergerie, comme l'on dit. En outre nous apprenons que le cours de ventre mo- #º ... deré, nous monſtre le deſſein de la nature, qui eſt de chaſſer hors les humeurs nuiſibles. C'eſt pourquoy il Il ne faut ne faut point faire de difficulté, lors qu'on voit tel flux de ventre de donner quel doux purgatif afin d'aider à # a,*- la nature,quibien ſouuent ne vuide que le plus clair,le marc & le terreſtre ou limonneux demeurant au corps, § #º qui eſt bien ſouuent cauſe des recidiues, c'eſt pourquoy il eſt bon de donner les purgatifs qui puiſſent en- On purge au ,,-- traiſner auec ce qui ſort volontairement, les humeurs plus groſſieres & limonneuſes. Que ſi le flux deuient flux de ven, ' immoderé, alors il faudra temperer les humeurs chaudes auec medicamens rafraiſchiſſans , fortifier l'eſto- ire. mach auec des corroboratifs, addoucir les boyaux auec quelques clyſteres deterſifs & anodins : purger Flux immo- doucement les humeurs auec le catholicum double de rheubarbe, ou auec la rheubarbe en infuſion, ou ººré é ſºs | bien meſlée en tablettes ou opiates. On peut pareillement prouoquer le ſommeil qui arreſte les fluxions , remed.s. comme dit eſt, contempere les humeurs, & fortifie les parties. Il y a deux autres ſortes de fux de ventre, # mºre l'vn qui vient de l'imbecillité ou corruption des parties nobles, qui eſt tout à fait mortel, & l'autre qui eſt col- 645, liquatif, à cauſe du grand feu qui fond la ſubſtance propre du corps , & celuy-cy n'eſt gueres moins peril- leux , toutesfois il faut taſcher à moderer cette grande chaleur par toutes ſortes d'artifices, ce qui reüſſit quelquefois aſſez heureuſement. . \ De la dureté du ventre. CH A P. XX. V commencement des fiévres, le ventre deuient pareſſeux à cauſe du repos que l'on prend cauſe de la dans le lict, & auſſi à cauſe que le febricitant demeurant long-temps couché ſur le dos, il dureté du s'eſchauffe le ventre, qui par apres endurcit les humeurs qui ſont contenuës dans les inteſtins. " Car la cauſe ordinaire de la dureté du ventre vient de la chaleur, qui deſſeiche les excremens - qui pour eſtre ainſi eſpuiſez de toute humidité reſiſtent à la vertu expultrice des inteſtins En sama cét accident il faut recourir aux clyiteres emolliens, & refrigeratifs & aux ſuppoſitoires.Il faut donner quan- § # tité de boüillons au veau, & aſſaiſonnez de bourrache, bugloſe, chicorée, laictué, ozeille, endiue, ſummitez #. de maulues au febricitant : on luy fera vſer de pommes cuites, & de pruneaux auec leur jus , en attendant qu'on le puiſſe purger auec quelque bol de caſſe & autres doux purgatifs. Il y a vne autre cauſe de la dureté du ventre, c'eſt à ſçauoir l'eſtouppement, & obſtruction du conduit cholydoque, qui porte la bile dans les otſtruition inteſtins, laquelle ſert à irriter la vertu expultrice. Quand donc la bile ne coule pas aux inteſtins, ladicte du conduit vertu expultrice deuient pareſſeuſe, & par conſequent le ventre deuient dur. A cette cauſe icy il faut des re- cholydeque. medes particuliers,leſquels nous particulariſerons au chapitre de la iauniſſe. - #:: •, , *! | De la ſuppreſſion d'vrine C H A P. . xx I. i E s trois empeſchemens qu'il y a à l'vrine, ſçauoir de la dyſurie, quand on a douleur en piſſant Trouſympto. # de la ſtrangurie, quand on piſſe goutte à goutte, & de l' ſºurie, quand l'vrine eſt ſupprimée & mes de l'v- l arreſté, la derniere eſt la pire, & celle auſſi qui vient plus ordinairement aux febricitans. Or rine. telleſuppreſſion eſt ou critique, ou ſymptomatique. La critique, comme enſeigne Galien, vient de- suppreſſiºn #ºs# uant les rigueurs, & eſt comme vn auant-coureur d'vne criſe qui ſe doit faire par les ſueurs ; d'vrine dou- les ſueurs & les vrines ayant vne meſme matiere. Pour la ſymptomatique, il arriue ou la veſſie eſtant vuide, c - - ou la veſſie eſtant pleine. Quand on recognoiſt en la ſuppreſſion de l'vrine que la veſſie eſt pleine, s'il n'y a tres- § #. - grande inflammation au col de la veſſie, il n'ya rien de plus prompt pour ſoulager le febricitant, que la ſon- # : de creuſe, laquelle ſi toſt qu'elle eſt introduite vuide l'vrine qui eſt retenuë en ſa veſſie. Que s'il y a inflam- L ſonde º mation & obſtruction , ou à la veſſie, ou aux vreteres, ou au reins, il faut recourir aux remedes particuliers creuſe ou al, de ces maladies , deſquelles tous les practiciens ont parlé fort amplement, c'eſt pourquoy il faut auoir re-galie, cours à leurs liures. - " Cauſes de la ſuppreſſion, - * DM % - 852 Premiere Partie, Du flux exceſif d'vrine. cH A P. xx II. A nature cherche quelquefois diuerſes deſcharges pour guerir les maladies , tantoſt par le ventre, par les diarrhées , tantoſt par les ſueurs, tantoſt par vn flux d'vrine que ! les Grecs appellent perirrhée, & ce flux icy eſt critique, d'autant qu'il ſe faict par le Flux d'vrine & benefice de la nature au ſoulagement du malade. Quelquesfois on prouoque l'vrine nuiſibles. #$ auec des medicamens diuretiques ſi puiſſamment , qu'il ſort vne grande quantité Remedes d'eaux du corps ; mais tel flux eſt pluſtoſt nuiſible que profitable, d'autant que cela vient de la malignité de tels medicamens, qui pour eſtre grandement chauds, & de parties tenuës fondent le ſang , & le font tourner en eaue & ſeroſité. A cet accident icy , il faut donner les medicamens ra- fraiſchiſſans, qui puiſſent pareillement eſpaiſſir & incraſſer le ſang , & arreſter les fluxions, com- me ſont les decoctions de plantin , de pourpié , laictue, bourſe de paſteur, ioubarbe, auec les ſyrops Dibettes & de papot & de pourpié. Il y a vn autre flux d'vrine exceſſif, que l'on appelle diabetes, lors que les fe- ſes cauſes bricitans piſſent beaucoup & ſouuent, & rendent leur vrine aqueuſe , & tenuë ſi toſt qu'ils ont beu. La cauſe de ce ſymptome eſt triple, ſçauoir l'intemperie chaude & ſeiche des reins, l'humeur bilieuſe, acre & ſalée, dont les reins ſont abbreuuez, & inceſſamment irritez, & quelque venin pernicieux. On obſerue qu'aux fiévres ardentes le diabetes ſuruient par la colliquation des reins & diſſolution de tout le Flux d'vrine Q# critique- $ Flux d'vrine corps, ce qui faict qu'ordinairement il eſt mortel. Ces accidents ſont de telle importance qu'ils meri- ſ3 de colliqua tent bien qu'on aille fuëilletter les liures des bons Autheurs, pour leur trouuer des remedes, c'eſt pour- ft0/3, quoy ie n'en diray rien autre choſe. Il me ſuffit d'indiquer ces ſymptomes, comme effects pernicieux des fiévres. - - A" Des ſueurs immoderées. C H A P. XX I I I. susurimmº. | | E ne m'eſtens point icy ſur la difference des ſueurs, & leur ſignification, veu que ce- derée , & ſes | la appartient à la ſimiotique, ie m'arreſte ſeulement à la ſueur immoderée; laquelle ſoit accidens $ qu'elle vienne par voye de criſe, ou autrement, precipite le malade en de grandes Remedes à la ſueur immo- derée, ſ#| foibleſſes,& enſuite ſi on n'y remedie à la mort. C'eſt pourquoy lors qu'on voit tel- # le ſueur immoderée, il faut recourir aux medicamens qui repercutent, & qui bou- Lºgºs#,| chent les pores du cuir. On fera donc des fomentations,d'eau de roſe:de plantain, de morelleyadiouſtant la ſixieſme partie devinaigre roſat, ou bien on fera vne decoction dans l'eau des mareſchaux, de roſes rouges, de balauſtes, de noix de cypres, d'eſcorce de grenade, de morelle, de plan- tin, de ioubarbe, d'abſinthe , de pantaphylum, de centinode, de tapſus barbatus & autres. On aura auſſi rccours à ces medicamens que les Grecs appellent diapaſinata & aliſpaſmata, faicts de poudres de roſes rouges, de bol armene, de terre ſigillée, de craye, d'alun, de plomb bruſlé, de plaſtre laué, C Diapaſmata leſquels on ſeme ſur le corps du malade, afin que par leur vertu emplaſtique, ils empeſchent la ſueur medicamens de ſortir. On donnera auſſi cependant au malade des iuleps & apozemes adſtringens, & incraſſans pour arreſter pour le meſme effect, les nourriſſant bien au reſte de viandes aisées à cuire, mais qui ne puiſſent nulle- "ſ" ment eſchauffer. \ Du flux de ſang immoderé. C H A P. XXIV. - # N c o R E bien qu'il ſe puiſſe faire durant les fiévres des flux de ſang immoderées, Hemorrha- 39 tant par les veines hemorrhoïdales, que par celles de la matrice aux femmes : bien qu'il gie par le - ſuruienne des dyſenteries, & que quelquesfois on piſſe le ſang aux fiévres malignes. Si nc #) eſt-ce qu'ence chapitre icy nous nedeliberons parler que du ſiux deſang qui vient par le 2 ' nez eſtant vn accident aſſez commun, preſque à toutes les fiévres, principalement aux Ses differen- ſynoques. Or ce flux de ſang eſt ou critique ou ſymptomatique, le ſymptomatique doit touſiours eſtre CCJ, arreſté, puiſqu'il ne faict qu'affoiblir le malade ſans diminuer la maladie. Pour le critique, il eſt ou petit, ou mediocre, ou exceſſif Le petit ne doit point eſtre arreſté, au contriare il doit eſtre excité ſi faire ſe peut en grattant & frottant le nez,& en y mettant dedans quelque paille ou quelque plume afin d'irri- Remedes, de ter les veines & les ouurir, Au mediocre, il ne faut rien faire. L'exceſſifimmoderé pour empeſcher qu'il D # n'oſte les forcès & la vie toute enſemble doit eſtre promptement arreſté,veu qu'il prend la qualité & la gie exceſſiue. # # condition du ſymptomatique.Il faut donc en premier lieu, tirer vn peu de ſang, & à diuerſes fois des propriei# " bras pour ſeruir de reuulſion.En apres il faut ſe ſeruir de remedes aſtringens & glutinatifs pour appliquer ſur le front & ſur les temples, dilayant auec de l'eau roſe & vinaigre & vn blanc d'œuf, du plaſtre , du poil de liévre, & du bol armene ; on met dans les narines quelques poudres adſtringentes , ou du cotton trempé en quelque decoction adſtringente. On met alentour du malade des § trempez en oxycrat , meſme ſi le flux eſt grandement exceſſif, on luy enueloppe tout le corps en pareils lin- ges, on en met pareillement ſur la bource des teſticules. On oſte le malade de deſſus la plume & le • met-on ſur la paille. On luy applique des ventouſes ſur la region du foye, On luy frotte l'eſpine & les lombes de cerat de Galien rafraiſchiſſant, d'oxyrhodin , ou de mucilage de ſemence de pſyllium tirée auec l'eau de pourpié. On luy donne à boire de l'oxycrat auec le bol armene & la terre ſigillée. On luy prend au col du coral rouge, & du iafpe que l'on croit auoir la force d'arreſter toutes ſortes de flux de ſang. - | Des du Traicté des Fiévres. 845 : : e-• •-•r • •- Des ſymptomes des fiévres qui appartiennent à la ſimple affection du corps: Et premierement de la iauniſſe. C H A p 1 T R E XXV. - - - , $)# # $ 7# foye, ou de l'obſtruction du conduit cholidoque, par lequel la bile a accouſtumé de ſe jauniſſe. deſcharger dans les boyaux pour les irrirer à l'excretion des excremens. Lors donc que ce conduit & paſſage eſt eſtouppé, la bile au lieu d'aller aux inteſtins ſe porte dans les grandes veines, & des grandes aux petites , & des petites dans toute la ſuperficie & ha- noiſtre, ſi cét accident quand il ſuruient aux à des exemples ſi contraires entre eux, qu'il eſt difficille d'en tirer quelque reigle aſſeurée. Au reſte ſi la iauniſſe vient de l'inflammation du foye, elle n'a point d'autres remedes que ceux que l'on fait à § iauniſſe. l'inflammation. Quand elle vient d'obſtruction, il faut ſe ſeruir des medicamens qui deſtoupent & qui ouurent, deſquels nous auons rapporté grand nombre cy-deuant. .. On ſe ſeruira pareiilement de pur- gations frequentes, d'epithemes, de clyſteres, iuleps, † & autres. Le corps ayant eſté ainſi , . preparé, lors qu'il ne reſte plus que l'humeur qui eſt eſparſe par la ſuperficie du corps on mettra le #º malade dans le bain d'eau tiede, afin de reſoudre le tout, & remettre le corps à ſa propre couleur. iauniſſe. -- De la ſeichereſſe, noirceur, & autres accidens de la langue.. C H A F1 T R E xxvI. A v T A NT que la langue a ſa tunique quil'enuelope commune auec toute ſa pouche, pourquoy la # l'œſophage & le ventricule, & qu'elle a de petites veines pat-leſquelles elle a communi langº d - # cation auec les viſceres, il arriue de là que de la couleur de la langue nous iugeons de la # les # diſpoſition des entrailles, & des humeurs qui ſont contenuës dans les veines. .. Auſſi # - # voyons nous durant les fiévres que la langue préd diuerſes qualitez & affections ſelon la qualiteCde condition , violence, & malignitè de la fiévre. Cela arriue volontiers à la langue, pource que les va- la langue peurs qui s'eſleuent de bas en haut lors qu'elles ſont paruenuës iuſques à la langue pour ne pouuoir paſ- # ler ſer outre, & pour trouuer la langue molle & ſpongieuſe, elles s'y attachent & la rendent telle qu'elles " ſont, tantoſt aſpre & rude, tantoſt noire,tantoſt fenduë, tantoſt ſeiche & ainſi des autres. Doncques tous ces accidens icy ſont produits par les fumées bruſlées qui s'eſleuent de tout le corps,& font le meſ cauſes dº me effect que les fumées qui s'eſleuent du bois qui bruſle, leſquelles noirciſſent la cheminée & y fót croi- # de ſtre vne ſuye qui la couure comme vne groſſe crouſte Or l'aſpreté de la langue venant d'vne grande # 2 ſeichereſſe doit eſtre † par les remedes qui humectent leniſſent & addouciſſent, comme par le ſy-laſpretéé rop violat,de iuiubes,de ſuccre candi,ſuc de regliſſe tenu en labouche. A meſme effect on prepare vn ſeichereſſe de agariſme de decoction d'orge , de racine, & ſemence de guimauues, de ſemence de lin, de fuëilles de la # † de pourpié,de fleurs de violettes auecquelque ſyrop connenable. Les meſmes medicamens # ſont bons à la noirceur de la langue, enſemble les frictions que l'on y fait auec vn linge rude, ou auec §u, vne cuilliere d'argent, lauant auſſi la bouche auec verjus, vinaigre, vin blanc,ſyrop aceteux, miel roſat, Remedes à ſuc de limons, d'orenge,& autres. Quand la langue eſt fendue & comme decouppée en diuers lieux; lº lºgº pour l'addoucir on prepare le mucilage de ſemence de coins & de pſyllium, on la laue auec le laict clair, fenduë. ou meſme auec le laict on fait vn gagariſme de feüilles de laictuë, de pourpié, de plantin,de langue de Rimudes chien, ſemence de coins & de pſyllium,auec le miel roſat ou violat,& le fyrop violat. Pour les ordures § ordure, qui s'attachent à la langue,aux dents & au palais de la bouche,on les gratte auecvne cuillere d'argent,& de la langus on laue la bouche auec les meſmes remedes cy-deſſus ſpecifiés. -T - - »• A- De la froideur des extremitez du corps. C H A P I T R E XXVI I. V A N D les friſſons & les horreurs des fiévres intermittentes arriuent, ils ſont quel- V# quesfois tellement violens, qu'on eſt contraint d'y apporter quelques remedes. Le # # plus ordinaire eſt d'eſchauffer bien le lict des febricitans, les enuelopper de bonnes alai §. ſes chaudes, mettre des linges chauds ſur la poictrine, à l'entour du col, ſur le ventre, malade. #S S$ ſur les genoux, & autres parties c§ on leur faict prendre quelque choſe par abouche, comme deux doigts d'eau de vie, d'eau roſe, de canelle & de ſuccre meſlez enſemble , & infuſez par l'eſpace de vingt-quatre heures. D'autres donnent ſimplement de l'hippocras ou du vin Remedes in- d'Eſpagne, ou de la theriaque diſſoute dans de bon vin. Il y a des fiévres continuës où les malades ont teriº .. § touſiours les extremitez froides : à ceux-cy outre les linges chauds, on faict des douces frictions Fºf04- aueclinges mollets, on frotte les cuiſſes & les jambes auec huyles d'amandes douces, de camomille, de 85- lis, de iaſmin,afin de rappeller la chaleur On met dans le lict des bouteilles pleines d'eau tiede à l'entour du febricitant,on luy met des grez chauds au pieds,&à l'entour de luy. Quelques-vns les enueloppent auckdes fourrures bien douces & mollettes, qui peu à peu font reuenir la chaleur. C C C c De LA Qun : A jauniſſe qui apparoiſt aux fiévres aiguës vient ou de l'inflammation & ſcirrhe du cauſ# de la bitude du corps, ce qui le fait† tout iaune. Or ilya grande difficultè de recon- launiſſe cri- évres aiguës eſt critique ou ſymptomatique. Hippocrate ! iqueé ſym- - ptomatique. Remedes de • Abeilles chaſées par les araignées. D E S M A T IER ES, E T C H O S E S N O T A B L ES CONTE N V ES E S OE VV R E S D E M. A M B R O IS E P A R E', | . Conſeiller, & premier Chirurgien du Roy. . A § Aage,diuisé en quatre. ibid.b Aage, d'enfance comparé au Printemps. ibid. ſeiche de ſon propre tempe- 74772en?. l O 4 # Aage viril,comparé a l'Au- f0772/16'. ibid. 4ºge,auquel les hommes ſont appellez, lenes. ibid. *ºgº, caduc que froide & ſeiche, melancholique,fſ. cheuſe, & deſ?ite, combien dure. ibid.b Aage ºr » Pºur engendrer l'humeur ſanguin, quel I l. - º-Aºge connexe des choſes naturelles. 7.a "4age monſlre la maniere de viure. 2 I . C Chacun aage porte ſon indication. 32. "4ºge, demonſtre les humeurs en l'homme. 1 o.b Abeilles, leurs naturels. 41.d cºmment enſeueliſſent leur Roy. ibid. Abeilles de leur Picqueure, cauſent grande douleur. 499.b - Remedient à leur venin. ibid. Abeilles en graºd nombre , peuuent tuer vn homme. ibid. - ibid.d Ablution de tout le corpſ, en temps de peſte. 535. Abondance de viandes ſant ſaturité,& ſatieté. 2 2.a Abouchement des veines,& arteres. 67.b Abouchement notables,des veines mammilaires auec les epigaſtriques. 68.b Abſcez , & le moyen de connoiſtre l'inondation en i- C644X . 1 66.c és Abſcez , comme ſe doit faire l'apertion, & choſes à conſiderer. ibid. Abracadabra, mot pour guerir de la fiévre, 675.c Abſinthe,& ſa decoction pour tuer les vers. 48ſb Abſinthe,lauande,& c.bonnes pour roborer goutte#froi- des. 43º4ſc Abſinthe, origan, camomille, & c.boüillis pour # mede ſont bons. 44O.4 Abſinthe,thanaſie,rue,& c.bonnes contre les vers.47 ſ c Abſ#the » & noix de galle, pour faire baing, à faire •! mourir les vers. - ibid. Abſinthe, fiel de bœuf, & c. pour faire cataplaſme con- tre les vers. - ibid. ' l'Abſinthe,& feuilles de peſcher, propres contre le vers aſcarides. / ibid. Abu d'vn enchanteur manifeſté à tous les aſſiſtans. 673.d Abus de pluſieurs breuets, ſornettes, & ſotteries, pour guerir les maladies. 675. b Accident incurable quel. 339.d Accidents, qui ſuiuent les playes de teſte dangereux, quels. 2 26.c Quand aduiennent. 2 2 9.4 Accidents, qui aduiennent par trop lier, & ſerrer les | parties du corps. - , 33 1.b Acetabules, ou cotyleàons. 87.a Acetabulum. 147.b l'Acier ne reçoit la trempe en ſa ſubſtance interieure, & pourquoy. 286.c Acone, village des Periandins. 5o5.b Dont l'aconi a prins ſon nom. ibid. Aconit, autrement dict luparia, ou vulparia, & pour- quoy. 40/4.. Canſe perturbation d'eſprit. ibid. Faict venir les larmes aux yeux,2 cauſe peſanteur d'eſtomach. ibid. Venin auſſi dangereux que de la Salemandre.495.c En abondance és montaignes de Trente. 5o5.b Son principal antidote. ibid. Sa figure, & deſcription. ibid. Acorus vulgaris, ou prins. 7O4.4 l'Accouchement doit eftre gardée tl'air froid. 61o.b l'Accouchée, ne doit alaicter ſon enfant, que quatre iours apres ſa natiuité. 6o3.a Lieux commodes pour accoucher. 612.d Atcrochordon, eſpece de verrue aduenantes au col de la matrice. 63o.b ' eA corochordon verrué pendante & ſa cure 176.c · Acromion faict de l'eſpine. I 55.c . Qut c'eſt. ibid.352.d #.. Acte venerien abiett,& immonde. I O I . · Action, ou operation que c'est. # f01ſl• 'Attion, & œuure different. - Actiºn principale diuisée en trois, & ſes differences 18.b - CC Cc 2 toute Table des Matieres. - •Aflembics de verre, & leur figure. ibid. Alexandre le Grand,ſon viſage & naturel. I.4.6 Alexandrin, & roſat,ſynonymeſ. 168.d Alexitaire tres-bon contre la peffe,quel. 569.d Alexitaires de deux ſortes. 5'47.c Alexitaire & ſa quantité. ibid.d Alexitaire des enfans qui tettent. , 567.a Aliment que c'eſt. • 7o3.c Aliment & medicament en quoy different. ibid. En quoy conſiſte la bonté ou malice de l'Aliment. 2 1.c Alimentum qu'eſt-ce ſelon Galien. 3 14.4 Alimens quel, pour garderſanté. 2 I. C Alimens doiuent eſtre plus grand en Hyuerqu'en Eſté. 23o.b Alkermés graine d'eſcarlatte,reſioiiit le cœur. 735.a Alkermes, & confettion a'iceluy, bons contre la peſte. j 33.c . . Allantoide. 89.b eAllemans, quels 15.b Allemans inuenteurs de Canonnerie & Imprimerie. ibid.c eAllemans vuident leur differens par le duel ibid. Allemans, Reiſtres, auallent la poudre à canon pour medecine. 266.b Alces , bon contre les vins. 485.c Aloës & autres choſes ameres,appliquées ſurla teſte des ſangſues,les font quitter. 5o2.a Aloes poiſſon monſtreux, & ſon pourtraitt. 681.b Aloe, magiſtrat de Bretagne. 668.a l'Aloetit craint l'eſmerillon & l'eſperuier 52.d Alopecie, ſes cauſes & cure. 378.b Alopecte ditte pelade ou cheute de poil. ibid. | Signe de ladrerie. 488.a Alopecie ſe guarit en allant en Bauiere. 378.c Alopecie venant de vieilleſſe fiévre hettique,ou bruſ- leure,& c.incurable. ibid. Alopex regnard. 28.4 Alphitidon. 33 3.b Alteration & ſoifd'où cauſée aux filles. 637. a Alteration ſubite, de quoy faicte. 72o.b Alteration de l'humeur veneneux comment faiéle és morſures. 489.c Alueoles, cauitez des dents. 1 18.c Alum cuit propres aux chairs ſpongieuſes. 3o9.4 Singuliers ſur tous cicatriſatif . 561.d Alum & vitricl, cicatriſent. 3 16.b Aluine hachée,& miſe ſur vnepaelle chaude, appli- quée entre deux linges, propre aux meurtriſſeures. 298.b Aluine, la rhué, & le laict, bons contre le ſpaſme 5o4 b Amarry , & ſa ſituation. 79.c.4 d l' Amarry, combien a de cellules. 654.a Fauſſes opinions ſur ce. 86.c marry,mere nourrice de la ſemence receue. 89.b Precipitation d'Amarry,que c'eſt. 622.a Cure d'icelle. AI ibid.c Suffocatiö d'iceluy, que c'eſt, & ſes cauſes & ſignes. 6o2.b - Reſiccation d'iceluy,& dequºy cauſe. 526.d Ambiſſadeurs des gueux,voyageurs. 669.a Ambi inſtrument propre a reduire l'eſpaule,& deſcri- ption d'iceluy. 364,a eAſme,& ſa definition. 593.b,c l'Ame pourquoy ainſi appellée. 593.b Pourquoy dite eſprit & raiſon. ibid. Et pensée,ſens& courage. ibid. l'Ame & l'eſprit en quoy differents. 593.d l'Ame eſt l'entelechie. ibid.a l'Ans eſt creée de Dieu 4I4.C.591.6 l'Ame eſt inuiſible & incorporée. 593.b l'Ame impaſſible,ſelon Ariſtote. 26.d lAme, inſpiration de l'eſprit diuin, diſtingue l'homme des beſtes. 616.b l'Ame n'eſt point à l'enfant qu'il ne ſoit entierement ormé. 592.b l'Ame raiſonnable eſt en l'enfantauſoixantieſme iour. 1bid. l'Ame a trois facultez. 59.c Vnies en vne. - 593.4 l'Ame ne peut faire ſi toſt ſes fonctions. j92.c l'Ame deſtituée d'arts. 54.4 l'Ame n'eſt non plus grande en vn corps qu'en l'aure. 593.c l'Ame intellectuelle donne aux hommes laratiocination & connoiſſance. ibid. l'Ame de l homme,& ſon excellence. 8.d Emporte les perfections des autres. J93.c Surpaſſe celle des beſtes & plantes. 8.d l'Ame a le corps pour ſon logis. 594.C eſt la perfection d'iceluy. j9.c l'Ame bonne contemne les choſes elementairer,& priſe les celeſtes. J93.4 l'Ame ſenſitiue donne aux beſtesſentiment & mouue- W726'//t, ibid.d l'Ame vegetatiue donne vie aux plantes, & les faict croiſtre. 8.d l'Ame des plantes de moindre vertu & plus impar- faicte que celle des beſtes. ibid. Paſſions de l'Ame comment cogneues. 26.d Ameriquains mangent chair humaine. 16.4 #" leurs enfans dans le ſang de leurs ennemis. ibid. Amertume n'eſt propre és gargariſmes. 733.b Amitié extreme des beſtes enuers leurs faons, 4.3.4 Amnios. 89.b Amnios,premiere tunique. ibid. ibid.c Membrane prochaine du fœtus. Amnios & chorion,membranes liées enſembles, enui- ronnent le fœtus. ibid. Amnios, ou agnelette,ſecond tunique, enueloppant la ſemence. 59 I.a Amphibies. . j 3.6 Amphibliſtroide, ou retiforme. I 2 3.4 Amphitheatre de Diocletian,& ce que l'onfaiſoit en la dedicace d'iceluy. - 5 Io.c Ampoulles & veſſies,comme faites. 5 56.c Ampoulles dans la matrice, comment ſe font, & que c'eſt 59 1.c.d Ampoulle premiere où le foye ſe ſiege. ibid. Ampoulie deuxieſme, ou le cœur prend ſa forme. ibid. Ampoulle troiſieſme, où la teſte ſeforme. ibid. Amputation des membres,dernier remede. 3o8.c Comment doit eſtre faicte. 778.d Ce qu'il faut faire auant icelle. ibid. Se doit faire promptement. ibid. Amputation d'vn bras mortifié. 3o9.4 Amputation à la iambe & au bras,doit eſtre faicte au contraire. 3of.d Amygdales. 74. Leurs cauſes, ſignes,& vſage. 188.d Cure d'icelles. ibid. Anabroſis. 2o7.4 Anaſarca, ou leucophlegmatica,'eſpece d'hydropiſie. 192.d Anaftomoſe que c'eſt. 78.a Anaſtomoſis. 2 o7.4 Anatomie & ſa definition. 59.c CC Cc 3 Anate Table des Matieres. Anatomie neceſſaire au Chirurgien. 1o7.a Qaatre vtilite (principales d'icelle. 57.c Que ſert ſa connoiſſance. 57.b Analomie premier fondement de la Medecine. 3.c L'ordre que ſuit l'Autheur en ſon anatomie. 57.b eAncyle,ou ancyloſtº. 34l ,C André Theuet,& ſon teſmoignage de la mumie. 296.b Experience d'iceluy. 297.b Androgyne en Grec ſignifie homme & femme. 614.b Andura,ou hoga,poiſſon monſtreux. 684.a Aneuriſme & ſa definition. 184.a Ses cauſes & ſignes. ibid. Moyen de lesguarirpar operation mannelle. ibid.b Aneuriſme cauſe de gangrene. 3o2.b,c Aneuriſme causéparcicatrice autour de l'artere.38o.é és Aneuriſmes on ſent vne pulſation, quelquesfois ſont auſſi ſans pulſation. 184 b ' les Anges cree (de Dieu pour citoyens du Ciel. 67c.d Sans corps. ibid. Anges ſeront enuoyez pour recueillir les Eſleus. ibid. Anglois vuidoient leurs differens parle duel. 15.4 Anguilles peuuent eſtre appriuoisées. 46.c eAnimal ſanguinſroid,a plus de graiſſe. 63.d chaque eAnimal a enuie de perpetuer ſa race. 59.b nul e Animal deſgarny des eſprits fixes, & de la cha- leur naturelle,ne peut viure. 18.d eAnimal mangeant choſe veneneuſe,porte quelque nui- ſance. 483.d Animalreſſemblant vn Scorpion, trouué au cerueau d'vn Italien apres ſa mort. 47 1.b Animal ſorty d'vne apoſteme de la cuiſſe d'vn ieune homme. ibid.c Animal merueilleux nay d'vne femme. 472.C eAnimal ietté par la verge, quel. ibid. Animal petit,& malaisé de ſes membres en Egypte, qui eſt la mort. du genre humain. 494.d Animal naiſſant ét Indes,dont la corne eſt ſouueraine contre tous venins. 5 1o.d cAnimalterreſtre,au Cap de bonne Eſperance, qui ſe plaiſt en la mer,ennemy des Elephans. 5 1 I.a les eAnimaux ont reçeu quelque choſe de particulier de Dieu. 36.d les Animaux craignent l'homme & luy ſont ſubietts. j 4.4 - Pourquoy la raiſon ne leur a eſté donnée ibid. Leur proprieté. 39.a Leur artifice. - 4 I.4 Animaux, les vns ſont hardis,les autres timides. 39.a tous Animaux taſchent à entretenir leur vie & leur corps. 44.4 En quels temps s'accouplent. ibid. les eAnimaux ont certain temps à porter leurs petits. 586.d eAnimaux ſoigneux de leurs petits, & en quel temps plus furieux. 43.4 eAnimaux , tant terreſtres qu'aquatiques , donnent cognoiſſance aux hommes des mutations des temps. 39.C - eAnimaux de pluſieurs ſortes preſageans la peſte ſur la terre. - 53 1.b eAnimaux veneneux ne ſont ſeulement ſur la terre. mats dans la mer. joI.c quels Animaux n'ont qn'vn boyau tout droit. 73id eAnimaux de toutes ſortes veu à Rome és ſpectacles faits par Gordian. 5 I o.c eAnneau ou glandule. 7 I.c eAnnée diuisée en quatre ſaiſons. I O. C Chacune d'icelles requiert ſon medicament. 29.c •Anodyns, & leurs differences. 716.d. 717 Vſage d'iceux. ibid. Anodyns de deux ſortes, fort proprer. ibid. Tons medicamens qui curent les maladies ſont Ane- dyns. tous Anodyns,quelle faculté ont. 28o.a Anthes,& ſcares poiſſons ſe courent l'vn l'auire. 47.c Anthrax. 164 c Anticnemion. I49.c Antidotes de diuerſes ſortes contre le venin. 499.a Antidote principal de lapeſte,eſt conuerſion & aman- dement de vie. 569.c l'Antimoine produit des effects merueilleux. 624.a Antimoine eſt ſingulier contre les venins. 492.d Armoiſe bonne contre la peſte. 551.4 Antiochus premier mena en bataille les Elephans con- tre les Romains. 44.d Antoine Mizauld,homme de grande recherche & tru- dition. - 52.C Aorta,Ariere ainſi nommée. 96.c Aphoriſme,que c'eſt. 7644 Aphoriſme d'Hippocrate appartenäs à lachirurgie.ib. Aphthée,maladie familiere aux petits enfans. 32o.d Apium riſus, on ſardonia, rend les hommes inſenſez. 5o3.d Apochema. - 333.b Apollo,inuenteur de la Medecine. 1.b Apollonius, excellent en la ſcience de contrefaire toutes voix de beſte. ". 56.4 Reſponſe ſubtile d'iceluy. 4I 1.6 Apolºgie & traitté contenant les voyages del'Autheur en diuers lieux. 777 a Apophlegmatiſmes. Uoyez maſticatoires. Apophyſe,que c'eſt. I 4 I. 4 Apophyſe vermiformis. 1 1o.d Que c'eſt,& pourquoy ainſi dite, & l'vtilité d'icelle. ibid. Apophyſes pterygoides. 1o7.b Apophyſes clynoides, & leur definition. 111.a.115.a Apophyſes droites des vertebes du col, 129.b Apophyſes obliques. 1bid. Apophyſes mammillaires du cerueau. I I O.4 eApºphyſes du thorax ne different de celles du col. I 34 Ap§ſes & epiphyſes ſont part ies del'eſpine. 356.d Signes des ſeules Apophyſes rompues. 34O.4 Apoplectiques,pourquoy meurent. 773.b Apoplexie & paralyſie different. 213.b Apoplexie & epilepſie,en quoy different. 245.b eApoſpaſma. 2o7.4 Apoſteme, ſa definition & differences. 1 61.b eApoſteme n'eſt fait iamais de pur & ſimple humeur. 164.c Apoſteme ſe peut faire au cerueau, contre l'opinion d'aucuns. 243'4 eApoſteme peſtiferé appellé bubon, ou boſſe. 556.a Sa cure. - ibid.h Signes d'Apoſteme peſtiferé, ibid. Quand la boue eſt faicte en i eluy. 557.4 Apoſteme de la groſſeur d'vn œufcrachée par vn ieune garçon. 663.c Apoftemes & leur prognoſtic general. 163.b Apoſtemer, & toutes leurs cauſes,ſe rapportent à trois. 162.b Trois choſes à obſeruer en leur curation. 173.b Apoſtemes qui ſefont au foye.c leurs cauſes. 3o2.a Apoſtemes,difficiles à guarir,quelles. 163.b Apoſtemes ont leur paroxiſme conforme à l'humeur dont ſont engendrées. I 62.c Apoſtemes & tumeur d'où dependant. 1 1.b En icelle le ſang doit eſtre rettifié. ibid. Apoſtemes ne doiuent eſtre ouuerte deuant la parfaicte r ſuppnra Table des Matieres à - ſuppuration, J 57.4 Signes par leſquels le Chirurgien connoiſt comment l'a- poſteme ſe termine & reſoult. 162.d qui ſont celles qui doinent eſtre ouuertes auant la- ditte parfaicte ſuppuration & comment. 166.c Apoſtemes & fiévres putrides en tsmps de peſte ſe tournent en icelle. 629.a Apoſtemes & luxations peuuent aduenr aupetits en- fans au ventre de leur mere. 352.4 Apostemeſ aduenuës aux petits enfans non purgées à ſuffiſance, malaisées aguarir. 469.4 Apoſtemes en Sarragoce d'Arragon durent vn an.315.b és Apoſtemes ſe treuuent des corps bien eſtranges, & quels. - 473.4 l'Apothicaire doit ſçauoir l'Anatomie, 57.a l'Apothicaire ignare fruftre ſouuent l'experience du Chirurgien & Medecin. ibid. tou Apothicaires ſe diſent auoir de la Licorne. 5 18.d caution touchant l'auarice des Apothicaires. 2 5 5.a Appendices glanduloſae. 83.b Appetit canum. · .. 28.b Appetit corrompu & depraué où giſt és filles & cure d'iceluy. 637.a Appetit depraué des femmes groſſes quand aduient. 589.d.637.a Appetit plu grand en Hyuer qu'en Eſté. 7o7.a Application indeue de repercuſſifs & reſolutifs cauſe de nœuds. 439.b Arabes quels. 1 5.b les Arabes inciſent les arbres d'encens & les ſophiſti- quent auec reſine. 557.b l'Araignée,ſerpent & crapaut ont inimitiéiurée.52.d Araignées & leur Artifice en faiſant leur toille. 41.c 499.C Araignées comment prennent les mouſches. ibid. Araignées de pluſieurs eſpeces. 499.c raignées ayans la bouche au milieu du ventre. ibid. »Araignées en Italie fort venimeuſes en Eſté. 34.a Araignées nommées rhagion quelles. 499.C Arbre priué de ſes fleurs est ſterile. 63o.a Arbres frutctiers portans froment. 7o8.d Arcabuto premier Chirurgien à Rome. 7.b Lapidé au camp de Mars. - ibid Archers iadis mis és batailles à la premiere pointe, comme ores les Arquebuſiers. Architecte diuin de grande prouidence. I2 I.G Ardeur du corps,6 ponctiis ſignes de ladrerie.478.2.d eAreſtes attachées à la gorge,& les moyens de les oſter 393.c Argemon , que c'eſt. 319.d Argent & or, amoureux du plomb. 286.b Argent vif pourquoy ainſi nommé 5o8.a l'Argent vif eſt extremement froid. ibid. chaud au dedans, & froid au dehors , ſelon Para- celſe , veneneux, ſelon aucuns. ibid.b.c Argent vif de deux eſpeces. 5oo.c ſigne quand il eſt bon. 449.b . où ſe treuue. 5o9° Argent vifmeilleur de tou, eſt le plu clair ſubtil & blanc. ibid.b comment eſleu, preparé, & mixtionné. 449.4 moyen de le bien eſteindre. - ibid. Argent vifeft faitt de plomb, & autre matiere froide. 5o8.b.5o9.a eArgent vifeſtpurifié en bouillant auec du vinaigre. ibid.c Argent vif, ſouuerain contre l'iliaque paſſion, auatlé auec eau ſimple. 42o.b faict mourir les poux. 5o9.b Ordonnépour la rogne & tigne. ibid. º, - bon pour les vlceres & chancret. - ibide »Argent vif, dernier remede aux femmes qui ne peu- nent accoucher. ibid. Furet de la verole, 449.6 Mray antidote d'icelle, ibid. Pourquoy appelle furet par l'Autheur. · ibid. l'Argent vif a les actions & vertus du gaiac. 447.b Argër viffait mourir vn ſinge pour en auoir beu.5o8 « Auallé ſans aucune leſion. ibid. Ariſtoloche longue, ordonnée contre l'aconit, jo5.b Ariftomachus a nourry cinquante-huict ans des mou- ches à miel. - 42.a.4 Ariu Peripatetitu mort ſubitement, de boire de l'eau froide. 29.d Armées eſpouuantées par vn lievre,& par des char- dans. , 47.rz Armées apperceuës au Ciel. 7oe.c Armoiſegrandement louée des anciens contre la morſu- re des ſerpenr. .551.b · Maniere de tirer l'eſſence de tous aromates. 753.as Aron, herbe ſauuage propre aux Ours pour amollir le Q/6/1fY6'. 39. C Arriere-faix, ou chorion,en quel temps faict & formé. « 19o.b - Ses noms diuers. 6b1.d l'Arriere.faix doit eſtre ſubit oſté apres l'enfantement 6oo.b.6o1.b l'Arriere-faix ne doit eſtre rudement tiré. · ibid. l'Arriere-faix empeſché de ſortir,& les cauſes, 6oo.b Arſenac de Paris bruſlé de poudre à canon. 268.b Arſenic, c'eſt chaux viue, ou orpiment. 5o7.c Arſenic, ou venin, apposé ſur la region du cœur, pre- ſerue de la peſte ſelon aucuns. 537.b Art, chacun art a ſa maniere de parler. 28.d l'Art & maniere de viure pourquoy à cvnſfderer. 19 d Artere & ſa definition.. 67ſa Origine d'icelle, & diuſion du ramean deſcendant ' " aux parties naturelles, 77.c Sa diuiſion. | . 1O I.4 Artere intercoſtale, mammillaire,ceruicale, muſculeu- ſe, humorale. ibid. Artere veineuſe & arterieuſe, & diſtribution d'icellei. 92.d. e Artere axillaire & ſ diſtribution. 137-d Artere muſculeuſe, quelle. ibid. Artere veineuſe a pris nature de veine , & pourquoy. 98.b.c Artere accompagnée de veine comme s'entend, 1oº a l'Artere qui eſt ſous la baſilique, ne doit eſtre touchée en ſaignant. 42 I.4 l'Artere contient vn ſang plu ſubtil que laveine.67.b l'Artere ouuerte auec la lancette, n'eſt non plus dan- gereuſe que la veine. 38o.a l'Artere ouuerte par l'Authour au Prince de la Roche- ſur ron, pour la migraine. 38o.a Ariere ne s'arreſte iamais à la veine en quel endroit du corps. - 59o.d Signes que la grande eArtcre & veine caue ſºnt vulnerées. 2 5o.d Tºouls de l'Artere ne ſe peut empeſcher. I7.c eArteres, leur declaration & figure. • IO1.C Source d'icelles ou giſt. 77.b.96.d deux eArteres emulgentes produites par nature. 67.b eArteres coronales du cœur, & leur diuiſſon. 1o1.4 les Arteres ne ſont iamais ſans veines. . l OI.C Arteres ſont en perpetuel mouuement. 164.d lequel eſt changé par les paſſions de l'ame,& le mou- uement du cœur. - ' , » r, , 25.c Arteres comment ſe iettent dans les parties du cºrpº. I4O.4 - - CC C c 4 , - Arttres Table des Matieres. Vtilitez d'iceux. 292.b les Bains ſont profitables aux inflammations des poul- 7720/1J. ibid. Conſiderations pour bien vſer des Baings. 738.a vſage des Baings chauds & froid . 737.a Baings pour les hettiques quels. 2 jj.a Baing & fomentations pour la colique & matiere d'i- C6'14.X'. 419.b Baings hypocauſtes propres aux coleriques. 44 I.4 Baings contre les vers. 475.c Baings pourfemmes accouchées. 61 1.d Baings ſudorifiques aydent à couler les mois. 632.b Baings & purgation pour les flux muliebres. 61o.c Baings & demy baings vtiles pour diſſiper vrine.416.c Baings relaxatifs anodyns deterſifs dequoy faits.737.c Baingr propres pour les femmes quel . 737.d demy-Baing, ou inciſion ou ſemicupium que c'eſt.735.d Matiere & vſage d'iceux. 736.a ſe Baigner dans la mer n'eſt remede certain contre la rage. 462.c Balanus. r 85.b Voye de l'vrine. 71 5.c Balbutier que c'eſt. , 661 .b Balde Iuriſconſulte mordu de ſon chien enragé,mourut furieux & enragé. 49 1.d Baleine & ſa deſcription. 688.d.689. Sa figure, comme departie à eeux qui la prennent. ibid Son cri entendu d'vne lieue. 688.d la Baleine ſuit volontiers le poiſſon gouuerneur. 47.c Baleine d'autre eſpece & couleur que la grande & ſa Deſcription. 69o. vne Baleine morte & pourrie cauſe lapeſte à la Toſca- 7767. 528.c Balle d'arquebuſe demeurant par l'eſpace de dix ans dans la chairſans faire nuiſance. 5o8. la Balle comment doit eſtre tirée des playes. . 273.c Balle de cire perçant vn bois de l'eſpeſſeur de demy doigt. 267.a Balle de plomb frottée de vif argent auallée par vna- ant la colique. 42O. Balle & differences de leurs matieres. 272.c Balles a'arquebuſe demeurant ſouuent au corps long- temps. 28o.c les Balles ne peuuent eſtre empoiſonnéeſ. 266. les Balles ont plus de force contre choſes dures que mol- les. 285.a Baluſtre fleur de grenade. 91.b Bandage pour les playes. - 277.c Bandge feneſtré ne vaut rien. 345 & Ba»dage du genoüil comment faict. 336.a Bazdage des vlceres & par qui inuenté. 319.c Bandage de la cuiſe apres la reduction. . 286.a Bandages quels pour la cuiſſe. - 342.d Bandages de la face comment doiuent eſtre attachez. 246.a.b - Banaages des fractures & luxations en quels temps ſe doiuent deſlier. - 336.a tes Bandages ſe laſchent de 3. iours iuſques au 7. Vtilité des Bandages. - ibid.d . /l faut humecter les Bandages. 335.d Ce qu'il faut obſeruer aux Bandages pour les fra- čtures auec playes. 34 2 . Bande nombrillere. 329.d trois Bandes neceſſirer aux fractures. 328.b la Bande doit commencer au fonds du ſinus. 327.d la Bande doit tſtre amenée du lieu au quel l'os eſt tom- bé. 328.b la B ande doit eſtre ſerrée moderément. . 329.c les B»ndes ſont de deux especer, , , , 328.b de toileforte & non rude. M A• • • • 342.C Bandes àfaire ligatures,differentes entr'elles. 327.b Conditions requiſes en bonne Bande. 317.b llfaut Bauder les parties en la figure qu'on les veut laiſſer. ibid. Barbes differentes de l'homme à la femme. I 17.4 Pourquoy nature en a mis à la face. ibid. Barbiers & Apothicaires font ſouuent ouurir le ciel par leur imperitie. 536.d Bartholomeus Magius Medecin Boulonnois. 48 5.b Baſilic & ſa figure. - 495.4 Baſilic nommé roy des ſerpens. 494,c Baſilic le plus venimeux entre tous les ſerpens. ibid. le Baſilic par ſon ſeul regard & cri fait mourir les hom- mtº. . 486.a le Baſilic tué toutes beſtes veneneuſes demeurant au- pres de luy. ibid. & 494.c le Bºſilic regardé attentiuement quel mal en aduient. ibid. le Baſilic apres ſa mort a des grandes vertus. ibid. le Baſilicfait mourir les herbes & arbres par où il grat- te.. ibid. Baſilic acheté par ceux de Pergame pour mettre au temple a'Appolon & pourquoy. ibid.d Par le Baſilic les oiſeaux ſont engardés de faire leur nid & les araignées leur toile. ' ibid. Pourſouuent ſentir le Baſilic,eſt engendré vn ſcor- pion au cerueau. 47 I.C Baſilic broyé entre deux pierres & exposé au Soleil, d'iceluy naiſtra vn ſcorpion. ibid. Bºſilicon liquefié en huyle eſt propre aux playes.283.b D'arquebuſe. 285.c Baſilic, eſpece d'artillerie. 26 1.d. Baſtarde, eſpece d'artillerie. ibid. Barrachium en Grec,& Ranula en Latin,eſt vne apo- ſteme ſous la langue. 188.b eAutrement Ranunculus. 556.c Battement de cœur, & la cauſe & cure d'iceluy. 636.c Baue des animaux de qualité contraire à noſtre nature. | 487.b Beaume & la maniere de le faire. 775.d Beaume artificiel de l'Autheur. 248.d Excellent aux playes des nerfs & des iointiures. 2.59.a - Beaume naturel a chacune partie. 259.d Bec de liévre, espece de maladie & ſymptome. 28.a - ue c'eſt, & comment reduit. 324.d Bec de cane,& ſa figure. 274.4 Bec de cane caué pour tirer la pierre, & ſafigure. 4O7.c Bec de corbin dentelé,& ſa figure. , 27 3.c Autre pour rompre la pierre en la veſſie. 4o9.d Bec de corbin a'autre facon. 4IO.4 Bec de grué,droit,& ſa figure. 274.4 Bec de corbin propre à tirer les fleches des os. 388.b Bec de grue cauldé,& ſa figure. 273 . C Bec de perroquet, espece de tenailles, & ſa figure. 275.a Bec de lezard, eſpece de tire-balle , & ſa figure. 274.b la Bellette ennemie mortelle du Baſilic, 494.6 a autant de force contre iceluy, que le Baſilic contre les hommes, ibid. la Belette mange du Tapſus barbatut pour ſa guariſon. 39.0 - la Belette faiſant guerre à l'aſpic , s'arme de rue 5 2.d - la Belette & les rats ennemis. 53.4 Beliers ". Table des Matieres. Beliers s'entrechoquans , preſagent changement de temps. - 4o.b Bernard l'ermite,poiſſon,& ſon pourtraict, 687.b Ou ſe troune, & figure de ſa coquille. ibid. , Beſides pour redreſſer la veue & leur figure. 573.b,c les Beſtes creées pour ſeruir l'homme. 54.d Beſtes brutes monſtrent pluſieurs choſes aux hommes, fuyent le mal, & preſagent le beau & mauuais temps. - 39.b.4o.b Douées de certaines vertus naturelles. ibid. les Beſtes ont l'ame ſenſitiue. 593.c Beſtès brutes differentes grandemens les vnes des au- fr6'J. 39.b Ont guerre perpetuelle entr'elles 52.6 les beſtes ſentent & monſtrent le changement des temps. 53 1.b Sont dociles 5 O. a S'entendent l'vne l'autre en leur eſpece. | 5 1.c les Beſtes connoiſſent la Medecine de nature. 5 5.c Ont enſeigné aux hommes pluſieurs remedes. 39.c les Beſtes ne ſont tant miſerables que les hommes. 51.d - les Beſies ont vne ſympathie & antipatie entr'elles. ibid.c les beſtes n'ont iugement aſſeuré. 55.a Beſtes en general ayment ce qu'elles engenàrent. 43.4 les Beſtes peuuent eſtre appriuoisées. 45.d Ont leurs armenres naturelles. 49.b Beſtes à quatre pieds ſuiettes à la peſte venant de la f67rre. 53 1 b les Beſtes n'ont connoiſſance de Dieu. 55.d Beſtes # de leurs trous & cauernes,que ſignifient. J 3 I . - Beſtes ſauuages fortferieuſes,quand demandent à s'ac- coupler. 588.c Beſtes abhorrent le coit apres leur conception,& pour- quoy. ibid Beſtes veneneuſes. 486.a Beſies veneneuſes eſtimées eſprits de Dieu en Calicut. 495.b Voye ( animaux. les Beſtes ne tuent ſeulement par leurs morſures ou pi- queures. 483.a Beſtes inſettes,que c'eſt. 42.d Bezahar,que c'eſt,& ce que ſignifie. 5 56.a Où ſe trouue. ibid. Bezahar de l'apium riſua,eſt le ſuc de Meliſſe. 5o5.a Du Napellu, quel. ibid. b Deſcription du Bezahar,vſage,& le moyen de le con- noiſtre. jO4.4 Bezar,ou pa (ar pierre creée en vn Bouc és Indes,& ſa deſcription, ibid.b Biarris pres Bayonne,où ſe prennent les baleines, & C07777/76/1f. - , 689.d Biches font leurs petits pres des chemins, & pourquoy. 43.4 - -- Bievre, beſte amphibie. 5 3.C Bile,& ſes ſignes. " ! # Bile,cauſe de la fiévre tierce. 17O.c Bilieux ſuiets a la diſſipation d'esprits. : 71.a Bilis flaua,c'eſt à dire cholere iaune. I I , C Bis pueri ſenes. - IC,4 Biſtoire lancette courbée. 191.b Leur figure. 1bid. Bitume, que c'eſt. 2 94. C Bize. A , 2o. d Blanc & rouge font la couleur belle. 74O. c Bleſſeure de Monſieur de Martigues à Hedin, & diſcours ſur icelle. 291. c. & 413.b Bleſſeures enuenimées, quelles. 289.s Bleſſez doiuent euiter les femmes. 2c9.d Bleſſez meurent pluſtoſt en Hyuer,qu'en Eſté,& pour- quay. 2 6o.a Bleſſe (de balles,comment doiuent eſtre ſituez pour les extraire. 264.d Boete nommée de Grecs Cotyle,des Latins Acetabu- lum. 147.b Bœufs ſe leſchans à contre-poil,demonſtrent change- ment de temps. 4o.b Bœuf & moutons mangeans des bupreſtes deuiennent gros & enflés. 5o1.b Boire & manger. 2 I. C Ordre d'iceux. 2 2.4 Boire & manger,neceſſaires apresl'air. 2 1.b Boire,contraire aux goutes. 432.d Boire à grands traicts, bon pour eſtancher la ſoif. $ 46.c le Boire des femmes qui ont par trop le flux de ſang, quel. 634.b Incommoditez de trop Boire. 432.d Bota,racines,eſcorces,coquilles de mer,ou graines,com- ment ſe doiuent diſtiller. 771.a Bois couppez en pleine Lune, ſont ſuiets à pourriture. 53 2.b les Boueux engendrent des boiteux le plus ſouuent 3 5 2.4 J Bol d'armenie,& la terre ſigillée ont grande vertu con- tre la peſte. - 567.b Bombarde. 261.d Bombus, que c'eſt. 261.d Bombus, ou bourdonnement,d'où causé. 467.as Bonnet dccuir fait au laquais de Monſieur de Coulai- ne, ayant perdupartie du Crane. 241.d Borborygmes, que c'eſt. 418.c Bord, lévre ou ſourcil, vnis auec l'os par ſymphyſe I 47.4 - Borgnes viſent mieux, & voyent plus loing que ceux qui ont deux yeux. I I 3.4 Boſſe, que c'eſt. 556.4e Boſſe,nom de peſte. 5 26.c Baſſe & charbon different. 558.a Boffe & charbons ſuruenans aux petits enfans , com- ment cure K. 5.45.c la Boſſe ſe doit tenir long temps ouuerte. 558.d Bºſſe ſur le dos du Batrole comme celle d'vn Chameau. 5 I 5. a Boſſes & charbons rarement ſont ſans fiévre. 559.d Boſſes & charbons apparoiſſans deuant la fiévre.eſt meilleure qu'apres. 559 .4 Boſſes & charbons qui ſe deſſeichent & ſe retirent trop toſi,c'eſt ſigne de mort. ibid. Boſſes & charbons de couleur verte, noire, ou violette, mortels. - 54 I -# Boſſus engendrent boſſus aucunefois. 35 2.4 Boſſu ont volontiers l'haleine puante. 466.c Batallus, & opinion d'iceluy ſur le paſſage du ſang du dextre ventricule au ſeneſtre. 98.c Botines, l'vne ouuerte, & l'autre cloſe, & leur figure 579.b Botryon,que c'est. 319.d Bouc appellé Pazin. 5c6.a. Bouc nonrri en ſa maiſon en temps de peſte eſt bon, Cº p ourquoy. 5 3 2.4 Bocquin, pourquoy ainſi dit. 28.b nom de Bonche, qu'emporte. 127.b la Bouche rendue tortue,par trop ſerrer les playes des ioues & lévres. 33 1.b flux de Bouche violent doit eſtre moderé. 452.d Remedes pour ce. #53-4 moyen Table des Matieres. ºu # ft ' moyen dont on vſe pour tirer ce qui eſt en la bouche & gorge. 6.a,b Bouchet, ou hippocras d'eau. 346.a Boue en François, Pus en Latin, & Pyon en Grec,ſi- gnifie humeurputride. 3 I.4.4 Boué peut eftre euacuée par les vrines. 4 I 3.c Et comment. 792 d Boué d'apoſtemes faites au bras ou ratelle, poulmons ou foye, & parties internes,euacuées par les vrines. I7. a - Boue fetide aux vlceres de la veſſie,& non des reins,& pourquoy. 322.b ſignes de la Boue faite en l'apofteme peftiferé. Bouleuers & fortification à la mouelle ſpinale, que c'eſt. 356.b - - Boullet d'artillerie bleſſe ſans toucher,6 comment.28o. c.285.a - : la Bouillie eſt bonne aux petits enfans. 6o6.a Comme ſe doit preparer. ibid. la bonne Bouillie doit eſtre faite de farine cuitre. . 474.d la Bouillie ne doit eſtre baillée à l'enfant ſubit qu'il eſt 7747/, - 6o6.a Boiiillie bonne contre les vers, 474.d Bouillie contre le flux de ventre. - 565.d Bourde Italienne connaincue defaux. ibid. Bourdons chaſſez par les mouſches à miel. 42.4 Bourguignons vuidoient leurs differens par le duel. 15.b Bourſouflement en la partie contuſe , d'où causée. 293.d ' - - Bourſoufleure, que c'eſt, les cauſes & cure d'icelle. 636.d Bous, Bœuf 2 28.b ZBouteille de verre pour tirer le laitt aux femmes. 611.d Bouteilles d'eau miſes dans du bled pour le rendre plus peſant. - 193.d Boutons à la teſte & par tout le corps ſignes de verolle. 445.4 Boutons de la petite verole comment couppe K. & ſup- • pureX. 47ö.d Boyau culier, & de la relaxation d'iceluy. 2o2.d Cure d'iceluy. ibid. Boyau fait par artifice d'vne cagnardiere feignant auoir le mal S.Fiacre. 669.d Boyaux iateſtins ſont ſept fois auſſi longs que le corps. Boyaux de brebis propres à faire cordes pour inſtru- mens de muſique. 4O.4 és Boyaux d'où prouient le bruit grenouillant. 14. a. f 47 I. a le Bras a huict muſcles pour le mouuoir. 14o b · le Bras commençant à l'omoplate, a 62. or, & com- ment ſituez. I 5 3.c le Brau fracturé doit demeurer en repos quarante iours. 34o.d le Bras comment doit eſtre tenu apres ſa reduction. ibid. · Brau tombé en paralyſie, & pourquoy. 249.b Brau & iambes ſont differens en ſection ou amputa- tion. 3c f d le Bras & iambe ſe bandent de façon toute contraire. 29.b n . & iambe artificielles, & le moyen de les accom- moder au lieu des couppez. 579.c Bras d'vn pendu attaché au pourpoint d'vn gueux, Pourquoy. 669.c P« artificiel defer, & fgºre d'iceluy. | 58o.b Brebis & moutons à quv ſont bons. 4o.a,b Brebi qui agnela d'vn Lyon, choſe monſtrueuſe en na- tt476 . 666.c Bredouiller, que c'eſt. 661.b petit Breton excellent luiteur. 783.d occis , & l'ouuerture de ſon corps faite par l'Au- theur. 784 a Breuets appliquez pour guarir certains maux, ſuper- ſtition. 675.b Briſeure, que c'eſt. 333.c Bronchocele en Grec, Gouétre en François, I9 I.G Mot general, dont il y a pluſieurs eſpeces. ibid. Bruit faiſant cloq,ſigne de luxation. 366.c Bruſler,en mattere de medicamens,que c'eſt. 71o.b Brufleure profonde n'eſt tant douleureuſe qu'vne ſu- perficielle. - 3e 1.b En quoy different. - ibid. Remedes diuers pour icelles . " ibid. Bruuage de vin diſtillé. 452.6 Bruuage pour le flux de ventre. 546.d. Bruuage contre la peſte. 558.a Bubon, c'eſt inflammation ou phlegmon des glandulet. 164.a.168.a Bubon apparoiſſant deuant la fiévre, eſt bon ſigne. ſ 4 I.7. Bubons par quelle veine ſont faits. 145.b Bubons veneriques comment curez 46o.a Bubons des enfans,& veneriques,ſont ſouuentſans fié- vre dangereuſe. 168.4 Bubonocele , ou inguinale , ou hargne incomplette. · 195.d - - Bucefal, cheual d'Alexandre, connoiſſoit ſon maiftre 44.C Bugloſſeſauuage, dite Viperie, pourqnoy. 483.c eau de Bugloſſe. . .292.a # poiſſons volans, ſelon les Sauuages,& leur deſcription. 684.c.685.a Bulbe ſauuage, ou ephemerum. - 5o4.c Bulimos,faim enragée. 28.b Brupreſte,mouſche ſemblable à Cantharide. 5o1.b Appellée des paſteurs Enfle-bœuf ibid. accidens des Buprestes,ſemblables à ceux des Cantha- rides. ibid. Bupreſtis, beſtiole faiſant mourir les bœuf , 53 1.c Buſtes ſounent cauſe d'auortement. 61 3.a Butrol, taureau de la Floride,animal farouche. 51 5.a Buzo en Italien, trou Françoir. 262.a C Achexie,que c'eſt. ' 636.c Cachots, Cagots,& Capots, ladres blancs en baſſe . Bretagne. 479.d Cacochymes de pluſieurs eſpeces. 22.7.4 Cacochymes difficiles à guerir de leurs player ibid. Cacochymes & vieux,ſuiets à œdeme. 17 1.c Faciles à prendre la peſte. 541.b Cacochymes & repletsſuiets aux tumeurs des genouils. 2o3.d Cacochymie. 24.C 'Appellée manuais ſang par les Grecs. 2 I.C Cacochymie,ſource de toutes maladies. ibid. Comment corrigée. 164 b.171.d Dequoy engendrée. , 425.c Caecum inteſtinum. 73.b Caecum foramen. 124.d Cagnardierefeignant auoir vn Serpent dans les ventre. 67o.a - cagnardiere feignant eſtre malade du mal S. Fiacre 679.c Autre Table des Matieres. Autre feignant auoir la ma trice tombée. 669.d Calement broyé, & appliqué ſur la morſure du Scor- pion, remede contre icelle. 493.4 Caligula, arreſté aaec ſa galere par vn petit poiſſon. 69d.c Calloſité, que c'eſt. 3 24.4 Callu, que c'eſt. 2o8.d De quoy fait. 334.b Comment. 348.a Temps requit en la generation d'iceluy. 241.b Dequoy ſert aux os rompus. 334.4 Les choſes propres à lefaire. ibid. Comment amoindry. 349. 4 le Callu endurcy ne ſe doit rompre. ibid. La maniere de le rompre. ibid. le Callu eſtant fait, pourquoy on ne ſçauroit marcher. ibid. Signes pour connoiſtre le Callu ſe faire. 348.c Callu,ou vnion des os du crane, en combien de iours ſe fait. 2 2 9.c Callus és fractures, dequoy fait. 26o.a Callus en combien de temps fait en la mandibule infe- rieure. 337.4 En l'os clauiculaire. ibid.d En la fracture du bras. 34o.d En la fratture de la cuiſſe, 343.6 Callu comment ſe fait au bras. 334.b En la iambe en comhien de temps ſe fait. 348.c Et en la fracture du nez. 336.d le Callu & ſa generation , empeſché par reſolutifs. 348.d - Caluaria. 1o6.d Cambium, mot barbare. 314.d Cambium Ros & Gluten, que ſignifient. 3 I 4.4 . Camphre, & ſes vertus. 278. d. & 548.b " Camphur, beſte amphibie. 5 I 1.c Sa deſcription. ibid- Sa figure. . 5 I 2.a camphur ſe void en l'Iſle de Moluque. 5 I I.c Sa corne eſt riche & excellente contre le venin, ibid. - Canards, cigongnes, herons, paons,& c.mangent beſtes veneneuſes. 483.d Cancellu, poiſſons couuerts de coques. 686.b Naiſſans ſans coquille, & comment ils en prennent U/76'. 686.c Cancer , tumeur reſſemblant à vn cancre de mer. 28 a Cancre,eſpece de maladie pourquoy ainſi dite. 2o6.a Cancres, & eſºreuiſſes. jO.4 Cancres, beſtes amphibies. 5 3.0 Cancri- 64.b Candelettes en langue d'Ochen, ſont ſuppoſitoires. 72 I.c Canelle, que c'eſt. 754 d Chaude au tiers degré, ſelon Galien. ibid. Bonne pour l'eſtomach. 482 c Canelle fortifie les membres, « ibid. Propre à eſmouuoir les mois aux femmes. ibid. eau de Canelle fouueraine contre toutes maladies froi- des. ibid. Preſeruant de la peſte, & contraire aux venins. 754.d Deſcription d'icelle. 755.a Canes & canards, comment ſignifient changement de temps. 4o.d Cannulle, & ſon pourtraitt. 195.a Propre pour la paracenteſe. ibid. Cannulle d'argent pour la hargne. I99.a Cannulle ou reſeruoir d'vrine, dequoy fait. 578.a Sa figure. iéid. Cannnlle feneſtrée, & ſon vſage. 19o.b , Sa figure. ibid. Cannules de tire fond,& ſa figure. 275.c Cannules propres à coupper les carnoſite (. 458.d Cannules propres pour ſeruir en la playe, l'extratiion de la pierre faite en la veſſie. 4o9.d telles Cannules ne doiuent eſtre longuement tenues en la veſſie. 41o.b Cannules & aiguilles propres à faires les ſutures. 2 IO.C Canon & ſes effects, ſemblables à celuy du foudre. , 278.b Canons & regles Chirurgiques de l'Autheur. 766.c Canonniere, par qui innentée. . I j.c Canonniers ſouuent perdent l'ouie. 467.b Cantharides, quelles. 5 co.a Cantharides reſplendiſſantes comme l'or. ibid. De tres-mauuaiſe odeur. ibid. Chaudes & ſeiches au quatriéme degré. ibid. ſignes qu'on apris des Cantharides par dedans. ibid. Les accidens qui en aduiennent. ibid. Cantharides ont de merueilleux effects. 5oo.d Cantharides bleſſent la veſſie. 482.d.484b cure des venins des Cantharides. 5oo.b Cantharides font tomber les verrues & cors, & com- 774ent, 642.4 Capitel & ſa preuue. 73o.b Capitel des cauteres propres aux gangrenes. 3o5.4 Cappel, Medecin, homme tres-ſçauant & vertueux. j 2.3.c • Capres, comment bonnes pour les peſtiferez. 544.4 Caputpurgium, louable pour la punaiſie du nez, & dequoy fait. 32O.C Caqueſangue, nom de peſte. 526.c.554.a Carboucles. - 556.a Carbunculus, ou anthrax. 164.b Carcheſien, lien. 366.4 Carie, comment ſe faict és os. 46o.d Comment ſe cauteriſe. 463.4 la cheute de la Carie de l'os ne doit eſtre oſtée parforce. 241.b la Carie oſtée comment ſe connoiſtra. 41.d Carie du talon,cauſe de grands accidens. 46o.d Incurable. ibid. Carnoſité doit eſtre ſoudain guerie. 45 6.d Cure particuliere d'icelles. 4 I 2 -C Carnoſitez doiuent eſtre prousquées à ſaigner. 456.d Carnoſitez calleuſes apres la chaude-piſſe. ibid. Mortifications d'icelles. 477.c Signes d'icelles. 458.c Carnoſitez engendrées au conduit de l'vrine apres la chaude-piſſe. 455.d D'où prouiennent. ibid. Signes d'icelles. ibid. . le moyen d'vlcerer les Carnoſite (qui ont pris cicatrice. 458.c - Obſeruation touchant la cure des Carnoſitez. 456.d ceux qui ont Carnoſitez piſſent fourchu. ibid. Caros en Grec, que c'eſt. 627.d Carotides. 1oo.d le Carpe ou poignet a ſeize os, 153.d le Carpe a huitt oſſelets. 141.b Carreau de fer, & ſa figure. 714.b Cartilage,vulgairement fourchette. 91.4 Sa definition & differences. ibid. Cartilage ſcutiforme. 9 1.b Autrement Thyroide. Ico.d Cartilage Xiphoide, dit la fourchette. 62.4 Cartilage Enſiforme. 9 I.ſ Cartihige - Table des Matieres. , Cartilage Bronchique. 128.a le Cartilage Tarſus,d'où,comment,& pourquoy a eſté fait. 119.d le Cartilage moins froid & ſec que l'os. 1o.b Cartilage au neX, ſix. 1 2 3.4 Cartilages au larynx ſont trois. 127.d Cartilager d'entre les connexions des os, degenerent en leur ſubſtance, aux hommes deuenus grands. I47.c . Caſpillypoiſſon au gouffre d'Arabie,& ſa deſcription. 5 17.a Caſſole de fer blanc,& ſon inuention. 347.4 vtilitez de la Caſſole,quelles. ibid. Caſtor diſſout en vin blanc, ou boiiillon de chapon,à quoy propre. 629.b Caſtorée beue auec vin,ouſuc de pauot,remede contre la morſure du Baſilic. 494.C Caſtoreum donné à boire en poudre, auec du vin,& be- zahar,à quoy propre. 5o4 d Caſtoreum doit eſtre adiouſté aux Narcotiques. 717.c Catagma. 2o7.b Catagma en Grec, c'eſt fracture. 333.b Et ſolution de continuité en l'os. ibid.& 46o.c Catagmatiques ſont poudres pour aider à ſeparer les os 1bid. Catalepſie, que c'eſt. 626.d Cataplaſme. 727.d vſage des Cataplaſmes. 728.a Cataplaſme pour l'œdeme. 171.d Pour les tumeurs venteuſes. 172.c Pour le chancre. 181.a,d • Pour les parotides. 187.d t, Pour la putrefaction des gangrenes. 3o5.a Pour les carnoſitez. 457.c Cataplaſmes pour les eſcrouèlles. 175.c •. Et /ur le cuir muſculeux fracturé. 232.d Cataplaſine pour les petits enfans, contre les vers. 475.0 Cataplaſmes pour les accouehées. 6OO, a Cataplaſme appliqué ſur le frôt à faire dormir.553.a,b Cataplaſme emollient pour la rupture. 198.c Cataplaſme appaiſant la douleur,& aidant à faire deſ- cendre la pierre en la veſſie. 4O3.G Cataplaſme de limaçons. ) Cataplaſme anodyn. 728.a Maturatifc5 reſolutif. ibid.b Cataplaſmes en quoy different des pulter. ibid. Cataplaſines ont ſimilitude auec les emplaſtres. La matiere & compoſition d'iceux. 727.d Leur vſage. 728 a Cataplaſme pour le phlegmon. 165.d Stupefactifi,ſuppuratifs. , , , ibid. Cataplaſmes repercuſſifs, reſolutifs,& ansdyns, pour le meſme. 166.b fueilles de cataputia, & ſa vertu,ſelon aucuns cata- rattes. 39o.c,d : Appellée des Grecs Hipochyma, autrement dite, , Maille en l'œil,ſes cauſes & ſignes. . · ibid.b,c · Lieu auquel ſe fait. \ : º : 1 2 2.b la Cataracte eſtant formée, le partient void moins le iour qu'au ſoir. 39 I. a Cataratte par quelque choſe abbatue. .. . j.c autre maniere d'abbatre les Cataractes. r 423.b en quelle ſituation doit eſtre le malade lors qu'on abbat da Cataracte. 384.b.c) 389.a l'ail ſain doit eſtre bouché oſtant la Cataracte. ibid. Ce qu'il faut obſeruer durant & apres l'operation. 392.c • 2 . \ - ſignes pour connoiſtre ſi la Cataracte eſt abbatué. 32* d aucunes Cataractes ſe rompent. ibid. les Cataractes ont diuerſes couleurs. 39o.d ceux qui ont des Cataracles qui n'occupent que portion de la pupille,voye choſes fantaſques. ibid. Cataractes incurables, qnelles. 391.d on ne doit toncher aux Cataractes, le malade eſtant vexé de toux & vomiſſement. ibid.b.c quel temps on doit eſlire pour abbatre les Cataraties. ibid. Catherinaire, herbe Petum. 3 .4 Catholicum loué pour les goutes. 43 1.d Cauernes de fourmis, triples , & à quoy deſtinées. 42,a Caues pour ſe retirer de peur du tonnere. 262.c Cauité digne deſtre bien notée. 1o6.d Cauitez manifeſtes trouuées aux grands os. 348.b Cauitez des parties fracturées, doiuent, eſtre remplies pour les rendre égales. - 345.4 Cauſe de maladie. 327.4 , Sa definition. ibid. Cauſes de chaleur,de tumeurs,de douleur. 161.a Defluxion de l'imbecilité de la partie,de congeſtion. ibid. Cauſes ſpecialles des apoſtemes. ibid.b Cauſes de vomiſſement en cholique. 73.c Cauſes d'inflammation. 2 1 1.b les Cauſes inferieures ne peuuent agir ſans la premiere, qui efl Dieu. 5 27.a Cauteres,& la matiere d'iceux. 729.c Comment illes faut faire. ibid. vtilité & commodité des Cauterer. 7.a.716.d Cautere pour la racine du poil des paupieres. 385.b le Cautere pour les fiſtules lachymales de quelle figure doit eſtre. 389.c Cautere eſprouué par l'Autheur ſu vn de ſes ſerui- f62447.J's 73o.k le Cautere actuel loué de l'Autheurplus que le poten- tiel. 389.b vtilité du Cautere actuel. 18o.c Cautere potentiel ayant guary vne Damoiſelle,cr com- //26/7f. 42 5. c Cautere auec ſa platine pour ouurir l'Empyeme. 192.a Deſcription d'iceluy. ibid. Cautere auec la platine pour ouurir le Ranula & ſa fi- gure. 186.c Cautere à ſeton. 24ſ.C Cauteres actuels de diuerſe figure. 462 b.c Cauteres actu els auec cannule. 463 c du mal qui vient des Cauteres actuels. 3o8.a comment il faut bien appliquer iceux Cauteres: ibid. Cauteres actuels & potentiels. 462.4 Cauteres actuels pourquoy ſont à propoſer aux poten- ttels. \ ! id. Cautures potentiels quels. ibid.b vſage des Cauteres potentiels. 729.c moyen de bienfuire tous Cauteres potentiels. , 73o.d Cauteres auec leur cannule pour canteriſer l'vuée.19o.k vſage des Cauteres pour le nodu. 2 O2 , 4 auparauant qu'appliquer les Cauteresſur le nodu,faut coupper la chair. ibid. Cauteres ne doiuent eſtre appliquez aux playes recen- f6'ſ . 778.b Cauteres grandement à louer pour les playes venimeu- ſes. Cauteres de velonrs quels. 73o d Ponrquoy ainſi appellez. ihid. Cauteres de bois de cheſne prattiquez par l'Authenr. ibid. Aº , - la matiere des Cauteres n'operepas, mais le feu. 389 l, • Le ferplus propre pour ladite matiere que l'or ou DDD d l'argent. Table des Matieres. l'argent. ibid. Cauteriſant la carie des os, ce qui s'y doit obſeruer. 464.a Cauteriſation de la pointte du charbon. 56 I.a Caution touchant l'auarice des Apothicaires. 255.a Caution en eſleuant les eſquilles. 223.d Caution touchant les remedes. 321.d 6o8.c caution pour les gemeaux. Caution touchant l'vſage des anodyns. 717.c Ceinture de drap, oinète de vif argent , auec ſein de porc,tue les poulx. - 5o9.b Cellules de l'amarry, & fauſſes opinions d'icelles. 654.4 Cemetieres,ſont à éuiter en temps de peſte, 5 35.c la Cendre repreſente la terre. 8.b la Cendre fait tomber les ſang-ſues. 42 3.4 Cendres des corps bruſle ( gardées dans des vrnes par les Romains. - 29yº Cendres ſulphurées du mont. •AEtna, tranſportées iuſ- ques à Malthe, & en Calabre. 7o 1.4 Cendres quelles pour faire tous cauteres. 729.c Cendres de figuiere & de cheſne,dequoy ſeruent. 3o4.d Cendres de féves,ſingulieres pour la pierre. 4o2.a Cendres de cheſne de bois vieil, eſt chaude en quatrié- me degré. 729.c Cendres d'armoiſe faiſans ſemblables vacuations que l'antimoine. - 55 1.b Ceneones. 6o.c Centaure petite,bonne contre les venins. 485.c Centaurium minus. 3 I4.C Cephale ou caput,teſte groſſedes os. 155.d (ſephalique veine,& ſa diſtribution. 136.d Cerat de Vigo,propre aux concuſſions du cerueau.233.c Cerat propre és fractures du crane. ibid. Pour les playes des nerfs. 258.c Pour les nodoſitez. 439 C Ceratum œſipi ex Philagrio. 726.d Cerebelle. 1o9.b le Cerf qui a perdu ſes teſticules ne mue iamais. 2o1.a le Cerf& le ſanglier, lors qu'ils ſont en rut,s'endurcit au pot. - 53.b Cerfveuen l'air, enuironné de deux groſſes armées. 7o o.d Cerfs preſſez des chiens comment ſeſauuêt d'eux. 47.a Cerf bleſſez de quel remede vſent. ibid.b les Cerf nous monſtrent l'herbe nommée Dictame.ibid. les Cerfs brament & crient apres les biches , quand ils ſe veulent accoupler. 588.c Cerotum de minio. 233.4 Ceroiienne,que c'eſt. 725.c D'où a ſon nom. ibid. Cerouennes ou emplaſtres ſont vicaires de la friction. 45 I . C - • Difference d'iceux,& leur matiere propre 725.c Cerueau. 1c8.d.1o9.a Son action & vſage. , à ibid. ſignes du Cerueau bien temperé. · ibid. ſignes du Cerueau chaud. . • .. .. : ibid. ſºgnes du Cerueau froid. . · · · · ibid. ſignes du Cerueau ſec & humide. . ibid. Cerueau principe des nerfs,& inſtrument de la princi- pale faculte de l'ame. ibid. le Cerueau,vne desprincipales entre les parties organi- ques. 59.4 * Ce qui en procede. • ' ibid. ' Neceſſaire à la vie. - '6o.b Cerueau ſource des parties nerueuſes. .. ss. 112.c le Cerueau le plus ſouuêt eſt la fontaine des goutes.431.c Cerueau double anterieur,& poſterieur. .. 1o9.a le Cerueau a deux ſortes d'excrement s) , s, 11o.c • b C - t le Cerueau par où ſe purge. 24.d concuſſion de Cerueau, & ſa cure. 242.b Ceux qai ont cette concuſſion deuiennent begues, ois . 777Hetſ . ibid. conformation du Cerueau. 59 2.4 au Cerueau ſont trente ſept paire de nerfs. 1 12.d la ſuperficie du Cerueau eſt molle, l'interieure dure. 1 o9.a le Cerueau plus humide que la peau. 9.C le Cerueau de l'homme plus grand qu'aux autres ani- 7/7418.X. IO9.4 Cerueau ſec memoire excellente. ibid.b ceux qui ont le Cerueau humide,facilement apprennent les arts & ſciences. ibid. Cerueau froid,tardif à conceuoir. ibid. le Cerueau ne doit demeurer a deſcouuert. 22j.b Cerueau bleſsé par douleur de teſte. les ſignes que le Cerueau eſt offensé,& le crane fraäu- ré,ſont pluſieurs. 2 I9,4 le Cerueau bleſsé ne ſe peut conſolider. 3O.C le Cerueau eſtant vulneré,la fiévre & vomiſſement ſºr- f458/7/76/7t. 2 I 9.4 le Cerueau ne doit eſtre refroidy en le trepanant.2 t9.d mouuement du Cerueau peuuent eſtre appellex.ſſfolé & diaſtolé. 1o7.b Cerueau deſcouuert,& ſa figure. : o9.c ventricules du Ceruean. ibid.d Cerueau deſnué de ſes membranes & ſa figure, I I 4.4 la Ceruſe cauſe hocquets & la toux , & ſes antidotes. 5o7.d ſel de Ceruſe comment ſe fait. 74o.b le Chat-huan & les corneilles mortels ennemi , f2.d Chair,quelle. 67.a troisſortes de Chair. ibid. la Chair eſt procrée du ſang louable. 67.a en la regeneration de la Chair deux choſes neceſſaires. ibid. - Cauſe efficiente. ibid, la Chair a de trois ſortes de couleurs. ibid. la Chair plus humide & chaude que la peau. 9.c la Chair nouuellement engendrée eſt molle comme | formage. - 464.4 la Chairſe regenere aisément en tou les endroits de la teſte,fors au front. 229.b la Chair ſanguine & ſpongieuſe , eſt ſuitte à fluxion. 164. d - la Chair ne peut s'engendrer en vn hydropique & ele- . phantique. 27O.4 Chair ſupercroiſſante vient aux vlceres contuſes. 317.b la Chair ne peut eſtre engëdrée ſous l'os carieux. 459.c Ny croiſtre deiiement ſur vn callus. 24 ;.d la Chair & cuir des lepreux ſe monstre ſaine,& les os ſont pourris deſſou. , 3o2.b Chair de brebis delicieuſe à manger. 4O.4 Chair permiſe à ceux qui font le diette. 448.c Chair bouillie plus propre que la roſtie à ceux qui ont la chaude piſſe. · · · · · · i · 455.d Chair tombée du Ciel en Ital ie,par lopins. , 7oo.d Chaire propre à l'enfantement des femmes. , v 599.c Chaire à demy bain, & ſa figure. 4o3.4 la Chaleur ne demeure exceſſiue aux corps compoſc<.. º 8.a · · · · • • ' :: . -- • - : -- • « • ; Chaleur naturelle,quand peut faire.coction. 16.c Quel fondement a. 19.a Eſt reueillée par l'exercice. . 2 3.C . Comment aſſoupie. · · · 14.d Et eſteinte. s.- I 9.4 Chaleur naturelle en quelles regions eſt plus ou moins diſſipée. : 2 I .4 Chºleur Table des Matieres. # ausf monſtrueux. 648.d les Chais offenſent de leur regard. 5o3.c Chats comment ſignifie la plu)e. 4c.b Chauche poulet eſt vn incube ſelon le vulgaire. 675.d Chaude piſſe,que t'eſt. 45 3.d D'où eſt ainſi nommée. 4J 4.0 Prognoſtic d'icelle. -'. 45 j.4 Cure generale d'icelle. ibid.d Cure particuliere. 456.4 la Chaude piſſe dure long-temps. 45 3.d · Source d'icelle. 445.d Cauſes & differences d'icelle. 454 b Accidens qui en aduiennent. 456.d Incurable à aucuns. 455.4 Chaude-piſſe dite fleurs blanches, 444.d Chaude-piſſe vient de repletion. 454.b Sa cure. 45 5.c Chaude-piſſe faite par inanition & contagion. 454 c,d .Sa cure. 45 5.d Chaude-piſſe ameine ſouuent la verole. 454.d Chaude-piſſe vieille eſt verole particuliere. ibid. Chaude-piſſe grandement aydée par la 1erebenthine de V# - 455.d Chaude-piſſe en quoy differe de la Gonorrhée. 453.d flux de Chaude-piſſe d'ou prouient,& quel. 635.a Chaudes-piſſes ne doiuent eſtre negligées. 456.d Chauſſe d'hippocrau vſitée par les Apoticaires. 87o.b Chauſſe de cuir de chien conſerue la chaleur naturelle. 439 4 Chauues-ſouris volans engrand nombre,ſignifient beau •emps. 4o.b Chaux, & le moyen de la lauer. 742.d Chaux viue faite de cailloux. 5c8.b Chaux viue & erpigment par les Grecs appellé Arſeni- CM777, - 5o7.c Chaux viue propre pour vnir le cuir & blanchir du charhom. 562.a Cheir,Main. 424.6 Cheiromanciens,quels. 673.b Chemoſis,mot Grec ſont palpebres renuersées,& cauſes d'icelles. 388.a Chenilles engendrent demangeaiſon. 499.c Chenilles & ſauterelles pourquoy deuorent les biens a'E- gypte. 527.c Cheopes,Roy d'Egypte,fit baſtirvne pyramide merueil- euſe. 295.d le Cheual connoiſt ſon maiſtre. 44.C Eſt ſuperbe & courageux. 39.4 le Cheual a grand crainte du chameau, 52.c Cheual d'Alexandre,furieux. 44 é Cheuaux ſons dociles. jO.4 Cheuaux bœufs, & vaches,qui mangent des fueilles de l'Tf meurent. 5o5.d Cheual de mer, & ſa figure. 679.b Cheueche chantant beaucoup durant la pluye preſage de beau temps. 4O. C Cheueux & leur vtilité. 1o5.b Cheueux dreſſez de peur,& comment. 26.d Cheueux pourquoy tombent. 378.b les Cheueux comment faits blonds. 743.b Cheuiller, que c'eſt. 674 b La chévre en troupeau d'autres, ſtant tirée par la bar- be fait tout eſmarmeler. j3.4 Chevre qui cheureta vn chevreau qui auoit la teſte d'vn homme. 665.b Chévre ſauuages bleſiées,de quels remedes vſent 39.c Chévreaux recognoiſſent leur mere. 41.b Chévreaux ſentant le loup s'enfuyent. 52.d Chien appellégarde fidele par Ciceron. 44. G Exemple de ce. ibid. le Chien entena la voix des domeſtiques. ibid.c Hait le loup. 2.C le Chien enragé eſt du tout ennemy de l'homme. 491.b ſignes pour counoiſtre le Chien eſtre enragé 49O.4 Chien enragé n'abbaye point ains eſt muet. ibid. Chien enragé lors qu'il void de l'eau il tremble, ibid. Chien enragé ne boit ny mange. ibid. Chien enragé ne connoiſt ſon maiſtre, ny la maiſon où il a eſté nourry. ibid. mordu de Chien enragé tombent en hydrophobie. 49o.c Cure de ladite morſure. 49I.4 les Chiens enragent aux grandes chaleurs,ou aux grads froids. 489.d Chiens pourquoy deuiennent enragez pluſtoſt que les autres beſtes. ibid. les Chiens enragez ſon fuis de ceux qui ne le ſont pau. 49o.4 - poil de Chien enrage K,à vertu d'attirer le venin. 491.4 accidens ſuruenans de la morſure des Chiens enrage{. ſont ſouuent tardifi, 491.b Chiens bons à garder les maiſons. 44.b les Chiens ne viuent d'os. 5 23.b les Chiens mangent l'herbe nommée Dent de Chien pour ſe purger. 39.C les Chiens froids & ſecs de leur nature. 49O.4 Ont vn ſentiment exquis de fleurer. 1b.d. Chiens nourris d'vne Louue où Lyonne, deuiennent fu- rieux & hardis. 6o3.d Chiens.ſigner,cheuaux fort dociles à apprendre. 5oa Chiens & chats cauſent la peſte. 5 36.4 Chiens ny oyſeaux n'oſent approcher d'vn corps mort du f0/7/76'7'7'6', 75 1.b Chiens & chats doiuent eſtre tuez en temps de peſte, & Pourquoy. 5 36.a Chiens & chattons nouuellemët nais,bonspour les chan- C7'6ſ , 19 1.b Et pour les charbons. 558.a Chien à demy vnfant. - 664.d Chien ayant la teſte ſemblable à vne volaille. 666a Chiflet,ou trachée artere. Io3.4 Chilon Lacedemonien,mort de ioye. 25.d Chiragra. . 414.b Chirurgie que c'eſt. 5.4 la Chirurgie enſeigne à methodiquement curer les mala- dies. ibid. Chirurgie partie de Medecine. ibid. Curatoire. 446.d Ses operations, quelles. I -C7 Chirurgie eſt operation nouuelle. j.4 Quatrieſme partie d'icelle,que4e. ſ72.c Chirurgie ne ſe fait ſans douleur. 7.b Chirurgie manuelle ne ſe peut mettre par eſcrit. 3o7.c la Chirurgie s'apprend mieux par la practique & vſa- ge,que par liures. ibid. Et par la veuë & au toucher. 78 1.a Chirurgie plu difficile que les autres parties de Mede- cinel 3.d la Chirurgie contenue en trois poincts principalement. 7.c ' • aux operations de Chirurgie, les parens du malade ne doiuent aſſiſter. 371.b Chirurgien, c ſon ºffice. 2o8.a leChirurgien doit auoir vne bonne ame,& la crainte de Dieu. 768.b Inſtruction pour iceluy. 26.c Obſeruation à luy neceſſaire. . 464.a ZBelle contemplation d'iceluy. 82.d le iugement & prudence du Chirurgien en quoy git. 3o5.d beaupreceptepour le Chirurgien. 327.d • le - Table des Matieres. le Chirurgien(ſeló Celſe,)ne doit eſtre craintifnypiteux en ſes œuures. 7.c le Chirurgien rationel que doit auoir auant toutes cho- ſes. 7.cº le Chirurgien ſçauant que doit connoiſtre. 3o.b Chirurgien rationel comment differe du vulgaire. ibid.c le Chirurgienprend indication, d'où. 29.b le Chirurgien doit ſçauoir le nombre des ſutures,& leur ſituation. I O6.4 Chirurgien ignorant en l'Anatomie, eſt ſouuent cauſe de mort. 1o7.a le Chirurgien doit auoir bonne connoiſſance de ſubſtan- ce ſpongieuſe. . 1o7.d le Chirurgien doit connoiſtre la ſituation & aſſemblage des os du corps humain. I j 3.c le Chirurgien comment connoiſtrales tumeurs,& quand ſe terminent. 162.b le Chirurgien doit eſtre attentifpour connoiſtre le pu ou pourriiure. 163.a le Chirurgien quel moyen doit tenirpour tromper le ma- lade. - 166.c le Chirurgienfaut qu'ilfaſſe ouuerture auant que le ma- lade ait loiſir d'y penſer. I 66.c le Chirurgien doit conſiderer trois poincts touchat la cu- · ration de l'Eriſpelu. 169.d Et du Herpes. 17o.b le Chirurgien doit eſtre attentifà l'intention princpale. le #- ne doit ouurir les eſcrouelles, quand. # ºu tumeurs, où ne ſe faut haſter. ibid. le Chirurgien doit aider à Nature à ſe deſcharger. le #- comment ſe gouuernera au fait de la Squi- /74/7Cº, I9O.C le Chirurgien doit eſtre grandement aduiſé à l'ouuertu- re du genouil. 2o3.d le Chirurgien doit ſçauoir quelles playes ſont gran- des, pour les accidens qu'elles amenent, & comment. 2.O9.4 le Chirurgien miniſtre & aide de Nature. 526.d le chirurgien ſe doit prcpoſer cinq poincts principaux touchant les playes. ibid. le Chirurgien quand peut vſer de tentes. 2o9.b le Chirurgien doit operer promptement, ſeurement & auec peu de douleur. ibid. le Chirurgien regardera la cauſe de douleur , & les hu- meur fluants à la partie bleſſée. 21 1 b le Chirurgien doit oſter du crane tout ce qu'il ſera poſſi- ble. 235.d le Chirurgien doit prendre diuerſes indications pour operer , & ſelon icelles diuerſifier les remedes. 272.C Et conſiderer la conſtitution du temps & de l'air. 276.c le Chirurgien faut qu'il ait eſgard de rectifier l'air & roborer les parties nobles. 281.a le Chirurgien doit tirer du ſangés grandes contuſions. 297.b le Chirurgien doit eſtre ambidextre s'il eſt poſſible. 328.c le Chirurgien touſiours reprins , qui ne conduit ſon œu- ure par methode raiſonnable. 347.d le chirurgien quand ne touchera à l'vngula, ſuruenant aux yeux. 388.b le Chirurgien comment ſe doit conduire à tirer la pierre, tant par inciſion qu'autrement, 4o3.4 4O4. le Chirurgien rationel doit connoiſtre trois choſa, & quelles. 446.d le Chirurgien doit entendre que c'eſt que compoſition de - medicamens. - 758.c Et connoiſtre la nature des ſimples ibid. conditions requiſes du Chirurgien pour rapporter. 768.b pluſieurs Chirurgiens n'vſent que d'vne indication. 3o.a Chirurgiens & Medecins que doiuent conſiderer pour la gueriſon du malade. 57.4 Chirurgiens abuſeurs, quels. 241.d Chirurgiens excuſables en pluſieurs maladies. | 27o.b - les Chirurgiens qui ſont appellez pour medicamenter les Peſtiferez ſe douent quelquesfois purger & comment garder. 537.d Doiuent porter verge blanche. 536.b les Chirurgiens & Medecins connoiſſent à grand diff- culté les peſliferez. 141.d Chlyomenos, nom de Gangrene. 3O4.4 Chœrades, Eſcrouelles. Voyez Eſcrouelles. Chois de la matiere du cautere. •/ 389.c Cholaguegues ſont medicamens. 169.d Cholere,ſa nature,conſiſtance, couleur, ſaueur, & vſage. 12.a,b Comment faite & engendrée. ibid. · · Ses ſignes. 25.d | Signes d'icelle aux gouteux. t 428.a Ce qui ſe rapporte à icelle. Cholere dont faite en Eſte. - 11.b Cholere vitelline. 13.b Cholere chaude & ſeiche. 1o.b Cholere noire attirée par la ratte. I 3.4 Cholere iaune attirée par le follicule du fiel, puis paſſe aux inteſtins. ibid. difference de la Cholere contre nature. I 3.C Icelles ſont iettées par vomiſſement. ibid.c la Cholere enflamme les eſprits. 25.d la Cholere n'eſt vtile à aucuns. 26.d Cholere faite tant hors des veines , que dedans I 3.a Choleriques & ſanguins ont beſoin de manger. 432.e remede topique pour l'humeur Cholerique. 437.C aux Choleriques, pourquoy ſont ordonnées les viandes de gros ſuc. - 438.b Coracoide, ou TBec de corbin. - 1 35c Pourquoy ainſi ditt. 338.d Chorion, 57.d Dict arriere-faix ou deliurance. 89.a Chorion,origine du vray cuir. 62.d Chorion, & Amnios ſont membranes liées. 63.c Choſe digne d'eſtre notée, 124.b.191.a.247.b.1.55.4 2 6o.b.431.c.453.c.485.c Choſe digne à noter par les matrones. 626.b - Chacune choſe ſe nourrit d'vn aliment ſemblable à ſoy. 9ſ.c 472.d.625.b le Choux & la vigne fort contraires. 53.4 Choux cauſent douleur de teſte. Chylu. 1 1.c.71.b uand a vraye couleur. 75.c Cicatrice que c'eſt. 316.b Cicatrice cauſe de cecité aux yeux. 319.d Cicatrice des bruſleures comment traittée. 3or.c Cicatrice autour de l'artere,dequoy cauſe. 38o.b Cicatrice laiſſées de la verole. 463.a Cicatrices & marques qui demeurent au cuir de la peti- te verole. 472.d Comment effacées. ibid. Cicatrices des feux, pourquoy ſont de diuerſes couleurs. 32o.b D D D d 3 Cicatri Table des Matieres. Conarium,que c'eſt. 1 1o.d conception ne ſe fait ſans flux menſtruel. 634.d & ſi les deux ſemences ne concurrët enſemble.385.c Signes de ce. 589.b Conception ſeconde,c'eſt ſuperfetation. 615.b Concupiſcence conſiſte au foye. 588.c Ceux qui ont concuſſion au cerueau,'deuiennent ,begues 034 //3f46fſ. 242.b Concuſſion de la mouelle spinale. 359.b Condition de l'humeur artritique. 425.b Conditions requiſes au Chirurgien pour rapporter.778.b Conducteurs de denx façons,& leursfigures. 4o7.a Conduit de l'vrine. 85.a Conduits & voyes vrinaireſ ſont cauſes adiuuantes à la pierre. \ 399.b Condylomes, que c'eſt. 64 1.4 Condylomes ſont eminences ridées. ibid. Condylomes conneués à la veue & au toucher. 641 b Confeſſion de ladre impoſteur. 668.b Confirmation de la temperature du ſang. 12.b Confitures douces contraires aux fiévres. 545.b Confuſion grande en temps de peſte. 536.d les Connins ont monſtré aux hommes à faire les mines. 47. 4 Bourg en Eſpagne ruiné par les Connins, 47.4 Conſeil par l'Autheur au ieune Chirurgien. 537.d Conſeil de De Vigo, pour la cure des playes d'arque- buſes. 783.a Conſerues contre la peſte. 533.b aisée à faire. ibid.b Conſiderations auant que ſaigner. 42O.c Conſiderations en appropriant les remedes. 7I I. c Conſtantin Anclez en, eAlemaud, autheur de l'artille- rie ſelon A. Theuer. 26 I. Contraction eſt la vraye & propre attion des nerfs & muſcles, 3o8.d. Contractions d'vn Medecin. 286.a Contrarieté naturelle des poulailles & du venin. 558.a Contrefente, eſpece de fratiure. 2 17. Contre-ouuerture neceſſaire quelquesfois aux playes. 289. a vſage d'icelles. 2 5 2 . c Contrepoiſon de l'yfſemblable à celuy de la ciguë.5o5.d Contrepoiſon du champignon,c'eſt le poirier. 5o4.b Contrepoiſons,dites Bezardica. 5o6.a º#ſº doiuent eftre plus forts que les poiſons. 4 o 3. Contrepoiſons eperent par leur vertu. ibid. Contrepoiſons operent en nos corps pour com battre le ve- nin. - ibid. Centrepoiſons ayans vertu de chaſſer le venin peſtiferé. 548.a Contuſion,ſeconde efpece de fracture. 2 2 I. C Quand ſe fait, 229.4 Contuſion faite au talon, & accidens d'icelle. 374.c Contuſion, que c'eſt. 2 18. Differences d'icelles. - 291.b Cauſe d'icelles. 375.b Accidens merueilleux qui viennent à icelles. 293.d Contuſions grandes ſont perilleuſes. ibid.a Contuſions ſans playe,& curation d'icelles. 292.d , maniere de traitier celles qui ſont auec playes. ibid.c égrandes contuſions on doit ſaigner & purger. 391.d 292.d Contuſions du talon,pourquoy ſe coupe le cuir de deſſous. 374.c Cure vniuerſelle des enormes contuſions. 29I. Conuulſio canina. 28.d Conuulſion,ſes cauſes & differences. 211.d Signes d'icelles. 2 I 2,4 Conuulſion & parabſie,& leurs differences. 2 1 1.d Conuulſion au nerf eſt guarie la coupat au trauers. 3o.d le coq chantant apres Soleil couché que ſignifie. 4o.d Coqs oyſeaux royaux. - 47.4 donnent crainte aux Lyons. ibid. Coqueluche,quelle maladie. 53o.c nom de peſte. - - 5 54 % Accident d'icelle,& que c'eſt. ibid. Tourquoy ainſi dite. ibid. Obſeruation ſur icelle. 5 Jo.a Coquille où Bernard l'hermite'eſt en embuſcade. coquilles, & leur pourtraict. 686.d Coquilles eftranges en la mer. 687.a C oquilles de mer comment diſtillées. 76t.c Coral, plante lapidifiée. J3 c d'où tiré & prins. - ibid. coral & corne de Cerf,ne ſont vrays cardiaques. 523.a le Corbeau en chantant que ſignifie. 4O.C le Courbeau & milan ont guerre perpetuelle. 52.d Corcelet pour dreſſer vn corps tortu. 577.b Cormes bonnes pour arreſter le flux de ventre. 565.d le (ormoran & loup ceruier n'ont qu'vn boyau. 74.a Corne de cerf ratiſſée prinſe contre la peſte. 533.b la corne de cerfa grande vertu contre les vers. 475 b Corne de cerf & de chévre,à quoy prºpres. 5 lO 4 redigée en cendre,medecine ſouueraine pour caux qui crachent le ſang. ibid. Corne de cerf& d'yuoire peuuent faire plus grand effect que la Licorne. 567.b Corne de Licorne, & la varieté ſur la deſcription & vertu d'icelle;voyez Licorne. Queſtion ſur les vertu d'icelle. 5 19.b Corne de Licorne n'a lavertu que le peuple luy attribué. 519.b la à# de Licorne ne ſert non plu que l'yuoire. 52o b corne de Licorne bruſlée,ſent meſme odeur que l'yuoire. 513.b Corne de Licorne n'a aucun air en ſoy. J2 1.4 la Corne de Licorne n'a mon plus d'efficace que celle de cerf. 52e.b Corne de Licornen'a ny chair,ny ſuc, & ne ſe ptut con- uertir en ſang. 5 2 I a Corne de Licorne vendueplu cher que l'or. 619.d Corne de Licorne laiſſé en la coupe du Roy tremper cou- ſtumierement. 5 2 o.c Cornes pretenduès de Licornes, pluſieurs és cabinets des Roys. / 5 I I.4 Cornes de Licorne monſtrées à Veniſe aux feſtes ſo- lemnelles. j I 3.4 Cornes de bœufſe peuuent amollir. 523.c Cornes de brebis propre à faire produire les aſperger. Cornes de Butrol propres contre le venin. j I 5.4 Corne de caſbilly bonne contre le veninr. 5 17.4 Corne de Piraſſoipi bonne contre les venins. 5 1 5.d Cornes de Rhinocerots tenus pour Licorne. ſ 2 I.4 Corne d'Vletif, faite en maniere de ſcie au cabinet de l'Autheur. 517.d eſtimé du vulgaire langue de ſerpent. ibid. deſcription a't eluy. ibid. Cornes de la matrice. 86.c Cornes approchantes de celles d'vn Bellier,c vne piece de chair veue à vn monſtre espouuantable. f43.b toutes cornes en general n'ont ny ſaueur, ny oueur. 52o.b Cornets qui attirent ſans feu, & leur figure. 422. Cornets depluſieurs ſortes, & leur figure. ibid. Vſage d'iceux. ibid. les Corneilles & le chat-huan mortels ennemis. 52.d Cornelia Romaine a eu enfant à ſoixante deux-ans. 621.d - Cornemtuſe | Table des Matieres. \ Corps d'vn homme mort. 637.c Coustume eſt vne autre nature. 2 1.d couſtume és malades ne ſe doit changer tout à comp. ibid. - Couſtume des Iuifs touchant la ſepulture des mortſ.29f. a.77 [.c Couſture ou ſuture. - 156.c Couſturiers, mols, & excrementeux. 19.d cracher & bauer font euacuation. - 24 d Comme eſt prouoqué auec maſticatoires. ibid. Crainte, & ſignes d'icelle. 26.b Crainte trop grande eſt quelquesfois cauſe de mort ſubite. 2 6.b • la crainte n'eſt profitable à perſonne ibid Crainte peut donner la peſte. 542.4 Crainte reuoque & attire le ſang au cœur. 26.b Ce qui ſe rapporte à la crainte. - ibid.b Crane, ou teſt. 1o6.d le Crane eſt composé de ſept os, ibid. a huict os. 15 3.d Pourquoy elle l'a fait de pluſieurs pieces. 2 2 5.c le crane fait de pluſieurs pieces. Io7.4 a deux tables. - ibid.d • Leur difference. ibid. · Ses fractures & differences. - 2 I 7. | Signes d'iceluy rompu. 768.d le Crane fait de quatorze or. I 53.c Contenans, & contenu, & quels. ibid.d des trou de la baſe interne d'iceux. 115.b De l'externe, & leur vſage. ibid.c Crane mol & delié en plus grand danger,, en fracture, que le ſolide. 1o7.c le Crane eſtant fracturé, ou contu, ouuerture, s') doit faire. '235.d • Accidens du Crane , comment doiuent eſtre curez. , 233.b Crapaut, & de ſa morſure. 497.d Veſtu d'vne groſſe peau dure. 498.b Se gonfle,enfie & remplit d'air. ibid. Crapaut, araignée, & ſerpent ſon ennemis. 52.d Crapaut viftrouuépar l'Authour dans vne pierre ſolide & ſans air. 664. c Crapauts comment impriment leur venin. 597.d Crapauts ſont friands de fraiſes. ibid. Crapauts, comment, par quel moyen contraints ſortir bors de terre. 498.a Crapauts iettent leur venin par leur vrine & baue ibid. Crapauts n'ont aucunes dents, & toutesfois ne laiſſent pas de mordre de leurs babines & genciues. 1bid. Crapaux en quel temps s'engendrent. 2o6.a Crafis. · · • 8.b Creatures monſtrueuſes procedent le plus ſouuent du iu- gement de Dieu. 645.d toutes creatures ont certaines proprietez pour le ſoulage- ment des malades. 528 a la Creſſerelle eſpouuante les eſperuiers. 52.d Creſſon pillé & fficaſſé auec graiſſe de porc, guarit la tºgne. 379.a Creſſon pilé pour la picqueure des mouſches & chenilles. 498.d Creſſon , berle & fueilles de buys, bouillies en vrine & vinaigre, font fuyr le laict. 61 1.b Creuaces ou ſciſſures venans le pluſouuent apres la ve- role. 465.b Creuaces occupent le plu ſouuent les palmes des mains & plante des pieds. ibid. Cribler, que c'eſt, és medicamens. 71o.b Cridons maladie qui prouient aux petits enfans. 2o6.c Criſe imparfaitte, quelle, & ſignes d'icelle. 4j l . Crochet pour tirerl'vngula, & ſa figure. 388.d - Crochet pour tirer les mailles & autres choſes eſtranges, & ſa figure. . 288.c Crochets pour tirer l'enfant mort au ventre de ſa mere. 6o9. Crochets propres pour tirer la pierre. 4O5.C Autres pour extraire la pierre aux petits enfans.ibid. Crocodille, beſte amphibie. 53.c Sa figure. Jj.c deſcription d'iceluy. 681.a eAutre figure, comment ils ſont pris. ihid. le Crocodile armé de coquille. 39.4 Mange les hommes. A 46.d Où faitſes œuf . 4o.d Combiem. 68I.a le Crocodile baille ſes dents à curer. 5f.b remué la maſuhoire de deſſu. 68I. le Crocodile preſage la hauteur du Nil, & ſon de bor- dement. 40.d Crocodile long de quinze coudées. 681.a Crocodiles appriuoiſez par les hommes. 6ja Crocodiles medicament contre les cataractes desJ'eux 681.a Enfant des ſauuages iciient auec les Crocodiller. 681.b Crotaphite, c'eſt à dire temporal. 124.4 Crottes & vrines des moutons & brebis, bonnes à faire fient. 4O.4 le Croupion nommé os Coccyx,composé de quatre oſſelttt. 34o.b " Crouſte de pain, comment bonne pour arreſter le flux de Z/6/7fre, 565.d Crouſte dequoy engendrée és vlceres. 778 c Crudité dont cauſée. 1o.d Mere de goute.. 426.c Cry & bray de la Balaine, ciy a'vne lieue Françoiſe. 688.d , Cteſias premier a eſcrit de la Licorne. 5 I o.4 Cucurbite, & chapiteau, que c'eſt. 747- Cuir, premiere partie du corps. 62.b Compoſé des nerfs, veines, & chair. ibid.c poreux, tranſpirable,ſenſible. ibid. vſage d'iceluy. ibid.c de quelle choſe prend ſa couleur. 739.c Cuir vray, & ſa definition. - 62.b dict en Grec, Derma. ibid. Sa ſubſtance, quantité, & compoſition. ibid. Sa ſituation & connexion, temperament & vſage ibid.d prend ſon origine du Chorion. ibid. Cuir non vray, dit Epiderm i, en Grec. ibid. Cuir peut eſtre dit ligament. I 3O. Cuir ramolly à la ſaigné, & pourquºy. 42 I.4 Cuir des doigts, premier inſtrument du toucher. 18.a le Cuir & pannicule charneux,enuironnent tout le corps. 63.b de chien,bonpour les podagres. 439.4 Cuire en medicamens, que c'eſt. 71o. Cuiſinier de madame de Chaſtel pers mordu d'vne cou- leuure. 497.d Caiſiniers pourquoy coupent la teſte aux viues. jo 1 d Cuiſſes & ſa deſcription. 146.b ce qui eſt entendu par icelle. I.45.4 Situation de la cuiſſe luxée ayant eſté remiſe. 372.c la Cuiſſe fačlurée doit eſlre teni e auſſi longue que la ſaine. - - 343.à la Cuiſſe auec hanche a ſcixante-ſix os. I 54.4 Cul de poule, caliſité eminente aux fiſtules du fonde- 7/76777f, 3 : 7, Cure diuerſe ſelon la diuerſité des cauſes. 398.d la propre cure ſouuent eſt delaiſſée pourſuruenir aux ' aca dent, Table des Matieres. Diſcours de l'Autheur du ſang & pu qui peuuent eſtre euacuez par les vrines. 412.d Diſlocation comment cognue. 53I.c 'Cauſe de douleur aux diſlocations. ibid. dispoſitions ou indiſpoſitions des peres & meres auſquel- les les enfans ſont ſuiets. 66 I.at Diſpute de l'eAutheur touchat les playes des arquebu- zades prinſes des Philoſophes, Medecins,& Cbirur- iens. 266.a Diſſection demonſtratiueſe commence au ventricule in- ferieur. - 6o.c 2Diſſoudre en medicament,qu'eſt-ce. 7Io.a Diftillation, que c'eſt. 745.b Ce qui eſt requis en icelle. ' •bid.c Diſtillation ſans chaleur,comment faicte. ibid.c Et par froideur. - ibid. Diſtillation des eaux en quels vaiſſeaux ſe doit faire. 747.4 Matieres d'icelles comment preparées. 749.4 Maniere de les diſtiller. ibid.b Et rectifier apres. 751.a Diſtillation des buyles comment faicte,& en combien de manieres ſont extra.ctes. 75 2.c Distillation des vegetaux pour en tirer huyle,comment. 7 « 3.4 Diſtillations des gommes , reſines, & certains bois. 756.a 2Diſtillation du vitriol. 758.a Signes d'icelle parfaicte. ibid. Diſtillation de l'eau theriacale, & le moyen de la faire. 476.a Diſtillation excellente, aſtringente, reſſerrante,pour ac- conchées. 61 1.d Diſtillation du vin & vinaigre,differente. 75o d la maniere de Diſtiller par filtre. 652.4 Pourquoy inuentée. sbid. quelles choſes doiuent eſtre conſiderées és Diſtillationt. 746.b Diuerſions attirent le venin & poiſon. 485.d Diuiſion,à quoy ſert. 58.a Comment ſe prend quelquesfois. 1o9.b Diuiſion artificielle,& ſa definition. 58.b Diuiſion des parties animales. 59.d Diuiſion des medicamens ſelon leur matiere & ſubſtan- Cº, 7o3.d Diuiſion des medicamens ſimples, ſelon leurs qualitex & effects. 7o4.c Diuretiques. 37o.b Contraires à l'inflammation de la veſſie. 563.d Adminiſtrées en diuerſes façons. 4 I 6.4 Dangereuſes en beaucoup de ſortes,& quand en faut ' vſer. ibid. vſage des Diuretiques,bon pour les goutes. 43 1.4 les Diuretiques propres à la grauelle. 4©I c Document fort bon pour le ieune Chirurgien. 163.a 2Documens pour le ieune Chirurgien touchant les ſutures des playes. 21o.b Doigts,pourquoy inégaux. - , 136.d Ont trente os. 15 1.d Se luxent en quatre manieres. 369.a Sont cinq en nombre. 395.d Doigts bleſſez & meurtris,& remede ſur ce. 2 98.b Doigts ſuperflux,& de ceux qui ſont ioints enſemble,& cure d'iceux. 397.d cuir des Doigts,premier inſtrument du toucher.9.a 18.a Doreurs ſouuent ſuiets à la migraine. 379.d Dormir,que c'eſt. 23.d Ayde à la concoction. 2 4-4 Doù prouient,& quel temps eſt le plus commode pour #elºy. 23.d.24.a Dormir ſe tournant en peine au malade,ſigne de mort, 24.b Dormir mediocre, vtile en la cure du phlegmon. 165.a Dormir,nuit apres la ſaignée. 55o.c Dormirſoudain,contraire aux contuſions. 299.b Incontinent apres le repas engendre les gouttes. 42 6.c Remplit le cerueau de vapeurs. 448.d Dormir fort commode au heures deués, proportionné aux veilles hors de l'accez de la fiévre. 178.a Dormir eſt ſalubre pour le flux de ſang menſtruel. 634.b - Nuiſible durant l'acce{ des fiévres. 178.a Contraire aux morſures venimeuſes. 493.a le Dormir qu und nuit au malide de peſte. 548.d Dormir de nuict,combien qu'il ſoit ſa n,doit eſtre me- diocre. 23 d Dormir de iour eſt mauuais,& pourquoy. 2.4.4 ' Sur quel coſté ſe faut coucher. · ibid.b Dormir ſur le dos eſt mauuais. ibid. Et ſur le ventre à ceux qui ont mal aux . yeux, ibid. c Dormir du malade,comment prouoqué. 553.c Dormir aux champs la bouche ouuerte eſt dangereux. 498.a Dormir de l'enfant ayant la petite verole. 469.c temps d'auoir Dormy aſſez,comment connu. 24 a Dorycnium , ou Solanum , manicum, ou mortale, ont accidens de meſme le Napellu. 5O4.4 , Ses accidens & bezahar. ibid. Doſe de vif-argent. 7o6.c Double empirique. 283.c Douleur & definition. 716.d Caues d'icelle,quatre. I 6o.a Se fair par trois choſes. 716.d Douleur ſe doit appaiſer ſelon l'intention & remiſſion. d'icelle. 28o.a Douleur aduenuë de cauſe froide, comment appaisée. 43 ſ . C Douleur tres-forte, dequoy fa te. - · 7 1 6.d Douleur pulſatiue, & ſa cauſe. 1 65.a Douleur de teſte commune aux malades de peſte. 55 2.c en Douleur de teſte ne faut trop ſerrer le front. 553.c Guariſon d'icelle, quelle. ibid. Douleur de migraine, & ſes ſignes au pericrane. 379.d ſignes pour cognoiſtre ſi la Donleur eſt faite de matiere chaude ou froide. 393.d Comment ſedée venant de cauſe chaude. ibid.b Douleur des dents des petits enfans. 643. b Cauſes,ſignes, & cure a'icelle. sbid. la Douleur interieure ceſſe quand le dehors s'enfle.435.b Douleur ſuruenant aux playes doit eſtre diligemment appaisée, 2 1 1.b Douleur des podagres où commencée. 438.d Douleur des playes externes, ſedée par huyle feruente. 258.c Douleur des iointures, aucunes faites d'intemperature ſans matiere. - 438.c és Douleurs des iointures,'la matiere y eſtant,eſt froide, & cure d'icelles. 25 9.C Drachme, once,ſcrupule, liure, obole, comment enten- dus. 718.d vne Drachme du ſang de l'homme, vaut mieux que deux liures de eeluy d'vne femme. 63o d Dragons de dix coudées de longueur en Ethiopie, 55 a Dragons de cent pieds de long en Indie. · ibid. Dragons de la groſſeur d'vn pourceau. - ibid. 'Dragons fort venimeux, que la perſonne en eſtant pic- quée meurt ſubitement. ibid. Dragons vainquent les Elephans,& comment. ibid. E E B e Dragon Table des Matieres. Dragonneaux que c'eſt,& pourquoy alnſi appellés.2 8.b. 2 O4.c Cure d'iceux. 2o6.c Opinion de Galien touchant iceux. 2O4 C Et d'autres pluſieurs. ibid.c Dragonneaux, que c'eſt, ſelon Soranu. ibid. c Dequoy engendrez ſelon l'opinion de Menardu, &° 4f4fY6S. 1bid. leurs noms diuers. - · ibid.b raiſons de l'Autheur touchant les Dragonneaux,contre l'Opinion des anciens. 2o5.c Reſponſe de l'Autheur ſur le meſme. 1bid.c Dragonneaux engendrez en l'Indie ou en Egypte. 2.O4.0 Dragonneaux ſemblables aux vers. ibid. les Dragonneaux ne ſont iamais ſans fiévre. ibid.d Cure d'iceux. ibid. Drap d'eſcarlatte pour enuelopper le petit enfant ve- rolé. « 469.b Draps rouges doiuent eſtre mis autour du lict du mala- de de pourpre. 555.d Dreſſe-main,& ſa figure. 581.d Dropax contre l'atrophie. 535.d Duel vſiié entre les Septentrionnaux. 15.b Reprouué par les Meridionaux. ibid. Duodenum inteſtinum ou Ecphyſis. 72.c Dure mere, ſa ſubſtance, quelle. Ic8.a Vtilitez d'icelle. ibid. Quels accidens y ſuruiennent. ibid. Dure mere, l'vne des premieres & principales membra- nes de noſtre corps. 1o8.a , Vtilité d'icelle. ibid poudre propre pour la dure-Mere. 234.b & 329.b la Dure-mere ſe noircit, & pourquoy. 235.4 Cure d'icelle noirciſſeure. ibid. la Dure mere peut porter medicamens fºrt deſſeichans & pourquoy. ibid. Dureté en la partie fracturée,comment corrigée. 329.b Dyſderis,eſpece d'eAraignée. 499.d Dyſenterie,qne c'eſt. 56 j c Dyſurie,c'eſt à dire difficulté d'vrine. 418.a E. An tres-bonne,quelle,& de ſon election. 547.4 S'approuue par la veue,le gouſt,& l'odeur, 532.d Eau eſt peſante,& miſe ſous l'air. 8.c l'Eau moyen au poiſſon d'odorer. 18.a Eau de fontaine peut eſtre baillé aux ieunes malades de pefte pour ſoif extreme. 546.d Eau de marau dormans & de neige,& glace,mal ſaine & peftilente. 5 47. Eaux de puits é fontaines bonnes. ibid.a Eau de pluye qui tombe en Eſté, eſt bonne gardée en ci- ſterne. ibid. Eau de la mer,& ſa vertu. 72O.c Eau de pluye n'eſt bonne en temps depeſte,causée de l'air. 53 2.C ' Eau de puits bien profonde en temps de peſte causée de la terre,eſt bonne. ibid.c Eaufroide,breuuage des maladies chaudes. I 69.a Sa vertu. Pour les goutes. 438.a Eau chaude, & ſa faculté. 349.0 fomentatiou d'Eau chaude doit eftre temperée.ibid.d Eau alimenteuſe & restauratiue, n'eſt autre choſe que reſtaurant, & le moyen de la diſtiller. 749.c Eau alumineuſe louée par Galien. 3 1 6.b Eau bleue que c'eſt. 561.c Eau de canelle,& ſa deſcription, 754.d Souueraine contre toutes maladies froides,& contra- riant aux venins. ibid. Bonne contre la peſte. #bid. , Eau de ſenteurs. 743.d Eau de ſemence de lin tiede,prouoque le vomir. 562.d Eau de ſublimé eſt bonne contre les dartres. 48o.d Eau de ſublimé eſt bleue,bonne pour la verole. 463.4 Eau de vie appellée l'ame & l'eſprit du vin. 75o.d , Maniere de la diſtiller. ibid. Preuue d'icelle ſi elle eſt bonne. ibid.b Eau de vie faite de lie de vin genereux. ibida Comment rectifiée. ibid. Ses vertus,quelles ibid. Eau de vie auec theriaque fait reuenir le cœur. 714.d Meſlée auec le theriaque & mithridat, bonne contre la ſyncope. ibid. Eau forte ſepare l'or de l'argent. 5o7.d Comment faite. ibid. Tºropre contre les lentilles 74 I.C Eau forte eſteinte, dite eau de ſeparation. 32O.C Eau roſe auec blancs d'œuf battus, gardent les yeux de la verole, mis dedans. 47o.4 Moyen de la diſtiller. ibid. Conforte le cœur,& chaſſe le venin. ibid. Eau theriacale composée par Rondelet. 466.4 Eau cordiale de grade efficace en temps de peſte. 533.b Eau diſtillée de pommes de pin non meures , fait fuirle laict. 61 1.b Eau exellente pour prouoquer l'vrine. 416.b Eau exellente pour oſter les verués du col de la matrice 64o.d - Eau dite par de Vigo, precieuſe & admirable pour les yeux. 386.d Eau ſinguliere pour le pruritdes palpebres. ibid.s Eau pour embellir la face. - 75e.c Eau pour la rougeur du viſage. 74o.d Eau pour effacer les rides du viſage. 74o.b Eau de laitt de vache excellente pour tenir le teint net & frais. 7I J • autre Eau excellente pour rendre le teint clair & beau. ibid. autre Eau pour lauerles mains & la face. ibid. Autre en forme de liniment. ibid. eAutre pour rendre le cuir de la face tendu & delié, c% pour le blanchir. ibid. Eau pour effacer les puſtules & ſaphirs. 74o.d Eau pour blanchir les dents fort excellente. 397.b Eau pour odorer au peſtiferé, 543.d Autre pour le malade peſtºferé. ibid. Eau preſeruatiue pour ceux qui hantent les Peſtiferez- f 37. Eau purgatiue. - 75O.c Eau trouué aux ventricules du cerueau , dont causée 1 1o.b Eau venant à la teſte des enfans,appellée Hydrocepha- le. 186.a Eaux pour rafraiſchir les bruſleures quelles. 3oo.a Eaux cordiales. 5 ſ 3.6 Eaux propres pour prouoquer le dormir. 5534 Eaux minerales de Spa & Plombiere, & leur vertu " admirable. 636.4 Eaux chaudes detergent & reprimët les fluxions.736.c Recherche & raiſon de ce. ibid. Eauxſulphurées,alumineuſes, nitreuſes, bitumineuſes, cuyurenſes,ferrées plombées,& leur vertu, proprie- tez,& qualite{. ibid. Item les gypſeuſes. ibid.d Vſages d'icelles. 1 37.4 Eaux comment diſtillées, & comme faut preparer les matieres,voyez diſtillation. s r". * # Table des Matieres. En quel vaiſſeaux. 747.a Comment rectifiées. 75 1.b Equx diſtillées au bain-Marie, excellentes par deſſu f437'6J. 748.c Eaux compoſées, & leurs differences. ibid. maniere de diſtiller les Eaux. • 749.C Eaux dont on vſe és medicamens. 7j 3. Eaux quinteſſentielles des herbes chaudes, comment ti- rées. ibid. Ebullition des ſemences à la matrice, & des ampoules, lieux du foye,cœur, & cerueau. 591.c Ecchymoſi , que c'est. 291.t.374.c Echeneis, autrement Remora, poiſſon. 69o.c Echo, d'où ſe fait. 22 5.C Ecphyſis. 73.c Ečtropion, que c'eſt. 385.b Effect horrible de la poudre à canon. 385.a Effets de bruſleure. 299.d Effects des fiitions & fomentations,contraires. 349.b Effects merueilleux des cantharides. 5 o 5.b.c Effects des qualitez des medicamens. 7O4.c Diſtingue{ par degrez, quels. 7o5.c Effluxion & auortement comment different. 613.a Et que c'eſt. ibid. Effuſion, que c'eſt. 291.c Egilops. I I7.c Egine & Megare peries par tremblement de terre. Egliſe en Sicile, abbattues par tremblemement de terre. 268.s.7o1.a Egypte habitée auiourd'huy de Turcs, Iuifs, & Chre- iens. 297.a Egyptiac, & deſcription d'iceluy. 3o4d Vſage & vtilité d'iceluy. 322.4 Excellent contre les pourritures. 282.c Quand en fant vſer. 277.a Reſponſe au meſpri d'iceluy. 283.d l'Egyptiac n'eſt ſuppuratif. 286.a Egyptiac eſt propre aux playes d'arquebuzes, & lors qu'il y a ſoupçon de pourriture. 276.d Egyptiac fortifié propre contre la teigne. , 378.d Egyptiac appliqué aux palpebres, ne doit toucher l'œil. 386.c Egyptiac diſſoult en lexiue, ou vin noir, propre contre l'vlcere de l'amarry. 636.b Egyptiens negligent à baſtir maiſons pour le peu de vie en ce monde. . 2 95.4 Egyptiens fort curieux à la ſepulture de leurs peres. 294.d - Leur façon de faire en icelle. 295.b Comme enterroient leurs Roys. ibid. les Egyptiens n'auoient gage plu precieux que le corps de leurs ayeuls. 294.d Egyptiens & Arabes mangent la chair des crocoailles. 68 I.a Eiaculatoire, que c'eſt. 59 1.b Election de la bonne eau. 547.2 Election du Gaiac pour eſtre bon. 447.c Electuaire de diacartami purge l'humeur coleric. 44 I.4 Electuaire fort profitable contre la peſte. 563.c Electuaire dont on vſe aux medecines. Element, & ſa definition. 7.d Element comme ſe prend en la medecine. 8.d Qualitex premiers d'iceux. ibid. Elemens du monde, quels. ibid.b Du corps, quels. ibid.c Elemens(ſelon Hippocrate) quels. 8.a Ont deux qualitex exceſſiues. ibid. Conneu par l'eſprit, & non par autre ſens. ibid. Peuuent eftre cognu par leur reſolution. ibid. -> Et veue. ibid. Elemens diſtribuez à chacune partie également. ibid Elemens retiennent leurs qualitez en la compoſition des corps. ibid. Leur mixtion. ibid. les Elemens ſymboliſent les vns auec les autres, & en quoy 267.d Elemens de noſtre generation ſont la ſemence & ſang · menſtruel. • C corroyefaicte d'Elephant de mer fort bonne. ibid. ) Elephant de mer, & ſa figure 5 16 Elephant eſpouuanté d'vnporceau. 46.d Hait les rats & ſouris. ibid. Figure de l'Elephant. 513.b Elephant instruit à Rome, & de quoy. 45.4 Elephanu, leur nature, religion, force, vertu,obeiſſance, humanité & adoration. ibid. les Elephans portent leurs petits deux ans dans leur Z/6/1t7ré, ibid.b N'en portent qu'vn en leur vie. 44-4 Viuent deux cens ans. ibid. Elephans pluegrands, plus puiſſans, & eſpouuantables, qu'autre animal. 44 d Craignant s le feu. 45.4 eAppaiſeK de leurfureurpar la veue d'vn mouton. 5 2.c les Elephansſe mettent à genoux pour faire leur adora- tion au Soleil. 45.4 Elephans menez en bataille par Antiochu contre les Romains. 44.d Elephans aiguiſent leur dents, & comment. 46.c Elephans ont inimitié mortelle auec les Rhinoceros. 52.c - les Elephans ſont ſi forts qu'ils portent de grands edifi- ces ſur leur dos. 44.d Elephans ayans des eſpées liées au bout de leurs trompes, & pourquoy. ibid. Elephantiaſis eſpece de maladie. 28.a.2o6.c Elephantiaſis en Grec, c'eſt ladrerie. 476.c Elephas, eſpece de maladie. 2o6.a Pourquoy ainſi dite. , ibid. Eleuatoire ne doit eſtre appliqué ſur l'os entierement fracturé. 224.C Eleuatoire, quels doiuent eſtre 2.2.2.C Eleuatoires à trois pieds. 2.2 I.C Autres & leur figure. 223.d Elie par ſa priere fit qu'il ne pleut de trois ans ſix mois. 627.b - Eloquence dont venue. I 5.c Emaciation dont aduient. 359.b Emaciation aux goutes ſciatiques, & cauſe. 429.4 Embaumement aboly en Egypte. 297.a Embaumeurs en Egypte, voyez Egyptiens. Leur maniere de faire. ibid.d Office bien ſalarié. 775.b façon d'Embaumer les corps morts. 774.d 8mboiture, ou Enarthroſe. 156.b Embotum, entonnoir propre à parfumer. 135.d Embrocations, que c'eſt, & leur uſage. 728.d Dequoy faites. ibid. Leur vſage. ibid.d Embrocation repercuſſiue. 72 9.4 Embryon ou Genitura , l'enfant non encore formé 59o.d - Emiſſion d'vrine inuolontaire , dite Strangurie. 416 d Empedocles monſtre la cauſe des Monſtres. 659.d l'Empereur Iouinian eſtouffé de la vapeur du charbon. 73.4 - l'Empereur Tibere de peur du tonnerre portºit du E E E e 2 laurier. Table des Matieres. - laurier. 262.C Empeſchement & retraction de la langue. 397.c Signes & cure d'icelle. ibid. Empiriques, quels. 3o.C Comme ils penſent les verolez. Emplaſtres que c'eſt. 725.c Differences d'icelles,& matiere, d'où priſe. ibid. Leur compoſition, quelle. ihid. AMethode de les bien faire. ibid. Moyen d'yfaire entrer les gommes ſeiches. ibid. ſigne que l'emplaſtre ſera bien fiicte. 726 h Vſage d'icelles. 727.d Emplastres pour les hydropiques. 193.C Pour la teigne. 378.c Pour la douleur des dents. 394.b Pour les podagres & gouteux. 439.4 Pour les modoſitez. - ibid. Pour la ſciatique. 441.4 Emplaſlre reſolutif pour les loupes. 174.b Pour les contuſions. 2 93.c Emplaſtres qu'on applique à la teſte, doiuent eftre de conſiſtance molle. ". 234.C Emplastre ſouuerain pour les playes du thorax, dict ſainct. 2 5 1.b AManiere de le faire. ibid. Emplaſtre pour faire le callus ou ſoudure des os. 347.c Emplaſtre propre pour appaiſer les douleurs des gou- teux, & roborer les iointures. 43 ſ . C Emplaſtre pour appliquer ſur le nombril,contre les vers. 475.c Emplaſtre pour mettre ſur le ventre aux femmes pour la matrice. 629.6 Autre ponr leur faire tarir le laiti. 61 1.b Emplaſtre grandement remollitif 348.d Emplaſtre incarnatifpour les yeux. Emplaſtres de baies de lauriers. 2o4.d Emplaſtre de ceruſe pour la rougeur du charbon. De gratia Dei. 727.a De ianua ſeu de betonica. ibid. Oxycroceum. ibid. De ceruſa. ibid. Triapharmacum, ou nigrum. ibid. Palmeum, ſiue diachalciteos. ibid. Contra rupturam. - ibid.c De mucaginibu. ibid.c De mimio. ibid. · Diachylon magnum. ibid. Emplaſtrum nigrum, quel. 347.d Emplaſtrum triarpharmacum , pourquoy ainſi dit. 727.b Pour le ganglium. 176.b Propres pour amollir. 452.C Emplaſtre de Vigo cum mercurio reſolutiuo. 282.d Chaſſe le virus verolique. 547.d Emplaſtre de Vigo, duplicato mercurio, propre pour amollir les tumeurs ſcirrheuſes. 178.d Emplaſtre de betonica, & ſa vertu. 248.c Emplaſtre de diachalciteos, & ſa vertu. ibid. Le moyen de la bien faire. 717.b Emplaſtre de Tneodoric, ſedatif de douleur aux chan- cres vlcerez. 181.a Emplaſtres pour les tumeurs venteuſes. 173.a Propres aux eſcrouelles. 175.c Emplaſtres pour eſlener les coſtes rompues en haut.339.b Emplaſtres & cerouennes,vicaires des frictions. 451.c Leur affinité. 725.c Emplaſtres attractiues pour les playes venimeuſes. 488.c - , • " Emplaſtres ne doiuent eſtre ſouuent changées, & pour- quoy. 793.c Empoiſonneurs de quelle meſchanceté vſent. 485 b Comment ſe doiuent gouuerner ceux qui ont # d'eſtre empoiſonnez. ibid.4 Empyeme & ce qu'il faut obſeruer. - āb Empyreuma, que ſignifie. 42.b Enaimes, en Grec, que c'eft. 716.b Enarthroſe, que c'eſt. 156.b Dite embaiture. ibid. l'Encens, arbre qui croiſt en Arabie, reſſemblant aux Pins. 2 57.b Encens comment faitt & ſophiſtiqué. ibid. l'Encens agglutine les playes profondes. ibid.d l'Encens arreſte leſang qui fiue desplayes. ibid. Encenrſingulier 4/4A7 # des mammelles des femmes. ibid. Enchanteurs & ſorciers corrompent la vie & ſanté des hommes. 67o.d Enclaueure ou Ginglyme. I 56.c Enclume eſt vn os dans le trou des oreilles. 1o7.b Encre appliquée ſur le teſt, pour connoiſtre les fiſſures. 2.2 O,C - l'Enfant maſle eſt formé au quarantieſme iour,& la fe- melle au cinquante. 592.c la generation de l'Enfant prend ſon origine de deux choſes. 62o.c. quand l'Enfant eſt bien formé , l'ame y eſt infuſe ibid. l'Enfant commence à ſe mouuoir, & auoir vie au ſoi- xantieſme iour. ibid.b l'Enfant formé, la femme ne luy peut faire nuiſance. 658. d l'Enfant prend ſon nourriſſement par le nombril, 5o1,b l'Enfant au ventre de ſa mere n'a aucun vſage des yeux ny du nez, ny des oreillet. ibid. l'Enfant n'a aucun beſoin de l'office du cœur, ny du ſiege. J95.c l'Enfant ne doit eſtre appellé enfant, s'il n'eſt du tout ormé. ibid. l'Enfant au ventre de ſa mere ne prend rien par la bou- che,ne iette rien par le ſiege. ibid. Comment y eſt ſitué. 596.d Figure de ce. 597. Aſon commencement en ſon temps. 616.b l'Enfant comment reſpire auventre de ſa mere. 6o7.c Beau diſcours ſur ce. 614.b Ne prend aucun air par la bouche de ſa mere. ibid. l'Enfant eſtant à terme, s'efforce de ſortir du ventre de ſa mere. 596.a Pourquoy ne veut ſortir. ibid. N'a terme certain d'y eſtre. J98.c l'Enfant iette de l'vrine quand il eſt pret de ſon terme. 195.b Ne peut viure au huictieſme mois, & eſt dit geni- ture de la Lune. 598.c Au ſeptieſme il peut viure. l'Enfant heureux qui naiſt coffé comment entendu. 6oo.a - l'Enfant maſle eſt plu excellent que la femelle,& poar- quoy. 596.a l'Enfant pourquoy pleure venant au monde. ibid. ce qu'il luy faut faireſ teſt qu'il eſt nay. ## ſl714, Eſt là, & pourquoy. l'Enfant doit prendre pour la bouche quelque choſe a- uant que ietter, & comment. 6o7. c Ilne doit manger bouillie de dix ou douze iours apres eſtre may. 6o8.b l'Enfant doit eſtre couché ſur le dos pendant qu'il tette. 6o5.b. l'Enfant comment doit eſtre couché vis à vi de la lumiere © -- Table des Matieres. 7º : lumiere,& pourquoy. ibid.b Ne doit eſtre trop bercé & pourquoy. 6o6.c Bon qu'ils crient quelquesfou. ibid. l'Enfant en quels temps ſe doit ſevrer. ibid.d Nourry d'vne mauuaiſe nourrice retient les mœurs d'icelle. 6o3.c l'Enfant ſouuent eſtouffé enſon maillot par trop ſerrer. 3 I. - ſignes ſi l'Enfant eſt eſtouffé par ſa nourrice, ou autre- //7º/7f. 771.c Enfant entaché de petite verole comment faut quil ſoit C044/46/'f. 469.a l'Enfant mort ou vif au ventre de la mere comment C077/76'Jf. 6o7.b l'Enfant mort au ventre de ſa mere,doit eſtre tiré viſte- /726/1f. ibid.d Eſtant trop gros,doit eſtre couppé,& commèt.6o9.a Enfant hlanc,nay d'vne Royne d'Ethiopie. 587.d Enfant noir, nay d'vne Princeſſe blanche. ibid.b Enfant mort enfanté, ayant vn ſerpent vifattache à , ſon dos qui le rongeoit. 472.b Enfant monſtrueux du defaut de ſemêce en deue quan- tité. 656.b Enfant nay ſans aucuns os,& neantmoins bien formé. 657.d Enfant noir nay d'vne Princeſſe blanche. . , 658.b Enfant ayant les pieds & mains tortues,ayant eſtépreſ- sé au ventre de ſa mere. 66o.a Enfans möſtrueux,ayant quatre brau,& quatre iambes 655.c Enfant ayant les pieds & les bras en haut,au ventre de ſa mere. 597.c Enfant hermafrodite, eſtant aſſis au ventre de ſa mere. 598.a Enfans gemeaux. - ibid. Autre ayant laface d'vne grenouille. 659.a Autre estant demy-chien. 665.a Autre ayant deux teſtes, deux iambes, & vn bras. 657.c Enfant petrifié , trouué au cadauer d'vne femme. 66o.c Enfans ſont de nature chaude & humide. 2 1.d Me peuuent porter la faim. 22.d Quelles viandes leur ſont conuenables. ibid. Fort ſubiects aux poulx. 476.a Enfans quelquesfcis ſont au ventre de leur mere dix, onze, dou{e mois,4& pourquoy. 613.d Enfans ſortent du vent e de leur mere quelquesfois ve- rolez, & ſont difficilement guaris. 465.d Iceux eftans petits, comme faut qu'ils ſoient frottez ayans la verole. 466.a Enfans, verolez donnent la verole à leurs nourrices. 445.4 - Retiennent la nature dont ils ſont nourris. ibid. Peuuent prendre la verole par baiſer. 1bid. Et allaichans leur nourrice. ibid. Enfans nai{ auec verole, difficillement ſont guaris 465.d les enfans apportent des ſeins & macules du ventre de leur mere. 6o1.b les enfans doiuent eſtre ſevrez par raiſon, & non trop toſt, & comment. - - 6o6.d Moyen de les ſevrer. ibid. Iceux ſevrez comment mrdicamentez. 567. les enfans reſſemblent ſouuent plus au pere qu'à la mere, . cºr pourquoy. 587.d Quelquesfois ny à l'vn ny à l'autre 588.a les Enfans ſouuent ne ſont ſubiets aux maladies here- ditaires. - ibid.b Enfans naiz pluſieurs fois boſſu, tortu,& contrefaits, -) - par la faute des meres. 659.d *#k Piedbots, manchots , faute des meres. 1044s Peuuent eſtre louches hereditairement. 6o5.c leº Enfans deviennent camu, tetans mammelles dures. 6o4.b Tetans trop long-temps, en ſont rendu effeminez. * , 6o7.a les Enfans commencent à auoir dents au ſeptieſme moi . 6o6.d les Enfans ſe delette à voir choſes belles. 6o4.a Enfans naiſſans ayans le ſiege clos, ne viuent long- temps. 398.d - Enfans ne ſont gouteux auant qu'ils vſent du coit.429.d Pluſieurs leſont,diſquels les peres ne l'ont eſté,& au contraire. 426.b Enfans plus ſubies à la pierre que les aagez, & pour- quoy. 399.4 Enfans comment tirez du ventre de leurmere,morts ou vifs. 6o8.c les petits Enfans quand aſſaillis de la fiévre hettique,& comment y eſt pourueu. 2 55.c Enfans eſpris de peſte, comment purgez & medica- 77J67?fC2C , 566.d.& ſeqq. Enfans conceu parſuperfetation, ont chacun leur ar- riere-faix. 615.b Enfans gemeaux couuerts d'vn meſme arriere-faix. · ibid.d - cauſe de la pluralité d'Enfans. 653.c comment l'Enfantement ſe fait moyennant la diſtra- ctiou des os des hanches d'auec l'os ſacrum. 596.b Enfantement naturel, quel eſt. Contre nature, quel eſt. 599.4 . Signes d'iceluy prothain. ibid.b Comment cogneu estre difficile. - 61 2.c Enfantement à neufans. ibid.c l'Enfanter difficile prouient de la mere, ou de l'enfant. ibid.b Enfonceure ou arthrodie. i56.b T, oſieſme eſpece de fracture. 2 I7. l'Entendemët,l'vne des principales puiſſances de l'ame, & pourquoy donné à l'homme. , 16.b Eni erocele,ou inteſtinale,hargne. · 195.d Enteroepiplocele, eſpece de hargne. 1bid. Entrefeſſon,que c'eſt 371.c Enumeration & diſſection anatomique. \ 62.4 Ephemeron, autrement Colchicon, ou bulbe ſauuage,& ſon contrepoiſon. 5 O4.c Epicauma,que c'eſt. - 319.d l'Epiderme n'eſt de temperament chand froid,g ſec, ny humide. 62.b Perdu fe peut regenerer. · ibid.d Epideſmi,eſpeces de bandes. 328.b Epididyme, pourquoy crée. 81.c.d Autrement paraſtate. 82.b Epigaſtre,& ce qni eſt entendu par iceluy. 6o.b Generalement pris. 68.a Les parties contenantes d'iceluy qu'elles. 62.4 Par iceluy eſt commencée la diſſettion anatomique. 64.b.67.c - Epigaſtre ou ventre inferieur, & de ſes playes Epiglotte,ou languette. 128. c' Principal inſtrument de la voix. ibid. Ses muſcles, quatre. ' ibid. Choſe à conſiderer en icelle. 128.c Sa figure. ibid.d Epilepſie,que c'eſt. 245 b Epilepſie & apoplexie, en qnoy different. ibid. Epiphyſe,que c'eſt. - 148.a Epiphyſes du cœur,on Ke,& leurs difference. - 98 a E E E e 3 Epiphyſes _ - Table des Matieres. Epiphyſes des os ſouuent ſeparées, malaisées à reduire, & pourquoy. 343.d Epiplocele,que c'eſt. 7o.b Epiplocele,hargne,ou zirbalo. 195.d Que c'eſt. - 2.O I .4 Epiploon,ou omentum, que c'eſt, & ſa ſiubſtance, quan- tité,figure, & c. 7o.4 Epitheme,que c'eſt. 729.b Dit des Pratticiens humectation,ou irroration. ibid. . Dequoy compoſez. ibid. l'vſage d'iceux,& maniere de les appliquer. , ibid. Epitheme pour le cœur. * - - I ibid. Epithemer refrigeran prºpres a la fievre quarte. 183.d Pour les fiévres hettiques. 729.b Epithemes ou fomentations pour corroborer les parties nobles. , , 49.b Leur faculté,& exemple de leur compoſition. ibid.c Epomis. 356.c Epulis,ſa definition,& cure. 184a Degenere en cartilage & os. ibid. Epuli enorme extirpe par l'Autheur. ibid. Epulides, ainſi appellez des Grec,ſont tumeurs és gen- ciues. ibid. Eringium,en François Panicault. 638.d Eriſmum,ou Irio, Cortelle en François propre pourle chancre. 181.b Erreur couuert d'ignorance. 385.d Erreur de l'vſage des medicamens emplaſtiques. 346.a Errhines,que c'eſt. 732.b Leurs differences. ibid. Et matiere d'iceux. - ibid. Leur vſage, & le temps d'en vſer, & a qui nuiſible. ibid.d Errhines liquides, en Latin Caputpurgia. 732 b · Secr, Sternutatoria. ibid.c Autres, Naſalia. ibid. Errkine pour attirer les excremens du cerueau. ibid.b Autre pour la pituité. ibid. Eruttation, ou routement,6 du ſanglot. 563.b Doù prouient. ibid. Eruption & puſtules, appelléet pourpre. j 54.6 Ont diuers noms,& quels. . ibid. Cauſe, & cure d'iceux. J 55.a Moyens de les connoiſtre apres la mort. 56o.b Eryſipelau,maladie chaude. I 69.a Ce qui eſt contenu ſou iceluy. ibid. Ses cauſes,quelles,& prognoſtic. ibid.b Signes d'iceluy comment cogneu. ibid. Sa couleur. | 418.a Eryſipelas comment engendré. 169.a Ses differences. ibid.b Sa definition. ibid. Quatre intentiös pour la cure d'iceluy.ibid.& 169.c Eryſipelau occupe la face,& pourquºy 196.c Mceluy ietté du dedans au dehors , eſt bon ſigne. ibid.b Saignée neceſſaire à la cure d'iceluy. ibid.d Remedes propres pour icelny. ibid.c,d Eryſipelau phlegmonodes , œdematodes , ſcirrhodes. - 169.a,b Eryſipela plus chaud que le phlegmon,pourquoy. ibid. Suruenant à la matrice,choſe mortelle. ibid.c Erythroide. 81.d Eſcaille d'airain beiie,cauſe flux de ventre,& vomiſſe- ment,& ſon antidote. 5o7.c Eſcarbots meurent de l'odeur des roſes. 5 3.4 Eſcargots auec leur coquille, pilez, remede pour la pi- queure du Scorpion. 499,4 Eſchare,dequoy eſt faicte. 778.b Faicte de bruſleure, comment gnarie. 3oo.b '. |! Eſchare doit promptement eſtre faicte tüber aux playes venimeuſes. 489.a Eſcharotiques,3 pourquoy il n'en faut vſer aux playes d'arquebuſes. 776.a l'Eſchine composée de trente quatre or. 153.4 Eſclair eſteint & ſuffoque la veue. 486.c Eſclair,herbe propre pour la veuë. 39.c dite Chelidonium maius. JJ2.4 Eſclaue d'vn Stenois qui fit ſept enfans d'vne portée . 653.d * • Eſcreuſſes & cancreſ. 5o. a Beſtes amphibier. 53.c AMangée par les pourceaux pourſe guarir. 39.C Eſcreuſſes bruſlées, ſont bonnes contre la merſure d'vn " chien enragé, delayées en vin. 491 4 Broyeess & pilée,bonnes contre le charbon. 56o.d Eſcorces comment diſtillées. 761.a . Eſcorcheures prouenantes de bruſleure, comment gua- ries. 3oo.d JEſcriteaux de pluſieurs ſortes pour penſer & guarir des maladies. 675.b à l'eſcriture on doit adiouſter foy. j 19.a Eſcrouelles,qu'eſt ce, 175. Dequoy engendrées. ibid.d AManiere de curer. ibid.c,d Eſcrouelles ſouuent engendrées au mezentere ſelon Pol- lux. I75.a Soixante dix-trouuées au mezentere d'vn More. ibid.b Different des autres apoſtemes. ibid.b Eſcrouelles degenerent ſouuent en chancres. ibid.a A icelles vlceres ne faut toucher par medicamens 4C/6'ſ, ibid. Eſcume delimaçons rouges,à quoy propre. 2o1.d Eſpaulette ou paleron,Omoplate en Grec. 338.a Eſpeces de luxation. 3 5 1.c eſpeces d'Epulotiques. 715.c l'Eſpée ayant bleſsée quelqu'vn eſt pensée au lieu du bleſié & le bleſsé s'en guariſt. 37.4 Eſperance aide aux malades. 26.c Eſperuiers fuyant la creſcerelle,c ſont fuis de l'alouettes 52.d Eſpine du dos,& ſa figure. - I 3O.4 Fondemët & ſouſtenement du corps. 356.d. 577.a.6o5.b Aines composée de pluſieurs. . 356.c Vtilite (d'icelle,quatre. - ibid.c Eſpinemedullaire ſon origine, & vſage. 116.d Eſpine de l'Omoplate. 135 c Espine fuxée comment reduite en la partie exterieure. 358.a Signes de la bonne reduction d'icelle. 3 3 j . C Eſpine gibbeuſe en enfance , garde de croiſtre le corps- 359.4 Eſpine courbée ou voutée,eº ſa cauſe- 577-a Bleſſeure de l'eſpine du dos incurable. 339.d Luxation de l'eſpine en la partie exterieure, & le moyen de la reduire. - 358.a ſignes quand la mouelle de l'Eſpine eſt bleſſé. 2 5c.d vertebres de l'Eſpine ont chacune ſix connexions. 124.c Eſponge femelle plu douce que le maſle. 728.c Eſponges propres pour contenir les choſes aromatiques. 584.c Esprit, que c'eſt. 18.c 8ſt triple. ibid. l'Eſprit ne vieillit point. 1o.b En quoy differe de l'ame. 593.c l'Eſprit animal où ſe fait, & pourquoy. 18.c Eſprit vital, que c'eſt. ibid.d Se perd auec le ſang, . , 43o.b Où aſſis, & dequoy fait ; & comment perdu. 19 a Pourquoz . | Table des Matieres. - ". • - Extraction du fer Barbelé. 288.c Fer de fieſche tiré par Hippocrates, demeure en l'ame. ibid.d Ferule eſt aliment à l'aſne, & venin à toute autre che- ualine. 7o3.c Ferules pour les fractures. 33o.c dequoy doiuent eſtre faictes. ibid. leur vſage, & comment appliquées. ibid.b Ferules, & eſtelles, torches & queſſes ſeruent à tenir les os en leurplace. ibid. Feu tres-leger,& plus haut des elemens. 8.c , le Feu eſt plus chaudſelon les matieres. 299.d ſon action. ibid. le Feu vray alexitaire des petites bruſleures. 3oo.b le Feu le plus requis à purger l'air en temps de peſte. 5 32.4 le Feu grand ennemy de l'argent-vif. 5o9.d le Feu de ſouffre tres puant. 486.a Feu de fouldre plus chaud que nul autre feu. ibid. appelle feu des feux. ibid. Feu de fouldre,fond le fer d'vne picque ſans bruſler le bois. ibid. fond l'or & l'argent dans la bourſe ſans l'endomma- ger. ibid. Feu volage, comment guary, 5 19.b Feu ſortant des eaux comme choſe monſtrueuſe. 7o1.a difference de Feux requiſe é, diſtillations. 746.c Fibra, mollet de l'oreille. 24.d Fibres,& leurs genres. 65.c Fibres des inteſtins, quelles. 73.d Fibres du cœur,de trois genres,& leur attion. 95.c toutes Fiebres des muſcles droites. 83.b Fic ou fil ſainči Fiacre. 177.b aufic ſaintt Fiacre,ne faut aucune cure fors la paillia- ff Mº. ibid.a : Fiche ou gomphoſe. I 56.c la veſſie du Fiel attire la colere du ſang. I7.4 Fiel du Crocodile bon pour les catarattes des yeux.681. Fiente d'animaux, de quelle vertu. 278.c Fiente de bœufcontre la picqueure des mouſches. 499.b Fiente de bœuf ou vache pour la douleur des goutes. Fiente de brebis, excellente pour engraiſſer les terres. 4c b Fiente du cheual comment bonne pour les bruſleures. 3oo.b Fiente de chévre propre à diſcuter les tumeurs ſcirrheu- ſes 178.d boullue & fricaſſée en vinaigre,a vertu d'attirer le venin des araignes & autres. 499.d Fiente de chien qui ait rongé par trois iours des os, propre pour arreſter le flux de ventre. 565.c Fiente de pigeons, auec noyaux de peſches, bonne pour la migraine. 38o.a boulue en vinaigre, propre à fomenter les goutes. 436.b Fiente de vache,chévre ou brebis,auec anis,& c. bonne contre l'inflation de la matrice, 641.d Fèvre & ſa definition. 167. eſt affection ſeiche. 2 2.4 augmenté par les choſes ameres. 475.d a ſon ſiegeau cœur. 5 59.b Fievre diaire, ou ephemere, & ſesſignes. 168. tourmente les petits enfans. 1 68.c s'eſtend iuſques à quatre ionrs, & ſa curation. ibid.b Fiévre quotidiane, que c'eſt. 177.h,c ſes ſignes & cauſe. ibid. accidens qu'elle ameine. ibid. en quel temps & region ſe prend. ibid. le plusſouuent eſt longue, & pourquoy. ibid.d cure d'icelle. - 178.a la Fiévre quotidienne laiſſe touſ ours quelque accident.. & quels. ibid.b ſignes de ſa guariſon. 177.d Fiévre hectique,ſes cauſes & differences. 2 f3.C ſon etymologie. ibid. aduertiſſement ſur la cure d'icelle. 254-4 Fiévre hectique quand aſſaut les petits enfans,c moyens d'y remedier. 25 5.c Fiévre intermittente, qu'eſt-ce 434,c comment finit. 168.c eſt generalement ſans danger. 17o.d la fiévre Synoche,putride,tient le patient plu de vingt- quatre heures. 168.a,c Fiévreputride & ſa curation. 17o.b Fiévre continué apporte touſiours danger au malade 434.4 Fiévre erratique aduenant aux Filles par ſupreſſion des mois dicte Planetes,ou Epiale. 638. Fiévre quarte que c'eſt. 182.d ſes #º ſignes,& qui ſont ceux qui y ſont ſubiects 183. d'où engendrée. 29.c dure quelquesfois douze ans. 183.b inueteré comme guerie. ibid. Éiévre quarte ne ſe guerit en Hyuer,& bienpeu la quo- • tidienne. 29.d Fiévre quarte, ſouuent guariepar vne peur ſubite, & C07777726/1f, 2 9.c Fiévre ſuruenant aux tumeurs ſcirreuſes. 182.d Fiévre ſuruenante au commencement des playes de la teſte quelle,c que ſignifie. 227.b Fiévre procedante d Eryſipela, n'eſt mortelle le plu ſouuent. ibid.é Comment connue eſtre telle. ibid. Fiévre ſuruenante a l'autheur l'onzieſmeiourde ſableſ- ſeure,& cauſe d'icelle. 346.b Fiévre guerie pour eſtre cheut dans vn fleuue. 34 a Fiévres guaries en diſant certains mots & autrement. 675.b Fiévres ephemeres, & lenrs cauſes. 267.d Fiévres quotidiennes reprenent le plu ſouuent ſur le ſoir, & pourquoy. 177.d de peu de duree. : 68.c Fiévre tierces ſuruiennent ſouuent de la bile ou colere. aux eryſipeles. I7o.c leurs ſignes,cauſes & accidens. ibid. quels hommes en ſont aſſaillis, & combien dure l'ac- ce ( d'icelles. ibid.a Fiévre tierce, quarte,quotidienne & continue,quels bu- meurs demonſtrent. - 54o.b. º Fiévres tierces,que ſignifient les vlceres de la bouche, & quelle eſt leur cauſe. 17o.d leurcure & diette en icelles. I7 I. a Fiévres doubles tierces prennent volontiers vers le mi dy 178.a Févres quartes en Eſtéſont briefues, en Automne lon- gues. 183.b leurs ſignes comment pris,& leur cure. ibid.c Fiévres pºlº , tierce , quarte, & quotidienne 542. és Fiévres peſtilentilles, le dedans bruſle, & le dehors eſt froid, pourquoy. 538.b Fiévres qui ſuruiennent au phlegmon, & curation d'i- celles. 167.d Fiévres ſuruenantes aux tumeurs des gladules,ſont tou- tes malignes,excepté les diaires. ibid. Fiévres ſuruenantes aux œdemes. 177.b Fiévres guaries par l'Autheur,& comment. 183.c à toutes fiévres la maniere de viure humettante eſt con- uenable. 2.2.4 - f,f *- - -' Table des Matieres. Cure d'iceluy. ibid. Flux de ſang és carnoſitez doit eſtre prouoqué. 457.a Flux de ſang venant és playes, & meyen de l'arreſter. Flux de ſang,comment arreſté à la couppe des membres 3o7.b - Flux de ſang ſuruenant apres la cheute de l'eſcarre 3o8.b Flux de ſangſuruenant des vaiſſeaux & arteres deſliez, ce qu'il faut faire. 3o7.c Flux de ſang cauſé par l'inciſion faite par trop pres du ſiege dangereux. 4o6.d Flux menſtruel, appellé mois, & pourquoy. 63o.4 cauſes d'iceluy. ibid.b Pourquoy vient pluſtoſt ou plus tard en aucunes. 73o.b Flux menſtruel purge les femmes de beaucoup de ſuper- uiteX, 2 5.4 Flux menſtruel trop exceſſif, s'aſtraint en pluſieurs ma- 7716/6ſ • 563 . Pourquoy retenu aux femmes. 63 I.a Le moyen de le prouoquer. 632.b Signes pour connoiſtre qu'il veut couler. 633.a Le moyen de l'arreſter. 634.a Flux menſtrnel immoderé cauſe de diuers accidens. 633.d le Flux comment conneu venir par eroſion. 634.c Flux muliebre, & difference d'iceluy a'auec le pus de l'amarry. ibid. Cure d'iceluy. 635.c.d Fluxion, que c'eſt, & ſes cauſes. 162.a Comment deſtournée. 16j.c Fluxion cauſe de gangrene. 3o2.b Fluxions ſur les yeux comment gueries. 78e.b Focile du bras. 14o.b Focile petit de la iambe, à quoy ſert. 333.d Follicule du fel, & ſa figure. Fomentation, que c'eſt. 728.c En quoy differe de l'embrocation. ibid. Leur vſage, & maniere de les appliquer. ibid.c Fomentation longuement faicte, reſoult plu qu'elle n'at- f37'6'. - 2 33.4. Fomentation de vin reprime , refroidit , & ſeiche ibid.d Fomentation relaxatiue & reſolutiue. 5 j 3.c Fomentation emolliente & reſoluente. 728.c Fomentation pour l'Eryſipelau. 17o.a Pour conforter la partie de l'œdeme. 172.h Pour les tumeurs venteuſes. I7 3.a Pour le chancre. 181.d Pour les coups orbes. 232.d Fomentation remolitiue & reſolutiue pour le charbon. 558.a Pour reduire la paupiere. Pour les iointures des gouteux. 433.c Pour les CarnoſiteX. 457.b Pourl'apoſteme #a 556.b Fomentation conſtringente pour l'amarry. 623.a Autres tres-vtile pour la matrice. 642.d Fomentations aſtringentes & reſerrantes pour les fem- mes accouchées 61 I.d Fomentations pour les yeux. 244•C Pour les meurtriſſeures. 298.b Pour la ſciatique. 441.b Fomentations & frictions ont contraires effects. Methode pour les bien faire, pour reparer vne par- tie atrophiée. 375.c Fondement, receptacle des excremens. 2o3.a Fondement & tumeur d'iceluy, les cauſes & cure d'icel- le. ibid. Fondeurs,ſubiects à maladieschaudes. 19.d Fontaines où habitent les Crocodilles ſont pres du Nil 681. - Fontenelle ou ſcriciput. Io7.a Foret pour commencer à ouurir le crane, & ſa figure : 236.a Formation de cauteres, quelle. 729.c Formica. I 64.a Formicatio. # 29.b Formillon, eſpece d'araigne. 499.d Foſſe Clodiane, auioura'huy Chioggia. 262.c Foulare, deſa naturepestilente & puante. 267.b De deux eſpeces, ſelon Ariſtote. J 3 I.4 n'eſt ſi cruelle que l'artillerie. 262.b En quoy differe d'icelle. 285.b la Fouldre ne deſcend plus de cinq pieds en terre. 261.c tombe volontiers ſur vn cheſne. 263.4 Quelles choſes en ſont preſeruées. ibid. Laiſſe touſiours certaines marques de bruſleure.771.c M'eſt ſans feu, ibid. Fouldre & tonnerre briſe & fracaſſe les os à ceux qu'il touche & ſans apparence en la chair. 53 I.4 Font auorter les femmes. 61 3.a les Fouldres ſont de trois genres differens l'vn de l'au- fr67, 267.b les Fouldres fondent l'or & l'argent ſans intereſſer les bourſes, & c. ibid.d.521.a aux Fouldres & tonnerres y a quelque diuinité, ſelon Seneque. 2 67.c Fouldres & feu du Ciel,ſont les ſergens de la iuſtice de Dieu. ibid, Fourchette. 61.4 Dequoyſert. 92.4 la Fourchette ſe peut luxer par ſes deux extremitez 356.b la Fourmis, miroiier des choſes excellentes en Nature 42.C Fourmis, dequel nature. ' 42.b Semblent entendre l'Aſtronomie. ibid. Leur diſcipline, quelle. ibid,c Ont iours de foire, ſelon Pline. ibid.c S'enſeueliſſent les vnes les autres. ibid. Formis propres aux Ours contre tout venin. 39.c # ſe rencontrans à monceaux, ſignifient la pluye. 4O. Fourmis volans. 498.d Fourneaux à diſtiller,& de leurs differences. 745.b Artifice d'iceux. ibid.c le Fourneau rondeſt le meilleur. ibid. Fourneau de Baing Marie auec les alembics & recipiens 747. Fourneau auec ſon vaiſſeau pour diſtiller à la vapeur de l'eau. 748. Fourneau auec ſon vaiſſeau pour tirer toutes eſſences vegetables, & l'eau de vie , & vinaigre diſtillé. 7 5 3.c Fourneau de reuerberation accommodé de ſa retorte & recipient. . " 758.b les Fourneaux doiuent auoir deux ou trois fonds, & Pourquoy. - 745.d Foye & ſa definition. 75.4 Sa ſubſtance & quantité. ibid. Sa figure, temperament, & action ibid.c le Foye plus mol que la peau. 9.d Propre à faire ſang. I I ,C Change le Chilus en ſang. 1 6,d Plus chaud que le ventricule. 24 b Par où ſe purge. 24.d le Foye, l'vne des principales parties organiques. 59.a Ce qui en procede. ibid. Que c'eit qu'il fait. 6o.f . - (! Table des Matieres Eſt ntceſſaire à vie. ibid. le Foye, autheur, ſource, & origine de toutes veines. 75.4 Eſt lié & attaché par trois ligamenn ibid.c · le Foye autrement diuise aux hommes qu'aux beſtes. ibid. Pourquoy plu grandaux craintifr. ibid. hommes qui ont le Foye trop haut ont les veines groſſes, & le ſang chaud. 75.d le Foye chaud, enuoyant fumées au cerueau,cauſe diſtil- lations froides en l'eſtomach. 57.c le Foye bleſsé ne peut eſtre conſolidé. . 3o.c Signes a'iceluy bleſsé. 769.d.3o1.c partie du Foye oſtée du corps d'vn homme ſans mort. 256.a le Foye de la Paſtenaque bon contre ſon venin. 5o2.b,c Fracture, que c'eſt,& les eſpeces & differences. 333.b Les cauſes,ſignes,& prognoſtic d'icelles. ibid.d cure vniuerſelle des Fractures & luxations. , 335.a Fracture ne ſe fait iamais ſans contuſion.. 328.a Danger en la reduction d'icelle, lors que la partie eſt enflée. - 335.4 Fractureplus ou moins fucheuſe,quelle. 334.b Fracture, ſelon Hippocrate, eſt auſſi bien des cartilages, comme de l'os. 336.d Fratture de trauers plu facile à guarir que toute autre. 337.c Fractureſe peut faire à l'oppoſite du coup,& comme s'en- tend en meſme os. 225.d la Fracture ne demande à eſtre remuée ſouuent. 346.a Fracture & luxation ameinent atrophie , ºh quel ſ43. 334 d Quand aisément reduite. 335.4 en Fracture auecplaye y a neceſſité de bandage. 329.a Fracture du nez. - 336. c Maniere pour la reduire. - ibid. Fratture de la mandibule inferieure. 337.4 Fracture de l'os clauiculaire ou furculaire. 337.b Fraflure de l'Omoplate. 338.a Signes & curation d'icelle. ibid.b Fracture faicte au col du pauleron, ou à la iointure de l'eſpaule, dangereuſe. - ibid.c Fracture ou depreſſion du ſternon,ſignes & cure d'icelle. ibid.c - Fratture des coſtes ibid d Signes & prognoſtic d'icelle. 3 39.4 Accidens qui en aduiennent , & cure d'iceux. ibid.c - Fratture des vertebres,& leur cure. ibid.d Prognoſtic d'icelles. 34O.4 Fracture de l'os ſacrum. ibid.b Fracture de los du croupion, ou de la queué, & leur re- duction. - ibid. Fractare de l'os de la hanche. ibid.c Signet & curation d'icelle. ibid. Fracture de l'os du haut du bras,ou adiutoire. ibid.d Ce qu'il faut obſeruer en ſa reduction. ibid.c comment le brasſeraſitué apresla Fratture remiſe.341.a Fracture de l'os du coulde, & du rayon & ſes differences ibid.b Fračture de la main. ibid.d Fracture de la cuiſſe au milieu, & le moyen de la redui- 7'e, 342• . Autre faicle pres la iointure,& ſignes,& cure d'icel- le, - 343.b Fratture des cuiſſes ſe guarit mal aisément ſans boiter. ibid.d Fracture de la rotule du genoiiil. 344.4 Cauſe de la claudication. ibid. Fracture de la iambe. , · ibid. -' ceux 7ui ºnt Fracture doiuent vſer d'vn bourrelet ſºus leurs feſſes. 346.d Fratture des os du pied. 347.6 Fraiture du talon mortelle,& pourquoy. 149.c Fracture des coſtes en dehors,comment retirée. 339.b Frattare de l'os de la gréue eſt plus dangereuſe que celle du petit os. ce qu'il faut faire en la Fracture d'vn ſeul coſté de l'oi. 223 a,b - Fratlure dn crane. 217- Les eſpeces & differences d'icelle. ibid. D'où prinſes. . ' 2 18. Cinq eſpeces ſelon Hippocrate. 2.1 7. Autre differencer. ibid. Cauſes & ſignes d'icelles. 2 ! 9.4 Fractures du crane ne ſont hors du periliuſques à cene 10/4Yſ, - 229.6 Pourquoy l'on trepane en icelles. ibid.d Regime vniuerſel d'icelles, ibid.b Fracture de teſtes faites à ceux qui releuent de maladie, difficiles à guarir. 226.c ſignes ſenſuels pour connoiftre la Fratlure de la teſte. 2 19. c - Fractures ſe font pluſtot l'Hyuer que l'Eſté, 334.4 Sont perilleuſes,quand les eſclats ſont grands. ibid.d Correction des accidens en icelles. 336.a Cauſe du treſſaillement en icelles. 346.b Fractures gueries par le benefice des humeurs. 1 1.b Fractures pres des iointures faſcheuſes à gnarir,& pour- quoy. 334C.343,c Ne ſe peuuent ſi bienguerir,que le malade en demeu- re boiteux. - ibid. ſignes deſdites fractures. - ibid. Fractures plus faciles à guerir aux ieunes qu'aux vieux, pourquoy. 394.b accidens qui peuuent ſuiure lerfrattures. 375.b aux Fractures ſont neceſſaires troir bandes. 328.b és Fractures,ſi les os nè ſont dutout ſeparez & tiennent · à leurperioſte,ne doiuent eſtre oſtez. 338.b és Fractures & luxations on doit attacher vne corde au plancher au milieu du litt. - 343-c és Fractures faut reduire les lieux vuides, & cauitez. 345.4 és Fractures auec playe,faut bander ſur la playe. ibid.b quatre efpeces de Frattures peuuent deceuoir le Chirur- gien. 2 16.4 obſeruations communes és luxations & Fractures. 329.b crepitation & croquement monſtrent l'os eſtre Fracturé. 3 33.4 François,quels. 15.b les François font embaumer leurs Roys & grands Sei- gneurs, & leur font dreſſer figure enleuées. 295.d Freres Lombards. 47 3.4 Freſne arbre degrand vertu contre le venin. 543.C Frittion, & ſes effects & differences. 23.4 Maniere de la faire. 172.c Friction pour roborer les iointures des gouteux.' 433.d 'Friction,certain remede pour la verole. 449.4 Quelle preparation la doit preceder. ibid. Lieux propres,& temps pour la faire. 45o.b En quelles parties des verolez. ibid. Intermiſſion d'icelle bonne. 4fo.d Frittion vif-argentée. 449 b apres la Frittion ne faut attendre flux de bouche ou de Z/e/7trº. - 451 b Frictions quelles doiuent eſtre. 2.3.c Viilité d'icelles vniuerſelles 283.a Frittions briefues font attractions ſans reſoudre. ibid.a Bonnes pour chaſſer lapierre en la veſſie. 4O1.C Frittions comment bienfaites pour reparer vne partie. - 1 - - FF F f atrophiée Table des Matieres. . atrophiée . , 375e Frictions trop douces ne ſont bonnes pour ouurir lespores. 45O.c - - - Trop fortes, cauſes de les ſerrer. ibid. Doiuent eftre mediocres. ibid. Le nombre des Frictions doit eſtre meſuré ſelon les forces des verole?. ibid.d Signes pour cognoiſtre la ſuffiſante frittion. ibid. Frigiditez cauſes des goutes. 426.d Friſſon de fiévre quotidienne. 177.c Friſſon & rigueurs d'où prouiennent aux filles,& reme- - des à iceux. 637.c Froid ennemy du cerueau 2.2.9.C Ennemy des playes de la teſte. ibid. 8t des parties pectorales. 254 d De la mouelle ſpinale & des nerfs. 212.d Froid contraire aux playes des parties nerueuſes. 2 12.a Contraire à toutes playes & vlceres. 433.d Les rend difficiles à guarir. 284.d Contraire aux pierreux. - 4O2.C Froid ennemy contraire des os, dents, nerfs & cerueau. 229.d Le Froid par ſa violence eſt ſouuent cauſe de noſtre mort. · » 2O.C Le Froid cauſe efficiente de graiſſe. • Cauſe gargrene & mortification. 284.d Comment. 3o3.4 Le Foid eſchauffe par accident, & non de ſa propre na- , ture & ſeiche auſſi. 7o7.a Le Froid mord en pinçant les playes. 765.c Choſes froides , ennemies des yeux & de la veuë. , , 242-c -) Froideur de ceux qui ſont piquez des beſtes venimeuſes, ne procede du venin. 484.c Proment plºu en Italie. 7oo.d JFroment maſché tout cru, bon pour la morſure veni- 63.d · · meuſe. 492.4 JFront, & ce qui eſt entendu par iceluy. 1o5.b JF ont ne doit estre ſerré en douleur de teſte. 553.6 Front ridé comme vn Lyon,ſigne de ladrerie. 478.a #gict de grande groſſeur n'eſt ſi toſt meur qu'vn petit. 61 3.d Le Fruict de tous arbres prend ſon nourriſſement par la queue. 591.b Fruicts dont pourra vſer le peſtiferé. 544.c Fruitts cruds, fourmage & laictage 6/7gendrent les vers. 474.d - Les Fruicts de la terre ſe peuuent conuertir en aliment. 582.c Les Fruicts quelquesfois corrompus en l'arbre cauſent la peſte. 53 I. c Fruitts imprimez ſur le corps humain , & cauſe de ce. • 471.b . - Fueilles de ſaulge trempées vne nuict en vin blanc, pro- : pres à boire pour la fiévre quarte. 183.c Fueilles de rue, noix, & figues ſeiches, bons contre-poi- * ſons. - 485.c Fueilles de cypré, alexitere du venin de la Salemandre. . 495.d Paeilles de l'eAſconit ſemblables à celle du concombre . · 591.d Quatre pour le plu. ibid. Sont velues & heriſſées,plaines d'aiguillons, ſembla- blement les queues. ibid. Fueilles de geneſt propres à faire vomir , & comment1 » 55 t d " . Fueilles de Laureoles trempées en vinaigre, contre la pestr. - | 5 52.4 Fueilles & fleurs de ſoulcy bonnes pour les verrues.64o.c Feuillet de l'arbre qui porte le poyvre, ſemblables à cel- - • -- -- les du citronnier. 754,b Fumée de charbon fait ſouuent mourir l'homme. 96.a Mauuaiſe & dangereuſe, c exemple de ce. ibid. Fumigation pour les carnoſitez, 458.a Fungus que c'eſt, cauſe d'iceluy, & ſa cure. 24o.d Pourquoy ainſi nommé, ibid. Fungu dit Fic ſaintt Fiacre,eſpaces de verrues. 177.b Cure d'icelles. - ibid. Furunculus, ou anthrax. 164.a Fuſée, ou peſte. - 556.a G G Abets ſont ladres en langue Bourdeloiſe. 479.d Gad, Prophete enuoyé à Dauid pour eſlire famine, peſte, ou la guerre. 527.ç Gajac, election & faculté d'iceluy. 447.6 Trois ſubſtances trouuée en iceluy. ibid. Maniere de preparer ſa decoltion. ibid.d Vſage d'icelle. 448.c Gajac bon aux paralytiques. 213.d Eſcorce & cœur d'iceluy,ſes vrayes ſubſtances, leur vſage. 447.C Cauſe de vermouleure. . ibid. Diette de Gajac propre pour les nodu. 448.c Gajacd'vn corps mort en Egypte, qutl. 775.b Galien #º 14o. ans auant leſu-Chriſt, en Pergame. 762. Fils de Nicom Architecte. ibid. Figure d'iceluy. 766. 98e c'eſt que Galien enſeigne en ſes liures des Admini- ſtrations anatomiques & vſage des parties. 52.a Galeres de M. Antoniu & Caligula, arreſtées par le poiſſon Remora. 69o.b ºuatre cens galiots & leurgalere, arreſtez par vnfort petit poiſſon. - ibid. 9anglion que c'eſt, ſa cauſe & cure. 176.b Gangre, que c'eſt. 3o1.d Ses noms diuers. ibid. Prognoſtic, ferocité, & cure d'icelle. 3O4-4 Pourquoy appellée Clyomenis. ibid. Gangrene, quand aduient au col de la matrice. 331.b Gangrene ſouuent cauſée par trop lier vne partie.331.c Gangrene ne ſe trouue és playe recentes, ny putrefaction. 778.c - Gangrene ſuruenue de cauſe antecedente. 779.c Gangrenes, & leurs cauſes generales. 3o2...a Les particulieres. ibid.d Les antecedentes. ibid.c Comment cauſée par le froid. 3o3.b Cure d'icelles. 3o4.b,c. Gangrenes appellées des modernes le feu Sainct Antoine, ou Sainct Marcel. . 3O2.42 Gangrenes par inflammation,froidure,ligatures,bruſleu- res, & autres cauſes, & leurs ſignes. 3o3.c,d Gangrenes engendrées par morſures , picqueures, & aneuriſmes, & cacochymies. ibid. Toutes Gangrenes aduiennent par qualité veneneuſe. 3o2.d Moyen d'obuier aux menaces des gangrenes, ſuiuant les contuſions. . 293.4 eAuant-coureurs de mort en gangrene. 3o44 | Gardes des pestifere{, & tous autres qui les hantent à euiter. J55.c Gargareon, ou luette. I 27. C Gargariſme, que c'eſt. 731.c Deux ſortes diceux. ibid. Effects, & matiere de leur compoſition. ibid. Leur vſage. . ibid. ibid. Gargariſme aſtringent & repercuſſif Anodyn - | - i Table des Matieres. ii Leurs façons & malice,qu'elle. 668.d Guaux,larrons,boute-feux, & maquereaux. ibid. les Gueux & impoſteurs ont certain iargon pour ſe co- ibid.d gnoiſtre. Gueux cr impoſteurs contre-faiſans les aueugles,ſourds, & impotens.&c. 669.4 PT Hº# de ceux qui hantent les peſtiferez, quels doiuent eſtre. 53.b Baut,& ſa deſcription. > - 6o6.c Sa figure. 6o7. Haleine des ladres fort pnante. 478.c Dangereuſe,& pourquo). 48o.a Haleine des verolez eſt puante toute leur vie. 452.d Haleine & excremens des peſtifere{,ſont dangereux. .d ti# de lafemme,ayant vn enfant mort au ventre, - eſt fort puante. 6o7.c Haleine d'vne fille nourrie de venin,poiſon mortelle aux hommes. 7o3.c retention a'Haleine precipitel'amarry. 621.b Haleine de la Belette fait mourir le Baſilic. 494.d PHaleine du Baſilic fait mourir les arbres,& herbes.ibid. Haleine des chats dangereuſes. . 5o3.c l'Hameçonpourprendre le Crocodille,peſant troi liures. 681.a la Hanche ſe deſloue en quatre façons, & ſignes de ce. 369.b Le # d'icelle,pourquoyſe rompt ou relaſche.ibid. Hannibal, & ſa cruauté. 16.a Hargne,& ſon etymologie. 191.d Ses differences. ibid. Cauſe prognoſtic,& cure d'icelle. 196.b Hargne inguinale,& ſes ſignes. ibid. Hargne Kirable,ou Epiplocelle. 2.O I •4 Curation d'icelle aisée & ſeure. ibid. Hargne charneuſe,& ſa deſcription. ibid.d Signes & cure d'icelle. ibid. Hargne aqueuſe,que c'eſt,& ſignes d'icelle. ibid. c Dite hydropiſie particuliere. ibid. Cure d'icelle,& par Chirurgie. ibid./ Hargne venteuſe,& ſa definition & difference. ibid.d Cure d'icelle. ibid. Difference entre la charneuſe,& venteuſe. ibid. Hargne variqueuſe,quelle, & cure d'icelle. 2O2.4 Hargne humorale,quelle. ibid.c Hargne incurable,quelle. 196.b Hargne enorme. - ibid. Hargnes des petits enfans pourquoyſeguariſſeent.196.c aduertiſſement touchant la guariſon des Hargnes. d 2O2.. EHarmonie que c'eſt. , 155.b Harquebuſe, eſpece d'artillerie, & etymologie du nom. 262.a Ba Kard ſur ceux qui habitent auec les femmes verolées. 416.b Hector fut trainé par le tendon des muſcles de la iambe au long des murs de Troye. 2 57.c Hedin pris ou eſtoit l'Autheur. 791.b Heleos,eſt ſolution en la chair. 2 t7. Hellebore, aliment à la caille & medicament aux bom- 7776?f. - 7o3.c Hellebore,appliqué au ne (,fait eſternuer. 627.c Hellend animalpourquoy ainſi nommé. 62 1.d Doute de la vertu dupied d'iceluy. ibid. Hemorrhagie aux playes doit efire promptement ſecou- rue. 21o.d --» Pourquoy n'auient touſiours és playes d'arque- buſe. 2 Moyen de l'arreſter. # l'Hemorragie des petits vaiſſeaux ,'arreſte aisément par les ſeuls aſtringens. 3o7.6 Hemorrhoides,que c'eſt. 3 26.4 Leurs differences & accidens. ibid. Temps de leur fluxion. ibid. Cure d'icelles. ibid.d Hemorrhoide Veſicales, Wuales, Morales, Verrucales, quelles. 3 26.4 Prognoſtic d'icelles , 641.c Hemorrhoides causées par les efpreintes. Cauſent grande euacnation. 2 ſ .4 Hemorrhoides naiſſans au col de la matrice, que c'eſt 639.a Quand viennent,& comment cogneuës. ibid. Cure d'icelles. ibid.d Heraut & ambaſſade de Dieu c'eſt la mort. 57o.a Berbes propres pour les hectiques. 254.b Herbes neruales. 449.d Berbes contraires aux venins. 485.b.488 c Herbes propres à empouller la peau. 556. b Herbes medicamenteuſes priſes des eaax, quelles. 7o5.c Herbes comment diſpenſées par les AMedecins. 72o.c Berbes & fueilles de pluſieursſortes dans la chambre du peſtiferé. 543.b Herenne Sicilien ſaiſi de peur,ſe tua. 26.a Heriſſon caut & fin pour la garde de ſes petits. 43.b le Heriſſon ſe charge de raiſins, pommes & poires, com- 7726/1f, ibid. Heriſſon de mer, & ſa figure. ' 5j.c Bermaphrodite,patticipant de l'homme & de la femme, ſa deſcription,& cauſe. 654.b Ses differences,quatre. . ibid. Signes pour connoifire l'habitude d'iceux. ibid. Figure d'iceluy. 655.a Hermaphrodites ou Androgynes,ſont enfans qui en vn meſme corps, ont deux ſexes. 654.0 Hermaphrodites gemeaux eſtant ioincts dos à dos l'vn auec l'autre. ibid. Hermodactes,& leur proprieté. 7o8.b Hernia gutturis,c ſes differences. I9I.c Heron volant fort haut,denote beau temps. 4o.d Heron, & ſa ruſe, eſtant pouſuiny du faulcon, quelle. jo.c Herotimus Roy de Parthe auoit ſix cons enfans,& com- //ºº/7f. 621.b Herpes,& leur definition. . 17o.b De trois eſpeces,ſelon Gulien. ibid. Cure d'iceluy. ibid. Remedes à ce. - - ibid. Herpes miliaris. | 164.a Berpes exedens. • 17o.b Heſiode conſeille n'engendrer enfant quand on a eſtéaux obſeques d'vn treſpaſsé. · 588.b ' Hibou, ou Chathuant, negligé apresſa mort, & mal- voulu durant ſa vie. 52o.c Hiebles, & ſa ſemence propre à euacuer. 5 f 1.d Hippocras d'eaupour les gouteux. 433.4 Hippocrate naſquit en la cité de Cos, auant l'incarna- tion de Ieſus-Chriſt 455.ans. 762.d Fils d'Heraclite,& de Praxithée. ibid. Sa figure. 763. Hippocrate tenu pour•Authenr & fondement des loix de la Medecine. 664.b Hippocrate trompé au nombre des ſuturet. Io6 a Inuenteur des bandages larges des ſuturet. 3 I.9.c Hippocrate adoré pour auoir fait ceſſer la peſte, & appellé conſeruateur du pays. J36.c #ionneurs à luy faits. 2.C . FFFf 3 Hippo Table des Matieres. \ Hippocrate eſcrit à Hyſfenes. 762.d l'Hippopotame, cheual du Nil, de nature gonrmand, a enſeigné la Phlebotomie. \ 4o.4 Hirondelles volans contre terreſignifient la pluye, com- ment font leur nids. 4O.C Hirondelles ont monſtré la proprieté de l'herbe nommée Eſclaire. 39.c Hiſtoire aduenue à l'Autheur viſitant vn peſtiferé. 493.b - Hiſtoire d'Ariu Peripateticu,lequel contraint boire de l'eau froide, mourut ſubitement. 29.d Hochet baillé aux enfans,pourquoy. 645.c Hocquet & ſanglat, & ſes cauſes. 563.b Boga poiſſon grand comme veau marin. 684.a Deſcription d'iceluy,& d'ou a pris ſon nom. 683. Holandois quels. 16.b l'Homme nayſans ſauoir aucune choſe. 36.d Doiiéde raiſon,& pourquoy. 53.d Par icelle excede tous autres animaux, 54.b Deſtitué d'art & ſcience,les peut apprendre. 36.d A imposé nom à toutes choſes, & redigé les arts & ſciences par eſcrit. 54.d Appellé petit monde. ibid.c Peut apprendre toutes langues, 5 6.4 l'Hommenay tout nud,armé d'entendement. 54.4 Plu excellent & parfait que toutes beſtes, & en quoy differe d'icelles. 53.d A tous moyens de ſe defendre. ibid. l'Homme crée à l'image de Dieu. ibid.b Eſt ſeul diuin. ibid.c Seul pour entendre les choſes diuines, & la connoiſ- jance de Dieu. 54.4 A en ſon ame trois puiſſances principales, & quelles. 56.b l'Homme ne veut viure ſansl'humeur radicale. 18.a A trente deux dents. I 18.c Seul vient au monde en tout temps. 587.a N'eſt engendré ſansſemence humaine. 673.a N'eſt qu'vn poinct au regard de la machine celeſte. . 7oo.b - l'Homme vieil ne doit eſtre dit humide, & pourquoy I O. 4 l'Homme ſangnin, quel il eſt. 13.d l'Homme ſangnin boit & mange beaucoup. ibid. l'Homme ſanguin a la couleur belle,vermeille, & c. & à quelles maladies ſubiet. ibid. Homme cholerique,& ſignes de ce, ibid. Homme phlegmatique,c ſes ſignes. Homme melancholique,& ſes ſignes. ibid. l'Homme,tel qu'il ſoit,peut venir mclancholiqiie. 14.b Homme ſans cholere, dit eſtre ſans entendement. 25.d l'Homme peut engendrer depuis le douzieſme,iuſque au ſoixantieſme an,voire ſoixante & dix. ibid. l' Homme trop gras & feſſu, & la femme de meſme · cauſe de ſterilité. 61 o.c l'Homme s'accointant d'vn boiteux,en retient ſouuent. 6o5.d Homme à ieun pourquoy prendpluſtoſt la peſte. 532.a Peſe plus que celuy qui a pris ſa refection. 6o7.c l'Homme prompt à receuoirlevenin lepreux. 477.a l'Homme hantant les peſtiferez peut porter l'air infect en ſes habits. . 535.d l'Homme priuilegié plus que les autres animaux en la fouldre. 262.b Et quand il en meurt. ibid. , Seul ne meurt point du coup d'iceluy. 771.d l'Homme qui en veillant eſt frappé de foudre demeure les yeux ouuerts. ibid. Homme enragé à vne ſoifintolerable, & neantmoins n'a appetit de boire. 49o.d Penſe eſtre chien luy-meſme. ibid.d Craint la lumiere & l'eau. tbid. ſignes que l'Homme eſt mordu d'vn chien enragé. 49o.a Et # la rage eſt confirmée aux parties nobles. $b74(!,C Homme empoiſonné eſt peſant par tout le corps. 484a liHomme empoiſonné ſera mis dans le ventre d'vn bœuf, ou d'vn cheual pourſuer. 485.d l # peut eſtre lepreux par vn mauuais regime. 477. Hommeſage ne doit mefpriſer les medicamens. 7o3.4 Homme comment lié quandon luy veut extraire la pier- re de la veſſie. 4o6.a l'Homme qui a perdu vn bras ou iambe, ne doit tant manger qu'auparauant. 432.d omme qui a eu du laict iuſques à le faire rayer. 633.c Autre veu à Veniſe,ayant du laitt aſſe{pour nourrir vn enfant. ibid. Hommes ſans brau faiſant toutes actions qu'vn autre pouuoit faire. 657.z Homme qui a eu la compagnie d'vne chévre. 665.4 l' # eſt fort eſtonné aupays eſtrange,& pourquoy. 5 I. - l'Homme veu du loup premier,perd la voix, & ne peut crier. 5 2.c vie de l'Homme tend à ſiccité. 9.d temperature & complexion de l'Homme, comme peut eſtre changée. 1 3.d les Hommes ſont diſſemblables pour la diuerſe ſituatiºn des regions. ibid.d Hommes retenans la nature des femmes. I 9.c les Hommes mangent plu que les femmes. Hommes poureux dreſſent ſouuent les cheueux. 264 les Hommes ſgauent tout faire hors les nids des oiſeaux, prouerbe. 41.b les Hommes enſeigne (par les beftes , à fourbir leurs ar- mes,& vſer d'embuſcades. 46.c les Hommes ne preſagent comme les animaux, & pour- quoy. ſ 5. 4 les Hommes contre-font la voix des beſtes, & quelles. ibid. Hommes pourquoy ont plus grand foye les vns que les 4f4f7'6'J, 75.a Hommes craintifs & froids mangent plus que les au- f7ré 52 ' ibid.e deux Hommes ne peuuent eſtre trouuez du tout ſembla- bles. I I7.4 les Hommes ont l'ame raisonable, & intellecluele 593.b Honte,ditte Verecundia, qu'eſt-ce, qu'elle cauſe. 26.b Honte fort familiere aux enfans. ibid. #". ou orgeole, tubercule au bord des paupieres. 2.C H# proprement dite,quelle. 722.a Huyle naturellement appaiſe les douleurs. 441.b de quels corps l'Huyle vient la premiere en diſtillant. 722.b " toute l'Huyle de quelles parties composée. 753.4 Huyle feruéte pour appaiſer vne extreme douleur.2 58.c Huyle des vegetaux cöment tirée par diſtillation.753.a l'Huyle tirée des ſimples,eſt de deux ſortes. ibid. Buyles de gommes,& le moyens de les faire. 752.c,d Comment faite. 75 l. Huyle roſat & eau de vie,quelle puiſſance ont. 264.c Buyle de vitriol eſt ſiccatiue,& fort aſtringente. 758.a Propre à guarir la tigne. 378.d Son operation plus grande que de l'eau forte. ibid. e_WAoyen de la faire. ibid.a Huyle de renarà anodyn pour la goutte. 436.4 Huyle d'oliue fait mourir les vers. 475.4 l'Hºye° ". Table des Matieres. Hypoſacre eſt tumeur molle, 164-a,é PHypoſpadias que c'eſt. - 6oo.d Bypatenar, muſcle. I44.6 Hyuer combien dure, & ſes qualitez. 1o.b Augmente la chaleur naturelle. ibid. en Hyuer le mouuement & ſentiment quand depraué. De quelles viandes y faut vſer. 22.d en Hyuer faut plu donner à manger anx malades peſti- ferez qu'en Eſté. ibid. I Ambe,& ſa declaration. 144.d I ſimplement priſe,ou auec additiou. ibid. Iambe ſpecialement dite,que c'eſt. ibid. la lambe, ou cuiſſe en general composée de 62.ou 66. os I jo.c & c. Iambe eſt inſtrument du mouuement progreſſif 145.a la Iambe où eſt ce que ce doit coupper. 3o5.d Figure d'vne lambe rompue auec playe. 345.b Comment doit eſtre bandée. 327.d la lambe fratturée, non bien ſituée rend le malade boi- f 6'14.M'. - 346.d Iambe de bois artificielle,ſa figure & deſcription. 582.a Iambe de bois pour les pauures,ſa deſcription, & figure. 682.d Iambe navrée en pluſieurs lieux & ſa figure. 228.d Iambes trop greſles. 578.d 1bis ſemblable a la Cicogne. 39.d Rchor, que c'eſt & ſignifie. I I4.c lchor, eſt mot Grec, & Sauies eſt Latin, prins pour toutes humiditez. 3 I 4.4 Comparez au laict clair par Galien. ibid. Eſpece d'éxcrement double. ibid. Ič}is,belette. - 28.b Idole de marbre au cabinet de Theuet, trouuée en vn corps mumié. 295.d Idoles mis és corps morts des E#yptiens,pourquoy. ibid. Ieiunum, & pourquoy ainſi dit. 73.4 Ieſabel Royne,ſorciere,mangée des chiens. 671.c Ieſus-Chriſt a voulu communiquer,& tonuerſer auec les ladres - Ieſus-Chriſt guarit des ladres. Jeunes gens,prodigues, gaillards,& hardis. IO.C Tºluſtoſt guaris de leur playes que les vieux. Sont forts ſuiects à verole. 446.b Abondent en ſang. . J4O.4 leunes enfans ne doiuent eſtre ſaignez, & pour cauſe. 42o.d leunes choleriques & ſanguins plus ſubiects à la peſte, que les vieux. 54I.4 Et autres viandes, conuiennent à l'vn qu'à l'autre. 2.2.C Ieunes femmes auortent pluſtoſt que les vieilles. 612.a leuneſſe ou virilité,& ſa temperature. I O.4 leuneſſe comparée à l'Éſté. ibid. Ne peut porter la faim. 2 I. Reuner contraire aux choleriques. 43 2.c leux dreſſez à Hippocrate en Athenes. En la Preſa- C76'. , lfarbre venimeux, & les accidens qu'il cauſe 5o5.d Agnorance des matrones. - 613.a Ileon. - Ileos. 418.4 Iles, parties laterales du ventre inferieur. 6o.c Ilia,que les Grecs appellent Lagones. ibid. Iliaque paſſion, eſt maladie mortelle, dicte miſerere ITlCI. 42 O.4 Illuſions diaboliques,quelles. - | 672.c lmaginations, qu'eſt-ce. 186, Exemples des maladies faites par imagination fantaſti- que. 35.d.36.d,b,c Ce qu'elle faict en nou. 6o1.b l'Imagination cauſe de la ſimilitude de figure. 65 S. Imbecilité de la partie,& ſes cauſes. . ſ62.a Impetigo. 164.b Impoſteur faiſant le ſourd & muet, fouetté, & banny. 669.b Doiuent eſtre chaſſez par le Magiſtrat. 67o.c Impoſteurs,larrons,& beliſtres, quels. 668.d Prennent petits enfans,& pourquoy. ibid. Autres vſent d'herbes & drogues. ibid. Abuſent le monde. 67o.e Impoſture. Impoſtures d'aucuns Chirurgiens. 241d Impoſture deſcouuerte par Flecelle Medecin. 669.b Impoſture d'vn gueux, ayant vn bras de pendu puant, attaché à ſon pourpoint. 667.d Autre d'vne beliſtreſſe, feignant auoir vn chancre en la mammelle. ibid.c Aure d'vne cagnardiere, cogneue par le frere de l'Autheur. ibid. Impoſture par le moyen d'vne ratte de bœuf ibid.d Autre d'vn certain maraut qui contrefaiſoit le ladrt. 668.b Autre d'vne cagnardiere. 669.c Impoſture de vendre tant de corne de Licorne. 51o.d Imprimerie par qui inuentée. I y-c Jnanition,ou euacuation. 24.d Cauſe d'icelle. ' 21 1.d Inanition accroiſt la malignité du venin. 493.4 Incarnatifpour les yeux. - 244.C Mnciſion,que c'eſt. 2o8.4 Inciſion & marque efpece de fracture. 217. Inciſion comment cogneuë eſtre bien faicte aux Amygda- les. 189.a Inciſion ſou la langue, & le moyen de la faire ſans he- morrhagie. 397.c Inciſion en la verge pour tirer lapierre, & en quel lieuſe dont faire. 4O4.C Inciſion pour la pierre,en quel lieu faut qu'elle ſoit faite. 4o6.c Moyen de faire vn pointt d'aiguille ſur icelle. 41 o.b Inciſion faite apres auoir tiré la pierre, comment ſe doit traitter. ibid. Inciſion de pierre cauſe ſterilité. 619.b Inciſion de veines derriere les oreilles, cauſent ſterilité. ibid.c Inciſion de diuerſes eſpeces. | 225-a Inciſion quandſe font en gangrene. 3o4.cº Inclination naturelle comment changée. 14 d Incommodité qu'apportent les dents perdues. 575.a Incommoditez que la peſte apporte aux hommes, & du ſouuerain remede. 567.d Incubes & Succubes quels. 672.b.675.d Incube appellé par le vulgaire,Charge vieille,ou Chau- che poulet. 675.d Incubes par faulſe imagination dcçoiuent les femmes en dormant. 672.b,c.crc. Incubes,que c'eſt, la cauſe,& cure d'icelle. 675.d Incus,Malleolus, & Stapes.ſemblables à vne enclume, marteau,& eſtrier. 125.d Figure d'iceux. ibid. Indication, mot propre aux Medecins & Chirurgiens, que c'eſt. 28.d Ses especes. 4 2.9.4 Indication methodique,que c'eſt. 28.d d'où priſe generalement. 7.r Indication notable touchant l'vſage des repercuſſif.29.b Andicatio7i Table des Matieres. La maniere de reduire l'extremité de l'os ſtyloide du coulde. ibid.b la Luxation du poigner. ibid.c. Signes pour cognoſtre quelle eſt la diſlocation, & le moyen de reduire icelles. ibid. Luxation des os du Carpe, & ſignes de ce, & comment relluits. ibid.d Luxation des os du Metacarpe. ' 369.a Luxation des doigts. ibid. Luxation de la hanche, faite en quatre fagonr. ibid.b Me peut eftre incomplette. ibid.b ſignes pour cognoiftre en quelle partie eſt faite ladite Luxation. ibid. Prognoſtic d'icelle. ibid.c quelle Luxation de la hancheplus tolerable. ibid.d ceux auſquels la Luxation de la hanche n'eſt reduite, cheminent comme bœuf . 37O.4 ſignes pour connoiſtre la Luxation de la hanche eſtre en dehors. ibid.c Luxation de la iambe faicte en denant,& les ſignes pour la connoiſtre. ibid.d pourquoy en telle Luxation l'vrine eſt ſupprimée. ibid. Luxation de la hanche faite en derriere,& ſignes pour la connoiſtre. ibid.d.& 371.a la maniere de ſituer le malade pour reduire telles Luxa- tions. ibid.b pour reduire telles Luxations, faut ſituer la cuiſſe de droicte ligne. ibid. maniere de reduire la Luxation de la cuiſſe faitte en de- dans. 37 I.c AManiere de la reduire au dedat,par machines.ibid.d Signes de la reduction. 372.4 maniere de reduire la Luxation de la cuiſſe en dehors 372.c Signes pour connoiſtre qu'elle eſt reduite. ibid.d Maniere de la reduire en deuant. 373.4 La maniere de la reduire en derriere. 1bid.d Luxation de la rotule,ou rouelle du genouil. ibid.b Sa reduttion,& ce qu'il faut faire apres. ibid. Luxation du genou l,faite en trois manieres. ibid. Cauſes & ſignes de telle luxation. ibid. Maniere de la reduire. ibid.c Luxation de l'os periné , ou petit focile de la iambe 374.4 A Luxation du grandfbcile auec l'aſtragale. ibid.b Signes & reduction d'iceux. ibid. Luxation du talon,& cöment elle ſe fait,& reduit. ibid. Accidens ſuruenans de la contuſion d'iceluy. ibid.c Luxation de l'os aſtragale,& reduction d'iceluy. ibid.d Luxation du Tarſe & Pedion,& la diuerſe maniere de la reduire, 375.a Luxation des doigts du pied faictes en quatre manieres. ibid.b Pareille à celle de la main. ibid. les enfans au ventre de la mere ſe peuuent luxer les bras & iambes. 3 ſ 2.4 Lyon comment il marche. - 46.c Plu fort,& de plu grand cœur que toutes autres be- ſtes. ibid.d - Craint le Coq. ibid.d Et la Licorne. 5 12.d le Lyon connoift quand vn autre Lyon a eu compagnie % ſa femelle,& le bat cruellement. 44.4 Lyon conduit par la ville de Conſtantinople. . 46.a Lyon marin couuert d'eſcailles,& ſa figure. 678.b AM *- Mº# des anciens en comparaiſon aux noſtres, eſtoient iouet d'enfans. 262.b Maquerelles,& de leur meſchanceté. 62 5.b Magrophyſocephale,que c'eſt. 6o9.c Magazins de poiure en Indue. 7ſ 4.4 Magiciens de pluſieurs ſortes. 673.b Sont touſiours pauures & mal-heureux,& à refuyr. ibid.d Magie ſe faitpar l'artifice du diable. ibid. Magiſtrats doiuent chaſſer tous impoſteurs de la Repu- blique. 36.4 AMaille dičte Cataračte. 39o.c Maillet de plomb,& ſon vſage. 224.6 Main generalement priſe & ſa deſcription. Ij6.a Son nom pris de deux manieres. ibid. Sa compoſition, & deſcription particuliere,& diffe- rence d'icelle. ibid Ce qui eſt contenu ſpecialement par elle. 138.c la Main pourquoy diuisée en cinq doigts, & pourquºy 2Nature l'a fait double. 136.b la Main inſtrument plu noble de tous inſtrument. 54.b Tropre inſtrument de l'apprehenſion. 54.d Organe des organes. 136.b Deſtinée pour tenir & prendre. ibid. Main ou pied pourquoy ſaignée en l'eau. 55o.d Mains pourquoy données a l'homme. 54 d Mains du foye, 75.4 Main de fer artificielle,& ſa figure par dehors. 58o.c Sa deſcription. ibid.a autre Main faite de cuir. 581.b Maiſon magnifique baillée au change d'vne pierre Be- zahar. 5o6. Maiſon du malade de peſte comment faut qu'elle ſoitſ- tuée,& moyen d'y retfifier l'air. j43.4 Maiſons & chambres comment parfumées,& dequoy en temps de peſte. ibid Maiſons de mouſches à miel fort nettes. 42.4 Mal miſerable,dit miſerere mei. 198.d Mal ſainct Iean. 245.b Comment contrefaict. - 67o.b AMal S.AMain. 48o.c Dit Lepre des Grecs. ibid. Mal de la mere, que c'eſt. 626.a Mal S.Fiacre,que c'eſt. 669.c Mal appaisé ſouuent par eſperance. 26.c Mal quiaduient des cauteres actuels induëment appli- quez. 463.d · Mala inſana,que c'eſt. 5o6.b Malacia,ou Pica,que c'eſt. 637.4 le Malade comment,& en quel cas, meſme en l'accez,il le faut nourrir. I7I.4 Ne doit eſtre ſaignée en la vigueur de la fiévre. 42O. le Malade comment doit eſtre ſitué en la cure des playes du ventre inferieur. 2 56.c Comment pour tirer les ehoſes eſtranges. 273.b Comment en luxation faite en la partie poſterieure. 274.c le Malade doit eſtre habillé le troiſieſme iour en lafia- cture de la cuiſſe. 343.4 . Malade depeſte ſe doit retirer en lieu bien ſain. 543.a uelles viandes doit euiter. j44-4 Ne doit endurer la ſoif. f46.d Doit eſtre gardé de dormir pendant la ſueur. 548.d les Malades plu tourmentez en temps de pluye, qu'en beau temps. 2.84.c Malades ayans luxations aux vertebres.ſouuent laiſſent aller leurs extremens. 299.c Malades bruſlans de la goutte,ne peuuent eſtre refroi- dis. 424.d AMalades qui ne ſont ſecourus parſaignée ny purga- tions Table des Matieres. tions,quel,. - 434.d Malades de la petite verole & rougeolle, eſternuent ſouuent. 468.c Malades des vers veulent ſouuent manger. 474-4 Malades de peſte de quel aage & semperature ſont en plus grand danger. 64 I. a ceux qui frequentent les Malades de peſteſont à euiter. 635.c º, Malades des iambes,appellez Vari & Valgi. 578.d Malades d'yurongnerie faits muets,& pourquoy. Maladie,ſa diuuſion, & definition. 59.d Maladie appellée Cridons, qui prouient aux petits èn- fans. -" · 2d6.c Maladie appellée des anciens Therioma. .. 254.a - Maladie d'hectique entretient le ſymptome. 254.b Maladie Neapolitaine , autrement groſſe verole. 444 b , - Maladie oſtant l'haleine & laparole, à beſoin de phle- botomie. » . " 42d.d Maladie vniuerſelle ſelon Auicenne , c'eſt la lepre. 476.d chaque Maladie à ſes propres accident. 478.a Maladies engendrées des humeurs. 1o.d Maladies diuerſes faites par imaginations fantaſti- ques. 35.d Maladies,quelles,& comment compliquées. 279.b Ce qu'il y faut conſiderer. 285.c Comment gueries. 3o.d Maladies & corruption d'humeurs par mauaaiſes vian- des,& quelles. ' 529.d Maladies de la matrice. | 88.c Et du col d'icelle, ibid. Maladies hereditaires d'où prouiennent. 27.a Maladie de la moëlle ſpinale. - 1 : 5.d Maladies familieres aux petits enfans,ſont vlceres à la bouche. | 32o,d Maladies des yeux,& explication d'iselles. 381.a Maladies des ioinctures ſont fort griefs maux. 428.d Maladies epidemiales, ſont vulgaires, ou populaires, maladiespopulaires. 53o.c Maladies des peres & meres, ne paſſent touſjours aux. , enfans, & pourquoy. - 588.a Maladies auſquelles le pere & la mere ſont ſuiets, les enfans le ſont. - ibid. Maladies & accidens qui aduiennent pour les men- ſtrues retenues. / 631.c Maladies d'Eſté, briefues, & d'Automne longues. 1o.d Maladies ordinaires des Meridionnaux. 15.b Et Septentrionnanx. - ibid. Maladies aucunes curables aux ieunes, & incurables aux vieux. 29,d Maladies de vieilleſſe incurables. ibid. · Maladies gueries par leurs contraires. 3o.4 Pluſieurs gueries de peur,& de ioye. 34-4 Maladies gueries par trois manieres. 446.d les Maladies par quels moyens cognuës du Chirurgien. 3 3 . ' Les cauſes d'icelles trois. . 416.a Euenemens d'icelles ſonnent difficiles à prognoſtiquer. 768.b c Signes pour en ingeraisément,quels. ' ibid.d aux Maladies, quels regimes s'ydoiuent tenir 2 1.22. 2 3. és Maladies la couſtume ſe doit peu à peu changer , & non tout à coup. ibid. és Maladies,& accidens d'icelles,la qualité des vents ſe doit conſiderer. 24.c en ancunes Maladies il y a quelque choſe de diuini 662,c , . - aux Maladies fortes, fortr remedes neceſſairo5 .446.4 Malice d'aliment en quoy conſiſte. - 2 1.b Malignité & pourriture des playes & la cauſe. 53o.b Malleolus. - 125.d Malthe diſtante du mont tAEtna de 16o. lieuè, Itali- ques. 7o 1.b Mammelles quelles. - 92.t Leur temperament,attion, & vſage. 93.4 Mammelles connexes auec l'amarry. 94.b Ont ſymphatie enſemble. ibid. Mammelles des femmes groſſesſe durciſſent dé, le ſecond · môts. - Mammelles dc la femme groſſe ſe diminuans, ſignifient 4M0rfé7/7e/7f. les Mammelles de la nourrice doiuent eſtre fermes, & moyennement groſſes. 6o4.b Mammelon,ou papille des mammelles. 93.b Poureux & rare. ibid. Mandibule inferieure , & ſa deſcription anotomique. 337.4 Ce qu'elle contient,e comment luxée. . 124.b,e Plus dure que la ſuperieure. 1 18.c Comment remiſe. - 355.c la Mandibule luxée doit eſtre ſoudainement remiſe. · ibid. - - Mandibule de long temps luxée, qu'eſt-ce qu'il faut faire deuant. ibid. AMandibule luxée d'vn coſté,& la maniere de la reduire. 356.a - Mandibule luxée de deux coſtez de l'anterieure partie, & de la maniere de la rednire. 355.d àſjauoir ſi la Mandibule ſe luxe en lapartie poſterieu- 7'e. - 35 6.4 Mandragore priſe en quantité eſt venimenſe. 5o4c •Aux Ours. 39.c Mandragore pratiquée des anciens Medecins , com- 7726/7/, 5O4.c Manger doit preceder le boire. 2 2.C Dangereux és accez des fiévres. 2.9 - le Manger de l'enfant ſevré, ayant la petite verole. | 469.b,c Manger & boire des phlegmoniques, quel doit eſtre. 165.c Des fracturez au crane,quel. 229.d Manger & boire aux vaiſſeaux des verolez, donne la verole. 444.d Maniere de vinre és playes. 2O9.4 En lapeſte. 5 3 1.d Maniere de viure en gangrene,conſiderable. 3o4.b Maniuelle, inſtrument propre pour les luxations , & ſa deſcription & figure. 35 5.4 la Manne dite miel aérien,que c'eſt. - Mani codiata, oiſeau appellé oiſeaa mort, ou oiſeau de Dieu. 69 3.d Sa figure. , 694 a Mareſèhaux,ſerruriers, & fondeurs ſubietts à maladies chaudes. - 19.d Abondans en cholere. 54o b Mariniers ſubiects à maladies froides. 19.d Leur induſtrie à prendre l'elephant de mer. 516.é Marrons & chaſtaignes, pourquoy creuent au feu. 268.a - Marroquin ou trei llis d'Allemagne,pour ceux qui pen- ſent les peſtiferez. 5 37.c · Marſouyn ſe monſtrans ſurl'eau ſignifient grandorages 4O.C Marteau,on petit oſſelet des oreillet. 115.d Maſchoire,& ſes muſcles. " 124.4 Maſchoire inferieure appellée des Grecs Corone. ibid. Maſſiniſſa Roy de Numidie, engendra vn enfant à 8o. G G G g 2 474Js Table des Matieres. e 2Medicaments humides & relaxans en quel cas ont lieu en la generation du callu. 348.d AMedicaments purgatifs, & ſueurs , ſont contraires. · 448.a - Medicaments onctueux,contraires aux os. 464.d Medicaments acres à euiter aux rhagadies. 64o.d Medicaments purgatifs ont plus d'affinité à vne partie u'à l'autre. 7o8.a Medicaments appliquez aux parties intemperées, quels 14,4 »i … doiuent eftre appliquez plus chauds en Hyuers, qu'en Eſté. · 277.d Et ſelon les affections des playes. 28o.a Medicaments ne peuuêt guarir le malſainct Main ſans argent-vif. • " 5o9.a Mediocrité du baing. 737.d Megare & Egine, peries parfoudre & tremblement de terre, 2 68.c Melancholie, & ſes ſignes. 14.b Melancholie noire la pire de toutes. 162.c Melancholie ſupprimeé engendre la lepre. 477.c Melancholie & cholere , humeurs ineptes en la genera- tion des vens. 473.c ſuc Melancholie, ſec & froid. I l . C humieur Melancholie, ſanature, conſiſtance,couleur,ſa- ueur, vſage. l 2., C Dequoy fait, & en quel temps redonde. ibid. ' : En quel lieu, & differences. I3.4 comment toute perſonne peut deuenir Melancholique. ' " 14.d Melancholiques ont quelque choſe particuliere en crain- f6'. 49 I.4 ·e WMelicrat recommandé pour les playes du Thorax. 25 I. 2 « 2Membrane, ſa definition, & ſes diuerſes appellations. , 63.b - De quel temperament. . 67.a la Membraneplus froide & ſeithe que l'artere & veine. •9.d , -- e_3M embrane nommée Pleura. 94.4 , Son action, vſage, & c. · · · , ibid. · Pourquoy dite Subcoſtale. - ibid.b Membrane appellée hymen. , 624.c Eſt contre mature. ibid. Membrane premiere de l'enfant conceu. 59o.b AMembranes du cerueau ſont cauſe du ſentiment. - t.1o9.c ) ' - il ne faut laiſſer les Membranes ny cerueau à deſcou- $ 146'7t. 225.b Membre amputé , & comment faut proceder au traictement a'iceluy , & pourſuiure la curation. 3o8.c r'habiller vn Membre, que c'eſt. - 3 35.4 , Ceux qui ſont mutilez de quelque membre doinent re- · : · trancher leur ordinaire. 432.d Membres, par quelle cauſe ſe meuuent en rond. 64 c Memoire, que c'eſt. - r . . 594.d , Vtilité d'icelle. " _/ ibid.c • Son ſiege. - ibid.c AMemoire, l'vne des principales puiſſances de l'ame, & .. Pourquoy donnée 56.b . Gardienne de qu'on apprend. 1 1 1.d Threſor de ſcience,ſelon les philoſophes. ibid. Memoire accomparée par les anciens à vn greffe de s Cour. : • * ibid- Memoire grande d'vn Chien. - Menstrués aux femmes & les cauſes. 63o.d Pourquoy ſupprimées , & ſignes d'icelles retenués. 63 I. a Suppreſſion d'icelles, que c'eſf. ibid. ,-- Menſtrués retenués ſont ietties par l'vrine. 412.d Menſtrues comment ſe peuuent purger. 4 I 4.4 Par quels vaiſſeaux fluent aux femmes groſſes &-fil- les. 63o.b Mer flue & reflue ſelon le cours de la Lune. 63o.b Mercure deux fois calciné, ſingulier aux playes d'hac- quebuttes. 277.b la Mere par quels ſignes cognoiſt ſon enfant mort dans ſon ventre. 6o7.c la Mere morte,l'enfat ne prend aucun air par ſa bouche, ny autres conduits. 614.4 AMoyen de le ſauuer. - ibid. AMeres entieres & imparfaičies, quelles · 6o2,a Meridionaux, excellent en eſprit, propres à eftudier. 15.b • Sobres, ruſez, laſcifi,& cruels. ibid. A quelles maladies ſubiets. * ibid. Meridionaux ont le crane dur, 1o7.c Merless, ramier & perdri, vſent de fueilles de laurier pourſe purger. 39.d Merque, ou inciſion, eſpece de facture. 2 17. Mery, ouOeſophague, voye du boire & manger. 249.d Meſaraiques, dites les main du foye. 74.c Meſaraiques,veines toutes prouenans du foye. ibid. AMeſentere, & ſa definition 87.ſeul & vnique. ibid.c Diuisé en deux, ſelon aucuns. ibid. Subſtance, quantité, & figure d'iceluy , & c. ibid. Meſentere eſt comme vn eſgout du corps. 176.b M'a aucun ſentiment, 176.a Pluſieurs glandules & eſcrouelles trouuées en iceluy. 74. Meſentere peſant dix liures & demie. 175.d Meſocolon. 74.c Metacarpe composé de quatre os, 141.d • De huict. 15 1.b Metallier iniuriant vn demon,ledict demon luy tordit le col. 672.a Metaphrenepartie du thorax,faite de dou Ke vertebres. 134.b tous Metaux ſont froids en leurs dehors. 5o8.c Metaux aux medicamens, & medecines. | 759.d Metaux & mineraux venimeux, quels. 5o7.b Methridat bon contre les vers. . - 47ſ.4 A- Et contre le venin. : 593.c Methode extraordinaire de bander les fratiures. 328.d De bien faire les emplaſtres. 725.d Methode de faire fomentations & frictions, pour vne partie atrophiée. 375 - c Methode de coupper les bras à l'enfant mort au ventre de ſa mere. 6o9.a ſiege de Mets, & diſcours des choſa faittes en icelu). 786.d - JMeurtriſſeures, ſymptome de la contuſion. 2.9.l C ce que l'on applicque aux petites Meurtriſſeures. 293.c Microcoſme , epithete du corps humain , que c'eſt. 592.b Miel, & ſon vſage. 322.4 le Miel vtile ſur tous aux vlceres interieures. ibid. Miel & theriaque donné aux petits enfans, pourquoy. 6o2.c Migraine, que c'eſt. 379.d Signes & cauſes tant internes qu'externes d'icelle, & ſa curation. ibid.b,c le Milan & corbeau on touſiours guerre. I 52.c Craint des poullets. ibid. Milans fuyent l'air infect & peſtilent. 4o.d Mineraux medicamens ou medecines , quels. 259.b les Mineraux calcinez, comment diſtillez. 76 1.a AMiroir \ Table des Matieres. Suturs,& le moyë de les prouoquer aux peſtiferez.548.b Sueurs & medicamens purgatifs ſont contraires. 448. Suffocation de la matrice, appellée le mal de la mere, Signes& cauſes d'icelle. 626.4 Ses differences & cure. 627.d Signes de conualeſcence dº ladite ſuffocation. Suffocation d'amarry,que c'eſt. 62 6.a Vient à raiſon de l'arriere-faix retenu. · 6o1.d Signes pour connoiſtre ſi vne femme eſt morte ou non - par vne ſuffocation de matrice.- 627.b Suffumigations & parfums. 73 5.b Superfetation,que c'eſt,& ſes cauſes. 614.d , 7N a lien en'toutes femmes,& quand ſe fait. Superſtition tres-grande pour penſer guarir de diuerſes maladies, & fiévrer. 675.b Suppoſitoire, que c'eft, dequoy fait & composé, & ſon vſage. 72 I. c Suppoſitoire fort à irriter la vertu expulſiue des boyaux. 564,d Suppoſitoires mediocres. 72I.c Suppoſitoires quelquesfois iettez par la bouche. 71o.c Suppreſſion des menſtrues,que c'eſt. 632.b Suppreſſion de ſemence ont diuers accidens,& pourquoy. 626 b Suppuratifs de nouuelle ſorte. 285.c Iuſques à quand on en doit vſer. 56 1.b Suppuration, vray rtmtde de guarir les playes d'arque- buſe. - 277.b Suppuration & deterſion ne ſe font qu'en long-temps. Surdité des oreilles, & queſtions ſur ce. Surdité cauſe degrandes faſcheries aux malades, & ourquoy- ibid. Surdisé hereditaire,incurable. ibid. Suture ou couſture,que c'eſt. 2 1o.b Suture ſeiche. Suture apres l'inciſion de la verge. Suture des inteſtins,comment doit eſtre faicte. . 256.c Suture & ligature non bien faite, eſt preiudiciable. 243.C Sutures du crane,appellées en Grec Rapha. 1o6.a Sont cinq,& quelles. ibid. Sutures vrayes,ou Serratilles. 1o6.b Sutures mendeuſes, ou Lepidoides, deux. ibid. Autrement Squammeuſes. ibid. les Sutures trompent ſouuent le Chirurgien. 22o.b Figure d'vne Damoiſelle auec vne ſuture ſeiche.246.b Suricelle ne faut trepaner. 238.c Suye de la cheminée , ſel, & œufs, battu enſemble, bons contre le charbon peftiferé. 5 6o.b Syderatio,autrement feu ſainct Antoine. 3c1.d Syderation pesie des plantes. 528.d Sylla Senateur, le premier bruſlé apres ſa mort,à Rome. 2 95.4 Symphſe, que c'eſt. - . I4O.4 Comment faite. ' 152.b Symptome promptement priº. 27.d A trois especes,& quelles. ibid. Symptome faſcheux touchant lapierre. 4 I I.4 · Dugland non percé. 398.d | , Et curation d'iceluy. 45 3.b Symanche,ou Squinance,que c'eſt. I 64.a Synarthroſe,que c'eſt. I j 5.c Synchondroſis,que c'est. 156.a Synciput,partie de la teſte. 1o5.b Syncope,que c'eſt. 2 I 4.C Appellée des anciens petite mort. ibid. Sts cauſes, ſignes,& cure. - ibid. Signes d'icelle en la ſaignée. 55o.d en Syncope durant la fiévre, on peut donner du vin au malade. 467a Syneuroſis, que c'eſt. 156.4 Syringue pour faire iniections, auec ſa figure. 25 2.e Syringue, dite Pyoulcos, & ſa figure. 24b.d Syringue pour bailler clyſtere aux hommes. 72 1.b Syrop pour la pierre aux reins. 4O3.C Syrop de acetoſitate citri , emporte le prix contre la pefte. 546.4 Syrop de chicorée,ou de limons, bon contre les vers. 475.4 - - Syrops refrigeratifs, & contraires à la pourriture, quels, : 68.d Syrops pour empeſcher la pourriture du ſang. 292.a Pour les vlceres des reins & de la veſſie. 416.c Pour eſtancher la ſoif f46.c Syſſarcoſis, que c'eſt. I 56.a Syſtole, que c'eſt. 98.c Eſt dite vn des mouuemens du cœur. Et du cerueuu. 1o7.b T: Able des Indications. 32 Table methodique pour cognoiſtre les maladies par les cinq ſens. Table des la connexion des os, 1 # Table des tumeurs contre nature. H 61.c Table des differences des playes. 2 o7 Table des faclures du crane. . 2 1 8 Table des vlceres. 3 1 A autre Table des choſes eſtranges qui ſortent des vlceres, fiſtules & apoſtemes. 3 I3 Table contenant les maladies aduenantes auxyeux. 381 Table des facultez des medicamens. O4.C Table de la façon de preparer les medicamens. # I O Tablettes preſeruatiues contre la peſte. 533.d Tabourin des oreilles.. I 2.5.C Tac, eſpece de pourpre. 5 54.C Tačt, en quelle partie conſiſte principalement. 9.4 A double ſentiment. Tait de la main ſouueni trompé. 9.b Taeniae, vers ainſi nommeX. 473.c Talent. 2 d Talon, & ſa figure exterieure ou ſuperieur#. I5 I.c Fracture d'iceluy mortelle. 15o.d Comment ſe faict, & cure d'iceluy. 2 79.b le Talon, fort ſenſible. 346.d Se luxe au dedans, & pourquoy. 374.b Accidens par la contuſion d'iceluy. ibid.c Remedes à ce. Talpa. 164.b Talparia. I74.4 Tapſus barbatus, herbe dont vſe la Bolette. 39.C Tarentule. 3 4.4 Tareronde & ſa picqueure. 5o2.b Tarſe de l'œil, comment,d'où, & pourquoy fait. 1 2 o.a Tarſe du pied. 145,4 Combien a d'os. 1 5 3.b Comment ſont luxez. 375.4 Tartarie, Liuonie, Moſcouie,exèptes de tonnerrt. 262.d Taſſes faites de corne, & vertu d'icelle. 5 1 o.b Huyle de Tartre. Taupes rompans la terre menue, ſignifient la pluye pr• chaine. 4C. Taureau furieux & farouche, attaché a vn figuier deuient doux. j 3 .4 Taureau comment combattent. 46.d Taurus, 84.c Taye ou dure mere, eſt l'vne des principales membra- nes de noſtre corps. 1o8.a Tayes de l'œil,ou cataractes, & leurs cauſes,& lieu où elles Table des Matieres | Verminatio,eſpece de maladie. . « Uentricule & inteſtins,parties dediées à l'expulſion des º M'C7'67/767/7J. Ventricule anterieure,& ſa figure. 72.4 Ventricule trouué c'en deuant derriere,& ſa figure.ibid. Ventricnle dextre pour l'vſage des poulmons, ſelon Ga- lien. 97.a Paſſage des matieres du dextre ventricule au ſeneſtre. 98.a Vcntricules naturellement tres-chauds en Hyuer & au Printemps. 22.d Ventricules du cœur,des paſſages des matieres d'iceux. 97.C Ventricules du cerueau, quatre. I 1O,4 Leur vtilité & ſituation. ibid.c,d Venu eſt remede & guariſon aux maladies qui viennent de pituite. I72.4 Du tout contraire aux gouteux. 433.b Doit eſtre fuye des veroleX, 447.b Vers de la grandeur de quatre doigts ſorty du corps d'vn homme par vomiſſement. 473.b Autre plus long d'vne toiſe. ibid. Autre long de huict pieds & vn doigt, ſorty d'v villageois. ibid. Autre,de neufpieds & plus de long. 474.b Vers de trois eſpeces & differences. 473.c Dequoy,& comment. ibid. Cure d'iceux. - 474• Vers s'engendrent en diuerſes parties,& lieux du corps bumain. 474.b Sont du genre des choſes contre Nature. ibid.d - ibid. Tous engendrez de pourriture. Percent quelquesfois les boyaux,dont aduient la mort. ibid. Quelquefois ſortis par les aines. ibid. Signes d'iceux aux inteſtins. ibid. Sont tuez de toutes choſes ameres. ibid.b Vers grands dans le corps,ſont pires que les petits.474.c Vers rouges dans le corps pires que les blancs. ibid. Vers contenus au ventre, ſont tuez par du vif-argent en frottant le nombril. 5o9.b Trouue X quelquefois aux dents, & comment on les fait mourir. 395.b Engendre (en l'enfant au ventre de ſa mere. 474.b Vers ſortans du corps en vie, c'eſt ſigne que le dedans eſt infecté. ibid.d Vers morts pris en breuuages,chaſſent les vifs. 475.c Vers de terre, mis en linge ſur le charbon,remede d'i- celuy. 56o. Vers velu& cornu,naiſſent de l'excremët du nez.471.c Vers gros comme les doigts ſortans d'vne apoſteme d'vne femme. 473.b r# #- crachez par vne femme qui auoit la fiévre. 27/1• Vers veus des anciens, auſſi longs ſept fois que noſtre corps. 474-4 Vers à ſoye. 43.4 Verd de gris eſtoupe la reſpiration,& eſtouffe ceux qui en auallent. 5o7.b Verge,ſes parties,& declaration. 84.d Spongieuſe & rare. ibid. | Dequoy composée.' ibid.b 98elles choſer y peuuent entrer. 6.c la verge comment traittés apres l'inciſion. 4o4.d Moyen de ſuruenir à icelle perduë. 577.c Cure du ligament d'icelle trop court. 398.d Cure de l'extenſion & erection continue d'icelle. 454.a Varges miſes à l'abrauoir par Iacob,pourquoy. 588.a Verges de plomb propres aux vlceres de la verge. 459.d 28.a Vermouleure du Gajac,& ſes cauſes, 447.4 Verole,c ſa definition. 444.b · Diners nom f,& diuers accidents, ibid. Ses cauſes ſignes,& prognoſtic d'icelle. ibid.d Et ſuiuant. 446.4 Verole ſe prend enſe couchant au lict d'vn verolé.445.a Par le coit & comment. - ibid. Par l'haleine infecté d'icelle,& boire aprer. ibid. Signes d'icelle curable,ou incurable. 446.é Entachez d'icelle,ne peuuent profiter. 445.b Eſt punition de Dieu. · Dit mal 2Neapolitain,& Venitien. 444.4 Son fondement,quel,& où giſf. 445.b Doù prendſon commencement. 444.h Verole, & ladrerie, autresfois penſées de meſme façon. 31.b Font tomberle poil. Verole inueteré,& ſes ſignes. 446.4 , Verole de maintenant plu aisée à guerir que le temps paſſé. 446.c Guerie par quatre manieres. ibid.d Ce qu'ilfaut ſçauoir pour la guarir. ibid. Verole peſtilente,& cure d'icelle. 469.b Verolez par quels moyens ſe purgent. 469.4 Verolez ſont ſuiects aux Aneuriſmes. 184.c Et à l'alopecie. 378.b Ne ſentent mal lors que les vlceres coulent. Vexez pluſtoſt la nuict que le iour, & pourquoy. . 2 ° 446.a •! Moyen de les eſſuyer apres la ſueur. 448.b Doiuent eſtre frottez en vn lieuſeur & chaud.45o.a Verolez ſouuent perdent l'oiiye. 467.4 le Verolique virus eu quel humeur eſt enraciné. 445.b petite Verole & rougeolle,& lcur deſcription. 468.b Signes qu'elles doiuent ſortir, ibid.c Petite Verole croiſt trois ou quatre iours,puis ſe blan- chit. * 468.c Comment corrigée. 47O.C ibid. - quelles parties en faut preſeruer. Petite Verole eſt plu eſlenée en pointie que la rou- eolle. 468.c Picque,& fait demangeaiſon, & la rougeolle point. ibid. Fait perdre la veué,& l'oiiye. 469.4 Se ſuppure auec beurre frais. 37o.b Petite Verole & rougeolle, auant-coureurs de lapeſte. . 468.a Cauſe des accidens auſſi faſcheux que la grºſſe ve- - role. 469.4 yerrues prouenans au col de la mairice, & leurs noms diuers. 639.c Verrues Morales, Penſiles, Poralet, & d'où engendrées ibid. Cure d'icelles. 639.d Verrues des mains, & leur cure. - 176.c Vertebre & que ſignifie le corps d'icelle. 129,b Vertebres de Baleine gardée par l'Autheur, & à quoy ſert. 689. Vertebres ſe meuuent en deuant comment baiſtes. 357.a - Ses accidens incurablet. 339.d Par quel moyen ſe courbent. 3 57.d Eſtant viciées,ne gaſtent tout le corPº, 359.4 Vertebres luxées par dedans ne ſe peuuent reduire.357.º Vertebres de l'eſpine ont chacune ſix connexionſ.129 # Luxation interieure aux Vertebres des lumber, cauſe detention d'vrine. 4 I 4.C Luxation des vertebres faicle en dehors,comment curée par Hippocrate. 339.d Vertex partie de lateſte. 1o5.b IIIi 4 ve§ ! Table des Matieres N, Voluulus. | - 418.4 Vomir, & le moyen de leuoquer. 562.c Vomir eſt profitable connes poiſons. 485.c Vomir promptement , ncipal antidote de l'aconit. 5o5.b Vamiſſement, pourquoy at. 418.b 42gand meilleur, & euel cas ſuſpect. 43o.d Camment ſe doit prouer. ibid.b trop vehement, eſt daereux. 562.d Vomiſſement en la fiévraue ſignifie. 178.a Remede ſouuerain enfiévre quarte. 178.b Vomiſſement bilieux, d cauſé. 226 Vomiſſement aide beaup à chaſſer la pierre. 4o2.c Approuué des ancienux gouteux. 43o.d Propre contre le vende la Salemandre. 495.d Purge les humeurgue les Medecins ne peuuent 6/A4C/4º7". 24.d Vomiſſement ordinairela colique venteuſe. 418.d Vomiſſement a'où pront aux filles, & cure d'iceluy. 637.b Vomiſſement arreſté p parolles. 675.b Vomiſſemens frequens acuent les humeurs. 441.b Vomitoire. 431.b Vomitoire pour la fiév, quel. 178.b Vomitoire pour les fit ayans l'appetit corrompu.637.a Voyages de l'Authei, diuers, & diſcours ſuriceux. 782.b Vrachos, que s'eſt. 89.c Wretere ou cannule pr ceux qui ont perdu la verge. 578.a Vreteres. 81.c Signes de la pierrdemeuré en iceux. 4O2.C Comment conneuſtre vlcerez. 4 I3 . Wrine, & ſon condu. - 84.c Wrine dorée & iaun ſigne de la concoction parfaitte. 2.3.b Pourquoy eſt roue. 417.c Ne peut iamaisdu tout eſtre euacuée de la veſſie. 322 • Cantenue en icet, rend chaleur au corps. 399.c Supprimée, cau'ſouuent la mort. 414.b Wrine ſupprimée a la luxation de l'os femoris. 37o.d Vrine eſt iettée inolontairement par la dilaceration de la veſſie. 4 I j ,C Moyens de laſecourir. 577.c Quelquesfºis ittée par le vomiſſement. '414.b l'Vrine ſanglant iettée par la, verge, & cauſe de ce. 41 5.4 - - l'Vrine empeſche l'attion des remedes pour les carnoſi- f62C. 4 ſ 9.C l'Vrine des peſtierez ſemble louable. 538.c l'Vrine des ladre eſpaiſſe. 48o. De perſonnetenragées, quelle. 49 I.4 Des femmes lroſſes, qutlle. 589.d difficulté d'Vrine d'où prouient quelquesfoi, & moyen d'y remedier. 587.c Cauſes diuerſes de ladite retention. 412.6 Cauſe exterieure de ce, 4 I.4.G Cure d'icelle. 416.4 l'Vrine bonne à lauer les yeux. 386.c Apte pour la morſure des chiens enragez. 497.d Vrines cauſent euacuation. 2j.4 Sont ſignes certains des affections des humeurs con- fº/2MA 4/4X V6'3776 ſ'. ſ39. Vrines mortelles peſtilentes. ibid.d Vletif, poiſſon, eſtimé Licorne marine,ſa deſcription & gure. ſ 18.4 Vuée, membre de l'œil. 28.c Vulnus, c'eſt à dire, ouuerture dilatée. lo7. Vulparia,ou Aconit,tue les Rats & Souris de ſon oder, & pourquoy ainſi dite. 5of.b T Eux, organes & inſtrumens viſiues. l 2.O.4 Leurfubſtance, ſituation.& c. ibid.b orbite des Teux, & ſon vtilité. 12c.b Teux gueris par breuets ſelon aucuns. 675 b Playes d'iceux, & leurs cauſes. 243.d Choſes eſtranges comment extraittes d'iceux. 5.d es Teux, nez, &gorge, comment conſeruex de la petite verole. 47o.a,k aux reux verolez, il faut defendre la grande clarté & choſes rouges. . ibid. Cure d'iceux. ibid.c les Teux ſortent quelquesfois aux femmes de crier à leur enfantement. 387.d Et à tous autres,de douleur & inflammation. 386.c les" Teux d'vne femme ayant ſes fleurs, infectent vn %17'0g7', Teux artificiels, & leur figure. 572.c Teux de (rocodille, comme a'vn porceau. 681.a mf 5o5.d Tuoire cuitte auec mandragore, s'amollit. ſ 23.C Turongnerie,oiſiueté & pareſſe, cauſe de lagoutte gram- pe. 523-c Turognes, comment meurent par conuulſion. 773.b Z Ephyre, vent d'Occident fauorable. If. Zirbale,nom de Hargne,mömée Epiplocele. 2o1.a Zirbale & inteſtinale tumeur, & leur curation. 195.c Zirbu,dit omentum,ou Coeffe, que c'eſf. 7o.ô Son ſigne. 195.d Zirbu ſortant hors l'Omentum,ſe pourrit. 2 57.4 Zoophytes, que c'eſt. .53.6 Zygoma. º 117.d AF / N. F - -- | ---- - | -- " - - - - - - - \ | • - A i « - | b . - - - - - - - r , " . -, 3 / - · · - * - - l , - - BlB lOTECA U.CM MlllïïIII 5308066o63