Transatlantica, 1 | 2003 Transatlantica Revue d’études américaines. American Studies Journal  1 | 2003 State of the Union Nicole Fouché. Benjamin Franklin et Thomas Jefferson : Aux sources de l’amitié franco-américaine 1776-1808. Paris : Michel Houdiard, 2000. 102 p. Nathalie Caron Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/transatlantica/660 DOI : 10.4000/transatlantica.660 ISSN : 1765-2766 Éditeur AFEA Référence électronique Nathalie Caron, « Nicole Fouché. Benjamin Franklin et Thomas Jefferson : Aux sources de l’amitié franco- américaine 1776-1808. », Transatlantica [En ligne], 1 | 2003, mis en ligne le 05 avril 2006, consulté le 24 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/transatlantica/660 ; DOI : https://doi.org/ 10.4000/transatlantica.660 Ce document a été généré automatiquement le 24 septembre 2020. Transatlantica – Revue d'études américaines est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International. http://journals.openedition.org http://journals.openedition.org http://journals.openedition.org/transatlantica/660 http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ Nicole Fouché. Benjamin Franklin et Thomas Jefferson : Aux sources de l’amitié franco-américaine 1776-1808. Paris : Michel Houdiard, 2000. 102 p. Nathalie Caron 1 Spécialiste des relations franco-américaines, Nicole Fouché propose une comparaison presque terme à terme entre deux Pères fondateurs de renom, Benjamin Franklin et Thomas Jefferson. Ce choix, comme la brièveté de l’ouvrage, le nombre limité de notes, la présence d’une courte bibliographie et l’absence d’index, répond aux exigences de la collection « Biographies américaines », dirigée par Annick Foucrier, dont l’objectif est de « présenter l’histoire des Etats-Unis à travers les vies de deux personnages emblématiques, montrés en miroir, dans la comparaison, la coopération ou l’affrontement ». Ici, le moment de l’histoire américaine que ce choix éditorial permet d’appréhender est la naissance des relations franco-américaines, de 1776 — lorsque la Déclaration d’indépendance des colonies américaines impose la nécessité de trouver une aide extérieure et donc de lancer une politique étrangère — à 1808, date à laquelle se termine le deuxième mandat présidentiel de Jefferson et se confirme la volonté américaine d’adopter une position de neutralité vis-à-vis de la France. Si le choix s’est porté sur Franklin et Jefferson, c’est qu’ils furent les deux premiers ministres plénipotentiaires américains à la cour de Versailles et sont, pour l’auteur qui ne cache pas son admiration pour tous deux, les « initiateurs de l’amitié, si riche d’avenir », entre la France et les États-Unis. Leurs séjours respectifs à Paris — de 1776 à 1785 pour Franklin, de 1784 à 1789 pour Jefferson — recouvrent d’ailleurs la période de formation des États-Unis, de la Déclaration d’indépendance à l’élection du premier président, George Washington. 2 Après une préface de Claude Folhen, l’étude s’ouvre par un chapitre intitulé « Le cadre et les personnages », où est décrit, de façon très didactique, le contexte historique, depuis la guerre de Sept Ans, qui opposa la France et l’Angleterre sur le sol américain entre 1756 et 1763, jusqu’à la recherche d’une aide extérieure indispensable à la Nicole Fouché. Benjamin Franklin et Thomas Jefferson : Aux sources de l’amiti... Transatlantica, 1 | 2003 1 poursuite de la rébellion américaine contre la couronne britannique, c’est-à-dire jusqu’à la tentative faite par les nouveaux États-Unis d’obtenir un traité d’alliance avec la France, rivale de l’Angleterre. Sont ensuite présentés Franklin et Jefferson avant leur départ pour la France, leurs origines sociales et familiales, leur jeunesse et leur personnalité respectives. L’accent est mis sur les différences entre les deux personnages, sans que soit toujours évitée la schématisation. Non seulement Franklin est de dix-sept ans l’aîné de Jefferson, mais il est également de naissance plus modeste ; l’un est né en Amérique, l’autre en Angleterre ; l’un est citadin, l’autre planteur ; l’un est joueur et extroverti, l’autre sérieux et introverti ; tous deux sont mariés, mais si l’épouse de Franklin n’occupe pas une grande place dans sa vie, celle de Jefferson, vouée à un destin tragique, fut passionnément aimée, etc. De façon plus pertinente au regard du propos général, l’ouvrage met finalement l’accent sur l’anglophilie de Franklin, qui évolua de telle façon qu’il se rangea finalement, en 1776, du côté des insurgés, à la francophilie de Jefferson, qui, lorsqu’il fut président, le fit pencher en faveur d’une neutralité raisonnée. De même — aux deux chapitres suivants qui traitent tour à tour de Franklin puis de Jefferson — l’auteur remarque que les missions des deux ministres intervinrent dans des contextes bien différents, puisque Franklin dut se rendre en France pour demander une aide militaire à la cour de Versailles et négocier un traité d’amitié en temps de guerre, alors que Jefferson eut à confirmer et développer l’alliance française en temps de paix. Toutefois, Franklin réussit dans sa mission d’une façon plus éclatante que Jefferson, puisqu’il obtint, grâce à ses négociations mais aussi parce que la France voyait là un moyen de contrer sa rivale, la signature des deux traités franco-américains de février 1778, à savoir d’une part le traité d’Amitié et de Commerce et, de l’autre, le traité d’Alliance militaire qui en 1780 permit l’envoi de troupes françaises sur le territoire américain et assura ainsi la victoire aux colonies rebelles. Jefferson, lui, dut œuvrer dans un contexte de crise financière, la France affrontant alors une Angleterre en pleine croissance économique, et faire face à la mauvaise volonté des Français qui en 1786 signèrent un traité commercial, dit traité d’Eden, avec l’Angleterre. 3 Si les succès diplomatiques de Jefferson furent limités, ses efforts vinrent consolider les acquis de Franklin, dans la mesure où ils favorisèrent les transferts culturels entre France et Etats-Unis. C’est ce qui ressort des trois chapitres suivants où sont décrits les réseaux de connaissances — officiels et privés — de Franklin et de Jefferson. N. Fouché insiste sur la continuité entre les deux ministres sur le plan social et sur leur complémentarité, même si Jefferson ne bénéficia pas du même accueil à la cour que son prédécesseur. Jefferson, comme Franklin, entretint des liens amicaux étroits avec les philosophes et plus généralement les membres de l’élite française, confirmant ainsi l’amitié franco-américaine amorcée d’une façon tout à fait remarquable par son prédécesseur. À l’initiative des deux hommes, de nombreux échanges culturels et intellectuels eurent lieu, qui permirent à la France et aux États-Unis de mieux se connaître et comprendre. À l’instar de Franklin, dont les expériences sur l’électricité lui valurent d’être félicité par Louis XV et admis à l’Académie des sciences de Paris, Jefferson s’intéressait à la science — il proposa Lavoisier comme membre de l’American Philosophical Society de Philadelphie. Il se passionnait tout particulièrement pour l’horticulture, importa des plants américains et chercha à faire partager son goût pour le vin français. C’est par l’intermédiaire de Franklin que le duc de la Rochefoucauld d’Enville traduisit en français les Constitutions de colonies américaines. De son côté, Jefferson fit paraître en France ses Notes on the State of Virginia et collabora à la Nicole Fouché. Benjamin Franklin et Thomas Jefferson : Aux sources de l’amiti... Transatlantica, 1 | 2003 2 rédaction de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Curieux, alerte, plus jeune que Franklin lors de son séjour en France, Jefferson est défini par N. Fouché comme un moderne, issu de l’encyclopédisme des Lumières, qui non seulement transmit à ses compatriotes une certaine image de la France — à travers l’architecture par exemple qu’il chercha à reproduire en Virginie — mais aussi proposa aux Français une incarnation de la spécificité américaine. Jefferson toutefois ne vit pas tout de la France ; et en particulier ne vit rien de la misère du peuple. Il ne semble pas avoir été conscient des fractures de la société française qui furent à l’origine des événements de 1789, date à laquelle il est rappelé aux États-Unis. Les relations franco-américaines furent ensuite ternies par la venue du ministre plénipotentiaire français, Genêt, qui en 1793 déclencha une vague de francophobie chez les partisans de Washington, par le traité de Jay en 1794, qui remit en cause les traités de 1778, et surtout par l’affaire XYZ et la quasi- guerre avec la France en 1798. Président à partir de 1800, Jefferson acheta la Louisiane à Bonaparte tout en adoptant une position de neutralité vis-à-vis de la France. 4 En somme, voilà un petit livre clair, de lecture facile et agréable, plus descriptif qu’argumentatif, qui intéressera tous ceux qui souhaitent faire le point sur le rôle des deux ministres en France, ou qui cherchent à en savoir plus sur le contexte des Lumières et sur la place de Franklin et de Jefferson dans les cercles français de sociabilité entre 1776 et 1789. Toutefois, outre la tendance à la schématisation notée plus haut, soulignons le flou de certains passages, qui contraste avec le parti pris pédagogique du chapitre d’introduction. Ainsi un lecteur non averti regrettera probablement l’absence de détails sur le contenu du traité de Paris de 1783. De même, la présentation de la venue de Genêt est incomplète puisque l’accent est mis sur la francophobie déclenchée par les actions du ministre, sans que soit souligné le fait que cette francophobie ne s’étendait pas aux membres des sociétés démocratiques- républicaines, qui continuèrent à soutenir Genêt même après son renvoi. INDEX Thèmes : Recensions AUTEUR NATHALIE CARON Université Paris 10 — Nanterre Nicole Fouché. Benjamin Franklin et Thomas Jefferson : Aux sources de l’amiti... Transatlantica, 1 | 2003 3 Nicole Fouché. Benjamin Franklin et Thomas Jefferson : Aux sources de l’amitié franco-américaine 1776-1808.